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COLLECTION
William Schaus
PRESENTED
TO THE
National Muséum
MCMV
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lÉûaKHE
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
U 15
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
PAU
P. MILLÏÈRE.
LIVRAISON
TOME X .
Extrait des? Armaks de la Société Linnéenne de Lyon
PARIS
F. S AV Y
IJIliWH’.E 1>K LA SO;Hi5Tl:: GÉOLOGIQUE UK KltANCK
RUE HAUTEFEU'LL E, 24
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INEDITS
PAH
P. MILLIERE.
NOUVELLE SIÎH1E, TOME V
( PREMIÈRE LIVRAISON )
TOME PREMIER
iflxtrait des Annales d.e la Société Linnéenne de Lyon
V
PARIS
F. S AV Y
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
RUE HAUTEFEUILLE, 24
HflU
1 85 G»
l
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
PAR
P. MILLIERS.
Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 9 août 18SS.
... — . — —
En 1856, lorsque je publiai dans les Annales de notre Société Lin-
néenne l’histoire de YAcidalia Asbestaria, accompagnée de dessins,
mon intention était de commencer une série de petites descriptions
iconographiques et historiques d’insectes, qui, pour diverses causes qu’il
est inutile de rapporter, fut interrompue dès le principe. Aujourd’hui,
désirant continuer ce travail, si la Société le juge convenable, je lui
soumettrai chaque année l’histoire d’un certain nombre de chenilles
qui ne sont point encore connues, et que j’aurai observées avec le
plus grand soin. Cette étude pénible et minutieuse ne sera pas, j’ose
l’espérer, sans quelque intérêt pour notre chère science.
Bon nombre de naturalistes, mais plus spécialement Uubner et
Freyer, se sont occupés de l’étude et de l’iconographie des chenilles.
Tous deux, surtout le premier, ont fort bien réussi â rendre ces lar-
ves. La plupart des planches d’Hubner sont autant de charmantes
compositions exécutées avec tant de naturel et de vérité, qu’aucun
peintre, jusqu’à ce jour, n’est parvenu à les égaler. Cependant, mal-
2 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
gré les longs et minutieux travaux de ces deux naturalistes conscien-
cieux, il reste beaucoup à faire ; car de nombreuses chenilles de Lé-
pidoptères, appartenant à toutes les familles de nocturnes, sont encore
inconnues à la science. Si j’entreprends ce travail, ce n’est pas pour
essayer de combler ce vide dans la Lédoptérologie européenne, mais
seulement pour apporter modestement quelques matériaux de plus à
l’édifice entomologique, auquel grands et petits concourent d’une
manière plus ou moine heureuse. Je ne me dissimule pas la difficulté
delà tâche que je me suis imposée; elle est grande pour mes forces ;
mais avec la patience nécessaire, je ne désespère pas de voir mes ob-
servations obtenir un résultat utile.
Chaque description de chenille sera accompagnée de sa figure
rendue le moins mal possible, du dessin de sa chrysalide, quand j’au-
rai pu la peindre, et de celui de l'insecte parfait, que je crois impor-
tant de représenter à côté de la figure des premiers états.
Il est bien fâcheux que les chenilles d’IIubner, peintes avec une si
remarquable perfection, ne soient accompagnées chacune de leur in-
secte parfait. Une autre lacune regrettable dans cette belle œuvre,
c’est l’absence de toute description.
Je terminerai cette sorte d’avant-propos en disant que les insectes
nouveaux et même les variétés remarquables inédites de l’ordre des
Lépidoptères à quelques familles qu’ils appartiennent, trouveront
place dans cette publication annuelle, lorsque l’occasion me sera four-
nie de les publier.
«
jinn/iZ&r de la, Société Zinneen7i& de-Zn/orv .
Année, Ï8âô. AU.
P. Millière, del. et
I, Coacyay Juniper orui', Müli
II. Variété W d'Ab ranxier ûrosfulariata
Debray se
Imp.IfouLyte, ù.r.Mÿrwn .
M".ie'Mujneuus col
Coccyx Juniper ana.
3
SH Z
ri 06- ^
lf5?
4 I
Coccyx Jiaaaipcrattn, Millière (Species nova).
(Planches 1, fig. 1 à 5.)
Lyon, par son admirable position géographique, est un des points
de la France les plus riches sous le rapport de la Botanique et de
l’Entomologie. Cette ville privilégiée offre dans plusieurs parties de
son territoire quelques coins de la belle Provence au ciel si chaud et si
pur. Aussi me suis-je souvent étonné que plusieurs de nos collègues
aillent à de grandes distances, au prix de nombreuses fatigues, cher-
cher ce qu’ils rencontreraient sous leurs pas.
De toutes les localités qui entourent Lyon dans un rayon de dix à
quinze kilomètres, la plus remarquable pour les plantes et pour les
insectes est sans contredit la Pape. Ses vallons et ses coteaux sauva-
ges, peu fréquentés par les promeneurs, sont généralement incultes,
et leurs pentes, chaudement exposées, sont remarquables par une
maigre végétation particulière à ces terrains, où le botaniste et l'en-
tomologiste trouvent une ample récolte de richesses naturelles.
Il est surtout un de ces coteaux, escarpé et assez étendu, qui, par
son exposition méridionale, est littéralement brûlé pendant les fortes
chaleurs de l’été. Ce lieu n’a pour toute végétation qu’un gazon très-
court parsemé de quelques touffes d ’Erica vulgaris, et de rares bou-
quets de Juniperus commmis. Ce dernier arbrisseau, hérissé de
feuilles dures, étroites, aiguës et serrées, abrite en toute saison un
grand nombre d’insectes de plusieurs ordres. Ce sont surtout des
Lépidoptères et Coléoptères de diverses familles, certains Hémiptères,
Hyménoptères et Diptères qui y trouvent un refuge, soit contre les
chaleurs de l’étè, soit contre le froid des hivers. Plusieurs Lépi-
doptères appartenant aux Géométrides, Platyomides, Coléophorides
et Littocollétidesvivenî à l’état de larve sur ce Conifère, aux dépens
de ses feuilles et de son fruit.
4 chenili.es et lépidoptères inédits.
Je ne m’occuperai dans ce mémoire que d’un insecte de la tribu des
Platyomides. îl est nouveau pour la science, et je crois que les moeurs
toutes particulières de sa chenille ne seront point lues sans intérêt.
A la vue des baies du Genevrier si souvent flétries avant d’être
complètement mûres, l’œil exercé du naturaliste ne tarde pas à re-
connaître la présence d’insectes destructeurs. En effet, si vers le mois
de février on ouvre quelques-uns de ces petits fruits, on trouvera
des larves qu’on reconnaît, non sans peine, pour appartenir à la divi-
sion des Microlépidoptères.
Pour obtenir l’insecte parfait dont la chenille vit dans la baie du
Jmiperm commmis , voici le moyen que j’ai mis en usage pendant
plusieurs années : vers le 25 au 30 avril, j’ai recueilli une certaine
quantité de baies de genévrier en secouant avec force dans un para-
pluie renversé les branches de cet arbrisseau. A cette époque, la che-
nille du petit Lépidoptère dont je trace l’historique est le plus souvent
transformée en nymphe, car c’est ordinairement vers la fin de mars
qu’elle prend cette forme. Cette larve choisit toujours, pour se méta-
morphoser, l’intérieur du fruit qui fa abritée et nourrie depuis le
commencement de sa croissance ; c’est sur ce fruit que précédemment
la mère, avec cette admirable prévoyance inspirée par la nature, a dé-
posé un œuf. Cet œuf, enduit d’une liqueur visqueuse, adhère bientôt
à la baie du Genévrier, qui, très- verte alors et très-saine, fournira une
nourriture abondante à la petite chenille qui va naître quelques se-
maines après. En effet, aussitôt après son éclosion, elle perce le fruit
qui la supporte, commence à en ronger la chair et ne tarde pas à dis-
paraître sous la pellicule qu’elle a soulevée.
A la fin de l’été elle est encore presque imperceptible ; ce n’est
guère qu’à la fin de novembre qu'elle a atteint la grosseur qu’elle
doit avoir. A cette époque les froids arrivent, la chenille s’engourdit
et demeure dans un repos complet pendant toute la durée de l'hiver.
Cependant, les premiers rayons du soleil de mars se faisant sentir,
le ver rongeur sort de sa léthargie ; mais alors il ne mange plus ou
presque plus, ne tarde pas à filer quelques brins de soie blanchâtres
Coccyx Juniperana, 5
et très-fins, se place sur le dos, au centre du fruit creusé par lui, et
se métamorphose bientôt en nymphe. L’état de chrysalide dure ordi-
nairement de cinq à six semaines : dès qu’arrive le mois de mai, Fin-
secte se dépouille de ses langes et s’échappe brillamment paré.
Il n’est pas inutile de faire observer que si la plupart des chenilles
de ce petit Lépidoptère se contentent d’attaquer une seule baie, d’au-
tres en rongent plusieurs d’une manière plus ou moins profonde,
j’ai observé dans les mœurs du C. Juniperana un fait qui n’est pas
nouveau pour la science, et qu’on a déjà remarqué chez plusieurs in-
sectes : les femelles déposent toujours leurs œufs sur certains bou-
quets de genévriers vieux, maladifs, presque desséchés et chargés de
fruits morts pour la plupart, et cela préférablement à des tiges de
la même plante placées tout à côté et couvertes de fruits intacts,
charnus et pleins de vigueur.
L’insecte parfait, de même que la plupart des Lépidoptères, a des
allures qui lui sont propres. Ainsi que le Choreutis Dolosana (Ann.
Soc. Entom. de France, séance du 27 septembre 1856), le C. Junipe-
rana semble parfois ne pas faire usage de ses ailes : lorsqu’il est in-
quiété, il saute d’un point à l’autre et paraît alors ne pas se servir du
moyen de locomotion qu’il a nouvellement acquis. Ses ailes pourtant
sont bien propres à le soutenir, car elles sont relativement grandes
et fortes. Sa marche est très-lente ; mais lorsqu’il est chassé d’un
lieu qu’il occupe, ses mouvements sont brusques et rapides.
Ce Micro est certainement un Coccyx, bien que cependant il se
rapproche des Carpocapsa par plusieurs caractères. Il sera sans doute
le plus petit du genre. J’ai créé pour lui le nom spécifique de Junipe-
rana pour rappeler l’arbuste qui le nourrit.
Chenille.
Longueur : cinq à six millimètres ; corps légèrement arqué, atté-
nué aux extrémités, d’une blancheur livide vers le milieu et la partie
6 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
antérieure et tirant sur le gris bleuâtre en se rapprochant des derniers
anneaux. Le dessous du corps est plus clair que les flancs et la partie
dorsale. Tête globuleuse, d’un fauve orangé, sensiblement dégagée
du premier anneau ; présentant, vue de face, trois rayures fines, for-
mant, en se réunissant par les extrémités, une sorte de triangle dont
l’un des angles occupe le sommet de la tête ; mandibules brunes et
paraissant très-robustes; seize pattes, dont les six premières sont d'un
gris foncé, les ventrales et abdominales concolores et assez fortes ; les
antérieures légèrement recourbées en avant et composées de trois
pièces : la dernière rétrécie en pointe unguiforme. La ligne vascu-
laire, très-fine, s’aperçoit ; mais les sous-dorsales se distinguent dif-
ficilement. Je n’ai vu nulle trace de la ligne stigmatale. Les organes
de la respiration, au nombre de neuf paires, sont très-visibles à la
loupe ; ils m’ont paru placés, de chaque côté, un peu plus bas que
la plupart des chenilles de Tortricides. Tout le corps est recouvert de
poils blanchâtres, assez longs, implantés sur de petits points verru-
queux.
Chrysalide.
Longueur : six à sept millimètres ; brunâtre, luisante, fusiforme,
atténuée à sa partie inférieure ; pointe abdominale obtuse, suppor-
tant, ainsi que chaque anneau, de très-petits tubercules plus foncés,
surmontés eux-mêmes de poils brans très-fins, très-courts, visibles
seulement à une forte loupe ; anneaux de l’abdomen très-bien mar-
qués. La place des yeux, celle des antennes, des ailes et des pattes est
très-visible. Lorsqu’arrive l’écloson, la peau ou enveloppe qui re-
couvrait l’insecte dans son état de nymphe demeure presque tou-
jours à moitié engainée dans l’ouverture de la baie du Juniperus,
mais alors cette enveloppe, de brunâtre qu’elle était, a passé au jaune
orangé.
Coccyx Juniper ana.
7
Insecte parfait.
Envergure : sept à huit millimètres. Ainsi que ses congénères, Ju-
niperana cf et ç a les ailes supérieures plus étroites que larges, plus
carrées qu’arrondies à leur extrémité. Les premières ailes sont, en
dessus, d’un brun foncé uni ; cependant, pour peu que l’insecte ait
volé, elles paraissent marbrées. En examinant la surface des ailes à
l’aide d’une forte loupe, on reconnaît que la teinte brune est formée
par un fond couleur d’airain recouvert transversalement de nombreu-
ses stries noires très-fines. Ces premières ailes sont traversées par
deux bandes qui paraissent dorées si on les regarde au soleil, et ar-
gentées et plus étroites si elles sont frappées par une lumière diffuse.
Elles sont toujours accompagnées intérieurement d’un large trait
noir. La première de ces bandes part de la côte et vient aboutir au
bord interne : elle est placée aux deux cinquièmes de la longueur de
l’aile, et se brise au tiers de son étendue, mais sans éprouver d’inter-
ruption : elle forme alors deux espèces de croissants dont les pointes
regardent la base de l’aile. La seconde bande, tout aussi large, em-
brasse l’écusson placé entre elle et la frange ; cette bande présente une
courbure opposée à celle de la première et projette ses pointes en
dehors ; elle ne part pas de la côte ; elle commence seulement en des-
sous de deux ou trois taches métalliques allongées, placées presque à
l’angle apical et appuyées à la côte. Le bord extérieur de l’aile qui
précède la frange est accompagné d’un large liseré noir. L’écusson
semi-lunaire placé près du bord de l’aile est, ainsi que chez la plupart
des Carpocapsa, entouré presque entièrement par la bordure métal-
lique : l'intérieur de cet écusson est occupé par deux, trois ou quatre
taches allongées, noires, parallèles aux nervures. Les ailes inférieu-
res sont brunes ; leur base est légèrement plus claire, et leur frange
est séparée du fond par une ligne étroite et blanchâtre. Le dessous des
quatre ailes est d’un gris brun très-luisant. La frange en dessus et en
s CHENILLES ET LÊPIDOI'TEUES INEDITS.
dessous est de la couleur générale de l’insecte. Les antennes, simples
chez les deux sexes, sont de moitié moins longues que les ailes.
La tète, le corselet et l’abdomen sont, en dessus, d’un brun foncé
mat, et, en dessous, d’un brun très-luisant. Les pattes participent
de la couleur du corps ; elles ont un caractère qui distingue cette
espèce de la plupart des autres Coccyx : les tibias sont renflés et pres-
que aussi longs que les fémurs.
De tous ces Platyomides ornés de taches métalliques, il n’en est
aucun où ces taches varient autant pour la forme, le nombre ou
l’intensité de la couleur.
En suivant la classification de Duponchel, je placerai mon C. Ju~
niperana à la fin du genre, immédiatement après la Vemstana, 11.,
afin que ce nouvel insecte fasse le passage aux Carpocapsa, dont il se
rapproche par plusieurs caractères, ainsi que je l’ai dit plus haut.
Variétés de l’Aferaxas Crossîaiswiatn, Mouffet, Goedart, Gn. =
Kerestc firossmlaria, Boisd., Dup.
- (Planche 1, fig. 6 et 7.)
Relativement au type, les deux variétés dont il va être question
sont, pour la couleur et la disposition des taches, l’exagération des
deux extrêmes. Ni l’une ni l’autre n’ont encore été publiées soit en
France, soit ailleurs. Ces deux intéressantes Abraxas, dont l’une cf
et l’autre 9 , sont fort grandes, la femelle surtout ; cette dernière
mesure jusqu’à 45 millim. d’envergure. Je tiens le d’un entomolo-
giste zélé de Chalon-sur-Saône, M. Faivre-Courdier, qui a bien voulu
se dessaisir en ma faveur de cet unique exemplaire pris au vol, le soir,
près de haies de groseillers, à quelque distance de la ville. La 9 , bien
autrement remarquable que le cf, appartient àM. A. Guillemot, de
Thiers, qui l’a reçue d’un de ses correspondants de Lille (Nord). Cette
Géomètre a dù également être prise au vol, car elle porte en plusieurs
endroits des traces de déchirures plus ou moins profondes.
Abraxas Grossulariata. 9
La Grossulariata varie peu, c’est du moins ce que j’ai toujours
observé. M. Guenée, dans son Species général des Lépidoptères,
tome X, page 204, dit en parlant de cette Abraxas : « La Grossula-
« riata varie pour le nombre, la taille et l’intensité des taches noires.
« Toutefois, si l’on veut observer que c’est la Géomètre la plus com-
« mune, on trouvera que ses variétés, même accidentelles, ne sont pas
« bien fréquentes. » Ce naturaliste ajoute plus loin : « Cette espèce
« est à la fois si vulgaire et si nette de dessin, que les plus anciens
« auteurs l’ont connue, et qu’on la reconnaît sur les figures les plus
« grossières. »
Voici ce qui distingue ces deux curieuses aberrations de YAbr.
Grossulariata. Chez le cf, les taches noires des ailes supérieures sont
si nombreuses, ont tellement envahi la surface des deux premières
ailes, qu’il reste fort peu de la teinte blanchâtre du fond, et que c’est
à peine si l’on soupçonne la ligne fauve et transversale, qui est très-
apparente chez le type. Cette ligne n’est figurée de loin en loin que
par de très-petits points fauves. La base de l’aile ne présente qu’un
point de même couleur, allongé, et qui disparait presque entièrement
sous la teinte noire. Les taches fuligineuses des inférieures sont aussi
très-développées, surtout les terminales ; mais elles ont envahi une
moins grande surface que les taches noires des ailes supérieures.
Les taches du dessus sont répétées en dessous ; seulement elles sont
moins accusées. Les points fauves, très-faiblement écrits, se devinent
plutôt qu'ils ne se voient.
La variété $ est tout le contraire du <f : sur le fond d’un jaune
pâle, les taches noires, presque entièrement oblitérées, sont réduites
à des petits points noirs et triangulaires. La tache cellulaire, ainsi
qu’un trait noir qui accompagne la ligne fauve centrale, est assez
marquée. Les points fauves de la variété cdsont ici remplacés par une
large bande transverse, sinueuse, d’un fauve-orangé, et qui traverse
l’aile sans interruption vers les deux tiers de son étendue. Les infé-
rieures sont presque blanches; elles ne laissent apercevoir que des
points fuligineux très-petits, occupant la place des taches noires du
iO CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
type. Le dessous des quatre ailes serait absolument sans tache, si au
centre de chacune d’elles on ne voyait un faiblepoint noirâtre. L’abdo-
men des deux sujets présente aussi des caractères distincts : la série
de taches du dessus et les deux séries latérales, chez le c", sont très-
largement accusées, tandis que chez la ? , la série dorsale seule est
visible, et les taches latérales n’existent pas.
La variété cf de cette Grossulariata sera désignée par la lettre A et
Sa variété ? parla lettre B (1).
Hîasyafiia ©tofuscala.
Vien.-Verz. 1-4 ? — Treits. 1 p. 164 et II p. 301. — Dup. V. p. 225
pi. 183 fig. 5. — Bdv. 1582. — Ilerr.-Sch. p. 76. — Gn. 492. =
Canaria Ilb. 344. — Frey. IV pl. 377 fig. 1-2. = Limosaria Hb.
360. — Delab. 121. = Operaria Steph. III p. 269. = Niteliaria
Esp. pl. 52 fig. 2?
(Planche 2, fig, 4 à 6.)
Chenille.
A sa sortie de l’œuf cette chenille est jaunâtre, la tète et les pattes
écailleuses sont noires. Un mois plus tard elle peut avoir deux centi-
mètres, est toujours d’une teinte foncée, avec la stigmatale fine,
blanchâtre et d’autant plus apparente qu’elle repose sur un fond plus
(1) Depuis la rédaction de cet article, ayant eu à Lyon la visite de M. Guenée,
l’auteur du Species général des Lépidoptères, ce savant me fît observer que ma
variété B. de Grossulariata avait été figurée dans Hubner sous le n° 82. Cepen-
dant la variété de l’auteur allemand est bien moins remarquable que la mienne,
laquelle a les taches orangées des supérieures plus étroites, et les taches noires des
quatre ailes infiniment moins accusées. Enfin, l’aberration que j’ai figurée est
beaucoup plus grande que celle d’Hubner.
Dasydia Obfuscata . ii
sombre. Arrivée à toute sa taille, elle mesure au moins quatre centi-
mètres; elle est alors cylindrique, rugueuse et passe au jaune-clair
tirant sur le verdâtre, La ligne vasculaire est interrompue, peu visi-
ble et accompagnée en avant de chaque incision d’une lâche grisâtre
en forme de fer de flèche. 11 existe sur les côtés des chevrons à peine
marqués qui descendent obliquement et aboutissent au-dessus de la
stigmatale; celle-ci est blanchâtre, large et légèrement ondulée. Les
stigmates assez gros, sont ronds, noirs et cerclés de blanc. Le ventre
est marqué d’une large tache longitudinale faiblement violacée et divi-
sée par un filet blanchâtre. Les points trapézoïdaux sont saillants,
grisâtres et surmontés d’un poil court. Le onzième anneau présente
deux caroncules prononcées s’inclinant en arrière. La première de ces
caroncules, aux pointes obtuses, est plus élevée que la seconde. La
tête est globuleuse, jaunâtre et couverte de poils fins, blanchâtres et
visibles seulement à la loupe. Les pattes, au nombre de dix, sont con-
coures, sauf le dernier article des antérieures, qui est noirâtre.
Pendant le jour cette chenille ne fuit pas la lumière.
Chrysalide.
Longueur : 18 à 20 millim. Cylindrico-conique , luisante , passa-
blement ramassée, d’un rougeâtre clair ; présentant une éclaircie sur
la poitrine; finement chagrinée sur toutes les surfaces. L’extrémité
abdominale se termine par deux pointes brunes, fortes, courtes et
divergentes. Les stigmates , sous forme de points bruns, sont très-
apparents. La tête et les anneaux inférieurs tirent sur le rouge-brun
foncé.
Insecte parfait.
Les Obfuscata que j'ai élevées ont un peu la taille et la coupe
d’ailes de V Andereggaria <f Delah. et de la Zelleraria côFrey. Les
12 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
ailes, dont le bord n’est ni sinué ni dentelé, sont moins arrondies
que celles des nombreux sujets que j’ai sous les yeux et qui me vien-
nent d’autres localités. Les individus dont j’ai fait l’éducation ont
aussi les teintes plus claires, plus chaudes, avec les lignes transverses
beaucoup plus accusées; les nervures sont remarquablement teintées
de roussâtre. Chez cette espèce, les ailes de la femelle sont aussi gran-
des et presque aussi anguleuses que celles du mâle.
UObfuscata vivante a les yeux d’un rouge brique prononcé, cou-
leur qui tourne au brun après la mort de l’animal. Le dessous des
ailes, d’une teinte plus claire encore que le dessus, plus soyeuse,
avec les nervures plus blanchâtres, ne laisse voir aucun dessin,
excepté le point cellulaire plus froncé et tranchant parfaitement sur
le fond clair. L’abdomen de la femelle, relativement gros , est cylin-
drique et passablement allongé ; il se termine par une pointe obtuse
recouverte de fines plumules. Cet abdomen, ainsi que les pattes, par-
ticipe de la couleur générale de l’insecte. Les antennes du mâle, à
peine plus épaisses que celles de la femelle, sont bien différentes de
celles des espèces congénères : ces antennes sont formées d’articles
rectangulaires superposés. Ce caractère important, qui devrait être
suffisant peut-être pour établir un genre, servira au moins à
former un groupe tranché dans le genre Dasydia , Gn.
La chenille de cette espèce subalpine, bien que déjà décrite, ne l’a
pas été, ce me semble, d’une manière assez complète ; il faut qu’il en
soit ainsi, puisque M. Guénée dans l’exposé de son genre Dasydia, où
se trouve cette Boarmide, n’en dit pas un mot. J’ai fait moi-même
l’éducation de la chenille d ’Obfuscata, que j’ai élevée ab ovo.
Scopoli, Esper et Hubner ont été assez peu d’accord sur l’identité
de cette Géomètre ; en effet, chacun d’eux a donné une figure diffé-
rente de l’insecte parfait. La Limosaria d’Hubner (Var. Obfuscata ) qui,
pour la couleur, ressemble si peu aux Obfuscata que j’ai obtenues ex
larva, a la taille de celles-là, leur silhouette et surtout la forme angu-
leuse de leurs ailes supérieures.
Dasydia Obfuscata. 43
VObfuscata varie beaucoup ; ne serait-ce pas à cette cause qu’est
due la confusion qui a régné sur elle?
C’est à l’obligeance de M. Bellier de la Chavignerie, notre collègue,
que je dois une ponte d’œufs de cette Phalénite, reçue de Larché
(Basses- A lp.es) . Ces œufs, de jaune faible qu’ils étaient lorsqu’ils me sont
arrivés, ont passé au gris foncé peu d’heures avant l’éclosion des jeu-
nes larves. Je leur présentai d’abord des feuilles de Quercus sessili-
Jlora, puis de Fraxinus excelsior; mais elles n’y touchèrent qu’à
peine. Je leur avais offert auparavant des feuilles de diverses plantes
basses qu’elles avaient refusées. J’aurais infailliblement perdu ces
précieux insectes si je n’avais eu la pensée de leur donner du Genista
hispanica qu’elles mangèrent avidement. Cependant je dois faire
observer queM. Bellier de la Chavignerie m’a affirmé qu’il n existait
aucun Genista dans les lieux où furent prises abondamment les Obfus-
cata rapportées par lui, et que même il ne se trouvait que beaucoup
plus bas des arbrisseaux ou sous-arbrisseaux.
Ayant reconnu que le Genista hispanica était,..de toutes les plantes
que j’avais offertes à mes chenilles, la seule qui leur convînt, je les
mis en plein air sur cet arbrisseau pour leur faire passer l’hiver. Elles
cessèrent donc de manger pendant toute la mauvaise saison et durent
attendre l’arrivée des jeunes pousses du Genista pour continuer à se
nourrir. Ce jeûne forcé et si long les avait beaucoup amaigries,
mais à dater de l’apparition des feuilles du Genista , leur croissance
fut très-rapide.
L’attitude rigide de ces larves fait que, dans l’état de repos, elles
ressemblent à s’y tromper à de petites branches de bois mort ; toute-
fois, si on vient à les inquiéter, elles marchent rapidement, mais tar-
dent peu à reprendre leur complète immobilité.
C’est vers la moitié du mois de mai que ces chenilles eurent atteint
toute leur grosseur ; elles commencèrent alors à filer sous la mousse
une coque lâche, composée de soie, de grains de terre, de débris de
végétaux, et se métamorphosèrent en nymphes pour donner, à un
14
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
mois de là, leur insecte parfait d’une taille tout aussi grande que les
individus pris en liberté dans la haute montagne.
L’état de larve d ’Obfuscata avait duré huit mois environ.
©leogetae ïiMtearia (1).
Fab. E. S. 52. — Esp. pl. XXÎY fig. 1 . — Treits. Il p. 250. — Gn.
! 189. — Tinctaria Hb. 128 . — Dup. Y. p. 141 pl 180 fig. 3. — «
Steph. III p. 291. — Bdv. 1411. — Herr.-Sch. p. G2 fig. 361. —
Delah. 100.
(PL 2, fig. 1 à 3.)
Chenille.
À* sa sortie de l'œuf, la jeune larve est d’un fauve clair, faiblement
rayée de brunâtre. Arrivée à toute sa taille, elle est presque cylindri-
que, épaisse, courte, rase, sensiblement atténuée aux deux extrémi-
tés, et d’un roussâtre ochreux. Il est cependant des sujets qui ont le
fond plus sombre, tirant sur le violet plus ou moins foncé. Chez tous,
la vasculaire et la sous-dorsale sont d’un gris noirâtre. Ces lignes sont
épaisses, bien continues et liserées d’un filet blanc très-étroit. La
ligne vasculaire est largement interrompue sur les anneaux du milieu,
point apparente sur les trois premiers ; les derniers segments présen-
tent en dessus un dessin en forme de fer de flèche. Le dessous du corps
est d’une teinte violette bien décidée. La tête est petite, globuleuse et
rétractile ; les pattes sont concolores, sauf l’extrémité des antérieures
qui est cornée et noirâtre. Les stigmates sont ronds, noirs et cerclés
de blanc.
Cette chenille pendant le jour se soustrait à la lumière.
(1) Généralement connue sous le nom de Tinctaria.
Annales J-e Iti Société Linnée7Ui& * é&Lyon .
Année 1858. Th. 2.
lmp. H oui a- t&, 5,r. Mu/non.
I. Cl&oqene Zuteariay, Tab .
II. Dasydùis Ûb/ztscalu , Hé- V.
IMTT Mïq neaiMn col.
Cleogene Lutearia.
15
Insecte parfait.
Cette phalénite ne pouvant être confondue avec aucune autre, je
me bornerai à faire une légère description de l’insecte parfai t.
Les ailes du mâle ont une envergure de 31 à 35 millim. ; elles sont
d’un jaune de chrome vif (protohcromate de plomb), sans aucun des-
sin. Les nervures, du même jaune que le fond, ne sont apparentes
que par l’effet de leur ombre. Franges concolores; tête et corps jaunes;
barbules des antennes et palpes noirs. La femelle, toujours plus petite,
est d’un jaune plus pâle ; elle a les ailes supérieures plus aiguës, les
inférieures plus étroites et plus arrondies; les antennes sont filifor-
mes; l'abdomen est gros; il est garni à l’extrémité d’un faisceau de
poils ochreux.
C’est encore à notre collègue, M. Bellier de la Chavignerie, que je
dois de connaître la chenille de cette Cleogene, dont il m’envoya une
ponte.
Pendant tout l’été, la Luteariae&l très-commune dans les pâturages
subalpins des montagnes de la Suisse. Elle paraît ne pas exister dans
le Jura, d’après M. le docteur Delaharpe. Cette Géomètre, dont notre
faune lyonnaise s’est depuis longtemps enrichie, se trouve au Mont-
Pilat, où elle ne semble pas être rare.
Le mâle d q Lutearia vole en plein jour en juin et juillet; la femelle,
qui a des ailes plus courtes que le mâle, reste cachée dans les hautes
herbes; elle vole.peu, car elle a proportionnellement un corps assez
gros, ce qui la rend difficile à trouver.
Les œufs qui me furent envoyés des Basses-Alpes le 24 août 1856,
m’ont paru sphériques et d’un jaune clair ; ils sont éclos le 27 du
même mois. Depuis leur éclosion jusqu’au tiers de leur croissance,
les jeunes chenilles, presque toujours appuyées sur les pattes posté-
rieures, le corps à moitié recourbé et projeté en avant, s’agitaient en
tous sens, au moindre bruit, ainsi que le font dans leur jeune âge les
chenilles des Gnophos Glaminalas Pullata et Mucidaria .
16
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Les larves de la Lutearia, qui m’ont semblé polyphages, man-
geaient de préférence les feuilles de Plantago et celles de Leontodon.
De même que les chenilles d’Hyria Auroraria que j’ai également
élevées ab ovo, celles de Lutearia préféraieut les feuilles flétries, et
même desséchées, aux feuilles fraîches qui leur étaient abondamment
fournies. M. Guénée, dans sa Monographie des Phalénites, nous fait
connaître que ce goût singulier s’est déjà remarqué chez YAcidalia
Pusillaria et YHerminia Tarsipennalis.
Ces chenilles de Cleogene passèrent très-bien l’hiver ; mais vers la
fin d’avril, quand arriva le moment de la transformation en nymphe,
la plupart de ces insectes périrent malgré tous mes soins. Une seule
réussit à former sur la terre une coque lâche composée de grains de
terre, de brins de mousse liés au moyen d’une soie fauve, dans laquelle
elle se déssecha sans avoir eu la force de se métamorphoser.
Urasyelis® Coscinit*.
Ochsenh. 111 p. 300 pag. 59. — Bdv. Ind. meth. pag. 59. Iconog.
IL p. 91 pl. 67 f. 1 et 2.— God. V. pag. 28.— Dup. Supp. III p. 2,
pl. 1 fîg. 2 = Chrysocephala, Hub. 251. = Bomb. Herr.-Sch.
75-78.
(Pl. 4, SI, fig. 1 à 3.)
Voici une espèce considérée par la plupart des entomologistes
comme bien distincte de la Candida. Cependant la Coscinia dont je
viens de faire l’éducation ab ovo, m’a semblé n’être qu’une variété
locale de la Candida, qui elle-même n’est peut-être qu’une aberration
de la Cribrum. Quoi qu’il en soit, je n’essaierai pas d’enlever à cette
espèce le nom qui lui a été imposé par Ochsenheinser ; mais j’appelle-
rai l’attention des lépidoptéristes sur l’identité plus ou moins cer-
taine des trois Lithosides que je viens de citer. Je dois dire que la
chenille de la Coscinia m’a semblé se rapprocher beaucoup de celle
Annale. y de Ln Société' linnéeruie/ de/ Ayons.
Année- 18 S 8. Fl. lp.
I .Pirodo.r Alpùiaài/, WV.
IL EmydtsJ Ccmdicfas, (.Eyprepia, Cojcirua , Oc/w&n ./
HT. Pon/cdi&' fflahnne'/las Sâ/ud/nyer, Afddère .
Imp.HouLrte, r. Mu/n.
MmrMu,ne<
Ëmydia Coscinia. 17
de sa congénère la Cribrum, sauf pourtant la couleur de la peau
qui, chez celle-là, est fauve.
Je n’ai vu nulle part la description de la larve de la Coscinia , je ne
sache pas qu'il y en ait une de la Candida. Je vais décrire aussi exac-
tement que possible la chenille de la Coscinia et ne m’appesentirai pas
davantage sur le rapprochement qui existe entre Cribrum, Candida
et Coscinia.
C’est à l'obligeance de M. Staudinger, de Dresde, que je dois la
connaissance de cette chenille, originaire des environs de Cadix. Le
28 mai dernier, je recevais de cet entomologiste plusieurs espèces
d’œufs, notamment ceux d’une Emydia qui m’était désignée du nom
de Coscinia. Ces œufs, qui avaient été pondus par un sujet pris au
vol, commençaient à éclore à leur arrivée à Lyon. Ils étaient sphéri-
ques et bruns au moment de l’éclosion de la jeune larve (I). Vers la
fin de juillet, c’est-à-dire deux mois après leur éclosion, les chenilles
arrivèrent à leur taille; elles se chrysalidèrent peu de temps après,
et trois semaines plus tard donnèrent leur insecte parfait.
Chenille.
Elle a mangé indistinctement un grand nombre déplantés basses
que je lui ai présentées; mais elle a préféré les Plantains, Graminées
et certaines Composées. Cette chenille est d’abord d’un fauve clair,
velue, avec les poils relativement très-longs. Plus tard sa peau est
foncée, et sa tète brunit sensiblement. Sa croissance s’est faite assez
lentement, eu égard à la saison. Ce n’est que vers le 10 juillet qu’elle
a subi sa quatrième mue. Le fond de sa livrée est d’un fauve obscur
(1) Les œufs, quand ils viennent d’être pondus, sont d’un jaune paille; c’est ce
que j’ai pu observer sur ceux qui ont été pondus par les femelles qui me sont
écloses. Chacune en a produit plus de “200. .le n’ai pu observer un seul accouple-
ment en captivité
18
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
en dessus et sur les côtés; le dessous est gris bleuâtre. La vasculaire,
assez large, est d’un blanc bleuâtre; la sous-dorsale, de même couleur,
est beaucoup plus étroite. Tout le corps est recouvert d’une quantité
de tubercules noirs et très-luisants, garnis de poils bruns, longs, rai-
des, parmi lesquels s’aperçoivent quelques rares poils très- blancs.
Au milieu de cette abondante villosité il m’a étéimpossible de recon-
naître les organes de la respiration. La tête est noire et luisante ; vue
de lace, elle laisse soupçonner au centre une tache fauve. Les pattes
sont grisâtres, avec le dernier article noir; les pattes membraneuses
sont fauves.
Cette Emydia, qui se cache avec soin pendant le jour, ne doit
paraître qu’une fois par an.
Chrysalide.
La chenille de la Coscinia, sentant le besoin de se métamorphoser,
descend sous la mousse, file une soie brune dont elle forme un réseau
à mailles très-lâches, lie quelques feuilles sèches, et se transforme
trois jours après. Cette chrysalide est obtuse, ramasée, ovoïde, d’un
brun noirâtre avec reflets d’un marron obscur, recouverte sur toute
sa surface, mais principalement vers la partie anale, d’une villosité
roussâtre, brune, courte, placée par petits faisceaux réguliers. La
tête, les yeux, et surtout les antennes, sont proéminents. Vue à
la loupe, cette nymphe paraît finement chagrinée.
Insecte parfait.
Il a le port de Y Emydia Cribrum; cependant sa taille est plus
grande, celle de la femelle surtout: les ailes de celle-ci sont plus
pointues à l'apical que celles du mâle. Le dessus des supérieures est
d’un blanc luisant avec un léger reflet bleuâtre. La tête est très-
légèrement teintée de jaunâtre. Aux deux tiers de l’aile, il existe
Psodos Àlpinata , • 19
toujours ou presque toujours chez le mâle deux points noirs placés
l'un au-dessus de l’autre, et un seul chez la femelle. Certains sujets
de ce dernier sexe ont souvent ce point caractéristique à peine
accusé. Les ailes inférieures sont d’un gris cendré chez le mâle,
plus clair chez la femelle, où cette teinte s’affaiblit tellement en
arrivant à la frange, qu’elle passe au blanc pur. Le dessous des pre-
mières ailes est d’un gris plombé avec la côte et la naissance de l’aile
lavées de jaune orangé. Le dessous des secondes ailes est d’un gris
roussâtre, il laisse voir très-apparente la tache grisâtre et allongée
du centre, à peine accusée en dessus. La frange des quatre ailes, en
dessus et en dessous, est d’un blanc pur. La tête et les pattes sont
d’un fauve orangé; les épaulettes sont très-légèrement teintées de
fauve. Les antennes du mâle sont pectinées, avec la côte blanche et
les barbules noirs ; celles de la femelle sont filiformes. Le thorax
est d’un blanc pur. L’abdomen du mâle est blanchâtre et lavé de
fauve à l’extrémité. L'abdomen de la femelle, qui est beaucoup plus
gros que celui du mâle, est du même blanc; mais le fauve de l’ex-
trémité est à peine accusé ; cette couleur disparaît souvent.
Psodos Alpinata (1).
W.-V. — Hb. 197. — Treits. I. p. 235. — Gn. 500. = Eques-
traria, Fabr. 178. — Dup. VIH. p. 530, pi. 208, f. 3. — Bnv. 1935.
— Herr.-Sch. p. 104. — Delah. 171. = Qmdrifaria, Sulz. Gesch.
pl. 25, f. 4.
(Planche 4, ï, fig. I à 3.)
Chenille.
i
Au sortir de l’œuf, la petite chenille est verte; elle peut avoir alors
de 5 à 6 millim. de long. La tête et les pattes sont jaunâtres; les lignes
(1) Pins généralement connue sous le nom d ' Equestraria.
20 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
longitudinales et les chevrons, qui plus tard seront très-accusés, sont
déjà visibles. Arrivée à toute sa taille, cette chenille est presque
cylindrique, légèrement aplatie vers les derniers anneaux ; carénée
latéralement, d'un jaune clair mat, avec les premiers et les
derniers segments lavés d’une légère teinte rougeâtre; les points
trapézoïdaux sont noirs et très-apparents ; la ligne vasculaire et la
sous-dorsale sont à peine indiquées ; la stigmatale, blanche, est lar-
gement liserée de brun en dessus et finement en dessous. Chaque
intersection d’anneau est coupée obliquement par un chevron brun
partant des points trapézoïdaux et venant aboutir à la hauteur de la
sous-dorsale. Les stigmates, noirs et cerclés de blanc, sont à peine
visibles à la loupe. Le dessous du corps présente dans toute son
étendue des lignes géminées, blanchâtres, dont celle du centre, plus
large, est liserée très-finement de brun extérieurement. La tête, glo-
buleuse et rétractile, est, ainsi que les pattes antérieures, d’un rou-
geâtre obscur. Les pattes anales concolores. Cet insecte est très -lent
dans tous ses mouvements ; au repos, il se tient légèrement courbé en
arc ; pendant le jour il se cache soigneusement parmi les feuilles
sèches ou la mousse, ne sort que la nuit pour manger, se nourrit
bien et grossit rapidement. Au moindre bruit cette chenille redresse
vivement la partie antérieure du corps, demeure immobile pendant
plusieurs minutes et semble écouter. Elle varie peu : quelques sujets
cependant m’ont paru d’un jaune plus clair que le type.
Chrysalide.
Lorsque la chenille veut se métamorphoser, elle se cache sons la
mousse, rassemble quelques débris de feuilles sèches et quelques
grains de terre qu’elle lie au moyen de fils de soie, dont elle forme
une coque molle, mais assez solide; celle-ci est tapissée intérieure-
ment d’une soie blanche, fine et serrée. La transformation s’opère
bientôt après.
Psodos Alp inata. 21
La chrysalide peut avoir de dix à douze millim. de long. Elle est
cylindrico-conique, relativement épaisse, et n’a pas de pointe sensible
à son extrémité anale. Généralement d*un rougeâtre clair, elle a la
place des ailes teintée de jaune vif. Les nervures sont brunes, très-
accusées et tranchent sur le fond ; enfin les incisions des anneaux
sont d'un blanc verdâtre.
Insecte parfait.
Cette Phalénite, qui a deux générations, est entièrement noire, et
ses quatre ailes sont en dessus, de même qu’en dessous, d un fuligi-
neux uniforme. Ces ailes sont ornées d’une grande tache ovale d’un
beau jaune aurore, occupant presque toute la moitié extérieure de
l'aile. La couleur de cette tache est aussi vive en dessus qu’en dessous.
Cette Géomètre, qui est une des plus remarquables de la famille,
est tellement tranchée qu’on ne peut la confondre avec aucune de
ses congénères.
Soit le jour, soit la nuit, j’ai toujours remarqué que YAlpinata ,
dont le vol est essentiellement diurne, portait les ailes relevées pen-
dant le repos. Dans cet état, elle ressemblait plutôt à un Polyommate
ou à un Thecla qu’à une Phalénite.
Cette Psodos est très-commune dans la plupart des montagnes
alpines de nature granitique (1), depuis juin jusqu’en août. Les che-
nilles que j’ai élevées ab ovo proviennent du Mont-Dore (Auvergne).
Schranck, puis Treiscke, et plus récemment Duponchel ont pensé
que cette espèce devait vivre à l’état de chenille sur le Rhododendrum
hirsutum (2).
(1) L'Alpinala, suivant plusieurs naturalistes, n’a jamais été trouvée dans les
calcaires.
(2) Cette plante n’existe pas en Auvergne.
22 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
M. Guenée dit dans son Species que YAlpinata fut élevée par
M. Siebenhaar avec le L. taraçcacum et YApargia autumnalis. Mais
l’entomologiste allemand n’a donné qu’une notice imparfaite sur cette
chenille ; il n’est donc pas inutile d’en compléter l’histoire et d’en
publier le dessin; du reste elle n'a encore été figurée nulle part.
Les œufs qui avaient été pondus le 10 juillet 1856, sont éclos le 20.
Les chenilles sont polyphages, mais se sont nourries de préférence
avec diverses espèces de Leontodon. Leur croissance fut rapide, puis-
que trente jours après l’éclosion des œufs, elles se sont métamorpho-
sées. L’état de chrysalide a duré quarante jours. Les insectes parfaits
provenant de cette éducation étaient fort beaux; ils se sont accouplés
chez moi et ont pondu une abondante quantité d’œufs qui, à leur tour,
fournirent de jeunes larves. Celles-ci ont passé l’hiver. Cette Géomè-
tre doit avoir au moins deux éclosions.
Cteoeg&liâs Tusciaria (t).
Scriba p. 217 pl. XVII f. 10-11. — Gn. 269. = Extimaria Mb. 21. ,
— Treits. I p. 155 et II p. 301. — Dup. VII 2mc p. 178 pl. 146
f. 4. — Bdv. 1460. — Herr.-Sch. p. 44 fig. 22-24.
(PI. 3. If. fig. I à 3.)
Chenille.
Longueur : cinq centimètres environ. Allant en grossissant, mais
d'une manière insensible, depuis la tète jusqu’au dernier anneau ;
d’un gris terreux mêlé de brun ; la vasculaire est brunâtre, interrom-
(L) Nom imposé par la naturaliste Scriba, et que, à l’exemple de M. Guenée,
je conserve à l’insecte que je vais décrire.
La Tusciaria est généralement connue des Lépidopléristes sous le nom A'Exli-
maria.
Crocallis Tusciaria. 23
pue ; la sous-dorsale est brime, ondulée et continue; la stigmatale est
fine, grisâtre et peu accusée. 11 existe en outre, entre celles-ci, deux
autres lignes brunâtres, fines, géminées et légèrement ondulées , en
bas desquelles sont placés les stigmates; ceux-ci sont ovales carnés,
cerclés de noir et très-visibles. La région ventrale, dont le fond total
est d’un gris bleuâtre, présente plusieurs lignes brunes, ünes , ondu-
lées, fort peu visibles. Les points trapézoïdaux sont prononcés, la
seconde paire surtout ; ils simulent de légers tubercules. Le onzième
anneau porte une double pointe brune, blanchâtre à l’extrémité,
s’inclinant en arrière; cette caroncule possède à son sommet, ainsi
que les trapézoïdaux, un poil raide, brun et passablement long. La
tète est aplatie en avant, légèrement velue, carrée, concolore, et sen-
siblement bifide.
Cette espèce vit à découvert.
Chrysalide.
Au moment de sa transformation, la chenille cherche sous la mousse
un lieu convenable pour cette importante opération, puis elle rassem-
ble quelques grains de terre qu’elle lie au moyen de fils de soie, en
forme une coque molle, et se transforme quatre jours après. La chry-
salide estcylindrico-conique, et relativement allongée. Sa pointe, rete-
nue à une feuille sèche faisant partie de sa coque, est longue et
forte; elle est presque noire. Sur toute sa surface, sauf les intersec-
tions abdominales, cette chrysalide est finement chagrinée, et, au
moindre bruit, au moindre contact, elle s’agite très- vivement dans sa
coque.
Insecte parfait.
Les ailes ont plutôt la silhouette de celles de la Dardouimria, Donz.
(. Aglossaria , Bdv.) que la coupe des ailes de sa congénère Elinguaria,
24 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Pourtant la Tusciaria s'éloigne de la Dardouinaria par plusieurs
caractères.
Les supérieures sont d’un jaune ochreux avec des points bruns
terminaux très-sensiblement accusés. Ces ailes sont traversées par
deux lignes brunes prononcées et ombrées intérieurement. Tout
l’espace médian est d’un brun rougeâtre, et plus vivement écrit que
chez les autres Crocallis. La première des lignes transverses présente
un coude au tiers de sa longueur, la seconde en forme quatre plus ou
moins accusées. La tache cellulaire est brune et bien marquée. Les
ailes inférieures sont plus pâles ; elles laissent voir faiblement écrite
une ligne transverse, brunâtre, surmontée de la cellulaire à peine visi-
ble, et une rangée de points terminaux nettement accusés. Les qua-
tre ailes en dessous sont moins foncées ; elles n’ont qu’une seule ligne
brune avec la tache cellulaire et les points terminaux tout aussi dis-
tincts qu’en dessus. Les supérieures, outre que l’angle apical est plus
aigu, rie possèdent que deux ou trois points terminaux, et les inférieu-
res aucun. La bande transverse de celles-ci est beaucoup mieux mar-
quée chez la femelle qu’elle ne l'est chez le mâle; c’est du moins ce
que je remarque chez les femelles que j’ai sous les yeux. Les antennes,
dans les deux sexes, sont rougeâtres avec la côte blanche ; elles sont
faiblement pectinées chez le mâle, et ciliées chez la femelle. L’abdo-
men du mâle présente à l’extrémité un faisceau de poils ; celui de la
femelle est plus gros et se termine par une pointe obtuse.
Cette espèce, qui pendant longtemps a été fort rare, n’appartient
que depuis peu d’années à notre faune française. Après avoir été
observée dans le midi delà France, elle fut, il y a peu de temps, ren-
contrée à Lyon pour la première fois par M. Gaynon, qui l’a prise la
nuit en chassant au lierre. Cependant M. Donzel, auquel l’entomolo-
gie est redevable de nombreuses découvertes et de précieuses obser-
vations, fait connaître, dans les notes qu’il a laissées à notre Société,
que de son temps déjà, cette rareté avait été prise une fois à Fon-
taines-sur-Saône (Rhône).
Le 12 juin dernier, M. Mary, lépidoptériste lyonnais, prit sur le
Annales de la, Société Zinnéenne de, Zyon,
Armée, lââÔ.ll. 3.
P. Mülière. - del. et pf~ ZJebrav „r .
J. Chaztnia, lû/bris; Bdv. Step.
II. CrocaJ/Ac Tufriarûi, , d’or.
Imp. Æouiste Ô, r. Manon, .
'MP>£' Mignea
Chaonia Hybris. 25
Prunus spinosa, à Poleymieux, situé à 8 ou ÎO kilomètres de notre
ville, une chenille qui, élevée avec soin, donna, le 25 septembre
d’après, une Tusciaria femelle de grande taille. Cette Crocallis pon-
dit une quinzaine d’œufs : ceux-ci sont ovales, aplatis sur les pointes,
et d’un vert glauque.
La Tusciaria ne doit avoir qu’une génération par an.
Je ferai observer qu’avec une seule chenille de cette espèce, je suis
arrivé à la connaissance presque complète des premiers états de cette
belle Ennomide.
Je dois dire, avant de terminer cet article, qu'il a déjà été question
de cette chenille, mais d’une manière très-sommaire. Voici, en etfet,
ce qu’en a dit notre collègue, M. Bellier de la Chavignerie, dans ses
observations sur les Lépidoptères delà Lozère, publiées dans les Anna-
les de la Société entomologique de France, séance du 24 septembre
1851 : « Eclose chez moi. La chenille, que je n’ai vue décrite ni flgu-
« rée nulle part, ressemble beaucoup à celle d’Elinguaria, avec
« laquelle je l’avais confondue. Elle vit sur le Prunus spinosa. Envi-
« rons de Florac. »
Steph., Dup. — Notodonta Hybris, Bdv. Icônes pl. 71, n° 2(1J. =
Drymonia Hybris, Ramb.
( Pl. 3. H, fig. 1 à 4.)
Chenille.
Les œufs du Chaonia Hybris ont une forme étrange qui les dis-
tingue de tous ceux que j’ai observés jusqu’à présent, et qui les rap-
(1) Dans son Icônes historique des Lépidoptères, M. le Dr Boisduval figure une
femelle d 'Hybris, mais ce dessin est sans texte.
26
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
proche assez de la graine de certaines Malvacées. Le dessin que je
donne de l’un de ces œufs (pl. 3, flg. 3) fera comprendre mieux
qu’une description cette forme remarquable. Ils sont plats, blanchâ-
tres, et adhèrent très- fortement au corps sur lequel ils ont été dépo-
sés, à tel point qu’on les brise, si on veut les en détacher.
La chenille, au sortir de l’œuf, est d’un blanc d’os avec une tête
relativement très-grosse. Elle est, pendant les premiers jours, presque
plate, très-glabre, très-fortement cramponnée à la feuille qui la sup-
porte, sur la surface de laquelle elle demeure sans cesse. Cette che-
nille ne mange que la nuit, et, au repos, a toujours le corps replié,
la tête placée à la hauteur du huitième anneau, ainsi que certaines
larves de Cymatophora au repos. À cette époque de sa vie, cettejeune
chenille, par suite d'un besoin ou d’une crainte quelconque, élève par
intervalles la partie antérieure du corps et l’agite fortement à droite
et à gauche. Quinze jours après, elle a beaucoup grossi ; sa peau est
devenue d’un vert d’eau très-clair, et les pointes rouges, qui plus
lard caractériseront si bien cette espèce, commencent à se faire voir.
Arrivée à toute sa taille vers le 10 juin, la chenille (YHybris a le corps
légèrement convexe, faiblement aplati en-dessous et atténué aux deux
extrémités. Cette larve, sans lignes ni taches, est d’un beau vert en
dessus et sur les côtés ; mais cette couleur est plus claire en dessous.
La vasculaire, ainsique les points trapézoïdaux, sont jaunâtres et se
détachent à peine du fond. Je n’ai vu nulle trace de la sous-dorsale;
la stigmatale est à peine accusée; les stigmates, d’un vert foncé, sont
cerclés de blanchâtre ; la tête, très-rétractile, est, ainsi que les pattes
écailleuses, d’un vert bleuâtre rappelant la couleur de la couperose
bleue (sulfate de cuivre). Les pattes abdominales sont concolores ; les
anales sont carnées. Le premier anneau porte sur les côtés latéraux
deux petites caroncules teintées de rose; ces éminences sont plutôt
ascendante qu’incombantes. Le second anneau porte au sommet
une caroncule semblable à celles du premier, mais un peu plus forte.
La chrysalide, après l’éclosion de l'insecte, n’ayant pas été conser-
vée, je ne puis en donner ni description, ni peinture : du reste, elle
Chaonia Hyhns. 27
ne présente rien de plus remarquable que les autres chrysalides de
Notodontides.
Insecte pmeait. 2
Le Chaonia Hybris ressemble pour la taille à certains individus de
Querna ; cependant, pour la coupe des ailes et le faciès général, il se
rapprocherait plutôt des petites Dicranara, avec lesquelles il peut
bien avoir quelques rapports de mœurs.
Le dessus des premières ailes, est gris bleuâtre foncé, formé par un
fond blanchâtre semé de très-petits atomes bruns. Ces premières
ailes sont traversées par trois teintes ou bandes principales. La pre-
mière est noire, très-large, et occupe tout l’espace situé entre le trait
brun qui est la limite de la bande et la base de l’aile. La seconde,
qui est fortement dentelée et concave à sa base, est formée par une
ligne noire, sineuse, ombrée de gris ardoisé, dont l’extrémité est tour-
néeen dehors. La troisième de ces bandes consisteen uneombre grise
festonnée et éclairée de blanchâtre extérieurement. L’orbiculaire et la
réniforme sont peu apparentes, mais existent cependant. La tache
discoïdale est des mieux écrites. L’intervalle qui sépare la deuxième
bande de la troisième est, ainsi que le centre de l’aile, largement
lavé de roussâtre clair. Le dessus des ailes inférieures est blanc et
orné d’une très-large bordure gris-noir plus fortement accusée à l'an-
gle interne. La frange des quatre ailes est d’un gris foncé entrecoupé
de blanchâtre.
Le dessous des premières ailes est lavé très-largement de gris ar-
doisé vers l’apical ; la tache discoïdale est très-apparente ; les infé-
rieures sont également d’un gris soyeux,mais moins foncé qu’aux supé-
rieures. Il existe aux deux tiers des ailes inférieures une bande
étroite à peine visible. Le thorax et l'abdomen sont d’un gris bleuâ-
tre, faiblement lavé de roussâtre ; les pattes sont grises et annelées
de blanc ; les antennes sont rousses et filiformes.
Le mâle ne m’est pas connu.
28
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Cette espèce, intéressante à plus d’un titre, appartient à l’Europe
méridionale. A cause de la chenille dont la forme n’est pas précisé-
ment celle de ses congénères, YHybris ne devrait-il pas constituer un
genre distinct ? En effet, cette chenille n’est ni complètement lisse,
ni rayée longitudinalement, ainsi que les larves de Ghaonia de Ste-
phens. Si donc je laisse cette Notodontide dans le genre créé par l’en-
tomologiste anglais, elle devra former un deuxième groupe isolé des
Roboris, Querna et Dodonea, groupe qui, par le fait, est un genre pro-
visoire. L ’Hybris formant plus tard un genre distinct du genre
Ghaonia , celui de Drymonia , créé par M. le docteur Rambur, devra
prévaloir.
Ce fut M. Staudinger qui me procura la connaissance de cette
rareté; vers la fin d'avril dernier, il m’envoya de Cadix trois œufs
(YHybris. Lors de leur arrivée à Lyon, ces œufs, demeurés douze jours
en route, venaient d’éclore. Je présentai de suite aux jeune larves des
feuilles de Populus nigra, qu’elles rongèrent aussitôt. Je ne dirai pas
de quelle regrettable façon je perdis deux de ces précieuses chenilles ;
heureusement il m’en restait une qui devint l’objet de tous mes soins,
et que j’eus le bonheur d’amener à bien. La croissance de cette unique
chenille fut rapide, puisque le 16 juin suivant elle rassemblait quelques
feuilles de peuplier fixées encore à la branche, les liait au moyen d’une
soie blanchâtre très-forte, formait une coque mince, mais des plus
solides, et se transformait en chrysalide pour donner son insecte par-
fait à vingt-trois jours de là, c’est-à-dire le 9 juillet.
Obs. L’Hybris doit certainement avoir deux éclosions. La génération
qui paraît en été se contente de faire une coque fixée seulement au
milieu des feuilles del’arbrequi l’a nourrie; mais les chenilles qui pas-
sent l’hiver en chrysalide et éclosent en février de l’année suivante
construisent une coque d’une forme bien différente, et qui rappelle
celle des Dicranura, ou mieux celle de YHarpya Milhameri.
Psyché Miilvinella.
29
PsycSie Malvinella, Stgk. et Miix.
(Species nova.)
(Planche 4, III, fig. 1 à 3.)
Je terminerai cette première série de chenilles inédites et de Lépi-
doptères nouveaux par l’histoire et la description d’une charmante
Psychide encore inconnue. Elle a été découverte par M. Staudinger,
qui m’a autorisé à la publier. Voici ce que, vers la fin de janvier, me
mandait à cet égard cet entomologiste distingué : « Avant-hier j’ai
eu la satisfaction de prendre au vol une Psyché fort intéressante,
qui doit être nouvelle. S’il en est ainsi, je désire qu’elle s’appelle
Malvinella. » Plus tard, M. Staudinger m’informait que cette espèce
se montre depuis la fin de janvier jusqu’au commencement d’avril, et
que c’est après midi, de deux à trois heures et demie, qu’elle vole le
plus ordinairement. La femelle, ajoutait-il, est fort difficile à rencon-
trer ; elle fixe son fourreau, qui est très-petit, soit sur le sol, soit à une
petite pierre, ou bien à une tige de plante desséchée. Sans le secours
du mâle qui, par ses recherches, décèle la retraite de la femelle, il
serait certainement impossible au chasseur de la découvrir cà travers
les plantes basses dont cette espèce se nourrit exclusivement. Parmi
ces dernières, il est un petit Erodiim que la chenille semble préférer.
Insecte parfait male.
Cette Psychide, une des plus jolies du genre , a , pour le faciès,
sauf la taille, les plus grands rapports avec YAlbivitrella, ( Albida ,
auctorum, Lorquinella, Brd., Millierella, Bdv., Plwmosella, Ramb.).
La Malvinella est d’un tiers plus petite que YAlbivitrella, et de
moitié moins grande que la Millierella. Bien qu’ayant du rapport
30 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
avec ces deux dernières, elle a les quatre ailes beaucoup plus arron-
dies, avec la base et les franges d'un noir fuligineux qui tranche
d’une manière assez nette. Le bord des ailes supérieures, qui est
dénudé, se détache également du fond recouvert d’écailles d’un blanc
de lait. Les nervures ne sont bien apparentes qu’aux antérieures,
dans le partie dépourvue d’écailles. Les antennes sont assez longues
et plumeuses ; elles ont ceci de remarquable, quelles sont de deux
couleurs : le dessus de la côte et les barbules sont d’un blanc pur. Le
dessous est noir de suie. La tête disparaît sur les longs poils dont elle
est recouverte. Le corselet, l’abdomen et les pattes sont très-noires ;
ils sont couverts d’une épaisse villosité fuligineuse à la base et blan-
che au sommet. Les poils de l’extrémité du corps, qui sont d’un blanc
parfait, divergent et dépassent à peine la longueur de l’abdomen.
M. Staudinger ajoute que la Malvinella mâle varie pour la taille et
l’intensité des poils noirs et blancs.
Pour décrire la Malvinella femelle d’une manière convenable, il eût
été utile de le faire sur l’insecte vivant. Cette facilité ne m’a pas été
fournie. Je dirai seulement que la P. Malvinella femelle est de moitié
moins grande que la femelle d 'Albivitrella, et qu’elle ressemble beau-
coup à celle de cette dernière pour la couleur et pour la forme.
Fourreau.
Le fourreau de la Malvinella n’a pas le moindre rapport avec celui
de Y Albivitrella, Brd., bien que l’insecte parfait se rapproche de celle-
ci. Ce fourreau de Psychide est brunâtre, tubuleux, renflé au milieu,
composé d’un tissu de soie très-serré et de très-petits grains de sable
de diverses couleurs; le tout recouvert de rares fragments de feuilles
ou tiges de Graminées. Sans cette addition de parcelles de végétaux,
le fourreau de la Malvinella aurait, pour la forme, du rapport avec
celui de la Perlucidella, Mann., Brd., oa Nudella, Och., Brud., bien
qu’il soit de moitié plus petit. Quant à la nature de la composition de
cette enveloppe protectrice, c’est exactement celle de la Psyché Hélix,
Sieb. ( Helicinella ., IL-S., Brd.).
EXPLICATION DES PLANCHES.
31
EXPLICATION DES PLANCHES
De la Première Livraison.
PLANCHE 1.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
1. Chenille du Coccyx Juniper (ma , Mill.
2. Insecte parfait grossi.
3. Tête de la chenille, vue de face, très-grossie.
4. Derniers segments de la chenille très-grossie.
3. Chrysalide vide à moitié sortie du fruit du genévrier qu
a nourri la chenille.
IL
6 et 7. Abraxas Grossulariata, Mouffet. — (Var. cf et ? ).
32
EXPLICATION UES PLANCHES.
PLANCHE 2.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Chenille de la Cleogene Lutearia, F.
2. » » vue de dos.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Chenille de la Dasydia Obfuscata, W.-V.
3. Chrysalide.
G. Insecte parfait.
EXPLICATION DES PLANCHES.
•J
PLANCHE 3.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
1. Chenille du Chaonia Hybris, (Ramb., Bdv.).
2. insecte parfait (les ailes gauches vues en dessous).
3. Œuf vu de face très- grossi.
4. Tête et premiers anneaux vus de lace.
II.
1 . Chenille de la Crocallis Tusciaria (Scriba);, grossie du tiers
2. Chrysalide grossie du tiers.
3. Insecte parfait grossi du tiers.
EXPLICATION DES PLANCHES.
34
PLANCHE A,
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Chenille de la Psodos Alpinata (W.-V.).
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 1. A et il. Chenille d’Emydia Coscinia Och.
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
III.
Fig. 2. Psyché Malvinella d (Staudinger, Millière).
3. Id. Malvinella 9 .
i. Fourreau.
Lyon. — Association typographique, Regarl, rue lupin, 31
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS ,
Par P. miLLIÈUi;
deuxième LIVRAISON,
(Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le C août IS59J
Le genre Gnophos , adopté par tous les auteurs, contient
de remarquables et intéressants insectes; mais les espèces qui
le composent, fort difîiciles à déterminer, pour la plupart,
ont été et, sont encore la cause de fréquentes erreurs. Ajou-
tons à cela que la connaissance des chenilles de ce genre, peu
avancée jusqu’à ce jour, est une nouvelle cause d’incertitude
et de confusion.
En commençant la seconde série de mes chenilles inédites,
je vais avoir l’honneur de soumettre à la Société l’histoire des
mœurs de trois larves de Gnophos complètement inconnues
et dont j’ai fait moi-même l'éducation ab ovo.
Je ne raconterai pas les habitudes des Gnophos en géné-
ral ; je renvoie, pour la connaissance de leurs mœurs, au
Species des Lépidoptères de M. Guenée, dans ses généralités
4
52 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS,
sur ce groupe ; mais ce savant n’a rien dit d’une étrange
particularité que je crois surtout propre aux Gnophos , et
que j’ai observée chez les trois espèces que je vais décrire»
Je dirai en peu de mots cette particularité de mœurs. Lorsque
les chenilles de Mucidaria , Pullata et Glaucinata sont in-
quiétées, soutenues sur leurs pattes membraneuses, le corps
à moitié recourbé et projeté en avant, elles s’agitent pendant
deux ou trois minutes avec une sorte de frémissement, de
haut en bas, puis de droite à gauche ; elles recommencent
ce mouvement au moindre bruit. C’est surtout dans le jeune
âge que j’ai observé ce fait. Après la quatrième mue, ce fré-
missement m’a paru se renouveler moins souvent ; il était
aussi moins prolongé cpi’avant.
EruuUcs do la* Socictc* L t nnccnac* de* Lyon*.
Jnnée 1S59. PU.
I , j. à 6. Gnophos Muadarui/ El.
II. y à- ji. „ GlaiLcifiata*, ffb
M. 12 à*i5 „ Pitlla.ta*', W~V.
lmp. /fouis tty. Paris. 5. r Migrions
M'"' Mignsait.c col.
Gnophos M ucidaria.
■ K»
Oiioplios Muciduria.
(Planche 1. Fig. \ à 6.)
Hb. 148. — TreitSè I p. 182. — Dup. V. p. 218 pl. 18C
fig. 5. — Bdv. 1593. — Herr.-Sch. p. 75 et Sup. p. 73 fig.
266-2G8. — Gn. 472.
Chenille.
Les œufs cle Mucidaria sont ovales, légèrement comprimés
et très-lisses. Ils sont d’abord d’un jaune serin; deux jours
après, ils passent au rouge corail, et la veille de leur éclosion
ils sont d’un violet obscur. La jeune chenille, au sortir de
l’œuf, est jaune clair. Ce n’est qu’après le deuxième change-
ment de peau que commencent à paraître les pointes ou émi-
nences charnues qui caractérisent cette larve, mais alors ces
pointes sont à peine visibles à la loupe. Arrivée à toute sa taille,
cette chenille est presque cylindrique et de la grosseur de
celle de Varieijdta ; mais elle est relativement moins courte
que les chenilles de Pullata et Glaucinata , et n’a pas non
plus la forme de ces deux dernières.
La larve de Mucidaria est d'un fauve plus ou moins clair.
Les lignes vasculaire et sous-dorsale sont fines et d'un brun
verdâtre ; elles sont à peine visibles à la loupe, seulement la
première n’est pas interrompue, tandis que la seconde l'est
largement à toutes les intersections. La ligné stigmatale èst
blanchâtre et ondulée ; elle est interrompue par les caron-
cules des cinquième, sixième, septième et huitième anneaux.
Le ventre est lavé de blanchâtre et présente trois lignes paral-
lèles, interrompues et lisere’es de blanc. Les stigmates sont
rougeâtres et cerclés de noir. La tête est presque carrée, fai-
blement éehancrée au semmet; elle est jaunâtre et maculée
;Vi
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
irrégulièrement de points gris. Cette tête est rétractile et, au
repos, disparaît à moitié sous le premier anneau. Les pattes
sont concolores, sauf les anales qui sont grises et tachées de
points noirs. Les cinquième, sixième, septième, huitième et
onzième anneaux présentent chacun une rangée transversale
de six caroncules proportionnellement fortes , surmontées
chacune d’une pointe fine d'un blanc mat. Cette dernière
n’est bien visible qu’à la loupe. Les six caroncules de chaque
anneau sont placées par paires: les deux plus fortes occupent
le sommet de l’anneau, les quatre autres sont placées sur les
côtés, deux à droite, deux à gauche. Tout le corps, sauf le
dessous, est, en outre, chargé d’une infinité de petits tuber-
cules concolores cpii ne sont bien visibles qu'à la loupe. Cha-
cun des anneaux, qui supporte les six caroncules, laisse voir
trois taches d’un brun verdâtre. La double éminence char-
nue occupant le sommet de l’anneau est maculée : 1° d’une
tache brune triangulaire, dont l’un des angles se dirige dans
le sens de la pointe ; 2° de deux taches de même couleur
qui aboutissent aux caroncules placées sur les côtés. La pre-
mière de ces deux taches est allongée, celle du bas dessine
imparfaitement un triangle.
Lorsque la chenille de Mucidaria doit se métamorphoser,
elle quitte la plante qui l’a nourrie, grimpe contre le mur
au pied duquel elle a vécu (le plus souvent ce mur est situé
à une exposition très-chaucle , et n’a pas trace de crypto-
games ) , cherche un petit enfoncement , s’y loge , file une
toile légère au niveau de la paroi du mur et tarde peu à se
chrysalider. Cette toile , qui bouche exactement le trou oii
la chenille s’est retirée, est composée de soie blanche entre-
mêlée de grains de sable enlevés au mur. L’insecte, par ce
moyen, réussit d’une manière si parfaite à se soustraire à la
vue de ses ennemis, qu’il faut une très-grande habitude pour
la découvrir sous cet abri.
Gnophos Mucidaria.
55
Chrysalide.
Elle est allongée, cylindrico-conique et d’un noir mal.
L'enveloppe des ailes descend assez bas. Dans certains exem-
plaires, les anneaux abdominaux sont d’un noir obscur. Les
trois derniers segments sont recouverts de poils hérissés.
L’abdomen porte, à l’extrémité, deux pointes très-rappro-
chées, mais qui ne se touchent qu'à leur naissance. Chacune
de ces pointes est terminée par un crochet recourbé en forme
d’hameçon, propre sans doute à retenir la chrysalide à la toile
qui la recouvre.
Insecte parfait.
Mucidaria porte environ 0,02(J millim. Elle est un peu
plus petite que Fariegata , dont elle a la coupe et le faciès
au premier abord. Les ailes supérieures sont arrondies, les
inférieures légèrement dentées, d’un jaune plus ou moins clair
et recouvertes de nombreux atomes gris. L’extra-basilaire et
la subterminale des supérieures sont lavées de blanchâtre
obscur. L’espace médian et le bord terminal, sur les quatre
ailes, sont plus ou moins largement lavés d’une teinte ochra-
cée. Une rangée de points allongés précède la frange qui est
plus ou moins jaunâtre. La tache orbiculaire, le plus souvent
pupillée et toujours plus grande aux supérieures, existe sur
les quatre ailes. Les inférieures , sur un fond faiblement
ochracé et soyeux, sont très-légèrement lavées de gris. La
coudée et la subterminale sont, chez le type, à peine accu-
sées. Les antennes du mâle, de la couleur du fond, sont pu-
hescentes et différentes en cela de Fariegata, dont les an-
tennes sont filiformes.
Mucidaria varie à Lyon en ochracé très-vif ; on voit aussi
des sujets cl’un jaune obscur, chez lesquels les lignes trans-
5 G
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
verses se remarquent à peine. Un individu, trouvé ce prin-
temps à Hyères, est entièrement brun et sans lignes. Enfin,
d’autres variétés sont d’un gris presque blanc ; chez celles-ci
les extra -basilaire et coudée seules sont écrites. Je dirai
encore que j’ai remarqué dans la campagne des individus
d’une petitesse extrême, mesurant ,'i peine 0,015 millim.
d’envergure.
La figure de Hubner, n. 148, est mauvaise et ne peut don-
ner idée de la vraie Mucidaria. J’en dirai autant de celle de
Duponchel, pl. 218, fig. 5. Le n. 2G8 de Herr.-Sch. tab. 44
réussit mieux à rendre la coupe de cette Géomètre , mais ce
n’est point sa couleur ; ce numéro rappelle plutôt la teinte de
Variegata. Quant aux figures 26G et 2G7 du continuateur de
Hubner, ce sont évidemment des variétés de son numéro 2G8.
Enfin, ses numéros 002, 505 et 504, s’ils représentent des
aberrations de Mucidaria , me paraissent des plus remar-
quables.
La chenille de Mucidaria ne vit pas de lichens, ainsi que
le pensent plusieurs auteurs, mais bien de plantes basses.
Elle mange indistinctement les Rumex, Composées, Ombelli-
fères, mais elle préfère l’ Anagallis arvensis et surtout le Po-
lygonum aviexdare.
Mucidaria est très-commune dans nos environs. Elle
s’avance jusque dans les jardins de l’intérieur de la ville. L’in-
secte parfait s’applique d’habitude contre les murs très-blancs,
à l’exposition la plus méridionale.
Un ennemi de l’ordre des Hyménoptères et de la famille
des Ichneumonides attaque la chenille de cette Gnophos ,
mais je ne sais à quelle époque; tout ce que je puis* dire,
c’est que ce parasite éclot très-souvent à la place du Lépidop-
tère.
Longtemps Variegata. voisine de Mucidaria , a passé ina-
perçue dans les collections, confondue avec celte dernière
espèce, ou considérée simplement comme une de ses variétés.
Gnophos Mucidaria. 57
Depuis peu de temps, Boisduval , puis üuponchel, ont
donné, dans leur ouvrage entomologique, Varie pal a comme
variété de Mucidaria. M. Guenée a fait, avec raison, de Varie-
(j ata une espèce distincte de Mucidaria ; mais ce naturaliste
consciencieux a commis une petite erreur, qu’en passant je
me permettrai de relever. L’histoire de Variegata a été faite
par M. Bruand d’Uzelle (Annales de la Société entomologique
de France, année 1843); cependant M. Guenée dit, dans son
Species, que c’est la chenille de Mucidaria qu’a décrite et figu-
rée M. Bruand, quand, en réalité, c’est celle de Variegata.
Ces deux espèces ont des époques d’éclosion bien différentes :
Mucidaria éclot une première fois dès la fin de mars et le
commencement d’avril, puis une seconde fois en août et sep-
tembre. Elle passe l’hiver en chrysalide et jamais ne demeure
en chenille pendant la mauvaise saison. J’ai eu la preuve de
ce fait en élevant de jeunes larves de Mucidaria , dont les
œufs, pondus à la fin de septembre, me donnèrent leurs che-
nilles quinze jours après. Ces chenilles grossirent très-vite et
se chrysalidèrent à la fin de novembre, à la température or-
dinaire. Variegata , au contraire, passe l’hiver à l’état de larve
et ne se métamorphose qu’en avril, époque de la première
apparition de sa congénère à l’état d’insecte parfait.
Variegata y selon toute apparence, ne doit éclore qu’une
fois par an.
Bien que la chenille Mucidaria ait du rapport, pour la
forme, avec celle de Variegata , elle s’en distingue par plu-
sieurs caractères dont le plus important est celui-ci : les cin-
quième, sixième, septième, huitième et onzième anneaux
sont, chez Variegata , surmontés de trois pointes charnues et
^aillantes, dont une en dessus et une sur chaque flanc, tandis
que celle de Mucidaria possède, sur chacun de ces mêmes
anneaux, six pointes charnues placées par paires, de la ma-
nière suivante : deux au sommet et deux sur chaque coté.
58 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Sans nul doute Mucidaria est bien distincte de Variegata ,
et désormais il ne sera plus possible de confondre ces deux
espèces.
Ctîaiicinata.
(Planche Fig. 7 à H.)
Hb. 150. — Treits. I. p. 177. — Dup. Y. p. 21/J pl. 184
fig. 3-4. — Bdv. 1591. — Herr.-Sch. p. 75 fig. 08-09. —
Delah. 123. — Gn. 474. — Falconaria , Frey. IV p. 377
fig. 5.
Chenille.
Des œufs de Glaucinata pondus le 20 juillet 1858, me sont
éclos le 30 du même mois.
La chenille parvenue à toute sa taille est, au repos, courte
et ramassée; elle est atténuée antérieurement, carénée sur les
côtés, sans éminences, sauf une caroncule bifide et blanchâtre
cpie supporte le pénultième anneau. Le fond est d’un jaune
verdâtre plus ou moins foncé, suivant les individus.
La ligne vasculaire est à peine écrite ; elle n’est visible que
sur le milieu des cinquième, sixième, septième, huitième et
neuvième anneaux. La sous-dorsale n’est guère plus distincte ;
mais, bien que fort peu apparente, elle parcourt sans inter-
ruption toute la longueur de l'insecte jusqu’à la tête; quant
à la stigmatale, elle est longue, blanchâtre, continue, quelque
peu sinueuse et liserée de brunâtre des deux côtés. Les an-
neaux sont bien marqués ; tous jusqu’au dixième supportent un
chevron rougeâtre qui, partant de la vasculaire, descend dia-
gonalementet vient aboutir aux stigmates. Ceux-ci sont ronds,
blancs et cerclés de noir. A l’œil nu on ne distingue que le
cercle noir. Le ventre est verdâtre ; la ligne ordinaire, qui
cependant est large, se détache à peine du fond ; cette ligne
Gnophos Glaucinala. 59
est accompagnée de chaque coté d’un liseré fin, brun, formé
par la réunion de très-petits points noirâtres. La tête est rou-
geâtre, petite, ronde, rétractile et finement ponctuée de brun.
Un trait blanc faisant suite à la stigmatale parait se prolonger
sur la tête et, à droite et à gauche, aboutir aux mâchoires.
Toutes les pattes sont concolores.
Chrysalide.
Elle est cylindrico-conique, rougeâtre, très-lisse, très-lui-
sante. L’avant-dernier anneau présente un bourrelet que l’on
n’aperçoit bien qu’avec le secours de la loupe. L’extrémité
abdominale se termine par une pointe aiguë et forte.
Le mode de transformation de Glaucinala n’a rien qui la
distingue de ses congénères Mucidaria et Pullula.
Insecte parfait.
Celte espèce varie beaucoup pour la taille et pour la cou-
leur. Hubner ayant pris pour type les individus à fond jau-
nâtre et à lignes transverses bien marquées, les entomolo-
gistes qui sont venus après lui ont dû faire comme cet ico-
nographe, et ne considérer que comme variétés de Glauci-
nata , les sujets d’un cendré bleuâtre qui, néanmoins, sont
partout les plus fréquents.
Le type est de taille moyenne, a fond jaunâtre, saupoudré
d’atomes gris-brun, le tout avec reflets bleuâtres. Les lignes
basilaire, coudée et subterminale, sont toujours bien écrites
aux supérieures. Celles-ci ont î’apex prolongé. Les inférieures,
chez lesquelles manque la ligne basilaire, sont profondément
dentées. Les franges, assez larges, entrecoupées de blanc,
sont de la couleur du fond. Les omicrons sont petits etévidés.
Le dessous des ailes est d’un gris de fer depuis la base jus-
qu'à la coudée inclusivement; puis une ligne transverse,
jaunâtre et assez large, succède à cette coudée. Les ailes se
GO cuenili.es et lépidoptères inédits.
terminent par une large bordure gris de fer maculée aux su--
périeures de deux taches jaunâtres, l'une située à l’apex,
l’autre sur la cinquième nervure. Aux inférieures, au lieu de
taches, il existe une traînée qui précède immédiatement la
frange. Enfin les antennes sont crénelées.
La variété à fond bleuâtre possède, en dessus et en des-
sous, les mêmes lignes, les mêmes taches que le type ; mais
toutes sont moins vivement écrites. Les taches ocellées des
inférieures sont petites et sans pupille.
J’ai pris, l’année dernière, à la Grande-Chartreuse, un in-
dividu qui doit être la var. G du Species Guenée ( Gnoph . Su-
pinata , Lédérer.). Cette variété est d’un cendré uniforme,
avec les dessins des supérieures presque effacés. Le dessous a
les lignes et les taches aussi distinctes que le type.
La chenille de Glaucinata était à peine éclose que déjà
elle tremblotait au moindre bruit. Sa croissance s’est opérée
rapidement. Dès le 12 août, c’est-à-dire dix jours après son
éclosion, elle mesurait déjà 0,014 à 0,015 millim. Quand
arriva la fin du mois, elle avait atteint toute sa croissance.
Elle disparut alors sous la mousse, forma une coque lâche, se
ehrysalida sur la terre, et, quinze jours après, donna son
insecte parfait.
Ainsi qu’on le pense bien, Glaucinata ayant fourni une gé-
nération dans un espace de temps aussi restreint, doit avoir
au moins deux éclosions par an. Ses mœurs semblent l’éloi-
gner de Pidlata , quoique les chenilles de ces deux espèces se
ressemblent beaucoup.
Les deux générations annuelles de Glaucinata la rappro-
chent de iMucidaria, bien que leurs chenilles n'aient pas le
moindre rapport de formes l'une avec l’autre.
J'ai nourri Glaucinata avec les feuilles de plusieurs espèces
de Composées-Corymbifères. certaines Légumineuses herba-
cées et divers Carex. La chenille cle cette deuxième Gnophos
est donc polyphage.
Gnophos Pullata.
6t
Clnopboi Pullata.
»
(Planche -I . Fig. -12 à -14.)
YV.-V. 1-2 — Treits. I p. 179. — Herr-Sch. p. 74 et Supp.
p. 72 fig. 70, 500, 501. — Delah ? 120. — Gn. 488. (non
Hub. nec Dup.),
Chenille.
Cette larve se rapproche de celle de Glaitçinata par la
forme, mais elle s’en éloigne par ses mœurs.
Il est à peu près certain que si Glaucinata paraît deux fois
dans l'année, Pullata n’a qu’une génération par an.
Cette espèce pond aussitôt qu’elle se sent mortellement
blessée par l’épingle. Les œufs pondus ne dépassent guère le
nombre de vingt ou vingt-cinq. Us sont ovales, et leurs diverses
couleurs rappellent celles des œufs de Mucularia.
La chenille, lors de sa naissance, est verdâtre; elle a la
tête brune avec les pattes concolores ; on soupçonne la double
éminence du onzième anneau, et la jeune chenille s’agite et
tremblote ainsi cpie je l’ai dit précédemment. Agée de trois
semaines, cette larve mesure 0,012 à 0,015 millim. de long.
Elle est alors couleur de café au lait, avec la stigmatale jau-
nâtre,
L’hiver la surprend au tiers de sa taille ; elle ne mange ab-
solument rien pendant toute la durée de celte saison, bien
que la nourriture ne lui manque pas, se cache sous la mousse
tout près du sol, et paraît s’engourdir complètement.
Les premiers jours du printemps font sortir cette chenille
de sa léthargie; elle se remet alors à manger, mais grossit
lentement. C’est vers la fin d’avril et le commencement de
mai que Pullata est arrivée à sa taille ; elle peut avoir alors de
0,025 à 0,050 millim.
(>2 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Sa couleur est d’un gris jaunâtre mat. Elle est courte, ra-
massée au repos, fortement carénée sur les côtés, très rigide,
un peu plus épaisse antérieurement avec les deux, trapézoï-
daux postérieurs de l’avant-dernier anneau, relevés en pointe
conique, brune en avant, blanche sur les côtés. La vasculaire,
qui est gris de fer, n’est bien visible que sur les premiers et
les derniers anneaux. La sous-dorsale paraît remplacée par un
chevron brun sur chacun clés cinquième, sixième, septième
et huitième anneaux, lequel vient aboutir à la stigmatale.
Celle-ci, représentée par la carène très-proéminente, est si-
nueuse et d’un blanc jaunâtre. Le ventre, qui est gris , ne
présente que deux lignes étroites h peine accusées. Les stig-
mates sont ronds, noirs et cerclés de jaunâtre. La tête est
concolore, globuleuse, rétractile et le plus souvent rentrée au
tiers sous le premier anneau. Les pattes antérieures sont con-
colores ; les anales sont verdâtres.
Cette Géomètre est polyphage, mais elle mange de préfé-
rence les Plantacjo et certaines Composées. Ainsi que plu-
sieurs chenilles, parmi celles qui passent l'hiver, Pullata
semble préférer aux feuilles fraiches celles qui sont flétries
et même entièrement desséchées.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser, cette larve s’enfonce sous mie lé-
gère couche de terre et s’y construit une coque lâche dans
laquelle elle se transforme bientôt en nymphe.
La chrysalide est cylindrico-conique et d’un brun rou-
geâtre ; elle est luisante et ne présente rien qui la distingue
du plus grand nombre des chrysalides de Plialénites,
L’insecte parfait éclot au bout de trente ou trente-cinq jours.
Les nombreux exemplaires que j’ai obtenus se sont fort bien
développés et étaient tous aussi beaux que ceux qui ont été
capturés dans la montagne.
Gnophos Pullata.
Insecte parfait.
f>3
La Pullata de la Grande-Chartreuse n’est point la Pullata
typique, II. -S. , mais bien la variété B du Spccies Guenée
( hnpectmata , Gn. ). Les ailes de mon insecte sont très-
entières, très-dentées, généralement d’un. gris perlé mat,
faiblement teinté de bleuâtre en-dessus. La ligne basilaire ,
visible seulement aux supérieures; la coudée, ou seconde
ligne, légèrement dentée avec des points noirs plus ou
moins marqués sur les nervures. Chez le plus grand
nombre des individus , la subterminale est invisible. Les
omicrons sont petits , ovales et évidés. La frange des qua-
tre ailes est concolore et toujours précédée de points noirs
bien accusés. Le dessous des secondes ailes est gris perlé,
soyeux, sans atomes ; on y remarque, après la coudée, une
ligne blanche très-distincte et assez fortement dentée inté-
rieurement. Il existe une seconde ligne blanchâtre, moins
accusée que la précédente, et qui accompagne extérieurement
la subterminale. Les antennes sont filiformes dans les deux
sexes. Le corps est de la couleur des antennes, avec l’extré-
mité de l’abdomen teintée de fauve.
J’ai figuré et je désignerai de la lettre C (pi. 1 fig. 15 ) une
variété accidentelle qu’aucun auteur, à ma connaissance, n’a
décrite ni représentée. Je pense que cette aberration, qui
provient de la Grande-Chartreuse , mérite d’être signalée ;
voici sa description :
Les ailes sont d’un blanc de crème , salies de stries
jaunâtres. L’espace médian est rempli d’atomes gris-brun, et
simule une large bande transverse qui se détache nettement
du fond. La base des ailes, jusqu’à la ligne coudée, est, en
dessous, d’un gris plombé uniforme, sans atomes. Le reste
des ailes est d’un blanc perlé, soyeux et sans taches. Les omi-
crons se distinguent très-bien en dessus et en dessous.
G 4 CHENILLES et lépidoptères inédits.
Cette Gnophos , pour la coupe et le faciès général, s’éloigne
assez des Pullata de Hühner et de son continuateur Herricli-
Schæffer. Sans parler du dessin des ailes, je ne fais reposer
mon opinion que sur un caractère important et qui pourrait
suffire pour distinguer cette race constante de celles qui ont
été signalées. Les nombreux sujets que j'ai pris à la Grande-
Chartreuse ou dans le département de l’Ain, ou qui sont éclos
chez moi, ont tous les ailes supérieures beaucoup moins ar-
rondies cpie les diverses Pullata publiées jusqu’à ce jour. En
considération de ce caractère, je serais porté à croire que cette
espèce est nouvelle et distincte ; mais, par réserve et dans la
crainte d’augmenter la confusion qui déjà ue règne que trop
dans ce genre difficile, je m’abstiendrai provisoirement de
considérer cette Gnophos comme inédite. Cependant si, plus
tard, il arrivait cpie la Pullata cpie je viens de décrire fût re-
connue distincte du type et de ses variétés, je propose pour
elle le nom de Albannata (1).
Cette Pliaiénite se rencontre communément, en juillet, sur
les rochers qui bordent le chemin de la Grande-Chartreuse^
depuis Fourvoirie jusqu’à un kilomètre environ au-delà de la
porte supérieure du désert; plus loin cette Boarmide est
remplacée par Flavicinctata , Olivata et Frustata , etc., qui i
de même que Pullata , se placent, pendant le jour, contre les
rochers verticaux ou en dessous de ceux qui surplombent.
(t) En souvenir de l’Albarine*, torrent qui arrose, dans le Bugey, la vallée
du même nom , sur l’un des versants de laquelle je trouvai la première che-
nille qui me fit connaître cette Géomètre.
’ De deux mots celtiques ; alb, blanc, et rine , couler avec impétuosité.
Annales dcAa/ Société ■ J inncenno d&Lyoru.
Année 1S59, PL 2
I. jl si ù' ChcfrLeritvas Caliq in curia. Ram l>
II. 7 à 12 Sùcej allias Permu ta / 'ta , Pfb .
Inip. tfouùtc'. Paris. Æm' ATt<jncau.T col
Slegania Permutaria.
05
itegani<n Permutaria.
(Planche 2. Fig. 7 à 12.)
ïïb. — Beirt. 2.1. — F. et Saml. 92. — Bork. 259. — Bdv.
1816. — Gn. 976 ~ Trimaculata. Vill. p. 5 8 ï n. 658.
Chenille.
Lors de son éclosion, la jeune larve est verdâtre ; la vascu-
laire est brune et très-large ; la tète est d’un jaune orangé.
A l’état adulte, cette chenille atteint la longueur de 0,022
à 0,025 millim. ; elle est de forme cylindrique, faiblement
atténuée antérieurement; de couleur verte sur le dos et les
côtés, tournant au violacé en dessous.
La vasculaire est large, d'un carminé vineux, et s’élargit
au milieu de chaque anneau. La sous-dorsale est blanchâtre,
sinueuse, interrompue à chaque intersection. La stigmatale,
d’un blanc verdâtre, est peu apparente. Les stigmates sont
ovales, carnés et cerclés de noir. Le ventre est sans lignes
distinctes. Les trapézoïdaux, en-dessus et en dessous, sont à
peine visibles. La tête est carrée, de teinte vineuse, avec une
tache au centre, en forme de croissant.
Les pattes écailleuses sont carnées , les anales sont con-
eolores.
Cet insecte, qui se nourrit très-bien, croît rapidement, et
subit en très peu de temps toutes ses métamorphoses. La
chenille, éclose le 25 mai, a opéré ses diverses mues en moins
d’un mois. Elle s'est chrysaliclée du 12 au 15 juin. Dès le
25 de ce dernier mois, l’insecte parfait était éclos.
Les éducations d’automne se sont faites proportionnelle-
ment, d'une manière aussi rapide.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Gti
Chrysalide.
Placée au centre d’une feuille pliée , la nymphe est tou-
jours enveloppée de fils de soie brune qui la soutiennent.
Cette chrysalide qui, pour la forme, ne présente rien de
particulier, est brune, cilindrico-conicjue, légèrement obtuse.
L'abdomen se termine par deux crochets divergents, destinés,
sans nul doute, à retenir cette chrysalide dans son hamac
suspendu.
Insecte parfait.
Envergure 0,024 à 0,025 millim. Les ailes sont d’un blanc
ochracé , recouvertes de rares atomes bruns. La côte est
maculée de trois taches brunes, dont les deux premières
donnent naissance aux lignes transverses. Les inférieures ne
laissent voir que la ligne coudée. Les quatre ailes portent un
point discoïdal, mais à peine visible. La frange, qui est con-
colore, est précédée d’un liseré brun très-fin.
En dessous, les quatre ailes n’ont pas de lignes, elles sont
seulement saupoudrées d’atomes bruns sur la côte. Au centre
de chacune de ces ailes, un trait discoïdal est vivement écrit.
Les antennes sont brunes etpectinées. La tête, le corps et
les pattes sont de la couleur des ailes.
La femelle est semblable au male, si ce n’est qu’elle a les
antennes filiformes.
Var. A Gn. : Commutaria. Hb. 505. — Bdv. 1817. —
Dup. Y. p. 18 pl. 171 fig. 5. — Cognataria, Lédérer p. 97.
Le fond de cette variété est d’un blanc ochracé parsemé de
points gris-brun. Les lignes transverses, le filet terminal et
les nervures sont d’un brun violet plus ou moins foncé. L’es-
pace basilaire des supérieures et l’angle interne de ces
Stegania Permutaria. G 7
mêmes ailes, supportent une large tache d’un gris violâtre.
Le point discoïdal, sur les quatre ailes, est assez visible. La
frange est d'un gris brun. En dessous, on ne voit, sur chaque
aile, que la ligne coudée qui est très-apparente. Les traits
discoïdaux sont également très-visibles.
Cette aberration se remarque plutôt chez les males que
chez les femelles.
C’est probablement d'après la variété de Hubner (n. 504),
qui ne serait que l’exagération de celle que je viens de dé-
crire, que M. Léclérer aurait créé une espèce séparée, sous le
nom de Cognataria.
Le genre Stegania , établi parM. Guenée, comprend un petit
groupe composé de douze espèces, dont quatre européennes.
Avant la connaissance de la chenille de Permutaria , au-
cune larve de ce genre, intermédiaire entre les Acidalides et
les Fidonides, n’était encore connue.
Cette espèce se distingue des chenilles des genres voisins
en ce qu’au lieu de s’enterrer pour se chrysalider, elle s’en-
veloppe dans une sorte de réseau ou hamac qu’elle fixe tou-
jours entre les feuilles du peuplier qui l’a nourrie.
Il ne reste plus de doute sur l’identité de la variété brune
de Permutaria ( Commutaria , Hb., Edv, Cognataria , Léd.),
puisque la même ponte m’a donné, en nombre à peu près
égal, cette variété remarquable et le type.
Permutaria se rencontre très-fréquemment dans nos envi-
rons et dans une grande partie de l’Europe méridionale. Les
lieux frais, le bord des prés plantés de Populus alba , des
feuilles duquel la chenille paraît vivre exclusivement, sont
les localités que cette Phalénite affectionne.
L'insecte se tient Je plus souvent posé sur les feuilles, les
ailes étendues.
Cette Cabéride a au moins deux générations par an. Ce qui
ferait penser qu’elle a plus de deux éclosions, c’est que,
5
me
68 CHENILLES et lépidoptères inédits.
la voyant fréquemment voler en avril et mai, puis en juillet,
je la retrouve chaque année, tout aussi abondamment en sep-
tembre.
CfiB^mepioa €aiigi aiesas* la .
( Planche 2 Fig. \ à 6. )
Ramb. Ann. Soc. entom. de Fr. 1852 p. 55. pi. 2 (Ig. 54. —
S lui). 581. — Gu. 1519. = Ramburaria , Bdv. 1525. —
Dup. Sup. SIS. p. 614 pl. 50 fig. 7. — Herr.-Sch. p. 95
lig. 48.
Ciieniele.
Les œufs sont oblongs, légèrement déprimés, et d'un brun
verdâtre ; cette couleur tourne au rouge obscur vingt-quatre
heures avant l’éclosion de l’insecte.
A sa sortie de l’œuf, la jeune chenille est d’un vert clair,
tirant sur le jaunâtre aux deux extrémités. La tête est fauve
avec les pattes concolores.
Après avoir atteint toute sa grosseur, Caliginearia mesure
de 0,040 à 0,045 millim. Elle est cylindrique, très-lisse,
sans éminences, faiblement atténuée antérieurement. Sa livrée
se partage en deux couleurs bien tranchées : le dos et les
lianes, jusqu’à la stigmatale, sont d’un vert obscur; le ventre,
à partir de cette dernière ligne , tire sur le carné lavé de
bleuâtre. Du dos à la stigmatale, il existe, en outre de la sous-
dorsale, plusieurs lignes noirâtres formées par la réunion de
petits points bruns très-rapprochés. La ligne vasculaire et la
sous-dorsale sont rougeâtres et assez apparentes. La stigmatale,
d’un camé jaunâtre, est également très-distincte. Sur cette
ligne, au centre de chaque anneau, on voit une petite tache
en forme de parallélogramme, d’un rouge ferrugineux. En
Chemerina Caliginearia. 69
dessous de cette tache, mais seulement sur les quatrième,
cinquième, sixième, septième et huitième anneaux, il existe
un gros point noir irrégulier, au-dessous duquel on voit un
trait noir horizontal. Le ventre, dans toute sa longueur, est
ligné de blanchâtre et maculé de larges taches noires. Les
stigmates sont d’un pourpre obscur, cerclés de noir. Les tra-
pézoïdaux sont bien accusés. La tète petite, lenticulaire, tes-
tacée, est, ainsi que le reste du corps, recouverte de poils
roux très-courts. Les pattes écailleuses et anales sont conco-
lores.
Celte chenille, qui vit à découvert, est très-lente et très-
rigide. Au repos, elle appuie toujours sur ses pattes écailleuses
la partie antérieure de son corps.
Au moment de se métamorphoser Caliginearia se cache
sous des débris de végétaux, tisse une toile molle, mais très-
serrée, et, trois ou quatre jours après, elle se chrysalide.
L’état de nymphe dure sept, huit et meme neuf mois.
Chrysalide.
Cette nymphe est cylindrico-conique, un peu obtuse, sans
aspérités, très-lisse, très-luisante, rousse et lavée de verdâtre
jusqu’aux anneaux. Ceux-ci sont mobiles, d’un rouge brun.
Le dernier segment, qui est presque noir , se termine par
deux pointes droites , fortes et très-rapprochées l’une de
l’autre.
\
Insecte parfait.
Envergure, 0,055 à 0,037 millim. Les ailes supérieures
sont très-entières, longues, lisses, soyeuses, à franges moyen-
70 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
nos, d’un cendré violâtre, avec les trois lignes ordinaires assez
vagues, très-dentées et blanchâtres. L’extra-basiiairc et la
coudée sont accompagnées de brun roux. La ligne subtermi-
nale est formée par la réunion de points blancs, triangulaires,
le plus souvent séparés les uns des autres. Le point discoïdal
est faiblement écrit. La surface entière des ailes est recou-
verte d’une infinité de petits atomes bruns. Les inférieures
sont plus pâles et sans dessins. Le dessous des ailes ne possède
que la ligne coudée qui est interrompue et presque effacée.
Le point discoïdal v est encore moins apparent qu’en dessus.
La femelle a les ailes plus étroites et plus aiguës; elle est
toujours plus petite que le mâle. Les antennes de ce dernier
sont violâtres et régulièrement pectinées ; celles de la femelle
sont sétacées. Le corselet, de forme carrée chez le mâle, est
relativement grêle ; celui de la femelle n'est pas beaucoup
plus gros. Chez les deux sexes, les ailes sont croisées au re-
pos, et les inférieures cachées par les supérieures.
La race espagnole de cette Chemerïna est ordinairement
plus foncée que celle de la Provence. Cette dernière a une
teinte généralement rougeâtre, tandis que les individus de
l’Andalousie sont, le plus souvent, d’un gris de fer ardoisé
plus ou moins vif.
La connaissance exacte de la chenille de Caliginearia nous
démontre que l’insecte parfait placé h la fin de la famille des
Ligibæ de M. Guenée , occupe sa véritable place; car s’il se
rattache à cette famille par la forme de sa larve , il incline
vers les Hybernides par sa femelle, qui a les ailes plus petites
que celles du mâle. L’époque hâtive de l’éclosion de l’insecte
parfait , témoignerait encore d’une nouvelle analogie avec
cette dernière famille. Caliginearia fait donc très-naturelle-
ment le passage des Ligules aux Hybernides.
J’ai élevé ab ovo cette Chemerina. Les œufs m’ont été en-
voyés d’Andalousie au commencement de l’année dernière
Chemerina Caliginearia. 7 f
par M. Staudinger. Ces œufs éclos en avril ont donné des
chenilles qui ont grossi rapidement et qui ne mirent pas plus
de quarante jours pour se transformer en nymphe. Elles
passèrent en chrysalide tout l’été , tout l’automne et une
partie de l’hiver. L’éclosion des premiers sujets a eu lieu le
10 janvier de cette année.
Ayant obtenu un accouplement en captivité , une seule
femelle m’a pondu plus de deux cents œufs fécondés.
11 m’a été prouvé que Caliginearia n’avait qu’une généra-
tion par an. On pourrait objecter que cette espece dépaysée
a bien pu modifier ses mœurs et ne produire à Lyon qu’une
génération annuelle, tandis qu’elle en produit peut-être deux
en Espagne. Cela pourrait être vrai; cependant je ferai ob-
server que mes chenilles de Chemerina ont été élevées dans
un appartement exposé en plein midi, oh la température sur
barrière-saison n’était pas moindre de 15 à 20", et que, clans
de telles conditions atmosphériques, cette espèce n’a pas dû
se comporter chez moi autrement qu’elle ne l’eût fait en
Espagne.
Dans la nature cette chenille vit, dit-on, sur le Cistus in-
çanus , L. Pendant quelque temps j’ai nourri les miennes avec
les feuilles du Cistus salvifolius , L., qui croît spontanément sur
plusieurs coteaux de nos environs , mais la plante que ces
larves ont préférée et qu’elles ont fini par manger exclusive-
ment est l’ Helianthemum poly folium, Koch, qui est des plus
communes sur nos pelouses sèches et chaudement exposées.
Ces chenilles ne rongent que les boutons < Y Helianthemum sur
le point d'épanouir : elles pratiquent à cet effet un trou sur
le bouton de la plante afin d’y introduire la tète et les pre-
miers anneaux de leur corps. Je n’ai jamais remarqué que
ces insectes attaquassent la fleur fraîchement ouverte.
72 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Csafflapa©gi,SÈBSS2gasa MEigsiiafa.
(Planche 3. Fig. 1 à 3).
îlb. 358. — Treits. IL p. 52. — Dup. Y. p. 379, pL 198,
f. 3. — Bclv. S 646. — Herr.-Sch. p. 143. — DelaSi. 223.
— Gn. 1600.
Chenille.
A sa sortie de l’œuf qui est blanc et de forme sphérique,
la chenille de Rignata , vue à la loupe , paraît couleur de
chair et sans taches. Dix. jours après son éclosion , cette
larve qui, dès lors, paraît relativement effilée, peut avoir
0,014 à 0,015 m. de long. Son corps, blanchâtre à cette
épocpie , semble diaphane. La tête et les derniers anneaux
conservent seuls une faible teinte carnée. Après avoir acquis
toute sa grosseur, cette larve a de 0,028 à 0,050 m. Sa forme
est allongée et cylindrique (<). Le corps est d’un gris violacé,
lavé par places de rose pâle. La vasculaire est line , brune ,
interrompue vers les intersections. La ligne sous-dorsale est,
dans toute sa longueur, d'un carné obscur. La stigmatale est
blanchâtre. Les stigmates sont blancs et cerclés de noir.
Le ventre présente une ligne bnme , large , ondulée et
bordée de chaque côté par un liseré blanc très -fin. Le dos
porte sur les sixième , septième , huitième et neuvième an-
neaux, un chevron noir qui, partant de la vasculaire, aboutit
diagonale ment à la sous-dorsale. La tête, de forme lenticu-
laire et d’un jaune rougeâtre, est finement chagrinée de brun
vers la base. Les pattes écailleuses sont de la couleur de la
tête. Les anales, concoiores, sont marquées d’un trait fin et
(') Riguatci doit peut-être, par eps deux caractères, faire passage du genre
Camf toqramma , Steph. , au genre P/iibalopteryx , Steph. , et se placer la
dernière des Caviptogramma de M- Guenée
P. Midi ère- dcl.ct pl
I. 1 à 3. Oam^to^rapirria, Rujiui ûp. III?,
II. 4 à, j . SeUdosema, Taenia bar uis, N b
Ut. S à,i5. L aruibÜL Ab UUarùa, 3 dt?.
Dcèrag sciUp.
Parus, lmp. Pouls te, 5, r Mignon,.
M”PMigncarur, col.
Camptogramma Riguata. 75
blanchâtre Le corps est recouvert d’une villosité courte,
blanche, à peine visible à la loupe.
Chrysalide.
Longueur 0,014 à 0,015 m. D’un rouge brun luisant,
cylindrico-conique , passablement elfiîée : l’extrémité anale
est terminée par deux petites pointes noires, rapprochées et
très-aiguës.
La place des ailes, celle des yeux et des segments abdomi-
naux , parait plus sensiblement accusée que chez la plupart
des chrysalides de Géomètres.
Les stigmates se distinguent : ils sont noirs et arrondis.
Insecte parfait.
Le type, pour la taille et la coupe, se rapproche assez des
petits exemplaires de Bïlinearia. Cependant on trouve quel-
quefois dans le Lyonnais des individus d'un bon tiers plus
grands.
Les quatre ailes sont d’un gris cendre , coupées transver-
salement par un très-grand nombre de lignes délicates, on-
dulées, d’un brun plus ou moins foncé, et par quatre lignes
blanches, très-fines et denliculées. La ligne extra-basilaire se
détache faiblement en clair, les trois autres lignes ordinaires
sont très-blanches et bordées de brun intérieurement. Les
deux médianes renferment cinq ou six lignes brunes très-
serrées , qui donnent à cette partie de l'aile une teinte plus
sombre. La subterminale , toujours fortement denticulée ,
est très-apparente sur les quatre ailes. Le point discoïdal, à
peine accusé aux ailes supérieures, est invisible aux infé-
rieures. Le dessous, plus clair que îe dessus, présente les
mêmes dessins, seulement le point discoïdal se distingue
très-bien sur les quatre ailes. Les antennes, la tête, le corselet
l'A CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
et 1’ahdomen participent de la couleur générale de l’insecte.
On prend , dans notre département , une variété dont le
fond est d’un ferrugineux obscur. Cette variété , qui ordi-
nairement est d’une taille plus grande que le type , vue de
très-près, présente des lignes de couleur ferrugineuse telle-
ment rapprochées qu’elles se confondent et ne laissent pa-
raître que la seconde ligne médiane, qui elle-même se trouve
resserrée sur plusieurs points de son étendue.
Cette aberration, dont aucun auteur ne parle, habite de
préférence les hauteurs de nos collines déboisées; je la
désignerai par la lettre A.
Riguata paraît deux fois, en avril et en mai, puis en août
et septembre ; mais elle est beaucoup moins fréquente à la
seconde époque qu’à la première.
J’ai nourri la chenille de cette Larenticle avec plusieurs
espèces de Rubiacées ; c’est surtout YAsperula cynanchica , L.,
qu’elle a mangée de préférence. Sa croissance a été rapide.
Depuis le 15 août, époque de la ponte des œufs, qua-
rante jours ont suffi à cette larve pour arriver à l’état de
chrysalide.
Les cinq chenilles dont j’ai fait l’éducation ab ovo se sont
ehrysalidées du 2à au 28 septembre et ont donné leur insecte
parfait vers le milieu d’avril de l’année suivante.
Cette larve, assez lente dans ses mouvements , doit vivre
sur les collines sèches et pierreuses, car c’est presque tou-
jours clans de semblables lieux que se rencontre l’insecte
parfait.
Riguata , que Donzel , d'après ses notes, ne considérait
point comme appartenant à notre faune lyonnaise, n’est pas
précisément rare dans notre département et ses environs.
Selidoscma Tœniolaria.
7;')
§eSi«io»ieiua Tseuiolaria.
( Planche 3- Fig. 4 à 7.)
Hb. 357. — Dup. IV, p. 452, pl. 168, fig. 3. — Bdv. 1505.
— Gn. 1169. — Herr.-Sch, p. 79, fig. 55-54.
Chenille,
Ar rivée à toute sa taille, elle a de 0,030 à 0,035 m. Elle
est sans aspérité, faiblement atténuée antérieurement et
présente un léger renflement sur les neuvième , dixième et
onzième anneaux. Le fond est d’un gris jaunâtre , variant
quelquefois en gris bleuâtre et en rouge obscur. Cet insecte
est traversé longitudinalement par plusieurs lignes formées
par le rapprochement de points gris , petits et serrés. Les
plus saillantes de ces lignes sont la vasculaire et la stigmatale ;
celles-ci sont liserées, en dessus et en dessous, de traits fins
plus ou moins visibles. La vasculaire est large, grise, con-
tinue. On ne voit pas la sous-dorsale, à moins que ce ne soit
cette réunion de trois ou quatre lignes géminées, placées
entre la vasculaire et la stigmatale. Cette dernière est carnée
et sinueuse. Les stigmates sont blancs et cerclés de noir. Le
ventre présente un assez grand nombre de lignes serrées ,
à peine visibles , et dont la réunion donne à cette partie du
corps une teinte gris-bleuâtre. La tête est carrée , rougeâtre
et montre de face un croissant frontal renversé. Les pattes
écailleuses sont brunes ; les membraneuses sont cencolores.
Les points trapézoïdaux sont noirs et bien accusés sur les
sixième , septième et huitième anneaux. Immédiatement
au dessus de la seconde paire de trapézoïdaux, on remarque
deux points blancs , oblongs , à peine séparés par la vascu-
70 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
luire ; celle-ci se trouve resserrée sur chacun de ces trois'
anneaux. Ainsi que la plupart des larves de Géomètres ,
Tæniolaria est couverte d’une villosité rare et très-courte.
Cette Seliclosema vit abondamment en Auvergne sur le
Genista sagitlalis , L. ; et dans les petites montagnes du Lyon-
nais, sur le Prunus spinosa. Cette espèce qui doit être poly-
phage est commune en Provence. Elle est très-rigicle , très-
lente , et ne se cache jamais pendant le jour. Elle s’est
chrysalidée chez moi au commencement de juin , et m’a
donné son insecte parfait à fin août. Pour se métamorphoser
elle s’enfonce dans la terre à 0,010 ou 0,015 mill. de pro-
fondeur et se chrysalide sans former de coque.
Chrysalide.
Cette nymphe est relativement petite, cylindrico-conique,
d’un rouge brun foncé , lisse et brillante. Dans son aspect
elle ne présente rien de particulier et rentre, pour la forme,
dans la masse des chrysalides des Phalénites.
Insecte parfait.
Envergure : 0,054 à 0,050 m. Les ailes ont ie fond testacé,
et sont presque entièrement recouvertes d’un sablé noirâtre.
L’espace compris entre la coudée et la subterminale est ,
sur les quatre ailes, plus ou moins blanchâtre. Les lignes
transverses sont assez vivement accusées , principalement la
subterminale , qui est sinueuse , profondément dentée et
liserée de blanc extérieurement. Nulle trace de l’extra-basi-
laire aux inférieures. La frange, médiocrement longue, est
concolore. Les ailes en dessous laissent à peine voir le sablé
noirâtre, les Signes transverses et l’éclaircie placée après la
coudée; seulement la tache cellulaire des quatre ailes est
brune et très-visible. Les antennes du mâle sont brunes et
7?
Lare nti a A h Lu l ai Ha .
garnies de barbules très-larges. La tete, le corps et les pattes
participent de la couleur de 1 insecte.
Le genre Selidosema , créé par M. Lédérer, a été adopté
par M. Guenée. Ce genre renferme dix espèces , dont neuf
sont européennes ; une seule est connue à l’état de chenille,
c’est celle de Plumaria , figurée dans Hubner (Gcometræ ï. ,
Amplissimœ U. b, )
Est-il bien sur que l’iconographe allemand, malgré la per-
fection de la plupart de ses dessins, nous ait donné une figure
exacte de la chenille de Plumaria ? Je serais porté à en dou-
ter , lorsque je compare le dessin de cette chenille avec la
larve vivante de Plumaria que j’ai sous les yeux. Cependant
si Tœniolaria n’est pas la première chenille connue du genre
Selidosema , elle en sera la seconde.
I^resalla AbSaiiaria.
( Planche 3. Fig. 8 à 15. ).
iîdv. 1G26. — Herr.-Scli. p. 159, fig. 382. — Gn. 1385 . — Oli-
varia? Dup. Y, p. 190, pS. 183, fig. 3 (le ^ — Flavi-
cinctata , Dup. V, p. 400, pî. 199, fig. 3. =■ Ruficinctata,
Gn. = In fidaria , üelah. 280.= Podevinaria , Herr.-Sch.
— Salicata? Wien. — Verz. K.-ïï?
Chenille.
Les œufs de cette Larentia sont jaunes , ovales , déprimés
et brunissent deux heures avant leur éclosion. Ceux qui
m’ont donné la génération d’été sont éclos le 28 mai, et, en
moins de vingt jours, les larves ont subi leurs diverses mues
ét se sont chrysalidées.
Au sortir de l’œuf la petite chenille est jaune paille, avec
la tète et les derniers anneaux rougeâtres ; peu de jours après
78 C1IEMLLES ET LÉPIDOPTÈRES IJNEDITS.
elle passe au vert glauque. Lorsqu’elle est adulte, cette che-
nille est cylindrique , faiblement déprimée en dessous, sans
éminences, si ce ne sont les points trapézoïdaux qui sont plus
forts sur les sixième, septième et huitième segments que sur
Jes autres. Tous les anneaux sont renflés et très-distincts,
aussi bien chez les individus de la montagne que chez ceux
de la plaine.
Les sujets de la montagne (*) m’ont semblé un peu plus
petits cpie les autres. Je dois dire cependant que les chenilles
provenant des hauteurs ont peut-être souffert en captivité.
La couleur chez ces dernières est d’un jaune pâle avec des
lignes brunes géminées, du dos à la stigmatale. La vasculaire
et la sous-dorsale sont violettes. La stigmatale est jaune paille
et relativement large. En bas cle cette dernière ligne il existe
un liseré noir très-apparent et largement interrompu sur
chaque anneau.
La teinte des individus de la plaine et des petites collines
est d’un carné plus ou moins vif. Les lignes géminées sont
grises et quelquefois d’un rose clair. La région dorsale sup-
porte, sur chaque intersection, une sorte de tache brune ou
rose, selon l’individu. Cette tache aboutit le plus souvent
à la sous-dorsale , mais d’autres fois elle descend jusqu’à la
stigmatale. Les lignes ordinaires sont carnées et liserées de
rougeâtre. Les stigmates sont d’un pourpre obscur, ronds et
cerclés de jaunâtre. Le ventre est traversé par plusieurs lignes
violacées toutes bordées en dehors par un liseré fin. La tête
est globuleuse, plus petite que le premier anneau sous lequel
elle se cache à moitié; elle est d’un jaune testacé et recou-
verte d’une infinité de petits points bruns placés irrégulière*
(*) Ceux que j’ai élevés sont originaires de Jougne , haute localité de la
Franche-Comté, d’où me les a envoyés à l’état d'œuf, notre collègue
M. Bruand d’Uzelle.
7!)
Làrentia Ablutaria.
ment. La villosité, qui ne se voit qu’à la loupe, est rare,
eourte, blanche, mais plus abondante sur les derniers an-
neaux que sur le reste du corps.
Cette chenille, qui se cache soigneusement pendant le jour,
et qui, depuis la première éducation que j'en ai faite, n’a
jamais été trouvée qu’au piecl de divers Galium , fut nourrie,
dès les premiers temps de son éclosion, avec quelques Helian-
thefnum , plusieurs espèces de Composées et certaines Cruci-
fères. Ces jeunes chenilles ne mangeaient que la fleur de ces
Chrysalide.
Pour se métamorphoser, cette chenille se construit une
coque solide qu’elle fixe sur la terre ou sur un corps dur.
Cette coque (pl. 5 fig. 15.) est de forme oblongue et com-
posée d’une certaine quantité de grains de terre liés par une
soie brune très-forte. L’enveloppe est solide et résiste à la
pression du doigt.
Cette Larentia , qui éclot une première fois vers la fin de
février ou le commencement de mars, est encore à l’état de
chenille quinze ou vingt jours avant sa transformation en
insecte parfait; mais alors elle est décolorée , contournée
sur elle-même , méconnaissable enfin (*).
f) Cette obs&rvation n’a rien de nouveau, car de semblables faits ont etc
signalés , notamment chez l 'Eriopus Ftericlis , dont la chenille a été décrite
par M. Bruand d’Uzelle dans les Annales de la Société Entomologique de
France.
l'ai, moi-même, il y a peu d’années, remarqué que la chenille de la Ghelo-
nia Pudica, renfermée dans sa coque pendant plusieurs mois, ne se trans-
formait en chrysalide que quinze jours avant son éclosion.
Enfin, ces temps derniers, j'ai observé que la chenille de mon Hastula
Hyerana ne s’est transformée en nymphe que peu de jours avant l’arrivée de
l’insecte parfait, bien que celle-là se fût retirée depuis trois ou quatre mois sous
la toile qu’elle s’était filée.
80 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
La chrysalide est cylindrico-conique, faiblement allongée,
brune, lisse, brillante, avec l'intersection de chaque anneau
d'un rouge brique. Le dernier segment, vu à la loupe, est
très-brun , chargé de boursouflures et terminé par deux
épines noires, divergentes et ne se louchant qu'à la base.
Insecte parfait.
Envergure : 0,022 à 0,025 millim.
Les divers sujets qu’on trouve sur nos petites collines, de
même que les nombreuses chenilles que j’ai observées, ont
une teinte bien différente de ceux de la montagne. L’aspect
général de ceux-ci, obtenus ab oco, est d’un gris ardoisé, avec
l’espace médian et la partie de Faite qui précède la frange,
plus ou moins gris-brun, tandis que les individus de la
plaine, obtenus également ab ovo , sont généralement lavés
d’une teinte jaunâtre et quelquefois ochracée, ce qui, au pre-
mier abord, donne à ces derniers un faciès très-différent des
individus de la montagne.
En comparant, avec beaucoup d'attention, ces deux races,
toujours très-tranchées, on reconnaît, sur l’une et l’autre,
aux ailes supérieures et inférieures, les mêmes lignes trans-
versales, les mêmes taches noires et blanches, les mêmes an-
gles rentrants et sortants, des points cellulaires disposés de
même, des points noirs en avant des franges et placés par
paires sur chaque nervure : tous ces caractères sont exacte-
ment semblables. Enfin l’espace terminal des supérieures est
teinté de fauve ou de brun, selon que c’est l une ou l’autre
de ces deux races.
Le mâle se reconnaît facilement à ses antennes garnies de
véritables lames pubescentes. La femelle a les antennes com-
plètement flli formes.
La race lyonnaise varie quelquefois: j’ai obtenu des su-
81
Larentia Ablutana.
jets d'un ochracé très-vif (pl. 3 fig. 12). La race qui habite
les hauteurs est certaines fois plus grande encore que la Sali-
caria , iïerr-Sch.
Le genre Larentia , tel que l’a établi M. Guettée', se
compose d’une quarantaine d’espèces d’Europe. En par-
lant de ce groupe nombreux, Fauteur du Spccies dit : « Les
ce chenilles des Larentia sont à peu près inconnues, m et plus
loin : ce J’appelle donc instamment, sur ce genre difficile à
ce tous les titres, l’attention des entomologistes qui se bor-
c< nent aux espèces européennes. »
Les erreurs, les doubles emplois, à l’égard des Larentia ,
ont été nombreux. Celle dont l'unité a été peut-être la plus
difficile à établir, est sans contredit F Ablutana. Les insectes
parfaits de montagne, si différents de ceux de la plaine, ont
prêté évidemment à la confusion, et c’est, d’après cela sans
doute, que les auteurs ont décrit et figuré, en outre du type,
deux et peut-être trois ou quatre espèces qui leur ont semblé
différentes; de sorte qu’il existe aujourd'hui cinq ou six noms
qui tous se rapportent bien certainement ci Y Ablutana. îl ne
me paraît pas douteux que la Podevinaria , H. -S., n. 250, soit
la même que YAblutaria de montagne, et je serais très-porté
ci croire que la Salicaria de cet auteur (n. 207-208) n’est qu’un
grand individu de montagne de l’espèce cpie je viens de décrire.
Je considère comme type de cette Larentia la race lyonnaise
qui n’est pas la plus répandue, mais qui du moins est con-
nue de tout le monde sous le nom d 'Ablutana.
La découverte d’un Lépidoptère est, sans contredit, une
chose intéressante; mais chaque fois que, par des preuves à
peu près certaines, il est possible de détruire une erreur ou
d’apporter certains éclaircissements sur un point litigieux, le
fait n’est pas, ce me semble, sans utilité pour la science.
Il est très-fâcheux qu’une espèce aussi essentiellement eu-
ropéenne que cette Ablutaria n’ait pu, jusqu'à ce jour, être
(S 2 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,
étudiée avec plus de soins. Je ne me flatte pas d’avoir complè-
tement éclairci la question, mais je viens de répandre quel-
ques lumières sur ce sujet intéressant, et désire appeler sur
lui l’attention des lépidoptérophiles.
Cette Larentide parait deux fois par an : en mars et en
avril, puis en août et septembre. Elle est fort abondante dans
nos environs, ainsi que dans toutes nos montagnes voisines.
Elle est également fréquente dans les Alpes suisses et ne l’est
pas moins en Sicile, ainsi que me le mandait dernièrement
notre collègue, M. le docteur de La Harpe, de Lausanne.
Je dirai encore, avant de terminer ce long article, qu 'Ablu-
taria est souvent attaquée par un parasite de la famille des
Ichneumoniens, dont la progéniture, dans ce cas, éclot à la
place du Lépidoptère. J’ai figuré cet insecte parasite (pl. 3,
%• 15)-
Depuis la rédaction de l'article qui précède, j’ai fait, au
printemps dernier, un séjour de quelques semaines en Pro-
vence, et je me suis convaincu qu \4blutaria est tout aussi
abondante dans ce beau pays que dans notre département.
Les individus y sont généralement grands et se rapprochent
plutôt, pour la couleur, de la race de montagne (pl. 3 n. 11).
que de la race lyonnaise.
Papillio Camilla.
(Pl. h. Fig. 1.)
Fab. P. Rivularis , Scopoli. ~ L e Sylvain-azur é , Engram. =
Nymphale Sylvain- azuré, God. = Limenitis Camilla , Bdv.
— L . Camilla ? aberratio Pythonissa , Millière.
Aussi grande que les plus grands individus de l’espèce,
cette intéressante variété de Camilla femelle est entièrement
noire en dessus, si ce n'est que la frange des quatre ailes est
entrecoupée de blanc vif. Le dessous est peut-être plus remar-
Annales de la. Société Lin/iccnnc d&Lyoru
Année- 1S59, PI. Ü
P MùUiérc- dcl ct> pl
1. Pt/Tze-rudzs CanbUla,, P' (Ab. Pi/ Put ntsset, , M ’Uliéro J
2. Li/cœ./uu Corydotv A, P'. (Ab. Albictuzs, PI)
3. Corydow cj>, (Ab. s c,m.ib / tut/ zea, , MUl J
A- Zyyœsuz. Paus ta,, L . (Ab. L tu/ chincsis Is Ælb)
5 ChcniLUs dey Pacfvit. Htpp oças tanat ice, P
Debray scidp
Paris, fmpr. Ho ois ter.
Mnu'Mu}ne<iu& cal
V
Papillio Camilla. 8.”
quable que le dessus, en ce que l’insecte, vu de ce coté, a un
aspect exotique qui frappe au premier abord. La plus grande
partie du fond est d’un rougeâtre obscur, lavé de noir fuli-
gineux. Au tiers des premières ailes, il existe une large tache
noire à peu près carrée, en haut de laquelle régnent d'autres
taches fuligineuses très-allongées, placées entre chaque ner-
vure. Ces dernières sont surmontées de plaques blanches,
carrées, aboutissant au bord terminal ; lesquelles ne sont bien
prononcées qu’entre les quatrième, cinquième et sixième
nervures. La base des ailes, jusqu’au quart environ de leur
étendue, est d’un cendré bleuâtre rappelant très-bien la cou-
leur du type. Sur ce fond clair, on voit les nervures qui sc dé-
tachent en brun. La frange des quatre ailes, qui est ferrugi-
neuse, est entrecoupée de blanc vif. Les ailes inférieures
nous montrent cette même série de taches noires placées entre
chaque nervure et venant aboutir à la grande tache basilaire
d’un cendré bleuâtre. Enfin, entre la première et la seconde
nervure, sur la limite de la tache basilaire, repose une autre
tache noire triangulaire qui se fond en s’étendant sur la lon-
gueur de l’aile.
Cette remarquable variété, qui n’a point encore été publiée,
fait actuellement partie du cabinet de M. A. Guillemot ,
de Thiers. Elle fut prise dans un jardin de Florac (j).
Hubner, dans son premier ouvrage iconographique des
Lépidoptères, a publié une variété de la L. Sybilla , dont les
ailes supérieures, en dessus, sont entièrement noires. Cette
aberration serait à Sybilla ce que ma variété Pythonissa est à
Camilla .
P) La capture de ce bel insecte est consignée dans un mémoire de M. Bellier
de la Chavignerie, présenté à la Société Entomologique de France, séance du
24 septembre ISo-l. Le travail de notre collègue a pour titre . : Observation
sur les Lépidoptères de la Lozère.
6
i
84 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS#
Variétés de Lycæua l'opjdou , Fau.
( Aberr. a* AflbSeans , Bdv. )
( Aberr. £ SensîlimsiBnea , Mile.)
(Planche 4. Fig. 2 et 3.)
Voici deux variétés de Corydon de coloration remarquable#
et dont, je pense, on me saura gré de publier le dessin.
\d Albicans est une anomalie du type, depuis longtemps
connue, mais dont la figure n’a point encore été publiée. Cette
aberration est ordinairement d’un tiers plus grande et tou-
jours plus blanchâtre que le Corydon ordinaire.
En dessus, le bleu argenté et luisant n’existe qu’à la nais-
sance de l’aile. La rangée terminale de taches ocellées, dé-
pourvue de lunules fauves, est, sur les quatre ailes, moins
vivement écrite que chez le type.
Le dessous est très-pâle, et les lunules fauves, si bien accu-
sées chez le mâle ordinaire, sont à peine visibles chez Albi-
cans.
Celte race, qui est constante, provient de la Sierra-Nevada
en Espagne.
Semibrunnea , qui est une femelle , me parait nouvelle :
nul auteur, à ma connaissance, n’en a encore fait mention.
Cette anomalie tient le milieu entre la femelle typique et
Y Ab. ? maris colore des auteurs.
La taille de Semibrunnea est aussi grande que celle des
plus grands individus de Corydon femelle.
En dessus, le bleu argenté, au lieu de couvrir la presque
totalité des ailes, comme chez la variété femelle connue,
laisse voir de larges taches brunes. La frange est précédée
d’une bordure brune, sur laquelle les points terminaux pa-
raissent à peine. La lunule discoïdale des supérieures est
Zygæna Faust a. S 5
noire, petite, et repose sur un fond bleu argenté. Sur les in-
férieures il existe une tache discoïclale bleuâtre qui tranche
sur le fond brun.
Le dessous des ailes n’a rien qui le distingue de l’espèce
ordinaire, si ce n’est cependant le fauve de la rangée de
points terminaux qui est très-pâle.
Cette rare variété, qui fait partie de mon cabinet, provient
de la Pape, localité située au nord-est de Lyon.
Variété de la zy g1 æ u 55. Fausta , L.
( Aberr. lug'dunensis , Mlll. )
(Planche 4. Fig. 4.)
Cette variété rappelle, pour la couleur, les aberrations des
Zygœriu Onobrychis , H., Esp., Jlippocrepidis , Herr.-Sch. 50,
et Achilleœ , Herr-Sch., G 4 -G 7.
Le jaune vif a remplacé complètement, en dessus et en
dessous, le rouge de la Fausta ordinaire. Cependant les ta-
ches noires des supérieures sont plus petites, et la bordure
des quatre ailes est sensiblement plus étroite que chez le
type.
Cette aberration, qui est fort rare, paraît propre à notre
département : elle ne fut prise, à ma connaissance, que trois
fois seulement, au Mont-Cindre, près de Lyon, oh Fausta
vole abondamment en août et septembre.
Pour rappeler la patrie de cette intéressante Zygénide, je
la nomme Ab. Lugdunensis,
86
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
3P»chyclicniia Mippocastanaria.
( Planche 4. Fig. 5 à 8 ) .
Hb. 186. — Treits. I, p. 341 et Sup. j). 199. — Dup. V,
p. 517, pl. 906 fig. 8. — Steph. III, p. 269. — Bdv. 1932.
— Herr.-Sch., p. 96, f. 330. — Delah. Sup. 159. — Gn. 1318.
= Degeneraria , Hb. 405.
Chenille.
Elle est allongée , cylindrique , sans aucune éminence ,
avec la tête passablement forte.
Le fond, d’un carné plus ou moins clair chez certains
individus, ou plus ou moins obscur chez d’autres, est entre-
mêlé de stries blanchâtres. La région dorsale présente une
large bande d’un rouge brique, coupée dans toute sa longueur
par la vasculaire ; celle-ci est étroite, grise, faiblement écrite.
La sous-dorsale est représentée par deux lignes brunes ,
continues, géminées. La stigmatale est blanchâtre. Les stig-
mates sont très-petits, ronds et cerclés de noir.
Tout l’insecte est recouvert d'une villosité blonde, passa-
blement longue , implantée sur de petits points noirs visibles
seulement à la loupe.
Le ventre, de couleur blanchâtre, est traversé longitudi-
nalement par deux lignes grises, géminées, coupées par un
gros point noir placé sur chaque anneau.
Cette chenille varie quelquefois en brun, en gris ; d’autres
fois (ce cas se présente rarement) , elle varie en blanc. Celte
dernière aberration a, sur le flanc des quatrième, cinquième,
sixième . septième et huitième anneaux , une tache couleur
de brique en forme de losange.
P achy chemin Hippocastanaria.
87
Chrysalide.
La chenille d1 Hippocastanaria fait sa chrysalide dans la
mousse ou sur la terre recouverte de débris de végétaux ;
mais elle ne forme pas de coque.
La chrysalide est conico-cylindrique , renflée depuis la
télé jusqu’y compris les ailes.
L’enveloppe des anneaux est d’un brun rougeâtre ; celle
de la tète et des ailes est jaune. Vue à la loupe, l’extrémité
abdominale, qui est noire, paraît terminée par deux fils très-
fins qui ne sont réunis qu’à leur base. Celle-ci est recouverte
de poils noirs très-déliés. L’intersection des anneaux est
brune.
Insecte parfaît.
Envergure : 0,028 à 0,030 mill.
Les ailes supérieures sont oblongues , amygdaliformes ,
d’un gris plus ou moins rougeâtre , à dessins peu marqués ,
avec trois lignes transversales éclairées de blanchâtre inté-
rieurement. La tache cellulaire est d’un gris plus accusé que
le fond. Des points bruns placés entre les nervures précé-
dent la frange cpii est assez longue.
Les ailes inférieures sont arrondies et grisâtres.
Le dessous des quatre ailes est uni.
La femelle est semblable au mâle et généralement un peu
plus grande que lui.
Les antennes sont faiblement pubescentes chez les deux
sexes.
L'abdomen dépasse les ailes supérieures ; celles-ci, au repos,
disposées en toit, recouvrent entièrement les inférieures; à
tel point que l’insecte a un faux air de Nola ou de Sarro-
thriper, ou bien ressemble à certaines Pyralides; ce qui, au
88 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
premier coup-d’œil, empêche souvent de reconnaître l’insecte
parfait pour une véritable Phalénite.
Cette Ligide, cpii est si remarquable par l’étrangeté de ses
caractères, à laquelle le nom d ''Hippocastanaria est si fausse-
ment appliqué, n’a certainement jamais vécu sur les châ-
taigniers. La chenille doit se nourrir exclusivement de la
feuille et surtout de la fleur des Erica et Calluna.
Je fais observer que l’insecte parfait, cpii est commun sur
les montagnes sub-alpines de la Loire et du Dauphiné, dans
quelques localités des départements du Puy-de-Dôme , de
Saône-et-Loire, etc. , se rencontre très-fréquemment sur les
chaudes collines du Var, dont la température est si différente
de celle des lieux que je viens de citer.
.fajoutc qu’aucun entomologiste ne l’a encore trouvé aux
environs de Lyon, même dans les lieux où la Bruyère abonde.
Au printemps dernier, M. Bruand d’Uzelle et moi, trou-
vions à Ilyères l’insecte parfait de cette Pachychemia sur deux
espèces de Bruyères blanches ( les Erica arbore a , L. , et sco-
paria , L. ) alors que sur ces mêmes arbustes nous capturions
des larves de celte espèce de tous les âges.
Pour se procurer cette chenille, qui vit à découvert, il
suffit de battre dans un parapluie les plantes dont elle se
nourrit.
Cette chenille était très-imparfaitement connue et n’avait
point, encore été figurée.
La description de celte Pachychemia par M. le docteur
Boisduval était, ce me semble, assez incomplète.
Yoici tout ce que nous dit cet auteur des chenilles de
Fuscaria et Hippocastanaria qui , seides , composent son
genre Sthanclia (*) : ce Larvœ elongatœ , lœves , Ericicolœ ; ra-
ce pile crassiusculo . Melamorphosis hypogeva. »
(*) Généra et index meltiodicus europueorum Lcpidopterorum , pa.£. 22£h
Annales de la SocutL L urneennade Lyo a.
Année, îâ 59. PL 5.
ni.
12
P. 3ÎUUèrt> d&Letpl
Debray seiUp.
I. Pteropkorus 0 IL uidaciy lus, MULfre-
II. Scodùma- Letvtisca-rue, Donz,
ïïl. Variétés d& CidaruD Rus s adas, If b
Imp.Houistc > 5. r.MignaruParà
JW me'Mùy nccua> coi.
Pterophorus Olbiadaclylus . 89
Mes chenilles se sont métamorphosées à Hyères dans la
première quinzaine d’avril , et les insectes parfaits sont
éclos au commencement du mois de mai suivant.
Cette espèce a au moins deux générations par an, puisqu’on
retrouve le Lépidoptère en août et septembre.
S*ie,:sa©pSEOB*aiS ©ISiiatlactylaa* , Milliers.
(, Species nova )
(Planche 5. Fig- 1 à 3 )
CHENILLE.
Elle est cylindrique, assez courte. Le corps, d'un jaune
brun en dessus, jaunâtre en dessous, est recouvert d’une
grande ■ quantité de poils très-longs, d’un blanc pur, non
disposés en faisceaux , mais placés isolément sur autant
de points vcrruqueux. Les lignes ordinaires n’existent pas,
ou tout au moins, je n’ai pu les distinguer. Les stigmates,
très -petits, sont cerclés de noir. La tète et les pattes anté-
rieures sont noires. Le clapet anal et les pattes membra-
neuses sont jaunâtres.
La chenille cjue, pour la première fois, j’ai prise cette
année à Hyères, vers le 25 mars, m’a semblé avoir passé
l’hiver.
Les quelques individus de celte espèce que j’ai pu me
procurer , ont tous été recueillis à Hyères , sur des rochers
situés à l’exposition la plus méridionale, où ne croissait au-
cune plante herbacée, mais seulement certains Lichens très-
courts appliqués çà et là contre la roche.
Ces petites chenilles, qui se roulent quand on les touche,
n’ont pas mangé en captivité; elles se sont de suite métamor-
phosées. Se nourrissent-elles de Lichens, contre l’ordinaire
des espèces de cette famille? ou bien, ce qui paraîtrait plus
90 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
probable, se seraient-elles éloignées du lieu où elles avaient
vécu, et auraient-elles grimpé aux parois du rocher pour su-
bir leurs t ransformations ?
Chrysalide.
Longueur : 0,012 à 0.014 miliim.
Passablement elïilée, avec l’enveloppe des ailes très-allon-
gée, elle est striée de jaune sur un fond noir. Les intersections
des anneaux sont rougeâtres, de même que la place des stig-
mates. Ceux-ci sont indiqués par autant de points fauves. Le
dernier anneau est noir, recourbé, sans crochet et garni d’un
faisceau de poils blancs très-courts.
Cette nymphe est en outre recouverte d'un grand nombre
de poils blancs très-longs, semblables à ceux qui, précédem-
ment, recouvraient la peau de la chenille.
Ainsi que la plupart des larves connues de ce genre sin-
gulier, la chenille < X 01 biadactylus , pour opérer sa métamor-
phose en nymphe, se suspend, par la partie inférieure du
corps, dans un petit enfoncement de rocher; fixée ensuite
par un fil de soie placé transversalement, elle opère sa trans-
formation à la manière des Diurnes.
Insecte parfait.
Envergure : 0,016 à 0,0 18 miliim.
Les ailes antérieures sont faiblement falquées et divisées
en deux parties bien distinctes jusqu’au tiers de leur lon-
gueur. Elles sont en dessus d’un brun verdâtre uni, avec
la cote d'un blanc pur dans toute son étendue. Les barbes
sont longues et d’un brun foncé.
Les ailes postérieures, divisées en trois branches, sont
plus foncées que les supérieures, et l’extrémité des trois di-
visions est blanchâtre. Ces divisions, presque linéaires, sont
entourées d’une frange très-longue.
Pterophorus Olbiadactylus. 01
Le dessous des quatre ailes ne diffère pas du dessus, mais
les couleurs sont moins vives.
Les antennes, filiformes, brunes en dessus et blanches en
dessous, sont passablement longues. Le front, les épaulettes
et les pattes sont blancs. L’abdomen est marqué en dessus
de trois lignes longitudinales d’un vert brun; la ligne du
milieu, plus étroite, est aussi d’un brun plus prononcé que
les deux autres.
La femelle ressemble au mâle, seulement les couleurs sont
généralement plus pâles.
Olbiadactylus est très-voisin de Baptodactylus , Zell., Herr.-
Sch. Tab. 3, n. 59; cependant je n’ai pas dû hésiter à con-
sidérer ce Ptérophore comme nouveau, car les caractères qui
le distinguent sont constants chez tous les individus que j’ai
été à meme d’observer.
Olbiadactylus est toujours un peu plus grand que Bap-
todactylus', il a aussi les ailes supérieures un peu plus fal-
quées ; il est d’un brun verdâtre plus clair que ce dernier,
et n'a pas, comme lui, la naissance de l’échancrure des su-
périeures maculée de deux points noirs placés longitudina-
lement.
Mais le caractère le plus essentiel à signaler, c’est que la
côte de l’aile supérieure est, ainsi que je l’ai dit, d’un blanc
pur dans toute sa longueur, et qu’elle n’est jamais marquée
des trois ou quatre grosses taches noires, oblongues, qui,
chez Baptodactylus , existent constamment. Les ailes infé-
rieures de ce dernier sont en outre terminées par une tache
noire, tandis que celles de mon Ptérophore supportent à
l’extrémité une tache blanche.
En donnant à ce nouveau Microlépidoptëre le nom (X Ol-
biadactylus (4), j’ai eu l’intention de rappeler sa patrie.
(') Dérivé de Olbia, nom primitif de la ville d’Byércs.
9 2
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
!§»«*oilâonA licntiscaria.
(Planche 5. Fig. 4 à i). )
Donz. Soc. Eut. de Fr. 183G, p. 13, pl. 1 fig. 1, 2. — Hidk
592-593. — Dup. Sup. IY p. 17 pl. 52 lig. l.-Bdv. 146G.
— Herr.-Sch. p. GG. — Gn. 1151.
Chenille.
Eclose le 14 avril 1858, la jeune larve, à sa sortie de
l’œuf (*) était jaune; huit jours après, elle passait au brun
clair et ne changea plus de couleur jusqu’à sa quatrième mue.
Arrivée à toute sa taille , elle est grise et largement lavée
de rougeâtre. Cette chenille est passablement allongée ,
épaisse, et va en augmentant du premier au dixième anneau.
Le onzième segment, comme chez Conspersaria , W.-V., Bel-
glana , Hb . , et Perspersaria , Dup., supporte une éminence
charnue et bifide (pl. 5, fig. 8. ). Le douzième segment est
profondément bifide ; ses deux pointes, placées horizontale-
ment, sont aiguës et déliées (pl. 5, fig. 7 ). A partir du
troisième anneau, les points trapézoïdaux sont très-prononcée.
La ligne vasculaire est large, continue, rougeâtre, finement
liscrée de brun, et vient aboutir à la caroncule bifide du
onzième anneau. On ne distingue pas les lignes sous-dorsale et
stigmalale ; mais il règne, entre la vasculaire et les stigmates,
trois éclaircies bleuâtres très-finement liserées de brun de
chaque côté. Le ventre est d'un testacé rougeâtre et présente
trois lignes ondulées, bleuâtres, continues et liserées de gris
dans toute leur étendue. En outre, les cinquième, sixième,
septième, huitième et neuvième anneaux laissent voir au
centre un double point blanc surmonté d’une tache triangu-
(') Une femelle prise à II y ères, en mars dernier, au milieu des Cistes et des
I.entisqucs, m’a pondu près de deux cents œufs.
Scodiona Lentiscaria, 93
laire et blanchâtre ; mais cette dernière ne s'aperçoit que sur
les septième, huitième et neuvième segments.
Los stigmates sont blancs, ovales et cerclés de noir.
La tête, presque lenticulaire, rougeâtre au sommet, est, à
la base, bleuâtre et maculée de points noirs irréguliers. Les
palpes sont jaunes et relativement longs.
Les dix pattes sont concolores.
Tout le corps est recouvert d’une villosité blonde assez
courte,
Cet insecte, qui varie en jaune, en gris blanc, gris bleuâtre
et en brun, a été élevé par moi ab ovo et nourri avec les
Heliantliemum vulgare (Garln.) et pulverulenlum (D. C.) fort
répandus sur les coteaux secs de nos environs.
D'autres chenilles de la même espèce, provenant dune
ponte plus récente, ont été nourries en plein air avec YHelian-
tTiemum valetinum (.Tord.)
Cette espèce, facile .à élever, arrive toujours à bonne fin.
Pendant l’éducation fort longue de la chenille, faite, soit en
plein air, soit dans les appartements, il n’en périt pas une
seule. Cette Scodionie, originaire de Chicliana (Espagne), ne
s’est métamorphosée en nymphe qu’à la fin de novembre, et
a donné son insecte parfait vers le commencement de mars
de l’année suivante.
L’état de chenille avait duré sept mois.
De l’époque d’éclosion jusqu’à fin août, la croissance de
1 insecte a été presque nulle; ce n’est qu’à partir des pre-
miers jours de septembre qu’elle a grossi réellement.
Cette chenille est d’une sobriété remarquable ; elle mange
fort peu. même au moment de sa plus grande croissance, et
peut demeurer six ou huit jours privée de nourriture, sans
paraître en souffrir.
Dans le jeune âge, elle est très-vive et se roule sur elle-
même au moindre contact. Devenue forte, sa rigidité est
9;J CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
extrême : placée sur le dos, elle y reste plusieurs heures sans.
donner le moindre signe de vie.
Pendant le jour, cette larve reste constamment à décou-
vert, fixée à une branche (V Helianthemum.
Chrysalide.
Elle est conico-cylindrique, passablement épaisse, d'un
brun rougeâtre brillant, qui tire sur le noir vers la tête et les
derniers anneaux.
Les segments, très-mobiles, sont également d'un rouge
brun, saufles intersections qui sont jaunes.
Le dernier segment abdominal est noir et armé de deux
crochets divergents. (PL 5, fig. 9. ).
Enfin toute la nymphe est recouverte d’une efflorescence
gris-bleuâtre.
Pour se chrysalider, la chenille de Lentiscaria file, sur le
sol, parmi les feuilles sèches et les mousses, une coque lé-
gère, tissue de soie blanche entremêlée de grains de terre et
de débris de végétaux.
L’état de chrysalide dure ordinairement de trois mois à
trois mois et demi.
L’éclosion a toujours lieu pendant la nuit : de onze
heures du soir , à 2 ou 3 heures du matin.
Insecte parfait.
Le mâle a les antennes fortement pectinées, avec la cote
rougeâtre et les barbules noires.
Le thorax est très-velu, carré et convexe.
L’abdomen est, caréné et dépasse les ailes inférieures.
Les ailes supérieures, à apex assez aigu, sont d’un testacé
Scodiona Lentiscària .
rougeâtre, avec les deux lignes principales visibles et for-
mées par deux séries de points bruns nervuraux.
Les ailes inférieures sont grises avec la bordure ochracée,
et, ainsi que les supérieures, grossièrement saupoudrées
d’atomes bruns.
En dessous, les supérieures sont d’un gris bleuâtre, et les
inférieures d’un cris blanc très-brillant.
O
La tache cellulaire, sur les quatre ailes, en dessus et en
dessous, est très-bien écrite en brun.
La femelle est semblable au mâle, seulement elle a les
ailes plus petites et elle est plus lourde.
Cette Fidonie varie du blanc au testacé oclireux d’une
manière prononcée.
Les figures de Lentiscaria mâle et femelle, publiées par
Donzel (Soc. Entomol. de France, 1836), ne devraient pas
eonstituer le type, puisque les individus aussi pâles que ces
deux dessins ne se rencontrent que rarement, tandis que les
sujets à fond rougeâtre oclireux sont les plus fréquents.
Cette espèce semble ne pas être rare dans toutes nos pro-
vinces méridionales.
Mon opinion est qu’en entomologie la priorité d'un nom
spécifique, quel qu'il soit, doit l'emporter sur tous les autres,
bien que celui-là soit incorrect ou mal appliqué ; s'il en était
autrement, tout ne deviendrait que coinfusion dans la syno-
nymie, déjà si difficile à débrouiller parfois.
Le nom de Lentiscaria , donné par feu Donzel à la Scodiona
dont je complète aujourd’hui Hiistorique, est un nom imposé
au hasard, je le crois ; il ne peut donner de cette Phalénite
qu’une très-fausse idée (4). Lentiscaria n'a jamais dû vivre sur
(•) Je suppose que le nom de Lentiscaria fut donné par Donzel à l’insecte,
96 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS;
le Lentisqiie (. Pistacia lenliscus , L.) fort répandu dans les
campagnes incultes d’Hyères ; et c’est en vain, j’ai lieu de le
croire, que l’on chercherait la chenille sur cet arbrisseau. Elle
ne doit vivre, soit dans le Var, soit en Espagne ou ailleurs,
que sur les Cistes, dont trois ou quatre espèces abondent
sur toutes les collines du littoral de la Méditerranée.
Variétés de CMapi.a S&ussata, Hb.
(Planche 5. Fig. 10 à 12.)
Wien.-Verz. M. 18. — L’Adm. p. xxxii. — Bock. 20Q. —
Dup. Y, p. 524, pl. 195, f. 4. — Bdv. 1765. — Herr.-Sch,
p. 172. — Gn. 1675.
J’ai reçu de l’extrême nord de l’Europe plusieurs variétés
de la Cidaria Russata , au nombre desquelles il s'est trouvé
trois exemplaires bien remarquables par l’opposition tranchée
de leurs couleurs. La Société Linnécnne me saura gré sans
doute de lui faire connaître ces trois aberrations.
Des nombreuses variétés de Russata érigées par plusieurs
auteurs en autant d’espèces distinctes , aucune ne s’éloigne
autant du type, pour la couleur, que les trois sujets dont je
donne aujourd'hui les figures.
Ces (Maria sont originaires d’Islande d’oii elles me furent
envoyées par M. Staudinger.
Les sept ou huit variétés de Russata que je possède et qui
en souvenir des Lentisques qui abondent dans le lieu où les premiers indi-
vidus de cette Fidonie ont été pris . Ce qu’il y a de certain, c’est que l’entomo-
logiste lyonnais, dans sa description de Lentiscaria , ne dit pas un mot de la
chenille qu’il ne connaissait sans doute pas, et que, dans ses notes laissées à
la Société Linnécnne de Lyon, il n’en parle pas davantage à l'article de celte
Géomètre.
Années LS 59 Pi. fi
Annales de la Société Lùnnécnno de Lyotv.
P. MUlièrcs cUi et p?
Debray sculp
I. S co dto ïlûs JSrtzüjAdaruis, II b
II. JPhyOLS CùstcllcL', MilUèrty
Imp.ffoiustc. Paru;
M^Miy rua.ua> col
—
1
♦
I
Phycis Ciste Lia. 97
toutes proviennent clu même lieu, ont été obtenues ex larva ;
elles ont toutes la forme et les principaux caractères de
celle qu’on s’obstine en Angleterre à séparer sous le nom
(ï Fmmanata et qui se rapporte évidemment à la Russala
de Hubner.
La chenille soufflée de cette Ciclaria d’Islande fut soumise
à M. Guenée ; cet habile observateur reconnut qu'elle ne
présentait aucune différence appréciable avec la chenille de
la Russata typique.
La première de ces aberrations, Var. F. (PI. 5 n. 11.) a bien
quelque rapport avec la Perfuscata , Haw. , Gn. pl. 17, f. 2;
mais la ligne coudée et la ligne subterminale des deux indi-
vidus ne sont pas les mêmes à beaucoup près.
La seconde aberration, Var. E. (Pl. 5 n. 10.) peut aussi se
rapporter à la fig. 10 de Sepp, sans toutefois lui ressembler.
Ma variété , entre autres caractères distinctifs , a le fond
plus oclireux que celle-là, et n’a pas de ligne transverse aux
ailes inférieures.
Enfin la troisième aberration, Var. G. (PL 5 n. 12.), qui ne
peut se rapporter à aucune autre variété connue , est incon-
testablement la plus remarquable de toutes. Elle a le fond
des ailes supérieures tout-à-fait blanc, avec l'espace médian
et la base d’un brun très-foncé.
I*hyci§ Cî§4el!a , Millièhe.
(Species nova.)
(Planche 6. Fig. 6 à 12. )
Chenille.
Elle est fusiforme et passablement épaisse. La tête est de
couleur testacée avec la mâchoire et les yeux noirs. Tout le
corps, en dessus, est d’un rose vif , et, en dessous, d’un
jaune verdâtre.
08 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Les lignes vasculaire et dorsale sont larges et rapprochées,
à tel point quelles se confondent au premier abord. La
dorsale est séparée de la sous-dorsale par une ligne qui
rappelle la couleur du fond, et qui n'est interrompue qu'à
l'intersection. La stigmatale est éti'oite et également inter-
rompue. Les anneaux sont proéminents et par conséquent
très-distincts. Les stigmates sont relativement très-petits ,
blancs et cerclés de noir. Les pattes écailleuses et anales sont
concolores; les premières ont le dernier article noir et re-
courbé. Une villosité rai*e , blanche et assez longue, recouvré
la chenille en dèssiis et sur les côtés.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser, la chenille de Cislella se retire
sous la mousse, et construit une coque très-solide qui semble
comme parcheminée , et dans le tissu de laquelle il entre
quelques fragments de végétaux (PL (!. fig. 12 ).
L’insecte demeure assez long-temps sous cette enveloppe
protectrice sans se chrysalider, et n’opère sa transformation
én nymphe qu'au bout de plusieurs semaines.
La chrysalide est conico-cylindrique, à pointe obtuse, avec
l’enveloppe des ailes relativement longue. Elle est sur toute
la surface d’un brun rougeâtre. Le dernier segment est re-
couvert à l’extrémité de rares poils gris, très-fins, très-courts
et qu’on distingue à peine à la loupe.
Insecte parfait.
Envergure : 0,012 à 0,014 millim.
Ce Microlépidoptère, qui a tous les caractères des Cram bi-
des, doit, sans nul doute, appartenir au genre Phycis.
Les palpes sont longs, dirigés en avant et en forme de bec;
Pkycis Cistella. 99
les antennes, dont le premier article est noduleux, sont séta-
cées; enfin la trompe est longue et cornée.
Les premières ailes sont étroites, cl’un gris cendré, et pos-
sèdent les deux lignes transverses ordinaires : celles-ci sont
d’un brun pourpre. La seconde de ces lignes, placée prescju à
l'extrémité de l’aile, supporte un trait en zigzag fin, serré,
bleuâtre, qui descend de la costale et vient aboutir à l’angle
inférieur; mais ce zigzag n’est bien écrit que vers le milieu
de son parcours. En outre, un large trait rougeâtre, partant
de l’apical , vient aboutir aux deux points noirs placés au
centre de l’aile. Ces deux points, chacun le sait, sont encore
un des caractères distinctifs de la plupart des Phycis pro-
prement dits.
La frange est précédée de quatre à six points noirs.
Les secondes ailes, sans lignes, sans taches, d’une teinte
fuligineuse sur les bords, sont, au milieu et surtout à leur
naissance, d’un gris blanc.
Les quatre ailes sont sans dessins en dessous et d'un gris-
bleuâtre très-luisant.
Les franges, plus longues aux inférieures qu’aux supérieu-
res, sont fuligineuses.
Les antennes, les palpes, le corselet et les pattes participent
de la couleur des ailes supérieures.
L’abdomen est d’un fauve obscur en dessus et gris en
dessous.
La femelle est semblable au mâle, seulement les couleurs
des ailes sont moins vives, et l’abdomen est relativement gros
et renflé.
Cette Phycide, que j’ai découverte dans !e Var, se rap-
proche beaucoup de la Serpylletorum , H. -S., 62, et de la
Sororiella , H. -S. , 64, bien qu’un peu moins grande crue
celles-ci.
La chenille, qui n’est pas très-abondante dans les lieux ou
7
100
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
je l'ai observée, vit sur divers Cistes des environs d’Hyères,
mais principalement sur le Cistus albulus , L.
Cette larve, cpii est très-lente, lie les feuilles dont elle com-
pose une sorte de tuyau dans lequel elle se tient renfermée
pendant le jour, et, dès qu’arrive la nuit, elle sort de sa re-
traite et attaque les jeunes boutons de la fleur du Ciste.
Une seule chenille peut détruire un grand nombre de
fleurs, toujours très-abondantes sur le même pied, car elle
ronge la base du bouton et, par ce moyen, en empêche le
développement.
Cet insecte se métamorphose en chrysalide vers le eom_
mencement d’avril et éclôt pendant le courant du mois de
juillet suivant.
D’après ce que j’ai observé, postérieurement à l’éclosion
de mes Cistella (’), je serais porté à croire que certaines che-
nilles de cette espèce peuvent très-bien n’éclore que l’année
qui suit leur métamorphose en nymphe.
Ce qui ferait admettre la probabilité du retard dans l’ap-
parition de quelques individus de cette espèce, c’est que,
m'étant avisé d’ouvrir deux, coques plusieurs semaines après
l’éclosion des premières Cistella , j’y trouvai, à ma grande
surprise, la chenille décolorée, mais encore vivante.
Le dérangement qu’éprouvèrent ces deux insectes, par le
déchirement de leur coque, les fit périr peu de jours après.
O De Cistus, nom d'un genre de plantes qui, toutes, mais principalement
le Cistus albidus, nourrissent laclienille de ma Phycide nouvelle.
Scodiona Emucularia.
101
&<*odiona EimgcSdar!».
(Planche G. Fig 1 à 3.)
!ll). 425. — Dnp. IV p. 4 60 pl. 168 fig. 2. — Bdv. 1467. —
Herr.-Sch. p. 67 fig. 223-224-225. — Gn. n. 1152.
Epaisse, cylindrique , très-faiblement atténuée antérieure-
ment. Les individus que je considère comme types ont le
fond jaune argileux, lavé de bleuâtre sur les intersections et
de rougeâtre en dessous de la ligne stigmatale (pl. 6. fig. 1. ).
On ne distingue qu’au moyen de la loupe la vasculaire qui
est jaune et qui repose sur une ligne blanchâtre , large ,
non interrompue, partant du premier anneau et aboutissant
au sommet d'une caroncule placée sur le onzième segment.
Les lignes dorsale et sous-dorsale sont tremblées, d’un gris
bleuâtre et accompagnées de chaque côté d'un trait brun
très-fin. La stigmatale est ondulée, blanchâtre, ombrée de
brun en dessus et de jaunâtre en dessous. Les stigmates sont
ronds, blancs et cerclés de noir. La seconde paire de points
trapézoïdaux est seule visible : ces trapézoïdaux sont proémi-
nents du quatrième au dixième segfnent. Le ventre est d'un
blanc sale et lavé de bleuâtre dans le voisinage des pattes
antérieures et postérieures. II existe au centre une large raie
longitudinale, blanchâtre, tremblée, continue, accompagnée
de chaque côté d'un double trait brun.
La tète est carrée et arrondie sur les angles.
Les pattes sont concolores.
La caroncule du onzième anneau, qui est très-saillante, e^t,
ainsi que la tète et les pattes postérieures, marquée d'un trait
blanc.
Le douzième anneau est profondément bifide; ce caractère
10*2
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
distinctif est, ainsi que la caroncule du onzième segment,
commune à toutes les Scodiona observées jusqu’à ce jour.
Cette chenille varie beaucoup pour la couleur : une clés
aberrations les plus remarquables est celle que je figure (pl. 0.
n. '2. ). Cette variété a le fond d’un pourpre noir, présentant
un large anneau jaunâtre en avant de l’intersection de chaque
segment du milieu. Les lignes dorsale et sous-dorsale sont
d’un brun bleuâtre, liserées de chaque coté d’un trait noir
très-fin.
La chenille àEmucidaria est lente et très-rigicle : elle
mange fort peu à la fois , préfère la feuille , surtout la
radicale, à la fleur ou au fruit de la plante cpii la nourrit, et
n’atteint toute sa taille qu’à la fin de février de l’année sui-
vante. Sa vie de chenille est fort longue : elle se prolonge
de juillet à mars de l’année suivante.
Elle vit toujours à découvert et se tient, pendant le jour,
appliquée contre les branches très-rapprochées du sol.
Le plus sur moyen de trouver cet insecte, c’est de secouer
fortement Y Arthemisia campestris , L, dont il fait sa nourri-
ture exclusive, d’où il se laisse tomber en se roulant sur lui-
même, et de chercher au pied des rameaux.
Chrysalide.
Ainsi que la plupart des chenilles qui ne doivent demeurer
en nymphe qu'un temps assez court , celle d 'Emucidaria ,
vers le commencement d’avril , construit dans la mousse
ou les feuilles sèches , une coque légère , très-molle , com-
posée de soie brune. La transformation a lieu peu de jours
après.
Cette chrysalide est relativement forte , cylindrico-com-
que , d’un rouge brun , passant au brun noir sur la tête et
les segments abdominaux. Le dernier anneau est rugueux,
103
Scodiona Emucidaria.
terminé par deux pointes courtes , droites , noires , fortes ,
nullement crochues à l’extrémité.
L'éclosion de l’insecte parfait arrive en juin.
Insecte parfait.
Envergure : 0,030 à 0,032 millim.
Les quatre ailes sont épaisses, arrondies et entières, à
frange longue et bien fournie. Les supérieures sont brun
clair et finement saupoudrées d’atomes noirs. Les médiane et
basilaire sont indiquées par deux lignes de points- brunâtres
à peine écrits. Le point cellulaire et deux taches placées en
dehors de la médiane, dont l’une vers l’angle apical et l’autre
près de l’angle anal, sont le plus souvent très -accusés.
Les ailes inférieures sont blanches avec la frange et le bord
lavés de fauve. Le point cellulaire est assez bien marqué, ce-
pendant il manque quelquefois.
Le dessous des supérieures est noirâtre ; celui des infé-
rieures est blanc. Les points cellulaires sont seuls visibles.
Les antennes sont pectinées et se terminent en pointe bue.
Le front est plus clair que le corselet; le ventre est velu et
concolore ; la trompe courte. L'abdomen est caréné, relative-
ment grêle, et dépasse les ailes inférieures.
La femelle est plus petite et plus lourde que le mâle ; le
fond des ailes est généralement plus chargé d’atomes noi-
râtres, que chez ce dernier.
Sur les quatre ailes, la ligne de points nervuraux, ainsi que
le point cellulaire, sont bien marqués en dessous.
JO'»
cuemli.es et lépidoptères iis Édits.
Variété a” A.
Celle Scodionct varie autant et pins que ses congénères.
Aucun auteur n’a signalé de variété à' Emucidaria. J’en ai
obtenu ex larva plusieurs intéressantes. Je figure aujourd’hui
la plus jolie de ces aberrations (pl. 6, n. 5.).
Les quatre ailes de cet individu un peu plus grand que
le type, sont en dessus d’un blanc pur, avec les lignes trans-
verses et les taches ordinaires très-visiblement écrites en
brun noirâtre. Les ailes supérieures sont blanches en dessous,
avec la côte faiblement lavée de fauve. Les taches sont ici
moins vivement accusées qu’en dessus.
Le front, le vertex, le corselet et l’abdomen sont d’un blanc
pur et mat. La côte des antennes est blanche; les barbules
sont noires.
Pendant quatre ans, j’ai vainement tenté l’éducation de
celte Fidonie, et c’est avec infiniment de peine que j’ai pu
l’élever.
La chenille qui passe l’hiver n’arrive jamais à bien, si on
ne l élève en plein air. C’est le plus souvent en chrysalide
quelle meurt , si , pour lui faire passer la mauvaise saison ,
on la conserve dans un appartement. Le meilleur moyen
d’élever cette espèce , c’est de la placer dans un jardin, sur
une branche cTArmoise enveloppée d’une gaze spacieuse.
Emucidaria , de même que toutes ses congénères connues,
ne parait cpi’une fois par an.
Jusqu’à ce jour, ce n’est que de très-loin en loin que les
entomologistes lyonnais ont rencontré l’insecte parfait de
Emucidaria , toujours rare, dans les collections des Lépidop-
térophiles français.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
103
Avant de clore cette deuxième livraison de mon travail
entomologique , je crois devoir annoncera la Société Lin-
néenne qu’en outre des insectes publiés et figurés par moi ,
j'ai, depuis la lecture de ce qui précède, découvert, étudié
et peint un certain nombre de chenilles. Si quatre de celles-
ci ont été observées déjà, aucune n’a encore été figurée.
Voici le nom de ces larves qui, presque toutes nouvelles
pour la science, appartiennent soit au Midi de la France, soit
à notre département et ses environs. Ces insectes devront,
en bonne partie, former la troisième et la quatrième li-
vraisons de mes Chenilles et Lépidoptères inédit;
Zfgœna Occilanica.
« Lavandulœ .
Leucania Punctosa .
Glottula Encausta.
Aporopliyla Australis.
Hadena Occlusa.
Xylina Merckii.
Amphipyra Effusa .
Catocala Nymphœa.
Abraxas Pantaria.
Odonl opéra Dardoinaria.
Ephyra Pupillaria et ses variétés.
Acidolia Rubricata.
cc Moniliat a.
ce Rever sala.
cc liuslicala.
106
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
et O chral a.
ce Osseata.
ce Ifolosericata.
ce Degeneraria.
et N exata.
» Imïtaria.
ce Litigiosaria.
ce Caricaria.
Aleucis Pictaria.
Mac aria Æstimaria.
Tephrina Vincularia.
Rhoptria Asperaria , Hl). ( Collata , Treit.)
Sterrha Sacraria.
Eupithecia Pauxillata.
ce Pumilata.
e< Dénotai a.
ce Constrictata.
Aspilates Citraria.
Eubolia Malvata.
ce Basockesiata.
Phïbalopteryx Lapidata.
Mec yna Polygonalis .
EXPLICATION DES PLANCHES.
107
EXPLICATION DES PLANCHES.
De la 2"u' livraison (1859).
PLANCHE 1.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Gnophos Mucidaria (Hb.)
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
4. Anneau du milieu, vu de profil.
5. Id. Id. vu de face.
G. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
II.
Fig. 7. Chenille de Gnophos Glaucinata (Hb.)
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
10. Variété.
11. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
III.
Fig. 12. Chenille de Gnophos Pullata (W.-V.)
13. Chrysalide.
14. Insecte parfait.
là. Id. (Aberr. Millièhe).
108
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 2.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Chemerina Caliginearia (Hu.), jeune.
2. Ici. ld. après son troisième changement de peau.
3. Ici. Ici. adulte.
4. Chrysalide.
5. Insecte parfait.
6. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
II.
Fig. 7. Chenille de Stegania Permutaria (Hb.)
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
10. Ici. variété.
11. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
12. Antenne gauche du mâle, grossie.
EXPLICATION DES PLANCHES.
109
PLANCHE 3.
Explication des figures.
I.
1. Chenille de Camptogramma Riguata (Hb.)
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
IL
4. Chenille de Selidosema Tœniolaria (Hu.)
5. Chrysalide.
G. Insecte parfait.
7. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
III.
8. Chenille de Larentia Ablutaria (I5i>v.) §
‘J. ld. (Variété de montagne).
10. Chrysalide.
11. Insecte parfait.
12. ld. (Aberr. Mill.).
13. Parasite de la chenille il’ Ablutaria, grossi du double.
11. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
15. Coque de la chenille d’ Ablutaria.
*.A.riilCATION DES PLANCHE.,
i 10
PLANCHE 4.
Explication des figures.
Fig. 1. Lirnenitis Camilla , F. (Aberr. Pytlionissa , Millière).
2. Lycœna Corydon J'L. (Aberr. Albicans , Hb.).
3. Lycœna Corydon L. (Aberr. Scmibrnnnea , Mill.).
4. Zygœna Fansta , L. (Aberr. Lugdunensis , Mile.).
5. Chenille de Pachychemia Hippocastanaria (Hb.)
6. Chrysalide. $
7. Insecte parfait au repos.
8. Derniers segments de lachrysalide d’ Hippocastanaria, grossis.
EXPLICATION DES PLANCHES.
1 I i
PLANCHE 5.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Pterophonis Olbiadactylus (Millière).
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
Fig. 4. Chenille de Scodiona Lentiscnrin (Donzel).
5. Chrysalide.
6. Insecte parfait.
7. Dernier anneau de la chenille, grossi.
8. Caroncule du onzième anneau, grossie.
9. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
III.
Fig 10. Cidaria Russata , W.-V. (Aberr. F. Mill.).
II.
11.
12.
ld.
Id.
(Aberr. E. Id. ).
( Aberr. G. Id. ).
EXPLICATION DES PLANCHES.
1 12
PLANCHE <3.
Explication ijls figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Scodiona Emucidaria (Hb )
2. Jd. Id. Variété.
3. Chrysalide.
4. Insecte parfait.
5. ]d. (Aberr. Mile.).
II.
Fig. 6. Chenille de Phycis Cistella (Millièrk), vue de profil.
7. ]d. ld. vue de dos.
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
JO. — vu en dessous.
11. Derniers segments de la chrysalide, grossis.
12. Cocon de la chenille de Cistella.
Lyon. — Imprimerie de F. DUMOFLIN, rue St-Pierre, 20.
\
I. J à. J. Fidonui- PliLmistar lo., Vili.
K. //. à- ô Zygcv/UL- Lava-ndiUiv . Fa/y.
Mf* Ahpnauuc ml-
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS,
Par 0». MILLIÈRE.
TROISIÈME LIVRAISON.
(Présentées à la Société Linnéenne Je Lyon, le 13 août 18G0. )
Fidonia Plnsiai^Iaria.
Vill. II. p. 326 pl. 6 fig. 7. — Bork. 70. — Hub. 127, 417
à 420. — Treits. I. p. 281. — Encycl. X, p. 74. —
Dup. IV, p. 410, pl. 164, fig. 1. — Bdv. 1314. — Herr.-
Seh. p. 91. — Delah. 155. — Gn. X, 1186.
(Pi. 1, Fig. 1 à 3.)
Chenille.
Cette larve, assez courte (*), est cylindrique de la tête au
onzième segment compris, non atténuée, sans aucune émi-
nence.
Le fond est d’un jaune terreux, maculé de brun, dont l’in-
tensité varie selon les sujets.
(*) Toutes les chenilles de Fidonia connues, sont longues et effilées ; la
forme passablement ramassée de celle de Plumistaria , semblerait éloigner
celle-ci du genre Fidonia , mais l’insecte parfait ne peut être séparé de ce
genre.
9
ll'l CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
La vasculaire est nulle, ou plutôt représentée, sur chaque
segment, par une tache losangée, obscure. La sous-dorsale
est rougeâtre, étroite, ondulée, continue. La stigmatale est
jaune clair, étroite, faiblement ondulée, continue de la tête
au dernier anneau. Les stigmates sont gros, faiblement ellip-
soïdes, noirs, cerclés de jaune et accompagnés d’une petite
tache ronde, de couleur jaune-souci.
La tête est globuleuse, aussi haute que le premier anneau,
marquée au sommet d’une tache jaune clair et de deux rangées
de points noirs parallèles à la sous-dorsale.
Le ventre, d'un rougeâtre obscur, est traversé longitudi-
nalement par trois lignes noires, fines et continues.
Les dix pattes sont concôlores.
Cette chenille, qui est franchement méridionale, bien que
l'espèce appartienne aussi à la faune suisse (*) , passe l’hi-
ver en chrysalide. Elle est très-rigide, demeure à découvert
pendant toute la durée de son état de larve et paraît vivre
exclusivement sur 1 c Dorycnium suffruticosum, Vill. dont elle
ronge les feuilles préférablement aux fleurs.
En captivité, son éducation est facile.
Je l’obtins de mon collègue de la Société entomologique
de France, M. Manuel, de Montpellier, cpii eut l’obligeance
de m’en adresser un certain nombre vers le commencement
de juillet. Le 20 du même mois, toutes mes chenilles étaient
métamorphosées.
Cette larve varie peu : c’est toutefois ce que j’ai re-
marqué chez celles que j’ai élevées.
fi) Dehh, p. 79.
Fidonia Plumistaria.
115
Chrysalide.
Ainsi que la plupart des larves de Géomètres, cette espèce
se métamorphose dans une coque molle quelle a formée de
mousse ou de détritus de végétaux.
La nymphe est passablement obtuse, renflée jusqu'y com-
pris l'enveloppe des ailes, brune, lavée de rougeâtre sur la
poitrine. Les anneaux abdominaux sont peu développés et
terminés par une pointe assez allongée qui , vue à la loupe,
présente deux crochets divergents. La gaine des antennes,
chez le mâle, large et saillante, laisse voir, à l'œil nu, cha-
cune desbarbules.
Plumistaria , qui a deux générations, éclot une première
fois en mars et une seconde fois en septembre. La seconde
éclosion, cependant, est beaucoup moins abondante que la
première.
Insecte parfait.
Envergure : 0,058 à 0,040 mill.
Les ailes supérieures sont le plus ordinairement, en des-
sus, d'un jaune-souci mêlé de jaune pâle, avec quatre bandes
transverses, noires, lesquelles ne sont qu'une réunion de gros
points de formes diverses. Entre chacune de ces bandes
existent épars d’autres points noirs généralement plus
petits. La frange est noire, précédée de sept taches carrées
jaune-souci, correspondant aux nervures de chaque aile. Le
dessous est moins chargé d’atomes noirs : sur un fond jaune
souci, on ne voit, des bandes transverses, que le sommet ap-
puyé à la cote. La frange est noire en dessus et en dessous.
Les ailes inférieures sont ordinairement d’un jaune-souci
plus ou moins vif, traversées par une coudée bien écrite en
noir, suivie d’une rangée de points nervuraux. Le dessous de
lie CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
ces inférieures est d’un jaune blanchâtre rappelant le dessus
par la disposition de la coudée et des points noirs.
Les antennes, .trcs-longues, très:plumeuses, sont garnies
jusqu’au sommet : elles ont les karhules noires et Sa cote
blanche.
La tète et le corselet sont noirs.
L’abdomen, jaune-souci, est maculé de nombreuses taches
noires.
La femelle, abstraction faite des antennes qui sont filifor-
mes , ressemble au mâle. Toutefois les ailes inférieures de
celle-là sont ordinairement d’un ton plus chaud.
Cette Phalénite paraît commune dans presque tout le midi
de la France. Elle voie, de huit heures du malin à midi, avec
une grande rapidité dans les lieux incultes, sur les collines
déboisées, au milieu de la maigre végétation qui caracté-
rise ces localités.
Plumistaria parait être moins fréquente à Hyères et à
Marseille, qu’elle ne l’est à Montpellier, sa véritable patrie.
A part YAuritaria de Hubner n° 4iG , qui n’est qu’une
variété accidentelle du type , on n’a pas signalé d'aberration
de cette belle fiidonla pour laquelle Hubner et Ledérer ont
fait un genre spécial sous le nom de Eurranthis.
Sygæna Lav»ndülæ>
Fab. et Ochsen. — Sphinx Lavandulœ, Esp. — Sphinx S picœ,
ïïub. — Sphinx de la Lavande , Eugram. — Zygène de la
Lavande , Gad. — Z. Lavandulæ , Iklv. Bup,
(P!. 1. Fig. 4 h S).
Chenille.
Elle est assez courte , serait complètement cylindrique ,
n’était les deux extrémités faiblement atténuées. Les couleurs
Zygœna Lavandalœ. 117
sont tranchées et vives , ce qui en fait peut-être i’espccc la
plus remarquable du genre.
Le fond est gris-blanc mat, avec une large raie noire,
continue, qui, placée de chaque côté, représente la sous-
dorsale. La stigmatale gris-blanchâtre est moins vive que le
fond. La vasculaire est très-line, continue, carminée. Sur la
ligne blanche , placée en dessus de la bande noire sous-
dorsale , existent sur chaque anneau deux taches d'un jaune
canari, ovales, qui ne sont séparées l une de l’autre que par
1 intersection des anneaux.
Le ventre est d'un carminé assez vif , sans lignes
distinctes.
La tête est très-petite, rétractile, très-noire, avec la lèvre
supérieure blanche. Les pattes écailleuses sont complètement
noires; les ventrales et anales, d’un carminé obscur. Les
stigmates qu’on distingue à peine à rœifmi, sont arrondis,
très-noirs, avec la bordure blanchâtre et saillante.
Chaque point trapézoïdal supporte une petite touffe de
poils courts et blanchâtres.
Les chenilles de Lavandulœ , ainsi que le plus grand nom-
bre des espèces congénères, éclosent ordinairement en sep-
tembre, huit ou dix jours après que les œufs ont été pondus.
Le plus souvent, la femelle fixe à une plante sèche ses
œufs au nombre de trente ou quarante, superposés et en-
tourant la tige. Ces œufs sont sphériques, très-brillants et
comme recouverts d’une couche métallique.
L’espèce est fréquente à liyères et, sans nul doute, en
d’autres lieux de la Provence. Pendant longtemps je l'ai cher-
chée sur les Lavandes (X, spica, D. C, et stœchas , L.) très-
ahondantes dans les garrigues méridionales, lorsque par
hasard je l’ai rencontrée cà la Vülctte, dans la propriété de
notre collègue, M. Bruancl d’Uzelle, située eu face des îles
d'Hyères. C'est là, en effet, que je trouvai, au mois de dé-
118
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
cembre 1859, sur le Dorycnium suffruticosum , Vill., les pre-
mières chenilles <le Lavandulœ (*).
En automne cette larve grossit peu, mais aussitôt qu'arri-
vent mars et avril, elle croît plus rapidement, atteint toute sa
grosseur, et, avant la formation de sa coque, demeure
fixée à un corps solide pendant huit à dix jours.
Chrysalide.
Lorsque l’instant de la transformation est arrivé, la che-
nille de Lavandulœ file, le long d’une tige de Dorycnium , un
cocon allongé, fusiforme, satiné, luisant, plissé.
La chrysalide, relativement forte, est un peu molle, ainsi
que toutes celles du genre. Elle est passablement renflée,
sans éminences, sans crochets ni pointe saillante, de couleur
terne sur le dos et la poitrine avec les anneaux de l’abdomen
mobiles et d’une teinte plus ou moins jaunâtre.
L'insecte parfait éclot dès la fin d’avril ou le commence-
ment de mai.
Insecte parfait.
Envergure : 0,030 à 0,032 mil!.
Les ailes supérieures sont vert-bleu luisant, avec cinq ta-
ches d’un rouge très-brillant, bordées de noir à droite et à
gauche. Les quatre premières de ces taches sont disposées
par paires dont la première touche la base de l’aile, la seconde
occupe à peu près le milieu. La cinquième tache, toujours
(*) Je crois avoir acquis la cerlitude que la chenille de Lavandulœ n’a ja-
mais vécu sur les Lavandes, et que le nom, qui lui a été donné Fabricius,
a été, ainsi que bien d’autres, imposé au hasard.
P Mi/lière. dcl. et p t
Pi r et rf sc, dp.
I. i à 2. Æecyna Po/ygonalts, Mb.
II, 3 à 3 CrocalUs .Dardoùiarice, Pornc
M',"'' ATujn coûte c
Paris, fmp Ho tus te-, 5, r.JMitg,
Mecyna Polygonalis, 119
isolée, est siluée presque au spmmct de l’aile. Les franges
sont étroites et d’un blanc tirant sur le fauve.
Les ailes inférieures , d’un bleu luisant métallique, pré-
sentent deux taches rouges, inégales et variant fréquemment
de forme.
Le corps est vert bronzé, avec un collier blanc interrompu
au sommet. Les antennes, ainsi que les pattes, sont de la
couleur du corps.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, lui ressemble
tout-à-fait.
Lavanclulœ a deux générations ; cependant la première
éclosion paraît être beaucoup plus abondante que la seconde.
Cette Zygénide, qui vole en grand nombre dans les lieux
où vit sa chenille, doit également se rencontrer à CelSes-les-
Bains (Ardèche), où abonde le Dorycnium suffruticosum.
Mecyna Polygonalis.
Jlb. 67. — Trit. p. 112 et Sup. 25. — Dup. p. 150, pl. 220,
f. 1. — Herr.-Sch. p. 32 ~ Gilvata , Fab. Gn. 530
(H. 2. Fig. I et 2.)
Chenille.
Cylindrique, faiblement atténuée aux deux extrémités, à
peine carénée sur les flancs, luisante, à trapézoïdaux verru-
queux très-fournis de poils blanchâtres assez longs. Rayée
dans toute sa longueur de larges bandes de cmdeurs tran-
chées, ainsi disposées :
La double ligne dorsale, d’un blanc verdâtre, est très-large du
premier au dixième segment. Nulle trace de la vasculaire. L'es-
pace compris entre la dorsale et la sligmatale est, dans toute
sa longueur, d'un noir mat. À cette bande noire succède une
Î20 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS,
bande jaune, large, marquée sur chaque anneau d’une tache
sagittée dirigeant sa pointe postérieurement. Cette bande
jaune est suivie d’une ligne noire, étroite, continue. Le ven-
tre est bleuâtre obscur, sans lignes perceptibles. La stigmatalc
est faiblement ondulée, étroite et jaunâtre ; les stigmates sont
blancs et cerclés de noir.
La tête est forte, carrée, d’un noir de jais. Les pattes écail-
leuses, également noires, sont relativement fortes. Les mem-
braneuses, bleuâtres, ont la couronne brune.
Ainsi rayée longitudinalement de couleurs vives, cette che-
nille, qui vit constamment à découvert, est des plus jolies.
Elle a un faux air de Lithoside du genre Emydia , auquel je
supposai d’abord qu’elle devait appartenir.
11 faut que la Pyr. Polygonalis du Vien.-Verz ne soit
point cette espèce ; cela semble probable, puisque, dit-il, la
chenille vit sur la Renouée traînasse ( Polygonum aviculare).
Cette larve, ainsi que le pensent les divers auteurs que j’ai
consultés, n’est décrite ou figurée nulle part. On sait seule-
ment qu’elle vit sur une plante appartenant à la famille des
Légumineuses.
C’est à l’obligeance de notre collègue, M. Dardoin, que je
dois de connaître cette chenille. Il me la fit recueillir sur
YUlex Jianus , Smitii., des fleurs duquel l’insecte paraît vivre
exclusivement.
Dans le courant de décembre, la chenille qui, à tous ses
âges, se tient îx découvert, a atteint toute sa taille. Elle des-
cend alors sous les mousses, ou parmi les feuilles sèches, et se
chrysalide. Mais elle a préalablement formé une coque molle,
dans la composition de laquelle il entre des grains de terre
et de petites parcelles de végétaux liés au moyen d’une soie
brune.
Ayant omis de peindre la chrysalide et de la décrire avant
l’éclosion de l'insecte parfait, je ne puis rien dire de sa forme.
Mecyna Polygonalis.
121
Insecte parfait.
Envergure : 0,028 à 0,030 mill.
Cette Botyde varie beaucoup.
Il faut regarder comme types de l'espèce les individus dont
les ailes supérieures sont d’un brun rougeâtre avec le disque
cendré. La coudée est entière, dentée, et se perd dans la teinte
brune du bord inférieur.
Les secondes ailes sont d’un jaune plus ou moins pale,
plus ou moins ochreux, avec reflets satinés. Elles sont ornées
d’une large bande brune , très-nette , interrompue par un
léger espace jaune près de la nervure interne.
Les antennes, brunes, minces, sont finement pubescentes.
Les palpes labiaux sont droits , incombants, plus longs que
la tète. Le corselet rappelle la couleur des ailes supérieures.
L’abdomen, assez épais, est jaune, annelé de brun, dépassant
les ailes.
Cette espèce éclot en juin et juillet. Elle doit n’avoir
qu’une seule génération.
Polygonalis , au témoignage de Treitscbke, est fort rare en
Allemagne; mais, dit-il, onia rencontre assez communément
en Daîmatic.
La variété aux ailes supérieures plus ou moins ferrugi-
neuses, à disque non cendré, appartient plutôt à l’Espagne
et à l’Italie qu'à la France. Cette aberration est, sans nul
doute, la Diversalis , Tr. — Hub. 20à, 203. — Dup., pl. 220,
fig. 2. — Gn. , p. à 03. Yar. A.
Polygonalis ne vit pas seulement sur YUlex nanus : je
soupçonne qu’on peut la rencontrer sur le Genêt épineux
( Cylisus spinosus , Lam.) , car l’insecte parfait vole assez
communément aux environs d’Hvères ou ne croît aucun Ulex,
122
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES IM EDITS.
Crocallis Dardoinaria.
Donzel, Ann. Soc. eut. de Fr. 1840, p. 59, pi. 4, fig. 2, AIF
— Dup. Sup. 111, p. 617, pl. 50, lig. 8. — Herr.-Sch. 5
p. 44, lig. 45-46. = Aglossaria^ Bdv, 1461. = Odontopera
Dardoinaria , Gn. p. 167, n. 266.
(Pl. 2, fig. 3 à 5.)
Cetle Phalénite, que la plupart des auteurs ont placée dans
les Ennomos , peut avoir, à l’état parfait, certains caractères
qui aient obligé M. Guenée à ne pas l’admettre dans son
genre Crocallis. Mais ces caractères, à mon avis, sont de faible
importance compai’ativement à ceux que j’ai pu observer chez
la chenille dont je viens de faire l’éducation (,). Ces carac-
tères spécifiques sont tels qu’ils doivent forcément em-
pêcher Dardoinaria de faire partie du genre Odontopera créé
par Stephens, dans lequel l’auteur du Species général des Lépi-
doptères fait entrer cette Géomètre. Par les motifs que je
vais dire, elle devra être replacée dans le genre Crocallis.
Non-seulement la chenille de Dardoinaria a beaucoup de
rapports pour la forme avec celle de la Crocallis Elinguaria ;
mais, ainsi que cette dernière, elle a une petite saillie caron-
culiforme sur le onzième anneau. De plus, et ce fait est con-
cluant, la chenille de Dardoinaria n’a pas les deux paires de
pattes ventrales impropres à la marche qui distinguent les
Odontopera. Ce dernier caractère fort important suffirait seul,
on le voit, pour que cet insecte ne fut point une Odontopera ,
(J) Celte chenille est, depuis longtemps déjà, connue de M. Dardoin, de
Marseille, qui l’élève chaque année; mais il ne l’a point encore fait con-
naître. «
Crocallis Dardoinaria.
123
Chenille.
Allongée, épaisse, s'amincissant d’arrière en avant. D’un
gris terreux lavé de rougeâtre vers la partie dorsale, et de
bleuâtre dans le voisinage des pattes. Le premier anneau
est faiblement bleuâtre sur toute sa surface. La vasculaire est
fine, brune, continue, assez bien écrite du quatrième au
onzième segment. La sous-dorsale consiste en une double
ligne brune, fine, faiblement ondulée. La stigmatale se dé-
tache à peine du fond et présente, ainsi que la sous-dorsale,
une faible ondulation. Les stigmates sont noirs et éclairés de
blanc au centre. Le ventre, qui est d’un gris terreux moins
foncé que le reste du corps, est uni et sans lignes.
Le onzième anneau est surmonté d’une petite caroncule
bifide, inclinée faiblement en arrière, marquée de brun sur
chaque côté.
La tete est carrée, aplatie antérieurement et h moitié
rentrée sous le premier segment.
Les yeux sont très-visibles à l’œil nu : examinés à la loupe,
on les distingue au nombre de six sur chaque côté de la tete,
disposés en ellipse.
Les dix pattes, concolorcs, sont relativement robustes.
L’espèce présente une variété d’un fauve obscur avec la
sous-dorsale vivement écrite en brun sur la première moitié
de chaque segment.
Cette chenille, qui ne mange jamais que la nuit, vit .à
découvert dans le jeune âge; arrivée à sa dernière croissance,
elle se cache pendant le jour. Elle préfère la fleur à la
feuille de XUnex nantis , SsiiTn, arbuste méridional qui paraît
la nourrir exclusivement.
C’est d’après les indications de notre très-obligeant collègue
M. Dardoin, de Alarscille y que je pus, vers la fin de no-
12^1 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
vembre dernier, obtenir les chenilles de cette grande Cro-
callis , encore rare dans les collections. Les larves étaient
alors très-petites. Je me les suis procurées en battant les
branches de l'ZJIcx nanus. Mais je fais observer cpie ce pro-
cédé expéditif est funeste à bon nombre de chenilles , car
détachées brusquement des rameaux elles sont souvent
atteintes par les épines nombreuses , serrées , courtes et
acérées qui, de haut en bas, recouvrent cet arbrisseau.
Cette espèce, dont la véritable patrie est Marseille, ne
se retrouve pas sur d’autres points de la Provence oii
cependant abonde YUlex nanus , notamment au fort Sainte-
Marguerite, à quatre ou cinq kilomètres de Toulon , ou ,
à diverses, époques, je me suis rendu pour la chercher.
Chrysalide.
L’insecte, qui d’ordinaire a atteint sa taille vers la fin de
janvier, ne s’enterre pas pour se clirysalidcr. Il se cache entre
la mousse et le sol, rassemble des feuilles sèches, divers
débris de végétaux, quelques grains de terre, et file une soie
grisâtre, en forme un cocon de consistance molle, et se mé-
tamorphose dans un temps assez court.
La nymphe est cylindrico-conique , lisse, luisante, d’un
rouge-brun foncé, avec les ailes très-distinctes sous leur en-
veloppe.
Le dernier segment est terminé par deux pointes princi-
pales et par d’autres plus petites, placées en dessous des pre-
mières; toutes sont, à l’extrémité, recourbées en dehors.
Ces petites pointes ou crins, très-raides, sont visibles à l’œil
nu.
»
L’apparition du Lépidoptère a lieu dans la nature depuis
le commencement de juin jusque vers la fin du mois d'août.
Cette Crocallis , ainsi que sa congénère Extimaria , n’éclot
que la nuit : de onze heures à une heure du matin.
Crocallis Dardoinaria .
125
Insecte partait.
Envergure (le a71) 0,038 à 0,0/10 m. , (la ) 0,0/13 à
0,045 m.
Les ailes supérieures du mâle sont presque entières, ve-
loutées, à frange large et fournie , d’un rougeâtre foncé,
très-finement saupoudrées d’atomes bruns. Les nervures sont
plus ou moins bien écrites en roux-clair, surtout aux embran-
chements de la médiane. Les lignes transverses forment un
trapèze médian plus accusé que le fond. La tache cellulaire
est noire, pupillée de blanchâtre.
Les ailes inférieures, très-faiblement dentées, plus claires
que les supérieures, sont traversées par une seule ligne peu
visible.
Les antennes sont longues, brièvement pectinées. Les
palpes sont droits et peu développés. Le corps est robuste.
Le thorax et la poitrine sont velus; l’abdomen est long et
dépasse les ailes.
La femelle, toujours plus grande que le mâle, a les supé-
rieures sensiblement dentées. Les premières ailes, généra-
lement plus claires que celles du mâle, tirent sur le roux.
Les inférieures, d’un bleuâtre clair et chatoyant, laissent à
peine voir la ligne transverse et le point cellulaire.
Les dessins de Donzel (Ann. Soc. ent. de France, 1840,
pl. 4) qui, sans doute, ont été copiés par Duponchel
(Sup. III, pl. 50, fig. 8) donnent du c/1 et de la ? de Dardoi-
naria une idée assez fausse : ces dessins représentent le mâle
plus grand et de couleur plus claire que la femelle; tandis
que c’est le contraire. Les ailes du mâle sont aussi trop arron-
dies à l’apical.
Les figures de M. Herrich-Schæffer (Tab. 8, fig. 45-4 6)
126
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
sont, chez les deux sexes, plus vraies que celles de Donzel
et Duponchel quant aux contours extérieurs, mais la couleur
n’est pas exacte.
l*ai»l!î© Cialatbca.
Lin Le Demi-Deuil, Geoff., God. = Argc Galathea , Bdv.
— de Vill. etGn. p. 75. — Dup. = Aberr. Turca, Bdv.
(PI. 3, fig. t.)
Argc Galathea varie beaucoup, tous les Lépidoptéristes le
savent. On compte cinq ou six aberrations de cette Satyride,
qui, pour la plupart, ont été décrites et figurées. Cependant
la plus remarquable de ces variétés n’a guère été qu’indiquée
par le docteur Boisduval dans son Index melhodicus euro-
pœorum Lepidopterorum , page 25, et n’a été représentée nulle
part. Je veux parler de la variété Turca (fere tota nigra )
Bclv., de Turquie.
C’est cette intéressante aberration, retrouvée en France,
que je figure aujourd’hui.
Les trois mots fere tota nigra, qui suivent le nom de Turca ,
dans l’ Index de M. Boisduval, pourraient, à la rigueur, suf-
fire à la description de cette variété de Galathea; cependant
je crois devoir la décrire plus complètement qu’elle ne l’a été.
Tut 'ca se distingue par une taille plus grande , un faciès
général plus allongé , et par les ailes supérieures à contours
moins arrondis que le type.
Le noir qui, d'ordinaire chez Galathea , n’est indiqué que
par de grandes taches de formes diverses, a envahi, chez
Turca , la presque totalité de la surface des premières ailes;
c’est à peine si on distingue deux ou trois petites taches
blanches oblongues placées vers le centre des supérieures.
I. Anjc Galaù/iea.Z. f Aù. Tiu-cica-, B do.)
TI. 2 a Z. Mamcstra, C/tcnopodip/iao cl, Ra/nù .
fmp. f/ouistr, 5, r. Mignon. Paris.
MT^Mià neeurz rot.
127
Mamestra Chenopodiphaga.
Les ailes inférieures, moins noires que les supérieures,
permettent de distinguer quatre à cinq larges taches blan-
châtres aspergées de noir. Les nervures sont ici très-large-
ment indiquées en noir.
Les lunules ordinaires sont très-faiblement écrites.
Le dessous des supérieures rappelle le dessus, c’est-cà-dire
qu’il est très-noir ; il ne nous montre guère que les memes
petites taches blanches indiquées en dessus.
Les inférieures, sur un fond légèrement verdâtre, sont en
dessous entièrement sablées de noir, avec les dessins ordi-
naires parfaitement indiqués en noir.
Cette Turca fut prise par feu Donzel dans les environs de
Digne, et fait partie de sa riche collection.
lamesira ChdsopotSipJiaga,
Ramb. Annales Soc. ent. de France, 1832, p. 283, pL 9,
fig. 7. — Frey. III, pl. 209, lig. 1. — • Ilub.-Gey. 831,
832. — Gn. Ind. 245. — Bdv. 969. — Dup. Sup. III,
p. 251, pl. 23, fig. 5. — Gn. V, p. 190.
(Pl. 3, fig. 2 à (!)
Chenille.
Allongée, cylindrique, avec le onzième anneau très-faible-
ment relevé. D’un gris jaunâtre ou roussâtre sur Je dos et les
lianes. Le ventre, d’un bleu livide, n’a pas de lignes. Les vascu-
laire et sous-dorsale sont cl’un gris foncé, larges et continues.
Entre ces lignes et sur chaque anneau , on voit un chevron
brun qui, appuyant sa base sur la sous-dorsaîc , se projette
diagonaîement dans le sens de la vasculaire qu’il ne touche
128 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
pas. Ces lignes et ces clievrons sont bien plus vivement écrits
après les deuxième et troisième mues qu’ils ne le sont lorsque
l’insecte est parvenu à sa taille. A ce moment, les chevrons
touchent à la sous-dorsale par l’une de leurs extrémités, et à
la vasculaire par l’autre.
La stigmatale est fort mal indiquée et semble se mêler
plus ou moins aux atomes brunâtres dont la chenille est re-
couverte.
Les stigmates sont ovoïdes, d’un noir violet et cerclés de
noirâtre.
La tête est faiblement brunâtre , marquée de nombreuses
petites taches noires disposées latéralement au sommet.
Les pattes écailleuses sont concolores, mais teintées de
brun extérieurement. Les membraneuses , également t con-
colores, ont la couronne brunâtre.
Le premier segment supporte une sorte d’écusson testacé
qui m’a paru de nature cornée et qui occupe toute la partie
supérieure de l’anneau.
La chenille de Chenopodiphüga est essentiellement méri-
dionale. On la trouve parvenue à toute sa taille dès le milieu
de mars et le commencement d’avril. Elle vit indistinctement
sur 1 e Chenopoclium frulicosum , L., l 'Atriplex portulacoïdes ,
L. , et la Salsola soda , L. Les chenilles dont j’ai fait
l'éducation ont été nourries avec cette dernière plante qui
croît abondamment au bord de la mer. Pendant le jour elle
se cache avec soin dans la terre , ou bien sous les débris de
végétaux.
C’est à mon ami M. Dardoin, de Marseille, entomologiste
distingué, que je dois ces détails de mœurs.
Chrysalide.
La chenille, qui grossit très-vile, tarde peu à opérer sa
transformation. Quand arrive pour elle cette importante
Mamcstra Chenopodiphaga. 129
époque, elle descend profondément en terre ('), construit
une coque peu épaisse, mais de texture solide, dans la com-
position de laquelle il n'entre pas de soie.
Cette coque, relativement grande, oblongue, rugueuse à
l’extérieur, est très-lisse intérieurement.
La chrysalide est cylindrico-conique, très-lisse, très-lui-
sante, d’un jaune ochracé vif, avec la tète et les derniers seg-
ments rouge-brun. Les intersections des anneaux sont brunes
ainsi que la place de la tète et celle des ailes.
Le dernier segment est terminé par deux pointes fortes,
courtes, brunes et très-divergentes.
L’éclosion du Lépidoptère a lieu dans le courant de
juin.
Insecte parfait.
Envergure : 0,04 G à 0,048 mill.
vides supérieures allongées, d’un gris verdâtre. Les lignes
ordinaires sont peu apparentes. La subterminale, en zig-zag,
finement liserée de brun à droite et à gauche, parait plus
claire que le fond. La coudée, très-nébuleuse, se détache à
peine en brun. La subterminale est composée de dents très-
aiguës, finement écrites en noir.
Les taches réniforme et orbiculaire sont fort peu appa-
rentes.
La frange est roussàtre et précédée de points noirs corres-
pondant aux nervures.
Les ailes inférieures sont grises et sans dessins, si ce n’est
une bande transverse à peine écrite.
En dessous, les quatre ailes sont grises avec les nervures (*)
(*) Mes chenillles (à I'clat de nymphe) reposaient au fond du vase qui les
renfermait, à dix ou douze centimètres sous la terre contenue dansée vase.
10
150
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
bien marquées en brun. En outre, elles sont traversées par
une bande rousse très-sinueuse. Les supérieures supportent
une lunule rousse évidée; les inférieures un gros point de
même couleur.
Cette Noctuelle, qui a deux, apparitions , une première au
printemps et une seconde en automne , a été découverte aux
environs de Marseille par M. Solier, puis retrouvée en Corse
par le docteur Rambur cpii, dans son Catalogue de file de
Corse, donne la description de la chenille de cette Mamestra.
L’auteur de la faune de l’Andalousie a bien donné dans
son Catalogue de l’ile de Corse, la description de la chenille
et de la chrysalide de Chenopodiphaga ; mais comme il n’a
figuré ni l’une ni l’autre, j’ai cru devoir combler cette lacune
dans l’histoire de celte noctuelle.
Variétés de MelSIïwa I98«lyiîï&,
Fab., Ocii., Goe., Bdv., de Vill. et Gn., Düp. ( Àbert . A,
B. et C., Mill.)
De tous les Diurnes, c’est, à n'en pas douter, la Didyma
qui varie le plus. Certaines grandes collections comptent un
nombre considérable d’aberrations de cette espèce. Le cabi-
net de M. Otto Staudinger, de Dresde, possède plus de cent
variétés plus ou moins caractérisées de cette Melitœa.
Bien que les aberrations de Didyma soient fort nombreu-
ses, peu de ces anomalies ont été figurées jusqu’à ce jour.
Celles que j’ai l’honneur de soumettre aujourd’hui à la So-
ciété Linnécnnc sont inédites, selon toute probabilité, et
au moins aussi remarquables que les variétés publiées pré-
cédemment. Ces nouvelles anomalies ont été prises à Digne
(Basses- Alpes) et font partie de la collection Donzel , riche
surtout en Diurnes européens.
Vf»
Annales des las Sociétés JS ln/iécnncs droXyü/v
J Llvr.
Année- ISSU PI H.
lmp. llnuistc.. às Paris.
M".,c Mit/ iumux- col
Melitœa Didyma.
Var. A. (PI. A, fig. A ).
131
Ce sujet est d’assez grande taille.
Le noir des ailes supérieures recouvre en grande partie
leur surface. Sur chacune de ces ailes on ne distingue guère
du fond qu’une large bande d’uil fauve aurore précédant la
bordure ; celle-ci est relativement large.
Les inférieures n’ont rien qui les distingue du type.
Les quatre ailes sont, en dessous, semblables de tout point
à celles des Didyma ordinaires, et les supérieures ne laissent
nullement soupçonner l’étrange anomalie qui les caractérise
en dessus.
Var. B. (PI. A, fig. 2).
Celte seconde aberration est plus remarquable que la pre-
mière en ce que les quatre ailes, en dessus et en dessous,
s’éloignent sensiblement du type. Les supérieures, en dessus,
ne possèdent que les taches basilaires et la bande noire ter-
minale. La ligne de points noirs formant la bande médiane,
et la ligne de lunules noires qui la suit, manquent complète-
ment chez ce sujet.
Les inférieures se distinguent de celles de la Didyma or-
dinaire, 1° par la bande de points formant la bande mé-
diane qui, chez cette variété, représente autant de taches
noires elliptiques placées entre chaque nervure; 2° par
l’absence des lunules qui, le plus souvent, précèdent la
frange.
Les supérieures, en dessous ne s’éloignent du type que par
les taches de la coudée qui ne sont visibles qu’au sommet
de l’aile et qui sont très-allongées dans le sens des nervures.
Les inférieures diffèrent en ce que le noir a envahi l’aile
jusqu’à la première bande fauve aurore; et que les deux li-
gnes de lunules de la Melitœa ordinaire sont remplacées ici
par autant de gros points carrés d’un noir profond.
152
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Yat. C. (PI. 4, fig. 3).
Celle variété, plus grande que l’anomalie précédente, s’én
rapproche beaucoup par la coloration, mais elle présente
plusieurs différences dans la disposition des taches.
Les ailes supérieures, ainsi cpie Celles des deux précéden-
tes variétés, sont bien d’un fauve aurore, mais elles sont
beaucoup plus pâles que les inférieures.
La ligne de points, qui manque tout-à-faitchez la variété R.,
existe chez l’aberration C, bien que très-faiblement écrite.
On remarque aux inférieures une ligne médiane formée
par une série de points allongés qui ne s’élève qu’à la moitié
de la hauteur de l’aile ; enfin une bande terminale large et
profondément dentée.
Les ailes inférieures, en dessous, sont ce qu’il y a de plus
remarquable chez cet insecte : les deux bandes fauves ordi-
naires se voient bien, mais la première est deux fois plus
large que chez Dydima typique, et, au lieu d’ètre continue,
elle présente une série de quatre grosses taches oblongues
accompagnées, aux deux extrémités, d une grande tache noire.
Les taches fauves sont, en outre, sablées d’atomes noirs. La
seconde bande également interrompue est remplacée par six
fâches fauves, pâles, suivies de gros points noirs, Enfin les
lunules terminales n’existent pas, mais on voit à la place six
grands ellipsoïdes noirs entre chaque nervure.
f^cSapiaiïsi làsBStmiana, Mill. (Species nova).
(PI. h. fig. 4 à 8).
Chenille.
Fusiforme, allongée, avec les anneaux passablement ren-
flés ; rougeâtre en dessus et en dessous. Les lignes vasculaire
et sous-dorsale son! brunes; la stigmatale est carnée.
133
Sciaphila L'un uniana.
Les stigmates sont noirs et cerclés de blanchâtre.
Le ventre est sans lignes.
La tôle et le dessus du premier anneau sont de nature
cornée et d’un noir luisant.
Les pattes écailleuses sont noires , les membraneuses con-
colores.
L’insecte est recouvert d’une villosité courte, grise, visible
seulement à la loupe.
Ainsi cpic plusieurs de ses congénères, la chenille de cette
Sciaphila réunit et lie au moyen d’une soie brune les fleurs
bleu-lilas clu Stalice limonium, Linn. disposées en. épis unila-
téraux, et, sous cet abri, ronge lentement la plante.
Cette larve paraît demeurer un temps assez long pour
opérer sa croissance. Lorsque les fleurs, en partie dévorées,
ne lui laissent plus une nourriture suffisante , la petite che-
nille quitte sa retraite , réunit bientôt de nouvelles fleurs ;
mais alors elle en forme un paquet plus volumineux que
précédemment , et recommence son œuvre de destruction
jusqu’à son entier développement.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser cette Tortricide reste très-souvent
au centre du paquet de fleurs du Statice limonium qu’elle a
liées; elle bouche avec soin les ouvertures que précédemment
elle s’était ménagées et se chrysalide dans un espace de temps
très-variable (1). D’autres fois, la chenille quitte la plante qui
l’a nourrie, cherche sous ses longues feuilles toutes radicales,
un abri commode, construit une petite coque de soie pure,
et se transforme.
(*} Le 5 mars dernier j’obtenais mes premières Limoniana, alors que des
chenilles de cette espèce, recueillies en même temps que celles qui venaient
d’éclore, étaient encore à l’étal de larve.
134
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Cette chrysalide est cylindrico-conique, un peu renflée au
milieu, d’un rouge brun, avec les intersections des anneaux
lavées de jaunâtre. Le dernier segment est garni de crins
raides, divergents, dont l'extrémité est recourbée en hame-
çon . On ne distingue ces crins qu’au moyen d’une forte
loupe. Enfin les yeux sont proéminents sous leur enveloppe
et paraissent noirs.
Il périt relativement un grand nombre de ces insectes à
l’époque de leur transformation en nymphe; c’est toutefois ce
que j’ai remarqué , à l'égard des chenilles de ce nouveau
Platyomide, élevées en captivité.
Insecte parfait.
Envergure : 0,015 à 0.01G mill.
Le Tortricide dont Limoniana se rapproche le plus et dont
il a la taille et le faciès , est Æbulana , Her-Sch. (fig. 190-191).
Cependant ma Sciaphila est toujours d’une teinte générale-
ment plus sombre qu 'Albulana ; elle est aussi cl'un bleuâtre
plus ou moins obscur, selon les individus. Enfin les bandes
transversales des ailes supérieures, bien que se rapprochant
assez de celles d’ Albulana, n’ont pourtant pas la même dispo-
sition. Je ne comparerai que la bande principale de chacun
des deux Platyomides pour faire suffisamment comprendre
ce qui les distingue : La bande brune subterminale de l’aile
supérieure , chez Albulana , est ou contournée ou inter-
rompue pour former une, deux, et même trois taches ; mais
de toute manière, cette bande règne chez tous les individus,
dans toute la largeur de l’aile; tandis que chez Limoniana , à
la place de la bande sub terminale, on remarque une simple
tâche noirâtre, rectangulaire, appuyant un de ses angles à
une ligne de points noirs qui précède la frange.
Le fond des ailes supérieures , chez Limoniana , est duii
gris bleuâtre, sablé d'atomes noirs.
Sciaphilia Limoniana. Î35
La basilaire et la coudée sont noirâtres. Celte dernière
ligne, qui présente toujours vers son milieu un angle exté-
rieur très-aigu, est relativement étroite, comparée à la ba-
silaire chez Albulana. Cette ligne est large et traverse l’aile
sans présenter au bord d’ondulation sensible et sans former
de coude, ainsi qu’on le remarque toujours chez sa congénère
Albulana.
Les ailes inférieures sont, en dessus cl en dessous, d’un
gris bleuâtre uni. Les franges des quatre ailes sont brunes et
assez longues.
Les supérieures sont, en dessous, d’un noir fuligineux ,
moins intense au milieu de l’aile que sur les bords. La seconde
moitié de la côte est blanchâtre. Elle laisse voir quatre taches
brunes, constantes, correspondant à celles du dessus de
l’aile.
Les antennes, qui atteignent «à peine la moitié de la lon-
gueur de l’aile supérieure, sont noires. Les palpes, jaunâtres,
assez développés , ne finissent pas en pointe comme ceux
d 'Albulana.
La tête est fauve. Le corselet et l’abdomen sont d’un noir
bleuâtre.
Si Albulana et Limoniana ont quelques points de rappro-
chement par le faciès général de leurs insectes parfaits , les
mœurs des chenilles de chacune de ces deux espèces ne
doivent pas se ressembler. La première, Albulana , est fort
répandue dans les montagnes les plus élevées de la Loire et
duBugey; elle s’avance même jusqu’en Suisse (4).
Ce Platyomide vit à l’état de larve, cela me paraît vraisem-
blable, aux dépens de la feuille ou du fruit du Pinus picea ,
Linn. ; Limoniana , au contraire , paraît se nourrir exclusi- (*)
(*) Delaic, Faune suisse. Torlricides, page VJ.
13 G CHENILLES ET LIÎPIDOPTÈKES INÉDITS.
veinent de la fleur du Statice limonium , que l’on rencontre
en abondance sur tout le littoral de la Méditerranée.
Je dirai encore qu ''Albulana éelot en juillet , tandis que
Limoniana , qui n’a qu’une génération , paraît du commen-
cement de mars au 10 ou 15 avril.
AiBBpJiSpyra EfiTaasa.
Bdv. Ind. meth. 743. — Gey. 820, 821. — Frey. II, pl. 148,
f. 3. — Treit. Sup. p. 31. — Gn. Ind. p. 248. — Dup,
Sup. III, p. 201, pl. 19. — Gn. Spec. 1281.
(1*1. 5, fig. 5 à 8).
Chenille.
Proportionnellement très-forte (le type surtout), très-atté'-.
nuée antérieurement , rase ; d’un beau vert pomme. Le
onzième segment est relevé en pyramide, mais cependant
moins haut que chez ses voisines Pyramidea et Perflua , avec
lesquelles la chenille (VEffusa a, du reste, quelque ressem-
blance.
La vasculaire est blanche, large et continue. La sous-dor-
sale est également blanche, mais interrompue sur le dixième
anneau : elle est brisée sur le onzième et vient s’unir à la
stigmatale vers son extrémité. Cette bande est médiocrement
large, également blanchâtre et parcourt sans interruption les
douze anneaux. Cette dernière ligne est liserée, en dessus, de
lilas foncé, mieux marqué sur le milieu des anneaux que sur
les intersections.
Les stigmates sont ovales et finement cerclés de noir.
En dessous de la vasculaire, de meme qu’en dessous de la
sous-dorsale , il existe un point blanc sur chaque anneau ,
à partir du quatrième segment.
137
Auiphipyra E/fusa.
La tête, assez petite, est verte et rétractile.
Les pattes écailleuses sont lilas foncé extérieurement et
jaunâtres à l'intérieur. Les pattes membraneuses sont jau-
nâtres, avec la Couronne d’un carminé obscur.
Le ventre est verdâtre et sans lignes.
Dans les proportions d’un vingtième on rencontre chez
cette Amphipyra une variété d’un vert-myrte (pl. 5, fig. fi) ;
toujours un peu plus petite que le type.
Cette aberration a les lignes ordinaires et les points blancs
qui se détachent très-vivement sur le fond.
La chenille d 'Effusa décrite par Duponchel n’a jamais
été figurée. A tous ses âges, cette larve vit à découvert sur
une foule de plantes de genres bien différents les uns des
autres. Je l ai trouvée sur les Cylisus argenteus , candicans et
spinosus , le Daphné gnidium, les Erica arborea et scopciria
la Lavcitera ofbia, les CAstus albidus , salvifolius et Monspc-
liensis.
Elle commence à éclore dès le mois de décembre, grossit
lentement jusqu'à fin février; mais à partir de cette dernière
époque, sa croissance s’opère rapidement. Elle se chrysalide
vers la fin d’avril, et, cinq ou six semaines après sa transfor-
mation, l’insecte parfait éclot.
ClIïlYSALIDli.
La chenille descend dans la terre à une profondeur
de trois ou quatre centimètres, et se transforme bientôt sans
avoir préalablement formé de coque.
La nymphe est conico-cylindrique, d’un rouge brun, très-
peu luisante, lavée de jaunâtre obscur sur la poitrine .
La gaine des ailes est proéminente, ainsi que celle des
yeux et des antennes. Le dernier anneau est terminé par
138
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
deux pointes noires, courtes, presque parallèles, entourées
de cinq ou six très-petits crochets divergents.
Insecte parfait»
Envergure : 0,045 à 0,046 mill.
Les premières ailes sont, en dessus, d'un brun fuligineux,
luisant, avec les lignes ordinaires cjui se détachent à peine
du fond. On ne distingue bien la réniforme et l’orbiculaire
que parce qu’elles sont entourées d’atomes noirs. En des-
sous de l’orbiculaire il existe une tache grisâtre, allongée dans
le sens des nervures, et cerclée de noir.
La subterminale est indiquée par une rangée de points
nervuraux grisâtres ; ceux-ci sont précédés de taches noires
cunéiformes qui , rares chez quelques individus, disparais-
sent complètement chez d’autres. La cote est maculée de-
cinq ou six gros points noirs. La frange est concolore et en-
trecoupée de brun.
Les inférieures sont sans lignes et semblables au fond des
supérieures.
Les quatre ailes, en dessous, sont sans dessins et d’un fuli-
gineux plus clair que le dessus.
Le corselet, semblable aux ailes supérieures, est, ainsi que
celles-ci, maculé de taches noirâtres.
Cette espèce varie fort peu. Il est cependant une aberra-
tion que je crois devoir signaler.
Yar. A.
Un peu plus petite, et le fond plus clair que le type.
Chez cette variété la réniforme a disparu entièrement ainsi
que les deux lignes de points subterminaux. A la place de la
première de ces lignes qui manque, on voit un liseré gri-
sâtre, festonné, continu.
yl/ma/es de la- Société- lûméenne- de Lyon,.
3 "lf Lùvr.
An./iée ■ 16' 60. PL 6 .
I. 1. d //. P L/./S ùü* C/za, LoLtcs , j£sp
II. 5 à- S Anzp/z-i pyra- PffLzsa J3dv.
Paris, finit, /fouis Ai. f>. r. Afin non. .
‘ JW"' fif /.t/ neet.ti.c- cr> i
Plusia Chalciles, 139
Fait partie de la collection Donzel,
Cette Amphipyra , qui n’a qu’une seule génération
par an, rencontrée pour la première fois en Sicile par M. A.
Lefèvre, est des plus abondantes dans les environs d’Hyères.
Depuis, elle fut retrouvée en divers lieux de la Provence,
notamment par MM. Donzel, Meissonnier et Dardoin.
M. le docteur Rambur l’a également rapportée de la Co rsc
où elle paraît être fréquente.
Plusia Chaicites.
Fsp. p. 44 7 , pl . 141, b g. 3 • Bork . o j2. — La C halcile Lug .
586, a, b. = Bengalensis , Ilossi II, pi. 3. = Qnœstionis ,
Fab. 235. — Enc. 613. = Chalcitis Ilub. 276. — Treit.
III. p. 163. — Dup. Y, p. 55, pl. 136. — Gn. Ind. p. 247.
— Bdv. 1267. — Gn. 1167.
( Pl. 5, fig. ^ à 4 ).
Chenille.
Cette espèce, qui a beaucoup de rapport avec la chenille de
Gamma , est d’une grosseur moyenne, et sensiblement atté-
nuée antérieurement. Elle est d’un vert clair mat avec le
onzième anneau faiblement relevé.
Ainsi que toutes les chenilles de Plusia connues, Chalciles
n’a que douze pattes.
La vasculaire, assez large, est d’un vert plus foncé que la
teinte générale de l’insecte; elle est continue, légèrement
ondulée et accompagnée, de chaque côté, d’un liseré fin,
blanchâtre. La sous-dorsale est très-fine, géminée, jaunâtre,
et n’est bien visible qu’à la loupe. La stigmatale est d’un blanc
Jaunâtre, large et se continue sans interruption sur les douze
segments.
Les stigmates, noirs, très-finement pupillés de blanc, sont
liserés de jaunâtre.
1 '1 0 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Les points ordinaires sont peu saillants, mais ils sont très-
blancs, donnent naissance à une villosité jaunâtre, courte,
qu’on ne distingue pas à l'oeil nu.
La tète, faiblement aplatie antérieurement, est verte, avec
deux traits noirs latéraux, partant de la hauteur de la sous-
dorsale pour aboutir à la mâchoire. Les pattes sont conco-
lores; le dernier article des écailleuses est noir.
Cette chenille est verte à tous les âges ; mais cette couleur,
oie très-tendre quelle est d’abord, se fonce davantage lorsque
l'insecte est parvenu à toute sa taille.
La chenille de cette jolie Plusia , que l’on rencontre à
lïyères, pendant neuf ou dix mois de l’année, n’a jamais été
figurée. Elle paraît très-répandue dans toute la Provence.
Comme celle de sa congénère Gamma , cette larve est poly-
phage. Les plantes sur lesquelles on est toujours sûr de la
trouver sont : la Parietaria officinalis , les Urtica dioica et urens,
le Cytisus argenteus , les Solanum nigrum, clulcamara, et le
Lycopersicum esculentum.
Chrysalide.
Cette larve croît rapidement, et fait ordinairement sa con-
que dans les feuilles. Cette enveloppe , composée de soie
très-pure, très-blanche, ne présente qu’une pellicule molle et
très-mince (pl. 5, fig. 2).
En moins de trente-six heures, la chenille a formé sa chry-
salide. Vingt jours après, au plus, le lépidoptère éclot.
La chrysalide, passablement allongée, est conico-cylindri-
que, d’un noir terne. La gaine ventrale ne s’élève pas sensi-
blement. L'extrémité du dernier anneau, vu à la loupe;, est
terminée par une seule pointe aiguë.
Insecte parfait.
Les ailes supérieures sont festonnées, avec une dent anale
A/t/ioJeé do /a, Société- Zi/inécnne - r/e Zyon .
37'*' Livr.
Année Jdâû. P/. 6"
P. Ztfit/i.ere de/,, et pZ
I. J. si 3. A 6 raAczs éPaszAcz/'t. a-, Z/n
II. 4 si 3, 7/ZZiA O létls 3s7,SOc/sC.SUS/sL. . Ûu/s.
M'n''My,iean.e cet.
Parts, Smp. ffouès le-
AhraxasPanlaria. l 4 1
prononcée. Elles sont, en dessus, d’un fauve satiné, marbré
de brun, avec reflet métallique doré au centre, à la base, à
l’angle interne et au bord terminal. Le milieu est marqué
de deux petites taches argentées presque contiguës, très-bril-
lantes. La première a la forme d’une virgule couchée dans
le sens des nervures; la seconde est ovale. 11 existe en outre
un point noir placé sur le milieu de la frange de l’aile supé-
rieure.
Les ailes postérieures sont d’un fauve enfumé qui s’éclair-
cit à la base. Les nervures sont vivement écrites. La frange
est jaunâtre, entrecoupée de fuligineux.
Les quatre ailes sont, en dessous, d’un fauve ochracé, tra-
versées par une large bande commune. Le thorax est brun.
La crête et le collier sont fauves. L’abdomen est jaunâti’e,
avec les deux aigrettes qui le surmontent d’un roux ferrugi-
neux.
Ihraxa§ Pasiflapia. Lin.
Syst. nat. 218.-— Yill. 451. — Esp. pl. 47, fig. 5. — Hub. 84.
— Ilavv. p. 317. — Dup. V, p. 24 4, pl. 187, fig. 5. —
Treits. II, p. 242. — Encycl. p. 84. — Steph. III, p. 24G,
pl. 52, fig. 1. — Wood, G00. — Bdv. 180G. — Ilerr.-Sch.
p. G4. — Dclah. 10G. — Gn. 12G3.
( Pl. G, fig. 1 à 3 ).
Chenille.
Les divers âges de cette chenille nous la montrent avec
les mêmes lignes, les mêmes couleurs tranchées.
Arrivée à sa taille, elle est cylindrique, assez courte,
épaisse, sans éminences. Le fond est gris-bleu.
La vasculaire, fine, continue, est d’un noir-bleuâtre.
I;l2 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Les lignes dorsale, sous-clorsale et sligmatale sont larges,
continues, très-faiblement ondulées, noirâtres.
Le ventre est jaune- verdâtre, sans lignes.
La tète est forte, globuleuse, nullement rentrée sous le
premier anneau ; elle est, ainsi que le premier segment et
les dix pattes, d’un jaune vif.
Les stigmates, ovoïdes, sont blancs, cerclés de noir, ac-
compagnés, à droite et à gauche, de points bruns.
Cette chenille présente une variété qui possède bien les
lignes dorsale et sous-dorsale, mais à peine écrites. Le fond
gris-bleu a disparu; il est remplacé par une teinte jaune
pâle (jaune de Naples).
La chenille de Panlaria , qui est fort répandue dans les
campagnes des environs de Marseille, Toulon, Ilyères, dans
plusieurs localités des Pyrénées-Orientales, etc., vit sur les
divers Fraxinus (F. excelsior et ornus'). Elle parait avoir les
mêmes habitudes que ses congénères Grossalariata et Ul-
mata; vit, comme elles, à découvert, et quelquefois dépouille
entièrement les frênes de leurs feuilles*
À tous scs âges, cette chenille, qui n’a qu’une génération,
laisse après elle un fil de soie blanche qui adhère aux objets
sur lesquels l’insecte a passé.
L’acte de la copulation, par exception à la plupart des
Géomètres, dure plusieurs heures chez Pantaria . Deux ou
trois femelles, fécondées en captivité, m’ont donné des œufs.
Ceux-ci sont éclos vingt jours après la ponte.
La petite chenille, nourrie en plein air, grossit peu dans
le jeune âge, passe l’hiver et attend la pousse des feuilles de
l’année suivante pour achever sa croissance.
Chrysalide.
Ce n’est guère que dans le courant de juin que cette Géo-
mètre arrive à toute sa taille. Elle descend alors dans les
Abraxas Vaut aria.
1 45
mousses, sous lesquelles elle se chrysalide sans avoir préala-
blement formé de coque.
La nymphe est conique, assez courte, rougeâtre, lavée de
verdâtre sur la poitrine, luisante, à peau fine, à anneaux ab-
dominaux libres.
La pointe est brune et passablement longue.
L’éclosion du Lépidoptère qui, d’orclinaire, arrive quinze
ou vingt jours après la transformation de la chenille, a tou-
jours lieu le matin, deux ou trois heures après le lever du
soleil.
Insecte parfait.
Envergure : (le </>) 0,035 à 0,030 mill. (la j) 0,038 à
0,040 mill.
Les ailes sont larges, veloutées, d’un blanc légèrement rous-
sâtre. L’extra-basilaire, très-rapprochée du corselet, est brune;
l’espace que cette ligne enferme est d’un ferrugineux pâle.
La coudée est indiquée, aux supérieures, par une ligne de
points nervuraux de couleur ferrugineuse, dont l’un, celui
qui s’appuie au bord interne de l’aile, est gros et oblong.
Aux inférieures, la coudée seule existe ; elle est, ainsi
qu’aux supérieures, représentée par une ligne de points. Celui
qui repose sur l’angle anal est assez gros.
Les ailes, en dessous, sont, de même qu’en dessus, d'un
blanc jaunâtre avec l’extra-basilaire faiblement écrite, et une
double ligne de points nervuraux d’un gris-bleuâtre. Quel-
quefois le disque des supérieures est marqué de deux ou
trois traits bruns.
Les antennes sont noires : leur base est ferrugineuse. Le
front est étroit et aplati. Il est, ainsi que le corselet, l’abdo-
men et la poitrine, d’un jaune ferrugineux. Il existe sur l’ab-
domen un grand nombre de taches noires; les dorsales sont
pleines; les latérales, ocellées .à prunelle ferrugineuse.
t Ul CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Les lieux sexes se ressemblent ; seulement la femelle est
généralement plus grande que le male.
Je ne puis trop savoir ce qui a fait supposer à Devillers
que la femelle de cette Abraxas était aptère.
Un parasite, relativement très-petit, attaque Pantaria
dans les proportions d'un dixième. Il appartient à l’ordre
des Hyménoptères et doit être V Ewytoma Abrotani, Latr.
Après être arrivée à sa taille , la larve de ce parasite sort
du corps de la chenille expirante, suspend sa coque de forme
ovoïde à une feuille ou à une branche de frêne au moyen
d’un long fd de soie, et éclot quinze ou dix-huit jours après
sa transformation.
fi?is3»o!la BSaftociiesinla.
Dup. V, p. 558, pl. 210, fig. 5. — Bdv. 17G8. — Gn. 1702.
— (non Ilerr.-Sch.)
(l»l. 6, fig. 4 à 6).
Une femelle de Basochesiata , capturée la nuit par
jVI. Bruand d’Uzellc, au commencement de janvier dernier,
pondit cinq œufs fécondés. Ceux-ci, de forme sphérique et
cannelés sont éclos le 2Ï du même mois (').
Mon ami, M. Bruand, voulut bien me confier f éducation
des jeunes larves. Ce fut à moi de chercher la plante qui dut
C1) Je crois devoir faire part à mes lecteurs d’un fait physiologique anormal
qui n’est pas, ce me semble, sans intérêt: Quatre œufs de Basoehesiata sur
cinq que je possédais, sont éclos; cependant le cinquième œuf n’éclosait pas.
Seize jours s’étaient écoulés déjà et le dernier œuf très-plein, parfaite-
ment sain, me laissait soupçonner qu’il pourrait éclore. En effet, le 10 février,
dix- sept joursaprès l’éclosion des quatre premières chenilles, arriva lacinquième
petite larve; mais celle-ci , très'-bien portante d’abord, mourut après sa
deuxième mue.
Eubolia Basocliesiata. l 'i 5
les nourrir. Après avoir présenté à ces insectes un grand
nombre de plantes basses et autres, je réussis à les faire man-
ger. Ils grossirent rapidement eu égard à la saison froide. A
la fin de mars, un peu plus de deux mois après leur éclosion,
ees chenilles avaient opéré leur quatrième mue.
Chenille.
Arrivée à toute sa grosseur, cette larve est passablement
allongée, cylindrique, sans éminences, sans carène ; d’un
rougeâtre obscur, avec les intersections des anneaux très-
brunes.
La vasculaire est noirâtre, largement interrompue, repré-
sentée par une sorte de tache allongée , triangulaire , placée
au centre de chaque anneau , et mieux indiquée sur les pre-
miers que sur les derniers segments. La sous-dorsale est
brune et continue. La stigmatale blanchâtre, carénée, d’une
largeur moyenne, continue, est faiblement ondulée.
Les stigmates sont ronds , blancs , finement cerclés d’un
premier anneau noir et d’un second anneau carné, faible-
ment relevé en bourrelet.
La tête, aussi haute que le premier segment, assez forte,
lenticulaire, maculée de points noirs nombreux, est bleuâtre
foncé.
Les pattes antérieures et le premier anneau sont d’un
bleuâtre obscur. Les ventrales et anales, concolores.
L’insecte est recouvert de bourgeons pilifères donnant
naissance à une villosité noire que l’on ne distingue pas bien
sans le secours de la loupe. Les trapézoïdaux sont noirs et
forts.
Le ventre est d’un carné obscur , avec une ligne centrale
blanchâtre, large, continue, marquée au milieu de chaque
anneau , d’une tache brune en forme de parallélogramme
rectangle.
il
I a G CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Cette chenille ne mange cjue la nuit, reste à découvert
pendant le jour, et, au repos, conserve toujours une attitude
rigide.
J’ai nourri la chenille de Basochesiata avec divers Galium ,
le Senecio vulgaris L. et la Veronica pilosa Lois. ;■ mais ,
n’ayant pu amener à bien ces insectes cpie j’élevais avec
de si grands soins, je pense que les plantes que je leur ai
données ne sont point celles dont elles vivent à l’état de li-
berté. Toutes sont mortes avant leur transformation.
Insecte parfait.
Envergure : 0,026 à 0,028 mill.
Celte Phalénite est de la taille des petits exemplaires de
Quadrifasciata , L. (*) dont elle a le faciès et la couleur géné-
rale. Les ailes sont entières; les supérieures brunes en des-
sus avec les lignes transversales, au nombre de trois , bien
marquées et très-sinueuses. L’intervalle qui sépare l’espace
médian de l’espace basilaire, est d’une teinte plus claire que
le fond. L’extrabasilaire présente, vers le milieu , une forte
courbure; elle est, de plus, largement marquée de noir
dans toute son étendue. La deuxième ligne , très-ondulée ,
supporte en dedans, aux deux tiers de la hauteur, et appuyée
à une courbure rentrante , une grosse tache noire de forme
à peu près carrée. Cette deuxième ligne est finement liseréc
de blanchâtre extérieurement, et suivie de deux traits bruns
géminés. L'espace terminal est partagé par une ligne fine ,
blanche, dentée, assez faiblement écrite. Sur cette ligne, en
dessous de l'apical, existe une large tache d’un noir bleuâtre
de forme rectangulaire.
C) Plus ordinairement connue sous le nom de Liguttrarici, W.-V.
liubolia Basochesiata. 147
Les ailes inférieures sont d’un gris-brun, traversées par
cinq ou six lignes nébuleuses.
Le dessous des ailes est gris avec la cote lavée de jau-
nâtre. On n’aperçoit aux supérieures que la seconde ligne
transversale de l’espace médian. Le point cellulaire existe
sur les quatre ailes, en dessus et en dessous ; mais il est à
peine accusé. La frange, qui est concolore, est précédée de
petits croissants noirs très-rapproehés, dont les pointes sont
tournées en dehors.
Les antennes, simples chez les deux sexes, sont brunes
ainsi que le corselet et l’abdomen. Les pattes , également
brunes, sont anneiées de fauve.
La femelle qui est un peu plus grande que le mâle, pré-
sente des différences de coloration qu’il est bon de signaler :
1° le fond est gris-brun, et les lignes qui bordent extérieu-
rement les espaces basilaire et médian, ne sont point noires
comme chez le mâle , mais seulement un peu plus accusées
que le fond ; la tache noire de l’aile supérieure qui caracté-
rise si bien le mâle, n’existe pas chez la femelle.
Basochesiata , à mon avis, doit plutôt trouver place à côté
delà Quadrifasciata , Linn., ou de la Propugnata , W.-V.,
que dans le voisinage de la Malvala , Ramb., et de la Cervina-
ria, Roes. Elle s’éloigne en effet de ces dernières par sa taille
plus petite, et surtout par la coupe de ses ailes.
Si Basochesiata , dans la place qu’à mon avis elle doit oc-
cuper, précède ou suit Quadrifasciata , elle cessera d’être une
Eubolia et devra désormais appartenir au genre Coremia
créé par M. Guene'e.
Cette intéressante Géomètre , qui est de la plus grande
rareté , et que fort peu de Lépidoptérisles possèdent en
collection , varie. En effet , chez l’un des individus cap-
turés en janvier de celte année, par M. Bruand, les lignes
i/|8 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
disparaissent sous la teinte sombre du fond. Ce sujet estime
femelle : il est l’exagération opposée du type j (PI. G, fig. G).
Il faut bien que cette espèce ait été fort peu répandue jus-
qu’à ce jour, puisque M. Ilerrich-Schæffcr ctM. Guenée, qui
ne l’avaient point encore vue en nature, ne l’ont, dans l’œuvre
que chacun de ces savants a publiée, considérée que comme
simple variété (G de Malvata .
Il ne sera donc plus possible de mettre en doute l'authen-
ticité de Basochesiata , Dup.
On trouve cette Géomètre en chassant à la lanterne dans
les garrigues cl’Hyères. Son vol est saccadé et très-vif. On
l’approche difficilement, et, à cause de sa couleur sombre,
on la distingue à peine, soit au vol, soit au repos.
J’avais d’abdrd considéré cette Eubolia comme inédite;
mais, après l’avoir étudiée de nouveau, je l’ai rapportée avec
certitude à la Basochesiata découverte à ïïyères par feu Bon-
ze!, il y a plus de trente ans (2).
Cette Phalénite, ainsi que je l’ai dit, a été publiée par
Duponcliel (V. p. 558, pl. 210, hg. 5); mais elle est mécon-
naissable, tant par l’inexactitude du dessin, que par l’exagé-
ration des couleurs. De là l'erreur des naturalistes qui, ayant
à parler de Basochesiata, s’en sont rapportés à la figure
défectueuse de Duponcliel, la seule qui existât. Aurai-je
mieux réussi à rendre cette Géomètre? j’ose l’espérer.
(') M. Guenée, dans son Species des Lépidoptères, assigne bien une place à
la Basochesiata de Duponcliel ( X p. -185, n. 1702); mais après l’avoir seule-
ment indiquée, voici ce qu’ajoute cet observateur consciencieux :
« Je n’ai pas vu celte espèce et je le regrette beaucoup, car si j’en juge par
« les auteurs qui en ont parlé, elle ne me parait qu’une simple variété de la
« Malvata, dont le nom devrait alors être supprimé. »
(2) Dans la collection Donzel, l’une des deux Basochesiata , qui seules y fi-
gurent, porte écrit sur l’étiquette : Hyères, mars 1820.
Annales de la Société Lmneenne de Lyon 3LcLwr.
Année 1860 PI y
. EMiüièr.e. dei. et y b éEicart sculp
1.1 à 3. Tepkrina Vmctdarice, Lhob.
IU à y. Haderut Occhurct, Esp
lmp. EouLrto, 5. r. Mu/nouEaris
Mujneaux. col
Tephrina F'inculavia.
149
Teptorana VincuEarla.
Hub. 402. — Treits. Il, p. 265. — üup. t. Vfll, Ire part.,
p. 155, pl. 180,%. 7. — Bdv. , 1605. — Hcrr.-Sch.
p. 88. — Gn. X, 1074,
(■Pl. 7, lig. -i à 3. )
Guenille.
Jeune, Vincularia est dune teinte presque noire. Les
taches du dos sont alors blanchâtres et, par le fait, très-
apparentes.
Arrivée à toute sa taille, elle est assez allongée, faiblement
atténuée aux extrémités , à anneaux renflés , moniliforme ,
garnie de petits tubercules sur les quatrième , cinquième et
onzième segments (*), carénée sur les flancs, généralement
d’un vineux obscur sur le dos et les flancs; enfin très-plissée
transversalement.
La vasculaire est fine , brune, continue, à peine écrite.
Nulle trace de la sous-dorsale. La stigmatale est large, plus
claire que le fond, continue, ondulée et finement iiserée de
blanc inférieurement. Le ventre, d’un gris-bleuâtre, est sans
lignes.
Les stigmates sont ovalaires, d’un blanc jaunâtre et cerclés
de noir.
La villosité courte, fine, noire, n’est bien perceptible qu’à
la loupe.
La tête, à peu près carrée, est forte, concolore , maculée
de taches blanchâtres sans formes décidées.
(') Par ce caractère important, celle chenille paraît s’éloigner du genre
Tephrina dans lequel M. Guenée l’a fait entrer.
150 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Les points trapézoïdaux, sont noirs; la seeondc paire, sur
les 4me, 5me, et llme segments, est relevée sous forme de
caroncule bifide. Entre chacune des bifurcations très-espa-
cées des 4me et anneaux, existent deux traits blanchâtres
séparés par la vasculaire.
En dessous, mais seulement chez certains sujets, on voit
sur le 6 [ne segment une éminence étroite , carénée et trans-
versale.
La chenille de cette Tephrina vit aux environs de Montpel-
lier, et sans doute en d’autres lieux de la France méridionale,
sur le Rhamnus infectorius , L., dont elle ronge exclusi-
vement la feuille. On dit qu'on la trouve quelquefois sur le
Rhamnus catharticus , L. : cela est possible; mais ce que
je puis affirmer, c’est que des chenilles de Vincularia qui
n’eurent pour nourriture que des feuilles de ce dernier ar-
brisseau, sont mortes sans les avoir attaquées.
Cette chenille est fort délicate et supporte difficilement le
transport cl’un lieu à l’autre. Je dirai de plus, qu’en captivité,
il en périt un assez grand nombre en chrysalide.
Au repos, Vincularia tient ordinairement la partie anté-
rieure du corps appuyée sur la troisième paire de pattes ,
tandis que les deux premières sont fixées contre la tète à
moitié relevée (PL 7, fig. i ).
Chrysalide.
L’insecte, pour se chrysalider, descend assez profondément
dans la terre, et forme une coque molle dans laquelle il
entre quelques grains de terre.
La nymphe, de forme conique, est passablement renflée,
courte, brune, avec la gaine des antennes visible, laissant
même apercevoir l’épaisseur des lamelles. La place des yeux
est très-brune et luisante. La pointe abdominale, noire,
brillante, est bifurquée à l’extrémité.
Tephrina Vincularia. 151
Les chenilles qui avaient disparu vers les premiers jours
de juillet, m’ont donné, au commencement d’août, des
individus grands et parfaitement développés , qui , peu de
temps après leur éclosion, volaient avec une grande ra-
pidité.
Insecte parfait.
i
Envergure 0,028 m. à 0,050 m.
Ailes entières : les supérieures faiblement falquées , les
inférieures légèrement anguleuses et dentées. Les unes et
les autres sont, chez les individus frais et d’éclpsion récente,
d’un gris-cendré tirant sur le bleuâtre (,).
Les supérieures ont une coudée large , d’un rougeâtre
obscur, brune au sommet, et finement liserée de blanchâtre
de chaque coté. La basilaire, qui existe chez quelques sujets,
manque chez le plus grand nombre , et , dans ce dernier
cas, n’est indiquée que par une petite tache costale
brune, oblongue. il existe en outre une tache orbieulaire ,
noire, oblongue, rattachée à la costale parmi trait brun,
mais variant de forme selon les sujets.
Les inférieures n’ont qu’une ligne transversale à peine
distincte. Ainsi que les supérieures , elles sont aspergées de
nombreux atomes bruns.
Le dessous des quatre ailes est d’un gris un peu rous-
sâtre, faiblement enfumé aux supérieures jusqu’à la coudée,
et toutes striées de brun.
Les nervures en dessus et en dessous sont très-distinctes,
La femelle a les antennes garnies de lamelles prononcées,
(‘) Pour peu que l’insecte ait vieilli, la teinte gris-bleuâtre s'affaiblit, et,
à la longue, disparaît complètement.
132
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,
cependant elles sont moins longues que celles du mâle. C’est
la seule du genre qui soit dans ce cas.
La tele, les antennes, les palpes grossièrement squammeux
sont, ainsi que le corselet, d'un gris -bleuâtre.
Cette belle espèce a deux générations. Une première éclo-
sion de l’insecte parfait a lieu dès le premier printemps, et
une seconde en août.
M. Manuel, lépidoptériste zélé, de l'obligeance duquel
je tiens les chenilles de Vincularia et plusieurs détails de
mœurs qui m’ont servi à faire l’éducation de cette intéres-
sante espèce, m’écrivait dernièrement qu’il ne trouve cette
Phalénite que sur les versants les plus chauds des environs
de Montpellier.
Il&tScfiisï ©ccîbssî®.
Esp. Hub. 752. — Treits. Sup. X p. 65. — Gn. Ind. 244.
— Bdv. 961. Gn. Species 783. = Didymoïdes , Dup. IV,
p. 106, pi. 107, fig. 3. — Furva , Esp. pl. 158, fig. 1-2.
( Pi. 7, fig. 4 à 7. )
Chenille.
Lors de son deuxième changement de peau, celte chenille
est jaune de cuir avec la région dorsale blanche; la vascu-
laire, fine, brune, interrompue; et, à la place de la sous-
dorsale, un trait brun horizontal existe sur chaque anneau.
Parvenue à toute sa taille , elle est rase , passablement al-
longée, très-faiblement relevée sur les derniers segments. A
cette époque elle est d’un jaune verdâtre avec les lignes ordi-
naires toutes bien indiquées.
La vasculaire est large , blanchâtre , interrompue sur les
intersections. La sous-dorsale, droite, fine, vert-glauque,
153
Iladena Occlusa.
continue, ombrée de brun en dessus. La stigmatale, très-
fortement ondulée , assez large , blanchâtre , est surmontée
d’un trait noir qui, en s’élevant vers la région dorsale, s’at-
ténue, tourne au vert foncé et remplit l’espace compris entre
la sous-dorsale et la stigmatale.
Les stigmates, placés sur la ligne stigmatale même, sont
ellipsoïdes, noirs et cerclés de blanc.
Le ventre , sans lignes apparentes, d’un vert livide, est
teinté de vineux à la naissance des pattes.
La tête, assez petite, échancrée au centre, jaunâtre, noire
sur le bord frontal , est , sur toute la surface , finement ma-
culée de brun. Les pattes écailleuses sont cl’un testacé clair;
les ventrales et anales, concolores. Les trapézoïdaux sont
noirs et tranchent sur le fond clair de l’insecte. Les points
pilifères, placés sur chaque segment, sont bruns et éclairés
de blanc au sommet.
Cette chenille varie fréquemment en vert bleuâtre ou en
brun.
Dans le jeune âge, l'insecte, fixé sur la surface d’une feuille,
contourné sur lui-même , ainsi que certaines Cymatophora ,
demeure ainsi des journées entières. D’autres fois, il lie les
deux bords de la feuille qui le supporte , ou la roule en
cornet, et s’y tient renfermé jusqu’à la nuit.
Dans une grande partie de la Provence, Occlusa vit sur
les divers Qu'ercus qui y croissent. On la rencontre également
dans l’Ouest de la France. Nul doute qu’elle ne fasse partie
des faunes italienne et espagnole , et qu’elle n’appartienne
aussi à la Corse et à la Sardaigne.
La chenille de cette Hadénide vit ordinairement de Sa
Heur du Chêne vert ( Quercus ilex ), sur lequel on la rencontre
le plus souvent. Elle n’attaque la jeune pousse des feuilles que
lorsqu'il ne lui reste plus de fleurs à dévorer.
Cet insecte me fut envoyé de Marseille par notre collègue,
Î54 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
M. Dardoin aîné, vers le commencement de mai. A cette
époque elle était à moitié de sa taille (PI. 7, fig. 5). Elle
mangeait beaucoup et grossissait rapidement. Le mois était à
peine écoulé, qu'elle descendait clans la terre pour subir sa
transf ormati on .
La chenille d 'Occlusa n’est figurée nulle part ; cependant
Duponchel nous apprend cjue M. le comte de Saporta lui a
transmis certains détails intéressants sur les habitudes de
cette espèce. Mes récentes observations viennent confirmer
ce qu’on en savait.
Elle offre encore un exemple d’une particularité que j’ai
remarquée chez plusieurs chenilles de Lépidoptères appar-
tenant à des familles bien différentes les unes des autres.
Voici ce cjue j’ai observé à l’égarcl de la chenille d 'Occlusa.
Le 15 septembre , c’est-à-dire environ trois mois et demi
après quelle se fut renfermée dans la coque qu’elle s’était
solidement construite, et cpii était formée de soie et de terre ,
cette chenille, dont j’avais ouvert la coque , était encore à
l’état de larve. Cependant l’éclosion du Lépidoptère devait
arriver cinq ou six semaines après.
Chrysalide.
Il a été dit que la chenille d 'Occlusa se métamorphosait
ordinairement sur l’arbre qui l’a nourrie , parmi les feuilles
ou les fleurs qu’elle a réunies. Je ne pense pas qu’il en soit
toujours ainsi, car j’ai remarqué que pour cette opération
l’insecte quittait la branche de Chêne et descendait à un ou
deux centimètres dans la terre.
La nymphe est assez allongée, presque fusiforme, c’est-à-
dire que la tête se prolonge en pointe obtuse, et que la partie
abdominale est relativement longue. L'enveloppe de la
bouche paraît en saillie assez élevée. Le dernier anneau
îladcna Occlusa.
155
csl garni à l'extrémité de quatre pointes courtes, espacées à
leur insertion.
Toute la chrysalide, très-luisante, est d’un rouge-brun si
foncé, qu’à première vue ou la croirait entièrement noire. La
poitrine seide est lavée de grenat foncé.
L’insecte parfait a paru chez moi, à Lyon, à la fin d’octo-
bre; mais les éclosions continuent dans la nature jusqu’en
novembre et même en décembre (’).
Insecte parfait.
Envergure : 0,026 m. à 0,028 m.
Le dessus des supérieures, d’un brun foncé, luisant,
nuancé de ferrugineux , a , chez le type , la tache réniforme
d’un fauve chamois. L’orbiculaire , de même couleur que le
fond, est à peine écrite. La base de l’aile est marquée d’une
ligne noire horizontale. Les lignes transverses ordinaires sont
assez mal indiquées. La nervure costale , noire , est maculée
de deux ou trois petits points constants plus ou moins clairs.
La frange, d’un brun noirâtre, est légèrement festonnée.
Les ailes inférieures sont d’un gris obscur, avec une ligne
transverse à peine visible.
Le dessous des quatre ailes , d’un blanc grisâtre, très-lui-
sant, est lavé de ferrugineux sur les bords.
La coudée est assez bien écrite sur les quatre ailes. Le
point cellulaire n’est visible qu'aux inférieures. Les anten-
nes , ciliées chez le mâle , simples chez la femelle , sont,
ainsi que la tête , le corselet et l’abdomen , d’un brun noir.
Les épaulettes et l’extrémité abdominale sont lavées de rou-
geâtre.
(’J M. Bruant) d’Uzelle et moi avons capturé le 31 décembre dernier, à
Hyères. la nuit, plusieurs fl, Occlusa ^ et J.
6
15G
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Une aberration (Var. A, Gn.) avec tache réniforme d’un
blanc pur, du reste en tout semblable au type, vole en même
temps et dans les mêmes lieux que lui .
SI. Ocdusà, décrite depuis longtemps par Esper, et très-
bien figurée par cet auteur, n'a cependant pas été reconnue
par Duponcliel. Le continuateur de Godard, trouvant à cette
Hadénide une vague ressemblance avec la Didyma , l’a appe-
lée Didymoules (IV, p. 106).
MuSsanlaïsa, Mill. (Species nova).
(PI. 8 , fig. 1 à 5. )
Chenille.
D’un blanc jaunâtre, variant quelquefois en vert obscur,
cette chenille est fusiforme, passablement renflée, avec les
anneaux très-distincts. On ne distingue pas les lignes ordinaires
qui, chez ces espèces vermiformes, sont rarement apparentes.
La région dorsale laisse voir sous la peau une ligne brune,
continue, qui n’est autre que le tube intestinal traversant le
corps de l’insecte dans toute son étendue.
Le ventre, d’un blanc d'os, est sans lignes.
Les points verruqueux , très-petits, donnent naissance â
autant de poils blancs, très-courts, très-fins et qui sont invi-
sibles à l’œil nu.
La tête est lenticulaire, petite, jaunâtre, luisante. Les mâ-
choires sont brunes et fortes.
Le segment thoracique est surmonté d'une plaque écail-
leuse noire, luisante , finement chagrinée et traversée de
haut en bas par une échancrure assez profonde.
Les pattes écailleuses sont courtes et noires ; les ventrales
et anales, concolores.
Celte larve, qui appartient à la grande tribu des T or-
Anmlcj de la. Société Lirmèenne d&Iyon
3mcLivr.
Année 1860 Pi 8.
P.mu^re Met pl: Picart saJf,
I . / à S Arv/i/rolepia. Mulsànta/ia . MM.
II . 6 à g. P/n/cis Albiricellti, F.-fC-R.
III roà n.Nemonas Bruandaria , MUl
fmp. Houiste/, 5, r. IPujr
i. Pat' fs.
U. Hp' Migneau/r col .
Àrgyrolepia Mulsanlana. 157
denses, vit à Ilyères, et sans doute, en d’autres parties de la
Provence, sur YEuphorbia Characias, L., que l’hiver, peu
rigoureux en ecs contrées, n’atteint jamais.
h'Euph. Characias croît abondamment aux pieds des ruines
du château qui domine l’ancienne Olhia. C’est dans ce lieu
surtout que j’ai rencontré en grand nombre cette nouvelle
Tortricide. Elle éclot dès le mois de novembre, vit d’abord
en famille, puis se sépare pour attaquer isolément le cœur
de la plante. Une seule chenille ne suffit pas assurément pour
détruire une tige de cette grande Euphorbe ; mais le mai
qu’elle lui fait est considérable, puisqu’après la disparition
de l’insecte, la plante, arrêtée dans son développement, ne fait
plus cpie végéter.
Chrysalide.
Vers la fin de janvier ou le commencement de février, la
petite larve étant parvenue à toute sa grosseur, cpiitte la
plante qui l’a nourrie, cherche à la base de la tige un lieu
commode et se métamorphose bientôt en nymphe. Celle-ci
est cylindrico-conique, avec la pointe obtuse. Elle est d’un jau-
ne vif lavé de rougeâtre par places, avec le sommet brunâtre.
La gaine des ailes est renflée ; la place des yeux proéminente
et noire.
Le petit Lépidoptère éclot dès le milieu de mars.
Insecte parfait.
Envergure 0,01 G à 0,017 m.
Mulsanlana possède la plus grande partie des caractères des
Argyrolepia , Steph. , Dup. , (Tortrix. W.-Y. , illig. — Pyra-
lis , Fabr. = Cochylis , Treils. , Curt. , Delah. , Brnd. ) je
n’ai donc pas du hésiter à la faire entrer dans ce genre, bien
158
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
que le corps de ce Platyomide ne soit pas aussi allongé que
chez toutes les Argyrolepia.
Les premières ailes, passablement étroites, sont en dessus
plus ou moins rougeâtres , striées de brun , et maculées de
nombreuses taches métalliques, couleur de plomb. Elles sont
en outre ornées de trois taches très -brunes , de formes
diverses, ainsi disposées : la première occupe tout l’espace
compris entre la base de l’aile et la ligne basilaire, mais cette
tache ne descend jamais jusqu’au bord interne et s’arrête à
l’avant dernière nervure. La seconde tache placée à la hauteur
de la coudée, descend de la cote, s’arrondit en demi-cercle,
et vient reposer sur le bord interne. La troisième tache part
de l’apex et tend à se réunir à l’angle obtus formé par le
demi-cercle de la seconde de ces taches.
Les atomes métalliques répandus sur toute la surface de
l'aile, ne recouvrent pas les taches brunes que je viens de
décrire.
Les ailes inférieures sont , en dessus et en dessous , sans
taches et d’un bleuâtre fuligineux.
Les franges passablement longues sont concolores.
Le dessous des supérieures est brunâtre avec la moitié de
la cote blanchâtre. Celle-ci est maculée de trois ou quatre
taches brunes. Le liseré qui précède les franges est, en
dessous principalement, beaucoup plus clair cjue le fond.
La femelle, à peine plus petite que le mâle, est moins vi-
vement colorée que lui.
Les antennes sont simples dans les deux sexes et atteignent
à peine à la moitié de la longueur des ailes supérieures.
Les palpes sont longs, bien fournis et jaunâtres. Le corselet
est brun, ainsi cpic l’abdomen. Les pattes sont grises.
Cette espèce doit être placée à côté de la Margaratana de
Duponchel, dont elle a la coupe d'ailes.
Ce Tortricide , qui doit avoir plusieurs générations par
Pempelia Æbiricella. 159
an, varie peu. J’ai cependant vu certains sujets avec le fond
plus clair et les laclies moins brunes que chez le type.
Un assez grand nombre de larves de Mulsantana furent
élevées sans beaucoup de soins, cependant toutes arrivèrent
à bien.
Par la quantité de tiges de YEuphorbia Characias que j'ai
vu dévorées par la chenille de ce nouveau Platyomide, j’ai
dû supposer qu’il est fort abondant à Hyères.
Je n’ai pas remarqué que d’autres espèces d’Euphorbes,
très - nombreuses dans le Var, fussent attaquées par ce
Microlépidoptère.
Je dédie cette Argyrolepia à mon savant ami, M. Etienne
Muîsant.
PempeBIa AlbiricelBa
Fis. -Y. -R. = Tin. Albiricella; Herr.-Sch. pl. 3, fig. 54. —
Tin. Euphorbiella , ZeSÎ. Isis 184 G, p. 757. — Phycis Albi ■
ricella , Mill.
(Pl. 8, fig. 6 h t).)
Chenille.
Dans Se jeune âge celte chenille est très-brune , prend
une teinte moins sombre à mesure qu’elle grossit, et, jusqu’à
la fin, conserve une couleur d’un marron plus ou moins clair.
Lorsque cette larve est parvenue à sa grosseur , elle est
cylindrique , très-faiblement carénée. Une large bande dor-
sale, d’un rouge marron plus clair que le fond de l’insecte,
parcourt la région du dos, de la tête au dernier segment.
La vasculaire et la sous-dorsale sont fines , noires , con-
tinues. La stigmatale , passablement étroite, est blanchâtre,
continue , faiblement ondulée.
Les stigmates , placés sur la ligne même , sont circulaires ,
jaunes, cerclés de noir. Ils sont indiqués par autant de gros
i 00
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
points vcrruqueux blancs. D’autrespoints, pilifëres, recouvrent
le corps de cette petite chenille; ils sont jaunes et quelque
peu saillants. La villosité est noire et passablement longue.
Le ventre, d’un jaune verdâtre, est sans lignes.
La tète, de grosseur moyenne, est noire avec les mâchoires
jaunes.
Le premier anneau n’est jamais recouvert d’un écusson
corné. Cependant la présence de cet écusson est, on le sait,
un caractère propre au plus grand nombre des Crambides
( Crambus et Phrcis).
Les pattes écailleuses sont brunes ; les anales et ventrales,
concolores.
Cette espèce varie certaines fois en brun foncé et en noir.
Elle passe la plus grande partie de sa vie en famille, sous
une tente commune. A l’époque où ces larves sont très-pe-
tites (de septembre à février de l’année suivante), elles lient
quelques feuilles de YEuphorbia Characias, L. , sous les-
quelles elles sont réunies pendant l’hiver (PL 8, fig. 7).
Elles ne mangent pas alors ou fort peu; puis, au premier
printemps, ces petites chenilles se remettent à manger, gros-
sissent assez rapidement, et lient par de nombreux fils
de soie, non pas seulement quelques feuilles, mais la plante
entière. Souvent plusieurs liges de YEuphorbia sont agglomé-
rées et retenues de la même manière.
Avant d’atteindre toute leur grosseur, ces larves, non
contentes de dévorer les feuilles de la plante au suc si âcre
qui les nourrit, creusent sa tige et s’y enfoncent profondé-
ment. Quelquefois même elles descendent jusqu’à la racine
de l'Euphorbe qui, alors, se dessèche et périra bientôt.
Devenues fortes, les chenilles d ' Jlbiricella, ne trouvant plus
à s’abriter suffisamment sous la toile commune, se séparent
par petits groupes de quatre, cinq ou six individus, pour al-
ler s’établir sur d’autres têtes (Y Euphorbia et vivre sous au-
Pempelia Albiricella. 1G1
tant de petites toiles cpi'il s'est formé <le groupes. Ces nou-
velles toiles, rapidement tissées, sont bientôt à même de
garantir ces insectes contre les nombreux ennemis cpii les
environnent.
Les nids de ces Phycides sont toujours placés au centre de
touffes (ÏEuph. Characias bien suffisantes à l’appétit de la nom-
breuse famille.
J’ai trouvé, pour la première fois, ces chenilles, assez rares
du reste, au sommet du Fehouillet (1). Un nid de cette même
Fhycide a été rencontré à la fin de décembre, sur la colline
de l'Ermitage, située entre la ville d’Hyères et la mer.
Albiricella s'élève sans peine et réussit toujours très-bien.
Il est seulement nécessaire de ne pas lui donner pour nour-
riture d’autre Euphorbia que la Characias.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser, l’insecte, vers la fin d’avril, reste
dans les feuilles, ou descend parmi les mousses.
La nymphe est allongée, cylindrique, rougeâtre, lisse, lui-
sante, lavée de verdâtre sur la poitrine.
La pointe abdominale, très-obtuse, n'a ni crochets, ni crins,
ni soies.
Les anneaux, noirs, ont leurs intersections brunes.
Ces chrysalides, apportées à Lyon, ont commencé à éclore
au commencement de juin ; les derniers sujets n’ont paru qu’à
la fin du même mois.
(>) Montagne schisteuse, parsemée de gros blocs de quartz, située au nord
et à environ cinq kilomètres d’Hyères.
1 2
1G2
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Insecte parfait.
Envergure : 0,02ü à 0,02ti mil!.
Les supérieures sont, en dessus, d'un brun vineux, avec
une très-large bande blanche qui, partant de la base de l'aile,
va finir en pointe à l'apex. La cote, à laquelle est appuyée
celte bande blanche, est très-brune, et, vers le milieu, anti-
cipe sur le blanc de l’aile. Ces ailes supérieures sont en outre
marquées d’un point discoïdal noir placé sur le bord de la
bande blanche.
La frange , concolore , est précédée de points nervuraux
noirs, précédés eux-mêmes d’un feston roux qui n’est pas
toujours bien écrit.
Les ailes inférieures, d’un gris-rougeâtre chatoyant, sont
sans lignes. La frange est blanchâtre en dessus et en dessous.
Les quatre ailes sont grises en dessous, avec reflets rougeâ-
tres, et simplement ombrées de brun à la côte des supérieu-
res et à l’apex.
La tète est brune. Les antennes, sétacées dans les deux
sexes, très-rapprochées à leur base et implantées entre les
deux yeux, placent, par ce caractère surtout, Albiricella dans
le genre Phycis. Le thorax et l’abdomen sont bruns. Les fé-
murs et tibias, blancs; les derniers articles des pattes et les
tarses sont bruns.
Cette Phycide ne doit avoir qu’une seule génération.
Ainsi que toutes ses congénères, Albiricella fait assez peu
usage de ses ailes : elle échappe à la main qui veut la saisir,
non en s’envolant, mais plutôt en se laissant glisser parmi les
Ce joli Micro, découvert depuis peu d’années, n’a pas été
connu de Dunonchel.
A
Le nom (VEüplioroiella* de Zeller, lui eût certes mieux
Nemoria Bruanclaria. 1G5
convenu que celui du naturaliste Fischer-von-Roerslerstamm ;
mais on a dû respecter le nom spécifique imposé par le sa-
vant Viennois, qui avait l'antériorité sur celui de M. Zeller.
Nemoria ISrasassalsia^Sia, Mill. (Species nova).
(N. 8, fig.lOàlâ.)
Envergure : 0,022 a 0,024 mill.
Cette nouvelle Nemoria , dont je n'ai rencontré jusqu'à ce
jour que deux femelles, est de la grandeur de Pulmentaria ,
Gn. ( Cloraria , Dup. et Herr.-Sch., non Hub.) Elle se rap-
proche aussi de cette dernière par la coupe des ailes; cepen-
dant chez ma Phalénite, les supérieures sont moins aiguës à
l'apex et plus allongées dans leur ensemble. De plus, elle n’a
pas de coude au milieu des inférieures, ni l’angle anal aigu.
Pulmentaria a les ailes recouvertes, en dessus, de petites
stries blanchâtres, ainsi que l’indique M. Guenée dans la
description de cette espèce (IX, p. 549), ce qui n’existe
pas chez ma nouvelle Géomètre , dont les ailes , vues à la
loupe, ne présentent pas trace de stries blanches.
A l’époque de l’éclosion de Bruanclaria , les quatre ailes,
dont les inférieures très-arrondies , sont , en dessus , d’un
beau vert pomme ; mais cette couleur s’affaiblit, perd de son
éclat, et tire sur le vert glauque tendre par la dessiccation
de l’insecte.
Les supérieures n’ont de bien écrite que la ligne blanche
coudée. Celle-ci est oblique, tremblée, et forme un angle
faiblement prononcé avant d’atteindre le bord inférieur.
On distingue à peine la médiane qui est fine et mal arretée.
La nervure costale est d’un fauve rougeâtre.
La frange des quatre ailes est blanche, en dessus et en
dessous.
164 CIIENILIÆS ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Les inférieures n'ont qu’une ligne blanche, transverse,
presque droite, légèrement tremblée, fine et nette.
On soupçonne à peine le point cellulaire qui est des plus
nébuleux.
Le dessous des quatre ailes est d’un vert très-pale et n’a pas
de lignes.
Les antennes sont sensiblement crénelées et rougeâtres.
Les palpes, qui dépassent le front, sont squammeux et, ainsi
que la tète et le collier, d’un fimve rougeâtre.
Le corselet est de la couleur des ailes. L'abdomen, faible-
ment annelé de blanc, légèrement verdâtre en dessus, est, en
dessous, d’un blanc pur.
Les pattes, d’un blanc verdâtre, sont teintées de fauve ex-
térieurement.
Non-seulement cette nouvelle espèce n’a pas le coude ou
angle à l’aile inférieure, mais les quatre ailes sont relative-
ment plus allongées que chez ses congénères. Elle n’a pas
non plus les lignes blanches ordinaires disposées de même.
C’est ainsi que je distingue ma Nemoria de ses voisines Fîri-
dota , Lin., H. -S. f. 566-567, Cloraria , Hub., f. 352 et Meli-
naria , Iï.-S., f. 4 1 3 . Je crois inutile de comparer Bruandaria
à V Jdvolata, IL -S. , f. 414, à V Etruscaria, Zell. (Eut. Zeit.
1849, p. 203), à Vllerbaria , IL -S., f. 563, et à VOlpnpiaria ,
H, -S., f. 559, dont elle s’éloigne encore plus que des trois
précédentes espèces.
Bruandaria , classée d’après la monographie des Phalénites
de M. Guenée, devra porterie n° 541 bis.
Cette charmante Nemoria est originaire de Celles-les-Bains
(Ardèche).
Le premier des deux exemplaires que je capturai, les ailes
encore molles, relevées perpendiculairement, achevait de se
développer. L’éclosion de l’insecte avait lieu sur les trois
heures de l’après-midi, au pied d’un Teucrhnn polium , Lam.,
Mn/udes de la Société l innée raie de Lyon .
3mcZwr.
Année 1860, PI. g .
P. Millier e del.et p i
Debrm/ scidp.
I. i ci 2, Ag rôtis Constatai, Æll.
TL . 3 ci 5, Xylùia, Lapidea, ff. (Aberr. Lamticrc, Bd»)
III. 6 ci g, Thera Cupressata, Dup,
■Parts, lmp J louis le, 5. r Mignon, ,
M™ Migncaux col.
Acjrolis Conslanti. 1 G
plante sous-ligneuse très-aljondanle à Celles. Je soupçonne
que la chenille de Bruandaria doit vivre sur ce Teucrium eu
avril ou mai.
C’est le 27 septembre que je trouvai le premier individu de
cette Phalénitc; trois jours après, je capturais le second,
le soir, à la lanterne, sur une Menthe en heur entourée de
Teucrium polium.
Je dédie celte Nenioria à mon ami, M- Bruand d’Uzelle.
AgroÜS C4»2a&ï«8ïïa§, Mill. (Species nova).
(P!. 9, tig. 1 el 2.)
Envergure : 0,043m. à 0,044 m.
Les ailes supérieures , passablement allongées , sont d'un
jaune argileux pâle , très-finement saupoudrées d’atomes
bruns. Les lignes transversales, toutes visibles, sont faible-
ment écrites en brun. Cependant à la cote et au bord interne
où ces lignes aboutissent, la teinte brune est plus prononcée.
Les taches réniforme et orbiculaire , très-peu perceptibles ,
sont vaguement indiquées par un contour testacé, pas tou-
jours bien écrit. Il n'existe nulle trace de la claviforme.
Les points nervuraux qui précèdent la frange , sont bruns ,
relativement gros et nullement blindés. La frange est complè-
tement unicolore.
Les ailes inférieures, bien développées, sont blanches et
irisées. Les nervures sont à peine indiquées en testacé clair.
La frange blanche est précédée d’une bordure étroite de
couleur argileuse.
En dessous, les supérieures sont blanches, irisées, faible-
ment argileuses sur les bords avec une large tache triangu-
laire occupant le milieu de l’aile, et dont la pointe la plus
allongée touche presque à sa base.
166
CHENILLES Eï LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Les inférieures sont, en dessous, d’un blanc pur et irisé,
sans le moindre atome brun.
Les antennes, d’un argileux rougeâtre, sont fortement cré-
nelées. Les palpes sont concolores. Les yeux , gros et noirs ,
sont entourés de poils d’un brun fuligineux. Le thorax, très-
fourni, est tout-à-fait de la couleur des ailes supérieures.
L’abdomen est d’un testacé rougeâtre en dessus , et blanc
en dessous. Les pattes sont brunes et annelées d’argileux. Les
tarses sont complètement jaunâtres.
Le second des deux exemplaires que je possède, qui est
également un mâle, serait en tout semblable à celui que je
viens de décrire, si la bordure testacée des inférieures n’eût
déteint sur l’aile entière, cependant le dessous de celle-ci est
d’un blanc pur.
Constanti se rapproche assez des Agrotis Nyctimera , Bdv. ,
et Calesiaca , Bdv. Elle viendra se placer entre ces deux espèces
et, dans le Species général de M. Guenée, devra porter le
n.° 507 bis.
Cette Agrotis nouvelle tient à Nyctimera par la coupe et
la teinte argileuse des ailes, et à f'alesiaca (5) par la dispo-
sition des lignes ordinaires.
Constanti se distingue de F'alesiaca par l'absence des taches
noires cunéiformes qui , chez cette dernière , suivent la
coudée, et par la présence de la tache fuligineuse précitée en
dessous. De plus elle diffère de ses deux voisines par la frange
unicolore des supérieures, qui, chez Nyctimera et Valesiaca ,
est entrecoupée de brun. Mais ce qui distingue surtout ma
nouvelle Agrotis des deux congénères ses voisines, ce sont ses
antennes fortement crénelées.
(l) Ag. Valesiaca figurée dans l’Ieones de M. Boisduval, pl. 78, fig. 3, n’a
pas de texte. M. Freyer donne deux figures de cette rare espèce , accompa-
gnées d’une description de l’insecte parfait, mâle et femelle.
1.67
A gratis Conslanli.
La femelle ne m’est point encore connue.
Je n’ai pris que deux sujets de cette belle espèce à Celles-
les-bains (Ardèche) ({), au commencement de septembre,
la nuit, en chassant, à la lanterne. L’un d’eux n’était point
(*) Je crois devoir informer les Lépidoptéristes que plusieurs localités de
l’Ardèche , notamment, le petit pays de Celles-les-bains, est très-riche en
insectes de l’extrême Midi de la France. J’y ai capturé, en effet, bon nombre
d’espèces de Lépidoptères considérés jusqu’à ce jour comme habitant presque
exclusivement les environs de Marseille ou Montpellier.
La flore des localités que je viens de citer, est, à peu de choses près , celle
de nos provinces les plus méridionales.
Je ne connais Celles et ses environs que depuis peu, mais ce que j’ai re-
marqué de sa faune enlomologique, me la fait supposer fort intéressante. A
l’époque où je m’y rendis, les Diurnes étaient à peu près passés; cependant
j’ai encore vu voler abondamment les Satyrus Aciœa ; Fidla, Circe et surtout
la Yar. Erythia.
Ce que j’ai recueilli en Nocturnes est fort beau et m’a prouvé ce qu’était
cette faune considérée au point de vue de la Lépidoptérologie.
Je crois intéresser mes lecleurs en leur donnant la liste des espèces rares,
recueillies par moi eu peu de jours.
Agrotis Lucipeta et Cos , Heliophobus Hispida , Luperina Rubella et. Du-
merilii , Eriopus Latreillii , Polia Venusta , Canescens , Ccerulescens et
Rujocincta. Hecatera Luteocincta , Caradrina Aspersa, Leucania Putres-
cens e t Punctosa, Aporophyla Australis, Micro, Purpurina , Ostrina, Mi-
nuta et Glarea , Anthophila Paula, Microphysa Jucunda , Hœmerosia
Rena lis, Eubolia Peribolaria , Crocallis Trapezaria, Calamodes Occitci-
naria , Rhoptria Asperaria , Sterrha Sacraria , Scodiona Perspersaria,
La vraie Testaceata de Hubner, du genre Phibalapteryx, Steph. , Gypsochroa
Renitîdata , Cledeobiaï Peclinalis (ces deux dernières sont nouvelles pour
la faune française) (*) , Metasici Suppandalis. Enfin deux espèces inédites,
Y Agrotis Constanti, Mill. , et la Nemoria Bruanclaria , Mill.
J’élève les chenilles de bon nombre de ces espèces , obtenues ab ovo.
Presque toutes n’ont point encore été observées.
La chenille du P. Alexanor que je négligeais de recueillir à Celles, m’a
paru y être abondante sur plusieurs espèces d’Ombellifères.
J’ajouterai que les chasses, dans ce beau pays, sont des plus faciles par la
proximité des lieux.
C) Jusqu’à ce jour Gyp. RenUidata , H. , n’avait été trouvée que dans la Russie méridio-
nale, et Cl. Peclinalis , H, -S., qu’en Sicile.
ICS
chejnili.es et lépidoptères inédits.
entièrement développé : je dus attendre quelques instants
avant de le piquer.
Je dédie cette noctuelle à mon ami et collègue, M. Alexan-
dre Constant, d’Autun,
Tüîea*a €bb pressais®, Dm*.
V. p. 511, pl. 20(1, fig. 5. — Hub. 5G5. — Treits. Sup.,
p, 194. — Bdv. 1751. — Herr.-Sch. p. 173. — Gn. X,
p. 371.
( Pl. 9, ti g. 6 à 9 ).
Chenille.
Assez courte, rase, lisse, cylindrique, un peu renflée an-*
térieurement. D’un vert plus ou moins clair sur le dos et les
flancs, lequel s’affaiblit en dessous. Vasculaire large, inter-
rompue, d’un vert foncé, à peine distincte du fond. Sous-dor-
sale fine, blanche, continue, en zig zag, formant, par la réunion
de ses pointes avec celles de la ligne opposée, une sorte de
losange sur chaque anneau. Stigmalale d’un vert-clair, large,
continue. Stigmates ellipsoïdes, rougeâtres, cerclés de noir.
Le ventre présente aussi, sur chaque segment, une tache
îosangée d'un blanc verdâtre.
La tète est forte, subglobuleuse, verte, chagrinée. La mâ-
choire et le dernier article des pattes antérieures sont de
couleur vineuse. Les anales sont concolores.
Cette chenille, qui est paresseuse dans ses mouvements,
croît très-lentement. Elle éclôt d’ordinaire en mai et ne se
transforme en nymphe qu’en octobre. J'ai vu des chenilles
tardives qui ne sont écloses, à llyères, que dans le courant
de janvier.
La chenille de Cupressala est d’une immobilité telle, d’un
vert si semblable aux jeunes feuilles des divers Cupressus
1 GO
Thera Cupressala .
dont elle vit ordinairement, que c’est à grand’peine qu’on
la distingue des petites branches de l’arbre d’où on la fait
tomber.
Ayant élevé cette espèce à Lyon, sur le Genévrier Sabine
(Juniperus sabina , L.), j’ai lieu de penser que, dans le Midi
de la France, elle doit vivre sur cet arbrisseau qui y croit
spontanément, aussi bien que sur les Cyprès.
Cette chenille, qui n’a été figurée nulle part, n’est pas d’un
vert-noirâtre, comme le dit Duponchel (’), sur le témoignage
de MM. Auran et Cantener, mais bien d’un vert assez clair.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser, cette chenille , à limitation de
beaucoup de ses congénères, s'enveloppe soit d une coque
très-légère, soit seulement de quelques brins de soie (PL 9,
fig. ) qu’elle fixe aux feuilles, et reste suspendue dans ce
hamac jusqu’au moment de l’éclosion.
La chrysalide est passablement allongée, vert-pomme, rap-
pelant, par cette couleur, celle de la chenille.
Cette nymphe offre sur la poitrine deux lignes en zig-
zag, fines, blanches, qui, se réunissant par les pointes, for-
ment plusieurs losanges assez semblables .à celles que l'on re-
marque sur la chenille. L’extrémité abdominale est d’un
carminé pâle et garnie de douze ou quinze petits crins invi-
sibles à l’œil nu, bruns, raides, divergents, terminés en hame-
çon, destinés, selon toute apparence, à soutenir la chrysalide
accrochée aux fils de soie, fixés entre les feuilles.
L'insecte éclot au bout de trois semaines ou un mois au
plus.
{') VIII, ii 512.
170
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Insecte partait.
Les ailes supérieures sont d'un gris-brun, avec une basi-
laire fort peu écrite. La médiane, brune, large, se rétrécissant
à la base, dentelée sur les bords, est fortement coudée et bor-
dée de noir intérieurement. Un trait noir, aigu, part de
l'apex et tend à rejoindre deux autres traits de même forme
et de même couleur, partant de la coudée.
Les ailes inférieures sont grises, sans lignes, si ce n’est une
transversale à peine perceptible.
Le dessous des quatre ailes est d’un gris-clair uni.
La tête, le thorax et l’abdomen sont de la couleur géné-
rale de l'inseete.
Cette espece, découverte depuis près de trente ans par
Donzel, vit principalement à Hyères, sur les Cyprès pyrami-
dal et horizontal.
Cupressala se tient appliquée au tronc des arbres verts, et
ne vole que très-rarement pendant le jour.
Cette Géomètre, qui ne doit avoir qu’une seule génération
par an, varie du gris foncé au brun.
Xylina l^apitSea9 Hub.
582. = Var. Leautieri , Bdv. 1203. — Dup. Sup. III, p. 381,
pl- 3 U fig. 1. — Gn. Var. A, VI, p. 120.
( Pl. 9, fig. 3 à 5).
Chenille.
Adulte, elle est assez courte, ferme, cylindrique jusqu’au
dixième segment qui est faiblement relevé en pointe ob-
tuse ('), d’un beau vert pré mat, avec les lignes ordinaires
(i) Par ce fait, la chenille de Xylina, Var, Leautieri, semblerait ne pas
Xylina Lapidea. 171
très-bien arrêtées, plus ou moins blanches et finement tiserées
de noir.
La vasculaire, d’un blanc mat, assez étroite, s’élargit sur
chaque segment. La sous-dorsale, très-blanche, est représen-
tée, sur chaque anneau, par une tache en forme de losange
allongée. La ligne stigmatale, moins ondulée que la sous-dor-
sale, est aussi plus étroite que celle-ci.
Les stigmates, au nombre de neuf paires, sont très-petits,
ellipsoïdes, jaunâtres, cerclés de noir, et placés, chacun, sur
une large tache brun-pourpre.
Le ventre est marqué de deux lignes d’un vert glauque,
largement interrompues.
La tête est forte, verte, avec les mâchoires d’un pourpré
obscur.
Les pattes écailleuses sont entièrement vertes. Les ven-
trales et anales, également vertes, ont la couronne d'un car-
miné plus ou moins sombre.
Les points trapézoïdaux et pilifères sont très-blancs et fine-
ment cerclés de noir.
Cette chenille, qu’on trouve en Provence, à peu près par-
tout où croissent des Cyprès, n’est commune nulle part. Elle
vit, d’après ce que me mandait, il y a peu de temps, M. Dar-
doin (*), sur les Cyprès pyramidal et horizontal, aux environs
de Marseille (2).
précisément appartenir à la grande division des Xylinidœ formant la onzième
famille des Noctuélites de M. Guenée. Le dixième segment de cette chenille,
bien que faiblement relevé, n’en est pas moins un caractère d’une valeur in-
contestable pour tout Lépidoptériste qui tient essentiellement compte des pre-
miers états d’un insecte.
(J) Ce fut encore cet obligeant collègue qui, vers le ta mai, me procura la
chenille de Leautieri. C’est depuis cette époque que j’ai pu étudier et con-
naître l’insecte sous ses divers étals.
(2) Je crois que celle Xylina doit vivre également sur les Juniperus scibinn
«
17*2
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
On ne savait rien ou fort peu de chose sur la chenille <le
celte espèce, si ce n’est que M. Léautier, de Marseille, l’a
trouvée sur le Juniperus virginea. Cependant on rapporte que
cette larve fut primitivement recueillie par Dahl sur un jeune
Cyprès, dans les environs de liaguse, et que, suivant ce na-
turaliste, qui l’a dit à M. Treitschke, elle ressemblait parfai-
tement à celle de la Cucullia Abrotani (’)!
On s’étonne que sur une semblable donnée, qui devait pa-
raître très-douteuse, M. Treitschke ait accepté ce fait de res-
semblance des deux chenilles comme réel. On s’étonne aussi
qu’en décrivant l’insecte parfait, il n’ait pas reconnu son iden-
tité avec les variétés Leautieri et Sabince.
Comment se fait-il, surtout, que l’auteur Die Tchmelter-
linge von Europa se soit décidé à placer cette Lapidea parmi
les Cucullies?
Si le naturaliste Dahl a en elfet trouvé à la chenille de La-
pidea une grande ressemblance avec celle de la Cucullia
Abrotani , il a évidemment fort mal vu. J’ai sous les yeux la
figure de la chenille de V Abrotani de Freyer (tab. 320), qui
me paraît fidèlement exécutée, et je me demande encore
comment il a pu être possible de lui rapporter la chenille
de Lapidea ,
, Chrysalide.
Vers la fin de mai, les quelques chenilles de Leautieri ,
que je possédais et que ( élevais séparément , disparurent
dans la mousse. Dès lors je crus que la chrysalidation de
cette espèce avait commencé. Il n’en était rien cependant,
mâle et femelle {Juniperus cupressifolia et tamariscif olia ), fort répan-
dus au bord de la mer, en face des îles d’Ilyères.
(‘) Dup. III, Sup., p. 385.
173
Xylina Lapide a.
car sept ou huit jours après, ces chenilles reparurent, mais
ne mangèrent plus. Ce ne fut que le douze juin qu’elles sc
cachèrent de nouveau, pour se transformer définitivement ;
opération à laquelle ces insectes semblent apporter un très-
grand soin.
Pour se chrysalider, la chenille demeuré à la surface du
sol recouvert de mousse, et file une soie forte qui lui sert à
lisser un cocon très-solide, bien que de consistance assez
mince.
Dans la composition de cette coque, très-lisse au dedans,
il entre de la mousse et de nombreux grains de terre.
La nymphe, conico-cylindrique, d’une longueur moyenne,
sans la moindre aspérité, est brune, lisse, luisante, avec l’en-
veloppe des ailes relativement allongée.
Les anneaux sont presque noirs. La pointe, simple, forte,
bien que ti'ès-fine, est faiblement recourbée de la base au
sommet. A l’aide d’une bonne loupe, on distingue de nom-
breux fils desoie blanche qui entourent celte pointe.
Au moindre contact, cette nymphe agite vivement la par-
tie inférieure de son corps.
L’éclosion du Lépidoptère n’a eu lieu, à Lyon, que du 20
au 30 octobre.
En Provence, cette Xylina , qui, de même que ses congé-
nères, n’a qu’une seule éclosion, paraît dès le mois de sep-
tembre.
Insecte parfait.
Envergure : 0,045 cà 0,04 5 mill.
Les ailes supérieures, étroites, allongées, à bords presque
parallèles, sont, en dessus, d’un gris de souris plus ou moins
prononcé. Les taches orbiculaire et réniforme, à peine vi-
sibles sont , chez beaucoup de sujets, tout-à-fait oblitérées.
La réniforme. lorsqu’on la voit, est, le plus souvent, lavée
i 7 4 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
île roussâtre inférieurement. Ces deux taches sont traversées
par une ligne oblique, noire, plus ou moins bien écrite, qui
descend de la côte et vient aboutir à un trait fin, horizontal,
très-noir, placé sur la nervure médiane.
Les secondes ailes, plus longues que les premières, sont
d’un gris légèrement roussàtre , avec une tache discoïdale
très-faiblement écrite.
Les quatre ailes, blanchâtres en dessous, sont légèrement
sablées de gris-brun.
Les antennes, moyennes, brunes, sont grises à la base. Le
thorax est court , carré , velu , muni , derrière le collier ,
d’une crête bifide peu saillante. L’abdomen est déprimé, sub-
rectangulaire, rappelant la couleur des ailes inférieures.
C’est avec raison que Duponchel, le docteur Boisduval,
M. lierrich-Schæft’er et M. Gucnée n’ont fait qu’une seule et
même espèce de Lapidea , Sabinœ et Lcautieri.
Les différences qui séparent les deux variétés du type me
paraissent bien peu sérieuses, et, selon moi, n’existent guère
que dans la teinte générale qui est toujours d’un gris plus ou
moins blanchâtre.
Variété de r&aBtüaocaris Lin.
Fab. — Bdv. — De Vill. et Gn. — Dup.
(Abcrr. Laslhenia , Mili. , an hybr. ? an spec. nova?)
( PL \ 0 , fig. t et 2.)
Envergure : 0,046 m.
Cette charmante variété </* de VJnthûcaris Cardamines est
un peu plus grande que le type. Les ailes supérieures et in-
férieures paraissent plus allongées, moins arrondies que chez
celui-ci. Tout l inscctc enfin a un faciès qui me semble si dif-
ferent des diverses Cardamines mâles et femelles que j’ai sous
P- MüUère del. et p f7
J. 1 (t 2, jilll/lO. Cwdanu/U’S. L. (. Ab. LastJienia. , Mil/, an sp.nnv ?)
11. 3 3 3, Sterrha Sacrarui, Lui .
III. 6, Zyyœna Sarpedon, (Aberr.AMU.)
IV! 7, Boarnùd Rhomboidaria, (Aberr. ÛMili)
Debrai/ sciûp.
Paris, lmp.Jloiusle, 5. r. Mignon .
MTne Mtgneanx col.
Àntliomris ( 'ardamines .
175
les yeux, que ce Diurne pourrait bien être une espèce dis-
tincte. La coupe des ailes, l’exiguité relative des antennes et
de l’abdomen, semblent rapprocher cette variété' de la Leuco-
phasia Sinapis. Ne serait-ce pas une hybride de la Carda-
mines et de la Sinapisl Ne serait-ce pas plutôt une espèce
séparée ?
L’avenir nous apprendra , sans doute , si cet insecte est
simple variété, hybride, ou espèce.
Voici, du reste, en quoi ma variété Lastenia diffère de
l’espèce typique. La tache aurore des supérieures, un peu
moins vive que chez les Cardamines ordinaires, occupe bien la
môme place que chez celles-ci, mais la bordure de l’apex man-
que tout-à-fait, ainsi que le point discoïdal noir. A la place de
ce point caractéristique et de la bordure noire entrecoupée de
blanc sur le bord, on ne voit absolument rien que la couleur
lactée du fond.
La base des quatre ailes est entièrement blanche, et on ne
distingue nullement les taches du dessous qui, chez Carda -
mines a71, transpercent toujours plus ou moins en dessus.
Les inférieures ont aussi de remarquable, que le vert assez
vif dont les ailes du type sont largement maculées en dessous,
est remplacé ici par des taches d’un jaune verdâtre très-faible,
disposées à peu près de la môme manière que chez la Carda-
mines ordinaire.
Les antennes sont blanches. Les pîumules du toupet frontal,
ainsi que la villosité du thorax , sont d’un blanc pur. L’ab-
domen assez menu, long, est blanc ainsi que les pattes.
Cette intéressante Anthocaris a été prise à Digne ( Basses-
Alpes), il y a une quinzaine d'années, parDonzel, et fait
partie de sa collection.
Aucun recueil iconographique ne nous donne la figure de
l'insecte A' que je viens de décrire , et nul auteur n’en a
parlé. Hubner a bien figuré sous les n° 791 c! 792 une va-
17G
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
riété de l 'Anthocaris Cardamines ; mais cette aberration, qui
est une femelle, est insignifiante, puisque le dessus des ailes
inférieures est seulement teinté de jaunâtre.
L’unique exemplaire de celte Antho. var.? P Lasthenia (')
est dans un état de conservation parfait.
Variété de la üygæna larpedoa.
Oehs. — God. — fklv. = Sphinx Sarpedon , Hub. — Bdv.
= Sp. Trimacula , Esp. (Aberr. A. Mill. )
(PI. 10, fig. 3.)
Cette aberration vient augmenter la série des variétés ,
très-nombreuses déjà , de Zygænides à taches jaunes. Elle
n’a rien de plus remarquable que celles de ses congénères
qui présentent cette anomalie, les Zygæna Onobryclüs , Itip-
pocrepulis , Achilleœ , Peucedani et Fausta.
Il est à observer que chez les Lépidoptères dont le fond
ou les taches sont rouges, cette couleur, sous certaines in-
fluences climatériques ou autres qu’il ne nous est nullement
possible d’expliquer , passe au jaune plus ou moins vif.
Cette nouvelle aberration ne se distingue de la Sarpedon
ordinaire que par la couleur jaune cpii, sur les ailes et le
double anneau abdominal, remplace le rouge.
Cependant le corps, les franges et les antennes sont peut-
être d’un noir-bleu moins prononcé que chez le type.
Ce sujet existe en unique exemplaire dans la collection
Donzel.
(') Nom d'une des principales héroïnes du roman français qui a pour titre:
Voyages d’Àntrnor en Grèce et en Asie.
177
Sterrha Sacraria.
Je ne connais pas d’autres anomalies, à taches jaunes, de
la Zygœna Sarpedon.
Cette variété accidentelle provient des environs d’Hyères.
Stcrrüaa Sacraria * Lin.
Sys. nat. 220. — Fab. 10G. — Yill. p. 309. - — Bork. 31. —
Hub. 200. — Esp. pl. 30, fig. 8-9. — Treit. I, p. 130. —
Dup. Y, p. 121, pl. 178, fig. 7. — Frey. pl. 131, fig. 1-2.
— Evers. , p. 372. — Bdv. là 86. — Herr.-Sch. , p. 108 et
Sup. p. 7G. — Gn. p. 175.
(Pl. 10, fig. 4 à 6. )
Bien que généralement les œufs de Lépidoptères n’aient
pas de caractères bien importants, ceux de Sacraria ont une
forme qui les distingue de tous ceux que j'ai observés jusqu’à
ce jour. Je les ai, en conséquence, figurés (Pl. 10, fig. G) et
vais les décrire.
La femelle de Sacraria dépose ses œufs sur des tiges tic
plante (’). Elle les fixe isolément au moyen d’une liqueur
visqueuse qui les fait adhérer.
Ces œufs, très-ellipsoïdes, légèrement déprimés, sont d’un
rouge corail, teinte duc à une infinité de petites taches rondes,
d’un rouge de minium (deutoxyde de plomb) qu’on aperçoit
sur l’œuf à l’aide de la loupe.
Le 12 décembre dernier une tardive Sacraria fut capturée
(*) Je crois devoir faire connaître aux Entomologistes qu’un excellent
moyen d’obtenir la ponte d’une femelle de Lépidoptère , c’est de ne pas la
piquer, mais de l’introduire dans une petite boîte en carton ou en bois. Il
est rare qu’alors l’insecte ne ponde pas: ce qu’au contraire souvent il no
fait pas lorsqu’il est blessé par l’épingle.
13
178 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
dans la campagne d'Hyères et pondit cpiatre œufs fécondés.
Le 5 janvier suivant, c’est-à-dire en moins d’un mois, ces
œufs sont éclos. La croissance de l’insecte a été rapide , eu
égard à la saison. Au commencement de février, les chenilles
avaient subi trois mues ; mais alors , soit cpie la nourriture
ne leur convînt pas, soit quelles ne fussent pas placées dans
des conditions atmosphériques convenables , elles dépé-
rirent, et successivement je les perdis toutes au moment de
leur dernière mue.
Chenille.
Elle est allongée, cylindrique, sans éminence, sans carènes.
Elle est généralement d’un vert sombre ; mais la région du
dos et le ventre présentent une éclaircie blanchâtre. La
vasculaire est line, brune, continue de la tète au dernier
segment. Il n’existe nulle trace de la ligne sous-dorsale. La
stigmatale est d’un blanc jaunâtre , large, continue, faible-
ment ondulée.
Les stigmates, à peine perceptibles à la loupe, sont blancs
et finement cerclés de noir.
Le ventre est blanchâtre, sans lignes distinctes.
La tète, aussi haute que le premier anneau, est assez forte,
grise, et marquée de deux traits fauves au sommet. La place
des yeux est indiquée par de très-petits points noirs disposés
latéralement.
Très-rigide dans son port, cette chenille demeure constam*
ment à découvert, fixée par les pattes anales ; elle ne mange
que la nuit. Celle dont j'ai fait l'éducation a été nourrie avec
plusieurs espèces de Composées, plusieurs Rumen. :, une An-
thémis qui fleurit en Provence pendant l’hiver. Il est donc
probable que cette espèce est polyphage.
Sacraria , que Treitschke, Duponchel et Boisduval ont
Sterrha Sac varia.
179
classée parmi les Aspilates , est la seule du genre Sterrha ,
Hub., Gn., dont la chenille soit aujourd’hui connue.
On a lieu de s’étonner qu’une espèce aussi fréquente n'ait
point déjà été observée dans ses premiers états.
Je ne dirai rien de la chrysalide de Sacraria que, jusqu’à
ce jour, je n’ai pas vue.
Insecte parfait.
Envergure : 0,025 à 0,02à mill.
Les supérieures qui, fermées, ont une forme deltoïde, sont
d’un jaune paille, sans autre dessin qu’une ligne carminée
partant de l’apical, traversant obliquement l’aile et venant
aboutir au milieu du bord interne.
Les inférieures sont d’un jaune presque blanc. Les fran-
ges, en dessus et en dessous, concolores.
Les quatre ailes sont d’un jaune très-paie en dessous , avec
la ligne diagonale des supérieures à peine écrite.
La tête est de la couleur des ailes. Les antennes du mâle
sont droites, effilées, garnies jusqu’aux trois quarts, de lames
fines, pubescentes, pas très-longues.
Chez la femelle, qui paraît beaucoup plus rare que le mâle,
les antennes sont également pubescentes.
Le corps des deux sexes est faiblement caréné sur les flancs.
Var. A. ^asagaaiasarüiû.
Esp. pl. 30, fig. 10-1 1 — Sacraria. Var. Bork. p. 70. —
Herr.-Sch. p. î 08, fig. 26à. — Var. A. Gn.
Cette variété, assez fréquente dans les lieux où abonde le
type, a les ailes supérieures finement striées de rose, avec la
ligne transverse plus fondue que chez l’espèce ordinaire.
Rencontrée pour la première fois en Barbarie, Sacraria a
180 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,
été depuis retrouvée en Afrique, en Abyssinie, en Italie, en
Dalmatie, puis enfin communément dans les départements
du Var, de la Drôme et de l’Ardèche. On la rencontre très-
abondamment, dans ces contrées, de juin <à novembre.
Je l’ai prise moi-même, deux fois, aux portes de Lyon,
au fort des Hirondelles.
M. A. Constant m’a dit avoir capturé cette Phalénite dans
sa propriété de Bouhy (Saône-et-Loire).
Il est probable que cette petite Fidonide paraît plus de
deux fois par an. Je suppose que, dans sa véritable patrie,
les générations de Sacraria se succèdent sans interruption,
de mai à octobre.
Nouvelle variété de la BSoas'iisi» E&liomflioidnria, Keéem.
p. 120, pl. 14, fig. 1. 2 et 27. — Treits. I, p. 211. —
Dup. IV, p. 549, pl. 158, fig. 4-5. — Frey. ÏIl, pl. 288.
— Bdv. 1554. — Dclah. 122. = Gemmaria Brahm. 151,
— Bork. 65. — Consobrinaria , Haw. 276. — ■ Stepb. III,
p. 188. — Gn. 559.
(H. 10, fig. 7).
Envergure : 0,050 mill.
La Rhomboidaria varie assez peu. Elle n’a pas, comme sa
congénère îîepandaria , de constantes aberrations. Cependant,
de loin en loin, apparaissent des variétés plus ou moins in-
téressantes de Rhomboidaria. C'est aux dépens de celle-ci
que les Anglais ont créé deux espèces qui ne sont, en réa-
lité, que des anomalies de cette Boarmide.
Ainsi : ï Australaria, Cuiitis, p. 115, est certainement une
Rhomboidaria à teinte ochracée et à dessins vivement
accuses.
18 i
Boarm ia Rh omboidaria .
La Fimbriaria , Stepji., p. 188, esl aussi une aberration de
la même Boarmide, à large bordure noire , avec dessins fort
mal indiqués.
M. le docteur Boisduval a créé une troisième espèce : F Abs-
tersaria ( Index methodicus , n. 1555), provenant des Pyré-
nées, qui n’est également qu’une simple variété plus petite
que la Rhomboularia ordinaire, à ailes plus blanchâtres, avec
lignes bien distinctes (1).
Citerai-je la var. de Iiubner. n. 4 8S? Je ne sais, en vérité,
si cette figure, à la coupe d’ailes si défectueuse, aux lignes
blanchâtres transverses si durement accusées, doit être rap-
portée à la Rhomboularia. On peut en douter.
Je viens à mon tour figurer une cinquième variété dont
je possède deux individus, un mâle et une femelle. L’un
d'eux, la j, fut capturée par moi, en septembre, dans l’Ar-
dèche. C’est ce sujet que je décris.
La taille de cette aberration est exactement celle de Rhom-
boidaria typique. La teinte générale des ailes est beaucoup
plus foncée que chez l’espèce ordinaire; elle a passé au fuli-
gineux. Les lignes ordinaires, très-bien indiquées, sont des
plus visibles. Ce qui distingue surtout cette variété, est l’es-
pace compris entre 1a coudée et la frange, qui est comme
eharbonné. Le point cellulaire, non pupiîlé, est d’un noir
profond ; appuyé au bord costal, il n’est pas réuni à l’ombre
médiane, et se détache d'autant mieux du fond.
En dessous , cet insecte n’a rien qui le distingue des
Rhomboularia ordinaires.
(’) Cette phrase de l’auteur de Y Index methodicus : « Afliuis Rhomboi-
daria et forte illius aberratio Pyrenaica » semble indiquer qu’il considère
lui-même cette prétendue espèce comme ayant les plus grands rapports avec
la Rhomboidaria typique.
182 GUENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Des œufs fécondés de cette anomalie me procurèrent
quelques chenilles. Un accident me les lit perdre quinze
jours après leur éclosion. C’est chose d’autant plus regret-
table, qu’il eut été intéressant de connaître si la progéniture
de cette variété devait participer en totalité ou en partie de la
coloration anormale de la mère*
EXPLICATION DES PLANCHES.
J 85
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 3me Livraison (18(50).
PLANCHE 1.
Explication des figures .
I.
Fig. I . Chenille de Fidonia Plumistaria (Vill.)
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Chenille de Zygœna Lavandulœ (Fac.)
5. ld. Id. vue de dos.
G. Cocon.
7. Chrysalide.
8. Insecte parfait.
EXPLICATION DES PI, ANC DES.
18/1
PLANCHE 2.
Explication des pioukes.
I.
Fig. 1. Chenille de Mecyna Polygonalis (Hub. )
2. Insecte parfait.
IL
Fig. 3. Chenille de Crocallis Dardoinaria (Doivz.)
4. Chrysalide.
5. Insecte parfait.
EXPLICATION DES PLANCHES.
î 85
PLANCHE 3.
Explication des fioures.
I.
Fig. I. Arge Galathea , L. (Aberr. Turcica, Bdv. )
II.
Fig. 3. Chenille de Mamestra Chenopodiphaga (Rame.)
2. kl. Id. jeune.
6. Cocon.
4. Chrysalide,
5. Insecte parfait.
186
EXPLICATION DUS PLANCHES.
PLANCHE 4.
Explication dus figures.
I.
Fig. 1. Melitæa Didyma F. ( Aberr. A. Mill. )
2. » » (Aberr. 13. ld. )
3. » » (Aberr. C. Id. )
IL
Fig. 4. Chenille de Sciaphila Limoniana, Mill.
5. *> ld. vue de dos.
8. Chrysalide.
6. Insecte parfait.
7. ld. ,
vu en dessous.
EXPLICATION DES PLANCHES.
187
PLANCHE 5.
Explication des figuhus.
I.
Fig. i. Chenilles de Plusia Chalcites (Esp. )
2. Cocon,
3. Chrysalide.
A. Insecte parfait.
IL
Fig. 5. Chenilles d’Amphipyra Effusa (Bdv.)
6. Id. Id. Id. ( Aherr. Mill. )
7. Chrysalide.
8. Insecte parfait.
188
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 6.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille d'Abraxas Pantaria (Linn.)
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Chenille d’Eubolia Basochesiata (Dup. }
5. Insecte parfait </*.
G. Id. 1 d. ?.
EXPLICATION DES PLANCHES.
189
PLANCHE 7.
Explication des figuïies.
I.
Fig. 1. Chenille de Tephrina Vincularia (Hue.)
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
IL
Fig. 4. Chenille de Hadenu Occlusa ( Esp. )
3. Id. Id. jeune.
6. Chrysalide.
7. Insecte parfait.
LJO
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE S.
Explication des figures.
I.
Fig. i. Chenille d’ Argyrolepia Mulsantana (Mill. )
2. Ici. Id. vue de dos.
3. Chrysalide.
4. Insecte parfait.
5. Id. vu en dessous.
IL
Fig. G. Chenille de Phycis Albiricella ( Fisch.-V.-R. )
7. Id. Id. jeune.
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
III.
Fig. 10. Ncmoria Bruandaria J (Mill.)
11. Id. Id. vue en dessous.
12. Anlenne fortement grossie.
EXPLICATION DES PLANCHES.
19!
PLANCHE 9.
Explication des figuiies.
I.
Fig. 1. Agrolis Constanti (Mill.)
2. Id. vue en dessous.
II.
Fig 3. Chenille de Xylina Lapide a, H. (Ah. Leautieri, I>dv. )
4. Chrysalide.
5. Insecte parfait.
III.
Fig. 6. Chenille de Theca Cupressata (Dup.)
7. Chrysalide.
8. Insecte parfait.
0. Derniers anneaux de la chrysalide, grossis
102
EXPLICATION DES PLANCHES;
PLANCHE 10.
Explication des figures.
L
lig. 1. Anlho. Carclamines L. (Ab. Lastlienia , Mill. an Sp. nov. ?)
2. Id. I(L vue en dessous.
II.
Fig. 4. Chenille de Sterrha Sacraida, Lin».
5. Insecte parfait au repos.
0. Œufs de S. Sacraria , grossis.
III.
Fig. 3. Zygœna Sarpedon , Och. (Aberr. Â. Mill.)
IV.
Fig. 7. Boarmia Rhomboidaria , K. ( Aberr. E. Mill. }
Lyon. — lmp. F. Dumoulin, rue St-Pierre 20.
Annalc.f de h Société linnéewic de Lyon
I}. ,ne Livr
Aimé* 1861. Pli
J>MUière, Hef et /> ! J Miyneaux scalp'
I . 1 à 6. /Hacha 01 bute Ua, MM.
II. j ci n. Macaràz ÆMimaria, Mul
ïmp.ffenis/c, r. ïïu/non /’ans
M".,e Mt/iicaux col.
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
I)E
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS,
Par P. 9IILLIÈRE.
QUATRIÈME LIVRAISON.
(Présentées k la Société Linnéenne de Lyon, le 8 juillet ÎS61.)
llucifa OShiaefila, Mill. ( Species nova ).
(Planche 1, fig. \ h 6.)
Je ne suppose pas que cette Tinéide soit celle qu’a publiée
M. Zeller sous le nom de Tamariciella (Zell. Ent. Z. 1850,
p. 153), car sa description ne se rapporte pas à l’insecte que
je publie aujourd’hui. De plus , la figure que M. Herrich-
Schæffer a donnée dans ses suites à Hubner (Tin. Europ.
Tob. 75, fig. 567) de la Tamariciella Zell., me parait diffé-
rer sensiblement de mon Alucita nouvelle.
Chenille.
Longueur : 0,01/1 à 0,01 5 mill., fusiforme, sensiblement
atténuée aux deux extrémités, couverte de points verruqueux
visibles seulement à la loupe.
Le type est d’un vert mat plus ou moins clair.
La vasculaire qui est continue, étroite, vert foncé, est fi-
13
i 94 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
nement liserée de blanchâtre des deux côtés. Il n“ existe pas
de sous-dorsale. La stigmatale est large, continue, ondulée,
jaunâtre. Les stigmates, invisibles à l’œil nu, sont blancs et
cerclés de noir. Le ventre, d’un vert livide, est marcpié de
blanchâtre du quatrième au neuvième segment.
La tête est petite, lenticulaire, concolore.
Toutes les pattes sont vertes.
Cette chenille varie en vert foncé, en rougeâtre et en brun
plus ou moins obscur. Je l’ai rencontrée en grand nombre,
en automne, sur le Tamavix gallica , L. , aux environs
d’IIyères et de Toulon,
Chrysalide,
Au lieu de se métamorphoser, comme ses congénères, sur
les branches des arbres, cette chenille entre profondément
en terre où elle forme une coque.
La nymphe est allongée, d’un brun rougeâtre. Les derniers
segments sont noirs. La pointe qui termine la chrysalide est
unique, noire, forte, aiguë,
Olbiaella ne doit avoir qu’une seule génération. Ce qui le
prouverait, c’est que l’insecte parfait n’a commencé à paraître
qu’en juillet. L’éclosion a continué jusqu’à la lin d’aout.
Insecte parfait.
Envergure : 0,016 à 0,017 mill.
Cette Alucita est un peu plus grande que la Xylostella ,
Tr., Evers., Steph., Dup. ; avec laquelle elle a quelques
points de ressemblance pour la coupe des ailes et la disposi-
tion des taches (’).
(i) Je ne comparerai pas mon Olbiaella à la. Xylostella de Oublier (pl. 17,
tig. JJ 9), car les deux espèces diffèrent beaucoup par la coupe d’ailes et par
la disposition des taches.
Alucita Olbiaella. 195
Les ailes supérieures sont étroites, lancéolées, à sommet
prolongé en pointe obtuse. Le fond, rougeâtre, est sablé
d’une infinité d'atomes noirs. Il existe, en outre, une large
bande longitudinale, noire, partant de la base de l’aile et se
prolongeant aux trois quarts de sa longueur. Cette bande
qui se fond en se rapprochant de la côte , est marquée en
dessus d’une ou de deux taches blanchâtres, variant de formes
chez le plus grand nombre des individus. Cependant sur
d’autres, les taches blanches manquent tout-à-fait. La frange
est précédée de trois ou quatre points oblongs et noirs.
Les ailes inférieures , unies, un peu plus larges que les
supérieures , se rétrécissent brusquement avant d’arriver à
l’apex. Ces ailes sont garnies de longues franges unicolores,
surtout au bord interne.
En dessous, les quatre ailes sont d’un gris rougeâtre, luisant
et sans taches, sauf quelques points bruns au bord terminal
des supérieures, qu’on ne voit bien qu’à la loupe.
Les palpes inférieurs, qui sont les seuls visibles , ont les
deux premiers articles garnis de poils blanchâtres, et le der-
nier long, nu, et recourbé en demi-cercle. La tête est petite,
carrée et rougeâtre. Les antennes , très-écartées à la base,
sont filiformes dans les deux sexes. Le thorax est ovale et
brun. L’abdomen participe de la couleur des ailes. Les
pattes, brunes, sont annelées de blanc à leur extrémité.
Il est fâcheux que M. Zeller ne nous ait pas fait connaître
la chenille de sa Tamariciella , car il eût été intéressant de
la comparer à l’espèce nouvelle que je viens de décrire.
Olbiaella (*) devra trouver place après la Xyloslella de
Duponchel.
De même que la plupart des espèces congénères, cette
J1) De Olbia, nom primitif de la ville d’Hyères.
19G
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
nouvelle Âlucite est très- vive ; elle vole avec une rapidité
extrême, et si on ne la pique promptement, elle ne tarde
pas à être méconnaissable. Elle paraît commune en Pro-
vence.
Maeas'ia ÆsJiioaria.
Hb. 333. — Treits. I, p. 18 et Sup. — Dup. IV, p. ‘209 ,
pl. 100, fig. 2. — Bdv. 1475. — - Herr.-Sch. 51. — Gn.
1 05G.
(Planche 1 , fig. 7 à \ !. )
Elle est de longueur moyenne, sans éminences, faiblement
atténuée antérieurement , à peine carénée sur les flancs et
rayée de lignes longitudinales bien nettes. Tout l’insecte est
d’un vert clair mat.
La ligne vasculaire, d’un vert plus prononcé que le fond,
est étroite , continue , du premier au dernier anneau ; elle
est aussi finement liserée de blanc à droite et à gauche. La
sous-dorsale, relativement large, très-blanche, se rétrécit sur
chaque intersection. Elle est en outre très-finement liserée
de noir en dessus et en dessous. La stigmatale est faiblement
ondulée , blanche et tachée de citron sur chaque segment.
Trois points noirs placés horizontalement surmontent cette
tache jaune.
Le ventre est marqué de trois lignes nébuleuses, continues,
du quatrième au neuvième segment.
La tête, assez forte, globuleuse, verte, est maculée de nom-
breux points noirs placés symétriquement. Les pattes sont
vertes; les écailleuses, tachées extérieurement de noir sur
chaque article.
L’espèce varie quelquefois en vineux obscur.
Cette chenille , par l’heureuse disposition des couleurs
dont elle est parée, est des plus remarquables. Je l’ai trouvée
Macaria Æsthnaria . 197
dans le Var au nombre de huit ou dix sur les Tamarix gal-
lica L. , qui bordent la Méditerranée. Je suppose qu’elle
doit ctre fréquente en juin et juillet.
Dans l’intérieur des terres où abondent les Tamarins , je
n’ai pu rencontrer cet insecte.
La chenille de Æsthnaria demeure toujours à découvert ;
elle se confond avec le feuillage, à cause de sa couleur et de
la rigidité de son altitude. Elle paraît vivre exclusivement
sur le Tamarix cjallica , grossit très-vite et s’élève sans beau-
coup de peine.
Chrysalide.
Au moment de sa métamorphose en nymphe , la chenille
descend de l’arbre , s’enfonce à deux ou trois centimètres
sous la terre , et larde peu à se transformer.
La chrysalide , passablement allongée , est brune avec les
intersections noires. Le dernier segment n’a qu’une seule
pointe conique, noire et forte.
La première génération de Æsthnaria éclot dès le mois
d’avril. Il en paraît une seconde en automne.
Mes chenilles, recueillies assez tard, n’ont fourni leur insecte
parfait que du 1er au 15 mai.
Insecte parfait.
Envergure : 0,025 à 0,027 mill.
Les ailes sont oblongues , dentées, grises, saupoudrées
d’atomes bruns. Aux supérieures , la ligne basilaire et la
coudée sont d'un noir brun. La tache cellulaire, la côte et
les points nervuraux , oblongs , éclairés de blanc extérieure-
ment, sont aussi d’un noir brun. L’espace compris entre la
coudée et la frange est cl’un gris plus ou moins brun. Les
secondes ailes, dont le milieu présente un angle extérieur,
11)8 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
ont une coudée noire qui, de même qu’aux supérieures, est
le plus souvent doublée. Le point cellulaire existe, mais il est
mal écrit.
Les quatre ailes sont , en dessous , striées et sablées de
brunâtre. Les lignes transverses des ailes supérieures parais-
sent, mais à peine. La frange, unicolore en dessus, est, en
dessous, entrecoupée de blanc et de brun.
Les antennes , moniliformes, assez longues , sont brunes.
La tête est petite, le corps grêle, l’abdomen long.
La femelle , un peu plus grande que le mâle , a les taches
des ailes moins vivement accusées.
L’espèce a deux éclosions : elle parait pour la première fois
dès le mois d’avril, et pour la seconde en septembre.
Cette Macaria , qui varie peu, n’est pas rare à Hyères , à
Marseille et à Montpellier. On la rencontre aussi dans la
France occidentale. Elle se trouve en Espagne, en Italie, en
Sicile, et appartient également à la faune de la Russie méri-
dionale.
Æstimaria , ainsi que tous les lépidoptères, a ses ennemis.
Un parasite de la grande famille des Ichneumoniens l’attaque
alors qu’elle est en larve. Plusieurs fois j’ai vu éclore ce pa-
rasite à la place de la Phalénite que j’attendais.
La chenille qui porte caché en elle l'ennemi qui la dé-
vore lentement , cesse tout-à-coup de manger : c’est le
moment où l’Ichneumon a atteint sa taille. Â cette époque
la peau de la malheureuse chenille est percée par son en-
nemi , qui en sort sous forme de larve et qui file immédia-
tement un cocon (PI. 1, fig. 10), qu’il fixe à une branche
de Tamarin. Cette coque, ovoïde, formée de soie d’un blanc
satiné, est, au centre, largement cerclée de brun.
L’Hyménoptère (PI. 1, fig. 11.) qui éclot beaucoup plus tôt
que ne l’eût fait Æstimaria , s’échappe du cocon qui le ren-
fermait, au bout de vingt ou vingt-cinq jours.
Annales de /a Société L/nnéenne de It/on
d".Le Livr
.Innée JP61 Pi 2.
Imp, ïïbltùv/i', /' . Mi q non.' Pt via • .
I. 1 a 3. Heliophobus Hispida, U.ub.
II. b b 8 Aporopiu/la Australie , B do
lleliophobus Hispida.
199
Ilcliopliobas IIîspi«la«
Hb. 784. — Tr. Sup. X, p. 39. — Bdv. Icon. pl. 72, fig. 6
et 7. — Gn. lad. 241. = flirta , Dup. III, p. 275, pl. 90.
— Gn. Spec. 273.
(Planche 2, fig. 1 à 3.)
CllEiNILLE.
Epaisse, rase, tout-à-fait cylindrique. D’un rougeâtre obs-
cur en dessus, avec les premiers anneaux lavés de bleuâtre.
D’un gris livide en dessous.
La vasculaire, à peine écrite, ne se montre qu’à l’intersec-
tion des anneaux, sous forme d’une double ligne brusquement
interrompue. La sous-dorsale est indiquée par un trait noir,
horizontal, placé sur le milieu de chaque segment, du troi-
sième au dixième compris. Ce trait noir est accompagné en
dessous d’une large tache diagonale de même couleur, de
forme et de grandeur variables, selon les ^individus. Cette
tache, vue à une forte loupe, n’est en réalité qu’une réunion
de nombreux petits points noirs. La stigmatale, très-étroite,
plus claire que le fond, n’est pas toujours bien visible.
Les stigmates sont ellipsoïdes, nullement cerclés et com-
plètement noirs.
La tête, assez forte, globuleuse, est marquée de deux traits
noirs. Ces traits partent du sommet de la tête et viennent
aboutir, à droite et à gauche, au dessus de chaque mâchoire :
celles-ci sont brunes. Les palpes, de longueur moyenne,
sont bleuâtres. Les pattes écailleuses, également bleuâtres,
ont le dernier article brun. A l’aide d’une bonne loupe on
voit ces pattes entourées de nombreux poils très-courts. Les
membraneuses, concolores, ont la couronne liserée d’un trait
200 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
brun, fin, invisible à l’œil nu. La première paire de trapézoï-
daux seule est perceptible.
Cette chenille, qui n’a pas encore été figurée, n’était con-
nue que par les quelques mots qu’en a dits Duponchel (’),
d’après une note qui lui fut envoyée par M. le comte de Sa-
porla, lors de la publication de son ouvrage.
J’ai, l’automne dernier, élevé deux pontes de la llelioplio-
bus Hispicla. Une que je tenais de notre collègue, M. Dardoin,
de Marseille, et une autre que j’ai rapportée de l’Ardèche.
Les insectes, provenant de ces deux familles, se ressemblaient
complètement et ne présentaient pas entre eux de différences
appréciables dans la coloration.
La chenille grossit rapidement : elle e'clot quinze ou vingt
jours après la ponte de l’œuf, et moins de six semaines après,
elle se métamorphose.
L'insecte vit à découvert jusqu’après sa troisième mue ;
ensuite il se cache au pied des Graminées; ce sont les plantes
qu’il préfère à toutes les autres.
Chrysalide.
Bien que l’insecte parfait ne doive éclore qu’en septembre,
la chenille néanmoins se transforme très-vite. Mais préa-
lablement elle construit une coque solidement tissée , for-
mée de grossiers brins de soie et de grains de terre entre-
mêlés. L’intérieur de la coque est lisse , luisant et semble
impénétrable à l’humidité.
La chrysalide, qui n’a rien de remarquable dans sa forme,
n’est pas très-allongée ; elle est d’un marron clair, assez ren-
flée jusqu’aux anneaux, et, vue à la loupe, sè termine par
P) VI, i». 270.
Ileliophobus llispida. 201
deux pointes noires assez longues réunies l’une et l’autre. La
dernière peau de la chenille adhère fortement à cette
pointe.
Insecte parfait.
Envergure :0,029 à 0,031 mill.
llispida est-elle une Ileliophobus plutôt qu’une Episema ?
La question ne me paraît pas être définitivement résolue.
M. le docteur Boisduval a fait de cette espèce une Episema.
M. Guenée la considère comme une Ileliophobus .
Rien ne prouve rigoureusement que Hispida appartienne
plutôt à l’un qu’à l’autre de ces deux genres. Cependant
puisque la chenille a quelque ressemblance avec celles des
Ileliophobus , je me range de l’avis de M. Guenée.
Reste à savoir, dira-t-on, ce que peuvent être les larves
des Episema de M. Guenée, sur lesquelles on n’a pas eu
jusqu’à ce jour la moindre notion (*).
Sur un fond brun les quatre lignes transversales des su-
périeures se détachent en gris blanchâtre. La réniforme et
le liseré qui précèdent la frange, d’un blanc jaunâtre, se dé-
tachent nettement.
Les ailes inférieures, blanchâtres, sont lavées de ferrugi-
neux au bord terminal. Chez la femelle, la teinte fuligineuse
des inférieures a envahi toute leur surface. Les antennes du
mâle, presque égales en largeur, de la hase au sommet, sont
fortement pectinées. Celles de la femelle sont plus courtes,
grêles et filiformes.
(*) Quand donc la chenille delà Episema Trimacula, W.-V. sera-t-elle
découverte? Je dirai, si cela peut intéresser MM. les Lépidopléristes , que
depuis plusieurs années, je cherche, en toutes saisons, cette larve avec une
extrême persistance dans une localité restreinte où, en octobre, l’insecte par-
fait cclol par centaines. Je n’ai point encore réussi à rencontrer, soit le jour
soit la nuit, une seule de ces mystérieuses chenilles.
202
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Cetle Noctuelle, rencontrée pour la première fois en Pro-
vence , a été depuis retrouvée très-abondamment dans tout
le midi de la France.
Sans descendre bien bas le Rhône, on rencontre fréquem-
ment l’insecte parfait à Celles-les-Bains (Arclècbe) où, le soir,
on le voit butiner sur les Bruyères en fleurs. Bien souvent on
le trouve, la nuit, dans les lieux incultes, accroché aux tiges
sèches des Bromes.
Hispula n’a qu’une seule génération par an.
Donzel , dans ses notes manuscrites laissées h la Société
Linnéenne de Lyon, dit que cette Heliophobus a été trouvée
à Rive-de-Gier (Loire).
Aporopftyla Australie.
Bdv. Ind. metli. Add. p. 6. — Gn. 920. — Ramb. Ann.
Soc. ent. de Fr. p. 291, pl. 9 — Gn. Ind. 246 — Frey1.
III, pl. 209. — Dup. Sup. III, p. 391, pl. 35 — Herr.-
Sch. 159, 160. — Gn. Spec. 240.
(Planche 2, fig. 4 à 8.)
Chenille.
Une femelle d 'Aiistralxs prise dans l’Ardèche vers la fin de
septembre 1860, me pondit des œufs qui sont éclos dix-huit
ou vingt jours après. La jeune chenille, d’un vert blanchâtre
d’abord , devient, après sa première mue , d’un beau vert
clair, couleur qu’elle conserve jusqu’il sa métamorphose;
seulement les lignes se dessinent davantage à mesure que
l’insecte grossit.
Après la deuxième mue, la stigmatale, blanche, ombrée de
i
Aporophyla Australis. 205
carmin en dessus, est seule visible. La troisième mue sur-
vient, qui .nous montre cette larve avec les lignes vasculaire
et sous-dorsale teintées de carminé plus ou moins . obscur.
Elles sont toutes deux largement interrompues. Sur chaque
anneau une tache blanche et lozangée occupe le milieu de
la première de ces lignes. La stigmatale est ce quelle était
précédemment.
Arrivée à toute sa taille, cette chenille est remarquable
par la vivacité de ses couleurs. A la voir alors, elle ressemble
plutôt à une larve vivant à découvert , à la manière des
Ileliothis ou des Cucullia dont elle paraît avoir emprunté la
brillante parure , qu’à une chenille qui se tient soigneuse-
ment cachée pendant le jour et qui ne mange que la nuit.
Loi’sque, dis-je, cette larve a atteint son entier développe-
ment, elle est forte, complètement cylindrique, avec les
lignes vasculaire et sous-dorsale interrompues, étroites, d’un
vineux foncé. La stigmatale est fine, continue et blanche.
L’espace compris entre celte dernière ligne et la sous-dorsale,
se montre sous l’aspect d’une large bande vineuse , formée
par la réunion de nombreux atomes foncés.
Les stigmates sont blancs, relativement gros et cerclés de
noir.
Le ventre, vert, conserve la couleur du fond de l’insecte ;
il est sans lignes.
Le dos est marqué sur chaque segment d'une tache en
forme de < , d’un pourpre obscur, dont la pointe se dirige
du côté de la tête. Celle-ci, assez forte, est concolore. Les
pattes sont vertes. La couronne des ventrales est légèrement
vineuse.
J’ai nourri la chenille d Australis avec plusieurs espèces
de Graminées et l’ai toujours trouvée dans le Var sur des
plantes de cette famille, ou sur des Carex. M. le docteur
Rambur, qui l’a observée le premier, nous dit qu’elle vit sur
204 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS,
les Chicoracées et T Asphodélus microcarpus (f). J'ai vainement
cherché moi-même cette espèce sur ces plantes ; tandis que
dans le voisinage des Asphodelus ramosus Vill. et microcar-
pus Lois., je la trouvais abondamment sur les Agrostis cani-
na et spica-venti , les Carex divulsa, humilis , etc.
Cet insecte, qui est d’une éducation facile, en liberté, se
cache sous les pierres pendant le jour.
Chrysalide.
Pour se métamorphoser la chenille choisit une épaisse
touffe de Graminées, se place au centre des racines les plus
serrées, parmi lesquelles on a grand’peine à la trouver,
et se transforme quinze ou vingt jours après.
La nymphe, sans aspérités, assez longue, renflée au centre,
a le dernier anneau coupé presque carrément. Les deux seg-
ments terminaux, dont on n’aperçoit l’incision qu’à la loupe,
semblent soudés ensemble. Cette nymphe se termine par
une pointe unique, courte, forte et noire. Elle est générale-
ment rougeâtre et lavée d’une teinte vert glauque sur l’em-
placement des ailes.
Les antennes de l’insecte , sa trompe et ses yeux se dis-
tinguent sous l’enveloppe qui les recouvre.
La chrysalide éclot en septembre.
Insecte parfait.
Envergure : 0,044 à 0,040 mill.
Australes, considérée primitivement par M. Rambur et par
M. Boisduval comme une Xylina , rapportée par le dernier
(l) Annales de la Société enlomologique de France. Séance du 4 8 avril 1832
205
A porophyla Australis.
I
de ces naturalistes dans son genre Hadena (*), fut le type d'un
genre nouveau créé depuis par Duponchel sous le nom
de Eriga (2). Enfi n Australis fut mise par M. Guenée' au
nombre de ses Aporophyla (3).
Les ailes supérieures, étroites, presque rectangulaires, sont,
en dessus, d’un gris violâtre mêlé de noir et de blanc ; teinte
qui s’éclaircit en se rapprochant du bord interne.
La tache réniforme est seule bien visible.
Les lignes médianes sont blanches, profondément dentées
et se réunissent inférieurement. Le trait ou ligne basilaire,
n’est bien écrit en noir que sur les sujets teintés de brun. Ces
dessins, très-nombreux, paraissent confus au premier abord;
vus de près, ils sont distincts les uns des autres et toujours
constants.
Les ailes inférieures sont d’un blanc pur. Chez les femel-
les, clics sont lavées de brun au bord subterminal, et ont
aussi les nervures bien marquées en brun.
Les antennes du mâle sont épaisses et demi -pectinées. Le
thoiax, carré, est de la couleur des ailes, avec les ptérygodes
plus ou moins blanchâtres.
Celle Noctuelle n’a qu’une seule génération; on la prend
la nuit au vol, ou sur les fleurs, dans le calice desquelles elle
vient butiner.
Australis n’éclot pas en novembre, ainsi qu’on le croit, ou
cela n’arrive que fortuitement. Je l’ai toujours capturée dans
le courant de septembre ou d’octobre. Les individus que j’ai
obtenus à Lyon , ex larva , sont éclos vers la fin de sep-
tembre .
( 1 ) Index melliodicus p. 117.
(2) Catalogue des Lépidoptères d’Europe, p. 162.
(3) Species général des Lépidoptères V, p. 151.
20G
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
La femelle pond facilement en captivité.
Cette espèce, primitivement découverte en Provence, ap-
partient aussi à la Corse, à la Sicile, à l’Italie, au département
de l’Ardèche, etc. Elle n’a jamais été prise clans le Lyonnais.
Aiistralis fait encore partie de la faune d’Angleterre, où
elle est fort rare. La race anglaise s’éloigne du type par la co-
loration prononcée des ailes supérieures. Considérée comme
nouvelle par M. Curtis, elle a été publiée par ce savant sous
le nom de Pascuea .
ISsipISBiecia CÎHobolariata, Mill. (Species nova).
(Planche 3, fig. 1 à 7.)
CnENILLE.
Courte, atténuée aux deux extrémités, renflée à partir du
sixième jusqu’au dixième anneau, fortement carénée sur les
côtés dans toute sa longueur.
Les lignes ordinaires sont assez bien écrites : la vascu-
laire est fine, continue. Les sous-dorsale et stigmatale, éga-
lement fines et continues, sont brun-clair. L’espace compris
entre la sous-dorsale et la stigmatale est cl’une teinte plus
sombre que la région dorsale.
Les stigmates, qu’on voit à peine à l’aicle d’une forte loupe,
m’ont paru blancs ; ils sont cerclés de brun.
Le ventre, cl’un carné obscur, ne présente pas de lignes.
Le dos de l’insecte est marqué sur les anneaux du milieu
(du quatrième au neuvième) d’une tache sagitte'e, triangu-
laire, dont la pointe principale est tournée en avant.
La tête, petite, globuleuse, rétractile, est d’un testacé rou-
ge A tre.
F. MUO* 2Ul.et.pt Ilebrey fculp.
I ■ i à 7. Æupit/iecia. Globidariata. Mtâ
Il 8 à. 12. P 'terophoriw Platjwdacà/htr. FS
ïrnfr.Houûrte, 5 r. 3 fia non.
Jfmc 3f^n£auæ cû[
207
Eupi tliecia Globulariaia .
Les dix pattes sont concolores.
Cette chenille varie beaucoup. Les individus d’un vineux
carminé, qui sont les plus nombreux, représentent le type.
Cependant l’insecte passe quelquefois au brun, au bleuâtre,
d’autres fois au vert plus ou moins clair, au jaune, et même
au blanc mat.
J’ai rencontré cette espèce en certaine quantité dans les
garigues des environs cl’Hyères, de Toulon et de Marseille,
sur la Globularia Alypum L, arbuste élégant, toujours vert,
dont les feuilles dures, alternées et lancéolées, ressemblent
à celles du Myrthe. La chenille vit parmi les fleurs de cette
plante, réunies en tête à l’extrémité des rameaux ; elle
semble ne manger que la nuit.
C’est du dix au quinze décembre que j’ai recueilli ces
chenilles.
Je suppose cpie Globulariaia a plusieurs générations par
an. Elle ne vit pas exclusivement sur la Globularia Alypum ,
et l’époque de l’apparition de la chenille semble varier et
coïncider avec la floraison des plantes dont elle se nourrit.
En effet, en mars dernier on m’envoyait du Var plusieurs
chenilles de ma Globulariaia trouvées sur le Romarin offici-
nal, alors en pleine floraison (*). Les insectes parfaits pro-
venant de cet envoi étaient identiques à ceux de la Globu-
laire.
Chrysalide.
Dès la fin de décembre, toutes mes chenilles avaient dis-
paru sous la mousse pour y former leur chrysalide.
(') Ne pourrait-on supposer encore que les chenilles de Globulariaia, qui
vivent en mars, sont une première génération de l’insecte, dont toutes les
phases se seraient développées en moins de trois mois?
208
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Avant sa transformation l’insecte avait construit une petite
coque formée de soie, de grains de terre et assez solidement
tissée.
La chrysalide est conico-cylindrique et relativement lon-
gue. Elle est rougeâtre, avec l’enveloppe des ailes d’un jaune
vif.
Les petites Phalénites ont commencé à éclore vers le milieu
de janvier. Dès la fin du mois, toutes étaient écloses.
Insecte parfait.
Envergure : 0,019 à 0,020 miïl.
Les ailes supérieures , oblongues et prolongées à l’apex ,
sont d'un gris testacé très-faiblement lavé de ferrugineux
dans le voisinage de la frange.
Les lignes basilaire et médiane sont oblongues, concaves,
et ne présentent jamais ou presque jamais d’angle extérieur.
La coudée’, plus droite que celle qui la précède , est suivie
d’une ligne blanchâtre, partagée par un liseré très-fin et con-
tinu. A cette coudée sont appuyées intérieurement de nom-
breuses taches nervurales, petites, cunéiformes, noires, visi-
blement écrites. La subterminale , plus ou moins festonnée,
blanchâtre, précède un liseré noir, interrompu, qui, lui-
même, précède la frange; celle-ci est entrecoupée de brun.
Les secondes ailes , de couleur semblable à celle des pre-
mières, n’ont de remarquable que la ligne transversale plus
claire que le fond et coupée finement par un liseré brun.
Cette ligne fait suite à la coudée des ailes supérieures. Le
point discoïdal est en outre assez visiblement accusé.
Le dessous des ailes est d’un gris-brun, avec la ligne blan-
châtre qui suit la coudée, assez bien écrite. Il existe des
traces de lignes transverses, et le point discoïdal est distinct
sur les quatre ailes.
209
Eupithecia Globulariata.
Globulariata, qui ne varie pas (4), est très-voisine de Pu-
milala Hb. ; elle s’en distingue par les caractères suivants que
l’on retrouve toujours.
Toutes les lignes transversales, notamment la basilaire, sont
plus arrondies que chez sa voisine Pumilata. La Globulariata
a les ailes plus lancéolées, plus aiguës à l’apex; elles sont inva-
riablement d’un gris-testacé, tandis que celles de sa voisine
sont toujours lavées de rougeâtre plus ou moins vif. De plus
Pumilata a toutes les lignes oblitérées en dessous ; les infé-
rieures seules possèdent le point discoïdal.
C’est sur une quinzaine d’individus mâles et femelles ,
obtenus ex larva , que je fais ma description ; je les
compare à un assez bon nombre de sujets de l’espèce con-
génère la plus voisine, la Pumilata Hb. , dont je possède
plusieurs individus de provenances diverses , notamment
un exemplaire reçu de M. Guenée.
En nommant Globulariata cette nouvelle Eupithecia , j’ai
voulu désigner la plante qui nourrit sa chenille.
Eupith. Globulariata devant trouver place immédiatement
après la Pumilata Hb. des Phalénites du Species Guenée ,
portera le numéro \H10[bis).
Pl©r®pl8©pras ^lag&oêSaegyStiüi, F-R.
Zell. Is. p. 578. — -Herr-Sch. pl. k, fig. 22.
(Planche 3, fig. 8 à 12. )
Chenille.
Presque cylindrique, s’amincissant d’une manière insen-
sible de la tête au dernier anneau. Le premier segment est
14
(•) La Phalénite est aussi constante que sa chenille l’est peu.
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
visiblement moins élevé que les deuxième et troisième.
Cette chenille est d’un vert obscur sur le dos et les flancs, et
passe au vert glauque en dessous.
La vasculaire, large, continue, est de couleur vineuse. La
stigmatale, d’un vert à peine plus clair que le fond, est
étroite et ondulée. La villosité blanchâtre , abondante et
assez longue, dont est recouvert l’insecte, ne permet pas de
distinguer les stigmates, même à l’aide d’une bonne loupe.
Le ventre ne présente pas de lignes.
La tête est petite, globuleuse, rétractile, d’un testacé jau-
nâtre, et maculée au sommet de nombreux points noirs invi-
sibles à l’oeil nu.
Les pattes écailleuses sont noires ; les autres sont eonco-
lores.
Cette petite chenille, d’une lenteur excessive, vit à décou-
vert, dans les lieux incultes des environs d’Hyères, sur la
Globularia alypum L. Je l’ai trouvée abondamment en dé-
cembre sur cette plante, dont elle dévore seulement la fleur.
Elle s’est métamorphosée au commencement de janvier et,
quatre ou cinq semaines après, elle donnait son insecte par-
fait.
Pour se chrysalider la chenille de Plagioclactylus , à l'imi-
tation du plus grand nombre de ses congénères, se fixe, la
tête en bas, à une tige de plante. Trois ou quatre jours après,
la nymphe est formée. Celle-ci, cylindrico-conique, passa-
blement allongée, est brune et recouverte de poils nom-
breux.
Insecte parfait.
Envergure : 0,021 à 0,025 mill.
Les ailes supérieures, faiblement falquées, sont divisées en
deux parties depuis leur extrémité jusqu’au tiers environ de
211
Pterophorus Plagiodaclylus.
*
leur étendue. Elles sont rougeâtres, ombrées de brun à la
côte et finement liserées de blanchâtre à l’apical et au bord
des divisions. Il existe un gros point à l’origine de l'échan-
crure, oblong, constant, mais cpii est, chez certains sujets,
divisé en deux. On distingue, en outre, trois ou quatre petits
points noirs qui précèdent la frange.
Les ailes inférieures, d’un brun rougeâtre, sont partagées
en trois divisions qui ont la forme d’une spatule étroite. Les
quatre ailes sont garnies de franges concolores assez longues.
Les antennes , le corps et les pattes participent de la cou-
leur des ailes.
L’insecte a plusieurs générations par an. On le voit voler
abondamment dans nos environs depuis le commencement
de mai jusqu’à la mi-juin; puis il reparaît en septembre.
Dans le Lyonnais la chenille doit vivre sur d’autres Globn-
laria que XAlypum : cette dernière plante étant essentielle-
ment méridionale.
Plagiodaclylus varie peu; cependant les individus obtenus
par moi ex larva , dont les chenilles provenaient d’Hyères ,
sont généralement plus bruns que ceux de nos environs.
Cette espèce , découverte depuis peu d’années , n’avait
point encore été observée dans ses premiers états.
Var. A.
Il est important de rectifier une erreur relative à un Pté
rophore nouveau de M. Bruand d’Uzclle : Millieridactyla ,
Brd. (Annales de la Soc. ent. de Fr., U° série, t. ier, séance
du 9 mai 1860), n’est, selon moi, qu’une variété du Plagio-
dactylus F. Pi. En effet, cette aberration ne se distingue du
type, dont elle a exactement ïa coupe , que par une tache
brune placée à l’extrémité de la première division de l’aile
supérieure. Cette tache, très-caractéristique, du reste, est
212 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
large, oblongue, arrondie du côté externe, entourée de blan-
châtre à droite et à gauche, et s’appuie à la costale et au
bord interne de la première division de l’aile.
Je crois donc convenable de ne plus considérer Millie-
ridactyla de M. Bruand que comme variété de Plagiodac-
tylus , F. R.
Cette remarquable aberration appartient à notre faune
lyonnaise»
Papille Æglaia, Lin-
Le Grand-Nacré , Geoff. — Argynne Aglaè , God. — A rgy fi-
nis Aglaia , Hub., Bdv. , Dup.
(Aberr. F, Mile.)
(Planche 4, fig. I et 2.)
Si, parmi les Diurnes, les Melitœa présentent de nom-
breuses anomalies, les Argynnis varient presque autant.
Aglaia est peut-être une des moins constantes de tout le
genre. Les variétés les plus remarquables de cette espèce
sont la Æmilia Acerb., la Caroletta Jerm., la Charlotta Saw.
et les deux aberrations de M. Herrich-Schæffer figurées dans
ses Suites à Hubner sous les n° 140 et 141.
La variété de Aglaia que je publie aujourd'hui , est in-
contestablement une des plus belles cpii se soient encore
vues. Bien qu’un peu plus petite que le n° 141 de M. Schaef-
fer, cette nouvelle variété, que je désignerai par la lettre F,
s’en rapproche par la disposition des taches. Voici quels sont
du reste les points de dissemblance de ces deux sujets.
Aglaia , var. F., a les ailes supérieures tout aussi enfumées
en dessus que chez la var. 141 du continuateur de Hubner.
Elle n’a , sur ces mêmes ailes , en dessus et en dessous , ni
Debray d'culp-
P.Ætüière et Dogues.
T. J eé 2. Argyruizs At/la/a.L. Uberr. F, ÆIJ
II. 3 à 5. Jdadcna SoJzeri. Bdv.
Année J8ôJ, FL.//.. .
4.™ Livr.
Annales de la. Société. ùnnéenne de Zyon .
Tmp.D’ouirtei O. r. JWtgn
213
Papilio A g lai a.
la tache discoïdaîe jaune-orangé, ni les lunules noires. Les
inférieures, en dessous, n’ont pas la bordure de gros points
nacrés qui d’ordinaire précède la frange. C’est par là encore
que ma variété se distingue de toutes les Aglaia qui ont été
publiées précédemment.
Les points bleus à reflets métalliques qui forment la se-
conde bande du n° 140 H. -S., sont, chez la var. F, très-
pelits et se confondent avec le fond enfumé de l’aile. Quant
aux taches nacrées de la base, elles sont au nombre de trois
sur chaque aile. Ces taches, allongées dans le sens des ner-
vures, sont grandes et d’un magnifique éclat.
Cette aberration remarquable, dont je n’ai vu qu’un seul
exemplaire, fait partie de la collection Douze!.
Elle a été obtenue d’une chenille provenant du Mont-Pilat
(Loire). L’insecte qui devait donner une si intéressante va-
riété de V Aglaia , n’avait rien, me disait autrefois mon col-
lègue, M. Donzel, qui le distinguât d’autres chenilles de la
même espèce élevées en même temps.
L’éclosion de cette Argynne date de juin 1825; cependant
sa conservation est parfaite,
Hadéna
Bdv. Ind. met., 946. — - Gn. Ind. 244. — Dup. Sup. III,
p. 238, pl. 22, fig. 3. — ~ Herr.-Sch. 152 = Vullurina ,
Dahl. = Adusta Var. Tr. Bdv. ? — ■ Gn, 783.
(Planche 4, fig. 3 à 5, )
Guenille.
Complètement cylindrique, assez allongée, avec les lignes
ordinaires pas toujours bien visibles. Jeune, elle est verte ;
fm
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
arrivée à sa troisième mue, elle passe au brun plus ou moins
rougeâtre ; elle est alors finement sablée cle noir sur le dos
et sur les flancs.
La ligne vasculaire est interrompue au sommet cle chaque
anneau. La sous-dorsale, moins apparente que la précédente
ligne , est représentée par autant de chevrons diagonaux
qu’il existe de segments. Vus à la loupe, on remarque que ces
chevrons sont formés par la réunion d’un grand nombre de
points noirs agglomérés. La stigmatale, étroite, continue, se
détache à peine en plus clair sur le fond.
Les stigmates, très-ellipsoïdes, sont jaunâtres et cerclés de
noir.
Le ventre, gris-bleuâtre , maculé de taches d’un blanc
sale, est traversé dans toute sa longueur par une ligne conti-
nue, droite, plus ou moins claire qui , certaines fois, est
tout-à-fait oblitérée.
La tête est moyenne, rétractile et concolore. Les pattes
antérieures, de couleur testacée, sont annelées de blanchâtre.
Les autres pattes sont concolores.
Cette chenille semble n’être pas rare dans les environs
d’Hyères. On la rencontre un peu partout;, voire même dans
les jardins de l’intérieur de la ville. Je l’ai prise plusieurs fois
dans les parterres cl'un horticulteur sur les Cyclamen euro-
pœum et ne apolitanum (*), dont elle ronge les feuilles et très-
souvent les fleurs. Elle ne mange que la nuit et se cache
pendant le jour au pied de la plante.
Cette larve, dont la voracité est extrême, et qui s’attaque
à plusieurs plantes potagères, est redoutée des jardiniers qui
P) Depuis lors j’ai retrouvé cette chenille, eu janvier et en février, aux en-
virons de Marseille, sur la Faleriana tuherosa L. et sur le Chenopodium
rubrum L.
Iladena Solieri.
215
s’efforcent de la détruire. Elle éclot dès le mois de novembre,
grossit rapidement et parvient à toute sa taille en janvier.
L’insecte parfait, qui se montre en septembre, prouve que
l’état de chrysalide de cette espèce dure près de neuf mois.
Solieri n’a donc qu’une seule génération.
Chrysalide.
Ayant disparu en janvier pour se métamorphoser, cet in-
secte, prévoyant qu’il passera sous son état de nymphe les
mois les plus chauds de l’année, s’enfonce profondément
dans la terre, et s’y tisse une coque solide formée de soie et
de grains de sable.
La chrysalide , de forme très-simple , est relativement
forte, rougeâtre, faiblement renflée, avec une pointe unique
à l’extrémité abdominale. Cette pointe, assez longue, solide,
noire, est un peu relevée de sa base à l’extrémité.
Toutes les Solieri que j’ai obtenues ex larva , ayant paru
en automne , je ne pense pas que ce Lépidoptère ait une
éclosion en mai, ainsi que l’avancent plusieurs auteurs.
Insecte parfait.
Envergure : 0,038 à 0,040 mill.
La Solieri est toujours un peu plus petite que sa congé-
nère Adusta. Elle a aussi les ailes supérieures plus arrondies
à l’apex. Chez les individus éclos récemment, la couleur est
le brun noirâtre, teinte qui s’affaiblit par le temps et qui
passe au brun testacé. La ligne subterminale ne forme pas
le 2 ; les autres dessins sont à peu de chose près ceux de
V Adusta.
Les ailes inférieures de Solieri possèdent un caractère fort
2iG CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
mal écrit le plus souvent , mais qui m’a paru constant chez
tous les sujets cpie j’ai vus. Je veux parler d’une ligne trans-
versale brune, correspondant à la coudée des supérieures.
Ce caractère invariable, dont nul auteur n’a parlé, que je
sache , n’existe pas chez Adusta.
M. Guenée, qui considère avec raison celte Haclénide
comme espèce séparée , nous apprend dans son Species que
Treitchke la regarde comme une simple variété de Adusta , et
que le docteur Boiscluval, dans sou Généra, n’est pas éloigné
de partager eet avis (').
Les insectes parfaits de Solieri et de Adusta peuvent avoir
entre eux de grands rapports pour la taille, les dessins et la
couleur ; mais assurément les chenilles de ces deux espèces
ne se ressemblent pas , et paraissent ne pas se nourrir de la
même manière.
Le docteur Borkhausen , dans ses Phalènes et Géomètres
d’Europe nous dit (V, p. 45G) que d’après de précises indi-
cations , on sait que la chenille de Adusta vit sur V Evonymus
vulgaris , et que l’insecte parfait éclot une première fois en
juin et juillet, puis une seconde fois à la fin d’aout. Ce savant
ajoute que la chenille de Adusta est verte, et qu’elle a sur
chaque côté une tache rouge entourée de blanc.
Ainsi , les larves de ces deux Hadénides seraient bien
différentes, tant par les caractères de chacune d’elles que
par leurs mœurs.
Nul doute ne peut être possible désormais, et, je l’espère,
l'individualité de Solieri et celle de Adusta seront définitive-
ment établies.
Hadena Solieri n’habite pas seulement les parties élevées
(‘) Pag. 120, 940, Solieri , B. (an var. præcedent. ? )
Hadena Solieri. 217
de la Provence , ainsi que l’a écrit Duponchel (*) , puisque
la chenille de cette Noctuelle vit fréquemment dans les lieux
bas des environs d’Hyères et de Marseille.
L’espèce, qui appartient aussi à la faune sicilienne, fut
découverte pour la première fois par M. le capitaine d’artil-
lerie Solier, dont elle porte le nom.
(I) Sup. III, p. 240.
218
EXPLICATION DES PLANCHES.
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 4mo Livraison ('I SOI)-
— ■
PLANCHE 1.
Explication des figuhes.
I.
Fig. 1. Chenille de Olbiaella ( Mill. )
2. Ici. Id. Var. \
3. Chrysa’ide.
4. Insecte parfait.
5. Ici. vn en dessous.
G. Tête grossie.
IL
Fig. 7 Chenille de Macnria Æstimaria (Hb.)
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
10. Cocon du parasite.
11. Parasite.
EXPLICATION DES PLANCHES.
219
PLANCHE 2.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de [hdiopliobus Hispida (Hu.)
2. Chiysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Chenille de Aporophyla Âustralis (Bdv.)
5.
Id.
Id.
après sa 8mc nuie.
6.
Id.
Id.
jeune.
7.
Chrysalide.
8.
Insecte parfait.
»
2‘20
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 8. •
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Eupithecia Globulariata (Mill. '
2. Ici. Id. Yar.
3. Id. Id. Var.
4. Chrysalide.
5. Insecte parfait.
6. Id. vu en dessous.
7. Cocon.
II.
Fig. 8. Chenille de Pterophorus Plagiodactylus ( F.R. )
ü. Id. Id. vue de dos.
10. Chrysalide.
1 1 . Insecte parfait.
12. Id. Yar. Millieridactyla (Brb.)
EXPLICATION DES PLANCHES,
221
planche 4.
Explication des figures.
L
Fig. 1. Argynnis Aghna, L. ( Aberr. A. Mile.)
2. ld. ld. vue en dessous.
IL
Fig. S Chenille de Hadcna Soliei'i , (Bbv.)
L Chrysalide.
5. Insecte parfait.
ï
/ /
f
<
.
»
;1
\
I
.
Annales d&, la Société Linnécnnc de f.i/on .
5 nie Lior.
Arma- mi Fl.l.
I J à 6. Bulalis .Dnri/cnieüa. Mill.
U. y à jj. Caùanodert Occùanaria, Dup.
I1 MSIièrc dtd.elp.
{ j'J j£B4kr:'
j > f,
V\
1
/ {
fmp. ffouiste' .1 r Mignon-
Mmc Mignecum col-
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
(Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 11 novembre d 801 ),
Longueur: 0,013 à 0,014 mill. ; fusiforme, atténuée aux
deux extrémités , d’un vert bleuâtre , recouverte de nom-
breuses lignes longitudinales peu apparentes. Le premier
anneau, écailleux , noir, largement liseré de blanc anté-
rieurement , est partagé au sommet par une échancrure
blanche très-fine. Le dernier segment est garni, au sommet,
d'une écaille petite, noire, luisante.
On distingue à la loupe les trapézoïdaux et de nombreux
points vcrruqueux : ils sont surmontés d’une villosité grise
assez longue. Une carène concolore, faiblement accusée,
existe à la place de la stigmatale.
Les stigmates , invisibles à l’œil nu , sont surmontés d’un
point noir relativement gros.
Le ventre, d’un vert pâle, est sans lignes.
INÉDITS
E*«» fi». MILLIÈRE.
CINQUIÈME LIVRAISON.
itntalls ©orycoielSa , Mill. (Species nova.)
( Planche I‘e , fig. I à 6. )
Chenille,
15
226
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
La tête, lenticulaire, est noire et luisante. Les pattes écail-
leuses sont robustes et de même couleur que la tête. Les
ventrales, concolores, ont la couronne jaunâtre.
Celte petite chenille, d’une vivacité extrême, vit sur le
Dorycnium suffrulicosnm L. ; elle lie le sommet des tiges et
en forme des paquets assez volumineux. Elle y pratique des
galeries ouvertes aux extrémités, dans lesquelles elle demeure
cachée pendant le jour. Elle ne quitte sa retraite que la nuit
pour manger.
C’est vers le milieu d'avril que j’ai recueilli en abondance
cette Tinéide à Ccllcs-îes-Bains (Ardèche) (*).
Chrysalide.
Au commencement de mai la chenille de Dorycniella quitte
Sa plante , file dans les mousses ou les feuilles sèches une
soie fine, très-blanche, sous laquelle elle se métamorphose en
chrysalide au bout de quarante-huit heures.
La nymphe conico-cylindrique , allongée, est presque en-
tièrement noire. Elle éclot vingt ou vingt-cinq jours après
sa transformation.
Insecte parfait.
Envergure: 0,011 à 0,012 mill.
Il est entièrement d’un gris-bleuâtre-ardoisé et luisant ,
sans lignes, sans taches, et serait complètement concolore
si les ailes inférieures n’étaient un peu plus sombres que les
supérieures.
P) Depuis la rédaction de cet article, j’ai retrouvé la cheni lie de Doryc-
niella aux environs de Marseille, vers la fin de janvier, sur la Coronilla mi-
nima L. L’insecte, qui était alors aux trois quarts de sa taille, semblerait pas-
ser l’hiver. En ce moment j’élève chez moi cette petite larve : son éducation
est facile.
Calamodes Occitanaria. 227
Le dessous , également uniforme , tire un peu sur le
j aunâtre .
Les ailes supérieures , dont le sommet se prolonge en
pointe obtuse, sont étroites et faiblement arquées à la côte.
Elles sont garnies inférieurement d’une longue frange.
Les secondes ailes, également étroites, sont terminées en
pointe plus aiguë que les supérieures ; elles sont largement
frangées au bord interne.
Les antennes sont fusiformes dans les deux sexes et relati-
vement longues. Les palpes inférieurs , seuls visibles , sont
relevés au dessus de îa tête. Les deux premiers articles sont
faiblement velus ; le troisième est nu et très-aigu. La tête est
large; les yeux, gros, sont entourés d’une abondante villosité.
Le thorax est robuste ; l’abdomen , assez court , est cylîn-
La femelle est semblable au mâle.
Butalis Dorycniella (K) devra, dans le Gatatogue de Dupon-
chel , trouver place après la Seliniella Zell.
Cette petite Tinéide, qui doit avoir deux générations, ne
vole guère qu'au crépuscule du soir et du matin.
CaEamoiles occiâanaria.
Dup. IV, p. 360, pî. 139, fig, 5. — Frey., pl. 210, fig. 1, 2.
— Bdv. 1561. — Herr.-Sch. p. 79, fig. 32. — Gn. 345.
(Planche 1 , fig. 7 à il .)
Cette espèce, ainsi que l’observe judicieusement M, Guenée,
dans son excellente monographie des Phalénites , n’est pas
une Boarmia. En effet , trop de caractères placent Occitana- (*)
(*) En souvenir de la plante qui nourrit la chenille de celte nouvelle
Butalis.
228 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
ria loin du genre dans lequel tous les auteurs l’ont précé-
demment placée.
Par la découverte récente de la chenille, j’ai pu reconnaître
que cette Calamodes s’éloigne autant des Synopsia ÏIb., des
Cleora Curt., que des Boarmia proprement dites.
Il est plus que supposable que si M. Guenée, qui a créé,
pour Occilanaria seule, son genre Calamodes , eût connu les
premiers états de l'insecte, il ne l’eût pas laissée parmi les
Boarmides : il en eût fait vraisemblablement une Fidonide,
car sa chenille possède en grande partie les caractères de
celte dernière famille.
Cependant l’auteur du Species pressentait qu’un jour les
Fidonides pourraient bien revendiquer la Calamodes Occi~
tanaria (*).
Chenille.
Elle serait complètement cylindrique, n’était une petite
carène sur les flancs. Généralement d’un gris terreux presque
uniforme, mais variant quelquefois en brun foncé chez les
individus provenant de l’Ardèche. ’
Le premier anneau, d’une teinte carnée , est recouvert de
nombreux points noirs invisibles à l’œil nu.
La vasculaire est large, continue, d’un gris foncé, qui de-
vient brun sur les quatrième, cinquième, sixième, septième et
huitième anneaux. On distingue sur chacun de ceux-ci, au
dessus de l’incision, un douille point blanc plus ou moins visi-
blement écrit. La sous-dorsale, large, géminée, continue du
premier au onzième segment, faiblement ondulée, est gris
foncé. La sligmatale, qui repose sur la carène, assez large,
f) Gn. X, p. 229.
Çalamodes Occilanaria.
223
faiblement; ondulée, blanchâtre, est tachée de rougeâtre au
centre.
Les stigmates, ovales, jaune-aurore, sont cerclés de noir.
Le ventre, d’un blanc livide, est marqué d’une raie conti-
nue, grise, liserée de blanchâtre à droite et à gauche.
La tête, aussi haute que le premier anneau, est grise et striée
de brun. Les yeux, noirs, au nombre de cinq de chaque côté
de la tête, se distinguent sans peine à la loupe. Les pattes
écailleuses sont concoîores ; les anales, également concolo-
res, sont maculées extérieurement de points noirs placés sur
trois rangs.
La villosité, qui est très-courte, ne se voit pas à l’œil nu.
Cet insecte, qui se tient à découvert est, d’une grande ri-
gidité. Il est aussi très-robuste et peut supporter pendant
quinze à vhigt jours l’absence totale de nourriture.
La chenille sort de l’œuf à la fin de l’automne, mange peu
pendant l’hiver; par le fait elle grossit lentement, et n’atteint
toute sa taille qu’en mars ou avril. Sa nourriture exclusive
est le Thymus vülgaris L. fort répandu dans les garigues les
plus chaudes de la Provence et de l’Ardèche.
Les chenilles de Occilanaria qui vivent aux environs d’Hyères,
sont généralement d’un gris terreux et donnent toujours des
insectes parfaits beaucoup plus bruns que le type, c’est-à-
dire plus chargés d’atomes foncés : tandis que les chenilles
des environs de Celles-les-Bains, plus brunes que celles de
la Provence, produisent des sujets d’un gris blanchâtre, et
qui parfois ont le fond tout-à-fait blanc. Cependant les des-
sins des ailes sont identiques chez ces deux races. Ne pré-
senteraient-elles pas deux espèces distinctes ?
Chrysalide.
Vers la fin de mars, la chenille de Occilanaria s’enfonce
230
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
dans la terre, se place parmi les racines des Thymus et se
métamorphose assez promptement en nymphe. Celle-ci, assez
renflée, avec la pointe relativement forte et longue, ne pré-
sente pas d’aspérités. Elle est d’un rougeâtre obscur. Cepen-
dant la place des ailes et celle des yeux sont lavées de vert
obscur.
Cette Calamodes , qui n’a qu’une seule génération par an,
éclot à la fin d’aout et dans le courant de septembre.
Insecte parfait.
Envergure : 0,030 à 0,032 mill.
Les quatre ailes, d’un blanc roussâtre, sont plus ou moins
sablées de brun. Les supérieures, oblongues, prolongées à
l’apex, ont les lignes ordinaires d’un brun noir, très-irrégu-
lières de forme. La subterminale est tridentée au sommet et
accompagnée extérieurement d’une ombre plus ou moins vi-
sible, suivie elle-même d’une éclaircie blanchâtre.
La frange, précédée d’un liseré noir, est à peine festonnée;
elle est grise et finement entrecoupée de brun.
Les ailes inférieures n’ont que deux lignes brunes, qui ne
sont bien écrites qu’au bord abdominal.
Les taches discoïdales sont visibles aux quatre ailes , mais
plus accusées en dessous qu'en dessus.
Les antennes sont garnies de longues lames qui les ren-
dent fort plumeuses. Le thorax, court, presque carré, est
de la couleur des ailes. L’abdomen, assez grêle, conique,
est teinté de roussâtre.
La femelle, toujours plus petite et plus brune que le mâle,
a les antennes complètement filiformes.
Var. A.
Cette race provençale, un peu plus petite que le type, est,
Annales Je la Sociè!*' Linnècruie de Jjjo/e
6™* Jior.
Aimée 18t>/. PI 2.
P.imüre jUctpï J. Kignana eculp.
I . i à 3. Fïdonia. Concordaria, Mai.
[I. ^ à S.Noctua. Glareosa, Kj-p.
fm/> . flbiiiste. à. r. Mignon. .
Mmc WigneaiiAC col.
Fidonia Concord aria.
231
ainsi que je Fai dit plus haut, beaucoup plus foncée que les
individus de l’Ardèche. Toutes les lignes sont ici plus lar-
ges et plus brunes. L’espace qui sépare la frange de l’éclair-
cie blanchâtre, est entièrement recouvert d’atomes bruns.
Le dessous est, tout autant que le dessus, chargé de nom-
breux atomes foncés, avec les lignes transverses et les points
discoïdaux vivement écrits en brun.
La chenille de cette variété et celle du type, bien qu’ayant
entre elles de grands rapports de formes, m’ont semblé diffé-
rer l’une de l’autre.
Fidonia concordaria.
Hb. 126, 318, 319. — Treits. I, p. 282. — Dup. IV, p. 429?
pi. 166, fig. 2-3. — Bdv. 1516. — Herr.-Sch. p. 89. —
Gn. 1177.
(PI- 2, fig.' I à 3.)
Chenille.
Relativement forte, cette chenille est allongée, atténuée
antérieurement et sans éminences. Le fond est d’un jaune
verdâtre sur lequel tranchent plusieurs lignes d’un vert pres-
que noir.
La vasculaire , assez étroite , est continue du premier au
onzième segment. L’espace compris entre ta stigmatale et la
sous-dorsale est d’un vert très-foncé. Cet espace , vu à la
loupe, parait formé de trois lignes sombres presque con-
tiguës.
La sous- dorsale est double, géminée, continue, très-fai-
232
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
blement écrite : on ne la distingue qu’à la loupe. La stig-
matale, plus claire que le fond, est large, continue, légère-
ment ondulée.
Les stigmates, placés au milieu de la ligne même, sont
orangés et cerclés de noir.
Le ventre, immédiatement au dessous de la stigmatale, pré-
sente sur chaque anneau une large tache oblongue , noire ,
lavée de vineux en arrière. Le milieu du ventre est rayé lon-
gitudinalement d’une triple ligne blanchâtre à peine distincte
à l’œil nu.
La tète, sans être lenticulaire, n’est pas globuleuse : elle
est faiblement aplatie en avant , concolore et tachée de noir.
Les pattes antérieures sont de couleur testacée ; les posté-
rieures sont lavées extérieurement de vineux obscur.
La chenille de Concordaria que l’on rencontre fréquem-
ment dans les départements du centre de la France sur les
Genista sacjitlalis et scoparia , vit à découvert depuis l’ins-
tant de sa naissance jusqu’à sa chrysalidation.
La génération du printemps grossit très-vite; celle de
l’automne est plus lente à atteindre son entier développe-
ment.
Les œufs de Concordaria qui m’ont fourni les chenilles
dont je viens de faire l’éducation, ont été pondus le 2 mai;
moins de huit jours après, les jeunes larves voyaient le jour.
On doit être surpris que cette espèce, commune dans une
très-grande partie de l’Europe, n’ait point encore été observée
sous ses premiers états.
Deux mois environ après l’éclosion de la chenille, celle-ci
a atteint toute sa taille. L’insecte, pour se métamorphoser, ne
prend pas de grandes précautions : il descend sous la mousse
et n’y forme pas toujours une coque.
La chrysalide, conico- cylindrique , passablement renflée,
d'un brun rougeâtre, est d’un vert obscur dans le voisinage
Fulonia Concordaria .
255
delà tète. Cette nymphe, dont la pointe abdominale est forte,
unique, noire, n’a rien de remarquable.
Insecte parfait.
Envergure : 0,032 à 0,054 mill.
Les ailes supérieures, arrondies, à apex obtus, d’un jaune
d’ocre vif, sont fortement saupoudrées d’atomes bruns. Les
lignes transversales ordinaires et la bande marginale, très-
brunes, recouvrent presque entièrement ces premières ailes.
Deux ou trois taches blanches, placées entre la subterminale
et la bordure, sont plus apparentes chez certains sujets que
chez d’autres.
Les inférieures, arrondies, d’un ochracé très-chaud, éga-
lement aspergées d’atomes bruns, sont traversées par deux
lignes brunes plus écartées à la côte qu’au bord abdominal.
Les franges des quatre ailes sont brunes et entrecoupées de
blanc. Le dessous des supérieures n’a cpie la ligne subtermi-
nale bien écrite : elle est formée par six gros points noirs,
oblongs, séparés par les nervures. Les inférieures, striées
de brun et marquées de larges taches blanches affectant la
forme rectangulaire, ont leurs lignes aussi bien écrites qu’en
dessus.
Le point discoïdal est visible aux quatre ailes en dessus et
en dessous.
Les antennes du male, à extrémité filiforme, sont for-
tement plumeuses.
La femelle, qui est plus grande que le mâle, aies antennes
simples et l’abdomen renflé.
Lors de la première apparition de cette Fulonia dans nos
environs, on est à-peu-près sûr de voir voler l’espèce pendant
six semaines ou deux mois, dans les lieux plantés de Genêts.
Je n’ai pas trouvé Concordaria dans l’Ardèche, oh cepen-
234
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
dant abondent plusieurs espèce de Genista , notamment le
sagittalis. Elle est remplacée dans ce pays par sa congénère
Plumistarici qui, on le sait, vit sur le Dorycnium suffruticosum.
Concordaria a deux générations par an : la première éclot
dès la fin d’avril, et la seconde en août. Cette dernière
génération est beaucoup moins abondante que celle du prin-
temps.
Nota . — Mon ami , M. À. Constant , a pris , cette année
aux environs d’Autun, une fort belle variété de Concordaria ,
dont le dessus des ailes est entièrement noir uni , sans
aucun dessin ni atome d'une autre couleur.
ffoetna Glarepsa.
Esp. p. 387, pl. 128, f. 3. — Treits. Sup. X, p. 79. — St.
II, p. 159, pl. 21, f. 1. — Bdv. Ind. p. 81. = Hebraica ,
Hb. G 42, 643. — Frey. III, pl. 201, f. 2, 3. — Gn. Ind.
259. — Bdv. 1125. = Deccmpunctata ? Vill. pl. V, f. 17.
= I. Geminum , Dup. III, p. 80, pl. 77, f. 6. — Gn.
Spec. 535.
( Planche 2, fig. 4 4 8*)
Chenille.
Ainsi que la plupart de ses congénères, elle est cylin-
drique , épaisse, un peu renflée sur les dixième et onzième
anneaux.
Le type, d’un carné rougeâtre, très-finement aspergé de
points foncés, est, selon les sujets, d’une teinte plus ou moins
prononcée.
Des lignes ordinaires, on ne distingue que la stigmatale,
cpii est assez large, continue, blanchâtre et faiblement li-
Nocliia Glareosct . 255
serée de brun en dessus et en dessous, I! existe des traces
de la vasculaire, qu’on n’aperçoit guère qu'à la loupe.
On soupçonne un chevron dorsal placé sur chaque seg-
ment.
La seconde ligne ou sous-dorsale ne se voit pas.
Les stigmates sont ovales, blancs et cerclés de brun.
Le ventre, plus clair que les autres parties de l’insecte, est
également sablé de brun.
La tête, moyenne, globuleuse, d’un brun testacé, est mar-
quée de deux traits noirâtres, perpendiculaires, correspon-
dant aux deux lignes sous-dorsales (absentes).
Le premier anneau est à moitié garni d’une plaque écail-
leuse hémisphérique, rayé de trois petites lignes claires
aboutissant, la première à la vasculaire, les deux autres aux
traits noirâtres de la tête.
Les seize pattes sont concolores.
Cette espèce varie quelquefois en vert clair, ayant, ainsi que
le type, la stigmatale large, blanche et continue. (PI. 2, fig. à.)
Déjà cette espèce a été observée, mais elle n’a été figurée
nulle part.
Glareosa paraît moins fréquente depuis quelques années
qu’elle ne l’était autrefois.
Voici, à propos des mœurs de cette Noctuelle, ce que me
mandait, au printemps dernier, notre collègue, M. Constant,
d’Aulun.
« Elle est fort souvent ichneumonée ; les éclosions sont en
« nombre très-réduit relativement au nombre des chrysa-
cc lides : car le parasite qui l’habite ne l'empêche pas de se
cc métamorphoser. Elle reste longtemps dan.s la terre à l'état
« de chenille avant de se chrysaîider : un mois au moins.
« Elle n’a pas de coque ; elle pratique seulement une cavité
ce arrondie, où il n’entre pas le moindre fil de soie. Je n’ai
ce jamais vu un insecte aussi régulier pour l’époque de son
23(5 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
« éclosion; il y a bien des années que je le remarque, car je
« 1 élève tous les ans. Les premiers papillons paraissent tou-
« jours au 13 septembre : cette époque n’oscille jamais
« de plus de deux jours, soit en deçà, soit au delà : et en
« très-peu de temps toutes sont écloses. Je ne dis cela, bien
ce entendu , que pour les chenilles élevées en captivité,
ce M. Guenée prétend qu’elle vit sur les Rumex : je l’y ai
ce cherchée bien des fois depuis que j’ai lu ce renseignement,
ce mais jamais je n’en ai trouvé une seule sur cette plante, ni
« sur d’autres que le Genêt à balais. Je ne dis pas qu’on ne
cc puisse l’élever avec d’autres plantes, mais c’est le Genêt
ce qui lui convient le mieux. »
Insecte parfait,. '
Envergure : 0,Ü37 à 0,058 mill.
Les ailes supérieures, entières, luisantes, à franges eonco-
lores, d’un gris bleuâtre, sont faiblement teintées de gris-
brun à l’extrémité. Elles sont traversées par trois lignes fines,
blanchâtres : les deux médianes sont arquées dans le même
sens. Ces ailes sont, en outre, maculées de trois taches noires
appuyées à la côte, dont la seconde et la troisième repré-
sentent un I grossièrement tracé. La réniforme ne se dis-
tingue du fond que par un liseré blanchâtre, très-fin, qui
l’enveloppe.
Des points nervuraux noirs, très-petits, précèdent la
frange.
Les ailes inférieures seraient entièrement blanches, si l’ex-
trémité n’était faiblement lavée de roussâtre.
La tête et le thorax sont du même gris que les ailes.
L’abdomen, également gris, est lavé de roux.
On rencontre cette espèce dans certains lieux élevés
du Lyonnais. Je l’ai prise moi-même à Saint-Germain, la
r
Annales de la Société Linnéenne, de Lyon
6™ Lin-
Année ML. Fl. 3.
F.MUèrc del.etpï
I
X Miyneaux sculp.
I- i et 2 , Zyçaena EerieveiisM, Mill .
H- 3 à 8. Rkoptria Aspercu'ia, /lut.
HL o it ij, Euboha- Malocita., Rond
fjnp. Houirte- 5. r. Mignon .
ÏÏFnù Mù/neaiuc col
Zygaena Genevensis. 237
nuit, en septembre, sur les fleurs de l’Epilobe à feuilles de
romarin.
La variété figurée par M. Herricb-Schæffer sous le n° 111,
ne paraît pas très-rare en France.
Nota. La Glareosa de Frayer, Tab. 185, dont la chenille
est si différente de celle que je public aujourd’hui, et qui
vit de plantes liasses, n’est point la Glareosa des auteurs
français. La chenille de l’Iconographe allemand ne serait-elle
pas plutôt la Margaritacea de Borkhausen?
GeoeveiasSs, Mua. (Species nova.)
( Planche 3, fig. \ et 2. )
Envergure : 0,020 à 0,022 mill.
Celte Zygène, la plus petite du genre, bien que très-voisine
de Faasta et de Hilaris , a un faciès particulier qui la fait re-
connaître de suite pour une espèce distincte. Chez les vingt -
cinq ou trente sujets cpie je suis à même de comparer, et qui,
tous, ont été pris cette année, on remarque des caractères
constants qui empêcheront toujours de confondre cette Zy-
gœna nouvelle avec les espèces congénères ses voisines.
Voici du reste la description de ma Gcnevensis. Je signa-
lerai ensuite les différences spécifiques qui la distinguent de
Faasta et de Hilaris.
Les ailes supérieures sont relativement allongées, passable-
ment aiguës à l’apex, d’un noir profond, avec cinq taches
rouge-vermillon , disposées à peu près de la même manière
que chez Fausta. Ces taches, bien que rapprochées de la
côte, ne s’y appuient pas; elles sont toutes bordées de jaune
pale. Les franges sont d’un blanc jaunâtre.
Les ailes inférieures, d’un rouge assez vif, sont bordées
de noir. La frange, courte, est brune. Les supérieures sont.
258
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
en dessous, de la même couleur qu’en dessus , mais plus
pales : on y voit les mêmes taches, mais moins bien arrê-
tées. Les inférieures sont d’un rouge moins prononcé qu’en
dessus.
Les pattes, grises, sont légèrement pubescentes.
Les palpes, cylindrieo-coniques, assez courts, sont noirs.
Les antennes, en massue, sont également noires, ainsi que le
thorax qui est relativement robuste. Le collier est rouge.
L’abdomen, cylindrique, très-noir, sans anneau rouge, est
faiblement teinté de fauve à l’extrémité.
En outre de sa petite taille, Genevensis se distingue toujours
de Faust a : 1° par l’absence de l’anneau rouge vers l’extré-
mité de l’abdomen, en dessus ; 2° par la coupe des ailes : les
supérieures sont plus lancéolées, moins arrondies à l'apex,
elles inférieures plus triangulaires, avec les angles plus aigus,
et surtout le sinus du bord extérieur plus profond que dans
la Fausta.
Elle se distingue de Jlilans non seulement par la coupe gé-
nérale qui n’est pas la même, mais encore : lo par la dis-
position différente des taches rouges des ailes supérieures;
2° par la couleur du collier qui, chez Hilaris , est toujours
plus ou moins grisâtre , tandis que chez Genevensis , il est
invariablement rouge.
Cette charmante Zygénide a pour patrie les environs de
Genève (*). Elle a été capturée abondamment en juillet der-
nier, au pied du Mont-Salève, par M. Gevril, jeune entomo-
logiste plein de zèle.
L’habitat de cette Zygénide est, m’a-l-on dit, des plus cir-
conscrits : il n’a pour toute végétation, en été, qu’un gazon
très-fin et excessivement court.
(i) C’est en souvenir de cette ville que j’ai désigné ma nouvelle Zygœna
»;lu nom de Genevensis.
ïi hop tria A speraria ,
23 9
ItlBopirSa AsgierarSa.
Hb. Ll8H. — Led. p. 99. — Collata , Treits. tora. VII, Supp.
p. 210. — Dup. Y , p. 383, pl. 196, fi g. 6. — Bdv. 1650.
— Herr.-Sch. p. 176, fïg. 258. — Gn. 1107.
(Planche 3, %. 3 à 8.)
Yoici encore une espèce sur le classement définitif de la-
quelle les auteurs ont été assez peu d’accord. Les uns en ont
fait une Larentia , d’autres une Gnophos ; Treitschke l’a placée
parmi les Aspïlates. Enfin , M. Guenée a créé pour elle le
genre Rlioptria , dans lequel il a fait entrer une seconde Pha-
lénite originaire de la Syrie (la Pagcjearia Les.) qui, pour
la coupe d’ailes, néanmoins, diffère assez notablement de
1 ' Asperaria. Je viens de découvrir la chenille de cette der-
nière et je reconnais que sa forme ne doit pas l’éloigner du
genre Stenia voisin du genre Rhoptria. C’est pourquoi je
serai , pour le classement de Collata Ta. , de l’avis de
M. Guenée.
Chenille.
Assez courte , sans éminences, très-faiblement aplatie en
dessous, avec les anneaux distincts et renflés en dessus.
L’insecte est d’une couleur peu décidée : quelquefois il est
d’un rougeâtre obscur, d’autres fois d’un brun vineux ; mais
le plus souvent il est gris et plus ou moins lavé d’ochreux.
Les lignes ordinaires sont assez peu visibles, et, sans la loupe,
il serait difficile de les définir d’une manière exacte.
La vasculaire, bien que confuse, paraît brune, continue,
finement liserée de blanchâtre à droite et tà gauche. La sous-
dorsale, ou n est pas visible, ou est, chez certains sujets, noi-
24 0 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
râtre et continue. La stigmatale est, le plus souvent, couleur
de brique.
Les stigmates, à peine perceptibles, sont blancs et cerclés
de noir.
Les trapézoïdaux, accompagne's en arrière d’un petit point
blanc, sont noirs, et, en outre, surmontés d’un poil brun,
court et raide.
Sur le ventre, qui est d’un gris bleuâtre, règne, du qua-
trième au neuvième segment, une ligne large et continue.
La tête, petite, globuleuse, n’est nullement rentrée sous
le premier anneau.
Les dix pattes sont concolores ; les écailleuses ont le dernier
article noir.
J’ai trouvé cette chenille dans le Var , aux environs
d’Hyères, du premier au quinze décembre, dans les lieux
incultes, sur le Cistus irions peliensis L., des feuilles duquel
l’insecte semble vivre exclusivement.
Il est bien étonnant que les Cistus albidus L. et salviœfolius
Lam., plus abondants aux environs d’Hyères que le vionspe-
liensis et au milieu desquels croît ce dernier, ne nourrissent
pas cette Rlioptria : du moins je ne l’y ai jamais rencontrée.
Cette espèce, qui est très-lente et dont l’attitude habituelle
est d’avoir le corps ployé, vit toujours à découvert et mange
aussi bien le jour que la nuit.
Dès la fin de décembre, mes chenilles se sont enterrées à
une petite profondeur pour se métamorphoser. D’autres fois
elles se sont contenté de lier ensemble des mousses et ont
formé une coque légère.
La nymphe, conico-cylindrique, sans aspérités, d’un brun
rougeâtre, est munie d’une pointe unique, forte et noire.
L’éclosion du Lépidoptère a eu lieu dans le courant d’avril :
quelques sujets n’ont paru qu’en mai.
Rhoptria Asperaria
S'il
Insecte parfait.
Envergure : 0,025 à 0,027 mill.
Le type a le fond des quatre ailes, en dessus, d’un gris-
brun, avec un liseré terminal noir.
Les supérieures, aiguës à l’apex, légèrement arrondies chez
la femelle, sont traversées obliquement par deux lignes prin-
cipales, noires. La première de ces lignes, mieux écrite que
la seconde, atteint rarement la côte. Les inférieures, à peine
dentées, sont traversées par deux lignes noires qui corres-
pondent à celles des supérieures.
Le dessous diffère peu du dessus , si ce n’est qu'un sablé
noir recouvre la surface des inférieures et la côte des supé-
rieures .
Cette Géomètre varie beaucoup. Je ne parlerai que de
deux aberrations qui me sont écloses en même temps que
l’espèce ordinaire, et qui ont déjà été observées. La première
est la
Var. A, üup. Sup. IV, p. 390, pl. 81, fig. 7. — Ilerr.»
Sch. fig. 254 ( Iconog. pl. 3, fig. 7.)
Elle est d’un fuligineux obscur, sans dessins ni lignes.
Avant que j’eusse rapporté cette variété de la Provence,
où elle ne paraît pas très-rare, elle était considérée comme
spéciale à l’Andalousie.
La seconde anomalie de Asperaria que j’ai obtenue de che-
nille est la
Var. B. Led. (Iconog. pl. 3, fig. 8).
Celle-ci est d’un gris soyeux, très-pâle, avec les lignes ordi-
naires bien écrites en brun.
Asperaria n’a vraisemblablement qu’une seule génération
par an.
L’insecte parfait se rapprocherait des Stenia par ses habi-
16
242 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
îucles ; car, de même que la plupart des insectes composant
ce genre, cette Rhoptria vole en plein jour dans les bois secs
et rocailleux ; toutefois elle n’est pas aussi franchement diurne
que la Stenia Clathraria. Asperaria s’envole seulement lors-
qu’un léger bruit vient troubler son repos.
Je serais surpris que celte Phalénite qui, outre la France
méridionale, a encore pour patrie la Sicile, l’Italie, l’Espagne
et la Dalmatie, fit partie de la faune de l’Auvergne, ainsi que
3e pensent plusieurs naturalistes, car il est peu vraisemblable
que le Cistus monspeliensis croisse en cette contrée.
ISsaisoliia
Ramh., Soc. ent. de Fr. 1852, p. 43, pl. 2, fig. 7. — Dup.
Sup. IV, p. 22, pl. 52, fig. 4. — Psdv. 1769. — Herr.-
Sch. p. 166, fig. 200-202. — Gn. X, 1701.
( Planche 5, lig. 9 à 17 )
Chenille.
Jeune, cette larve est d’un vert blanchâtre : elle est alors
comme enfarinée, très-molle au toucher, d’un aspect maladif,
néanmoins robuste et d’une éducation facile. Dès la troi-
sième mue, elle devient jaunâtre foncé; ce n’est qu’après la
quatrième que l’insecte passe au brun. A cette époque elle
varie du brun clair au brun foncé.
Elle est cylindrique, nullement atténuée antérieurement.
Les dixième et onzième anneaux sont surmontés d’une petite
éminence bifide et blanchâtre. Les points ordinaires donnent
naissance à un poil assez long, gris, visible à l’œil nu. Les
anneaux sont distincts; chacun d’eux, excepté les deux pre-
miers et le dernier, présentent, vus de dos, une espèce de
Eubolia Malvata.
243
triangle plus ou moins foncé, et qui tranche toujours sur le
fond de l’insecte.
La vasculaire est fine, brune, interrompue. On 11e voit pas
la sous-dorsale. La stigmatale, un peu plus claire que le fond,
est à peine accusée.
Les stigmates sont jaunes et cerclés de noir.
Le ventre, d’un blanc sale, présente une ligne longitudi-
nale grisâtre, mal écrite et se confondant quelquefois avec
le fond,
La tête, globuleuse, grisâtre, est maculée de points bruns.
Lès dix pattes sont concolores.
Depuis la fin de novembre jusqu'en février on rencontre
très-fréquemment cette chenille dans les environs de Mar-
seille, Toulon et Hyères , sur les Lavatera olbia Lin.,
punctata All. et arboreci Linn. On la trouve aussi sur les di-
verses Malva répandues dans la campagne et sur les collines.
Elle éclot peu de jours après que les œufs ont été pondus;
c’est-à-dire en octobre le plus ordinairement. L’insecte de-
meure soixante à soixante-quinze jours pour opérer toutes
ses mues, se transforme en nymphe en janvier, ou pendant
le courant de février au plus tard, et reste en chrysalide une
bonne partie de l’année, c’est-à-dire de février à fin septembre.
Cette espèce n’a, en conséquence, qu’une génération par an.
Je ferai observer que les plus fortes chaleurs, celles de
1859, par exemple, ne font jamais éclore avant leur temps
un seul de ces insectes.
Depuis plusieurs années j’élève sans interruption la Mal-
vala , au moyen d’accouplements successifs obtenus en capti-
vité, sans que les conditions anormales dans lesquelles ces
insectes sont tenus, leur fassent rien perdre en développe-
ment et en coloration.
J’avais déjà observé ce fait chez une espèce congénère de
Malvata : la Cervinaria.
24 4 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
J’ai dit que la chenille de Malvata se transformait en hiver.
Je ferai encore observer que, si elle doit demeurer en nymphe
un grand espace de temps, elle ne semble pas avoir pour sa
conservation la même pi’e'voyance dont, en général , font
preuve les chenilles qui sont appelées à passer un temps
assez long en léthargie. Cette espèce, au lieu de s’enfoncer
dans la terre , construit simplement dans les mousses, ou
même à la surface du sol dénudé, une coque lâche où elle
se chrysalide au bout de huit à dix jours.
Quelquefois la transformation a lieu dans les feuilles sèches
réunies, sans que l’insecte ait formé de coque.
La nymphe est conico-cylindrique, assez courte, renflée,
rougeâtre, terminée à l’extrémité anale par deux crochets
noirs, divergents, recourbés à la pointe, invisibles à l’œil nu.
L’anneau qui précède cette double pointe est recouvert de
tubercules noirs, agglomérés, visibles seulement à la loupe.
Insecte parfait.
Envergure : 0,028 à 0,030 mill.
Cette Géomètre qui, pour la coupe d’ailes, tient de \&Bipunc-
taria et de la Cervinaria , doit avoir, selon moi , pour type les
individus d’un brun-rougeâtre, beaucoup plus nombreux que
ceux dont le fond est jaunâtre ou blanchâtre. Du reste, Mal-
vala varie infiniment, depuis les sujets à fond blanc avec la
médiane noire, brune ou fauve, jusqu’à ceux qui ont le fond
brun-noir, uniforme, et chez lesquels l’espace médian de
même que les lignes ordinaires sont à peine perceptibles. ,
Une autre aberration (PI. 3, fig. 14) rappelant le type
pour la couleur du fond, a l’espace médian plus ou moins
brun, avec une ligne de points blancs, irréguliers de forme
et de grosseur, qui la parcourt de la nervure costale au bord
interne.
Annales de la Société Lumeenne de Lyon
5 "Ie Llvr.
Année 1861, JH. If .
Elfiliïerc- et Joaue.r
I. i a b, Lycœna Bceiiccc, Lin
]I J à a, Phyr.is ELie.Ua, Tr.
HL îo et il, Efaclia PuneCata, F .
./ Jfuméauiv j't'u/f .
Inp.Houwtc 5. r.Ttfignon
W1.'* Mym.uuv col
*
’
Lycaenct Boetica. 2 fl 5
On remarque, et cela se comprend, une foule d’aberrations
passant d’une manière insensible de la première A (fi g. l/l ),
à la dernière E (fig. 17 ).
J’ai figuré les plus intéressantes de ces variétés (PI. 5, fig.
U, 15, 16 et 17).
SSoetica.
Lin.— Fab. — Ocbs. — Bdv.70. — IIub.573 à 375.— God.
pl. 9, fig. 4, et pl. 10, fig. 2. = Le Porte-queue bleu slrié ,
Geoff. — De Vil tiers et Guenée p. 37, no 63.
( Pl. 4, fig. 4 à fi. )
Chenille.
En forme d’ovale allongé, convexe en dessus, plate en des-
sous, d’un vert olivâtre avec les taches lozangées du dos
lavées de rougeâtre.
La ligne vasculaire est large et continue. Pas de sous-
dorsale. La stigmatale , d’un vert clair, droite, est continue.
Les stigmates sont jaunâtres. On voit une ligne blanche sur
toute la longueur du ventre qui est d’un vert clair.
La tête, petite, noire, très-rétractile , est presque entiè-
rement cachée sous le premier anneau.
Les pattes antérieures sont brunes ; les autres sont cou-
colores.
Celte chenille , bien qu’ayant été souvent observée , n’a
jamais été figurée. Elle varie certaines fois en vert clair, mais
plus rarement en brun. Elle vit en août et septembre dans
la silique du Baguenaudier ( Colutea arborescens L. ) dont
elle ronge les graines encore vertes. Avant d’atteindre toute
sa taille elle passe plusieurs fois d’une silique à une autre.
24G CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Jeune , elle est presque noire , et n’attaque alors que les
gousses vésiculeuses à peine formées.
Je ne crois pas , comme le disent plusieurs naturalistes
qui ont parlé de la chenille de Boetica , qu’elle vive une
première fois en juin. Ce fait doit être peu admissible, si on
se souvient que le Baguenauclier ne donne des siliques qu’à
partir de la fin de juillet (’); or, comme l’insecte ne dévore
que les graines, il ne doit pas vraisemblablement paraître
avant leur développement. Selon moi, Boetica n’a qu’une
époque, bien qu’elle ait plusieurs générations qui se succèdent
sans interruption. On la voit voler abondamment dans nos
environs , du milieu d’août jusqu’à la fin d’octobre, dans les
lieux plantés de Baguenaudiers.
Les dernières femelles de cette cliarman te Lycœna déposent
leurs œufs sur les branches du Colutea arborescens . Ils ne
devront éclore que l’année suivante , lors de l’arrivée des
graines chargées de nourrir les jeunes chenilles de Boetica .
Cette larve ne se métamorphose pas dans la gousse dont
les semences l’ont nourrie. Arrivée à sa taille, ce qui pour
le plus grand nombre a lieu en septembre, elle s’échappe de
la silique qui la protégeait, descend parmi les feuilles sèches,
ou se fixe, la tête en haut , à une branche de l’arbuste.
Alors la transformation s’opère en moins de cinq ou six
jours.
La chrysalide , assez allongée, passablement renflée, sans
éminences, est d’un jaune testacé, ou d'un rougeâtre obscur.
Elle est maculée de nombreux atomes bruns, vers le sommet
de la tête principalement. Une raie centrale , foncée , con-
C) Les premières gousses il a Baguenauclier, malgré mes constantes
recherches, ne m’ont jamais fourni de chenilles, et ne m'ont jamais fait
supposer qu’un insecte s’y fût introduit.
Lycaena Boetica. 247
linue, partant cle la poitrine, arrive jusqu’au dernier segment.
On distingue à l’oeil nu les stigmates marqués de noir.
Les chenilles de Lyc. Boetica sont rarement iclineumonées;
j’ai pu cependant en observer deux qui avaient été attaquées
par un parasite. Douze ou quinze jours après sa transfor-
mation qui eut lieu vers le milieu de septembre , ce parasite
(PI. 4, 11g. 5) sorti au nombre de quatorze ou quinze indi-
vidus du corps de chaque chenille , me donna son insecte
parfait. Je le rapporte au Microcjaster glomeratus H.
Insecte parfait.
Les ailes supérieures sont d’un bran noir, avec le disque
d’un bleu éclatant.
Les inférieures, ornées d’une queue longue, entièrement
filiforme, possèdent, en outre, une série de trois points
noirs.
Les franges sont blanchâtres.
Le dessous des quatre ailes, d'un cendré jaunâtre, pré-
sente plusieurs lignes blanches, transversales, coupées par
les nervures. Les inférieures offrent à l’angle anal deux points
noirs, ovales, accompagnés de fauve, et cerclés inférieure-
ment de vert métallique très-éclatant.
La femelle, un peu plus grande que le mâle , a le disque
d’un violet mat.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
248
Phycls ESielia.
Treits., loin. XV, Ire part. , p. 201. Supp. X, p. 17à. —
Dup. X, p. 180, pl. 278, fig. 5. — non Herr.-Sch.
(PI. 4, Gg. 7 à 9.)
Chenille.
Fusiforme, atténuée postérieurement, glabre, d’un brun-
rougeâtre en dessus, vert obscur sur les flancs et en
dessous.
La vasculaire est large , continue, rougeâtre. On ne dis-
tingue pas les lignes sous-dorsale et sligmatale.
Les stigmates , invisibles à œil nu , sont blancs et cerclés
de noir.
Le ventre ne présente pas de lignes.
La tête, petite, rétractile, est jaunâtre. Les yeux , à peine
visibles à la loupe, sont noirs, ainsi que les mâchoires.
Le premier anneau n’est pas corné comme chez le plus
grand nombre des espèces congénères : il est seulement
marqué au milieu de deux traits noirs longitudinaux.
Les pattes antérieures sont concolores, avec le dernier ar-
ticle noir.
Cette larve n’avait point encore été observée dans ses
premiers états.
Comme la chenille de Lycœna Boetica , celle-là vit en août
et septembre dans l’intérieur de la gousse vésiculeuse du
Baguenauclier (Colutea arborescens L.) dont elle dévore les
graines avant qu’elles soient parvenues à maturité.
Ayant atteint toute sa grosseur, la chenille de Etiella s’é-
Phycis Etiella. 2 4 9
chappe de sa retraite par un trou qu’elle perce dans la paroi
de la silique qu’elle habite, et descend dans les mousses où
elle construit une coque solide dans laquelle la transformation
a lieu.
La nymphe qui, dans sa forme, n’a rien de remarquable,
est d’un brun-rougeâtre.
L’insecte parfait n’e'clot que dans le courant de juin de
l’année suivante : il ne peut donc avoir qu’une seule géné-
ration.
Insecte parfait.
Envergure : 0,024 à 0,025 mill.
Les ailes inférieures , relativement étroites , sont teintées
de vineux plus ou moins sombre. Elles sont marquées à la
côte d’une large raie blanchâtre qui, avant d’arriver à l’apex,
se termine en pointe allongée.
On voit en outre, au tiers environ de la longueur de l’aile,
une tache d’un jaune obscur, en forme de croissant, bordée
de noir intérieurement.
Les inférieures, d’un gris vineux , luisantes , ont les ner-
vures bien marquées en brun. La frange, qui est blanchâtre,
est précédée d’une teinte brune qui se fond sur l’aile.
Le dessous des quatre ailes est entièrement d’un gris
luisant, et sans lignes.
Les palpes, très -longs, sont, ainsi que la tête et le thorax,
d’un brun vineux. L’abdomen est brun.
P. Etiella , encore rare dans les collections, est, certaines
années, fort commune dans nos environs plantés de Bague-
naudiers. On la rencontre même dans les jardins de l’inté-
rieur de la ville.
Chose remarquable, c'est que cette jolie Phycis que l’on
cesse de voir pendant deux , quatre et même six années ,
250
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈHES INEDITS.
reparaît abondamment après : c’est du moins l’observation
que, plusieurs fois, j’ai faite à son égard.
Ce fut Dabi qui le premier a trouvé Etiella en Sicile ;
depuis, M. le docteur Rambur l’a rapportée de Corse.
Phycis Etiella que, je ne sais pour quelle cause , M. Her-
rich-Scbæffer a omise dans son ouvrage, doit désormais ap-
partenir à notre faune française.
Duponchel nous a dit que le nom de Zinchenella avait
primitivement été donné à cette Phycide par M. Treitschke,
mais, celui-ci, ayant reconnu qu’il était imposé à une espèce
du genre Chilo , l’a remplacé par celui de Etiella.
Maelia Psmctata»
Fab. — Ocb. — P>dv. — Dup. = Serra, Hub. — God.
— La Ménagère , Eugram. — La Phalène à quadrilles ,
Geoff.
( Planche 4, fig. 40 et 1 1 )
Chenille.
Cylindrique, d’un jaune leslacé, très-velue, couverte de
nombreux points verruqueux relativement gros , donnant
chacun naissance à cinq ou six poils noirs assez longs.
Au milieu de celte abondante villosité, il ne m a pas ete
possible de distinguer les lignes ordinaires et encore moins
les stigmates.
Le dessous, d’un gris blanchâtre, est sans lignes.
La tète et les pattes écailleuses sont d’un noir de jais. Les
ventrales et anales sont concoîores.
Nadia Punctala.
251
Cetle espèce, ainsi que sa congénère Ancilla , vit exclusi-
vement de Lichens. J’ai nourri la chenille de Punctala avec
les Lecanora et Parmelia qui croissent sur l'écorce du vieux
bois.
Une femelle de N. Punctala , que j’ai capturée dans l’Ar-
dèche, me pondit une quarantaine d’œufs vers la fin de sep-
tembre 1SG0. Ces œufs, parfaitement sphériques et d’un
aspect de métal poli , sont éclos huit* jours après leur
ponte. Je plaçai les jeunes chenilles sur la branche d’un
vieil arbre chargé de cryptogames , oii elles passèrent la
mauvaise saison.
Pendant l’hiver les chenilles de Punctala ne mangèrent
pas, mais, à partir des premières chaleurs, leur croissance
fut assez rapide.
Au moment de la chrysalidation, c’est-à-dire vers le milieu
de mai, les quelques chenilles qui m’étaient restées s’échap-
pèrent de la poche en gaze qui les contenait, de sorte que je
ne pus connaître leur nymphe.
Insecte parfait.
Envergure : 0,022 à 0, 02 4 mil!.
Les ailes inférieures, oblongues , d'un brun-tanné, sont
marquées de cinq points blancs presque diaphanes, placés
transversalement. Les deux premiers sont au milieu de l’aile,
les trois autres précèdent la frange.
Les inférieures sont d’un fauve très-vif avec une très-large
bordure terminale brune qui vient aboutir à l’angle anal.
Le dessous des quatre ailes ressemble au dessus ; cependant
les teintes sont moins vives.
La tête et le thorax sônt bruns ; le collier est fauve.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
252
L’abdomen, d'un beau jaune de chrome, est rayé trans-
versalement, de lignes noires.
La femelle, semblable au male, a le corps relativement
gros et terminé en pointe.
Cette espèce, commune aux environs de Lyon et dans
tout le midi de la France, vole autour des buissons aux pre-
miers et aux derniers rayons du soleil.
JY. Punctata a deux générations par an.
EXPLICATION DES FLANCHES.
203
EXPLICATION DES PLANCHES
Delà 5m° Livraison (-186-1).
PLANCHE î.
/
Explication des figures
T.
Fig. *1. Chenille de Butaîis Dorycniclla ( Mill. )
2. Tête et premiers anneaux grossis.
3. Chrysalide.
h. Insecte parfait.
5. là. vu en dessous.
6. Tête de l’insecte parfait grossie.
IL
Fig. 7. Chenille de Calamodes Occitanaria ( D«p. )
8. Id. Id . Var.
9. Chrysalide.
10. Insecte parfait ( race méditerranéenne ).
11. Id. (type).
EXPLICATION DES PLANCHES,
254
PLANCHE 2.
Explication des figuues.
I.
Fig. 1. Chenille de Fidonia Concordaria (Hub.)
2. Chrysalide.
3. ïnseele parfait, au vol.
IL
Fig. 4. Chenille de Noclua Glarcosn ( Hb. )
o. Id. Id. Var.
6. Chrysalide.
7. Insecte parfait.
8. Cocon,
EXPLICATION DES PLANCHES,
255
PLANCHE f,
ExCB (CATION DES FIGURES,
î.
Fig.
1.
Zygœna Genevensis (Mile.)
2.
Id. vue en dessous.
V
IL
Fig.
3.
Chenille de Rhoptria Asperaria (Hb.)
4.
Id. kl. Var.
5.
Chrysalide.
6.
Ailes de l’insecte parfait (type).
7.
Id. Id. Var. A.
( Due. )
8.
Id. kl. Var. B.
( Led. )
III.
Fig 9. Chenille de Eubolia Mnlvata (Ramr.)
10. Id. Id. jeune.
11. Chrysalide.
12. Derniers anneaux grossis.
13. Aile supérieure de l’insecte parfait (type).
14,
id.
Id.
Var.
A.
( Miel. )
15.
kl.
Id.
Var.
B.
kl
16.
kl.
kl
Var.
C.
id.
17.
Id.
Id.
Var.
D..
. Id.
25G
EXPLICATION DES PLANCHES»
PLANCHE 4.
Explication des figures.
L
Fig. 1. Chenille de Lycœna Boctica (Lin.)
2. Id. Id. Yar.
3. Chrysalide.
4. Insecle parfait, au vol.
5. Parasite.
6. OEufs agglomérés des parasites.
IL
Fig. 7. Chenille de Phycis Etiella (Tr.)
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
III.
Fig. 10. Chenille de Nadia Pundata (F. R.)
II. Insecte parfait.
Annales de Le Société Linnée/me de Lyon.
Année 1362. LU
6 Lion
B MiUière dci et pi
I. j et 2, fapithecia Gu&necUa, Mût .
3.. 3 et 4, P.'er/.r Krueperi, Star 6 et ç>
DI. 5, PierLr Eruâpcri, Slyr. tAberr. A.MMJ
Jmp. Gcrw-Croj \ r, S! Jartjuco, 33. Boris,
Migneatuü. col.
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INEDITS ,
Pau* S®. UILUÈRE.
SIXIÈME LIVRAISON.
(rséseiitces i la Société Linnéenne de Lyon, le 10 février Î8G2. )
EiipfiâIi©Cla ©tieaicafia Mill. (Speeies nova,
(PI. 1, fîg. \ et 2.)
Envergure: 0,023 à 0,024 mill.
C’csl de la Centaureata Pages., qu’elle se rapproche le plus s
elle en a le port; mais elle en diffère par des caractères
essentiels et qui sont constants. Sa parure est un peu celle
de la Linaria W.-Y., cependant ces deux espèces s’éloignent
l'une de l’autre par la taille et le faciès.
La forme générale de Gueneata est relativement moins
élancée que celle de sa congénère Centaureata , bien que
l'apex soit plus aigu. Les lignes transverses ont bien aussi
certains rapports de formes avec celles de la Centaureata ,
mais elles ne sont nullement semblables.
17
258 -CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS;
Voici au reste la description exacte de ma nouvelle Pha-
fénite.
Les ailes supérieures sont lancéolées; les inférieures, assez
courtes. Ces quatre ailes ne sont pas concolores comme dans
le plus grand nombre des Eupitliecia.
Les supérieures, d’un rouge brique, sont traversées par
une large bande vivement écrite en brun et liserée de clair
en dehors. La ligne coudée présente toujours un angle exté-^
rieur assez aigu. L’extrabasilaire est mal indiquée. Le bord
extérieur de l’aile, à partir de la troisième nervure, ainsi que
tout le bord interne, sont légèrement enfumés. Le point cel-
lulaire est gros et noir. Les traits nervuraux placés en avant
de la frange sont noirs : ils sont précédés par quatre ou cinq
points également noirs, placés entre chaque nervure du milieu
de l’aile.
Les ailes inférieures, grises, sont faiblement carnées sur
le bord: elles sont traversées par plusieurs lignes sinueuses,
dentées, assez mal écrites. Le point cellulaire est très-petit:
il manque tout-à-fait si l'insecte n’est pas fraîchement
éclos.
En dessous, les quatre ailes n’ont rien de remarquable. EÜes
sont grises, et les supérieures sont très-faiblement carnées à
partir de la coudée : celle-ci, mal indiquée, paraît confuse.
C’est le contraire aux inférieures : les lignes transverses,
ondées et dentées clu dessus, reparaissent ici, bien que mal
indiquées. On distingue le point cellulaire sur les quatre
ailes. Les franges sont concolores. Les antennes, assez cour-
tes, sont grêles et pubescentes. La tête et le thorax sont car-
nés. Les yeux, assez gros, sont gris. L’abdomen, faiblement
crêté sur chaque segment, teinté de brun dans la première
moitié de sa longueur, est d'un carné vif. La poitrine et les
pattes sont grises.
La femelle , un peu plus grande que le mâle , lui res-
259
Pierïs Kmeperi.
semble par la coloration et la disposition des dessins. Elle a
l’abdomen conique et terminé en pointe.
Gueneata devra trouver place après la Centaureala et
porter le n° 1398 (bis).
Cette charmante Eupithecia ne varie pas d’une manière
appréciable. Elle est originaire de Celles-Ies-bains (Ardèche)
où, notre collègue M. Dardoin et moi, en avons pris, l’année
passée, en août, plusieurs exemplaires.
Pendant le jour elle se tient dans les lieux frais plantés
d’Aulnes. Elle se place le plus ordinairement sur le revers
d’une feuille. Nous l’avons également trouvée la nuit sur la
Bruyère en chassant à la lanterne.
J’ai dédié celte Géomètre à mon savant ami, M. Guenée,
auteur du Species général des Lépidoptères.
Gueneata fait partie de la collection de M. Dardoin. Je la
possède moi-même en plusieurs exemplaires.
I»ier!s Mrraeiîes*!.
Stgr. Wien. Mis. 1860, p. 19.
( PI. 1, fig, 3 à S^-
Celte Piéride nouvelle tient de la N api et de la Callidice
pour la coupe des ailes et la taille : cependant le corps est
relativement moins robuste que chez ses voisines.
Le mâle mesure 0,040 à 0,042 mill. Les ailes, cVun blanc
légèrement azuré, sont très-faiblement lavées de jaune de
Naples à la base. Les supérieures sont marquées de cinq
taches sagittées, noires, dont la première large, et la dernière
très-petite; celle-ci manque chez certains sujets. Une tache
triangulaire, noire, dont le plus petit côté s’appuie à la cos-
tale, dirige sa pointe dans le sens d’une septième tache
200
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
arrondie, posée à la hauteur des troisième et quatrième taches
sagiltées du bord de l'aile. La cote est finement sablée
d’atomes noirs à sa base.
Les ailes inférieures possèdent au sommet une tache trian-
gulaire, noire, appuyant l’un de ses côtés au bord extérieur.
En outre, on distingue cinq points nervuraux noirs, petits,
à peine écrits, lesquels précèdent la frange. Celle-ci est
blanche aux quatre ailes.
Le dessous des supérieures est blanc, avec le sommet teinté
de jaune verdâtre. La tache triangulaire indiquée en dessus
est écrite ici en verdâtre. La tache noire , arrondie , du
dessus , placée entre les quatrième et cinquième nervures »
est très-apparente.
En dessous, les secondes ailes sont lavées de jaune ver-
dâtre, avec la tache triangulaire plus large qu’en dessus, mais
cependant moins bien écrite. Les petites taches nervurales
sont ici mal indiquées.
Les antennes , annelées de blanc et de noir , proportion-
nellement longues, sont terminées en massue ovoïde. Les
yeux sont d’un brun rougeâtre. Le corps, assez; grêle, est
recouvert d’une villosité blanchâtre.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, a les ailes
supérieures arrondies. Les taches noires sont larges et se
touchent par les côtés, sauf la dernière qui reste isolée.
Les inférieures ont aussi les taches très-accusées : les ner-
vurales surtout sont plus larges et mieux écrites que chez le
mâle. v
Les quatres ailes sont en outre finement saupoudrées de
noir à leur base.
Le dessous ne présente rien de plus remarquable que chez
le mâle.
Annules /1s la Société hnnécnm de Li/en
6"!c Lwr.
./Innée 18B2. PI :
1. 1 a 3, Cato céda- Puerperœ. Giorno..
II. lp à. S . Anoplua. Raniburii. Càrck
Debray scidp r
bnp. Ctay - Gros. r. S t Jacques, 33. Pari)'.
MP** Meneaux col.
Caloculci Piterpera.
201
(Àberr. A.)
Il existe une variété vernale mâle de cette Piéride. Je l'ai
figurée (pl. 1, fig. 5). Elle diffère par les taches ordinaires
plus petites et moins noires que chez le type, et par la tache
triangulaire des inférieures, remplacée par un point noir. Les
taches nervurales n’existent pas ici.
Le dessous est remarquable en ce que les ailes inférieures,
blanches, lavées de jaune à la hase, possèdent une très-
large tache verte, sablée de noir, irrégulière et qui envahit
plus de la moitié de l’aile.
Celte espèce, originaire de la Grèce, a été décou ver ïe
depuis peu de temps par M. Krueper, auquel M. Staudingor
l’a dédiée.
J’ignore si la Krueperi est élevée de chenille, mais je ne
sais rien de celle-ci.
Pnerpera.
Giorna Cal. ent. p. 242 — Tr. III, p. 558 et Sup. p. 1G3 =
Pellex, III). 435, 594, G05 — God. Il, p. 7 G, pl. 4G —
Gn. Ind. p. 249 — Bdv. 1337 — Gn. Sp. VU, p. 8G.
(Pl. 2, fig. 1 à 3.)
Chenille.
Longueur, 0,060 h 0,0G2 m. Allongée, fusiforme, faible-
ment bombée en dessus, aplatie en dessous. La tête, coupée
obliquement, est d’un jaune rougeâtre. Le huitième anneau
n’a pas, ainsi qu’on le remarque chez les espèces voisines,
la caroncule qui distingue la plupart des Catocala propre-
ment dites. Cependant le onzième segment présente une
très-petite éminence liserée de noir, bifide, s'inclinant en ar-
2 G2 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
rière. Les trapézoïdaux, faiblement indiqués en brun, ne sont
pas saillants.
Cette chenille, qui est d'un gris de souris, a les lignes ordi-
naires mal écrites. La vasculaire est double, fine, brune,
interrompue. La sous-dorsale, fine, géminée, continue et
jaunâtre. La sligmatale, claire, étroite, est moins apparente
peut-être que les précédentes lignes. Les stigmates, relative-
ment petits, ellipsoïdes, bruns, sont finement pupillés de
jaune. Les intersections des anneaux sont indiquées en oran-
gé clair.
Les pattes antérieures sont carnées, les ventrales et anales
sont concolores. Le ventre est d’un blanc bleuâtre : chaque
anneau, du troisième au dixième compris, est marqué d’une
large tache noirâtre.
Dans nos environs on ne rencontre jamais cette chenille
que sur le Saule hélix ( Salix hélix L.) qui borde les rives
du Rhône ; et c’est vainement, je le crois, qu’on la cherche-
rait sur les Salix alba , vitellina et autres.
A l’époque du jeune âge elle vit a découvert, mais arrivée à
sa troisième mue, elle descend pendant le jour au pied de l'ar-
buste, ou cherche un abri dans le voisinage, et se cache avec
un soin extrême.
C’est au zèle et à la persévérance de deux jeunes entomo-
logistes, MM. Auguste et Prosper Ferrouillat, que je dois de
connaître la chenille de Puerpera , qui, jusqu’à ce jour, avait
échappé à mes constantes recherches.
Pour se métamorphoser, l’insecte, vers la fin de juin, se
place dans un réseau de soie suspendu entre les feuilles
qu’elle a rassemblées, ou descend parmi les feuilles sèches.
La nymphe, relativement plus allongée que celle de ses
congénères, est sans aspérités ; elle est recouverte d'une cou-
che de poussière d'un gris bleuâtre. Les derniers anneaux
tournent au vineux.
Catocala Puerpera. 265
Les stigmates, bien visibles, sont oblongs et bruns.
Le dernier segment est terminé par une pointe longue et
bifide. Cette bifurcation diverge à droite et à gauche.
L’insecte, qui demeure environ un mois en chrysalide»
éclot le soir entre huit et dix heures.
Des cinq ou six Catocala qui font partie de notre faune
lyonnaise, c’est Puerpera qui éclot la première. Elle parait
dès le commencement de juillet, et on la voit voler jusqu’à la
fin d’aout.
Insecte parfait ,
Envergure : 0,0G0 à 0,062 mill.
Les aiîessont longues et épaisses. Les supérieures, d’un gris
teinté de jaunâtre, sont saupoudrées d’atomes noirs. Il n'y a
de bien marqué que les lignes basilaire et coudée, assez
écartées l’une de l’autre. La subterminale est mal indiquée.
La tache réniforme, très-apparente, est large et entourée da
nombreux atomes noirs. Les points noirs éclairés de blanc
qui précèdent la frange, sont bien écrits. La frange est con-
colore.
Les ailes inférieures, dentées, d’un rouge brique pâle, sont
largement bordées de noir. Cette bordure est interrompue
vers les trois quarts de son parcours. Il existe en outre une
seconde bandenoire, plus étroite, présentant deux angles, et
n’atteignant jamais le bord interne. La frange , assez large,
est d’un blanchâtre carné.
Les supérieures sont en dessous blanchâtres et marquées
de trois larges bandes dont les deux dernières flexieuses. Les
ailes inférieures, également blanchâtres et lavées de rouge
brique au bord interne, présentent les mêmes bandesqu’en
dessus.
Les antennes sont longues et grêles. Le thorax, de la cou-
2G4 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈUES INEDITS.
leur des ailes supérieures, est convexe, squammeux et muni
d’une crête assez courte. L’abdomen est long, conique, velu
et terminé par un petit bouquet de poils.
La femelle est semblable au mâle.
Il existe des variétés de Puerpera à ailes supérieures très-
sombres, et d’autres dont le fond est d’un gris blanchâtre.
Bien que la chenille de cette Noctuelle soit fort difficile à
trouver, l’insecte parfait vole abondamment dans certaines
localités de nos environs plantées de Scilix hélix.
Non seulement l’espèce appartient à la faune de la France
centrale, mais elle s’avance jusque dans l’Ardèche, la Drôme,
le Puy-de-Dôme, etc. Elle fait partie des faunes suisse et
piémontaise.
Puerpera n’a pas encore été rencontrée en Provence.
AssogsliSa Hamtoos'IS.
Clerk. — Ramb. Ann. de. la Soc. d’Obs. 1829, p. 2G3. —
Bdv. Ind. Mth, Add. p. 7. — Treits. Sup. p. 159. —
Dup. Sup. III , p. 550, pl. 4 G. — Gn. Ess. p. 81, Ind.
248. — Bdv. 1525. — Costa, pl. XV, f. 1, 2 (non 3.)
= Leucomelas , Clerck, pl. 1 , f . 2. = Adopta H b. —
Gey. 792, 793. — Gn. YIIÏ, p. 1380. — Stgr. Cat. 754.
(Pl. 2, fig. 4 à 7. )
Lorsqu’on connaît la chenille de Ramburii on ne peut
laisser l’insecte parfait dans les Catephia ; c’est donc avec
raison que fauteur du Species a fait entrer cette Noctuelle
dans son genre Anophia , composé de quatre espèces dont
deux exotiques.
La chenille de Ramburii que j’ai observée et que je vais
décrire appartient à la catégorie des chenilles de Noctuelles
Anoplna Ramburii. 265
ordinaires, et ne présente nullement les formes bizarres de
celles du genre Catephia dont les trapézoïdaux sont saillants
et pyramidaux.
Chenille.
Allongée , cylindrique , rase , avec le pénultième anneau
très-faiblement renflé. Elle est d’un gris brun ou bleuâtre,
pointillee de non* et h lignes ordinaires vivement colorées.
Les vasculaire et sous-dorsale, fines, continues, sont d’une
teinte aurore vive. La stigmalaîe, large, faiblement ondulée,
continue, d’un jaune de chrome, est finement liserée de
blanc de chaque côté.
La stigmataïe est suivie d’une bande large, continue, d’un
noir profond , liserée elle-même d’une teinte fauve né-
buleuse.
Les stigmates, gros, noirs, cerclés de blanc, reposent
sur un fond bleuâtre clair. Le ventre, d’un vert obscur, est
marqué, entre chaque paire de pattes, d’une large tache
noire, à la manière des Calocala.
La tête, petite, arrondie, bleuâtre, est également poin-
till ée de noir.
Les seize pattes sont concolores.
Entre la deuxième paire de trapézoïdaux, le pénultième
segment présente une tache blanchâtre.
La chenille de Ramburii , qui mange aussi bien le jour que
la nuit et qui grossit très-vite, semble vivre exclusivement stir
le grand Liseron ( Convoivulus sepium L.) dont elle dévore
les feuilles cl les fleurs.
Bien qu’elle se métamorphose et qu’elle éclose en peu de
temps, la chenille de Ramburii s’enfonce profondément dans
le sol et se construit une coque en terre fort solide, dans
la composition de laquelle il n’entre pas de soie.
17 *
2GG
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
La chrysalide est faiblement obtuse, d’un brun rougeâtre,
luisante, avec l’extrémité garnie de trois ou quatre poils
raides, courts, divergents, et qu’on ne peut distinguer qu’à
la loupe.
L’insecte parfait éelot au commencement du mois d’août,
entre trois et cinq heures de l’après-midi.
Cette espèce n’a qu'une seule génération.
La chenille de Ramburii était déjà connue, mais comme,
à mon avis, elle n’a pas été figurée d’une manière exacte , je
crois qu’on me saura gré de donner un nouveau dessin de
cette espece.
Insecte parfait.
Envergure : 0,036 à 0,038 mill.
Les ailes supérieures, étroites à la base, oblomuies, tien-
tées , ont le bord interne légèrement creusé. Elles sont
noirâtres, un peu mordorées, avec les lignes ordinaires assez
mal écrites. La coudée et la médiane, écartées, fines, noires,
sont continues. Il existe au centre cîc l’aile une éclaircie
■jaunâtre sur laquelle repose la réniforme : celle-ci est
éclairée de blanchâtre extérieurement.
Les inférieures, d’un blanc mat, sont très-largement bor-
dées de noir.
Les quatre ailes, en dessous, d’un blanc faiblement nacré,
possèdent une large bordure noire; la tache réniforme est
vivement écrite en noir.
Les antennes , filiformes, sont assez courtes. Les palpes,
courts et ascendants. Le thorax, robuste, convexe, velu, est
de la couleur des ailes supérieures. L’abdomen , également
foncé, est velu, crêté et terminé par un bouquet de poils.
Cette espèce, figurée par le naturaliste Clerck,. est depuis
longtemps connue.
P.MRière del.etpf' Debray sculpb
I :i, Timia Margarita. ç
IT. 2 à. 5 . Catocala Optala, *
lmp. Ocra/- Gros, r. S.c Jacques. 33, Parts.
aux col.
3UJ1 Utianec
207
Timia Margarita.
11 paraîtrait que Linné , qui «a du voir la figure et l’ori-
ginal de Clerck, a confondu cette Anophia avec la Leuco-
melas , puisqu’en décrivant cette dernière il cite dans sa
synonymie la liamburü.
Les individus provenant de l’Espagne semblent plus petits
et moins colorés que ceux qu’on élève à Montpellier.
L’espèce, qui n’a jamais été prise dans notre département,
est assez répandue aux environs de Marseille.
LItalie, la Sicile et l’Afrique possèdent aussi cette jolie
Noctuelle encore rare dans les collections.
Une chenille de liamburü m'a donné un parasite femelle
aptère, appartenant h la grande famille des Ichneumoniens.
J’ai figuré cet Hyménoptère (pî. 2, n° 8).
Tliiaîii. 0) Margs&adlSa.
Mb. Noct. 5R — Bdv. Ind. p. 1*01 — Dup. Sup. lii,
p. 49 4. pî. 42, fig, 4, Soc. ent. Fr. 1843, Bull. p. 50 — -
Bdv. Gen. 1382. — Herr.-Scïi. p. 57. — Gn. 1298 =
Cimelia Margarita , Led. — Stgr. Gat. 387.
(PI. 3, lig.U)
De tous les Lépidoptères, c’est peut-être cette charmante
espèce qui a le plus intrigué les auteurs qui en ont parlé. Elle
est très-anciennement connue, puisqu’elle faisait partie de la
collection de Franck, et que depuis longtemps Hubner l’a
figurée.
M. Boisduval, qui l’a placée dans ses Noctuo-Phalénides,
P) Du grec TijAio; , précieux.
2G8
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
n’était cependant pas sûr que celte espèce fût une Noctuelle,
puisqu'il dit dans son Généra, qu’il inclinait à en faire un
Bombyx.
Duponchel, lui aussi, en a fait une Noctuelle, et a créé pour
elle une tribu séparée. Ce naturaliste est allé fort loin dans
ses suppositions, puisqu’il a comparé Margarita aux Bombyx,
puis aux Géomètres, enfin aux Deltoïdes.
Les derniers auteurs qui ont parlé de cette Timia , l’ont
considérée comme une Géomètre. Ce sont MM. Herrich-
Sehaeffer, Guenée, Lederer et Stauipiger.
Margarita occupe-t-elle enfin sa véritable place ? rien ne
le prouve encore. La découverte de la clie aille doit seule
éclaircir cette question délicate.
Duponchel a dit quelques mots de la femelle de Margarita
(Sup. III, p. 497). Est-il bien certain qu’il l’ait vue? Ce que
nous dit M. Guenée me semble plus vrai : « La femelle 11e me
« paraît pas encore authentiquement connue. Les quelques
« individus qu’on m’a montrés me paraissent de simples va-
cc riétés du maie. »
J’ai eu dernièrment le bonheur de voir une femelle de Mar-
garita d’une fraîcheur parfaite et qui est bien différente du
mâle. Ellefait partie de la riche colletion de Lépidoptères de
AI. Dardoin, de Marseille, qui n’a jamais possédé que ce seul
individu femelle, bien que cependant, depuis bon nombre
d’années, il prenne le mâle tous les ans. Cet entomologiste
a consenti à me confier cette pièce précieuse pour en faire
un dessin, et je la publie aujourd’hui comme nouvelle.
Si la femelle de Margarita était ma! organisée pour le vol,
on comprendrait que depuis si longtemps elle ait échappé
aux recherches des entomologistes, mais elle a au contraire
de grandes ailes qui doivent facilement la soutenir; d’où vient
donc son excessive rareté? Le mâle, on le sait, vole la nuit
avec une très-grande rapidité autour des lumières.
2G9
Timia Margarita.
M. Dardoin et les hommes qu’il emploie à chasser cette
espèce, ne l’ont jamais prise au vol pendant le jour.
Voici la description de Margarita femelle.
Elle est sensiblement plus grande que le mâle (elle mesure
0,030 m.) Les ailes supérieures sont relativement moins an-
guleuses que celles du mâle. Les inférieures sont d’une teinte
fuligineuse, tandis cpie chez l’autre sexe, ces mêmes ailes
sont toujours plus ou moins blanches. Enfin, cela est con-
cluant: l’abdomen est renflé et plus fort que celui du mâle.
Les taches ordinaires sont ici bien développées et très-
brillantes.
Les ailes supérieures sont d’un rose vif avec une tache
basilaire ochreuse et entourée de deux lignes couleur argent
qui la ceignent presque entièrement. Une large bordure
terminale couleur d’or, cpii finit en pointe à l’angle apical,
règne dans toute la largeur de l’aile. Cette bande est bordée
du côté interne par une ligne de couleur argent.
La tache argentée delà cellule est ici très-développée.
La tête et le thorax sont roses, lavés de jaune au sommet.
Les antennes, assez largement pectinées, le sont cependant
moins que chez le mâle. L’abdomen est d’un blanc jaunâtre,
conique et terminé en pointe.
Margarita a été pris une seule fois aux environs de
Marseille. On ne trouve cette espèce que de loin en loin dans
la campagne de Montpellier. Les environs d’Aix en Pro-
vence paraissent être sa véritable patrie.
270
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Catocalst ©pasaïa.
God. Il, p. G3, pl. 47 . — Tr. Sup. p. 162. — Go. lod. p. 248.
— Bdv. 1354. — Gn. VII, p. 87. — Stgr. Cat. 898. ===
Oplabilis Mb. — Gey. 733-736.
(Pl. 3, fig. 2 à 3.)
Chenille.
Longueur, 0,036 a 0,038 ai. Demi arpentcuse, très-a plalie
en dessous, sensiblement atténuée aux extrémités et, ainsi que
ses congénères, garnie de petits appendices charnus sur les
côtés.
Jeune, elle est d’une teinte plus foncée qu’elle ne le sera
après sa quatrième mue; elle a aussi les caroncules et les
trapézoïdaux relativement plus gros qu’ils ne le seront.
Ar rivée à sa taille, elle a de grands rapports de forme et de
couleurs avec la chenille tVElecta. Elle est alors d’un jaune
isabellc clair, ou d’un gris cendré un peu jaunâtre.
Le huitième anneau est surmonté d’une caroncule d’un
jaune serin, cerclé de rougeâtre, et teinté de blanchâtre au
sommet. L'éminence du onzième segment, à demi couché
en arrière, descend en fer à cheval jusqu’à la sous-dorsale.
Les trapézoïdaux, bien visibles, sont d’un fauve plus ou
moins foncé. Les lignes ordinaires sont généralement mal
écrites. La vasculaire est double, droite, continue. La sous-
dorsale est fine, ondulée, grise. La stigmatale, également
grise, est irrégulière et très-finement liserée de brun. Les
stigmates, blanchâtres, cerclés de noir, sont moins visibles
que précédemment. Le ventre, d’un gris blanchâtre, est lavé
au centre d’une teinte carnée sur laquelle repose, entre
271
Caiocala Optât a.
chaque paire de pattes membraneuses très-écartées entre
elles, la tache noire qui est commune à toutes les especes
du genre.
La tête, aplatie, coupée en biseau, bleuâtre, est ceinte
d’un large trait jaune aurore liseré de noir.
Les pattes antérieures sont carnées; les autres sont d’un
gris bleuâtre.
M. Manuel, de Montpellier, sur ma prière, m'a envoyé
plusieurs chenilles d'Oplata, ce qui m’a permis de les obser-
ver et de faire connaître les mœurs de cette intéressante
espece.
Optcila habite le centre de la France (Gn. Vil, p. 87).
Elle vit communément aux environs de Montpellier, sur les
Salix caprea et viminalis „
Vers la fin de juillet, la chenille tisse une coque légère
entre les feuilles de l’arbre qui l’a nourrie. La nymphe est
bientôt formée, et environ six semaines après que l’insecte a
cessé de manger, il apparaît à la lumière ; ce qui arrive
toujours quelques heures après le coucher du soleil.
La chrysalide, de forme ordinaire, arrondie, avec l’extré-
mité garnie d’une pointe unique, assez longue, noire, fai-
blement inclinée, est terminée par deux crochets divergents,
destinés sans doute à maintenir la nymphe dans son hamac.
Elle est recouverte d’une efflorescence d’un bleuâtre violacé,
qui disparaît au contact des doigts. Privée de cette efflores-
cence, la nymphe est d’un brun rougeâtre.
Insecte parfait.
Envergure: 0,058 à 0,060 milî.
Les ailes supérieures, moins grandes que chez les congé-
génères, sont oblongues et rétrécies près de la base. D’un
gris faiblement bleuâtre lavé de blanc, elles ont les lignes
272
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
médianes fortement dentées. Un trait assez large, noir, part
de la base de l'aile et arrive jusqu’au centre. Les taches
réniforme et orbiculaire ne sont pas distinctes. La frange est
concolore.
Les ailes inférieures, relativement plus larges que les
supérieures, faiblement dentées, sont d’un rose tendre, et
terminées par une très-large bordure noire qui va en se rétré-
cissant à mesure qu’elle se rapproche du bord interne.
Il règne au milieu de l’aile une autre bande étroite, noire,
qui est interrompue aux trois quarts de son parcours. La
frange, assez large, est brune.
En dessous, les supérieures sont blanches, mais envahies
presque en totalité par trois larges bandes noires. Les infé-
rieures, d’un carné vif, présentent les mêmes bandes trans-
verses; cependant celles-ci sont d’un noir moins prononcé
qu’en dessus.
Les antennes sont longues et grêles. Le thorax, robuste,
convexe, carré, squammeux, participe de la couleur géné-
rale des ailes supérieures. L’abdomen, assez long, velu, gris,
est faiblement lavé de carné en dessus.
Les palpes sont fortement ascendants. Les pattes sont lon-
gues, robustes et velues.
Il existe deux aberrations de cette jolie Calocalide, la
première est la
Var. Ainanda Bdv.
chez laquelle les supérieures et le thorax sont lavés de jau-
nâtre avec les ailes inférieures d'un rose très -vif.
Celte variété n’est pas rare aux environs de Montpellier.
La seconde aberration est la
Var. Selecla Bdy.
Annales de- la Société Linnèenne de Lyon
6”PLlvr,
Jmæ 1.862, PL 8-
P.WUÜre id.'tp'r Picart se,
I . j à. S. Lasto campa Subôrifoha.Raml. 6 et g ,
11. 6 a g. IJeliophobus JÎirta, JTb. à H g.
III. lo, Cryptas ? Hirtae Mit! .
lmp. Cva/ -Gros, r. St Jacques, 33. Paris.
jfme Mir/neaux col.
273
Lasiocampa Suberifolia.
Chez celle-ci le gris des ailes supérieures est leinlé de
violet et les inférieures tournent au ronge. En outre l’abdo-
men est, en dessus, d’un rouge vineux.
Cette race, qui est fréquente en Espagne, se rencontre
accidentellement dans le département de l’Hérault.
K.a§t©eampa,
Dup. ïïï, p. 79 , pl. 57, fig. 5. — Herr.-Sch. 128, 30. —
Stgr. Cat. 253.
( PL A , fig. 1 à A. )
Chenille.
Longueur : 0,040 à 0,042 mill. Elle est plate en dessous*
convexe en dessus et recouverte d’une villosité blanchâtre.
Elle possède les appendices charnus placés sur chaque coté,
communs aux espèces congénères. Ces appendices, terminés
en cuillerons recourbés, sont bordés de longs poils conco-
îores. Le pénultième anneau est surmonté d’une petite ca-
roncule noire, qu’on retrouve d’ailleurs chez toutes les Lasio-
campa proprement dites. Chaque segment présente deux
très-petites éminences noires, qui semblent n’être que le pro-
longement île la deuxième paire de trapézoïdaux. Le second
et le troisième anneau possèdent chacun un collier aurore ,
finement liseré de noir, et coupé par cinq petits traits de
meme couleur, dont deux aux extrémités. Sur le quatrième
anneau on distingue , à droite et à gauche, au dessus du
stigmate un chevron noirâtre, diagonal et incliné en arrière.
La chenille est d’un gris bleuâtre. Cette teinte s’affaiblit
et passe au gris de souris lorsque l’insecte est parvenu à sa
taille. Le ventre , de couleur jaune paille , jaspé de noir et
18
274t CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS,
d’orangé, est marque , entre chaque paire de pattes , d’une
grosse tache noire.
Les pattes écailleuses et îc dessus des trois premiers an-
neaux sont d’un noir foncé. On voit, en outre, un trait clair
entre chaque paire de pattes ventrales.
Les stigmates, ellipsoïdes, sont blanchâtres.
La tète, aussi haute que le premier anneau, concolore ,
est suivie d’un collier en forme de bourrelet, surmonté de
cinq petites saillies noires. Celles des deux extrémités don-
nent naissance à une touffe de longs poils bruns.
Les mâchoires, assez fortes, sont brunes.
Cette chenille varie : elle présente des individus qui tirent
sur le jaunâtre.
L’espèce vit solitaire; pendant le jour elle demeure telle-
ment appliquée à la branche qui la supporte, qu’elle semble
faire corps avec elle. On la trouve sur les Quercus pubes -
cens , ilex , duzendri et quelquefois sur le robur , des feuilles
desquels l’insecte se nourrit.
Cette chenille grossit rapidement; toutefois elle est déli-
cate et demande de grands soins.
On la trouve dans une bonne partie de la Provence, mais
elle est toujours fort rare.
L’espèce a deux apparitions : la génération d’automne ne
passe pas l'hiver et se métamorphose sur l’arrière saison : elle
éclot dès îc premier printemps, c’est-à-dire à la lin de février.
C’est encore à la complaisance inépuisable de notre col-
lègue M. Manuel, de Montpellier, que je dois la connaissance
de cette larve.
A la fin de juin, époque où la chenille de la première
génération a acquis toute sa taille , elle file entre les feuilles
du Quercus ou à la bifurcation des jeunes branches une
coque molle, d’un jaune roussâtre, qu’elle place horizontale-
ment (PI. 4, fig. 2.).
275
Lasiocampa Suberifolia .
La chrysalide, obtuse, ramassée, sans aspérités, d’un noir
rougeâtre , est recouverte d’une poussière farineuse et blan-
châtre. On voit à peine les stigmates indiqués en noir.
Insecte parfait.
Envergure le a* : 0,030 à 0,032 miib
— la £ : 0,038 à 0,040 mill.
Au repos de l’insecte, le ailes supérieures forment une
carène au dessus du corps; les inférieures débordent alors
latéralement.
Les quatre ailes sont dentées , généralement d’un rouge
brique obscur. Elles sont, en outre, bordées de brun pourpré.
Les deux lignes ondulées qui traversent les supérieures, et la
ligne presque droite et diagonale des inférieures, sont fort
mal écrites. Le point cellulaire est faiblement indiqué aux su-
périeures.
Le dessous diffère assez peu du dessus.
La tête, le thorax et l’abdomen participent entièrement de
la couleur des ailes.
La femelle ressemble entièrement au mâle , sauf qu’elle
est d’un tiers plus grande, et quelle a l’abdomen très-déve-
îoppé.
(Aberr. A. Mill.)
Il existe une variété vernale de Suberifolia qui est assez
rare et dont on n’a pas encore parlé.
Elle diffère du type par la teinte générale qui est d’un gris
verdâtre. En outre, on distingue une troisième ligne (la sub-
lerminale) fort bien écrite en bran ainsi que les deux lignes
médianes.
276
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Cette race, qui éclot dès la fin du mois de février ou le
commencement de mars, appartient à la seconde génération.
J’ai figuré cette anomalie (PL 4, n° 5. ).
Héliopbobus 1116*3». '
Hb. 501 — Bdv. Icon. pl. 74 et Gen. 862 — Evcrs. 18G, — -
Gn. ïnd. 241 — Dup. Sup. ïlî, p. 176, pl. 16, fig. 4. — -
Gn. Y. p. 171 Ulochlaena Hirta: Led. Stgr. Cat. 294.
(Pl. 4, fig. 6 à 9.)
Chenille.
Atténuée postérieurement, avec les douze anneaux distincts.
Le dernier, beaucoup plus petit que les autres, est garni de
poils blanchâtres. Le corps, d’un blanc sale en dessus et sur
les lianes, est faiblement lavé de vineux à partir du qua-
trième anneau. Le premier segment est teinté de jaune en
dessus. La vasculaire, line, interrompue, est à peine écrite
en brun. Les autres lignes ne sont pas visibles. Les stigmates,
noirs, très-ellipsoïdes, sont finement pupiilés de blanc. Le
ventre, concoîore, ne présente pas de lignes.
La tête, forte, aussi haute que le premier anneau, est d’un
testacé jaunâtre. Les yeux, au nombre de cinq de chaque
coté de la tête, sont bien visibles h la loupe.
Les seize pattes sont concolores.
Cette chenille, qui ressemble un peu à celle d’un très-gros
Micro de la famille des Tortricides, a des mœurs bizarres.
Entièrement nocturne, ainsi que toutes ses congénères, elle
se tient retirée pendant le jour dans une espèce de sac fa-
briqué avec une soie légère. Ce sac est placé horizontalement
en terre à la profondeur de deux ou trois centimètres. I! ar-
rive que parfois il est simplement fixé sous une pierre.
277
Iléliophobus Ilirta.
La chenille ne sort que la nuit pour manger. Les feuilles
des rares Graminées qui sc trouvent dans son voisinage, font
seules sa nourriture. Dès qu’arrive le jour, elle rentre dans
son fourreau qu’elle a soin d’agrandir à mesure qu’elle prend
du développement.
C’est à la complaisance de notre zélé collègue., M. Dardoin,
que je dois de connaître eette larve. Elle ne paraît pas très-
rare aux environs de Marseille. Son hahilat est le versant Est
de la montagne de Notre -Dame-de-la-Garde, lieu dénudé,
presque entièrement privé de végétation.
Le 3 août dernier, je recevais plusieurs individus de cette
Iléliophobus arrivés à leur taille. Moins de dix jours après,
ils se sont transformés.
J’ai eu depuis de nouveaux détails sur celte larve aux
mœurs vraiment étranges : M. Honoré Roux, entomologiste
marseillais qui, le premier, a découvert la chenille de Ilirta ,
m’a informé cpie depuis plusieurs années de suite il l’a trou-
vée en avril, parvenue h sa taille, et que, depuis lors jusqu’au
mois d’août, cet insecte n’a pas grossi, qu’il ne l’a jamais vu
sortir de sa retraite soit le jour soit la nuit, et qu’il ne
suppose pas qu’il doive manger depuis avril jusqu’au
moment de sa transformation qui a lieu, ainsi que je l’ai dit,
pendant le mois d’août.
Il est un pai’asile de cet Iléliophobus , appartenant à la nom-
breuse famille des Ichneumoniens. Je suppose que cet Ily-
ménoptère fait partie du genre Cryptus de Latreiile ; c’est
pourquoi je l’ai nommé Crypius Hirtœ. Chaque fois que
M. Roux a fait l’éducation de la chenille de Ilirta , il a tou-
jours vu le même parasite éclore à la place de quelques-uns
des Lépidoptères qu’il attendait.
J’ai figuré ce parasite (PL 4, fig. 10).
La chenille de Ilirta forme toujours sa chrysalide dans
le fourreau meme. Celte nymphe est conico-cylindrique,
278
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
arrondie, rougeâtre, luisante, mais ne présenté rien de
remarquable.
L’éclosion du Lépidoptère a lieu au commencement d’oc-
tobre.
Insecte parfait.
Envergure: 0,033 à 00,35 mil!.
Si la chenille de flirta se distingue par ses mœurs, l’insecte
parfait n’est pas moins remarquable et présente une très-
curieuse anomalie. La femelle, découverte depuis très-peu
d’années par M. Prnux, a les ailes très-courtes et réduites à
de petits moignons. Ce fait semblerait rapprocher cet
ïléliopliolnis de certaines Phalénites du genre Nyssïa dont,
on le sait, les femelles sont presque aptères.
Le mâle a les ailes supérieures entières, veloutées, avec les
nervures, les bandes transverses et les franges, plus claires
que le fond. Le type est très-brun. La frange, assez large,
est précédée d’une série de taches brunes, cunéiformes.
Les inférieures sont grises, sans dessins, si ce n’est une
tache nébuleuse qui précède la frange.
En dessous, les quatre ailes ne présentent rien de remar-
quable : elles sont d’un gris clair avec le point discoïtlal très-
imparfaitement écrit.
Les antennes, longues, sont largement pectinées dans la
presque totalité de leur étendue. Le thorax, robuste, parti-
cipe, ainsi cpie l'abdomen, de la couleur des ailes supérieures.
Certaines variétés de flirta mâle, des environs de Marseille,
ont le fond des ailes d’un gris plus ou moins blanchâtre.
La femelle (pl. H, fig. 9), presque aptère, ainsi que je l’ai
dit, est de la couleur du mâle. Les antennes, assez courtes,
sont filiformes. Le thorax est relativement rétréci.
Les ptérygodes et le collier sont petits. L’abdomen, très-
développé, fusiforme, assez long, est presque dépourvu
d’écailles.
EXPLICATION DES PLANCHES.
270
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 6n'° Livraison (I8GI).
PLANCHE 1.
Explication des figures.
T.
Fig. 1. Eupilhecia Guencata ( Mill. )
2. Id. vue en dessous.
IT.
Fig. 3. Pieris Krueperi (Srcn. )
4. Id. J
III.
5. Pieris Krueperi , Stgr. (Aberr. A. Mill.)'
PLANCHE 2.
Explication des figures.
I.
Fig. 1. Chenille de Caiacola Puerpera Giou.
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Chenille de Anophia Puimburii (Clerck).
5. Chrysalide.
6. Insecte parfait.
7. Cocon.
8. Parasite ( 9 aptère).
280
EXPLICATION DES PLANCHES.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE 3.
Explication des figures.
ï.
Fig. 1. Timia Margarita ?.
II.
Fig. 2. Chenille de Calucola üptata God.
3 Id. ld. jeune.
4. Chrysalide.
5. Insecle parfait.
PLANCHE 4.
Explication des figures.
I.
Fig. 1 Chenille de Lasiocampa Suberi folia Eavd.
2. Cocon.
3. Chrysalide.
4. Insecte parfait </*.
5. Id. (Yar. $>)
II.
Fig. 6. Chenille de Hcliophobus Hirta lie.
7. Chrysalide.
8. Insecte parfait </L
9. Id. ?.
III.
Fig. 10. Parasite, Cryptus? Ilirlœ Mill.
Lyon — lmp. <16 F. Dumoulin, rue St-Pierre, 20.
P. Millier e et A Mignot
1.2 a 3, Xyüna S anibnamea,, Eam
H. 4 ii 7, CirroeÆa. Xerampeltna Si
lmp JJouù'te. 5. r Mignon
: ■ i B ~~ . —
Armée 1862. Fl. 33.
6
Debray sc.
Mrne' Mianeauo> col-
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INEDITS ,
Par P. MILLIÈRE.
SEPTIÈME LIVRAISON.
(Présentées h la Société Linnéenne de Lyon, le ti août <802. )
lylina Semibrnnnea.
Haw. (*) 30.— Step. II, p. 170, pi. 21, f. 3. — Gn. VI,
p. 121. — Slgr. Cat. p. 51. = Oculata , Germ. Faun. ins.
IX, pl. 18. — Tr. Sup. 112. — Gn. Ess. p. 501, Ind. 216.
— Bdv. 1206. — Dup. Sup. III, p. 373, pl. 31, f. 1. —
Herr.-Sch.-Sch. 110. = Petrificata , Dup. IV, p. 213,
pl. 115 et Sup. III, p. 370, pl. 31. = La Tachée , Engr.
371 a-b.
(Pl. 33. Fig. \ à 3.)
Chenille.
Cylindrique, sans éminences, d’un vert clair mat, avec les
lignes vasculaire et sous-dorsale fines, continues, faiblement
ondulées, plus claires que le fond.
(J) Plus généralement connue sous le nom de Oculata.
19
282
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
La stigmatale, large, droite, continue, est d’un jaune blan-
châtre. Les stigmates, très-ellipsoïdes, blancs, sont cerclés
de noir. Le ventre, sans lignes, d’un vert bleuâtre, est fine-
ment aspergé d’atomes d’un blanc mat, ainsi cpie les pattes
ventrales. Celles-ci ont la couronne carnée. Les taches pili-
fères sont d’un vert blanchâtre. La tête, assez forte , verte,
est maculée de blanc. La mâchoire et les palpes sont égale-
ment blanchâtres.
Douze ou quinze jours avant sa transformation, l’insecte
passe au vineux obscur, et les lignes ordinaires au carné vif.
Cette chenille éclot en même temps que paraissent les
feuilles du Frêne commun ( Fraxinus excelsior , L.) sur le-
quel elle semblerait vivre exclusivement. Elle grossit d’a-
bord assez lentement, mais après la seconde mue, sa crois-
sance est rapide.
L’insecte vit à découvert depuis le moment, de sa nais-
sance jusqu'à l’époque de sa transformation. Lorsqu’il est
jeune, il s'applique pendant le jour sur le revers cl’une
feuille, le long de la cote; plus tard il se retire sous
plusieurs feuilles réunies.
Vers la fin du mois de mai, la chenille descend de l’arbre
qui l’a nourrie, s’enfonce en terre, forme une coque solide,
composée de grains de terre et de soie brune. La métamor-
phose a lieu peu de jours après.
La chrysalide, d’un rougeâtre brun antérieurement, avec
la poitrine lavée de verdâtre, est allongée, bosselée en avant.
La place des ailes, celle des yeux et celle de la trompe sont
bien marquées. La pointe abdominale est courte, faiblement
relevée et terminée par deux très-petits crochets divergents.
L’éclosion du Lépidoptère arrive à la fin de septembre ou
au commencement d’octobre.
Xylina Semibrunnea.
283
Insecte pariait.
Envergure: 0,040 à 0,042m.
Ailes supérieures, étroites , allongées, brunes, couleur de
bois mort, tachées au bord interne par une teinte plus
sombre que le fond.
Il règne au dessus de l’angle interne un trait noir coupé
en deux endroits par une éclaircie étroite. Les franges sont
de la couleur du fond. Les inférieures, grises, sont teintées
de brun dans la seconde moitié de leur étendue. Les ner-
vures ainsi que le point discoïdal sont bruns.
Les quatre ailes sont en dessous d’un gris jaunâtre avec le
point discoïdal très-bien écrit.
Les antennes, assez courtes, sont pubescenles et brunes.
Le thorax, qui est de la couleur des ailes supérieures, est
carré , convexe et velu. L’abdomen, déprimé , fortement
crêté, de forme rectangulaire, rappelle la couleur générale
de l’insecte.
Cette espèce, longtemps confondue avec Petrificata , a des
mœurs et une époque d’éclosion bien différentes de sa con-
génère.
Cette Xylina éciot toujours très-tardivement : en septembre,
octobre et même en novembre, tandis que Petrificata paraît
certaines années dès le commencement du mois de juillet.
Semibrunnea appartient non-seulement à la France boréale,
mais elle paraît commune aux environs d’Hyères et dans
une bonne partie de la Provence. Elle n’est pas rare dans le
Lyonnais et dans les montagnes du Tîugey ou croissent les
Fï-ênes.
284
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INÉDITS.
Cirrωia (0 Xerampelina.
Hb. 421, 858.— Tr. II, p. 354 etSup. p. 106. — Dup. IV,
p. 249, pl. 116. — Frey. II, pl. 140. — Gn. Ind. 242
et Species, V, p. 402. — Bdv. 1178. = Centrago , Haw.
219. — Curtis. 84. — Step. III, p. 65. — Gn . V, p. 402.
- — Steg. Catal. p. 50.
(Pl. 33. Fig. h à 7.)
Chenille.
Assez courte, presque cylindrique, faiblement atténuée
aux extrémités; d’un brun rougeâtre en dessus et sur les
flancs; d’un jaunâtre obscur en dessous. La vasculaire, assez
large, continue, blanchâtre , s’élargit sur les deux derniers
anneaux et descend jusqu’à la sous-dorsale. Celle-ci est fine,
blanchâtre, interrompue. La stigmatale, étroite, sinuée, con-
tinue, brune, est bordée en dessus d’un filet noir très-fin.
Les stigmates, ovoïdes, jaunâtres, sont cerclés de noir.
La tête, globuleuse, noire. Le premier segment corné est
marqué de traits blanchâtres correspondant aux lignes vascu-
laire et sous-dorsale. Les seize pattes, concolores.
L’espèce, qui est rare dans notre département , paraît être
assez fréquente aux environs d’Autun; c’est de cette ville
qu’elle me fut envoyée par notre collègue , M. A. Constant.
Elle vit sur le Frêne commun ( Fraxinus excelsior). Dans l'âge
adulte, vers la fin d’avril , elle se cache au pied du tronc.
Au commencement de mai , mes chenilles sont descen-
(1) Genre créé par M. Guenée. — Xanthia Tr. Bdv. — Athetmia Hb.
Cirrœdia Xerampelina. 285
dues en terre assez profondément : chacune d'elles a formé
une coque solide composée de soie et de grains de terre, où
elles sont restées jusqu’au moment de la chrysalidation, qui
n’a lieu que pendant le courant de juillet. La nymphe, d’un
rouge brun-foncé, luisante, est conico-cylindrique, avec la
gaine des antennes un peu saillante. Une seule pointe très-
courte la termine. La Noctuelle éclot dans le courant d’août.
Insecte parfait.
Envergure: 0,029 à 0,050 m.
Les ailes supérieures, dentées, coudées vers leur milieu ,
à lignes tranchées et à couleurs chaudes, sont d’un jaune vif,
avec l’espace médian et le bord terminal d’un rougeâtre
clair. La tache réniforme est rougeâtre. Les lignes extrabasi-
laire et coudée , en trapèze rétréci inférieurement, sont , la
première presque droite, la seconde arrondie à la hauteur
du coude. Les ailes inférieures sont carnées sur le bord.
En dessous les quatre ailes, sans dessins, blanchâtres, sont
teintées de ferrugineux foncé au bord terminal.
Les antennes, ciliées. Les palpes, courts, sont légèrement
ascendants. Le thorax, convexe, caréné au milieu, participe
de la couleur des ailes supérieures.
L’abdomen , blanchâtre, grêle, dépassant les inférieures,
est caréné chez les mâles.
La femelle est à peu de chose pi'ès semblable au mâle ;
elle a seulement les antennes filiformes et l’abdomen court,
renflé et obtus.
Var. A.
Cette aberration a les ailes supérieures envahies par la
teinte rougeâtre : l’espace médian est alors plus foncé que
28G CHENILLES ET LIÎPIDOPTEIIES INEDITS.
chez le type et absorbe la réni forme qu’ou ne voit plus. Les
lignes médianes seules sont distinctes.
La Xerampelina semble appartenir au centre, à l’est et au
sud de la France.
Elle fait encore partie de la Faune anglaise et de la Faune
suisse.
Plusieurs provinces allemandes la possèdent aussi.
IPsycle® CtosBiiefranfeEla 5 Mill.
( Species nova. )
( PI. 34. Fig. \ à 8. )
Guenille.
Vermifonne, renflée au milieu , atténuée aux deux extrémi-
tés, rougeâtre en dessus et sur les flancs, livide en dessous.
La tète, petite, globuleuse, est d’un noir de jais. Les trois
premiers anneaux sont recouverts d’une plaque écailleuse,
noire, luisante, et séparés supérieurement par un trait trans-
versal d'un blanc vif. Le dernier segment, étroit, est égale-
ment recouvert d’une écaille noire : celle-ci est très-petite. Le
corps, assez plissé, n’a pas de lignes en dessus ni en dessous.
Les pattes antérieures sont noires; les ventrales, très-petites,
à peine distinctes, sont concolores ; les anales, brunes. Je
n’ai pu distinguer les stigmates. Les trapézoïdaux sont bruns.
La villosité, fine, noire, n'est perceptible qu’à la loupe.
La chenille de la femelle, qui ressemble à celle du mâle, est
plus grosse du double.
La chrysalide est, carénée jusqu’aux anneaux : elle est d’un
jaune rougeâtre assez vif. La place des yeux, assez saillante,
est indiquée en brun.
^4nnales de la Société Linnéenne de Lyon .
Livr.
Année 1362. Fl 3±
P MiUiere el . 1. Jfùrne/
Uebrau sc ,
1.2 à 8. psi ch, &ondcla tella
H n h . : "/ direct ivaUra/w WM.
AP!* r col.
Inip . IL' ui j te, S.r 3han*'n
287
Psyché Gondebantella.
La nymphe de la femelle, conique, rougeâtre, tire sur le
brun vers les derniers segments.
L’éclosion de l’insecte parfait a lieu à la fin de mars ou
pendant les premiers jours d’avril. Si le printemps est pré-
coce, le Lépidoptère paraît douze ou quinze jours plus tôt.
Le fourreau du mâle est de moitié plus petit que celui de
la femelle. Il est construit de nombreux brins de mousse
( Lishea sericea) appliqués les uns au-dessus des autres.
La chenille de Gonclebaulella a les mœurs de celle de
Constancella , c’est-à-dire qu’elle éclot dès la fin d’avril ou au
commencement de mai , grossit lentement , et atteint toute
sa taille en automne. Elle ne se fixe pas alors définitivement
pour opérer sa métamorphose : elle passe l’hiver attachée à
une plante, et, aussitôt qu’arrivent les premières chaleurs du
printemps, on la voit manger encore, puis choisir un heu fa-
vorable oh elle attache son fourreau, soit à une tige d’herbe ou
à une petite pierre (ce dernier cas est rare), soit à la terre.
Elle est aloi's littéralement perdue au milieu des mousses
courtes et serrées dans les lieux incultes oh elle vit habituel-
lement. Ces lieux sont toujours des coteaux exposés à l’est
ou au sud-est.
ï INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,01 G à 0,017 m.
Il lient pour la taille de Massilialella I>rd. et de Tabanella
Edv. ( Trichocerella , Rarnb.). Cependant le corps et l’abdo-
men de Gondebautella sont relativement plus exigus que ceux
des espèces voisines auxquelles je la compare.
Cette Psyché pourrait encore être comparée à Plumiferella ,
Brd. ( Plumifera , Och.) si elle n’était plus grande que cette
dernière et si surtout scs ailes n’étaient plus allongées. Les
288 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
fourreaux de ces deux espèces ne se ressemblent pas d’ail-
leurs.
Les ailes supérieures sont allongées, arrondies à l’extré-
mité, à demi-diaphanes, d’un noir fuligineux mat, sans au-
cun dessin , avec la nervure costale noire et un peu dépri-
mée au tiers de sa longueur.
Les inférieures sont de la même couleur que les supé-
rieures.
Les franges, assez longues, sont plus enfumées que le
fond.
Les antennes, garnies de longues et très-fines barbules,
sont cl’un noir de suie. Les palpes, représentés par deux
faisceaux de poils abondants très-fins, sont cl’un noir pro-
fond. Le thorax et l’abdomen, assez grêles, ainsi que je fai
dit, sont velus, mais pas tellement qu’on ne puisse distin-
guer le fond , qui est d'un noir luisant.
La femelle , assez courte, molle, vermi forme, légèrement
aplatie sur les côtés, conique, coupée carrément à l’extrémité,
n’a cpie d’imperceptibles rugosités à la place des pattes mem-
braneuses de la chenille. Elle est , à partir du cinquième
segment, recouverte d’une matière tomenteuse et blanchâtre.
Le corps est jaunâtre, avec les premiers anneaux tirant sur
le brun. La tête, petite, lenticulaire, est noire. Les yeux sont
gros et noirs. Le thorax, écailleux et noir.
Fécondée , la femelle ne tarde pas à déposer ses œufs :
ceux-ci n’éclosent guère cpie quinze ou vingt jours après leur
ponte. Il ne reste alors plus du corps de la mère que la tête
et une petite peau ridée.
Gondebàutella est très-ardent ; j’en ai été un jour témoin.
Un mâle venait cl’éclore, il était à peine développé, qu’attiré
par l’odeur d’une femelle non encore éclose, il tenta, vaine-
ment bien entendu , d'effectuer l’acte copulatif. Ses efforts
Psyché Gondehautella. 289
impuissants pour arriver à son but durèrent près de deux
heures.
Un petit Ichneumon attaque cette nouvelle Psychide, mais
en de très-faibles proportions. Cet Hyménoptère qui paraît
huit ou dix jours avant l’éclosion du Lépidoptère m’a semblé
appartenir au genre Eurytoma de Illiger.
Les Eurytomes, tous de petite taille, considérés jusqu’à ce
jour comme parasites de larves de petits Hyménoptères ,
peuvent très-bien l’être de certaines chenilles de Microlé-
pidoptères.
Gondehautella (*) vole en abondance dans certaines localités
plus ou moins élevées du Bugey. Je ne l’ai jamais rencon-
trée aux environs de Lyon, que pourtant j’explore depuis bien
des années.
Les premières Gondehautella que j’ai obtenues furent prises
au vol. A cette époque je fus très-désireux de connaître le
fourreau. Je le cherchai avec une grande persistance.
Je suivis de l’œil un mâle qui , avant de se poser , volti-
gea longtemps , puis s’abattit sur le gazon et disparut sous
la mousse basse. C’est alors que je pus le saisir au moment
de l’acte de la copulation. De ce moment il m’a été possible
de savoir que le fourreau était fixé à la terre , enfoncé sous
les mousses.
Obs. — Des faits semblables à celui que je vais citer
sont sans doute connus de bon nombre de mes lecteurs ;
mais ils sont ignorés, je le crois, de plusieurs entomologistes;
je n’hésiterai donc pas à dire ce que j’ai vu à l’égard de
cette Psyché nouvelle.
(J) En souvenir du roi bourguignon Gondebaut dont l’antique forteresse
ruinée domine le pays, et au pied de laquelle j’ai trouvé cette espèce pour la
première fois.
19 *
290 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
Gondebautella femelle, aulanl que les autres Psyché que j’ai
pu observer dans leurs mœurs , possède à un haut degré la
faculté d’attirer le male- Placée sur le lieu de sa naissance, si
l'heure est propice et l’état du ciel convenable, sa présence
fait arriver les males qui volent en quantité autour de
la boîte ouverte qui la contient.
J’ai mis plusieurs fois en usage cet excellent moyen d’ob-
tenir un nombre assez considérable de Psyclie mâles.
Pour réussir il faut que le soleil soit chaud et brillant.
Celte curieuse chasse qui ne peut s’effectuer qu’à poste
fxe , ne dure guère qu’une heure et demie ou deux heures
au plus : de huit à neuf heures et demie ou dix heures.
Passé ce temps on ne voit plus voler une seule Psyclie ,
resterait-on jusqu’à la fin du jour. Cependant si la matinée
n’a pas été belle, et si, au contraire, le soleil se montre dans
l’après-midi , les Psyclie volent alors, mais en petit nombre.
l®ae«lBsca iLavagcrana, Mill.
( Species nova . )
(PI. 34. Fig. 9 à 13.)
Chenille.
Assez courte, un peu convexe,' atténuée aux deux extrémi-
tés, d’un blanc jaunâtre, certaines fois teinté de rougeâtre en
dessus. La tète , lenticulaire, est d’un testacé jaunâtre. Les
yeux, gros, saillants, bruns. Les mâchoires, fortes et rougeâ-
tres. Le premier anneau, corné jusqu’aux trois quarts de sa
longueur, est finement échancré au milieu du dos. Cette
échancrure est d’un blanc vif. Le tube intestinal est indiqué
Paedisca Lavaterana. 291
en brun sur toute la région dorsale. La ligne sligmatale est
représentée par une carène concolore très-peu saillante. Le
ventre , blanchâtre, n’a pas de lignes. Les pattes écailleuses
sont brunes ; les autres, blanchâtres. Les points pilifères ,
relativement gros, sont bruns : ils se détachent sur le fond
clair. Une villosité courte et blanche surmonte chacun de ces
points tuberculeux.
La chenille de Lavaterana (*) vit abondamment sur la
Lavatera arborea L. , au cœur meme de la plante, jusqu’à
l’époque de sa chrysalidation. Celte plante ne croît qu’en, un
seul lieu des environs de Marseille, à l'ile du château d’If,
située à environ quatre kilomètres de la terre ferme. Celte
île, qui n’est qu’un rocher aride, possède au nord de la for-
teresse des pentes recouvertes d’un peu de terre végétale où
croissent quelques rares pieds de Lavatera arborea : ils sont,
je pense, la seule végétation de l’ile (2).
La petite chenille descend à terre pour opérer sa métamor-
phose, ou bien se place dans le pli d’une large feuille dont
elle fixe les bords avec des fils de soie.
La nymphe est allongée , d’un jaune rougeâtre. La place
des yeux est fortement indiquée en brun.
Lavaterana éclot dès le milieu de février ; on peut croire
qu’elle a plus de deux générations par an, car, vivant sur une
plante toujours verte , la première génération subit toutes
ses métamorphoses en hiver , en un temps relativement
très-court.
(’) Du nom de la plante qui la nourrit.
(2) J’ai trouvé dans les fossés du château plusieurs pieds de celte Lava*
lera, et avec eux des larves de Lavaterana.
292
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,
Insecte parfait.
Envergure : 0,015 à 0,010 m.
Les ailes supérieures, assez allongées, rectangulaires, avec
la côte faiblement arquée, sont terminées carrément. Sur un
fond jaune plus ou moins obscur on distingue trois taches
principales très-brunes ainsi disposées : la première , cle
forme rectangulaire , placée au tiers de l’aile , appuyée au
bord interne , s’élève à la moitié environ de son milieu : la
seconde tache, aux trois quarts de l’aile sur le bord inférieur,
projette sa pointe dans la direction de la troisième tache :
celle-ci, située à l'apex, petite relativement aux deux précé-
dentes, est complètement circulaire. L’écusson, assez grand,
blanchâtre, placé au bord subterminal, est finement cerclé de
brun : il est maculé de trois ou quatre taches noires de for-
mes diverses.
Les ailes inférieures, d'un brun fuligineux , sont conco-
îores.
Les supérieures, en dessus, sont d’un brun noirâtre, avec
les franges et la tête jaunâtres. On distingue souvent vers le
milieu de l’aile une éclaircie oblongue et blanchâtre. La tache
orbiculaire de l’apex est ici très-visible. Les inférieures, en
dessous, sont semblables au dessus.
Les antennes, simples, sont courtes ; les yeux, gros. Les
palpes, assez longs, blanchâtres, sont recouverts de nom-
breuses écailles. La tête et le thorax sont bruns. La poitrine
et les pattes, blanchâtres.
La femelle, d’une teinte généralement plus claire que le
mâle , est d’un tiers plus grande que lui. Cependant les ta-
ches caractéristiques ont la même disposition que chez ce
dernier,
P- MtUtvc, rt Joaue-r
1 .1 ,1 5, Sehdc, renia Perspersaria Vup
II. o ,s' Pt . ’ùi îr v lüldct ‘ai \ ' n
lmp. Jlcutstc- S.r.iftonon .
iry Manauti* col.
—
-J
21)3
Selulosema Perspersaria.
Lavaterana doit vivre dans toutes les parties de l’Europe
oh croissent spontanément les Lavatera. Celte nouvelle
Pœdisca devra, dans les Platyomides de Duponchel, trouver
place entre la Scutulana , W. et la Similana , W.
SelialoseBMsa BD«‘s,sp<ra*$ar2a.
Dup. IV, p. 458, pl, 1G9, fig. 1-2 et aber. Miniosaria, IV,
p. 368, pl. 1G0, fig. 4. — Treits. Sup. X, p. 192. — Bdv.
14G9. — Herr.-Sch. p. G7, fig. 51-56. = Enconista Per-
spersaria., Led. — Stgr. Cat. p. 73. = Scodiana Persper-
saria, Gn. X, p. 143 et Selulosema Miniosaria X, p. 149.
. (Planche 35. Fig. 1 à 4.)
Je viens de découvrir la chenille de Perspersaria : par
suite de sa connaissance , je crois nécessaire d'enlever cette
espèce des Scodiana. parmi lescpielles tous les auteurs français
font placée jusqu’à ce jour, et de la faire entrer dans le genre
Selulosema. Celte chenille a, en effet, tous les caractères de
celles des Selulosema connues et n’a, au contraire, aucun de
ceux des larves des Scodiana proprement dites, qui se distin-
guent par le douzième anneau profondément bifide et par
le onzième surmonté d’une éminence spiniforme. Ce qui a
causé l'erreur des naturalistes qui depuis quelques années
ont fait de Perspersaria une Scodiana , c’est, je le crois du
moins , la primitive confusion à l’égard d’une chenille, autre
que celle de Perspersaria , figurée sous le nom de cette
dernière Phalénite.
Dans la collection iconographique des chenilles d’Europe
par MM. Boisduval , Rambur et Guaslin, je vois, à l’article
des Géomètres (Pl. 2, fig. 1 et 2) deux dessins de chenilles
29 'l CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
nommées P ers per s aria , qui évidemment ne représentent
pas celte espèce.
J’ai élevé plusieurs centaines de Perspersaria sans mé-
lange d’aucune autre espèce : pas une n’avait le douzième
anneau spiniforme , ni le onzième surmonté de la caroncule
bifide , caractères importants si bien reproduits dans les
deux figures citées. Ce qui vient encore confirmer mon opi-
nion , c’est que la chenille publiée dans Idéographie de
MM. Boisduval , Rambur et Guaslin , est figurée sur une
branche de Dorycnium. , plante sur laquelle vit en Provence
la chenille de la S. Emucidaria , tandis qu’on ne rencontre
jamais celle de Perspersaria ailleurs que sur les Genisla et
les Ulex.
Chenille.
Sans aucune éminence, complètement cylindrique , nul-
lement atténuée, ni carénée; à tête assez forte, globuleuse,
presque aussi haute que le premier anneau ; à lignes ordi-
naires, nettes, larges, continues. Le corps, la tête et les
pattes sont maculés de nombreux points foncés.
Le type est bleuâtre, violacé sur le dos et les flancs. Le
ventre, d’un carné plus vif.
La ligne vasculaire, brune, continue du premier au
onzième segment, est finement liserée de jaunâtre. La sous-
dorsale est claire et continue. La stigmalale, large, blanche,
est maculée sur chaque segment de deux taches jaune de
chrome , placées à droite et à gauche de chaque stigmate.
Les organes de la respiration, assez gros, sont noirs et
accompagnés des deux côtés d’un point brun.
La région ventrale est marquée de trois lignes noirâtres
finement liserées de blanc. Les dix pattes sont concolores.
/
Sclulosema Perspersaria. 29ü>
Cetle chenille varie en vert. En outre du type , j’ai figuré
celte variété (PI. 55, n° 2.).
J’ai trouvé la chenille de Perspersaria en grande abon-
dance élans l’Ardèche sur le Genista scorpius L. (') au milieu
d’abondantes touffes de Dorycnium.
L’insecte sort de l'œuf au commencement de mars, alors
que les fleurs du Genista scorpius bourgeonnent à peine. Il
ronge uniquement la fleur, grossit rapidement, demeure
constamment à découvert et se cramponne avec une grande
ténacité aux branches.
Devenu adulte vers le milieu d’avril , il se métamorphose
alors. Son état de nymphe dure au moins cinq mois. Lin-
secte parfait éclot en septembre.
La nymphe, de forme ordinaire, est conico-cylindrique,
assez allongée, d’un brun rougeâtre, et finissant par une
pointe unique.
Insecte parfait.
Envergure : 0,038 à 0,040 m.
Les ailes sont épaisses, entières ; les supérieures, grandes,
sont chez le type cl’un gris ochreux plus ou moins vif et
striées de brun. Les lignes transversales ordinaires sont ou
mal indiquées ou nulles.
Les inférieures, plus pales que les supérieures, bleuâtres
à la naissance, sont également striées de brun. Les taches
cellulaires, visibles aux quatre ailes. Des points nervuraux (*)
(*) Je sais qu’aux environs de Marseille et de Montpellier elle vit sur les-,
Vie x.
' 296
cheniii.es et lépidoptères inédits.
noirs précèdent les franges. Celles-ci sont longues, bien
fournies, concolores.
Le dessous des ailes diffère peu du dessus : il est seule-
ment un peu plus clair, mais tout autant strié de brun.
Les antennes, concolores, sont pectinées jusqu’au sommet.
La femelle, un peu plus grande, est généralement d’une
teinte plus grise, moins chaude que le mâle.
Var. Miniosaria.
, i
Boarmia Miniosaria , Dup. IV, p. 368, pl. 160, fig. 1. —
Bdv. 1503. = Scodiana Miniosaria, Gn. [Errata 1156 bis).
= Enconista Var. Miniosaria , Stgr. Cat. pag. 75.
L’individu obtenu ex larva et figuré (Pl. 35, no 5) n’est
qu’une aberration de Perspersaria , bien que très-différent
de celle-ci par la coloration.
J’ai toute raison de penser que cette variété est la Boarmia
Miniosaria de Duponchel , et que la Scodiana Miniosaria de
M. Guenée est cette même variété. La description que ce
dernier auteur donne de cette prétendue espèce ( Errata
1156 bis) se rapporte de tous points à l’anomalie que j’ai
obtenue de chenille.
Elle est de la taille des grands exemplaires de Perspersaria,
d’un gris foncé ou cendré, selon les sujets, et maculée de
stries brunes toujours bien écrites. La tache cellulaire, aux
quatre ailes, est constamment visible en dessus et en des-
sous. Les nervures et le bord antérieur sont teintés de fauve.
Le dessous est d’un gris blanchâtre luisant et strié de
brun.
297
Polia A rgillaceago .
Je crois donc indispensable de supprimer les noms de
Boarmia Miniosaria Dup. et Scodiana Miniosaria Gn.
L'auteur du Species soupçonnait d’ailleurs que cette pré-
tendue espèce n’était qu’une aberration de la Géomètre à la-
quelle je la rapporte, puisqu’en parlant de Miniosaria , il
nous dit (X, p. 543) : « elle se place tout à côté de Pers -
« persaria , si même elle constitue bien une espèce distincte
« de cette dernière. »
Sel. Perspersaria n’a qu’une génération ; elle ne vole ja-
mais pendant le jour, à moins quelle ne soit dérangée. La
nuit on l’approche sans peine avec la lanterne. Par un temps
favorable on la voit en quantité accrochée aux branches des
Genista.
Ce Lépidoptère est paresseux, vole lourdement et se laisse
prendre sans peine avec la pince.
Perspersaria , commune dans l’Ardèche, l’Hérault, le Var
et les Bouches-du-Rhône , a été trouvée dans les Pyrénées -
Orientales. Elle doit appartenir à l’Italie, à l’Espagne, à la
Sicile où abondent les divers Genista et Ulex qui , dans le
Languedoc, m’ont fourni sa chenille en si grand nombre.
Polia Argfiîlaceag®.
Ilb. (!) 682. — Gn. 1027 et Species X, p. 37. — Stgr. Cat.
312. = Venusta Bdv. Ind. meth. addend. p. 4, et Gcn.
1027. — Dup. Sup. III, p. 284, ph 26 , fig. 3. —
Herr.-Sch. 58-59. — Stgr. Cat. p. 42.
(PI. 35. Fig. fi à 9.)
C’est vers la mi-octobre, quinze ou vingt jours après que
l’œuf a été pondu, qu’éclot la chenille. À cette époque elle est
(1 ) Plus connue en France sous le nom de Venusta.
20
298
CÏIENIIT.ES et lépidoptères inédits.
d’un vert clair, couleur qu’elle conservera jusqu’après sa
troisième mue. Adulte, elle est presque cylindrique, faible-
ment atténuée aux extrémités, rase, lisse, allongée, grosse,
pleine, d’un vert roussâtre tirant sur le terreux, et finement
ponctuée de vert foncé sur tout le corps. Les lignes ordinai-
res sont assez peu tranchées. On ne voit pas la ligne vascu-
laire : elle semble remplacée par un gros point oblong, vert
foncé, placé sur chaque intersection. La sous-dorsale, fine,
continue, verte, est éclairée de jaunâtre en dessus. La stig-
matale, assez large, continue, tremblée, blanchâtre. Le
ventre, dépourvu de lignes, ainsi que le plus grand nom-
bre des Noctuelles, est d’un vert blanchâtre.
Les stigmates, ovoïdes, blancs, sont finement cerclés de
noir. La tête, globuleuse , assez petite, d’un testacé rougeâ-
tre : couleur qui se prononce sur la partie frontale. Les pattes
antérieures sont jaunâtres ; les ventrales et anales , conco-
îores.
Les trapézoïdaux , peu saillants, sont indiqués en vert
foncé et surmontés d’un poil fin , court et blanchâtre.
C’est vers la fin de mars que cette chenille est arrivée cà sa
taille. Elle n’est pas Ircs-rare dans le midi de la France.
Elle vit sur diverses espèces d’arbrisseaux. Je l’ai trouvée
aux environs de Marseille sur VUlex parviflorus Pourr. , le
Calycotome spinosa Link., le Sparlium junceum L., les Cistus
albidus et salviœfolius. Dans la campagne de Celles les-Bains
(Ardcche) sur le Genista scorpius DC. , le Cistus laûrifolius
L., le Dorycnium suffruticosum Yiîl. et le Thymus vulgaris
L. C’est surtout le Genista scorpius qui me l’a fournie eu
certaine quantité.
Une chenille qui vit sur des genres de plantes aussi éloi-
gnés l’un de l’autre que les Cistus, les Ulex et les Thymus ,
peut être regardée avec raison comme polyphage, car il est
299
Polia drgillaceago.
supposable qu’elle habite encore une grande quantité de
plantes intermédiaires ou voisines.
Pour obtenir abondamment celte chenille, il faut la cher-
cher la nuit avec la lanterne. Elle vit à découvert jusqu'après
sa deuxième mue, puis elle se tient pendant le jour soigneu-
sement cachée au pied de l’arbuste. En cela elle se comporte
autrement que la plupart de ses congénères qui , presque
toutes, vivent constamment fixées aux feuilles et aux tiges des
plantes.
Pour se métamorphoser la chenille s’enfonce en terre à
quelques centimètres et se chrysalide au bout de peu de
jours.
La nymphe, conico-cylindrique, d’un brun rougeâtre, n’a
absolument rien de remarquable dans sa forme.
L'état de nymphe dure près de six mois : le Lépidoptère
éclot à la fin de septembre.
Insecte parfait.
Envergure : 0,038 à 0,040 mill.
Les ailes supérieures sont d’un jaune plus ou moins argi-
leux, avec l'espace subterminal lavé de rougeâtre. Les lignes
médianes foncées laissent voir les taches ordinaires, ochre li-
ses, se détachant sur le fond blanc.
Les ailes inférieures sont d’un blanc pur. La tête et le
thorax participent de la couleur des premières ailes.
La femelle , un peu plus sombre que le mâle, a les ailes
inférieures entièrement grises , sauf la frange qui est blan-
châtre.
Celte espèce varie beaucoup. En outre des variétés A et B
300 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
de M. Guenée (VI, p. 38), je signale une troisième aberra-
tion.
Yar. C.
Celle-ci, assez fréquente dans l’Ardèche, a les ailes supé-
rieures et le thorax d’un rouge argileux très-chaud, avec l’es-
pace médian presque noir.
Argillaceago appartient à la France méridionale, au dépar-
tement de l’Ardèche, et sans doute à d’autres parties de la
France. Elle a été capturée une fois aux environs d’Autun
par M. Constant.
Celte jolie Polia appartient aussi à la Russie méridionale
d’où nous la recevons de temps en temps. Le type y est
semblable au nôtre.
Obs. — Le 20 septembre 1861 , par un temps chaud et
pluvieux , j’ai capturé à Celles-îes-Bains , la nuit , au milieu
d’un vaste champ couvert de Genisia , scorpius un grand
nombre de Argillaceago qui volaient étourdiment autour
de ma lanterne ; ou bien je les saisissais accrochées aux
branches des Qenista sur lesquelles sans doute les femelles
venaient déposer leurs œufs.
Livr.
PÎnnee JÔ62. Pi. 36.
P. Millure- dd
Ellopia Fasciaria. L.
h.'s Dumetata -,T. CFàrJDaula
lmp. Eouisu 6 r. Mignon, Poj l
IIme ITioncaux- col.
Ellopia Fasciaria.
301
EHopla Fasciaria.
Lin. S. N. 216. — Clerck pl. 5, fig. 5. — Wien.-Verz. A. 2.
— Brahm. 121. — Fab. 100. — Bork. 4. — Schr. 1606.
— Sepp. IV, pl. 50. — Panz. 24. — Hb. 5. — Haw.,
p. 501. — Treits. I, p. 97, II, p. 297 et Sup., p. 175. —
Dup. IV, p. 153, pl3 141, fig. 5. — Stepli. III, p. 177. —
Wood 493. — Bdv. 1431. — Herr.-Sch. p. 39. — Led.
— De la H. 64. — Gn. IX , p. 130, et aber. Prasinaria ,
p. 131. — Stgr. Cat., p. 68. = Prosapiaria, Linn. 222.
— Clerck. pl. 3, fig. 1. — (nonFab.) — Neustriaria , Hufn.
(Pl. 30. Fig. là 0 .)
Je crois avoir enfin éclairci uue question entomologique
demeurée obscure jusqu’à ce jour. Les anciens auteurs regar-
daient généralement Fasciaria et Prasinaria comme deux
espèces distinctes ; les modernes , pour la plupart , les ont
réunies et n’ont plus considéré l’une que comme variété de
l'autre.
Si M. Guenée eût pu observer la chenille de cette Ellopia
et celle de sa variété Prasinaria , bien certainement il n’eût
pas, dans son Species général des Lépidoptères, séparé celle-
ci de Fasciaria. L’une et l’autre ne sont à mes yeux qu’une
seule et même espèce. Fasciaria , qui est le type, vit dans nos
environs sur le Pinus sylvestris (1), tandis que sa variété
Prasinaria ne se rencontre que sur les Abies de nos mon-
( *) Elle vit en outre sur d’autres Conifères ( Dup, VII, p. 1 33).
502 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
tagnes voisines. Les Sapins du Lyonnais, du Bugey et du
Forez , que j’ai explorés maintes fois , me l’ont fournie à
toutes les hauteurs.
Poursuivant chaque année mes observations sur la chenille
de cette Arpenteuse , je viens d’obtenir un dernier résultat
qui m’a paru concluant. Une chenille , parvenue à sa taille,
trouvée en mai de cette année sur un Pinaster de la mon-
tagne d’Yzeron (Rhône) s’est transformée immédiatement.
A quelques jours de là je vis éclore une variété à fond vert -
lavé de rougeâtre (PI. 3G , fig. G). Elle fait, à ne pas s’y
tromper, passage à la Prasinaria. Celle aberration participe
en effet de l’une par la teinte verte, et de l’autre, par le carné
rougeâtre répandu sur la côte, les nervures et les franges.
Chenille.
Celle du Pin qui produit Fasciaria et la chenille du Sapin
qui donne Prasinaria , en tout semblables entre elles, sont
presque cylindriques, légèrement aplaties en dessous, faible-
ment atténuées antérieurement et généralement d’un gris
brun violacé en dessus. La vasculaire, fine, interrompue,
brune, n’est pas toujours bien visible. Les sous-dorsale et
stigmatale , très-vagues, ne sauraient être bien définies. Les
sligmates, ovoïdes, carminés, sont cerclés de noir.
La tête, assez forte, carrée, brune, est maculée de points
noirs de forme irrégulière. Les pattes écailleuses sont d’un
carné livide; les autres, au nombre de six , sont concolores.
La première paire de pattes ventrales, bien que plus courte
que les deux suivantes , n’est pas impropre à la marche et
fait mieux que servir de point d’appui à l’insecte. Les trapé-
zoïdaux, tuberculeux, éclairés de blanchâtre au sommet, sont
surmontés d’un poil raide. Le pénultième segment présente
303
Ellopia Fasciaria.
la seconde paire de trapézoïdaux sensiblement plus élevée
que les autres. Le ventre, sans lignes , est d’un gris bleuâtre
plus ou moins obscur. Celte espèce qui ne parait qu’une fois
par an passe l’hiver. En effet, dans les mois d’octobre et de
novembre, je l’ai souvent rencontrée sur nos Conifères par-
venue à moitié de sa taille. L’état de nymphe ne dure pas
plus de vingt à vingt-cinq jours. La chrysalide est le plus
souvent retenue entre les feuilles de l'arbre qui a nourri la
chenille. D'autres fois, mais ce cas est rare , l’insecte se mé-
tamorphose à la surface de la terre ou au milieu des mousses
ou des feuilles sèches.
Cette nymphe, conico-cylindrique , d’un rouge d’acajou,
luisante , est passablement allongée. L’abdomen , terminé
par une pointe noire assez aiguë , laisse voir, à la loupe ,
un double petit crochet.
La chenille du Sapin présente une variété curieuse. La
ligne stigmatale, large, ondulée, nette , d’un vert plus ou
moins clair (PL 56, fig. 2), tranche sur le fond brun.
Les individus qui forment celte aberration donnent des
insectes parfaits en tout semblables au type.
Insecte parfait.
Envergure : 0,035 à 0,036 m.
Les quatre ailes sont en dessus d’un carné rougeâtre mat,
variant certaines fois en rouge brun plus ou moins foncé.
Les supérieures sont traversées par une double ligne d’un
blanc grisâtre, largement ombrée intérieurement de rouge
brun. Les inférieures ne sont traversées que par une seula
ligne. Le dessous des ailes, d’un gris roussâtre, très-pâle,
laisse à peine entrevoir les lignes transversales du dessus.
Le sommet de la tête, la base des antennes et le dessous de
504
CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS.
l’abdomen sont blancs. Le reste du corps participe de la
couleur des ailes. Les antennes, pectinées jusqu’au sommet,
sont garnies de lames minces et longues.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, a les antennes
filiformes.
Var. A. Prasinaria. W.-Y. — Bork. 5. — Hb. 4. — Treits. I,
p. 95 et II, p. 297. — Eversm. p. 369. — G. IX, p. 131.
Peu d’instants après l’éclosion de l’insecte parfait , les
quatre ailes sont toujours d’un vert très-franc , mais cette
belle couleur tend à s’affaiblir, et la Phalénite , bien que
préparée sur le vif, n’est plus après la dessiccation ce qu'elle
était au moment de son éclosion.
Ainsi que chez le type, les ailes supérieures sont traver-
sées par des lignes ayant la même disposition que chez ce-
lui-là ; seulement ces lignes sont d’un blanc plus vif. La frange
et la côte rappellent , bien que faiblement, la teinte carnée
de Fasciaria.
Le dessous, d’un vert pâle, laisse également soupçonner
les lignes transverses si bien écrites en dessus.
Le vert de Prasinaria , après la mort de l’insecte , passe
quelquefois au bleuâtre, d’autres fois au gris.
Var. B.
Parmi les individus de Fasciaria et de Prasinaria, obte-
nus ex larva , il en est où les lignes transverses des quatre
ailes disparaissent presque entièrement.
Ellopia Fasciaria .
505
Var. G.
(PI. 30, fig. 6.)
Je désigne par la lettre C l’intéressante aberration que je
viens d’obtenir, faisant passage du type à la Variété A ( Pra-
sinaria).
L’espèce (type et variété), commune dans la France cen-
trale, dans nos départements du nord , en Suisse, en Alle-
magne, n’existe pas en Provence. Elle n’y a toutefois pas en-
core été signalée à ma connaissance. Si la Variété Prasinaria
est étrangère à l’Angleterre, où cependant le type est com-
mun , cela ne tiendrait-il pas à ce que les Abies ne s’y trou-
vent pas ou y sont rares ?
Or, s. — Suivant M. le docteur de la Harpe, Faune
Suisse ( Lépidoptères ), page 42, « Prasinaria est commune
« dans les bois de sapin du Jorat, dès le milieu de juin au
ce milieu de juillet : Fasciaria est beaucoup plus rare . «
Cela étant , cet auteur aurait eu raison d’ajouter plus
bas : ce Pourquoi ne pas adopter Prasinaria pour désigner
ce l’espèce , puisque Fasciaria n’est qu’une variété acciden-
ce telle ? »
A ce propos je répéterai que je n’ai jamais trouvé Prasi -
naria dans nos Sapins où cependant abonde Fasciaria.
Je ne saurais admettre l’opinion de M. de la Harpe a l’é-
gard d’un fait accidentel qu’on remarque souvent chez celte
Phalénide. ce L’exposition, dit-il, de Prasinaria à la moindre
cc vapeur acide la transforme en Fasciaria (1). »
( 1 ) Si parfois la décoloration de Fasciaria est due à une vapeur acide,
le plus ordinairement cela n’est que le résultat de sa vétusté.
20 *
506
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS*
€3 copia©»
Tr. (aberr. Daubearia , Bclv.) — Dup. Sup. IV, p. 258,
pl. 71, fig. 1. — Soc. ent. 1849 Bull. p. 78. — Herr.-Sch.
p. 73 fig. 260. — Gn. p. 296. — Stgr. p. 72, b.
(Pl. 36. Fig. 7 à 9.)
Je termine îa septième livraison de mon Iconographie par
l’histoire de la chenille de la Variété de Dumetata Tr. : la
Daubeata Bdv. Celte dernière, de même que la Temperata ,
Ev., ne sont bien , lune et l’autre, que des aberrations de la
première de ces Gnophos.
La connaissance delà chenille de la Dumetata de Treitschke
viendra probablement confirmer l’avis des entomologistes
qui , avant moi , avaient reconnu que Temperata et Daubeata
n’étaient que des variétés de la Dumetata.
Par l’éducation récente de la chenille de Daubeata , j’ai pu
reconnaître que celle-ci n’est point, quant à la forme, une
Gnophos proprement dite. On le sait, les chenilles connues
de ce genre nombreux sont courtes, rugueuses, et ont le
onzième anneau conique : caractères qui n’existent pas chez
l’insecte que je vais décrire.
Chenille.
Assez allongée, sans éminences, nullement carénée sur les
flancs. Généralement d’un carné plus foncé sur la région
dorsale que sur les autres parties du corps. La vasculaire,
307
Gnophos Dumetata.
fine, noire, n’est continue que sur les trois premiers et les
trois derniers segments. Les quatrième, cinquième, sixième
et septième anneaux sont marqués au centre d’un trait noir,
suivi d’une tache rectangulaire transversale, d'un jaune vif.
La sligmatale n’est bien écrite que sur les sept premiers an-
neaux. Cette ligne est , sur chacun d’eux , tachée de blanc
postérieurement. Les stigmates, blancs, sont cerclés de noir.
Le ventre , concoîore , présente sur les anneaux du milieu
une tache carrée et noirâtre. Les trapézoïdaux, noirs , sont
très-apparents.
La tête, carrée, forte, aussi haute que le premier segment,
est concoîore. Les dix pattes sont camées.
Cette chenille vit aux environs de Montpellier sur le Phil-
lyrea latifolia Lam., oh elle ne parait pas très-rare. Jusqu’à
ce jour elle n’a pas encore été trouvée aux environs de Mar-
seille où cependant abonde le P. laùfolia.
L’insecte, fort délicat, s’élève difficilement ; cependant les
individus qui doivent réussir grossissent assez rapidement et,
vers le commencement de juin, descendent parmi les détritus
de végétaux et s’y chrysalident sans former de coque bien
caractérisée.
La chrysalide est assez renflée, d’un brun rouge , avec la
gaine des antennes faiblement prononcée, et la pointe abdo-
minale unique et assez forte.
Insecte parfait.
Envergure : 0,040 à 0,042m.
Les ailes sont larges , soyeuses, profondément dentées,
surtout les inférieures. Les supérieures sont d’un gris-cendré
pâle, lavé de violâtre, finement aspergées de rares atomes
noirs jusqu’à la ligne coudée. Celle-ci, qui est seule visible ,
308
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
est indiquée par de gros points placés sur les nervures. Le
dessous est d’un gris strié de brun, et la tache cellulaire est
bien écrite. Les antennes sont fines et soyeuses chez les deux
sexes.
La femelle est plus grande que le mâle d’un cinquième
environ.
L’insecte n’a qu’une seule génération et éclot en automne.
Les entomologistes du Midi le prennent la nuit à la lan-
terne, alors qu’il vient butiner sur les Bruyères fleuries.
Daubeata , encore rare dans les collections , varie pour la
taille et l’intensité des couleurs.
EXPLICATION DES PLANCHES.
30Ü
EXPLICATION DES PLANCHES
Delà 7"" Livraison 0862).
PLANCHE 1.
«
Explication des figukes.
I.
Fig. 1. Chenille de Xylina Semibrunnea Haw.
2. Chrysalide.
3. Insecle parfait.
IL
Fig. 4. Chenille de Cirroedia Xerampelina Hb,
5. Chrysalide.
6. Insecte parfait.
7. Cocon.
310
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 2.
Explication des figures.
I.
Fig. i. Chenille de Psyché Gondebautella J1 Mill.
2. Id. Id. Id. ?.
S. Chrysalide du A
4. Insecte parfait A
5. Fourreau du A
G. Chrysalide de la î .
7. Insecte parfait 2 .
8. Fourreau de la ? .
II.
Fig. 9 Chenille de Paedisca Lavaterana Mill.
JO. Chrysalide,
i i. Insecte parfait.
12. Deux ailes grossies.
13. Chrysalide vide.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 3.
Explication des figuiies.
I.
Fig. 1. Chenille de Selidosema Perspersaria Dup.
2. . Id. Id. Id. 'Variété.
3. Chrysalide.
4. Insecte parfait.
3. Id. Var.
IL
Fig. G. Chenille de Pçlia Argillaceago Hb.
7. Chrysalide.
8. Insecte parfait.
Ô12
EXPLICATION BES PLANCHES.
PLANCHE 4.
ExPL'CATION DES FiGlUiES.
I.
Fig. 1. Chenille de Ellopia Fasciaria L.
2. » » » Yar.
3. Chrysalide.
4. Insecte parfait. /
5. •» Yariété ( Prasinnria).
G. Ici. Yar. C. Mill.
II.
Fig. 7. Chenille de Gnophos Dumetata Tu. (Var . Daube aria).
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
Lyon — lmp. de F. Dumoulin, rue St-Pierre, 20.
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
INÉDITS
PAIi
P M IL L 1ÈRE
EXTRAIT DES ANNALES I>E LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON , T. X (1863)
(huitième livraison)
PARIS
F. SAVY
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
RUE HAUTEFEUILLE, 24
1 864
Annales de la Société Linnéenne de Lyon,
I «
8 ™e Livr,
Année 1863. PU y
lï.Milliere- et A.Mtynot
Imp JTütdste, 5 r. Irügnon.
1.2 a 3, SparCa Faradaxana , Stgr
■ II . ^ à 7. Heliothea- Discoidana, Bdv.
III. 8 à u, Psyché- Dardouiella, Mill.
HTn,ie Miyncaüx col ■
■
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
P. MIL LIER E
HUITIÈME LIVRAISON
(Présentées à la Société Linaéenne Je Lyon, le 13 Juillet 1803.)
-,
§§9Hrta IPsM'saütoxsîriss.
Stgr. Stett. e. 1802, pag. 209.
(PI. 37 , fig. à 3.)
Envergure : 0,025 à 0,026 m.
Cette curieuse Géomètre a motivé la création du genre nouveau
Sparta. Il était en effet nécessaire de l’isoler de toute autre Phalé-
nite. C’est toutefois des Lobophora quelle se rapproche par plusieurs
caractères importants.
Les ailes supérieures, triangulaires, larges, prolongées à l’apex,
présentent une courbure sensible sur deux de leurs côtés. Le troi*
sième, le bord abdominal, est, au contraire, très-droit. Les anté-
rieures, d’un vert tendre sur toute leur surface, sont traversées par
la ligne médiane à peine marquée en vert un peu foncé. Le bord
supérieur est largement carné. Les postérieures, relativement courtes
20
314 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
et étroites, sont d'un vert jaunâtre et presque blanchâtre à la base.
Les franges sont concolores et assez longues.
Ce qui rapproche Paradoxaria des Lobaphora Sexalata, W.-V.,
et Ilexapterata , KL; sont 1° l’extrême brièveté des palpes: 2° la pré-
sence de deux paires d’éperons aux tibias postérieurs; 3° un appen-
dice ou lobe placé à la naissance de l’aile inférieure à laquelle il
adhère par'la base. Ce lobe, visible à l’œil nu, est garni de franges.
Le dessous est semblable au dessus, mais il n’y a pas de ligne
transversale.
Les antennes sont d’un vert jaunâtre, effilées et garnies de lamelles
jusqu’au sommet. Le thorax, robuste, arrondi, participe de la couleur
des premières ailes. L’abdomen, d’un blanc jaunâtre, est muni d’une
rare, mais assez longue villosité.
La femelle, de la taille du mâle, a les ailes coupées plus carrément
que chez ce dernier. Les inférieures, tout aussi courtes, sont un peu
plus larges que celles du mâle. Le vert des supérieures est plus pâle
et tire un peu sur le jaunâtre. Les antennes sont simples et sans
ciliation. L abdomen, gros et conique, est dépourvu de la villosité
qu’on remarque sur l’abdomen du mâle (1).
Malheureusement on ne sait rien des premiers états de cette
étrange Phalénite découverte tout récemment.
C’est à M. Staudinger] que je dois la connaissance de cette grande
rareté.
La patrie de la Paradoxaria est le midi du Péloponèse : elle a été
rapportée des montagnes de Taygète ( Monte di Marna) .
Sa place doit être après le genre Lobophora des auteurs.
Oj)S. — La description de cette Géomètre était à peine terminée
quand je reçus une lettre de M. Staudinger qui m'informait qu’après
la publication de sa Paradoxaria, le mâle de cette espèce avait été
publié par M. Lederier dans la « Berliner Entomolog. Zestung 1862,
(1) Cette absence de villosité sur l’abdomen de la femelle qui m’a été soumise,
pourrait bien n’être qu’accidentelle.
Heliothea Discoidai m.
315
p. 59, T. I, fig. 1-4, sous lo nom de Celonoptera Miriftcaria. » Mais,
ajoute M. Staudinger, « cette publication ayant paru après la mienne,
le nom de mon insecte doit être conservé.
lldiotiipit fôiscoitlai'ii).
Bdv, 1410. — Dup. Snp. IV, p. 40, pl. 54, fig. 3. — Herr.-Sch.
pl. 37, fig. 226. — Gn. X, 1187. Stgr. Cat. 386.
(Pl. 37 , fig. 4 et 7.)
La chenille de cette charmante Phalénite d'origine espagnole, ne
présente absolument rien de remarquable. Ses mœurs la rapprochent
aussi bien des Fidonia que de certaines Melanippe , des Chesias que de
plusieurs AcidaUci. La connaissance des premiers états de cette
espèce ne l’empêchera pas toutefois de former un genre : assez de
caractères la distinguent et obligent les classificateurs à l'isoler de
tonte autre Géomètre.
CHENILLE
Les œufs éclosent en juin, dix ou douze jours après qu’ils ont été
pondus. Le jeune insecte grossit très-lentement, arrive à peine à la
moitié de sa grosseur vers la fin de l’été, passe l'hiver, et n’acquiert
toute sa taille qu’en mars ou avril de l'année suivante. Il est alors un
peu fusiforme, renflé du cinquième au neuvième anneau, faiblement
atténué aux extrémités, à peine caréné sur les flancs, sans aucune
éminence, avec les segments très-distincts ; d’un vert grisâtre ou gris
bleuâtre, rappelant assez la couleur des feuilles de la plante dont
l’insecte se nourrit. La région dorsale, dans le voisinage des quatrième,
cinquième, neuvième et dixième anneaux, est lavée d'orangé. Les
lignes ordinaires sont mal indiquées. La vasculaire à peine écrite est
néanmoins assez large : elle est continue du premier au dernier seg-
31(5 CHENILLES lïT LEPIDOPTERES INÉDITS.
ment. Pas de sous-dorsale. La stigmatale, représentée par une faible
éclaircie, se détache à peine du fonds ; elle est ondulée, continue. Les
stigmates, bruns, ne sont visibles qu’à la loupe. Le ventre est concolore
et ne présente pas de lignes. La tête, relativement petite, globuleuse,
cordiforme, d’un carné assez vif, dégagée du premier anneau, est aussi
haute que lui. Les dix pattes sont concoures; les antérieures, lavées
de carné vif à l’extrémité; les postérieures* teintées de la même
nuance à leur base. Le clapet anal, bien formé, n'a rien de trop accusé.
Les trapézoïdaux, mal indiqués, donnent naissance à des poils blancs
imperceptibles à l'œil nu. il existe en outre, de chaque côté des
anneaux intermédiaires, deux ou trois chevrons diagonaux, blan-
châtres, plus ou moins visibles. Ces chevrons, en se réunissant sur le
dos, forment des dessins imparfaitement losangés.
Cette chenille paraît vivre exclusivement sur la Santoline ( Santolina
chamœcy par issus , L.). Elle ne quitte jamais la plante pour se cacher
pendant le jour. Légèrement arquée, elle conserve au repos une po-
sition très-rigide, et, fixée par les pattes postérieures à l'extrémité
d'une branche, demeure immobile pendant la journée entière.
Le moment de la transformation venu, l’insecte descend de la
plante, cherche un abri sous les mousses, y forme une coque légère dans
laquelle il se chrysalide bientôt.
La nymphe, assez allongée, cylindro-conique, sans aspérités, d’un
gris jaunâtre, est maculée de plusieurs rangs de points noirs qui,
partant de la tête et passant sur la poitrine et les flancs, aboutissent â
la pointe abdominale. Il existe en outre d’autres points noirs sur
l’enveloppe des ailes. L’extrémité de l’abdomen est brun : vu à la
loupe, il présente une pointe obtuse accompagnée de plusieurs petits
crochets.
L’insecte parfait éclot vers la fin de mai ou pendant les premiers
jours de juin.
Puisque la Discoidaria reste près de dix mois en chenille, on. com-
prend qu’elle n’a qu’une génération.
II el iolhea Disco idm ' ici .
o J 7
INSECTE PARFAIT.
Envergure : le ( c f) 0,020 à 0,021: mill.
— la (9) 0,029 à 0,090 mil!.
Les ailes supérieures, épaisses, arrondies, d’un jaune d’or éclatant?
n’ayant pour tout dessin que la tache cellulaire arrondie, noire, et la
-cote également noire. Les inférieures ayant aussi la tache cellulaire,
sont en outre finement sablées de nombreux atomes noirs qui les
recouvrent sur les bords en presque totalité. La frange, aux quatre
ailes, en dessus et en dessous, est d’un noir plombé.
Le dessous, d’un jaune moins vif que le dessus, reproduit la tache
cellulaire, mais le sablé des inférieures a disparu.
Les antennes, très-pectinées, noires, sont aiguëes à l’extrémité.
La tète et le thorax sont noirs, avec les ptérygodes jaunes. L’abdomen
est noir ; la partie inférieure légèrement jaunâtre.
La femelle, plus grande que le mâle de près d'un tiers, est d’un
jaune plus vif et n’a pas d’atomes noirs. Les antennes sont fortement
dentées.
Duponchel, qui n’a pas connu la femelle de Discoidaria, ne voyant
pas de trompe au mâle et ne lui trouvant que des palpes très-courts,
ne savait trop à quelle division il devait rapporter l’espèce. Cet auteur
aurait volontiers incliné à en faire un Bombycite (J) plutôt qu’une
Phanélite. C’est à l’imitation de M. Boisduval qu’il l’a laissée parmi
les Géomètres.
La Santoline qui nourrit la chenille de Discoidaria est commune
dans plusieurs localités bien exposées de la Provence; je ne serais pas
surpris que cette jolie Heliothea vécût dans cette partie de la France
et vînt bientôt enrichir notre faune lépidoptérique.
Discoidaria , décrite pour la première fois par M. Boisduval ,
d’après un individu dont la patrie n’était pas authentiquement connue,
(1) S ■ i p . IV. pag. 40,
318 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
retrouvée en certaine qnantité dans l’Andalousie par M. Rambur, vient
d’être reprise par M. Staudinger, en Espagne. C'est de ce savant et
infatigable naturaliste que j’ai reçu les chenilles qui m’ont servi à
compléter l’histoire de cette intéressante espèce.
Psyché lïarïSoîaieïïa, Mill.
( Species nova.)
(PI. 37, fig. 8 à 10.)
Bien qu’ayant certains’japports de forme avec plusieurs Typhonia ,
cette nouvelle espèce doit se rattacher certainement aux Psyché par
l’exiguïté du corps, le peu d’épaisseur des ailes, la brièveté des palpes,
et encore par la nature, la composition et la forme du fourreau. Lorsque
l’insecte me fut soumis à Lyon, M. Staudinger, pendant son trop court
séjour auprès de moi en août 1862, le rapportait au genre Ty-
phonia. Je fus d’abord de l’avis de cet habile observateur; mais après
avoir examiné attentivement cet insecte et l’avoir comparé avec soin
à ses congénères, je ne tardai pas à reconnaître qu’il ne pouvait se
classer que parmi les Psychides. Il est surtout remarquable par la
présence de larges taches aux ailes supérieures : caractère qui le dis-
tingue de toutes les autres Psyché.
INSECTE PARFAIT.
Dardoinella doit tout aussi bien se placer dans le voisinage de
Perlucidella, Nitidella , Comitella et Crassiorella que près de Polytella
et Pseudobombycella , car la coupe d’ailes, la couleur du fond et la
forme générale de l’insecte le rapprochent assez de ces deux der-
nières ; cependant le fourreau de cette nouvelle Psyché est bien loin
d’avoir la consistance papyracée et la forme triangulaire des fourreaux
de Polytella et Pseudobombycella.
Envergure : 0,018 mill.
Psyché Dardoinella. 319
Les ailes sont arrondies, "(entières, 'assez étroites et bien fournies
d’écailles. Les supérieures, d’un gris chaud, lavées de carné à la côte,
sont recouvertes de taches striées de brun et aspergées d’atomes noi-
râtres. La plus large de ces taches que je rapporte à la médiane,
occupe à peu près le milieu de l’aile ; elle est accompagnée d’une large
éclaircie intérieure de forme à peu près arrondie. La tache du bas de
l’aile, qui réprésente la basilaire, est sensiblement plus étroite que la
précédente. Le sommet de l’aile offre une troisième tache appuyée à la
côte dans le sens de l’apex, formée par la réunion de trois gros points
bruns. La frange est étroite, fuligineuse et précédée d’un liseré con-
colore relativement étroit. Les ailes inférieures sont enfumées, faible-
ment éclairées àla base et sans aucun dessin. La frange est assez large
et concolore. En dessous, les supérieures sont luisantes, grisâtres, as-
pergées de nombreux atomes noirs , lavées de fauve et marquées à
la côte de trois taches noires qui s’y appuient. Les inférieures, sans
dessins ni taches, sont un peu moins enfumées qu’en dessus. Les
antennes, grises, pectinées, se terminent en pointe; elles sont garnies
de petites lamelles jusqu’au sommet. Les palpes sont très-courts; la
trompe, rudimentaire ; les yeux, relativement gros, sont d’un gris
uoirâtre. La tête, le thorax qui est assez robuste et les ptérygodes, sont
d’un gris foncé. L’abdomen, long, concolore, dépasse les ailes infé-
rieures. La poitrine et les pattes sont grises. Le ventre, concolore, est
lavé de fauve à l’extrémité.
La femelle, qui est probablement aptère, ne m’est pas connue.
Fourreau.
Il est fusiforme, d’une longueur proportionnée à l’insecte, et re-
couvert de nombreuses petites feuilles sèches, fragments de petites
écorces et autres débris de végétaux. L’enveloppe de l’insecte, Fixée
au fourreau et à moitié engainée dans l’ouverture, est d’une couleur
d’ambre rappelant celle de la plupart des nymphes de Psychides.
M. Dardoin, auquel j’ai dédié cette intéressante espèce, me
320
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
mandait en me la communiquant, qu’il en récoltait. les fourreaux vers
la fin de mai, contre les murs de sa campagne située aux environs de
Marseille : « Le fourreau contenant la nymphe, » ajoutait-il, « placé
« séparément sous 'une petite cloche en cristal, donne l'insecte parfait
« du dix au quinze juillet suivant. »
Metog»onia ' Agatlia.
Stgr. Stett. e. Z. 1861, p. 283. — Stgr. Cat. p. 59, n° 859.
(PI. 38, fig. 1 et 2.)
Envergure : 0,026 à 0,027 m.
Cette nouvelle Metoponia qui est de la taille de Vespertina Hb. (1),
vient augmenter le genre composé seulement de deux espèces euro-
péennes : la Flavida W-V. , et la Vespertina Hh.
Les ailes supérieures, entières, médiocrement aiguës au sommet,
droites à la côte, lisses, luisantes, d’un jaune paille clair, sont tra-
versées obliquement par un large trait courbé en dehors d’un jaune
rouille, partant de l’apex et arrivant vers le milieu du bord interne,
mais n’atteignant pas ce bord. Le point cellulaire, brun, est coupé
en deux par un petit trait rouille. La frange , brune, annelée de
blanchâtre , est précédée d'une bande assez large, régulière, cou-
leur de rouille." Les inférieures, arrondies, opaques, d’un gris noi-
râtre , ont la frange relativement étroite , brune , entrecoupée de
blanchâtre. Le dessous des supérieures est brunâtre , luisant ,
bordé de jaune â la [côte et en deçà de la frange. 11 y a , en outre ,
une’ tache de même couleur à l’apex. Les inférieures sont en dessous
d’un jaune paille et traversées par une large bande médiane brune,
et une autre également brune précédant la frange. Les nervures sont
(1) Hb. Pyral. Vespertalis ,, 159.
Annales de la Société Luwéeme de Lyon
8™ Lier.
Année 1868. Pi. 38 .
P. 'Minière et Joguts
Imp.Houurte. 5- r. Mignon*
1.2 et 2. Wetopoma Agatha. Star.
II .3 à y, Eubolia Penbolarm. ïïb.
III. S à n\ &elechza Câemella*. Star.
JF’**' ÜGgneauns col
Eubolia Peribolia. 321
visiblement écrites en brun. Les antennes sont assez courtes, lilifor-
mes et jaunâtres. Le front, ainsi que chez les espèces congénères, est
proéminent. La tête, le thorax assez robuste et l’extrémité du corps
qui se termine par un faisceau de poils, sont aussi couleur de rouille.
L’abdomen de cet insecte qui me semble être une femelle, est assez
fort et conique. Il est annelé de blanc.
La Metoponia Agatha, récemment décrite en Allemagne, n’a en-
core été figurée nulle part.
M. Staudinger qui a doté la science de ce charmant insecte, me
l’a confié ainsi que plusieurs autres espèces précieuses pour les
peindre.
Cette Metoponia, qui a sans doute deux générations, vole sur les
pentes du Mont-Parnasse en Grèce, où il en a été pris plusieurs in-
dividus.
Elle devra, dans le Species de M. Guenée, porter le n° 972 bis.
JEïaSîrolïa. ]FertÎ3»Is®B*ia.
Hb. 471.— Dup. V, p. 169, pi. 182, fig. 3. — Treits. Sup. X,
p. 216. — Bdv. 1610. — Herr.-Sch. p. 163, üg. 32. — Gn. X ,
1708. — Stgr. Cat. 417.
(Tl. 38, fig. 3 à 7 J
CHENILLE.
Assez courte, carénée sur les flancs, atténuée antérieurement, très-
püssée transversalement avec les anneaux distincts. D’un jaune ter-
reux tirant parfois sur le verdâtre, et le plus souvent lavée de carné
a la hauteur de la stigmatale. La vasculaire, visible du quatrième au
neuvième anneau, est représentée sur chacun de ceux-ci par une ta- *
che rectangulaire, noire , suivie elle-même d’un gros point blanc de
forme carrée, lequel repose sur l'incision. La sous-dorsale, étroite,
322 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
continue, brune, n'est pas toujours bien écrite, La stigmatale, égale-
ment étroite, ondée, continue, blanchâtre. Les stigmates, ellipsoïdes,
m’ont paru complètement noirs : les trapézoïdaux, relativement pe-
tits, sont cependant visibles à l’œil nu. Le ventre, sur un fond blan-
châtre, faiblement carné, présente trois lignes grises, lisérées elles-
mêmes très-finement de blanchâtre. La tète, globuleuse, assez petite,
cordiforme, est concolore ainsi que les dix pattes.
On rencontre parfois des individus entièrement bruns, mais alors
la tache blanche du dos paraît bien plus vivement écrite que chez
le type.
Cette chenille peut bien avoir certains rapports de mœurs avec sa
congénère Malvata (1) ; de même que celle-ci , elle vit constam-
ment à découvert.
Par leurs habitudes et leur genre de nourriture, l’une et l’autre
s’éloignent de la Cervinaria Roes., seule larve autrefois connue dn
genre Eubolia.
La chenille de Peribolaria vit sur divers Genista et Ulex de la
France méridionale. Cependant le Genista scorpius L. , très-abon-
dant à Celles-les-Bains, me l’a fournie en plus grande quantité que
les Genista et Ulex des environs de Marseille (2).
Cette larve est des plus rigides : au repos on la prendrait pour
une petite branche de bois mort. Détachée de son point d’appui et
placée sur une surface plane, elle roule ainsi que le ferait un corps
cylindrique et inanimé, sans donner le plus léger signe de vie.
Sa croissance est fort lente : éclosant vers le milieu de novem-
bre ce n’est que vers la fin d’avril ou au commencement de mai,
qu’elle est parvenue à sa taille. On la voit alors descendre sous
(1) Iconoyr. Liv. Y, pag. 226.
(2) Depuis la rédaction de ce que je viens de dire sur cette larve, j’ai fait de
l’entomologie en février dernier (1863) à Amélie-les-Baies (Pyrénées-Orient.), où le
Calycotome spinosa est fort abondant. Cet arbrisseau me donna bon nombre de-
chenilles de la Peribolaria mêlées à celles de la Scod. Perspermna.
Eubolia Peribolaria. 323
les débris de végétaux et chercher à la surface du sol un lieu con-
venable où elle ne tardera pas à opérer sa transformation après
oir préalablement formé une coque légère.
La nymphe est conico-cylindrique, allongée, d’un brun rougeâtre,
et lavée de verdâtre sur l’enveloppe des ailes. La pointe abdominale,
unique , assez effdée ,f ne présente pas de petits crochets , ainsi
que cela existe chez d’autres chrysalides de Géomètres.
C’est à la fin d’août et dans le courant de septembre qu'appa-
raît le Lépidoptère. L’éclosion a toujours lieu le matin entre huit
et neuf heures.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,026 à 0,027 mill.
Ailes entières , larges , pulvérulentes. Sur les supérieures l’es-
pace médian et le trait diagonal qui part de l’apex, sont vivement
écrits en brun. Le type a l’extrabasilaire presque droite et large-
ment ombrée de noirâtre ainsi que la coudée. Le point cellulaire ,
petit, est toujours distinct, bien que reposant sur un fond presque
noir. Les ailes inférieures sont grises et traversées par une ligne
coudée très-confuse. Ici la tache cellulaire ne paraît pas toujours :
parfois elle manque tout-à-fait.
La nuit, cette Phalénite posée sur un arbuste tient ses ailes re-
levées, ainsi qu’on le remarque chez les Diurnes (I). Elle est aussi
vive que sa chenille l’est peu : pendant le jour, le plus léger bruit
la fait déloger de son lieu de repos, et la nuit, on a de la peine
à la saisir en la chassant à la lanterne.
Peribolaria est commune aux environs de Marseille, Montpellier,
Aix et autres localités de la Provence. En septembre, je l’ai prise
dans l'Ardèche , volant abondamment dans les garigues plantées
d’Argeiras ( Genita scorpius, Lin.).
(I) Ce fait n’a rien de nouveau, car plusieurs Géomètres sont dans le même cas.
324
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Obs. M. Staudinger, à son passage à Lyon, m’a soumis , pour
la peindre, une remarquable variété de Peribolaria (PI. 38, fig. 7)
originaire d’Andalousie. Sur un fond blanc, cette aberration pré-
sente la médiane relativement étroite , presque aussi brune que
chez le type. L’extrabasilaire est à peine écrite, mais le trait diago-
nal, dont la pointe est appuyée à l’apex, se détache visiblement en
brun.
GelecBiisa Ulicâaiellsi»
Stgr. Stett. e. Z. 1859. — Cat. 1715.
(PI. 38, fig. 8 à 11.)
J’avais rencontré un grand nombre de chenilles de cette espèce aux
environs de Marseille , au commencement de janvier de cette année,
lorsque M. Staudinger, auquel j’ai soumis l’insecte parfait, reconnut
une Tinéide découverte par lui en Espagne depuis peu, et à laquelle
il avait imposé le nom de Ulicinella qui rappelle la plante dont se
nourrit la petite larve.
CHENILLE.
Fusiforme, faiblement aplatie en dessous avec les anneaux dis-
tincts, d’un jaune vif sur tout le corps, couleur qui passe au rouge
plus ou moins prononcé quelques jours avant la chrysalidation. La
tête, petite, lenticulaire, est d’un noir de jais. Le premier segment
est recouvert d’une plaque écailleuse brune, échancrée en dessus par
un sinus étroit. On ne distingue aucune ligne longitudinale. Les inci-
sions des anneaux sont blanchâtres. Les pattes écailleuses , brunes ;
les autres, concolores. Les stigmates, relativement gros, sont indi-
qués en noir. Une bonne loupe permet de distinguer des points pili-
fères, concolores, surmontés de poils courts et blanchâtres.
L’insecte, qui éclot en décembre, ronge uniquement les fleurs de
Gclechid U te india. 325
l' Ulex parviflorus , Pourr., qui à cette époque commencent à paraî-
tre, et parmi lesquelles il se cache pendant le jour. La petite che-
nille grossit assez vite : en effet, à la fin de janvier, ayant achevé sa
croissance, elle descend au pied de Y Ulex, y forme au milieu des
feuilles sèches une coque molle mais solide, et éclot dans le courant
du mois d’août suivant.
La nymphe, cylindre-conique, allongée, rougeâtre, luisante , n’a
de remarquable que la gaine des antennes, proéminente et couchée
sur la poitrine.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,012 à 0,013 mill.
Les ailes supérieures, en forme d’ellipse très-allongée, présentent à
la côte une légère convexité ; elles ont sur un fond gris, soyeux et
luisant, une large tache d’un jaune rougeâtre , interrompue , mais
qui se prolonge dans toute l’étendue de l’aile. Les franges sont lon-
gues et concolores. Les ailes inférieures sont étroites, cultriformes ,
d’un gris ardoisé, luisantes. Les franges, plus longues qu’aux supé-
rieures, sont teintées de fauve.
En dessous, les quatre ailes sont d’un gris clair très-luisant et la-
vées de rougeâtre à la côte des supérieures. Les antennes, presque
aussi longues que le corps, sont grises. Les palpes sont grêles, courts
et écartés. La tête, petite et blanchâtre. Le thorax, concolore. L’ab-
domen, grêle, blanchâtre, luisant. Les pattes inférieures, assez lon-
gues, sont, ainsi que la poitrine, d’un blanc argenté.
Cette Tinéide nouvelle, qui n’a qu’une génération, voie dans le voi-
sinage des Ulex de la Provence, du Languedoc, de l’Espagne , situés
dans les garigues chaudement exposées. Les Ulex placés au Nord et
à l’Ouest des collines ne m’ont jamais fourni la chenille de VUlicinella.
Si j’assigne une place à cette petite espèce dans le Catalogue de
Duponchel je la placerai parmi les OEcophora, près de la Schmicl-
tella , Tr.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
326
Lycæna Helena.
Stgr. Stett. e. 4862, pag. 269.
(PI. 39, fi. 1 à 3.)
Cette nouvelle Lycæna [est de la taille de Melmops, mais elle se
rapproche plutôt de Sebrus pour la coupe des ailes et la teinte géné-
rale. Elle est, [en dessus, d’un bleu violet avec le limbe entièrement
brun et les franges étroites et blanchâtres. Le dessous est d’un gris
cendré ; la base des ailes inférieures est légèrement saupoudrée de
bleuâtre. Les supérieures ont près de l’extrémité une rangée de
points noirs cerclés de blanc qui suit la courbure du bord de l’aile ;
ces points sont à peu près disposés comme chez Sebrus. Ils sont au
nombre de six : le premier, le troisième et le sixième très-petits. Le
point cellulaire, noir , oblong , est également cerclé de blanchâtre.
Les inférieures, marquées de neuf points à peu près semblables pour
la taille , disposés en demi-cercle, enveloppent le point central qui
est également obscur, noir et cerclé de blanc. Les ailes inférieures
ont en outre à leur extrémité, une rangée de quatre taches d’uu
fauve orangé limitées en haut et en bas par un petit croissant noir.
Les antennes sont noires et annelées de blanc. Le thorax et le des-
sus de l’abdomen sont couverts de poils fins et blanchâtres.
La femelle est d’un brun noirâtre en dessus, très-légèrement teinté
de bleuâtre à la base des ailes. Le point cellulaire est à peine in-
diqué. Les premières ailes sont marquées d’une très-petite tache
fauve orangé à l’angle inférieur , et à celui des secondes ailes
d’une rangée de trois grosses taches également d’un fauve orangé
presque carrées. La frange est grise. Le dessous, d’un brun clair ,
finement sablé de bleuâtre à la base , diffère peu du dessous du
mâle quant à la disposition des taches ; cependant les supérieures
sont marqués de trois taches fauves à peine indiquées, réunies entre
jJnnalcs de Li Sociale Linnéenne- de Li/ori
8™ Ldr,
Année 2863. PI. 3g
1.2 à 3. Lycaena Helena. ftgr.
H. I/. et. S. Tcphrina Peltaria, Dup.
HI. 6 , Anat'ta Bohemtmni, stgr.
IV. 7 æ- 27, Oxyptihur Laeàer. Zdl.
F. Militer c- ctA.Wujnotp Ç
lmp. Jfoutstc S. r. Mignon-
JtT’Î^Mipneaiur col .
Tephiina Peltaria. 327
la frange et la ligne de points noirs. Le thorax et l’abdomen sont
de la couleur des ailes.
Cette charmante Lycène, découverte depuis très-peu de mois, a
pour patrie les montagnes de Taygète , situées au midi du Pélopo-
nèse. Elle fait partie du riche cabinet de M. Slaudinger, de Dresde.
La Lycœna Helena , qui n’est comprise dans aucun catalogue, devra,
dans celui de M. Staudinger, trouver place après la Melanops et por-
ter le n° 159 bis.
Teplirînw Peltaria.
Dup. Badv. Gen. 1G02. — Herr.-Sch. , p. 88, fig. G4, G-5. —
Gn. 1079. = Scutularia. Dup. V, p. 161 pi. 181, fig. G. —
Stgr. 359. = Permutata , Frey. III, pl. 210, fig. 5.
(PI. 39, fig. 4 et o.)
CHENILLE.
Cylindrique, assez courte, sans éminences, nullement carénée sur
les flancs, à tète petite , globuleuse et maculée de nombreux points
noirâtres. Elle est généralement grise et marquée longitudinalement
de nombreuses lignes obscures. La vasculaire, géminée, fine, brune,
continue, est plus fortement indiquée sur chaque incision des an-
neaux du milieu. L’espace compris entre la stigmatale et la vascu-
laire est occupé par trois ou quatre lignes étroites qui se détachent
à peine sur le fond gris. Ces lignes sont continues et parallèles. La
stigmatale, large, droite, et blanchâtre. Les stigmates, petits,
ellipsoïdes , rougeâtres , sont cerclés de noir. Le ventre laisse
voir, sur un fond carné, quatre lignes blanchâtres assez mal indi-
quées. Les dix pattes sont concolores. Les trapézoïdaux fort peu
visibles, donnent naissance à des poils courts et blanchâtres.
Cette chenille, bien placée dans le genre Teplirina de M. Guenée,
328
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
vit aux environs de Marseille, Hyères, Montpellier , etc. Elle semble
se nourrir uniquement des fleurs du Romarin officinal qui croît
abondamment dans les garigues de la Provence. Elle vit à décou-
vert sur l’arbuste, depuis l’instant de sa naissance jusqu’à celui de
sa métamorphose , qui arrive vers la fin d’avril. L’insecte forme
alors dans les mousses une coque molle qui sert d’enveloppe à la
chrysalide. Celle-ci n’a rien de remarquable : elle est sans émi-
nences d’un roüge brun, lisse et luisante.
Le Lépidoptère éclot du 15 septembre au 15 ou 20 octobre, et tou-
jours le matin entre sept et huit heures.
C’est une des Phalénites les plus vives que j’aie vues ; sa chenille
au contraire est d’une lenteur extrême.
INSECTE PARFAIT.
Cette Géomètre qui varie fort peu est un peu plus petite que la
Rippertaria , sa voisine.
Les ailes sont entières, soyeuses, d’un gris blanchâtre, généra-
lement saupoudrées de points noirs sur toute leur surface. Aux su-
périeures , l’espace médian, large , un peu plus clair que le fond ,
présente, de chaque côté, une bande transversale jaune, ombrée de
brun. Le point cellulaire, brun, s’appuie sur la coudée. Les secon-
des ailes n'ont pas de bandes transversales. Les franges sont lon-
gues et concolores. En dessus, l’espace médian est à peine indiqué.
On a vu que cette Tephrina, par ce que j’ai dit de la chenille ,
n’a qu’une génération. Elle n’est pas très-commune, mais on est
à peu près certain de la rencontrer où croît spontanément le Ro-
marin officinal. Elle se tient dans les lieux incultes exposés au
grand soleil, cachée parmi les plantes basses, les arbrisseaux , et
ne vole pendant le jour que lorsqu’elle est troublée dans son re-
pos. La nuit, on la chasse à la lanterne, mais, en raison de son
extrême vivacité, on la saisit difficilement.
Non seulement la Peltaria habite les environs de Marseille et ceux
Anarta Bohemanni. 329
de Montpellier, mais je l’ai rencontrée assez fréquemment soit
dans les collines qui avoisinent Hyères, soit sur les pentes chau-
des de diverses parties de l’Ardèche.
Elle a encore été trouvée dans les Pyrénées Orientales ; c’est
toutefois ce que j’ai supposé à la vue d’un envoi de Lépidoptères
récoltés aux environs de Perpignan , contenant plusieurs exem-
plaires de la Teph. Peltaria .
C’est la troisième espèce du genre (1) , qui sera connue sous ses
premiers états. L ’Artesiaria (2) ainsi que la Vincularia (3) semblent
avoir des mœurs qui les rapprochent de la Peltaria.
Il est regrettable que nous ne connaissions complètement que ces
trois espèces, car il serait intéressant de savoir si toutes les larves
de Tephrina présentent d’aussi grands rapports entre elles , qu’en
offrent les insectes parfaits. Ceux-ci ont, en effet, un grand air de
famille , malgré de notables différences dans certains caractères or-
ganiques, surtout dans les antennes qui sont dentées chez quel-
ques espèces, ciliées chez d’autres, et pectinées chez les deux sexes
de la Vincularia.
Anarta BoBaemasmi.
Stgr. Stett. e. Z. 1861, p. 380. — Cat. 756.
(PI. 39, fig. 6.)
Un peu plus grande que ses congénères la Myrtilli et la Cordigera.
Les ailes sont entières, épaisses, veloutées. Les supérieures, pulvé-
rulentes , d’un gris noirâtre et saupoudrées d’atomes foncés , ont
les lignes médianes écartées, très-noires, sinuées et dentées. La ré-
niforme, un peu salie de noir dans le milieu, et l’orbiculaire se
(1) Assez nombreux, puisqu’i l renferme vingt-trois espèces, dont sept exotiques.
(2) Gn. X, p, 101.
(3) Mill. Iconog. p. 149.
21
330 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
détachent à peine en gris. La frange est concolore. Les ailes infé-
rieures , d’un jaune-clair , sont largement bordées de noir. Cette
bordure va en diminuant à mesure qu'elle approche de l’angle
anal. La tache cellulaire est visiblement écrite en noir. La frange
est jaunâtre.
En dessous, les supérieures sont fuligineuses et présentent une
légère éclaircie au centre. Les inférieures sont semblables au des-
sus , cependant les teintes sont moins vives. Antennes fusiformes.
Tète petite et enfoncée dans le thorax; celui-ci est globuleux, garni
de poils hérissés, concolores. Abdomen brun; poitrine et pattes
grises.
La femelle ne m’est pas inconnue.
Cette nouvelle Anarta a été dédiée à M. Bohemann, savant sué-
dois, directeur du musée entomoiogique de Stokholm.
La Bohemanni a été rapportée des environs de Hammerfost (Cap-
Nord), par M. Staudinger, au commencement de 1861.
Cette Amrta placée à la suite de la Corcligera devra porter le
n° 757 bis dans le Species général.
Ainsi que ses congénères européennes, au nombre de dix dans le
Species Guenée, et de douze dans le catalogue Staudinger, Y An. Bo-
hemanni vole en plein jour et vient butiner sur les fleurs.
Les individus qui composent ce genre très-homogène, resté pres-
que tel que l’a créé Ochsenheimer , comprend des insectes de petite
taille, gracieux de forme et de parure. Presque tous sont originaires
des hautes montagnes, ou habitent les régions polaires.
Aucune: Amrta, jusqu’à ce jour, n’a été trouvée hors d’Europe, si
ce n’est la Viola, cea de M, Herrich-Schaeffer, supposée de la Turquie
d’Asie. Il est probable cependant que les hautes montagnes de
l’Atlas en Afrique et surtout la chaîne des Cordillères de l’Amé-
rique méridionale, doivent en nourrir plusieurs espèces qui, dans un
temps plus ou moins éloigné, viendront enrichir cette intéressante
famille.
Oxyptilus (1) Laetus.
331
©xypÉâSaas (!) Itae4.ras.
Zell. ïs. 1847 , L. E. Vf. = Laetidactyla , Brcl. Ann. Soc. ent.
Fr. 18()1, pag. 34, — Stgr. Cat. 2605.
(PI. 39, %. 7 à 11.)
Cet insecte a de grands rapports avec Je Laetus de M. Zeller.
5! possède des caractères constants qui, à la rigueur pourraient en
faire une espèce distincte; mais je l’avoue, ces caractères ne sont
point assez importants pour créer une espèce nouvelle.
L'Ox/j. Laetus n’était pas connu dans ses premiers états ; je rem-
plis une lacune dans son histoire en racontant ce qui restait à en
dire.
CHENILLE.
Fusiforme, faiblement convexe, très -atténuée aux extrémités.
D’un jaune de Naples clair, lavée de carné inférieurement et sur le
dos. On ne distingue pas les lignes ordinaires , et la villosité abon-
dante propre au plus grand nombre des chenilles de Ptérophorites ,
est ici rare et courte. Les anneaux sont bien distincts, et il régne
un sillon assez profond sur la région dorsale. Le ventre est conco-
lore et sans lignes. La tête, petite, globuleuse, testacée, est noirâtre
sur les côtés. Les pattes sont concoiores, sauf Se dernier article des
écailleuses qui est rougeâtre. Les trapézoïdaux, qu’on ne voit qu’a
l’aide d’une très-forte loupe, sont indiqués en rougeâtre. Le pre-
mier segment est surmonté de deux. traits noirs parallèles, accom-
pagnés de chaque côté d'un gros point noir.
Cette chenille vit aux dépens des fleurs de VAnclryala stimula L.,
(t) Créé par M. Zeller (Pterophorus , Geof, Lat. Dup.),
332 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
plante assez rare dans nos environs, ou plutôt cantonnée dans certai-
nes localités chaudes et pierreuses.
L’insecte sort de l’œuf lorsque les fleurs de l’Andryale sont épa-
nouies, c’est-à-dire en juillet; sa croissance est rapide. Bien que
fort petite, cette chenille cause un grand dommage aux fleurs dont
elle fait sa nourriture, car elle en lie le sommet alors qu’elles ne sont
point entièrement développées, ronge la base des étamines, les atro-
phie et en empêche le développement.
Vingt jours suffisent à l’insecte pour atteindre sa grosseur ; il
se place alors au centre d’un groupe de fleurs pour opérer sa
métamorphose.
La nymphe est bientôt formée; celle-ci, allongée, grêle, brune ,
non villeuse, passe au noir deux ou trois jours avant l’éclosion
du petit Lépidoptère. La chrysalidation dure quinze jours au
plus.
INSECTE PARFAIT.
Envergure ; 0,016 à 0,017 mill.
Les ailes supérieures, profondément échanerées, d'un brun clair,
présentent deux taches blanchâtres, vagues, oblongues, placées sur
la branche supérieure des ailes qui sont elles-mêmes largement
teintées de brun foncé à la côte. Les inférieures ont les deux pre-
miers rameaux bruns ; le troisième également brun porte trois ou
quatre écailles noires au bord inférieur de la côte. Tête et thorax
roux ; abdomen brun avec deux traits jaune paille au sommet
de chaque segment. Ces traits sont séparés par une tache cunéi-
forme noire. Les franges sont longues et concolores. Les pattes,
blanches, sont maculées de brun aux articulations. Les tarses sont
blancs.
Cette espèce est attaquée dans de grandes proportions par un pa-
rasite de la nombreuse famille des Ichneumons. J’ai vu éclore plus
de la moitié de ces parasites à la place des insectes que j’attendais.
Cet Hyménoptère a été figuré (PL 39, n° 9).
Jnnales de la. Société Linné cnne de Lyon ,
Sme Lwr.
Année 1863. FL 1/.0.
P. Millier c, ctA.Mgnotf) L
I. i à l/.. Collas Heldreichi. Star
K. 5 à 7, Polia Cœrul&rcerur. Hb.
Imy.JIouèrU 5. r. Mignon .
3PV* Sügneaux col
Colas Heldreichi.
333
Oxyplilus Lœtus vient augmenter la liste de notre faune lépidopté-
rique lyonnaise. J’ai recueilli la chenille et l’insecte parfait de ce
Microlépidoptère au pied de la montagne d'Yseron, dans la propriété
même de notre collègue M. Maurice Ferrouillat.
Ce Ptérophore appartient encore aux environs de Perpignan
(Pyrén. -Orientales) , de Thiers (Puy-de-Dôme) et de la Youlte (Ar-
dèche). Je l’ai pris moi-même dans chacune de ces localités.
Obs. Le nom de Lœtus me semble mal appliqué à cet insecte, et
peut induire en erreur. Si l’antériorité n’était respectée, ce nom
pourrait être plus judicieusement remplacé par celui de Andryala-
dactilus ou mieux Andryalae qui rappellerait la plante dont la chenille
se nourrit,
Cillas MeMreicM.
Stgr. Stett. e. Z. J 862, p. 257.
(PI. 40, fig. 1 à 4.)
Envergure, le cf : 0,048 à 0,050 mill.
— la 9 : 0,055 à 0,057 mill.
Cette belle Colias , une des plus remarquables du groupe, vient
augmenter le genre composé de dix-sept espèces dans le Catalogue
Staudinger.
Un peu plus petite que la Colias Aurora , Esp., elle en diffère par
des caractères essentiels et que je vais signaler.
La coupe des ailes supérieures est moins carrée, plus arrondie que
chez sa congénère Aurora. Le dessus, d’un jaune fauve un peu obs-
cur, a une teinte carminée chatoyante des plus riches , et que je com-
parerai à la couleur si éclatante du Polyom. Gordius mâle. La bande
noire qui borde les quatre ailes est de médiocte largeur. Le point cel-
lulaire, assez gros, est d’un noir profond. Celui des inférieures est grand
et d’un fauve orangé vif. Il existe, en outre, à la base des secondes
piiles, une bande immaculée, rectangulaire , qui occupe la première
334 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
moitié du bord supérieur et qui est d’un fauve clair. Les quatre ailes6
dont les nervures sont jaunes , sont en outre finement saupoudrées
d’atomes noirâtres. Le dessous est uniformément d’un jaune verdâtre,
Les supérieures ont la tache cellulaire noire, finement papillée de
blanc. On voit encore sur le bord extérieur de l’aile trois taches assez
grosses et de forme indécise. Les deux taches blanches, dont l'une
très-petite, placée au dessus de l’autre, sont cerclées de ferrugineux ;
mais ces taches , au lieu d’être d’un blanc argenté, ainsi que cela
existe chez les espèces congénères Auront et Edusa , sont d'un
blanc mat. Les antennes, la tête et le corps n’offrent rien que de
commun au plus grand nombre des Colias.
La femelle a les ailes supérieures coupées plus carrément que celles
du mâle; elles sont surtout plus anguleuses à l’apex. On ne voit point
le reflet carminé et chatoyant qui orne l’autre sexe : en cela cette
espèce se rapproche de Y Au r or a femelle ; cependant les tachés de ces
deux Colias sont loin de se ressembler. Le fond est d’un fauve
orangé vif, finement sablé de noir à la base des supérieures, et sur
la plus grande partie des inférieures. La bande jaune vif, qui divise
1 1 bordure noire de? quatre aile?, présente des taches grandes, de
forme irrégulière, grossièrement arrondies. La bordure des infé-
rieures est quelque peu teintée de carmin. En dessous, ce qui frappe
au premier abord , est la teinte gris verdâtre des inférieures. La
tache discoïdale des ailes supérieures et des inférieures a la forme de
celle du mâle. Il en est de même des antennes, du thorax et de
l'abdomen.
Cette remarquable espèce, récemment découverte, vient d’être
décrite par M. Staudinger, qui l'a dédiée à M. de Heldreich attaché
au muséum d’Athènes. Elle faisait partie du magnifique envoi de
Lépidoptères nouveaux qui me furent confiés.
Heldreichi , originaire de la Valachie, vole en juin et juillet. Ellepa-
raît être jusqu'ici d’une extrême rareté. Mais espérons que bientôt ce
beau diurne sera répandu dans les collections, car l'étude des Lé-
pidoptères compte en Grèce plusieurs naturalistes distingués.
Polia Cœrulescens. 335
Les dessins de YHeldreichi ont été faits d’après deux exemplaires
mâle , et femelle, d’une grande pureté et dans un état parfait
de conservation.
L'espèce qui n'a pu encore être comprise dans le Catalogue de
M. Staudinger, devant trouver place après YAurora, portera le
n° 63 bis.
Le genre remarquable des Colias, composé jusqu’à ce jour de dix-
liuit espèces européennes , en comprenant YHeldreichi , présente des
individus très-voisins l’un de l’autre, et difficiles à déterminer, ainsi
qu’il arrive toujours chez les genres très-naturels.
A ces dix-huit espèces qui toutes sont loin d’être franchement
européennes, il faut ajouter les exotiques au nombre de sept seu-
lement, ce qui porte à vingt-cinq, on le voit, les Colias du globe;
nombre relativement restreint, eu égard à l’immensité des provinces
africaines, asiatiques et américaines, fort mal connues et très-peu
explorées il est vrai.
Cependant il est peu supposable que les Collas soient un jour beau-
coup plus nombreuses qu’elles le sont aujourd’hui, car leur vol diurne,
leur taille et leur brillante parure ont dû, dans tous les pays du
monde, attirer l’attention des naturalistes.
ÎP©Sm C'wnaalespeGiis.
Bdv. Geu. 1021. — Gn. Ind. 244. — Dup. Sup. IY , p. 95,
pl. 56. — Herr.-Sch. 38-39 , 402. — Gn. VI , p. 40. —
Stgr. Cat. 310.
(Pl. 40, fig. 5 à 7.)
CHENILLE.
Lisse, rase, allongée, sans éminence si ce n’est le pénultième seg-
336 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
ment faiblement relevé. D’un vineux obscur aspergé d atomes bruns
en dessus et sur les flancs, avec le dessous d’un blanc bleuâtre. La
vasculaire, grise, n’est visible que sur les incisions. La sous-dorsale
est assez large, interrompuè, brune. La stigmatale; large, continue,
faiblement ondulée et carnée, ne tranche pas d’une manière sen-
sible. Les stigmates sont jaunâtres et finement cerclés de noir. Le
ventre ne présente pas de lignes. La tête , moyenne , globuleuse ,
testacée, ceinte en haut de noirâtre , est éclairée au sommet par
deux points blanchâtres correspondant aux sous -dorsales. Vu de
dos, chaque anneau, sur lequel on distingue un losange imparfai-
tement écrit, laisse voir les trapézoïdaux précédés d’une éclaircie et
suivis d’un gros point noirâtre. Les seize pattes sont concolores.
Cette chenille vit en décembre et en janvier, aux environs de Mar-
seille, sur plusieurs Valérianées qui croissent en beaucoup de lieux
incultes, principalement sur les Centranthus ruber, D. C. et Calci-
trapa , Duf., fort répandus en Provence dans les terrains pierreux.
Elle ne vit à découvert que dans le jeune âge, et se cache bien-
tôt au bas de la plante : les feuilles rongées décèlent facilement
sa présence ; cependant il faut une certaine ténacité pour la découvrir
enfouie sous les pierres pendant le jour.
Les Centranthus et Valeriana ne font pas la nourriture exclusive
de la chenille de Cœrulescens : elle vit encore sur le Cistus albidus , L.,
VAtriplex hamilus, L., le Buxus sempervirens. L., des branches des-
quels je l’ai fait tomber plusieurs fois. UHyoscianms niger (1) la
nourrit également. Pour se métamorphoser , l’insecte descend en
terre à la profondeur de cinq à six centimètres, et forme une coque
assez solide, composée de soie et de grains de terre.
(i Voici ce que m’écrivait dernièrement M. Staudinger :
« La chenille de la Polia Cœrulescens a été trouvée par moi, le 14 février
« 1857, à toute sa grosseur, sur le Hyoscittmus niger, dans les ruines de la cita-
« delle d’Armeria, en Andalousie. Elle fit sa chrysalide huit jours après à Malaga,
» et me donna le papillon au mois d'octobre suivant. «
Polia Cœrulescens. 337
La nymphe est lisse, luisante, un peu obtuse, d’un brun roux, avec
l’extrémité munie de deux pointes faibles, relevées.
L’éclosion a lieu au commencement de septembre et continue jus-
qu’au milieu d’octobre.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,035 à 0,037 mill.
Les ailes antérieures, entières, arrondies, festonnées, d’un blanc
cendré, sont saupoudrées d’atomes brunâtres, surtout à la base.
Les lignes ordinaires sont assez mal déterminées, et les taches orbi-
culaire et réniforme encore plus vagues. Une série de points termi-
naux, bruns, pas toujours bien visibles , précède la frange qui est
assez longue et concolore.
Les ailes postérieures sont blanchâtres chez le mâle , et grises
chez la femelle.
Le point cellulaire et la ligne médiane sont fort mal indiqués.
Les individus d’un ton jaunâtre, chez lesquels les lignes et les ta-
ches sont d’un gris noir avec les ailes inférieures brunâtres, devraient,
ce me semble, constituer le type, car ils sont les plus nombreux.
Dans l’Ardèche, où cette Polia est fort abondante, les sujets blancs
cendrés n’existent pas ou y sont rares, et, en Provence, on rencon-
tre assez rarement ces derniers.
La P. Cœrulescens , qui n’a jamais été prise dans le Lyonnais, lait
partie des faunes sicilienne et italienne : en France elle ne doit pas
s’avancer plus haut que dans les départements de l’Ardèche et de
la Drôme.
Obs. L’espèce n’est pas très-rare aux environs d’Amélie-les-
Bains (Pyr. Orient.); c’est ce dont j’ai pu m’assurer cette année.
Les Valérianées qui la nourrissent abondamment en Provence pa-
raissent ne pas appartenir à la flore de ce pays ; c’est ce qui ex-
plique sans doute que la Cœrulescens n’y est pas commune. J’ai
trouvé la chenille sur plusieurs arbrisseaux tels que le Smilax atpera,
338 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
L., YErica arborea, h., et le Rhus coriaria , L. Les sujets fournis
par ces chenilles sont très-sombres, d'une teinte fuligineuse, mécon-
naissables au premier abord. Cette race est fort remarquable et
pourrait bien constituer une espèce séparée.
EXPLICATION DES PLANCHES.
339
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 8e Livraison (1863).
PLANCHE 37.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Sparla Paradoxaria cf, Stgr.
2. Id. Id. 9 •
3. Id. Jd. vue en dessous.
IL
Fig. 4. Chenille de YHeliothea Dîscoidaria, Bdy.
o. Jd. Jd. Jd. vue de dos.
(>. Chrysalide.
7. Insecte parfait 9 •
III.
Fig. 8. Psyché Daidoiitella, Mill.
9. Jd. Id. (deux ailes vues en dessous).
10. Tête de la P. DardoincWi, grossie.
11. Fourreau.
340
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 38.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 4. Metoponia Agatha, Stgr.
Id. Id. vue en dessous.
II.
Chenille de YEubolia Peribolaria, Hb.
Id. Id. Id. vue de dos.
Chrysalide.
Infecte parfait.
Id. Yar.
III.
Fig. 8. Chenille de la Gelechia Ulicinella , Stgr.
9. Chrysalide.
10. Insecte parfait.
Fig. 3.
4.
5.
6.
7.
EXPLICATION DES PLANCHES.
341
PLANCHE 39.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1. Lycaena Helena a" , Stgr.
2. Id. Id. ? .
3. Id. Id. vue en dessous.
II.
Fig. 4. Chenille de la Tephrina Peltaria , Dup. „
5. Insecte parfait.
III.
Fig. 6. Anarta Bohemanni , Stgr.
IV.
Fig. 7. Chenille de YOxyptilus Laetus , Zei.l.
8. Chrysalide.
9. Insecte parfait.
10. Tête et premier anneau grossis.
11. Parasite.
342 EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE 40.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1 .
2.
3.
Colias Hehlreirhi cf, Stgr.
hl. Ici. vue en dessous.
fd. Heldreichi Ç .
4.
hl. Id. vue en dessous.
II.
•n
Fig. S. Chenille de la Polia Caerulescens , Hn.
6. Chrysalide.
7. Insecte parfait.
Lyon. — lmp. Richard et Ce, 31, rue Tupin.
Annales de la Société Linnéenne de Lyon .
Année 1863. FL. IfL
6me Lior.
P. Mîllure etAiü^notpt
J Mwneaiur sc.
Arctz a LatreiUu, G-oi.
JFne JFigneaiu: col
lmp. Bonis te. 5. rue J fui non ,
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
PAR
P. MILLIÈRE
NEUVIÈME LIVRAISON
(Présentées à la Société Linnsenne Je Lyon, lo 11 Janvier 18G4.)
liafreÊlSiî (1)
God. , IV, p. 318, pi. 33. — Bdv. Ic., 39, o. — Herr.
— Sch, 66, 67, 3 18. — Stgr., Cat. 93.
(Planche 41.)
J’ai élevé cette jolie espèce ab ovo. Ses œufs sont finement granu-
leux vus à la loupe, d’un jaune citron; ils sont éclos le 27 mai de
l’année dernière , et avaient été pondus dix-huit ou vingt jours
avant cette époque.
Au moment de leur naissance et jusqu’à la première mue, les petites
larves, d’un aspect jaunâtre, sont couvertes d’une villosité concolore
et relativement longue. La tête et les points pilifères sont alors d un
(1) Eyprepia , Ochs. — Arctia , Steph. Stgr.
23
346 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
brun pâle. Les mues successives de l’insecte s’opèrent dans un temps
très-court: la première a eu lieu le 31 mai; la seconde, le 4 juin;
la troisième le il ; et enfin la quatrième le 18. C’est le 26 de ce même
mois de juin qu’elle est parvenue à son entier développement; elle
est alors de la grosseur de la chenille de la Luctifera.
CHENILLE.
Elle est presque cylindrique, et n’a pas, ainsi que cela a lieu chez
plusieurs espèces congénères, le 10e et le 11e segments légèrement
relevés. Très-velue, c’est-à-dire recouverte de poils assez longs, serrés
et implantés en faisceaux divergents sur des tubercules bruns, son
aspect général est le gris roussâtre ou le brun clair plus ou moins
chaud. La peau, vue de dos, est noirâtre, et les flancs sont d’un carné
vif. La vasculaire est large, continue , blanchâtre. La sous-dorsale,
également claire, largement interrompue, n’est indiquée que sur le
milieu de chaque segment. Je n'ai pu distinguer la stigmatale. Les
organes de la respiration, assez gros, sont carnés et cerclés de noir.
Le ventre est livide et ne présente pas de lignes au milieu, mais de
chaque côté on voit un trait brun. La tète est petite, globuleuse, d’un
fauve rougeâtre et marquée au sommet de deux grosses taches
noires. Les pattes écailleuses sont de la couleur de la tête, sauf le
dernier article qui est brun. Les autres pattes sont concolores avec la
couronne brune.
Cette chenille, très-vorace, est polyphage, par conséquent facile à
nourrir. Les Genista , notamment VHispanica , L., et les Chicoracées; les
Picris stricta, Jor. et hieracioides. L., surtout, sont les plantes qu’elle
semble préférer. Elle vit splitaire dans les lieux secs, pierreux et bien
exposés, et mange aussi bien le jour que la nuit. Sa croissance s’opère
promptement, ainsi qu’on a pu en juger’par ce que j’ai dit de ses rapi-
des changements de peau.
C’est encore à la complaisance de M. le Dr Staudinger que je dois
de connaître cette chenille. J’ai en effet reçu delui une vingtaine d’œufs
Chelonia Latreillii. 347
cle la chenille de Latreillii, pendant son voyage entomologique en
Espagne.
A la fin de juin, l’insecte se réfugie sous les pierres ou parmi
les débris de végétaux, et y tisse une coque molle formée de soie
blanche et de brins démolisse dans laquelle la transformation a bien-
tôt lieu.
La chrysalide est obtuse et en forme de barillet, sans aspérités, lisse,
luisante, d’un rouge d’acajou, et elle paraît, vue à la loupe, finement
chagrinée. La pointe abdominale est à peine saillante.
L’insecte parfait, qui n’a qu’une seule génération, éclôt ordinaire-
ment entre huit et neuf heures du matin, vers le milieu du mois d’a-
vril ou au commencement de mai de l’année suivante.
Je fais observer que les deux cinquièmes environ des chrysalides
ne sont point écloses cette année et qu’elles ne donneront sans doute
leur insecte parfait que l’année prochaine. Je ne serais pas surpris
même que certaines de ces dernières ne dussent éclore que trois ans
après la métamorphose de la chenille.
CHENILLE.
Godard, qui n’avait connu qu’un mâle de cette charmante Chelo-
nia, nous a donné une figure de coupe si peu exacte, qu’on a de la
peine à reconnaître une Latreillii. De plus les ailes supérieures sur sa
figure ont un fond blanc-jaunâtre : cette couleur n’est point, selon
moi, celle du type et ne doit constituer qu’une aberration. Voici au
reste, la description de cette Chélonie faite d’après un certain nombre
d’exemplaires des deux sexes :
Les ailes supérieures sont entières, arrondies, épaisses, bien four-
nies d’écailles. De nombreuses taches d’un noir profond et de formes
très-irrégulières, recouvrent en grande partie le fond, qui est d’un
carné plus ou moins vif. La côte est lavée de vineux.
Les ailes inférieures, d’un rouge vineux, sont très-largement bor-
dées de noir : cette bordure est interrompue, sinueuse et irrégulière-
348 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
ment large. Le point cellulaire est noir et toujours bien visible. La
frange, noire aux supérieures, est d’un rouge vineux aux inférieures.
Le dessous des quatre ailes rappelle exactement le dessus ; cependant
les teintes sont moins vives. Les antennes, de médiocre longueur,
sont pectinées et d’un gris noirâtre. La tête est velue et teintée de rou-
geâtre ; le thorax est noir ; le collier et les ptérygodes sont indiqués en
rougeâtre obscur. L’abdomen, très- velu, est noirâtre en dessus et
d’un rougeâtre vineux sur les flancs.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, a généralement les
taches disposées de même, seulement le noir des supérieures tourne
un peu au rose. Le dessous, au rebours du mâle, nous montre des
teintes plus vives qu'en dessus. La bordure noire des inférieures est
moins large et surtout moins noire que chez le mâle. Les antennes
sont faiblement ciliées. La tête, le thorax et l’abdomen sont tout-à-fait
noirs.
Cette espèce varie beaucoup; je signale les aberrations les plus
remarquables.
Yar. A.
Celle-ci (pi. 41, fig. 6) diffère du type par la couleur ochracée
chaude des supérieures, tandis que la teinte des inférieures reste
exactement celle de l’espèce ordinaire. Cette opposition de couleur
constitue une anomalie des plus intéressantes.
Var. B.
Chez cette aberration (pi. 41, fig. 7), le fond des ailes supérieures
est recouvert en presque totalité par le noir des taches, lesquelles ont
ici un grand développement. Un filet jaunâtre ayant imparfaitement
la forme d'un U et rappelant d'une manière vague le dessin du type,
existerait seul , n’était un petit trait jaune placé à l’apex. Les ailes
inférieures n’ont rien de remarquable.
Chelonia Latreillii.
349
Var. C..
Ici, les dessins des supérieures, bien qu’assez étroits , sont un
peu ceux de l’espèce ordinaire. Ce qui distingue cette variété ,
c’est le fond des ailes inférieures qui est d’un jaune rougeâtre. Les
supérieures sont quelque peu lavées de cette couleur à la côte et à la
base de l’aile.
Var. D.
La plus remarquable des quatre anomalies que j’indique, est cette
dernière (pi. 41, fig. 8). Le fond des ailes supérieures et inférieures
présente une ligne basilaire qui, au lieu d’être étroite et interrompue
vers le milieu, est très-large, de la côte au bord interne.
Ces quatre variétés de la Latreillii , et d’autres moins importantes,
m’ont été communiquées par M. Staudinger. Tontes proviennent de
l’Espagne, seul lieu, au reste, où l’insecte ait été trouvé jusqu’à ce
jour.
Les individus mâles et femelles qui viennent de m’éclore ne m’ont
pas donné d’aberrations dignes d’être citées.
Si l’insecte parfait a été mal rendu par Godard , M. Herrich
Schaeffer nous en adonné de bons dessins (pi. 13, fig. 66 et 67), mais
je les trouve trop petits d'un tiers.
M. le Dr Graells, de Madrid, nous a fait connaître déjà la chenille
de la Chelonia Latreillii dans les Annales de la Société entomologiqne
de France (année 1843, pag. 359, pl. 12, fig. 1 à 3); mais ne trouvant
pas ses dessins assez exacts, j’ai cru nécessaire de donner de nouvelles
figures de cette espèce puisque l’occasion vient de m’en être fournie.
La C. Latreillii qui est toujours une des plus grandes raretés, trou-
vée pour la première fois par M. le général Dejean, il y a une trentaine
d’années, a été, l’an passé, recueillie en certain nombre par M. Stau-
dinger. Je ne désespère pas de la rencontrer moi-même à Amélie-les-
Bains (Pyr. Orient.), dont le climat et la végétation sont à peu de
350 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
chose près ceux du nord de l'Espagne. Je dirai encore que pendant
un assez court séjour que j’y ai fait en janvier et février 1863, j’ai
trouvé entr’autres belles espèces, la chenille adulte du Bombyx Loti,
Ramb., considéré jusqu’à ce jour, comme appartenant exclusivement
à l’Espagne.
Nudai'i» ? (1) Massiliensis , Mii.l.
(Species nova.)
(PI. 42, fig. 1 à 3.)
Je devrais peut-être créer un genre pour cette nouvelle espèce qui,
bien que se rapprochant des Nudaria par la forme des ailes et leur
nature, la taille et le faciès général de l’insecte, s’en éloigne cependant
par la conformation des palpes ainsi que par la longueur de la trompe.
Provisoirement je laisse Massiliensis parmi les Nudaria de Stephens,
en attendant que la connaissance des premiers états de cette curieuse
espèce vienne nous apprendre où doit être sa véritable place dans l’or-
dre des Lépidoptères.
Envergure : 0,019 m.
Les ailes , larges, arrondies , luisantes , peu chargées d’écailles,
sont néanmoins opaques. Les supérieures, sur un fond blanchâ-
tre , présentent des lignes transversales assez distinctes bien que
faiblement écrites en gris foncé. L’extrabasilaire est indiquée par
un gros point appuyé à la côte. La basilaire , presque droite , si-
nueuse, commence par un gros point qui touche également à la côte.
La coudée, très-sinueuse, présente au coude un angle rentrant pro-
noncé. Enfin la tache réniforme ou au moins un gros point gris qui
occupe sa place, est des plus visibles.
1) Bdv. Steph. Stgr.
Annales de la Société Linnèenne de Lyon .
9n}e Livr.
Année JS 63 PI A-
J . i à 3, Ihtdaria ? Mjj'silic7isi<r, MéJL
II. 4 lI d. Haie chia Raly niella* Mil.
III . g Cojichylù Mètidiana, Styr.
N. la et il, Larenlm Ziinu te maria. Zah
Di; p, lÛrilrt'i, G. næ
Niqkan
M™ lüancpu.v col.
„ —
Nudaria ? Massiliensis. 3S1
La frange est concolore, assez longue, et précédée de taches trian-
gulaires grises placées entre chaque nervure.
Les ailes inférieures sont traversées par une ligne assez étroite, mal
écrite indiquant d’une manière vague la continuation de la coudée.
Les franges, un peu plus longues qu’aux supérieures, sont également
précédées de taches grises, triangulaires, bien indiquées.
Le dessous est luisant, concolore, sans taches, avec la base des ailes
blanchâtre; il laisse voir les nervures très-accusées.
Tête, assez forte; yeux, ronds, relativement gros, d’un brun rou-
geâtre. Trompe, allongée, roulée en spirale, concolore. Palpes, assez
longs, tendant à se relever, comprimés à la base et velus jusqu’à la
naissance du 3e article. Celui-ci, pointu, relevé, presque nu. Antennes
médiocrement longues, fortement ciliées, brunâtres. Thorax, carré,
concolore, avec les ptérygodes assez longues. Abdomen, conique,
aussi long que les ailes inférieures, blanchâtre, terminé par un pin-
ceau de poils. Poitrine, concolore, luisante. Pattes, de médiocre lon-
gueur, blanches, luisantes ; munies aux inférieures, d’une seule paire
d’éperons.
Je suppose que cet individu est une femelle et, bien que je ne con-
naisse que cet unique sujet, je n’ai pas hésité à le publier à cause de
ses caractères tranchés.
La Massiliensis faisait partie d’un envoi de Lépidoptères à déterminer
que m’avait communiqués à la fin de l’été dernier, M. Dardoin, au-
quel la Science est redevable déjà d’un certain nombre d’espèces.
« Je l’ai prise, » m’a écrit notre collègue, « aux environs de Mar-
« seille, à la fin de juin 1861, dans un chemin creux bordé de buis-
« sons, ayant à droite et à gauche des garigues herbues. »
Cette nouvelle Nudaria ? appartient à la riche collection de M. Dar-
doin. Dans le catalogue Staudinger, elle devra être placée après la
Mundana de Duponchel, et avant YAltaica, Led., où elle portera le
n° 23 bis.
352
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
ftieSeeSeSsa MaflysmeSla (1) , Mill.
(Specips nova.)
(PI. 42, lig. 4 à 8.)
CHENILLE.
Elle est assez courte, fusiforme, d’un blanc jaunâtre plus ou moins
prononcé. Les lignes ordinaires sont larges et indiquées en rouge car-
miné clair. La stigmatale est la seule qui ne soit pas continue : celle-
ci est interrompue sur chaque segment. Le ventre est jaunâtre et ne
présente pas de lignes. Les stigmates, qu’on ne distingue qu’à la
loupe , m’ont paru noirs. La tète, petite, lenticulaire, est d’un noir
luisant. Les deux premiers anneaux sont d’un vineux obscur : le pre-
mier porte un écusson corné, noir et luisant. Les pattes antérieures,
de couleur vineuse, ont le premier article noir. Les trapézoidaux, re-
lativement gros, sont également noirs.
Cette chenille vit sur VAtriplex halymus, L., arbrisseau naturalisé en
Provence, fort répandu sur les terres qui avoisinent la mer, notam-
ment aux environs de Marseille.
La chenille de Halymella semble attaquer presque seule cet Atri-
plex (2) qui la nourrit en grande abondance. L’œuf déposé sur une
des feuilles épaisses et persistantes de cet arbuste, éclot dès le mois de
décembre. La petite chenille perce cette feuille, s’introduit sous la
pellicule qu’elle a soulevée et là, ronge en repos le parenchyme. Elle
grossit lentement, attaque plusieurs feuilles successivement et n’atteint
toute sa taille que deux mois environ après sa naissance. C’est à cette
(1) Du nom spécifique Halymus ( Atriplex halymus, L.).
(2) On y trouve encore quelques rares chenilles de la Main. Chenopodiphaga et
de la Boar. Rhomboidaria.
Gelechia Halymella 353
époque, celle du commencement de février, que son développe-
ment ne lui permettant plus de vivre à la manière des mineuses,
elle lie trois ou quatre feuilles au centre desquelles elle se tient cachée
pendant le jour. Cette chenille ne se contente plus alors du parenchy-
me de la feuille, elle ronge celle-ci dans toute son épaisseur.
L’insecte ne se métamorphose que fort rarement dans les feuilles de
l’arbrisseau qui l’a nourri : il se cache parmi les mousses et s’y chry-
salide après avoir préalablement formé une coque solide composée
de soie blanchâtre entremêlée de débris de végétaux.
La petite nymphe, assez allongée, d’un brun rougeâtre sur le dos
et la poitrine, a les anneaux teintés de jaune clair avec les incisions
d’un carné vif.
L’éclosion de la Tinéide arrive dès le commencement d’avril et se
prolonge jusqu’à la fin de ce mois.
INSECTE PARFAIT
Envergure: 0,013 à 0,014“.
Les ailes supérieures sont entières, longues, étroites, presque rec-
tangulaires, disposées en pointe arrondie et garnies inférieurement
d’une assez longue frange. Le fond, d’un jaune de Naples plus
ou moins chaud, est chargé de huit ou neuf points noirs, dont
cinq disposés en une sorte d’ellipse au premier tiers de l’aile. Deux
autres points suivent ceux-là. Un dernier point, plus grand que
les précédents, de forme orbiculaire, est situé à l’apex. Les ailes
inférieures, moins longues que les supérieures, sont un peu plus
larges. Elles sont terminées en pointe aiguë, d’un gris bleuâtre, lui-
santes, sans dessins et très-largement frangées au bord interne sur-
tout. Les quatre ailes sont en dessous d’un jaune paille vif, et très-
luisantes. La tache circulaire apicale est seule visible. Les antennes
sont longues et filiformes. Les palpes aigus et relevés au-dessus de
la tète, ont les deux premiers articles seuls velus. Les yeux sont
354 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
noirs. La tête et le thorax assez robustes, concolores, sont peu fournis
d’écailles. L’abdomen, long, déprimé et dépassant les ailes inférieures.
La poitrine et les pattes sont concolores.
La femelle est semblable au mâle.
Cette Gelechia a, sans doute, plus de deux générations par an.
C'Oi&ciiylis Meridiana, Stgr.
Stett. , e. entomol. Zeit. , 1859.
(PL ï% fig. 9.)
J’étais sur le point de publier cette Tortricède que je croyais
nouvelle , lorsqu’après l’avoir soumise à MM. les entomologistes
allemands, je sus que cette espèce, non encore figurée, avait été de-
puis peu décrite par M. Staudinger dans les Annales de la Société
Entomologique de Stettin.
Envergure : 0,024 à 0,025 m. Les ailes supérieures sont étroites,
allongées, presque rectangulaires sans autres dessins que: 1° trois
points bruns placés au tiers de l’aile et formant par leur réunion un
triangle situé à égale distance de la côte et du bord interne. L’espace
triangulaire qu’embrassent ces trois points , est teinté de rougeâtre ;
2° de deux ou trois points bruns, placés obliquement aux deux tiers
de l’aile, à la même hauteur que les premiers et venant après ceux-ci.
La côte est finement ponctuée vers l’extrémité et au milieu , et , de
plus, marquée imparfaitement de trois ou quatre traits rou-
geâtres. Les ailes inférieures sont larges, entières, rectangulaires,
luisantes, d’un gris roussâtre et sans taches. Les franges des quatre
ailes sont larges et concolores. Les supérieures , en dessous , sont
brunes; elles ont les franges et la côte d'un jaune paille. Les
inférieures, luisantes, rappellent complètement le dessus par leur
teinte uniforme.
Les antennes, très-faiblement ciliées, jaunâtres, arrivent à peine aux
Lareutia Zumsteinaria.
355
trois cinquièmes de la longueur des premières ailes. Les palpes, longs,
incombants, sont touffus et sans articles distincts. Trompe, nulle;
thorax, robuste, bien fourni, concolore. L’abdomen, plus long, que les
ailes inférieures, est d’un jaune paille; il se termine par un pinceau
de poils légèrement roussâtres. Les pattes, assez longues, sont con-
colores.
La femelle, relativement plus rare que le mâle, lui ressemble.
La chenille m’est inconnue.
La C. Meridiana vole en juin et juillet. Je l’ai trouvée pour la pre-
mière fois, il y a une dizaine d’années, aux portes de Lyon, sur les
hauteurs de Saint-Clair, dans des lieux incultes remplis (VArtemisia
campestris.
J’ai repris ce grand Tortrix en certain nombre dans un pré sec,
aux environs de Grenoble, lors de la première promenade qu’ont
faite MM. les membres de la Société Entomologique de France, à l’épo-
que du Congrès de 1859.
M. Staudinger m’écrivait dernièrement : « J’ai pris C. Meridiana
« en juillet, à Grenade. Puis mon chasseur en a capturé de très-
« grands individus à Malaga. Je l’ai reçu ensuite de Catalogne et je
« crois de Montpellier. » Ce naturaliste ajoutait: « Je suis très-sûr
« que mon ami M. Walse se trompe en jugeant vos exemplaires de
« ma Meridiana variétés de la Zephirana. »
ILaremSia Siauïsteinarïa (1) Lah.
(Supplément à la Faune suisse (Phalénides).
(PI. 42, fig. 10 et 11.)
M. le docteur de la Harpe, de Lausanne, m’ayant confié cet insecte
pour le figurer dans mon Iconographie, je crois devoir informer mes
(1) Dédiée à madame Z umstein.
356 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
lecteurs que cet insecte a été décrit Tannée dernière, dans la Revue
de Ici Société Entomologique de Schaffouse (Suisse), page 24.
Je rapporterai textuellement l'alinéa qui précède la description de
cette Phalénite, par M. de la Harpe :
« Je dois cette jolie espèce M. Meyer de Burgderf, qui Ta prise du
« 30 mai au 20 juin 4861, au bord d'un bois de pins, au-dessus de
« Yiége, (Haut Valais). Elle n’est pas très-rare dans la localité qu’elle
« habite, mais elle est difficile à saisir, parce qu’elle se pose habi-
« tuellement sur la terre et les rochers, dont elle a la couleur. La
« chenille vit probablement sur les pins, le papillon ne s’étant montré
« nulle part ailleurs dans la contrée. Trois exemplaires en bon état,
« dont un mâle et deux femelles. »
La Zumsteinaria qui, pour la teinte générale, rappelle YEiibolia
Bipmctaria, est d’un tiers plus petite que celle-ci.
M. de la Harpe rapproche cette nouvelle espèce des Phalénites
Aptata, Spadiceata, Propugnaria et autres. Est-ce en effet près de ces
dernières qu’elle doit trouver place ? Je l’aurais bien plutôt crue voi-
sine de la Multistrigaria, IIaw. et de VAustriacaria, H-S. dont elle a
la coupe d’ailes, la taille, et un peu la disposition des lignes.
Les ailes sont entières, veloutées : les supérieures, légèrement fal-
quées, ont l’apex aigu. Le fond est d’un gris bleuâtre avec l’espace
médian qui se détache en brun rougeâtre. Le milieu de cet espace
laisse voir distinctement le point cellulaire, petit, noir, reposant sur
un fond grisâtre. Un double trait fin, géminé, blanchâtre, borde dans
toute sa hauteur, à droite et à gauche, cet espace médian. La subter-
minale, également blanchâtre, festonnée, précède une série de points
noirs. Ceux-ci, disposés par paires, sont séparés par des taches fon-
cées correspondant aux nervures. L’extrabasilaire, fortement arron-
die, est double, large et d’un gris foncé. La frange est médiocrement
longue, concolore et entrecoupée de brun. Les ailes inférieures sont
étroites et d’un gris roux; teinte qui se prononce davantage à l’extré-
mité. Ces ailes sont coupées transversalement par deux bandes blan-
châtres et par la ligne fulgurale visible seulement à la base. La frange
B MilUère et Jotjues.
Imj>, Houh'te 5 r. Mignon .
Bombyx Dorycnii. 357
rappelle celle des supérieures. Le dessous est d’un gris obscur avec
la tache cellulaire bien indiquée en noir aux quatre ailes. Une
bandelette transversale, arquée, assez large, blanchâtre, traverse les
ailes vers le milieu. Enfin, les points qui précèdent la frange sont à
peine visibles. Les antennes du mâle, faiblement pectinées, sont
brunâtres. Les palpes sont courts; le front est brun. La tête, le thorax
et l’abdomen sont unicolores. Ce dernier est terminé par un fais-
ceau de poils gris et blanchâtres. La poitrine et les pattes sont grises.
Etoiiibyx Dorycnii, Mill.
(Species nova.)
(PI. 43.)
Plusieurs naturalistes ont soupçonné avant moi que le Bombyx
Franconica du midi de la France n’était point la même espèce que
l’insecte du même nom des Alpes suisses et de la Franconie (1). Tou-
tefois, l’une des deux espèces, car il y en a évidemment deux très-dis-
tinctes , a toujours été admise comme variété locale de l’autre.
Si la chenille de chacune de ces deux espèces eût été connue, le
doute n’eut pas été un instant possible, car si les insectes parfaits du
Dorycnii et du Franconica ont ensemble certains rapports, les che-
nilles s’éloignent beaucoup l’une de l’autre, ainsi que vont le démon-
trer mes figures.
De plus, les mœurs, le genre de nourriture, l’époque d’apparition,
la parure et l’habitat de chacune des deux chenilles , les caractères
(1) M. Daube, de Montpellier, est peut-être le premier qui ait cru à deux es-
pèces. C’est lui qui a appelé mou attention sur le fait important que je vais ra-
conter. Je citerai également M. Prévost père, de Genève, qui, avec une grande
obligeance, s’est empressé de m’envoyer, des montagnes suisses, la chenille du
B Franconica h divers âges, pour la comparer à celle des environs de Montpellier,
358
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
distinctifs et constants des insectes -parfaits , tout concourt à prouver
l’existence de deux espèces.
La première chenille, celle du Dorycnii, vit au bord de la mer du
midi de la France , à quelques mètres au dessus de son niveau.
L’autre , au contraire , habite à de très - grandes hauteurs et
souvent dans le voisinage des neiges, à plus de onze cents mètres
d’élévation.
J’ai dit que ces deux chenilles s’éloignent beaucoup l’une de l’autre
quant au faciès ; en effet, celle du Dorycnii qui ne varie jamais, n’a
que peu de rapports avec la chenille du Neustria , tandis que celle du
Franconien ressemble à s’y méprendre au premier abord à la chenille
de ce vulgaire Bombyx. La première se métamorphose en chrysalide
alors que sa congénère est à peine à sa seconde mue.
Je commencerai par la dernière venue, celle qui vit sur les Doryc-
nium.
Les œufs qui sont pondus au commencement de l’été (1) éclosent
en février de l’année suivante. A la mi-avril les petites chenilles ont
atteint leur seconde mue. C’est à cette époque que, par l’extrême bonté
de notre collègue, M. Daube, j’ai reçu un nid entier de ces pré-
cieuses larves. Depuis l’époque de leur éclosion jusqu’à celle de
(1) Avant l’impression définitive de l’histoire du B. Dorycnii, j’ai pu faire les
nouvelles observations suivantes. J’ai obtenu des œufs fécondés d’une femelle
ex larva, dont l’accouplement s’est effectué assez difficilement. Peu d’instants après
l’acte de la copulation , qui est très-court, l’insecte a pondu ses œufs sur une sur-
face arrondie, rangés symétriquement les uns à côté des autres. La ponte a dure
quatre ou cinq jours ; elle a été fort abondante : j'ai compté près de trois cents
œufs : ils sont cunéiformes, présentent quatre pans , dont deux plus larges que les
autres. Leur couleur est le verdâtre obscur , avec le sommet et les arêtes d’un
blanchâtre tirant parfois sur le roux. Six mois après que ces œufs ont été
pondus , ils n’avaient pas changé de couleur et ne s’étaient que très-faiblement dé-
primés sur chaque surface.
Vers ce temps, il m’a été envoyé de Montpellier, une ponte de ce nouveau
Bombyx. Les œufs sont placés autour d’une petite branche qu’ils garnissent sur
une étendue de plusieurs centimètres. Ils rappellent , par cette disposition, les
œufs en anneaux des espèces congénères.
Bombyx Dorycnii. 359
leur seconde mue, elles ne changent pas de couleur : elles sont d’un
brun rougeâtre. Lors de leur troisième mue, qui arrive vers les
premiers jours de mai, leur livrée passe au brun foncé, et on dis-
tingue très-bien une fine stigmatale d’un blanc vif, laquelle n’est
guère indiquée qu’au commencement de chaque anneau. Jusqu’a-
lors une villosité assez abondante recouvre l'insecte. C’est vers la fin
de mai qu’arrive la quatrième mue, et, trois ou quatre jours après,
la chenille a atteint toute sa grosseur. Son aspect, après ce dernier
changement de peau, est bien différent de ce qu’il était précédem-
ment. Elle est alors relativement grande et forte, atténuée antérieu-
rement, nullement aplatie en dessous. Le fond est d’un noir velouté,
profond, et, ce qui frappe d’abord, est la magnifique teinte bleue
qui y est répandue. La vasculaire est indiquée par un trait fin, bleu,
pas toujours visible, sur lequel reposent deux gros points bleus : le
premier sur l’incision et le second au milieu de chaque segment.
La sous-dorsale, large, irrégulière, d’un beau bleu, est bien indiquée,
du 3e au IIe anneau compris. Cette ligne est en outre aspergée de
nombreux points noirs. La stigmatale qui, dans l’âge précédent, est
indiquée en blanc vif, a disparu. Je n’ai pu voir les organes de la res-
piration, perdus au milieu d’une abondante villosité, bien que les
poils soient médiocrement longs. Cette villosité est uniformément
rougeâtre.
Le quart environ des sujets que j’ai élevés, présente sur le dos et
les flancs des lignes étroites, interrompues, ferrugineuses ou plutôt de
nombreuses stries qu’on ne distingue bien qu’à la loupe. A partir du
quatrième anneau, le ventre est marqué de deux lignes très-larges,
irrégulières, blanchâtres, marquées elles-mêmes de quelques points
noirs. La tête, de grosseur ordinaire, faiblement aplatie en avant,
est d’un noir mat. Les mâchoires sont noires, luisantes et couronnées
par un liseré fin et jaunâtre. Les palpes, d'un noir mat, ont le premier
article également jaunâtre. Les pattes écailleuses, sont entièrement
noires et luisantes ; les dix autres, d’un noir mat, ont la couronne gri-
sâtre.
360 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Ces chenilles vivent en famille depuis l’instant de leur naissance
jusqu’à celui de leur métamorphose , sur diverses plantes basses et
sous-arbrisseaux. Ce sont les Statice, les Plcmtago, les Euphorbia, les
Dorycnium. Lorsque la nourriture n’est plus suffisante dans le voisi-
nage de la tente commune, elles se dispersent aux premiers rayons du
soleil pour manger, et se réunissent bientôt après. On les voit brouter
encore les feuilles au déclin du jour, puis se réunir de nouveau.
Elles se pelotonnent alors pour passer la nuit, et ne forment plus
qu’une boule compacte.
C’est vers le milieu de mai que la chenille du Dorycnii tisse sa co-
que dans laquelle elle sera bientôt transformée. Elle la construit le
plus souvent au centre de plusieurs feuilles réunies. Quelquefois,
elle est formée dans les mousses ou les feuilles sèches ; ce dernier cas
est rare. Cette coque est ovoïde, molle bien qu’assez épaisse, opaque,
blanchâtre, recouverte, ainsi que celle du Neustria, d’une efflorescence
jaune soufre, qui n’a pas une grande adhérence et que le moindre
contact enlève.
La nymphe, cylindrico-conique, oblongue, d’un brun rougeâtre
antérieurement, est d’un rougeâtre clair à partir des anneaux. Ceux-ci
sont renflés et très-distincts. Les trois derniers sont d’un rougeâtre
foncé. Les stigmates paraissent bien indiqués en brun. La partie dor-
sale est généralement plus foncée que le ventre et les flancs. Lachry-
salide de la femelle diffère de celle du mâle, par son volume du double
plus fort et par des teintes généralement plus vives. Le ventre est
marqué sur chaque incision d’une tache brune , et la place des pattes
paraît indiquée sous forme d’un petit point brun.
Je vois, dans les notes laissées par feu Donzel, que cet entomolo-
giste a trouvé lui-même la chenille de ce Bombyx, à Hyères (Var), sur
le Statice limonium et sur le Dorycnium suffruticosum.
INSECTE PARFAIT
Il est, toujours plus grand que le Franconica proprement dit, et a assez
Bombyx Dorycnii. 361
le faciès de ce Bombyx. Cependant, si on compare les deux espèces,
on ne tarde pas à reconnaître que la coupe du Dorycnii est générale-
ment moins arrondie, et qu ‘aussi les ailes sont plus allongées que chez
son voisin le Franconica. De plus, et ce caractère est constant , c’est
que tandis que les ailes du Franconica mâle sont toujours d’un brun
chocolat, opaques et bien recouvertes d’écailles , celles du Dorycnii
sont invariablement presque diaphanes.
Les quatre ailes sont unies et sans dessins, d’un jaune cendré et à
demi transparentes. Cependant la côte, les nervures et les franges sont
brunes et bien marquées. Le dessous des quatre ailes est semblable au
dessus. Les antennes, très-pectinées, ont la tige jaune. Le thorax brun;
l’abdomen brun clair. La poitrine et les pattes sont de la couleur du
thorax. '
La femelle, bien différente du mâle pour la coupe des ailes et la
couleur, est de moitié plus grande que lui. Cette femelle s’éloigne
autant de la femelle du Franconica que le mâle. Elle a les ailes relati-
vement allongées présentant, au bout de la seconde nervure, un
coude toujours bien accusé alors que rien de semblable n’existe chez
la femelle du Franconica.
Le B. Dorycnii femelle est entièrement d’un ferrugineux pâle avec
une faible éclaircie au centre de chaque aile supérieure. Ce caractère
est constant (1).
Les antennes sont crénelées. Le corps est unicolore en dessus et en
dessous.
Cette espèce varie peu. Je possède cependant des individus femelles
d’une teinte brune qui se rapprochent assez du Franconica femelle;
mais, bien entendu, pour la couleur seulement.
Duponchel ayant fait sa description d’après des individus pris
dans le voisinage de Montpellier, et cela bien longtemps après que
(1) Je ferai encore observer cjue cetfe éclaircie n’existe jamais chez la femelle du
Franconica,
”24
362 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Fabricius eût décrit son Franconica sur des sujets provenant des
montagnes de la Franconie, le nom imposé par ce dernier auteur doit
être conservé , tandis que les Franconica de Duponchel devront être
rapportés à ma nouvelle espèce.
Les sujets représentés par Esper, pl. 44, sont évidemment des Ftom-
conica mâle et femelle. Quant aux Bombyx de Hubner : le n° 175 est
aussi un Franconica mâle, tandis que len° 176 du même auteur peint,
la chose me paraît certaine, d’après un sujet du midi de la France, ce
dernier doit sûrement se rapporter à mon Dorycnii.
Je crois avoir suffisamment démontré que ces deux espèces sont très-
distinctes , que le Franconica de Fabricius, celui d’Esper, et le Fran-
conica mâle de Hubner représentent, je le répète, le vrai Franconica,
tandis que ceux qui ont été publiés par Duponchel (1) devront être rap-
portés au B. Dorycnii.
Une belle et intéressante espèce, dont la validité, je l’espère, ne
sera contestée par personne, est donc acquise à la Science.
Il me reste à faire connaître la chenille du Franconica encore
inédite, et de faire voir en quoi elle diffère de celle du B. Dorycnii.
Obs. Après avoir lu une note sur les cocons doubles du Sericaria Mari,
par M. Maurice Girard , dans les Annales de la Société entomologique
de France, séance du 28 juillet 1862, je croyais que le fait anormal
signalé par ce naturaliste, devait se reproduire d’une manière identique
pour les cocons doubles du Bombyx Dorycnii, filés chez moi. Ces cocons
que je supposais tous bisexuels, ainsi qu’ils avaient été observés chez le
Sericaria Mori, ne l’étaient que dans une faible proportion , puisque
surquatredeces cocons doubles, trois étaient filés par des femelles réu-
nies par deux et facilement reconnaissables à leur grosseur. Le qua-
trième cocon douille était formé par un mâle et par une femelle ,
lesquels sont éclos.
Je fais observer que les œufs pondus par cette dernière femelle,
n’étaient pas fécondés.
(t) Pag. 346, pl. XIII, fig. 7 et 8.
J9. Millier e et Jaguar.
1. 1 à- £, Bombycù Francanieci.Fob.
II. 7 et S.Aqrotis Tritia I*. ! Abcrr.jL.Mill.)
Dehvny je
Imp.ffouùtc 5 r.. Mignon
M"ul M-ù/neaiu' col.
Bombyx Franconien. 363
Je ne saurais donc admettre l’opinion des naturalistes qui pensent
que les chenilles se réunissant pour former des cocons doubles, savent
dès lors reconnaître leur sexe.
Bombyx Fraiiconica , Far.
Esp., pl. 26, fig. 142. — Hb., pl. 175, fig. 6. — God., IV. pl. 13,
fig. 7 et 8. — Stgr., Cat., pag. 29.
(Pi. 44, fig. 1 à 6.)
CHENILLE
Jeune, elle est tellement voisine de la chenille du Neustria , qu’il
faut pour l'en distinguer une attention extrême. A cette époque
elle est assez fournie de poils. Ses mœurs sont, à peu de chose près,
celles de ses voisines les chenilles de Castrensis et Neustria, cependant
elle est beaucoup plus tardive, puisqu’elle est à peine à sa troisième
mue lorsque ses congénères commencent à se chrysalider.
Les œufs qui ont été pondus en août sur l’arbuste qui doit nourrir
les chenilles, éclosent au printemps de l’année suivante, saison tou-
jours tardive dans la haute montagne, c’est-à-dire en mai. La crois-
sance des jeunes larves est lente ; ce n’est qu’au commencement de
juin qu’elles ont opéré leur troisième mue. Leur livrée alors est peu
différente de ce qu'elle était précédemment.
C'est à la fin du mois de mai dernier que j’ai reçu de M. Auguste Pré-
vost, de Genève, une vingtaine de chenilles de ce Bombyx; elles étaient
alors fort petites. Leur jeune âge, et mieux que cela sans doute, le mi-
lieu dans lequel elles vivaient (1) les fit périr toutes. Le vingt-six juin
(1) Elles n’avaient plus l’air vif de la haute montagne, leur patrie; cependant
elles respiraient un air pur; car elles étaient élevées à la campagne , en plein
air et placées sur un Rosier pimprenelle enveloppé d’une gaze.
364 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
suivant, je reçus un second envoi de ces précieuses chenilles presque
toutes parvenues à leur entier développement. J’en perdis encore un
bon nombre. Bien que l’éducation de ces insectes délicats soit fort
difficile (1), je réussis à en amener plusieurs à bien.
Jeune, la chenille est à peu près ce quelle sera à son âge adulte.
Les lignes sont pourtant moins vives qu’elles le deviendront , et le
dernier anneau présente en dessus une teinte rouille qui disparaitra
plus tard.
A la fin de juin, parvenue à son entier développement, la chenille
du Franconica est moins grosse que sa congénère, celle du Dorycnii,
et paraît, au premier aspect, se confondre avec la chenille du Gastr en-
sis , ou mieux celle du Neustria , bien que plus courte que ces der-
nières. Mais ce qu’il y a de certain , c’est qu’on ne saurait la con-
fondre avec celle du B. Dorycnii, dont, on le sait, les dessins sont bien
différents. Voici, au reste, la description de la chenille du Franconica.
Elle est presque cylindrique, légèrement atténuée aux deux extrémi-
tés, avec les lignes bien tranchées. Il serait difficile de dire quel est
la couleur du fond. Pourtant ce doit être le bleu clair, à partir de la
sous-dorsale jusqu’en dessous de la stigmatate. La ligne vasculaire qui
commence, au second anneau est d’abord étroite ; puis elle s’élargit,
surtout à partir du quatrième segment, et se prolonge jusqu’au dou-
zième. Cette ligne, très-caractéristique, est d’un gris blanchâtre (2).
Sur chacun de ses côtés règne un filet d’un noir velouté; très-finement
liseré de fauve en dessus et en dessous. La sous-dorsale est large ,
continue, d’un bleu pâle, liserée de fauve et aspergée de rares atomes
noirs. On voit, en outre, au centre de cette ligne bleue, un gros point
noir placé au milieu de chaque anneau et appuyé sur le bord inférieur.
L’espace compris entre la ligne précitée et la stigmatate est également
(1) Elles sont en cela bien différentes de leurs congénères les chenilles du B. Do-
rycnii, dont l’éducation ne demande pas de soins.
(2) Ce caractère constant suffirait pour distinguer cette chenille de sa voisine ,
celle du Dorycnii , qui, à laplace, n’a que quelques points bleuâtres.
Bombyx Franconica 363
bleu , mais il est recouvert d’un sablé noir serré qui souvent empêche
de distinguer la couleur du fond. La stigmatate est étroite , ondu-
lée, continue , d’un jaune rouille. Les stigmates sont ovales et
cerclés de noir. Le ventre est d’un blanc grisâtre et marqué au
milieu de chaque anneau d’une grosse tache cruciale noire. La tête
est petite, globuleuse, faiblement bleuâtre : à la loupe on distingue,
sur toute la surface, un sablé noir et abondant. Les pattes écailleuses
sont d’un noir de jais ; les autres sont grisâtres et maculées de noir sur
les côtés. Les poils sont d’un fauve plus ou moins vif, et assez abondants
à tous les âges de l’insecte.
Cette chenille vit dans les Alpes à une assez grande hauteur, c’est-à-
dire à onze ou douze cents mètres. Sa nourriture habituelle est, me
mande M. Prévost qui l’élève abondamment chaque année, le Rosier
pimprenelle ( Rosa pimpinelli folia, D. G.), arbuste, je l’ai dit, sur
lequel je l’ai élevée à Lyon.
Il m’a été affirmé que souvent, dans la montagne, on trouve cette
chenille sur diverses espèces (YEuphorbia. Cependant j’ai donné, à
quelques-unes de celles que j’élevais, plusieurs sortes cVEuphorbia
et les Dorycnicum decumbens, et suffruticosum , qui les ont toutes
fait périr.
Vers la fin de juin ou le commencement de juillet, l’insecte tisse une
coque blanchâtre parmi les feuilles ou les mousses. Cette coque est de
consistance très-molle, transparente et recouverte d’une efflorescence
jaune soufre. Elle laisse voir, imparfaitement il est vrai, la chrysalide
dont la tête est placée en haut. Cette chrysalide est conico-cylindrique
et presqu’entièrement d’un noir opaque. Elle est sans aspérités, et la
pointe, obtuse, est dépourvue de crochets.
C’est vers le ! 2 ou le 15 juillet qu’a commencé l'éclosion du Lépi-
doptère.
INSECTE PARFAIT
Toujours plus petit que le B. Dorycnii, avec les ailes plus arrondies,
366 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
moins anguleuses. Ses ailes ne sont jamais transparentes ; elles sont
d’un brun chocolat et marquées au centre d’une très-large bande
oblique qui les traverse. En dessous, les quatre ailes sont à peu
près ce qu’elles sont en dessus, seulement les bandes jaunâtres trans-
verses sont plus larges. Les franges en dessus et en dessous sont jaunâ-
tres. Les antennes sont brunes et assez fortement pectinées jusqu’au
sommet. Le thorax est robuste, bien fourni et brun • il est de plus
recouvert de quelques poils fauves. L’abdomen est velu et noirâtre
en dessus ; en dessous il est brun et se termine par de rares poils
fauves.
La femelle, qui mesure 0,027 à 0,028 m. d’envergure, est
moins grande que la femelle du Dorycnii. Elle se distingue de
cette dernière par la coupe ; les ailes sont moins allongées et plus
arrondies. Les contours des supérieures surtout, ne sont pas cou-
pés aussi carrément. Franconica femelle se distingue encore de sa
congénère par sa couleur toujours plus sombre. Les quatre ailes
sont uniformément d'un rougeâtre brun foncé, et sans éclaircie au
centre. Le disque des supérieures est traversé par une ligne diago-
nale fort peu distincte. Le dessous des quatre ailes est à peine
plus clair que le dessus. Les antennes sont ciliées et concolores
ainsi que le thorax.
L’abdomen est invariablement recouvert de poils courts , serrés
et noirâtres ; ce caractère sérieux et constant n’existe jamais chez
la femelle de l'espèce voisine.
Je ne connaissais pas de variétés appréciables du B. Franconica ,
avant que M. Prévost m’eût soumis une remarquable aberration de
cette espèce éclose chez lui.
Cette variété accidentelle , de la grandeur du type , est com-
plètement d’un brun noirâtre avec le thorax et l’abdomen d’un noir
de suie. Je la désignerai var. A.
Des nombreux Franconica que M. Prévost a vus éclore , c'est ,
m’a-t-il dit, la seule aberration qu’il ait remarquée.
Agrolis Teitici.
367
Agrotls Tritici, Lin.
S. N., 179. — Treits, I, p. 137. — Bdv. Icon., pl. 77, fig. 2-3. =
Eruta, Hb., 623 c! = Aquilina: God., pl. 64, fig. 6-7. — Gn., V,
p. 471, Stgr. Cat. 169.
(Aberr. E., Mill.).
(Pl. 44, fig. 7 et 8.)
Cette variété constante et tranchée pourrait , aux yeux de cer-
tains entomologistes , constituer une espèce séparée, mais je ne puis
voir là qu’une aberration de la Tritici, qui, on le sait, varie beau-
coup. Cette aberration devant faire suite à 1a. variété D. du Species
Guenée, sera désignée par la lettre E.
Voici sa description :
Envergure : 0,036 m.
Toujours plus grande que le type, elle a peut-être aussi les ailes
plus larges, plus arrondies, plus claires, avec les taches et les lignes
bien marquées. Ces taches et ces lignes, ont à peu près la disposition
de celles de la Tritici ordinaire.
Les ailes supérieures sont d’un gris terreux , larges à la base,
arrondies à l’apex, et abondamment aspergées d’atomes foncés.
L’orbiculaire et la réniforme sont finement liserées de brun et se
détachent en plus clair. La claviforme n’est pas indiquée. Les
lignes basilaire, médiane et coudée sont également bien écrites. La
première et la troisième de ces lignes sont ombrées de brun inté-
rieurement. La ligne médiane présente un angle vif qui se dirige du
côté de l’orbiculaire. L'éclaircie subterminale, en forme d’§ est assez
bien écrite. Cette éclaircie est suivie d’un trait fin, blanchâtre, pré-
cédant la frange. Celle-ci est assez large et concolore. Les nervures
sont brunes, bien visibles, surtout après la coudée. Les ailes in-
368
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
férieures sont claires à la base, ombrées de brun sur les bords, avec
les nervures brunes.
En dessous, les supérieures sont plus claires qu’en dessus : elles
sont sablées de brun sur le bord inférieur et principalement à la
côte. Les postérieures sont blanchâtres et possèdent le point cellu-
laire ; elles sont également sablées sur les bords. La ligne médiane
est, sur les quatre ailes, à peine indiquée en brun. Les antennes
sont pubescentes ; le toupet frontal, assez saillant. Le thorax est
robuste, carré, concolore et légèrement redressé. L’abdomen, un peu
conique, est d’un gris terreux.
La femelle est semblable au mâle
C’est d’après quatre individus mâles et femelles communiqués par
notre collègue, M. Dardoin, qui m’a dit en posséder plusieurs au-
tres semblables, que je fais ma description. Je tiens de ce natura-
liste que cette intéressante Agrotis vole la nuit, au mois de juillet
et se prend sur les Lavandes fleuries, aux environs de Digne (Basses-
Alpes).
EXPLICATION DES PLANCHES.
369
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 9e Livraison (1864),
PLANCHE 41.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1. Chenille de YArclia LalreiUii, God.
2. id. id. vue de dos.
3. Chrysalide.
A. Insecte parfait c C.
5.
id.
id.
6.
id.
id.
Var. A.
7.
id.
id.
Var. B.
8.
id.
id.
Var. C.
370
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 42.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Nudaria ? M$$0siliensis, Mill.
2. Deux ailes de la N. Massiliensis, vues en dessous.
3. Tête de la N. Massiliensis , fortement grossie.
II.
Fig. 4 et a. Chenille de la Gelechia Halymella , Mill.
6. Chrysalide.
7. Insecte parfait.
8. id. kl. vu en dessous.
III.
Fig. 9. Conchylis Meridiana , Stgr.
IY.
Fig. 10. Laientia Zumsteinaria, Lah.
11. id, id.
EXPLICATION des planches.
PLANCHE 43.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
1. Chenille du Bombyx Dorycnii a\ Mill
2. id. id. id. 9 •
3. id. id. id, jeune.
4. Chrysalide de la 9 .
o. Cocon.
6. Insecte parfait cr".
7. id. id. 9*
EXPLICATION DES PLANCHES.
372
PLANCHE 44.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Chenille du Bombyx Franconica, Fab.
2. id. id.
3. Chrysalide.
4. Cocon.
5. Insecte parfait o\
6. id. id. 9 •
id. jeune.
II.
Fig. 7. Agrotis Tritici , L. (Aberr. E. Mill.).
Lyon. — lmp. Richard et C.«, SI, me Tnpin.
P.'Æüdre, et Joyue.r pP
1.2. CrarnbiüT ^dnpelhw, Lah, ,
II. 2, Ovenaia HelveticalLr, S.-S. (Var. Sàrpellus, Lak/
III .3 à -j. Tmchonltor MÿricarmUa-.Mill..
TV". 8 .Pachnohici Carnea,Tk. iVar.AMIR.)
J.Mùjnaxucc. xculp.
lmp.lIoia.rtc. 5. r.Mujrwrt .
. MTH. M-ujnetuac col ,
ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION
DE
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES
INÉDITS
P. MILLIÈRE
DIXIÈME LIVRAISON
(Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 11 Janvier 1864.)
Cramlbws SæirgeeMtas, Lah.
Faune Suisse. Supplément (Crambides).
(Planche 43, fig. 1. )
Envergure : 0m,030.
Au premier abord on pourrait la prendre pour un hybride de
Dumetellus, Ilb. , 389-390, et de Pascuellus, Dup. , pl. 269,
fig. 1-2.
Par la coupe, la forme et le liseré des ailes supérieures, elle semble
appartenir à Pascuellus , tandis que par le dessin et le disque elle
reproduit la Dumetellus , dont elle présente aussi la couleur
générale.
Les ailes supérieures sont en dessus d’un fauve assez foncé avec
des reflets dorés. La bande longitudinale argentée, en forme de
glaive , propre à la plupart des espèces congénères, est remplacée
CHENILLES HT LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
374
par une lame grisâtre approchant de la couleur du fond. La ligne
coudée est brusquement brisée à angle droit vis-à-vis de la cel-
lule. L’échancrure du bord externe est à angle vif et prononcé. Une
large bande foncée précède la frange ; sur cette bande finement
lisérée d’une teinte métallique imitant l’acier poli, reposent quatre
ou cinq traits noirs. Ce même éclat métallique se montre sous forme
de lins rayons avant la bande brune précitée, mais il ne dépasse pas
le milieu de l’aile. Les inférieures sont sans lignes, d’un gris d’ar-
doise et très-luisantes. La frange est , de chaque côté, d’un gris
jaunâtre. Le dessous des quatre ailes est d’un gris ardoisé luisant.
La tête, lés antennes et le thorax , sont d’un fauve brunâtre. L’ab-
domen et les pattes, d’un jaune doré.
La femelle est semblable au mâle.
Cette espèce, récemment découverte, n’avait point encore été figu-
rée. Elle a été prise par M. le docteur de la Harpe, en juillet 1862 ,
au nombre de plusieurs exemplaires.
Le Cramb. Scirpellus , vole dans les prairies marécageuses des en-
virons d’Aigle (Suisse).
Oreuaia (1) Melveticalis.
Herr.-Sch. 127-128. — Var. Conspurcalis, Lah. Faune Suisse,
Supplément (Crambides).
( Planche 45, fig. 2. )
M. de la Harpe, ayant d’abord cru cette espèce inédite, l’avait
nommée Conspurcalis. Elle me fut alors confiée pour la peindre et
la faire figurer. Peu après, l’auteur de la faune suisse apprenant
que cette Orenaia avait été figurée et n’était autre qu’une Helveti-
(1) Genre créé par Duponchel.
Orenaia Helvelicalis. 375
calis, H. -S., de grande taille, dût adopter ce nom et considérer sa
Conspurcalis comme variété de VHelveticalis.
M. de la Iïarpe m’a fait observer que les deux figures de M. Her-
rich-Schaeffer, sont de petite taille, et que c’est un des motifs qui l’ont
exposé à commettre une erreur. Ce que je puis dire, c’est que les divers
exemplaires de VHelveticalis que j’ai vus dans la collection du Muséum
de Lausanne, et l’individu qui fait partie de mon cabinet, sont d’un bon
tiers plus grands que les deux figures du continuateur d’Hbner.
Voici la description de cette Pyralide, Var. Conspurcalis qui,
comme je "l’ai dit, n’est qu’une Helveticalis fort grande.
Envergure : 0,025 à 0,026 m.
Les ailes sont entières, épaisses, un peu aiguës à l'apex, pulvéru-
lentes, soyeuses, à dessins grisâtres et 'indécis. Les supérieures, dont
le fond est gris bleuâtre, lavé dé jaunâtre près de la costale, sont tra-
versées par des lignes brunes’ de forme mal arrêtées. La basilaire
et la médiane qui s’appuient au bord interne, n arrivent pas jusqu'à
la nervure costale. La ligne subterminale, très-large au sommet, cô-
toie la frange dans toute son étendue. Arrivée à l’angle interne de
l’aile, cette bande se relève en forme d’hameçon. La frange est d’un
gris noirâtre , les inférieures sont sans dessins , luisantes et d'un
gris foncé. Les franges sont assez longues et plus claires que le fond.
Le dessous des quatre ailes, y compris les franges, est d’un gris ar-
genté très-luisant.. En regardant de près les inférieures , on distin-
gue une bande médiane médiocrement large, blanchâtre, incertaine,
courbée, qui les traverse de haut en bas. Les antennes sont longues,
cylindriques, filiformes et noirâtres. Le front est déprimé. L’abdo-
men est mince, conique, terminé en pointe noirâtre et annelé de
blanc. La poitrine est d’un gris blanchâtre et luisant, ainsi que les
pattes qui sont squammeuses.
La 9 est plus lourde que le cfj; elle est aussi plus foncée.
Voici ce queM. de la Harpe m’écrivait relativement à cette Orenaia ,
la plus grande de toutes les Hercynides connues :
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
370
i Espèce rare, qui ne quitte pas les Hautes-Alpes, où elle vit au
« bord des glaciers et des neiges, sur les croupes rocailleuses expo-
« sées au soleil où végètent encore quelques Ranunculus glacialis,
« saxifraga biflora et Thlaspi rotundi folium. Se cache sous les
« pierres lorsque le soleil disparaît, comme le font plusieurs espèces
« des Hautes- Alpes. *
TracBionitls ( I ) Myrîcarlella, Mill.
( Species nova.)
(Planche 45, lig. 3 à 7.)
CHENILLE.
Elle est effilée, fusiforme, marquée de plusieurs lignes droites,
continues et bien indiquées ; nullement verruqueuse et différente en
cela de la plupart des espèces de la famille. La tête est petite, lenti-
culaire et concolore. D'une stigmatale à l’autre , le fond est d’un
carné plus ou moins vif. L’insecte, dans son jeune âge, est entière-
ment d’un jaune verdâtre. Parvenu à toute sa taille , il mesure
0,020 m. environ. Les lignes ordinaires se distinguent alors bien
peu des intermédiaires ; cependant la stigmatale, brune ou d’un vert
foncé selon les sujets, est plus marquée que les autres; elle est
surmontée d'une autre ligne d’un jaune vif, suivie elle-même de
deux lignes d’un vert foncé. Le ventre est d’un blanchâtre livide :
il est traversé dans toute son étendue par une ligne droite, continue ,
d’un vert glauque. Les stigmates sont noirs et d’une extrême peti-
tesse. La tête est concolore : elle est marquée au sommet de trois
taches noires, cunéiformes, dont les pointes sont tournées en avant.
(1) Phycis , Treits, Dup., Gn., etc.
Trachonilis Myricariella. 377
Ces taches disparaissent sous le premier anneau, lorsque la chenille
est au repos. Toutes les pattes sont unicolores , sauf le dernier ar-
ticle des antérieures qui est brun. Le premier anneau porte un écus-
son corné, assez large, luisant, marqué près de l’incision de deux
points noirs séparés par la ligne vasculaire. Des poils rares, blan-
ch' très recouvrent le corps de cette petite chenille qui est vive, frétil-
lante et s’échappe rapidement lorsqu’on veut la saisir. Elle vit sur
\q Myricaria (1) germanica , Desv. , plante fort abondante sur le bord
des torrents des hautes montagnes.
J’ai trouvé pour la première fois cette chenille à Chamonix (Haute-
Savoie), sur la rive droite de l'Arve, dont les eaux descendent d e
la mer de glace à quelques kilomètres de là. Cette larve dévore les
étamines des Heurs du Myricaria , au milieu desquelles elle reste
blottie tout le jour. Elle m’a paru ne manger que la nuit; cepen-
dant sa croissance est rapide, et, en effet, dès le 24 ou le 26 juillet,
mes chenilles sont descendues de l’arbuste pour se chrysalider.
Ainsi qu’il arrive chez beaucoup de larves, celle de la Myricariella,
après avoir tissé sa coque qui est blanchâtre ou brunâtre selon ce
qu’elle a pu trouver , demeure décolorée et contournée sur elle-
même, jusqu’au printemps d’après , avant de se métamorphoser en
nymphe.
Cette jolie espèce n’appartient pas seulement aux montagnes al-
pines, car je l’ai retrouvée l’été dernier (le 15 juin), parvenue à toute
sa taille, aux environs de Lyon, dans une des îles nombreuses du
Rhône , situées au haut de la ville où le Myricaria germanica
semble s’être acclimaté sur des terrains graveleux fréquemment
inondés par les eaux du fleuve.
(I) Dont j’ai formé le nom spécifique Myricariella.
Je saisis cette occasion pour dire qu’à l’exemple de nos maîtres, j’impose autant
que je le puis, à l’insecte fnouveauque je décris, le nom de la plante qui nourrit sa
chenille. On comprendra sans peine la préférence que j’accorde à ce nom s ur tous
les autres.
378 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Il est supposable que cet arbuste, aux branches duquel étaient
fixés des œufs de la Myricariella , a été entraîné des hauteurs par la
force du courant et a pris racine sur certains terrains des régions
basses. Cette supposition explique d’une manière rationnelle la pré-
sence dans nos environs (i) d’un arbrisseau propre aux zones gla-
cées des Hautes-Alpes.
Je dirai encore que si la chenille du Myricaria est abondante à
Chamonix, elle m’a paru fort rare aux environs de notre ville.
La chrysalide est allongée , conico - cylindrique avec la pointe
émoussée; celle-ci est terminée par plusieurs très -petits crochets
divergents qu’on ne distingue bien qu’à l’aide de la loupe. Cette nym-
phe qui est d’un jaune rougeâtre est très-luisante. L’insecte parfait
éclot au commencement de mai et n’a par conséquent qu’une seule
génération.
Je fais cependant observer que le 28 et le 30 août 1862, un mois
environ après la transformation de mes chenilles , j’ai obtenu par
éclosion deux de ces insectes. Par suite de ce fait, je me demande si
on doit considérer la Trach. Myricariella comme ayant deux éclo-
sions par an. Il est à croire que les individus qui éclosent aussi hâti-
vement sont perdus pour la génération , car, lors de l’arrivée des
jeunes larves, les fleurs, leur unique nourriture, ont disparue.
INSECTE ^PARFAIT.
Il est de la taille de la Cristella , Hb., fig. 76. — H.-Sc-h. fig. 206,
et présente une vague ressemblance avec la Transver sella, Steph.
— H.-Sch., fig. 165, bien que cette dernière soit constamment
plus petite et que la tache transversale de l’aile supérieure ait une
disposition inverse de celle qui existe chez la Myricariella.
(1) On rencontre de loin en loin ce gracieux arbuste sur les rives du Rhône,
beaucoup plus bas que Lyon, et, sans doute avec lui, l’insecte qui fait le sujet de
cet article.
Trachonitis Myricai ieUa.
379
La coupe des premières ailes rapprocherait peut-être cette nouvelle
Phycide de P Alipsa (1) Angustella, Hh. Cependant, à cause de sa coupe,
je la crois mieux placée dans le genre Trachonitis , Zell., formé de
deux espèces seulement : la Gristella, Hb. et YAmœnella, Zell., — H.-
Sch., 205.
Les ailes supérieures sont étroites et vont en se rétrécissant de la
base au sommet ; elles sont d'un blanc grisâtre ou gris bleuâtre, très-
faiblement la vés& au centre de vineux. Au tiers de l’aile il existe une
tache ou bande transverse noire, dont les pointes sont dirigées en
dehors, accompagnées intérieurement d’une éclaircie blanchâtre. Aux
trois quarts de l’aile on voit, entre la costale et 1a. troisième nervure,
un trait noir transversal qui n’est pas toujours bien écrit. Enfin une
ligne subterminale en zigzag, éclairée intérieurement est assez mal
indiquée. Des points noirs nervuraux précèdent la frange, longue et
concolore. Toute l’aile est en outre re couverte d’un sablé plus abon-
dant sur les bords et à la base.
Les inférieures seraient entièrement d’un blanc irisé , n’était une
bande étroite, enfumée qui précède la frange laquelle est complètement
d’un blanc satiné. Les supérieures sont, en dessous, d’un gris luisant,
et sans taches. Les inférieures ressemblent au dessus.
Les antennes sont de médiocre longueur, sétacées, brunes, avec le
premier article noduleux , granuleux et gris. Les palpes sont gros ,
ascendants et recouverts de nombreuses écailles grisâtres. La trompe
est longue et jaunâtre. Les yeux sont gros, blanchâtres et entourés
d’un cercle étroit et noir. Le front et le thorax sont blancs. L’abdomen
est grêle et de la couleur des ailes supérieures. La poitrine et les pattes
sont unicolores.
La femelle est un peu plus grande et a les taches plus accusées que
chez le mâle : elle lui ressemble du reste.
(1) Genre jcréé par M. Zeller aux dépens des Phycis de Duponchel, et composé
de la seule Angustella.
380
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
La Trach. Myricariella , qui est très- vive, s’échappe et disparaît
facilement aux yeux lorsquon veut s’en emparer.
Paclmobia (I) Clarasea, Ti-iunb.
Tunb. Diss. ÏV, p. 58. — Dup. IH, p. 196, pl. 62. — Gu. Ind.
241. — Herr.-Sch. 401. — Gn. I, 342 — Stgr. Cat. 559. =
Ampla Hb. 425. = Tecta Ilb. 377. — (Aberr. A. et B. Mil.).
(Planche 45, fig. 8. )
On avait cru jusqu’à ce jour que cette espèce boréale et rare ne va-
riait pas ou variait peu ; cependant j’ai sous les yeux deux aberrations
que je crois dignes d’être publiées : l’une d’elles surtout, et c’est celle-
ci que je figure. Avant de décrire ces deux variétés, je demanderai aux
lépidoptéristes si V Ampla, Hb., fig. 425, rapportée communément à
la Carnea est bien cette dernière. En effet, la taille, la couleur, et sur-
tout la coupe des ailes si différente de celle du type, m'obligent à ne
pas trouver exact le rapprochement qui a été fait de cette Ampla et m'em-
pêchent de voir en elle la Carnea de Thunberg. Il est vrai que la figure
de Hubner est assez médiocre et prête à l’hésitation. La figure de
M. Herrich Schæffer est excellente.
Cette Pack. Carnea -,
Var. A.
Est un peu plus petite que les individus typiques : elle a le fond des
supérieures presque blanc, ou mieux d’un blanchâtre faiblement carné
et aspergé de nombreux atomes bruns. L’orbiculaire et la réftiforme
nese distinguent que par l’entourage d’un pourpre obscur, et qui forme
(1) Orthosia, Bdv., Herr.-Sch., Steph.
Pachnobia Canica. 381
lui-même une grande tache brune et interrompue. La coudée, bien
que faiblement écrite, peut s’apercevoir ; une ombre grise, continue
et transversale la suit et sépare la partie subterminale qui, moins
chargée d’atomes que le reste de l’aile, semble former une bande
claire, distincte du fond. On voit aussi sur la frange, des points ner-
vuraux petits et bruns. La ligne basilaire, si visible chez le type, ne se
distingue point ici. Les inférieures sont grises et aspergées de nom-
breux atomes bruns. Elles présentent une ombre subterminale brune
et large qui se fond en se rapprochant de la base. Les franges des qua-
tre ailes sont concolores. En dessous, les ailes sont grises, finement
aspergées de brun, avec la tache cellulaire. Les antennes sont sim-
ples. Le thorax un peu hérissé est , ainsi que l’abdomen , de la cou-
ieur des ailes supérieures.
Cette aberration, qui est une femelle, paraît avoir été obtenue ex
larva. Elle appartient à M. Staudinger.
Var. 13.
Celle-ci est de la taille de la précédente et entièrement d’un brun
rougeâtre. La ligne coudée ne se distingue qu’à 1a, loupe, mais les deux
taches ordinaires sont assez bien indiquées. Les inférieures sont uni-
formément brunes, et la tache cellulaire se voit à peine. Sur les quatre
ailes le sablé fin qui les recouvre ne se voit pas sans loupe. Les ailes,
en dessous sont brunes et aspergées de nombreux atomes; elles ont
le point cellulaire qui n’est bien indiqué qu’aux inférieures. Le corps
participe de la couleur des premières ailes.
Ce sujet fait également partie du cabinet de M. Staudinger, et pro-
vient, comme la précédente variété, de la Sibérie occidentale.
382
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
'ïortpis IPronubana.
Hb. fig. 121. Herr.-Schaef. 35, 56, 167 à 170= Ambustonaüb.
332, 333. — Dup. pl. 261, fig. 5 Herminea? Dup.pl. 240,
fig. 5 à 6. — Stgr. Cat. 634.
(Planche 46, fig. 1 à 3.)
CHENILLE.
Elle est fusiforme, un peu aplatie en dessus et entièrement verte ;
cependant cette couleur se modifie ainsi que je vais l’indiquer.
Toute la partie dorsale comprise entre les deux lignes sous-dorsales, à
partir du deuxième segment jusqu’au dixième, est d’un vert foncé. De
la sous-dorsale à la stigmatale , l’insecte est d’un vert glauque ; la
stigmatale seule se distingue bien : elle est large, continue, ondulée et
d’un vert jaunâtre. Le ventre tire sur le bleuâtre. La tète est forte,
lenticulaire, cordiforme, testacée et marquée d’un liseré brun qui la
borde d’une mâchoire à l’autre. Les yeux sont relativement gros et
noirs. Les mandibules sont fortes et rougeâtres. Le premier anneau
est, sur la partie cornée, marqué de trois taches cunéiformes dont les
pointes sont dirigées en avant. Les stigmates qu’on distingue difficile-
ment, même à la loupe, sont blancs et cerclés de noir. Les trapézoï-
daux, d’un vert clair, tranchent assez sur le fond ; ils sont, ainsi que
les autres points pilifères, garnis de poils blanchâtres passablement
longs ; enfin, les seize pattes sont concolores.
La chenille de cette jolie Tortricide, qui paraît se trouver dans tout
le midi de la France, s’avance jusqu’à la Voulte (Ardèche), où elle
est assez abondante. Elle éclot dès la fin de novembre, grossit lente-
ment en hiver et n’a pas atteint toute sa taille avant février ou mars.
Elle est polyphage, et même je crois que bien peu de chenilles de Lé-
pidoptères vivent sur des plantes de genres aussi éloignés. Aux envi-
WLior.
Annales de la Société v Lumecnne de Lyon
w
Année 18 68-. PL. lf.6.
g
F. MULicre-- e t : Jogucs
2
JPicart sc,,
1. 1 à 3 . Tortrix Proimbana, ïïb.
II. If. et 5, Morirua- BiqotL. MM,
III. 6 à u. Acrolepia Smilaxella, MU ’l .
Imp. Fcuirie- 5. r. Migr
Tortrix Pronnbana. 38,r>
rons d Hyères, je l’ai trouvée sur les diverses Aristolochia qui y crois-
sent communément , sur VArbutus unedo, VAsphodelus ramosus et le
Rosmarinus officimlis. A Celles-les-Bains, plusieurs espèces tVEuphor-
bia la nourrissent. Je l’ai remarquée aussi sur le Thymus vulgaris et jus-
que dans les capsules de l’Acacia des jardins ( Robinia pseudo-acacia,
L.). A Amélie-les-Bains (Pyr.-Or.), où cette chenille m’a semblé plus
commune que partout ailleurs, je l’ai rencontrée sur le Rhus coriaria,
le Pistachia lentiscus, le Passerina thymelœa et le Smilax aspera. Ce
dernier arbuste la fournit très-abondamment.
L’insecte ronge d’abord le parenchyme d’une feuille tendre sous la-
quelle il se tient fixé pendant le jour. Après sa deuxième ou sa troi-
sième mue, il dévore toutes les parties attaquables des feuilles ; il les
lie et y demeure caché.
Dès le mois de janvier, la chenille se métamorphose, soit dans la
mousse, soit dans les feuilles réunies de l’arbuste qui l’a nourrie.
La chrysalide est allongée, entièrement noire et peu luisante. Les
anneaux de l’abdomen sont granuleux et la pointe anale est obtuse ,
un peu relevée et munie d’imperceptibles crochets.
Je n’ai pas connu de larves qui soient aussi attaquées que celles de
la Tortricide dont je complète aujourd’hui l’historique. Les trois quarts
de mes chenilles de Pronubana ont donné un petit Diptère inédit dont
je parlerai dans un instant.
L’éclosion du Lépidoptère arrive dès le milieu de février et se pro-
longe jusqu’à la fin d’avril.
Je doute que la Pronubana ait plus d’une génération.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,015 à 0,016 m.
Les premières ailes sont d’un brun rougeâtre en dessus et tra-
versées obliquement par une ligne médiane, brune, liserôe de pour-
pre obscur à droite et à gauche. Une bande subterminale, aussi in-
certaine que la précédente, beaucoup plus large à l’apex qu’au bord
384 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
interne, est de ia même couleur et bordée intérieurement de même
que la médiane. Les secondes ailes sont d’un jaune orangé, très-
chaud, avec une bordure large, noire, précédée de quelques points
semés irrégulièrement. Les quatre ailes seraient en dessous entière-
ment d’un jaune orangé chaud, si les supérieures n’étaient très-lar-
gement bordées de noir. Parfois cette couleur s’avance jusqu’au
milieu de l’aile. Le thorax rappelle la teinte des antérieures. L’ab-
domen, dépassant les secondes ailes, est noir et annelé de fauve.
Le bouquet de poil qui le termine, est de la couleur des posté-
rieures.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, est aussi plus pâle,
surtout aux supérieures. L’abdomen, relativement fort, est égale-
ment plus long que celui du mâle. Le dessous n’a pas de bordure
noire aux supérieures , mais seulement une teinte d’un gris foncé
au bord interne.
La Pronubana est depuis longtemps connue, mais sa chenille ne
l’était pas. Elle est, je l’ai dit, exclusivement méridionale.
Cette espèce doit bien certainement faire partie des faunes sici-
lienne, corse, italienne et espagnole.
Les larves de la Pronubana, deviennent, ainsi que je l’ai dit, la
proie d’un ennemi qui en réduit grandement le nombre, puisque
sur vingt chenilles, c’est à peine s’il éclot cinq ou six Lépidop-
tères.
A voir la chenille malade rien en elle n'annonce la présence du
ver rongeur qui la dévore lentement jusqu’au jour où celui-ci
abandonne sa victime expirante et forme, soit au centre de plu-
sieurs feuilles réunies, soit fixée à une branche du Smilax , une
petite nymphe piriforme, rougeâtre, luisante, terminée à l’extrémité
par une pointe obtuse, forte, dirigée en bas (PI. 46, fig. 5.)
Quinze ou vingt jours avant l’apparition du Lépidoptère, j’ai vu
éclore une petite Tachinaire (pl. '46, fig. 4) que je supposai iné-
dite. M. le docteur Sichel , de Paris, auquel je soumis cet insecte
pour avoir son avis, ne le connaissant pas lui -même, l’adressa à
Acrolepia Smilaxella. 385
notre collègue de la Société entomologique de France, M. Bigot,
et, en me répondant, il crut devoir m’envoyer la réponse de ce
savant diptériste; je transmets textuellement la réponse de M. Bi-
got : « Pour moi, cette espèce peut être considérée comme non
« décrite et comme appartenant au genre Morinia , Robineau. »
Je propose de nommer cette Muscide nouvelle : Morinia Bigoti.
Acrolepia (1) Smilaxella, Mill.
( Species nova.)
(Pi. 46, fig. 6 à il.)
CHENILLE.
Elle est courte, presque cylindrique, d’un vert douteux. La vas-
culaire est large, continue et d’un carminé plus ou moins obscur.
On ne distingue pas les autres lignes. La tète, lenticulaire, est d’un
testacé jaunâtre ainsi que la partie écailleuse du premier segment.
Celle-ci est en outre semée de plusieurs petites taches noirâtres
de formes variées. Les stigmates, qu’on ne peut voir qu’à la loupe,
sont blancs et cerclés de noir. Le ventre, sans lignes, est d’un vert
bleuâtre. Les seizes pattes sont de la couleur du ventre. Les poils,
assez longs, sont implantés sur de petites caroncules d’un vert foncé
et visible à l’oeil nu.
Cette chenille vit en décembre et en janvier à Àmélie-les-Bains
(Pyr. -Orient.), sur le Smilax aspera, L., arbrisseau aux tiges grim-
pantes , aux feuilles dures et persistantes , dont l’insecte ronge les
jeunes pousses; celles-ci commencent à se développer à partir de la
fin de l’automne ; c'est à cette époque qu’éclot la petite larve.
(1) Genre créé par Curtis.
386
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Les chenilles du genre Acrolepia , sont pour la plupart vives et fré-
tillantes, celle de la Smilaxella , au contraire, est lourde, paresseuse,
et, tombée dans le parapluie, elle demeure immobile , à moitié rou-
lée sur elle-même. Pendant le courant de décembre , ou de janvier,
parvenue à son entier développement, elle choisit le plus ordinaire-
ment pour se métamorphoser une feuille de Smilax légèrement re-
croquevillée, y tisse un fourreau en soie, évasé, convexe au centre,
oblong, jaunâtre, fixé hermétiquement par les bords (pl. 46, fig. 8),
et se métamorphose au bout de cinq ou six jours.
La nymphe est allongée, d’un testacé rougeâtre avec l'enveloppe
des ailes longue et bien apparente. La poitrine est marquée sur cha-
que segment d’un gros point brun , plus visible après la sortie de
l’insecte que pendant qu’il est enfermé dans son enveloppe. L’éclo-
sion du petit Lépidoptère a lieu quinze ou vingt jours après sa méta-
morphose.
Ayant retrouvé des chenilles à la fin de février, je croirais à plu-
sieurs générations de cet Acrolepia, qui aui aient seulement lieu
en hiver et au printemps, eu égard à la dureté qu’acquièrent en
été les feuilles du Smilax aspera.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,012 m.
De la taille de la Vesperella, Z., H. -S., 348, dont elle a un peu la
coupe et la couleur générale. Cependant la Smilaxella a les ailes rela-
tivement plus allongées ; les taches des supérieures sont surtout bien
différentes, et les trois taches noires et blanches appuyées à la côte
de la Vesperella, n’existent jamais chez la Smilaxella.
Les premières ailes de ma nouvelle Acrolepia sont allongées , rec-
tangulaires, d’un brun chocolat, avec une éclaircie large qui longe
le bord interne. Un trait noirâtre part de la base et s’avance paral-
lèlement à l’éclaircie jusqu’au tiers de l’aile. On distingue au
bas de l’apex deux petits traits noirs parallèles, La côte est brune.
Annales de In Société Lirmèerme de Lyon, .
i A™ Lier.
Armée- 1861t. PI, If]
3
II
6
P. Mdlicre et A. Mignot .
I. 1 à 3, Gnopiuis Gruneraria. Stgr.
II. lp à y. Eriopus LatreUlü, Duf>.
Imp Eoidstù -, 5. r. Mupru
Wne Mùjneaux col.
Gnophos Grutier ar fa. 387
Les franges, de médiocre longueur, sont concolores et rougeâtres à
l’extrémité. Les ailes inférieures sont aiguës, d’un gris ardoisé très-
luisant, et garnies de longues franges. En dessous, les quatre ailes
sont sans dessins : les premières d’un gris jaunâtre , et les secondes
d'un gris ardoisé. Les. palpes, recourbés en hameçon, dénudés
dans toute leur étendue, sont blancs; les antennes, presque aussi
longuesque les ailes supérieures, sont moniliformes et brunes. La
tète est blanchâtre; le thorax, brun chocolat. L’abdomen, dépassant
de beaucoup les ailes inférieures, est d’un gris bleuâtre et luisant. Les
pattes, brunes, sont annelées de blanc.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, est également d’un
brun chocolat, mais d’une teinte un peu plus claire que celle du
mâle. Les supérieures sont uniformes, sans éclaircie blanchâtre au
bord interne et n’ont pas les traits noirs qui caractérisent l’autre sexe.
La tète est concolore et n’a pas la tache blanchâtre qu’on aperçoit
chez le mâle.
Cet insecte vole en hiver, alors que les soirées sont tièdes, et, pen-
dant le jour , lorsqu’on frappe les buissons de Smilax. Je suppose
qu’on doit le retrouver partout où croît la salsepareille indigène et
qu’il n’est pas exclusivement propre aux environs d’Amélie.
Je fais observer en terminant, que je n’ai vu en aucune province du
midi de la France, le Smilax aspera en aussi grande abondance que
dans la vallée du Tech , dont le milieu est occupé par le hameau
d’Amélie-les-Bains.
Gnophos Ciruneparia, Stgr.
Stett. e. Z. î 862, pag. 2G6.
( PI. 47, iîg. 1 à 3. )
Envergure : le o*, 0,033.
— la 9, 0,036.
Cette nouvelle Gnophos est de la taille de la Serotinaria , W.-V.
Elle a les ailes larges, entières, arrondies, soyeuses, à peine dentées
388 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
aux inférieures, d’un gris lestacé , fortement saupoudrées d'atomes
bruns et n’ayant de distinct que la ligne coudée. Celle-ci est brune,
bien visible, presque droite, aux postérieures surtout ; le point cel-
lulaire, aux premières ailes, est également brun. Les antennes sont
de longueur moyenne et moniliformes. Le thorax, relativement grêle,
et l’abdomen, long, effilé, sont de la couleur des ailes.
La femelle, dont l’apex des supérieures est assez aigu, a le fond plus
clair que chez le mâle, par conséquent, moins chargé d’atomes bruns.
La ligne coudée faiblement éclairée de fauve sur les bords , pré-
sente aux supérieures une légère ondulation.
La Gnophos Grimer aria fait partie du cabinet de M. Staudinger.
C’est d’après deux beaux exemplaires mâle et femelle qu’en ont été
faits les dessins. Cette espèce qui paraît fort rare , vient seulement
d’être découverte. Elle provient de la plus haute montagne de la
Grèce, le Taygète , située au midi du Péloponèse, et a été dédiée à
M. Gruner, entomologiste distingué de Leipzig.
La G. Gruneraria qui ne figure pas encore dans le Catalogue de
M. Staudinger, devra porter dans cet Index le n° 306 bis , et dans
le Species Guenée, le n" 481 bis.
Eraoptss Eati'elMlS.
Dup. IV, p. 327, pl. ! 20, fig. 2 — Hb. 818-820. — Gn. Ind. p. 245.
— Bdv. 1040. — Gn. VI. p. 296. — St.gr. Cat. p. 45, n° 406 =
Quieta Treits. III, p. 259, et sup., p. 49 (non Hub.).
(Pl. 47, fig. 4 à 7.)
CHENILLE.
M. Daube m'a envoyé plusieurs chenilles de cette espèce le 12
juin dernier.
Elle est médiocrement longue, cylindrique, sans éminences , rase.
Eriopus Latreillii. 389
Sa couleur est essez bien celle du porphyre. Les lignes dont, elle
est recouverte sont nombreuses , mais peu visibles ; cependant les
autres dessins sont nets et vifs. Le fond est roux ferrugineux. La
vasculaire est étroite, continue et brune ; elle est interrompue sur
chaque anneau par un dessin subtriangulaire noir dont la pointe se
dirige en avant. Ce même dessin partage une tache jaune vif pla-
cée sur le dos. La sous-dorsale est étroite et de couleur vineuse. La
stigmatale est large, continue, droite, d’un jaune clair; elle est
coupée par une bandelette transversale noirâtre qui repose sur une
éclaircie jaune. Les stigmates, noirs, cerclés de blanchâtre , s’ap-
puient à la stigmatale. On aperçoit, en outre, deux ou trois points
jaunes entourés de vineux, placés en dessus de cette bandelette. La
tète est petite, globuleuse, rétractile, rougeâtre, luisante et partagée
par quatre traits noirs qui partent du front et descendent jusqu’à la
hauteur de la mâchoire. Le clapet annal est petit, concolore et liseré
finement de jaune clair. Le premier anneau est marqué de quatre ta-
ches noires correspondant aux traits noirs de la tête. Les seize pattes
sont concolores. Le ventre est verdâtre ; il est marqué au centre de
chaque anneau d’une couronne de points jaunâtres.
Cette chenille vit exclusivement sur la Doradille cétérach ( Ceterach
officinanm, Wiild.), dont elle ne ronge que les écailles roussàtres et
scarieuses qui masquent, au revers des feuilles, les capsules réunies
en groupes linéaires. L’insecte paraît se confondre avec la couleur
des écailles, et peut ainsi échapper à la vue de ses ennemis.
Bien que n'ayant point encore été figurée, elle était connue de
M. Guenée, qui en a fait sommairement la description ; mais ce savant
qui ignorait sans doute ses mœurs, ne nous a pas dit la plante qui
la nourrit.
Pour se métamorphoser l’insecte forme une coque assez serrée dans
laquelle il fait entrer des débris de feuilles de la Doradille.
La chrysalide, placée horizontalement dans sa coque, est presque
cylindrique, médiocrement longue, renflée, luisante et obtuse. Elle
la l’enveloppe des ailes d'un vert clair passant au jaune sur les bords
390
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
et sur les anneaux abdominaux. Les yeux sont indiqués en brun.
Peu d’insectes subissent toutes leurs transformations en un temps
aussi court que la chenille de VEriopus Latreillii. En effet, il se
passe à peine un mois depuis l'éclosion de l’œuf jusqu’au moment de
la métamorphose en nymphe; et, si la température est favorable,
la chrysalidation ne dure pas plus de dix à douze jours.
Le Lépidoptère sort ordinairement de son enveloppe dans l’après-
midi.
INSECTE PARFAIT.
Envergure : 0,024 à 0.02o m.
Les ailes supérieures sont, en dessus, d’un brun foncé mélangé de
blanc, de jaune et de rouge. Les quatre lignes ordinaires sont fines,
tremblées et assez bien écrites en brun. Les taches réniforme et orbi-
culaire se détachent en clair. La frange est entrecoupée de brun. Les
ailes inférieures sont grisâtres avec le bord terminal largement en-
fumé. Les antennes sont filiformes et présentent une petite nodosité
au tiers environ de leur longueur. Le thorax est assez robuste, crêté
et de la couleur des ailes supérieures. L’abdomen est conique, affilé,
caréné, pointu et crêté sur les trois premiers anneaux. Les pattes sont
garnies de poils concolores jusqu’à l’avant-dernier tarse.
La femelle, de la grandeur du mâle, s’en distingue par la couleur
entièrement brune des ailes inférieures, et par l’absence de nodosité
aux antennes.
Cette jolie Noctuelle est demeurée rare pendant longtemps : c’est
sans doute à M. Daube qu’on doit de la voir répandue aujourd’hui
dans les collections. Quoique méridionale, elle a bien pu être rencon-
trée en Belgique, ainsi que l’a pensé Duponchel (1), car laDoradille
cétérach, qui croît presque partout en France sur les vieilles mura.il-
(1) VIII , lre partie, page 330.
Annales de la Société Lvinéerme de Lyon, ■
io7nd'Lwr.
V. Millier e ttA.Mpnot pi
I, i. AnqerorutsPrunarw,, L. (Abem B. Mil)
II. 2.Aruj&rona^Prarana,,L. CAbcrr. C.MiU.)
III. 3. P 6. Hecater a, Cappa., M .
Année 180 lp . Fl. 48-
J. Mujneauæ xculp ■
Jinp .Iü>uieier 5. r.Mujnon.
MnLA Mujneaux. col.-
Angerona Prmaria. 391
les et dans la fente des rochers, se rencontre aussi dans plusieurs pro-
vinces belges.
VEriopus Latreillü n’a jamais été prise dans le Lyonnais, mais je
l’ai rencontrée fréquemment à Celles-les-Bains (Ardèche). Je la sai-
sissais la nuit en chassant à la lanterne. Je l’ai trouvée plusieurs
fois jusque dans l’établissement des bains.
Elle a été rencontrée une seule fois aux environs de Marseille : à
Saint-Loup, contre une vieille muraille.
Pour compléter mes observations, je dirai ce que vient de me com-
muniquer M. Daube :
Plus la saison est humide aux environs de Montpellier, plus les
chenilles de VEriopus Latreillü sont abondantes, car les feuilles de la
Doradille ramollies par l’humidité qui les pénètre, procurent aux lar-
ves qui vivent à ses dépens une abondante nourriture.
Une chaleur trop vive succède-t-elle à un temps humide, et sur-
prend-elle avant leur entier développement quelques-unes de ces
chenilles, celles-ci disparaissent sans qu'il soit possible d'en retrouver
une seule jusqu'à ce que la température ait changé. Quoiqu’il en soit,
on peut dire que les générations de cette Eriopus se suivent sans trop
d'interruption jusqu’à la fin de l'automne et que les pontes annuelles
peuvent varier de quatre à six.
Ang-es'©sasa 2Brs5B*ar$a, IL.
(Aberr. B. et G.).
(PI. 48, fig. 1 et 2.)
Cinq ou six variétés de cette grande Géomètre ont été déjà publiées
et réunies par l’auteur du Species dans son article Var. A ( Sordida
Roes .), mais aucune de ces aberrations ne m’a paru aussi curieuse
que les deux queje figure aujourd’hui. Elles m’ont été communiquées
par M. Rodolphe Zeller, de Zurich. La première,
U92 CHENILLES ET LEPIDOPTERES lNÉl)iî.<.
Var. B.
est un mâle; elle a les ailes antérieures d’un fauve obscur. Les pos-
térieures sont caractérisées par une très-large tache d'un fauve orangé
vif appuyée au bord costal et traversant l’aile, mais n’atteignant par
le bord interne. La discoïdale est allongée, brune, faiblement indi-
quée. Une tache fauve orangé, de la grandeur d’une petite lentille,
mal arrêtée sur ses bords, occupe leur centre. La frange, aux quatre
ailes, est teintée de fauve orangé. En dessous, le fond est brun. La
grande tache des supérieures et celle des inférieures, est ici d'un
fauve clair. La tache cellulaire est aussi visible qu’en dessus.
Var. G.
Si la précédente aberration de Prunaria intéresse par la disposi-
tion des taches qui la caractérisent, celle-ci, qui est une femelle, est
encore [.«lus remarquable. Elle n'est guère plus grande que le mâle
(Var. B.). Les ailes en dessus sont comme panachées. Ce qu’il y a de
plus étrange chez cette femelle, c’est que les premières ailes ne sont
pas plus semblables entre elles par la disposition des taches, que ne le
sont les secondes. L’aile supérieure gauche est d’un fauve ochreux
pâle, et marquée d’une seule bande orangé vif qui suit la côte de la
base de l'aile jusqu’y compris la frange. Cette bande s’élargit un peu
à partir du point cellulaire, noir, bien écrit. L’aile droite nous mon-
tre une tache orangé vif sous forme de bande aiguë à sa base et très-
large au bord externe dont elle occupe toute la surface. L’aile infé-
rieure gauche est entièrement d’un orangé vif, aspergée de stries
brunes clairsemées. C'est la seule des quatre ailes qui présente ce
caractère. L'aile inférieure droite n’est guère plus tachée d'orangé que
la supérieure gauche. La bande longitudinale qui y règne est de même
largeur dans toute son étendue. Le dessous des quatre ailes n’est pas
moins étrange: sur un fond semblable à celui du dessus, les mêmes
taches existent, seulement le tout est plus pâle-
Hecatera Cappa. 393
Ce? deux sujets ont été obtenues ah ovo. Leur mère, me mandait
M. Zeiler, a donné une vingtaine de descendants tous assez différents
Jes uns des autres, mais aucun toutefois n'était aussi remarquable que
ceux-là
Hecatera Cappa.
Hb. 447 — Tr. II, p. 7 — Dup. III, p. 427, pl. 99. — Gn.Ind. 243.
— Bdv. 1010 — Gn. VI. p. 31 — Stgr. Cat. 251.
(Pl. 43, fig. 3 à fi.)
CHENIL LU.
Dans sa jeunesse, elle est d'un vert clair, marquée d'une large vas-
culaire blanche et continue. La tête est d'un jaunâtre testacé. Les
pattes antérieures sont concolores; les ventales et annales, blanchâ-
tres. Ce n’est qu’à la fin de juin qu'elle a atteint toute sa grosseur. A
cette époque, elle est cylindrique, rase, pleine, et sa parure est sans
éclat. Elle est d’un argileux plus ou moins terne en dessus et sur les
flancs. Le ventre, plus clair, participe de la couleur uniforme de l’in-
secte. La ligne vasculaire est large, brune et continue. La sous-dorsale
est géminée, mais elle ne se distingue pas à l’œil nu. La stigmate est
jaunâtre et se détache à peine du fond. Les stigmates sont blanchâtres,
relativement grands et cerclés de noir. La tête, de grandeur moyenne,
est ovoïde et d’un jaune rougeâtre. La moitié du premier anneau est
recouverte d’une plaque cornée de la couleur de la tête. Les seize
pattes sont concolores. Deux ou trois jours avant sa transformation,
l’insecte passe au brun canelle.
Cette chenille, qui m'a été envoyée de Montpellier par l'obligeant
M- Daube, est fréquemment attaquée par un petit Hyménoptère qui
la fait périr alors qu’elle n’est pas à moitié de sa taille. Ce parasite,
très-petit relativement à la Cappa, éclot moins de quinze jours après
sa transformation,
394
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Elle vit sur les Delphinium Ajacis, L. et Staphysagria, L., répan-
dus dans la campagne de Montpellier. On la rencontre également sur
le Delphinium des jardins, où sa manière de vivre est assez celle de la
Chariclea Delphinii, c’est-à-dire que se tenant au sommet des tiges,
elle ronge les fleurs, les graines et les capsules encore vertes. Par-
venue à toute sa taille, elle ne demeure pas sans cesse sur la plante ;
elle en descend et se cache sous une légère couche de terre, puis re-
monte sur la tige dès qu'arrive la nuit.
Le quart environ des individus qui se sont chrysalidés à la fin de
juin, éclot quatre ou cinq semaines après la métamorphose. Les sujets
provenant de ces éclosions précoces, doivent avoir une seconde géné-
ration. C’est cequenousa fait connaître le naturaliste Dahl qui le pre-
mier a observé la chenille de la Cappa ; il l’a trouvée deux fois dans
la même année, en juin et en août (1).
L'insecte, pour se chrysalider, cherche sous les débris de végétaux
un lieu convenable, et se fabrique à la surface de la terre une coque
molle.
La chrysalide est allongée, rougeâtre , luisante, sans aspérités et
terminée par une pointe unique, finement recourbée à l’extrémité
et précédée d’un petit bourrelet brun. Cette chrysalide est en outre
recouverte, aux incisions et sur l’enveloppe des ailes, d’une trés-légère
efflorescence bleuâtre.
Le papillon éclot ordinairement dans le courant de mars ou
d’avril.
INSECTE PARFAIT.
Les ailes supérieures sont entières, veloutées et à fond blanchâtre ;
elles sont traversées par plusieurs lignes festonnées, noires ou brunes.
Elles ont l’espace médian d'un gris foncé et presque noir chez cer-
ti) Dup. VI, p. 408.
Jl.lEltièrc dd.elyt
Debiayssc.
I, i à. 4' Nan&ophila Watelkana,, Led.
II. B a 7, Spilosoma Zatima Cram
Inw. Itiniûle 5 r.Hwnort ,
M"}' Mÿneawn al.
Nemeophila Metelkana. 395
tains sujets. Les deux taches ordinaires sont toujours blanches et fi-
nement bordées de noir. La tache claviforme ne se voit jamais. Les
bandes coudée et basilaire sont larges et blanches. La frange est
blanche. Les antennes sont pubescentes. Le thorax est robuste, velu ,
et participe de la couleur des ailes. L’abdomen est d'un gris brun et
chargé d’écailles; il est légèrement crêté sur les premièrs anneaux.
Bien que la chenille ne soit pas rare, l’insecte parfait ne se montre
presque jamais.
Depuis longtemps on élève à Marseille cette espèce qui ne parait
pas plus rare qu’à Montpellier.
J’ai pu m’assurer il y a quelques mois que VHecatera Cappa appar-
tient à la faune des environs de Perpignan (Pyr.-Or.). Elle n'a ja-
mais été trouvée dans le Lyonnais ni dans les départements voisins ,
que je sache toutefois.
tfemeopBiilm ? Metelitama.
Led. Wien.-Mts. 1861, p. 162, III, fig. 12. — Stgr. Cat. 63 a.
(PI. 49, fig. 1 à 4).
Cette charmante espèce qui est encore une des plus grandes ra-
retés, a été découverte il y a à peine trois ans. La femelle seule était
connue et a été figurée dans le Wiener entomologische Monatschrift.
Je suis heureux de faire connaître le mâle de cette intéressante Ecaille
ainsi que plusieurs de ses variétés.
M. Lederer a cru devoir faire entrer la Metelkana dans le genre
Nemeophila, Steph. ; je la suppose plutôt une Spilosoma , Steph. (Arc-
tia, Bdv.), et crois que sa véritable place devrait être dans le voisi-
nage de VUrticae, Esp. et de la Menthastri, Hb.
396
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Envergure : 0,036 à 0,038 m.
Sa taille est un peu moindre que celle des Spilosoma Urticae et
Menthastri ; elle serait assez de la grandeur delà Spectabilis , Tausch.
{Inter cisa).
Les ailes supérieures sont médiocrement longues, presque rectan-
gulaires, coupées carrément à l’extrémité et d’un jaune de Naples
vif. À la hauteur des lignes transverses ordinaires, on distingue trois
séries de points noirs fins qui remplacent ces lignes absentes et qui
sont ainsi disposées : trois points placés à des distances irrégulières ,
représentent la première ligne ; cinq points représentent la seconde
ligne et six points la troisième. Ces six derniers, disposés par deux,
sont plus petits que les précédents. On voit, en outre , au milieu de
l’aile , un trait ferrugineux , assez large, placé à la hauteur de la
quatrième nervure et au sommet duquel se trouve noyé un point
noir elliptique. La côte est ferrugineuse. La frange est étroite et d’un
rose pâle. Les ailes inférieures sont larges, arrondies et d’un rouge
cerise pâle avec quatre points noirs dont les deux supérieurs très-pe-
tits. II existe en outre un point noir cellulaire plus gros que ceux
dont il a été question. Les ailes en dessous sont différentes du des-
sus : elles sont d’un rose obscur plus accusé aux supérieures qu’aux
inférieures. On voit une éclaircie jaune à la base ainsi qu'au bord
antérieur de la première aile, laquelle est marquée de cinq taches
noires ; les deux premières sont placées sur la seconde nervure, l’une
au tiers et l’autre aux deux tiers environ de la base de l’aile. Les
trois dernières taches, subterminales, sont moins grosses et plus pâles
que les précédentes. Les secondes ailes présentent trois taches noi-
res qui sont la répétition exacte du dessus , bien que plus pâles. Les
antennes , médiocrement longues, sont pectinées, ferrugineuses et
jaunes à l’extrémité. Les palpes, bien développées, sont d’un pour-
pre obscur. Les yeux sont gros et fuligineux. Le thorax est robuste,
fauve et assez peu fourni d’écailles. Le corps, long et dépas-
sant les ailes , est d’un jaune ochreux ; il est de plus orné de trois
Nemeophila Metelkana. 397
séries de taches noires ; celles des flancs sont à peine visibles. La
poitrine et le ventre sont d’un pourpre obscur. Les pattes sont noires.
La femelle, qui est un peu plus grande que le mâle, est aussi d’un
ton plus chaud , c’est-à-dire que le fond des supérieures est plus
ochreux et le rouge des inférieures plus vif. La costale ainsi que les
autres nervures, la frange et la tache longitudinale du milieu de
l'aile, sont d'un ochreux foncé tirant sur la couleur rouille. Les
taches noires des inférieures sont plus larges et au nombre de six :
quatre précédent la frange et les deux autres sont placées entre la
cellulaire et la base de l’aile. Le dessous, également très-chaud, est
marqué de quatre taches noires aux supérieures et de cinq aux in-
férieures. Les antennes sont filiformes et ferrugineuses. L’abdomen
est cylindrique, d’un ochreux foncé et dépassant les inférieures; il est
marqué de trois séries de taches noires toutes bien visibles.
Le mâle et la femelle de la Nerne. Metelkana font partie de mon
cabinet.
Cette jolie espèce semble varier beaucoup. J’ai sous les yeux qua-
tre aberrations <f et 2 qui sont de la même provenance que les
types. Tous ont été obtenus ex larva ; j’en juge du moins par leur
extrême fraîcheur. La première de ces aberrations ,
Var. à.
(PI. 49, fig. 6.)
est un mâle ; il diffère du type par la grosseur et le nombre des ta-
ches noires aux ailes supérieures. On voit en outre des trois lignes
de points noirs, une quatrième série de ces mômes points placée entre
la seconde et la troisième. Le rouge cerise des inférieures paraît plus
obscur et les taches moins accusées.
398
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Var. B.
(PI. 49, fig. 7.)
Celle-ci qui est une femelle et qui est plus grande que le type de
près d’un quart, a le fond des supérieures jaune, mais le bord et les
nervures sont largement souillées de brun ochreux. Les antennes et
le thorax sont de cette dernière couleur. Le rouge des ailes est cru et
les taches noires sont relativement larges : celles du milieu de l’aile
se réunissent et forment , d’une manière vague , un V à moitié
couché.
Ces deux aberrations appartiennent à M. Staudinger, ainsi que
deux autres moins importantes et qui font passage du type aux deux
variétés que je viens de décrire.
La Nemeophila? Metelkam n’a été trouvée jusqu’à ce jour que dans
une localité des Steppes de la Hongrie méridionale. Cest, je l’ai
dit, une grande rareté ; espérons cependant qu’elle se répandra bien-
tôt dans les collections, puisqu’on l’obtient de chenille. Il ne m’a rien
été dit encore de cette dernière ; mais je crois qu’on ne peut tarder à
connaître ses mœurs et à la voir figurer dans quelque publication
scientifique.
Spilosoma (1) Za tiras».
Cram. p. 182, pi. 381 , fig. F.
(PI. 49, fig. 5 et 7).
Voici un charmant Lépidoptère qui est presque une nouveauté ; il
en est une au moins pour notre forme européenne.
(1) Créé par Stéphens {Arctia, Bdv.).
Spilosoma Zatima. 399
Cet insecte vient de m’être adressé par les soins de M. le docteur
Staudinger, et ce qu’il m’écrit à cet égard est d’un intérêt réel.
Un jeune Anglais, M. Gaedke, lépidoptériste distingué, habite ,
comme attaché au gouverneur, l'îled’Héliogoland, possession anglaise,
située dans la mer du Nord.
Pendant le mois de juin dernier, M. Gaedke prit pendant le jour
environ douze Zatima , car l’espèce vole au grand soleil à la manière
des Heliothis Dipsacea et Peltigera. Ne connaissant pas ce précieux
Lépidoptère, son heureux possesseur le crut nouveau jusqu’à l’arrivée
dans l’île du docteur Oscar Stuve, qui, après l’avoir soumis à son ami,
M. Staudinger, sut que ce Papillon, figuré grossièrement, mais recon-
naissable il est vrai parmi les Lépidoptères exotiques de Cramer ,
avait été primitivement trouvé à Surinam (Amérique méridionale).
Est-il bien certain que la Zatima dont Cramer n’a publié qu’une
seule figure et dont peut-être il n’avait vu qu’un seul individu (I) ait
été effectivement rencontrée à Surinam ?
Ne pourrait-on supposer plutôt que cet inonographe , se trompant
sur la patrie réelle de ce Lépidoptère, l’ait cru de l’Amérique, alors
qu’il provenait de l’une des nombreuses petites îles voisines de 1a.
Hollande, et dont Heligoland est la dernière?
Je ne connais pas la Spilosoma Valkeri, Curt. mais il n’est pas
supposable que la Zatima puisse être cette aberration de la Menthastri,
pas plus qu’elle ne doit être une variété de la Lubricipeda ; c’est
aussi l’avis de M. Staudinger, dont l’appréciation est sûre, nous le
savons tous.
Les caractères constants et les habitudes de cette Spi. Zatima , doi-
vent bien certainement la distinguer de ses deux congénères la Men-
thastri et la Lubricipeda qui se trouvent également, à ce qu’il paraît,
dans l’île d’Héligoland.
(1) Il paraîtrait cependant que Cramer aurait vu une seconde Zatima, si on
interprète dans ce sens la fin de son article consacré à cette espèce. « Au cabinet, »
dit-il, « de son Excellence M. le baron Reugers, se trouve une Phalène qui a été
* prise dans la baronie de Bréda, et qui ressemble beaucoup à celle-ci. »
400
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
La chenille qu’on ne peut tarder à découvrir, viendra confirmer
notre opinion, la chose ne me semble pas douteuse.
Envergure : 0,028 à 0,030 m.
Avec un faux air de la Russula a*, elle est de la taille de la Lubri-
cipeda dont elle a à peu près la coupe d’ailes, mais dont elle ira
nullement la ponctuation, pas plus que celle de la Menthastri. Le
fond est d'un jaune de Naples mat très-chaud, tirant un peu sur
l’ochreux clair. Les ailes n'ord que deux couleurs ; celle du fond et le
noir des lignes. Une large bande noire occupe le dernier tiers de
l'aile supérieure. Cette bande s’étend à la cote qu’elle recouvre
et jusqu’à la base de l'aile qu’elle ne touche pas. Le bord interne est
aussi très-largement envahi par le noir. Les nervures et les franges
sont de la couleur du fond. Ces dernières ne sont nullement salies.
Les inférieures, où le noir est moins intense qu’aux supérieures,
seraient néanmoins recouvertes en presque totalité par cette couleur,
si ce n’était la base des nervures très-nettes et les franges. En dessous,
les ailes sont plus enfumées qu’en dessus : le fond est fuligineux
et, sur chacune des quatre ailes, on voit une petite tache ronde, placée
aux deux tiers de leur étendue , et une autre tache à j eu près carrée
à la base. Les nervures, bien que toutes visibles, le sont moins
qu'en dessus. Les antennes, médiocrement lovgucs, sont pccti-
nées et noires. Les palpes et les yeux sont noirs. La tête est gar-
nie d’écailles très - blanches. Le thorax, robuste et bien fourni,
est concolore ainsi que les ptôrygodes ; celles-ci sont recouvertes au
sommet ainsi qre le collier, de quelques poils fuligineux qui tranchent
sur le fond. L’abdomen qui est garni de poils courts, est d’un jaune
rougeâtre ; il est taché, en outre, de cinq ou six gros points, dont
un placé sur chaque anneau. Des points également noirs, occupent à
gauche et à droite les flancs de l’insecte. Les pattes sont noires.
La poitrine, bien fournie de poils, est de la couleur du dos.
La femelle, un peu plus grande que le mâle, a peut-être les ailes
moins arrondies. Elle est généralement plus pâle que lui ; c’est-à-dire
Scopana AmisseUa. 40i
que le fond est d’un jaune de Naples clair et que le noir des supé-
rieures , est moins accusé que chez le mâle. Les ailes sont entière-
ment recouvertes par le noir qui toutefois est moins profond que
chez l’autre sexe. Les antennes sont noires et presque filiformes.
Le thorax, tout aussi fourni que celui du mâle, n’est pas taché.
Le jaune rougeâtre de l’abdomen est ici plus pâle, mais les
taches noires sont plus prononcées et plus étendues. Le dessous de;
quatre ailes est, à très -peu de chose près, semblable à celui du
mâle.
Le mâle et la femelle typiques de la Zatima , font partie du cabinet
de M. Gaedke et de celui de M. le docteur Stauve.
Cette espèce présente une intéressante variété femelle : je la
désignerai.
Var. A.
( PI. 49, fig. 7. )
Ce sujet qui a le fond presque blanc , laisse bien voir les mêmes
taches noires, mais celles-ci sont moins étendues et plutôt grises que
fuligineuses. La base des inférieures est blanchâtre et les nervures
paraissent moins s’enlever en clair que chez le type. Le dessous, qui
est d'un gris foncé, rappelle celui de la femelle ordinaire.
Cette variété appartient à M. Staudinger.
Seopraria. (1) AsaBisselIa, Lah,
Supplément à la faune Suis e (Cambrides).
(PI. Sa, fig. 1 .
Envergure : 0.018 m.
Cette nouvelle espèce est de la taille de la Crataegella, Hb. (Cra-
(1) Genre créé par Haworth ( Eudorea , D ip. , Lah ).
402 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
tœgalis, Gn.), et se rapproche de la Vandaliella, Zell. (H. -S. f. 157),
pour la disposition des taches. Elle se distingue de cette dernière par
son dessin net et grossier qui est d’un brun roussâtre.
Les ailes supérieures, à fond blanc, ont les lignes transverses nette-
ment indiquées, ainsi que les deux points de l’extrabasilaire. Un troi-
sième point, le cellulaire, noirâtre, presque carré, est aussi bien ac-
cusé. L’espace subterminal est occupé en presque totalité par trois
autres taches grandes et de formes diverses. Enfin , de gros points
nervuraux, précèdent la frange. Les inférieures sont d’un gris jau-
nâtre et marquées d’une fine ligne claire précédant la frange. Celle-
ci est, aux antérieures , entrecoupée de brun , et simple aux posté-
rieures.
En dessous, les premières ailes sont grises, lavées de roussâtre sur
les bords et luisantes. Les inférieures , ont une ligne transversale in-
décise, et la tache cellulaire visiblement écrite. La tête et le corps par-
ticipent de la couleur des ailes supérieures. Les palpes sont droits et
relativement très-longs.
La femelle n’est pas connue.
Cette Scoparia, parfaitement caractérisée , vient d’être publiée par
M. de la Harpe, d’après un individu unique que je lui ai offert et
que j’ai pris au commencement de juin 1860, dans les sapins du
Mont-Pilat. Elle n’avait point encore été figurée.
La S. Amissella, qui fait partie du muséum de Lausanne, devra
dans le Species Guénée, porter le n° 562 ter et suivre la Vandaliella ,
Zell., non encore comprise dans cet ouvrage.
Année IS v!l PL 5o.
Annales de la Société linneennc de Lyon
10™ Liai- .
1. î. Sco paria AnusselLa, LA
TI. 2. , îcoparuL ImpàreUa, Lah
ni, 3 à 7, Dasi/dla. Operària. ' Jf (Var. Scaleuaria.,MillJ
lmp. Boituit 5. r. Iduvi
v col.
Scoparia Imparella.
403
Scoparia (1) Imparella, Laii.
Supplément à la faune Suisse (Crambides).
(PL 50, fig. 2.)
Envergure ; 0,026 m.
De la taille de la Parella , Herr.-Sch. 100-101 : elle en diffère par le
sommet des ailes antérieures plus allongé et le bord externe plus
oblique. Sa couleur la rapprocherait assez de la Y. Octonella, Z.
Herr.-Sch., 119-120; cependant chez Imparella la teinte générale
est plus plombée, moins jaunâtre.
Cette Scoparia s'éloigne de ses congénères par l’absence de dessins
déterminés, par l’espace médiane plus foncé, plus nébuleux , et par
le fond qui n’a nulle trace de jaunâtre. On voit un sinus à la dernière
ligne transverse, ainsi qu’une tache faiblement pupillée tout près de
la coudée. Les deux points placés après la basilaire, qui sont pro-
pres à toutes les espèces du genre, ne se distinguent qu’à la loupe.
Les inférienres, grandes, larges, d’un gris plombé, luisantes, n’ont
pas de ligne transverse.
En dessous, les supérieures, sont unies, d’un gris perlé ; les in-
férieures sont semblables au dessus. L’abdomen, long, grêle, annelé
de blanc, se termine par un bouquet de poils roussâtres. Les pattes
sont grises et entrecoupées de blanchâtre.
J’ai peint cette nouvelle Scoparia, dont le dessin paraît effacé au
premier abord, d’après un sujet d’une grande fraîcheur. Elle n’avait
point encore été figurée.
M. de la Harpe m’informe qu’il a reçu cinq exemplaires de la Scop.
Imparella de la Haute-Engadine
(2) Eudorea, Lah
404
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.
Dasydia (1) Operaria? Hb
(Var. Scalettaria , Mill an Speciesl)
(Planche 50. fig. 3 à 7).
Cette Phalénite, que je viens d’observer avec soin et dont je vais
tracer l’histoire complète, ne me semble pas VOperaria des au-
teurs, par la raison que certaines lignes, la coloration générale et sur-
tout la coupe des ailes, sont toujours différentes de celles de la véri-
table Operaria dont la présence en Suisse n’est pas authentiquement
prouvée (Lah., faune suisse, p. 64). Bien que je sois à peu près
certain que la Dasydia que je viens d’étudier n’est pas VOperaria
typique (Hb., fig. 350. — Herr.-Sch. , p. 73), je ne veux cependant
pas décrire comme inédite celle dont il est question , et, en attendant
qu’elle soit reconnue définitivement nouvelle, j’appellerai cette race
constante Var. Scalettaria. C’est sur la Scaletta, montagne des Gri-
sons (Suisse) élevée de près de 2,200 mètres, qu’ont été trouvées les
chenilles de cette Dasydia , et c’est de là que M. Rodolphe Zeller,
de Zurich, a bien voulu m’en faire parvenir un certain nombre de su-
jets à divers âges. J’ai obtenu, en outre de cette entomologiste zélé ,
certains détails intéressants sur les mœurs de cette Géomètre.
J Ajouterai qu’on ne sait rien encore de la chenille de VOperaria
proprement dite.
CHENILLE.
Bans le jeune âge elle e.>t presque noire, mais quand elle est deve-
(1) Genre créé par M. Guenée, et dont la formation était bien nécessaire, puis-
qu’il a eu pour but d’isoler sept ou huit espèces si remarquablement différentes
par les femelles (* *) des Gnophos proprement dites, précédemment leurs congénères.
(•) Sauf 1 ’Obfuscala.
Dasydia Operaria. 40b
nue adulte, sa couleur n’est pas décidée; le fond est le vert glauque
ou le vert foncé plus ou moins obscur , parsemé de nombreuses pe-
tites taches grisâtres , et d’autres carnées. En sorte que l’insecte
rappelle un peu certaines chenilfes vivant de Lichen et se cachant
parmi les plantes cryptogames.
Elle est presque cylindrique, faiblement carénée sur les flancs, un
peu atténuée aux extrémités, plissée transversalement, rugueuse, et ce-
pendant sans caroncules; ce qui l’éloigne des chenilles de Gnophos qui,
toutes, présentent une ou plusieurs de ces proéminences charnues. La
tête est petite, globuleuse, et concolore. Les lignes ordinaires sont
mal indiquées ; toutefois avec un peu d’attention on réussit à les
distinguer. La vasculaire est étroite, brune et interrompue sur cha-
que segment, à partir du troisième au pénultième, par quatre
gros points : les deux premiers sont blanchâtres et les autres d’un
carné plus ou moins obscur. La sous-dorsale est large et brunâtre,
mais cependant fort indécise. La stigmatale, également large, est
ondulée et se détache en clair sur le fond. Le clapet anal , assez
prononcé, est d’un rougeâtre obscur. Le ventre est sans ligne et
d’un gris olivâtre. Les pattes antérieures sont uniformément brunes,
les quatre autres sont concolores avec la couronne blanchâtre. Les
stigmates sont gros, noirs et entourés d’un cercle carné. Les points
trapézoidaux sont très-petits ; de leur centre s’échappe un poil
noir et court.
Cette chenille, assez vive, n’a pas la lenteur de celles qui ha-
bitent à de grandes hauteurs. M. Zeller me mande qu’il l’a
trouve chaque année, sous les pierres d’où elle ne sort que la
nuit pour manger. Je n’ai pu obtenir de détails précis sur la nour-
riture que ces insectes prennent en liberté. Je les crois poly-
phages : chez moi ils ont touché à plusieurs espèces de plantes,
telles que Rumex, Plantago et Campanula; ce sont ces dernières,
les Campanula linifolia, Lam., et rotundifolia? L., enlevées à des ro-
chers montagneux , qu’elles ont préférées et qui m'ont seryj à les
amener à toute leur taille.
CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
406
Un Hyménoptère attaque fréquemment cette chenille comme je
l’ai su par M. Zeller; malheureusement je mai pu obtenir un seul
de ces Iclmeumons ; je l’eusse figuré à côté de l’insecte qui devient
si souvent sa victime.
La croissance rapide de la chenille de cette Dasydia et le passage
si prompt de son état de nymphe à celui d’insecte parfait chez les
individus qui volent en juillet, permet de supposer qu’elle a deux
générations, lesquelles doivent avoir lieu avant le milieu de sep-
tembre, car, à partir du quinze ou vingt de ce mois, la neige recou -
vre la terre jusqu’en juin de l’année suivante.
Cet insecte est un de ceux qui se rencontrent à la fois sous les
divers étals, de chenille, de chrysalide et de papillon.
Il paraîtrait que toutes les chrysalides n’éclosent pas dans le cours
de l’année qui a vu naître leurs chenilles ; c’est ce qui explique
que celles de ces chenilles qui doivent donner leur insecte parfait peu
après la formation de la nymphe, au lieu de descendre dans la mousse
ou de se fourrer parmi les débris de végétaux, se métamorphosent
dans un léger tissu fabriqué au haut de la cage qui les renferme.
Les larves qui , dans la nature, passent l’hiver, ne tardent pas à
être surprises par le froid et demeurent engourdies pendant toute la
mauvaise saison (1).
La chrysalide est allongée, d’un brun rougeâtre, luisante et sans
aspérités; elle présente néanmoins des saillies obtuses au sommet. La
pointe abdominale est double, assez longue et noire. Cette nymphe
présente deux couleurs : l’enveloppe des ailes et la poitrine sont bru-
nes, et la partie abdominale d’un jaune rougeâtre. Elle est comme
transparente et s’agite vivement au moindre bruit. L’éclosion qui ar-
rive au commencement de septembre, a toujours lieu dans la ma-
tinée. Celles qui me sont écloses en automne n’étaient demeurées que
seize à dix-huit jours en chrysalide.
(1) Renseignements fournis par M. R. Zeller.
Dasydia Operaria.
407
INSECTE PARFAIT.
Envergure : le a* 0mJ,038 à 0^840.
la ? 0m,018 à 0m,019.
Les ailes sont larges, entières, coupées carrément, soyeuses, lui-
santes, d’un gris verdâtre et marquées de plaques jaunâtres aux supé-
rieures; celles-ci ont la costale un peu concave et l’apex prolongé et
obtus. Cette coupe d’ailes et cette coloration séparent évidemment cette
Dasydia de Y Operaria proprement dite. Elle en diffère encore par l’ab-
sence des points terminaux aux quatre ailes, par les lignes basilaire et
coudée à peine écrites et jamais dentelées, par deux taches noires à
la côte, indiquant la naissance des lignes transversales toujours ab-
sentes chez Y Operaria. Les antennes sont garnies de lames régulières ;
le thorax est velu, l’abdomen, grêle et concolore.
Il paraît que cette Phalénite est très-sauvage et fort difficile a
saisir.
La femelle, remarquable à plus d’un titre et de découverte récente,
est presque aptère; elle n’a que des moignons d’ailes, ce qui la fait res-
sembler à certaines femelles de Boarmides ou mieux à quelques espèces
femelles du genre Diurnea. Elle a l’abdomen relativement développé
avec les premières ailes très-aiguës à l’apex. Le point cellulaire est
gros, noir et bien visible. Les ailes inférieures sont ellipsoïdes et
arrondies au sommet avec une large bordure foncée. Les antennes
sont filiformes et presque de la longueur des premières ailes. L’insecte
serait entièrement d’un gris ardoisé et luisant, n’était la tête et le
thorax qui sont bien fournis de poils blanchâtres.
Je soupçonne que tous les individus que j’ai reçus d’Allemagne et
qui, pour la plupart, sont gris de plomb, doivent être de véritables
Operaria, Hb., tandis que ceux que nous recevons des Alpes suisses,
dont la teinte est le gris-plombé-verdâtre lavé de taches jaunâtres, sont
cette variété Scalettaria , Mihi.
Je viens d’avoir la certitude que cette variété ou espèce séparée n’est
408 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
point la Gnophos Spur caria, Lah., à laquelle on aurait pu la rapporter,
à en juger par la figure 2 des Phalénites suisses , car M. de la Harpe
m’écrit : * Ma Spur caria est la Caelebaria , H. -S., fig. 421 et 507.
« Prise par Mann, dans le haut Tyrol. »
Timia Margarita.
QUELQUES MOTS SUR LA TIMIA MARGARITA, Hb.
Pendant longtemps les entomologistes de tous les pays ont été assez
peu d’accord sur la place que devait occuper dans l’ordre des Lépidop-
tères, la Timia Margarita. Us se sont enfin entendus et ont placé ce
charmant insecte parmi les Géomètres.
En outre de ce que j’en ai dit (p. 267), je crois devoir faire connaître
certains détails qui le caractérisent.
La T. Margarita n’est pas une Géomètre ii pourrait se faire
qu’elle ne fût pas davantage une Noctuelle; et voici ce qui doit militer en
faveur de mon opinion :
M. Dardoin, de Marseille, lépidoptériste sérieux et digne de foi,
m’a adressé parla poste, le 25 mai de l’année dernière, une ponte de la
Margarita , obtenue d’une femelle prise au vol par lui-mème. Mal-
heureusement les jeunes chenilles, écloses pendant le trajet, m’arrivè-
rent aux trois quarts mortes de faim ; pas une seule n’a survécu. Cepen-
dant j’ai pu reconnaître leur forme au moyen d’une très-forte loupe, et
reproduire l’insecte au trait. Le voici rendu par la gravure sur bois.
410 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.
Ces dessins, bien qu’imparfaits, feront suffisamment connaître ce
qu’est cet insecte. La forme de l’œuf a été également reproduite.
Ainsi qu’on peut le voir, cette petite chenille va en diminuant du
premier au dernier anneau ; elle est carénée sur les côtés, à anneaux
distincts, rase et d’un jaunâtre obscur. Elle a seize pattes : six anté-
rieures avec le dernier article corné, huit ventrales qui ont la couronne
brune, et deux anales ; ces dernières sont imparfaitement indiquées et
sont recouvertes extérieurement de quelques rares poils courts. La tête,
relativement forte, ainsi qu’on le remarque chez toutes les chenilles, au
sortir de l’œuf, la tète, dis-je, est cordiforme, un peu aplatie, d’un noir
de jais et luisante. Cette partie de l'insecte, autant que j’ai pu en juger
sur une larve si petite, me porterait à croire qu’elle appartient plutôt
aux Pyralides qu’aux Noctuélides, comme on l’a pensé pendant long-
temps.
M. Dardoin croit que la Margarita , qui n’a jamais été prise que dans
le voisinage des eaux, pourrait bien, de même que certaines Hydro-
campides de M. Guenée, vivre, à l’état de chenille , dans les tiges de
roseaux, tel que YArundo donax, par exemple, fort abondant dans le
midi de la France.
La grande prédisposition de l’insecte parfait a tourner au gras, vien-
drait encore appuyer cette supposition.
L’œuf de la Margarita est ovale, granuleux, cannelé dans le sens
de sa longueur et jaunâtre (1).
EXPLICATION DES FIGURES :
Fig. 1 . OEufde la T. Margarita très-fortement grossi.
2. Chenille de la T. Margarita, peu d’instants après sa sortie
de l’œuf, très-fortement grossie-
3. La même, vue de profil.
( 1 ) Parmi les œufs que j’ai reçus, il s’en est trouvé deux qui ne sont point
éclos : ils étaient probablement inféconds.
Timia Margarita. 4H
Enfin, je dirai avant de terminer, que M. Dardoin a pris de nouveau
et s’est procuré par ses chasseurs, en automne dernier, plusieurs
femelles de cette Timia toujours rare , identiques à celle qui m’a servi
à faire connaître la Margarita 9 . (Liv. VI, pi. 3.)
r
412
EXPLICATION DES PLANCHES.
EXPLICATION DES PLANCHES
De la 10° Livraison (1864).
PLANCHE 45.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. î. Crambîis Scirpellus, Lah.
* IL
Fig. 2. Orenaia Helveticalis , H. -S. (Var. Conspur colis , Lah.).
III.
Fig. 3. Chenille de la Trachonitis Myricariella , Mill.
4. id. id. vue de dos.
5. Chrysalide.
6. Insecte parfait.
7. id. vu en dessous.
IV.
Fig. 8. Paclmobia Carnea, Th. (Var. A.)
EXPLICATION DES PLANCHES.
VU
PLANCHE 46.
EXPLICATION DES FIGURES.
].
Fig. i. Chenille de la Tortrix Pronubana , Hb.
2. Chrysalide.
3. Insecte parfait.
II.
Fig. 4. Morinia Bigoti, Mill. (Parasite de la Pronubana).
5. Nymphe de la Morinia Bigoti.
III.
Fig. 6 . Chenille de YAcrolepia Smilaxella , Mill.
7. ïd . Id. vue de dos.
8. Cocon fixé sur une feuille de Smilax.
9. Chrysalide.
10. Insecte parfait.
11. Le même, vu en dessous.
414
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 47.
EXPLICATION DES FIGURES.
I.
Fig. 1. Gnoplios Gruneraria cr*, Stgr.
2. Id. Gruneraria 9 .
3. Id, Id.
II.
Fig. 4. Chenille de YEriopm Latreillii. Dur.
o. Id. Id. vue de dos.
0. Nymphe.
7. Insecte parfait.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 48.
EXPLICATION DES FIGURES.
ï.
Fig. i. Angerona Prunaria , Hb. (Aberr. B.)
II.
Fig. 2. Angerona Prunaria , Hb. (Aberr. C.)
III.
Fig. 3. Chenille de YHecatcra Cappa , Hb.
4. Id. Id. jeune.
5. Chrysalide.
(i. Insecte parfait.
416
EXPLICATION DES PLANCHES,
PLANCHE 49..
EXPLICATION DES FIGURES.
•Fig. 1. Nemeophila? Metelkana cf. Led.
2. id. Metelkana $ .
3. id. id. (Aberr. a". A.)
4 id. id. (Aberr. 9 , B.)
IL
Fig. 5. Spilosoma Zatima o\ Gram.
6. id. Zatima Ç-.
7. id. id. (Aberr. A.)
EXPLICATION DES PLANCHES.
417
PLANCHE 50.
EXPLICATION DECS FIGURES.
ï.
Fig. i. Scoparia Amissella, Lah.
IL
Fig. 2. Scoparia Imparella, Lah.
lïi.
Fig. 3. Chenille de la Dasydia 0 per aria , Hb. (Var. Scalettaria , Mill.)
4. id. ûL vue de dos.
5. Chrysalide.
6. Insecte parfait cr\
7. id Ç .
'
"... ... , . _
v ...
TABLE ALPHABETIQUE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME
Les noms des espèces et des genres sont en caractères ordinaires , les variétés en
italiques et précédées d’un V, en petite capitale.
A
Pages.
Ablutaria, Bdv. (Larentia) 77
Æstimaria, Hb. (Macaria) 196
Agatha, Stgr. (Metoponia) 321
Àglaia L. (Argynnis) Aberr., F 212
V. Albicans cf*, Bdv. (Lycaena) 84
Albiricella, F.-V.-R. (Phycis) 159
Alpinata, Hb. (Psodos) 20
Y. Amanda , Bdv. (Catocala) 272
Amissella , Lah. (Scoparia) 401
Argillaceago, Hb. (Polia) 297
Asperaria, Hb. (Rhoptria) 239
Australis, Hb. (Aporophyla) £02
m
Basochesiata , Dup. (Eubolia) 144
Boetica, L. (Lycaena) 245
Bohemanni, Stgr. (Anarta) 331
Bruandaria, Mill. (Nudaria). 163
420
TABLE DES MATIÈRES
£
Pages.
Caerulescens, Bdv. (Polia) 338
Caliginearia, Ramb. (Chemerina) 68
Cappa, Hb. (Hecatera) 393
Carnea, Th. (Pachnobia). Aberr., A 380
Ghalcites, Esp. (Plusia) 159
Chenopodiphaga , Ramb. (Mamestra) 127
Cistella, Mill. (Phycis) 97
Concordaria, Hb. (Fidonia) 23i
V. Conspurcalis , Lah. (Orenaia) 374
Constanti, Mill. (Agrotis) 165
Coscinia, Ocb. (Emydia) 17
Cupressata , Dup. (Thera) 168
il
Dardoinaria, Doiiz. (Crocallis) . . ‘ 122
Dardoinella. Mill. (Psyché ?) 318
Didymia. Fab. (Aberr. A, B et G. ) 130
Discoidaria, Bdv. (Heliothea) 315
Dorycniella, Mill. (Butalis) 225
Dorycnii , Mill. (Bombyx) 357
Dumetata, Tr. (Gnophos) • 306
w.
Effusa, Bdv. (Amphipyra) ... t ... 186
Emucidaria, Hb. (Scodiona) 101
Etiella. Tr. (Phycis) 248
w
Fasciaria, L. (Ëllopia) 301
Franconica, Fab. (Bombyx) 363
TABLÜ LîKS MATIÈRES. 421
Pages.
Galathea , L. (Arge). Aberr. Turcica, Bdv. ... ... 126
Gondebautella , Mill. (Psyché) 286
Genevensis, Mill. (Zygaena) 237
Glareosa, Esp. (Noctua) ' . . 234
Glaucinata, Hb. (Gnophos) 52
Globulariata, Mill. (Eupithecia) 206
Grossulariata, Mouf. (Abraxas), Aberr. A et B 9
Gruneraria, Stgr. (Gnopbos) 387
Gueneata, Mill. (Eupithecia) 258
I
m
Halyraella, Mill. (Gelechia)
Helena, Stgr. (Lycaena) 327
Heldreiclri, Stgr. (Colias) 335
Helveticalis, Herr.-Sch. (Orenaia) 374
Hippocastanaria, Hb. (Pacliycnemia). 86
Hirta, Hb. (Heliophobus) 276
Hirtae, Mill. (Cryptus ?) 277
Hispida, Hb. (Heliophobus). 199
Hybris, Steph. (Chaonia) 27
B
Imparella. Lah. (Scoparia) 403
Juniperana, Mill. (Coccyx) 5
Si
Krueperi, Stgr. (Pieris) 259
28
422
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Laetus, Zell. (Oxyptilus) 333
Lapidea,Hb. (Xylina) 170
Latreillii, God. (Ghelonia) 345
Latreillii, Dup. (Eriopus) 388
Lavandulae, Fab. (Zygaena) il 6
Lavaterana, Mill. (Paedisca) 290
Lentiscaria, Donz. (Scodiona) 92
Limoniana, Mill. (Sericoris) 132
V. Lugdunensis , Mill. (Zygaena) 85
V. Lasthenia , Mill. (Cardamines) 171
Lutearia, Fab. (Cleogene) 15
M
Malvata, Ramb. (Euholia) 242
Malvinella, Mill. (Psyché) 30
Massiliensis, Mill. (Nudaria?) 350
Margarita, Hb. (Timia) 267 et 409
Meridiana, Stgr. (Conchilis) 354
Metelkana, Led. (Arctia ?) 395
Metelkana, Led. (Âberr. A et B.) 397
V. Miniosaria , Dup. (Selidosema) 296
Mucidaria, Hb. (Gnophos) 52
Mulsantana, Mill. (Argyrolepia) . 156
Myricariella, Mill. (Trachonitis) 376
©
Obfuscata , Tr. (Dasydia) H
Occitanaria , Dup. (Calamodes) 227
Occlusa , Esp. (Hadena) 270
Olbiaella, Mill. (Alucita) 193
TABLE DES MATIÈRES. 423
Pages.
Olbiadactylus, Mill. (Pteropliorus) 89
Operaria, "? Hb. (Dasydia) 404
Optata, God. (Catocala) 270
B3
Pantaria, L. (Abraxas) 141
Paradoxaria , Stgr. (Sparta) 314
Peltaria, Dup. (Tephrina) 329
Peribolaria, Hb. (Eubolia) 322
Permutaria, Hb. (Stegania) 03
Perspersaria, Dup. (Selidosema) 293
Plagiodactylus, F. -Y. -R. (Pterophorus) 209
Plumistaria, Bork. (Fidonia) 110
Polygonalis, Hb. (Mecyna) 119
Pronubana, Hb.(Tortrix) 382
Prunaria, L. (Angerona) (Aberr. B et G.) 391
Puerpera, Giorna (Catocala) 261
Pullata. Tr. (Gnophos) 52
Punctata. Fab. (Nadia) 250
V. Pythonissa, Mill. (Limenitis) 82
K
Ramburii, Clerk (Anophia) 264
Riguata, Hb. CamptogrammaJ 72
Rhomboidaria (Boarmia) Ab. E 180
Russata, Hb. (Cidaria) Ab. E. F. et G 96
S
Sacraria, L. (Sterrha) 177
Y. Sanguinaria, Esp. (Sterrha) 178
Sarpedon, Och. (Zygaena) Aberr. A 176
V. Scalettaria , Mill. (Dasydia) 404
424
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Scirpellus, Lah. <£rambus) 373
V. Selecta , Bdv. (Catocala) 272
Semibrunnea, Haw. (Xylina) . 281
V. Semibrunnea, Mill. (Lycaena) 84
Smilaxella, Mill. (Acrolepia) 385
Solieri, Bdv. (Hadena) 213
Suberifolia, Dup. (Lasiocampa) 373
Y
Taeniolaria, Hb. (Selidosema) 73
Tritici, L. (Agrotis) Ab. E 367
Tusciaria, Scriba (Crocallis) 23
V. Turcica. Bdv. (Arge) 126
IT
Ulicinella. Stgr. (Gelecbia) 323
¥
Vincularia, Hb. (Tephrina) 149
X.
Xerampelina. Hb. (Cirrædia) 284
S
Zatima. Cram. (Spilosoma) 398
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