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Full text of "Instruction sommaire sur la manière de cultiver les mûriers : et d'élever les vers à soie"

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in  2016 


https://archive.org/details/instructionsomma1755lyon 


INSTRUCTION 

SOMMAIRE 

SUR.  LA  MANIERE  DE  CULTIVER 

JLJEIS 

ET  D’ ELEVER 

LES  VERS  A SOIE. 

I IMPRIME’ PAR  ORDRE  DE  M.L’INTENDANT 


A L Y O N y 

CEsz  Aime  Delaroche  , Libraire-Imprimeuf 
du  Gouvernement  & de  la  V ilie , rue  Merciere, 
à la  C^ouronne  d or. 


M.  D C C.  L V. 

A 


1 


. ■■  ' 

I If  J 


AVERTISSEMENT. 


Il 


a paru  différents  Ouvrages , 
imprimés  ^ ou  manufcrits,  touchant 
la  maniéré  de  cultiver  les  Mûriers  ■, 
& dé  élever  les  V'ers  à Soie  ; mais 
ils  contiennent  des  détails  infinis  ^ 
& d'ailleurs  ces  Ouvrages  ne  Jont 
point  aufijî  répandus  qu'il  fierait  à 
defirer  qu'ils  le  fuffent. 

Une  Inflrudion  dans  laquelle 
on  s'attacherait  cl  mettre  fimple- 
ment  fious  les  yeux  ce  qu'il  efi 
principalement  néceffaire  de  fiçavoir 
fur  cet  objet , ne  fiçauroit  être  que 
très  - utile  ; & c efi  ce  qui  a déter- 
miné à donner  celle-ci.  On  la 

Aij 


iv  AVERTISSEMENT. 


divifera  en  autant  de  parties  quil 
fera  nécejfaire  , afin  de  fixer  les 
idées  J & de  ne  fie  répéter  que  le 
moins  qu  il  fera  pofftble. 


INSTRUCTION 

SOMMAIRE 

Sur  la  Maniéré  de  cultiver 

LES  MURIERS. 


PREMIERE  PARTIE, 


R 


Des  Ttrrcins  qui  font  propres  aux 
Mûriers. 

expériences  faites  depuis 
T I nombre  d’années  , ne  per- 
S mettent  plus  de  douter  que 
les  Mûriers  & les  Vers  à Soie  ne 
réuffiffent  en  France  dans  toutes  les 
Provinces.  Les  climats  chauds, à la 

A iij 


6 Maniirc  de  cultiver 

vérité  femblent  être  plus  convenables  ; 
mais  on  éleve  auflî  avec  fiiccès  des 
Vers  à Soie  dans  des  Provinces  où 
le  climat  fe  trouve  beaucoup  plus 
froid  que  dans  d’autres. 

L E Mûrier  réufîit  dans  toute  forte 
de  terrein  , dans  des  terres  humides 
& argileufes  , dans  celles  qui  font 
graffes  , & dans  les  fablonneufes , à 
quelques  expofitions*  qu’elles  fe 
trouvent  ; mais  alors  les  feuilles 
font  plus  ou  moins  propres  pour  la 
nourriture  des  Vers  à Soie  ; & la 
meilleure  réglé  qu’on  puifle  indique^ 
pour  faire  une  plantation  utile  à 
tous  égards  , c’eft  que  le  Mûrier 
demande  la  même  terre  & la  même 
expofition  que  la  Vigne , c’eft-à-dlre , 
une  terre  noirâtre , légère  & douce. 


Us  Mûriers. 


7 


fablonneiife  , ou  calllouteufe  , dont 
l’expofition  foit  au  midi  ou  au  levant, 
& éloignée  d’autres  arbres  ou  haies 
qui  pourroient  priver  les  Mûriers 
du  grand  air  & du  Soleil.  Mais  il 
faut  avoir  attention  : 

I « . A ce  que  la  terre  où  l’on  femc 
la  graine , ait  été  bien  cultivée , & 
qu’elle  ait  été  même  améliorée  à 
l’avance  , comme  celle  où  l’on 
voudroit  femer  de  la  laitue  ; qu’elle 
foit  meuble  , & plutôt  fablonneufe 
que  forte.  ^ 

2,*^.  A ne  choilir  jamais  un  terrein 
extrêmement  gras  & amendé , pour 
mettre  les  jeunes  plants  ou  pourrette 
en  pépinière  ; ils  périroient  pour  la 
plupart  lors  qu’on  les  tranfplanteroit 
à demeure  dans  une  terre  légère  , 

A iv 


s 


Maniéré  de  cultiver 


maigre  & fablonneufe  , qui  eft  celle 
qui  leur  convient  le  mieux.  Les 
Mûriers  ne  réulîiflent  jamais  fi  bien 
que  lorfqu’ils  font  plantés  dans  une 
pépinière  dont  la  terre  eft  de  quel- 
ques degrés  moins  bonne  que  celle 
où  ils  doivent  être  plantés  à demeure. 
Il  faut  cependant  avoir  attention  que 
le  terrein  de  la  pépinière  ne  foit  pas 
trop  maigre- & fans  fubftance,  parce 
qu’alors  il  ne  produiroit  que  des  jets 
foibles  ôc  languiflants. 

I?es  Mûriers  les  plus  propres  à la 
nourriture  des  Vers  à Soie. 

Le  Ver  à Sole  fe  nourrit  de  la 
feuille  de  Mûrier , de  quelque  efpece 
qu’elle  foit  : il  y en  a cependant  de 
meilleures  les  unes  que  les  autres; 


Us  Mûriers. 


9 


& d’ailleurs,  comme  les  dilFcrcnts 
âges  des  Vers  à Soie  demandent  une 
feuille  plus  ou  moins  nourriflante  , 
il  convient  de  planter  & de  cultiver 
les  quatre  efpeces  de  Mûriers  fui- 
vantes  : fçavoir, 

Le  Mûrier  blanc  , appelle  Mûrier 
d’Efpagne  , qui  porte  du  fruit  blanc , 
des  feuilles  grandes  comme  la  pau- 
me de  la  main  , rondes  , fîniiïant  en 
pointe  en  forme  de  cœur  , & dont 
les  feuilles  font  d’un  verd  foncé  , 
plus  épaiffes  que  celles  des  autres 
Mûriers , & chargées  d’un  fuc  grolîier 
& nouniflant, 

L E Mûrier  rofe  , appellé  celui 
de  Rome  , porte  un  fruit  d’une 
couleur  cendreufe  : il  a les  feuilles 
prefqu’aulïl  grandes  que  le  Mûrier. 


ÎO 


Maniéré  de  cultiver 


d’Efpagne , & à peu  près  de  la  même 
figure  , mais  d’un  verd  plus  clair.' 
Elles  font  plus  luifantes,  plus  minces,’ 
plus  tendres  , & plus  propres  à la 
nourriture  des  Vers  à Soie  à tout 
âge  & en  tout  temps. 

L E Mûrier  franc  , provenant  de 
la  femence  du  Mûrier  d’Efpagne  ^ 
produit  un  fruit  couleur  de  gris  de 
lin  , des  feuilles  de  la  même  forme 
que  celles  du  Mûrier  d’Efpagne 
mais  moins  grandes  , & propres 
comme  les  feuilles  du  Mûrier  rofe  , 
à donner  aux  Vers  à Soie  dans  tous 
leurs  âges. 

Enfin  le  Mûrier  commun  , pro- 
venant de  la  graine  de  fon  efpece, 
ou  de  celle  du  Mûrier  franc.  Il  pro- 
duit une  mûre  noire , ou  rouee  : les 


r «s 


Us  Mûriers.  1 1 

feuilles  en  font  plus  petites  , plus 
difficiles  par  conféquent  à cueillir , 
& leur  fuc  eft  peu  nourriffant. 

Ces  quatre  efpeces  de  feuilles  font 
bonnes  de  leur  nature , & peuvent 
être  données  , en  commençant  par 
relies  qui  ont  le  moins  de  fuc , ainfi 
qu’on  l’expliquera  à l’article  de  la 
nourriture  des  Vers  à Soie  ; cepen- 
dant comme  la  greffe  perfeéHonne 
la  feve  , on  confeille  d’enter  avec 
la  greffe  des  Mûriers  rofes , ceux  qui 
ne  font  point  de  l’efpece  du  Mûrier 
d’Efpagne , & d’en  enter  une  certaine 
quantité  , de  quelque  efpece  qu’ils 
folent  , avec  la  greffe  du  Mûrier 
d’Efpagne  , afin  d’avoir  les  efpeces 
& les  qualités  de  feuilles  qu’on 
donne  par  préférence  aux  Vers  à 


12 


Man'urc  de  cultiver 


Soie , dans  le  temps  oii  ils  en  man- 
gent beaucoup. 

De  la  Graine  du  Mûrier  , de  la  maniéré 
de  la  préparer  & de  la  femer , & des 
autres  moyens  de  multiplier  cetarbre> 

L A femence  de  Mûrier  n’eft  autre 
chofe  que  la  graine  qu’on  trouve 
dans  les  groffes  mûres  blanches  qui 
tombent  des  arbres. 

Pour  faire  la  graine  , on  met  dans 
un  baquet  les  groffes  mûres  blanches 
qu’on  a ramaffées,&  qui  font  tombées 
des  meilleurs  arbres  , & on  le^  y 
laiffe  vingt  - quatre  heures.  On  les 
y écrafe  enfuite  avec  les  pieds  , où 
avec  les  mains  ; on  y verfe  de  l’eau 
à mefure  , on  la  laiffe  repofer  , on 
jette  toute  l’ordure  qui  eft  deffus 


les  Mûriers. 


on  verfe  l’eau  enfuite  en  inclinant 
le  baquet  pour  que  la  bonne  graine 
refte  au  fond  , 6c  on  continue  à y 
mettre  de  l’eau  ôc  à la  jeter , jufqu’à 
ce  que  la  graine  foit  nette  ; après 
quoi  on  la  fait  fécher , 6c  on  la  vanne 
pour  en  ôter  toute  la  pouffiere. 
Cette  graine  ne  fe  conferve  qu’une 
année. 

La  graine  peut  fe  femer  auffi-tôt 
qu’elle  a été  recueillie  , c’eft  à-dire  , 
vers  le  mois  de  Juillet  ; mais  on 
préféré  les  mois  de  Mars  6c  d’Avrif. 

Pour  femer  la  graine  , on  fait  fur 
la  terre  préparée  pour  la  recevoir  , 
des  rayons  de  cinq  à lix  pouces  de 
largeur  , 6c  de  trois  à quatre  de 
profondeur , bien  unis  , diftants  de 

♦ 

deux  pieds  les  uns  des  autr.s  j on 


14 


Manière  de  cultiver 


feme  la  graine  dans  ces  rayons  , 
comme  celle  de  laitue  , mais  moins 
dru  , & on  la  couvre  d’un  demi- 
pouce  de  terre. 

La  planche  où  l’on  feme  la  graine, 
doit  être  à l’abri  du  mauvais  vent, 
foit  par  une  muraille,  ou  par  une  haie. 

On  peut  encore  fe  procurer  des 
Mûriers  par  boutures  &:  par  provi- 
gnement  ; ces  arbres  en  font  fulcep- 
tibles  comme  bien  d’autres  ; & tous 
les  Jardiniers  fçavent  comment  les 
boutures  & le  provignement  fe  font  ; 
mais  il  eft  fi  aifé  de  multiplier  \et 
arbre  au  moyen  de  la  graine  , la 
pourrette  coûte  li  peu  , & elle  ell 
fi  aifée  à tranfporter  , qu’il  femble 
qu’on  peut  s’en  tenir  à la  femencô 
des  Mûriers. 


lis  Aîûriirs. 


*5 


De  la  Culture  de  la  Pourrette. 

L A culture  de  la  pourrette  après 
la  femence  , confifte  feulement  à 
arracher  les  herbes  , à aïrofer  à 
propos  , fur -tout  pendant  les  cha- 
leurs ; à répandre  au  commencement 
de  l’Hy ver  fur  les  planches  , un  peu 
de  fumier  , & à couvrir  les  planches 
avec  des  claies  ou  de  la  paille , pour 
les  garantir  du  froid. 

I L y a des  gens  qui  prétendent 
auflî  qu’il  convient  dans  les  premiers 
temps  de  garantir  ces  jeunes  plants 
de  la  trop -grande  chaleur  , qui  les 
iecherolt  &:  les  brûleroit. 

Lorsqu’on  arrofe  avant  que  les 
pknts  foient  fortis  , ou  lorfqu’ils 
çpmmencenï  àparoître , U faut  avoir 


i6 


Manier e de  cultiver 


attention  à fe  fervir  d’un  anofoir  , 
afin  que  l’eau  ne  détrempe  point  trop 
îa  terre  , ne  découvre  pas  la  graine  , 
ou  ne  déracine  & n’entraîne  les 
petits  Jets. 

S I l’on  s’apperçoit  lorfque  les 
Jeunes  jets  commencent  à fortir  de 
terre , qu’ils  foient  trop  prefles  , il 
faut  les  éclaircir  , pour  que  ceux  qui 
relient  puilTent  prendre  la  nourriture 
fuffifante. 

Du  Temps  de  mettre  la  Pourrette  en 

pépinière  , de  Ja  Culture  , & de 
la  Greffe. 

La.  Pourrette  fe  tranfplante  dans 
les  pépinières  au  mois  de  Mars  ou 
d Avril, 

Elle  ell  en  état  d’y  être  iranf- 
plantée  un  ou  deux  ans  apr,.s  qu’elle 

h 


les  Mûriers. 


»7 

a été  femée  , fi  elle  efl:  greffe  comme 
lin  tuyau  de  plume  : mais  comme 
tous  les  jets  n’ont  pas  pouffé  avec 
la  même  vigueur  , on  ne  doit  tranf- 
planter  que  ceux  qui  font  de  cette 
groffeur  , & laiffer  les  autres  fc 
fortifier  jufqu’à  l’année  fuivante. 

La  Pourrette  de  la  groffeur  mar- 
quée  ci-deffus  , peut  fe  tranfporter 
auloin  fort  aifément,  & fans  qu’elle 
en  fouffre.  Pour  cet  effet  on  enliaffe 
les  jets  par  centaine  ; on  enveloppe 
les  racines  avec  un  peu  de  terre  , & 
on  arrofe  pendant  la  route  la  toile 
qui  les  enveloppe  , ou  la  caiffe  où  l’on 
peut  les  mettre  , & à laquelle  on 
fait  des  trous  deffus  & deffous, 

E N plantant  la  pourrette  , il  faut 
couper  le  bout  des  groffes  racines  , 

B 


i8 


Maniéré  de  cultiver 


jurqu’au  niveau  de  celles  qui  ne 
forment  qu’une  efpece  de  barbe  , 
& couper  le  jet  à quatre  ou  cinq 
pouces  de  terre. 

La  meilleure  façon  de  planter  la 
pourrette  dans  les  pépinières , efl;  de 
tirer  au  cordeau  des  tranchées  ou 
rigoles , de  fix  à fept  pouces  de  pro- 
fondeur & autant  en  largeur  , dans 
lefquelles  on  arrange  les  racines 
qu’on  recouvre  enfuite  en  foulant 
également  la  terre  qui  les  environne. 
Mais  on  peut  aufîi  planter  à la  che- 
ville , pourvu  qu’on  ait  eu  l’attention 
de  faire  miner , à un  pied  & demi  ou 
deux  pieds  , tout  le  terrein  où  l’on 
veut  planter  la  pourrette  : & quant 
à la  diftance  à mettre  entre  les  jeunes 
plants , on  ellime  qu’elle  doit  être 


Us  Mûriers. 


19 

de  deux  pieds  & demi  en  tout  fens , 
obfervant  de  les  planter  en  échi- 
quier , ce  qui  donne  plus  de  facilité 
pour  les  travailler. 

La  culture  à faire  à ces  pépinières 
fe  borne  à en  arracher  les  herbes  , 
à remuer  la  terre  quatre  ou  cinq 
,fois  l’année  , & à l’arrofer  dans  le 
temps  des  grandes  chaleurs  : mais 
lorfque  les  jeunes  plants  ont  com- 
mencé à pouffer  , s’ils  ont  produit 
deux  ou  trois  jets  , il  faut  n’en  laiffer 
qu’un  & choifir  celui  qui  paroît  être  le 
plus  vigoureux  & le  mieux  dlfpofé 
pour  former  la  tige.  Dans  les  mois  de 
Juillet , Août  ou  Septembre  , il  faut 
étayer  ce  jet,  de  tout  ce  qu’il  a pouffé 
à un  pied  feulement  de  terre  : & fi 
l’on  s’appercevoit  au  mois  de  Mars 

Bij 


20 


Maniéré  de  cultiver 


fuivant , c’eft-à-dlre  , un  an  après  la 
plantation  dans  la  pépinière , que  de 
jeunes  plants  n’euffent  pas  pouffé  ^ 
vigoureufement  , il  faut  les  couper  , 
à cinq  ou  flx  pouces  de  terre  ; les  f 
racines  fe  fortifieront  davantage , & j 
le  jet  n’en  deviendra  que  plus  beau»  ; 

On  peut  enter  les  Mûriers  fur 
branches  , trois  ans  après  qu’ils  ont 
été  plantés  à demeure  dans  les  terres  ; 
mais  il  vaut  beaucoup  mieux  enter 
fur  pied  , lorfque  les  arbres  font 
dans  la  pépinière.  | 

L A faifon  d’enter  les  arbres  dans  ' 
la  pépinière , eft  au  commencement  ^ 
de  Juillet  ou  au  plus  tard  dans  les  | 
premiers  jours  d’Aout , en  choififfant  | 

un  temps  fec  & chaud  : on  peut  aufîi  | 
enter  dans  le  Printemps  ôc  aufli-tôt  j 


Us  Miiriers. 


tl 


que  l’on  peut  fe  procurer  les  premières 
greffes  de  cette  faifon  ; mais  il  faut 
toujours  , pour  greffer  ces  jeunes 
plants  , que  le  jet  ait  environ  deux 
pouces  de  circonférence  , parce  que 
s’il  étoit  trop  petit , on  ne  fçauroit 
y placer  la  greffe.  Il  convient  de 
greffer  par  préférence  avec  des  greffes 
de  Mûrier  rofe,  dont  l’efpece  eff  très- 
bonne  ; & il  fufîit  d’avoir  une  dou- 
zième partie  des  Mûriers  d’Efpagne. 

L A greffe  à éeuffon  & à la  flûte 
font  également  convenables  ; mais 
lorfqu’on  greffe  à éeuffon  , il  faut 
que  ce  foit  à un  demi-pied  de  terre  , 
ou  le  plus  bas  qu’il  eft  pofîible  , pour 
que  l’endroit  greffé  puiffe  être  enterré 
lorfqu’on  tranfportera  l’arbre 

Lorsque  l’on  greffe  la  pourrette 


11 


Maniéré  de  cultiver. 


dans  le  mois  de  Juillet  ou  d’Août , 
il  faut  néceffairement  couper  dans 
le  mois  de  Mars  ou  d’ Avril  fuivants , 
les  jets  qui  auront  pouffé  à deux 
ou  trois  pouces  au  deffus  de  l’ente , 
parce  qu’il  faut  que  le  Mûrier 
pouffe  toute  la  hauteur  qu’il  doit 
avoir  dans  une  année  : mais  fi  l’on 
greffe  dans  le  mois  d’ Avril , comme 
l’arbre  aura  fait  tout  fon  crû' dans 
la  m.ême  année  , il  devient  inutile 
de  le  couper  l’année  d’après  ; il 
fuffira  d’en  pincer  le  jet  lorfqu’il  | 
aura  atteint  la  hauteur  de  fix  pieds , 
afin  de  l’arrêter  & de  faire  grofiir 
la  tige. 


Its  Mûriers 


^3 


Du  temps  & de  la  maniéré  de  planter 
les  Mûriers  à demeure. 

\ ' 

Un  arbre  qui  efl  depuis  trois  ans 
dans  la  pépinière  , s’il  eft  bien  venu 
& s’il  a bien  réuffi , peut  avoir  envi- 
ron quatre  pouces  & demi  de  circon- 
férence & fix  pieds  de  haut , qui  eft 
à peu  près  la  hauteur  à laquelle  on 
a dû  le  tenir.  S’il  eft  de  cette  groffeur, 
fl  les  branches  & l’écorce  font  unies , 
de  la  couleur  d’un  verd  d’eau  , la 
tête  petite  , les  branches  d’un  pouce 
de  groffeur, montant  en  demi-cercle, 
& les  bourgeons  gros  , il  eft  de 
bonne  qualité  & en  état  d’être  tranf- 
planté.  Mais  au  contraire  fi  l’arbre 
eft  moufle ux  , l’écorce  feche  & de 
couleur  gris  - brun  , la  tête  groffe  , 


14 


Maniéré  de  cultiver 


boffue  , cicatrifée  , les  branches 
minces,  allongées  horizontalement  & 
la  pointe  pendante  vers  les  raeines  , 
l’arbre  eft  alors  de  mauvaife  qualité , 
& il  vaut  mieux  le  jeter  que  de  lui 
faire  occuper  une  place  à laquelle 
il  eft  plus  utile  de  mettre  un  bon 
arbre. 

La  faifon  de  planter  le  Mûrier  à 
demerire  , eft  au  Printemps  , c’eft-à- 
dire  , depuis  le  commencement  de 
Mars,  jufques  vers  le  mois  d’ Avril,  fi 
le  terrein  eft  d’une  nature  légère  ; & 
en  Automne,  depuis  la  fînd’Oélobre, 
Jufques  vers  la  fin  de  Décembre  , fi 
la  terre  eft  forte  & fujette  à retenir 
l’eau.  Mais  les  connoifîeurs  préten- 
dent qu’il  vaut  toujours  mieux  planter 
en  Automne  , parce  que  l’arbre 

pouffant 


les  Mûriers. 


^5 


pouffant  quelques  chevelus  pendant 
l’Hy  ver  , il  avance  beaucoup  plus  ; 
au  lieu  qu’étant  planté  au  mois  de 
Mars  , & la  feve  montant  tout  de 
fuite , il  ne  pouffe  pas  fi  bien,  ni  avec 
autant  de  vigueur. 

Les  creux  pour  planter  les  arbres, 
doivent  avoir  environ  fix  pieds  en 
quarré  , fur  deux  pieds  & demi  de 
profondeur.  S’ils  font  dans  une  terre 
forte  , il  faut  leur  donner  plus  de  pro- 
fondeur;mais  il  faut  toujours  les  faire 
faire  quatre  ou  cinq  mois  d’avance , 
dans  quelque  faifon  que  l’on  plante. 

La  diftance  des  arbres  doit  varier 
fuivant  la  nature  du  terrein  , & la 
façon  dont  les  arbres  font  plantés. 

En  bordure  , le  long  d’un  champ , 
eu  pour  former  une  avenue,  on  peut 


l6  Maniéré  de  cultiver 

mettre  les  Mûriers  de  quinze  à dix- 
huit  pieds  les  uns  des  autres  & à la 
même  diftance  des  fofles. 

Si  l’on  remplit  une  terre  fertile 
& qu’on  veuille  enfemencer  , il  faut 
les  mettre  de  trente-fix  à quarante 
pieds.  Si  la  terre  étoit  d’une  qualité 
médiocre  , on  pourroit  les  mettre 
de  vingt-quatre  à trente  pieds  ; mais 
s’il  n’y  avoir  aucun  labour  à y faire , 
on  peut  les  mettre  de  quinze  à dix- 
huit  pieds  de  dillance  les  itns  des 
autres. 

Il  faut  avoir  attention  d’arracher 
les  arbres  le  plus  adroitement  qu’il 
fera  poilible  , afin  d’avoir  toutes  les 
racines  , fans  en  offenfer  aucune  ; 6ç 
Il  l’on  doit  les  tranfporter  au  loin  , 
il  faut  envelopper  les  racines  dans  de 


I 


Us  Mûriers. 


17 

la  paille  , & les  conferver  le  plus 
fraîchement  que  l’on  pourra  ; mais 
avant  que  de  planter  l’arbre  , il  faut 
avoir  attention  de  couper  les  racines 
qui  pourrolent  avoir  été  froiffées  , 
déchirées  ou  rompues  , ainfi  que  le 
fimple  bout  de  toutes  les  autres. 
Il  faut  aulîî  couper  à cet  arbre  toutes 
les  branches  qu’il  a poiuTées , à l’ex- 
ception de  deux  ou  trois  des  mieux 
difpofées , que  l’on  laiffe  pour  former 
la  tête  , en  les  réduifant  à deux  ou 
trois  pouces  de  longueur.  Mais  il 
faut  faire  en  forte  de  laifier  à chaque 
branche  un  ou  deux  yeux , c’eft-à- 
dire,un  ou  deux  petits  bourgeons, 
d’où  fortent  ordinairement  les  bran- 
ches , ôc  préférer  les  bourgeons  qui 
feront  placés  en  dehors  de  l’arbre , 
• C ij 


z8  Manière  de  cultiver 

parce  qu’on  lui  donne  par  là  plus 
facilement  la  forme  qu’il  doit  avoir. 

Pour  planter  l’arbre , fi  c’eft  dans 
tme  terre  légère  , & que  le  creux 
n’ait  environ  que  deux  pieds  & demi 
de  profondeur , on  doit  commencer 
par  jeter  dans  le  fond  un  demi-pied 
de  bonne  terre  , c’eft-à-dire  , de 
celle  qui  eft  fur  la  furface  des  champs 
labourés  ; on  y pofe  & on  y arrange 
les  racines , & on  remplit  enfuite  le 
creux  de  la  terre  qui  en  a été  ôtée  , 
& dans  laquelle  on  confeille  de 
mettre  une  demi-charge  de  fumier. 

Mais  fi  l’arbre  devoir  être  planté 
dans  une  terre  forte , graffe , ou  argil- 
leufe , comme  le  creux  doit  être  alors 
plus  profond  , il  convient  d’y  jeter 
quelques  fagots  de  feuxilageS;COup3S, 


Us  Mûriers. 


29 


plufieiirs  jours  auparavant , fur  la 
buis  , fur  le  chêne  , fur  l’orme  ou 
fur  quelqu’autre  efpece  d arbre.  Ces 
feuillages  qu’on  couvre  de  terre 
légère  avant  d’y  mettre  l’arbre  , 
rendent  la  terre  meuble  , font  que  les 
racines  s’y  étendent  plus  facilement  ; 
& d’un  autre  côté  lorfque  ces  feuil- 
lages fe  pourrlflent  , ils  fervent  de 
fumier  & tiennent  la  terre  fraîche. 

Des  foins  que  demande  le  Mûrier 
planté  à demeure. 

La  terre  où  eft  planté  le  Mûrier 
exige  trois  ou  quatre  cultures  au 
pied  des  racines  & à la  diftance  de 
fix  pieds  au  tour  , pendant  les  dix 
premières  années  , fi  c’efl:  une  terre 
neuve  en  friche  ; mais  fi  c’efl  une 

C iij 


30 


Maniéré  de  cultiver 


terre  enfemencée  , la  culture  ordi- 
naire peut  fuffire.  Il  eft  à propos 
de  ne  rien  femer  les  premières  années 
dans  la  mêine  diftance  de  fix  pieds  , 
afin  que  les  Mûriers  prennent  plus 
de  nourriture.  Il  feroit  aufli  fort 
utile  de  pouvoir  les  arrofer  les  trois 
premières  années,  deux  ou  trois  fois 
pendant  les  grandes  chaleurs  de  l’Eté, 
/ avec  de  l’eau  de  riviere  ou  de  ruif- 

feau  , fi  l’on  ne  peut  avoir  de  celle 
d’une  mare  bourbeufe.  On  regarde 
comme  néceffaire  pour  un  meilleur 
fuccès  & pour  avoir  une  feuille  plus 
abondante  , d’enterrer  tous  les  trois 
ans , à un  pied  de  profondeur , une 
demi-charge  de  fumier  d’écurie , qui 
ne  foit  pas  trop  fait  , & d’en  aug- 
menter la  quantité  jufqu’à  une  charge 


Us  Mûriers^ 


3» 


par  pied  , lorfque  le  Mûrier  a plus 
de  trente  ans.  Les  feuilles  de  Mûrier, 
ou  couches  , qu’on  retire  de  dcflbiis 
les  Vers  à Sole  , font  le  meilleur  fu- 
mier , & il  en  faut  1^  moitié  moins 
que  du  fumier  ordinaire  : mais  au 
lieu  de  fumier  , on  peut  enterrer  au 
pied  de  l’arbre  quelques  paquets  de 
buis  , lorfqu’on  en  a. 

On  confellle  de  ne  pas  dépouiller 
la  première  année  les  Mûriers  de 
leur  feuille, qui  les  garantit  de  l’ardeur 
du  Soleil , & de  ne  point  les  tailler 
cette  première  année  , parce  que  la 
feve  en  couleroit  par  la  taille  , mais 
feulement  de  couper  tous  les  bour- 
geons qui  fortiront  depuis  le  pied 
de  la  tige  jufqu’à  la  tête  , & de  ne 
commencer  qu’au  mois  d’Avrll  de 


Maniéré  de  cultiver 


3^ 


la  fécondé  année , à leur  former  la 
tête  , en  coupant  les  jets  du  centre , 
ceux  qui  le  traverferoient  ou  qui 
pencheroient  vers  les  racines  , & en 
n’en  laiffant  à la  même  hauteur  , que 
trois  ou  quatre  des  plus  vigoureux 
& des  mieux  difpofés  pour  arrondir 
l’arbre.  Mais  fi  l’on  s’apperçoit  la 
première  ou  la  fécondé  année  qu’un 
Mùr-ier  n’ait  pas  pouffé  des  jets  aufli 
vigoureux  que  les  autres  , il  faut 
en  couper  les  branches  à quatre  ou 
cinq  pouces  de  la  tige. 

O N doit  continuer  jufqu’à  la  dou- 
zième année  à tailler  l’arbre  , en 
s’occupant  toujours  à lui  donner  une 
belle  forme  ; mais  enfuite  il  fuffit  de 
le  tailler  tous  les  trois  ans. 

1 1.  eff  fur  - tout  indifpenfable  en 


les  Mûriers. 


33 

plantant  le  MCirier  à demeure , d’y 
mettre  un  échalas  pour  le  foutenir 
contre  les  grands  vents  & empêcher 
que  les  racines  ne  fe  dérangent  ; 
mais  il  faut  mettre  de  la  paille  entre 
l’échalas  & la  tige  , pour  garantir 
l’écorce  de  l'arbre  , & l’entourer 
avec  des  ronces  , pour  le  préferver 
des  beftiaux. 

On  ne  croit  pas  devoir  omettre 
de  parler  d’un  accident  qui  arrive 
quelquefois  après  que  les  Mûriers 
font  plantés-  dans  les  lieux  où  on  a 
la  facilité  ou  le  foin  de  les  arrofer 
fouvent.  On  en  trouvera  peut-être 
quelques-uns  dont  la  feuille  jaunit 
malgré  l’attention  qu’on  apporte  à 
leur  culture  , & quelquefois  même 
quoique  les  Mûriers  voifms  foient 


3 4 M.anhrt  Je  cultiver  les  Mûriers. 


en  bon  état  ; cela  provient  de  ce  que 
la  terre  fur  laquelle  portoient  les 
racines  s’étant  affaiffée  par  la  pluie 
ou  les  arrofages  , les  raçines  fe  trou- 
vent dans  un  vuide  , & ne  peuvent 
pas  prendre  une  nourriture  fuffifante. 
Lorfque  cela  arrive , il  convient  de 
déraciner  l’arbre  avec  précaution  , 
& le  replanter  fur  le  champ  , de 
façon  à faire  porter  les  racines  fur, 
la  terre  qui  fe  feroit  affaiffée. 


Fin  de  la  première  Partie, 


1 ♦ ^ : il 

INSTRUCTION 

SOMMAIRE 

Sur  la  Maniéré  d'élever 

LES  VERS  A SOIE. 


SECONDE  PARTIE. 


De  la  Qualité  de  Graine  quil  faut 
mettre  couver  ^ relativement  à cc^ 
qu  on  a de  feuille  de  Mûrier. 


O M M E il  eft  effentiel  de 
|c:i  proportionner  la  graine 
feC'=â!3==â  qu’on  met  couver,  avec 
la  quantité  de  feuille  dont  on  s’eft 
alTuré , il  convient  toujours  de  pefer 
la  graine. 


36 


Aîanurc  d'èlever 


O N compte  qu’il  faut  communé- 
ment fêize  à vingt  quintaux  de 
feuilles  pour  une  once  de  graine 
qui  réuffit  bien.  Mais  Ci  l’on  mettoit 
couver  une  grande  quantité  de 
graine  , il  ne  faudroit  peut-être  pas 
autant  de  feuille  pour  chaque  once 
attendu  que  fi  l’on  met,  par  exemple, 
fjx  onces  de  graine  , il  périra  fx 
fois  plus  de  Vers  que  fi  on  n’en 
mettoit  qu’une  once  , à caufe  de  la 
grande  attention  qu’exige  l’éducation 
de  ces  infeéles. 

I L femble  qif on  peut  parvenir 
aifément  à fçavoir  le  nombre  de 
quintaux  de  feuille  qu’il  y a environ 
fur  les  arbres  dont  on  fe  feroit  affuré. 
Pour  cet  effet  il  faut  dépouiller 
entièrement  un  fçiil  arbre  , & en 


Us  Virs  à Sou. 


37 


pefer  la  feuille.  Le  poids  qu’en  aura 
produit  un  arbre, plus  ou  moins  gros, 
peut  faire  juger  de  ce  qu’il  y en  a 
fur  chacun  des  autres  , fuivant  leurs 
différentes  grolfeurs^  ou  qu’ils  feront 
plus  ou  moins  chargés  de  feuilles. 

Lorfqu’on  a mis  plus  de  dix  onces 
de  graine  , il  faut  en  faire  plufieurs 
chambrées  ; une  feule  donneroit  trop 
d’embarras.  Mais  il  convient  de 
n’élever  que  peu  de  Vers  à Soie  à la 
fols  dans  les  commencements  , oii  les 
pratiques  néceffaires  ne  font  pas 
encore  bien  connues. 

On  prétend  qu’une  once  de  graine 
bien  foignée  produit , fi  elle  a un  bon 
fuccès  , quatre  - vingt  livres  de 


cocons. 


38 


Manière  d'élever 


Temps  de  faire  couver  la  Graine. 

Il  n’y  a point  de  temps  fixe  pour 
commencer  à faire  couver  la  grai- 
ne , cela  dépend  des  faifons  ôc  des 
climats. 

La  feule  attention  qu’on  doive 
avoir  , eft  de  ne  jamais  faire  cou- 
ver la  graine , que  lorfque  la  feuille 
des  Mûriers  commence  à paroître 
fur  les  arbres  plantés  à demeure  , 
afin  d’être  afluré  de  ne  point  man- 
quer de  feuille  pour  la  première 
nourriture  des  Vers  à Soie  , ainfi 
que  pendant  tout  le  temps  qu’ils 
vivent. 

On  pourroit  la  msettre  couver 
un  peu  plutôt  fl  l’on  avoit  des  pépi- 
nières de  Mûriers  : la  feuille  paroît 


les  V ers  à Sçie 


39 

plutôt  à ces  jeunes  arbres  , & les 
Vers  à Soie  feroient  en  état  de  faire 
leurs  cocons  avant  les  plus  grandes 
chaleurs  de  l’Eté , qui  leur  font  fort 
contraires. 

Maniéré  de  faire  couver  la  Graine. 

Pour  faire  couver  la  graine  , il 
faut  la  mettre  par  trois  onces  dans 
un  fachet  , ou  dans  un  morceau  de 
linge  qu’on  noue  enfuite  , & on  tient 
le  nouet  aifé  , de  façon  qu’il  y ait 
autant  de  vuide  que  de  plein. 

Ce  fachet  , ou  nouet , doit  être 
tenu  dans  un  endroit  chaud  , oii  la 
chaleur  fe  conferve  à peu  près  la 
même  pendant  environ  dix  jours 
que  les  Vers  mettent  à éclore:  s’ils 
n’étoient  point  éclos  dans  ce  temps  là, 
il  faut  augmenter  un  peu  la  chaleur. 


40 


Maniéré  d’élever 


Pour  entretenir  le  degré  de  cha- 
leur néceffaire  , on  met  le  nouet 
pendant  la  nuit  fous  le  matelas  d’un 
lit  où  l’on  couche  ; & pendant  le 
jour  on  porte  le  nouet  fur  fol  , & 
âffez  près  du  corps  pour  lui  confer- 
ver  un  degré  de  chaleur  convenable , 
mais  il  faut  avoir  attention  de  ne  pas 
le  mettre  fur  la  chair. 

D’autres  mettent  le  nouet  à côté 
d’une  cheminée  où  l’on  entretient 
un  feu  à peu  près  égal  ; ou  bien  dans 
les  petites  chambres  que  les  Boulan- 
gers ont  derrière  le  four. 

Comme  la  chaleur  du  vingt-deux 
au  vins't-'Oiiatrieme  cleeré  aiî-deffiis 

D X O 

de  la  congélation  , fuivant  le  ther- 
momètre de  Monfeur  de  Reaumur, 
eR  le  degré  ie  plus  convenable  pour 

faire 


les  y :rs  à Soie, 


faire  éclore  la  graine  , il  feroit  à 
fouhaiter  que  lorfqu’on  met  la  graine 
près  de  la  cheminée  , ou  près  d’un 
four  , on  mit  auiîi  ce  thermomètre 
à côté  de  la  graine  , & qu’on  éloi- 
gnât oïl  rapprochât  l’un  l’autre  , 
de  façon  à entretenir  à la  graine  ce 
même  degré  de  chaleur.  Au  furplus 
les  perfonnes  qui  ne  feront  pas  à 
même  de  pratiquer  cette  méthode  , 
ou  qui  la  trouveront  trop  embarraf- 
fante  , pourront  fe  contenter  de 
mettre  la  graine  fous  un  matelas 
pendant  la  nuit , & de  la  porter  fur 
eux  pendant  le  jour. 

Il  a été  obfervé  que  la  chaleur 
du  corps  humain  peut  faire  monter 
le  thermomètre  jufqu’au  trente- 
deuxieme  degré  demi.  Comme  la 

D 


41 


Maniéré  d' élever 


chaleur  qu’il  convient  d’entretenir, 
eft  celle  du  vingt-deux  au  vingt- 
quatrieme  degré , on  peut  juger  par 
le  degré  de  chaleur  que  prend  le 
nouet  tenu  fur  la  chair  même  , de 
combien  il  faut  l’en  éloigner  pour 
lui  donner  le  degré  convenable. 

Les  Vers  naiffent  noirs  , fi  la  cha- 
leur n’a  pas  été  précipitée  ; fi  elle  l’a 
été,  ils  naiflent  roux,  ôt  ils  ne  font  pas 
encore  par  là  à rejeter  ; mais  s’ils 
naifient  rouges  , ce  qui  arrive  par 
une  trop  grande  chaleur  , il  faut  les 
jeter  & mettre  couver  de  la  nou- 
velle graine  , fi  l’on  s’en  trouve  , 
& fi  la  faifon  n’efi  pas  alors  trop 
avancée. 

E N Languedoc  on  met  jufqu’à 
vingt  onces  de  graine  dans  un  même 


Us  Vers  à Soie. 


43 


fachet  , ou  nouet.  On  fe  contente 
pendant  le  jour  de  tenir  le  nouet 
dans  un  morceau  d’étofFe  qu’on 
chauffe  de  temps  en  temps  & qu’on 
dépofe  dans  la  chambre  la  plus 
chaude  , & pendant  la  nuit  on  le 
m.et  fous  un  matelas.  On  le  place 
d’abord  au  pied  du  lit  , & on 
l’avance  tous  les  jours  , en  forte 
qu’au  dixième  jour  la  graine  fe  trouve 
placée  fous  le  dos  de  la  perfonne 
qui  Y ell:  couchée. 

O N préféré  même  en  Languedoc 
cette  méthode  à celle  de  porter  la 
graine  fur  foi  , à caufe  de  l’inconvé- 
nient de  la  fueur  èc  de  la  tranf- 
piration. 

Après  le  quatrième  jour  il 
convient  d’ouvrir  le  nouet  tous  les 

Dij 


44 


Jidaniîrc  d'élever 


jours  ôc  de  remuer  un  peu  la  graine, 
pour  lui  faire  prendre  l’air. 

Il  y a des  gens  qui  avant  de 
mettre  la  graine  couver , la  trempent 
dans  du  vin  , & la  font  fecher 
enfuite  ; mais  qn  croit  cette  méthode 
contraire  à la  chaleur  que  demande 
la  graine  pour  éclore. 

Graine  commençant  à éclore. 

L A graine  eft  prête  à éclore  lorf- 
que  de  noir  ou  grifatre  qu’elle  étoit , 
elle  devient  blanche  ; cela  arrive 
ordinairement  dans  le  neuvième 
ou  le  dixième  jour  ; alors  on  la  met 
de  trois  en  trois  onces  dans  des 
boîtes  de  fapin  bien  feches  , qui 
n’aient  aucune  odeur  & dans  lef- 
quelles  on  a çolé  du  papier. 


Us  Vers  à Soie. 


4Î 

Des  perfonnes  mettent  tout  fini- 
plement  cette  graine  dans  ces  boîtes 
fur  le  papier , mais  il  Q&.  plus  conve- 
nable de  l’étendre  dans  la  boîte  fur 
le  linge  ou  fur  quelque  morceau  de 
mouffeline  , parce  que  le  linge  étant 
moins  uni  que  le  papier  , le  Ver  a 
plus  de  facilité  pour  fe  dépouiller  & 
pour  fortir  de  la  graine. 

Il  faut  avoir  attention  que  la 
boîte  foit  affès  grande  , pour  que 
la  graine  n’ait  qu’environ  fept  à huit 
lignes  d’épaiffeur. 

On  met  fur  la  graine  une  feuille 
de  papier  découpé  & troué  , pour 
que  les  Vers  fortent  par  les  petits 
trous  ; mais  pour  leur  en  faciliter 
davantage  les  moyens  , il  convient 
d’étendre  entre  la  graine  le  papiçrj 


4<5 


Maniéré  d'élever 


un  peu  de  chanvre  ou  du  lin  non 
filé, parce  que  les  Vers  s’y  attachent, 
& qu’en  fiiivant  les  fils  du  chanvre 
ils  trouvent  p’us  facilement  le  moyen 
de  fortir  au  delTus  du  papier. 

I L faut  avoir  attention  de  tenir 
chaudement  cette  boîte  jufqu’à  ce 
que  les  Vers  à Soie  en  foient  en- 
tièrement fortis  ; on  peut  pour  cet. 
effet  l’expofer  au  Soleil , mais  dans 
ce  cas  il  faut  la  couvrir  de  quelque 
linge  ou  étoffe  , pour  que  la  boîte  ne 
foit  pas  trop  pénétrée  des  rayons  du 
Soleil. 

Maniéré  d'élever  les  T^’ers  à Soie  apres 
qu'ils  font  éclos. 

Pour  fortir  les  Vers  à Soie  de  la 
boîte  , à raefure  de  leur  naiffance  , 


Us  Kcrs  à Soie. 


47 


on  étend  fur  la  feuille  de  papier , des 
feuilles  de  Mûrier  : les  Vers  à Soie 
qui  fortent  par  les  petits  trous  , s’at- 
tachent aux  feuilles; & lorfqu’on  voit 
ces  feuilles  fuffifamment  chargées  de 
ces  petits  animaux  , on  releve  les 
feuilles  avec  les  Vers  qui  y tiennent, 
pour  les  dépofer  ailleurs.  On  conti- 
nue à mettre  des  feuilles  de  Mûrier 
jufqu’à  ce  que  les  Vers  foient  tous 
fortis  de  la  boîte , & cette  opération 
fe  renouvelle  plus  ou  moins  de  fois 
par  jour  , fuivant  qu’on  s’apperçoit 
que  les  Vers  à Soie  fortent  plus  ou 
moins  vite. 

Des  Mues  ou  Maladies  des  Kers  à Soie.. 

Les  Vers  à Soie  ont  quatre  mues 
ou  maladies.  La  première  commence 


48 


Manière  d'élever 


ordinairement  neuf  à dix  jours  après 
leur  raiflance , & quelquefois  quatre 
ou  cinq  jours  plus  tard  , lorfque  le 
temps  eft  froid.  Les  autres  maladies 
leur  viennent  communément  de  fept 
en  fept  jours  , ce  qui  peut  cependant 
être  avancé  d’un  jour  , fi  l’air  de  la 
chambre  eft  chaud  , ou  retardé  de 
deux  ou  trois  jours  , ft  l’air  eft  trop 
froid. 

Les  marques  de  cette  maladie 
font  toujours  les  mêmes  : les  Vers 
s’enflent  un  peu  , leur  tête  fur-tout , 
ôc  deviennent  luifants  , froids  ÔC 
roides  ; ils  ceffent  de  marcher  & de 
manger  , reftent  en  cet  état  vingt- 
quatre  heures  , quelquefois  jufqu’à 
quarante , & lis  fe  dépouillent  enfuite 
de  leur  peau.  On  reconnoît  ceux  qui 

font 


\ 


les  Vers  à Soie. 


49 


font  fortis  de  maladie  , en  ce  qu’ils 
font  plus  roux  que  les  autres  , & 
qu’ils  ont  le  niufeau  beaucoup  plus 
large  , qu’ils  tournent  de  tous  côtés 
& qu’ils  vont  fur  le  coté  de  la  daie 
ou  du  rayon , comme  pour  forcir  de 
l’ordure  où  lis  font 

Temps  aiiquel  U faut  changer  les 
Vers  à Soie. 

O N change  les  V ers  à Soie  en 
les  ôtant  de  la  boîte  uuns  laquelle  la 
graine  a été  mife  , & à mefiire 
qu’ils  naiiTent.  On  les  change  encore 
à la  première  maladie  , à la  fécondé 
& à la  troifieme  mais  depuis  la 
derniers  maladie  jufqu’à  ce  que  les 
Vers  montent  , on  doit  les  changer 
tous  les  deux  jours.  Changer  les 


5 O ALiniere  d'élever 

Vers  , c’eft  les  tranfportertl’un  rayon 
fur  un  autre  , & les  féparer  de  leur 
couche  , c’eft-à-dire  , de  l’efpece  de 
litiere  qui  s’eft  formée  au  deflbus 
d’eux  , par  les  parties  de  la  feuille 
que  les  Vers  ne  mangent  point. 

Maniéré  de  changer  les  Vers  à Soie, 
On  chanoe  les  Vers  à Sole  en 

O 

enlevant , & en  portant  fur  les  deux 
mains  , d’un  rayon  à l’autre  , les 
feuilles  de  Mûrier  nouvellement 
placées  , & fur  lefquelles  les  Vers 
font  montés  pour  les  manger.  Cette 
opération  fe  fait  alfément  , parce 
que  les  feuilles  fe  détachent  fans 
peine  de  l’ancienne  couche  , & que 
les  mêmes  Vers  étant  comme  atta- 
chés fur  plufieurs  feuilles  en  même 


4- 


hs  Vers  à Soie.  ^ l 

temps  , elles  fe  tiennent  les  unes 
aux  autres. 

Mais  après  la  clerniere  maladie  , 
ôc  lorfqu’il  eû  queftion  de  porter 
les  Vers  à Soie  dans  les  cabanes  , 
on  peut  les  tranfporter  fur  la  main, 
ou  dans  une  affiette  vernie  , pour 
qu’ils  ne  s’attachent  point , ce  qui 
fait  perdre  moins  de  temps. 

1 1.  y a une  autre  méthode  pour 
changer  les  Vers  à Soie  , c’efi:  d’a- 
voir des  filets  de  la  grandeur  des 
tablettes  , ou  rayons  , &c  bordés  à 
droit  & à gauche  de  deux  petites 
baguettes  fort  légères.  En  mettant 
ces  filets  fur  les  rayons  , lorfque  les 
Vers  commencent  à fortir  de  mala- 
die , & en  jettant  des  feuilles  fur 
les  filets , tous  les  Vers  à Soie  qui 

E ij 


5^ 


Maniéré  d'élever 


ne  font  plus  malades  , paffent  par 
les  mailles  des  filets  , pour  monter 
fur  les  feuilles  , alors  on  leve  le 
filet  des  deux  mains  , & on  le  tranf- 
porte  avec  les  feuilles  fraîches  & 
les  Vers  , à une  autre  place.  On  perd 
moins  de  temps  avec  ces  filets  , & 
on  efi:  afiiiré  par-là  d’enlever  chaque 
fols  tous  les  Vers  fortls  de  maladie  , 
parce  qu’il  n’y  a que  ceux-là  qui 
montent  fur  les  feuilles  ; en  fuivant 
ainfi  toutes  les  tablettes  , & en  re- 
venant enfuite  à celles  fur  lefquelles 
il  étolt  refié  des  Vers  malades  , on 
efi  afliiré  de  réunir  fur  les  mêmes 
rayons  les  Vers  fortis  en  même- 
temps  de  maladie. 

Il  faut  que  les  filets  folent  d’un 
fil  aflez  fin  pour  ne  pas  pefer  fur 


Us  Vers  a Soie. 


55 


les  Vers  , & que  les  mailles  foient 
affès  larges  pour  donner  pafl’age  aux 
Vers , mais  affes  ferrées  pour  retenir 
la  feuille  de  Mûrier  qu’on  jette 
deffus  les  filets. 

Dans  tous  les  changements  , il 
ne  faut  jamais  tranljîorter  l’ancienne 
couche  d’un  rayon  à l’autre  , mais 
au  contraire  la  faire  fortir  de  la 
chambre,  à mefure  quon  les  débar- 
rafle  , parce  que  la  fermentation 
cauferoit  t’op  de  chaleur. 

Mettre  enfemhle  les  Vers  à Soie 
également  avancés. 

Il  feroit  à defirer  que  les  Vers  à 
Soie  fe  fuivilTent  au  même  degré  de 
croiflâmce , & qu'ils  eulTent  enfemble 
les  mues  ou  maladies  qui  leur  font 

E iij 


54 


Maniéré  d'élever 


ordinaires  , rien  ne  feroit  plus  com- 

I 

mode  dans  la  liiite  pour  tous  les  foins 
qu’ils  demandent. 

Cela  peut  arriver  lorfque  les  Vers 
font  tous  éclos  le  même  jour  , qu’ils 
ont  été  tenus  dans  des  endroits 
également  tempérés  , &:  que  leur  ^ 

nourriture  a été  exaélement  la  même  : i: 

mais  comme  cela  eft  rare  , il  eft 
néceffaire  d’avoir  les  attentions  '| 

’fuivantes.  é 

Il  faut  mettre  les  Vers  qu’on  leve,' 
auffi-tôt  qu’ils  font  éclos,  dans  des  / 

boîtes  féparées , & ne  pas  mettre  en- 
femble  ceux  qui  font  éclos  des  jours  J 

différents  : il  feroit  même  à fouhaiter  | 

qu’on  pût  féparer  les  Vers  de  chaque  T 

levée  ; quelques  heures  plutôt  de  | 

naiffance  avancent  beaucoup  les  li! 


Us  Vers  à Soie. 


55 


Vers  dans  les  antres  différents  degrés 
par  où  ils  ont  à paffer, 

Lo.'tSQu’ON  change  les  Vers  à 
chaque  maladie  , il  ne  faut  pas  mettre 
fur  un  m^me  rayon  tous  ceux  d’un 
autre  rayon  , à moins  qu’ils  n’euffent 
mué  tous  à la  fois , & qu’ils  ne  fulTent 
fortis  enfemble  de  leur  maladie  ; il 
faut  placer  fur  un  même  rayon , 
jufqii’à  ce  qu’il  foit  rempli  , tous  les 
Vers  à Soie  qu’on  leve  en  même- 
temps , ou  le  même  jour,  de  diffé- 
rents rayons  , & continuer  de  riiême 
à chaque  maladie  ; au  moyen  de 
quoi , fl  vous  ne  pouvez  pas  entre- 
tenir tous  les  Vers  d’une  chambrée 
au  môme  degré  de  croiffance  , vous 
y entretenez  du  moins  ceux  de 
piufieurs  rayons , & par-là  tous  les 

F iv 


5<5 


Manière  d'élever 


•i 


Vers  à Soie  d’un  même  rayon  arrivent 
en  même  temps  à leur  maturité  & 
à la  monte. 

Lorsqu’on  voit  que  les  Vers  à 
Soie  ne  font  pas  également  ^avancés  , 
on  peut  y remédier  en  donnant  un 
peu  plus  à manger  à ceux  qui  font 
retardés  , & un  peu  moins  à ceux 
qui  font  avancés. 

Lieux  où  les  Vers  à Soie  peuvent 
être  logés  , & fur  quoi  ils  peuvent 
être  placés. 

On  peut  loger  les  Vers  à Soie 
dans  toutes  fortes  de  chambres  , ou 
raiz  de  chaulTées  qui  ne  font  point 
expofés  à l'humidité  , au  froid  , ni 
à la  trop  grande  chaleur  ; mais  il 
convient  , autant  qu’il  ell:  polîible. 


Us  Kirs  à Soie. 


57 


que  l’endroit  foit  expofé  au  levant 
ou  au  midi  , qu’il  y ait  une  cheminée 
pour  échauffer  la  chambre  dans  le 
belbin  , & fur-tout  des  portes  & des 
fenêtres  qui  ferment  exaélement. 
Les  Vers  à Soie  peuvent  être  mis 
d’abord  dans  des  boîtes  , cnfuite 
dans  des  corbeilles  plates  , fur  des 
tables  y Sc  en  un  mot  fur  toutes 
fortes  de  planches  , ou  fur  de  grandes 
claies  faites  avec  de  l’ofjer  , des 
rofeaux  ou  des  cannes  : mais  quand 
on  éleve  une  certaine  quantité  de 
Vers  à foie,  il  devient  indifpenfable 
de  faire  conffruire  différents  étapes 
de  tablettes , ou  rayons  , élevés  d’un 
pied  & demi  de  diffance  les  uns  des 
autres.  On  leur  donne  toute  la  lon- 
gueur qu’on  peut,  & la  largeur  d’une 


Manhre  d'éUver 


5§ 

toife  au  plus, &:  on  les  place  de  façon 
qu’on  puiffe  paffer  tout  au  tour  j 
au  moyen  de  quoi,  on  place  une  plus 
grande  quantité  de  Vers  à Soie  dans 
une  même  piece.  D’ailleurs  , comme 
les  Vers  à Soie  craignent  le  Soleil 
& le  grand  jour  , ils  font  beaucoup 
plus  tranquilles  fur  ces  rayons , & 
moins  expofés  au  grand  jour  ; & d’un 
autre  côté  ces  rayons  deviennent 
nécefîaires  à la  maturité , pour  éta- 
blir les  cabanes  dont  on  parlera  dans 
la  fuite. 

Comme  les  Vers  occupent  plus 
d’efpace  à mefure  qu’ils  groffiffent , 
il  faut  au2;menter  les  tables  & les 
rayons  à chaque  changement , & en 
avoir  toujours  de  prêts  aux  appro- 
ches des  mues  ou  maladies. 


m 


Us  y'ers  à Soie. 


59 


Chaleur  à entretenir  dans  les  chambres, 

C’cft  un  des  articles  qui  demandent 
le  plus  d’attention  pour  la  bonne 
réuiïïte  des  Vers  à Soie  , & pour  les 
préferver  des  maux  auxquels  ils  font 
fujets. 

Ces  maux  peuvent  leur  être  caufés 
par  la  mauva:ife  qualité  de  la  feuille  , 
ou  par  une  trop  abondante  nourri- 
ture ; mais  ils  font  plus  fouvent 
occafionnés par  trop  d’humidité,  par 
trop  de  froid , ou  par  une  trop  grande 
chaleur. 

Suivant  les  différentes  expérien- 
ces qui  ont  été  faites , la  température 
la  plus  favorable  pour  les  Vers  à 
Soie  , après  qu’ils  font  éclos  , eft 
celle  qui  fait  monter  le  thermomètre 


1 


6o  Manicre  d’élever 

de  M.  de  Reaumur  au  feizieme  deeré 

. ^ 

au  deffus  de  la  congélation.  On  feroit  i 
affuré  d’un  heureux  fuccès  , fi  on 
vouloit  s’affujettir  à cette  méthode. 
Toutes  fortes  de  thermomètres  , 
même  les  plus  communs  , feroient  , 
également  bons  , & il  ne  feroit  ; 
queftion  que  de  marquer  fur  les  j 

thermomètres  ordinaires  par  des  1 

traits  diJHnBs  , le  point  qui  corref-  ^ 
pondroit  au  feizieme  degré  de  celui 
de  M.  de  Reaumur  , ainfi  que  les 
autres  degrés  dont  on  auroit  befoin  < 
pour  le  temps  que  la  graine  eft  mife 
couver  ; ce  qui  fe  feroit  aifément^  | 
en  mettant  les  deux  thermomètres  * 

à côté  l’un  de  l’autre.  Une  fois  qu’un  , 
de  ces  thermomètres  auroit  été  réglé,  | 

il  ferviroit  à en  régler  plufieurs  autres.  ^ 


Us  f^crs  à SoU. 


6i 


O N doit  avoir  attention  à cc  que 
le  thermomètre  ne  monte  pas  trop 
haut  par  l’efFet  d’un  trop  grand  feu , 
lorfque  la  chambre  eft  fermée  , & 
fur-tout  par  la  chaleur  que  caufe  la 
fermentation  des  vieilles  couches. 

La  faifon  étant  ordinairement  fort 
avancée  lorfque  les  Vers  à Soie  ap- 
prochent de  leur  maturité  , il  arrive 
ordinairement  que  malgré  qu’on 
rafralchilfe  la  chambre  en  y faifant 
entrer  l’air  extérieur  , on  ne  peut 
parvenir  à faire  defeendre  la  liqueitr 
jufqu’au  feizieme  degré  ; mais  dans 
ce  cas  il  n’y  auroit  rien  à craindre , 
la  chaleur  naturelle  de  l’air  n’étant 
point  dangereufe  , lorfque  celui  de 
la  chamnre  eft  continuellement  re-, 
;iouveilé. 


6i 


Maniéré  d'èUver 


S’il  ne  faifoiî  point  d’air  dans  le 
temps  des  chaleurs  , il  faut  donner  à 
la  chambre  toute  la  fraîcheur  que 
l’on  peut  , en  lallTant  même  les 
fenêtres  ouvertes  pendant  la  nuit  s’il 
le  falloit. 

Au  défaut  des  thermomètres  , on 
doit  au  moins  obferver  que  depuis 
la  première  maladie  jufqu’à  la  mon- 
tée , il  faut  entretenir  une  tempé- 
rature moyenne  , & qui  foit  toujours 
à peu  près  la  même.  Or , comime  il 
ne  fait  point  allez  chaud  au  com- 
mencement , que  l’air  fe  trouve  à 
peu  près  tempéré  quand  les  Vers 
font  vers  la  troifieme  & quatrième 
maladie  , & qu’il  fait  chaud  enfuite , 
il  faut  avoir  attention  de  tenir  la 
chambre  fermée  au  commencement, 


Its  Vers  à Soie. 


63 


faire  du  feu  jurques  vers  la  troilleme 
maladie  , & retrancher  enfuite  le 
feu  , en  tenant  cependant  fermé  pen- 
dant quelque  temps  ; mais  depuis  la 
quatrième  maladie  , jufqu’à  ce  que 
les  cocons  font  faits , on  peut  tenir 
tout  ouvert  , en  obfervant  néan-' 
moins  de  fe  conduire  félon  le  temps  ; 
c’eft-à-dlre  , que  f le  temps  varie 
pour,  le  degré  de  chaleur  , il  faut 
augmenter  ou  diminuer  la  chaleur 

O 

à propos. 

J)e  la  Veuille  de  Mûrier  à donner  aux 
Vers  à Soie. 

Le  détail  dans  lequel  on  eft  entré 
au  chapitre  des  Mûriers  , fait  connoî- 
tre  les  différentes  efpeces  de  cet 
arbre  les  plus  convenables  aux  Vers 


III— 

64  Alaniere  d'élevcr 

à Soie.  II  refîe  à expliquer  quelles 
feuilles  leur  font  les  plus  propres , 
fuivant  leurs  differents  âges , & ce 
qu’il  faut  obferver  avant  que  de  leur 
donner  à manger. 

Plusieurs  expériences  ont  fait 
connoître  que  les  Vers  à Soie  nourris 
avec  une  feuille  cueillie  dans  un 
terrein  fec  , réufîlffent  beaucoup 
mieux  , rendent  plus  de  cocons  &C 
font  moins  fujets  aux  maux  qui  les 
font  mourir  , que  ceux  qui  font 
nourris  avec  une  feuille  ramaffée 
dans  un  terrein  extrêtUvment  gras. 
D’où  il  faut  conclure  qu’une  feuille 
qui  a trop  de  fuc  , eft'  la  moins 
propre  aux  Vers  à Soie  , qui  , par 
leur  natire  étant  d’un.e  fubilance 
froide , vifqueufe  & très  - humide  , 

ont 


hs  Vers  â Soie, 


65 


ont  befoin  d’une  nourriture  qui  cor- 
rige cette  fubflance.  En  partant  de 
ce  principe  il  faut  faire  attention  : 
De  donner  dans  les  premiers 
âges  la  feuille  qui  a le  moins  de  fuc  , 
parce  qu’alors  le  Ver  à Soie  demande 
moins  de  nourriture  ; de  donner  d’une 
feuille  plus  nourrlffante  à mefure 
que  le  Ver  à Soie  groffit , &:  garder 
la  feuille  de  Mûrier  d’Efpagne  à la 
grande  feuille  pour  la  donner  après 
la  quatrième  maladie , & jufqu’à  ce 
qu’ils  foient  mis  dans  les  cabanes. 

2°.  Dans  le  cas  où  l’on  feroit 
obligé  de  donner  trop  tôt  une  feuille 
trop  nourrlffante  par  fa  nature , il 
convient  de  diminuer  fon  fuc. 

On  peut  y parvenir  en  ne  donnant 
cette  feuille  qu’ après  l’avoir  gardée 

F 


<56 


Manitre.  d'élever 


deux , trois  & jufques  à quatre  jours, 
dans  des  facs , ou  dans  des  cuviers , 
ou  enfin  le  temps  nécefîaire  pour 
qu’elle  ait  perdu  cette  abondance  de 
fuc  & d’humidité  intérieure  , funefîe 
aux  Versa  Soie  dans  tous  les  temps 
de  leur  vie , mais  encore  plus  lorf- 
qu’ils  font  jeunes.  En  général  il 
vaut  mieux  donner  la  feuille  fanée 
que  trop  fraîchement  cueille  , parce 
qu’ alors  les  Vers  la  mangent  avec 
trop  d’avidité  & s’engorgent. 

Il  ne  faut  jamais  ramaffer  la 
feuille  mouillée  de  la  rofée  , de  la 
pluie  , ou  des  brouillards  ; ces  fortes 
d’humidités  peuvent  faire  devenir 
les  Vers  à Soie  ce  qu'on  appelle 
gras  ; ainfi  il  faut  attendre  pour  ra- 
ntaffer  la  feuille  , qu’il  ne  refre  plus 


Us  Vers  à Soie. 


67 


de  rofée  , & que  les  brouillards  fe 
foient  dilîipés. 

Si  par  une  pluie  continuelle  pen- 
dant plufieurs  jours  on  étoit  forcé 
de  ramaffer  la  feuille  , il  faut  abfo- 
lument  la  faire  fécher  en  l’étendant 
ou  en  la  preffant  avec  des  linges  , 
mais  jamais  auprès  du  feu. 

Il  ne  faut  jamais  donner  la  fécondé 
feuille  que  pouffent  les  Mûriers  après 
avoir  été  dépouillés  de  leur  première 
feuille. 

On  peut  à la  naiffance  des  Vers 
à Soie  , &c  jufqu’à  la  première  ma-, 
ladie  feulement  , leur  donner  de  le 
feuille  de  jeunes  Mûriers  qui  font 
en  pépinière. 

On  doit  avoir  attention  à ce  que 
ceux  qui  ramctile-  i.t  la  feuille  aient  les, 

F ij 


68  Manière  d'élever 


mains  propres  > & qu’ils  n aient 
point  touché  de  l’ail  , du  mufe  & 
d’autres  odeurs  fortes  , & ne  jamais 
ramaffer  & donner  la  feuille  fur 
laquelle  il  eft  tombé  une  efpece  de 
rouille  ou  manne. 

Comment  il  faut  donner  à mander 
aux  Vers  à Soie. 

Lorsque  les  Vers  commencent  ^ 
à éclore , & jufqu’à  leur  première 
maladie  , on  peut  leur  donner  la  • 
feuille  coupée  affez  menu  avec  un 
couteau  ; on  la  coupera  encore  , 
mais  moins  menu  de  la  première  à la 
fécondé  maladie  ; enfuite  on  leur  la  ^ 
donnera  entière. 

Plusieurs  perfonnes  dans  auain 
temps  ne  coupent  la  feuille  ; cette 

I 

I 


ï 


Us  f^ers  à Soie. 


69 


précaution  n’eft  abfoliiment  nécef- 
faire  que  dans  le  cas  où  la  feuille 
fe  trouveroit  trop  avancée  & dure  \ 
il  doit  fiiffire  alors  de  choifir  la  plus 
nouvelle  , la  plus  tendre  , ou  celle 
des  Mûriers  qui  font  en  pépinière. 
Il  eft  d’autant  plus  aifé  de  fe  procurer 
fuffifamment  de  la  feuille  tendre  , 
que  les  Vers  en  mangent  fort  peu 
dans  les  premiers  temps  ; & d’ail- 
leurs la  feuille  étant  entière  , il  de- 
vient plus  aifé  de  lever  les  Vers  à 
Soie  pour  les  changer.  II  y a même 
des  perfonnes  qui  pour  les  lever 
plus  facilement  , au  lieu  de  couper 
la  feuille , la  jettent  dans  la  boîte  , 
en  petits  bouquets. 

Les  Vers  à Soie  doivent  toujours 
avoir  à manger  , mais  il  faut  faire 


70 


Manière  d'éUver 


attention  de  ne  point  prodiguer  la 
feuille  ; il  fuffit  de  leur  en  donner 
deux  fois  par  jour  depuis  la  naiffance 
Jui'qu’à  la  première  maladie  , en  cou- 
vrant légèrement  de  feuille  tous  les 
Vers  à Sole. 

Trois  fois  par  jour , depuis  la 
première  maladie  jufqu’à  la  quatriè- 
me , en  augmentant  toujours  la 
quantité  de  la  feuille,  à mefure  que  les 
Vers  groffiffent  ; enforte  que  depuis 
la  derniere  maladie  jufqu’à  la  matu- 
rité , on  en  met  chaque  fois  de  la 
hauteur  de  près  de  trois  pouces  , & 
toujours  en  la  répandant  uniment  ; 
& on  doit  leur  en  donner  alors 
quatre  ou  cinq  fois  par  jour.  On 
s’accoutumera  aifement  à connoltre 
la  quantité  de  feuille  qu’il  faut  donner 


Us  l^crs  à Soie. 


7* 


chaque  fois  , en  obfervant  fi  la  cler- 
nlcre  qu’on  a donnée , a été  mangée 
trop-tôt,  ou  ne  l’a  pas  été  tout  à fait. 
On  doit  avoir  attention  de  donner 
toujours  la  feuille  aux  mêmes  heures, 
mais  en  moindre  quantité  pendant  le 
temps  des  mues  ou  des  maladies 
des  Vers  à Soie  : outre  que  cette 
feuille  trop  abondante  feroit  pour  la 
plupart  inutile  & perdue  , elle  fur- 
chargeroit  & fatigueroit  par  fon  poids 
les  Vers  à Soie  , qui  font , pour  ainfl 
dire  , alors  fans  mouvement.  Enfin 
lorfqu’ils  font  dans  les  cabanes,  il  ne 
leur  en  faut  donner  que  très-peu  à la 
fois  , & feulement  pour  couvrir  ceux 
qui  ne  font  pas  encore  montés  , & 
prendre  garde  en  l’y  jetant , de  ne 
pas  ébranler  ceux  qui  font  déjà 


7^ 


Maniéré  d'élever 


’â 


montés  & qui  ont  commencé  à 
travailler. 

Lorsqu’on  s’apperçoit  que  quel- 
ques Vers  font  déjà  fortis  de  maladie, 
on  peut  difcontinuer  de  leur  donner 
à manger,  jufqu’à  ce  que  tout  paroiffe 
forti , ce  qui  arrive  ordinairement 
vingt-quatre  heures  après  , li  les  Vers 
à Soie  ont  été  tenus  également 
avancés. 

Au  furplus  on  ne  cefle  de  donner 
à manger  aux  Vers  à Soie  pendant 
ces  vingt-quatre  heures  environ  , 
que  pour  retarder  ceux  qui  font  trop 
avanc  s , & pour  donner  aux  autres 
le  temps  de  les  atteindre  : m.ais 
comme  cette  pri  vation  de  nourriture' 
aux  Vers  entièrement  fortis  de  ma- 
ladie , ne  peut  que  leur  être  nuifib'e, 

ou 


Us  Vers  à Soie. 


73 


on  feroit  encore  mieux  de  porter 
fur  d’autres  rayons  tous  les  Vers  à 
Soie  qui  font  fortis  de  leur  mue , 
afin  de  pouvoir  alors  leur  donner  la 
nourriture  dont  ils  ont  befoin. 

Lorsque  les  Vers  font  dans  les 
cabanes  , il  faut  leur  donner  très- 
peu  à manger  , & ne  pas  leur  donner 
alors  de  la  grande  feuille  , parce 
que  les  Vers  pourroient  faire  leurs 
cocons  delTus. 

Des  maux  qui  font  périr  les  Vers 
à Soie. 

On  a déjà  obfervé  que  les  maux 
des  Vers  à Soie  leur  viennent  ordi- 
nairement d’une  mauvaife  nourri- 
ture , ou  donnée  mal  à propos,  par  le 
trop  d’humidité  , par  le  froid  , ou 

G 


O 


74 


Maniéré  d'élever 


par  une  chaleur  exceffive  , d’où  U 
réfulte  qu’on  préviendra  une  partie 
de  ces  maladies  , fi  on  pratique 
exaftenient  ce  qui  a été  prefcrit. 

Il  relie  cependant  à faire  con- 
noître  les  Vers  qui  font  attaqués 
de  ces  maux  , & ce  qu’on  en  doit 
faire.  Ces  Vers  s’appellent  Vers  Gras^ 
Vers  PaJJîs  ou  Arpettes  , Vers  Jaunes^ 
& Vers  Mufcadins, 

• Vers  Gras. 

Les  Vers  Gras , qu’on  peut  trou- 
ver à chaque  mue  , n’entrent  point 
eux-mêmes  en  maladie  ; au  lieu  de 
refier  à la  même  place , comme  ceux 
qui  font  bons , qui  muent  & qui  fe 
dépouillent , ils  marchent , mangent 
jEoujours , ne  fe  dépouillent  point  & 


hs  Vers  à Soie. 


75 


continuent  à groffir  , pendant  que  les 
autres  ne  fçauroient  manger.  On 
diftingue  les  Vers  gras  en  ce  qu’ils 
font  beaucoup  plus  blancs  , qu’ils 
font  comme  onûueux , & qu’ils  ont 
le  mufeau  plus  étroit  , plus  pointu 
& plus  luifant.  Ils  périffent  un  ou 
deux  jours  après  le  temps  de  la 
mue  : mais  comme  en  crevant  ils 
faliroient  les  autres  , ce  qui  leur 
feroit  nuifible  , lorfqu’ils  font  dans 
cet  état  , & qu’on  les  voit  courir 
fur  la  feuille  fraîche  , il  faut  les  ôter 
& les  jeter. 

V îrs  Maigres  , appelles  Palîis  , ou 
Arpettes. 

On  ne  voitguere  de  Vers  appelles 
Pajjis  , ou  Arpettes  , qu’après  la 

Gr  ij 


Maniéré  d'élever 


76 

troilieme  ou  la  quatrième  maladie. 
Ces  Vers  celTent  de  manger  , de- 
viennent mous  , fe  rapetilTent  en 
tous  fens  de  la  moitié  , & périlîent 
dans  trois  ou  quatre  jours. 

Vers  Jaunes. 

Les  Vers  Jaunes  ne  paroiflent  que 
lorfque  tous  les  Vers  font  prêts  à 
monter  j au  lieu  de  mûrir  , ils  s’en- 
flent , & il  leur  vient  fur  la  tête  ôc 
le  long  du  corps , des  taches  d’un 
vilain  jaune  doré  qui  s’étendent  & 
leur  gagnent  enfin  tout  le  corps.  Il 
faut  auffi  abfolument  les  jeter  , atten- 
du qu’en  crevant  ils  faliroient  leurs 
ypifins. 


Us  Vers  à Sole 


77 


Vers  Mujcadins 

On  prétend  que  les  Vers  peuvent 
devenir  ce  qu’on  appelle  Mufcadinsy 
à tout  âge  , c efl-à-dire  , depuis  leur 
nailTance  , &:  même  lorfqu’ils  font 
renfermés  dans  leurs  cocons.  îls 
deviennent  roides  , & meurent 

prefque  dans  le  moment.  Leur  cou- 
leur ell:  d’abord  d’un  rouge  vineux  , 
& fe  change  bientôt  en  blanc. 

O N n’en  trouve  ordinairement 
que  peu  à la  fois  , jufqu’au  temps  de 
la  maturité  ; mais  le  mal  ell  prefque 
général  dans  les  chambrées  qui  ne 
commencent  à en  être  attaquées  que 
quand  les  Vers  font  mûrs  & qu’ils 
montent  ; alors  la  plus  grande  partie 
périt  avant  que  d’avçir  travaillé  ; ôi 

G iij 


?8 


Manicre  d'éUver 


fl  cette  maiadie  ne  leur  vient  qu’après 
avoir  commencé  leurs  cocons  , ou 
après  les  avoir  achevés  , dans  le 
premier  cas  le  cocon  eft  prefque 
inutile , 8c  dans  le  fécond  cas  il  rend 
fort  peu. 

Chofes  nuijîhles  aux  Vers  à Soie , 
attmtions  recommandées. 

Le  froid  , l’humidité  , d’un  autre 
côté  la  trop  grande  chaleur  & une 
mauvaife  ou  trop  abondante  nour- 
riture font  très-nuifibles  aux  Vers  à 
Soie.  On  a déjà  obfervé  comment 
on  pourroit  les  en  préferver. 

Les  vents  , le  bruit  du  tambour , 
des  moufquets , du  canon  5c  du  ton- 
nerre leur  font  aufîi  du  mal  lorfqu’ils 
font  montés  , en  ce  qu’ils  peuvent 


les  Vers  à Soie. 


79 


les  faire  tomber.  Il  faut  dans  ces  cas 
avoir  attention  à bien  fermer  les 
portes  & les  fenêtres  , pour  que  l’air 
ne  foit  point  agité. 

O N doit  auiîl  avoir  attention 
pendant  la  monte,  à marcher  douce- 
ment , fl  les  planchers  ne  font  qu’en 
planches  , & s’ils  font  pliants  , afin 
de  ne  jamais  ébranler  les  Vers  déjà 
montés  ; ceux  qui  n’ont  point  com- 
mencé leurs  cocons  tomberoient  & 
ne  remonteroient  plus  ; & à l’égard 
de  ceux  qui  aurolent  déjà  commencé 
leur  ouvrage  , comme  le  fil  fe  cou- 
peroit  par  le  moindre  ébranlement , 
ils  abandonneroient  leurs  cocons  & 
ils  en  iroient  commencer  d’autres  , 
qu’ils  ne  pourrolent  achever,  n’ayant 
plus  affès  de  matière. 


G iv 


8o 


Manière  d'élever 


Il  faut  éloigner  des  Vers  toutes 
fortes  de  fumées  & d’odeurs  défagréa- 
bles , même  celles  qui  font  fimplement 
fortes , comme  le  tabac  , le  nuife  , le 
gingembre  , les  épiceries  , l’ail  & 
autres  odeurs. 

C’est  une  erreur  de  croire  que 
les  parfums  raniment  les  Vers  à Soie: 
il  eft  vrai  qu’on  les  voit  alors  s’agiter 
& courir  plus  vigoureufement , mais 
ce  n’eft  que  pour  fuir  des  odeurs 
qui  leur  font  pernicieufes , ou  pour 
éviter  une  fumée  qui  les  étouffe. 

La  fumée  du  bols  & principa- 
lement la  vapeur  du  charbon  étant 
fort  nuilibles  aux  Vers  à Soie  , il  faut 
avoir  attention  , lorfqu’on  efl  obligé 
d’échauffer  l’air  par  le  feu  , de  ne 
point  faire  un  feu  trop  clair  à la 


Us  Virs  à Soie. 


8i 

cheminée  , ni  aucune  fumée  ; & fi 
l’on  met  3u  feu  dans  une  terrine  ou 
réchaud  qu’on  promenne  dans  la 
chambre  , il  faut  n’y  mettre  que  de 
la  braife  bien  alumée  , & la  couvrir 
même  avec  un  peu  de  cendre  pour 
empêcher  toute  fumée  & toute 
vapeur.  •' 

On  répétera  ici  qu’on  ne  fçauroit 
avoir  trop  d’attention  à faire  fortir 
fur  le  champ  des  chambres  , les  cou- 
ches qui  fe  trouvent  fous  les  Vers  à 
Sole  : la  fermentation  , principale- 
ment lorfqu’il  fait  chaud  , occafionne 
une  mauvalfe  odeur  , &:  d’ailleurs 
cette  fermentation  échaufferoit  trop 
la  chambre. 

Il  faut  empêcher  l’entrée  des  lieux 
où  font  les  Vers  à Soie  , à toutes 


8i 


Maniéré  d' élever 


fortes  d’infeûes  , & principalement 
garantir  les  Vers  à Soie  des  poules 
& des  fouris  qui  les  mangeroient. 

On  prétend  qu’une  goutte  d’huile 
répandue  fur  un  Ver  à Sole  efl:  ca- 
pable d’infeéler  tous  les  autres  ; ainfi 
il  faut  l’ôter  aufîl-tôt,  de  même  que 
le  papier  & la  feuille  de  Mûrier  que 
le  Ver  à Sole  pourroit  avoir  touchées» 

Il  fe  trouve  quelquefois  des  Vers 
qui  ont  été  falis  par  l’eau  dont  ceux 
qui  font  montés  fe  vuident  toujours 
avant  de  travailler  ; comme  ces  Vers 
ainli  falis  ont  la  peau  rude  & n’ont 
point  alTez  de  flexibilité  pour  monter, 
& pour  fe  tourner  & retourner  pour 
former  le  cocon  , il  faut  les  mettre 
dans  un  baquet  & les  laver  avec  de 
l’eau  , en  les  y remuant  à poignée 


Us  Vers  à Soie. 


83 


pendant  quelques  injnutes  ; on  les 
inet  enluite  au  Soleil  pour  les  faire 
fecher  , & lorfqu’ils  font  fecs  on  les 
tranfporte  dans  la  cabane  ; ils 
montent  diligemment  alors  fur  les 
rameaux. 

quoi  on  connoit  que  les  Vers  à Soie 
font  prêts  à monter. 

C’est  ordinairement  neuf  ou  dix 
jours  après  la  derniere  maladie  que 
les  Vers  font  prêts  à faire  leurs 
cocons.  On  connoît  qu’ils  demandent 
à monter  lorfqu’ils  jauniffent  un  peuj 
qu’ils  ceffent  de  manger  , que  leur 
mufeau  s’alonge  & qu’ils  deviennent 
tranfparents  & de  la  couleur  de  la 
foie  meme  ; ils  marchent  plus  vite 
qu’à  l’ordinaire  , ils  s’arrêtent  de 


$4 


Maniéré  d'élever 


temps  en  temps  , & on  voit  qu’ils 
contournent  la  tête  & une  partie  du 
corps,  comme  pour. chercher  à s’ap- 
puyer. C’eft  alors  feulement  qu’il 
faut  les  porter  dans  les  cabanes  ; 
mais  on  ne  fçauroit  trop  s'attacher 
à profiter  du  moment , & les  obferver 
d’heure  en  heure  , même  pendant 
la  nuit  ; fi  on  tardoit  trop  à les  y 
mettre  , ils  fe  racourciroient , & fi 
on  les  y mettoit  trop  - tôt  , ils  ne 
pourroient  pas  y prendre  la  nourri- 
ture dont  ils  auroient  encore  befoin, 
attendu  qu’on  doit  les  mettre  beau- 
coup plus  épais  dans  les  cabanes , 
& leur  donner  beaucoup  moins  de 
feuille. 


Us  V :rs  à SoU.  8 5 

Cabanes  pour  la  montée  des  Vers  à Soie, 

Aussi-tôt  qu’on  voit  que  les 
Vers  commencent  à être  prêts  à 
monter  , il  faut  fim  le  champ  & dili^ 
gemment  faire  les  cabanes  ; il  efl 
même  à propos  d’en  avoir  quelques- 
unes  de  faites  , & de  préparer  les 
rameaux  d’avance. 

Les  cabanes  peuvent  être  faites 
de  branches  de  bruyere  , genêt  , 
buis  ou  de  tel  arbufle  que  l’on  peut 
trouver  fans  épines  , mais  dont 
l’écorce  foit  rude  , attendu  que  fi 
elle  étoit  unie  , les  Vers  à Soie 
monteroient  bien  difficilement. 

On  prépare  les  rameaux  en  ôtant 
de  la  tige  , fur  la  longueur  d’environ 
un  demi-pied  , tous  les  brins  qu’il 


s 6 


Manière  d'élever 


pourroit  y avoir  & qui  empêche- 
foient  les  Vers  de  monter  facilement, 
& on  ne  laiffe  que  le  bouquet  qu’on 
coupe  quarrément.  Et  comme  ces 
rameaux  doivent  contrebuter  de 
haut  en  bas  fur  les  rayons  , il  faut 
que  les  rameaux  , depuis  le  pied 
jufqu’au  fommet , foient  plus  longs 
que  les  étages  ou  rayons  ne  font 
diflants  les  uns  des  autres. 

Après  avoir  fait  fécher  tous  les 
rameaux  & les  avoir  battus  pour  en 
faire  tomber  toutes  les  feuilles  , on 
les  range  par  files  fur  les  étages.  . 

Ces  files  doivent  être  en  travers 
des  étages,  éloignées  l’une  de  l’autre 
de  neuf  à dix  pouces  , & de  quatre 
à cinq  pouces  des  bords.  On  fait 
tenir  les  rameaux  en  les  appuj^ant  par 


les  Vers  à Soie. 


87 


le  pied,  diftants  d’environ  un  pouce 
les  uns  des  autres  fur  l’étage  qu’on 
garnit  , & en  forçant  le  bouquet 
contre  l’étage  fupérieur  ; mais  il  faut 
en  écarter  les  branches  & les  entre- 
laiTer  avec  celles  d’une  file  à l’autre , 
pour  qu’elles  tiennent  ferme.  Une 
attention  indifpenfable  lorfqu’on  en- 
trelaffe  ces  petites  branches  , c’eft 
qu’elles  ne  foient  pas  h ferrées  entr’- 
elles  , qu’il  n’y  ait  par  - tout  une 
didance  ou  efpace  , où  les  Vers  à 
Sole  pulffent  commodément  placer 
leurs  ouvrages  & faire  leurs  cocons. 

Les  cabanes  doivent  être  dreffées 
fur  des  rayons  ou  étages  qu’on  aura 
nétoyés  de  leur  ancienne  couche  ; 
& il  faut  toujours  commencer  par 
garnir  de  rameaux  les  étages  les  plus 


88 


Manière  d’élever 


élevés  ; fans  cette  précaution  , il 

pourroit  tomber  de  la  vieille  couche 

par  les  joints  des  planches  fur  les 

cabanes  inférieures  ; d’ailleurs  en 

appuyant  & en  forçant  les  rameaux 

deffiis  , on  déransieroit  les  Vers  oui 

pourroient  déjà  avoir  commencé 

leurs  cocons  , & on  pourroit  peut- 

être  même  faire  tomber  ceux  qui 

feroient  montés  & oui  n’auroient 
± 

point  encore  commencé  à travailler. 

Comme  il  fe  trouve  toujours  des 
Vers  raccourcis  , qui  auroient  de  la 
peine  à monter  fur  les  rameaux  , il 
convient  de  mettre  du  chiendent  qui 
foit  fec  , ou  de  petites  branches  , 
qu’on  lailTe  coucher  dans  les  coins 
des  cabanes,  ou  d’efpace  en  efpace, 
pour  recevoir  les  Vers  à Soie  qui 


ne. 


Us  F^crs  à Soie. 


89 

ne  pourroient  grimper  fur  les  ra- 
meaux plus  élevés. 

Temps  de  lever  les  Cabanes. 

Les  Vers  mettent  ordinairement 
trois  ou  quatre  jours  à faire  leurs 
cocons  ; mais  comme  fur  un  rayon , 
ou  étage  , ils  ne  montent  pas  tous  en 
même  temps  , il  feroit  dangereux 
d’ôter  les  cabanes  avant  que  tous 
les  cocons  eulTent  été  achevés  , & 
d’un  autre  côté , il  ne  convient  point 
non  plus  de  lailTer  trop  long-temps 
les  cabanes  ; mais  on  peut  & on  doit 
les  ôter  une  douzaine  de  jours  après 
que  les  vers  ont  commencé  à faire 
leurs  cocons. 


H 


90 


Maniéré  d'élever 


De  la  maniéré  de  faire  la  Graine. 

Les  cocons  qui  font  fermes,  d’une 
Soie  plus  unie  , plus  ferrés  & les 
plus  approchants  de  la  couleur  de  la 
tulle  , font  les  plus  propres  pour  en 
tirer  la  graine  ; ôc  comme  la  graine 
eft  produite  par  les  papillons  femel- 
les , après  qu’elles  ont  été  accouplées 
avec  les  mâles  , il  faut  y deftiner 
autant  de  cocons  d’une  efpece  que 
d’autre. 

On  diHinffue  les  cocons  mâles  en 

O 

ce  qu’ils  fe  terminent  en  pointe  par 
les  deux  bouts  , & qu’ils  font  plus 
gros  par  le  milieu. 

Ceux  des  fémelles  au  contraire' 
font  ronds  par  les  deux  bouts  , & 
étrangles  par  le  milieu,. 


les  Vers  à Soie. 


9* 


Une  livre  de  cocons  produit 
communément  une  once  de  graine  , 
ce  qui  doit  fervir  à fe  régler  pour 
la  quantité  de  graine  dont  on  veut 
s’affurer  pour  la  récolte  lors  pro- 
chaine. 

Après^  avoir  choifi  la  quantité  de 
cocons  néceffaires  , on  doit  les  dé- 
pouiller d’une  envéloppe  cotonneufe 
ou  efpece  de  duvet  qui  les  couvre , 
ce  qui  donne  plus  de  facilité  aux 
papillons  pour  en  fortir  ; on  les  perce 
enfuite  avec  une  éguille  pour  les 
enfiler  à un  fil  de  foie  , & on  fuf- 
pend  ces  cocons  ainfi  enfilés  pour 
attendre  que  les  papillons  les  percent 
& en  fortent. 

I L faut  être  très  - attentif  à né 
paffer  l’éguille  que  dans  la  fuperficie 

Hij  , 


92 


Adanicre  d'élevcr 


du  cocon  , afin  non-feulement  de  ne 
pas  percer  les  Vers  , mais  encore  de 
ne  pas  introduire  l’air  dans  les  cocons. 

Lorsque  les  papillons  fortent  des 
cocons  , on  les  prend  .avec  les  doigts 
par  les  ailes  ou  par  le  corps  , fans 
trop  les  prefîer  , ôt  on  les  porte  dans 
une  corbeille  fur  un  morceau  de 
drap  noir  , ou  de  quelqu’autre  étoffe 
de  laine  de  la  même  couleur.  Aufîî- 
tôt  qu’ils  y font,  les  mâles  s’accou- 
plent avec  le  femelles  ; on  les  tranf- 
porte  alors  tous  accouplés  fur  un 
autre  morceau  de  drap  ou  d’étoffe 
noire  , ou  fur  du  linge  , & on  les  y 
laiffe  enfemble  pendant  quatre  à cinq 
heures  , après  quoi  on  détache  les 
mâles  , qu’on  jette  par  les  fenêtres. 
Mais  il  convient  de  ne  lever  les 


Us  Vers  à Soie. 


9j 

papillons  de  deffus  les  Cocons  & 
de  ne  les  mettre  enfemble  que  le 
matin  , afin  d’en  pouvoir  fuivre  les 
opérations  & de  ne  les  laifTer  accou* 
plés  que  le  temps  néceffaire. 

Après  avoir  féparé  les  femelles 
des  mâles  , il  faut  placer  les  femelles 
fur  des  morceaux  de  drap  ou  d’autre 
étoffe  de  laine  noire  , fufpendiis  à la 
muraille  ; elles  y attachent  leurs 
œufs  , enfuite  elles  tombent  & 
meurent.  Et  comme  il  pourroit 
arriver  que  quelques  œufs  fe  déta- 
chaffent  , il  faut  avoir  la  précaution 
de  faire  un  repli  au  bas  des  morceaux 
de  drap  pour  recevoir  les  œufs  qui 
pourroient  tomber. 

Lorsque  tous  les  œufs  font  faits 
on  les  laiffe  quelques  jours  à l’air' 


94 


Manière  £ élever 


pour  leslaiffer  fécher  ; on  plie  enfiiite 
les  morceai;x  d’étolFe  auxquels  ils 
font  attachés  , & on  les  met  dans 
quelque  armoire  ou  autre  endroit 
fermé  , jufqu’au  Printemps  fuivant  , 
qu’on  les  détache  avec  un  fou  marqué 
pour  les  nettoyer  & les  faire  éclore. 
On  recommande  de  les  détacher  avec 
un  fou  marqué  , parce  qu’avec  un 
couteau  on  pourroit  endommager 
les  œufs.  Mais  pour  conferver  la 
graine  , il  faut  la  garantir  de  l’humi- 
dité qui  la  pourrit , de  la  gelée  qui 
tue  le  germe , & de  la  trop  grande 
chaleur  qui  pourroit  la  faire  éclore 
avant  le  temps. 

Il  y a des  perfonnes  qui  croient 
qu’au  bout  de  trois  ans  il  faut  faire 
venir  la  graine  d’un  autre  pays 


Us  Virs  à Soie. 


9 T 


prétendant  qu’après  ce  temps  elle 
dégénéré  , Sc  qu’il  efl  arrivé  quel- 
quefois que  la  récolte  a manqué  par 
cette  raifon. 

D’autres  perfonnes  foutiennent 
au  contraire  que  la  graine  recueillie 
dans  le  pays  même  où  l’on  doit  élever 
les  Vers  , eft  toujours  infiniment 
meilleure  , parce  qu’elle  efl  comme 
naturalifée  au  pays , au  climat  & aux 
Mûriers  qui  doivent  nourrir  les  Vers 
qu’elle  produit.  On  ajoute  à cette 
raifon  que  la  graine  qu’on  fait  venir 
des  pays  étrangers, ne  réufîit  que  très- 
médiocrement  la  première  année  ; 
que  d’ailleurs  ceux  qui  en  font  com- 
merce , peuvent  vendre  de  là  graine 
de  deux  ans , qui  par  cette  raifon 
a perdu  fa  fécondité  ; qu’elle  peut 


96 


Maniéré  d’élever 


provenir  de  fimelles  qui  n’ont  point 
été  accouplées  avec  des  mâles  , & 
qui  par  conféquent  n’eft  point  fé- 
conde ; 6c  que  d’un  autre  côté  ceux 
qui  font  de  la  graine  pour  en  vendre, 
y emploient  les  plus  mauvais  cocons. 

De  la  nécejjîté  de  faire  périr  les  Ders 
dans  les  cocons  , pour  les  conferver 
jufquau  temps  qu'on  tire  la  Soie. 

Comme  le  papillon  ne  fçauroit 
percer  le  cocon  pour  en  fortir , fans 
en  rompre  la  contexture , 8c  qu’alors 
il  n’eft  plus  poffible  d’en  tirer  la 
Sole  , il  convient  d’étouffer  le  Ver 
dans  le  cocon  avant  qu’il  fe  cHange 
en  papillon. 

Pour  cet  effet , auff-tôt  que  lés 
cocons  ont  été  détachés  des  cabanes 

6c 


& qu’on  a choifi  ceux  qu’on  deftine 
à taire  la  graine  , on  renferme  tous 
les  autres  cocons  dans  de  grandes 
corbeilles  ou  paniers  , couverts  de 
papier  , arrêté  avec  une  ficelle  ; on 
met  les  corbeilles  ou  paniers  dans 
un  four  immédiatement  après  que 
le  pain  en  a été  tiré  ; on  les  y laiffe 
une  heure  ou  deux  , iufqu’à  ce  qu’on 
n’entende  plus  le  bruit  que  ces  in- 
feâes  font  en  remuant  dans  leurs 
cocons  ; & lorfque  les  paniers  ont 
été  retirés  du  four , on  les  enveloppe 
dans  de  groffes  couvertures  , pour 
achever  d’étouffer  les  Vers  que  la' 
chaleur  du  four  n’auroit  pas  encore 
fait  périr.  Mais  comme  le  degré  de 
chaleur  pourroit  être  encore  trop 
fort  à la  fortis  du  pain  , principa-- 

I 


ç8  Maniéré  d'élever 

lement  fi  le  four  avoit  déjà  été 
chauffé  plufieurs  fois  le  même  jour, 
il  convient  pour  l’effayer  , de  mettre 
le  bras  dans  le  four  , & fl  la  miain 
ne  peut  pas  un  petit  moment  en  fou-- 
tenir  la  chaleur , il  faut  attendre  que 
le  four  foit  moins  chaud. 

Cette  méthode  a fes  inconvé- 
nients : fi  le  four  n’étoit  point  afl’ès 
chaud  , tous  les  Vers  ne  mourroient 
point , & s’il  y avoit  trop  de  cha- 
leur , il  y auroit  à craindre  que  la 
Soie  ne  fe  brûlât.^ 

Pour  ne  point  s’y  expofer  , il  y 
a des  perfonnes  qui  préfèrent  un 
autre  moyen.  Ils  expofent  pendant 
quatre  ou  cinq  jours  de  fuite  , les 
cocons  à la  plus  grande  ardeur  du^. 
Soleil , ÔC  les  y laiffent , chaque  jour,. 


lis  Vers  à Soie. 


99 


pendant  quatre  ou  cinq  heures.  On 
prétend  que  les  Vers  y périfient  im- 
manquablement ; & pour  plus  de  fu- 
reté , après  avoir  retiré  les  cocons 
fur  les  trois  heures  après  midi , on 
les  enveloppe  dans  des  couvertures 
bien  chaudes  , & on  les  porte  tout 
de  fuite  dans  un  lieu  frais.  La  cha- 
leur concentrée  dans  les  couvertures 
étouffe  plutôt  les  Vers  ; elle  les 
defféche  entièrement , & ils  ne  con- 
fervent  plus  aucune  humidité  ; au 
lieu  que  la  trop  grande  chaleur  du 
four  fait  crever  le  Ver  dans  le  cocon, 
ce  qui  gâte  la  Soie. 

L’Auteur  de  ce  dernier  fentiment 

= ne  confeille  l’ufage  du  four , que  dans 
le  cas  oïl  un  temps  de  pluie  ne  permet 
pas  d’expofer  les  Vers  au  Soleil , qui 

: lij 

r 

r 

} 


lOO  Maniéré  d" élever  , &c. 

ne  paroît  point  alors  ; mais  dans  ce 
cas  il  recommande  de  ne  laiffer  dans 
le  four  aucune  braife  , ni  aucune 
cendre  trop  chaude  , & d’avoir  tou- 
jours l’attention  d’ôter  des  cocons 
tout  le  duvet  ou  fleuret  qui  les 
enveloppe  , ce  qui  fe  fait  en  tournant 
au  tour  des  cocons  avec  le  pouce 
& fans  y employer  les  ongles.  Sans 
cette  précaution  le  feu  pourroit 
prendre  aifément  au  duvet  dans  le 
four  ; & d’ailleurs  ce  duvet  n’efl: 
propre  qu’à  être  filé  au  rouet  ou  à 
la  quenouille. 


Fin  de  la  Seconde  Partie, 


TABLE. 

PREMIERE  PARTIE. 
Des  Mûriers. 


Es  Terreins  qui  fontpropresaux 
Mûriers , Page  5 

Des  Mûriers  les  plus  propres  à la  non* 
riture  des  Vers  à Soie  , 8 

De  la  graine  de  Mûrier  ^ de  la  maniéré 
de  la  préparer  & de  la  femer  ^ & 
• des  autres  moyens  de  multiplier  cet 
arhre  ^ il 

De  la  culture  de  la  Pourrette  ^ 15 

Du  temps  de  mettre  la  Pourrette  en  pépi* 

niere  ^ de  fa  culture  & de  la  Greffe^ 

16 

Du  temps  G de  la  maniéré  de  planter 
les  Mûriers  à demeure  ^ 23 

Des  foins  que  demande  le  Mûrier  planté 
à demeure  ^ 29 


Table. 


SECONDE  PA  RT  lE. 
Des  Vers  a Soie. 

E la  quantité  de  graines  qicil  faut 
mettre  couver ^ relativement  à ce  qiion 
a de  feuille  de  /Aûrier  ^ P*  3 î 

Temps  de  faire  couver  la  graine  ^ 38 

Mankre  de  faire  couver  la  graine  ^39 
Graine  commençant  a éclore  44 

Maniéré  de  lever  les  Vers  à Soie  apres 
quils  font  éclos  y 46 

Des  mues  ^ ou  maladies  des  Vers  à 

Soie  y 47 

Temps  auquel  il  faut  changer  les  Vers 

à Soie  y 49 

Maniéré  de  changer  les  Vers  à Soie  ^ 50 
Mettre  enfemble  les  Vers  à Soie  égale^ 
ment  avancés  y 53 

Limx  oîi  les  Vers  a Soie  peuvent  être 


Table. 


loges  y & fur  quoi  ils  peuvent  être 
placés  y 56 

Chaleur  à entretenir  dans  les  chambres  y 

59 

De  la  feuille  de  Mûrier  à donner  aux 
Vers  à Soie  y 6 3 

Coniment  il  faut  donner  à manger  aux 
Vers  à Soie  y 6g 

Des  maux  qui  font  périr  les  Vers  à 
Soie  y y y 

V irs  Gras  5 

V zrs  maigres  y appelles  Paiiis  ^ ou  Ar- 
pettes  5 

V zrs  Jaunes  y 7» 

Vers  Mufeadins  , y ^ 

Chofes  nuifibles  aux  Vers  à Soie  , & 
attentions  recommandées  , 78 

A quoi  on  connoit  que  les  Vers  à Soie 
font  prêts  à monter  gj 


T A B L E. 


Cabanes  pour  la  montée  des  Vers  à 
Soie  , 85 

Temps  de  lever  les  cabanes  ^ 89 

De  la  maniéré  de  faire  la  graine  ^ 90 
De  la  néceffité  de  faire  périr  les  V zrs 
dans  les  cocons  pour  les  conferver 
jufquau  temps  quon  tire  la  foie  y 

99 

Fin  de  la  Table. 


^ ERRATA. 

Page  35.  qualité  y lifez  quantité. 
Page  46.  d'élever  ^ liiez  de  lever.