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Full text of "Iconographie et description de chenilles et lépidopt̀eres inédits"

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COLLECTION 


William  Schaus 


PRESENTED 
TO  THE 

National  Muséum 

MCMV 


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ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


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CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS 


PAU 

P.  MILLÏÈRE. 


LIVRAISON 

TOME  X . 


Extrait  des?  Armaks  de  la  Société  Linnéenne  de  Lyon 



PARIS 

F.  S AV  Y 

IJIliWH’.E  1>K  LA  SO;Hi5Tl::  GÉOLOGIQUE  UK  KltANCK 
RUE  HAUTEFEU'LL  E,  24 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 


INÉDITS 


, ' # 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 


INEDITS 


PAH 

P.  MILLIERE. 


NOUVELLE  SIÎH1E,  TOME  V 

( PREMIÈRE  LIVRAISON ) 


TOME  PREMIER 


iflxtrait  des  Annales  d.e  la  Société  Linnéenne  de  Lyon 


V 


PARIS 

F.  S AV  Y 

LIBRAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE 

RUE  HAUTEFEUILLE,  24 


HflU 


1 85  G» 


l 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS 

PAR 

P.  MILLIERS. 

Présentées  à la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  9 août  18SS. 

... — . — — 


En  1856,  lorsque  je  publiai  dans  les  Annales  de  notre  Société  Lin- 
néenne l’histoire  de  YAcidalia  Asbestaria,  accompagnée  de  dessins, 
mon  intention  était  de  commencer  une  série  de  petites  descriptions 
iconographiques  et  historiques  d’insectes,  qui,  pour  diverses  causes  qu’il 
est  inutile  de  rapporter,  fut  interrompue  dès  le  principe.  Aujourd’hui, 
désirant  continuer  ce  travail,  si  la  Société  le  juge  convenable,  je  lui 
soumettrai  chaque  année  l’histoire  d’un  certain  nombre  de  chenilles 
qui  ne  sont  point  encore  connues,  et  que  j’aurai  observées  avec  le 
plus  grand  soin.  Cette  étude  pénible  et  minutieuse  ne  sera  pas,  j’ose 
l’espérer,  sans  quelque  intérêt  pour  notre  chère  science. 

Bon  nombre  de  naturalistes,  mais  plus  spécialement  Uubner  et 
Freyer,  se  sont  occupés  de  l’étude  et  de  l’iconographie  des  chenilles. 
Tous  deux,  surtout  le  premier,  ont  fort  bien  réussi  â rendre  ces  lar- 
ves. La  plupart  des  planches  d’Hubner  sont  autant  de  charmantes 
compositions  exécutées  avec  tant  de  naturel  et  de  vérité,  qu’aucun 
peintre,  jusqu’à  ce  jour,  n’est  parvenu  à les  égaler.  Cependant,  mal- 


2 CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

gré  les  longs  et  minutieux  travaux  de  ces  deux  naturalistes  conscien- 
cieux, il  reste  beaucoup  à faire  ; car  de  nombreuses  chenilles  de  Lé- 
pidoptères, appartenant  à toutes  les  familles  de  nocturnes, sont  encore 
inconnues  à la  science.  Si  j’entreprends  ce  travail,  ce  n’est  pas  pour 
essayer  de  combler  ce  vide  dans  la  Lédoptérologie  européenne,  mais 
seulement  pour  apporter  modestement  quelques  matériaux  de  plus  à 
l’édifice  entomologique,  auquel  grands  et  petits  concourent  d’une 
manière  plus  ou  moine  heureuse.  Je  ne  me  dissimule  pas  la  difficulté 
delà  tâche  que  je  me  suis  imposée;  elle  est  grande  pour  mes  forces  ; 
mais  avec  la  patience  nécessaire,  je  ne  désespère  pas  de  voir  mes  ob- 
servations obtenir  un  résultat  utile. 

Chaque  description  de  chenille  sera  accompagnée  de  sa  figure 
rendue  le  moins  mal  possible,  du  dessin  de  sa  chrysalide,  quand  j’au- 
rai pu  la  peindre,  et  de  celui  de  l'insecte  parfait,  que  je  crois  impor- 
tant de  représenter  à côté  de  la  figure  des  premiers  états. 

Il  est  bien  fâcheux  que  les  chenilles  d’IIubner,  peintes  avec  une  si 
remarquable  perfection,  ne  soient  accompagnées  chacune  de  leur  in- 
secte parfait.  Une  autre  lacune  regrettable  dans  cette  belle  œuvre, 
c’est  l’absence  de  toute  description. 

Je  terminerai  cette  sorte  d’avant-propos  en  disant  que  les  insectes 
nouveaux  et  même  les  variétés  remarquables  inédites  de  l’ordre  des 
Lépidoptères  à quelques  familles  qu’ils  appartiennent,  trouveront 
place  dans  cette  publication  annuelle,  lorsque  l’occasion  me  sera  four- 
nie de  les  publier. 


« 


jinn/iZ&r  de  la,  Société  Zinneen7i&  de-Zn/orv  . 


Année,  Ï8âô.  AU. 


P.  Millière,  del.  et 


I,  Coacyay  Juniper orui',  Müli 
II.  Variété W d'Ab ranxier  ûrosfulariata 


Debray  se 


Imp.IfouLyte,  ù.r.Mÿrwn  . 


M".ie'Mujneuus  col 


Coccyx  Juniper ana. 


3 


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Coccyx  Jiaaaipcrattn,  Millière  (Species  nova). 

(Planches  1,  fig.  1 à 5.) 

Lyon,  par  son  admirable  position  géographique,  est  un  des  points 
de  la  France  les  plus  riches  sous  le  rapport  de  la  Botanique  et  de 
l’Entomologie.  Cette  ville  privilégiée  offre  dans  plusieurs  parties  de 
son  territoire  quelques  coins  de  la  belle  Provence  au  ciel  si  chaud  et  si 
pur.  Aussi  me  suis-je  souvent  étonné  que  plusieurs  de  nos  collègues 
aillent  à de  grandes  distances,  au  prix  de  nombreuses  fatigues,  cher- 
cher ce  qu’ils  rencontreraient  sous  leurs  pas. 

De  toutes  les  localités  qui  entourent  Lyon  dans  un  rayon  de  dix  à 
quinze  kilomètres,  la  plus  remarquable  pour  les  plantes  et  pour  les 
insectes  est  sans  contredit  la  Pape.  Ses  vallons  et  ses  coteaux  sauva- 
ges, peu  fréquentés  par  les  promeneurs,  sont  généralement  incultes, 
et  leurs  pentes,  chaudement  exposées,  sont  remarquables  par  une 
maigre  végétation  particulière  à ces  terrains,  où  le  botaniste  et  l'en- 
tomologiste trouvent  une  ample  récolte  de  richesses  naturelles. 

Il  est  surtout  un  de  ces  coteaux,  escarpé  et  assez  étendu,  qui,  par 
son  exposition  méridionale,  est  littéralement  brûlé  pendant  les  fortes 
chaleurs  de  l’été.  Ce  lieu  n’a  pour  toute  végétation  qu’un  gazon  très- 
court  parsemé  de  quelques  touffes  d ’Erica  vulgaris,  et  de  rares  bou- 
quets de  Juniperus  commmis.  Ce  dernier  arbrisseau,  hérissé  de 
feuilles  dures,  étroites,  aiguës  et  serrées,  abrite  en  toute  saison  un 
grand  nombre  d’insectes  de  plusieurs  ordres.  Ce  sont  surtout  des 
Lépidoptères  et  Coléoptères  de  diverses  familles,  certains  Hémiptères, 
Hyménoptères  et  Diptères  qui  y trouvent  un  refuge,  soit  contre  les 
chaleurs  de  l’étè,  soit  contre  le  froid  des  hivers.  Plusieurs  Lépi- 
doptères appartenant  aux  Géométrides,  Platyomides,  Coléophorides 
et  Littocollétidesvivenî  à l’état  de  larve  sur  ce  Conifère,  aux  dépens 
de  ses  feuilles  et  de  son  fruit. 


4 chenili.es  et  lépidoptères  inédits. 

Je  ne  m’occuperai  dans  ce  mémoire  que  d’un  insecte  de  la  tribu  des 
Platyomides.  îl  est  nouveau  pour  la  science,  et  je  crois  que  les  moeurs 
toutes  particulières  de  sa  chenille  ne  seront  point  lues  sans  intérêt. 

A la  vue  des  baies  du  Genevrier  si  souvent  flétries  avant  d’être 
complètement  mûres,  l’œil  exercé  du  naturaliste  ne  tarde  pas  à re- 
connaître la  présence  d’insectes  destructeurs.  En  effet,  si  vers  le  mois 
de  février  on  ouvre  quelques-uns  de  ces  petits  fruits,  on  trouvera 
des  larves  qu’on  reconnaît,  non  sans  peine,  pour  appartenir  à la  divi- 
sion des  Microlépidoptères. 

Pour  obtenir  l’insecte  parfait  dont  la  chenille  vit  dans  la  baie  du 
Jmiperm  commmis , voici  le  moyen  que  j’ai  mis  en  usage  pendant 
plusieurs  années  : vers  le  25  au  30  avril,  j’ai  recueilli  une  certaine 
quantité  de  baies  de  genévrier  en  secouant  avec  force  dans  un  para- 
pluie renversé  les  branches  de  cet  arbrisseau.  A cette  époque,  la  che- 
nille du  petit  Lépidoptère  dont  je  trace  l’historique  est  le  plus  souvent 
transformée  en  nymphe,  car  c’est  ordinairement  vers  la  fin  de  mars 
qu’elle  prend  cette  forme.  Cette  larve  choisit  toujours,  pour  se  méta- 
morphoser, l’intérieur  du  fruit  qui  fa  abritée  et  nourrie  depuis  le 
commencement  de  sa  croissance  ; c’est  sur  ce  fruit  que  précédemment 
la  mère,  avec  cette  admirable  prévoyance  inspirée  par  la  nature,  a dé- 
posé un  œuf.  Cet  œuf,  enduit  d’une  liqueur  visqueuse,  adhère  bientôt 
à la  baie  du  Genévrier,  qui,  très- verte  alors  et  très-saine,  fournira  une 
nourriture  abondante  à la  petite  chenille  qui  va  naître  quelques  se- 
maines après.  En  effet,  aussitôt  après  son  éclosion,  elle  perce  le  fruit 
qui  la  supporte,  commence  à en  ronger  la  chair  et  ne  tarde  pas  à dis- 
paraître sous  la  pellicule  qu’elle  a soulevée. 

A la  fin  de  l’été  elle  est  encore  presque  imperceptible  ; ce  n’est 
guère  qu’à  la  fin  de  novembre  qu'elle  a atteint  la  grosseur  qu’elle 
doit  avoir.  A cette  époque  les  froids  arrivent,  la  chenille  s’engourdit 
et  demeure  dans  un  repos  complet  pendant  toute  la  durée  de  l'hiver. 
Cependant,  les  premiers  rayons  du  soleil  de  mars  se  faisant  sentir, 
le  ver  rongeur  sort  de  sa  léthargie  ; mais  alors  il  ne  mange  plus  ou 
presque  plus,  ne  tarde  pas  à filer  quelques  brins  de  soie  blanchâtres 


Coccyx  Juniperana,  5 

et  très-fins,  se  place  sur  le  dos,  au  centre  du  fruit  creusé  par  lui,  et 
se  métamorphose  bientôt  en  nymphe.  L’état  de  chrysalide  dure  ordi- 
nairement de  cinq  à six  semaines  : dès  qu’arrive  le  mois  de  mai,  Fin- 
secte  se  dépouille  de  ses  langes  et  s’échappe  brillamment  paré. 

Il  n’est  pas  inutile  de  faire  observer  que  si  la  plupart  des  chenilles 
de  ce  petit  Lépidoptère  se  contentent  d’attaquer  une  seule  baie,  d’au- 
tres en  rongent  plusieurs  d’une  manière  plus  ou  moins  profonde, 
j’ai  observé  dans  les  mœurs  du  C.  Juniperana  un  fait  qui  n’est  pas 
nouveau  pour  la  science,  et  qu’on  a déjà  remarqué  chez  plusieurs  in- 
sectes : les  femelles  déposent  toujours  leurs  œufs  sur  certains  bou- 
quets de  genévriers  vieux,  maladifs,  presque  desséchés  et  chargés  de 
fruits  morts  pour  la  plupart,  et  cela  préférablement  à des  tiges  de 
la  même  plante  placées  tout  à côté  et  couvertes  de  fruits  intacts, 
charnus  et  pleins  de  vigueur. 

L’insecte  parfait,  de  même  que  la  plupart  des  Lépidoptères,  a des 
allures  qui  lui  sont  propres.  Ainsi  que  le  Choreutis  Dolosana  (Ann. 
Soc.  Entom.  de  France,  séance  du  27  septembre  1856),  le  C.  Junipe- 
rana semble  parfois  ne  pas  faire  usage  de  ses  ailes  : lorsqu’il  est  in- 
quiété, il  saute  d’un  point  à l’autre  et  paraît  alors  ne  pas  se  servir  du 
moyen  de  locomotion  qu’il  a nouvellement  acquis.  Ses  ailes  pourtant 
sont  bien  propres  à le  soutenir,  car  elles  sont  relativement  grandes 
et  fortes.  Sa  marche  est  très-lente  ; mais  lorsqu’il  est  chassé  d’un 
lieu  qu’il  occupe,  ses  mouvements  sont  brusques  et  rapides. 

Ce  Micro  est  certainement  un  Coccyx,  bien  que  cependant  il  se 
rapproche  des  Carpocapsa  par  plusieurs  caractères.  Il  sera  sans  doute 
le  plus  petit  du  genre.  J’ai  créé  pour  lui  le  nom  spécifique  de  Junipe- 
rana pour  rappeler  l’arbuste  qui  le  nourrit. 

Chenille. 

Longueur  : cinq  à six  millimètres  ; corps  légèrement  arqué,  atté- 
nué aux  extrémités,  d’une  blancheur  livide  vers  le  milieu  et  la  partie 


6 CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

antérieure  et  tirant  sur  le  gris  bleuâtre  en  se  rapprochant  des  derniers 
anneaux.  Le  dessous  du  corps  est  plus  clair  que  les  flancs  et  la  partie 
dorsale.  Tête  globuleuse,  d’un  fauve  orangé,  sensiblement  dégagée 
du  premier  anneau  ; présentant,  vue  de  face,  trois  rayures  fines,  for- 
mant, en  se  réunissant  par  les  extrémités,  une  sorte  de  triangle  dont 
l’un  des  angles  occupe  le  sommet  de  la  tête  ; mandibules  brunes  et 
paraissant  très-robustes;  seize  pattes,  dont  les  six  premières  sont  d'un 
gris  foncé,  les  ventrales  et  abdominales  concolores  et  assez  fortes  ; les 
antérieures  légèrement  recourbées  en  avant  et  composées  de  trois 
pièces  : la  dernière  rétrécie  en  pointe  unguiforme.  La  ligne  vascu- 
laire, très-fine,  s’aperçoit  ; mais  les  sous-dorsales  se  distinguent  dif- 
ficilement. Je  n’ai  vu  nulle  trace  de  la  ligne  stigmatale.  Les  organes 
de  la  respiration,  au  nombre  de  neuf  paires,  sont  très-visibles  à la 
loupe  ; ils  m’ont  paru  placés,  de  chaque  côté,  un  peu  plus  bas  que 
la  plupart  des  chenilles  de  Tortricides.  Tout  le  corps  est  recouvert  de 
poils  blanchâtres,  assez  longs,  implantés  sur  de  petits  points  verru- 
queux. 

Chrysalide. 

Longueur  : six  à sept  millimètres  ; brunâtre,  luisante,  fusiforme, 
atténuée  à sa  partie  inférieure  ; pointe  abdominale  obtuse,  suppor- 
tant, ainsi  que  chaque  anneau,  de  très-petits  tubercules  plus  foncés, 
surmontés  eux-mêmes  de  poils  brans  très-fins,  très-courts,  visibles 
seulement  à une  forte  loupe  ; anneaux  de  l’abdomen  très-bien  mar- 
qués. La  place  des  yeux,  celle  des  antennes,  des  ailes  et  des  pattes  est 
très-visible.  Lorsqu’arrive  l’écloson,  la  peau  ou  enveloppe  qui  re- 
couvrait l’insecte  dans  son  état  de  nymphe  demeure  presque  tou- 
jours à moitié  engainée  dans  l’ouverture  de  la  baie  du  Juniperus, 
mais  alors  cette  enveloppe,  de  brunâtre  qu’elle  était,  a passé  au  jaune 
orangé. 


Coccyx  Juniper ana. 


7 


Insecte  parfait. 

Envergure  : sept  à huit  millimètres.  Ainsi  que  ses  congénères,  Ju- 
niperana  cf  et  ç a les  ailes  supérieures  plus  étroites  que  larges,  plus 
carrées  qu’arrondies  à leur  extrémité.  Les  premières  ailes  sont,  en 
dessus,  d’un  brun  foncé  uni  ; cependant,  pour  peu  que  l’insecte  ait 
volé,  elles  paraissent  marbrées.  En  examinant  la  surface  des  ailes  à 
l’aide  d’une  forte  loupe,  on  reconnaît  que  la  teinte  brune  est  formée 
par  un  fond  couleur  d’airain  recouvert  transversalement  de  nombreu- 
ses stries  noires  très-fines.  Ces  premières  ailes  sont  traversées  par 
deux  bandes  qui  paraissent  dorées  si  on  les  regarde  au  soleil,  et  ar- 
gentées et  plus  étroites  si  elles  sont  frappées  par  une  lumière  diffuse. 
Elles  sont  toujours  accompagnées  intérieurement  d’un  large  trait 
noir.  La  première  de  ces  bandes  part  de  la  côte  et  vient  aboutir  au 
bord  interne  : elle  est  placée  aux  deux  cinquièmes  de  la  longueur  de 
l’aile,  et  se  brise  au  tiers  de  son  étendue,  mais  sans  éprouver  d’inter- 
ruption : elle  forme  alors  deux  espèces  de  croissants  dont  les  pointes 
regardent  la  base  de  l’aile.  La  seconde  bande,  tout  aussi  large,  em- 
brasse l’écusson  placé  entre  elle  et  la  frange  ; cette  bande  présente  une 
courbure  opposée  à celle  de  la  première  et  projette  ses  pointes  en 
dehors  ; elle  ne  part  pas  de  la  côte  ; elle  commence  seulement  en  des- 
sous de  deux  ou  trois  taches  métalliques  allongées,  placées  presque  à 
l’angle  apical  et  appuyées  à la  côte.  Le  bord  extérieur  de  l’aile  qui 
précède  la  frange  est  accompagné  d’un  large  liseré  noir.  L’écusson 
semi-lunaire  placé  près  du  bord  de  l’aile  est,  ainsi  que  chez  la  plupart 
des  Carpocapsa,  entouré  presque  entièrement  par  la  bordure  métal- 
lique : l'intérieur  de  cet  écusson  est  occupé  par  deux,  trois  ou  quatre 
taches  allongées,  noires,  parallèles  aux  nervures.  Les  ailes  inférieu- 
res sont  brunes  ; leur  base  est  légèrement  plus  claire,  et  leur  frange 
est  séparée  du  fond  par  une  ligne  étroite  et  blanchâtre.  Le  dessous  des 
quatre  ailes  est  d’un  gris  brun  très-luisant.  La  frange  en  dessus  et  en 


s CHENILLES  ET  LÊPIDOI'TEUES  INEDITS. 

dessous  est  de  la  couleur  générale  de  l’insecte.  Les  antennes,  simples 
chez  les  deux  sexes,  sont  de  moitié  moins  longues  que  les  ailes. 
La  tète,  le  corselet  et  l’abdomen  sont,  en  dessus,  d’un  brun  foncé 
mat,  et,  en  dessous,  d’un  brun  très-luisant.  Les  pattes  participent 
de  la  couleur  du  corps  ; elles  ont  un  caractère  qui  distingue  cette 
espèce  de  la  plupart  des  autres  Coccyx  : les  tibias  sont  renflés  et  pres- 
que aussi  longs  que  les  fémurs. 

De  tous  ces  Platyomides  ornés  de  taches  métalliques,  il  n’en  est 
aucun  où  ces  taches  varient  autant  pour  la  forme,  le  nombre  ou 
l’intensité  de  la  couleur. 

En  suivant  la  classification  de  Duponchel,  je  placerai  mon  C.  Ju~ 
niperana  à la  fin  du  genre,  immédiatement  après  la Vemstana,  11., 
afin  que  ce  nouvel  insecte  fasse  le  passage  aux  Carpocapsa,  dont  il  se 
rapproche  par  plusieurs  caractères,  ainsi  que  je  l’ai  dit  plus  haut. 

Variétés  de  l’Aferaxas  Crossîaiswiatn,  Mouffet,  Goedart,  Gn.  = 

Kerestc  firossmlaria,  Boisd.,  Dup. 

- (Planche  1,  fig.  6 et  7.) 

Relativement  au  type,  les  deux  variétés  dont  il  va  être  question 
sont,  pour  la  couleur  et  la  disposition  des  taches,  l’exagération  des 
deux  extrêmes.  Ni  l’une  ni  l’autre  n’ont  encore  été  publiées  soit  en 
France,  soit  ailleurs.  Ces  deux  intéressantes  Abraxas,  dont  l’une  cf 
et  l’autre  9 , sont  fort  grandes,  la  femelle  surtout  ; cette  dernière 
mesure  jusqu’à  45  millim.  d’envergure.  Je  tiens  le  d’un  entomolo- 
giste zélé  de  Chalon-sur-Saône,  M.  Faivre-Courdier,  qui  a bien  voulu 
se  dessaisir  en  ma  faveur  de  cet  unique  exemplaire  pris  au  vol,  le  soir, 
près  de  haies  de  groseillers,  à quelque  distance  de  la  ville.  La  9 , bien 
autrement  remarquable  que  le  cf,  appartient  àM.  A.  Guillemot,  de 
Thiers,  qui  l’a  reçue  d’un  de  ses  correspondants  de  Lille  (Nord).  Cette 
Géomètre  a dù  également  être  prise  au  vol,  car  elle  porte  en  plusieurs 
endroits  des  traces  de  déchirures  plus  ou  moins  profondes. 


Abraxas  Grossulariata.  9 

La  Grossulariata  varie  peu,  c’est  du  moins  ce  que  j’ai  toujours 
observé.  M.  Guenée,  dans  son  Species  général  des  Lépidoptères, 
tome  X,  page  204,  dit  en  parlant  de  cette  Abraxas  : « La  Grossula- 
« riata  varie  pour  le  nombre,  la  taille  et  l’intensité  des  taches  noires. 
« Toutefois,  si  l’on  veut  observer  que  c’est  la  Géomètre  la  plus  com- 
« mune,  on  trouvera  que  ses  variétés,  même  accidentelles,  ne  sont  pas 
« bien  fréquentes.  » Ce  naturaliste  ajoute  plus  loin  : « Cette  espèce 
« est  à la  fois  si  vulgaire  et  si  nette  de  dessin,  que  les  plus  anciens 
« auteurs  l’ont  connue,  et  qu’on  la  reconnaît  sur  les  figures  les  plus 
« grossières.  » 

Voici  ce  qui  distingue  ces  deux  curieuses  aberrations  de  YAbr. 
Grossulariata.  Chez  le  cf,  les  taches  noires  des  ailes  supérieures  sont 
si  nombreuses,  ont  tellement  envahi  la  surface  des  deux  premières 
ailes,  qu’il  reste  fort  peu  de  la  teinte  blanchâtre  du  fond,  et  que  c’est 
à peine  si  l’on  soupçonne  la  ligne  fauve  et  transversale,  qui  est  très- 
apparente  chez  le  type.  Cette  ligne  n’est  figurée  de  loin  en  loin  que 
par  de  très-petits  points  fauves.  La  base  de  l’aile  ne  présente  qu’un 
point  de  même  couleur,  allongé,  et  qui  disparait  presque  entièrement 
sous  la  teinte  noire.  Les  taches  fuligineuses  des  inférieures  sont  aussi 
très-développées,  surtout  les  terminales  ; mais  elles  ont  envahi  une 
moins  grande  surface  que  les  taches  noires  des  ailes  supérieures. 
Les  taches  du  dessus  sont  répétées  en  dessous  ; seulement  elles  sont 
moins  accusées.  Les  points  fauves,  très-faiblement  écrits,  se  devinent 
plutôt  qu'ils  ne  se  voient. 

La  variété  $ est  tout  le  contraire  du  <f  : sur  le  fond  d’un  jaune 
pâle,  les  taches  noires,  presque  entièrement  oblitérées,  sont  réduites 
à des  petits  points  noirs  et  triangulaires.  La  tache  cellulaire,  ainsi 
qu’un  trait  noir  qui  accompagne  la  ligne  fauve  centrale,  est  assez 
marquée.  Les  points  fauves  de  la  variété  cdsont  ici  remplacés  par  une 
large  bande  transverse,  sinueuse,  d’un  fauve-orangé,  et  qui  traverse 
l’aile  sans  interruption  vers  les  deux  tiers  de  son  étendue.  Les  infé- 
rieures sont  presque  blanches;  elles  ne  laissent  apercevoir  que  des 
points  fuligineux  très-petits,  occupant  la  place  des  taches  noires  du 


iO  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

type.  Le  dessous  des  quatre  ailes  serait  absolument  sans  tache,  si  au 
centre  de  chacune  d’elles  on  ne  voyait  un  faiblepoint  noirâtre.  L’abdo- 
men des  deux  sujets  présente  aussi  des  caractères  distincts  : la  série 
de  taches  du  dessus  et  les  deux  séries  latérales,  chez  le  c",  sont  très- 
largement  accusées,  tandis  que  chez  la  ? , la  série  dorsale  seule  est 
visible,  et  les  taches  latérales  n’existent  pas. 

La  variété  cf  de  cette  Grossulariata  sera  désignée  par  la  lettre  A et 
Sa  variété  ? parla  lettre  B (1). 


Hîasyafiia  ©tofuscala. 

Vien.-Verz.  1-4  ? — Treits.  1 p.  164  et  II  p.  301. — Dup.  V.  p.  225 
pi.  183  fig.  5.  — Bdv.  1582.  — Ilerr.-Sch.  p.  76.  — Gn.  492.  = 
Canaria  Ilb.  344.  — Frey.  IV  pl.  377  fig.  1-2.  = Limosaria  Hb. 
360. — Delab.  121.  = Operaria  Steph.  III  p.  269.  = Niteliaria 
Esp.  pl.  52  fig.  2? 

(Planche  2,  fig,  4 à 6.) 

Chenille. 

A sa  sortie  de  l’œuf  cette  chenille  est  jaunâtre,  la  tète  et  les  pattes 
écailleuses  sont  noires.  Un  mois  plus  tard  elle  peut  avoir  deux  centi- 
mètres, est  toujours  d’une  teinte  foncée,  avec  la  stigmatale  fine, 
blanchâtre  et  d’autant  plus  apparente  qu’elle  repose  sur  un  fond  plus 


(1)  Depuis  la  rédaction  de  cet  article,  ayant  eu  à Lyon  la  visite  de  M.  Guenée, 
l’auteur  du  Species  général  des  Lépidoptères,  ce  savant  me  fît  observer  que  ma 
variété  B.  de  Grossulariata  avait  été  figurée  dans  Hubner  sous  le  n°  82.  Cepen- 
dant la  variété  de  l’auteur  allemand  est  bien  moins  remarquable  que  la  mienne, 
laquelle  a les  taches  orangées  des  supérieures  plus  étroites,  et  les  taches  noires  des 
quatre  ailes  infiniment  moins  accusées.  Enfin,  l’aberration  que  j’ai  figurée  est 
beaucoup  plus  grande  que  celle  d’Hubner. 


Dasydia  Obfuscata . ii 

sombre.  Arrivée  à toute  sa  taille,  elle  mesure  au  moins  quatre  centi- 
mètres; elle  est  alors  cylindrique,  rugueuse  et  passe  au  jaune-clair 
tirant  sur  le  verdâtre,  La  ligne  vasculaire  est  interrompue,  peu  visi- 
ble et  accompagnée  en  avant  de  chaque  incision  d’une  lâche  grisâtre 
en  forme  de  fer  de  flèche.  11  existe  sur  les  côtés  des  chevrons  à peine 
marqués  qui  descendent  obliquement  et  aboutissent  au-dessus  de  la 
stigmatale;  celle-ci  est  blanchâtre,  large  et  légèrement  ondulée.  Les 
stigmates  assez  gros,  sont  ronds,  noirs  et  cerclés  de  blanc.  Le  ventre 
est  marqué  d’une  large  tache  longitudinale  faiblement  violacée  et  divi- 
sée par  un  filet  blanchâtre.  Les  points  trapézoïdaux  sont  saillants, 
grisâtres  et  surmontés  d’un  poil  court.  Le  onzième  anneau  présente 
deux  caroncules  prononcées  s’inclinant  en  arrière.  La  première  de  ces 
caroncules,  aux  pointes  obtuses,  est  plus  élevée  que  la  seconde.  La 
tête  est  globuleuse,  jaunâtre  et  couverte  de  poils  fins,  blanchâtres  et 
visibles  seulement  à la  loupe.  Les  pattes,  au  nombre  de  dix,  sont  con- 
coures, sauf  le  dernier  article  des  antérieures,  qui  est  noirâtre. 

Pendant  le  jour  cette  chenille  ne  fuit  pas  la  lumière. 

Chrysalide. 

Longueur  : 18  à 20  millim.  Cylindrico-conique , luisante  , passa- 
blement ramassée,  d’un  rougeâtre  clair  ; présentant  une  éclaircie  sur 
la  poitrine;  finement  chagrinée  sur  toutes  les  surfaces.  L’extrémité 
abdominale  se  termine  par  deux  pointes  brunes,  fortes,  courtes  et 
divergentes.  Les  stigmates , sous  forme  de  points  bruns,  sont  très- 
apparents.  La  tête  et  les  anneaux  inférieurs  tirent  sur  le  rouge-brun 
foncé. 


Insecte  parfait. 

Les  Obfuscata  que  j'ai  élevées  ont  un  peu  la  taille  et  la  coupe 
d’ailes  de  V Andereggaria  <f  Delah.  et  de  la  Zelleraria  côFrey.  Les 


12  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

ailes,  dont  le  bord  n’est  ni  sinué  ni  dentelé,  sont  moins  arrondies 
que  celles  des  nombreux  sujets  que  j’ai  sous  les  yeux  et  qui  me  vien- 
nent d’autres  localités.  Les  individus  dont  j’ai  fait  l’éducation  ont 
aussi  les  teintes  plus  claires,  plus  chaudes,  avec  les  lignes  transverses 
beaucoup  plus  accusées;  les  nervures  sont  remarquablement  teintées 
de  roussâtre.  Chez  cette  espèce,  les  ailes  de  la  femelle  sont  aussi  gran- 
des et  presque  aussi  anguleuses  que  celles  du  mâle. 

UObfuscata  vivante  a les  yeux  d’un  rouge  brique  prononcé,  cou- 
leur qui  tourne  au  brun  après  la  mort  de  l’animal.  Le  dessous  des 
ailes,  d’une  teinte  plus  claire  encore  que  le  dessus,  plus  soyeuse, 
avec  les  nervures  plus  blanchâtres,  ne  laisse  voir  aucun  dessin, 
excepté  le  point  cellulaire  plus  froncé  et  tranchant  parfaitement  sur 
le  fond  clair.  L’abdomen  de  la  femelle,  relativement  gros , est  cylin- 
drique et  passablement  allongé  ; il  se  termine  par  une  pointe  obtuse 
recouverte  de  fines  plumules.  Cet  abdomen,  ainsi  que  les  pattes,  par- 
ticipe de  la  couleur  générale  de  l’insecte.  Les  antennes  du  mâle,  à 
peine  plus  épaisses  que  celles  de  la  femelle,  sont  bien  différentes  de 
celles  des  espèces  congénères  : ces  antennes  sont  formées  d’articles 
rectangulaires  superposés.  Ce  caractère  important,  qui  devrait  être 
suffisant  peut-être  pour  établir  un  genre,  servira  au  moins  à 
former  un  groupe  tranché  dans  le  genre  Dasydia , Gn. 

La  chenille  de  cette  espèce  subalpine,  bien  que  déjà  décrite,  ne  l’a 
pas  été,  ce  me  semble,  d’une  manière  assez  complète  ; il  faut  qu’il  en 
soit  ainsi,  puisque  M.  Guénée  dans  l’exposé  de  son  genre  Dasydia,  où 
se  trouve  cette  Boarmide,  n’en  dit  pas  un  mot.  J’ai  fait  moi-même 
l’éducation  de  la  chenille  d ’Obfuscata,  que  j’ai  élevée  ab  ovo. 

Scopoli,  Esper  et  Hubner  ont  été  assez  peu  d’accord  sur  l’identité 
de  cette  Géomètre  ; en  effet,  chacun  d’eux  a donné  une  figure  diffé- 
rente de  l’insecte  parfait.  La  Limosaria  d’Hubner  (Var.  Obfuscata ) qui, 
pour  la  couleur,  ressemble  si  peu  aux  Obfuscata  que  j’ai  obtenues  ex 
larva,  a la  taille  de  celles-là,  leur  silhouette  et  surtout  la  forme  angu- 
leuse de  leurs  ailes  supérieures. 


Dasydia  Obfuscata.  43 

VObfuscata  varie  beaucoup  ; ne  serait-ce  pas  à cette  cause  qu’est 
due  la  confusion  qui  a régné  sur  elle? 

C’est  à l’obligeance  de  M.  Bellier  de  la  Chavignerie,  notre  collègue, 
que  je  dois  une  ponte  d’œufs  de  cette  Phalénite,  reçue  de  Larché 
(Basses- A lp.es) . Ces  œufs,  de  jaune  faible  qu’ils  étaient  lorsqu’ils  me  sont 
arrivés,  ont  passé  au  gris  foncé  peu  d’heures  avant  l’éclosion  des  jeu- 
nes larves.  Je  leur  présentai  d’abord  des  feuilles  de  Quercus  sessili- 
Jlora,  puis  de  Fraxinus  excelsior;  mais  elles  n’y  touchèrent  qu’à 
peine.  Je  leur  avais  offert  auparavant  des  feuilles  de  diverses  plantes 
basses  qu’elles  avaient  refusées.  J’aurais  infailliblement  perdu  ces 
précieux  insectes  si  je  n’avais  eu  la  pensée  de  leur  donner  du  Genista 
hispanica  qu’elles  mangèrent  avidement.  Cependant  je  dois  faire 
observer  queM.  Bellier  de  la  Chavignerie  m’a  affirmé  qu’il  n existait 
aucun  Genista  dans  les  lieux  où  furent  prises  abondamment  les  Obfus- 
cata  rapportées  par  lui,  et  que  même  il  ne  se  trouvait  que  beaucoup 
plus  bas  des  arbrisseaux  ou  sous-arbrisseaux. 

Ayant  reconnu  que  le  Genista  hispanica  était,..de  toutes  les  plantes 
que  j’avais  offertes  à mes  chenilles,  la  seule  qui  leur  convînt,  je  les 
mis  en  plein  air  sur  cet  arbrisseau  pour  leur  faire  passer  l’hiver.  Elles 
cessèrent  donc  de  manger  pendant  toute  la  mauvaise  saison  et  durent 
attendre  l’arrivée  des  jeunes  pousses  du  Genista  pour  continuer  à se 
nourrir.  Ce  jeûne  forcé  et  si  long  les  avait  beaucoup  amaigries, 
mais  à dater  de  l’apparition  des  feuilles  du  Genista , leur  croissance 
fut  très-rapide. 

L’attitude  rigide  de  ces  larves  fait  que,  dans  l’état  de  repos,  elles 
ressemblent  à s’y  tromper  à de  petites  branches  de  bois  mort  ; toute- 
fois, si  on  vient  à les  inquiéter,  elles  marchent  rapidement,  mais  tar- 
dent peu  à reprendre  leur  complète  immobilité. 

C’est  vers  la  moitié  du  mois  de  mai  que  ces  chenilles  eurent  atteint 
toute  leur  grosseur  ; elles  commencèrent  alors  à filer  sous  la  mousse 
une  coque  lâche,  composée  de  soie,  de  grains  de  terre,  de  débris  de 
végétaux,  et  se  métamorphosèrent  en  nymphes  pour  donner,  à un 


14 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


mois  de  là,  leur  insecte  parfait  d’une  taille  tout  aussi  grande  que  les 
individus  pris  en  liberté  dans  la  haute  montagne. 

L’état  de  larve  d ’Obfuscata  avait  duré  huit  mois  environ. 


©leogetae  ïiMtearia  (1). 

Fab.  E.  S.  52.  — Esp.  pl.  XXÎY  fig.  1 . — Treits.  Il  p.  250.  — Gn. 

! 189.  — Tinctaria  Hb.  128 . — Dup.  Y.  p.  141  pl  180  fig.  3.  — « 

Steph.  III  p.  291.  — Bdv.  1411.  — Herr.-Sch.  p.  G2  fig.  361.  — 

Delah.  100. 

(PL  2,  fig.  1 à 3.) 

Chenille. 

À*  sa  sortie  de  l'œuf,  la  jeune  larve  est  d’un  fauve  clair,  faiblement 
rayée  de  brunâtre.  Arrivée  à toute  sa  taille,  elle  est  presque  cylindri- 
que, épaisse,  courte,  rase,  sensiblement  atténuée  aux  deux  extrémi- 
tés, et  d’un  roussâtre  ochreux.  Il  est  cependant  des  sujets  qui  ont  le 
fond  plus  sombre,  tirant  sur  le  violet  plus  ou  moins  foncé.  Chez  tous, 
la  vasculaire  et  la  sous-dorsale  sont  d’un  gris  noirâtre.  Ces  lignes  sont 
épaisses,  bien  continues  et  liserées  d’un  filet  blanc  très-étroit.  La 
ligne  vasculaire  est  largement  interrompue  sur  les  anneaux  du  milieu, 
point  apparente  sur  les  trois  premiers  ; les  derniers  segments  présen- 
tent en  dessus  un  dessin  en  forme  de  fer  de  flèche.  Le  dessous  du  corps 
est  d’une  teinte  violette  bien  décidée.  La  tête  est  petite,  globuleuse  et 
rétractile  ; les  pattes  sont  concolores,  sauf  l’extrémité  des  antérieures 
qui  est  cornée  et  noirâtre.  Les  stigmates  sont  ronds,  noirs  et  cerclés 
de  blanc. 

Cette  chenille  pendant  le  jour  se  soustrait  à la  lumière. 


(1)  Généralement  connue  sous  le  nom  de  Tinctaria. 


Annales  J-e  Iti  Société  Linnée7Ui& * é&Lyon . 


Année  1858.  Th.  2. 


lmp.  H oui  a- t&,  5,r.  Mu/non. 


I.  Cl&oqene  Zuteariay,  Tab . 
II.  Dasydùis  Ûb/ztscalu  , Hé-  V. 


IMTT Mïq neaiMn  col. 


Cleogene  Lutearia. 


15 


Insecte  parfait. 

Cette  phalénite  ne  pouvant  être  confondue  avec  aucune  autre,  je 
me  bornerai  à faire  une  légère  description  de  l’insecte  parfai  t. 

Les  ailes  du  mâle  ont  une  envergure  de  31  à 35  millim.  ; elles  sont 
d’un  jaune  de  chrome  vif  (protohcromate  de  plomb),  sans  aucun  des- 
sin. Les  nervures,  du  même  jaune  que  le  fond,  ne  sont  apparentes 
que  par  l’effet  de  leur  ombre.  Franges  concolores;  tête  et  corps  jaunes; 
barbules  des  antennes  et  palpes  noirs.  La  femelle,  toujours  plus  petite, 
est  d’un  jaune  plus  pâle  ; elle  a les  ailes  supérieures  plus  aiguës,  les 
inférieures  plus  étroites  et  plus  arrondies;  les  antennes  sont  filifor- 
mes; l'abdomen  est  gros;  il  est  garni  à l’extrémité  d’un  faisceau  de 
poils  ochreux. 

C’est  encore  à notre  collègue,  M.  Bellier  de  la  Chavignerie,  que  je 
dois  de  connaître  la  chenille  de  cette  Cleogene,  dont  il  m’envoya  une 
ponte. 

Pendant  tout  l’été,  la  Luteariae&l  très-commune  dans  les  pâturages 
subalpins  des  montagnes  de  la  Suisse.  Elle  paraît  ne  pas  exister  dans 
le  Jura,  d’après  M.  le  docteur  Delaharpe.  Cette  Géomètre,  dont  notre 
faune  lyonnaise  s’est  depuis  longtemps  enrichie,  se  trouve  au  Mont- 
Pilat,  où  elle  ne  semble  pas  être  rare. 

Le  mâle  d q Lutearia  vole  en  plein  jour  en  juin  et  juillet;  la  femelle, 
qui  a des  ailes  plus  courtes  que  le  mâle,  reste  cachée  dans  les  hautes 
herbes;  elle  vole.peu,  car  elle  a proportionnellement  un  corps  assez 
gros,  ce  qui  la  rend  difficile  à trouver. 

Les  œufs  qui  me  furent  envoyés  des  Basses-Alpes  le  24  août  1856, 
m’ont  paru  sphériques  et  d’un  jaune  clair  ; ils  sont  éclos  le  27  du 
même  mois.  Depuis  leur  éclosion  jusqu’au  tiers  de  leur  croissance, 
les  jeunes  chenilles,  presque  toujours  appuyées  sur  les  pattes  posté- 
rieures, le  corps  à moitié  recourbé  et  projeté  en  avant,  s’agitaient  en 
tous  sens,  au  moindre  bruit,  ainsi  que  le  font  dans  leur  jeune  âge  les 
chenilles  des  Gnophos  Glaminalas  Pullata  et  Mucidaria . 


16 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


Les  larves  de  la  Lutearia,  qui  m’ont  semblé  polyphages,  man- 
geaient de  préférence  les  feuilles  de  Plantago  et  celles  de  Leontodon. 

De  même  que  les  chenilles  d’Hyria  Auroraria  que  j’ai  également 
élevées  ab  ovo,  celles  de  Lutearia  préféraieut  les  feuilles  flétries,  et 
même  desséchées,  aux  feuilles  fraîches  qui  leur  étaient  abondamment 
fournies.  M.  Guénée,  dans  sa  Monographie  des  Phalénites,  nous  fait 
connaître  que  ce  goût  singulier  s’est  déjà  remarqué  chez  YAcidalia 
Pusillaria  et  YHerminia  Tarsipennalis. 

Ces  chenilles  de  Cleogene  passèrent  très-bien  l’hiver  ; mais  vers  la 
fin  d’avril,  quand  arriva  le  moment  de  la  transformation  en  nymphe, 
la  plupart  de  ces  insectes  périrent  malgré  tous  mes  soins.  Une  seule 
réussit  à former  sur  la  terre  une  coque  lâche  composée  de  grains  de 
terre,  de  brins  de  mousse  liés  au  moyen  d’une  soie  fauve,  dans  laquelle 
elle  se  déssecha  sans  avoir  eu  la  force  de  se  métamorphoser. 

Urasyelis®  Coscinit*. 

Ochsenh.  111  p.  300  pag.  59.  — Bdv.  Ind.  meth.  pag.  59.  Iconog. 

IL  p.  91  pl.  67  f.  1 et  2.—  God.  V.  pag.  28.— Dup.  Supp.  III  p.  2, 

pl.  1 fîg.  2 = Chrysocephala,  Hub.  251.  = Bomb.  Herr.-Sch. 

75-78. 

(Pl.  4,  SI,  fig.  1 à 3.) 

Voici  une  espèce  considérée  par  la  plupart  des  entomologistes 
comme  bien  distincte  de  la  Candida.  Cependant  la  Coscinia  dont  je 
viens  de  faire  l’éducation  ab  ovo,  m’a  semblé  n’être  qu’une  variété 
locale  de  la  Candida,  qui  elle-même  n’est  peut-être  qu’une  aberration 
de  la  Cribrum.  Quoi  qu’il  en  soit,  je  n’essaierai  pas  d’enlever  à cette 
espèce  le  nom  qui  lui  a été  imposé  par  Ochsenheinser  ; mais  j’appelle- 
rai l’attention  des  lépidoptéristes  sur  l’identité  plus  ou  moins  cer- 
taine des  trois  Lithosides  que  je  viens  de  citer.  Je  dois  dire  que  la 
chenille  de  la  Coscinia  m’a  semblé  se  rapprocher  beaucoup  de  celle 


Annale. y de  Ln  Société'  linnéeruie/  de/ Ayons. 


Année- 18 S 8.  Fl.  lp. 


I .Pirodo.r  Alpùiaài/,  WV. 

IL  EmydtsJ  Ccmdicfas,  (.Eyprepia,  Cojcirua , Oc/w&n  ./ 
HT.  Pon/cdi&'  fflahnne'/las  Sâ/ud/nyer,  Afddère  . 


Imp.HouLrte,  r.  Mu/n. 


MmrMu,ne< 


Ëmydia  Coscinia.  17 

de  sa  congénère  la  Cribrum,  sauf  pourtant  la  couleur  de  la  peau 
qui,  chez  celle-là,  est  fauve. 

Je  n’ai  vu  nulle  part  la  description  de  la  larve  de  la  Coscinia , je  ne 
sache  pas  qu'il  y en  ait  une  de  la  Candida.  Je  vais  décrire  aussi  exac- 
tement que  possible  la  chenille  de  la  Coscinia  et  ne  m’appesentirai  pas 
davantage  sur  le  rapprochement  qui  existe  entre  Cribrum,  Candida 
et  Coscinia. 

C’est  à l'obligeance  de  M.  Staudinger,  de  Dresde,  que  je  dois  la 
connaissance  de  cette  chenille,  originaire  des  environs  de  Cadix.  Le 
28  mai  dernier,  je  recevais  de  cet  entomologiste  plusieurs  espèces 
d’œufs,  notamment  ceux  d’une  Emydia  qui  m’était  désignée  du  nom 
de  Coscinia.  Ces  œufs,  qui  avaient  été  pondus  par  un  sujet  pris  au 
vol,  commençaient  à éclore  à leur  arrivée  à Lyon.  Ils  étaient  sphéri- 
ques et  bruns  au  moment  de  l’éclosion  de  la  jeune  larve  (I).  Vers  la 
fin  de  juillet,  c’est-à-dire  deux  mois  après  leur  éclosion,  les  chenilles 
arrivèrent  à leur  taille;  elles  se  chrysalidèrent  peu  de  temps  après, 
et  trois  semaines  plus  tard  donnèrent  leur  insecte  parfait. 

Chenille. 

Elle  a mangé  indistinctement  un  grand  nombre  déplantés  basses 
que  je  lui  ai  présentées;  mais  elle  a préféré  les  Plantains,  Graminées 
et  certaines  Composées.  Cette  chenille  est  d’abord  d’un  fauve  clair, 
velue,  avec  les  poils  relativement  très-longs.  Plus  tard  sa  peau  est 
foncée,  et  sa  tète  brunit  sensiblement.  Sa  croissance  s’est  faite  assez 
lentement,  eu  égard  à la  saison.  Ce  n’est  que  vers  le  10  juillet  qu’elle 
a subi  sa  quatrième  mue.  Le  fond  de  sa  livrée  est  d’un  fauve  obscur 


(1)  Les  œufs,  quand  ils  viennent  d’être  pondus,  sont  d’un  jaune  paille;  c’est  ce 
que  j’ai  pu  observer  sur  ceux  qui  ont  été  pondus  par  les  femelles  qui  me  sont 
écloses.  Chacune  en  a produit  plus  de  “200.  .le  n’ai  pu  observer  un  seul  accouple- 
ment en  captivité 


18 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

en  dessus  et  sur  les  côtés;  le  dessous  est  gris  bleuâtre.  La  vasculaire, 
assez  large,  est  d’un  blanc  bleuâtre;  la  sous-dorsale,  de  même  couleur, 
est  beaucoup  plus  étroite.  Tout  le  corps  est  recouvert  d’une  quantité 
de  tubercules  noirs  et  très-luisants,  garnis  de  poils  bruns,  longs,  rai- 
des, parmi  lesquels  s’aperçoivent  quelques  rares  poils  très- blancs. 
Au  milieu  de  cette  abondante  villosité  il  m’a  étéimpossible  de  recon- 
naître les  organes  de  la  respiration.  La  tête  est  noire  et  luisante  ; vue 
de  lace,  elle  laisse  soupçonner  au  centre  une  tache  fauve.  Les  pattes 
sont  grisâtres,  avec  le  dernier  article  noir;  les  pattes  membraneuses 
sont  fauves. 

Cette  Emydia,  qui  se  cache  avec  soin  pendant  le  jour,  ne  doit 
paraître  qu’une  fois  par  an. 


Chrysalide. 

La  chenille  de  la  Coscinia,  sentant  le  besoin  de  se  métamorphoser, 
descend  sous  la  mousse,  file  une  soie  brune  dont  elle  forme  un  réseau 
à mailles  très-lâches,  lie  quelques  feuilles  sèches,  et  se  transforme 
trois  jours  après.  Cette  chrysalide  est  obtuse,  ramasée,  ovoïde,  d’un 
brun  noirâtre  avec  reflets  d’un  marron  obscur,  recouverte  sur  toute 
sa  surface,  mais  principalement  vers  la  partie  anale,  d’une  villosité 
roussâtre,  brune,  courte,  placée  par  petits  faisceaux  réguliers.  La 
tête,  les  yeux,  et  surtout  les  antennes,  sont  proéminents.  Vue  à 
la  loupe,  cette  nymphe  paraît  finement  chagrinée. 

Insecte  parfait. 

Il  a le  port  de  Y Emydia  Cribrum;  cependant  sa  taille  est  plus 
grande,  celle  de  la  femelle  surtout:  les  ailes  de  celle-ci  sont  plus 
pointues  à l'apical  que  celles  du  mâle.  Le  dessus  des  supérieures  est 
d’un  blanc  luisant  avec  un  léger  reflet  bleuâtre.  La  tête  est  très- 
légèrement  teintée  de  jaunâtre.  Aux  deux  tiers  de  l’aile,  il  existe 


Psodos  Àlpinata , • 19 

toujours  ou  presque  toujours  chez  le  mâle  deux  points  noirs  placés 
l'un  au-dessus  de  l’autre,  et  un  seul  chez  la  femelle.  Certains  sujets 
de  ce  dernier  sexe  ont  souvent  ce  point  caractéristique  à peine 
accusé.  Les  ailes  inférieures  sont  d’un  gris  cendré  chez  le  mâle, 
plus  clair  chez  la  femelle,  où  cette  teinte  s’affaiblit  tellement  en 
arrivant  à la  frange,  qu’elle  passe  au  blanc  pur.  Le  dessous  des  pre- 
mières ailes  est  d’un  gris  plombé  avec  la  côte  et  la  naissance  de  l’aile 
lavées  de  jaune  orangé.  Le  dessous  des  secondes  ailes  est  d’un  gris 
roussâtre,  il  laisse  voir  très-apparente  la  tache  grisâtre  et  allongée 
du  centre,  à peine  accusée  en  dessus.  La  frange  des  quatre  ailes,  en 
dessus  et  en  dessous,  est  d’un  blanc  pur.  La  tête  et  les  pattes  sont 
d’un  fauve  orangé;  les  épaulettes  sont  très-légèrement  teintées  de 
fauve.  Les  antennes  du  mâle  sont  pectinées,  avec  la  côte  blanche  et 
les  barbules  noirs  ; celles  de  la  femelle  sont  filiformes.  Le  thorax 
est  d’un  blanc  pur.  L’abdomen  du  mâle  est  blanchâtre  et  lavé  de 
fauve  à l’extrémité.  L'abdomen  de  la  femelle,  qui  est  beaucoup  plus 
gros  que  celui  du  mâle,  est  du  même  blanc;  mais  le  fauve  de  l’ex- 
trémité est  à peine  accusé  ; cette  couleur  disparaît  souvent. 


Psodos  Alpinata  (1). 

W.-V.  — Hb.  197.  — Treits.  I.  p.  235.  — Gn.  500.  = Eques- 
traria,  Fabr.  178.  — Dup.  VIH.  p.  530,  pi.  208,  f.  3.  — Bnv.  1935. 
— Herr.-Sch.  p.  104.  — Delah.  171.  = Qmdrifaria,  Sulz.  Gesch. 
pl.  25,  f.  4. 

(Planche  4,  ï,  fig.  I à 3.) 

Chenille. 

i 

Au  sortir  de  l’œuf,  la  petite  chenille  est  verte;  elle  peut  avoir  alors 
de  5 à 6 millim.  de  long.  La  tête  et  les  pattes  sont  jaunâtres;  les  lignes 


(1)  Pins  généralement  connue  sous  le  nom  d ' Equestraria. 


20  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

longitudinales  et  les  chevrons,  qui  plus  tard  seront  très-accusés,  sont 
déjà  visibles.  Arrivée  à toute  sa  taille,  cette  chenille  est  presque 
cylindrique,  légèrement  aplatie  vers  les  derniers  anneaux  ; carénée 
latéralement,  d'un  jaune  clair  mat,  avec  les  premiers  et  les 
derniers  segments  lavés  d’une  légère  teinte  rougeâtre;  les  points 
trapézoïdaux  sont  noirs  et  très-apparents  ; la  ligne  vasculaire  et  la 
sous-dorsale  sont  à peine  indiquées  ; la  stigmatale,  blanche,  est  lar- 
gement liserée  de  brun  en  dessus  et  finement  en  dessous.  Chaque 
intersection  d’anneau  est  coupée  obliquement  par  un  chevron  brun 
partant  des  points  trapézoïdaux  et  venant  aboutir  à la  hauteur  de  la 
sous-dorsale.  Les  stigmates,  noirs  et  cerclés  de  blanc,  sont  à peine 
visibles  à la  loupe.  Le  dessous  du  corps  présente  dans  toute  son 
étendue  des  lignes  géminées,  blanchâtres,  dont  celle  du  centre,  plus 
large,  est  liserée  très-finement  de  brun  extérieurement.  La  tête,  glo- 
buleuse et  rétractile,  est,  ainsi  que  les  pattes  antérieures,  d’un  rou- 
geâtre obscur.  Les  pattes  anales  concolores.  Cet  insecte  est  très  -lent 
dans  tous  ses  mouvements  ; au  repos,  il  se  tient  légèrement  courbé  en 
arc  ; pendant  le  jour  il  se  cache  soigneusement  parmi  les  feuilles 
sèches  ou  la  mousse,  ne  sort  que  la  nuit  pour  manger,  se  nourrit 
bien  et  grossit  rapidement.  Au  moindre  bruit  cette  chenille  redresse 
vivement  la  partie  antérieure  du  corps,  demeure  immobile  pendant 
plusieurs  minutes  et  semble  écouter.  Elle  varie  peu  : quelques  sujets 
cependant  m’ont  paru  d’un  jaune  plus  clair  que  le  type. 

Chrysalide. 

Lorsque  la  chenille  veut  se  métamorphoser,  elle  se  cache  sons  la 
mousse,  rassemble  quelques  débris  de  feuilles  sèches  et  quelques 
grains  de  terre  qu’elle  lie  au  moyen  de  fils  de  soie,  dont  elle  forme 
une  coque  molle,  mais  assez  solide;  celle-ci  est  tapissée  intérieure- 
ment d’une  soie  blanche,  fine  et  serrée.  La  transformation  s’opère 
bientôt  après. 


Psodos  Alp inata.  21 

La  chrysalide  peut  avoir  de  dix  à douze  millim.  de  long.  Elle  est 
cylindrico-conique,  relativement  épaisse,  et  n’a  pas  de  pointe  sensible 
à son  extrémité  anale.  Généralement  d*un  rougeâtre  clair,  elle  a la 
place  des  ailes  teintée  de  jaune  vif.  Les  nervures  sont  brunes,  très- 
accusées  et  tranchent  sur  le  fond  ; enfin  les  incisions  des  anneaux 
sont  d'un  blanc  verdâtre. 

Insecte  parfait. 

Cette  Phalénite,  qui  a deux  générations,  est  entièrement  noire,  et 
ses  quatre  ailes  sont  en  dessus,  de  même  qu’en  dessous,  d un  fuligi- 
neux uniforme.  Ces  ailes  sont  ornées  d’une  grande  tache  ovale  d’un 
beau  jaune  aurore,  occupant  presque  toute  la  moitié  extérieure  de 
l'aile.  La  couleur  de  cette  tache  est  aussi  vive  en  dessus  qu’en  dessous. 

Cette  Géomètre,  qui  est  une  des  plus  remarquables  de  la  famille, 
est  tellement  tranchée  qu’on  ne  peut  la  confondre  avec  aucune  de 
ses  congénères. 

Soit  le  jour,  soit  la  nuit,  j’ai  toujours  remarqué  que  YAlpinata , 
dont  le  vol  est  essentiellement  diurne,  portait  les  ailes  relevées  pen- 
dant le  repos.  Dans  cet  état,  elle  ressemblait  plutôt  à un  Polyommate 
ou  à un  Thecla  qu’à  une  Phalénite. 

Cette  Psodos  est  très-commune  dans  la  plupart  des  montagnes 
alpines  de  nature  granitique  (1),  depuis  juin  jusqu’en  août.  Les  che- 
nilles que  j’ai  élevées  ab  ovo  proviennent  du  Mont-Dore  (Auvergne). 

Schranck,  puis  Treiscke,  et  plus  récemment  Duponchel  ont  pensé 
que  cette  espèce  devait  vivre  à l’état  de  chenille  sur  le  Rhododendrum 
hirsutum  (2). 


(1)  L'Alpinala,  suivant  plusieurs  naturalistes,  n’a  jamais  été  trouvée  dans  les 
calcaires. 

(2)  Cette  plante  n’existe  pas  en  Auvergne. 


22  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

M.  Guenée  dit  dans  son  Species  que  YAlpinata  fut  élevée  par 
M.  Siebenhaar  avec  le  L.  taraçcacum  et  YApargia  autumnalis.  Mais 
l’entomologiste  allemand  n’a  donné  qu’une  notice  imparfaite  sur  cette 
chenille  ; il  n’est  donc  pas  inutile  d’en  compléter  l’histoire  et  d’en 
publier  le  dessin;  du  reste  elle  n'a  encore  été  figurée  nulle  part. 

Les  œufs  qui  avaient  été  pondus  le  10  juillet  1856,  sont  éclos  le  20. 
Les  chenilles  sont  polyphages,  mais  se  sont  nourries  de  préférence 
avec  diverses  espèces  de  Leontodon.  Leur  croissance  fut  rapide,  puis- 
que trente  jours  après  l’éclosion  des  œufs,  elles  se  sont  métamorpho- 
sées. L’état  de  chrysalide  a duré  quarante  jours.  Les  insectes  parfaits 
provenant  de  cette  éducation  étaient  fort  beaux;  ils  se  sont  accouplés 
chez  moi  et  ont  pondu  une  abondante  quantité  d’œufs  qui,  à leur  tour, 
fournirent  de  jeunes  larves.  Celles-ci  ont  passé  l’hiver.  Cette  Géomè- 
tre doit  avoir  au  moins  deux  éclosions. 


Cteoeg&liâs  Tusciaria  (t). 

Scriba  p.  217  pl.  XVII  f.  10-11.  — Gn.  269.  = Extimaria  Mb.  21.  , 
— Treits.  I p.  155  et  II  p.  301.  — Dup.  VII  2mc  p.  178  pl.  146 
f.  4.  — Bdv.  1460.  — Herr.-Sch.  p.  44  fig.  22-24. 

(PI.  3.  If.  fig.  I à 3.) 

Chenille. 

Longueur  : cinq  centimètres  environ.  Allant  en  grossissant,  mais 
d'une  manière  insensible,  depuis  la  tète  jusqu’au  dernier  anneau  ; 
d’un  gris  terreux  mêlé  de  brun  ; la  vasculaire  est  brunâtre,  interrom- 


(L)  Nom  imposé  par  la  naturaliste  Scriba,  et  que,  à l’exemple  de  M.  Guenée, 
je  conserve  à l’insecte  que  je  vais  décrire. 

La  Tusciaria  est  généralement  connue  des  Lépidopléristes  sous  le  nom  A'Exli- 
maria. 


Crocallis  Tusciaria.  23 

pue  ; la  sous-dorsale  est  brime,  ondulée  et  continue;  la  stigmatale  est 
fine,  grisâtre  et  peu  accusée.  11  existe  en  outre,  entre  celles-ci,  deux 
autres  lignes  brunâtres,  fines,  géminées  et  légèrement  ondulées , en 
bas  desquelles  sont  placés  les  stigmates;  ceux-ci  sont  ovales  carnés, 
cerclés  de  noir  et  très-visibles.  La  région  ventrale,  dont  le  fond  total 
est  d’un  gris  bleuâtre,  présente  plusieurs  lignes  brunes,  ünes , ondu- 
lées, fort  peu  visibles.  Les  points  trapézoïdaux  sont  prononcés,  la 
seconde  paire  surtout  ; ils  simulent  de  légers  tubercules.  Le  onzième 
anneau  porte  une  double  pointe  brune,  blanchâtre  à l’extrémité, 
s’inclinant  en  arrière;  cette  caroncule  possède  à son  sommet,  ainsi 
que  les  trapézoïdaux,  un  poil  raide,  brun  et  passablement  long.  La 
tète  est  aplatie  en  avant,  légèrement  velue,  carrée,  concolore,  et  sen- 
siblement bifide. 

Cette  espèce  vit  à découvert. 

Chrysalide. 

Au  moment  de  sa  transformation,  la  chenille  cherche  sous  la  mousse 
un  lieu  convenable  pour  cette  importante  opération,  puis  elle  rassem- 
ble quelques  grains  de  terre  qu’elle  lie  au  moyen  de  fils  de  soie,  en 
forme  une  coque  molle,  et  se  transforme  quatre  jours  après.  La  chry- 
salide estcylindrico-conique,  et  relativement  allongée.  Sa  pointe,  rete- 
nue à une  feuille  sèche  faisant  partie  de  sa  coque,  est  longue  et 
forte;  elle  est  presque  noire.  Sur  toute  sa  surface,  sauf  les  intersec- 
tions abdominales,  cette  chrysalide  est  finement  chagrinée,  et,  au 
moindre  bruit,  au  moindre  contact,  elle  s’agite  très- vivement  dans  sa 
coque. 

Insecte  parfait. 

Les  ailes  ont  plutôt  la  silhouette  de  celles  de  la  Dardouimria,  Donz. 

(. Aglossaria , Bdv.)  que  la  coupe  des  ailes  de  sa  congénère  Elinguaria, 


24  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Pourtant  la  Tusciaria  s'éloigne  de  la  Dardouinaria  par  plusieurs 
caractères. 

Les  supérieures  sont  d’un  jaune  ochreux  avec  des  points  bruns 
terminaux  très-sensiblement  accusés.  Ces  ailes  sont  traversées  par 
deux  lignes  brunes  prononcées  et  ombrées  intérieurement.  Tout 
l’espace  médian  est  d’un  brun  rougeâtre,  et  plus  vivement  écrit  que 
chez  les  autres  Crocallis.  La  première  des  lignes  transverses  présente 
un  coude  au  tiers  de  sa  longueur,  la  seconde  en  forme  quatre  plus  ou 
moins  accusées.  La  tache  cellulaire  est  brune  et  bien  marquée.  Les 
ailes  inférieures  sont  plus  pâles  ; elles  laissent  voir  faiblement  écrite 
une  ligne  transverse,  brunâtre,  surmontée  de  la  cellulaire  à peine  visi- 
ble, et  une  rangée  de  points  terminaux  nettement  accusés.  Les  qua- 
tre ailes  en  dessous  sont  moins  foncées  ; elles  n’ont  qu’une  seule  ligne 
brune  avec  la  tache  cellulaire  et  les  points  terminaux  tout  aussi  dis- 
tincts qu’en  dessus.  Les  supérieures,  outre  que  l’angle  apical  est  plus 
aigu,  rie  possèdent  que  deux  ou  trois  points  terminaux,  et  les  inférieu- 
res aucun.  La  bande  transverse  de  celles-ci  est  beaucoup  mieux  mar- 
quée chez  la  femelle  qu’elle  ne  l'est  chez  le  mâle;  c’est  du  moins  ce 
que  je  remarque  chez  les  femelles  que  j’ai  sous  les  yeux.  Les  antennes, 
dans  les  deux  sexes,  sont  rougeâtres  avec  la  côte  blanche  ; elles  sont 
faiblement  pectinées  chez  le  mâle,  et  ciliées  chez  la  femelle.  L’abdo- 
men du  mâle  présente  à l’extrémité  un  faisceau  de  poils  ; celui  de  la 
femelle  est  plus  gros  et  se  termine  par  une  pointe  obtuse. 

Cette  espèce,  qui  pendant  longtemps  a été  fort  rare,  n’appartient 
que  depuis  peu  d’années  à notre  faune  française.  Après  avoir  été 
observée  dans  le  midi  delà  France,  elle  fut,  il  y a peu  de  temps,  ren- 
contrée à Lyon  pour  la  première  fois  par  M.  Gaynon,  qui  l’a  prise  la 
nuit  en  chassant  au  lierre.  Cependant  M.  Donzel,  auquel  l’entomolo- 
gie est  redevable  de  nombreuses  découvertes  et  de  précieuses  obser- 
vations, fait  connaître,  dans  les  notes  qu’il  a laissées  à notre  Société, 
que  de  son  temps  déjà,  cette  rareté  avait  été  prise  une  fois  à Fon- 
taines-sur-Saône  (Rhône). 

Le  12  juin  dernier,  M.  Mary,  lépidoptériste  lyonnais,  prit  sur  le 


Annales  de  la,  Société  Zinnéenne  de,  Zyon, 


Armée,  lââÔ.ll.  3. 


P.  Mülière. - del.  et  pf~  ZJebrav  „r . 

J.  Chaztnia,  lû/bris;  Bdv.  Step. 

II.  CrocaJ/Ac  Tufriarûi, , d’or. 


Imp.  Æouiste  Ô,  r.  Manon, . 


'MP>£' Mignea 


Chaonia  Hybris.  25 

Prunus spinosa,  à Poleymieux,  situé  à 8 ou  ÎO  kilomètres  de  notre 
ville,  une  chenille  qui,  élevée  avec  soin,  donna,  le  25  septembre 
d’après,  une  Tusciaria  femelle  de  grande  taille.  Cette  Crocallis  pon- 
dit une  quinzaine  d’œufs  : ceux-ci  sont  ovales,  aplatis  sur  les  pointes, 
et  d’un  vert  glauque. 

La  Tusciaria  ne  doit  avoir  qu’une  génération  par  an. 

Je  ferai  observer  qu’avec  une  seule  chenille  de  cette  espèce,  je  suis 
arrivé  à la  connaissance  presque  complète  des  premiers  états  de  cette 
belle  Ennomide. 

Je  dois  dire,  avant  de  terminer  cet  article,  qu'il  a déjà  été  question 
de  cette  chenille,  mais  d’une  manière  très-sommaire.  Voici,  en  etfet, 
ce  qu’en  a dit  notre  collègue,  M.  Bellier  de  la  Chavignerie,  dans  ses 
observations  sur  les  Lépidoptères  delà  Lozère,  publiées  dans  les  Anna- 
les de  la  Société  entomologique  de  France,  séance  du  24  septembre 
1851  : « Eclose  chez  moi.  La  chenille,  que  je  n’ai  vue  décrite  ni  flgu- 
« rée  nulle  part,  ressemble  beaucoup  à celle  d’Elinguaria,  avec 
« laquelle  je  l’avais  confondue.  Elle  vit  sur  le  Prunus  spinosa.  Envi- 
« rons  de  Florac.  » 

Steph.,  Dup.  — Notodonta  Hybris,  Bdv.  Icônes  pl.  71,  n°  2(1J.  = 
Drymonia  Hybris,  Ramb. 

( Pl.  3.  H,  fig.  1 à 4.) 

Chenille. 

Les  œufs  du  Chaonia  Hybris  ont  une  forme  étrange  qui  les  dis- 
tingue de  tous  ceux  que  j’ai  observés  jusqu’à  présent,  et  qui  les  rap- 


(1)  Dans  son  Icônes  historique  des  Lépidoptères,  M.  le  Dr  Boisduval  figure  une 
femelle  d 'Hybris,  mais  ce  dessin  est  sans  texte. 


26 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


proche  assez  de  la  graine  de  certaines  Malvacées.  Le  dessin  que  je 
donne  de  l’un  de  ces  œufs  (pl.  3,  flg.  3)  fera  comprendre  mieux 
qu’une  description  cette  forme  remarquable.  Ils  sont  plats,  blanchâ- 
tres, et  adhèrent  très- fortement  au  corps  sur  lequel  ils  ont  été  dépo- 
sés, à tel  point  qu’on  les  brise,  si  on  veut  les  en  détacher. 

La  chenille,  au  sortir  de  l’œuf,  est  d’un  blanc  d’os  avec  une  tête 
relativement  très-grosse.  Elle  est,  pendant  les  premiers  jours,  presque 
plate,  très-glabre,  très-fortement  cramponnée  à la  feuille  qui  la  sup- 
porte, sur  la  surface  de  laquelle  elle  demeure  sans  cesse.  Cette  che- 
nille ne  mange  que  la  nuit,  et,  au  repos,  a toujours  le  corps  replié, 
la  tête  placée  à la  hauteur  du  huitième  anneau,  ainsi  que  certaines 
larves  de  Cymatophora  au  repos.  À cette  époque  de  sa  vie,  cettejeune 
chenille,  par  suite  d'un  besoin  ou  d’une  crainte  quelconque,  élève  par 
intervalles  la  partie  antérieure  du  corps  et  l’agite  fortement  à droite 
et  à gauche.  Quinze  jours  après,  elle  a beaucoup  grossi  ; sa  peau  est 
devenue  d’un  vert  d’eau  très-clair,  et  les  pointes  rouges,  qui  plus 
lard  caractériseront  si  bien  cette  espèce,  commencent  à se  faire  voir. 
Arrivée  à toute  sa  taille  vers  le  10  juin,  la  chenille  (YHybris  a le  corps 
légèrement  convexe,  faiblement  aplati  en-dessous  et  atténué  aux  deux 
extrémités.  Cette  larve,  sans  lignes  ni  taches,  est  d’un  beau  vert  en 
dessus  et  sur  les  côtés  ; mais  cette  couleur  est  plus  claire  en  dessous. 
La  vasculaire,  ainsique  les  points  trapézoïdaux,  sont  jaunâtres  et  se 
détachent  à peine  du  fond.  Je  n’ai  vu  nulle  trace  de  la  sous-dorsale; 
la  stigmatale  est  à peine  accusée;  les  stigmates,  d’un  vert  foncé,  sont 
cerclés  de  blanchâtre  ; la  tête,  très-rétractile,  est,  ainsi  que  les  pattes 
écailleuses,  d’un  vert  bleuâtre  rappelant  la  couleur  de  la  couperose 
bleue  (sulfate  de  cuivre).  Les  pattes  abdominales  sont  concolores  ; les 
anales  sont  carnées.  Le  premier  anneau  porte  sur  les  côtés  latéraux 
deux  petites  caroncules  teintées  de  rose;  ces  éminences  sont  plutôt 
ascendante  qu’incombantes.  Le  second  anneau  porte  au  sommet 
une  caroncule  semblable  à celles  du  premier,  mais  un  peu  plus  forte. 

La  chrysalide,  après  l’éclosion  de  l'insecte,  n’ayant  pas  été  conser- 
vée, je  ne  puis  en  donner  ni  description,  ni  peinture  : du  reste,  elle 


Chaonia  Hyhns.  27 

ne  présente  rien  de  plus  remarquable  que  les  autres  chrysalides  de 
Notodontides. 

Insecte  pmeait.  2 

Le  Chaonia  Hybris  ressemble  pour  la  taille  à certains  individus  de 
Querna  ; cependant,  pour  la  coupe  des  ailes  et  le  faciès  général,  il  se 
rapprocherait  plutôt  des  petites  Dicranara,  avec  lesquelles  il  peut 
bien  avoir  quelques  rapports  de  mœurs. 

Le  dessus  des  premières  ailes,  est  gris  bleuâtre  foncé,  formé  par  un 
fond  blanchâtre  semé  de  très-petits  atomes  bruns.  Ces  premières 
ailes  sont  traversées  par  trois  teintes  ou  bandes  principales.  La  pre- 
mière est  noire,  très-large,  et  occupe  tout  l’espace  situé  entre  le  trait 
brun  qui  est  la  limite  de  la  bande  et  la  base  de  l’aile.  La  seconde, 
qui  est  fortement  dentelée  et  concave  à sa  base,  est  formée  par  une 
ligne  noire,  sineuse,  ombrée  de  gris  ardoisé,  dont  l’extrémité  est  tour- 
néeen  dehors.  La  troisième  de  ces  bandes  consisteen  uneombre  grise 
festonnée  et  éclairée  de  blanchâtre  extérieurement.  L’orbiculaire  et  la 
réniforme  sont  peu  apparentes,  mais  existent  cependant.  La  tache 
discoïdale  est  des  mieux  écrites.  L’intervalle  qui  sépare  la  deuxième 
bande  de  la  troisième  est,  ainsi  que  le  centre  de  l’aile,  largement 
lavé  de  roussâtre  clair.  Le  dessus  des  ailes  inférieures  est  blanc  et 
orné  d’une  très-large  bordure  gris-noir  plus  fortement  accusée  à l'an- 
gle interne.  La  frange  des  quatre  ailes  est  d’un  gris  foncé  entrecoupé 
de  blanchâtre. 

Le  dessous  des  premières  ailes  est  lavé  très-largement  de  gris  ar- 
doisé vers  l’apical  ; la  tache  discoïdale  est  très-apparente  ; les  infé- 
rieures sont  également  d’un  gris  soyeux,mais  moins  foncé  qu’aux  supé- 
rieures. Il  existe  aux  deux  tiers  des  ailes  inférieures  une  bande 
étroite  à peine  visible.  Le  thorax  et  l'abdomen  sont  d’un  gris  bleuâ- 
tre, faiblement  lavé  de  roussâtre  ; les  pattes  sont  grises  et  annelées 
de  blanc  ; les  antennes  sont  rousses  et  filiformes. 

Le  mâle  ne  m’est  pas  connu. 


28 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Cette  espèce,  intéressante  à plus  d’un  titre,  appartient  à l’Europe 
méridionale.  A cause  de  la  chenille  dont  la  forme  n’est  pas  précisé- 
ment celle  de  ses  congénères,  YHybris  ne  devrait-il  pas  constituer  un 
genre  distinct  ? En  effet,  cette  chenille  n’est  ni  complètement  lisse, 
ni  rayée  longitudinalement,  ainsi  que  les  larves  de  Ghaonia  de  Ste- 
phens. Si  donc  je  laisse  cette  Notodontide  dans  le  genre  créé  par  l’en- 
tomologiste anglais,  elle  devra  former  un  deuxième  groupe  isolé  des 
Roboris,  Querna  et  Dodonea,  groupe  qui,  par  le  fait,  est  un  genre  pro- 
visoire. L ’Hybris  formant  plus  tard  un  genre  distinct  du  genre 
Ghaonia , celui  de  Drymonia , créé  par  M.  le  docteur  Rambur,  devra 
prévaloir. 

Ce  fut  M.  Staudinger  qui  me  procura  la  connaissance  de  cette 
rareté;  vers  la  fin  d'avril  dernier,  il  m’envoya  de  Cadix  trois  œufs 
(YHybris.  Lors  de  leur  arrivée  à Lyon,  ces  œufs,  demeurés  douze  jours 
en  route,  venaient  d’éclore.  Je  présentai  de  suite  aux  jeune  larves  des 
feuilles  de  Populus  nigra,  qu’elles  rongèrent  aussitôt.  Je  ne  dirai  pas 
de  quelle  regrettable  façon  je  perdis  deux  de  ces  précieuses  chenilles  ; 
heureusement  il  m’en  restait  une  qui  devint  l’objet  de  tous  mes  soins, 
et  que  j’eus  le  bonheur  d’amener  à bien.  La  croissance  de  cette  unique 
chenille  fut  rapide,  puisque  le  16  juin  suivant  elle  rassemblait  quelques 
feuilles  de  peuplier  fixées  encore  à la  branche,  les  liait  au  moyen  d’une 
soie  blanchâtre  très-forte,  formait  une  coque  mince,  mais  des  plus 
solides,  et  se  transformait  en  chrysalide  pour  donner  son  insecte  par- 
fait à vingt-trois  jours  de  là,  c’est-à-dire  le  9 juillet. 

Obs.  L’Hybris  doit  certainement  avoir  deux  éclosions. La  génération 
qui  paraît  en  été  se  contente  de  faire  une  coque  fixée  seulement  au 
milieu  des  feuilles  del’arbrequi  l’a  nourrie;  mais  les  chenilles  qui  pas- 
sent l’hiver  en  chrysalide  et  éclosent  en  février  de  l’année  suivante 
construisent  une  coque  d’une  forme  bien  différente,  et  qui  rappelle 
celle  des  Dicranura,  ou  mieux  celle  de  YHarpya  Milhameri. 


Psyché  Miilvinella. 


29 


PsycSie  Malvinella,  Stgk.  et  Miix. 

(Species  nova.) 

(Planche  4,  III,  fig.  1 à 3.) 

Je  terminerai  cette  première  série  de  chenilles  inédites  et  de  Lépi- 
doptères nouveaux  par  l’histoire  et  la  description  d’une  charmante 
Psychide  encore  inconnue.  Elle  a été  découverte  par  M.  Staudinger, 
qui  m’a  autorisé  à la  publier.  Voici  ce  que,  vers  la  fin  de  janvier,  me 
mandait  à cet  égard  cet  entomologiste  distingué  : « Avant-hier  j’ai 
eu  la  satisfaction  de  prendre  au  vol  une  Psyché  fort  intéressante, 
qui  doit  être  nouvelle.  S’il  en  est  ainsi,  je  désire  qu’elle  s’appelle 
Malvinella.  » Plus  tard,  M.  Staudinger  m’informait  que  cette  espèce 
se  montre  depuis  la  fin  de  janvier  jusqu’au  commencement  d’avril,  et 
que  c’est  après  midi,  de  deux  à trois  heures  et  demie,  qu’elle  vole  le 
plus  ordinairement.  La  femelle,  ajoutait-il,  est  fort  difficile  à rencon- 
trer ; elle  fixe  son  fourreau,  qui  est  très-petit,  soit  sur  le  sol,  soit  à une 
petite  pierre,  ou  bien  à une  tige  de  plante  desséchée.  Sans  le  secours 
du  mâle  qui,  par  ses  recherches,  décèle  la  retraite  de  la  femelle,  il 
serait  certainement  impossible  au  chasseur  de  la  découvrir  cà  travers 
les  plantes  basses  dont  cette  espèce  se  nourrit  exclusivement.  Parmi 
ces  dernières,  il  est  un  petit  Erodiim que  la  chenille  semble  préférer. 


Insecte  parfait  male. 

Cette  Psychide,  une  des  plus  jolies  du  genre , a , pour  le  faciès, 
sauf  la  taille,  les  plus  grands  rapports  avec  YAlbivitrella,  ( Albida , 
auctorum,  Lorquinella,  Brd.,  Millierella,  Bdv.,  Plwmosella,  Ramb.). 

La  Malvinella  est  d’un  tiers  plus  petite  que  YAlbivitrella,  et  de 
moitié  moins  grande  que  la  Millierella.  Bien  qu’ayant  du  rapport 


30  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

avec  ces  deux  dernières,  elle  a les  quatre  ailes  beaucoup  plus  arron- 
dies, avec  la  base  et  les  franges  d'un  noir  fuligineux  qui  tranche 
d’une  manière  assez  nette.  Le  bord  des  ailes  supérieures,  qui  est 
dénudé,  se  détache  également  du  fond  recouvert  d’écailles  d’un  blanc 
de  lait.  Les  nervures  ne  sont  bien  apparentes  qu’aux  antérieures, 
dans  le  partie  dépourvue  d’écailles.  Les  antennes  sont  assez  longues 
et  plumeuses  ; elles  ont  ceci  de  remarquable,  quelles  sont  de  deux 
couleurs  : le  dessus  de  la  côte  et  les  barbules  sont  d’un  blanc  pur.  Le 
dessous  est  noir  de  suie.  La  tête  disparaît  sur  les  longs  poils  dont  elle 
est  recouverte.  Le  corselet,  l’abdomen  et  les  pattes  sont  très-noires  ; 
ils  sont  couverts  d’une  épaisse  villosité  fuligineuse  à la  base  et  blan- 
che au  sommet.  Les  poils  de  l’extrémité  du  corps,  qui  sont  d’un  blanc 
parfait,  divergent  et  dépassent  à peine  la  longueur  de  l’abdomen. 
M.  Staudinger  ajoute  que  la  Malvinella  mâle  varie  pour  la  taille  et 
l’intensité  des  poils  noirs  et  blancs. 

Pour  décrire  la  Malvinella  femelle  d’une  manière  convenable,  il  eût 
été  utile  de  le  faire  sur  l’insecte  vivant.  Cette  facilité  ne  m’a  pas  été 
fournie.  Je  dirai  seulement  que  la  P.  Malvinella  femelle  est  de  moitié 
moins  grande  que  la  femelle  d 'Albivitrella,  et  qu’elle  ressemble  beau- 
coup à celle  de  cette  dernière  pour  la  couleur  et  pour  la  forme. 

Fourreau. 

Le  fourreau  de  la  Malvinella  n’a  pas  le  moindre  rapport  avec  celui 
de  Y Albivitrella,  Brd.,  bien  que  l’insecte  parfait  se  rapproche  de  celle- 
ci.  Ce  fourreau  de  Psychide  est  brunâtre,  tubuleux,  renflé  au  milieu, 
composé  d’un  tissu  de  soie  très-serré  et  de  très-petits  grains  de  sable 
de  diverses  couleurs;  le  tout  recouvert  de  rares  fragments  de  feuilles 
ou  tiges  de  Graminées.  Sans  cette  addition  de  parcelles  de  végétaux, 
le  fourreau  de  la  Malvinella  aurait,  pour  la  forme,  du  rapport  avec 
celui  de  la  Perlucidella,  Mann.,  Brd.,  oa  Nudella,  Och.,  Brud.,  bien 
qu’il  soit  de  moitié  plus  petit.  Quant  à la  nature  de  la  composition  de 
cette  enveloppe  protectrice,  c’est  exactement  celle  de  la  Psyché  Hélix, 
Sieb.  ( Helicinella .,  IL-S.,  Brd.). 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


31 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

De  la  Première  Livraison. 


PLANCHE  1. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

1.  Chenille  du  Coccyx  Juniper  (ma , Mill. 

2.  Insecte  parfait  grossi. 

3.  Tête  de  la  chenille,  vue  de  face,  très-grossie. 

4.  Derniers  segments  de  la  chenille  très-grossie. 

3.  Chrysalide  vide  à moitié  sortie  du  fruit  du  genévrier  qu 
a nourri  la  chenille. 

IL 

6 et  7.  Abraxas  Grossulariata,  Mouffet.  — (Var.  cf  et  ? ). 


32 


EXPLICATION  UES  PLANCHES. 


PLANCHE  2. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  la  Cleogene  Lutearia,  F. 

2.  » » vue  de  dos. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  de  la  Dasydia  Obfuscata,  W.-V. 
3.  Chrysalide. 

G.  Insecte  parfait. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


•J 


PLANCHE  3. 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

1.  Chenille  du  Chaonia  Hybris,  (Ramb.,  Bdv.). 

2.  insecte  parfait  (les  ailes  gauches  vues  en  dessous). 

3.  Œuf  vu  de  face  très- grossi. 

4.  Tête  et  premiers  anneaux  vus  de  lace. 

II. 

1 . Chenille  de  la  Crocallis  Tusciaria  (Scriba);,  grossie  du  tiers 

2.  Chrysalide  grossie  du  tiers. 

3.  Insecte  parfait  grossi  du  tiers. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


34 


PLANCHE  A, 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  la  Psodos  Alpinata  (W.-V.). 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  1.  A et  il.  Chenille  d’Emydia  Coscinia  Och. 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

III. 

Fig.  2.  Psyché  Malvinella  d (Staudinger,  Millière). 
3.  Id.  Malvinella  9 . 
i.  Fourreau. 


Lyon.  — Association  typographique,  Regarl,  rue  lupin,  31 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS , 

Par  P.  miLLIÈUi; 

deuxième  LIVRAISON, 

(Présentées  à la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  C août  IS59J 


Le  genre  Gnophos , adopté  par  tous  les  auteurs,  contient 
de  remarquables  et  intéressants  insectes;  mais  les  espèces  qui 
le  composent,  fort  difîiciles  à déterminer,  pour  la  plupart, 
ont  été  et,  sont  encore  la  cause  de  fréquentes  erreurs.  Ajou- 
tons à cela  que  la  connaissance  des  chenilles  de  ce  genre,  peu 
avancée  jusqu’à  ce  jour,  est  une  nouvelle  cause  d’incertitude 
et  de  confusion. 

En  commençant  la  seconde  série  de  mes  chenilles  inédites, 
je  vais  avoir  l’honneur  de  soumettre  à la  Société  l’histoire  des 
mœurs  de  trois  larves  de  Gnophos  complètement  inconnues 
et  dont  j’ai  fait  moi-même  l'éducation  ab  ovo. 

Je  ne  raconterai  pas  les  habitudes  des  Gnophos  en  géné- 
ral ; je  renvoie,  pour  la  connaissance  de  leurs  mœurs,  au 
Species  des  Lépidoptères  de  M.  Guenée,  dans  ses  généralités 

4 


52  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS, 

sur  ce  groupe  ; mais  ce  savant  n’a  rien  dit  d’une  étrange 
particularité  que  je  crois  surtout  propre  aux  Gnophos  , et 
que  j’ai  observée  chez  les  trois  espèces  que  je  vais  décrire» 
Je  dirai  en  peu  de  mots  cette  particularité  de  mœurs.  Lorsque 
les  chenilles  de  Mucidaria , Pullata  et  Glaucinata  sont  in- 
quiétées, soutenues  sur  leurs  pattes  membraneuses,  le  corps 
à moitié  recourbé  et  projeté  en  avant,  elles  s’agitent  pendant 
deux  ou  trois  minutes  avec  une  sorte  de  frémissement,  de 
haut  en  bas,  puis  de  droite  à gauche  ; elles  recommencent 
ce  mouvement  au  moindre  bruit.  C’est  surtout  dans  le  jeune 
âge  que  j’ai  observé  ce  fait.  Après  la  quatrième  mue,  ce  fré- 
missement m’a  paru  se  renouveler  moins  souvent  ; il  était 
aussi  moins  prolongé  cpi’avant. 


EruuUcs  do  la*  Socictc*  L t nnccnac*  de*  Lyon*. 


Jnnée  1S59.  PU. 


I , j.  à 6.  Gnophos  Muadarui/  El. 

II.  y à-  ji.  „ GlaiLcifiata*,  ffb 
M.  12  à*i5  „ Pitlla.ta*',  W~V. 


lmp.  /fouis  tty.  Paris.  5.  r Migrions 


M'"' Mignsait.c  col. 


Gnophos  M ucidaria. 


■ K» 


Oiioplios  Muciduria. 

(Planche  1.  Fig.  \ à 6.) 

Hb.  148.  — TreitSè  I p.  182.  — Dup.  V.  p.  218  pl.  18C 
fig.  5.  — Bdv.  1593.  — Herr.-Sch.  p.  75  et  Sup.  p.  73  fig. 
266-2G8.  — Gn.  472. 


Chenille. 

Les  œufs  cle  Mucidaria  sont  ovales,  légèrement  comprimés 
et  très-lisses.  Ils  sont  d’abord  d’un  jaune  serin;  deux  jours 
après,  ils  passent  au  rouge  corail,  et  la  veille  de  leur  éclosion 
ils  sont  d’un  violet  obscur.  La  jeune  chenille,  au  sortir  de 
l’œuf,  est  jaune  clair.  Ce  n’est  qu’après  le  deuxième  change- 
ment de  peau  que  commencent  à paraître  les  pointes  ou  émi- 
nences charnues  qui  caractérisent  cette  larve,  mais  alors  ces 
pointes  sont  à peine  visibles  à la  loupe.  Arrivée  à toute  sa  taille, 
cette  chenille  est  presque  cylindrique  et  de  la  grosseur  de 
celle  de  Varieijdta ; mais  elle  est  relativement  moins  courte 
que  les  chenilles  de  Pullata  et  Glaucinata , et  n’a  pas  non 
plus  la  forme  de  ces  deux  dernières. 

La  larve  de  Mucidaria  est  d'un  fauve  plus  ou  moins  clair. 
Les  lignes  vasculaire  et  sous-dorsale  sont  fines  et  d'un  brun 
verdâtre  ; elles  sont  à peine  visibles  à la  loupe,  seulement  la 
première  n’est  pas  interrompue,  tandis  que  la  seconde  l'est 
largement  à toutes  les  intersections.  La  ligné  stigmatale  èst 
blanchâtre  et  ondulée  ; elle  est  interrompue  par  les  caron- 
cules des  cinquième,  sixième,  septième  et  huitième  anneaux. 
Le  ventre  est  lavé  de  blanchâtre  et  présente  trois  lignes  paral- 
lèles, interrompues  et  lisere’es  de  blanc.  Les  stigmates  sont 
rougeâtres  et  cerclés  de  noir.  La  tête  est  presque  carrée,  fai- 
blement éehancrée  au  semmet;  elle  est  jaunâtre  et  maculée 


;Vi 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

irrégulièrement  de  points  gris.  Cette  tête  est  rétractile  et,  au 
repos,  disparaît  à moitié  sous  le  premier  anneau.  Les  pattes 
sont  concolores,  sauf  les  anales  qui  sont  grises  et  tachées  de 
points  noirs.  Les  cinquième,  sixième,  septième,  huitième  et 
onzième  anneaux  présentent  chacun  une  rangée  transversale 
de  six  caroncules  proportionnellement  fortes  , surmontées 
chacune  d’une  pointe  fine  d'un  blanc  mat.  Cette  dernière 
n’est  bien  visible  qu’à  la  loupe.  Les  six  caroncules  de  chaque 
anneau  sont  placées  par  paires:  les  deux  plus  fortes  occupent 
le  sommet  de  l’anneau,  les  quatre  autres  sont  placées  sur  les 
côtés,  deux  à droite,  deux  à gauche.  Tout  le  corps,  sauf  le 
dessous,  est,  en  outre,  chargé  d’une  infinité  de  petits  tuber- 
cules concolores  cpii  ne  sont  bien  visibles  qu'à  la  loupe.  Cha- 
cun des  anneaux,  qui  supporte  les  six  caroncules,  laisse  voir 
trois  taches  d’un  brun  verdâtre.  La  double  éminence  char- 
nue occupant  le  sommet  de  l’anneau  est  maculée  : 1°  d’une 
tache  brune  triangulaire,  dont  l’un  des  angles  se  dirige  dans 
le  sens  de  la  pointe  ; 2°  de  deux  taches  de  même  couleur 
qui  aboutissent  aux  caroncules  placées  sur  les  côtés.  La  pre- 
mière de  ces  deux  taches  est  allongée,  celle  du  bas  dessine 
imparfaitement  un  triangle. 

Lorsque  la  chenille  de  Mucidaria  doit  se  métamorphoser, 
elle  quitte  la  plante  qui  l’a  nourrie,  grimpe  contre  le  mur 
au  pied  duquel  elle  a vécu  (le  plus  souvent  ce  mur  est  situé 
à une  exposition  très-chaucle  , et  n’a  pas  trace  de  crypto- 
games ) , cherche  un  petit  enfoncement , s’y  loge , file  une 
toile  légère  au  niveau  de  la  paroi  du  mur  et  tarde  peu  à se 
chrysalider.  Cette  toile  , qui  bouche  exactement  le  trou  oii 
la  chenille  s’est  retirée,  est  composée  de  soie  blanche  entre- 
mêlée de  grains  de  sable  enlevés  au  mur.  L’insecte,  par  ce 
moyen,  réussit  d’une  manière  si  parfaite  à se  soustraire  à la 
vue  de  ses  ennemis,  qu’il  faut  une  très-grande  habitude  pour 
la  découvrir  sous  cet  abri. 


Gnophos  Mucidaria. 


55 

Chrysalide. 

Elle  est  allongée,  cylindrico-conique  et  d’un  noir  mal. 
L'enveloppe  des  ailes  descend  assez  bas.  Dans  certains  exem- 
plaires, les  anneaux  abdominaux  sont  d’un  noir  obscur.  Les 
trois  derniers  segments  sont  recouverts  de  poils  hérissés. 
L’abdomen  porte,  à l’extrémité,  deux  pointes  très-rappro- 
chées,  mais  qui  ne  se  touchent  qu'à  leur  naissance.  Chacune 
de  ces  pointes  est  terminée  par  un  crochet  recourbé  en  forme 
d’hameçon,  propre  sans  doute  à retenir  la  chrysalide  à la  toile 
qui  la  recouvre. 

Insecte  parfait. 

Mucidaria  porte  environ  0,02(J  millim.  Elle  est  un  peu 
plus  petite  que  Fariegata  , dont  elle  a la  coupe  et  le  faciès 
au  premier  abord.  Les  ailes  supérieures  sont  arrondies,  les 
inférieures  légèrement  dentées,  d’un  jaune  plus  ou  moins  clair 
et  recouvertes  de  nombreux  atomes  gris.  L’extra-basilaire  et 
la  subterminale  des  supérieures  sont  lavées  de  blanchâtre 
obscur.  L’espace  médian  et  le  bord  terminal,  sur  les  quatre 
ailes,  sont  plus  ou  moins  largement  lavés  d’une  teinte  ochra- 
cée.  Une  rangée  de  points  allongés  précède  la  frange  qui  est 
plus  ou  moins  jaunâtre.  La  tache  orbiculaire,  le  plus  souvent 
pupillée  et  toujours  plus  grande  aux  supérieures,  existe  sur 
les  quatre  ailes.  Les  inférieures , sur  un  fond  faiblement 
ochracé  et  soyeux,  sont  très-légèrement  lavées  de  gris.  La 
coudée  et  la  subterminale  sont,  chez  le  type,  à peine  accu- 
sées. Les  antennes  du  mâle,  de  la  couleur  du  fond,  sont  pu- 
hescentes  et  différentes  en  cela  de  Fariegata,  dont  les  an- 
tennes sont  filiformes. 

Mucidaria  varie  à Lyon  en  ochracé  très-vif  ; on  voit  aussi 
des  sujets  cl’un  jaune  obscur,  chez  lesquels  les  lignes  trans- 


5 G 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

verses  se  remarquent  à peine.  Un  individu,  trouvé  ce  prin- 
temps à Hyères,  est  entièrement  brun  et  sans  lignes.  Enfin, 
d’autres  variétés  sont  d’un  gris  presque  blanc  ; chez  celles-ci 
les  extra -basilaire  et  coudée  seules  sont  écrites.  Je  dirai 
encore  que  j’ai  remarqué  dans  la  campagne  des  individus 
d’une  petitesse  extrême,  mesurant  ,'i  peine  0,015  millim. 
d’envergure. 

La  figure  de  Hubner,  n.  148,  est  mauvaise  et  ne  peut  don- 
ner idée  de  la  vraie  Mucidaria.  J’en  dirai  autant  de  celle  de 
Duponchel,  pl.  218,  fig.  5.  Le  n.  2G8  de  Herr.-Sch.  tab.  44 
réussit  mieux  à rendre  la  coupe  de  cette  Géomètre , mais  ce 
n’est  point  sa  couleur  ; ce  numéro  rappelle  plutôt  la  teinte  de 
Variegata.  Quant  aux  figures  26G  et  2G7  du  continuateur  de 
Hubner,  ce  sont  évidemment  des  variétés  de  son  numéro  2G8. 
Enfin,  ses  numéros  002,  505  et  504,  s’ils  représentent  des 
aberrations  de  Mucidaria , me  paraissent  des  plus  remar- 
quables. 

La  chenille  de  Mucidaria  ne  vit  pas  de  lichens,  ainsi  que 
le  pensent  plusieurs  auteurs,  mais  bien  de  plantes  basses. 
Elle  mange  indistinctement  les  Rumex,  Composées,  Ombelli- 
fères,  mais  elle  préfère  l’ Anagallis  arvensis  et  surtout  le  Po- 
lygonum  aviexdare. 

Mucidaria  est  très-commune  dans  nos  environs.  Elle 
s’avance  jusque  dans  les  jardins  de  l’intérieur  de  la  ville.  L’in- 
secte parfait  s’applique  d’habitude  contre  les  murs  très-blancs, 
à l’exposition  la  plus  méridionale. 

Un  ennemi  de  l’ordre  des  Hyménoptères  et  de  la  famille 
des  Ichneumonides  attaque  la  chenille  de  cette  Gnophos  , 
mais  je  ne  sais  à quelle  époque;  tout  ce  que  je  puis*  dire, 
c’est  que  ce  parasite  éclot  très-souvent  à la  place  du  Lépidop- 
tère. 

Longtemps  Variegata.  voisine  de  Mucidaria , a passé  ina- 
perçue dans  les  collections,  confondue  avec  celte  dernière 
espèce,  ou  considérée  simplement  comme  une  de  ses  variétés. 


Gnophos  Mucidaria.  57 

Depuis  peu  de  temps,  Boisduval , puis  üuponchel,  ont 
donné,  dans  leur  ouvrage  entomologique,  Varie  pal  a comme 
variété  de  Mucidaria.  M.  Guenée  a fait,  avec  raison,  de  Varie- 
(j ata  une  espèce  distincte  de  Mucidaria  ; mais  ce  naturaliste 
consciencieux  a commis  une  petite  erreur,  qu’en  passant  je 
me  permettrai  de  relever.  L’histoire  de  Variegata  a été  faite 
par  M.  Bruand  d’Uzelle  (Annales  de  la  Société  entomologique 
de  France,  année  1843);  cependant  M.  Guenée  dit,  dans  son 
Species,  que  c’est  la  chenille  de  Mucidaria  qu’a  décrite  et  figu- 
rée M.  Bruand,  quand,  en  réalité,  c’est  celle  de  Variegata. 
Ces  deux  espèces  ont  des  époques  d’éclosion  bien  différentes  : 
Mucidaria  éclot  une  première  fois  dès  la  fin  de  mars  et  le 
commencement  d’avril,  puis  une  seconde  fois  en  août  et  sep- 
tembre. Elle  passe  l’hiver  en  chrysalide  et  jamais  ne  demeure 
en  chenille  pendant  la  mauvaise  saison.  J’ai  eu  la  preuve  de 
ce  fait  en  élevant  de  jeunes  larves  de  Mucidaria , dont  les 
œufs,  pondus  à la  fin  de  septembre,  me  donnèrent  leurs  che- 
nilles quinze  jours  après.  Ces  chenilles  grossirent  très-vite  et 
se  chrysalidèrent  à la  fin  de  novembre,  à la  température  or- 
dinaire. Variegata , au  contraire,  passe  l’hiver  à l’état  de  larve 
et  ne  se  métamorphose  qu’en  avril,  époque  de  la  première 
apparition  de  sa  congénère  à l’état  d’insecte  parfait. 

Variegata y selon  toute  apparence,  ne  doit  éclore  qu’une 
fois  par  an. 

Bien  que  la  chenille  Mucidaria  ait  du  rapport,  pour  la 
forme,  avec  celle  de  Variegata , elle  s’en  distingue  par  plu- 
sieurs caractères  dont  le  plus  important  est  celui-ci  : les  cin- 
quième, sixième,  septième,  huitième  et  onzième  anneaux 
sont,  chez  Variegata , surmontés  de  trois  pointes  charnues  et 
^aillantes,  dont  une  en  dessus  et  une  sur  chaque  flanc,  tandis 
que  celle  de  Mucidaria  possède,  sur  chacun  de  ces  mêmes 
anneaux,  six  pointes  charnues  placées  par  paires,  de  la  ma- 
nière suivante  : deux  au  sommet  et  deux  sur  chaque  coté. 


58  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Sans  nul  doute  Mucidaria  est  bien  distincte  de  Variegata , 
et  désormais  il  ne  sera  plus  possible  de  confondre  ces  deux 
espèces. 

Ctîaiicinata. 

(Planche  Fig.  7 à H.) 

Hb.  150.  — Treits.  I.  p.  177.  — Dup.  Y.  p.  21/J  pl.  184 
fig.  3-4.  — Bdv.  1591.  — Herr.-Sch.  p.  75  fig.  08-09. — 
Delah.  123. — Gn.  474.  — Falconaria , Frey.  IV  p.  377 
fig.  5. 

Chenille. 

Des  œufs  de  Glaucinata  pondus  le  20  juillet  1858,  me  sont 
éclos  le  30  du  même  mois. 

La  chenille  parvenue  à toute  sa  taille  est,  au  repos,  courte 
et  ramassée;  elle  est  atténuée  antérieurement,  carénée  sur  les 
côtés,  sans  éminences,  sauf  une  caroncule  bifide  et  blanchâtre 
cpie  supporte  le  pénultième  anneau.  Le  fond  est  d’un  jaune 
verdâtre  plus  ou  moins  foncé,  suivant  les  individus. 

La  ligne  vasculaire  est  à peine  écrite  ; elle  n’est  visible  que 
sur  le  milieu  des  cinquième,  sixième,  septième,  huitième  et 
neuvième  anneaux.  La  sous-dorsale  n’est  guère  plus  distincte  ; 
mais,  bien  que  fort  peu  apparente,  elle  parcourt  sans  inter- 
ruption toute  la  longueur  de  l'insecte  jusqu’à  la  tête;  quant 
à la  stigmatale,  elle  est  longue,  blanchâtre,  continue,  quelque 
peu  sinueuse  et  liserée  de  brunâtre  des  deux  côtés.  Les  an- 
neaux sont  bien  marqués  ; tous  jusqu’au  dixième  supportent  un 
chevron  rougeâtre  qui,  partant  de  la  vasculaire,  descend  dia- 
gonalementet  vient  aboutir  aux  stigmates.  Ceux-ci  sont  ronds, 
blancs  et  cerclés  de  noir.  A l’œil  nu  on  ne  distingue  que  le 
cercle  noir.  Le  ventre  est  verdâtre  ; la  ligne  ordinaire,  qui 
cependant  est  large,  se  détache  à peine  du  fond  ; cette  ligne 


Gnophos  Glaucinala.  59 

est  accompagnée  de  chaque  coté  d’un  liseré  fin,  brun,  formé 
par  la  réunion  de  très-petits  points  noirâtres.  La  tête  est  rou- 
geâtre, petite,  ronde,  rétractile  et  finement  ponctuée  de  brun. 
Un  trait  blanc  faisant  suite  à la  stigmatale  parait  se  prolonger 
sur  la  tête  et,  à droite  et  à gauche,  aboutir  aux  mâchoires. 
Toutes  les  pattes  sont  concolores. 

Chrysalide. 

Elle  est  cylindrico-conique,  rougeâtre,  très-lisse,  très-lui- 
sante. L’avant-dernier  anneau  présente  un  bourrelet  que  l’on 
n’aperçoit  bien  qu’avec  le  secours  de  la  loupe.  L’extrémité 
abdominale  se  termine  par  une  pointe  aiguë  et  forte. 

Le  mode  de  transformation  de  Glaucinala  n’a  rien  qui  la 
distingue  de  ses  congénères  Mucidaria  et  Pullula. 

Insecte  parfait. 

Celte  espèce  varie  beaucoup  pour  la  taille  et  pour  la  cou- 
leur. Hubner  ayant  pris  pour  type  les  individus  à fond  jau- 
nâtre et  à lignes  transverses  bien  marquées,  les  entomolo- 
gistes qui  sont  venus  après  lui  ont  dû  faire  comme  cet  ico- 
nographe, et  ne  considérer  que  comme  variétés  de  Glauci- 
nata , les  sujets  d’un  cendré  bleuâtre  qui,  néanmoins,  sont 
partout  les  plus  fréquents. 

Le  type  est  de  taille  moyenne,  a fond  jaunâtre,  saupoudré 
d’atomes  gris-brun,  le  tout  avec  reflets  bleuâtres.  Les  lignes 
basilaire,  coudée  et  subterminale,  sont  toujours  bien  écrites 
aux  supérieures.  Celles-ci  ont  î’apex  prolongé.  Les  inférieures, 
chez  lesquelles  manque  la  ligne  basilaire,  sont  profondément 
dentées.  Les  franges,  assez  larges,  entrecoupées  de  blanc, 
sont  de  la  couleur  du  fond.  Les  omicrons  sont  petits  etévidés. 

Le  dessous  des  ailes  est  d’un  gris  de  fer  depuis  la  base  jus- 
qu'à la  coudée  inclusivement;  puis  une  ligne  transverse, 
jaunâtre  et  assez  large,  succède  à cette  coudée.  Les  ailes  se 


GO  cuenili.es  et  lépidoptères  inédits. 

terminent  par  une  large  bordure  gris  de  fer  maculée  aux  su-- 
périeures  de  deux  taches  jaunâtres,  l'une  située  à l’apex, 
l’autre  sur  la  cinquième  nervure.  Aux  inférieures,  au  lieu  de 
taches,  il  existe  une  traînée  qui  précède  immédiatement  la 
frange.  Enfin  les  antennes  sont  crénelées. 

La  variété  à fond  bleuâtre  possède,  en  dessus  et  en  des- 
sous, les  mêmes  lignes,  les  mêmes  taches  que  le  type  ; mais 
toutes  sont  moins  vivement  écrites.  Les  taches  ocellées  des 
inférieures  sont  petites  et  sans  pupille. 

J’ai  pris,  l’année  dernière,  à la  Grande-Chartreuse,  un  in- 
dividu qui  doit  être  la  var.  G du  Species  Guenée  ( Gnoph . Su- 
pinata , Lédérer.).  Cette  variété  est  d’un  cendré  uniforme, 
avec  les  dessins  des  supérieures  presque  effacés.  Le  dessous  a 
les  lignes  et  les  taches  aussi  distinctes  que  le  type. 

La  chenille  de  Glaucinata  était  à peine  éclose  que  déjà 
elle  tremblotait  au  moindre  bruit.  Sa  croissance  s’est  opérée 
rapidement.  Dès  le  12  août,  c’est-à-dire  dix  jours  après  son 
éclosion,  elle  mesurait  déjà  0,014  à 0,015  millim.  Quand 
arriva  la  fin  du  mois,  elle  avait  atteint  toute  sa  croissance. 
Elle  disparut  alors  sous  la  mousse,  forma  une  coque  lâche,  se 
ehrysalida  sur  la  terre,  et,  quinze  jours  après,  donna  son 
insecte  parfait. 

Ainsi  qu’on  le  pense  bien,  Glaucinata  ayant  fourni  une  gé- 
nération dans  un  espace  de  temps  aussi  restreint,  doit  avoir 
au  moins  deux  éclosions  par  an.  Ses  mœurs  semblent  l’éloi- 
gner de  Pidlata , quoique  les  chenilles  de  ces  deux  espèces  se 
ressemblent  beaucoup. 

Les  deux  générations  annuelles  de  Glaucinata  la  rappro- 
chent de  iMucidaria,  bien  que  leurs  chenilles  n'aient  pas  le 
moindre  rapport  de  formes  l'une  avec  l’autre. 

J'ai  nourri  Glaucinata  avec  les  feuilles  de  plusieurs  espèces 
de  Composées-Corymbifères.  certaines  Légumineuses  herba- 
cées et  divers  Carex.  La  chenille  cle  cette  deuxième  Gnophos 
est  donc  polyphage. 


Gnophos  Pullata. 


6t 


Clnopboi  Pullata. 

» 

(Planche  -I . Fig.  -12  à -14.) 

YV.-V.  1-2  — Treits.  I p.  179.  — Herr-Sch.  p.  74  et  Supp. 

p.  72  fig.  70,  500,  501.  — Delah  ? 120.  — Gn.  488.  (non 

Hub.  nec  Dup.), 

Chenille. 

Cette  larve  se  rapproche  de  celle  de  Glaitçinata  par  la 
forme,  mais  elle  s’en  éloigne  par  ses  mœurs. 

Il  est  à peu  près  certain  que  si  Glaucinata  paraît  deux  fois 
dans  l'année,  Pullata  n’a  qu’une  génération  par  an. 

Cette  espèce  pond  aussitôt  qu’elle  se  sent  mortellement 
blessée  par  l’épingle.  Les  œufs  pondus  ne  dépassent  guère  le 
nombre  de  vingt  ou  vingt-cinq.  Us  sont  ovales,  et  leurs  diverses 
couleurs  rappellent  celles  des  œufs  de  Mucularia. 

La  chenille,  lors  de  sa  naissance,  est  verdâtre;  elle  a la 
tête  brune  avec  les  pattes  concolores  ; on  soupçonne  la  double 
éminence  du  onzième  anneau,  et  la  jeune  chenille  s’agite  et 
tremblote  ainsi  cpie  je  l’ai  dit  précédemment.  Agée  de  trois 
semaines,  cette  larve  mesure  0,012  à 0,015  millim.  de  long. 
Elle  est  alors  couleur  de  café  au  lait,  avec  la  stigmatale  jau- 
nâtre, 

L’hiver  la  surprend  au  tiers  de  sa  taille  ; elle  ne  mange  ab- 
solument rien  pendant  toute  la  durée  de  celte  saison,  bien 
que  la  nourriture  ne  lui  manque  pas,  se  cache  sous  la  mousse 
tout  près  du  sol,  et  paraît  s’engourdir  complètement. 

Les  premiers  jours  du  printemps  font  sortir  cette  chenille 
de  sa  léthargie;  elle  se  remet  alors  à manger,  mais  grossit 
lentement.  C’est  vers  la  fin  d’avril  et  le  commencement  de 
mai  que  Pullata  est  arrivée  à sa  taille  ; elle  peut  avoir  alors  de 
0,025  à 0,050  millim. 


(>2  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Sa  couleur  est  d’un  gris  jaunâtre  mat.  Elle  est  courte,  ra- 
massée au  repos,  fortement  carénée  sur  les  côtés,  très  rigide, 
un  peu  plus  épaisse  antérieurement  avec  les  deux,  trapézoï- 
daux postérieurs  de  l’avant-dernier  anneau,  relevés  en  pointe 
conique,  brune  en  avant,  blanche  sur  les  côtés.  La  vasculaire, 
qui  est  gris  de  fer,  n’est  bien  visible  que  sur  les  premiers  et 
les  derniers  anneaux.  La  sous-dorsale  paraît  remplacée  par  un 
chevron  brun  sur  chacun  clés  cinquième,  sixième,  septième 
et  huitième  anneaux,  lequel  vient  aboutir  à la  stigmatale. 
Celle-ci,  représentée  par  la  carène  très-proéminente,  est  si- 
nueuse et  d’un  blanc  jaunâtre.  Le  ventre,  qui  est  gris  , ne 
présente  que  deux  lignes  étroites  h peine  accusées.  Les  stig- 
mates sont  ronds,  noirs  et  cerclés  de  jaunâtre.  La  tête  est 
concolore,  globuleuse,  rétractile  et  le  plus  souvent  rentrée  au 
tiers  sous  le  premier  anneau.  Les  pattes  antérieures  sont  con- 
colores  ; les  anales  sont  verdâtres. 

Cette  Géomètre  est  polyphage,  mais  elle  mange  de  préfé- 
rence les  Plantacjo  et  certaines  Composées.  Ainsi  que  plu- 
sieurs chenilles,  parmi  celles  qui  passent  l'hiver,  Pullata 
semble  préférer  aux  feuilles  fraiches  celles  qui  sont  flétries 
et  même  entièrement  desséchées. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser,  cette  larve  s’enfonce  sous  mie  lé- 
gère couche  de  terre  et  s’y  construit  une  coque  lâche  dans 
laquelle  elle  se  transforme  bientôt  en  nymphe. 

La  chrysalide  est  cylindrico-conique  et  d’un  brun  rou- 
geâtre ; elle  est  luisante  et  ne  présente  rien  qui  la  distingue 
du  plus  grand  nombre  des  chrysalides  de  Plialénites, 

L’insecte  parfait  éclot  au  bout  de  trente  ou  trente-cinq  jours. 

Les  nombreux  exemplaires  que  j’ai  obtenus  se  sont  fort  bien 
développés  et  étaient  tous  aussi  beaux  que  ceux  qui  ont  été 
capturés  dans  la  montagne. 


Gnophos  Pullata. 
Insecte  parfait. 


f>3 


La  Pullata  de  la  Grande-Chartreuse  n’est  point  la  Pullata 
typique,  II. -S.  , mais  bien  la  variété  B du  Spccies  Guenée 
( hnpectmata , Gn.  ).  Les  ailes  de  mon  insecte  sont  très- 
entières,  très-dentées,  généralement  d’un. gris  perlé  mat, 
faiblement  teinté  de  bleuâtre  en-dessus.  La  ligne  basilaire  , 
visible  seulement  aux  supérieures;  la  coudée,  ou  seconde 
ligne,  légèrement  dentée  avec  des  points  noirs  plus  ou 
moins  marqués  sur  les  nervures.  Chez  le  plus  grand 
nombre  des  individus  , la  subterminale  est  invisible.  Les 
omicrons  sont  petits  , ovales  et  évidés.  La  frange  des  qua- 
tre ailes  est  concolore  et  toujours  précédée  de  points  noirs 
bien  accusés.  Le  dessous  des  secondes  ailes  est  gris  perlé, 
soyeux,  sans  atomes  ; on  y remarque,  après  la  coudée,  une 
ligne  blanche  très-distincte  et  assez  fortement  dentée  inté- 
rieurement. Il  existe  une  seconde  ligne  blanchâtre,  moins 
accusée  que  la  précédente,  et  qui  accompagne  extérieurement 
la  subterminale.  Les  antennes  sont  filiformes  dans  les  deux 
sexes.  Le  corps  est  de  la  couleur  des  antennes,  avec  l’extré- 
mité de  l’abdomen  teintée  de  fauve. 

J’ai  figuré  et  je  désignerai  de  la  lettre  C (pi.  1 fig.  15  ) une 
variété  accidentelle  qu’aucun  auteur,  à ma  connaissance,  n’a 
décrite  ni  représentée.  Je  pense  que  cette  aberration,  qui 
provient  de  la  Grande-Chartreuse  , mérite  d’être  signalée  ; 
voici  sa  description  : 

Les  ailes  sont  d’un  blanc  de  crème  , salies  de  stries 
jaunâtres.  L’espace  médian  est  rempli  d’atomes  gris-brun,  et 
simule  une  large  bande  transverse  qui  se  détache  nettement 
du  fond.  La  base  des  ailes,  jusqu’à  la  ligne  coudée,  est,  en 
dessous,  d’un  gris  plombé  uniforme,  sans  atomes.  Le  reste 
des  ailes  est  d’un  blanc  perlé,  soyeux  et  sans  taches.  Les  omi- 
crons se  distinguent  très-bien  en  dessus  et  en  dessous. 


G 4 CHENILLES  et  lépidoptères  inédits. 

Cette  Gnophos , pour  la  coupe  et  le  faciès  général,  s’éloigne 
assez  des  Pullata  de  Hühner  et  de  son  continuateur  Herricli- 
Schæffer.  Sans  parler  du  dessin  des  ailes,  je  ne  fais  reposer 
mon  opinion  que  sur  un  caractère  important  et  qui  pourrait 
suffire  pour  distinguer  cette  race  constante  de  celles  qui  ont 
été  signalées.  Les  nombreux  sujets  que  j'ai  pris  à la  Grande- 
Chartreuse  ou  dans  le  département  de  l’Ain,  ou  qui  sont  éclos 
chez  moi,  ont  tous  les  ailes  supérieures  beaucoup  moins  ar- 
rondies cpie  les  diverses  Pullata  publiées  jusqu’à  ce  jour.  En 
considération  de  ce  caractère,  je  serais  porté  à croire  que  cette 
espèce  est  nouvelle  et  distincte  ; mais,  par  réserve  et  dans  la 
crainte  d’augmenter  la  confusion  qui  déjà  ue  règne  que  trop 
dans  ce  genre  difficile,  je  m’abstiendrai  provisoirement  de 
considérer  cette  Gnophos  comme  inédite.  Cependant  si,  plus 
tard,  il  arrivait  cpie  la  Pullata  cpie  je  viens  de  décrire  fût  re- 
connue distincte  du  type  et  de  ses  variétés,  je  propose  pour 
elle  le  nom  de  Albannata  (1). 

Cette  Pliaiénite  se  rencontre  communément,  en  juillet,  sur 
les  rochers  qui  bordent  le  chemin  de  la  Grande-Chartreuse^ 
depuis  Fourvoirie  jusqu’à  un  kilomètre  environ  au-delà  de  la 
porte  supérieure  du  désert;  plus  loin  cette  Boarmide  est 
remplacée  par  Flavicinctata , Olivata  et  Frustata , etc.,  qui  i 
de  même  que  Pullata , se  placent,  pendant  le  jour,  contre  les 
rochers  verticaux  ou  en  dessous  de  ceux  qui  surplombent. 


(t)  En  souvenir  de  l’Albarine*,  torrent  qui  arrose,  dans  le  Bugey,  la  vallée 
du  même  nom  , sur  l’un  des  versants  de  laquelle  je  trouvai  la  première  che- 
nille qui  me  fit  connaître  cette  Géomètre. 


’ De  deux  mots  celtiques  ; alb,  blanc,  et  rine , couler  avec  impétuosité. 


Annales  dcAa/  Société ■ J inncenno  d&Lyoru. 


Année  1S59,  PL  2 


I.  jl  si  ù'  ChcfrLeritvas  Caliq  in  curia.  Ram  l> 

II.  7 à 12  Sùcej  allias  Permu  ta  / 'ta  , Pfb . 

Inip.  tfouùtc'.  Paris.  Æm'  ATt<jncau.T  col 


Slegania  Permutaria. 


05 


itegani<n  Permutaria. 

(Planche  2.  Fig.  7 à 12.) 

ïïb.  — Beirt.  2.1.  — F.  et  Saml.  92.  — Bork.  259.  — Bdv. 

1816.  — Gn.  976  ~ Trimaculata.  Vill.  p.  5 8 ï n.  658. 

Chenille. 

Lors  de  son  éclosion,  la  jeune  larve  est  verdâtre  ; la  vascu- 
laire est  brune  et  très-large  ; la  tète  est  d’un  jaune  orangé. 
A l’état  adulte,  cette  chenille  atteint  la  longueur  de  0,022 
à 0,025  millim.  ; elle  est  de  forme  cylindrique,  faiblement 
atténuée  antérieurement;  de  couleur  verte  sur  le  dos  et  les 
côtés,  tournant  au  violacé  en  dessous. 

La  vasculaire  est  large,  d'un  carminé  vineux,  et  s’élargit 
au  milieu  de  chaque  anneau.  La  sous-dorsale  est  blanchâtre, 
sinueuse,  interrompue  à chaque  intersection.  La  stigmatale, 
d’un  blanc  verdâtre,  est  peu  apparente.  Les  stigmates  sont 
ovales,  carnés  et  cerclés  de  noir.  Le  ventre  est  sans  lignes 
distinctes.  Les  trapézoïdaux,  en-dessus  et  en  dessous,  sont  à 
peine  visibles.  La  tête  est  carrée,  de  teinte  vineuse,  avec  une 
tache  au  centre,  en  forme  de  croissant. 

Les  pattes  écailleuses  sont  carnées  , les  anales  sont  con- 
eolores. 

Cet  insecte,  qui  se  nourrit  très-bien,  croît  rapidement,  et 
subit  en  très  peu  de  temps  toutes  ses  métamorphoses.  La 
chenille,  éclose  le  25  mai,  a opéré  ses  diverses  mues  en  moins 
d’un  mois.  Elle  s'est  chrysaliclée  du  12  au  15  juin.  Dès  le 
25  de  ce  dernier  mois,  l’insecte  parfait  était  éclos. 

Les  éducations  d’automne  se  sont  faites  proportionnelle- 
ment, d'une  manière  aussi  rapide. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Gti 


Chrysalide. 

Placée  au  centre  d’une  feuille  pliée  , la  nymphe  est  tou- 
jours enveloppée  de  fils  de  soie  brune  qui  la  soutiennent. 

Cette  chrysalide  qui,  pour  la  forme,  ne  présente  rien  de 
particulier,  est  brune,  cilindrico-conicjue,  légèrement  obtuse. 
L'abdomen  se  termine  par  deux  crochets  divergents,  destinés, 
sans  nul  doute,  à retenir  cette  chrysalide  dans  son  hamac 
suspendu. 

Insecte  parfait. 

Envergure  0,024  à 0,025  millim.  Les  ailes  sont  d’un  blanc 
ochracé , recouvertes  de  rares  atomes  bruns.  La  côte  est 
maculée  de  trois  taches  brunes,  dont  les  deux  premières 
donnent  naissance  aux  lignes  transverses.  Les  inférieures  ne 
laissent  voir  que  la  ligne  coudée.  Les  quatre  ailes  portent  un 
point  discoïdal,  mais  à peine  visible.  La  frange,  qui  est  con- 
colore,  est  précédée  d’un  liseré  brun  très-fin. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  n’ont  pas  de  lignes,  elles  sont 
seulement  saupoudrées  d’atomes  bruns  sur  la  côte.  Au  centre 
de  chacune  de  ces  ailes,  un  trait  discoïdal  est  vivement  écrit. 

Les  antennes  sont  brunes  etpectinées.  La  tête,  le  corps  et 
les  pattes  sont  de  la  couleur  des  ailes. 

La  femelle  est  semblable  au  male,  si  ce  n’est  qu’elle  a les 
antennes  filiformes. 

Var.  A Gn.  : Commutaria.  Hb.  505.  — Bdv.  1817.  — 
Dup.  Y.  p.  18  pl.  171  fig.  5.  — Cognataria,  Lédérer  p.  97. 

Le  fond  de  cette  variété  est  d’un  blanc  ochracé  parsemé  de 
points  gris-brun.  Les  lignes  transverses,  le  filet  terminal  et 
les  nervures  sont  d’un  brun  violet  plus  ou  moins  foncé.  L’es- 
pace basilaire  des  supérieures  et  l’angle  interne  de  ces 


Stegania  Permutaria.  G 7 

mêmes  ailes,  supportent  une  large  tache  d’un  gris  violâtre. 
Le  point  discoïdal,  sur  les  quatre  ailes,  est  assez  visible.  La 
frange  est  d'un  gris  brun.  En  dessous,  on  ne  voit,  sur  chaque 
aile,  que  la  ligne  coudée  qui  est  très-apparente.  Les  traits 
discoïdaux  sont  également  très-visibles. 

Cette  aberration  se  remarque  plutôt  chez  les  males  que 
chez  les  femelles. 

C’est  probablement  d'après  la  variété  de  Hubner  (n.  504), 
qui  ne  serait  que  l’exagération  de  celle  que  je  viens  de  dé- 
crire, que  M.  Léclérer  aurait  créé  une  espèce  séparée,  sous  le 
nom  de  Cognataria. 

Le  genre  Stegania , établi  parM.  Guenée,  comprend  un  petit 
groupe  composé  de  douze  espèces,  dont  quatre  européennes. 

Avant  la  connaissance  de  la  chenille  de  Permutaria , au- 
cune larve  de  ce  genre,  intermédiaire  entre  les  Acidalides  et 
les  Fidonides,  n’était  encore  connue. 

Cette  espèce  se  distingue  des  chenilles  des  genres  voisins 
en  ce  qu’au  lieu  de  s’enterrer  pour  se  chrysalider,  elle  s’en- 
veloppe dans  une  sorte  de  réseau  ou  hamac  qu’elle  fixe  tou- 
jours entre  les  feuilles  du  peuplier  qui  l’a  nourrie. 

Il  ne  reste  plus  de  doute  sur  l’identité  de  la  variété  brune 
de  Permutaria  ( Commutaria , Hb.,  Edv,  Cognataria , Léd.), 
puisque  la  même  ponte  m’a  donné,  en  nombre  à peu  près 
égal,  cette  variété  remarquable  et  le  type. 

Permutaria  se  rencontre  très-fréquemment  dans  nos  envi- 
rons et  dans  une  grande  partie  de  l’Europe  méridionale.  Les 
lieux  frais,  le  bord  des  prés  plantés  de  Populus  alba , des 
feuilles  duquel  la  chenille  paraît  vivre  exclusivement,  sont 
les  localités  que  cette  Phalénite  affectionne. 

L'insecte  se  tient  Je  plus  souvent  posé  sur  les  feuilles,  les 
ailes  étendues. 

Cette  Cabéride  a au  moins  deux  générations  par  an.  Ce  qui 
ferait  penser  qu’elle  a plus  de  deux  éclosions,  c’est  que, 

5 


me 


68  CHENILLES  et  lépidoptères  inédits. 

la  voyant  fréquemment  voler  en  avril  et  mai,  puis  en  juillet, 
je  la  retrouve  chaque  année,  tout  aussi  abondamment  en  sep- 
tembre. 

CfiB^mepioa  €aiigi  aiesas*  la . 

( Planche  2 Fig.  \ à 6.  ) 

Ramb.  Ann.  Soc.  entom.  de  Fr.  1852  p.  55.  pi.  2 (Ig.  54. — 
S lui).  581. — Gu.  1519.  = Ramburaria , Bdv.  1525.  — 
Dup.  Sup.  SIS.  p.  614  pl.  50  fig.  7.  — Herr.-Sch.  p.  95 
lig.  48. 

Ciieniele. 

Les  œufs  sont  oblongs,  légèrement  déprimés,  et  d'un  brun 
verdâtre  ; cette  couleur  tourne  au  rouge  obscur  vingt-quatre 
heures  avant  l’éclosion  de  l’insecte. 

A sa  sortie  de  l’œuf,  la  jeune  chenille  est  d’un  vert  clair, 
tirant  sur  le  jaunâtre  aux  deux  extrémités.  La  tête  est  fauve 
avec  les  pattes  concolores. 

Après  avoir  atteint  toute  sa  grosseur,  Caliginearia  mesure 
de  0,040  à 0,045  millim.  Elle  est  cylindrique,  très-lisse, 
sans  éminences,  faiblement  atténuée  antérieurement.  Sa  livrée 
se  partage  en  deux  couleurs  bien  tranchées  : le  dos  et  les 
lianes,  jusqu’à  la  stigmatale,  sont  d’un  vert  obscur;  le  ventre, 
à partir  de  cette  dernière  ligne , tire  sur  le  carné  lavé  de 
bleuâtre.  Du  dos  à la  stigmatale,  il  existe,  en  outre  de  la  sous- 
dorsale,  plusieurs  lignes  noirâtres  formées  par  la  réunion  de 
petits  points  bruns  très-rapprochés.  La  ligne  vasculaire  et  la 
sous-dorsale  sont  rougeâtres  et  assez  apparentes.  La  stigmatale, 
d’un  camé  jaunâtre,  est  également  très-distincte.  Sur  cette 
ligne,  au  centre  de  chaque  anneau,  on  voit  une  petite  tache 
en  forme  de  parallélogramme,  d’un  rouge  ferrugineux.  En 


Chemerina  Caliginearia.  69 

dessous  de  cette  tache,  mais  seulement  sur  les  quatrième, 
cinquième,  sixième,  septième  et  huitième  anneaux,  il  existe 
un  gros  point  noir  irrégulier,  au-dessous  duquel  on  voit  un 
trait  noir  horizontal.  Le  ventre,  dans  toute  sa  longueur,  est 
ligné  de  blanchâtre  et  maculé  de  larges  taches  noires.  Les 
stigmates  sont  d’un  pourpre  obscur,  cerclés  de  noir.  Les  tra- 
pézoïdaux sont  bien  accusés.  La  tète  petite,  lenticulaire,  tes- 
tacée,  est,  ainsi  que  le  reste  du  corps,  recouverte  de  poils 
roux  très-courts.  Les  pattes  écailleuses  et  anales  sont  conco- 
lores. 

Celte  chenille,  qui  vit  à découvert,  est  très-lente  et  très- 
rigide.  Au  repos,  elle  appuie  toujours  sur  ses  pattes  écailleuses 
la  partie  antérieure  de  son  corps. 

Au  moment  de  se  métamorphoser  Caliginearia  se  cache 
sous  des  débris  de  végétaux,  tisse  une  toile  molle,  mais  très- 
serrée,  et,  trois  ou  quatre  jours  après,  elle  se  chrysalide. 
L’état  de  nymphe  dure  sept,  huit  et  meme  neuf  mois. 

Chrysalide. 

Cette  nymphe  est  cylindrico-conique,  un  peu  obtuse,  sans 
aspérités,  très-lisse,  très-luisante,  rousse  et  lavée  de  verdâtre 
jusqu’aux  anneaux.  Ceux-ci  sont  mobiles,  d’un  rouge  brun. 
Le  dernier  segment,  qui  est  presque  noir  , se  termine  par 
deux  pointes  droites  , fortes  et  très-rapprochées  l’une  de 
l’autre. 


\ 

Insecte  parfait. 


Envergure,  0,055  à 0,037  millim.  Les  ailes  supérieures 
sont  très-entières,  longues,  lisses,  soyeuses,  à franges  moyen- 


70  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

nos,  d’un  cendré  violâtre,  avec  les  trois  lignes  ordinaires  assez 
vagues,  très-dentées  et  blanchâtres.  L’extra-basiiairc  et  la 
coudée  sont  accompagnées  de  brun  roux.  La  ligne  subtermi- 
nale est  formée  par  la  réunion  de  points  blancs,  triangulaires, 
le  plus  souvent  séparés  les  uns  des  autres.  Le  point  discoïdal 
est  faiblement  écrit.  La  surface  entière  des  ailes  est  recou- 
verte d’une  infinité  de  petits  atomes  bruns.  Les  inférieures 
sont  plus  pâles  et  sans  dessins.  Le  dessous  des  ailes  ne  possède 
que  la  ligne  coudée  qui  est  interrompue  et  presque  effacée. 
Le  point  discoïdal  v est  encore  moins  apparent  qu’en  dessus. 

La  femelle  a les  ailes  plus  étroites  et  plus  aiguës;  elle  est 
toujours  plus  petite  que  le  mâle.  Les  antennes  de  ce  dernier 
sont  violâtres  et  régulièrement  pectinées  ; celles  de  la  femelle 
sont  sétacées.  Le  corselet,  de  forme  carrée  chez  le  mâle,  est 
relativement  grêle  ; celui  de  la  femelle  n'est  pas  beaucoup 
plus  gros.  Chez  les  deux  sexes,  les  ailes  sont  croisées  au  re- 
pos, et  les  inférieures  cachées  par  les  supérieures. 

La  race  espagnole  de  cette  Chemerïna  est  ordinairement 
plus  foncée  que  celle  de  la  Provence.  Cette  dernière  a une 
teinte  généralement  rougeâtre,  tandis  que  les  individus  de 
l’Andalousie  sont,  le  plus  souvent,  d’un  gris  de  fer  ardoisé 
plus  ou  moins  vif. 

La  connaissance  exacte  de  la  chenille  de  Caliginearia  nous 
démontre  que  l’insecte  parfait  placé  h la  fin  de  la  famille  des 
Ligibæ  de  M.  Guenée , occupe  sa  véritable  place;  car  s’il  se 
rattache  à cette  famille  par  la  forme  de  sa  larve , il  incline 
vers  les  Hybernides  par  sa  femelle,  qui  a les  ailes  plus  petites 
que  celles  du  mâle.  L’époque  hâtive  de  l’éclosion  de  l’insecte 
parfait , témoignerait  encore  d’une  nouvelle  analogie  avec 
cette  dernière  famille.  Caliginearia  fait  donc  très-naturelle- 
ment le  passage  des  Ligules  aux  Hybernides. 

J’ai  élevé  ab  ovo  cette  Chemerina.  Les  œufs  m’ont  été  en- 
voyés d’Andalousie  au  commencement  de  l’année  dernière 


Chemerina  Caliginearia.  7 f 

par  M.  Staudinger.  Ces  œufs  éclos  en  avril  ont  donné  des 
chenilles  qui  ont  grossi  rapidement  et  qui  ne  mirent  pas  plus 
de  quarante  jours  pour  se  transformer  en  nymphe.  Elles 
passèrent  en  chrysalide  tout  l’été  , tout  l’automne  et  une 
partie  de  l’hiver.  L’éclosion  des  premiers  sujets  a eu  lieu  le 
10  janvier  de  cette  année. 

Ayant  obtenu  un  accouplement  en  captivité  , une  seule 
femelle  m’a  pondu  plus  de  deux  cents  œufs  fécondés. 

11  m’a  été  prouvé  que  Caliginearia  n’avait  qu’une  généra- 
tion par  an.  On  pourrait  objecter  que  cette  espece  dépaysée 
a bien  pu  modifier  ses  mœurs  et  ne  produire  à Lyon  qu’une 
génération  annuelle,  tandis  qu’elle  en  produit  peut-être  deux 
en  Espagne.  Cela  pourrait  être  vrai;  cependant  je  ferai  ob- 
server que  mes  chenilles  de  Chemerina  ont  été  élevées  dans 
un  appartement  exposé  en  plein  midi,  oh  la  température  sur 
barrière-saison  n’était  pas  moindre  de  15  à 20",  et  que,  clans 
de  telles  conditions  atmosphériques,  cette  espèce  n’a  pas  dû 
se  comporter  chez  moi  autrement  qu’elle  ne  l’eût  fait  en 
Espagne. 

Dans  la  nature  cette  chenille  vit,  dit-on,  sur  le  Cistus  in- 
çanus , L.  Pendant  quelque  temps  j’ai  nourri  les  miennes  avec 
les  feuilles  du  Cistus  salvifolius , L.,  qui  croît  spontanément  sur 
plusieurs  coteaux  de  nos  environs  , mais  la  plante  que  ces 
larves  ont  préférée  et  qu’elles  ont  fini  par  manger  exclusive- 
ment est  l’ Helianthemum  poly folium,  Koch,  qui  est  des  plus 
communes  sur  nos  pelouses  sèches  et  chaudement  exposées. 
Ces  chenilles  ne  rongent  que  les  boutons  < Y Helianthemum  sur 
le  point  d'épanouir  : elles  pratiquent  à cet  effet  un  trou  sur 
le  bouton  de  la  plante  afin  d’y  introduire  la  tète  et  les  pre- 
miers anneaux  de  leur  corps.  Je  n’ai  jamais  remarqué  que 
ces  insectes  attaquassent  la  fleur  fraîchement  ouverte. 


72  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Csafflapa©gi,SÈBSS2gasa  MEigsiiafa. 

(Planche  3.  Fig.  1 à 3). 

îlb.  358.  — Treits.  IL  p.  52.  — Dup.  Y.  p.  379,  pL  198, 
f.  3.  — Bclv.  S 646.  — Herr.-Sch.  p.  143.  — DelaSi.  223. 
— Gn.  1600. 

Chenille. 

A sa  sortie  de  l’œuf  qui  est  blanc  et  de  forme  sphérique, 
la  chenille  de  Rignata , vue  à la  loupe , paraît  couleur  de 
chair  et  sans  taches.  Dix.  jours  après  son  éclosion  , cette 
larve  qui,  dès  lors,  paraît  relativement  effilée,  peut  avoir 
0,014  à 0,015  m.  de  long.  Son  corps,  blanchâtre  à cette 
épocpie , semble  diaphane.  La  tête  et  les  derniers  anneaux 
conservent  seuls  une  faible  teinte  carnée.  Après  avoir  acquis 
toute  sa  grosseur,  cette  larve  a de  0,028  à 0,050  m.  Sa  forme 
est  allongée  et  cylindrique  (<).  Le  corps  est  d’un  gris  violacé, 
lavé  par  places  de  rose  pâle.  La  vasculaire  est  line  , brune , 
interrompue  vers  les  intersections.  La  ligne  sous-dorsale  est, 
dans  toute  sa  longueur,  d'un  carné  obscur.  La  stigmatale  est 
blanchâtre.  Les  stigmates  sont  blancs  et  cerclés  de  noir. 

Le  ventre  présente  une  ligne  bnme  , large  , ondulée  et 
bordée  de  chaque  côté  par  un  liseré  blanc  très -fin.  Le  dos 
porte  sur  les  sixième , septième , huitième  et  neuvième  an- 
neaux, un  chevron  noir  qui,  partant  de  la  vasculaire,  aboutit 
diagonale  ment  à la  sous-dorsale.  La  tête,  de  forme  lenticu- 
laire et  d’un  jaune  rougeâtre,  est  finement  chagrinée  de  brun 
vers  la  base.  Les  pattes  écailleuses  sont  de  la  couleur  de  la 
tête.  Les  anales,  concoiores,  sont  marquées  d’un  trait  fin  et 


(')  Riguatci  doit  peut-être,  par  eps  deux  caractères,  faire  passage  du  genre 
Camf  toqramma , Steph.  , au  genre  P/iibalopteryx  , Steph.  , et  se  placer  la 
dernière  des  Caviptogramma  de  M-  Guenée 


P.  Midi ère-  dcl.ct pl 


I.  1 à 3.  Oam^to^rapirria,  Rujiui  ûp.  III?, 

II.  4 à,  j . SeUdosema,  Taenia  bar uis,  N b 

Ut.  S à,i5.  L aruibÜL  Ab UUarùa,  3 dt?. 


Dcèrag  sciUp. 


Parus,  lmp.  Pouls  te,  5,  r Mignon,. 


M”PMigncarur,  col. 


Camptogramma  Riguata.  75 

blanchâtre  Le  corps  est  recouvert  d’une  villosité  courte, 
blanche,  à peine  visible  à la  loupe. 

Chrysalide. 

Longueur  0,014  à 0,015  m.  D’un  rouge  brun  luisant, 
cylindrico-conique , passablement  elfiîée  : l’extrémité  anale 
est  terminée  par  deux  petites  pointes  noires,  rapprochées  et 
très-aiguës. 

La  place  des  ailes,  celle  des  yeux  et  des  segments  abdomi- 
naux , parait  plus  sensiblement  accusée  que  chez  la  plupart 
des  chrysalides  de  Géomètres. 

Les  stigmates  se  distinguent  : ils  sont  noirs  et  arrondis. 

Insecte  parfait. 

Le  type,  pour  la  taille  et  la  coupe,  se  rapproche  assez  des 
petits  exemplaires  de  Bïlinearia.  Cependant  on  trouve  quel- 
quefois dans  le  Lyonnais  des  individus  d'un  bon  tiers  plus 
grands. 

Les  quatre  ailes  sont  d’un  gris  cendre , coupées  transver- 
salement par  un  très-grand  nombre  de  lignes  délicates,  on- 
dulées, d’un  brun  plus  ou  moins  foncé,  et  par  quatre  lignes 
blanches,  très-fines  et  denliculées.  La  ligne  extra-basilaire  se 
détache  faiblement  en  clair,  les  trois  autres  lignes  ordinaires 
sont  très-blanches  et  bordées  de  brun  intérieurement.  Les 
deux  médianes  renferment  cinq  ou  six  lignes  brunes  très- 
serrées  , qui  donnent  à cette  partie  de  l'aile  une  teinte  plus 
sombre.  La  subterminale  , toujours  fortement  denticulée , 
est  très-apparente  sur  les  quatre  ailes.  Le  point  discoïdal,  à 
peine  accusé  aux  ailes  supérieures,  est  invisible  aux  infé- 
rieures. Le  dessous,  plus  clair  que  îe  dessus,  présente  les 
mêmes  dessins,  seulement  le  point  discoïdal  se  distingue 
très-bien  sur  les  quatre  ailes.  Les  antennes,  la  tête,  le  corselet 


l'A  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

et  1’ahdomen  participent  de  la  couleur  générale  de  l’insecte. 

On  prend  , dans  notre  département , une  variété  dont  le 
fond  est  d’un  ferrugineux  obscur.  Cette  variété  , qui  ordi- 
nairement est  d’une  taille  plus  grande  que  le  type , vue  de 
très-près,  présente  des  lignes  de  couleur  ferrugineuse  telle- 
ment rapprochées  qu’elles  se  confondent  et  ne  laissent  pa- 
raître que  la  seconde  ligne  médiane,  qui  elle-même  se  trouve 
resserrée  sur  plusieurs  points  de  son  étendue. 

Cette  aberration,  dont  aucun  auteur  ne  parle,  habite  de 
préférence  les  hauteurs  de  nos  collines  déboisées;  je  la 
désignerai  par  la  lettre  A. 

Riguata  paraît  deux  fois,  en  avril  et  en  mai,  puis  en  août 
et  septembre  ; mais  elle  est  beaucoup  moins  fréquente  à la 
seconde  époque  qu’à  la  première. 

J’ai  nourri  la  chenille  de  cette  Larenticle  avec  plusieurs 
espèces  de  Rubiacées  ; c’est  surtout  YAsperula  cynanchica , L., 
qu’elle  a mangée  de  préférence.  Sa  croissance  a été  rapide. 
Depuis  le  15  août,  époque  de  la  ponte  des  œufs,  qua- 
rante jours  ont  suffi  à cette  larve  pour  arriver  à l’état  de 
chrysalide. 

Les  cinq  chenilles  dont  j’ai  fait  l’éducation  ab  ovo  se  sont 
ehrysalidées  du  2à  au  28  septembre  et  ont  donné  leur  insecte 
parfait  vers  le  milieu  d’avril  de  l’année  suivante. 

Cette  larve,  assez  lente  dans  ses  mouvements , doit  vivre 
sur  les  collines  sèches  et  pierreuses,  car  c’est  presque  tou- 
jours clans  de  semblables  lieux  que  se  rencontre  l’insecte 
parfait. 

Riguata , que  Donzel , d'après  ses  notes,  ne  considérait 
point  comme  appartenant  à notre  faune  lyonnaise,  n’est  pas 
précisément  rare  dans  notre  département  et  ses  environs. 


Selidoscma  Tœniolaria. 


7;') 

§eSi«io»ieiua  Tseuiolaria. 

( Planche  3-  Fig.  4 à 7.) 

Hb.  357.  — Dup.  IV,  p.  452,  pl.  168,  fig.  3.  — Bdv.  1505. 

— Gn.  1169. — Herr.-Sch,  p.  79,  fig.  55-54. 

Chenille, 

Ar  rivée  à toute  sa  taille,  elle  a de  0,030  à 0,035  m.  Elle 
est  sans  aspérité,  faiblement  atténuée  antérieurement  et 
présente  un  léger  renflement  sur  les  neuvième  , dixième  et 
onzième  anneaux.  Le  fond  est  d’un  gris  jaunâtre  , variant 
quelquefois  en  gris  bleuâtre  et  en  rouge  obscur.  Cet  insecte 
est  traversé  longitudinalement  par  plusieurs  lignes  formées 
par  le  rapprochement  de  points  gris  , petits  et  serrés.  Les 
plus  saillantes  de  ces  lignes  sont  la  vasculaire  et  la  stigmatale  ; 
celles-ci  sont  liserées,  en  dessus  et  en  dessous,  de  traits  fins 
plus  ou  moins  visibles.  La  vasculaire  est  large,  grise,  con- 
tinue. On  ne  voit  pas  la  sous-dorsale,  à moins  que  ce  ne  soit 
cette  réunion  de  trois  ou  quatre  lignes  géminées,  placées 
entre  la  vasculaire  et  la  stigmatale.  Cette  dernière  est  carnée 
et  sinueuse.  Les  stigmates  sont  blancs  et  cerclés  de  noir.  Le 
ventre  présente  un  assez  grand  nombre  de  lignes  serrées  , 
à peine  visibles , et  dont  la  réunion  donne  à cette  partie  du 
corps  une  teinte  gris-bleuâtre.  La  tête  est  carrée  , rougeâtre 
et  montre  de  face  un  croissant  frontal  renversé.  Les  pattes 
écailleuses  sont  brunes  ; les  membraneuses  sont  cencolores. 
Les  points  trapézoïdaux  sont  noirs  et  bien  accusés  sur  les 
sixième , septième  et  huitième  anneaux.  Immédiatement 
au  dessus  de  la  seconde  paire  de  trapézoïdaux,  on  remarque 
deux  points  blancs  , oblongs  , à peine  séparés  par  la  vascu- 


70  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

luire  ; celle-ci  se  trouve  resserrée  sur  chacun  de  ces  trois' 
anneaux.  Ainsi  que  la  plupart  des  larves  de  Géomètres  , 
Tæniolaria  est  couverte  d’une  villosité  rare  et  très-courte. 

Cette  Seliclosema  vit  abondamment  en  Auvergne  sur  le 
Genista  sagitlalis , L.  ; et  dans  les  petites  montagnes  du  Lyon- 
nais, sur  le  Prunus  spinosa.  Cette  espèce  qui  doit  être  poly- 
phage est  commune  en  Provence.  Elle  est  très-rigicle  , très- 
lente  , et  ne  se  cache  jamais  pendant  le  jour.  Elle  s’est 
chrysalidée  chez  moi  au  commencement  de  juin  , et  m’a 
donné  son  insecte  parfait  à fin  août.  Pour  se  métamorphoser 
elle  s’enfonce  dans  la  terre  à 0,010  ou  0,015  mill.  de  pro- 
fondeur et  se  chrysalide  sans  former  de  coque. 

Chrysalide. 

Cette  nymphe  est  relativement  petite,  cylindrico-conique, 
d’un  rouge  brun  foncé  , lisse  et  brillante.  Dans  son  aspect 
elle  ne  présente  rien  de  particulier  et  rentre,  pour  la  forme, 
dans  la  masse  des  chrysalides  des  Phalénites. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,054  à 0,050  m.  Les  ailes  ont  ie  fond  testacé, 
et  sont  presque  entièrement  recouvertes  d’un  sablé  noirâtre. 
L’espace  compris  entre  la  coudée  et  la  subterminale  est , 
sur  les  quatre  ailes,  plus  ou  moins  blanchâtre.  Les  lignes 
transverses  sont  assez  vivement  accusées , principalement  la 
subterminale , qui  est  sinueuse  , profondément  dentée  et 
liserée  de  blanc  extérieurement.  Nulle  trace  de  l’extra-basi- 
laire aux  inférieures.  La  frange,  médiocrement  longue,  est 
concolore.  Les  ailes  en  dessous  laissent  à peine  voir  le  sablé 
noirâtre,  les  Signes  transverses  et  l’éclaircie  placée  après  la 
coudée;  seulement  la  tache  cellulaire  des  quatre  ailes  est 
brune  et  très-visible.  Les  antennes  du  mâle  sont  brunes  et 


7? 


Lare  nti  a A h Lu  l ai  Ha . 
garnies  de  barbules  très-larges.  La  tete,  le  corps  et  les  pattes 
participent  de  la  couleur  de  1 insecte. 

Le  genre  Selidosema , créé  par  M.  Lédérer,  a été  adopté 
par  M.  Guenée.  Ce  genre  renferme  dix  espèces  , dont  neuf 
sont  européennes  ; une  seule  est  connue  à l’état  de  chenille, 
c’est  celle  de  Plumaria  , figurée  dans  Hubner  (Gcometræ  ï. , 
Amplissimœ  U.  b,  ) 

Est-il  bien  sur  que  l’iconographe  allemand,  malgré  la  per- 
fection de  la  plupart  de  ses  dessins,  nous  ait  donné  une  figure 
exacte  de  la  chenille  de  Plumaria ? Je  serais  porté  à en  dou- 
ter , lorsque  je  compare  le  dessin  de  cette  chenille  avec  la 
larve  vivante  de  Plumaria  que  j’ai  sous  les  yeux.  Cependant 
si  Tœniolaria  n’est  pas  la  première  chenille  connue  du  genre 
Selidosema , elle  en  sera  la  seconde. 

I^resalla  AbSaiiaria. 

( Planche  3.  Fig.  8 à 15.  ). 

iîdv.  1G26. — Herr.-Scli.  p.  159,  fig.  382. — Gn.  1385 . — Oli- 
varia?  Dup.  Y,  p.  190,  pS.  183,  fig.  3 (le  ^ — Flavi- 
cinctata , Dup.  V,  p.  400,  pî.  199,  fig.  3.  =■  Ruficinctata, 
Gn.  = In fidaria  , üelah.  280.=  Podevinaria  , Herr.-Sch. 
— Salicata?  Wien.  — Verz.  K.-ïï? 

Chenille. 

Les  œufs  de  cette  Larentia  sont  jaunes  , ovales  , déprimés 
et  brunissent  deux  heures  avant  leur  éclosion.  Ceux  qui 
m’ont  donné  la  génération  d’été  sont  éclos  le  28  mai,  et,  en 
moins  de  vingt  jours,  les  larves  ont  subi  leurs  diverses  mues 
ét  se  sont  chrysalidées. 

Au  sortir  de  l’œuf  la  petite  chenille  est  jaune  paille,  avec 
la  tète  et  les  derniers  anneaux  rougeâtres  ; peu  de  jours  après 


78  C1IEMLLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  IJNEDITS. 

elle  passe  au  vert  glauque.  Lorsqu’elle  est  adulte,  cette  che- 
nille est  cylindrique  , faiblement  déprimée  en  dessous,  sans 
éminences,  si  ce  ne  sont  les  points  trapézoïdaux  qui  sont  plus 
forts  sur  les  sixième,  septième  et  huitième  segments  que  sur 
Jes  autres.  Tous  les  anneaux  sont  renflés  et  très-distincts, 
aussi  bien  chez  les  individus  de  la  montagne  que  chez  ceux 
de  la  plaine. 

Les  sujets  de  la  montagne  (*)  m’ont  semblé  un  peu  plus 
petits  cpie  les  autres.  Je  dois  dire  cependant  que  les  chenilles 
provenant  des  hauteurs  ont  peut-être  souffert  en  captivité. 
La  couleur  chez  ces  dernières  est  d’un  jaune  pâle  avec  des 
lignes  brunes  géminées,  du  dos  à la  stigmatale.  La  vasculaire 
et  la  sous-dorsale  sont  violettes.  La  stigmatale  est  jaune  paille 
et  relativement  large.  En  bas  cle  cette  dernière  ligne  il  existe 
un  liseré  noir  très-apparent  et  largement  interrompu  sur 
chaque  anneau. 

La  teinte  des  individus  de  la  plaine  et  des  petites  collines 
est  d’un  carné  plus  ou  moins  vif.  Les  lignes  géminées  sont 
grises  et  quelquefois  d’un  rose  clair.  La  région  dorsale  sup- 
porte, sur  chaque  intersection,  une  sorte  de  tache  brune  ou 
rose,  selon  l’individu.  Cette  tache  aboutit  le  plus  souvent 
à la  sous-dorsale  , mais  d’autres  fois  elle  descend  jusqu’à  la 
stigmatale.  Les  lignes  ordinaires  sont  carnées  et  liserées  de 
rougeâtre.  Les  stigmates  sont  d’un  pourpre  obscur,  ronds  et 
cerclés  de  jaunâtre.  Le  ventre  est  traversé  par  plusieurs  lignes 
violacées  toutes  bordées  en  dehors  par  un  liseré  fin.  La  tête 
est  globuleuse,  plus  petite  que  le  premier  anneau  sous  lequel 
elle  se  cache  à moitié;  elle  est  d’un  jaune  testacé  et  recou- 
verte d’une  infinité  de  petits  points  bruns  placés  irrégulière* 


(*)  Ceux  que  j’ai  élevés  sont  originaires  de  Jougne  , haute  localité  de  la 
Franche-Comté,  d’où  me  les  a envoyés  à l’état  d'œuf,  notre  collègue 
M.  Bruand  d’Uzelle. 


7!) 


Làrentia  Ablutaria. 
ment.  La  villosité,  qui  ne  se  voit  qu’à  la  loupe,  est  rare, 
eourte,  blanche,  mais  plus  abondante  sur  les  derniers  an- 
neaux que  sur  le  reste  du  corps. 

Cette  chenille,  qui  se  cache  soigneusement  pendant  le  jour, 
et  qui,  depuis  la  première  éducation  que  j'en  ai  faite,  n’a 
jamais  été  trouvée  qu’au  piecl  de  divers  Galium , fut  nourrie, 
dès  les  premiers  temps  de  son  éclosion,  avec  quelques  Helian- 
thefnum , plusieurs  espèces  de  Composées  et  certaines  Cruci- 
fères. Ces  jeunes  chenilles  ne  mangeaient  que  la  fleur  de  ces 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser,  cette  chenille  se  construit  une 
coque  solide  qu’elle  fixe  sur  la  terre  ou  sur  un  corps  dur. 
Cette  coque  (pl.  5 fig.  15.)  est  de  forme  oblongue  et  com- 
posée d’une  certaine  quantité  de  grains  de  terre  liés  par  une 
soie  brune  très-forte.  L’enveloppe  est  solide  et  résiste  à la 
pression  du  doigt. 

Cette  Larentia , qui  éclot  une  première  fois  vers  la  fin  de 
février  ou  le  commencement  de  mars,  est  encore  à l’état  de 
chenille  quinze  ou  vingt  jours  avant  sa  transformation  en 
insecte  parfait;  mais  alors  elle  est  décolorée  , contournée 
sur  elle-même  , méconnaissable  enfin  (*). 


f)  Cette  obs&rvation  n’a  rien  de  nouveau,  car  de  semblables  faits  ont  etc 
signalés  , notamment  chez  l 'Eriopus  Ftericlis  , dont  la  chenille  a été  décrite 
par  M.  Bruand  d’Uzelle  dans  les  Annales  de  la  Société  Entomologique  de 
France. 

l'ai,  moi-même,  il  y a peu  d’années,  remarqué  que  la  chenille  de  la  Ghelo- 
nia  Pudica,  renfermée  dans  sa  coque  pendant  plusieurs  mois,  ne  se  trans- 
formait en  chrysalide  que  quinze  jours  avant  son  éclosion. 

Enfin,  ces  temps  derniers,  j'ai  observé  que  la  chenille  de  mon  Hastula 
Hyerana  ne  s’est  transformée  en  nymphe  que  peu  de  jours  avant  l’arrivée  de 
l’insecte  parfait,  bien  que  celle-là  se  fût  retirée  depuis  trois  ou  quatre  mois  sous 
la  toile  qu’elle  s’était  filée. 


80  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

La  chrysalide  est  cylindrico-conique,  faiblement  allongée, 
brune,  lisse,  brillante,  avec  l'intersection  de  chaque  anneau 
d'un  rouge  brique.  Le  dernier  segment,  vu  à la  loupe,  est 
très-brun , chargé  de  boursouflures  et  terminé  par  deux 
épines  noires,  divergentes  et  ne  se  louchant  qu'à  la  base. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,022  à 0,025  millim. 

Les  divers  sujets  qu’on  trouve  sur  nos  petites  collines,  de 
même  que  les  nombreuses  chenilles  que  j’ai  observées,  ont 
une  teinte  bien  différente  de  ceux  de  la  montagne.  L’aspect 
général  de  ceux-ci,  obtenus  ab  oco,  est  d’un  gris  ardoisé,  avec 
l’espace  médian  et  la  partie  de  Faite  qui  précède  la  frange, 
plus  ou  moins  gris-brun,  tandis  que  les  individus  de  la 
plaine,  obtenus  également  ab  ovo , sont  généralement  lavés 
d’une  teinte  jaunâtre  et  quelquefois  ochracée,  ce  qui,  au  pre- 
mier abord,  donne  à ces  derniers  un  faciès  très-différent  des 
individus  de  la  montagne. 

En  comparant,  avec  beaucoup  d'attention,  ces  deux  races, 
toujours  très-tranchées,  on  reconnaît,  sur  l’une  et  l’autre, 
aux  ailes  supérieures  et  inférieures,  les  mêmes  lignes  trans- 
versales, les  mêmes  taches  noires  et  blanches,  les  mêmes  an- 
gles rentrants  et  sortants,  des  points  cellulaires  disposés  de 
même,  des  points  noirs  en  avant  des  franges  et  placés  par 
paires  sur  chaque  nervure  : tous  ces  caractères  sont  exacte- 
ment semblables.  Enfin  l’espace  terminal  des  supérieures  est 
teinté  de  fauve  ou  de  brun,  selon  que  c’est  l une  ou  l’autre 
de  ces  deux  races. 

Le  mâle  se  reconnaît  facilement  à ses  antennes  garnies  de 
véritables  lames  pubescentes.  La  femelle  a les  antennes  com- 
plètement flli  formes. 

La  race  lyonnaise  varie  quelquefois:  j’ai  obtenu  des  su- 


81 


Larentia  Ablutana. 
jets  d'un  ochracé  très-vif  (pl.  3 fig.  12).  La  race  qui  habite 
les  hauteurs  est  certaines  fois  plus  grande  encore  que  la  Sali- 
caria , iïerr-Sch. 

Le  genre  Larentia , tel  que  l’a  établi  M.  Guettée',  se 
compose  d’une  quarantaine  d’espèces  d’Europe.  En  par- 
lant de  ce  groupe  nombreux,  Fauteur  du  Spccies  dit  : « Les 
ce  chenilles  des  Larentia  sont  à peu  près  inconnues,  m et  plus 
loin  : ce  J’appelle  donc  instamment,  sur  ce  genre  difficile  à 
ce  tous  les  titres,  l’attention  des  entomologistes  qui  se  bor- 
c<  nent  aux  espèces  européennes.  » 

Les  erreurs,  les  doubles  emplois,  à l’égard  des  Larentia , 
ont  été  nombreux.  Celle  dont  l'unité  a été  peut-être  la  plus 
difficile  à établir,  est  sans  contredit  F Ablutana.  Les  insectes 
parfaits  de  montagne,  si  différents  de  ceux  de  la  plaine,  ont 
prêté  évidemment  à la  confusion,  et  c’est,  d’après  cela  sans 
doute,  que  les  auteurs  ont  décrit  et  figuré,  en  outre  du  type, 
deux  et  peut-être  trois  ou  quatre  espèces  qui  leur  ont  semblé 
différentes;  de  sorte  qu’il  existe  aujourd'hui  cinq  ou  six  noms 
qui  tous  se  rapportent  bien  certainement  ci  Y Ablutana.  îl  ne 
me  paraît  pas  douteux  que  la  Podevinaria , H. -S.,  n.  250,  soit 
la  même  que  YAblutaria  de  montagne,  et  je  serais  très-porté 
ci  croire  que  la  Salicaria  de  cet  auteur  (n.  207-208)  n’est  qu’un 
grand  individu  de  montagne  de  l’espèce  cpie  je  viens  de  décrire. 

Je  considère  comme  type  de  cette  Larentia  la  race  lyonnaise 
qui  n’est  pas  la  plus  répandue,  mais  qui  du  moins  est  con- 
nue de  tout  le  monde  sous  le  nom  d 'Ablutana. 

La  découverte  d’un  Lépidoptère  est,  sans  contredit,  une 
chose  intéressante;  mais  chaque  fois  que,  par  des  preuves  à 
peu  près  certaines,  il  est  possible  de  détruire  une  erreur  ou 
d’apporter  certains  éclaircissements  sur  un  point  litigieux,  le 
fait  n’est  pas,  ce  me  semble,  sans  utilité  pour  la  science. 

Il  est  très-fâcheux  qu’une  espèce  aussi  essentiellement  eu- 
ropéenne que  cette  Ablutaria  n’ait  pu,  jusqu'à  ce  jour,  être 


(S 2 CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS, 

étudiée  avec  plus  de  soins.  Je  ne  me  flatte  pas  d’avoir  complè- 
tement éclairci  la  question,  mais  je  viens  de  répandre  quel- 
ques lumières  sur  ce  sujet  intéressant,  et  désire  appeler  sur 
lui  l’attention  des  lépidoptérophiles. 

Cette  Larentide  parait  deux  fois  par  an  : en  mars  et  en 
avril,  puis  en  août  et  septembre.  Elle  est  fort  abondante  dans 
nos  environs,  ainsi  que  dans  toutes  nos  montagnes  voisines. 
Elle  est  également  fréquente  dans  les  Alpes  suisses  et  ne  l’est 
pas  moins  en  Sicile,  ainsi  que  me  le  mandait  dernièrement 
notre  collègue,  M.  le  docteur  de  La  Harpe,  de  Lausanne. 

Je  dirai  encore,  avant  de  terminer  ce  long  article,  qu 'Ablu- 
taria  est  souvent  attaquée  par  un  parasite  de  la  famille  des 
Ichneumoniens,  dont  la  progéniture,  dans  ce  cas,  éclot  à la 
place  du  Lépidoptère.  J’ai  figuré  cet  insecte  parasite  (pl.  3, 

%•  15)- 

Depuis  la  rédaction  de  l'article  qui  précède,  j’ai  fait,  au 
printemps  dernier,  un  séjour  de  quelques  semaines  en  Pro- 
vence, et  je  me  suis  convaincu  qu \4blutaria  est  tout  aussi 
abondante  dans  ce  beau  pays  que  dans  notre  département. 
Les  individus  y sont  généralement  grands  et  se  rapprochent 
plutôt,  pour  la  couleur,  de  la  race  de  montagne  (pl.  3 n.  11). 
que  de  la  race  lyonnaise. 

Papillio  Camilla. 

(Pl.  h.  Fig.  1.) 

Fab.  P.  Rivularis , Scopoli.  ~ L e Sylvain-azur é , Engram.  = 

Nymphale  Sylvain- azuré,  God.  = Limenitis  Camilla , Bdv. 

— L . Camilla  ? aberratio  Pythonissa , Millière. 

Aussi  grande  que  les  plus  grands  individus  de  l’espèce, 
cette  intéressante  variété  de  Camilla  femelle  est  entièrement 
noire  en  dessus,  si  ce  n'est  que  la  frange  des  quatre  ailes  est 
entrecoupée  de  blanc  vif.  Le  dessous  est  peut-être  plus  remar- 


Annales  de  la.  Société  Lin/iccnnc  d&Lyoru 


Année- 1S59,  PI.  Ü 


P MùUiérc-  dcl  ct>  pl 

1.  Pt/Tze-rudzs  CanbUla,,  P'  (Ab.  Pi/  Put  ntsset, , M ’Uliéro  J 

2.  Li/cœ./uu  Corydotv  A,  P'.  (Ab.  Albictuzs,  PI) 

3.  Corydow  cj>,  (Ab.  s c,m.ib / tut/ zea, , MUl  J 

A-  Zyyœsuz.  Paus  ta,,  L . (Ab.  L tu/  chincsis  Is  Ælb) 

5 ChcniLUs  dey  Pacfvit.  Htpp  oças  tanat  ice,  P 


Debray  scidp 


Paris,  fmpr.  Ho  ois  ter. 


Mnu'Mu}ne<iu&  cal 


V 


Papillio  Camilla.  8.” 

quable  que  le  dessus,  en  ce  que  l’insecte,  vu  de  ce  coté,  a un 
aspect  exotique  qui  frappe  au  premier  abord.  La  plus  grande 
partie  du  fond  est  d’un  rougeâtre  obscur,  lavé  de  noir  fuli- 
gineux. Au  tiers  des  premières  ailes,  il  existe  une  large  tache 
noire  à peu  près  carrée,  en  haut  de  laquelle  régnent  d'autres 
taches  fuligineuses  très-allongées,  placées  entre  chaque  ner- 
vure. Ces  dernières  sont  surmontées  de  plaques  blanches, 
carrées,  aboutissant  au  bord  terminal  ; lesquelles  ne  sont  bien 
prononcées  qu’entre  les  quatrième,  cinquième  et  sixième 
nervures.  La  base  des  ailes,  jusqu’au  quart  environ  de  leur 
étendue,  est  d’un  cendré  bleuâtre  rappelant  très-bien  la  cou- 
leur du  type.  Sur  ce  fond  clair,  on  voit  les  nervures  qui  sc  dé- 
tachent en  brun.  La  frange  des  quatre  ailes,  qui  est  ferrugi- 
neuse, est  entrecoupée  de  blanc  vif.  Les  ailes  inférieures 
nous  montrent  cette  même  série  de  taches  noires  placées  entre 
chaque  nervure  et  venant  aboutir  à la  grande  tache  basilaire 
d’un  cendré  bleuâtre.  Enfin,  entre  la  première  et  la  seconde 
nervure,  sur  la  limite  de  la  tache  basilaire,  repose  une  autre 
tache  noire  triangulaire  qui  se  fond  en  s’étendant  sur  la  lon- 
gueur de  l’aile. 

Cette  remarquable  variété,  qui  n’a  point  encore  été  publiée, 
fait  actuellement  partie  du  cabinet  de  M.  A.  Guillemot  , 
de  Thiers.  Elle  fut  prise  dans  un  jardin  de  Florac  (j). 

Hubner,  dans  son  premier  ouvrage  iconographique  des 
Lépidoptères,  a publié  une  variété  de  la  L.  Sybilla , dont  les 
ailes  supérieures,  en  dessus,  sont  entièrement  noires.  Cette 
aberration  serait  à Sybilla  ce  que  ma  variété  Pythonissa  est  à 
Camilla . 


P)  La  capture  de  ce  bel  insecte  est  consignée  dans  un  mémoire  de  M.  Bellier 
de  la  Chavignerie,  présenté  à la  Société  Entomologique  de  France,  séance  du 
24  septembre  ISo-l.  Le  travail  de  notre  collègue  a pour  titre . : Observation 
sur  les  Lépidoptères  de  la  Lozère. 

6 


i 


84  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS# 

Variétés  de  Lycæua  l'opjdou  , Fau. 

( Aberr.  a*  AflbSeans  , Bdv.  ) 

( Aberr.  £ SensîlimsiBnea  , Mile.) 

(Planche  4.  Fig.  2 et  3.) 

Voici  deux  variétés  de  Corydon  de  coloration  remarquable# 
et  dont,  je  pense,  on  me  saura  gré  de  publier  le  dessin. 

\d  Albicans  est  une  anomalie  du  type,  depuis  longtemps 
connue,  mais  dont  la  figure  n’a  point  encore  été  publiée.  Cette 
aberration  est  ordinairement  d’un  tiers  plus  grande  et  tou- 
jours plus  blanchâtre  que  le  Corydon  ordinaire. 

En  dessus,  le  bleu  argenté  et  luisant  n’existe  qu’à  la  nais- 
sance de  l’aile.  La  rangée  terminale  de  taches  ocellées,  dé- 
pourvue de  lunules  fauves,  est,  sur  les  quatre  ailes,  moins 
vivement  écrite  que  chez  le  type. 

Le  dessous  est  très-pâle,  et  les  lunules  fauves,  si  bien  accu- 
sées chez  le  mâle  ordinaire,  sont  à peine  visibles  chez  Albi- 
cans. 

Celte  race,  qui  est  constante,  provient  de  la  Sierra-Nevada 
en  Espagne. 

Semibrunnea , qui  est  une  femelle  , me  parait  nouvelle  : 
nul  auteur,  à ma  connaissance,  n’en  a encore  fait  mention. 

Cette  anomalie  tient  le  milieu  entre  la  femelle  typique  et 
Y Ab.  ? maris  colore  des  auteurs. 

La  taille  de  Semibrunnea  est  aussi  grande  que  celle  des 
plus  grands  individus  de  Corydon  femelle. 

En  dessus,  le  bleu  argenté,  au  lieu  de  couvrir  la  presque 
totalité  des  ailes,  comme  chez  la  variété  femelle  connue, 
laisse  voir  de  larges  taches  brunes.  La  frange  est  précédée 
d’une  bordure  brune,  sur  laquelle  les  points  terminaux  pa- 
raissent à peine.  La  lunule  discoïdale  des  supérieures  est 


Zygæna  Faust  a.  S 5 

noire,  petite,  et  repose  sur  un  fond  bleu  argenté.  Sur  les  in- 
férieures il  existe  une  tache  discoïclale  bleuâtre  qui  tranche 
sur  le  fond  brun. 

Le  dessous  des  ailes  n’a  rien  qui  le  distingue  de  l’espèce 
ordinaire,  si  ce  n’est  cependant  le  fauve  de  la  rangée  de 
points  terminaux  qui  est  très-pâle. 

Cette  rare  variété,  qui  fait  partie  de  mon  cabinet,  provient 
de  la  Pape,  localité  située  au  nord-est  de  Lyon. 

Variété  de  la  zy  g1  æ u 55.  Fausta  , L. 

( Aberr.  lug'dunensis  , Mlll.  ) 

(Planche  4.  Fig.  4.) 

Cette  variété  rappelle,  pour  la  couleur,  les  aberrations  des 
Zygœriu  Onobrychis , H.,  Esp.,  Jlippocrepidis , Herr.-Sch.  50, 
et  Achilleœ , Herr-Sch.,  G 4 -G 7. 

Le  jaune  vif  a remplacé  complètement,  en  dessus  et  en 
dessous,  le  rouge  de  la  Fausta  ordinaire.  Cependant  les  ta- 
ches noires  des  supérieures  sont  plus  petites,  et  la  bordure 
des  quatre  ailes  est  sensiblement  plus  étroite  que  chez  le 
type. 

Cette  aberration,  qui  est  fort  rare,  paraît  propre  à notre 
département  : elle  ne  fut  prise,  à ma  connaissance,  que  trois 
fois  seulement,  au  Mont-Cindre,  près  de  Lyon,  oh  Fausta 
vole  abondamment  en  août  et  septembre. 

Pour  rappeler  la  patrie  de  cette  intéressante  Zygénide,  je 
la  nomme  Ab.  Lugdunensis, 


86 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


3P»chyclicniia  Mippocastanaria. 

( Planche  4.  Fig.  5 à 8 ) . 

Hb.  186.  — Treits.  I,  p.  341  et  Sup.  j).  199.  — Dup.  V, 

p.  517,  pl.  906  fig.  8. — Steph.  III,  p.  269. — Bdv.  1932. 

— Herr.-Sch.,  p.  96,  f.  330. — Delah.  Sup.  159. — Gn.  1318. 

= Degeneraria , Hb.  405. 

Chenille. 

Elle  est  allongée  , cylindrique , sans  aucune  éminence  , 
avec  la  tête  passablement  forte. 

Le  fond,  d’un  carné  plus  ou  moins  clair  chez  certains 
individus,  ou  plus  ou  moins  obscur  chez  d’autres,  est  entre- 
mêlé de  stries  blanchâtres.  La  région  dorsale  présente  une 
large  bande  d’un  rouge  brique,  coupée  dans  toute  sa  longueur 
par  la  vasculaire  ; celle-ci  est  étroite,  grise,  faiblement  écrite. 
La  sous-dorsale  est  représentée  par  deux  lignes  brunes  , 
continues,  géminées.  La  stigmatale  est  blanchâtre.  Les  stig- 
mates sont  très-petits,  ronds  et  cerclés  de  noir. 

Tout  l’insecte  est  recouvert  d'une  villosité  blonde,  passa- 
blement longue , implantée  sur  de  petits  points  noirs  visibles 
seulement  à la  loupe. 

Le  ventre,  de  couleur  blanchâtre,  est  traversé  longitudi- 
nalement par  deux  lignes  grises,  géminées,  coupées  par  un 
gros  point  noir  placé  sur  chaque  anneau. 

Cette  chenille  varie  quelquefois  en  brun,  en  gris  ; d’autres 
fois  (ce  cas  se  présente  rarement) , elle  varie  en  blanc.  Celte 
dernière  aberration  a,  sur  le  flanc  des  quatrième,  cinquième, 
sixième  . septième  et  huitième  anneaux  , une  tache  couleur 
de  brique  en  forme  de  losange. 


P achy chemin  Hippocastanaria. 


87 


Chrysalide. 

La  chenille  d1  Hippocastanaria  fait  sa  chrysalide  dans  la 
mousse  ou  sur  la  terre  recouverte  de  débris  de  végétaux  ; 
mais  elle  ne  forme  pas  de  coque. 

La  chrysalide  est  conico-cylindrique , renflée  depuis  la 
télé  jusqu’y  compris  les  ailes. 

L’enveloppe  des  anneaux  est  d’un  brun  rougeâtre  ; celle 
de  la  tète  et  des  ailes  est  jaune.  Vue  à la  loupe,  l’extrémité 
abdominale,  qui  est  noire,  paraît  terminée  par  deux  fils  très- 
fins  qui  ne  sont  réunis  qu’à  leur  base.  Celle-ci  est  recouverte 
de  poils  noirs  très-déliés.  L’intersection  des  anneaux  est 
brune. 

Insecte  parfaît. 

Envergure  : 0,028  à 0,030  mill. 

Les  ailes  supérieures  sont  oblongues  , amygdaliformes  , 
d’un  gris  plus  ou  moins  rougeâtre  , à dessins  peu  marqués , 
avec  trois  lignes  transversales  éclairées  de  blanchâtre  inté- 
rieurement. La  tache  cellulaire  est  d’un  gris  plus  accusé  que 
le  fond.  Des  points  bruns  placés  entre  les  nervures  précé- 
dent la  frange  cpii  est  assez  longue. 

Les  ailes  inférieures  sont  arrondies  et  grisâtres. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  est  uni. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle  et  généralement  un  peu 
plus  grande  que  lui. 

Les  antennes  sont  faiblement  pubescentes  chez  les  deux 
sexes. 

L'abdomen  dépasse  les  ailes  supérieures  ; celles-ci,  au  repos, 
disposées  en  toit,  recouvrent  entièrement  les  inférieures;  à 
tel  point  que  l’insecte  a un  faux  air  de  Nola  ou  de  Sarro- 
thriper,  ou  bien  ressemble  à certaines  Pyralides;  ce  qui,  au 


88  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

premier  coup-d’œil,  empêche  souvent  de  reconnaître  l’insecte 
parfait  pour  une  véritable  Phalénite. 

Cette  Ligide,  cpii  est  si  remarquable  par  l’étrangeté  de  ses 
caractères,  à laquelle  le  nom  d ''Hippocastanaria  est  si  fausse- 
ment appliqué,  n’a  certainement  jamais  vécu  sur  les  châ- 
taigniers. La  chenille  doit  se  nourrir  exclusivement  de  la 
feuille  et  surtout  de  la  fleur  des  Erica  et  Calluna. 

Je  fais  observer  que  l’insecte  parfait,  cpii  est  commun  sur 
les  montagnes  sub-alpines  de  la  Loire  et  du  Dauphiné,  dans 
quelques  localités  des  départements  du  Puy-de-Dôme  , de 
Saône-et-Loire,  etc. , se  rencontre  très-fréquemment  sur  les 
chaudes  collines  du  Var,  dont  la  température  est  si  différente 
de  celle  des  lieux  que  je  viens  de  citer. 

.fajoutc  qu’aucun  entomologiste  ne  l’a  encore  trouvé  aux 
environs  de  Lyon,  même  dans  les  lieux  où  la  Bruyère  abonde. 

Au  printemps  dernier,  M.  Bruand  d’Uzelle  et  moi,  trou- 
vions à Ilyères  l’insecte  parfait  de  cette  Pachychemia  sur  deux 
espèces  de  Bruyères  blanches  ( les  Erica  arbore  a , L. , et  sco- 
paria , L.  ) alors  que  sur  ces  mêmes  arbustes  nous  capturions 
des  larves  de  celte  espèce  de  tous  les  âges. 

Pour  se  procurer  cette  chenille,  qui  vit  à découvert,  il 
suffit  de  battre  dans  un  parapluie  les  plantes  dont  elle  se 
nourrit. 

Cette  chenille  était  très-imparfaitement  connue  et  n’avait 
point,  encore  été  figurée. 

La  description  de  celte  Pachychemia  par  M.  le  docteur 
Boisduval  était,  ce  me  semble,  assez  incomplète. 

Yoici  tout  ce  que  nous  dit  cet  auteur  des  chenilles  de 
Fuscaria  et  Hippocastanaria  qui , seides , composent  son 
genre  Sthanclia  (*)  : ce  Larvœ  elongatœ , lœves , Ericicolœ  ; ra- 
ce pile  crassiusculo . Melamorphosis  hypogeva.  » 


(*)  Généra  et  index  meltiodicus  europueorum  Lcpidopterorum  , pa.£.  22£h 


Annales  de  la  SocutL  L urneennade  Lyo  a. 


Année,  îâ 59.  PL  5. 


ni. 


12 


P.  3ÎUUèrt>  d&Letpl 


Debray  seiUp. 


I.  Pteropkorus  0 IL  uidaciy  lus,  MULfre- 

II.  Scodùma-  Letvtisca-rue,  Donz, 

ïïl.  Variétés  d&  CidaruD  Rus  s adas,  If  b 


Imp.Houistc > 5.  r.MignaruParà 


JW me'Mùy nccua>  coi. 


Pterophorus  Olbiadaclylus . 89 

Mes  chenilles  se  sont  métamorphosées  à Hyères  dans  la 
première  quinzaine  d’avril , et  les  insectes  parfaits  sont 
éclos  au  commencement  du  mois  de  mai  suivant. 

Cette  espèce  a au  moins  deux  générations  par  an,  puisqu’on 
retrouve  le  Lépidoptère  en  août  et  septembre. 

S*ie,:sa©pSEOB*aiS  ©ISiiatlactylaa*  , Milliers. 

(, Species  nova ) 

(Planche  5.  Fig-  1 à 3 ) 

CHENILLE. 

Elle  est  cylindrique,  assez  courte.  Le  corps,  d'un  jaune 
brun  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous,  est  recouvert  d’une 
grande ■ quantité  de  poils  très-longs,  d’un  blanc  pur,  non 
disposés  en  faisceaux  , mais  placés  isolément  sur  autant 
de  points  vcrruqueux.  Les  lignes  ordinaires  n’existent  pas, 
ou  tout  au  moins,  je  n’ai  pu  les  distinguer.  Les  stigmates, 
très -petits,  sont  cerclés  de  noir.  La  tète  et  les  pattes  anté- 
rieures sont  noires.  Le  clapet  anal  et  les  pattes  membra- 
neuses sont  jaunâtres. 

La  chenille  cjue,  pour  la  première  fois,  j’ai  prise  cette 
année  à Hyères,  vers  le  25  mars,  m’a  semblé  avoir  passé 
l’hiver. 

Les  quelques  individus  de  celte  espèce  que  j’ai  pu  me 
procurer , ont  tous  été  recueillis  à Hyères  , sur  des  rochers 
situés  à l’exposition  la  plus  méridionale,  où  ne  croissait  au- 
cune plante  herbacée,  mais  seulement  certains  Lichens  très- 
courts  appliqués  çà  et  là  contre  la  roche. 

Ces  petites  chenilles,  qui  se  roulent  quand  on  les  touche, 
n’ont  pas  mangé  en  captivité;  elles  se  sont  de  suite  métamor- 
phosées. Se  nourrissent-elles  de  Lichens,  contre  l’ordinaire 
des  espèces  de  cette  famille?  ou  bien,  ce  qui  paraîtrait  plus 


90  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

probable,  se  seraient-elles  éloignées  du  lieu  où  elles  avaient 
vécu,  et  auraient-elles  grimpé  aux  parois  du  rocher  pour  su- 
bir leurs  t ransformations  ? 

Chrysalide. 

Longueur  : 0,012  à 0.014  miliim. 

Passablement  elïilée,  avec  l’enveloppe  des  ailes  très-allon- 
gée, elle  est  striée  de  jaune  sur  un  fond  noir.  Les  intersections 
des  anneaux  sont  rougeâtres,  de  même  que  la  place  des  stig- 
mates. Ceux-ci  sont  indiqués  par  autant  de  points  fauves.  Le 
dernier  anneau  est  noir,  recourbé,  sans  crochet  et  garni  d’un 
faisceau  de  poils  blancs  très-courts. 

Cette  nymphe  est  en  outre  recouverte  d'un  grand  nombre 
de  poils  blancs  très-longs,  semblables  à ceux  qui,  précédem- 
ment, recouvraient  la  peau  de  la  chenille. 

Ainsi  que  la  plupart  des  larves  connues  de  ce  genre  sin- 
gulier, la  chenille  < X 01  biadactylus , pour  opérer  sa  métamor- 
phose en  nymphe,  se  suspend,  par  la  partie  inférieure  du 
corps,  dans  un  petit  enfoncement  de  rocher;  fixée  ensuite 
par  un  fil  de  soie  placé  transversalement,  elle  opère  sa  trans- 
formation à la  manière  des  Diurnes. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,016  à 0,0  18  miliim. 

Les  ailes  antérieures  sont  faiblement  falquées  et  divisées 
en  deux  parties  bien  distinctes  jusqu’au  tiers  de  leur  lon- 
gueur. Elles  sont  en  dessus  d’un  brun  verdâtre  uni,  avec 
la  cote  d'un  blanc  pur  dans  toute  son  étendue.  Les  barbes 
sont  longues  et  d’un  brun  foncé. 

Les  ailes  postérieures,  divisées  en  trois  branches,  sont 
plus  foncées  que  les  supérieures,  et  l’extrémité  des  trois  di- 
visions est  blanchâtre.  Ces  divisions,  presque  linéaires,  sont 
entourées  d’une  frange  très-longue. 


Pterophorus  Olbiadactylus.  01 

Le  dessous  des  quatre  ailes  ne  diffère  pas  du  dessus,  mais 
les  couleurs  sont  moins  vives. 

Les  antennes,  filiformes,  brunes  en  dessus  et  blanches  en 
dessous,  sont  passablement  longues.  Le  front,  les  épaulettes 
et  les  pattes  sont  blancs.  L’abdomen  est  marqué  en  dessus 
de  trois  lignes  longitudinales  d’un  vert  brun;  la  ligne  du 
milieu,  plus  étroite,  est  aussi  d’un  brun  plus  prononcé  que 
les  deux  autres. 

La  femelle  ressemble  au  mâle,  seulement  les  couleurs  sont 
généralement  plus  pâles. 

Olbiadactylus  est  très-voisin  de  Baptodactylus , Zell.,  Herr.- 
Sch.  Tab.  3,  n.  59;  cependant  je  n’ai  pas  dû  hésiter  à con- 
sidérer ce  Ptérophore  comme  nouveau,  car  les  caractères  qui 
le  distinguent  sont  constants  chez  tous  les  individus  que  j’ai 
été  à meme  d’observer. 

Olbiadactylus  est  toujours  un  peu  plus  grand  que  Bap- 
todactylus', il  a aussi  les  ailes  supérieures  un  peu  plus  fal- 
quées  ; il  est  d’un  brun  verdâtre  plus  clair  que  ce  dernier, 
et  n'a  pas,  comme  lui,  la  naissance  de  l’échancrure  des  su- 
périeures maculée  de  deux  points  noirs  placés  longitudina- 
lement. 

Mais  le  caractère  le  plus  essentiel  à signaler,  c’est  que  la 
côte  de  l’aile  supérieure  est,  ainsi  que  je  l’ai  dit,  d’un  blanc 
pur  dans  toute  sa  longueur,  et  qu’elle  n’est  jamais  marquée 
des  trois  ou  quatre  grosses  taches  noires,  oblongues,  qui, 
chez  Baptodactylus , existent  constamment.  Les  ailes  infé- 
rieures de  ce  dernier  sont  en  outre  terminées  par  une  tache 
noire,  tandis  que  celles  de  mon  Ptérophore  supportent  à 
l’extrémité  une  tache  blanche. 

En  donnant  à ce  nouveau  Microlépidoptëre  le  nom  (X Ol- 
biadactylus (4),  j’ai  eu  l’intention  de  rappeler  sa  patrie. 


(')  Dérivé  de  Olbia,  nom  primitif  de  la  ville  d’Byércs. 


9 2 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


!§»«*oilâonA  licntiscaria. 

(Planche  5.  Fig.  4 à i).  ) 

Donz.  Soc.  Eut.  de  Fr.  183G,  p.  13,  pl.  1 fig.  1,  2. — Hidk 

592-593. — Dup.  Sup.  IY  p.  17  pl.  52  lig.  l.-Bdv.  146G. 

— Herr.-Sch.  p.  GG.  — Gn.  1151. 

Chenille. 

Eclose  le  14  avril  1858,  la  jeune  larve,  à sa  sortie  de 
l’œuf  (*)  était  jaune;  huit  jours  après,  elle  passait  au  brun 
clair  et  ne  changea  plus  de  couleur  jusqu’à  sa  quatrième  mue. 
Arrivée  à toute  sa  taille  , elle  est  grise  et  largement  lavée 
de  rougeâtre.  Cette  chenille  est  passablement  allongée , 
épaisse,  et  va  en  augmentant  du  premier  au  dixième  anneau. 
Le  onzième  segment,  comme  chez  Conspersaria , W.-V.,  Bel- 
glana , Hb . , et  Perspersaria , Dup.,  supporte  une  éminence 
charnue  et  bifide  (pl.  5,  fig.  8.  ).  Le  douzième  segment  est 
profondément  bifide  ; ses  deux  pointes,  placées  horizontale- 
ment, sont  aiguës  et  déliées  (pl.  5,  fig.  7 ).  A partir  du 
troisième  anneau,  les  points  trapézoïdaux  sont  très-prononcée. 

La  ligne  vasculaire  est  large,  continue,  rougeâtre,  finement 
liscrée  de  brun,  et  vient  aboutir  à la  caroncule  bifide  du 
onzième  anneau.  On  ne  distingue  pas  les  lignes  sous-dorsale  et 
stigmalale  ; mais  il  règne,  entre  la  vasculaire  et  les  stigmates, 
trois  éclaircies  bleuâtres  très-finement  liserées  de  brun  de 
chaque  côté.  Le  ventre  est  d'un  testacé  rougeâtre  et  présente 
trois  lignes  ondulées,  bleuâtres,  continues  et  liserées  de  gris 
dans  toute  leur  étendue.  En  outre,  les  cinquième,  sixième, 
septième,  huitième  et  neuvième  anneaux  laissent  voir  au 
centre  un  double  point  blanc  surmonté  d’une  tache  triangu- 


(')  Une  femelle  prise  à II  y ères,  en  mars  dernier,  au  milieu  des  Cistes  et  des 
I.entisqucs,  m’a  pondu  près  de  deux  cents  œufs. 


Scodiona  Lentiscaria,  93 

laire  et  blanchâtre  ; mais  cette  dernière  ne  s'aperçoit  que  sur 
les  septième,  huitième  et  neuvième  segments. 

Los  stigmates  sont  blancs,  ovales  et  cerclés  de  noir. 

La  tête,  presque  lenticulaire,  rougeâtre  au  sommet,  est,  à 
la  base,  bleuâtre  et  maculée  de  points  noirs  irréguliers.  Les 
palpes  sont  jaunes  et  relativement  longs. 

Les  dix  pattes  sont  concolores. 

Tout  le  corps  est  recouvert  d’une  villosité  blonde  assez 
courte, 

Cet  insecte,  qui  varie  en  jaune,  en  gris  blanc,  gris  bleuâtre 
et  en  brun,  a été  élevé  par  moi  ab  ovo  et  nourri  avec  les 
Heliantliemum  vulgare  (Garln.)  et  pulverulenlum  (D.  C.)  fort 
répandus  sur  les  coteaux  secs  de  nos  environs. 

D'autres  chenilles  de  la  même  espèce,  provenant  dune 
ponte  plus  récente,  ont  été  nourries  en  plein  air  avec  YHelian- 
tTiemum  valetinum  (.Tord.) 

Cette  espèce,  facile  .à  élever,  arrive  toujours  à bonne  fin. 
Pendant  l’éducation  fort  longue  de  la  chenille,  faite,  soit  en 
plein  air,  soit  dans  les  appartements,  il  n’en  périt  pas  une 
seule. Cette  Scodionie,  originaire  de  Chicliana  (Espagne),  ne 
s’est  métamorphosée  en  nymphe  qu’à  la  fin  de  novembre,  et 
a donné  son  insecte  parfait  vers  le  commencement  de  mars 
de  l’année  suivante. 

L’état  de  chenille  avait  duré  sept  mois. 

De  l’époque  d’éclosion  jusqu’à  fin  août,  la  croissance  de 
1 insecte  a été  presque  nulle;  ce  n’est  qu’à  partir  des  pre- 
miers jours  de  septembre  qu’elle  a grossi  réellement. 

Cette  chenille  est  d’une  sobriété  remarquable  ; elle  mange 
fort  peu.  même  au  moment  de  sa  plus  grande  croissance,  et 
peut  demeurer  six  ou  huit  jours  privée  de  nourriture,  sans 
paraître  en  souffrir. 

Dans  le  jeune  âge,  elle  est  très-vive  et  se  roule  sur  elle- 
même  au  moindre  contact.  Devenue  forte,  sa  rigidité  est 


9;J  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

extrême  : placée  sur  le  dos,  elle  y reste  plusieurs  heures  sans. 

donner  le  moindre  signe  de  vie. 

Pendant  le  jour,  cette  larve  reste  constamment  à décou- 
vert, fixée  à une  branche  (V Helianthemum. 

Chrysalide. 

Elle  est  conico-cylindrique,  passablement  épaisse,  d'un 
brun  rougeâtre  brillant,  qui  tire  sur  le  noir  vers  la  tête  et  les 
derniers  anneaux. 

Les  segments,  très-mobiles,  sont  également  d'un  rouge 
brun,  saufles  intersections  qui  sont  jaunes. 

Le  dernier  segment  abdominal  est  noir  et  armé  de  deux 
crochets  divergents.  (PL  5,  fig.  9.  ). 

Enfin  toute  la  nymphe  est  recouverte  d’une  efflorescence 
gris-bleuâtre. 

Pour  se  chrysalider,  la  chenille  de  Lentiscaria  file,  sur  le 
sol,  parmi  les  feuilles  sèches  et  les  mousses,  une  coque  lé- 
gère, tissue  de  soie  blanche  entremêlée  de  grains  de  terre  et 
de  débris  de  végétaux. 

L’état  de  chrysalide  dure  ordinairement  de  trois  mois  à 
trois  mois  et  demi. 

L’éclosion  a toujours  lieu  pendant  la  nuit  : de  onze 
heures  du  soir  , à 2 ou  3 heures  du  matin. 

Insecte  parfait. 

Le  mâle  a les  antennes  fortement  pectinées,  avec  la  cote 
rougeâtre  et  les  barbules  noires. 

Le  thorax  est  très-velu,  carré  et  convexe. 

L’abdomen  est,  caréné  et  dépasse  les  ailes  inférieures. 

Les  ailes  supérieures,  à apex  assez  aigu,  sont  d’un  testacé 


Scodiona  Lentiscària . 


rougeâtre,  avec  les  deux  lignes  principales  visibles  et  for- 
mées par  deux  séries  de  points  bruns  nervuraux. 

Les  ailes  inférieures  sont  grises  avec  la  bordure  ochracée, 
et,  ainsi  que  les  supérieures,  grossièrement  saupoudrées 
d’atomes  bruns. 

En  dessous,  les  supérieures  sont  d’un  gris  bleuâtre,  et  les 
inférieures  d’un  cris  blanc  très-brillant. 

O 

La  tache  cellulaire,  sur  les  quatre  ailes,  en  dessus  et  en 
dessous,  est  très-bien  écrite  en  brun. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle,  seulement  elle  a les 
ailes  plus  petites  et  elle  est  plus  lourde. 

Cette  Fidonie  varie  du  blanc  au  testacé  oclireux  d’une 
manière  prononcée. 

Les  figures  de  Lentiscaria  mâle  et  femelle,  publiées  par 
Donzel  (Soc.  Entomol.  de  France,  1836),  ne  devraient  pas 
eonstituer  le  type,  puisque  les  individus  aussi  pâles  que  ces 
deux  dessins  ne  se  rencontrent  que  rarement,  tandis  que  les 
sujets  à fond  rougeâtre  oclireux  sont  les  plus  fréquents. 

Cette  espèce  semble  ne  pas  être  rare  dans  toutes  nos  pro- 
vinces méridionales. 

Mon  opinion  est  qu’en  entomologie  la  priorité  d'un  nom 
spécifique,  quel  qu'il  soit,  doit  l'emporter  sur  tous  les  autres, 
bien  que  celui-là  soit  incorrect  ou  mal  appliqué  ; s'il  en  était 
autrement,  tout  ne  deviendrait  que  coinfusion  dans  la  syno- 
nymie, déjà  si  difficile  à débrouiller  parfois. 

Le  nom  de  Lentiscaria , donné  par  feu  Donzel  à la  Scodiona 
dont  je  complète  aujourd’hui  Hiistorique,  est  un  nom  imposé 
au  hasard,  je  le  crois  ; il  ne  peut  donner  de  cette  Phalénite 
qu’une  très-fausse  idée  (4).  Lentiscaria  n'a  jamais  dû  vivre  sur 


(•)  Je  suppose  que  le  nom  de  Lentiscaria  fut  donné  par  Donzel  à l’insecte, 


96  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS; 

le  Lentisqiie  (. Pistacia  lenliscus , L.)  fort  répandu  dans  les 
campagnes  incultes  d’Hyères  ; et  c’est  en  vain,  j’ai  lieu  de  le 
croire,  que  l’on  chercherait  la  chenille  sur  cet  arbrisseau.  Elle 
ne  doit  vivre,  soit  dans  le  Var,  soit  en  Espagne  ou  ailleurs, 
que  sur  les  Cistes,  dont  trois  ou  quatre  espèces  abondent 
sur  toutes  les  collines  du  littoral  de  la  Méditerranée. 

Variétés  de  CMapi.a  S&ussata,  Hb. 

(Planche  5.  Fig.  10  à 12.) 

Wien.-Verz.  M.  18.  — L’Adm.  p.  xxxii.  — Bock.  20Q.  — 
Dup.  Y,  p.  524,  pl.  195,  f.  4.  — Bdv.  1765.  — Herr.-Sch, 
p.  172.  — Gn.  1675. 

J’ai  reçu  de  l’extrême  nord  de  l’Europe  plusieurs  variétés 
de  la  Cidaria  Russata  , au  nombre  desquelles  il  s'est  trouvé 
trois  exemplaires  bien  remarquables  par  l’opposition  tranchée 
de  leurs  couleurs.  La  Société  Linnécnne  me  saura  gré  sans 
doute  de  lui  faire  connaître  ces  trois  aberrations. 

Des  nombreuses  variétés  de  Russata  érigées  par  plusieurs 
auteurs  en  autant  d’espèces  distinctes  , aucune  ne  s’éloigne 
autant  du  type,  pour  la  couleur,  que  les  trois  sujets  dont  je 
donne  aujourd'hui  les  figures. 

Ces  (Maria  sont  originaires  d’Islande  d’oii  elles  me  furent 
envoyées  par  M.  Staudinger. 

Les  sept  ou  huit  variétés  de  Russata  que  je  possède  et  qui 


en  souvenir  des  Lentisques  qui  abondent  dans  le  lieu  où  les  premiers  indi- 
vidus de  cette  Fidonie  ont  été  pris  . Ce  qu’il  y a de  certain,  c’est  que  l’entomo- 
logiste lyonnais,  dans  sa  description  de  Lentiscaria , ne  dit  pas  un  mot  de  la 
chenille  qu’il  ne  connaissait  sans  doute  pas,  et  que,  dans  ses  notes  laissées  à 
la  Société  Linnécnne  de  Lyon,  il  n’en  parle  pas  davantage  à l'article  de  celte 
Géomètre. 


Années  LS 59  Pi.  fi 


Annales  de  la  Société  Lùnnécnno  de  Lyotv. 


P.  MUlièrcs  cUi  et  p? 


Debray  sculp 


I.  S co  dto  ïlûs  JSrtzüjAdaruis,  II b 

II.  JPhyOLS  CùstcllcL',  MilUèrty 


Imp.ffoiustc.  Paru; 


M^Miy  rua.ua>  col 


— 


1 

♦ 


I 


Phycis  Ciste  Lia.  97 

toutes  proviennent  clu  même  lieu,  ont  été  obtenues  ex  larva  ; 
elles  ont  toutes  la  forme  et  les  principaux  caractères  de 
celle  qu’on  s’obstine  en  Angleterre  à séparer  sous  le  nom 
(ï Fmmanata  et  qui  se  rapporte  évidemment  à la  Russala 
de  Hubner. 

La  chenille  soufflée  de  cette  Ciclaria  d’Islande  fut  soumise 
à M.  Guenée  ; cet  habile  observateur  reconnut  qu'elle  ne 
présentait  aucune  différence  appréciable  avec  la  chenille  de 
la  Russata  typique. 

La  première  de  ces  aberrations,  Var.  F.  (PI.  5 n.  11.)  a bien 
quelque  rapport  avec  la  Perfuscata , Haw. , Gn.  pl.  17,  f.  2; 
mais  la  ligne  coudée  et  la  ligne  subterminale  des  deux  indi- 
vidus ne  sont  pas  les  mêmes  à beaucoup  près. 

La  seconde  aberration,  Var.  E.  (Pl.  5 n.  10.)  peut  aussi  se 
rapporter  à la  fig.  10  de  Sepp,  sans  toutefois  lui  ressembler. 
Ma  variété  , entre  autres  caractères  distinctifs  , a le  fond 
plus  oclireux  que  celle-là,  et  n’a  pas  de  ligne  transverse  aux 
ailes  inférieures. 

Enfin  la  troisième  aberration,  Var.  G.  (PL  5 n.  12.),  qui  ne 
peut  se  rapporter  à aucune  autre  variété  connue , est  incon- 
testablement la  plus  remarquable  de  toutes.  Elle  a le  fond 
des  ailes  supérieures  tout-à-fait  blanc,  avec  l'espace  médian 
et  la  base  d’un  brun  très-foncé. 

I*hyci§  Cî§4el!a  , Millièhe. 

(Species  nova.) 

(Planche  6.  Fig.  6 à 12.  ) 

Chenille. 

Elle  est  fusiforme  et  passablement  épaisse.  La  tête  est  de 
couleur  testacée  avec  la  mâchoire  et  les  yeux  noirs.  Tout  le 
corps,  en  dessus,  est  d’un  rose  vif , et,  en  dessous,  d’un 
jaune  verdâtre. 


08  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

Les  lignes  vasculaire  et  dorsale  sont  larges  et  rapprochées, 
à tel  point  quelles  se  confondent  au  premier  abord.  La 
dorsale  est  séparée  de  la  sous-dorsale  par  une  ligne  qui 
rappelle  la  couleur  du  fond,  et  qui  n'est  interrompue  qu'à 
l'intersection.  La  stigmatale  est  éti'oite  et  également  inter- 
rompue. Les  anneaux  sont  proéminents  et  par  conséquent 
très-distincts.  Les  stigmates  sont  relativement  très-petits  , 
blancs  et  cerclés  de  noir.  Les  pattes  écailleuses  et  anales  sont 
concolores;  les  premières  ont  le  dernier  article  noir  et  re- 
courbé. Une  villosité  rai*e , blanche  et  assez  longue,  recouvré 
la  chenille  en  dèssiis  et  sur  les  côtés. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser,  la  chenille  de  Cislella  se  retire 
sous  la  mousse,  et  construit  une  coque  très-solide  qui  semble 
comme  parcheminée  , et  dans  le  tissu  de  laquelle  il  entre 
quelques  fragments  de  végétaux  (PL  (!.  fig.  12  ). 

L’insecte  demeure  assez  long-temps  sous  cette  enveloppe 
protectrice  sans  se  chrysalider,  et  n’opère  sa  transformation 
én  nymphe  qu'au  bout  de  plusieurs  semaines. 

La  chrysalide  est  conico-cylindrique,  à pointe  obtuse,  avec 
l’enveloppe  des  ailes  relativement  longue.  Elle  est  sur  toute 
la  surface  d’un  brun  rougeâtre.  Le  dernier  segment  est  re- 
couvert à l’extrémité  de  rares  poils  gris,  très-fins,  très-courts 
et  qu’on  distingue  à peine  à la  loupe. 

Insecte  parfait. 


Envergure  : 0,012  à 0,014  millim. 

Ce  Microlépidoptère,  qui  a tous  les  caractères  des  Cram bi- 
des, doit,  sans  nul  doute,  appartenir  au  genre  Phycis. 

Les  palpes  sont  longs,  dirigés  en  avant  et  en  forme  de  bec; 


Pkycis  Cistella.  99 

les  antennes,  dont  le  premier  article  est  noduleux,  sont  séta- 
cées;  enfin  la  trompe  est  longue  et  cornée. 

Les  premières  ailes  sont  étroites,  cl’un  gris  cendré,  et  pos- 
sèdent les  deux  lignes  transverses  ordinaires  : celles-ci  sont 
d’un  brun  pourpre.  La  seconde  de  ces  lignes,  placée  prescju  à 
l'extrémité  de  l’aile,  supporte  un  trait  en  zigzag  fin,  serré, 
bleuâtre,  qui  descend  de  la  costale  et  vient  aboutir  à l’angle 
inférieur;  mais  ce  zigzag  n’est  bien  écrit  que  vers  le  milieu 
de  son  parcours.  En  outre,  un  large  trait  rougeâtre,  partant 
de  l’apical , vient  aboutir  aux  deux  points  noirs  placés  au 
centre  de  l’aile.  Ces  deux  points,  chacun  le  sait,  sont  encore 
un  des  caractères  distinctifs  de  la  plupart  des  Phycis  pro- 
prement dits. 

La  frange  est  précédée  de  quatre  à six  points  noirs. 

Les  secondes  ailes,  sans  lignes,  sans  taches,  d’une  teinte 
fuligineuse  sur  les  bords,  sont,  au  milieu  et  surtout  à leur 
naissance,  d’un  gris  blanc. 

Les  quatre  ailes  sont  sans  dessins  en  dessous  et  d'un  gris- 
bleuâtre  très-luisant. 

Les  franges,  plus  longues  aux  inférieures  qu’aux  supérieu- 
res, sont  fuligineuses. 

Les  antennes,  les  palpes,  le  corselet  et  les  pattes  participent 
de  la  couleur  des  ailes  supérieures. 

L’abdomen  est  d’un  fauve  obscur  en  dessus  et  gris  en 
dessous. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle,  seulement  les  couleurs 
des  ailes  sont  moins  vives,  et  l’abdomen  est  relativement  gros 
et  renflé. 

Cette  Phycide,  que  j’ai  découverte  dans  !e  Var,  se  rap- 
proche beaucoup  de  la  Serpylletorum , H. -S.,  62,  et  de  la 
Sororiella  , H. -S.  , 64,  bien  qu’un  peu  moins  grande  crue 
celles-ci. 

La  chenille,  qui  n’est  pas  très-abondante  dans  les  lieux  ou 

7 


100 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

je  l'ai  observée,  vit  sur  divers  Cistes  des  environs  d’Hyères, 
mais  principalement  sur  le  Cistus  albulus , L. 

Cette  larve,  cpii  est  très-lente,  lie  les  feuilles  dont  elle  com- 
pose une  sorte  de  tuyau  dans  lequel  elle  se  tient  renfermée 
pendant  le  jour,  et,  dès  qu’arrive  la  nuit,  elle  sort  de  sa  re- 
traite et  attaque  les  jeunes  boutons  de  la  fleur  du  Ciste. 

Une  seule  chenille  peut  détruire  un  grand  nombre  de 
fleurs,  toujours  très-abondantes  sur  le  même  pied,  car  elle 
ronge  la  base  du  bouton  et,  par  ce  moyen,  en  empêche  le 
développement. 

Cet  insecte  se  métamorphose  en  chrysalide  vers  le  eom_ 
mencement  d’avril  et  éclôt  pendant  le  courant  du  mois  de 
juillet  suivant. 

D’après  ce  que  j’ai  observé,  postérieurement  à l’éclosion 
de  mes  Cistella  (’),  je  serais  porté  à croire  que  certaines  che- 
nilles de  cette  espèce  peuvent  très-bien  n’éclore  que  l’année 
qui  suit  leur  métamorphose  en  nymphe. 

Ce  qui  ferait  admettre  la  probabilité  du  retard  dans  l’ap- 
parition de  quelques  individus  de  cette  espèce,  c’est  que, 
m'étant  avisé  d’ouvrir  deux,  coques  plusieurs  semaines  après 
l’éclosion  des  premières  Cistella , j’y  trouvai,  à ma  grande 
surprise,  la  chenille  décolorée,  mais  encore  vivante. 

Le  dérangement  qu’éprouvèrent  ces  deux  insectes,  par  le 
déchirement  de  leur  coque,  les  fit  périr  peu  de  jours  après. 


O De  Cistus,  nom  d'un  genre  de  plantes  qui,  toutes,  mais  principalement 
le  Cistus  albidus,  nourrissent  laclienille  de  ma  Phycide  nouvelle. 


Scodiona  Emucularia. 


101 

&<*odiona  EimgcSdar!». 

(Planche  G.  Fig  1 à 3.) 

!ll).  425.  — Dnp.  IV  p.  4 60  pl.  168  fig.  2.  — Bdv.  1467. — 
Herr.-Sch.  p.  67  fig. 223-224-225. — Gn.  n.  1152. 

Epaisse,  cylindrique , très-faiblement  atténuée  antérieure- 
ment. Les  individus  que  je  considère  comme  types  ont  le 
fond  jaune  argileux,  lavé  de  bleuâtre  sur  les  intersections  et 
de  rougeâtre  en  dessous  de  la  ligne  stigmatale  (pl.  6.  fig.  1.  ). 

On  ne  distingue  qu’au  moyen  de  la  loupe  la  vasculaire  qui 
est  jaune  et  qui  repose  sur  une  ligne  blanchâtre  , large  , 
non  interrompue,  partant  du  premier  anneau  et  aboutissant 
au  sommet  d'une  caroncule  placée  sur  le  onzième  segment. 

Les  lignes  dorsale  et  sous-dorsale  sont  tremblées,  d’un  gris 
bleuâtre  et  accompagnées  de  chaque  côté  d'un  trait  brun 
très-fin.  La  stigmatale  est  ondulée,  blanchâtre,  ombrée  de 
brun  en  dessus  et  de  jaunâtre  en  dessous.  Les  stigmates  sont 
ronds,  blancs  et  cerclés  de  noir.  La  seconde  paire  de  points 
trapézoïdaux  est  seule  visible  : ces  trapézoïdaux  sont  proémi- 
nents du  quatrième  au  dixième  segfnent.  Le  ventre  est  d'un 
blanc  sale  et  lavé  de  bleuâtre  dans  le  voisinage  des  pattes 
antérieures  et  postérieures.  II  existe  au  centre  une  large  raie 
longitudinale,  blanchâtre,  tremblée,  continue,  accompagnée 
de  chaque  côté  d'un  double  trait  brun. 

La  tète  est  carrée  et  arrondie  sur  les  angles. 

Les  pattes  sont  concolores. 

La  caroncule  du  onzième  anneau,  qui  est  très-saillante,  e^t, 
ainsi  que  la  tète  et  les  pattes  postérieures,  marquée  d'un  trait 
blanc. 

Le  douzième  anneau  est  profondément  bifide;  ce  caractère 


10*2 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


distinctif  est,  ainsi  que  la  caroncule  du  onzième  segment, 
commune  à toutes  les  Scodiona  observées  jusqu’à  ce  jour. 

Cette  chenille  varie  beaucoup  pour  la  couleur  : une  clés 
aberrations  les  plus  remarquables  est  celle  que  je  figure  (pl.  0. 
n.  '2.  ).  Cette  variété  a le  fond  d’un  pourpre  noir,  présentant 
un  large  anneau  jaunâtre  en  avant  de  l’intersection  de  chaque 
segment  du  milieu.  Les  lignes  dorsale  et  sous-dorsale  sont 
d’un  brun  bleuâtre,  liserées  de  chaque  coté  d’un  trait  noir 
très-fin. 

La  chenille  àEmucidaria  est  lente  et  très-rigicle  : elle 
mange  fort  peu  à la  fois , préfère  la  feuille , surtout  la 
radicale,  à la  fleur  ou  au  fruit  de  la  plante  cpii  la  nourrit,  et 
n’atteint  toute  sa  taille  qu’à  la  fin  de  février  de  l’année  sui- 
vante. Sa  vie  de  chenille  est  fort  longue  : elle  se  prolonge 
de  juillet  à mars  de  l’année  suivante. 

Elle  vit  toujours  à découvert  et  se  tient,  pendant  le  jour, 
appliquée  contre  les  branches  très-rapprochées  du  sol. 

Le  plus  sur  moyen  de  trouver  cet  insecte,  c’est  de  secouer 
fortement  Y Arthemisia  campestris , L,  dont  il  fait  sa  nourri- 
ture exclusive,  d’où  il  se  laisse  tomber  en  se  roulant  sur  lui- 
même,  et  de  chercher  au  pied  des  rameaux. 

Chrysalide. 

Ainsi  que  la  plupart  des  chenilles  qui  ne  doivent  demeurer 
en  nymphe  qu'un  temps  assez  court , celle  d 'Emucidaria , 
vers  le  commencement  d’avril  , construit  dans  la  mousse 
ou  les  feuilles  sèches , une  coque  légère  , très-molle  , com- 
posée de  soie  brune.  La  transformation  a lieu  peu  de  jours 
après. 

Cette  chrysalide  est  relativement  forte  , cylindrico-com- 
que  , d’un  rouge  brun  , passant  au  brun  noir  sur  la  tête  et 
les  segments  abdominaux.  Le  dernier  anneau  est  rugueux, 


103 


Scodiona  Emucidaria. 
terminé  par  deux  pointes  courtes  , droites , noires , fortes  , 
nullement  crochues  à l’extrémité. 

L'éclosion  de  l’insecte  parfait  arrive  en  juin. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,030  à 0,032  millim. 

Les  quatre  ailes  sont  épaisses,  arrondies  et  entières,  à 
frange  longue  et  bien  fournie.  Les  supérieures  sont  brun 
clair  et  finement  saupoudrées  d’atomes  noirs.  Les  médiane  et 
basilaire  sont  indiquées  par  deux  lignes  de  points-  brunâtres 
à peine  écrits.  Le  point  cellulaire  et  deux  taches  placées  en 
dehors  de  la  médiane,  dont  l’une  vers  l’angle  apical  et  l’autre 
près  de  l’angle  anal,  sont  le  plus  souvent  très -accusés. 

Les  ailes  inférieures  sont  blanches  avec  la  frange  et  le  bord 
lavés  de  fauve.  Le  point  cellulaire  est  assez  bien  marqué,  ce- 
pendant il  manque  quelquefois. 

Le  dessous  des  supérieures  est  noirâtre  ; celui  des  infé- 
rieures est  blanc.  Les  points  cellulaires  sont  seuls  visibles. 

Les  antennes  sont  pectinées  et  se  terminent  en  pointe  bue. 
Le  front  est  plus  clair  que  le  corselet;  le  ventre  est  velu  et 
concolore  ; la  trompe  courte.  L'abdomen  est  caréné,  relative- 
ment grêle,  et  dépasse  les  ailes  inférieures. 

La  femelle  est  plus  petite  et  plus  lourde  que  le  mâle  ; le 
fond  des  ailes  est  généralement  plus  chargé  d’atomes  noi- 
râtres, que  chez  ce  dernier. 

Sur  les  quatre  ailes,  la  ligne  de  points  nervuraux,  ainsi  que 
le  point  cellulaire,  sont  bien  marqués  en  dessous. 


JO'» 


cuemli.es  et  lépidoptères  iis  Édits. 


Variété  a”  A. 

Celle  Scodionct  varie  autant  et  pins  que  ses  congénères. 

Aucun  auteur  n’a  signalé  de  variété  à' Emucidaria.  J’en  ai 
obtenu  ex  larva  plusieurs  intéressantes.  Je  figure  aujourd’hui 
la  plus  jolie  de  ces  aberrations  (pl.  6,  n.  5.). 

Les  quatre  ailes  de  cet  individu  un  peu  plus  grand  que 
le  type,  sont  en  dessus  d’un  blanc  pur,  avec  les  lignes  trans- 
verses et  les  taches  ordinaires  très-visiblement  écrites  en 
brun  noirâtre.  Les  ailes  supérieures  sont  blanches  en  dessous, 
avec  la  côte  faiblement  lavée  de  fauve.  Les  taches  sont  ici 
moins  vivement  accusées  qu’en  dessus. 

Le  front,  le  vertex,  le  corselet  et  l’abdomen  sont  d’un  blanc 
pur  et  mat.  La  côte  des  antennes  est  blanche;  les  barbules 
sont  noires. 

Pendant  quatre  ans,  j’ai  vainement  tenté  l’éducation  de 
celte  Fidonie,  et  c’est  avec  infiniment  de  peine  que  j’ai  pu 
l’élever. 

La  chenille  qui  passe  l’hiver  n’arrive  jamais  à bien,  si  on 
ne  l élève  en  plein  air.  C’est  le  plus  souvent  en  chrysalide 
quelle  meurt , si , pour  lui  faire  passer  la  mauvaise  saison  , 
on  la  conserve  dans  un  appartement.  Le  meilleur  moyen 
d’élever  cette  espèce , c’est  de  la  placer  dans  un  jardin,  sur 
une  branche  cTArmoise  enveloppée  d’une  gaze  spacieuse. 

Emucidaria , de  même  que  toutes  ses  congénères  connues, 
ne  parait  cpi’une  fois  par  an. 

Jusqu’à  ce  jour,  ce  n’est  que  de  très-loin  en  loin  que  les 
entomologistes  lyonnais  ont  rencontré  l’insecte  parfait  de 
Emucidaria , toujours  rare,  dans  les  collections  des  Lépidop- 
térophiles  français. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


103 


Avant  de  clore  cette  deuxième  livraison  de  mon  travail 
entomologique , je  crois  devoir  annoncera  la  Société  Lin- 
néenne  qu’en  outre  des  insectes  publiés  et  figurés  par  moi  , 
j'ai,  depuis  la  lecture  de  ce  qui  précède,  découvert,  étudié 
et  peint  un  certain  nombre  de  chenilles.  Si  quatre  de  celles- 
ci  ont  été  observées  déjà,  aucune  n’a  encore  été  figurée. 

Voici  le  nom  de  ces  larves  qui,  presque  toutes  nouvelles 
pour  la  science,  appartiennent  soit  au  Midi  de  la  France,  soit 
à notre  département  et  ses  environs.  Ces  insectes  devront, 
en  bonne  partie,  former  la  troisième  et  la  quatrième  li- 
vraisons de  mes  Chenilles  et  Lépidoptères  inédit; 

Zfgœna  Occilanica. 

« Lavandulœ . 

Leucania  Punctosa . 

Glottula  Encausta. 

Aporopliyla  Australis. 

Hadena  Occlusa. 

Xylina  Merckii. 

Amphipyra  Effusa . 

Catocala  Nymphœa. 

Abraxas  Pantaria. 

Odonl opéra  Dardoinaria. 

Ephyra  Pupillaria  et  ses  variétés. 

Acidolia  Rubricata. 
cc  Moniliat  a. 

ce  Rever  sala. 

cc  liuslicala. 


106 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


et  O chral  a. 

ce  Osseata. 

ce  Ifolosericata. 

ce  Degeneraria. 

et  N exata. 

» Imïtaria. 

ce  Litigiosaria. 

ce  Caricaria. 

Aleucis  Pictaria. 

Mac  aria  Æstimaria. 

Tephrina  Vincularia. 

Rhoptria  Asperaria , Hl).  ( Collata , Treit.) 

Sterrha  Sacraria. 

Eupithecia  Pauxillata. 
ce  Pumilata. 
e<  Dénotai  a. 
ce  Constrictata. 

Aspilates  Citraria. 

Eubolia  Malvata. 
ce  Basockesiata. 

Phïbalopteryx  Lapidata. 

Mec  yna  Polygonalis . 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


107 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


De  la  2"u'  livraison  (1859). 


PLANCHE  1. 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Gnophos  Mucidaria  (Hb.) 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

4.  Anneau  du  milieu,  vu  de  profil. 

5.  Id.  Id.  vu  de  face. 

G.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

II. 

Fig.  7.  Chenille  de  Gnophos  Glaucinata  (Hb.) 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

10.  Variété. 

11.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

III. 

Fig.  12.  Chenille  de  Gnophos  Pullata  (W.-V.) 

13.  Chrysalide. 

14.  Insecte  parfait. 

là.  Id.  (Aberr.  Millièhe). 


108 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  2. 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Chemerina  Caliginearia  (Hu.),  jeune. 

2.  Ici.  ld.  après  son  troisième  changement  de  peau. 

3.  Ici.  Ici.  adulte. 

4.  Chrysalide. 

5.  Insecte  parfait. 

6.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

II. 

Fig.  7.  Chenille  de  Stegania  Permutaria  (Hb.) 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

10.  Ici.  variété. 

11.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

12.  Antenne  gauche  du  mâle,  grossie. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


109 


PLANCHE  3. 

Explication  des  figures. 

I. 

1.  Chenille  de  Camptogramma  Riguata  (Hb.) 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

IL 

4.  Chenille  de  Selidosema  Tœniolaria  (Hu.) 

5.  Chrysalide. 

G.  Insecte  parfait. 

7.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

III. 

8.  Chenille  de  Larentia  Ablutaria  (I5i>v.)  § 

‘J.  ld.  (Variété  de  montagne). 

10.  Chrysalide. 

11.  Insecte  parfait. 

12.  ld.  (Aberr.  Mill.). 

13.  Parasite  de  la  chenille  il’ Ablutaria,  grossi  du  double. 
11.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

15.  Coque  de  la  chenille  d’ Ablutaria. 


*.A.riilCATION  DES  PLANCHE., 


i 10 

PLANCHE  4. 

Explication  des  figures. 

Fig.  1.  Lirnenitis  Camilla , F.  (Aberr.  Pytlionissa , Millière). 

2.  Lycœna  Corydon  J'L.  (Aberr.  Albicans , Hb.). 

3.  Lycœna  Corydon  L.  (Aberr.  Scmibrnnnea , Mill.). 

4.  Zygœna  Fansta , L.  (Aberr.  Lugdunensis , Mile.). 

5.  Chenille  de  Pachychemia  Hippocastanaria  (Hb.) 

6.  Chrysalide.  $ 

7.  Insecte  parfait  au  repos. 

8.  Derniers  segments  de  lachrysalide  d’ Hippocastanaria,  grossis. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


1 I i 


PLANCHE  5. 


Explication  des  figures. 


I. 


Fig.  1.  Chenille  de  Pterophonis  Olbiadactylus  (Millière). 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 


Fig.  4.  Chenille  de  Scodiona  Lentiscnrin  (Donzel). 

5.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait. 

7.  Dernier  anneau  de  la  chenille,  grossi. 

8.  Caroncule  du  onzième  anneau,  grossie. 

9.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 


III. 

Fig  10.  Cidaria  Russata , W.-V.  (Aberr.  F.  Mill.). 


II. 


11. 

12. 


ld. 

Id. 


(Aberr.  E.  Id.  ). 

( Aberr.  G.  Id.  ). 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


1 12 


PLANCHE  <3. 


Explication  ijls  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Scodiona  Emucidaria  (Hb  ) 

2.  Jd.  Id.  Variété. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecte  parfait. 

5.  ]d.  (Aberr.  Mile.). 


II. 

Fig.  6.  Chenille  de  Phycis  Cistella  (Millièrk),  vue  de  profil. 

7.  ]d.  ld.  vue  de  dos. 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

JO.  — vu  en  dessous. 

11.  Derniers  segments  de  la  chrysalide,  grossis. 

12.  Cocon  de  la  chenille  de  Cistella. 


Lyon.  — Imprimerie  de  F.  DUMOFLIN,  rue  St-Pierre,  20. 


\ 


I.  J à.  J.  Fidonui-  PliLmistar lo.,  Vili. 
K.  //.  à-  ô Zygcv/UL-  Lava-ndiUiv . Fa/y. 


Mf*  Ahpnauuc  ml- 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS, 

Par  0».  MILLIÈRE. 

TROISIÈME  LIVRAISON. 

(Présentées  à la  Société  Linnéenne  Je  Lyon,  le  13  août  18G0.  ) 


Fidonia  Plnsiai^Iaria. 

Vill.  II.  p.  326  pl.  6 fig.  7.  — Bork.  70.  — Hub.  127,  417 
à 420.  — Treits.  I.  p.  281.  — Encycl.  X,  p.  74.  — 
Dup.  IV,  p.  410,  pl.  164,  fig.  1.  — Bdv.  1314.  — Herr.- 
Seh.  p.  91.  — Delah.  155. — Gn.  X,  1186. 

(Pi.  1,  Fig.  1 à 3.) 

Chenille. 

Cette  larve,  assez  courte  (*),  est  cylindrique  de  la  tête  au 
onzième  segment  compris,  non  atténuée,  sans  aucune  émi- 
nence. 

Le  fond  est  d’un  jaune  terreux,  maculé  de  brun,  dont  l’in- 
tensité varie  selon  les  sujets. 


(*)  Toutes  les  chenilles  de  Fidonia  connues,  sont  longues  et  effilées  ; la 
forme  passablement  ramassée  de  celle  de  Plumistaria , semblerait  éloigner 
celle-ci  du  genre  Fidonia , mais  l’insecte  parfait  ne  peut  être  séparé  de  ce 
genre. 


9 


ll'l  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

La  vasculaire  est  nulle,  ou  plutôt  représentée,  sur  chaque 
segment,  par  une  tache  losangée,  obscure.  La  sous-dorsale 
est  rougeâtre,  étroite,  ondulée,  continue.  La  stigmatale  est 
jaune  clair,  étroite,  faiblement  ondulée,  continue  de  la  tête 
au  dernier  anneau.  Les  stigmates  sont  gros,  faiblement  ellip- 
soïdes, noirs,  cerclés  de  jaune  et  accompagnés  d’une  petite 
tache  ronde,  de  couleur  jaune-souci. 

La  tête  est  globuleuse,  aussi  haute  que  le  premier  anneau, 
marquée  au  sommet  d’une  tache  jaune  clair  et  de  deux  rangées 
de  points  noirs  parallèles  à la  sous-dorsale. 

Le  ventre,  d'un  rougeâtre  obscur,  est  traversé  longitudi- 
nalement par  trois  lignes  noires,  fines  et  continues. 

Les  dix  pattes  sont  concôlores. 

Cette  chenille,  qui  est  franchement  méridionale,  bien  que 
l'espèce  appartienne  aussi  à la  faune  suisse  (*) , passe  l’hi- 
ver en  chrysalide.  Elle  est  très-rigide,  demeure  à découvert 
pendant  toute  la  durée  de  son  état  de  larve  et  paraît  vivre 
exclusivement  sur  1 c Dorycnium  suffruticosum,  Vill.  dont  elle 
ronge  les  feuilles  préférablement  aux  fleurs. 

En  captivité,  son  éducation  est  facile. 

Je  l’obtins  de  mon  collègue  de  la  Société  entomologique 
de  France,  M.  Manuel,  de  Montpellier,  cpii  eut  l’obligeance 
de  m’en  adresser  un  certain  nombre  vers  le  commencement 
de  juillet.  Le  20  du  même  mois,  toutes  mes  chenilles  étaient 
métamorphosées. 

Cette  larve  varie  peu  : c’est  toutefois  ce  que  j’ai  re- 
marqué chez  celles  que  j’ai  élevées. 


fi)  Dehh,  p.  79. 


Fidonia  Plumistaria. 


115 


Chrysalide. 

Ainsi  que  la  plupart  des  larves  de  Géomètres,  cette  espèce 
se  métamorphose  dans  une  coque  molle  quelle  a formée  de 
mousse  ou  de  détritus  de  végétaux. 

La  nymphe  est  passablement  obtuse,  renflée  jusqu'y  com- 
pris l'enveloppe  des  ailes,  brune,  lavée  de  rougeâtre  sur  la 
poitrine.  Les  anneaux  abdominaux  sont  peu  développés  et 
terminés  par  une  pointe  assez  allongée  qui , vue  à la  loupe, 
présente  deux  crochets  divergents.  La  gaine  des  antennes, 
chez  le  mâle,  large  et  saillante,  laisse  voir,  à l'œil  nu,  cha- 
cune desbarbules. 

Plumistaria , qui  a deux  générations,  éclot  une  première 
fois  en  mars  et  une  seconde  fois  en  septembre.  La  seconde 
éclosion,  cependant,  est  beaucoup  moins  abondante  que  la 
première. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,058  à 0,040  mill. 

Les  ailes  supérieures  sont  le  plus  ordinairement,  en  des- 
sus, d'un  jaune-souci  mêlé  de  jaune  pâle,  avec  quatre  bandes 
transverses,  noires,  lesquelles  ne  sont  qu'une  réunion  de  gros 
points  de  formes  diverses.  Entre  chacune  de  ces  bandes 
existent  épars  d’autres  points  noirs  généralement  plus 
petits.  La  frange  est  noire,  précédée  de  sept  taches  carrées 
jaune-souci,  correspondant  aux  nervures  de  chaque  aile.  Le 
dessous  est  moins  chargé  d’atomes  noirs  : sur  un  fond  jaune 
souci,  on  ne  voit,  des  bandes  transverses,  que  le  sommet  ap- 
puyé à la  cote.  La  frange  est  noire  en  dessus  et  en  dessous. 

Les  ailes  inférieures  sont  ordinairement  d’un  jaune-souci 
plus  ou  moins  vif,  traversées  par  une  coudée  bien  écrite  en 
noir,  suivie  d’une  rangée  de  points  nervuraux.  Le  dessous  de 


lie  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

ces  inférieures  est  d’un  jaune  blanchâtre  rappelant  le  dessus 

par  la  disposition  de  la  coudée  et  des  points  noirs. 

Les  antennes,  .trcs-longues,  très:plumeuses,  sont  garnies 
jusqu’au  sommet  : elles  ont  les  karhules  noires  et  Sa  cote 
blanche. 

La  tète  et  le  corselet  sont  noirs. 

L’abdomen,  jaune-souci,  est  maculé  de  nombreuses  taches 
noires. 

La  femelle,  abstraction  faite  des  antennes  qui  sont  filifor- 
mes , ressemble  au  mâle.  Toutefois  les  ailes  inférieures  de 
celle-là  sont  ordinairement  d’un  ton  plus  chaud. 

Cette  Phalénite  paraît  commune  dans  presque  tout  le  midi 
de  la  France.  Elle  voie,  de  huit  heures  du  malin  à midi,  avec 
une  grande  rapidité  dans  les  lieux  incultes,  sur  les  collines 
déboisées,  au  milieu  de  la  maigre  végétation  qui  caracté- 
rise ces  localités. 

Plumistaria  parait  être  moins  fréquente  à Hyères  et  à 
Marseille,  qu’elle  ne  l’est  à Montpellier,  sa  véritable  patrie. 

A part  YAuritaria  de  Hubner  n°  4iG  , qui  n’est  qu’une 
variété  accidentelle  du  type  , on  n’a  pas  signalé  d'aberration 
de  cette  belle  fiidonla  pour  laquelle  Hubner  et  Ledérer  ont 
fait  un  genre  spécial  sous  le  nom  de  Eurranthis. 

Sygæna  Lav»ndülæ> 

Fab.  et  Ochsen.  — Sphinx  Lavandulœ,  Esp.  — Sphinx  S picœ, 

ïïub.  — Sphinx  de  la  Lavande , Eugram.  — Zygène  de  la 

Lavande , Gad.  — Z.  Lavandulæ , Iklv.  Bup, 

(P!.  1.  Fig.  4 h S). 

Chenille. 

Elle  est  assez  courte  , serait  complètement  cylindrique  , 
n’était  les  deux  extrémités  faiblement  atténuées.  Les  couleurs 


Zygœna  Lavandalœ.  117 

sont  tranchées  et  vives  , ce  qui  en  fait  peut-être  i’espccc  la 
plus  remarquable  du  genre. 

Le  fond  est  gris-blanc  mat,  avec  une  large  raie  noire, 
continue,  qui,  placée  de  chaque  côté,  représente  la  sous- 
dorsale.  La  stigmatale  gris-blanchâtre  est  moins  vive  que  le 
fond.  La  vasculaire  est  très-line,  continue,  carminée.  Sur  la 
ligne  blanche  , placée  en  dessus  de  la  bande  noire  sous- 
dorsale , existent  sur  chaque  anneau  deux  taches  d'un  jaune 
canari,  ovales,  qui  ne  sont  séparées  l une  de  l’autre  que  par 
1 intersection  des  anneaux. 

Le  ventre  est  d'un  carminé  assez  vif , sans  lignes 
distinctes. 

La  tête  est  très-petite,  rétractile,  très-noire,  avec  la  lèvre 
supérieure  blanche.  Les  pattes  écailleuses  sont  complètement 
noires;  les  ventrales  et  anales,  d’un  carminé  obscur.  Les 
stigmates  qu’on  distingue  à peine  à rœifmi,  sont  arrondis, 
très-noirs,  avec  la  bordure  blanchâtre  et  saillante. 

Chaque  point  trapézoïdal  supporte  une  petite  touffe  de 
poils  courts  et  blanchâtres. 

Les  chenilles  de  Lavandulœ , ainsi  que  le  plus  grand  nom- 
bre des  espèces  congénères,  éclosent  ordinairement  en  sep- 
tembre, huit  ou  dix  jours  après  que  les  œufs  ont  été  pondus. 

Le  plus  souvent,  la  femelle  fixe  à une  plante  sèche  ses 
œufs  au  nombre  de  trente  ou  quarante,  superposés  et  en- 
tourant la  tige.  Ces  œufs  sont  sphériques,  très-brillants  et 
comme  recouverts  d’une  couche  métallique. 

L’espèce  est  fréquente  à liyères  et,  sans  nul  doute,  en 
d’autres  lieux  de  la  Provence.  Pendant  longtemps  je  l'ai  cher- 
chée sur  les  Lavandes  (X,  spica,  D.  C,  et  stœchas , L.)  très- 
ahondantes  dans  les  garrigues  méridionales,  lorsque  par 
hasard  je  l’ai  rencontrée  cà  la  Vülctte,  dans  la  propriété  de 
notre  collègue,  M.  Bruancl  d’Uzelle,  située  eu  face  des  îles 
d'Hyères.  C'est  là,  en  effet,  que  je  trouvai,  au  mois  de  dé- 


118 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 
cembre  1859,  sur  le  Dorycnium  suffruticosum , Vill.,  les  pre- 
mières chenilles  <le  Lavandulœ  (*). 

En  automne  cette  larve  grossit  peu,  mais  aussitôt  qu'arri- 
vent mars  et  avril,  elle  croît  plus  rapidement,  atteint  toute  sa 
grosseur,  et,  avant  la  formation  de  sa  coque,  demeure 
fixée  à un  corps  solide  pendant  huit  à dix  jours. 

Chrysalide. 

Lorsque  l’instant  de  la  transformation  est  arrivé,  la  che- 
nille de  Lavandulœ  file,  le  long  d’une  tige  de  Dorycnium , un 
cocon  allongé,  fusiforme,  satiné,  luisant,  plissé. 

La  chrysalide,  relativement  forte,  est  un  peu  molle,  ainsi 
que  toutes  celles  du  genre.  Elle  est  passablement  renflée, 
sans  éminences,  sans  crochets  ni  pointe  saillante,  de  couleur 
terne  sur  le  dos  et  la  poitrine  avec  les  anneaux  de  l’abdomen 
mobiles  et  d’une  teinte  plus  ou  moins  jaunâtre. 

L'insecte  parfait  éclot  dès  la  fin  d’avril  ou  le  commence- 
ment de  mai. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,030  à 0,032  mil!. 

Les  ailes  supérieures  sont  vert-bleu  luisant,  avec  cinq  ta- 
ches d’un  rouge  très-brillant,  bordées  de  noir  à droite  et  à 
gauche.  Les  quatre  premières  de  ces  taches  sont  disposées 
par  paires  dont  la  première  touche  la  base  de  l’aile,  la  seconde 
occupe  à peu  près  le  milieu.  La  cinquième  tache,  toujours 


(*)  Je  crois  avoir  acquis  la  cerlitude  que  la  chenille  de  Lavandulœ  n’a  ja- 
mais vécu  sur  les  Lavandes,  et  que  le  nom,  qui  lui  a été  donné  Fabricius, 
a été,  ainsi  que  bien  d’autres,  imposé  au  hasard. 


P Mi/lière.  dcl.  et  p t 


Pi  r et  rf  sc, dp. 


I.  i à 2.  Æecyna  Po/ygonalts,  Mb. 

II,  3 à 3 CrocalUs  .Dardoùiarice,  Pornc 


M',"''  ATujn  coûte  c 


Paris,  fmp  Ho  tus  te-,  5,  r.JMitg, 


Mecyna  Polygonalis,  119 

isolée,  est  siluée  presque  au  spmmct  de  l’aile.  Les  franges 
sont  étroites  et  d’un  blanc  tirant  sur  le  fauve. 

Les  ailes  inférieures  , d’un  bleu  luisant  métallique,  pré- 
sentent deux  taches  rouges,  inégales  et  variant  fréquemment 
de  forme. 

Le  corps  est  vert  bronzé,  avec  un  collier  blanc  interrompu 
au  sommet.  Les  antennes,  ainsi  que  les  pattes,  sont  de  la 
couleur  du  corps. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  lui  ressemble 
tout-à-fait. 

Lavanclulœ  a deux  générations  ; cependant  la  première 
éclosion  paraît  être  beaucoup  plus  abondante  que  la  seconde. 

Cette  Zygénide,  qui  vole  en  grand  nombre  dans  les  lieux 
où  vit  sa  chenille,  doit  également  se  rencontrer  à CelSes-les- 
Bains  (Ardèche),  où  abonde  le  Dorycnium  suffruticosum. 

Mecyna  Polygonalis. 


Jlb.  67.  — Trit.  p.  112  et  Sup.  25.  — Dup.  p.  150,  pl.  220, 
f.  1.  — Herr.-Sch.  p.  32  ~ Gilvata , Fab.  Gn.  530 

(H.  2.  Fig.  I et  2.) 

Chenille. 

Cylindrique,  faiblement  atténuée  aux  deux  extrémités,  à 
peine  carénée  sur  les  flancs,  luisante,  à trapézoïdaux  verru- 
queux  très-fournis  de  poils  blanchâtres  assez  longs.  Rayée 
dans  toute  sa  longueur  de  larges  bandes  de  cmdeurs  tran- 
chées, ainsi  disposées  : 

La  double  ligne  dorsale,  d’un  blanc  verdâtre,  est  très-large  du 
premier  au  dixième  segment.  Nulle  trace  de  la  vasculaire.  L'es- 
pace compris  entre  la  dorsale  et  la  sligmatale  est,  dans  toute 
sa  longueur,  d'un  noir  mat.  À cette  bande  noire  succède  une 


Î20  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS, 

bande  jaune,  large,  marquée  sur  chaque  anneau  d’une  tache 
sagittée  dirigeant  sa  pointe  postérieurement.  Cette  bande 
jaune  est  suivie  d’une  ligne  noire,  étroite,  continue.  Le  ven- 
tre est  bleuâtre  obscur,  sans  lignes  perceptibles.  La  stigmatalc 
est  faiblement  ondulée,  étroite  et  jaunâtre  ; les  stigmates  sont 
blancs  et  cerclés  de  noir. 

La  tête  est  forte,  carrée,  d’un  noir  de  jais.  Les  pattes  écail- 
leuses, également  noires,  sont  relativement  fortes.  Les  mem- 
braneuses, bleuâtres,  ont  la  couronne  brune. 

Ainsi  rayée  longitudinalement  de  couleurs  vives,  cette  che- 
nille, qui  vit  constamment  à découvert,  est  des  plus  jolies. 
Elle  a un  faux  air  de  Lithoside  du  genre  Emydia , auquel  je 
supposai  d’abord  qu’elle  devait  appartenir. 

11  faut  que  la  Pyr.  Polygonalis  du  Vien.-Verz  ne  soit 
point  cette  espèce  ; cela  semble  probable,  puisque,  dit-il,  la 
chenille  vit  sur  la  Renouée  traînasse  ( Polygonum  aviculare). 

Cette  larve,  ainsi  que  le  pensent  les  divers  auteurs  que  j’ai 
consultés,  n’est  décrite  ou  figurée  nulle  part.  On  sait  seule- 
ment qu’elle  vit  sur  une  plante  appartenant  à la  famille  des 
Légumineuses. 

C’est  à l’obligeance  de  notre  collègue,  M.  Dardoin,  que  je 
dois  de  connaître  cette  chenille.  Il  me  la  fit  recueillir  sur 
YUlex  Jianus , Smitii.,  des  fleurs  duquel  l’insecte  paraît  vivre 
exclusivement. 

Dans  le  courant  de  décembre,  la  chenille  qui,  à tous  ses 
âges,  se  tient  îx  découvert,  a atteint  toute  sa  taille.  Elle  des- 
cend alors  sous  les  mousses,  ou  parmi  les  feuilles  sèches,  et  se 
chrysalide.  Mais  elle  a préalablement  formé  une  coque  molle, 
dans  la  composition  de  laquelle  il  entre  des  grains  de  terre 
et  de  petites  parcelles  de  végétaux  liés  au  moyen  d’une  soie 
brune. 

Ayant  omis  de  peindre  la  chrysalide  et  de  la  décrire  avant 
l’éclosion  de  l'insecte  parfait,  je  ne  puis  rien  dire  de  sa  forme. 


Mecyna  Polygonalis. 


121 


Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,028  à 0,030  mill. 

Cette  Botyde  varie  beaucoup. 

Il  faut  regarder  comme  types  de  l'espèce  les  individus  dont 
les  ailes  supérieures  sont  d’un  brun  rougeâtre  avec  le  disque 
cendré.  La  coudée  est  entière,  dentée,  et  se  perd  dans  la  teinte 
brune  du  bord  inférieur. 

Les  secondes  ailes  sont  d’un  jaune  plus  ou  moins  pale, 
plus  ou  moins  ochreux,  avec  reflets  satinés.  Elles  sont  ornées 
d’une  large  bande  brune  , très-nette , interrompue  par  un 
léger  espace  jaune  près  de  la  nervure  interne. 

Les  antennes,  brunes,  minces,  sont  finement  pubescentes. 
Les  palpes  labiaux  sont  droits  , incombants,  plus  longs  que 
la  tète.  Le  corselet  rappelle  la  couleur  des  ailes  supérieures. 
L’abdomen,  assez  épais,  est  jaune,  annelé  de  brun,  dépassant 
les  ailes. 

Cette  espèce  éclot  en  juin  et  juillet.  Elle  doit  n’avoir 
qu’une  seule  génération. 

Polygonalis , au  témoignage  de  Treitscbke,  est  fort  rare  en 
Allemagne;  mais,  dit-il,  onia  rencontre  assez  communément 
en  Daîmatic. 

La  variété  aux  ailes  supérieures  plus  ou  moins  ferrugi- 
neuses, à disque  non  cendré,  appartient  plutôt  à l’Espagne 
et  à l’Italie  qu'à  la  France.  Cette  aberration  est,  sans  nul 
doute,  la  Diversalis , Tr.  — Hub.  20à,  203.  — Dup.,  pl.  220, 
fig.  2.  — Gn. , p.  à 03.  Yar.  A. 

Polygonalis  ne  vit  pas  seulement  sur  YUlex  nanus  : je 
soupçonne  qu’on  peut  la  rencontrer  sur  le  Genêt  épineux 
( Cylisus  spinosus , Lam.)  , car  l’insecte  parfait  vole  assez 
communément  aux  environs  d’Hvères  ou  ne  croît  aucun  Ulex, 


122 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  IM  EDITS. 


Crocallis  Dardoinaria. 

Donzel,  Ann.  Soc.  eut.  de  Fr.  1840,  p.  59,  pi.  4,  fig.  2,  AIF 
— Dup.  Sup.  111,  p.  617,  pl.  50,  lig.  8.  — Herr.-Sch.  5 
p.  44,  lig.  45-46.  = Aglossaria^  Bdv,  1461.  = Odontopera 
Dardoinaria , Gn.  p.  167,  n.  266. 

(Pl.  2,  fig.  3 à 5.) 

Cetle  Phalénite,  que  la  plupart  des  auteurs  ont  placée  dans 
les  Ennomos , peut  avoir,  à l’état  parfait,  certains  caractères 
qui  aient  obligé  M.  Guenée  à ne  pas  l’admettre  dans  son 
genre  Crocallis.  Mais  ces  caractères,  à mon  avis,  sont  de  faible 
importance  compai’ativement  à ceux  que  j’ai  pu  observer  chez 
la  chenille  dont  je  viens  de  faire  l’éducation  (,).  Ces  carac- 
tères spécifiques  sont  tels  qu’ils  doivent  forcément  em- 
pêcher Dardoinaria  de  faire  partie  du  genre  Odontopera  créé 
par  Stephens,  dans  lequel  l’auteur  du  Species  général  des  Lépi- 
doptères fait  entrer  cette  Géomètre.  Par  les  motifs  que  je 
vais  dire,  elle  devra  être  replacée  dans  le  genre  Crocallis. 

Non-seulement  la  chenille  de  Dardoinaria  a beaucoup  de 
rapports  pour  la  forme  avec  celle  de  la  Crocallis  Elinguaria ; 
mais,  ainsi  que  cette  dernière,  elle  a une  petite  saillie  caron- 
culiforme  sur  le  onzième  anneau.  De  plus,  et  ce  fait  est  con- 
cluant, la  chenille  de  Dardoinaria  n’a  pas  les  deux  paires  de 
pattes  ventrales  impropres  à la  marche  qui  distinguent  les 
Odontopera.  Ce  dernier  caractère  fort  important  suffirait  seul, 
on  le  voit,  pour  que  cet  insecte  ne  fut  point  une  Odontopera , 


(J)  Celte  chenille  est,  depuis  longtemps  déjà,  connue  de  M.  Dardoin,  de 
Marseille,  qui  l’élève  chaque  année;  mais  il  ne  l’a  point  encore  fait  con- 
naître. « 


Crocallis  Dardoinaria. 


123 


Chenille. 

Allongée,  épaisse,  s'amincissant  d’arrière  en  avant.  D’un 
gris  terreux  lavé  de  rougeâtre  vers  la  partie  dorsale,  et  de 
bleuâtre  dans  le  voisinage  des  pattes.  Le  premier  anneau 
est  faiblement  bleuâtre  sur  toute  sa  surface.  La  vasculaire  est 
fine,  brune,  continue,  assez  bien  écrite  du  quatrième  au 
onzième  segment.  La  sous-dorsale  consiste  en  une  double 
ligne  brune,  fine,  faiblement  ondulée.  La  stigmatale  se  dé- 
tache à peine  du  fond  et  présente,  ainsi  que  la  sous-dorsale, 
une  faible  ondulation.  Les  stigmates  sont  noirs  et  éclairés  de 
blanc  au  centre.  Le  ventre,  qui  est  d’un  gris  terreux  moins 
foncé  que  le  reste  du  corps,  est  uni  et  sans  lignes. 

Le  onzième  anneau  est  surmonté  d’une  petite  caroncule 
bifide,  inclinée  faiblement  en  arrière,  marquée  de  brun  sur 
chaque  côté. 

La  tete  est  carrée,  aplatie  antérieurement  et  h moitié 
rentrée  sous  le  premier  segment. 

Les  yeux  sont  très-visibles  à l’œil  nu  : examinés  à la  loupe, 
on  les  distingue  au  nombre  de  six  sur  chaque  côté  de  la  tete, 
disposés  en  ellipse. 

Les  dix  pattes,  concolorcs,  sont  relativement  robustes. 

L’espèce  présente  une  variété  d’un  fauve  obscur  avec  la 
sous-dorsale  vivement  écrite  en  brun  sur  la  première  moitié 
de  chaque  segment. 

Cette  chenille,  qui  ne  mange  jamais  que  la  nuit,  vit  .à 
découvert  dans  le  jeune  âge;  arrivée  à sa  dernière  croissance, 
elle  se  cache  pendant  le  jour.  Elle  préfère  la  fleur  à la 
feuille  de  XUnex  nantis , SsiiTn,  arbuste  méridional  qui  paraît 
la  nourrir  exclusivement. 

C’est  d’après  les  indications  de  notre  très-obligeant  collègue 
M.  Dardoin,  de  Alarscille  y que  je  pus,  vers  la  fin  de  no- 


12^1  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

vembre  dernier,  obtenir  les  chenilles  de  cette  grande  Cro- 
callis , encore  rare  dans  les  collections.  Les  larves  étaient 
alors  très-petites.  Je  me  les  suis  procurées  en  battant  les 
branches  de  l'ZJIcx  nanus.  Mais  je  fais  observer  cpie  ce  pro- 
cédé expéditif  est  funeste  à bon  nombre  de  chenilles  , car 
détachées  brusquement  des  rameaux  elles  sont  souvent 
atteintes  par  les  épines  nombreuses , serrées  , courtes  et 
acérées  qui,  de  haut  en  bas,  recouvrent  cet  arbrisseau. 

Cette  espèce,  dont  la  véritable  patrie  est  Marseille,  ne 
se  retrouve  pas  sur  d’autres  points  de  la  Provence  oii 
cependant  abonde  YUlex  nanus , notamment  au  fort  Sainte- 
Marguerite,  à quatre  ou  cinq  kilomètres  de  Toulon , ou  , 
à diverses,  époques,  je  me  suis  rendu  pour  la  chercher. 

Chrysalide. 

L’insecte,  qui  d’ordinaire  a atteint  sa  taille  vers  la  fin  de 
janvier,  ne  s’enterre  pas  pour  se  clirysalidcr.  Il  se  cache  entre 
la  mousse  et  le  sol,  rassemble  des  feuilles  sèches,  divers 
débris  de  végétaux,  quelques  grains  de  terre,  et  file  une  soie 
grisâtre,  en  forme  un  cocon  de  consistance  molle,  et  se  mé- 
tamorphose dans  un  temps  assez  court. 

La  nymphe  est  cylindrico-conique  , lisse,  luisante,  d’un 
rouge-brun  foncé,  avec  les  ailes  très-distinctes  sous  leur  en- 
veloppe. 

Le  dernier  segment  est  terminé  par  deux  pointes  princi- 
pales et  par  d’autres  plus  petites,  placées  en  dessous  des  pre- 
mières; toutes  sont,  à l’extrémité,  recourbées  en  dehors. 
Ces  petites  pointes  ou  crins,  très-raides,  sont  visibles  à l’œil 
nu. 

» 

L’apparition  du  Lépidoptère  a lieu  dans  la  nature  depuis 
le  commencement  de  juin  jusque  vers  la  fin  du  mois  d'août. 

Cette  Crocallis , ainsi  que  sa  congénère  Extimaria , n’éclot 
que  la  nuit  : de  onze  heures  à une  heure  du  matin. 


Crocallis  Dardoinaria . 


125 


Insecte  partait. 

Envergure  (le  a71)  0,038  à 0,0/10  m.  , (la  ) 0,0/13  à 
0,045  m. 

Les  ailes  supérieures  du  mâle  sont  presque  entières,  ve- 
loutées, à frange  large  et  fournie , d’un  rougeâtre  foncé, 
très-finement  saupoudrées  d’atomes  bruns.  Les  nervures  sont 
plus  ou  moins  bien  écrites  en  roux-clair,  surtout  aux  embran- 
chements de  la  médiane.  Les  lignes  transverses  forment  un 
trapèze  médian  plus  accusé  que  le  fond.  La  tache  cellulaire 
est  noire,  pupillée  de  blanchâtre. 

Les  ailes  inférieures,  très-faiblement  dentées,  plus  claires 
que  les  supérieures,  sont  traversées  par  une  seule  ligne  peu 
visible. 

Les  antennes  sont  longues,  brièvement  pectinées.  Les 
palpes  sont  droits  et  peu  développés.  Le  corps  est  robuste. 
Le  thorax  et  la  poitrine  sont  velus;  l’abdomen  est  long  et 
dépasse  les  ailes. 

La  femelle,  toujours  plus  grande  que  le  mâle,  a les  supé- 
rieures sensiblement  dentées.  Les  premières  ailes,  généra- 
lement plus  claires  que  celles  du  mâle,  tirent  sur  le  roux. 
Les  inférieures,  d’un  bleuâtre  clair  et  chatoyant,  laissent  à 
peine  voir  la  ligne  transverse  et  le  point  cellulaire. 

Les  dessins  de  Donzel  (Ann.  Soc.  ent.  de  France,  1840, 
pl.  4)  qui,  sans  doute,  ont  été  copiés  par  Duponchel 
(Sup.  III,  pl.  50,  fig.  8)  donnent  du  c/1  et  de  la  ? de  Dardoi- 
naria une  idée  assez  fausse  : ces  dessins  représentent  le  mâle 
plus  grand  et  de  couleur  plus  claire  que  la  femelle;  tandis 
que  c’est  le  contraire.  Les  ailes  du  mâle  sont  aussi  trop  arron- 
dies à l’apical. 

Les  figures  de  M.  Herrich-Schæffer  (Tab.  8,  fig.  45-4  6) 


126 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

sont,  chez  les  deux  sexes,  plus  vraies  que  celles  de  Donzel 
et  Duponchel  quant  aux  contours  extérieurs,  mais  la  couleur 
n’est  pas  exacte. 

l*ai»l!î©  Cialatbca. 

Lin Le  Demi-Deuil,  Geoff.,  God.  = Argc  Galathea , Bdv. 

— de  Vill.  etGn.  p.  75. — Dup.  = Aberr.  Turca,  Bdv. 

(PI.  3,  fig.  t.) 

Argc  Galathea  varie  beaucoup,  tous  les  Lépidoptéristes  le 
savent.  On  compte  cinq  ou  six  aberrations  de  cette  Satyride, 
qui,  pour  la  plupart,  ont  été  décrites  et  figurées.  Cependant 
la  plus  remarquable  de  ces  variétés  n’a  guère  été  qu’indiquée 
par  le  docteur  Boisduval  dans  son  Index  melhodicus  euro- 
pœorum  Lepidopterorum , page  25,  et  n’a  été  représentée  nulle 
part.  Je  veux  parler  de  la  variété  Turca  (fere  tota  nigra ) 
Bclv.,  de  Turquie. 

C’est  cette  intéressante  aberration,  retrouvée  en  France, 
que  je  figure  aujourd’hui. 

Les  trois  mots  fere  tota  nigra,  qui  suivent  le  nom  de  Turca , 
dans  l’ Index  de  M.  Boisduval,  pourraient,  à la  rigueur,  suf- 
fire à la  description  de  cette  variété  de  Galathea;  cependant 
je  crois  devoir  la  décrire  plus  complètement  qu’elle  ne  l’a  été. 

Tut  'ca  se  distingue  par  une  taille  plus  grande  , un  faciès 
général  plus  allongé , et  par  les  ailes  supérieures  à contours 
moins  arrondis  que  le  type. 

Le  noir  qui,  d'ordinaire  chez  Galathea , n’est  indiqué  que 
par  de  grandes  taches  de  formes  diverses,  a envahi,  chez 
Turca , la  presque  totalité  de  la  surface  des  premières  ailes; 
c’est  à peine  si  on  distingue  deux  ou  trois  petites  taches 
blanches  oblongues  placées  vers  le  centre  des  supérieures. 


I.  Anjc  Galaù/iea.Z.  f Aù.  Tiu-cica-,  B do.) 

TI.  2 a Z.  Mamcstra,  C/tcnopodip/iao cl,  Ra/nù . 


fmp.  f/ouistr,  5,  r.  Mignon.  Paris. 


MT^Mià neeurz  rot. 


127 


Mamestra  Chenopodiphaga. 

Les  ailes  inférieures,  moins  noires  que  les  supérieures, 
permettent  de  distinguer  quatre  à cinq  larges  taches  blan- 
châtres aspergées  de  noir.  Les  nervures  sont  ici  très-large- 
ment indiquées  en  noir. 

Les  lunules  ordinaires  sont  très-faiblement  écrites. 

Le  dessous  des  supérieures  rappelle  le  dessus,  c’est-cà-dire 
qu’il  est  très-noir  ; il  ne  nous  montre  guère  que  les  memes 
petites  taches  blanches  indiquées  en  dessus. 

Les  inférieures,  sur  un  fond  légèrement  verdâtre,  sont  en 
dessous  entièrement  sablées  de  noir,  avec  les  dessins  ordi- 
naires parfaitement  indiqués  en  noir. 

Cette  Turca  fut  prise  par  feu  Donzel  dans  les  environs  de 
Digne,  et  fait  partie  de  sa  riche  collection. 

lamesira  ChdsopotSipJiaga, 

Ramb.  Annales  Soc.  ent.  de  France,  1832,  p.  283,  pL  9, 
fig.  7.  — Frey.  III,  pl.  209,  lig.  1.  — • Ilub.-Gey.  831, 
832.  — Gn.  Ind.  245.  — Bdv.  969.  — Dup.  Sup.  III, 
p.  251,  pl.  23,  fig.  5.  — Gn.  V,  p.  190. 

(Pl.  3,  fig.  2 à (!) 

Chenille. 

Allongée,  cylindrique,  avec  le  onzième  anneau  très-faible- 
ment relevé.  D’un  gris  jaunâtre  ou  roussâtre  sur  Je  dos  et  les 
lianes.  Le  ventre,  d’un  bleu  livide,  n’a  pas  de  lignes.  Les  vascu- 
laire et  sous-dorsale  sont  cl’un  gris  foncé,  larges  et  continues. 
Entre  ces  lignes  et  sur  chaque  anneau  , on  voit  un  chevron 
brun  qui,  appuyant  sa  base  sur  la  sous-dorsaîc , se  projette 
diagonaîement  dans  le  sens  de  la  vasculaire  qu’il  ne  touche 


128  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

pas.  Ces  lignes  et  ces  clievrons  sont  bien  plus  vivement  écrits 
après  les  deuxième  et  troisième  mues  qu’ils  ne  le  sont  lorsque 
l’insecte  est  parvenu  à sa  taille.  A ce  moment,  les  chevrons 
touchent  à la  sous-dorsale  par  l’une  de  leurs  extrémités,  et  à 
la  vasculaire  par  l’autre. 

La  stigmatale  est  fort  mal  indiquée  et  semble  se  mêler 
plus  ou  moins  aux  atomes  brunâtres  dont  la  chenille  est  re- 
couverte. 

Les  stigmates  sont  ovoïdes,  d’un  noir  violet  et  cerclés  de 
noirâtre. 

La  tête  est  faiblement  brunâtre  , marquée  de  nombreuses 
petites  taches  noires  disposées  latéralement  au  sommet. 

Les  pattes  écailleuses  sont  concolores,  mais  teintées  de 
brun  extérieurement.  Les  membraneuses  , également  t con- 
colores, ont  la  couronne  brunâtre. 

Le  premier  segment  supporte  une  sorte  d’écusson  testacé 
qui  m’a  paru  de  nature  cornée  et  qui  occupe  toute  la  partie 
supérieure  de  l’anneau. 

La  chenille  de  Chenopodiphüga  est  essentiellement  méri- 
dionale. On  la  trouve  parvenue  à toute  sa  taille  dès  le  milieu 
de  mars  et  le  commencement  d’avril.  Elle  vit  indistinctement 
sur  1 e Chenopoclium  frulicosum , L.,  l 'Atriplex  portulacoïdes , 
L. , et  la  Salsola  soda , L.  Les  chenilles  dont  j’ai  fait 
l'éducation  ont  été  nourries  avec  cette  dernière  plante  qui 
croît  abondamment  au  bord  de  la  mer.  Pendant  le  jour  elle 
se  cache  avec  soin  dans  la  terre , ou  bien  sous  les  débris  de 
végétaux. 

C’est  à mon  ami  M.  Dardoin,  de  Marseille,  entomologiste 
distingué,  que  je  dois  ces  détails  de  mœurs. 

Chrysalide. 

La  chenille,  qui  grossit  très-vile,  tarde  peu  à opérer  sa 
transformation.  Quand  arrive  pour  elle  cette  importante 


Mamcstra  Chenopodiphaga.  129 

époque,  elle  descend  profondément  en  terre  ('),  construit 
une  coque  peu  épaisse,  mais  de  texture  solide,  dans  la  com- 
position de  laquelle  il  n'entre  pas  de  soie. 

Cette  coque,  relativement  grande,  oblongue,  rugueuse  à 
l’extérieur,  est  très-lisse  intérieurement. 

La  chrysalide  est  cylindrico-conique,  très-lisse,  très-lui- 
sante, d’un  jaune  ochracé  vif,  avec  la  tète  et  les  derniers  seg- 
ments rouge-brun.  Les  intersections  des  anneaux  sont  brunes 
ainsi  que  la  place  de  la  tète  et  celle  des  ailes. 

Le  dernier  segment  est  terminé  par  deux  pointes  fortes, 
courtes,  brunes  et  très-divergentes. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  a lieu  dans  le  courant  de 
juin. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,04 G à 0,048  mill. 

vides  supérieures  allongées,  d’un  gris  verdâtre.  Les  lignes 
ordinaires  sont  peu  apparentes.  La  subterminale,  en  zig-zag, 
finement  liserée  de  brun  à droite  et  à gauche,  parait  plus 
claire  que  le  fond.  La  coudée,  très-nébuleuse,  se  détache  à 
peine  en  brun.  La  subterminale  est  composée  de  dents  très- 
aiguës,  finement  écrites  en  noir. 

Les  taches  réniforme  et  orbiculaire  sont  fort  peu  appa- 
rentes. 

La  frange  est  roussàtre  et  précédée  de  points  noirs  corres- 
pondant aux  nervures. 

Les  ailes  inférieures  sont  grises  et  sans  dessins,  si  ce  n’est 
une  bande  transverse  à peine  écrite. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  sont  grises  avec  les  nervures (*) 


(*)  Mes  chenillles  (à  I'clat  de  nymphe)  reposaient  au  fond  du  vase  qui  les 
renfermait,  à dix  ou  douze  centimètres  sous  la  terre  contenue  dansée  vase. 

10 


150 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 
bien  marquées  en  brun.  En  outre,  elles  sont  traversées  par 
une  bande  rousse  très-sinueuse.  Les  supérieures  supportent 
une  lunule  rousse  évidée;  les  inférieures  un  gros  point  de 
même  couleur. 

Cette  Noctuelle,  qui  a deux,  apparitions  , une  première  au 
printemps  et  une  seconde  en  automne , a été  découverte  aux 
environs  de  Marseille  par  M.  Solier,  puis  retrouvée  en  Corse 
par  le  docteur  Rambur  cpii,  dans  son  Catalogue  de  file  de 
Corse,  donne  la  description  de  la  chenille  de  cette  Mamestra. 

L’auteur  de  la  faune  de  l’Andalousie  a bien  donné  dans 
son  Catalogue  de  l’ile  de  Corse,  la  description  de  la  chenille 
et  de  la  chrysalide  de  Chenopodiphaga  ; mais  comme  il  n’a 
figuré  ni  l’une  ni  l’autre,  j’ai  cru  devoir  combler  cette  lacune 
dans  l’histoire  de  celte  noctuelle. 

Variétés  de  MelSIïwa  I98«lyiîï&, 

Fab.,  Ocii.,  Goe.,  Bdv.,  de  Vill.  et  Gn.,  Düp.  ( Àbert . A, 
B.  et  C.,  Mill.) 

De  tous  les  Diurnes,  c’est,  à n'en  pas  douter,  la  Didyma 
qui  varie  le  plus.  Certaines  grandes  collections  comptent  un 
nombre  considérable  d’aberrations  de  cette  espèce.  Le  cabi- 
net de  M.  Otto  Staudinger,  de  Dresde,  possède  plus  de  cent 
variétés  plus  ou  moins  caractérisées  de  cette  Melitœa. 

Bien  que  les  aberrations  de  Didyma  soient  fort  nombreu- 
ses, peu  de  ces  anomalies  ont  été  figurées  jusqu’à  ce  jour. 
Celles  que  j’ai  l’honneur  de  soumettre  aujourd’hui  à la  So- 
ciété Linnécnnc  sont  inédites,  selon  toute  probabilité,  et 
au  moins  aussi  remarquables  que  les  variétés  publiées  pré- 
cédemment. Ces  nouvelles  anomalies  ont  été  prises  à Digne 
(Basses- Alpes)  et  font  partie  de  la  collection  Donzel  , riche 
surtout  en  Diurnes  européens. 


Vf» 


Annales  des  las  Sociétés  JS  ln/iécnncs  droXyü/v 


J Llvr. 


Année- ISSU  PI  H. 


lmp.  llnuistc..  às Paris. 


M".,c Mit/ iumux-  col 


Melitœa  Didyma. 
Var.  A.  (PI.  A,  fig.  A ). 


131 


Ce  sujet  est  d’assez  grande  taille. 

Le  noir  des  ailes  supérieures  recouvre  en  grande  partie 
leur  surface.  Sur  chacune  de  ces  ailes  on  ne  distingue  guère 
du  fond  qu’une  large  bande  d’uil  fauve  aurore  précédant  la 
bordure  ; celle-ci  est  relativement  large. 

Les  inférieures  n’ont  rien  qui  les  distingue  du  type. 

Les  quatre  ailes  sont,  en  dessous,  semblables  de  tout  point 
à celles  des  Didyma  ordinaires,  et  les  supérieures  ne  laissent 
nullement  soupçonner  l’étrange  anomalie  qui  les  caractérise 
en  dessus. 

Var.  B.  (PI.  A,  fig.  2). 

Celte  seconde  aberration  est  plus  remarquable  que  la  pre- 
mière en  ce  que  les  quatre  ailes,  en  dessus  et  en  dessous, 
s’éloignent  sensiblement  du  type.  Les  supérieures,  en  dessus, 
ne  possèdent  que  les  taches  basilaires  et  la  bande  noire  ter- 
minale. La  ligne  de  points  noirs  formant  la  bande  médiane, 
et  la  ligne  de  lunules  noires  qui  la  suit,  manquent  complète- 
ment chez  ce  sujet. 

Les  inférieures  se  distinguent  de  celles  de  la  Didyma  or- 
dinaire, 1°  par  la  bande  de  points  formant  la  bande  mé- 
diane qui,  chez  cette  variété,  représente  autant  de  taches 
noires  elliptiques  placées  entre  chaque  nervure;  2°  par 
l’absence  des  lunules  qui,  le  plus  souvent,  précèdent  la 
frange. 

Les  supérieures,  en  dessous  ne  s’éloignent  du  type  que  par 
les  taches  de  la  coudée  qui  ne  sont  visibles  qu’au  sommet 
de  l’aile  et  qui  sont  très-allongées  dans  le  sens  des  nervures. 

Les  inférieures  diffèrent  en  ce  que  le  noir  a envahi  l’aile 
jusqu’à  la  première  bande  fauve  aurore;  et  que  les  deux  li- 
gnes de  lunules  de  la  Melitœa  ordinaire  sont  remplacées  ici 
par  autant  de  gros  points  carrés  d’un  noir  profond. 


152 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Yat.  C.  (PI.  4,  fig.  3). 

Celle  variété,  plus  grande  que  l’anomalie  précédente,  s’én 
rapproche  beaucoup  par  la  coloration,  mais  elle  présente 
plusieurs  différences  dans  la  disposition  des  taches. 

Les  ailes  supérieures,  ainsi  cpie  Celles  des  deux  précéden- 
tes variétés,  sont  bien  d’un  fauve  aurore,  mais  elles  sont 
beaucoup  plus  pâles  que  les  inférieures. 

La  ligne  de  points,  qui  manque  tout-à-faitchez  la  variété  R., 
existe  chez  l’aberration  C,  bien  que  très-faiblement  écrite. 

On  remarque  aux  inférieures  une  ligne  médiane  formée 
par  une  série  de  points  allongés  qui  ne  s’élève  qu’à  la  moitié 
de  la  hauteur  de  l’aile  ; enfin  une  bande  terminale  large  et 
profondément  dentée. 

Les  ailes  inférieures,  en  dessous,  sont  ce  qu’il  y a de  plus 
remarquable  chez  cet  insecte  : les  deux  bandes  fauves  ordi- 
naires se  voient  bien,  mais  la  première  est  deux  fois  plus 
large  que  chez  Dydima  typique,  et,  au  lieu  d’ètre  continue, 
elle  présente  une  série  de  quatre  grosses  taches  oblongues 
accompagnées,  aux  deux  extrémités,  d une  grande  tache  noire. 
Les  taches  fauves  sont,  en  outre,  sablées  d’atomes  noirs.  La 
seconde  bande  également  interrompue  est  remplacée  par  six 
fâches  fauves,  pâles,  suivies  de  gros  points  noirs,  Enfin  les 
lunules  terminales  n’existent  pas,  mais  on  voit  à la  place  six 
grands  ellipsoïdes  noirs  entre  chaque  nervure. 

f^cSapiaiïsi  làsBStmiana,  Mill.  (Species  nova). 

(PI.  h.  fig.  4 à 8). 

Chenille. 

Fusiforme,  allongée,  avec  les  anneaux  passablement  ren- 
flés ; rougeâtre  en  dessus  et  en  dessous.  Les  lignes  vasculaire 
et  sous-dorsale  son!  brunes;  la  stigmatale  est  carnée. 


133 


Sciaphila  L'un uniana. 

Les  stigmates  sont  noirs  et  cerclés  de  blanchâtre. 

Le  ventre  est  sans  lignes. 

La  tôle  et  le  dessus  du  premier  anneau  sont  de  nature 
cornée  et  d’un  noir  luisant. 

Les  pattes  écailleuses  sont  noires , les  membraneuses  con- 
colores. 

L’insecte  est  recouvert  d’une  villosité  courte,  grise,  visible 
seulement  à la  loupe. 

Ainsi  cpic  plusieurs  de  ses  congénères,  la  chenille  de  cette 
Sciaphila  réunit  et  lie  au  moyen  d’une  soie  brune  les  fleurs 
bleu-lilas  clu  Stalice  limonium,  Linn.  disposées  en.  épis  unila- 
téraux, et,  sous  cet  abri,  ronge  lentement  la  plante. 

Cette  larve  paraît  demeurer  un  temps  assez  long  pour 
opérer  sa  croissance.  Lorsque  les  fleurs,  en  partie  dévorées, 
ne  lui  laissent  plus  une  nourriture  suffisante  , la  petite  che- 
nille quitte  sa  retraite  , réunit  bientôt  de  nouvelles  fleurs  ; 
mais  alors  elle  en  forme  un  paquet  plus  volumineux  que 
précédemment  , et  recommence  son  œuvre  de  destruction 
jusqu’à  son  entier  développement. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser  cette  Tortricide  reste  très-souvent 
au  centre  du  paquet  de  fleurs  du  Statice  limonium  qu’elle  a 
liées;  elle  bouche  avec  soin  les  ouvertures  que  précédemment 
elle  s’était  ménagées  et  se  chrysalide  dans  un  espace  de  temps 
très-variable  (1).  D’autres  fois,  la  chenille  quitte  la  plante  qui 
l’a  nourrie,  cherche  sous  ses  longues  feuilles  toutes  radicales, 
un  abri  commode,  construit  une  petite  coque  de  soie  pure, 
et  se  transforme. 


(*}  Le  5 mars  dernier  j’obtenais  mes  premières  Limoniana,  alors  que  des 
chenilles  de  cette  espèce,  recueillies  en  même  temps  que  celles  qui  venaient 
d’éclore,  étaient  encore  à l’étal  de  larve. 


134 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Cette  chrysalide  est  cylindrico-conique,  un  peu  renflée  au 
milieu,  d’un  rouge  brun,  avec  les  intersections  des  anneaux 
lavées  de  jaunâtre.  Le  dernier  segment  est  garni  de  crins 
raides,  divergents,  dont  l'extrémité  est  recourbée  en  hame- 
çon . On  ne  distingue  ces  crins  qu’au  moyen  d’une  forte 
loupe.  Enfin  les  yeux  sont  proéminents  sous  leur  enveloppe 
et  paraissent  noirs. 

Il  périt  relativement  un  grand  nombre  de  ces  insectes  à 
l’époque  de  leur  transformation  en  nymphe;  c’est  toutefois  ce 
que  j’ai  remarqué , à l'égard  des  chenilles  de  ce  nouveau 
Platyomide,  élevées  en  captivité. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,015  à 0.01G  mill. 

Le  Tortricide  dont  Limoniana  se  rapproche  le  plus  et  dont 
il  a la  taille  et  le  faciès , est  Æbulana , Her-Sch.  (fig.  190-191). 
Cependant  ma  Sciaphila  est  toujours  d’une  teinte  générale- 
ment plus  sombre  qu 'Albulana  ; elle  est  aussi  cl'un  bleuâtre 
plus  ou  moins  obscur,  selon  les  individus.  Enfin  les  bandes 
transversales  des  ailes  supérieures,  bien  que  se  rapprochant 
assez  de  celles  d’ Albulana,  n’ont  pourtant  pas  la  même  dispo- 
sition. Je  ne  comparerai  que  la  bande  principale  de  chacun 
des  deux  Platyomides  pour  faire  suffisamment  comprendre 
ce  qui  les  distingue  : La  bande  brune  subterminale  de  l’aile 
supérieure , chez  Albulana , est  ou  contournée  ou  inter- 
rompue pour  former  une,  deux,  et  même  trois  taches  ; mais 
de  toute  manière,  cette  bande  règne  chez  tous  les  individus, 
dans  toute  la  largeur  de  l’aile;  tandis  que  chez  Limoniana , à 
la  place  de  la  bande  sub terminale,  on  remarque  une  simple 
tâche  noirâtre,  rectangulaire,  appuyant  un  de  ses  angles  à 
une  ligne  de  points  noirs  qui  précède  la  frange. 

Le  fond  des  ailes  supérieures , chez  Limoniana , est  duii 
gris  bleuâtre,  sablé  d'atomes  noirs. 


Sciaphilia  Limoniana.  Î35 

La  basilaire  et  la  coudée  sont  noirâtres.  Celte  dernière 
ligne,  qui  présente  toujours  vers  son  milieu  un  angle  exté- 
rieur très-aigu,  est  relativement  étroite,  comparée  à la  ba- 
silaire chez  Albulana.  Cette  ligne  est  large  et  traverse  l’aile 
sans  présenter  au  bord  d’ondulation  sensible  et  sans  former 
de  coude,  ainsi  qu’on  le  remarque  toujours  chez  sa  congénère 
Albulana. 

Les  ailes  inférieures  sont,  en  dessus  cl  en  dessous,  d’un 
gris  bleuâtre  uni.  Les  franges  des  quatre  ailes  sont  brunes  et 
assez  longues. 

Les  supérieures  sont,  en  dessous,  d’un  noir  fuligineux  , 
moins  intense  au  milieu  de  l’aile  que  sur  les  bords.  La  seconde 
moitié  de  la  côte  est  blanchâtre.  Elle  laisse  voir  quatre  taches 
brunes,  constantes,  correspondant  à celles  du  dessus  de 
l’aile. 

Les  antennes,  qui  atteignent  «à  peine  la  moitié  de  la  lon- 
gueur de  l’aile  supérieure,  sont  noires.  Les  palpes,  jaunâtres, 
assez  développés , ne  finissent  pas  en  pointe  comme  ceux 
d 'Albulana. 

La  tête  est  fauve.  Le  corselet  et  l’abdomen  sont  d’un  noir 
bleuâtre. 

Si  Albulana  et  Limoniana  ont  quelques  points  de  rappro- 
chement par  le  faciès  général  de  leurs  insectes  parfaits  , les 
mœurs  des  chenilles  de  chacune  de  ces  deux  espèces  ne 
doivent  pas  se  ressembler.  La  première,  Albulana , est  fort 
répandue  dans  les  montagnes  les  plus  élevées  de  la  Loire  et 
duBugey;  elle  s’avance  même  jusqu’en  Suisse  (4). 

Ce  Platyomide  vit  à l’état  de  larve,  cela  me  paraît  vraisem- 
blable, aux  dépens  de  la  feuille  ou  du  fruit  du  Pinus  picea , 
Linn.  ; Limoniana , au  contraire , paraît  se  nourrir  exclusi- (*) 


(*)  Delaic,  Faune  suisse.  Torlricides,  page  VJ. 


13  G CHENILLES  ET  LIÎPIDOPTÈKES  INÉDITS. 

veinent  de  la  fleur  du  Statice  limonium , que  l’on  rencontre 

en  abondance  sur  tout  le  littoral  de  la  Méditerranée. 

Je  dirai  encore  qu ''Albulana  éelot  en  juillet , tandis  que 
Limoniana , qui  n’a  qu’une  génération , paraît  du  commen- 
cement de  mars  au  10  ou  15  avril. 

AiBBpJiSpyra  EfiTaasa. 

Bdv.  Ind.  meth.  743.  — Gey.  820,  821.  — Frey.  II,  pl.  148, 

f.  3.  — Treit.  Sup.  p.  31.  — Gn.  Ind.  p.  248.  — Dup, 

Sup.  III,  p.  201,  pl.  19.  — Gn.  Spec.  1281. 

(1*1.  5,  fig.  5 à 8). 

Chenille. 

Proportionnellement  très-forte  (le  type  surtout),  très-atté'-. 
nuée  antérieurement  , rase  ; d’un  beau  vert  pomme.  Le 
onzième  segment  est  relevé  en  pyramide,  mais  cependant 
moins  haut  que  chez  ses  voisines  Pyramidea  et  Perflua , avec 
lesquelles  la  chenille  (VEffusa  a,  du  reste,  quelque  ressem- 
blance. 

La  vasculaire  est  blanche,  large  et  continue.  La  sous-dor- 
sale est  également  blanche,  mais  interrompue  sur  le  dixième 
anneau  : elle  est  brisée  sur  le  onzième  et  vient  s’unir  à la 
stigmatale  vers  son  extrémité.  Cette  bande  est  médiocrement 
large,  également  blanchâtre  et  parcourt  sans  interruption  les 
douze  anneaux.  Cette  dernière  ligne  est  liserée,  en  dessus,  de 
lilas  foncé,  mieux  marqué  sur  le  milieu  des  anneaux  que  sur 
les  intersections. 

Les  stigmates  sont  ovales  et  finement  cerclés  de  noir. 

En  dessous  de  la  vasculaire,  de  meme  qu’en  dessous  de  la 
sous-dorsale  , il  existe  un  point  blanc  sur  chaque  anneau  , 
à partir  du  quatrième  segment. 


137 


Auiphipyra  E/fusa. 

La  tête,  assez  petite,  est  verte  et  rétractile. 

Les  pattes  écailleuses  sont  lilas  foncé  extérieurement  et 
jaunâtres  à l'intérieur.  Les  pattes  membraneuses  sont  jau- 
nâtres, avec  la  Couronne  d’un  carminé  obscur. 

Le  ventre  est  verdâtre  et  sans  lignes. 

Dans  les  proportions  d’un  vingtième  on  rencontre  chez 
cette  Amphipyra  une  variété  d’un  vert-myrte  (pl.  5,  fig.  fi)  ; 
toujours  un  peu  plus  petite  que  le  type. 

Cette  aberration  a les  lignes  ordinaires  et  les  points  blancs 
qui  se  détachent  très-vivement  sur  le  fond. 

La  chenille  d 'Effusa  décrite  par  Duponchel  n’a  jamais 
été  figurée.  A tous  ses  âges,  cette  larve  vit  à découvert  sur 
une  foule  de  plantes  de  genres  bien  différents  les  uns  des 
autres.  Je  l ai  trouvée  sur  les  Cylisus  argenteus , candicans  et 
spinosus , le  Daphné  gnidium,  les  Erica  arborea  et  scopciria 
la  Lavcitera  ofbia,  les  CAstus  albidus , salvifolius  et  Monspc- 
liensis. 

Elle  commence  à éclore  dès  le  mois  de  décembre,  grossit 
lentement  jusqu'à  fin  février;  mais  à partir  de  cette  dernière 
époque,  sa  croissance  s’opère  rapidement.  Elle  se  chrysalide 
vers  la  fin  d’avril,  et,  cinq  ou  six  semaines  après  sa  transfor- 
mation, l’insecte  parfait  éclot. 

ClIïlYSALIDli. 

La  chenille  descend  dans  la  terre  à une  profondeur 
de  trois  ou  quatre  centimètres,  et  se  transforme  bientôt  sans 
avoir  préalablement  formé  de  coque. 

La  nymphe  est  conico-cylindrique,  d’un  rouge  brun,  très- 
peu  luisante,  lavée  de  jaunâtre  obscur  sur  la  poitrine . 

La  gaine  des  ailes  est  proéminente,  ainsi  que  celle  des 
yeux  et  des  antennes.  Le  dernier  anneau  est  terminé  par 


138 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 
deux  pointes  noires,  courtes,  presque  parallèles,  entourées 
de  cinq  ou  six  très-petits  crochets  divergents. 

Insecte  parfait» 

Envergure  : 0,045  à 0,046  mill. 

Les  premières  ailes  sont,  en  dessus,  d'un  brun  fuligineux, 
luisant,  avec  les  lignes  ordinaires  cjui  se  détachent  à peine 
du  fond.  On  ne  distingue  bien  la  réniforme  et  l’orbiculaire 
que  parce  qu’elles  sont  entourées  d’atomes  noirs.  En  des- 
sous de  l’orbiculaire  il  existe  une  tache  grisâtre,  allongée  dans 
le  sens  des  nervures,  et  cerclée  de  noir. 

La  subterminale  est  indiquée  par  une  rangée  de  points 
nervuraux  grisâtres  ; ceux-ci  sont  précédés  de  taches  noires 
cunéiformes  qui , rares  chez  quelques  individus,  disparais- 
sent complètement  chez  d’autres.  La  cote  est  maculée  de- 
cinq  ou  six  gros  points  noirs.  La  frange  est  concolore  et  en- 
trecoupée de  brun. 

Les  inférieures  sont  sans  lignes  et  semblables  au  fond  des 
supérieures. 

Les  quatre  ailes,  en  dessous,  sont  sans  dessins  et  d’un  fuli- 
gineux plus  clair  que  le  dessus. 

Le  corselet,  semblable  aux  ailes  supérieures,  est,  ainsi  que 
celles-ci,  maculé  de  taches  noirâtres. 

Cette  espèce  varie  fort  peu.  Il  est  cependant  une  aberra- 
tion que  je  crois  devoir  signaler. 


Yar.  A. 

Un  peu  plus  petite,  et  le  fond  plus  clair  que  le  type. 

Chez  cette  variété  la  réniforme  a disparu  entièrement  ainsi 
que  les  deux  lignes  de  points  subterminaux.  A la  place  de  la 
première  de  ces  lignes  qui  manque,  on  voit  un  liseré  gri- 
sâtre, festonné,  continu. 


yl/ma/es  de  la-  Société-  lûméenne-  de  Lyon,. 


3 "lf  Lùvr. 


An./iée ■ 16' 60.  PL  6 . 


I.  1.  d //.  P L/./S  ùü*  C/za,  LoLtcs , j£sp 
II.  5 à-  S Anzp/z-i  pyra-  PffLzsa  J3dv. 


Paris,  finit,  /fouis  Ai.  f>.  r.  Afin  non. . 


‘ JW"'  fif  /.t/ neet.ti.c-  cr>  i 


Plusia  Chalciles,  139 

Fait  partie  de  la  collection  Donzel, 

Cette  Amphipyra  , qui  n’a  qu’une  seule  génération 
par  an,  rencontrée  pour  la  première  fois  en  Sicile  par  M.  A. 
Lefèvre,  est  des  plus  abondantes  dans  les  environs  d’Hyères. 

Depuis,  elle  fut  retrouvée  en  divers  lieux  de  la  Provence, 
notamment  par  MM.  Donzel,  Meissonnier  et  Dardoin. 

M.  le  docteur  Rambur  l’a  également  rapportée  de  la  Co  rsc 
où  elle  paraît  être  fréquente. 

Plusia  Chaicites. 

Fsp.  p.  44 7 , pl . 141,  b g.  3 • Bork . o j2.  — La  C halcile  Lug . 

586,  a,  b.  = Bengalensis , Ilossi  II,  pi.  3.  = Qnœstionis , 

Fab.  235.  — Enc.  613.  = Chalcitis  Ilub.  276.  — Treit. 

III.  p.  163.  — Dup.  Y,  p.  55,  pl.  136.  — Gn.  Ind.  p.  247. 

— Bdv.  1267.  — Gn.  1167. 

( Pl.  5,  fig.  ^ à 4 ). 

Chenille. 

Cette  espèce,  qui  a beaucoup  de  rapport  avec  la  chenille  de 
Gamma , est  d’une  grosseur  moyenne,  et  sensiblement  atté- 
nuée antérieurement.  Elle  est  d’un  vert  clair  mat  avec  le 
onzième  anneau  faiblement  relevé. 

Ainsi  que  toutes  les  chenilles  de  Plusia  connues,  Chalciles 
n’a  que  douze  pattes. 

La  vasculaire,  assez  large,  est  d’un  vert  plus  foncé  que  la 
teinte  générale  de  l’insecte;  elle  est  continue,  légèrement 
ondulée  et  accompagnée,  de  chaque  côté,  d’un  liseré  fin, 
blanchâtre.  La  sous-dorsale  est  très-fine,  géminée,  jaunâtre, 
et  n’est  bien  visible  qu’à  la  loupe.  La  stigmatale  est  d’un  blanc 
Jaunâtre,  large  et  se  continue  sans  interruption  sur  les  douze 
segments. 

Les  stigmates,  noirs,  très-finement  pupillés  de  blanc,  sont 
liserés  de  jaunâtre. 


1 '1 0 CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Les  points  ordinaires  sont  peu  saillants,  mais  ils  sont  très- 
blancs,  donnent  naissance  à une  villosité  jaunâtre,  courte, 
qu’on  ne  distingue  pas  à l'oeil  nu. 

La  tète,  faiblement  aplatie  antérieurement,  est  verte,  avec 
deux  traits  noirs  latéraux,  partant  de  la  hauteur  de  la  sous- 
dorsale  pour  aboutir  à la  mâchoire.  Les  pattes  sont  conco- 
lores;  le  dernier  article  des  écailleuses  est  noir. 

Cette  chenille  est  verte  à tous  les  âges  ; mais  cette  couleur, 
oie  très-tendre  quelle  est  d’abord,  se  fonce  davantage  lorsque 
l'insecte  est  parvenu  à toute  sa  taille. 

La  chenille  de  cette  jolie  Plusia , que  l’on  rencontre  à 
lïyères,  pendant  neuf  ou  dix  mois  de  l’année,  n’a  jamais  été 
figurée.  Elle  paraît  très-répandue  dans  toute  la  Provence. 
Comme  celle  de  sa  congénère  Gamma , cette  larve  est  poly- 
phage. Les  plantes  sur  lesquelles  on  est  toujours  sûr  de  la 
trouver  sont  : la  Parietaria  officinalis , les  Urtica  dioica  et  urens, 
le  Cytisus  argenteus , les  Solanum  nigrum,  clulcamara,  et  le 
Lycopersicum  esculentum. 

Chrysalide. 

Cette  larve  croît  rapidement,  et  fait  ordinairement  sa  con- 
que dans  les  feuilles.  Cette  enveloppe  , composée  de  soie 
très-pure,  très-blanche,  ne  présente  qu’une  pellicule  molle  et 
très-mince  (pl.  5,  fig.  2). 

En  moins  de  trente-six  heures,  la  chenille  a formé  sa  chry- 
salide. Vingt  jours  après,  au  plus,  le  lépidoptère  éclot. 

La  chrysalide,  passablement  allongée,  est  conico-cylindri- 
que,  d’un  noir  terne.  La  gaine  ventrale  ne  s’élève  pas  sensi- 
blement. L'extrémité  du  dernier  anneau,  vu  à la  loupe;,  est 
terminée  par  une  seule  pointe  aiguë. 

Insecte  parfait. 

Les  ailes  supérieures  sont  festonnées,  avec  une  dent  anale 


A/t/ioJeé  do  /a,  Société-  Zi/inécnne - r/e  Zyon  . 


37'*'  Livr. 


Année  Jdâû.  P/.  6" 


P.  Ztfit/i.ere  de/,,  et  pZ 


I.  J.  si  3.  A 6 raAczs  éPaszAcz/'t.  a-,  Z/n 

II.  4 si  3,  7/ZZiA  O létls  3s7,SOc/sC.SUS/sL.  . Ûu/s. 


M'n''My,iean.e  cet. 


Parts,  Smp.  ffouès  le- 


AhraxasPanlaria.  l 4 1 

prononcée.  Elles  sont,  en  dessus,  d’un  fauve  satiné,  marbré 
de  brun,  avec  reflet  métallique  doré  au  centre,  à la  base,  à 
l’angle  interne  et  au  bord  terminal.  Le  milieu  est  marqué 
de  deux  petites  taches  argentées  presque  contiguës,  très-bril- 
lantes. La  première  a la  forme  d’une  virgule  couchée  dans 
le  sens  des  nervures;  la  seconde  est  ovale.  11  existe  en  outre 
un  point  noir  placé  sur  le  milieu  de  la  frange  de  l’aile  supé- 
rieure. 

Les  ailes  postérieures  sont  d’un  fauve  enfumé  qui  s’éclair- 
cit à la  base.  Les  nervures  sont  vivement  écrites.  La  frange 
est  jaunâtre,  entrecoupée  de  fuligineux. 

Les  quatre  ailes  sont,  en  dessous,  d’un  fauve  ochracé,  tra- 
versées par  une  large  bande  commune.  Le  thorax  est  brun. 
La  crête  et  le  collier  sont  fauves.  L’abdomen  est  jaunâti’e, 
avec  les  deux  aigrettes  qui  le  surmontent  d’un  roux  ferrugi- 
neux. 


Ihraxa§  Pasiflapia.  Lin. 

Syst.  nat.  218.-— Yill.  451.  — Esp.  pl.  47,  fig.  5. — Hub.  84. 
— Ilavv.  p.  317.  — Dup.  V,  p.  24  4,  pl.  187,  fig.  5.  — 
Treits.  II,  p.  242.  — Encycl.  p.  84.  — Steph.  III,  p.  24G, 
pl.  52,  fig.  1.  — Wood,  G00.  — Bdv.  180G.  — Ilerr.-Sch. 
p.  G4.  — Dclah.  10G.  — Gn.  12G3. 

( Pl.  G,  fig.  1 à 3 ). 

Chenille. 

Les  divers  âges  de  cette  chenille  nous  la  montrent  avec 
les  mêmes  lignes,  les  mêmes  couleurs  tranchées. 

Arrivée  à sa  taille,  elle  est  cylindrique,  assez  courte, 
épaisse,  sans  éminences.  Le  fond  est  gris-bleu. 

La  vasculaire,  fine,  continue,  est  d’un  noir-bleuâtre. 


I;l2  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

Les  lignes  dorsale,  sous-clorsale  et  sligmatale  sont  larges, 
continues,  très-faiblement  ondulées,  noirâtres. 

Le  ventre  est  jaune- verdâtre,  sans  lignes. 

La  tète  est  forte,  globuleuse,  nullement  rentrée  sous  le 
premier  anneau  ; elle  est,  ainsi  que  le  premier  segment  et 
les  dix  pattes,  d’un  jaune  vif. 

Les  stigmates,  ovoïdes,  sont  blancs,  cerclés  de  noir,  ac- 
compagnés, à droite  et  à gauche,  de  points  bruns. 

Cette  chenille  présente  une  variété  qui  possède  bien  les 
lignes  dorsale  et  sous-dorsale,  mais  à peine  écrites.  Le  fond 
gris-bleu  a disparu;  il  est  remplacé  par  une  teinte  jaune 
pâle  (jaune  de  Naples). 

La  chenille  de  Panlaria , qui  est  fort  répandue  dans  les 
campagnes  des  environs  de  Marseille,  Toulon,  Ilyères,  dans 
plusieurs  localités  des  Pyrénées-Orientales,  etc.,  vit  sur  les 
divers  Fraxinus  (F.  excelsior  et  ornus').  Elle  parait  avoir  les 
mêmes  habitudes  que  ses  congénères  Grossalariata  et  Ul- 
mata;  vit,  comme  elles,  à découvert,  et  quelquefois  dépouille 
entièrement  les  frênes  de  leurs  feuilles* 

À tous  scs  âges,  cette  chenille,  qui  n’a  qu’une  génération, 
laisse  après  elle  un  fil  de  soie  blanche  qui  adhère  aux  objets 
sur  lesquels  l’insecte  a passé. 

L’acte  de  la  copulation,  par  exception  à la  plupart  des 
Géomètres,  dure  plusieurs  heures  chez  Pantaria . Deux  ou 
trois  femelles,  fécondées  en  captivité,  m’ont  donné  des  œufs. 
Ceux-ci  sont  éclos  vingt  jours  après  la  ponte. 

La  petite  chenille,  nourrie  en  plein  air,  grossit  peu  dans 
le  jeune  âge,  passe  l’hiver  et  attend  la  pousse  des  feuilles  de 
l’année  suivante  pour  achever  sa  croissance. 

Chrysalide. 

Ce  n’est  guère  que  dans  le  courant  de  juin  que  cette  Géo- 
mètre arrive  à toute  sa  taille.  Elle  descend  alors  dans  les 


Abraxas  Vaut  aria. 


1 45 


mousses,  sous  lesquelles  elle  se  chrysalide  sans  avoir  préala- 
blement formé  de  coque. 

La  nymphe  est  conique,  assez  courte,  rougeâtre,  lavée  de 
verdâtre  sur  la  poitrine,  luisante,  à peau  fine,  à anneaux  ab- 
dominaux libres. 

La  pointe  est  brune  et  passablement  longue. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  qui,  d’orclinaire,  arrive  quinze 
ou  vingt  jours  après  la  transformation  de  la  chenille,  a tou- 
jours lieu  le  matin,  deux  ou  trois  heures  après  le  lever  du 
soleil. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : (le  </>)  0,035  à 0,030  mill.  (la  j)  0,038  à 
0,040  mill. 

Les  ailes  sont  larges,  veloutées,  d’un  blanc  légèrement  rous- 
sâtre.  L’extra-basilaire,  très-rapprochée  du  corselet,  est  brune; 
l’espace  que  cette  ligne  enferme  est  d’un  ferrugineux  pâle. 
La  coudée  est  indiquée,  aux  supérieures,  par  une  ligne  de 
points  nervuraux  de  couleur  ferrugineuse,  dont  l’un,  celui 
qui  s’appuie  au  bord  interne  de  l’aile,  est  gros  et  oblong. 

Aux  inférieures,  la  coudée  seule  existe  ; elle  est,  ainsi 
qu’aux  supérieures,  représentée  par  une  ligne  de  points.  Celui 
qui  repose  sur  l’angle  anal  est  assez  gros. 

Les  ailes,  en  dessous,  sont,  de  même  qu’en  dessus,  d'un 
blanc  jaunâtre  avec  l’extra-basilaire  faiblement  écrite,  et  une 
double  ligne  de  points  nervuraux  d’un  gris-bleuâtre.  Quel- 
quefois le  disque  des  supérieures  est  marqué  de  deux  ou 
trois  traits  bruns. 

Les  antennes  sont  noires  : leur  base  est  ferrugineuse.  Le 
front  est  étroit  et  aplati.  Il  est,  ainsi  que  le  corselet,  l’abdo- 
men et  la  poitrine,  d’un  jaune  ferrugineux.  Il  existe  sur  l’ab- 
domen un  grand  nombre  de  taches  noires;  les  dorsales  sont 
pleines;  les  latérales,  ocellées  .à  prunelle  ferrugineuse. 


t Ul  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Les  lieux  sexes  se  ressemblent  ; seulement  la  femelle  est 
généralement  plus  grande  que  le  male. 

Je  ne  puis  trop  savoir  ce  qui  a fait  supposer  à Devillers 
que  la  femelle  de  cette  Abraxas  était  aptère. 

Un  parasite,  relativement  très-petit,  attaque  Pantaria 
dans  les  proportions  d'un  dixième.  Il  appartient  à l’ordre 
des  Hyménoptères  et  doit  être  V Ewytoma  Abrotani,  Latr. 

Après  être  arrivée  à sa  taille  , la  larve  de  ce  parasite  sort 
du  corps  de  la  chenille  expirante,  suspend  sa  coque  de  forme 
ovoïde  à une  feuille  ou  à une  branche  de  frêne  au  moyen 
d’un  long  fd  de  soie,  et  éclot  quinze  ou  dix-huit  jours  après 
sa  transformation. 

fi?is3»o!la  BSaftociiesinla. 

Dup.  V,  p.  558,  pl.  210,  fig.  5.  — Bdv.  17G8.  — Gn.  1702. 
— (non  Ilerr.-Sch.) 

(l»l.  6,  fig.  4 à 6). 

Une  femelle  de  Basochesiata  , capturée  la  nuit  par 
jVI.  Bruand  d’Uzellc,  au  commencement  de  janvier  dernier, 
pondit  cinq  œufs  fécondés.  Ceux-ci,  de  forme  sphérique  et 
cannelés  sont  éclos  le  2Ï  du  même  mois  ('). 

Mon  ami,  M.  Bruand,  voulut  bien  me  confier  f éducation 
des  jeunes  larves.  Ce  fut  à moi  de  chercher  la  plante  qui  dut 


C1)  Je  crois  devoir  faire  part  à mes  lecteurs  d’un  fait  physiologique  anormal 
qui  n’est  pas,  ce  me  semble,  sans  intérêt:  Quatre  œufs  de  Basoehesiata  sur 
cinq  que  je  possédais,  sont  éclos;  cependant  le  cinquième  œuf  n’éclosait  pas. 
Seize  jours  s’étaient  écoulés  déjà  et  le  dernier  œuf  très-plein,  parfaite- 
ment sain,  me  laissait  soupçonner  qu’il  pourrait  éclore.  En  effet,  le  10  février, 
dix- sept  joursaprès  l’éclosion  des  quatre  premières  chenilles, arriva  lacinquième 
petite  larve;  mais  celle-ci , très'-bien  portante  d’abord,  mourut  après  sa 
deuxième  mue. 


Eubolia  Basocliesiata.  l 'i  5 

les  nourrir.  Après  avoir  présenté  à ces  insectes  un  grand 
nombre  de  plantes  basses  et  autres,  je  réussis  à les  faire  man- 
ger. Ils  grossirent  rapidement  eu  égard  à la  saison  froide.  A 
la  fin  de  mars,  un  peu  plus  de  deux  mois  après  leur  éclosion, 
ees  chenilles  avaient  opéré  leur  quatrième  mue. 

Chenille. 

Arrivée  à toute  sa  grosseur,  cette  larve  est  passablement 
allongée,  cylindrique,  sans  éminences,  sans  carène  ; d’un 
rougeâtre  obscur,  avec  les  intersections  des  anneaux  très- 
brunes. 

La  vasculaire  est  noirâtre,  largement  interrompue,  repré- 
sentée par  une  sorte  de  tache  allongée  , triangulaire , placée 
au  centre  de  chaque  anneau , et  mieux  indiquée  sur  les  pre- 
miers que  sur  les  derniers  segments.  La  sous-dorsale  est 
brune  et  continue.  La  stigmatale  blanchâtre,  carénée,  d’une 
largeur  moyenne,  continue,  est  faiblement  ondulée. 

Les  stigmates  sont  ronds , blancs , finement  cerclés  d’un 
premier  anneau  noir  et  d’un  second  anneau  carné,  faible- 
ment relevé  en  bourrelet. 

La  tête,  aussi  haute  que  le  premier  segment,  assez  forte, 
lenticulaire,  maculée  de  points  noirs  nombreux,  est  bleuâtre 
foncé. 

Les  pattes  antérieures  et  le  premier  anneau  sont  d’un 
bleuâtre  obscur.  Les  ventrales  et  anales,  concolores. 

L’insecte  est  recouvert  de  bourgeons  pilifères  donnant 
naissance  à une  villosité  noire  que  l’on  ne  distingue  pas  bien 
sans  le  secours  de  la  loupe.  Les  trapézoïdaux  sont  noirs  et 
forts. 

Le  ventre  est  d’un  carné  obscur , avec  une  ligne  centrale 
blanchâtre,  large,  continue,  marquée  au  milieu  de  chaque 
anneau , d’une  tache  brune  en  forme  de  parallélogramme 
rectangle. 


il 


I a G CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Cette  chenille  ne  mange  cjue  la  nuit,  reste  à découvert 
pendant  le  jour,  et,  au  repos,  conserve  toujours  une  attitude 
rigide. 

J’ai  nourri  la  chenille  de  Basochesiata  avec  divers  Galium , 
le  Senecio  vulgaris  L.  et  la  Veronica  pilosa  Lois.  ;■  mais  , 
n’ayant  pu  amener  à bien  ces  insectes  cpie  j’élevais  avec 
de  si  grands  soins,  je  pense  que  les  plantes  que  je  leur  ai 
données  ne  sont  point  celles  dont  elles  vivent  à l’état  de  li- 
berté. Toutes  sont  mortes  avant  leur  transformation. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,026  à 0,028  mill. 

Celte  Phalénite  est  de  la  taille  des  petits  exemplaires  de 
Quadrifasciata , L.  (*)  dont  elle  a le  faciès  et  la  couleur  géné- 
rale. Les  ailes  sont  entières;  les  supérieures  brunes  en  des- 
sus avec  les  lignes  transversales,  au  nombre  de  trois , bien 
marquées  et  très-sinueuses.  L’intervalle  qui  sépare  l’espace 
médian  de  l’espace  basilaire,  est  d’une  teinte  plus  claire  que 
le  fond.  L’extrabasilaire  présente,  vers  le  milieu  , une  forte 
courbure;  elle  est,  de  plus,  largement  marquée  de  noir 
dans  toute  son  étendue.  La  deuxième  ligne  , très-ondulée  , 
supporte  en  dedans,  aux  deux  tiers  de  la  hauteur,  et  appuyée 
à une  courbure  rentrante  , une  grosse  tache  noire  de  forme 
à peu  près  carrée.  Cette  deuxième  ligne  est  finement  liseréc 
de  blanchâtre  extérieurement,  et  suivie  de  deux  traits  bruns 
géminés.  L'espace  terminal  est  partagé  par  une  ligne  fine  , 
blanche,  dentée,  assez  faiblement  écrite.  Sur  cette  ligne,  en 
dessous  de  l'apical,  existe  une  large  tache  d’un  noir  bleuâtre 
de  forme  rectangulaire. 


C)  Plus  ordinairement  connue  sous  le  nom  de  Liguttrarici,  W.-V. 


liubolia  Basochesiata.  147 

Les  ailes  inférieures  sont  d’un  gris-brun,  traversées  par 
cinq  ou  six  lignes  nébuleuses. 

Le  dessous  des  ailes  est  gris  avec  la  cote  lavée  de  jau- 
nâtre. On  n’aperçoit  aux  supérieures  que  la  seconde  ligne 
transversale  de  l’espace  médian.  Le  point  cellulaire  existe 
sur  les  quatre  ailes,  en  dessus  et  en  dessous  ; mais  il  est  à 
peine  accusé.  La  frange,  qui  est  concolore,  est  précédée  de 
petits  croissants  noirs  très-rapproehés,  dont  les  pointes  sont 
tournées  en  dehors. 

Les  antennes,  simples  chez  les  deux  sexes,  sont  brunes 
ainsi  que  le  corselet  et  l’abdomen.  Les  pattes  , également 
brunes,  sont  anneiées  de  fauve. 

La  femelle  qui  est  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  pré- 
sente des  différences  de  coloration  qu’il  est  bon  de  signaler  : 
1°  le  fond  est  gris-brun,  et  les  lignes  qui  bordent  extérieu- 
rement les  espaces  basilaire  et  médian,  ne  sont  point  noires 
comme  chez  le  mâle , mais  seulement  un  peu  plus  accusées 
que  le  fond  ; la  tache  noire  de  l’aile  supérieure  qui  caracté- 
rise si  bien  le  mâle,  n’existe  pas  chez  la  femelle. 

Basochesiata , à mon  avis,  doit  plutôt  trouver  place  à côté 
delà  Quadrifasciata , Linn.,  ou  de  la  Propugnata , W.-V., 
que  dans  le  voisinage  de  la  Malvala , Ramb.,  et  de  la  Cervina- 
ria,  Roes.  Elle  s’éloigne  en  effet  de  ces  dernières  par  sa  taille 
plus  petite,  et  surtout  par  la  coupe  de  ses  ailes. 

Si  Basochesiata , dans  la  place  qu’à  mon  avis  elle  doit  oc- 
cuper, précède  ou  suit  Quadrifasciata , elle  cessera  d’être  une 
Eubolia  et  devra  désormais  appartenir  au  genre  Coremia 
créé  par  M.  Guene'e. 

Cette  intéressante  Géomètre  , qui  est  de  la  plus  grande 
rareté  , et  que  fort  peu  de  Lépidoptérisles  possèdent  en 
collection  , varie.  En  effet , chez  l’un  des  individus  cap- 
turés en  janvier  de  celte  année,  par  M.  Bruand,  les  lignes 


i/|8  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

disparaissent  sous  la  teinte  sombre  du  fond.  Ce  sujet  estime 
femelle  : il  est  l’exagération  opposée  du  type  j (PI.  G,  fig.  G). 

Il  faut  bien  que  cette  espèce  ait  été  fort  peu  répandue  jus- 
qu’à ce  jour,  puisque  M.  Ilerrich-Schæffcr  ctM.  Guenée,  qui 
ne  l’avaient  point  encore  vue  en  nature,  ne  l’ont,  dans  l’œuvre 
que  chacun  de  ces  savants  a publiée,  considérée  que  comme 
simple  variété  (G  de  Malvata . 

Il  ne  sera  donc  plus  possible  de  mettre  en  doute  l'authen- 
ticité de  Basochesiata , Dup. 

On  trouve  cette  Géomètre  en  chassant  à la  lanterne  dans 
les  garrigues  cl’Hyères.  Son  vol  est  saccadé  et  très-vif.  On 
l’approche  difficilement,  et,  à cause  de  sa  couleur  sombre, 
on  la  distingue  à peine,  soit  au  vol,  soit  au  repos. 

J’avais  d’abdrd  considéré  cette  Eubolia  comme  inédite; 
mais,  après  l’avoir  étudiée  de  nouveau,  je  l’ai  rapportée  avec 
certitude  à la  Basochesiata  découverte  à ïïyères  par  feu  Bon- 
ze!, il  y a plus  de  trente  ans  (2). 

Cette  Phalénite,  ainsi  que  je  l’ai  dit,  a été  publiée  par 
Duponcliel  (V.  p.  558,  pl.  210,  hg.  5);  mais  elle  est  mécon- 
naissable, tant  par  l’inexactitude  du  dessin,  que  par  l’exagé- 
ration des  couleurs.  De  là  l'erreur  des  naturalistes  qui,  ayant 
à parler  de  Basochesiata,  s’en  sont  rapportés  à la  figure 
défectueuse  de  Duponcliel,  la  seule  qui  existât.  Aurai-je 
mieux  réussi  à rendre  cette  Géomètre?  j’ose  l’espérer. 


(')  M.  Guenée,  dans  son  Species  des  Lépidoptères,  assigne  bien  une  place  à 
la  Basochesiata  de  Duponcliel  ( X p.  -185,  n.  1702);  mais  après  l’avoir  seule- 
ment indiquée,  voici  ce  qu’ajoute  cet  observateur  consciencieux  : 

« Je  n’ai  pas  vu  celte  espèce  et  je  le  regrette  beaucoup,  car  si  j’en  juge  par 
« les  auteurs  qui  en  ont  parlé,  elle  ne  me  parait  qu’une  simple  variété  de  la 
« Malvata,  dont  le  nom  devrait  alors  être  supprimé.  » 

(2)  Dans  la  collection  Donzel,  l’une  des  deux  Basochesiata , qui  seules  y fi- 
gurent, porte  écrit  sur  l’étiquette  : Hyères,  mars  1820. 


Annales  de  la  Société  Lmneenne  de  Lyon  3LcLwr. 


Année  1860  PI  y 


. EMiüièr.e.  dei.  et  y b éEicart  sculp 

1.1  à 3.  Tepkrina  Vmctdarice,  Lhob. 

IU  à y.  Haderut  Occhurct,  Esp 


lmp.  EouLrto,  5.  r.  Mu/nouEaris 


Mujneaux.  col 


Tephrina  F'inculavia. 


149 

Teptorana  VincuEarla. 

Hub.  402.  — Treits.  Il,  p.  265.  — üup.  t.  Vfll,  Ire  part., 
p.  155,  pl.  180,%.  7.  — Bdv. , 1605.  — Hcrr.-Sch. 
p.  88.  — Gn.  X,  1074, 

(■Pl. 7,  lig.  -i  à 3.  ) 

Guenille. 

Jeune,  Vincularia  est  dune  teinte  presque  noire.  Les 
taches  du  dos  sont  alors  blanchâtres  et,  par  le  fait,  très- 
apparentes. 

Arrivée  à toute  sa  taille,  elle  est  assez  allongée,  faiblement 
atténuée  aux  extrémités , à anneaux  renflés , moniliforme  , 
garnie  de  petits  tubercules  sur  les  quatrième , cinquième  et 
onzième  segments  (*),  carénée  sur  les  flancs,  généralement 
d’un  vineux  obscur  sur  le  dos  et  les  flancs;  enfin  très-plissée 
transversalement. 

La  vasculaire  est  fine  , brune,  continue,  à peine  écrite. 
Nulle  trace  de  la  sous-dorsale.  La  stigmatale  est  large,  plus 
claire  que  le  fond,  continue,  ondulée  et  finement  iiserée  de 
blanc  inférieurement.  Le  ventre,  d’un  gris-bleuâtre,  est  sans 

lignes. 

Les  stigmates  sont  ovalaires,  d’un  blanc  jaunâtre  et  cerclés 

de  noir. 

La  villosité  courte,  fine,  noire,  n’est  bien  perceptible  qu’à 
la  loupe. 

La  tête,  à peu  près  carrée,  est  forte,  concolore , maculée 
de  taches  blanchâtres  sans  formes  décidées. 


(')  Par  ce  caractère  important,  celle  chenille  paraît  s’éloigner  du  genre 
Tephrina  dans  lequel  M.  Guenée  l’a  fait  entrer. 


150  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Les  points  trapézoïdaux,  sont  noirs;  la  seeondc  paire,  sur 
les  4me,  5me,  et  llme  segments,  est  relevée  sous  forme  de 
caroncule  bifide.  Entre  chacune  des  bifurcations  très-espa- 
cées  des  4me  et  anneaux,  existent  deux  traits  blanchâtres 
séparés  par  la  vasculaire. 

En  dessous,  mais  seulement  chez  certains  sujets,  on  voit 
sur  le  6 [ne  segment  une  éminence  étroite  , carénée  et  trans- 
versale. 

La  chenille  de  cette  Tephrina  vit  aux  environs  de  Montpel- 
lier, et  sans  doute  en  d’autres  lieux  de  la  France  méridionale, 
sur  le  Rhamnus  infectorius , L.,  dont  elle  ronge  exclusi- 
vement la  feuille.  On  dit  qu'on  la  trouve  quelquefois  sur  le 
Rhamnus  catharticus , L.  : cela  est  possible;  mais  ce  que 
je  puis  affirmer,  c’est  que  des  chenilles  de  Vincularia  qui 
n’eurent  pour  nourriture  que  des  feuilles  de  ce  dernier  ar- 
brisseau, sont  mortes  sans  les  avoir  attaquées. 

Cette  chenille  est  fort  délicate  et  supporte  difficilement  le 
transport  cl’un  lieu  à l’autre.  Je  dirai  de  plus,  qu’en  captivité, 
il  en  périt  un  assez  grand  nombre  en  chrysalide. 

Au  repos,  Vincularia  tient  ordinairement  la  partie  anté- 
rieure du  corps  appuyée  sur  la  troisième  paire  de  pattes , 
tandis  que  les  deux  premières  sont  fixées  contre  la  tète  à 
moitié  relevée  (PL  7,  fig.  i ). 

Chrysalide. 

L’insecte,  pour  se  chrysalider,  descend  assez  profondément 
dans  la  terre,  et  forme  une  coque  molle  dans  laquelle  il 
entre  quelques  grains  de  terre. 

La  nymphe,  de  forme  conique,  est  passablement  renflée, 
courte,  brune,  avec  la  gaine  des  antennes  visible,  laissant 
même  apercevoir  l’épaisseur  des  lamelles.  La  place  des  yeux 
est  très-brune  et  luisante.  La  pointe  abdominale,  noire, 
brillante,  est  bifurquée  à l’extrémité. 


Tephrina  Vincularia.  151 

Les  chenilles  qui  avaient  disparu  vers  les  premiers  jours 
de  juillet,  m’ont  donné,  au  commencement  d’août,  des 
individus  grands  et  parfaitement  développés , qui , peu  de 
temps  après  leur  éclosion,  volaient  avec  une  grande  ra- 
pidité. 

Insecte  parfait. 

i 

Envergure  0,028  m.  à 0,050  m. 

Ailes  entières  : les  supérieures  faiblement  falquées , les 
inférieures  légèrement  anguleuses  et  dentées.  Les  unes  et 
les  autres  sont,  chez  les  individus  frais  et  d’éclpsion  récente, 
d’un  gris-cendré  tirant  sur  le  bleuâtre  (,). 

Les  supérieures  ont  une  coudée  large  , d’un  rougeâtre 
obscur,  brune  au  sommet,  et  finement  liserée  de  blanchâtre 
de  chaque  coté.  La  basilaire,  qui  existe  chez  quelques  sujets, 
manque  chez  le  plus  grand  nombre  , et , dans  ce  dernier 
cas,  n’est  indiquée  que  par  une  petite  tache  costale 
brune,  oblongue.  il  existe  en  outre  une  tache  orbieulaire , 
noire,  oblongue,  rattachée  à la  costale  parmi  trait  brun, 
mais  variant  de  forme  selon  les  sujets. 

Les  inférieures  n’ont  qu’une  ligne  transversale  à peine 
distincte.  Ainsi  que  les  supérieures , elles  sont  aspergées  de 
nombreux  atomes  bruns. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  est  d’un  gris  un  peu  rous- 
sâtre,  faiblement  enfumé  aux  supérieures  jusqu’à  la  coudée, 
et  toutes  striées  de  brun. 

Les  nervures  en  dessus  et  en  dessous  sont  très-distinctes, 

La  femelle  a les  antennes  garnies  de  lamelles  prononcées, 


(‘)  Pour  peu  que  l’insecte  ait  vieilli,  la  teinte  gris-bleuâtre  s'affaiblit,  et, 
à la  longue,  disparaît  complètement. 


132 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS, 
cependant  elles  sont  moins  longues  que  celles  du  mâle.  C’est 
la  seule  du  genre  qui  soit  dans  ce  cas. 

La  tele,  les  antennes,  les  palpes  grossièrement  squammeux 
sont,  ainsi  que  le  corselet,  d'un  gris -bleuâtre. 

Cette  belle  espèce  a deux  générations.  Une  première  éclo- 
sion de  l’insecte  parfait  a lieu  dès  le  premier  printemps,  et 
une  seconde  en  août. 

M.  Manuel,  lépidoptériste  zélé,  de  l'obligeance  duquel 
je  tiens  les  chenilles  de  Vincularia  et  plusieurs  détails  de 
mœurs  qui  m’ont  servi  à faire  l’éducation  de  cette  intéres- 
sante espèce,  m’écrivait  dernièrement  qu’il  ne  trouve  cette 
Phalénite  que  sur  les  versants  les  plus  chauds  des  environs 
de  Montpellier. 


Il&tScfiisï  ©ccîbssî®. 

Esp.  Hub.  752.  — Treits.  Sup.  X p.  65.  — Gn.  Ind.  244. 
— Bdv.  961.  Gn.  Species  783.  = Didymoïdes , Dup.  IV, 
p.  106,  pi.  107,  fig.  3.  — Furva , Esp.  pl.  158,  fig.  1-2. 

( Pi.  7,  fig.  4 à 7.  ) 

Chenille. 

Lors  de  son  deuxième  changement  de  peau,  celte  chenille 
est  jaune  de  cuir  avec  la  région  dorsale  blanche;  la  vascu- 
laire, fine,  brune,  interrompue;  et,  à la  place  de  la  sous- 
dorsale,  un  trait  brun  horizontal  existe  sur  chaque  anneau. 

Parvenue  à toute  sa  taille , elle  est  rase , passablement  al- 
longée, très-faiblement  relevée  sur  les  derniers  segments.  A 
cette  époque  elle  est  d’un  jaune  verdâtre  avec  les  lignes  ordi- 
naires toutes  bien  indiquées. 

La  vasculaire  est  large  , blanchâtre , interrompue  sur  les 
intersections.  La  sous-dorsale,  droite,  fine,  vert-glauque, 


153 


Iladena  Occlusa. 
continue,  ombrée  de  brun  en  dessus.  La  stigmatale,  très- 
fortement  ondulée , assez  large  , blanchâtre  , est  surmontée 
d’un  trait  noir  qui,  en  s’élevant  vers  la  région  dorsale,  s’at- 
ténue, tourne  au  vert  foncé  et  remplit  l’espace  compris  entre 
la  sous-dorsale  et  la  stigmatale. 

Les  stigmates,  placés  sur  la  ligne  stigmatale  même,  sont 
ellipsoïdes,  noirs  et  cerclés  de  blanc. 

Le  ventre  , sans  lignes  apparentes,  d’un  vert  livide,  est 
teinté  de  vineux  à la  naissance  des  pattes. 

La  tête,  assez  petite,  échancrée  au  centre,  jaunâtre,  noire 
sur  le  bord  frontal , est , sur  toute  la  surface  , finement  ma- 
culée de  brun.  Les  pattes  écailleuses  sont  cl’un  testacé  clair; 
les  ventrales  et  anales,  concolores.  Les  trapézoïdaux  sont 
noirs  et  tranchent  sur  le  fond  clair  de  l’insecte.  Les  points 
pilifères,  placés  sur  chaque  segment,  sont  bruns  et  éclairés 
de  blanc  au  sommet. 

Cette  chenille  varie  fréquemment  en  vert  bleuâtre  ou  en 
brun. 

Dans  le  jeune  âge,  l'insecte,  fixé  sur  la  surface  d’une  feuille, 
contourné  sur  lui-même  , ainsi  que  certaines  Cymatophora  , 
demeure  ainsi  des  journées  entières.  D’autres  fois,  il  lie  les 
deux  bords  de  la  feuille  qui  le  supporte , ou  la  roule  en 
cornet,  et  s’y  tient  renfermé  jusqu’à  la  nuit. 

Dans  une  grande  partie  de  la  Provence,  Occlusa  vit  sur 
les  divers  Qu'ercus  qui  y croissent.  On  la  rencontre  également 
dans  l’Ouest  de  la  France.  Nul  doute  qu’elle  ne  fasse  partie 
des  faunes  italienne  et  espagnole , et  qu’elle  n’appartienne 
aussi  à la  Corse  et  à la  Sardaigne. 

La  chenille  de  cette  Hadénide  vit  ordinairement  de  Sa 
Heur  du  Chêne  vert  ( Quercus  ilex ),  sur  lequel  on  la  rencontre 
le  plus  souvent.  Elle  n’attaque  la  jeune  pousse  des  feuilles  que 
lorsqu'il  ne  lui  reste  plus  de  fleurs  à dévorer. 

Cet  insecte  me  fut  envoyé  de  Marseille  par  notre  collègue, 


Î54  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

M.  Dardoin  aîné,  vers  le  commencement  de  mai.  A cette 
époque  elle  était  à moitié  de  sa  taille  (PI.  7,  fig.  5).  Elle 
mangeait  beaucoup  et  grossissait  rapidement.  Le  mois  était  à 
peine  écoulé,  qu'elle  descendait  clans  la  terre  pour  subir  sa 
transf ormati  on . 

La  chenille  d 'Occlusa  n’est  figurée  nulle  part  ; cependant 
Duponchel  nous  apprend  cjue  M.  le  comte  de  Saporta  lui  a 
transmis  certains  détails  intéressants  sur  les  habitudes  de 
cette  espèce.  Mes  récentes  observations  viennent  confirmer 
ce  qu’on  en  savait. 

Elle  offre  encore  un  exemple  d’une  particularité  que  j’ai 
remarquée  chez  plusieurs  chenilles  de  Lépidoptères  appar- 
tenant à des  familles  bien  différentes  les  unes  des  autres. 

Voici  ce  cjue  j’ai  observé  à l’égarcl  de  la  chenille  d 'Occlusa. 
Le  15  septembre  , c’est-à-dire  environ  trois  mois  et  demi 
après  quelle  se  fut  renfermée  dans  la  coque  qu’elle  s’était 
solidement  construite,  et  cpii  était  formée  de  soie  et  de  terre  , 
cette  chenille,  dont  j’avais  ouvert  la  coque  , était  encore  à 
l’état  de  larve.  Cependant  l’éclosion  du  Lépidoptère  devait 
arriver  cinq  ou  six  semaines  après. 

Chrysalide. 

Il  a été  dit  que  la  chenille  d 'Occlusa  se  métamorphosait 
ordinairement  sur  l’arbre  qui  l’a  nourrie , parmi  les  feuilles 
ou  les  fleurs  qu’elle  a réunies.  Je  ne  pense  pas  qu’il  en  soit 
toujours  ainsi,  car  j’ai  remarqué  que  pour  cette  opération 
l’insecte  quittait  la  branche  de  Chêne  et  descendait  à un  ou 
deux  centimètres  dans  la  terre. 

La  nymphe  est  assez  allongée,  presque  fusiforme,  c’est-à- 
dire  que  la  tête  se  prolonge  en  pointe  obtuse,  et  que  la  partie 
abdominale  est  relativement  longue.  L'enveloppe  de  la 
bouche  paraît  en  saillie  assez  élevée.  Le  dernier  anneau 


îladcna  Occlusa. 


155 


csl  garni  à l'extrémité  de  quatre  pointes  courtes,  espacées  à 
leur  insertion. 

Toute  la  chrysalide,  très-luisante,  est  d’un  rouge-brun  si 
foncé,  qu’à  première  vue  ou  la  croirait  entièrement  noire.  La 
poitrine  seide  est  lavée  de  grenat  foncé. 

L’insecte  parfait  a paru  chez  moi,  à Lyon,  à la  fin  d’octo- 
bre; mais  les  éclosions  continuent  dans  la  nature  jusqu’en 
novembre  et  même  en  décembre  (’). 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,026  m.  à 0,028  m. 

Le  dessus  des  supérieures,  d’un  brun  foncé,  luisant, 
nuancé  de  ferrugineux , a , chez  le  type , la  tache  réniforme 
d’un  fauve  chamois.  L’orbiculaire  , de  même  couleur  que  le 
fond,  est  à peine  écrite.  La  base  de  l’aile  est  marquée  d’une 
ligne  noire  horizontale.  Les  lignes  transverses  ordinaires  sont 
assez  mal  indiquées.  La  nervure  costale , noire , est  maculée 
de  deux  ou  trois  petits  points  constants  plus  ou  moins  clairs. 
La  frange,  d’un  brun  noirâtre,  est  légèrement  festonnée. 

Les  ailes  inférieures  sont  d’un  gris  obscur,  avec  une  ligne 
transverse  à peine  visible. 

Le  dessous  des  quatre  ailes , d’un  blanc  grisâtre,  très-lui- 
sant, est  lavé  de  ferrugineux  sur  les  bords. 

La  coudée  est  assez  bien  écrite  sur  les  quatre  ailes.  Le 
point  cellulaire  n’est  visible  qu'aux  inférieures.  Les  anten- 
nes , ciliées  chez  le  mâle , simples  chez  la  femelle , sont, 
ainsi  que  la  tête , le  corselet  et  l’abdomen  , d’un  brun  noir. 
Les  épaulettes  et  l’extrémité  abdominale  sont  lavées  de  rou- 
geâtre. 


(’J  M.  Bruant)  d’Uzelle  et  moi  avons  capturé  le  31  décembre  dernier,  à 
Hyères.  la  nuit,  plusieurs  fl,  Occlusa  ^ et  J. 


6 


15G 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Une  aberration  (Var.  A,  Gn.)  avec  tache  réniforme  d’un 
blanc  pur,  du  reste  en  tout  semblable  au  type,  vole  en  même 
temps  et  dans  les  mêmes  lieux  que  lui . 

SI.  Ocdusà,  décrite  depuis  longtemps  par  Esper,  et  très- 
bien  figurée  par  cet  auteur,  n'a  cependant  pas  été  reconnue 
par  Duponcliel.  Le  continuateur  de  Godard,  trouvant  à cette 
Hadénide  une  vague  ressemblance  avec  la  Didyma , l’a  appe- 
lée Didymoules  (IV,  p.  106). 

MuSsanlaïsa,  Mill.  (Species  nova). 

(PI.  8 , fig.  1 à 5.  ) 

Chenille. 

D’un  blanc  jaunâtre,  variant  quelquefois  en  vert  obscur, 
cette  chenille  est  fusiforme,  passablement  renflée,  avec  les 
anneaux  très-distincts.  On  ne  distingue  pas  les  lignes  ordinaires 
qui,  chez  ces  espèces  vermiformes,  sont  rarement  apparentes. 
La  région  dorsale  laisse  voir  sous  la  peau  une  ligne  brune, 
continue,  qui  n’est  autre  que  le  tube  intestinal  traversant  le 
corps  de  l’insecte  dans  toute  son  étendue. 

Le  ventre,  d’un  blanc  d'os,  est  sans  lignes. 

Les  points  verruqueux , très-petits,  donnent  naissance  â 
autant  de  poils  blancs,  très-courts,  très-fins  et  qui  sont  invi- 
sibles à l’œil  nu. 

La  tête  est  lenticulaire,  petite,  jaunâtre,  luisante.  Les  mâ- 
choires sont  brunes  et  fortes. 

Le  segment  thoracique  est  surmonté  d'une  plaque  écail- 
leuse noire,  luisante  , finement  chagrinée  et  traversée  de 
haut  en  bas  par  une  échancrure  assez  profonde. 

Les  pattes  écailleuses  sont  courtes  et  noires  ; les  ventrales 
et  anales,  concolores. 

Celte  larve,  qui  appartient  à la  grande  tribu  des  T or- 


Anmlcj  de  la.  Société  Lirmèenne  d&Iyon 


3mcLivr. 


Année  1860  Pi  8. 


P.mu^re  Met pl:  Picart  saJf, 

I . /  à S Arv/i/rolepia.  Mulsànta/ia . MM. 

II . 6 à g.  P/n/cis  Albiricellti,  F.-fC-R. 

III  roà  n.Nemonas  Bruandaria , MUl 


fmp.  Houiste/,  5,  r.  IPujr 


i.  Pat' fs. 


U.  Hp' Migneau/r  col . 


Àrgyrolepia  Mulsanlana.  157 

denses,  vit  à Ilyères,  et  sans  doute,  en  d’autres  parties  de  la 
Provence,  sur  YEuphorbia  Characias,  L.,  que  l’hiver,  peu 
rigoureux  en  ecs  contrées,  n’atteint  jamais. 

h'Euph.  Characias  croît  abondamment  aux  pieds  des  ruines 
du  château  qui  domine  l’ancienne  Olhia.  C’est  dans  ce  lieu 
surtout  que  j’ai  rencontré  en  grand  nombre  cette  nouvelle 
Tortricide.  Elle  éclot  dès  le  mois  de  novembre,  vit  d’abord 
en  famille,  puis  se  sépare  pour  attaquer  isolément  le  cœur 
de  la  plante.  Une  seule  chenille  ne  suffit  pas  assurément  pour 
détruire  une  tige  de  cette  grande  Euphorbe  ; mais  le  mai 
qu’elle  lui  fait  est  considérable,  puisqu’après  la  disparition 
de  l’insecte,  la  plante,  arrêtée  dans  son  développement,  ne  fait 
plus  cpie  végéter. 

Chrysalide. 

Vers  la  fin  de  janvier  ou  le  commencement  de  février,  la 
petite  larve  étant  parvenue  à toute  sa  grosseur,  cpiitte  la 
plante  qui  l’a  nourrie,  cherche  à la  base  de  la  tige  un  lieu 
commode  et  se  métamorphose  bientôt  en  nymphe.  Celle-ci 
est  cylindrico-conique,  avec  la  pointe  obtuse.  Elle  est  d’un  jau- 
ne vif  lavé  de  rougeâtre  par  places,  avec  le  sommet  brunâtre. 
La  gaine  des  ailes  est  renflée  ; la  place  des  yeux  proéminente 
et  noire. 

Le  petit  Lépidoptère  éclot  dès  le  milieu  de  mars. 

Insecte  parfait. 

Envergure  0,01  G à 0,017  m. 

Mulsanlana  possède  la  plus  grande  partie  des  caractères  des 
Argyrolepia , Steph. , Dup. , (Tortrix.  W.-Y. , illig.  — Pyra- 
lis , Fabr.  = Cochylis  , Treils. , Curt. , Delah. , Brnd.  ) je 
n’ai  donc  pas  du  hésiter  à la  faire  entrer  dans  ce  genre,  bien 


158 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 
que  le  corps  de  ce  Platyomide  ne  soit  pas  aussi  allongé  que 
chez  toutes  les  Argyrolepia. 

Les  premières  ailes,  passablement  étroites,  sont  en  dessus 
plus  ou  moins  rougeâtres , striées  de  brun , et  maculées  de 
nombreuses  taches  métalliques,  couleur  de  plomb.  Elles  sont 
en  outre  ornées  de  trois  taches  très -brunes  , de  formes 
diverses,  ainsi  disposées  : la  première  occupe  tout  l’espace 
compris  entre  la  base  de  l’aile  et  la  ligne  basilaire,  mais  cette 
tache  ne  descend  jamais  jusqu’au  bord  interne  et  s’arrête  à 
l’avant  dernière  nervure.  La  seconde  tache  placée  à la  hauteur 
de  la  coudée,  descend  de  la  cote,  s’arrondit  en  demi-cercle, 
et  vient  reposer  sur  le  bord  interne.  La  troisième  tache  part 
de  l’apex  et  tend  à se  réunir  à l’angle  obtus  formé  par  le 
demi-cercle  de  la  seconde  de  ces  taches. 

Les  atomes  métalliques  répandus  sur  toute  la  surface  de 
l'aile,  ne  recouvrent  pas  les  taches  brunes  que  je  viens  de 
décrire. 

Les  ailes  inférieures  sont , en  dessus  et  en  dessous , sans 
taches  et  d’un  bleuâtre  fuligineux. 

Les  franges  passablement  longues  sont  concolores. 

Le  dessous  des  supérieures  est  brunâtre  avec  la  moitié  de 
la  cote  blanchâtre.  Celle-ci  est  maculée  de  trois  ou  quatre 
taches  brunes.  Le  liseré  qui  précède  les  franges  est,  en 
dessous  principalement,  beaucoup  plus  clair  cjue  le  fond. 

La  femelle,  à peine  plus  petite  que  le  mâle,  est  moins  vi- 
vement colorée  que  lui. 

Les  antennes  sont  simples  dans  les  deux  sexes  et  atteignent 
à peine  à la  moitié  de  la  longueur  des  ailes  supérieures. 

Les  palpes  sont  longs,  bien  fournis  et  jaunâtres.  Le  corselet 
est  brun,  ainsi  cpic  l’abdomen.  Les  pattes  sont  grises. 

Cette  espèce  doit  être  placée  à côté  de  la  Margaratana  de 
Duponchel,  dont  elle  a la  coupe  d'ailes. 

Ce  Tortricide  , qui  doit  avoir  plusieurs  générations  par 


Pempelia  Æbiricella.  159 

an,  varie  peu.  J’ai  cependant  vu  certains  sujets  avec  le  fond 
plus  clair  et  les  laclies  moins  brunes  que  chez  le  type. 

Un  assez  grand  nombre  de  larves  de  Mulsantana  furent 
élevées  sans  beaucoup  de  soins,  cependant  toutes  arrivèrent 
à bien. 

Par  la  quantité  de  tiges  de  YEuphorbia  Characias  que  j'ai 
vu  dévorées  par  la  chenille  de  ce  nouveau  Platyomide,  j’ai 
dû  supposer  qu’il  est  fort  abondant  à Hyères. 

Je  n’ai  pas  remarqué  que  d’autres  espèces  d’Euphorbes, 
très  - nombreuses  dans  le  Var,  fussent  attaquées  par  ce 
Microlépidoptère. 

Je  dédie  cette  Argyrolepia  à mon  savant  ami,  M.  Etienne 
Muîsant. 

PempeBIa  AlbiricelBa 

Fis. -Y. -R.  = Tin.  Albiricella;  Herr.-Sch.  pl.  3,  fig.  54. — 

Tin.  Euphorbiella , ZeSÎ.  Isis  184 G,  p.  757.  — Phycis  Albi ■ 

ricella , Mill. 

(Pl.  8,  fig.  6 h t).) 

Chenille. 

Dans  Se  jeune  âge  celte  chenille  est  très-brune  , prend 
une  teinte  moins  sombre  à mesure  qu’elle  grossit,  et,  jusqu’à 
la  fin,  conserve  une  couleur  d’un  marron  plus  ou  moins  clair. 

Lorsque  cette  larve  est  parvenue  à sa  grosseur  , elle  est 
cylindrique , très-faiblement  carénée.  Une  large  bande  dor- 
sale, d’un  rouge  marron  plus  clair  que  le  fond  de  l’insecte, 
parcourt  la  région  du  dos,  de  la  tête  au  dernier  segment. 

La  vasculaire  et  la  sous-dorsale  sont  fines  , noires , con- 
tinues. La  stigmatale , passablement  étroite,  est  blanchâtre, 
continue , faiblement  ondulée. 

Les  stigmates , placés  sur  la  ligne  même  , sont  circulaires , 
jaunes,  cerclés  de  noir.  Ils  sont  indiqués  par  autant  de  gros 


i 00 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


points  vcrruqueux  blancs.  D’autrespoints,  pilifëres,  recouvrent 
le  corps  de  cette  petite  chenille;  ils  sont  jaunes  et  quelque 
peu  saillants.  La  villosité  est  noire  et  passablement  longue. 

Le  ventre,  d’un  jaune  verdâtre,  est  sans  lignes. 

La  tète,  de  grosseur  moyenne,  est  noire  avec  les  mâchoires 
jaunes. 

Le  premier  anneau  n’est  jamais  recouvert  d’un  écusson 
corné.  Cependant  la  présence  de  cet  écusson  est,  on  le  sait, 
un  caractère  propre  au  plus  grand  nombre  des  Crambides 
( Crambus  et  Phrcis). 

Les  pattes  écailleuses  sont  brunes  ; les  anales  et  ventrales, 
concolores. 

Cette  espèce  varie  certaines  fois  en  brun  foncé  et  en  noir. 

Elle  passe  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  en  famille,  sous 
une  tente  commune.  A l’époque  où  ces  larves  sont  très-pe- 
tites (de  septembre  à février  de  l’année  suivante),  elles  lient 
quelques  feuilles  de  YEuphorbia  Characias,  L. , sous  les- 
quelles elles  sont  réunies  pendant  l’hiver  (PL  8,  fig.  7). 
Elles  ne  mangent  pas  alors  ou  fort  peu;  puis,  au  premier 
printemps,  ces  petites  chenilles  se  remettent  à manger,  gros- 
sissent assez  rapidement,  et  lient  par  de  nombreux  fils 
de  soie,  non  pas  seulement  quelques  feuilles,  mais  la  plante 
entière.  Souvent  plusieurs  liges  de  YEuphorbia  sont  agglomé- 
rées et  retenues  de  la  même  manière. 

Avant  d’atteindre  toute  leur  grosseur,  ces  larves,  non 
contentes  de  dévorer  les  feuilles  de  la  plante  au  suc  si  âcre 
qui  les  nourrit,  creusent  sa  tige  et  s’y  enfoncent  profondé- 
ment. Quelquefois  même  elles  descendent  jusqu’à  la  racine 
de  l'Euphorbe  qui,  alors,  se  dessèche  et  périra  bientôt. 

Devenues  fortes,  les  chenilles  d ' Jlbiricella,  ne  trouvant  plus 
à s’abriter  suffisamment  sous  la  toile  commune,  se  séparent 
par  petits  groupes  de  quatre,  cinq  ou  six  individus,  pour  al- 
ler s’établir  sur  d’autres  têtes  (Y Euphorbia  et  vivre  sous  au- 


Pempelia  Albiricella.  1G1 

tant  de  petites  toiles  cpi'il  s'est  formé  <le  groupes.  Ces  nou- 
velles toiles,  rapidement  tissées,  sont  bientôt  à même  de 
garantir  ces  insectes  contre  les  nombreux  ennemis  cpii  les 
environnent. 

Les  nids  de  ces  Phycides  sont  toujours  placés  au  centre  de 
touffes  (ÏEuph.  Characias  bien  suffisantes  à l’appétit  de  la  nom- 
breuse famille. 

J’ai  trouvé,  pour  la  première  fois,  ces  chenilles,  assez  rares 
du  reste,  au  sommet  du  Fehouillet  (1).  Un  nid  de  cette  même 
Fhycide  a été  rencontré  à la  fin  de  décembre,  sur  la  colline 
de  l'Ermitage,  située  entre  la  ville  d’Hyères  et  la  mer. 

Albiricella  s'élève  sans  peine  et  réussit  toujours  très-bien. 
Il  est  seulement  nécessaire  de  ne  pas  lui  donner  pour  nour- 
riture d’autre  Euphorbia  que  la  Characias. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser,  l’insecte,  vers  la  fin  d’avril,  reste 
dans  les  feuilles,  ou  descend  parmi  les  mousses. 

La  nymphe  est  allongée,  cylindrique,  rougeâtre,  lisse,  lui- 
sante, lavée  de  verdâtre  sur  la  poitrine. 

La  pointe  abdominale,  très-obtuse,  n'a  ni  crochets,  ni  crins, 
ni  soies. 

Les  anneaux,  noirs,  ont  leurs  intersections  brunes. 

Ces  chrysalides,  apportées  à Lyon,  ont  commencé  à éclore 
au  commencement  de  juin  ; les  derniers  sujets  n’ont  paru  qu’à 
la  fin  du  même  mois. 


(>)  Montagne  schisteuse,  parsemée  de  gros  blocs  de  quartz,  située  au  nord 
et  à environ  cinq  kilomètres  d’Hyères. 


1 2 


1G2 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,02ü  à 0,02ti  mil!. 

Les  supérieures  sont,  en  dessus,  d'un  brun  vineux,  avec 
une  très-large  bande  blanche  qui,  partant  de  la  base  de  l'aile, 
va  finir  en  pointe  à l'apex.  La  cote,  à laquelle  est  appuyée 
celte  bande  blanche,  est  très-brune,  et,  vers  le  milieu,  anti- 
cipe sur  le  blanc  de  l’aile.  Ces  ailes  supérieures  sont  en  outre 
marquées  d’un  point  discoïdal  noir  placé  sur  le  bord  de  la 
bande  blanche. 

La  frange , concolore , est  précédée  de  points  nervuraux 
noirs,  précédés  eux-mêmes  d’un  feston  roux  qui  n’est  pas 
toujours  bien  écrit. 

Les  ailes  inférieures,  d’un  gris-rougeâtre  chatoyant,  sont 
sans  lignes.  La  frange  est  blanchâtre  en  dessus  et  en  dessous. 

Les  quatre  ailes  sont  grises  en  dessous,  avec  reflets  rougeâ- 
tres, et  simplement  ombrées  de  brun  à la  côte  des  supérieu- 
res et  à l’apex. 

La  tète  est  brune.  Les  antennes,  sétacées  dans  les  deux 
sexes,  très-rapprochées  à leur  base  et  implantées  entre  les 
deux  yeux,  placent,  par  ce  caractère  surtout,  Albiricella  dans 
le  genre  Phycis.  Le  thorax  et  l’abdomen  sont  bruns.  Les  fé- 
murs et  tibias,  blancs;  les  derniers  articles  des  pattes  et  les 
tarses  sont  bruns. 

Cette  Phycide  ne  doit  avoir  qu’une  seule  génération. 

Ainsi  que  toutes  ses  congénères,  Albiricella  fait  assez  peu 
usage  de  ses  ailes  : elle  échappe  à la  main  qui  veut  la  saisir, 
non  en  s’envolant,  mais  plutôt  en  se  laissant  glisser  parmi  les 

Ce  joli  Micro,  découvert  depuis  peu  d’années,  n’a  pas  été 
connu  de  Dunonchel. 

A 

Le  nom  (VEüplioroiella*  de  Zeller,  lui  eût  certes  mieux 


Nemoria  Bruanclaria.  1G5 

convenu  que  celui  du  naturaliste  Fischer-von-Roerslerstamm  ; 
mais  on  a dû  respecter  le  nom  spécifique  imposé  par  le  sa- 
vant Viennois,  qui  avait  l'antériorité  sur  celui  de  M.  Zeller. 

Nemoria  ISrasassalsia^Sia,  Mill.  (Species  nova). 

(N.  8,  fig.lOàlâ.) 

Envergure  : 0,022  a 0,024  mill. 

Cette  nouvelle  Nemoria , dont  je  n'ai  rencontré  jusqu'à  ce 
jour  que  deux  femelles,  est  de  la  grandeur  de  Pulmentaria , 
Gn.  ( Cloraria , Dup.  et  Herr.-Sch.,  non  Hub.)  Elle  se  rap- 
proche aussi  de  cette  dernière  par  la  coupe  des  ailes;  cepen- 
dant chez  ma  Phalénite,  les  supérieures  sont  moins  aiguës  à 
l'apex  et  plus  allongées  dans  leur  ensemble.  De  plus,  elle  n’a 
pas  de  coude  au  milieu  des  inférieures,  ni  l’angle  anal  aigu. 
Pulmentaria  a les  ailes  recouvertes,  en  dessus,  de  petites 
stries  blanchâtres,  ainsi  que  l’indique  M.  Guenée  dans  la 
description  de  cette  espèce  (IX,  p.  549),  ce  qui  n’existe 
pas  chez  ma  nouvelle  Géomètre  , dont  les  ailes  , vues  à la 
loupe,  ne  présentent  pas  trace  de  stries  blanches. 

A l’époque  de  l’éclosion  de  Bruanclaria , les  quatre  ailes, 
dont  les  inférieures  très-arrondies  , sont  , en  dessus  , d’un 
beau  vert  pomme  ; mais  cette  couleur  s’affaiblit,  perd  de  son 
éclat,  et  tire  sur  le  vert  glauque  tendre  par  la  dessiccation 
de  l’insecte. 

Les  supérieures  n’ont  de  bien  écrite  que  la  ligne  blanche 
coudée.  Celle-ci  est  oblique,  tremblée,  et  forme  un  angle 
faiblement  prononcé  avant  d’atteindre  le  bord  inférieur. 

On  distingue  à peine  la  médiane  qui  est  fine  et  mal  arretée. 

La  nervure  costale  est  d’un  fauve  rougeâtre. 

La  frange  des  quatre  ailes  est  blanche,  en  dessus  et  en 
dessous. 


164  CIIENILIÆS  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Les  inférieures  n'ont  qu’une  ligne  blanche,  transverse, 
presque  droite,  légèrement  tremblée,  fine  et  nette. 

On  soupçonne  à peine  le  point  cellulaire  qui  est  des  plus 
nébuleux. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  est  d’un  vert  très-pale  et  n’a  pas 
de  lignes. 

Les  antennes  sont  sensiblement  crénelées  et  rougeâtres. 
Les  palpes,  qui  dépassent  le  front,  sont  squammeux  et,  ainsi 
que  la  tète  et  le  collier,  d’un  fimve  rougeâtre. 

Le  corselet  est  de  la  couleur  des  ailes.  L'abdomen,  faible- 
ment annelé  de  blanc,  légèrement  verdâtre  en  dessus,  est,  en 
dessous,  d’un  blanc  pur. 

Les  pattes,  d’un  blanc  verdâtre,  sont  teintées  de  fauve  ex- 
térieurement. 

Non-seulement  cette  nouvelle  espèce  n’a  pas  le  coude  ou 
angle  à l’aile  inférieure,  mais  les  quatre  ailes  sont  relative- 
ment plus  allongées  que  chez  ses  congénères.  Elle  n’a  pas 
non  plus  les  lignes  blanches  ordinaires  disposées  de  même. 
C’est  ainsi  que  je  distingue  ma  Nemoria  de  ses  voisines  Fîri- 
dota , Lin.,  H. -S.  f.  566-567,  Cloraria , Hub.,  f.  352  et  Meli- 
naria , Iï.-S.,  f.  4 1 3 . Je  crois  inutile  de  comparer  Bruandaria 
à V Jdvolata,  IL -S.  , f.  414,  à V Etruscaria,  Zell.  (Eut.  Zeit. 
1849,  p.  203),  à Vllerbaria , IL -S.,  f.  563,  et  à VOlpnpiaria , 
H, -S.,  f.  559,  dont  elle  s’éloigne  encore  plus  que  des  trois 
précédentes  espèces. 

Bruandaria , classée  d’après  la  monographie  des  Phalénites 
de  M.  Guenée,  devra  porterie  n°  541  bis. 

Cette  charmante  Nemoria  est  originaire  de  Celles-les-Bains 
(Ardèche). 

Le  premier  des  deux  exemplaires  que  je  capturai,  les  ailes 
encore  molles,  relevées  perpendiculairement,  achevait  de  se 
développer.  L’éclosion  de  l’insecte  avait  lieu  sur  les  trois 
heures  de  l’après-midi,  au  pied  d’un  Teucrhnn  polium , Lam., 


Mn/udes  de  la  Société  l innée raie  de  Lyon . 


3mcZwr. 


Année  1860,  PI. g . 


P.  Millier e del.et  p i 


Debrm/  scidp. 


I.  i ci  2,  Ag rôtis  Constatai,  Æll. 

TL  . 3 ci  5,  Xylùia,  Lapidea,  ff.  (Aberr.  Lamticrc,  Bd») 
III.  6 ci  g,  Thera  Cupressata,  Dup, 


■Parts,  lmp  J louis  le,  5.  r Mignon, , 


M™  Migncaux  col. 


Acjrolis  Conslanti.  1 G 

plante  sous-ligneuse  très-aljondanle  à Celles.  Je  soupçonne 
que  la  chenille  de  Bruandaria  doit  vivre  sur  ce  Teucrium  eu 
avril  ou  mai. 

C’est  le  27  septembre  que  je  trouvai  le  premier  individu  de 
cette  Phalénitc;  trois  jours  après,  je  capturais  le  second, 
le  soir,  à la  lanterne,  sur  une  Menthe  en  heur  entourée  de 
Teucrium  polium. 

Je  dédie  celte  Nenioria  à mon  ami,  M-  Bruand  d’Uzelle. 

AgroÜS  C4»2a&ï«8ïïa§,  Mill.  (Species  nova). 

(P!.  9,  tig.  1 el  2.) 

Envergure  : 0,043m.  à 0,044  m. 

Les  ailes  supérieures  , passablement  allongées  , sont  d'un 
jaune  argileux  pâle , très-finement  saupoudrées  d’atomes 
bruns.  Les  lignes  transversales,  toutes  visibles,  sont  faible- 
ment écrites  en  brun.  Cependant  à la  cote  et  au  bord  interne 
où  ces  lignes  aboutissent,  la  teinte  brune  est  plus  prononcée. 
Les  taches  réniforme  et  orbiculaire , très-peu  perceptibles , 
sont  vaguement  indiquées  par  un  contour  testacé,  pas  tou- 
jours bien  écrit.  Il  n'existe  nulle  trace  de  la  claviforme. 
Les  points  nervuraux  qui  précèdent  la  frange , sont  bruns  , 
relativement  gros  et  nullement  blindés.  La  frange  est  complè- 
tement unicolore. 

Les  ailes  inférieures,  bien  développées,  sont  blanches  et 
irisées.  Les  nervures  sont  à peine  indiquées  en  testacé  clair. 
La  frange  blanche  est  précédée  d’une  bordure  étroite  de 
couleur  argileuse. 

En  dessous,  les  supérieures  sont  blanches,  irisées,  faible- 
ment argileuses  sur  les  bords  avec  une  large  tache  triangu- 
laire occupant  le  milieu  de  l’aile,  et  dont  la  pointe  la  plus 
allongée  touche  presque  à sa  base. 


166 


CHENILLES  Eï  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Les  inférieures  sont,  en  dessous,  d’un  blanc  pur  et  irisé, 
sans  le  moindre  atome  brun. 

Les  antennes,  d’un  argileux  rougeâtre,  sont  fortement  cré- 
nelées. Les  palpes  sont  concolores.  Les  yeux  , gros  et  noirs  , 
sont  entourés  de  poils  d’un  brun  fuligineux.  Le  thorax,  très- 
fourni,  est  tout-à-fait  de  la  couleur  des  ailes  supérieures. 
L’abdomen  est  d’un  testacé  rougeâtre  en  dessus , et  blanc 
en  dessous.  Les  pattes  sont  brunes  et  annelées  d’argileux.  Les 
tarses  sont  complètement  jaunâtres. 

Le  second  des  deux  exemplaires  que  je  possède,  qui  est 
également  un  mâle,  serait  en  tout  semblable  à celui  que  je 
viens  de  décrire,  si  la  bordure  testacée  des  inférieures  n’eût 
déteint  sur  l’aile  entière,  cependant  le  dessous  de  celle-ci  est 
d’un  blanc  pur. 

Constanti  se  rapproche  assez  des  Agrotis  Nyctimera , Bdv. , 
et  Calesiaca , Bdv.  Elle  viendra  se  placer  entre  ces  deux  espèces 
et,  dans  le  Species  général  de  M.  Guenée,  devra  porter  le 
n.°  507  bis. 

Cette  Agrotis  nouvelle  tient  à Nyctimera  par  la  coupe  et 
la  teinte  argileuse  des  ailes,  et  à f'alesiaca  (5)  par  la  dispo- 
sition des  lignes  ordinaires. 

Constanti  se  distingue  de  F'alesiaca  par  l'absence  des  taches 
noires  cunéiformes  qui  , chez  cette  dernière  , suivent  la 
coudée,  et  par  la  présence  de  la  tache  fuligineuse  précitée  en 
dessous.  De  plus  elle  diffère  de  ses  deux  voisines  par  la  frange 
unicolore  des  supérieures,  qui,  chez  Nyctimera  et  Valesiaca , 
est  entrecoupée  de  brun.  Mais  ce  qui  distingue  surtout  ma 
nouvelle  Agrotis  des  deux  congénères  ses  voisines,  ce  sont  ses 
antennes  fortement  crénelées. 


(l)  Ag.  Valesiaca  figurée  dans  l’Ieones  de  M.  Boisduval,  pl.  78,  fig.  3,  n’a 
pas  de  texte.  M.  Freyer  donne  deux  figures  de  cette  rare  espèce  , accompa- 
gnées d’une  description  de  l’insecte  parfait,  mâle  et  femelle. 


1.67 


A gratis  Conslanli. 

La  femelle  ne  m’est  point  encore  connue. 

Je  n’ai  pris  que  deux  sujets  de  cette  belle  espèce  à Celles- 
les-bains  (Ardèche)  ({),  au  commencement  de  septembre, 
la  nuit,  en  chassant,  à la  lanterne.  L’un  d’eux  n’était  point 


(*)  Je  crois  devoir  informer  les  Lépidoptéristes  que  plusieurs  localités  de 
l’Ardèche , notamment,  le  petit  pays  de  Celles-les-bains,  est  très-riche  en 
insectes  de  l’extrême  Midi  de  la  France.  J’y  ai  capturé,  en  effet,  bon  nombre 
d’espèces  de  Lépidoptères  considérés  jusqu’à  ce  jour  comme  habitant  presque 
exclusivement  les  environs  de  Marseille  ou  Montpellier. 

La  flore  des  localités  que  je  viens  de  citer,  est,  à peu  de  choses  près  , celle 
de  nos  provinces  les  plus  méridionales. 

Je  ne  connais  Celles  et  ses  environs  que  depuis  peu,  mais  ce  que  j’ai  re- 
marqué de  sa  faune  enlomologique,  me  la  fait  supposer  fort  intéressante.  A 
l’époque  où  je  m’y  rendis,  les  Diurnes  étaient  à peu  près  passés;  cependant 
j’ai  encore  vu  voler  abondamment  les  Satyrus  Aciœa ; Fidla,  Circe  et  surtout 
la  Yar.  Erythia. 

Ce  que  j’ai  recueilli  en  Nocturnes  est  fort  beau  et  m’a  prouvé  ce  qu’était 
cette  faune  considérée  au  point  de  vue  de  la  Lépidoptérologie. 

Je  crois  intéresser  mes  lecleurs  en  leur  donnant  la  liste  des  espèces  rares, 
recueillies  par  moi  eu  peu  de  jours. 

Agrotis  Lucipeta  et  Cos , Heliophobus  Hispida , Luperina  Rubella  et.  Du- 
merilii , Eriopus  Latreillii , Polia  Venusta , Canescens  , Ccerulescens  et 
Rujocincta.  Hecatera  Luteocincta , Caradrina  Aspersa,  Leucania  Putres- 
cens  e t Punctosa,  Aporophyla  Australis,  Micro,  Purpurina , Ostrina,  Mi- 
nuta et  Glarea , Anthophila  Paula,  Microphysa  Jucunda  , Hœmerosia 
Rena lis,  Eubolia  Peribolaria , Crocallis  Trapezaria,  Calamodes  Occitci- 
naria  , Rhoptria  Asperaria , Sterrha  Sacraria , Scodiona  Perspersaria, 
La  vraie  Testaceata  de  Hubner,  du  genre  Phibalapteryx,  Steph. , Gypsochroa 
Renitîdata , Cledeobiaï  Peclinalis  (ces  deux  dernières  sont  nouvelles  pour 
la  faune  française)  (*) , Metasici  Suppandalis.  Enfin  deux  espèces  inédites, 
Y Agrotis  Constanti,  Mill. , et  la  Nemoria  Bruanclaria  , Mill. 

J’élève  les  chenilles  de  bon  nombre  de  ces  espèces  , obtenues  ab  ovo. 
Presque  toutes  n’ont  point  encore  été  observées. 

La  chenille  du  P.  Alexanor  que  je  négligeais  de  recueillir  à Celles,  m’a 
paru  y être  abondante  sur  plusieurs  espèces  d’Ombellifères. 

J’ajouterai  que  les  chasses,  dans  ce  beau  pays,  sont  des  plus  faciles  par  la 
proximité  des  lieux. 

C)  Jusqu’à  ce  jour  Gyp.  RenUidata , H. , n’avait  été  trouvée  que  dans  la  Russie  méridio- 
nale, et  Cl.  Peclinalis  , H, -S.,  qu’en  Sicile. 


ICS 


chejnili.es  et  lépidoptères  inédits. 
entièrement  développé  : je  dus  attendre  quelques  instants 
avant  de  le  piquer. 

Je  dédie  cette  noctuelle  à mon  ami  et  collègue,  M.  Alexan- 
dre Constant,  d’Autun, 

Tüîea*a  €bb  pressais®,  Dm*. 

V.  p.  511,  pl.  20(1,  fig.  5.  — Hub.  5G5.  — Treits.  Sup., 
p,  194.  — Bdv.  1751.  — Herr.-Sch.  p.  173.  — Gn.  X, 
p.  371. 

( Pl.  9,  ti g.  6 à 9 ). 

Chenille. 

Assez  courte,  rase,  lisse,  cylindrique,  un  peu  renflée  an-* 
térieurement.  D’un  vert  plus  ou  moins  clair  sur  le  dos  et  les 
flancs,  lequel  s’affaiblit  en  dessous.  Vasculaire  large,  inter- 
rompue, d’un  vert  foncé,  à peine  distincte  du  fond.  Sous-dor- 
sale fine,  blanche,  continue,  en  zig  zag,  formant,  par  la  réunion 
de  ses  pointes  avec  celles  de  la  ligne  opposée,  une  sorte  de 
losange  sur  chaque  anneau.  Stigmalale  d’un  vert-clair,  large, 
continue.  Stigmates  ellipsoïdes,  rougeâtres,  cerclés  de  noir. 

Le  ventre  présente  aussi,  sur  chaque  segment,  une  tache 
îosangée  d'un  blanc  verdâtre. 

La  tète  est  forte,  subglobuleuse,  verte,  chagrinée.  La  mâ- 
choire et  le  dernier  article  des  pattes  antérieures  sont  de 
couleur  vineuse.  Les  anales  sont  concolores. 

Cette  chenille,  qui  est  paresseuse  dans  ses  mouvements, 
croît  très-lentement.  Elle  éclôt  d’ordinaire  en  mai  et  ne  se 
transforme  en  nymphe  qu’en  octobre.  J'ai  vu  des  chenilles 
tardives  qui  ne  sont  écloses,  à llyères,  que  dans  le  courant 
de  janvier. 

La  chenille  de  Cupressala  est  d’une  immobilité  telle,  d’un 
vert  si  semblable  aux  jeunes  feuilles  des  divers  Cupressus 


1 GO 


Thera  Cupressala . 

dont  elle  vit  ordinairement,  que  c’est  à grand’peine  qu’on 
la  distingue  des  petites  branches  de  l’arbre  d’où  on  la  fait 
tomber. 

Ayant  élevé  cette  espèce  à Lyon,  sur  le  Genévrier  Sabine 
(Juniperus  sabina , L.),  j’ai  lieu  de  penser  que,  dans  le  Midi 
de  la  France,  elle  doit  vivre  sur  cet  arbrisseau  qui  y croit 
spontanément,  aussi  bien  que  sur  les  Cyprès. 

Cette  chenille,  qui  n’a  été  figurée  nulle  part,  n’est  pas  d’un 
vert-noirâtre,  comme  le  dit  Duponchel  (’),  sur  le  témoignage 
de  MM.  Auran  et  Cantener,  mais  bien  d’un  vert  assez  clair. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser,  cette  chenille  , à limitation  de 
beaucoup  de  ses  congénères,  s'enveloppe  soit  d une  coque 
très-légère,  soit  seulement  de  quelques  brins  de  soie  (PL  9, 
fig.  ) qu’elle  fixe  aux  feuilles,  et  reste  suspendue  dans  ce 
hamac  jusqu’au  moment  de  l’éclosion. 

La  chrysalide  est  passablement  allongée,  vert-pomme,  rap- 
pelant, par  cette  couleur,  celle  de  la  chenille. 

Cette  nymphe  offre  sur  la  poitrine  deux  lignes  en  zig- 
zag, fines,  blanches,  qui,  se  réunissant  par  les  pointes,  for- 
ment plusieurs  losanges  assez  semblables  .à  celles  que  l'on  re- 
marque sur  la  chenille.  L’extrémité  abdominale  est  d’un 
carminé  pâle  et  garnie  de  douze  ou  quinze  petits  crins  invi- 
sibles à l’œil  nu,  bruns,  raides,  divergents,  terminés  en  hame- 
çon, destinés,  selon  toute  apparence,  à soutenir  la  chrysalide 
accrochée  aux  fils  de  soie,  fixés  entre  les  feuilles. 

L'insecte  éclot  au  bout  de  trois  semaines  ou  un  mois  au 
plus. 


{')  VIII,  ii  512. 


170 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Insecte  partait. 

Les  ailes  supérieures  sont  d'un  gris-brun,  avec  une  basi- 
laire fort  peu  écrite.  La  médiane,  brune,  large,  se  rétrécissant 
à la  base,  dentelée  sur  les  bords,  est  fortement  coudée  et  bor- 
dée de  noir  intérieurement.  Un  trait  noir,  aigu,  part  de 
l'apex  et  tend  à rejoindre  deux  autres  traits  de  même  forme 
et  de  même  couleur,  partant  de  la  coudée. 

Les  ailes  inférieures  sont  grises,  sans  lignes,  si  ce  n’est  une 
transversale  à peine  perceptible. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  est  d’un  gris-clair  uni. 

La  tête,  le  thorax  et  l’abdomen  sont  de  la  couleur  géné- 
rale de  l'inseete. 

Cette  espece,  découverte  depuis  près  de  trente  ans  par 
Donzel,  vit  principalement  à Hyères,  sur  les  Cyprès  pyrami- 
dal et  horizontal. 

Cupressala  se  tient  appliquée  au  tronc  des  arbres  verts,  et 
ne  vole  que  très-rarement  pendant  le  jour. 

Cette  Géomètre,  qui  ne  doit  avoir  qu’une  seule  génération 
par  an,  varie  du  gris  foncé  au  brun. 

Xylina  l^apitSea9  Hub. 

582.  = Var.  Leautieri , Bdv.  1203.  — Dup.  Sup.  III,  p.  381, 
pl-  3 U fig.  1.  — Gn.  Var.  A,  VI,  p.  120. 

( Pl.  9,  fig.  3 à 5). 

Chenille. 

Adulte,  elle  est  assez  courte,  ferme,  cylindrique  jusqu’au 
dixième  segment  qui  est  faiblement  relevé  en  pointe  ob- 
tuse ('),  d’un  beau  vert  pré  mat,  avec  les  lignes  ordinaires 


(i)  Par  ce  fait,  la  chenille  de  Xylina,  Var,  Leautieri,  semblerait  ne  pas 


Xylina  Lapidea.  171 

très-bien  arrêtées,  plus  ou  moins  blanches  et  finement  tiserées 
de  noir. 

La  vasculaire,  d’un  blanc  mat,  assez  étroite,  s’élargit  sur 
chaque  segment.  La  sous-dorsale,  très-blanche,  est  représen- 
tée, sur  chaque  anneau,  par  une  tache  en  forme  de  losange 
allongée.  La  ligne  stigmatale,  moins  ondulée  que  la  sous-dor- 
sale,  est  aussi  plus  étroite  que  celle-ci. 

Les  stigmates,  au  nombre  de  neuf  paires,  sont  très-petits, 
ellipsoïdes,  jaunâtres,  cerclés  de  noir,  et  placés,  chacun,  sur 
une  large  tache  brun-pourpre. 

Le  ventre  est  marqué  de  deux  lignes  d’un  vert  glauque, 
largement  interrompues. 

La  tête  est  forte,  verte,  avec  les  mâchoires  d’un  pourpré 
obscur. 

Les  pattes  écailleuses  sont  entièrement  vertes.  Les  ven- 
trales et  anales,  également  vertes,  ont  la  couronne  d'un  car- 
miné plus  ou  moins  sombre. 

Les  points  trapézoïdaux  et  pilifères  sont  très-blancs  et  fine- 
ment cerclés  de  noir. 

Cette  chenille,  qu’on  trouve  en  Provence,  à peu  près  par- 
tout où  croissent  des  Cyprès,  n’est  commune  nulle  part.  Elle 
vit,  d’après  ce  que  me  mandait,  il  y a peu  de  temps,  M.  Dar- 
doin  (*),  sur  les  Cyprès  pyramidal  et  horizontal,  aux  environs 
de  Marseille  (2). 


précisément  appartenir  à la  grande  division  des  Xylinidœ  formant  la  onzième 
famille  des  Noctuélites  de  M.  Guenée.  Le  dixième  segment  de  cette  chenille, 
bien  que  faiblement  relevé,  n’en  est  pas  moins  un  caractère  d’une  valeur  in- 
contestable pour  tout  Lépidoptériste  qui  tient  essentiellement  compte  des  pre- 
miers états  d’un  insecte. 

(J)  Ce  fut  encore  cet  obligeant  collègue  qui,  vers  le  ta  mai,  me  procura  la 
chenille  de  Leautieri.  C’est  depuis  cette  époque  que  j’ai  pu  étudier  et  con- 
naître l’insecte  sous  ses  divers  étals. 

(2)  Je  crois  que  celle  Xylina  doit  vivre  également  sur  les  Juniperus  scibinn 


« 


17*2 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

On  ne  savait  rien  ou  fort  peu  de  chose  sur  la  chenille  <le 
celte  espèce,  si  ce  n’est  que  M.  Léautier,  de  Marseille,  l’a 
trouvée  sur  le  Juniperus  virginea.  Cependant  on  rapporte  que 
cette  larve  fut  primitivement  recueillie  par  Dahl  sur  un  jeune 
Cyprès,  dans  les  environs  de  liaguse,  et  que,  suivant  ce  na- 
turaliste, qui  l’a  dit  à M.  Treitschke,  elle  ressemblait  parfai- 
tement à celle  de  la  Cucullia  Abrotani  (’)! 

On  s’étonne  que  sur  une  semblable  donnée,  qui  devait  pa- 
raître très-douteuse,  M.  Treitschke  ait  accepté  ce  fait  de  res- 
semblance des  deux  chenilles  comme  réel.  On  s’étonne  aussi 
qu’en  décrivant  l’insecte  parfait,  il  n’ait  pas  reconnu  son  iden- 
tité avec  les  variétés  Leautieri  et  Sabince. 

Comment  se  fait-il,  surtout,  que  l’auteur  Die  Tchmelter- 
linge  von  Europa  se  soit  décidé  à placer  cette  Lapidea  parmi 
les  Cucullies? 

Si  le  naturaliste  Dahl  a en  elfet  trouvé  à la  chenille  de  La- 
pidea une  grande  ressemblance  avec  celle  de  la  Cucullia 
Abrotani , il  a évidemment  fort  mal  vu.  J’ai  sous  les  yeux  la 
figure  de  la  chenille  de  V Abrotani  de  Freyer  (tab.  320),  qui 
me  paraît  fidèlement  exécutée,  et  je  me  demande  encore 
comment  il  a pu  être  possible  de  lui  rapporter  la  chenille 
de  Lapidea , 

, Chrysalide. 

Vers  la  fin  de  mai,  les  quelques  chenilles  de  Leautieri , 
que  je  possédais  et  que  ( élevais  séparément , disparurent 
dans  la  mousse.  Dès  lors  je  crus  que  la  chrysalidation  de 
cette  espèce  avait  commencé.  Il  n’en  était  rien  cependant, 


mâle  et  femelle  {Juniperus  cupressifolia  et  tamariscif olia ),  fort  répan- 
dus au  bord  de  la  mer,  en  face  des  îles  d’Ilyères. 

(‘)  Dup.  III,  Sup.,  p.  385. 


173 


Xylina  Lapide  a. 
car  sept  ou  huit  jours  après,  ces  chenilles  reparurent,  mais 
ne  mangèrent  plus.  Ce  ne  fut  que  le  douze  juin  qu’elles  sc 
cachèrent  de  nouveau,  pour  se  transformer  définitivement  ; 
opération  à laquelle  ces  insectes  semblent  apporter  un  très- 
grand  soin. 

Pour  se  chrysalider,  la  chenille  demeuré  à la  surface  du 
sol  recouvert  de  mousse,  et  file  une  soie  forte  qui  lui  sert  à 
lisser  un  cocon  très-solide,  bien  que  de  consistance  assez 
mince. 

Dans  la  composition  de  cette  coque,  très-lisse  au  dedans, 
il  entre  de  la  mousse  et  de  nombreux  grains  de  terre. 

La  nymphe,  conico-cylindrique,  d’une  longueur  moyenne, 
sans  la  moindre  aspérité,  est  brune,  lisse,  luisante,  avec  l’en- 
veloppe des  ailes  relativement  allongée. 

Les  anneaux  sont  presque  noirs.  La  pointe,  simple,  forte, 
bien  que  ti'ès-fine,  est  faiblement  recourbée  de  la  base  au 
sommet.  A l’aide  d’une  bonne  loupe,  on  distingue  de  nom- 
breux fils  desoie  blanche  qui  entourent  celte  pointe. 

Au  moindre  contact,  cette  nymphe  agite  vivement  la  par- 
tie inférieure  de  son  corps. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  n’a  eu  lieu,  à Lyon,  que  du  20 
au  30  octobre. 

En  Provence,  cette  Xylina , qui,  de  même  que  ses  congé- 
nères, n’a  qu’une  seule  éclosion,  paraît  dès  le  mois  de  sep- 
tembre. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,045  cà  0,04  5 mill. 

Les  ailes  supérieures,  étroites,  allongées,  à bords  presque 
parallèles,  sont,  en  dessus,  d’un  gris  de  souris  plus  ou  moins 
prononcé.  Les  taches  orbiculaire  et  réniforme,  à peine  vi- 
sibles sont , chez  beaucoup  de  sujets,  tout-à-fait  oblitérées. 
La  réniforme.  lorsqu’on  la  voit,  est,  le  plus  souvent,  lavée 


i 7 4 CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

île  roussâtre  inférieurement.  Ces  deux  taches  sont  traversées 
par  une  ligne  oblique,  noire,  plus  ou  moins  bien  écrite,  qui 
descend  de  la  côte  et  vient  aboutir  à un  trait  fin,  horizontal, 
très-noir,  placé  sur  la  nervure  médiane. 

Les  secondes  ailes,  plus  longues  que  les  premières,  sont 
d’un  gris  légèrement  roussàtre  , avec  une  tache  discoïdale 
très-faiblement  écrite. 

Les  quatre  ailes,  blanchâtres  en  dessous,  sont  légèrement 
sablées  de  gris-brun. 

Les  antennes,  moyennes,  brunes,  sont  grises  à la  base.  Le 
thorax  est  court , carré , velu  , muni  , derrière  le  collier  , 
d’une  crête  bifide  peu  saillante.  L’abdomen  est  déprimé,  sub- 
rectangulaire, rappelant  la  couleur  des  ailes  inférieures. 

C’est  avec  raison  que  Duponchel,  le  docteur  Boisduval, 
M.  lierrich-Schæft’er  et  M.  Gucnée  n’ont  fait  qu’une  seule  et 
même  espèce  de  Lapidea , Sabinœ  et  Lcautieri. 

Les  différences  qui  séparent  les  deux  variétés  du  type  me 
paraissent  bien  peu  sérieuses,  et,  selon  moi,  n’existent  guère 
que  dans  la  teinte  générale  qui  est  toujours  d’un  gris  plus  ou 
moins  blanchâtre. 

Variété  de  r&aBtüaocaris  Lin. 

Fab.  — Bdv.  — De  Vill.  et  Gn.  — Dup. 

(Abcrr.  Laslhenia , Mili. , an  hybr. ? an  spec.  nova?) 

( PL  \ 0 , fig.  t et  2.) 

Envergure  : 0,046  m. 

Cette  charmante  variété  </*  de  VJnthûcaris  Cardamines  est 
un  peu  plus  grande  que  le  type.  Les  ailes  supérieures  et  in- 
férieures paraissent  plus  allongées,  moins  arrondies  que  chez 
celui-ci.  Tout  l inscctc  enfin  a un  faciès  qui  me  semble  si  dif- 
ferent des  diverses  Cardamines  mâles  et  femelles  que  j’ai  sous 


P-  MüUère  del.  et  p f7 

J.  1 (t  2,  jilll/lO.  Cwdanu/U’S.  L.  (. Ab.  LastJienia. , Mil/,  an  sp.nnv  ?) 

11.  3 3 3,  Sterrha  Sacrarui,  Lui  . 

III.  6,  Zyyœna  Sarpedon,  (Aberr.AMU.) 

IV!  7,  Boarnùd  Rhomboidaria,  (Aberr.  ÛMili) 


Debrai/  sciûp. 


Paris,  lmp.Jloiusle,  5.  r.  Mignon  . 


MTne  Mtgneanx  col. 


Àntliomris  ( 'ardamines . 


175 


les  yeux,  que  ce  Diurne  pourrait  bien  être  une  espèce  dis- 
tincte. La  coupe  des  ailes,  l’exiguité  relative  des  antennes  et 
de  l’abdomen,  semblent  rapprocher  cette  variété'  de  la  Leuco- 
phasia  Sinapis.  Ne  serait-ce  pas  une  hybride  de  la  Carda- 
mines  et  de  la  Sinapisl  Ne  serait-ce  pas  plutôt  une  espèce 
séparée  ? 

L’avenir  nous  apprendra  , sans  doute  , si  cet  insecte  est 
simple  variété,  hybride,  ou  espèce. 

Voici,  du  reste,  en  quoi  ma  variété  Lastenia  diffère  de 
l’espèce  typique.  La  tache  aurore  des  supérieures,  un  peu 
moins  vive  que  chez  les  Cardamines  ordinaires,  occupe  bien  la 
môme  place  que  chez  celles-ci,  mais  la  bordure  de  l’apex  man- 
que tout-à-fait,  ainsi  que  le  point  discoïdal  noir.  A la  place  de 
ce  point  caractéristique  et  de  la  bordure  noire  entrecoupée  de 
blanc  sur  le  bord,  on  ne  voit  absolument  rien  que  la  couleur 
lactée  du  fond. 

La  base  des  quatre  ailes  est  entièrement  blanche,  et  on  ne 
distingue  nullement  les  taches  du  dessous  qui,  chez  Carda - 
mines  a71,  transpercent  toujours  plus  ou  moins  en  dessus. 

Les  inférieures  ont  aussi  de  remarquable,  que  le  vert  assez 
vif  dont  les  ailes  du  type  sont  largement  maculées  en  dessous, 
est  remplacé  ici  par  des  taches  d’un  jaune  verdâtre  très-faible, 
disposées  à peu  près  de  la  môme  manière  que  chez  la  Carda- 
mines ordinaire. 

Les  antennes  sont  blanches.  Les  pîumules  du  toupet  frontal, 
ainsi  que  la  villosité  du  thorax  , sont  d’un  blanc  pur.  L’ab- 
domen assez  menu,  long,  est  blanc  ainsi  que  les  pattes. 

Cette  intéressante  Anthocaris  a été  prise  à Digne  ( Basses- 
Alpes),  il  y a une  quinzaine  d'années,  parDonzel,  et  fait 
partie  de  sa  collection. 

Aucun  recueil  iconographique  ne  nous  donne  la  figure  de 
l'insecte  A'  que  je  viens  de  décrire  , et  nul  auteur  n’en  a 
parlé.  Hubner  a bien  figuré  sous  les  n°  791  c!  792  une  va- 


17G 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

riété  de  l 'Anthocaris  Cardamines ; mais  cette  aberration,  qui 
est  une  femelle,  est  insignifiante,  puisque  le  dessus  des  ailes 
inférieures  est  seulement  teinté  de  jaunâtre. 

L’unique  exemplaire  de  celte  Antho.  var.?  P Lasthenia  (') 
est  dans  un  état  de  conservation  parfait. 


Variété  de  la  üygæna  larpedoa. 

Oehs.  — God.  — fklv.  = Sphinx  Sarpedon , Hub.  — Bdv. 

= Sp.  Trimacula , Esp.  (Aberr.  A.  Mill.  ) 

(PI.  10,  fig.  3.) 

Cette  aberration  vient  augmenter  la  série  des  variétés  , 
très-nombreuses  déjà , de  Zygænides  à taches  jaunes.  Elle 
n’a  rien  de  plus  remarquable  que  celles  de  ses  congénères 
qui  présentent  cette  anomalie,  les  Zygæna  Onobryclüs , Itip- 
pocrepulis , Achilleœ , Peucedani  et  Fausta. 

Il  est  à observer  que  chez  les  Lépidoptères  dont  le  fond 
ou  les  taches  sont  rouges,  cette  couleur,  sous  certaines  in- 
fluences climatériques  ou  autres  qu’il  ne  nous  est  nullement 
possible  d’expliquer , passe  au  jaune  plus  ou  moins  vif. 

Cette  nouvelle  aberration  ne  se  distingue  de  la  Sarpedon 
ordinaire  que  par  la  couleur  jaune  cpii,  sur  les  ailes  et  le 
double  anneau  abdominal,  remplace  le  rouge. 

Cependant  le  corps,  les  franges  et  les  antennes  sont  peut- 
être  d’un  noir-bleu  moins  prononcé  que  chez  le  type. 

Ce  sujet  existe  en  unique  exemplaire  dans  la  collection 
Donzel. 


(')  Nom  d'une  des  principales  héroïnes  du  roman  français  qui  a pour  titre: 
Voyages  d’Àntrnor  en  Grèce  et  en  Asie. 


177 


Sterrha  Sacraria. 

Je  ne  connais  pas  d’autres  anomalies,  à taches  jaunes,  de 
la  Zygœna  Sarpedon. 

Cette  variété  accidentelle  provient  des  environs  d’Hyères. 

Stcrrüaa  Sacraria  * Lin. 

Sys.  nat.  220.  — Fab.  10G.  — Yill.  p.  309.  - — Bork.  31. — 

Hub.  200. — Esp.  pl.  30,  fig.  8-9. — Treit.  I,  p.  130.  — 

Dup.  Y,  p.  121,  pl.  178,  fig.  7.  — Frey.  pl.  131,  fig.  1-2. 

— Evers. , p.  372.  — Bdv.  là  86.  — Herr.-Sch. , p.  108  et 

Sup.  p.  7G.  — Gn.  p.  175. 

(Pl.  10,  fig.  4 à 6.  ) 

Bien  que  généralement  les  œufs  de  Lépidoptères  n’aient 
pas  de  caractères  bien  importants,  ceux  de  Sacraria  ont  une 
forme  qui  les  distingue  de  tous  ceux  que  j'ai  observés  jusqu’à 
ce  jour.  Je  les  ai,  en  conséquence,  figurés  (Pl.  10,  fig.  G)  et 
vais  les  décrire. 

La  femelle  de  Sacraria  dépose  ses  œufs  sur  des  tiges  tic 
plante  (’).  Elle  les  fixe  isolément  au  moyen  d’une  liqueur 
visqueuse  qui  les  fait  adhérer. 

Ces  œufs,  très-ellipsoïdes,  légèrement  déprimés,  sont  d’un 
rouge  corail,  teinte  duc  à une  infinité  de  petites  taches  rondes, 
d’un  rouge  de  minium  (deutoxyde  de  plomb)  qu’on  aperçoit 
sur  l’œuf  à l’aide  de  la  loupe. 

Le  12  décembre  dernier  une  tardive  Sacraria  fut  capturée 


(*)  Je  crois  devoir  faire  connaître  aux  Entomologistes  qu’un  excellent 
moyen  d’obtenir  la  ponte  d’une  femelle  de  Lépidoptère  , c’est  de  ne  pas  la 
piquer,  mais  de  l’introduire  dans  une  petite  boîte  en  carton  ou  en  bois.  Il 
est  rare  qu’alors  l’insecte  ne  ponde  pas:  ce  qu’au  contraire  souvent  il  no 
fait  pas  lorsqu’il  est  blessé  par  l’épingle. 


13 


178  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

dans  la  campagne  d'Hyères  et  pondit  cpiatre  œufs  fécondés. 
Le  5 janvier  suivant,  c’est-à-dire  en  moins  d’un  mois,  ces 
œufs  sont  éclos.  La  croissance  de  l’insecte  a été  rapide , eu 
égard  à la  saison.  Au  commencement  de  février,  les  chenilles 
avaient  subi  trois  mues  ; mais  alors , soit  cpie  la  nourriture 
ne  leur  convînt  pas,  soit  quelles  ne  fussent  pas  placées  dans 
des  conditions  atmosphériques  convenables  , elles  dépé- 
rirent, et  successivement  je  les  perdis  toutes  au  moment  de 
leur  dernière  mue. 


Chenille. 

Elle  est  allongée,  cylindrique,  sans  éminence,  sans  carènes. 
Elle  est  généralement  d’un  vert  sombre  ; mais  la  région  du 
dos  et  le  ventre  présentent  une  éclaircie  blanchâtre.  La 
vasculaire  est  line,  brune,  continue  de  la  tète  au  dernier 
segment.  Il  n’existe  nulle  trace  de  la  ligne  sous-dorsale.  La 
stigmatale  est  d’un  blanc  jaunâtre , large,  continue,  faible- 
ment ondulée. 

Les  stigmates,  à peine  perceptibles  à la  loupe,  sont  blancs 
et  finement  cerclés  de  noir. 

Le  ventre  est  blanchâtre,  sans  lignes  distinctes. 

La  tète,  aussi  haute  que  le  premier  anneau,  est  assez  forte, 
grise,  et  marquée  de  deux  traits  fauves  au  sommet.  La  place 
des  yeux  est  indiquée  par  de  très-petits  points  noirs  disposés 
latéralement. 

Très-rigide  dans  son  port,  cette  chenille  demeure  constam* 
ment  à découvert,  fixée  par  les  pattes  anales  ; elle  ne  mange 
que  la  nuit.  Celle  dont  j'ai  fait  l'éducation  a été  nourrie  avec 
plusieurs  espèces  de  Composées,  plusieurs  Rumen. :,  une  An- 
thémis qui  fleurit  en  Provence  pendant  l’hiver.  Il  est  donc 
probable  que  cette  espèce  est  polyphage. 

Sacraria , que  Treitschke,  Duponchel  et  Boisduval  ont 


Sterrha  Sac  varia. 


179 

classée  parmi  les  Aspilates , est  la  seule  du  genre  Sterrha , 
Hub.,  Gn.,  dont  la  chenille  soit  aujourd’hui  connue. 

On  a lieu  de  s’étonner  qu’une  espèce  aussi  fréquente  n'ait 
point  déjà  été  observée  dans  ses  premiers  états. 

Je  ne  dirai  rien  de  la  chrysalide  de  Sacraria  que,  jusqu’à 
ce  jour,  je  n’ai  pas  vue. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,025  à 0,02à  mill. 

Les  supérieures  qui,  fermées,  ont  une  forme  deltoïde,  sont 
d’un  jaune  paille,  sans  autre  dessin  qu’une  ligne  carminée 
partant  de  l’apical,  traversant  obliquement  l’aile  et  venant 
aboutir  au  milieu  du  bord  interne. 

Les  inférieures  sont  d’un  jaune  presque  blanc.  Les  fran- 
ges, en  dessus  et  en  dessous,  concolores. 

Les  quatre  ailes  sont  d’un  jaune  très-paie  en  dessous  , avec 
la  ligne  diagonale  des  supérieures  à peine  écrite. 

La  tête  est  de  la  couleur  des  ailes.  Les  antennes  du  mâle 
sont  droites,  effilées,  garnies  jusqu’aux  trois  quarts,  de  lames 
fines,  pubescentes,  pas  très-longues. 

Chez  la  femelle,  qui  paraît  beaucoup  plus  rare  que  le  mâle, 
les  antennes  sont  également  pubescentes. 

Le  corps  des  deux  sexes  est  faiblement  caréné  sur  les  flancs. 

Var.  A.  ^asagaaiasarüiû. 

Esp.  pl.  30,  fig.  10-1 1 — Sacraria.  Var.  Bork.  p.  70.  — 
Herr.-Sch.  p.  î 08,  fig.  26à.  — Var.  A.  Gn. 

Cette  variété,  assez  fréquente  dans  les  lieux  où  abonde  le 
type,  a les  ailes  supérieures  finement  striées  de  rose,  avec  la 
ligne  transverse  plus  fondue  que  chez  l’espèce  ordinaire. 

Rencontrée  pour  la  première  fois  en  Barbarie,  Sacraria  a 


180  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS, 

été  depuis  retrouvée  en  Afrique,  en  Abyssinie,  en  Italie,  en 
Dalmatie,  puis  enfin  communément  dans  les  départements 
du  Var,  de  la  Drôme  et  de  l’Ardèche.  On  la  rencontre  très- 
abondamment,  dans  ces  contrées,  de  juin  <à  novembre. 

Je  l’ai  prise  moi-même,  deux  fois,  aux  portes  de  Lyon, 
au  fort  des  Hirondelles. 

M.  A.  Constant  m’a  dit  avoir  capturé  cette  Phalénite  dans 
sa  propriété  de  Bouhy  (Saône-et-Loire). 

Il  est  probable  que  cette  petite  Fidonide  paraît  plus  de 
deux  fois  par  an.  Je  suppose  que,  dans  sa  véritable  patrie, 
les  générations  de  Sacraria  se  succèdent  sans  interruption, 
de  mai  à octobre. 

Nouvelle  variété  de  la  BSoas'iisi»  E&liomflioidnria,  Keéem. 

p.  120,  pl.  14,  fig.  1.  2 et  27.  — Treits.  I,  p.  211.  — 

Dup.  IV,  p.  549, pl.  158,  fig.  4-5.  — Frey.  ÏIl,  pl.  288. 

— Bdv.  1554.  — Dclah.  122.  = Gemmaria  Brahm.  151, 

— Bork.  65.  — Consobrinaria , Haw.  276.  — ■ Stepb.  III, 

p.  188.  — Gn.  559. 

(H.  10,  fig.  7). 

Envergure  : 0,050  mill. 

La  Rhomboidaria  varie  assez  peu.  Elle  n’a  pas,  comme  sa 
congénère  îîepandaria , de  constantes  aberrations.  Cependant, 
de  loin  en  loin,  apparaissent  des  variétés  plus  ou  moins  in- 
téressantes de  Rhomboidaria.  C'est  aux  dépens  de  celle-ci 
que  les  Anglais  ont  créé  deux  espèces  qui  ne  sont,  en  réa- 
lité, que  des  anomalies  de  cette  Boarmide. 

Ainsi  : ï Australaria,  Cuiitis,  p.  115,  est  certainement  une 
Rhomboidaria  à teinte  ochracée  et  à dessins  vivement 


accuses. 


18  i 


Boarm ia  Rh omboidaria . 

La  Fimbriaria , Stepji.,  p.  188,  esl  aussi  une  aberration  de 
la  même  Boarmide,  à large  bordure  noire  , avec  dessins  fort 
mal  indiqués. 

M.  le  docteur  Boisduval  a créé  une  troisième  espèce  : F Abs- 
tersaria  ( Index  methodicus , n.  1555),  provenant  des  Pyré- 
nées, qui  n’est  également  qu’une  simple  variété  plus  petite 
que  la  Rhomboularia  ordinaire,  à ailes  plus  blanchâtres,  avec 
lignes  bien  distinctes  (1). 

Citerai-je  la  var.  de  Iiubner.  n.  4 8S?  Je  ne  sais,  en  vérité, 
si  cette  figure,  à la  coupe  d’ailes  si  défectueuse,  aux  lignes 
blanchâtres  transverses  si  durement  accusées,  doit  être  rap- 
portée à la  Rhomboularia.  On  peut  en  douter. 

Je  viens  à mon  tour  figurer  une  cinquième  variété  dont 
je  possède  deux  individus,  un  mâle  et  une  femelle.  L’un 
d'eux,  la  j,  fut  capturée  par  moi,  en  septembre,  dans  l’Ar- 
dèche. C’est  ce  sujet  que  je  décris. 

La  taille  de  cette  aberration  est  exactement  celle  de  Rhom- 
boidaria  typique.  La  teinte  générale  des  ailes  est  beaucoup 
plus  foncée  que  chez  l’espèce  ordinaire;  elle  a passé  au  fuli- 
gineux. Les  lignes  ordinaires,  très-bien  indiquées,  sont  des 
plus  visibles.  Ce  qui  distingue  surtout  cette  variété,  est  l’es- 
pace compris  entre  1a  coudée  et  la  frange,  qui  est  comme 
eharbonné.  Le  point  cellulaire,  non  pupiîlé,  est  d’un  noir 
profond  ; appuyé  au  bord  costal,  il  n’est  pas  réuni  à l’ombre 
médiane,  et  se  détache  d'autant  mieux  du  fond. 

En  dessous  , cet  insecte  n’a  rien  qui  le  distingue  des 
Rhomboularia  ordinaires. 


(’)  Cette  phrase  de  l’auteur  de  Y Index  methodicus  : « Afliuis  Rhomboi- 
daria  et  forte  illius  aberratio  Pyrenaica  » semble  indiquer  qu’il  considère 
lui-même  cette  prétendue  espèce  comme  ayant  les  plus  grands  rapports  avec 
la  Rhomboidaria  typique. 


182  GUENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

Des  œufs  fécondés  de  cette  anomalie  me  procurèrent 
quelques  chenilles.  Un  accident  me  les  lit  perdre  quinze 
jours  après  leur  éclosion.  C’est  chose  d’autant  plus  regret- 
table, qu’il  eut  été  intéressant  de  connaître  si  la  progéniture 
de  cette  variété  devait  participer  en  totalité  ou  en  partie  de  la 
coloration  anormale  de  la  mère* 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


J 85 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


De  la  3me  Livraison  (18(50). 


PLANCHE  1. 
Explication  des  figures . 

I. 

Fig.  I . Chenille  de  Fidonia  Plumistaria  (Vill.) 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  de  Zygœna  Lavandulœ  (Fac.) 

5.  ld.  Id.  vue  de  dos. 

G.  Cocon. 

7.  Chrysalide. 

8.  Insecte  parfait. 


EXPLICATION  DES  PI,  ANC  DES. 


18/1 


PLANCHE  2. 


Explication  des  pioukes. 


I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Mecyna  Polygonalis  (Hub.  ) 

2.  Insecte  parfait. 

IL 

Fig.  3.  Chenille  de  Crocallis  Dardoinaria  (Doivz.) 

4.  Chrysalide. 

5.  Insecte  parfait. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


î 85 


PLANCHE  3. 


Explication  des  fioures. 


I. 

Fig.  I.  Arge  Galathea , L.  (Aberr.  Turcica,  Bdv.  ) 

II. 


Fig.  3.  Chenille  de  Mamestra  Chenopodiphaga  (Rame.) 
2.  kl.  Id.  jeune. 

6.  Cocon. 

4.  Chrysalide, 

5.  Insecte  parfait. 


186 


EXPLICATION  DUS  PLANCHES. 


PLANCHE  4. 


Explication  dus  figures. 

I. 

Fig.  1.  Melitæa  Didyma  F.  ( Aberr.  A.  Mill.  ) 

2.  » » (Aberr.  13.  ld.  ) 

3.  » » (Aberr.  C.  Id.  ) 

IL 

Fig.  4.  Chenille  de  Sciaphila  Limoniana,  Mill. 

5.  *>  ld.  vue  de  dos. 

8.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait. 

7.  ld.  , 


vu  en  dessous. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


187 


PLANCHE  5. 
Explication  des  figuhus. 


I. 


Fig.  i.  Chenilles  de  Plusia  Chalcites  (Esp.  ) 

2.  Cocon, 

3.  Chrysalide. 

A.  Insecte  parfait. 

IL 

Fig.  5.  Chenilles  d’Amphipyra  Effusa  (Bdv.) 

6.  Id.  Id.  Id.  ( Aherr.  Mill.  ) 

7.  Chrysalide. 

8.  Insecte  parfait. 


188 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  6. 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  d'Abraxas  Pantaria  (Linn.) 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  d’Eubolia  Basochesiata  (Dup. } 
5.  Insecte  parfait  </*. 

G.  Id.  1 d.  ?. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


189 


PLANCHE  7. 

Explication  des  figuïies. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Tephrina  Vincularia  (Hue.) 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

IL 

Fig.  4.  Chenille  de  Hadenu  Occlusa  ( Esp.  ) 

3.  Id.  Id.  jeune. 

6.  Chrysalide. 

7.  Insecte  parfait. 


LJO 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  S. 
Explication  des  figures. 


I. 

Fig.  i.  Chenille  d’ Argyrolepia  Mulsantana  (Mill.  ) 

2.  Ici.  Id.  vue  de  dos. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecte  parfait. 

5.  Id.  vu  en  dessous. 


IL 

Fig.  G.  Chenille  de  Phycis  Albiricella  ( Fisch.-V.-R.  ) 

7.  Id.  Id.  jeune. 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

III. 

Fig.  10.  Ncmoria  Bruandaria  J (Mill.) 

11.  Id.  Id.  vue  en  dessous. 

12.  Anlenne  fortement  grossie. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


19! 


PLANCHE  9. 

Explication  des  figuiies. 

I. 

Fig.  1.  Agrolis  Constanti  (Mill.) 

2.  Id.  vue  en  dessous. 

II. 

Fig  3.  Chenille  de  Xylina  Lapide  a,  H.  (Ah.  Leautieri,  I>dv.  ) 

4.  Chrysalide. 

5.  Insecte  parfait. 

III. 

Fig.  6.  Chenille  de  Theca  Cupressata  (Dup.) 

7.  Chrysalide. 

8.  Insecte  parfait. 

0.  Derniers  anneaux  de  la  chrysalide,  grossis 


102 


EXPLICATION  DES  PLANCHES; 


PLANCHE  10. 

Explication  des  figures. 

L 

lig.  1.  Anlho.  Carclamines  L.  (Ab.  Lastlienia , Mill.  an  Sp.  nov.  ?) 

2.  Id.  I(L  vue  en  dessous. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  de  Sterrha  Sacraida,  Lin». 

5.  Insecte  parfait  au  repos. 

0.  Œufs  de  S.  Sacraria , grossis. 

III. 

Fig.  3.  Zygœna  Sarpedon , Och.  (Aberr.  Â.  Mill.) 

IV. 

Fig.  7.  Boarmia  Rhomboidaria , K.  ( Aberr.  E.  Mill.  } 


Lyon.  — lmp.  F.  Dumoulin,  rue  St-Pierre  20. 


Annalc.f  de  h Société linnéewic  de  Lyon 


I}. ,ne  Livr 


Aimé*  1861.  Pli 


J>MUière,  Hef  et />  ! J Miyneaux  scalp' 

I . 1  à 6.  /Hacha  01  bute Ua,  MM. 

II.  j ci  n.  Macaràz  ÆMimaria,  Mul 


ïmp.ffenis/c,  r.  ïïu/non  /’ans 


M".,e  Mt/iicaux  col. 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


I)E 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS, 

Par  P.  9IILLIÈRE. 

QUATRIÈME  LIVRAISON. 

(Présentées  k la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  8 juillet  ÎS61.) 


llucifa  OShiaefila,  Mill.  ( Species  nova  ). 

(Planche  1,  fig.  \ h 6.) 

Je  ne  suppose  pas  que  cette  Tinéide  soit  celle  qu’a  publiée 
M.  Zeller  sous  le  nom  de  Tamariciella  (Zell.  Ent.  Z.  1850, 
p.  153),  car  sa  description  ne  se  rapporte  pas  à l’insecte  que 
je  publie  aujourd’hui.  De  plus  , la  figure  que  M.  Herrich- 
Schæffer  a donnée  dans  ses  suites  à Hubner  (Tin.  Europ. 
Tob.  75,  fig.  567)  de  la  Tamariciella  Zell.,  me  parait  diffé- 
rer sensiblement  de  mon  Alucita  nouvelle. 

Chenille. 

Longueur  : 0,01/1  à 0,01 5 mill.,  fusiforme,  sensiblement 
atténuée  aux  deux  extrémités,  couverte  de  points  verruqueux 
visibles  seulement  à la  loupe. 

Le  type  est  d’un  vert  mat  plus  ou  moins  clair. 

La  vasculaire  qui  est  continue,  étroite,  vert  foncé,  est  fi- 

13 


i 94  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

nement  liserée  de  blanchâtre  des  deux  côtés.  Il  n“ existe  pas 
de  sous-dorsale.  La  stigmatale  est  large,  continue,  ondulée, 
jaunâtre.  Les  stigmates,  invisibles  à l’œil  nu,  sont  blancs  et 
cerclés  de  noir.  Le  ventre,  d’un  vert  livide,  est  marcpié  de 
blanchâtre  du  quatrième  au  neuvième  segment. 

La  tête  est  petite,  lenticulaire,  concolore. 

Toutes  les  pattes  sont  vertes. 

Cette  chenille  varie  en  vert  foncé,  en  rougeâtre  et  en  brun 
plus  ou  moins  obscur.  Je  l’ai  rencontrée  en  grand  nombre, 
en  automne,  sur  le  Tamavix  gallica , L.  , aux  environs 
d’IIyères  et  de  Toulon, 

Chrysalide, 

Au  lieu  de  se  métamorphoser,  comme  ses  congénères,  sur 
les  branches  des  arbres,  cette  chenille  entre  profondément 
en  terre  où  elle  forme  une  coque. 

La  nymphe  est  allongée,  d’un  brun  rougeâtre.  Les  derniers 
segments  sont  noirs.  La  pointe  qui  termine  la  chrysalide  est 
unique,  noire,  forte,  aiguë, 

Olbiaella  ne  doit  avoir  qu’une  seule  génération.  Ce  qui  le 
prouverait,  c’est  que  l’insecte  parfait  n’a  commencé  à paraître 
qu’en  juillet.  L’éclosion  a continué  jusqu’à  la  lin  d’aout. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,016  à 0,017  mill. 

Cette  Alucita  est  un  peu  plus  grande  que  la  Xylostella , 
Tr.,  Evers.,  Steph.,  Dup.  ; avec  laquelle  elle  a quelques 
points  de  ressemblance  pour  la  coupe  des  ailes  et  la  disposi- 
tion des  taches  (’). 


(i)  Je  ne  comparerai  pas  mon  Olbiaella  à la.  Xylostella  de  Oublier  (pl.  17, 
tig.  JJ 9),  car  les  deux  espèces  diffèrent  beaucoup  par  la  coupe  d’ailes  et  par 
la  disposition  des  taches. 


Alucita  Olbiaella.  195 

Les  ailes  supérieures  sont  étroites,  lancéolées,  à sommet 
prolongé  en  pointe  obtuse.  Le  fond,  rougeâtre,  est  sablé 
d’une  infinité  d'atomes  noirs.  Il  existe,  en  outre,  une  large 
bande  longitudinale,  noire,  partant  de  la  base  de  l’aile  et  se 
prolongeant  aux  trois  quarts  de  sa  longueur.  Cette  bande 
qui  se  fond  en  se  rapprochant  de  la  côte  , est  marquée  en 
dessus  d’une  ou  de  deux  taches  blanchâtres,  variant  de  formes 
chez  le  plus  grand  nombre  des  individus.  Cependant  sur 
d’autres,  les  taches  blanches  manquent  tout-à-fait.  La  frange 
est  précédée  de  trois  ou  quatre  points  oblongs  et  noirs. 

Les  ailes  inférieures , unies,  un  peu  plus  larges  que  les 
supérieures  , se  rétrécissent  brusquement  avant  d’arriver  à 
l’apex.  Ces  ailes  sont  garnies  de  longues  franges  unicolores, 
surtout  au  bord  interne. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  sont  d’un  gris  rougeâtre,  luisant 
et  sans  taches,  sauf  quelques  points  bruns  au  bord  terminal 
des  supérieures,  qu’on  ne  voit  bien  qu’à  la  loupe. 

Les  palpes  inférieurs,  qui  sont  les  seuls  visibles , ont  les 
deux  premiers  articles  garnis  de  poils  blanchâtres,  et  le  der- 
nier long,  nu,  et  recourbé  en  demi-cercle.  La  tête  est  petite, 
carrée  et  rougeâtre.  Les  antennes , très-écartées  à la  base, 
sont  filiformes  dans  les  deux  sexes.  Le  thorax  est  ovale  et 
brun.  L’abdomen  participe  de  la  couleur  des  ailes.  Les 
pattes,  brunes,  sont  annelées  de  blanc  à leur  extrémité. 

Il  est  fâcheux  que  M.  Zeller  ne  nous  ait  pas  fait  connaître 
la  chenille  de  sa  Tamariciella , car  il  eût  été  intéressant  de 
la  comparer  à l’espèce  nouvelle  que  je  viens  de  décrire. 

Olbiaella  (*)  devra  trouver  place  après  la  Xyloslella  de 
Duponchel. 

De  même  que  la  plupart  des  espèces  congénères,  cette 


J1)  De  Olbia,  nom  primitif  de  la  ville  d’Hyères. 


19G 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 
nouvelle  Âlucite  est  très- vive  ; elle  vole  avec  une  rapidité 
extrême,  et  si  on  ne  la  pique  promptement,  elle  ne  tarde 
pas  à être  méconnaissable.  Elle  paraît  commune  en  Pro- 
vence. 

Maeas'ia  ÆsJiioaria. 

Hb.  333.  — Treits.  I,  p.  18  et  Sup.  — Dup.  IV,  p.  ‘209  , 

pl.  100,  fig.  2.  — Bdv.  1475.  — - Herr.-Sch.  51.  — Gn. 

1 05G. 

(Planche  1 , fig.  7 à \ !.  ) 

Elle  est  de  longueur  moyenne,  sans  éminences,  faiblement 
atténuée  antérieurement , à peine  carénée  sur  les  flancs  et 
rayée  de  lignes  longitudinales  bien  nettes.  Tout  l’insecte  est 
d’un  vert  clair  mat. 

La  ligne  vasculaire,  d’un  vert  plus  prononcé  que  le  fond, 
est  étroite  , continue , du  premier  au  dernier  anneau  ; elle 
est  aussi  finement  liserée  de  blanc  à droite  et  à gauche.  La 
sous-dorsale,  relativement  large,  très-blanche,  se  rétrécit  sur 
chaque  intersection.  Elle  est  en  outre  très-finement  liserée 
de  noir  en  dessus  et  en  dessous.  La  stigmatale  est  faiblement 
ondulée , blanche  et  tachée  de  citron  sur  chaque  segment. 
Trois  points  noirs  placés  horizontalement  surmontent  cette 
tache  jaune. 

Le  ventre  est  marqué  de  trois  lignes  nébuleuses,  continues, 
du  quatrième  au  neuvième  segment. 

La  tête,  assez  forte,  globuleuse,  verte,  est  maculée  de  nom- 
breux points  noirs  placés  symétriquement.  Les  pattes  sont 
vertes;  les  écailleuses,  tachées  extérieurement  de  noir  sur 
chaque  article. 

L’espèce  varie  quelquefois  en  vineux  obscur. 

Cette  chenille  , par  l’heureuse  disposition  des  couleurs 
dont  elle  est  parée,  est  des  plus  remarquables.  Je  l’ai  trouvée 


Macaria  Æsthnaria . 197 

dans  le  Var  au  nombre  de  huit  ou  dix  sur  les  Tamarix  gal- 
lica  L. , qui  bordent  la  Méditerranée.  Je  suppose  qu’elle 
doit  ctre  fréquente  en  juin  et  juillet. 

Dans  l’intérieur  des  terres  où  abondent  les  Tamarins  , je 
n’ai  pu  rencontrer  cet  insecte. 

La  chenille  de  Æsthnaria  demeure  toujours  à découvert  ; 
elle  se  confond  avec  le  feuillage,  à cause  de  sa  couleur  et  de 
la  rigidité  de  son  altitude.  Elle  paraît  vivre  exclusivement 
sur  le  Tamarix  cjallica , grossit  très-vite  et  s’élève  sans  beau- 
coup de  peine. 

Chrysalide. 

Au  moment  de  sa  métamorphose  en  nymphe  , la  chenille 
descend  de  l’arbre  , s’enfonce  à deux  ou  trois  centimètres 
sous  la  terre  , et  larde  peu  à se  transformer. 

La  chrysalide , passablement  allongée , est  brune  avec  les 
intersections  noires.  Le  dernier  segment  n’a  qu’une  seule 
pointe  conique,  noire  et  forte. 

La  première  génération  de  Æsthnaria  éclot  dès  le  mois 
d’avril.  Il  en  paraît  une  seconde  en  automne. 

Mes  chenilles,  recueillies  assez  tard,  n’ont  fourni  leur  insecte 
parfait  que  du  1er  au  15  mai. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,025  à 0,027  mill. 

Les  ailes  sont  oblongues  , dentées,  grises,  saupoudrées 
d’atomes  bruns.  Aux  supérieures , la  ligne  basilaire  et  la 
coudée  sont  d'un  noir  brun.  La  tache  cellulaire,  la  côte  et 
les  points  nervuraux , oblongs , éclairés  de  blanc  extérieure- 
ment, sont  aussi  d’un  noir  brun.  L’espace  compris  entre  la 
coudée  et  la  frange  est  cl’un  gris  plus  ou  moins  brun.  Les 
secondes  ailes,  dont  le  milieu  présente  un  angle  extérieur, 


11)8  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

ont  une  coudée  noire  qui,  de  même  qu’aux  supérieures,  est 
le  plus  souvent  doublée.  Le  point  cellulaire  existe,  mais  il  est 
mal  écrit. 

Les  quatre  ailes  sont , en  dessous  , striées  et  sablées  de 
brunâtre.  Les  lignes  transverses  des  ailes  supérieures  parais- 
sent, mais  à peine.  La  frange,  unicolore  en  dessus,  est,  en 
dessous,  entrecoupée  de  blanc  et  de  brun. 

Les  antennes  , moniliformes,  assez  longues  , sont  brunes. 
La  tête  est  petite,  le  corps  grêle,  l’abdomen  long. 

La  femelle , un  peu  plus  grande  que  le  mâle , a les  taches 
des  ailes  moins  vivement  accusées. 

L’espèce  a deux  éclosions  : elle  parait  pour  la  première  fois 
dès  le  mois  d’avril,  et  pour  la  seconde  en  septembre. 

Cette  Macaria , qui  varie  peu,  n’est  pas  rare  à Hyères  , à 
Marseille  et  à Montpellier.  On  la  rencontre  aussi  dans  la 
France  occidentale.  Elle  se  trouve  en  Espagne,  en  Italie,  en 
Sicile,  et  appartient  également  à la  faune  de  la  Russie  méri- 
dionale. 

Æstimaria , ainsi  que  tous  les  lépidoptères,  a ses  ennemis. 
Un  parasite  de  la  grande  famille  des  Ichneumoniens  l’attaque 
alors  qu’elle  est  en  larve.  Plusieurs  fois  j’ai  vu  éclore  ce  pa- 
rasite à la  place  de  la  Phalénite  que  j’attendais. 

La  chenille  qui  porte  caché  en  elle  l'ennemi  qui  la  dé- 
vore lentement , cesse  tout-à-coup  de  manger  : c’est  le 
moment  où  l’Ichneumon  a atteint  sa  taille.  Â cette  époque 
la  peau  de  la  malheureuse  chenille  est  percée  par  son  en- 
nemi , qui  en  sort  sous  forme  de  larve  et  qui  file  immédia- 
tement un  cocon  (PI.  1,  fig.  10),  qu’il  fixe  à une  branche 
de  Tamarin.  Cette  coque,  ovoïde,  formée  de  soie  d’un  blanc 
satiné,  est,  au  centre,  largement  cerclée  de  brun. 

L’Hyménoptère  (PI.  1,  fig.  11.)  qui  éclot  beaucoup  plus  tôt 
que  ne  l’eût  fait  Æstimaria , s’échappe  du  cocon  qui  le  ren- 
fermait, au  bout  de  vingt  ou  vingt-cinq  jours. 


Annales  de  /a  Société L/nnéenne  de  It/on 


d".Le  Livr 


.Innée  JP61  Pi  2. 


Imp,  ïïbltùv/i',  /' . Mi q non.'  Pt via • . 


I. 1  a 3.  Heliophobus  Hispida,  U.ub. 

II.  b b 8 Aporopiu/la  Australie , B do 


lleliophobus  Hispida. 


199 


Ilcliopliobas  IIîspi«la« 

Hb.  784.  — Tr.  Sup.  X,  p.  39.  — Bdv.  Icon.  pl.  72,  fig.  6 

et  7.  — Gn.  lad.  241.  = flirta , Dup.  III,  p.  275,  pl.  90. 
— Gn.  Spec.  273. 

(Planche  2,  fig.  1 à 3.) 

CllEiNILLE. 

Epaisse,  rase,  tout-à-fait  cylindrique.  D’un  rougeâtre  obs- 
cur en  dessus,  avec  les  premiers  anneaux  lavés  de  bleuâtre. 
D’un  gris  livide  en  dessous. 

La  vasculaire,  à peine  écrite,  ne  se  montre  qu’à  l’intersec- 
tion des  anneaux,  sous  forme  d’une  double  ligne  brusquement 
interrompue.  La  sous-dorsale  est  indiquée  par  un  trait  noir, 
horizontal,  placé  sur  le  milieu  de  chaque  segment,  du  troi- 
sième au  dixième  compris.  Ce  trait  noir  est  accompagné  en 
dessous  d’une  large  tache  diagonale  de  même  couleur,  de 
forme  et  de  grandeur  variables,  selon  les  ^individus.  Cette 
tache,  vue  à une  forte  loupe,  n’est  en  réalité  qu’une  réunion 
de  nombreux  petits  points  noirs.  La  stigmatale,  très-étroite, 
plus  claire  que  le  fond,  n’est  pas  toujours  bien  visible. 

Les  stigmates  sont  ellipsoïdes,  nullement  cerclés  et  com- 
plètement noirs. 

La  tête,  assez  forte,  globuleuse,  est  marquée  de  deux  traits 
noirs.  Ces  traits  partent  du  sommet  de  la  tête  et  viennent 
aboutir,  à droite  et  à gauche,  au  dessus  de  chaque  mâchoire  : 
celles-ci  sont  brunes.  Les  palpes,  de  longueur  moyenne, 
sont  bleuâtres.  Les  pattes  écailleuses,  également  bleuâtres, 
ont  le  dernier  article  brun.  A l’aide  d’une  bonne  loupe  on 
voit  ces  pattes  entourées  de  nombreux  poils  très-courts.  Les 
membraneuses,  concolores,  ont  la  couronne  liserée  d’un  trait 


200  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

brun,  fin,  invisible  à l’œil  nu.  La  première  paire  de  trapézoï- 
daux seule  est  perceptible. 

Cette  chenille,  qui  n’a  pas  encore  été  figurée,  n’était  con- 
nue que  par  les  quelques  mots  qu’en  a dits  Duponchel  (’), 
d’après  une  note  qui  lui  fut  envoyée  par  M.  le  comte  de  Sa- 
porla,  lors  de  la  publication  de  son  ouvrage. 

J’ai,  l’automne  dernier,  élevé  deux  pontes  de  la  llelioplio- 
bus  Hispicla.  Une  que  je  tenais  de  notre  collègue,  M.  Dardoin, 
de  Marseille,  et  une  autre  que  j’ai  rapportée  de  l’Ardèche. 
Les  insectes,  provenant  de  ces  deux  familles,  se  ressemblaient 
complètement  et  ne  présentaient  pas  entre  eux  de  différences 
appréciables  dans  la  coloration. 

La  chenille  grossit  rapidement  : elle  e'clot  quinze  ou  vingt 
jours  après  la  ponte  de  l’œuf,  et  moins  de  six  semaines  après, 
elle  se  métamorphose. 

L'insecte  vit  à découvert  jusqu’après  sa  troisième  mue  ; 
ensuite  il  se  cache  au  pied  des  Graminées;  ce  sont  les  plantes 
qu’il  préfère  à toutes  les  autres. 

Chrysalide. 

Bien  que  l’insecte  parfait  ne  doive  éclore  qu’en  septembre, 
la  chenille  néanmoins  se  transforme  très-vite.  Mais  préa- 
lablement elle  construit  une  coque  solidement  tissée  , for- 
mée de  grossiers  brins  de  soie  et  de  grains  de  terre  entre- 
mêlés. L’intérieur  de  la  coque  est  lisse  , luisant  et  semble 
impénétrable  à l’humidité. 

La  chrysalide,  qui  n’a  rien  de  remarquable  dans  sa  forme, 
n’est  pas  très-allongée  ; elle  est  d’un  marron  clair,  assez  ren- 
flée jusqu’aux  anneaux,  et,  vue  à la  loupe,  sè  termine  par 


P)  VI,  i».  270. 


Ileliophobus  llispida.  201 

deux  pointes  noires  assez  longues  réunies  l’une  et  l’autre.  La 
dernière  peau  de  la  chenille  adhère  fortement  à cette 
pointe. 

Insecte  parfait. 

Envergure  :0,029  à 0,031  mill. 

llispida  est-elle  une  Ileliophobus  plutôt  qu’une  Episema  ? 
La  question  ne  me  paraît  pas  être  définitivement  résolue. 

M.  le  docteur  Boisduval  a fait  de  cette  espèce  une  Episema. 
M.  Guenée  la  considère  comme  une  Ileliophobus . 

Rien  ne  prouve  rigoureusement  que  Hispida  appartienne 
plutôt  à l’un  qu’à  l’autre  de  ces  deux  genres.  Cependant 
puisque  la  chenille  a quelque  ressemblance  avec  celles  des 
Ileliophobus , je  me  range  de  l’avis  de  M.  Guenée. 

Reste  à savoir,  dira-t-on,  ce  que  peuvent  être  les  larves 
des  Episema  de  M.  Guenée,  sur  lesquelles  on  n’a  pas  eu 
jusqu’à  ce  jour  la  moindre  notion  (*). 

Sur  un  fond  brun  les  quatre  lignes  transversales  des  su- 
périeures se  détachent  en  gris  blanchâtre.  La  réniforme  et 
le  liseré  qui  précèdent  la  frange,  d’un  blanc  jaunâtre,  se  dé- 
tachent nettement. 

Les  ailes  inférieures,  blanchâtres,  sont  lavées  de  ferrugi- 
neux au  bord  terminal.  Chez  la  femelle,  la  teinte  fuligineuse 
des  inférieures  a envahi  toute  leur  surface.  Les  antennes  du 
mâle,  presque  égales  en  largeur,  de  la  hase  au  sommet,  sont 
fortement  pectinées.  Celles  de  la  femelle  sont  plus  courtes, 
grêles  et  filiformes. 


(*)  Quand  donc  la  chenille  delà  Episema  Trimacula,  W.-V.  sera-t-elle 
découverte?  Je  dirai,  si  cela  peut  intéresser  MM.  les  Lépidopléristes , que 
depuis  plusieurs  années,  je  cherche,  en  toutes  saisons,  cette  larve  avec  une 
extrême  persistance  dans  une  localité  restreinte  où,  en  octobre,  l’insecte  par- 
fait cclol  par  centaines.  Je  n’ai  point  encore  réussi  à rencontrer,  soit  le  jour 
soit  la  nuit,  une  seule  de  ces  mystérieuses  chenilles. 


202 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Cetle  Noctuelle,  rencontrée  pour  la  première  fois  en  Pro- 
vence , a été  depuis  retrouvée  très-abondamment  dans  tout 
le  midi  de  la  France. 

Sans  descendre  bien  bas  le  Rhône,  on  rencontre  fréquem- 
ment l’insecte  parfait  à Celles-les-Bains  (Arclècbe)  où,  le  soir, 
on  le  voit  butiner  sur  les  Bruyères  en  fleurs.  Bien  souvent  on 
le  trouve,  la  nuit,  dans  les  lieux  incultes,  accroché  aux  tiges 
sèches  des  Bromes. 

Hispula  n’a  qu’une  seule  génération  par  an. 

Donzel , dans  ses  notes  manuscrites  laissées  h la  Société 
Linnéenne  de  Lyon,  dit  que  cette  Heliophobus  a été  trouvée 
à Rive-de-Gier  (Loire). 

Aporopftyla  Australie. 

Bdv.  Ind.  metli.  Add.  p.  6.  — Gn.  920.  — Ramb.  Ann. 

Soc.  ent.  de  Fr.  p.  291,  pl.  9 — Gn.  Ind.  246  — Frey1. 

III,  pl.  209.  — Dup.  Sup.  III,  p.  391,  pl.  35  — Herr.- 

Sch.  159,  160.  — Gn.  Spec.  240. 

(Planche  2,  fig.  4 à 8.) 

Chenille. 

Une  femelle  d 'Aiistralxs  prise  dans  l’Ardèche  vers  la  fin  de 
septembre  1860,  me  pondit  des  œufs  qui  sont  éclos  dix-huit 
ou  vingt  jours  après.  La  jeune  chenille,  d’un  vert  blanchâtre 
d’abord  , devient,  après  sa  première  mue , d’un  beau  vert 
clair,  couleur  qu’elle  conserve  jusqu’il  sa  métamorphose; 
seulement  les  lignes  se  dessinent  davantage  à mesure  que 
l’insecte  grossit. 

Après  la  deuxième  mue,  la  stigmatale,  blanche,  ombrée  de 


i 


Aporophyla  Australis.  205 

carmin  en  dessus,  est  seule  visible.  La  troisième  mue  sur- 
vient, qui  .nous  montre  cette  larve  avec  les  lignes  vasculaire 
et  sous-dorsale  teintées  de  carminé  plus  ou  moins . obscur. 
Elles  sont  toutes  deux  largement  interrompues.  Sur  chaque 
anneau  une  tache  blanche  et  lozangée  occupe  le  milieu  de 
la  première  de  ces  lignes.  La  stigmatale  est  ce  quelle  était 
précédemment. 

Arrivée  à toute  sa  taille,  cette  chenille  est  remarquable 
par  la  vivacité  de  ses  couleurs.  A la  voir  alors,  elle  ressemble 
plutôt  à une  larve  vivant  à découvert , à la  manière  des 
Ileliothis  ou  des  Cucullia  dont  elle  paraît  avoir  emprunté  la 
brillante  parure  , qu’à  une  chenille  qui  se  tient  soigneuse- 
ment cachée  pendant  le  jour  et  qui  ne  mange  que  la  nuit. 
Loi’sque,  dis-je,  cette  larve  a atteint  son  entier  développe- 
ment, elle  est  forte,  complètement  cylindrique,  avec  les 
lignes  vasculaire  et  sous-dorsale  interrompues,  étroites,  d’un 
vineux  foncé.  La  stigmatale  est  fine,  continue  et  blanche. 
L’espace  compris  entre  celte  dernière  ligne  et  la  sous-dorsale, 
se  montre  sous  l’aspect  d’une  large  bande  vineuse  , formée 
par  la  réunion  de  nombreux  atomes  foncés. 

Les  stigmates  sont  blancs,  relativement  gros  et  cerclés  de 
noir. 

Le  ventre,  vert,  conserve  la  couleur  du  fond  de  l’insecte  ; 
il  est  sans  lignes. 

Le  dos  est  marqué  sur  chaque  segment  d'une  tache  en 
forme  de  < , d’un  pourpre  obscur,  dont  la  pointe  se  dirige 
du  côté  de  la  tête.  Celle-ci,  assez  forte,  est  concolore.  Les 
pattes  sont  vertes.  La  couronne  des  ventrales  est  légèrement 
vineuse. 

J’ai  nourri  la  chenille  d Australis  avec  plusieurs  espèces 
de  Graminées  et  l’ai  toujours  trouvée  dans  le  Var  sur  des 
plantes  de  cette  famille,  ou  sur  des  Carex.  M.  le  docteur 
Rambur,  qui  l’a  observée  le  premier,  nous  dit  qu’elle  vit  sur 


204  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS, 

les  Chicoracées  et  T Asphodélus  microcarpus  (f).  J'ai  vainement 
cherché  moi-même  cette  espèce  sur  ces  plantes  ; tandis  que 
dans  le  voisinage  des  Asphodelus  ramosus  Vill.  et  microcar- 
pus Lois.,  je  la  trouvais  abondamment  sur  les  Agrostis  cani- 
na  et  spica-venti , les  Carex  divulsa,  humilis , etc. 

Cet  insecte,  qui  est  d’une  éducation  facile,  en  liberté,  se 
cache  sous  les  pierres  pendant  le  jour. 

Chrysalide. 

Pour  se  métamorphoser  la  chenille  choisit  une  épaisse 
touffe  de  Graminées,  se  place  au  centre  des  racines  les  plus 
serrées,  parmi  lesquelles  on  a grand’peine  à la  trouver, 
et  se  transforme  quinze  ou  vingt  jours  après. 

La  nymphe,  sans  aspérités,  assez  longue,  renflée  au  centre, 
a le  dernier  anneau  coupé  presque  carrément.  Les  deux  seg- 
ments terminaux,  dont  on  n’aperçoit  l’incision  qu’à  la  loupe, 
semblent  soudés  ensemble.  Cette  nymphe  se  termine  par 
une  pointe  unique,  courte,  forte  et  noire.  Elle  est  générale- 
ment rougeâtre  et  lavée  d’une  teinte  vert  glauque  sur  l’em- 
placement des  ailes. 

Les  antennes  de  l’insecte , sa  trompe  et  ses  yeux  se  dis- 
tinguent sous  l’enveloppe  qui  les  recouvre. 

La  chrysalide  éclot  en  septembre. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,044  à 0,040  mill. 

Australes,  considérée  primitivement  par  M.  Rambur  et  par 
M.  Boisduval  comme  une  Xylina , rapportée  par  le  dernier 


(l)  Annales  de  la  Société  enlomologique  de  France.  Séance  du  4 8 avril  1832 


205 


A porophyla  Australis. 


I 


de  ces  naturalistes  dans  son  genre  Hadena  (*),  fut  le  type  d'un 
genre  nouveau  créé  depuis  par  Duponchel  sous  le  nom 
de  Eriga  (2).  Enfi n Australis  fut  mise  par  M.  Guenée'  au 
nombre  de  ses  Aporophyla  (3). 

Les  ailes  supérieures,  étroites,  presque  rectangulaires,  sont, 
en  dessus,  d’un  gris  violâtre  mêlé  de  noir  et  de  blanc  ; teinte 
qui  s’éclaircit  en  se  rapprochant  du  bord  interne. 

La  tache  réniforme  est  seule  bien  visible. 

Les  lignes  médianes  sont  blanches,  profondément  dentées 
et  se  réunissent  inférieurement.  Le  trait  ou  ligne  basilaire, 
n’est  bien  écrit  en  noir  que  sur  les  sujets  teintés  de  brun.  Ces 
dessins,  très-nombreux,  paraissent  confus  au  premier  abord; 
vus  de  près,  ils  sont  distincts  les  uns  des  autres  et  toujours 
constants. 

Les  ailes  inférieures  sont  d’un  blanc  pur.  Chez  les  femel- 
les, clics  sont  lavées  de  brun  au  bord  subterminal,  et  ont 
aussi  les  nervures  bien  marquées  en  brun. 

Les  antennes  du  mâle  sont  épaisses  et  demi -pectinées.  Le 
thoiax,  carré,  est  de  la  couleur  des  ailes,  avec  les  ptérygodes 
plus  ou  moins  blanchâtres. 

Celle  Noctuelle  n’a  qu’une  seule  génération;  on  la  prend 
la  nuit  au  vol,  ou  sur  les  fleurs,  dans  le  calice  desquelles  elle 
vient  butiner. 

Australis  n’éclot  pas  en  novembre,  ainsi  qu’on  le  croit, ou 
cela  n’arrive  que  fortuitement.  Je  l’ai  toujours  capturée  dans 
le  courant  de  septembre  ou  d’octobre.  Les  individus  que  j’ai 
obtenus  à Lyon  , ex  larva  , sont  éclos  vers  la  fin  de  sep- 
tembre . 


( 1 ) Index  melliodicus  p.  117. 

(2)  Catalogue  des  Lépidoptères  d’Europe,  p.  162. 

(3)  Species  général  des  Lépidoptères  V,  p.  151. 


20G 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


La  femelle  pond  facilement  en  captivité. 

Cette  espèce,  primitivement  découverte  en  Provence,  ap- 
partient aussi  à la  Corse,  à la  Sicile,  à l’Italie,  au  département 
de  l’Ardèche,  etc.  Elle  n’a  jamais  été  prise  clans  le  Lyonnais. 

Aiistralis  fait  encore  partie  de  la  faune  d’Angleterre,  où 
elle  est  fort  rare.  La  race  anglaise  s’éloigne  du  type  par  la  co- 
loration prononcée  des  ailes  supérieures.  Considérée  comme 
nouvelle  par  M.  Curtis,  elle  a été  publiée  par  ce  savant  sous 
le  nom  de  Pascuea . 

ISsipISBiecia  CÎHobolariata,  Mill.  (Species  nova). 

(Planche  3,  fig.  1 à 7.) 

CnENILLE. 

Courte,  atténuée  aux  deux  extrémités,  renflée  à partir  du 
sixième  jusqu’au  dixième  anneau,  fortement  carénée  sur  les 
côtés  dans  toute  sa  longueur. 

Les  lignes  ordinaires  sont  assez  bien  écrites  : la  vascu- 
laire est  fine,  continue.  Les  sous-dorsale  et  stigmatale,  éga- 
lement fines  et  continues,  sont  brun-clair.  L’espace  compris 
entre  la  sous-dorsale  et  la  stigmatale  est  cl’une  teinte  plus 
sombre  que  la  région  dorsale. 

Les  stigmates,  qu’on  voit  à peine  à l’aicle  d’une  forte  loupe, 
m’ont  paru  blancs  ; ils  sont  cerclés  de  brun. 

Le  ventre,  cl’un  carné  obscur,  ne  présente  pas  de  lignes. 

Le  dos  de  l’insecte  est  marqué  sur  les  anneaux  du  milieu 
(du  quatrième  au  neuvième)  d’une  tache  sagitte'e,  triangu- 
laire, dont  la  pointe  principale  est  tournée  en  avant. 

La  tête,  petite,  globuleuse,  rétractile,  est  d’un  testacé  rou- 
ge A tre. 


F.  MUO*  2Ul.et.pt  Ilebrey  fculp. 

I ■ i à 7.  Æupit/iecia.  Globidariata.  Mtâ 
Il  8 à.  12.  P 'terophoriw  Platjwdacà/htr.  FS 


ïrnfr.Houûrte,  5 r.  3 fia  non. 


Jfmc  3f^n£auæ  cû[ 


207 


Eupi tliecia  Globulariaia . 

Les  dix  pattes  sont  concolores. 

Cette  chenille  varie  beaucoup.  Les  individus  d’un  vineux 
carminé,  qui  sont  les  plus  nombreux,  représentent  le  type. 
Cependant  l’insecte  passe  quelquefois  au  brun,  au  bleuâtre, 
d’autres  fois  au  vert  plus  ou  moins  clair,  au  jaune,  et  même 
au  blanc  mat. 

J’ai  rencontré  cette  espèce  en  certaine  quantité  dans  les 
garigues  des  environs  cl’Hyères,  de  Toulon  et  de  Marseille, 
sur  la  Globularia  Alypum  L,  arbuste  élégant,  toujours  vert, 
dont  les  feuilles  dures,  alternées  et  lancéolées,  ressemblent 
à celles  du  Myrthe.  La  chenille  vit  parmi  les  fleurs  de  cette 
plante,  réunies  en  tête  à l’extrémité  des  rameaux  ; elle 
semble  ne  manger  que  la  nuit. 

C’est  du  dix  au  quinze  décembre  que  j’ai  recueilli  ces 
chenilles. 

Je  suppose  cpie  Globulariaia  a plusieurs  générations  par 
an.  Elle  ne  vit  pas  exclusivement  sur  la  Globularia  Alypum , 
et  l’époque  de  l’apparition  de  la  chenille  semble  varier  et 
coïncider  avec  la  floraison  des  plantes  dont  elle  se  nourrit. 
En  effet,  en  mars  dernier  on  m’envoyait  du  Var  plusieurs 
chenilles  de  ma  Globulariaia  trouvées  sur  le  Romarin  offici- 
nal, alors  en  pleine  floraison  (*).  Les  insectes  parfaits  pro- 
venant de  cet  envoi  étaient  identiques  à ceux  de  la  Globu- 
laire. 


Chrysalide. 

Dès  la  fin  de  décembre,  toutes  mes  chenilles  avaient  dis- 
paru sous  la  mousse  pour  y former  leur  chrysalide. 


(')  Ne  pourrait-on  supposer  encore  que  les  chenilles  de  Globulariaia,  qui 
vivent  en  mars,  sont  une  première  génération  de  l’insecte,  dont  toutes  les 
phases  se  seraient  développées  en  moins  de  trois  mois? 


208 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


Avant  sa  transformation  l’insecte  avait  construit  une  petite 
coque  formée  de  soie,  de  grains  de  terre  et  assez  solidement 
tissée. 

La  chrysalide  est  conico-cylindrique  et  relativement  lon- 
gue. Elle  est  rougeâtre,  avec  l’enveloppe  des  ailes  d’un  jaune 
vif. 

Les  petites  Phalénites  ont  commencé  à éclore  vers  le  milieu 
de  janvier.  Dès  la  fin  du  mois,  toutes  étaient  écloses. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,019  à 0,020  miïl. 

Les  ailes  supérieures  , oblongues  et  prolongées  à l’apex  , 
sont  d'un  gris  testacé  très-faiblement  lavé  de  ferrugineux 
dans  le  voisinage  de  la  frange. 

Les  lignes  basilaire  et  médiane  sont  oblongues,  concaves, 
et  ne  présentent  jamais  ou  presque  jamais  d’angle  extérieur. 
La  coudée’,  plus  droite  que  celle  qui  la  précède , est  suivie 
d’une  ligne  blanchâtre,  partagée  par  un  liseré  très-fin  et  con- 
tinu.  A cette  coudée  sont  appuyées  intérieurement  de  nom- 
breuses taches  nervurales,  petites,  cunéiformes,  noires,  visi- 
blement écrites.  La  subterminale  , plus  ou  moins  festonnée, 
blanchâtre,  précède  un  liseré  noir,  interrompu,  qui,  lui- 
même,  précède  la  frange;  celle-ci  est  entrecoupée  de  brun. 

Les  secondes  ailes  , de  couleur  semblable  à celle  des  pre- 
mières, n’ont  de  remarquable  que  la  ligne  transversale  plus 
claire  que  le  fond  et  coupée  finement  par  un  liseré  brun. 
Cette  ligne  fait  suite  à la  coudée  des  ailes  supérieures.  Le 
point  discoïdal  est  en  outre  assez  visiblement  accusé. 

Le  dessous  des  ailes  est  d’un  gris-brun,  avec  la  ligne  blan- 
châtre qui  suit  la  coudée,  assez  bien  écrite.  Il  existe  des 
traces  de  lignes  transverses,  et  le  point  discoïdal  est  distinct 
sur  les  quatre  ailes. 


209 


Eupithecia  Globulariata. 

Globulariata,  qui  ne  varie  pas  (4),  est  très-voisine  de  Pu- 
milala  Hb.  ; elle  s’en  distingue  par  les  caractères  suivants  que 
l’on  retrouve  toujours. 

Toutes  les  lignes  transversales,  notamment  la  basilaire,  sont 
plus  arrondies  que  chez  sa  voisine  Pumilata.  La  Globulariata 
a les  ailes  plus  lancéolées,  plus  aiguës  à l’apex;  elles  sont  inva- 
riablement d’un  gris-testacé,  tandis  que  celles  de  sa  voisine 
sont  toujours  lavées  de  rougeâtre  plus  ou  moins  vif.  De  plus 
Pumilata  a toutes  les  lignes  oblitérées  en  dessous  ; les  infé- 
rieures seules  possèdent  le  point  discoïdal. 

C’est  sur  une  quinzaine  d’individus  mâles  et  femelles  , 
obtenus  ex  larva  , que  je  fais  ma  description  ; je  les 
compare  à un  assez  bon  nombre  de  sujets  de  l’espèce  con- 
génère la  plus  voisine,  la  Pumilata  Hb.  , dont  je  possède 
plusieurs  individus  de  provenances  diverses  , notamment 
un  exemplaire  reçu  de  M.  Guenée. 

En  nommant  Globulariata  cette  nouvelle  Eupithecia , j’ai 
voulu  désigner  la  plante  qui  nourrit  sa  chenille. 

Eupith.  Globulariata  devant  trouver  place  immédiatement 
après  la  Pumilata  Hb.  des  Phalénites  du  Species  Guenée  , 
portera  le  numéro  \H10[bis). 

Pl©r®pl8©pras  ^lag&oêSaegyStiüi,  F-R. 

Zell.  Is.  p.  578.  — -Herr-Sch.  pl.  k,  fig.  22. 

(Planche  3,  fig.  8 à 12.  ) 

Chenille. 

Presque  cylindrique,  s’amincissant  d’une  manière  insen- 
sible de  la  tête  au  dernier  anneau.  Le  premier  segment  est 


14 


(•)  La  Phalénite  est  aussi  constante  que  sa  chenille  l’est  peu. 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


visiblement  moins  élevé  que  les  deuxième  et  troisième. 
Cette  chenille  est  d’un  vert  obscur  sur  le  dos  et  les  flancs,  et 
passe  au  vert  glauque  en  dessous. 

La  vasculaire,  large,  continue,  est  de  couleur  vineuse.  La 
stigmatale,  d’un  vert  à peine  plus  clair  que  le  fond,  est 
étroite  et  ondulée.  La  villosité  blanchâtre  , abondante  et 
assez  longue,  dont  est  recouvert  l’insecte,  ne  permet  pas  de 
distinguer  les  stigmates,  même  à l’aide  d’une  bonne  loupe. 

Le  ventre  ne  présente  pas  de  lignes. 

La  tête  est  petite,  globuleuse,  rétractile,  d’un  testacé  jau- 
nâtre, et  maculée  au  sommet  de  nombreux  points  noirs  invi- 
sibles à l’oeil  nu. 

Les  pattes  écailleuses  sont  noires  ; les  autres  sont  eonco- 
lores. 

Cette  petite  chenille,  d’une  lenteur  excessive,  vit  à décou- 
vert, dans  les  lieux  incultes  des  environs  d’Hyères,  sur  la 
Globularia  alypum  L.  Je  l’ai  trouvée  abondamment  en  dé- 
cembre sur  cette  plante,  dont  elle  dévore  seulement  la  fleur. 
Elle  s’est  métamorphosée  au  commencement  de  janvier  et, 
quatre  ou  cinq  semaines  après,  elle  donnait  son  insecte  par- 
fait. 

Pour  se  chrysalider  la  chenille  de  Plagioclactylus , à l'imi- 
tation du  plus  grand  nombre  de  ses  congénères,  se  fixe,  la 
tête  en  bas,  à une  tige  de  plante.  Trois  ou  quatre  jours  après, 
la  nymphe  est  formée.  Celle-ci,  cylindrico-conique,  passa- 
blement allongée,  est  brune  et  recouverte  de  poils  nom- 
breux. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,021  à 0,025  mill. 

Les  ailes  supérieures,  faiblement  falquées,  sont  divisées  en 
deux  parties  depuis  leur  extrémité  jusqu’au  tiers  environ  de 


211 


Pterophorus  Plagiodaclylus. 

* 

leur  étendue.  Elles  sont  rougeâtres,  ombrées  de  brun  à la 
côte  et  finement  liserées  de  blanchâtre  à l’apical  et  au  bord 
des  divisions.  Il  existe  un  gros  point  à l’origine  de  l'échan- 
crure, oblong,  constant,  mais  cpii  est,  chez  certains  sujets, 
divisé  en  deux.  On  distingue,  en  outre,  trois  ou  quatre  petits 
points  noirs  qui  précèdent  la  frange. 

Les  ailes  inférieures,  d’un  brun  rougeâtre,  sont  partagées 
en  trois  divisions  qui  ont  la  forme  d’une  spatule  étroite.  Les 
quatre  ailes  sont  garnies  de  franges  concolores  assez  longues. 

Les  antennes  , le  corps  et  les  pattes  participent  de  la  cou- 
leur des  ailes. 

L’insecte  a plusieurs  générations  par  an.  On  le  voit  voler 
abondamment  dans  nos  environs  depuis  le  commencement 
de  mai  jusqu’à  la  mi-juin;  puis  il  reparaît  en  septembre. 

Dans  le  Lyonnais  la  chenille  doit  vivre  sur  d’autres  Globn- 
laria  que  XAlypum  : cette  dernière  plante  étant  essentielle- 
ment méridionale. 

Plagiodaclylus  varie  peu;  cependant  les  individus  obtenus 
par  moi  ex  larva  , dont  les  chenilles  provenaient  d’Hyères , 
sont  généralement  plus  bruns  que  ceux  de  nos  environs. 

Cette  espèce  , découverte  depuis  peu  d’années , n’avait 
point  encore  été  observée  dans  ses  premiers  états. 

Var.  A. 

Il  est  important  de  rectifier  une  erreur  relative  à un  Pté 
rophore  nouveau  de  M.  Bruand  d’Uzclle  : Millieridactyla , 
Brd.  (Annales  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  U°  série,  t.  ier,  séance 
du  9 mai  1860),  n’est,  selon  moi,  qu’une  variété  du  Plagio- 
dactylus  F. Pi.  En  effet,  cette  aberration  ne  se  distingue  du 
type,  dont  elle  a exactement  ïa  coupe  , que  par  une  tache 
brune  placée  à l’extrémité  de  la  première  division  de  l’aile 
supérieure.  Cette  tache,  très-caractéristique,  du  reste,  est 


212  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

large,  oblongue,  arrondie  du  côté  externe,  entourée  de  blan- 
châtre à droite  et  à gauche,  et  s’appuie  à la  costale  et  au 
bord  interne  de  la  première  division  de  l’aile. 

Je  crois  donc  convenable  de  ne  plus  considérer  Millie- 
ridactyla  de  M.  Bruand  que  comme  variété  de  Plagiodac- 
tylus , F.  R. 

Cette  remarquable  aberration  appartient  à notre  faune 
lyonnaise» 

Papille  Æglaia,  Lin- 

Le  Grand-Nacré , Geoff.  — Argynne  Aglaè , God.  — A rgy fi- 
nis Aglaia , Hub.,  Bdv. , Dup. 

(Aberr.  F,  Mile.) 

(Planche  4,  fig.  I et  2.) 

Si,  parmi  les  Diurnes,  les  Melitœa  présentent  de  nom- 
breuses anomalies,  les  Argynnis  varient  presque  autant. 
Aglaia  est  peut-être  une  des  moins  constantes  de  tout  le 
genre.  Les  variétés  les  plus  remarquables  de  cette  espèce 
sont  la  Æmilia  Acerb.,  la  Caroletta  Jerm.,  la  Charlotta  Saw. 
et  les  deux  aberrations  de  M.  Herrich-Schæffer  figurées  dans 
ses  Suites  à Hubner  sous  les  n°  140  et  141. 

La  variété  de  Aglaia  que  je  publie  aujourd'hui  , est  in- 
contestablement une  des  plus  belles  cpii  se  soient  encore 
vues.  Bien  qu’un  peu  plus  petite  que  le  n°  141  de  M.  Schaef- 
fer, cette  nouvelle  variété,  que  je  désignerai  par  la  lettre  F, 
s’en  rapproche  par  la  disposition  des  taches.  Voici  quels  sont 
du  reste  les  points  de  dissemblance  de  ces  deux  sujets. 

Aglaia , var.  F.,  a les  ailes  supérieures  tout  aussi  enfumées 
en  dessus  que  chez  la  var.  141  du  continuateur  de  Hubner. 
Elle  n’a , sur  ces  mêmes  ailes  , en  dessus  et  en  dessous , ni 


Debray  d'culp- 


P.Ætüière  et  Dogues. 

T.  J eé  2.  Argyruizs  At/la/a.L.  Uberr.  F,  ÆIJ 
II.  3 à 5.  Jdadcna  SoJzeri.  Bdv. 


Année  J8ôJ,  FL.//..  . 


4.™  Livr. 


Annales  de  la.  Société. ùnnéenne  de  Zyon . 


Tmp.D’ouirtei  O.  r.  JWtgn 


213 


Papilio  A g lai  a. 

la  tache  discoïdaîe  jaune-orangé,  ni  les  lunules  noires.  Les 
inférieures,  en  dessous,  n’ont  pas  la  bordure  de  gros  points 
nacrés  qui  d’ordinaire  précède  la  frange.  C’est  par  là  encore 
que  ma  variété  se  distingue  de  toutes  les  Aglaia  qui  ont  été 
publiées  précédemment. 

Les  points  bleus  à reflets  métalliques  qui  forment  la  se- 
conde bande  du  n°  140  H. -S.,  sont,  chez  la  var.  F,  très- 
pelits  et  se  confondent  avec  le  fond  enfumé  de  l’aile.  Quant 
aux  taches  nacrées  de  la  base,  elles  sont  au  nombre  de  trois 
sur  chaque  aile.  Ces  taches,  allongées  dans  le  sens  des  ner- 
vures, sont  grandes  et  d’un  magnifique  éclat. 

Cette  aberration  remarquable,  dont  je  n’ai  vu  qu’un  seul 
exemplaire,  fait  partie  de  la  collection  Douze!. 

Elle  a été  obtenue  d’une  chenille  provenant  du  Mont-Pilat 
(Loire).  L’insecte  qui  devait  donner  une  si  intéressante  va- 
riété de  V Aglaia , n’avait  rien,  me  disait  autrefois  mon  col- 
lègue, M.  Donzel,  qui  le  distinguât  d’autres  chenilles  de  la 
même  espèce  élevées  en  même  temps. 

L’éclosion  de  cette  Argynne  date  de  juin  1825;  cependant 
sa  conservation  est  parfaite, 

Hadéna 

Bdv.  Ind.  met.,  946.  — - Gn.  Ind.  244.  — Dup.  Sup.  III, 
p.  238,  pl.  22,  fig.  3.  — ~ Herr.-Sch.  152  = Vullurina , 
Dahl.  = Adusta  Var.  Tr.  Bdv.  ? — ■ Gn,  783. 

(Planche  4,  fig.  3 à 5,  ) 

Guenille. 

Complètement  cylindrique,  assez  allongée,  avec  les  lignes 
ordinaires  pas  toujours  bien  visibles.  Jeune,  elle  est  verte  ; 


fm 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


arrivée  à sa  troisième  mue,  elle  passe  au  brun  plus  ou  moins 
rougeâtre  ; elle  est  alors  finement  sablée  cle  noir  sur  le  dos 
et  sur  les  flancs. 

La  ligne  vasculaire  est  interrompue  au  sommet  cle  chaque 
anneau.  La  sous-dorsale,  moins  apparente  que  la  précédente 
ligne  , est  représentée  par  autant  de  chevrons  diagonaux 
qu’il  existe  de  segments.  Vus  à la  loupe,  on  remarque  que  ces 
chevrons  sont  formés  par  la  réunion  d’un  grand  nombre  de 
points  noirs  agglomérés.  La  stigmatale,  étroite,  continue,  se 
détache  à peine  en  plus  clair  sur  le  fond. 

Les  stigmates,  très-ellipsoïdes,  sont  jaunâtres  et  cerclés  de 
noir. 

Le  ventre,  gris-bleuâtre , maculé  de  taches  d’un  blanc 
sale,  est  traversé  dans  toute  sa  longueur  par  une  ligne  conti- 
nue, droite,  plus  ou  moins  claire  qui , certaines  fois,  est 
tout-à-fait  oblitérée. 

La  tête  est  moyenne,  rétractile  et  concolore.  Les  pattes 
antérieures,  de  couleur  testacée,  sont  annelées  de  blanchâtre. 
Les  autres  pattes  sont  concolores. 

Cette  chenille  semble  n’être  pas  rare  dans  les  environs 
d’Hyères.  On  la  rencontre  un  peu  partout;,  voire  même  dans 
les  jardins  de  l’intérieur  de  la  ville.  Je  l’ai  prise  plusieurs  fois 
dans  les  parterres  cl'un  horticulteur  sur  les  Cyclamen  euro- 
pœum  et  ne apolitanum  (*),  dont  elle  ronge  les  feuilles  et  très- 
souvent  les  fleurs.  Elle  ne  mange  que  la  nuit  et  se  cache 
pendant  le  jour  au  pied  de  la  plante. 

Cette  larve,  dont  la  voracité  est  extrême,  et  qui  s’attaque 
à plusieurs  plantes  potagères,  est  redoutée  des  jardiniers  qui 


P)  Depuis  lors  j’ai  retrouvé  cette  chenille,  eu  janvier  et  en  février,  aux  en- 
virons de  Marseille,  sur  la  Faleriana  tuherosa  L.  et  sur  le  Chenopodium 
rubrum  L. 


Iladena  Solieri. 


215 


s’efforcent  de  la  détruire.  Elle  éclot  dès  le  mois  de  novembre, 
grossit  rapidement  et  parvient  à toute  sa  taille  en  janvier. 
L’insecte  parfait,  qui  se  montre  en  septembre,  prouve  que 
l’état  de  chrysalide  de  cette  espèce  dure  près  de  neuf  mois. 
Solieri  n’a  donc  qu’une  seule  génération. 

Chrysalide. 

Ayant  disparu  en  janvier  pour  se  métamorphoser,  cet  in- 
secte, prévoyant  qu’il  passera  sous  son  état  de  nymphe  les 
mois  les  plus  chauds  de  l’année,  s’enfonce  profondément 
dans  la  terre,  et  s’y  tisse  une  coque  solide  formée  de  soie  et 
de  grains  de  sable. 

La  chrysalide  , de  forme  très-simple  , est  relativement 
forte,  rougeâtre,  faiblement  renflée,  avec  une  pointe  unique 
à l’extrémité  abdominale.  Cette  pointe,  assez  longue,  solide, 
noire,  est  un  peu  relevée  de  sa  base  à l’extrémité. 

Toutes  les  Solieri  que  j’ai  obtenues  ex  larva , ayant  paru 
en  automne  , je  ne  pense  pas  que  ce  Lépidoptère  ait  une 
éclosion  en  mai,  ainsi  que  l’avancent  plusieurs  auteurs. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,038  à 0,040  mill. 

La  Solieri  est  toujours  un  peu  plus  petite  que  sa  congé- 
nère Adusta.  Elle  a aussi  les  ailes  supérieures  plus  arrondies 
à l’apex.  Chez  les  individus  éclos  récemment,  la  couleur  est 
le  brun  noirâtre,  teinte  qui  s’affaiblit  par  le  temps  et  qui 
passe  au  brun  testacé.  La  ligne  subterminale  ne  forme  pas 
le  2 ; les  autres  dessins  sont  à peu  de  chose  près  ceux  de 
V Adusta. 

Les  ailes  inférieures  de  Solieri  possèdent  un  caractère  fort 


2iG  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

mal  écrit  le  plus  souvent , mais  qui  m’a  paru  constant  chez 
tous  les  sujets  cpie  j’ai  vus.  Je  veux  parler  d’une  ligne  trans- 
versale brune,  correspondant  à la  coudée  des  supérieures. 
Ce  caractère  invariable,  dont  nul  auteur  n’a  parlé,  que  je 
sache , n’existe  pas  chez  Adusta. 

M.  Guenée,  qui  considère  avec  raison  celte  Haclénide 
comme  espèce  séparée , nous  apprend  dans  son  Species  que 
Treitchke  la  regarde  comme  une  simple  variété  de  Adusta , et 
que  le  docteur  Boiscluval,  dans  sou  Généra,  n’est  pas  éloigné 
de  partager  eet  avis  ('). 

Les  insectes  parfaits  de  Solieri  et  de  Adusta  peuvent  avoir 
entre  eux  de  grands  rapports  pour  la  taille,  les  dessins  et  la 
couleur  ; mais  assurément  les  chenilles  de  ces  deux  espèces 
ne  se  ressemblent  pas  , et  paraissent  ne  pas  se  nourrir  de  la 
même  manière. 

Le  docteur  Borkhausen , dans  ses  Phalènes  et  Géomètres 
d’Europe  nous  dit  (V,  p.  45G)  que  d’après  de  précises  indi- 
cations , on  sait  que  la  chenille  de  Adusta  vit  sur  V Evonymus 
vulgaris , et  que  l’insecte  parfait  éclot  une  première  fois  en 
juin  et  juillet,  puis  une  seconde  fois  à la  fin  d’aout.  Ce  savant 
ajoute  que  la  chenille  de  Adusta  est  verte,  et  qu’elle  a sur 
chaque  côté  une  tache  rouge  entourée  de  blanc. 

Ainsi , les  larves  de  ces  deux  Hadénides  seraient  bien 
différentes,  tant  par  les  caractères  de  chacune  d’elles  que 
par  leurs  mœurs. 

Nul  doute  ne  peut  être  possible  désormais,  et,  je  l’espère, 
l'individualité  de  Solieri  et  celle  de  Adusta  seront  définitive- 
ment établies. 

Hadena  Solieri  n’habite  pas  seulement  les  parties  élevées 


(‘)  Pag.  120,  940,  Solieri , B.  (an  var.  præcedent.  ? ) 


Hadena  Solieri.  217 

de  la  Provence  , ainsi  que  l’a  écrit  Duponchel  (*)  , puisque 
la  chenille  de  cette  Noctuelle  vit  fréquemment  dans  les  lieux 
bas  des  environs  d’Hyères  et  de  Marseille. 

L’espèce,  qui  appartient  aussi  à la  faune  sicilienne,  fut 
découverte  pour  la  première  fois  par  M.  le  capitaine  d’artil- 
lerie Solier,  dont  elle  porte  le  nom. 


(I)  Sup.  III,  p.  240. 


218 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

De  la  4mo  Livraison  ('I SOI)- 


— ■ 

PLANCHE  1. 
Explication  des  figuhes. 

I. 


Fig.  1.  Chenille  de  Olbiaella  ( Mill.  ) 

2.  Ici.  Id.  Var.  \ 

3.  Chrysa’ide. 

4.  Insecte  parfait. 

5.  Ici.  vn  en  dessous. 

G.  Tête  grossie. 

IL 

Fig.  7 Chenille  de  Macnria  Æstimaria  (Hb.) 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

10.  Cocon  du  parasite. 

11.  Parasite. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


219 


PLANCHE  2. 
Explication  des  figures. 
I. 

Fig.  1.  Chenille  de  [hdiopliobus  Hispida  (Hu.) 

2.  Chiysalide. 

3.  Insecte  parfait. 


II. 

Fig.  4.  Chenille  de  Aporophyla  Âustralis  (Bdv.) 


5. 

Id. 

Id. 

après  sa  8mc  nuie. 

6. 

Id. 

Id. 

jeune. 

7. 

Chrysalide. 

8. 

Insecte  parfait. 

» 


2‘20 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  8.  • 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Eupithecia  Globulariata  (Mill.  ' 

2.  Ici.  Id.  Yar. 

3.  Id.  Id.  Var. 

4.  Chrysalide. 

5.  Insecte  parfait. 

6.  Id.  vu  en  dessous. 

7.  Cocon. 

II. 

Fig.  8.  Chenille  de  Pterophorus  Plagiodactylus  ( F.R.  ) 

ü.  Id.  Id.  vue  de  dos. 

10.  Chrysalide. 

1 1 . Insecte  parfait. 

12.  Id.  Yar.  Millieridactyla  (Brb.) 


EXPLICATION  DES  PLANCHES, 


221 


planche  4. 

Explication  des  figures. 


L 

Fig.  1.  Argynnis  Aghna,  L.  ( Aberr.  A.  Mile.) 
2.  ld.  ld.  vue  en  dessous. 


IL 

Fig.  S Chenille  de  Hadcna  Soliei'i , (Bbv.) 
L Chrysalide. 

5.  Insecte  parfait. 


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I 


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Annales  d&, la  Société  Linnécnnc  de  f.i/on . 


5 nie  Lior. 


Arma-  mi  Fl.l. 


I J à 6.  Bulalis  .Dnri/cnieüa.  Mill. 
U.  y à jj.  Caùanodert  Occùanaria,  Dup. 


I1  MSIièrc  dtd.elp. 


{ j'J  j£B4kr:' 

j > f, 

V\ 

1 

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fmp.  ffouiste'  .1  r Mignon- 


Mmc  Mignecum  col- 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 


(Présentées  à la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  11  novembre  d 801  ), 


Longueur:  0,013  à 0,014  mill.  ; fusiforme,  atténuée  aux 
deux  extrémités , d’un  vert  bleuâtre  , recouverte  de  nom- 
breuses lignes  longitudinales  peu  apparentes.  Le  premier 
anneau,  écailleux , noir,  largement  liseré  de  blanc  anté- 
rieurement , est  partagé  au  sommet  par  une  échancrure 
blanche  très-fine.  Le  dernier  segment  est  garni,  au  sommet, 
d'une  écaille  petite,  noire,  luisante. 

On  distingue  à la  loupe  les  trapézoïdaux  et  de  nombreux 
points  vcrruqueux  : ils  sont  surmontés  d’une  villosité  grise 
assez  longue.  Une  carène  concolore,  faiblement  accusée, 
existe  à la  place  de  la  stigmatale. 

Les  stigmates  , invisibles  à l’œil  nu  , sont  surmontés  d’un 
point  noir  relativement  gros. 

Le  ventre,  d’un  vert  pâle,  est  sans  lignes. 


INÉDITS 


E*«»  fi».  MILLIÈRE. 


CINQUIÈME  LIVRAISON. 


itntalls  ©orycoielSa  , Mill.  (Species  nova.) 


( Planche  I‘e  , fig.  I à 6.  ) 


Chenille, 


15 


226 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

La  tête,  lenticulaire,  est  noire  et  luisante.  Les  pattes  écail- 
leuses sont  robustes  et  de  même  couleur  que  la  tête.  Les 
ventrales,  concolores,  ont  la  couronne  jaunâtre. 

Celte  petite  chenille,  d’une  vivacité  extrême,  vit  sur  le 
Dorycnium  suffrulicosnm  L.  ; elle  lie  le  sommet  des  tiges  et 
en  forme  des  paquets  assez  volumineux.  Elle  y pratique  des 
galeries  ouvertes  aux  extrémités,  dans  lesquelles  elle  demeure 
cachée  pendant  le  jour.  Elle  ne  quitte  sa  retraite  que  la  nuit 
pour  manger. 

C’est  vers  le  milieu  d'avril  que  j’ai  recueilli  en  abondance 
cette  Tinéide  à Ccllcs-îes-Bains  (Ardèche)  (*). 

Chrysalide. 

Au  commencement  de  mai  la  chenille  de  Dorycniella  quitte 
Sa  plante  , file  dans  les  mousses  ou  les  feuilles  sèches  une 
soie  fine,  très-blanche,  sous  laquelle  elle  se  métamorphose  en 
chrysalide  au  bout  de  quarante-huit  heures. 

La  nymphe  conico-cylindrique , allongée,  est  presque  en- 
tièrement noire.  Elle  éclot  vingt  ou  vingt-cinq  jours  après 
sa  transformation. 

Insecte  parfait. 

Envergure:  0,011  à 0,012  mill. 

Il  est  entièrement  d’un  gris-bleuâtre-ardoisé  et  luisant , 
sans  lignes,  sans  taches,  et  serait  complètement  concolore 
si  les  ailes  inférieures  n’étaient  un  peu  plus  sombres  que  les 
supérieures. 


P)  Depuis  la  rédaction  de  cet  article,  j’ai  retrouvé  la  cheni lie  de  Doryc- 
niella aux  environs  de  Marseille,  vers  la  fin  de  janvier,  sur  la  Coronilla  mi- 
nima  L.  L’insecte,  qui  était  alors  aux  trois  quarts  de  sa  taille,  semblerait  pas- 
ser l’hiver.  En  ce  moment  j’élève  chez  moi  cette  petite  larve  : son  éducation 
est  facile. 


Calamodes  Occitanaria.  227 

Le  dessous , également  uniforme  , tire  un  peu  sur  le 
j aunâtre . 

Les  ailes  supérieures  , dont  le  sommet  se  prolonge  en 
pointe  obtuse,  sont  étroites  et  faiblement  arquées  à la  côte. 
Elles  sont  garnies  inférieurement  d’une  longue  frange. 

Les  secondes  ailes,  également  étroites,  sont  terminées  en 
pointe  plus  aiguë  que  les  supérieures  ; elles  sont  largement 
frangées  au  bord  interne. 

Les  antennes  sont  fusiformes  dans  les  deux  sexes  et  relati- 
vement longues.  Les  palpes  inférieurs , seuls  visibles  , sont 
relevés  au  dessus  de  îa  tête.  Les  deux  premiers  articles  sont 
faiblement  velus  ; le  troisième  est  nu  et  très-aigu.  La  tête  est 
large;  les  yeux,  gros,  sont  entourés  d’une  abondante  villosité. 
Le  thorax  est  robuste  ; l’abdomen  , assez  court , est  cylîn- 

La  femelle  est  semblable  au  mâle. 

Butalis  Dorycniella  (K)  devra,  dans  le  Gatatogue  de  Dupon- 
chel , trouver  place  après  la  Seliniella  Zell. 

Cette  petite  Tinéide,  qui  doit  avoir  deux  générations,  ne 
vole  guère  qu'au  crépuscule  du  soir  et  du  matin. 

CaEamoiles  occiâanaria. 

Dup.  IV,  p.  360,  pî.  139,  fig,  5.  — Frey.,  pl.  210,  fig.  1,  2. 

— Bdv.  1561. — Herr.-Sch.  p.  79,  fig.  32.  — Gn.  345. 

(Planche  1 , fig.  7 à il .) 

Cette  espèce,  ainsi  que  l’observe  judicieusement  M,  Guenée, 
dans  son  excellente  monographie  des  Phalénites  , n’est  pas 
une  Boarmia.  En  effet , trop  de  caractères  placent  Occitana- (*) 


(*)  En  souvenir  de  la  plante  qui  nourrit  la  chenille  de  celte  nouvelle 
Butalis. 


228  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

ria  loin  du  genre  dans  lequel  tous  les  auteurs  l’ont  précé- 
demment placée. 

Par  la  découverte  récente  de  la  chenille,  j’ai  pu  reconnaître 
que  cette  Calamodes  s’éloigne  autant  des  Synopsia  ÏIb.,  des 
Cleora  Curt.,  que  des  Boarmia  proprement  dites. 

Il  est  plus  que  supposable  que  si  M.  Guenée,  qui  a créé, 
pour  Occilanaria  seule,  son  genre  Calamodes , eût  connu  les 
premiers  états  de  l'insecte,  il  ne  l’eût  pas  laissée  parmi  les 
Boarmides  : il  en  eût  fait  vraisemblablement  une  Fidonide, 
car  sa  chenille  possède  en  grande  partie  les  caractères  de 
celte  dernière  famille. 

Cependant  l’auteur  du  Species  pressentait  qu’un  jour  les 
Fidonides  pourraient  bien  revendiquer  la  Calamodes  Occi~ 
tanaria  (*). 

Chenille. 

Elle  serait  complètement  cylindrique,  n’était  une  petite 
carène  sur  les  flancs.  Généralement  d’un  gris  terreux  presque 
uniforme,  mais  variant  quelquefois  en  brun  foncé  chez  les 
individus  provenant  de  l’Ardèche.  ’ 

Le  premier  anneau,  d’une  teinte  carnée , est  recouvert  de 
nombreux  points  noirs  invisibles  à l’œil  nu. 

La  vasculaire  est  large,  continue,  d’un  gris  foncé,  qui  de- 
vient brun  sur  les  quatrième,  cinquième,  sixième,  septième  et 
huitième  anneaux.  On  distingue  sur  chacun  de  ceux-ci,  au 
dessus  de  l’incision,  un  douille  point  blanc  plus  ou  moins  visi- 
blement écrit.  La  sous-dorsale,  large,  géminée,  continue  du 
premier  au  onzième  segment,  faiblement  ondulée,  est  gris 
foncé.  La  sligmatale,  qui  repose  sur  la  carène,  assez  large, 


f)  Gn.  X,  p.  229. 


Çalamodes  Occilanaria. 


223 


faiblement;  ondulée,  blanchâtre,  est  tachée  de  rougeâtre  au 
centre. 

Les  stigmates,  ovales,  jaune-aurore,  sont  cerclés  de  noir. 

Le  ventre,  d’un  blanc  livide,  est  marqué  d’une  raie  conti- 
nue, grise,  liserée  de  blanchâtre  à droite  et  à gauche. 

La  tête,  aussi  haute  que  le  premier  anneau,  est  grise  et  striée 
de  brun.  Les  yeux,  noirs,  au  nombre  de  cinq  de  chaque  côté 
de  la  tête,  se  distinguent  sans  peine  à la  loupe.  Les  pattes 
écailleuses  sont  concoîores  ; les  anales,  également  concolo- 
res,  sont  maculées  extérieurement  de  points  noirs  placés  sur 
trois  rangs. 

La  villosité,  qui  est  très-courte,  ne  se  voit  pas  à l’œil  nu. 

Cet  insecte,  qui  se  tient  à découvert  est,  d’une  grande  ri- 
gidité. Il  est  aussi  très-robuste  et  peut  supporter  pendant 
quinze  à vhigt  jours  l’absence  totale  de  nourriture. 

La  chenille  sort  de  l’œuf  à la  fin  de  l’automne,  mange  peu 
pendant  l’hiver;  par  le  fait  elle  grossit  lentement,  et  n’atteint 
toute  sa  taille  qu’en  mars  ou  avril.  Sa  nourriture  exclusive 
est  le  Thymus  vülgaris  L.  fort  répandu  dans  les  garigues  les 
plus  chaudes  de  la  Provence  et  de  l’Ardèche. 

Les  chenilles  de  Occilanaria  qui  vivent  aux  environs  d’Hyères, 
sont  généralement  d’un  gris  terreux  et  donnent  toujours  des 
insectes  parfaits  beaucoup  plus  bruns  que  le  type,  c’est-à- 
dire  plus  chargés  d’atomes  foncés  : tandis  que  les  chenilles 
des  environs  de  Celles-les-Bains,  plus  brunes  que  celles  de 
la  Provence,  produisent  des  sujets  d’un  gris  blanchâtre,  et 
qui  parfois  ont  le  fond  tout-à-fait  blanc.  Cependant  les  des- 
sins des  ailes  sont  identiques  chez  ces  deux  races.  Ne  pré- 
senteraient-elles pas  deux  espèces  distinctes  ? 

Chrysalide. 

Vers  la  fin  de  mars,  la  chenille  de  Occilanaria  s’enfonce 


230 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


dans  la  terre,  se  place  parmi  les  racines  des  Thymus  et  se 
métamorphose  assez  promptement  en  nymphe.  Celle-ci,  assez 
renflée,  avec  la  pointe  relativement  forte  et  longue,  ne  pré- 
sente pas  d’aspérités.  Elle  est  d’un  rougeâtre  obscur.  Cepen- 
dant la  place  des  ailes  et  celle  des  yeux  sont  lavées  de  vert 
obscur. 

Cette  Calamodes , qui  n’a  qu’une  seule  génération  par  an, 
éclot  à la  fin  d’aout  et  dans  le  courant  de  septembre. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,030  à 0,032  mill. 

Les  quatre  ailes,  d’un  blanc  roussâtre,  sont  plus  ou  moins 
sablées  de  brun.  Les  supérieures,  oblongues,  prolongées  à 
l’apex,  ont  les  lignes  ordinaires  d’un  brun  noir,  très-irrégu- 
lières  de  forme.  La  subterminale  est  tridentée  au  sommet  et 
accompagnée  extérieurement  d’une  ombre  plus  ou  moins  vi- 
sible, suivie  elle-même  d’une  éclaircie  blanchâtre. 

La  frange,  précédée  d’un  liseré  noir,  est  à peine  festonnée; 
elle  est  grise  et  finement  entrecoupée  de  brun. 

Les  ailes  inférieures  n’ont  que  deux  lignes  brunes,  qui  ne 
sont  bien  écrites  qu’au  bord  abdominal. 

Les  taches  discoïdales  sont  visibles  aux  quatre  ailes  , mais 
plus  accusées  en  dessous  qu'en  dessus. 

Les  antennes  sont  garnies  de  longues  lames  qui  les  ren- 
dent fort  plumeuses.  Le  thorax,  court,  presque  carré,  est 
de  la  couleur  des  ailes.  L’abdomen,  assez  grêle,  conique, 
est  teinté  de  roussâtre. 

La  femelle,  toujours  plus  petite  et  plus  brune  que  le  mâle, 
a les  antennes  complètement  filiformes. 

Var.  A. 

Cette  race  provençale,  un  peu  plus  petite  que  le  type,  est, 


Annales  Je  la  Sociè!*'  Linnècruie  de  Jjjo/e 


6™*  Jior. 


Aimée  18t>/.  PI  2. 


P.imüre  jUctpï  J.  Kignana  eculp. 

I . i à 3.  Fïdonia.  Concordaria,  Mai. 

[I.  ^ à S.Noctua.  Glareosa,  Kj-p. 


fm/> . flbiiiste.  à.  r.  Mignon.  . 


Mmc  WigneaiiAC  col. 


Fidonia  Concord  aria. 


231 


ainsi  que  je  Fai  dit  plus  haut,  beaucoup  plus  foncée  que  les 
individus  de  l’Ardèche.  Toutes  les  lignes  sont  ici  plus  lar- 
ges et  plus  brunes.  L’espace  qui  sépare  la  frange  de  l’éclair- 
cie blanchâtre,  est  entièrement  recouvert  d’atomes  bruns. 

Le  dessous  est,  tout  autant  que  le  dessus,  chargé  de  nom- 
breux atomes  foncés,  avec  les  lignes  transverses  et  les  points 
discoïdaux  vivement  écrits  en  brun. 

La  chenille  de  cette  variété  et  celle  du  type,  bien  qu’ayant 
entre  elles  de  grands  rapports  de  formes,  m’ont  semblé  diffé- 
rer l’une  de  l’autre. 

Fidonia  concordaria. 

Hb.  126,  318,  319.  — Treits.  I,  p.  282.  — Dup.  IV,  p.  429? 

pi.  166,  fig.  2-3.  — Bdv.  1516.  — Herr.-Sch.  p.  89.  — 

Gn.  1177. 

(PI-  2,  fig.'  I à 3.) 

Chenille. 

Relativement  forte,  cette  chenille  est  allongée,  atténuée 
antérieurement  et  sans  éminences.  Le  fond  est  d’un  jaune 
verdâtre  sur  lequel  tranchent  plusieurs  lignes  d’un  vert  pres- 
que noir. 

La  vasculaire  , assez  étroite , est  continue  du  premier  au 
onzième  segment.  L’espace  compris  entre  ta  stigmatale  et  la 
sous-dorsale  est  d’un  vert  très-foncé.  Cet  espace  , vu  à la 
loupe,  parait  formé  de  trois  lignes  sombres  presque  con- 
tiguës. 

La  sous- dorsale  est  double,  géminée,  continue,  très-fai- 


232 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


blement  écrite  : on  ne  la  distingue  qu’à  la  loupe.  La  stig- 
matale,  plus  claire  que  le  fond,  est  large,  continue,  légère- 
ment ondulée. 

Les  stigmates,  placés  au  milieu  de  la  ligne  même,  sont 
orangés  et  cerclés  de  noir. 

Le  ventre,  immédiatement  au  dessous  de  la  stigmatale,  pré- 
sente sur  chaque  anneau  une  large  tache  oblongue  , noire  , 
lavée  de  vineux  en  arrière.  Le  milieu  du  ventre  est  rayé  lon- 
gitudinalement d’une  triple  ligne  blanchâtre  à peine  distincte 
à l’œil  nu. 

La  tète,  sans  être  lenticulaire,  n’est  pas  globuleuse  : elle 
est  faiblement  aplatie  en  avant , concolore  et  tachée  de  noir. 
Les  pattes  antérieures  sont  de  couleur  testacée  ; les  posté- 
rieures sont  lavées  extérieurement  de  vineux  obscur. 

La  chenille  de  Concordaria  que  l’on  rencontre  fréquem- 
ment dans  les  départements  du  centre  de  la  France  sur  les 
Genista  sacjitlalis  et  scoparia  , vit  à découvert  depuis  l’ins- 
tant de  sa  naissance  jusqu’à  sa  chrysalidation. 

La  génération  du  printemps  grossit  très-vite;  celle  de 
l’automne  est  plus  lente  à atteindre  son  entier  développe- 
ment. 

Les  œufs  de  Concordaria  qui  m’ont  fourni  les  chenilles 
dont  je  viens  de  faire  l’éducation,  ont  été  pondus  le  2 mai; 
moins  de  huit  jours  après,  les  jeunes  larves  voyaient  le  jour. 

On  doit  être  surpris  que  cette  espèce,  commune  dans  une 
très-grande  partie  de  l’Europe,  n’ait  point  encore  été  observée 
sous  ses  premiers  états. 

Deux  mois  environ  après  l’éclosion  de  la  chenille,  celle-ci 
a atteint  toute  sa  taille.  L’insecte,  pour  se  métamorphoser,  ne 
prend  pas  de  grandes  précautions  : il  descend  sous  la  mousse 
et  n’y  forme  pas  toujours  une  coque. 

La  chrysalide,  conico- cylindrique , passablement  renflée, 
d'un  brun  rougeâtre,  est  d’un  vert  obscur  dans  le  voisinage 


Fulonia  Concordaria . 


255 

delà  tète.  Cette  nymphe,  dont  la  pointe  abdominale  est  forte, 
unique,  noire,  n’a  rien  de  remarquable. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,032  à 0,054  mill. 

Les  ailes  supérieures,  arrondies,  à apex  obtus,  d’un  jaune 
d’ocre  vif,  sont  fortement  saupoudrées  d’atomes  bruns.  Les 
lignes  transversales  ordinaires  et  la  bande  marginale,  très- 
brunes,  recouvrent  presque  entièrement  ces  premières  ailes. 
Deux  ou  trois  taches  blanches,  placées  entre  la  subterminale 
et  la  bordure,  sont  plus  apparentes  chez  certains  sujets  que 
chez  d’autres. 

Les  inférieures,  arrondies,  d’un  ochracé  très-chaud,  éga- 
lement aspergées  d’atomes  bruns,  sont  traversées  par  deux 
lignes  brunes  plus  écartées  à la  côte  qu’au  bord  abdominal. 

Les  franges  des  quatre  ailes  sont  brunes  et  entrecoupées  de 
blanc.  Le  dessous  des  supérieures  n’a  cpie  la  ligne  subtermi- 
nale bien  écrite  : elle  est  formée  par  six  gros  points  noirs, 
oblongs,  séparés  par  les  nervures.  Les  inférieures,  striées 
de  brun  et  marquées  de  larges  taches  blanches  affectant  la 
forme  rectangulaire,  ont  leurs  lignes  aussi  bien  écrites  qu’en 
dessus. 

Le  point  discoïdal  est  visible  aux  quatre  ailes  en  dessus  et 
en  dessous. 

Les  antennes  du  male,  à extrémité  filiforme,  sont  for- 
tement plumeuses. 

La  femelle,  qui  est  plus  grande  que  le  mâle,  aies  antennes 
simples  et  l’abdomen  renflé. 

Lors  de  la  première  apparition  de  cette  Fulonia  dans  nos 
environs,  on  est  à-peu-près  sûr  de  voir  voler  l’espèce  pendant 
six  semaines  ou  deux  mois,  dans  les  lieux  plantés  de  Genêts. 

Je  n’ai  pas  trouvé  Concordaria  dans  l’Ardèche,  oh  cepen- 


234 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


dant  abondent  plusieurs  espèce  de  Genista , notamment  le 
sagittalis.  Elle  est  remplacée  dans  ce  pays  par  sa  congénère 
Plumistarici  qui,  on  le  sait,  vit  sur  le  Dorycnium  suffruticosum. 

Concordaria  a deux  générations  par  an  : la  première  éclot 
dès  la  fin  d’avril,  et  la  seconde  en  août.  Cette  dernière 
génération  est  beaucoup  moins  abondante  que  celle  du  prin- 
temps. 

Nota . — Mon  ami , M.  À.  Constant , a pris , cette  année 
aux  environs  d’Autun,  une  fort  belle  variété  de  Concordaria , 
dont  le  dessus  des  ailes  est  entièrement  noir  uni , sans 
aucun  dessin  ni  atome  d'une  autre  couleur. 

ffoetna  Glarepsa. 

Esp.  p.  387,  pl.  128,  f.  3.  — Treits.  Sup.  X,  p.  79.  — St. 

II,  p.  159,  pl.  21,  f.  1.  — Bdv.  Ind.  p.  81.  = Hebraica , 

Hb.  G 42,  643.  — Frey.  III,  pl.  201,  f.  2,  3.  — Gn.  Ind. 

259.  — Bdv.  1125.  = Deccmpunctata  ? Vill.  pl.  V,  f.  17. 

= I.  Geminum , Dup.  III,  p.  80,  pl.  77,  f.  6.  — Gn. 

Spec.  535. 

( Planche  2,  fig.  4 4 8*) 

Chenille. 

Ainsi  que  la  plupart  de  ses  congénères,  elle  est  cylin- 
drique , épaisse,  un  peu  renflée  sur  les  dixième  et  onzième 
anneaux. 

Le  type,  d’un  carné  rougeâtre,  très-finement  aspergé  de 
points  foncés,  est,  selon  les  sujets,  d’une  teinte  plus  ou  moins 
prononcée. 

Des  lignes  ordinaires,  on  ne  distingue  que  la  stigmatale, 
cpii  est  assez  large,  continue,  blanchâtre  et  faiblement  li- 


Nocliia  Glareosct . 255 

serée  de  brun  en  dessus  et  en  dessous,  I!  existe  des  traces 
de  la  vasculaire,  qu’on  n’aperçoit  guère  qu'à  la  loupe. 

On  soupçonne  un  chevron  dorsal  placé  sur  chaque  seg- 
ment. 

La  seconde  ligne  ou  sous-dorsale  ne  se  voit  pas. 

Les  stigmates  sont  ovales,  blancs  et  cerclés  de  brun. 

Le  ventre,  plus  clair  que  les  autres  parties  de  l’insecte,  est 
également  sablé  de  brun. 

La  tête,  moyenne,  globuleuse,  d’un  brun  testacé,  est  mar- 
quée de  deux  traits  noirâtres,  perpendiculaires,  correspon- 
dant aux  deux  lignes  sous-dorsales  (absentes). 

Le  premier  anneau  est  à moitié  garni  d’une  plaque  écail- 
leuse hémisphérique,  rayé  de  trois  petites  lignes  claires 
aboutissant,  la  première  à la  vasculaire,  les  deux  autres  aux 
traits  noirâtres  de  la  tête. 

Les  seize  pattes  sont  concolores. 

Cette  espèce  varie  quelquefois  en  vert  clair,  ayant,  ainsi  que 
le  type,  la  stigmatale  large,  blanche  et  continue.  (PI.  2,  fig.  à.) 

Déjà  cette  espèce  a été  observée,  mais  elle  n’a  été  figurée 
nulle  part. 

Glareosa  paraît  moins  fréquente  depuis  quelques  années 
qu’elle  ne  l’était  autrefois. 

Voici,  à propos  des  mœurs  de  cette  Noctuelle,  ce  que  me 
mandait,  au  printemps  dernier,  notre  collègue,  M.  Constant, 
d’Aulun. 

« Elle  est  fort  souvent  ichneumonée  ; les  éclosions  sont  en 
« nombre  très-réduit  relativement  au  nombre  des  chrysa- 
cc  lides  : car  le  parasite  qui  l’habite  ne  l'empêche  pas  de  se 
cc  métamorphoser.  Elle  reste  longtemps  dan.s  la  terre  à l'état 
« de  chenille  avant  de  se  chrysaîider  : un  mois  au  moins. 

« Elle  n’a  pas  de  coque  ; elle  pratique  seulement  une  cavité 
ce  arrondie,  où  il  n’entre  pas  le  moindre  fil  de  soie.  Je  n’ai 
ce  jamais  vu  un  insecte  aussi  régulier  pour  l’époque  de  son 


23(5  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

« éclosion;  il  y a bien  des  années  que  je  le  remarque,  car  je 
« 1 élève  tous  les  ans.  Les  premiers  papillons  paraissent  tou- 
« jours  au  13  septembre  : cette  époque  n’oscille  jamais 
« de  plus  de  deux  jours,  soit  en  deçà,  soit  au  delà  : et  en 
« très-peu  de  temps  toutes  sont  écloses.  Je  ne  dis  cela,  bien 
ce  entendu  , que  pour  les  chenilles  élevées  en  captivité, 
ce  M.  Guenée  prétend  qu’elle  vit  sur  les  Rumex  : je  l’y  ai 
ce  cherchée  bien  des  fois  depuis  que  j’ai  lu  ce  renseignement, 
ce  mais  jamais  je  n’en  ai  trouvé  une  seule  sur  cette  plante,  ni 
« sur  d’autres  que  le  Genêt  à balais.  Je  ne  dis  pas  qu’on  ne 
cc  puisse  l’élever  avec  d’autres  plantes,  mais  c’est  le  Genêt 
ce  qui  lui  convient  le  mieux.  » 


Insecte  parfait,.  ' 

Envergure  : 0,Ü37  à 0,058  mill. 

Les  ailes  supérieures,  entières,  luisantes,  à franges  eonco- 
lores,  d’un  gris  bleuâtre,  sont  faiblement  teintées  de  gris- 
brun  à l’extrémité.  Elles  sont  traversées  par  trois  lignes  fines, 
blanchâtres  : les  deux  médianes  sont  arquées  dans  le  même 
sens.  Ces  ailes  sont,  en  outre,  maculées  de  trois  taches  noires 
appuyées  à la  côte,  dont  la  seconde  et  la  troisième  repré- 
sentent un  I grossièrement  tracé.  La  réniforme  ne  se  dis- 
tingue du  fond  que  par  un  liseré  blanchâtre,  très-fin,  qui 
l’enveloppe. 

Des  points  nervuraux  noirs,  très-petits,  précèdent  la 
frange. 

Les  ailes  inférieures  seraient  entièrement  blanches,  si  l’ex- 
trémité n’était  faiblement  lavée  de  roussâtre. 

La  tête  et  le  thorax  sont  du  même  gris  que  les  ailes. 

L’abdomen,  également  gris,  est  lavé  de  roux. 

On  rencontre  cette  espèce  dans  certains  lieux  élevés 
du  Lyonnais.  Je  l’ai  prise  moi-même  à Saint-Germain,  la 


r 


Annales  de  la  Société  Linnéenne,  de  Lyon 


6™  Lin- 


Année  ML.  Fl.  3. 


F.MUèrc  del.etpï 


I 

X Miyneaux  sculp. 

I-  i et  2 , Zyçaena  EerieveiisM,  Mill . 

H-  3 à 8.  Rkoptria  Aspercu'ia,  /lut. 

HL  o it  ij,  Euboha-  Malocita.,  Rond 





fjnp.  Houirte-  5.  r.  Mignon  . 


ÏÏFnù  Mù/neaiuc  col 


Zygaena  Genevensis.  237 

nuit,  en  septembre,  sur  les  fleurs  de  l’Epilobe  à feuilles  de 
romarin. 

La  variété  figurée  par  M.  Herricb-Schæffer  sous  le  n°  111, 
ne  paraît  pas  très-rare  en  France. 

Nota.  La  Glareosa  de  Frayer,  Tab.  185,  dont  la  chenille 
est  si  différente  de  celle  que  je  public  aujourd’hui,  et  qui 
vit  de  plantes  liasses,  n’est  point  la  Glareosa  des  auteurs 
français.  La  chenille  de  l’Iconographe  allemand  ne  serait-elle 
pas  plutôt  la  Margaritacea  de  Borkhausen? 

GeoeveiasSs,  Mua.  (Species  nova.) 

( Planche  3,  fig.  \ et  2.  ) 

Envergure  : 0,020  à 0,022  mill. 

Celte  Zygène,  la  plus  petite  du  genre,  bien  que  très-voisine 
de  Faasta  et  de  Hilaris , a un  faciès  particulier  qui  la  fait  re- 
connaître de  suite  pour  une  espèce  distincte.  Chez  les  vingt  - 
cinq  ou  trente  sujets  cpie  je  suis  à même  de  comparer,  et  qui, 
tous,  ont  été  pris  cette  année,  on  remarque  des  caractères 
constants  qui  empêcheront  toujours  de  confondre  cette  Zy- 
gœna  nouvelle  avec  les  espèces  congénères  ses  voisines. 

Voici  du  reste  la  description  de  ma  Gcnevensis.  Je  signa- 
lerai ensuite  les  différences  spécifiques  qui  la  distinguent  de 
Faasta  et  de  Hilaris. 

Les  ailes  supérieures  sont  relativement  allongées,  passable- 
ment aiguës  à l’apex,  d’un  noir  profond,  avec  cinq  taches 
rouge-vermillon , disposées  à peu  près  de  la  même  manière 
que  chez  Fausta.  Ces  taches,  bien  que  rapprochées  de  la 
côte,  ne  s’y  appuient  pas;  elles  sont  toutes  bordées  de  jaune 
pale.  Les  franges  sont  d’un  blanc  jaunâtre. 

Les  ailes  inférieures,  d’un  rouge  assez  vif,  sont  bordées 
de  noir.  La  frange,  courte,  est  brune.  Les  supérieures  sont. 


258 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


en  dessous,  de  la  même  couleur  qu’en  dessus  , mais  plus 
pales  : on  y voit  les  mêmes  taches,  mais  moins  bien  arrê- 
tées. Les  inférieures  sont  d’un  rouge  moins  prononcé  qu’en 

dessus. 

Les  pattes,  grises,  sont  légèrement  pubescentes. 

Les  palpes,  cylindrieo-coniques,  assez  courts,  sont  noirs. 
Les  antennes,  en  massue,  sont  également  noires,  ainsi  que  le 
thorax  qui  est  relativement  robuste.  Le  collier  est  rouge. 
L’abdomen,  cylindrique,  très-noir,  sans  anneau  rouge,  est 
faiblement  teinté  de  fauve  à l’extrémité. 

En  outre  de  sa  petite  taille,  Genevensis  se  distingue  toujours 
de  Faust  a : 1°  par  l’absence  de  l’anneau  rouge  vers  l’extré- 
mité de  l’abdomen,  en  dessus  ; 2°  par  la  coupe  des  ailes  : les 
supérieures  sont  plus  lancéolées,  moins  arrondies  à l'apex, 
elles  inférieures  plus  triangulaires,  avec  les  angles  plus  aigus, 
et  surtout  le  sinus  du  bord  extérieur  plus  profond  que  dans 
la  Fausta. 

Elle  se  distingue  de  Jlilans  non  seulement  par  la  coupe  gé- 
nérale qui  n’est  pas  la  même,  mais  encore  : lo  par  la  dis- 
position différente  des  taches  rouges  des  ailes  supérieures; 
2°  par  la  couleur  du  collier  qui,  chez  Hilaris , est  toujours 
plus  ou  moins  grisâtre  , tandis  que  chez  Genevensis , il  est 
invariablement  rouge. 

Cette  charmante  Zygénide  a pour  patrie  les  environs  de 
Genève  (*).  Elle  a été  capturée  abondamment  en  juillet  der- 
nier, au  pied  du  Mont-Salève,  par  M.  Gevril,  jeune  entomo- 
logiste plein  de  zèle. 

L’habitat  de  cette  Zygénide  est,  m’a-l-on  dit,  des  plus  cir- 
conscrits : il  n’a  pour  toute  végétation,  en  été,  qu’un  gazon 
très-fin  et  excessivement  court. 


(i)  C’est  en  souvenir  de  cette  ville  que  j’ai  désigné  ma  nouvelle  Zygœna 
»;lu  nom  de  Genevensis. 


ïi  hop  tria  A speraria , 


23  9 

ItlBopirSa  AsgierarSa. 

Hb.  Ll8H.  — Led.  p.  99.  — Collata , Treits.  tora.  VII,  Supp. 

p.  210.  — Dup.  Y , p.  383,  pl.  196,  fi  g.  6.  — Bdv.  1650. 

— Herr.-Sch.  p.  176,  fïg.  258.  — Gn.  1107. 

(Planche  3,  %.  3 à 8.) 

Yoici  encore  une  espèce  sur  le  classement  définitif  de  la- 
quelle les  auteurs  ont  été  assez  peu  d’accord.  Les  uns  en  ont 
fait  une  Larentia , d’autres  une  Gnophos  ; Treitschke  l’a  placée 
parmi  les  Aspïlates.  Enfin  , M.  Guenée  a créé  pour  elle  le 
genre  Rlioptria , dans  lequel  il  a fait  entrer  une  seconde  Pha- 
lénite  originaire  de  la  Syrie  (la  Pagcjearia  Les.)  qui,  pour 
la  coupe  d’ailes,  néanmoins,  diffère  assez  notablement  de 
1 ' Asperaria.  Je  viens  de  découvrir  la  chenille  de  cette  der- 
nière et  je  reconnais  que  sa  forme  ne  doit  pas  l’éloigner  du 
genre  Stenia  voisin  du  genre  Rhoptria.  C’est  pourquoi  je 
serai  , pour  le  classement  de  Collata  Ta.  , de  l’avis  de 
M.  Guenée. 

Chenille. 

Assez  courte  , sans  éminences,  très-faiblement  aplatie  en 
dessous,  avec  les  anneaux  distincts  et  renflés  en  dessus. 

L’insecte  est  d’une  couleur  peu  décidée  : quelquefois  il  est 
d’un  rougeâtre  obscur,  d’autres  fois  d’un  brun  vineux  ; mais 
le  plus  souvent  il  est  gris  et  plus  ou  moins  lavé  d’ochreux. 
Les  lignes  ordinaires  sont  assez  peu  visibles,  et,  sans  la  loupe, 
il  serait  difficile  de  les  définir  d’une  manière  exacte. 

La  vasculaire,  bien  que  confuse,  paraît  brune,  continue, 
finement  liserée  de  blanchâtre  à droite  et  tà  gauche.  La  sous- 
dorsale,  ou  n est  pas  visible,  ou  est,  chez  certains  sujets,  noi- 


24  0 CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

râtre  et  continue.  La  stigmatale  est,  le  plus  souvent,  couleur 
de  brique. 

Les  stigmates,  à peine  perceptibles,  sont  blancs  et  cerclés 
de  noir. 

Les  trapézoïdaux,  accompagne's  en  arrière  d’un  petit  point 
blanc,  sont  noirs,  et,  en  outre,  surmontés  d’un  poil  brun, 
court  et  raide. 

Sur  le  ventre,  qui  est  d’un  gris  bleuâtre,  règne,  du  qua- 
trième au  neuvième  segment,  une  ligne  large  et  continue. 

La  tête,  petite,  globuleuse,  n’est  nullement  rentrée  sous 
le  premier  anneau. 

Les  dix  pattes  sont  concolores  ; les  écailleuses  ont  le  dernier 
article  noir. 

J’ai  trouvé  cette  chenille  dans  le  Var , aux  environs 
d’Hyères,  du  premier  au  quinze  décembre,  dans  les  lieux 
incultes,  sur  le  Cistus  irions peliensis  L.,  des  feuilles  duquel 
l’insecte  semble  vivre  exclusivement. 

Il  est  bien  étonnant  que  les  Cistus  albidus  L.  et  salviœfolius 
Lam.,  plus  abondants  aux  environs  d’Hyères  que  le  vionspe- 
liensis  et  au  milieu  desquels  croît  ce  dernier,  ne  nourrissent 
pas  cette  Rlioptria  : du  moins  je  ne  l’y  ai  jamais  rencontrée. 

Cette  espèce,  qui  est  très-lente  et  dont  l’attitude  habituelle 
est  d’avoir  le  corps  ployé,  vit  toujours  à découvert  et  mange 
aussi  bien  le  jour  que  la  nuit. 

Dès  la  fin  de  décembre,  mes  chenilles  se  sont  enterrées  à 
une  petite  profondeur  pour  se  métamorphoser.  D’autres  fois 
elles  se  sont  contenté  de  lier  ensemble  des  mousses  et  ont 
formé  une  coque  légère. 

La  nymphe,  conico-cylindrique,  sans  aspérités,  d’un  brun 
rougeâtre,  est  munie  d’une  pointe  unique,  forte  et  noire. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  a eu  lieu  dans  le  courant  d’avril  : 
quelques  sujets  n’ont  paru  qu’en  mai. 


Rhoptria  Asperaria 


S'il 


Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,025  à 0,027  mill. 

Le  type  a le  fond  des  quatre  ailes,  en  dessus,  d’un  gris- 
brun,  avec  un  liseré  terminal  noir. 

Les  supérieures,  aiguës  à l’apex,  légèrement  arrondies  chez 
la  femelle,  sont  traversées  obliquement  par  deux  lignes  prin- 
cipales, noires.  La  première  de  ces  lignes,  mieux  écrite  que 
la  seconde,  atteint  rarement  la  côte.  Les  inférieures,  à peine 
dentées,  sont  traversées  par  deux  lignes  noires  qui  corres- 
pondent à celles  des  supérieures. 

Le  dessous  diffère  peu  du  dessus , si  ce  n’est  qu'un  sablé 
noir  recouvre  la  surface  des  inférieures  et  la  côte  des  supé- 
rieures . 

Cette  Géomètre  varie  beaucoup.  Je  ne  parlerai  que  de 
deux  aberrations  qui  me  sont  écloses  en  même  temps  que 
l’espèce  ordinaire,  et  qui  ont  déjà  été  observées.  La  première 
est  la 

Var.  A,  üup.  Sup.  IV,  p.  390,  pl.  81,  fig.  7.  — Ilerr.» 
Sch.  fig.  254  ( Iconog.  pl.  3,  fig.  7.) 

Elle  est  d’un  fuligineux  obscur,  sans  dessins  ni  lignes. 

Avant  que  j’eusse  rapporté  cette  variété  de  la  Provence, 
où  elle  ne  paraît  pas  très-rare,  elle  était  considérée  comme 
spéciale  à l’Andalousie. 

La  seconde  anomalie  de  Asperaria  que  j’ai  obtenue  de  che- 
nille est  la 

Var.  B.  Led.  (Iconog.  pl.  3,  fig.  8). 

Celle-ci  est  d’un  gris  soyeux,  très-pâle,  avec  les  lignes  ordi- 
naires bien  écrites  en  brun. 

Asperaria  n’a  vraisemblablement  qu’une  seule  génération 
par  an. 

L’insecte  parfait  se  rapprocherait  des  Stenia  par  ses  habi- 

16 


242  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

îucles  ; car,  de  même  que  la  plupart  des  insectes  composant 
ce  genre,  cette  Rhoptria  vole  en  plein  jour  dans  les  bois  secs 
et  rocailleux  ; toutefois  elle  n’est  pas  aussi  franchement  diurne 
que  la  Stenia  Clathraria.  Asperaria  s’envole  seulement  lors- 
qu’un léger  bruit  vient  troubler  son  repos. 

Je  serais  surpris  que  celte  Phalénite  qui,  outre  la  France 
méridionale,  a encore  pour  patrie  la  Sicile,  l’Italie,  l’Espagne 
et  la  Dalmatie,  fit  partie  de  la  faune  de  l’Auvergne,  ainsi  que 
3e  pensent  plusieurs  naturalistes,  car  il  est  peu  vraisemblable 
que  le  Cistus  monspeliensis  croisse  en  cette  contrée. 

ISsaisoliia 

Ramh.,  Soc.  ent.  de  Fr.  1852,  p.  43,  pl.  2,  fig.  7.  — Dup. 

Sup.  IV,  p.  22,  pl.  52,  fig.  4.  — Psdv.  1769.  — Herr.- 

Sch.  p.  166,  fig.  200-202.  — Gn.  X,  1701. 

( Planche  5,  lig.  9 à 17  ) 

Chenille. 

Jeune,  cette  larve  est  d’un  vert  blanchâtre  : elle  est  alors 
comme  enfarinée,  très-molle  au  toucher,  d’un  aspect  maladif, 
néanmoins  robuste  et  d’une  éducation  facile.  Dès  la  troi- 
sième mue,  elle  devient  jaunâtre  foncé;  ce  n’est  qu’après  la 
quatrième  que  l’insecte  passe  au  brun.  A cette  époque  elle 
varie  du  brun  clair  au  brun  foncé. 

Elle  est  cylindrique,  nullement  atténuée  antérieurement. 
Les  dixième  et  onzième  anneaux  sont  surmontés  d’une  petite 
éminence  bifide  et  blanchâtre.  Les  points  ordinaires  donnent 
naissance  à un  poil  assez  long,  gris,  visible  à l’œil  nu.  Les 
anneaux  sont  distincts;  chacun  d’eux,  excepté  les  deux  pre- 
miers et  le  dernier,  présentent,  vus  de  dos,  une  espèce  de 


Eubolia  Malvata. 


243 


triangle  plus  ou  moins  foncé,  et  qui  tranche  toujours  sur  le 
fond  de  l’insecte. 

La  vasculaire  est  fine,  brune,  interrompue.  On  11e  voit  pas 
la  sous-dorsale.  La  stigmatale,  un  peu  plus  claire  que  le  fond, 
est  à peine  accusée. 

Les  stigmates  sont  jaunes  et  cerclés  de  noir. 

Le  ventre,  d’un  blanc  sale,  présente  une  ligne  longitudi- 
nale grisâtre,  mal  écrite  et  se  confondant  quelquefois  avec 
le  fond, 

La  tête,  globuleuse,  grisâtre,  est  maculée  de  points  bruns. 
Lès  dix  pattes  sont  concolores. 

Depuis  la  fin  de  novembre  jusqu'en  février  on  rencontre 
très-fréquemment  cette  chenille  dans  les  environs  de  Mar- 
seille, Toulon  et  Hyères , sur  les  Lavatera  olbia  Lin., 
punctata  All.  et  arboreci  Linn.  On  la  trouve  aussi  sur  les  di- 
verses Malva  répandues  dans  la  campagne  et  sur  les  collines. 

Elle  éclot  peu  de  jours  après  que  les  œufs  ont  été  pondus; 
c’est-à-dire  en  octobre  le  plus  ordinairement.  L’insecte  de- 
meure soixante  à soixante-quinze  jours  pour  opérer  toutes 
ses  mues,  se  transforme  en  nymphe  en  janvier,  ou  pendant 
le  courant  de  février  au  plus  tard,  et  reste  en  chrysalide  une 
bonne  partie  de  l’année,  c’est-à-dire  de  février  à fin  septembre. 
Cette  espèce  n’a,  en  conséquence,  qu’une  génération  par  an. 

Je  ferai  observer  que  les  plus  fortes  chaleurs,  celles  de 
1859,  par  exemple,  ne  font  jamais  éclore  avant  leur  temps 
un  seul  de  ces  insectes. 

Depuis  plusieurs  années  j’élève  sans  interruption  la  Mal- 
vala , au  moyen  d’accouplements  successifs  obtenus  en  capti- 
vité, sans  que  les  conditions  anormales  dans  lesquelles  ces 
insectes  sont  tenus,  leur  fassent  rien  perdre  en  développe- 
ment et  en  coloration. 

J’avais  déjà  observé  ce  fait  chez  une  espèce  congénère  de 
Malvata  : la  Cervinaria. 


24  4 CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

J’ai  dit  que  la  chenille  de  Malvata  se  transformait  en  hiver. 
Je  ferai  encore  observer  que,  si  elle  doit  demeurer  en  nymphe 
un  grand  espace  de  temps,  elle  ne  semble  pas  avoir  pour  sa 
conservation  la  même  pi’e'voyance  dont,  en  général , font 
preuve  les  chenilles  qui  sont  appelées  à passer  un  temps 
assez  long  en  léthargie.  Cette  espèce,  au  lieu  de  s’enfoncer 
dans  la  terre , construit  simplement  dans  les  mousses,  ou 
même  à la  surface  du  sol  dénudé,  une  coque  lâche  où  elle 
se  chrysalide  au  bout  de  huit  à dix  jours. 

Quelquefois  la  transformation  a lieu  dans  les  feuilles  sèches 
réunies,  sans  que  l’insecte  ait  formé  de  coque. 

La  nymphe  est  conico-cylindrique,  assez  courte,  renflée, 
rougeâtre,  terminée  à l’extrémité  anale  par  deux  crochets 
noirs,  divergents,  recourbés  à la  pointe,  invisibles  à l’œil  nu. 
L’anneau  qui  précède  cette  double  pointe  est  recouvert  de 
tubercules  noirs,  agglomérés,  visibles  seulement  à la  loupe. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,028  à 0,030  mill. 

Cette  Géomètre  qui,  pour  la  coupe  d’ailes,  tient  de  \&Bipunc- 
taria  et  de  la  Cervinaria , doit  avoir,  selon  moi , pour  type  les 
individus  d’un  brun-rougeâtre,  beaucoup  plus  nombreux  que 
ceux  dont  le  fond  est  jaunâtre  ou  blanchâtre.  Du  reste,  Mal- 
vala  varie  infiniment,  depuis  les  sujets  à fond  blanc  avec  la 
médiane  noire,  brune  ou  fauve,  jusqu’à  ceux  qui  ont  le  fond 
brun-noir,  uniforme,  et  chez  lesquels  l’espace  médian  de 
même  que  les  lignes  ordinaires  sont  à peine  perceptibles.  , 

Une  autre  aberration  (PI.  3,  fig.  14)  rappelant  le  type 
pour  la  couleur  du  fond,  a l’espace  médian  plus  ou  moins 
brun,  avec  une  ligne  de  points  blancs,  irréguliers  de  forme 
et  de  grosseur,  qui  la  parcourt  de  la  nervure  costale  au  bord 
interne. 


Annales  de  la  Société  Lumeenne  de  Lyon 


5 "Ie  Llvr. 


Année  1861,  JH.  If  . 


Elfiliïerc-  et  Joaue.r 

I.  i a b,  Lycœna  Bceiiccc,  Lin 
]I  J à a,  Phyr.is  ELie.Ua,  Tr. 
HL  îo  et  il,  Efaclia  PuneCata,  F . 


./  Jfuméauiv  j't'u/f . 


Inp.Houwtc  5.  r.Ttfignon 


W1.'*  Mym.uuv  col 


* 


’ 


Lycaenct  Boetica.  2 fl  5 

On  remarque,  et  cela  se  comprend,  une  foule  d’aberrations 
passant  d’une  manière  insensible  de  la  première  A (fi g.  l/l  ), 
à la  dernière  E (fig.  17  ). 

J’ai  figuré  les  plus  intéressantes  de  ces  variétés  (PI.  5,  fig. 
U,  15,  16  et  17). 

SSoetica. 

Lin.— Fab.  — Ocbs. — Bdv.70.  — IIub.573  à 375.—  God. 

pl.  9,  fig.  4,  et  pl.  10,  fig.  2.  = Le  Porte-queue  bleu slrié , 

Geoff.  — De  Vil  tiers  et  Guenée  p.  37,  no  63. 

( Pl.  4,  fig.  4 à fi.  ) 

Chenille. 

En  forme  d’ovale  allongé,  convexe  en  dessus,  plate  en  des- 
sous, d’un  vert  olivâtre  avec  les  taches  lozangées  du  dos 
lavées  de  rougeâtre. 

La  ligne  vasculaire  est  large  et  continue.  Pas  de  sous- 
dorsale.  La  stigmatale  , d’un  vert  clair,  droite,  est  continue. 
Les  stigmates  sont  jaunâtres.  On  voit  une  ligne  blanche  sur 
toute  la  longueur  du  ventre  qui  est  d’un  vert  clair. 

La  tête,  petite,  noire,  très-rétractile , est  presque  entiè- 
rement cachée  sous  le  premier  anneau. 

Les  pattes  antérieures  sont  brunes  ; les  autres  sont  cou- 
colores. 

Celte  chenille  , bien  qu’ayant  été  souvent  observée  , n’a 
jamais  été  figurée.  Elle  varie  certaines  fois  en  vert  clair,  mais 
plus  rarement  en  brun.  Elle  vit  en  août  et  septembre  dans 
la  silique  du  Baguenaudier  ( Colutea  arborescens  L.  ) dont 
elle  ronge  les  graines  encore  vertes.  Avant  d’atteindre  toute 
sa  taille  elle  passe  plusieurs  fois  d’une  silique  à une  autre. 


24G  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

Jeune  , elle  est  presque  noire , et  n’attaque  alors  que  les 
gousses  vésiculeuses  à peine  formées. 

Je  ne  crois  pas , comme  le  disent  plusieurs  naturalistes 
qui  ont  parlé  de  la  chenille  de  Boetica , qu’elle  vive  une 
première  fois  en  juin.  Ce  fait  doit  être  peu  admissible,  si  on 
se  souvient  que  le  Baguenauclier  ne  donne  des  siliques  qu’à 
partir  de  la  fin  de  juillet  (’);  or,  comme  l’insecte  ne  dévore 
que  les  graines,  il  ne  doit  pas  vraisemblablement  paraître 
avant  leur  développement.  Selon  moi,  Boetica  n’a  qu’une 
époque,  bien  qu’elle  ait  plusieurs  générations  qui  se  succèdent 
sans  interruption.  On  la  voit  voler  abondamment  dans  nos 
environs  , du  milieu  d’août  jusqu’à  la  fin  d’octobre,  dans  les 
lieux  plantés  de  Baguenaudiers. 

Les  dernières  femelles  de  cette  cliarman te Lycœna  déposent 
leurs  œufs  sur  les  branches  du  Colutea  arborescens . Ils  ne 
devront  éclore  que  l’année  suivante  , lors  de  l’arrivée  des 
graines  chargées  de  nourrir  les  jeunes  chenilles  de  Boetica . 

Cette  larve  ne  se  métamorphose  pas  dans  la  gousse  dont 
les  semences  l’ont  nourrie.  Arrivée  à sa  taille,  ce  qui  pour 
le  plus  grand  nombre  a lieu  en  septembre,  elle  s’échappe  de 
la  silique  qui  la  protégeait,  descend  parmi  les  feuilles  sèches, 
ou  se  fixe,  la  tête  en  haut , à une  branche  de  l’arbuste. 
Alors  la  transformation  s’opère  en  moins  de  cinq  ou  six 
jours. 

La  chrysalide  , assez  allongée,  passablement  renflée,  sans 
éminences,  est  d’un  jaune  testacé,  ou  d'un  rougeâtre  obscur. 
Elle  est  maculée  de  nombreux  atomes  bruns,  vers  le  sommet 
de  la  tête  principalement.  Une  raie  centrale  , foncée  , con- 


C)  Les  premières  gousses  il  a Baguenauclier,  malgré  mes  constantes 
recherches,  ne  m’ont  jamais  fourni  de  chenilles,  et  ne  m'ont  jamais  fait 
supposer  qu’un  insecte  s’y  fût  introduit. 


Lycaena  Boetica.  247 

linue,  partant cle  la  poitrine,  arrive  jusqu’au  dernier  segment. 
On  distingue  à l’oeil  nu  les  stigmates  marqués  de  noir. 

Les  chenilles  de  Lyc.  Boetica  sont  rarement  iclineumonées; 
j’ai  pu  cependant  en  observer  deux  qui  avaient  été  attaquées 
par  un  parasite.  Douze  ou  quinze  jours  après  sa  transfor- 
mation qui  eut  lieu  vers  le  milieu  de  septembre , ce  parasite 
(PI.  4,  11g.  5)  sorti  au  nombre  de  quatorze  ou  quinze  indi- 
vidus du  corps  de  chaque  chenille  , me  donna  son  insecte 
parfait.  Je  le  rapporte  au  Microcjaster  glomeratus  H. 

Insecte  parfait. 

Les  ailes  supérieures  sont  d’un  bran  noir,  avec  le  disque 
d’un  bleu  éclatant. 

Les  inférieures,  ornées  d’une  queue  longue,  entièrement 
filiforme,  possèdent,  en  outre,  une  série  de  trois  points 
noirs. 

Les  franges  sont  blanchâtres. 

Le  dessous  des  quatre  ailes,  d'un  cendré  jaunâtre,  pré- 
sente plusieurs  lignes  blanches,  transversales,  coupées  par 
les  nervures.  Les  inférieures  offrent  à l’angle  anal  deux  points 
noirs,  ovales,  accompagnés  de  fauve,  et  cerclés  inférieure- 
ment de  vert  métallique  très-éclatant. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle , a le  disque 
d’un  violet  mat. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


248 

Phycls  ESielia. 

Treits.,  loin.  XV,  Ire  part.  , p.  201.  Supp.  X,  p.  17à.  — 

Dup.  X,  p.  180,  pl.  278,  fig.  5.  — non  Herr.-Sch. 

(PI.  4,  Gg.  7 à 9.) 

Chenille. 

Fusiforme,  atténuée  postérieurement,  glabre,  d’un  brun- 
rougeâtre  en  dessus,  vert  obscur  sur  les  flancs  et  en 
dessous. 

La  vasculaire  est  large  , continue,  rougeâtre.  On  ne  dis- 
tingue pas  les  lignes  sous-dorsale  et  sligmatale. 

Les  stigmates  , invisibles  à œil  nu , sont  blancs  et  cerclés 
de  noir. 

Le  ventre  ne  présente  pas  de  lignes. 

La  tête,  petite,  rétractile,  est  jaunâtre.  Les  yeux , à peine 
visibles  à la  loupe,  sont  noirs,  ainsi  que  les  mâchoires. 

Le  premier  anneau  n’est  pas  corné  comme  chez  le  plus 
grand  nombre  des  espèces  congénères  : il  est  seulement 
marqué  au  milieu  de  deux  traits  noirs  longitudinaux. 

Les  pattes  antérieures  sont  concolores,  avec  le  dernier  ar- 
ticle noir. 

Cette  larve  n’avait  point  encore  été  observée  dans  ses 
premiers  états. 

Comme  la  chenille  de  Lycœna  Boetica , celle-là  vit  en  août 
et  septembre  dans  l’intérieur  de  la  gousse  vésiculeuse  du 
Baguenauclier  (Colutea  arborescens  L.)  dont  elle  dévore  les 
graines  avant  qu’elles  soient  parvenues  à maturité. 

Ayant  atteint  toute  sa  grosseur,  la  chenille  de  Etiella  s’é- 


Phycis  Etiella.  2 4 9 

chappe  de  sa  retraite  par  un  trou  qu’elle  perce  dans  la  paroi 
de  la  silique  qu’elle  habite,  et  descend  dans  les  mousses  où 
elle  construit  une  coque  solide  dans  laquelle  la  transformation 
a lieu. 

La  nymphe  qui,  dans  sa  forme,  n’a  rien  de  remarquable, 
est  d’un  brun-rougeâtre. 

L’insecte  parfait  n’e'clot  que  dans  le  courant  de  juin  de 
l’année  suivante  : il  ne  peut  donc  avoir  qu’une  seule  géné- 
ration. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,024  à 0,025  mill. 

Les  ailes  inférieures  , relativement  étroites  , sont  teintées 
de  vineux  plus  ou  moins  sombre.  Elles  sont  marquées  à la 
côte  d’une  large  raie  blanchâtre  qui,  avant  d’arriver  à l’apex, 
se  termine  en  pointe  allongée. 

On  voit  en  outre,  au  tiers  environ  de  la  longueur  de  l’aile, 
une  tache  d’un  jaune  obscur,  en  forme  de  croissant,  bordée 
de  noir  intérieurement. 

Les  inférieures,  d’un  gris  vineux  , luisantes  , ont  les  ner- 
vures bien  marquées  en  brun.  La  frange,  qui  est  blanchâtre, 
est  précédée  d’une  teinte  brune  qui  se  fond  sur  l’aile. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  est  entièrement  d’un  gris 
luisant,  et  sans  lignes. 

Les  palpes,  très -longs,  sont,  ainsi  que  la  tête  et  le  thorax, 
d’un  brun  vineux.  L’abdomen  est  brun. 

P.  Etiella , encore  rare  dans  les  collections,  est,  certaines 
années,  fort  commune  dans  nos  environs  plantés  de  Bague- 
naudiers.  On  la  rencontre  même  dans  les  jardins  de  l’inté- 
rieur de  la  ville. 

Chose  remarquable,  c'est  que  cette  jolie  Phycis  que  l’on 
cesse  de  voir  pendant  deux  , quatre  et  même  six  années  , 


250 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈHES  INEDITS. 

reparaît  abondamment  après  : c’est  du  moins  l’observation 
que,  plusieurs  fois,  j’ai  faite  à son  égard. 

Ce  fut  Dabi  qui  le  premier  a trouvé  Etiella  en  Sicile  ; 
depuis,  M.  le  docteur  Rambur  l’a  rapportée  de  Corse. 

Phycis  Etiella  que,  je  ne  sais  pour  quelle  cause  , M.  Her- 
rich-Scbæffer  a omise  dans  son  ouvrage,  doit  désormais  ap- 
partenir à notre  faune  française. 

Duponchel  nous  a dit  que  le  nom  de  Zinchenella  avait 
primitivement  été  donné  à cette  Phycide  par  M.  Treitschke, 
mais,  celui-ci,  ayant  reconnu  qu’il  était  imposé  à une  espèce 
du  genre  Chilo , l’a  remplacé  par  celui  de  Etiella. 


Maelia  Psmctata» 

Fab.  — Ocb.  — P>dv.  — Dup.  = Serra,  Hub.  — God. 

— La  Ménagère , Eugram.  — La  Phalène  à quadrilles , 

Geoff. 

( Planche  4,  fig.  40  et  1 1 ) 

Chenille. 

Cylindrique,  d’un  jaune  leslacé,  très-velue,  couverte  de 
nombreux  points  verruqueux  relativement  gros  , donnant 
chacun  naissance  à cinq  ou  six  poils  noirs  assez  longs. 

Au  milieu  de  celte  abondante  villosité,  il  ne  m a pas  ete 
possible  de  distinguer  les  lignes  ordinaires  et  encore  moins 
les  stigmates. 

Le  dessous,  d’un  gris  blanchâtre,  est  sans  lignes. 

La  tète  et  les  pattes  écailleuses  sont  d’un  noir  de  jais.  Les 
ventrales  et  anales  sont  concoîores. 


Nadia  Punctala. 


251 


Cetle  espèce,  ainsi  que  sa  congénère  Ancilla , vit  exclusi- 
vement de  Lichens.  J’ai  nourri  la  chenille  de  Punctala  avec 
les  Lecanora  et  Parmelia  qui  croissent  sur  l'écorce  du  vieux 
bois. 

Une  femelle  de  N.  Punctala , que  j’ai  capturée  dans  l’Ar- 
dèche, me  pondit  une  quarantaine  d’œufs  vers  la  fin  de  sep- 
tembre 1SG0.  Ces  œufs,  parfaitement  sphériques  et  d’un 
aspect  de  métal  poli  , sont  éclos  huit*  jours  après  leur 
ponte.  Je  plaçai  les  jeunes  chenilles  sur  la  branche  d’un 
vieil  arbre  chargé  de  cryptogames  , oii  elles  passèrent  la 
mauvaise  saison. 

Pendant  l’hiver  les  chenilles  de  Punctala  ne  mangèrent 
pas,  mais,  à partir  des  premières  chaleurs,  leur  croissance 
fut  assez  rapide. 

Au  moment  de  la  chrysalidation,  c’est-à-dire  vers  le  milieu 
de  mai,  les  quelques  chenilles  qui  m’étaient  restées  s’échap- 
pèrent de  la  poche  en  gaze  qui  les  contenait,  de  sorte  que  je 
ne  pus  connaître  leur  nymphe. 


Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,022  à 0,  02 4 mil!. 

Les  ailes  inférieures,  oblongues  , d'un  brun-tanné,  sont 
marquées  de  cinq  points  blancs  presque  diaphanes,  placés 
transversalement.  Les  deux  premiers  sont  au  milieu  de  l’aile, 
les  trois  autres  précèdent  la  frange. 

Les  inférieures  sont  d’un  fauve  très-vif  avec  une  très-large 
bordure  terminale  brune  qui  vient  aboutir  à l’angle  anal. 

Le  dessous  des  quatre  ailes  ressemble  au  dessus  ; cependant 
les  teintes  sont  moins  vives. 

La  tête  et  le  thorax  sônt  bruns  ; le  collier  est  fauve. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


252 

L’abdomen,  d'un  beau  jaune  de  chrome,  est  rayé  trans- 
versalement, de  lignes  noires. 

La  femelle,  semblable  au  male,  a le  corps  relativement 
gros  et  terminé  en  pointe. 

Cette  espèce,  commune  aux  environs  de  Lyon  et  dans 
tout  le  midi  de  la  France,  vole  autour  des  buissons  aux  pre- 
miers et  aux  derniers  rayons  du  soleil. 

JY.  Punctata  a deux  générations  par  an. 


EXPLICATION  DES  FLANCHES. 


203 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

Delà  5m°  Livraison  (-186-1). 


PLANCHE  î. 

/ 

Explication  des  figures 

T. 

Fig.  *1.  Chenille  de  Butaîis  Dorycniclla  ( Mill.  ) 

2.  Tête  et  premiers  anneaux  grossis. 

3.  Chrysalide. 

h.  Insecte  parfait. 

5.  là.  vu  en  dessous. 

6.  Tête  de  l’insecte  parfait  grossie. 

IL 

Fig.  7.  Chenille  de  Calamodes  Occitanaria  ( D«p.  ) 

8.  Id.  Id . Var. 

9.  Chrysalide. 

10.  Insecte  parfait  ( race  méditerranéenne  ). 

11.  Id.  (type). 


EXPLICATION  DES  PLANCHES, 


254 


PLANCHE  2. 

Explication  des  figuues. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Fidonia  Concordaria  (Hub.) 

2.  Chrysalide. 

3.  ïnseele  parfait,  au  vol. 

IL 

Fig.  4.  Chenille  de  Noclua  Glarcosn  ( Hb.  ) 
o.  Id.  Id.  Var. 

6.  Chrysalide. 

7.  Insecte  parfait. 

8.  Cocon, 


EXPLICATION  DES  PLANCHES, 


255 


PLANCHE  f, 

ExCB (CATION  DES  FIGURES, 


î. 


Fig. 

1. 

Zygœna  Genevensis  (Mile.) 

2. 

Id.  vue  en  dessous. 

V 

IL 

Fig. 

3. 

Chenille  de  Rhoptria  Asperaria  (Hb.) 

4. 

Id.  kl.  Var. 

5. 

Chrysalide. 

6. 

Ailes  de  l’insecte  parfait  (type). 

7. 

Id.  Id.  Var.  A. 

( Due.  ) 

8. 

Id.  kl.  Var.  B. 

( Led. ) 

III. 


Fig  9.  Chenille  de  Eubolia  Mnlvata  (Ramr.) 

10.  Id.  Id.  jeune. 

11.  Chrysalide. 

12.  Derniers  anneaux  grossis. 

13.  Aile  supérieure  de  l’insecte  parfait  (type). 


14, 

id. 

Id. 

Var. 

A. 

( Miel.  ) 

15. 

kl. 

Id. 

Var. 

B. 

kl 

16. 

kl. 

kl 

Var. 

C. 

id. 

17. 

Id. 

Id. 

Var. 

D.. 

. Id. 

25G 


EXPLICATION  DES  PLANCHES» 


PLANCHE  4. 
Explication  des  figures. 
L 

Fig.  1.  Chenille  de  Lycœna  Boctica  (Lin.) 

2.  Id.  Id.  Yar. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecle  parfait,  au  vol. 

5.  Parasite. 

6.  OEufs  agglomérés  des  parasites. 

IL 

Fig.  7.  Chenille  de  Phycis  Etiella  (Tr.) 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

III. 

Fig.  10.  Chenille  de  Nadia  Pundata  (F.  R.) 
II.  Insecte  parfait. 


Annales  de  Le  Société  Linnée/me  de  Lyon. 


Année  1362.  LU 


6 Lion 


B MiUière  dci  et  pi 

I.  j et  2,  fapithecia  Gu&necUa,  Mût  . 

3..  3 et  4,  P.'er/.r  Krueperi,  Star  6 et  ç> 
DI.  5,  PierLr  Eruâpcri,  Slyr.  tAberr.  A.MMJ 


Jmp.  Gcrw-Croj \ r,  S!  Jartjuco,  33. Boris, 


Migneatuü.  col. 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INEDITS , 

Pau*  S®.  UILUÈRE. 

SIXIÈME  LIVRAISON. 


(rséseiitces  i la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  10  février  Î8G2.  ) 


EiipfiâIi©Cla  ©tieaicafia  Mill.  (Speeies  nova, 

(PI.  1,  fîg.  \ et  2.) 

Envergure:  0,023  à 0,024  mill. 

C’csl  de  la  Centaureata  Pages.,  qu’elle  se  rapproche  le  plus  s 
elle  en  a le  port;  mais  elle  en  diffère  par  des  caractères 
essentiels  et  qui  sont  constants.  Sa  parure  est  un  peu  celle 
de  la  Linaria  W.-Y.,  cependant  ces  deux  espèces  s’éloignent 
l'une  de  l’autre  par  la  taille  et  le  faciès. 

La  forme  générale  de  Gueneata  est  relativement  moins 
élancée  que  celle  de  sa  congénère  Centaureata , bien  que 
l'apex  soit  plus  aigu.  Les  lignes  transverses  ont  bien  aussi 
certains  rapports  de  formes  avec  celles  de  la  Centaureata , 
mais  elles  ne  sont  nullement  semblables. 


17 


258  -CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS; 

Voici  au  reste  la  description  exacte  de  ma  nouvelle  Pha- 
fénite. 

Les  ailes  supérieures  sont  lancéolées;  les  inférieures,  assez 
courtes.  Ces  quatre  ailes  ne  sont  pas  concolores  comme  dans 
le  plus  grand  nombre  des  Eupitliecia. 

Les  supérieures,  d’un  rouge  brique,  sont  traversées  par 
une  large  bande  vivement  écrite  en  brun  et  liserée  de  clair 
en  dehors.  La  ligne  coudée  présente  toujours  un  angle  exté-^ 
rieur  assez  aigu.  L’extrabasilaire  est  mal  indiquée.  Le  bord 
extérieur  de  l’aile,  à partir  de  la  troisième  nervure,  ainsi  que 
tout  le  bord  interne,  sont  légèrement  enfumés.  Le  point  cel- 
lulaire est  gros  et  noir.  Les  traits  nervuraux  placés  en  avant 
de  la  frange  sont  noirs  : ils  sont  précédés  par  quatre  ou  cinq 
points  également  noirs,  placés  entre  chaque  nervure  du  milieu 
de  l’aile. 

Les  ailes  inférieures,  grises,  sont  faiblement  carnées  sur 
le  bord:  elles  sont  traversées  par  plusieurs  lignes  sinueuses, 
dentées,  assez  mal  écrites.  Le  point  cellulaire  est  très-petit: 
il  manque  tout-à-fait  si  l'insecte  n’est  pas  fraîchement 
éclos. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  n’ont  rien  de  remarquable.  EÜes 
sont  grises,  et  les  supérieures  sont  très-faiblement  carnées  à 
partir  de  la  coudée  : celle-ci,  mal  indiquée,  paraît  confuse. 
C’est  le  contraire  aux  inférieures  : les  lignes  transverses, 
ondées  et  dentées  clu  dessus,  reparaissent  ici,  bien  que  mal 
indiquées.  On  distingue  le  point  cellulaire  sur  les  quatre 
ailes.  Les  franges  sont  concolores.  Les  antennes,  assez  cour- 
tes, sont  grêles  et  pubescentes.  La  tête  et  le  thorax  sont  car- 
nés. Les  yeux,  assez  gros,  sont  gris.  L’abdomen,  faiblement 
crêté  sur  chaque  segment,  teinté  de  brun  dans  la  première 
moitié  de  sa  longueur,  est  d'un  carné  vif.  La  poitrine  et  les 
pattes  sont  grises. 

La  femelle , un  peu  plus  grande  que  le  mâle , lui  res- 


259 


Pierïs  Kmeperi. 

semble  par  la  coloration  et  la  disposition  des  dessins.  Elle  a 
l’abdomen  conique  et  terminé  en  pointe. 

Gueneata  devra  trouver  place  après  la  Centaureala  et 
porter  le  n°  1398  (bis). 

Cette  charmante  Eupithecia  ne  varie  pas  d’une  manière 
appréciable.  Elle  est  originaire  de  Celles-Ies-bains  (Ardèche) 
où,  notre  collègue  M.  Dardoin  et  moi,  en  avons  pris,  l’année 
passée,  en  août,  plusieurs  exemplaires. 

Pendant  le  jour  elle  se  tient  dans  les  lieux  frais  plantés 
d’Aulnes.  Elle  se  place  le  plus  ordinairement  sur  le  revers 
d’une  feuille.  Nous  l’avons  également  trouvée  la  nuit  sur  la 
Bruyère  en  chassant  à la  lanterne. 

J’ai  dédié  celte  Géomètre  à mon  savant  ami,  M.  Guenée, 
auteur  du  Species  général  des  Lépidoptères. 

Gueneata  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Dardoin.  Je  la 
possède  moi-même  en  plusieurs  exemplaires. 

I»ier!s  Mrraeiîes*!. 

Stgr.  Wien.  Mis.  1860,  p.  19. 

( PI.  1,  fig,  3 à S^- 

Celte  Piéride  nouvelle  tient  de  la  N api  et  de  la  Callidice 
pour  la  coupe  des  ailes  et  la  taille  : cependant  le  corps  est 
relativement  moins  robuste  que  chez  ses  voisines. 

Le  mâle  mesure  0,040  à 0,042  mill.  Les  ailes,  cVun  blanc 
légèrement  azuré,  sont  très-faiblement  lavées  de  jaune  de 
Naples  à la  base.  Les  supérieures  sont  marquées  de  cinq 
taches  sagittées,  noires,  dont  la  première  large,  et  la  dernière 
très-petite;  celle-ci  manque  chez  certains  sujets.  Une  tache 
triangulaire,  noire,  dont  le  plus  petit  côté  s’appuie  à la  cos- 
tale, dirige  sa  pointe  dans  le  sens  d’une  septième  tache 


200 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


arrondie,  posée  à la  hauteur  des  troisième  et  quatrième  taches 
sagiltées  du  bord  de  l'aile.  La  cote  est  finement  sablée 
d’atomes  noirs  à sa  base. 

Les  ailes  inférieures  possèdent  au  sommet  une  tache  trian- 
gulaire, noire,  appuyant  l’un  de  ses  côtés  au  bord  extérieur. 
En  outre,  on  distingue  cinq  points  nervuraux  noirs,  petits, 
à peine  écrits,  lesquels  précèdent  la  frange.  Celle-ci  est 
blanche  aux  quatre  ailes. 

Le  dessous  des  supérieures  est  blanc,  avec  le  sommet  teinté 
de  jaune  verdâtre.  La  tache  triangulaire  indiquée  en  dessus 
est  écrite  ici  en  verdâtre.  La  tache  noire  , arrondie , du 
dessus , placée  entre  les  quatrième  et  cinquième  nervures  » 
est  très-apparente. 

En  dessous,  les  secondes  ailes  sont  lavées  de  jaune  ver- 
dâtre, avec  la  tache  triangulaire  plus  large  qu’en  dessus,  mais 
cependant  moins  bien  écrite.  Les  petites  taches  nervurales 
sont  ici  mal  indiquées. 

Les  antennes , annelées  de  blanc  et  de  noir , proportion- 
nellement longues,  sont  terminées  en  massue  ovoïde.  Les 
yeux  sont  d’un  brun  rougeâtre.  Le  corps,  assez;  grêle,  est 
recouvert  d’une  villosité  blanchâtre. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  a les  ailes 
supérieures  arrondies.  Les  taches  noires  sont  larges  et  se 
touchent  par  les  côtés,  sauf  la  dernière  qui  reste  isolée. 

Les  inférieures  ont  aussi  les  taches  très-accusées  : les  ner- 
vurales surtout  sont  plus  larges  et  mieux  écrites  que  chez  le 
mâle.  v 

Les  quatres  ailes  sont  en  outre  finement  saupoudrées  de 
noir  à leur  base. 

Le  dessous  ne  présente  rien  de  plus  remarquable  que  chez 
le  mâle. 


Annules  /1s  la  Société  hnnécnm  de  Li/en 


6"!c  Lwr. 


./Innée  18B2.  PI  : 


1. 1 a 3,  Cato céda-  Puerperœ.  Giorno.. 
II.  lp  à.  S . Anoplua.  Raniburii.  Càrck 


Debray  scidp r 


bnp.  Ctay  - Gros.  r.  S t Jacques,  33.  Pari)'. 


MP** Meneaux  col. 


Caloculci  Piterpera. 


201 


(Àberr.  A.) 

Il  existe  une  variété  vernale  mâle  de  cette  Piéride.  Je  l'ai 
figurée  (pl.  1,  fig.  5).  Elle  diffère  par  les  taches  ordinaires 
plus  petites  et  moins  noires  que  chez  le  type,  et  par  la  tache 
triangulaire  des  inférieures,  remplacée  par  un  point  noir.  Les 
taches  nervurales  n’existent  pas  ici. 

Le  dessous  est  remarquable  en  ce  que  les  ailes  inférieures, 
blanches,  lavées  de  jaune  à la  hase,  possèdent  une  très- 
large  tache  verte,  sablée  de  noir,  irrégulière  et  qui  envahit 
plus  de  la  moitié  de  l’aile. 

Celte  espèce,  originaire  de  la  Grèce,  a été  décou  ver  ïe 
depuis  peu  de  temps  par  M.  Krueper,  auquel  M.  Staudingor 
l’a  dédiée. 

J’ignore  si  la  Krueperi  est  élevée  de  chenille,  mais  je  ne 
sais  rien  de  celle-ci. 

Pnerpera. 

Giorna  Cal.  ent.  p.  242  — Tr.  III,  p.  558  et  Sup.  p.  1G3  = 

Pellex,  III).  435,  594,  G05  — God.  Il,  p.  7 G,  pl.  4G  — 

Gn.  Ind.  p.  249  — Bdv.  1337  — Gn.  Sp.  VU,  p.  8G. 

(Pl.  2,  fig.  1 à 3.) 

Chenille. 

Longueur,  0,060  h 0,0G2  m.  Allongée,  fusiforme,  faible- 
ment bombée  en  dessus,  aplatie  en  dessous.  La  tête,  coupée 
obliquement,  est  d’un  jaune  rougeâtre.  Le  huitième  anneau 
n’a  pas,  ainsi  qu’on  le  remarque  chez  les  espèces  voisines, 
la  caroncule  qui  distingue  la  plupart  des  Catocala  propre- 
ment dites.  Cependant  le  onzième  segment  présente  une 
très-petite  éminence  liserée  de  noir,  bifide,  s'inclinant  en  ar- 


2 G2  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

rière.  Les  trapézoïdaux,  faiblement  indiqués  en  brun,  ne  sont 
pas  saillants. 

Cette  chenille,  qui  est  d'un  gris  de  souris,  a les  lignes  ordi- 
naires mal  écrites.  La  vasculaire  est  double,  fine,  brune, 
interrompue.  La  sous-dorsale,  fine,  géminée,  continue  et 
jaunâtre.  La  sligmatale,  claire,  étroite,  est  moins  apparente 
peut-être  que  les  précédentes  lignes.  Les  stigmates,  relative- 
ment petits,  ellipsoïdes,  bruns,  sont  finement  pupillés  de 
jaune.  Les  intersections  des  anneaux  sont  indiquées  en  oran- 
gé clair. 

Les  pattes  antérieures  sont  carnées,  les  ventrales  et  anales 
sont  concolores.  Le  ventre  est  d’un  blanc  bleuâtre  : chaque 
anneau,  du  troisième  au  dixième  compris,  est  marqué  d’une 
large  tache  noirâtre. 

Dans  nos  environs  on  ne  rencontre  jamais  cette  chenille 
que  sur  le  Saule  hélix  ( Salix  hélix  L.)  qui  borde  les  rives 
du  Rhône  ; et  c’est  vainement,  je  le  crois,  qu’on  la  cherche- 
rait sur  les  Salix  alba , vitellina  et  autres. 

A l’époque  du  jeune  âge  elle  vit  a découvert,  mais  arrivée  à 
sa  troisième  mue,  elle  descend  pendant  le  jour  au  pied  de  l'ar- 
buste, ou  cherche  un  abri  dans  le  voisinage,  et  se  cache  avec 
un  soin  extrême. 

C’est  au  zèle  et  à la  persévérance  de  deux  jeunes  entomo- 
logistes, MM.  Auguste  et  Prosper  Ferrouillat,  que  je  dois  de 
connaître  la  chenille  de  Puerpera , qui,  jusqu’à  ce  jour,  avait 
échappé  à mes  constantes  recherches. 

Pour  se  métamorphoser,  l’insecte,  vers  la  fin  de  juin,  se 
place  dans  un  réseau  de  soie  suspendu  entre  les  feuilles 
qu’elle  a rassemblées,  ou  descend  parmi  les  feuilles  sèches. 

La  nymphe,  relativement  plus  allongée  que  celle  de  ses 
congénères,  est  sans  aspérités  ; elle  est  recouverte  d'une  cou- 
che de  poussière  d'un  gris  bleuâtre.  Les  derniers  anneaux 
tournent  au  vineux. 


Catocala  Puerpera.  265 

Les  stigmates,  bien  visibles,  sont  oblongs  et  bruns. 

Le  dernier  segment  est  terminé  par  une  pointe  longue  et 
bifide.  Cette  bifurcation  diverge  à droite  et  à gauche. 

L’insecte,  qui  demeure  environ  un  mois  en  chrysalide» 
éclot  le  soir  entre  huit  et  dix  heures. 

Des  cinq  ou  six  Catocala  qui  font  partie  de  notre  faune 
lyonnaise,  c’est  Puerpera  qui  éclot  la  première.  Elle  parait 
dès  le  commencement  de  juillet,  et  on  la  voit  voler  jusqu’à  la 
fin  d’aout. 

Insecte  parfait , 

Envergure  : 0,0G0  à 0,062  mill. 

Les  aiîessont  longues  et  épaisses.  Les  supérieures,  d’un  gris 
teinté  de  jaunâtre,  sont  saupoudrées  d’atomes  noirs.  Il  n'y  a 
de  bien  marqué  que  les  lignes  basilaire  et  coudée,  assez 
écartées  l’une  de  l’autre.  La  subterminale  est  mal  indiquée. 
La  tache  réniforme,  très-apparente,  est  large  et  entourée  da 
nombreux  atomes  noirs.  Les  points  noirs  éclairés  de  blanc 
qui  précèdent  la  frange,  sont  bien  écrits.  La  frange  est  con- 
colore. 

Les  ailes  inférieures,  dentées,  d’un  rouge  brique  pâle,  sont 
largement  bordées  de  noir.  Cette  bordure  est  interrompue 
vers  les  trois  quarts  de  son  parcours.  Il  existe  en  outre  une 
seconde  bandenoire,  plus  étroite,  présentant  deux  angles,  et 
n’atteignant  jamais  le  bord  interne.  La  frange  , assez  large, 
est  d’un  blanchâtre  carné. 

Les  supérieures  sont  en  dessous  blanchâtres  et  marquées 
de  trois  larges  bandes  dont  les  deux  dernières  flexieuses.  Les 
ailes  inférieures,  également  blanchâtres  et  lavées  de  rouge 
brique  au  bord  interne,  présentent  les  mêmes  bandesqu’en 
dessus. 

Les  antennes  sont  longues  et  grêles.  Le  thorax,  de  la  cou- 


2G4  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈUES  INEDITS. 

leur  des  ailes  supérieures,  est  convexe,  squammeux  et  muni 
d’une  crête  assez  courte.  L’abdomen  est  long,  conique,  velu 
et  terminé  par  un  petit  bouquet  de  poils. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle. 

Il  existe  des  variétés  de  Puerpera  à ailes  supérieures  très- 
sombres,  et  d’autres  dont  le  fond  est  d’un  gris  blanchâtre. 

Bien  que  la  chenille  de  cette  Noctuelle  soit  fort  difficile  à 
trouver,  l’insecte  parfait  vole  abondamment  dans  certaines 
localités  de  nos  environs  plantées  de  Scilix  hélix. 

Non  seulement  l’espèce  appartient  à la  faune  de  la  France 
centrale,  mais  elle  s’avance  jusque  dans  l’Ardèche,  la  Drôme, 
le  Puy-de-Dôme,  etc.  Elle  fait  partie  des  faunes  suisse  et 
piémontaise. 

Puerpera  n’a  pas  encore  été  rencontrée  en  Provence. 

AssogsliSa  Hamtoos'IS. 

Clerk.  — Ramb.  Ann.  de.  la  Soc.  d’Obs.  1829,  p.  2G3.  — 

Bdv.  Ind.  Mth,  Add.  p.  7.  — Treits.  Sup.  p.  159.  — 

Dup.  Sup.  III , p.  550,  pl.  4 G.  — Gn.  Ess.  p.  81,  Ind. 

248.  — Bdv.  1525.  — Costa,  pl.  XV,  f.  1,  2 (non  3.) 

= Leucomelas , Clerck,  pl.  1 , f . 2.  = Adopta  H b.  — 

Gey.  792,  793.  — Gn.  YIIÏ,  p.  1380.  — Stgr.  Cat.  754. 

(Pl.  2,  fig.  4 à 7.  ) 

Lorsqu’on  connaît  la  chenille  de  Ramburii  on  ne  peut 
laisser  l’insecte  parfait  dans  les  Catephia  ; c’est  donc  avec 
raison  que  fauteur  du  Species  a fait  entrer  cette  Noctuelle 
dans  son  genre  Anophia , composé  de  quatre  espèces  dont 
deux  exotiques. 

La  chenille  de  Ramburii  que  j’ai  observée  et  que  je  vais 
décrire  appartient  à la  catégorie  des  chenilles  de  Noctuelles 


Anoplna  Ramburii.  265 

ordinaires,  et  ne  présente  nullement  les  formes  bizarres  de 
celles  du  genre  Catephia  dont  les  trapézoïdaux  sont  saillants 
et  pyramidaux. 

Chenille. 

Allongée  , cylindrique , rase  , avec  le  pénultième  anneau 
très-faiblement  renflé.  Elle  est  d’un  gris  brun  ou  bleuâtre, 
pointillee  de  non*  et  h lignes  ordinaires  vivement  colorées. 

Les  vasculaire  et  sous-dorsale,  fines,  continues,  sont  d’une 
teinte  aurore  vive.  La  stigmalaîe,  large,  faiblement  ondulée, 
continue,  d’un  jaune  de  chrome,  est  finement  liserée  de 
blanc  de  chaque  côté. 

La  stigmataïe  est  suivie  d’une  bande  large,  continue,  d’un 
noir  profond , liserée  elle-même  d’une  teinte  fauve  né- 
buleuse. 

Les  stigmates,  gros,  noirs,  cerclés  de  blanc,  reposent 
sur  un  fond  bleuâtre  clair.  Le  ventre,  d’un  vert  obscur,  est 
marqué,  entre  chaque  paire  de  pattes,  d’une  large  tache 
noire,  à la  manière  des  Calocala. 

La  tête,  petite,  arrondie,  bleuâtre,  est  également  poin- 
till  ée  de  noir. 

Les  seize  pattes  sont  concolores. 

Entre  la  deuxième  paire  de  trapézoïdaux,  le  pénultième 
segment  présente  une  tache  blanchâtre. 

La  chenille  de  Ramburii , qui  mange  aussi  bien  le  jour  que 
la  nuit  et  qui  grossit  très-vite,  semble  vivre  exclusivement  stir 
le  grand  Liseron  ( Convoivulus  sepium  L.)  dont  elle  dévore 
les  feuilles  cl  les  fleurs. 

Bien  qu’elle  se  métamorphose  et  qu’elle  éclose  en  peu  de 
temps,  la  chenille  de  Ramburii  s’enfonce  profondément  dans 
le  sol  et  se  construit  une  coque  en  terre  fort  solide,  dans 
la  composition  de  laquelle  il  n’entre  pas  de  soie. 

17  * 


2GG 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

La  chrysalide  est  faiblement  obtuse,  d’un  brun  rougeâtre, 
luisante,  avec  l’extrémité  garnie  de  trois  ou  quatre  poils 
raides,  courts,  divergents,  et  qu’on  ne  peut  distinguer  qu’à 
la  loupe. 

L’insecte  parfait  éelot  au  commencement  du  mois  d’août, 
entre  trois  et  cinq  heures  de  l’après-midi. 

Cette  espèce  n’a  qu'une  seule  génération. 

La  chenille  de  Ramburii  était  déjà  connue,  mais  comme, 
à mon  avis,  elle  n’a  pas  été  figurée  d’une  manière  exacte , je 
crois  qu’on  me  saura  gré  de  donner  un  nouveau  dessin  de 
cette  espece. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,036  à 0,038  mill. 

Les  ailes  supérieures,  étroites  à la  base,  oblomuies,  tien- 
tées , ont  le  bord  interne  légèrement  creusé.  Elles  sont 
noirâtres,  un  peu  mordorées,  avec  les  lignes  ordinaires  assez 
mal  écrites.  La  coudée  et  la  médiane,  écartées,  fines,  noires, 
sont  continues.  Il  existe  au  centre  cîc  l’aile  une  éclaircie 
■jaunâtre  sur  laquelle  repose  la  réniforme  : celle-ci  est 

éclairée  de  blanchâtre  extérieurement. 

Les  inférieures,  d’un  blanc  mat,  sont  très-largement  bor- 
dées de  noir. 

Les  quatre  ailes,  en  dessous,  d’un  blanc  faiblement  nacré, 
possèdent  une  large  bordure  noire;  la  tache  réniforme  est 
vivement  écrite  en  noir. 

Les  antennes , filiformes,  sont  assez  courtes.  Les  palpes, 
courts  et  ascendants.  Le  thorax,  robuste,  convexe,  velu,  est 
de  la  couleur  des  ailes  supérieures.  L’abdomen  , également 
foncé,  est  velu,  crêté  et  terminé  par  un  bouquet  de  poils. 

Cette  espèce,  figurée  par  le  naturaliste  Clerck,.  est  depuis 
longtemps  connue. 


P.MRière  del.etpf'  Debray  sculpb 

I :i,  Timia  Margarita.  ç 

IT.  2 à.  5 . Catocala  Optala,  * 


lmp.  Ocra/- Gros,  r.  S.c Jacques.  33,  Parts. 


aux  col. 


3UJ1  Utianec 


207 


Timia  Margarita. 

11  paraîtrait  que  Linné  , qui  «a  du  voir  la  figure  et  l’ori- 
ginal de  Clerck,  a confondu  cette  Anophia  avec  la  Leuco- 
melas , puisqu’en  décrivant  cette  dernière  il  cite  dans  sa 
synonymie  la  liamburü. 

Les  individus  provenant  de  l’Espagne  semblent  plus  petits 
et  moins  colorés  que  ceux  qu’on  élève  à Montpellier. 

L’espèce,  qui  n’a  jamais  été  prise  dans  notre  département, 
est  assez  répandue  aux  environs  de  Marseille. 

LItalie,  la  Sicile  et  l’Afrique  possèdent  aussi  cette  jolie 
Noctuelle  encore  rare  dans  les  collections. 

Une  chenille  de  liamburü  m'a  donné  un  parasite  femelle 
aptère,  appartenant  h la  grande  famille  des  Ichneumoniens. 
J’ai  figuré  cet  Hyménoptère  (pî.  2,  n°  8). 

Tliiaîii.  0)  Margs&adlSa. 

Mb.  Noct.  5R  — Bdv.  Ind.  p.  1*01  — Dup.  Sup.  lii, 

p.  49 4.  pî.  42,  fig,  4,  Soc.  ent.  Fr.  1843,  Bull.  p.  50  — - 

Bdv.  Gen.  1382.  — Herr.-Scïi.  p.  57.  — Gn.  1298  = 

Cimelia  Margarita , Led.  — Stgr.  Gat.  387. 

(PI.  3,  lig.U) 

De  tous  les  Lépidoptères,  c’est  peut-être  cette  charmante 
espèce  qui  a le  plus  intrigué  les  auteurs  qui  en  ont  parlé.  Elle 
est  très-anciennement  connue,  puisqu’elle  faisait  partie  de  la 
collection  de  Franck,  et  que  depuis  longtemps  Hubner  l’a 
figurée. 

M.  Boisduval,  qui  l’a  placée  dans  ses  Noctuo-Phalénides, 


P)  Du  grec  TijAio; , précieux. 


2G8 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 

n’était  cependant  pas  sûr  que  celte  espèce  fût  une  Noctuelle, 
puisqu'il  dit  dans  son  Généra,  qu’il  inclinait  à en  faire  un 
Bombyx. 

Duponchel,  lui  aussi,  en  a fait  une  Noctuelle,  et  a créé  pour 
elle  une  tribu  séparée.  Ce  naturaliste  est  allé  fort  loin  dans 
ses  suppositions,  puisqu’il  a comparé  Margarita  aux  Bombyx, 
puis  aux  Géomètres,  enfin  aux  Deltoïdes. 

Les  derniers  auteurs  qui  ont  parlé  de  cette  Timia , l’ont 
considérée  comme  une  Géomètre.  Ce  sont  MM.  Herrich- 
Sehaeffer,  Guenée,  Lederer  et  Stauipiger. 

Margarita  occupe-t-elle  enfin  sa  véritable  place  ? rien  ne 
le  prouve  encore.  La  découverte  de  la  clie aille  doit  seule 
éclaircir  cette  question  délicate. 

Duponchel  a dit  quelques  mots  de  la  femelle  de  Margarita 
(Sup.  III,  p.  497).  Est-il  bien  certain  qu’il  l’ait  vue?  Ce  que 
nous  dit  M.  Guenée  me  semble  plus  vrai  : « La  femelle  11e  me 
« paraît  pas  encore  authentiquement  connue.  Les  quelques 
« individus  qu’on  m’a  montrés  me  paraissent  de  simples  va- 
cc  riétés  du  maie.  » 

J’ai  eu  dernièrment  le  bonheur  de  voir  une  femelle  de  Mar- 
garita d’une  fraîcheur  parfaite  et  qui  est  bien  différente  du 
mâle.  Ellefait  partie  de  la  riche  colletion  de  Lépidoptères  de 
AI.  Dardoin,  de  Marseille,  qui  n’a  jamais  possédé  que  ce  seul 
individu  femelle,  bien  que  cependant,  depuis  bon  nombre 
d’années,  il  prenne  le  mâle  tous  les  ans.  Cet  entomologiste 
a consenti  à me  confier  cette  pièce  précieuse  pour  en  faire 
un  dessin,  et  je  la  publie  aujourd’hui  comme  nouvelle. 

Si  la  femelle  de  Margarita  était  ma!  organisée  pour  le  vol, 
on  comprendrait  que  depuis  si  longtemps  elle  ait  échappé 
aux  recherches  des  entomologistes,  mais  elle  a au  contraire 
de  grandes  ailes  qui  doivent  facilement  la  soutenir;  d’où  vient 
donc  son  excessive  rareté?  Le  mâle,  on  le  sait,  vole  la  nuit 
avec  une  très-grande  rapidité  autour  des  lumières. 


2G9 


Timia  Margarita. 

M.  Dardoin  et  les  hommes  qu’il  emploie  à chasser  cette 
espèce,  ne  l’ont  jamais  prise  au  vol  pendant  le  jour. 

Voici  la  description  de  Margarita  femelle. 

Elle  est  sensiblement  plus  grande  que  le  mâle  (elle  mesure 
0,030  m.)  Les  ailes  supérieures  sont  relativement  moins  an- 
guleuses que  celles  du  mâle.  Les  inférieures  sont  d’une  teinte 
fuligineuse,  tandis  cpie  chez  l’autre  sexe,  ces  mêmes  ailes 
sont  toujours  plus  ou  moins  blanches.  Enfin,  cela  est  con- 
cluant: l’abdomen  est  renflé  et  plus  fort  que  celui  du  mâle. 

Les  taches  ordinaires  sont  ici  bien  développées  et  très- 
brillantes. 

Les  ailes  supérieures  sont  d’un  rose  vif  avec  une  tache 
basilaire  ochreuse  et  entourée  de  deux  lignes  couleur  argent 
qui  la  ceignent  presque  entièrement.  Une  large  bordure 
terminale  couleur  d’or,  cpii  finit  en  pointe  à l’angle  apical, 
règne  dans  toute  la  largeur  de  l’aile.  Cette  bande  est  bordée 
du  côté  interne  par  une  ligne  de  couleur  argent. 

La  tache  argentée  delà  cellule  est  ici  très-développée. 

La  tête  et  le  thorax  sont  roses,  lavés  de  jaune  au  sommet. 
Les  antennes,  assez  largement  pectinées,  le  sont  cependant 
moins  que  chez  le  mâle.  L’abdomen  est  d’un  blanc  jaunâtre, 
conique  et  terminé  en  pointe. 

Margarita  a été  pris  une  seule  fois  aux  environs  de 
Marseille. On  ne  trouve  cette  espèce  que  de  loin  en  loin  dans 
la  campagne  de  Montpellier.  Les  environs  d’Aix  en  Pro- 
vence paraissent  être  sa  véritable  patrie. 


270 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


Catocalst  ©pasaïa. 

God.  Il,  p.  G3,  pl.  47 . — Tr.  Sup.  p.  162.  — Go.  lod.  p.  248. 

— Bdv.  1354.  — Gn.  VII,  p.  87.  — Stgr.  Cat.  898.  === 

Oplabilis  Mb.  — Gey.  733-736. 

(Pl.  3,  fig.  2 à 3.) 

Chenille. 

Longueur,  0,036  a 0,038  ai.  Demi  arpentcuse,  très-a  plalie 
en  dessous,  sensiblement  atténuée  aux  extrémités  et,  ainsi  que 
ses  congénères,  garnie  de  petits  appendices  charnus  sur  les 
côtés. 

Jeune,  elle  est  d’une  teinte  plus  foncée  qu’elle  ne  le  sera 
après  sa  quatrième  mue;  elle  a aussi  les  caroncules  et  les 
trapézoïdaux  relativement  plus  gros  qu’ils  ne  le  seront. 

Ar  rivée  à sa  taille,  elle  a de  grands  rapports  de  forme  et  de 
couleurs  avec  la  chenille  tVElecta.  Elle  est  alors  d’un  jaune 
isabellc  clair,  ou  d’un  gris  cendré  un  peu  jaunâtre. 

Le  huitième  anneau  est  surmonté  d’une  caroncule  d’un 
jaune  serin,  cerclé  de  rougeâtre,  et  teinté  de  blanchâtre  au 
sommet.  L'éminence  du  onzième  segment,  à demi  couché 
en  arrière,  descend  en  fer  à cheval  jusqu’à  la  sous-dorsale. 
Les  trapézoïdaux,  bien  visibles,  sont  d’un  fauve  plus  ou 
moins  foncé.  Les  lignes  ordinaires  sont  généralement  mal 
écrites.  La  vasculaire  est  double,  droite,  continue.  La  sous- 
dorsale  est  fine,  ondulée,  grise.  La  stigmatale,  également 
grise,  est  irrégulière  et  très-finement  liserée  de  brun.  Les 
stigmates,  blanchâtres,  cerclés  de  noir,  sont  moins  visibles 
que  précédemment.  Le  ventre,  d’un  gris  blanchâtre,  est  lavé 
au  centre  d’une  teinte  carnée  sur  laquelle  repose,  entre 


271 


Caiocala  Optât  a. 

chaque  paire  de  pattes  membraneuses  très-écartées  entre 
elles,  la  tache  noire  qui  est  commune  à toutes  les  especes 
du  genre. 

La  tête,  aplatie,  coupée  en  biseau,  bleuâtre,  est  ceinte 
d’un  large  trait  jaune  aurore  liseré  de  noir. 

Les  pattes  antérieures  sont  carnées;  les  autres  sont  d’un 
gris  bleuâtre. 

M.  Manuel,  de  Montpellier,  sur  ma  prière,  m'a  envoyé 
plusieurs  chenilles  d'Oplata,  ce  qui  m’a  permis  de  les  obser- 
ver et  de  faire  connaître  les  mœurs  de  cette  intéressante 
espece. 

Optcila  habite  le  centre  de  la  France  (Gn.  Vil,  p.  87). 
Elle  vit  communément  aux  environs  de  Montpellier,  sur  les 
Salix  caprea  et  viminalis „ 

Vers  la  fin  de  juillet,  la  chenille  tisse  une  coque  légère 
entre  les  feuilles  de  l’arbre  qui  l’a  nourrie.  La  nymphe  est 
bientôt  formée,  et  environ  six  semaines  après  que  l’insecte  a 
cessé  de  manger,  il  apparaît  à la  lumière  ; ce  qui  arrive 
toujours  quelques  heures  après  le  coucher  du  soleil. 

La  chrysalide,  de  forme  ordinaire,  arrondie,  avec  l’extré- 
mité garnie  d’une  pointe  unique,  assez  longue,  noire,  fai- 
blement inclinée,  est  terminée  par  deux  crochets  divergents, 
destinés  sans  doute  à maintenir  la  nymphe  dans  son  hamac. 
Elle  est  recouverte  d’une  efflorescence  d’un  bleuâtre  violacé, 
qui  disparaît  au  contact  des  doigts.  Privée  de  cette  efflores- 
cence, la  nymphe  est  d’un  brun  rougeâtre. 

Insecte  parfait. 

Envergure:  0,058  à 0,060  milî. 

Les  ailes  supérieures,  moins  grandes  que  chez  les  congé- 
génères,  sont  oblongues  et  rétrécies  près  de  la  base.  D’un 
gris  faiblement  bleuâtre  lavé  de  blanc,  elles  ont  les  lignes 


272 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


médianes  fortement  dentées.  Un  trait  assez  large,  noir,  part 
de  la  base  de  l'aile  et  arrive  jusqu’au  centre.  Les  taches 
réniforme  et  orbiculaire  ne  sont  pas  distinctes.  La  frange  est 
concolore. 

Les  ailes  inférieures,  relativement  plus  larges  que  les 
supérieures,  faiblement  dentées,  sont  d’un  rose  tendre,  et 
terminées  par  une  très-large  bordure  noire  qui  va  en  se  rétré- 
cissant à mesure  qu’elle  se  rapproche  du  bord  interne. 

Il  règne  au  milieu  de  l’aile  une  autre  bande  étroite,  noire, 
qui  est  interrompue  aux  trois  quarts  de  son  parcours.  La 
frange,  assez  large,  est  brune. 

En  dessous,  les  supérieures  sont  blanches,  mais  envahies 
presque  en  totalité  par  trois  larges  bandes  noires.  Les  infé- 
rieures, d’un  carné  vif,  présentent  les  mêmes  bandes  trans- 
verses;  cependant  celles-ci  sont  d’un  noir  moins  prononcé 
qu’en  dessus. 

Les  antennes  sont  longues  et  grêles.  Le  thorax,  robuste, 
convexe,  carré,  squammeux,  participe  de  la  couleur  géné- 
rale des  ailes  supérieures.  L’abdomen,  assez  long,  velu,  gris, 
est  faiblement  lavé  de  carné  en  dessus. 

Les  palpes  sont  fortement  ascendants.  Les  pattes  sont  lon- 
gues, robustes  et  velues. 

Il  existe  deux  aberrations  de  cette  jolie  Calocalide,  la 
première  est  la 

Var.  Ainanda  Bdv. 

chez  laquelle  les  supérieures  et  le  thorax  sont  lavés  de  jau- 
nâtre avec  les  ailes  inférieures  d'un  rose  très -vif. 

Celte  variété  n’est  pas  rare  aux  environs  de  Montpellier. 

La  seconde  aberration  est  la 


Var.  Selecla  Bdy. 


Annales  de-  la  Société  Linnèenne  de  Lyon 


6”PLlvr, 


Jmæ  1.862,  PL  8- 


P.WUÜre  id.'tp'r  Picart  se, 

I . j à.  S.  Lasto  campa  Subôrifoha.Raml.  6 et  g , 

11.  6 a g.  IJeliophobus  JÎirta,  JTb.  à H g. 

III.  lo,  Cryptas  ? Hirtae  Mit! . 


lmp.  Cva/ -Gros,  r.  St  Jacques,  33. Paris. 


jfme  Mir/neaux  col. 


273 


Lasiocampa  Suberifolia. 

Chez  celle-ci  le  gris  des  ailes  supérieures  est  leinlé  de 
violet  et  les  inférieures  tournent  au  ronge.  En  outre  l’abdo- 
men est,  en  dessus,  d’un  rouge  vineux. 

Cette  race,  qui  est  fréquente  en  Espagne,  se  rencontre 
accidentellement  dans  le  département  de  l’Hérault. 

K.a§t©eampa, 

Dup.  ïïï,  p.  79  , pl.  57,  fig.  5.  — Herr.-Sch.  128,  30.  — 

Stgr.  Cat.  253. 

( PL  A , fig.  1 à A.  ) 

Chenille. 

Longueur  : 0,040  à 0,042  mill.  Elle  est  plate  en  dessous* 
convexe  en  dessus  et  recouverte  d’une  villosité  blanchâtre. 
Elle  possède  les  appendices  charnus  placés  sur  chaque  coté, 
communs  aux  espèces  congénères.  Ces  appendices,  terminés 
en  cuillerons  recourbés,  sont  bordés  de  longs  poils  conco- 
îores.  Le  pénultième  anneau  est  surmonté  d’une  petite  ca- 
roncule noire,  qu’on  retrouve  d’ailleurs  chez  toutes  les  Lasio- 
campa proprement  dites.  Chaque  segment  présente  deux 
très-petites  éminences  noires,  qui  semblent  n’être  que  le  pro- 
longement île  la  deuxième  paire  de  trapézoïdaux.  Le  second 
et  le  troisième  anneau  possèdent  chacun  un  collier  aurore , 
finement  liseré  de  noir,  et  coupé  par  cinq  petits  traits  de 
meme  couleur,  dont  deux  aux  extrémités.  Sur  le  quatrième 
anneau  on  distingue  , à droite  et  à gauche,  au  dessus  du 
stigmate  un  chevron  noirâtre,  diagonal  et  incliné  en  arrière. 

La  chenille  est  d’un  gris  bleuâtre.  Cette  teinte  s’affaiblit 
et  passe  au  gris  de  souris  lorsque  l’insecte  est  parvenu  à sa 
taille.  Le  ventre  , de  couleur  jaune  paille  , jaspé  de  noir  et 

18 


274t  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS, 

d’orangé,  est  marque  , entre  chaque  paire  de  pattes , d’une 
grosse  tache  noire. 

Les  pattes  écailleuses  et  îc  dessus  des  trois  premiers  an- 
neaux sont  d’un  noir  foncé.  On  voit,  en  outre,  un  trait  clair 
entre  chaque  paire  de  pattes  ventrales. 

Les  stigmates,  ellipsoïdes,  sont  blanchâtres. 

La  tète,  aussi  haute  que  le  premier  anneau,  concolore  , 
est  suivie  d’un  collier  en  forme  de  bourrelet,  surmonté  de 
cinq  petites  saillies  noires.  Celles  des  deux  extrémités  don- 
nent naissance  à une  touffe  de  longs  poils  bruns. 

Les  mâchoires,  assez  fortes,  sont  brunes. 

Cette  chenille  varie  : elle  présente  des  individus  qui  tirent 
sur  le  jaunâtre. 

L’espèce  vit  solitaire;  pendant  le  jour  elle  demeure  telle- 
ment appliquée  à la  branche  qui  la  supporte,  qu’elle  semble 
faire  corps  avec  elle.  On  la  trouve  sur  les  Quercus  pubes - 
cens , ilex , duzendri  et  quelquefois  sur  le  robur , des  feuilles 
desquels  l’insecte  se  nourrit. 

Cette  chenille  grossit  rapidement;  toutefois  elle  est  déli- 
cate et  demande  de  grands  soins. 

On  la  trouve  dans  une  bonne  partie  de  la  Provence,  mais 
elle  est  toujours  fort  rare. 

L’espèce  a deux  apparitions  : la  génération  d’automne  ne 
passe  pas  l'hiver  et  se  métamorphose  sur  l’arrière  saison  : elle 
éclot  dès  îc  premier  printemps,  c’est-à-dire  à la  lin  de  février. 

C’est  encore  à la  complaisance  inépuisable  de  notre  col- 
lègue M.  Manuel,  de  Montpellier,  que  je  dois  la  connaissance 
de  cette  larve. 

A la  fin  de  juin,  époque  où  la  chenille  de  la  première 
génération  a acquis  toute  sa  taille  , elle  file  entre  les  feuilles 
du  Quercus  ou  à la  bifurcation  des  jeunes  branches  une 
coque  molle,  d’un  jaune  roussâtre,  qu’elle  place  horizontale- 
ment (PI.  4,  fig.  2.). 


275 


Lasiocampa  Suberifolia . 

La  chrysalide,  obtuse,  ramassée,  sans  aspérités,  d’un  noir 
rougeâtre  , est  recouverte  d’une  poussière  farineuse  et  blan- 
châtre. On  voit  à peine  les  stigmates  indiqués  en  noir. 

Insecte  parfait. 

Envergure  le  a*  : 0,030  à 0,032  miib 
— la  £ : 0,038  à 0,040  mill. 

Au  repos  de  l’insecte,  le  ailes  supérieures  forment  une 
carène  au  dessus  du  corps;  les  inférieures  débordent  alors 
latéralement. 

Les  quatre  ailes  sont  dentées  , généralement  d’un  rouge 
brique  obscur.  Elles  sont,  en  outre,  bordées  de  brun  pourpré. 
Les  deux  lignes  ondulées  qui  traversent  les  supérieures,  et  la 
ligne  presque  droite  et  diagonale  des  inférieures,  sont  fort 
mal  écrites.  Le  point  cellulaire  est  faiblement  indiqué  aux  su- 
périeures. 

Le  dessous  diffère  assez  peu  du  dessus. 

La  tête,  le  thorax  et  l’abdomen  participent  entièrement  de 
la  couleur  des  ailes. 

La  femelle  ressemble  entièrement  au  mâle  , sauf  qu’elle 
est  d’un  tiers  plus  grande,  et  quelle  a l’abdomen  très-déve- 
îoppé. 


(Aberr.  A.  Mill.) 

Il  existe  une  variété  vernale  de  Suberifolia  qui  est  assez 
rare  et  dont  on  n’a  pas  encore  parlé. 

Elle  diffère  du  type  par  la  teinte  générale  qui  est  d’un  gris 
verdâtre.  En  outre,  on  distingue  une  troisième  ligne  (la  sub- 
lerminale)  fort  bien  écrite  en  bran  ainsi  que  les  deux  lignes 
médianes. 


276 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Cette  race,  qui  éclot  dès  la  fin  du  mois  de  février  ou  le 
commencement  de  mars,  appartient  à la  seconde  génération. 

J’ai  figuré  cette  anomalie  (PL  4,  n°  5.  ). 

Héliopbobus  1116*3».  ' 

Hb.  501  — Bdv.  Icon.  pl.  74  et  Gen.  862  — Evcrs.  18G, — - 

Gn.  ïnd.  241  — Dup.  Sup.  ïlî,  p.  176,  pl.  16,  fig.  4.  — - 

Gn.  Y.  p.  171  Ulochlaena  Hirta:  Led.  Stgr.  Cat.  294. 

(Pl.  4,  fig.  6 à 9.) 

Chenille. 

Atténuée  postérieurement,  avec  les  douze  anneaux  distincts. 
Le  dernier,  beaucoup  plus  petit  que  les  autres,  est  garni  de 
poils  blanchâtres.  Le  corps,  d’un  blanc  sale  en  dessus  et  sur 
les  lianes,  est  faiblement  lavé  de  vineux  à partir  du  qua- 
trième anneau.  Le  premier  segment  est  teinté  de  jaune  en 
dessus.  La  vasculaire,  line,  interrompue,  est  à peine  écrite 
en  brun.  Les  autres  lignes  ne  sont  pas  visibles.  Les  stigmates, 
noirs,  très-ellipsoïdes,  sont  finement  pupiilés  de  blanc.  Le 
ventre,  concoîore,  ne  présente  pas  de  lignes. 

La  tête,  forte,  aussi  haute  que  le  premier  anneau,  est  d’un 
testacé  jaunâtre.  Les  yeux,  au  nombre  de  cinq  de  chaque 
coté  de  la  tête,  sont  bien  visibles  h la  loupe. 

Les  seize  pattes  sont  concolores. 

Cette  chenille,  qui  ressemble  un  peu  à celle  d’un  très-gros 
Micro  de  la  famille  des  Tortricides,  a des  mœurs  bizarres. 
Entièrement  nocturne,  ainsi  que  toutes  ses  congénères,  elle 
se  tient  retirée  pendant  le  jour  dans  une  espèce  de  sac  fa- 
briqué avec  une  soie  légère.  Ce  sac  est  placé  horizontalement 
en  terre  à la  profondeur  de  deux  ou  trois  centimètres.  I!  ar- 
rive que  parfois  il  est  simplement  fixé  sous  une  pierre. 


277 


Iléliophobus  Ilirta. 

La  chenille  ne  sort  que  la  nuit  pour  manger.  Les  feuilles 
des  rares  Graminées  qui  sc  trouvent  dans  son  voisinage,  font 
seules  sa  nourriture.  Dès  qu’arrive  le  jour,  elle  rentre  dans 
son  fourreau  qu’elle  a soin  d’agrandir  à mesure  qu’elle  prend 
du  développement. 

C’est  à la  complaisance  de  notre  zélé  collègue.,  M.  Dardoin, 
que  je  dois  de  connaître  eette  larve.  Elle  ne  paraît  pas  très- 
rare  aux  environs  de  Marseille.  Son  hahilat  est  le  versant  Est 
de  la  montagne  de  Notre -Dame-de-la-Garde,  lieu  dénudé, 
presque  entièrement  privé  de  végétation. 

Le  3 août  dernier,  je  recevais  plusieurs  individus  de  cette 
Iléliophobus  arrivés  à leur  taille.  Moins  de  dix  jours  après, 
ils  se  sont  transformés. 

J’ai  eu  depuis  de  nouveaux  détails  sur  celte  larve  aux 
mœurs  vraiment  étranges  : M.  Honoré  Roux,  entomologiste 
marseillais  qui,  le  premier,  a découvert  la  chenille  de  Ilirta , 
m’a  informé  cpie  depuis  plusieurs  années  de  suite  il  l’a  trou- 
vée en  avril,  parvenue  h sa  taille,  et  que,  depuis  lors  jusqu’au 
mois  d’août,  cet  insecte  n’a  pas  grossi,  qu’il  ne  l’a  jamais  vu 
sortir  de  sa  retraite  soit  le  jour  soit  la  nuit,  et  qu’il  ne 
suppose  pas  qu’il  doive  manger  depuis  avril  jusqu’au 
moment  de  sa  transformation  qui  a lieu,  ainsi  que  je  l’ai  dit, 
pendant  le  mois  d’août. 

Il  est  un  pai’asile  de  cet  Iléliophobus , appartenant  à la  nom- 
breuse famille  des  Ichneumoniens.  Je  suppose  que  cet  Ily- 
ménoptère  fait  partie  du  genre  Cryptus  de  Latreiile  ; c’est 
pourquoi  je  l’ai  nommé  Crypius  Hirtœ.  Chaque  fois  que 
M.  Roux  a fait  l’éducation  de  la  chenille  de  Ilirta , il  a tou- 
jours vu  le  même  parasite  éclore  à la  place  de  quelques-uns 
des  Lépidoptères  qu’il  attendait. 

J’ai  figuré  ce  parasite  (PL  4,  fig.  10). 

La  chenille  de  Ilirta  forme  toujours  sa  chrysalide  dans 
le  fourreau  meme.  Celte  nymphe  est  conico-cylindrique, 


278 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


arrondie,  rougeâtre,  luisante,  mais  ne  présenté  rien  de 
remarquable. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  a lieu  au  commencement  d’oc- 
tobre. 

Insecte  parfait. 

Envergure:  0,033  à 00,35  mil!. 

Si  la  chenille  de  flirta  se  distingue  par  ses  mœurs,  l’insecte 
parfait  n’est  pas  moins  remarquable  et  présente  une  très- 
curieuse  anomalie.  La  femelle,  découverte  depuis  très-peu 
d’années  par  M.  Prnux,  a les  ailes  très-courtes  et  réduites  à 
de  petits  moignons.  Ce  fait  semblerait  rapprocher  cet 
ïléliopliolnis  de  certaines  Phalénites  du  genre  Nyssïa  dont, 
on  le  sait,  les  femelles  sont  presque  aptères. 

Le  mâle  a les  ailes  supérieures  entières,  veloutées,  avec  les 
nervures,  les  bandes  transverses  et  les  franges,  plus  claires 
que  le  fond.  Le  type  est  très-brun.  La  frange,  assez  large, 
est  précédée  d’une  série  de  taches  brunes,  cunéiformes. 

Les  inférieures  sont  grises,  sans  dessins,  si  ce  n’est  une 
tache  nébuleuse  qui  précède  la  frange. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  ne  présentent  rien  de  remar- 
quable : elles  sont  d’un  gris  clair  avec  le  point  discoïtlal  très- 
imparfaitement  écrit. 

Les  antennes,  longues,  sont  largement  pectinées  dans  la 
presque  totalité  de  leur  étendue.  Le  thorax,  robuste,  parti- 
cipe, ainsi  cpie  l'abdomen,  de  la  couleur  des  ailes  supérieures. 

Certaines  variétés  de  flirta  mâle,  des  environs  de  Marseille, 
ont  le  fond  des  ailes  d’un  gris  plus  ou  moins  blanchâtre. 

La  femelle  (pl.  H,  fig.  9),  presque  aptère,  ainsi  que  je  l’ai 
dit,  est  de  la  couleur  du  mâle.  Les  antennes,  assez  courtes, 
sont  filiformes.  Le  thorax  est  relativement  rétréci. 

Les  ptérygodes  et  le  collier  sont  petits.  L’abdomen,  très- 
développé,  fusiforme,  assez  long,  est  presque  dépourvu 
d’écailles. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


270 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

De  la  6n'°  Livraison  (I8GI). 

PLANCHE  1. 

Explication  des  figures. 

T. 

Fig.  1.  Eupilhecia  Guencata  ( Mill.  ) 

2.  Id.  vue  en  dessous. 

IT. 

Fig.  3.  Pieris  Krueperi  (Srcn.  ) 

4.  Id.  J 

III. 

5.  Pieris  Krueperi , Stgr.  (Aberr.  A.  Mill.)' 

PLANCHE  2. 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Caiacola  Puerpera  Giou. 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  de  Anophia  Puimburii  (Clerck). 

5.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait. 

7.  Cocon. 

8.  Parasite  ( 9 aptère). 


280 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

PLANCHE  3. 

Explication  des  figures. 

ï. 

Fig.  1.  Timia  Margarita  ?. 

II. 

Fig.  2.  Chenille  de  Calucola  üptata  God. 

3 Id.  ld.  jeune. 

4.  Chrysalide. 

5.  Insecle  parfait. 


PLANCHE  4. 

Explication  des  figures. 

I. 

Fig.  1 Chenille  de  Lasiocampa  Suberi folia  Eavd. 

2.  Cocon. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecte  parfait  </*. 

5.  Id.  (Yar.  $>) 

II. 

Fig.  6.  Chenille  de  Hcliophobus  Hirta  lie. 

7.  Chrysalide. 

8.  Insecte  parfait  </L 

9.  Id.  ?. 

III. 

Fig.  10.  Parasite,  Cryptus?  Ilirlœ  Mill. 

Lyon  — lmp.  <16  F.  Dumoulin,  rue  St-Pierre,  20. 


P. Millier e et  A Mignot 


1.2  a 3,  Xyüna  S anibnamea,,  Eam 

H.  4 ii  7,  CirroeÆa.  Xerampeltna  Si 


lmp  JJouù'te.  5.  r Mignon 


: ■ i B ~~  . — 


Armée  1862.  Fl.  33. 


6 


Debray  sc. 


Mrne' Mianeauo>  col- 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INEDITS , 

Par  P.  MILLIÈRE. 

SEPTIÈME  LIVRAISON. 

(Présentées  h la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  ti  août  <802.  ) 


lylina  Semibrnnnea. 

Haw.  (*)  30.— Step.  II,  p.  170,  pi.  21,  f.  3.  — Gn.  VI, 
p.  121.  — Slgr.  Cat.  p.  51.  = Oculata , Germ.  Faun.  ins. 
IX,  pl.  18.  — Tr.  Sup.  112.  — Gn.  Ess.  p.  501,  Ind.  216. 
— Bdv.  1206. — Dup.  Sup.  III,  p.  373,  pl.  31,  f.  1.  — 
Herr.-Sch.-Sch.  110.  = Petrificata , Dup.  IV,  p.  213, 
pl.  115  et  Sup.  III,  p.  370,  pl.  31.  = La  Tachée , Engr. 
371  a-b. 

(Pl.  33.  Fig.  \ à 3.) 

Chenille. 

Cylindrique,  sans  éminences,  d’un  vert  clair  mat,  avec  les 
lignes  vasculaire  et  sous-dorsale  fines,  continues,  faiblement 
ondulées,  plus  claires  que  le  fond. 


(J)  Plus  généralement  connue  sous  le  nom  de  Oculata. 


19 


282 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


La  stigmatale,  large,  droite,  continue,  est  d’un  jaune  blan- 
châtre. Les  stigmates,  très-ellipsoïdes,  blancs,  sont  cerclés 
de  noir.  Le  ventre,  sans  lignes,  d’un  vert  bleuâtre,  est  fine- 
ment aspergé  d’atomes  d’un  blanc  mat,  ainsi  cpie  les  pattes 
ventrales.  Celles-ci  ont  la  couronne  carnée.  Les  taches  pili- 
fères  sont  d’un  vert  blanchâtre.  La  tête,  assez  forte  , verte, 
est  maculée  de  blanc.  La  mâchoire  et  les  palpes  sont  égale- 
ment blanchâtres. 

Douze  ou  quinze  jours  avant  sa  transformation,  l’insecte 
passe  au  vineux  obscur,  et  les  lignes  ordinaires  au  carné  vif. 

Cette  chenille  éclot  en  même  temps  que  paraissent  les 
feuilles  du  Frêne  commun  ( Fraxinus  excelsior , L.)  sur  le- 
quel elle  semblerait  vivre  exclusivement.  Elle  grossit  d’a- 
bord assez  lentement,  mais  après  la  seconde  mue,  sa  crois- 
sance est  rapide. 

L’insecte  vit  à découvert  depuis  le  moment,  de  sa  nais- 
sance jusqu'à  l’époque  de  sa  transformation.  Lorsqu’il  est 
jeune,  il  s'applique  pendant  le  jour  sur  le  revers  cl’une 
feuille,  le  long  de  la  cote;  plus  tard  il  se  retire  sous 
plusieurs  feuilles  réunies. 

Vers  la  fin  du  mois  de  mai,  la  chenille  descend  de  l’arbre 
qui  l’a  nourrie,  s’enfonce  en  terre,  forme  une  coque  solide, 
composée  de  grains  de  terre  et  de  soie  brune.  La  métamor- 
phose a lieu  peu  de  jours  après. 

La  chrysalide,  d’un  rougeâtre  brun  antérieurement,  avec 
la  poitrine  lavée  de  verdâtre,  est  allongée,  bosselée  en  avant. 
La  place  des  ailes,  celle  des  yeux  et  celle  de  la  trompe  sont 
bien  marquées.  La  pointe  abdominale  est  courte,  faiblement 
relevée  et  terminée  par  deux  très-petits  crochets  divergents. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  arrive  à la  fin  de  septembre  ou 
au  commencement  d’octobre. 


Xylina  Semibrunnea. 


283 


Insecte  pariait. 

Envergure:  0,040  à 0,042m. 

Ailes  supérieures, étroites , allongées,  brunes,  couleur  de 
bois  mort,  tachées  au  bord  interne  par  une  teinte  plus 
sombre  que  le  fond. 

Il  règne  au  dessus  de  l’angle  interne  un  trait  noir  coupé 
en  deux  endroits  par  une  éclaircie  étroite.  Les  franges  sont 
de  la  couleur  du  fond.  Les  inférieures,  grises,  sont  teintées 
de  brun  dans  la  seconde  moitié  de  leur  étendue.  Les  ner- 
vures ainsi  que  le  point  discoïdal  sont  bruns. 

Les  quatre  ailes  sont  en  dessous  d’un  gris  jaunâtre  avec  le 
point  discoïdal  très-bien  écrit. 

Les  antennes,  assez  courtes,  sont  pubescenles  et  brunes. 
Le  thorax,  qui  est  de  la  couleur  des  ailes  supérieures,  est 
carré , convexe  et  velu.  L’abdomen,  déprimé , fortement 
crêté,  de  forme  rectangulaire,  rappelle  la  couleur  générale 
de  l’insecte. 

Cette  espèce,  longtemps  confondue  avec  Petrificata , a des 
mœurs  et  une  époque  d’éclosion  bien  différentes  de  sa  con- 
génère. 

Cette  Xylina  éciot  toujours  très-tardivement  : en  septembre, 
octobre  et  même  en  novembre,  tandis  que  Petrificata  paraît 
certaines  années  dès  le  commencement  du  mois  de  juillet. 

Semibrunnea  appartient  non-seulement  à la  France  boréale, 
mais  elle  paraît  commune  aux  environs  d’Hyères  et  dans 
une  bonne  partie  de  la  Provence.  Elle  n’est  pas  rare  dans  le 
Lyonnais  et  dans  les  montagnes  du  Tîugey  ou  croissent  les 
Fï-ênes. 


284 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INÉDITS. 


Cirrωia  (0  Xerampelina. 

Hb.  421,  858.—  Tr.  II,  p.  354  etSup.  p.  106.  — Dup.  IV, 
p.  249,  pl.  116.  — Frey.  II,  pl.  140.  — Gn.  Ind.  242 
et  Species,  V,  p.  402.  — Bdv.  1178.  = Centrago , Haw. 
219.  — Curtis.  84.  — Step.  III,  p.  65.  — Gn  . V,  p.  402. 

- — Steg.  Catal.  p.  50. 

(Pl.  33.  Fig.  h à 7.) 

Chenille. 

Assez  courte,  presque  cylindrique,  faiblement  atténuée 
aux  extrémités;  d’un  brun  rougeâtre  en  dessus  et  sur  les 
flancs;  d’un  jaunâtre  obscur  en  dessous.  La  vasculaire,  assez 
large,  continue,  blanchâtre , s’élargit  sur  les  deux  derniers 
anneaux  et  descend  jusqu’à  la  sous-dorsale.  Celle-ci  est  fine, 
blanchâtre,  interrompue.  La  stigmatale,  étroite,  sinuée,  con- 
tinue, brune,  est  bordée  en  dessus  d’un  filet  noir  très-fin. 
Les  stigmates,  ovoïdes,  jaunâtres,  sont  cerclés  de  noir. 

La  tête,  globuleuse,  noire.  Le  premier  segment  corné  est 
marqué  de  traits  blanchâtres  correspondant  aux  lignes  vascu- 
laire et  sous-dorsale.  Les  seize  pattes,  concolores. 

L’espèce,  qui  est  rare  dans  notre  département , paraît  être 
assez  fréquente  aux  environs  d’Autun;  c’est  de  cette  ville 
qu’elle  me  fut  envoyée  par  notre  collègue  , M.  A.  Constant. 
Elle  vit  sur  le  Frêne  commun  ( Fraxinus  excelsior).  Dans  l'âge 
adulte,  vers  la  fin  d’avril , elle  se  cache  au  pied  du  tronc. 

Au  commencement  de  mai , mes  chenilles  sont  descen- 


(1)  Genre  créé  par  M.  Guenée.  — Xanthia  Tr.  Bdv.  — Athetmia  Hb. 


Cirrœdia  Xerampelina.  285 

dues  en  terre  assez  profondément  : chacune  d'elles  a formé 
une  coque  solide  composée  de  soie  et  de  grains  de  terre,  où 
elles  sont  restées  jusqu’au  moment  de  la  chrysalidation,  qui 
n’a  lieu  que  pendant  le  courant  de  juillet.  La  nymphe,  d’un 
rouge  brun-foncé,  luisante,  est  conico-cylindrique,  avec  la 
gaine  des  antennes  un  peu  saillante.  Une  seule  pointe  très- 
courte  la  termine.  La  Noctuelle  éclot  dans  le  courant  d’août. 

Insecte  parfait. 

Envergure:  0,029  à 0,050  m. 

Les  ailes  supérieures,  dentées,  coudées  vers  leur  milieu  , 
à lignes  tranchées  et  à couleurs  chaudes,  sont  d’un  jaune  vif, 
avec  l’espace  médian  et  le  bord  terminal  d’un  rougeâtre 
clair.  La  tache  réniforme  est  rougeâtre.  Les  lignes  extrabasi- 
laire et  coudée , en  trapèze  rétréci  inférieurement,  sont , la 
première  presque  droite,  la  seconde  arrondie  à la  hauteur 
du  coude.  Les  ailes  inférieures  sont  carnées  sur  le  bord. 

En  dessous  les  quatre  ailes,  sans  dessins,  blanchâtres,  sont 
teintées  de  ferrugineux  foncé  au  bord  terminal. 

Les  antennes,  ciliées.  Les  palpes,  courts,  sont  légèrement 
ascendants.  Le  thorax,  convexe,  caréné  au  milieu,  participe 
de  la  couleur  des  ailes  supérieures. 

L’abdomen , blanchâtre,  grêle,  dépassant  les  inférieures, 
est  caréné  chez  les  mâles. 

La  femelle  est  à peu  de  chose  pi'ès  semblable  au  mâle  ; 
elle  a seulement  les  antennes  filiformes  et  l’abdomen  court, 
renflé  et  obtus. 

Var.  A. 

Cette  aberration  a les  ailes  supérieures  envahies  par  la 
teinte  rougeâtre  : l’espace  médian  est  alors  plus  foncé  que 


28G  CHENILLES  ET  LIÎPIDOPTEIIES  INEDITS. 

chez  le  type  et  absorbe  la  réni forme  qu’ou  ne  voit  plus.  Les 
lignes  médianes  seules  sont  distinctes. 

La  Xerampelina  semble  appartenir  au  centre,  à l’est  et  au 
sud  de  la  France. 

Elle  fait  encore  partie  de  la  Faune  anglaise  et  de  la  Faune 
suisse. 

Plusieurs  provinces  allemandes  la  possèdent  aussi. 

IPsycle®  CtosBiiefranfeEla  5 Mill. 

( Species  nova.  ) 

( PI.  34.  Fig.  \ à 8.  ) 

Guenille. 

Vermifonne,  renflée  au  milieu , atténuée  aux  deux  extrémi- 
tés, rougeâtre  en  dessus  et  sur  les  flancs,  livide  en  dessous. 

La  tète,  petite,  globuleuse,  est  d’un  noir  de  jais.  Les  trois 
premiers  anneaux  sont  recouverts  d’une  plaque  écailleuse, 
noire,  luisante,  et  séparés  supérieurement  par  un  trait  trans- 
versal d'un  blanc  vif.  Le  dernier  segment,  étroit,  est  égale- 
ment recouvert  d’une  écaille  noire  : celle-ci  est  très-petite.  Le 
corps,  assez  plissé,  n’a  pas  de  lignes  en  dessus  ni  en  dessous. 
Les  pattes  antérieures  sont  noires;  les  ventrales,  très-petites, 
à peine  distinctes,  sont  concolores  ; les  anales,  brunes.  Je 
n’ai  pu  distinguer  les  stigmates.  Les  trapézoïdaux  sont  bruns. 
La  villosité,  fine,  noire,  n'est  perceptible  qu’à  la  loupe. 

La  chenille  de  la  femelle,  qui  ressemble  à celle  du  mâle,  est 
plus  grosse  du  double. 

La  chrysalide  est,  carénée  jusqu’aux  anneaux  : elle  est  d’un 
jaune  rougeâtre  assez  vif.  La  place  des  yeux,  assez  saillante, 
est  indiquée  en  brun. 


^4nnales  de  la  Société  Linnéenne  de  Lyon . 


Livr. 


Année  1362.  Fl  3± 


P MiUiere  el . 1.  Jfùrne/ 


Uebrau  sc , 


1.2  à 8.  psi  ch,  &ondcla  tella 
H n h . : "/  direct  ivaUra/w  WM. 


AP!*  r col. 


Inip . IL' ui j te,  S.r  3han*'n 


287 


Psyché  Gondebantella. 

La  nymphe  de  la  femelle,  conique,  rougeâtre,  tire  sur  le 
brun  vers  les  derniers  segments. 

L’éclosion  de  l’insecte  parfait  a lieu  à la  fin  de  mars  ou 
pendant  les  premiers  jours  d’avril.  Si  le  printemps  est  pré- 
coce, le  Lépidoptère  paraît  douze  ou  quinze  jours  plus  tôt. 

Le  fourreau  du  mâle  est  de  moitié  plus  petit  que  celui  de 
la  femelle.  Il  est  construit  de  nombreux  brins  de  mousse 
( Lishea  sericea)  appliqués  les  uns  au-dessus  des  autres. 

La  chenille  de  Gonclebaulella  a les  mœurs  de  celle  de 
Constancella , c’est-à-dire  qu’elle  éclot  dès  la  fin  d’avril  ou  au 
commencement  de  mai , grossit  lentement , et  atteint  toute 
sa  taille  en  automne.  Elle  ne  se  fixe  pas  alors  définitivement 
pour  opérer  sa  métamorphose  : elle  passe  l’hiver  attachée  à 
une  plante,  et,  aussitôt  qu’arrivent  les  premières  chaleurs  du 
printemps,  on  la  voit  manger  encore,  puis  choisir  un  heu  fa- 
vorable oh  elle  attache  son  fourreau,  soit  à une  tige  d’herbe  ou 
à une  petite  pierre  (ce dernier  cas  est  rare),  soit  à la  terre. 
Elle  est  aloi's  littéralement  perdue  au  milieu  des  mousses 
courtes  et  serrées  dans  les  lieux  incultes  oh  elle  vit  habituel- 
lement. Ces  lieux  sont  toujours  des  coteaux  exposés  à l’est 
ou  au  sud-est. 


ï INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : 0,01  G à 0,017  m. 

Il  lient  pour  la  taille  de  Massilialella  I>rd.  et  de  Tabanella 
Edv.  ( Trichocerella , Rarnb.).  Cependant  le  corps  et  l’abdo- 
men de  Gondebautella  sont  relativement  plus  exigus  que  ceux 
des  espèces  voisines  auxquelles  je  la  compare. 

Cette  Psyché  pourrait  encore  être  comparée  à Plumiferella , 
Brd.  ( Plumifera , Och.)  si  elle  n’était  plus  grande  que  cette 
dernière  et  si  surtout  scs  ailes  n’étaient  plus  allongées.  Les 


288  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

fourreaux  de  ces  deux  espèces  ne  se  ressemblent  pas  d’ail- 
leurs. 

Les  ailes  supérieures  sont  allongées,  arrondies  à l’extré- 
mité, à demi-diaphanes,  d’un  noir  fuligineux  mat,  sans  au- 
cun dessin , avec  la  nervure  costale  noire  et  un  peu  dépri- 
mée au  tiers  de  sa  longueur. 

Les  inférieures  sont  de  la  même  couleur  que  les  supé- 
rieures. 

Les  franges,  assez  longues,  sont  plus  enfumées  que  le 
fond. 

Les  antennes,  garnies  de  longues  et  très-fines  barbules, 
sont  cl’un  noir  de  suie.  Les  palpes,  représentés  par  deux 
faisceaux  de  poils  abondants  très-fins,  sont  cl’un  noir  pro- 
fond. Le  thorax  et  l’abdomen,  assez  grêles,  ainsi  que  je  fai 
dit,  sont  velus,  mais  pas  tellement  qu’on  ne  puisse  distin- 
guer le  fond  , qui  est  d'un  noir  luisant. 

La  femelle  , assez  courte,  molle,  vermi  forme,  légèrement 
aplatie  sur  les  côtés,  conique,  coupée  carrément  à l’extrémité, 
n’a  cpie  d’imperceptibles  rugosités  à la  place  des  pattes  mem- 
braneuses de  la  chenille.  Elle  est , à partir  du  cinquième 
segment,  recouverte  d’une  matière  tomenteuse  et  blanchâtre. 
Le  corps  est  jaunâtre,  avec  les  premiers  anneaux  tirant  sur 
le  brun.  La  tête,  petite,  lenticulaire,  est  noire.  Les  yeux  sont 
gros  et  noirs.  Le  thorax,  écailleux  et  noir. 

Fécondée  , la  femelle  ne  tarde  pas  à déposer  ses  œufs  : 
ceux-ci  n’éclosent  guère  cpie  quinze  ou  vingt  jours  après  leur 
ponte.  Il  ne  reste  alors  plus  du  corps  de  la  mère  que  la  tête 
et  une  petite  peau  ridée. 

Gondebàutella  est  très-ardent  ; j’en  ai  été  un  jour  témoin. 
Un  mâle  venait  cl’éclore,  il  était  à peine  développé,  qu’attiré 
par  l’odeur  d’une  femelle  non  encore  éclose,  il  tenta,  vaine- 
ment bien  entendu  , d'effectuer  l’acte  copulatif.  Ses  efforts 


Psyché  Gondehautella.  289 

impuissants  pour  arriver  à son  but  durèrent  près  de  deux 
heures. 

Un  petit  Ichneumon  attaque  cette  nouvelle  Psychide,  mais 
en  de  très-faibles  proportions.  Cet  Hyménoptère  qui  paraît 
huit  ou  dix  jours  avant  l’éclosion  du  Lépidoptère  m’a  semblé 
appartenir  au  genre  Eurytoma  de  Illiger. 

Les  Eurytomes,  tous  de  petite  taille,  considérés  jusqu’à  ce 
jour  comme  parasites  de  larves  de  petits  Hyménoptères  , 
peuvent  très-bien  l’être  de  certaines  chenilles  de  Microlé- 
pidoptères. 

Gondehautella  (*)  vole  en  abondance  dans  certaines  localités 
plus  ou  moins  élevées  du  Bugey.  Je  ne  l’ai  jamais  rencon- 
trée aux  environs  de  Lyon,  que  pourtant  j’explore  depuis  bien 
des  années. 

Les  premières  Gondehautella  que  j’ai  obtenues  furent  prises 
au  vol.  A cette  époque  je  fus  très-désireux  de  connaître  le 
fourreau.  Je  le  cherchai  avec  une  grande  persistance. 

Je  suivis  de  l’œil  un  mâle  qui  , avant  de  se  poser  , volti- 
gea longtemps  , puis  s’abattit  sur  le  gazon  et  disparut  sous 
la  mousse  basse.  C’est  alors  que  je  pus  le  saisir  au  moment 
de  l’acte  de  la  copulation.  De  ce  moment  il  m’a  été  possible 
de  savoir  que  le  fourreau  était  fixé  à la  terre  , enfoncé  sous 
les  mousses. 

Obs.  — Des  faits  semblables  à celui  que  je  vais  citer 
sont  sans  doute  connus  de  bon  nombre  de  mes  lecteurs  ; 
mais  ils  sont  ignorés,  je  le  crois,  de  plusieurs  entomologistes; 
je  n’hésiterai  donc  pas  à dire  ce  que  j’ai  vu  à l’égard  de 
cette  Psyché  nouvelle. 


(J)  En  souvenir  du  roi  bourguignon  Gondebaut  dont  l’antique  forteresse 
ruinée  domine  le  pays,  et  au  pied  de  laquelle  j’ai  trouvé  cette  espèce  pour  la 
première  fois. 


19  * 


290  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

Gondebautella  femelle,  aulanl  que  les  autres  Psyché  que  j’ai 
pu  observer  dans  leurs  mœurs  , possède  à un  haut  degré  la 
faculté  d’attirer  le  male-  Placée  sur  le  lieu  de  sa  naissance,  si 
l'heure  est  propice  et  l’état  du  ciel  convenable,  sa  présence 
fait  arriver  les  males  qui  volent  en  quantité  autour  de 
la  boîte  ouverte  qui  la  contient. 

J’ai  mis  plusieurs  fois  en  usage  cet  excellent  moyen  d’ob- 
tenir un  nombre  assez  considérable  de  Psyclie  mâles. 

Pour  réussir  il  faut  que  le  soleil  soit  chaud  et  brillant. 

Celte  curieuse  chasse  qui  ne  peut  s’effectuer  qu’à  poste 
fxe , ne  dure  guère  qu’une  heure  et  demie  ou  deux  heures 
au  plus  : de  huit  à neuf  heures  et  demie  ou  dix  heures. 
Passé  ce  temps  on  ne  voit  plus  voler  une  seule  Psyclie  , 
resterait-on  jusqu’à  la  fin  du  jour.  Cependant  si  la  matinée 
n’a  pas  été  belle,  et  si,  au  contraire,  le  soleil  se  montre  dans 
l’après-midi , les  Psyclie  volent  alors,  mais  en  petit  nombre. 

l®ae«lBsca  iLavagcrana,  Mill. 

( Species  nova . ) 


(PI.  34.  Fig.  9 à 13.) 


Chenille. 


Assez  courte,  un  peu  convexe,'  atténuée  aux  deux  extrémi- 
tés, d’un  blanc  jaunâtre,  certaines  fois  teinté  de  rougeâtre  en 
dessus.  La  tète  , lenticulaire,  est  d’un  testacé  jaunâtre.  Les 
yeux,  gros,  saillants,  bruns.  Les  mâchoires,  fortes  et  rougeâ- 
tres. Le  premier  anneau,  corné  jusqu’aux  trois  quarts  de  sa 
longueur,  est  finement  échancré  au  milieu  du  dos.  Cette 
échancrure  est  d’un  blanc  vif.  Le  tube  intestinal  est  indiqué 


Paedisca  Lavaterana.  291 

en  brun  sur  toute  la  région  dorsale.  La  ligne  sligmatale  est 
représentée  par  une  carène  concolore  très-peu  saillante.  Le 
ventre  , blanchâtre,  n’a  pas  de  lignes.  Les  pattes  écailleuses 
sont  brunes  ; les  autres,  blanchâtres.  Les  points  pilifères  , 
relativement  gros,  sont  bruns  : ils  se  détachent  sur  le  fond 
clair.  Une  villosité  courte  et  blanche  surmonte  chacun  de  ces 
points  tuberculeux. 

La  chenille  de  Lavaterana  (*)  vit  abondamment  sur  la 
Lavatera  arborea  L.  , au  cœur  meme  de  la  plante,  jusqu’à 
l’époque  de  sa  chrysalidation.  Celte  plante  ne  croît  qu’en,  un 
seul  lieu  des  environs  de  Marseille,  à l'ile  du  château  d’If, 
située  à environ  quatre  kilomètres  de  la  terre  ferme.  Celte 
île,  qui  n’est  qu’un  rocher  aride,  possède  au  nord  de  la  for- 
teresse des  pentes  recouvertes  d’un  peu  de  terre  végétale  où 
croissent  quelques  rares  pieds  de  Lavatera  arborea  : ils  sont, 
je  pense,  la  seule  végétation  de  l’ile  (2). 

La  petite  chenille  descend  à terre  pour  opérer  sa  métamor- 
phose, ou  bien  se  place  dans  le  pli  d’une  large  feuille  dont 
elle  fixe  les  bords  avec  des  fils  de  soie. 

La  nymphe  est  allongée  , d’un  jaune  rougeâtre.  La  place 
des  yeux  est  fortement  indiquée  en  brun. 

Lavaterana  éclot  dès  le  milieu  de  février  ; on  peut  croire 
qu’elle  a plus  de  deux  générations  par  an,  car,  vivant  sur  une 
plante  toujours  verte  , la  première  génération  subit  toutes 
ses  métamorphoses  en  hiver  , en  un  temps  relativement 
très-court. 


(’)  Du  nom  de  la  plante  qui  la  nourrit. 

(2)  J’ai  trouvé  dans  les  fossés  du  château  plusieurs  pieds  de  celte  Lava* 
lera,  et  avec  eux  des  larves  de  Lavaterana. 


292 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS, 


Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,015  à 0,010  m. 

Les  ailes  supérieures,  assez  allongées,  rectangulaires,  avec 
la  côte  faiblement  arquée,  sont  terminées  carrément.  Sur  un 
fond  jaune  plus  ou  moins  obscur  on  distingue  trois  taches 
principales  très-brunes  ainsi  disposées  : la  première  , cle 
forme  rectangulaire  , placée  au  tiers  de  l’aile , appuyée  au 
bord  interne  , s’élève  à la  moitié  environ  de  son  milieu  : la 
seconde  tache,  aux  trois  quarts  de  l’aile  sur  le  bord  inférieur, 
projette  sa  pointe  dans  la  direction  de  la  troisième  tache  : 
celle-ci,  située  à l'apex,  petite  relativement  aux  deux  précé- 
dentes, est  complètement  circulaire.  L’écusson,  assez  grand, 
blanchâtre,  placé  au  bord  subterminal,  est  finement  cerclé  de 
brun  : il  est  maculé  de  trois  ou  quatre  taches  noires  de  for- 
mes diverses. 

Les  ailes  inférieures,  d'un  brun  fuligineux  , sont  conco- 
îores. 

Les  supérieures,  en  dessus,  sont  d’un  brun  noirâtre,  avec 
les  franges  et  la  tête  jaunâtres.  On  distingue  souvent  vers  le 
milieu  de  l’aile  une  éclaircie  oblongue  et  blanchâtre.  La  tache 
orbiculaire  de  l’apex  est  ici  très-visible.  Les  inférieures,  en 
dessous,  sont  semblables  au  dessus. 

Les  antennes,  simples,  sont  courtes  ; les  yeux,  gros.  Les 
palpes,  assez  longs,  blanchâtres,  sont  recouverts  de  nom- 
breuses écailles.  La  tête  et  le  thorax  sont  bruns.  La  poitrine 
et  les  pattes,  blanchâtres. 

La  femelle,  d’une  teinte  généralement  plus  claire  que  le 
mâle  , est  d’un  tiers  plus  grande  que  lui.  Cependant  les  ta- 
ches caractéristiques  ont  la  même  disposition  que  chez  ce 
dernier, 


P-  MtUtvc,  rt  Joaue-r 


1 .1  ,1  5,  Sehdc, renia  Perspersaria  Vup 
II.  o ,s'  Pt  . ’ùi  îr v lüldct ‘ai \ ' n 


lmp.  Jlcutstc-  S.r.iftonon  . 


iry  Manauti*  col. 


— 


-J 


21)3 


Selulosema  Perspersaria. 

Lavaterana  doit  vivre  dans  toutes  les  parties  de  l’Europe 
oh  croissent  spontanément  les  Lavatera.  Celte  nouvelle 
Pœdisca  devra,  dans  les  Platyomides  de  Duponchel,  trouver 
place  entre  la  Scutulana , W.  et  la  Similana , W. 

SelialoseBMsa  BD«‘s,sp<ra*$ar2a. 

Dup.  IV,  p.  458,  pl,  1G9,  fig.  1-2  et  aber.  Miniosaria,  IV, 
p.  368,  pl.  1G0,  fig.  4.  — Treits.  Sup.  X,  p.  192.  — Bdv. 
14G9.  — Herr.-Sch.  p.  G7,  fig.  51-56.  = Enconista  Per- 
spersaria., Led.  — Stgr.  Cat.  p.  73.  = Scodiana  Persper- 
saria, Gn.  X,  p.  143  et  Selulosema  Miniosaria  X,  p.  149. 

. (Planche  35.  Fig.  1 à 4.) 

Je  viens  de  découvrir  la  chenille  de  Perspersaria  : par 
suite  de  sa  connaissance , je  crois  nécessaire  d'enlever  cette 
espèce  des  Scodiana.  parmi  lescpielles  tous  les  auteurs  français 
font  placée  jusqu’à  ce  jour,  et  de  la  faire  entrer  dans  le  genre 
Selulosema.  Celte  chenille  a,  en  effet,  tous  les  caractères  de 
celles  des  Selulosema  connues  et  n’a,  au  contraire,  aucun  de 
ceux  des  larves  des  Scodiana  proprement  dites,  qui  se  distin- 
guent par  le  douzième  anneau  profondément  bifide  et  par 
le  onzième  surmonté  d’une  éminence  spiniforme.  Ce  qui  a 
causé  l'erreur  des  naturalistes  qui  depuis  quelques  années 
ont  fait  de  Perspersaria  une  Scodiana , c’est,  je  le  crois  du 
moins , la  primitive  confusion  à l’égard  d’une  chenille,  autre 
que  celle  de  Perspersaria , figurée  sous  le  nom  de  cette 
dernière  Phalénite. 

Dans  la  collection  iconographique  des  chenilles  d’Europe 
par  MM.  Boisduval , Rambur  et  Guaslin,  je  vois,  à l’article 
des  Géomètres  (Pl.  2,  fig.  1 et  2)  deux  dessins  de  chenilles 


29 'l  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 

nommées  P ers per s aria , qui  évidemment  ne  représentent 
pas  celte  espèce. 

J’ai  élevé  plusieurs  centaines  de  Perspersaria  sans  mé- 
lange d’aucune  autre  espèce  : pas  une  n’avait  le  douzième 
anneau  spiniforme , ni  le  onzième  surmonté  de  la  caroncule 
bifide , caractères  importants  si  bien  reproduits  dans  les 
deux  figures  citées.  Ce  qui  vient  encore  confirmer  mon  opi- 
nion , c’est  que  la  chenille  publiée  dans  Idéographie  de 
MM.  Boisduval , Rambur  et  Guaslin , est  figurée  sur  une 
branche  de  Dorycnium. , plante  sur  laquelle  vit  en  Provence 
la  chenille  de  la  S.  Emucidaria , tandis  qu’on  ne  rencontre 
jamais  celle  de  Perspersaria  ailleurs  que  sur  les  Genisla  et 
les  Ulex. 


Chenille. 

Sans  aucune  éminence,  complètement  cylindrique , nul- 
lement atténuée,  ni  carénée;  à tête  assez  forte,  globuleuse, 
presque  aussi  haute  que  le  premier  anneau  ; à lignes  ordi- 
naires, nettes,  larges,  continues.  Le  corps,  la  tête  et  les 
pattes  sont  maculés  de  nombreux  points  foncés. 

Le  type  est  bleuâtre,  violacé  sur  le  dos  et  les  flancs.  Le 
ventre,  d’un  carné  plus  vif. 

La  ligne  vasculaire,  brune,  continue  du  premier  au 
onzième  segment,  est  finement  liserée  de  jaunâtre.  La  sous- 
dorsale  est  claire  et  continue.  La  stigmalale,  large,  blanche, 
est  maculée  sur  chaque  segment  de  deux  taches  jaune  de 
chrome , placées  à droite  et  à gauche  de  chaque  stigmate. 
Les  organes  de  la  respiration,  assez  gros,  sont  noirs  et 
accompagnés  des  deux  côtés  d’un  point  brun. 

La  région  ventrale  est  marquée  de  trois  lignes  noirâtres 
finement  liserées  de  blanc.  Les  dix  pattes  sont  concolores. 


/ 


Sclulosema  Perspersaria.  29ü> 

Cetle  chenille  varie  en  vert.  En  outre  du  type , j’ai  figuré 
celte  variété  (PI.  55,  n°  2.). 

J’ai  trouvé  la  chenille  de  Perspersaria  en  grande  abon- 
dance élans  l’Ardèche  sur  le  Genista  scorpius  L.  (')  au  milieu 
d’abondantes  touffes  de  Dorycnium. 

L’insecte  sort  de  l'œuf  au  commencement  de  mars,  alors 
que  les  fleurs  du  Genista  scorpius  bourgeonnent  à peine.  Il 
ronge  uniquement  la  fleur,  grossit  rapidement,  demeure 
constamment  à découvert  et  se  cramponne  avec  une  grande 
ténacité  aux  branches. 

Devenu  adulte  vers  le  milieu  d’avril , il  se  métamorphose 
alors.  Son  état  de  nymphe  dure  au  moins  cinq  mois.  Lin- 
secte  parfait  éclot  en  septembre. 

La  nymphe,  de  forme  ordinaire,  est  conico-cylindrique, 
assez  allongée,  d’un  brun  rougeâtre,  et  finissant  par  une 
pointe  unique. 

Insecte  parfait. 


Envergure  : 0,038  à 0,040  m. 

Les  ailes  sont  épaisses,  entières  ; les  supérieures,  grandes, 
sont  chez  le  type  cl’un  gris  ochreux  plus  ou  moins  vif  et 
striées  de  brun.  Les  lignes  transversales  ordinaires  sont  ou 
mal  indiquées  ou  nulles. 

Les  inférieures,  plus  pales  que  les  supérieures,  bleuâtres 
à la  naissance,  sont  également  striées  de  brun.  Les  taches 
cellulaires,  visibles  aux  quatre  ailes.  Des  points  nervuraux (*) 


(*)  Je  sais  qu’aux  environs  de  Marseille  et  de  Montpellier  elle  vit  sur  les-, 
Vie  x. 


' 296 


cheniii.es  et  lépidoptères  inédits. 


noirs  précèdent  les  franges.  Celles-ci  sont  longues,  bien 
fournies,  concolores. 

Le  dessous  des  ailes  diffère  peu  du  dessus  : il  est  seule- 
ment un  peu  plus  clair,  mais  tout  autant  strié  de  brun. 

Les  antennes,  concolores,  sont  pectinées  jusqu’au  sommet. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande,  est  généralement  d’une 
teinte  plus  grise,  moins  chaude  que  le  mâle. 


Var.  Miniosaria. 

, i 

Boarmia  Miniosaria , Dup.  IV,  p.  368,  pl.  160,  fig.  1.  — 

Bdv.  1503.  = Scodiana  Miniosaria,  Gn.  [Errata  1156  bis). 

= Enconista  Var.  Miniosaria , Stgr.  Cat.  pag.  75. 

L’individu  obtenu  ex  larva  et  figuré  (Pl.  35,  no  5)  n’est 
qu’une  aberration  de  Perspersaria , bien  que  très-différent 
de  celle-ci  par  la  coloration. 

J’ai  toute  raison  de  penser  que  cette  variété  est  la  Boarmia 
Miniosaria  de  Duponchel , et  que  la  Scodiana  Miniosaria  de 
M.  Guenée  est  cette  même  variété.  La  description  que  ce 
dernier  auteur  donne  de  cette  prétendue  espèce  ( Errata 
1156  bis)  se  rapporte  de  tous  points  à l’anomalie  que  j’ai 
obtenue  de  chenille. 

Elle  est  de  la  taille  des  grands  exemplaires  de  Perspersaria, 
d’un  gris  foncé  ou  cendré,  selon  les  sujets,  et  maculée  de 
stries  brunes  toujours  bien  écrites.  La  tache  cellulaire,  aux 
quatre  ailes,  est  constamment  visible  en  dessus  et  en  des- 
sous. Les  nervures  et  le  bord  antérieur  sont  teintés  de  fauve. 

Le  dessous  est  d’un  gris  blanchâtre  luisant  et  strié  de 
brun. 


297 


Polia  A rgillaceago . 

Je  crois  donc  indispensable  de  supprimer  les  noms  de 
Boarmia  Miniosaria  Dup.  et  Scodiana  Miniosaria  Gn. 

L'auteur  du  Species  soupçonnait  d’ailleurs  que  cette  pré- 
tendue espèce  n’était  qu’une  aberration  de  la  Géomètre  à la- 
quelle je  la  rapporte,  puisqu’en  parlant  de  Miniosaria , il 
nous  dit  (X,  p.  543)  : « elle  se  place  tout  à côté  de  Pers - 
« persaria , si  même  elle  constitue  bien  une  espèce  distincte 
« de  cette  dernière.  » 

Sel.  Perspersaria  n’a  qu’une  génération  ; elle  ne  vole  ja- 
mais pendant  le  jour,  à moins  quelle  ne  soit  dérangée.  La 
nuit  on  l’approche  sans  peine  avec  la  lanterne.  Par  un  temps 
favorable  on  la  voit  en  quantité  accrochée  aux  branches  des 
Genista. 

Ce  Lépidoptère  est  paresseux,  vole  lourdement  et  se  laisse 
prendre  sans  peine  avec  la  pince. 

Perspersaria , commune  dans  l’Ardèche,  l’Hérault,  le  Var 
et  les  Bouches-du-Rhône  , a été  trouvée  dans  les  Pyrénées  - 
Orientales.  Elle  doit  appartenir  à l’Italie,  à l’Espagne,  à la 
Sicile  où  abondent  les  divers  Genista  et  Ulex  qui , dans  le 
Languedoc,  m’ont  fourni  sa  chenille  en  si  grand  nombre. 

Polia  Argfiîlaceag®. 

Ilb.  (!)  682.  — Gn.  1027  et  Species  X,  p.  37.  — Stgr.  Cat. 

312.  = Venusta  Bdv.  Ind.  meth.  addend.  p.  4,  et  Gcn. 

1027.  — Dup.  Sup.  III,  p.  284,  ph  26  , fig.  3.  — 

Herr.-Sch.  58-59.  — Stgr.  Cat.  p.  42. 

(PI.  35.  Fig.  fi  à 9.) 

C’est  vers  la  mi-octobre,  quinze  ou  vingt  jours  après  que 
l’œuf  a été  pondu,  qu’éclot  la  chenille.  À cette  époque  elle  est 


(1  ) Plus  connue  en  France  sous  le  nom  de  Venusta. 


20 


298 


CÏIENIIT.ES  et  lépidoptères  inédits. 


d’un  vert  clair,  couleur  qu’elle  conservera  jusqu’après  sa 
troisième  mue.  Adulte,  elle  est  presque  cylindrique,  faible- 
ment atténuée  aux  extrémités,  rase,  lisse,  allongée,  grosse, 
pleine,  d’un  vert  roussâtre  tirant  sur  le  terreux,  et  finement 
ponctuée  de  vert  foncé  sur  tout  le  corps.  Les  lignes  ordinai- 
res sont  assez  peu  tranchées.  On  ne  voit  pas  la  ligne  vascu- 
laire : elle  semble  remplacée  par  un  gros  point  oblong,  vert 
foncé,  placé  sur  chaque  intersection.  La  sous-dorsale,  fine, 
continue,  verte,  est  éclairée  de  jaunâtre  en  dessus.  La  stig- 
matale,  assez  large,  continue,  tremblée,  blanchâtre.  Le 
ventre,  dépourvu  de  lignes,  ainsi  que  le  plus  grand  nom- 
bre des  Noctuelles,  est  d’un  vert  blanchâtre. 

Les  stigmates,  ovoïdes,  blancs,  sont  finement  cerclés  de 
noir.  La  tête,  globuleuse  , assez  petite,  d’un  testacé  rougeâ- 
tre : couleur  qui  se  prononce  sur  la  partie  frontale.  Les  pattes 
antérieures  sont  jaunâtres  ; les  ventrales  et  anales  , conco- 
îores. 

Les  trapézoïdaux  , peu  saillants,  sont  indiqués  en  vert 
foncé  et  surmontés  d’un  poil  fin  , court  et  blanchâtre. 

C’est  vers  la  fin  de  mars  que  cette  chenille  est  arrivée  cà  sa 
taille.  Elle  n’est  pas  Ircs-rare  dans  le  midi  de  la  France. 
Elle  vit  sur  diverses  espèces  d’arbrisseaux.  Je  l’ai  trouvée 
aux  environs  de  Marseille  sur  VUlex  parviflorus  Pourr.  , le 
Calycotome  spinosa  Link.,  le  Sparlium  junceum  L.,  les  Cistus 
albidus  et  salviœfolius.  Dans  la  campagne  de  Celles  les-Bains 
(Ardcche)  sur  le  Genista  scorpius  DC.  , le  Cistus  laûrifolius 
L.,  le  Dorycnium  suffruticosum  Yiîl.  et  le  Thymus  vulgaris 
L.  C’est  surtout  le  Genista  scorpius  qui  me  l’a  fournie  eu 
certaine  quantité. 

Une  chenille  qui  vit  sur  des  genres  de  plantes  aussi  éloi- 
gnés l’un  de  l’autre  que  les  Cistus,  les  Ulex  et  les  Thymus , 
peut  être  regardée  avec  raison  comme  polyphage,  car  il  est 


299 


Polia  drgillaceago. 

supposable  qu’elle  habite  encore  une  grande  quantité  de 
plantes  intermédiaires  ou  voisines. 

Pour  obtenir  abondamment  celte  chenille,  il  faut  la  cher- 
cher la  nuit  avec  la  lanterne.  Elle  vit  à découvert  jusqu'après 
sa  deuxième  mue,  puis  elle  se  tient  pendant  le  jour  soigneu- 
sement cachée  au  pied  de  l’arbuste.  En  cela  elle  se  comporte 
autrement  que  la  plupart  de  ses  congénères  qui  , presque 
toutes,  vivent  constamment  fixées  aux  feuilles  et  aux  tiges  des 
plantes. 

Pour  se  métamorphoser  la  chenille  s’enfonce  en  terre  à 
quelques  centimètres  et  se  chrysalide  au  bout  de  peu  de 
jours. 

La  nymphe,  conico-cylindrique,  d’un  brun  rougeâtre,  n’a 
absolument  rien  de  remarquable  dans  sa  forme. 

L'état  de  nymphe  dure  près  de  six  mois  : le  Lépidoptère 
éclot  à la  fin  de  septembre. 


Insecte  parfait. 


Envergure  : 0,038  à 0,040  mill. 

Les  ailes  supérieures  sont  d’un  jaune  plus  ou  moins  argi- 
leux, avec  l'espace  subterminal  lavé  de  rougeâtre.  Les  lignes 
médianes  foncées  laissent  voir  les  taches  ordinaires,  ochre li- 
ses, se  détachant  sur  le  fond  blanc. 

Les  ailes  inférieures  sont  d’un  blanc  pur.  La  tête  et  le 
thorax  participent  de  la  couleur  des  premières  ailes. 

La  femelle  , un  peu  plus  sombre  que  le  mâle,  a les  ailes 
inférieures  entièrement  grises  , sauf  la  frange  qui  est  blan- 
châtre. 

Celte  espèce  varie  beaucoup.  En  outre  des  variétés  A et  B 


300  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

de  M.  Guenée  (VI,  p.  38),  je  signale  une  troisième  aberra- 
tion. 

Yar.  C. 

Celle-ci,  assez  fréquente  dans  l’Ardèche,  a les  ailes  supé- 
rieures et  le  thorax  d’un  rouge  argileux  très-chaud,  avec  l’es- 
pace médian  presque  noir. 

Argillaceago  appartient  à la  France  méridionale,  au  dépar- 
tement de  l’Ardèche,  et  sans  doute  à d’autres  parties  de  la 
France.  Elle  a été  capturée  une  fois  aux  environs  d’Autun 
par  M.  Constant. 

Celte  jolie  Polia  appartient  aussi  à la  Russie  méridionale 
d’où  nous  la  recevons  de  temps  en  temps.  Le  type  y est 
semblable  au  nôtre. 

Obs.  — Le  20  septembre  1861  , par  un  temps  chaud  et 
pluvieux  , j’ai  capturé  à Celles-îes-Bains  , la  nuit , au  milieu 
d’un  vaste  champ  couvert  de  Genisia , scorpius  un  grand 
nombre  de  Argillaceago  qui  volaient  étourdiment  autour 
de  ma  lanterne  ; ou  bien  je  les  saisissais  accrochées  aux 
branches  des  Qenista  sur  lesquelles  sans  doute  les  femelles 
venaient  déposer  leurs  œufs. 


Livr. 


PÎnnee  JÔ62.  Pi.  36. 


P.  Millure-  dd 


Ellopia  Fasciaria.  L. 
h.'s  Dumetata -,T.  CFàrJDaula 


lmp.  Eouisu  6 r.  Mignon,  Poj  l 


IIme  ITioncaux-  col. 


Ellopia  Fasciaria. 


301 


EHopla  Fasciaria. 

Lin.  S.  N.  216.  — Clerck  pl.  5,  fig.  5.  — Wien.-Verz.  A.  2. 

— Brahm.  121.  — Fab.  100.  — Bork.  4.  — Schr.  1606. 

— Sepp.  IV,  pl.  50.  — Panz.  24.  — Hb.  5.  — Haw., 
p.  501.  — Treits.  I,  p.  97,  II,  p.  297  et  Sup.,  p.  175.  — 
Dup.  IV,  p.  153,  pl3  141,  fig.  5.  — Stepli.  III,  p.  177.  — 
Wood  493.  — Bdv.  1431.  — Herr.-Sch.  p.  39.  — Led. 

— De  la  H.  64.  — Gn.  IX  , p.  130,  et  aber.  Prasinaria  , 
p.  131.  — Stgr.  Cat.,  p.  68.  = Prosapiaria,  Linn.  222. 

— Clerck.  pl.  3,  fig.  1.  — (nonFab.)  — Neustriaria , Hufn. 

(Pl.  30.  Fig.  là  0 .) 

Je  crois  avoir  enfin  éclairci  uue  question  entomologique 
demeurée  obscure  jusqu’à  ce  jour.  Les  anciens  auteurs  regar- 
daient généralement  Fasciaria  et  Prasinaria  comme  deux 
espèces  distinctes  ; les  modernes  , pour  la  plupart  , les  ont 
réunies  et  n’ont  plus  considéré  l’une  que  comme  variété  de 
l'autre. 

Si  M.  Guenée  eût  pu  observer  la  chenille  de  cette  Ellopia 
et  celle  de  sa  variété  Prasinaria  , bien  certainement  il  n’eût 
pas,  dans  son  Species  général  des  Lépidoptères,  séparé  celle- 
ci  de  Fasciaria.  L’une  et  l’autre  ne  sont  à mes  yeux  qu’une 
seule  et  même  espèce.  Fasciaria , qui  est  le  type,  vit  dans  nos 
environs  sur  le  Pinus  sylvestris  (1),  tandis  que  sa  variété 
Prasinaria  ne  se  rencontre  que  sur  les  Abies  de  nos  mon- 


( *)  Elle  vit  en  outre  sur  d’autres  Conifères  ( Dup,  VII,  p.  1 33). 


502  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

tagnes  voisines.  Les  Sapins  du  Lyonnais,  du  Bugey  et  du 
Forez  , que  j’ai  explorés  maintes  fois  , me  l’ont  fournie  à 
toutes  les  hauteurs. 

Poursuivant  chaque  année  mes  observations  sur  la  chenille 
de  cette  Arpenteuse  , je  viens  d’obtenir  un  dernier  résultat 
qui  m’a  paru  concluant.  Une  chenille , parvenue  à sa  taille, 
trouvée  en  mai  de  cette  année  sur  un  Pinaster  de  la  mon- 
tagne d’Yzeron  (Rhône)  s’est  transformée  immédiatement. 
A quelques  jours  de  là  je  vis  éclore  une  variété  à fond  vert  - 
lavé  de  rougeâtre  (PI.  3G  , fig.  G).  Elle  fait,  à ne  pas  s’y 
tromper,  passage  à la  Prasinaria.  Celle  aberration  participe 
en  effet  de  l’une  par  la  teinte  verte,  et  de  l’autre,  par  le  carné 
rougeâtre  répandu  sur  la  côte,  les  nervures  et  les  franges. 

Chenille. 

Celle  du  Pin  qui  produit  Fasciaria  et  la  chenille  du  Sapin 
qui  donne  Prasinaria , en  tout  semblables  entre  elles,  sont 
presque  cylindriques,  légèrement  aplaties  en  dessous,  faible- 
ment atténuées  antérieurement  et  généralement  d’un  gris 
brun  violacé  en  dessus.  La  vasculaire,  fine,  interrompue, 
brune,  n’est  pas  toujours  bien  visible.  Les  sous-dorsale  et 
stigmatale , très-vagues,  ne  sauraient  être  bien  définies.  Les 
sligmates,  ovoïdes,  carminés,  sont  cerclés  de  noir. 

La  tête,  assez  forte,  carrée,  brune,  est  maculée  de  points 
noirs  de  forme  irrégulière.  Les  pattes  écailleuses  sont  d’un 
carné  livide;  les  autres,  au  nombre  de  six , sont  concolores. 
La  première  paire  de  pattes  ventrales,  bien  que  plus  courte 
que  les  deux  suivantes , n’est  pas  impropre  à la  marche  et 
fait  mieux  que  servir  de  point  d’appui  à l’insecte.  Les  trapé- 
zoïdaux, tuberculeux,  éclairés  de  blanchâtre  au  sommet,  sont 
surmontés  d’un  poil  raide.  Le  pénultième  segment  présente 


303 


Ellopia  Fasciaria. 

la  seconde  paire  de  trapézoïdaux  sensiblement  plus  élevée 
que  les  autres.  Le  ventre,  sans  lignes  , est  d’un  gris  bleuâtre 
plus  ou  moins  obscur.  Celte  espèce  qui  ne  parait  qu’une  fois 
par  an  passe  l’hiver.  En  effet,  dans  les  mois  d’octobre  et  de 
novembre,  je  l’ai  souvent  rencontrée  sur  nos  Conifères  par- 
venue à moitié  de  sa  taille.  L’état  de  nymphe  ne  dure  pas 
plus  de  vingt  à vingt-cinq  jours.  La  chrysalide  est  le  plus 
souvent  retenue  entre  les  feuilles  de  l'arbre  qui  a nourri  la 
chenille.  D'autres  fois,  mais  ce  cas  est  rare  , l’insecte  se  mé- 
tamorphose à la  surface  de  la  terre  ou  au  milieu  des  mousses 
ou  des  feuilles  sèches. 

Cette  nymphe,  conico-cylindrique , d’un  rouge  d’acajou, 
luisante  , est  passablement  allongée.  L’abdomen  , terminé 
par  une  pointe  noire  assez  aiguë  , laisse  voir,  à la  loupe  , 
un  double  petit  crochet. 

La  chenille  du  Sapin  présente  une  variété  curieuse.  La 
ligne  stigmatale,  large,  ondulée,  nette  , d’un  vert  plus  ou 
moins  clair  (PL  56,  fig.  2),  tranche  sur  le  fond  brun. 

Les  individus  qui  forment  celte  aberration  donnent  des 
insectes  parfaits  en  tout  semblables  au  type. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,035  à 0,036  m. 

Les  quatre  ailes  sont  en  dessus  d’un  carné  rougeâtre  mat, 
variant  certaines  fois  en  rouge  brun  plus  ou  moins  foncé. 
Les  supérieures  sont  traversées  par  une  double  ligne  d’un 
blanc  grisâtre,  largement  ombrée  intérieurement  de  rouge 
brun.  Les  inférieures  ne  sont  traversées  que  par  une  seula 
ligne.  Le  dessous  des  ailes,  d’un  gris  roussâtre,  très-pâle, 
laisse  à peine  entrevoir  les  lignes  transversales  du  dessus. 
Le  sommet  de  la  tête,  la  base  des  antennes  et  le  dessous  de 


504 


CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  INEDITS. 


l’abdomen  sont  blancs.  Le  reste  du  corps  participe  de  la 
couleur  des  ailes.  Les  antennes,  pectinées  jusqu’au  sommet, 
sont  garnies  de  lames  minces  et  longues. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  a les  antennes 
filiformes. 


Var.  A.  Prasinaria.  W.-Y.  — Bork.  5.  — Hb.  4.  — Treits.  I, 

p.  95  et  II,  p.  297.  — Eversm.  p.  369.  — G.  IX,  p.  131. 

Peu  d’instants  après  l’éclosion  de  l’insecte  parfait , les 
quatre  ailes  sont  toujours  d’un  vert  très-franc , mais  cette 
belle  couleur  tend  à s’affaiblir,  et  la  Phalénite  , bien  que 
préparée  sur  le  vif,  n’est  plus  après  la  dessiccation  ce  qu'elle 
était  au  moment  de  son  éclosion. 

Ainsi  que  chez  le  type,  les  ailes  supérieures  sont  traver- 
sées par  des  lignes  ayant  la  même  disposition  que  chez  ce- 
lui-là ; seulement  ces  lignes  sont  d’un  blanc  plus  vif.  La  frange 
et  la  côte  rappellent , bien  que  faiblement,  la  teinte  carnée 
de  Fasciaria. 

Le  dessous,  d’un  vert  pâle,  laisse  également  soupçonner 
les  lignes  transverses  si  bien  écrites  en  dessus. 

Le  vert  de  Prasinaria , après  la  mort  de  l’insecte  , passe 
quelquefois  au  bleuâtre,  d’autres  fois  au  gris. 


Var.  B. 


Parmi  les  individus  de  Fasciaria  et  de  Prasinaria,  obte- 
nus ex  larva , il  en  est  où  les  lignes  transverses  des  quatre 
ailes  disparaissent  presque  entièrement. 


Ellopia  Fasciaria . 


505 


Var.  G. 


(PI.  30,  fig. 6.) 

Je  désigne  par  la  lettre  C l’intéressante  aberration  que  je 
viens  d’obtenir,  faisant  passage  du  type  à la  Variété  A ( Pra- 
sinaria). 

L’espèce  (type  et  variété),  commune  dans  la  France  cen- 
trale, dans  nos  départements  du  nord  , en  Suisse,  en  Alle- 
magne, n’existe  pas  en  Provence.  Elle  n’y  a toutefois  pas  en- 
core été  signalée  à ma  connaissance.  Si  la  Variété  Prasinaria 
est  étrangère  à l’Angleterre,  où  cependant  le  type  est  com- 
mun , cela  ne  tiendrait-il  pas  à ce  que  les  Abies  ne  s’y  trou- 
vent pas  ou  y sont  rares  ? 

Or, s.  — Suivant  M.  le  docteur  de  la  Harpe,  Faune 
Suisse  ( Lépidoptères ),  page  42,  « Prasinaria  est  commune 
« dans  les  bois  de  sapin  du  Jorat,  dès  le  milieu  de  juin  au 
ce  milieu  de  juillet  : Fasciaria  est  beaucoup  plus  rare . « 

Cela  étant  , cet  auteur  aurait  eu  raison  d’ajouter  plus 
bas  : ce  Pourquoi  ne  pas  adopter  Prasinaria  pour  désigner 
ce  l’espèce  , puisque  Fasciaria  n’est  qu’une  variété  acciden- 
ce  telle  ? » 

A ce  propos  je  répéterai  que  je  n’ai  jamais  trouvé  Prasi - 
naria  dans  nos  Sapins  où  cependant  abonde  Fasciaria. 

Je  ne  saurais  admettre  l’opinion  de  M.  de  la  Harpe  a l’é- 
gard d’un  fait  accidentel  qu’on  remarque  souvent  chez  celte 
Phalénide.  ce  L’exposition,  dit-il,  de  Prasinaria  à la  moindre 
cc  vapeur  acide  la  transforme  en  Fasciaria  (1).  » 


( 1 ) Si  parfois  la  décoloration  de  Fasciaria  est  due  à une  vapeur  acide, 
le  plus  ordinairement  cela  n’est  que  le  résultat  de  sa  vétusté. 

20  * 


506 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS* 


€3  copia©» 


Tr.  (aberr.  Daubearia , Bclv.)  — Dup.  Sup.  IV,  p.  258, 
pl.  71,  fig.  1.  — Soc.  ent.  1849  Bull.  p.  78.  — Herr.-Sch. 
p.  73  fig.  260.  — Gn.  p.  296.  — Stgr.  p.  72,  b. 

(Pl.  36.  Fig.  7 à 9.) 

Je  termine  îa  septième  livraison  de  mon  Iconographie  par 
l’histoire  de  la  chenille  de  la  Variété  de  Dumetata  Tr.  : la 
Daubeata  Bdv.  Celte  dernière,  de  même  que  la  Temperata , 
Ev.,  ne  sont  bien  , lune  et  l’autre,  que  des  aberrations  de  la 
première  de  ces  Gnophos. 

La  connaissance  delà  chenille  de  la  Dumetata  de  Treitschke 
viendra  probablement  confirmer  l’avis  des  entomologistes 
qui , avant  moi , avaient  reconnu  que  Temperata  et  Daubeata 
n’étaient  que  des  variétés  de  la  Dumetata. 

Par  l’éducation  récente  de  la  chenille  de  Daubeata , j’ai  pu 
reconnaître  que  celle-ci  n’est  point,  quant  à la  forme,  une 
Gnophos  proprement  dite.  On  le  sait,  les  chenilles  connues 
de  ce  genre  nombreux  sont  courtes,  rugueuses,  et  ont  le 
onzième  anneau  conique  : caractères  qui  n’existent  pas  chez 
l’insecte  que  je  vais  décrire. 

Chenille. 

Assez  allongée,  sans  éminences,  nullement  carénée  sur  les 
flancs.  Généralement  d’un  carné  plus  foncé  sur  la  région 
dorsale  que  sur  les  autres  parties  du  corps.  La  vasculaire, 


307 


Gnophos  Dumetata. 
fine,  noire,  n’est  continue  que  sur  les  trois  premiers  et  les 
trois  derniers  segments.  Les  quatrième,  cinquième,  sixième 
et  septième  anneaux  sont  marqués  au  centre  d’un  trait  noir, 
suivi  d’une  tache  rectangulaire  transversale,  d'un  jaune  vif. 
La  sligmatale  n’est  bien  écrite  que  sur  les  sept  premiers  an- 
neaux. Cette  ligne  est , sur  chacun  d’eux  , tachée  de  blanc 
postérieurement.  Les  stigmates,  blancs,  sont  cerclés  de  noir. 
Le  ventre  , concoîore  , présente  sur  les  anneaux  du  milieu 
une  tache  carrée  et  noirâtre.  Les  trapézoïdaux,  noirs  , sont 
très-apparents. 

La  tête,  carrée,  forte,  aussi  haute  que  le  premier  segment, 
est  concoîore.  Les  dix  pattes  sont  camées. 

Cette  chenille  vit  aux  environs  de  Montpellier  sur  le  Phil- 
lyrea  latifolia  Lam.,  oh  elle  ne  parait  pas  très-rare.  Jusqu’à 
ce  jour  elle  n’a  pas  encore  été  trouvée  aux  environs  de  Mar- 
seille où  cependant  abonde  le  P.  laùfolia. 

L’insecte,  fort  délicat,  s’élève  difficilement  ; cependant  les 
individus  qui  doivent  réussir  grossissent  assez  rapidement  et, 
vers  le  commencement  de  juin,  descendent  parmi  les  détritus 
de  végétaux  et  s’y  chrysalident  sans  former  de  coque  bien 
caractérisée. 

La  chrysalide  est  assez  renflée,  d’un  brun  rouge  , avec  la 
gaine  des  antennes  faiblement  prononcée,  et  la  pointe  abdo- 
minale unique  et  assez  forte. 

Insecte  parfait. 

Envergure  : 0,040  à 0,042m. 

Les  ailes  sont  larges , soyeuses,  profondément  dentées, 
surtout  les  inférieures.  Les  supérieures  sont  d’un  gris-cendré 
pâle,  lavé  de  violâtre,  finement  aspergées  de  rares  atomes 
noirs  jusqu’à  la  ligne  coudée.  Celle-ci,  qui  est  seule  visible  , 


308 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


est  indiquée  par  de  gros  points  placés  sur  les  nervures.  Le 
dessous  est  d’un  gris  strié  de  brun,  et  la  tache  cellulaire  est 
bien  écrite.  Les  antennes  sont  fines  et  soyeuses  chez  les  deux 
sexes. 

La  femelle  est  plus  grande  que  le  mâle  d’un  cinquième 
environ. 

L’insecte  n’a  qu’une  seule  génération  et  éclot  en  automne. 
Les  entomologistes  du  Midi  le  prennent  la  nuit  à la  lan- 
terne, alors  qu’il  vient  butiner  sur  les  Bruyères  fleuries. 

Daubeata , encore  rare  dans  les  collections , varie  pour  la 
taille  et  l’intensité  des  couleurs. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


30Ü 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

Delà  7""  Livraison  0862). 


PLANCHE  1. 

« 

Explication  des  figukes. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Xylina  Semibrunnea  Haw. 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecle  parfait. 

IL 

Fig.  4.  Chenille  de  Cirroedia  Xerampelina  Hb, 

5.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait. 

7.  Cocon. 


310 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  2. 
Explication  des  figures. 


I. 

Fig.  i.  Chenille  de  Psyché  Gondebautella  J1  Mill. 
2.  Id.  Id.  Id.  ?. 

S.  Chrysalide  du  A 

4.  Insecte  parfait  A 

5.  Fourreau  du  A 

G.  Chrysalide  de  la  î . 

7.  Insecte  parfait  2 . 

8.  Fourreau  de  la  ? . 

II. 

Fig.  9 Chenille  de  Paedisca  Lavaterana  Mill. 
JO.  Chrysalide, 
i i.  Insecte  parfait. 

12.  Deux  ailes  grossies. 

13.  Chrysalide  vide. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  3. 
Explication  des  figuiies. 
I. 


Fig.  1.  Chenille  de  Selidosema  Perspersaria  Dup. 

2.  . Id.  Id.  Id.  'Variété. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecte  parfait. 

3.  Id.  Var. 

IL 

Fig.  G.  Chenille  de  Pçlia  Argillaceago  Hb. 

7.  Chrysalide. 

8.  Insecte  parfait. 


Ô12 


EXPLICATION  BES  PLANCHES. 


PLANCHE  4. 

ExPL'CATION  DES  FiGlUiES. 

I. 

Fig.  1.  Chenille  de  Ellopia  Fasciaria  L. 

2.  » » » Yar. 

3.  Chrysalide. 

4.  Insecte  parfait.  / 

5.  •»  Yariété  ( Prasinnria). 

G.  Ici.  Yar.  C.  Mill. 

II. 

Fig.  7.  Chenille  de  Gnophos  Dumetata  Tu.  (Var . Daube  aria). 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 


Lyon  — lmp.  de  F.  Dumoulin,  rue  St-Pierre,  20. 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 


INÉDITS 


PAIi 

P M IL  L 1ÈRE 


EXTRAIT  DES  ANNALES  I>E  LA  SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  LYON  , T.  X (1863) 


(huitième  livraison) 


PARIS 


F.  SAVY 

LIBRAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE 
RUE  HAUTEFEUILLE,  24 


1 864 


Annales  de  la  Société  Linnéenne  de  Lyon, 

I « 


8 ™e  Livr, 


Année  1863.  PU y 


lï.Milliere-  et  A.Mtynot 


Imp  JTütdste,  5 r.  Irügnon. 


1.2  a 3,  SparCa  Faradaxana , Stgr 
■ II . ^ à 7.  Heliothea-  Discoidana,  Bdv. 

III.  8 à u,  Psyché-  Dardouiella,  Mill. 


HTn,ie  Miyncaüx  col ■ 


■ 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS 


P.  MIL  LIER  E 

HUITIÈME  LIVRAISON 

(Présentées  à la  Société  Linaéenne  Je  Lyon,  le  13  Juillet  1803.) 


-, 

§§9Hrta  IPsM'saütoxsîriss. 

Stgr.  Stett.  e.  1802,  pag.  209. 

(PI.  37  , fig.  à 3.) 

Envergure  : 0,025  à 0,026  m. 

Cette  curieuse  Géomètre  a motivé  la  création  du  genre  nouveau 
Sparta.  Il  était  en  effet  nécessaire  de  l’isoler  de  toute  autre  Phalé- 
nite.  C’est  toutefois  des  Lobophora  quelle  se  rapproche  par  plusieurs 
caractères  importants. 

Les  ailes  supérieures,  triangulaires,  larges,  prolongées  à l’apex, 
présentent  une  courbure  sensible  sur  deux  de  leurs  côtés.  Le  troi* 
sième,  le  bord  abdominal,  est,  au  contraire,  très-droit.  Les  anté- 
rieures, d’un  vert  tendre  sur  toute  leur  surface,  sont  traversées  par 
la  ligne  médiane  à peine  marquée  en  vert  un  peu  foncé.  Le  bord 
supérieur  est  largement  carné.  Les  postérieures,  relativement  courtes 

20 


314  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

et  étroites,  sont  d'un  vert  jaunâtre  et  presque  blanchâtre  à la  base. 
Les  franges  sont  concolores  et  assez  longues. 

Ce  qui  rapproche  Paradoxaria  des  Lobaphora  Sexalata,  W.-V., 
et  Ilexapterata , KL;  sont  1°  l’extrême  brièveté  des  palpes:  2°  la  pré- 
sence de  deux  paires  d’éperons  aux  tibias  postérieurs;  3°  un  appen- 
dice ou  lobe  placé  à la  naissance  de  l’aile  inférieure  à laquelle  il 
adhère  par'la  base.  Ce  lobe,  visible  à l’œil  nu,  est  garni  de  franges. 

Le  dessous  est  semblable  au  dessus,  mais  il  n’y  a pas  de  ligne 
transversale. 

Les  antennes  sont  d’un  vert  jaunâtre,  effilées  et  garnies  de  lamelles 
jusqu’au  sommet.  Le  thorax,  robuste,  arrondi,  participe  de  la  couleur 
des  premières  ailes.  L’abdomen,  d’un  blanc  jaunâtre,  est  muni  d’une 
rare,  mais  assez  longue  villosité. 

La  femelle,  de  la  taille  du  mâle,  a les  ailes  coupées  plus  carrément 
que  chez  ce  dernier.  Les  inférieures,  tout  aussi  courtes,  sont  un  peu 
plus  larges  que  celles  du  mâle.  Le  vert  des  supérieures  est  plus  pâle 
et  tire  un  peu  sur  le  jaunâtre.  Les  antennes  sont  simples  et  sans 
ciliation.  L abdomen,  gros  et  conique,  est  dépourvu  de  la  villosité 
qu’on  remarque  sur  l’abdomen  du  mâle  (1). 

Malheureusement  on  ne  sait  rien  des  premiers  états  de  cette 
étrange  Phalénite  découverte  tout  récemment. 

C’est  à M.  Staudinger]  que  je  dois  la  connaissance  de  cette  grande 
rareté. 

La  patrie  de  la  Paradoxaria  est  le  midi  du  Péloponèse  : elle  a été 
rapportée  des  montagnes  de  Taygète  ( Monte  di  Marna) . 

Sa  place  doit  être  après  le  genre  Lobophora  des  auteurs. 

Oj)S.  — La  description  de  cette  Géomètre  était  à peine  terminée 
quand  je  reçus  une  lettre  de  M.  Staudinger  qui  m'informait  qu’après 
la  publication  de  sa  Paradoxaria,  le  mâle  de  cette  espèce  avait  été 
publié  par  M.  Lederier  dans  la  « Berliner  Entomolog.  Zestung  1862, 


(1)  Cette  absence  de  villosité  sur  l’abdomen  de  la  femelle  qui  m’a  été  soumise, 
pourrait  bien  n’être  qu’accidentelle. 


Heliothea  Discoidai  m. 


315 

p.  59,  T.  I,  fig.  1-4,  sous  lo  nom  de  Celonoptera  Miriftcaria.  » Mais, 
ajoute  M.  Staudinger,  « cette  publication  ayant  paru  après  la  mienne, 
le  nom  de  mon  insecte  doit  être  conservé. 


lldiotiipit  fôiscoitlai'ii). 

Bdv,  1410.  — Dup.  Snp.  IV,  p.  40,  pl.  54,  fig.  3.  — Herr.-Sch. 
pl.  37,  fig.  226.  — Gn.  X,  1187.  Stgr.  Cat.  386. 

(Pl.  37  , fig.  4 et  7.) 

La  chenille  de  cette  charmante  Phalénite  d'origine  espagnole,  ne 
présente  absolument  rien  de  remarquable.  Ses  mœurs  la  rapprochent 
aussi  bien  des  Fidonia  que  de  certaines  Melanippe , des  Chesias  que  de 
plusieurs  AcidaUci.  La  connaissance  des  premiers  états  de  cette 
espèce  ne  l’empêchera  pas  toutefois  de  former  un  genre  : assez  de 
caractères  la  distinguent  et  obligent  les  classificateurs  à l'isoler  de 
tonte  autre  Géomètre. 

CHENILLE 

Les  œufs  éclosent  en  juin,  dix  ou  douze  jours  après  qu’ils  ont  été 
pondus.  Le  jeune  insecte  grossit  très-lentement,  arrive  à peine  à la 
moitié  de  sa  grosseur  vers  la  fin  de  l’été,  passe  l'hiver,  et  n’acquiert 
toute  sa  taille  qu’en  mars  ou  avril  de  l'année  suivante.  Il  est  alors  un 
peu  fusiforme,  renflé  du  cinquième  au  neuvième  anneau,  faiblement 
atténué  aux  extrémités,  à peine  caréné  sur  les  flancs,  sans  aucune 
éminence,  avec  les  segments  très-distincts  ; d’un  vert  grisâtre  ou  gris 
bleuâtre,  rappelant  assez  la  couleur  des  feuilles  de  la  plante  dont 
l’insecte  se  nourrit.  La  région  dorsale,  dans  le  voisinage  des  quatrième, 
cinquième,  neuvième  et  dixième  anneaux,  est  lavée  d'orangé.  Les 
lignes  ordinaires  sont  mal  indiquées.  La  vasculaire  à peine  écrite  est 
néanmoins  assez  large  : elle  est  continue  du  premier  au  dernier  seg- 


31(5  CHENILLES  lïT  LEPIDOPTERES  INÉDITS. 

ment.  Pas  de  sous-dorsale.  La  stigmatale,  représentée  par  une  faible 
éclaircie,  se  détache  à peine  du  fonds  ; elle  est  ondulée,  continue.  Les 
stigmates,  bruns,  ne  sont  visibles  qu’à  la  loupe.  Le  ventre  est  concolore 
et  ne  présente  pas  de  lignes.  La  tête,  relativement  petite,  globuleuse, 
cordiforme,  d’un  carné  assez  vif,  dégagée  du  premier  anneau,  est  aussi 
haute  que  lui.  Les  dix  pattes  sont  concoures;  les  antérieures,  lavées 
de  carné  vif  à l’extrémité;  les  postérieures*  teintées  de  la  même 
nuance  à leur  base.  Le  clapet  anal,  bien  formé,  n'a  rien  de  trop  accusé. 
Les  trapézoïdaux,  mal  indiqués,  donnent  naissance  à des  poils  blancs 
imperceptibles  à l'œil  nu.  il  existe  en  outre,  de  chaque  côté  des 
anneaux  intermédiaires,  deux  ou  trois  chevrons  diagonaux,  blan- 
châtres, plus  ou  moins  visibles.  Ces  chevrons,  en  se  réunissant  sur  le 
dos,  forment  des  dessins  imparfaitement  losangés. 

Cette  chenille  paraît  vivre  exclusivement  sur  la  Santoline  ( Santolina 
chamœcy  par  issus , L.).  Elle  ne  quitte  jamais  la  plante  pour  se  cacher 
pendant  le  jour.  Légèrement  arquée,  elle  conserve  au  repos  une  po- 
sition très-rigide,  et,  fixée  par  les  pattes  postérieures  à l'extrémité 
d'une  branche,  demeure  immobile  pendant  la  journée  entière. 

Le  moment  de  la  transformation  venu,  l’insecte  descend  de  la 
plante,  cherche  un  abri  sous  les  mousses,  y forme  une  coque  légère  dans 
laquelle  il  se  chrysalide  bientôt. 

La  nymphe,  assez  allongée,  cylindro-conique,  sans  aspérités,  d’un 
gris  jaunâtre,  est  maculée  de  plusieurs  rangs  de  points  noirs  qui, 
partant  de  la  tête  et  passant  sur  la  poitrine  et  les  flancs,  aboutissent  â 
la  pointe  abdominale.  Il  existe  en  outre  d’autres  points  noirs  sur 
l’enveloppe  des  ailes.  L’extrémité  de  l’abdomen  est  brun  : vu  à la 
loupe,  il  présente  une  pointe  obtuse  accompagnée  de  plusieurs  petits 
crochets. 

L’insecte  parfait  éclot  vers  la  fin  de  mai  ou  pendant  les  premiers 
jours  de  juin. 

Puisque  la  Discoidaria  reste  près  de  dix  mois  en  chenille,  on.  com- 
prend qu’elle  n’a  qu’une  génération. 


II el iolhea  Disco idm ' ici . 


o J 7 


INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : le  ( c f)  0,020  à 0,021:  mill. 

— la  (9)  0,029  à 0,090  mil!. 

Les  ailes  supérieures,  épaisses,  arrondies,  d’un  jaune  d’or  éclatant? 
n’ayant  pour  tout  dessin  que  la  tache  cellulaire  arrondie,  noire,  et  la 
-cote  également  noire.  Les  inférieures  ayant  aussi  la  tache  cellulaire, 
sont  en  outre  finement  sablées  de  nombreux  atomes  noirs  qui  les 
recouvrent  sur  les  bords  en  presque  totalité.  La  frange,  aux  quatre 
ailes,  en  dessus  et  en  dessous,  est  d’un  noir  plombé. 

Le  dessous,  d’un  jaune  moins  vif  que  le  dessus,  reproduit  la  tache 
cellulaire,  mais  le  sablé  des  inférieures  a disparu. 

Les  antennes,  très-pectinées,  noires,  sont  aiguëes  à l’extrémité. 
La  tète  et  le  thorax  sont  noirs,  avec  les  ptérygodes  jaunes.  L’abdomen 
est  noir  ; la  partie  inférieure  légèrement  jaunâtre. 

La  femelle,  plus  grande  que  le  mâle  de  près  d'un  tiers,  est  d’un 
jaune  plus  vif  et  n’a  pas  d’atomes  noirs.  Les  antennes  sont  fortement 
dentées. 

Duponchel,  qui  n’a  pas  connu  la  femelle  de  Discoidaria,  ne  voyant 
pas  de  trompe  au  mâle  et  ne  lui  trouvant  que  des  palpes  très-courts, 
ne  savait  trop  à quelle  division  il  devait  rapporter  l’espèce.  Cet  auteur 
aurait  volontiers  incliné  à en  faire  un  Bombycite  (J)  plutôt  qu’une 
Phanélite.  C’est  à l’imitation  de  M.  Boisduval  qu’il  l’a  laissée  parmi 
les  Géomètres. 

La  Santoline  qui  nourrit  la  chenille  de  Discoidaria  est  commune 
dans  plusieurs  localités  bien  exposées  de  la  Provence;  je  ne  serais  pas 
surpris  que  cette  jolie  Heliothea  vécût  dans  cette  partie  de  la  France 
et  vînt  bientôt  enrichir  notre  faune  lépidoptérique. 

Discoidaria , décrite  pour  la  première  fois  par  M.  Boisduval , 
d’après  un  individu  dont  la  patrie  n’était  pas  authentiquement  connue, 


(1)  S ■ i p . IV.  pag.  40, 


318  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

retrouvée  en  certaine  qnantité  dans  l’Andalousie  par  M.  Rambur,  vient 
d’être  reprise  par  M.  Staudinger,  en  Espagne.  C'est  de  ce  savant  et 
infatigable  naturaliste  que  j’ai  reçu  les  chenilles  qui  m’ont  servi  à 
compléter  l’histoire  de  cette  intéressante  espèce. 

Psyché  lïarïSoîaieïïa,  Mill. 

( Species  nova.) 

(PI.  37,  fig.  8 à 10.) 


Bien  qu’ayant  certains’japports  de  forme  avec  plusieurs  Typhonia , 
cette  nouvelle  espèce  doit  se  rattacher  certainement  aux  Psyché  par 
l’exiguïté  du  corps,  le  peu  d’épaisseur  des  ailes,  la  brièveté  des  palpes, 
et  encore  par  la  nature,  la  composition  et  la  forme  du  fourreau.  Lorsque 
l’insecte  me  fut  soumis  à Lyon,  M.  Staudinger,  pendant  son  trop  court 
séjour  auprès  de  moi  en  août  1862,  le  rapportait  au  genre  Ty- 
phonia. Je  fus  d’abord  de  l’avis  de  cet  habile  observateur;  mais  après 
avoir  examiné  attentivement  cet  insecte  et  l’avoir  comparé  avec  soin 
à ses  congénères,  je  ne  tardai  pas  à reconnaître  qu’il  ne  pouvait  se 
classer  que  parmi  les  Psychides.  Il  est  surtout  remarquable  par  la 
présence  de  larges  taches  aux  ailes  supérieures  : caractère  qui  le  dis- 
tingue de  toutes  les  autres  Psyché. 

INSECTE  PARFAIT. 

Dardoinella  doit  tout  aussi  bien  se  placer  dans  le  voisinage  de 
Perlucidella,  Nitidella , Comitella  et  Crassiorella  que  près  de  Polytella 
et  Pseudobombycella , car  la  coupe  d’ailes,  la  couleur  du  fond  et  la 
forme  générale  de  l’insecte  le  rapprochent  assez  de  ces  deux  der- 
nières ; cependant  le  fourreau  de  cette  nouvelle  Psyché  est  bien  loin 
d’avoir  la  consistance  papyracée  et  la  forme  triangulaire  des  fourreaux 
de  Polytella  et  Pseudobombycella. 

Envergure  : 0,018  mill. 


Psyché  Dardoinella.  319 

Les  ailes  sont  arrondies,  "(entières,  'assez  étroites  et  bien  fournies 
d’écailles.  Les  supérieures,  d’un  gris  chaud,  lavées  de  carné  à la  côte, 
sont  recouvertes  de  taches  striées  de  brun  et  aspergées  d’atomes  noi- 
râtres. La  plus  large  de  ces  taches  que  je  rapporte  à la  médiane, 
occupe  à peu  près  le  milieu  de  l’aile  ; elle  est  accompagnée  d’une  large 
éclaircie  intérieure  de  forme  à peu  près  arrondie.  La  tache  du  bas  de 
l’aile,  qui  réprésente  la  basilaire,  est  sensiblement  plus  étroite  que  la 
précédente.  Le  sommet  de  l’aile  offre  une  troisième  tache  appuyée  à la 
côte  dans  le  sens  de  l’apex,  formée  par  la  réunion  de  trois  gros  points 
bruns.  La  frange  est  étroite,  fuligineuse  et  précédée  d’un  liseré  con- 
colore  relativement  étroit.  Les  ailes  inférieures  sont  enfumées,  faible- 
ment éclairées  àla  base  et  sans  aucun  dessin.  La  frange  est  assez  large 
et  concolore.  En  dessous,  les  supérieures  sont  luisantes,  grisâtres,  as- 
pergées de  nombreux  atomes  noirs , lavées  de  fauve  et  marquées  à 
la  côte  de  trois  taches  noires  qui  s’y  appuient.  Les  inférieures,  sans 
dessins  ni  taches,  sont  un  peu  moins  enfumées  qu’en  dessus.  Les 
antennes,  grises,  pectinées,  se  terminent  en  pointe;  elles  sont  garnies 
de  petites  lamelles  jusqu’au  sommet.  Les  palpes  sont  très-courts;  la 
trompe,  rudimentaire  ; les  yeux,  relativement  gros,  sont  d’un  gris 
uoirâtre.  La  tête,  le  thorax  qui  est  assez  robuste  et  les  ptérygodes,  sont 
d’un  gris  foncé.  L’abdomen,  long,  concolore,  dépasse  les  ailes  infé- 
rieures. La  poitrine  et  les  pattes  sont  grises.  Le  ventre,  concolore,  est 
lavé  de  fauve  à l’extrémité. 

La  femelle,  qui  est  probablement  aptère,  ne  m’est  pas  connue. 

Fourreau. 

Il  est  fusiforme,  d’une  longueur  proportionnée  à l’insecte,  et  re- 
couvert de  nombreuses  petites  feuilles  sèches,  fragments  de  petites 
écorces  et  autres  débris  de  végétaux.  L’enveloppe  de  l’insecte,  Fixée 
au  fourreau  et  à moitié  engainée  dans  l’ouverture,  est  d’une  couleur 
d’ambre  rappelant  celle  de  la  plupart  des  nymphes  de  Psychides. 

M.  Dardoin,  auquel  j’ai  dédié  cette  intéressante  espèce,  me 


320 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

mandait  en  me  la  communiquant,  qu’il  en  récoltait. les  fourreaux  vers 
la  fin  de  mai,  contre  les  murs  de  sa  campagne  située  aux  environs  de 
Marseille  : « Le  fourreau  contenant  la  nymphe,  » ajoutait-il,  « placé 
« séparément  sous 'une  petite  cloche  en  cristal,  donne  l'insecte  parfait 
« du  dix  au  quinze  juillet  suivant.  » 


Metog»onia  ' Agatlia. 

Stgr.  Stett.  e.  Z.  1861,  p.  283. — Stgr.  Cat.  p.  59,  n°  859. 

(PI.  38,  fig.  1 et  2.) 

Envergure  : 0,026  à 0,027  m. 

Cette  nouvelle  Metoponia  qui  est  de  la  taille  de  Vespertina  Hb.  (1), 
vient  augmenter  le  genre  composé  seulement  de  deux  espèces  euro- 
péennes : la  Flavida  W-V. , et  la  Vespertina  Hh. 

Les  ailes  supérieures,  entières,  médiocrement  aiguës  au  sommet, 
droites  à la  côte,  lisses,  luisantes,  d’un  jaune  paille  clair,  sont  tra- 
versées obliquement  par  un  large  trait  courbé  en  dehors  d’un  jaune 
rouille,  partant  de  l’apex  et  arrivant  vers  le  milieu  du  bord  interne, 
mais  n’atteignant  pas  ce  bord.  Le  point  cellulaire,  brun,  est  coupé 
en  deux  par  un  petit  trait  rouille.  La  frange , brune,  annelée  de 
blanchâtre , est  précédée  d'une  bande  assez  large,  régulière,  cou- 
leur de  rouille." Les  inférieures,  arrondies,  opaques,  d’un  gris  noi- 
râtre , ont  la  frange  relativement  étroite , brune , entrecoupée  de 
blanchâtre.  Le  dessous  des  supérieures  est  brunâtre , luisant , 
bordé  de  jaune  â la  [côte  et  en  deçà  de  la  frange.  11  y a , en  outre  , 
une’ tache  de  même  couleur  à l’apex.  Les  inférieures  sont  en  dessous 
d’un  jaune  paille  et  traversées  par  une  large  bande  médiane  brune, 
et  une  autre  également  brune  précédant  la  frange.  Les  nervures  sont 


(1)  Hb.  Pyral.  Vespertalis ,,  159. 


Annales  de  la  Société  Luwéeme  de  Lyon 


8™ Lier. 


Année  1868.  Pi.  38 . 


P. 'Minière  et  Joguts 


Imp.Houurte.  5-  r.  Mignon* 


1.2  et  2.  Wetopoma  Agatha.  Star. 
II  .3  à y,  Eubolia  Penbolarm.  ïïb. 
III.  S à n\  &elechza  Câemella*.  Star. 


JF’**'  ÜGgneauns  col 


Eubolia  Peribolia.  321 

visiblement  écrites  en  brun.  Les  antennes  sont  assez  courtes,  lilifor- 
mes  et  jaunâtres.  Le  front,  ainsi  que  chez  les  espèces  congénères,  est 
proéminent.  La  tête,  le  thorax  assez  robuste  et  l’extrémité  du  corps 
qui  se  termine  par  un  faisceau  de  poils,  sont  aussi  couleur  de  rouille. 
L’abdomen  de  cet  insecte  qui  me  semble  être  une  femelle,  est  assez 
fort  et  conique.  Il  est  annelé  de  blanc. 

La  Metoponia  Agatha,  récemment  décrite  en  Allemagne,  n’a  en- 
core été  figurée  nulle  part. 

M.  Staudinger  qui  a doté  la  science  de  ce  charmant  insecte,  me 
l’a  confié  ainsi  que  plusieurs  autres  espèces  précieuses  pour  les 
peindre. 

Cette  Metoponia,  qui  a sans  doute  deux  générations,  vole  sur  les 
pentes  du  Mont-Parnasse  en  Grèce,  où  il  en  a été  pris  plusieurs  in- 
dividus. 

Elle  devra,  dans  le  Species  de  M.  Guenée,  porter  le  n°  972  bis. 

JEïaSîrolïa.  ]FertÎ3»Is®B*ia. 

Hb.  471.—  Dup.  V,  p.  169,  pi.  182,  fig.  3.  — Treits.  Sup.  X, 

p.  216.  — Bdv.  1610.  — Herr.-Sch.  p.  163,  üg.  32.  — Gn.  X , 

1708.  — Stgr.  Cat.  417. 

(Tl.  38,  fig.  3 à 7 J 
CHENILLE. 

Assez  courte,  carénée  sur  les  flancs,  atténuée  antérieurement,  très- 
püssée  transversalement  avec  les  anneaux  distincts.  D’un  jaune  ter- 
reux tirant  parfois  sur  le  verdâtre,  et  le  plus  souvent  lavée  de  carné 
a la  hauteur  de  la  stigmatale.  La  vasculaire,  visible  du  quatrième  au 
neuvième  anneau,  est  représentée  sur  chacun  de  ceux-ci  par  une  ta-  * 
che  rectangulaire,  noire , suivie  elle-même  d’un  gros  point  blanc  de 
forme  carrée,  lequel  repose  sur  l'incision.  La  sous-dorsale,  étroite, 


322  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

continue,  brune,  n'est  pas  toujours  bien  écrite,  La  stigmatale,  égale- 
ment étroite,  ondée,  continue,  blanchâtre.  Les  stigmates,  ellipsoïdes, 
m’ont  paru  complètement  noirs  : les  trapézoïdaux,  relativement  pe- 
tits, sont  cependant  visibles  à l’œil  nu.  Le  ventre,  sur  un  fond  blan- 
châtre, faiblement  carné,  présente  trois  lignes  grises,  lisérées  elles- 
mêmes  très-finement  de  blanchâtre.  La  tète,  globuleuse,  assez  petite, 
cordiforme,  est  concolore  ainsi  que  les  dix  pattes. 

On  rencontre  parfois  des  individus  entièrement  bruns,  mais  alors 
la  tache  blanche  du  dos  paraît  bien  plus  vivement  écrite  que  chez 
le  type. 

Cette  chenille  peut  bien  avoir  certains  rapports  de  mœurs  avec  sa 
congénère  Malvata  (1)  ; de  même  que  celle-ci , elle  vit  constam- 
ment à découvert. 

Par  leurs  habitudes  et  leur  genre  de  nourriture,  l’une  et  l’autre 
s’éloignent  de  la  Cervinaria  Roes.,  seule  larve  autrefois  connue  dn 
genre  Eubolia. 

La  chenille  de  Peribolaria  vit  sur  divers  Genista  et  Ulex  de  la 
France  méridionale.  Cependant  le  Genista  scorpius  L. , très-abon- 
dant à Celles-les-Bains,  me  l’a  fournie  en  plus  grande  quantité  que 
les  Genista  et  Ulex  des  environs  de  Marseille  (2). 

Cette  larve  est  des  plus  rigides  : au  repos  on  la  prendrait  pour 
une  petite  branche  de  bois  mort.  Détachée  de  son  point  d’appui  et 
placée  sur  une  surface  plane,  elle  roule  ainsi  que  le  ferait  un  corps 
cylindrique  et  inanimé,  sans  donner  le  plus  léger  signe  de  vie. 

Sa  croissance  est  fort  lente  : éclosant  vers  le  milieu  de  novem- 
bre ce  n’est  que  vers  la  fin  d’avril  ou  au  commencement  de  mai, 
qu’elle  est  parvenue  à sa  taille.  On  la  voit  alors  descendre  sous 


(1)  Iconoyr.  Liv.  Y,  pag.  226. 

(2)  Depuis  la  rédaction  de  ce  que  je  viens  de  dire  sur  cette  larve,  j’ai  fait  de 
l’entomologie  en  février  dernier  (1863)  à Amélie-les-Baies  (Pyrénées-Orient.),  où  le 
Calycotome  spinosa  est  fort  abondant.  Cet  arbrisseau  me  donna  bon  nombre  de- 
chenilles  de  la  Peribolaria  mêlées  à celles  de  la  Scod.  Perspermna. 


Eubolia  Peribolaria.  323 

les  débris  de  végétaux  et  chercher  à la  surface  du  sol  un  lieu  con- 
venable où  elle  ne  tardera  pas  à opérer  sa  transformation  après 
oir  préalablement  formé  une  coque  légère. 

La  nymphe  est  conico-cylindrique,  allongée,  d’un  brun  rougeâtre, 
et  lavée  de  verdâtre  sur  l’enveloppe  des  ailes.  La  pointe  abdominale, 
unique , assez  effdée  ,f  ne  présente  pas  de  petits  crochets , ainsi 
que  cela  existe  chez  d’autres  chrysalides  de  Géomètres. 

C’est  à la  fin  d’août  et  dans  le  courant  de  septembre  qu'appa- 
raît le  Lépidoptère.  L’éclosion  a toujours  lieu  le  matin  entre  huit 
et  neuf  heures. 

INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : 0,026  à 0,027  mill. 

Ailes  entières , larges  , pulvérulentes.  Sur  les  supérieures  l’es- 
pace médian  et  le  trait  diagonal  qui  part  de  l’apex,  sont  vivement 
écrits  en  brun.  Le  type  a l’extrabasilaire  presque  droite  et  large- 
ment ombrée  de  noirâtre  ainsi  que  la  coudée.  Le  point  cellulaire , 
petit,  est  toujours  distinct,  bien  que  reposant  sur  un  fond  presque 
noir.  Les  ailes  inférieures  sont  grises  et  traversées  par  une  ligne 
coudée  très-confuse.  Ici  la  tache  cellulaire  ne  paraît  pas  toujours  : 
parfois  elle  manque  tout-à-fait. 

La  nuit,  cette  Phalénite  posée  sur  un  arbuste  tient  ses  ailes  re- 
levées, ainsi  qu’on  le  remarque  chez  les  Diurnes  (I).  Elle  est  aussi 
vive  que  sa  chenille  l’est  peu  : pendant  le  jour,  le  plus  léger  bruit 
la  fait  déloger  de  son  lieu  de  repos,  et  la  nuit,  on  a de  la  peine 
à la  saisir  en  la  chassant  à la  lanterne. 

Peribolaria  est  commune  aux  environs  de  Marseille,  Montpellier, 
Aix  et  autres  localités  de  la  Provence.  En  septembre,  je  l’ai  prise 
dans  l'Ardèche , volant  abondamment  dans  les  garigues  plantées 
d’Argeiras  ( Genita  scorpius,  Lin.). 


(I)  Ce  fait  n’a  rien  de  nouveau,  car  plusieurs  Géomètres  sont  dans  le  même  cas. 


324 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


Obs.  M.  Staudinger,  à son  passage  à Lyon,  m’a  soumis , pour 
la  peindre,  une  remarquable  variété  de  Peribolaria  (PI.  38,  fig.  7) 
originaire  d’Andalousie.  Sur  un  fond  blanc,  cette  aberration  pré- 
sente la  médiane  relativement  étroite , presque  aussi  brune  que 
chez  le  type.  L’extrabasilaire  est  à peine  écrite,  mais  le  trait  diago- 
nal, dont  la  pointe  est  appuyée  à l’apex,  se  détache  visiblement  en 
brun. 


GelecBiisa  Ulicâaiellsi» 

Stgr.  Stett.  e.  Z.  1859.  — Cat.  1715. 

(PI.  38,  fig.  8 à 11.) 

J’avais  rencontré  un  grand  nombre  de  chenilles  de  cette  espèce  aux 
environs  de  Marseille , au  commencement  de  janvier  de  cette  année, 
lorsque  M.  Staudinger,  auquel  j’ai  soumis  l’insecte  parfait,  reconnut 
une  Tinéide  découverte  par  lui  en  Espagne  depuis  peu,  et  à laquelle 
il  avait  imposé  le  nom  de  Ulicinella  qui  rappelle  la  plante  dont  se 
nourrit  la  petite  larve. 

CHENILLE. 

Fusiforme,  faiblement  aplatie  en  dessous  avec  les  anneaux  dis- 
tincts, d’un  jaune  vif  sur  tout  le  corps,  couleur  qui  passe  au  rouge 
plus  ou  moins  prononcé  quelques  jours  avant  la  chrysalidation.  La 
tête,  petite,  lenticulaire,  est  d’un  noir  de  jais.  Le  premier  segment 
est  recouvert  d’une  plaque  écailleuse  brune,  échancrée  en  dessus  par 
un  sinus  étroit.  On  ne  distingue  aucune  ligne  longitudinale.  Les  inci- 
sions des  anneaux  sont  blanchâtres.  Les  pattes  écailleuses , brunes  ; 
les  autres,  concolores.  Les  stigmates,  relativement  gros,  sont  indi- 
qués en  noir.  Une  bonne  loupe  permet  de  distinguer  des  points  pili- 
fères,  concolores,  surmontés  de  poils  courts  et  blanchâtres. 

L’insecte,  qui  éclot  en  décembre,  ronge  uniquement  les  fleurs  de 


Gclechid  U te  india.  325 

l' Ulex  parviflorus , Pourr.,  qui  à cette  époque  commencent  à paraî- 
tre, et  parmi  lesquelles  il  se  cache  pendant  le  jour.  La  petite  che- 
nille grossit  assez  vite  : en  effet,  à la  fin  de  janvier,  ayant  achevé  sa 
croissance,  elle  descend  au  pied  de  Y Ulex,  y forme  au  milieu  des 
feuilles  sèches  une  coque  molle  mais  solide,  et  éclot  dans  le  courant 
du  mois  d’août  suivant. 

La  nymphe,  cylindre-conique,  allongée,  rougeâtre,  luisante , n’a 
de  remarquable  que  la  gaine  des  antennes,  proéminente  et  couchée 
sur  la  poitrine. 

INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : 0,012  à 0,013  mill. 

Les  ailes  supérieures,  en  forme  d’ellipse  très-allongée,  présentent  à 
la  côte  une  légère  convexité  ; elles  ont  sur  un  fond  gris,  soyeux  et 
luisant,  une  large  tache  d’un  jaune  rougeâtre , interrompue  , mais 
qui  se  prolonge  dans  toute  l’étendue  de  l’aile.  Les  franges  sont  lon- 
gues et  concolores.  Les  ailes  inférieures  sont  étroites,  cultriformes , 
d’un  gris  ardoisé,  luisantes.  Les  franges,  plus  longues  qu’aux  supé- 
rieures, sont  teintées  de  fauve. 

En  dessous,  les  quatre  ailes  sont  d’un  gris  clair  très-luisant  et  la- 
vées de  rougeâtre  à la  côte  des  supérieures.  Les  antennes,  presque 
aussi  longues  que  le  corps,  sont  grises.  Les  palpes  sont  grêles,  courts 
et  écartés.  La  tête,  petite  et  blanchâtre.  Le  thorax,  concolore.  L’ab- 
domen, grêle,  blanchâtre,  luisant.  Les  pattes  inférieures,  assez  lon- 
gues, sont,  ainsi  que  la  poitrine,  d’un  blanc  argenté. 

Cette  Tinéide  nouvelle,  qui  n’a  qu’une  génération,  voie  dans  le  voi- 
sinage des  Ulex  de  la  Provence,  du  Languedoc,  de  l’Espagne , situés 
dans  les  garigues  chaudement  exposées.  Les  Ulex  placés  au  Nord  et 
à l’Ouest  des  collines  ne  m’ont  jamais  fourni  la  chenille  de  VUlicinella. 

Si  j’assigne  une  place  à cette  petite  espèce  dans  le  Catalogue  de 
Duponchel  je  la  placerai  parmi  les  OEcophora,  près  de  la  Schmicl- 
tella , Tr. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


326 


Lycæna  Helena. 

Stgr.  Stett.  e.  4862,  pag.  269. 

(PI.  39,  fi.  1 à 3.) 

Cette  nouvelle  Lycæna  [est  de  la  taille  de  Melmops,  mais  elle  se 
rapproche  plutôt  de  Sebrus  pour  la  coupe  des  ailes  et  la  teinte  géné- 
rale. Elle  est,  [en  dessus,  d’un  bleu  violet  avec  le  limbe  entièrement 
brun  et  les  franges  étroites  et  blanchâtres.  Le  dessous  est  d’un  gris 
cendré  ; la  base  des  ailes  inférieures  est  légèrement  saupoudrée  de 
bleuâtre.  Les  supérieures  ont  près  de  l’extrémité  une  rangée  de 
points  noirs  cerclés  de  blanc  qui  suit  la  courbure  du  bord  de  l’aile  ; 
ces  points  sont  à peu  près  disposés  comme  chez  Sebrus.  Ils  sont  au 
nombre  de  six  : le  premier,  le  troisième  et  le  sixième  très-petits.  Le 
point  cellulaire,  noir , oblong  , est  également  cerclé  de  blanchâtre. 
Les  inférieures,  marquées  de  neuf  points  à peu  près  semblables  pour 
la  taille , disposés  en  demi-cercle,  enveloppent  le  point  central  qui 
est  également  obscur,  noir  et  cerclé  de  blanc.  Les  ailes  inférieures 
ont  en  outre  à leur  extrémité,  une  rangée  de  quatre  taches  d’uu 
fauve  orangé  limitées  en  haut  et  en  bas  par  un  petit  croissant  noir. 
Les  antennes  sont  noires  et  annelées  de  blanc.  Le  thorax  et  le  des- 
sus de  l’abdomen  sont  couverts  de  poils  fins  et  blanchâtres. 

La  femelle  est  d’un  brun  noirâtre  en  dessus,  très-légèrement  teinté 
de  bleuâtre  à la  base  des  ailes.  Le  point  cellulaire  est  à peine  in- 
diqué. Les  premières  ailes  sont  marquées  d’une  très-petite  tache 
fauve  orangé  à l’angle  inférieur , et  à celui  des  secondes  ailes 
d’une  rangée  de  trois  grosses  taches  également  d’un  fauve  orangé 
presque  carrées.  La  frange  est  grise.  Le  dessous,  d’un  brun  clair , 
finement  sablé  de  bleuâtre  à la  base , diffère  peu  du  dessous  du 
mâle  quant  à la  disposition  des  taches  ; cependant  les  supérieures 
sont  marqués  de  trois  taches  fauves  à peine  indiquées,  réunies  entre 


jJnnalcs  de  Li  Sociale  Linnéenne-  de  Li/ori 


8™  Ldr, 


Année  2863.  PI.  3g 


1.2  à 3.  Lycaena  Helena.  ftgr. 
H.  I/.  et.  S.  Tcphrina  Peltaria,  Dup. 

HI.  6 , Anat'ta  Bohemtmni,  stgr. 

IV.  7 æ-  27,  Oxyptihur  Laeàer.  Zdl. 


F.  Militer  c-  ctA.Wujnotp  Ç 


lmp.  Jfoutstc  S.  r.  Mignon- 


JtT’Î^Mipneaiur  col . 


Tephiina  Peltaria.  327 

la  frange  et  la  ligne  de  points  noirs.  Le  thorax  et  l’abdomen  sont 
de  la  couleur  des  ailes. 

Cette  charmante  Lycène,  découverte  depuis  très-peu  de  mois,  a 
pour  patrie  les  montagnes  de  Taygète , situées  au  midi  du  Pélopo- 
nèse.  Elle  fait  partie  du  riche  cabinet  de  M.  Slaudinger,  de  Dresde. 

La  Lycœna  Helena , qui  n’est  comprise  dans  aucun  catalogue,  devra, 
dans  celui  de  M.  Staudinger,  trouver  place  après  la  Melanops  et  por- 
ter le  n°  159  bis. 


Teplirînw  Peltaria. 

Dup.  Badv.  Gen.  1G02.  — Herr.-Sch.  , p.  88,  fig.  G4,  G-5.  — 
Gn.  1079.  = Scutularia.  Dup.  V,  p.  161  pi.  181,  fig.  G.  — 
Stgr.  359.  = Permutata , Frey.  III,  pl.  210,  fig.  5. 

(PI.  39,  fig.  4 et  o.) 


CHENILLE. 


Cylindrique,  assez  courte,  sans  éminences,  nullement  carénée  sur 
les  flancs,  à tète  petite  , globuleuse  et  maculée  de  nombreux  points 
noirâtres.  Elle  est  généralement  grise  et  marquée  longitudinalement 
de  nombreuses  lignes  obscures.  La  vasculaire,  géminée,  fine,  brune, 
continue,  est  plus  fortement  indiquée  sur  chaque  incision  des  an- 
neaux du  milieu.  L’espace  compris  entre  la  stigmatale  et  la  vascu- 
laire est  occupé  par  trois  ou  quatre  lignes  étroites  qui  se  détachent 
à peine  sur  le  fond  gris.  Ces  lignes  sont  continues  et  parallèles.  La 
stigmatale,  large,  droite,  et  blanchâtre.  Les  stigmates,  petits, 
ellipsoïdes , rougeâtres , sont  cerclés  de  noir.  Le  ventre  laisse 
voir,  sur  un  fond  carné,  quatre  lignes  blanchâtres  assez  mal  indi- 
quées. Les  dix  pattes  sont  concolores.  Les  trapézoïdaux  fort  peu 
visibles,  donnent  naissance  à des  poils  courts  et  blanchâtres. 

Cette  chenille,  bien  placée  dans  le  genre  Teplirina  de  M.  Guenée, 


328 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


vit  aux  environs  de  Marseille,  Hyères,  Montpellier , etc.  Elle  semble 
se  nourrir  uniquement  des  fleurs  du  Romarin  officinal  qui  croît 
abondamment  dans  les  garigues  de  la  Provence.  Elle  vit  à décou- 
vert sur  l’arbuste,  depuis  l’instant  de  sa  naissance  jusqu’à  celui  de 
sa  métamorphose , qui  arrive  vers  la  fin  d’avril.  L’insecte  forme 
alors  dans  les  mousses  une  coque  molle  qui  sert  d’enveloppe  à la 
chrysalide.  Celle-ci  n’a  rien  de  remarquable  : elle  est  sans  émi- 
nences d’un  roüge  brun,  lisse  et  luisante. 

Le  Lépidoptère  éclot  du  15  septembre  au  15  ou  20  octobre,  et  tou- 
jours le  matin  entre  sept  et  huit  heures. 

C’est  une  des  Phalénites  les  plus  vives  que  j’aie  vues  ; sa  chenille 
au  contraire  est  d’une  lenteur  extrême. 

INSECTE  PARFAIT. 

Cette  Géomètre  qui  varie  fort  peu  est  un  peu  plus  petite  que  la 
Rippertaria , sa  voisine. 

Les  ailes  sont  entières,  soyeuses,  d’un  gris  blanchâtre,  généra- 
lement saupoudrées  de  points  noirs  sur  toute  leur  surface.  Aux  su- 
périeures , l’espace  médian,  large , un  peu  plus  clair  que  le  fond  , 
présente,  de  chaque  côté,  une  bande  transversale  jaune,  ombrée  de 
brun.  Le  point  cellulaire,  brun,  s’appuie  sur  la  coudée.  Les  secon- 
des ailes  n'ont  pas  de  bandes  transversales.  Les  franges  sont  lon- 
gues et  concolores.  En  dessus,  l’espace  médian  est  à peine  indiqué. 

On  a vu  que  cette  Tephrina,  par  ce  que  j’ai  dit  de  la  chenille  , 
n’a  qu’une  génération.  Elle  n’est  pas  très-commune,  mais  on  est 
à peu  près  certain  de  la  rencontrer  où  croît  spontanément  le  Ro- 
marin officinal.  Elle  se  tient  dans  les  lieux  incultes  exposés  au 
grand  soleil,  cachée  parmi  les  plantes  basses,  les  arbrisseaux , et 
ne  vole  pendant  le  jour  que  lorsqu’elle  est  troublée  dans  son  re- 
pos. La  nuit,  on  la  chasse  à la  lanterne,  mais,  en  raison  de  son 
extrême  vivacité,  on  la  saisit  difficilement. 

Non  seulement  la  Peltaria  habite  les  environs  de  Marseille  et  ceux 


Anarta  Bohemanni.  329 

de  Montpellier,  mais  je  l’ai  rencontrée  assez  fréquemment  soit 
dans  les  collines  qui  avoisinent  Hyères,  soit  sur  les  pentes  chau- 
des de  diverses  parties  de  l’Ardèche. 

Elle  a encore  été  trouvée  dans  les  Pyrénées  Orientales  ; c’est 
toutefois  ce  que  j’ai  supposé  à la  vue  d’un  envoi  de  Lépidoptères 
récoltés  aux  environs  de  Perpignan  , contenant  plusieurs  exem- 
plaires de  la  Teph.  Peltaria . 

C’est  la  troisième  espèce  du  genre  (1) , qui  sera  connue  sous  ses 
premiers  états.  L ’Artesiaria  (2)  ainsi  que  la  Vincularia  (3)  semblent 
avoir  des  mœurs  qui  les  rapprochent  de  la  Peltaria. 

Il  est  regrettable  que  nous  ne  connaissions  complètement  que  ces 
trois  espèces,  car  il  serait  intéressant  de  savoir  si  toutes  les  larves 
de  Tephrina  présentent  d’aussi  grands  rapports  entre  elles , qu’en 
offrent  les  insectes  parfaits.  Ceux-ci  ont,  en  effet,  un  grand  air  de 
famille , malgré  de  notables  différences  dans  certains  caractères  or- 
ganiques, surtout  dans  les  antennes  qui  sont  dentées  chez  quel- 
ques espèces,  ciliées  chez  d’autres,  et  pectinées  chez  les  deux  sexes 
de  la  Vincularia. 

Anarta  BoBaemasmi. 

Stgr.  Stett.  e.  Z.  1861,  p.  380.  — Cat.  756. 

(PI.  39,  fig.  6.) 

Un  peu  plus  grande  que  ses  congénères  la  Myrtilli  et  la  Cordigera. 
Les  ailes  sont  entières,  épaisses,  veloutées.  Les  supérieures,  pulvé- 
rulentes , d’un  gris  noirâtre  et  saupoudrées  d’atomes  foncés , ont 
les  lignes  médianes  écartées,  très-noires,  sinuées  et  dentées.  La  ré- 
niforme,  un  peu  salie  de  noir  dans  le  milieu,  et  l’orbiculaire  se 


(1)  Assez  nombreux,  puisqu’i  l renferme  vingt-trois  espèces,  dont  sept  exotiques. 

(2)  Gn.  X,  p,  101. 

(3)  Mill.  Iconog.  p.  149. 


21 


330  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

détachent  à peine  en  gris.  La  frange  est  concolore.  Les  ailes  infé- 
rieures , d’un  jaune-clair , sont  largement  bordées  de  noir.  Cette 
bordure  va  en  diminuant  à mesure  qu'elle  approche  de  l’angle 
anal.  La  tache  cellulaire  est  visiblement  écrite  en  noir.  La  frange 
est  jaunâtre. 

En  dessous,  les  supérieures  sont  fuligineuses  et  présentent  une 
légère  éclaircie  au  centre.  Les  inférieures  sont  semblables  au  des- 
sus , cependant  les  teintes  sont  moins  vives.  Antennes  fusiformes. 
Tète  petite  et  enfoncée  dans  le  thorax;  celui-ci  est  globuleux,  garni 
de  poils  hérissés,  concolores.  Abdomen  brun;  poitrine  et  pattes 
grises. 

La  femelle  ne  m’est  pas  inconnue. 

Cette  nouvelle  Anarta  a été  dédiée  à M.  Bohemann,  savant  sué- 
dois, directeur  du  musée  entomoiogique  de  Stokholm. 

La  Bohemanni  a été  rapportée  des  environs  de  Hammerfost  (Cap- 
Nord),  par  M.  Staudinger,  au  commencement  de  1861. 

Cette  Amrta  placée  à la  suite  de  la  Corcligera  devra  porter  le 
n°  757  bis  dans  le  Species  général. 

Ainsi  que  ses  congénères  européennes,  au  nombre  de  dix  dans  le 
Species  Guenée,  et  de  douze  dans  le  catalogue  Staudinger,  Y An.  Bo- 
hemanni  vole  en  plein  jour  et  vient  butiner  sur  les  fleurs. 

Les  individus  qui  composent  ce  genre  très-homogène,  resté  pres- 
que tel  que  l’a  créé  Ochsenheimer , comprend  des  insectes  de  petite 
taille,  gracieux  de  forme  et  de  parure.  Presque  tous  sont  originaires 
des  hautes  montagnes,  ou  habitent  les  régions  polaires. 

Aucune: Amrta,  jusqu’à  ce  jour,  n’a  été  trouvée  hors  d’Europe,  si 
ce  n’est  la  Viola, cea  de  M,  Herrich-Schaeffer,  supposée  de  la  Turquie 
d’Asie.  Il  est  probable  cependant  que  les  hautes  montagnes  de 
l’Atlas  en  Afrique  et  surtout  la  chaîne  des  Cordillères  de  l’Amé- 
rique méridionale,  doivent  en  nourrir  plusieurs  espèces  qui,  dans  un 
temps  plus  ou  moins  éloigné,  viendront  enrichir  cette  intéressante 
famille. 


Oxyptilus  (1)  Laetus. 


331 

©xypÉâSaas  (!)  Itae4.ras. 

Zell.  ïs.  1847 , L.  E.  Vf.  = Laetidactyla , Brcl.  Ann.  Soc.  ent. 
Fr.  18()1,  pag.  34,  — Stgr.  Cat.  2605. 

(PI.  39,  %.  7 à 11.) 

Cet  insecte  a de  grands  rapports  avec  Je  Laetus  de  M.  Zeller. 
5!  possède  des  caractères  constants  qui,  à la  rigueur  pourraient  en 
faire  une  espèce  distincte;  mais  je  l’avoue,  ces  caractères  ne  sont 
point  assez  importants  pour  créer  une  espèce  nouvelle. 

L'Ox/j.  Laetus  n’était  pas  connu  dans  ses  premiers  états  ; je  rem- 
plis une  lacune  dans  son  histoire  en  racontant  ce  qui  restait  à en 
dire. 

CHENILLE. 


Fusiforme,  faiblement  convexe,  très -atténuée  aux  extrémités. 
D’un  jaune  de  Naples  clair,  lavée  de  carné  inférieurement  et  sur  le 
dos.  On  ne  distingue  pas  les  lignes  ordinaires  , et  la  villosité  abon- 
dante propre  au  plus  grand  nombre  des  chenilles  de  Ptérophorites , 
est  ici  rare  et  courte.  Les  anneaux  sont  bien  distincts,  et  il  régne 
un  sillon  assez  profond  sur  la  région  dorsale.  Le  ventre  est  conco- 
lore  et  sans  lignes.  La  tête,  petite,  globuleuse,  testacée,  est  noirâtre 
sur  les  côtés.  Les  pattes  sont  concoiores,  sauf  Se  dernier  article  des 
écailleuses  qui  est  rougeâtre.  Les  trapézoïdaux,  qu’on  ne  voit  qu’a 
l’aide  d’une  très-forte  loupe,  sont  indiqués  en  rougeâtre.  Le  pre- 
mier segment  est  surmonté  de  deux. traits  noirs  parallèles,  accom- 
pagnés de  chaque  côté  d'un  gros  point  noir. 

Cette  chenille  vit  aux  dépens  des  fleurs  de  VAnclryala  stimula  L., 


(t)  Créé  par  M.  Zeller  (Pterophorus , Geof,  Lat.  Dup.), 


332  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

plante  assez  rare  dans  nos  environs,  ou  plutôt  cantonnée  dans  certai- 
nes localités  chaudes  et  pierreuses. 

L’insecte  sort  de  l’œuf  lorsque  les  fleurs  de  l’Andryale  sont  épa- 
nouies, c’est-à-dire  en  juillet;  sa  croissance  est  rapide.  Bien  que 
fort  petite,  cette  chenille  cause  un  grand  dommage  aux  fleurs  dont 
elle  fait  sa  nourriture,  car  elle  en  lie  le  sommet  alors  qu’elles  ne  sont 
point  entièrement  développées,  ronge  la  base  des  étamines,  les  atro- 
phie et  en  empêche  le  développement. 

Vingt  jours  suffisent  à l’insecte  pour  atteindre  sa  grosseur  ; il 
se  place  alors  au  centre  d’un  groupe  de  fleurs  pour  opérer  sa 
métamorphose. 

La  nymphe  est  bientôt  formée;  celle-ci,  allongée,  grêle,  brune  , 
non  villeuse,  passe  au  noir  deux  ou  trois  jours  avant  l’éclosion 
du  petit  Lépidoptère.  La  chrysalidation  dure  quinze  jours  au 
plus. 

INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  ; 0,016  à 0,017  mill. 

Les  ailes  supérieures,  profondément  échanerées,  d'un  brun  clair, 
présentent  deux  taches  blanchâtres,  vagues,  oblongues,  placées  sur 
la  branche  supérieure  des  ailes  qui  sont  elles-mêmes  largement 
teintées  de  brun  foncé  à la  côte.  Les  inférieures  ont  les  deux  pre- 
miers rameaux  bruns  ; le  troisième  également  brun  porte  trois  ou 
quatre  écailles  noires  au  bord  inférieur  de  la  côte.  Tête  et  thorax 
roux  ; abdomen  brun  avec  deux  traits  jaune  paille  au  sommet 
de  chaque  segment.  Ces  traits  sont  séparés  par  une  tache  cunéi- 
forme noire.  Les  franges  sont  longues  et  concolores.  Les  pattes, 
blanches,  sont  maculées  de  brun  aux  articulations.  Les  tarses  sont 
blancs. 

Cette  espèce  est  attaquée  dans  de  grandes  proportions  par  un  pa- 
rasite de  la  nombreuse  famille  des  Ichneumons.  J’ai  vu  éclore  plus 
de  la  moitié  de  ces  parasites  à la  place  des  insectes  que  j’attendais. 
Cet  Hyménoptère  a été  figuré  (PL  39,  n°  9). 


Jnnales  de  la.  Société  Linné cnne  de  Lyon , 


Sme  Lwr. 


Année  1863.  FL  1/.0. 


P.  Millier c,  ctA.Mgnotf)  L 

I.  i à l/..  Collas  Heldreichi.  Star 
K.  5 à 7,  Polia  Cœrul&rcerur.  Hb. 


Imy.JIouèrU  5.  r.  Mignon . 


3PV*  Sügneaux  col 


Colas  Heldreichi. 


333 


Oxyplilus  Lœtus  vient  augmenter  la  liste  de  notre  faune  lépidopté- 
rique  lyonnaise.  J’ai  recueilli  la  chenille  et  l’insecte  parfait  de  ce 
Microlépidoptère  au  pied  de  la  montagne  d'Yseron,  dans  la  propriété 
même  de  notre  collègue  M.  Maurice  Ferrouillat. 

Ce  Ptérophore  appartient  encore  aux  environs  de  Perpignan 
(Pyrén. -Orientales) , de  Thiers  (Puy-de-Dôme)  et  de  la  Youlte  (Ar- 
dèche). Je  l’ai  pris  moi-même  dans  chacune  de  ces  localités. 

Obs.  Le  nom  de  Lœtus  me  semble  mal  appliqué  à cet  insecte,  et 
peut  induire  en  erreur.  Si  l’antériorité  n’était  respectée,  ce  nom 
pourrait  être  plus  judicieusement  remplacé  par  celui  de  Andryala- 
dactilus  ou  mieux  Andryalae  qui  rappellerait  la  plante  dont  la  chenille 
se  nourrit, 


Cillas  MeMreicM. 

Stgr.  Stett.  e.  Z.  J 862,  p.  257. 

(PI.  40,  fig.  1 à 4.) 

Envergure,  le  cf  : 0,048  à 0,050  mill. 

— la  9 : 0,055  à 0,057  mill. 

Cette  belle  Colias , une  des  plus  remarquables  du  groupe,  vient 
augmenter  le  genre  composé  de  dix-sept  espèces  dans  le  Catalogue 
Staudinger. 

Un  peu  plus  petite  que  la  Colias  Aurora , Esp.,  elle  en  diffère  par 
des  caractères  essentiels  et  que  je  vais  signaler. 

La  coupe  des  ailes  supérieures  est  moins  carrée,  plus  arrondie  que 
chez  sa  congénère  Aurora.  Le  dessus,  d’un  jaune  fauve  un  peu  obs- 
cur, a une  teinte  carminée  chatoyante  des  plus  riches , et  que  je  com- 
parerai à la  couleur  si  éclatante  du  Polyom.  Gordius  mâle.  La  bande 
noire  qui  borde  les  quatre  ailes  est  de  médiocte  largeur.  Le  point  cel- 
lulaire, assez  gros,  est  d’un  noir  profond.  Celui  des  inférieures  est  grand 
et  d’un  fauve  orangé  vif.  Il  existe,  en  outre,  à la  base  des  secondes 
piiles,  une  bande  immaculée,  rectangulaire  , qui  occupe  la  première 


334  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

moitié  du  bord  supérieur  et  qui  est  d’un  fauve  clair.  Les  quatre  ailes6 
dont  les  nervures  sont  jaunes , sont  en  outre  finement  saupoudrées 
d’atomes  noirâtres.  Le  dessous  est  uniformément  d’un  jaune  verdâtre, 
Les  supérieures  ont  la  tache  cellulaire  noire,  finement  papillée  de 
blanc.  On  voit  encore  sur  le  bord  extérieur  de  l’aile  trois  taches  assez 
grosses  et  de  forme  indécise.  Les  deux  taches  blanches,  dont  l'une 
très-petite,  placée  au  dessus  de  l’autre,  sont  cerclées  de  ferrugineux  ; 
mais  ces  taches , au  lieu  d’être  d’un  blanc  argenté,  ainsi  que  cela 
existe  chez  les  espèces  congénères  Auront  et  Edusa  , sont  d'un 
blanc  mat.  Les  antennes,  la  tête  et  le  corps  n’offrent  rien  que  de 
commun  au  plus  grand  nombre  des  Colias. 

La  femelle  a les  ailes  supérieures  coupées  plus  carrément  que  celles 
du  mâle;  elles  sont  surtout  plus  anguleuses  à l’apex.  On  ne  voit  point 
le  reflet  carminé  et  chatoyant  qui  orne  l’autre  sexe  : en  cela  cette 
espèce  se  rapproche  de  Y Au  r or  a femelle  ; cependant  les  tachés  de  ces 
deux  Colias  sont  loin  de  se  ressembler.  Le  fond  est  d’un  fauve 
orangé  vif,  finement  sablé  de  noir  à la  base  des  supérieures,  et  sur 
la  plus  grande  partie  des  inférieures.  La  bande  jaune  vif,  qui  divise 
1 1 bordure  noire  de?  quatre  aile?,  présente  des  taches  grandes,  de 
forme  irrégulière,  grossièrement  arrondies.  La  bordure  des  infé- 
rieures est  quelque  peu  teintée  de  carmin.  En  dessous,  ce  qui  frappe 
au  premier  abord , est  la  teinte  gris  verdâtre  des  inférieures.  La 
tache  discoïdale  des  ailes  supérieures  et  des  inférieures  a la  forme  de 
celle  du  mâle.  Il  en  est  de  même  des  antennes,  du  thorax  et  de 
l'abdomen. 

Cette  remarquable  espèce,  récemment  découverte,  vient  d’être 
décrite  par  M.  Staudinger,  qui  l'a  dédiée  à M.  de  Heldreich  attaché 
au  muséum  d’Athènes.  Elle  faisait  partie  du  magnifique  envoi  de 
Lépidoptères  nouveaux  qui  me  furent  confiés. 

Heldreichi , originaire  de  la  Valachie,  vole  en  juin  et  juillet.  Ellepa- 
raît  être  jusqu'ici  d’une  extrême  rareté.  Mais  espérons  que  bientôt  ce 
beau  diurne  sera  répandu  dans  les  collections,  car  l'étude  des  Lé- 
pidoptères compte  en  Grèce  plusieurs  naturalistes  distingués. 


Polia  Cœrulescens.  335 

Les  dessins  de  YHeldreichi  ont  été  faits  d’après  deux  exemplaires 
mâle , et  femelle,  d’une  grande  pureté  et  dans  un  état  parfait 
de  conservation. 

L'espèce  qui  n'a  pu  encore  être  comprise  dans  le  Catalogue  de 
M.  Staudinger,  devant  trouver  place  après  YAurora,  portera  le 
n°  63  bis. 

Le  genre  remarquable  des  Colias,  composé  jusqu’à  ce  jour  de  dix- 
liuit  espèces  européennes , en  comprenant  YHeldreichi , présente  des 
individus  très-voisins  l’un  de  l’autre,  et  difficiles  à déterminer,  ainsi 
qu’il  arrive  toujours  chez  les  genres  très-naturels. 

A ces  dix-huit  espèces  qui  toutes  sont  loin  d’être  franchement 
européennes,  il  faut  ajouter  les  exotiques  au  nombre  de  sept  seu- 
lement, ce  qui  porte  à vingt-cinq,  on  le  voit,  les  Colias  du  globe; 
nombre  relativement  restreint,  eu  égard  à l’immensité  des  provinces 
africaines,  asiatiques  et  américaines,  fort  mal  connues  et  très-peu 
explorées  il  est  vrai. 

Cependant  il  est  peu  supposable  que  les  Collas  soient  un  jour  beau- 
coup plus  nombreuses  qu’elles  le  sont  aujourd’hui,  car  leur  vol  diurne, 
leur  taille  et  leur  brillante  parure  ont  dû,  dans  tous  les  pays  du 
monde,  attirer  l’attention  des  naturalistes. 


ÎP©Sm  C'wnaalespeGiis. 


Bdv.  Geu.  1021.  — Gn.  Ind.  244.  — Dup.  Sup.  IY , p.  95, 
pl.  56.  — Herr.-Sch.  38-39  , 402.  — Gn.  VI , p.  40.  — 
Stgr.  Cat.  310. 

(Pl.  40,  fig.  5 à 7.) 

CHENILLE. 


Lisse,  rase,  allongée,  sans  éminence  si  ce  n’est  le  pénultième  seg- 


336  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

ment  faiblement  relevé.  D’un  vineux  obscur  aspergé  d atomes  bruns 
en  dessus  et  sur  les  flancs,  avec  le  dessous  d’un  blanc  bleuâtre.  La 
vasculaire,  grise,  n’est  visible  que  sur  les  incisions.  La  sous-dorsale 
est  assez  large,  interrompuè,  brune.  La  stigmatale;  large,  continue, 
faiblement  ondulée  et  carnée,  ne  tranche  pas  d’une  manière  sen- 
sible. Les  stigmates  sont  jaunâtres  et  finement  cerclés  de  noir.  Le 
ventre  ne  présente  pas  de  lignes.  La  tête , moyenne , globuleuse , 
testacée,  ceinte  en  haut  de  noirâtre , est  éclairée  au  sommet  par 
deux  points  blanchâtres  correspondant  aux  sous -dorsales.  Vu  de 
dos,  chaque  anneau,  sur  lequel  on  distingue  un  losange  imparfai- 
tement écrit,  laisse  voir  les  trapézoïdaux  précédés  d’une  éclaircie  et 
suivis  d’un  gros  point  noirâtre.  Les  seize  pattes  sont  concolores. 

Cette  chenille  vit  en  décembre  et  en  janvier,  aux  environs  de  Mar- 
seille, sur  plusieurs  Valérianées  qui  croissent  en  beaucoup  de  lieux 
incultes,  principalement  sur  les  Centranthus  ruber,  D.  C.  et  Calci- 
trapa , Duf.,  fort  répandus  en  Provence  dans  les  terrains  pierreux. 

Elle  ne  vit  à découvert  que  dans  le  jeune  âge,  et  se  cache  bien- 
tôt au  bas  de  la  plante  : les  feuilles  rongées  décèlent  facilement 
sa  présence  ; cependant  il  faut  une  certaine  ténacité  pour  la  découvrir 
enfouie  sous  les  pierres  pendant  le  jour. 

Les  Centranthus  et  Valeriana  ne  font  pas  la  nourriture  exclusive 
de  la  chenille  de  Cœrulescens  : elle  vit  encore  sur  le  Cistus  albidus , L., 
VAtriplex  hamilus,  L.,  le  Buxus  sempervirens.  L.,  des  branches  des- 
quels je  l’ai  fait  tomber  plusieurs  fois.  UHyoscianms  niger  (1)  la 
nourrit  également.  Pour  se  métamorphoser , l’insecte  descend  en 
terre  à la  profondeur  de  cinq  à six  centimètres,  et  forme  une  coque 
assez  solide,  composée  de  soie  et  de  grains  de  terre. 


(i  Voici  ce  que  m’écrivait  dernièrement  M.  Staudinger  : 

« La  chenille  de  la  Polia  Cœrulescens  a été  trouvée  par  moi,  le  14  février 
« 1857,  à toute  sa  grosseur,  sur  le  Hyoscittmus  niger,  dans  les  ruines  de  la  cita- 
« delle  d’Armeria,  en  Andalousie.  Elle  fit  sa  chrysalide  huit  jours  après  à Malaga, 
» et  me  donna  le  papillon  au  mois  d'octobre  suivant.  « 


Polia  Cœrulescens.  337 

La  nymphe  est  lisse,  luisante,  un  peu  obtuse,  d’un  brun  roux,  avec 
l’extrémité  munie  de  deux  pointes  faibles,  relevées. 

L’éclosion  a lieu  au  commencement  de  septembre  et  continue  jus- 
qu’au milieu  d’octobre. 

INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : 0,035  à 0,037  mill. 

Les  ailes  antérieures,  entières,  arrondies,  festonnées,  d’un  blanc 
cendré,  sont  saupoudrées  d’atomes  brunâtres,  surtout  à la  base. 
Les  lignes  ordinaires  sont  assez  mal  déterminées,  et  les  taches  orbi- 
culaire  et  réniforme  encore  plus  vagues.  Une  série  de  points  termi- 
naux, bruns,  pas  toujours  bien  visibles , précède  la  frange  qui  est 
assez  longue  et  concolore. 

Les  ailes  postérieures  sont  blanchâtres  chez  le  mâle , et  grises 
chez  la  femelle. 

Le  point  cellulaire  et  la  ligne  médiane  sont  fort  mal  indiqués. 

Les  individus  d’un  ton  jaunâtre,  chez  lesquels  les  lignes  et  les  ta- 
ches sont  d’un  gris  noir  avec  les  ailes  inférieures  brunâtres,  devraient, 
ce  me  semble,  constituer  le  type,  car  ils  sont  les  plus  nombreux. 

Dans  l’Ardèche,  où  cette  Polia  est  fort  abondante,  les  sujets  blancs 
cendrés  n’existent  pas  ou  y sont  rares,  et,  en  Provence,  on  rencon- 
tre assez  rarement  ces  derniers. 

La  P.  Cœrulescens , qui  n’a  jamais  été  prise  dans  le  Lyonnais,  lait 
partie  des  faunes  sicilienne  et  italienne  : en  France  elle  ne  doit  pas 
s’avancer  plus  haut  que  dans  les  départements  de  l’Ardèche  et  de 
la  Drôme. 

Obs.  L’espèce  n’est  pas  très-rare  aux  environs  d’Amélie-les- 
Bains  (Pyr.  Orient.);  c’est  ce  dont  j’ai  pu  m’assurer  cette  année. 
Les  Valérianées  qui  la  nourrissent  abondamment  en  Provence  pa- 
raissent ne  pas  appartenir  à la  flore  de  ce  pays  ; c’est  ce  qui  ex- 
plique sans  doute  que  la  Cœrulescens  n’y  est  pas  commune.  J’ai 
trouvé  la  chenille  sur  plusieurs  arbrisseaux  tels  que  le  Smilax  atpera, 


338  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

L.,  YErica  arborea,  h.,  et  le  Rhus  coriaria , L.  Les  sujets  fournis 
par  ces  chenilles  sont  très-sombres,  d'une  teinte  fuligineuse,  mécon- 
naissables au  premier  abord.  Cette  race  est  fort  remarquable  et 
pourrait  bien  constituer  une  espèce  séparée. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


339 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


De  la  8e  Livraison  (1863). 


PLANCHE  37. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

Fig.  1.  Sparla  Paradoxaria  cf,  Stgr. 

2.  Id.  Id.  9 • 

3.  Id.  Jd.  vue  en  dessous. 


IL 

Fig.  4.  Chenille  de  YHeliothea  Dîscoidaria,  Bdy. 

o.  Jd.  Jd.  Jd.  vue  de  dos. 

(>.  Chrysalide. 

7.  Insecte  parfait  9 • 

III. 

Fig.  8.  Psyché  Daidoiitella,  Mill. 

9.  Jd.  Id.  (deux  ailes  vues  en  dessous). 

10.  Tête  de  la  P.  DardoincWi,  grossie. 

11.  Fourreau. 


340 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  38. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 


Fig.  4.  Metoponia  Agatha,  Stgr. 

Id.  Id.  vue  en  dessous. 

II. 

Chenille  de  YEubolia  Peribolaria,  Hb. 

Id.  Id.  Id.  vue  de  dos. 

Chrysalide. 

Infecte  parfait. 

Id.  Yar. 

III. 

Fig.  8.  Chenille  de  la  Gelechia  Ulicinella , Stgr. 

9.  Chrysalide. 

10.  Insecte  parfait. 


Fig.  3. 

4. 

5. 

6. 
7. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


341 


PLANCHE  39. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


Fig.  1.  Lycaena  Helena  a" , Stgr. 

2.  Id.  Id.  ? . 

3.  Id.  Id.  vue  en  dessous. 

II. 

Fig.  4.  Chenille  de  la  Tephrina  Peltaria , Dup.  „ 
5.  Insecte  parfait. 


III. 

Fig.  6.  Anarta  Bohemanni , Stgr. 

IV. 

Fig.  7.  Chenille  de  YOxyptilus  Laetus , Zei.l. 

8.  Chrysalide. 

9.  Insecte  parfait. 

10.  Tête  et  premier  anneau  grossis. 

11.  Parasite. 


342  EXPLICATION  DES  PLANCHES 

PLANCHE  40. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


Fig.  1 . 
2. 
3. 

Colias  Hehlreirhi  cf,  Stgr. 
hl.  Ici.  vue  en  dessous. 

fd.  Heldreichi  Ç . 

4. 

hl.  Id.  vue  en  dessous. 

II. 

•n 

Fig.  S.  Chenille  de  la  Polia  Caerulescens , Hn. 

6.  Chrysalide. 

7.  Insecte  parfait. 


Lyon.  — lmp.  Richard  et  Ce,  31,  rue  Tupin. 


Annales  de  la  Société  Linnéenne  de  Lyon  . 


Année  1863.  FL.  IfL 


6me  Lior. 


P.  Mîllure  etAiü^notpt 


J Mwneaiur  sc. 


Arctz  a LatreiUu,  G-oi. 


JFne  JFigneaiu:  col 


lmp.  Bonis  te.  5.  rue  J fui  non  , 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS 


PAR 


P.  MILLIÈRE 

NEUVIÈME  LIVRAISON 

(Présentées  à la  Société  Linnsenne  Je  Lyon,  lo  11  Janvier  18G4.) 


liafreÊlSiî  (1) 

God. , IV,  p.  318,  pi.  33.  — Bdv.  Ic.,  39,  o.  — Herr. 

— Sch,  66,  67,  3 18.  — Stgr.,  Cat.  93. 

(Planche  41.) 

J’ai  élevé  cette  jolie  espèce  ab  ovo.  Ses  œufs  sont  finement  granu- 
leux vus  à la  loupe,  d’un  jaune  citron;  ils  sont  éclos  le  27  mai  de 
l’année  dernière , et  avaient  été  pondus  dix-huit  ou  vingt  jours 
avant  cette  époque. 

Au  moment  de  leur  naissance  et  jusqu’à  la  première  mue,  les  petites 
larves,  d’un  aspect  jaunâtre,  sont  couvertes  d’une  villosité  concolore 
et  relativement  longue.  La  tête  et  les  points  pilifères  sont  alors  d un 


(1)  Eyprepia , Ochs.  — Arctia , Steph.  Stgr. 


23 


346  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

brun  pâle.  Les  mues  successives  de  l’insecte  s’opèrent  dans  un  temps 
très-court:  la  première  a eu  lieu  le  31  mai;  la  seconde,  le  4 juin; 
la  troisième  le  il  ; et  enfin  la  quatrième  le  18.  C’est  le  26  de  ce  même 
mois  de  juin  qu’elle  est  parvenue  à son  entier  développement;  elle 
est  alors  de  la  grosseur  de  la  chenille  de  la  Luctifera. 

CHENILLE. 

Elle  est  presque  cylindrique,  et  n’a  pas,  ainsi  que  cela  a lieu  chez 
plusieurs  espèces  congénères,  le  10e  et  le  11e  segments  légèrement 
relevés.  Très-velue,  c’est-à-dire  recouverte  de  poils  assez  longs,  serrés 
et  implantés  en  faisceaux  divergents  sur  des  tubercules  bruns,  son 
aspect  général  est  le  gris  roussâtre  ou  le  brun  clair  plus  ou  moins 
chaud.  La  peau,  vue  de  dos,  est  noirâtre,  et  les  flancs  sont  d’un  carné 
vif.  La  vasculaire  est  large,  continue , blanchâtre.  La  sous-dorsale, 
également  claire,  largement  interrompue,  n’est  indiquée  que  sur  le 
milieu  de  chaque  segment.  Je  n'ai  pu  distinguer  la  stigmatale.  Les 
organes  de  la  respiration,  assez  gros,  sont  carnés  et  cerclés  de  noir. 
Le  ventre  est  livide  et  ne  présente  pas  de  lignes  au  milieu,  mais  de 
chaque  côté  on  voit  un  trait  brun.  La  tète  est  petite,  globuleuse,  d’un 
fauve  rougeâtre  et  marquée  au  sommet  de  deux  grosses  taches 
noires.  Les  pattes  écailleuses  sont  de  la  couleur  de  la  tête,  sauf  le 
dernier  article  qui  est  brun.  Les  autres  pattes  sont  concolores  avec  la 
couronne  brune. 

Cette  chenille,  très-vorace,  est  polyphage,  par  conséquent  facile  à 
nourrir.  Les  Genista , notamment  VHispanica , L.,  et  les  Chicoracées;  les 
Picris stricta,  Jor.  et  hieracioides.  L.,  surtout,  sont  les  plantes  qu’elle 
semble  préférer.  Elle  vit  splitaire  dans  les  lieux  secs,  pierreux  et  bien 
exposés,  et  mange  aussi  bien  le  jour  que  la  nuit.  Sa  croissance  s’opère 
promptement,  ainsi  qu’on  a pu  en  juger’par  ce  que  j’ai  dit  de  ses  rapi- 
des changements  de  peau. 

C’est  encore  à la  complaisance  de  M.  le  Dr  Staudinger  que  je  dois 
de  connaître  cette  chenille.  J’ai  en  effet  reçu  delui  une  vingtaine  d’œufs 


Chelonia  Latreillii.  347 

cle  la  chenille  de  Latreillii,  pendant  son  voyage  entomologique  en 
Espagne. 

A la  fin  de  juin,  l’insecte  se  réfugie  sous  les  pierres  ou  parmi 
les  débris  de  végétaux,  et  y tisse  une  coque  molle  formée  de  soie 
blanche  et  de  brins  démolisse  dans  laquelle  la  transformation  a bien- 
tôt lieu. 

La  chrysalide  est  obtuse  et  en  forme  de  barillet,  sans  aspérités,  lisse, 
luisante,  d’un  rouge  d’acajou,  et  elle  paraît,  vue  à la  loupe,  finement 
chagrinée.  La  pointe  abdominale  est  à peine  saillante. 

L’insecte  parfait,  qui  n’a  qu’une  seule  génération,  éclôt  ordinaire- 
ment entre  huit  et  neuf  heures  du  matin,  vers  le  milieu  du  mois  d’a- 
vril ou  au  commencement  de  mai  de  l’année  suivante. 

Je  fais  observer  que  les  deux  cinquièmes  environ  des  chrysalides 
ne  sont  point  écloses  cette  année  et  qu’elles  ne  donneront  sans  doute 
leur  insecte  parfait  que  l’année  prochaine.  Je  ne  serais  pas  surpris 
même  que  certaines  de  ces  dernières  ne  dussent  éclore  que  trois  ans 
après  la  métamorphose  de  la  chenille. 

CHENILLE. 

Godard,  qui  n’avait  connu  qu’un  mâle  de  cette  charmante  Chelo- 
nia, nous  a donné  une  figure  de  coupe  si  peu  exacte,  qu’on  a de  la 
peine  à reconnaître  une  Latreillii.  De  plus  les  ailes  supérieures  sur  sa 
figure  ont  un  fond  blanc-jaunâtre  : cette  couleur  n’est  point,  selon 
moi,  celle  du  type  et  ne  doit  constituer  qu’une  aberration.  Voici  au 
reste,  la  description  de  cette  Chélonie  faite  d’après  un  certain  nombre 
d’exemplaires  des  deux  sexes  : 

Les  ailes  supérieures  sont  entières,  arrondies,  épaisses,  bien  four- 
nies d’écailles.  De  nombreuses  taches  d’un  noir  profond  et  de  formes 
très-irrégulières,  recouvrent  en  grande  partie  le  fond,  qui  est  d’un 
carné  plus  ou  moins  vif.  La  côte  est  lavée  de  vineux. 

Les  ailes  inférieures,  d’un  rouge  vineux,  sont  très-largement  bor- 
dées de  noir  : cette  bordure  est  interrompue,  sinueuse  et  irrégulière- 


348  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

ment  large.  Le  point  cellulaire  est  noir  et  toujours  bien  visible.  La 
frange,  noire  aux  supérieures,  est  d’un  rouge  vineux  aux  inférieures. 
Le  dessous  des  quatre  ailes  rappelle  exactement  le  dessus  ; cependant 
les  teintes  sont  moins  vives.  Les  antennes,  de  médiocre  longueur, 
sont  pectinées  et  d’un  gris  noirâtre.  La  tête  est  velue  et  teintée  de  rou- 
geâtre ; le  thorax  est  noir  ; le  collier  et  les  ptérygodes  sont  indiqués  en 
rougeâtre  obscur.  L’abdomen,  très- velu,  est  noirâtre  en  dessus  et 
d’un  rougeâtre  vineux  sur  les  flancs. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  a généralement  les 
taches  disposées  de  même,  seulement  le  noir  des  supérieures  tourne 
un  peu  au  rose.  Le  dessous,  au  rebours  du  mâle,  nous  montre  des 
teintes  plus  vives  qu'en  dessus.  La  bordure  noire  des  inférieures  est 
moins  large  et  surtout  moins  noire  que  chez  le  mâle.  Les  antennes 
sont  faiblement  ciliées.  La  tête,  le  thorax  et  l’abdomen  sont  tout-à-fait 
noirs. 

Cette  espèce  varie  beaucoup;  je  signale  les  aberrations  les  plus 
remarquables. 

Yar.  A. 

Celle-ci  (pi.  41,  fig.  6)  diffère  du  type  par  la  couleur  ochracée 
chaude  des  supérieures,  tandis  que  la  teinte  des  inférieures  reste 
exactement  celle  de  l’espèce  ordinaire.  Cette  opposition  de  couleur 
constitue  une  anomalie  des  plus  intéressantes. 

Var.  B. 

Chez  cette  aberration  (pi.  41,  fig.  7),  le  fond  des  ailes  supérieures 
est  recouvert  en  presque  totalité  par  le  noir  des  taches,  lesquelles  ont 
ici  un  grand  développement.  Un  filet  jaunâtre  ayant  imparfaitement 
la  forme  d'un  U et  rappelant  d'une  manière  vague  le  dessin  du  type, 
existerait  seul , n’était  un  petit  trait  jaune  placé  à l’apex.  Les  ailes 
inférieures  n’ont  rien  de  remarquable. 


Chelonia  Latreillii. 


349 


Var.  C.. 

Ici,  les  dessins  des  supérieures,  bien  qu’assez  étroits , sont  un 
peu  ceux  de  l’espèce  ordinaire.  Ce  qui  distingue  cette  variété  , 
c’est  le  fond  des  ailes  inférieures  qui  est  d’un  jaune  rougeâtre.  Les 
supérieures  sont  quelque  peu  lavées  de  cette  couleur  à la  côte  et  à la 
base  de  l’aile. 

Var.  D. 

La  plus  remarquable  des  quatre  anomalies  que  j’indique,  est  cette 
dernière  (pi.  41,  fig.  8).  Le  fond  des  ailes  supérieures  et  inférieures 
présente  une  ligne  basilaire  qui,  au  lieu  d’être  étroite  et  interrompue 
vers  le  milieu,  est  très-large,  de  la  côte  au  bord  interne. 

Ces  quatre  variétés  de  la  Latreillii , et  d’autres  moins  importantes, 
m’ont  été  communiquées  par  M.  Staudinger.  Tontes  proviennent  de 
l’Espagne,  seul  lieu,  au  reste,  où  l’insecte  ait  été  trouvé  jusqu’à  ce 
jour. 

Les  individus  mâles  et  femelles  qui  viennent  de  m’éclore  ne  m’ont 
pas  donné  d’aberrations  dignes  d’être  citées. 

Si  l’insecte  parfait  a été  mal  rendu  par  Godard  , M.  Herrich 
Schaeffer  nous  en  adonné  de  bons  dessins  (pi.  13,  fig.  66  et  67),  mais 
je  les  trouve  trop  petits  d'un  tiers. 

M.  le  Dr  Graells,  de  Madrid,  nous  a fait  connaître  déjà  la  chenille 
de  la  Chelonia  Latreillii  dans  les  Annales  de  la  Société  entomologiqne 
de  France  (année  1843,  pag.  359,  pl.  12,  fig.  1 à 3);  mais  ne  trouvant 
pas  ses  dessins  assez  exacts,  j’ai  cru  nécessaire  de  donner  de  nouvelles 
figures  de  cette  espèce  puisque  l’occasion  vient  de  m’en  être  fournie. 

La  C.  Latreillii  qui  est  toujours  une  des  plus  grandes  raretés,  trou- 
vée pour  la  première  fois  par  M.  le  général  Dejean,  il  y a une  trentaine 
d’années,  a été,  l’an  passé,  recueillie  en  certain  nombre  par  M.  Stau- 
dinger. Je  ne  désespère  pas  de  la  rencontrer  moi-même  à Amélie-les- 
Bains  (Pyr.  Orient.),  dont  le  climat  et  la  végétation  sont  à peu  de 


350  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

chose  près  ceux  du  nord  de  l'Espagne.  Je  dirai  encore  que  pendant 
un  assez  court  séjour  que  j’y  ai  fait  en  janvier  et  février  1863,  j’ai 
trouvé  entr’autres  belles  espèces,  la  chenille  adulte  du  Bombyx  Loti, 
Ramb.,  considéré  jusqu’à  ce  jour,  comme  appartenant  exclusivement 
à l’Espagne. 


Nudai'i»  ? (1)  Massiliensis , Mii.l. 

(Species  nova.) 

(PI.  42,  fig.  1 à 3.) 

Je  devrais  peut-être  créer  un  genre  pour  cette  nouvelle  espèce  qui, 
bien  que  se  rapprochant  des  Nudaria  par  la  forme  des  ailes  et  leur 
nature,  la  taille  et  le  faciès  général  de  l’insecte,  s’en  éloigne  cependant 
par  la  conformation  des  palpes  ainsi  que  par  la  longueur  de  la  trompe. 
Provisoirement  je  laisse  Massiliensis  parmi  les  Nudaria  de  Stephens, 
en  attendant  que  la  connaissance  des  premiers  états  de  cette  curieuse 
espèce  vienne  nous  apprendre  où  doit  être  sa  véritable  place  dans  l’or- 
dre des  Lépidoptères. 

Envergure  : 0,019  m. 

Les  ailes , larges,  arrondies  , luisantes , peu  chargées  d’écailles, 
sont  néanmoins  opaques.  Les  supérieures,  sur  un  fond  blanchâ- 
tre , présentent  des  lignes  transversales  assez  distinctes  bien  que 
faiblement  écrites  en  gris  foncé.  L’extrabasilaire  est  indiquée  par 
un  gros  point  appuyé  à la  côte.  La  basilaire , presque  droite , si- 
nueuse, commence  par  un  gros  point  qui  touche  également  à la  côte. 
La  coudée,  très-sinueuse,  présente  au  coude  un  angle  rentrant  pro- 
noncé. Enfin  la  tache  réniforme  ou  au  moins  un  gros  point  gris  qui 
occupe  sa  place,  est  des  plus  visibles. 


1)  Bdv.  Steph.  Stgr. 


Annales  de  la  Société  Linnèenne  de  Lyon . 


9n}e  Livr. 


Année  JS 63  PI  A- 


J . i à 3,  Ihtdaria  ? Mjj'silic7isi<r,  MéJL 
II.  4 lI  d.  Haie  chia  Raly  niella*  Mil. 
III . g Cojichylù  Mètidiana,  Styr. 

N.  la  et  il,  Larenlm  Ziinu  te  maria.  Zah 


Di; p,  lÛrilrt'i,  G.  næ 


Niqkan 


M™  lüancpu.v  col. 


„ — 


Nudaria  ? Massiliensis.  3S1 

La  frange  est  concolore,  assez  longue,  et  précédée  de  taches  trian- 
gulaires grises  placées  entre  chaque  nervure. 

Les  ailes  inférieures  sont  traversées  par  une  ligne  assez  étroite,  mal 
écrite  indiquant  d’une  manière  vague  la  continuation  de  la  coudée. 
Les  franges,  un  peu  plus  longues  qu’aux  supérieures,  sont  également 
précédées  de  taches  grises,  triangulaires,  bien  indiquées. 

Le  dessous  est  luisant,  concolore,  sans  taches,  avec  la  base  des  ailes 
blanchâtre;  il  laisse  voir  les  nervures  très-accusées. 

Tête,  assez  forte;  yeux,  ronds,  relativement  gros,  d’un  brun  rou- 
geâtre. Trompe,  allongée,  roulée  en  spirale,  concolore.  Palpes,  assez 
longs,  tendant  à se  relever,  comprimés  à la  base  et  velus  jusqu’à  la 
naissance  du  3e  article.  Celui-ci,  pointu,  relevé,  presque  nu.  Antennes 
médiocrement  longues,  fortement  ciliées,  brunâtres.  Thorax,  carré, 
concolore,  avec  les  ptérygodes  assez  longues.  Abdomen,  conique, 
aussi  long  que  les  ailes  inférieures,  blanchâtre,  terminé  par  un  pin- 
ceau de  poils.  Poitrine,  concolore,  luisante.  Pattes,  de  médiocre  lon- 
gueur, blanches,  luisantes  ; munies  aux  inférieures,  d’une  seule  paire 
d’éperons. 

Je  suppose  que  cet  individu  est  une  femelle  et,  bien  que  je  ne  con- 
naisse que  cet  unique  sujet,  je  n’ai  pas  hésité  à le  publier  à cause  de 
ses  caractères  tranchés. 

La  Massiliensis  faisait  partie  d’un  envoi  de  Lépidoptères  à déterminer 
que  m’avait  communiqués  à la  fin  de  l’été  dernier,  M.  Dardoin,  au- 
quel la  Science  est  redevable  déjà  d’un  certain  nombre  d’espèces. 

« Je  l’ai  prise,  » m’a  écrit  notre  collègue,  « aux  environs  de  Mar- 
« seille,  à la  fin  de  juin  1861,  dans  un  chemin  creux  bordé  de  buis- 
« sons,  ayant  à droite  et  à gauche  des  garigues  herbues.  » 

Cette  nouvelle  Nudaria  ? appartient  à la  riche  collection  de  M.  Dar- 
doin. Dans  le  catalogue  Staudinger,  elle  devra  être  placée  après  la 
Mundana  de  Duponchel,  et  avant  YAltaica,  Led.,  où  elle  portera  le 
n°  23  bis. 


352 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


ftieSeeSeSsa  MaflysmeSla  (1) , Mill. 

(Specips  nova.) 

(PI.  42,  lig.  4 à 8.) 

CHENILLE. 

Elle  est  assez  courte,  fusiforme,  d’un  blanc  jaunâtre  plus  ou  moins 
prononcé.  Les  lignes  ordinaires  sont  larges  et  indiquées  en  rouge  car- 
miné clair.  La  stigmatale  est  la  seule  qui  ne  soit  pas  continue  : celle- 
ci  est  interrompue  sur  chaque  segment.  Le  ventre  est  jaunâtre  et  ne 
présente  pas  de  lignes.  Les  stigmates,  qu’on  ne  distingue  qu’à  la 
loupe , m’ont  paru  noirs.  La  tète,  petite,  lenticulaire,  est  d’un  noir 
luisant.  Les  deux  premiers  anneaux  sont  d’un  vineux  obscur  : le  pre- 
mier porte  un  écusson  corné,  noir  et  luisant.  Les  pattes  antérieures, 
de  couleur  vineuse,  ont  le  premier  article  noir.  Les  trapézoidaux,  re- 
lativement gros,  sont  également  noirs. 

Cette  chenille  vit  sur  VAtriplex  halymus,  L.,  arbrisseau  naturalisé  en 
Provence,  fort  répandu  sur  les  terres  qui  avoisinent  la  mer,  notam- 
ment aux  environs  de  Marseille. 

La  chenille  de  Halymella  semble  attaquer  presque  seule  cet  Atri- 
plex  (2)  qui  la  nourrit  en  grande  abondance.  L’œuf  déposé  sur  une 
des  feuilles  épaisses  et  persistantes  de  cet  arbuste,  éclot  dès  le  mois  de 
décembre.  La  petite  chenille  perce  cette  feuille,  s’introduit  sous  la 
pellicule  qu’elle  a soulevée  et  là,  ronge  en  repos  le  parenchyme.  Elle 
grossit  lentement,  attaque  plusieurs  feuilles  successivement  et  n’atteint 
toute  sa  taille  que  deux  mois  environ  après  sa  naissance.  C’est  à cette 


(1)  Du  nom  spécifique  Halymus  ( Atriplex  halymus,  L.). 

(2)  On  y trouve  encore  quelques  rares  chenilles  de  la  Main.  Chenopodiphaga  et 
de  la  Boar.  Rhomboidaria. 


Gelechia  Halymella  353 

époque,  celle  du  commencement  de  février,  que  son  développe- 
ment ne  lui  permettant  plus  de  vivre  à la  manière  des  mineuses, 
elle  lie  trois  ou  quatre  feuilles  au  centre  desquelles  elle  se  tient  cachée 
pendant  le  jour.  Cette  chenille  ne  se  contente  plus  alors  du  parenchy- 
me de  la  feuille,  elle  ronge  celle-ci  dans  toute  son  épaisseur. 

L’insecte  ne  se  métamorphose  que  fort  rarement  dans  les  feuilles  de 
l’arbrisseau  qui  l’a  nourri  : il  se  cache  parmi  les  mousses  et  s’y  chry- 
salide après  avoir  préalablement  formé  une  coque  solide  composée 
de  soie  blanchâtre  entremêlée  de  débris  de  végétaux. 

La  petite  nymphe,  assez  allongée,  d’un  brun  rougeâtre  sur  le  dos 
et  la  poitrine,  a les  anneaux  teintés  de  jaune  clair  avec  les  incisions 
d’un  carné  vif. 

L’éclosion  de  la  Tinéide  arrive  dès  le  commencement  d’avril  et  se 
prolonge  jusqu’à  la  fin  de  ce  mois. 

INSECTE  PARFAIT 
Envergure:  0,013  à 0,014“. 

Les  ailes  supérieures  sont  entières,  longues,  étroites,  presque  rec- 
tangulaires, disposées  en  pointe  arrondie  et  garnies  inférieurement 
d’une  assez  longue  frange.  Le  fond,  d’un  jaune  de  Naples  plus 
ou  moins  chaud,  est  chargé  de  huit  ou  neuf  points  noirs,  dont 
cinq  disposés  en  une  sorte  d’ellipse  au  premier  tiers  de  l’aile.  Deux 
autres  points  suivent  ceux-là.  Un  dernier  point,  plus  grand  que 
les  précédents,  de  forme  orbiculaire,  est  situé  à l’apex.  Les  ailes 
inférieures,  moins  longues  que  les  supérieures,  sont  un  peu  plus 
larges.  Elles  sont  terminées  en  pointe  aiguë,  d’un  gris  bleuâtre,  lui- 
santes, sans  dessins  et  très-largement  frangées  au  bord  interne  sur- 
tout. Les  quatre  ailes  sont  en  dessous  d’un  jaune  paille  vif,  et  très- 
luisantes.  La  tache  circulaire  apicale  est  seule  visible.  Les  antennes 
sont  longues  et  filiformes.  Les  palpes  aigus  et  relevés  au-dessus  de 
la  tète,  ont  les  deux  premiers  articles  seuls  velus.  Les  yeux  sont 


354  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

noirs.  La  tête  et  le  thorax  assez  robustes,  concolores,  sont  peu  fournis 
d’écailles.  L’abdomen,  long,  déprimé  et  dépassant  les  ailes  inférieures. 
La  poitrine  et  les  pattes  sont  concolores. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle. 

Cette  Gelechia  a,  sans  doute,  plus  de  deux  générations  par  an. 

C'Oi&ciiylis  Meridiana,  Stgr. 

Stett. , e.  entomol.  Zeit. , 1859. 

(PL  ï%  fig.  9.) 

J’étais  sur  le  point  de  publier  cette  Tortricède  que  je  croyais 
nouvelle , lorsqu’après  l’avoir  soumise  à MM.  les  entomologistes 
allemands,  je  sus  que  cette  espèce,  non  encore  figurée,  avait  été  de- 
puis peu  décrite  par  M.  Staudinger  dans  les  Annales  de  la  Société 
Entomologique  de  Stettin. 

Envergure  : 0,024  à 0,025  m.  Les  ailes  supérieures  sont  étroites, 
allongées,  presque  rectangulaires  sans  autres  dessins  que:  1°  trois 
points  bruns  placés  au  tiers  de  l’aile  et  formant  par  leur  réunion  un 
triangle  situé  à égale  distance  de  la  côte  et  du  bord  interne.  L’espace 
triangulaire  qu’embrassent  ces  trois  points , est  teinté  de  rougeâtre  ; 
2°  de  deux  ou  trois  points  bruns,  placés  obliquement  aux  deux  tiers 
de  l’aile,  à la  même  hauteur  que  les  premiers  et  venant  après  ceux-ci. 
La  côte  est  finement  ponctuée  vers  l’extrémité  et  au  milieu , et , de 
plus,  marquée  imparfaitement  de  trois  ou  quatre  traits  rou- 
geâtres. Les  ailes  inférieures  sont  larges,  entières,  rectangulaires, 
luisantes,  d’un  gris  roussâtre  et  sans  taches.  Les  franges  des  quatre 
ailes  sont  larges  et  concolores.  Les  supérieures , en  dessous , sont 
brunes;  elles  ont  les  franges  et  la  côte  d'un  jaune  paille.  Les 
inférieures,  luisantes,  rappellent  complètement  le  dessus  par  leur 
teinte  uniforme. 

Les  antennes,  très-faiblement  ciliées,  jaunâtres,  arrivent  à peine  aux 


Lareutia  Zumsteinaria. 


355 


trois  cinquièmes  de  la  longueur  des  premières  ailes.  Les  palpes,  longs, 
incombants,  sont  touffus  et  sans  articles  distincts.  Trompe,  nulle; 
thorax,  robuste,  bien  fourni,  concolore.  L’abdomen,  plus  long, que  les 
ailes  inférieures,  est  d’un  jaune  paille;  il  se  termine  par  un  pinceau 
de  poils  légèrement  roussâtres.  Les  pattes,  assez  longues,  sont  con- 
colores. 

La  femelle,  relativement  plus  rare  que  le  mâle,  lui  ressemble. 

La  chenille  m’est  inconnue. 

La  C.  Meridiana  vole  en  juin  et  juillet.  Je  l’ai  trouvée  pour  la  pre- 
mière fois,  il  y a une  dizaine  d’années,  aux  portes  de  Lyon,  sur  les 
hauteurs  de  Saint-Clair,  dans  des  lieux  incultes  remplis  (VArtemisia 
campestris. 

J’ai  repris  ce  grand  Tortrix  en  certain  nombre  dans  un  pré  sec, 
aux  environs  de  Grenoble,  lors  de  la  première  promenade  qu’ont 
faite  MM.  les  membres  de  la  Société  Entomologique  de  France,  à l’épo- 
que du  Congrès  de  1859. 

M.  Staudinger  m’écrivait  dernièrement  : « J’ai  pris  C.  Meridiana 
« en  juillet,  à Grenade.  Puis  mon  chasseur  en  a capturé  de  très- 
« grands  individus  à Malaga.  Je  l’ai  reçu  ensuite  de  Catalogne  et  je 
« crois  de  Montpellier.  » Ce  naturaliste  ajoutait:  « Je  suis  très-sûr 
« que  mon  ami  M.  Walse  se  trompe  en  jugeant  vos  exemplaires  de 
« ma  Meridiana  variétés  de  la  Zephirana.  » 

ILaremSia  Siauïsteinarïa  (1)  Lah. 

(Supplément  à la  Faune  suisse  (Phalénides). 

(PI.  42,  fig.  10  et  11.) 

M.  le  docteur  de  la  Harpe,  de  Lausanne,  m’ayant  confié  cet  insecte 
pour  le  figurer  dans  mon  Iconographie,  je  crois  devoir  informer  mes 


(1)  Dédiée  à madame  Z umstein. 


356  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

lecteurs  que  cet  insecte  a été  décrit  Tannée  dernière,  dans  la  Revue 
de  Ici  Société  Entomologique  de  Schaffouse  (Suisse),  page  24. 

Je  rapporterai  textuellement  l'alinéa  qui  précède  la  description  de 
cette  Phalénite,  par  M.  de  la  Harpe  : 

« Je  dois  cette  jolie  espèce  M.  Meyer  de  Burgderf,  qui  Ta  prise  du 
« 30  mai  au  20  juin  4861,  au  bord  d'un  bois  de  pins,  au-dessus  de 
« Yiége,  (Haut  Valais).  Elle  n’est  pas  très-rare  dans  la  localité  qu’elle 
« habite,  mais  elle  est  difficile  à saisir,  parce  qu’elle  se  pose  habi- 
« tuellement  sur  la  terre  et  les  rochers,  dont  elle  a la  couleur.  La 
« chenille  vit  probablement  sur  les  pins,  le  papillon  ne  s’étant  montré 
« nulle  part  ailleurs  dans  la  contrée.  Trois  exemplaires  en  bon  état, 
« dont  un  mâle  et  deux  femelles.  » 

La  Zumsteinaria  qui,  pour  la  teinte  générale,  rappelle  YEiibolia 
Bipmctaria,  est  d’un  tiers  plus  petite  que  celle-ci. 

M.  de  la  Harpe  rapproche  cette  nouvelle  espèce  des  Phalénites 
Aptata,  Spadiceata,  Propugnaria  et  autres.  Est-ce  en  effet  près  de  ces 
dernières  qu’elle  doit  trouver  place  ? Je  l’aurais  bien  plutôt  crue  voi- 
sine de  la  Multistrigaria,  IIaw.  et  de  VAustriacaria,  H-S.  dont  elle  a 
la  coupe  d’ailes,  la  taille,  et  un  peu  la  disposition  des  lignes. 

Les  ailes  sont  entières,  veloutées  : les  supérieures,  légèrement  fal- 
quées,  ont  l’apex  aigu.  Le  fond  est  d’un  gris  bleuâtre  avec  l’espace 
médian  qui  se  détache  en  brun  rougeâtre.  Le  milieu  de  cet  espace 
laisse  voir  distinctement  le  point  cellulaire,  petit,  noir,  reposant  sur 
un  fond  grisâtre.  Un  double  trait  fin,  géminé,  blanchâtre,  borde  dans 
toute  sa  hauteur,  à droite  et  à gauche,  cet  espace  médian.  La  subter- 
minale,  également  blanchâtre,  festonnée,  précède  une  série  de  points 
noirs.  Ceux-ci,  disposés  par  paires,  sont  séparés  par  des  taches  fon- 
cées correspondant  aux  nervures.  L’extrabasilaire,  fortement  arron- 
die, est  double,  large  et  d’un  gris  foncé.  La  frange  est  médiocrement 
longue,  concolore  et  entrecoupée  de  brun.  Les  ailes  inférieures  sont 
étroites  et  d’un  gris  roux;  teinte  qui  se  prononce  davantage  à l’extré- 
mité. Ces  ailes  sont  coupées  transversalement  par  deux  bandes  blan- 
châtres et  par  la  ligne  fulgurale  visible  seulement  à la  base.  La  frange 


B MilUère  et  Jotjues. 


Imj>,  Houh'te  5 r.  Mignon  . 


Bombyx  Dorycnii.  357 

rappelle  celle  des  supérieures.  Le  dessous  est  d’un  gris  obscur  avec 
la  tache  cellulaire  bien  indiquée  en  noir  aux  quatre  ailes.  Une 
bandelette  transversale,  arquée,  assez  large,  blanchâtre,  traverse  les 
ailes  vers  le  milieu.  Enfin,  les  points  qui  précèdent  la  frange  sont  à 
peine  visibles.  Les  antennes  du  mâle,  faiblement  pectinées,  sont 
brunâtres.  Les  palpes  sont  courts;  le  front  est  brun.  La  tête,  le  thorax 
et  l’abdomen  sont  unicolores.  Ce  dernier  est  terminé  par  un  fais- 
ceau de  poils  gris  et  blanchâtres.  La  poitrine  et  les  pattes  sont  grises. 


Etoiiibyx  Dorycnii,  Mill. 

(Species  nova.) 

(PI.  43.) 


Plusieurs  naturalistes  ont  soupçonné  avant  moi  que  le  Bombyx 
Franconica  du  midi  de  la  France  n’était  point  la  même  espèce  que 
l’insecte  du  même  nom  des  Alpes  suisses  et  de  la  Franconie  (1).  Tou- 
tefois, l’une  des  deux  espèces,  car  il  y en  a évidemment  deux  très-dis- 
tinctes , a toujours  été  admise  comme  variété  locale  de  l’autre. 

Si  la  chenille  de  chacune  de  ces  deux  espèces  eût  été  connue,  le 
doute  n’eut  pas  été  un  instant  possible,  car  si  les  insectes  parfaits  du 
Dorycnii  et  du  Franconica  ont  ensemble  certains  rapports,  les  che- 
nilles s’éloignent  beaucoup  l’une  de  l’autre,  ainsi  que  vont  le  démon- 
trer mes  figures. 

De  plus,  les  mœurs,  le  genre  de  nourriture,  l’époque  d’apparition, 
la  parure  et  l’habitat  de  chacune  des  deux  chenilles , les  caractères 


(1)  M.  Daube,  de  Montpellier,  est  peut-être  le  premier  qui  ait  cru  à deux  es- 
pèces. C’est  lui  qui  a appelé  mou  attention  sur  le  fait  important  que  je  vais  ra- 
conter. Je  citerai  également  M.  Prévost  père,  de  Genève,  qui,  avec  une  grande 
obligeance,  s’est  empressé  de  m’envoyer,  des  montagnes  suisses,  la  chenille  du 
B Franconica  h divers  âges,  pour  la  comparer  à celle  des  environs  de  Montpellier, 


358 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


distinctifs  et  constants  des  insectes  -parfaits , tout  concourt  à prouver 
l’existence  de  deux  espèces. 

La  première  chenille,  celle  du  Dorycnii,  vit  au  bord  de  la  mer  du 
midi  de  la  France  , à quelques  mètres  au  dessus  de  son  niveau. 
L’autre  , au  contraire  , habite  à de  très  - grandes  hauteurs  et 
souvent  dans  le  voisinage  des  neiges,  à plus  de  onze  cents  mètres 
d’élévation. 

J’ai  dit  que  ces  deux  chenilles  s’éloignent  beaucoup  l’une  de  l’autre 
quant  au  faciès  ; en  effet,  celle  du  Dorycnii  qui  ne  varie  jamais,  n’a 
que  peu  de  rapports  avec  la  chenille  du  Neustria , tandis  que  celle  du 
Franconien  ressemble  à s’y  méprendre  au  premier  abord  à la  chenille 
de  ce  vulgaire  Bombyx.  La  première  se  métamorphose  en  chrysalide 
alors  que  sa  congénère  est  à peine  à sa  seconde  mue. 

Je  commencerai  par  la  dernière  venue,  celle  qui  vit  sur  les  Doryc- 
nium. 

Les  œufs  qui  sont  pondus  au  commencement  de  l’été  (1)  éclosent 
en  février  de  l’année  suivante.  A la  mi-avril  les  petites  chenilles  ont 
atteint  leur  seconde  mue.  C’est  à cette  époque  que,  par  l’extrême  bonté 
de  notre  collègue,  M.  Daube,  j’ai  reçu  un  nid  entier  de  ces  pré- 
cieuses larves.  Depuis  l’époque  de  leur  éclosion  jusqu’à  celle  de 


(1)  Avant  l’impression  définitive  de  l’histoire  du  B.  Dorycnii,  j’ai  pu  faire  les 
nouvelles  observations  suivantes.  J’ai  obtenu  des  œufs  fécondés  d’une  femelle 
ex  larva,  dont  l’accouplement  s’est  effectué  assez  difficilement.  Peu  d’instants  après 
l’acte  de  la  copulation , qui  est  très-court,  l’insecte  a pondu  ses  œufs  sur  une  sur- 
face arrondie,  rangés  symétriquement  les  uns  à côté  des  autres.  La  ponte  a dure 
quatre  ou  cinq  jours  ; elle  a été  fort  abondante  : j'ai  compté  près  de  trois  cents 
œufs  : ils  sont  cunéiformes,  présentent  quatre  pans , dont  deux  plus  larges  que  les 
autres.  Leur  couleur  est  le  verdâtre  obscur , avec  le  sommet  et  les  arêtes  d’un 
blanchâtre  tirant  parfois  sur  le  roux.  Six  mois  après  que  ces  œufs  ont  été 
pondus , ils  n’avaient  pas  changé  de  couleur  et  ne  s’étaient  que  très-faiblement  dé- 
primés sur  chaque  surface. 

Vers  ce  temps,  il  m’a  été  envoyé  de  Montpellier,  une  ponte  de  ce  nouveau 
Bombyx.  Les  œufs  sont  placés  autour  d’une  petite  branche  qu’ils  garnissent  sur 
une  étendue  de  plusieurs  centimètres.  Ils  rappellent , par  cette  disposition,  les 
œufs  en  anneaux  des  espèces  congénères. 


Bombyx  Dorycnii.  359 

leur  seconde  mue,  elles  ne  changent  pas  de  couleur  : elles  sont  d’un 
brun  rougeâtre.  Lors  de  leur  troisième  mue,  qui  arrive  vers  les 
premiers  jours  de  mai,  leur  livrée  passe  au  brun  foncé,  et  on  dis- 
tingue très-bien  une  fine  stigmatale  d’un  blanc  vif,  laquelle  n’est 
guère  indiquée  qu’au  commencement  de  chaque  anneau.  Jusqu’a- 
lors une  villosité  assez  abondante  recouvre  l'insecte.  C’est  vers  la  fin 
de  mai  qu’arrive  la  quatrième  mue,  et,  trois  ou  quatre  jours  après, 
la  chenille  a atteint  toute  sa  grosseur.  Son  aspect,  après  ce  dernier 
changement  de  peau,  est  bien  différent  de  ce  qu’il  était  précédem- 
ment. Elle  est  alors  relativement  grande  et  forte,  atténuée  antérieu- 
rement, nullement  aplatie  en  dessous.  Le  fond  est  d’un  noir  velouté, 
profond,  et,  ce  qui  frappe  d’abord,  est  la  magnifique  teinte  bleue 
qui  y est  répandue.  La  vasculaire  est  indiquée  par  un  trait  fin,  bleu, 
pas  toujours  visible,  sur  lequel  reposent  deux  gros  points  bleus  : le 
premier  sur  l’incision  et  le  second  au  milieu  de  chaque  segment. 
La  sous-dorsale,  large,  irrégulière,  d’un  beau  bleu,  est  bien  indiquée, 
du  3e  au  IIe  anneau  compris.  Cette  ligne  est  en  outre  aspergée  de 
nombreux  points  noirs.  La  stigmatale  qui,  dans  l’âge  précédent,  est 
indiquée  en  blanc  vif,  a disparu.  Je  n’ai  pu  voir  les  organes  de  la  res- 
piration, perdus  au  milieu  d’une  abondante  villosité,  bien  que  les 
poils  soient  médiocrement  longs.  Cette  villosité  est  uniformément 
rougeâtre. 

Le  quart  environ  des  sujets  que  j’ai  élevés,  présente  sur  le  dos  et 
les  flancs  des  lignes  étroites,  interrompues,  ferrugineuses  ou  plutôt  de 
nombreuses  stries  qu’on  ne  distingue  bien  qu’à  la  loupe.  A partir  du 
quatrième  anneau,  le  ventre  est  marqué  de  deux  lignes  très-larges, 
irrégulières,  blanchâtres,  marquées  elles-mêmes  de  quelques  points 
noirs.  La  tête,  de  grosseur  ordinaire,  faiblement  aplatie  en  avant, 
est  d’un  noir  mat.  Les  mâchoires  sont  noires,  luisantes  et  couronnées 
par  un  liseré  fin  et  jaunâtre.  Les  palpes,  d'un  noir  mat,  ont  le  premier 
article  également  jaunâtre.  Les  pattes  écailleuses,  sont  entièrement 
noires  et  luisantes  ; les  dix  autres,  d’un  noir  mat,  ont  la  couronne  gri- 
sâtre. 


360  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Ces  chenilles  vivent  en  famille  depuis  l’instant  de  leur  naissance 
jusqu’à  celui  de  leur  métamorphose , sur  diverses  plantes  basses  et 
sous-arbrisseaux.  Ce  sont  les  Statice,  les  Plcmtago,  les  Euphorbia,  les 
Dorycnium.  Lorsque  la  nourriture  n’est  plus  suffisante  dans  le  voisi- 
nage de  la  tente  commune,  elles  se  dispersent  aux  premiers  rayons  du 
soleil  pour  manger,  et  se  réunissent  bientôt  après.  On  les  voit  brouter 
encore  les  feuilles  au  déclin  du  jour,  puis  se  réunir  de  nouveau. 
Elles  se  pelotonnent  alors  pour  passer  la  nuit,  et  ne  forment  plus 
qu’une  boule  compacte. 

C’est  vers  le  milieu  de  mai  que  la  chenille  du  Dorycnii  tisse  sa  co- 
que dans  laquelle  elle  sera  bientôt  transformée.  Elle  la  construit  le 
plus  souvent  au  centre  de  plusieurs  feuilles  réunies.  Quelquefois, 
elle  est  formée  dans  les  mousses  ou  les  feuilles  sèches  ; ce  dernier  cas 
est  rare.  Cette  coque  est  ovoïde,  molle  bien  qu’assez  épaisse,  opaque, 
blanchâtre,  recouverte,  ainsi  que  celle  du  Neustria,  d’une  efflorescence 
jaune  soufre,  qui  n’a  pas  une  grande  adhérence  et  que  le  moindre 
contact  enlève. 

La  nymphe,  cylindrico-conique,  oblongue,  d’un  brun  rougeâtre 
antérieurement,  est  d’un  rougeâtre  clair  à partir  des  anneaux.  Ceux-ci 
sont  renflés  et  très-distincts.  Les  trois  derniers  sont  d’un  rougeâtre 
foncé.  Les  stigmates  paraissent  bien  indiqués  en  brun.  La  partie  dor- 
sale est  généralement  plus  foncée  que  le  ventre  et  les  flancs.  Lachry- 
salide  de  la  femelle  diffère  de  celle  du  mâle,  par  son  volume  du  double 
plus  fort  et  par  des  teintes  généralement  plus  vives.  Le  ventre  est 
marqué  sur  chaque  incision  d’une  tache  brune , et  la  place  des  pattes 
paraît  indiquée  sous  forme  d’un  petit  point  brun. 

Je  vois,  dans  les  notes  laissées  par  feu  Donzel,  que  cet  entomolo- 
giste a trouvé  lui-même  la  chenille  de  ce  Bombyx,  à Hyères  (Var),  sur 
le  Statice  limonium  et  sur  le  Dorycnium  suffruticosum. 

INSECTE  PARFAIT 

Il  est,  toujours  plus  grand  que  le  Franconica  proprement  dit,  et  a assez 


Bombyx  Dorycnii.  361 

le  faciès  de  ce  Bombyx.  Cependant,  si  on  compare  les  deux  espèces, 
on  ne  tarde  pas  à reconnaître  que  la  coupe  du  Dorycnii  est  générale- 
ment moins  arrondie,  et  qu ‘aussi  les  ailes  sont  plus  allongées  que  chez 
son  voisin  le  Franconica.  De  plus,  et  ce  caractère  est  constant , c’est 
que  tandis  que  les  ailes  du  Franconica  mâle  sont  toujours  d’un  brun 
chocolat,  opaques  et  bien  recouvertes  d’écailles , celles  du  Dorycnii 
sont  invariablement  presque  diaphanes. 

Les  quatre  ailes  sont  unies  et  sans  dessins,  d’un  jaune  cendré  et  à 
demi  transparentes.  Cependant  la  côte,  les  nervures  et  les  franges  sont 
brunes  et  bien  marquées.  Le  dessous  des  quatre  ailes  est  semblable  au 
dessus.  Les  antennes,  très-pectinées,  ont  la  tige  jaune.  Le  thorax  brun; 
l’abdomen  brun  clair.  La  poitrine  et  les  pattes  sont  de  la  couleur  du 
thorax.  ' 

La  femelle,  bien  différente  du  mâle  pour  la  coupe  des  ailes  et  la 
couleur,  est  de  moitié  plus  grande  que  lui.  Cette  femelle  s’éloigne 
autant  de  la  femelle  du  Franconica  que  le  mâle.  Elle  a les  ailes  relati- 
vement allongées  présentant,  au  bout  de  la  seconde  nervure,  un 
coude  toujours  bien  accusé  alors  que  rien  de  semblable  n’existe  chez 
la  femelle  du  Franconica. 

Le  B.  Dorycnii  femelle  est  entièrement  d’un  ferrugineux  pâle  avec 
une  faible  éclaircie  au  centre  de  chaque  aile  supérieure.  Ce  caractère 
est  constant  (1). 

Les  antennes  sont  crénelées.  Le  corps  est  unicolore  en  dessus  et  en 
dessous. 

Cette  espèce  varie  peu.  Je  possède  cependant  des  individus  femelles 
d’une  teinte  brune  qui  se  rapprochent  assez  du  Franconica  femelle; 
mais,  bien  entendu,  pour  la  couleur  seulement. 

Duponchel  ayant  fait  sa  description  d’après  des  individus  pris 
dans  le  voisinage  de  Montpellier,  et  cela  bien  longtemps  après  que 


(1)  Je  ferai  encore  observer  cjue  cetfe  éclaircie  n’existe  jamais  chez  la  femelle  du 
Franconica, 


”24 


362  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Fabricius  eût  décrit  son  Franconica  sur  des  sujets  provenant  des 
montagnes  de  la  Franconie,  le  nom  imposé  par  ce  dernier  auteur  doit 
être  conservé , tandis  que  les  Franconica  de  Duponchel  devront  être 
rapportés  à ma  nouvelle  espèce. 

Les  sujets  représentés  par  Esper,  pl.  44,  sont  évidemment  des  Ftom- 
conica  mâle  et  femelle.  Quant  aux  Bombyx  de  Hubner  : le  n°  175  est 
aussi  un  Franconica  mâle,  tandis  que  len°  176  du  même  auteur  peint, 
la  chose  me  paraît  certaine,  d’après  un  sujet  du  midi  de  la  France,  ce 
dernier  doit  sûrement  se  rapporter  à mon  Dorycnii. 

Je  crois  avoir  suffisamment  démontré  que  ces  deux  espèces  sont  très- 
distinctes  , que  le  Franconica  de  Fabricius,  celui  d’Esper,  et  le  Fran- 
conica mâle  de  Hubner  représentent,  je  le  répète,  le  vrai  Franconica, 
tandis  que  ceux  qui  ont  été  publiés  par  Duponchel  (1)  devront  être  rap- 
portés au  B.  Dorycnii. 

Une  belle  et  intéressante  espèce,  dont  la  validité,  je  l’espère,  ne 
sera  contestée  par  personne,  est  donc  acquise  à la  Science. 

Il  me  reste  à faire  connaître  la  chenille  du  Franconica  encore 
inédite,  et  de  faire  voir  en  quoi  elle  diffère  de  celle  du  B.  Dorycnii. 

Obs.  Après  avoir  lu  une  note  sur  les  cocons  doubles  du  Sericaria  Mari, 
par  M.  Maurice  Girard , dans  les  Annales  de  la  Société  entomologique 
de  France,  séance  du  28  juillet  1862,  je  croyais  que  le  fait  anormal 
signalé  par  ce  naturaliste,  devait  se  reproduire  d’une  manière  identique 
pour  les  cocons  doubles  du  Bombyx  Dorycnii,  filés  chez  moi.  Ces  cocons 
que  je  supposais  tous  bisexuels,  ainsi  qu’ils  avaient  été  observés  chez  le 
Sericaria  Mori,  ne  l’étaient  que  dans  une  faible  proportion , puisque 
surquatredeces  cocons  doubles,  trois  étaient  filés  par  des  femelles  réu- 
nies par  deux  et  facilement  reconnaissables  à leur  grosseur.  Le  qua- 
trième cocon  douille  était  formé  par  un  mâle  et  par  une  femelle , 
lesquels  sont  éclos. 

Je  fais  observer  que  les  œufs  pondus  par  cette  dernière  femelle, 
n’étaient  pas  fécondés. 


(t)  Pag.  346,  pl.  XIII,  fig.  7 et  8. 


J9.  Millier e et  Jaguar. 


1. 1 à-  £,  Bombycù  Francanieci.Fob. 

II.  7 et  S.Aqrotis  Tritia  I*.  ! Abcrr.jL.Mill.) 


Dehvny  je 


Imp.ffouùtc  5 r.. Mignon 


M"ul  M-ù/neaiu'  col. 


Bombyx  Franconien.  363 

Je  ne  saurais  donc  admettre  l’opinion  des  naturalistes  qui  pensent 
que  les  chenilles  se  réunissant  pour  former  des  cocons  doubles,  savent 
dès  lors  reconnaître  leur  sexe. 

Bombyx  Fraiiconica , Far. 

Esp.,  pl.  26,  fig.  142.  — Hb.,  pl.  175,  fig.  6.  — God.,  IV.  pl.  13, 
fig.  7 et  8.  — Stgr.,  Cat.,  pag.  29. 

(Pi.  44,  fig.  1 à 6.) 

CHENILLE 

Jeune,  elle  est  tellement  voisine  de  la  chenille  du  Neustria , qu’il 
faut  pour  l'en  distinguer  une  attention  extrême.  A cette  époque 
elle  est  assez  fournie  de  poils.  Ses  mœurs  sont,  à peu  de  chose  près, 
celles  de  ses  voisines  les  chenilles  de  Castrensis  et  Neustria,  cependant 
elle  est  beaucoup  plus  tardive,  puisqu’elle  est  à peine  à sa  troisième 
mue  lorsque  ses  congénères  commencent  à se  chrysalider. 

Les  œufs  qui  ont  été  pondus  en  août  sur  l’arbuste  qui  doit  nourrir 
les  chenilles,  éclosent  au  printemps  de  l’année  suivante,  saison  tou- 
jours tardive  dans  la  haute  montagne,  c’est-à-dire  en  mai.  La  crois- 
sance des  jeunes  larves  est  lente  ; ce  n’est  qu’au  commencement  de 
juin  qu’elles  ont  opéré  leur  troisième  mue.  Leur  livrée  alors  est  peu 
différente  de  ce  qu'elle  était  précédemment. 

C'est  à la  fin  du  mois  de  mai  dernier  que  j’ai  reçu  de  M.  Auguste  Pré- 
vost, de  Genève,  une  vingtaine  de  chenilles  de  ce  Bombyx;  elles  étaient 
alors  fort  petites.  Leur  jeune  âge,  et  mieux  que  cela  sans  doute,  le  mi- 
lieu dans  lequel  elles  vivaient  (1)  les  fit  périr  toutes.  Le  vingt-six  juin 


(1)  Elles  n’avaient  plus  l’air  vif  de  la  haute  montagne,  leur  patrie;  cependant 
elles  respiraient  un  air  pur;  car  elles  étaient  élevées  à la  campagne  , en  plein 
air  et  placées  sur  un  Rosier  pimprenelle  enveloppé  d’une  gaze. 


364  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

suivant,  je  reçus  un  second  envoi  de  ces  précieuses  chenilles  presque 
toutes  parvenues  à leur  entier  développement.  J’en  perdis  encore  un 
bon  nombre.  Bien  que  l’éducation  de  ces  insectes  délicats  soit  fort 
difficile  (1),  je  réussis  à en  amener  plusieurs  à bien. 

Jeune,  la  chenille  est  à peu  près  ce  quelle  sera  à son  âge  adulte. 
Les  lignes  sont  pourtant  moins  vives  qu’elles  le  deviendront , et  le 
dernier  anneau  présente  en  dessus  une  teinte  rouille  qui  disparaitra 
plus  tard. 

A la  fin  de  juin,  parvenue  à son  entier  développement,  la  chenille 
du  Franconica  est  moins  grosse  que  sa  congénère,  celle  du  Dorycnii, 
et  paraît,  au  premier  aspect,  se  confondre  avec  la  chenille  du  Gastr en- 
sis  , ou  mieux  celle  du  Neustria , bien  que  plus  courte  que  ces  der- 
nières. Mais  ce  qu’il  y a de  certain , c’est  qu’on  ne  saurait  la  con- 
fondre avec  celle  du  B.  Dorycnii,  dont,  on  le  sait,  les  dessins  sont  bien 
différents.  Voici,  au  reste,  la  description  de  la  chenille  du  Franconica. 

Elle  est  presque  cylindrique,  légèrement  atténuée  aux  deux  extrémi- 
tés, avec  les  lignes  bien  tranchées.  Il  serait  difficile  de  dire  quel  est 
la  couleur  du  fond.  Pourtant  ce  doit  être  le  bleu  clair,  à partir  de  la 
sous-dorsale  jusqu’en  dessous  de  la  stigmatate.  La  ligne  vasculaire  qui 
commence,  au  second  anneau  est  d’abord  étroite  ; puis  elle  s’élargit, 
surtout  à partir  du  quatrième  segment,  et  se  prolonge  jusqu’au  dou- 
zième. Cette  ligne,  très-caractéristique,  est  d’un  gris  blanchâtre  (2). 
Sur  chacun  de  ses  côtés  règne  un  filet  d’un  noir  velouté;  très-finement 
liseré  de  fauve  en  dessus  et  en  dessous.  La  sous-dorsale  est  large , 
continue,  d’un  bleu  pâle,  liserée  de  fauve  et  aspergée  de  rares  atomes 
noirs.  On  voit,  en  outre,  au  centre  de  cette  ligne  bleue,  un  gros  point 
noir  placé  au  milieu  de  chaque  anneau  et  appuyé  sur  le  bord  inférieur. 
L’espace  compris  entre  la  ligne  précitée  et  la  stigmatate  est  également 


(1)  Elles  sont  en  cela  bien  différentes  de  leurs  congénères  les  chenilles  du  B.  Do- 
rycnii, dont  l’éducation  ne  demande  pas  de  soins. 

(2)  Ce  caractère  constant  suffirait  pour  distinguer  cette  chenille  de  sa  voisine  , 
celle  du  Dorycnii , qui,  à laplace,  n’a  que  quelques  points  bleuâtres. 


Bombyx  Franconica  363 

bleu , mais  il  est  recouvert  d’un  sablé  noir  serré  qui  souvent  empêche 
de  distinguer  la  couleur  du  fond.  La  stigmatate  est  étroite  , ondu- 
lée, continue , d’un  jaune  rouille.  Les  stigmates  sont  ovales  et 
cerclés  de  noir.  Le  ventre  est  d’un  blanc  grisâtre  et  marqué  au 
milieu  de  chaque  anneau  d’une  grosse  tache  cruciale  noire.  La  tête 
est  petite,  globuleuse,  faiblement  bleuâtre  : à la  loupe  on  distingue, 
sur  toute  la  surface,  un  sablé  noir  et  abondant.  Les  pattes  écailleuses 
sont  d’un  noir  de  jais  ; les  autres  sont  grisâtres  et  maculées  de  noir  sur 
les  côtés.  Les  poils  sont  d’un  fauve  plus  ou  moins  vif,  et  assez  abondants 
à tous  les  âges  de  l’insecte. 

Cette  chenille  vit  dans  les  Alpes  à une  assez  grande  hauteur,  c’est-à- 
dire  à onze  ou  douze  cents  mètres.  Sa  nourriture  habituelle  est,  me 
mande  M.  Prévost  qui  l’élève  abondamment  chaque  année,  le  Rosier 
pimprenelle  ( Rosa  pimpinelli folia,  D.  G.),  arbuste,  je  l’ai  dit,  sur 
lequel  je  l’ai  élevée  à Lyon. 

Il  m’a  été  affirmé  que  souvent,  dans  la  montagne,  on  trouve  cette 
chenille  sur  diverses  espèces  (YEuphorbia.  Cependant  j’ai  donné,  à 
quelques-unes  de  celles  que  j’élevais,  plusieurs  sortes  cVEuphorbia 
et  les  Dorycnicum  decumbens,  et  suffruticosum , qui  les  ont  toutes 
fait  périr. 

Vers  la  fin  de  juin  ou  le  commencement  de  juillet,  l’insecte  tisse  une 
coque  blanchâtre  parmi  les  feuilles  ou  les  mousses.  Cette  coque  est  de 
consistance  très-molle,  transparente  et  recouverte  d’une  efflorescence 
jaune  soufre.  Elle  laisse  voir,  imparfaitement  il  est  vrai,  la  chrysalide 
dont  la  tête  est  placée  en  haut.  Cette  chrysalide  est  conico-cylindrique 
et  presqu’entièrement  d’un  noir  opaque.  Elle  est  sans  aspérités,  et  la 
pointe,  obtuse,  est  dépourvue  de  crochets. 

C’est  vers  le  ! 2 ou  le  15  juillet  qu’a  commencé  l'éclosion  du  Lépi- 
doptère. 

INSECTE  PARFAIT 


Toujours  plus  petit  que  le  B.  Dorycnii,  avec  les  ailes  plus  arrondies, 


366  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

moins  anguleuses.  Ses  ailes  ne  sont  jamais  transparentes  ; elles  sont 
d’un  brun  chocolat  et  marquées  au  centre  d’une  très-large  bande 
oblique  qui  les  traverse.  En  dessous,  les  quatre  ailes  sont  à peu 
près  ce  qu’elles  sont  en  dessus,  seulement  les  bandes  jaunâtres  trans- 
verses sont  plus  larges.  Les  franges  en  dessus  et  en  dessous  sont  jaunâ- 
tres. Les  antennes  sont  brunes  et  assez  fortement  pectinées  jusqu’au 
sommet.  Le  thorax  est  robuste,  bien  fourni  et  brun  • il  est  de  plus 
recouvert  de  quelques  poils  fauves.  L’abdomen  est  velu  et  noirâtre 
en  dessus  ; en  dessous  il  est  brun  et  se  termine  par  de  rares  poils 
fauves. 

La  femelle,  qui  mesure  0,027  à 0,028  m.  d’envergure,  est 
moins  grande  que  la  femelle  du  Dorycnii.  Elle  se  distingue  de 
cette  dernière  par  la  coupe  ; les  ailes  sont  moins  allongées  et  plus 
arrondies.  Les  contours  des  supérieures  surtout,  ne  sont  pas  cou- 
pés aussi  carrément.  Franconica  femelle  se  distingue  encore  de  sa 
congénère  par  sa  couleur  toujours  plus  sombre.  Les  quatre  ailes 
sont  uniformément  d'un  rougeâtre  brun  foncé,  et  sans  éclaircie  au 
centre.  Le  disque  des  supérieures  est  traversé  par  une  ligne  diago- 
nale fort  peu  distincte.  Le  dessous  des  quatre  ailes  est  à peine 
plus  clair  que  le  dessus.  Les  antennes  sont  ciliées  et  concolores 
ainsi  que  le  thorax. 

L’abdomen  est  invariablement  recouvert  de  poils  courts , serrés 
et  noirâtres  ; ce  caractère  sérieux  et  constant  n’existe  jamais  chez 
la  femelle  de  l'espèce  voisine. 

Je  ne  connaissais  pas  de  variétés  appréciables  du  B.  Franconica , 
avant  que  M.  Prévost  m’eût  soumis  une  remarquable  aberration  de 
cette  espèce  éclose  chez  lui. 

Cette  variété  accidentelle  , de  la  grandeur  du  type  , est  com- 
plètement d’un  brun  noirâtre  avec  le  thorax  et  l’abdomen  d’un  noir 
de  suie.  Je  la  désignerai  var.  A. 

Des  nombreux  Franconica  que  M.  Prévost  a vus  éclore  , c'est , 
m’a-t-il  dit,  la  seule  aberration  qu’il  ait  remarquée. 


Agrolis  Teitici. 


367 


Agrotls  Tritici,  Lin. 

S.  N.,  179.  — Treits,  I,  p.  137.  — Bdv.  Icon.,  pl.  77,  fig.  2-3.  = 
Eruta,  Hb.,  623  c!  = Aquilina:  God.,  pl.  64,  fig.  6-7.  — Gn.,  V, 
p.  471,  Stgr.  Cat.  169. 

(Aberr.  E.,  Mill.). 

(Pl.  44,  fig.  7 et  8.) 

Cette  variété  constante  et  tranchée  pourrait , aux  yeux  de  cer- 
tains entomologistes , constituer  une  espèce  séparée,  mais  je  ne  puis 
voir  là  qu’une  aberration  de  la  Tritici,  qui,  on  le  sait,  varie  beau- 
coup. Cette  aberration  devant  faire  suite  à 1a.  variété  D.  du  Species 
Guenée,  sera  désignée  par  la  lettre  E. 

Voici  sa  description  : 

Envergure  : 0,036  m. 

Toujours  plus  grande  que  le  type,  elle  a peut-être  aussi  les  ailes 
plus  larges,  plus  arrondies,  plus  claires,  avec  les  taches  et  les  lignes 
bien  marquées.  Ces  taches  et  ces  lignes,  ont  à peu  près  la  disposition 
de  celles  de  la  Tritici  ordinaire. 

Les  ailes  supérieures  sont  d’un  gris  terreux  , larges  à la  base, 
arrondies  à l’apex,  et  abondamment  aspergées  d’atomes  foncés. 
L’orbiculaire  et  la  réniforme  sont  finement  liserées  de  brun  et  se 
détachent  en  plus  clair.  La  claviforme  n’est  pas  indiquée.  Les 
lignes  basilaire,  médiane  et  coudée  sont  également  bien  écrites.  La 
première  et  la  troisième  de  ces  lignes  sont  ombrées  de  brun  inté- 
rieurement. La  ligne  médiane  présente  un  angle  vif  qui  se  dirige  du 
côté  de  l’orbiculaire.  L'éclaircie  subterminale,  en  forme  d’§  est  assez 
bien  écrite.  Cette  éclaircie  est  suivie  d’un  trait  fin,  blanchâtre,  pré- 
cédant la  frange.  Celle-ci  est  assez  large  et  concolore.  Les  nervures 
sont  brunes,  bien  visibles,  surtout  après  la  coudée.  Les  ailes  in- 


368 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


férieures  sont  claires  à la  base,  ombrées  de  brun  sur  les  bords,  avec 
les  nervures  brunes. 

En  dessous,  les  supérieures  sont  plus  claires  qu’en  dessus  : elles 
sont  sablées  de  brun  sur  le  bord  inférieur  et  principalement  à la 
côte.  Les  postérieures  sont  blanchâtres  et  possèdent  le  point  cellu- 
laire ; elles  sont  également  sablées  sur  les  bords.  La  ligne  médiane 
est,  sur  les  quatre  ailes,  à peine  indiquée  en  brun.  Les  antennes 
sont  pubescentes  ; le  toupet  frontal,  assez  saillant.  Le  thorax  est 
robuste,  carré,  concolore  et  légèrement  redressé.  L’abdomen,  un  peu 
conique,  est  d’un  gris  terreux. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle 

C’est  d’après  quatre  individus  mâles  et  femelles  communiqués  par 
notre  collègue,  M.  Dardoin,  qui  m’a  dit  en  posséder  plusieurs  au- 
tres semblables,  que  je  fais  ma  description.  Je  tiens  de  ce  natura- 
liste que  cette  intéressante  Agrotis  vole  la  nuit,  au  mois  de  juillet 
et  se  prend  sur  les  Lavandes  fleuries,  aux  environs  de  Digne  (Basses- 
Alpes). 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


369 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

De  la  9e  Livraison  (1864), 


PLANCHE  41. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


Fig.  1.  Chenille  de  YArclia  LalreiUii,  God. 

2.  id.  id.  vue  de  dos. 

3.  Chrysalide. 

A.  Insecte  parfait  c C. 


5. 

id. 

id. 

6. 

id. 

id. 

Var.  A. 

7. 

id. 

id. 

Var.  B. 

8. 

id. 

id. 

Var.  C. 

370 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  42. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

Fig.  1.  Nudaria  ? M$$0siliensis,  Mill. 

2.  Deux  ailes  de  la  N.  Massiliensis,  vues  en  dessous. 

3.  Tête  de  la  N.  Massiliensis , fortement  grossie. 

II. 

Fig.  4 et  a.  Chenille  de  la  Gelechia  Halymella , Mill. 

6.  Chrysalide. 

7.  Insecte  parfait. 

8.  id.  kl.  vu  en  dessous. 

III. 

Fig.  9.  Conchylis  Meridiana , Stgr. 


IY. 


Fig.  10.  Laientia  Zumsteinaria,  Lah. 
11.  id,  id. 


EXPLICATION  des  planches. 


PLANCHE  43. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

I. 

1.  Chenille  du  Bombyx  Dorycnii  a\  Mill 

2.  id.  id.  id.  9 • 

3.  id.  id.  id,  jeune. 

4.  Chrysalide  de  la  9 . 
o.  Cocon. 

6.  Insecte  parfait  cr". 

7.  id.  id.  9* 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


372 


PLANCHE  44. 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 


I. 


Fig.  1.  Chenille  du  Bombyx  Franconica,  Fab. 


2.  id.  id. 

3.  Chrysalide. 

4.  Cocon. 

5.  Insecte  parfait  o\ 

6.  id.  id.  9 • 


id.  jeune. 


II. 


Fig.  7.  Agrotis  Tritici , L.  (Aberr.  E.  Mill.). 


Lyon.  — lmp.  Richard  et  C.«,  SI,  me  Tnpin. 


P.'Æüdre,  et  Joyue.r  pP 

1.2.  CrarnbiüT  ^dnpelhw,  Lah, , 

II.  2,  Ovenaia  HelveticalLr,  S.-S.  (Var.  Sàrpellus,  Lak/ 
III  .3  à -j.  Tmchonltor  MÿricarmUa-.Mill.. 
TV".  8 .Pachnohici  Carnea,Tk.  iVar.AMIR.) 


J.Mùjnaxucc.  xculp. 


lmp.lIoia.rtc.  5.  r.Mujrwrt . 


. MTH.  M-ujnetuac  col  , 


ICONOGRAPHIE  ET  DESCRIPTION 


DE 

CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES 

INÉDITS 


P.  MILLIÈRE 


DIXIÈME  LIVRAISON 


(Présentées  à la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  le  11  Janvier  1864.) 


Cramlbws  SæirgeeMtas,  Lah. 

Faune  Suisse.  Supplément  (Crambides). 

(Planche  43,  fig.  1.  ) 

Envergure  : 0m,030. 

Au  premier  abord  on  pourrait  la  prendre  pour  un  hybride  de 
Dumetellus,  Ilb.  , 389-390,  et  de  Pascuellus,  Dup.  , pl.  269, 

fig.  1-2. 

Par  la  coupe,  la  forme  et  le  liseré  des  ailes  supérieures,  elle  semble 
appartenir  à Pascuellus , tandis  que  par  le  dessin  et  le  disque  elle 
reproduit  la  Dumetellus , dont  elle  présente  aussi  la  couleur 
générale. 

Les  ailes  supérieures  sont  en  dessus  d’un  fauve  assez  foncé  avec 
des  reflets  dorés.  La  bande  longitudinale  argentée,  en  forme  de 
glaive , propre  à la  plupart  des  espèces  congénères,  est  remplacée 


CHENILLES  HT  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


374 

par  une  lame  grisâtre  approchant  de  la  couleur  du  fond.  La  ligne 
coudée  est  brusquement  brisée  à angle  droit  vis-à-vis  de  la  cel- 
lule. L’échancrure  du  bord  externe  est  à angle  vif  et  prononcé.  Une 
large  bande  foncée  précède  la  frange  ; sur  cette  bande  finement 
lisérée  d’une  teinte  métallique  imitant  l’acier  poli,  reposent  quatre 
ou  cinq  traits  noirs.  Ce  même  éclat  métallique  se  montre  sous  forme 
de  lins  rayons  avant  la  bande  brune  précitée,  mais  il  ne  dépasse  pas 
le  milieu  de  l’aile.  Les  inférieures  sont  sans  lignes,  d’un  gris  d’ar- 
doise et  très-luisantes.  La  frange  est , de  chaque  côté,  d’un  gris 
jaunâtre.  Le  dessous  des  quatre  ailes  est  d’un  gris  ardoisé  luisant. 
La  tête,  lés  antennes  et  le  thorax , sont  d’un  fauve  brunâtre.  L’ab- 
domen et  les  pattes,  d’un  jaune  doré. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle. 

Cette  espèce,  récemment  découverte,  n’avait  point  encore  été  figu- 
rée. Elle  a été  prise  par  M.  le  docteur  de  la  Harpe,  en  juillet  1862  , 
au  nombre  de  plusieurs  exemplaires. 

Le  Cramb.  Scirpellus , vole  dans  les  prairies  marécageuses  des  en- 
virons d’Aigle  (Suisse). 


Oreuaia  (1)  Melveticalis. 

Herr.-Sch.  127-128.  — Var.  Conspurcalis,  Lah.  Faune  Suisse, 
Supplément  (Crambides). 

( Planche  45,  fig.  2.  ) 

M.  de  la  Harpe,  ayant  d’abord  cru  cette  espèce  inédite,  l’avait 
nommée  Conspurcalis.  Elle  me  fut  alors  confiée  pour  la  peindre  et 
la  faire  figurer.  Peu  après,  l’auteur  de  la  faune  suisse  apprenant 
que  cette  Orenaia  avait  été  figurée  et  n’était  autre  qu’une  Helveti- 


(1)  Genre  créé  par  Duponchel. 


Orenaia  Helvelicalis.  375 

calis,  H. -S.,  de  grande  taille,  dût  adopter  ce  nom  et  considérer  sa 
Conspurcalis  comme  variété  de  VHelveticalis. 

M.  de  la  Iïarpe  m’a  fait  observer  que  les  deux  figures  de  M.  Her- 
rich-Schaeffer,  sont  de  petite  taille,  et  que  c’est  un  des  motifs  qui  l’ont 
exposé  à commettre  une  erreur.  Ce  que  je  puis  dire,  c’est  que  les  divers 
exemplaires  de  VHelveticalis  que  j’ai  vus  dans  la  collection  du  Muséum 
de  Lausanne,  et  l’individu  qui  fait  partie  de  mon  cabinet,  sont  d’un  bon 
tiers  plus  grands  que  les  deux  figures  du  continuateur  d’Hbner. 

Voici  la  description  de  cette  Pyralide,  Var.  Conspurcalis  qui, 
comme  je  "l’ai  dit,  n’est  qu’une  Helveticalis  fort  grande. 


Envergure  : 0,025  à 0,026  m. 

Les  ailes  sont  entières,  épaisses,  un  peu  aiguës  à l'apex,  pulvéru- 
lentes, soyeuses,  à dessins  grisâtres  et  'indécis.  Les  supérieures,  dont 
le  fond  est  gris  bleuâtre,  lavé  dé  jaunâtre  près  de  la  costale,  sont  tra- 
versées par  des  lignes  brunes’  de  forme  mal  arrêtées.  La  basilaire 
et  la  médiane  qui  s’appuient  au  bord  interne,  n arrivent  pas  jusqu'à 
la  nervure  costale.  La  ligne  subterminale,  très-large  au  sommet,  cô- 
toie la  frange  dans  toute  son  étendue.  Arrivée  à l’angle  interne  de 
l’aile,  cette  bande  se  relève  en  forme  d’hameçon.  La  frange  est  d’un 
gris  noirâtre , les  inférieures  sont  sans  dessins , luisantes  et  d'un 
gris  foncé.  Les  franges  sont  assez  longues  et  plus  claires  que  le  fond. 

Le  dessous  des  quatre  ailes,  y compris  les  franges,  est  d’un  gris  ar- 
genté très-luisant..  En  regardant  de  près  les  inférieures , on  distin- 
gue une  bande  médiane  médiocrement  large,  blanchâtre,  incertaine, 
courbée,  qui  les  traverse  de  haut  en  bas.  Les  antennes  sont  longues, 
cylindriques,  filiformes  et  noirâtres.  Le  front  est  déprimé.  L’abdo- 
men est  mince,  conique,  terminé  en  pointe  noirâtre  et  annelé  de 
blanc.  La  poitrine  est  d’un  gris  blanchâtre  et  luisant,  ainsi  que  les 
pattes  qui  sont  squammeuses. 

La  9 est  plus  lourde  que  le  cfj;  elle  est  aussi  plus  foncée. 

Voici  ce  queM.  de  la  Harpe  m’écrivait  relativement  à cette  Orenaia , 
la  plus  grande  de  toutes  les  Hercynides  connues  : 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


370 

i Espèce  rare,  qui  ne  quitte  pas  les  Hautes-Alpes,  où  elle  vit  au 
« bord  des  glaciers  et  des  neiges,  sur  les  croupes  rocailleuses  expo- 
« sées  au  soleil  où  végètent  encore  quelques  Ranunculus  glacialis, 
« saxifraga  biflora  et  Thlaspi  rotundi folium.  Se  cache  sous  les 
« pierres  lorsque  le  soleil  disparaît,  comme  le  font  plusieurs  espèces 
« des  Hautes- Alpes.  * 


TracBionitls  ( I ) Myrîcarlella,  Mill. 

( Species  nova.) 

(Planche  45,  lig.  3 à 7.) 

CHENILLE. 

Elle  est  effilée,  fusiforme,  marquée  de  plusieurs  lignes  droites, 
continues  et  bien  indiquées  ; nullement  verruqueuse  et  différente  en 
cela  de  la  plupart  des  espèces  de  la  famille.  La  tête  est  petite,  lenti- 
culaire et  concolore.  D'une  stigmatale  à l’autre , le  fond  est  d’un 
carné  plus  ou  moins  vif.  L’insecte,  dans  son  jeune  âge,  est  entière- 
ment d’un  jaune  verdâtre.  Parvenu  à toute  sa  taille , il  mesure 
0,020  m.  environ.  Les  lignes  ordinaires  se  distinguent  alors  bien 
peu  des  intermédiaires  ; cependant  la  stigmatale,  brune  ou  d’un  vert 
foncé  selon  les  sujets,  est  plus  marquée  que  les  autres;  elle  est 
surmontée  d'une  autre  ligne  d’un  jaune  vif,  suivie  elle-même  de 
deux  lignes  d’un  vert  foncé.  Le  ventre  est  d’un  blanchâtre  livide  : 
il  est  traversé  dans  toute  son  étendue  par  une  ligne  droite,  continue , 
d’un  vert  glauque.  Les  stigmates  sont  noirs  et  d’une  extrême  peti- 
tesse. La  tête  est  concolore  : elle  est  marquée  au  sommet  de  trois 
taches  noires,  cunéiformes,  dont  les  pointes  sont  tournées  en  avant. 


(1)  Phycis , Treits,  Dup.,  Gn.,  etc. 


Trachonilis  Myricariella.  377 

Ces  taches  disparaissent  sous  le  premier  anneau,  lorsque  la  chenille 
est  au  repos.  Toutes  les  pattes  sont  unicolores , sauf  le  dernier  ar- 
ticle des  antérieures  qui  est  brun.  Le  premier  anneau  porte  un  écus- 
son corné,  assez  large,  luisant,  marqué  près  de  l’incision  de  deux 
points  noirs  séparés  par  la  ligne  vasculaire.  Des  poils  rares,  blan- 
ch'  très  recouvrent  le  corps  de  cette  petite  chenille  qui  est  vive,  frétil- 
lante et  s’échappe  rapidement  lorsqu’on  veut  la  saisir.  Elle  vit  sur 
\q  Myricaria  (1)  germanica , Desv. , plante  fort  abondante  sur  le  bord 
des  torrents  des  hautes  montagnes. 

J’ai  trouvé  pour  la  première  fois  cette  chenille  à Chamonix  (Haute- 
Savoie),  sur  la  rive  droite  de  l'Arve,  dont  les  eaux  descendent  d e 
la  mer  de  glace  à quelques  kilomètres  de  là.  Cette  larve  dévore  les 
étamines  des  Heurs  du  Myricaria , au  milieu  desquelles  elle  reste 
blottie  tout  le  jour.  Elle  m’a  paru  ne  manger  que  la  nuit;  cepen- 
dant sa  croissance  est  rapide,  et,  en  effet,  dès  le  24  ou  le  26  juillet, 
mes  chenilles  sont  descendues  de  l’arbuste  pour  se  chrysalider. 
Ainsi  qu’il  arrive  chez  beaucoup  de  larves,  celle  de  la  Myricariella, 
après  avoir  tissé  sa  coque  qui  est  blanchâtre  ou  brunâtre  selon  ce 
qu’elle  a pu  trouver , demeure  décolorée  et  contournée  sur  elle- 
même,  jusqu’au  printemps  d’après , avant  de  se  métamorphoser  en 
nymphe. 

Cette  jolie  espèce  n’appartient  pas  seulement  aux  montagnes  al- 
pines, car  je  l’ai  retrouvée  l’été  dernier  (le  15  juin),  parvenue  à toute 
sa  taille,  aux  environs  de  Lyon,  dans  une  des  îles  nombreuses  du 
Rhône , situées  au  haut  de  la  ville  où  le  Myricaria  germanica 
semble  s’être  acclimaté  sur  des  terrains  graveleux  fréquemment 
inondés  par  les  eaux  du  fleuve. 


(I)  Dont  j’ai  formé  le  nom  spécifique  Myricariella. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  dire  qu’à  l’exemple  de  nos  maîtres,  j’impose  autant 
que  je  le  puis,  à l’insecte  fnouveauque  je  décris,  le  nom  de  la  plante  qui  nourrit  sa 
chenille.  On  comprendra  sans  peine  la  préférence  que  j’accorde  à ce  nom  s ur  tous 
les  autres. 


378  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Il  est  supposable  que  cet  arbuste,  aux  branches  duquel  étaient 
fixés  des  œufs  de  la  Myricariella , a été  entraîné  des  hauteurs  par  la 
force  du  courant  et  a pris  racine  sur  certains  terrains  des  régions 
basses.  Cette  supposition  explique  d’une  manière  rationnelle  la  pré- 
sence dans  nos  environs  (i)  d’un  arbrisseau  propre  aux  zones  gla- 
cées des  Hautes-Alpes. 

Je  dirai  encore  que  si  la  chenille  du  Myricaria  est  abondante  à 
Chamonix,  elle  m’a  paru  fort  rare  aux  environs  de  notre  ville. 

La  chrysalide  est  allongée  , conico  - cylindrique  avec  la  pointe 
émoussée;  celle-ci  est  terminée  par  plusieurs  très -petits  crochets 
divergents  qu’on  ne  distingue  bien  qu’à  l’aide  de  la  loupe.  Cette  nym- 
phe qui  est  d’un  jaune  rougeâtre  est  très-luisante.  L’insecte  parfait 
éclot  au  commencement  de  mai  et  n’a  par  conséquent  qu’une  seule 
génération. 

Je  fais  cependant  observer  que  le  28  et  le  30  août  1862,  un  mois 
environ  après  la  transformation  de  mes  chenilles , j’ai  obtenu  par 
éclosion  deux  de  ces  insectes.  Par  suite  de  ce  fait,  je  me  demande  si 
on  doit  considérer  la  Trach.  Myricariella  comme  ayant  deux  éclo- 
sions par  an.  Il  est  à croire  que  les  individus  qui  éclosent  aussi  hâti- 
vement sont  perdus  pour  la  génération , car,  lors  de  l’arrivée  des 
jeunes  larves,  les  fleurs,  leur  unique  nourriture,  ont  disparue. 

INSECTE  ^PARFAIT. 

Il  est  de  la  taille  de  la  Cristella , Hb.,  fig.  76.  — H.-Sc-h.  fig.  206, 
et  présente  une  vague  ressemblance  avec  la  Transver  sella,  Steph. 
— H.-Sch.,  fig.  165,  bien  que  cette  dernière  soit  constamment 
plus  petite  et  que  la  tache  transversale  de  l’aile  supérieure  ait  une 
disposition  inverse  de  celle  qui  existe  chez  la  Myricariella. 


(1)  On  rencontre  de  loin  en  loin  ce  gracieux  arbuste  sur  les  rives  du  Rhône, 
beaucoup  plus  bas  que  Lyon,  et,  sans  doute  avec  lui,  l’insecte  qui  fait  le  sujet  de 
cet  article. 


Trachonitis  Myricai  ieUa. 


379 


La  coupe  des  premières  ailes  rapprocherait  peut-être  cette  nouvelle 
Phycide  de  P Alipsa  (1)  Angustella,  Hh.  Cependant,  à cause  de  sa  coupe, 
je  la  crois  mieux  placée  dans  le  genre  Trachonitis , Zell.,  formé  de 
deux  espèces  seulement  : la  Gristella,  Hb.  et  YAmœnella,  Zell.,  — H.- 
Sch.,  205. 

Les  ailes  supérieures  sont  étroites  et  vont  en  se  rétrécissant  de  la 
base  au  sommet  ; elles  sont  d'un  blanc  grisâtre  ou  gris  bleuâtre,  très- 
faiblement  la vés&  au  centre  de  vineux.  Au  tiers  de  l’aile  il  existe  une 
tache  ou  bande  transverse  noire,  dont  les  pointes  sont  dirigées  en 
dehors,  accompagnées  intérieurement  d’une  éclaircie  blanchâtre.  Aux 
trois  quarts  de  l’aile  on  voit,  entre  la  costale  et  1a.  troisième  nervure, 
un  trait  noir  transversal  qui  n’est  pas  toujours  bien  écrit.  Enfin  une 
ligne  subterminale  en  zigzag,  éclairée  intérieurement  est  assez  mal 
indiquée.  Des  points  noirs  nervuraux  précèdent  la  frange,  longue  et 
concolore.  Toute  l’aile  est  en  outre  re  couverte  d’un  sablé  plus  abon- 
dant sur  les  bords  et  à la  base. 

Les  inférieures  seraient  entièrement  d’un  blanc  irisé , n’était  une 
bande  étroite,  enfumée  qui  précède  la  frange  laquelle  est  complètement 
d’un  blanc  satiné.  Les  supérieures  sont,  en  dessous,  d’un  gris  luisant, 
et  sans  taches.  Les  inférieures  ressemblent  au  dessus. 

Les  antennes  sont  de  médiocre  longueur,  sétacées,  brunes,  avec  le 
premier  article  noduleux , granuleux  et  gris.  Les  palpes  sont  gros , 
ascendants  et  recouverts  de  nombreuses  écailles  grisâtres.  La  trompe 
est  longue  et  jaunâtre.  Les  yeux  sont  gros,  blanchâtres  et  entourés 
d’un  cercle  étroit  et  noir.  Le  front  et  le  thorax  sont  blancs.  L’abdomen 
est  grêle  et  de  la  couleur  des  ailes  supérieures.  La  poitrine  et  les  pattes 
sont  unicolores. 

La  femelle  est  un  peu  plus  grande  et  a les  taches  plus  accusées  que 
chez  le  mâle  : elle  lui  ressemble  du  reste. 


(1)  Genre  jcréé  par  M.  Zeller  aux  dépens  des  Phycis  de  Duponchel,  et  composé 
de  la  seule  Angustella. 


380 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


La  Trach.  Myricariella , qui  est  très- vive,  s’échappe  et  disparaît 
facilement  aux  yeux  lorsquon  veut  s’en  emparer. 


Paclmobia  (I)  Clarasea,  Ti-iunb. 

Tunb.  Diss.  ÏV,  p.  58.  — Dup.  IH,  p.  196,  pl.  62.  — Gu.  Ind. 

241.  — Herr.-Sch.  401.  — Gn.  I,  342  — Stgr.  Cat.  559.  = 

Ampla  Hb.  425.  = Tecta  Ilb.  377.  — (Aberr.  A.  et  B.  Mil.). 

(Planche  45,  fig.  8.  ) 

On  avait  cru  jusqu’à  ce  jour  que  cette  espèce  boréale  et  rare  ne  va- 
riait pas  ou  variait  peu  ; cependant  j’ai  sous  les  yeux  deux  aberrations 
que  je  crois  dignes  d’être  publiées  : l’une  d’elles  surtout,  et  c’est  celle- 
ci  que  je  figure.  Avant  de  décrire  ces  deux  variétés,  je  demanderai  aux 
lépidoptéristes si  V Ampla,  Hb.,  fig.  425,  rapportée  communément  à 
la  Carnea  est  bien  cette  dernière.  En  effet,  la  taille,  la  couleur,  et  sur- 
tout la  coupe  des  ailes  si  différente  de  celle  du  type,  m'obligent  à ne 
pas  trouver  exact  le  rapprochement  qui  a été  fait  de  cette  Ampla  et  m'em- 
pêchent de  voir  en  elle  la  Carnea  de  Thunberg.  Il  est  vrai  que  la  figure 
de  Hubner  est  assez  médiocre  et  prête  à l’hésitation.  La  figure  de 
M.  Herrich  Schæffer  est  excellente. 

Cette  Pack.  Carnea -, 

Var.  A. 

Est  un  peu  plus  petite  que  les  individus  typiques  : elle  a le  fond  des 
supérieures  presque  blanc,  ou  mieux  d’un  blanchâtre  faiblement  carné 
et  aspergé  de  nombreux  atomes  bruns.  L’orbiculaire  et  la  réftiforme 
nese  distinguent  que  par  l’entourage  d’un  pourpre  obscur,  et  qui  forme 


(1)  Orthosia,  Bdv.,  Herr.-Sch.,  Steph. 


Pachnobia  Canica.  381 

lui-même  une  grande  tache  brune  et  interrompue.  La  coudée,  bien 
que  faiblement  écrite,  peut  s’apercevoir  ; une  ombre  grise,  continue 
et  transversale  la  suit  et  sépare  la  partie  subterminale  qui,  moins 
chargée  d’atomes  que  le  reste  de  l’aile,  semble  former  une  bande 
claire,  distincte  du  fond.  On  voit  aussi  sur  la  frange,  des  points  ner- 
vuraux  petits  et  bruns.  La  ligne  basilaire,  si  visible  chez  le  type,  ne  se 
distingue  point  ici.  Les  inférieures  sont  grises  et  aspergées  de  nom- 
breux atomes  bruns.  Elles  présentent  une  ombre  subterminale  brune 
et  large  qui  se  fond  en  se  rapprochant  de  la  base.  Les  franges  des  qua- 
tre ailes  sont  concolores.  En  dessous,  les  ailes  sont  grises,  finement 
aspergées  de  brun,  avec  la  tache  cellulaire.  Les  antennes  sont  sim- 
ples. Le  thorax  un  peu  hérissé  est , ainsi  que  l’abdomen , de  la  cou- 
ieur  des  ailes  supérieures. 

Cette  aberration,  qui  est  une  femelle,  paraît  avoir  été  obtenue  ex 
larva.  Elle  appartient  à M.  Staudinger. 

Var.  13. 

Celle-ci  est  de  la  taille  de  la  précédente  et  entièrement  d’un  brun 
rougeâtre.  La  ligne  coudée  ne  se  distingue  qu’à  1a,  loupe,  mais  les  deux 
taches  ordinaires  sont  assez  bien  indiquées.  Les  inférieures  sont  uni- 
formément brunes,  et  la  tache  cellulaire  se  voit  à peine.  Sur  les  quatre 
ailes  le  sablé  fin  qui  les  recouvre  ne  se  voit  pas  sans  loupe.  Les  ailes, 
en  dessous  sont  brunes  et  aspergées  de  nombreux  atomes;  elles  ont 
le  point  cellulaire  qui  n’est  bien  indiqué  qu’aux  inférieures.  Le  corps 
participe  de  la  couleur  des  premières  ailes. 

Ce  sujet  fait  également  partie  du  cabinet  de  M.  Staudinger,  et  pro- 
vient, comme  la  précédente  variété,  de  la  Sibérie  occidentale. 


382 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


'ïortpis  IPronubana. 

Hb.  fig.  121.  Herr.-Schaef.  35,  56,  167  à 170=  Ambustonaüb. 
332,  333. — Dup.  pl.  261,  fig.  5 Herminea?  Dup.pl. 240, 
fig.  5 à 6.  — Stgr.  Cat.  634. 

(Planche  46,  fig.  1 à 3.) 

CHENILLE. 

Elle  est  fusiforme,  un  peu  aplatie  en  dessus  et  entièrement  verte  ; 
cependant  cette  couleur  se  modifie  ainsi  que  je  vais  l’indiquer. 
Toute  la  partie  dorsale  comprise  entre  les  deux  lignes  sous-dorsales,  à 
partir  du  deuxième  segment  jusqu’au  dixième,  est  d’un  vert  foncé.  De 
la  sous-dorsale  à la  stigmatale  , l’insecte  est  d’un  vert  glauque  ; la 
stigmatale seule  se  distingue  bien  : elle  est  large,  continue,  ondulée  et 
d’un  vert  jaunâtre.  Le  ventre  tire  sur  le  bleuâtre.  La  tète  est  forte, 
lenticulaire,  cordiforme,  testacée  et  marquée  d’un  liseré  brun  qui  la 
borde  d’une  mâchoire  à l’autre.  Les  yeux  sont  relativement  gros  et 
noirs.  Les  mandibules  sont  fortes  et  rougeâtres.  Le  premier  anneau 
est,  sur  la  partie  cornée,  marqué  de  trois  taches  cunéiformes  dont  les 
pointes  sont  dirigées  en  avant.  Les  stigmates  qu’on  distingue  difficile- 
ment, même  à la  loupe,  sont  blancs  et  cerclés  de  noir.  Les  trapézoï- 
daux, d’un  vert  clair,  tranchent  assez  sur  le  fond  ; ils  sont,  ainsi  que 
les  autres  points  pilifères,  garnis  de  poils  blanchâtres  passablement 
longs  ; enfin,  les  seize  pattes  sont  concolores. 

La  chenille  de  cette  jolie  Tortricide,  qui  paraît  se  trouver  dans  tout 
le  midi  de  la  France,  s’avance  jusqu’à  la  Voulte  (Ardèche),  où  elle 
est  assez  abondante.  Elle  éclot  dès  la  fin  de  novembre,  grossit  lente- 
ment en  hiver  et  n’a  pas  atteint  toute  sa  taille  avant  février  ou  mars. 
Elle  est  polyphage,  et  même  je  crois  que  bien  peu  de  chenilles  de  Lé- 
pidoptères vivent  sur  des  plantes  de  genres  aussi  éloignés.  Aux  envi- 


WLior. 


Annales  de  la  Société v Lumecnne  de  Lyon 


w 


Année  18  68-.  PL.  lf.6. 


g 


F.  MULicre--  e t : Jogucs 


2 


JPicart  sc,, 

1. 1 à 3 . Tortrix  Proimbana,  ïïb. 

II.  If.  et  5,  Morirua-  BiqotL.  MM, 

III.  6 à u.  Acrolepia  Smilaxella,  MU ’l . 


Imp.  Fcuirie-  5.  r.  Migr 


Tortrix  Pronnbana.  38,r> 

rons  d Hyères,  je  l’ai  trouvée  sur  les  diverses  Aristolochia  qui  y crois- 
sent communément , sur  VArbutus  unedo,  VAsphodelus  ramosus  et  le 
Rosmarinus  officimlis.  A Celles-les-Bains,  plusieurs  espèces  tVEuphor- 
bia  la  nourrissent.  Je  l’ai  remarquée  aussi  sur  le  Thymus  vulgaris  et  jus- 
que dans  les  capsules  de  l’Acacia  des  jardins  ( Robinia  pseudo-acacia, 
L.).  A Amélie-les-Bains  (Pyr.-Or.),  où  cette  chenille  m’a  semblé  plus 
commune  que  partout  ailleurs,  je  l’ai  rencontrée  sur  le  Rhus  coriaria, 
le  Pistachia  lentiscus,  le  Passerina  thymelœa  et  le  Smilax  aspera.  Ce 
dernier  arbuste  la  fournit  très-abondamment. 

L’insecte  ronge  d’abord  le  parenchyme  d’une  feuille  tendre  sous  la- 
quelle il  se  tient  fixé  pendant  le  jour.  Après  sa  deuxième  ou  sa  troi- 
sième mue,  il  dévore  toutes  les  parties  attaquables  des  feuilles  ; il  les 
lie  et  y demeure  caché. 

Dès  le  mois  de  janvier,  la  chenille  se  métamorphose,  soit  dans  la 
mousse,  soit  dans  les  feuilles  réunies  de  l’arbuste  qui  l’a  nourrie. 

La  chrysalide  est  allongée,  entièrement  noire  et  peu  luisante.  Les 
anneaux  de  l’abdomen  sont  granuleux  et  la  pointe  anale  est  obtuse , 
un  peu  relevée  et  munie  d’imperceptibles  crochets. 

Je  n’ai  pas  connu  de  larves  qui  soient  aussi  attaquées  que  celles  de 
la  Tortricide  dont  je  complète  aujourd’hui  l’historique.  Les  trois  quarts 
de  mes  chenilles  de  Pronubana  ont  donné  un  petit  Diptère  inédit  dont 
je  parlerai  dans  un  instant. 

L’éclosion  du  Lépidoptère  arrive  dès  le  milieu  de  février  et  se  pro- 
longe jusqu’à  la  fin  d’avril. 

Je  doute  que  la  Pronubana  ait  plus  d’une  génération. 

INSECTE  PARFAIT. 

Envergure  : 0,015  à 0,016  m. 

Les  premières  ailes  sont  d’un  brun  rougeâtre  en  dessus  et  tra- 
versées obliquement  par  une  ligne  médiane,  brune,  liserôe  de  pour- 
pre obscur  à droite  et  à gauche.  Une  bande  subterminale,  aussi  in- 
certaine que  la  précédente,  beaucoup  plus  large  à l’apex  qu’au  bord 


384  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

interne,  est  de  ia  même  couleur  et  bordée  intérieurement  de  même 
que  la  médiane.  Les  secondes  ailes  sont  d’un  jaune  orangé,  très- 
chaud,  avec  une  bordure  large,  noire,  précédée  de  quelques  points 
semés  irrégulièrement.  Les  quatre  ailes  seraient  en  dessous  entière- 
ment d’un  jaune  orangé  chaud,  si  les  supérieures  n’étaient  très-lar- 
gement bordées  de  noir.  Parfois  cette  couleur  s’avance  jusqu’au 
milieu  de  l’aile.  Le  thorax  rappelle  la  teinte  des  antérieures.  L’ab- 
domen, dépassant  les  secondes  ailes,  est  noir  et  annelé  de  fauve. 
Le  bouquet  de  poil  qui  le  termine,  est  de  la  couleur  des  posté- 
rieures. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  est  aussi  plus  pâle, 
surtout  aux  supérieures.  L’abdomen,  relativement  fort,  est  égale- 
ment plus  long  que  celui  du  mâle.  Le  dessous  n’a  pas  de  bordure 
noire  aux  supérieures , mais  seulement  une  teinte  d’un  gris  foncé 
au  bord  interne. 

La  Pronubana  est  depuis  longtemps  connue,  mais  sa  chenille  ne 
l’était  pas.  Elle  est,  je  l’ai  dit,  exclusivement  méridionale. 

Cette  espèce  doit  bien  certainement  faire  partie  des  faunes  sici- 
lienne, corse,  italienne  et  espagnole. 

Les  larves  de  la  Pronubana,  deviennent,  ainsi  que  je  l’ai  dit,  la 
proie  d’un  ennemi  qui  en  réduit  grandement  le  nombre,  puisque 
sur  vingt  chenilles,  c’est  à peine  s’il  éclot  cinq  ou  six  Lépidop- 
tères. 

A voir  la  chenille  malade  rien  en  elle  n'annonce  la  présence  du 
ver  rongeur  qui  la  dévore  lentement  jusqu’au  jour  où  celui-ci 
abandonne  sa  victime  expirante  et  forme,  soit  au  centre  de  plu- 
sieurs feuilles  réunies,  soit  fixée  à une  branche  du  Smilax , une 
petite  nymphe  piriforme,  rougeâtre,  luisante,  terminée  à l’extrémité 
par  une  pointe  obtuse,  forte,  dirigée  en  bas  (PI.  46,  fig.  5.) 

Quinze  ou  vingt  jours  avant  l’apparition  du  Lépidoptère,  j’ai  vu 
éclore  une  petite  Tachinaire  (pl.  '46,  fig.  4)  que  je  supposai  iné- 
dite. M.  le  docteur  Sichel , de  Paris,  auquel  je  soumis  cet  insecte 
pour  avoir  son  avis,  ne  le  connaissant  pas  lui -même,  l’adressa  à 


Acrolepia  Smilaxella.  385 

notre  collègue  de  la  Société  entomologique  de  France,  M.  Bigot, 
et,  en  me  répondant,  il  crut  devoir  m’envoyer  la  réponse  de  ce 
savant  diptériste;  je  transmets  textuellement  la  réponse  de  M.  Bi- 
got : « Pour  moi,  cette  espèce  peut  être  considérée  comme  non 
« décrite  et  comme  appartenant  au  genre  Morinia , Robineau.  » 

Je  propose  de  nommer  cette  Muscide  nouvelle  : Morinia  Bigoti. 


Acrolepia  (1)  Smilaxella,  Mill. 

( Species  nova.) 

(Pi.  46,  fig.  6 à il.) 

CHENILLE. 

Elle  est  courte,  presque  cylindrique,  d’un  vert  douteux.  La  vas- 
culaire est  large,  continue  et  d’un  carminé  plus  ou  moins  obscur. 
On  ne  distingue  pas  les  autres  lignes.  La  tète,  lenticulaire,  est  d’un 
testacé  jaunâtre  ainsi  que  la  partie  écailleuse  du  premier  segment. 
Celle-ci  est  en  outre  semée  de  plusieurs  petites  taches  noirâtres 
de  formes  variées.  Les  stigmates,  qu’on  ne  peut  voir  qu’à  la  loupe, 
sont  blancs  et  cerclés  de  noir.  Le  ventre,  sans  lignes,  est  d’un  vert 
bleuâtre.  Les  seizes  pattes  sont  de  la  couleur  du  ventre.  Les  poils, 
assez  longs,  sont  implantés  sur  de  petites  caroncules  d’un  vert  foncé 
et  visible  à l’oeil  nu. 

Cette  chenille  vit  en  décembre  et  en  janvier  à Àmélie-les-Bains 
(Pyr. -Orient.),  sur  le  Smilax  aspera,  L.,  arbrisseau  aux  tiges  grim- 
pantes , aux  feuilles  dures  et  persistantes , dont  l’insecte  ronge  les 
jeunes  pousses;  celles-ci  commencent  à se  développer  à partir  de  la 
fin  de  l’automne  ; c'est  à cette  époque  qu’éclot  la  petite  larve. 


(1)  Genre  créé  par  Curtis. 


386 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Les  chenilles  du  genre  Acrolepia , sont  pour  la  plupart  vives  et  fré- 
tillantes, celle  de  la  Smilaxella , au  contraire,  est  lourde,  paresseuse, 
et,  tombée  dans  le  parapluie,  elle  demeure  immobile , à moitié  rou- 
lée sur  elle-même.  Pendant  le  courant  de  décembre , ou  de  janvier, 
parvenue  à son  entier  développement,  elle  choisit  le  plus  ordinaire- 
ment pour  se  métamorphoser  une  feuille  de  Smilax  légèrement  re- 
croquevillée, y tisse  un  fourreau  en  soie,  évasé,  convexe  au  centre, 
oblong,  jaunâtre,  fixé  hermétiquement  par  les  bords  (pl.  46,  fig.  8), 
et  se  métamorphose  au  bout  de  cinq  ou  six  jours. 

La  nymphe  est  allongée,  d’un  testacé  rougeâtre  avec  l'enveloppe 
des  ailes  longue  et  bien  apparente.  La  poitrine  est  marquée  sur  cha- 
que segment  d’un  gros  point  brun , plus  visible  après  la  sortie  de 
l’insecte  que  pendant  qu’il  est  enfermé  dans  son  enveloppe.  L’éclo- 
sion du  petit  Lépidoptère  a lieu  quinze  ou  vingt  jours  après  sa  méta- 
morphose. 

Ayant  retrouvé  des  chenilles  à la  fin  de  février,  je  croirais  à plu- 
sieurs générations  de  cet  Acrolepia,  qui  aui aient  seulement  lieu 
en  hiver  et  au  printemps,  eu  égard  à la  dureté  qu’acquièrent  en 
été  les  feuilles  du  Smilax  aspera. 

INSECTE  PARFAIT. 


Envergure  : 0,012  m. 

De  la  taille  de  la  Vesperella,  Z.,  H. -S.,  348,  dont  elle  a un  peu  la 
coupe  et  la  couleur  générale.  Cependant  la  Smilaxella  a les  ailes  rela- 
tivement plus  allongées  ; les  taches  des  supérieures  sont  surtout  bien 
différentes,  et  les  trois  taches  noires  et  blanches  appuyées  à la  côte 
de  la  Vesperella,  n’existent  jamais  chez  la  Smilaxella. 

Les  premières  ailes  de  ma  nouvelle  Acrolepia  sont  allongées , rec- 
tangulaires, d’un  brun  chocolat,  avec  une  éclaircie  large  qui  longe 
le  bord  interne.  Un  trait  noirâtre  part  de  la  base  et  s’avance  paral- 
lèlement à l’éclaircie  jusqu’au  tiers  de  l’aile.  On  distingue  au 
bas  de  l’apex  deux  petits  traits  noirs  parallèles,  La  côte  est  brune. 


Annales  de  In  Société  Lirmèerme  de  Lyon, . 


i A™ Lier. 


Armée-  1861t.  PI,  If] 


3 


II 


6 


P.  Mdlicre  et  A.  Mignot  . 


I.  1 à 3,  Gnopiuis  Gruneraria.  Stgr. 

II.  lp  à y.  Eriopus  LatreUlü,  Duf>. 


Imp  Eoidstù -,  5.  r.  Mupru 


Wne  Mùjneaux  col. 


Gnophos  Grutier ar fa.  387 

Les  franges,  de  médiocre  longueur,  sont  concolores  et  rougeâtres  à 
l’extrémité.  Les  ailes  inférieures  sont  aiguës,  d’un  gris  ardoisé  très- 
luisant,  et  garnies  de  longues  franges.  En  dessous,  les  quatre  ailes 
sont  sans  dessins  : les  premières  d’un  gris  jaunâtre , et  les  secondes 
d'un  gris  ardoisé.  Les. palpes,  recourbés  en  hameçon,  dénudés 
dans  toute  leur  étendue,  sont  blancs;  les  antennes,  presque  aussi 
longuesque  les  ailes  supérieures,  sont  moniliformes  et  brunes.  La 
tète  est  blanchâtre;  le  thorax,  brun  chocolat.  L’abdomen,  dépassant 
de  beaucoup  les  ailes  inférieures,  est  d’un  gris  bleuâtre  et  luisant.  Les 
pattes,  brunes,  sont  annelées  de  blanc. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  est  également  d’un 
brun  chocolat,  mais  d’une  teinte  un  peu  plus  claire  que  celle  du 
mâle.  Les  supérieures  sont  uniformes,  sans  éclaircie  blanchâtre  au 
bord  interne  et  n’ont  pas  les  traits  noirs  qui  caractérisent  l’autre  sexe. 
La  tète  est  concolore  et  n’a  pas  la  tache  blanchâtre  qu’on  aperçoit 
chez  le  mâle. 

Cet  insecte  vole  en  hiver,  alors  que  les  soirées  sont  tièdes,  et,  pen- 
dant le  jour , lorsqu’on  frappe  les  buissons  de  Smilax.  Je  suppose 
qu’on  doit  le  retrouver  partout  où  croît  la  salsepareille  indigène  et 
qu’il  n’est  pas  exclusivement  propre  aux  environs  d’Amélie. 

Je  fais  observer  en  terminant,  que  je  n’ai  vu  en  aucune  province  du 
midi  de  la  France,  le  Smilax  aspera  en  aussi  grande  abondance  que 
dans  la  vallée  du  Tech , dont  le  milieu  est  occupé  par  le  hameau 
d’Amélie-les-Bains. 

Gnophos  Ciruneparia,  Stgr. 

Stett.  e.  Z.  î 862,  pag.  2G6. 

( PI.  47,  iîg.  1 à 3.  ) 

Envergure  : le  o*,  0,033. 

— la  9, 0,036. 

Cette  nouvelle  Gnophos  est  de  la  taille  de  la  Serotinaria , W.-V. 
Elle  a les  ailes  larges,  entières,  arrondies,  soyeuses,  à peine  dentées 


388  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

aux  inférieures,  d’un  gris  lestacé  , fortement  saupoudrées  d'atomes 
bruns  et  n’ayant  de  distinct  que  la  ligne  coudée.  Celle-ci  est  brune, 
bien  visible,  presque  droite,  aux  postérieures  surtout  ; le  point  cel- 
lulaire, aux  premières  ailes,  est  également  brun.  Les  antennes  sont 
de  longueur  moyenne  et  moniliformes.  Le  thorax,  relativement  grêle, 
et  l’abdomen,  long,  effilé,  sont  de  la  couleur  des  ailes. 

La  femelle,  dont  l’apex  des  supérieures  est  assez  aigu,  a le  fond  plus 
clair  que  chez  le  mâle,  par  conséquent,  moins  chargé  d’atomes  bruns. 
La  ligne  coudée  faiblement  éclairée  de  fauve  sur  les  bords , pré- 
sente aux  supérieures  une  légère  ondulation. 

La  Gnophos  Grimer  aria  fait  partie  du  cabinet  de  M.  Staudinger. 
C’est  d’après  deux  beaux  exemplaires  mâle  et  femelle  qu’en  ont  été 
faits  les  dessins.  Cette  espèce  qui  paraît  fort  rare , vient  seulement 
d’être  découverte.  Elle  provient  de  la  plus  haute  montagne  de  la 
Grèce,  le  Taygète , située  au  midi  du  Péloponèse,  et  a été  dédiée  à 
M.  Gruner,  entomologiste  distingué  de  Leipzig. 

La  G.  Gruneraria  qui  ne  figure  pas  encore  dans  le  Catalogue  de 
M.  Staudinger,  devra  porter  dans  cet  Index  le  n°  306  bis , et  dans 
le  Species  Guenée,  le  n"  481  bis. 

Eraoptss  Eati'elMlS. 


Dup.  IV,  p.  327,  pl.  ! 20,  fig.  2 — Hb.  818-820.  — Gn.  Ind.  p.  245. 
— Bdv.  1040.  — Gn.  VI.  p.  296.  — St.gr.  Cat.  p.  45,  n°  406  = 
Quieta  Treits.  III,  p.  259,  et  sup.,  p.  49  (non  Hub.). 

(Pl.  47,  fig.  4 à 7.) 

CHENILLE. 

M.  Daube  m'a  envoyé  plusieurs  chenilles  de  cette  espèce  le  12 
juin  dernier. 

Elle  est  médiocrement  longue,  cylindrique,  sans  éminences , rase. 


Eriopus  Latreillii.  389 

Sa  couleur  est  essez  bien  celle  du  porphyre.  Les  lignes  dont,  elle 
est  recouverte  sont  nombreuses , mais  peu  visibles  ; cependant  les 
autres  dessins  sont  nets  et  vifs.  Le  fond  est  roux  ferrugineux.  La 
vasculaire  est  étroite,  continue  et  brune  ; elle  est  interrompue  sur 
chaque  anneau  par  un  dessin  subtriangulaire  noir  dont  la  pointe  se 
dirige  en  avant.  Ce  même  dessin  partage  une  tache  jaune  vif  pla- 
cée sur  le  dos.  La  sous-dorsale  est  étroite  et  de  couleur  vineuse.  La 
stigmatale  est  large,  continue,  droite,  d’un  jaune  clair;  elle  est 
coupée  par  une  bandelette  transversale  noirâtre  qui  repose  sur  une 
éclaircie  jaune.  Les  stigmates,  noirs,  cerclés  de  blanchâtre , s’ap- 
puient à la  stigmatale.  On  aperçoit,  en  outre,  deux  ou  trois  points 
jaunes  entourés  de  vineux,  placés  en  dessus  de  cette  bandelette.  La 
tète  est  petite,  globuleuse,  rétractile,  rougeâtre,  luisante  et  partagée 
par  quatre  traits  noirs  qui  partent  du  front  et  descendent  jusqu’à  la 
hauteur  de  la  mâchoire.  Le  clapet  annal  est  petit,  concolore  et  liseré 
finement  de  jaune  clair.  Le  premier  anneau  est  marqué  de  quatre  ta- 
ches noires  correspondant  aux  traits  noirs  de  la  tête.  Les  seize  pattes 
sont  concolores.  Le  ventre  est  verdâtre  ; il  est  marqué  au  centre  de 
chaque  anneau  d’une  couronne  de  points  jaunâtres. 

Cette  chenille  vit  exclusivement  sur  la  Doradille  cétérach  ( Ceterach 
officinanm,  Wiild.),  dont  elle  ne  ronge  que  les  écailles  roussàtres  et 
scarieuses  qui  masquent,  au  revers  des  feuilles,  les  capsules  réunies 
en  groupes  linéaires.  L’insecte  paraît  se  confondre  avec  la  couleur 
des  écailles,  et  peut  ainsi  échapper  à la  vue  de  ses  ennemis. 

Bien  que  n'ayant  point  encore  été  figurée,  elle  était  connue  de 
M.  Guenée,  qui  en  a fait  sommairement  la  description  ; mais  ce  savant 
qui  ignorait  sans  doute  ses  mœurs,  ne  nous  a pas  dit  la  plante  qui 
la  nourrit. 

Pour  se  métamorphoser  l’insecte  forme  une  coque  assez  serrée  dans 
laquelle  il  fait  entrer  des  débris  de  feuilles  de  la  Doradille. 

La  chrysalide,  placée  horizontalement  dans  sa  coque,  est  presque 
cylindrique,  médiocrement  longue,  renflée,  luisante  et  obtuse.  Elle 
la  l’enveloppe  des  ailes  d'un  vert  clair  passant  au  jaune  sur  les  bords 


390 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


et  sur  les  anneaux  abdominaux.  Les  yeux  sont  indiqués  en  brun. 

Peu  d’insectes  subissent  toutes  leurs  transformations  en  un  temps 
aussi  court  que  la  chenille  de  VEriopus  Latreillii.  En  effet,  il  se 
passe  à peine  un  mois  depuis  l'éclosion  de  l’œuf  jusqu’au  moment  de 
la  métamorphose  en  nymphe;  et,  si  la  température  est  favorable, 
la  chrysalidation  ne  dure  pas  plus  de  dix  à douze  jours. 

Le  Lépidoptère  sort  ordinairement  de  son  enveloppe  dans  l’après- 
midi. 


INSECTE  PARFAIT. 


Envergure  : 0,024  à 0.02o  m. 

Les  ailes  supérieures  sont,  en  dessus,  d’un  brun  foncé  mélangé  de 
blanc,  de  jaune  et  de  rouge.  Les  quatre  lignes  ordinaires  sont  fines, 
tremblées  et  assez  bien  écrites  en  brun.  Les  taches  réniforme  et  orbi- 
culaire  se  détachent  en  clair.  La  frange  est  entrecoupée  de  brun.  Les 
ailes  inférieures  sont  grisâtres  avec  le  bord  terminal  largement  en- 
fumé. Les  antennes  sont  filiformes  et  présentent  une  petite  nodosité 
au  tiers  environ  de  leur  longueur.  Le  thorax  est  assez  robuste,  crêté 
et  de  la  couleur  des  ailes  supérieures.  L’abdomen  est  conique,  affilé, 
caréné,  pointu  et  crêté  sur  les  trois  premiers  anneaux.  Les  pattes  sont 
garnies  de  poils  concolores  jusqu’à  l’avant-dernier  tarse. 

La  femelle,  de  la  grandeur  du  mâle,  s’en  distingue  par  la  couleur 
entièrement  brune  des  ailes  inférieures,  et  par  l’absence  de  nodosité 
aux  antennes. 

Cette  jolie  Noctuelle  est  demeurée  rare  pendant  longtemps  : c’est 
sans  doute  à M.  Daube  qu’on  doit  de  la  voir  répandue  aujourd’hui 
dans  les  collections.  Quoique  méridionale,  elle  a bien  pu  être  rencon- 
trée en  Belgique,  ainsi  que  l’a  pensé  Duponchel  (1),  car  laDoradille 
cétérach,  qui  croît  presque  partout  en  France  sur  les  vieilles  mura.il- 


(1)  VIII , lre  partie,  page  330. 


Annales  de  la  Société  Lvinéerme  de  Lyon,  ■ 


io7nd'Lwr. 


V.  Millier e ttA.Mpnot  pi 

I,  i.  AnqerorutsPrunarw,,  L.  (Abem  B. Mil) 

II.  2.Aruj&rona^Prarana,,L.  CAbcrr.  C.MiU.) 

III.  3.  P 6.  Hecater a,  Cappa.,  M . 


Année  180 lp . Fl.  48- 


J.  Mujneauæ  xculp  ■ 


Jinp  .Iü>uieier  5.  r.Mujnon. 


MnLA  Mujneaux.  col.- 


Angerona  Prmaria.  391 

les  et  dans  la  fente  des  rochers,  se  rencontre  aussi  dans  plusieurs  pro- 
vinces belges. 

VEriopus  Latreillü  n’a  jamais  été  prise  dans  le  Lyonnais,  mais  je 
l’ai  rencontrée  fréquemment  à Celles-les-Bains  (Ardèche).  Je  la  sai- 
sissais la  nuit  en  chassant  à la  lanterne.  Je  l’ai  trouvée  plusieurs 
fois  jusque  dans  l’établissement  des  bains. 

Elle  a été  rencontrée  une  seule  fois  aux  environs  de  Marseille  : à 
Saint-Loup,  contre  une  vieille  muraille. 

Pour  compléter  mes  observations,  je  dirai  ce  que  vient  de  me  com- 
muniquer M.  Daube  : 

Plus  la  saison  est  humide  aux  environs  de  Montpellier,  plus  les 
chenilles  de  VEriopus  Latreillü  sont  abondantes,  car  les  feuilles  de  la 
Doradille  ramollies  par  l’humidité  qui  les  pénètre,  procurent  aux  lar- 
ves qui  vivent  à ses  dépens  une  abondante  nourriture. 

Une  chaleur  trop  vive  succède-t-elle  à un  temps  humide,  et  sur- 
prend-elle avant  leur  entier  développement  quelques-unes  de  ces 
chenilles,  celles-ci  disparaissent  sans  qu'il  soit  possible  d'en  retrouver 
une  seule  jusqu'à  ce  que  la  température  ait  changé.  Quoiqu’il  en  soit, 
on  peut  dire  que  les  générations  de  cette  Eriopus  se  suivent  sans  trop 
d'interruption  jusqu’à  la  fin  de  l'automne  et  que  les  pontes  annuelles 
peuvent  varier  de  quatre  à six. 

Ang-es'©sasa  2Brs5B*ar$a,  IL. 

(Aberr.  B.  et  G.). 

(PI.  48,  fig.  1 et  2.) 

Cinq  ou  six  variétés  de  cette  grande  Géomètre  ont  été  déjà  publiées 
et  réunies  par  l’auteur  du  Species  dans  son  article  Var.  A ( Sordida 
Roes .),  mais  aucune  de  ces  aberrations  ne  m’a  paru  aussi  curieuse 
que  les  deux  queje  figure  aujourd’hui.  Elles  m’ont  été  communiquées 
par  M.  Rodolphe  Zeller,  de  Zurich.  La  première, 


U92  CHENILLES  ET  LEPIDOPTERES  lNÉl)iî.<. 

Var.  B. 

est  un  mâle;  elle  a les  ailes  antérieures  d’un  fauve  obscur.  Les  pos- 
térieures sont  caractérisées  par  une  très-large  tache  d'un  fauve  orangé 
vif  appuyée  au  bord  costal  et  traversant  l’aile,  mais  n’atteignant  par 
le  bord  interne.  La  discoïdale  est  allongée,  brune,  faiblement  indi- 
quée. Une  tache  fauve  orangé,  de  la  grandeur  d’une  petite  lentille, 
mal  arrêtée  sur  ses  bords,  occupe  leur  centre.  La  frange,  aux  quatre 
ailes,  est  teintée  de  fauve  orangé.  En  dessous,  le  fond  est  brun.  La 
grande  tache  des  supérieures  et  celle  des  inférieures,  est  ici  d'un 
fauve  clair.  La  tache  cellulaire  est  aussi  visible  qu’en  dessus. 

Var.  G. 

Si  la  précédente  aberration  de  Prunaria  intéresse  par  la  disposi- 
tion des  taches  qui  la  caractérisent,  celle-ci,  qui  est  une  femelle,  est 
encore  [.«lus  remarquable.  Elle  n'est  guère  plus  grande  que  le  mâle 
(Var.  B.).  Les  ailes  en  dessus  sont  comme  panachées.  Ce  qu’il  y a de 
plus  étrange  chez  cette  femelle,  c’est  que  les  premières  ailes  ne  sont 
pas  plus  semblables  entre  elles  par  la  disposition  des  taches,  que  ne  le 
sont  les  secondes.  L’aile  supérieure  gauche  est  d’un  fauve  ochreux 
pâle,  et  marquée  d’une  seule  bande  orangé  vif  qui  suit  la  côte  de  la 
base  de  l'aile  jusqu’y  compris  la  frange.  Cette  bande  s’élargit  un  peu 
à partir  du  point  cellulaire,  noir,  bien  écrit.  L’aile  droite  nous  mon- 
tre une  tache  orangé  vif  sous  forme  de  bande  aiguë  à sa  base  et  très- 
large  au  bord  externe  dont  elle  occupe  toute  la  surface.  L’aile  infé- 
rieure gauche  est  entièrement  d’un  orangé  vif,  aspergée  de  stries 
brunes  clairsemées.  C'est  la  seule  des  quatre  ailes  qui  présente  ce 
caractère.  L'aile  inférieure  droite  n’est  guère  plus  tachée  d'orangé  que 
la  supérieure  gauche.  La  bande  longitudinale  qui  y règne  est  de  même 
largeur  dans  toute  son  étendue.  Le  dessous  des  quatre  ailes  n’est  pas 
moins  étrange:  sur  un  fond  semblable  à celui  du  dessus,  les  mêmes 
taches  existent,  seulement  le  tout  est  plus  pâle- 


Hecatera  Cappa.  393 

Ce?  deux  sujets  ont  été  obtenues  ah  ovo.  Leur  mère,  me  mandait 
M.  Zeiler,  a donné  une  vingtaine  de  descendants  tous  assez  différents 
Jes  uns  des  autres,  mais  aucun  toutefois  n'était  aussi  remarquable  que 
ceux-là 

Hecatera  Cappa. 

Hb.  447  — Tr.  II,  p.  7 — Dup.  III,  p.  427,  pl.  99.  — Gn.Ind.  243. 

— Bdv.  1010  — Gn.  VI.  p.  31  — Stgr.  Cat.  251. 

(Pl.  43,  fig.  3 à fi.) 

CHENIL  LU. 

Dans  sa  jeunesse,  elle  est  d'un  vert  clair,  marquée  d'une  large  vas- 
culaire blanche  et  continue.  La  tête  est  d'un  jaunâtre  testacé.  Les 
pattes  antérieures  sont  concolores;  les  ventales  et  annales,  blanchâ- 
tres. Ce  n’est  qu’à  la  fin  de  juin  qu'elle  a atteint  toute  sa  grosseur.  A 
cette  époque,  elle  est  cylindrique,  rase,  pleine,  et  sa  parure  est  sans 
éclat.  Elle  est  d’un  argileux  plus  ou  moins  terne  en  dessus  et  sur  les 
flancs.  Le  ventre,  plus  clair,  participe  de  la  couleur  uniforme  de  l’in- 
secte. La  ligne  vasculaire  est  large,  brune  et  continue.  La  sous-dorsale 
est  géminée,  mais  elle  ne  se  distingue  pas  à l’œil  nu.  La  stigmate  est 
jaunâtre  et  se  détache  à peine  du  fond.  Les  stigmates  sont  blanchâtres, 
relativement  grands  et  cerclés  de  noir.  La  tête,  de  grandeur  moyenne, 
est  ovoïde  et  d’un  jaune  rougeâtre.  La  moitié  du  premier  anneau  est 
recouverte  d’une  plaque  cornée  de  la  couleur  de  la  tête.  Les  seize 
pattes  sont  concolores.  Deux  ou  trois  jours  avant  sa  transformation, 
l’insecte  passe  au  brun  canelle. 

Cette  chenille,  qui  m'a  été  envoyée  de  Montpellier  par  l'obligeant 
M-  Daube,  est  fréquemment  attaquée  par  un  petit  Hyménoptère  qui 
la  fait  périr  alors  qu’elle  n’est  pas  à moitié  de  sa  taille.  Ce  parasite, 
très-petit  relativement  à la  Cappa,  éclot  moins  de  quinze  jours  après 
sa  transformation, 


394 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


Elle  vit  sur  les  Delphinium  Ajacis,  L.  et  Staphysagria,  L.,  répan- 
dus dans  la  campagne  de  Montpellier.  On  la  rencontre  également  sur 
le  Delphinium  des  jardins,  où  sa  manière  de  vivre  est  assez  celle  de  la 
Chariclea  Delphinii,  c’est-à-dire  que  se  tenant  au  sommet  des  tiges, 
elle  ronge  les  fleurs,  les  graines  et  les  capsules  encore  vertes.  Par- 
venue à toute  sa  taille,  elle  ne  demeure  pas  sans  cesse  sur  la  plante  ; 
elle  en  descend  et  se  cache  sous  une  légère  couche  de  terre,  puis  re- 
monte sur  la  tige  dès  qu'arrive  la  nuit. 

Le  quart  environ  des  individus  qui  se  sont  chrysalidés  à la  fin  de 
juin,  éclot  quatre  ou  cinq  semaines  après  la  métamorphose.  Les  sujets 
provenant  de  ces  éclosions  précoces,  doivent  avoir  une  seconde  géné- 
ration. C’est  cequenousa  fait  connaître  le  naturaliste  Dahl  qui  le  pre- 
mier a observé  la  chenille  de  la  Cappa  ; il  l’a  trouvée  deux  fois  dans 
la  même  année,  en  juin  et  en  août  (1). 

L'insecte,  pour  se  chrysalider,  cherche  sous  les  débris  de  végétaux 
un  lieu  convenable,  et  se  fabrique  à la  surface  de  la  terre  une  coque 
molle. 

La  chrysalide  est  allongée,  rougeâtre , luisante,  sans  aspérités  et 
terminée  par  une  pointe  unique,  finement  recourbée  à l’extrémité 
et  précédée  d’un  petit  bourrelet  brun.  Cette  chrysalide  est  en  outre 
recouverte,  aux  incisions  et  sur  l’enveloppe  des  ailes,  d’une  trés-légère 
efflorescence  bleuâtre. 

Le  papillon  éclot  ordinairement  dans  le  courant  de  mars  ou 
d’avril. 

INSECTE  PARFAIT. 

Les  ailes  supérieures  sont  entières,  veloutées  et  à fond  blanchâtre  ; 
elles  sont  traversées  par  plusieurs  lignes  festonnées,  noires  ou  brunes. 
Elles  ont  l’espace  médian  d'un  gris  foncé  et  presque  noir  chez  cer- 


ti)  Dup.  VI,  p.  408. 


Jl.lEltièrc  dd.elyt 


Debiayssc. 


I,  i à.  4'  Nan&ophila  Watelkana,,  Led. 
II.  B a 7,  Spilosoma  Zatima  Cram 


Inw.  Itiniûle  5 r.Hwnort , 


M"}'  Mÿneawn  al. 


Nemeophila  Metelkana.  395 

tains  sujets.  Les  deux  taches  ordinaires  sont  toujours  blanches  et  fi- 
nement bordées  de  noir.  La  tache  claviforme  ne  se  voit  jamais.  Les 
bandes  coudée  et  basilaire  sont  larges  et  blanches.  La  frange  est 
blanche.  Les  antennes  sont  pubescentes.  Le  thorax  est  robuste,  velu  , 
et  participe  de  la  couleur  des  ailes.  L’abdomen  est  d'un  gris  brun  et 
chargé  d’écailles;  il  est  légèrement  crêté  sur  les  premièrs  anneaux. 

Bien  que  la  chenille  ne  soit  pas  rare,  l’insecte  parfait  ne  se  montre 
presque  jamais. 

Depuis  longtemps  on  élève  à Marseille  cette  espèce  qui  ne  parait 
pas  plus  rare  qu’à  Montpellier. 

J’ai  pu  m’assurer  il  y a quelques  mois  que  VHecatera  Cappa  appar- 
tient à la  faune  des  environs  de  Perpignan  (Pyr.-Or.).  Elle  n'a  ja- 
mais été  trouvée  dans  le  Lyonnais  ni  dans  les  départements  voisins , 
que  je  sache  toutefois. 


tfemeopBiilm  ? Metelitama. 


Led.  Wien.-Mts.  1861,  p.  162,  III,  fig.  12.  — Stgr.  Cat.  63  a. 

(PI.  49,  fig.  1 à 4). 

Cette  charmante  espèce  qui  est  encore  une  des  plus  grandes  ra- 
retés, a été  découverte  il  y a à peine  trois  ans.  La  femelle  seule  était 
connue  et  a été  figurée  dans  le  Wiener  entomologische  Monatschrift. 
Je  suis  heureux  de  faire  connaître  le  mâle  de  cette  intéressante  Ecaille 
ainsi  que  plusieurs  de  ses  variétés. 

M.  Lederer  a cru  devoir  faire  entrer  la  Metelkana  dans  le  genre 
Nemeophila,  Steph.  ; je  la  suppose  plutôt  une  Spilosoma , Steph.  (Arc- 
tia,  Bdv.),  et  crois  que  sa  véritable  place  devrait  être  dans  le  voisi- 
nage de  VUrticae,  Esp.  et  de  la  Menthastri,  Hb. 


396 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


Envergure  : 0,036  à 0,038  m. 

Sa  taille  est  un  peu  moindre  que  celle  des  Spilosoma  Urticae  et 
Menthastri ; elle  serait  assez  de  la  grandeur  delà  Spectabilis , Tausch. 
{Inter  cisa). 

Les  ailes  supérieures  sont  médiocrement  longues,  presque  rectan- 
gulaires, coupées  carrément  à l’extrémité  et  d’un  jaune  de  Naples 
vif.  À la  hauteur  des  lignes  transverses  ordinaires,  on  distingue  trois 
séries  de  points  noirs  fins  qui  remplacent  ces  lignes  absentes  et  qui 
sont  ainsi  disposées  : trois  points  placés  à des  distances  irrégulières , 
représentent  la  première  ligne  ; cinq  points  représentent  la  seconde 
ligne  et  six  points  la  troisième.  Ces  six  derniers,  disposés  par  deux, 
sont  plus  petits  que  les  précédents.  On  voit,  en  outre , au  milieu  de 
l’aile , un  trait  ferrugineux , assez  large,  placé  à la  hauteur  de  la 
quatrième  nervure  et  au  sommet  duquel  se  trouve  noyé  un  point 
noir  elliptique.  La  côte  est  ferrugineuse.  La  frange  est  étroite  et  d’un 
rose  pâle.  Les  ailes  inférieures  sont  larges,  arrondies  et  d’un  rouge 
cerise  pâle  avec  quatre  points  noirs  dont  les  deux  supérieurs  très-pe- 
tits. II  existe  en  outre  un  point  noir  cellulaire  plus  gros  que  ceux 
dont  il  a été  question.  Les  ailes  en  dessous  sont  différentes  du  des- 
sus : elles  sont  d’un  rose  obscur  plus  accusé  aux  supérieures  qu’aux 
inférieures.  On  voit  une  éclaircie  jaune  à la  base  ainsi  qu'au  bord 
antérieur  de  la  première  aile,  laquelle  est  marquée  de  cinq  taches 
noires  ; les  deux  premières  sont  placées  sur  la  seconde  nervure,  l’une 
au  tiers  et  l’autre  aux  deux  tiers  environ  de  la  base  de  l’aile.  Les 
trois  dernières  taches,  subterminales,  sont  moins  grosses  et  plus  pâles 
que  les  précédentes.  Les  secondes  ailes  présentent  trois  taches  noi- 
res qui  sont  la  répétition  exacte  du  dessus , bien  que  plus  pâles.  Les 
antennes , médiocrement  longues,  sont  pectinées,  ferrugineuses  et 
jaunes  à l’extrémité.  Les  palpes,  bien  développées,  sont  d’un  pour- 
pre obscur.  Les  yeux  sont  gros  et  fuligineux.  Le  thorax  est  robuste, 
fauve  et  assez  peu  fourni  d’écailles.  Le  corps,  long  et  dépas- 
sant les  ailes , est  d’un  jaune  ochreux  ; il  est  de  plus  orné  de  trois 


Nemeophila  Metelkana.  397 

séries  de  taches  noires  ; celles  des  flancs  sont  à peine  visibles.  La 
poitrine  et  le  ventre  sont  d’un  pourpre  obscur.  Les  pattes  sont  noires. 

La  femelle,  qui  est  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  est  aussi  d’un 
ton  plus  chaud , c’est-à-dire  que  le  fond  des  supérieures  est  plus 
ochreux  et  le  rouge  des  inférieures  plus  vif.  La  costale  ainsi  que  les 
autres  nervures,  la  frange  et  la  tache  longitudinale  du  milieu  de 
l'aile,  sont  d'un  ochreux  foncé  tirant  sur  la  couleur  rouille.  Les 
taches  noires  des  inférieures  sont  plus  larges  et  au  nombre  de  six  : 
quatre  précédent  la  frange  et  les  deux  autres  sont  placées  entre  la 
cellulaire  et  la  base  de  l’aile.  Le  dessous,  également  très-chaud,  est 
marqué  de  quatre  taches  noires  aux  supérieures  et  de  cinq  aux  in- 
férieures. Les  antennes  sont  filiformes  et  ferrugineuses.  L’abdomen 
est  cylindrique,  d’un  ochreux  foncé  et  dépassant  les  inférieures;  il  est 
marqué  de  trois  séries  de  taches  noires  toutes  bien  visibles. 

Le  mâle  et  la  femelle  de  la  Nerne.  Metelkana  font  partie  de  mon 
cabinet. 

Cette  jolie  espèce  semble  varier  beaucoup.  J’ai  sous  les  yeux  qua- 
tre aberrations  <f  et  2 qui  sont  de  la  même  provenance  que  les 
types.  Tous  ont  été  obtenus  ex  larva  ; j’en  juge  du  moins  par  leur 
extrême  fraîcheur.  La  première  de  ces  aberrations , 


Var.  à. 


(PI.  49,  fig.  6.) 

est  un  mâle  ; il  diffère  du  type  par  la  grosseur  et  le  nombre  des  ta- 
ches noires  aux  ailes  supérieures.  On  voit  en  outre  des  trois  lignes 
de  points  noirs,  une  quatrième  série  de  ces  mômes  points  placée  entre 
la  seconde  et  la  troisième.  Le  rouge  cerise  des  inférieures  paraît  plus 
obscur  et  les  taches  moins  accusées. 


398 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


Var.  B. 

(PI.  49,  fig.  7.) 

Celle-ci  qui  est  une  femelle  et  qui  est  plus  grande  que  le  type  de 
près  d’un  quart,  a le  fond  des  supérieures  jaune,  mais  le  bord  et  les 
nervures  sont  largement  souillées  de  brun  ochreux.  Les  antennes  et 
le  thorax  sont  de  cette  dernière  couleur.  Le  rouge  des  ailes  est  cru  et 
les  taches  noires  sont  relativement  larges  : celles  du  milieu  de  l’aile 
se  réunissent  et  forment , d’une  manière  vague , un  V à moitié 
couché. 

Ces  deux  aberrations  appartiennent  à M.  Staudinger,  ainsi  que 
deux  autres  moins  importantes  et  qui  font  passage  du  type  aux  deux 
variétés  que  je  viens  de  décrire. 

La  Nemeophila?  Metelkam  n’a  été  trouvée  jusqu’à  ce  jour  que  dans 
une  localité  des  Steppes  de  la  Hongrie  méridionale.  Cest,  je  l’ai 
dit,  une  grande  rareté  ; espérons  cependant  qu’elle  se  répandra  bien- 
tôt dans  les  collections,  puisqu’on  l’obtient  de  chenille.  Il  ne  m’a  rien 
été  dit  encore  de  cette  dernière  ; mais  je  crois  qu’on  ne  peut  tarder  à 
connaître  ses  mœurs  et  à la  voir  figurer  dans  quelque  publication 
scientifique. 


Spilosoma  (1)  Za tiras». 


Cram.  p.  182,  pi.  381  , fig.  F. 

(PI.  49,  fig.  5 et  7). 

Voici  un  charmant  Lépidoptère  qui  est  presque  une  nouveauté  ; il 
en  est  une  au  moins  pour  notre  forme  européenne. 


(1)  Créé  par  Stéphens  {Arctia,  Bdv.). 


Spilosoma  Zatima.  399 

Cet  insecte  vient  de  m’être  adressé  par  les  soins  de  M.  le  docteur 
Staudinger,  et  ce  qu’il  m’écrit  à cet  égard  est  d’un  intérêt  réel. 

Un  jeune  Anglais,  M.  Gaedke,  lépidoptériste  distingué,  habite  , 
comme  attaché  au  gouverneur,  l'îled’Héliogoland,  possession  anglaise, 
située  dans  la  mer  du  Nord. 

Pendant  le  mois  de  juin  dernier,  M.  Gaedke  prit  pendant  le  jour 
environ  douze  Zatima , car  l’espèce  vole  au  grand  soleil  à la  manière 
des  Heliothis  Dipsacea  et  Peltigera.  Ne  connaissant  pas  ce  précieux 
Lépidoptère,  son  heureux  possesseur  le  crut  nouveau  jusqu’à  l’arrivée 
dans  l’île  du  docteur  Oscar  Stuve,  qui,  après  l’avoir  soumis  à son  ami, 
M.  Staudinger,  sut  que  ce  Papillon,  figuré  grossièrement,  mais  recon- 
naissable il  est  vrai  parmi  les  Lépidoptères  exotiques  de  Cramer , 
avait  été  primitivement  trouvé  à Surinam  (Amérique  méridionale). 

Est-il  bien  certain  que  la  Zatima  dont  Cramer  n’a  publié  qu’une 
seule  figure  et  dont  peut-être  il  n’avait  vu  qu’un  seul  individu  (I)  ait 
été  effectivement  rencontrée  à Surinam  ? 

Ne  pourrait-on  supposer  plutôt  que  cet  inonographe  , se  trompant 
sur  la  patrie  réelle  de  ce  Lépidoptère,  l’ait  cru  de  l’Amérique,  alors 
qu’il  provenait  de  l’une  des  nombreuses  petites  îles  voisines  de  1a. 
Hollande,  et  dont  Heligoland  est  la  dernière? 

Je  ne  connais  pas  la  Spilosoma  Valkeri,  Curt.  mais  il  n’est  pas 
supposable  que  la  Zatima  puisse  être  cette  aberration  de  la  Menthastri, 
pas  plus  qu’elle  ne  doit  être  une  variété  de  la  Lubricipeda  ; c’est 
aussi  l’avis  de  M.  Staudinger,  dont  l’appréciation  est  sûre,  nous  le 
savons  tous. 

Les  caractères  constants  et  les  habitudes  de  cette  Spi.  Zatima , doi- 
vent bien  certainement  la  distinguer  de  ses  deux  congénères  la  Men- 
thastri et  la  Lubricipeda  qui  se  trouvent  également,  à ce  qu’il  paraît, 
dans  l’île  d’Héligoland. 


(1)  Il  paraîtrait  cependant  que  Cramer  aurait  vu  une  seconde  Zatima,  si  on 
interprète  dans  ce  sens  la  fin  de  son  article  consacré  à cette  espèce.  « Au  cabinet,  » 
dit-il,  « de  son  Excellence  M.  le  baron  Reugers,  se  trouve  une  Phalène  qui  a été 
* prise  dans  la  baronie  de  Bréda,  et  qui  ressemble  beaucoup  à celle-ci.  » 


400 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


La  chenille  qu’on  ne  peut  tarder  à découvrir,  viendra  confirmer 
notre  opinion,  la  chose  ne  me  semble  pas  douteuse. 

Envergure  : 0,028  à 0,030  m. 

Avec  un  faux  air  de  la  Russula  a*,  elle  est  de  la  taille  de  la  Lubri- 
cipeda  dont  elle  a à peu  près  la  coupe  d’ailes,  mais  dont  elle  ira 
nullement  la  ponctuation,  pas  plus  que  celle  de  la  Menthastri.  Le 
fond  est  d'un  jaune  de  Naples  mat  très-chaud,  tirant  un  peu  sur 
l’ochreux  clair.  Les  ailes  n'ord  que  deux  couleurs  ; celle  du  fond  et  le 
noir  des  lignes.  Une  large  bande  noire  occupe  le  dernier  tiers  de 
l'aile  supérieure.  Cette  bande  s’étend  à la  cote  qu’elle  recouvre 
et  jusqu’à  la  base  de  l'aile  qu’elle  ne  touche  pas.  Le  bord  interne  est 
aussi  très-largement  envahi  par  le  noir.  Les  nervures  et  les  franges 
sont  de  la  couleur  du  fond.  Ces  dernières  ne  sont  nullement  salies. 
Les  inférieures,  où  le  noir  est  moins  intense  qu’aux  supérieures, 
seraient  néanmoins  recouvertes  en  presque  totalité  par  cette  couleur, 
si  ce  n’était  la  base  des  nervures  très-nettes  et  les  franges.  En  dessous, 
les  ailes  sont  plus  enfumées  qu’en  dessus  : le  fond  est  fuligineux 
et,  sur  chacune  des  quatre  ailes,  on  voit  une  petite  tache  ronde,  placée 
aux  deux  tiers  de  leur  étendue  , et  une  autre  tache  à j eu  près  carrée 
à la  base.  Les  nervures,  bien  que  toutes  visibles,  le  sont  moins 
qu'en  dessus.  Les  antennes,  médiocrement  lovgucs,  sont  pccti- 
nées  et  noires.  Les  palpes  et  les  yeux  sont  noirs.  La  tête  est  gar- 
nie d’écailles  très  - blanches.  Le  thorax,  robuste  et  bien  fourni, 
est  concolore  ainsi  que  les  ptôrygodes  ; celles-ci  sont  recouvertes  au 
sommet  ainsi  qre  le  collier,  de  quelques  poils  fuligineux  qui  tranchent 
sur  le  fond.  L’abdomen  qui  est  garni  de  poils  courts,  est  d’un  jaune 
rougeâtre  ; il  est  taché,  en  outre,  de  cinq  ou  six  gros  points,  dont 
un  placé  sur  chaque  anneau.  Des  points  également  noirs,  occupent  à 
gauche  et  à droite  les  flancs  de  l’insecte.  Les  pattes  sont  noires. 
La  poitrine,  bien  fournie  de  poils,  est  de  la  couleur  du  dos. 

La  femelle,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  a peut-être  les  ailes 
moins  arrondies.  Elle  est  généralement  plus  pâle  que  lui  ; c’est-à-dire 


Scopana  AmisseUa.  40i 

que  le  fond  est  d’un  jaune  de  Naples  clair  et  que  le  noir  des  supé- 
rieures , est  moins  accusé  que  chez  le  mâle.  Les  ailes  sont  entière- 
ment recouvertes  par  le  noir  qui  toutefois  est  moins  profond  que 
chez  l’autre  sexe.  Les  antennes  sont  noires  et  presque  filiformes. 
Le  thorax,  tout  aussi  fourni  que  celui  du  mâle,  n’est  pas  taché. 
Le  jaune  rougeâtre  de  l’abdomen  est  ici  plus  pâle,  mais  les 
taches  noires  sont  plus  prononcées  et  plus  étendues.  Le  dessous  de; 
quatre  ailes  est,  à très -peu  de  chose  près,  semblable  à celui  du 
mâle. 

Le  mâle  et  la  femelle  typiques  de  la  Zatima , font  partie  du  cabinet 
de  M.  Gaedke  et  de  celui  de  M.  le  docteur  Stauve. 

Cette  espèce  présente  une  intéressante  variété  femelle  : je  la 
désignerai. 

Var.  A. 

( PI.  49,  fig.  7.  ) 

Ce  sujet  qui  a le  fond  presque  blanc  , laisse  bien  voir  les  mêmes 
taches  noires,  mais  celles-ci  sont  moins  étendues  et  plutôt  grises  que 
fuligineuses.  La  base  des  inférieures  est  blanchâtre  et  les  nervures 
paraissent  moins  s’enlever  en  clair  que  chez  le  type.  Le  dessous,  qui 
est  d'un  gris  foncé,  rappelle  celui  de  la  femelle  ordinaire. 

Cette  variété  appartient  à M.  Staudinger. 


Seopraria.  (1)  AsaBisselIa,  Lah, 

Supplément  à la  faune  Suis  e (Cambrides). 

(PI.  Sa,  fig.  1 . 

Envergure  : 0.018  m. 

Cette  nouvelle  espèce  est  de  la  taille  de  la  Crataegella,  Hb.  (Cra- 


(1)  Genre  créé  par  Haworth  ( Eudorea , D ip. , Lah  ). 


402  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

tœgalis,  Gn.),  et  se  rapproche  de  la  Vandaliella,  Zell.  (H. -S.  f.  157), 
pour  la  disposition  des  taches.  Elle  se  distingue  de  cette  dernière  par 
son  dessin  net  et  grossier  qui  est  d’un  brun  roussâtre. 

Les  ailes  supérieures,  à fond  blanc,  ont  les  lignes  transverses  nette- 
ment indiquées,  ainsi  que  les  deux  points  de  l’extrabasilaire.  Un  troi- 
sième point,  le  cellulaire,  noirâtre,  presque  carré,  est  aussi  bien  ac- 
cusé. L’espace  subterminal  est  occupé  en  presque  totalité  par  trois 
autres  taches  grandes  et  de  formes  diverses.  Enfin  , de  gros  points 
nervuraux,  précèdent  la  frange.  Les  inférieures  sont  d’un  gris  jau- 
nâtre et  marquées  d’une  fine  ligne  claire  précédant  la  frange.  Celle- 
ci  est,  aux  antérieures  , entrecoupée  de  brun  , et  simple  aux  posté- 
rieures. 

En  dessous,  les  premières  ailes  sont  grises,  lavées  de  roussâtre  sur 
les  bords  et  luisantes.  Les  inférieures , ont  une  ligne  transversale  in- 
décise, et  la  tache  cellulaire  visiblement  écrite.  La  tête  et  le  corps  par- 
ticipent de  la  couleur  des  ailes  supérieures.  Les  palpes  sont  droits  et 
relativement  très-longs. 

La  femelle  n’est  pas  connue. 

Cette  Scoparia,  parfaitement  caractérisée , vient  d’être  publiée  par 
M.  de  la  Harpe,  d’après  un  individu  unique  que  je  lui  ai  offert  et 
que  j’ai  pris  au  commencement  de  juin  1860,  dans  les  sapins  du 
Mont-Pilat.  Elle  n’avait  point  encore  été  figurée. 

La  S.  Amissella,  qui  fait  partie  du  muséum  de  Lausanne,  devra 
dans  le  Species  Guénée,  porter  le  n°  562  ter  et  suivre  la  Vandaliella , 
Zell.,  non  encore  comprise  dans  cet  ouvrage. 


Année  IS v!l  PL  5o. 


Annales  de  la  Société  linneennc  de  Lyon 


10™  Liai- . 


1.  î.  Sco paria  AnusselLa,  LA 
TI.  2.  , îcoparuL  ImpàreUa,  Lah 
ni,  3 à 7,  Dasi/dla.  Operària.  ' Jf  (Var.  Scaleuaria.,MillJ 


lmp.  Boituit  5.  r.  Iduvi 


v col. 


Scoparia  Imparella. 


403 


Scoparia  (1)  Imparella,  Laii. 

Supplément  à la  faune  Suisse  (Crambides). 

(PL  50,  fig.  2.) 

Envergure  ; 0,026  m. 

De  la  taille  de  la  Parella , Herr.-Sch.  100-101  : elle  en  diffère  par  le 
sommet  des  ailes  antérieures  plus  allongé  et  le  bord  externe  plus 
oblique.  Sa  couleur  la  rapprocherait  assez  de  la  Y.  Octonella,  Z. 
Herr.-Sch.,  119-120;  cependant  chez  Imparella  la  teinte  générale 
est  plus  plombée,  moins  jaunâtre. 

Cette  Scoparia  s'éloigne  de  ses  congénères  par  l’absence  de  dessins 
déterminés,  par  l’espace  médiane  plus  foncé,  plus  nébuleux , et  par 
le  fond  qui  n’a  nulle  trace  de  jaunâtre.  On  voit  un  sinus  à la  dernière 
ligne  transverse,  ainsi  qu’une  tache  faiblement  pupillée  tout  près  de 
la  coudée.  Les  deux  points  placés  après  la  basilaire,  qui  sont  pro- 
pres à toutes  les  espèces  du  genre,  ne  se  distinguent  qu’à  la  loupe. 
Les  inférienres,  grandes,  larges,  d’un  gris  plombé,  luisantes,  n’ont 
pas  de  ligne  transverse. 

En  dessous,  les  supérieures,  sont  unies,  d’un  gris  perlé  ; les  in- 
férieures sont  semblables  au  dessus.  L’abdomen,  long,  grêle,  annelé 
de  blanc,  se  termine  par  un  bouquet  de  poils  roussâtres.  Les  pattes 
sont  grises  et  entrecoupées  de  blanchâtre. 

J’ai  peint  cette  nouvelle  Scoparia,  dont  le  dessin  paraît  effacé  au 
premier  abord,  d’après  un  sujet  d’une  grande  fraîcheur.  Elle  n’avait 
point  encore  été  figurée. 

M.  de  la  Harpe  m’informe  qu’il  a reçu  cinq  exemplaires  de  la  Scop. 
Imparella  de  la  Haute-Engadine 


(2)  Eudorea,  Lah 


404 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INEDITS. 


Dasydia  (1)  Operaria?  Hb 

(Var.  Scalettaria , Mill an  Speciesl) 

(Planche  50.  fig.  3 à 7). 

Cette  Phalénite,  que  je  viens  d’observer  avec  soin  et  dont  je  vais 
tracer  l’histoire  complète,  ne  me  semble  pas  VOperaria  des  au- 
teurs, par  la  raison  que  certaines  lignes,  la  coloration  générale  et  sur- 
tout la  coupe  des  ailes,  sont  toujours  différentes  de  celles  de  la  véri- 
table Operaria  dont  la  présence  en  Suisse  n’est  pas  authentiquement 
prouvée  (Lah.,  faune  suisse,  p.  64).  Bien  que  je  sois  à peu  près 
certain  que  la  Dasydia  que  je  viens  d’étudier  n’est  pas  VOperaria 
typique  (Hb.,  fig.  350.  — Herr.-Sch. , p.  73),  je  ne  veux  cependant 
pas  décrire  comme  inédite  celle  dont  il  est  question , et,  en  attendant 
qu’elle  soit  reconnue  définitivement  nouvelle,  j’appellerai  cette  race 
constante  Var.  Scalettaria.  C’est  sur  la  Scaletta,  montagne  des  Gri- 
sons (Suisse)  élevée  de  près  de  2,200  mètres,  qu’ont  été  trouvées  les 
chenilles  de  cette  Dasydia , et  c’est  de  là  que  M.  Rodolphe  Zeller, 
de  Zurich,  a bien  voulu  m’en  faire  parvenir  un  certain  nombre  de  su- 
jets à divers  âges.  J’ai  obtenu,  en  outre  de  cette  entomologiste  zélé , 
certains  détails  intéressants  sur  les  mœurs  de  cette  Géomètre. 

J Ajouterai  qu’on  ne  sait  rien  encore  de  la  chenille  de  VOperaria 
proprement  dite. 

CHENILLE. 

Bans  le  jeune  âge  elle  e.>t  presque  noire,  mais  quand  elle  est  deve- 


(1)  Genre  créé  par  M.  Guenée,  et  dont  la  formation  était  bien  nécessaire,  puis- 
qu’il a eu  pour  but  d’isoler  sept  ou  huit  espèces  si  remarquablement  différentes 
par  les  femelles  (* *)  des  Gnophos  proprement  dites,  précédemment  leurs  congénères. 

(•)  Sauf  1 ’Obfuscala. 


Dasydia  Operaria.  40b 

nue  adulte,  sa  couleur  n’est  pas  décidée;  le  fond  est  le  vert  glauque 
ou  le  vert  foncé  plus  ou  moins  obscur , parsemé  de  nombreuses  pe- 
tites taches  grisâtres , et  d’autres  carnées.  En  sorte  que  l’insecte 
rappelle  un  peu  certaines  chenilfes  vivant  de  Lichen  et  se  cachant 
parmi  les  plantes  cryptogames. 

Elle  est  presque  cylindrique,  faiblement  carénée  sur  les  flancs,  un 
peu  atténuée  aux  extrémités,  plissée  transversalement,  rugueuse,  et  ce- 
pendant sans  caroncules;  ce  qui  l’éloigne  des  chenilles  de  Gnophos  qui, 
toutes,  présentent  une  ou  plusieurs  de  ces  proéminences  charnues.  La 
tête  est  petite,  globuleuse,  et  concolore.  Les  lignes  ordinaires  sont 
mal  indiquées  ; toutefois  avec  un  peu  d’attention  on  réussit  à les 
distinguer.  La  vasculaire  est  étroite,  brune  et  interrompue  sur  cha- 
que segment,  à partir  du  troisième  au  pénultième,  par  quatre 
gros  points  : les  deux  premiers  sont  blanchâtres  et  les  autres  d’un 
carné  plus  ou  moins  obscur.  La  sous-dorsale  est  large  et  brunâtre, 
mais  cependant  fort  indécise.  La  stigmatale,  également  large,  est 
ondulée  et  se  détache  en  clair  sur  le  fond.  Le  clapet  anal , assez 
prononcé,  est  d’un  rougeâtre  obscur.  Le  ventre  est  sans  ligne  et 
d’un  gris  olivâtre.  Les  pattes  antérieures  sont  uniformément  brunes, 
les  quatre  autres  sont  concolores  avec  la  couronne  blanchâtre.  Les 
stigmates  sont  gros,  noirs  et  entourés  d’un  cercle  carné.  Les  points 
trapézoidaux  sont  très-petits  ; de  leur  centre  s’échappe  un  poil 
noir  et  court. 

Cette  chenille,  assez  vive,  n’a  pas  la  lenteur  de  celles  qui  ha- 
bitent à de  grandes  hauteurs.  M.  Zeller  me  mande  qu’il  l’a 
trouve  chaque  année,  sous  les  pierres  d’où  elle  ne  sort  que  la 
nuit  pour  manger.  Je  n’ai  pu  obtenir  de  détails  précis  sur  la  nour- 
riture que  ces  insectes  prennent  en  liberté.  Je  les  crois  poly- 
phages : chez  moi  ils  ont  touché  à plusieurs  espèces  de  plantes, 
telles  que  Rumex,  Plantago  et  Campanula;  ce  sont  ces  dernières, 
les  Campanula  linifolia,  Lam.,  et  rotundifolia?  L.,  enlevées  à des  ro- 
chers montagneux , qu’elles  ont  préférées  et  qui  m'ont  seryj  à les 
amener  à toute  leur  taille. 


CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 


406 

Un  Hyménoptère  attaque  fréquemment  cette  chenille  comme  je 
l’ai  su  par  M.  Zeller;  malheureusement  je  mai  pu  obtenir  un  seul 
de  ces  Iclmeumons  ; je  l’eusse  figuré  à côté  de  l’insecte  qui  devient 
si  souvent  sa  victime. 

La  croissance  rapide  de  la  chenille  de  cette  Dasydia  et  le  passage 
si  prompt  de  son  état  de  nymphe  à celui  d’insecte  parfait  chez  les 
individus  qui  volent  en  juillet,  permet  de  supposer  qu’elle  a deux 
générations,  lesquelles  doivent  avoir  lieu  avant  le  milieu  de  sep- 
tembre, car,  à partir  du  quinze  ou  vingt  de  ce  mois,  la  neige  recou  - 
vre  la  terre  jusqu’en  juin  de  l’année  suivante. 

Cet  insecte  est  un  de  ceux  qui  se  rencontrent  à la  fois  sous  les 
divers  étals,  de  chenille,  de  chrysalide  et  de  papillon. 

Il  paraîtrait  que  toutes  les  chrysalides  n’éclosent  pas  dans  le  cours 
de  l’année  qui  a vu  naître  leurs  chenilles  ; c’est  ce  qui  explique 
que  celles  de  ces  chenilles  qui  doivent  donner  leur  insecte  parfait  peu 
après  la  formation  de  la  nymphe,  au  lieu  de  descendre  dans  la  mousse 
ou  de  se  fourrer  parmi  les  débris  de  végétaux,  se  métamorphosent 
dans  un  léger  tissu  fabriqué  au  haut  de  la  cage  qui  les  renferme. 

Les  larves  qui , dans  la  nature,  passent  l’hiver,  ne  tardent  pas  à 
être  surprises  par  le  froid  et  demeurent  engourdies  pendant  toute  la 
mauvaise  saison  (1). 

La  chrysalide  est  allongée,  d’un  brun  rougeâtre,  luisante  et  sans 
aspérités;  elle  présente  néanmoins  des  saillies  obtuses  au  sommet.  La 
pointe  abdominale  est  double,  assez  longue  et  noire.  Cette  nymphe 
présente  deux  couleurs  : l’enveloppe  des  ailes  et  la  poitrine  sont  bru- 
nes, et  la  partie  abdominale  d’un  jaune  rougeâtre.  Elle  est  comme 
transparente  et  s’agite  vivement  au  moindre  bruit.  L’éclosion  qui  ar- 
rive au  commencement  de  septembre,  a toujours  lieu  dans  la  ma- 
tinée. Celles  qui  me  sont  écloses  en  automne  n’étaient  demeurées  que 
seize  à dix-huit  jours  en  chrysalide. 


(1)  Renseignements  fournis  par  M.  R.  Zeller. 


Dasydia  Operaria. 


407 


INSECTE  PARFAIT. 


Envergure  : le  a*  0mJ,038  à 0^840. 

la  ? 0m,018  à 0m,019. 

Les  ailes  sont  larges,  entières,  coupées  carrément,  soyeuses,  lui- 
santes, d’un  gris  verdâtre  et  marquées  de  plaques  jaunâtres  aux  supé- 
rieures; celles-ci  ont  la  costale  un  peu  concave  et  l’apex  prolongé  et 
obtus.  Cette  coupe  d’ailes  et  cette  coloration  séparent  évidemment  cette 
Dasydia  de  Y Operaria  proprement  dite.  Elle  en  diffère  encore  par  l’ab- 
sence des  points  terminaux  aux  quatre  ailes,  par  les  lignes  basilaire  et 
coudée  à peine  écrites  et  jamais  dentelées,  par  deux  taches  noires  à 
la  côte,  indiquant  la  naissance  des  lignes  transversales  toujours  ab- 
sentes chez  Y Operaria.  Les  antennes  sont  garnies  de  lames  régulières  ; 
le  thorax  est  velu,  l’abdomen,  grêle  et  concolore. 

Il  paraît  que  cette  Phalénite  est  très-sauvage  et  fort  difficile  a 
saisir. 

La  femelle,  remarquable  à plus  d’un  titre  et  de  découverte  récente, 
est  presque  aptère;  elle  n’a  que  des  moignons  d’ailes,  ce  qui  la  fait  res- 
sembler à certaines  femelles  de  Boarmides  ou  mieux  à quelques  espèces 
femelles  du  genre  Diurnea.  Elle  a l’abdomen  relativement  développé 
avec  les  premières  ailes  très-aiguës  à l’apex.  Le  point  cellulaire  est 
gros,  noir  et  bien  visible.  Les  ailes  inférieures  sont  ellipsoïdes  et 
arrondies  au  sommet  avec  une  large  bordure  foncée.  Les  antennes 
sont  filiformes  et  presque  de  la  longueur  des  premières  ailes.  L’insecte 
serait  entièrement  d’un  gris  ardoisé  et  luisant,  n’était  la  tête  et  le 
thorax  qui  sont  bien  fournis  de  poils  blanchâtres. 

Je  soupçonne  que  tous  les  individus  que  j’ai  reçus  d’Allemagne  et 
qui,  pour  la  plupart,  sont  gris  de  plomb,  doivent  être  de  véritables 
Operaria,  Hb.,  tandis  que  ceux  que  nous  recevons  des  Alpes  suisses, 
dont  la  teinte  est  le  gris-plombé-verdâtre  lavé  de  taches  jaunâtres,  sont 
cette  variété  Scalettaria , Mihi. 

Je  viens  d’avoir  la  certitude  que  cette  variété  ou  espèce  séparée  n’est 


408  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

point  la  Gnophos  Spur caria,  Lah.,  à laquelle  on  aurait  pu  la  rapporter, 
à en  juger  par  la  figure  2 des  Phalénites  suisses , car  M.  de  la  Harpe 
m’écrit  : * Ma  Spur  caria  est  la  Caelebaria , H. -S.,  fig.  421  et  507. 
« Prise  par  Mann,  dans  le  haut  Tyrol.  » 


Timia  Margarita. 


QUELQUES  MOTS  SUR  LA  TIMIA  MARGARITA,  Hb. 


Pendant  longtemps  les  entomologistes  de  tous  les  pays  ont  été  assez 
peu  d’accord  sur  la  place  que  devait  occuper  dans  l’ordre  des  Lépidop- 
tères, la  Timia  Margarita.  Us  se  sont  enfin  entendus  et  ont  placé  ce 
charmant  insecte  parmi  les  Géomètres. 

En  outre  de  ce  que  j’en  ai  dit  (p.  267),  je  crois  devoir  faire  connaître 
certains  détails  qui  le  caractérisent. 

La  T.  Margarita  n’est  pas  une  Géomètre ii  pourrait  se  faire 

qu’elle  ne  fût  pas  davantage  une  Noctuelle;  et  voici  ce  qui  doit  militer  en 
faveur  de  mon  opinion  : 

M.  Dardoin,  de  Marseille,  lépidoptériste  sérieux  et  digne  de  foi, 
m’a  adressé  parla  poste,  le  25  mai  de  l’année  dernière,  une  ponte  de  la 
Margarita , obtenue  d’une  femelle  prise  au  vol  par  lui-mème.  Mal- 
heureusement les  jeunes  chenilles,  écloses  pendant  le  trajet,  m’arrivè- 
rent aux  trois  quarts  mortes  de  faim  ; pas  une  seule  n’a  survécu.  Cepen- 
dant j’ai  pu  reconnaître  leur  forme  au  moyen  d’une  très-forte  loupe,  et 
reproduire  l’insecte  au  trait.  Le  voici  rendu  par  la  gravure  sur  bois. 


410  CHENILLES  ET  LÉPIDOPTÈRES  INÉDITS. 

Ces  dessins,  bien  qu’imparfaits,  feront  suffisamment  connaître  ce 
qu’est  cet  insecte.  La  forme  de  l’œuf  a été  également  reproduite. 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir,  cette  petite  chenille  va  en  diminuant  du 
premier  au  dernier  anneau  ; elle  est  carénée  sur  les  côtés,  à anneaux 
distincts,  rase  et  d’un  jaunâtre  obscur.  Elle  a seize  pattes  : six  anté- 
rieures avec  le  dernier  article  corné,  huit  ventrales  qui  ont  la  couronne 
brune,  et  deux  anales  ; ces  dernières  sont  imparfaitement  indiquées  et 
sont  recouvertes  extérieurement  de  quelques  rares  poils  courts.  La  tête, 
relativement  forte,  ainsi  qu’on  le  remarque  chez  toutes  les  chenilles,  au 
sortir  de  l’œuf,  la  tète,  dis-je,  est  cordiforme,  un  peu  aplatie,  d’un  noir 
de  jais  et  luisante.  Cette  partie  de  l'insecte,  autant  que  j’ai  pu  en  juger 
sur  une  larve  si  petite,  me  porterait  à croire  qu’elle  appartient  plutôt 
aux  Pyralides  qu’aux  Noctuélides,  comme  on  l’a  pensé  pendant  long- 
temps. 

M.  Dardoin  croit  que  la  Margarita , qui  n’a  jamais  été  prise  que  dans 
le  voisinage  des  eaux,  pourrait  bien,  de  même  que  certaines  Hydro- 
campides  de  M.  Guenée,  vivre,  à l’état  de  chenille , dans  les  tiges  de 
roseaux,  tel  que  YArundo  donax,  par  exemple,  fort  abondant  dans  le 
midi  de  la  France. 

La  grande  prédisposition  de  l’insecte  parfait  a tourner  au  gras,  vien- 
drait encore  appuyer  cette  supposition. 

L’œuf  de  la  Margarita  est  ovale,  granuleux,  cannelé  dans  le  sens 
de  sa  longueur  et  jaunâtre  (1). 

EXPLICATION  DES  FIGURES  : 

Fig.  1 . OEufde  la  T.  Margarita  très-fortement  grossi. 

2.  Chenille  de  la  T.  Margarita,  peu  d’instants  après  sa  sortie 

de  l’œuf,  très-fortement  grossie- 

3.  La  même,  vue  de  profil. 


( 1 ) Parmi  les  œufs  que  j’ai  reçus,  il  s’en  est  trouvé  deux  qui  ne  sont  point 
éclos  : ils  étaient  probablement  inféconds. 


Timia  Margarita.  4H 

Enfin,  je  dirai  avant  de  terminer,  que  M.  Dardoin  a pris  de  nouveau 
et  s’est  procuré  par  ses  chasseurs,  en  automne  dernier,  plusieurs 
femelles  de  cette  Timia  toujours  rare , identiques  à celle  qui  m’a  servi 
à faire  connaître  la  Margarita  9 . (Liv.  VI,  pi.  3.) 


r 


412 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

De  la  10°  Livraison  (1864). 


PLANCHE  45. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


I. 


Fig.  î.  Crambîis  Scirpellus,  Lah. 

* IL 

Fig.  2.  Orenaia  Helveticalis , H. -S.  (Var.  Conspur colis , Lah.). 

III. 

Fig.  3.  Chenille  de  la  Trachonitis  Myricariella , Mill. 

4.  id.  id.  vue  de  dos. 

5.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait. 

7.  id.  vu  en  dessous. 

IV. 

Fig.  8.  Paclmobia  Carnea,  Th.  (Var.  A.) 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


VU 


PLANCHE  46. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


]. 

Fig.  i.  Chenille  de  la  Tortrix  Pronubana , Hb. 

2.  Chrysalide. 

3.  Insecte  parfait. 

II. 

Fig.  4.  Morinia  Bigoti,  Mill.  (Parasite  de  la  Pronubana). 
5.  Nymphe  de  la  Morinia  Bigoti. 

III. 

Fig.  6 . Chenille  de  YAcrolepia  Smilaxella , Mill. 

7.  ïd . Id.  vue  de  dos. 

8.  Cocon  fixé  sur  une  feuille  de  Smilax. 

9.  Chrysalide. 

10.  Insecte  parfait. 

11.  Le  même,  vu  en  dessous. 


414 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  47. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


I. 

Fig.  1.  Gnoplios  Gruneraria  cr*,  Stgr. 

2.  Id.  Gruneraria  9 . 

3.  Id,  Id. 


II. 

Fig.  4.  Chenille  de  YEriopm  Latreillii.  Dur. 
o.  Id.  Id.  vue  de  dos. 

0.  Nymphe. 

7.  Insecte  parfait. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHE  48. 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 


ï. 


Fig.  i.  Angerona  Prunaria , Hb.  (Aberr.  B.) 

II. 

Fig.  2.  Angerona  Prunaria , Hb.  (Aberr.  C.) 


III. 

Fig.  3.  Chenille  de  YHecatcra  Cappa , Hb. 

4.  Id.  Id.  jeune. 

5.  Chrysalide. 

(i.  Insecte  parfait. 


416 


EXPLICATION  DES  PLANCHES, 


PLANCHE  49.. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 


•Fig.  1.  Nemeophila?  Metelkana  cf.  Led. 

2.  id.  Metelkana  $ . 

3.  id.  id.  (Aberr.  a".  A.) 

4 id.  id.  (Aberr.  9 , B.) 

IL 

Fig.  5.  Spilosoma  Zatima  o\  Gram. 

6.  id.  Zatima  Ç-. 

7.  id.  id.  (Aberr.  A.) 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


417 


PLANCHE  50. 

EXPLICATION  DECS  FIGURES. 


ï. 

Fig.  i.  Scoparia  Amissella,  Lah. 


IL 

Fig.  2.  Scoparia  Imparella,  Lah. 

lïi. 

Fig.  3.  Chenille  de  la  Dasydia  0 per  aria , Hb.  (Var.  Scalettaria , Mill.) 

4.  id.  ûL  vue  de  dos. 

5.  Chrysalide. 

6.  Insecte  parfait  cr\ 

7.  id  Ç . 


' 


"...  ...  , . _ 


v ... 


TABLE  ALPHABETIQUE 


DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  VOLUME 


Les  noms  des  espèces  et  des  genres  sont  en  caractères  ordinaires , les  variétés  en 
italiques  et  précédées  d’un  V,  en  petite  capitale. 


A 


Pages. 

Ablutaria,  Bdv.  (Larentia) 77 

Æstimaria,  Hb.  (Macaria) 196 

Agatha,  Stgr.  (Metoponia) 321 

Àglaia  L.  (Argynnis)  Aberr.,  F 212 

V.  Albicans  cf*,  Bdv.  (Lycaena) 84 

Albiricella,  F.-V.-R.  (Phycis) 159 

Alpinata,  Hb.  (Psodos) 20 

Y.  Amanda , Bdv.  (Catocala) 272 

Amissella  , Lah.  (Scoparia) 401 

Argillaceago,  Hb.  (Polia) 297 

Asperaria,  Hb.  (Rhoptria) 239 

Australis,  Hb.  (Aporophyla) £02 


m 


Basochesiata  , Dup.  (Eubolia) 144 

Boetica,  L.  (Lycaena) 245 

Bohemanni,  Stgr.  (Anarta) 331 

Bruandaria,  Mill.  (Nudaria).  163 


420 


TABLE  DES  MATIÈRES 


£ 

Pages. 

Caerulescens,  Bdv.  (Polia) 338 

Caliginearia,  Ramb.  (Chemerina) 68 

Cappa,  Hb.  (Hecatera) 393 

Carnea,  Th.  (Pachnobia).  Aberr.,  A 380 

Ghalcites,  Esp.  (Plusia) 159 

Chenopodiphaga , Ramb.  (Mamestra) 127 

Cistella,  Mill.  (Phycis) 97 

Concordaria,  Hb.  (Fidonia) 23i 

V.  Conspurcalis , Lah.  (Orenaia) 374 

Constanti,  Mill.  (Agrotis) 165 

Coscinia,  Ocb.  (Emydia) 17 

Cupressata , Dup.  (Thera) 168 

il 

Dardoinaria,  Doiiz.  (Crocallis) . . ‘ 122 

Dardoinella.  Mill.  (Psyché  ?) 318 

Didymia.  Fab.  (Aberr.  A,  B et  G.  ) 130 

Discoidaria,  Bdv.  (Heliothea) 315 

Dorycniella,  Mill.  (Butalis) 225 

Dorycnii , Mill.  (Bombyx) 357 

Dumetata,  Tr.  (Gnophos) • 306 

w. 

Effusa,  Bdv.  (Amphipyra)  ...  t ...  186 

Emucidaria,  Hb.  (Scodiona) 101 

Etiella.  Tr.  (Phycis) 248 

w 

Fasciaria,  L.  (Ëllopia) 301 

Franconica,  Fab.  (Bombyx) 363 


TABLÜ  LîKS  MATIÈRES.  421 

Pages. 

Galathea  , L.  (Arge).  Aberr.  Turcica,  Bdv.  ...  ...  126 

Gondebautella  , Mill.  (Psyché) 286 

Genevensis,  Mill.  (Zygaena) 237 

Glareosa,  Esp.  (Noctua) ' . . 234 

Glaucinata,  Hb.  (Gnophos) 52 

Globulariata,  Mill.  (Eupithecia) 206 

Grossulariata,  Mouf.  (Abraxas),  Aberr.  A et  B 9 

Gruneraria,  Stgr.  (Gnopbos) 387 

Gueneata,  Mill.  (Eupithecia) 258 

I 

m 

Halyraella,  Mill.  (Gelechia) 

Helena,  Stgr.  (Lycaena) 327 

Heldreiclri,  Stgr.  (Colias) 335 

Helveticalis,  Herr.-Sch.  (Orenaia) 374 

Hippocastanaria,  Hb.  (Pacliycnemia).  86 

Hirta,  Hb.  (Heliophobus) 276 

Hirtae,  Mill.  (Cryptus  ?) 277 

Hispida,  Hb.  (Heliophobus).  199 

Hybris,  Steph.  (Chaonia) 27 

B 

Imparella.  Lah.  (Scoparia) 403 

Juniperana,  Mill.  (Coccyx)  5 

Si 

Krueperi,  Stgr.  (Pieris) 259 

28 


422 


TABLE  DES  MATIERES. 


Pages. 

Laetus,  Zell.  (Oxyptilus) 333 

Lapidea,Hb.  (Xylina) 170 

Latreillii,  God.  (Ghelonia) 345 

Latreillii,  Dup.  (Eriopus) 388 

Lavandulae,  Fab.  (Zygaena) il 6 

Lavaterana,  Mill.  (Paedisca) 290 

Lentiscaria,  Donz.  (Scodiona) 92 

Limoniana,  Mill.  (Sericoris) 132 

V.  Lugdunensis  , Mill.  (Zygaena) 85 

V.  Lasthenia , Mill.  (Cardamines) 171 

Lutearia,  Fab.  (Cleogene) 15 

M 

Malvata,  Ramb.  (Euholia) 242 

Malvinella,  Mill.  (Psyché) 30 

Massiliensis,  Mill.  (Nudaria?) 350 

Margarita,  Hb.  (Timia) 267  et  409 

Meridiana,  Stgr.  (Conchilis) 354 

Metelkana,  Led.  (Arctia  ?) 395 

Metelkana,  Led.  (Âberr.  A et  B.) 397 

V.  Miniosaria , Dup.  (Selidosema) 296 

Mucidaria,  Hb.  (Gnophos) 52 

Mulsantana,  Mill.  (Argyrolepia) . 156 

Myricariella,  Mill.  (Trachonitis) 376 

© 

Obfuscata , Tr.  (Dasydia) H 

Occitanaria  , Dup.  (Calamodes) 227 

Occlusa , Esp.  (Hadena) 270 

Olbiaella,  Mill.  (Alucita) 193 


TABLE  DES  MATIÈRES.  423 

Pages. 

Olbiadactylus,  Mill.  (Pteropliorus) 89 

Operaria,  "?  Hb.  (Dasydia) 404 

Optata,  God.  (Catocala) 270 

B3 

Pantaria,  L.  (Abraxas) 141 

Paradoxaria , Stgr.  (Sparta) 314 

Peltaria,  Dup.  (Tephrina) 329 

Peribolaria,  Hb.  (Eubolia) 322 

Permutaria,  Hb.  (Stegania) 03 

Perspersaria,  Dup.  (Selidosema) 293 

Plagiodactylus,  F. -Y. -R.  (Pterophorus) 209 

Plumistaria,  Bork.  (Fidonia) 110 

Polygonalis,  Hb.  (Mecyna) 119 

Pronubana,  Hb.(Tortrix) 382 

Prunaria,  L.  (Angerona)  (Aberr.  B et  G.) 391 

Puerpera,  Giorna  (Catocala) 261 

Pullata.  Tr.  (Gnophos) 52 

Punctata.  Fab.  (Nadia) 250 

V.  Pythonissa,  Mill.  (Limenitis) 82 

K 

Ramburii,  Clerk  (Anophia) 264 

Riguata,  Hb.  CamptogrammaJ 72 

Rhomboidaria  (Boarmia)  Ab.  E 180 

Russata,  Hb.  (Cidaria)  Ab.  E.  F.  et  G 96 

S 

Sacraria,  L.  (Sterrha) 177 

Y.  Sanguinaria,  Esp.  (Sterrha) 178 

Sarpedon,  Och.  (Zygaena)  Aberr.  A 176 

V.  Scalettaria , Mill.  (Dasydia) 404 


424 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Scirpellus,  Lah.  <£rambus) 373 

V.  Selecta , Bdv.  (Catocala) 272 

Semibrunnea,  Haw.  (Xylina) . 281 

V.  Semibrunnea,  Mill.  (Lycaena) 84 

Smilaxella,  Mill.  (Acrolepia) 385 

Solieri,  Bdv.  (Hadena) 213 

Suberifolia,  Dup.  (Lasiocampa) 373 

Y 

Taeniolaria,  Hb.  (Selidosema) 73 

Tritici,  L.  (Agrotis)  Ab.  E 367 

Tusciaria,  Scriba  (Crocallis) 23 

V.  Turcica.  Bdv.  (Arge) 126 

IT 

Ulicinella.  Stgr.  (Gelecbia) 323 

¥ 

Vincularia,  Hb.  (Tephrina) 149 

X. 

Xerampelina.  Hb.  (Cirrædia) 284 

S 

Zatima.  Cram.  (Spilosoma) 398 


Lyon.  — lmp.  Nigon,  r.:e  Ponlaillerie , 2. 


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