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Full text of "Insectes utiles et nuisibles du fraisier et du framboisier"

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1  .g,  B      Agriculture 


Canada 


Publication  1863/ F 


Insectes  utiles 

et  nuisibles  du  fraisier 

et  du  framboisier 

1*1     ê9anadaUe        Sîï     14    1991 

Llbrary  /  Bibliothèque,  Ottawa  K1A  0C5 


Canada 


Insectes  utiles 

et  nuisibles  du  fraisier 

et  du  framboisier 


Rédigé  à  contrat  par 

D.E.  Henderson 

E.S.  Cropconsult  Ltd. 

Vancouver  (Colombie-Britannique) 

en  collaboration  avec 
D.A.  Raworth 

Station  de  recherches 

Vancouver  (Colombie-Britannique) 


Couverture 

Chrysope  à  la  recherche  de  pucerons  (photo,  D.  Gillespie) 


Agriculture  Canada  Publication  1863/F 

On  peut  en  obtenir  des  exemplaires  à  la 
Direction  générale  des  communications 
Agriculture  Canada,  Ottawa  (Ontario)  K1A  0C7 

®Ministre  des  Approvisionnements  et  Services  Canada  1991 
N°  de  cat.  A53- 1863/ 1991F    ISBN  0-662-96632-5 
Imprimé  en  1991    2  M-04:91 

Production  du  Service  aux  programmes  de  recherches 

Also  available  in  English  under  the  title 

Bénéficiai  insects  and  common  pests  on  strawberry  and  raspberry  crops 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2012  with  funding  from 

Agriculture  and  Agri-Food  Canada  -  Agriculture  et  Agroalimentaire  Canada 


http://www.archive.org/details/insectesutilesetOOhend 


Table  des  matières 

Remerciements    6 
Introduction    7 

Diptères  utiles  (mouches)     10 

Syrphes  (Diptères  :  syrphidés)    10 
Tachinaires  (Diptères  :  tachinidés)     10 
Cécidomyies  (Diptères  :  cécidomyiidés)     13 

Hyménoptères  utiles  (guêpes)    13 

Ichneumons  (Hyménoptères  :  ichneumonidés)     13 
Braconides  (Hyménoptères  :  braconidés)    14 
Chalcidies  (Hyménoptères  :  chalcidoïdés)    15 

Coléoptères  utiles     15 

Coccinelles  (Coléoptères  :  coccinellidés)  15 
Staphylins  (Coléoptères  :  staphilinidés)  20 
Carabes  (Coléoptères  :  carabidés)    20 

Hémiptères  utiles    22 

Punaises  demoiselles  (Hémiptères  :  nabidés)    22 
Réduves  (Hémiptères  :  réduviidés)    22 
Punaises  tête-de-clou  (Hémiptères  :  lygéidés)    23 
Anthocoris  (Hémiptères  :  anthocoridés)    23 

Névroptères  utiles    25 

Chrysopes  (Névroptères  :  chrysopidés)    25 
Hémérobies  (Névroptères  :  hémérobidés)    25 

Acariens  utiles    26 

Acariens  prédateurs  (Acariens  :  phytoséidés)    26 

Autres  prédateurs    26 

Ravageurs  courants  du  framboisier  et  du  fraisier    27 

Punaises  et  lygides  (Hémiptères  :  miridés)    27 

Pucerons  (Homoptères  :  aphididés)    27 

Cicadelles  et  cercopes  (Homoptères)    30 

Charançons  et  autres  coléoptères  (Coléoptères)    31 

Enrouleuses,  chenilles,  noctuelles  et  perceurs  (Lépidoptères)    32 

Tenthrèdes  (Hyménoptères  :  tenthrèdinidés)    32 

Acariens    33 

Bibliographie    34 


Remerciements 

La  présente  brochure  a  vu  le  jour  en  réponse  à  une  demande  des 
membres  de  la  Lower  Mainland  Horticultural  Improvement  Association, 
formulée  en  février  1988,  lors  des  mini-cours  présentés  chaque  année  aux 
cultivateurs,  à  Clearbrooke  (C.-B.).  Il  s'agit  en  fait  d'un  projet  coopératif. 
Le  Service  aux  programmes  de  recherches  d'Agriculture  Canada  s'est 
occupé  de  la  publication,  dont  il  a  absorbé  le  coût,  tandis  que  la  Direction  de 
la  protection  des  cultures  du  ministère  de  l'Agriculture  et  des  Pêcheries  de 
Colombie-Britannique  a  financé  la  collecte  des  données  et  la  rédaction  du 
document  en  sous-traitance  par  des  spécialistes.  Enfin,  les  chercheurs  et 
les  professionnels  des  quatre  coins  du  Canada  dont  voici  la  liste  ont  fourni 
photographies,  spécimens  et  renseignements  sur  les  insectes  de  leur 
région  :  R.  Smith,  Vedalia  Research,  Galiano  (C.-B.);  W.G.  Wellington  et 
S.G.  Cannings,  Université  de  la  Colombie-Britannique,  Vancouver  (C.-B.); 
D.  Gillespie,  Agriculture  Canada,  Agassiz  (C.-B.);  C.  Vincent  et  N. 
Bostanian,  Agriculture  Canada,  Saint- Jean-sur-Richelieu  (Québec);  M. 
Luffman,  Agriculture  Canada,  Bouctouche  (N.-B.);  R.  Tremblay,  ministère 
de  l'Agriculture  du  Nouveau- Brunswick,  Fredericton  (N.-B.);  B.D.  Schaber, 
Agriculture  Canada,  Lethbridge  (Alb.);  L.  Gilkeson,  Applied  Bionomics, 
Sidney  (C.-B.);  M.  Steiner  et  M.  Herbut,  Centre  environnemental, 
Vegreville  (Alb.);  R.  Long  et  M.  Mackauer,  Université  Simon  Fraser, 
Burnaby  (C.-B.);  C.  Chan,  W.  MacDiarmid,  H.  Severson  et  W.T.  Cram, 
Agriculture  Canada,  Vancouver  (C.-B.).  Ont  prêté  leur  concours  à  la 
correction  du  manuscrit  :  H.  Gerber  et  W.  Peters,  ministère  de 
l'Agriculture  et  des  Pêcheries  de  la  Colombie-Britannique,  Abbotsford 
(C.-B.)  et  S.  Krannitz,  Pherotech  Ltd.,  Vancouver  (C.-B.).  Nos  plus  sincères 
remerciements  à  tous. 


Introduction 

Par  crainte  de  détériorer  l'environnement,  beaucoup  d'agriculteurs 
freinent  leur  usage  de  produits  chimiques  et  cherchent  d'autres  moyens 
pour  lutter  contre  les  ravageurs  et  les  maladies  des  cultures.  Cette 
approche,  baptisée  lutte  intégrée,  gagne  de  plus  en  plus  de  popularité 
chaque  année  au  Canada  et  ailleurs.  Avant  de  l'adopter  cependant,  il  faut 
connaître  les  autres  méthodes  de  lutte  et  savoir  comment  les  mettre  en 
pratique.  Ce  manuel  devrait  fournir  au  moins  quelques  indications  à  cet 
égard.  Les  insectes  utiles  qui  s'attaquent  aux  ravageurs  sont  très  sensibles 
aux  pesticides,  si  bien  que  peu  d'entre  eux  survivent  dans  les  champs  où  l'on 
pulvérise  régulièrement  des  antiparasitaires.  C'est  aussi  pourquoi 
beaucoup  de  cultivateurs,  et  même  de  vulgarisateurs,  les  connaissent  mal. 
Un  agriculteur  qui  opte  pour  la  lutte  intégrée,  de  son  propre  chef  ou  sur  les 
conseils  d'un  expert,  doit  commencer  par  observer  régulièrement  la 
population  de  ravageurs  afin  d'évaluer  la  menace  qu'ils  posent.  Il  ne 
recourra  à  un  insecticide  que  si  les  parasites  menacent  d'augmenter  au 
point  de  causer  des  pertes  économiques.  Alors,  la  population  de  nombreux 
insectes,  y  compris  d'insectes  utiles,  commencera  à  s'accroître  dans  le 
champ.  Il  est  donc  capital  de  pouvoir  identifier  les  insectes  utiles  pour  les 
différencier  des  ravageurs.  Même  s'il  existe  plusieurs  brochures  ou 
publications  sur  les  ravageurs  au  Canada,  aucune  ne  porte  sur  les  insectes 
utiles. 

La  présente  brochure  décrit  les  insectes  utiles  du  fraisier  et  du 
framboisier,  cependant  on  retrouvera  beaucoup  de  ces  insectes  sur  d'autres 
cultures  attaquées  par  les  mêmes  ravageurs.  Ainsi,  les  prédateurs  des 
pucerons  du  fraisier  détruiront  les  pucerons,  peu  importe  la  plante  sur 
laquelle  ils  se  trouvent.  Par  ailleurs,  si  certains  insectes  utiles  (les  guêpes 
parasites  par  exemple)  ne  s'attaquent  qu'à  un  seul  ravageur,  d'autres 
insectes  ayant  une  forte  ressemblance  à  ceux  décrits  ici  seront  les 
prédateurs  d'autres  espèces  nuisibles.  Cette  brochure,  par  conséquent, 
facilitera  non  seulement  l'identification  des  insectes  utiles  du  fraisier  et  du 
framboisier,  mais  aussi  celle  des  insectes  utiles  de  la  majorité  des  cultures, 
en  général. 


Planche  1     a  Syrphe  adulte  (photo  W.G.  Wellington) 

b  Syrphe  adulte  (photo  W.G.  Wellington) 

c  Larve  de  syrphe  (photo  C.  Chan) 

d  Larve  de  syrphe  (photo  H.  Severson) 

e  Larve  de  cécidomyie  (photo  W.  McDiarmid) 

f  Cécidomyie  attaquant  un  puceron  (photo  L.  Gilkeson) 


8 


Appel  aux  professionnel  Quand  nous  avons  rassemblé  l'information  et  la 
documentation  nécessaires  à  la  rédaction  de  cet  ouvrage,  nous  nous 
sommes  aperçus  que  les  renseignements  manquaient  sur  la  distribution 
des  insectes  utiles  et  que  les  photos  étaient  rares.  Il  est  donc  possible  que  les 
données  d'ordre  biologique  soient  incomplètes  et  que  certaines 
illustrations  fassent  défaut.  Si  vous  possédez  des  renseignements  sur  les 
insectes  utiles  de  votre  région  et  surtout  de  bonnes  photographies,  nous 
vous  serions  reconnaissants  de  communiquer  avec  nous.  Nous  avons 
l'intention  de  préparer  d'autres  guides  du  même  genre  pour  différentes 
cultures.  Toute  contribution,  sous  forme  d'information  ou  de 
photographies,  ne  pourra  qu'en  accroître  l'utilité.  Il  est  possible  de 
communiquer  avec  l'un  ou  l'autre  auteur  aux  adresses  suivantes  : 

D.E.  Henderson,  E.S  Cropconsult  Ltd.,  2962  West  15th  Ave., 
Vancouver,  B.C.  V6K  3A3 

D.A.  Raworth,  Research  Station,  Research  Branch,  Agriculture 
Canada,  6660  N.W.  Marine  Drive,  Vancouver,  B.C.  V6T  1X2. 


Diptères  utiles  (mouches) 
Syrphes  (Diptères  :  syrphidés) 

Les  syrphes  sont  des  mouches  de  6  à  13  mm  de  longueur.  Leur  abdomen 
rayé  ressemble  à  celui  des  guêpes  et  des  abeilles,  mais  il  est  dépourvu  de 
dard  (planche  la  et  b).  Les  rayures  servent  d'avertissement  et  mettent 
l'insecte  à  l'abri  d'éventuels  prédateurs,  par  mimétisme.  Les  nombreuses 
espèces  que  compte  cette  famille  sont  de  bons  pollinisateurs,  et  leur 
efficacité  à  ce  titre  n'est  surpassée  que  par  les  abeilles.  Les  syrphes  se 
nourrissent  de  pollen,  de  nectar  et  de  miellat  (la  substance  collante  et 
luisante  qui  macule  les  plantes  près  des  colonies  de  pucerons).  Leur 
aptitude  à  voler  sur  place,  comme  de  petits  hélicoptères,  est  ce  qui  les 
distingue  le  mieux  des  abeilles.  Les  syrphes  ou  leur  larve  (le  stade 
immature)  se  nourrissent  exclusivement  de  pucerons. 

La  mouche  dépose  la  plupart  de  ses  œufs  sur  les  plantes  fortement 
infestées,  parmi  les  grosses  colonies  de  pucerons.  La  femelle  pond  entre  400 
et  1  000  œufs  blancs  oblongs  qu'elle  dépose  un  à  un  ou  en  petits  amas,  selon 
l'espèce.  Quelques  jours  plus  tard,  les  œufs  éclosent  et  une  minuscule  larve 
semblable  à  une  limace  en  sort.  En  se  développant,  la  larve  prend  la  couleur 
caractéristique  de  l'espèce.  Certaines  sont  vertes,  lignées  ou  tachées  de 
blanc  (planche  le)  tandis  que  d'autres  sont  jaunâtres  ou  brunâtres  avec  des 
marbrures  (planche  ld).  La  larve  cherche  les  pucerons  en  soulevant  le 
devant  du  corps  et  en  se  balançant  latéralement  et  de  haut  en  bas,  pour 
fouiller  la  surface  des  feuilles.  Quand  elle  entre  en  contact  avec  un  puceron, 
elle  le  perce  de  ses  pièces  buccales  acérées,  le  soulève  et  le  vide 
complètement  de  son  contenu.  Une  larve  peut  dévorer  à  elle  seule  de  200  à 
800  pucerons  durant  sa  courte  vie  de  7  à  10  jours.  Parvenue  à  maturité  (elle 
mesure  alors  6  mm),  la  larve  se  met  en  quête  d'un  endroit  sombre,  une 
feuille  morte  enroulée  sur  la  plante  par  exemple,  ou  s'enfouit  dans  le  sol. 
Alors  commence  la  pupaison  (stade  de  repos),  qui  durera  environ  1 
semaine.  La  jeune  mouche  adulte  se  mettra  à  la  recherche  d'un  compagnon 
dès  son  émergence  et  le  cycle  recommencera.  Les  syrphes  comptent 
plusieurs  générations  par  année  et  sont  considérés  comme  un  prédateur 
très  efficace  des  pucerons. 

Tachinaires  (Diptères  :  tachinidés) 

Les  tachinaires,  qui  regroupent  de  nombreuses  espèces,  ressemblent  à 
la  mouche  domestique,  à  l'abeille  ou  à  la  guêpe,  dont  ils  ont  à  peu  près  la 
même  taille  (fig.  1).  On  les  considère  comme  faisant  partie  des  insectes 
parasites  les  plus  communs.  L'adulte  se  nourrit  des  sucs  végétaux  ainsi  que 
du  miellat  sécrété  par  les  pucerons,  les  kermès  et  les  cicadelles.  La  larve, 
par  contre,  parasite  d'autres  insectes,  principalement  les  formes 
immatures  des  papillons  nocturnes,  des  tenthrèdes  et  des  coléoptères,  mais 
aussi  quelques  punaises  et  des  criquets.  Certaines  espèces  n'attaquent  que 
les  chenilles  qui  vivent  cachées,  comme  les  enrouleuses,  alors  que  d'autres 


10 


1  mm 


Fig.  1  Tachinaire  parasite  de  l'arpenteuse  de  framboisier  (photo  W.T.  Cram) 


antenne 


tête 
thorax 


abdomen 


ovipositeur 


ichneumons 


braconides  chalcidies 


Fig.  2    Formes  courantes  des  ichneumons,  des  braconides  et  des  chalcidies 


11 


Planche  2     a 

b 
c 
d 

e 
f 


Ichneumon  ÇApophua)  sur  le  cocon  d'une  enrouleuse 

(photo  D.  Gillespie) 

Braconide  injectant  son  œuf  (photo  R.  Long) 

«Momies»  dans  une  colonie  de  pucerons  (photo  M.  Mackauer) 

Pupe  d'un  braconide  dans  une  momie  (photo  M.  Mackauer) 

Émergence  du  braconide  (photo  C.  Chan) 

Cocon  de  braconide  (Macrocentrus)  (photo  D.  Gillespie) 


12 


préfèrent  les  noctuelles.  Plusieurs  espèces  ont  été  introduites  d'Europe 
pour  lutter  contre  les  ravageurs  d'Amérique  du  Nord.  C'est  notamment  le 
cas  du  tachinaire  de  la  noctuelle,  ennemi  commun  de  ce  papillon  dans  de 
nombreuses  régions  du  Canada.  La  femelle  dépose  ses  œufs  directement 
sur  l'hôte  ou  le  feuillage  qu'il  dévorera.  Parfois,  elle  les  lui  inocule  même 
directement  dans  le  corps.  Quelques  espèces  sont  vivipares  et  laissent  les 
jeunes  larves  là  où  d'autres  tachinaires  déposeraient  leurs  œufs.  Des  œufs 
blancs  sur  une  chenille  indiquent  que  celle-ci  est  parasitée  par  un 
tachinaire.  La  larve  nouvellement  éclose  se  creuse  un  passage  dans  l'hôte 
dont  elle  dévorera  les  organes  internes  plusieurs  jours  durant,  puis 
abandonnera  la  dépouille  pour  entamer  la  pupaison,  à  proximité.  Tous  les 
insectes  parasités  par  les  tachinaires  finissent  par  mourir. 

Cécidomyies  (Diptères  :  cécidomyiidés) 

Adulte,  la  cécidomyie  du  puceron  {Aphidoletes  aphidimyza  (Rondani)) 
mesure  2  ou  3  mm  de  longueur.  Elle  est  difficile  à  repérer  en  raison  de  ses 
habitudes  nocturnes  et  de  la  taille  minuscule  de  son  corps  délicat  (planche 
le).  La  femelle  vit  environ  10  jours  et  pond  près  de  250  œufs.  Un  repas  de 
sève  ou  de  nectar  lui  permettra  de  produire  un  premier  lot  d'environ  40 
œufs.  Pour  pondre  davantage  cependant,  elle  a  besoin  de  miellat  de 
puceron.  Contrairement  à  l'adulte,  d'aspect  fragile,  la  petite  larve  orange 
(1,5  mm  de  long)  est  très  robuste  (planche  lf).  Elle  se  nourrit  de  pucerons  et 
reste  à  l'extérieur  tout  l'hiver,  dans  la  plupart  des  régions  du  Canada.  La 
larve  capture  des  pucerons  en  perçant  une  patte  et  en  inoculant  une  toxine 
paralysante;  ensuite,  elle  vide  complètement  le  corps  de  son  contenu.  Si  les 
pucerons  sont  nombreux,  la  larve  en  tue  plus  qu'elle  en  mange.  Après  1  ou  2 
semaines  de  ce  manège,  elle  se  laisse  choir  sur  le  sol  où  elle  creuse  une 
galerie  et  commence  la  pupaison.  Dix  à  14  jours  plus  tard  émerge  un  nouvel 
adulte.  Des  expériences  effectuées  en  Colombie-Britannique  indiquent  que 
la  population  de  cécidomyies  du  puceron  augmente  quand  les  pucerons 
prolifèrent  et  diminue  lorsqu'ils  se  font  plus  rares.  On  peut  acheter  au 
Canada  une  espèce  de  cécidomyie  qu'on  utilise  couramment  pour 
combattre  les  pucerons  dans  les  cultures  de  serre  et  les  arbres  fruitiers. 
Certains  membres  de  cette  famille  détruisent  aussi  les  œufs  et  les  larves 
d'acariens.  Enfin,  d'autres  parasitent  les  cochenilles  et  leurs  œufs. 

Hyménoptères  utiles  (guêpes) 

Ichneumons  (Hyménoptères  :  ichneumonidés) 

Les  ichneumons  sont  des  guêpes  au  corps  élancé  qui  peuvent  mesurer 
de  5  à  36  mm  de  longueur.  La  femelle  porte  habituellement  au  bout  de 
l'abdomen  une  longue  structure  similaire  à  une  aiguille  (tarière)  qu'elle 
utilise  pour  déposer  ses  œufs  (fig.  2,  p.  11).  La  tarière  est  plus  longue  que  le 
corps  et  on  la  prend  souvent  pour  un  dard,  bien  que  son  rôle  consiste  à 
introduire  des  œufs  dans  le  corps  des  insectes  appelés  à  nourrir  la  larve.  La 
larve  des  ichneumons  parasite  les  stades  immatures  d'autres  insectes, 


13 


surtout  des  chenilles  de  papillons  nocturnes  ou  diurnes.  La  longueur  de  la 
tarière  permet  à  la  femelle  d'inoculer  ses  œufs  dans  des  hôtes  invisibles 
comme  les  enrouleuses  ou  les  perce-tiges.  Les  espèces  du  genre  Apophua  en 
sont  un  parfait  exemple  puisqu'elles  s'attaquent  à  la  tordeuse  du  fraisier 
(Ancylis  comptana  (Froelich))  alors  que  celle-ci  se  cache  à  l'intérieur  de  la 
feuille  (planche  2a,  p.  12).  Beaucoup  d'ichneumons  sont  relativement 
courants  au  Canada.  L'adulte  peut  être  brun,  rouge  ou  noir  et  porter 
différentes  marques.  Il  se  distingue  des  autres  guêpes  parasites  par  sa 
grande  taille  et  la  longueur  de  son  abdomen,  qui  dépasse  celle  de  la  tête  et 
du  thorax  réunis.  Il  possède  également  une  longue  tarière. 

Braconides  (Hyménoptères  :  braconidés) 

Les  braconides  sont  plus  petits  que  les  ichneumons  (soit  jusqu'à  12  mm 
de  longueur).  Leur  corps  plus  court  est  également  plus  trapu  (fig.  2).  Les 
espèces  de  cette  famille  possèdent  également  une  tarière,  mais  celle-ci  reste 
cachée  dans  le  corps  dont  elle  ne  sort  qu'au  moment  de  l'inoculation.  Les 
braconides  parasitent  une  plus  vaste  gamme  d'insectes  que  les 
ichneumons,  les  hôtes  allant  de  diverses  chenilles  comme  la  tordeuse  des 
citrus  (Argyrotaeni  citrana  (Fernald))  à  des  mouches,  des  guêpes,  des 
coléoptères  et  des  pucerons.  Lorsque  la  femelle  a  injecté  son  œuf,  il  sort  de 
celui-ci  une  larve  qui  dévorera  lentement  l'hôte.  La  larve  parvient  à 
maturité  quand  meurt  ce  dernier.  Elle  entame  sa  pupaison  à  l'intérieur  de  la 
dépouille  ou  près  de  celle-ci^  quelque  fois  dans  un  cocon  soyeux  d'où 
émergera  la  guêpe  adulte.  A  l'instar  des  ichneumons,  on  trouve  de 
nombreuses  espèces  de  braconides  un  peu  partout  au  Canada. 

Les  braconides  parasites  des  pucerons  constituent  un  groupe 
important  d'insectes  utiles  du  fraisier  et  du  framboisier.  En  effet,  les 
parasites  des  pucerons  comptent  beaucoup  de  braconides  ayant  un  cycle 
biologique  analogue.  La  femelle  inocule  son  œuf  dans  un  jeune  puceron  avec 
la  rapidité  de  l'éclair  (planche  2b)  pendant  que  celui-ci  pompe  la  sève  de  la 
plante.  En  règle  générale,  l'attaque  dérange  le  puceron  dans  son  travail 
sans  toutefois  l'inciter  à  quitter  la  plante  sur  laquelle  il  se  trouve.  Le 
puceron  parasité  ne  se  reproduit  habituellement  pas,  mais  continue  de  se 
nourrir  jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  entièrement  dévoré  de  l'intérieur.  La  larve 
adulte  fixe  la  carcasse  du  puceron  à  la  surface  de  la  feuille  et  la  dépouille 
prend  un  aspect  parcheminé  ou  noirâtre.  On  appelle  les  pucerons  morts  de 
cette  façon  des  «momies».  Ils  sont  très  faciles  à  reconnaître  dans  une 
colonie  de  pucerons  vivants  (planche  2c).  La  momie  protège  le  braconide 
durant  la  pupaison  (planche  2d).  À  la  fin  de  cette  dernière,  environ  une 
semaine  plus  tard,  la  guêpe  adulte  découpe  un  trou  circulaire  dans  la  momie 
et  sort  au  grand  jour  (planche  2e).  La  momie  vide,  percée  d'un  trou,  reste 
sur  la  feuille.  La  présence  de  momies  dans  une  colonie  indique  que 
beaucoup  de  pucerons  sont  parasités,  même  s'ils  paraissent  en  bonne  santé, 
et  mourront  au  bout  de  quelques  jours. 

Un  autre  grand  groupe  de  braconides  parasitent  les  chenilles.  Leur 
cycle  biologique  reproduit  largement  celui  des  braconides  qui  s'attaquent 
aux  pucerons.  Les  espèces  du  genre  Copidosoma  font  toutefois  bande  à 


14 


part.  En  effet,  la  femelle  adulte  pond  son  œuf  dans  un  œuf  de  l'hôte.  À 
mesure  que  celui-ci  traverse  les  différents  stades  de  son  cycle,  l'œuf  du 
braconide  se  divise  pour  donner  plusieurs  petites  larves.  À  la  mort  de  l'hôte, 
les  larves  entament  la  pupaison  et  donneront  naissance  à  plusieurs  guêpes 
adultes.  Par  cet  artifice,  la  femelle  parvient  à  produire  une  progéniture 
nombreuse,  même  si  elle  ne  trouve  qu'un  hôte.  D'autres  braconides,  les 
espèces  du  genre  Macrocentms  par  exemple,  tirent  parti  d'un  hôte  de 
grande  taille  comme  une  chenille  en  lui  injectant  un  grand  nombre  d'oeufs. 
Les  larves  grandissent  en  dévorant  la  chair  de  la  chenille.  Lorsque  celle-ci 
meurt,  on  trouve  regroupées  dans  le  reste  de  son  cocon  les  pupes  du 
parasite  (planche  2/). 

Chalcidies  (Hyménoptères  :  chalcidoïdés) 

La  plupart  des  guêpes  de  ce  groupe  sont  encore  plus  petites  que  les 
ichneumons  et  les  braconides.  D'un  bleu  ou  d'un  vert  métallique  foncé,  elles 
ne  mesurent  au  maximum  que  7  mm  de  longueur  et  ont  des  ailes 
translucides.  La  guêpe  paraît  plutôt  sauter  que  prendre  son  envol.  On 
trouve  les  chalcidies  partout,  mais  on  a  tendance  à  ne  pas  les  remarquer  en 
raison  de  leur  taille  minuscule.  Les  membres  de  cette  famille  parasitent  les 
chenilles  des  papillons  nocturnes  et  diurnes,  les  larves  de  certaines 
mouches  et  celles  de  quelques  coléoptères.  Les  chalcidies  ne  sont  pas  toutes 
utiles,  car  quelques-unes  s'attaquent  aux  tachinaires  et  aux  pupes  des 
ichneumons. 

Un  groupe  bien  connu,  le  genre  Trichogramma,  pond  ses  œufs  dans 
ceux  de  nombreuses  espèces  de  papillons  nocturnes  et  diurnes.  L'adulte, 
qui  mesure  moins  de  1  mm  de  longueur,  montre  une  grande  efficacité 
comme  agent  de  lutte  biologique.  Il  est  possible  de  s'en  procurer  dans  le 
commerce  et  on  s'en  sert  sur  diverses  cultures  pour  détruire  les  chenilles, 
quoique  moins  fréquemment  au  Canada  qu'aux  États-Unis. 

Coléoptères  utiles 

Coccinelles  (Coléoptères  :  coccinellidés) 

Coccinelles 

La  coccinelle  adulte  est  sans  doute  le  prédateur  le  plus  facile  à  identifier 
dans  un  champ.  Ses  taches  rouge  vif  et  noires  ressortent  de  façon  frappante 
sur  le  vert  du  feuillage  (planche  3a,  p.  16).  En  outre,  comme  elle  est  active  le 
jour,  la  coccinelle  se  repère  aisément.  L'espèce  la  plus  familière,  de  forme 
ovale,  mesure  de  6  à  8  mm  de  longueur,  a  le  ventre  plat  et  le  dos  arrondi.  La 
femelle  dépose  un  amas  de  10  à  50  œufs  jaune  orange  en  forme  de  fuseau 
(planche  36)  sur  les  feuilles,  près  des  pucerons.  La  larve  ne  ressemble  pas  du 
tout  à  l'adulte.  Ses  courtes  pattes  dépassent  du  corps  allongé,  souvent 
foncé,  mais  agrémenté  de  marques  vives  (planches  3c  et  d).  La  larve  passe 
sa  vie  dans  les  colonies  de  pucerons.  Quoi  qu'elles  préfèrent  les  pucerons,  la 
coccinelle  adulte  qu'on  trouve  sur  le  fraisier  et  le  framboisier  et  sa  larve 


15 


Planche  3     a  Coccinelle  adulte  (photo  C.  Chan) 

6  Oeuf  de  coccinelle  (photo  C.  Chan) 

c  Larve  de  coccinelle  (photo  C.  Chan) 

d  Larve  de  coccinelle  (photo  C.  Chan) 

e  Stethorus  adulte  (photo  C.  Chan) 

f  Larve  de  stethorus  (photo  C.  Chan) 


16 


chercheront  d'autre  nourriture  si  les  pucerons  se  font  rares,  par  exemple  de 
petites  chenilles,  déjeunes  punaises,  du  miellat  ou  du  nectar.  Faute  d'autres 
sources  d'aliments,  la  coccinelle  est  souvent  atteinte  de  cannibalisme.  Le 
nombre  de  pucerons  dévorés  chaque  jour  dépend  approximativement  de  la 
taille  du  coléoptère.  À  maturité,  la  larve  en  détruit  près  de  50  par  jour.  La 
femelle  adulte  doit  en  manger  environ  une  centaine  avant  de  commencer  à 
pondre  et  elle  en  dévorera  au  moins  2  400  durant  sa  vie  qui  dure  1  ou  2  mois. 
L'adulte  broie  sa  victime  et  ne  laisse  que  les  parties  les  plus  coriaces  de  la 
carapace.  Habituellement,  la  larve  perfore  cette  dernière  et  aspire  les 
liquides  du  corps.  L'espèce  la  plus  commune  à  se  nourrir  de  pucerons  est 
aussi  la  plus  prolifique,  car  elle  pond  plusieurs  centaines  d'oeufs  à  la  fois.  La 
coccinelle  adulte  se  déplace  beaucoup  et  on  en  a  vu  converger  vers  les 
endroits  où  les  pucerons  ont  atteint  une  grande  densité.  Dans  ce  cas,  elle 
s'avère  particulièrement  efficace,  surtout  par  temps  chaud.  Toutefois, 
quand  le  nombre  de  pucerons  diminue,  les  larves,  incapables  de  voler, 
périssent  faute  de  pouvoir  gagner  un  autre  endroit.  Elles  meurent 
littéralement  de  faim. 

Le  cycle  biologique  dure  de  20  à  35  jours  et,  en  climat  tempéré,  il  n'est 
pas  rare  de  compter  deux  ou  trois  générations  par  année.  L'adulte  traverse 
l'hiver  dans  des  endroits  abrités,  souvent  en  compagnie  de  beaucoup  de  ses 
congénères.  À  l'automne,  il  est  fréquent  de  voir  un  grand  nombre  de 
coccinelles  adultes  se  rassembler  sur  le  sol  ou  sur  un  bâtiment  en  quête  d'un 
endroit  pour  hiverner.  Toutes  les  régions  du  Canada  comptent  plusieurs 
espèces  de  coccinelles  qui  sont  des  prédateurs  naturels  très  efficaces  du 
puceron. 

Stethorus 

D'autres  coccinellidés,  les  espèces  du  genre  Stethorus  par  exemple, 
sont  des  prédateurs  particulièrement  voraces  qui  s'attaquent  à  tous  les 
stades  du  tétranyque.  L'adulte  mesure  de  1  à  1,5  mm  de  longueur  et  son 
corps  hémisphérique  est  noir  luisant  (planche  3e).  Il  est  beaucoup  moins 
facile  à  repérer  que  les  coccinelles  rouges,  très  évidentes,  mais  on  l'aperçoit 
facilement  à  l'œil  nu  quand  il  se  met  en  quête  de  tétranyques  sur  les  feuilles 
de  fraisier  et  de  framboisier.  La  larve  brune,  allongée,  mesure  environ  2  mm 
de  longueur  à  maturité  et  porte  des  touffes  de  poil  ici  et  là  (planche  3/).  La 
pupe,  de  forme  globulaire,  a  une  carapace  robuste  et  noire  d'environ  1  mm 
de  longueur.  Elle  se  fixe  à  la  surface  de  la  feuille  par  une  extrémité.  Le 
coléoptère  adulte  est  doté  de  pièces  buccales  qui  lui  permettent  de  dévorer 
sa  proie  en  entier,  alors  que  la  larve  se  contente  d'en  sucer  le  contenu  pour 
ne  laisser  derrière  elle  qu'une  coquille  vide.  L'adulte  peut  détruire  de  20  à 
60  tétranyques  par  jour  et  pondre  quotidiennement  jusqu'à  10  œufs 
pendant  1 ,5  à  3  mois.  Il  faut  de  2  à  4  semaines  selon  la  température  pour  que 
l'œuf  donne  un  adulte.  Au  début  de  sa  vie,  la  larve  consomme  moins  de 
tétranyques,  mais  vers  la  fin,  elle  peut  en  dévorer  jusqu'à  250  par  jour. 
Diverses  espèces  de  ce  groupe  existent  un  peu  partout  au  Canada. 


17 


i 1  1  mm 


1  mm 


1  mm 


Fig.  3    Staphylin  adulte  (photo  C.  Chan) 
Fig.  4-6    Carabe  adulte  (photo  H.  Severson) 


18 


'«fâti^ï&SmK1- 


i i   1  mm 


7 


Fig.  7    Odonate  adulte  (photo  B.D.  Schaber) 


-\  1  mm 


8 


Fig.  8     Nymphe  d'odonate  (photo  B.D.  Schaber) 


1  mm 


Fig.  9    Réduve  adulte  (photo  C.  Chan) 


19 


Staphylins  (Coléoptères  :  staphilinidés) 

Le  staphylin  adulte  peut  être  noir  ou  brun  et  sa  taille  varie  entre  1,5  et 
25  mm.  Le  corps  a  une  forme  caractéristique,  propre  aux  staphylins,  peu 
importe  leur  taille  :  longue  et  élancée  avec  de  courts  élytres  (fig.  3,  p.  18). 
Les  ailes  sont  repliées  sous  les  petits  élytres  et  l'abdomen  se  prolonge 
considérablement  derrière  elles.  Le  staphylin  a  pour  habitude  de  replier 
l'abdomen  vers  le  haut  quand  on  le  dérange,  comme  le  font  les  scorpions. 
L'insecte  porte  typiquement  la  tête  légèrement  repliée  vers  le  bas,  sous  le 
corps.  Il  s'agit  de  coléoptères  très  actifs  qui  s'enfuient  ou  s'envolent 
rapidement.  La  femelle  enfouit  ses  œufs  dans  le  sol  ou  les  débris  végétaux 
en  décomposition.  La  larve  ressemble  un  peu  à  l'adulte.  Maintes  espèces  de 
ce  groupe  s'attaquent  à  d'autres  insectes,  surtout  les  œufs  et  les  larves  dans 
le  sol,  mais  elles  détruisent  également  les  œufs  et  les  larves  des 
phytoparasites.  Un  petit  nombre  d'espèces  s'attaquent  aux  tétranyques. 
L'adulte  comme  la  larve  sont  très  actifs  et  s'avèrent  des  prédateurs  très 
agressifs.  Les  staphylins  constituent  une  vaste  famille  qu'on  retrouve  sur 
tout  le  continent  et  regroupent  au-delà  de  800  espèces,  rien  qu'au  Canada. 

Un  groupe  particulier,  les  espèces  du  genre  Tachyporus,  qu'on  trouve 
aux  quatre  coins  du  Canada,  préfère  attaquer  les  pucerons  qui  habitent  les 
plantes  basses  comme  le  fraisier.  Durant  le  jour,  le  coléoptère  reste  sur  le 
sol,  mais  la  nuit  venue,  il  grimpe  dans  les  plantes  à  la  recherche  des 
pucerons. 

Carabes  (Coléoptères  :  carabidés) 

Les  carabes  (fîg.  4  à  6,  p.  18)  épousent  de  multiples  formes,  tailles  et 
couleurs.  La  majorité  des  espèces  sont  bleues,  noires  ou  brun  métallique, 
ont  le  corps  légèrement  aplati  et  de  longs  élytres  finement  nervures  de 
façon  longitudinale.  La  taille  varie  de  quelques  millimètres  à  quelques 
centimètres.  Comme  les  staphylins,  la  majorité  des  carabes  se  cachent  dans 
le  sol,  sous  les  débris  végétaux  ou  dans  des  endroits  similaires  durant  le  jour 
et  ne  commencent  à  s'activer  que  la  nuit.  Lorsqu'ils  sont  dérangés,  ils  fuient 
rapidement,  mais  s'envolent  rarement.  Presque  toutes  les  espèces  sont  des 
prédateurs  utiles.  La  larve,  allongée  et  plus  pâle,  est  munie  parfois  de 
grosses  mâchoires  en  forme  de  pinces  au  bout  d'une  grosse  tête.  On  la 
trouve  dans  le  même  habitat  que  l'adulte  et,  comme  lui,  elle  s'attaque  à 
d'autres  insectes.  Le  cycle  biologique  dure  souvent  un  an  et  quelques 
espèces  parmi  les  plus  grandes  vivent  plusieurs  années.  Les  plus  gros 
carabes,  souvent  ceux  qui  ont  les  couleurs  les  plus  vives,  attaquent  les 
chenilles  et,  à  l'occasion,  les  charançons  adultes,  tandis  que  les  espèces  plus 
petites  dévorent  les  œufs,  les  petites  chenilles  et  d'autres  ravageurs.  Une 
grosse  espèce  commune  au  Canada  (Carabus  nemoralis  Mûller)  préfère  les 
limaces  et  les  escargots.  On  a  recensé  plus  de  800  espèces  de  carabes  au 
Canada. 


20 


Planche  4     a  Punaise  des  bois  adulte  (photo  C.  Chan) 

b  Anthocoris  adulte  (photo  M.  Herbut) 

c  Nymphe  d'anthocoris  (photo  M.  Herbut) 

d  Oeufs  de  chrysope  (photo  R.  Smith) 

e  Larve  de  chrysope  (photo  C.  Chan) 

f  Hémérobie  adulte  (photo  M.  MacDiarmid) 


21 


Hémiptères  utiles 

Punaises  demoiselles  (Hémiptères  :  nabidés) 

La  punaise  demoiselle  est  un  insecte  au  corps  long,  élancé  et  brun  pâle 
qui  peut  mesurer  jusqu'à  10  mm  de  longueur  (fïg.  7,  p.  19).  Il  est  doté  de 
longues  pattes  dont  la  première  paire  est  adaptée  pour  la  capture  des 
proies.  Ce  prédateur  affectionne  les  plantes  basses  comme  les  graminées  et 
le  fraisier,  où  il  se  nourrit  des  insectes  à  corps  mou  qui  vivent  sur  le  feuillage, 
notamment  les  pucerons,  les  cicadelles  et  certaines  chenilles,  de  même  que 
les  œufs  de  papillons  nocturnes.  Rapide  et  agressif,  la  punaise  demoiselle 
attrape  même  les  nymphes  de  lygide  beaucoup  plus  grosses.  La  nymphe 
ressemble  à  l'adulte  par  sa  forme,  mais  est  beaucoup  plus  petite  et  de 
couleur  plus  pâle  (fïg.  8,  p.  19).  Elle  a  également  un  comportement  de 
prédateur. 

En  laboratoire,  on  a  vu  un  odonate  adulte  dévorer  quatre  nymphes  de 
lygide  par  jour.  Une  fois  piquée  par  les  pièces  buccales  acérées,  la  victime 
reste  paralysée  à  jamais,  même  si  elle  ne  se  fait  pas  dévorer.  Au  repos,  les 
longues  pièces  buccales  broyeuses  restent  plaquées  sur  la  face  ventrale  du 
corps.  La  punaise  demoiselle  ressemble  au  réduve  et  on  le  retrouve 
couramment  au  Canada.  Ce  genre  a  récemment  attiré  l'attention  des 
chercheurs  en  raison  de  la  possibilité  de  son  utilisation  comme  agent  de 
lutte  biologique. 

Réduves  (Hémiptères  :  réduviidés) 

Il  s'agit  d'une  famille  d'insectes  presque  tous  prédateurs,  qui 
s'attaquent  à  une  vaste  gamme  de  phytoparasites,  notamment  les 
pucerons,  les  cicadelles  et  les  chenilles.  Il  arrive  cependant  qu'ils  inscrivent 
à  leur  tableau  de  chasse  des  insectes  utiles  comme  la  larve  des  coccinelles. 
Le  réduve  mesure  habituellement  plus  de  10  mm  de  long,  avec  un  corps 
étroit  et  des  pattes  filiformes  (fïg.  9,  p.  19).  Il  est  parfois  difficile  de  le 
différencier  des  odonates,  sauf  par  la  taille,  plus  importante,  et  par  la 
couleur,  plus  foncée.  En  règle  générale,  le  réduve  adulte  est  noir  ou  brun, 
mais  la  nymphe  arbore  parfois  des  couleurs  vives.  Tous  les  stades  sont 
prédateurs.  La  femelle  pond  habituellement  ses  œufs  dans  le  sol.  En  règle 
générale,  on  ne  compte  qu'une  génération  par  année,  mais  certaines 
espèces  prennent  plusieurs  années  pour  compléter  leur  cycle.  Ainsi, 
quelques  espèces  peuvent  hiverner  simultanément  sous  forme  d'oeuf,  de 
nymphe  ou  d'adulte.  On  trouve  des  réduves  dans  toutes  les  régions  du 
Canada. 

Le  réduve  attaque  sa  proie  en  la  poignardant  avec  sa  longue  pièce 
buccale  légèrement  recourbée.  Au  repos,  le  réduve  ne  garde  pas  son 
appareil  buccal  aussi  près  du  corps  que  l'odonate.  Certaines  espèces 
paralysent  leur  proie  avant  de  la  dévorer. 


22 


Punaises  tête-de-clou  (Hémiptères  :  lygéidés) 

La  punaise  tête-de-clou  adulte  (espèces  du  genre  Geocoris)  mesure 
environ  4  mm  de  longueur  et  2  mm  de  largeur.  De  couleur  gris  rosé  à  noir, 
elle  se  remarque  par  ses  deux  gros  yeux  qui  dépassent  de  chaque  côté  de  la 
tête  (planche  4a,  p.  21).  L'espèce  traverse  différentes  phases  de  couleur,  ce 
qui  signifie  que  le  motif  de  la  carapace  peut  varier  entre  les  membres  de  la 
même  espèce.  Les  œufs,  blanc  rosé,  sont  déposés  en  amas  sur  la  face 
inférieure  des  feuilles.  La  nymphe  ressemble  à  l'adulte  en  plus  petit. 
L'adulte  et  la  nymphe  se  laissent  tomber  sur  le  sol  quand  on  les  dérange.  Ils 
s'attaquent  à  tous  les  stades  du  tétranyque,  du  puceron  et  de  la  cicadelle.  Ils 
se  nourrissent  des  œufs  et  des  jeunes  nymphes  de  lygide  et  de  punaise  terne 
(Lygus  lineolaris  (Palisot  de  Beauvois)),  à  raison  de  deux  à  quatre  par  jour. 
L'espèce  la  plus  courante,  (Geocoris  bidlatus  Say),  existe  un  peu  partout  au 
Canada. 

On  trouve  les  punaises  des  bois  dans  les  champs,  au  printemps,  lorsque 
la  population  de  lygides  atteint  un  point  où  elle  pourrait  entraîner  de 
grandes  pertes  économiques.  On  les  confond  souvent  avec  les  lygides, 
surtout  au  stade  de  nymphe.  Pourtant  si  la  forme  du  corps  est  similaire,  la 
punaise  des  bois,  avec  ses  grands  yeux  et  sa  couleur  brun  clair,  se  distingue 
aisément  des  nymphes  de  lygide,  de  couleur  verte  et  aux  yeux  petits.  En 
outre,  l'adulte  et  la  nymphe  de  punaise  des  bois  se  laissent  choir  sur  le  sol 
quand  on  les  dérange  tandis  que  la  lygide  s'enfuit.  La  nymphe  et  la  punaise 
des  bois  adulte  sont  pourvues  de  pièces  buccales  qui  leur  permettent  de 
percer  et  de  sucer  les  nymphes  de  lygide  et  d'autres  proies  sans  carapace. 
Depuis  quelques  années,  ces  prédateurs  ont  acquis  une  certaine  résistance 
aux  pesticides  utilisés  pour  détruire  les  lygides  (surtout  dans  les  régions  où 
ce  ravageur  s'attaque  à  la  luzerne).  Ils  deviennent  donc  de  plus  en  plus 
communs  et  utiles. 


Anthocoris  (Hémiptères  :  anthocoridés) 

L'anthocoris  est  une  petite  punaise  ne  mesurant  que  2  mm,  au  corps 
légèrement  aplati  et  ovale.  Ses  ailes  sont  noir  et  blanc  (planche  46).  Les 
œufs  passent  inaperçus,  car  ils  sont  partiellement  enfouis  dans  la  tige,  la 
nervure  principale  ou  le  pétiole  des  feuilles.  Les  pièces  buccales  imitent  un 
long  bec  pointu  avec  lequel  l'insecte  perce  et  empale  sa  proie.  La  nymphe, 
qui  ressemble  à  l'adulte  par  sa  forme,  est  de  couleur  rose  jaunâtre  pâle  à 
brun  et  s'avère  très  active  (planche  4c).  La  nymphe  et  l'adulte  dévorent  tous 
les  stades  du  tétranyque  de  même  que  les  thrips,  les  pucerons  et  les  petites 
chenilles.  La  nymphe  mange  environ  33  tétranyques  par  jour.  Comme 
l'adulte  passe  l'hiver  à  l'abri  dans  des  endroits  couverts,  il  réapparaît  très 
tôt  au  printemps.  Trois  ou  quatre  générations  peuvent  ainsi  se  succéder 
chaque  saison.  Au  Canada,  l'anthocoris  est  le  plus  commun  des  prédateurs 
sur  de  nombreuses  cultures,  notamment  le  fraisier  et  le  framboisier.  On 
peut  d'ailleurs  s'en  procurer  dans  le  commerce  et  à  l'heure  actuelle,  on  s'en 
sert  pour  lutter  contre  les  thrips  dans  les  serres. 


23 


Planche  5     a  Phytoséidé  et  ses  œufs  (photo  D A.  Raworth) 

b  Araignée  et  sa  proie  (photo  W.G.  Wellington) 

c  Guêpe  jaune  et  chenille  (photo  W.G.  Wellington) 

d  Guêpe  jaune  (photo  W.G.  Wellington) 

e  Libellule  adulte  (photo  W.G.  Wellington) 

f  Lygide  adulte  (avec  ailes)  et  sa  nymphe  (sans  ailes) 
(photo  W.  MacDiarmid) 


24 


Névroptères  utiles 

Chrysopes  (Névroptères  :  chrysopidés) 

On  compte  25  espèces  de  chrysopes  au  Canada.  Ce  prédateur  des 
ravageurs  à  corps  mou  est  relativement  commun  et  facile  à  identifier.  Long 
de  14  mm,  l'adulte  (Chrysopa)  a  un  corps  vert  doté  de  grandes  ailes 
membraneuses  et  d'yeux  souvent  dorés.  Il  s'active  surtout  la  nuit  (photo  de 
couverture).  Attiré  par  la  lumière,  il  se  pose  fréquemment  sur  la  vitre  des 
fenêtres  éclairées  ou  se  faufile  dans  les  maisons.  La  femelle  pond  des  œufs 
caractéristiques  blancs  et  allongés,  seuls  ou  en  petits  groupes  sur  les 
feuilles,  chacun  à  l'extrémité  d'un  long  pédoncule  de  10  mm  (planche  4d). 
La  larve  brunâtre  qui  sort  de  l'œuf  puis  descend  le  pédoncule  ressemble  à 
un  petit  alligator  poilu  aux  grosses  mâchoires  recourbées  en  forme  de 
pinces.  Ces  mâchoires  servent  à  attraper  les  proies  et  à  en  extraire  tous  les 
liquides  organiques  (planche  4e).  En  raison  de  sa  voracité,  on  l'appelle 
couramment  le  lion  des  pucerons.  La  larve  est  un  prédateur  plus  important 
que  l'adulte,  car  elle  peut  dévorer  d'une  vingtaine  à  quelques  centaines  de 
pucerons  par  jour.  Même  si  elle  affectionne  les  pucerons  et  les  cochenilles, 
elle  ne  dédaigne  pas  les  tétranyques,  les  œufs  d'acariens,  les  cicadelles,  les 
petites  chenilles  et  les  thrips.  L'adulte  de  certaines  espèces  préfère  le 
nectar  des  plantes  et  le  miellat  des  pucerons  ou  des  cochenilles,  mais 
beaucoup  dévorent  également  des  insectes. 

La  larve  (planche  4e)  doit  mesurer  environ  6  mm  de  long  avant 
d'entamer  la  pupaison.  La  pupe  sphérique  ressemble  à  un  cocon  blanc  au  fil 
très  serré,  déposé  sur  le  feuillage.  Le  cycle  biologique  complet  dure  de  30  à 
40  jours.  Durant  sa  vie  de  4  à  6  semaines,  la  femelle  adulte  peut  pondre  de 
100  à  200  œufs.  La  chrysope  est  le  premier  prédateur  à  se  manifester  au 
printemps,  quand  le  temps  est  encore  frais.  Elle  revêt  donc  une  grande 
importance  dans  la  lutte  contre  les  pucerons  au  début  de  la  période 
végétative.  Au  Canada,  on  en  connaît  25  espèces.  On  tente  actuellement  de 
mettre  au  point  des  techniques  d'élevage  en  vue  d'utiliser  cet  insecte  dans 
la  lutte  biologique  contre  les  pucerons.  Il  est  donc  possible  qu'on  puisse  s'en 
procurer  dans  le  commerce  dans  un  proche  avenir. 

Hémérobies  (Névroptères  :  hémérobidés) 

L'hémérobie  ressemble  à  la  chrysope  sauf  pour  la  couleur,  qui  va  du 
brun  au  gris  brun,  et  pour  la  taille,  légèrement  plus  petite  (planche  4/). 
Ayant  des  habitudes  nocturnes,  comme  la  chrysope,  elle  pénètre  souvent 
dans  les  bâtiments  éclairés,  la  nuit,  en  été.  La  larve  ressemble  à  celle  de  la 
chrysope  par  la  forme  et  la  couleur,  mais  son  appareil  buccal  est  plus  court 
et  plus  trapu.  Les  œufs  allongés  ne  sont  pas  fixés  à  un  pédoncule.  Blancs  au 
moment  de  la  ponte,  ils  virent  à  l'orange  ou  au  rose  puis  au  brun  foncé  un 
peu  avant  l'éclosion.  Au  lieu  d'un  cocon  sphérique  très  dense  comme  celui 
de  la  chrysope,  l'hémérobie  tisse  un  cocon  lâche,  de  forme  elliptique,  dans 
un  endroit  abrité  plutôt  qu'à  la  vue,  sur  les  feuilles. 


25 


L'hémérobie  adulte  et  sa  larve  attaquent  les  petits  insectes  à  corps  mou 
comme  les  pucerons,  de  même  que  tous  les  stades  du  tétranyque.  La  femelle 
pond  plus  d'oeufs  que  la  chrysope  et  les  larves  de  l'hémérobie  sont  encore 
plus  nombreuses  que  celles  de  la  chrysope  dans  certains  endroits,  au  début 
de  la  saison  de  croissance.  Le  cycle  biologique  dure  de  24  à  30  jours.  On 
compte  23  espèces  d'hémérobie  au  Canada. 

Acariens  utiles 

Acariens  prédateurs  (Acariens  :  phytoséidés) 

Les  phytoséidés  mesurent  rarement  plus  de  0,5  mm  de  longueur  et  sont 
difficiles  à  apercevoir  à  l'œil  nu.  Avec  une  loupe  cependant,  on  peut  les 
observer  sur  les  feuilles  de  fraisier  et  de  framboisier  infestées  de 
tétranyques.  Souvent  globuleux  ou  piriformes  (planche  5a),  ils  se  déplacent 
plus  rapidement  que  leurs  congénères  qui  parasitent  les  végétaux.  La 
différence  relative  de  vitesse  est  une  bonne  manière  de  les  reconnaître, 
mais  il  en  existe  de  nombreuses  espèces  et  l'identification  exige  l'œil  d'un 
expert  de  même  qu'un  microscope  sophistiqué.  Une  espèce,  Amblyseius 
fallacis  (Garman)  (planche  5a,  p.  24),  se  retrouve  sur  tous  les  fraisiers  et 
framboisiers  du  Canada,  sauf  dans  les  provinces  des  Prairies. 

Les  acariens  prédateurs  se  servent  de  leurs  pièces  buccales  pour 
trouver,  attraper,  percer  et  sucer  leurs  proies,  lesquelles  comprennent  des 
acariens,  des  insectes  et  des  nématodes  parasites.  Beaucoup  d'entre  eux  se 
nourrissent  également  de  sève,  de  miellat  (des  pucerons),  de  champignons 
et  de  pollen,  ce  qui  permet  à  leur  population  de  rester  stable  même  quand  ils 
n'ont  pas  de  proies.  La  femelle  deÂ.  fallacis  peut  pondre  de  1  à  3  œufs  par 
jour  tandis  que  d'autres  espèces  en  produisent  quotidiennement  moins 
d'un  à  plus  de  quatre  en  moyenne,  selon  la  température  et  l'abondance  de 
nourriture.  Il  faut  de  5  à  16  jours  pour  que  le  cycle  de  l'œuf  à  l'adulte 
s'accomplisse.  Aux  températures  estivales  (27  °C),  le  cycle  biologique  de 
nombreuses  espèces  prédatrices  dure  environ  6  jours.  Les  phytoséidés  font 
souvent  preuve  d'une  grande  efficacité  comme  agent  de  lutte  biologique, 
car  ils  se  reproduisent  plus  rapidement  que  les  espèces  parasites.  Il  est 
possible  de  s'en  procurer  dans  le  commerce  au  Canada  où  on  les  utilise 
principalement  pour  lutter  contre  le  tétranyque  à  deux  points 
(Tetranychus  urticae  Koch). 

Autres  prédateurs 

Dans  des  conditions  normales,  n'importe  quelle  culture  abritera 
d'autres  prédateurs,  souvent  en  grand  nombre,  mais  il  ne  s'agit  pas  de 
prédateurs  spécifiques  aux  insectes  qui  parasitent  la  culture.  En  font  partie 
notamment  les  araignées  tisseuses  (planche  56)  comme  l'épeire  des  jardins 
et  les  araignées  fouisseuses  comme  les  thomisides.  Beaucoup  de  guêpes 
entrent  également  dans  ce  groupe,  comme  la  guêpe  jaune  (planche  5c)  et 
l'espèce  Vespula  maculata  (planche  5a7).  Le  rôle  des  asiles,  qui  attaquent  et 
capturent  les  insectes  en  plein  vol,  n'est  pas  non  plus  à  négliger.  Leurs 


26 


larves,  également  prédatrices,  détruisent  les  larves  des  coléoptères  (vers 
blancs)  ou  leurs  pupes  sur  le  sol.  Les  libellules  (planche  5e)  et  les 
demoiselles  se  font  parfois  nombreuses  et  chassent  activement  d'autres 
insectes. 

Enfin,  les  oiseaux  insectivores  participent  à  la  lutte  contre  les 
ravageurs,  non  seulement  les  insectes  volants  mais  les  chenilles  et  les 
pucerons.  Quelques  petits  mammifères  comme  la  taupe  sont  des  chasseurs 
opportunistes  qui  dévorent  les  gros  insectes  ou  les  pupes  qu'ils  découvrent 
sur  le  sol  ou  sous  terre. 

Ravageurs  courants  du  framboisier  et  du  fraisier 

Punaises  et  lygides  (Hémiptères  :  miridés) 

Ce  groupe  comprend  les  lygides  (punaise  terne)  (planche  5/),  les 
pentatomes  et  d'autres  hémiptères.  La  plupart  traversent  l'hiver  à  l'état 
d'œuf,  mais  certains  adultes  hivernent  sous  les  débris  végétaux,  en  plein 
champ.  Au  printemps,  l'œuf  éclôt  ou  l'adulte  se  réveille  et  se  met  à  pondre. 
La  nymphe  des  lygides  ressemble  à  un  gros  puceron  (planche  5/);  elle  est 
délicate,  habituellement  verte  et  n'a  pas  d'ailes  bien  développées.  Elle 
s'enfuit  rapidement  lorsqu'on  la  dérange.  La  nymphe  passera  par  cinq 
stades  ou  mues  en  l'espace  d'environ  5  semaines  et  se  nourrira  des  sucs  de 
la  plante  à  chaque  étape,  de  même  qu'à  l'état  adulte.  Le  fait  qu'elle  se 
nourrit  des  inflorescences  entraîne  une  pollinisation  inégale  à  l'origine  de 
la  «face  de  chat»  du  fraisier  et  de  la  «grenaille»  du  framboisier.  L'adulte 
porte  des  marques  caractéristiques  sur  le  dos  et  ses  longues  pièces 
buccales,  suceuses,  pointues,  sont  repliées  sous  l'abdomen.  Quand  on  le 
dérange,  l'insecte  s'envole  ou  s'enfuit  pour  se  mettre  à  l'abri. 

Les  insectes  de  ce  groupe  ne  sont  pas  tous  nuisibles,  certains  sont  des 
prédateurs.  Les  cinq  espèces  qui  vivent  sur  le  fraisier  s'attaquent  toutes  à  la 
plante,  mais  l'une  d'entre  elles  se  nourrit  également  d'autres  insectes. 
Parmi  les  22  espèces  qu'on  retrouve  sur  le  framboisier  au  Canada,  6  se 
nourrissent  de  la  plante,  10  sont  des  prédateurs  et  6  alternent  les  deux 
régimes. 

Les  lygides  sont  parasités  par  plusieurs  guêpes  de  la  famille  des 
braconidés,  au  moins  un  ichneumon  et  plusieurs  tachinaires.  On  a  recensé 
beaucoup  de  prédateurs  des  lygides,  notamment  des  punaises  demoiselles, 
des  punaises  tête-de-clou,  des  miridés  et  des  chrysopes,  mais  on  ignore 
l'importance  de  leur  rôle.  Ces  prédateurs  préfèrent  habituellement  les 
insectes  à  corps  mou.  Toutefois,  ils  s'attaqueront  également  aux  lygides,  et 
plus  particulièrement  à  leurs  jeunes  nymphes. 

Pucerons  (Homoptères  :  aphididés) 

Les  pucerons  sont  de  petits  insectes  à  corps  mou  qui  sucent  la  sève  des 
plantes.  Ils  sont  habituellement  de  couleur  verte,  noire,  jaunâtre  ou  rose. 
Durant  la  majeure  partie  de  la  période  végétative,  ils  déposent  leurs  jeunes 
vivants  sur  la  plante  dont  ils  se  nourrissent.  Ce  comportement  crée  des 
amas  ou  colonies  de  pucerons  de  tout  âge  (planche  6a,  p.  28).  Quand  il  se 


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Planche  6     a     Pucerons  sur  une  feuille  de  fraisier  (photo  W.  MacDiarmid) 
6     Cicadelle  du  genre  Macropsis  (sur  un  framboisier) 

(photo  H.  Severson) 
c     Charançon  sur  une  feuille  de  fraisier  (photo  W.  MacDiarmid) 
d     Anthonome  de  la  fleur  du  fraisier  adulte  et  sa  larve 

(photo  N.  Bostanian) 
e     Charançon  noir  de  la  vigne  adulte,  sa  larve  et  sa  pupe 

(photo  W.T.  Cram) 
f     Arpenteuse  du  framboisier  (Autograpita  ampia)  (Walker)) 

(photo  W.  MacDiarmid) 


28 


Planche  7     a 

b 
c 
d 

e 
f 


Arpenteuse  du  framboisier  parasitée  (remarquer  les  taches 
noires)  (photo  W.  MacDiarmid) 

Dépouille  d'arpenteuse  parasitée  (photo  W.  MacDiarmid) 
Rhizophage  du  framboisier  adulte  (photo  W.G.  Wellington) 
Tenthrede  adulte  (photo  W.T.  Cram) 
Tétranyque  à  deux  points  adulte  (photo  C.  Chan) 
Femelle  rouge  du  tétranyque  à  deux  points,  hivernant 
(photo  C.  Chan) 


29 


nourrit,  le  puceron  aspire  tant  de  sève  qu'il  doit  l'excréter  rapidement, 
sinon  il  risquerait  d'éclater.  On  appelle  miellat  le  liquide  ainsi  excrété,  car  il 
renferme  une  grande  quantité  des  sucs  de  la  plante.  Cette  substance 
luisante  et  collante  tache  les  végétaux  près  des  colonies.  En  trop  grande 
quantité,  le  miellat  favorisera  l'apparition  d'une  moisissure  fuligineuse  qui 
contaminera  encore  plus  la  plante.  Le  miellat  attire  aussi  les  prédateurs  et 
les  parasites  des  pucerons  pour  deux  raisons  :  en  premier  lieu,  beaucoup  de 
prédateurs  découvrent  les  pucerons  en  cherchant  le  miellat  et 
deuxièmement,  les  sucres  et  les  acides  aminés  que  contient  celui-ci 
constituent  une  bonne  source  d'éléments  nutritifs  (p.  ex.  pour  les  chrysopes 
adultes,  les  guêpes  parasites,  les  syrphes  adultes,  les  cécidomyies  et  les 
coccinelles). 

Le  puceron  du  framboisier,  avec  ses  3  mm  de  longueur,  est 
passablement  gros.  Son  corps  va  du  vert  foncé  au  jaune  et  il  affectionne  les 
jeunes  pousses  terminales.  Le  puceron  du  fraisier  (planche  6a)  est  plus  petit 
et  vert  pâle,  et  porte  de  nombreux  poils.  Il  hiverne  à  l'état  adulte  ou  sous 
forme  de  petits  œufs  noirs,  sur  les  vieilles  feuilles  du  plant.  Ces  deux 
espèces  revêtent  une  grande  importance,  car  elles  transmettent  des  viroses 
à  la  plante. 

Le  puceron  est  la  nourriture  préférée  de  plusieurs  insectes  prédateurs 
comme  les  syrphes,  les  cécidomyies,  les  chrysopes,  les  coccinelles  et 
quelques  staphylins.  Beaucoup  d'autres  insectes  prédateurs,  les  punaises 
demoiselles,  les  réduves  et  les  carabes  par  exemple,  les  détruisent 
également.  Enfin,  ils  sont  attaqués  par  maintes  espèces  de  guêpes 
parasites,  surtout  celles  de  la  famille  des  braconidés. 

Cicadelles  et  cercopes  (Homoptères) 

Les  cicadelles,  qui  s'attaquent  au  framboisier,  et  les  cercopes,  qui 
peuvent  causer  des  ravages  au  fraisier,  sont  apparentés  aux  pucerons  et 
détériorent  les  plantes  un  peu  de  la  même  manière,  en  aspirant  la  sève.  La 
cicadelle  est  un  insecte  de  3  mm  de  longueur,  très  actif,  au  corps  élancé  qui 
fait  un  saut  lorsqu'on  le  dérange.  La  couleur  du  corps  varie  du  blanc  pâle  au 
vert  brunâtre  (planche  6b)  et  l'insecte  se  nourrit  sur  la  face  inférieure  des 
feuilles  de  framboisier.  Leur  activité  fait  apparaître  des  taches  jaunes  le 
long  des  nervures  et  à  l'extrémité  des  feuilles,  ce  qui  leur  donne  un  aspect 
marbré.  Certaines  espèces  se  nourrissent  également  des  baies.  La  cicadelle 
apparaît  vers  la  fin  mai  dans  certaines  régions,  mais  ailleurs  on  ne  la  voit 
qu'en  juin  et  en  juillet.  Comme  le  puceron,  la  cicadelle  excrète  du  miellat  qui 
macule  la  plante  ou  le  fruit  d'une  substance  luisante  et  collante  sur  laquelle 
peut  apparaître  une  moisissure  fuligineuse.  À  l'instar  des  pucerons,  la 
cicadelle  est  la  cible  de  divers  prédateurs  comme  les  chrysopes,  les 
coccinelles,  certains  staphylins,  les  punaises  demoiselles,  les  réduves  et  les 
carabes. 

On  trouve  des  cercopes  un  peu  partout  au  Canada.  Quand  ils  se 
nourrissent  de  la  sève  des  fraisiers,  ils  entraînent  le  nanisme  de  la  plante  et 
en  réduisent  le  rendement.  Cet  insecte  est  comme  recouvert  de  crachat, 
mélange  d'air  et  d'excréments  essentiel  à  la  survie  de  la  nymphe.  L'espèce 


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en  forme  de  coin  qui  parasite  le  fraisier  {Philaenus  leucophthalmus 
Linnaeus)  a  une  nymphe  de  couleur  pâle,  blanchâtre  à  jaune,  mais  devient 
brun  grisâtre  à  l'état  adulte.  L'adulte  mesure  6  mm  de  longueur  et 
vagabonde  d'une  plante  à  l'autre  en  parcourant  de  brèves  distances  par  vol 
ou  par  saut.  La  femelle  pond  ses  œufs  orange  sur  la  plante  où  la  nymphe 
éclôt  au  printemps.  Il  n'existe  pas  de  bon  agent  de  lutte  biologique  contre 
les  cercopes. 

Charançons  et  autres  coléoptères  (Coléoptères) 

Plusieurs  charançons  s'attaquent  aux  racines,  à  la  couronne,  aux 
bourgeons  et  aux  feuilles  du  framboisier  et  du  fraisier  (planche  6c).  Les 
dommages  les  plus  importants  surviennent  quand  la  larve  détruit  les 
racines  (habituellement  de  5  à  15  cm  sous  la  surface)  ou  la  couronne.  La 
majorité  des  charançons  qui  parasitent  le  fraisier  et  le  framboisier  se 
reproduisent  de  façon  asexuée  (sans  mâle).  Aucune  espèce  ne  vole.  L'adulte 
s'active  la  nuit,  si  bien  qu'on  l'aperçoit  rarement  durant  le  jour.  On  peut 
néanmoins  déceler  sa  présence  par  les  coches  caractéristiques  qui 
découpent  la  bordure  des  feuilles  ou,  dans  le  cas  de  l'anthonome  de  la  fleur 
du  fraisier  (planche  6c0,  par  les  bourgeons  floraux  sectionnés.  La  larve 
(planches  6d  et  c)  vit  dans  le  sol  et  se  nourrit  des  racines  durant  toute  la 
période  végétative.  Les  dommages  que  la  larve  cause  à  la  couronne 
entraînent  le  flétrissement  de  la  plante  à  la  nouaison.  Le  plus  gros 
charançon  est  le  charançon  noir  de  la  vigne  (Othiorhynchus  sulcatus 
(EichofD)  qui  mesure  13  mm  (planche  6e).  Le  plus  petit,  le  charançon  des 
bois  (Nemocestes  incomptus  (Horn)),  n'a  que  la  moitié  de  cette  taille. 

Il  est  capital  de  différencier  les  charançons  adultes  des  carabes  utiles, 
car  certains  se  ressemblent  par  la  taille  et  la  couleur.  Le  charançon  se 
distingue  par  son  «nez».  En  effet,  la  tête  de  l'adulte,  plus  étroite,  termine  un 
thorax  allongé  qui  imite  un  cou;  ses  antennes  sont  couramment  pliées  au 
centre.  Le  corps  est  dur  et  de  couleur  terne  et  l'insecte  se  déplace  assez 
lentement.  Au  contraire,  les  carabes  prédateurs  fuient  à  toute  vitesse 
lorsqu'on  les  dérange.  Ils  ont  plutôt  une  forme  arrondie,  de  même  qu'une 
carapace  luisante.  Ces  deux  types  d'insectes  sont  nocturnes  et  passent  la 
journée  sous  des  débris  ou  dans  des  galeries. 

Les  charançons  ne  sont  pas  la  proie  d'autant  d'insectes  que  les 
pucerons,  mais  divers  vertébrés  (p.  ex.  les  taupes)  de  même  que  de  plus  gros 
carabes  et  des  staphylins  en  font  leurs  proies.  Plusieurs  petits  carabes 
mangent  également  les  œufs  des  charançons.  D'autres  prédateurs  comme 
les  perce-oreilles  s'attaquent  à  divers  stades  du  charançon  en  laboratoire, 
mais  on  ignore  leur  rôle  véritable  dans  la  nature. 

Divers  coléoptères  parasitent  le  framboisier  et  le  fraisier.  Le  byture  de 
la  framboise  existe  un  peu  partout  au  Canada.  L'adulte  mange  les  jeunes 
feuilles  et  les  inflorescences,  ce  qui  réduit  la  nouaison.  De  son  côté,  la  larve 
pénètre  dans  le  fruit  et  provoque  sa  chute  ou  le  rend  impropre  à  la 
commercialisation.  Ce  ravageur  subit  les  attaques  des  mêmes  prédateurs 
que  le  charançon.  La  chrysomèle  du  fraisier  est  un  autre  coléoptère 
parasite  qu'on  trouve  aussi  fréquemment  sur  le  fraisier  et  le  framboisier. 


31 


L'adulte  se  nourrit  des  feuilles  de  la  plante  la  nuit  tandis  que  la  larve  en 
dévore  les  racines  et  la  couronne.  Les  deux  sont  la  cible  des  prédateurs  qui 
vivent  dans  le  sol  comme  les  staphylins  et  les  carabes. 


Enrouleuses,  chenilles,  noctuelles  et  perceurs  (Lépidoptères) 

Ce  groupe  se  compose  de  papillons  nocturnes  (planche  6/)  dont  la 
forme  immature,  une  chenille,  dévore  différents  organes  de  la  plante  : 
feuilles,  couronne,  racines  et  tige.  Plusieurs  espèces  parasitent  le  fraisier  et 
le  framboisier  à  divers  degrés,  dans  toutes  les  régions  du  Canada.  Il  s'agit 
d'un  groupe  diversifié  de  ravageurs  auxquels  s'attaquent  des  prédateurs  et 
des  parasites  très  variés  également  (tachinaires,  ichneumons,  braconides, 
chalcidies,  carabes,  réduves,  guêpes  comme  la  guêpe  jaune  et,  dans  une 
moindre  mesure,  les  staphylins,  les  coccinelles,  les  punaises  demoiselles, 
les  anthocoris,  les  chrysopes  et  d'autres  prédateurs  non  spécifiques  comme 
les  oiseaux  et  les  rongeurs).  En  règle  générale,  une  chenille  parasitée  par 
une  guêpe  ou  un  tachinaire  porte  les  stigmates  causés  par  l'inoculation  des 
œufs  (planche  7a,  p.  29).  À  sa  mort,  elle  laisse  souvent  une  dépouille  typique 
qu'illustrent  les  séquelles  du  parasitisme  (planche  76). 

Quoique  le  rhizophage  du  framboisier  (Bembicia  marginata  (Harris)) 
soit  un  papillon  nocturne,  il  ressemble  et  se  comporte  comme  une  guêpe 
jaune  (planche  7c).  Ce  mimétisme  le  met  à  l'abri  des  prédateurs  comme  les 
oiseaux  qui  le  prennent  pour  une  guêpe  et  ne  s'y  frôlent  pas  de  peur  de  se 
faire  piquer.  Le  papillon  nocturne  adulte  volette  dans  les  framboisiers  et 
dépose  des  œufs  sur  la  face  inférieure  des  feuilles  durant  la  journée,  de  la  fin 
juillet  à  la  mi-septembre.  De  chaque  œuf  émerge  une  petite  larve  jaune  qui 
longe  la  ronce  jusqu'au  sol.  Elle  creuse  ensuite  une  petite  ouverture  dans 
l'écorce  et  y  passe  l'hiver.  Le  printemps  suivant,  la  larve  s'enroule  autour 
d'une  nouvelle  tige  avant  de  percer  une  galerie  jusqu'au  cœur  tendre  et 
creux  de  la  ronce  qui  lui  servira  de  grenier  et  d'abri  pour  le  deuxième  hiver. 
Le  printemps  venu,  la  larve,  qui  a  grossi,  se  creuse  un  chemin  à  travers  la 
tige  jusqu'à  quelques  centimètres  au-dessus  du  sol.  La  pupaison  commence 
immédiatement  sous  l'écorce.  Le  papillon  adulte  fait  son  apparition  à  la  fin 
de  juillet. 

En  raison  de  sa  ressemblance  avec  les  syrphes  adultes  et  la  guêpe  jaune, 
le  rhizophage  du  framboisier  est  rarement  considéré  comme  un  ravageur 
du  framboisier.  De  même,  on  peut  confondre  les  guêpes  et  les  syrphes  avec 
les  rhizophages.  Le  corps  du  papillon  est  cependant  recouvert  d'écaillés 
plumeuses  qui  lui  donne  une  apparence  veloutée  et  mate  tandis  que  le  corps 
des  syrphes  et  de  la  guêpe  jaune  a  une  texture  lisse  et  luisante. 

Tenthrèdes  (Hyménoptères  :  tenthrèdinidés) 

Le  tenthrède  du  framboisier  (Monophadnoides  geniculatus  (Hartig)) 
adulte  est  une  guêpe  noire,  aux  ailes  translucides,  marquée  de  rouge  et  de 
jaune  (planche  Id).  Son  corps  trapu  d'environ  6  mm  de  longueur  n'a  pas  la 
taille  étroite  qui  est  typique  des  guêpes.  Elle  se  manifeste  en  mai  ou  en  juin 
et  dépose  ses  œufs  sur  la  feuille  terminale  des  ronces  de  l'année.  De  l'œuf 


32 


sort  une  larve  verte  et  épineuse,  difficile  à  percevoir,  car  elle  se  confond  avec 
le  feuillage.  Dans  les  infestations  graves,  la  larve  dévore  le  tissu  foliaire 
pour  ne  laisser  que  les  plus  grosses  nervures.  À  maturité,  elle  mesure  de  12 
à  17  mm  de  longueur  et  se  laisse  choir  sur  le  sol  où  elle  tisse  un  cocon  dans 
lequel  elle  passera  l'hiver.  Les  braconides  attaquent  les  œufs  du  tenthrède, 
tandis  que  le  cocon  est  une  proie  facile  pour  les  carabes  et  les  staphylins. 
Enfin  la  larve  constitue  une  cible  idéale  pour  les  ichneumons  et  les 
tachinaires,  de  même  que  la  guêpe  jaune  et  les  oiseaux. 

Acariens 

Le  tétranyque  à  deux  points  (Tetranychus  urticae  Koch)  adulte  est 
difficile  à  voir  à  l'œil  nu.  Il  s'agit  d'un  insecte  jaune  verdâtre  portant  deux 
taches  foncées  sur  le  dos  (planche  7e).  Il  se  nourrit  en  suçant  la  sève  des 
plantes  sur  la  face  inférieure  des  feuilles.  Les  feuilles  parasitées  sont 
mouchetées  de  blanc  ce  qui  leur  donne  un  aspect  terne  et  pâle.  Lorsque 
l'infestation  est  grave,  la  feuille  brunit  et  finit  par  tomber.  Le  tétranyque 
tisse  une  toile  soyeuse  sur  la  face  inférieure  des  feuilles  dont  il  se  nourrit.  La 
femelle  rouge  orange  passe  l'hiver  à  l'état  adulte  (planche  If)  sur  les  feuilles 
ou  sous  les  détritus,  les  feuilles  mortes  ou  le  sol  au  pied  du  plant.  Au 
printemps,  elle  trouve  une  jeune  feuille  dont  elle  se  nourrira  et  sur  laquelle 
elle  déposera  ses  œufs.  La  population  de  tétranyques  à  deux  points 
augmente  par  temps  chaud  et  sec.  Il  est  possible  aussi  que  la  poussière  qui 
macule  les  framboisiers  et  les  fraisiers  en  bordure  des  chemins  fasse 
augmenter  la  population  des  tétranyques  à  deux  points. 

L'acarien  du  cyclamen  ou  du  framboisier  {Phytonemus  pallidus 
(Banks))  est  un  acarien  minuscule  qui  se  nourrit  dans  la  couronne  et  les 
feuilles  du  fraisier  avant  qu'elles  se  déroulent.  S'il  est  difficile  à  distinguer 
même  avec  une  loupe,  il  n'en  va  pas  de  même  pour  les  dommages  qu'il 
cause.  En  effet,  les  feuilles  jaunissent  et  ne  se  déroulent  pas;  celles  qui 
parviennent  à  s'ouvrir  ont  habituellement  l'aspect  du  cuir  et  sont 
difformes.  Les  plants  fortement  infestés  sont  souvent  rabougris  et  lorsque 
le  ravageur  s'attaque  à  l'inflorescence,  les  fruits  deviennent  difformes.  Les 
acariens  prédateurs  comme  les  espèces  du  genre  Amblyseius  jouent  un 
grand  rôle  dans  la  lutte  contre  ce  parasite. 

Sur  la  côte  ouest,  un  ériophyide  appelé  phytopte  du  toyon  (Acalitus 
essigi  (Hassan))  cause  d'importants  ravages  aux  framboisiers.  Cet  acarien 
est  microscopique;  il  passe  l'hiver  dans  les  bourgeons  et  dévore  le  fruit 
durant  son  développement  au  printemps  et  en  été.  Les  baies  touchées 
restent  dures  et  sûres,  même  après  maturité.  Les  acariens  prédateurs 
permettent  de  combattre  ce  ravageur  dans  une  certaine  mesure. 

Les  acariens  comptent  beaucoup  de  prédateurs  :  chironomes,  petites 
coccinelles  noires  du  genre  Stethorus,  quelques  petits  staphylins,  punaises 
tête-de-clou,  anthocoris,  chrysopes  et  hémérobies  ainsi  que  d'autres 
acariens.  Dans  le  sud  de  l'Ontario,  le  thrips  à  six  taches,  Scolothrips 
seocmaculatus  (Pergande),  s'attaque  aux  tétranyques.  On  le  trouve 
couramment  aux  États-Unis,  mais  il  n'a  pas  souvent  été  signalé  au  Canada. 


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