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Full text of "Journal (Belge) de radiologie 2.1908"

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JOURNAL BELGE DE RADIOLOGIE 


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{JOURNAL BELGE 


DE 


RADIOLOGIE 


Annales de la Société Belge de Radiologie 


TOME II — ANNÉE 1908 


COMITE DE REDACTION : 
Dr De Nobele 
(GAND) 


D' Kiynens D: Etienne Henrard D: Bienfait 
(ANVERS) (BRUXELLES) (LIEGE) 


D: Dubois-Trépagne D Emile Dupont 
(LIEGE) (BRUNELLES) 


D: Léon Hauchamps 
(BRUXELLES) 


Secretaire de la Redaction 


BRUXELLES 
IMPRIMERIE MEDICALE & SCIENTIFIQUE L SEVEREYNS 


44, rue Montagne-aux-Herbes-Potagères, 44 


1908 


ete the a taf 


TRAVAUX ORIGINAUX 


DE ee 


HOPITAL SAINT-PIERRE. — LABORATOIRE DE RADIOLOGIE DU D° L. HAUCHAMPS 


La radiothérapie des folliculites des régions pilaires de la face 


par le D" A. LEFEBVRE 
Assistant du laboratoire de radiologie 


Sous cette rubrique : folliculites des régions pilaires de la face, 
j'ai réuni, à la suite d’un certain nombre d’auteurs, toutes les mala- 
dies de ces régions qui ont le follicule pileux pour siège, qui se 
caractérisent, tout au moins à leur début, par une inflammation 
plus ou moins aiguë, localisée à l’infundibulum du poil et par 
l’apparition d’une pustule circumpilaire plus ou moins bien déve- 
loppee. 

Ce groupe est formé d’affections dont l’étiologie offre une extra- 
ordinaire variété; au point de vue morphologique, les entités mor- 
bides qui le composent ne sont pas moins dissemblables : des cas 
aux allures torpides, où l'infection parait chronique d’emblée, une 
gamme d’intervalles insensibles mène aux formes suraiguës où Ja 
réaction inflammatoire est intense et les complications profondes 
fréquentes. Les localisations sont tout aussi variées : tantôt symé- 
triques, elles se succèdent suivant quelque tracé presque schéma- 
tique, d’autres fois se développant au hasard des inoculations 
parasitaires. 

A des cas aussi divers, la radiothérapie ne peut évidemment 
s'appliquer selon une technique invariable et avec des résultats tou- 
jours aussi concluants. Aussi vais-je essaver de fixer quelques types 
bien définis de ces folliculites et d’esquisser un programme de trai- 
tement de chacun de ces types. 

I! faut envisager en premier lieu le groupement bien defini et 


E — 


nettement délimité quoique essentiellement polvmorphe des folli- 
culites d'origine trichophylique. Etiologiquement, tous ces sycosis, 
en dépit de leurs aspects multiples, ont pour agent causal l’une ou 
Pautre espece de trichophyton endo-ectothrix de source animale. 
L'examen direct du poil, chauffé dans la potasse caustique à 
40 p.c., ne permet pas leur différenciation; bien au contraire, des 
sycosis d'apparence clinique absolument distincte, impossibles à 
confondre et dont on soupconnerait difficilement la parenté, 
donnent à l’examen des parasites quasi identiques. La grandeur 
variable des spores, la résistance ou la fragilité des chainettes, tels 
sont les caractères qui éveillent l’idée de la pluralité des trichophy- 
tons pathogènes, idée que la clinique et les cultures confirment 
complètement. 

Deux symptômes seulement sont communs à toutes les folliculites 
trichophytiques de la face. Le premier est relatif à leur localisation : 
les trichophyties pilaires de la face siègent exclusivement à la barbe 
et tout à fait exceplionnellement aux cils ; elles n’atteignent jamais 
la moustache et les sourcils et même quand une trichophytie 
cutanée voisine s'étend jusqu’à la région du sourcil elle n’envahit 
pas le poil. 

Le second point commun est la présence des poils cassés. Seuls, 
ils renferment le champignon; leur recherche exige d’autant plus de 
soins que le médecin qui ne les trouve pas, examine au miscros- 
cope d’autres poils plus faciles à voir, n’v rencontre pas de spores 
et confirme par une erreur bactériologique l’hérésie clinique com- 
mise précédemment. Ces poils, d'autant plus rares que l’inflamma- 
tion folliculaire est vive, sont situes à la périphérie des lésions ; 
l'épilation les amène sans douleur et les brise avec une remar- 
quable facilite. Les petits fragments ainsi obtenus sont bourrés de 
parasites et dounent aisément d'emblée des cultures sur un 
milieu maltose. Ces cultures démontrent que les divers aspects 
cliniques des trichophyties de la barbe ne sont pas dus à des réac- 
tions organiques inégales des sujets atteints, mais à la pluralité des 
espèces mycosiques pathogènes. 

a) Dans une première série de cas, peu nombreux à Bruxelles, il 
existe une folliculite intense, souvent compliquée de furonculose. 


ae, ee 


Les follicules distendus, bourrés de pus, sont agglomérés en disques 
saillants; les disques, de dimensions assez considérables, de 3 à 
5 centimètres de diamètre sont peu nomuwureux, rouges et doulou- 
reux; tous les poils des disques s’épilent facilement et sans 
douleur. C’est un kérion localisé à la barbe. 


b) Une deuxième forme, plus commune, réalise les caractères de 
la précédente, avec une intensité moindre : les disques sont moins 
surélevés, moins rouges, plus petits, mais plus nombreux ; les 
follicules sont moins distendus, les furoncles beaucoup plus rares ; 
les poils s’épilent moins aisément, la douleur est vive à chaque 
traction. 

c) Le troisième aspect clinique correspond à ce que serait un 
impétigo péripilaire. Les points d’inoculations sont extrèmement 
multipliés ; ils sont semés sur toute l'étendue de la barbe; on n’y 
trouve que deux ou trois poils malades. A leur base suinte un 
liquide clair, visqueux, qui se concrète immédiatement en croutes 
meiliformes entourées d’une zone rosée de deux millimètres. Le 
poil malade, difficile à saisir, est douloureux et la traction l'effrite 
régulièrement. 

d) Enfin, communément à Bruxelles, se rencontrent des tricho- 
phyties qui sont à peine des folliculites tant la réaction est minime; 
l'affection est plutot pilaire. Peu ou pas de rougeur, les lésions sont 
séches, squameuses, orbiculaires ou polycircinées, répandues 
dans toute la barbe; le poil est incurvé à sa sortie du tégument et 
quasi impossible de saisir avec la pince dans le cône épidermique 
qui l'entoure. Cette forme objective en l’amplifiant la maladie dys- 
trophique décrite par Brocq sous le nom de kératose pilaire. 

Dans ce groupe des sycosis trichophytiques, tout cas a sa place 
nettement marquée; il n'existe pas de forme de transition et les 
inoculations en série reproduisent régulièrement l’affection dont 
elles dérivent Plus vaste et plus confus apparait l’ensemble des 
folliculites non trichophvtiques, amas de formes cliniques mal 
caractérisées, assez obscurément décrites, qui s’entremélent parfois 
et parmi lesquelles les cas de transitions abondent. Leur classifica- 
tion rationnelle, très délicate, ne trouverait pas sa place ici et je 
me bornerai à l'indication des grands types cliniques, considérés 
principalement au point de vue du traitement radiothérapique. 


ae ee 


nettement délimité quoique essentiellement polymorphe des folli- 
culites d’origine trichophvlique. Etiologiquement, tous ces sycosis, 
en dépit de leurs aspects multiples, ont pour agent causal Pune ou 
Pautre espèce de trichophyton endo-ectothrix de source animale. 
Lexamen direct du poil, chauffé dans la potasse caustique à 
40 p.c., ne permet pas leur différenciation; bien au contraire, des 
sycosis d'apparence clinique absolument distincte, impossibles à 
confondre et dont on soupconnerait difficilement la parenté, 
donnent à l'examen des parasites quasi identiques. La grandeur 
variable des spores, la résistance ou la fragilité des chainettes, tels 
sont les caractères qui éveillent l’idée de la pluralité des trichophy- 
tons pathogènes, idée que la clinique et les cultures confirment 
complètement. 

Deux symptômes seulement sont communs à toutes les folliculites 
trichophrtiques de la face. Le premier est relatif à leur localisation : 
les trichophyties pilaires de la face si¢gent exclusivement à la barbe 
et tout à fait exceptionnellement aux cils ; elles n’atteignent jamais 
la moustache et les sourcils et mème quand une trichophrvtie 
cutanée voisine s'étend jusqu’à la région du sourcil elle n’envahit 
pas le poil. 

Le second point commun est la présence des poils cassés. Seuls, 
ils renferment le champignon; leur recherche exige d’autant plus de 
soins que le médecin qui ne les trouve pas, examine au miscros- 
cope d’autres poils plus faciles à voir, n’y rencontre pas de spores 
et confirme par une erreur bactériologique l’hérésie clinique com- 
mise précédemment. Ces poils, d'autant plus rares que linflamma- 
tion folliculaire est vive, sont situés à la périphérie des lésions ; 
l'épilation les amène sans douleur et les brise avec une remar- 
quable facilité. Les petits fragments ainsi obtenus sont bourrés de 
parasites et donnent aisément d'emblée des cultures sur un 
milieu maltosé. Ces cultures démontrent que les divers aspects 
cliniques des trichophyties de la barbe ne sont pas dus à des réac- 
tions organiques inégales des sujets atteints, mais à la pluralité des 
espèces mycosiques pathogènes. 

a) Dans une première série de cas, peu nombreux à Bruxelles, il 
existe une folliculite intense, souvent compliquée de furonculose. 


a De 


Les follicules distendus, bourrés de pus, sont agglomérés en disques 
saillants; les disques, de dimensions assez considérables, de 3 à 
5 centimètres de diamètre sont peu nomureux, rouges et doulou- 
reux; tous les poils des disques s’épilent facilement et sans 
douleur. C’est un kerion localisé à la barbe. 


b) Une deuxième forme, plus commune, réalise les caractères de 
la précédente, avec une intensité moindre : les disques sont moins 
surélevés, moins rouges, plus petits, mais plus nombreux ; les 
follicules sont moins distendus, les furoncles beaucoup plus rares ; 
les poils s’épilent moins aisément, la douleur est vive à chaque 
traction. 

c) Le troisième aspect clinique correspond à ce que serait un 
impétigo péripilaire. Les points d’inoculations sont extremement 
multipliés ; ils sont semés sur toute l'étendue de la barbe; on n’y 
trouve que deux ou trois poils malades. A leur base suinte un 
liquide clair, visqueux, qui se concrete immediatement en croutes 
meiliformes entourées d’une zone rosée de deux millimétres. Le 
poil malade, difficile à saisir, est douloureux et la traction leffrite 
régulièrement. 

d) Enfin, communément à Bruxelles, se rencontrent des tricho- 
phyties qui sont à peine des folliculites tant la réaction est minime; 
l'affection est plutot pilaire. Peu ou pas de rougeur, les lésions sont 
séches, squameuses, orhiculaires ou polycircinées, répandues 
dans toute la barbe; le poil est incurvé à sa sortie du tégument et 
quasi impossible de saisir avec la pince dans le cone épidermique 
qui l’entoure. Cette forme objective en l’amplitiant la maladie dys- 
trophique décrite par Brocq sous le nom de kératose pilaire. 

Dans ce groupe des sycosis trichophytiques, tout cas a sa place 
nettement marquée; il n'existe pas de forme de transition et les 
inoculations en série reproduisent régulièrement l'affection dont 
elles dérivent Plus vaste et plus confus apparait l’ensemble des 
folliculites non trichophvtiques, amas de formes cliniques mal 
caractérisées, assez obscurément décrites, qui s’entremélent parfois 
et parmi lesquelles les cas de transitions abondent. Leur classifica- 
tion rationnelle, très délicate, ne trouverait pas sa place ici et je 
me bornerai à l’indication des grands types cliniques, considérés 
principalement au point de vue du traitement radiothérapique. 


= Re ads 
A. — FOLLICULITE SURAIGUE ECZEMATOIDE 


Le mal débute d'une facon foudroyante : quelques heures après 
s ètre fait raser, le patient ressent de très vives démangeaisons à un 
endroit quelconque de la barbe et le plus souvent près de la com- 
missure labiale ; il n’y a, en ce moment, qu’une rougeur très vive 
sans papule, vésicule ni pustule. Le lendemain, quelques pustules 
circumpilaires se montrent; dès lors, rapidement, les lésions dil- 
fusent, s'étendent en quelques jours à toule la barbe el à la mous- 
tache ; la rougeur déborde sur les régions glabres du cou et sur les 
oreilles, puis les démangeaisons se calment, la rougeur diminue et 
une folliculite chronique s’installe, discrète, ca et là, et demeure très 
irritable, sujette à des poussées aigues, notamment lors de l’appli- 
cation de topiques irritants tels que la plupart des antiseptiques. 


Be -— FOLLICULITE CHRONIQUE A EXTENSION SUCCESSIVE 


C'est le plus commun des sycosis. Il débute dans l'enfance par la 
blépharite ciliaire, envahit la moustache vers la vingtième année et 
de là s'étend en fer à cheval vers les regions latcrales du menton. 
Petit à petit, les follicules des joues S'entreprennent, l'affection 
atteint les poils des oreilles et les sourcils el finalement déborde par 
les régions préauriculaires sur le cuir chevelu, qu’elle attaque par- 
lois en entier. Les remissions sont fréquentes et les exacerbations 
brusques et aigues. | 


CG. — FOoLLICULITE CHRONIQUE CICATRICIELLE 
A PROGRESSION EXCENTRIQUE 


Cette forme plus rare débute régulièrement en avant et en-des- 
sous du conduit auditif bilatéralement ; inflammation folliculaire 
est très peu marquée, le poil est entouré d'une vésicule agminée 
purulente. Ces follicules sont groupés en une bande d’un centi- 
mètre environ qui entoure une zone de tégument mince, blan- 
chitre, d'aspect cicatriciel, parcouru par de fines varicosités. A 
mesure que le centre se cicatrise, l'infection folliculaire s'étend de 
proche en proche à la périphérie. 


0 — 


D. — FOLLICULITE CHRONIQUE KÉLOÏDIENNE 


Cette folliculite, que jai rarement rencontrée, exagere les caractères 
de la forme précédente, elle est unilatérale ; an pourtour, les folli- 
cules sont profondément infectés, souvent furonculeux, très dou- 
loureux. Ils séparent des mamelons de peau épaissie, infiltrée, 
indurée, recouvrant de multiples clapiers purulents. Au centre, la 
cicatrice est kéloidienne. 

La grande majorité des folliculites pilaires tire bénélice du trai- 
tement radiothérapique dont je vais exposer la technique. 

Les rayons employés communément correspondent aux rayons 
4 à 5 du radiochromométre de Benoist ; presque toujours, nous les 
appliquons en dose massive de 5 H mesurée au chromoradiomètre 
de Noiré-Sabouraud. L’ampoule est entourée d’un localisateur et la 
distance de l’anticathode à la peau est de 15 centimètres. Dans cette 
position, il est nécessaire, pour assurer une répartition égale des 
radiations rontgéniennes, de diviser la surface à traiter en huit 
secteurs, dont cinq au-dessus du bord inférieur du maxillaire inté- 
rieur et trois au-dessous de ce bord. Les cinq secteurs supérieurs 
comprennent: un secteur médian, le menton, trapézoide, à base 
inférieure plus grande que la supérieure, limité latéralement par 
une ligne oblique en bas eten dehors partant de la commissure ; 
quatre secteurs latéraux symétriques deux à deux, séparés par 
une ligne parlant de langle du maxillaire. 

Parmi les trois sectenrs inférieurs, l'un est médian, les deux 
autres latéraux. Chacun des huit secteurs est irradié successive- 
ment pendant qu’un gabarit de plomb protège les surfaces voi- 
sines. 

La dose de dHest nécessaire el suflisante pour obtenir une épila- 
lion régulière et complète. La chute des poils commence de quinze 
jours à trois semaines après le traitement et la deglabration est 
totale huit jours après. Jamais ces applications n’ont été suivies de 
radiodermite sérieuse : il survient parfois vers le dixième jour une 
légère rougeur sur les endroits irradiés ; lorsque la folliculite est 
intense, que les follicules sont dilalés par le pus, accompagnés de 
petits furoncles, qu'ils sont rapprochés et agglomérés, cette réac- 


— 10 — 


tion se traduit fréquemment par une exacerbation sans violence des 
symptômes inflammatoires ; puis tout rentre dans l’ordre et la dé- 
pilation s’opère, amenant rapidement la sédation et tres souvent 
la fin de l’état morbide. 

Toute autre est une réaction plus rare qui apparait néanmoins 
pour ainsi dire régulièrement dans les cas réunis sous le nom de 
folliculite aiguë eczématoide. 

Douze heures et parfois moins apres les séances de radiotherapie, 
le malade accuse une sensation de tension génante plutôt que dou- 
loureuse à la face en mème temps que des cuissons à ce niveau. 

Toutes les régions illuminées sont wdématiées en bloc et rouges. 
Le lendemain, ce gonflement a disparu et ne reparait plus. Cet 
incident inquiète vivement le patient s’il n’en est pas averti : il n’a 
cependant jamais de suites facheuses et l'épilation se fait dans les 
délais normaux. 

Les rayons de Röntgen ne paraissent agir sur les folliculites 
que comme agent épilatoire : Véviction du poil débarrasse le folli- 
cule d’un corps étranger qui Virrite et donne issue simultanément 
à la minime collection purulente qu’il renferme. 

A plusieurs reprises, nous avons essayé l'application successive 
de doses minimes; nous donnions 2 ou 3 H. par semaine dans 
le but d'amener la guérison des folliculites des régions où la dégla- 
bration est disgracieuse, aux sourcils par exemple. Le résultat est 
toujours demeuré nul, il n’y eut jamais la moindre amélioralion. 


n*a 


Le traitement radiothérapique constitue le traitement de choix 
de la grande majorile des folliculites trichophytiques. Une seule 
variété n'est pas justiciable de cette intervention : C’est la folliculite 
agminée à forme de kérion Celsi, variété dans laquelle Pinflamma- 
lion estsi vive qu'elle détruit habituellement la papille du poil. 
Sous l'effort minime de la pince, le poil se détache sans douleur et 
ne se brise pas, car le parasite est surtout ectothrix; les placards 
surélevés sont peu nombreux, de teile sorte que l'épilation à la 
pince dure moins longlemps que les séances radiothérapiques. 
Sous l’influence de pansements antiphlogistiques consécutifs à lar- 


SSE p = 


rachement du poil, ła guérison est acquise de cette facon bien avant 
que l’épilation par les rayons X eùt pu se produire. 

L'action de ces radiations trouve sa plus complète indication dans 
les folliculites trichophytiques subaigues et impetiginiformes, ainsi 
que dans celles qui simulent la kératose pilaire. Ici la pince ne 
saisit qu’avec peine le poil qui s’'émiette ; toute la portion intrafol- 
liculaire demeure en place bourrée de spores et propage l'infection 
de proche en proche. Grâce à la radiothérapie, le poil tombe entier 
trois semaines après le traitement, et au bout de deux à trois mois, la 
barbe repousse saine. Les savonnages bi-quotidiens avec la solu- 
tion alcoolique dé formol à un pour mille, suivis d’onctions avec 
la pommade au bioxyde rouge de mercure à un pour trente empê- 
chent la dissémination des parasites et prévienneut de nouvelles 
inoculations. Quand ces soins antiseptiques sont exécutés ponctuel- 
lement, une seule application des rayons X, suivie d'épilation, 
assure définitivernent la guérison sans récidive; quand celle-ci se 
produit à la faveur d’une négligence, une seconde irradiation peut 
être faite un mois et demi après la première. 

En ce qui concerne les folliculites non trichophytiques, les 
résultats, pour être moins brillants, sont cependant très satisfai- 
sants. 

Dans la folliculite aiguë eczématoide, une réaction violente, qui 
n’a rien de commun avec la radiodermite, s’installe dans les vingt- 
quatre heures qui suivent l'opération. Elle se caractérise tout 
d’abord par un cedeme dur et rouge des régions irradiées ; 
quelques heures après, apparait un suintement de liquide incolore, 
visqueux; au bout de vingt quatre à quarante-huit heures cette 
réaction s'éteint et l'épilation se fail suivant Ja règle. La guérison 
est habituelle après une seule application. Quand une récidive se 
déclare, l'allure est moins aigue, quelques points seulement restent 
infectés et cèdent facilement à un nouveau traitement. 

Toute autre sera la conduite à tenir en face d’une folliculite chro- 
nique à extension successive. La chute du poil consècutive à la 
première irradialion rontgénienne n'amène jamais la guérison 
définitive; toujours affection nécessite un traitement ullerieur par 
les rayons X et un traitement concomilant par les moyens derma- 
tologiques communs. 


— 42 — 


Sauf indications toutes spéciales, nous avons d'ordinaire recours 
a la lotion soufrée de Vidal pour les cas torpides et aux pâtes 
soufrées quand le tegument parait plus irritable. Sous la double 
influence de la premicre épilation et des agents thérapeutiques de 
la série soutrée, la folliculite rétrocède rapidement et semble 
guérie. Ce n’est malheureusement qu'une apparence et les lésions 
réapparaissent rapidement si le malade est abandonné. Les patients 
se rendent d'ailleurs très bien compte que le poil est la cause des 
récidives continuelles et sacrilient aisément une barbe dont l'aspect 
inesthétique est la source de perpéluels soucis. Dans ces cas, nous 
avons adopté une ligne de conduite analogue à celle préconisée 
pour le traitement de l'hypertrichose. Délihérément, nous recher- 
chons l’atrophie délinilive de la papille. Trois mois environ après la 
première série de séances radiothérapiques, au moment où la 
repousse débute par l'apparition de poils encore mai formes, frisot- 
tants et minces, nous soumettons loutes les regions malades à une 
deuxième exposition d’une valeur de 5 H. Cette dose a ici la signili- 
cation d’une limite qu’il ne faut jamais dépasser si l’on veut éviter 
une rougeur prononcée et durable, que suivra rapidement une 
pigmentation intense de la peau. La deuxième repousse du poil est 
plus lente à paraitre, le poil est encore plus mince et il est deja plus 
rare; nous allendons qu'elle se dessine nettement pour appliquer 
une troisième fois le traitement. En résumé, nous donnons une dose 
de 5H dès que la repousse est manifeste, sans attendre que la 
maladie ait reparu. Cette technique nous parait de loin supérieure 
à celle qui consiste à répéler à intervalles réguliers des doses de 
3 H., facon de procéder qui aboutit régulièrement à VPapparition 
d’une pigmentation brunâtre très évidente el disgracieuse. En 
opérant ainsi que nous l'avons indiqué, la pigmentation existe, 
toutefois elle n'est pas très apparente el ne défigure surtout pas le 
patient qui la préfère et de beaucoup à laspect qu'il présentait 
antérieurement. 

Les considerations que jai émises à propos du traitement des 
folliculites chronique, à extension successive sont en tout point 
applicables aux folliculites chroniques cicatricielles à progression 
excentrique. La cicatrice centrale que laisse naturellement cette 


— 13 — 


espèce de folliculite est absolument semblable à ceile que donne 
une radiodermite aiguë. Elle est d’autant plus facile à soigner que 
les lésions sont moins étendues que dans la forme précédente ; mais 
il importe d’espacer autant qu’il est possible les séries de séances 
afin de réduire au minimuin la pigmentation, précisément à cause 
du peu d’étendue des zones traitées. La pigmentation partielle 
des joues est infiniment plus inesthétique qu'une pigmentation 
totale de la barbe. 

La folliculite chronique keéloidienne ne necessite en général que 
deux applications radiothérapiques ; mais ce traitement ne peut ètre 
exclusif. Les ponctions au cautère électrique des clapiers puru- 
lents et le hersage des cicatrices kéloïdiennes amènent le plus sou- 
vent un résultat très satisfaisant. 


CONCLUSIONS 


1° La radiothérapie constitue le traitement de choix des follicu- 
lites trichophytiques à l'exception des kérions de la barbe. 

2° Cette méthode marque un progrès considérable dans le 
traitement des folliculites non trichophytiques, elle est la base de 
tout traitement de ces affections, traitement qui doit ètre complèté 
pour les méthodes courantes en dermatologie, 


=x | 


La luxation de l’os semi-lunaire 
par les D™ DE NoBELE et Pons (de Gand) 


L’introduction de la méthode radiographique dans le diagnostic 
médical et chirurgical a jeté un jour nouveau sur bien des lésions. 
Parmi ces dernières, nous citerons, avant tout, les traumatismes 
osseux du poignet. 

Anciennement, on rattachait presque exclusivement ces trauma- 
tismes à l’entorse, J’arthrite, la fracture du radius ou la luxation ; 
mais, depuis que, grace à la radioscopie, on s’est apercu que les 
petits os du carpe jouent un ròle important dans les mouvements de 
celte articulation, l’attention a été attirée de ce côté et l’on a décou- 
vert une série de lésions de ces os. Ainsi, on a observe des fractures 
du scaphoïde, du grand os, du trapeze, du pyramidal, de l’apophyse 
unciforme de l'os crochu, seules ou associées avec des fractures du 
radius ; d'autre part, on a observé des luxations isolées des os du 
carpe, un de ces os quittant ses rapports avec ses voisins. Sous ce 
rapport, la luxation de l'os semi-lunaire est le plus fréquemment 
découverte. 

Cette luxation, déjà soupconnée avant lemploi de la méthode 
radiographique, n'était habituellement diagnostiquée que lors- 
qu'elle élait accompagnée d’une plaie mettant los à nu; tel fut le cas 
notamment pour l’observation citée par Malgaigne (1), qui trouva 
los semi-lunaire preque libre au fond d’une plaie de la paume de la 
main. Eigenbrodt (2), de son côté, a pu réunir quatre cas où l’on fit 
à cette époque le diagnostic de luxation du semi-lunaire les tégu- 
ments étant restés intacts. 

Depuis la découverte de Röntgen on a décrit de différents côtés 


(1) MALGAIGNE. Traité des fractures et des luxations. 
(2) EIGENBRODT. Ueber isolirte luxation der Carpalknochen. (Beit sur Chir. 
Klin. 30 Bd, 1901.) 


ae ee 


des cas de luxation du semi-lunaire. La rareté relative de cette affec- 
tion et importance que prend pour son diagnostic l'examen radio- 
graphique nous engagent à publier l’observation suivante : 


X..., âgé de 40 ans, chargeait des pierres sur un chariot; vou- 
lant saisir un objet pesant que lui tendait un compagnon, il s’in- 
clina en avant, perdit l'équilibre et tomba sur le sol la tète la pre- 
miere. 

Dans sa chute, il tendit le bras droit en avant et toucha de l’extré- 
mité des doigts une poutre qui se trouvait à terre; ilse produisit ainsi 
une forte hyperextension de la main. Le blessé eut à ce moment 
l'impression d'une rupture se produisant au niveau du poignet, et 
il ressentit immédiatement une violente douleur à cet endroit. 

Trois quarts d'heure après l'accident, il ful examiné par l’un de 
nous; la main ne présentait alors ni rougeur, ni gontflement ; 
seule, la pression au niveau de la tabatitre anatomique était dou- 
loureuse, on ne sentail pas de saillie anormale à ce niveau, pas 
plus qu'à la face antérieure du poignet. Les mouvements actifs 
du poignet el des doigts étaient fortement diminués, les mou- 
vements passifs étaient tres douloureux. Croyant avoir aflaire à une 
entorse, des pansements humides furent appliqués sur l'article. 

Le lendemain, le poignet était fortement gonflé, la peau tendue, 
le dos de la main œdématié, les doigts demi-tlechis ; le blessé se 
plaignait énormément de violentes douleurs dans toute la main avec 
fourmillements à l'extrémité des doigts qui lui avaient enlevé tout 
sommeil pendant la nuit; en outre, impotence presque complète 
de la main, la flexion palmaire était impossible, la flexion dorsale 
ainsi que l’abduction et l’adduction étaient fortement entravées. A la 
palpation, on provoquait une douleur extrême au niveau de la 
région antérieure du poignet, on ne pouvait y percevoir de saillie 
osseuse anormale. 

En présence de ces symptomes, il fut décidé de soumettre le blessé 
à un examen radiographique. 

Le poignet fut radiographié de face et de profil et comparative- 
ment on fit une radiographie dans les mémes positions du poignet 
du côté sain. | 


ea |. 


Si on compare les images des deux mains vues par leur face 
antérieure, on remarque que du côté malade (fig. 1) Fombre du 


Fig. l. — Main droite vue par sa face antérieure (côté blessé). 


semi-lunaire est notablement agrandie et dépasse largement les 
limites occupées par cet os du coté sain (fig. 2). Le semi-lunaire 
empiète légèrement sur le scaphoide mais couvre sur une certaine 
étendue le pyramidal, la tête du grand os et l’angle supérieur de 
los crochu. C’est surtout du côté du pyramidal que cetle extension 
est prononcée, car entre cet os et le semi-lunaire il existe, du coté 
sain, un assez grand espace clair. D'autre part, la tête du grand os 
s’est rapprochée de la surface articulaire du radius et est venue se 
glisser partieliement sous le scaphoide. 

C'est surtout sur les radiographies prises de profil que la lésion 
devient évidente; lesemi-lunaire,qui se présente normalement(fig.4) 
sous la forme d’un croissant dont la convexité correspond à la sur- 
face articulaire du radius, et dont la concavité recouvre,comme d’un 
capuchon, la tète du grand os a du côté lésé (fig. 3) complètement 


Fig. 3. — Main droite vue de profil, luxation du semi-lunaire 
(le semi-lunaire ne recouvre pas la tête du grand os), 


Digitized by Google 


+ En 


abandonné ses rapports avec cet os. Il est projeté en avant et a subi 
en méme temps un mouvement de rotation sur lui-méme, de telle 
sorte que sa face concave, au lieu de recouvrir la tête du grand os, 


Fig. 4. — Main droite vue de profil 


apres réduction de la luxation du semi-lunaire. 


vient se placer devant cet os et est dirigée en avant et en bas vers 
la face palmaire ; sa face convexe reste en partie en contact avec la 
glène radiale et par sa partie postérieure vient en contact avec la 
partie antérieure de la tète du grand os. Cette disposition explique 
pourquoi, sur une radiographie du poignet vu de face antérieure 
le semi-lunaire donne une image agrandie alors que cet os, élant 
plus rapproché de la face palmaire et par conséquent de la plaque, 
devrait au contraire fournir une ombre plus petite. C’est que, grâce 
à ce mouvement de rotation du semi-lunaire, ce dernier se présente 
en avant par sa plus grande surface. 


Le résultat de l'examen radiographique démontre nettement que 
le semi-lunaire, abandonnant sa loge est venu se placer au-devant 


== 40 = 


des os du carpe, conservant en partie ses rapports radiaux. Cette 
disposition constitue ce qu’on pourrait appeler une luxation du 
semi-lunaire au premier degré. Mais, dans des cas où la violence du 
traumatisme a été plus grande, cet os peut présenter des déplace- 
ments plus considérables ; ainsi, il peut subir un mouvement de 
rotation complet de 180° sur son axe de telle sorte que la face con- 
vexe regarde en bas et la face concave en haut ; dans d’autres cas, 
abandonnant complètement ses rapports osseux, il peut venir faire 
saillie à travers les tendons fléchisseurs et même à travers la peau 
de la paume de la main. 

En outre, cette lésion est fréquemment accompagnée de luxation 
en arrière du scaphoide ou de fracture de cet os ainsi que de frac- 
ture de l’apophvse styloide du radius ou du cubitus. 

Diverses hypothèses ont été émises pour expliquer le mode de 
production de la luxation du semi-lunaire, mais tous les auteurs qui 
se sont occupés de la question sont d’accord pour admettre qu'elle 
se produit toujours à l’occasion d’une hyperextension de la main; 
le choc portant ou bien sur la main quand lavant bras est fixé ou 
bien sur Ie coude quand la main est fixée. 

Poulsen (1), qui vient de publier un travail très complet sur cette 
question a résumé ces différentes théories; il en compte cinq. 

La première est celle d’Aubertin, pour qui la luxation du semi- 
lunaire n’est possible que lorsque la violence du traumatisme a été 
suffisante pour rompre le ligament antérieur du carpe. Tandis que 
les autres os du poignet sont maintenus par les forts ligaments 
latéraux du carpe, le semi lunaire est alors peu solidement fixé. Il 
en résulte que si l’on produit une forte flexion dorsale de la main, 
le semi-lunaire, subissant de la part ural ius une forte pression 
en haut et en arrière, de la part du grand os et de l’os crochu une 
pression en bas et de la part du scaphoide et du pyramidal une 
pression latérale, s’échappe en avant par le seul chemin qui lui est 
ouvert comme un noyau de cerise que l’on presse entre les doigts. 

D'après Pottel, lorsque la main est en forte flexion dorsale, la force 


(1) POULSEN. Luxatio ossis lunati. (Arch. für klin. Chirurgie, Bd 83, Heft 3.) 


— 90 — 


‘se transmet au semi-lunaire par l'intermédiaire du troisième méta- 
carpien. Cette force peut se décomposer en deux composantes : 
l’une agissant perpendiculalrement au troisième métacarpien par 
laquelle la saillie en avant du semi-lunaire est augmentée et le 
ligament radiocarpien tendu ; l’autre composante, agissant paral- 
lèlement au troisième métacarpien, pousse violemment cet os, 
comme une tige, contre le semi-lunaire qui est soutenu seule- 
ment par le ligament radiocarpien ; si ce dernier vient à se 
rompre, la luxation est constituée. 

Pour Berger, la luxation du semi lunaire se produirait sous l’in- 
fluence d’une traction exercée sur cet os par le ligament radiocar- 
pien quand la main est en hyperextension. 

D'après Lesser, le ligament radiocarpien ne se romprait pas dans 
la luxation du semi-lunaire ; au contraire, lors d’une flexion dorsale 
exagérée de la main, le semi-lunaire serait fortement fixé par ce 
ligament ; en méme temps, la pointe dorsale de cet os, qui est plus 
étroite, s'applique d’abord contre la tète du grand os, puis glisse à 
côté d’elle dans l’espace qui existe entre le grand os et le scaphoide 
et tout los finit par se placer du coté de la face palmaire du carpe. 

Gross croit que, lors de laccident, la main se place en flexion dorso- 
cubitale. Dans ces conditions, le ligament latéral externe du carpe 
se rompt, le scaphoide et la main se mettent en supination et le 
côté cubital de la surface articulaire du radius presse sur le semi- 
lunaire jusqu’à ce que les ligaments palmaires et dorsaux se rompent 
et permettent ainsi au semi-lunaire de passer a la face palmaire du 
poignet. 

La plupart de ces théories ont été édifiées à la suite d’interven- 
tions opératoires ou d'expériences faites sur des cadavres ; mais il 
appartenail à la radiologie, qui permet de voir ce qui se passe chez 
le vivant, de fournir des données nouvelles au problème, 

Ce furent Destot (1) et Gallois (2) qui les premiers s’occupérent 
de cette question et qui lui donnèrent une solution qui semble très 
ralionnelle. 


(1) Destor. Le poignet et les accidents du travail. 
(2) GaLLots, Fracture de l'extrémité inférieure du radius. These Lyon, 1898. 


a AE 


Ces auteurs étudiérent la position réciproque des os du carpe 
dans les mouvements du poignet et ils démontrérent que normale- 
ment il existe dans l'extension appuyée une tendance naturelle à la 
dislocation entre les deux os de la première rangée du carpe qui cor- 
respondent au radius, à savoir le scaphoide et la semi-lunaire. Pour 
le semi-lunaire, l’effet variera suivant que l’angle que forme le 
radius avec la main est plus ou moins fermé. Si cet angle est à 45°, 
la surface articulaire du radius emboitant le semi-lunaire, tendra a 
enfoncer cet os dans la téte du grand os et comme la résistance de 
cet os est plus grande que celle du radius, c’est ce dernier qui écla- 
tera, ou bien, si la violence est trés grande, le semi-lunaire sera 
écrase. 

Mais si l’angle est de 90°, la surface articulaire du radius passe 


sur le dos du semi lunaire et pousse ce dernier à faire saillie sur le 
ligament antérieur du carpe ; si un choc survient en ce moment, 
le semi-lunaire est chassé en avant en dehors de sa loge (voir 
fig. 5) et la luxation est constituée. 


— 99 _ 


La luxation du semi-lunaire s'accompagne fréquemment de luxa- 
tion du scaphoide en arrière, lequel peut fracturer le radius ou se 
fracturer lui-méme. Suivant que la main est en inclinaison cubitale 
ou radiale, ce sera le scaphoide ou le semi-lunaire qui sera le plus 
alteint. 

Nous nous sommes arrétés un peu longuement sur l'étude de la 
pathogénie de la luxation du semi-lunaire pour montrer tout lap- 
point apporté à la solution de la question par l’examen radiolo- 
gique. D'autre part, la radiographie joue un role prépondérant dans 
le diagnostic de l'affection ; grace à cet examen, on est renseigné 
avec une précision remarquable sur la nature et sur l'étendue des 
lésions. Ce fait est très important, car le pronostic de l'affection, 
qui est toujours grave, dépend beaucoup de la précocité du dia- 
gnostic. 

Si l’on intervient à temps, et si la luxation n’est pas accompagnée 
de fractures ou de ruptures trop étendues des ligaments, on peut 
espérer replacer los dans sa loge sans intervention opératoire. 
Destot signale trois cas où une reposition non sanglante put être 
obtenue ; Sulzberger et Wendt à la clinique de Oberst ; Codman et 
Chase relatent également chacun deux cas semblables. 

Mais si la luxation a été méconnue par le chirurgien et si l’on 
intervient trop tard, c’est l’ankylose du poignet qui en est la con- 
séquence. 

Chez le blessé qui nous a fourni l’occasion de cette étude, nous 
sommes parvenus, moyennant certaines manœuvres, à réduire la 
luxation sans intervention sanglante. Une première tentative faite 
sans anesthésie, avant été vaine, le blessé fut plongé dans le som- 
meil chloroformique. Dans cet élat, une forte traction fut exercée sur 
la main dans le but d'ouvrir la loge du semi-lunaire, tandis que le 
poignet reposait par sa face palmaire sur un fort coin de bois des- 
tiné à refouler los dans sa cavité. Tout en continuant à maintenir 
l'extension de la main, nous fimes d’abord une flexion dorsale dans 
le but de tendre le ligament antérieur du carpe qui souvent se glisse 
entre le grand os et le semi-lunaire, puis, nous fimes une forte 
flexion palmaire en pressant en même temps fortement l'os luxé sur 
le coin de bois. À ce moment on put percevoir un petit choc 


— 93 — 


indiquant que los réintégrait sa cavité. Un nouvel examen radio- 
graphique fait immédiatement après, nous permit de constater que 
la reposition était obtenue (fig. 4). Nous insistons sur la nécessité 
de cet examen car on a signalé des cas où la réduction semblait avoir 
été réalisée alors que dans la suite on dit reconnaitre que la luxa- 
tion du semi-lunaire persistait toujours. | 

A la suite de notre intervention, les violentes douleurs dont le 
blessé se plaignait dans la main disparurent immédiatement. Le 
poignet fut immobilisé pendant une huitaine de jours, puis, grâce 
à un massage superficiel et une mobilisation prudente, les mouve- 
ments des doigts et du poignet redevinrent peu à peu normaux 
et le blessé put reprendre son travail vingt-trois jours après l’acci- 
dent. À ce moment, il se plaignait seulement d’un peu d’engour- 
dissement et de picotement à l’extrémité du médius et de l’annu- 
laire se manifestant surtout le matin au lever, reste de la com- 
pression prolongée (5 jours) du nerf médian par le semi-lunaire 
luxé. 

Dans les cas où la réduction non sanglaute ne peut être obtenue, 
il ne reste plus que deux alternatives: ou bien appliquer la 
méthode expectative, qui consiste à immobiliser pendant quelque 
temps l'articulation puis faire du massage. Cette méthode n’est 
qu’un pis aller; le plus souvent, les douleurs et la parésie prove- 
nant de la compression du nerf médian par l’os déplacé persistent, 
les mouvements du poignet sont gênés et il se produit une véritable 
arthrite traumatique. g 

Le procédé de choix est alors la méthode sanglante qui consiste 
atfaire lénucléation de l'os luxé. Cette méthode a donné de bons 
résultats entre les mains de nombreux chirurgiens, même dans des 
cas anciens ; mais, d’après Destot, lorsqu'on est en présence d’une 
dislocation datant de huit à dix mois, les modifications du squelette 
sont telles qu’il est difficile d'obtenir une bonne restauration par 
simple résection du semi-lunaire ; c'est pourquoi, avec M. Vallas, il 
recommande dans ces cas de faire une résection complète du 
poignet. 


Les progrès accomplis par la rüntgénologie 
et particulièrement par la réntgénothéraple 


par le Dt J. BELOT 


Assistant de radiologie a l'Hôpital Saint Antoine (Paris) 


- =~ 


Communication faite au H’ Congres international de Physiothérapie, Rome, 1907. 


Les rayons de Röntgen sont utilisés, en médecine, soit comme 
moyen de diagnostic, soil comme agent therapeutique; la science 
qui étudie ces diverses applicalions est la radiologie médicale, ou 
mieux, comme on dit en Allemagne, la rontgénologie. 

Pour répondre d’une facon complète à ia question posée, il fau- 
drait étudier les progrès accomplis en réntgénographie, en rönt- 
génoscopie et enfin en rôntgénothérapie. 

J'avais l’intention de limiter l’objet de ce rapport à la seule rönt- 
génothérapie : j'étais poussé dans cette voie par l’esprit même de ce 
Congrès, qui est un congrès de thérapeutique et par le désir d’être 
le plus bref possible. 

Des critiques violentes, adressées récemment ala réntgénosco- 
pie, m’obligent à dire quelques mots de ce procédé d'investigation. 


RONTGENOSCOPIE ET RONTGENOGRAPHIE 


On a écrit que la fluoroscopie ne donnait aucun renseignement 
précis, qu'elle était une méthode dangereuse par les brûlures 
qu'elle déterminail; qu’elle devait, par suite, céder le pas à la plaque 
photographique. Un de mes co-rapporteurs, le Docteur Kassabian, 
de Philadelphie, tout en reconnaissant que ce procédé peut fournir 
quelques renseignements intéressants, le déconseille, en exagérant 
les dangers qu'il ferait courir aux sujets examines. 

On ne peut laisser passer sans protester de telles affirmations; 


ae |; 


ce serait compromettre, sans raison, une des branches les plus pré- 
cieuses de cette nouvelle science. 

A mon avis, rüntgénoscopie et rontgénographie ne doivent pas 
être opposées, comme l'ont fait tant de radiographes non médecins. 
Ces deux méthodes ont chacune leurs indications propres : elles se 
complètent mutuellement. 

Si l'épreuve rôntgénographique a pour elle une plus parfaite net- 
teté dans les détails et particulièrement dans la structure osseuse, 
l’image fluoroscopique nous montre des organes en mouvement. 
C’est l’image fidèle de la vie qui se révèle sur l'écran. Ce n’est plus, 
comme enrontgénographie, une seule image que nous voyons, 
mais, en déplaçant convenablement le malade et l’ampoule, les 
organes invisibles nous apparaissent sous les aspects les plus variés; 
on fait, pour ainsi dire, le tour de son malade. Toute une série 


d'images, des plus intéressantes au point de vue clinique, défilent 
devant nos veux et peuvent nous permettre de préciser un diagnos- 
tic, dans un cas difficile. 

Je crois qu’un examen réntgénoscopique doit toujours précéder 
une recherche rüntgénographique; pour ma part, Je ne m’écarte 
pas de cette pratique. 

Lorsque Von veut prendre la photographie d’un paysage intéres- 
sant, on commence par faire ce que l’on appelle la mise en place de 
l’appareil, suivie elle-même de la mise au point. Pour cela, on exa- 
mine sur la glace dépolie l’image qui s'y projette et on modifie 
la position relative de l’appareil jusqu’à ce que l’on obtienne un 
ensemble satisfaisant. 

J’ai l'habitude de faire de même en rontgénographie, avec cette 
différence, que l’écran fluoroscopique remplace la glace dépolie. 
Quand un malade m'arrive, quelle que soit la lésion à radiographier 
je commence, après l'avoir étudiée cliniquement, par praliquer un 
examen à l’écran. Souvent, il ne me permet pas d'établir, à lui 
seul, le diagnostic mais il me fournit tout un ensemble de données 
des plus précieuses sur le siège exact de la lésion, sur la position la 
meilleure à donner au membre, à l'ampoule, etc... Je fais la mise au 
point. I! suffit alors de remplacer l'écran par une plaque photogra- 
phique, pour fixer l’image intéressante et voir apparaître les fins 


— 96 — 


détails que mon (il était incapable de percevoir sur l’écran au pla- 
tino-cyanure de barvum. 

Si, pour l'examen du système osseux et la recherche des calculs 
urinaires, la rontgénographie offre ordinairement plus de précision 
que sa sœur cadette la rüntgénoscopie, il n’en est plus de même 
quand il s’agit de l’étude des champs pulmonaires, du système car- 
dio-aortique, du médiastin, de œsophage et de l’estomac. Il suffit 
d’avoir vu un examen fluoroscopique de ces organes sains ou ma- 
lades, pour être convaincu de cette supériorité, à condition toute- 
fois d'ètre médecin, c’est-à-dire de posséder certaines connaissances 
anatomiques, physiologiques et cliniques indispensables pour l'in- 
terprétation des ombres qui se succèdent sur l'écran. 

Ces examens se font avec la plus grande facilité, à l’aide de dispo- 
sitifs spéciaux. Chaque fois que le sujet pourra se tenir debout, le 
châssis porte-ampoule de Béclère est l’appareil le plus simple et 
aussi le plus pratique. Quand il s’agit de blessés ou de malades qui 
ne peuvent garder la posilion verticale, je les examine sur une table 
que J'ai fait construire pour ces recherches : l’ampoule se déplace 
sous le sujet étendu sur une sangle; l'écran est tenu à la main au 
dessus de la région étudiée. Cette méme table me sert pour les exa- 
mens d'estomac et de région lombaire, en position horizontale. 

Quantaux dangers que peut présenter ce procédé d'investigation, 
je ne m'explique pas pourquoi on les a grossis à plaisir. J'ai vu pra- 
tiquer et j'ai pratiqué moi-même, dans le laboratoire du Docteur 
Béclère, des milliers d'examens, sans jamais avoir vu survenir le 
moindre accident chez les sujets en expérience. I] suffit d'avoir un 
peu la pratique de celle méthode pour ne pas exposer trop long- 
temps les malades à l’action des radiations. 

Des dispositifs de protection ingénieux et efficaces permettent à 
l'opérateur de se mettre à l'abri des multiples accidents, quelquefois 
fort graves, qui ont été signalés. Ceux-ci, du reste, remontent pres- 
que tous à une époque où on ne se protégeait pas, parce que l’on ne 
connaissait pas les dangers auxquels on s'exposait : la témérité doit 
aujourd’hui faire place à la prudence. 

Avant d'aborder l’objet principal de ce rapport, je tiens à répéter 
que la rontgénoscopie doit toujours procéder la rontgénographie : 
les deux procédés se complètent mutuellement. 


ae OF: — 
RONTGENOTHERAPIE 


Si l’on considère l’évolution de la réntgénothérapie on ne peut 
s'empêcher d’être surpris de l’extraordinaire rapidité avec laquelle 
elle s’est répandue. Ace polnt de vue, elle n’a rien à envier aux 
autres méthodes. On peut en trouver la cause dans les allures quel- 
que peu mystérieuses de ces radiations qui traversent sans déviation 
les corps considérés comme opaques et aussi dans les profondes - 
modifications subies par les éléments cellulaires exposés à leur 
action. À ce sentiment de curiosité, à cette surprise exprimentale 
vinrent s’ajouter des cures étonnantes et indiscutables, de jour en 
jour plus nombreuses. 

Au lieu de passer en revue les différents progrès qu’a accomplis 
la méthode, il me semble plus simple et aussi plus rationnel d’expo- 
ser succinctement l’état actuel de cette science. J’insisterai sur les 
points qui me paraissent à la fois nouveaux et intéressants, en con- ` 
sidérant successivement l’instrumentalion, la technique et la 
clinique. 

J'espère qu’ainsi les progrès apparaitront d'eux-mêmes sans qu’il 
soit nécessaire de refaire un historique long et fastidieux. 

Instrumentation.— Pour produire desrayons N, il faut essentielle- 
ment un courant électrique convenable et un tube de Crookes. De 
tous les générateurs électriques, seule la machine statique fournit 
directement un courant pouvant alimenter une ampoule radiogène; 
celui-ci doit, en effet, présenter une intensité relativement faible 
(milliampères) sous une haute différence de potentiel (60,000-80,000 
volts). Je ne citerai que pour mention les génératrices de courant 
continu sans haute différence de potentiel récemment utilisées en 
Suisse (Thury); elles sont loin d'être du domaine de la rontgéno- 
logie. 

Très utilisée en Amérique, où elle acquiert des dimensions 
encombrantes, la machine statique, en France, perd de jour en 
jour ses plus chauds’ partisans. Malgré les perfectionnements 
apportés dans son exécution mécanique et dans ses conditions de 
fonctionnement, elle reste un instrument de laboraloire, On a aug- 
menté sa vitesse angulaire, doublé, quadruplé le nombre de ses 


— 98 — 


plateaux, rendu plus accessibles ses organes, cherché par différents 
artifices à la soustraire aux influences atmosphériques (machines 
dans CO?) : malgré tout, elle demeure un généraleur capricieux, 
délicat, bruyant et surtout tres irrégulier dans son débit. 

On lui préfère, à juste titre, les transformateurs élévateurs de 
tension. Comme leur nom l'indique, ils ne produisent pas directe- 
ment l'énergie électrique mais transforment un courant de basse 
différence de potentiel (110-500 volts) en un courant de haute ten- 
sion. Le rapport entre l'énergie absorbée et l’énergie restituée 
constitue le rendement de l’appareil. 

Le type le plus ancien et aussi le plus répandu est la bobine de 
Rhumkorff. Depuis quelques années elle a été très améliorée. 

L’isolement plus parfait a rendu plus rare la détérioration de 
l'induit ; Pensemble a été mieux étudié, les enroulements mieux 
établis, la puissance considérablement accrue. La plupart des con- 
strucleurs munissent leur bobine d’un primaire fractionné : une 
clef combinatrice permet de faire varier la self-induction de lappa- 
reil. Ce dispositif, presque indispensable si Vinterrupteur est du 
type électrolytique, donne en outre à l'opérateur la faculté de modi- 
fier les constantes électriques, suivant le tube utilisé et le travail à 
effectuer. 

La bobine de Rhumkorti! peut ètre alimentée par une source élec- 
trique continue ou alternative, à laide d’un interrupteur approprié. 
De tous les modèles pour courant continu, ceux dits à turbine 
paraissent les plus réguliers, les plus souples et les plus robustes. 
Récemment, Gaiffe, en France, a réalisé un modèle (Autonome) 
à deux combinaisons : l’une, intensive, destinée à la rôntgénogra- 
phie instantanée, présente tous les avantages de l’interrupteur élec- 
trolvtique sans en avoir les inconvénients ; l’autre, simple, permet 
un débit plus faible pour les applications courantes. 

sur courant alternatif pendant longtemps on fut réduit à se servir 
de l'interrupteur électrolytique. Nous avons aujourd’hui des appa- 
reils mécaniques fonctionnant aussi bien que ceux sur courant 
continu. La turbine autonome Blondel-Gaiffe est certainement le 
meilleur modèle qui existe en France. 


s 


Un type de transformateur qui semble appelé à un succès, de 


r p 


— 99 — 


jour en jour plus grand, est le transformateur à circuit magnétique 
fermé, fonctionnant sans interrupteur, sur secteur alternatif. 
Comme principe, il est analogue aux transformateurs industriels. 
Il nécessite un dispositlf capable d'absorber ou de dériver Fune des 
ondes secondaires ; lautre alimente le tube de Röntgen. Ce rôle 
est généralement confié à des clapets électriques et, dans Ie modèle 
établi par Gaiffe, on emploie des soupapes de Villard. Malgré les 
quelques difficultés résidant dans l'accord des soupapes et du tube 
rontgénogéne, ce type de transformateur est excellent. Il ne peut 
se dérégler puisqu’il ne comporte aucun appareil mécanique ; il est 
toujours comparable à lui-mème et fonctionne sans bruit. En inter- 
calant entre le secondaire et le tube un système de condensateurs 
à capacité variable, dont on utilise la décharge, on peut modifier 
les constantes électriques aux bornes du secondaire sans rien 
changer au réglage du primaire. 

Le primitif tube de Crookes a depuis longtemps été remplacé par 
des tubes à focus, mais le grand perfectionnement apporté est cons- 
titué par les régulateurs adjoints à ces appareils. Chacun sait qu’un 
tube de Röntgen se modifie au cours de son fonctionnement : son 
degré de raréfaction varie et si ampoule est bien conduite il aug- 
mente progressivement ; enfin la résistance opposée au passage du 
courant devient telle que le tube est mis hors d’usage. Dans ces 
conditions, il était donc impossible de maintenir une ampoule à un 
régime constant, partant d'obtenir, à volonté, des rayons de qualité 
déterminée. Pour y parvenir, il fallait imaginer un dispositif capable 
de rendre du gaz à l’ampoule quand elle en manquait et de lui en 
enlever quand elle en avait trop. 

De tous les régulateurs proposés, le meilleur et aussi le plus par- 
fait, le seul vraiment digne de ce nom est l’osmo-régulateur de Vil- 
lard. Il permet de durcir ou de mollir un tube, au cours de son 
fonctionnement ou au repos, par simple chauffage à la flamme du 
tube de platine qui le constitue. 

En Allemagne, les constructeurs enferment dans un petit appen- 
dice, en relation avec la cavité de l'ampoule, un corps poreux, qui 
sous l’influence de la chaleur dégagée par une étincelle électrique, 
libère les gazs qu'il contient : la capacité de cet accuimulateur de 


— 90 == 


gaz est forcément très réduite et rapidement arrive une époque où 
son pouvoir régulateur a disparu ; le tube n’est plus utilisable. 

A coté de ce grand progrès on peut en placer d’autres, intéres- 
sants, quoique de moindre importance. 

La lame focus, l’anticathode si l’on aime mieux, s’échauffe sous 
le choc des particules cathodiques qui en la rencontrant, donnent 
naissance aux rayons X. À mesure que les générateurs électriques 
devenaient plus puissants, il fallut songer à modifier les ampoules. 
On fit l'anticathode en platine irridié, dont le point de fusion est 
tres élevé, puis on imagina de la refroidir à l’aide d’nn réservoir 
d’eau ou par une vérilable circulation liquide. Malgré ces artifices, 
les tubes se détériorent quand on les fait traverser par de grosses 
intensités(6 à 10 milliampéres); aussi eut-on l’idée de renforcer l'an- 
ticathode. Un gros bloc de métal remplace la mince lame de platine; 
l'échauflement met plus longtemps à se produire. Ces tubes mol- 
lissent facilement, mais comme on ne leur demande qu'un fonc- 
tionnement intermittent, de très courle durée, cet inconvénient est 
pratiquement négligeable. 

Des ampoules spéciales pour les applications rüntgénothéra- 
piques ont été imaginées. Dans les unes, les parois sont en verre 
opaque aux rayons X ; seule une petite fenétre perméable livre pas- 
sage aux radiations. Müller a établi des ampoules munies d’appen- 
dice pour le reetum ou Purètre. Quelques constructeurs, mieux ins- 
pirés, ont eu l'idée de placer le foyer radiogéne à l'extrémiié d’un 
pelit tube, de façon à pouvoir diriger les rayons dans certaines 
cavités naturelles. D'une facon générale, ces tubes, très fragiles, 
fonctionnent mal. 

Aux instruments de mesure, la rôntgénothérapie est redevable 
des succès qui lont vulgarisée et des progrès qu’elle a accomplis. 
Toute science est faite de mesures. 

Les premiers rôntgénologistes sérieux qui voulurent définir les 
conditions dans lesquelles leurs expériences avaient été faites, 
notèrent les constantes électriques du générateur ou du transforma- 
teua alimentant l’ampoule. On reconnut vile que ces données 
n'avaient aucune valeur. Elles ne permettaient pas de se placer dans 
des conditions analogues, à cause des variantes multiples que lon 
ne connaissait pas ou que l’on ne pouvait définir. 


en) ee 


Si l’on admet que l’ampoule de Crookes est un transformateur 
d'énergie qui, absorbantde l'énergie électrique restitue des rayons X, 
il devient possible, à un coefficient de transformation près, de 
définir indirectement ce rayonnement par les constantes du courant 
électrique d'alimentation. 

Le premier, en France, Gaiffe eut l’idée de mesurer l'intensité du 
courant secondaire, à l’aide d’un milliampèremètre spécial ; on a 
récemment créé un voltmètre statique pour la mesure de la diffé- 
rence de potentiel. 

Ces appareils sont très précieux : ils nous indiquent ce qui arrive 
aux bornes du tube. En ce sens, ces mesures sont très supérieures 
à celles eflectuées sur le primaire des transformateurs. Malheureu- 
sement elles ne nous renseignent que très imparfaitement sur ce 
qui sort du tube, c’est-à-dire sur la qualité et la quantité de rayon- 
nement émis. En effet, les ampoules qui jouent le rôle de transfor- 
mateur d'énergie ne sont pas encore des appareils stables et com- 
parables entre eux. Aussi, les mesures électriques n’ont-elles de 
valeur absolue que pour une installation donnée. Elles permettent 
de maintenir une ampoule 4 un méme régime: les expériences 
faites par d’autres et par moi-méme ont montré qu’un méme tube, 
pour un méme régime, émettait sensiblement des rayons X de méme 
qualité et une même quantité, par unité de temps. Peut-être vien- 
dra-t il un jour où chaque ampoule portera sur ses parois des indi- 
cations dans le genre de celle-ci : « 60,000 volts, 1 milliampère : 
Rayons n° 6 = 5 Hen 10 minutes à 15 centimètres. » Dans ces con- 
ditions les mesures électriques définiront, à un coefficient près, le 
rayonnement émis par une ampoule, mais nous n’en sommes pas 
encore là. 

Dans tout foyer lumineux, deux facteurs sont 4 considérer: la 
qualité du rayonnement (sa longueur d’onde) et la quantité de 
lumière émise. 

A un physicien français, M. Benoist, revient l’honneur d’avoir 
imaginé une méthode de mesure qualitative basée sur le fait sui- 
vant : « Etant donnés deux corps de poids atomique différent et par 
suite inégalement transparents aux rayons X, tels, que largent et 
Paluminium par exemple, le rapport de transparence de ces deux 
corps varie avec la qualité ou plus exactement avec le pouvoir de 


— 39 — 


pénétration des rayons qui les traversent. » Tel est le principe du 
radiochromometre, trop connu de tous et tant de fois reproduit plus 
ou moins heureusement å Pétranger, pour qu'il soit utile de le dé- 
crire. Je tiens simplement à faire remarquer qu'il foarnit une 
mesure précise du pouvoir de pénétration d’un rayonnement consi- 
déré, mesure indépendante de toute interprélation fantaisiste ou 
arbitraire. 

Je citerai, enfin, la méthode électrométrique, qui, malgré la pré- 
cision qu'elle permel, n’est pas encore entrée dans la pratique 
médicale. 

Le premier, Holzknecht, de Vienne, a doté la rontgénologie d’un 
appareil permettant d'apprécier, en unités H, la quantité de radia- 
tions reçues par un point donné (chromoradiomètre). 

La méthode a pour base la coloration que prennent certains sels, 
dans certaines conditions, quand ils absorbent des rayons X. Le 
réactif est mis sur la peau du patient et de temps en temps on com- 
pare sa teinte avec celles d’une échelle étalon. Quand sa coloration 
est analogue à celle de l'échelle correspondant à la dose choisie, 
on arrète l'opération. Ainsi fonctionnent, avec quelques particula- 
rités de détails, tous les chromoradiomètres. 

Après Holzknecht, d'autres auteurs ont imaginé des procédés de 
mesure analogues. Parmi les meilleurs, je citerai : le quantito- 
mètre de Kienbôck, utilisant un papier photographique peu sensible, 
que l’on développe dans des conditions bien déterminées; le radto- 
mètre de Sabouraud-Noire,dont le réactif est une pastille au platino- 
cyanure de baryum; le radiomètre de Freund (iodoforine et 
chloroforme); celui de Schwartz (calomel), 

On ne peut mettre en doute l’utilité de ces divers appareils de 
mesure; on leur doit les récents progres de la rüntgénothérapie. 
Ils permettent, en effet, de définir la technique utilisée, de repro- 
duire, à Paris, une expérience réalisée à Vienne. Cependant, il faut 
reconnaitre qu'aucune de ces méthodes ne présente toute la 
précision que l’on est en droit exiger. Les chromoradiomètres 
sont des indicateurs et non de véritables appareils de mesure. Leur 
multiplicité suffirait à prouver qu'aucun deux n'est parfait. Loin 
de moi l’idée de déconseiller leur usage, mais je crois qu'il est pos- 
sible de faire mieux. 


— 33 — 


Récemment le docteur Luraschi, de Milan, a fait connaitre une 
méthode de mesure, basée sur les variations de résistance du sélé- 
nium frappé par un faisceau de rayons X. L'appareil est intéressant, 
mais sa mise au point n’est pas encore terminée. Elle présente les 
plus grandes difficultés par suite des modifications auxquelles est 
sujet le sélénium et surtout de la dissemblance existant entre deux 
cellules faites dans des conditions identiques. 

La mesure de Fionisation produite par les rayons émis donne- 
rait des renseignements plus précis; c'est dans cette voie que doit 
s'exercer l’activité des chercheurs. 

Quoiqu'il en soit, on n’a pas le droit de faire de la rôntgénothéra- 
pie sans mesurer la quantité absorbée, dans les limites d’approxi- 
mation que nous permettent d'atteindre les appareils actuels. Ceux 
qui les rejettent systématiquement sont aussi irrationnels que le 
marchand, qui, pour peser des clous, ne voudrait pas se servir de sa 
balance, sous le prétexte qu’elle n’est pas sensible au milligramme. 

Le véritable quantitomètre reste à trouver; utilisons, en atten- 
dant, les indicateurs qui sont à notre disposition. Leur emploi 
rationnel et au besoin leur comparaison réciproque permettent 
au praticien de ne pas nuire à ses malades. 

En présence des lésions cutanées, ordinairement bénignes, mais 
quelquefois des plus graves, survenues chez les opérateurs quoti- 
diennement exposés aux rayons X, on a créé toute une série d’appa- 
reils de protection. Ils sont destinés, avant tout, à meltre le médecin 
à l'abri des radiations. Chacun connait la fameuse cabine blindée 
très prisée en Allemagne; l’usage de ce dispositif ne s'est pas 
répandu en France. J'ai, pour atteindre le mème but, fait construire 
par Gaiffe un appareil protecteur entourant l’ampoule et arrétant 
toutes les radiations inutilisées; depuis, différents constructeurs ont 
élabli des modèles analogues. Enfin, des gants, des vêtements et 


tissus imperméables aux rayons X complètent le dispositif de 
protection. 


TECHNIQUE 


Dès l'apparition des appareils de mesure, la technique s’est 
modifiée. L’empirisme qui régnait en maitre a cédé la place à 
une méthode plus rationnelle. La délinition approximative des 


— 34 — 


facteurs avant présidé au traitement rendait possible cette évo- 
lution. 

La méthode primitive, consistant à faire. chaque jour, une courte 
irradiation jusqu’à l’apparition des phénomènes réactionnels, perd, 
peu à peu, ses derniers partisans. On ne doit plus la mettre en pra- 
tique : elle ne mérite qu’un intérêt historique. 

Aujourd’hui, en présence d’une affection susceptible d’être amé- 
liorée ou guérie par les rayons de Rontgen, on délermine, en tenant 
compte des facteurs individuels, la quantité des rayons X, de qualité 
appropriée, qui doit être absorbée à chaque séance et la durée de la 
période de repos. Il est bien évident que selon l'évolution du mal, 
la sensibilité individuelle, la réaction locale, la quantité absorbée 
sera augmentée ou diminuée, les irradiations plus ou moins 
espacées. 

C'est ainsi qu’en présence d'une plaque de trichophytie, on sait 
qu'une dose de 5 unités H (une teinte du radiomètre Sabouraud- 
Noiré) de rayons n°5 à 6, absorbée par la région malade, entraine, 
dans une échéance de quelques semaines, la chute des cheveux 
irradiés et dans la suite, la guérison de la lésion. 

Quand il s’agit d’un épithélioma cutané ulcéré, j'ai l'habitude de 
commencer par une dose de 7 à 8 et quelquefois 9 H avec des rayons 
n° 6 environ. Quinze jours plus tard, vingt, si la réaction est pro- 
noncée, seconde application d'une dose de 4 à 5 H, etc., etc. Voilà 
des indications précises que peut reproduire un opérateur quel- 
conque, placé dans des conditions techniques très différentes. Il 
ne pouvait en ètre ainsi avec les renseignements que l’on fournis- 
sait jadis : «séances de 10 minutes à 15 centimètres, rayons mous». 
En effet, tandis qu'un appareillage, dans ces conditions débilera 
1 H, un autre mieux réglé et plus puissant, quoique d'apparence 
identique, atteindra 5 ou 8 H. 

On saisit facilement, j'espère, l'importance d’une technique pré- 
cise : seule elle permet un traitement rationnel et scientifique, 
grâce auquel les accidents deviendront de plus en plus rares. 

Tel est, dans ses grandes lignes, le principe de la méthode qui doit 
présider aux applications thérapeuliques. Je dirai quelques mots 
de certains artifices qui la completent. 


— 35 — 


Chaque fois que l’on irradie une région, l'absorption va en décrois- 
sant trés rapidement de la superficie vers la profondeur. Tandis que 
la peau absorbe la plus grande partie du rayonnement incident, la 
fraction arrèlée par les couches sous-jacentes va en diminuant avec 
une effrayante rapidité. Cette loi physique malheureusement 
inflexible nous permet de comprendre le peu d’action des rayons X 
en profondeur ; ils ne peuvent évidemment manifester leurs effets 
bienfaisants si la dose absorbée par les éléments morbides est insuf- 
fisante pour entrainer leur régression. Le tégument cutané ou 
muqueux constitue donc un véritable mur d’airain contre lequel 
viennent se briser les efforts de la rontgénothérapie. On est enfermé 
dans ce dilemne : ou donner en profondeur une dose insuffisante 
el respecter l'intégrité de la peau, ou augmenter la quantité absor- 
bée en profondeur en déterminant une radiodermite grave ; ce der- 
nier accident doit toujours être évité. 

Aussi a-t-on cherché à tourner la difficulté de diverses facons. 
Je n’insiste pas sur l’emploi de rayons très pénétrants, ce procédé 
est connu. 

On peut éloigner, à l'extrême, le foyer radiogène ; le calcul 
montre et l’expérience confirme que plus est grande la distance 
séparant le foyer radiogène du tégument, plus est faible la différence 
entre la fraction de rayonnement arrêtée par la peau et celle que 
reçoivent les plans sous-jacents. Malheureusement la loi du carré 
des distances conduit à des poses démesurément longues. 

Toute tumeur volumineuse peut être attaquée de dillérents côtés. 
On la divise en un certain nombre de segments que l’on traite iso- 
lément. La masse néoplasique recoit de tous côtés des rayons X, 
tandis que le tégument ne sert de porle d’entrée que pour une 
seule irradiation. C’est ce que j'ai appelé l’irradiation multipolaire. 

Quandil s’agit de traiter activement un néoplasme volumineux et 
profondément situé, une rate leucémique par exemple, on procède, 
avec avantage, de la facon suivante. 

La surface tégumentaire sus-jacente est divisée en un certain 
nombre d’aires contiguës, mesurant 4 à 5 centimètres de côté ; 
chacune d’elles est irradiée isolément, les autres étant recouvertes 
d’un tissu protecteur. Le foyer rontgénogène correspond au centre 


— 36 — 


de chacune de ces surfaces et n’est séparé du tégument que par une 
distance relativement faible. Si Pon se rappelle que le faisceau de 
rayons émis par une ampoule est assimilable à un cône, on com- 
prendra que chaque aire tégumentaire ne recevra qu'une irradia- 
tion, tandis que les plans sous-jacents seront successivement atteints 
par les irradiations portants sur les aires contiguës. 

Enfin on a conseillé de sensibiliser les tissus à l’aide d’injections 
de sels devenant fluorescents sous l'influence des rayons X ; l’éosine 
a été préconisée. Ce procédé n’a aucune valeur, car le rayonnement 
secondaire émis par ces corps n'offre pas d’analogie avec celui qui 
l’excite. 

Les essais que j'ai faits avec la fluorine pulvérisée, quoique plus 
rationnels, n’ont pas été plus satisfaisants. 

On sait, en effet, que les cristaux de fluorine, frappés par les 
rayons X, donnent naissance à des radiations ultra-violettes. 

Il n’est pas invraisemblable d'admettre, à la suite de Goldstein et 
d’'Holzknecht, que les rayons de Röntgen ainsi que les rayons du 
radium, possèdent une propriété commune, celle de se transformer 
finalement en lumière ultra- violette de courte longueur d'onde. 

On peut se figurer que chacun de ces rayonnements d'espèce dif- 
férente, se propage d’une manière qui lui est propre, mais qu’au 
terme ultime de son parcours, il est absorbé sous forme de lumière 
ullra-violette ; cetle transformation se produit plus ou moins vile 
selon la vitesse du rayonnement initial et le poids atomique des 
corps interposes. 

En étendantsurune surface malade une substance capable d’émet- 
tre des radiations ultra-violettes, l’action propre de la radiothérapie 
aurait pu être renforcée. 

Il est une autre méthode de sensibilisation qne j'ai déjà signalée, 
mais qui n’a pas, je crois, donné de résultal net, parce que son 
application est des plus difficiles. | 

On démontre que chaque mollécule frappée par un rayonnement 
de Rontgen donne naissance, à son tour, à des radiations dites 
secondaires, qui, elles-mêmes, en rencontrant un autre corps, se 
transforment en radiations tertiaires et ainsi de suite. Par ce méca- 
nisme se fail l'absorption des raxons X : telle est du moins lhypo- 


— 7 — 


thèse généralemeni admise. Si l'on injecte, dans la masse d’une 
tumeur soumise à l’action des rayons X,un corps à poids atomique 
élevé, un sel de fer non caustique par exemple, le résultat sera le 
suivant : 

En rencontrant ces éléments, une certaine fraction du ravonne- 
ment incident sera absorbée, des rayons secondaires, tertiaires, etc., 
seront émis par les particules métalliques disséminées dans la masse 
et frappées par le rayonnement primaire. Ces rayonnements, secon- 
daires par rapport au rayonnement incident, seront généralement 
plus facilement absorbables par les cellules morbides que le ravon- 
nement direct, parce que leur vitesse diminue (habituellement) au 
cours des transformations successives. L'effet pourrait ainsi être 
renforcé. 

Malgré tous ces artifices dont je n'ai signalé que les principaux, 
la peau ou les couches superficielles d’un néoplasme végélant ab- 
sorbent toujours une quantité bien supérieure à celle que retiennent 
les plans sous-jacents : « L’absorption décroit rapidement de la 
superficie vers la profondeur suivant une exponentielle. » 

La connaissance de cette loi explique bien des insuccès et doit gui- 
der fe médecin dans sa pratique journalière. 


THÉRAPEUTIQUE 


Les débuts de la rôntgénothérapie furent modestes. 

À l’époque où ces rayons n'étaient considérés que comme un 
agent dépilant on aurait difficilement prévu le rôle qu’ils joueraient, 
quelques années plus tard, en thérapeutique. 

Trop nombreuses sont les affections traitées, améliorées ou gué- 
ries par cette méthode pour qu'il soit possible de les énumérer ici. 
Les indications de la rôntgénothérapie sont du reste bien connues; 
je me contenterai d’allirer l’attention sur quelques points qui me 
paraissent importants. 

La rôntgénothérapie, comme l’a si bien dit mon maitre, 
M. Brocq, domine la thérapeutique dermatologique. Ce fut là, du 
reste, son premier champ d'action. 

Elle a révolutionné le traitement des teignes en permettant de 
guérir rapidement une affection autrefois si rebelle. 


— 35 — 


Elle donne des résultats incontestables dans nombre de derma- 
toses, parmi lesquelles je citerai : le psoriasis, l'acné, la kéloide, 
lPeczéma chronique, les prurits, le lichen, ete., etc. : elle parait agir 
à la facon d'un topique local. D'une facon générale, on ne doit avoir 
recours à son action qu'après échec des autres moyens thérapeu- 
tiques. 

Sous l'influence d’un traitement bien conduit, on voit disparaitre 
le prurit et fondre les tumeurs du mycosis fongoïde. J'ai publié un 
cas de guérison que j'ai pu suivre pendant plusieurs années; 
d'autres observateurs ont confirmé mes résultats. 

La lèpre, dans sa forme nodulaire. est favorablement influencée. 

Contrairement à ce qui a été dit, les rayons X ne guérissent quex- 
ceptionnellement le lupus vulgaire. Ils sont des plus précieux pour 
préparer le terrain dans les cas de lupus étendus, ulcérés, ou tur- 
gescents. Sur le lupus des orifices naturels, je commence par la 
scarificalion et immédialement après j’irradie la région scarifice. 
J'ai ainsi obtenu des modifications rapides. D'une façon générale, 
la rontgénothérapie conduit plus ou moins vite à une amélioration 
des plus appréciables. Puis, arrive une période où la lésion 
semble stationnaire; les nodules qui persistent ne sont plus influ- 
encés par les radiations. Il faut alors avoir recours aux autres 
procédés thérapeutiques. 

On peut dire que le traitement du lupus réclame chez le spécialiste 
une grande exprérience : suivant la forme que revêt l'affection, il 
faut opter pour tel ou tel agent thérapeutique, savoir, en temps utile, 
remplacer l’un par l’autre, combiner diverses méthodes, faire, en 
un mot, ce que j'appellerai un traitement mixte. 

Contre les néoplasmes, la rontgénothérapie donne des succès in- 
discutables. 

Elle constitue, pour ainsi dire, le trailement de choix des épithé- 
liomas cutanés; chaque fois que la lésion n'a pas dépassé les limites 
du derme, la guérison est la règle, Vinsucces l'exception; toutefois, 
elle doit demander aide et souvent céder le pas à la chirurgie, si la 
néoplasie présente une évolution rapide. 

Aussi doit-on procéder avec méthode. En présence d'un cas, il faut 
savoir choisir le procédé le meilleur, la technique indiquée et au 


— 39 — 


besoin allier la curette, le bistouri et les rayons X. D'un traitement 
mixte et éclectiquement conduit, dépend souvent le résultat final. 

Le cancer des muqueuses ne relève de cette méthode quà une 
époque très voisine de son apparition. Généralement, l'intervention 
doit être préférée, mais il est sage de la faire suivre d’irradiations 
bien conduites. 

Quand il s’agit d’un néoplasme sous-cutané et particulièrement 
d’un cancer du sein, il est de règle pour le rüntgénothérapeute de 
demander lavis du chirurgien. Chaque fois que l’opération s’im- 
pose, elle doit être d'abord pratiquée aussi large que possible..On 
ne doit pas faire perdre à un malade les bénéfices d’une interven- 
tion précoce. 

C’est seulement lorsque le chirurgien ne verra aucun inconvé- 
nient à différer d’un mois et demi à deux mois l’opération, que lon 
pourra tenter la rongénothérapie : elle donne parfois, rapidement, 
une amélioration telle que la question d'intervention ne se pose 
plus. 

Tous les cas inopérables, ainsi, du reste, que ceux pour lesquels 
l'intervention est refusée par le patient, tirent de la Rôntgeno- 
théraphie des bénéfices réels que ne peut faire espérer aucune autre 
méthode. | 

Les récidives cutanées et même sous-cutanées, consécutives à 
une ablation de cancer du sein, sont remarquablement améliorées 
et localement gueries par un traitement bien conduit; par contre, 
cette méthode est ordinairement impuissante contre les localisa- 
tions profondes. 

Quant aux cancers viscéraux (estomac, utérus, elc.), si l’ablation 
n’est pas possible, on peut avoir recours à la rontgénothérapie, 
mais en sachant bien qu’elle ne peut constiluer, pour le moment 
du moins, qu’une méthode palliative. 

Les néoplasmes des tissus vasculo-connectifs, le sarcome en par- 
ticulier, présentent souvent à l'égard des rayons N une sensibilité 
surprenante. Quoiqu'il en soit, en présence d'un cas de sarcome 
opérable, on ne doit tenter la rongénothérapie que si le chirurgien 
croit sans danger pour le malade un retard de quelques semaines 
apporté à l'intervention ; on tate ainsi la sensibilité de la tumeur. 


— 40 — 


Des sarcomes énormes, profondément silués (médiastin), inopé- 
rables, ont disparu sous l'influence qd irradiations méthodique- 
ment répétées. | 

On peut souhaiter que toute inlervention chirurgicale portant 
sur un néoplasme soit désormais suivie d’irradiations bien con- 
duites. Elles seront pratiquées avant la fermelure de la plaie 
opératoire, sur la surface cruentée ; si cette facon d'agir est 
impossible, les irradiations commenceront quelques jours plus 
tard, à travers le pansement. Elles détruiront les éléments néo- 
plasiques oubliés par le bistouri et préviendront ainsi les réci- 
dives. 

L'action vraisemblablement spécifique des rayons de Röntgen 
sur les éléments cellulaires des néoplasmes autorise et justifie 
cette conception ; les expériences du D" Manoury, de Chartres. la 
confirment. 

Enfin, je dois citer les nombreux et curieux résultats obtenus 
dans le traitement des leucémies et adénopathies. Sous i’influence 
des rayons X, on voit les rates les plus démesurément hypertro- 
phiées revenir progressivement à un volume normal; pendant ce 
temps, l’état général des malades, souvent très précaire, s'améliore ; 
la formule sanguine se rapproche de la normale. Les résultats sont 
plus constants, plus réguliers et aussi plus durables dans la leu- 
cémie myéloide que dans la forme lymphatique ; ils sont très irré- 
guliers quand il s’agit d’adénopathies sans élat leucémique. 

Il importe d'affirmer qu’un trailement rontgénothérapique ne 
présente aucun danger, à condition d’être bien dirigé. S'il est sou- 
vent impuissant contre le cancer, il est incapable de le produire ou 
de déterminer les généralisations dont quelques auteurs ont voulu 
rendre la méthode responsable. 

Grâce aux instruments de mesure dont elle dispose aujourd’hui, 
la rôngénothérapie est devenue une méthode scientifique. On ne 
doit plus redouter les terribles brûlures dont quelques empiriques 
intéressés ont récemment encore évoqué le spectre. | 

On peut dire de cette méthode qu'elle a marché à pas de géant, 
après une courte période de début difficile. La rapidité avec laquelle 
elle a su s'imposer aux plus timorés s'explique par les surprenants 


résultats qu’elle a permis d’obtenir. Elle constitue une science 
pleine d’avenir. 

Elle a encore bien des progrès à accomplir, particulièrement dans 
les domaines de l’instrumentatton et de la technique. Chaque jour 
elle fait de nouveaux adeptes ; médecins et physiciens collaborent 
plus intimement ; tout me porte donc à croire que cette méthode 
ne s'arrêtera pas dans la voie du progres. 


Quinze cas d'extraction de corps etrangers de l'æsophage chez l'enfant 
au moyen d'une pince à branche glissante 
sous l'écran radioscopique dans l'examen lateral 


par le D" Etienne HENRARD 


Communication faite au Ile Congres de Physioth¢rapie tenu à Rome en 1907 


nd 


Quelle est la conduite à tenir lorsqu'on se trouve en présence 
d'un enfant quia dégluti un corps étranger métallique, et notam- 
ment une pièce de monnaie ? 

J'ai déjà répondu à cette question au premier Congres de Phy- 
siothérapie à Liége en 1905, et je m'excuse d'y revenir aujour- 
d'hui, mais la méthode que j'ai préconisée, quoique si simple et 
si sûre, n’a pas réuni, Jusqu'ici, beaucoup d'adhésions. 

Voyons, en effet, ce que disent les auteurs : 

M. Castex, de Paris, préconise l'æsophagoscopie pour Pextrac- 
tion des corps étrangers (mélalliques compris), @sophagoscopie 
qui est bien supérieure aux autres moyens et méme à la rados- 
copie. On enlève assez facilement le corps étranger au moyen 
d'une pince à griffe de Killian, de crochets articulés, ou d'un petit 
panier de de Gracfe. 


? 


M. Marion, de Paris, recommande la pince wsophagienne pour 


a 49 Een 


les pièces de monnaie, le crochet de Kirmisson. L'extraction par 
la pince est le procédé le plus sûr et le moins dangereux parce 
qu'il est le moins aveugle, il est certainement supérieur au panier 
de de Graefe (malheureusement l'auteur ne parle pas de la ra- 
dioscopie, puisqu'avant de pratiquer l'extraction, il détermine à 
quelle hauteur se trouve le corps étranger, par l'olive montée qui 
sera enfoncée Jusqu'au contact de celui-ci). Avec le crochet de 
Kirmisson, si l'accrochement n'a pas lieu, la manœuvre est re- 
commences, L'Ͼsophagotomie externe a de rares indications de- 
puis l'œsophagoscopie. 

M. Lejars, de Paris, cite le procédé de Félizet (extraction avec 
une sonde urétrale à béquilles n°18, en mème temps qu’injection 
boriquée tiède qui provoque des efforts de vomissements), rejette 
absolument l'emploi du panier de de Graefe qui peut « agripper » 
la paroi œsophagienne, recommande plutôt le crochet de Kirmis- 
son, la pince œsophagienne, quoiqu'il soit rare qu'on y parvienne 
au premier essal ; mais toutes ces manœuvres d'extraction — 
sans voir — sont dificiles et dangereuses, aussi les indications pri- 
mitives de l’wsophagolomie externe sont-elles loin d’être rares. 


M. Laurent, de Bruxelles, cite les différents procédés d’extrac- 
tion, rejette le panier de de Graefe, qui accroche la muqueuse et 
est d'un emploi très délicat, conseille de ne pas s'acharner en cas 
de non réussite et conclut à l'œsophagotomie externe, quoique la 
mortalité de cette opération soit de 10 p.e. 

M. Lenormant, de Paris, recommande le panier de de Graefe 
et le crochet de Kirmisson pour les pièces de monnaie. Le diag- 
nostic sera fait par la radioscopie ou l'œsophagoscopie. L’extrac- 
tion par le panier demande une certaine habileté et beaucoup de 
patience, elle doit être faite avec grande douceur et jamais il 
n'est besoin de déployer de force, il faut surveiller particulière- 
ment la fin de l'opération pour éviter d’accrocher, avec le panier, 


le rebord du cricoide. 


A) — 


Et enfin, M. Victor Vau, de Paris, après avoir signalé, dans le 
Journal de médecine ct de chirurgie pratiques, deux observa- 
tions qui démontrent les dangers du panier de de Graefe, conclut 
à l'emploi du crochet de Kirmisson, mais dans les cinq jours seu- 
lement qui suivent l'introduction de la pièce de monnaie. 

Le peu d'ensemble des auteurs sur leur procédé de choix et 
leurs restrictions, même dans la description du procédé qu'ils pré- 
conisent, semblent démontrer qu'aucun des moyens recommandés 
ne soit pratique. 

Je ne puis, dans tous les cas, partager leur manière de voir, et, 
à l'appui de ma thèse, je signalerai quinze cas d'extraction de 
corps étrangers plats de lwsophage (pièces de monnaie, roue de 
Jouet, fiche ronde en os) qui furent pratiqués au moyen d’une 
pince œsophagienne à branche glissante, sous l’écran radiosco- 
pique, dans l'examen latéral. (Voir tableau ci-contre.) 

Voici, d’ailleurs, le procédé que j’emploie, procédé (1) que j'ai 
décrit à la Société Médico-Chirurgicale du Brabant le 28 mars 
1905, et que j'avais appliqué, la première fois avec le D" Mar- 
chand, au commencement de ce mois. 

Le diagnostic de la présence du corps étranger et de sa situation 
est fait par la radioscopie, l'écran placé contre la face dorsale du 
tronc (position la plus favorable dans ces cas, les rayons de Rünt- 
gen traversant le thorax d'avant en arrière). Les corps étrangers 
se trouvaient dans l'æœsophage, à la place classique, au niveau 
des deux premières vertèbres dorsales, cachant sur la plaque le 
corps de celles-ci mais situées cependant un peu à gauche de la 
ligne médiane, précisément au-dessus de l'entrée de la portion 
thoracique de l'æsophage (rétrécissement normal) ; 95 p.c. d'après 


Bérard et Leriche (2); pour ma part, j'ai retrouvé à cet endroit 


(1) Archives médicales belges, mai 1995, p. 303. 
(2) Semaine médicale, 15 février 1906. 


— 44 — 


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onze pièces de deux centimes, deux pièces de deux centimes, et 
une pièce de dix centimes, accolées ; une pièce de dix centimes 
en nickel, une roue de jouet, chez des enfants en bas-âge, et une 
pièce de deux francs chez un enfant de huit ans. 

L'enfant est assis, maintenu le plus immobile possible par deux 
aides, l’un d’eux le retient par les genoux, l’autre lui soutient la 
tête inclinée en arrière. L'opérateur fait ouvrir largement la 
bouche (au moyen de l’ouvre-bouche de White-Head, par exem- 
ple), porte l'index gauche en crochet derrière la base de la langue 
(voir figure 177 de la Chirurgie d'urgence de Lejars, 5° édition), 
le plus bas possible. A ce moment, l'obscurité est faite et lam- 
poule de Röntgen est mise en marche. 

Sous l'écran radioscopique, dans Veramen latéral, c'est-à-dire 
dans l'examen du malade, traversé par les rayons X de droite à 
gauche, ou inversement, l’opérateur introduit de la main droite 
la pince qui descend vers elle. Une fois arrivée au niveau du 
corps étranger, la pince est ouverte, refermée et retirée douce- 
ment, portant entre ses mors le corps étranger. 


La pince (1) dont nous nous sommes serv! est une pince cesopha- 


gienne, à branches glissantes, d'une longueur totale de 28 centi- 
mètres. La branche inférieure, y compris le mors (21 millimètres), 
est entièrement rigide. La branche supérieure, rigide dans sa 
partie postérieure (7 centimètres et demi) et dans sa partie anté- 
rieure, le mors (21 millimètres) est souple dans sa partis 
moyenne, courbe (18 centimètres et demi). 

La courbure, dont le sommet se trouve à 8 centimètres du l'ex- 
trémité antérieure (20 centimètres de l'extrémité postérieure), se 
fait sous un angle de 90°. Lorsqu'on soulève, au moyen de Feil- 
let, le premier bras de levier (7 centimètres et demi) de la branche 


supérieure, celui-ci repousse en avant la branche courbe, souple 


(1) Fabriquée par F. Mohr, de Bruxelles. 


— 46 — 


(18 centimètres et demi) qui repousse à son tour le mors supé- 
rieur (21 millimètres) dans le sens antéro-poxtérieur. Celui-ci 
s'écarte de l'autre mors, fixe, et permet, lorsqu'on le referme, 
de saisir le corps étranger. 

La première indication donc, lorsqu'on se trouve en présence 
d'un enfant qui a dégluti un corps étranger métallique, est de re- 
courir à la radioscopie. Vous citerai-je le cas de cet enfant qui 
me fut amené atteint d'emphysème sous-cutané du cou, chez le- 
quel l'extraction avait été tentée au moyen du panier de de Graefe 
et chez qui je retrouvai, à l'aide des ravons X, le corps étranger 
dans l'estomac. 

Laissons à l'æsophagotomie ses indications dans les corps étran- 
gers (dentiers) qui sont figés dans l'œsophage: ne recourons a 
l'œsophagoscopie, méthode d'un emploi difficile, à la portée des 
spécialistes seuls, que dans les cas de corps étrangers non métal- 
liques, et dans les cas d'épingles, par exemple, que la pince ne 
peut pas saisir; rejetons désormais le panier de de Graefe, le 
crochet de Nirmisson, et les autres procédés dont j'ai parlé plus 
haut, qui sont des méthodes à l'areugle et qu, de l'aveu même 
de ceux qui les décrivent, réussissent rarement au premier essai. 

Coneluons en disant que le procédé de choix pour l'extraction 
des corps étrangers plats (pièces métalliques) est celui qui con- 
siste à se servir d'une pince æsophagienne à branches glissantes, 
sous l'écran radioscopique, dans l'examen latéral. 

Cette méthode est sûre, rapide, ne se fait pas à l'aveugle, 
n'exige ni l'anesthésie générale, ni l'anesthésie locale, évite tous 
les dangers que peut faire courir l'œsophagotomie externe, même 
bien pratiquée et enfin, par sa facilité, elle est à la portée de tous 


les praticiens. 


= AT = 


Quelques conseils pratiques sur le maniement des tubes de Crookes 
par À. E. DEAN 


Ingénieur-conducteur (Londres) 


Il est certain que le Tube de Crookes, l'organe si sensible et si 
délicat du groupe radiogéne, a été très mal compris par les radio- 
logues pendant la première décade de son existence. L’ampoule a 
été le vérilable souffre-douleur du laboratoire, elle a été traitée avec 
brutalité, il fallait qu’elie produisit du rayon X et en grande quan- 
tité. Il ne faut pas s'étonner que dans ces conditions elle résista 
peu et fùt au bout d’un temps très court hors d'usage. 

Si l’on songe à la constitution et à la fabrication si délicate du tube 
de Crookes, à la manière empirique dont elle est traitée, on me 
pardonnera si je dis que les caprices qu’on lui attribue appartien- 
nent plutôt au tacteur humain qu’au groupe radiogène. 

Le Tube de Crookes modifié par Jackson en 1906 est le prototype 
des ampoules actuellement emplovées : si le volume, la forme ant 
été modifiés, les éléments emplovés par Herbert Jackson restent les 
mêmes. 

Le tube est un assemblage de quatre éléments : ampoule en 
verre de sodium, les électrodes positives el négalives respectivement 
en plaline et aluminium et le gaz raréfié. Sans entrer dans les détails 
qui ont déterminé l’emploi de ces éléments, je ferai remarquer la 
variété et le contraste de ces éléments comme état et comme poids 
atomiques. La cathode n'est-elle pas faite du métal le plus léger, 
l'aluminium ? l’anticathode ou pôle positif n’est-elle pas faite de pla- 
tine, de poids atomique très élevé? Le platine et l'aluminium ne repré- 
sentent ils pas les extrèmes comme valeur « obstacle », dirai-je, aux 
rayons X et cathodiques ? le premier étant un maximum, le der- 
nier un minimum ? 

Le verre de sodium qui ne contient presqu’aucune trace de 
métal libre, est choisi de préférence : car il n’arréte que très 
peu le rayon X. 


Ho 


Les rayons X naissent au contact des rayons cathodiques et de 
l’anticathode. Admellons que tous les éléments employés par le 
constructeur soient au dessus de tout reproche, car la moindre 
défectuosité empècherait la confection Tun bon tube, les électrodes 
devant jouer les roles de balteries et de cibles pour les ions et les 
anions qui naissent au passage du courant électrique interrompu 
de haut potentiel. Le véhicule pour l'échange de projections sera le 
gaz rarélié ; le degré de dépression (de rarefaction) a une grande 
importance et caractérise le tube de Crookes. 

La cathode est de forme concave afin de concentrer le faisceau 
de projectiles cathodiques : Vanticalhode, au contraire, est plane et 
doit servir à la fois de pôle positif et d'obstacle au faisceau catho- 
dique ; par suite de ce double rôle, l’action de cette electrode posi- 
tive ne peut être aussi bien définie. 

Comme chaque électrode doit fournir un travail très élevé et en 
quantité égale, il est de grande importance de ne pas gêner leurs 
fonctions, et surtout de ne pas renverser leurs rôles, sinon le 
rayon X produit ne sera pas constant ni en qualité ni en quantité. 

C'est en mesurant la qualité et la quantile des rayons X émis par 
un tube qu’on détermine la valeur de ce tube. 

Un bon tube de Crookes devra posséder les trois qualilés sui- 
vantes : 


1° Un bon pouvoir émissif ; 
2° Un foyer démission stable : 
3° Une résistance constante. 


Le pouvoir émissif d'un tube dépend uniquement de la qualité 
de l’anode ; l’anode doit être imperméable et arrûler presque com- 
plètement les rayons cathodiques, elle ne doil passe laisser traverser 
par plus de 15 à 20 p. c. du faisceau cathodique. Toutes les antica- 
thodes sont donc plus ou moins perméables surtout si l'énergie 
électrique est forte. C’est pour ce motif que lor, le platine, 
Pirridium, l’osmium sont tous indiqués, mais le prix élevé de 
ces métaux rend les tubes très coûteux. Les métaux de poids 
atomique élevé, en résistant au bombardement cathodique, 
s'échauffent rapidement : les autres anticathodes peu riches en 


A0 


platine, qui arrétentdonc peu le faisceaucathodique,selaissenttraver 
ser par lui, s’échauffent moins, le travail de résistance à leur passage 
étant proportionné à leur poids atomique. C'est pourquoi certains 
tubes examinés à l’écran montrent presqu'autant d'activité derrière 
l’anticathode qu’au devant, surtout si le régime critique est un peu 
dépassé. Un bon tube, malgré une grande activité, doit accuser un 
grand contraste entre la zone claire et la zdne sombre. 


L'instabilité du foyer cathodique est généralement causée par un 
manque de rigidité des électrodes ou par une érosion de la sur- 
face de l’anticathode. Ce tube est trompeur, car la fixité du point 
d'incidence n'existe pas. 

La constance d’un tube peut être exprimé par la valeur nomina- 
tive de la charge maxima sous laquelle il travaille sans se fatiguer ; 
elle est mesurée par la résistance fixe qu’il offre au passage du 
courant. On ne peut mesurer avec précision cetle résistance. Le 
spintermètre, ou résistance à air, ou mesureur de l'étincelle équi- 
valente, en shunt ou en dérivation sur le circuit donne une mesure 
pratique de la force électro-motrice nécessaire pour vaincre la résis- 
tance du tube. Un milliampéremeétre de haute tension pourvu d’un 
condensateur peut également rendre le mème service. I] est bien 
entendu que le milliampéremetre doit ètre très sensible et pério- 
dique, non pas apériodique comme on le fail généralement à cause 
de son inertie. De même l’ampèremètre employe dans le circuit 
primaire pour le même motif doit être périodique et très sensible. 
Ces deux instruments, l’un sur le primaire, l’autre sur le secon- 
daire, marcheront de pair. Je prévois même que l’on se passera 
un jour du milliampèremètre sur le secondaire. 

En employant des instruments de mesure très sensibles, on recon- 
naitra la difficulté de maintenir un régime constant dans le circuit 
excitateur, et on s’expliquera pourquoi un tube est parfois si capri- 
cieux : le grand coupable est généralement le circuit excitateur. La 
constance du tube dépend donc de sa résistance, et sa résistance 
dépend surtout de la chaleur produite par le travail de l’anticathode. 

La température croissante de l’anode dégage les gaz qu'elle 
contient(en grande partie de la vapeur d'eau)et augmente le volume 


"0. 


total contenu dans le tube, rend le transport des projectiles 
cathodiques plus facile, le tube devient moins résistant et il est alors 
dit tube mou. 

Donc, si le tube n’a que le travail cathodique pour l’altérer, ce 
sera la chaleur, le seul facteur d’altération, et le régime critique du 
tube sera le point ou les calories générées seront contrebalancées par 
une même quantité dv calories dissipées par radiation. 

Les moyens de refroidissement ne sont qu’une question de temps ; 
les tubes refroidis se chauffent encore, mais moins; par contre, il 
ne restent pas stables, tant qu'il y a variation de température le 
regime critique n'est pas atteint. 

L'émission des rayons X est d’autant plus active qu’elle est 
accompagnée de rayons caloriques, c’est alors que l’on obtient 
les meilleurs effets radiologiques. Un système de refroidissement 
n’est donc qu’un retard empéchant le maximum d’activité. 

Uu tube doit donc avoir une anode positive possédant le maxi- 
mum comme pouvoir obstacle au faisceau cathodique et le minimum 
comme masse. Les tubes construits au moyen de platine irridié pos- 
sèdent presque cet idéal, mais en pratique ils ont cependant un dé- 
faut : Il se produit dans un tube un autre phénomène, une absorp- 
tion sinon une neutralisation des molécules de gaz, servant de 
véhicule pour le transport ionique et cathodlque et il faut un moyen 
de compenser cette perte, c’est-a-dire, de remplacer ces molécules 
disparues. Le platine ne contient qu’une très faible quantité de 
gaz et comme les anodes positives se chauffent très vite, le gaz est 
vivement expulsé, absorbé, et il faut ainsi recourir aux régulateurs. 

Aujourd’hui que les rayons X sont très employés en radiothérapie; 
les tubes doivent être constants. C’est d’une importance capitale. 
Un tube pratique et d'une grande activité pourra servir long- 
temps, s’il est muni d’une anode en platine doublé d’un métal plus 
spongieux. 

Plus important encore pour la vitalité d’un tube est le moyen 
que l’on emploi pour lexciter. 

C’est ici que l’on touche au point faible de presque toutes les 
installations radiogènes. La cause principale de la démolition des 
tubes est le courant de self qui se manifeste an moment du rétablis- 


— 5 — 


sement du circuit. Ce courant de self est de polarité opposée au cou- 
rant excitateur el atteint dans certain cas 45 °/ du courant total. 

Il n’y a pas de groupes électrogènes possédant un transformateur 
de haute tension ou ce courant de self induction n'existe pas aussi 
l’on a vu créer des appareils ingénieux pour reduire ce courant, 
mais ces instruments ne suppriment pas le self et consomment une 
grande partie de l'énergie électrique; il sera beaucoup plus ration- 
nel au lieu d'employer des palliatifs d'attaquer la cause du self 
induction à sa source, faute de mieux on emploiera des protecteurs 
soit des soupapes de Villard, soit des éclateurs en série sur le pôle 
négatif. 

La nécessité de ces précautions n’est pas si capitale en radio- 
graphie ou la séance est moins longue mais les résultats sur la 
plaque sensible seront cependant en raison directe de la pureté 
des rayons: les plaques seront moins voilées, les plaques radiogra- 
phiques sont toutes plus ou moins voilées mais nos yeux cessent à un 
certain moment de l’apercevoir. 

Il n’est pas difficile de reconnaître l'effet du courant de rétablis- 
sement sur le tube, il se manifeste de différentes manières. On voit 
d’abord la silhouette de l’anode sur la zone active du tube, surtout 
si l’on emploi de grandes fréquences sur des tubes résistants. On 
voit aussi un anneau se former sur l’hémisphere en arrière de 
Panticathode. 

Il existe un petit appareil fort ingénieux pour demonirer la pré- 


Oscilloscope. 


sence du courant de sens contaire ; c’est l’oscilloscope, de Welinelt. 
Cet appareil se compose d’un tube de Geissler de 150 millimètes de 
long sur 30 millimètres de diamètre. Au milieu se trouve un dia- 
phragme percé d’une petite ouverture d’un millimètre, les elec- 
trodes sont nus et se dirigent de chaque côté vers le diaphragme. 

L’oscilloscope est mis en série avec le tube de Crookes sur le 
circuit secondaire et ne consomme qu’un courant dérisoire n'of- 


eet) ee 


rant guére de résistance. Au moment du passage du courant de 
haut potentiel une chenille de lumière bleudtre parait sur une des 
électrodes mais s’il ya du courant de self une lueur paraitra sur 
l’autre électrode et quelquefois presqu’aussi brillante et longue que 
de l’autre côté du diaphragme. Il est donc facile de se rendre 
compte de la présence et de la valeur du courant de self induction. 
Il est enfin un troisième signe dénonçant le courant de self induc- 
tion, c’est la formation sur les parois du tube de petits stries vertes 
très actives : ce signe est surtout visible sur les tubes à deux élec- 
trodes positives. 

Il y a eu pas mal de controverses sur la valeur de la seconde anode 
positive, mais quelle que soit la matière employée ou la forme adoptée 
je crois que cet auxilliaire est tout 4 fait inutile, il est méme 
gênant, car il facilite ’entrée du self dans le tube. Les tubes fran- 
çais, anglais et américains sont mono-anodiques, la denxieme élec- 
trode n'existe que pour la construction du tube; il faut en effet 
deux électrodes en aluminium afin de ne pas faire passer le courant 
par le platine pour ne pas noircir les parois des tubes. 

Un grand degré de propreté dans un tube n’est pas une indication 
de qualité mais au contraire indique de toute évidence que l’anode 
n’a pas été beaucoup chauflée par le courant lorsque le tube était 
placé sur la trompe à mercure afin d'être vidé; il faut plutôt se 
méfier de ce tube d’apparences trompeuses et ne donner que très 
peu de courant au début. 

Tous les radiologistes ont remarqué la teinte pourpre parfois 
noire qui parait sur un tube apres un certain travail; cette couleur 
atteint mème les capsules en verre à base de plomb que l’on em- 
ploi pour localiser les rayons X en radiothérapie ; ils ont égale- 
ment remarqué qu'un vieux tube presque noir peut produire des 
rayons très intensifs et causer une fluorescence brillante de l'écran 
de piatinocyanure de baryum. 

La radioscopie est un moyen trompeur pour mesurer la valeur 
d’un tube, car les rayons ne sont que faiblement absorbés, mais la 
pastille de Sabouraud, la capsule de Holzknecht et la cellule de 
sélénium indiquent incontestablement l’activité d’un tube si toute- 
fois on les emploie convenablement. 


On peut donc avec quelques précautions faire travailler pendant 
2 ou 3heures un tube donnant des rayons très pénétrants,(ravons 10, 
et le maintenir constant. La première précaution est de ne pas lui 
donner trop de courant surtout pas de courant de self. Ce self est 
produit par les courants de Foucault, courants qui se produisent 
dans le fer formant le noyau magnétique de l’inducteur au moment 
du passage du courant primaire. 

La plupart des transformateurs ont été construits pour faire 
grand effet, malheureusement en dépit des lois bien définies pour 
la construction des transformateurs statiques. 

Dans un transformateur la période est plus importante que la 
tension du courant inducteur et si l’on veut un bon rendement il 
faut respecter la période critique du transformateur car la quantité 
de fer du noyau joue un rôle capital. 

Au contraire au lieu de chercher dans l'intérêt du tube de Crookes 
à rester dans les limites normales de l’inducteur on impose toutes 
sortes de périodes sur une même bobine crovant lui faire rendre un 
courant plus intense. On ignore qu'une bobine ne peut travailler 
normalement que sur une certaine période et que si on la dépasse 
on crée un courant de self tout aussi nuisible pour le tube que dan- 
gereux pour les opérateurs. Le tube n’est en effet que Vécho de Vin- 
ducteur. Le tube est donc soumis aux mêmes péripéties que la bobine 
el comme le transformateur oscille la plupart du temps, le tube 
malgré les soupapes oscille et en souffre. C'est la la cause prinei- 
pale de la destruction des tubes. 

La bobine telle qu'elle est construite à circuit magnétique ouvert 
ne peut répondre à plus de 1000 à 1500 interruptions par minute, 
certaines même ne peuvent accepter autant et il est assez fréquent 
de voir employer des interrupteurs faisant 3,000 à 5,000 inlerrup- 
tions. J’ai même entendu réclamer 10,000 périodes pour un certain 
interrupteur. L’effet est très beau comme oscillateur mais le résultat 
de son emploi en radiothérapie sera désastreux c’est absolument 
de la régression. 

I! faut donc chercher dans un tube neuf le régime critique laissé 
par le constructeur et ne procéder qu'en tilonnantet petit à petit. 

Il me semble raisonnable d’attribuer certaines connaissances à 


ae) 


un construcleur de tubes de Crookes et lui concéder un peu d’hon- 
netete ; s’il ne donne avec un tube neuf des instructions précises il 
faut tout faire pour chercher les limites de sa constitution, sinon il 
va périr par abus. | 

Le tube se prète très bien à l'entrainement et avec quelques pré- 
cautions on peut faire accepter des conditions d’excitation tout 
autres que celles laissées par le constructeur. Jai vu des tubes for- 
més sur du courant continu à 1000 périodes par minute arriver par 
l'entrainement à fonctionner d'une manière passable sur un courant 
alternatit médiocrement redressé avec 3000 périodes par minutes. 

En essavant un tube pour la première fois, il faut donner très 
pen de courant et surtout très peu d’interruptions. Puis augmenter 
petit à petit le courant et ensuite seulement la période. 

Un tube en travail ne doit pas être laissé sans une étincelle équi- 
valente appropriée, car en cas d’irrégularités les excès de pression 
seront dissipés en chaleur par le spintermètre et le tube n'aura 
pas recu plus qu'il ne lui convient. 

Si le tube est muni d’un régulateur automatique, il faut avoir 
soin d'empêcher le régulateur d'être trop actif, les régulateurs a 
substances capillaires, étant très sensibles à la chaleur, surtout 
quand ils sout neufs; il faut augmenter la résistance du courant 
dans cet auxiliaire, alin de rendre le passage plus difficile; pour y 
arriver, il suffira d'employer des armatures mobiles sur chaque 
extrémité et de laisser éclater une élincelle d'un centimètre, entre 
le bout cathodique du tube et le bout cathodique du régulateur, 
l’autre armature peut-ètre à distance selon discrétion. 

Si un tube s'échaufle et que l'anode devient rouge, tant que le 
spintermètre marchera, le tube sera garanti et il ne pourra être 
éreinté 

Quand un tube montre une petite étincelle rouge sur l’anode vous 
pouvez dire que l’anode va perforer, si l’on ne change pas le régime. 
Si au contraire le point de colorescence augmente el ne se concen- 
tre pas, il y aura peu de chose à craindre. 

C'est par un usage déraisonnable que l’on augmente la nécropole 
des tubes de Crookes que possède tout radiologiste. 

Choix des tubes. Il sera sage d’avoir des tubes de différentes caté- 


a ie 


gories ; pour les parties molles demandant une grande netteté, un 
tube de pénétration de valeur 3 à 5 de Benoist et avec 6 à 8 centim. 
d’écartement. M. le D' Mackenzie Davidson dans les tubes à osmium 
qu'il faisait construire pour la radiographie stéréoscopique des veux, 
plaçait l’anode à 3 centim. de la cathode, de sorte que le point focal 
tombait exactement sur la perle d’osmium. Ce métal seul résistait à 
l’action perforatrice du faisceau cathodique, mais marchait incan- 
descent. Ces tubes étaient très difficiles à construire et par consé- 
quent très coûteux. Pour les parties épaisses, il faut employer un 
tube à grand écartement; il sera moins sensible et supportera 
mieux la fatigue des grandes intensités. 

Un tube capable de rendre de grands services sera construit avec 
une anode assez éloignée de la cathode (9 4 12 cent.) La cathode 
n’aura pas grande concavité de sorte que le point focal sera assez 
éloigné du foyer radiogéne. Un tel tube ne se chauffera que légère- 
ment et lorsqu'une tache rouge paraitre sur l’anticathode elle aura 
4 à 5 millimètres de diamètre. On prétend que ces tubes manquent 
de netteté, c’est peut-être vrai, mais ce tube sera durable et gagnera 
par conséquent en pénétration et nelteté,tandis qu’un tube très netest 
usé à son apogée. Il sera également préférable pour la radiographie 
du bassin, car il rendra un plus grand volume de rayons X de qualité 
moyenne, c’est-à-dire 5 à 6 de Lenoist; il sera préférable encore 
pour ia radiothérapie pour la même raison. La grande distance 
entre les anodes augmente la résistance du tube et le garantit. 

Un bon tube pourra ètre reconstruit si ses éléments sont bons, 
mais il arrive un moment où les électrodes sont chargées des parti- 
cules de métal de l’électrode opposée; il ne sera pas économique 
d’essaver de refaire un tube avec l’anode chargée de particules 
d'aluminium et réciproquement. 

Le verre de l'ampoule, après un certain travail, cesse également 
de posséder le degré de fluorescence favorable et on sera mal 
récompensé de sa dépense en voulant ressuciter un tube fatigué à 
ce degré. 

Un tube retrouve son activité après un certain laps de temps, il 
est donc utile de lui donner un certain repos. Certains services 
radiologiques font reposer leurs tubes régulièrement par principe, 
et ils y trouvent une économie. 


des TR sae 


En résumé, il est prudent de travailler les tubes en restant dans leur 
force nominative, de le garantir contre des irrégularités d'exci- 
tation, surtout demplover les petites fréquences en radiogra- 
phie et en radiothérapie car dans ce dernier cas particulièrement 
élever la période c’est prolonger la pose. 

La quantité de 5 unités Holzkrecht arrive plus vite avec peu de 
fortes secousses qu'avec beaucoup de médiocres secousses très rap- 
prochées et on aura moins souvent besoin des régulateurs. 

Les régulateurs soit à osmose soit à subslances capillaires, 
sont toujours indécis et mème avec beaucoup d'attention on arrive 
a mettre un tube hors de service par suite d’un trop grand ramol- 
lissement. 

Je ne cilerai pas d’autres expédients employés pour ramollir les 
tubes, ce ne sont que des expédients irrationels, instables et 
trompeurs. 

La poussière est funeste pour les tubes de Crookes et cependant 
on voit souvent les tubes couverts de poussière de charbon attiré 
par la charge électrostatique. Pour les nettoyer le meilleur moyen 
consisle à se servir de pétrole ou d’alcool et à l’essuyer avec du 
papier de soie. Un dépôt de charbon sur un tube fera appel aux 
débris métalliques qui se forment à l’intérieur du tube par un phé- 
nomène de condensation et finira par occasionner un court-circuit 
en percant la paroi du tube. 

Quand un tube en travail présente des anneaux sur la partie 
arrière de l’anode et garde en même temps une certaine résistance, 
il ne se rétablit qu'après un certain temps de travail ; les soupapes 
n’ont pas lair de controler ces renversements. Il sera alors plus 
sage de ramollir le tube très sensiblement, de recommencer un 
entrainement sur des conditions électriques personnelles. 

Une oreille exercée entends très nettement l'effet du renverse- 
ment du tube, par le changement du bruit, du murmure qui se pro- 
duit dans l'interrupteur. Le bruit se change, devient plus bruyant 
et l’étincelle équivalente se produit, un bon instrument périodique 
signalera ces perturbations dans le circuit inducteur. 

Le voltage le plus favorable est de 50 à 100; il faut donc une 
résistance en dérivation sur les secteurs de 200 à 250 volts, sinon 


nr. 


le self sera en proportion considérable. Beaucoup de ces difficultés 
disparaissent avec l'emploi de la machine statique mais on ne 
peut employer les mêmes intensités et ce genre de machine possède 
des contretemps tout particuliers. Le principe d'entrainement 
progressif du tube est cependant le mème qu'il soit excité par 
la machine statique ou par une bobine d’induction. 

Je ne parlerai pas de l’emploi du courant alternatif, car je le crois 
tout à fait contre indiqué, la consommation des tubes est considé- 
rable, la pose est très longue. La comparaison des résultats indique 
très neitement l’avantage des systèmes excilés par un courant 
direct. 


a 


De la valeur des rayons X dans le traitement de la maladie de Basedow 


par le Dr CARL BECK 
Professeur de chirurgie a New-York 
Conférence, avec présentation de malades, faite a la Société 
allemande de médecine de New- York, le 7 novembre 1907 


Comme suite à mes travaux antérieurs concernant cette maladie 
encore peu connue, je me permets de vous exposer le résultat de 
quelques nouvelles recherches : Je voudrais vous montrer d’abord 


un cas qui s'est terminé par une guérison complète par le traite- 
ment radiothérapique. 
Il s’agit d’un jeune garçon de 11 ans, né en Hongrie, dont la nutri- 


— 59 — 


tion est insuffisante, il en est de même du reste pour les parents. Il 
y a un an, le malade est entré à l’hôpital Saint-Marc où je l'ai 
observé. L’anamnèse révèle une augmentation lente et progressive 
de la glande thyroïde depuis six mois. Il existe en même temps une 
proéminence des globes oculaires, des battements de cœur et du 
tremblement musculaire (fig. 1). 

Dès le premier examen, on constate une exophtalmie très pro- 
noncée et une tumeur thyroidienne dépassant le volume d’un œuf 
d'oie. Le pouls est en moyenne de 170, s'exagére à la moindre émo- 
tion jusqu’à environ 186 pulsations. Il y avait en plus un léger 
tremblement. 


Ce cas me paraissait indiqué pour un essai radiothérapique, par- 
ticulièrement en raison de son jeune äge et on appliqua ce traite- 
ment au moyen de « mon localisateur », d’abord tous les deux 


— 60 — 


jours, puis après trois semaines tous les trois jours pendant cinq 
minutes. Après cinq semaines on dut cesser le traitement, car une 
légċre dermatite s'était développée. 

Après la disparition de celte dermatite une semaine plus tard, on 
appliqua de nouveau le mème traitement radiothérapique avec des 
intervalles d’une semaine. 


Après quatre mois le goître et la tachycardie avaient complète- 
ment disparu, il ne persista plusqu’un peu d’exophtalmie que l’on 
peut encore constater aujourd’hui. Le malade parait normal et bien 
portant (fig. 2). 

Il està remarquer que le malade n’a subi aucun autre traitement 
que irradiation de la région par les rayons X. L’on ne put même 
pas lui appliquer des mesures de dietetique générale étant donné la 
pauvreté de sa famille. Malheureusement ici comme dans la tuber- 
culose la question — argent — doit intervenir. 


Nous avons donc un résultat absolu des rayons X, sans indi- 
cation ou modification des échanges nutritifs. Je ne veux cependant 
nullement généraliser cet effet merveilleux car qui sait? si un cas 
semblable ne présentera pas une grande résistance à un pareil 
traitement. Peut-être qu'ici la grande «succulence » des tissus 
favorisait particulièrement la rétraction, alors qu’une plus grande 
abondance de formation de tissu conjonclif oppuserait ailleurs une 
plus grande résistance. Quoiqu'il en soit ce cas de guérison 
est instructif et encourageant. 

Une diminution de volume du goitre ne commença qu'après la 
quatrième application du rayon X,et dès la disparition de la lésion 
de la peau, on pu constater une rapide diminution. 


C'est le huitième cas que je traite par les rayons X. Comparative- 
ment à des variations de résultats bien plus défavorables, je dois 
néanmoins relater que dans sept cas, j’obtins une guérison. Dans le 
seul cas où la guérison me fit défaut c'était je crois la faute du 
malade qui interrompit trop souvent le traitement. 

Dans notre dernier cas la guérison persiste depuis trois ans. 


L’explication des résultats moins favorables — le hasard ne peut 
etre en cause ici -— rapportée par d’autres observateurs autorisés 


— 6i — 


doit tenir compte, me semble-t-il, des facteurs primordiaux sui- 
vants 

1° La sélection des cas qui se faisaient remarquer par la mollesse 
des tissus parenchymateux; 

2° L'action plus intense des radiations par l’emploi des localisa- 
teurs ; 

3° Le fait que je n’applique le rayon X que dans des cas de 
Basedow moyens, alors que je préfére l’extirpation dans des cas 
de goitres volumineux. 

La où les lobules étaient inégaux j’en extirpai le plus grand et im- 
médiatement après je commencai le traitement radiothérapique 
sur le plus petit qui se rétracta dans tous les cas semblables (1). 

De même dans les cas où les symptômes généraux sont graves, 
on n’appliquera les rayons X que temporairement et pour ainsi dire 
comme préparation à une opération éventuelle. Enfin dans les cas 
inopérables les rayons X n’ont qu’un effet palliatif. 

Il serait désirable que l’on appliquat ce procédé d’une façon plus 
fréquente, sine ira et studio avec une mentalité réellement scienti- 
fique, sans prévention, en se basant sur les faits observés; sans trop 
d'enthousiasme parce que l’on observe un cas très favorable ; sans 
pessimisme parce que l’on n’a pas de chance C’est seulement alors 
que la vérité apparaitra ; qui vivra verra. 


` (1) Berliner klin. Wochenschr., 1905, n° 20. De la combinaison de l'incision 


et de la radiothérapie dans la maladie de Basedow. 


ot) = 


INSTRUMENTS NOUVEAUX 


Appareil pour rendre silencieux le Wehnelt 


Jusqu’a présent, on n’a pu se servir du groupe électrogène com- 
prenant un interrupteur électrolytique qu'en plaçant cet interrup- 
euren dehors de la chambre d'opération, afln d'éviter le bruit et 
les vapeurs acidulées. 

En recouvrant d’une couche d'huile l’eau acidulée, on peut suffi- 
sainment atténuer la buée acidulée, pour que ce montage puisse se 
faire dans la chambre, dans un abri, ou éventuellement dans une 
antichambre; mais quant au bruit, on ne pouvait jusqu’à présent 
l’éviter d'aucune facon, et l'interrupteur devait être placé aussi loin 
que possible de la chambre d'opération, ou dans d’autres chambres 
non habitées. A cet effet, on devait installer toute une série de 
conduites isolées avec le plus grand soin, coûteuses et d’un aspect 
peu esthétique. Enlin, le réglage de l'interrupteur, faute d'action 
visible à l'inducteur placé a distance, donnait lieu à des compli- 
cations notables. 


Description, — Le nouveau silencieux, dont l'agencement est basé 
sur des phénomènes physiques, est constitué par un corps creux 
en porcelaine, dans l’intérieur duquel ona tendu un diaphragme 
en caoutchouc absolument inaltérable aux acides, de facon à ména- 
ger un espace contenant de l’air entre le caoutchouc et la porcelaine. 
L’entre-deux atmosphérique annulaire ainsi formé agit comme 
tampon avec le concours du diaphragme en caoutchouc, au 
moment du choc explosif provoqué par la rupture du circuit, 
alors qu’autrement, sans aucun modérateur, cette secousse explo- 
sive était transmise bruyamment aux parois extérieures du verre, 
à travers le liquide incompressible. Le corps en porcelaine est 


= 63 


maintenu en suspension par un bouchon de caoutchouc passé sur 
la garniture de l’interrupteur. 

La tige en verre, placée latéralement, établit la communication 
entre le tampon d’air et l’atmosphère ambiante, de sorte que la 
dilatation de l’air constituant ce tampon ne peut provoquer aucun 
ballonnement du caoutchouc contre la tige. Il est à noter que la tige 


en verre ne Se trouve pas exactement en dessous de la tubulure de 
décharge du diaphragme en porcelaine, étant donné qu’en grande 
fréquence ce dernier déverse et reverse de l'acide. 

L'appareil qui m’a été vendu par la maison Reiniger n’a déter- 
miné aucun changement dans la forme et l’action de l’interruption. 


Placement du silencieux. — Le bouchon en caoutchouc fourni 
avec l’ensemble doit être inséré à sec dans la bague supérieure du 
silencieux, puis, prenant le silencieux par l’anneau et le faisant 
tourner, on le passe sur l’extrémité préalablement humectée de la 
garniture en porcelaine et on l'y fait descendre jusqu’à ce que l’ex- 
trémité inférieure de la garniture de l'interrupteur soit écartée de 
5 c/m. du bord inférieur extrème du silencieux. Pour éviter le glis- 
sement et toute déformation de la tige en platine qui dépasse le 


tube de porcelaine, il convient de la diminuer. Ensuite on humecte 
le silencieux, afin d’éviter, lorsqu’on le plongera dans lacide, 
que la couche d'huile qui couvre l’acide n’y reste adhérente et par 
conséquent ne dérange peu à peu le diaphragme en caoutchouc. 
Puis, on raccorde de la manière habituelle la garniture de linter- 
rupteur. 

Chose à noter, l’interrupteur Wehnelt agit beaucoup mieux quand 
le niveau de l’acide arrive à environ 12 c/m au dessus de la tige 
Wenhelt, et non pas de 5 à 8 c/m comme on le fait habituellement. 

D" L. HAUCHAMPS. 


— 65 — 


SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE 


Séance du 8 décembre 1907 


M. le D' J. DE NOBELE présente un malade atteint d’ostéome 
traumatique de l’épaule. En faisant, le 27 avril, une chute d’un 
escalier d’un demi-mètre de hauteur, le sujet s’est fait une luxa- 
tion sous-coracoidienne de l’épaule. Cette dernière a été réduite 
très facilement quelques heures après l’accident.Le lendemain, le 
blessé revint avec un gonflement énorme de tout le scapulum et 
du bras, dû à un épanchement sanguin qui persista pendant en- 
viron trois semaines. Une radiographie, prise pendant cette pé- 
riode, démontra la réduction de la luxation et ne permit de con- 
stater aucune autre altération osseuse. Néanmoins il persistait 
une impotence complete du bras. Vers la fin de septembre on 
sentait une forte induration entourant comme une gaine toute 
la région supérieure de l'humérus. Une radiographie permit de 
constater un décollement du périoste de la région interne et supé- 
rieure de l'humérus. Dans la suite, les examens radiographiques 
répétés firent assister au développement de tissus osseux aux dé- 
pens des parties du périoste décollé, au point qu'actuellement 
les exostoses ainsi produites forment deux traînées d’au moins 
8 à 10 centimètres de longueur, s'étendant depuis l’humérus 
jusqu'à l’apophyse coracoïde, en croisant l'articulation scapulo- 
humérale en sa région antérieure. 

Le malade étant encore en observation, son cas fera l'objet 


d'une communication ultérieure. 


M. le D! Knyvexs. — En présentant l’intéressant cas de frac- 
ture spontanée du tibia, le docteur Hendrickx demandait aux 
membres de la Société de Radiologie si une altération due au 


— 66 — 


rachitisme des adolescents (Spätrachitis des Allemands) ou quel- 
qu'autre lésion générale, pourrait être en cause. 

Nous lui répondîmes déjà alors que le rachitisme devait être 
exclu de la pathogénie précisément parce que l'image radiogra- 
phique d'un os rachitique et particulièrement de sa région épi- 
physaire, est la synthèse, la reproduction absolument fidèle de 
la lésion histologique. 

Nous n’avons pas à remémorer les lésions histologiques du ra- 
chitisme, l'énorme développement du cartilage, les irrégularités 
et les défectuosités de la calcification, les irrégularités de la 
formation des canaux médullaires. Nous tenons toutefois. à in- 
sister ici sur l'énorme importance de l'anatomie pathologique 
dans l'interprétation de nos images radiographiques. 

Le radiographe ne peut assez étudier l'anatomie pathologique 
de tous les organes qu'il est amené à explorer : plus ses connais- 
sances et son expérience seront étendues dans ce domaine, plus 
son interprétation des clichés sera aisée, juste et exacte. 

Et si cette thèse était encore à démontrer, l'exemple du rachi- 
tisme pourrait servir de preuve irréfragable. 

Dans tous les cas de rachitisme même peu prononcés, la radio- 
graphie montrera l’irrégularité de lossifieation du cartilage de 
conjugaison et comme les colonnes de calcification sont irrégu- 
lièrement disposées, comme cette calcification se termine à des 
hauteurs absolument différentes, la radiographie de l’extrémité 
d’un os long montrera au milieu du cartilage de conjugaison 
des colonnes sombres, des franges appendues à l’extrémité de 
l'os. L'aspect d’une épiphyse rachitique est absolument caracté- 
ristique, pathognomouique de la lésion, et ne peut échapper 
même à un œil inexercé. 

Aussi bien est-il de toute nécessité d'explorer les différentes 
épiphyses facilement abordables telles que le genou, la cheville, 
le poignet, ete., quand on soupçonne une lésion rachitique. 

Dans ces conditions l'exploration radiographique répondra 
d'une façon absolument certaine à la question posée, d’une fa- 
econ facile, nette et même plus précise que ne pourrait le faire 
un examen histologique. 


2 AT — 


Mais encore faut-il que le cartilage de conjugaison ait quelque 
grandeur, qu’il n’ait pas encore disparu; la réponse radiogra- 
phique sera possible aussi longtemps que la soudure de l'épi- 
physe à l’os n’est pas opérée, soudure qui s’accomplit à diffé- 
rents âges (entre 9 et 15 ans, suivant l'articulation). 

Il importe encore de remarquer que le rachitisme, tout en 
étant un processus général, peut sembler se localiser clinique- 
ment à une seule articulation. Alors encore, aini que les cas de 
coxa vara rachitique nous l’ont prouvé, les altérations rachiti- 
ques des autres articulations, altérations qui existent bien que 
inappréciables par un examen clinique, se révéleront sûrement 
à l’examen radiographique. 

Nos conclusions seront done les suivantes : 

Si vous soupconnez le rachitisme et si cliniquement vous ne 
parvenez pas à faire la preuve de cette lésion, procédez à l’explo- 
ration radiographique de toutes les articulations, et celle-ci vous 
dira sûrement s’il y a rachitisme ou s’il n'y a pas de rachitisme, 
pour autant que la soudure épiphysaire ne soit pas encore ac- 
complie. 

Quant au cas présenté par le confrère ILendriekx, bien que l'ar- 
ticulation du cou-de-pied du côté malade seul ait été radiogra- 
phiée, nous pouvons affirmer d'une manière formelle qu’il n’y : 


as de rachitisme, qu'il n° va pas de Spätrachitis. 
» q y l 


M. le D" Hexprickxx. ---- M. le D" Klynens vient de nous indi- 
quer quels sont, d'après ses recherches, les altérations que mon- 
tre l'image radiographique des os rachitiques. 

Cependant la question que J'avais posée, en présentant mon ob- 
servation, avait une autre portée. J'aurais voulu savoir si l'exa- 
men radiographique des lésions qui s'observent dans les dévia- 
tions qui apparaissent dans l'adolescence, telles que Ja scoliose, 
la coxa-vara, le genuvalgum, ete., et que certaine doctrine attri- 
bue à l'apparition d’un « rachitisme tardif » (Spiitrachitis des 
Allemands), permet en effet de les rapprocher de celles du ra- 
chitisme de l'enfance et si l'on peut dire en vérité que les dif- 
formités de ces deux époques de la vie sont de méme nature 


Je pense que des recherches, faciles à faire pour ceux d'entre 


— 68 — 


nous qui disposent des cas ciiniques en nombre suffisant, pour- 
raient, sans grande difficulté, trancher la question. 


M. le D' Kasi. - - A propos d’un cas de coxa-vara double très 
légère, survenue chez une enfant de 9 ans, très obèse, J'al eu loc- 
casion de contrôler les assertions de M. Klynens, et je dois dire 
que je les ai vues confirmées; les différentes articulations de cet 
enfant, notamment les genoux, montraient nettement les lésions 
du rachitisme. 

La marche de l'ostéomalacie est caractéristique; je pense 
qu'elle est indéfiniment progressive; on arrive donc avec le temps 
à distinguer cliniquement et avec certitude l'ostéomalacie du ra- 
chitisme. 


M. le D' Dam. — J'appuie la proposition du D" Klynens. Il 
y aurait lieu, je pense, de pousser les recherches du côté osténgé- 
nique. En effet, ne se passe-t-il pas dans ces cas quelque chose de 
comparable à ce qui se passe lors de la production des exostoses 
ostéogéniques. C'est entre 9 et 13 ans que se fait la plus grande 
croissance de l’os et n’est-ce pas un trouble dans cette croissance 
qui amenerait les déviations dont il est question ? J’espere pou- 
voir, d’ici quelques mois, avoir des documents à cet égard. 


M. le D" Heitrorn, — Il serait peut-être intéressant de faire 
des recherches sur les lésions vasculaires des os. Un atlas paru 
récemment en Allemagne, où lon avait injecté les artères avec 
une substance opaque, nous montre nettement la marche des 
arteres, leur direction et distribution. Des anomalies artérielles 
pourraient fort bien expliquer les lésions osseuses. Malheureuse- 
ment, ces études ne peuvent étre faites que sur des cadavres. 


M. le D' Lavreys. —— Si mes souvenirs sont exacts, il existe 
une nouvelle théorie, émanant, je crois, de Poucet ,et attribuant 
le génu-valgum de l'adolescent à de la tuberculose atténuée. 


M. le D'J. DE Nose ir. — A côté de cas de rachitisme tardif, 
on a signalé également, chez l’adolescence, des cas d’ostéo-mala- 
cie non puerpérale. Cette affection se distinguerait de la première 


— 69 — 


par le fait que cette affection s’attaque d’abord à la colonne ver- 
tébrale et au thorax et s'étend ensuite rapidement aux extrémi- 
tés. Elle donne lieu à un fort ramollissement des os qui peut 
produire des incurvations frès prononcées des os longs avec pro- 
duction d'infraction et de fracture de ces derniers. Dans cette 
affection le gonflement épiphysaire fait défaut. A examen radio- 
graphique, on constate une région corticale mince et irrégulière, 


tandis que la région médulaire des os est fortement augmentée 
de volume. Nouvent, par suite de la décealcification des os, ces 
derniers ne laissent qu’une image a peine visible sur la plaque. 


= 00 eon 


M. le D! Leresvrr fait une intéressante communication, illus- 
trée par la présentation d'un malade, sur « La radiothérapie des 
folliculites des régions pilaires de la face ». (Parait plus haut 
in-cætenso.) 


M. le D" Francois est tout à fait du méme avis et obtient les 
mêmes avantages par ce traitement. 


+ 
1 


M. le D' J. DE Nope er a traité par les rayons X, avant la pé- 


riode des mensurations radiothérapiques, un malade atteint 
depuis nombre d'années de follieulite pustuleuse de la barbe. 


Le malade a été complètement guéri, mais il a fallu y revenir à 


ee; eee 


PASTILLE 


ee ee eee eee eee ee 


` 


oc 
FL Ores. 


Genrer : 2 > 


> 


une 


— 72 = 


plusieurs reprises, et provoquer une chute complète des poils. 
D'autre part, il a traité avec succès deux cas de folliculite de la 
barbe au moyen d'étincelles de haute fréquence, en employant 
l'électrode condensatrice de Oudin et en criblant toute la surface 
malade de petites étincelles. 


M. le D! L. H AUCHAMPS présente un nouvel appareil pour ren- 
dre silencieux le Wehnelt. (Voir plus haut in-eætenso.) 


M. Mynivs, ingénieur, présente : 


1° Un nouveau chassis-Béclere. Cet appareil pourra, d'après 
les opinions de MM. les docteurs de Nohele et Klynens, remplacer 
l'orthodiagraphe, tant le maniement du cadre portant lampoule 
est facile. (Fig. pp. 69 et 70.) 


2° Une minuterie jusqu'à 30 minutes, coupant apres un cer- 
tain temps voulu le courant primaire de la bobine. Cet appareil 
nous semble assez précieux, car l'opérateur peut tranquillement 
donner les soins à d'autres malades, pendant que la bobine mar- 
che. Il peut supprimer les infirmiers qui devaient auparavant 


couper le courant après un certain laps de temps. 


M. DEAN, ingénieur, présente : 


1° Un appareil protecteur contre les radiodermites dit « Nim- 
plex ». Cet appareil simple et pratique peut servir aussi bien 
pour le radiodiagnostie que pour la radiothérapie: (fig. p.74.) 

2° Un filtre, appareil destiné à aborder les rayons peu péné- 
trauts, si dangereux pour la peau dans la radiothérapie sous-cu- 
tanée ; 

3° Un petit appareil irès simple, permettant de lire rapide- 
ment le chromoradiometre de Benoist sans obscuration du labo- 
ratoire. 


D" BiENFalt. 


— 73 — 


REVUE DE LA PRESSE 


Technique 


L. PAssien. Les moyens d’immobilisation en radiographie. 
(Arch, d’élect. méd., 25 nov. 1907, n° 226.) 


Le D° Passier fuit une revue complète des appareils utilisés 
jusqu'ici pour obtenir l'immobilisation en radiographie et s'ar- 
rete au procédé le plus simple qui est en même temps le plus pra- 
tique, le procédé de Ja bande fendue de Robinsohn. Ce procédé 
consiste à employer une bande qu'on fend dans le sens de la lar- 
geur sur une étendue suffisante, et en un point se rapprochant 
plus ou moins de la moitié de sa largeur, suivant le volume de la 
région à maintenir. Les chefs de Ja bande sont pourvus à leur ex- 
trémité d'anneaux afin de pouvoir y suspendre des poids à 
l'aide de crochets. 

Apres avoir entouré avee la bande Ja région à radiographier, 
on introduit un des chefs dans la fente qu'on a eu soin de prati- 
quer au préalable et apres avoir suspendu aux anneaux de la 
bande Jes poids, on laisse tomber ceux-ci avec précaution de 
chaque côté de la table. | 

ETIENNE JLENRARD. 


RosENTHAL. Ueber einen neuen Rüntgenapparat und einige 
mit diesen erzielte Resultate. (Munch. med. Woch.) 


L'ingénieur Rosenthal a construit un inducteur nouveau. L'in- 
duit est divisé en plusieurs cireuits isolés que lon peut placer en 
tension ou en quantité suivant le désir de l'opérateur. 

Le primaire est également constitué par des circuits permet- 
tant de modifier la self-induction. 

On arrive ainsi à varier de toutes les façons désirables Ja 
quantité et la qualité du courant induit et a l'apphquer à des 
tubes quelconques avec un maximum de rendement. 


74 — 


Cet appareil permettrait de prendre la radiographie d'un tho- 
rax en deux secondes avec plus de détails que par les procédés 
habituels et sans l'emploi décrans renforçateurs 

BIENFAIT. 


L. TRIBONDEAU et G. BELLEY. Action des rayons X sur l’œil en 


voie de développement. (Arch. d’élect. méd., 10 déc. 1907, 
n° 227.) 


Les auteurs, au cours d'expériences pratiquées sur des chats 
nouveau-nés, à un moment où l'œil est en voie de développement 
actif, ont constaté des troubles, non encore signalés par d'autres 
qu'eux, et particuliers aux animaux jeunes. Ces derniers trou- 
bles sont : 1° l'ouverture anticipée de la fente palpébrale du côté 
exposé, et son atrésie ultérieure, de plus en plus marquée avec 
l'âge; 2° le retard dans la pigmentation de l'iris et de la mem- 
brane chgnotante; 3° la cataracte; 4° la microphtalmie; 5° une 
malformation microscopique de la rétine; 6° un trouble du corps 
vitré, 

Ces diverses altérations chez l'animal jeune, altérations que 
l'on ne rencontre pas chez l'adulte, confirment une fois de plus 
Ja loi formulée par MM. Bergonié et Tribondeau : « Les rayons 
X agissent avec d'autant plus d'intensité sur les cellules que 
l’activité reproductrice de ces cellules est plus grande, que leur 
devenir karyokinétique est plus long, que leur morphologie et 
leurs fonctions sont moins définitivement fixées. » 

Bien que n'avant nullement l'intention de conclure du chat à 
l'homme. MM. Tribonbeau et Belley estiment que leurs résultats 
expérimentaux sont un avertissement pour les médecins radio- 
logistes d'appliquer très prudemment la radiothérapie aux affec- 
tions de la région oculaire chez l'enfant. 

ETIENNE HENRARD. 


A. BORDIER. Détermination de la quantité de rayons X 
absorbée par différents tissus sous des épaisseurs crois- 
santes. (Arch. d’élect. méd., 10 déc. 1907, n° 227.) 


1° Le tissu adipeux retient moins de la moitié des rayons X 
appliqués; il en transmet plus qu'il n'en absorbe; 2° la glande 
mammaire absorbe un peu plus de rayons qu'elle n’en laisse 
paser; 3° le tissu musculaire transmet beaucoup moins de rayons 
qu'il n'en retient. 


Eu 


— 75 — 


Pour les trois tissus étudiés, l'énergie rôntgénienne décroit 
avec l'épaisseur. Ces conclusions sont intéressantes pour le radio- 
thérapeute et devront le guider dans ses applications radiothéra- 
piques aux tissus profonds. 

ETIENNE HENRARD. 


G. Maunoury. Influence des rayons de Röntgen sur les 
tumeurs malignes. (Arch. d’élect. méd., 10 nov. 1907, n° 225.) 


L'auteur fait d'abord l'historique de la radiothérapie, indique 
le rôle de la radiothérapie dans le traitement du cancer, cite les 
accidents attribués au traitement radiographique des tumeurs 
malignes, rappelle quelques règles générales de technique. 

Il dit en passant que le traitement des épithéliomas eutanés 
est le triomphe de la radiothérapie. Dans ces affections le traite- 
ment par les rayons X est supérieur au bistouri. 

Il n’en est malheureusement pas de même pour les cancers 
profonds et voici les conclusions de M. Maunoury : 

« La radiothérapie des tumeurs malignes doit être considérée 
comme un adjuvant très efficace de la chirurgie pour détruire 
les éléments cancéreux qui échappent au bistouri. 

Toutes les fois qu'une tumeur maligne est opérable, on devra 
commencer par l'enlever aussi largement que possible. La radia- 
thérapie ne devra être employée qu'ensuite. 

Les rayons de Röntgen devront être appliqués immédiatement 
après l'opération sur la surface saignante de la plaie, s’il est 
possible. 

Si le chirurgien a lieu de craindre une récidive, il devra main- 
tenir la plaie opératoire ouverte, afin de pouvoir laisser aux 
rayons leur maximum d'énergie, ce que ne permettrait pas l'in- 
terposition de la peau. 

Les autoplasties nécessaires ne seront faites que lorsque tout 
danger de récidive aura disparu. 

Les ganglions envahis, accessibles au bistouri, seront traités 
de la même manière. 

ÉTIENNE HENRARD. 


FovEAU DE COURMELLES. Stérilisation ovarique chez la femme 
par rayons X. 


Le D" Foveau de Courmelles, comme suite à ses communica- 
tions du 11 janvier 1904 et 27 février 1905, sur l’action profonde 
des rayons X (régression de certains fibromes et stérilisation 


ovarique), apporte à l'Académie des Sciences un total de 53 cas 
où les rayons X ont agi et stérilisé en exigeant un nombre de 
séances variant de 18 à 160, et de ravons bien perpendiculaires a 
la région, ce qui exclut la possibilité de stérilisation criminelle 
par surprise. L'âge des femmes a varié de 31 à 57 ans, et 11 de 
31 à 40 ans, ont réagi de manière plus lente que les femmes plus 
âgées; mais, sauf l'exception d'une femme de 46 ans, toutes sont 
arrivées prématurément à la ménopause (leurs meres et aieules 
n'ayant eu ce phénomène qu'après 50 ans). 
BIEXFAIT. 


BincuER. Die Behandlung der Nierentuberkulose mit Rént- 
genstrahlen. (Munch. med. Woch.). 


La tubereulose du rein est justiciable de la chirurgie, cepen- 
daut, si la tuberculose est généralisée, si Je fonctionnement du 
secoud rein est insuffisant ou encore si le malade refuse toute in- 
tervention, on doit se contenter d'un traitement médical. Dans 
la plupart des cas, d'après Strumpell, la mort arrive dans l'espace 
de deux ans. Parfois on observe une période de calme, et trés ra- 
rement un cas de guérison. 

Le D" Bircher a traité deux eas de tuberculose localisée du 
rein par une cure prolongée de radiothérapie. 


Premier cas. ~- Ouvrière de 25 ans (6 juin 1904). Famille tu- 
berculeuse, ancien mal de Pott, abeës froids cervicaux. En jan- 
vier 1904, evstte: en mars 1905, elle consulte Je D" Bircher, elle 
présente de Vamaigrissement avec anémie, de l'hématurie, de la 
pyurie, de la fièvre, Rien aux poumons; tous les jours on trouve 
des bacilles tubereuleux dans les urines. 

Diagnostie : tuberculose des deux reins. 

Traitement: Irradiations de la région rénale tous les jours, 
pendant un mots, avec un tube demi-dur à une distance de 20 à 
2 centimetres, pendant un quart d'heure. 

A ce moment, les séances sont interrompues pendant quinze 
jours parce qu'un léger deme est apparu. (Albumine un par 
mille, plus de bacilles tuberculeax, plus de cylindres, plus de 
cellules du rein.) | 

Reprise de la radiothérapie quotidienne pendant un mois; les 
urines sont claires, on n'y trouve plus de bacilles, traces d'albu- 
mine, quelques leucocytes, plus de cellules rénales, quelques cel- 
lules vésteaies, état subjectif tres bon. 


Dix-sept mois et demi apres: douleurs rénales; on retrouve 
des bacilles dans l'urine. Après un nouveau mois d‘irradiations, 
plus de bacilles, traces d'albumine, un seul cylindre épithélial. 


Deuxième cas. - Ménagère, 36 ans. Pas d'antécédents tuber- 
culeux, un enfant tuberculeux, deux enfants sains. 

Personne maigre, catarrhe chronique des voies respiratoires, 
presque pas de signes thoraciques. Urine très trouble, 1500 gram- 
mes par jour, trois pour mille albumine, nombreux globules 
blancs, nombreuses cellules du rein et de la vessie, bacilles tu- 
berculeux et staphylocoques. 

Diagnostic : tuberculose du rein gauche et de Ja vessie. 

La malade refuse énergiquement la néphrectomie. 

On pratique des séances de radiothérapie, comme dans le cas 
précédent, pendant cinq semaines (juillet 1904). À ce moment 
apparaît un érythème passager. L'urine est encore un peu trou- 
ble, elle ne contient que des traces d'albumine ; depuis huit jours 
il n'y a plus de bacilles tuberculeux, pius de eylindres. Etat très 
satisfaisant. 

En avril 1907, le D' Bircher revoit la malade, elle a si bonne 
mine qu'il a peine à la reconnaître. Elle a parfois un peu de 
douleur dans les lombes, mais l’urine est très claire, pas de sédi- 
ment, pas de bacilles tuberculeux, ni de globules blancs, ni de 
cellules. 

Il serait prématuré de déclarer ces malades guéries; cependant 
il y a lieu de constater qu'une amélioration étonnante et durable 
s'est produite dans ces deux cas. 

Il est vraisemblable que les rayons X agissent d'une façon 
inbibitrice sur le réveloppement des bacilles et sur leur viru- 
lence, cela ressort des observations de Rieder, Holzknecht et 
d’autres (quoique Pott et Bergonié n'aient pas constaté de modi- 
fication des cultures). 

Le D" Bircher énumère ensuite rapidement les heureux effets 
obtenus par divers auteurs dans la péritonite tuberculeuse, 
l'adénopathie, les tumeurs blanches, le Jupus. 

BIENFAIT. 


= 178 — 


Radiodiagnostic 


BARJON. Examen radiologique de l’estomac. (Lyon Médical). 


Le docteur Barjon publie dans le Lyon médical la relation de 
deux cas intéressants. 

1° Il s'agit d'une femme de 27 ans, très amaigrie, non cachec- 
tique, souffrant de troubles gastriques et abdominaux et présen- 
tant une forte tumeur au niveau de l'estomac. 

« A l'examen radiosvopique, on voyait une tumeur opaque, à 
contours arrondis très nettement délimités, de forme ovale allon- 
gée, En raison de l'opacité de cette tumeur, on pouvait affirmer 
qu'il ne s'agissait pas d'un cancer de l'estomac, J’ai examiné déjà 
beaucoup de cancers gastriques, écrit le D" Barjon, dont quel- 
ques-uns très volumineux. Ces tumeurs sont toujours transpa- 
rentes, quel que soit leur volume elles ne donnent jamais à 
l'écran ni sur la plaque photographique d'image appréciable. 
Celle-ci au contraire était excessivement opaque.» 

Quand on faisait ingérer du bismuth à cette malade on voyait 
cette substance s'étaler au-dessus de la tumeur et remplir la ca- 
vité gastrique qui semblait ainsi indépendante. 

En raison de ce caractère, de l’opacité de la tumeur et de ses 
contours très apparents, le D" Barjon pense à une tumeur liquide, 
vraisemblablement à un kyste de l'ovaire. 

Il s'agissait d'une masse de cheveux imprégnée de mucus épais 
et de liquides gastriques formant une tumeur mi-partie hquide 
au fond de la cavité gastrique ; 

2° Une femme de 32 ans présentait une masse remplissant Vhy- 
pochondre gauche. 

Cette tumeur présentait un volume considérable, s'étendait 
depuis le rebord des fausses côtes, sous lequel elle s'engezeait jus- 
qu'à 2 centimètres au-dessous de l'ombilie, et atteignait en de- 
dans la ligne médiane. Malgré son importance elle restait invisi- 
ble à l'écran, invisible aussi sur la plaque photographique, même 
en employant le procédé de compression mis en usage pour la ta- 
diographie du rein. La tumeur restant invisible, le D" Barjon 
bismutha l'estomac et aperçut un estomac très étendu, déformé, 
biloculaire, avec une poche supérieure relativement petite et une 
poche inférieure bien plus grande séparées l’une de l’autre par 


— 79 — 


une portion retrécie et à contours irréguliers, les poches supé- 
rieure et inférieure présentaient au contraire des contours régu- 
liers nettement arrêtés. 

La portion rétrécie correspondait exactement à la tumeur et 
les bords frangés du contour signifiaient sans doute que le bis- 
muth avait pénétré dans les anfractuosités de la tumeur gretfée 
sur le bord de la grande courbure. Il conclut à un cancer de la 
grande courbure. La malade à malheureusement été perdue de 
vue. 


BIENFAIT. 


J. LUCAS-CHAMPIONNIERE. Les erreurs de la radiographie. 
(Journal de méd. et de chirurgie pratiques, 10 novembre 1907.) 


Ce travail est le résumé d’une communication faite au dernier 
Congres de |’ Association française de Chirurgie. C’est une syn- 
these, un pot-pourri de lieux communs, de contre-vérités et 
même de choses plutôt peu agréables pour nos confrères radio- 
graphes de Paris. 

Afin que l’auteur ne puisse pas nous accuser d’une fausse in- 
terprétation, transcrivons intégralement ses propres conclusions. 

a Comme on le voit, il y a, pour une radiographie de fracture 
bien faite, de nombreuses causes d’erreurs d’interprétation, mais 
la production d'une radiographie bien faite est chose difficile et 
rare. Pour un nombre considérable de radiographies, dont j'ai 
eu à faire l'examen habituel, je n’ai vu que deux opérateurs qui 
m'ont donné des radiographies parfaites. J’en ai vu un grand 
nombre encore de tout à fait mauvaises. 

» Le devoir du médecin est de ne rien oublier de la symptoma- 
toloote des fractures. Il ne doit considérer la radiographie que 
comme un complément et moyen de perfectionner son étude, Si 
cette étude contredit la radiographie, il y a chance que celle-ci 
soit infidèle. 

» Il ne faut pas considérer comme une preuve évidente de 
fracture une différence de teintes en ombre. 

» Il faut une fissure nette. 

» La recherche d'une fracture néressite ordinairement deux 
radiographies et souvent un plus grand nombre. 

» Dans l'interprétation d'une radiographie, il faut tenir 
compte des circonstances, de l’époque et de la position dans la- 
quelle la radiographie a été fuite. 

» Une fracture ou une luxation ne doit jamuis être affirmée 


D — 


sur l'observation d'une ombre ou sur une simple différence de 
teintes. 

» Dans un eas difficile on ne doit jamais juger sur une épreuve 
négative, toujours plus difficile à interpréter qu’une bonne 
épreuve positive. 

» Aucun jugement définitif ne doit être fait sur une simple 
radioscopie, bien plus difficile à interpréter que l’image radio- 
graphique et ne laissant aucune trace pour la vérification. » 

J. KIYNENS. 


LES LIVRES 


O. RuureL. Ueber Geschwilste und entzündliche Erkran- 
kungen der Knochen in Rôntgenbild, avec 2 figures dans 
le texte et 140 radiogrammes sur 28 planches. Hambourg, Lucas 
Gaile et Sillen, 1908. 


La riche documentatiou de cette magnifique publication pro- 
vient de la Clinique universitaire de Berlin et particulièrement 
le celle du chirurgien Von Bergmann. Elle se rapporte aux tu- 
meurs des os; les néoplasmes d'origine osseuse ont été étudiés 
d’abord au moyen des rayons X avant toute intervention : les 
données de cette exploration ont été complétées par l'étude ma- 
croscopique, microscopique et radiographique de la tumeur iso- 
lée par l'opération. 

L'auteur étudie successivement le radiodiagnostic différentiel 
des enchondromes, des kystes osseux, des exostoses, des sarco- 
mes et des carcinomes; afin d'étayer et d'éclaircir mieux ce radio- 
diagnostic différentiel, l'auteur s’est encore attaché à une étude 
tres complete du radiodiagnostie de Vostéo-myélite, des tuber- 
culoses osseuse et articulaire et de la syphilis. 

Cette publication vient à son heure et remplit une véritable 
lacune dans la bibliographie radiographique. Grâce à l’abon- 
dance des matériaux, l'auteur est arrivé à nous donner une image 
fidèle et complete de l'état actuel de nos connaissances radiolo- 
giques des néoplasmes. Au surplus, il serait très difficile de faire 
une analyse meme quelque peu détaillée de cet ouvrage, à la lec- 
ture duquel Le radiographe ne peut d'aucune facon se soustraire. 


SOMMER. Rôntgenkalender. Leipzig und Munich, 1908, 1° année, 
avec 44 figures dans le texte, 6 planches et le portrait du prof. 
Röntgen. 


Cet almanach est destiné à vulgariser les méthodes radiologi- 
ques dans toutes leurs manifestations. L'ingénieur Dessauer y 
publie un excellent article sur les ampoules de Röntgen, article 
dans lequel méme le radiologiste de profession trouvera de sug- 
gestives indications. Dans un second article, le méme auteur 
montre l’action néfaste du courant de fermeture et les moyens 
de le neutraliser, de l’annihiler. 

Le Docteur Franze, de Nauheim, décrit les appareils accessoi- 
res de radiologie de construction récente : tables d'opération, ta- 
bles radiographiques, compresseurs, diaphragmes, orthodiagra- 
phes, perdiagraphes, radiophostoscopes, ete. Dans un article 
subséquent le même auteur donne les principes théoriaues et ls 
technique de l'orthodiagraphie. 

Sommer, de Zurich, décrit de façon spéciale les statifs et les 
moyens protecteurs. I] consacre un second article assez étendu a 
la radiologie dentaire, ses indications, sa technique, etc.; enfin 
un troisième article du même auteur s’occupe particulièrement 
de la partie photographique, des plaques, des révélateurs, des 
chassis, ete. 

Le docteur Wetterer, de Mannheim, décrit le radiochromo- 
metre de Holzknecht, le radiometre de Sabouraud et Noiré, le 
chromoradiometre de Bordier, le quantimetre de Kienbock, la 
solution iodoformique de Freund et enfin le radiomètre de 
Schwarz. 

Le docteur Wiesner explique, au moyen de six planches de 
schémas, les radiogrammes des articulations et les points d'os- 
sification. 

Le docteur Haenisch, de Hambourg, expose l'état actuel de la 
radiothérapie et passe en revue toutes les indications de ce genre 
de traitement : affections cutanées, leucémies, maladies de Hodg- 
kin, maladie de Mikulicz, rhumatisme, goître, maladie de Base- 
dow, cancer, cancroide etc., etc. 

Le Docteur Holzknecht, de Vienne, démontre les principes de 
la radiothérapie, les différents modes d’application. Dans une 
partie spéciale de ce méme article, toutes les maladies suscepti- 
bles du traitement radiothérapique sont passées en revue rapide- 
ment suivant un schéma très suggestif; mode d’application, pro- 
tection des parties saines, doses, latences, phases et durée totale 
du traitement, tc. 


— 82 — 


Le Docteur Sommer, de Zurich, décrit l'irradiation homogène 
qui suscite à l'heure actuelle quelque intérêt. Dans l’article 
subséquent, le même auteur donne toutes les indications néces- 
saires pour l'achat d'une installation radiographique : induc- 
teur, interrupteur, statif, moyens protecteurs, milliampereme- 
tres, ete. 

Le Docteur Grashey, de Munich, consacre un dernier chapitre 
et la thérapie de la radiodermite et de l'ulcère de Röntgen. 

Le Docteur Grachet, de Munich, consacre un dernier chapitre 
à Pimportance médico-légale de la radiologwie. 

Enfin, une bibliographie comprenant les derniers ouvrages pa- 
rus termine [interessant almanach. 


F. JAXIN et H. MERKEL. Die Koronararterien des menschlichen 
Herzens unter normalen und pathologischen Verhältnissen. 
(Fischer und Jena, 1907.) 


Aux procédés ordinaires et classiques de démonstration du sys- 
tème vaseulaire est venue s'ajouter depuis quelque temps, avec 
le plus grand succes, la radiographie stéréoscopique; les vais- 
seaux des organes sont injectés au moyen de solutions ou d’émul- 
sions de substances imperméables aux rayons X. Cette nouvelle 
méthode surpasse toutes les autres méthodes classiques comme 
simplicité, facilité et valeur, surtout quand il s’agit de démon- 
trer une vascularisation très fine. 

Les auteurs donnent trente clichés stéréoscopiques du cœur et 
de son système vasculaire, et particulièrement des artères coro- 
naires à l'état normal et à l'état pathologique. Leur technique 
est Ja suivante: le cœur, retiré de la cage thoracique avee 
beaucoup de prudence, est maintenu dans sa forme naturelle par 
un bourrage à la gaze. Les deux artères coronaires sont disséquées 
à leur origine aortique: un bourrage énergique de l'aorte et des 
valvules sigmoïdes empêche le reflux de la matière injectée; 
enfin les gros vaisseaux qui débouchent dans les cavités du cœur 
sont solidement ligaturés. 

Les deux artères coronaires sont alors injectées sous une pres- 
sion aussi uniforme que possible, mais néanmoins assez forte. 
Après injection, elles sont liées et le cœur est déposé dans une 
solution de formaline à 5 p.e. | 

Le liquide injecté est formé par du minium en suspension dans 
une solution de gélatine de 10 à 15 p. e. La solution de formaline 
assure l'insolubilité de la gélatine et permet une dissection ulté- 
rieure minutieuse. 


— 83 — 


BicHER. Die chronische Bauchfeldtuberkulose. Ihre Behand- 
lung mit Réntgenstrahlen. 189 pages, Aaran, 1907. 


L’auteur consacre sa thèse à la tuberculose péritonéale chro- 
nique et en partie au traitement de cette affection par la radio- 
thérapie. Les indications de ce traitement sont les suivantes : 
1° Tous les cas ot une intervention sanglante est refusée; 2° les 
cas qui se compliquent d’une cachexie prononcée et qui ne per- 
mettent plus une opération; 3° les péritonites plastiques ou adhé- 
sives. Dans tous les autres cas, et particulièrement dans les for- 
mes exsudatives, l'opération est indiquée. Toutefois la radio- 
thérapie est encore indiquée quand l'opération n'est pas couron- 
née de succès et est suivie de récidive, 


MENARD. Etude sur la coxalgie. Avec 25 radiogrammes et 
208 figures dans le texte. Masson, Paris, 1907. 


L'auteur insiste avec raison sur l'anatomie pathologique de la 
hanche tuberculeuse. Le radiographe, s'il veut interpréter avec 
précision et compétence une lésion osseuse comme d’ailleurs toute 
autre lésion du poumon, de l'estomac, du rein, ete., ne peut assez 
étudier l'anatomie pathologique. Celle-ci est la base de la clini- 
que radiologique. Les connaissances anatomo-pathologiques sont 
particulièrement indispensables au radiologiste qui est amené à 
explorer les lésions de l'articulation coxo-fémorale. 

Ce sera le grand mérite du docteur Ménard d'avoir exposé de 
façon complète et approfondie ces lésions destructives, auxquelles 
il consacre une grande partie de son ouvrage, et d'avoir facilité 
ainsi la tâche du radiologiste comme celle du chirurgien. 


L'auteur consacre un chapitre spécial --- ce dont il faut le 
féliciter - - à l'étude radiographique de la coxalgie. Elle seule, 


comme il dit, « peut mettre en évidence les altérations de 
» forme, de dimension et de structure des os dans la région arti- 
»culaire et à distance. Seule aussi elle permet d'analyser avec 
» précision les changements de rapport des surfaces articulaires 
» et d'interpréter le raccourcissement d'origine articulaire. » 

Tout en regrettant que l'auteur ne semble pas disposer d'une 
technique répondant à tous les progrès récents de la radiologie, 
— car il expose encore jusque 10 et 12 minutes — nous ne pou- 
vons assez recommander à tous les radiographes la lecture de cet 
excellent ouvrage, précisément à cause des descriptions anatomo- 
pathologiques, abondantes précises et claires. 


— 84 — 


F. DAiRDsSUN. Die Réntgentechnick. Berlin, Karger, 1908, avec 
13 figures dans le texte et 12 planches. 


Ce livre se propose d'expliquer rapidement les notions de tech- 
nique radiologique nécessaires à tout médecin praticien qui tient 
à comprendre toutes les données d'une image radioscopique où 
d’un radiogramme. 

L'auteur explique les éléments physiques de la radiologie au 
moyen de figures schématiques : ravons X., ampoules, rhéostats, 
sources électriques, inducteur, interrupteur, diaphragmes, moyens 
protecteurs, technique radiographique, ete.; il expose la techni- 
que de la radioscopie, de la radiographie, de la radiothérapie et 
de lorthodiagraphie et passe rapidement en revue la technique 
spéciale de toutes les articulations du corps humain. Douze plan- 
ches terminent l'ouvrage et reproduisent les radiogrammes de la 
main, du coude, de l'épaule, du pied, de la hanche, du genou, 
de la tête, etc. 


R. KIENBôCK. La radiothérapie, avec 178 figures dans le texte. 
Stuttgart, 1907. 


Cette publication forme le sixième fascicule de la Ph ysikali- 
sche Therapie, publiée par A. Strasser et J. Marcuse. 

L'auteur, dans sa remarquable monographie, expose les princi- 
pes biologiques de la radiothérapie, c’est-à-dire l'action des 
rayons X sur l'organisme sain, sur Ja peau, sur les organes pro- 
fonds, le sang, les organes lymphoïdes, l'œil, le système nerveux, 
les glandes sexuelles, ete. 

La deuxième partie de louvrage comprend la technique ra- 
diothérapique et expose d’une facon réellement approfondie et 
remarquable le dosage, l'action en profondeur, les dermatites et 
Jes ulcères de Rüntger. 

La troisième partie est consacrée à la radiothérapie spéciale 
des affections cutanées, des tumeurs, de la leucémie, de la lym- 
phomatose, du goitre, de l’hvpertrophie prostatique, de tuber- 
culoses péritonéale, osseuse et articulaire. 

Une dernière partie s'occupe du radium, de ses propriétés phy- 
siques et physiologiques, de sa technique et de ses indications 
d'application. 

Enfin une bibliographie assez étendue termine l'ouvrage qui 
ne peut être assez recommandé pour sa précision et sa concision. 


LES FRACTURES DU CALCANEUM 


PAR 


LE D" CONRAD 


CHIRURGIEN EN CHEF DES HÔPITAUX D’ANVERS 
PLANCHES J, IT, HI er IV 


Considérées comme rares avant l'ère de la radiographie, 
les fractures du calcanéum sont aujourd’hui plus souvent dé- 
montrées. Inutile de refaire ici l’historique de la question. Ce 
point est élucidé dans tous les traités classiques. 

Ce qu’il importe de retenir, c’est le rôle prépondérant joué 
en la matière par les rayons X. Non seulement cette méthode 
d'examen corrobore et précise le diagnostic clinique, impose le 
traitement, mais aussi elle a démontré toute une série de frac- 
tures du calcanéum, qui, sans elle, auraient passé inapercues 
et a donné a un grand nombre des traumatismes du pied leur 
véritable signification. 

La loi sur les accidents du travail accorde à ces données nou- 
velles une importance qu’il est inutile de démontrer. 


Mécanisme. — Les fractures du calcanéum sont produites 
soit par cause directe, écrasement de l’os sous un poids lourd, 
soit par cause indirecte. 

Les fractures par cause directe ne sont pas à étudier. Elles 
sont ce qu'elles peuvent être; un os court écrasé sous un poids 


= — 


lourd, la roue d’un charriot fortement chargé, par exemple. Le 
pied est broyé et le calcanéum participe au désastre. Ces frac- 
tures défient toute classification, toute description raisonnée. 
La radiographie seule pourra démontrer au médecin expéri- 
menté, sachant lire un radiogramme, l’étendue des lésions; lui 
fera apprécier la part de responsabilité du calcanéum dans le 
dommage général; lui donnera les indications thérapeutiques. 
Le chirurgien se trouvera en présence d’un cas isolé, et, le néga- 
tif en main, devra juger la situation. I] est cependant hors de 
doute que l'étude à laquelle nous allons uous livrer lui sera, 
dans l’espèce, de la plus grande utilité. 

Nous n’examinerons donc que les fractures du caleanéum par 
causes indirectes. 

Le mécanisme ordinaire de ces fractures par cause indirecte, 
est la chute d’un lieu élevé, debout sur les pieds. Voyons la ma- 
niere dont elles se produisent. Quelques notions de physique 
médicale sont ici nécessaires. 

Marey a pu établir, grâce à ses documents chronophotogra- 
phiques les lois qui président aux différents sauts. 

On suit que pour bien sauter d’un lieu élevé sur un plan ré- 
sistant, il faut mettre en œuvre tous les facteurs d’élasticité 
dont on peut disposer : toucher terre de la pointe du pied en 
contractant les soléaires, et ainsi, par l’intermédiaire du tendon 
d'Achille, céder le plus doucement possible à l'effort; puis 
fléchir lu cuisse sur les jambes, en limitant l'action de la chute 
par une contraction énergique des extenseurs; fléchir enfin en 
avant la colonne vertébrale, cervicale et lombaire, et utiliser 
ainsi la résistance du ligament sus-épineux. Opposant à cette 
façon de se recevoir sur le sol celle qui consiste à tomber d'une 
pièce, les jambes tendues et sur les talons, Marey a pu démon- 
trer que l'effort maximum supporté dans le premier cas était 
cinq fois plus faible que celui supporté dans le second. 

Or, cet effort, quintuplé si l’on tombe mal, est énorme. Une 
expérience bien simple et que tous nous avons faite bien sou- 
vent, pourra nous donner de la puissance de cette force une 
idée très convenable. 


— 37 — 


Vous voulez emmancher un marteau; vous frappez le man- 
che sur une surface dure, suivant la normale, avec, supposons- 
le, une vitesse de 0.50 m. de chute. La tête du marteau, sous 
l’action de l’effort, s’enfoncera dans le manche, soit qu’elle s’en- 
fonce de 1 millimètre. La force vive ainsi produite pendant le 
choc dans des conditions très ordinaires sera égale à 500 fois le 
poids du marteau. Si l’enfoncement n'avait été que de cing di- 
xièmes de millimètre, c’est-à-dire quasi-nul, l’effort aurait été 
de 1000 fois le poids du marteau. | 

Songez alors à ce que doit être l’effort supporté par le calca- 
néum lorsqu'un homme de 65 kilogrammes tombe sur les pieds, 
debout, les jambes raides. 

L’étude de l’anatomie, les considérations tirées de l’architec- 
ture du pied, de la structure du calcanéum nous permettent de 
comprendre les effets d'un tel effort. 

Le pied constitue une voûte, et cette voûte est formée de deux 
arcs, l’interne et l’externe. L’arc interne est l’arc de mouve- 
ment; larc externe est l'arc d'appui, et se présente sous la 
forme d’un cintre presque régulier et très surbaissé, contraire- 
ment au premier qui est moins régulier et plus élevé (fig. 1). 

Les assises postérieures de ces deux arcs sont communes: le 
corps du calcanéum. 

Les assises antérieures de l'arc interne sont constituées par le 
premier métatarsien; celles de l’arc externe par les deux der- 
` niers métatarsiens. 

La continuité de l’arc interne est assurée d’arriére en avant 
par l’astragale et le scaphoïde; celle de l'arc externe, par l’as- 
tragale (partie inférieure), la tubérosité antérieure du calca- 
neum et le cuboïde. 

L’astragale forme dans les deux arcs le point culminant. Mais 
ces deux points ne sont pas dans le même plan, ni horizontal, 
ni vertical; l’interne est plus élevé et plus en dedans que l’ex- 
terne. Enfin les deux arcs ont en arrière une direction com- 
mune, mais en avant s'étalent. en éventail à des hauteurs diffé- 
rentes. La poulie tibiale vient coiffer ce point culminant. 

La statique ordinaire de l’homme est donc la suivante: le 


— 88 — 


tibia supportant tout le poids du corps repose sur l'astragale, 
ou mieux sur le faîte de l'are externe, et par l'intermédiaire de 
cet arc, c'est-à-dire de l’astragale comme clef de voûte, du cal- 
canéum comme pilier postérieur et des deux derniers métatar- 
siens comme piliers antérieurs, s'appuie sur le sol. Le calcanéum 
joue donc ici un rôle des plus important; il constitue surtout 
l’assise postérieure de cette voûte. 

L’astragale repose sur le pilier postérieur par l'intermédiaire 
de la grande surface articulaire. Celle-ci, d’une épaisseur de 
quatre millimètres de tissu compact, est soutenue par des tra- 
vées en ogives, soutenues elles-même par des contreforts soit 
perpendiculaires, soit arciformes à concavité en bas et en ar- 
rière. La résistance à l'effort est donc parfaitement assurée. Cet 
effort se répartit en arrière sur le pilier postérieur, dont nous ve- 
nons d’esquisser la structure, mais aussi en avant sur le pilier 
antérieur, par extrémité de la tubérosité antérieure du calca- 
néum et par le cuboïde. Les travées osseuses assurant la conti- 
nuité de larc en avant occupent la partie antérieure de l’apo- 
physe antérieure, et le sinus calcanéen marque le point où 
commence la séparation des deux systèmes de travées antérieures 
et postérieures. Ce point lui aussi est marqué par un noyau os- 
seux compact. Or, sous ce noyau osseux, entre les deux systèmes 
de travées, et en continuation de laxe de la jambe, passant nor- 
malement à travers l’astragale, le pied reposant sur le sol, il y 
a un point inutilisé, rempli de tissu spongieux, à grandes lacu- 
nes, et pouvant même avec l’âge former une cavité comme dans 
le col du fémur. | 

Nous avons ici le point de moindre résistance du calcanéum. 

Notons immédiatement que ce point se trouve dans la direc- 
tion de la ligne de l’effort dans une chute d’un lieu élevé, sur 
les pieds, les jambes tendues. 

Certes, la force mise en œuvre dans ces conditions est telle que 
si elle était appliquée dans son entièreté, l’os serait réduit en 
poussière. Mais l’élasticité intervient, élasticité de toutes les 
articulations au-dessus, élasticité de la voûte plantaire. Celle-ci 
cède: larc externe n’existe plus; le calcanéum s'appuie sur le 


— 89 — 


sol par toute sa face inférieure et l'effort concentre tous ses 
effets sur cet os. La force de chute est considérablement amor- 
tie, je le veux bien; elle est encore suffisante pour enfoncer la 
surface articulaire dans le tissu spongieux situé entre les deux 
systèmes de travées. Et los, pris entre le marteau et l’enclume, 
éclate en plusieurs fragments. 

Nous voilà remenés à cette notion simple de la fracture par 
cause directe : un os court écrasé sous un poids lourd. 


Anatomie pathologique. — Puisque le mécanisme des frac- 
tures par causes indirectes est identique à celui par causes di- 
rectes, nous pourrons faire au sujet des premieres la même re- 
marque que celle que nous avons faite au sujet des fractures par 
causes directes. 

L’intensité, la direction de la force agissante; son point d’ap- 
plication, dépendant non seulement de la direction de cette 
force, mais aussi de la position du pied au moment de la chute 
et des différences de niveau, des aspérités, quelque petites 
soient-elles, du plan résistant; l’état de fragilité plus ou moins 
grande du caleanéum ainsi comprimé, déterminera le trait de 
fracture, la grandeur et les rapports des fragments, les parties de 
l'os fracturées. Autant de modes d’application de cette force, 
autant de variétés de fractures. 

Dès lors toute classification purement anatomique devient 
quasi impossible. La division des fractures du calcanéum, sui- 
vant le siège des lésions en deux grands groupes : 

1° Fractures de la partie moyenne ; 

2° Fractures apophysaires et tubérositaires, 
répondra rarement a la réalité. Certes cette classification peut 
se concevoir, mais elle sera forcément difficile à appliquer a 
cause de la multiplicité de ses sous-divisions, chaque cas figu- 
rant pour ainsi dire une variété nouvelle. 

La plupart des auteurs décrivent les fractures par écrasement 


et les fractures par arrachement. Nous n'avons pas Jusqu'ici 


— 90 — 


fait allusion au mécanisme de l’arrachemnet. Bien qu'il existe, 
il se produit trop rarement pour mériter l’honneur de dominer 
toute la classification. Ces fractures par arrachement, en somme 
une rareté, doivent être reléguées au second plan, et cette clas- 
sification, basée sur les idées pathogéniques, doit être écartée. 

La base logique d’une classification des fractures du calcanéum 
est l’intégrité ou la rupture de l'équilibre de la voûte plantaire. 
Une division conçue suivant ces données permet seule une des- 
cription adéquate aux lésions, prévoit le pronostic, impose le 
traitement. On pourra lui reprocher de ne pas être possible sans 
le secours de la radiographie. Je vois dans cette objection une 
raison nouvelle d'adopter cette classification. 

Nous diviserons donc les fractures du calcanéum en deux 
grands groupes : 


I. — LES FRACTURES NE ROMPANT PAS L'ÉQUILIBRE 
DE LA VOÛTE PLANTAIRE 
a) les félures. 
1) apophyse antérieure. 
b) les fractures apophysaires. ? 2) petite apophyse. 
3) grosse tubérosité. 
c) les fractures légères de la partie moyenne. 


II. — LES FRACTURES ROMPANT L’EQUILIBRE 
DE LA VOUTE PLANTAIRE 


a) fractures de la partie moyenne, second degré. 
b) brotement total. 


Le premier groupe comprend les fractures les moius fréquen- 
tes, celles dont le pronostic est le plus favorable, celles où le 


traitement sera le plus efficace. 
Le second groupe comprend les fractures les plus graves de la 


partie moyenne. Non seulement elles intéressent, couformément 
au mécanisme étudié plus haut, la portion osseuse située entre 
les deux systèmes de travées, mais presque toujours, partent de 
ce point central et dans toutes les directions, de multiples traits 
de fracture, allant morceler l’os dans toutes ses parties. 


— WA — 


PREMIER GROUPE 


FRACTURES NE ROMPANT PAS L’EQUILIBRE DE LA VOUTE PLANTAIRE 


a) Félures. — Nous ne dirons rien des félures. Il suffit de se 
rappeler, le cas échéant, la possibilité de leur existence. 


b) Fractures apophysaires. — 1° Apophyse antéricure. — 
Nous n’avons en vue que la fracture isolée de cette apophyse. 
Le trait de fracture se dirige ordinairement en bas et en arrière. 


Le fragment est séparé de los, mais sans grand déplacement. 
Plutot rare. 


2° Petite apophyse. — Le trait de fracture, net ou a bords en- 
grenés, siege a la base de cette apophyse. On n’a pas donné 
d'explication satisfaisante de son mécanisme. Il est probable 
qu’elle est due à une chute sur le bord interne du pied. L’appui 
ne se fait plus sur l’arc externe, mais bien sur Parc interne, et 
la petite apophyse trop fragile, pas soutenue, ne peut résister a 
l’effort et se brise. Des lors on comprendra la fréquence des frac- 
tures de la malléole externe accompagnant la lésion de cette 
partie du calcanéum. 

Certains auteurs, Sonrier, Ballenghien, et d'autres ont con- 
sidéré cette fracture comme le point de départ ou mieux le 
premier temps de l’écrasement de la partie moyenne. Morel a 
réfuté cette théorie, nous n’y reviendrons donc pas. 


3° Grosse tubérosité. — Ces fractures se produisent en arrière 
de la surface articulaire et laissent donc intacte la voûte plan- 
taire. C’est à ces fractures que l’on a appliqué le mécanisme de 
l’arrachement ; le voici : dans une chute sur la pointe des pieds, 
les muscles du mollet se contractent; toute l’action du poids du 
corps se porte sur la partie moyenne du calcanéum, et celui-ci, 
levier du second genre, se fracture à sa partie postérieure. Le 
tendon d'Achille, continuant son action, attire le fragment vers 
le haut. | 

Ces fractures existent. Quelques cas types, en ont été obser- 
vés et Fougére les a réalisées expérimentalement. Muis elles 
sont excessivement rares. Nous ne pouvons classer dans ce 


groupe que les fractures de la grosse tubérosité, avec intégrité 
absolue du reste de los. Il arrive fréquemment one dans une 
fracture de la partie moyenne, le trait de fracture, parfaitement 
visible, s'étend jusque dans la grosse tubérosité, et que le frag- 
ment ainsi produit soit attiré par le tendon d'Achille. Mais 
l'écrasement de la partie moyenne constitue la lésion initiale et 
principale et la voûte plantaire a subi un dommage réel. Ces 
fractures ne peuvent donc pas trouver ici leur place, l’action des 
gastro-cnémiens ne suffisant pas à elle seule à expliquer de tels 
désastres. 

Nous devrous rejeter également le mécanisme de l’arrache- 
ment et adopter celui de l'écrasement, dans les fractures tota- 
les à trait vertical ou oblique partageant toute ou presque toute 
la grosse tubérosité en deux parties. (fig. 2.) 

Il se produira dans la chute sur le talon, Je pied en flexion 
forcée. Le mécanisme de cette fracture se conçoit aisément. Le 
calcanéum, partie postérieure, porte directement sur le sol. Il 
est pris entre la résistance du sol et la force de chute, agissant, 
par l'intermédiaire de l’astragale (grande surface articulaire) 
sur le pilier postérieur et uniquement sur ce pilier, suivant une 
direction parallele aux travées osseuses, et en continuation avec 
l'axe de la jambe. La grosse tubérosité se fragmente en deux 
parties nettes et le trait de fracture commence à l'endroit où 
le calcanéum touche le sol. 

Ces deux fragments s’écartent sous la traction du tendon 
d'Achille, dont l'action ne se fait sentir qu’apres la production 
de la fracture. 

Certains radiogrammes démontrent d’une facon évidente cette 
facon de voir. 

Un homme est amené dans mon service à l'hôpital Sainte-Eli- 
sabeth, d'Anvers, atteint de fracture des deux calcanéums. Il 
est tombé debout sur les talons, de quatre mètres de haut. 

En étudiant les clichés de ces fractures (fig. 3), nous remar- 
quons à la partie postéro-inférieure de la grosse tubérosité une 
fissure béante de 1 1/2 centimetres de profondeur. De plus la 
partie moyenne est divisée en plusieurs fragments. La stéréos- 


copie démontre à l’évidence que la grosse tubérosité a d’abord 
touché le sol et s’est fissurée. Puis, le pied basculant én avant, 
la force de chute, après avoir agi dans la direction du pilier pos- 
térieur, a continué sa poussée sur la clef de voute de l’arc ex- 
terne et a brisé la partie moyenne, suivant le mécanisme de 
l’écrasement, établi par nous. Les deux pieds présentent les mê- 
mes Iésions, indice certain de causes identiques. Or, si toute 
l’action s'était produite uniquement sur le pilier postérieur et 
dans une direction bien parallele à son grand axe, cette fissure 
à peine ébauchée, parce qu’au cours de la chute le point l’appli- 
cation s’est déplacé, se serait transformée en fracture complète, 
réalisant ainsi ce que jadis on qualifiait à tort de fracture par 
arrachement de la grosse tubérosité du calcanéum. 

La figure 2 réalise d'une façon parfaite cette fracture par écra- 
sement de la grosse tubérosité. On y retrouve même la preuve du 
bien fondé de ma théorie. I] y a à la partie antérieure de l'épi- 
physe du tibia un léger éclat. Cette fracture de la portion auté- 
ro-inférieure de cet os s'explique admirablement par une chute, 
le pied touchant le sol en flexion forcée, mais ne se comprend pas 
dans une chute sur la pointe du pied, les muscles du mollet for- 
tement contractés, mécanisme de l’arrachement. 

Je mets aussi en garde les radiographes et les chirurgiens con- 
tre une seconde erreur, celle-ci toute d'interprétation de cliché. 

J'ai sous les yeux un travail publié par le D" Ifauchamps, 
notre distingué collègue, et le D’ Heger, dans le Journal Médi- 
cal de Bruxelles (21 mai 1903). Parlant des fractures par arra- 
chement, voici ce qu'ils disent : « Souvent l’arrachement est 
minime, nul même. Dès lors le diagnostic clinique est presque 
impossible et les rayons X seuls permettent d’affirmer l’existence 
d’une fracture, tel le cas représenté par la radiographie fig. 4 
(fig. 2 du travail de M. le D" Hauchamps). L’extrémité posté- 
rieure du calcanéum est détachée de l'os. Mais l’écartement des 
fragments est si petit que le diagnostic clinique est pour ainsi 
dire impossible, si l’on tient compte du gonflement et de la dou- 
leur qui accompagnent toujours les traumatismes du pied. » 

Or si l’on examine le cliché, on constate qu’il n’y a pas de 


— 94 — 


fracture du calcanéum. Ce qui a été pris pour une lésion de 
l’os n’est autre chose que le cartilage épiphysaire de la partie 
postérieure du calcanéum. 

Il est intéressant de refuter l’auteur de cet article, le D' Hau- 
champs par le D Hauchamps lui-même. Il me pardonnera de 
citer avant la lettre, quelques mots, tirés de l’Atlas de radiogra- 
phie normale, qu'il prépare en collaboration avec le D" Klynens. 

» À la naissance cet os (le calcanéum) est représenté par un 
petit cylindre antéro-postérieur. La partie postérieure semble 
s’accroitre le plus vite; au cours de la troisième ou la quatrième 
année la forme définitive est acquise. Vers la huitième année 
un point complémentaire se montre a la face postérieure ; 
il s'étend progressivement sur la face postérieure et inférieure 
où il forme les deux tubérosités. La soudure des deux points 
d’ossification du calcanéum s’opere vers 18 ans, quelquefois vers 
19 ans. » 

Ces erreurs sont plus fréquentes qu'on ne le croit. J’en con- 
nais plusieurs exemples. En les rectifiant, on diminue d’autant 
le nombre des fractures par arrachement, ce qu’il fallait dé- 
montrer. 

Restent les rares cas d’arrachement du tendon d’Achille à 
son lieu d'insertion entraînant à sa suite des parcelles plus ou 
moins considérables du corps du calcanéum (fig. 5), les fractures 
écailleuses de Destot, et nous aurons établi le bilan des fractures 
par arrachement. 


c) Fractures légères de la partie moyenne, —- Elles peuvent 
se résumer en deux caractères principaux. 

Enfoncement de la surface articulaire : celle-ci, normalement 
oblique en bas et en avant, devient horizontale. 

Tassement de la portion spongieuse, sous la pression de la sur- 
face articulaire et de la lamelle compacte marquant la sépara- 
tion des deux systèmes de travées. I] arrive qu’un trait de frac- 
ture aille se perdre dans la grosse tubérosité, en imposant ainsi 
pour une fracture par arrachement. 


Ces lésions ne rompent pas l'équilibre de la voûte. 


— 95 — 
DEUXIEME GROUPE 


FRACTURES ROMPANT L’EQUILIBRE DE LA VOUTE PLANTAIRE 


Elles sont dues a l’écrasement de la partie moyenne, suivant 
le méeanisme déjà étudié antérieurement. 


a) Fractures de la partie moyenne. Second degré (fig. 3, 6.) 

La surface articulaire, la lame compacte du sinus caleanéen 
sont enfoncés dans le corps de Pos et comme conséquences : 
aplatissement ; élargissement ; fissures et traits de fractures mul- 
tiples s’irradiant dans toutes les directions. La surface articu- 
laire elle-même peut être divisée. (Morestin.) 

La voûte du pied subit un dommage réel. En effet, l’astragale 
a basculé en arrière et les diamètres du calcanéum ont été no- 
tablement modifiés. 


b) Brotement total (tig. 7). -- L’astragale effondre toute la 
portion sous-jacente et le calcanéum éclate en plusieurs frag- 
ments. Toutes les parties de l’os sont lésées et la voùte plantaire 
n’existe plus. Ces lésions réalisent le type des fractures par 
écrasement, décrites dans tous les auteurs classiques. 

Je n’insisterai pas, toute description plus minutieuse abou- 
tirait en somme à l'étude d'un cas isolé, à la lecture d’un négatif. 
En présence de la multiplicité d'aspect des fractures du calea- 
néum, toute généralisation devient impossible. Ce que j'en ai 
dit suffit pour pouvoir lire et interpréter tous les négatifs. 

I] ne me reste plus qu’à attirer l’attention sur la fréquence de 
la bilatéralité de ces lésions pour terminer le chapitre de l’anato- 
mie pathologique. 


x 
* * 


Symptomatologie.— Je cite pour mémoire les signes généraux 
de toute fracture: renseignements étiologiques, douleur, im- 
potence, gouflement, surtout prononcé au-dessous des malléoles ; 
ecchymoses et suffusions sanguines tardives. 

Ces symptômes sont trop connus pour nous arrêter plus long- 
temps. Je passerai rapidement en revue les diverses fractures, 


=: 06 — 


notant de-ci de-là les signes caractéristiques, particuliers à cha- 
cune d'elles, me basant pour cette description sur la classifica- 


tion adoptée au chapitre de l'anatomie pathologique. 


PREMIER GROUPE 
FRACTURES NE RUMPANT PAS L’EQUILIBRE DE LA VOUTE PLANTAIRE 


a) Fractures tubérositaires. —- 1° Fracture isolée de lapo- 
physe antérieure. — Aucun symptôme particulier en dehors des 
symptômes généraux. Lorsque, dans Je broiement total l’apo- 
physe antérieure est fracturée, celle-ci bascule et l’on peut en 
sentir la saillie sur le dos du pied, en arrière du cuboïde. 

2° Fracture isolée de la petite apophyse. — Point très dou- 
loureux à la pression du côté interne, au niveau de la région de 
la petite apophyse; on peut y sentir parfois une masse osseuse, 
occupant la petite dépression située à l’état normal sous cette 
apophyse. Le pied est en valgus léger et souvent la malléole ex- 
terne est fracturée. 


3° Fracture isolée de la grosse tubérosité. — Gonflement et ec- 
chvinoses rétro-malléolaires. On perçoit d'ordinaire, sous la 
peau, le relier osseux du fragment déplacé par la traction 
du tendon d'Achille. 

J’attire l'attention sur les douleurs en piqûre d'aiguille, qui 
doivent faire songer à la fracture écailleuse de Destot. 

b) Fractures légères de la partie moyenne. - - Peu de symp- 
tomes spéciaux; quelquefois un relief osseux très douloureux 


sous la malléole externe; mais d'habitude il disparaît, masqué 
par loedeme. 


DEUXIEME GROUPE 
FRACTURES ROMPANT L’EQUILIBRE DE LA VOUTE PLANTAIRE 


a) Fractures du second degré de la partie moyenne, — Sous 
les malléoles on sent des saillies osseuses, douloureuses à la 


pression, surtout marquées du côté externe. La mensuration à 


— 97 — 


ce niveau donne une augmentation en largeur; le diamétre ver- 
tical est diminué; les malléoles sont abaissées. L’empreinte 
plantaire, d’après Brouardel, donne l'élargissement de la bande 
externe, signe d'un pied plat léger. 

b) Broiement total. — On a la conscience, au palper, de l’in- 
tensité des désordres. Tous les signes précédents sont fortement 
accentues. On sent le sac de noix renseigné dans tous les au- 
teurs classiques. La voûte s’est effondrée ; quelquefois même 
on trouve à la face inférieure une véritable voussure. 

Ces fractures ont été très bien décrites par tous les auteurs; je 
n’insisteral pas. 


Diagnostic. — Dans les cas graves, le diagnostic clinique 
saute aux yeux; dans les css légers il n’est certain qu’avec le 
concours des rayons X. Toujours le diagnostic radiographique 
s impose, tant pour préciser les lésions que pour réunir les diffé- 
rents facteurs nécessaires pour établir le pronostic, et instituer 
le traitement. 


Pronostic. — Les félures, les fractures isolées des apophyses, 
les fractures légeres de la partie moyenne, sont d’un pronostic 
plutôt favorable. 

Les fractures du second degré de la partie moyenne mettent 
un temps fort long à se guérir; les blessés sentent vivement la 
moindre aspérité du sol et la marche reste longtemps pénible. 

Le broiement total fait du sinistré un infirme, incapable d’un 
travail un peu pénible, d’une marche un peu prolongée. De plus, 
les complications les plus graves sont à redouter : gangrène su- 
perficielle; ostéite; nécrose ayant nécessité l’amputation; ar- 
thrite, même dans les cas les plus bénins, lorsqu’une articulation 
est lésée; enfin l’atrophie osseuse de Sudeck. 


— 98 — 


Traitement. — Je suis l'adversaire résolu de toute immobili- 
sation, de tout appareil. 

Repos au lit, compresses résolutives, le pied fixé par des cous- 
sins de sable, dans une caisse ad hoc, en position élevée. 

Des que la douleur à disparu, mobilisation de l'articulation 
tibio-tarsienne; mouvements passifs, du pied sur la jambe, de la 
jambe sur la cuisse, de façon à faire jouer toutes les articula- 


tions, tous les muscles, à faire glisser tous les tendons. 


Pas d'essais de réduction. Si elle est tentée, à l’exemple de 
Guermonprez et de ses élèves, elle doit l’être sous anesthésie et 


sous le controle de ravons X. 
Pas de massage. La mobilisation le remplace admirablement. 


Les fractures pur arrachement ou par écrasement de la grosse 
tubérosité sont justiciables d'une suture osseuse, de préférence 
au moyen des vis de Lambotte (cas de Lambotte [1], cas de Her- 
man [2]). 


Il me reste a dire quelques mots touchant la technique ra- 
diographique a employer dans les cas de fractures du calca- 
néum. 


1° Il serait désirable que toujours le radiographe donnât au 
chirurgien une vue d'ensemble du pied lésé, et même du pied 
sain, pour pouvoir apprécier l’état d'équilibre de la voûte plan- 
taire. Ce cliché n’exclut pas ceux qui sont plus nets, parce que 
diaphragmés ; 

2° Le chirurgien doit toujours exiger la stéréoscopie ; 

3° Je demanderais aux radiographes de s’entendre sur le choix 
d’une position du pied, par exemple celle a angle droit, et de 
toujours s’en tenir a cette méme position. Une bonne analyse 
de la voûte plantaire n’est possible qu’à ces conditions. 


(1) Intervention opératoire dans les fractures, p. 210. Bruxelles, Lamertin, 
éditeur. | | ae 

(2) Annales de la Société Médico-Chirurgicale d'Anvers. Livraison janvier 
1908. 


— 99 — 


4° Les déplacements latéraux doivent être démontrés. Une 
prise antéro-postérieure donne un cliché impossible a déchiffrer. 
Il faudrait donc trouver une autre position, celle d’Holzknecht 
par exemple, grâce à laquelle le rayon normal se rapprocherait 
le plus possible de l'axe vertical du calcaneum. 


5° Le D" Klynens et d’autres ont établi certaines mensurations 
sur des clichés de coxa-vara. Il y aurait à faire un travail ana- 
logue, touchant les fractures du calcanéum. Voici certaines don- 
nées du problème, que je soumets à tous les radiographes. L’an- 
gle d’inclinaison de l’astragale donne le degré de cambrure du 
pied : 


110° = pied très cambré ; 
115° = pied normal; 


120° et plus = pied plat (Charpy). 


Peut-on établir cet angle sur une radiographie normale ? 
De quelle facon ? 


Peut-on, par un procédé identique, l’établir sur un pied dont 
le caleanéum est fracturé ? 


Il faudrait alors étudier les résultats obtenus par l’applica- 
tion de ce procédé à un grand nombre de fractures du calca- 
néum et en déduire au point de vue de l’équilibre de la voûte 
plantaire des notions capables d’assurer le diagnostic, le pronos- 
tic et le traitement. 


Cette étude est basée sur la lecture d’un très grand nombre de 
clichés, provenant du laboratoire du D" Klynens, d'Anvers, de 
celui du D" Hauchamps, radiographe des hôpitaux de Bruxelles, 
et des cas observés dans mon service aux hôpitaux civils d’An- 
vers. 

Je tiens à remercier vivement mes deux confrères d’avoir 
bien voulu mettre à ma disposition, d’une façon si aimable, un 
matériel aussi intéressant. 


— 100 — 
BIBLIOGRAPHIE 


BLUM. Chirurgie du pied. 1888. 

KOENIG. Traité de pathologie externe, 1888. 

GUERMONPREZ. Société de Chirurgie et Académie de Médecine, 1890. 
DurLay et RECLUS. Traité de chirurgie, 1891. 

MORESTIN. Bulletin de la Société Anatomique, 1894. 

Pointer. Traité d'anatomie humaine (tome 1°), 1896. 


TUFFIER et DESFOSSES. Fractures du calcanéum par arrachement 
(Presse Médicale, 1898.) 


FAOTA. Thèse de Montpellier, 1898. 

MEMTSER. Contribution à l'étude des fractures de l’astragale : These, 
Paris, 1898. 

< FOUGÈRES. Thèse de Paris, 1899. 

Desror. Revue de chirurgie, 1902 (Bulletin Société de Chirurgie 
de Lyon), 1903. 

HWaucuaMes et MARCEL ITÉGER. Journal Médical de Bruxelles, 1903. 

MOREL. Thèse de Lyon, 1904. 

TESTUT et JACOB. Traité d'anatomie topographique, tome II, 1905. 


CHABANON et JACOB. Fractures du Calcanéum. (Gazette des Hopi- 
taux, 1905.) 


HAUCHAMPS, KLYNENS et MAHAUX. Atlas de Radiologie normale, 
1908, p. 124. 


LES OSTEOMES TRAUMATIQUES 


PAR 
LE D HEILPORN (ANVERS) ET LE D" VAN ROY (ANVERS) 


PLANCHE V 


—— 


La radiographie a été d’un grand secours à éclaircir la pathogénie 
et l’étiologie d’une affection, désignée par certains auteurs sous le 
norin d’ostéome traumatique et par d’autres sous la dénomination de - 
myosite ossifiante traumatique. Anciennement on supposait qu’il 
se produisait dans le brachial antérieur une transformation du 
tissu musculaire en tissu cartilagineux et même osseux. Virchow 
est le premier qui ait admis l’origine périostée de ces tumeurs. 
Quand Miinchmeyer a décrit en 1869 la myosite ossifiante pro- 
gressive, beaucoup pensaient que les ostéomes étaient une 
expression locale de cette affection. Mais bientôt Orlow s’est 
élevé contre cette confusion et émit l’opinion que ces productions 
locaies n’etaient constituées que par une prolifération des morceaux 
de tissu périostique ou même osseux, quis’étaient détachés de l’os 
au moment du traumatisme. Bard de Genève attribue la formation 
des tumeurs osseuses à une hypertrophie irritative, née sous lin- 
fluence directe de l’action traumatique répétée et portant sur les 
os sésamoides aberrants, qui, d’après lui, ne sont pas aussi rares, 
qu’on pourrait le croire au voisinage des insertions musculaires, 

Avant d'aborder la discussion de ces dillérentes théories, nous 
vous présentons quelques clichés, qui contribueront à élucider la 
pathogénie de cette affection : 


OBSERVATION I. — Van E..., Antoine, 22 ans, menuisier. 
Le 16 juin 1907, se trouvant en état d'ébriété cet homme tombe sur 
sa main droite. Il y a eu probablement une luxation en arrière, qui 


— 102 — 


a clé réduite par quelques mo'ivements de traction. Ce malade est 
adressé à l’un de nous le 5 juillet, à cause de l'incapacité fonction- 
nelle persistante. En examinant le malade, nous trouvons un coude 
gonflé, douloureux surtout quand le patient exécute des mouve- 
ments. A la palpation on percoil à la face interne une tumeur dure, 
grosse comme un œuf de pigeon, à contours fort peu nets. Cette 
tumeur siége au milieu des masses musculaires. Il existe une 
certaine gêne dans la production des mouvements, l'extension est 
facile, sauf que le malade présente de légers mouvements fibril- 
laires, quand l'extension est exagérée. La flexion est possible 
jusqu’à angle droil. Quand le malade exécute les mouvements il a la 
sensation d’un corps étranger siégeant au niveau du coude. 


Examen radiographique. Vue laterale. — Sur la plaque on 
trouve devant l’humérus une masse grisàlre, ressortant nettement 
sur les parties noires environnantes. Cetle masse amorphe est ar- 
rondie dans sa partie supérieure el grosse comme un œuf de pigeon. 
Vers la partie inférieure, au niveau de l'articulation elle est pédi- 
culée et fixée par des ailerons au bord antérieur de l’apophyse 
coronoide et au bord antérieur de la téle du radius. Vu la récente 
formation de cette tumeur, les dépôts calcaires sont peu abondants. 


Vue antéro-postérieure. — A la face interne, au niveau de l’articu- 
lation, l’os présente deux prolongements irréguliers, grisâtres, qui 
se portent vers le haut et vers le has. 

Nous ignorons l’évolution ultérieure de la maladie. 


OBSERVATION II. — A..., Berthe, 8 ans, tombe sur le coude. Le 
D" Herman diagnostique une luxation en arrière et Ja réduit sous 
chloroforme. Six semaines plus tard, elle rentre à l’hôpital 
Stuyvenberg, dans le service du D" Herman, parce que les mouve- 
ments devenaient difficiles. On constate alors une tumeur dure, 
irrégulière au niveau de la face antérieure de l'articulation, se pro- 
longeant vers le haut et ayant des connexions avec l'articulation. 
Cette tumeur empêche l’extension complète et permet à peine 
la flexion à angle droit. A la radiographie on conslate au devant du 
coude et du tiers inférieur de l’humérus une masse amorphe, irré- 
gulière, allongée, s’amincissant vers le haut. Elle semble prendre 


— 103 — 


ses insertions au niveau de la tête du radius et de l’apophyse coro- 
noide. Cette tumeur se termine par des pointes, qui semblent 
s'insinuer entre les différentes masses musculaires. Nous parlerons 
plus loin du traitement ainsi que de l’évolution ultérieure de ce cas. 


OBSERVATION III. — Les clichés ainsi que l’observation clinique 
de ce cas ont été obligeamment mis à notre disposition par le 
Dr Klynens. 

M°° B... Clothilde, 47 ans, joueuse d'orgue. Cette malade présente 
à la face exlerne du coude droit, au niveau de l’extrémité supérieure 
du radius, une tumeur grosse comme un petit œuf. Cette tumeur 
dure, fait saillie du côté externe, et surtout du côté antérieur du 
coude, ou plutôt en dessous du niveau du pli cutané transversal du 
coude.On peut palper tres aisément tous les détails anatomiques de 
l'extrémté inférieure de l'humérus et mème du cubitus. La tumeur 
embrasse le radius qui échappe par son extrémité supérieure à 
l'exploration. Aussi les mouvements de pronation et de supination 
sont-ils complètement abolis. L’affection remonte à une douzaine 
de mois et la patiente ne peut assigner aucune cause à cette néofor- 
mation. 


Examen radiographique. — Ostéome de l'extrémité supérieure 
du radius, 4 1/2 centimètres de diamètre longitudinal, 3 centimètres 
de diamètre transversal à la base de la tumeur, tout près du coude, 
car la tumeur présente une silhouette triangulaire à sommet distal. 
Un petit pédicule de 1 1/2 centimètres d’étendue semble rattacher 
Vostéome au radius immédiatement en dessous de lacupule de cetos. 
La tumeur n’a aucune connexion avec l’humérus et le cubitus, elle 
s’est développée en dessous de l'interligne articulaire du coude et 
se trouve à la face antéro-externe du radius. (Fig. 2.) 


Examen macroscopique de la tumeur enlevée, — L'opération 
démontra que la tumeur était aplatie d'avant en arrière et 
qu’elle n'avait aucune connexion rigide, solide avec le radius. 
Elle s’arliculait en quelque sorte avec cet os. En effet, le bord 
interne de Ja tumeur présente une excavation, qui admet sans 
difficulté toute la dernière phalange de lindex. Cette excavation 


— 104 -- 


embrasse l’extrémité supérieure du radius et elle a une étendue 
verticale de 4 cent. et 2 1/2 cent. dans le sens tranversal. Le bord 
supérieur de la tumeur est épais, convexe, les faces antérieure et 
postérieure sont bosselées et convexes. Le plus grand diamètre 
antéro-postérieur de la tumeur est de 3 cent., son plus grand 
diamètre vertical, de 5 cent. et son plus grand diamètre transver- 
sal de 4 cent. Toute la tumeur présentait en quelque sorte la con- 
formation d’un coquillage triangulaire. 

A la coupe une membrane fibreuse, dense délimite de tous côtés 
la tumeur (véritable périoste). La coupe présente des ilots assez 
nombreux et des travées de tissu cartilagineux hyalin. Tout le reste 
de la tumeur est tormé par du tissu spongieux. Le cartilage hyalin 
est particulièrement abondant du côté de la surface articulaire de la 
tumeur. 

La tumeur débitée en coupes macroscopiques a été radiographiée 
et le radiogramme nous rend mieux compte de la distribution du 
cartilage et du tissu spongieux que ne pourrait le faire une coupe 
histologique (Fig. 1). 

Nous pouvons donc admettre avec les auleurs que les ostéomes 
du coude se présentent tantot sous une lorme irrégulièrement 
arrondie,le plus souvent allongée à grand axe parallèle à celui du 
muscle, tantôt sous forme d’arborisations, que Sudeck compare 
d’une facon si pittoresque à de la fumée qui monte. Cette dernière 
forme se rencontre surtout dans les jeunes ostéomes ; plus tard 
cette tumeur se condense, s’encapsule la plupart du temps et prend 
la forme décrite plus haut. 

L’ostéome présente un volume variable, tantôt reste petit, tantot 
a la grandeur d’un œuf d’oie. Il ne reste pas alors limité au muscle 
brachial antérieur, mais s'insinue entre les couches musculaires 
et pénètre parfois dans ces couches, entre autres dans le biceps et 
le triceps. | 

Quant à la structure interne, on rencontre toutes les variétés, 
depuis la cellule cartilagineuse embryonnaire jusqu’à la cellule 
osseuse proprement dite. En effet, si vous examinez les clichés de la 
tumeur enlevée, vous voyez les parties blanches au centre, repré- 
sentant le tissu osseux avec un dépôt des sels calcaires et au pour- 
tour une ombre grise, représentant le tissu cartilagineux. 


— 105 — 


Quant à la cause de cette lésion, on l’a rencontrée le plus souvent 
comme complication d’une luxation du coude en arrière. Loison, 
sur douze cas d’ostéomes du coude, qu'il a publiés, a retrouvé, 
dix fois la luxation comme cause initiale. En effet, au moment de la 
luxation il y a une tension très forte des fibres tendineuses et mus- 
culaires du brachial antérieur qui s'insère au-dessous de lapo- 
physe coronoïde. De petites déchirures se produisent aussi au 
niveau de linserlion avec production de petites hémorragies. II 
n'est pas dit non plus que par suite de la violence du choc, occa- 
sionnant la luxation, des parties périostiques et osseuses ne se 
détachent également de l’apophvse coronoide et mème de la cupule 
radiale. On est parfois obligé de faire des tractions assez violentes 
pour réduire la luxation, d’où cause nouvelle de déchirure du périoste. 
Nous avons donc là des fragments de tissus destinés à la nécrose, et 
à la résorption. Mais si ces mèmes tissus sont encore rattachés 
par certaines parties à los, et parviennent à être suffisamment 
nourries, nous assistons à leur prolifération qui, dans certains 
cas, peut-être fort considérable. Le muscle brachial antérieur 
offre une grande résistance à l’envahissement de la néoformation 
à travers le muscle, tandis que dans le sens des fibres muscu- 
laires, c’est-à-dire en longueur, il offre une moindre résistance, d’où 
les tumeurs allongées qu’on observe communément. L’ostéome 
peut, comme c'est le cas sur un des clichés, dissocier le muscle, 
s'insinuer entre les fibres et allectionner cette forme bizarre en 
pointes. 


Nous considérons donc comme point de départ de cette tumeur, 
un arrachement du _ peérioste et de l'os dans un milieu favo- 
rable à la prolifération, c’est-à-dire en contact avec le milieu 
sanguin. Ce qui nous fait surtout admettre cette théorie, c’est que 
la plupart des tumeurs analogues observées sont rattachées à l’os 
par un pédicule d’une certaine longueur. Ce dernier peut parfois 
manquer, la tumeur est alors sessile. Nous rejetons absolument la 
théorie qui fait dériver l’ostéome du tissu musculaire. La proliféra- 
tion du tissu conjonctit peut seul être cause de ces tumeurs; nous 
pouvons, il est vrai, assister à une dégénérescence de la fibre mus- 


culaire par une longue compression, mais c’est une cause toute 


— 106 — 


mécanique. Il n'est pas non plus impossible que le tissu connectif, 
qui est si abondant entre les fibres musculaires, ne favorise la pro- 
duction des ostéomes et ne contribue peut être à la prolifération. 

Il nous semble qu'il faut rejeter toute parenté entre les ostéomes 
traumatiques et la mvosite ossifiante progressive qui est une entité 
morbide spéciale. Mais mème dans celte dernière maladie le terme 
de mvosite est erronne, Il implique une inflammation de la fibre 
musculaire tandis que les recherches récentes ont nettement 
démontré que c’est la prolifération du tissu conjonctif et sa trans- 
formation en tissu cartilagineux et osseux qui est cause de cette 


affection. 

Nous nous rangeons de l'avis de Depage qui considère les 
ostéomes comme des exostoses, développées aux dépens d’un lam- 
beau du périoste arraché de los. Une prédisposition individuelle 
ne nous parait pas suffisamment démontrée. 

Le traitement des ostéomes du coude, est encore fort discuté à 
l'heure actuelle. Faut-il opérer tous les ostéomes et, quand faut-il 
les opérer ? Il nous semble qu'il faut être très prudent et bien envi- 
sager toutes les éventualités avant de décider une intervention. Il 
est évident que, quand on se trouve en présence d’une tumeur déjà 
ancienne, bien encapsulée, et qui est facilement extirpable, opéra- 
tion est le procédé de choix. Dans ce cas, nous avons tout lieu 
d'espérer qu'après l’enlèvement de la tumeur, le membre pourra 
aisémeul exécuter tous les mouvements. Et même si la tumeur est 
en connexion intime avec los comme c'est le cas de Depage, il 
ne faut pas reculer devant la résection d’une partie de los. 

Toute autre est la situation, quand on se trouve en présence d’un 
ostéome de date récente, en pleine prolifération, sans capsule pro- 
tectrice. Dans ces cas on ne pourra jamais enlever la totalité de la 
tumeur, il faudrait Varracher morceau par morceau, et l’on n'est 
jamais certain d'avoir tout enlevé. C'est ce qui est arrivé à la malade 
de l’observation Il. Le Dt Herman à décidé l'opération, et il n'a 
réussi à enlever qu’une partie de la tumeur, comme vous pouvez 
fort bien le voir sur ce cliché. Toute une longue trainée de tissu 
osseux de néoformation, siégeant dans le muscle mème, n’a pu être 
extirpé. Le D' Herman partage absolument notre avis, et trouve que 


— 107 — 


expectation est de mise dans ces cas. Dans les jeunes ostéomes, 
comme Walravens la fort bien démontré dans l’observation 
recueillie par lui, la mécanothérapie peut rendre de précieux 
services et permettre au coude de recouvrer ses mouvements, 
malgré la tumeur existante. Pour terminer, nous tenons à remer- 
cier les confrères klynens et Herman, qui ont si obligeamment mis 
leurs observations & notre disposition. 


BIBLIOGRAPHIE 


1. DEPAGE, Ostéome traumatique de la tête du radius. Ann. de la 
Soc. belye de chirurgie, mai 1905. 

2. WALRAVENS. Contribution à l’étude de la myosite ossifiante 
traumatique. Idem, octobre 1905. 

3. E. LorsoN. Les rayons Roentgen, 1905. 

4. P. Supeck. Der Arzt als Begutachter auf dem Gebiete der Unfall 
und Invalidenversicherung. 2. Abteilung in Handbuch der Sozia- 
len Medizin. 


PROCÉDÉ D'INJECTION 


POUR L'ÉTUDE RONTGENOGRAPHIQUE 


DES PIÈCES ANATOMIQUES 


PAR LES D° 


J. BELOT ET H. BECLERE 
Assistant de radiologie - Préparateur adjoint d'histologie 
a la Faculté 


——— 


PLANCHES VI ET VII 


La rontgénographie ne sert pas uniquement, comme on serait 
tenté de le croire, à fournir au médecin toute une série de rensei- 
gnements lui permettant d'établir ou de préciser le diagnostic : son 
domaine est plus vaste. Elle trouve de nombreuses applications dans 
l'étude des animaux, des végétaux et des fossiles. Appliqué aux 
recherches anatomiques ou anatomo-pathologiques, elle peut, 
grâce à certains artifices, presenter un très grand intérèt. 

Chacun sait que sur le vivant et mème sur le cadavre, les organes 
dont les éléments ont un poids atomique peu élevé el sensiblement 
égal, ne laissent sur la plaque qu'un ombre confuse, où toute 
distinction est impossible. C’est ainsi que la silhouette musculaire 
se dessine avec plus ou moins de précision, mais sans détail : les 
vaisseaux ne sont qu’exceptionnellement visibles lorsque leurs parois 
sont pathologiquement chargés de sels calcaires. 

Si, par une méthode appropriée, on arrive à rendre les vaisseaux, 
et particulièrement le système artériel, plus imperméables aux 
rayons X que les divers tissus au milieu desquels ils sont situés, la 


— 109 — 


rontgénographie montrera avec détail l’ensemble de ce système 
vasculaire. Le résultat sera d'autant plus intéressant que les 
rapports des différents organes n’auront pas élé modifiés. 

On comprend tout l'intérêt que peut presenter ce procédé d'ana- 
lvse aussi bien en anatomie normale qu'en anatomie pathologique. 

La radiographie simple d'une région ou d'un organe ainsi pré- 
paré, donnera une image quelquefois un peu confuse : l'ensemble 
des vaisseaux, des os ct des masses musculaires se projetteront sur 
la plaque avec des ombres évidemment différentes, mais l’image 
obtenue sera, somme*toute, une projection horizontale. 

Si l’on substitue à ce procédé Ja radiographie stéréoscopique, les 
différents organes apparaissent à leur place : on peut étudier leur 
rapport avec la plus grande facilité. 

Pour rendre les vaisseaux opaques aux rayons X, on eut l'idée de 
les remplir d’un corps à poids atomiqueélevé. Le premier, le profes- 
seur Marey appliqua cette méthode. Diverses formules d’injection 
ont été préconisées : chacune a ses inconvénients. 

Certains expérimentateurs ont employé des poudres métalliques 
et particulièrement la poudre de bronze en suspension dans la cire 
à cacheter ou le suif; ce procédé d'injection fait des masses aux con- 
fluents vasculaires et par suite ne permet pas d'étudier les fines rami- 
fications. On peut en dire autant des émulsions de bismuth. Dautres 
auteurs se sont servi de la masse de Teishmann au vermillon ou du 
mercure liquide et aussi de l'argent colloidal. Si parfois les résultats 
ont été excellents, il ne furent pas constants. En plus, le mercure et 
largent sont des produits d’un prix élevé. 

M. Fredet a obtenu de belles épreuves en se servant d’onguent 
mercuriel double du codex surchargé de mercure. 

La méthode que nous avons utilisée et que nous allons décrire en 
détail, consiste à introduire,dans le système artériel à étudier, un sel 
de plomb, en utilisant comme véhicule une solution chaude de 
gélatine. Le sel de plomb qui nous a donné les meilleurs résullats 
est le minium, corps qui se trouve à tres bon compte dans le com- 
merce et qui est un mélange de peroxyde et de bioxyde de plomb, 
répondant à la formule Pho*?, 2Pbo. 

Ce procédé peut servir pour l'injection entière d’un cadavre, mais 


— 110 — 


la rontgénographie ne peut dans ce cas présenter un très grand 
intérèt. Aussi, croyons-nous qu'il est surtout recommandable pour 
la préparation d'organes détachés, rein, foie, rate, cerveau, etc., et 
particulièrement de tumeurs envahissant un membre ou une partie 
dun membre. 


Préparation de la piece. — Avant de procéder à l'injection, on 
doit faire subir à la pièce certaines préparations : elles sont diffé- 
rentes suivant que l’on opère sur une pièce fraiche encore chaude 
ou sur un organe provenant d’un cadavre. 

Dans le premier cas, il suffit de pousser l'injection par le tronc 
artériel principal : le sang encore fluide sort par les veines corres- 
pondantes. C'est ainsi que nous avons procédé pour injecter un 
énorme sarcome du bras; la préparation eut lieu aussitôt l'opération 
terminée, sur un membre encore chaud. (Fig. 4 et 2.) 

Ces cas sont rares ; le plus souvent on s’adresse à des organes 
refroidis, à des pièces provenant de cadavre. 

Elles ne peuvent être injectées immédiatement; en elfet, les 
artères renferment, par places, des caillots qui arrèéteraient la poussée 
de l'injection et donneraient des irrégularités ficheuses dans les 
résultats. Lorsque l’on opère sur le svstème veineux, cet inconvé- 
nient est encore plus marqué. Aussi, pour éviter ces caillots, ou 
d'autres obstacles qui pourraient arrcter l’injection (débris cellu- 
laires), nous commencons par laver l'appareil vasculaire. 

Après avoir libéré la pièce en expérience de ses adhézences et 
des tissus qui peuvent lenvironner, sans altérer son intégrité 
(capsule), nous la placons dans une cuve contenantde l’eau à la tem- 
perature de 30 à 40 degrés. 

Le tronc artériel principal doit ètre bien dénudé snr une longeur 
de plusieurs centimetres; dans sa lumière nous introduisons l’extré- 
mité d’une canule spéciale, s’adaptant à une seringue. Cette canule 
se termine par une collerelle saillante, en arrière de laquelle se 
trouve une gorge; à ce niveau, on lie solidement l'artère sur la 
canule, 

La seringue servant pour l'injection doit èlre solide et robuste, 
en verre de préférence; sa capacité sera suffisante pour qu'étant 


— 111 — 


chargée, elle permette de faire d'un seul coup l'injection de la 
masse. 

Le lavage du système vasculaire s’ellectue avec le sérum artili- 
ciel porté à la température de 37 à 38 degrés. Nous conseillons de 
laver abondamment à l’aide de la seringue, jusqu'à ce que le liquide 
sorte clair par les veines correspondantes. 


Le lavage terminé, on procède à l'injection proprement dite. 


Notre masse se compose de minium comme corps opaque et de 
gélatine comme véhicule; nous la préparons d'après la formule 
suivante : 


Gélatine en feuilles (trois feuilles). . SO grammes 
Minium . s. aa . . . . . . 0 — 
Küs g e a a aea w y o << 200 — 


Les feuilles de gélatine, coupées en petits fragments, sont placées 
dans un récipient contenant de l’eau froide. Lorsque ia gélatine est 
suffisamment gonflée, on la retire, et après expression on la 
porte au bain-marie. Une fois fondue et fluide, on verse dessus 
200 grammes d’eau tiéde en remuant avec un agitateur. Tout en 
continuant de remuer, on ajoute le minium, préalablement pul- 
vérisé au mortier. 

La température de la masse doit être maintenue à 35 degrés envi- 
ron. Après avoir légèrement chauffé la seringue, on Pemplit et on 
pousse doucement l'injection à l'aide de la canule. A un certain 
moment, on éprouve une résistance élastique spéciale ; elle indique 
la tin de Popération. On retire alors la seringue, sans attendre que 
la masse sorte par les veines correspondantes. 


La gélatine constitue un excellent véhicule très fluide et se retroi- 
dissant lentement. Le minium est un corps d’un prix peu élevé; il 
se melange intimement à la gélatine et pénètre ainsi dans les plus 
fins capillaires; par suite, ceux-ci apparaissent avec netteté sur la 
plaque rôntgénographique. 

Le minium présente sur le mercure un avantage : si l'on opère 
sur des pièces analomo-pathologiques, devant ètre dans la suite 
étudiées microscopiquement, elles peuvent se couper facilement 


— 112 — 


apès avoir été montées ala paraffine. Cette opération est impossible 
si on s’est servi d’une injeclion mercurielle. 

Enlin, la masse minium-gélatine permet la dissection de la piéce; 
elle la facilite même. On peut, guidé par elle, suivre avec le scalpel 
les plus fines ramifications vasculaires. 

Les résultats que nous obtenons sont des plus intéressants; les 
images sont nettes et fouillées, le système vasculaire tranchant 
nellement par son opacilé sur le système osseux. 

Les épreuves peuvent servir pour l'étude immediate des pièces en 
expérience ; on doit souhaiter qu'elles soient plus largement utilisées 
dans les traités d'anatomie et surtout d'anatomie pathologique. 

La simplicité de la méthode, la valeur modique des produits 
employés, l'excellence des épreuves, nous ont engagés à publier ce 
procédé d'injection; nous espérons qu’il donnera toute satisfaction 
à ceux qui voudront bien l’essaver. 


FRACTURE DU SCAPHOIDE 


ET 


LUXATION DU SEMI-LUNAIRE 


PAR 


LE D! HEILPORN (ANVERS) 


PLANCHE VHI 


Les os du carpe sont reliés entre eux ainsi qu'avec les os de 
l’avant-bras et du métacarpe par des ligaments puissants. De plus, 
ifs sont petits, à forme irrégulière, et chaque os présente plusieurs 
facettes articulaires, permettant ainsi une certaine mobilité. Pour 
ces raisons les lésions traumatiques, produites par une cause indi- 
recte, s’y rencontrent assez rarement et sont d’un diagnostic 
fort difficile. Les livres classiques n’en parlent guére, ne s’occupent 
nullement du mécanisme de leur production et la plupart des 
auteurs les considèrent comme une curiosité scientifique. [l n’est 
pas étonnant que ces lésions ont été peu étudiées avant l’ère radio- 
logique, puisque les moyens d'investigation à la disposition des 
chirurgiens étaient plus restreints qu’à l’heure actuelle. Ainsi, par 
exemple, on ne connaissait que cinq cas authentiques de luxation 
du scaphoide avant la découverte des rayons X. 

Ce n’est que dans les douze dernières années, à la suite des appli- 
cations nombreuses des rayons X à la chirurgie, qu’on a pu observer 
des fractures et luxations isolées des os du carpe. Leur étude 
clinique a ainsi pu être ébauchée et leur pathogénie partiellement 
élucidée. 

Le Dr De Nobele nous a relaté à la dernière séance un cas de luxa- 


— 114 — 


tion du semi-lunaire. Je vous présente aujourd'hui un cas de fracture 
du scaphoide avec luxation d’un des fragments et du semi- lunaire. 
Voici l’histotre clinique du malade : 

V... Camille, 38 ans, cuisinier, fait une chute et tombe de tout 
son poids sur la main gauche. Quand il m'est adressé le lendemain 
de l’accident pour la radiographie, je constate un gonflement consi- 
dérable du poignet. La palpation est fort douloureuse et, sous la 
peau fortement tendue, nous sentons une grosse tumeur dure, 
siégeant au-devant de l’extrémité inférieure des os de l’avant-bras. 
Nous n’observons pas la déformalion en dos de fourchette, si fré- 
quente dans les lésions du poignet. La radiographie faite dans deux 
directions perpendiculaires l’une sur l’autre a fourni l'explication de 
la lésion. En effet, sur lun des cliches nous trouvons, dans l'ombre 
de l’épiphyse radiale, deux ombres plus claires et irregulicrement 
arrondies. À la premicre rangée du carpe manque l'ombre allongée, 
en forme de nacelle, représentant le scaphoide et à sa place nous 
voyons une petile ombre arrondie. La place du semi-lunaire est 
occupée par la téte du grand os. Les deux ombres osseuses, vues 
tantôt dans le radius, sont vraisemblablement un fragment du 
scaphoide et le semi-lunaire. Sur la mème plaque nous voyons 
encore une fracture de lapophyse styloide du radius, qui est légère- 
ment dejetée en dehors. Le second cliché montre nettement, 
au-devant de l'extrémité inférieure des os de l’avant-bras, deux 
fragments osseux; le supérieur, rectangulaire, à bords arrondis, 
le scaphoïde, l'inférieur le semi-lunaire. Sur la face dorsale de la 
main, en-dessous de Vapophyse stvloide du cubitus, nous voyons 
également un petit fragment osseux. (Fig. 1 et 2.) 

Il est intéressant de rechercher le mécanisme de cette lésion 
curieuse. Si nous nous en rapportons à l'étude si intéressante qu’a 
publié Destot sur les lésions du poignet, nous parvenonsà expliquer 
aisément la luxation du semi-lunaire, ainsi que la fragture du 
scaphoide. Mais d'après la théorie de Destot, le fragment scaphoi- 
dien aurait dtt se luxer sur le dos de la main, au lieu de se luxer en 
avant. Pour produire une Juxation du semi-lunaire, il faut que la 
main soit en hyperextension et les os de l’avant-bras perpendi- 
culaires sur Ja main, formant un angle de 90°. Dans cette position, 


— 115 — 


au moment de la chute, la surface articulaire radiale passe sur le dos 
du semi-lunaire et cet os fait saillie sous le ligament antérieur du 
carpe. Le grand os, d’un autre côté, poussant violemment de bas en 
haut, le fait basculer sur lui-même et le luxe en dehors de sa cavité. 
Pour produire la fracture du scaphoide, il faut, d’après Destot, que 
la main soit, au moment de la chute, en extension forcée et en incli- 
naison radiale. A ce moment le scaphoide est complèlement en- 
gainé sous le radius et toute la force transmise par le radius se com- 
muniquera au scaphoide et tendra à exagérer la courbure normale 
de cet os, qui comprimé ainsi, en haut par le radius, en bas par 
l'éminence thénar, le trapèze el le trapézoide, se cassera fatale- 
ment. Mais d’après cet auleur le scaphoide, en raison de sa forme, 
a toujours la tendance à porter son extrémité supérieure en arrière 
chaque fois qu’il touche le sol par sa base. Ainsi, s’il a une tendance 
à se luxer, il doit appuyer forlement contre la lèvre postérieure 
du radius, provoquer la fracture de cel os et se luxer finalement 
sur le dos de la main. 

Quant au mécanisme de la fracture qui nous intéresse ici, l’expli- 
cation suivante me parait la plus plausible. Le patient tombe sur 
sa main gauche, qui est en extension et en inclinaison radiale. 
L’angle d’inclinaison de l’avant-bras, qui au début a été de 45», 
s’accentue davantage par suite du poids du corps et, en s’accentuant, 
produit la déchirure des ligaments antérieurs du carpe (1% phase). 
Extension forcée de la main possible par suile de la déchirure des 
ligaments; la lévre postérieure du radius appuie sur le semi-lunaire 
en passant sur son dos et le pousse en avant, appuie sur le sca- 
phoide en passant sur son dos et le pousse en avant. D'en has la tête 
du grand os appuie sur le semi-lunaire, le fait basculer et le pousse 
également en haut et en avant, le grand os, le trapèze et le trapé- 
zoïde, ainsi que toute l’éminence thénar, pousse sur le scaphoide. 
Mais comme cet os, par suite de sa forme, a deux diamètres situés 
dans deux plans différents, il faut qu'il se casse ponr devenir 
libre (2™ phase). 

La chute du corps continuant, les mèmes éléments continuent à 
agir, chassent le semi-lunaire vers le seul endroit libre. c’est-à-dire 
en haut et en avant (3° phase). 


— 116 — 


Quelques mots au point de vue du traitement. Nous ne pouvons 
pas songer dans ce cas de réduire la luxation. Les os, en quittant 
leurs loges respectives, ont probablement perdu toute connexion 
avec les autres os et mème si la réduction de la luxation était pos- 
sible, il n’est pas certain qu'ils seront suffisamment nourris. On ne 
peut non plus les laisser en place, parce que les mouvements du 
carpe serait quasi abolis. Reste une dernière ressource, l’interven- 
tion opératoire, qui a été pratiquée dans ce cas. Les deux os luxés 
se trouvaient sous le ligament annulaire du carpe, le fragment supe- 
rieur qui était le scaphoide, présentait une facette cassée et était 
encore rattaché par un ligament au carpe, le semi-lunaire était 
complètement libre. La guérison a été obtenue per primam et, 
quinze jours après l’opération, l'homme pouvait reprendre ses 
anciennes occupations, sans ètre le moins du monde gèné par la 
perte de ces deux os. 


CANCER ET PHYSIOTHÉRAPIE 


PAR 


LE D! PAUL-CuaARLES PETIT (de Paris) 


Trois fléaux ont retenu surtout l’effort des médecins en ces der- 
nières années; la tuberculose, la syphilis et le cancer. La lutte 
contre les deux premiers est engagée avec ténacité. Les agents 
morbides nous en sont connus, nous possédons le remède spécifique 
de l’un, et l’autre parait relever plus de lapplication stricte des 
règles de l’hvgiène et de la diététique que de la médication phar- 
macologique. | | 

Nous sommes plus en retard pour le cancer. L'agent nous en est 
inconnu — si toutefois il existe; la cause et l’origine nous 
échappent et les meilleures théories ne sont encore de ce fait que 
de séduisantes hypothèses. Cependant, la fréquence de ce fléau 
social augmente chaque année, à tel point que la réunion de tous 
les chercheurs en un institut anti-cancéreux n’avait pas semblé un 
réve trop ambitieux. | 

Mon rôle est de vous dire ce soir, Messieurs, où en est la bataille. 
Nos armes sont-elles bien affilées et les coups qu’elles vont porter 
feront-ils reculer l’ennemi ? 

Passons sous silence la vieille méthode des caustiques, un peu 
désuète aujourd’hui en raison même de l’importance prise par les 
agenls physiques et celle plus jeune, des sérums, autour de laquelle 
s'agitent tant d'opinions contraires, si bien qu’on ne peut que sur- 
seoir à un jugement définitif en souhaitant aux chercheurs hardis 
une éclatante consécration de leurs efforts. 


(1) Conférence faite en novembre 1907, à un groupe d'étudiants parisiens. 


— 118 — 


(Jue dirons-nous de la chirurgie du cancer’? Méthode rapide, 
radicale, indispensable parfois. Méthode brutale aussi et toujours 
aléatoire par les dangers de son anesthésie et les risques de ses 
scalpels. Le cancer, à mon sens, est une maladie générale, dont la 
tumeur apparente n’est qu'un des symptomes. Il y a pour le cancer 
quelque chose d’analogue à la syphilis où l’aflection déjà est dans 
l'économie quand le chancre apparait. Contre le néoplasme, la 
chirurgie peut étre souveraine, elle ne peut rien contre la générali- 
sation déjà commencée, quoique encore latente. Au surplus, 
pouvons-nous nous flatter de ne pas favoriser peut-être la récidive 
en laissant pénétrer malgré nous dans ces vaisseaux sanguins et 
lvmpathiques béants, quelque germe, quelque agent, quelque chose 
enfin de la maladie. 

L'homme n'est pas un agrégat d’organes à fonctions séparées. 
Chacun d’eux s'unit en un tout et l'atteinte d’un seul a son retentis- 
sement sur l’ensemble. La loi de l'harmonie des organes est fatale- 
ment méconnue par le bistouri qui supprime matrice ou ovaires, 
par exemple. Les résultats ne sont vraiment connus que des méde- 
cins qui longtemps après, peuvent toucher du doigt les troubles 
de ces amputations, parfois nécessaires, c’est entendu, mais jamais 
inoflensives. 

Ce n’est point une fois encore, Messieurs, le procès du bistouri 
que je plaide, n’étant pas l’avocat des mauvaises causes; ce que je 
tiens seulement à affirmer, c’est la légitimité de faire flèche de tout 
bois, c'est l’utilité incontestable des agents physiques comme des 
autres médications. Ce qui est œuvre utile, c'est d’assigner à chaque 
agent sa place et à ne pas faire donner la cavalerie dans un combat 
corps à corps, quand l'infanterie peut assurer le succès par un tir 
plus soutenu, plus éloigné, mais tout aussi efficace. 

Dans un institut anti-cancéreux, la place des médecins-électriciens 
eut été marquée. Ils eussent apporté avec eux des armes neuves, 
ravons X et haute fréquence. Mais il eut fallu se garder de tout 
Jugement préconcu et mettre au frontispice de tous les travaux que 
la science était armée certes contre le néoplasme cancéreux, mais 
que nul n’avait encore la panacée, la médication spécifique du 
cancer; que nulle méthode en conséquence ne pouvait se targuer 
d'avoir pour jamais écarté les récidives. 


— 119 — 


Il faut revendiquer, Messieurs, pour notre pays, la première appli- 
cation des rayons X au cancer. En 1896, au lendemain méme de la 
découverte de Röntgen, le D'Despeignes, de Lyon, en eut le premier 
l’idée. En l’espèce, il s'agissait d’une tumeur de l’estomac chez une 
malade cachectique. Huit jours de traitement amènent une réduc- 
tion du néoplasme, une augmentation de poids, une sédation de la 
douleur. Il est malheureusement difficile d'attribuer aux rayons 
seuls ce résultat, à cause d’un traitement général suivi concurrem- 
ment. 

Depuis cette époque, c’est par centaines que l’on compte les obser- 
vateurs, par milliers les observations publiées. L'heure est venue 
d'analyser sincèrement les faits, et d’assigner aux agents physiques 
leur vrai rôle dans le traitement du cancer. 


ÉPITHÉLIOMA CUTANÉ 


Ce cancer est le plus bénin de tous. Son siège c’est tout le tissu 
cutané, avec prédilection marquée pour la queue du sourcil, et plus 
encore pour les ailes du nez. On connait quelques cas de tumeurs 
dela vulve. Vous connaissez l’aspect de ce néoplasme constitué 
« selon (1) que la multiplication des cellules néoplasiques l'emporte 
sur la destruction des tissus sains ou demeure en arrière, soit par 
une perte de substance, par un ulcus rodens plus ou moins étendu 
en surface et en profondeur, soit enfin par une association de 
tumeur et de perte de substance ». Quel que soit l’aspect du cancer, 
les anatomo-pathologistes se sont plu à y reconnaître des variétés 
assez nombreuses. Epithéliomas lobulé, perlé, tubulé, cylin- 
drique, mélanique, que sais-je encore, toutes ces formes guérissent 
par les rayons X. Le doute n’est plus possible; les cas cliniques 
publiés avec le contrôle du microscope sont trop nombreux pour 
qu'on puisse refuser encore aux radiations la place de pole dans 
P épithélioma cutané, limité au derme. 

La radiothérapie n’a pas seulement pour elle les affirmations de 
la clinique. Cette action si singulière s’est imposée avec force depuis 


(1) BÉGLERE, Rapport au Congrès de chirurgie, 1907. 


— 120 — 


que le mode d’action des radiations est mieux connu. Elles 
n’agissent ni par suppression pure comme la chirurgie, ni par brù- 
lure comme les caustiques ou la haute fréquence. Elles ont une 
action élective sur les cellules épithéliales néoplasiques. Elles les 
tuent, les désagrègent et le torrent circulatoire et lymphatique se 
charge d'enlever ces cadavres, désorinais inoffensifs, et de les éli- 
miner au dehors. Les autres tissus — dans la limite bien entendu 
des doses thérapeutiques — ne souffrent pas de leur atteinte ; ainsi 
s’expliquent et l’esthétique des résultats obtenus et l’innocuité du 
traitement. 

Cette action spécifique sur les cellules épithéliales s’affirme par 
les recherches histologiques faites en cours de traitement. Les 
examens des cellules traitées ont donné les résultats suivants: « Gon- 
flement du novau, perte de son pouvoir colorant, dégénérescence 
granuleuse et destruction du protoplasma ; telles sont en gros ces 
lésions cellulaires; elles constituent essentiellement un processus 
de dégénération, dont le terme le plus fréquent est la mort de la 
cellule (1). » 

Lésions dégénératives, vous entendez bien. Et comme se justifie 
cette conclusion de Béclère au Congrès de Chirurgie ! « Parmi les 
tissus sains, ce sont les éléments cellulaires de la peau qui se mon- 
trent les plus sensibles à l’action des rayons de Roentgen; parmi 
les tissus pathologiques, ce sont les éléments cellulaires des néo- 
plasmes, et d’une manière générale, ils se montrent d’autant plus 
sensibles que le tissu auquel ils appartiennent est plus mou, plus 
riche en suc, c’est-à dire plus riche en protoplasina et parait le siège 
d’une rénovatiou moléculaire plus rapide. » 

Ainsi s'est affirmée aux lueurs de la clinique et de l’histologie 
l’action bienfaisante, souveraine, élective de la radiothérapie du 
cancer de la peau limité au derme. 

Je n’oserai, Messieurs, répéter la même phrase dans la cure 
des cancers ayant dépassé le derme. l’évolution ne se peut plus 
désormais prévoir, rapide ou lente selon les cas, pas plus que la 


(1) BÉGLEÈRE, loc. cit. 


— 121 — 


résistance ou la soumission aux rayons X. C'est dans ces cas que 
l'hésitation se fait entre ceux-ci et l’intervention chirurgicale. Je ne 
crois pas qu'on soit imprudent en commencant par quelques 
séances d'irradiations. Le résultat se fera connaitre assez vite:s’il est 
purement négatif, inutile d’insister d'avantage. Au snrplus, à mon 
sens, l’agent le plus efficace sera l'étincellage de haute fréquence, 
dont je vais vous entretenir incessamment. 

Le cancer cependant a continué sa marche et l’on vous conduit 
une face à moitié rongée. J’en vis en cas, en 1904, chez une septua- 
génaire de la Somme. L’wil avait entièrement disparu. Le côté 
gauche du visage était une horrible plaie atteignant le rebord supé- 
rieur de l'orbite, le nez, descendant jusqu'au sillon jugo-labial pour 
rejoindre assez obliquement le côté externe de la plaie, qui restait 
encore dislant de l'oreille de deux bons travers de doigt. La malade 
souffrait atrocement. Elle incommodait elle-même et son entourage 
par l’odeur insupportable que dégageait la sanie de la plaie. 

La chirurgie, dans de tels cas, reste impuissante. Par les rayons X, 
je pus tarir l'écoulement et Pinfection, supprimer les douleurs et 
faire par places bourgeonner la plaie. Prise de nostalgie, la malade 
regagna la province après quelques semaines de traitement. 

N'est-ce pas tout ce qu'on pouvait espérer, sans compter l'effet 
moral récontortant dont nous n'avons pas le droit de nous désin- 
téresser et dont le malade et son entourage vous seront toujours 
reconnaissants. 

Je vous parlais tout à l'heure de la haute fréquence. Il est temps 
de préciser ce terme. Sans entrer daus des détails qui n'ont pas ici 
leur place, sachez que ce courant est un courant alternatif à ondes 
amorties provenant du passage d'un courantde haute tension(bobine 
de Rumkorff ou machine statique) à travers des condensateurs. Ce 
courant aboutit en fin de compte à une électrode métallique dont 
voici quelques modèles. 

L’étincelle courte de haute fréquence fut, pour la première fois, 
appliquée au cancer, en 1900, par Rivière; Oudin a depuis précisé 
la technique ainsi qu'il suit : 

La main droite de l’opérateur tient Péleclrode normalement à la sur- 
face cancereuse et près d’elle ; sa gauche touche la peau avoisinante. 


= > 


‘Dans cette attitude, l’électrode, le médecin et le malade forment 
un circuit complet formé par l’étincelle. Celle-ci est projetée nor- 
malement sur tous les points accessibles ; peu à peu la main gauche 
est retirée et la droite recule sur l’électrode alin de rendre les étin- 
celles plus longues et plus nourries. 

Les faits suivants vous feront apprécier le mode d'action de 
l'étincelle. . 

M™ L..., de Montgeron, m'est adressée, en 1905, porteur, au 
milieu de la joue gauche, d’une petite tumeur rougeâtre de la gros- 
seur d’une tète d'épingle à chapeau de dame.La tumeur est indolore 
et évolue depuis environ six mois. Aucune adénopathie ; santé 
générale parfaite. Le diagnostic porté par tous les confrères qui ont 
vu M™ L... est épithéliome perlé. 

Après la première séance, d'environ six minutes, la tumeur s'esl 
effondrée, une croûte noire, signe de l’escarilication obtenue, la 
remplace. Je fais tomber cette crorite et j'apercois une surface rouge 
vif avec des bords légèrement saillants. A la cinquième séance, il ne 
reste plus de trace du néoplasme et la peau a partout repris sa colo- 
ration ancienne (1). | 

Cette année mème, jai reçu une dame du centre de la France, 
sexagénaire. L’aile gauche du nez porte une petile tumeur semblable 
à une grappe de raisins tout petits, très serrés, de même coloration 
que la peau saine. Le volume est celui d’une petite bille de billard 
anglais. Bouton inoflensif depuis plusieurs années, sa forme actuelle 
a succédé à un gratlage. Aucune trace de ganglion, santé générale 
bien conservée. 

J'emploie la même technique et dès la première séance, la tumeur 
s’est affaissée tout en gardant sa forme. Elle est noire et de l’épais- 
seur d’une feuille de papier.Même résultat après la deuxième séance. 
Désormais, il n’y a plus qu’une escarre très réduite et la guérison 
est obtenue en six séances avec un résultat esthétique absolument 
idéal. 


L'action de l’étincelle est tout autre n'est-il pas vrai, que celle des 


(D Voir Bulletin de la Societe d'électrothérapie, 1996, et Gazette électrique, 
l5 juin 1907. 


— 123 — 


“radiations. La haute fréquence agit par escarification de la surface 
cancéreuse. Elle est peu douloureuse et guérit vite; elle est absolu- 
ment sans danger. 

L'action intime est assez complexe. L’étincelle ainsi employée est 
lumineuse et chaude. L’escarre obtenue après chaque séance la 
rapproche d’abord des caustiques, elle agit par destruction. Il y a plus, 
les rayons violets et ultra-violets ont une action bienfaisante connue 
dans les néoplasmes cutanés. Si l’on ne peut préciser absolument 
cette action dans l’étincelle, il me parait difficile de la nier tout 
à fait. La haute fréquence jouit encore de propriétés trophiques, 
que l’on retrouve ici. Si les premières étincelles ont un effet vaso- 
dilatateur, la vaso-constriction suit de pres, énergique et durable. 
Dès lors, la tumeur, privée d'apport nourricier, doit se résoudre a 
disparaitre. 

En résumé, Messieurs, les faits de la clinique et les démonstrations 
histologiques ont justifié la place que les agents physiques ont prise 
dans la cure du cancer de la peau. Si l’épithélioma est limité au 
derme, les ravons X ou la haute fréquence vous rendront des ser- 
vices égaux. Si le derme est dépassé, mais le mal encore limité, 
vous préférerez l’étincelle courte et chaude. Si l’on vous confie de 
graves mutilations, la radiothérapie seule est de mise, sous la 
réserve d'améliorations plus ou moins prononcées, sans espoir de 
guérison abosolue. | 

Dans les cas limités, peut-on prétendre à une guérison définitive ? 
Les techniques ne sont très améliorées que depuis peu d’années 
‘encore ; cependant un nombre assez imposant de cas restés guéris 
depuis plusieurs années sont connus. Attendons donc encore un 
jugement définitif et si le mot de guérison est dans nos cœurs, 
laissons au temps le soin de le prononcer pour nous. 


CANCER DES MUQUEUSES 


Le cancer cutané est justiciable des rayons N, celui des muqueuses 
n'en relève pas. Cette phrase, par trop simpliste, vous la trouverez 
partout, Messieurs. Est-elle justifiée ? | 

Il faut bien avouer que, pour le cancer de la lèrre inférieure, par 


— 124 — 


exemple, nous sommes loin des résultats précédents. Cette localisa- 
tion est, d’ailleurs, d'un pronostic sombre et vous savez toutes les 
déceptions de lacte opératoire. Il fallait s'attendre à ce que les 
irradiations fussent intidèles. Des cas de guérisons bien observées 
ont cependant été publiés, des tvpes du genre sont ceux de 
Perthes (1904, Congrès de chirurgie de Berlin). I! est imposible 
d’être plus affirmatif ; le pourcentage des guérisons n’est pas fait. 
La radiothérapie reste donc une méthode inconstante. 

Irez-vous, donc dans tous les cancers de la lèvre, provoquer l’acle 
opératoire ? Avant tout, il faut agir et agir vite. La méthode de choix 
est ici la symbiose de la chirurgie et de la physiothérapie, sous la 
forme de la sidération électrique. 

Le cancer de la peau utilisait des étincelles de haute fréquence 
courtes et chaudes ; la sidération électrique emploie des étincelles 
longues et froides. 

La source du courant, lappareillage sont les mèmes. L'électrode 
seule diffère. Représentez-vons un mandrin mélallique dont la 
course graduable règle la longueur mesurable de l’étincelle. 
Autour de ce mandrin, une sorte de capuchon de caoutchouc durci 
qui l'entoure entièrement, isolant l’opérateur. La chambre à air 
qui sépare ces deux parties est en rapport avec une soufflerie qu’un 
aide fait mouvoir constamment ; ainsi est refroidie l’étincelle. Le 
courant frappe la tumeur ou l’ulcère comme dans le cancer cutané. 

Telle est la technique, en résumé, inventée par le D' De Keating- 
Hart, présentée par lui aux Congrès de Milan (1906) et de Reims 
(1907) et en son nom par M. Pozzi à l'Académie de médecine (1907). 

Vous comprenez aisément l’avantage de ce procédé. Le chirur- 
gien ne peut opérer sans hémorragie, ce qui le gène, l’aveugle et 
offre des dangers de généralisation. L’étincelle, en quelques 
instants, assure une hémostase absolument parfaite. Elle exerce, 
comme l’étincelle courte et chaude qu’emplovait Rivière, son action 
de lumière et de trophisme. Dans le cancer, le chirurgien trouve 
sous sa curette des parties dures difficiles à énucléer ; en quelques 
moments, l’étincelle les ramollit el la curette tranchante peut con- 
tinuer son œuvre et le chirurgien poursuivre ainsi jusqu’au bout 
les dernières limites du mal. Le résultat esthétique n’est pas aggravé 
par ce procédé. 


— 125 — 


C'est donc une collaboration étroite du chirurgien et de l’électri- 
cien que réclame Keating-Hart, tous deux opérant de concert 
sous le couvert d’une antisepsie rigoureuse que l’étincellage vient 
encore parfaire. C’est à cette méthode, prolongement et complément 
de l’acte opératoire, que le pronostic et l’avenir des cancers des 
muqueuses devront peut-être de s'améliorer. 

Le pronostic du cancer de la langue n’est pas plus brillant que 
celui du cancer de la lèvre. La radiothérapie est ici d’un usage diffi- 
cile et la technique se complique singulièrement. On a publié 
quelques guérisons; elles restent isolées au milieu des échecs. « Cette 
rareté des succès s'explique, dit Béclére, par l’évolution ordinaire- 
ment si rapide des épithéliomas des muqueuses et la brièveté de la 
période pendant laquelle le mal reste limité au derme muqueux sans 
envahir le système lymphatique, contrairement à ce qu'on observe 
pour la peau. A la langue en particulier, la minceur du derme 
muqueux, la continuité de sa face profonde avec le tissu de soutène- 
ment de l’organe et les muscles qui s’y insèrent, le grand nombre 
des glandes sous-muqueuses et intermusculaires, la richesse des 
vaisseaux lymphatiques sont autant de conditions anatomiques 
quiexpliquent l'extraordinaire rapidité de l'extension en profondeur 
des épithéliomas de la superficie. » 

Si vous êtes appelés au début du mal, conseillez la chirurgie, 
qui se trouvera bien du concours de la sidération électrique. Je sais 
bien que la pneumonie infectieuse est une terminaison fréquente ; 
je sais aussi que Je bistouri fait de ces malades de bien tristes épaves 
et que le résultat fonctionnel est déplorable.C’est cependant la seule 
chance de survie, d’ailleurs limitée. Vous ferez suivre cette inter- 
vention d’une série d’irradiations qui hiteront la réparation, et 
tuant les cellules malades restées dans la plaie, retarderont la réci- 
dive. | 

Si le malade ne vous consulte que très atteint, usez des rayons X 
comme le meilleur palliatif et comme effet moral. 

Cancer de la lèvre, cancer de la langue, cancer du larynx! Triste 
trilogie dont le dernier terme est le plus grave, dont tous les trois 
sont des condamnations fatales, à échéance plus ou moins proche. 
Contre le dernier, on ne peut rien ou presque rien. La chirurgie, 


-— zw — a is >» 2. - aon 


qui semblerait le remède idéal, ne peut ici assurer de survie 
sérieuse. Le résultat fonctionnel est tellement inférieur qu'il vaut 
vraiment mieux s’abstenir. La sidération électrique est ici d’une 
application par trop difficile. Dans cette affection sans remède et dont 
l’évolution est rapide, la radiothérapie seule peut se conseiller, 
aidée des calmants ordinaires, de la morphine surtout. Non pas, je 
le répète, qu'on puisse en obtenir grand résultat, mais ce sera 
encore le meilleur palliatif. Il faut citer, comme cas curieux et 
d'exception, cette tumeur du larynx irradiée par Béclére en 1904, 
qui disparut après trois mois de traitement, le malade ayant 
engraissé de seize livres. « Le malade avale tout espèce d’aliments 
sans aucune gène... Sa voix est revenue si complètement que,malgré 
Phémiplégie pharyngée gauche persistante, le malade possède une 
véritable voix de commandement. » 

Les cancers de l'utérus et du rectum sont d’une évolution falale, à 
échéance variable. Les douleurs, les hémorragies, l’odeur infecte 
défendent Pexpectative. Si la tumeur est encore peu envahissante el 
les ganglions peu nombreux, la chirurgie seule, aidée de la sidéra- 
tion électrique, peut prolonger les jours du patient. C’est peut èlre 
ici que ce dernier procédé trouve ses plus belles indications. Par- 
lant de cancers du col utérin inopérables, « à chaque fois, dit Pozzi, 
j'ai vu tarir rapidement les hémorragies occasionnées soit par la 
toilette aseptique du début, soit par les curettages qui accompagnent 
lesinterventions électriques. Lorsque l’étincelle précède le curettage, 
le tissu curetté s’élimine sans écoulement sanguin notable, et cela 
suivant une profondeur proportionnée à la durée de lélectrisation. 
_ Dès que la curette parvient aux parties sous-jacentes, l’hémorragie 
réapparaît, aussitôt arrûtée, du reste, par une nouvelle action élec- 
trique. | 

« L’hémostase ainsi obtenue est telle qu’on peut ensuite sans crainte 
après l’opération remettre la malade dans son lit, sans pansement 
compressif aucun; le liquide qui s'écoule ensuite, plus ou moins 
abondant, est à peine teinté, et dans les cas vus par moi, les pertes 
sanguines n’ont plus reparu. » | 

Hémostase parfaite, élimination très protonde de la néoplasie, ne 
"sont-elles pas réunies les meilleures conditions de l’acte opératoire ! 


— 127 — 


Il sera bon de le parfaire par une série de radiothérapies post-opéra- 
toires. Si la tumeur est inopérable, les rayons X seront un utile 
palliatif. 


CANCER DU SEIN 


Le cancer du sein mérite de retenir plus longtemps notre atten- 
lion. Dans sa forme primitive, il peut être une ulcération peu pro- 
fonde, peu ou pas douloureuse, mamelonnaire ou paramamelon- 
naire, laissant sourdre un liquide clair, quelques fois un peu 
sanieux, un peu sanguinolent, mais encore sans odeur. Vous ne 
serez jamais, Messieurs, les premiers consullés. On a montré ce 
méchant bobo au pharmacien, dont le zèle s’est largement dépensé 
en baumes et pommades d’une efficacité que vous connaissez. La 
conduite à tenir, à ce stade de début, peut ètre hésitante. Jadis, 
J'eusse volontiers tenté quelques séances de radiothérapie et remis 
la malade au chirurgien en cas d'échec. Maintenant, je la ferais 
opérer de suite, et ne l’irradierais qu’ensuite, sauf, bien entendu, 
en cas de refus par la patiente de toute intervention sanglante. 

La tumeur peut être sous-cutanée, la peau étant intacte encore. 
L’absorption par la peau de la plupart des rayons X me ferait 
tout à fait pencher pour Ja chirurgie, quitte à la parfaire par l’irra- 
diation post-opératoire. 

Il peut y avoir dans l’évolution du cancer: du sein quelques temps 
d’arrèt, quelque semblant de rémission passagère; mais l’aboutissant 
fatal est l’envahissement de l’économie. Vous voyez alors les gan- 
glions se prendre, les douleurs s’accuser, les parties profondes se 
confondre dans la néoplasie, les troubles de compression s’accuser, 
Le chirurgien doit ici peser tous les aléas de son intervention, 
prévoir le bénélice que la malade peut en recuillir. Sil croit l’opé- 
ration possible et la survie probable, qu'il intervienne sans tarder 
avec le concours de la haute fréquence et des irradiations consecu- 
tives. Sinon, la place doit se faire nette devant les rayons X qui n’ont 
ici la valeur que d’un excellent palliatif. 

J'ai souvenance d’avoir vu, en 1905, une dame de 75 ans, porteur 
d’une tumeur du sein droit gros comme une tête d'adulte. I.’aisselle 
était bourrée de ganglions et les douleurs très vives. Fait curieux, il 


y avait peu d'impotence du bras et à peine un peu de circulation 
collatérale. Toute idée d’opération fut nettement repoussée et je me 
résignai à irradier le néoplasme et l’aisselle. Devant le résullat peu 
brillant, je finis par oblenir une cousultation chirurgicale. « Si je 
puis opérer, répondit le chirurgien, toutes allaires cessantes, peut- 
èlre Pintervention est-elle encore possible. » Cétait une condamna- 
tion déguisée à laquelle la malade se déroba. Seule, dans ce cas, la 
radiothérapie pouvait désormais s'utiliser avec le résultat d'ailleurs 
que vous devinez. 

line faut pas cependant se montrer trop pessimiste. Dans nombre 
de cas, on peut espérer une aclion analgésiante marquée, une 
diminution des écoulements et de lodeur, et quelque amélioration 
des aulres symptomes. La radiothérapie laissera à ces malheureux 
une lueur d'espoir et leur entourage les verra doucement s'endor- 
mir sans souffrances, ayant encore aux lèvres des projets d'avenir. 

La radiologie sait faire sa place à la chirurgie dans le traitement 
du cancer. « Le traitement chirurgical, dit Léonard, n’est pas scien- 
tifique : c’est un pis-aller ; les rayons de Röntgen semblent seuls 
capables de dégénérer les tissus morbides. Its arrètent l'infection, 
amènent la résolution des tumeurs en dégénérescence kystique et 
souvent le retour à l’état normal de la région atteinte. Toutefois, la 
confirmation définitive de ces résultats n’est pas encore obtenue. Il 
v faut du temps. Jusqu'à ce qu'elle éclate, la seule voie raisonnable 
esf l’ablation, suivie du traitement par les rayons de Röntgen. 

» On ne saurait trop recommander la radiothérapie post-opéra- 
loire. Elle détruit les foyers microscopiques laissés par le bistouri 
et agit ainsi comme prophvlactique. » 

Nous ne sommes pas désarmeés devant le cancer du sein et les 
agents physiques peuvent écarter pour longtemps parfois les 
dangers de la récidive. Nous ne pouvons nous flatter de la voir à 
jamais disparaitre. 

Contre la récidive de lu cicatrice opératoire elle-mème et a ses 
débuts, la radiothérapie vous donnera les résullats les plus encou- 
rageants et les petils nodules regresserent sous vos yeux. 

Dans les cas de récidive plus étendue, ulcérée, sanieuse, vous 
discuterez avec le chirurgien les chances d'une réparation. Vous 


penserez aussi que les irradiations peuvent tarir l’écoulement et 
réparer la perte de substance. 


Dans les récidives envahissantes entin, où ganglions et parties 
profondes appartiennent au néoplasme, seule la radiothérapie peut 
vous donner une amélioration locale, sans action cependant sur 
lavenir bien précaire de la patiente. 


Je me réservais d’insister sur l’adénopathie cancéreuse. On a voulu 
en faire un noli me tangere pour la radiothérapie, lui laissant seule- 
ment les néoplasme sans envahissement des ganglions. 


Quelques faits précis assureront votre opinion. « Nous avons 
soigné, dit Belot, avec Bissérié une jeune femme atteinte d’une 
récidive cutanée d’un cancer au sein opéré. La lésion s’accompa- 
gnait de deux ganglions superficiels et d’un plus profond, situés 
dans le creux axillaire. Les applications radiothérapiques furent 
exclusivement faites sur la poitrine (au début) et les deux gan- 
glions de l’aisselle disparurent en même temps que les nodules 
cutanés. » 


« Dans le cancer du sein, dit le même auteur, les ganglions, 
lorsqu'ils étaient peu volumineux et peu nombreux, ont eux aussi 
régresse. » 


Dans les trois cas de Perthes concernant la lèvre inférieure (cas 
cités par Béclère), « les ganglions furent irradiés à l’aide de ravons 
très pénétrants, filtrés par une mince feuille d’étain et dans les trois 
cas une diminution de volume des ganglions sous maxillaires fut 
nettement appréciable environ trois à quatre semaines après le 
début du traitement. Dans un cas, six mois après lirradiation, il 
n'existait plus dans le triangle sous-maxillaire aucun ganglion 
lymphatique perceptible, là où, au début du traitement, on pouvait 
sentir par le palper une glande dure du volume d’une noisette, » 

Dans un cancer primitif du sein, traité par Béclére, a les gan- 
glions sus-claviculaires diminuent peu à peu de volume sous l'in- 
fluence du traitement poursuivi à intervalles de quinze jours et, en 
décembre 1905, ils ont à leur tour complètement disparu ». Dans un 
autre cas, après sept mois de traitement, « la tumeur a disparu 
ainsi que le ganglion de l’aisselle ». 


— 130 — 


On pourrait multiplier ces citations. J’en ai dit assez, je pense, 
pour pouvoir affirmer que l'adénite cancéreuse cède aux irradia- 
tions et qu’elle ne peut à elle seule constituer une contre-indication 
de la radiothérapie. 

Et somme toute, Messieurs, le bilan des agents physiques n’est 
point si mauvais dans le cancer du sein. La radiothérapie s’est assez 
affirmée pour qu’on ne puisse se passer d’elle. Tous les chirurgiens 
se mettent d'accord pour accepter la radiothérapie post-opératoire 
et les relations sont si bonnes qu'au dernier Congrès de chirurgie, 
M. Maunoury n'a pas craint de proposer les irradiations dans les 
plaies restées ouvertes. Ni celte théorie prévaut, c’est toute une 
révolution qui s'annonce dans la pratique chirurgicale. La radio- 
thérapie est le seul traitement possible des derniers stades de ces 
tumeurs devenues inopérables. La récidive cicatricielle lui revient 
de plein droit, comme aussi sont rendues nécessaires des irradia- 
tions sur les ganglions cancéreux. La chirurgie bénéficiera de la 
sidération électrique qui lui permettra des audaces nouvelles, sous 
le couvert d'une héinostase parfaite et d’un curettage plus soigné et 
plus méthodique. 


Ainsi se précisent peu à peu les indications de la physiothérapie. 
Ce sera l’œuvre des spécialistes et des prochains Congrès de les 
fixer tout à fait. Regrettons seulement que toutes ces discussions, 
ces opinions encore flottantes des savants deviennent prématuré- 
ment la proie de la grande presse. Le public y gagne une défiance 
instinctive de toute thérapeutique sage el devient une proie facile 
pour toutes les absurdités et les rodomontades des charlatans de 
toute nature ; le médecin y perd un peu plus de sa considération et 
tous les malheureux que soutenait encore une lueur d’espoir con- 
naitront que nos soins sont parfois une pieuse tromperie, comme 
autrefois les condamnés apprenaient leur sentence toute une nuit 
avant l’exécution. 


Pour vous, Mesieurs, qui serez des thérapeutes sages, en offrant a 
vos malades tous les bénéfices d’une physiothérapie précoce, vous 
leur mettrez en main une police d’assurance contre la récidive dont 
la prime ne sera jamais trop chèrement payée. 


— 131 — 
CANCER DES VISCERES PROFONDS : 


La radiothérapie n’a guère été tentée que sur l’estomac. En 1904, 
MM. Doumer et Lemoine présentaient à l’Académie une note sur 
vingt cas de tumeurs stomacales irradiées. « Sur ce nombre, nous 
en avons guéri trois d’une facon complète et définitive, croyons- 
nous ; un quatrième malade est en voie de guérison; un cinquième, 
dont l’amélioration avait été extraordinairement rapide et dont la 
tumeur avait disparu complètement, eut une rechute que malheu- 
reusement nous n’avons pas pu soigner. Les autres malades ont vu 
leur tumeur suivre une marche variable suivant les cas. » Les 
auteurs affirment que la radiothérapie a toujours fait disparaitre ou 
amendé les douleurs, et aussi les vomissements et amené une forte 
diminution du symptôme tumeur. 

Les examens histologiques de ces tumeurs étant restés inconnus, 
un jugement définitif ne peut être prononcé. Il serait intéressant 
de savoir ce que sont devenus ces malades. On peut cependant pre- 
juger de l’exposé clinique des faits qu'ils s'agissait bien de tumeurs 
malignes. On sait par ailleurs que les tumeurs bénignes de l’estomac 
sont assez rares pour qu’on puisse difficilement en réunir vingt cas 
autour de soi. | 

La tentative est donc intéressante et on ne peut tout au moins 
nier l’amélioration symptomatique très remarquable obtenue. 

Au surplus, Messieurs, le problème est complexe. L’estomac est 
profondément situé et les rayons sont en grande partie absorbés par 
la peau. | 

On ne peut songer non plus à augmenter indéfiniment l’absorp- 
tion des rayons, sous peine de radiodermites tenaces, dont l’aboutis- 
sant sera, pour le patricien trop zélé, le tribunal correctionnel. C’est 
ici que la méthode de la plaie ouverte et de l’irradiation directe du 
néoplasme trouvera peut-être une précieuse indication. 


SARCOMES ET TUMEURS CONJONCTIVES 


Je sortirais des limites de cette conférence si je citais toutes les 
tentatives de radiothérapie sur les tumeurs conjonctives. Je ne vous 
raconterai que quelques faits probants, en insistant sur les sar- 


— 132 — 


comes. J'ai dit tentatives, Messieurs, car il est impossible d’avoir 
encore une opinion définitive. Il y a des faits de cures surprenantes, 
il v a des échecs complets. 

N’est-elle pas intéressante cette malade de Skinner, hystérec- 
tomisée pour fibrome et chez qui se développe « à la partie infé- 
rieure de la paroi abdominale, dans la région de le cicatrice opéra- 
toire, une tumeur qui grandit rapidement en s’accompagnant de 
symptômes de cachexie croissante et finit par atteindre les dimen- 
sions suivantes : 25 en largeur sur 20 en hauteur et 12 en profon- 
deur. L'examen histologique montre qu'il s’agit d’un fibrosarcome 
que l’on juge inopérable. La radiothérapie est poursuivie pendant 
deux ans et trois mois (136 séances). Apres six mois*la tumeur 
diminue et finit par disparaitre entièrement avec retour complet 
a la santé ». 

Voulez-vous entendre celte observation de Kienbôück d'une tumeur, 
du médiastin controlée par la radioscopie et offrant les troubles 
fonctionnels que vous connaissez. L’examen des ganglions révèle 
un sarcome alvéolaire. Chaque jour, kienbock irradie une zone du 
thorax. Après deux séances, amélioration des troubles fonctionnels. 
Apres deux mois, la radiographie décèle à peine une ombre légère, 
et six mois après, la guérison s’était encore maintenue. 

Il est certain que certains sarcomes sont très sensibles à l’action 
des rayons et régressent très rapidement, sans qu'on puisse 
connaitre encore la raison de cette action. Béclére est grand parti- 
san des irradiations. « Les cellules sarcomateuses,dit-il,se montrent, 
d’une manière générale, plus sensibles que les cellules épithélio- 
mateuses à l’action destructive des rayons de Röntgen. Cette 
sensibilité explique les remarquables succès de la radiothérapie 
appliquée au traitement de certains sarcomes déjà plusieurs fois 
opérés et qui, après chaque opération, ont plus ou moins rapide- 
ment récidivé. Quand elle se joint à une grande lenteur d'évolution, 
à l’absence de propagation au système lymphatique, elle permet 
aussi de comprendre les guérisons merveilleuses, mais incontes- 
tables, exceptionnellement obtenues par la radiothérapie dans 


quelques cas de sarcomes volumineux et profonds de l'abdomen ou 
du médiastin. » 


— 133 — 


On peut, je pense, en poser ces régles provisoires : Faites opérer 
les sarcomes limités, prés du début chez les sujets jeunes et encore 
résistants, sans négliger la radiothérapie post-opératoire, suite indis- 
pensable de la chirurgie. Mais si l’envahissement est trop rapide, 
si la tumeur n’est pas limitée, si le malade se cachectise, ou refuse 
toute intervention, vous aurez recours aux irradiations et peut-être 
aurez-vous la surprise d’un résultat inespéré. 

Dans les cas désespérés en apparence, vous pouvez encore obtenir 
des résultats partiels. Il ya quelques mois, un jeune homme 
de 20 ans, opéré deux fois par M. le professeur Berger, pour sarcome 
de l’épaule, m'est adressé par le D' Chevalérias (de Paris). Les 
masses néoplasiques remplissent et débordent l’aisselle de tous 
côtés, génant les mouvements du bras et provoquant des douleurs 
de compression. D’autres tumeurs existent au niveau de l’omoplate 
et sur la face antérieure de l'épaule. Les anciennes cicatrices opéra- 
toires ont un aspect chéloidien très prononcé. M. Berger, consulté, 
juge désastreuse une troisième intervention et conseille la radio- 
thérapie. | 

En irradiant chaque semaine ce malade pendant deux mois, je 
puis supprimer les douleurs. Les tumeurs qui croissaient et se mul- 
tipliaient à l’envie restent stationnaires. L’épanchement pleurétique 
gauche — très probablement néoplasique — rétrocède plutôt. 
L’amaigrissement s’arréte. En même temps l'état moral devient 
excellent et il part pour la campagne, tout encouragé, et ne se sou- 
venant plus du désespoir qui le rongeait. 

Tel est, Messieurs, le contingent de faits que la clinique apporte. 
Interrogeons, si vous le voulez, l’histologie pathologique que nous 
avons consultée déjà à propos du cancer cutané. « Une biopsie, 
dit Perthes, cité par Béclère, pratiquée le dix-septième jour, ne 
révéla plus de parcelles cancéreuses, mais seulement des blocs 
homogènes qui pouvaient être considérés avec vraisemblance 
comme les résidus de la dégénérescence des cellules néoplasiques. 
Dans un autre cas, un ganglion extirpé laisse voir toutes les modi- 
fications régressives des éléments cellulaires cancéreux. » 

Ces recherches histologiques en France furent poursuivies par 
Darier, Pautrier, Ménétrier et Clunet. Elles suivent point par point la 


— 134 — 


destruction des cellules néoplasiques jusqu’à leur disparition. Si 
l'examen est pratiqué longtemps apres le traitement « on ne trouve 
plus ni débris de novaux, ni amas de protoplasma nécrosé, ni glo- 
bules blancs, en un mot aucun vestige de destruction cellulaire, non 
plus que de phagocylose consécutive. Si la guérison n’est pas 
achevée, on trouve seulement, dans les couches les plus superfi- 
cielles, quelques rares cellules neoplasiques très modifiées, en état 
de vie ralentie, presque de vie latente, mais dont la morphologie 
n’a rien de spécifique, puisqu'on peut en observer de semblables 
dans des tumeurs qui n'ont jamais été trailées ». 

Les rayons X étaient donc bien unagent de destruction cellulaire. 
Cette action élective sur les cellules morbides, si remarquable déjà 
dans le cancer, vous la verrez s'affirmer sur les éléments ganglion- 
naires, sur le tissu splénique et les globules du sang dans la cure des 
adénites bacillaires et de la leucémie; sur les éléments morbides de 
la peau dans le traiteinent des dermatoses. C’est celle action, qui, 
poussée à l'excès, signe sur les lissus sains les phénomènes réaction- 
nels de radiodermite. C’est elle encore, qui, frappant les éléments 
nobles des glandes testiculaires ou des vésicules ovariennes, font 
perdre aux animaux et aux humains la faculté de se reproduire. 
Elle enfin, qui, poursuivie pendant de longues heures, arrive à tuer 
animal en expérience chez lequel on retrouve des destructions 
cellulaires dans la rate, les ganglions, l'intestin, le thymus. 

Mais ceci est du domaine de l’expérimentation. La radiodermite 
elle-même est rare el peut souvent s’éviter. En radiothérapie, 
comme en pharmaceutique, l'excès de dose devient nuisible. 

Vous savez, Messieurs, si la radiodermite est devenue lépouvan- 
tail des malades el même des praticiens. Cependant, une radioder- 
mite franche, aiguë, mais tres limitée n’est pas grave et, pour 
Mally et Bergonié, peut étre méme un élément de guérison. Pour 
ceux qui ne la recherchent pas en cours de traitement, la radioder- 
mite grave est devenue une exception, sauf peut-être pour les 
radiologues eux-mêmes qui ont avec les -rayons des contacts pro- 
longés. On peut cependant en observer encore, car pour eux comme 
pour les agents médicamenteux, il y a une échelle de sensibilité 
dont les causes et la nature nous sont inconnues. Le meilleur radio- 


— 135 — 


logue peut ètre victime de cette idiosvncrasie. Aussi bien n’avons- 
nous encore aucun instrument qui mesure la quantité des rayons 
absorbés. Tous les procédés colorimétriques peuvent étre de bonnes 
vigies sur la zône dangereuse, ils indiquent l’écueil, mais sans plus. 
Chaque œil apprécie différemment les teintes, et nous ne connaissons 
même pas la composition des pastilles. Croire qu’elles sont une 
unité de mesure est antiscientifique,dangereux aussi, parce que cela 
conduit à des condamnations sévères sous le vain prétexte que 
la dose des rayons absorbés avait été mal surveillée ! 

Au surplus, je le répète, ces accidents se font rares et ne peuvent 
faire écarter une méthode qui a donné des preuves de son efficacité. 

On accuse les rayons X — et s’il s’est fondé, le reproche est 
sérieux — d’aggraver parfois l’évolution du mal. J’ai reproduit dans 
ma «Gazette Electrique » une très bonne communication de Belot (1) 
sur ce sujet. L’épithélioma, dit Belot, s'améliore quand « un beau 
jour, sans cause apparente, la plaie devient douloureuse, l’ulcéra- 
tion se creuse, le fond prend une teinte verdatre, noirâtre par places. 
Des adénopathies peuvent même survenir. La lésion s'est manifes- 
tement aggravée, on a transformé en ulcère de Röntgen une ulcé- 
ration épithéliomateuse ». Ces cas sont très rares. C’est à l'opérateur 
à n'irradier le centre que prudemment, quand le cancer commence 
à régresser et à protéger même ce centre contre les rayons quand 
la périphérie n’est pas encore guérie. De cette façon, tout accident 
sera évité. 2 

Enfiù, Messieurs, un dernier reproche — assez grave, s'il était 
fondé, pour écarter de cette méthode tout praticien consciencieux — 
serait que la radiothérapie peut favoriser la généralisation des 
tumeurs malignes. Il y a, en effet, quelques observations publiées dans 
lesquelles des métastases se sont faites jour pendant le traitement. 
Mais n’y a-t-il pas là simple coincidence et ne faut-il pas dire qu'elles 
ont apparu malgré le traitement ? Sans doute, les cellules néopla- 
siques désagrégées sont reprises par la circulation; mais les rayons 
les ont rendues inoffensives; ce ne sont plus que des débris sans 


(1) Société du IX° arrondissement. 


— 136 — 


valeur. I] est singulier de voir articuler ce reproche par certains 
chirurgiens. L’argument peut ètre aussitôt retourné contre tout 
acte opératoire qu’on pourrait accuser de lancer dans les vaisseaux 
béants des germes cancéreux et ceux-là dans toute leur vitalité. 

En vérité, Messieurs, la radiothérapie bien maniée est une arme 
indispensable dans la cure du cancer. Encore, faut-il la manier 
avec prudence. Les quelques accidents qu’elle peut produire dispa- 
raitront au fur et à mesure que cette méthode sera remise en des 
mains exercées, sous la réserve d'idiosvncrasies dont nul ne peut se 
protéger. 

Quant aux détails de la technique radiothérapique, ce sont notions 
qui ne peuvent intéresser que les spécialistes eux-mêmes. Je ne vous 
en donnerai que les principes, pour vous mieux pénétrer des diffi- 
cultés de la radiothérapie. 

Il faut avant tout, Messieurs, se garder des installations de paco- 
lille. La bobine doit étre puissante (30 cenlimétres au minimum), 
l'interrupteur surtout doit ètre parfait. Des galvanométres mesure- 
ront l'intensité et au primaire et au secondaire de la bobine. Les 
résistances seront convenablement étalonnées. Tous les supports 
d’ampoule sont bons ; je ne me sers de mon radio-corecteur. Il faut 
localiser les rayons sur la seule partie malade et sur ses environs 
immédiats ; vous uliliserez les localisateurs divers du commerce ou 
la simple lame de plomb mince percée d’un trou. 

Vous aurez une ampoule réglable. Au fur et à mesure de leur 
fonctionnement, les gaz se rarefient dans l’ampoule et les rayons 
deviennent de plus en plus pénétrants. I] faut pouvoir toujours se 
replacer au mème numéro de pénétration. L’ampoule portera donc 
un osmorégulateur, c’est-à-dire un dispositif permettant de régler 
cette pénétration que vous indiquera le radio-chronométre de 
Benoist. Cette inégalité de pénétration s'appelle en radiologie la 
qualité des rayons. 

_ Votre installation, Messieurs, comprendra un spintermètre, je 
veux dire un appareil ainsi composé : un plateau et en face de lui 
une tige métallique mobile qui peut se rapprocher ou s'éloigner du 
plateau. Ce pelit système est mis en dérivation dans le circuit qui 
va de la bobine à l'ampoule. L’écarlement nécessaire pour ne plus 


— 137 — 


avoir d’étincelle vous renseignera sur le degré de vide de l'ampoule ` 
(donc sur la pénétration des rayons) que vous définirez par la lon- 
gueur de la colonne d’air qui sépare le plateau de la tige, longueur 
appelée en radiologie l’étincelle équivalente. 

If ne vous manque plus que la quantité de rayons qu’absorbe la 
peau ou la surface malade dans un temps donné.Cette mesure vous 
manque encore. Je vous ai dit déjà que les procédés colurimé- 
triques n'étaient que des guides, des moyens de contrôle et non des 
instruments de mesure. 

Vous ticherez donc de posséder pour toutes vos séances un 
certain nombre de tacteurs constants. Je m'explique. Vous savez 
que, pour une ampoule déterminée, des rayons d’une pénétration 
choisie par vous et contrôlée au radio-chronomètre, s’obtiennent 
avec une longueur d’étincelle équivalente connue, avec un certain 
aspect de l’ampoule, avec un nombre d'ampères au primaire, avec 
une certaine déviation du millampèremètre du courant secondaire. 
Mettant chaque fois votre sujet à la mème distance du tube, vous 
réglerez votre interrupteur de facon à obtenir toujours les mèmes 
mesures. Vous saurez que l'intensité au primaire de la bobine 
(réglée par l'interrupteur) commande la quantité de rayons émis 
par l’ampoule et la durée de vos séances s’y conformera. 

Quant à l'intervalle à laisser entre les séances, sachez que la 
plupart des auteurs francais adoptent les doses massives à inter- 
valles assez longs (8, 15 ou 20 jours), mais qu’à l’étranger on admet 
volontiers les séances courtes et rapprochées. 

La distance du sujet à l'ampoule varie avec les auteurs. En 
France, on compte, en général, 15 centimètres. Il faut savoir que 
la loi du carré des distances s'applique aux rayons X comme aux 
rayons lumineux. 

Ainsi comprise, la technique de la radiothérapie sort de l'em- 
pirisme. Elle ne se livre qu’à des mains expertes et demande un 
apprentissage. Nous sommes loin, n'est-il pas vrai, d’une expo- 
sition, de hasard, sans durée précise, sans direction ferme, à une 
ampoule dont les constantes restent inconnues. La radiothérapie a 
ses difficultés qu’il faut apprendre à vaincre. Outre les règles gêné- 
rales que je vous ai posées, il faut encore savoir orienter son 


— 138 — 


ampoule et la techniqne se hérisse de difficultés nouvelles quand il 
s’agit d’irradier un larynx en contre-bas, ou un col utérin profon- 
dément situé. 

En résumé, Messieurs, j'ai la douce confiance d’avoir très loyale- 
ment défini devant vous, ce soir, les rapports de la physiothérapie 
et de la cure du cancer. L'avenir pour celte méthode se précise et 
s'annonce plein d'espoir, Elle est devenue indispensable au prati- 
cien dans la thérapeutique des néoplasies. Vous vousen souviendrez, 
Messieurs, quand, devant ces affreuses maladies, vous sentirez 
sombrer votre courage etaugmenter peut-être votre scepticisme en 
thérapeutique. Si la bonne nature fait bien les choses, si elle est le 
grand médecin qui soulage et guérit, notre rôle est de diriger ses 
forces, d’aider et d’acoentuer ses efforts vers la réparation définitive. 
La physiothérapie nous y aidera puissamment, Messieurs; gardez- 
en dès maintenant l'espoir réconfortant. 


QUELQUES ACQUISITIONS NOUVELLES 


EN 


RADIOLOGIE CHIRURGICALE 


PENDANT L'ANNÉE 1907 


Revue critique 


PAR LE D" L. MAYER (BRUXELLES) 


Les progrès de la radiologie sont tellement rapides, que déjà 
la nécessité s'impose, pour les apprécier, d'examiner séparément 
ses résultats dans les diverses branches de l’art médical. Je n’au- 
rai done en vue, dans ce rapide coup d'œil rétrospectif, que les 
notions nouvelles acquises au cours de l’année dernière au béné- 
fice de la chirurgie. 

L’instrumentation ne nous retiendra guère; elle n’a pas subi 
de modification notable et ne s’est enrichie que de dispositifs, 
ingénieux sans doute, mais d'importance accessoire. Signalons 
cependant les tentatives constamment renouvelées pour inventer 
un appareil de mesure de rayons X plus exact que les différents 
types de radiochromomètres actuellement usités. A cet égard le 
dispositif de Curchod (1) semble intéressant; il consiste dans 
introduction d’un voltamètre dans le circuit secondaire, fai- 
sant ainsi appel à l’électrolyse de l’eau par le courant induit 
dans un tube de verre en U où l'eau s'élève avec une vitesse plus 
ou moins grande suivant l'intensité du courant; l’avantage de 
cet appareil est de totaliser la quantité de rayons X utilisée en 
un temps donné et de permettre une lecture constante, facile, 
et graduée. L’appareil de Luraschi (2) basé sur l’action des 
rayons X sur le sélénium semble d’une constance moins grande ; 


il conviendra toutefois d’attendre les résultats de son emploi 


— 440 — 


par d'autres expérimentateurs. De même le radiomètre de 
Schwarz (3) n’a pas encore été l’objet d’études contradictoires 
suffisantes pour qu’il soit permis d'émettre un jugement a son 
sujet. Il est basé sur l’action des rayons X sur la solution subli- 
mée d’oxalate d’ammonium. 

Notons encore parmi les nouveaux appareils le rythmeur mé- 
tallique pour toutes les formes de courant imaginé par Guille- 
minot (4) ,le transformateur-élévateur de tension a interrupteur 
moto-magnétique de Drault (5), les pinces porte-tubes de Guil- 
leminot (4) et de Mylius (6), les petites ampoules radiogènes 
pour endodiascopie et radiothérapie interne de Bertolotti (7) et 
les ampoules au tantale de la Maison Siemens (8). 

Au point de vue de la technique radiothérapique générale, la 
méthode primitive consistant à faire chaque jour une très courte 
irradiation jusqu'à l’apparition des phénomènes réactionnels 
perd de jour en jour ses derniers partisans. Ainsi que le disait 
Belot au Congres de Rome, « on détermine aujourd’hui la 
quantité utile de rayons X, la qualité donnée et on la fait ab- 
sorber »; on tâche d’appliquer le maximum de rayons compati- 
bles avec l’intégrité des tissus en des séances courtes et espacées. 

Le procédé d’insufflation de gaz oxygène proposé en 1905 par 
Werndorf et Robinsohn, de Vienne, pour obtenir des radiogra- 
phies plus nettes des articulations a été, l’an dernier, battu en 
brèche par différents auteurs. Au Congrès de radiologie de Ber- 
lin, Jacobsohn (Breslau) et Holzknecht (Vienne) ont signalé 
deux décès survenus brusquement au cours d’une injection de 
gaz oxygène dans le genou. 

Kaisin (9) a tenté d’expliquer les embolies constatées par des 
fautes de technique (aiguille enfoncée dans un vaisseau au lieu 
d’être dans la cavité articulaire elle-même) et le cas relaté par 
lui à l’appui de cette hypothèse parait en établir le bien fondé. 
Quoique d’autres chirurgiens, notamment le regretté Hoffa, se 
soient servis de la méthode un tres grand nombre de fois sans 
accident, il n’en reste pas moins que les désastres signalés de 
divers cotés doivent nous rendre circonspects; et cependant cette 
technique permet seule d’asseoir un diagnostic différentiel entre 


— 141 — 


l’arthrite déformante et le rhumatisme chronique proprement 
dit. Wollenberg a recommandé de ne pas dépasser une demi- 
atmosphere de pression pour éviter tout danger et Schwartz 
conseille de placer une bande d’Esmarch au-dessus de l'article 
msufflé. 

Albers-Schônbergæ s’en est servi pour reconnaitre les calculs 
vésicaux, mais la encore des accidents mortels ont été relatés, 
notamment par Leniger. Cette question reste donc à l’étude. 

Au point de vue de la technique générale je dois encore appe- 
ler attention sur l'avantage de l'emploi des petits clichés ra- 
diographiques ; les défauts inhérents aux grands clichés ont été 
mis en évidence de façon particulièrement nette dans un travail 
fort intéressant de Klynens et Poirier. (10) 

Notons enfin un procédé utile à connaître pour la désignation 
des plaques radiographiques; pour éviter les erreurs, Hilde- 
brand (11) a proposé d'inscrire sur l'enveloppe ou sur le chassis 
le nom du sujet à l’aide d’une encre spéciale, opaque aux 
rayons X, dont voici la composition : 


Buodure de mercure ........................ 10 grammes. 
Todure de potassium .......................... 3 gr. 50 
- Eau distillée 25 eue 2 gr. 30 
Agitez. 


Si dans le domaine instrumental et technique, je n'ai eu, en 
somme, que peu de faits nouveaux à signaler il n’en est pas de 
même pour le radiodiagnostie chirurgical. Ici, en effet, diffé- 
rentes innovations importantes sont à signaler, 

Tandis que jusqu'à présent le thorax semblait seul avoir bé- 
néficié des investigations rüntgeniennes, l'abdomen à son tour 
a été exploré avec succes, Dès 1904, Rieder (12) avait démontré 
la possibilité de délimiter par la radiographie la forme, les di- 
mensions et la situation de l'estomac après ingestion d’un repas 
de bismuth. Mais il ne parlait pas de la possibilité de reconnai- 
tre un néoplasme, fait sur lequel Holzknecht (12) attira d'abord 
l’attention deux ans plus tard. 


— 142 — 


En remplaçant le cliché radiographique par Vexamen à 
l'écran fluoroscopique, Holzknecht a fait faire au radiodiagnos- 
tic abdominal un progrès considérable, Dans ses divers tra- 
vaux (13 et 14), il établit en effet la possibilité de diagnostiquer 
une tumeur de l'estomac alors qu'elle est encore impalpable et 
de favoriser ainsi une opération précoce et radicale. Voiei, dans 
ses grandes lignes la technique simplifiée recommandée par 
Holzknecht. Lorsque l'examen clinique d’un patient le rend sus- 
pect d’être atteint d’une tumeur gastrique, on l’examine à jeun 
à l’écran, le ventre nu appuyé à une cloison en bois interposée 
devant l'écran. Après un rapide examen du thorax et de l'abdo- 
men, on passe à Pexamen de l'estomac en particulier. Le malade 
boit dans l’obseurité un verre de lait de bismuth (10:500 ad- 
ditionné de sucre de lait); on explore la région située sous la 
portion gauche de la coupole diaphragmatique, où l’on voit ap- 
paraître le bismuth dont on suit la progression. Par «effleurage » 
on dirige le bol vers le pylore qu’on cherche à lui faire traverser 
assez rapidement; cette manœuvre doit se faire sans traîner, 
sinon le pylore se ferme et ne se rouvre plus que périodiquement 
sous l’effet des mouvements péristaltiques. Elle réussit dans la 
moitié environ des cas et n’a de valeur que si elle donne un re- 
sultat positif, indiquant un passage facile dans le duo:lé um. 

On examine ensuite l'aspect général de l’estomac; puis on all: 
ministre un repas de Rieder frais (25-30 grammes de sous-ni- 
trate de bismuth dans trois quarts à un litre de bouillie de se- 
moule au lait additionnée de beaucoup de sucre de lait.) 

En cas de tumeur on peut ainsi constater : 1° que des portions 
plus ou moins étendues de l’estomac ne se remplissent pas. 

2° Que les limites de la ligne de bismuth sont anormales; 

3° Qu'il survient des ondes péristaltiques anormales de la 
portion moyenne de l'estomac ou de l’antre. 

4° Que la motilité ou la mobilité de l'estomac sont entravées. 

Les observations relatées par Holzknecht à l'appui de sa mé- 
thode paraissent très concluantes et il n’est pas douteux que ~e 
nouveau mode d'exploration ne soit fécond en résultats prati- 


ques pour la chirurgie de l'estomac. La valeur de la méthode 


— 143 — 


pour le diagnostic de l’estomac biloculaire a été démontrée par 
Jolasse (15) ainsi que les avantages des repas bismuthés sur 
l’emploi de sondes mercuriques. Les perfectionnements propo- 
sés par Grodel (16) en rendront l’emploi encore plus aisé. 


Le foie par contre ne paraît encore guère avoir bénéficié de la 
radiologie. Seul Karl Beck prétend avoir obtenu un résultat po- 
sitif dans la radiographie des calculs biliaires et les recherches 
de Mathias et Fett (17) laissent peu d'espoir de voir déceler la 
lithiase biliaire par les rayons X. 

Dans la recherche des calculs du rein au contraire Striter (18) 
estime que le radiodiagnostic acquiert une très grande impor- 
tance; il est même possible d’en déterminer la grandeur, le vo- 
lume, le siège et le nombre pour autant qu’ils ne se superposent 
pas. Il insiste sur deux points: 1° l'évacuation complète de 
l'intestin au moyen de grands lavements ; 2° la compression éner- 
gique par interposition d’un tissu perméable aux rayons X. 


De même Goldmann (19) signale de bons résultats par Vin- 
sufflation rectale pour le diagnostic différentiel du cancer de la 
vésicule biliaire et celui du colon, pour différencier l’appendi- 
cite de calculs stercoraux. 


Dans les affections intra-craniennes, la valeur du radiodiag- 
nostic reste incertain; on s’accorde généralement à le considérer 
comme peu probant dans les tumeurs cérébrales malgré quelques 
cas positifs. 


Par contre Heilporn (20) a signalé les avantages que le radio- 
graphie comporte dans le diagnostic de l’acromégalie; il a bien 
montré les lésions caractéristiques de cette curieuse affection 
dans les os du crane et des membres. 


Dans le diagnostic des fractures, les succes des rayons X ne se 
comptent plus. Nombreuses sont les fractures méconnues ou con- 
sidérées comme rares que la méthode nouvelle nous a appris ` 
déceler sûrement; les fractures para-articulaires et intra-articu- 
laires ainsi que les lésions des petits os du carpe et du tarse ont 
particulièrement bénéficié de leur emploi. Wendt (20) en a 
cité de nombreux cas dans son rapport en montrant toute l’im- 


— 144 — 


portance d’un radiodiagnostic répété au cours du traitement et 
les indications à en tirer pour le choix de la méthode de traite- 
ment la plus opportune. Au cours de la discussion de cet impor- 
tant travail, Grashey a insisté sur les erreurs d’interprétation 
auxquelles la radiographie des fractures donne parfois lieu en 
clientèle, point sur lequel Lucas Championnière (22) et Barden- 
heuer ont également attiré l'attention. 

I] me reste à envisager les progrès accomplis en radtothéra- 
ple. 

Le Congres francais de chirurgie avait mis à l’étude la valeur 
des rayons X dans le traitement des tumeurs malignes. Les con- 
clusions des rapporteurs vivement combattues par quelques chi- 
rurgiens, semblent avoir rallié actuellement le plus grand nom- 
bre des médecins : pour les uleus rodens de la face, la maladie 
de Paget, la leucémie, les rayons X sont la méthode de choix. 
Dans toutes les récidives et les tumeurs inopérables, leur in- 
fluence palliative est indéniable et leur emploi s’impose; dans 
les cancers des muqueuses et les cancers profonds leur rôle cura- 
tif ne s’est pas confirmé. 


Les rayons X ont été également recommandés l’an dernier 
pour le traitement des varices par M. Guire (23), pour la cure 
de la péritonite tuberculeuse par Allaria et Rovere (24), et pour 
le traitement des ankyloses articulaires par Moser (25). Dans 
ces domaines nouveaux, force nous est d'attendre confirmation. 
En tout cas, les quelques faits que j'ai réunis dans ce rapide 
aperçu montrent que l’année 1907 a marqué une nouvelle étape 
des progrès sans cesse croissants de la radiologie. Les services 
de plus en plus importants qu’elle nous rend journellement dans 
la chirurgie des accidents du travail justifient à eux seuls la 
nécessité d'installations perfectionnées dans tout service chirur- 
gical; à ce point de vue l'Atlas de MM. Klvnens, Hauchamps 
et Mahaux (26), dont la publication nous est annoncée pour le 
commencement de 1908, sera sans doute appelé à faciliter sin- 
eulierement la tache du chirurgien en lui rendant plus aisée la 


lecture des radiographies qui lui sont soumises. 


= AR 
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


1. J. Curchod. Un nouveau dispositif de dosage des rayons X. 
(Archives d'électricité médicale 1907, p. 29.) 

2. Luraschi. Une nouvelle méthode de mesure de la quantité 
de rayons X émis par un tube de Crookes (II° Congrès interna- 
tional de physiothérapie, 13-16 octobre 1907. In Journal belge 
de radiologie, 1907, n° 6, p. 315.) 

3. H. Guilleminot. Quelques nouveautés en électrothérapie 
et radiothérapie. (Arch. d'électricité médic. 1907, p. 91.) 

4, L. Drault. Transformateurs-élévateurs de tension à inter- 
rupteur moto-magnétique. (Journal belge de radiologie, 1907, 
page 169.) 

5. G. Schwarz. Le radiomètre néphométrique. (Journal belge 
de radiologie, 1097, p. 341.) 

7. Bertolotti. Petite ampoule radiogène pour endodiascopie 
et application de radiothérapie interne. (Arch. d'électricité 
médicale, 1907, p. 255.) 

8. Nouvelle ampoule de Röntgen « au tantale. » (Arch. d'élec. 
tricité médic., 1907, p. 499.) 

9. Kaisin. Emploi du gaz oxygène pour la radiographie des 
articulations. (Journal belge de radiologie, 1907, pp. 61 et 162.) 

10. Klynens et Poirier. Les défauts inhérents aux grands cli- 
chés radiographiques. (Arch. d'électricité médic., 1907, p. 298.) 

II. Hildebrand. Eine neue Methode zum Bezeichnen der 
Rontgenplatten. (Fortschr. auf dem Gebiete der Röntgenstr. 
1907, t. X., vol. 4.) 

12. Rieder. Beitrag zur Topographie des Magendarmskanals 
beim lebenden Menschen. (Fortschr. auf dem Gebiete der Rént- 
genstrahlen, 1904-05, Bd. 8.) 

13. G. Holzknecht. Die radiologische Untersuchung des Ma- 
gens. (Mitteil. aus dem laborat. fur radiol. Diagnostic und The- 
rapie. Vienne 1907.) 

14. G. Holzknecht et S. Jonas. Die radiologische Diagnostik 
der intra- und extra-ventrikuliren Tumoren und ihre spezielle 


Verwertung zur Frühdiagnose des Magenkarcinoms. (Vienne 
1908, 125 pp.) 


— 146 — 


15. O. Jolasse. Beitrag zur Réntgendiagnose des Sanduhrma- 
gens. (Fortschr. auf dem Geb. der Rüntgenstr., Hambourg 1907, 
XI,5, pp. 313-321.) | 

16. Grüdel. Perfectionnements de la méthode de Rieder par 
le bismuth pour les examens de l'estomac. (Compte rendu du 
Congrès allemand de radiologie par le D" G. Wiener. In Journal 
belge de radiologie, 1907, n° 3, p. 120.) 

17. Matthias und Fett. Die Aussichten der Réntgenographie 
der Gallenkonkremente. (Fortschr. auf dem Geb. der Rontgen- 
strahlen, 1907, t. X, Heft +.) 

18. Sträter. Die Verwertung der Réntgenstrahlen bei Erkran- 
kungen der Nieren. (Congrès allemand de radiologie, Berlin 
1907.) 

19. Goldmann. Zur Diagnose von Abdominalerkrankungen 
durch X strahlen (79° Versamml. deutscher Naturf. u. Aerzte, 
septembre 1907. ) 

20. Heilporn. Etude radiographique de lacromégalie. (Jour- 
nal belge de radiologie 1907, n. 2, p. 46.) 

21 Wendt. La valeur de la radiologie pour l'étude des frac- 
tures. (Congrès allemand de radiologie 1907. In Journal belge 
de radiologie, 1907, n. 3. p. 118.) 

22. Lucas Championnière. Les erreurs de la radiographie 
dans l'étude des fractures. (Presse médicale, 6 nov. 1907.) - 

23. J. C. M. Guire. La radiothérapie des varices. (Archiv. 
d’électr. médic., 1907, p. TT.) | 

2+. Allaria et Rovere. Observations cliniques et anatomiques 
sur l'action des rayons de Röntgen dans la péritonite tubercu- 
leuse. (La Seinaine médicale, 29 mai 1907.) 

29. Moser. Weitere Erfahrungen uber Rôntgenbehandlung. 
(Mittheil. aus d. Grenzgeb. der Mediz. u. Chir. 1907, III, 
Supplement.) 

26. Hauchamps-Klynens-Mahaux. Atlas de radiographie 
normale. (Paris, Doin. — Bruxelles, Ernest.) 


— 147 — 


INSTRUMENTS NOUVEAUX 


Le Radiocorrecteur 


En principe, le radiocorrecteur est un support d’ampoules, avec 
châssis radiagraphiques amovibles, qui permet : 

a) De déterminer très simplement les éléments géométriques 
d’une radiographie : distance de l’ampoule au sujet et à la plaque, 
épaisseur de la partie à radiographier, orientation du rayon d’inci- 
dence centrale; 

b) D'évaluer, préalablement à la radiographie, les erreurs d’agran- 
dissement ; 

c) De faire la radiographie stéréoscopique, et la recherche des 
corps étrangers, par un déplacement mesurable de l’ampoule. 

d) D’appliquer enfin la méthode du professeur Varnier, pour la 
radiographie du bassin, méthode qui donne des radiographies du 
bassin avec agrandissement mesurable, mais sans déformation. 

DESCRIPTION. — L'appareil comporte un support gradué, coulis- 
sant sur une planchette également graduée, en reliant entre eux les 
deux chassis à tiroir, fermés par une plaque d’aluminium, per- 
méable aux rayons X et aseptisable. Sur le support-coulisse une 
pince porte-ampoule; la dite pince est graduée de facon à donner, 
en degrés, l'orientation du rayon central, et, en centimètres, les 
déplacements de l’ampoule. Ceux-ci peuvent donc s’obtenir par le 
coulisseinent, soit du pied, soit de la pince porte-ampoule. 

Sur la partie inférieure D du pied (voir fig. 1), coulisse un blocE, 
portant d’un côté, une toise servant à immobiliser le bloc E, et 
aussi à mesurer les épaisseurs, et de l’autre côté, deux tiges d’alu- 
minium dans le plan de la toise, destinées à supporter une cuvette 
en buis, avec figures de comparaison. 

Ces figures sont des cercles en plomb, d’un diamètre connu; au 
centre de la cuvette coulisse une tige métallique, indicateur d’inci- 
dence. | 

La toise, et par conséquent la cuvette, étant à une hauteur déter- 


ee Y eE 


ine 


si on illum 


un tube a rayon X placé au-dessus du châssis dans la position 


? 


isseur de la partie à radiographier 


épa 


? 


minée par | 


l’image des cercles-témoins se projette nettement sur un 


voulue, 


Fig. | 


Bigitized » Google 


— 149 — 


écran au platino-cyanure reposant sur la plaque d’aluminium du 
chassis. On peut ainsi, sans calcul, déterminer l’agrandissement 
pour une épaisseur et une distance d’ampoule déterminées. Il 
suffit de comparer la grandeur des cercles projetés à celle des cercles 
qu'on projette. | 

Le rapport de ces deux grandeurs donne le ccefficient d’agran- 
dissement. Un simple calcul de triangles semblables permet 
d’ailleurs de résoudre tous les cas. | 

La lecture des hauteurs et des épaisseurs est immédiate. Notons 
qu'avec le radiocorrecteur il est toujours possible de faire coincider 
le centre de l’anticathode avec le centre de la plaque. 

Pour les applications générales de cet appareil, voir la notice 
spéciale, et le journal du protesseur Bergonie : Archives d’Électricité 
Médicale du 25 décembre 1906. 

Nous nous bornons à donner ici une méthode géométrique dont 
l'emploi est des plus simple avec le radiocorrecteur, pour la déter- 
mination exacte des corps étrangers, par la radiographie. 


Fig. ? 


PRINCIPE DE LA MÉTHODE. — Soit C, un corps étranger qu'il s’agit 
de localiser. 

Par rapport à un plan P, ce corps sera parfaitement répéré si l’on 
donne : 

4° Sa projection orthogonale sur le plan P, ou en d’autres termes, 
le pied y (la trace) de la perpendiculaire abaissée de ce point C sur 
le plan P ; | 

2° La distance C y, du point C au plan P. 


Pour le chirurgien, le plan P sera celui de l'épreuve radiogra- 
phique, ou d’un calque de cette épreuve. L'épreuve ou le calque 


seront repérés par rapport au malade, de façon qu'on puisse 
appliquer la dite épreuve dans la position qu’elle occupait lors de la 
radiographie. 


— 150 — 


Rien n’est plus simple. En effet, il suffit @appliquer sur la peau, 


à Pendroit qui sera en contact avec la plaque, un repère opaque aux 
rayons X; pendant la radiographie, ce repère touchera à la fois la 


plaque et la peau. Cette condition de contact est essentielle et facile 
à réaliser : 


Essentielle: — Pour la détermination ultérieure de la position 
exacte de l'objet. 


Facile à réaliser. — A l’aide de fil fusible, en alliage au plomb, 
comme celui dont se servent les électriciens pour les coupe-circuits. 
On peut avec ce fil réaliser un petit triangle à côlés inégaux que 
l'on colle sur la peau à l’aide d’un papier collant. Ce fil a avantage 
d’être très souple, très opaque et très fin, de telle sorte qu’il se 
détache nettement,en projection,sur la plaque.Si le triangle repéré, 
ainsi formé, est bien en contact avec la plaque, il n’y aura, sur 
celle-ci, qu'une seule image du triangle malgré la prise des deux 
radiographies successives sur la même plaque, avec déplacement 
de l’ampoule. Sur la peau on repèrera le triangle avec un crayon au 
nitrate d'argent, de la teinture d'iode, ou un crayon à l’aniline. 

Soit donc : 


Fig. 3 


P, le plan de la plaque. 

C, le corps étranger. 

Si, S, les deux positions successives de l’anticathode. 
D, l'écart, ou déplacement de l’anticathode. 


DSS So 


er la projection de ( pour la position Sı — es, la projection de C- 


— 151 — 
pour la position S, — s, s les pieds des verticales abaissées de S, 
S. sur le plan Pde la plaque. Les deux points sı s, déterminent une 
ligne xs, s, y qu’il est facile de réaliser sur la plaque et par suite sur 
l'épreuve, grâce à un fil métallique tendu sur la plaque photogra- 
phique parallèlement à un côté de cette plaque. A l'aide d’un fil à 
plomb on détermine exactement la position d’un des deux points 
s'ous?, dont on connaît d'avance l’écartement D. Il suffit alors de faire 
glisser le long du fil tendu sur la plaque les deux petits repères, en 
metal, portés sur ce fil et qu’on fera coincider avec les positions sı 
s en les écartant l’un de l’autre de la distance D, qui est connue. 

Les images du fil métalltque tendu et des deux repères figureront 
sur la plaque radiographique et sur l'épreuve, la ligne x yet les 
deux points $; s: qu’on voit sur l’épure. 

En joignant sı et cı, s et c2, on aura en yY, point de rencontre des 
des deux droites sı c1, S2 C2, le pied cherché de la perpendiculaire 
abaissée du corps étranger C sur la plaque. 

D'autre part, la distance C + du corps à la plaque sera donnée par 
la formule | 


d 


SE En 


H étant la hauteurde l’anticathode au-dessus de la plaque, hauteur 
donnée par le radiocorrecteur, et qui résulte d’une simple lecture 

== Sı $; = So So. 

On a donc les deux indications : position du pied y et distance 
verticale C y du corps à la plaque, nécessaires et suffisantes pour la 
localisation. 


REMARQUE. — La ligne C, Cə des deux images du corps étran- 
ger C est forcément paralléle 4 la ligne des repéres x y. Cette 
remarque est trés importante. Elle permet dans le cas de deux ou 
plusieurs corps étrangers identiques (balles, chevrotines) de lever 
immédiatement le doute et de fixer, pour chacun de ces corps, les 
deux images qui lui sont propres. Ces deux images sont toujours sur 
une même parallèle à la ligne des repères x s$; $: y. 

La suite des opérations est la suivante : 


Pour le radiographe. — Fixer sur la plaque photographique le fil 


métallique avec ses repères dont l’image donnera la ligne x sı £: y. 
Amener le centre de l’ampoule en S' sur la verticale S, s, et à 
uue hauteur H lue directement sur l’appareil radiocorrecteur. 
Placer le malade sur la plaque de façon que le triangle repère 
collé sur la peau coincide avec la plaque. 
Actionner le tube à rayons X pour la première épreuve. 
Déplacer le support de la quantité D correspondant à l’écarte- 
ment $; 32. | 
Actionner le tube pour la seconde épreuve. 
Développer la plaque. 


Pour le chirurgien. — Prendre le calque de la radiographie ; 
appliquer ce calque sur le sujet de facon que le triangle repèré sur 
la peau coincide avec son image sur l'épreuve. Sur une perpen- 
diculaire au point y et à une distance C f = x 


d 
Feb 


du plan du calque se trouvera le corps étranger C dont le chirur- 
gien pourra vérifier la présence avec une sonde. 


E. BONIFACE, Ing. A. I. M. 


(1) L'appareillage nécessaire (fil à plomb, fil avec repères pour la plaque, etc.) 
est livré avec chaque radiocorrecteur. — J. Lacoste et Cie, constructeur, Paris. 


2 FSS 


Le Stéréo-indicateur de Fiirstenau 


Les méthodes connues jusqu’a present pour déterminer la posi- 
tion d’emplacement d’objets quelconques dans le corps humain avec 
le concours des rayons Rôntgen, se bornent à mesurer un ou 
plusieurs radiogrammes de l’objet en question et, à l’aide de ces 
évaluations de distances, à se reporter sur la plaque photogra- 
phique pour y fixer la position d'emplacement demandée. Mais, 
pour le médecin, et tout particulièrement pour le chirurgien, 
il serait hautement désirable de disposer d’une méthode ou d’un 
instrument qui le rendent immédiatement à même, lors de l’expo- 
sition radiographique du patient, de fixer simplement et prompte- 
ment la position d'emplacement d’un objet soit par radiographie 
soit par radioscopie. Ur, c’est précisément ce qui peut se faire, 
grace à la méthode d'évaluation suivante et au « stéréo-indica- 
teur » construit à cet eflet. 

La méthode est basée sur certaines considérations géométriques, 
d’où résulte que la position de logement d’un objet, c’est-à-dire la 
distance verticale qui le sépare de l’écran ou de la plaque photogra- 
phique, ne dépend que de l’écartement des deux ombres projetées 
par l’objet quand on l'expose simultanément à deux faisceaux de 
rayons Röntgen au mème écartement. Il est bien entendu que pour 
celle opération la distance entre le tube et l'écran est con- 
stante de mème que l’écartement réciproque des deux anticathodes 
dont on fait diverger les faisceaux de ravons X. 


Cela étant, on se heurte à des complications si l’on veut employer 
deux tubes Röntgen pour obtenir les deux ombres portées par les 
objets. Il serait déjà plus simple de faire usage d’un seul tube qui, 
apres que lon aurait fixé d’une manière quelconque l’image 
d'ombre produite par lui, serait déplacé parallèlement à lui-même 
d’une certaine quantité, afin d'obtenir ainsi la deuxième image 
d'ombre. Mais l'opération devient encore bien plus simple si l’on 


— 154 — 


utilise un tube Rontgen renfermant une anticathode double, c’est- 
a-dire une anticathode avec deux miroirs en platine dont chacun 
correspond à une cathode. On obtient alors, en raccordant ces deux 
cathodes simultanément sur l'écran ou sur la plaque photogra- 


Fic. l 


phique, deux images d’ombre du méme objet. L’écartement des 
tubes restant le méme, le point de profondeur auquel se trouve 
placé l’objet ne dépendra plus que de l’écartement réciproque des 
deux ombres de l’objet sur l’écran, ou vice-versa : l’écartement des 
deux images sur l'écran fournit directement la mesure de la pro- 
fondeur d'emplacement de l’objet portant ombre. A mesure que 
l'objet sera rapproché du tube, la distance des deux ombres devien- 


— 155 — 

dra- plus grande, et à mesure qu’il se rapproche de l’écran, la dis- 
tance diminue. | 

Ces considérations servent de fondement à la conception d’un 
instrument des plus simples; cet instrument affecte la forme d’un 
compas de réduction, ou d'une paire de ciseaux (fig. 1). Les deux 
branches courtes se terminent en pointe, tandis que les longues 
branches sont renflées aux extrémités, où elles forment des pattes, 
et portent les échelles graduées. 

Naturellement, chaque distance des ombres correspond, quand on 
place les deux pointes courtes du compas sur les images des ombres, 


‘Fig. 2 


à une ouverture déterminée du compas; dès lors, puisque la 
distance des ombres et la profondeur d'emplacement dépendent l’une 
de l’autre, chacune des profondeurs d'emplacement de l’objet est 
également caractérisée par une certaine ouverture invariable du 
compas. Il est donc possible de transporter la profondeur d’empla- 
cement directement sur l'échelle de l'instrument, de sorte que la 
manœuvre de ce dernier est aussi simple que possible; on opère 
comme suit: | P 

On produit deux images, deux ombres de l’objet, soit à Paide d’un 


— 456 — 


« stéréotube » (avec double anticathode), (fig. 2), soit par le dépla- 
cement d’un tube Röntgen ordinaire que l’on fait vovager à 65 mil- 
limètres parallèlement à lui-même, selon la figure 3. Sur les deux 
images, les deux ombres a et b, on place les deux pointes de l’instru- 
ment, et il n’y a plus qu’à lire sur l'échelle la profondeur d’em- 


Fic. 3 


placement. C'est bien là une manœuvre telle qu’on ne puisse 
vraiment en concevoir de plus simple. 


L’écartement entre l’anticathode et l’écran, choisi pour graduer 
l'instrument, a été de 60 centimètres. Si: (par exemple, lors des 
prises de la main), la distance n'est que de 30 centimètres, il faut 
prendre la moitié de la mesure indiquée pour avoir la position 
réelle en ,profondeur. Il en est de même pour d’autres distances; 


— 157 — 


ainsi, pour 50 centimètres, la quantité marquée doit étre muiti- 
pliée par 5/6, pour 40 centimètres on la multiplie par 40/60 ou 2/3. 
Ainsi, bien que l'instrument ait été calibré pour 60 centimètres 
de distance de l’anticathode à la plaque, il peut néanmoins s'em- 
_ ployer pour toute autre distance. 

Mais, pour déterminer complètement la position d’emplacement 
d’un objet, il y a aussi avantage à connaitre sa distance latérale d’un 
point anatomique fixe quelconque. Or, c’est ce qui se détermine 
également de la manière la plus simple à l’aide du stéréo-indicateur. 
En effet, l'échelle de l'instrument, qui donne la position de profon- 
deur, porte en outre une seconde graduation qui comporte ce 
qu’on appelle la « constante latérale ». Ce facteur sert à déterminer 
la position latérale de l’objet. En même temps que la situation de 
profondeur de l’objet, on lira notamment aussi la constante latérale 
sur l’échelle de l'instrument; puis on déplacera le tube parallèle- 
ment à lui-même jusqu'à ce que le pied du rayon central partant 
d’une des anticalhodes, recouvre précisément le point fixe anato- 
mique ¢ (voir fig 3) qui doit dénoter la situation latérale de l’objet, 
en d’autres termes, jusqu’à ce que le rayon central traverse !e point 
fixe anatomique. C'est ce qu'on obtient sans difficulté. Et dans ces 
conditions l'ombre de l'objet (voir fig. 3) qui provient du mème 
faisceau de ravons Rontgen s'est nalurellement portée sur l'écran. 
Cela élant, on place les deux pointes de compas de l'instrument sur 
cette image et sur l'ombre du point anatomique fixe, et on lit sur la 
seconde échelle l'évaluation qui s’y trouve marquée. Ce chiffre, 
multiplié alors par la constante latérale qu'on a précédeminent 
relevée, correspond à l’'écartement latéral de l’objet du point anato- 
mique observé. 

Dès lors, pour déterminer Ja situation latérale d'un objet, il 
suffit d'une seconde pose du compas respectivement sur les deux 
images des ombres, avec multiplication des deux chiffres qu'on y 
aura relevés. Pour déterminer la situation en profondeur, le seul 
travail nécessaire consiste à placer l'instrument sur les deux ombres, 
pour lire ensuite directement à l’échelle la situation de profondeur 
demandée. L'instrument ne nécessite donc qu'une manœuvre, la 
plus simple imaginable pour que, dans le minimum de temps et par 


— 158 — 


la seule exposition du patient à l’irradiation, on puisse déterminer 
complètement la situation exacte de l’objet en question par mesure 
purement objective. 

Quand on veut transporter l'instrument, on rabat les deux échelles 
graduées et on peut enfermer le tout dans un étui relativement 
petit, en sorte que, avantage parliculièrement appréciable en temps 
de guerre par exemple, l'instrument ne tient pour ainsi dire pas de 
place. | 

Myuivs. © 


— 159 — 


SOCIETE BELGE DE RADIOLOGIE 


Séance du 9 février 1908 


M. le D' Coxrap développe sa communication « Les fractures 
du calcaneum » (Paraitra in extenso.) 


La discussion de ce travail est remise à la séance prochaine. 


M. le D' HeizrorN développe sa communication « Un cas de 
luxation du scaphoide et du semi-lunaire ». (Paraitra 1n-ex- 
tenso.) 


M. le D' Henprickx présente les radiographies d’une frac- 
ture analogue du semi-lunaire. 


M. le D' DE Nosete. — Le cas de luxation du semi-lunaire et 
du scaphoide que vient de nous présenter le docteur Heilporn, 
doit avoir été la conséquence d’un traumatisme très violent. 
Dans ce cas la théorie de Destot, qui explique la production de 
la luxation du semi-lunaire par une hyperextension de la main, 
n’est plus applicable. En eftet s’il se produit dans ces conditions 
une luxation du scaphoide elle se fait en arrière et non pas du 
côté palmaire comme chez le blessé de notre confrère. On ne peut 
expliquer ce traumatisme que par un arrachement des deux os 
au dehors de leur loge. 


M. le D" HEILPCRN expose son travail: « Les ostéomes du 
coude, » (Paraitra in extenso.) 


M. le D" KiyxExs. — Le confrère Heilporn attribue la génèse 
des ostéomes qu’il vient de démontrer à un arrachement périos- 
tique; c’est là une opinion courante, mais dépourvue de toute 
justification. 

A la vérité, nous ignorons l’essence pathogénique de ces tu- 
meurs; mieux vaut avouer cette ignorance afin de faire place à 
des idées et observations nouvelles peut être fécondes que de dé- 
fendre une hypothèse inconciliable avec les faits. 


| — 160 — 

Pourquoi ces tumeurs siègent-elles presque toujours au cou- 
de, à la face antérieure du coude, dans le brachial antérieur ? 
Pourquoi se produisent-elles après une luxation du coude, et 
particulièrement après cette luxation immédiatement réduite ? 
L’hypertension du brachial antérieur, du fait de la luxation, est 
extrême; les manœuvres de réduction viennent encore la renfor- 
cer; elle doit constituer un facteur pathogénique de tout pre- 
mier ordre. i 

Sans doute, il y a des néoformations osseuses dérivant du pé- 
rioste, voire de la capsule articulaire elle-même : le cas que vient 
de présenter le docteur Kaisin, le démontre; mais ce ne sont pas 
la des processus qui méritent le nom d’ostéome proprement dit. 
Les ostéomes ou myostéomes traumatiques sont indépendants de 
la capsule et du périoste et n’entrent en connexion avec ces 
parties que secondairement comme cela est prouvé pour la 
myosite ossifiante. 


M. le D' DE Nogxrx. -— Les ostéomes du coude consécutifs a 
des luxations tels que vient de nous les présenter le confrère 
Heilporn sont, à n’en pas douter, la conséquence d'ùn arrache- 
ment ostéo-fibreux ou d’un décollement du périoste survenu soit 
lors du traumatisme soit lors des tentatives de réduction de la lu- 
xation. Sous l’influence de ce traumatisme les propriétés ostéo- 
géniques du périoste sont exagérées. C'est pourquoi je proteste 
contre le titre d’ostéome que l’on donne habituellement à ces 
productions; à mon avis, il faut les ranger parmi les exostoses, 
expression qui implique l’idée d’hyperplasie du tissu périostique 
ou osseux, tandis que le mot ostéome éveille l’idée de tumeur. 

Je crois qu’il faut diviser les ostéomes au point de vue de leur 
origine en deux groupes : 1° ceux qui sont en communication, 
même quelquefois peu apparente, avec le tissu osseux et qui sont 
la conséquence d’un décollement ou d'une irritation du périoste : 
2° ceux qui n’ont aucune relation avec les os, qui se développent 
au sein d’un muscle. On peut appliquer a ces productions la 
théorie de Cohnheim ou bien expliquer leur formation par trans- 
formation du tissu conjonctif ou musculaire en tissu osseux. fl 
est, en effet, bien admis actuellement que des tissus dérivant 
d’un même feuillet blastodermique peuvent se transformer l’un 
dans l’autre. 

Or, les tissus musculaires, conjonctifs et osseux dérivant tous 
du mésoblaste peuvent par conséquent, sous l’influence de cau- 
ses qui nous échappent, se trausformer l’un dans l’autre. 


t 


— 161 — : 

M. le D! Karsıx. — « Le cas dont deux radiographies sont 
exposées, doit se ranger à côté de ceux où l’origine périos- 
tique de l’ostéome est manifeste. Il s’agit d’un traumatisme qui 
a été diagnostiqué comme luxation pure du coude. Après trois 
mois de traitement cinésithérapique l’ostéome loin de se résorber 
était devenu plus dense et comme il adhérait aux trois os consti- 
tuant l’article, les mouvements du coude devenaient de plus en 
plus difficiles. C’est pourquoi j’ai procédé à l’ablation aussi com- 
plete que possible de la masse osseuse anormale. L’épreuve que 
voici, prise deux mois et demi après l’opération, montre que la 
partie inférieure de cette masse s’est reproduite, mais l’interli- 
gne articulaire est libre et la portion antérieure de l’humérus 
reste débarassée de toute prolifération osseuse anormale; aussi 
les mouvements du coude ont considérablement gagné en ampli- 
tude. Lors de mon intervention j'ai constaté à ma grande sur- 
prise une fracture de l’humérus, fracture transversale siégeant 
immédiatement au-dessus de l’extrémité articulaire de cet os. Il 
est possible que dans une catégorie de cas on ait ainsi affaire 
non pas à une simple luxation, mains bien à une luxation com- 
pliqué de fracture, et ainsi s'explique aisément la production 
de tissu osseux au voisinage de l’articulation. 

Mais je crois qu’à côté de ces cas il en existe une seconde caté- 
gorie auxquels s’explique la genèse suivant l’opinion de Cohn- 
heim. Dans ceux-là l’ostéome n’a aucun contact ou du moins 
aucune adhérence avec le squelette. J’ai eu l’occasion d’en ob- 
server un semblable où le traitement, uniquement cinésique, fut 
satisfaisant en tous points. Ainsi donc à la division d’après leur 
origine des ostéomes survenant apres une luxation du coude, 
pourrait se superposer une division dans le traitement à leur 
faire subir. En se gardant d’exclusivisme, bien entendu, on pour- 
rait dire que la première catégorie est justiciable d’un traite- 
ment chirurgical tandis que la seconde est justiciable du traite. 
ment cinésique.» 


La discussion de ces deux communications sera continuée à 
la prochaine séance. 


MM. Boniface et Aubert, de Paris, montrent un nouvel ap- 
pareil dit radio-correcteur. | 


M. Mylius présente le stéréo-indicateur de Fürstenau. 
D" HENRARD. 


— 162 — 


Séance du 5 avril 1908 


M. le D' Havcuamrps présente la malade atteinte de leucémie 
splénique traitée uniquement par le rayon X, dont l'observation 
a été publiée in extenso il y à sept mois. 

I] présente un nouveau malade atteint de la même affection, 


traité de la même manière; le résultat en est aussi heureux. 
(Sera publié 2n-ertenso). 


M. le D' DE NoBELE parle de la conception moderne de la leu- 
cémie. I] existerait dans le sang une substance leucolytique qui 
ferait défaut dans la leucémie. Les rayons X auraient le pou- 
voir de favoriser la production de cette substance et par consé- 
quent de diminuer le nombre de leucocytes, mais cette action 
serait passagère, 1l se produirait des anticorps qui s’oppose- 
raient à la leucolyse. | 

Cette explication fait comprendre pourquoi la leucémie guérit 
pour un temps puis réapparaît : il en résulte que la radiothé- 
rapie doit être employée périodiquement chez les leucémiques. 


M. le D' Lavreys demande pourquoi le docteur Hauchamps 
ne filtre pas ses radiations : il éviterait ainsi les rayons mous, ce 
qui lui permettrait d’irradier plus longtemps, sans crainte de 
léser la peau. 


M. le D" Haucnamps dit qu’il s'est bien trouvé de la méthode 
qu'il a suivie: il répond au D" Bienfait que l’anticathode se 
trouvait placé à 15 centimètres de la peau. Celle-ci a réagi à 
peine, elle est un peu pigmentée et assez sêche. 


M. le D' KiyÿXExS montre une fracture du scaphoide du poi- 
gnet : le malade a été opéré : le scaphoïde fut enlevé et on put 
constater ainsi qu’il était fracturé en trois fragments, le troi- 
sième fragment avait passé inaperçu à la radiographie. 

Un second cliché présente aussi une fracture du scaphoïde, 
difficile à interpréter; tout d'abord l’auteur crut à un noyau de 
tuberculose osseuse : mais des radiographies ultérieures démon- 
trérent bien la fracture. 

Un troisième cliché montre une fracture du scaphoïde du 


— 163 — 


pied. A la suite d’un traumatisme violent, le scaphoïde a été 
écrasé et réduit en multiples débris qui débordent les os voisins 
dans toutes les directions. 


M. le D" HEXRARD reprend la discussion sur les corps étran- 
gers de l’œsophage. Il croit que les corps aigus comme les rate- 
liers, les arêtes de bois, ete., doivent être enlevés par la gastro- 
tomie lorsqu'ils sont au voisinage du cardia : par contre il s'op- 
pose vivement a l’opinion qui veut que les corps arrondis soient 
enlevés par œsophagotomie : cette opération donne 10 p.c. de 
mortalité, tandis que l’enlèvement par la pince introduite par 
la bouche, sous le contrôle de l'écran fluorescent, réussit, peut- 
on dire, dans tous les cas. 


M. le D" Brenrarr eut encore l’occasion de rechercher un 
ratelier dégluti. Ce cas avait ceci de particulier que l’examen 
radioscopique ne décelait rien, pas même l’endroit où le bol de 
bismuth s'était arrêté. 

Devant l’affirmation formelle du sujet qu’il avait avalé cet 
objet, le docteur Bienfait conclut qu'il devait se trouver dans la 
zone sombre, où l’examen est rendu difficile à la fois par la pré- 
sence du manubrium du sternum, des clavicules, et la largeur 
des épaules. | 


Se souvenant que lors de la déglutition, l’œsophage est attiré 
vers le haut par la contraction des muscles de la région du pha- 
rynx, il invita le sujet à avaler la salive en faisant de grands 
efforts de déglutition. Cette manœuvre réussit admirablement : 
à chaque déglutition la masse noire du corps étranger et du bol 
de bismuth apparaissait au-dessus de la zone sombre puis redes- 
cendait immédiatement. 


Ce ratelier a été enleve sans peine par les voies naturelles. 


D" BIENFAIT. 


— 164 — 


REVUE DE LA PRESSE 


Radiodiagnostic 


STRATER. Nierenuntersuchung mittels Réntgenstrahlen. (Zeit. 
f. med. Electrologie u. Rüntgenkunde, Bd. 10 Heft 2, 1908). 


A peu d'exceptions près, il est possible de projeter sur la 
plaque radiographique la silhouette du rein et particulièrement 
celle des deux tiers inférieurs de cet organe : l’auteur de cet im- 
portant article démontra cette possibilité déjà au premier Con- 
grès de radiologie de Berlin en 1905. A l'heure actuelle il dis- 
pose des résultats de 300 examens radiographiques de la région 
rénale, examens qu'il exécuta au cours de ces trois dernières 
années. 

Les matières fécales, les gaz intestinaux et le péristaltisme 
constituent des facteurs d’insuccès qu’il faut écarter : le tube 
digestif doit être évacué autant que possible par purgatif 
ou lavement; les anses intestinales avec leur contenu liquide, 
solide ou gazeux seront refoulées de la région rénale par l’inter- 
médiaire d’un coussinet hémisphérique de luffa interposé entre 
la paroi abdominale antérieure et le tube compresseur. La com- 
pression de ce tube déterminera encore une certaine anémie des 
parties comprimées et particulièrement des masses musculaires: 
d’où production plus faible de rayons secondaires: d’où encore 
possibilité d'utiliser des radiations de pénétration moindre et 
par conséquent des rayons plus riches en contrastes; enfin cette 
compression réduira au minimum possible la distance qui sé- 
pare la plaque du rein. 

Le sujet d’examen sera en décubitus dorsal; les membres in- 
férieurs ainsi que le thorax et la téte seront relevés au 
moyen cde coussins, autant afin de redresser la lordose lom- 
baire que pour relâcher la musculature abdominale qui s’op- 
pose à la compression. 

Sträter renonce au procédé de Kohler, c’est-à-dire à l’emploi 
de plaques photographiques doubles avec couches sensibles ad- 
jacentes : il ne trouve aucun avantage à l’emploi des plaques 
dites « radiographiques » prônées avec une foi si robuste par la 


— 165 — 


plupart des radiologistes. Les plaques photographiques ordi- 
naires lui semblent tout aussi recommandables. 

Le tube compresseur n’est pas centré verticalement sur la 
région rénale ; il est un peu incliné de façon à donner la projec- 
tion des deux, voire des trois dernières côtes; il est, de plus, un 
peu incliné vers le dehors de façon à projeter le bord externe du 
psoas en dedans du rein. 

Une prise générale des deux régions rénales n'est qu’excep- 
tionnellement en état de donner les contours rénaux. L'auteur 
n'a jamais recours à ces grandes radiographies; il procède d’em- 
blée et systématiquement à l’examen successif des différentes 
parties anatomiques de l’appareil urinaire. 

Cette technique permet de révéler nettement et presque tou- 
jours la moitié inférieure du rein, de poursuivre son contour ex- 
terne jusque près du pôle supérieur qui n’est que rarement visi- 
ble, et de démontrer le contour interne qui révèle en son milieu 
une légère encoche répondant au hile. Le pôle supérieur du rein 
droit échappe à l'examen, recouvert qu’il est par le foie : le pôle 
supérieur du rein gauche échappe aussi, recouvert qu’il est 
à la fois par le foie et par la rate qui, elle, cache souvent encore 
une partie du contour externe. Dans certains cas isolés le pole 
supérieur est visible a travers la silhouette du foie. Si le hile du 
rein ne se révèle pas, l’organe est vu en raccourci et toute tenta- 
tive de mensuration serait téméraire; si au coptraire l’encoche 
du hile est perceptible, on peut alors calculer à quelques milli- 
mètres près la largeur du rein (en moyenne 6,2 centimètres) et 
la longueur de sa moitié inférieure (en moyenne 6,15 centime- 
tres). 

Le pôle inférieur du rein est un peu plus distant de la ligne 
médiane que le pôle supérieur et son bord externe est parallèle 
au bord externe oblique du psoas dont il reste séparé par un 
petit espace. Le pôle inférieur arrive le plus souvent au niveau 
de la troisième vertèbre lombaire, quelque fois au niveau de la 
deuxième ou quatrième vertèbre lombaire. 

Dans le diagnostic de légères anomalies de conformation et 
de topographie, il faut user de la plus grande circonspection : 
de fortes anomalies au contraire seront toujours et sûrement 
diagnostiquées. Une tumeur abdominale ne proviendra pas du 
rein si la configuration radiographique de celui-ci est normal 
et en proviendra au contraire si celle-ci présente de fortes ano- 
malies. Après néphrectomie, on peut poursuivre d’étape en 
étape, de mois en mois l'hypertrophie du rein resté en place. Le 


— [66 — 


diagnostic du rein flottant n'est autorisé qui si des prises radio- 
graphiques successives exécutées à différents intervalles de temps 
ont établi le siege variable de l'organe. 

La tuberculose rénule au début échappe au diagnostic : le rein 
tuberculeux abcédé lui même peut encore échapper au radio- 
diagnostic mais n’y échappe pas s'il est le siège de processus de 
calcification. 

La caleulose rénale constitue la plus péremptoire indication 
du radiodiagnostie avec lequel aucune autre méthode d’investi- 
gation ne peut concourir en certitude; la radiographie doit éta- 
blir non seulement la présence du calcul mais encore son siège 
exact. Cette localisation soit dans le bassinet, soit dans le pôle 
supérieur ou inférieur, est de la plus haute importance pour 
l'acte chirurgical, puisque la palpation du calcul à travers le 
tissu rénal au cours de l'intervention opératoire peut être très 
difficile, infructueuse, voire trompeuse. 

J. KLYNENS. 


SuQuET. Double utilité du radiodiagnostic dans les accidents 
du travail. (Electricilé médicale, 1 année, n° 4, septembre 
1907.) 


Un chaudronnier est atteint au cou par une bavure de rivet; 
sensation d’étouffement et d'angoisse intenses, petite hémorragie 
par la plaie cutanée, perte d'une quantité notable de sang par 
la bouche. L’examen radioscopique montre la présence d’un 
corps étranger dans la masse musculaire pré-vertébrale au ni- 
veau de la cinquième vertèbre cervicale, à droite de la ligne mé- 
diane. Quarante jours apres l'accident, nouvelle perte de sang 
par la bouche et un second examen à l'écran montre le corps 
étranger libre de toute enclave. 

Le radiodiagnostic est, en général, tout aussi utile pour le 
blessé que pour les compagnies d'assurances. Dans te cas présent, 
aussi longtemps que le corps étranger fut enclavé dans les masses 
musculaires il y avait possibilité de complications graves et l'in- 
capacité permanente était indiscutable; le corps étranger étant 
éliminé, le blessé ne fut plus sous le coup de ces complications et 
la compagnie d'assurance, grâce au deuxième radiodiagnostic, 
devait être libérée des charges que le premier radiodiagnostic 
lui avait Justement imposées. 

Les compagnies d’assurances en se plaçant uniquement su 


— 167 — 


point de vue budgétaire, ont tout intérêt à demander, presque 
dès le début de tout traumatisme un peu sérieux, le radiodiag- 
nostic. 

J. KLYNENS. 


CARL Beck. Bildung und Zusammensetzung der Gallensteine 
nebst einigen Gesichtspunkten des Rontgenverfahrens und 
deren Behandlung. (16 fig.) (Sam. Alin. Vortr., n° 447, 1907.) 


L’auteur étudie successivement la pathogénie, la composition 
chimique, la radiologie, le traitement médical et chirurgical des 
calculs biliaires. 

La stase biliaire et l’intervention des bactéries lui semblent 
deux facteurs incontestables de Ja formation des calculs bi- 
liaires. L'origine microbienne des calculs biliaires suppose uo 
troisième facteur, la prédisposition du terrain de culture. Cette 
prédisposition lui semble étre un trouble dans les échanges nu- 
tritifs; de même qu’il y a une diathèse urique, de même il doit 
y avoir une diathèse biliaire. L’hérédité joue un certain rôle 
dans l’étiologie des calculs biliaires et semble bien prouver cette 
diathèse. 

Comme les calculs urinaires, les calculs biliaires reconnaissent 
dans l’immense majorité des cas une composition complexe : 
on peut même voir sur certains calculs jusqu’à cinq cou- 
ches différentes. On peut distinguer les calculs de cholestérine 
pure, qui neemontrent pas de stratification à la coupe; les cal- 
culs stratifiés de cholestérine présentant de-ci de-la de petites 
taches de teinte variable; les calculs biliaires ordinaires de 
forme, de grandeur, de coloration variables et de consistance 
friable permettant de les écraser entre les doigts; les calculs 
de bilirubine et de chaux; et enfin les calculs complexes de 
bilirubine mélangés à de la cholestérine, à des traces de fer et 
de cuivre. 

Les difficultés que rencontre l’examen radiologique dépendent 
de l’imperméabilité du foie, des mouvements respiratoires et de 
la présence de bile baignaut les calculs. Le sujet doit être placé 
en décubitus ventral de façon que les rayons X aient une direc- 
tion parallèle à la face inférieure du foie. Le tube compresseur 
est de nécessité absolue. L’ampoule sera molle ou demi-molle de 
façon que les os ne montrent pour ainsi dire pas de structure. 
Le tube digestif sera soigneusement évacué; le péristaltisme 
intestinal sera aboli au moyen d’opium. On exposera en 


— 168 — 


moyenne cing minutes si on emploie une bobine et un interrup- 
teur Wehnelt. S'il v a insucces avee une ampoule molle, on se 
servira d’une ampoule un peu plus dure. S'il y a nouvel insuccès 
on tentera une exposition plus courte de 3 minutes, par exemple. 
On essayera également la radiographie dans le décubitus dorsal. 
La présence de la bile ne peut guère être un facteur d’insucces : 
tous les chirurgiens ont constaté que la quantité de bile est en 
général minime et pour ainsi dire nulle dans beaucoup de eas. Il 
est toujours possible de radiographier les caleuls biliaires à tra- 
vers une certaine quantité de bile. 

L'auteur préconise un essai de traitement médical de la 
lithiase biliaire et spécalement une cure à Carlsbad. I} préfère 
à la cholecystectomie la cholecystotomie dont il déerit la tech- 
nique. 

J. KLYNENs. 


S. BeLot. Sur une nouvelle méthode de radiographie dentaire. 
— Appareil pour son application. (Archives d'électricité 
médicale, 25 janvier 1908, n° 230. 


L'auteur passe d'abord en revue les différents procédés em- 
ployés jusqu'à ce jour pour la radiographie dentaire; il en dé- 
erit les inconvénients et fait l'historique de la radiographie 
dentaire par projection horizontale. Ce procédé que J emploie 
depuis plusieurs années, m'a donné d'excellents résultats et 
notamment dans un cas de canine incluse dans Je maxillaire 
supérieur que j'ai montré à la Médico-Chirurgicale du Brabant, 
fin mars 1904. Aussi ne puis-je mieux faire que de le recomman- 
der, d'autant plus que la méthode de M. Belot le rend beaucoup 
plus pratique. 

La méthode consiste done à prendre une projection horizon- 
tale du maxillaire et des dents, sur une plaque de grandeur con- 
venable mise à plat entre les dents du malade, le côté de l'émul- 
sion en contact avec les dents à examiner. 

L'appareil de M. Belot matérialise les mesures que l’on devait 
prendre précédemment et facilite ainsi la mise en place de l’am- 
poule sur un angle de 50 degrés, position difficile à repérer sans 
appareil. Il a inconvénient, comme le dit l’auteur, de nécessi- 
ter son localisateur, mais une légere modification permettrait, 
me semble-t-il, son utilisation pour toutes les installations. 

M. Belot relate tous les cas dans lesquels sa méthode sera em- 
ployée avec succes. Il n'en fait pas une panacée universelle et 


— 169 — 


c'est ce qui l’amene à dire, que, pour obtenir des rayons de 
Rüntgen tous les renseignements qu’ils peuvent donner en sto- 
matologie, il est indispensable qu'ils soient maniés par un mé- 
decin. Il ne suffit pas, en effet, de procéder par routine comme 
font la plupart des empiriques, pharmaciens, photographes, 
fabricants d'appareils, qui, quel que soit le problème à résoudre, 
opérent toujours de la même facon et fournissent le plus son- 
vent, surtout si le cas est difficile, une épreuve sans intérêt. 
Le médecin radiologiste, au contraire, étudie les données }1 
problème que lui pose son confrère, le stomatologiste; il exa- 
mine le malade, commence au besoin son étude par un examen 
radioscopique pratiqué sous diverses incidences. 

Suffisamment éclairé sur le résultat cherché, il donne la pré- 
férence à la méthode radiographique qui, dans ce cas, permet 
d'obtenir les renseignements les plus précis; au besoin il con- 
trole un procédé par un autre, etc. De cet ensemble de recher- 
ches découle le diagnostie. 

C’est assez dire que la radiologie médicale ne doit être prati- 
quée que par des médecins, parce que seuls ils possèdent les no- 
tions anatomiques, physiologiques et cliniques, indispensables 
à son application rationnelle. 

Etienne ITEXRARD. 


Ep. GOLDMANN und Gust KILLIAN. Uber die Verwendung der 
X-strahlen für die Bestimmung der nasalen Nebenhôhlen 
und ihrer Erkrankungen. (Beitraye zur Klin., Chir., 54 Bd, 
1 Heft.) 


Les considérations et les conclusions de ce travail se basent «ur 
l'examen radiologique de 38 patients de la clinique universi- 
taire de Fribourg dirigée par Killian. L'histoire clinique, ies 
données de l'examen radiographique et l'intervention consé» +- 
tive avee ses suites sont soigneusement rapportées pour chaean 
de ces cas; l'acte opératoire exécuté dans la plupart des cas 
par Killian a permis de contrôler le diagnostie radiographique. 
Huit planches avec 16 radiogrammes accompagnent ce travail. 

Les sinus frontaux, ethmoïdaux et maxillaires sont Te plas 
avantageusement radiographiés dans le décubitus ventral -n 
sujet: le patient applique le front et le nez sur la plaque photo- 
graphique et laxe du tube compresseur est centré sur la protu- 
bérance oceipitale externe : les examens de profil out une im- 
portance moindre paree que les silhouettes des sinus, doubles +t 
symétriques, se superposent. 


— 170 — 


Cette exploration radiographique est d’une valeur inapri- 

ciable, décisive souvent en cas d’intervention sanglante sur les 
sinus; elle donne des renseignements précis d'anatomie topo- 
graphique et pathologique; elle établit avec la plus grande cer- 
titude la présence ou l'absence du sinus frontal, sa configura- 
tion, sa grandeur, son extension et ses prolongements. 
En cas de sinusite la silhouette du sinus atteint est anormale- 
ment dense, opaque, voilée; l'appréciation et l’interprétation 
de ce voile sont des plus aisées si la sinusite est unilatérale; elles 
sont délicates si la sinusite est bilatérale, parce qu’alors le terme 
de comparaison fait défaut; mais encore ce voile est-il, dans la 
plupart de ces cas, plus prononcé d’un côté que de l’autre. 

Les sinusites frontales, ethmoïdales et maxillaires sont jus- 
ticiables de ce moyen de diagnostic : le voile, que révèle le cli- 
ché est l’indice d’un empyème s’il est épais: s’il est moins 
dense, il peut tirer son origine simplement d'une altération de 
la muqueuse, d’un catarrhe purulent, d’un œdème de la mu- 
queuse. 

Ce procédé de diagnostic est de la plus haute importance; 11 
n'exclut nullement la mise en «uvre des moyens usuels et clas- 
siques de diagnostic; il les complète et ne leur cède point en im 
portance; 11 importe de se garder de certains écueils; l’absence 
de tout voile n’exclut pas absolument la présence d'une sinusite 
bilatérale ou même unilatérale, 

J. NLYNENS. 


R. Grasiky. Ueber die Untersuchung von Fracturen mit 
Réntgenstrahlen. (Fortschr. a. d. Gebiete der Rüntyenstr. Bd 1. 
Heft 3, 4 juillet 1907.) 


La radiographie a définitivement pris sa place dans le dia- 
gnostic et le traitement des fractures. Se basant sur l’expérience 
acquise par l'examen radiographique de plus de 1500 fractures, 
l’auteur se croit autorisé à formuler certaines règles, dont il 
faut tenir compte, chaque fois qu'il s'agit d‘interpréter exacte- 
ment le cliché radiographique d'une fracture. 

La valeur du diagnostic radiographique des fractures varie 
suivant qu’il en découle des données thérapeutiques importantes 
ou non. Les fractures, qui, au point de vue fonctionnel, guéris- 
sent bien sans traitement actif et spécial, n’ont guère besoin 
d’être confirmées par la radiographie. D'autre part, en se rap- 
pelant que bon nombre de fractures restent inconnues en dépit 


— 171 — 


d’une technique parfaite, on serait tenté d’admettre que les 
rayons X ne sont pas indispensables. D’ailleurs, pour beaucoup 
de fractures, la guérison fonctionnelle dépend non seulement 
de la gravité de la lésion osseuse, mais aussi et surtout de l’in- 
tensité du délabrement des parties molles qui ne peut être re- 
connu par la radiographie. 

Dans une première partie l’auteur s'occupe des fractures en 
général, La démonstration radiographique d’une fracture n'est 
pas toujours possible; pour obtenir un bon cliché il ne faut ja- 
mais négliger les règles générales suivantes : assurer l’immobi- 
lité absolue du sujet, rapprocher le membre à radiographier jus- 
qu’au contact de la plaque, diminuer dans la mesure du possible 
les manipulations douloureuses, supprimer les effets d’'habille- 
ment et les pièces de pansement, donuer à l’ampoule une dis- 
tance convenable, enfin se rappeler qu’il existe pour chaque 
fracture et même pour chaque variété de fracture du même os, 
Une position optima dans laquelle la projection de l'os sur la 
plaque se fait de la facon la plus nette. 

L’auteur recommande une grande prudence dans le diagnostic 
radiographique; les cas, où le diagnostic radiographique reste 
négatif tandis que le diagnostic clinique est absolument certain, 
ne manquent pas; souvent aussi ce n’est que l’apparition du cal 
qui décèle Vexistence d’un fracture, méconnu radiographique- 
ment. Cependant il faut dire, en faveur des rayons X, qu’ils 
nous ont fait connaitre dans certaines régions, notamment à la 
racine du pied, toute une série de lésions absolument ignorées 
avant eux. 

Comme regle de conduite il faut s'en tenir à celle-ci : toutes 
les fois que la radiographie reste négative, bien que la fracture 
soit cliniquement probable, il faut agir comme s’il y avait cer- 
titude de fracture et traiter en conséquence. 

I] faut aussi se mettre en garde contre les erreurs de diagnos- 
tic positif; les causes en sont fort nombreuses; lignes épiphy- 
saires, os sésamoides, sillons ossseux, projections de parties mol- 
les, ete. 

La radiographie devient indispensable, quand il s’agit de se 
renseigner sur le déplacement, la direction du trait de fracture, 
la participation (articulations voisines, la pénétration, lin- 
fraction, l'étendue des fissures s’irradiant du foyer. 

Des notions précises sur l'apparition du cal, son développe- 
ment, sur les causes de retard de consolidation, sur la pseudar- 
throse nous sont également fournies par la radiographie, Ce pro- 


— 172 — 


cédé nous donne aussi des éclaicissements précieux sur les cau- 
ses des fractures pathologiques. 

Il faut beaucoup de circonspection dans le diagnostic des frac- 
tures anciennes: énormement de fractures, surtout celles du 
jeune age, disparaissent sans laisser de traces. 

Il n'est pas jusqu'aux fractures compliquées où la radio- 
graphie puisse nous être utile, en nous renseignant sur la pré- 
sence d’esquilles, et plus tard sur l'existence de foyers de 
necrose, etc. 

Quant à l’importance de la radioscopie dans le diagnostic des 
fractures, il repose sur le fait qu'il permet de rechercher rapide- 
ment les lésions, quitte à les étudier mieux par la radiographie: 
mais c'est dans la réduction que la radioscopie acquiert une 
valeur primordiale: elle permet de s'assurer tmmédiatement de 
l'efficacité des manœuvres que l'on a mises en action. 

Dans une seconde partie spéciale ‚l auteur passe en revue les 
différentes régions du corps : citer toutes les fractures, exposer 
tous les détails qui le méritent est impossible sans reproduire in- 
extenso tout l’article: la partie relative aux fractures de l’avant- 
bras est particulièrement intéressante. 

Comme conclusion l’auteur fait un parallèle entre les rayons X 
et les autres moyens de diagnostic des fractures. Pour lui la 
radiographie l’emporte, bien que dans certains cas elle puisse re- 
fuser ses services là où la clinique est absolument décisive. La 
adiographie n’est dépassée par aucune autre méthode quand on 
doit étudier les détails d’une fracture. Bien que le praticien ex- 
périmenté puisse se passer des clichés radiographiques pour le 
diagnostic, 11 fera bien d’en faire exécuter :l’importance que la 
législation donne aux accidents du travail fait de la radiogra- 
phie une preuve de grande valeur et un moyen de diagnostic 
que l’on ne peut plus négliger. 

Finalement l’auteur récapitule brièvement les conclusions 
pratiques éparpillées dans son travail; le médecin fera bien de 
les suivre chaque fois qu'il se trouve devant un cas embarassant, 
qui engage sa responsabilité. 

D" Lavwens. 
LAYRAL et PÉJU. Absence congénitale totale du radius et mal- 
formation carpienne. (Journal médical français, 15 février 1908.) 


L'auteur résume son observation de la facon suivante : absence 
congénitale totale du radius gauche et cubitus curvus consécu- 


— 173 — 


tif; absence du scaphoide, du trapeze, du premier métacarpien 
et du pouce du même côté. Atrophie marquée de l’avant-bras et 
de la main. À droite malformation du scaphoïde absence du tra- 
pèze et défaut d’articulation carpo-métacarpienne du pouce sans 
atrophie. 

J. KLYNENXS. 


Radiothérapie 


JAYLE. Le cancer causé par les rayons X. (Presse médicale, 
n° 4, 11 janvier 1908.) 


Dans les Annales of Surgery du mois de novembre 1907, 
Porter et White, de Boston, publient un important mémoire sur 
le cancer causé par les rayons X. Ils basent leurs études sur 
deux cas personnels et dix observations, les unes recueillies dans 
la littérature médicale, les autres directement communiquées 
par des collègues américains. 

Le D" Jayle donne le résumé de ces douze observations qui 
concernent des médecins où des professionnels maniant les ap- 
pareils à rayons X, et reproduit les conclusions des deux auteurs 
américains : 

1° Il n'y a rien à faire contre l'atrophie de la peau et les té- 
léangiectasies dues à l'action des rayons X. 

2° Les modfications hypertrophiques de la peau, les kératoses, 
les verrues peuvent être traitées par les moyens ordinaires Ni ces 
moyens échouent, [excision avec ou sans greffe pourra, dans 
beaucoup de cas soulager la douleur et amener la guérison. 

3° Pour les fissures à rechutes, excision suivie de grefte est le 
Meilleur traitement. 

4 Toutes les ulcérations non cicatrisées au bout de trois mois 
de soins ordinaires doivent être complètement excisées et soi- 
gneusement examinées. Leur traitement dépendra des résultats 
de Vexamen microscopique (sinple greffe, nouvelle excision 
suivie de greffe où amputation.) 

9° L'excision précoce de toutes les ulcérations préexistantes 
est à recommander afin d’empécher la dégénérescence cancé- 
reuse ultérieure. 

J. KLYNENS. 


— 174 — 


AUBINEAU et CHUITON (Brest). Lupus de la conjonctive et de 
la cornée guéri par la radiothérapie. (Archives d'électricité 
médicale, 25 janvier 1908, n° 230.) 


Une malade âgée de 15 ans est atteinte de lupus de la conjone- 
tive et de la cornée; traitement par cautérisations ignées légères, 
et simples lavages à l’eau bouillie; trois semaines après un chan- 
gement favorable s’est produit et la lésion a de la tendance à se 
cicatriser; mais cette amélioration est de courte durée et le 
Ə septembre 1905, un mois après la premiere cautérisation et 
malgré de nouvelles cautérisations ignées, la lésion s’est accen- 
tuée. Le 20 octubre 1905, la lésion restant stationnaire malgré 
Vemploi des sels d'argent, la malade est soumise à la radiothéra- 
pie. 

Du 20 octobre 1905 au 15 mars 1906, 3 séances de radiothéra- 
pie ,les rayons dirigés afin de frapper l'ail dans son axe antéro- 
postérieur (5 IL avec rayons n° T (Benoist). 3 semaines après, 
nouvelle irradiation, faite de telle sorte que Ja partie antérieure 
de l'œil seule soit irradiée. Trois autres applications furent fai- 
tes de la même façon, à trois semaines d'intervalle, en prenant 
le globe oculaire de bas en haut, de haut en bas et de la partie 
externe à la partie interne pour éviter de faire absorber au fond 
de Poeil une quantité trop considérable de rayons. 

Le 15 mars 1906, amélioration très nette au niveau de la cor- 
née et de la conjonctive. Jusqu'en décembre 1906, tous les mois, 
de la même facon que précédemment, séances de 2 et 3 unités H. 

6 avril 1907. Un examen superficiel ne permet pas de voir que 
l'œil gauche a été malade. 

En résumé, l'emploi des rayons X a donné une guérison com- 
plète, l'amélioration a été progressive et relativement rapide, 
Les résultats ont dépassé toute espérance. Pendant toute la 
durée du traitement radiothérapique, l'œil n'a présenté ni réac- 
tion ni inflammation. 

Un lupus du nez, dont était également atteint la malade, 
traité concurremment par la radiothérapie, est complètement 
guéri. 

M. Etienne HENRARD. 


Matty. Le cancer et les rayons X (Presse Médicale, n° 12, 
S février 1908.) 


Les douze observations de radiodermites chroniques rapportées 
par Porter et White, de Boston, sont tous relatifs à des opéra- 


— 175 — 


teurs ou à des constructeurs; ce sont des accidents d’ordre profes- 
sionnel; ils sont la conséquence d’expositions très fréquentes, 
très nombreuses, à petite distance de l'ampoule; ils sont causés 
par des doses énormes de radiations; les opérateurs, suffisam- 
ment avertis, n’exposent plus leurs mains pour juger du degré 
de pénétration des rayons. La radiothérapie, comme tent agent 
modificateur énergique, doit être employé avec discernement. 

J. KLYNENS 


HARET. Les rayons X font-ils naître le cancer? (Presse médi- 
cale, n° 14, 15 février, 1908.) 


Quelques observations ont été publiées dans le but de montrer 
les dangers du traitement radiothérapique du lupus : on a accusé 
la radiothérapie de transformer les ulcérations lupiques en ulcé- 

ations épithéliomateuses. L'auteur a pu observer un patient 
atteint de lupus des deux mains; la main droite seule avait été 
soumise au traitement par les rayons X; or, le pouce gauche 
qui n'avait jamais été irradié était atteint d’épithélioma. La 
littérature médicale rapporte d’ailleurs un grand nombre d’ob- 
servations mentionnant l’apparition d’épithéliomas sur des 1v- 
pus, et cela bien avant qu’on ne fit de la radiothérapie. 

Il existe de nombreuses observations de cancers apparus sur 
des cicatrices consécutives à des brûlures, à des plaies faites par 
des caustiques. 

Toutes les irritations chroniques du tégument aboutissant à 
des troubles graves de nutrition favorisent l’éclosion du cancer. 
La dermite provoquée par les rayons X ne fait pas exception à 
cette loi. 

J. KLYNENs. 


Levy et Rive. Quatre cas de cancer cutané de la face aggravés 
par la radiothérapie. (Journal médical francais, 15 février 
1908.) 


Les deux auteurs rapportent les observations de quatre mala- 
des soumis à un traitement radiothérapique persévérant qui au- 
rait provoqué une aggravation notable des lésions et nécessité 
des traumatismes considérables. « Notre but, disent-ils, est sim- 
» plement d'apporter une contribution sincère et impartiale au 
» dosier qui s'augmente tous les jours des protestations de ceux 
» auxquels la radiothérapie n’a pas tenu les promesses qu'elle 
» avait faite et qui se lassent de lui faire plus longtemps crédit.» 


— 176 — 


Les quatre observations qu'ils rapportent montrent l'insuccès 
complet de la méthode radiothérapique contre ces quatre can- 
cers, insuccès que les auteurs ne veulent pas attribuer à des 
erreurs dues à des maladresses dans l'application du procédé; ils 
prétendent au contraire que les rayons X ont donné un coup 
de fouet à l’évolution des néoplasies, mais cette affirmation ne 
ressort nullement de leurs observations. 

En fait de cancer, il ne faut point oublier que toute méthode 
curative, y compris meme la chirurgie, n'est Jamais fort encou- 
rageante et il faut surtout se garder de conclure post hoc prop- 
ter hoc. | 

J. KLYNEXS 


DEsPLATS (Lille), Contribution à l’étude du traitement par les 
rayons X. (Archives d'électricité médicale, 10 février 1908, 
n° 231.) 


Le D" Desplats a soumis à la radiothérapie deux malades at- 
teintes d’acné ancienne rebelle à tout traitement pendant une 
période de dix à douze ans. Il a obtenu deux guérisons, l’une 
date d’un an, l’autre de deux mois. L'auteur n'en conclut pas 
que désormais tous les cas d’acné inflammatoire sont justiciables 
d’un traitement qui a contre lui d'être un peu long, alors que 
d’autres traitements plus simples ont fait leurs preuves dans 
des eas de gravité moyenne; mais quand ces traitements simples 
auront échoué, il ne sera pas nécessaire avant de penser aux 
rayons X d’épuiser toute la série des procédés complexes beau- 
coup plus désagréabes pour le malade que la radiothérapie et en 
tous cas plus aléatoires. 

Etienne HENRARD. 


JOULIN (Orléans). Traitement de lotite scléreuse par les 
rayons X., (.lrehires d'électricité médicale, 10 février 1908, 
n° 231.) 


L'oto-sclérose pure, étant une maladie actuellement au-dessus 
des ressources de la thérapeutique, l'auteur, se basant sur ce fait 
que les rayons X détruisent les tissus pathologiques avant d’at- 
taquer d'une manière sensible et définitive les tissus sains, a eu 
l'idée d'appliquer la radiothérapie pour le traitement de cette 
affection. Les expériences portant sur dix malades, dont six ont 
été améliorés à des degrés différents lont encouragé à publier 
ses essais. 


— 177 — 


En procédant avec la méthode employée par l’auteur, c'est-à- 
dire, en localisant l'irradiation sur le tympan et en employant 
des doses faibles répétées au plus toutes les semaines, l’innocuité 
de ce traitement semble absolue. 

| Etienne HENRARD. 


PauL HEYMAN. Action des rayons X sur le rein adulte. (Arch. 
d'électricité médicale, 10 janvier 1908, n° 229.) 


L'auteur a fait plusieurs séries d'expériences en irradiant des 
reins de lapins adultes: après incision de la peau; à travers la 
peau. Tous les facteurs de production de rayons X restent les 
mêmes à part la pénétration des rayons, la durée de la pose 
et le nombre des irradiations. 

M. Heyman en conclut que sous l’action directe des rayons X, 
le rein adulte subit des processus donnant lieu à une augmenta- 
tion du taux de l'urée, des chlorures et à de l’albuminurie; ces 
différences dans la composition de Purine ne sont cue passagères 
et disparaissent au bout d'un temps qui devient plus long au fur 
et à mesure que l’on augmente le nombre des irradiations. De 
plus l’intensité de ces phénomènes semble plus grande avec des 
rayons n° 4 et 5 qu’avec des rayons 6 et 7. 

L’auteur croit que le rein subit une congestion passagère, les 
cellules de l’épithélium rénal n’étant que peu ou pas influencées 
par les rayons X dans le rein adulte, ce qui est en rapport avec 
a loi énoncée par le prof. Bergonié, que les rayons X agissent 
avec d’autant plus d’intensité sur ces cellules que l’activité re- 
productrice de ces cellules est plus grande, que leur devenir 
kariothinésique est plus long que leur morphologie et leurs fonc- 
tions sont moins définitivement fixées. 


Etienne HEXRARD. 


, Technique 


KIENBOCK. Das radiologische Institut der Allgemeinen Poli- 
klinik in Wien.(Zeit. f. med. Electrologie u. Réntgenkunde, 
Bd 10, Heft 2, 1908.) 


L’auteur décrit le laboratoire de la Policlinque de Vienne. 
Les instruments employés sont : inducteur de 45 centim. d’étin- 


— 178 — 


celle; interrupteur à jet de mercure et interrupteur Wehnelt; 
table radiographique de IÏamann-Kienbück ; localisateur en verre 
a base de plomb; ampoules Miiller et ampoules Bauer; radiome- 
tre Sabouraud-Noiré et quantimètre Kienbéck. Le développe- 
ment des plaques se fait au moyen de la solution métol-hydro- 
quinone. 

J. KLYNENS. 


G. GALLOT. Des précautions à prendre dans la manipulation 
des ampoules de Röntgen. (Archives d'électricité médicale, 
10 janvier 1908, n° 229.) 


Excellent travail qui fourmille de renseignements utiles a 
tout radiologiste, exagère cependant la nécessité de différents 
appareils accessoires qui toutefois peuvent être très utiles, dit 
trop de bien du tube Chabaud, à l’exclusion de tous les autres. 


Etienne HENRARD. 


W. Orro. Der « Rotax » Unterbrecher. Eine grundlegende 
Neuerung im Réntgeninstrumentarium. (Fortschr. a. d. Geb. 
der Rüntgenstrahlen, Bd XI, Hefts 5, 1907.) 


L’interrupteur Wehnelt présente comme avantage le grand 
nombre de ses interruptions; mais nombreux sont ses désavan- 
tages : usure forte des ampoules et leur fonctionnement irrégu- 
lier : étincelle de fermeture dans le secondaire : fonctionnement 
pénible à un voltage supérieur à 100 volts: nécessité d’un fort 
ampérage, ce qui rend son alimentation par des accumulateurs 
difficile : avec courant alternatif, emploi d'un transformateur 
coûteux : dégagement des vapeurs acides: fonctionnement 
bruyant : enfin nécessité du réglage de la self-induction de la bo- 
bine primaire, ce qui rend Je maniement difficile et l’instrumen- 
tation couteuse. 

L’interrupteur a jet de mercure travaille plus régulièrement, 
exige moins d’ampérage, et ne provoque guère de courant de 
fermeture dans ampoule: ce sont trois avantages que l'inter- 
rupteur Wehnelt ne possede pas; mais, il présente de multiples 
défauts : le nombre relativement peu élevé d’interruptions et 
surtout oxidation et l’envasement du mercure, qui rend celui-ci 
moins bon conducteur et qui rend par suite la marche de l’am- 


— 179 — 


‘poule irrégulière, défectueuse et qui nécessite enfin un nettoyage 
fréquent, opération pénible et malpropre. 

L’interrupteur « Rotax-» réunit tous les avantages de l'inter- 
rupteur à jet de mercure, sans posséder aucun de ses défauts; 
il peut interrompre 8000 fois à la minute le courant primaire : 
aussi les temps de pose sont-ils très courts, bien plus courts que 
ceux exigés par le Wehnelt combiné à une charge forte des 
ampoules; avec les ampoules ordinaires à anticathode refroidie, 
il faut + secondes d'exposition pour la main pour une distance 
plaque-anticathode = 25 centim.; 19 secondes pour le cou-de- 
pied, à 45 centim. de distance; 30 secondes pour le thorax a 
50 centim. de distance ; 70 à 90 secondes pour la hanche à 
60 centimétres de distance; 1 minute pour la région rénale, etc. 

La construction du nouvel interrupteur est très simple et son 
maniement à la portée de mains inexpérimentées; le moteur et 
le récipient de l’interrupteur sont montés sur un seul et même 
axe vertical, le moteur en bas ,l’interrupteur en haut; le réci- 
pient contient 400 grammes de mercure, qui pendant la marche 
de l’instrument, par suite de la force centrifuge, gagne la péri- 
phérie du vase ; pour éteindre l’étincelle d'ouverture, 180 gram- 
mes de pétrole sont ajoutés au mercure; dans le récipient, un 
disque horizontal de matière isolante, mis en rotation rapide par 
le courant mercuriel, tourne autour de son axe vertical placé 
excentriquement par rapport à l’axe du moteur; ce disque est 
muni de deux segments métalliques reliés à l’un des pôles du 
courant primaire, l’autre pôle étant constitué par le récipient 
métallique et la masse de mercure. À l’aide d’une vis, on peut 
placer à volonté le disque, plus ou moins exentriquement par 
rapport à l’axe du moteur; plus ce déplacement sera périphéri- 
que, plus le contact des segments métalliques du disque avec la 
masse de mercure sera prolongé et plus la durée de ta fermeture 
du courant primaire sera longue; le disque dans son mouvement 
de rotation interrompt et ferme le courant deux fois par tour. 
La vitesse du moteur est réglée par un rhéostat. La force centri- 
fuge met obstacle à l'envasement de Ja masse du mercure. 

L’ampérage nécessaire est de 2 1/2 à 5 amperes; il est réglé de 
deux facons différentes: d’abord par la résistance intercalée dans 
le courant primaire, ensuite par le déplacement plus ou moins 
périphérique du disque interrupteur. 

J. KIYNENS. 


— 180 — 


W. Otro. Ein neuer grudlegender Fortschritt im Röntgenin- 
stumentarium. (Zeit. f. med. Electrologie u. Réntgenkunde, 
Bd. 10, Heft 2, 1908.) 


Cet article est a peu pres la production exacte du précédent et 
ne tient guère compte des objections qui ont été faites à l’auteur, 
notamment par Koch dans les Fortschr. a. d. Gebiete der Rént- 
genstrahlen, Bd. XI, Heft, 6. 

J. KLYNENS. 


B. WALTER. Die Aufsuchung der Durchschlagsstelle einer 
Rôntgenrôhre. (Fort. a. d. Geb. der Rontgenstrahlen. Bd XI, 
Heft +, 17 sept. 1907.) 


Il est en général difficile, voire impossible de découvrir 
a l'œil nu la petite perforation qui met une ampoule de Rônt- 
gen hors d'usage : il est pourtaut utile de procéder a cette re- 
cherche, car, si la solution de continuité n’intéresse que le petit 
tube d'évacuation ou tout autre appendice, la répa.ation sera 
facile; ensuite cette localisation nous indique souvent la cause 
de la perforation, et s'il y a faute commise, elle nous met en état 
de l'éviter à lavenir; enfin, cette recherche peut démontrer 
éventuellement que la perforation n’est pas due à l’étincelle élec- 
trique, mais que la solution de continuité résulte uniquement 
de l'agrandissement d’une fêlure microscopique préexistante, 
agrandissement qui se produit par l’échauffement et le refroi- 
dissement successifs et répétés des parois de verre. 

Cette recherche est très simple à condition que le vide de l’am- 
poule soit encore suffisant, ce qui se reconnaît aux belles colora- 
tions de l’ampoule qui se produisent pendant son fonctionne- 
ment; reliez un des pôles d’un petit inducteur d’un demi à un 
centimètre d’étincelle à un des électrodes de l’ampoule; l’autre 
électrode, formée d’un faisceau d’une cinquantaine de petits 
fils de cuivre, sera promené sur la surface de l’ampoule; aussi 
longtemps que la perforation ne sera pas touchée par ce faisceau 
métallique, des effluves électriques, minces, nombreuses et bleua- 
tres se produiront entre les somimités du faisceau métallique et 
la paroi de l’ampoule : aussitôt qu'elle sera touchée, on aperce- 
vra une étincelle fournie, jaunâtre, qui passera à travers la fé- 
lure; la couleur jaune de i’étincelle est due à la volatilisation de 
la molécule du sodium du verre; cette recherche doit étre évi- 
demment entreprise dans l'obscurité. Si on ne dispose pas d’une 


— 481 — 


tres petite bobine, on peut au besoin se servir d'un grand induc- 
teur fonctionnant sur interrupteur à mercure : mais il est de 
toute nécessité alors d’intercaller dans le courant primaire une 
tres forte résistance, une lampe a incandescence par exemple. 


J. KLYNENS. 


CARL Beez. Ein neuer Hartemesser für Réntgenroéhren. (Fort. 
a. d. Geb, der Réntgenstrahlen, Bd XI, Heft 4, sept. 1907.) 


Apres avoir décrit tres rapidement le radiomètre de Benoist, 
la Härteskala de Walter et le kryptoradiomètre de Wehnelt, 
l’auteur expose la construction de son instrument : dans une 
lame de plomb de 11 1 2 centimetres de longueur et de 3 1/2 cen- 
timètres de largeur, les cing lettres CBE EZ ont été ajourés 
au moyen de l’emporte-piece; chacune de ces cinq ouvertures est 
recouverte d'une substance de pénétrabilité différente aux 
rayons X. L'appareil ainsi constitué est inclus dans un carton- 
nage portant la notice suivante : 

5 lettres : ampoule trop dure, inutilisable : Scala Walter 8. 

4 lettres : ampoule demi-molle, utilisable pour bassin, hanche, 
colonne vertébrale, calculs rénaux de personnes robustes : Scala 
Walter 7. 

3 lettres : ampoule molle, utilisable pour bassin, hanche, co- 
lonne vertébrale, calculs rénaux de personnes de taille moyenne, 
pour tête, cou, extrémités supérieures de personnes graciles et 
enfants : Scala Walter 9. 

2 lettres: ampoule très molle, utilisable pour mains, pieds 
et petits enfants. Scala Walter +. | 

4 lettre : ampoule trop molle, inutilisable. Scala Walter 2. 

Il suffit de placer l'instrument derrière l'écran fluorescent et 
de se rendre compte du nombre de lettres percetibles. L'instru- 
ment est simple, pratique et peu couteux (7 marks). 


J. KYNENS. 


RIEDER und KastiLe. Neue Ausblicke auf die weitere Ent- 
wicklung der Réntgendiagnostik. (Munch. med. Woch. n° 8, 
1908.) 


Les auteurs ont pu apprécier la valeur du nouvel inducteur 
de Rosenthal; grace à cet instrument on peut obtenir au bout de 


— 182 — 


quelques secondes d'exposition une radiograpnie du cœur, de 
l'estomac, ete., à deux metres de distance et au moyen d’un 
film appliqué entre deux écrans renforcuteurs (téléradiogra- 
phie). 

L'exactitude du téléradiogramme du cœur est telle que les 
images obtenues soit dans le sens antéro-postérieur, soit dans le 
sens postéro-antérieur sont superposables de façon absolu- 
ment parfaite. Ce fait montre que la distance qui sépare 
le cœur de la plaque photographique ne comporte aucune im- 
portance dans la teléradiographie; ce fait démontre encore qu’à 
la distance de 2 mètres les agrandissements et les déformations 
sont pratiquement nulles. Les prises radiographiques à longue 
distance demandaient autrefois un temps d'exposition trop pro- 
longé et donnaient des radiogrammes insuffisants. Les téléradio- 
grammes obtenus grâce à la nouvelle instrumentation ne sont 
pas passibles ce double reproche et peuvent remplacer entière- 
ment Vorthodiagramme: à la téléradiographie, il faut reconnai- 
tre Pavantage sur l’orthodiagraphie d'être d'ordre purement 
objectif: la plaque photographique plus sensible que notre rétine 
reproduit tres exactement les contours des organes et à une dis- 
tance de 2 mètres les erreurs possibles sont à peine de 2 milli- 
mètres pour le cœur. 


J. KLYNENS. 


GROEDEL und Carr Jlorx. Ueber ROntgenmomentaufnahmen 
mit den bisher gebrachlige Apparaten. (Munch. med. Woch., 
n° 11, 1908.) 


Apres un court aperçu historique sur la genèse et le dévelop- 
pement de la radiographie instantanée, préconisée en premier 
lieu et perfectionuée par Rieder et Rosenthal, les auteurs dé- 
montrent que Vinstrumeutation spéciale de l’ingénieur Rosen- 
thal n'est nullement une condition indispensable de suecés : les 
appareils usuels, c’est-à-dire une bobine d’induction à solide 
isolation, de 40 centim. d'étincelle au moins, et une ampoule 
capable de supporter une charge électrique considérable compa- 
tible avec la constance de son vide, nous permettent d'atteindre 
des résultats qui ne le cèdent en rien à ceux obtenus par l’indue- 
teur spécial de Rosenthal. 

Les auteurs, à l'appui de leurs affirmations, reproduisent trois 
excellentes photographies de thorax : la premiére à été obtenue 


— 183 — 


avec 1/15 de seconde d'exposition, à 60 centimètres de distance 
sur film Schleussner, appliqué entre deux écrans renforcateurs ; 
la deuxième a- été obtenue avec une seconde d’exposition, à 
60 centimetres de distance, sur plaque Kranz, sans écran ren- 
forcateur; la troisième enfin a été obtenue avec deux secondes 
d'exposition, à deux mètres de distance, sur film Schleussner 
appliqué entre deux écrans renforçateurs. 


J. KLYNENS. 


— 14184 — 


VARIA 


Loi concernant l’emploi des rayons de Röntgen en Autriche 


1° La simple exposition du corps aux rayons de Röntgen dans 
un but de démonstration radioscopique et dans les expositions, 
en dehors des instituts et des écoles scientifiques ne peut avoir 
lieu qu'avec la permission de l'autorité et avec toutes les précau- 
tions prescrites par l'autorité. Au nombre de ces précautions, il 
faut compter particulièrement l'aménagement de l'installation 
électrique par un spécialiste et la défense qu’un même individu 
laisse, à plusieurs reprises et à intervalles rapprochés, la même 
partie du corps exposée pendant longtemps aux rayons de Rönt- 
gen. | 
2° L'emploi des rayons de Rünlyen, en vue du diagnostic on 
du traitement, est exclusivement permis aur médecins autorisés 
à pratiquer. Le médecin praticien qui, dans l'exercice de sa pro- 
fession, emploie les rayons de Röntgen dans un but thérapeuti- 
que, supporte l'entière responsabilité de tous les accidents qui 
peuvent en être les conséquences. 


3° L'emploi des rayons de Röntgen dans un but thérapeutique 
dans des locaux spéciaux disignés comme instituts ou établisse- 
ments est soumis à une licence de l'autorité. 

4° Pour obtenir cette licence, il faut donner la preuve qu'on a 
fait les études nécessaires, acquis l'expérience pratique suffisante 
et montrer que instrumentation a été fournie et installée par 
un spécialiste suivant toutes les règles et avec toutes les précau- 
tions convenables. 

5° Les locaux qui servent à l'exploration ou au traitement à 
Paide des rayons de Röntgen doivent être bien aérés, bien ven- 
tilés, et répondre, au point de vue de l'hygiène, à toutes les exi- 
gences d’une installation sanitaire. 

6° Dans ces instituts, les applicafions thérapeutiques ne doi- 
vent être données que sous la surveillance constante du médecin. 

7° On doit y prendre des observations précises de tous les cas 
traités. 


8° Des rapports doivent être fournis aux autorités compétentes. 


JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE | 


D” CONRAD 


CLICHE DINCOT 


FIG. l 


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PLANCHE II 


VOL. II. 


JOURNAL DE RADIOLOGIE 


DT CONRAD 


FIG, 


CLICHE DRICOT 


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HE III 


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VOL. II. PLAN( 


JOURNAL DE RADIOLOGIE 


D° CONRAD 


CLICHE DRICOT 


FIG. 5 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE IV 


D" CONRAD 


FIG. 6 


CLICHE DRICOT 


FIG. 7 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE V 
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CLICHE DRIOT 


JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE VI 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE VII 
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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. Il. PLANCHE VIII 
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CLICHE DRICOT 


Ce) 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 


DES 


TRAUMATISMES DE LA COLONNE LOMBO-SACRÉE 


PAR 


LE D® CONRAD 
CHIRURGIEN EN CHEF DES HÔPITAUX D'ANVERS 


PLANCHES IX, X, XI, XII, XIII ET XIV 


« L’exploration de la colonne vertébrale constitue à l’heure 
actuelle la pierre de touche de l'excellence ou de la défectuosité 
de la technique, de l’expérience ou de l’inexpérience du radio- 
Sraphe (et j’ajouterais volontiers, du chirurgien). Les difficultés 
qui lui sont inhérentes sont de deux ordres : difficulté de techni- 
que et difficulté d’interprétation. 

Ces difficultés sont énormes, mais elles ne doivent point re- 
buter le radiographe; pour peu qu’il y mette de l’opiniâtreté, de 
la réflexion et de la méthode, il sera bientôt maitre de tous les 
Obstacles et saura amener sur la couche sensible l’image qui 
“Ssure le diagnostic. Ainsi ses efforts rendront service à maints 
Malheureux qui circulent de clinique en clinique, de médecin 
en médecin, et qui ne parviennent pas à trouver le soulagement 
et la justice que l’art médical pourrait peut-être leur assurer si 
le diagnostic exact, irréfragable de la lésion était établi. Com- 

len de fois n’arrive-t-il pas que la clinique hésite entre une 
lésion de la colonne et une maladie de la moelle, entre une frac- 
ture, un tassement vertébral et une névrose traumatique, entre 
. Une Jésion et une simulation, etc. ? I] est vite dit que tel sujet 
Présente de l’hystérie traumatique, que tel autre est un vul- 


— 186 — 


gaire simulateur; mais encore faudrait-il prouver le bien fondé 
de cette affirmation et à défaut de démonstration péremptoire, 
faudrait-il au moins avoir épuisé consciencieusement, honnête- 
ment, tous les moyens de diagnostic actuels. 

Dans les cas douteux, l'examen radiographique approfondi, 
complet, répété même, est de toute nécessité (1). » 

C’est à la démonstration de cette thèse que je désire consacrer 
les lignes qui vont suivre. Nous étudierons d’abord comment 
on prend une colonne lombo-sacrée, comment on lit le cliché 
ainsi obtenu. Il est bon de bien se pénétrer des données de l’ana- 
tomie normale de cette région, vue en projection radiographi- 
que, avant d'analyser les différents cas que les hasards de la 
clinique ont mis à notre disposition. 


I 
Examen radiographique de la colonne lombo-sacrée normale 


Position du sujet. — L’objet à radiographier doit se trouver 
aussi pres que possible de la plaque photographique. C’est la 
une regle absolue dont en toutes circonstances il faut tenir 
compte. Des lors, dans les prises de la colonne lombo-sacrée, 
nous exclurons la position latérale, droite ou gauche, du sujet, 
en raison de l’éloignement de la couche sensible imposé par les 
côtes et l’os coxal. 

Peut-étre dans certaines conditions exceptionnelles et grace 
à certains artifices, pourrons-nous admettre la prise en décubi- 
tus ventral. I] sera indiqué dans cette position de placer la pla- 
que sur un coussin de sable de grandeur appropriée. Grâce à la 
poussée du poids du corps, le chassis déprimera la paroi abdo- 
minale antérieure et se rapprochera ainsi de la colonne verté- 
brale. 

Mais, pour pratiquer un bon examen radiographique de la 
colonne lombaire, la seule position vraiment utile est le décubi- 


(1) HAUCHAMPS, KLYNENS et MAHAUX, Atlas de radiologie normale, 1908, p. 142. 


— 187 — 


tus dorsal du sujet. Relevez le thorax au moyen d’un gros cous- 
sin; relevez les membres inférieurs en glissant sous les jambes 
un chevalet ou plusieurs coussins de sable; poussez la position 
jusqu’à ce que le tronc de l’exploré fasse arc de cercle (dos 
rond) et vienne directement s’appliquer sur la plaque photo- 
graphique. La compression aidant, il est facile d’obtenir ainsi 
l'effacement à peu près complet de la lordose lombaire. 


Malgré toutes ces précautions, et à cause des détormations 
inévitables de la silhouette, à cause du voile engendré par les 
rayons parasites, il sera inutile de tenter une radiographie d’en- 
semble de cette région.Mieux vaut procéder d'emblée à des 
prises partielles, et explorer d’abord la portion supérieure, puis 
la portion moyenne, et enfin la portion inférieure du segment 
lombo-sacré. Ces radiographies successives nous donneront des 
clichés aussi clairs que les conditions, variables de sujet à sujet, 
le permettent. Elles projetteront successivement sur la couche 
sensible deux vertèbres non déformées, parce que touchées par 
un faisceau de rayons pour ainsi dire parallèles. 

Le tube compresseur est de toute nécessité. N'oublions pas 
qu'entre l’objet à radiographier, la vertebre, et l’ampoule, vien- 
nent s’interposer la paroi abdominale, les viscères et leur con- 
tenu, organes absorbant un grand nombre de rayons utili- 
sables. Nous devons donc supprimer dans la mesure du possible 
tout ce qui peut arrêter ces rayons. De là la nécessité absolue 
d’évacuer avant toute exploration le contenu du tube intestinal 
par un purgatif énergique, de faire vider la vessie et de ne pas 
procéder à l’examen radiographique immédiatement après un 
repas du sujet, de peur de voir l'estomac recouvrir ia région. 
De là également la nécessité d’une compression énergique. 
Le maximum de compression sera obtenu en interposant 
entre l'extrémité inférieure du tube et la paroi abdominale un 
coussin hémisphérique de luffa. La convexité de ce coussin, en 
exerçant sa pression sur l’abdomen, écarte de la ligne médiane 
les anses initestinales et les empêche ainsi d’endommager l'image 
par des lumières et des opacités accidentelles dues à leur contenu 
gazeux, liquide ou solide, et même d’engendrer un certain voile 
par leurs déplacements péristaltiques. 


— 188 — 


Cette compression réduit dans des proportions notables le dia- 
metre des tissus à traverser et peut même y produire un certain 
degré d’anémie. D'où utilisation de rayons moins pénétrants, 
capables done d'imprimer sur la gélatine plus de contrastes et 
plus de détails; d’où encore production moins abondante de 
rayons secondaires, et par conséquent cliché à peine voilé. 

De plus, elle assure une immobilisation complète de la région 
à radiographier, condition de technique importante dans les 
traumatismes de la colonne, si fréquemment accompagnés de 
tremblements accentués de tout le tronc. Enfin rappelons-nous 
que la compression tend à effacer le léger degré de lordose que 
laisse subsister le relèvement du thorax et des membres infé- 
rieurs. 

Le tube compresseur sera toujours centré verticalement sur la 
ligne médiane. 

D'après Chipault, un plan horizontal mené par l’ombilic 
répond en arrière à l’apophyse épineuse de la troisième vertèbre 
lombaire. Nous avons là un point de repère excellent. Le tube 
compresseur sera enfoncé immédiatement au-dessus de la” sym- 
physe pubienne, pour amener sur la plaque la 5™ vertèbre lom- 
baire et tout le sacrum; il sera centré sur lombilic pour pro- 
jeter les troisième et quatrième lombaires et enfin un peu plus 
haut pour démontrer les deux premières lombaires. Mais là ne 
doit pas s'arrêter l'exploration. Il est souvent utile d'examiner 
les deux dernières vertèbres dorsales. Or, celles-ci se trouvent 
recouvertes par la masse hépatique, véritable éponge sanguine 
imperméable aux ravons X. Rien n'est cependant plus facile 
que d'amener sur la plaque ces deux vertèbres. Il suftit d'incli- 
ner le tube de telle façon gue les rayons suivent une direction 
parallèle à la face inférieure du foie et glissent sous celle-ci 
pour arriver à la région à explorer. L'image ainsi obtenue par 
des rayons obliques subira une certaine déformation. Il faudra 
en tenir compte dans l'interprétation du cliché. 

La dernière vertèbre lombaire mérite une attention toute spé- 
ciale. En effet, elle supporte tres souvent tout le dommage dans 


les traumatismes du segment lombaire du rachis. Aussi est-11 


— 189 — 


de la dernière importance d'obtenir une silhouette très nette, 
susceptible d’une interprétation irréprochable. Sa position, son 
architecture spéciale, ne laissent pas que de rendre très difficile 
la tâche du radiographe. Placée au niveau de la coudure lombo- 
sacrée, elle occupe une position inclinée, qu'aucun artifice ne 
peut redresser. Si l’on enfonce le tube compresseur verticale- 
ment et perpendiculairement sur la ligne médiane, on obtien- 
dra inévitablement une projection anormale de cette vertèbre et 
une projection en raccourci du sacrum. Donc si l’on désire un 
examen tout spécial de la région, il sera indiqué d’incliner le 
tube compresseur jusqu’à ce que les rayons soient perpendicu- 
laires à la face antérieure de cette vertèbre. 


S'il est difficile d'obtenir un bon cliché de la colonne sacro- 
jombaire, il est tout aussi difficile de le lire convenablement, et 
l’on peut dire que l’interprétation n’en est possible que grâce 
à des conditions toutes spéciales d’examen. Ces conditions, les 
voici : 


1° Adaptation de l’œil à l'obscurité, afin d'assurer le maxi- 
mum de sensibilité de la rétine, et examen du cliché dans la 
chambre noire ou du moins dans une atmosphère de faible in- 
tensité lumineuse. 


2° Image parfaitement diaphragmée, de façon à ne pas perdre 
le bénéfice de l'adaptation de notre rétine, en laissant filtrer à 
la périphérie et en dehors de l’image des faisceaux de rayons 
lumineux. 


3° Possibilité d'augmenter ou de diminuer l'intensité de la 
source lumineuse. 

L’image radiographique d’une colonne vertébrale est très 
complexe. Souvent les détails n’apparaissent pas d’une façon 
également nette. De plus, il faut une grande sensibilité de la 
rétine pour percevoir la très fine architecture des petites apo- 
physes articulaires et des apophyses transverses, pour reconnai- 
tre la trabéculation du tissu spongieux des corps vertébraux. 
Or, dans les traumatismes du rachis, la moindre lésion doit être 


— 190 — 


démontrée et reconnue, parce qu’ici une fracture, si minime 
soit-elle, peut provoquer les troubles nerveux les plus considé- 
rables. Nous n’arriverons à ce résultat que si tous les détails 
sont perçus nettement. 

Inutile donc d'examiner un cliché de la colonne à la lumière 
du jour sans interposition d’un verre mat à grain très fin. Ce 
serait aller au devant d’un échec certain. 

Habituons-nous à procéder à cet examen dans la chambre 
noire, l'œil bien accommodé par un séjour dans l'obscurité 
d’une dizaine de minutes et en nous servant d’un radio-photos- 
cope à intensité lumineuse variable et muni d’un diaphragme. 
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons retirer de notre 
analyse tout ce qu’elle peut donner. 


Interprétation générale. — Avant d'interpréter l’image radio- 
graphique, assurons-nous de la valeur du cliché et constatons 
s’il est parfait, simplement bon, mauvais ou inutilisable. Nous 
ne pourrons avancer notre diagnostic, positif ou négatif, que 
si nous avons résolu cette question. 

Un cliché parfait de la colonne lombaire devra montrer les 
détails suivants : 

Contours nets des apophyses, indice certain d’une bonne im- 
mobilisation ; 

Structure osseuse de ces mémes apophyses, structure du tissu 
spongieux des corps vertébraux parfaitement visibles; 

Fente inter-articulaire des apophyses articulaires se dessinant 
nettement; 

Enfin, canal médullaire occupant laxe du rachis et témoi- 
gnant ainsi d’une absence de torsion ou d’inclinaison latérale 
de la colonne. Sans aucun doute, il est souvent utile, pour mettre 
en relief les apophyses articulaires d’un côté, d’incliner quel- 
que peu le sujet sur l’un ou l’autre flanc. Maïs ce sont là des 
positions d'exception auxquelles on n’a recours que pour préci- 
ser un détail reconnu dans un examen en position normale. 

Celui-ci se fera toujours d’après des règles précises et en sui- 
vant un ordre et une méthode rigoureusement établis. 


Examinons d’abord l’image dans son ensemble, et pour ce 


— 191 — 


faire, plaçons-nous a une distance de un, deux mètres et plus de 
la plaque radiographique. Utilisons des lunettes & verres jaunes 
qui intensifient la luminescence du cliché ou encore de jumelles 
qui amplifient et agrandissent l'image. Enfin notons soigneuse- 
ment la direction générale ou l'inclinaison des vertèbres, la 
direction de la ligne des apophyses épineuses, le trajet du canal 
médullaire, etc. 

Puis procédons à l’examen particulier de chaque vertèbre et 
passons en revue les différentes parties dans un ordre toujours 
identique. Celui-ci, par exemple : 

Apophyse épineuse, lame vertébrale gauche, apophyse arti- 
culaire inférieure gauche, apophyse costiforme gauche, pédi- 
cule gauche, apophyse articulaire supérieure gauche, pour pas- 
ser de là à l’apophyse articulaire supérieure droite, au pédicule 
droit, à l’apophyse costiforme droite, à la lame vertébrale droite, 
à l’apophyse articulaire inférieure droite et finir ainsi par la 
face supérieure, la face inférieure et les deux faces latérales du 
corps vertébral. 

Nous allons étudier dans cet ordre les différentes parties d’un 
radiogramme d’une vertèbre lombaire (planche XII, fig. 4). 


Apophyse épineuse. — Dans une prise en décubitus dorsal, 
faite suivant toutes les règles établies, l’apophyse épineuse suit 
une direction sensiblement parallèle aux rayons normaux émis 
par l’ampoule, c’est-à-dire verticale et perpendiculaire à la pla- 
que sensible. Donc sa projection correspondra à sa section la 
plus large, qui est sa base d'implantation, et nous aurons une 
image plus ou moins régulièrement triangulaire de forme allon- 
gée et à sommet supérieur. Les bords correspondant à la coque, 
en seront nets et accentués; le centre, ou tissu spongieux, en 
sera moins marqué. 

Cette image pourra varier de sujet à sujet, suivant la forme 
des apophyses. Elle sera projetée en partie sur le corps verté- 
bral, en partie au niveau du disque intervertébral sous-jacent. 


Lames vertébrales. — Les lames vertébrales ont dans leur 
ensemble une direction horizontale et parallèle à la plaque pho- 


— 192 — 


tographique. Leur plan de projection, dû à l'incidence du rayon 
normal, représente sensiblement leur aspect général. Il aura 
la forme d'un quadrilatère, plus haut que large. L’angle supé- 
rieur s'unit au pédicule et à la base de l'apophyse articulaire 
supérieure; l'angle inférieur se continue avec l’image de l’apo- 
physe articulaire inférieure. Le bord supéro-interne est oblique 
en haut et en dehors et limite avec le bord analogue de la lame 
du côté opposé un espace triangulaire à sommet inférieur. Ce 


sommet est souvent caché par la crête de l’apophyse épineuse. 


Pédicule, — En dehors de la lame on trouve l'image du pédi- 
cule. Celui-ci, de même que l’apophyse épineuse, a une direc- 
tion parallèle au rayon normal, et sa projection correspond à 
sa section la plus large. Nous voyons cette projection sous la 
forme d'une ellipse à bords nettement accentués, bords qui sont 
dus au tissu compact, et qui présentent au centre un espace plus 
clair en rapport avec le tissu spongieux. 


Apophyse transverse, — A hauteur et en dehors de la lame et 
du pédicule, nous trouvons les apophyses transverses. Les bords 
de leur silhouette se continuent en bas avec le bord externe de 
la lame et de l'apophyse articulaire inférieure, en haut avec le 
bord externe de l’apophyse articulaire supérieure. Cette image 
présente les grandeurs et les directions les plus variables et 
souvent le sommet offre une zone de densité plus grande. 

Lames, pédicules, apophyses transverses occupent la moitié 
supérieure du corps de la vertebre. 


Apophyse articulaire inférieure. — Les apophyses articulai- 
res inférieures terminent sans démarcation nette les lames vers 
le bas. Leur image se projette très peu sur le corps vertébral, 
mais en majeure partie sur le disque mtervertébral et la verte- 
bre sous-jacente. Le bord interne forme avec celui de l’apophyse 
articulaire inférieure du côté opposé un angle aigu à sommet 
supérieur, et dans cet angle vient se perdre le sommet de l’apo- 
physe épineuse. 


Apophyse articulaire supérieure. — La silhouette de lapo- 


— 193 — 


physe articulaire supérieure semble venir coiffer celle de la 
lame et du pédicule. Elle se projette au niveau du disque inter- 
vertébral supérieur. 


Corps rertébral. — L'image du corps vertébral est limitée en 
haut par une ou deux lignes, correspondant à la face supérieure; 
en bas par une ou deux lignes, correspondant à la face infé- 
rieure; latéralement par une ligne concave à concavité dirigée 
en dehors, correspondant aux faces latérales. 


Certaines vertèbres lombaires présentent quelques particula- 
rités utiles à mentionner. La première lombaire a son apophyse 
costiforme moins large et plus courte que celle des autres ver- 
tèbres de cette région. 

Le corps de la cinquième (planche XII, fig. 5) est cunéi- 
forme; la face postérieure est moins large que la face anté- 
rieure; l’apophyse transverse est courte et massive; les apophyses 
articulaires inférieures et supérieures se trouvent dans un méme 
plan sagittal. Sur la projection due à l’incidence du rayon nor- 
mal, on voit au centre l’image de l’apophyse épineuse; de cha- 
que côté celle des lames; à droite et à gauche et superpostes 
celles des apophyses articulaires, et aux angles supérieurs la 
grosse apophyse costiforme. Le bord supéro-interne de la lame 
droite se continue directement avee celui du côté opposé, et l'es- 
pace circonscrit par ces deux bords et les apophyses articulaires 
supérieures prend la forme d’un quadrilatère. L’angle résultant 
de la jonction des deux bords inféro-internes des James est bean- 
coup plus obtus que ne l’est celui des autres vertèbres lombaires. 

Lorsqu'on est parvenu à redresser la lordose du segment infé- 
rieur de la colonne, et que dans ces conditions Ja vertebre est 
touchée par un faisceau de rayons parallèles, perpendiculaires 
à la plaque sensible, nous retrouvons l’image que nous venons 
de décrire. Mais cette image peut être modifiée et dans sa forme 
et dans ses rapports avec celle des vertèbres voisines. Ces modi- 
fications se produiront lorsque l’axe antéro-postérieur du corps 
est incliné sur le plan de la plaque photographique, ou que la 
vertébre est touchée par un faisceau de rayons obliques. Il faut 


— 194 — 


donc en examinant un cliché, tenir compte du degré de redres- 
sement de la lordose lombaire ou des déviations pathologiques 
existantes. I] faut noter soigneusement l'incidence du rayon 
normal. 

La figure 4, planche XII, montre l'image d’une vertèbre dis- 
posée de telle facon que l’axe antéro-postérieur du corps est per- 
pendiculaire à la couche sensible et dont la projection est due 
a l'incidence du ravon normal. 


La fig. 6, planche NIT montre cette même vertebre placée 
dans la méme position, mais touchée par des rayons obliques, 
ainsi que cela se passe dans les petites prises de la colonne 
lombo-sacrée, pour les vertèbres situées à l'extrémité du champ 
radiographique. 

La fig. 7, planche XII montre la même vertebre dans la même 
position, mais touchée par des rayons fortement obliques (ra- 
diographie d’un grand segment du rachis). 

Faiblement oblique, le rayon déforme peu: tout au plus 
avons-nous la projection de la lame, du pédicule, de 1’apophyse 
transverse, à la partie supérieure du corps de l’image de la ver- 
tebre. Les apophyses articulaires supérieures empiètent davan- 
tave sur le disque intervertébral supérieur. Avec une incidence 
tres oblique des ravons, le corps de la vertèbre est déformé, et 
l'image prend l'allure que vous retrouvez à la fig. 7, plan- 
che XII. 

La figure 8, planche XIT, est la projection radiographique 
due à l'incidence du rayon normal, d'une vertèbre lombaire 
fortement inclinée sur la plaque sensible. Tous les détails sont 
modifiés dans leur forme et dans leurs rapports réciproques. Un 
comprend dès lors, en examinant ce cliché, la nécessité de re- 
dresser la lordose lombaire. 

J’attire l'attention sur la déformation de projection que subit 
normalement la cinquième lombaire. La fig. 9, planche XII, 
montre cette vertébre prise dans sa situation normale (c’est-a- 
dire l’axe antéro-postérieur incliné sur l'horizontale, le malade 
étant couché). L’apophyse épineuse, la lame, le pédicule, l’apo- 
physe transverse et l’apophyse articulaire supérieure viennent 
se projeter à la partie tout à fait supérieure et même en dehors 


— 195 — 


du corps de la vertebre. Celui-ci est déformé, sa face inférieure 
n'est plus représentée par une ligne, mais bien par une image 
ellipsoide allant se confondre avec le corps de la première sa- 
crée. I] est intéressant de comparer ce cliché avec la fig. 5, plan- 
che XII, déjà décrite. On comprendra alors la nécessité des pri- 
ses obliques de la 5™° vertebre lombaire sur lesquelles j'ai déjà 
attiré l’attention. 

Nous venons d’analyser l’image radiographique d'une vertebre 
isolée, mais nous avons omis avec intention de parler de ses rap- 
ports avec les vertèbres voisines. Quelques mots suftiront pour 
combler cette laeune, et alors, grâce à cette étude complète, il 
nous sera désormais facile de lire un cliché de la colonne lombo- 
sacrée et de donner à chaque détail sa signification exacte. 


Les disques intervertébraux ne sont pas projetés. Ils sont re- 
présentés par les espaces clairs séparant les corps de deux ver- 
tebres. A ce niveau se profilent l’apophyse épineuse de la ver- 
tebre supérieure et les articulations des apophyses articulaires. 
Il peut se faire même que ces parties se projettent sur les corps 
de la vertèbre sous-jacente. (Planche IX, fig. 1, planche XI, 
fig. 3.) 

L’espace triangulaire situé entre les lames de la vertébre in- 
férieure forme avec celui limité par les apophvses articulaires 
inférieures de la vertèbre supérieure un ocelle, au milieu duquel 
vient se dessiner une partie de l’apophyse épineuse de la verte- 
bre sus-jacente. 


Lorsque le cliché est passable, l’espace interarticulaire n’ap- 
paraît pas et nous voyons seulement une ligne courbe, à conca- 
vité dirigée en dehors, réunissant les deux apophyses trans- 
verses du même côté. Cette ligne marque, dans sa partie infé- 
rieure, le bord externe de l’image de l’apophyse articulaire 
supérieure de la vertèbre inférieure, et dans l’autre partie le 
bord externe de l’apophyse articulaire inférieure de la vertebre 
supérieure. L’ocelle limite en dedans les bords internes de ces 
apophyses et de la lame. Nous pourrons donc, même sur up 
cliché peu favorable, localiser avec précision une fracture sié- 


geant à ce niveau. 


— 196 — 


Lorsque nous examinons une radiographie du segment infé- 
rieur de la colonne, avons toujours présente à l’esprit la possibi- 
lité d'un certain degré de spendylite ankylosante. Le médecin 
non prévenu pourra prendre l'image radiographique de cette 
affection pour une lésion osseuse d'origine traumatique. L’exa- 


men clinique lèvera tous les doutes. 


II 


Observations de malades et radio-diagnostics 


La seconde partie de ce travail comporte l'observation chni- 
que de neuf cas de traumatisme de la colonne lombo-sacrée, ainsi 
que l'analyse de l'examen radiographique auquel ces patients 
ont été soumis, Il aurait été impossible de reproduire d'une fa- 
con suffisamment nette les divers clichés se rapportant à ces 
observations. J'ai préféré faire des schémas. Encore faut-il s’en- 
tendre sur la signification et la valeur de ces schémas. La fig. av, 
planche XIII, donne la projection schématisée d'une vertebre 
isolée. Un peu d'attention suffit pour pouvoir en comprendre 
tous les détails, surtout si nous rapprochons de ce dessin la 
fig. 4, planche XIT. 

Ainsi sur ce schéma 

l = apophyse épineuse. 
2 = lame. 
3 = pédicule. 
+ = apophyse articulaire inférieure. 
9 = apophvse transverse ou mieux costiforme. 


6 = apophyse articulaire supérieure. 
7 


face supérieure du corps. 
S = face inférieure du corps. 


9 = face latérale du corps. 


Ces deux figures (fig. IO, fig. +) peuvent être superposées. 
L'une est la reproduction exacte de l’autre. Et il en! sera de 
méme des schémas qui accompagnent les observations. Je puis 
done prendre ccux-ci comme base de mon analyse radiographi- 


que, certain que leur interprétation ne souffrira pas de difficultés: 


— 197 — 


OBSERVATION I. — Fracture de la 1", 2™ et 5™ vertèbres lom- 
baires. (Planche XIII, fig. 11, fig. 12.) 


S..., peintre en bâtiments, 43 ans. Pas d’antécédents person- 
nels n1 héréditaires, pas de syphilis. 

Le 7 juin 1906, en travaillant sur une échelle, cet homme est 
tombé a la renverse et s’est abattu sur le sol, d'une hauteur 
d'environ + mètres. Relevé sans connaissance et transporté a 
son domicile, il s'est réveillé impotent : les deux jambes sont 
inertes. Cette paraplégie dure 3 mois, sans troubles de la mic- 
tion ni de la défécation, puis les symptômes de paralysie s’amen- 
dent au point que, 3 mois apres l'accident, le malade peut 
marcher et suit, dans un institut, un traitement mécanothéru- 
pique, traitement qui, d’ailleurs, n’amène aucune amelioration. 
À l'heure actuelle, il persiste tout un ensemble de troubles, peu 
accentués, mais suffisants pour empécher tout travail. 

I] existe une raideur douloureuse de la colonne lombaire: le 
malade ne sait ni se courber, ni s'agenouiller sans s'aider des 
membres supérieurs. I] sait se tenir debout sur les deux pieds, 
et même sur la jambe droite seule, mais en vacillant. Sur la 
jambe gauche, il lui est presque impossible de se tenir debout, 
méme pendant un temps tres court. La marche est à peu nor- 
male, à part une légère claudication. Pour passer du décubitus 
dorsal à la position assise, le malade doit s'aider des mains et 
se place d’abord dans le décubitus latéral. 

A l’iuspection, on constate une tres légère scoliose à con- 
vexité gauche. La cambrure normale de la colonne lombaire a 
disparu. Les 12"° dorsale et I? lombaire sont légèrement en 
saillie, et leurs apophyses épineuses sont anormalement rappro- 
chées. La cuisse gauche est légèrement atrophice. 

Le malade se plaint de douleurs dans le genou, la cuisse et la 
fesse gauches, surtout dans les mouvements qui nécessitent une 
flexion ou une extension de la colonne lombaire. Ces mouve- 
ments provoquent également des douleurs dans une région me- 
dio-dorsale qui s'étend de la 10° dorsale à la 5™ lombaire. 

Sans insister spécialement sur les troubles nerveux, il y a lieu 


de signaler une légère exagération du réflexe patellaire gauche 


— 198 — 


et l'abolition des réflexes crémastérien et abdominal inférieur 
gauches. Les troubles de la sensibilité sont très accusés : il y a, 
en effet, une hémianesthésie gauche très nette s'étendant à la 
moitié gauche du corps, ainsi qu’à la jambe et au bras gauches, 
mais n’intéressant pas Ia tête. L’insensibilité porte sur les trois 
modes de sensibilité tactile, douloureuse et thermique, avec, ga et 
la, un ilot de demi-sensibilité obtuse. Les limites varient d'ail- 
leurs légèrement d’une époque à l’autre. 

L'acuité visuelle et l’odorat sont un peu diminués a gauche, 
le champ visuel est nettement rétréci à gauche. Le sens du goût 
est également émoussé dans la moitié gauche de la langue. 

D'après cet ensemble de signes, on doit croire à l'existence de 
troubles hystéro-traumatiques greffés sur un ensemble de symp- 
tomes dépendant de la fracture vertébrale. 


Si nous examinons le radiogramme de la portion supérieure 
de la colonne lombaire de ce blessé (planche XIII, fig. 11), 


nous trouvons ce qui suit : 


La ligne des apophyses épineuses est droite. Les distances 
entre les apophyses épineuses sont inégales : l’écart entre les 
apophyses épineuses des 1™® et 2"° lombaires est surtout marqué. 
Les 2°, 3, 4% apophyses épineuses sont très rapprochées. 
Inutile de rechercher les détails; les pédicules, les lames, les 
espaces Interarticulaires n'apparaissent pas sur la plaque. Nous 
ne voyons donc sur ce schéma que les corps vertébraux, les apo- 
physes épineuses, les apophyses transverses et le bord externe 
des apophyses articulaires dessiné par la ligne joignant deux 
apophyses transverses du même côté. 

L'image du corps de la 1"° vertebre lombaire se continue avec 
celle du corps de la secoude sans délimitation aucune. Nous ne 
retrouvons pas en effet la ligne qui marque la face inférieure du 
corps de la 1 lombaire, ni celle qui marque la face supérieure 
du corps de la seconde. Les deux lignes droites, transversales, 
dessinées à ce niveau, représentent sur le radiogramme un tissu 
dense, une partie du cal. Les faces latérales du corps de la 1" 
lombaire sont beaucoup plus larges à leur partie inférieure qu’à 


— 199 — 


leur partie supérieure. La concavité des faces latérales du corps 
de la 2™° lombaire a disparu et les lignes qui marquent les deux 
faces latérales ont un aspect anormal et irrégulier. Les corps de 
la 1™ et de la 2"° vertèbres lombaires réunis occupent un espace 
à peine plus grand que celui de l’image d’une seule vertèbre 
normale. 

Cet ensemble permet d'affirmer une fracture par pénétration 
(télescopage) de la 17° et de la 2™° vertèbre lombaire. 

Si nous examinons ensuite une prise de ce malade, au niveau 
des 4"° et 5™° lombaires (planche XIII, fig. 12), nous retrouvons 
le même aspect général noté plus haut. Il est d’ailleurs à remar- 
quer que toutes les radiographies de ce cas se superposent exacte- 
ment. Seulement nous pouvons constater ici que la 5™° lombaire 
n'existe plus et est remplacée par un cal dû à l’écrasement de 
cette vertèbre. Les lignes nombreuses qui sillonnent l’image de 
ce qui devrait être la 5™° lombaire marquent du tissu plus dense, 
et il est impossible de retrouver dans cet ensemble une image 
semblable à celle reproduite par la fig. 9 (planche XIT). 


Radiodiagnostic : Fracture par écrasement des 1", 27° et 57° 
vertèbres lombaires. 


OBSERVATION II. — Fracture par écrasement de la 12" ver- 
` tèbre dorsale. (Planche XIII, fig. 13.) 


Van S..., Louis, 44 ans, peintre. 

Le 31 août 1906, chute d'une hauteur de 17 à 18 metres. Le 
dos a porté sur un tronc d'arbre. Transporté dans un hôpital, 
le blessé y a séjourné pendant 3 mois 1/2. Il était atteint d’une 
paraplégie complète avec anesthésie totale des deux membres 
inférieurs. Rétention d'urine qui a nécessité le sondage quoti- 
dien pendant 7 semaines. Constipation. Pendant lau première 
semaine, violentes douleurs dans le dos. Au bout de 3 mois 1/2 
le malade a commencé à marcher en s'appuyant sur deux can- 
nes. La sensibilité est revenue peu à peu, d'abord dans le gros 
orteil, puis, de proche en proche, dans tout le membre. 1,'amélio- 
ration de la paralysie a suivi une marche parallèle. 

Un an après, le patient marche à l’aide d’une canne. Le mem- 


— 200 — 


bre inférieur gauche est considérablement atrophié. Il y a une 
exugération évidente du réflexe rotulien du même côté. Les au- 
tres réflexes sont normaux. Des troubles de sensibilité n’ont 
pas été observés. 

La marche est possible, mais pénible, et la fatigue vient vite. 
La montée et surtout la descente d'un escalier sont dif- 
ciles. La station sur un pied est presque impossible, surtout sur 
le pied gauche. En marchant, le malade regarde ses pieds, car 
la marche est beaucoup plus incertaine quand il fixe ses regards 
au loin. Les yeux fermés, il exécute de grandes oscillations qui 
umcneralent la chute. Les oscillations sont plus grandes encore 
quand il est debout sur une seule jambe. Dans la station verti- 
cale, le malade éprouve de grandes difficultés à tourner sur lui- 
même, surtout en prenant la jambe gauche comme axe de ce 
mouvement. Couche, il peut à peine soulever les deux jambes 
ensemble. Séparément, il soulève plus facilement la jambe droite 
que la gauche. La force musculaire est également très diminuée, 
surtout dans la jambe gauche qui est le siège d'une sensation 
fréquente de froid et de tremblements à grandes oscillations. 

A l'inspection, on peut constater une saillie osseuse au niveau 
de la 12" dorsale et de la 2"° lombaire, saillies immédiatement 
sous-cutances avec légère déviation vers la gauche. Le sillon 
lombaire répondant aux apophyses épineuses des dernières ver- 
tebres lombaires est très profond. 


Bon cliché (planche XIII, fig. 13). Les différentes parties des 
vertèbres se dessinent nettement. La 12" dorsale est inclinée sur 
la 1 vertébre lombaire, inclinaison rendue surtout apparente 
par l’obliquité de la côte gauche. 

Le corps de la 12° dorsale est irrégulier et d’un volume ré- 
duit. 

A la base des apophyses transverses, au niveau de l’apophyse 
articulaire supérieure gauche de la 1% vertèbre lombaire, nous 
remarquons des parcelles osseuses détachées. La ligne qui réunit 
l'apophyse transverse droite à l'articulation costale de la dou- 


zième et qui marque les apophyses articulaires est brisée. 


Radiodiagnostic : écrasement de la 12™° vertèbre dorsale. Lé- 


— 201 — 


sions osseuses siégeant au niveau des trous de conjugaison situés 


entre la 12"° vertébre dorsale et la 1 lombaire. 


OBSERVATION TIL. -— Fractures de la 12" vertèbre dorsale, 


des 1" et 2" vertèbres lombaires. 


Joseph S..., 18 ans, briquetier. Sans antécédents héréditai- 
res, ni personnels. | 

Le 2 mars 1906, le patient, en travaillant accroupi, a reçu 
sur le haut du corps tout le poids des matériaux composant une 
voûte de maçonnerie qui s'est écroulée. Retiré des décontbres 
sans connaissance, il a présenté, de suite après l'accident, une 
paraplégie complete avec relâchement des sphincters. La co- 
lonne vertébrale était nettement fracturée et déformée, les apo- 
physes épineuses faisant une saillie considérable entre la 11° 
dorsale et la 3"° lombaire. De plus, il y avait une lésion de ta 
hanche droite. 

Dans les premiers temps on a pu constater une insensibilité 
totale des deux jambes, puis de la jambe droite seulement qui 
a été le siège de douleurs très vives. Les troubles des réservoirs 
ont disparu. La hanche droite présente une arthrite sèche avec 
craquements. 

Un examen pratiqué le 21 mai 1908 démontre un reliquat de 
symptômes que l’on peut décrire comme suit : 

La région dorso-lombaire est déformée. Elle présente une 
bosse à deux sommets saillants, répondant à l'apophyse épi- 
neuse de la 12"° dorsale et de la 2" lombaire. La jambe droite 
est atrophiée (4 cent. à la cuisse, 1 cent. au mollet, 1 cent. à la 
cheville) et impotente. Le malade ne peut ni fléchir la cuisse 
sur le tronc, ni fléchir Ja jambe sur la cuisse. L'extension de la 
jambe est presque impossible aussi. I] sait se tenir debout sur 
la jambe gauche, mais pas sur la jambe droite. La flexion de 
la colonne lombaire est impossible. 

Il y a une diminution manifeste du réflexe patellaire gauche 
et légère du réflexe achilléen du même côté. Les réflexes cutanés 
sont intacts, sauf les réflexes plantaires qui sont très faibles des 


deux côtés. La sensibilité, dans ses différents modes, est intacte. 


— 202 — 


La jambe droite est le siége de sensations anormales de froid, 
quoique la température de la peau soit la même des deux côtés. 


Mauvais clichés, ue permettant pas un schéma convenable. 


Radiodiagnostic (interprétation personnelle) : Fracture de la 


12° vertebre dorsale, des 17° et 2™° vertèbres lombaires. 


OBSERVATION IV. --- Fracture de Vapophyse transverse et de 
la 3% vertébre lombaire. (Planche XIII, fig. 14, fig. 15.) 


Q..., Louis, chauffeur, 36 ans. 

. Dans un accident de chemin de fer, cet homme a été projeté 
à une distance de 10 mètres et est tombé assis sur la fesse gau- 
che. Il s'est relevé seul, a marché une centaine de mètres jus- 
qu'à la gare la plus proche, puis de la, avec l’aide d’un autre 
homme, a fait une bonne demi-lieue à pied, en trainant la 
jambe qui était lourde et dans laquelle il ressentait de vives dou- 
leurs. Tout en marchant, il sentait également une forte douleur 
dans la région lombaire. Dans les jours qui ont suivi l’accident, 
les douleurs et l’impotence de la jambe ont augmenté, mais suns 
amener de paralysie vraie. Dans un examen pratiqué le 6 mars 
1907, le médecin traitant signale un amaigrissement assez con- 
sidérable. Le malade marche doucement, s'appuie sur le pied 
droit et traîne Ja jambe gauche. La rotation dans la station 
debout est très difficile, surtout sur la jambe gauche. La sta- 
tion debout elle-même est pénible, surtout quand elle se prolonge 
un peu. Sur la jambe gauche, elle est presque impossible. On 
retrouve les traces d’une fracture transversale de la rotule, frac- 
ture dont le patient prétend n’avoir aucun svuvenir. Tout le 
membre inférieur gauche est contracturé et légèrement atrophié. 
Les réflexes patellaires sont exagérés. 

Dans un examen ultérieur, pratiqué le 15 mai 1908, nous 
avons trouvé le malade dans un état de prostration et d’affaisse- 
ment remarquables. La figure est pâle, avec une expression de 
souffrance et de préoccupation. Le caractère s'est modifié, est 
devenu apathique. La parole est lente, quelquefois il y a hési- 
tation devant un mot usuel. Tremblement généralisé. Marche 


— 203 — 


pénible. Les membres sont flasques, il n'y a aucune contracture. 
Signe de Romberg léger. 


La sensibilité tactile, douloureuse et thermique est normale à 
la face postérieure du corps et des membres. A la face antérieure, 
diminution notable de la sensibilité douloureuse à partir d’une 
ligne passant à mi-distance entre l’ombilie et le pubis. Cette 
recherche est d’ailleurs rendue difficile par l’état d'indifférence 
et de passivité du malade. 


Les réflexes achilléens existent des deux côtés. Les patellaires 
sont exagérés des deux côtés. Pas de clonus du pied ni de signe 
de Babinski. Le réflexe abdominal inférieur et le réflexe cré- 
mastérien sont abolis des deux côtés. Il y a un léger retard de 
la miction et un état de constipation habituelle. Le malade si- 
gnale, outre des douleurs dans le flanc pendant la marche, une 
sensation de fourmillement à la face antérieure de la cuisse et à 
la région lombaire. 


Il n’y a pas de déviation de la colonne. Les masses musculai- 
res sacro-lombaires sont atrophiées des deux côtés. Le malade 
ne peut ni fléchir les reins, ni se tenir sur une jambe, ni exécu- 
ter, étant debout, un mouvement de rotation sur la jambe 
gauche. 


Bons clichés. Le schéma (planche XIII, fig. 14, fig. 15) mon- 
tre nettement toutes les parties de la 5™° verttbre lombaire et 
du sacrum. On peut même y trouver l’espace inter-articulaire 
des apophyses articulaires. 


La fracture saute aux yeux, le trait de fracture après avoir 
isolé l’apophyse transverse de la 5™ vertébre lombaire prend 
une direction oblique de haut en bas et de dehors en dedans au 
travers de la lame. 


Radiodiagnostic : Fracture de l’apophyse transverse et de la 
lame de la 5” vertèbre lombaire. 


Nous avons pris deux clichés de cette région et les lésions sur 
les deux plaques se superposent exactement (fig. 14, fig. 15). 


— 204 — 


OBSERVATION V. — Fracture de Vaileron du sacrum, (Plan- 


che XIV, fig. 16.) 


V..., Charles, 34 ans, débardeur. 

A été, le 21 août 1907, pris entre les buttoirs de deux wagons. 
L'écrasement a porté sur la région lombaire. Le blessé a perdu 
connaissance et a été transporté à l'hôpital. A son entrée, il est 
en état de shok, et présente, à l'examen superficiel, une large 
excoriation de la peau au niveau de l'articulation sacro-iliaque 
gauche. En cet endroit, il existe une saillie osseuse qui semble 
due à une fracture du sacrum et de la crête iliaque. Légère ré- 
tention d'urine. La sonde ne ramène pas de trace de sang. 

Les jours suivants, l’état général du malade est bon. La ré- 
tention d'urine a disparu. Le membre inférieur gauche est pa- 
résié, Vives douleurs dans la hanche et la cuisse gauches. Le 
blessé, étant couché, peut soulever la jambe gauche, s'asseoir, 
mais les mouvements exécutés par le membre gauche sont fai- 
bles et pénibles. 

Jluit jours après, l'état général est redevenu excellent. Le 
malade se plaint surtout de douleurs qu'il compare à des pi- 
qüres d'épingle et qui apparaissent dans l'après-midi, à la face 
dorsale et à la face plantaire du pied gauche, pour disparaitre 
le matin. Les troubles de la motilité du membre inférieur gau- 
che sont stationnaires : l’impotence porte surtout sur le qua- 
driceps fémoral et sur les museles moteurs des orteils. La sensi- 
bilité, tactile et douloureuse, est diminuée dans Je membre 
atteint. Il y a une bande d'insensibilité plus nette à la face ex- 
terne de la moitié inférieure de la jambe et au dos du pied. En 
revanche, la face antéro-interne et la face externe de la cuisse 
sont intactes. La sensibilité du scrotum est diminuée, Dans ia 
zone péri-anale elle est également diminuée à gauche. De même 
au mollet et à la plante du pied. Quant aux réflexes, ils sont 
normaux, sauf le réflexe achilléen gauche qui est aboli, et le 
cutané plantaire du mème côté, qui est diminué. 

Dans un examen ultérieur, pratiqué environ huit mois apres, 
on constate une aggravation de la paralysie du membre infé- 


rieur gauche, qui est en état de demi-flexion et de contracture. 


— 205 — 


La cuisse est atrophiée et présente une diminution de 7 cent. 1/2 
dans sa circonférence. L'atrophie du mollet n’est que de 2 cent. 
La marche n’est possible qu'à l’aide d'une béquille. 

Les troubles de la sensibilité semblent aussi s'être étendus. La 
sensibilité est diminuée dans toute une zone qui commence au 
niveau de la crête iliaque gauche, et s'étend, à travers toute la 
face postérieure du même membre jusqu’au talon. A la face 
antérieure, l'insensibilité va du pli de laine jusqu’au pied, 
en comprenant la moitié gauche du scrotum. Cette diminution 
porte sur les trois modes, tactile, douloureux et thermique, de 
la sensibilité. 

Les réflexes sont intacts à droite. A gauche, le réflexe achil- 
léen est aboli, le crémastérien et le plantaire diminués. 

La défécation s’accomplit normalement; le malade signale 
un retard de la miction. 


L’examen du schéma (planche XIV, fig. 16) ne laisse aucun 
doute sur la lésion. L'aileron est fracturé et le trait de fracture 
est parfaitement visible. Celui-ci s'étend jusqu’au second trou 
sacré. Donc le premier trou sacré est entrepris et le moindre 
déplacement du fragment doit intéresser la première ou la se- 
conde racine sacrée. 


Radiodiagnostic : Fracture de l'aileron du sacrum. 


OBSERVATION VI. — Ecrasement de la 5™ vertèbre lombaire. 
(Planche XIV, fig. 17.) 


H..., Léopold, 41 ans. Mécanicien. Pas d’antécédents hérédi- 
taires, n1 personnels. Pas de syphilis. 

Le 5 juillet 1906, chute de 4 mètres de haut sur un tas de 
poutrelles de fer. Au moment de l'accident, le blessé porte sur 
son épaule une masse de fonte de 30 kilog. Il tombe en arrière 
sur le côté gauche, le corps étendu. Perte de connaissance. Au 
dispensaire, le médecin relève au niveau de l’épaule, des côtes, 
des reins et de la fesse gauche de nombreuses traces de contu- 
sion. 

Directement après l’accident, impotence du membre inférieur 


— 206 — 


gauche; puis, progressivement, rétablissement incomplet de la 
motilité de ce membre. Douleurs de la région lombo-sacrée pen- 
dant la marche. 

Examen objectif, pratiqué le 7 mai 1908, soit environ deux 
ans apres l'accident. 

Le blessé doit, pour se baisser, écarter les jambes. I] se cou- 
che avee peine; couché, il doit, s’il veut se retourner, le faire 
du côté droit; se relève difficilement; se tient péniblement sur la 
jambe droite; cette position provoque des douleurs dans le dos; 
il ne peut se tenir sur la jambe gauche; pour faire un demi-tour, 
il se porte sur la jambe droite, mais ne peut exécuter ce mouve- 
ment en pivotant sur la jambe gauche. Abolition presque com- 
plete des mouvements actifs dans le membre inférieur gauche; 
le malade est forcé de se servir des mains pour changer la posi- 
tion de ce membre. 

Légère atrophie de la cuisse, de la fesse et de la jambe gau- 
ches. Le pli fessier a disparu et la fesse gauche est tombante. 

Sensibilité tactile diminuée, en arrière, à partir d’une ligne 
passant à 5 centimètres au-dessous de la crête iliaque gauche; 
en avant, à partir du pli de l’aine : normale à droite. 

Sensibilité douloureuse diminuée dans les mêmes limites que 
la sensibilité tactile. 

Pas de modifications de la sensibilité thermique. Douleurs 
dans tout le côté gauche, dos et fesse. 

Les mouvements passifs sont douloureux. La douleur provo- 
quée par la marche ou par [’exécution d’autres mouvements a 
son siège maximum au devant de la branche horizontale du 
pubis gauche. 

Sensation de froid dans la jambe gauche. Abolition du ré- 
flexe achilléen. 

Le réflexe patellaire est normal, mais fort. 

Pas de clonus du pied. 

Le réflexe abdominal est normal. 

Le réflexe cémastérien est normal à droite, mais diminué à 
gauche, avec réflexe croisé. 

Le réflexe cutané plantaire, normal à droite, est diminué à 
gauche. Pas de Babinski. 


— 207 — 


Le réflexe fessier est net des deux côtés. 

Pas de troubles viscéraux. 

L’inspection donne une diminution de la cambrure et un 
aplatissement de la région lombo-sacrée. L’apophyse de la 5™° 
vertèbre lombaire est enfoncée. La fossette lombaire gauche est 
plus élevée que la droite. 

Scoliose à gauche. 


Bon radiogramme (planche XIV, fig. 17). Toutes les parties 
des 2™, 3%, 4™° vertèbres lombaires sont parfaitement visibles. 

Le contraste entre l’image de ce qui reste de la 5™° lombaire 
et l’image des autres vertèbres lombaires est d'autant plus frap- 
pant. Cette radiographie a été prise environ deux ans après lac- 
cident; nous nous trouvons par conséquent en présence de la 
consolidation définitive de la fracture, et l’image radiographi- 
que qui en est résultée et dont on voit le dessin sur la fig. 17 
est absolument informe. Les lignes qui sillonnent l’endroit où 
doit se trouver la 5% lombaire, indiquent des traînées de tissu 
dense. Ce fouillis défie toute description. 

Ce patient étant considéré encore à l’heure actuelle comme 
un simulateur, de nombreuses radiographies ont été prises de 
ce cas : toutes donnent la même image. 


Radiodiagnostic : Fracture par écrasement de la 5™ vertèbre 
lombaire. 


OBSERVATION VII. — Fracture de l’apophyse transverse et de 
la lame de la 5™ lombaire. (Planche XIV, fig. 18, fig. 19.) 


V..., Jean, 42 ans, docker. 

Cet homme est tombé, d’une hauteur de 5 métres, assis, sur la 
fesse gauche, sur une marche d’un escalier de pierre. On l’a 
relevé, mais il n’a plus pu marcher à cause de douleurs très vives 
dans la cuisse et la jambe gauches. I] portait une ecchymose 
dans la région lombaire. Il n’a eu ni troubles de la miction, 
ni troubles de la défécation. 

A l’heure actuelle, il se tient facilement debout sur les deux 
jambes et sur la jambe droite, mais pas sur la gauche: Couché, 


— 208 — 


il peut se relever, mais avec de vives douleurs dans la face pos- 
térieure du membre inférieur gauche, Il ne peut non plus, étant 
debout et les talons joints, ramasser un objet à terre, sans éprou- 
ver des tiraillements douloureux dans la méme région. Le mou- 
vement de rotation sur la jambe gauche est également trs pé- 
nible. 

Il ya une légère atrophie du mollet gauche (1/2 centim.). 

L'examen des différents modes de la sensibilité ne démontre 
aucun trouble dans toute la face antérieure du tronc et des 
membres, sauf à la moitié gauche du scrotum. En arrière, la 
sensibilité tactile, douloureuse et thermique, est diminuée no- 
tablement dans une zone qui commence en haut à + travers de 
doigts au-dessous de la crête iliaque et qui s'étend à toute la 
face postérieure de la cuisse ct de la jambe gauches. Il y a de 
plus une sensation de froid dans le membre inférieur gauche. 
Mais ce qui domine le tout, ce sont les douleurs qui occupent 
tout le territoire du sciatique du méme côté. 


Il y a abolition du réflexe achilléen des deux côtés et du ré- 
Hexe crémastérien à gauche. Les autres réflexes sont intacts. 
La masse musculaire lombo-sacrée est atrophiée à gauche et 


les apophyses épineuses des 3°, 4", 5" vertèbres lombaires sem- 


blent rentrées 


Cliché convenable (planche XIV, fig. 18, fig. 19). La lésion 


mme 


est très apparente. L'apophyse transverse de la 5™ vertèbre lom- 
baire est fracturée et le fragment est séparé de la base de cette 
apophyse. Une parcelle osscuse dessine son image le long de la 
partie inférieure de la face externe de la 4™° vertèbre lombaire. 
Un second trait de fracture divise la lame de la 5™° vertebre 
lombaire en deux parties. Il se dirige de haut en bas et de de- 
hors en dedans. Deux prises différentes (fig. 18, fig. 19) donnent 


la même image. 


Radiodiagnostic : Fracture de l’apophyse transverse et de la 


lame de la 5™ vertèbre lombaire. 


— 209 — 


OBSERVATION VIII. ~- Fracture d'une apophyse articulaire 
supérieure et fracture par écrasement du corps de la deuxième 
vertèbre lombaire. (Planche XIV, fig. 20.) 


D..., Jean, 26 ans, peintre. 

Chute de 15 mètres sur la fesse gauche et la main gauche, le 
30 juin 1905. Lésions multiples : entorse du poignet droit, con- 
tusion du cou-de-pied et contusions légères disséminées sur de 
nombreux endroits du corps. Le blessé accuse surtout une dou- 
leur assez vive, au niveau des 4"° et 5™ lombaires. Cette douleur 
s’exagère notablement à la pression. I] y a rétention d’urine et 
incontinence des matières fécales. Anesthésie de la verge, du 
scrotum et du périnée. Il n° y a pas de troubles de la motilité 
des membres inférieurs. 

Les réflexes sont intacts. 

Quelques jours après l’accident, tous les phénomènse déerits 
plus haut sont en voie d'amélioration. Il s'est formé, au niveau 
de la région lombo-sacrée, un épauchement de liquide séro- 
sanguinolent. Légère cystite. 

Six semaines après l’accident (10 août 1905) le malade sort 
de l’hôpital entièrement guéri. 


Très bon cliché (planche XIV, fig. 20). Toutes les parties de 
toutes les vertèbres sont bien visibles. Cette constatation a, dans 
le cas présent, une importance énorme, En effet, les lésions sont 
peu apparentes et exigent, pour être reconnues, un examen ap- 
profondi d'un cliché parfait. Le traumatisme a porté sur la 
2° vertébre lombaire et intéresse à la fois le corps et une apo- 
physe articulaire. L’apophyse articulaire supérieure gauche de 
la figure est intacte. Au sommet de Vapophyse articulaire droite, 
il y a une solution de continuité. 

La face supérieure du corps se projette sous forme d’une ligne 
brisée. La concavité des faces latérales a disparu, et la ligne 
qui les dessine est irrégulière. 

Le diamètre supéro-inférieur du corps est notablement di- 
minué. 


Radiodiagnostic : Fracture d’une apophyse articulaire supé- 


— 210 — 


rieure et fracture par écrasement du corps de la deuxiéme ver- 
tèbre lombaire. 


OBSERVATION IX. — Fracture par écrasement de la 12™ ver- 


tébre dorsale. (Planche XIV, fig. 21.) 


le ied Mw 


L..., Louis, 39 ans, débardeur. Pas d’antecédents, pas de sy- 
philis. 

Le 15 juillet 1907, cet homme est tombé à fond de cale, d’une 
hauteur de 17 mètres. Au dire des assistants il est tombé d’a- 
bord le dos sur le bord d'une écoutille,et de là est arrivé au fond, 
debout sur les pieds. Il a été transporté immédiatement dans un 
dispensaire, où il a présenté des signes d’agitation extraordi- 
naire. Le médecin qui l’y a soigné signale une plaie de l’arcade 
sourcilière droite, des contusions des jambes et des ecchymoses 
siégeant au niveau de la 12™° dorsale. Le 7 août, c’est-à-dire 
vingt-deux jours après l’accident, le blessé marche, quitte le 
dispensaire et se plaint de douleurs vives dans les membres in- 
férieurs et de douleurs provoquées par la pression dans la région 
de la 12° dorsale. J’ajoute que le premier jour l'urine avait été 
tentée de sang et renfermait de l’'albumine. 


Le 13 août, le malade se plaint de douleurs dans les pieds, 
douleurs circulaires embrassant le tarse au niveau du scaphoïde, 
surtout du côté gauche, et de douleurs dans les mollets et au 
niveau des dernières côtes. De plus, il existe une zone doulou- 
reuse entre la 107 vertèbre dorsale et la 2° lombaire. La dou- 
leur devient très violente quand on presse sur la 11% dorsale 
qui fait saillie. | 


La jambé droite est notablement atrophiée, ainsi que la cuisse 
droite. Le malade évite de s'appuyer sur cette jambe et ne peut 
s’y tenir debout. Couché sur le dos, il ne peut se relever sans 
passer par la position couchée latérale, et cela au prix de fortes 
douleurs de la région dorso-lombaire. Les quatre membres sont 
le siège d’un tremblement qui s'accroît avec la fatigue. Pas de 
troubles de la réflectivité, sauf une légère exagération des ré- 


flexes patellaires. 


— 211 — 


La sensibilité tactile est normale, ainsi que la sensibilité ther- 
mique. Quant à la sensibilité douloureuse, elle est émoussée. 

Le malade, après une amélioration lente et progressive, a re- 
pris sa besogne au port, le 2 mais 1908. 


a 


Cliché convenable, centré au niveau de la 1° lombaire, en 
prise oblique, de façon à obtenir les dernières dorsales sur Ia 
plaque (planche XIV, fig. 21). Ce qui frappe tout d’abord, c'est 
Vinclinaison de la 12™° dorsale sur la 17 lombaire, surtout visi- 
ble à cause de l’inclinaison des côtes du côté droit. Les espaces 
intervertébraux sont normavx, tant au-dessus de la 12° dorsale 
qu’au-dessous de la deuxième lombaire. Celui qui sépare la 12"° 
dorsale de la 1"° lombaire est réduit à un strict minimum et est 
plus large à gauche qu’à droite. Notous immédiatement lah- 
sence des apophyses articulaires, alors qu'elles sont dessinées 
sur le reste du schéma. Le corps de la 12™ vertèbre est de moim- 
dre volume, inégal, la face latérale étant plus haute à gauche 
qu’à droite. L’image radiographique ne montre que des espaces 
plus denses, dus probablement au cal. 


Radiodiagnostic : L’inclinaison anormale de la 12° vertebre 
dorsale, l’absence d’apophyses articulaires inférieures, la forme 
irrégulière du corps de la vertébre, les détails remplacés par du 
tissu compact, me font poser le diagnostic radiographique do 
fracture par écrasement de la 12™° vertèbre dorsale et proba- 
blement fracture des apophyses articulaires inférieures de la 
12° dorsale et supérieures de la 1° lombaire. 


III 
Conclusions 


Ces différents cas, d’autres encore qui depuis sont venus gros- 
sir ce matériel déjà si important, méritent une étude appro- 
fondie. 

Nous avons relaté brièvement leur observation. Nous en avons 
analysé les radiographies. Les schémas joints à cette étude, 
schémas que nous avons soumis en même temps que le cliché à 


— 949 — 


l’examen des membres de la Société de Radiologie, acquièrent 
par le fait même au point de vue scientifique une valeur égale 
à celle de la plaque radiographique. 

Se basant sur ces observations et sur ces schémas, expression 
exacte du radiodiagnostic, mon collègue le D" M. Legros. 
médecin des hôpitaux, espère pouvoir établir dans un second 
travail la symptomatologie nerveuse de ces lésions. Peut-être 
alors pourrons-nous reprendre la question dans son ensemble, et 
compléter le chapitre des traumatismes de la colonne sacro-lom- 
haire. 

Pour le moment, nous nous contenterons de faire suivre de 
quelques réflexions les prémisses radiographiques posées par 
nous dans ce travail. 


Les causes des fractures de la colonne lombo-sacrée sont de 
deux ordres : 


Les causes directes, tels que les projectiles, les traumatismes 
violents portés directement sur la région, la flexion brusque, 
forcée, dépassant les limites physiologiques, et due soit à un mé- 
canisme semblable à celui du cas de Ludloff (une équipe d’ou- 
vriers portant un rail très lourd, abandonnent brusquement leur 
fardeau; un seul ouvrier demeure en place, supporte tout le 
poids et se fracture la 5% vertèbre lombaire par flexion brus- 
que) (1), soit à un poids lourd tombant sur le dos; ou encore 


l’extension forcée dans une chute en arrière. 


Et les causes indirectes, dans les chutes sur les pieds ou sur les 


fesses, par flexion forcée du trone sur les cuisses. 
9 


© 
Toutes les parties des vertèbres peuvent être Iésées, Les frac- 
tures des lames sont fort graves et leur gravité est due à Pen- 
foncement du fragment et à la compression de la substance ner- 


veuse sous-jacente. Cette lésion des premières lombaires se mani- 


(1) Dr K. Lupvorr. Verletzungen der Lendenwirbelsiule und des Kreuzbeins. 
(Fortschritte auf dem Gebiete der Rintgenstrahlen, Bd IX, p. 175.) 


— 213 — 


feste par des signes cliniques faciles à établir. Mais les sympto- 
mes de la fracture de la lame des dernières lombaires, siégeant 
done au niveau de la queue de cheval, passent facilement inaper- 
cus. C’est ainsi que Wyman a pu dire qu'il avait observé onze 
cas de fracture de l'are vertébral des 4™° et 5™° vertèbres lom- 
baires; que dans aucun cas l’existence de cette fracture n’a été 
reconnue pendant la vie, et qu’il n'est même pas probable qu’elle 
put s'accompagner d'aucun symptôme appréciable, à moins 
qu'elle ne fût produite par un coup reçu directement par der- 
rière (1). Les deux cas dont nous avons relaté l'histoire (observ. 
IV et VIT) prouvent que les symptômes cliniques peuvent faire 
soupçonner l'existence de ces fractures et que leur diagnostic 
peut et doit être établi par la radiographie. 

Ces mêmes cas présentent, outre la fracture de la lame, une 
fracture de l’apophyse transverse de la 5™° vertèbre lombaire. 
À en croire Ehrlich, cette lésion, surtout au niveau de la 5° lom- 
baire, est fort rare. En effet, en plus de celui dont il relate 
l'observation (1 vertèbre lombaire), il n’a pu en trouver que 
trois cas, confirmés par l'intervention (Gostynski, III lom- 
baire), ou par l'autopsie (Kalthoener, 1° et II° iombaires; 
Thommen, II° lombaire) (1). Nous pouvons done ajouter à cette 
série les observations n* [V et VII de notre travail. 

Les écrasements des corps vertébraux sont mieux connus. Ceux 
de la 12™° dorsale et des 1"° et 2™° vertèbres lombaires sont classi- 
ques. Ils s’accompagnent souvent de tels désordres que clini- 
qucment le diagnostic saute aux veux. Encore faut-il que ces 
lésions osseuses soient considérables: que les déformations soient 
évidentes; que les symptômes nerveux soient caractéristiques. 
La plupart des médecins hésiteront à reconnaitre une fracture 
du corps vertébral lorsque ces conditions ne se trouvent pas réu- 
nies. Là est leur erreur. Mais cette erreur devient absolue, lors- 


qu'il s’agit des dernières lombaires, surtout de la 5™, et de la 


(D) Wyman. Boston medical and Surgery journal, 
(D) EnkLicu (de Greifswald). Un cas de fracture isolée d'une apophyse transverse 
lombaire. (Deutsche Zeitschrift für Chirurgie, 1908, te XCIL, fase. 2. p. 413 417.) 


— 214 — 


premitre sacrée. Jamais, peut-on dire, avant l’ère de la radio- 
graphie, ces lésions n'étaient diagnostiquées, et nous voyons 
Menard, dans sa thèse si documentée sur les fractures de la co- 
lonne dorsale et dorso-lombaire, sur 383 cas de fracture de ces 
régions, ne retrouver qu'un seul cas de fracture de la 5™° lom- 
baire (1). Est-ce à dire que ces lésions sont excessivement rares? 
Je ne le pense pas. Grâce à la radiographie, ce pourcentage aug- 
mentera dans de notables proportions, à condition toutefois que 
le médecin veuille bien avoir recours à ce procédé d'investiga- 
tion, et l'on pourra noter dès maintenant les quelques cas dont 
je viens de faire la démonstration. 

Enfin disons un mot des fractures des apophyses articu- 
laires. Elles sont des plus intéressantes au point de vue 
qui nous occupe. En effet, ces lésions si minimes, si peu diag- 
nosticables, suffisent à elles seules pour déterminer une impo- 
tence temporaire ou définitive, soit par compression d’une ra- 
cine médullaire, soit par enclavement de celle-ci dans le cal.Les 
fractures des apophyses articulaires de la première sacrée méri- 
tent une mention spéciale. Faites d’une mince coque de tissu 
compact entourant le tissu spongieux, ces apophyses offrent peu 
de résistance au traumatisme, Cependant leur rôle dans l'archi- 
tecture générale du rachis est des plus important. Elles accro- 
chent la 5™° lombaire et empêchent cette vertèbre de glisser par 
sa face articulaire inférieure oblique sur la face articulaire su- 
périeure également inclinée du sacrum. Que ces apophyses arti- 
culaires viennent à se fracturer sous l'action d’un traumatisme 
violent et la 5" lombaire glissera en avant dans l’excavation 
pelvienne. Si une seule apophyse est lésée, ce glissement en 
avant pourra s’accompagner d’une légère rotation de Ia vertèbre 
sur elle-méme, et ces divers déplacements seront cause du tirail- 
Jement du plexus sacré situé à ce niveau. 

Je n’insisterai pas. Ces quelques considérations suffisent pour 
établir que toutes ces lésions osseuses existent; qu’elles sont 


(1) MENARD. Etude sur le mécanisme des fractures indirectes de la colonne 
vertébrale. Région dorsale et région dorso-lombaire. Lille, 1889. 


— 215 — 


plus fréquentes qu’on ne le croit; que la radiographie peut et 
doit les déceler, et que le chirurgien, dont l’attention doit être 
attirée sur la possibilité de ces fractures par les symptômes cli- 
niques, est coupable s’il n’a pas recours à la radiographie pour 
éclairer son diagnostic. Certes ce diagnostic, tant clinique que 
radiographique, est difficile; j’ajouterai même que le premier 
peut être impossible. L’inspection donne peu ou rien et l'on doit 
tabler uniquement sur la douleur, les troubles moteurs, les trou- 
bles nerveux. D’un côté, les symptômes sont difficiles à relever; 
d’un autre côté, le malade exagére toutes les manifestations cli- 
niques. I] n’est pas aisé dans ces conditions de faire la part de 
la vérité, surtout si par une tendance naturelle, malheureuse- 
ment trop fréquente, on est porté à trouver dans la peau de tout 
blessé réclamant son dû un simulateur, et, par conséquent à nier 
la réalité des troubles accusés pur le malade. 

Cependant on ne peut séparer la clinique de l'examen radio- 
graphique. Ces deux examens se complètent et se contrôlent. 
J’ai suffisamment insisté sur la technique sévère de la radio- 
graphie de la colonne sacro-lombaire, sur les régles de l’interpré- 
tation d’un radiogramme, pour ne plus devoir y revenir. Je dé- 
sire simplement attirer l’attention sur les ressources précieuses 
que l’on trouve dans l’examen clinique des traumatismes du seg- 
ment inférieur du rachis pour asseoir le radiodiagnostic des 
fractures. Dois-je établir combien ce radiodiagnostic est néces- 
saire? Même dans les cas où les symptômes sont tels que lon 
songe fatalement à une fracture de la colonne, il est intéressant, 
utile même, de connaître les éléments de la lésion osseuse. Tel ce 
cas, relaté dans les Annales de la Société belge de Chirurgie (1) 
et qui suscita une polémique très vive dans nos Journaux scien- 
tifiques. Combien cette polémique eût été plus intéressante 
si le chirurgien avait fait radiographier son malade avant l'acte 
opératoire, et si une radiographie concluante avait été versée au 


(1) DE BeuLe. Résection partielle du sacrum, sacrodynie et sciatique bilatérale : 
Guérison. Journal de chirurgie et Annales de la Société belge de chirurgie, 
novembre, 1907. 


— 216 — 


débat lorsque les parties en cause prirent le public médical 
comme juge de leur différend ! 

Malheureusement le diagnostic clinique ne s'impose pas tou- 
jours, 1l est quelquefois douteux, impossible même. Ces cas sont 
nombreux. Nous en avous relaté plusieurs dans nos observations 
(obs. a% V, VI, VIL, VIII, 1X). 

NSi alors on n'est pas prévenu, si on n'a pas l'attention attirée 
sur la possibilité d'une tracture sans symptômes évidents, si on 
ne se donne pas la peine de dépister, avec le secours de la ra- 
diographie, ces lésions si peu nettes au point de vue clinique, 
cn posera imtailliblement le diagnostic de contusion grave du 
thorax ou du dos. 

Et la maladie suivra son cours. L'état du patient ira en s'a- 
méliorant; il quittera l'hôpital, guéri en apparence, ou tout au 
moins en bonne voie de guérison. En ville le médecin traitant 
tient pendant quelque temps encore le sinistré en observation, 
puis il songe à le faire travailler. Le malade, malgré les appa- 
rences, est resté un impotent, et il proteste. On le soumet à des 
examens médicaux répétés et tout naturellement, 1l exagère son 
mal. Le médecin intéressé, même l'expert, constatent cette exa- 
gération et méconnaissent la lésion. Et le malheureux trauma- 
tisé, mal étiqueté dès le début, finit infailliblement dans la peau 
d'un simulateur. 

Or, cet homme a une lésion grave, pouvant avec le temps de- 
venir plus grave encore. L'observation IV nous montre Q... 
marchant pendant des heures immédiatement après son accident, 
n'être plus à l'heure actuelle qu’une épave humaine. 

Avais-je raison de dire avec le D" Klynens: a Dans les cas 
douteux, eramen radiographique approfondi, complet, répété 
même est de toute nécessité. » 

Seul cet examen précise le diagnostic. Neul il donne, ou don- 
nera dans l'avenir, les indications thérapeutiques, seul il permet 
aux médecins des compagnies d'assurance et aux experts, d’ac- 
corder aux malheureux traumatisés de la colonne lombo-sacrée, 
la juste réparation pécuniaire d'une lésion anatomique irrépa- 
rable. 

Juin 1908. 


» 


ADDENDUM 


Planche X — Figure 2 


. Cinquième vertebre lombaire, apophyse épineuse. 


» » lame vertébralo. 

» » face superieure. 

» » apophyse articulaire. 

» « apophyse transverse. 

» » face inférieure du corps. 


Os iliaque, crète. 


» 


» 


» 


» 


bord antérieur de la svmphvse sacro-iliaque. 

épine postéro-supérieure. 

épine postéro-intérieure. 

facette auriculaire. ? 

ligne innominee. 

échancrure qui sépare les deux épines iliaques postérieures. 


Sacrum, facette arliculaire supérieure. 


» 
» 
» 
» 


» 


» 


» 


» 


» 


apophyses épineuses soudées entre-elles, 

apaphyses articulaires soudées entre-elles. 

apophyses transverses » » 

trous sacrés. 

crete transversale (soudure des corps vertébraux du sacrum). 

gouttière médiane postérieure, 

corne sacrée. 

facette articulaire inférieure. 

bord antérieur de la symphyse sacro-iliaque. 

aileron. 

espace triangulaire situé entre l'aileron du sacrum et l'apophyse 
transverse de la 5° vertebre lombaire. 

apophyse articulaire. 

sillon de trous sacrés antérieurs. 


L'EXERCICE DE LA RADIOLOGIE CLINIQUE 


DOIT ÊTRE 


RESERVE A LA PROFESSION MEDICALE 


PAR LE D' HEILPORN (p’ANVERS) 


Quelle est donc la tâche du radiologiste mis en présence de son 
patient ? S'il est consciencieux, il examinera d’abord celui-ci par 
tous les moyens que la clinique habituelle met à sa disposition. Il 
usera de tous les modes d'investigation, de l'inspection, de la palpa- 
tion, de la percussion et de l'auscultation; il recueillera les antécé- 
dents familiaux et personnels ; il recourra éventuellement aux ana- 
lyses chimiques et microscopiques. En d’autres termes il sera mé- 
decin, et médecin il doit être et doit rester, pour ne pas êlre un vul- 
gaire et incompétent photographe. L'examen clinique, voilà le pre- 
mier acte du radiologiste. 

Et cet acte preparera les voies et moyens à l’investigation radio- 
logique rationnelle, les voies et moyens à la technique : il dira si 
dans tel ou tel cas il faut recourir à la radioscopie ou à la radiogra- 
phie ; il indiquera la position la plus avantageuse de l’organe à 
examiner et de l’ampoule qui photographie. Et pour cela le radiolo- 
logiste se laissera guider par des idées directrices d’ordre anato- 
mique et clinique. Voilà le deuxième acte du radiologiste : acte 
technique. 

Mais rien ne sert d'avoir le cliché le plus parfait sous les yeux, si 
l’on ue comprend pas son langage, si l’on n’est pas à même de déchif- 
frer tous ses détails, quelquefois si fins et si nombreux, et d’inter- 
preter dans le sens clinique l’image que présente la plaque photo- 
graphique ou lécran fluorescent. Cette interprétation exige 
les connaissances les plus étendues de physiologie et d'anatomie 


— 919 — 


normales et pathologiques. Elle est le but suprême de la radiologie 
clinique : elle constilue le troisième et dernier acte que doit poser 
le radiologiste, acte qui exige une circonspection, une expérience 
et une science consommées. Car c’est de cet acte que découlent les 
voies et moyens du traitement, et autant une interprétation exacte 
sera salutaire, autant, erronée, elle sera néfaste, voire fatale. 

Ce court aperçu sur la tâche du radiologiste prouve à toute évi- 
dence qu’à côté des notions et de la pratique de l'électricité, le radio- 
graphe doit disposer de connaissances médicales les plus étendues. 
À tout esprit non prévenu, il semblera qu’un médecin seul pourra 
se montrer à la hauteur d’une tâche si complexe. Mais on a soulevé 
souvent, en France particulièrement, la question de savoir si le radio- 
logiste doit être un médecin ou un physicien. Et ici ce ne sont point 
toujours des intérûts scientifiques qui ont dicté la réponse à 
cette question. Sont entrés en jeu ici des intérèts blamables, extra 
scientifiques, relevant de toutes sorles de passions et quelquefois 
même de la hideuse invidia medicorum. 

Le radiologiste doit-il ètre médecin ou physicien ? La question 
posée en ces termes serait encore supportable à nos consciences. 
médicales. Un physicien, c'est-à-dire un homme de science, un 
savant auquel une éducation scientifique est tombée en partage, 
pourrait rendre incontestablement les plus grands services. Et 
encore ce savant ne pourrait-il point se dispenser d'acquérir des 
connaissances étendues d'anatomie et de physiologie normales, 
d'anatomie et de physiologie pathologiques, des connaissances 
sérieuses de clinique interne et externe. Mais pour ce faire il rencon- 
trerait les obstacles les plus ardus. Les études médicales ne nous 
prennent-elles pas, à nous autres médecins, cinq belles années de 
notre vie? Et ne nous sont elles pas encore facililées par tout le per- 
sonnel, tout le matériel et toute instrumentation dont disposent les 
universités et les hôpitaux ? Toutefois, tous ces obstacles ne seraient 
pasinsurmontables pour un physicien familiarisé avec les méthodes 
dessciences naturelles.Disposant de toutes ces connaissancesil serait 
notre égal, il serait en fait médecin, il nous serait même supérieur: 
car son expérience consommée dans le domaine des sciences phy- 
siques et mathématiques serait une garantie inestimable pour le 


— 920 — 


développement et le perfectionnement qu'il serait à même d’appor- 
ter surement à la technique. 

Mais nous savons que les physiciens n’ambitionnent: point de 
diriger les laboratoires de radiologie. Ils n’ont garde de gaspiller un 
temps précieux à acquérir les connaissances médicales indispen- 
sables, qui forcément ne pourraient être que superficielles. Nous les 
voyons se consacrer au perfectionnement de la technique en s’inspi- 
rant des préoccupations, des contingences et des nécessités de la 
radiologie médicale,en s’associant même en quelquesorte à l’activité 
d’un médecin radiologiste. Un exemple de cette heureuse et féconde 
association nous est donné à Hambourg par Walter et Albers- 
Schönberg. 

Gardons-nous done de confondre deux tiches si complexes; la 
tichedu physicien,à qui incombent l’amelioration etle perfectionne- 
ment techniques des appareils radiogènes, et latache de l’anatomiste 
et du physiologiste, c'est-à-dire du médecin, à qui incombent l’amé- 
lioration et le perfectionnement de la radiologie clinique. 

Nous trouvons bien encore un certain nombre de laboratoires 
_placés sous la direction non point de ces savants, mais bien sous la 
direction d'irréguliers de la médecine, de masseurs, de directeurs 
d'hôpital, etc., dépourvus de toute connaissance anatomique et 
clinique même superlicielle. 

Cette situation, que nous n'hésitons pas à qualifier de déplorable, 
est particulière d’ailleurs à la Belgique et à la France. Naguére encore 
tombèrent du haut de la tribune de l’Académie de médecine de 
Paris, des paroles aussi surprenantes que malheureuses, pour 
encourager tous ces industriels radiologistes! Mais il faut féliciter 
l'immense majorité des académiciens qui désapprouvèrent haute- 
ment ces discours aussi anti-scientifiques que néfastes à la science 
et aux malades. | 

En Allemagne, où force nous est de constater avec dépit et jalousie 
le magnifique épanouissement des sciences radiologiques, ce fatal 
état des choses est resté entièrement inconnu. La radiologie clinique 
fut de tout temps et reste exercée exclusivement par les médecins 
et nous savons avec quel succès. Un médecin allemand, si modeste 
qu'il soit, serait probablement tres indigné si on proposait le libre 
exercice de la radiologie clinique en faveur des non-médecins. 


Au début de l'ère radiologique les instruments étaient fort défec 
ueux, souvent improvisés; les constructeurs, encore peu familiari- 
sés avec les nouvelles nécessités de la pratique radiologique, ne 
pouvaient fournir un matériel parfait, bien harmonisé, à labri de 
toute surprise et de lout derangement, comme le matériel de l'heure 
présente. Le radiologue était souvent fort desorienté par toutes 
les imperfections de l’instrumentalion et ne pouvait guère se passer 
du secours d'un homme de métier, d’un électricien, au courant de 
toutes les défectuosités instrumentales et de tous les caprices de la 
fée électricité. Alors encore les rayons X ne trouvaient que de peu 
nombreuses applications. La recherche des corps étrangers et le 
diagnostic des fractures seuls constituaient le domaine de la radio- 
logie. Les images obtenues étaient bien imparfaites et les lésions, 
qu'elles révélaient, à peine ébauchées. Néanmois, l'interprétation de 
ces images rudimentaires tombait sous les sens et était à la portée 
du premier venu, si ignorant qu’il fut des choses de la médecine. 
A cette époque l'interprétation de l’image radiologique n'était 
rien, et la mise en œuvre de l’instrumentation avec le dévelop- 
pement de la plaque photographique était tout. 

Aussi pouvait-il sembler aux esprits superficiels d’alors, que la 
place du médecin n'était pas dans le laboratoire de radiologie, et 
qu'un photographe, fut-il quelconque, était the right man in the 
right place. 

Surgirent bientôt coup sur coup, sans interruption, des perfec- 
tionnements considérables de technique, qni rendirent possibles 
des applications nouvelles aussi complexes yu’importantes. Les 
perfectionnements de la technique mirent les constructeurs d’appa- 
reils à même de pourvoir le laboratoire de radiologie d’un outillage 
matériel solide et irréprochable, aussi facile que sûr à manier,d’une 
instrumentation souple, docile entre des mains quelque peu expéri- 
mentées. 

Tour à tour les affections du thorax, les affections du cœur et de 
l'aorte, les affections du rein et de la vessie, les affections de l’esto- 
mac et même les affections du crâne et du rachis entrèrent succes- 
sivement dans le domaine de la radiologie. Ainsi dans l'exercice de 
cette science la technique devint la chose accessoire et l’interprêta- 
tion des images radiologiques devint la chose principale. 


— 999 — 


En résumé, à l'heure actuelle, il n’y a plus des raisons d’ordre 
technique qui puissent imposer le choix d’un physicien. Celui-ci 
d'ailleurs se gardera bien de sortir de son laboratoire, de sa tour 
d'ivoire, où il sera à mème d'utiliser bien mieux son temps et 
son talent à la tâche qui lui incombe: au perfectionnement de 
l’instrumentation. L'interprétation du cliché, voilà la tâche suprême 
que le médecin seul, et le médecin studieux, averti, instruit, pourra 
mener à bonne fin. Et pour ce faire, avec l’instrumentation parfaite 
dont il dispose à l’heure actuelle, le secours du physicien ne lui 
est point indispensable, tout comme le concours de l’opticien est 
inutile au bactériologiste, pour voir les bactéries évoluant sous 
l’objectif de son microscope, tout comme le médecin praticien se 
passe du secours du chimiste dans l’administration clinique des 
alcaloïdes que celui-ci prépare. 

I! est irrationnel, antiscientifique, de laisser entre les mains des 
irréguliers de la médecine la pratique radiologique. 


Le radiographe doit être médecin. C'est là la thèse que je m/’ef- 
forcerai de défendre par les considérations suivantes : Je montrerai 
d’abord l'intervention médicale et chirurgicale de plus en plus 
fréquentes dans la mise en uvre du radiodiagnostic; en 
deuxième lieu, les dangers des nouvelles radiations; en troisième 
lieu, leur application thérapeutique; en quatrième lieu, la nécessité 
des connaissances médicales étendues, et enfin les contingences et 
les nécessités imposées à cetle science nouvelle pour son épanouisse- 
ment futur. 


I. Intervention médicale et chirurgicale dans le radiodiagnostic. 


A l'heure actuelle, le radiologiste, dans le but d'établir le diagnos- 
tic de nombreuses affections, notamment de l'œsophage, de lesto- 
mac et de l’intestin, de la vessie, des reins, des articulations, etc., 
doit procéder à l'exploration des fistules, au cathétérisme, doit 
administrer des substances chimiques, ressortissant de l'arsenal 
pharmaceutique et dangereuses si elles sont administrées maladroi- 
tement, imprudemment, en dépit des règles de lart: c’est ainsi 
que le sous-nitrate de bismuth est administré journellement 


— 223 — 


de nombreuses fois dans le radiodiagnostic des affections de 
l’'esophage, de l'estomac et de l'intestin; c’est ainsi que le 
collargol est injecté dans la vessie et dans le rein; c’est ainsi 
que l'oxygène est injecté dans l'articulation. 


Que cette administration de produits pharmaceutiques soit faite 
dans un but thérapeutique, comme le fait le médecin praticien, ou 
dans un but de diagnostic, comme le fait le radiologiste, il y a 
néanmoins administration de substances pharmaceutiques, de sub- | 
stances pouvant éventuellement constituer un réel danger pour le 
malade, voire une cause de mort. Ladistinction du but thérapeutique 
d’avec le but diagnostique serait subtile. Autoriser l'administration 
de ces produits par des non-médecins, ce serait logiquement aulo- 
riser l’administration de tout autre médicament. Autoriser le cathé- 
térisme de la vessie, de l’estomac ou la ponction d’une articulation 
dans un but de radio-diagnoslic par des non-médecins, ce serait 
logiquement permettre à ces dernières personnes la pratique de 
toute autre intervention chirurgicale. 


II. — Le danger des radiations. 


Les dernières années ont prouvé que les rayons X constituent des 
radiations puissantes, qui peuvent provoquer les lésions les plus 
graves si elles sont absorbées en forte quantité. La radiothérapie 
doit son éclosion à la constatation des brülures provoquées a 
la suite d’irradiations prolongées Ces radiations, appliquées à bon 
escient, en ne dépassant pas le dosage capable de produire les pre- 
mières manifestations de radiodermite, constituent, soit un 
agent thérapeutique précieux, soit un agent diagnostique de tout 
premier ordre. Dans l’administration soit thérapeutique soit dia- 
unostique, il importe donc de tenir grandement compte du dosage 
maximum compatible avec l'intégrité de la peau. Le dosage d’un 
agent aussi puissant que dangereux et éventuellement fatal, doit 
ressortir de l’art médical, ne peut incomber qu'au médecin seul. Ici 
de nouveau la distinction du but thérapeutique "d'avec le but 
diagnostique serait subtile. Autoriser l'administration diagnostique 
de ces radiations dangereuses serait logiquement’ autoriser “leur 
administration thérapeutique : il vaudrait tout autant autoriser 


— 224 — 


l'administration d’un alcaloide, telle que la morphine, pour soulager 
une douleur. Car soulager une douleur est tout aussi peu du ressort 
de l’art de guérir étroitement compris que le radio-diagnostic 
d’une fracture ou d'une luxation. 

Il est un autre danger, sur lequel les auteurs francais en particulier 
se sont plu à attirer l’attention : c’est le danger de stérilisation des 
glandes génitales chez la feinme et chez l’homme par l’application 
des rayons X. Sans aucun doute ce danger est beaucoup moins grand 
qu'on a bien voulu le dire. Car pour arriver à cette stérilisatton 
il faut probablement des doses de ravons X considérables, incom- 
patibles avec l'intégrité de la peau. Mais néanmoins ce danger est 
réel, prouvé qu'il est par des faits cliniques aussi bien que par des 
faits expérimentaux sur les animaux. Or cette stérilisation équivaut 
à une castration, et que cette castration soit opérée par des radia- 
lions ou par une intervention sanglante, elle n'en reste pas moins 
un seul et même fait. L’apprecialion de l’ulililé, de Popportunite, 
de la nécessité de cette opération doit èlre de la compétence du 
médecin et du médecin seul. 


III. — Argument thérapeutique. 


La thérapeutique rencontra dans ces nouvelles radiations un agent 
d'une puissance aussi étonnante que salutaire. C'est ainsi que cer- 
taines affections du sang (leucémie), certains néoplasmes (sarcome 
et cancer) sont justiciables de cette thérapeutique; c’est ainsi que la 
radiothérapie « domine en ce moment la thérapeutique derma- 
tologique » suivant le mot d'un dermatologiste illustre, le D" Brocq. 
Et ici le domaine thérapeutique est formellement défendu par la 
loi aux radiothérapeutes non-médecins. | 


IV. — Connaissances médicales. 


Il est de coutume d’opposer la microscopie et le radiodiagnostic 
à la clinique. Cest là une facon d'envisager illogique, irrationnelle 
et anti scientifique. Certes le laboratoire d’histologie ou de bacté- 
riologie ne peut délrôner lobservation clinique, et faire négliger 
les résullats fournis par des siècles d'observation directe du 
malade. Certes aussi le radiodiagnostic ne peut être le maitre, il 
doit venir en aide aux autres modes (investigation, mais il doit 


faire partie indissoluble du tout qui s'appelle : examen clinique du 
malade. C'est ainsi, par exemple, que l’auscultation et la percussion 
dans le diagnostic et le traitement des aflections du thorax ne 
peuvent guère se passer des données inappréciables de la radios- 
copie, précisément parce que ces divers modes d'exploration 
donnent des renseignements différents qui heureusement se 
complètent. 

La radiologie, tout comme les autres méthodes cliniques, ne 
donne pas toujours un diagnostic brutal, comme le radiodiag- 
nostic des fractures. Bien loin d’apporter des signes de certitude, 
elle n'apporte souvent que des signes plus ou moins grands de pro- 
babilité. Et c’est au médecin à peser et à soupeser la valeur de tous 
ces signes, d’ordre clinique, d’ordre radiologique, pour en extraire 
le vrai diagnostic. En d’autres termes, le radiologiste, sous peine de 
déchoir de son titre scientifique, doit être, comme nous l'avons dit, 
médecin et rester médecin. | 

On ne peut assez insister sur la nécessité de connaissances d'ana- 
tomie normale et pathologique, dans l’exercice de la radiologie. Le 
radiologiste doit être pourvu non seulement de connaissances d’ana- 
tomie normale nécessaire à tout médecin, mais il doit encore ètre 
très versédans l'étude de l'anatomie pathologique et particulière- 
ment de l’anatomie pathologique du système osseux, du thorax et 
du tube digestif, sous peine de s’exposer aux méprises les plus 
graves, aux omissions les plus criantes. Et encore ne peut-il 
approfondir l’étude d'un système organique à l’exclusion des 
autres. Tous les organes s’enchainent, dépendent les uns des 
autres, et aucun chapitre de toutes les vastes connaissances médi- 
cales ne peut être négligé. Non seulement le radiographe doit ètre 
versé dans l’étude de lanatomie normale et pathologique, mais 
mème dans l’élude de la physiologie normale et pathologique. 
Comment se passer de la physiologie de la respiration et de la cir- 
culation dans Vinterprétation de l’image que projettent le crur 
et les poumons” N’est-ce point à des médecins que nous 
devons ce merveilleux radiodiagnostic des affections thoraciques 
et digestives? N’est-ce point à des médecins que nous devons ces 
magnifiques études sur la physiologie du cœur” 


— 226 — 


La clinique elle-même facilite singulièrement dans bien des cas 
la tâche du radiologiste. C’est elle qui dicte les voies et movens à 
la radiologie, c’est elle qui indique ou soupconne l'organe malade. 
Et pour nous résumer nous pourrions dire que le meilleur radio- 
logiste est celui qui disposera du maximum de connaissances médi- 
cales : le meilleur médecin sera le meilleur radiologiste. Et ce 
médecin ne sera pas seulement le radiologiste instruit qui saura 
éclaircir un diagnostic douteux, mais sera encore l’homme bon, le 
bon docteur, qui saura manipuler le patient avec les précautions, 
avec la douceur que la maladie exige et que la clinique enseigne. 


V. — L'avenir de la radiologie clinique. 

Un grand laboratoire de radiologie médicale et particulièrement 
un laboraloire universilaire ne doit point être consacré uniquement 
et exclusivement à la pralique clinique courante, c’est-à-dire à la 
recherche d'un diagnostic qui échappe aux movens ordinaires 
d'investigation, soit dans son entièreté, soit dans ses détails. A côté 
de cette tâche, certes très importante el très humanitaire, une mis- 
sion bien plus élevée, une mission scientilique lui incombe : la pré- 
paration d’applicalions nouvelles. On peut mème ajouter, sans 
crainte d’être démenti par lavenir, que la radiologie s'assurera à 
bref délai un domaine des plus étendus dans toutes les sciences 
biologiques, avant quelque connexion avec lart médical. 


De mème que la bacteriologie a su franchir les frontières étroites 
de la clinique des maladies infectieuses, et a élevé sa mission à 
scruter la physiologie pathologique de toutes les maladies infec- 
lieuses de l’homme, des animaux et mème des plantes pour jeter 
ainsi les bases de diagnostics el de traitements nouveaux utiles à 
humanité, de même la radiologie médicale doit se consacrer non 
seulement à la solution des problèmes de clinique courante, mais 
encore à l'étude purement scientifique d'anatomie et de physiologie 
normales et pathologiques, pour préparer ainsi l’éclosion de nou- 
velles applications diagnostiques ou thérapeutiques. 

Mais dans certains pays comme le nôtre, le corps médical ne 
semble pas avoir conscience de lavenir si important réservé sous ce 
rapport aux merveilleuses radiations de Röntgen. Bien au contraire, 


— 227 — 


hélas! Si nous devons en juger par les faits,que tout radiographeest a 
mème d’observer journellement, le corps médical ne se rend même 
pas compte de toutes leurs applications médicales et chirurgicales. 
C'est qu'il ne veut toujours encore connaitre que les débuts cli- 
niques si imparfaits de la découverte immortelle de Röntgen, 
débuts qui semblaient assigner à la radiologie une destinée mo- 
deste : quelques rares applications chirurgicales. Mais des esprits 
curieux surent semparer bien vite de la découverte et cherchèrent 
à l’étendre et à la perfectionner. Et ces esprits devinrent bientôt 
légion, et la radiologie marcha par soubresauts, de progrès en 
progrès, de découvertes en découvertes, d'applications en applica- 
tion et cela avec une rapidité sans exemple dans l’histoire de toutes 
les sciences biologiques. 

Jamais découverte ne fut plus retentissante, et pourtant tous ses 
progrès, toutes ses applications, tous ses perfectionnements, ne 
reçoivent guère dans notre pays l'accueil qui leur est dù. À con- 
sulter les annales de nos sociétés médicales, reflet de notre activité 
scientifique, on pourrail croire que la radiologie ne constitue qu’un 
moyen d'investigation d'ordre secondaire : on y rencontre bien, il 
est vrai, quelques travaux qu’accompagnent timidement quelques 
vagues images radiologiques. Le radiodiagnostic est quantité négli- 
geable pour la plupart des médecins et la radiothérapie l’objet de 
l'abandon le plus ignorant. 

A visiter certains de nos établissements hospitaliers — qui 
devraient montrer en toute chose de la médecine les voies du pro- 
grès — on croirait que la technique radiologique est restée immua- 
ble depuis son éclosion. Nous vovons dans ces établissements des 
installations rudimentatres, dirigées par un personnel insuffisant et 
ignorant ; nous vovons mème en Belgique des hôpitaux des plus 
considérables, dépourvus de toute installation radiographique. La 
chose est à peine crovable mais les exemples ne sont pas isolés. 

Nous n’hésitons pas un instant à attribuer la plus grosse respon- 
sabilité de cette facheuse situation au corps médical lui-même, qui 
n'a pas su jusqu'ici reconnaitre l'importance considérable de la 
radiologie, importance que l’on a comparé avec raison à la décou- 
verte de l’anesthésie, de l’antisepsie ou de l'auscultation. Et c’est ce 


— 228 — 


corps médical qui crie sans cesse à l'encombrement, aux dangers de 
l'encombrement, aux misères de l'encombrement. Mais ici je lais- 
serai un instant la parole à l’un de nos distingués confrères, le 
D' Cauterman, d'Anvers : « La science marche de progrès en pro- 
» grès; d’une part, progres constants, prévus, péniblement acquis; 
» d'autre part, progrès subits, immenses, imprévus telle la radio- 
» logie. Ces progrès, quels qu'ils soient, offrent à nos initiatives des 
» sphères d'activité nouvelles, des débouchés nouveaux. C’est à 
» nous, modestes praticiens, à nous approprier ces progres. 
» C’est à nous à élre les intermédiaires entre la science pure et 
» l'humanité souffrante. » 

Mais il y aura là une évolution radicale, parce que le progrès la 
veut, parce qu’on n'arrète pas le progrès, parce que les patients 
intéressés apprendront tôt ou tard à s’entourer de toutes les sécu- 
rités de la science moderne. Cette évolution s’accomplira rapide- 
ment ou lentement, au gré de nos volontés bienveillantes ou 
récalcitrantes, mais elle s’accomplira. Et cette évolution est déjà 
en marche, elle est en marche sous la poussée de la radiologie 
allemande, à laquelle nous devons aussi bien la découverte pri- 
mordiale que la presque totalité des perfectionnements et des appli- 
cations nouvelles. En Allemagne la radiologie a conquis une place 
considérable, prépondérante dans la clinique; nous y voyons des 
laboratoires, aussi nombreux que bien outillés, dirigés par un 
personnel exclusivement médical, et témoignant d’une activité 
continue et opiniitre. Des médecins et des chirurgiens allemands, 
de réputation mondiale, ne dédaignent pas de se livrer à des 
recherches personnelles, alin de doter l'humanité de bienfaits 
incommensurables. Des publications nombreuses et des plus 
importantes, éditées à grands frais, trouvent en Allemagne un 
grand cercle de lecteurs fidèles. 

Et pourquoi donc devons nous tous ces progrès à la science alle- 
mande et presque exclusivement à la science allemande ? 

Quand Rontgen communiqua, il y a douze ans, sa découverte au 
monde étonné, il crut devoir léguer aux médecins le soin de pour- 
suivre et d'étendre les applications radiologiques à la clinique ; il 
comprit d'emblée, lui, Pillustre auteur d’une découverte immor- 


telle, que les médecins seuls étaient en état non seulement d'utiliser 
immédiatement les nouvelles radiations dans le domaine médical, 
mais encore d'assurer à la radiologie clinique son plein et entier 
épanouissement. 

Les médecins allemands surent se rendre dignes du maitre, qui 
dotait l'humanité d’un patrimoine si merveilleux. Et ce patrimoine, 
ils Pont agrandi dans des proportions qu'il eut été téméraire de 
prédire au début de l’ère radiologique. 

Ainsi que l’évolution de la radiologie allemande le prouve, il est 
de toute nécessilé, dans l’intérèt de la science future, dans l'intérêt 
de la science présente, dans l'intérèt de l'humanité, il est de toute 
nécessité, dis-je, que ce patrimoine soit et reste placé entre des 
mains compétentes, entre les mains des médecins. 

La Société belge de Radiologie, qui fut un succes si inespéré, ne 
mentira pas à la tâche qu'elle s'est imposée, elle saura faire valoir 
les droits et les devoirs qu’impose la science, elle saura hàter con- 
Sidérablement l'évolution si nécessaire des applications de la 
radiologie médicale en Belgique. 


LOCALISATION MATHÉMATIQUE DES CORPS ÉTRANGERS 


A LAIDE DU 


TUBE COMPRESSEUR STÉRÉOSCOPIQUE 


D’ALBERS-SCHON BERG 


PAR LE DY G. PENNEMAN (DE GAND) 


PLANCHE NY 


Le tube compresseur stéréoscopique d’Albers-Schénberg est 
constitué, essentiellement, d'un cadre horizontal portant un 
cylindre métallique, ouvert à ses deux extrémités : l'extrémité 
supérieure reçoit le support et Pampoule, l’ouverture inférieure 
regarde le corps à radiographier, Le cylindre peut s'abais-er et 
s'élever à l’aide d'une manette, et l’on peut mesurer le déplace- 
ment daus le sens vertical, sur une réglette que porte l'appareil. 
Le evlindre est en putre mobile autour d'un axe horizontal, ot 
l’on peut ainsi l'incliner d'un angle qu'on peut lire le Jong d'un 
secteur gradué. 

La méthode est basée sur la solution du problene sai- 
vant: (fig. 1) Som R un foyer radiogéne, MM?’ la trace du plan 
de projection, c'est-à-dire de la plaque photographique. Soit 
N la projection d’un point i, situé sur le rayon normal RN. 
Disons-le tout de suite, i est le centre d'un réticule métallique 
introduit dans la partie inférieure du evlindre. Koit enfin un 
corps étranger quelconque, réduit à un point et situé en A. Dans 
ces conditions, la projection du point A par le foyer R so fait 
en a. La plaque photographique enregistre les deux points 
N et a. 


Rompons les connexions. 


— 21 — 


Elevons maintenant, à l’aide de la manette, le cylindre d’une 
distance RC telle, qu’en inclinant par la suite ce cylindre d'un 
angle w, le foyer radiogène vienne occuper une position R’ si- 
tuée dans le même plan horizontal que R. Rien n’est plus facile, 
car la distance RC n’est autre que le sinus verse de l'angle w 


dont on va tourner le cylindre. 


D ae~ ar w = ee DD DD em ewe awe ae = + ee 


- 
— 


nee ab N Q 
Fig. |. 


Déterminons une prise dans cette deuxième position, la pla- 
que restant d’ailleurs en place. Le réticule sera projeté en N° et 
le corps étranger en a’. 

Après développement, la plaque aura enregistré quatre points: 
deux projections du réticule, et deux projections du corps étran- 
er. 

Nous en savons assez pour déterminer A, si nous connaissons: 

1° La distance du foyer radiogene au plan de projection; 

2° Le rayon de courbure du cercle décrit par ce foyer; 

3° L'angle d'inclinaison w; 
car nous pouvons lire sur le cliché les distances NN’, Na, Na’, 
a'a. 

En effet, la distance de A au plan de projection n’est autre 
que l’un des côtés Ap du triangle rectangle Apa. Dans ce trian- 
gle nous connaissons l'angle a dont la tangente est égale au rap- 
port entre les deux côtés connus RN et Na. Il nous faudrait 


— 232 — 


connaitre encore l'hypoténuse Aa. Or, celle-ci constitue l'un des 
côtés du triangle Aaa’. Dans ce triangle, nous pouvons lire aa’ 
sur le cliché; l'angle 6 nous est connu; c’est le supplément de a. 
Disons incidemment que pour résoudre un triangle il faut con- 
naître 3 éléments, dont au moins un côté. J] nous faudrait donc 
déterminer encore l'angle y, supplément de B, dans le triangle 
R'\'a’. Vous le voyez, la résolution du triangle Aaa’ dépend de 
la connaissance du triangle R’N’a’. Dans ce dernier triangle, 
nous connaissons: le côté N'a’ que nous pouvons mesurer; le 
côté R'N’, somme de deux longueurs connues, R'O, rayon de 
courbure du cercle décrit par le fover radiogene, et ON”, hypo- 
ténuse du triangle rectangle ONN?’ également connu; enfin lan- 
gle y conipris entre ces deux côtés, et qui n’est autre que le com- 
plément de l'angle w. 

Nous pouvons ainsi par une série de déductions, arriver a 
connaitre Ap, côté du triangle rectangle Apa, c’est-à-dire la 
distance du corps étranger à la plaque photographique et par 
suite à la peau. 

L'opération vous semblera peut-être longue et hérissée de cai- 
culs. Cependant, si nous opérons toujours dans les mêmes condi- 
tions, ce qui est évidemment possible, la distance du foyer ra- 
diogène au plan de projection, l'angle œw, la situation du réti- 
eule, étant invariables, nous obtenons une série de constantes. 
Le nombre des variables est réduit au minimum, et dans ces 
conditions le ealcul de la distance d, se réduit à trois opérations 
simples : 

1° A la détermination de langle a et de son supplement à; 

2° A la détermination de langle B et de son supplément y; 
3% A l'application d’une formule simple dans laquelle j'ai 


condensé la série des calculs, et qui est: 


r. sinz. siny 


SS 
‘ sin 180° — (y + 8) 


formule dans laquelle d est la distance cherchée, et r la distance 
aa’ des deux projections du corps étranger. 
Vous remarquerez que dans ce premier problème, j'ai incliné 


le tube à droite, c’est-à-dire du côté opposé au point À, par rap- 


— 233 — 


port à la normale. Le réticule et le point A se trouvent projetés 
du même côté. 

Si J'inelinais le tube à gauche, c’est-à-dire du même côté 
que À, ce qui peut évidemment arriver, jen serais immédiate- 
ment averti, car alors le réticule et le corps étranger seraient 
projetés dans des directions opposées, le premier à droite, le 
second à gauche de la normale. (Voyez figure 4.) 

Ce second problème est absolument analogue au premier; la 
même formule y est applicable, avec une légère modification, 
_car les angles a et à coincident : 


ac r.sina. siny 
~~ sin 180° — (a + y)` 


Il y a encore d’autres éventualités possibles. Ainsi, le corps 
étranger, au lieu d’être compris entre les côtés de l'angle w’, 
peut se trouver sur l’un des côtés ou en dehors de cet angle. Le 
lecteur me saura gré de ne pas allonger ma communication; il 
trouvera facilement par lui-même la solution appropriée. Les 
formules sont sensiblement les mêmes. 

Tous ces calculs sont fort jolis; ils n’ont qu’un seul désavan- 
tage, c’est de ne pas être réalisables dans la pratique. Car, 
remarquez que nous avons supposé que le foyer radiogène dans 
ses deux positions successives, R et R’, la normale RN et le 
point A, se trouvaient dans un même plan. Or, c'est là une 
éventualité exceptionnelle, car nous ignorons totalement d’a- 
vance la position du corps étranger, et dès lors comment l’ame- 
ner dans ce plan ? C’est impossible, 

Pour résoudre cette difficulté je me sers d’un artifice; le 
voici (fig. 2): | 

Supposons le foyer radiogène R’ incliné (*), mobile au- 
tour du rayon normal, l'angle w restant constant. [J décrira un 
cercle, sur la circonférence duquel il occupera successivement 
les positions R’, R’, R‘, etc..., et supposons qu’à chaque posi- 
tion nouvelle, nous déterminions une prise. La projection a’ du 


(°) Dans la figure 2, R, R' et la normale RN se trouvent dans un même plan; le 
corps À se trouve en avant de ce plan. 


— 934 — 


point A décrira pareillement sur la plaque photographique une 
circonférence de cercle en sens inverse, et à chaque position 
nouvelle de R, correspondra une projection nouvelle de A 
(*). Or, il existe parmi toutes ces projections, deux projec- 
tions diamétralement opposées, dont l’une est le plus loin possi- 


Fic. 2. 


+ 
+ 


ble du point N, pied de la normale, et dont l’autre est le plus 


pres possible de ce même point. 

Considérons le plan de projection de face (fig. 2 à droite). 
Nous y voyons le point N, et le cercle de projection dont le cen 
tre est a, projection du corps A lorsque le foyer est en R. 

Il suffit évidemment pour trouver les projections maxima et 


(CY Si le point A est situé, comme celà est supposé dans la figure 2, en dehors 
du cône de révolution R' N, le point N est situé en dehors du cercle de projection. 
Si le point A est situé sur la surface ou à l'intérieur de ce cône, le point N est 
respectivement, tangent ou à l'intérieur de la circonférence. En tous cas le rai- 
sonnement reste le même. 


— 935 — 


minima du corps étranger, de joindre Na et de prolonger cette 
droite jusqu’en a’,. 

Le point a’, est bien le point de la circonférence de projection, 
le plus éloigné de N, et a’, le point le plus rapproché. Or, ces 
conditions se trouvent précisément réalisées lorsque le point A, 
la normale et les foyers R et R’ se trouvent dans un même plan. 
Dès lors, il n’est plus besoin de faire parcourir au foyer R toute 
la circonférence. Il suffit que je fasse une prise perpendiculaire, 
foyer en R, qui me donne le centre a du cercle de projection, 
et une prise oblique quelconque, foyer en R, par exemple, qui 
me donne un point de la circonférence. D’ot je déduis le rayon 
du cercle, que je puis maintenant construire, de méme que les 
projections maxima et minima du corps étranger. 

Si je substitue maintenant à Na’, la valeur de la projection 
maxima dans le premier problème, et la valeur de la projection 
minima dans le second, pour la détermination du côté N’a’ 
(voyez les figures 1 et 4) je puis y effectuer tous les calculs indi- 
qués, quelle que soit la position du point A. Vous voyez aussi 
que quelle que soit la position de R’, foyer incliné, en R’, R°’, 
etc..., les deux projections a et a’, a’, a°... sont toujours distan- 
tes d’une longueur égale au rayon du cercle. J’avais donc raison 
de désigner, dans la formule que j’ai indiquée, la distance aa’ 
des deux projections, par r, rayon du cercle de projection. 

Mais la direction suivant laquelle se produisent les projections 
maxima et minima, a, en outre, l’immense avantage de me don- 
ner la direction du plan normal qui contient le corps étranger, 
car la direction Naa’, n’est autre que la trace de ce plan sur la 
plaque photographique. 

En résumé, la distance d me donne le plan horizontal qui 
contient le corps A, et la direction Na, le plan normal. L’inter- 
section de ces deux plans est une droite, sur laquelle il suffit 
que je porte, a partir de la trace du rayon normal, une longueur 
égale a Np, pour que je connaisse l’emplacement du point A. 
Le point A est done parfaitement déterminé dans l’espace. 

Si l’objet au lieu d’être réduit à un point, est, au contraire, 
formé, comme c’est le cas pour une aiguille par exemple, de 
deux extrémités, je puis raisonner pour. chaque extrémité, 


— 236 — 


comme je viens de le faire pour le point A, et déterminer ainsi 
leur distance respective au plan de projection. Il y a plus, car 
connaissant les plans normaux dans lesquels elles se trouvent, 
je connais l'angle que ces plans forment entre eux, et vous 


R 


Fig. 3. 


concevez que je puisse en déduire la distance des deux extré- 
mités, c’est-à-dire la grandeur de l’objet. 

Considérons en effet un objet PP’ (figure 3), dont P, P’ soient 
les points extrémes et p, p’ leurs projections par le foyer R. 
Menons les plans horizontaux par les points P, P’. soient P’be, 
et eaP ces plans. Comme je connais la distance des points P et 
P’ au plan de projection M, je déduis de leur différence la va- 
leur de ab, distance des deux plans horizontaux. Menons dans 
le plan ebaP, la droite Pd, parallèle à ab et prolongeons be, qui 
coupe Pd en d; bd est alors =aP. Or, je connais la valeur de aP, 
car dans les triangles semblables RaP, RNp, je connais Ra, 
(RN—aN); RN et Np. 

En effet 


done je connais bd. De la même manière je connais bP’, et la 
construction me donne l’angle au centre a. Je puis donc calculer 


— 237 — 


les éléments du triangle bdP’ et en particulier le côté dP’. Con- 
sidérons enfin le triangle rectangle PdP’. J’y connais dP’ et 
aussi dP= ab; je puis donc calculer la grandeur PP’ de l'objet, 
qui est l'hypoténuse de ce triangle. 

Enfin la position réelle de l’objet se détermine naturellement 
par l’angle a, pourvu que le plan de projection soit orienté. 
Mais je pourrais aussi bien déterminer la distance du corps étran- 
ger à un point de repère quelconque, une tête d’épingle par 
exemple, placée sur la peau, en un endroit arbitrairement choisi. 
Enfin, examinons un dernier point, et demandons-nous s’il ne 
serait pas possible de déterminer la distance du corps étranger, 
à un repère osseux pris dans son voisinage. Vous concevez que 
ce dernier point est particulièrement intéressant. 

Je réponds par l’affirmative, à condition que le repère osseux 
soit convenablement choisi, c’est-à-dire qu’il soit tel que dans 
les deux projections successives on puisse retrouver les points 
similaires, ce qui n’est pas toujours le cas. 


Supposons, par exemple, une tête humérale sphérique; les 
projections, normale et oblique, ne seront pas tangentes au mĉ- 
me point. Les points projetés ne correspondront pas aux mêmes 
points de la tête, et les calculs ne leur seront pas applicables. 
Tl est vrai que la distance de l'ampoule étant assez grande par 
rapport au diamètre de la tête, et l’angle w n’étant pas trop 
grand, les deux points tangents seraient encore suffisamment 
rapprochés pour que les résultats puissent être interprétés avec 
une certaine approximation. Mais il n'en est pas de même lors- 
qu’il s’agit d’une apophyse saillante, d’une crête mince ou du 
bord tranchant d’un os; ici, les projections, normale et oblique, 
sont tangentes aux mêmes points. Les bords de ces éléments 
sont projetés suivant deux contours, dont les points se corres- 
pondent chacun à chacun, points dont je puis par conséquent 
mesurer le rayon de projection et auxquels je puis appliquer 
les calculs. 

Ta méthode, telle que je viens de la décrire, a été appliquée 
d’abord expérimentalement sur des objets que je m’étais donnés. 
Chaque fois je suis arrivé à les déterminer avec une approxima- 


— 238 — 


tion réellement surprenante, étant données les conditions dé- 
fectueuses dans lesquelles j’ai opéré. Je me sui servi pour effec- 
tuer les mesures d’un double décimeétre ordinaire, d’un cercle 
gradué divisé en degrés seulement, et de réticules construits 
par moi-même (*). 

Je vais maintenant vous faire voir un exemple pratique. Je 
ne veux pas vous citer des chiffres, ils ne vous diraient rien; je 
vais plutôt vous montrer ce que peut faire l’interprétation rai- 
sonnée de pareils clichés. 

Je désire vous faire remarquer au préalable, que si nous con- 
sidérons des points A', A’, A’, etc..., situés sur la même verti- 
cale ou à peu près, le rayon de projection de ces points diminue 
proportionnellement à la hauteur du corps étranger. En effet, 
le corps étranger est, en moyenne, distant de la plaque de quel- 
ques centimètres seulement, tandis que l’ampoule se trouve à 
50 centimètres environ. Dans ces conditions le foyer normal R 
et oblique R’ sont constitués de faisceaux dont les rayons sont 
sensiblement parallèles (**); dans la formule 


d=r| sin a . Sin ÿ 
~~ [sin 180° — (a + YI’ 


toute l’expression qui figure entre parenthèses devient une con- 
stante, et d—K.r. 

Prenons maintenant le cliché. Il s’agit d’une ouvrière qui a 
reçu dans l’éminence thénar un fragment de fil d’acier. Vous 
voyez d’abord que ces images doubles sont parfaitement utilisa- 
bles. En outre, le réticule le moins net a été projeté en N’, c’est- 
à-dire du côté opposé du corps étranger par rapport à la nor- 


(") La seule opération qu'il convient de faire avec précision est le centrage de 
l'ampoule. Je le fais par voie photographique et à l'aide de deux réticules intro- 
duits dans l'ouverture inférieure du cylindre ; les deux réticules sont fixés aux 
faces opposées d'un bouchon de liège de 13 centimètres de diamètre, de 4 centi- 
mètres d'épaisseur et dont la partie centrale a été évidée. 

(**) Il s'agit bien entendu d'une approximation suffisante pour les bésoins 
médicaux. 


— 239 — 


male. Nous nous trouvons donc dans les conditions du second 
probleme. 

Le rayon de projection de l'extrémité a (*) est de 5,5 "/", 
celui de l'extrémité h, de 3,5 "/™. Cela nous montre déjà que 
l’extrémité b est plus rapprochée de la plaque que l’extrémité a. 

Je vous rappelle que le bord interne du premier métacarpien 
se présente sous forme d'une crête, et vous voyez comment la 
petite encoche qu'elle présente, C, C’ m’a servi à la détermina- 
tion des points correspondants. Les points C, C’ sont distants 
de 4 ™/™. C’est la valeur du rayon de projection de ce point. 

Comme les points a, h, ¢ sont assez voisins, la remarque que 
je faisais tantôt leur est applicable, et je conclus, sans calculs, 
par la simple inspection du cliché, que le corps ab est placé près 
de la crête du premier métacarpien, obliquement et de façon que 
l’extrémité a se trouve au-dessus et l’extrémité b en-dessous de 
cette crête. 


En résumé, le procédé a peut-être le défaut de s'appuyer sur 
des calculs qui, pourtant, ne sortent pas du domaine de la tri- 
gonométrie élémentaire. 

Comme technique il est simple: on fait deux prises successives 
sur une même plaque. C’est au moins aussi simple que la prise 
stéréoscopique, qui nécessite la consultation de tables appro- 
priées. Il est vrai que le procédé stéréoscopique évite les calculs 
et flatte notre œil, mais méfiez-vous de ces belles apparences. 
Il est bon de le dire, le procédé stéréoscopique, du moment qu’il 
sert à mesurer et à interpréter des distances, est un procédé 
inexact. I] se produit un aplatissement de certains plans, un 
allongement d’autres, de sorte qu’un objet incliné, par exem- 
ple, à 45° sur l’horizon, non seulement ne se trouve pas à sa 
distance réelle, maïs est parfois sensiblement redressé. 

Si j’ai tenu à vous communiquer ma méthode, ce n’est pas 
que je m’en exagère l’importance, mais il m’a semblé qu’il pou- 


(*) À la suite de ce travail, j'ai donné à titre d'exemple, les calculs à effectuer 
pour la détermination du point a. 


— 240 — 


vait être intéressant de faire connaître que la localisation des 
corps étrangers peut se faire exactement, disons le mot, mathé- 
matiquement à l’aide du précieux appareil d'Albers-Schônberg, 
et, en outre, parce que dans certains cas particuliers, elle pour- 
rait trouver son application, soit pour l'extraction des corps 
étrangers, soit pour la compréhension de certains symptômes 
pathologiques. 


Post-scriptum: La méthode est applicable à des corps étran- 
gers invisibles à l'écran; dans le cas où un examen radioscopique 
permet d’en fixer approximativement la situation, on peut sim- 
plifier la méthode. | 

Au lieu de glisser le réticule dans l’ouverture inférieure du 
cylindre, on peut aussi le placer directement sur la plaque, et 
l’enduire d’une encre grasse, afin d'en imprimer en même temps 
la trace sur la peau. 

Arrangez-vous de façon à ce que le corps étranger et le foyer 
incliné se trouvent de part et d’autre de la normale et que vous 
vous trouviez dans les conditions de la figure 1. 


Reprenez cette figure. La projection N’ disparait; les deux pro- 
jections du réticule coincident. L’angle y se tire directement du 
triangle rectangle R’Qa’, dans lequel R'Q=RN et Qa’= 
QN + Na’= RR’ + Na’. 

Dans ces conditions le procédé présente quelque analogie avec 
la méthode des rayons matérialisés de Mackenzie-Davidson, avec 
cette différence que dans cette dernière, les deux projections 
sont obliques. Cette dernière méthode, d’ailleurs fort ingénieuse 
et élégante, nécessite une instrumentation coûteuse et une série 
de manipulations qui sont certainement plus longues et moins 
exactes que la série des calculs que j’ai indiqués. 

Mais si le corps est invisible à l’écran et que par suite on ne 
connaît pas sa position approximative, il est indispensable d’u- 
tiliser le réticule placé au-dessus du corps étranger, car lui seul 
nous permet de choisir parmi les deux projections, celle qui 
nous donne Je plan normal qui contient le corps. Voici à ce 
sujet la règle à suivre. Tournez la radiographie autour du 


— 241 — 


point N comme centre, de facon à avoir N’ a votre gauche. 
Elevez en N une perpendiculaire à NN’. Si les deux projections 
se trouvent toutes les deux à gauche de cette perpendiculaire, 
choisissez celui des deux points qui est le plus à gauche; dans 
tous les autres cas, choisissez le point qui est situé le plus à 
droite. 

Pour conserver les avantages que procure la trace du rayon 
normal sur la peau, je dessine à l’encre grasse sur le carton de 
la cassette qui contient la plaque, un réticule que J amène avant 
l'opération en coincidence avec le réticule introduit dans la 
partie inférieure du cylindre. 


+ + @ 


Détermination du point a (voir fig. 4). 


1° Constantes (*). a) Côtés : 


AN 402 mis 5 4 à ou) à. OK. à 

RC = 14, RO = 358, CO = 358 + 15 = 373; 

ON avant l'élévation de la manette — 104; 

ON après l'élévation de la manette = 104 + 15= 119; 


NN! 35,5: ON! = VON? + NN”? = V(119" + 35,5) = 124,2; 
R'N’ = N'O + R'O(= CO) = 124,2 + 313— 495,2 2... . . . Q 


(1) 


b) Angles : 


w = 16035" : n = 90° — 16°36" = 73°24": 
(B + 6) = 180 — 73024 = 1066 ee . . . . (3) 
B+4 
6) 


= 53018": log. tg 1B )= 10,1276240 . . . . . . . . (4) 


2 Mesures effectuées sur le cliché : 


Na 94... dos em hé de de D SE is à & de SD) 
aa’ = 5,5 (6); Na’ = Na — aa’ = 24 — 5,5 = 18,5. 
N'a = NN’ + Na’ = 35,5 + 185—54 ...... 2.2... . (2) 


(C) Toutes les mesures sont effectuées en millimetres J'ai incliné mon tube 
jusqu'à la division 5, ce qui correspond a un angle de 19° 35’. 


— 242 — 


Calculs. 
1° Angle a: 


RN (1) 462 
PNG 2 
log tg a = log 462 — log 24 = 2,6646420 — 1,3€0211 = 1,2844308, 
log tg a = 11,2844308 = log tg 8702 


a = 8102". 


2° Angle B : 
Dans le triangle R’a’N’ (*) nous avons : 
tegi(B—6) RN'—N'a 497.2(2)—54(7) 443,2 
tei(B+ 4) RN +Na 497,2 +54 581.2’ 
tg3(B— 6)=tg (6 + 9 aaa 
83 B ) = tg ;( | ) 551 2° 
log tg !(B— 8) (4) = 10,1276240 + log 443,2 — log 551,2 = 10,1276240 4- 2,6465998 
— 2,7413092 = 10,0329146 = log tg 47°10"; d'où (B — T) = 94°20". 


Nous avons d’une part 
B + += 10636" (3) 
et d’autre part 
B — + = 94°20". 


(*) Voir la résolution d’un triangle quelconque, dont on connaît deux côtés 


et l'angle qu'ils comprennent. 


— 943 — 


En additionnant les deux équations, il vient : 
28 = 200°56' et B = 10028"; d'où y = 180° — B = 79°32". 
3° Application de la formule 
r (6) sina . sin y 5.5 X sin 87°2' X sin 79°32" 5,5 & sin 87°2' X sin 1932" 


~ gin 180°—(a +y) sin 180° —(872 + 79°32) sin 13°26" 
log d = log 5,5 + log sin 87°2 + log sin 79°32° — log sin 13°26’ 
= 0,7403627 + 9,9994176 + 9,9927129 — 9,3660750 — 10 
= 1,3664182 = log 23,25 


d = 23,25 millimètres. 


Deuxième méthode. — La méthode est susceptible d’une sim- 
plification importante, résultant des propriétés remarquables 
que possède le point À, dans le plan horizontal H, parallèle au 
plan de projection. En effet, quelle que soit la position de ce 
point par rapport au rayon normal RN, le rayon du cercle de 
projection r, ou autrement dit, l'écart aa’ des deux projections 


R R’ 


aw a y ON 


Fic. 5. 


est toujours le méme. Car si nous supposons le point en B, par 
exemple, nous aurons toujours : 


aa’ Aa =‘BN bb’ BN 


— ees «of eee 


— = =—; et — = —. 
RR’; RA RB’ RR’ RB 


— 244 — 


d'où 
aa” bb’ . . 
— = — et aa = bb =r. 
RR RR 

L'écart des deux projections ne dépend done que du niveau 
du plan horizontal contenant A, c'est-à-dire de sa hauteur au- 
dessus du plan de projection. 

Nous pouvons done considérer que les choses se passent tou- 
jours comme si le point A se trouvait en B, sur le rayon normal 
et alors sa distance Bb=X, au plan de projection se déduit 
directement des triangles Bbb’, BRR’ : 


x RN —x 
aa (=r)  RR' 
d’où 
RNr. 
x = ——, 
RR’ +r 


Ordre des opérations: L'opérateur commence par déterminer 
la distance RN du foyer radiogène an plan de projection en 
deux fois : 1° il détermine la distance D du foyer à l’axe de rota- 
tion du cylindre ; 2° la hauteur de cet axe au-dessus du plan de 
projection. 

Il trouve dans la table A, correspondant à ce premier chiffre, 
la hauteur dont il devra élever la réglette aprés avoir fait la 
première prise, c’est-à-dire l'élévation correspondant au repère 
d'inclinaison auquel il désire amener par la suite le cylindre 
dans sa position oblique. Il trouvera, d'autre part, dans la ta- 
ble B, la distance RR’ du foyer radiogtne dans ses deux posi- 
tions successives. Enfin la distance r se lit sur le cliché. 

Exemple : prenons la détermination du point A de la planche 
hors texte. 

r=9,9 ™™; la distance de R à l’axe=398 ™/™ (=36 centim.) ; 
de laxe a la plaque il y a 104 "/™; RN =358+4104= 462 "mM; 
j'ai incliné jusqu’à la division 5. Je trouve dans la table A, a 
l’entrecroisement des colonnes correspondant à 36 et à 5, 15 ™/™ 
d'élévation, et dans la table B une distance RR’ = 102,7. 


462 X 5.5 


= me > DT M / MA A 
102,7 + 5,9 a 


— 245 — 


TABLEAU A 


Distance RR’ des foyers en millimètres (*) 


Inclinaison correspondant aux divisions 


ne du tube stéréoscopique d'Albers-Schünberg 
EN CM a 
l | 2 | 3 | 4 5 | 6 
| 

20,25 40,37 60,47 80,32 99,89 119,2 
20,83 | 4158 | 62,21 | 82,61 | 1027 | 122,5 
37 21,40 42,74 63,93 84,91 105,6 126,0 
38 21,98 43,90 65,66 87,20 108, 4 129,3 
39 22.56 45,06 67,39 89,50 | 111,3 132,8 
40 23,14 46,20 69,11 91,79 | 114,2 136,2 
4l 23,94 47,36 70,85 94,09 117,0 139,6 
42 24,52 48,51 72,57 96,39 119,9 143,0 
43 25,11 49,67 74,30 98,68 122,7 146,4 
44 25,69 50,82 76,03 101,00 125,6 149.8 
45 26,27 51,98 77,95 103,2 128,4 153,0 


(°) Un ingénieur de la Maison Siemens et Halske m'a atlirmé que tous les 
tubes étaient identiques. Dans le mien la distance de l’axe de rotation au cadran 
gradué est de 19 centimètres. Chaque division du cadran est distante de 11 mm 
et correspond à un angle de 3° 19°. 


— 946 — 


TABLEAU B 


Elévation du cylindre en millimètres 


Inclinaison correspondant aux divisions 


du tude stéréoscopique d'Albers-Schünberg 


EN CM —— 
l | 2 | 3 4 | 5 | 6 
35 0,6 2,4 5,3 9,3 14,5 20,9 
36 0,6 2,4 5,4 9,6 15 21,5 
. 37 0,6 2,5 5,6 9,9 15,4 22,1 
38 0,6 2,5 5,7 10,1 15,8 22,7 
39 0,7 2,6 5,9 10,4 16,2 23,3 
40 0,7 2,7 6.0 10,7 16,6 23,9 
4l 0,7 2,8 6,1 10,9 17,0 24,5 
42 0,7 2,8 6,3 11,2 17,5 25,1 
43 0,7 2,9 6,5 11,5 17,9 25,7 
44 0,7 | 2,9 6,6 11,7 18,3 26,3 
45 0,8 3,0 6,8 12,0 18,7 26,9 


LE TRAITEMENT DE LA SYRINGOMYELIE 


PAR LA RADIOTHERAPIE 


PAR M. LE D! A. BIENFAIT 


La connaissance clinique de la syringomyélie est de date ré- 
cente; elle remonte à la publication du premier cas en 1889 par 
Debove. Au point de vue anatomique, cette affection consiste 
objectivement en la formation de cavités dans la substance grise 
de la moelle, cavités n’ayant pas de rapport spécial avec le canal 
central. Ces cavités se font non pas par écartement des tissus, 
mais à la suite de leur destruction; il en résulte que les éléments 
détruits ayant disparu ils ne peuvent être remplacés : la maladie 
est considérée comme incurable. 

Aussi grand a été l’étonnement des neurologues lorsque, à la 
suite de diverses publications, on apprit que la syringomyélie 
pouvait guérir par la radiothérapie. 

Cette question très intéressante mérite d’être examinée de 
près. La cavité provient de la résorption des tissus; cette résorp- 
tic: peut se faire dans deux cas, soit qu'il s'agisse de foyers in- 
flammatoires, de myélites localisées (myélites cavitaires [1]), 
soit que l’on ait affaire à des tumeurs de la névroglie, c’est-à-dire 
de gliomes (neurogliomes, gliome télangiectasique, glio- 
sarcome). 

Nous devons considérer deux zones dans le foyer syringomyé- 
lique : d’abord la zone cavitaire, dont nous venons de parler, et 


(1) JoFFROY et ACHARD. Archives de physiologie, 1887, p. 468, et Arch. de méd. 
expér. et d'anat. path., 1891, p. 90. 


— 248 — 


ensuite une zone péricavitaire. Celle-ci est constituée par le 
tissu infiltré formant une coque. Les cellules et les fibres ner- 
veuses qui se trouvent dans la région de cette coque ne sont pas 
toujours détruites, mais leurs fonctions laissent à désirer et 
peuvent même être totalement inhibées. 

Sans nous éteudre davantage sur ce sujet, voyons ce que, 
théoriquement, la radivthérapie peut donner. Absolument rien 
en ce qui concerne les éléments disparus; il s'ensuit qu’une 
syringomyélie avancée ne pourra jamais guérir intégralement. 

S'il s’agit d'une myélite cavitaire, le traitement ne donnera 
probablement également rien, pas plus que dans une sclérose en 
plaques ou une myélite transverse. Valobra a, en effet, irradié, 
suivant divers procédés, la colonne vertébrale de malades at- 
teints d'affection systématisée de la moelle et n’a obtenu aucun 
résultat favorable. 

Mais s’il s’agit d’un gliome et notamment sans doute d’un 
gliosarcome où les cellules de nouvelle formation sont très abon- 
dantes, il en est autrement, car ces éléments sont très sensibles 
à l’influence des rayons X. Eu ce cas, les éléments néoplasiques 
de la zone péricavitaire pourront subir une régression et dispa- 
raitre, la compression et l’hyperhémie qui gênaient les éléments 
nerveux et les symptômes de syringomyélie provenant de cette 
origine disparaîtront également. Le malade verra donc son état 
s'améliorer dans une large mesure. C’est là, nous paraît-il, la 
seule facon d'expliquer les résultats obtenus en clinique. 

Il y a mieux encore. La cavité ne survient que secondaire- 
ment; elle est précédée par un état néoplasique, qui va en se 
développant, et déjà a cette période précavitaire la syringomyé- 
lie clinique est constituée (Charcot). Il en résulte que si l’on a 
l'heureuse chance de traiter le malade à cette période, on peut 
le guérir intégralement. 

Avant de parler des observations de syringomyéliques traités 
par la radiothérapie, il est utile de rappeler d’une façon très 
écourtée et dans ses grandes lignes cette maladie intéressante, 
autant que variée, de manière à ce que l’on puisse comprendre 
les formes diverses de ce syndrome clinique. 


— 249 — 


La substance grise peut être diviséc cn trois régions : la corne 
antérieure (cellules motrices), la corne postérieure (cellules 
sensitives, chaud, froid, douleur) et la partie intermédiaire (cel- 
lules trophiques en connexion spéciale avec le sympathique); la 
corne postérieure est au voisinage direct du cordon postérieur 
en arrière et en dedans (sensibilité tactile et musculaire) et du 
faisceau pyramidal en dehors. 

Le point de départ du gliome se trouve habituellement dans 
la corne postérieure; il porte ainsi sur le second neurone sensitif 
et le symptôme précoce consiste donc dans la perte de la sensi- 
bilité au chaud, au froid et à la douleur du côté de la lésion. 
Le premier symptôme passe souvent inaperçu. Mais le mal s’é- 
tend; il atteint la partie intermédiaire et donne lieu à des trou- 
bles trophiques : glossy skin, phlyctènes, transpiration localisée, 
chute des ongles, cyanose ; s’il s’étend encore, il porte sur la 
corne antérieure et donne des amyotrophies. 

A côté de ces symptômes de polyomyélite, il apparait souvent 
aussi des phénomènes de leucomyélite. Les cordons postérieurs 
peuvent être entrepris et donner lieu à de l’insensibilité tactile, 
a des troubles de la coordination (corne de Clarke). L’irritation 
du faisceau pyramidal donne lieu à la contracture, à l’exagéra- 
tion des réflexes profonds, aux phénomènes de Babinski, du pied 
et de la main. 

La forme classique de la syringomyélie est caractérisée par 
les symptômes suivants : dissociation des sensibilités, la cypho- 
coliose, l’exagération des réflexes profonds et certains troubles 
vasomoteurs et trophiques. 

Certains de ces signes peuvent manquer; d'autres, au con- 
traire, peuvent acquérir une importance prépondérante. La 
lésion typique siège dans la corne postérieure en arrière et loté- 
ralement par rapport au canal épendymaire. En ce cas, la dis- 
sociation des sensibilités, qui est le symptôme le plus caracté- 
ristique, est absolument précoce et bien marqué, mais le début 
peut se faire soit plus en avant, soit plus fortement sur le côté, 
il se peut alors qu’à l’origine il n'y ait pas du tout de troubles 
sensitifs et selon que la corne antérieure, la partie centrale de 


— 250 — 


la substance grise ou le faisceau antéro-latéral, ou le faisceau 
postérieur seront intéressés soit uniquement, soit ensemble, le 
malade pourra présenter les symptômes de l'atrophie d’Aran- 
Duchenne ou d’Erb, de la sclérose latérale, de la sclérose latérale 
amyotrophique, voire même du tabes ou de la sclérose en pla- 
ques. 

La confusion avec cette dernière maladie peut être favorisée 
par l'existence du nystagmus dynamique, qui a été signalée 
environ dans le dizieme des cas. 

Le diagnostic est donc parfois difficile, la marche de l’affec- 
tion, l’ensemble des symptômes constitueront des éléments de 
valeur. C’est ainsi que la sclérose latérale amyotrophique est 
une maladie a évolution rapide, amenant la mort en deux ou 
trois ans, tandis que la syringomyélie a un développement tres 
lent. Dans la sclérose en plaques, la démarche a un aspect spé- 
cial, le malade présente du rire spasmodique, le tremblement 
intentionnel est très net et ces signes vont en s’accentuant; 11 
n’y a peut-être jamais de dissociation et rarement des troubles 
de la sensibilité. 

La syvringomyélie peut s'accompagner de douleurs, mais elle 
diffère du tabes, notamment par l'absence du signe d’Argyll- 
Robertson et l’exagération des réflexes profonds. 

L’amyotrophie progressive ne s'accompagne pas de troubles 
sensitifs et l’exagération des réflexes. 

Notons aussi l'existence fréquente, dans la syringomyélie, de 
l'attitude spéciale de Ja main, dite « main de prédicateur » : 
les trois derniers doigts sont contractés, la peau gonflée, reu- 
geatre, succulente. On retrouve une attitude semblable dans la 
pachymeningite cervicale hypertrophique, le diagnostic se fera 
par l’absence de troubles pupillaires et de la douleur qui est 
rare dans la syringomyeélie. 

Il faut encore se souvenir que le syndrome syringomyélique 
peut se montrer dans toutes les affections dont la lésion porte 
sur la corne postérieure de la moelle, telles que certaines myé- 
lites localisées, l’hématomrélie, le mal de Pott, les compres- 
sions médullaires, la syphilis médullaire, on le rencontre aussi 
dans certaines névrites, la lèpre notamment. 


Ici encore l'analyse approfondie du cas fera connaitre des 
symptômes inexistants dans la syringomyélie et typiques dans 
d’autres affections. 

Beaujard et Lhermitte ont réuni une statistique de huit cas 
favorables (1), dont trois du professeur Raymond, un du pro- 
fesseur Gramegna, un de Menétrier et Béclère et enfin trois cas 
dont nous allons parler et qui ont été traités par eux-mêmes. 


I. Un cas de syringomyélie à localisation poliomyélique pos- 
téricure, par MM. Lejonne et Egger. (Service de M. le Prof. 
Raymond.) 


M. Ch..., âgé de 29 ans. En 1901, à la suite d’un accès de 
toux, apparition subite de phénomènes d’engourdissement et de 
fourmillements dans les dcigts de la main droite. En dépit de 
toute médication interne et externe, les paresthésies vont en 
augmentant. 

En novembre 1906, ictus subit, caractérisé par une défail- 
lance forcant le malade à se coucher, par la perte de la parole 
durant vingt-quatre heures, avec conservation parfaite de la 
conscience, par l’envahissement de toute la poitrine par le même 
engourdissement. Pas de spécifité ni d’alcoolisme. 


Etat actuel. — Malade fortement musclé; force moyenne; 
facies rouge, congestionné. Etat des réflexes : bras droit, réflexe 
des radiaux des fléchisseurs, du triceps, du biceps, très affaiblis. 
Exagération de ces mémes réflexes dans le membre supérieur 
gauche. Phénomène de la main gauche. Extrémité inférieure 
droite : ébauche de trépidation spinale; pas de Babinski, ré- 
flexes rotulien et achilléen exagérés. Extrémité inférieure gau- 
che : phénomène du pied très net, tous les réflexes tendineux 
plus éxagérés qu’à droite. Réflexe crémastérien aboli à gauche, 
conservé à droite. Réflexe massétérin exagéré. Réflexes abdomi- 


naux abolis des deux côtés. Tous les mouvements des quatre 


(1) Lu Semaine médicale, 24 avril 1908. 


membres sont normaux, tant au point de vue étendue qu’au 
point de vue force. La main droite est le siège de mouvements 
athétosiques. Quand le malade tient sa main horizontale, les 
doigts écartés, le petit doigt d'abord, ensuite l’annulaire et le 
médius se fléchissent lentement l’un après l’autre dans la paume 
de la main pour revenir ensuite dans le plan horizontal. 

Tous les segments du bras droit sont plus lents a se mouvoir 
que les segments homologues du bras gauche. Il existe un cer- 
tain degré d'ataxie dans les mouvements de précision des deux 
membres supérieurs. Le signe de Romberg est très manifeste. 
Les yeux fermés, le malade vacille fortement. Incapable de se 
tenir sur un pied, les yeux ouverts; la démarche, les yeux fer- 
més, rappelle un peu l'ataxie cérébelleuse; le malade dévie par 
moments à droite et titube. On constate un certain degré de 
parésie respiratoire au côté gauche. Uuie normal. Œil : réflexe 
à la lumière et à l’accommodation normal. Pas d’inégalité pu- 
pillaire. Nystagmus horizontal. Comme troubles vaso-moteurs 
et trophiques, on note une atrophie du rhomboide à droite. C’est 
le seul muscle atteint. Dans aucun autre muscle, l'examen élec- 
trique, l’examen de la force musculaire ne constatent un trouble. 

La langue est le sitge de mouvements fasciculaires, surtout 
du côté droit où l’on remarque un commencement d’atrophie. 

L'intérêt du cas siege surtout dans la belle topographie des 
troubles radiculaires de la sensibilité. 

Dans les régions à unalwésie et à thermo-anesthésie totale, 
la sensibilité tactile est aussi diminuée. Le sens des attitudes 
est conservé partout. 

L’anesthésie commence avec la deuxième racine cervicale et 
se continue à travers les territoires de la troisième et de la qua- 
trième cervicales. | 

La limite inférieure du territoire de la quatrième racine cer- 
vicale a pu être délimitée d’une manière précise à droite. Elle 
s'étend en arrière de la deuxième vertebre dorsale, obliquement 
en bas et en dehors en contournant le deltoïde vers son tiers 
supérieur, pour rejoindre le sternum en avant, en suivant le 
second espace intercostal. 


— 203 — 


Les racines cervicales 5, 6 et 7 sont nettement analgésiques 
et thermoanesthésiques, tandis que la huitième cervicale et la 
première dorsale sont simplement hypalgésiques. Le bras gau- 
che n’a pas de troubles de sensibilité. Au niveau des extrémités 
inférieures, tout le territoire de la queue du cheval (racines 
sicrées 1, 2, 3, 4, 5) est complètement indemne et encadré par 
le territoire des racines lombaires plus ou moins anesthésié. 


II. Observation de Raymond et Guillain. 


Il s’agit d’un cas de syringobulbie chez une femme de 41 ans. 

Elle eut d’abord la voix voilée en 1896, avec difficulté pour 
déglutir; en février 1898, difficulté de lever l'épaule; en sep- 
tembre 1898, difficulté pour coudre, elle remarque elle-même de 
l’insensibilité à la brûlure. 

Examen le 16 septembre 1898. 


Motilité. — Parésie des piliers, du voile du palais et de la 
corde vocale droite, motilité de la langue normale, nystagmus 
rotatoire dans les positions extrêmes. 

Membre supérieur droit, parésie sans atrophie, réflexes pro- 
fonds exagérés; membre inférieur, réflexes profonds exagérés, 


trépidation. 
Sensibilité. — Hypoesthésie à la piqûre dans le domaine du 
marillaire inférieur droit. — Pas de troubles de la sensibilité 


dans les membres supérieurs et inférieurs, sauf la perception 
stéréognostique. 

En 1891, la main droite a pris l’aspect caractéristique de Ya 
svringomyélie spasmodique. 

En 1905, parésie bien accusée du membre supérieur droit; les 
trois derniers doigts sont fléchis vers la paume et contracturés, 
le pouce et l’index ont leur motilité à peu près normale. 

Les symptômes commencent à se montrer du côté gauche. Pas 
de réaction de dégénérescence, pas de troubles trophiques. Dé- 
marche paréto-spasmodique, réflexes profonds très exagérés, 


phénomène de Babinski des deux côtés. Tendance à la sclérose. 


— 254 — 


Bande d'anesthésie tactile et douloureuse à la région externe 
de l’avant-bras gauche. 

I] existe des troubles de la sensibilité thermique qui ne sont 
ni constants ni absolus. 

Les troubles de la sensibilité thermique ont eu une apparition 
tardive. En 1898, cette malade, hospitalisée a la Salpétriere, 
avait des troubles moteurs surtout accentués au membre supé- 
rieur droit, des troubles de la parole et de la déglutition en 
rapport avec une paralysie de la moitié droite du voile du pa- 
lais, du pharynx et du larynx; elle présentait de l’hypoesthésie 
et des phénomènes de paresthésie dans le côté droit de la face, 
un affaiblissement du sens stéréognostique à la main droite, du 
nystagmus dynamique, de l'exagération des réflexes tendineux 
et un certain degré d'incoordination motrice se manifestant lors 
de mouvements un peu délicats de la main. 

En présence de cet ensemble symptomatologique on pensa 
durant longtemps au diagnostie de sclérose en plaques avec trou- 
bles bulbaires. 

Depuis, la présence de troubles de la sensibilité thermique a 
orienté le diagnostic vers celui d’une syringomrélie, Il s’agit 
d'un cas de svyringomyélie spasmodique. La main droite est cou- 
tracturée et cependant le pouce et l'index ont conservé leur mo- 
tilité, contrairement aux autres doigts, ce qui constitue la main 
en pince, décrite comme caractéristique de la syringomryélie. 

La localisation de la lésion ou bulbe (syndrome du spinal in- 
terne d’Avellis), rend le tableau de l’affection peu classique. 
Le diagnostic de syringomyeélie a été porté en considération des 
troubles sensitifs tardifs, de l’aspect de la main droite considéré 


comme typique, et d’un certain degré de scoliose. 


Ces deux malades ont été traités par la radiothérapie par 
MM. Lhermitte et Beaujard; au bout de trois mois, les troubles 
seusitifs avaient nettement rétrocédé et la force musculaire était 


en vole d'amélioration évidente. 


IHI. Observation de MM. Beaujard et Lhermitte. 


Jcune homme ĉŝĉgé de 23 ens. Tes premiers symptômes ont 


— 255 — 


apparu en 1903, consistant en troubles moteurs de la main gau- 
che suivis d’une atrophie des muscles hypothénariens. L’an 
d'après, il présente un panaris analgésique de l’index droit. 
Les troubles vaso-moteurs étaient des plus accentués. Les ré- 
flexes étaient normaux aux membres supérieurs, exagérés aux 
membres inférieurs: pas de Babinski ni de troubles sphincté- 
riels, légère scoliose à droite. Plus tard, des troubles bulbaires 
apparurent caractérisés par de l'hémianesthésie faciale et de 
l’hémiagueusie homologue. 

Le malade de Beaujard et Lhermitte a été traité de la façon 
suivante : 

Les séances étaient hebdomadaires, la pénétration des rayons 
était de 7-9 numéros de l’échelle de Benoist, la dose de 3 H, 
l’anticathode était à 15 cent. de la peau. On alternait chaque 
semaine entre ces trois points: irradiation maximum sur la 
4"° cervicale, sur la 7™ et sur la 3™° dorsales. Le traitement 
était suspendu de temps en temps pour ménager la peau dont 
la réaction n’a jamais dépassé une simple pigmentation passa- 
gère. 

Dès la troisième séance, les troubles de la sensibilité ont com- 
mencé à rétrocéder, l'état psychique s’est amélioré et l’impuis- 
sance a disparu. A la cinquième séance, les ulcérations et les 
fissures de la main droite étaient presque complètement cica- 
trisées et la force musculaire était considérablement augmentée 
à gauche. 

Après sept séances (8 juillet 1906) les zones d’insensibilité 
pour les trois modes avaient considérablement diminué d’éten- 
due de bas en haut, l’hypoesthésie tactile était particulièrement 
influencée, elle avait disparu à gauche, l’analgésie et la thermo- 
anesthésie n'avaient été modifiées qu’à un moindre degré. À ce 
moment on a recours à la faradisation pour accélérer l’améliora- 
tion de la parésie. 

A la vingt-cinquième séance, l’analgésie a disparu à gauche, 
elle est diminuée à droite, tandis que la thermoanesthésie est 
tres réduite. 

Les troubles d’origine bulbaire sont traités en dirigeant le 


— 256 — 


faisceau de rayous X sur chacune des protubérances occipitales 
et cela a chaque séance; les troubles sensitifs ont disparu a la 
quatrième séance. 

La motricité a done été très favorablement influencée: cepen- 
dant les troubles trophiques ne sont guère modifiés, mais les 
attitudes vicieuses des mains se sont corrigées. Les mouvements 
exigeant de la force sont redevenus possibles. Les muscles pré- 
sentant une abolition complete de la contractilité électrique 
sont restés dans le même état et ceux qui n’avaient qu'une ébau- 
che de réaction de dégénérescence ont repris leur force et leur 
volume. 

Quant aux troubles sensitifs ils se sont grandement améliorés 
et les phénomènes trophiques cutanés et osseux ont subi un arrêt, 
tandis que les ulcérations se cicatrisaient. 


UN CAS DE ZONA TRAITE ET GUERI 


PAR LES RAYONS X 


PAR LE D" P. DUBOIS-TREPAGNE (pre Lice) 


Il y a quelque six mois, j’avais eu l’occasion de traiter par 
les rayons X, un cas particulièrement rebelle de zona, ayant 
résisté Jusque la à toute autre médication. Le malade avait wuéri 
mais, néanmoins, il m'avait été difficile de faire la part exacte 
de la réntgenthérapie dans le processus curatif, le patient ayant 
continué à user, concurrement avec ce moyen physique, de plu- 
sieurs remèdes internes. 

J'avais en tout cas, pu, tout au moins coustater l’inoccuité de 
la méthode dans cette affection à pathogénie encore si obscure, 
et c’est ce qui m’a incité à l’expérimenter à nouveau et d'emblée 
~~ et avec succès comme l'on verra -— dans un autre cas qui 
s’annonçait cependant comme devant être particulièrement mau- 
vais, ainsi que mes lecteurs pourront en juger par la relation 
qui suit et que je m'excuse par avance de donner dans tous ses 
détails; il s’agit, en l’espèce, d'un malade de cinquante-cing 
ans, plombier-zingueur de son état et dont les antécédents fami- 
liaux et personnels ne présentent qu'un seul fait digne d'être 
noté; Il y a douze ans, il a été atteint de fièvre tvphoïde grave 
avant nécessité un séjour de trois mois à l'hôpital; 1l est en 
outre, légèrement alcoolisé. 

Le 4 novembre dernier, il ressentit à la partie inférieure du 
thorax, des douleurs qui l'empécherent de serrer la ceinture de 
son pantalon. Deux jours plus tard, des plaques roses apparu- 


rent au niveau des régions douloureuses. Puis le lendemain des 


— 258 — 


vésicules claires transparentes se formèrent sur les plaques ro- 
ses. Du 4 au 12 novembre, de nouvelles vésicules se formèrent, 
les douleurs devinrent de plus en plus vives et déterminèrent le 
patient à consulter. Les douleurs et l'éruption n’atteignirent 
done pas d'emblée leur acmé, mais il y eut plusieurs poussées 
successives. Le 12 novembre, jour où je vis pour la première 
fois le malade, l’éruption était disposée sur la moitié gauche du 
thorax; elle y formait une zone large de quatre travers de doigt 
environ, commençant en arrière à la hauteur des troisième et 
quatrième vertèbres lombaires, se dirigeant d’abord horizonta- 
lement en avant, croisant les deux derniers espaces intercostaux, 
puis s'abaissant un peu pour atteindre en avant la ligne mé- 
diane, sans la dépasser, entre l’ombilic et le pubis. 

Comme d'habitude dans Vherpes zoster — ceci soit dit pour 
étayer Ja diagnose —- l'éruption était unilatérale et s’arrétait 
assez exactement à la ligne médiane. Si, en avant, cet arrêt 
était tres nettement accusé, en arrière, deux bouquets de vésicu- 
les débordaient la ligne des apophyses épineuses. Toutefois, 
Péruption ne correspondait pas exactement au trajet d'un nerf : 
elle empiétait sur le domaine des nerfs lombaires et des nerfs 
intercostaux; elle ne suivait que partiellement le trajet des 
nerfs grand et petit abdomino-génital. 

Elle est constituée par des séries de plaques, rosées légère- 
ment surélevées, séparées par de petits intervalles de peau 
saine. Sur ces plaques, arrondies ou ovalaires, de la dimensjon 
d’une pièce de deux francs environ, existaient des vésicules 
isolées, arrondies, grosses comme un grain de mil, ou bien con- 
fluentes et confondues par leurs bords --- d’où leur forme poly- 
cyclique — et recouvrant parfois toute la plaque rose. Les vé- 
sieules étaient tendues ou ridées, remplies de liquide clair ou 
légèrement trouble, hémorragique mème en certains points. 

Toute la région occupée par l’éruption était le siège de dou- 
leurs vives, insupportables, dont le malade, peu intelligent 
d'ailleurs, était incapable de bien définir le caractère. Ces dou- 
leurs, de méme que l’éruption, ne paraissaient pas suivre le tra- 


jet de troncs nerveux déterminés; il n’y avait pas de point plus 


— 259 — 


douloureux au niveau des branches perforantes latfrales des 
deux derniers nerfs intercostaux. Les douleurs étaient augmen- 
tées considérablement par la pression, les mouvements, de sorte 
que le sujet ne pouvait se coucher sur le côté gauche. L’explo- 
ration faisait constater une exagération de la sensibilité à la 
douleur au niveau des placards éruptifs et aussi entre ces pla- 
cards. L’apyrexie était complète et on ne pouvait constater de 
trouble dans aucun viscére; enfin il n’existait, à part les dou- 
leurs très vives, ni malaise vague, ni anorexie, ni frisonnement, 
ni nausées, ni vomissements. Pour tout traitement, le malade 


s'était jusque-là contenté d’absorber —- sans résultats aucuns 
d'ailleurs — des cachets d'antipyrine et de phénacétine, et 


d’entourer d’ouate la région entreprise. Je proposai d’emblée 
une intervention radiothérapique qui fut accepté, et le jour 
meme, c'est-à-dire le 12 novembre, le patient se faisait conduire 
en voiture à mon cabinet où je l’opérai de la façon suivante : 
ayant recouvert tout le côté gauche du tronc d’une plaque de 
plomb, dans laquelle j’avais pratiqué au préalable une longue 
fenêtre correspondant à la lésion cutanée, je plaçai d’abord le 
tube de Crookes derrière le malade et assez près de lui de façon 
que la distance de la peau du sujet au focus fût d'environ 15 à 
18 centimètres; tube demi-mou, étincelle équivalente 8 centi- 
mètres au spintermétre de Béclère; après 16 minutes d’exposi- 
tion, j’obtenais la teinte B au radiometre X de Sabouraud et 
Noiré; je laissai encore fonctionner l’appareil durant une mi- 
nute, puis j’arrétai. Déplaçant ensuite mon malade et lui main- 
tenant le bras dans l’élévation verticale, j’exposai de la même 
manière la région latérale du tronc, après avoir pris la précau- 
tion de recouvrir de plomb la partie dorsale qui venait d’être 
traitée; puis je fis de même pour la face antérieure de la lésion. 
Le sujet subit ainsi, sans trop de fatigue, trois séances succes- 
sives de dix-sept minutes chacune, durant lesquelles chaque 
portion de la peau exposée absorba environ 5 H. Je renvoyai en- 
suite le patient en lui recommandant de la façon la plus ex- 
presse de n'avoir recours à aucun médicament interne ni ex- 
terne, n’autorisant que le simple enveloppement d’ouate. Je le 


— 260 — 


revis le lendemain : les douleurs névralgiques avaient diminué 
notablement mais avaient fait place à une sensation très péni- 
ble de cuisson et de picotements dans toute la région irradiée; 
localement on distinguait sur les parties de peau saine sépa- 
rant les bouquets d'herpès, un érythème continu tout à fait 
semblable à celui qu'on observe souvent sur le cuir chevelu 
vingt-quatre heures après une séance de dépilation; l’herpès 
lui-même ne s'était pas modifié et la sensibilité à la pression et 
a la percussion restait très vive. Le lendemain, 14 novembre, 
coup de théâtre : non seulement la cuisson et l’atroce névralgie 
avalent entièrement cédé, mais la plupart des vésicules étaient 
flétries et remplacées par des eroûtes tandis que l’érythème ra- 
diodermique avait disparu et que la pression aux endroits at- 
teints ne réveillait plus qu’une douleur des plus supportables. 
Le processus de réparation se précipita, les Jours qui suivirent, 
avec la même foudroyante rapidité, tant et si bien que le 18 no- 
vembre on ne trouvait plus localement que des macules brunà- 
tres, qui furent, elles-mêmes, remplacées, deux à trois semaines 
après par les taches blanches cicatricielles et anesthésiques, 
qui caractérisent pathognomoniquement le zona et le différen- 
cient des formes vulgaires de Vherpes névropathique. 

Quant à la névralgie thoraco-abdominale, si violente pour- 
tant avant l'intervention radiothérapique, elle n’avait plus re- 
paru et le malade, désormais délivré de ses souffrances, avait pu 
reprendre ses occupations le 16 novembre, c'est-à-dire quatre 
jours après l’irradiation et douze jours après le début doulou- 
reux de l’affection. 

J'ai revu le sujet le 25 février dernier: il n'avait plus 
éprouvé le plus léger malaise, ni la moindre douleur; la région 
traitée apparaissait avec ses plaques blanches cicatricielles et 
encore entièrement dépilée, 

De cette observation, et sans naturellement rien préjuger de 
Pavenir ni en tirer de trop hatives conclusions, on peut cepen- 
dant faire ressortir les considérations suivantes : 


1° Intervention de la radiothérapie, jusqu'ici cantonnée dans 


— 261 — 


les seules affections chroniques, dans la cure des maladies ai- 
gués, cycliques et ordinairement fébriles. 

2° Rapidité et inoccuité absolue de la méthode. 

3° Au point de vue des résultats subjectifs, disparition rapide, 
presque instantanée et définitive des phénomenes douloureux, 
lesquels persistent cependant l'habitude apres l'extinction des 
désordres cutanés ; 

4° Localement, accélération marquée des processus d’involu- 
tion normale de la lésion ; 

5° Absence complète de complications locales et notamment 
de transformations hémorragiques ou gangréneuses. 


LA RADIOLOGIE 


AU 


I Congrès de Physiothérapie des Médecins de langue française 


Séance du mercredi 22 avril 1908 (matin) 


Président d'honneur : M. le professeur Landouzy, doyen de la 
Faculté de médecine de Paris. 


Président : M. le D! Oudin. 


M. le D" Haret (Paris). — La radiothérapie dans le traitement 
des névralgies. (Résumé.) 


La radiothérapie a ses indications dans le traitement des né- 
vralgies, indications relevant uniquement de la cause. Les 
nombreuses observations publiées montrent qu’elle a parfois 
agi d'une façon remarquable contre le symptôme douleur, 
lorsque la névralgie est due à une compression par une tumeur 
et quand cette dernière est facilement accessible ou extra-sensi- 
ble aux rayons X; on ohtient alors une sédation des dou- 
leurs par suite de la diminution de volume de la tumeur irra- 
diée et consécutivement d’une moindre compression sur le filet 
nerveux. 

Enfin, dans quelques cas, cn a obtenu des résultats parfaits 
contre certaines névralgies de cause obscure où inconnue ayant 
résisté à toutes les autres médications, Ja névralgie du triju- 
meau particulièrement. Ces succès doivent encourager à recou- 


rir à cette thérapeutique avant d'aborder les moyens sanglants, 


— 263 — 


quitte à les mettre en œuvre si le résultat n’est pas favorable, 
rien ne permettant de préjuger de l’issue du traitement avant 
son essal. 


Discussion 


M. le D' E. Henrard (Bruxelles). — Quelle est la dose que 
vous avez employée dans le cas de névralgie faciale que vous 
avez cité. M. Haret a-t-il traité par la radiothérapie des malades 
atteints de névralgie, suite de Zona. 


M. le D' Haret. — Je n’ai pas eu l’occasion de traiter des 
névralgies, suite de Zona. 

La dose employée pour le cas rapporté, a été de 3 H. par 
séance. J’ai fait 4 applications à 8 jours d’intervalle. 


M. le D' Jaulin (Orléans). — J’ai appliqué la radiothérapie 
dans les douleurs fulgurantes du tabes et sur 3 cas, 2 ont été 
tres améliorés. 


M. le D' Delherm (Paris). — Dans les douleurs erratiques je 
n’ai obtenu aucun résultat; dans les douleurs localisées amélio- 
ration très sensible, mais récidive. 


M. le D' Laquerrière (Paris). — J’ai traité par la radiothéra- 
pie une névralgie faciale et j'ai obtenu un excellent résultat en 
cinq séances, ayant provoqué un léger érythéme. Dans d’autres 
cas, pas de résultat. La question est à l’étude. 


M. le D' Guilmonat. -— Revenant à la question de la dose, 
signalée tantôt par M. Henrard, je crois qu’il ne faut employer 
que de petites doses fréquemment répétées. 


MM. les D” Barcat et André Delamarre. — Le radium dans le 


traitement des névralgies et des nérrites. (Résumé.) 


Les faits cliniques ne sont pas assez nombreux et la méthode 


— 264 — 


n’est pas assez fixée pour que l’on puisse établir des conclusions 
fermes. Toutefois : 

1° La valeur thérapeutique du radium comme agent analgési- 
que dans les névralgies et les névrites est nettement prouvée par 
des faits positifs et dans lesquels on ne peut invoquer la sug- 
gestion. (Ravmond et Zimmern.) 

2° Cette action se montre actuellement inconstante. 

3° Le radium a été efficace dans plusieurs cas de paralysie 
faciale dont deux avec réaction partielle de dégénérescence. 
(Rongiovanti. ) 

4° Il est permis d'espérer que l'ensemble des résultats aurait 
été plus favorable avec une meilleure technique. 


Séance du mercredi 22 avril 1908 (soir) 
Président : M. le D" Le Marinel (Bruxelles). 


M. le D' Mally (Clermond-Ferrand). — Lupus circonscrit des 


membres et radiothérapie. (Résumé.) 


L'auteur applique la radiothérapie dans le lupus circonserit 
des membres; il a obtenu plusieurs résultats excellents, avec 
cicatrices indélébiles. Dans le lupus circonscrit il emploie la 
radiothérapie intensive et a notamment guéri un lupus du doigt 
en deux séances de 10 minutes. Il déconseille la radiothérapie 


pour le traitement du lupus de la face. 
Discussion 


M. le D'E. Henrard (Bruxelles) demande ce que l’auteur en- 
tend par la méthode intensive, et s'étonne qu'une application 
radiothérapique de 10 minutes puisse être considérée comme 


une dose massive élevée. 


M. le D! Vally (Clermond-Ferrand) dit qu'il obtient en 10 


minutes une dose de 50 IF. avec un tube Collardeau-Chabaud 


— 265 — 


actionné par une bobine de 40 centimètres, absorbant 2 ampères 
au primaire. 


M. le D' Nogier ne comprend pas comment l’auteur peut 
obtenir 50 H. dans de telles conditions. 


M. le D" Zimmern regrette que M. Mally n’emploie pas d’au- 
tres appareils de mesure. 


M. le D" Albert Weil (Paris) s'étonne de la forte dose obte- 
nue, d’autant plus que le genre d’ampoule employée est très 
instable. 


M. le D" Haret (Paris) déclare au D" Mally qu'il est impossi- 
ble qu’il fasse absorber environ 50 H. à son malade en une 
séance, car avec cette dose il aurait une radiodermite à une in- 
tensité formidable. 


M. le D" Duhain. — Un cas de sclérose en plaques amélioré 


par la radiothérapie. 


M. le D'Duhain. — Simple présentation de radiographies d'un 


cas de bracly et ectrodactylie congénitale. 
Séance du jeudi 23 avril 1908 
Président : M. le professeur Beargonié (Bordeaux), 


Vice-présidents : M. le professeur De Nobele (Gand) et M. le 
D' De Blois (Canada). 


M. le D" Belot (Paris). — La réntgénographie et la réntgé- 
noscopie dans le diagnostic et le traitement des traumatismes 
articulaires et osscux. (Résumé. ) 


Le seul but de l’investigation réntgénologique est d'aider le 
médecin a établir son diagnostic, son pronostic et sa thérapeu- 
tique. 


— 966 — 


L'examen clinique doit être suivi de l’examen réntgénosco- 
pique.; celui-ci fixera sur la nécessité de la réntgénographie et 
renselgnera sur la position à donner au membre et sur le nom- 
bre d'épreuves à faire. 

Il n'y a pas une méthode de 16ntgénographie, mais des pro- 
cédés très divers variant suivant les cas et les indications de- 
mandées. Certains réutgénographes, ceux entre autres qui cri- 
tiquent a l'anarchie des positions et des mesures », pourront 
ne pas partager la façon de l’auteur d'envisager la question. 
S'ils veulent un instant rester médecins, se souvenir qu’il existe 
des malades et non des maladies, ils comprendront que l'abso. 
lutisme est aussi regrettable en rontgénologie qu'en thérape‘. 
tique. | 


M. le D' Mally (Clermond-Ferrand). — Fracture du sca- 
phoide, luxation médio-carpienne, atrophie réflexe des muscles 
de l’arant-bras, atrophie osseuse. 


M. le D' Mally cite le cas d'un malade, soigné pour entorse 
du poignet, chez lequel la radiographie démontra la présence 
d’une fracture du scaphoïde, une luxation médio-carpienne, 
suivies plus tard d’une atrophie réflexe des muscles de l'avant- 
bras. 


Discussion 


M. le D! De Nobele, en examinant les épreuves radiographi- 


ques, se demande s’il ne s'agit pas de l’atrophie osseuse de 
Sudeck. 


M. le D' Mally a produit des fractures expérimentales chez 
des animaux et n’a jamais observé d'atrophie osseuse. 


M. le D' Paul Petit. — De la radiologie des fractures. 


Dans l'examen des fractures, la radioscopie peut parfois suf- 
fire. La radioscopie doit précéder la radiographie. Il ne faut 


— 267 — 


pas systématiquement prendre deux épreuves de la même frac- 
ture sous deux directions perpendiculaires. Il faut chercher le 
position la plus favorable pour obtenir un bon résultat, éviter 
le plus possible la superposition des os. 


M. le D" Duhain estime que l'examen radiologique doit être 
fait dans tous les cas de fractures. Dans les accidents du travail, 
on envoie trop tard le blessé au médecin-radiologiste. 


M. le D" Gaston. — Du diagnostic du traumatisme par les 
rayons À. 


L'auteur appuie surtout sur les résultats différents que l’on 
obtient en radiographiant une même région, dans des condi- 
tions que l'on croit les mêmes. Il faut donc étudier le degré 
radiochrométrique de l’ampoule à l'écran avant de radiogra- 
phier, placer des radiochromomètres sur la plaque. 


M. le D' Marquès. — Troubles trophiques osseux consécutifs 


à une névrite traumatique diagnostiqués par la radiographie. 


ETIENNE HENRARD. 


LE QUATRIEME CONGRES 


DE LA 


“ DEUTSCHE RONTGENGESELLSCHAFT ,, 


BERLIN 1908 


PAR GEO MYLIUS, INGENIEUR 


La « Deutsche Réntgengesellschaft » s'est réunie le diman- 
che 26 avril de cette année, pour la quatrième fois à Berlin, dans 
le Langenbeckhaus, sous la présidence du D! Gocht, de Halle. 

La principale question à l'ordre du jour visait le diag- 
nostic précoce de la tuberculose pulmonaire par les rayons X. 
Outre les deux rapports, cette même question était encore 
le sujet de sept autres communications. De toutes les autres 
communications, 27 se rapportaient à la technique, 3 à la physi- 
que des radiations, 4 au radiodiagnostic médical et 5 à la radio- 
thérapie : enfin nous avons encore à noter 5 démonstrations avec 
projections. Tel est le bilan de l'activité du Congrès, activité 
qui démontre, d'une façon péremptoire, le rapide essor de la 
radiologie allemande. 

Après avoir souhaité la bienvenue aux quelque 350 partici- 
pants, le président rendit un hommage ému à la mémoire des 
membres de la Société décédés dans le courant de l'année et 
notamment aux professeurs Hoffa et Lassar, Au professeur 
Krause, de Iéna, échut ensuite l'honneur de la présidence du 
Congres prochain. Après ces courts préliminaires, l’ordre du 
jour scientifique fut abordé sans retard. 


— 269 — 


En ma qualité de technicien, je ne puis rapporter avec 
le développement qu'elles mériteraient, toutes les recherches 
d'ordre purement médical. Le lecteur voudra bien me pardonner 
cette lacune considérable et trouver une certaine compensation 
de ce fait, dans la description plus ample des recherches d'ordre 


physique et technique. 
§ I. — Radtodiagnostte de la tuberculose pulmonaire. 


Toute la séance du matin fut consacrée à la discussion sur la 
valeur de l'exploration radiologique dans le diagnostic précoce 
de la tuberculose pulmonaire. Voici le résumé du premier rap- 
port présenté par le professeur Rieder de Munich : 

Bien qu’elle soit combattue à l’heure actuelle dans tous les 
pays civilisés avec le plus grand acharnement, la tuberculose 
fauche toujours le plus grand nombre d’existences humaines, et 
s’il faut en croire les statistiques, une sur sept et même une sur 
six. Or, comme de tous les organes du corps humain, ce sont les 
poumons qui sont les plus fréquemment atteints par le processus 
tuberculeux, les médecins ont raison d’attribuer la plus grande 
importance à l’exploration clinique des organes respiratoires, 
même en cas de simple suspicion. Le radiodiagnostic peut être 
de la plus grande utilité et doit mettre en œuvre non seulement 
l'examen à l’écran (radioscopie), mais encore la radiographie. 
Pour tout examen radioscopique l’ampoule doit se trouver 
dans une caisse imperméable aux rayons X, pourvue d’un 
diaphragme ; ce dispositif est indispensable et permet d’explorer 
les organes respiratoires dans toute leur étendue et d’y décou- 
vrir la lésion tuberculeuse éventuelle. Une attention particulière 
sera consacrée aux deux sommets pulmonaires, afin d’y déceler 
une altération éventuelle du tissu pulmonaire et aux deux hiles 
pulmonaires, afin d’y surprendre la présence de ganglions bron- 
chiques hypertrophiés. 

Mais l’examen radioscopique ne nous permet pas toujours de 
découvrir de petits foyers d'infiltration; aussi faut-il souvent 
s'adresser à l’examen radiographique qui assurera dans maints 


— 270 — 


de ces cas le diagnostic. Mais pour arriver sûrement au diag- 
nostic réel il importe que le radiogramme soit excellent, qu’il 
soit obtenu au moyen d’une ampoule molle, que le temps de 
pose soit aussi court que possible. Sans doute, en maintes cir- 
constances la radiographie de deux sommets pulmonaires, exé- 
cutée au moyen d’un tube-diaphragme, amènera le diagnosti: 
péremptoire, mais une étude complete et approfondie du pro- 
cessus tuberculeux exige la radiographie du thorax dans sa to- 
talité. Le rapporteur montra que l'exploration radiographique 
des poumons est supérieure à toute autre méthode d’investiga- 
tion, en ce sens qu'elle permet une étude précise et exacte de 
tout le processus morbide et en ce sens qu’elle permet de com- 
parer les données d’examens faits à des époques différentes; elle 
nous donne donc une documentation médicale de la plus haute 
importance. 

Un des précieux avantages du radiodiagnostic est de rendre 
accessible à nos sens la région du hile pulmonaire, qui est s1 
souvent la porte d'entrée du bacille tuberculeux. 


Les deux hiles pulmonaires, quelle que soit la localisation du 
processus tuberculeux, sont toujours intéressés et quelquefois 
même, ils sont atteints, isolément, à l’exclusion de toute autre 
région. 

Souvent le radiodiagnostic est positif, alors que l’examen cli- 
nique n’a pu que soupconner et non pas démontrer l’affection. 
Au radiodiagnostic doit done être réservée une place aussi im- 
portante qu’à l'auscultation et à la percussion, et c’est un de- 
voir strict du médecin que de s'adresser aux rayons X dans tous 
les cas douteux de tuberculose. Il faut encore s’adresser aux 
rayons X en cas de teres héréditaires et de tares corporelles, 
tel que l'habitus phthisicus. Le rapporteur insiste sur l’impor- 
tance de l'application systématique de ce procédé de diagnostic 
dans la pratique médicale militaire : ainsi il est possible de dé- 
pister le début de la tuberculose, de réformer en temps utile les 
soldats en activité de service et d’écarter de l’armée les conscrits 
porteurs de lésions. De même tous les malades, proposés au sé- 
jour dans un sanatorium, doivent être l'objet d’une exploration 
radiologique minutieuse. 


— 271 — 


Le D" Rieder termine son rapport en insistant eur l’impor- 
tance d’une application générale et systématique du radiodiag- 
nostic dans tout cas de tuberculose pulmonaire au début. 

Le second rapporteur, le D? Krause, de Iéna, expose la techni- 
que de la radioscopie et de la radiographie pulmonaire, et in- 
siste sur maints détails pratiques. Le laboratoire doit être plongé 
dans l’obscurité la plus complète; il faut soustraire aux regards 
la fluorescence de l’ampoule; enfin les yeux de l'observateur 
doivent être soigneusement préparés par une obscuration pro- 
longée. 

Le radiodiagnostic permet-il de découvrir des lésions indéce- 
lables par l’auscultation et la percussion ? Il n’est pas en état 
d'établir des différences minimes dans la hauteur des sommets 
pulmonaires, mais il est au contraire en état d'établir des modi- 
fications de la largeur de ces sommets pulmonaires, comme dans 
les cas de sclérose. Il importe de se rappeler que toute condensa- 
tion du tissu pulmonaire perceptible à l’investigation radio- 
logique ne reconnaît pas toujours une origine tuberculeuse : 
on ne peut négliger en aucun cas les données de la clinique 
et de la bactériologie : le radiodiagnostic n’est qu’un complé- 
ment de ces méthodes, complément très important et souvent 
indispensable. 


Grédel III (Nauheim) expose sa technique d’exploration des 
sommets pulmonaires; au moven d’une ampoule bi-anticatho- 
dique il projette sur la couche sensible simultanément les deus 
sommets chacun au moyen d’un faisceau de rayons normaux et 
croit éviter ainsi toute déformaion. Il fait la démonstration de 
plusieurs radiogrammes ainsi obtenus. (Voir plus loin, partie 
technique.) 


Albers Schénberg (Hambourg) résume l’état actuel du radio- 
diagnostic pulmonaire en déclarant que les formes catarrhales 
échappent aux rayons X, mais que de petits foyers d’infil- 
tration sont au contraire décelables par ce procédé d’examen à 
une époque où la percussion échoue complètement et où l’aus- 
cultation reste douteuse dans la plupart des cas. Nos moyens 


— 972 — 


de diagnostic trouvent dans la radiologie un complément pré- 
cieux; car dans les cas douteux, celle cı seule peut donner le 
diagnostic définitif, ainsi que le montrent les nombreux radio- 
grammes de l’auteur. 


Stuertz (Metz) se basant sur l'examen de malades âgés de 
moins de 30 ans, expose l'importance diagnostique des foyers 
d'hépatisation prenant naissance dans la région du hile pulmo- 
naire. L'auteur décrit une forme spéciale de pneumonie centrale 
à laquelle on peut assigner avec la plus grande probabilité une 
origine tuberculeuse. Ces foyers d'infiltration broncho-pneumo- 
nique se prolongent jusqu’au hile dont l'opacité est considéra- 
blement agrandie, tandis que les foyers pneumoniques centraux 
non tuberculeux n’ont avec le hile aucune connexion. Ces for- 
mes spéciales de tuberculose atteignent de préférence la partie 
inférieure du lobe supérieur, rétrocèdent très lentement : les 
dernières traces de l’affection persistent longtemps dans la ré- 
gion du hile pulmonaire; à ce stade elles ne sont décelables que 
par l’exploration radiologique, qui engagera le médecin à pren- 
dre des mesures rapides et sévères de traitement. 


Kliencherger (Königsberg) démontre un radiogramme de tu- 
berculose miliaire d’origine hématogène. Le cliché montre une 
diminution légère, mais générale de la transparence du tissu 
pulmonaire et un aspect particulier, marmoréen, en mosaïque. 
Le radiogramme est tellement caractéristique que la possibilité 
d’une tuberculose miliaire s’imposera dans des circonstances 
identiques. 


Schlayer (Tübingen) cherche à assigner des lignes de démar- 
cation à la radiologie dans le diagnostic de la tuberculose pulmo- 
naire. Il a trouvé des modifications anormales de l’image radio- 
graphique dans 85 p. c. de cas suspects de tuberculose; dans 
50 p. c. de ces cas il s'agissait de lésions actives, c’est-à-dire 
justiciables d’un traitement antituberculeux; dans 25 p. c. de 
ces cas il s'agissait de lésions cicatricielles sans pronostic fâ- 
cheux. 


-- 273 — 


Schellenberg (Beelitz) discute l'importance de l'exploration 
radiologique comme moyen de diagnostic précoce de tuberculose 
pulmonaire et la valeur de cette exploration radiologique pulmo- 
naire dans la pratique des sanatoria. Bien qu'il soit considéra- 
blement perfectionné à l’heure actuelle, ce moyen de diagnostic 
nest pourtant qu’un complément, très précieux il est vrai, de 
tous les autres modes d'investigation. Néanmoins à ce titre il est 
indispensable dans la pratique médicale des sanatoria antitu- 
berculeux. 


Immelmann (Berlin) range parmi les premiers symptômes de 
la tuberculose pulmonaire la calcification du premier cartilage 
costal. Freund a préconisé la résection d’une portion de la 
première côte comme traitement adjuvant de la tuberculose com- 
mencante du sommet. Cette opération semble avoir donné plu- 
sieurs bons résultats. L’auteur se propose de faire un travail 
d’ensemble sur cette question et recevra avec reconnaissance 
toute communication relative à ces interventions. 


A la suite de ces travaux s'élève une discussion intéressante 
et animée. Lery-Dorn (Berlin) et Cornet (Munich) décrivent, 
toute une série de particularités visibles sur le radiogramme 
normal, dont la méconnaissance pourrait amener un diagnostic 
erroné de tuberculose. Les transitions du normal au pathologi- 
que sont tellement insensibles qu’il est souvent nécessaire de 
disposer d’une grande expérience pour reconnaitre un début de 
tuberculose. Toutefois dans d'autres cas le diagnostic radiolo- 
gique se révèle bien plus facile que l’exploration clinique ne 
peut le faire supposer. 


Wolf (Berlin) montre que dans les cas de catarrhe pulmo- 
naire diffus, où une lésion tuberculeuse du sommet est possible 
mais non démontrable,montre que dans ces cas les rayons X com- 
binés à une injection de tuberculine peuvent assurer le diagnos- 
tic; mais il y a des cas où le radiodiagnostic échoue, tandis que 
l’examen clinique et la tubereulinisation donnent un résultat po- 
sitif. Dans ces dernières circonstances 1] faut admettre que le 
tissu pulmonaire n’est pas encore assez altéré pour se révéler par 


— 274 — 


des opacités anormales. Au nom d'une longue expérience, l’au- 
teur déclare que l’exploration radiologique ne doit point être né- 
gligée aussi bien pour assurer le diagnostic précoce que pour 
établir l’extension d’un processus avancé. 


Strassberger (Heidelberg) et l'urbun (Davos) montrent qu’il 
est important de perfectionner nos moyens diagnostiques ordi- 
naires sans négliger toutefois le radiodiagnostic. 


(rrunmach (Berlin) déclare avoir procédé à l’examen de piu- 
sieurs centaines de phtisiques : l’examen radioscopique ou 
radiographique des sommets et des hiles pulmonaires fut en 
état d'assurer le diegnostic dans 80 p. c. des cas de tuberculose 
au début, diagnostic que vint corroborer, de nombreuses se- 
maines après, la démonstration des bacilles de Koch dans les 
crachats. 


2m. partie. — Radiodiagnostic 


De toute cette grande série de communications, nous signale- 
rons les suivantes : 


Reyher (Berlin) : Les modifications osseuses dans la syphilis 
héréditaire. 


Aaisin (Floreffe) : L'emploi du gaz oxygène dans la radiothé- 
rapie des articulations. 


Muskat (Berlin) a pu constater aussi bien par l'expérimenta- 
tion sur les animaux que par l’observation clinique sur l’homme 
que les corps étrangers et notamment les aiguilles ne se dépla- 
cent dans les tissus que dans certaines conditions déterminées. 

Il recommande d'enlever les corps étrangers aussi vite que 
possible, immédiatement apres la radiographie, ou bien de les 


laisser en place, s'ils ne déterminent pas de troubles. 


Levy-Dorn (Berlin) expose ses recherches sur la respiration 
normale : il appelle l’attention sur les erreurs auxquelles l’exa- 
men du diaphragme donne souvent lieu et montre comment on 
peut se mettre à l’abri de ces écueils. 


— 275 — 


Graessner (Cologne) apporte une contribution au procédé de 
Fürstenau pour déterminer la localisation exacte des corps étran- 
gers (1). A l'aide de ce procédé il put déterminer d’une façon 
absolument précise le siège du projectile dans deux cxs de trau- 
matisme par armes à feu de la tête et dans deux cas de trauma- 
tisme par arme à feu du foie et du thorax; la détermination fut 
si exacte que l’extraction des projectiles ne rencontra aucune 
difficulté et n’eut pas de conséquence facheuse pour les blessés. 


Köhler (Wiesbaden) décrit dans un travail intéressant une 
affection fréquente, mais méconnue jusqu’à ce jour, de certains 
us chez l’enfant. Cette communication provoque une discussion 
animée. 


Biesalski (Berlin) : Les mouvements des articulations hu- 
maines. 


Enfin Grunmach (Berlin) clot la série de ces communications 
par la description radiologique de l’asthme gastrique. 


3™ partie. — Radiothérapie 


Vint ensuite en discussion l’action thérapeutique des 
rayons X. 


Grunmach (Berlin) a pu constater une amélioration, se main- 
tenant depuis déjà neuf mois, d’un cas de cancer gastrique traité 
par les rayons X, ainsi qu’une diminution considérable de la 
tumeur. 


Wichmann (Hambourg) a constaté des guérisons durables de 
lupus vulgaris; la guérison persiste déjà 2 à 3 ans. Il associe la 
radiothéraphie à la tuberculinisation. 


Schmidt (Berlin) a traité par Virradiation 117 cas de carci- 
nome, dont 7 cas de cancer profond, 36 cas de canrer du 
sein et 57 cas d’épithélioma cutané. Les 7 cas de cancer profond 
et les 36 cas de cancer du sein furent améliorés, mais non pas 


(1) Journal de Radiologie, fasc. VIII, 1908, p. 153. 


— 276 — 


Ld 


guéris par la radiothérapie. Des 57 malades atteints d’épithé- 
lioma cutané, 17 abandonnerent le traitement, bien que 13 d’en- 
tre eux se trouvassent considérablement améliorés. Des 40 au- 
tres malades atteints de la même affection, 31,c’est-a-dire 79 p.c., 
arriverent a la guérison complete. La majorité de cette série de 
31 malades resta en observation pendant 3 à 4 ans et aucune 
récidive ne fut constatée. Cette communication fut l’objet d’une 
discussion; plusieurs congressistes contestèrent l'utilité de la 
radiothérapie dans le cancer. 


Friedrich (Iéna) déclare,au nom de ses recherches expérimen- 
tales, que les rayons X n’ont aucune influence nuisible sur l’ac- 
tivité rénale. 


Evler (Treptow a. R.) expose l’action thérapeutique des 
rayons Röntgen sur les collections purulentes enkystées. 


4™ partie. — Physique 


Walther (Hambourg) élucide l’action de la lumière et des 
rayons X sur la couche sensible photographique. Ses recherches 
nombreuses et étendues ont porté sur un grand nombre de pla- 
ques de diverse provenance et lui ont démontré qu’il n’existe 
pas encore d'émulsion répondant à tous les desiderata de 
la radiologie. Son discours, tres documenté et très intéressant, 
se termine par un appel au fabricants de plaques photographi- 
ques : la pratique radiologique doit disposer d’émulsions non | 
pas sensibles à la lumière ordinaire, mais bien sensibles aux 
rayons X. 


Cowl (Berlin) et Wertheim- Salomonsen (Amsterdam) étu- 
dient le courant de fermeture ou courant inverse et démontrent 
quelques nouveaux instruments destinés à contrôler le fonction- 
nement de l’ampoule. | 


Rosenthal (Munich) insiste sur l'importance de la forme de 
la courbe du courant secondaire et sur la mensuration exacte 
des temps de pose de courte durée. Dans son exposé il préconise 
son inducteur universel, qui, d'après ses calculs, est en 
état de donner cette courbe idéale du courant secondaire. A la 


— 977 — 


discussion qu’entraine cette communication, prennent part: 
d’abord Dessauer (Aschaffenbourg), et Grisson (Berlin) qui 
tient à affirmer que son dispositif ne donne aucun courant de 
fermeture; Janus (Erlanger) tente ensuite une réfutation de ces 
dernières affirmations par des considérations théoriques; enfin 
A lingelfuss (Bâle), le Nestor de constructeurs de bobines, rap- 
pelle que depuis de longues années il étudie la construction d’iu- 
ducteurs intensifs et il étaie son exposé théorique de courhes 
expérimentales fort intéressantes, dont il continue la démons- 
tration dans la séance du soir au moyen d’un péridiagraphe 

À la fin de cette joute oratoire, où les ingénieurs rivalisèrent 
sur le terrain électro-technique, le président, avec l’assentiment 
de toute l’assemblée, complimenta l'ingénieur Rosenthal sur ses 
travaux si importants se rapportant a la radiographie instan- 
tanée, qui viennent d'ouvrir a la radiologie des perspectives 
nouvelles et qui constituent une étape dans son histoire. 


ge partie. — Technique 


Le jeune savant viennois Holzknecht ouvrit la série de ces 
communications par l’exposition de la question suivante : Peut- 
on faire absorber par les tissus profonds une dose de radiations 
équivalente, voire supérieure à celle absorbée par le tégu- 
ment cutané ? Tel est le problème que suscite l’irradiation homo 
gene ou centrale. Holzknecht étaya ses idées des considérations 
suivantes : si nous voulons enrayer par l'irradiation les proces- 
sus morbides d’organes internes, nous devons nous adresser à des 
radiations suffisamment pénétrantes, pour que celles-ci ne soient 
pas complètement absorbées par l'air, la peau et les tissus sous- 
cutanés: en d’autres termes, ces radiations doivent avoir un 
pouvoir de pénétration tel qu’elles puissent arriver jusqu’à ces 
organes internes. 

Or, l’ampoule n’émet pas exclusivement des radiations d’un 
seul et même degré de pénétration; elle émet plutôt un faisceau 
de radiations à pouvoir pénétrant différent. Ce fait s’explique 
par les fluctuations continuelles auxquelles est soumis le poten- 
tiel aux électrodes de l’ampoule : conséquemment les émissions 


— 278 — 


cathodiques se trouvent animées de vitesses différentes et par ré- 
percussion produisent des rayons de Röntgen de valeur variable, 
c’est-à-dire pourvus d’un inégal pouvoir de pénétration. 

Si nous exposons donc un organe interne à une irradiation 
quelque peu longue, les radiations à torte pénétration arriveront 
bien à exercer une certaine action sur l'organe en question, mais 
elles ne pourront sortir un effet réellement thérapeutique que 
quand les rayons mous, par suite de leur absorption par la peau, 
auront déjà provoqué sur celle-ci leur action destructive, c'est- 
à-dire la radiodermite. Il est pourtant certain que l'ampoule 
produit à une distance de deux mètres un champ homogène de 
radiations, un champ de radiations pourvues d’un pouvoir de 
pénétration élevé et équivalent : car tous les rayons mous au- 
ront été absorbés déjà à petite distance de l’ampoule par l’air. 
C'est ce champ d'irradiation homogène que nous devons recher- 
cher et utiliser dans le traitement des processus profonds, afin 
d’éviter toute action superficielle nuisible. 

Il est encore certain que les rayons X exercent une action élec- 
tive, en ce sens qu'ils modifient plus énergiquement les tissus 
morbides que les tissus sains : en d’autres termes, l’irradiation 
nomogene, pénétrant tout l'organisme d’une façon uniforme et 
égale, est a même d’enrayer l’activité cellulaire des tissus mor- 
bides bien plus rapidement que celle des tissus normaux et arrive 
ainsi à développer son action bienfaisante bien avant son action 
nuisible. 

En s'appuyant sur ces considérations, on pourrait croire à la 
possibilité d’une irradiation avantageuse d’organes profonds, si 
le faisceau homogène émis par une seule ampoule n’était par 
trop faible: il importe donc de renforcer la puissance du champ 
homogène par la mise en activité simultanée d’un grand 
nombre d’ampoules. Mais au fonctionnement simultané de ces 
nombreuses ampoules, une seule bobine ne suffit point. Force est 
donc d'imaginer et de réaliser un dispositif approprié. 


Holzknecht déclare avoir confié à l’ingénieur Dessauer la re- 
cherche et la réalisation matérielle de pareil dispositif; mais le 
manque de diligence de ce dernier le força à s’adresser à l’ingé- 
nieur Bauer. | 


— 279 — 


Cette déclaration provoque une réplique de Dessauer qui ré- 
clame la priorité de la découverte de l'irradiation homogène. La 
discussion qui s’ensuit est, à un moment donné, si vive que le 
président retire la parole à Dessauer. 


L'ingénieur Bauer démontre son dispositif à irradiation 
homogène et en explique la construction par quelques considé- 
rations : Comme la bobine ordinaire se trouva insuffisante pour 
activer de façon régulière, irréprochable et simultanée de nom- 
breuses ampoules, soit que celles-ci fussent branchées sur le cir- 
cuit secondaire en série, soit qu’elles le fussent en dérivation, 
l'ingénieur Bauer s'adressa à un tout autre transformateur, au 
transformateur utilisé à l’heure actuelle par la télégraphie sans 
fils et permettant de disposer d’une énergie électrique réellement 
colossale. Le schéma fig. 1 montre la construction de ce trans- 


Fig. 1 


formateur à haute tension. L’inducteur est alimenté directe- 
ment par courant alternatif : le circuit secondaire comprend les 
condensateurs L, et L,, l'éclateur F, et la self-induction S. Celle- 
ci est reliée unipolairement au résonateur R, qui doit évidem- 
ment être réglé à son maximum de rendement. Toute cette ins- 
trumentation ressemble au dispositif d’Arsonval combiné au 
résonateur d’Oudin, dispositif bien connu en électrothérapie 
par ses courants de haute fréquence, avec cette difference toute- 
fois que l’instrumentation nouvelle est en état de développer 
une force électre-motrice énorme, allant jusqu’à un demi-mil- 
lion de volts. Aussi l'éclateur est-il subdivisé et pourvu d’ai- 
lerons permettant d’annihiler pendant le fonctionnement les dé- 


— 980 — 


tonations génantes et l’échauffement intense: le condensateur 
se compose de 20 grandes bouteilles de Leyde destinées à emma- 
gasiner l'électricité nécessaire au fonctionnement. Si nous in- 
tercalons 8 ampoules stéréoscopiques Bauer dans le circuit 
secondaire, celles-ci montrent une belle fluorescence fixe et ré- 
gulière. 


Fic. 2 


Pour utiliser efficacement et entièrement les deux périodes du 
courant alternatif, des ampoules de construction spéciale, symé- 
trique, sont de toute nécessité: telles sont les ampoules stéréosco- 
piques Bauer qui sont pourvues de deux cathodes et d’une dou- 
ble anticathode (1) : pendant leur fonctionnement au moyen du 
dispositif nouveau, les 8 ampoules constituent donc 18 foyers 
radiogènes, émettant 18 faisceaux de rayons Röntgen. La fig. 2 


(1) Voir le dessin de cette ampoule in Journal de Radiologie, fasc. VIII, 1908, 
p. 156. 


— 281 — 


montre le résonateur utilisé et la fig. 3 le dispositif à irradia- 
tion homogène dans sa totalité avec ses huit ampoules doubles, 


Fic. 3 


Alerander (Késmark), bien connu par ses travaux antérieurs, 
apporte de nouveaux radiogrammes plastiques de toute beauté. 


— 282 — 


Harras (Berlin) décrit un nouveau radiomètre, qui consiste 
dans une préparation spéciale d’os et qui constitue un chéiros- 
cope. 


Immelmann (Berlin) présente aussi un radiomètre, inventé 
par son assistant technicien M. Leppert et dénommé radiographe. 
L'appareil, reproduit par les figures 4 et 5, se compose essentielle- 
ment d’une caissette transparente en celluloide rouge, imperméable 
aux rayons actiniques, et munie d’un couvercle de plomb percé 
d’un certain nombre d'ouvertures. Ces ouvertures sont obturées 
par des lamelles de plomb d’épaisseur croissante et absorbant 
donc les radiations de Röntgen, proportionnellement a leur 
‘épaisseur. Une plaque photographique est glissée dans la cais- 


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Fia. 4 


sette de celluloide, préalablement remplie d’un liquide déve- 
loppateur; évidemment cette opération s’exécute dans la cham- 
bre noire. Ensuite on applique contre le récipient un écran ren- 
forçateur de baryum et on recouvre enfin le tout du couvercle 
de plomb. Le « radiographe » ainsi monté est appliqué pendant 
l'irradiation sur la peau du patient : au fur et à mesure de l’ex- 
position, apparaissent au verso de la caissette un nombre de 
plus en plus grand de taches noires dont chacune correspond à 
environ une minute d'irradiation par ampoule demi-molle. Ce 
procédé permet done de doser les radiations absorbées d'une 
façon exacte et facile. 


— 283 — 


y 


Le D' Zmmelmann (Berlin) démontre un « orthophotographe » 
(fig. 6 et 7). Cet appareil est destiné à projeter sur la pla- 
que photographique les contours du cœur dans leur réelle forme 
et leur vraie grandeur : un moteur électrique imprime les mou- 
vements nécessaires de va-et-vient au cadre supportant à la fois 
l’ampoule et le diaphragme à fente très étroite. 


Les communications et les démonstrations de Grashey (Mu- 
nich), de Groedel TIL (Nauheim) et de l'ingénieur Horn (Er- 
langen) prouvent l'importance ’onsidérable que la radiographie 
à longue distance (téléradiographie) et la radiograpnie instan- 
tanée viennent de conquérir dans la pratique radiologique 
(fig. 8, 9, 10). Comme supplément à ce travail, qu’il me soit permis 
de reproduire à lintention des membres de la Societé belge de 


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Fic. 7 


Fic, 8 


1/3 


wi 


Concernant l article «Communications techniques 


Fig. 1. Thorax, Vue de dos. ox 


D 
seconde d'exposition, à 60 cm de distance. 


Le même thorax sans 


écran renforçateur. 


Fig. 3. Téléradiogramme. 


2 secondes d'exposition, à 2 mètres de distance. 


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— 285 — 


Radiologie trois épreuves de téléradiogrammes de Messieurs Horn 
et Groedel. Ces auteurs obtinrent ces téléradiogrammes au moyen 
d’une bobine ordinaire de Reiniger et d’un interrupteur 


Fic. 9 Fic. 10 


Wehnelt avec un courant d'environ 60 ampères sous une 
tension de 110 ou 220 volts dans la bobine primaire. (Voir fig. 1, 
2 et 3 de la planche ci-jointe.) 


L’ingénieur Horn fait ensuite la démonstration de l’inter- 
rupteur Wehnelt modifié par Groedel aux fins de la téléradio- 
graphie instantanée,ainsi qu’un nouveau tableau assurant la rup- 
ture automatique du courant (fig. 11). Le D" Groedel III (Nau- 
heim) explique son nouveau dispositif pour radiographier les 
sommets pulmonaires. L’auteur se sert d’une ampoule stéréosco- 
pique Bauer qui permet de projeter simultanément sur la cou- 
che sensible les deux sommets pulmonaires chacun au moyen 
d’un faisceau de rayons : ces deux faisceaux passent chacun a 
travers un tube-diaphragme et se trouvent ainsi isolés l’un de 
l’autre : chaque sommet pulmonaire est donc traversé par un 
faisceau de rayons à peu près parallèles et normaux (fig. 12 à 14). 


Grisson (Berlin) décrit un dispositif qui permet également 
des prises instantanées au moyen: du grissonateur. « Il suffit, 
dit-il avec humour, d’imiter la manœuvre du Kodak, de com- 
primer le ballon de l’appareil pour avoir une épreuve parfaite. » 


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— 287 — 


Levy-Dorn (Berlin) et Losse (Berlin) rapportent leurs re- 
cherches entreprises avec le grissonateur. 


Koch (Dresde) parle des avantages qui résultent de l’utilisa- 
tion de sa bobine intensive et explique le mécanisme de son nou- 
vel interrupteur par arme à feu. I] fait passer à travers le circuit 
primaire de sa bobine un courant de 60 à 70 ampères, et inter- 


da, ii ulh LA sail 


HH 
HH 


i i 
= Lil A 


Fia. 13 


rompt tout d’un coup ce courant par rupture brusque de son 
circuit au moyen d’un coup de pistolet. Cette rupture provoque 
dans le circuit secondaire un énorme courant d’ouverture am- 
plement suffisant à une prise instantanée. La réalisation maté- 
rielle de l’appareil n’est pas encore définitive : Koch ne montra 
qu’un modèle provisoire auquel le pistolet avec sa détonation 
d’ailleurs ne fit point défaut : le président remarqua malicieuse- 
ment que M. Koch venait d’abattre le coq. 


— 288 — 


Mahr (Munich) présente le nouveau chassis universel d’a- 
pres Béclère, de la firme Reiniger, Gebbert et Schall. J’ai eu 
l'honneur de montrer ce chassis à la Société belge de Radiolo- 


gie (1). 


Fic. 14 


Heinz Bauer (Berlin) et Rodde (Hambourg), ingénieur de 
la firme Miiller, décrivent de nouveaux types d’ampoules, exa- 
minés avec le plus grand intérêt par les membres de l’assem- 
blée. Bauer appelle l'attention de l’auditoire sur son nouveau 
régulateur a robinet, qui permet d’introduire dans le tube de 
très petites quantités d’air atmosphérique. J’ai eu l’honneur 
d’apporter à la dernière séance de la Société belge de Radiolo- 
gie une de ces ampoules et d'expliquer le maniement du régu- 
lateur. (Fig. 15.) L’ampoule dite centrale de la firme Miller sera 
l’objet d’une communication ultérieure à la Société de Radiologie. 


Une exposition importante d’ampoules avait été aménagée 
dans les locaux du Congrés. Toutes les firmes importantes 


(1) Journal de Radiologie, n° 7, 1908, page 69. 


— 989 — 


avaient tenu à y prendre part, et entre autres les firmes Bauer, 
Müller, Gundelach, Ehrhard, Becker, Reiniger, Gebbert et 
Schall, Hirschmann, etc. 


Fie. 15 


- 


i ” Gundelach exposait une ampoule intensive pourvue extérieu- 
rement d’ailerons à refroidissement. C’est cette ampoule (fig.16) 
que Groedel et Horn utilisèrent dans leur radiographie instan- 


tanée : elle est en état de supporter une charge électrique énorme 
sans changement de son état de vacuité. J’aurai encore l’hon- 
neur d’exposer cette ampoule à la prochaine réunion de la So- 
ciété de Radiologie. 


Ehrhardt exposait un assortiment complet des ampoules les 


plus usitées : ses ampoules se rapprochent en général du type 
Miller par leur construction et par leur réglage. 


Reiniger-Hirschmann exposait l'ampoule Monopole et l'am- 
poule thermométrique (Alban Köhler. L’usage fréquent qui 
en est fait en Belgique me dispense de décrire la première. 
Leampoule thermométrique de Köhler est destinée surtout à des 
usages thérapeutiques : un thermomètre, plongeant dans la ca- 
vité de l'ampoule, permet de doser sans difficulté aucune la quan- 
tité de radiations que l'on cherche à appliquer. 

Apres cette promenade à travers les locaux de l’exposition, 
nous rentrons en séance pour entendre la description, exposée 
par Eberlein (Berlin), du nouveau laboratoire de radiologie de 


la clinique chirurgicale de lP Ecole vétérinaire. 


Haggenmiller et Winkler (Munich) décrivent le nouvel in- 
terrupteur « Hesychos » (Membran-Silberstiftunterbrecher). 
Cet interrupteur fonctionne irréprochablement sans étincelle de 
rupture sous une charge de 2 à 8 amperes. Il est réellement 
recommandable pour les appareils transportables. 

Grisson (Berlin) démontre un dispositif destiné à remplacer 
les câbles à haut isolement : les longs câbles, tels qu’ils sont en 
usage dans beaucoup de laboratoires, occasionnent jusqu’à 
du p. c. de perte d'énergie, par suite de leur capacité et des 
effluves qui s’en dégagent : il faut donc veiller à rapprocher 
l’inducteur autant que possible de l’ampoule. Pour réaliser cette 
idée directrice, l’auteur fait rouler la bobine sur un rail fixé 
au plafond du laboratoire. (Voir fig. 17.) 


Maz Levy (Berlin) décrit un nouveau dispositif radiologique 
a système Ruhmer » (Berlin), exempt de tout courant de fer- 
meture. Xuhmer dispose, d'une facon très simple, à côté de la 
bobine primaire une bobine secondaire supplémentaire destinée 
à étouffer le courant de fermeture secondaire, de façon que le 
circuit secondaire ‘et par suite l'ampoule ne livrent passage 
qu’au courant d'ouverture. 

Le tube de Ruhmer, que l’auteur décrit ensuite, est très re- 
commandable, parce qu’il fournit la preuve objective de l’ab- 


E: eee 


sence ou de la présence du courant induit de fermeture. Toute 
installation radiographique devrait être pourvue de ce tube : il 
permet de déceler l’existence éventuelle du courant de ferme- 
ture et de réduire par ce contrôle l’usure des ampoules. 


Fig. 17 
6% partie. — Projections 


Tard dans la soirée tout le domaine, conquis par la radiologie, 
est passé en revue dans de nombreuses projections. 

Albers-Schénberg (Hambourg) : Les maladies de la peau. 

Gottschalk (Stuttgart) : Radiogrammes plastiques. 

Fraenkel (Hambourg) : Tumeurs du rachis. 

Rosenthal (Munich) : Magnifiques radiogrammes d’estomac 
et d’intestins remplis de bismuth. 


La clôture du Congrès fut prononcée vers minuit. 


* + # 


Immelmann et Biesalskt (Urbankrankenhaus) engagérent les 


— 292 — 


é 
congressistes à visiter leurs instituts respectifs. L’ingénieur 
Bauer invita les membres du Congrès à une séance de projections 
et à la visite de ses ateliers de construction d’ampoules. 
Apres la clôture du Congrès un cours de technique radiologi- 
que fut organisé par la maison Âeiniger, Gebbert et Schall. Ce 
cours dura une semaine et compta environ 85 auditeurs. 


* & # 


L’auteur de ces lignes déplore la faible participation des mé- 
decins belges a ce Congrès si intéressant. I] espère que les radio- 
logues belges prendront leur reyanche Van prochain et qu’ils 
tiendront à montrer à leurs collègues allemands que la Belgique 
sait, elle aussi, cultiver le magnifique patrimoine dont Röntgen 
dota la civilisation : il se permet d’offrir à la Société belge de 
Radiologie le groupe photographique des congressistes réunis 
en séance. 


— 293 — 


INSTRUMENTS NOUVEAUX 


Nouvel appareil de protection et de localisation 
pour rayons X 


A l’exposition de la Société francaise de Physique, de Pacis, 
Gustave Lézy présente un nouveau protecteur et localisateur 
muni d’un diaphragme iris avec divisions, d’une pince porte- 
tube décentrable et d'un porte réactif pour le temps d’exposi- 
tion. Voici la description de l'appareil : 

Nous avons donné à notre protecteur localisateur la forme 
d’une boîte opaque aux rayons X, parce que c’est la forme la 
mieux appropriée pour que l’ampoule, libre à l’air, puisse fonc- 
tionner normalement sans être influencée par les phénomènes 
de condensation que forme tout protecteur à calotte hémisphé- 
rique, épousant la forme de l’ampoule soit en métal ou toute 
autre matière isolante. 

Notre protecteur, tout en étant métallique, se manœuvre en 
marche avec aisance et a toutes les intensités sans crainte de 
décharges. 

Le métal employé est un alliage aussi résistant que le cuivre, 
moins lourd que le plomb tout en ayant les mêmes qualités 
d’opacité. | 

Ce protecteur permet l’emploi de tous les systèmes de tubes 
existants et de tous les diamètres de 0"10 jusqu'à 0725. 

L'ensemble de l’appareil est constitué par : 

Le protecteur localisateur lui-même ; 

Le pied-support équilibré et articulé en tous sens et divers 
accessoires. 


Description. — Notre protecteur localisateur, ainsi que Pin- 
dique la figure 1, est composé d'une boîte métallique à 3 côtés, 
Opaque aux rayons X, dans laquelle est abritée ampoule; en 
regard de l’anticathode a été ménagé un orifice dont l’ouverture 


— 294 — 


est réglable extérieurement par un diaphragme iris à lames opa- 


& 


ques et ouverture circulaire. La manceuvre de ce diaphragme 
iris se fait par un index dont les graduations correspondent 4 


H pl | 


des ouvertures divisées de demi en demi-centimètre depuis : mi- 
nimum 40 ™/" jusqu’à : 120 ™™ de diamètre et ce, pour les exa- 


mens radioscopiques. 


— 995 — 


La pince porte ampoule, en bois dur, avec mors en liège, est 
articulée et montée sur un chariot à double décentrement, se 
manœuvrant de l’extérieur par 2 boutons molletés permettant 
le déplacement du tube en tous sens pour l’amener au rayon 
normal, ce qui est obtenu par le centreur, genre de lunette à 
double réticule, qui fait partie des accessoires et qui s’ajuste à 
double réticule, qui fait partie des accessoires et qui s'ajuste sur 


l’iris. 


Fic. 2 


Le cété droit du protecteur est monté sur pivot et possede a 
un endroit convenablement calculé, un ajutage pour recevoir 
le porte-pastilles Sabouraud et Noiré, ou tout autre réactif. 
Ce réactif reçoit directement les radiations de façon à surveiller 


— 996 — 


le temps d’exposition, sans pour cela arrêter la marche de l’am- 
poule. 

Une série de trois localisateurs de diamétres différents, en 
verre au plomb, munis d’embases, viennent s’adapter sur le 
diaphragme iris, ils conservent respectivement la distance de 
0"16 du point d’application à l’axe de l’ampoule pour l'usage 
de la radiothérapie (fig. 2). | | 

Ainsi décrit, l’appareil est supporté par un pied à embase 
triangulaire muni de roulettes pour un déplacement facile et 
surmonté d’une colonne verticale de 2 mètres de hauteur. 


Sur cette colonne glisse une pièce à douille munie d’une poi- 


Fic. 3 


gnée de serrage sur laquelle est fixé un secteur divisé en degrés, 
avec index et articulé sur un axe permettant un déplacement 
angulaire en tous sens. Un contre-poids équilibre tout le système 
sans jamais craindre la chute de l’appareil en cas d’oubli du 
serrage. | 

I] peut prendre toutes les positions. 


La figure 1 représente l'appareil pour l’examen radioscopi- 
que. 


— 297 — 


La figure 2: l’appareil permettant de prendre toutes les posi- 
tions pour la radiothérapie. 

La figure 3: la façon dont peut se placer l'ampoule pour la 
1adiograhie. 


Nora. -- Une pince en supplément peut éter ajustée à lex- 
trémité de la tige du protecteur (fig. 1) pour irradier les cavités 
et au besoin utiliser deux tubes sur le même support. 


— 298 — 


Interrupteur à mercure et gaz fonctionnant indifféremment 
sur courant alternatif ou continu 


M. L. Drault a présenté, à l’exposition annuelle de la Société 
francaise de Physique, un interrupteur au gaz d'éclairage, agis- 
sant comme diélectrique : il marche indifféremment sur courant 
alternatif ou continu. 

Cet appareil a été construit d’après les mêmes principes que 
l'interrupteur exposé l’année dernière et qui est d’un fonction-. 
nement tres simple. (Voir Journal de Radiologie, année 1907, 
page 169.) 

Le courant alternatif est envoyé dans un collecteur à lames 
séparées correspondant à un enroulement d’induit pour moteur 


à courant continu. 


Lorsque la vitesse du synchronisme est atteinte, le courant 
est interrompu sur ce collecteur pour être envoyé dans le collec- 
teur à bagues qui correspond à un induit à deux bobines. A ce 
moment le premier induit se comporte comme l’induit d'une 
génératrice à courant continu et aimante les deux mâchoires de 
d'inducteur : Vinduit à deux bobines étant parcouru par du 
courant alternatif, il est compréhensible que cet induit tourne 
en synchronisme des phases pour être attiré et repoussé par lin- 


ducteur. 


099 — 


SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE 


o & 


Séance du 14 juin 1908, à Liège 


M. De Heen, professeur de physique à l’Université de Liége, 
avait accepté très gracieusement de faire une conférence aux 
membres de la Société de Radiologie. 

A deux heures done nous avons eu la bonne fortune d’enten- 
dre dans l’auditoire de physique l'exposé de la théorie des tour- 
billons par laquelle les physiciens expliquent la genèse de la 
matière et les manifestations de l'énergie, notamment la trans- 
mission de l'attraction interplanétaire et du magnétisme. | 


Le résumé de cette savante causerie paraîtra in ertenso. 


A trois heures s'ouvrait la séance ordinaire dans l'auditoire 
de l’Institut de physiologie. La parole est donnée d'abord au 
D' Conrad qui expose d'une façon claire et complète l'étude des 
altérations de Ja colonne lombo-sacrée, dues aux traumatismes. 
Des projections lumineuses de schémas et de clichés illustrent 


sa démonstration. Ce travail paraîtra in ertenso. 


Le DP Bienfait expose ensuite la question de la thérapeutique 
de la syringomyélie par la radiothérapie. N'ayant jusqu'à ce 
jour pas eu l’occasion de recourir à ces procédés nouveaux, il 
expose la technique et Jes résultats obtenus dans huit cas par 


divers auteurs. 


Le D Klynens. — Le docteur Bienfait vient de nous expli- 
quer d’une façon ingénieuse et neuve l'action des rayons X sur 
les lésions de la syringomyélie : mais pour que cette explication 
soit plausible il nous faudrait savoir si les gliomes sont sensibles 
aux radiations de Röntgen. 


Les gliomes superficiels, je veux dire les ghomes de lϾil, 


00 =: 


rétrocedent-ils sous l'influence des rayons X ? Ma pratique ne 
me permet pas de répondre a cette question et je ne me rappelle 
pas avoir lu une observation établissant cette salutaire influence. 
S'il était prouvé que les gliomes de l'œil sont très sensibles aux 
radiations, l'explication du docteur Bienfait ne serait pas seule- 
ment plausible, mais encore convaincante. 

La technique radiothérapeutique, appliquée jusqu'ici à la 
cure de la svringomyeélie et telle qu’elle vient d'être décrite par 
le docteur Bienfait, semble défectueuse; il ne faut point placer 
Panticathode à 15 ctm. de la peau; ce serait faire absorber 
pur celle-ci une dose de radiations bien supérieure à celle 
absorbée par la tumeur médullaire ; ce serait exposer le 
tégument à la radiodermite. Il faut au contraire placer l'anti- 
cathode à une distance bien plus considérable, à 50 Gentimétres, 
voire à 1 mètre de distance; en d'autres termes il faut que la 
distance peau-tumeur ne soit qu'une petite fraction de la dis- 
tance anticathode-tumeur; a cette condition, nous aurons une 
irradiation homogène, ce qui veut dire que la quantité de ra- 
diations absorbées par la tumeur sera sensiblement égale a 
celle absorbée par la peau, puisque la quantité de radiations 
absorbée par une surface est en raison inverse du carré de la diz- 
tance du foyer radiogène à cette surface. 


Le D' Penneman explique comment on peut déterminer ma- 
thématiquement la situation d'un corps étranger en se servant 
du tube compresseur stéréoscopique d’Albers-Schénherg, en 
fixant deux images sur une seule plaque et en faisant usage de 


formules. Paraitra in extenso. 


Enfin M. Mylius présente deux tubes perfectionnés : l'un dû 
à Gundelach, permet de charger le tube d’une quantité énorm» 
d'électricité, de facon à pouvoir faire des instantanés : l’autre 
de Bauer, est muni d’un robinet de verre permettant l’entrée 


de quantités minimes d’air atmosphérique. 


JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE IX 


D” CONRAD 


FIG. | 


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VOL. II. PLANCHE x 


DT CONRAD 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE VOL. II. PLANCHE XII 


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FIG. 4 - FIG. 5 


FIG. 6. FIG. 7 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE 


VOL. II. PLANCHE XIII 
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JOURNAL DE RADIOLOGIE 


VOL. II. PLANCHE XIV 


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VOL. II. PLANCHE XV 


JOURNAL DE RADIOLOGIE 
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FIG. 22 


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LA MATIÈRE ET LES PHENOMENES PHYSIQUES 


M. De Heen, le distingué professeur de physique à VUniver- 
sité de Liége, a donné sous ce titre à la Société de Radiologie 
L’ intéressante conférence dont nous allons nous efforcer de retra- 


Cer les passages principaux. 


M. Weyher a réussi à réaliser au moyen de simples tourni- 
Quets munis de palettes et tournant dans l'air et dans l’eau tou- 
tes les particularités des actions attractives ou répulsives que 
Présentent les aimants ou les solénoïdes : il a pu montrer com- 
ment deux courants parallèles et de même sens s’attirent et 
Comment ils se repoussent lorsqu'ils sont de sens contraire. 

Si on se figure les molécules, Jes atomes et les ions constitués 
non pas par des masses sphériques, mais par des espèces de tour- 
niquets,infiniment petits, produisant des tourbillons dans l'éther, 
On peut arriver à s'expliquer les phénomènes physiques d’une 
facon rationnelle. Diverses expériences donnent du poids à cette 
hypothèse : c’est ainsi que le tourbillon d'éther devient remar- 
Quablement apparent lorsque l’on place un tube parcouru par 
un rayon cathodique dans l'axe d’un électro-aimant. M. Broca 
a montré que ce rayon s'enroule en spirale et dans le sens prévu, 
comme le ferait la fumée soumise à un tourbillon aérien. 

M. Zenger, ayant suspendu une sphère en cuivre à un fil mé- 
tallique de manière à faire coincider laxe d'un électro-aimant 
Avec son prolongement, a remarqué d’abord ce fait connu, que si 
Yon vient à tordre le fil de manière à imprimer un mouvement 
de rotation rapide à la sphère, ce mouvement est enrayé du 
moment que l'électro-aimant est mis en activité. Mais si la 


sphère est déplacée latéralement, on la voit décrire autour de 


— 302 — 


laxe de l'aimant une série de spires concentriques qui témoi- 


gnent de l’existence d’un tourbillon. 
Dans la théorie des phénomènes électriques, De Heen inter- 
prète les faits qui nous intéressent ici de la manière suivante. 
Il résulte, dit-il, de l’ensemble des connaissances que nous 


i 


© 


aspirabon 


Fic. 1. — Cette figure tout schématique représente deux ions unis par un 
trait. Ce sont deux tourbillons en forme de spirale conoide tournant dans 
le sens de la flèche. Ce mouvement produit une aspiration et un refoulement 


de l'éther dans le sens de l'axe du tourbillon. 


possédons actuellement sur la nature de l'électricité qu’une hy- 
pothese capable de rendre compte du mécanisme de ce phéno- 


— 303 — 


miene doit à la fois posséder en elle la notion d’orientation, de 
Pression et de dépression de l’éther, elle doit enfin tenir compte 
clu caractère tourbillonnaire. Nous pouvons donc dire, abstrac- 
tion faite de toute hypothèse sur la nature intime de 1’ion, qu'il 
représente un système gyrostatique aspirant et foulant agissant 
sur le fluide éther. | 

La façon la plus simple de le concevoir consiste à lui attribuer 
la forme d'un fil contourné en hélice, cette hélice étant ani- 
inée d’un mouvement giratoire autour de son axe de manière à 
déterminer l'aspiration et le refoulement : l'aspiration ou la 
dépression correspondent à la polarité négative; la pression ou 
le refoulement correspond à la polarité positive (fig. 1). L’ion 
est donc un gyrostat excessivement petit que l’on peut compa- 


+ omy 


Fic. 2. — Cette figure est une simplification de la figure 1. L'angle a est d'autant 
plus aigu que la tension et en même temps la vitesse sont plus grandes. l.es 
variations rapides de tension produisent des différences équivalentes dans 
l'étendue de l'angle, qui, d'aigu, devient droit et même obtus. Ces variations 
rapides produisent de véritables battements : ces battements constituent lori- 
gine des ondulations de l'éther correspondant à la lumière et aux ondes 
chimiques et électriques. 


rer à un tourbillon infinitésimal de poussière ou à une minus- 
Cule trombe marine. 

Si nous supposons une forme cônique à cette hélice, le pôle 
positif correspondra au sommet ct le pôle négatif à la base. 

Cette hypothèse très simple permet de se représenter objecti- 
vement les phénomènes physiques dans leur intimité; comme 
nous allons le voir rapidement, elle permet de les classer, elle 
a permis d’en prévoir et à ce titre elle est utile à exposer. 

Pour plus de simplicité nous représenterons l'ion d'après le 
dessin de la figure 2. 

Nous voyons que ces deux tourbillons unis par un trait sont 


— 304°— 


doués des propriétés suivantes résultant de ce que nous venons 
de dire. 
Si la tension électrique s'accroît langle a devient plus aigu : 
la vitesse de giration et la propulsion deviennent plus grandes. 
Si deux ions sont placés sur une même direction et à l’état de 
repos relatif par rapport à l'ensemble de la masse fluide éther, 
le mouvement giratoire se transmet de l’un à l’autre d’où la dé- 


formation et l'orientation des éléments (fig. 3) qui prennent 


= + — sp 
Fie. 3. 
yet 
wD nn mm >> > > 
— + — + — + + — + 
tr 
Fic, 3bis 


Chaine rectiligne d'ions qui s'attirent par leurs pôles de noms contraires 
et s'orientent. Les flèches f f représentent le courant d éther provoqué par 
l'aspiration de la chaine. La flèche F représente la direction des ondes d'êther 
produites par les battements dus aux variations de vitesse giratoire. 


tous la méme tension, La force d'orientation correspond à lin- 
fluence en impliquant la force répulsive des pôles de même nom. 

Les ions libres s'orientent et s’attirent, ils ont done la ten- 
dance de se souder en chaînes; nous verrons dans un instant que 
c'est là l’origine de la matière; pour le moment, constatons que 
l'axe de la chaîne étant constitué par une série de tourbillons a 
action aspirante et foulante, est parcouru par un courant d'é- 
ther. 

Cette hélice conoide (l'ion) tournant sur elle-même ne con- 
serve pas constamment la même forme; par exemple, à la suite 
d’un frottement, d'un choc ou d’une autre influence, les spires 
vibrent, l'hélice s'allonge et se raccourcit; il en résulte une sorte 


de battement qui frappe l'éther et lui communique une série 


305 — 


d’ondulations régulières d'amplitude plus ou moins grande qui 
se propagent perpendiculairement à l’axe du tourbillon; ces on- 
dulations constituent la lumière (diverses couleurs, rayons chi- 
miques, rayons électriques). 

Ce mouvement d’allongement et de raccourcissement peut 
être tellement prononcé que la pointe du tourbillon dépasse la 
base et apparait de l’autre côté : il s’est retourné en doigt de 
gant; ces alternatives donnent des ondes d'amplitude beaucoup 
plus grande que celles de la lumière, ce sont les ondes de Hertz 
qui sont utilisées dans la télégraphie sans fil et qui proviennent 
de l’étincelle oscillante. 

Un ion lancé dans l’espace constitue un rayon cathodique ou 
un rayon anodique (Kanalstrahl) suivant qu’il se présente 
par la pointe ou par la base, c’est-à-dire avec un pôle positif ou 
négatif. Si c’est un rayon cathodique, son mouvement giratoire 
se fait dans le sens voulu pour accroître sa vitesse de translation ; 
il avance done très rapidement : si c’est un rayon anodique, il 
avance plus lentement parce que son mouvement giraloire ra- 
lentit sa marche. 

Lorsqu’un rayon cathodique vient frapper la paroi d’un tube, 
ce choc ébranle les ions du verre; ceux-ci vibrent, comme nous 
l’avons dit plus haut. Il en résulte des vibrations transversales 
dans l’éther, elles sont perçues par l'œil: c’est la fluorescence 
du tube Röntgen, qui est verte pour le verre, rouge ou bleue, 
pour d’autres substances. 

A cette occasion il ne se produit pas seulement des ondula- 
tions, mais encore des ébranlements de l’éther suivant le pro- 
longement de l’axe; ces ondes « pulsives » sont absolument 

. comparables aux ondes sonores, elles sont particulièrement pé- 
nétrantes : ce sont les rayons X, qui naissent en grand nombre 
au niveau de l’anticathode du tube Röntgen. 

L'hypothèse de l'ion tourbillonnant explique l'existence de la 
matière sous ses divers états : nébuleux, radiant, gazeux, liquide 
et solide. 

Nous avons vu que les ions ont une tendance naturelle à s’o- 
rienter et à s’attirer les uns les autres; ils forment ainsi des 
chaînes d’abord rectilignes, puis qui s’incurvent et forment soit 


306 — 


des anneaux lorsque les deux bouts se raccordent, soit des enla- 
cements en spirales, en forme de ressorts à boudin. Il en résulte 
un état qui n’est pas encore la matière proprement dite (fig. 4) 


et que l’on appelle état radiant ou supragazeux. 


f - >> 
f; 
Qoa 


Fic. 4. — Simple anneau formé par une chaine rectiligne dont les extrémités 
se sont rejointes. Cet anneau est parcouru suivant l'axe de la chaine par un 
courant d'éther, animé d'un mouvement en sens contraire indiqué par la flèche. 
Cette réunion d'ions est une masse inférieure à l'atome, c'est-à dire de la 
matière radiante. Remarquons que le mouvement giratoire de chaque ion 
constitue dans son ensemble une sorte de torsion de cet anneau; cette tor- 
sion en se transmettant a la matière voisine constitue la chaleur. 


Tel est le premier noyau de condensation d’une nébuleuse 
spirale en formation. Chaque jon se condensant comme une 
pompe aspirante et foulante, la réaction produite par le fluide 
éthéré détermine la rotation en sens inverse de la direction 
du courant axial d'éther suivant la direction de la flêche f. Par 
suite de la rotation la chaîne tendra à devenir circulaire, 

Notre globe a conservé la trace de ce courant originel qui a 
présidé à l’établissement de son mouvement de rotation, courant 
dont le sens est dirigé en sens inverse de cette rotation et qui 
détermine les phénomènes magnétiques. Le soleil et toutes les 
planètes sont parcourus par des courants de même sens. 

L’emmagasinement de l'énergie pourra déterminer la produc- 
tion d'ions possédant des dimensions et des quantités d’énervie 
variables. Leur association pour la constitution de la chaîne 
ionique se fera de préférence d'une certaine manière, de façon 
à grouper les ions possédant les qualités voulues de forme et 
d'énergie. 

Il se produira dès lors des chaînes ioniques de diverses espèces 
qui constitueront les embryons des corps de la chimie. 


— 307 — 


Le même résultat est obtenu lorsque la matière se présente 
sous la forme de particules ou de gouttelettes tres petites. L'état 
d'équilibre dynamique des fibres rectilignes superficielles, alors 
fortement recourbées, est compromis, d’où le décalage d’ions 
qui se présentent tantôt par l'extrémité positive et tantôt par 
l'extrémité négative. 

En effet, la matière à l’état de grande division devient insta- 
ble; elle est spontanément électrisée et des quantités pondéra- 
bles d’une petitesse extrême deviennent capables de développer 
des actions chimiques et physiologiques très énergiques. 

On dit alors que la matière est à l’état colloïdal ou particu- 
laire. 

Ce que l’on désigne sous le nom d’atome correspond à une 
série d’ions de formes diverses qui constituent la fibre héli- 
coïdale (figure 5). 


Fig. — 5. Cette spirale constituée elle-même par une longue chaine ionique 
Constitue un atome. L'axe de cet atome contient une chaine rectiligne. 


Comment le tourbillon atomique manifestera-t-il un caractère 
électro-positif ou électro-négatif ? Comment pourra-t-il se com- 
biner avec un autre élément ? 

Dans l’état où nous venons de le concevoir, le gaz est inerte, 
les ions sont dans un état d'équilibre dynamique parfait. Mais 


— 308 — 


supposons que l'atome se trouve dans un état d'équilibre moins 
stable, c’est-à-dire que par suite de l'action de la force centri- 
fuge, un certain nombre d’ions pivotent autour de l’atome de 
manière à constituer des chaînes ouvertes C (fig. 6) et qui cons- 


Atome electro posf 


Vex Zz 


e 


Fic. 6. — Cette figure représente, d'une façon schématique, deux atomes : ils 
portent des ions décalés ayant un pôle libre, susceptible de s‘accrocher à un 
pôle ne nom contraire. 


titueront en réalité autant de crochets réactronnels, Ceux-ci 
seront électro-positifs ou électro-négatifs, suivant leur orienta- 
tion qui correspondra à la figure À ou à la figure B. 

Remarquons que l'un des meilleurs moyens de provoquer cet 
état de l'atome consiste à le mettre en présence d’un autre atome 
déjà doué de cette propriété : c'est l'action catalytique et l'état 
naissant des chimistes. 

Il résulte de diverses considérations basées sur l’exposé ci- 
dessus que la texture des gaz est fibreuse (figures 5, 8 et 9). Il est 
facile d'en montrer la réalité en observant que la fumée de tabac, 
par exemple, s'étale suivant ces fibres. 


Le même phénomène se remarque pour les liquides; si on in- 


— 309 — 


troduit dans de l’eau, par exemple, une goutte de solution tres 
colorée, on remarquera que celle-ci, au lieu de se disséminer 
indifféremment suivant toutes les directions, se comporte comme 
la fumée en fournissant l’image de fibres parfaitement définies. 


Fic. 8 — Fibre girostatique serrée d'un liquide se relàächant lorsqu'il se trans- 
forme en vapeur. 


Les corps gazeux, liquides et solides, sont constitués par les 
mêmes fibres gyrostatiques élémentaires. Dans les premiers de 
ces corps, ces fibres ondulent et se déplacent les unes par rap- 
port aux autres; dans l’état solide, au contraire, leurs orienta- 


ry y EAD OP 
CS 
> CS D 


AUTANT OT DD 
© (D DO 
& S ~ 


aafo zs aofo: aTa." OO! 
CS 


Fic. 9. — Feutrage de fibres gyrostatiques représentant la constitution d'un 
corps liquide. Dans les gaz ces fibres sont moins serrées ou même tout à fait 
séparées : dans les corps solides ces fibres sont beaucoup plus rapprochées. 


tions sont fixes. Ce sont méme ces orientations qui caractérisent 
les diverses formes cristallines. 


Le magnétisme provient de la texture fibreuse; en effet, deux 


— 310 — 


courants parallèles et de même sens s’attirent; si donc nous con- 
cevons une substance dont les fibres sont toutes orientées sui- 
rant une méme direction, ces fibres orientées seront susceptibles 
d'attirer ou de repousser les fibres d’une autre substance tout 
en déterminant l’orientation : la substance attirante ou repous- 
sante s'appelle aimant. 

La radioactivité ne constitue qu’un corollaire de ce que nous 
venons de dire. Si en effet les ions décalés « des atomes A et B 
sont projetés dans le milieu ambiant,ils constitueront des rayons 
cathodiques ou anodiques suivant le sens de l'orientation, et 
ceux-ci déterminent les vibrations longitudinales et transver- 
sales de l'éther, soit les rayons X et les phénomènes de phos- 
phorescence. 

Cette dématérialisation se passe d’une façon très apparente 
dans le radium; elle constitue cependant une propriété des 
corps, ainsi que l’a démontré Gustave Lebon : tous les corps 
chauftés très fortement se dématérialisent en partie. 

Les rayons a, B, y, et la mise en liberté de lumière et de 
chaleur du radium s'expliquent bien par la désagrégation des 
« fibres matérielles » en leurs éléments, en ions positifs a ou 
négatifs B : les battements qui en résultent dans les tourbillons 
ioniques produisent les ondulations lumineuses et caloriques et 
aussi les ondulations « pulsives » y qui sont les rayons X. 

En résumé, l’hypothèse du tourbillon ionique, exposée d’une 
facon trop écourtée dans ces quelques pages, permet de com- 
prendre comment la matiére est une simple accumulation d’é- 
nergie: de même elle permet de se rendre compte du phénomène 
inverse, c’est-à-dire de la dématérialisation : de la transforma- 
tion de la matière en énergie. 

Enfin, elle offre une explication simple et imagée des phéno- 
menes physiques et chimiques et constitue à ces divers titres 
une étape dans l’étude de la Nature. 

D" Brenralr. 


DISPOSITIF TRES SIMPLE 


POUR LA 


RADIOGRAPHIE DU THORAX EN POSITION ASSISE 


PAR LE D® G. HARET 


ASSISTANT DE RADIOLOGIE A L'HOPITAL SAINT-ANTOINE, PARIS 


Le radiodiagnostie prend chaque jour une importance de plus 
en plus grande et l’on peut presque dire aujourd’hui que l’exa- 
men d’un malade n'est pas complet, si celui-ci n’a pas été 
exploré à l’écran; en clinique, l’examen aux rayons X est aussi 
indispensable que l’examen des urines. Si la radioscopie et la 
radiographie ont acquis une telle importance, c’est grace à tous 
les perfectionnements de technique dont nous bénéficions chaque 
jour, et qui agrandissent sans cesse le nombre des lésions déce- 
lables à l’écran ou sur la plaque. 

Pour être à la hauteur de sa tâche, le médecin radiologiste 
doit donc étre toujours au courant de toutes les nouveautés et 
apporter à son matériel de fréquentes modifications. Mais le bel 
élan du radiologiste qui veut suivre les derniers progrès est 
quelquefois arrété par une des deux considérations suivantes : 
l'encombrement de son cabinet de consultation (on ne peut in- 
definiment y loger tous les appareils nouveaux) ou la dépense 
(les constructeurs faisant assaut d'imagination pour inventer 
les prix les plus fantastiques). 

Toutefois il est souvent possible de tourner la difficulté: or 
peut en effet réduire tel dispositif à sa plus simple expression au 
grand avantage des deux considérations invoquées plus haut. 
C’est ce que nous voulons prouver pour l'examen radiographi- 
que du thorax. 


— 312 — 


Pour obtenir une épreuve de cette région, on place le plus 
souvent le malade dans le décubitus dorsal, mais nous savons 
combien, dans ces conditions, il est difficile d'obtenir une bonne 
épreuve du sternum ou des vertèbres de la région dorsale. Nous 
savons aussi quel cliché peu intéressant l’on obtient d’un hydro- 
OU pyo-pneumothorax pris dans cette position alors que dans T1 
station debout ou assise on fait apparaître une image ab- 
solument typique. A tous ces maux le remède est bien 
simple : il convient de radiographier le malade assis en position 
directe ou en position oblique, ce dernier cas étant ‘destiné à 
dissocier les différentes ombres qui concourent à l'opacité de la 
région médiane. Tout cela n’est pas neuf: le docteur Holzknecht, 
de Vienne, à fait établir un fauteuil depuis plusieurs années et 
le docteur Béclère en a perfectionné un modèle avec lequel on 
écarte tous les obstacles qui nuisaient à la bonne réalisation de 
l'opération; mais peu de médecins radiologues possèdent ces 
appareils pour Pune ou l'autre raison déjà énoncées. Rappelo:s- 
nous combien sont rares les épreuves faites en position oblique 
alors que bien souvent elles seraient d’un secours plus précieux 
pour le diagnostic que celles obtenues dans le décubitus dorsal 
en position directe. Rien cependant n’est plus facile que de 
réaliser un dispositif commode et peu encombrant. En voici un 
procédé: 

Nous supposons d’abord que tout radiologiste possède une 
table-lit sur laquelle il fait étendre ses malades pour l’obtention 
des clichés, et ceci établi nous cherchons à réaliser deux condi- 
tions : 

1° Sous le contrôle de la radioscopie, installer un malade assis 
dans une position convenable par rapport à l'ampoule et à 
écran. 

2° Substituer facilement à celui-ci la plaque sensible pour ob- 
tenir un cliché donnant exactement Vimage obtenue à l'examen 
radtoxcopique. | 

Un châssis vertical contre lequel viendra s'appliquer le dos 
ou le thorax du sujet, et destiné à supporter l’écran ou la plaque 
remplira toutes conditions requises. Nous réalisons ce dispo- 


— 313 — 


sitif en prenant deux montants rectangulaires en bois d’en- 
viron 0,04 cent. de côté, et mesurant en hauteur celle de la 
table plus 1 mètre; nous glissons chacun d'eux dans une enco- 
che faite sur chaque côté du plateau de cette table à 30 centime- 
tres d'une de ses extrémitts. luis, afin de maint.nir verticale- 
ment ces montants, nous emboitons leur extrémité inférieure 
dans un socle de bois fixé le long des pieds du lit-table au niveau 
du sol. Enfin la partie supérieure et horizontale du châssis est 
une traverse mobile assemblée à queue d'aronde avec les deux 
extrémités supérieures des montants. Nous avons ainsi un tout, 
solide, faisant corps avec le ht radiographique. À la face in- 
terne de chaque montant vertical et sur toute leur longueur nous 
ménageons une rainure de 1 centimetre de profondeur et de 
T à 8 millimetres d'épaisseur dans laquelle nous faisons glisser 
un panneau de même épuisseur et de 30 centimètres de longueur 
et que l’on maintient à Ja hauteur désirée au moyen de vis de 
pression fixées sur l’un des montants. 

Ce panueau est en peuplier, bois facilement traversé par les 
rayons X; à sa partie imférieure, sur chaque face, est cloué hori- 
zontalement un tasseau de bois, sur celui-ci est fixé à charnière 
un deuxieme tasseau se rabattant sur le panneau et portant 
deux goujons destinés à recevoir l'écran au platino-cyanure qui 
s'applique sur ce panneau. À la partie supérieure de la plan- - 
chette un taquet le maintient. On peut donc placer à volonté 
l'écran radioscopique sur lune ou l'autre face du panneau, ce 
qui permet d'installer le malade aussi bien d’un côté que de 
l’autre. 

Pour immobiliser le patient on dispose sur la traverse supé- 
rieure une pince formant appui-tête, comme le montre la pho- 
tographie.: Comment allons-nous nous servir de cet appareil? 
On désire une épreuve en position directe-antérieure ou en posi- 
tion oblique-antérieure-droite, Nous faisons asseoir le malade 
sur la table les deux jambes pendantes à l'extrémité, les cuisses 
Passées sous le panneau vertical, contre lequel il appuie sa ré- 
gion thoracique, nous mettons l'ampoule à une certaine dis- 


tance de la région dorsale et nous examinons l'image ainsi 


— 314 — 


obtenue à l’écran; nous faisons varier la position du sujet, de 
l’ampoule ou du panneau-écran jusqu’au moment où nous obte- 
nons une image satisfaisante. Quvrant le circuit de l’ampoule, 
puis levant le taquet pour écarter l'écran du panneau (comme 
on ouvrirait un livre), nous glissons une plaque dans l’espace 
qui se trouve ainsi formé; nous refermons l’écran : la plaque se 
trouve muintenue et nous abaissons le taquet. L’appui-téte est 
disposé, serrant la région fronto-temporale du malade. Fer- 
mant alors le circuit nous obtenons un cliché donnant exacte- 
ment l'image observée, sans aucun risque d'avoir changé les 
rapports de l’ampoule, du patient, du panneau, puisqu’aucun 
d’eux n’a été touché. Nous pouvons même pendant l'obtention 
du cliché, à travers celui-ci constater sur l’écran la position 
donnée. 

St nous désirons une épreuve en position directe-postérieure 


ou en oblique-postéricure-gauche, nous asseyons le malade sur 


le bord de la table en appuyant son dos contre le panneau, après ` 


avoir fixé l'écran sur la face opposée et mis l’ampoule au devant 
de sa région thoracique. L’appui-téte également a été changé 
de côté pour prendre le patient par sa région occipito-pariétale. 
Puis nous procédons de la même façon que précédemment pour 
vérifier la position, substituer la plaque à l’écran et obtenir 
l'épreuve. Il nous a donc suffi pour établir cette installation de 
trois traverses de bois, d'une planchette et d’un appui-tête. 
L'écran est celui dont nous nous servons sur le châssis Béclère : 
nous y avous seulement pratiqué deux trous à la partie infé- 
rieure pour y loger les deux goujons du tasseau décrit plus haut. 

Lorsque l'appareil ne sert pas, on enlève la traverse supe- 
rieure, les deux montants verticaux ne sont plus maintenus dans 
les encoches, on les en retire et la planchette sort de Ses rainures, 
le tout est mis dans un coin du cabinet d’examen, prêt à être 
monté, en cas de besoin; il suftit d'environ deux minutes pour 
installer l'appareil. 

Quant à la confection des différentes pièces de ce dispositif, 
elle est à la portée non seulement de tous les menuisiers ou ébe- 


nistes, mais aussi de tous les radiologistes, car le modèle dont 


— 315 — 


nous montrons la photographie, et qui nous sert couramment, a 
été entièrement fait par nous. 

En résumé, voici donc un dispositif pratique, peu encom- 
brant, réalisant les qualités qu’on est en droit de demander pour 
obtenir un cliché d’un sujet assis, et dans telle position désirée. 


Nous n’avons pas la prétention d’avoir fait quelque chose de 
nouveau, puisque le fauteuil du docteur Holzknecht et celui du 
docteur Béclère réalisaient scientifiquement tous les desiderata, 
mais nous les avons traduits simplement en nous servant des 
appareils que possède déjà tout médecin radiologiste, réduisant 
ainsi au minimum toute nouvelle dépense. 


A PROPOS DU RADIO-CORRECTEUR 


ET SUR 


UNE MÉTHODE GENERALE EN RADIOGRAPHIE 


° 


PAR LE D® PAUL-CHARLES PETIT (DE PARIS) 


Le numéro d'avril 1908 du Journal de radiologie contenait 
une description du « radio-correcteur » et son application à la 
détermination des corps étrangers. Le constructeur ayant parlé, 
il n'est pas superflu que l'inventeur à son tour prenne la parole 
pour indiquer comment le radio-correcteur n'est que l'appareil 
qui permet l'application d'une méthode générale en radiogra- 
phie. 

C'est au Congres international de Milan (1906), que je pré- 
sentai à la fois et ma méthode en radiographie et mon radio- 
correcteur (1): J'y suis revenu partiellement l’année suvante 
au Congres pour l'avancement des sciences (Reims, 1907) (2). 
Les recherches qui m'ont amené à ces publications se sont pour- 
suivies pendant les années 1906 et 1907. 

On admet généralement que le faisceau de rayons X parti 
d'un point de l'anticathode s'en va divergeant et l’on applique 
à ce faisceau les lois de propagation des rayons lumineux et 
aux images les lois des projections coniques. Dans la réalité, le 
probleme est moins simple. La naissance des rayons sur l'anti- 


‘cathode ne se fait presque jamais en un point, mais en une sur- 


(1) Voir Archives d'électricité médicale, Bordeaux, décembre 1906, page 942. 
(2) Voir comptes rendus du Congres. 


— 317 — 


face réduite. Si cependant, pour simplifier la question, on ad- 
met la première hypothèse, les calculs géométriques montrent 
que l’image formée n'est jamais exempte de déformations et 
d’agrandissements. Pour les supprimer entièrement, il faudrait 
que les rayons aient une direction parallèle, c’est-à-dire que la 
source soit à l'infini. Mais on comprend que plus on éloignera 
la source de la plaque photographique, plus on va se rapprocher 
de cette condition et plus l'image va tendre à se rapprocher de 
la forme et des dimensions de l’objet sous-jacent. La géométrie 
nous montre encore qu'il faut rapprocher le plus possible l’objet 
de le plaque, ce qui revient dans la pratique à considérer son 
épaisseur. Et en effet, plus la partie à radiographier est épaisse, 
plus pour une même distance de l'ampoule à la plaque s’accu- 
seront les déformatious et les agrandissements. C’est sur ces 
bases que nous avons édifié notre méthode générale en radiogra- 
phie. Nous avons recherché toutes les règles de technique qu’a- 
vaient posées les différents auteurs. Nous les avons vérifiées au 
moyen de notre appareil et nous avons retenu les règles suivan- 
tes déjà posées par Guilleminot. 

1° Pour voir une région avec le minimum de déformation 
dans un plan d’examen donné, il faut avant tout placer cette 
région de telle façon que le plan d'examen proposé soit paral- 
lèle au plan de projection ; 

2° Pour avoir le minimum de déformation, placer le centre de 
l'anticathode sur la normale aux plans de projection et d’exa- 
men, passant par le centre de la région intéressante; 

3° Indiquer la distance du centre de l’anticathode à la plaque 
Sensible. 

Les règles de la méthode en radiographie se complètent par 
les suivantes : 

Les rayons X suivent les lois des rayons lumineux, lois des 
eclairements. | 

Toute image radiographique est entachée d'agrandissement 
et de déformation. 

Les conditions optima sont réalisées si l'ampoule est placée 
le plus loin possible de la plaque et le sujet le plus prés possible 


— 318 — 


(cette distance de l'ampoule se limitant par les lois même de 
Véclairement). 

Les agrandissements et les déformations sont fonction de 
l'épaisseur de la partie à radiographier. Ce facteur ne pouvant 
être modifié, adopter une distance unique pour toutes les radio- 
graphies est consacrer une erreur. Zl n'y a pas de distance uni- 
que, mais pour chaque cas une distance qu'il faut chercher et 
pour laquelle les conditions d'obtention de l'image deviennent 
optima. 

Le radio-correcteur, à son origine, n'eut d'autre but que de 
vérifier et d'appliquer toutes ces propositions. Il se donna com- 
me tàche d'arriver à la réduction au minimum des agrandisse- 
ments et des déformations et de pouvoir les calculer. Il ambi- 
tionna de pouvoir consacrer une méthode générale qui unifie- 
rait les techniques et permetirait ainsi aux savants de tous 
pays de se replacer à volonté dans des conditions absolument 
identiques. 

Nous y arrivons de la façon suivante. 

Soit la radiographie d'un coude. Ce coude est couché sur un 
des chassis Cet l’on abaisse jusqu’à son contact la toise F. Une 
simple lectfire sur la tige verticale de Fappareil nous donne 
l'épaisseur du sujet. Le jeu de la toise amène au même niveau 
et au-dessus de lautre chassis A une cuvette de huis portant des 
cereles de comparaison en plomb d'un diametre connu. Au cen- 
tre de la cuvette coulisse une petite tige métallique, indicateur 
d'incidence. I] nous suffit de déplacer Fampoule le long de la 
tige verticale. A un certain momnet, nous voyons l'image des 
cercles se projeter sur un écran fluorescent placé sur le chassis. 
Il y a une position de l'ampoule pour laquelle l'agrandissement 
et la déformation deviennent assez faibles pour un bon éclaire- 
ment (images des cercles bien circulaires et diamètres se rap- 
proehant des cereles de comparaison de la cuvette). En méme 
temps, la tige-indicateur d'incidence doit donner l'ombre d'un 
pomt au centre de l'image projetée et non d'une ligne pour que 
le centre de l’antieathode coincide avec le centre de la cuvette. 


Nous amenous toujours ce dernier au centre du châssis, c’est-a- 


— 319 — 


dire de la plaque, sur lequel aussi sera le point intéressant 3 
radiographier. | 

Nous avons ainsi respecté les règles de Guilleminot : parallè- 
lisme des plans de projection, passage du rayon incident normal 
par le centre de la région intéressante. 

Bien entendu, nous avons réduit, mais non supprimé les 
agrandissements. Mais le rapport de la grandeur des cercles 
projetés à celle des cercles de plomb de la cuvette donne le coef- 
ficient et un simple calcul de géométrie permet de la déterminer. 

Si à ce moment, nous faisons varier l'épaisseur du sujet, c’est- 
à-dire si nous remontons ou abaissons notre toise, toutes autres 
dispositions restant identiques, nous voyons les agrandissements 
et les déformations augmenter ou diminuer. Ceci est la meil- 
leure démonstration qu'il n'y a pas de distance unique en ra- 
diographie, mais que la distance optima varie dans chaque cas 
avec l'épaisseur de l'objet. Et c'est pourquoi, nous souhaitions, 
a Milan, que les clichés portassent les indications suivantes : 
date, partie radiographiée et plan touchant le chassis, épaisseur 
du sujet,distance de ampoule, étant donné que toujours la par- 
tie anatomique à reproduire est au centre de plaque sous le cen- 
tre de l’anticathode. Dans ces conditions et avec cet appareil 
qui ne complique en aucune façon l'installation, puisqu'il est 
support d’ampoule et porte-châssis, on peut être sûr de se re- 
placer quand on le désire dans des conditions absolument iden- 
tiques, quels que soient le lieu et le temps, et tirer ainsi des 


radiographies d’une région des conclusions d'ensemble. 


Cette méthode, basée sur l'emploi du radio-correcteur, est 
une méthode générale de radiographie qui repose sur des bases 
certaines, puisque géométriques. Les dispositions de l'appareil 
permettent la radiographie simple, la radiographie stéréosco- 
pique, la pelvimétrie et la recherche des corps étrangers. 

La méthode respecte et fait observer très commedément tou- 
tes les règles d'une bonne technique radiographique. Elle per- 
met de se placer dans les conditions optima au point de vue des 
agrandissements et des déformations, et en tous cas de les mesu- 


rer très exactement. Elle introduit cette notion de l'épaisseur 


— 320 — 


du sujet, sur laquelle repose la distance variable de l’ampoule. 
Elle permet de se replacer dans des conditions identiques d’ob- 
servation, permettant de réaliser le désir que j'émettais a Mi- 
lan: Sila radiographie veut être une science, elle ne doit pas 
se contenter de documents isolés plus ou moins artistiques; elle 
doit chercher, au contraire, comme science expérimentale, à 
grouper un ensemble d'observations pour chaque cas et à resu- 
mer, en une synthèse, des documents à la fois utiles au malade 


et à l'enseignement clinique. 


ADENOPATHIE TUBERCULEUSE 


ET RAYONS X 


PAR M. LE D" SEEUWEN 


Les soldats de l’armée belge atteints d’adénopathie tuberculeuse 
sont envoyés pendant les mois d'été soit de mai à octobre-novembre 
à l'hôpital militaire d’Ostende. Ces hommes ainsi que bien d’autres 
convalescents sont conduits tous les jours sur la plage où on a con- 
struit une grande tente-abri et où ils font la cure d’air pendant huit 
à dix heures par jour. Le traitement suivi jusqu’à présent pour com- 
battre les adénopathies tuberculeuses consistait en cure d’air marin, 
suralimentation et administration d’huile de foie de morue, arsenic, 
préparations idotanniques. Les résultats, sans étre mauvais, étaient 
lents a se produire : les hommes après quatre mois de séjour à la 
mer étaient mieux : leur état général s'était toujours amélioré, mais 
l'état loca! des ganglions le plus souvent avait peu changé. 

Au commencement de l’été 1907, je proposai au médecin princi- 
pal, M. Glaudot, de faire un essai d'applications de rayons X sur les 
masses ganglionnaires, ce traitement ayant donne des résultats entre 
les mains de divers médecins parmi lesquels je cilerai le professeur 
Bergioné, les D" Hendrix, Barjon, Desplats, Valobra de Turin, et 
bien d’autres encore. 

Nous avons choisi six cas parmi les plus fortement atteints : ils 
furent soumis à la cure d’air et à la suralimentation, mais on s’abstint 
de toute médication interne. | 

En moins de deux mois, soit après cinq ou six applications 
de 3 H en moyenne par séance, le résultat fut très appréciable 
et l’amélioration suivit bien la marche décrite par les différents 
auteurs. 


La gangue de périadénite qui agglomérait en une seule masse fut 
la première à fondre, les ganglions se libérèrent et s’isolérent, la 
peau devint mobile et maintenant les tumeurs qui restent roulent 
sous les doigts. 


Actuellement, cinq mois après le début du traitement, trois 
hommes sur six ont été renvoyés considérablement améliorés; il ne 
leur restait guère que des nodules perceptibles au toucher seule- 
ment. 


Quant aux trois autres, leur état est aussi satisfaisant que possible : 
chez l’un qui portait une grosse masse comme un gros collier au 
devant du cou, s'étendant d’une oreille à l’autre, il ne reste qu’une 
tumeur du volume d’un œuf de pigeon sous le milieu du menton, 
deux ou trois autres plus petites sous l'oreille gauche, le tout bien 
mobile, indolore. | 


Chez un autre, dont l’état général laissait beaucoup à désirer, 
l'amélioration générale et locale a été très grande; de toute une 
grosse masse compacte qui couvrait la moitié droite du cou il ne 
restait que sept ou huit noisettes dures et mobiles. À aucun 
moment du traitement nous n’avons observé de hausse de la tempé- 
rature ni aucun mauvais effet sur l'état général. Les applications de 
la valeur de 2 à 3 H ont généralement été espacées dans le but surtout 
de respecter les poils de la barbe ou les cheveux qui auraient pu être 
détruits à la suite de doses trop fortes. Parmi les hommes qui ont 
été renvoyés après trois moisde traitement s’en trouvait notamment 
un qui portait une grande masse ganglionnaire au dessus de la cla- 
vicule droite : celui-ci a eu des doses plus fortes, 4 H en moyenne 
et ce jusqu'à production de légère dermite : le résultat fut des plus 
brillants, ce qui plaiderait en faveur des doses massives si on ne 
doit pas tenir compte de certaines questions d’esthétique : destruc- 
tion des poils ou des cheveux, pigmentation de la peau, etc. 
M. le médecin adjoint Hermant, de Vhopital d’Ostende a traité 
quelques cas d’adénites tuberculeuses par les injections de tubercu- 
line Denys : les résultats paraissent également favorables. 


I! nous restera à examiner s’il n’y aurait pas avantage à combiner 
ces divers traitements : cure d’air marin, suralimentation, injec- 


tions de sérum antituberculeux et comme traitement local: la 
roentgentherapie. 

Avec M. le D' Glaudot, nous sommes d’avis qu’un traitement par 
les rayons X peut utilement précéder une intervention chirurgi- 
cale si la disparition complète des ganglions tarde à se produire. 
En effet, la gangue de périadénite disparaissant en tout premier lieu, 
les ganglions isolés durs et mobiles deviennent beaucoup plus 
faciles à énucléer. 


LA RONTGENTHERAPIE 


CONTRE LE SYMPTOME « PRURIT » 


PAR LE D" P. DUBOIS-TRÉPAGNE (de Liége) 


Le prurit est une manifestation douloureuse, qui existe parfois 
seule — à telle enseigne qu'on a pu décrire un prurit idiopathi- 
que — qui d’autres fois et le plus souvent accompagne une lésion 
cutanée bien marquée; tantôt il affecte une grande partie des té- 
guments; tantôt, au contraire, il reste étroitement confiné dans 
un domaine extrêmement circonscrit; enfin, tandis qu’il pré- 
sente la plupart du temps un caractère passager, intermittent, 
avec des exacerbations nettement séparées par des rémissions 
complètes, quelquefois il est continu, incessant, ne laissant au 
malheureux qui en est atteint ni trève, ni repos. 

Depuis bientôt cinq ans, J'ai traité par les rayons X une in- 
finie variété de prurits et d'affections prurigineuses; dans plus 
de 80 °% des cas soumis au traitement rontgenthérapique, j'ai 
obtenu non seulement une sédation du symptôme, mais une gué- 
rison complete et durable, comme on le verra dans les relations 
qui vont suivre; je wai eu d'échecs évidents que dans Îles 
cas où le prurit était intimement et directement lié à une cause 
physique échappant totalement à l’action des radiations, comme, 
par exemple, dans les démangeaisons à l’anus occasionnées par 
les oxyures vermiculaires. 

J’ai employé la méthode dans certaines variétés Œ eczéma, 
dans le lichen, dans le psoriasis; je lai expérimentée dans le 
prurigo de Hébra, dans le prurigo sénile, dans le prurigo des 


bourses, dans le mycosis fongoide et enfin contre cette manifes- 


— 325 — 


tation si fréquente et si tenace : le prurit anal, manifestation 
tantôt véritablement protopathique, puisqu’on ne découvre ni 
causes locales ni intoxications générales, tantôt, au contraire, 
clairement symptomatique comme dans l’helminthiase et le dia- 
bète sucré. 

Dans ce premier article, je me propose de relater une série de 
cas de cette affection aussi décourageante que torturante, où à 
peu près constamment et au bout d’un temps plus ou moins long, 
les rayons X ont eu une action sédative, curative, nette, indis- 
cutable, certaines fois presque magique. 

Un mot d’abord sur la technique qui est la mienne dans les 
cures de ce genre. Contrairement à beaucoup d'opérateurs, Je 
me sers toujours, en l'espèce, d’un localisateur et de diaphrag- 
mes; et, sous ce rapport, l’appareil de Belot, construit pat Gaiffe 
(de Paris) me rend les plus éminents services tant à cause de 
son volume restreint que de son maniement commode. D'habi- 
tude, je place mon malade sur une table d’opération convena- 
blement rembourrée, où il se couche dans le décubitus latéral 
gauche, le membre inférieur gauche dans l'extension, la cuisse 
droite fléchie à angle presque droit sur le bassin et la jambe 
aussi en flexion sur cette dernière : dans cette position, les fesses 
s’écartent aisément par l'introduction entre elles du cylindre 
localisateur, dont je varie le diamètre, suivant que le prurit me 
paraît résider exclusivement à l’anus ou aussi à son pourtour 
et notamment dans les téguments périnéaux; en outre, cette 
position est relativement commode et le patient peut la conser- 
ver le temps voulu -- 10 a 20 minutes —- sans bouger et sans se 
fatiguer, pourvu que l’on ait soin de soutenir et en quelque sorte 
de caler par des coussins le membre fléchi. Dans ce dispositif, 
comme je me sers de localisateurs tout à fait semblables à ceux 
dont j’use pour la dépilation des teigneux (méthode Sabouraud- 
Noiré, école Laillier, Paris), l’anticathode se trouve a 15 centi- 
mètres de la surface à irradier : je mets ainsi en pratique cet 
Important axiome, en matière radiologique, déjà si souvent miis 
en lumière par mon éminent ami et collègue, le D” Klynens, 
d’Anvers, à savoir que la quantité de radiations absorbée par unc 


— 326 — 


surface est en raison inverse du carré de la distance du foyer 
radiogène à cette surface; axiome qui comporte les corollaires 
suivants : 1° quand il s'agit d'agir sur la peau, placer l'ampoule 
le plus près possible d’icelle, tout en ne perdant pas de vue les 
risques de la radiodermite, évidemment; 2° quand il faut atta- 
quer les tissus sous-cutanés, une tumeur par exemple, éloigner 
le plus possible le foyer ridiogène (50 centimètres, même un 
metre), de façon que la distance peau-tumeur ne soit qu’une 
infime fraction de la distance anticathode-tumeur et qu’on ob- 
tienne de la sorte une irradiation homogène (1). 

Dans la plupart des cas, je fais des séances fortes et espacées, 
bien que parfois la méthode des insolations faibles et rappro- 
chées wait donné d'excellents résultats : je fais absorber par 
la muqueuse ou la peau 4, 5 et même 6 H en une seule séance et 
je répète l'opération tous les douze à quinze jours: ou bien je 
ne donne que 1, 1 1/2 cu 2 IT et je recommence tous les deux ou 
trois Jours. Au demeurant, en l'occurence, je m'inspire bien plus 
des circonstances spéciales à chaque cas et de la tolérance indi- 
viduelle des tissus, que de règles de technique fixes et immua- 
bles, d’ailleurs absolument arbitraires. 

Ces prémisses posées, je passe à la relation des différents cas, 
tous traités personnellement à ma clinique: dans le nombre, 
yar choisi ceux qui m'ont paru devoir plus particulièrement 
intéresser mes lecteurs, en négligeant de faire figurer dans cette 
revue ceux où l'étiologie était la méme et où le processus curatif 
était analogue, obtenu par une technique en tous points sem- 
blable; mon but étant non pas de dresser une statistique mais 
bien de montrer que la rüntgenthérapie a, pour ainsi dire, cons- 
tamment vaincu le symptôme prurit anal, quelles qu’en aient 


été les causes, la violence et la ténacité. 


(1) C'est de ce principe encore, que s'est inspiré Bauer dans la construction de son 
dispositif de 8 ampoules à double anticathode, qu'il préconise dans le traitement 
des affections profondes. (Quatrième Congres de la Deutsche Ringengesellschaft. 
Berlin, 1908.) 


I* cas. — Arthur N... vient me consulter, le 1° novembre 
1905 pour des démangeaisons intolérables qu'il éprouve à lanus 
et pour lesquelles, depuis 3 mois, il a inutilement consulté de 
nombreux médecins. Il est âgé de 30 ans, exerce une profession 
libérale; il a toutes les apparences d’une bonne santé; vigou- 
reux, bien musclé; ni alcoolique, ni goutteux, ni rhumatisant. 

Urines exemptes de sucre et d’albumine. À l’examen, on con- 
state à la marge de l'anus de petites tumeurs hémorroidaires, 
grosses comme un pois ou une lentille, molles, et dont la colo- 
ration ne diffère pas de celle de la peau avoisinante; quelques- 
unes font saillie dans Panus même; rarement des hémorragies 
et toujours insignifiantes. En présence de l’inefficacité absolue 
des traitements antérieurs : bains tiedes, lavements froids, pom- 
mades belladonées, je pratique une première insolation, séance 
tenante; intensité : 3 H. Le patient revient huit jours apres: 
aucune modification; nouvelle irradiation de 3 à 3 1/2 H, suivie 
d’une incontestable amélioration qui s’accentue encore après 
deux nouvelles interventions pratiquées respectivement le 14 et 
le 20 novembre. Du 21 au 29, le patient ne ressent plus rien, le 
29 de nouveau 3 1/2 H. 

Je ne revois plus N... que le 4 janvier 1906 : depuis trois jours 
les démangeaisons ont reparu; irradiation de 5 H et tout rentre 
dans l’ordre. Localement, les hémorroides sont flétries et il n’y a 
plus ni rougeur ni suintement. 


2° cas. — Joseph R..., 52 ans, mineur, hospitalisé dans 
le service du professeur Troisfontaines, a l'hôpital de Ba- 
vière. Il mest adressé le 6 mai 1906 avec le diagnostic : 
prurit idiopathique rebelle à tout traitement. En effet, tous 
les signes cliniques sont négatifs: pas d’hémorroides ni de 
rectite; ni sucre, ni albumine dans les urines, pas d’artério-sclé- 
rose ni de dermatose d’aucune espèce; enfin un examen minu- 
tieux de la région n’a jamais démontré la présence d’oxyures. 

Première séance de rayons X, le 6 mai: 3 H; les séances sui- 
vantes ont lieu les 13, 20, 28 mai, 5, 11 et 18 juin; effet absolu- 


ment nul; ce jour-là je pratique un nouvel examen de lanus : 


— 328 -- 


je le trouve desquamé, trés rouge et en écartant les plis, j’y dé- 
couvre non seulement l’épiderme macéré, mais une demi-dou- 
zaine de petits vers très minces et longs d'un centimètre à peine. 
J'étais édifié! Je prescris des lavements au sulfate de quinine et 
une pommade de tanin, et à titre de curiosité je continue la 
radiothérapie aux doses de 3 à + H tous les huit jours environ 
pendant un mois encore. Le malade a été quelque temps soulagé, 
mais les démangeaisons ont repris de plus belle, bien que je ne 
sois plus parvenu à découvrir d’oxvures. Découragé, Joseph R... 
a renoncé au traitement et je n’ai plus jamais eu de ses nou- 
velles. C’est un échec manifeste, mais qui s’explique par ce fait 
que le prurit était uniquement provoqué ici par les oxyures, 
lesquels échappaient facilement aux plus sérieuses investiga- 
tions et dont vraisemblablement Jes lavements, pomr'ades et 


autres topiques prescrits dans la suite n’ont pu avoir raison. 


3° cas. — Gaston D..., 62 ans, rentier, est atteint depuis plus 
de huit mois d’un prurit anal pour lequel il a consulté la plu- 
part des dermatologistes en renom de notre pays (Liege, Bru- 
xelles) et de l'étranger (Paris, Breslau). Il y a bien eu quelques 
rémissions dans les symptômes, mais les crises persistent, vio- 
lentes, intolérables. I] vient à mon cabinet le 25 mai 1905 : la 
persistance du mal autant que sa violence ont fini par entre- 
prendre l'état général du malade qui dit avoir fortement maigri: 
les traits du visage sont affaissés, les rides se sont prononcées et 
l'expression est celle d'une personne qui souffre. Il y a égale- 
ment perte d'appétit, insomnies et céphalaleie. Localement on 
constate l'existence d'un eczéma chronique occupant le pli fes- 
sier depuis l'anus jusqu’à l'extrémité du sacrum et débordant 
sur la région sacrée où il forme un placard rouge, saillant, re- 
couvert de squames psoriasiformes. 

Traitement : je commence par faire suspendre toutes les ap- 
plications locales, ne maintenant que le régime, déjà institué 
d'ailleurs et prescrivant l’abstention absolue d'alcool, café, gi- 
bier, épices, etc. Pendant deux mois, jusqu’au 30 juillet, je 
soumets le malade aux irradiations à la dose minime de 1, 1 1/2 
ou 2 H par séance, une tous les trois jours exactement. 


— 329 — 


Des le début, il y a eu sédation du prurit, d’abord presque 
imperceptible, puis de plus en plus manifeste; du 30 juillet au 
1* octobre je reprends les séances toujours aux mêmes doses, 
mais à intervalles plus éloignés: 4 et 5 jours et en ce imumeni je 
considère mon malade comme guéri; les démangeaisons ont com- 
plètement cessé, les lésions eczématiques (?) ne sont plus guère 
visibles et le malade à gagné 8 kilos en poids depuis le com- 
mencement de la cure. J'ai revu très souvent Gaston D... depuis 
lors et plus jamais, je puis dire pas un jour, pas une heure il n’a 
éprouvé la plus légère sensation de prurit à lanus; aussi ce pa- 
tient est-il devenu un des plus fervents admirateurs de Röntgen 
et de sa découverte. 


Cette année, en 1908, j'ai eu à soigner un cas presque iden- 
tique et dont les résultats ont été tout aussi heureux; je ne le 
signale cependant pas sous le titre général du présent article, 
ayant adjoint cette fois à la radiothérapie l’effluvation de haute 
fréquence et les applications du manchon d Oudin, à l’intérieur 
meme du rectum. 


4 cas. — Jacques S..., 11 ans, souffre depuis un an déjà de 
crises de prurit anal assez violentes pour l’empécher de dormir 
des nuits entières; tous les traitements tentés ont modifié quel- 
que peu le caractère d'acuité du symptôme, mais S... n’est pas 
guéri. C'est un enfant assez bien développé mais à hérédité 
Charg’o : grands-parents et mère rhumatisants, père alcoolique 
et névropathe: lui-même a eu des convulsions à diverses reprises. 
Pas d’oxyures. 

Je pratique une première irradiation le 7 novembre 1907, m- 
tensité 2 1/2 H; le 15 du même mois, je revois le gamin déjà 
nettement amélioré; je fais encore trois applications de 2 IT à 
intervalles de six jours, lesquelles ont définitivement raison du 
phénomène douloureux. Jacques S... s’est représenté à ma con- 
sultation le 5 juin dernier avec sa mère, qui m'a confirmé que 
l'enfant passait d'excellentes nuits et que durant la journée, 
Plus jamais il n'avait esquissé le geste malséant... mais libéra- 
teur dont il était devenu coutumier. 


— 330 — 


3° cas. — Marie S..., 53 ans, ménagère, m’est adressée le 3 fé- 
vrier 1907 par un confrère de la banlieue, avec le diagnostic 
suivant :« Diabète confirmé, depuis deux ans, 10 à 12 grammes 
de sucre par litre; depuis trois mois prurit anal et vulvaire 
d'une extrême violence et impossible à calmer par suite de l’in- 
tolérance absolue de la peau. » 

C’est une personne grande, forte, corpulente et douée d’un 
léger embonpoint. A l'examen des régions, on constate un éry- 
thème couvrant les deux grandes lèvres, qui ont une teinte d’un 
rouge jaune un peu bistrée; à la fourchette et entre les grandes 
et les petites lèvres se voient des exulcération irrégulières, rou- 
geñtres, croûteuses, peu suppurantes, peu suintantes. Du côté 
de l'anus on trouve de l'épiderme macéré entre les plis radiés et 
un suintement dû à une rectite parfaitement caractérisée. 

Je fais absorber successivement à la vulve et à l'anus 3 1/2 H 
environ, en employant lecalisateurs et diaphragmes, puis j’ex- 
pose tout le périnée à une irradiation par l'ampoule découverte, 
de facon à influencer aussi tous les tissus environnants, irradia- 
tion où l'absorption est approximativement de 1 1/2 à 2 H. 

La malade, qui a continué à domicile un traitement local : 
bains froids, lavements glacés, etc., revient le 13, nullement 
améliorée; il y a à ce moment 15 grammes de sucre par litre 
dans les urines. 

Nouvelle intervention tout à fait analogue à la première, ce 
jour-là, puis le 27, puis le 8 mars. À cette époque, Marie S... 
reconnait avoir beaucoup moins souftert depuis quelques jours 
et les crises nocturnes ont perdu de leur acuité et surtout de leur 
durée. La malade subit deux nouvelles irradiations le 20 mars 
et le 2 avril et les manifestations douloureuses et prurigineuses 
cessent complètement à partir de cette dernière date. L'examen 
urologique révèle alors la présence de 3 grammes de sucre seule- 
ment. 

Le médecin traitant a bien voulu me donner les intéressants 
renseignements suivants sur la marche de la glycosurie depuis 
cette époque. En l'espace d'un an environ (avril 1907 à mai 


1908) Marie S..., dont l'état général s'est considérablement 


— 331 — 


amélioré, a eu à trois reprises différentes et toujours à la suite 
d’écarts de régime une élévation marquée du taux de glycose 
dans les urines : de 3 à 4 qu'il est habituellement, il s’est élevé 
brusquement à 12-15-20, une fois même à 30 grammes. Or --- et 
c’est ce point sur lequel je désire fixer l'attention de mes lec- 
teurs 


au cours de ces rechutes le prurit n’a Jamais reparu, 
tandis que les autres symptômes subjectifs reprenaient toute 
leur intensité : lassitude, sécheresse des muqueuses, soif intense, 
troubles visuels, etc. 


6° cas. — Paul F..., 33 ans, officier, se plaint depuis de nom- 
breuses années déjà, d'un prurit anal qui revient par crises va- 
riables en longueur et en intensité et entrecoupées de rémissions 
parfois tres longues : 3, 6 et meme 8 mois. Lui aussi à consulté 
à diverses reprises et sans succès durable, de nombreux prati- 
riens qui ont successivement prescrit toute la gamme des anti- 
prurigineux, 

Il vient à mon cabinet le 15 septembre 1907. C'est un garcon 
de taille moyenne, bien musclé, à calvitie précoce, Sa mère est 
rhumatisaute; lui-même, sans être névropathe avéré, est un ner- 
veux, un impressionnable, tres intelligent et à imagination ar- 
dente. Il est atteint de pityriasis capitis léger et le thorax mon- 
tre de nombreuses squames épaisses, platreuses de psoriasis stéa- 
toide et séborrhéique. 

Localement, on voit deux petites tumeurs hémorroïdaires et 
un érythème peu marqué du pli fessier qui semble entretenu par 
un suintement anal manifeste. Pas d'oxvures. Ni sucre, ni albu- 
mine dans les urines. 

Traitement. - - Du 15 septembre au 20 octobre, je fais subir? 
mon client douze séances consécutives d’effuvation de haute fré- 
quence qui paraissent n'apporter aucun soulagement sérieux au 
Patient. Le 20 octobre je pratique une première insolation de 
4 H d'emblée: le 10 novembre suivant, Paul F... accuse un 
Mieux sensible; nouvelle irradiation de 4 H; deux jours après 
le malade me revient très effrayé et se plaignant d'une sensation 


es cuisante à l'anus: à l'ex: je stute une vive rougeur 
très cuisante à l'anus; à l'examen, je constate une vive rougeur, 


— 332 — 


parfaitement délimitée et sensible à la pression du doigt : 11 y 
a évidemment radiodermite du premier degré; je pratique ex- 
temporanément une effluvation de haute fréquence durant un 
quart d'heure et je renvoie mon homme après lui avoir conseillé 
quelques bains émollients. 

Je le revois le 24 novembre: les désordres radiodermiques 
sont apaisés depuis longtemps et le prurit a cédé en même temps 
et n’a Jamais plus reparu depuis. 


7° cas. — Edgard D..., 64 ans, rentier, vient me consulter le 
2 mars 1908 sur le conseil de son médecin traitant qui a inutile- 
ment tenté de le débarrasser d’un prurit féroce, qui occupe non 
seulement l’anus, mais le raphé scrotal, prurit d’une violence 
telle que le sommeil est quasiment impossible. D... est obese, 
facies apoplectique, gros mangeur, grand buveur, goutteux et 
glycosurique (2 grammes par litre depuis nombre d’années). 
Malgré l’unanime conseil lui donné par tous les confrères con- 
sultés, il refuse obstinément de se soumettre à un régime quel- 
conque et n'entend nullement renoncer à la bonne chère ou aux 
grands crus. 

Je fais une première intervention le 9 mars, sans diaphragme 
et le 15 mars Je localise l’insolation aux bords anaux, intensité 
2 1/2 H. Séances répétées alternativement avec et sans localisa- 
teurs aux dates suivantes : 20, 27 mars; 4, 9, 15, 28 avril; 5, 12, 
18, 24, 29 mai; chaque fois environ 2 à 2 1/2 M. Il y a amélio- 
ration certaine, mais les crises réapparaissent encore de temps à 
autre moins longues et plus tolérables. 

Malgré mes exhortations, le malade refuse de continuer la 
cure; il revient pourtant quinze jours apres, m’annoncer qu'il 
est tout à fait guéri! Je le persuade de laisser pratiquer deux 
dernières irradiations, qui ont lieu les 29 juin et 17 juillet; à 
chacune de ces entrevues D... m'a confirmé l'issue heureuse et 
durable de la radiothérapie dans son cas. 


+ & * 


Je terminerai ce fastidieux exposé par une considération 


d'ordre... philosophique! Je n’insiste pas sur la valeur de la mé- 


— 333 — 


thode que je serais presque tenté de qualifier d’infaillible ; elle a 
pourtant un inconvénient et un inconvénient sérieux, tellement 
sérieux qu'il compromet le traitement... puisqu'il l'empêche de 
commencer ! C'est qu'en effet, beaucoup de malades, et, faut-il 
l'ajouter ? les dames, en particulier, refusent de prendre, un 
quart d'heure durant, la pose académique que j'ai décrite au 
début de cet article et que la technique impose impérieusement! 
On montre bien tout au médecin, direz-vous. - D'accord ! Mais 
autre chose est de se laisser ausculter quelques secondes, de se 
laisser palper, voire même de laisser pratiquer un examen gyné- 
cologique dans la position ad hoc où les genoux relevés de la 
victime, supportant la barrière des jupes et des retroussis, lui 
cachent le regard du praticien embusqué par-dessous, et autre 
chose est de jouer « tableaux vivants sur un pavois autour 
duquel rôde Vimpitoyable opérateur. Aussi bien me suis-je, plus 
d'une fois déjà, butté contre un refus formel de se laisser traiter 
par ce moyen pourtant si efficace. Chez une de mes clientes, 
malheureuse diabétique toiturée par un effroyable prurit anal, 
depuis des années déjà, j'ai méme dû consentir à essayer d’irra- 
diations faites sans découvrir la malade: le résultat a été mé- 
diocre, et cela se conçoit, car outre l'avantage qu'a le cylindre 
localisateur de concentrer les radiations exactement sur les 
points à traiter, il a encore celui de maintenir les fesses écartées 
tout le temps de l'opération et de permettre ainsi aux rayons 
actifs d'atteindre les recoins les plus retranchés de la région 
anale. 


(A suivre.) 


SOCIETE BELGE DE RADIOLOGIE 


Scance du 9 août 1908 


Les ostéomes traumatiques 


M. le D Herman. — Mes confrères les D™ Heilporn et Van 
Roy ont présenté, à une des dernières séances, les radiographies 
d’un cas d’ostéome traumatique du coude. J'ai l’occasion de 
vous montrer une succession de radiographies de ce cas qui date 
du mois de décembre dernier. Les premières montrent le début 
de l’ostéome avec la tumeur pré-humérale et les traînées osseuses 
dans le brachial, ainsi que l'état après la première intervention. 
Les deux dernières représentent : la première, l’ostéome tel qu'il 
se présentait au mois de mai, la seconde montre le coude après 
l'opération que j'ai pratiquée il y a quelques jours. Je vous 
présente en même temps les productions osseuses extirpées. Lors- 
que j'avais enlevé toute ia partie osseuse en flèche qui se trouvait 
dans le brachial, le coude ne se fléchissait ni ne s’étendait pas 
plus qu'avant l’extirpation. Il fallait procéder à l’ablation d’une 
uctable production osseuse qui se trouvait au devant du radius 
et du cubitus et s’insinuait entre les deux os, sans prendre avec 
cux la moindre attache directe : une facette nette que je vous 
montre sur l'os le confirme. Il s'agit done bien d’une proliféra- 
tion osseuse qui a son point de départ dans les trainées dissé- 
minées dans le brachial et qui se montrait déjà un mois après 
la luxation du coude. (Voyez pl. XVI.) 

Les discussions qui ont surgi au sujet de l'origine de ces ostéo- 
mes laissent la question ouverte : nous croyons que dans des cas 
comme celui qui nous occupe, la théorie de l'émigration de par- 
celles ostéo-périostiques est très logiquement admissible. 

Quant à l'intervention, s'il est en général préférable d’atten- 
dre la pleine maturité de lostéome, afin de l’énucléer plus faci- 


lement, il n'est pas impossible de réussir même lorsque l’ostéome 


— 335 — 


est encore mou: le résultat de la premiére intervention le dé- 
montre; il n’y a pas eu de récidive. 


M. le D! De Nobele. — Pour résumer, Messieurs, |’ intéres- 
sante discussion que vous venez d’entendre, je crois que dans la 
détermination de l’origine des ostéomes traumatiques il faut 
être éclectique. En médecine moins qu’en toute autre science on 
ne peut être absolu. 

Faire dériver tous les ostéomes traumatiques du périoste, il 
y a là de l’exagération, et l’interprétation du D" Klynens, qui 
d’ailleurs corrobore celle que j’ai eu l'honneur de vous présenter 
dans une séance antérieure, me semble répondre à bien des faits. 
À l’appui de cette manière de voir, permettez-moi de vous pré- 
senter un cas personnel. Un homme reçoit un coup de pied de 
cheval sur la région antérieure de la cuisse; à la suite de ce trau- 
matisme se développe en cette région une forte sugillation san- 
guine qui bientôt donne lieu à une tumeur dure mal limitée, 
fortement bridée et un peu mobile, de la grandeur d’un œuf de 
poule. Le blessé fut soumis à un examen radiographique. Je 
découvris sur la plaque, à une certaine distance de la région 
moyenne du fémur, et sans aucune communication avec ce der- 
nier, une zone transparente de forme arrondie à structure aréo- 
laire qui ne peut être que du tissu osseux. 

Je conclus à un épanchement sanguin en voie d'infiltration 
crétacée et transformation en tissu osseux. 


M. le D! Hannecart. — J’ai eu souvent l’occasion de radio- 
graphier des ostéomes traumatiques, d’assister à leur extirpation 
comme assistant de M. le Prof. Depage ou d'en faire moi-même 
l’exérèse. 

Me plaçant au point de vue étiologique, je suis autorisé à 
penser que l'arrachement périostique est, dans la plupart des 
cas, l’origine de ces lésions, attendu qu’il peut être incriminé 
chez tous les malades observés par moi. Voici une série d’épreu- 
ves démontrant des ostéomes traumatiques de régions différentes 
et on peut voir que la tumeur est chaque fois adhérente a l’os 
Par un pédicule plus ou moins large. 

L'épreuve reproduite ci-après offre, à mes yeux, la valeur 


— 336. — 


d’une expérience de laboratoire : elle montre la main d’un bou- 
cher qui s'était fait accidentellement une coupure profonde au 
niveau de la face antérieure de la 17 phalange du pouce et avait 
eu la sensation de pénétration du couteau jusqu’à l’os. Le méde- 
cin traitant sutura la plaie qui se réunit « per primam ». Toute- 
fois, une quinzaine de jours après l'accident, la région était 
tellement tuméfiée et douloureuse que notre confrère se demanda 
s’il n'avait pas laissé ignorée une fracture avec chevauchement 
des fragments... Un mois plus tard, le malade nous fut adressé 
pour être soumis à l’examen par les rayons X. 

Ainsi que vous le voyez sur cette épreuve, la 1 phalange du 
pouce est absolument normale, sauf qu’il existe, implantée vers 


le milieu de la face antérieure une tumeur osseuse de 1 centim. 
de long, ayant la forme d’un « onglet » dont l'extrémité poin- 
tue est dirigée en dedans. 

Il est clair que le couteau ayant incisé les tissus mous à fond, 
a lésé et décollé un peu de périoste lequel a été le point de dé- 
part de la prolifération osseuse dont est résultée l’exostose en 
question. 


M. le D' Conrad. — Nous pouvons tirer des communications 
des D" Heilporn et Hauchamps, et de la discussion à laquelle ces 
travaux ont donné lieu, certaines conclusions fort intéressantes au 
point de vue de l'importance de l’examen radiographique. 

Les rayons X posent le diagnostic exact de ces tumeurs et 


— 337 — 


permettent d'établir l’oportunité de l'intervention chirurgicale. 
L’ostéome doit être mûr, pour être opérable. Une fine radiographie 
démontrera la maturité de la tumeur en établissant que celle-ci 
se différencie nettement des tissus environnants par une coque 
parfaitement visible. 

Les rayons X permettent en outre d'établir si l’ostéome pousse 
des prolongements dans l'articulation, ou s’il unit les deux os, 
comme c'était le cas chez le malade du D" Herman. Ces données 
importantes guideront le chirurgien dans son intervention. 

Il résulte des innombrables travaux écrits sur les ostéomes une 
dualité bien nette au point de vue de la pathogénie de ces tumeurs. 
Les unes proviennent évidemment du périoste. Ce sont les plus fré- 
quentes. Nous ne pouvons cependant pas accepler cette pathogénie 
pour toute une série fort nombreuse de ces tumeurs. Il y aurait lieu 
d'appliquer ici la théorie des germes aberrants, à moins que l'on 
n’admette que le tissu musculaire, le tissu conjonctif, dépendant 
tous deux du mésoblaste, puissent, de même que le périoste, pro- 
duire, sous l'influence d'une cause inconnue, du tissu osseux. 


M. le D Klynens. — Que certaines néoformations osseuses 
d’origine traumatique dérivent du périoste, cela ne semble 
guère contestable : le cas si net du D" Hannecart, le cas de ce 
boucher victime d’une plaie profonde de la phalange du pouce, 
suffirait, à lui seul, à démontrer cette origine : mais encore n'est-il 
pas nécessaire d'invoquer, dans tous ces cas où il y a adhérence 
de la néoformation à la diaphyse ou l’épiphvse, l’arrachement 
périosté ou pour parler le langage emprunté à la bactériologie, 
l’ensemencement périosté. 

Contestable est, à coup str, l’attribution, à cette même pa- 
thogénie, de toutes les néoformations osseuses bien isolées, qui 
ne montrent aucune soudure avec l’épiphyse ou avec la dia- 
physe; c’est à ces ossifications qu'il faudrait réserver exclusive- 
ment la dénomination d’ostéome traumatique et réserver celle 
d’exostose aux ossifications fixées directement sur l’os. 

Ces ostéomes traumatiques ne peuvent tirer leur origine d’un 
arrachement parcellaire du périoste : au niveau de l’insertion 
des tendons, il n’y a pas de périoste. Comment expliquer 1’os- 


— 338 — 


téome du brachial antérieur par un arrachement périostique ? 
Par quel mécanisme et par quel chemin des parcelles de pé- 
rioste iraient-elles coloniser bien loin de leur origine, dans |’in- 
térieur du muscle méme? 


Si la théorie de l'arrachement, de l’ensemencement périvsté 
était vraie, pourquoi ces ostéomes se produiraient-ils presque 
exclusivement à la suite de la luxation du coude en arrière? 
Pourquoi ne se produiraient-ils pas, et surtout, à la suite de frac- 
tures graves accompagnées nécessairement de dilacérations mul- 
tiples du périoste? 

Les recherches récentes sur la myosite ossifiante progressive 
ont établi d’une façon indiscutable que les multiples néoforma- 
tions osseuses de cette affection ne dérivent pas du squelette, 
mais qu'elles tirent leur origine de nombreux tissus, de tous 
les tissus d’origine mésoblastique : ce n’est que secondairement 
que la soudure entre ces névformations et le squelette s’opère. 

Pourquoi ne pourrait-on pas invoquer ici, en cas d’ostéome 
traumatique, une pathogénie identique ? Et cela d’autant plus, 
que ’anatomie pathologique et l'examen radiographique sem- 
blent bien assigner à ces ostéomes traumatiques une origine 
intra-musculaire. 


L’extension énorme à laquelle le muscle brachial est soumis 
de par le fait de la luxation, et de par les manœuvres de la réduc- 
tion doivent constituer, me semble-t-il, un élément important 
dans la genèse de ces ostéomes. 


M. le Dt De Nobele. — Je vous présente la radiographie de Ta 
hanche d’un homme qui a subi un traumatisme grave de la hanche. 

Ayant été tamponné entre une locomotive et un mur, il en est 
résulté une fracture transtrochantérienne du fémur droit. Cette 
fracture a été assez bien réduite, mais au niveau du cal il s’est 
produit une prolifération de tissu osseux donnant lieu à un pro- 
longement osseux long d'au moins 3 à 4 centimetres, se prolon- 
geant du grand trochanter vers le bassin et gênant ainsi consi- 
dérablement la marche. 

Cet individu présente une tendance toute spéciale à la produc- 
tion de tissu osseux, car l’autre cuisse ayant été fracturée au 


— 339 — 


tiers moyen lors du même accident, il s'y est développé égale- 
ment un fort épaississement osseux avec prolongement antérieur. 

Les radiographies que je vous présente ont été prises plus d’un 
au après le traumatisme, de telle sorte qu’on peut considérer le 
processus hypertrophiant comme terminé. 


L’arthropathie comme symptôme initial du tabes 


M. le Dt Alynens montre plusieurs radiogrammes se rappor- 
taut à quatre cas d’arthropathie tabétique : deux cas d’arthro- 
pathie du cou-de-pied, un cas d’arthropathie du tarse et un cas 
d’arthropathie du genou : le diagnostic clinique de tabes n'avait été 
posé que dans un seul de ces cas; dans les trois autres cas la radio- 
graphie révéla le diagnostic. 

L'image radiographique d'une arthropathie tabétique est des 
plus caractéristique et suffit, à elle seule, à imposer le diagnostic 
de tabes, si souvent méconnu, soit par omission d’un examen 
complet, soit par insuffisance de symptômes cliniques. 

L’arthropathie tabétique peut être un symptôme précoce de 
tabes; différents auteurs, et notamment Stefani dans ces tout 
derniers temps (Gazette des Hôpitaux, 25 février 1908) ont ap- 
pelé l’attention sur la précocité possible de ces arthropathies en 
se basant exclusivement sur l'examen clinique. Pour que celui- 
si soit en état d’établir lanature tabétique d’une arthrite, il faut 
déjà des délabrements notables; l'examen radiographique au 
contraire permet de déceler la nature tabétique d’une arthrite 
bien plus tôt encore que l’examen clinique. 

Les nombreux radiogrammes de ces quatre cas ne permettent 
pas de conclure à une raréfaction osseuse, à l’ostéite raréfiante 
tabétique des auteurs. Sans vouloir nier l’existence de celle-ci 
dans certains cas de tabes, l’auteur ne pense pas que la fragilité 
particulière des os tabétiques doive être attribuée, comme cer- 
tains auteurs veulent l’admettre, à cette raréfaction osseuse. 
Les fractures spontanées se produisant au cours du tabes sont 
probablement en grande partie attribuables aux troubles sensi- 
tifs et moteurs, à l’analgésie, à l’absence du sens musculaire 
et des réactions réflexes, en un mot à l’infériorité de la défense 
réflexe. 


REVUE DE LA PRESSE 


1 


Radiodiagnostic 


P. KRAUSE und Frikpricu. Beiträge zur Réntgendiagnostik 
von Lungenkrancken. (Zeit. f. med. Electrolog. und Röntgen- 
kunde, Heft 1-2, Bd X, 1908.) 


Dans le diagnostic des affections thoraciques et spécialement 
de la tuberculose pulmonaire, les rayons X jouent un rôle de 
premier ordre : le radiodiagnostic est souvent indispensable. 

Dans la première partie de son travail, les auteurs examinent les 
conditions techniques qui doivent présider à l'examen : obscuration 
totale, irréprochable du laboratoire pendant l'examen; emploi du 
diaphragme (rectangulaire de préférence); éclairage modéré 
habituel du laboratoire; qualité des radiations (5-6 scala Walter); 
protection contre les radiations par l'utilisation d’une caisse a 
parois imperméables aux rayons X, etc. 

La deuxième partie du travail s'occupe de la projection des 
sommets pulmonaires : quand la peau est le siège d’altération 
sclérodermique, de calcinosis interstitielle progressive, ou d’une 
accumulation de tissu graisseux (obésité, lipomes), quand des 
ganglions hypertrophiés siègent dans le creux sus-claviculaire, 
quand il y a hypertrophie du tissu musculaire, quand la clavicule 
et les deux premières côtes juxtaposent leurs silhouettes, suivant 
que ces anomalies sont bilatérales ou unilatérales, les deux sommets, 
ou l’un deux, paraitront plus obcurs que le restant du tissu pulmo- 
naire. 

A l'état normal un sommet pulmonaire est-il plus perméable 
que l’autre” Williams croit que normalement le sommet droit est 
plus obscur que le sommet gauche, tandis que la plupart des radio- 
logisles admettent une transparence égale des deux côtés. Les au- 
teurs ont examiné 82 ouvriers exempts de toute altération patholo- 


— 341 — 


gique : 57 fois les deux sommets présentaient la même transparence; 
9 fois le sommet droit et 7 fois le sommet gauche élait plus obscur : 
et une seule fois les deux sommets paraissaient sombres simultané- 
ment. 


F. EBERMEYER. Ueber isolierte Verletzungen der Handwur- 
zelknochen. (Fortschr. a. d. Geb. d. Rontgenstr., Bd XII, Heft I.) 


L’auteur, dans un travail fort documenté, passe en revue les 
lésions isolées des os du carpe. Disposant du matériel considé- 
rable appartenant a la clinique chirurgicale du prof. Angerer, de 
Munich, il étudie successivement : les fractures du scaphoide en 
s'étendant longuement sur les différentes théories concernant la 
pathogénie de ces traumatismes ; les fractures et surtout la luxation 
du semi-lunaire isolée ou accompagnant une lésion du scaphoïde ; 
les fractures du pyramidal, presque toujours dues à une compres- 
sion violente; les lésions des os de la deuxième rangée n'ont guère 
été observées par l’auteur : les fractures du trapèze, trapézoide et 
du grand os sont excessivement rares. L'auteur a eu l'occasion 
d'observer une fracture du grand os et du scaphoide chez le même 
individu. Une fracture de los crochu a également été observée, 
ainsi qu’une luxation du même os, produite par une violence 
directe. 


Pour terminer, l’auteur décrit la luxation in toto des os du carpe; 
ce travail est accompagné de l'histoire clinique des 23 malades 
ainsi que de nombreux radiogrammes, reproduisant avec nelteté 
les lésions de différents os. Cette élude complète, méritoire à tous 
égards, doit èire lue dans l'original. 


A. ITEILPORN. 


P. Ewazp. Fusswurzeltuberkulose und ihre Diagnose 
mittels Réntgenstrahlen. (Fortschr. a. d. Geb. d. Rontyenstr., 
Bd. NII, Heft I.) 


Une tuberculose osseuse ou articulaire peut-elle survenir à la 
suite d’un accident”? Cette question, rejetée par certains auteurs, 
et admise par d’autres, est encore pendante L’auleur ne la tranche 
pas, mais il admet qu’une tuberculose latente peut éclater a 
la suite d’un traumalisme Ce qui importe surlout, et nous nous 
rangeons à l’avis de l'auteur, c'est de poser un diagnostic précoce 
de cette affection. La radiographie est le moven le plus certain el ne 


— 342 — 


doit jamais étre omise. On pourra ainsi, en enrayant la maladie au 
moment de son éclosion, éviter souvent une amputation du membre. 
Ce travail est accompagné, pour la démonstration de la thèse que 
l’auteur défend, de l'histoire clinique de quatre malades. 


A. HEILPORN. 


E. KLoprer. Ein Fall von operativ geheilter Calcaneodynie. 
(Fortsch. a. d. Geb. d. Rontgenstr., Ba XII, Heft 1.) 


Sous ce nom on désigne une exostose de la grosse tubérosité du 
calcanéum. Elle a tantôt le caractère d’un simple épaississement du 
périoste, tantôt la forme d’un crochet ou d’une épine. Il faut la 
considérer comme une ossification de l’aponévrose plantaire, au 
niveau de son insertion au calcanéum. Cette hvpertrophie peut être 
fort génante pendant la marche, mème fort douloureuse, quand il 
existe une tendance au pied plat. Le traitement est purement 
chirurgical : enlèvement de l’exostose. 


A. HEILPORN. 


E. Hörna. Ueber Tendinitis ossificans traumatica. (Münch. 
med. Woch., 1908, n°13.) 


Un homme de 56 ans, en voulant descendre un escalier en portant 
un meuble lourd sur son dos, cogne sa jambe contre ce meuble. 
Comme les douleurs persistent au bout de quatre semaines et que 
la region reste gonflée, on fait la radiographie et l’on trouve dans 
le tendon d’Achille une tumeur osseuse de la grandeur du petit 
doigt. Du còté sain on trouve également dans le tendon deux petits 
noyaux osseux. 

Pour interpréter ce phénomène, Pauteur admet une diathèse - 
ostéogène, provoquée par le traumatisme : le tissu conjonctif 
joue le ròle de périoste. Par analogie avec la mvosite ossifiante 
traumatique, il donne à cette lésion le nom de tendinite ossifiante 
traumatique. La tumeur enlevée, l'homme a pu reprendre ses occu- 
pations sans éprouver aucune gêne. 


A. HEILPORN. 


Max Roum. Ueber die Aetiologie der Scoliosis idiopathica 
adolescentium. (Deutch. med. Woch., 1908, n° 11.) 


Max Boum. Ueber die Ursache der jugendlichen soge- 
nannten « habituellen » Skoliose. (Fortsch. a. d. Geb. d. Ront- 
genstr., Bd XT, Heft 1.) 


La colonne verlébrale peut présenter des anomalies, des variations 


—- 343 — 


numériques, dont il faut tenir compte dans l'étiologie de certaines 
scolioses : 


Variations occipito-cervicales qui atteignent l’atlas ; la fusion de 
celui-ci avec l’occipital. 


Variations cervico-dorsales qui atteignent la 7° ou 8° vertèbre : 
la 7° vertèbre peut être pourvue de côtes, la 8° peut en être dé- 
pourvue. 


Variations lombo-dorsales qui atteignent la 19° et 20° vertèbre ; 
la 19° peut ètre dépourvue de côtes; la 20° vertcbre peut présenter 
des côtes surnuméraires. 


Variations lombo-sacrées qui atteignent la 24° et 25° vertèbre : la 
24° vertèbre peut présenter un aileron sacral, la 25° peut en ètre 
dépourvue. 

Les variations numériques peuvent donc se réaliser dans deux 
sens opposés : dans le sens caudal et dans le sens cranial : elles 
comportent une signification étiologique, pathologique. En effet, 
les examens radiographiques démontrent que certaines formes de 
de scoliose habituelle présentent au siège de la courbure l’une ou 
l’autre de ces variations numériques. 

Les variations numériques, qui se présentent chez les jeunes 
filles ou qui affectent le côté gauche de la colonne, se font en géné- 
ral dans le sens cranial : celles qui se presentent chez les garcons 
ou qui affectent le coté droit se font en général dans le sens caudal. 
Ces différents faits nous permettent d’entrevoir la solution de nom- 
breuses questions concernant la scoliose et notamment les causes 
de la fréquence de la scoliose dans le sexe féminin, et les raisons 
pour lesquelles la scoliose lombaire se produit en général a gauche 
et la scoliose dorsale à droite. 

La collection anatomique du D" Dwight, de Boston, collection 
remarquable comprenant 54 colonnes vertcbrales à variations 
numériques, a servi de base anatomique à cette importante étude. 


FRANGENHEIM. Die Myositis ossificans im M. Brachialis nach 
Ellbogenluxationen, ihre Diagnose und Behandlung. (Deut. 
med. Woch., 1908, n° 12.) 


L’ostéome du muscle brachial antérieur se produit après un 
traumatisme direct sur le muscle ou sur le coude, mais le plus 
souvent à la suite de la luxation du coude suivie de réduction im mé- 
diate et surtout à la suite de la luxation des deux os de l’avant-bras 


— 344 — 


en arrière : toutefois il peut encore se rencontrer dans les cas de 
luxation ancienne non réduite. Les luxations des autres articulations 
donnent exceptionnellement lieu à la genèse d’ostéomes. 

On attribue encore souvent le point de départ de ces ossifications 
au périoste dilacéré par le traumatisme, à des parcelles de ce tissu 
arrachées par les insertions du tendon : cette pathogénie n’est pas 
récusable si l’osteéome du brachial adhère à l’os : mais si le noyau 
osseux est enclavé dans le muscle, s'il n’adhére pas à la diaphyse, il 
faut chercher le point de départ dans le tissu conjonctif intra- 
musculaire, ainsi que examen histologique le prouve. La capsule 
articulaire, à la face antérieure de laquelle s’insèrent quelques fibres 
musculaires, peut aussi donner lieu à cette ossification. 

L'examen radiographique est précieux tant au point de vue 
diagnostique que thérapeutique : en montrant l’évolution de los- 
téome, il indiquera le temps propice à l'acte chirurgical : l'opération 
ne doit point ètre hitive; une opération précoce risquerait fort de 
ne pas extirper toute la néoformation et exposerait à la récidive : des 
radiographies exécutées a des intervalles de temps variables démon- 
treront que l’ostéome est arrivé au bout de sa croissance, à sa 
maturité et que l'opération sera couronnée de succès et ne sera 
pas suivie de récidive. 


QO. FRANCK. Halsrippe und Unfall. (Deut. med. Woch., n° 14, 1908.) 


Une contusion de Ja region cervicale gauche provoque de tortes 
douleurs en cet endroit et de la paresthésie dans tout le membre 
supérieur gauche : la radiographie démontre la présence d’une côte 
cervicale. Les phénomènes morbides, bien loin de s’amender, se 
compliquèrent d’une atrophie évidente de tout le bras gauche : la 
résection de la côte amena une prompte guérison. La patiente 
réclama une indemnité à la compagnie d'assurances, indemnité qui 
lui fut accordée. 

L'auteur insiste sur la fréquence relative des côtes cervicales et 
sur l'importance du traumatisme dans l’éclosion des phénomènes 
morbides provoqués par la présence de ces anomalies anato- 
miques. 


ALBERS-SCHONBERG. Die Lungenspitzentuberkulose im Rônt- 
genbild. (Deut. med. Woch., n° 20, 1908.) | 


En cas de catarrhe du sommet pulmonaire, la valeur diagnos- 
tique de la radiographie est inférieure à celle de l’ausculation, mais 


— 345 — 


égale à celle de la percussion : de petits foyers d'infiltration du 
sommet se révèlent au contraire à examen radiographique dans 
beaucoup de cas là où les autres moyens d’exploration échouent. 
La radiographie constitue donc une sérieuse acquisition diagnos- 
tique : souvent, seule, elle est en état d'établir le diagnostic définitif 
de tuberculose du sommet. 

L'examen radioscopique ne donne-un diagnostic certain que dans 
des cas isolés de tuberculose du sommet : toutefois ce mode d’in- 
vestigation constitue un contrôle sérieux du diagnostic, en ce sens 
qu'il permet d'observer l’adénopathie bronchique, le symptôme 
de Williams, etc. 

La radiographie n'est pas en état d'établir si les opacités du 
sommet correspondent à des lésions actives ou guéries, à des adhé- 
rences ou à une sclérose : aussi n'est-elle, ne peut-elle être qu’un 
complément, toujours précieux, souvent indispensable, de l'examen 
clinique. 

L’exploration radiographique simullanée des deux sommets doit 
se pratiquer dans le décubitus dorsal : la téle et la partie supérieure 
du tronc seront légèrement relevées au moyen d’une alèze sur 
laquelle on appliquera le chassis radiographique. L’ampoule sera 
très molle, neuve; il n’y a aucun inconvénient à permeltre une res- 
piration tranquille et aisée, car les sommels pulmonaires ne sont 
susceptibles que d’une expansion respiratoire légère. Le tube com- 
presseur est de toute nécessilé : par son extrémité inférieure il sera 
incliné vers le menton, qui prendra appui sur lui; il sera centré 
exactement sur la ligne incdiane, afin que laire des sommets 
pulmonaires séparés par la silhouette de latrachée artère soit d’égale 
étendue à droite comme à gauche. 


GROEDEL. Der rôntgenologische Nachweis der Rippenknor- 
pelverknécherung. (Münch. med. Woch., n° 14, 1908.) 


Il y a déjà cinquante ans que Freund insistait sur la relation qui 
existe entre les anomalies thoraciques, telles que la sténose de 
aperture supérieure du thorax, la calcification des cartilages 
costaux d’une part et certaines affections, tels que l’emphvsème 
et la tuberculose pulmonaire d'autre part. La théorie de Freund se 
réjouit à l'heure actuelle d’un grand regain d'actualité. 

Grâce à la technique radiographique spéciale préconisée par 
l’auteur, il est possible de déceler la calcilication, non seulement 
totale, mais encore partielle, et mème parcellaire des cartilages 
costaux, tandis que de rares et pelits foyers de calcification ne 


— 346 — 


peuvent guère se révéler à l’acudopeirastique (ponction à l’aiguille) 
de Freund. La valeur de celle-ci est donc notablement inférieure à 
celle de la radiographie. 

Plusieurs radiogrammes accompagnant ce travail démontrent la 
calcitication totale ou partielle des premiers cartilages costaux. 


H. RIEDER und J. RoSENTHAL. Ueber Partial- und Totalrônt- 
genogramme der Lunge. (Zeitschr. f. Elektr. und Röntgen- 
kunde, Bd X, Heft 7, 1908. ) 


Nagucre encore on admettait volontiers, en se basant sur les 
données de la percussion de l'auscultation et de la radiographie, 
que la tuberculose pulmonaire débutait presque toujours par des 
lésions du sommet; aussi se bornait-on 4 radiographier les sommets 
pulmonaires seuls. 

Les recherches récentes, notamment celles de Stuertz, ont 
démontré que dans la grande majorité des cas la tuberculose pul- 
monaire commence par l’envahissement du hile; il est donc de la 
plus haute importance de radiographier non seulement les deux 
sommets, mais encore les deux hiles avec la portion inférieure 
avoisinante des lobes supérieurs. 

Mieux vaut encore de renoncer à ces prises partielles et de 
recourir à la radiographie générale, totale du thorax : ces prises 
totales permettent de dépister, dans presque tous les cas de tuber- 
culose incipiente, des trainées opaques, parallèles, s'étendant du 
hile jusque vers le sommet. 


HoLzkNEGHT. L'emploi du bismuth dans l’examen radiosco- 
pique de l’intestin. (Congres de Vienne. Sem. méd., 1908, n° 16 ) 


L'examen de lintestin, à l’aide de la radioscopie, permet de 
diagnostiquer le météorisme déterminé par de grosses bulles de gaz 
pour le gros intestin, par de petites bulles pour l'intestin grêle; on 
peut ainsi reconnaitre par ce moyen la maladie de Hirschsprung, 
les abcès sous-phréniques gazeux. 

Si Pon administre du bismuth à l’intérieur, les résultats sont plus 
nets; il suffit d’en faire prendre 15 gr. pour l'examen du duodenum, 
30 gr. pour celui de Pintestin grêle, 45 gr. pour celui du gros 
intestin. On peut ainsi suivre les mouvements de l'intestin. Dans les 
cas normaux le bismuth apparait dans l'intestin grèle au bout de 
deux heures, dans le gros intestin au bout de 5 à 15 heures. En ce 
qui concerne le còlon transverse, j'ai observé que, chez les sujets 


— 347 — 


sains, il peut être situé soit à la partie supérieure soit à la partie 
inférieure de l'abdomen. Il n’y a de position fixe que pour l'angle 
splénique et langle hépatique, ce dernier étant beaucoup plus bas 
que le premier, détail qu'il est bon de se rappeler quand on pratique 
le massage abdominal. Enfin l'examen radioscopique donne égale- 
ment des renseignements précieux dans les cas de tumeurs de 
l'intestin. | 
A. B. 


BECLÈRE. La radiographie des organes abdominaux permet- 
elle le diagnostic de la mort? (Archives d'électricité médicale, 
25 fév. 1908, n° 232). | 


M. Charles Vaillant a répondu à cette question par l'affirmative ; 
M. Beclère n'est pas de son avis et à l'appui de sa thèse il montre 
des radiographies prises sur le vivant et sur des enfants mort-nés, 
où l’on voit avec la mème netteté cerlains contours de l’estomac 
et de portions intestinales. 

Sans nier, conclut l’auteur, que la radiographie de abdomen 
soit capable d’aider an diagnostic différentiel de la mort apparente 
et de la mort réelle, il n'est pas possible à qui connait la complexité 
et les difficultés du problème de le considérer comme résolu. 


ETIENNE HENRARD. 


BécLERE. Sur l’aide apportée au diagnostic et à la localisation 
des abcès dysentériques du foie par l’exploration radiolo- 
gique. (Archives d'électricité médicale, 25 avril 1908, n° 2:36.) 


Le mérite de ce travail est que M. Béclère a pu fixer sur la 
plaque radiographique, grace à une technique spéciale, les images 
du dòme hépatique. Les clichés accompagnant cet exposé nous 
montrent l’ombre projetée par des abcès du foie et un kyste hyda- 
tique du lobe gauche. _ | 

Conclusions : 1° L'examen physique du foie doit comprendre, 
pour être complet, l'exploration de la face supérieure de cet organe, 
à l’aide de rayons de Röntgen, par la radioscopie et par la radio- 
graphie. 

2° L’exploration radiologique de la face supérieure du foie doit 
être complétée par l'examen de son lobe gauche, tandis que lesto- 
mac est naturellement ou artificiellement rempli de gaz. 

3° Celle exploration radiologique est particulièrement indiquée 
dans les cas où l'observation clinique permet de soupconner un 


— 348 — 


abcès du foie, surtout chez les malades atteints antérieurement 
de dysenterie. 

4 Quand un abcès déforme la surface extérieure du foie et tout 
particulièrement le dòme hépatique, l'exploration à l’aide des 
rayons de Röntgen, qui doit toujours débuter par l’examen radios- 
copique, est souvent le seul moven de déceler avec certitude lexis- 
tence de la collection purulente et son siège exact; c’est le meilleur 
guide pour une intervention chirurgicale. 


ETIENNE HENRARD. 


Cant Beck. M. D. The Rôntgen Method in the surgery of 
the Chest. 


Grace aux rayons X Vexainen intérieur du thorax donne des 
résultats merveilleux; on peut reconnaitre et localiser les abcés du 
poumon, les cavités bronchiectasiques, les kystes à échinocoques, 
les foyers de gangrène et établir en connaissance de cause le traite- 
ment chirurgical. 

La radioscopie permet de se rendre compte de l'existence de 
foyers secondaires qui seraient passés inapercus lors de opération 
sans l’aide de ce précieux procédé de diagnostic; elle permet aussi 
de se rendre compte de l’étendue des cavités drainées à la gaze. 

Dans cette brochure, l’auteur donne divers renseignements 
d'ordre thérapeutique concernant les affections chirurgicales du 
thorax et il s'étend notamment sur la facon d'amener l’expulsion 
d'un corps étranger fixé dans les bronches. 

BIENFAIT. 


Th. NoGiek. Des erreurs de la radiographie. Moyen de les 
éviter. (Archives d'électricité médicale, 25 Juin 1908, n° 240.) 


L'auteur fait justice des attaques auxquelles a été en butte la 
radiographie. La plupart des erreurs sont dues à un défaut de 
technique, où à l'ignorance de celui qui lit le cliché. Elles sont 
presque toutes évitables. Le radiographe doit, lorsqu'il envoie 
un cliché à un médecin, y indiquer notamment la position don- 
née au membre pour la prise de l'épreuve; il doit également 
donner son avis et nous ajouterons qu'il doit joindre à son 
épreuve un schéma normal sur lequel al indiquera les lésions 
constatees,. 


Etienne HENRARD. 


— 349 — 


SCHLAYER. Ueber den Wert des Réntgenverfahrens für die 
Frühdiagnose der Lungentuberkulose. (Deutsche med. Woch., 
n° 20, 1908. ) 


L'auteur a procédé à l'examen radiographique des sommets 
pulmonaires de 600 sujets, suspects à peine cliniquement de 
tuberculose incipiente : de ces 600 patients, 350 furent l’objet 
d'examens cliniques répétés et minutieux et restèrent longtemps 
en observation : les conclusions de l'auteur ne se rapportent qu’à 
ces 350 cas. 

La technique de l'auteur comporte les données suivantes : 
ampoule molle, diaphragme-iris de Wiesner avec une ouver- 
ture d'environ 15 cent. de diametre, anticathode centrée sur la 
2°, 3° ou 4° vertebre dorsale; une legere sous-exposition est pré- 
férable a la sur-exposition qui fait disparaitre les fines opacités 
de petits foyers; la radioscopie n'est pas recommandable. Cette 
technique permet de projeter les sommets pulmonaires de haut 
en bas et d'avant en arrière et de dissocier par conséquent leur 
silhouette d’avec celle des clavicules. 

Dans une tres forte proportion (300 cas= 83 26), la radio- 
graphie révéla des modifications incontestables de la struc- 
ture des sommets, modifications que les moyens cliniques habi- 
tuels avaient pu faire soupçonner mais n'avaient pu démontrer. 


Ces modifications dans la texture des sommets pulmonaires 
sont-elles toujours l'expression d’un processus tubercuieux 
actif? Imposent-clles toujours un traitement approprié? Pour 
élucider cette importante question, l’auteur eut recours à lob- 
servation clinique minutieuse et prolongée (percussion, aus- 
cultation, poids, fièvre, examen bactériologique de l’expectora- 
tion, etc.), et dans les cus où cette observation donna une ré- 
ponse indécise, il s'adressa à l'injection de tuberculine (1/10 de 
millig. jusqu'à 1 centigr.) : dans les 23 des cas seulement, ces 
modifications purent étre attribuées à une tuberculose active, 
en voie d'évolution. 

Un examen radiographique négatif des sommets pulmonaires 
nous autorise-t-il à rejeter le diagnostie de tuberculose ? Des 
390 sujets d'observation, 19 présenterent des lésions de tuber- 
culose des sommets, lésions démontrées soit par l'observation 
clinique, soit par l'injection de tuberculine, mais ces lésions 
échappèrent à l'examen radiographique: dans 6 % des cas done, 
c'est-à-dire dans une proportion assez faible, l'examen radio- 


— 350 — 


graphique ne fut point en état de déceler une tuberculose des 
sommets démontrable par la clinique. 


FISCHER et TETENS HALD. De importance de l’examen par les 
rayons de Röntgen pour le diagnostic et le traitement 
opératoire des affections des sinus de la face. (Ugeskrift for 
Laeger, 28 nov. 1907. — Semaine médicale.) 


Les rayons de Röntgen n’ont pas tardé à être expérimentés en 
chirurgie rhinologique, notamment au point de vue du diagnos- 
tic des sinusites. Mais, comme le montre le présent travail, leur 
emploi se heurte à quelques difficultés tenant aussi bien à la 
pathologie des sinus de la face, qu’à leur disposition anato- 
mique. 

Afin de pouvoir tirer parti de la radiographie en rhinologie, 
ìl convient d’abord d’être muni d’excellents appareils. En 
second lieu, 11 faut que le malade soit absolument immobilisé : 
on fixera donc sa tête à l'aide de courroies contre des plans ri- 
_gides et l’on ne craindra pas de recourir à la même précaution 
pour le reste du corps, afin d'éviter les moindres vibrations. On 
doit enfin placer convenablement le tube irradiant : pour les 
prises de profil on le disposera au niveau d'un point situé a 
2 centimetres en arrière du rebord orbitaire et sur le prolonge- 
ment de la commissure palpébrale externe; pour les prises de 
face on le mettra en arricre de la nuque du patient, sur la ligne 
médiane, et à la même hauteur que précédemment. Les épreuves 
négatives sont généralement plus nettes que les épreuves posi- 
tives. 

Une question qui demande à être préalablement résolue, c’est 
de savoir quelle est l’influence que le contenu des sinus peut 
exercer sur leur translucidité. On a bien fait quelques expe- 
riences dans ce but, mais leurs conditions sont par trop artifi- 
cielles. Par contre, in vivo, les sinus ne se prêtent pas facile- 
ment à cette étude. Les uns, comme le sinus frontal, ne peuvent 
conserver les liquides qu’on leur injecte; d’autres, comme le 
sinus maxillaire, ont leur projection obscurcie par celles des 
parties osseuses qui les entourent. Seul, le sinus sphénoïdal est 

apable de continence et de lucidité relatives, mais il est le plus 
souvent inabordable aux sondes et aux injections. Les auteurs 
ont eu cependant la chance de rencontrer un patient atteint de 
sinusite sphénoïdale, et dont le sinus permettait facilement l’in- 
troduction d’une sonde, Chez ce malade, on commença par pren- 


— 351 — 


dre une radiographie, en se bornant à introduire deux stylets 
dans le sinus préalablement vidé pour le repérer exactement sur 
la radiographie. On injecta ensuite de l'eau, puis une émulsion 
de bismuth, et, après chacune de ces opérations, on exécuta de 
nouvelles radiographies. Nur la première épreuve, la projection 
était un peu obscurcie; sur la seconde, elle se présentait avec 
les mêmes caractères; sur la troisième, enfin, l’opacité créée par 
l’émulsion et le niveau supérieur de celle-ci se voyaient avec la 
plus grande netteté. 

De ce triple examen, on peut done conclure que, si l’image du 
sinus à vide était un peu obscure, cet état devait être unique- 
ment imputé à la muqueuse, ou que l'injection d’eau ne modi- 
fiait en rien les propriétés transparentes du sinus. Cette conclu- 
sion se trouvait corroborée par l’examen clinique, car la sonde 
se heurtait à quelques parties osseuses dénudées. La radiogra- 
phie permettait, en outre, de compléter le diagnostic : sur la 
radiographie prise de face avec l'émulsion de bismuth, cette 
dernière dépassait légèrement la ligne médiane pour s'étendre 
du côté opposé : il y avait done une perforation de la cloison 
séparant les deux sinus. Il est par conséquent probable que les 
liquides n’obscurcissent les projections d’un sinus que quand la 
muqueuse est saine; si, au contraire, c'est cette dernière qui est 
épaissie, s’il existe des granulations, l'opacité de l’image doit 
lui être attribuée. 

Quant aux autres services que peut rendre la radiographie, 1l 
est aisé de s’en rendre compte. Chez un sujet, par exemple, qui 
avait présenté quelques symptômes pouvant faire croire à une 
sinusite frontale, ce sinus injecté à l'air ou à l'eau donna une 
image parfaitement transparente : on était done en droit d'ex- 
clure l'hypothèse d'altérations de la muqueuse et l’on évitait 
une trépanation inutile; la céphalalgie dans le fait en cause 
relevait d’une néphrite chronique, comme le montra un examen 
plus approfondi du malade. 

Par contre, il ne faut pas oublier que les rayons de Röntgen, 
en traversant les tissus, peuvent rencontrer de nombreux obsta 
cles, qui viendront alors se projeter sur l'image du sinus et en 
troubler la netteté : les masses cancéreuses sont dans ce cas, vu 
qu’elles débordent souvent la cavité, par exemple les fesses na 
sales, d’où elles tirent leur origine; on peut done croire à une 
sinusite, sans qu'il y en ait; aussi ne-faut-il jamais négliger de 
prendre deux radiographies, chacune dans une incidence diffé- 
rente. 


— 352 — 


JOLLASSE. Ueber den Wert des Réntgenverfahrens bei der 
Diagnose der Lageanomalien des Darmes u. der Behand- 
lung der chronischen Obstipation. (Zeitschr. f. dr<tl. Fortbild, 
n° 5, 1908.) 


Une corrélation fréquente, pour ne pas dire constante, existe 
entre la coloptose et la constipation chronique : Glénard, en 
premier lieu, attribua celle-ci à l’entéroptose. Il importe toute- 
fois de remarquer que des anomalies topographiques du côlon, 
tout comme celles de l'estomac, ne déterminent pas toujours de 
troubles cliniques; en outre, la constipation chronique peut en- 
trainer la chute du colon. Que celle-ci soit cause ou effet de l’ac- 
cumulation des matières fécales, qu'elle soit primitive ou secon- 
daire, il n'en est pas moins vrai qu’elle favorise et entretient 
dans tous les cas singulièrement la constipation : grace aux 
rayons Ñ, il est facile de se rendre compte de l'acuité des angles 
coliques et du grand obstacle qu'ils opposent au passage des 
matieres fécales. 

Bien a tort, ces considérations anatomiques et étiologiques, 
admises par tous les auteurs, ne guident guere notre thérapeu- 
tique: c'est que l'examen clinique ne permet pas souvent 
de déterminer avec quelque exactitude le trajet du côlon. S'il 
fallait exécuter le massage, si fréquemment conseillé dans le 
traitement de la constipation, s'il fallait exécuter ce massage 
suivant les indications classiques, on risquerait fort de ne pas 
toucher le colon dans une notable partie de son trajet; on ris- 
querait même d'exécuter en certains endroits un massage rétro- 
grade et de pousser en amont les seybales. | 

Or, l'examen aux rayons X, combiné à l'administration préa- 
lable du repas bismuthé de Rieder où d'un lavement bismathé, 
nous met à méme de déterminer avec la plus grande exactitude 
et sans inconvénient ou désagrément aucun pour le patient, le 
trajet et les anomalies du côlon; grâce à lui, on peut observer 
eomment les seybales se déplacent un instant sous la maim qui 
masse pour revenir incontinent a leur point de départ; ce fait 
semble prouver que le massage agit beaucoup plus par le réveil 
du péristaltisme qu'il proveque que par son action mécanique, 
Grace à l'examen radioscopique, on peut encore seruter plus 
avant les causes de la constipation et de la chute du côlon, et 
arriver ainsi à démontrer les adhcrences qui unissent le colon à 
l'estomac, ou qui existent entre deux portions voisines du côlon. 


~ Jo — 


Enfin cet examen permet encore de localiser certaines douleurs, 
soit dans l'estomac (ulcére), soit dans le côlon. 
D' KLYNEXS. 


Radiothérapie 


SELIG. Traitement des tumeurs inopérables au moyen du 
radium. (Soc. méd. Prague. — Münch. mediz. Wochenschr., 
1908, n° 15.) 


Selig a traité dans la clinique de v. Jaksh 6 cas de cancer (4 cas 
de cancer de |’estomac, un cas du cancer du canal cholédoque, un 
cas de cancer des canaux biliaires.) au moyen du radium. H a 
employé 5 mg de bromure de radium, de1,200,000 unités. Il a 
constaté la diminution des douleurs, Perythéme, la nécrose et 
cicatrisation. — Mais les 6 cas se terminerent parla mort — L’au- 
topsie montra cependant que la tumeur avait élé entamée, nécrosée, 
désorganiste : mais il n'existait aucune action spécifique. 

GUNZBURG. 


CARL SCHINDLER. Traitement des maladies des ongles par 
les rayons Röntgen. (Deutsche med. Woch., 1908, n° 21.) 


L'auteur a guéri en très peu de temps au moyen des rayons X des 
cas de mycosis, psoriasis et eczéma des ongles. Il irradie jusqu’à 
production d’un fort érythème. 

L. DE NOBELE. 


CARL Beck. Ueber Kombinationsbehandlung bei bösartigen 
Neubildungen. (Berlin. klin. Woch., n° 42, 1907.) 


Dans le traitement des tumeurs on préconise souvent exclusi- 
vement Vintervention chirurgicale ou la radiothérapie : l’auteur 
combat de façon absolue celte manière de voir: la radiothérapie, 
il est vrai, ne peut qu’exceptionnellement détourner de l’interven- 
tion. Dans la plupart des cas, celle ci doit chercher à enlever le 
plus de tissu malin et appeler à son aide ensuite la radiothérapie 
qui remplit alors une indication vitale en détruisant les cellules 


— 354 — 


malignes erratiques : les deux méthodes se doivent donc une colla- 
boration ¢troite. 
Voici la méthode de l’auteur : 


4° Extirpation aussi large que possible du néoplasme malin 
et cicatrisation par première intention. Au bout de la première 
semaine, irradiations intensives espacces par intervalles de deux 
jours jusqu'à réaction. 

2° La plaie opératoire restera ouverte, et spécialement celle du 
sein carcinomateux, si le processus malin est très avancé : irradia- 
tions quotidiennes, immédiatement après l'opération; réunion des 
bords de la plaie à la soie, à la fin de la première semaine; Jes irra- 
diations seront reprises à partir de la troisième semaine jusqu'à 
l’éclosion de la réaction dermique. | 

3° Les irradiations se feront d'abord au moyen d’un localisateur. 
Plus tard, il faut pratiquer une large irradiation des parties envi- 
ronnantes et renoncer à i’emploi du localisateur ou du diaphragme. 

La réaction cutanée est une condition indispensable de succès : 
l’auteur n’observa jamais de guérison d’un processus malin là où 
il n’y eut pas de réaction : aussi faut-il prévenir le patient de la 
nécessité bienfaisante de la radiodermite. L'emploi du diaphragme 
est non moins indispensable : il augmente l'intensité des radiations. 

L'auteur expose l’histoire clinique de malades atteints de sar- 
come, d’épithéliome, de maladie de Basedow et de cancer du 
pylore, traités après opération avec succès par la radiothérapie. 


Métrorragies et radiothérapie. (Semaine médicale, 1908, p.105.) 


Le professeur Fränkel, de Berlin, a eu l’idée d’employer la radio- 
thérapie contre les méno- ou métrorragies et contre la dysmé- 
norrhée. Il a traité de la sorte 14 patientes de cette catégorie ; apres 
quelques séances (5 à 12), il a eu une amélioration manifeste. Les 
douleurs ont disparu, les hémorragies ont notablement diminué, 
et ces bons résultats ont persisté quelquefois jusqu'à la troisième 
époque après la cessation du traitement. Chez 5 de ces malades, 
atteintes également de leucorrhée, les pertes blanches ont complè- 
tement cessé. 

C'est au cours de la première moitié du mois menstruel qu'il 
convient de commencer la radiothérapie et il suffit de deux à trois 
séances dans la seconde moitié du mois pour obtenir l'effet que l'on 
se propose d'alieindre. En cas de résultat favorable, on peut dans I: 
suite se borner à deux, trois ou quatre séances par mois. Il faut 


— 355 — 


seulement avoir soin d’espacer les applications, pour éviter l’action 
stérilisante sur les ovaires. 

La plupart des malades se plaignaient de céphalées ou de nausées 
et de ténesme vésical. 


À. B. 


MARTINI. Résorption de tumeurs par la radiothérapie, para- 
plégies toniques secondaires. (Policlinico, 1907, XIV, 11 et 12.) 


Un homme portait une énorme tumeur thoracique grosse comme 
une tête d'enfant; l'examen microscopique confirma le diagnostic 
de sarcome porté d’après les signes cliniques. 15 séances (8 minutes 
tous les 2 jours) firent disparaitre presque complètement la tumeur. 
Ace moment apparurent de la paresthésie et de la douleur dans les 
membres inférieurs et de la rétention urinaire et fécale. 

Une intervention sur la colonne vertébrale (métastase supposée 
comprimer la moelle) ne fit rien voir d’anormal. Mort un mois 
après le début de la paraplégie. Autopsie : gros sarcome intrathora- 
cique, pas d’altérations macroscopiques à la moelle ou au canal 
rachidien. L'examen microscopique fit constater des altérations de 
la substance blanche et de la substance grise. 

Un second malade opéré d’un sarcome du cou, eut une récidive : 
on eut recours à la radiothérapie (trente séances, tous les deux jours). 
La tumeur se résorba rapidement, mais une paraplégie mortelle 
se présenta à la fin du traitement. 

L’autopsie donna des résultats identiques à ceux du premier cas. 

Ces paraplégies s'expliquent le mieux par une intoxication des 
centres nerveux par la grande quantité de produits de désassimi- 
lation jetés en peu de temps dans la circulation. 

A. B. 


ROMAIN VIGOUROUX. Traitement du oanoer. (Archives d'électricité 
médicale, 25 mars 1908, n° 234.) 


Le cancer est une maladie générale dont la tumeur n’est qu’un 
résultat. Cette maladie représente l’évolution de l’état morbide qui 
détermine la prédisposition. Elle se rattache à l’arthritisme. 

Son traitement est général et local. 

Général, à savoir : hygiène de l’arthritisme, antisepsie intestinale, 
Opothérapie hépatique ou thyroidienne, médicaments internes, 
franklinisation. 

Local : radiothérapie. Pas d'intervention chirurgicale. 


— 356 — 


Dans l’état actuel, ces moyens, s'ils n’atteignent pas le but, sont 
du moins les meilleurs qui soient à notre disposition. 

La radiothérapie doit être employée le plus tôt possible, c'est-à- 
dire, si l’on peut, bien avant que le diagnostic de tumeur maligne 
soit posée. 

L'auteur recommande les séances courtes et fréquentes (3 par 
semaine) dont on augmente graduellement la durée. I] considère 
les pastilles comme un moyen illusoire et par conséquent dan- 
gereux. 

ETIENNE HENRARD. 


Cart Beck. M. D. Partial thyroidectomy combined with 
Röntgen treatment in Basedow’s disease. 


Le D" Beck, professeur de chirurgie à la Post-Graduate Medical 
School und Hosptital, à New-York, a traité une douzaine de 
malades atteints de goitre exophtalmique. 

Dans les cas où le goitre est peu volumineux, il le traite exclusi- 
‘vement par la radiothérapie; lorsque le goitre est trés prononcé, il 
enlève chirurgicalement le lobe le plus volumineux (sans faire 
usage d’antiseptique) et il irradie la partie restante. Dans le cas où 
la malade est dans un état trop alarmant pour que l’on ose l’opérer, 
il commence par faire le traitement radiothérapique et n’opère que 
lorsque l’état s’est amélioré. 

Au point de vue technique, le D'Beck fait usage d’un diaphragme 
tubulaire, et de tubes mous qu'il charge fortement. 

Les séances durent cinq minutes et sont, au début, répétées tous 
les deux jours, puis tous les trois jours, jusqu’à ce qu’il obtienne 
une ameéloration nette, ou un peu de dermatite. Quand celte 
derniére est guérie, il reprend le traitement 4 raison de deux irradia- 
tions par semaine jusqu’à ce qu'il obtienne la guérison ou jusqu’à 
ce qu une nouvelle poussée de dermatite ait lieu. 

BIENFAIT. 


L. AUBERTIN et E. BEAUJARD. Sur le mécanisme de la leucopénie 
produite expérimentalement par les rayons X. (Archives 
d'électricité médicale, 10 mai 1908, n° 237.) 


Il peut y avoir deux formes de leucopénie produite par les 
rayons X : l'une coexiste avec une dégénérescence plus ou moins 
complete de tout. l'appareil hématopoïétique; elle est très rare- 
ment observée chez les animaux avant reçu des doses énormes et 


répétées de rayons X; elle semble bien due à la dégénérescence 
du tissu nyéloide (leucopénie par insuffisance formatrice). 

L'autre est produite par la destruction (directe ou indirecte) 
des leucocytes dans tout l'organisme et peut exister non seule- 
ment sans dégénérescence médullaire, mais malgré une hyper- 
plasie médullaire notable, la destruction se trouvant plus forte 
que la formation; elle est, croient les auteurs, la plus fréquente; 
en tout cas, c’est elle qui se produit à la suite d'irradiations d’in- 
tensité moyenne comparables aux irradiations thérapeutiques; 
c'est une leucopénie par hyperdestruction et non par insuff- 
sance formatrice. 

Etienne ITENRARD. 


H. GUILLEMINOT. Absorption des rayons X et des rayons du 
radium par les tissus. Actions biochimiques correspon- 
dantes., (Archives d'électricité médicale, 10 juin 1908, n° 239.) 


Les différences entre les effets d’ordre chimique produits par 
les rayonnements hertziens, lumineux, chimiques, X et radio- 
actifs ne nous apparaissent pas forcément comme des différences 
spécifiques, mais bien plutôt comme des différences de quantité 
absorbée. De nombreuses analogies et les quelques tentatives de 
posologie rationnelle déjà faites donnent des bases solides à cette 
manière de voir. Ce problème ne peut être tranché que par l’ex- 
périmentation : ce n’est qu’en mesurant la dose d’énergie ra- 
diante de qualité variée absorbée par tels ou tels éléments que 
l’on peut donner une réponse. Cette mesure de la quantité d’é- 
nergie absorbée, bien différente de la mesure de la quantité 
d’énergie du faisceau incident, c'est ce que l’auteur appelle la 
quantitométrie rationnelle. 

Poursuivant ses études, M. Guilleminot nous exposera, dans 
un travail ultérieur, les premiers résultats obtenus dans cette 
vole. | 

Etienne HENRARD. 


Rocer LABEAU. Contribution à la radiothérapie de la syringo- 
myélie. (Archives d'électricité médicale, 15 juin 1908, n° 240.) 


L’auteur donne d’abord historique de la question, explique 
sa technique, insiste sur Pulilité de placer les malades dans une 
position légèrement oblique pour rencontrer le moins possible 
de tissu osseux avant d’arriver à la moelle. Il cite six cas de 


— 358 — 


syringomyélie qui ont été considérablement améliorés, et con- 
clut, tres Justement, en disant qu’alors même que la radiothé- 
rapie ne serait qu'un traitement palliatif, étant donnée Pab- 
sence de toute autre médication efficace, elle doit être appliquée 
pour les améliorations considérables et prolongées qu’on peut 
en obtenir dans le traitement de la syringomyélie dont elle trans- 
forme si heureusement le pronostic. 


Etienne HENRARD». 


L. DELHERN. La radiothérapie dans les affections médullaires. 
(Archives d'électricité médicale, 25 juillet 1908, n° 242.) 


M. Delherm énumère quelques cas d'affections médullaires 
différentes, qui ont été, si pas guéris, du moins considérable- 
ment améliorés par la radiothérapie. Il en conclut à l’action 
tres probable de la radiothérapie dans un certain nombre d’af- 
fections de la moelle; il semble, dit-il, que les résultats les 
meilleurs doivent être espérés, surtout lorsqu'il y a compression 
ou altération de la moelle par néoformation, l’xetion des rayons 
étant plus active sur les cellules jeunes. 

Cette méthode est encore à ses débuts et à la phase des obser- 
vations isolées; il ne saurait done être question, continue l'au- 
teur, de poser les limites de son action, ses indications et ses 
contre-indications. 

Cette communication intéressante faisant suite aux travaux 
récents de Labeau (Archives d'électricité médicale, n° 240) et 
de Bienfait (Journal de Radiologie, n° 9) nous ouvrent de not- 
veaux horizons pour la radiothérapie, mais nous réclamons des 
auteurs la technique emplovée. 

Etienne HENRARD 


J, H. SEQUEIRA. Treatment of cancer by radiotherapy and 
by radium. (Résumé du rapport présenté au Il° Congrès de 
la Société internationale de Chirurgie, Bruxelles, 21-27 sep- 
tembre 1908.) 


Il est évident que nous sommes en droit d’espérer de meilleurs 
résultats de la radiothérapie dans le traitement du cancer cutané 
que dans celui des lésions situées plus profondément; on obtient 
les plus brillants résultats dans l'ulcus rodens dans lequel les 
ganglions ne sont pas entrepris et dans d’autres cas dans les- 
quels les ganglions n’ont été que tardivement atteints. 


— 359 — 


Le premier cas d’épithélioma cutané traité par l’auteur date 
de juin 1900. Le malade, qui était atteint d'un ulcus rodens très 
étendu et tout à fait désespéré, fut considérablement amélioré. 
L'auteur publia sa première série de douze cas d’ulcus rodens 
en 1901 en indiquant les changements microscopiques produits 
dans la tumeur par les rayons X. 


La technique a été modifiée depuis l’introduction des instru- 
ments de précision. 


Dans chaque cas, la dose de rayon X est exactement mesurée. 
pa 9 A. 


Le radium ne donne aucun résultat que l'on ne puisse obtenir 
par les rayons X, mais son emploi est plus facile dans les diffé- 
tentes cavités du corps. Depuis quelques années, l’auteur enlève 
à la curette ou au bistouri les bords épaissis et calleux de l’ulcus 
rodens avant d'appliquer les rayons X; il est difficile sinon de 
faire fondre des masses sclérosées. 


Résultats : 1° Dans Vuleus rodens : 75 malades sont restés 
guéris trois ans après le traitement; 6 depuis plus de six ans et 
14 depuis au moins cing ans. 


Trente-huit malades apparemment guéris ont eu des récidives, 
dont 11 à plusieurs reprises. 


Un malade resta guéri pendant quatre ans et eut alors une 
récidive. 

Dans quatre cas, la guérison fut obtenue d’abord, puis une 
récidive survint qui ne put plus être guérie. 

Trois malades présentèrent des récidives profondes dans les 
os de la face après que les lésions superficielles eussent été 
guéries. 

Echec dans 41 cas; parmi ceux-ci, 19 furent améliorés, mais 
dans 16 cas le mal progressa malgré le traitement. 

Huit décès directement dus à l’ulcus par méningite et septicemie. 

2° Dans l’épithélioma pavimenteux, le succès dépend de Pin- 
fection ganglionnaire. Il faut recourir à l'exeision précoce et 
appliquer ensuite les rayons X. Le moment de l’intervention 
joue le plus grand rôle. L'auteur relate en détails un cas dans 
lequel la lésion primitive guérit rapidement sous l'effet des 
rayons, mais où les ganglions, quoi qu'ils fussent directement 
soumis à leur action grâce à une opération préliminaire, ne fu- 
rent pas influencés. 

3° Dans le cancer des lèvres, du plancher de la bouche, de la 


— 360 — 


langue, du pharynx et des joues : traitement palliatif; douleur 
diminuée, ulcération nettoyée, mais aucun bénéfice réel. 

4° Dans l'épithélioma greffé sur un lupus : 1 cas guéri depuis 
trois ans et demi; 1 cas reste encore guéri dix-huit mois apres 
l'excision suivie de radiothérapie. Nombreux échecs. 

9° Epithéhoma consécutif au xerodermia pigmentosa : abla- 
tion des tumeurs suivie de radiothérapie donne un résultat satis- 
faisant; pas de récidive sur place. 

6° Maladie de Paget : 3 cas plus ou moins complètement gué- 
ris, mais chaque fois suivi de cancer; issue toujours fatale. 

L'auteur discute une série de soi-disant guérisons de cette 
maladie où il estime que la durée d'observation est insuffisante; 
il recommande l’opération. 

1° Cancer du sein. La radiothérapie appliquée aux récidives 
postopératoires diminue et fait méme disparaître les nodules. 
Douleurs moindres. Parfois diminution de l’œdème du bras. 
Ulcération guérie. 

Aucun cas de guérison, quoique la vie ait pu être prolongée 
de plus de trois ans dans des cas jugés inopérables. 

Tl n'est pas encore possible de se prononcer sur la valeur de 
la radiothérapie postopératoire, systématique. 

8° Sarcome : observations de 6 cas avee une guérison; il s'a- 
gissait d'un sarcome à cellules mixtes avant récidivé deux fois 
apres opération et demeuré guéri depuis trois ans. Dans les sar- 
comes tres étendus, les rayons X peuvent être employés avant 
l'opération. 

9° Mycosis fongoïde : succès remarquable dans un cas où des 
tumeurs tres étendues disparurent; ce malade reste bien portant 
depuis cinq ans. 


Technique 


J. Jerit. Eine Modification der Aufnahmetechnik bei der 
Skiagraphie der Blasensteine. (Fortsehr. a. d. Geb. d. Ront- 
genstr., Bd. XI, Heft I.) 


Pour faire chez la femme le diagnostic d'un calcul vésical, Fauteur 
introduit dans le vagin une plaque photographique, large de 5-6 cm. 


— 361 — 


et longue de 13 cm., entourée de papier noir, de batiste Billroth et 
couverte d’une bonne couche de vaseline. Cette plaque est placée 
horizontalement, au-dessous du siége supposé du calcul. Cette 
méthode ne peut être appliquée que chez les pluripares à parois 
fortement relichées. Selon l’auteur le grand avantage de cette 
méthode consiste en ce que la partie postérieure du bassin, sacrum 
et parties molles, n’est plus traversée par les rayons X, ce qui sim- 
plifie la technique et permet d'obtenir des succès plus fréquents par 
l'emploi d’ampoules molles ou de dureté moyenne. Le diagnostic 
des calculs uretéraux, siégeant assez bas, peut également se faire par 
cette technique. L'auteur s’est également servi avec succès de cette 
méthode dans un cas de kyste dermoide de l'ovaire. Faisant la 
radiographie de cette tumeur par son procédé il a pu distinguer sur 
le cliché une silhouette d’os : l’opération a confirmé celle manière 
de voir. A. HEILPORN. 


Levy-Dorn. Schnellaufnahmen mit Réntgenstrahlen. (Deut. 
med. Woch., 1908, n° 13.) 


De nombreux examens radiographiques ne sont réellement fruc- 
tueux, voire possibles, qu’au prix d’une exposition très courte : il en 
est ainsi pour toutes les recherches sur les organes animés de 
mouvements indépendants de la volonté : tels que le cœur, le 
diaphragme, les poumons, etc. 

On afirme souvent que Vinstrumentation usuelle permet dés 
temps de pose très courts, à condition que l'ampoule employée soit 
assez puissante. Le fait que Rosenthal s’ingénia à construire 
une bobine spéciale, appropriée à ces très courts temps de pose, 
s'accorde difficilement avec cetle affirmation : l’auteur a pu observer 
que les inducteurs ordinaires de bonne construction sont à peine en 
état de donner un radiogramme à 50 ctm. de distance focale au bout 
de 10 secondes de pose. 

Les écrans renforcateurs et les plaques Sigma Lumière sont 
généralement usités en cas de pose minime : mais ce sont là des 
expédients qu’il faut chercher à éviter : les plaques Sigma donnent 
facilement du voile : les écrans renforcateurs bien loin d'améliorer 
les contraste et les détails, les effacent au contraire. L'auteur a pu 
se convaincre que l’on pouvait facilement éviter ces deux expe- 
dients facheux par l'emploi du Grisonateur qui donne des radio- 
grammes plus que suffisants au bout d’un temps de pose tres 
minime. A lappui de cette assertion, l'auteur fait reproduire deux 
excellents radiogrammes obtenus sur plaque Schleussner, sans 


— 362 — 


l'aide d'écran renforgateur : un thorax radiographié à 50 ctm. de 
distance focale au bout de 5 secondes de pose : une hanche d’adulte 
radiographiée à 60 ctm de distance focale au bout de 15 secondes de 
pose. 


GROEDEL. Ueber gleichzeitige Aufnahme der beiden Lun- 
genspitzen mit zwei Antikathoden, mittels der Stereo- 
réhre. (Fortschr. a. d. Geb. d. Rontgenstr., Bd XII, Heft 3.) 


La valeur diagnostique de la radiographie des sommets pulmo- 
naires est de plus en plus appréciée : mais avec la technique usitée 
jusqu’ici, la deuxième cote projette le plus souvent sa silhoutte sur 
celle de la premiere côte et ainsi une partie du sommet échappe à 
l'examen radiographique. Pour éviter ce grave inconvénient, 
auteur conseille l'instrumentation et la technique suivantes : 

Une ampoule stéréoscopique Bauer (distance entre les deux foyers 
anthicathodiques = 8 ctin.) est enfermée dans une caissette imper- 
méable aux rayons X : celle caisselte est munie de deux ouvertures 
distantes de 2 ctm., pourvues chacune d'un tube localisateur 
de 8 ctm. de diamètre : elle est mobilisable au moyen de deux vis 
à crémaillère tant dans le sens vertical que dans le sens horizontal. 

Le patient se place dans Je décubitus dorsal : l'ouverture libre 
des deux tubes localisateurs peut être appliquée aussi bien sur 
la face antérieure que sur la face postérieure des deux sommets; 
toutefois les prises radiographiques antéro-postérieures sont les 
plus recommandables; différents dispositifs de contention com- 
plètent instrumentation. 

L’auteur conseille de radiographier les sommets en état d’expi- 
ration; les sommets se projettent mieux pendant l'expiration que 
pendant linspiration ; aussi est-il recommandable d'appliquer 
sur le thorax un coussin de sable. 

Le temps d'exposition est variable: avec l'interrupteur à mercure, 
20-40 secondes ; avec l'interrupteur Wehnit, 8-12 secondes 
(110 volts et 15-20 ampères) ou une seconde (110 volts et 50 am- 
pères) ou même 1/2 seconde (220 vols et 50 ampères). 

Cette technique est encore applicable à la radiographie des deux 
hiles pulmonaires, à celle des premiers cartilages costaux, et enfin 
à celle des reins. 


Hyac. GUILLEMINOT. Nouveau quantitométre à rayons X. 
(Archives d'électricité médicale, 25 fév. 1908, n° 232.) 


Appareil très savant mais beaucoup trop compliqué pour être 
pratique. ETIENNE HENRARD. 


L. PASSIER. La limitation du rayonnement et la compresions 
en radiographie. Leur application aux différentes régions 
de l’abdomen. (Archives d'électricité médicale, 25 mars 1908, 
n° 234.) 


L'auteur énumère tous les procédés employés jusqu'ici pour 
limiter le rayonnement et obtenir la compression en radiographie; 
il s'arrête évidemment au principe du cylindre-compresseur 
d’Albers-Schôünberg. 

Travail très utile à lire pour les médecins radiologistes. 

ETIENNE HENRARD. 


TH. NoGiER Ce qu’il faut avoir et ce qu’il faut savoir pour 
faire une bonne radiographie des voies urinaires. (Archives 
d'électricité médicale, 25 mars 1908, n° 234.) 


1° Ce qu'il faut avoir. — Enumération d'appareils très utiles sans 
doute mais qui ne sont pas indispensables, comme le dit l’auteur : 
d’autres ampoules et d’autres interrupteurs notamment que ceux 
qu'il cite pouvent donner les mêmes résultats. 

2° Ce qu’il faut savoir. — Excellent exposé pour reconnaitre la 
situation des reins, des uretéres; exposé accompagné de schémas 
très démonstratifs. 

3° Ce qu’il faut faire. — La technique exposée par M. Nogier est 
très claire et, suivie, donnera certainement de bons résultats. Je 
trouve toutefois son temps de pose (6 minutes) exagéré. 

À noter comme particulièrement pratique son schéma de déter- 
mination de position du cylindre-compresseur. 

ETIENNE HENRARD. 


P. VILLARD. Radioscléromètre. (Archives d'électricité médicale, 
25 mars 1908, n° 234.) 


Appareil destiné à indiquer à chaque instant par une lecture 
directe sur un cadran la valeur du pouvoir pénétrant des rayons X. 
Peut servir pour l'ampoule radiogène et le radium. 

ETIENNE HENRARD. 


F. DESSAUER. Eine neue Anwendung der Rôntgenstrahlen. 
Münchener med. Wochenschr., 1908, n° 24.) 


Si l'emploi de la radiothérapie pour le traitement des affections 
s'est rapidement répandu, il n’en est pas de mème pour le traitement 


— 364 — 


des affections profondes. Cela provient de ce qu’il est difficile de 
faire pénétrer à une certaine profondeur une quantité de rayons X 
suffisante pour être efficace, et que, d’autre part, la peau absorbant 
beaucoup de rayons donne aisément de la dermatite. 


On compte que la quantité de rayons X donnée par un tube demi- 
mou tombe de 50 à 60 °/, de sa valeur à 1 centimètre de profondeur 
sous la surface de la peau. Si le tube est dur, la perte est moins 
forte mais elle atteint encore 40 °% à 4 centimètres de profondeur 
et 75°, à 5 centimetres. Ces chiffres sont dus à Perthes; le même 
auteur constate que l’interposition d’une lame d’aluminium de 


4 millimètre diminue cette perte. 


L'action des rayons X sur les tissus dépend de leur effet sur la vita- 
lité des cellules ; cet effet n'est pas le même sur toutes les cellules. 
Il est beaucoup plus marqué sur les cellules jeunes, se multipliant 
facilement, riches en protoplasme. Les cellules adultes, âgées, orga- 
nisées, résistent beaucoup plus. [l en résulte que si on peut 
irradier d'une façon homogène une région contenant un néoplasme, 
celui-ci entrera en régression alors que la peau et les tissus sains 
resteront intacts. 


Il y a moyen d'obtenir cette homogénéité : pour cela il faut 
emplover des tubes durs, filtrer les rayons, placer le tube à une 
assez grande distance dela partie (un mètre); il faut irradier celle-ci, 
soit au mème moment au moyen de plusieurs tubes, soit successive- 
ment en se servant du même tube, et Virradier dans plusieurs 
directions. Ainsi on ménage la peau et on accroit la dose reçue à 
l'intérieur. Cette dose, quoique fort atténuée, est cependant efficace. 


L’interposition d'un filtre provoque léclosion de nombreux 
ravons secondaires très pénétrants qui sont pour beaucoup dans 
l'obtention de l’homogénéité. 


M. Dessauer fait usage d’un transformateur très puissant et em- 
ploie concurremment plusieurs tubes; il se sert de lames de verre 
pour filtrer. Un membre ou le corps ainsi examiné à l'écran appa- 
rait comme une masse confuse où on ne distingue rien. 

A. BIENFAIT. 


FR. KLINGELFUSS. Ueber Messung und Dosierung der Rônt- 
genstrahlen in absoluten Einheiten. Rôntgenolyse. (Mün- 
chener med. Wochenschr., n° 29, 1908.) 


Klingelfuss a combiné un nouvel inducteur permettant, par 
l'intercalation d'un appareil de mesure, de connaitre le potentiel 
du courant secondaire lui-mème et non le potentiel de l’étincelle 


— 365 — 


Il a trouvé que le potentiel de ce courant est de huit à dix fois plus 
faible que celui de l’étincelle. 

Si on mesure l’énergie électrique, c’est-à dire le potentiel du 
courant secondaire, et la force de courant à la traversée du tube 
Röntgen, on arrive à cette conclusion que l'activité des rayons X 
dans l'impression de la plaque est directement proportionnelle au 
produit de ces deux facteurs et du temps d'exposition. C=VJt. 
C = la réaction, V = le potentiel dans la bobine secondaire, J = la 
force du courant et t le temps. C’est la mème formule qui indique 
le travail dans l’électrolvse(quantité d'H dégagé ou de métal déposé). 
Klingelfuss propose par comparaison de désigner les unités 
obtenues par ce calcul sous le nom de rüntgénolyse, 

Cette mesure est facile à prendre et absolument à l’abri de loute 
influence suggestive. Elle permet d'établir des constantes soit pour 
la radiograpie soit pour la radiothérapie; par exemple, on sait que 
tel résultat sera obtenu avec un tube de 60 unités V (chiffre de l’ap- 
pareil mesurant le potentiel 150 divisions pour une dureté = 8 unités 
Benoist) recevant un courant de 1 milliampère pendant dix minutes; 
la constante dans ce cas est de 60 x 10 x 1 — 600. Un autre méde- 
cin peut obtenir le même résultat; son tube donne 65 de dureté 
(différence de 5 unités, avec le premier tube impossible à mesurer 
en unités Benoist) il laissera passer 0.8 milliampére pendant 

600 


e Py ————— = 5 
41.5 minutes : en effet 08 x GS 41.5. BENGE 


DAvipsonN. Röntgenaufnahme bei Schwerverletzen. (Deutsche 
med. Woch., n° 20, 1908.) 


La radiographie au domicile du blessé n’est guère en faveur 
et n’est d'ailleurs pas recommandable : les appareils radiogra- 
phiques transportables offrent généralement de graves défauts : 
Pemploi du diaphragme, si utile dans la radiographie de régions 
épaisses, est tres difficile; à ces inconvénients il faut encore 
ajouter les difficultés du transport et du montage, la perte de 
temps, limpossibilité de développer immédiatement la plaque 
et de procéder sans retard à l'application du bandage. 

L'auteur préconise Je transport des blessés, même atteints de 
lésions graves, au laboratoire radiographique dans une civière 
pourvue d'un matelas peu dépressible; ainsi, sans provoquer de 
douleurs et sans déplacer le blessé, on peut glisser sous le mem- 
bre la plaque radiographique, procéder à la radiographie, au 
développement de la plaque et éventuellement encore à l’appli- 
cation du bandage. 


— 366 — 


A. KönLER. Een Vorschlag zur Verbesserung von Nieren- 
gegend-Wirbelsaiilen- nnd Hiiftaufnahmen sehr starker . 
Patienten. (Zeitschr. f. Elektrotherapie, Bd VII, Heft 7.) 


Même avec une compression énergique, il est souvent fort 
difficile d’obtenir des radiogrammes passables quand il s'agit 
de patients obèses ou robustes : chez ces personnes, la radio- 
graphie de calculs rénaux, de la colonne vertébrale, de la han- 
che, par exemple, est des plus difficile. L'auteur conseille dans 
ces cas de radiographier sur deux plaques photographiques su- 
perposées couche sensible sur couche sensible, Après développe- 
ment, fixage et séchage des deux plaques, on appliquera celles-ci, 
au moment de l’examen, de nouveau l’une sur l’autre dans le 
même ordre. On aura ainsi un double négatif dont les nuances, 
les contrastes et les détails seront doublement accusés et diffé- 
renciés. 

Si les praticiens n’ont pas eu recours jusqu'ici à ce procédé 
aussi simple qu’avantageux, c’est qu’il pouvait leur sembler que 
le verre de la plaque supérieure dût absorber une grosse partie 
des radiations et que cette facheuse absorption dût neutraliser 
ainsi tous les bénéfices du procédé. Que le verre absorbe une 
certaine quantité de radiations, rien de plus naturel et de plus 
vrai! Mais rappelons-nous que les rayons X ont d’abord à passer 
à travers le verre de l'ampoule radiogène et qu’ils y subissent 
une espèce de filtration et de sélection qui les mettent à même de 
traverser une nouvelle couche de verre sans grande perte. 

En effet, c’est un fait bien connu en physique que les rayons 
optiques et caloriques, après leur passage à travers un certain 
milieu, ne se trouvent plus guère arrêtés et absorbés par un 
second milieu de même nature; évidemment les coefficients d'ab- 
sorption sont très variables suivant la nature du milieu; mais, 
en règle générale, on peut dire que, si même la première couche 
absorbe 90 % de la totalité des radiations, la seconde couche 
livrera passage à 70-90 % des radiations filtrées. 

Et pourquoi n’en serait-il pas de même pour les rayons X ? 
Ne pouvons-nous pas-admettre aussi que la paroi de l’ampoule 
absorbe la plus grosse partie des radiations absorbables par le 
verre et que les autres radiations, ainsi filtrées et sélectionnées, 
passent sans difficulté et sans perte sensible à travers la plaque 
photographique supérieure. 

D'ailleurs, une expérience bien simple prouve, de façon rapide 
autant qu'incontestable, les avantages sérieux du procéde : re- 


— 367 — 


couvrez la moitié d'une plaque 18x24 d’une plaque 13 x 18: 
disposez couche sensible sur couche sensible; placez sur ces pla- 
ques un gros volume, puis quelques os, et enfin encore deux gros 
volumes; irradiez pendant 2-4 minutes au moyen d’une am- 
poule dure. Après développement, fixage et séchage, examinez 
les deux plaques, d’abord séparément, ensuite en les superpo- 
sant convenablement. 


J. KLYNENS. 


A. KOHLER. Momentaufnahmen mit einfachem Réntgen-Instru- 
mentarium. (Deutsche med. Woch., n° 34, 1908.) 


Les publications récentes se rapportant à l’appareillage de la 
radiographie instantanée auront sans doute déterminé bien à 
tort de nombreux praticiens à renoncer à ce genre de radiogra- 
phie et notamment ceux qui ne disposent pas d’un budget suffi- 
sant pour acheter toute l’instrumentation nouvelle préconisée. 

On peut réussir la radiographie instantanée avec les appareils 
ordinaires; l'interrupteur Wehnelt à plusieurs tiges et une bo- 
bine à enroulements primaire ou secondaire fractionnés permet- 
tant des combinaisons multiples, ne sont nullement indispen- 
sables. 

L'auteur n’a jamais pu partager l’enthousiasme avec lequel 
on vante l’interrupteur Wehnelt. Nous savons — et nous som- 
mes unanimes sur ce point — que celui-ci n’est pas en état de 
nous donner des radiogrammes de qualité supérieure à ceux 
obtenus avec les interrupteurs mécaniques. C’est une erreur que 
de croire que l'interrupteur Wehnelt nous permet de raccourcir 
le temps de pose, et de l’abuisser jusqu’au quart ou au dixième 
du temps habituellement nécessaire. Sous ce rapport, de bons 
interrupteurs mécaniques valent amplement le Wehnelt; bien: 
plus : ce n’est qu'avec des indicteurs puissants, avec un enroule- 
ment primaire à self-inductien variable et avec un interrupteur 
Wehnelt à plusieurs tiges, que l’on parvient à atteindre les 
temps de pose exigés par Jes interrupteurs mécaniques. Kn ou- 
tre, l'interrupteur Wehnelt, quels que soient ses précieux mé- 
rites dans d’autres applications, est de tous les interrupteurs le 
moins approprié à la radiographie; car la courbe de la fermeture 
et de la rupture du primaire est des plus désavantageuse; aussi 
le courant de fermeture est-il considérable et détermine-t-il 
l’usure rapide de l’ampoule. 

L'auteur vante particulièrement l'interrupteur rotatif de 


— J68 — 


Hirschmann, construit à l'heure actuelle par la fabrique d’Er- 
langen; les contacts s’y produisent cuivre sur cuivre, par la 
rotation d’un tambour qui aspire et projette un jet de mercure 
sur les pieces de cuivre, Ainsi celles-ci se trouvent amalgameées ; 
ainsi l'émulsion de mercure est minime et n’exige que de rares 
nettoyages. 

L'auteur reproduit le premier instantané de thorax qu'il fit 
d’emblée sans essai préalable. Les données techniques furent les 
suivantes : distance focale, GO ctm.; 6-7 amperes, 32 volts; in- 
terrupteur Hirschmann avec 20 interruptions a la seconde; cou- 
rant secondaire de l à 1,2 milliamperes; T Benoist; ampoule 
Monopole; 2 secondes d'exposition; plaques Schleussner; bobine 
de Ruhmkorff de 45 ctm. en usage depuis six ans. 

En utilisant un voltage supérieur, deux écrans renforçateurs 
et deux films, le temps de pose pourrait être encore considéra- 
blement réduit : un quart de seconde suffira amplement. 


J. KLYNENS. 


ALBERS-SCHONBERG. Die Bestimmung der Herzgrésse mit 
besonderer Berücksichtigung der Orthophotographie 
(Distanzaufnahme-Teleréntgenographie). (Fortschr. a. d. 
Geb. der Rontyenstrahlen, Bd. XH, Heft 1, 1908.) 


L’auteur a décrit antérieurement un dispositif applicable à la 
téléradiographie du cœur, dans la position couchée du patient. 
Dans le présent travail il décrit un appareillage permettant la 
téléradiographie du même organe dans la station debout. 

Le fauteuil préconisé par l’auteur peut se déplacer dans le 
sens antéro-postérieur, par son roulement sur deux rails; il est 
mobilisable autour de son axe vertical par le déclanchement 
d'une pédale; il est encore mobilisable dans le sens vertical et 
horizontal. A ses deux bras métalliques peut se fixer a distance 
voulue le porte-chassis. Le dossier du fauteuil et le porte-chassis 
sont munis chacun d'un double croisillon de fils métalliques. 

L’ampoule se trouve centrée (une fois pour toutes) dans une 
caisse imperméable aux rayons X et pourvue d’un diaphragme 
rectangulaire. Pour la téléradiographie du cœur et des parties 
avoisinantes, le diaphragme doit avoir une ouverture de 1 ctm. 
arré. La caisse est équilibrée par un contre-poids puissant qui 
permet de la placer à toute hauteur désirée. 

Une pyramide creuse en tôle, de 2 m. 50 de longueur, relie 
le dossier du fauteuil au diaphragme. Son ouverture du côté du 


— 369 — 


diaphragme est d’environ 10 cent. carrés et celle du côté du 
dossier est de 30/40 ctm. Cette pyramide remplit un double but : 
elle constitue une protection efficace et elle améliore sensible- 
ment les détails et les contrastes du radiogramme. 

I] faut centrer d'abord, et une fois pour toutes, tout le sys- 
tème. En d'autres termes, par le déplacement vertical de la 
caisse et par le déplacement latéral ou vertical du fauteuil il 
faut arriver à la superposition exacte des projections des deux 
croisillons. Des repères convenables tracés à la couleur sur la 
caisse et le fauteuil permettront d'éviter tout fastidieux cen- 
trage ultérieur. 

La grande distance qui sépare l’ampoule du thorax n’est pas 
en état de neutraliser intégralement l'agrandissement inhérent 
à toute projection centrale. Par un simple calcul, l'auteur s’est 
évertué à corriger de façon absolue cet agrandissement minime. 

J. KLYNEXS. 


. Livres 


PARZER-MUHLBACHER. Rôntgenphotographie. 2" Aullage mit 
8 Tafeln u. 29 Figuren im Text. Schmidt, Berlin, 1908. Prix : 
Mk 2.50. 


L'auteur s'est vssigné un but fort modeste : il se borne à dé- 
crire dans un langage clair autant que concis les appareils les 
moins coûteux, nécessaires à l'amateur désireux de se fanuliari- 
ser avec la radiographie: tout en consacrant quelques pages à 
la bobine d'induction, il préconise la machine statique qui 
constitue l'appareil radiogéne le moins onéreux et le plus sim- 
ple: il loue les excellents services qu'elle est en état de rendre 
non seulement à l'amateur radiographe, mais même au médecin 
de campagne: le texte de l'ouvrage est accompagné de nom- 
breux radiogrammes d'organes humains, d'animaux, de cogmil- 
lages et de plantes. 


P. VAUDET. Technique précise de radiothérapie et de radiosco- 
pie (instrumentation pratique). 2° édition. Paris, 1908. Prix : 
6 francs. 


Cet ouvrage est consacré surtout à la radiothérapie; évitant 
avant toutes choses les discussions scientifiques, souvent à la 


— 370 — 


portée seule du médecin physicien, l’auteur s'est attaché à ncus 
presenter un ouvrage précis et surtout pratique où la technique 
et tous les renseignements utiles pour Pemploi des rayons X 
sont exposés clairement; les différents modèles de l'ampoule 
avec leurs régulateurs, les différents interrupteurs, les moyens 
de protection et tous les instruments accessoires de la radiothé- 
rapie sont décrits de facon très claire, bien que concise. Les 
chapitres se rapportant à la radiographie et à la radioscopie 
sont incontestablement très incomplets. Il est à espérer que la 
prochaine édition de l'ouvrage comblera cette regrettable la- 
cune, qui est de nature à donner au médecin praticien une idée 
tres défectueuse des indications du radiodiagnostic. 

Le chapitre terminal consacré à la stéréo-radioscopie, où se 
trouvent résumés les travaux de Guilloz et d’Estanave, est par- 
ticulièrement intéressant; le radiologiste lira avec la plus vive 
attention ces quelques pages consacrées à l’écran stéréo-radios- 
copique; il verra là une voie nouvelle et des plus heureuse ou- 
verte à la radiologie. 


A. KUTTNER. Die entzündlichen Nebenhéhlenerkrankungen 
der Nase im Rôntgenbild, mit 20 photographischen Tafeln. 
Urban und Schwarzenberg. Wien-Berlin, 1908. Prix : 20 marks. 


Vingt radiogrammes, très démonstratifs, sur papier de bro- 
mure, de grandeur naturelle, et se rapportant à diverses affec- 
tions suppuratives des cellules ethmoïdales, des sinus frontaux 
et des sinus maxillatres montrent mieux que toute longue disser- - 
tation les ressources précieuses qu'offrent les rayons X à la rhi- 
nologie : une explication très concise, relatant les données des 
diagnostics clinique, diaphanoscopique et radiographique se 
trouve en face de chaque planche. 

Dans une notice préliminaire, l'auteur décrit d’abord la tech- 
nique qu'il a suivie, ensuite l’image du radiogramme normal 
et enfin la valeur, Fimportance et les écueils du radiodiagnostic. 

Les prises sagittales sont bien préférables aux prises latéra- 
les; le tube-diaphragme sera centré sur la protubérance occipi- 
tale ou même plutôt un peu au-dessous d'elle : le rayon normal 
doit bien passer dans le plan médian antéro-postérieur du crane: 
interrupteur Rotax avec 4-000 interruptions par minute : expo- 
sition de 65-80 secondes; 9-9 1'2 amperes : 110 volts. 

Le radiodiagnostie a non seulement une valeur diagnostique 
importante, mais peut encore montrer la voie à la thérapeuti- 


— 371 — 


que rhinologique. Aucune autre méthode d'investigation ne nous 
renseigne mieux sur l'existence, la forme et l'extension des 
sinus de la face. Dans le radiodiagnostie des affections de ces 
sinus, il faut apporter de la circonspection : on peut observer, 
en effet, sur le radiogramme, des opacités, des voiles d’intensité 
variable au niveau de la silhouette des sinus, bien que l'absence 
de tout symptôme subjectif et objectif permette d'exclure lexis- 
tence d’une affection. Mais l’auteur n'observa Jamais l'affection 
des sinus frontaux, maxillaires ou des cellules ethmoidales, qui 
fût quelque peu notable et qui ne révélat point son existence 
sur la couche sensible. | 


Les opacités et les voiles que la couche sensible montre au 
niveau de la silhouette des sinus de la face, ne sont pas tou- 
jours l'indice d'une affection inflammatoire. Ces faits méritent 
la plus grande considération, pour éviter des erreurs graves : 
c'est ainsi que le sinus dont le pus vient d’être évacué, dont Ja 
muqueuse a été soigneusement curettée et dont la cavité a été 
largement irriguée, peut néanmoins donner lieu à des opacités 
anormales et considérables; et ces opacités peuvent même per- 
sister longtemps apres la guérison intégrale ; elles sont probable- 
ment attribuables aux modifications qu’engendrent les altéra- 
tions de la muqueuse dans le périoste et les lames osseuses sous- 
jacentes, c'est-à-dire à la sclérose osseuse. L'auteur assigne au 
radiodiagnostie une valeur supérieure à celle de la phanendos- 
copie. 

En résumé, l'examen radioscopique à lui seul ne doit jamais 
imposer en rhinologie le diagnostic et la thérapeutique; il doit 
se borner, dans la plupart des cas, à apporter un complément très 
utile à nos moyens d'investigation ordinaires, bien que souvent 
il puisse assigner au diagnostic et à la thérapeutique une voie 
insoupeonnée. Si l'examen clinique et l'examen radiographique 
semblent contradictoires, le clinicien ne doit se laisser guider 
que par le premier. 


H. DE GRAFFIGNY. Construction pratique et applications des 
bobines d’induction dites de Ruhmkorff. Paris, H. Desforges, 
1908. 


La bobine d'induction de Ruhmkorff, naguère encore appareil 
de cabinet, de physique ou curieux jouet scientifique, vient de 
trouver dans ces dernières années des applications aussi impré- 
vues qu’importantes : photographie par les rayons X, télégra- 


— 472 — 


phie sans fils, électrothérapie par haute fréquence, allumage des 
moteurs. 

Ces nombreuses applications ont déterminé l’auteur à réunir 
en un ouvrage succinct toutes les données relatives à la théorie, 
àla construction et aux usages de la bobine. Les lois de l’induc- 
tion, les nombreux interrupteurs, la construction et le fonction- 
nement de la bobine, ses applications scientifiques et pratiques 
font l’objet d'une description précise et claire, à la portée de 
tout le monde. 
= L'amateur désireux de construire lui-même un appareil capa- 
ble de donner quelques centimètres d'étincelle, trouvera dans 
ce petit livre des détails précieux, qui lui éviteront maints 
essais, tatonnements et échecs. 
© L'auteur a eu soin d'éviter tout calcul théorique; la lecture 
de l’opuscule est des plus aisée et des plus fructueuse. 
| | J. KLYNENS. 


JOURNAL DE RADIOLOGIE PLANCHE XVI 


D" HERMAN 


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LE TRAITEMENT DU CANCER PAR LE RADIUM 


PAR LE Dr A. BAYET 
PROFESSEUR DE CLINIQUE DE DERMATOLOGIE ET DE SYPHILIGRAPHIE 
A L'UNIVERSITE DE BRUXELLES 


PLANCHES XVIT er XMH 
Communication faite au Il" Congres de la Société internationale de Chirurgie 


Le Congrès de Chirurgie, en mettant à l'ordre du jour le trai- 
tement du cancer par le radium, a reconnu l'importance sans 
cesse grandissante que ce corps est appelé à prendre, dans un 
avenir rapproché, dans la lutte contre les tumeurs malignes. En 
lisant le rapport de M. le D' James IL. Sequeira sur le traitement 
du cancer par la radiothérapie et par le radium, J'ai regretté de 
ne pas voir lui donner toute la place qu’il mérite. Voici à quoi 
se borne la mention relative au radium :«a J'ai trouvé, dit l’ho- 
» norable rapporteur, que les cas où le radium peut être utile 
» sont peu nombreux. Il est impossible, en effet, de l'appliquer 
» sur de vastes surfaces en raison des faibles quantités dont on 
» dispose. Je Vai employé principalement dans les circons- 
» tances où il était impossible ou peu commode d'employer les 
» rayons X. Par exemple, dans le traitement des petits ulcères 
» et tumeurs des paupières ou à l'intérieur du nez et d'autres ca- 
» vités. Je ne trouve pas que je puisse faire plus avec le radium 
» qu'avec les rayons X. J’ai d'ordinaire employé le radium en 
» petits tubes scellés contenant chacun environ 5 milligrammes, 
» et qu’on fixait dans un support approprié à la région, Avec 


» les échantillons que j'avais à ma disposition, une application 


— 374 — 


» de trente minutes était nécessaire, On laisse passer un certain 
ə temps pour permettre à la réaction de se dissiper ct on fait 
» une application nouvelle, si elle est nécessaire, » 

Je crois, Messieurs, qu'il v a plus à dire que cela sur l’effica- 
cité et le mode d'action du radium, dont les propriétés souvent 
déconcertantes ne se prêtent pas à un jugement si net et si som- 
maire; je crois qu'il y a surtout autre chose à en dire. Ni j'ai 
cité an ertenso le passage du rapport de M. James IT. Sequeira, 
C'est qu'il représente bien l'état de Ja question du radium avant 
l'introduction dans Pétude de celui-ci d'une notion importante, 
essentielle, vitale, sans laquelle aucun progrès n'est possible, 
avec laquelle les plus grands perfectionnements sont en perspec- 
tive, je veux parler de la notion de la mesure du rayonnement 
radique et des divers rayons émanés du radium, 

L’honneur d'avoir fait entrer la radiumthérapie dans cette 
voie scientifique revient tout entier au D" Wickham, le distingué 
chef de service de St-Lazare, à Paris. Son premier travail, fruit 
d'une expérience de vingt mois d'études, parut dans les Annales 
de Dermatologie et de Syphiligraphie, en octobre 1906. IT fut 
bientôt suivi dans cette voie par M. le D" Degrais qui fut son 
collaborateur dévoué et qui publia avec lui tous les mémoires 
sur l’action thérapeutique du radium. De son côté, le D" Do- 
minici fit faire à la radiumthérapie un important progres, en 
svstématisant et en perfectionnant la méthode des filtrages et 
l’utilisation des rayons ultra-pénétrants. 

Ces expérimentateurs ont bien voulu m'initier à leurs travaux 
et par l'examen des résultats et de leur méthode, yai pu me con- 
vaincre que la voie ouverte par l'Ecole francaise était féconde 
en promesses et en développements. 

C'est la méthode de mesure et les résultats qu'elle a donnés 


que je vais exposer devant vous. 


Dans les travaux parus avant celui de Wickham (octobre 
1906), les données scientifiques manquent de précision et ne sont 


pas comparables entre elles. D'ordinaire l'auteur, en annonçant 


sis resultats, nous dit qu'ils sont obtenus au wôven d'une quan- 


— 375 — 


tité de radium dont il nous fait connaître le poids et la prove- 
nance; 11 indique que ce radium est renfermé dans tel genre 
d’enveloppe, qu'on l'a appliqué pendant un certain nombre 
d'heures avec tel ou tel résultat. Pour qui a quelque peu manié 
le radium, il est de toute évidence qu’il est impossible de rien 
tirer de ces renseignements. L'activité du radium, son action 
sur les tissus varient, en effet, arec le degré de pureté du sel 
employé. L'on sait, en effet, que l'extraction du radium est 
extremement pénible; qu’il est très difficile de l’obtenir pur; 
que ces difficultés, en partie vaincues maintenant par la patience 
des savants et des industriels, ne l’étaient pas lors des premières 
observations et qu'enfin, certains produits, vendus sous le nom 
de radium, ne contiennent qu'une tres faible quantité de ce 
corps, le reste étant constitué par des impuretés ayant acquis, 
par contact avec le radium contenu dans le mélange, un cer- 
tain degré de radioactivité. Dès lors, comment comparer des 
produits vendus sous le même nom, à des médecins qui ne sont 
pas outillés pour en apprécier la puissance et le degré de 
pureté, et parcourant toute la gamme, allant du corps presque 
chimiquement pur jusqu’à la plus vulgaire des falsifications ? 

Ceci suffirait déjà à faire toucher du doigt les défectuosités 
flagrantes des observations anciennes. Mais il est bon de mon- 
trer que, méme en possession d'un produit relativement pur, 
l'expérimentateur doit encore tenir compte des variations de 
puissance qui résultent de facteurs divers. 

En effet, 1° l'âge du radium a-une grande influence. Quand il 
vient d'être extrait, il ne contient qu’une certaine variété de 
rayons (les a), les moins actifs au point de vue thérapeutique et 
les moins pénétrants; plus tard, environ un mois apres, la situa- 
tion a changé et des rayons nouveaux, plus pénétrants, plus 
actifs, ont apparu qui modifient complètement la formule d’uti- 
lisation thérapeutique du produit et son mode de réaction sur 
l'organisme ; 

2 Le mode détalement du radium a son importance; il y a 
une condition d’étalement qui réalise une puissance maximum 


ae . 8 yr es , 9 A 
d'une quantité de radium considérée. De sorte qu'un meme 


— 376 — 


poids du corps, dans des conditions d’étalement différentes, aura 
une puissance toute autre; 

3° La surface traitée a meme son importance, l'énergie du 
rayonnement d'une plaque de radium croissant, pour une sur- 
face donnée, avec l'étendue de la surface traitée; 

4° Les écrans interposés entre le radium et la partie à traiter 
sont un facteur considérable de variation; une feuille de papier, 
d'aluminium ou de caoutchouc arrêtent, comme nous le verrons 
plus loin, une importante catégorie de rayons en laissant passer 
les autres; les croûtes, les exsudats agissent de même. 


Nous voyons donc entre quelles larges limites peut osciller 
l'activité d'un corps désigné sous le nom de « radium »; sans 
mesures directes, il ne peut être question d'observations compa- 
rables. Sans elles, la radiumthérapie ne pouvait être qu’une 
accumulation d'observations, intéressantes à la vérité, de succes 
et d’insuccès, sans qu'on pat puiser, dans les uns et dans les au- 


tres, les enseignements utiles aux perfectionnements ultérieurs. 


+ + # 


Je me bornerai, dans cette communication, à envisager le trai- 
tement par le radium des diverses variétés de cancers. Pour cela, 
je suis forcé de rappeler en quelques mots les propriétés du 
rayonnement radique global et des divers rayons qui cn éma- 
nent, puisque c'est, en définitive, sur ces propriétés et sur celles 
de chacun des rayons que repose la méthode des mesures qui fait 
la base de la radiumthérapie scientifique. 

Le rayonnement du radium est complexe. L'expérience sui- 
vante permet de s’en rendre compte: l’on place au fond d'une 
cupule en plomb une parcelle de radium et, dans l’espace envi- 
ronnant l'on fait agir un champ magnétique très intense; on 
constate alors que les rayons, primitivement réunis en un seul 
faisceau, se séparent: les uns (rayons a), les plus nombreux, sont 
légèrement déviés dans un sens; d’autres (rayons B) sont déviés 
dans le sens opposé, mais plus fortement; d’autres, moins nom- 
breux encore (rayons y), ne sont pas déviés du tout. 


Quand on analyse en détail les qualités de ces différents fais- 


— 377 — 


ceaux, on les trouve composés d’éléments ayant des propriétés 
tout à fait différentes d'un rayon à l'autre, et qui permettent de 
les différencier nettement : 

1° Les rayons a sont composés de molécules de la grandeur 
d’un atome d'hydrogène, chargés d'électricité positive et proje- 
tés dans l’espace avec une vitesse égale au dizième de celle de la 
lumière; ils sont très peu pénétrants; une mince feuille de mé- 
tal, de caoutchouc ou de papier suffit pour les arrêter complète- 
ment; l’air les absorbe très vite. 

2° Les rayons B sont formés de particules beaucoup plus peti- 
tes; elles ont un volume d'environ 1/1000 de celui des a, sont 
chargées d’électricité négative et ont une vitesse qui se rap- 
proche de celle de la lumière. Ils sont beaucoup plus pénétrants 
que les rayons a; une lame de plomb de deux millimètres suffit 
cependant à les arrêter presque complètement. 

3 Les rayons y sont de beaucoup les plus pénétrants; une lame 
de 5 centimètres de plomb ne suffit pas à les arréter complete- 
ment. Ils ont une vitesse semblable à celle de la lumière. Ce ne 
sont pas, comme les rayons a et B, des corpuscules « matériels », 
mais des oscillations non périodiques de l’éther. 


I] est incontestable qu'il existe, entre les rayons produits par 
l'ampoule de Crookes et ceux du radium, de réelles analogies. 
Les rayons a peuvent être assimilés aux rayons-canaux de Gold- 
stein; les rayons B sont très semblables aux rayons cathodiques ; 
les y ressemblent aux rayons X, qui, eux aussi, sont constitués 
par une pulsation électromagnétique de l'éther produite par le 


choc des particules cathodiques sur la paroi de l'ampoule. 


* + * 


Nous devons distinguer, quand nous nous occupons du ra- 
dium, le rayonnement global composé de la totalité des rayons 
qui en émanent et les rayonnements partiels (rayons a, B et y). 

Pour déterminer {a valeur du rayonnement global et limpor- 
tance relative des rayonnements partiels, l’on se sert de la pro- 
priété qu'ils ont d’ioniser Pair qu’ils traversent, de décharge: 
par conséquent les corps électrisés. Comme instrument de me- 


— 378 — 


sure on se sert de l’électroscope; la rapidité avec laquelle il se 
décharge donne la mesure de l’ionisation et par conséquent ‘le 
l'intensité du rayonnement. 

Pour le rayonnement total, il suffit de présenter à l'électros- 
cope le produit dont on veut mesurer l'énergie; pour les rayon- 
nements partiels, l'on commence par éliminer les rayons a en 
interposant une mince feuille d'aluminium; le rayounement 
qui reste est composé de B ct de y; on élimine alors les B en 
interposant une lame de plomb de 2 millimètres et l’on a la seule 
radiation des y. L'unité de mesure (U. R.) est la radioactivité 
de l'uranium métallique. Le radium pur a une activité de 
2,000,000 U. R. 

Ces mesures constituent la vartie essentielle et primordiale de 
soute méthode précise et scientifique d'application du radium. 
I] faut connaître l'instrument que l’on emploie pour pouvoir le 
comparer aux autres et obtenir des résultats juxtaposables. 


Sans la mesure, la radiumthérapie n’existera jamais. 


Le radium s'utilise actuellement en thérapeutique sous deux 
formes principales : dans la première, le sel est étalé sur une 
lame métallique et invisqué dans une couche assez épaisse d'un 
vernis spécial (appareil à sels collés); dans l’autre le radium est 
appliqué sur un tissu flexible et fixé par une couche très mince 
de vernis (toile radifère). 

Pour déterminer la valeur et la puissance d’une plaque ou 
d’une toile radifère, il faut savoir que l’intensité du rayonne- 
ment est proportionnelle, ou à peu pres, à la quantité de radium 
contenue dans le mélange. C’est ainsi que le radium pur, avant 
une activité de 2,000,000 U. R., le mélange de 1 partie de radium 
pur avec 3 parties de sulfate de baryum aura une activité quatre 
fois moindre, soit 200,009 U. R. 

Cette activité du sel du radium s'appelle l'activité initiale; 
mais nous avons vu que les rayons a, les plus nombreux, sont 
arrêtés très facilement; le vernis des appareils à sels collés suffit 


à les absorber ou à peu près tous; il en résulte que l’activité à 


— 379 — 


la sortie, l’activité utile, sera de beaucoup moindre que l’activité 
initiale, et comme c'est celle-là qui est utilisée, c’est sa valeur 
qui importe le plus. L'appareil dont je me sers, d’activité ini- 
tiale de 500,000, a une activité utile de 45,000 U. R. 

Cette activité utile se décompose comme suit : 

Rayons a = 9 %. 

Rayons B = 84% 

Rayons y = 11 %. 

Cette diminution d'activité portant surtout sur les a ne pré- 
sente aucun inconvénient, car les a sont plus génants qu’utiles 
dans le traitement des tumeurs ct en général dans les autres ap- 
plications thérapeutiques, la grosseur de leurs particules lancées 
à une vitesse considérable les rendant extrêmement irritantes 
pour la superficie des tissus et inutiles pour les actions en pro- 
fondeur. 

Toute observation véritablement scientifique d’application du 
radium devra mentionner : 1° l’espèce d’appareil employé (ap- 
pareil à sel collé ou toile radière); 2° le poids du sel de radium 
contenu dans l'appareil et celui du sel de baryum qui lui est as- 
socié (activité initiale); 3° l’activité globale utile; 4° la propor- 
tion des différents rayonnements partiels; 5° les dimensions de 
l'appareil et de la surface traitée; 6° les écrans interposés; 7° la 


nature de la surface de la tumeur; 8° le temps d'application (1). 


(1) Exemple : 

Appareil à vernis collé. 

Poids du sel de radium-baryum : 4 centigr. 
Activité initiale 500,000 U.R. 

Activité utile : 45,000 U.R. 

Contenant : 


a = Öp. c. 
8 = 84 p. c. 
y = lipe 


Dimensions de l'appareil : 4 centim. carrés. 

Dimensions de la surface traitée : 2 1/2 centim. carrés. 

Filtrage : aluminium 2 1/00 de millimètre. 

Surface de la tumeur : épiderme ¢paissi. 

Durée d'applicatisn : sept heures en sept séances d'une heure, espacces de 
deux jours. 


— 380 — 


Muni de ces appareils bien définis comme rayonnement, l’on 
peut, au moyen d'écrans convenablement choisis, utiliser telle 
ou telle qualité où quantité de rayons. Le temps de pose doit, 
comme on le comprend, considérablement varier, suivant l'in- 
tensité du filtrage; il va, dans le traitement du cancer, de sept 
heures à deux cents heures et plus. 

On peut diviser la facon d'appliquer le radium dans les tu- 
meurs de mauvaise nature en deux méthodes principales : 

Dans la première l'on utilise les rayons B et y; dans la seconde 


lon n'emploie que les rayons y. 


Méthode rapide, - Dans celle-ci, lon se sert d'un simple 
écran de caoutchouc mince ou d'aluminium (1/100 de millim.) 
qui élimine les rayons a; le rayonnement se compose de rayons 3 
et de y. Ilen résulte que le rayonnement utilisé sera non seule- 
ment beaucoup plus abondant que dans la méthode où l'on 
emploie simplement les y, mais qu'il sera composé en majeure 
partie de B, plus absorbés, done plus irritants que les y. 

Quand on applique le radium daus ces conditions sur un épi- 
théhoma ou un ulcus rodens, l'on voit, quand on a fait sept à 
huit heures d'application, au bout de quelques jours, la tumeur 
suinter fortement, sa surface se recouvre d'une couenne diphté- 
roile verdâtre, tandis que l'écoulement cesse et quand, au bout 
de trois à quatre semaines, cette couenne disparaît, l'on voit, 
dans le cas d'ulcus rodens, qu'une cicatrice s'est formée en- 
dessous. 

Quand la tumeur est surélevée, en dehors de cette irritation, 
l'on constate une résorption progressive de la tumeur; les deux 
phénomènes, irritation et résorption, se combinent sans qu'il y 
ait corrélation nécessaire entre les deux. 

On a prétendu que la résorption était le résultat, dans cette 
méthode, de la destruction brutale du tissu néoplasique par le 
rayonnement énergique des B; à mon sens, il n’en est rien: il 
est évident que la surface de la tumeur sera la plus énergique- 
ment entreprise, plus énergiquement que la profondeur et que 


la nécrobiose superficielle en sera la conséquence. Mais l'essentiel 


— 381 — 


du phénomène est, à mon sens, l’action de résorption sur la tu- 
meur, sans destruction préalable, au sens clinique du mot. 

J'ai pu, sur un cas d’uleus rodens compliqué d’épithélioma 
malpighiens, observer le processus très nettement. C’est donc à 
tort que lon a appelé ce procédé la méthode destructive; le mot 
de méthode rapide me paraît plus approprié. 

L'application du radium se fait soit d’une manière continue 
pendant sept heures, soit en séances de une à deux heures, espi- 
cées de deux à trois jours, de façon à faire un total de sept à dix 
heures d'application. 


Dans la méthode lente, dont l'étude a été faite par Dominici, 
qui la complètement réglée, l'on utilise exclusivement les 
rayons y; pour cela on interpose entre le radium et la peau un 
filtre en plomb composé de 1/2 à 2 millimètres d'épaisseur, muni 
de 20 à 30 feuilles de papier de façon à arrêter complètement 
les rayons secondaires. Ceci est d'autant plus important que les 
séances étant très longues, il faut de toute nécessité éliminer 
complètement les rayons secondaires qui, s’ils sont peu péné- 
trants,ne laissent pas d'être très irritants (1). D'un appareil 
d'activité initiale de 500,000, il ne restera, par exemple, que 
4,000 U. R., représentées par des y et peut-être quelques 8 très 
durs. | 

Dès lors, le temps de radiation doit être extrêmement pro- 
longé ; il va de quarante-huit heures à six jours et même plus. 
On peut ou bien irradier pendant la durée continue de six jours, 
ou bien répartir le temps que l'on juge nécessaire en plusieurs 
séances ou séries de séances. 

La guérison des épithéliomas cutanés, traités dans ces condi- 


tions par Dominici, nécessite des applications allant de trente- 


(1) Les rayons 8 et y donnent naissance, apres leur passage à travers une lame 
de plomb, à des rayons secondaires: Ceux-ci sont peu pénétrants et il suffit, pour 
les absorber, de mettre entre le plomb et la surface à traiter une trentaine de 
feuilles de papier: sans cette précaution les rayons secondaires donnent naissance 
à de la radiodermite et peut être aussi à des pigmentations. 


— 382 — 


quatre heures au minimum, à cent vingt au maximum se 
répartissant sur cing à six semaines; dans un cas, J'ai pu faire 
plus de deux cents heures d'application. Les rayons y pénétrent 
tres profondément et vont, par une sorte d'action élective, cher- 
cher la néoplasie cancéreuse au milieu des tissus sains. Cette 
méthode a l'avantage de ne donner naissance à aucune irrita- 
tion, surtout si l'on a soin d'éliminer complètement les rayons 
secondaires. Elle s'applique à tous les genres de tumeurs, mais 
c'est surtout dans les tumeurs profondes et volumineuses qu'elle 
a son action la meilleure. L'inconvénient qu’elle présente est 
de demander un temps (application très long (1). 

Entre la méthode rapide et la méthode lente, toutes les transi- 
tions sont possibles. L’on peut établir une filtrage moyen sul- 
rant les indications du cas et réduire le temps de pose trop pro- 
longé de la méthode par les rayons ultra pénétrants. 

La grande maniabilité de la méthode et la multiplicité des 
combinaisons qu'elle permet de réaliser pour l'appliquer aux né- 
cessités de chaque cas, ont donné naissance à quelques procédés 
qu'il faut connaître et dont les principaux sont le procédé par 
les feux croisés et le procédé d’application a distance. 

Le procédé par le feu croisé, inventé par Wickham, consiste à 
appliquer vis-à-vis Fun de l'autre et en même temps dss plaques 
de radium, pendant un temps inférieur à celui qui produirait 
une irritation de surface. Les rayons les plus pénétrants arrivent 
dans la profondeur où ils s'additionnent et l’on obtient ainsi 


(1) Les rayons ultra-pénétrants du radium, c'est-à-dire ceux qui ont traversé 
des écrans de plomb de 5/10 de millimetres à plusieurs milimètres d'épaisseurs, 
sont plus pénétrants que la presque totalité des rayons X provenant de l'ampoule 
_ des Crookes. Il en résulte que l'emploi du rayon ultra-pénétrant dont M. Domi- 
nici a formulé les régles d'application à une toute autre signification que celle 
qu'on a voulu lui attribuer en l'assimilant à une application de rayons X, à la 
fois réduite et banale. Les recherches de M. Dominici ont démontré que Îles 
rayons ultra-pénétrants sont doués de propriétés thérapeutiques d'autant plus 
remarquables que leur action sur les tissus sains est relativement peu accusée. 


(D'après une note inédite, communiquée par M. Dominici.) 


— 383 — 


une action considérable dans l’intérieur de la tumeur en ne pro- 
duisant aucune altération dela surface. (Planche XVIIT, fig. 7.) 

Ce procédé s'applique surtout aux tumeurs saillantes et a 
celles qui sont recouvertes par une peau saine qu'il importe de 
respecter. 

Le procédé à distance S'applique de la facon suivante : on cir- 
conserit la tumeur par un cône en plomb, et le radium, au lieu 
d'être appliqué à même la peau, se trouve placé à distance de 
l'appareil au sommet du cône. Naturellement le temps de pose 
sen trouve augmenté; J'ai traité de cette façon une vaste tumeur 
‘de la parotide et de la mastoïde ct suis arrivé à la faire se résor- 
ber, contre toute attente. Ce procédé à distance, que j'ai imaginé 
au début de mes recherches pour parer dans la mesure du pos- 
sible aux inconvénients résultant de Vexiguité des appareils 
dont je disposals, s’est montré tres utile dans Jes tumeurs mam- 
melonnées où application directe est difficile ou dans celles qui 
siègent au fond de sillons circonscrits par des saillies non dépres- 
sibles, tel le sillon nasogénien. L’on obtient ainsi une répartition 


plus égale de l’irradiation. (Planche XVIII, fig. 9.) 


Les résultats obtenus dans le traitement du cancer sont, pour 
le moment, les suivants : 

Dans VPéyithélioma nodularre, on obtient une cicatrisation ra- 
pide s’il s'agit d’une tumeur cutanée par résorption graduelle 
de la tumeur, avec ou sans Irritation concomitante. L’action est 
nette, précise; la cicatrice est extrémement souple. (Planche 
XVII, fig. 1 et 2.) 

Dans l’ulcus rodens, les résultats sont tout aussi pets. Fat 
traité de la sorte un vaste uleus rodens du front en appliquant 
le radium pendant huit heures à chaque place; la guérison est à 
peu près complète et le sera dans quelques jours. Ici, je donne 
la préférence à la méthode rapide, l'uleus rodens étant toujours 
tres superficiel. (Planche XVIT, fie. 2 et 3.) 

Mais où l’action du radium est particulierement remarquable, 
c'est dans le traitement des épithéliomus des muqueuses. Comme 


on le sait, les rayons X n'ont rien donné dans cette variété d'épi- 


— 384 — 


thélioma et, pour ce qui concerne ceux des lèvres et de la langue, 
leur application a souvent comme résultat de donner un coup 
de fouet à l’affection. Le radium, au contraire, comme vous avez 
pu le voir par les photographies que j’ai cxposées, assure la fonte 
graduelle de ces néoplasmes. Naturellement il faut ici employer 
an filtrage énergique, soit le grand filtrage, composé de plomb 
de 1 mill. et de 80 feuilles de papier, soit le filtrage moyen, 
composé de 6/10 de millim. de plomb et de 20 feuilles de papier. 
Si l'on n'emploie pas de filtrage, on arrive aussi à un bon résul- 
tat, mais au prix d’une irritation vive. Dans un cas de ce genre 
où il s'agissait d'une récidive d'épithélioma de la langue, J'ai 
obtenu la disparition de la tumeur, après trois heures d’appli- 
cation, mais au prix d’une glossite assez intense.(Planche XVII, 
fig. 3 et 4.) 

L'application du radium à l’épithélioma de la langue et des 
lèvres me paraît, pour le moment, une des conquêtes les plus 
précieuses de la radiumthérapie, car l'on sait combien, opérés, 
ces cancers récidivent souvent et combien sont graves les muti- 
lations indispensables si l'on veut avoir quelques chances de 
réussite. 

On a employé aussi le radium dans les récidives du cancer; 
mais ici naturellement le pronostic est assombri par l'extension 
méme du mal. Néanmoins, on arrive, dans certains cas favora- 
bles, à faire résoudre les noyaux de récidives quand ils ne sont 
pas trop infiltrés et par l’action des rayons pénétrants, on peut 
faire dissoudre des masses profondes qu’, par leur compression, 
déterminent des troubles menacants. Une action très nette dans 
ces cas c'est la disparition ou la diminution très considérable le 
la douleur. (Planche XVII, fig. 6.) 

I] était naturel que l'on essayat l’action du radium dans les 
affections précancércuses et la encore, bien que l'étude soit au 
début, les résultats obtenus sont des plus encourageants. 

La plus grave des ces affections précancéreuses est, pour Îles 
muqueuses, les leucoplasies. Vous savez combien elles sont re- 
belles: rien n’y fait: le seul conseil utile que l’on puisse donner 


au malade est d’éviter toute excitation mécanique où chimique 


ns — 


et tout traitement irritant. La plupart des cancers de la bouche 
se développant sur une leucoplasie, il était important de tenter 
de faire l’essai du radium avec cette affection qui constitue pour 
celui qui la porte, un danger permanent. 

Vous avez vu, dans la belle série de moulages du D" Abbe, un 
cas de ce genre guéri par l'application du radium. Dans un cas 
plus avancé, l’un des plus avancés que j'aie vu jusque mainte- 
nant et qui avait donné déjà naissance à deux poussées d’épithé- 
lioma, enlevées par le bistouri, j'ai essayé l'application du ra- 
dium. Après 1 1/2 heure d’application, répartie en trois séanc?s 
d'une demi-heure, il s’est produit la desquamation complète 
de la leucoplasie. Un nodule épithéliomateux siégeant sur Je 
bord de la langue disparut en même temps. Actuellement, la 
langue est souple, lisse, avec quelques îlots qui ont résisté et 
qu'il suffira de retoucher pour en venir à bout. (Planche XVII, 
fig. 5 et 6.) 


La question se pose, ici comme pour tout autre procédé, de la 
valeur et de la durée de la guérison. La méthode étant nouvelle 
venue dans la thérapeutique du cancer, 1l est difficile de donner 
à ce sujet des statistiques considérables. M. Abbe a montré un 
cas où la guérison existe depuis quatre ans; J'al exposé une 
série de photographies de MM. Wickham et Degrais où la réci- 
dive ne s’était pas encore produite au bout de 2 ans, 1 1/2 an. 

C’est tout ce que l’on peut dire pour le moment, l'avenir ap- 
portera, je l’espère, la confirmation de ces premières promesses. 


Pour terminer, Messieurs, il me reste à dire quelques mots 
sur la comparaison à faire entre les propriétés et l'action théra- 
peutique des rayons X et du radium. 

Comme l’a très bien fait ressortir l’honorable rapporteur, te 
radium, par son volume réduit, ne peut s’appliquer sur des sur- 
faces aussi vastes que l’irradiation des rayons X; l'observation 
est pertinente, mais en utilisant les grandes plaques de 6 centi- 
mètres de diamètre, en employant certains procédés, tels que 
celui dit « du feu croisé » ou celui qui consiste à mettre le ra- 


dium à distance, cette restriction perd beaucoup de sa valeur. 


— 386 — 


J'ai pu, avec une plaque de 2 centimètres de côté, traiter avec 
succes de tres vastes épithéliomas. 

Par contre, si de ce coté le radium est moins maniable, il 
l'est beaucoup plus quand il s'agit d'épithéliomas siégeant dars 
des cavités profondes et rétrécies, telles que le canal lacrymal, 
le conduit auditif, le nez, le vagin, le canal cervical; en utili- 
sant des instruments de forme appropriée, l’on peut porter le 
rayonnement aussi loin que l'on veut. C'est ainsi que l’on a 
traité des cancers de l’æsophage, en laissant à demeure une 
sonde dont l’embout est enduit de radium. 

Mais, abstraction faite de ces questions de procédés, j'estime 
qu'il existe une différence profonde entre les rayons X et le 
radium dans les conditions actuelles d'utilisation thérapeutique: 
Je vous ai dit les analogies qui les relient; voyons maintenant 
les différences. 

Tout d'abord, dans les rayons X, il n’existe pas ou presque 
pas de rayons cathodiques qui correspondent aux rayons B du ra- 
dium; ces rayons cathodiques restent à l’intérieur de l'ampoule. 
Or, les rayons B constituent, à mon sens, une des caractéristiques 
essentielles du rayonnement radique. 

Pour les rayons X, us sont très semblables aux rayons y; ils 
ne paraissent pas en différer dans leur essence; l’un et l’autre 
semblent être des pulsations électromagnétiques non périodiques 
de l’éther. Mais le pouvoir pénétrant des rayons y est incompa- 
rablement plus fort que celui des rayons X; tandis que ceux-ci 
sont presque complètement arrêtés par une lame de 6/10 de mil- 
limétres de plomb, les ravous y traversent l'énorme épaisseur de 
6 centimètres de ce métal. (Fig. 1.) 

Il n’est pas douteux, à mon sens, qu’on arrivera, dans un bref 
délai, à donner aux ampoules des propriétés qui les rapproche- 
ront du radium; les rayons cathodiques pourront être utilisés, 
les rayons Ñ, rendus plus pénétrants, iront chercher les tissus 
morbides à des profondeurs qu'ils n’atteignent pas maintenant. 
Ce que je dis des différences entre les rayonnements du radium 
et ceux de l'ampoule n'a qu'une valeur actuelle; mais actuclle- 


ment, il est incontestable que le radium n’est pas, comme on l'a 


— 387 — 


spirituellement suggéré, une édition de poche de l’ampoule de 
Röntgen; il a sa personnalité, son individualité propre, telle- 
ment caractérisée que son action sur les tissus se montre, à cer- 
tains égards, totalement différente de celle des rayons X. 


300 À Inversion 
r | 


200 


Intensites (unites arbitraires) 


100 


| 
| 
| 
| 
t 
| 


9 1/10 2/10 3/10 4/10 5/10 6/10 
Epaisseur des écrans de plomb en millimètres 


Fig. 1. — Courbe montrant la différence d'absorption des rayons y et des rayons y 
par les écrans de plomb. (D'après MM. Dominici, Baudoin et Barcat.) 


J’ai déjà dit, en effet, que son action sur les épithéliomas des 
muqueuses était des plus nettement favorable, alors que les 
rayons X étaient des plus nuisibles. 

J'ajoute que j’ai traité systématiquement des cas où les rayons 
X étaient restés sans effet et qui ont régressé sous l’influence du 
dium. 

Une dernière différence résulte des irritations causées par les 
rayons X et de la comparaison de celles déterminées par le 


— 388 — 


radium. La radiodermite est une affection des plus rebelles, dont 
l'évolution prend parfois de longs mois et plus encore; elle est 
rebelle a tous les traitements et a les allures d'une altération a 
base trophique; la radiumdermite, au contraire, est bénigne, 
superficielle et guérit en une quinzaine de jours dans les cas 
moyens. [I] n'y a aucune comparaison a faire entre les lésions 
internes des tissus provoquées par le radium et celles provoquées 
par les rayons X. i 


Tels sont, Messieurs, les points essentiels de la méthode des 
mesures en radiumthérapie. J'espère avoir pu vous montrer que 
celle-ci a passé du stade empirique à la période d'application 
scientifique et qu’elle est mûre pour tous les développements, 
j’ai tenu, parmi les travaux si remarquables de ce Congrès, dont 
toutes les activités sont dirigées contre le cancer, à apporter ma 
modeste contribution à l’œuvre commune, et à déposer timide- 
ment, dans l'arsenal formidable des moyens préparés pour les 
luttes futures, une arme nouvelle, qui vient seulement de faire 
ses premiers essais, mais dont, je crois, nous pouvons beaucoup 


espérer. 


EXPLICATION DES FIGURES 


PLancuEe XVII 


Fig. 1. -— Epithélioma de la joue traité par la méthode ra- 
pide. La figure montre l’escarre de réaction. Actuellement amé. 
lioration des plus notables. 


Fig. 2. -- Epithélioma nodulaire sur lupus erythémateux. 
Cieatrisaton par huit heures d'application par la méthode ra- 
pide. 


Fig. 3. —- Vaste ulcus rodens traité par la méthode rapide; 
sept heures (application sur chaque place. Actuellement cica- 
trisation presque complète, sauf un point au centre. 


Fig. 4. - - Uleus rodens de la paupière inférieure ayant ré- 
sisté à la radiothérapie. Cicatrisation après sept heures d’appli- 
cation du radium par la méthode rapide. 


Fig. 5 et 6. -  Leucoplasie buccale très accentuée avec réci- 
dive épithéliomateuse. Disparition après trois heures d’applica- 
tion de la méthode rapide sur l’épithélioma et de une heure et 


demie sur la leucoplasie. La fig. 6 montre la langue après le 


traitement. 
Praxcue XVIII 
Fig. 7. — Application directe de la plaque de radium. 
Fig. 8. -- Application par la méthode dua feu croisé ». 
Fig. 9. — Application à distance. Le radium se trouve à la 


partie supérieure du cône de plomb qui est maintenu par un lieu 
sur la partie malade. 


VINGT-DEUX CAS D'EXTRACTION 


DE 


CORPS ÉTRANGERS MÉTALLIQUES DE L'ŒSOPHAGE 


SOUS L'ÉCRAN RADIOSCOPIQUE 


PAR LE D" ÉTIENNE HENRARD (BRUXELLES) 


—— 


PLANCHE XIX 


Communication faite au 4° Congres international d'Electrologie 
et de Radiologie médicales, tenu à Amsterdam en 1908 


C'est la cinquième fois que je reviens sur cette question; je 
m'excuse donc de tomber dans des redites, mais d’une part le peu 
d'appui qu’a rencontré, auprès des auteurs, le procédé que j'ai 
décrit la première fois(1) avec mon confrère et ami le D' Marchand, 
à la Société Médico-Chirurgicale du Brabant, le 28 mars 1905, et, 
d'autre part, les accidents graves qu'il m'a été donné d'observer 
à la suite de tentatives d'extraction de corps étrangers de l’æso- 
phage, m'incitent à parler encore une fois de cette question. 

Voici ces accidents : 

1° Emphysème sous-cutané du cou, à la suite de manœuvres avec 
le panier de De Graete, alors que, à l’écran, la pièce fut retrouvée 


(l) Archives médicales belyes, mai 1905, p. 303. 


— 391 — 


dans l’estomac! Dans ce cas-ci les phénomènes s’amendèrent 
heureusement et l’enfant guérit. 

2° Mort, par suite de pneumonie, pièce de deux centimes dans 
œsophage, tentative d'extraction au moyen du panier de De Graefe. 

3° Mort, par suite d’abces du médiastin, pièce de deux centimes 
dans l’œæsophage, tentative d'extraction au moyen d’un instrument 
quelconque, sous anasthésie chloroformique. 

Quelle est donc la conduite à tenir lorsque nous nous trouvons 
en présence d’une personne qui a dégluti un corps étranger 
métallique ”? 

La première chose à faire — « et l’on n’a plus le droit, actuel- 
lement que les installations radiologiques se sont multipliées et 
que bien peu de villes n’en possèdent pas, de faire autrement » — 
est de recourir à la radioscopie. 

Ne suivons donc pas les auteurs lorsqu'ils nous parlent de 
cathétérisme avec une sonde à bout olivaire, ou avec le panier 
de De Graefe qui permettra en même temps de faire le diagnostic 
du siège du corps étranger et de l’enlever ! 

La radioscopie sera le procédé de choix et sera préférée notam- 
ment à l’œsophagoscopie, qui est une méthode difficile, à la 
portée des spécialistes seuls et qui, d’ailleurs, ne déterminera pas 
la présence du corps étranger, s’il a passé déjà dans l'estomac. 

La radioscopie m’a permis de déterminer, chez dix-neuf enfants, 
la présence de corps métalliques divers dans l’cesophage, au niveau 
des deux premières vertèbres dorsales, cachant sur l’écran le 
corps de celles-ci mais situées cependant un peu à gauche de la 
ligne médiane, précisément au-dessus de l'entrée de la portion 
thoracique de l'œsophage (rétrécissement normal). A l’écran, j'ai 
dianostiqué également la présence d’un anneau de parapluie, 
aplati, au niveau du cardia chez un enfant de 6 ans, et la 
présence d’une piéce de 5 francs en argent, au-dessus de l’orifice 
aortique de l’æsophage (3° et 4° verlèbres dorsales, planche XIX), 
chez un jeune homme de 18 ans. 


Voici d’ailleurs énumération de ces cas, dans lesquels l’extrac- 
tion ful pratiquée sous l'écran radioscopique. (Voir tableau.) 


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— 392 — 


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— 393 — 


Dans les 19 premiers cas, l’extraction fut pratiquée sous l’écran 
radioscopique, dans l'examen latéral, au moyen d’une pince à 
branches glissantes. 


Voici la description du procédé : 


L'enfant est assis, maintenu le plus immobile possible, par 
deux aides : l’un d’eux le retient par les genoux, l’autre lui soutient 
la tête inclinée en arrière. L'opérateur fait ouvrir largement la 
bouche (au moyen de l’ouvre-bouche de White-Head, par exem- 
ple), porte Pindex gauche en crochet derrière la base de la langue 
(voir figure 177 de la Chirurgie d'urgence de Lejars, 5° édition), 
le plus bas possible. A ce moment, l’obscurité est faite et l’am- 
poule de Rontgen est mise en marche, le rayon normal tombant 
juste sur le corps étranger. 

Sous l’écran radiscopique, dans l'écran latéral, c’est-à-dire dans 
examen du malade, traversé par les rayons X de droite à gauche, 
ou inversement, l’opérateur introduit de la main droite la pince 
qui descend vers elle. Un fois arrivée au niveau du corps étranger, 
la pince est ouverte, refermée et retirée doucement, portant entre 
ses mors le corps étranger. 

La pince (1) dont nous nous sommes servi est une pince cesopha- 


Fic. 1 


gienne, à branches glissantes, d'une longueur totale de 28 centi- 
metres. La branche inférieure, y compris le mors (21 centimètres), 
est entierement rigide. La branche supérieure, rigide dans sa 


(1) Fabriquée par F. Mohr, de Bruxelles. 


— 394 — 


partie postérieure (7 centimètres et demi) et dans sa partie anté- 
rieure, le mors (21 millimètres) est souple dans sa partie moyenne, 
courbe (18 centimètres et demi). 

La courbure, dont le sommet se trouve à 8 centimètres de lex- 
trémité antérieure (20 centimetres de l'extrémité postérieure), se 
fait sous un angle de 90°. Lorqu’on soulève, au moyen de l’ceil- 
let, le premier bras de levier (7 centimetres et demi) de la branche 
supérieure, celui-ci repousse en avant la branche courbe, souple 
(18 centimètres et demi) qui repousse à son tour le mors supé- 
rieur (21 millimetres) dans le sens antlero-posterieur (Celui-ci 
s’ecarte de l’autre mors, fixe, et permet, lorsqu'on le referme, 
de saisir le cors étranger. 

Dans le 20° cas, il s'agissait d'un enfant de 6 ans, ayant avalé 
un anneau de parapluie aplati, qui avait pris la forme carrée et 
mesurait deux centimètres de côté. Ce corps étranger s’était arrêté 
au cardia et lextraction fut pratiquée, par le D" Louis Leclercq, 
sous l’écran radioscopique dans l’examen latéral, au moyen de 
la pince cesophagienne de Fhiemann (fig. 2). 


TJ 


Fie. 2 


La pince de Thiemann est une sonde métallique d'une longueur 
totale de 44 centimètres. Cetle sonde, flexible dans sa partie anté- 
rieure(26centimètres), est rigide dans sa partie postérieure (11 cen- 
timotres) qui porte deux œillets destinés à recevoir l'index et 
le imcdins. Elle est traversée dans toute son étendue par une tige, 
rigide dans sa partie post¢rieure, terminée par un «(rillet destiné 
à recevoir le pouce, flexible dans sa partie antérieure, terminée par 


deux mors rigides articulés. On introduit l'instrument, les deux 


— 395 — 


mors étant rapprochés, le pouce étant en extension sur le médius 
et l'index, les trois doigts placés dans les œillets, comme je l'ai 
indiqué plus haut; une fois arrives au nivean du corps étranger, 
les mors sont éloignés l’un de l’autre par un mouvement de pro- 
pulsion de la tige centrale, rapprochés par un mouvement con- 
traire, tenant entre eux le corps étranger qui est retiré doucement. 

Dans le 21° cas, il s’agissait d'un jeune-homme de 18 ans, qui 
avait avalé une pièce de cinq francs en argent par un mouvement 
brusque et involontaire de deglutilion. 

Le diagnostic du siège du corps étranger, au niveau des 3° et 
4° verlebres dorsales, au-dessus du rétrécissement aortique de 
Poesophage, avant été fait sous l'écran radioscopique dans l'examen 
antéro-postérieur; nous avons placé le malade de manière à le voir 
dans l'examen oblique postérieur gauche. La pince de Thiemann 
fut introduite par le Dt Emile Dubois, je la suivis facilement à 
l'écran, indiquai le moment où elle fut à la hauteur de la pièce; 
la pince fut alors ouverte, refermée et retirée tenant entre ses 
mors le corps étranger. 

De cet ensemble de fails, je conclus et je repète que lorsqu'on 
se trouve en présence d’une personne qui a dégluti un corps 
étranger opaque aux rayons X, il faut avant tout recourir à la 
radioscopie. | 

Le diagnostic du siège exact du corps étranger, fait, il faut l’ex- 
traire, au moyen d'une pince à branche glissante, sous l'écran 
radioscopique, dans l’examen latéral, s’il siège dans la partie supé- 
rieure de Il’cesophage; s’il siège dans la partie movenne ou dans 
la partie inférieure, il faut tenter l’extraclion au moyen de la pince 
wsophayienne de Thiemann. 

Ces procédés seront employés s’il s’agit de corps étrangers plats; 
ne recourrons à l’œsophagotomie que pour les corps étrangers 
(dentiers) qui sont figés dans l’sophage, à l’sophagoscopie que 
dans les cas de corps étrangers non métalliques, et dans les cas 
d’épingles, de fragments d’os, insaissisables par la pince; rejetons 
désormais le parier de de Graefe, le crochet de Kirmisson, et autres 
procédés qui sont des méthodes à l’aveugle et qui, de l’aveu même 
de ceux qui les décrivent, réussissent rarement au premier essai. 


— 396 — 


Le méthode que je viens de décrire est sûre, rapide, ne se fait 
pas à l’aveugle, n’exige ni l’anesthésie générale, ni l’anesthésie 
locale; évite lous les dangers que peut faire courir l'œæsophago- 
tomie externe, mème bien pratiquée et enfin, par sa facilité, elle 


est à la portée de tous les praticiens. 


RONTGENOCINEMATOGRAPIIE “ 


PAR LE D° P.-ll EN KRMAN (DE SCHEVENINGUE) 


Discours prononcé au Premier Congrès international 


d'Electrologie et de Radiologie médicales, le 3 septembre 1908 


Permettez-moi d'attirer votre attention sur des expériences, 
déjà anciennes à la vérité, puisque je les ai exécutées en 1901, 
expériences relatives à la photographie du mouvement par les 
rayons Röntgen au moyen du procédé soi-disant instantané 
(Rôüntgenocinématographie); expériences qui sont cependant 
encore dignes de toute notre attention, car, depuis cette épo- 
que, elles n'ont été poursuivies par personne et, par conséquent, 
n'ont pas été surpassées. 

Je me suis cette fois imposé pour tâche de déterminer avec 
précision comment les organes du cou se comportent pendant 
ta déglutition; car, bien qu'on puisse facilement saisir ces mou: 
vements sur l'écran fluorescent, on ne peut pas les suivre dis- 
tinctement à cause de leur grande rapidité, et, par conséquent, 
arriver à élucider complètement la façon dont ils se passent. 
Il était done nécessaire de fixer sur la plaque photographique 
les diverses phases de ces mouvements et à la prise de rendre 
l’accommodation aussi exacte que possible, afin que non seule- 


ment on reçoive une impression générale des changements qui 


(1) Les clichés ont été empruntés à la revue photographique hollandaise Lus, 


numéro du mois d'octobre 1908. 


— 398 — 


ont eu lieu au mouvement, mais qu'en même temps on puisse 
mesurer ces changements d'une façon mathématique, ce qui 
relève la rontgénographie à une méthode exacte. On obtient 
cette exactitude non seulement en fixant mutuellement le sujet, 
l’ampoule et la plaque aux différentes prises, mais aussi en pla- 
çant sur la plaque quelques points métalliques fixes, qui appa- 
‘aissent sur toutes les plaques et servent de points de repère du 
mesurage. 

Dans ce but, je me servis d'un fil de cuivre placé horizontale- 
ment. Pour les expériences phonétiques de mon frère L. P. H. 
Evckman (voyez € Fortschritte auf dem Gebiete der Röntgen- 
strahlen », Band VIT, Helft 4 und 6, « Radiographie des Kehl- 
kopfes, par L. P. H. Eyckman), la surface de Ja plaque fut 
croisée de fil de cuivre. Je disserte largement là-dessus, puis- 
qu'en général pour les prises qu'on veut mutuellement compa- 
rer, on néglige ce moyen simple d’avoir des points fixes. Aussi 
pour la stéréoscopie ce serait un moven de faciliter [a vue et 
le jugement, que de placer des marques de métal à des profon- 
deurs différentes. 

Pour mes expériences, je parle toujours de « seul éclat », bien 
‘ que cette expression ne soit pas tout à fait exacte, attendu que 
ce a seul éclat » devait être chaque fois répété environ cent 
trente fois. Mais je m'en suis toujours tenu à ce principe de 
faire une prise instantanée qui dans mes expériences a une 
durée d’environ un dix-huitième de seconde. On peut considérer 
ce court espace de temps comme un moment véritable pour le 
mouvement. 

Je ne veux pas répéter ici ce que j’ai déjà publié à ce sujet, 
depuis des années, dans les Verhandelingen van de Koninklijke 
Academie van Wetenschappen te Amsterdam, 2° section, fasci- 
cule IX, n° 1, juin 1902; et dans les Fortschritte auf dem Ge- 
biete der Réntgenstrahlen, fascicule 5, mais seulement noter 
en passant a quels résultats intéressants pour la physiologie ces 
recherches ont conduit, traité en détail dans les « Archives de 
Pflüger », fascicules 99 et 105. Cela prouvait que, contrairement 


vee qui fut généralement adopté; à la déglutition, l'épielotte 


— 399 — 


se tient debout et n’est pas recourbée en bas en arrière. Cette 
découverte n'était pas tout à fait nouvelle, il est vrai, car en 
étudiant la littérature, je vis qu’Albinus avait déjà soupçonné 
ce fait et que c'était en effet Czernak qui prouva, au moyen de 
dessins distincts, qu’il avait correctement compris la fonction 
de l’épiglotte dans la déglutition, et en même temps on doit 
s'étonner que même l'opinion distinctement prononcée et 
dépeinte d’une autorité comme Czernak put, pour ainsi dire, 
tomber dans l’oubli, car c'était tout à fait indépendant de lui 
qu'il y a quelques années Anderson Stuart est venu à la même 
conclusion. 

En même temps, il parut que le larynx se ferme en s'élevant 
et est alors poussé contre l’os hyoide et, tandis que l’ouverture 
supérieure se resserre par contraction, il est fermé par le tuber- 
culum epiglottidis. 

Aussi la fonction de Ja langue fut mieux comprise. La sur- 
face postérieure se presse avec force contre la paroi postérieure 
du pharynx et non pas partout a la fois, mais, en commencant 
en haut et en procédant vers le bas, de manière que le bol est 
fortement poussé en bas. 

L'ouverture de l’œsophage se fait parce que l'os hyoide, con- 
tracté et uni avec le larynx, se meut rapidement en avant. 

Je ne veux pas m'occuper maintenant de mes études ulté- 
rieures concernant le larynx dans d'autres mouvements, mais 
je veux plutôt, car je pense que cela vous intéressera, vous mon- 
trer l’appareil qui m'a rendu de si bons services dans mes expé- 
riences. 

Je crois que c’est là pour la première fois que J'ai appliqué 
le principe d'effectuer l'interruption du courant primaire par 
un appareil physiologique, ce qui rend l’illumination de l’am- 
poule tout à fait dépendante de cet appareil et est la cause que 
la phase peut être réglée. Pour les expériences de déglutition, 
je me servais du levier de Rousselot, pour mes expériences pro- 
visoires du cœur, du sphygmographe. Les figures 1, 2 et 3 vous 
montrent cet appareil : 


Le sujet s’assied sur un banc: en arrière, s'élève un montant 


PE ee 


à glissières, portant au sommet une calotte de fer (a), qui s'ap- 
plique à la nuque et à l’occiput et fixe ainsi la tête en arrière. 


En avant se trouve un montant analogue qui porte au sommet 


une mentonnière (b), dans laquelle repose le menton, de façon 
que la tête est fixée d’une façon suffisante. 

Comme on ne peut exécuter à sec cent trente mouvements 
successifs de déglutition, l'appareil porte un entonnoir plein 


— 401 — 


d’eau, d’où part un tuyau qui arrive à la bouche, où il est forte- 
ment serré entre les dents. 


Sur le côté du siège, se trouve une barre de bois (k) dans 


laquelle est fixée lampoule (ce). La plaque photographique se 
trouve en J, fixée au montant antérieur. 

En outre, le montant antérieur porte un dispositif automa- 
tique, grâce auquel lampoule s'illumine exactement pendant 
la méme phase de chaque mouvement successif de déglutition. 


Pour cela, on emploie le levier de Rousselot, déjà employé 


— 402 — 


pour enregistrer graphiquement les mouvements de la pomme 
d'Adam pendant la déglutition. Un petit disque mobile, en 
bois (d), repose sur la pomme d’Adam et est fixé d'autre part 
à un levier qui peut se mouvoir dans le plan médian: ce levier 
ne peut pas étre horizontal, mais doit se diriger obliquement 
en haut et en arrière; de cette façon, le disque peut suivre les 
mouvements de la pomme d’Adam en haut et en avant. Un fil 
de caoutchouc tient constamment le disque appliqué contre la 
pomme d'Adam. 

L’autre bras du levier (p), que nous appellerons l’indicateur, 
est presque horizontal et fait done un angle avec le premier. Cet 
indicateur (p) sert à actionner les contacts électriques, et ceci de 
différentes façons. Dans la déglutition, l’indicateur descend et 
monte et il est déjà invraisemblable a priori que le déplacement 
des organes se fasse exactement de la même manière, en sens 
inverse, au retour et à Paller. C'est pourquoi, le mouvement 
d’ascension doit rester rigoureusement séparé du mouvement de 
descente, et on ne pourrait pas employer, par exemple, un con- 
tact électrique qui, à un moment donné, ferait illuminer l'am- 
poule aussi bien au retour qu’à l'aller. 

Puisqu'en outre, le tube ne s'illumine qu’à l'ouverture du 
courant et non pas à la fermeture, il est indifférent que la fer- 
meture ait lieu ou non chaque fois sur la même phase; pour 
louverture, au contraire, la plus grande préeision est indispen- 
sable. 

Pour le mouvement d'aseension, nous emplovons un petit 
levier (m, fig. 2), qui ferme Je courant quand il est plongé dans 
un petit godet contenant du mercure. Avant de déglutir, le sujet 
plonge du doigt le levier dans le mercure et le courant est fer- 
mé; vient-il à déglutir, l’imdicateur écarte le levier et ampoule 
s'illumine. 

L'expérience montre qu’avee ce dispositif, la coincidence des 
mêmes phases est parfaitement assurée. 

Si lon fait descendre de quelques millimètres, le long du 
montant, le bloe de bois sur lequel est. monté le levier, une autre 


phase du mouvement est prise, et, en le descendant successive- 


— 403 — 


ment, on arrive enfin à un point où l'indicateur ne peut plus 
faire sortir le levier du mercure, c’est-à-dire que la pomme 
d'Adam a atteint le point extrême de son excursion. 

Après cela, on procède à la prise du mouvement en sens 
inverse; pour cela, on fixe à l'indicateur un fil de cuivre recourbe 
(e) (fig. 2), qui peut plonger dans un godet en porcelaine conte- 
nant du mercure. 

Le mouvement d’ascension du larynx plonge le fil dans le 
mercure et ferme le courant; le mouvement de descente ouvre 
l» courant et l'ampoule s'illumine. 

En remontant graduellement le godet, on arrive à obtenir 
successivement toutes les phases. 

Pour préserver le corps du contact du courant puissant de la 
batterie, on ne fait pas passer ce courant dans l'appareil, mais 
on emploie un relais qui fonctionne avec une simple pile 
Leclanché et ouvre et ferme le courant de la batterie. 

Pour des expériences ultérieures, J'ai fait construire un pen- 
dule de retard de phases (fig. 4). Celui-ci consiste en un balan- 
cier de cuivre (s) en are de cercle, qui a une période d’oscilla 
tion d’environ une seconde. I] est retenu au début de sa course 
par un électro-aimant (#), et, abandonné par celui-ci, se met 
en mouvement et se trouve accroché à l'extrémité de sa cause 
par un arrêt (r), visible sur la figure. Pendant que le balancier 
décrit ce trajet, un petit jet de mercure (t) est projeté oblique- 
ment contre la face postérieure, ce qui est bien visible sur la 
figure. 

Enfin, il y a encore une gouttière circulaire (w) qui ne sert 
qu’à recueillir le mercure projeté par le balancier. La face posté- 
rieure du balancier est en partie isolée par des morceaux de 
papier collés; un flacon de Mariotte (y) fait que le mercure 
tombe toujours contre le balancier avec une pression constante. 
Ce jet de mercure et le balancier sont reliés à un circuit par un 
relais. Celui-ci rompt le courant primaire de l’inducteur. L’élec- 
tro-aimant (7), qui abandonne le balancier, fait partie d’un cir- 
cuit relié à l’appareil de physiologie (tel que le levier de Rous- 


selot pour le larynx, et le sphygmographe pour le cœur). 


— 404 — 


La toute première impulsion dans la prise est donc donnée 
par l'appareil de physiologie, puisqu'il met le balancier en 


mouvement. Celui-ci, à son tour, met en action le relais et ce 


Fig. 3 


dernier fait illuminer l'ampoule exactement au moment voulu. 
Comme le relais n’est actionné que par l’oscillation du balan- 
cier, il se produit un retard, et ce retard peut être déterminé 


mathématiquement, en avançant ou reculant vers l’une ou lau- 


— 405 — 


tre extrémité de larc de cercle les ouvertures du papier appli- 
qué à sa face postérieure. Au bord du balancier, se trouvent 


des indicateurs de cuivre (w) de formes variées, et, par Pillu- 


Ag À 
J wy -_ _ 
LA EX 
Avy A À 

er IN a ee i, ssi 
SLT TS 2 


Fig. 4 


mination instantanée du tube, un indicateur au moins est pro- 
jeté sur une petite plaque photographique spéciale, de façon 
que l'on peut évaluer exactement la durée de l'intervalle après 


lequel l'ampoule s’est illuminée. Cet appareil sert donc à donner 


Digitized by Google 


— 406 — 


une image instantanée d’un mouvement survenant exactement 
une seconde après une phase physiologique donnée. On pourrait 
employer ce pendule, par exemple, après avoir pris une pose 
de la gorge au moment où le voile du palais se relève, pour 
prendre encore uue seconde pose qui tombe un, deux ou plu- 
sieurs dixièmes de seconde plus tard, afin de pouvoir suivre le 
chemin parcouru dans ce laps de temps par le bol alimentaire. 

Cet appareil me parait pouvoir s'appliquer aussi à l’étude des 
mouvements du cœur, parce qu'il peut être mis en action par 
le pouls, par l'intermédiaire d'un sphygmographe. Si l’on éta- 
blit le contact du sphygmographe de telle sorte que le sommet 
seul de la courbe mette le pendule en action, on pourra à volonté 
provoquer l’illumination de l’ampoule à chaque phase ultérieure 
de la révolution cardiaque. 

Comme je lai déjà dit, un seul éclat ne suffit pas, avec mon 
appareil, à donner une image parfaite sur la plaque sensible, 
mais jar dû répéter cent trente fois la même pose. Si cependant 
on ne perd pas de vue que les inducteurs et la plaque photo- 
graphique s'améliorent constamment, on peut être certain que 
d'ici peu nous n'aurons plus besoin de cette répétition de poses, 
mais que nous pourrons faire de véritables instantanés. 

Le présent et l’avenir sont de beaucoup plus importants que 
le passé, et l'on peut se demander : Quel est l’état actuel, apres 
sept années, de la Réntgenocinématographie instantanée ? Et 
nous pouvons nous rendre compte,par diverses améliorations, non 
seulement de ce qui revient à l'appareil Röntgen lui-même, mais 
aussi du rôle de la plaque photographique. Par l'agrandissement 
et l’amélioration des inducteurs, on est actuellement à même 
d'utiliser, pour le seul éclat, une quantité d'énergie bien plus 
grande. 

Il y a quelques semaines, j'ai pu me convaincre encore de cela 
chez Noch et Sterzel, à Dresde. Ils avaient un grand inducteur 
de 40 à 60 ampères avec 110 volts. Dans ce système, l'instantane 
se réalise par la rupture du circuit primaire au moyen d'un 
coup de pistolet. Avee cet appareil, Jai pu prendre des instan- 


tanés de la région du cœur qui, à la vérité, laissaient bien encore 


— 407 — 


à désirer comme vigueur, mais cependant montraient avec netteté 
les organes internes, de façon que je compte obtenir des négatifs 
renforcés à l'uranium (nitrate d‘urane), qui donnent de bonnes 
épreuves. Mais le temps m'a manqué pour cela ces derniers 
Jours. 

Ce système d’interruption de Koch au moyen d'un coup de 
pistolet me paraît très applicable à la réntgénographie du mou- 
vement. I] donne, en effet, une interruption très rapide. Seule- 
ment, je voudrais, spécialement pour les prises de mouvement, 
le modifier encore, parce qu'il me semble préférable d’enflam- 
mer la cartouche par une étincelle électrique au lieu d’un pis- 
tolet, ce qui accélérerait certainement le fonctionnement de 
l'appareil. 

Au Congrès même, mon attention fut attirée sur les prises du 
cœur par Rosenthal, qui, au moyen de deux écraus, furent faites 
en 13 millièmes de seconde, et en ce moment cette méthode peut 
certainement rivaliser avec la méthode du seul éclat. A l Expo- 
sition, Grisson montrait son grissonateur, dont le principe est 
essentiellement de ne pas faire usage de l'ordinaire courant 
électrique lui-même, mais de charger un grand nombre de con- 
densateurs et ce courant de chargement passe à travers l'in- 
ducteur. 

A l'invitation de M. Grisson, je me rendis à Berlin après 
l'Exposition pour faire la quelques expériences générales. Cest 
avec la plus grande bienveillance qu'au préalable M. Grisson 
avait tout arrangé et mettait à ma disposition une batterie de 
30 condensateurs, ayant une capacité totale de 15,000 micro- 
pharas, de même qu'un commutateur double qui s'emploie spé- 
cialement pour le seul éclat. Quand une fois les condensateurs 
ont été chargés en une certaine direction, le courant de charge- 
ment cesse naturellement de lui-même. Alors le commutateur 
relie la batterie de condensateurs en sens inverse, de sorte que 
le chargement puisse recommencer, mais naturellement avec 
une polarité opposée, bien que le courant dans l’inducteur ne 
soit pas changé, mais reste dans la même direction. 


Un des grands avantage de cet appareil pour la méthode du 


— 408 — 


seul éclat, c’est qu’on n’a jamais besoin d’interrompre le cou- 
rant et conséquemment n’a jamais affaire à une étincelle d'in- 
terruption et que l’ampoule s'illumine a chaque transposition 
du commutateur. Ce commutateur, qui est n'aintenant mis en 
mouvement par la main, pourrait facilement être construit de 
façon que la renversion se fit électro-magnétiquement par un 
instrument qui ressemblat beaucoup au levier d’un relais ordi- 
naire. 

M. Grisson avait découvert que l'intensité de la lumière 
Röntgen était en proportion avec le carré du nombre de conden- 
sateurs. Restait à décider si cela était le cas pour un petit nom- 
bre seulement, comme il avait employé Jusqu'ici, mais aussi 
pour un plus grand nombre et par une expérience simple, je 
pouvais me convaincre que, Jusqu'à 16 condensateurs, l'accrois- 
sement était très rapide, mais au-delà de ce nombre, minime et 
a 30, à peu près imperceptible. Pour cela, je proposais d’agran- 
dir l'intensité en augmentant le nombre d'inducteurs. À cette 
fin, deux inducteurs furent choisis qui étaient égaux autant que 
possible, Pour pouvoir comparer, nous employions 1, puis 2 im- 
ducteurs, d'abord avec 15 puis 30 condensateurs. Il parut, dans ces 
cas, que 2 inducteurs produisaient une image plus intense que I, 
mais aussi chaque fois que 39 condensateurs étaient plus efficaces 
que 15, de facon que probablement cela montre la route pour une 
nouvelle manière d'opérer, c'est-à-dire non pas en grandissant 
toujours les inducteurs, mais en prenant un plus grand nombre 
reliés parallèlement. Car, en vérité, l'agrandissement continuel 
des inducteurs amène de grandes difficultés techniques, d’abord 
puisque chaque fois le constructeur doit se hasarder de ncuveau 
sur un domaine inconnu et chaque fois de nouveau doit reconnai- 
tre ce nouveau domaine et que ce qui est exigé du constructeur 
augmente énormément, Aussi les frais pour construire de tels 
appareils spéciaux s'augmentent proportionnellement. 

Il est beaucoup plus simple de faire ces expériences provi- 
soires dans une fabrique où l'on construit en masse des induc- 
teurs de la même espèce, On peut alors se servir d’un grand 


nombre dinducteurs à la fois, qui, l'expérience faite, gardent 


leur valeur courante. Je suis oceupé à faire une étude spéciale 
des différents appareils et, à cette fin, je m'adresserai encore à 
d'autres fabriques. Aussitôt que j'aurai à ma disposition un 
instrument pratique tous égards, je me propose de répéter mes 
prises du mouvement de déglutition au moyen de rayons X, 
mais alors avec un bol de bismuth et stéréoscopiquement, peut: 
être en combinaison avec la cinématographie ordinaire. 

Ainsi à l'heure actuelle, la réntgénocinématographie réelle- 
ment d'un seul éclat est encore synonyme de négatifs faibles. 

Dans le domaine de la plaque sensible, on n'a pas encore 
atteint non plus la perfection, C'est surtout dans ces dernières 
années que les plaques pour les usages photographiques ordi- 
naires se sont beaucoup amcliorées, et, dans cet ordre d'idées, 
je n'ai qu'à citer les noms de Lumière et de Schleussner. Il est 
seulement regrettable pour la Réntgénographie, que la sensi- 
bilité aux rayons Röntgen n'ait pas augmenté dans la même 
mesure que pour la lumière ordinaire. Pourtant, il est évident 
que dans cette direction aussi, l'avenir nous apportera des résul- 
tats importants et diverses recherches effectuées dans ces der- 
niers temps en sont un sûr garant. 

Depuis des années déjà, J'avais été frappé de ce fait, qu’une 
plaque extra sensible, mouillée, ne perdait pas une partie de 
sa sensibilité aux rayons Röntgen, ce qui est le cas pour | 
lumière ordinaire. Dans un court article que j'ai publié 
avec Trivelli dans les Annalen der Physik, 1909, nous pou- 
vions ajouter que les clichés radiographiques se développent 
physiquement beaucoup moins que les images faites avec la 
lumière ordinaire. Ceci indiquait déjà que l’action des rayons 
Röntgen sur la plaque sensible n'est pas la même que celle 
de la lumière du jour. Je puis vous prouver la réalité de ce 
fait en vous montrant quelques tres belles pellicules, que le 
D Züppo-Cramer, de Francfort-sur-Mein, a bien voulu mettre à 
ma disposition. Ce sont des diapositifs de Schlcussner, qui ont 
été d'abord exposés aux rayons Röntgen. Si on les expose ensuite 
à la lumière du jour, l'image produite par les rayons Röntgen 
apparaît en bleu-verdatre sur un fond rosé. Cette réaction, qui, 


— 410 — 


malheureusement, est trop peu sensible pour être employée d'une 
façon pratique, a été découverte par Luther et Uschkoff et 
décrite dans la « Physikalische Zeitschrift », 4° année. Le D' 
Luppo-Cramer a bien voulu m'envoyer un article qui, depuis, 
a parut, dans lequel il explique ce phénomène par le fait que 
les rayons Röntgen opèrent un clivage dans l’émulsion de bro- 
mure d'argent, d’où il résulte qu’une plus grande surface et une 
décomposition photo-chimique plus énergique par la lumière 
du jour peut se manifester. 

Je veux encore ajouter une observation récente et intéres- 
sante. Quand j’envoyai ces pellicules à l’ Exposition, la veille au 
soir, Je les empaquetai dans une feuille de papier portant de 
l'écriture fraiche. Le lendemain matin, en les déballant, je ne 
remarqual rien d'anormal, mais après un certain temps d’expo- 
sition a la lumière, l'écriture devint graduellement lisible, dans 
une teinte jaunâtre, aussi bien sur les parties roses que sur les 
parties bleu-verdatres de la plaque. En outre, pendant l'Expo- 
sition, la pellicule avait été fixée avec des punaises, et quand 
ensuite elle me fut renvoyée, les endroits recouverts par les 
punaises étaient devenus entièrement Jaunes, de même que 
l'écriture. 

(‘tte différence d'action, au point de vue de la couleur, entre 
les diverses radiations est fort intéressante. Si nous désignons 
l'action de l'encre et des punaises du nom de rayons Moser, 
nous avons : l 

La lumière du jour donne du bleu-verdatre ; 

Les rayons X plus la lumière du jour donnent du rose; 

La lumière du jour plus les rayons X plus les rayons Moser 
donnent une teinte crème. 

Je veux vous montrer une autre plaque, que j'ai faite moi- 
même. Ce n'est qu'une petite plaque d'essai et chaque jour, }’at- 
tends que la fabrique m’en envoie de meilleurs échantillons. 
Cette plaque est préparée de la manière ordinaire, avec cette 
différence seulement que dans l’émulsion est incorporée une 
poudre très fine: amidon, craie, etc. La plaque elle-même 
devient ainsi opaque et très mate, et, par conséquent, bien plus 


— Ali — 


facile à regarder qu’une plaque ordinaire appliquée sur verre 
laiteux et éclairée par transparence. 

Les détails, qui se perdent si souvent dans les épreuves, appa- 
raissent ici avec toute leur richesse, et, comme la lumière qui 
tombe sur la couche sensible au travers de la zone obscure et 
revient ensuite doit franchir deux fois cette zone, il en résulte 
une double gradation. Sur cette plaque, on constate aussi nette- 
ment ce fait regrettable, que peu de réntgénologues connaissent 
qu'une plaque extra sensible ne développe qu'en surface et non 
en épaisseur. I] est, par conséquent, totalement inutile d’aug- 
menter l'épaisseur de la couche sensible. Je tiens à mentionner 
expressément ce fait, car dans le calendrier Röntgen (Röntgen 
Kalender), on en est encore aux anciennes idées et on fait le 
panégvrique des plaques épaisses. 

J'ai parlé, il y a un instant, d'un fait regrettable, et c’est réel- 
lement le cas. Lorsque nous avions des plaques qui, par suite 
de leur haute sensibilité, avaient l'avantage de pouvoir être 
développées dans toute leur épaisseur, on n'aurait pas besoin en 
rontgenographie de nos grands inducteurs avec leur quantité 
d'énergie colossale, mais alors nous pourrions faire tout avec un 
petit appareil qui n'était guère plus grand qu’un jouet d'enfant. 
Chacun sait cependant que si l'on impressionne par les rayons X 
un paquet, par exemple, de dix pellicules, on ne constate aucune 
différence dans la puissance de développement de la première 
et de la dernière, ce qui prouve que les rayons X qui ont tra- 
versé les neuf pellicules n’ont guère perdu en quantité. En tra- 
versant une plaque photographique, 1] ne se perd presque pas 
d'énergie et ce n'est que la quantité inappréciable d'énergie 
ainsi perdue qui agit sur la couche sensible. On peut en con- 
clure que les plaques actuelles sont très dispendieuses en radio- 
graphie, puisque ce n’est qu'une tres petite quantité de rayons 
qui agit et que l'énorme majorité traverse la plaque et disparaît 
en pure perte. 

Je veux seulement montrer que, quand on réussira à préparer 
des plaques utilisant une quantité assez considérable de 
rayons X, le problème de la rôntgenocinématographie sera réso- 
lu. Ce problème est cependant très difficile. I] existe, comme on 


— 419 — 


sait, des pellicules spéciales Röntgen, qui sont recouvertes d'une 
couche sensible sur chaque face. Elles sont pourtant peu 
employées, parce qu'elles s'abiment facilement, et en général 
on nen veut guère, parce qu'elles présentent presque toujours 
plus de défauts que les pellicules ordinaires, D'autres appli- 
quent deux plaques couche sensible contre couche sensible. Cette 
méthode est bonne, mais comme les ravons doivent d'abord tra- 
verser une plaque de verre, ils perdent une partie de leur 
énergie. 

Partant de ce fait que nous avons découvert, que le dévelop- 
pement à la surface de la plaque doit ètre attribué à des qua- 
lités de surface ph\sico-chimiques particulières de la couche de 
gélatine, Jai eu, avec M.Trirelli, Vidée de recouvrir la plaque 
de plusieurs couches, qui, jusqu'à un certain poiut, adhèrent 
l'une à lautre, mais cependant sans se dérober l'une l'autre de 
leurs qualités de surface particulières. Nous n'avons pas encore 
réalisé pratiquement cette idéc. 

Pour mieux utiliser l'énergie Röntgen, on se sert souvent aussi 
d'écrans renforgateurs simples ou doubles. Mais cette méthode 
nest guère en faveur, parce quelie communique aux images un 
aspect en quelque sorte vague. Avce l'écran renforcateur, il se 
passe cependant davantage, car, comme jai pu le montrer, cela 
occastonne des contrastes en sens inverse, c'est-à-dire une inver- 
sion partielle et une disparition partielle de limage, M.Trivelli 
a expliqué cela par le phénomène dit de Herschel, phénomène 
connexe Jusqu'à un certain point avec celui de la solarisation 
des rayons X découvert par moi. D'après mes expériences, il 
put émettre l'hypothèse que dans certaines conditions la lumière 
de l'écran et les rayons X se contrarient, et que la lumière de 
l'écran, si elle pouvait être obtenue isolément, a une action plus 
intense que quand Jes rayons X s'y ajoutent. Ses études ulté- 
rieures l'ont amené à admettre que dans la plaque se forme une 
substance verte qui d'ordinaire n’a pas d'effet, mais possède 
une sensibilité beaucoup plus grande que Ja substance ordinaire. 
Tl a réussi justement à préparer cette substance, et notre Expo- 
sition peut s'enorgueillir d'en posséder Je premier échantillon. 

A mon avis, les travaux de Trivelli donnent de très belles 


espérances pour ce qui concerne, à l'avenir, la fabrication pra- 


— 413 — 


tique de plaques plus sensibles que les plaques actuelles aux 
rayons X et, en tout cas, il a montré la direction que doivent 
prendre les études pratiques ultérieures. 

Comme je l'ai dit, nous devons actuellement nous contenter 
de négatifs légers renforcés à l'uranium, et pour cela je veux 
donner la prescription modifiée par Trivelli, prescription qui 
n’a pas encore été publiée, qui donne de bons résultats : 


A 


Acide citrique . . . . . . . . 9 
Nitrate d'urane . . . . . . . 2 


Kou. & à & wd à à &: & à. =» 400 


B 
Ferricyanure de potassium . . . 6 
Peroxyde d'hydrogène 3 % . . . 9 
Eau. « à à à + + & & + + 1000 


Mélanger à parties égales. 


(Trivelli a ajouté du peroxyde d’hydrogène à la solution B, 
afin qu’elle ne se décompose pas et n’occasionne pas de taches.) 


Je crois maintenant avoir exposé l'état actuel de la réntgéno- 
cinématographie. Je vous ai montré les beaux résultats aux- 
quels on peut arriver, même avec ma méthode imparfaite. Je 
n'ai pas besoin d'insister davantage pour vous faire voir quelle 
méthode superbe, mathématiquement exacte, pour l'étude du 
mouvement, pour autant qu'il s'agit des organes internes, nous 
possédons dans la rüntgénocinématographie, et quelle grande 
valeur elle aura, non seulement pour la physiologie, mais aussi 
pour la clinique. 

J’invite expressément les techniciens à s'intéresser à cette 
méthode, afin que lors du prochain congrès de radiologie, ce 
problème puisse être complètement résolu, tant au point de vue 
électrotechnique qu'au point de vue photographique. 


(Traduit par le D" Petit.) 


INSTRUMENTS NOUVEAUX 


Un nouvel appareil orthodiagraphique 


MESSIEURS, 


L'orthodiagraphe que je vous présente est une machine sans 
prétention. Elle a simplement pour but de permettre à tous ceux 
qui le désirent d'utiliser la précieuse méthode orthodiagraphi- 
que sans devoir leur imposer l’achat de l’un ou l’autre des excel- 
lents, luxueux, mais onéreux appareils existants. 

Mon double objectif fut de simplifier le mécanisme permet- 
tant le déplacement du tube de Röntgen et, par conséquent, du 
rayon normal; ensuite de supprimer le transport à distance de 
l'inscription de l’image. 

L'appareil se compose d’un chassis en bois, dont la forme 
générale est celle d'un parallélipipède rectangulaire. A l’inté- 
rieur de ce châssis, vient s’appliquer un cadre horizontal que 
le simple jeu d’un treuil permet de déplacer verticalement. Le 
‘cadre horizontal porte une table qui peut coulisser horizontale- 
ment à son intérieur, et cela dans le sens du grand axe hori- 
zontal du châssis. Sur la table courent deux rails permettant 
à un chariot qui renferme le tube de Röntgen de se déplacer 
sur elle horizontalement, et cela parallèlement au petit côté 
horizontal du châssis. Le jeu du treuil est réglé de telle façon 
qu’on peut fixer le cadre successivement à toutes les hauteurs 
désirées, grâce aux dents dont est munie la poulie commandée 
par la manivelle du treuil, dents qui rencontrent successivement 
la pointe d'un corbeau; l’ascension du cadre et du chariot qu’il 
porte est ainsi progressive, sa descente s'effectue automatique- 


ment dès qu'on appuie sur l'extrémité libre du corbeau. 


— 415 — 


Au chariot est fixée, par un de ses bouts, une tige en bois 
comprenant trois portions qui limitent entre elles deux angles 
droits; la portion comprise entre les deux angles est double, 
composée de deux parties coulissant l’une dans l'autre: elle 
peut donc s’allonger dans certaines limites; la portion libre de 
la tige, c’est-à-dire celle qui n'est pas adhérente au chariot, 
mais est parallèle à cette dernière et au grand axe du tube de 


Réntgen, porte une pointe métallique qui fait saillie au-dessus 
delle et arrive à hauteur du rayon normal émis par le tube 
radiogène. 

Le chariot a à sa partie antérieure, c'est-à-dire le côté qui fait 
face à la portion libre de la tige dont il vient d'être question, 
deux lames épaisses en plomb percées l’une et l’autre d’un trou 
circulaire de un centimètre et demi de diamètre; le centre de 
chacun de ces trous laisse passer le rayon normal : chariot, tube 
et tige munie de la pointe métallique forment donc un système 
dont toutes les pieces ont entre elles un rapport constant, sauf 
que la pointe métallique restant toujours dans le prolongement 
du rayon normal peut s'éloigner plus ou moins du centre d’émis- 
sion des rayons X. 


— M6 — 


Une glace est posée à la face antérieure du châssis, un écran 
au platino-cyanure de baryum est fixé sur la branche antérieure 
du cadre mobile. 

Voici maintenant le mode d'emploi de l'appareil. D'abord, 
l'appareil est placé sur une table basse quelconque. La personne 
à examiner entre à l'intérieur du châssis et s'assied le plus près 
possible de la face antérieure de celui-ci, munie d’une toile ten- 


due qui s'oppose à la pression du dos du patient contre l'écran 
de platino-cyanure. L'entrée dans l'appareil est rendue très 
aisée par le fait qu'on a au préalable soulevé les deux branches 
longues du cadre, qui peuvent pivoter sur l'une de leurs extré- 
mités. 

Le malade étant posé à l’endroit voulu, on fait passer la bran- 
che antérieure de la tige à pointe dans un anneau conducteur 
qui la maintiendra constamment entre la face antérieure du 
châssis et la face postérieure de la glace, tandis que le chariot 
renfermant le tube est déposé sur les rails. On rapproche alors 
du malade la table portant les deux rails conducteurs du chariot. 

Le courant étant lancé dans le tube ,les rayons X passent a 


= M7 — 


travers les diaphragmes des plaques de plomb, traversent le 
corps du sujet à examiner et rendent fluorescente sur l’écran 
une zone circulaire; sur cette zone éclairée vient faire contraste 
la silhouette de la pointe métallique. Le radiographe se tient 
devant. l'appareil et aperçoit la luminescence de l'écran à tra- 
vers la glace. Saisissant alors de la main gauche la manette 
ad hoc également fixée au chariot, il déplace celui-ci horizon- 
talement dans toute l'étendue de la largeur du cadre. Il voit 
ainsi apparaître successivement les différents contours du corps 
et des organes y contenus. Au moment où ces contours se super- 
posent sur la silhouette de la pointe métallique, il inscrit de la 
main droite sur la glace, au moyen d’un crayon mordant le verre, 
un point correspondant à l’extrémité de la dite pointe. Tous les 
points intéressants d’un plan horizontal ayant été ainsi inscrits, 
le cadre est élevé d’un degré, soit un centimètre environ, au 
moyen du treuil mû par la main gauche; on note alors les po'nts 
intéressants du nouveau plan horizontal traversé par le rayon 
normal. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la région à examiner ait 
été tout entière limitée par un pointillé sur la glace. 

Il est superflu de dire que le pointillé correspond à la sil- 
houette du corps et des organes internes étudiés, puisque comme 
cela a été dit plus haut, l’extrémité de la pointe métallique ren- 
contre le rayon normal. 

Il va de soi que mon appareil ne peut être utilisé que dans 
la position verticale du tronc, mais n’est-ce pas la position pres- 
que exclusive dans laquelle se fait en pratique l’orthodiagraphie? 

Je wai pas besoin non plus d’insister sur le prix de revient 
minime de cet appareil (1). 


(1) L’orthodiagraphe ci-dessus décrit, fabriqué par M. Ernest Doumont, 
menuisier, à Floreffe, m'a coûté 125 francs. 


IVe CONGRÈS INTERNATIONAL 


D'ÉLECTROLOGIE ET DE RADIOLOGIE MEDICALE 


AMSTERDAM, SEPTEMBRE 1908 


Dans son discours inaugural, le Prof. WERTHEIM SALOMONSON, 
président du Congrès, rappelle rapidement l’historique des trois 
premiers Congrès d'électrologie et de radiologie et attire l’atten- 
tion sur le nombre progressivement croissant des adhérents et sur 
l'importance de plus en plus grande des communications. 

I] expose ensuite les progrès réalisés par les Pays-Bas dans le 
domaine de l'électricité et particulièrement de l’électricité médi- 
cale : en 1746, Musschenbroeck invente la bouteille de Leyde; en 
1787, Van Marnum construit sa célèbre machine électrique; en 
1789, l'électrolyse de l’eau fut découverte. 

Déjà à la fin du xvii’ siècle, l'électricité fut appliquée par 
des médecins hollandais au traitement des paralysies, des névral- 
gies, des ankyloses, etc. Depuis cette époque, la Hollande n’a 
cessé d’apporter une importante contribution à l'étude des effets 
physiologiques et thérapeutiques de l'électricité, et à l'heure 
actuelle encore de nombreux savants, parmi lesquels la Hollande 
peut citer avec orgueil Van ’t Hoff, Hamburger, Cohen, Lorentz, 
Zeeman, Einthoven, etc., se signalent par des découvertes primor- 
diales. 

Le président du Congrès regrette vivement l'indifférence du 
gouvernement hollandais, qui n’a pas voulu apporter le moindre 
encouragement à l’organisation de ce Congrès. I] remercie cor- 
dialement le bourgmestre et les magistrats de la ville d’Amster- 
dam, ainsi que le recteur de l’Université, de la bienveillance 
qu’ils ont témoignée à l'œuvre. Il remercie encore, de leur pré- 


— 419 — 


cieuse collaboration, la Société hollandaise d’Electrologie et de 
Radiologie médicales, la Société des Arts et des Sciences, et 
proclame ouvert le IV° Congrès international de radiologie et 
d’électrologie médicales. 

Sont élus présidents des séances : les D™ Butcher, Eberlein, 
Einthoven, Gocht, Leduc, Hauchamps, Luraschi, Oudin, Conrad, 
Léonard Lester et Alban Köhler. 


Séance du mercredi 2 septembre (matin). 
Président : D" Alban Kohler. 


M. CHARLES Lester Léonard (Philadelphie). — Radiogra- 
phies instantanées pour le diagnostic des affections thoraciques 
et abdominales. 


Au fur et à mesure que les appareils radiogènes deviennent 
plus puissants et que la technique se perfectionne, l'examen par 
les rayons X des organes abdominaux et thoraciques acquirent 
une valeur et une importance de plus en plus considérables; ce 
sont les derniers progrès réalisés que l’auteur cherche a mettre 
en relief. 

La tuberculose pulmonaire, de par son énorme fréquence, a 
retenu la plus grande attention; dès les premiers temps de 
l'ère radiologique, l'examen radioscopique fut déjà en état de 
montrer les foyers de condensation, d'infiltration, de ramollis- 
sement et les cavernes siégeant dans le tissu pulmonaire. Mais 
bientôt, la radiographie se révéla supérieure à la radioscopie : 
elle montre nettement et exactement l’extension des lésions pul- 
monaires et permet de déceler avec certitude les petits foyers de 
condensation dans le sommet. La radiographie instantanée mar- 
que un progrès nouveau, énorme dans le diagnostic précoce de 
la tuberculose : grâce à elle, nous sommes à même d'éviter la 
facheuse influence qu'exercent sur la netteté de l'image les mou- 
vements dus à la révolution cardiaque et à la respiration, ainsi 
que les mouvements volontaires et involontaires du sujet d'exa- 


— 420 — 


men. Cest ainsi que nous pouvons mettre en évidence les gan- 
ghons bronchiques hypertrophiés et les petits foyers d’infiltra- 
tion siégeant autour des bronches: l'invasion du poumon par 
le processus tuberculeux se fait généralement par voie lympha- 
tique et débute par le hile du poumon. Ces lésions lymphatiques 
constituent en somme le stade prépulmonaire ou le point de 
départ de la tuberculose pulmonaire. Ni la percussion, ni l’aus- 
cultation ne nous permettent de déceler avec quelque certitude 
ces foyers avant-coureurs. Comme ceux-ci se montrent plus fré- 
quents que Pon n'a eru jusqu'ici, comme ils sont plus précoces 
que les lésions du sommet et qu'ils ne sont décelables que par. 
les rayons X, il faut admettre que la radiographie et particu- 
lièrement la radiographie instantanée est bien le procédé qui 
nous permet de dépister avec le plus de certitude et le plus de 
promptitude les tout premiers débuts de la tuberculose pulmo- 
naire. 


Toutefois, cette méthode ne révèle pas le facteur étiologique : 
elle nous montre uniquement des variations anormales de 
densité dans le tissu pulmonaire: il est de la plus haute impor- 
tance de bien mettre ce fait en relief, afin que les autres métho- 
des d'investigation cliniques ne puissent être négligées ; il est de 
la plus grande utilité dans la majorité des cas de comparer les 
données de ces différentes méthodes les unes avec les autres, et 
alors cette mutuelle association et ce mutuel contrôle montre- 
ront souvent la supériorité de la méthode radiographique; celle- 
ci, dans les cas douteux, apportera souvent l'élément décisif au 
diagnostic. 

La radiographie instantanée du cœur et des grands vaisseaux 
fait entrevoir un vaste champ d'étude; le temps d'exposition 
est tellement minime que tout trouble fâcheux déterminé par les 
mouvements cardiaques sur la couche sensible est complètement 
éliminé, et ainsi il est possible en général de diagnostiquer par 
la forme typique du cœur Ja lésion valvulaire en cause. La radio- 
graphie instantanée nous permet d'enregistrer successivement 
toutes les phases de la révolution cardiaque; elle nous montre 


ia contraction systolique des ventricules avec la dilatation des 


— 421 — 


oreillettes et vice-versa; elle nous montre encore distinctement 
le péricarde et les sinus cardio-phréniques pendant l'inspiration 
et la systole; elle nous montre souvent les parois des ventricules 
droit et gauche. Enfin, dans la position oblique droite, nous pou- 
vons étudier l'oreillette et le ventricule droits mieux que par 
toute autre méthode, L'étude du cœur au moven de Ja radio- 
graphie instantanée n'en est encore qu'à ses débuts: l'avenir 
élargira et précisera notablement nos connaissances. 

Les radiogrammes d'estomac que je vais vous projeter ont “té 
obtenus au bout d'une demi à une seconde d'exposition, à une 
distance de vingt-quatre pouces et sans l'intervention de l'écran 
renforcateur; le pouvoir de pénétration des ravons était de 
T Benoist et l'intensité du courant secondaire de 30 à 40 mil- 
hamperes. S'il s'agit d’une plus fine différenciation, s'il s'agit, 
par exemple, d’une recherche de calcul rénal, il sera avanta- 
geux de choisir un tube plus mou et d’y faire passer un courant 
de 50 à 60 mijliampéres; dans ces cas, le temps de pose sera 
d'environ une seconde, un peu moins si le sujet d'examen est 
maigre, un peu plus, deux secondes environ, si le sujet dépasse 
les 100 kilogrammes. 

Nous avons employé uniformément deux onces de sous-nitrate 
de bismuth et, comme véhicule, huit onces d'eau, un demi-litre 
de koumys ou dix onces de bouillie de riz. Depuis que certains 
auteurs, et notamment Mayo de Rochester, ont avancé que d'au- 
tres facteurs que le péristaltisme devaient présider à la propul- 
sion des aliments à travers le pylore, l'influence de l'inspiration 
et de l'expiration ou, en d'autres termes, l'influence des mouve- 
ments diaphragmatiques sur la forme et la position de l'estomac 
sont devenues un intéressant sujet d'étude; les radiogrammes 
pris en état d'inspiration et d'expiration montrent, par compa- 
raison, que l'estomac s allonge et se raccourcit d'environ un à 
un et demi-pouce, suivant son axe perpendiculaire. 

L’onde péristaltique prend naissance entre le tiers supérieur 
et le tiers moyen de l'estomac, et dans sa course vers le prlore 
devient plus profonde et plus puissante. Le sphincter pylorique 
n'est rien d'autre qu'une profonde onde péristaltique dont la 


— 422 — 


progression est tellement lente qu'elle ne laisse guère de traces 
sur la radiographie ordinaire. 

Dans la ptose gastrique, nous n’observons pas de péristaltisme 
quand le sujet est debout, mais ce péristaltisme apparaît dans 
la position couchée; en cas de ptose donc, la position couchée 
du patient facilitera singulièrement l'évacuation de l’estomac. 

Le pylore se révèle par une fine ombre de bismuth unissant les 
masses opaques de l’estomac et du duodénum. Quand l'estomac 
commence à évacuer son contenu, les différentes portions du duo- 
dénum deviennent visibles et la partie ascendante du duodénum 
montre un fin péristaltisme et la division du bismuth. 

La netteté avec laquelle ces courtes expositions dessinent la 
rate et souvent le foie nous fait augurer le grand avenir qui est 
réservé à cette exploration dans le diagnostic des affections 
abdominales. 

L'appareil, que nous avons utilisé dans ces recherches, con- 
siste en un. transformateur à circuit magnétique fermé et en un 
redresseur du courant secondaire (Snook Réntgen. Generator). 
Le courant primaire qui alimente le transformateur est un 
courant alternatif à 60 périodes et ne dépasse jamais 12 amperes. 
Le redresseur du courant secondaire fait que les deux phases 
du courant sont utilisées et passent à travers le tube dans uns 
seule direction; toute l'énergie du transformateur est done uti- 
lisée. Ainsi, avec un courant primaire de 10 ampères et de 
220 volts, le courant secondaire se compose de 120 décharges 
et montre une intensité de 30 à 60 milliwupère suivant l'état 
de vacuité de l'ampoule. Puisque le courant secondaire circule 
toujours dans une seule et même direction, toute soupape devient 
inutile; ce dispositif n'exige aucun interrupteur mécanique ou 


électrolytique et n’entraine qu'un minimum de perte d'énergie. 
Discussion 
M. RoseNTHAr (Munich) - rappelle que cette méthode a été 


employée il y a cinq ans, à Dresde, par Koch; il a étudié les 
courbes du courant secondaire au moyen de l'oscillographe et 


— 423 — 


du miroir tournant, et a trouvé que les courbes de grande ampli- 
tude et de petite largueur sont les plus favorables dans la tech- 
nique radiographique. 


M. WENKEBACH (Groningue). — L’importanee de la méthode 
radiologique et particulièrement de la radiographie stéréosco- 
pique dans le diagnostic des affections internes. 


I. Dans tout hôpital et a fortiori dans toute clinique univer- 
sitaire, 1] est désirable que les médecins, ou du moins un parmi 
eux, soient au courant du radiodiagnostic médical, de façon que 
toutes les données diagnostiques puissent être utilisées, compa- 
rées et appréciées à leur juste valeur. 


II. La radiographie stéréoscopique des organes internes offre 
deux grands avantages : 


a) Elle ne montre pas seulement l'existence d’une ombre anor- 
male, mais encore le siège exact de cette anomalie; 

b) Elle permet à tout médecin non initié, et même à toute 
personne étrangère à la profession, de s'orienter rapidement dans 
l'examen de l’image; le siège de la lésion ne peut donner prise 
au doute. 


III. L'examen des bonnes radiographies stéréoscopiques élude 
tous les fâcheux désavantages résultant des défectuosités de la 
projection : il permet une étude plus approfondie et plus éten- 
due que l’examen d’une simple radiographie. L’interprétation 
des prises suivant les diamètres obliques du thorax est plus.aisée 
et plus sûre. 


IV. Dans la tuberculose pulmonaire au début, la méthode sté- 
réoscopique apporte une contribution très importante au diag- 
nostic et à la différenciation des plus petites modifications patho- 
logiques et à leur localisation exacte dans le tissu pulmonaire. 


V. Dans les formes graves de la tuberculose pulmonaire, la 
méthode stéréoscopique se montre supérieure à la radiographie 
simple dans le diagnostic des cavernes, des adhérences et des 
infiltrations. 


— 424 — 


VI. Le diagnostic différentiel et la localisation des tumeurs, 
des anévrysmes, des adhérences circonserites et des exsudats est 


facilement réalisable par le procédé stéréoscopique. 


VII. Pour l'étude du pneumothorax ouvert ou fermé, la 
méthode stéréoscopique constitue une source d'informations 
insoupçonnée Jusqu'ici, établissant les rapports entre le poumon, 


la cage thoracique et l'exsudat. 


VIII. Dans l'examen du cœur, abstraction faite de l'arc aor- 
tique, la rontwen-stéréoscopie n'a rendu jusqu'ici que des ser- 
vices tròs relatifs, mais le diaphragme se révèle plus nettement 
par cette méthode. 


IX. Dans l'étude et la reconstruction des anomalies thoraci- 
ques primitives ou secondaires, cette méthode est de la plus haute 
importance et mérite notamment l’attention des anatomistes et 
des orthopédistes. 


X. Les différentes positions obliques permettent aussi l'appli- 
cation de la méthode stéréoscopique. Ainsi, nous pouvons loca- 
liser et reconnaître exactement les tumeurs, les ganglions, la 


crosse de l’aorte, l'æsophage, ete., dans le médiastin postérieur. 


XI. La méthode stéréoscopique offre de très grands avan- 
tages dans l'étude du squelette; elle est des plus importantes, 
voire indispensuble pour le bassin et la recherche des calculs 
urétéraux. 

XII. La méthode stéréoscopique, qui nous donne une image 
plastique des organes internes et de leurs lésions, constitue, en 
tant que procédé de controle et de démonstration, une impor- 


tante méthode d'enseignement pratique des sciences médicales. 
Discussion 


M. Scuire (Vienne), — La radiologie doit constituer l'objet 
d'une spécialisation, mais il ne faut pas qu'elle constitue une 
spécialité fermée: il est nécessaire que les chirurgiens et les 


médecins s'y intéressent et se ticnnent au courant des progrès 


— 425 — 


de la méthode. Ainsi s’établira une entente salutaire entre les 
radiographes et les cliniciens. 

M. KiexBôck (Vienne) — constate que les spécialistes seuls 
sont au courant et savent apprécier les avantages d'une bonne 
technique. | 

M. WENKEBACH -— insiste sur la contribution importante que 
les cliniciens ont apportée à la radiologie. 


M. Franz GROEDEL III (Nanheim). — La stéréo-radiographie 
instantanée du thorax. 

La stéréo-radiographie des Srganes internes présente de grands 
avantages, mais elle n'a pas su conquérir la place qui lui est 
due dans la technique, parce qu’elle offre de grandes difficultés 
d'application. La radiographie instantanée nous permet d’obte- 
nir les images stéréoscopiques «les viscères. A cet effet, l'auteur 
a construit un dispositif qui réalise le changement automatique 
des plaques; il emploie des ampoules stéréoscopiques à double 
cathode; le temps de pose comporte une à trois spcondes. 


M. Hursrt (délégué de l'American Röntgen Ray Society). — 
La radiographie des tissus mous. 


L'auteur utilise une machine statique de cent plateaux à axe 
vertical. L’intensité du courant est de 15 nulliampères, mais a 
un rendement utile plus considérable que les 30 milliamperes 
d’une bobine. La bobine donne des courbes élevées retombant 
rapidement à zéro, tandis que la courbe de la machine statique 
reste élevée et parallèle à la ligne du zéro. Les nombreux radio- 
grammes d'estomac, du thorax normal ou tuberculeux, que lau- 


teur expose, sont d'une beauté et d'une finesse surprenantes. 


M. Haris Darry (Amérique). —- Etude des mourcments ires- 
piratoires et spécialement de leur influence sur le diaphragme 


et la colonne vertébrale au moyen de l'orthodiagraphie. 


L'auteur s’est servi de l’orthodiagraphe de Groedel et rap- 


porte les données de ses recherches. 


— 426 — 


M. H. Gocart (Halle). — Les lésions radiographiques de la 
spondylite tuberculeuse. 

Je projetterai quelques radiogrammes destinés à montrer les 
modifications typiques qu’entraine le mal de Pott dans l’archi- 
tecture de la colonne vertébrale. J’y joindrai quelques images 
d'autres affections ou difformités du rachis, qui pourraient entrai- 
ner des erreurs de diagnostic et qui serviront de terme de com- 
paraison. 

Il n’entre pas dans mes intentions d’insister sur l'importance 
de l'examen radiologique dans le mal de Pott. Je tiens seulement 
à faire remarquer que les symptômes cliniques ne correspondent 
souvent d'aucune façon au degré de destruction des vertèbres. 
Je rappellerai très rapidement les lésions anatomo-pathologiques 
que la. spondylite tuberculeuse révèle sur la couche sensible. 


A. La radiographie totale de la colonne vertébrale montre : 
1° L’incurvation latérale et l’incurvation compensatrice ; 

2° La gibbosité ou incurvation postérieure; 

3° La torsion de la colonne sur son axe et ses conséquences. 


B. La radiographie segmentaire de la colonne montre : 

1° La disparition totale ou unilatérale du disque interverté- 
bral ; 

2° Le tassement des vertèbres voisines avec le rapprochement 
et l’intussusception des apophyses transverses, des lames verté- 
brales, etc. ; 

3 Les processus de destruction de la substance osseuse. Et 
inversement à côté de ces lésions, 

4° La sclérose du tissu osseux et de l’appareil ligamentaire 
(processus ankylosant) ; 

5° La déviation notable des masses vertébrales dans différents 


sens. 


C. La radiographie des vertébres isolées montre : 
1° L'aplatissement, la raréfaction des différentes parties de la 
vertebre et les pertes des substances osseuses; 


2 Les séquestres ; 


— 427 — 


3° L’écrasement et la destruction, voire la disparition compléte 
de la vertèbre; 

4° L'ostéogénèse (formation d’ostéophytes). 

D. La radiographie des côtes montre : 

1° Le rapprochement des côtes et particulièrement de leurs 
extrémités vertébrales ; 

2° Leur synostose ; 


3° La destruction «le leurs tête, col et tubercule. 


E. La radiographie des abcès montre : 

1° L’infiltration latérale; 

2° Les petits abcès de forme ronde ou ovalaire situés souvent 
des deux côtés de la colonne; 

3° Les grands abcès par congestion; 

4° Les anciens abcès calcifiés. 


La projection de 22 radiogrammes démontre ces lésions. 


M. Van DER Goor (La Haye). —- Le diagnostic radiographique 
des calculs rénaux. 

L'auteur procéda à 200 examens et trouva 35 fois des calculs 
rénaux. De ces 35 patients, 20 furent opérés et l'opération démon- 
tra le bien-fondé du diagnostic radiographique. Des 165 autres 
personnes chez lesquelles l’auteur ne trouva pas des calculs 
rénaux, 12 furent opérées et l'opération montra que la lithiase 
n'était pas en cause. 

L'auteur s'étend sur les conditions techniques qui doivent pré- 
sider : l'examen radiographique. Les deux reins, les deux uye- 
tères et la vessie doivent être l'objet d'une exploration systéma- 
tique. De plus, il est de toute nécessité que la silhouette du rein 
se dessine sur la couche sensible : en effet, nous pouvons recon- 
naître la situation du calcul dans le rein grâce à la technique 
enseignée par Sträter, technique qui permet de projeter le rein 


dans la majorité des cas sur la plaque photographique. 
Discussion 


M. HazxisCH (Hambourg) — projette une dizaine de radio- 
grammes montrant, de la façon la plus nette, le contour du rein. 


— 428 — 


Ces radiographies se rapportent à des calculs rénaux, à des 
tumeurs du rein, etc. L’orateur pense que le diagnostic radio- 
graphique de lithiase rénale ne peut comporter qu'une erreur de 
2 %. La silhouette du rein se révèle dans la majorité des cas, 
mais plus difficilement chez les enfants et les personnes maigres 
que chez les personnes douées de quelque embonpoint. Holzknecht 
et Kohler semblent avoir expliqué ce curieux fait: la couche 
cellulo-graisseuse qui entoure le rein n’est pas également épaisse 
chez toutes les personnes. C’est de l'épaisseur de cette couche, 
perméable aux rayons X, que dépend la netteté de la silhouette 
du rein. 


M. Coxrap (Anvers). — Les traumatismes du segment lombo- 
sacré du rachis. 

L’orateur traite des fractures parcellaires du segment lombo- 
sacré du rachis. I] commence par établir que la radiographie 
démontre toutes les lésions vertébrales, donne des indications 
certaines touchant la nature de la fracture et sa localisation, peut 
méme, grace a la stéréoscopie, établir le degré de déplacement 
des fragments. On est donc en droit de s’étonner qu'à la base de 
tout diagnostic de traumatisme du rachis quel qu'il soit, il n’y ait 
pas un cliché radiographique, et que le chirurgien ose encore 
aujourd'hui intervenir sur la colonne vertébrale sans avoir éclairé 
sor diagnostic clinique par le diagnostic radiographique de la 
lésion osseuse à laquelle il compte s'attaquer. Après avoir repris 
rapidement l'étude des fractures parcellaires, faite à la Société 
belge de Radiologie et publiée en août dernier dans le Journal 
de Radiologie, auteur insiste sur le diagnostie radiographique 
de ces lésions, Il pose en axiome que dans tous les cas de trau- 
matisme du rachis, aussi bien dans les cas graves à fracture évi- 
dente que dans les cas douteux, l'examen radiographique appro- 
fondi, complet, répété même, est de toute nécessité. Seul, cet 
examen fournit aux chirurgiens les indications opératoires mettes 
et précises; seul, il impose la technique opératoire la mieux 
appropriée et donnant les résultats les plus favorables. Le pro- 


fesseur De Quervain, chargé d'introduire la discussion sur les 


— 499 — 


traumatismes du rachis au II° Congrès de Ja Société internatio- 
nale de Chirurgie, semble ignorer le diagnostic radiographique 
des lésions osseuses de la colonne. Rien d'étonnant que dans ces 
conditions le diagnostic de ces lésions lui paraisse difficile, peu 
précis et que les indications opératoires demeurent limitées aux 
cas graves, facilement reconnus par l'examen clinique. L’orateur 
établit que non seulement les résultats opératoires deviendront 
meilleurs grâce aux ressources que l’on trouve dans l'emploi 
judicieux des rayons X, mais encore que le chirurgien pourra 
intervenir avec un plein succès dans toute une série de lésions 
non diagnostiquées à l'heure actuelle et rangées sous la rubrique: 
hystéro-traumatisme, contusion grave, hytéro-coxalgie, simula- 
tion pure, ete. 

Citons les conclusions de cette intéressante communication : 

« Grâce à la radiographie, notre attention est appelée de plus 
en plus à admettre la fréquence des lésions parcellaires du rachis. 

» On a souvent dit et répété que la facilité de diagnostic par 
l'examen radiographique était de nature à émousser notre sens 
clinique. Nous avons ici un exemple remarquable de l’erreur 
de cette affimation. 

» En pratiquant systématiquement l'examen radiographique 
de tous les traumatismes de la colonne vertébrale, le chirurgien 
trouvera non seulement dans cet examen les éléments du diag- 
nostic, mais 1] pourra encore déduire, des connaissances ainsi 
acquises, la technique de son intervention. » 


M. Berterorri (Turin). — Le diagnostic radiographique du 
mal de Pott cervical. 

Aprés avoir distingué entre la forme superficielle ou carie 
superficielle de Boyer et la carie profonde avec gibbosité, l'au- 
teur donne un aperçu radiographique comparatif entre une radio- 
graphie normale de la région cervicale et une radiographie de 
mal de Pott de cette région. 

La position de choix est la position latérale; les traits carac- 
téristiques sont les suivants : | 

1° Diminution de netteté dans le profil des vertèbres cervi- 
cales; 


— 430 — 


2 Altération de la courbe physiologique de la colonne cervi- 
eale et tassement des corps vertébraux ; 

3° Atrophie des apophyses épineuses ; 

4° Atrophie des pédoncules ; 


parition et augmentation des trous de conjugaison. 
9° Apparition et augmentation des t le conjugaiso 


Séance du mercredi 2 septembre (soir). 
Président : D" Béclère. 


M. BÉCIÈRE (Paris). - - L'erploration radiologique du foie. 

Les différentes parties du foie sont inégalement accessibles à 
l'exploration clinique; c'est ainsi que la face inférieure présente 
les plus grandes difficultés d'exploration. La face supérieure com 
prend deux parties; la zone périphérique, en contact avec la 
paroi thoracique et avec la paroi abdominale, est accessible à la 
percussion et un peu à la palpation; la seconde partie, la zone 
centrale, échappe complètement à toute exploration clinique, 
mais constitue pour l'examen radiologique un objet d'étude des 
plus fructueux. 


Cette portion centrale de la face supérieure du foie, étroite- 
ment accolée au diaphragme, se projette sous forme d'une courbe 
régulière à convexité supérieure, légèrement plus élevée à droite 
qu'à gauche. Une augmentation de volume de toute la masse 
hépatique, soit par congestion, soit par hyperplasie, ne modifie 
guère le contour supérieur du foie, mais une collection purulente, 
un abcès dysentérique, un kyste hydatique, ou une tumeur solide, 
peut déformer considérablement le dôme diaphragmatique. De 
plus, celui-ci se trouve alors refoulé dans la cage thoracique, où 
il atteint un niveau plus élevé qu'à l’état normal. 

L’auteur insiste sur l'utilité du radiodiagnostic quand il s'agit 
de reconnaître et de localiser une collection purulente, une 
tumeur ou un kyste hydatique du foie; à l'appui de sa thèse, il 
rapporte l'histoire clinique de quatre cas d'abcës du foie et d'un 
kyste hydatique hépatique. Celui-ci siégeait immédiatement à 
gauche de la ligne médiane, au-dessous du rebord des fausses 


— Al — 


côtes, et faisait saillie a l'épigastre. Le malade, aprè avoir 
ingéré successivement du bicarbonate de soude et de l'acide tar- 
trique, fut soumis à l'examen radioscopique et on aperçut alors 
le contour arrondi de Ja tumeur débordant et déformant le bord 
gauche de l'image hépatique. 

L'examen physique du foie n’est complet que s’il est accom- 
pagné d'une exploration radioscopique et radiographique. Cette 
exploration radiologique doit porter non seulement sur la face 
supérieure de l'organe, mais encore sur son bord gauche apr: 
replétion gazeuse de l'estomac. Cette exploration est toujours 
indiquée, quand l'observation clinique nous autorise à soup 
çonner un abces du foie où un kyste hydatique. 


M. À. Kôurer (Wiesbaden). -- Réntgénogramme total du 
fore. 

L'orateur déclare qu'il est pour ainsi dire impossible d’obte- 
nir toujours la silhouette nette du bord inférieur du foie; il est 
vrai que parfois ce bord inférieur se dessine sur la plaque pho- 
torgaphique, mais c'est là l'effet du pur hasard. Les chances de 
projeter ce bord semblent plus sérieuses si on a soin de placer 
le foyer anticathodique non pas au niveau du foie (onzième et 
douzième vertèbres dorsales), mais au niveau de la sixième ou 
septième vertèbre dorsale. Les coupes obtenues sur le cadavre 
congelé montrent que le bord inférieur du foie se trouve dans 
les conditions les plus favorables à sa projection, quand on place 
l'anticathode au niveau de la sixième ou septième vertèbre dor- 
sale. L'orateur démontre plusieurs radiogrammes obtenus de 
cette façon, qui indiquent le bord inférieur du foie dans toute 
son étendue. 


M. B. U. Barrier (Baltimore). — Etude orthodiagraphique 
des anévrysmes. 

L’orateur insiste sur l'importance de l'orthodiagraphie des 
anévrysmes et des dilatations de l'are aortique. Des 198 cas qu'il 
a eu l’occasion d'explorer, 80 se rapportaient à un anévrysme 
et 118 à une dilatation. L'autopsie (23 %) démontra le bien- 
fondé du radiodiagnostic. 


— 432 — 


M. R. KrexBôckx (Vienne). - - La diminution transitoire du 
volume du cœur. 


Le cœur diminue de volume à la suite de nombreuses influen- 
ces. Nous rapporterons quelques exemples de cette diminution, 
qui nous permettront de tenter l'explication du mécanisme de 
ce phénomène : 

1° Une femme de trente-cinq ans souffre depuis une année 
d'accès quotidiens graves de sténocardie de nature hystérique. 
Pendant l'accès, la patiente éprouve de violentes douleurs pré- 
cordiales, se redresse, se démene et gémit. Les mouvements res- 
piratoires se précipitent et Je thorax s'arrête enfin en état d’in- 
spiration; l'accès se dénoue par une forte expiration pour réappa- 
raître bientôt. 

L'examen radioscopique démontre l’abaissement progressif du 
diaphragme, puis son arrêt, et une diminution graduelle du 
cœur; le cœur devient très petit et ses mouvements ondulatoires 
semblent même à certains moments se suspendre complètement. 
Avec le rétablissement de la respiration, le volume du cœur aug- 
mente rapidement, mais bientôt un nouvel accès détermine la 
répétition des mêmes phénomènes. Le mécanisme de la dimi- 
nution du cœur ne réside pas dans une contraction tétanique 
du muscle, mais plutôt dans une forte augmentation de la pres- 
sion intra-thoracique : les poumons sont dilatés par une grande 
quantité d'air, la glotte se ferme et les organes intra-thoraci- 
ques se trouvent soumis à une forte pression de par le fait de 
efforts expiratoires de la musculature du ventre surtout. Ainsi, 
les veines caves, les veines pulmonaires et les oreillettes sont 
comprimées, le retour du sang au cœur est entravé : quelques 
contractions systoliques vident le cœur complètement, et elles 
le réduisent ainsi à un très petit volume. C’est en somme l'expé- 
rience de Valsalva. 

De pareils phénomènes ne vont pas sans s’accompagner de 
sérieux troubles dans la grande circulation : dilatation des 
veines du cou, cyanose du visage et disparition du pouls. 

2 Il y a quelque temps nous pûmes étudier cliniquement et 
radioscopiquement deux cas d’asthme bronchique : un jeune 


— 433 — 


homme de dix-neuf ans atteint depuis un an, et une femme de 
vingt-neuf ans souffrante depuis quatre ans. Dans ces deux cas, 
nous observames, aussi bien pendant les accès que pendant leur 
intervalle, une forte diminution du cœur en même temps que 
la dilatation des poumons. Le pouls n'était pas palpable pen- 
dant l’inspiration et pendant l'accès : la cyanose du visage et 
les râles pulmonaires ne rétrocédaient même pas complètement 
après la crise. | 

La diminution du volume du cœur peut être rapportée ici 
encore à une augmentation de la pression intra-thoracique. Les 
bronchioles sont à peine perméables de par le fait de la con- 
traction de leur musculature, du gonflement de leur muqueuse 
et de la stagnation des sécrétions. L'inspiration forcée peut 
encore vraincre cet obstacle; ainsi les poumons se dilatent gra- 
duellement en même temps que la pression intra-thoracique 
s'accroît. L'augmentation progressive de la pression intra-thora- 
cique entrave la réplétion du cœur. 

Jusqu'ici aucun auteur n'a signalé la diminution du cœur 
dans l'asthme bronchique; la diminution de la matité cardia- 
que et l’affaiblissement des bruits du cœur furent toujours rap- 
portés à l’interposition d’une lamelle de tissu pulmonaire entre 
le cœur et la paroi thoracique. 

3° En 1907, je pus démontrer avec Beck et Selig que les exer- 
cices corporels entraînent une diminution passagère du volume 
du cœur: nous examinâmes radioscopiquement aussi bien que 
cliniquement onze jeunes gens avant et après un concours de 
natation, et nous pimes établir une notable diminution du cœur 
dans dix cas. Cette diminution se rapporte également à une 
augmentation de la pression intra-thoracique. Pendant la nata- 
tion et particulièrement dans la nage entre deux eaux, les inspi- 
rations sont moins fréquentes et deviennent d'autant plus pro- 
fondes de par le fait du grand travail musculaire fourni et du 
grand besoin d'oxygène: les poumons se dilatent, la pression 
intra-thoracique s'accroît et le cœur, entravé dans son action, 
diminue de volume. | 

Nos recherches furent bientôt controlées par Moritz et Dietlen, 


— 434 — 


et ces auteurs constatèrent également que les exercices corpo- 
rels, la course et tout travail musculaire en général, entraînent 
une diminution du cœur. Mais ils attribuèrent celle-ci à une 
accélération du travail cardiaque, à une diminution fonction- 
nelle du volume du cœur, et n'admirent pas, pour expliquer ce 
phénomène, un mécanisme semblable à celui de l'expérience de 
Valsalva, et cela bien à tort, à mon avis. 


M. Percy Brown (Brown). -— La nécessité et la valeur de 


Pevamen radiologique chez les vieillards. 


M. H. Guinieminor (Paris). --- Quantitométrie fluoroscopique 
des rayons X. 

Lorsqu'on se propose de doser une radiation, on doit recourir 
à la mesure d'un des effets qu'elle produit, car le dosage absolu 
de l’énergie radiante est à peu près impossible : parmi les effets 
produits par les rayons X quand ils rencontrent la matière, L'un 
des plus faciles à apprécier dans leur intensité est la lumines- 
cence qu'ils provoquent chez certaines substances telle que le 
platinocyanure de baryum. 

Le présent rapport a pour but d'étudier le pouvoir fluorosco- 
pique des rayons X comme facteur de dosage. 


I. Les rayons X rendent fluorescents les cristaux de platino- 
cyanure de baryum. 

On admet assez généralement aujourd'hui que la lumines- 
cence est due à la vibration de particules dites phosphorogènces 
contenues, à l'état d'impuretés le plus souvent, dans un solvant 
solide, cette vibration nécessitant bien entendu pour se produire 
une consommation d'énergie soit mécanique (triboluminescence), 
so. chimique ou physique. Ici, l'énergie absorbée est de l'éner- 
wie radiante (rayons X, rayons ultra-violets, ete.). 

Toute l'énergie abandonnée aux cristaux de platino-cyanure 
de baryum par les rayons X se retrouve-t-elle sous forme de 
rayonnement luminescent? Non, une partie de l'énergie absor- 
bée se retrouve en particulier sous la forme d'un effet d'ordre 


chimique : le virage au brun des cristaux ou effet Villard. Le 


— 4:55 — 


virage au brun et la luminescence sont des effets simultanés, 
mais non liés l'un à l’autre. Le platinocyanure brunit plus avec 
des rayons mous: il est plus luminescent avec des rayons durs. 
Autrement dit, plus les rayons X sont pénétrants, plus leur pou- 
voir de luminescence augmente par rapport à leur pouvoir de 
virage. 


II. La mesure de la radiation luminescente émise par le pla- 
tinocyanure de baryum peut servir à doser le rayonnement inci- 
dent qui lui donne naissance en biologie expérimentale. 

Un tube qui, à 20 centimètres, donne la même luminescence 
qu'un autre tube à 40 centimètres, quand Ja qualité du rayonne- 
ment est la même, donne une impression photographique ou des 
effets biochimiques quatre fois moins grands que ce dernier sur 
un réactif chimique ou organique placé à la même distance, soit 
10 centimètres, par exemple, de chacune des anticathodes. 

C’est dire que leffet-luminescence peut servir de facteur de 
dosage par simple application de Ja loi du carré de la distance. 

L’absorption par l'air est négligeable, je l'ai vérifié expéri- 
mentalement. 

Mais, quand on passe d'une qualité de rayonnement à l'autre, 
y a-t-il] proportionnalité entre les effets biochimiques produits 
et l'effet-luminescence? 


IIT. Pour les besoins de la radiothérapie et de la radiographie, 
on peut regarder comme suffisante la proportionnalité des effets 
radioscopiques et chimiques dans les limites extrêmes de qualité 
entre lesquelles on opère : 


a) J’ai recueilli sur une même feuille de papier sensible les 
impressions radiographiques de 1, 2, 3 unités fluoroscopiques M 
de rayons de différentes qualités. Les écarts sont appréciables 
pour des qualités très «différentes : trois à dix du radiochrono- 
mètre, mais inappréciables pour des qualités voisines; 

b) J’ai en outre dressé les courbes d'absorption des différents 
faisceaux de rayons X étudiés d’une part par le dosage fluoros- 
copique, d'autre part par le dosage chimique; d’une façon géné- 
rale, les courbes fluoroscopiques sont plus éloignées de l'axe 


— 436 — 


des abscisses que les courbes chimiques. Cela signifie que, par 
suite du durcissement du faisceau par filtration à travers les 
tissus radiochroïques, le pouvoir chimique décroit plus vite de 
couches en couches que le pouvoir radioscopique. Mais si l’on 
prend une unité commune, du n° 5, par exemple, on peut déter- 
miner un module permettant de passer d'une courbe à l’autre 
pour chaque qualité de rayonnement. Ce module est voisin de 
l'unité pour les qualités voisines; 

c) Il ne faut pas croire d’ailleurs que les effets biochimiques 
produits sur l'organisme sont proportionnels aux effets chimi- 
ques des réactifs quand on passe d'une qualité à l'autre. La 
répartition de l'énergie radiante dans les couches successives de 
tissu change pour chaque qualité, et la réaction globale faite de 
la réaction d'une série d'éléments situés à des profondeurs diffé- 
rentes est variable. 


IV. Appareillage nécessaire au dosage fluoroscopique des 
rayons À. 

Une boîte à vision binoculaire est fermée par une paroi de 
plomb au fond. Cette paroi présente un volet de 6/6 cm. aussi 
doublé de plomb. Quand le volet est ouvert, cette fenêtre de 6/6 
est obturée seulement par une lame de verre au plomb sur 
laquelle vient s'appuyer un petit écran de platinocyanure de 
baryum à monture mince. Le volet présente deux orifices circu- 
laires : l'un est ouvert et recevra Virradiation X, l’autre reçoit 
un cylindre métallique renfermant un sel de radium placé à une 
distance telle que la plage Juminescente qu'il détermine ait un 
degré de luminosité rigoureusement déterminé. 

Le sel de radium doit avoir atteint son âge l'équilibre et étre 
enfermé dans une capsule non hygrométrique. L'écran doit être 
amovible et on doit prendre la précaution d'interchanger les 
plages quand on le remet en place. 

L’échantillon de radium que jemploie est un sel de 2 eg. 
d'activité 500,000, réparti sur une surface de 1 cm? 75 et placé 
à 2 centimetres de l'écran. 


L'étalonnage de Ja plage luminescente a été fait en prenant 


-— 437 — 


en considération le système d’unité que je vais exposer tout à 
l'heure. 

V. Emploi de l'appareil. 

On vise le tube en fonctionnement. On s'éloigne ou on se rap- 
proche Jusqu'à ce qu'on voie les deux plages au même degré 
de luminosité. A ce moment, on lit sur un ruban métrique a 
ressort, dont le 0 correspond à l'anticathode, à quelle distance 
on se trouve du tube; soit 150 centimètres pour prendre un 
exemple. OO 

On se reporte alors a un tableau de chiffres que j'ai dressé . 
cet usage, et l'on trouve dans la colonne 150 l'intensité du rayon- 
nement exprimée en unités J/ aux différentes distances opéra- 
toires. Si le sujet est traité à 15 centimètres, on trouve 25 M par 
minute; si la plaque radiographique est à 50 centimètres, on 
trouve 2 M 1/4 par minute, etc. 


VI. Choix de l'unité. 

L'unité d'intensité fluoroscopique que j'ai proposée est l'in- 
tensité du rayonnement qui, en n° 5, tombant normalement sur 
Ja solution chloroformique d'iodoforme de Freund-Bordier à 
2 % suivant 

1 centimètre carré de surface et 1 cm. de profondeur libère 

1 gramme x 10-8 diode en un temps égal à 

1 seconde. 

C’est done la 1/166 partie de l'unité I de Bordier dont les tra- 
vaux m'ont fourni les éléments d'une définition rigoureuse. 

Je désigne cette unité d'intensité par la lettre gothique MV. 

L'unité de quantité correspondante que je désigne par la lettre 
romaine M est la quantité donnée en 1 minute par 13 d'inten- 
sité. 

La plage-étalon de mon fluoromètre correspond à une inten- 

sité de J//4. 
© L'unité M est le 1/125 de l'unité H de Holtzknecht. 

VIL. Emploi de l'unité M et du dosage fluvroscopique en radio- 
graphie. | | 


Rien n'est plus simple que l'emploi du système de dosage 


— 438 — 


fluoroscopique pour la radiographie : il suffit de déterminer la 
distance d'équivalence du tube, de mesurer la distance à laquelle 
se trouve la plaque radiographique et de consulter le tableau- 
baréme. On sait à simple lecture le nombre d'unités du champ 
sur la plaque à nu. 

Cela fait, on compte 1 M par centimètre jusqu'à 8 ou 10 centi- 
mètres, quelle que soit la région, et environ 1 M 1/4 par centi- 
mètre en plus pour les régions autres que la cage thoracique. 

Cette règle peut paraître bizarre; j'en ai donné l'explication 
en montrant qu'il faut environ 0,4 M pour donner les noirs du 
négatif d'une région. Or, les courbes de pénétration que j’ai 
établies montrent que 1 M pour 1 centimètre, 2 M pour 2 centi- 
metres, 3 M pour 3 centimètres, donnent environ de 0,40 M à 


0,50 M derrière les tissus sur la plaque. 


VIII. Emploi de l'unité M et du dosage fluoroscopique en 
radiothérapie. 

a) Quantité incidente. 

I] faut 400 M environ de n° 5 pour obtenir la plus faible réac- 
tion cutanée. 

Avec 000 M on fait l'épilation du cuir chevelu. 

1200 M sont à peu près la dose-limite qu’on peut employer 
par mois. | 

20000 M suffisent pour produire sur la plupart des graines 
en état de vie latente un retard de germination. 

b) Emploi des filtres. 

Les courbes que j'ai dressées pour les différents tissus mon- 
trent que le traitement des tumeurs profondes doit se faire à 
l'aide de rayons donnés par un tube dur et encore filtrés par un 
filtre radiochroïque. 

Rien n'est plus simple que de doser un rayonnement filtré 
avec mon fluoromètre, A cet effet, j'ai disposé devant la plage 
irradiée par les rayons X un disque portant la série des filtres 
d'aluminium couramment employés. On mesure l’équivalence 
derrière ces filtres suivant le procédé habituel: 

c) Dosage de la fraction de rayonnement récllement absorbé 
par les couches successives de tissu. 


— 439 — 


La relation la plus intéressante à connaître en radiologie est 
le rapport entre l'énergie radiante absorbée par unité d’épais- 
seur du tissu traversé et l’effet biochimique produit. Or, la 
méthode fluorométrique permet par la simple inspection du tube 
à travers 1, 2, 3... 10 centimètres de tissus variés d'établir les 
courbes d'absorption. Aussi est-elle l'une des plus propres à 
résoudre ce problème. 

Les travaux que j'ai déjà effectués à ce sujet me permettent 
de penser qu'il n'y a pas de spécificité des longueurs d'onde et 
que l'effet produit sur un élément organique donné est unique- 
ment fonction de la quantité d’énergie qu'il absorbe. 


IX. Simplification du dosage en radiothérapie. . 

Pour éviter de multiplier les M par les minutes, j'ai fait un 
totaliseur électrique qui donne à tout moment et à simple lec- 
ture le nombre d'unités débitées par le faisceau incident. Le 
réglage se fait très simplement à l’aide de deux curseurs, dont 
l'un chemine sur une réglette graduée en centimètres d'équiva- 
lence et l'autre sur une réglette graduée en centimètres de dis- 
tance opératoire. 


X. Possibilité d'employer ce système d'unité avec tous les pro- 
cédés de dosage et cn particulier avec le dosage ionoscopique. 
I] suffit en effet de choisir une unité commune pour une qua- 
lité moyenne, le n° 5, par exemple, et de déterminer un module 
qui permette de passer de l'un à l'autre pour les différentes qua- 


liés de rayons, Je l'ai déjà fait pour le dosage radiographique. 


A. Kaisix (Florefte). - Appareil orthodiagraphique. (Parait 
in ectenso dans ce fascicule.) 
Séanre du jeudi 3 septembre (soir) 
Président : Lester Léonard. 
EiskMax (Scheveningue). — Sur la cinématograplie au 
moyen des rayons X. (Parait in ertenso dans ce fascicule.) 


SCHELTEMA (Groningue). - La perméation et l'exploration 


radiologique du tube digestif. 


— 440 — 


L'auteur appelle perméation, la migration d’une sonde à tra- 
vers le tube digestif: cette sonde est pourvue à son extrémité 
antérieure d'une partie plus épaisse destinée à donner bonne 
prise au péristaltisme : par son inclusion métallique, elle est 
facilement décelable au moyen des rayons X. Grâce à la per- 
méation, il est possible d'explorer toutes les portions du tube 
digestif et de les soumettre à un traitement local approprié. 
L'auteur fait la démonstration de plusieurs radiogrammes d'en- 
-fants et d'animaux montrant comment il est possible et facile 
de poursuivre la sonde à travers le tube digestif depuis la cavité 
buccale jusqu'à l’anus. 


Brera ALEXANDER (Kesmark). - - Le radiogramme. 


La silhouette: d’un corps n’est qu'une simple projection; 
l'image plastique d’un corps représente au contraire ce corps tel 
qu'il est, tel que nous le voyons, avec son modelé, son relief et 
toutes les délicatesses de la perspective. 

Le radiogramme relève de l’une ou de l'autre ou d'une image 
intermédiaire; les rayons X, en effet, sont en état de nous 
donner une image absolument plastique dans toute la force 
du terme. L'auteur démontre cette plasticité au moyen de nom- 
breux et beaux radiogrammes de différents corps et organes : 
grains de plomb de chasse, bague, surface cutanée de la main, 
squelette de la main, ete. L'image radiographique des grains 
de plomb isolés, accouplés ou répartis de différentes façons mon- 
tre des jeux de lumière et d'ombre, aussi bien à leur centre qu'à 
leur périphérie, et cette délicatesse dans Ja dégradation des tons 
constitue bien une preuve de Ja plasticité que les rayons X sont 
en état de mettre en valeur. De nombreux détails peuvent éehap- 
per à un examen superficiel; il faut examiner les radiogrammes 
avec une attention méticuleuse, car les nuances sont délicates 
et les détails minuscules : il faut sarmer de Ja loupe et c'est 
merveille alors de voir comment un grossissement de cinq dia- 
mètres nous révèle des finesses insoupçounées. 

L'auteur démontre un merveilleux radiogramme de main; le 


modelé de la peau avec le saillant et le rentrant des plis cutanés, 


— 441 — 


la délicatesse infinie de la structure des os, l'inégalité des reliefs, 
la mise en valeur des concavités et des convexités articulaires 
et osseuses, et l'évidence des avant-plans et des arriére-plans 
impriment à ce radiogramme un cachet incontestable de haute 
plasticité. 

Cette plasticité peut être singulièrement accrue par le pro- 
cédé que l’auteur a mis en pratique le premier et qu’il a démon- 
iré maintes fois. Ce procédé consiste à faire un positif sur verre 
au moyen du négatif obtenu directement par la radiographie : 
ces deux plaques superposées, mais non exactement superposées, 
serviront à l'obtention d'un troisième cliché qui présentera une 
plasticité plus accusée. 

Au moyen des rayons X, nous pouvons démontrer le trajet 
des vaisseaux sanguins de la main et non seulement des grosses 
artères, mais même de fines artérioles terminales des dernières 


phalanges. 


E Discussion 


RosENTHAL (Munich), Gocur (Halle), WERTHEIM-SALOMONSON 
(Amsterdam) et WENCKEBACH (Groningue) prennent par à la 
discussion que soulève cette communication, soit pour appuyer, 
soit pour contester les idées de Bela Alexander. 


F. S. Mewers (Amsterdam). — La valeur de l'examen radio- 
graphique des cadavres de nouveau-nés pour déterminer si len- 


Penfant a vécu ou wa pas vécu. 


L’exploration radiographique acquiert en médecine légale une 
importance grandissante; l'orateur expose les résultats de cette 
méthode pratiquée sur une série de 30 cadavres de nouveau-nés, 
où il s'agissait de savoir si l’enfant avait vécu. 

La valeur de la docimasie pulmonaire, qui fut jusqu'ici le 
seul procédé permettant à l'expert d'affirmer qu'un enfant a res- 
piré, a été l’objet de multiples critiques, d’ailleurs justifiées : 
ii n’est donc pas sans utilité de rechercher une autre méthode 
plus fidèle et plus certaine. | 


— 442 — 


1° Voici d'abord une série de radiographies de cadavres d’en- 
fants mort-nés : ici aucun organe, ni thoracique, ni abdominal 
n’est visible, 

2° La deuxième série se rapporte à des cadavres d'enfants 
ayant vécu de quelques instants à une semaine environ : ici, 
nous voyons distinctement à la fois les organes abdominaux et 
Jes organes thoraciques. Mais ceux-ci sont moins distincts que 
ceux-là. La différence de netteté est frappante et elle est d'au- 
tant plus grande que l'enfant a vécu plus longtemps : quand 
l'enfant n'a vécu que quelques instants, l'image radiographique 
du thorax présente alors à peu près le même aspect que celle 
d'un thorax d'enfant mort-né: mais nous distinguons dans 
l'abdomen des taches qui correspondent aux gaz stomacaux et 
intestinaux. On est donc porté à croire que, chez le nouveau-né, 
la première respiration se trouve précédée d'une déglutition 
d'air. 

3° La troisième série se rapporte à quelques cadavres qui 
avaient séjourné sous eau pendant plusieurs mois probablement, 
et qui se trouvaient dans un état de putréfaction avancée. Les 
radiographies montrent partout, dans tous les tissus, les gaz de 
fermentation : le diaphragme bombe vers le bas, l’épiderme est 
gonflé. Voiei une radiographie qui pourrait à première vue nous 
induire à douter si l'enfant a vécu : toute la masse pulmonaire 
est réduite à un petit volume et ressemble assez bien à l'image 
que donne le poumon d'un enfant mort-né. Mais la ligne blan- 
che que voici nous met sur la voie de la vérité : elle démontre 
que les poumons ont été dilatés, qu'ils sont arrivés jusqu'au 
contact des parois thoraciques et que l'enfant a respiré. L'au- 
tepsie montra en effet que telle était bien Ja vérité, que cette 
ligne blanche répondait à la plevre costale adhérente à une 
couche de tissu pulmonaire, déchiré et séparé de Ja masse pul- 


monwre principale sous l'influence des gaz de putréfaction. 


JIENRARD (Bruxelles). -— [ngt et un cas d'extraction de 
corps étrangers métalliques de l'asoplhage sous l'écran radiosco- 


pique. (Parait in extenso dans ce fascicule.) 


Discussion 


M. le D" Sax Marvin (Madrid) - adresse ses félicitations au 
D" Henrard et dit qu'il a souvent eu aussi l'occasion d'extraire 
des corps étrangers de l’œsophage, sous l'écran radioscopique : 
il préfère toutefois à la position verticale, préconisée par le doc- 
teur Henrard, la position couchée et se sert d’instruments droits, 
de crochets et de pinces quelconques : i] faut chercher en toutes 
choses les moyens les plus simples. 


Heinz BAUER (Berlin). ah € Lam poule de Röntgen. 


L'ingénieur Bauer rappelle d'abord ses tentatives et ses 
recherches antérieures se rapportant à la régénération des 
ampoules Röntgen: ce mode de génération consiste essen- 
tiellement dans l'introduction d'une minime quantité d’air au 
moyen d’un robinet de verre. Le rodage et le polissage de la 
clef et du boisseau conique du robinet constituent une opération 
très délicate et n’assurent la parfaite étanchéité des surfaces 
juxtaposées que dans 4 % des pièces fabriquées : les difficultés 
de fabrication de robinets absolument hermétiques sont donc 
très sérieuses; toutefois elles ne sont pas insurmontables. 

Mais un inconvénient aussi inattendu qu'intéressant se révéla 
bientôt au cours du fonctionnement répété des ampoules munies 
de ce dispositif de régénération et cet inconvénient fut tel que 
ce mode de régénération dut être définitivement écarte. Les 
vapeurs, que dégage à l’intérieur de l’ampoule la substance 
lubréfiante nécessaire au glissement facile des surfaces polies 
juxtaposées du robinet, ces vapeurs ont la propriété remarquable 
de provoquer l'évaporation et la pulvérisation des métaux des 
électrodes de l’ampoule : sous leur influence, les électrodes en 
aluminium, tout comme l'anticathode de platine, manifestent 
ce phénomène et métallisent le tube avec la plus grande facilité. 
De nombreux corps furent mis à l'essai, mais des recherches 
longues et variées n’arrivèrent pas à la découverte de quelque 
substance lubréfiante qui ne développat point cette facheuse éva- 
poration électrique des électrodes. 


— 444 — 


Force fut done d'abandonner de façon définitive ce mode de 
régénération par robinet : l'ingénieur de Berlin s'appliqua alors 
à réaliser d'une autre façon pratique l'introduction, dans l'am- 
poule, de minimes quantités d'air atmosphérique : il arriva bien- 
tôt à trouver une substance poreuse de fabrication spéciale, per- 
méable à l'air, mais imperméable au mercure, L'utilisation judi- 
cieuse de cette substance poreuse lui permit de construire à la 
fois un système de régénération d'ampoule et une pompe à mer- 
cure réduite à la plus grande simplicité. 

Le dispositif de régénération consiste essentiellement en un 
petit tube de verre recourbé en U fermé à une de ses extré- 
mités: ce tube est muni latéralement d'une petite fenétre 
hermétiquement obturée par une lame de substance po- 
reuse : il est rempli d’une quantité de mercure suffisante pour 
recouvrir complètement à l’état de repos cette lame : l'extrémité 
ouverte du tube communique avec l'extérieur et est pourvue 
d'un piston : une légère pression sur le bouton de ce piston 
refoule le mercure vers l'extrémité fermée du tube, met ainsi 
à nu la petite lame poreuse et, suivant que la pression est plus 
ou moins prolongée, une quantité plus ou moins grande «air 
pénètre à travers la lame poreuse dans l'ampoule. Ce mode de 
régénération est applicable pendant le fonctionnement même de 
1 ampoule. 

Il est naturel et logique d'admettre que des vapeurs de mer- 
cure arrivent à passer aussi à travers la lame poreuse dans l'am- 
poule : mais s'il en est ainsi, où serait le mal? Puisque toutes 
les ampoules Röntgen sont évacuées au moyen de la pompe a 
mercure, ne contiennent-elles pas nécessairement une certaine 
quantité de vapeur de mercure? Et en fait, il en est ainsi: ces 
vapeurs semblent même indispensables au bon fonctionnement 
de Vampoule; elles nous permettent d'expliquer un certair nom- 
bre de phénomènes et de propriétés que manifeste l’ampoule en 
activité et qui paraissaient inexplicables jusqu'ici. 

La pompe à mercure consiste en un simple tube obturé à son 
extrémité supérieure par une lame poreuse qui forme godet et 
que recouvre une mince couche de mercure : l'extrémité infé- 


was IES — 


rieure du tube est reliée à un récipient de mercure : par l’éléva- 
tion de ce récipient, le tube se remplit de mercure et lair qu’il 
contient se trouve comprimé, expulsé à travers la lame poreuse 
et la mince couche de mercure : par l’abaissement consécutif du 
récipient, le mercure s'écoule dans celui-ci et le vide s’établit 
dans le tube : car la couche de mercure recouvrant la lame po- 
reuse oppose un obstacle infranchissable à la rentrée d’air. 

Cette pompe à mercure est d'une simplicité absolue : pas de 
robinets, pas de joints rodés, pas de tube barométrique, etc. Afin 
de montrer son fonctionnement irréprochable, l'inventeur pro- 
céda à l'extraction de lair d'une ampoule : au bout de trois 
abaissements et de trois élévations du récipient de mercure, l’am- 
poule, mise en activité, commença à montrer les belles colora- 
tions violettes d’un tube Geissler. 

Autant il est facile d'évacuer une ampoule, autant il est facile 
d'y faire rentrer peu à peu lair: à cet effet, il suffit d'appliquer, 
sur la lame poreuse de la pompe, l'extrémité inférieure d'un 
petit tube, obturée également par la même substance poreuse : 
ainsi l'air peut pénétrer a travers les deux lames poreuses dans 
le tube de la pompe. 

Le langage clair et captivant du jeune ingénieur berlino's 
autant que ses élégantes démonstrations suscitèrent le plus vif 
intérêt. 


Séance du 4 septembre (matin) 
Président : Schiff 


Deane Burcxrr (Londres). — La radiumtherapie. 


La radiumthérapie a donné entre ses mains les meilleurs 
résultats dans les cas de prurit et d’eczéma chronique : l’action 
curatrice que le radium exerce sur l’ulcus rodens et le lupus 
doit être probablement attribuée à l'hyperémie que provoque 
l'application du radium. L'auteur montre d'une façon ingé- 
nieuse l'action ionisante du radium: une houppe de soie est 


électrisée par frottement entre l'index et le médius recouverts de 


— 446 - 
doigtier en caoutchouc : les différents fils de la houppe s’écar- 
tent et constituent un électroscope chargé: aussitôt que l'on 
découvre la capsule de radium et qu'on l'approche de la houppe, 
les fils retombent lentement et s'accolent. 


HARET (Paris). = Les MONSUTCNOCN radiologie. 


L'auteur a d'abord délimité son sujet : il ne s'occupe que des 
rayons X et traite la question au point de vue médical. 
I] le divise en deux grands chapitres : 


I. Celui des mesures indirectes. 


II. Celui des mesures directes. 


Dans chacun d'eux, i] traite successivement le probleme de la 
qualité et celui de la quantité. I] passe done en revue dans la 
première partie le spintermetre, le voltmètre électrostatique, 
puis le milhampermetre. 

Dans la deuxième partie, c'est le radiochromomètre de Benoit, 
et le radiosclérometre de Villard qui concourent à la solution 
du problème en ce qui concerne la qualité. Pour la recherche 
de la quantité, il fait rentrer les appareils dans l'une ou l'autre 
de ces trois catégories : électrique, photométrique ou calorimé- 
trique et étudie le quantitometre électrique de Villard, le radio- 
intensimètre de Luraschi, puis le quantitomètre de Guilleminot, 
enfin les différents réactifs de Holzknecht, Schwartz, Sabouraud- 
Noiré, Bordier, Kienbück. 

De cette étude, le D" Haret tire cette conclusion : qu'il est 
absolument indispensable de faire des mesures en radiologie 
et qu'il est préférable de se contenter de mesures même approxi- 
matives plutôt que de ne pas en avoir du tout. Pour permettre 
la comparaison des diverses observations, il invite les radiolo- 
gistes à parler un langage compréhensible pour tous en choi- 
sissant les procédés qui ne tiennent aucun compte de l’appareïl- 
lage, tandis que pour la pratique journalière de chaque opé:=.- 
teur, il conseille l'emploi des mesures indirectes après la cum- 
paraison avec les résultats de la mesure directe. 


— 447 — 
Discussion 


WERTHEIM-SALOMONSON (Amsterdam) — rappelle qu'il fait 
partie de la Commission allemande pour l’unification des mesures 
en radiologie : les recherches et les études qu’il a entreprises 
dans cette voie lui permettent de parler en connaissance de 
cause. La méthode de Kienbück lui semble préférable à toute 
autre: pour mesurer le pouvoir de pénétration des radiations, 
le procédé de Deane Butcher et le radiochromomètre de Benoist 
lui semblent les meilleurs. 

Il reproche aux pastilles de Sabouraud-Noiré de ne pas virer 
dans les pays humides comme la Hollande : l’emploi de ce réac- 
tif lui semble exiger un climat sec. Le réactif de Freund ne lui 
a pas donné de meilleurs résultats. 

Pour doser exactement les radiations, nous ne disposons à 
l'heure actuelle d'aucun procédé fidèle et irréprochable : nous 
dosons, en somme, la transformation des radiations d'après leurs 
effets électriques ou chimiques : il faudrait mesurer au contraire 
directement l'énergie développée par l'ampoule. 

En pratique, il faut mesurer le courant qui passe à travers 
l'ampoule : cette mensuration suffit si nous nous plaçons dans 
des conditions telles que nous puissions les reproduire exacte- 
ment: l'écartement du spintermeétre, l'intensité et le voltage du 
courant primaire, la durée de irradiation, la distance du foyer 
anticathodique étant les mêmes, nous pouvons toujours appli- 
quer rigoureusement la même dose en mesurant le courant 
secondaire. 

Lrrascui (Milan). - Il faut tenir compte de deux facteurs : 
du pouvoir de pénétration des radiations qui est en rapport avec 
la vitesse des électrons, et de la quantité, de la masse des radia- 
tions qui est en rapport avec leur action photochimique. 

La plaque photographique est le meilleur réactif, mais en pra- 
tique le sélénium la remplace avantageusement. La critique que 
Haret adresse à son radio-intensimètre a été formulée par l'au- 
teur lui-même : pourtant, l'instrument qu'il emploie depuis plus 
de deux ans reste toujouts très sensible. 


— 448 — 


KriNGELFUSS (Bale) -- préconise sa méthode de mensuration 
(rüntgénolyse). 
Gocut (Halle) —- critique Jes différents procédés de mensura- 


tion : ceux-ci ne doivent pas avoir pour objectif de mesurer 
l'énergie mise en œuvre par les transformateurs : il nous faut 
une méthode de dosage pratique applicable à la mensuration 
directe des radiations émises par ampoule. 

Ovpin (Paris) - - fait siennes les critiques adressées par Wer- 
theim-Salomonson aux procédés colorimétriques : les pastilles 
constituent, par leur inconstance, une source d'erreurs. La men- 
suration de l'intensité du courant qui passe à travers l'ampoule 
et le radiochromometre suffisent : d'ailleurs, il faut du sens cli- 
nique et de l'expérience. 

MoserG (Stockholm) --- fait un usage constant des pastilles 
de Sabouraud-Noiré et s'en trouve satisfait: bien qu'il opère 
dans un chmat tout aussi humide que celui de la Hollande, il 
n'a pas observé les inconvénients que Wertheim-Salomonson 
leur reproche. 

Dessaver (Aschaffenburg) -— insiste sur l'importance de la 
question : l'effet biologique des radiations ne peut être mesuré 
par le voltage et l'ampérage du courant: l'auteur s’est livré a 
beaucoup de recherches de contrôle et préfère, à tous les autres, 
l'appareil de Kienbéck: les mensurations électriques, celle de 
Klingelfuss exceptée, ne sont pas exactes. 

BÉCLÈRE (Paris) - - dit que tout le monde est d'accord sur la 
nécessité des mensurations : ces mensurations doivent être aussi 
exactes que possible. Nous pouvons mesurer la qualité des radia- 
tions d'une façon très précise, mais i] n'en est plus ainsi pour 
Ja quantité de ces radiations. En pratique, les indications du 
milliampèremètre et notre montre constituent les meilleurs 
instruments : mais comment communiquerons-nous nos méthodes 
à d’autres? 

Le traitement de la teigne par la radiothérapie n'a pu se géné- 
raliser que grace à la pastille colorimétrique : si imprécises que 
soient ses indications, il est du devoir du radiothérapeute de 


l'emplover, faute de mieux. 


— 449 — 


Les critiques adressées aux pastilles de Sabouraud-Noiré lui 
semblent par trop sévères : ila vu ces pastilles en usage constant 
dans les laboratoires de deux savants étrangers auteurs, chacun, 
d'un procédé très connu de dosage. 

ScHIFF (Vienne) -— pense qu'il faut tenir compte de la sen- 
bilité particulière de chaque sujet à l'égard des radiations : cette 
sensibilité ne peut être mesurée. 

Harrer (Paris) -- n'a pas connaissance d'un cas où l'emploi 
des pastilles ait amené un accident grave. 


Ing. Fr. Dessavrr (Aschaffenburg). — L'irradiation des pro- 


cessus profonds. 


Depuis quatre ans, Dessauer s'est appliqué à l'étude de la 
radiothérapie des processus pathologiques internes profonds. Il 
croit être arrivé à l'heure actuelle à la solution de ce problème 
et à une technique qui nous permet de faire absorber par les 
organes internes la quantité des radiations désirables sans dan- 
ger de radiodermite; pour que la méthode de l’irradiation pro- 
fonde puisse développer un effet thérapeutique salutaire, il ne 
faut pas que les rayons X soient absorbés par les téguments en 
quantité plus considérable que par les organes internes malades ; 
bien plus, ceux-ci doivent absorber une quantité de radiations 
double et même plus forte encore que celle absorbée par la peau. 
La méthode préconisée par l'auteur est basée sur les considéra- 
tions suivantes : | 

Un verre absolument pur, incolore, constitue pour les rayons 
lumineux un milieu homogène : cette homogénéité est spécifi- 
que en ce sens que chaque particule de verre présente le même 
coefficient d'absorption. 

L'éclairement d'une surface par une source lumineuse est en 
raison inverse du carré de la distance de la surface éclairée à 
la source; toutefois, un déplacement minime de la source lumi- 
neuse reste pratiquement sans influence sur l'intensité de l'éclai- 
rement : celui-ci reste en fait le même, que Ja source lumineuse 
se trouve, par exemple, à 200 centimètres ou à 201 centimètres 
de distance. Tel est le sens qu'il faut attribuer à lhomogénéité 
dans l’espace. 


— 450 — 


Pour qu'une irradiation homogène du corps humain soit réa- 
lisée, 11 faut que celui-ci se comporte par rapport aux rayons X 
de la même façon que le verre par rapport aux rayons lumineux. 
Comment arriverons-nous à ee but? 

Les difficultés à surmonter sont de trois ordres : 1° tout d'abord 
l'intensité de l'éclairement est soumise à la loi du carré de la 
distance; 2° les ampoules molles exercent une influence biolo- 
gique beaucoup plus intense que les ampoules dures; 3° le corps 
humain ne constitue pas un milieu homogène : il se compose 
d'organes et de tissus plus ou moins denses, absorbant par con- 
sequent une quantité plus ou moins grande des rayons X, varia- 
ble d’organe à organe, de tissu à tissu. En effet, si nous exami- 
nons le corps humain à l'écran, et si nous augmentons graduel- 
lement le pouvoir de pénétration des radiations utilisées à cet 
effet, nous constatons d'abord un contraste considérable entre 
les os et les tissus mous : nous constatons ensuite que ce con- 
traste tend à s'effacer progressivement et finalement nous ne pou- 
vons plus différencier les os d'avec les tissus mous; la pénétra- 
tion des radiations est alors telle que les tissus compacts et durs 
présentent une transparence égale ä celle des tissus mous; dans 
ces conditions de pénétration, les radiations trouvent dans le 
corps humain un milieu homogène. 

La filtration des radiations de Röntgen constitue un moyen 
d'arriver à cette homogénéité spécifique. Sagnac à démontré que 
les rayons X donnent naissance à des rayons secondaires; la 
quantité des ravons secondaires varie avec le degré de pénétra- 
tion des rayons primaires qui les engendrent, et avec le milieu 
dans lequel ils prennent naissance. Dessauer a étudié longue- 
ment ces ravons secondaires, et i] est arrivé à diviser les corps 
dans lesquels ils prennent naissance en deux catégories : les sub- 
stances négatives et les substances positives. Les substances néga- 
tives sont celles qui donnent lieu a des radiations secondaires, 
moins pénétrantes que les radiations primaires, qui les engen- 
drent; tels sont la plupart des métaux. Les substances posi- 
tives au contraire sont celles qui donnent lieu à des rayons 


secondaires plus pénétrants que les rayons primaires correspon- 


— 51 — 


dants : le verre et Ja plupart des corps organiques rentrent dans 
cette catégorie. 

Dessauer a pu démontrer souvent qu'il était possible de pro- 
duire au moyen de la filtration des radiations un champ d’irra- 
diation homogène à travers quatre hommes placés l’un au devant 
de Fautre: les radiations ont alors une puissance de pénétra- 
tion telle qu'il est impossible de différencier sur l'écran fluoros- 
copique les os d'avec les autres organes : les radiations passant 
ainsi à travers ces quatre corps humains sont d’une pénétration 
telle qu'elles ne projettent plus de silhouette d'os et qu'elles ne 
déterminent plus qu'une fluorescence uniforme mais nette de 
l'écran. Dans cette expérience, ces quatre organismes humains 
se comportent done à peu près par rapport aux rayons X comme 
le verre par rapport aux rayons lumineux; ils constituent un 
milieu homogène et ainsi se trouve réalisée l'homogénéité spéci- 
fique en question. 

Cette homogénéité peut encore être obtenue en plaçant une 
ampoule où plusieurs ampoules à une très grande distance du 
corps à irradier. La distance qui sépare la peau d’un organe 
interne déterminé n'est alors qu'une minime fraction de la 
distance qui sépare l'ampoule de la peau. 

Pour faire absorber par un organe interne une quantité de 
radiations beaucoup plus considérable que celle qui se perd dans 
la peau, il faut irradier cet organe sous différents angles; en 
d'autres termes, i] faut l'atteindre par ses différentes faces. Soit 
une tumeur du mediastin : nous irradions d'abord le néoplasme 
d'avant en arrière à travers un diaphragme approprié: nous 
Virradions ensuite successivement en conservant les mêmes con- 
ditions techniques, latéralement de gauche à droite et de droite 
à gauche: les radiations pénétreront ainsi Jusqu'au centre de la 
tumeur par trois voies différentes. 

Dessauer a pu pratiquer cette méthode à ła clinique du Prof. 
Czerny, à Heidelberg, pendant six mois au cours des années 
1905-1906. Dans ces expériences, il utilisa toujours plusieurs 
ampoules, des bobines où transformateurs spéciaux et différentes 
espèces de filtres. Il est arrivé ainsi jusqu'à pratiquer une irra- 


diation de 200 heures avec les mêmes ampoules. Ainsi encore 


— 452 — 


l'homogénéité spécifique, l'homogénéité dans l'espace a été en 
fait démontré. Ces recherches ont été l'objet d’une communica- 
tion que l’auteur a faite en janvier 1907 à la Société allemande 
de physique. 

Depuis cette époque, de grands progrès ont été réalisés dan: 
la construction des appareils et à l'heure actuelle Dessauer 
emploie une série d'inducteurs ou de transformateurs de cons- 
truction spéciale. Grâce à cette instrumentation, il est en état 
de faire absorber par les organes internes ou les tumeurs pro- 
fondes jusqu'à 2 1/2 H par heure, ou 1 H avec une petite instal- 
lation. Sa conviction profonde est d'arriver bientôt à des doses 
encore plus intenses. 

Tout en se bornant à exposer le côté physique et technique 
au problème, Dessauer met en garde contre les accidents qui 
pourraient résulter de cette méthode d'irradiation. A l’heure 
actuelle, nous ignorons encore comment l'organisme réagit, et 
i! est rationnel d'admettre que la résorption des tissus détruits 
puisse déterminer de graves accidents. 

L'orateur espère toutefois que l'étude très minutieuse et l'ap- 
plication très prudente de cette méthode d'irradiation homogène 
ouvrira bientôt une voie nouvelle et féconde à la radiothérapie. 


Gro. E. Praner (Philadelphie). — Le traitement des affec- 


tions malignes profondes par les rayons X. 


Pfahler considère comme affection profonde tous les cas où 
le tissu sous-cutané, les gamglions, les viscères et le tissu osseux 
sont lésés. Il base ses conclusions sur l'observation des 3d cas 
de sarcome et de 304 cas de carcinome : tous ces patients pré- 
sentaient en général des lésions très avancées. Il décrit la tech- 
rique qu'il mit en œuvre et examine successivement la durée 
de l'application, la distance de lanticathode, la qualité des 
radiations, les indications du milliampèremètre et la fréquence 
des applications. Il arrive aux conclusions suivantes : 

1° Les cas encore opérables doivent être livrés au bistouri du 
chirurgien, et l'opération doit être suivie le plus tôt possible 
des applications des rayons X; 


2° La radiothérapie exerce une action plus efficace sur les sar- 


— 453 — 


comes que sur les carcinomes. La radiothérapie des sarcomes 
semble promettre au moins 50 9, de guérisons et les cas rappor- 
tés par l'auteur ont donné 65 % de guérisons ; 

3° Les récidives localisées de carcinome rétrocèdent générale- 
ment sous l'influence des rayons X, à moins qu’une muqueuse 
ne soit touchée par le processus ; 

4° I] peut arriver quelquefois d'observer de bons résultats dans 
la radiothérapie des carcinomes très avancés. Toutefois, on ne 
peut espérer ici en général qu'un effet palliatif ou une certaine 
prolongation de l'existemce ; 


0° Les succès dépendent d'une technique irréprochable. 


Baver (La Haye). -— Sur la radiothérapie. 


Le discrédit dans lequel est tombé Ja radiothérapie auprès du 
public médical est dû à l'influence néfaste que les rayous X 
exercent sur certaines tumeurs, et à Ja radiodermite consécutive 
à des applications trop massives. L’orateur développe les diffé- 
rents moyens qui ont été employés pour éviter ces radiodermites 
et préconise dans ce but l’effluve de haute fréquence après cha- 
que application des rayons X. Cette méthode se révéla excellente 
dans plusieurs cas de lupus et dans un cas d'épilation. Il cite 
encore un cas de leucémie myélogène, qu’il a considérablement 
amélioré par l'emploi combiné de Ja radiothérapie et de la haute 
fréquence. La radiothérapie constitue donc une méthode théra- 
peutique excellente dans les cas de tumeurs, de lupus, de leucé- 
mie, ete., mais afin d'éviter des radiodermites, il faut associer 
la radiothérapie à la haute fréquence. 


ITavcramprs (Bruxelles). — Epithélioma de la paupière supé- 


rieure gauche traité par le radium. 


L'épithélioma fut traité d'abord au moyen des rayons X et 
1étroeéda rapidement : la lésion cutanée tout au moins arriva 
i complete guérison. Mais à quelque temps de là se produisit 
une récidive rapide due à l'extension de la lésion conjonctivale. 
Les rayons X n'eurent, cette fois, aucune influence curative sur 
le processus récidivant et toute la paupière fut entreprise. C'est 


alors que la radiumthérapie fut mise en œuvre et amena une 


- 


guérison rapide au bout de quelques heures d'application d'un 
échantillon filtrant de radium de 13000 unités. 


Van DER Goor (La Haye). -- De la valeur thérapeutique des 
rayons X. 


L'orateur expose la statistique des résultats de la radiothe- 
rapie dans les différentes affections qu’il a eu l'occasion de trai- 
ter. Plusieurs photographies stéréoseopiques, de grands épithé- 


liomas notamment démontrent les succès obtenus. 


Séance du vendredi 4 septembre (soir). 


Président : D' Hauchamps. 


M. F. Grorper (Nauheim). - - Nouvel appareil permettant 
d'activer Vampoule Röntgen au moyen dun courant ondula- 
toire (à onde redressée ). 


Les appareils usités jusqu'ici en radiologie et les courants 
qu'ils engendrent ne répondent pas encore complètement à tous 
nos desiderata. Théoriquement une ampoule ne peut étre al- 
mentée d’une facon parfaite que par un courant continu ondu- 
latoire : Koch, seul jusqu’à présent, chercha à construire un 
appareil basé sur ce principe, mais sa tentative échoua. 

L'auteur démontre un appareil similaire construit par la 
firme Reiniger, Gebbert et Sehall, d'Erlangen:; le dispositif 
fonctionne sans interrupteur, est des plus facile à manipuler, 
répond à tous les besoins de la technique actuelle et donne :11 
tube un éclairement absolument régulier, sans production de 
courant de fermeture. 

Le courant continu est transformé d'abord en courant alter- 
natif; celui-ci passe à travers un transformateur dont le cireuit 
secondaire est relié à deux plateaux de mica, portant chacun un 
demi-cercle de métal, placé aux extrémités opposées des dia- 
mètres correspondants. Le flux secondaire passe ainsi tantôt 
par un des plateaux, tantôt par l’autre, et se trouve complète- 


ment redressé par le fait que l'axe des deux plateaux est com- 


— 455 — 


mandé par l’axe du moteur de la génératrice du courant alterna- 
tif. Cet appareillage est très peu encombrant et présente en 
outre cet avantage qu’il peut être construit pour toutes le for- 
mes de courant primaire. 


M. IL. Gocir (Halle). -- Appareil de centrage pour ampoule 


de Röntgen. 


Si l’on place une sphère dans une ouverture circulaire d'un 
plan horizontal, la sphère se trouve alors centrée par rapport à 
cette ouverture circulaire; car une perpendiculaire menée du 
centre de la sphère sur ce plan horizontal passe inévitablement 
par le centre de l'ouverture. 

C’est sur ce simple fait qu'est basé l’appareil universel de 
centrage du D° Gocht. 

À l'heure actuelle, les ampoules productrices des rayons X 
ont, en général, une forme sphérique, et au centre de cette 
sphere se trouve l’anticathode.: Si l’ampoule est done placée 
dans une ouverture cireulaire, elle est exactement centrée, et 
quelle que soit son inclinaison, ce centrage reste invariable. 

L'auteur place au pourtour de cette ouverture circulaire trois 
petits blocs de bois destinés à supporter l'ampoule; quelques 
bandes de caoutchouc fixent le tube dans cette position. 

La simplicité extrême de cet appareil commande son applica. 
tion à tous les statifs. 


M. Myuits (Bruxelles). — b. chassis de Béclère modifié par 
Mahr (1). 


L’ampoule se trouve dans une cuissette imperméable aux 
rayons X munie d’un volet en verre de plomb, permettant 
d'observer le fonctionnement du tube. Cette caissette roule sur 
billes dans un cadre rectangulaire : ce cadre est mobile dans le 
sens vertical (élévation et abaissement) et dans le sens horizon- 
tal (inclinaison). Ce chassis permet non seulement les opéra- 


(1) Voy. Journal de radiologie, 1908, p. 72. 


— 456 — 


tions radioscopiques avec la plus grande facilité de maniement, 
mais il est encore approprié à tous les usages radiographiques 
et radiothérapiques. Des pièces interchangeabies, diaphragme 
rectangulaire, tube compresseur et un jeu de localisateurs, per- 
mettent ces différents usages. Le centrage de l’ampoule est as- 
suré par le dispositif de Grüdel (1). 


M. Grisson (Dresde). -- L'importance du grissonatcur en 
radioscopie, en radiographie, en radiothérapie et en électrologie 


médicale. 


Après avoir exposé le principe, la construction et le fonction- 
nement de son grissonateur bien connu, l'orateur démontre la 
différence qui existe eutre les courants secondaires engendrés 
par les appareils radiogènes à interrupteur et les courants se- 
condaires engendrés par le grissonateur; l’inducteur du grisso- 
nateur donne du courant continu ondulatoire : les appareils à 
interrupteur donnent du courant alternatif. Le grissonateur 
permet d'obtenir d'emblée par un réglage mecanique le degré 
voulu de pénétration des radiations. L’orateur déclare obtenir 
jusqu'à 150 milliamperes d’intensité dans le courant secon- 
daire. Le grissonateur s’approprie done à la radiographie ins- 
tantanée ainsi qu’à la cinématographie par les rayons X. 11 
permet encore le fonctionnement de tous les appareils électro- 


° 


médicaux. 
Discussion 


Cette communication soulève une vive discussion à laouelle 
prennent part Dessauer, Evekman, Vander Hegge et Janus. 

M. Dessaver (Aschaffenbourg) — - ne comprend pas comment 
M. Grisson puisse faire varier le pouvoir de pénétratiou des 
radiations au moven de son appareillage sans toucher à l’am- 
poule. Le degré de pénétration des radiations dépend de la vi- 


tesse des rayons cathodiques, vitesse qui dépend à son teur de 


(1) Voy. Journal de radiologie, 1907, pp. 243 el suiv. 


l'état de vacuité de ampoule et partant de la différeuce des 
potentiels aux électrodes. Or, à ce point de vue, quelle diffé- 
rence peut-il y avoir entre le grissonateur et les autres appareils 
radiogènes ? 

M. Vaxper HEGGE (Hollande) -— demande à M. Grisson s’il 
a mesuré l'intensité du courant secondaire. 

M. Janus appuie les observations de M. Desssauer. 

M. Grisson — dit qu'il n’a pas mesuré directement l'intensité 
du courant secondaire au moyen du milliampèremètre, qui est 
sujet à erreurs. Il déclare avoir estimé l'intensité énorme de ce 


courant secondaire d’une facon approximative. 


M. H. Crypr Sxook (Philadelphie). -— Un nouveau généra- 


teur des rayons X. 


Cet appareil mérite la plus grande attention de la part de 
tous les radiologistes : il offre des avantages incontestables et le 
principe sur lequel sa construction est basée semble une heu- 
reuse solution de technique radiologique facile et expéditive. 

Un transformateur à circuit magnétique fermé est alimenté 
par un courant primaire de bas voltage engendré par une dy- 
namo à courant alternatif. Le courant secondaire à haute ten- 
sion de ce transformateur aboutit à un redresseur de courant 
maintenu mécaniquement en synchronisme par le fait que sa 
rotation est commandée par l'axe de la dynamo à courant alter- 
natif. Cet accouplement mécanique de la dynamo et du redresseur 
de courant constitue bien un caractère essentiel de cet appareil. 
Toutes les autres tentatives de redresser les courants alternatifs 
de haute tension, producteurs des rayons X, ont échoué, parce 
que notamment des moteurs svnchrones indépendants meitaient 
en rotation Je commutateur-redresseur : les moteurs ne peuvent 
maintenir le synchronisme d'une facon aussi parfaite qu’une 
connexion mécanique reliant la source du courant au redresseur. 

Quand l'appareil est branché sur une distribution à courant 
continu, une commutatrice rotative envoie son courant alter- 
natif à travers un rhéostat réglable dans l’enroulement pr ‘aire 
du transformateur. Un dispositif spécial permet d’intsicaler 


— 458 — 


dans le circuit un nombre plus ou moins grand de spires de la 
bobine primaire, et de régler ainsi le coefficient de transforma- 
tion de la bobine. 

Si L'appureil est branché sur une distribution à courant alter- 
natif, un moteur d’induction, approprié au voltage de cette dis- 
tribution, met mécaniquement en rotation au moyen d'une cour- 
roie verticale et d’engrenages, une dynamo auto-excitable à cou- 
rant alternatif monophasé. Cette dynamo alimente le transfor- 
mateur et commande mécaniquement la rotation du redresseur 
de courant. Ici encore un rhéostat réglable est interealé dans le 
circuit primaire : ici encore un dispositif spécial permet d'aug- 
menter ou de diminuer le nombre de spires intercalées dans le 
circuit primaire. 

Le transformateur est plongé duns un lain d'huile : la ten- 
sion du courant secondaire est donc réglable et peut passer d'un 
maximum de 120,000 volts à un minimum de 70.000 volts. 

Cet appareil a été construit en plusieurs modèles donnant de 
1 à + kilowatts. Ainsi on peut disposer d'une énergie élec- 
trique de nature à réduire considérablement les temps de pose. 

Les avantages de ce générateur peuvent se résumer de la façon 
suivante : 

l° Il n'y a pas de courant de fermeture; 

2 L'appareil peut être construit pour de grandes capacités ot 
peut fournir un courant d'une puissance énorme, qu'aucun tube 
actuel de Röntgen n'est en état de supporter; 

3° [l n'y a pas d'interrupteur:; 

4° 1l n'y a aucun organe sujet à désajustement ou à usure: 

5° L'appareil n'a pas de champ magnétique extérieur appré- 
ciable comparativement à celui d'une bobine d'induction: 

6° L'appareil fonctionne d'une façon parfaite avec toute es- 
pece de courant : branché sur courant alternatif, il est bien su- 
périeur à la bobine de Rubhmkorff branchés sur courant continu: 

7° Le courant, que l'appareil délivre, peut être réglé avec la 
plus grande facilité depuis une fraction de milliampére jusqu'à 


la puissance totale de l’appareil. 


M. Rosenruat (Munich). —- Radiographie instantanée et ra- 


diogrammes nets et fouillés. 


Le focomètre conçu et construit par Walter nous met à même 
de contrôler la finesse du foyer anticathodique : c'est de cette 
finesse que dépendent en partie la netteté et la richesse de dé- 
tails du radiogramme. Des images fouillées fines et riches en 
détails sont assurément de toute nécessité dans le diagnostic de 
beaucoup d’affections. 

Rosenthal montre des radiogrammes incomparables : radio- 
gramme de thorax avec 1/10 de seconde d'exposition; 1adio- 
gramme de cœur avec 1/20 de seconde d'exposition. Ici le contour 
cardiaque est d'une netteté absolue, netteté qui supporte sans 
désavantage sa comparaison avec celle d'une radiographie de 
“adavre. | 

La radiographie instantanée exige que ampoule soit activée 
par un courant très puissant : l’ampoule risque d’être fortement 
endommagée, si la courbe du courant, qui l’alimente, re pré- 
sente pas une forme déterminée. L’orateur a étudié le courant 
secondaire au moyen de l’oscillographe et du miroir tournant 
et a pu se convaincre que la courbe la plus favorable à la radio. 
graphie doit avoir une grande amplitude et une faible largeur. 

L’ampoule de précision construite par l’auteur, est pourvue à 
son anticathode d’un petit bloc d'iridium; l'iridium présente 
un point de fusion très élevé, plus élevé que celui du platine; la 
finesse du foyer anticathodique et le poids atomique élevé de 
l'iridium, font que cette ampoule est la plus appropriée a la 
téléradiographie instantanée. 


Discussion 


Cette communication suscite des débats intérsesants sur ta 
construction des ampoules et sur la finesse du foyer anticathe 
dique. 

M. Gocut (Halle) —- connaît depuis longtemps la nécessité 
de la finesse du foyer anticathodique : mais cette finesse n’est 
pas constante; la forme et l’étendue du foyer changent no- 


— 460 — 


tamment avec l'état de vacuité de l'ampoule et la forme du cou- 
‘ant secondaire. 

M. DESSAUER -_- confirme les observations de Gocht. 

M. Kurxceiruss (Bâle). - - La forme du courant secondaire 
intervient certes dans les variations du foyer anticathodique. 
L’orateur rappelle la théorie très exacte qu'il a émise il y a quel- 
ques années au sujet de la construction des bobines. Si les cons- 
tructeurs mettaient en pratique cette théorie, le courant secon- 
daire aurait une courbe constante. 

M. Grissox (Dresde) 


le courant secondaire est engendré par un appareil radiogène 


admet les variations du focus, quand 


autre que son erissonateur. (tres. ) 

M. Rosenruat (Munich) - dit que le focus est constant 
quand Ja courbe du courant secondaire est ce qu'elle doit être, 
c’est-à-dire à grande amplitude et à faible largeur. 

M. Pascur (Berne) -- rappelle qu'il a fait construire un sys- 
tème de diaphrawmes permettant d'éliminer complètement les 
radiations secondaires et d'exécuter de grands radiogrammes : 
un diaphragme supérieur qui se meut d'un mouvement uni- 
forme entre l’ampoule et le patient, et un diaphragme inférieur, 
qui se meut entre le patient et la plaque photographique. Le 
diaphragme-tambour à fente de Lepper et Immelmann ne ré- 
pond absolument pas, contrairement aux dires de ces auteurs, 


au principe qui l’a guidé dans la construction de son appareil. 


Séance du samedi 5 septembre (matin). 


Président : D" Gocht. 


M. TRrivEezzt (Scheveningue). L'action de la lumière et des 


rayons ÑX sur la plaque photographique. 


Pour faire apparaitre au développement un commencement 
d'image latente, il faut une certaine durée d'exposition à la In- 
mière, et ce minimum constitue en quelque sorte le seuil de la 


développabilité. Une augmentation progressive du temps de 


— 464 — 


pose accentue d’abord cette développabilité, aboutit ensuite a 
un état neutre, puis à une diminution progressive de la déve- 
loppabilité, c'est-à-dire à la solarisation. Si l’exposition est en- 
core prolongée, la solarisation fait place à un nouvel état neutre, 
suivi d’une nouvelle augmentation progressive de la développa- 
bilité. Ces variations en plus ou moins constituent les périodi- 
cités de Jansen. 

Si la plaque photographique est exposée à la lumière par inter- 
mittences, l’impression de la couche sensible ne correspondra pas 
à la somme totale de ces différentes expositions; ces expositions 
intermittentes auront une action moindre qu’une exposition to- 
talisée continue. Cette différence d'action dépend de l’émulsion 
et de la durée des intervalles des temps qui séparent les différen- 
tes expositions. I] peut même arriver qu’une exposition subsé- 
quente neutralise et efface complètement l’image latente pro- 
duite par une exposition préalable. 


En 1839, Herschel découvrit que l’action des radiations rou- 
ges et jaunes du spectre était en état d’annihiler l’impression 
produite par les radiations bleues et violettes. Claudet confirma 
cette découverte et montra que la suppression de l’image ia 
tente par l’effet de Herschel, mettait la plaque à même de rece- 
voir une nouvelle impression. Villard démontra que la couche 
sensible exposée d’abord aux radiations de Réntgen et ensuite 
a la lumiére du jour donnait au développement une image po- 
sitive. Voici un cliché qui reproduit l’expérience de Villard : la 
partie supérieure de la plaque a été d’abord exposée aux 
rayons X, ensuite toute la plaque a été soumise à l’action du 
spectre solaire. Comme vous le voyez, la solarisation conmence 
dans le bleu. Si on expose la couche sensible d’abord à la lu- 
mière ordinaire, et secondairement seulement aux rayons X, le 
phénomène signalé ne se produit point. Villard put enccre dé- 
montrer que la plus grande diminution de l’image lat:nte se 
produit dans le rouge, et que la plus petite diminution a lieu 
dans le vert. En mettant ainsi en action l’effet de Herschel, il 
put obtenir une impression photographique au moyen des rayons 
infra-rouges. 


— 462 — 


L’auteur cherche ensuite à établir une théorie expliquani tous 
ceg phénomènes. 


M. Kurxczzrurs (Bâle). - Mesure et dosage des radiations 


de Röntgen en unités absolues. 


Le grand nombre des procédés dosimétriques prouve à la fois 
leurs défectuosités et la nécessité d'un .dosage exact. La mensu- 
ration en unités absolues a toujours échoué jusqu'ici, parce qu'il 
n'était pas possible de mesurer exactement une des grandeurs 
essentielles du courant, à savoir la tension du flux d’induction 
dont dépend la chute de potentiel des rayons cathodiques. Cette 
tension ne correspond pas a la tension du courant primaite, et 
n’est pas égale à la différence de potentiel régnant aux deux 
extrémités du spintermètre. 

Afin de mesurer cette grandeur, l’auteur a construit un in- 
ducteur spécial qui permet d’intercaler dans son circuit secon- 
daire un voltmètre : celui-ci donne la tension réelle du courant 
secondaire. Si donc on mesure d’une part l’intensité du courant 
qui traverse le tube au moyen du milliampèremètre et, d’autre 
part, le temps pendant lequel le courant traverse cette ampoule, 
on constate que l’impression de la couche sensible est directe- 
ment proportionnelle au produit de la tension, de l’intensité et 
de la durée du courant; en d’autres termes, l’action photochi- 
mique 


C= V.J.T. 


Comme cette formule répond au travail de l’électrolyse. lau- 
teur propose d’appliquer à son procédé la dénomination de Rônt- 
génolyse. Le voltmètre intercalé dans le courant secondaire est 
en même temps un radiomectre de la plus grande sensibilité : 
c’est ainsi que les valeurs comprises entre 30 et 150 degrés de ce 
voltmètre correspondent aux différents pouvoirs de pénétration 
des radiations oscillant entre les n™ 2 à 8 du radiochromomètre 
de Benoist (1). 


(d) Voy. Journal de-radioloyie, 1908, p. 364. 


LA RADIOLOGIE 


AU 


Il’ CONGRES INTERNATIONAL DE CHIRURGIE 


BRUXELLES, 21-25 Septembre 1908 


PAR LE D' DUBOIS-TREPAGNE (DE LIÉGE) 


Le compte rendu succinct qui va suivre est, nous tenons à le 
déclarer, bien plutôt l'œuvre, d'un reporter passif que celle d’un 
commentateur autorisé; personnellement, nous sommes très loin 
de partager la plupart des idées qui ont été émises en cette 
séance du 24 septembre dernier, et nous nous promettons de 
combattre certaines théories, de réfuter certaines assertions expo- 
sées et présentées comme articles de foi devant cette singulière 
assemblée, où - - exception faite pour notre confrère et ami 
de Keating-Hart -- les seuls chirurgiens étaient autorisés à éle- 
ver la voix, tandis que les radiologistes et électrologistes avaient 
le droit d'écouter, mais non celui de parler et de discuter. Pour 
l’instant, nous le répétons, nous nous contenterons d’enregistrer 
« gramophoniquement » les dicours des divers orateurs qui se 
succédèrent à la tribune du Congrès, dans l'après-midi du 
24 septembre. 


Nous ne reviendrons pas sur l'exposé du rapporteur général, 
le D" J.-H. Sequeira: le Journal de Radiologie en a donné un 
apercu trés suffisant dans son dernier numéro (1). 


(1) Journal de Radiologie, vol. II, n° 10, p. 358. 


— 464 — 


M. Turrier (de Paris) commence par distinguer le cancer 
vrai du cancroile d'une part, du sarcome de l'autre, lesquels 
(cancroide et sarcome) sont manifestement, avoue-t-il, influen- 
cés par les rayons X. « Quant au cancer vrai, ajoute Tuffer, 
je n'ai jamais vu, de 1904 a 1907, époque pendant laquelle je 
me suis livré à d'innombrables expériences, de cancer vrai guéri 
par les rayons X! » I] examine ensuite successivement et métho- 
diquement l’action de la radiothérapie, du radium, de la fulgu- 
ration et de l'air chaud sur le cancer : les malades ont été suivis 
par lui-même, traités souvent par les inventeurs mêmes des nou- 
veaux procédés, et les tumeurs ont été examinées en série par 
M. Mauté; voici maintenant ses conclusions : 

1° Les rayons X ont une action très nette sur la cellule can- 
céreuse et n'en exercent aucune sur le stroma conjonctif; ils 
n’agissent pas à plus de 2 millimetres de profondeur. 

2° Le radium a été employé suivant la technique de Dominici, 
les rayons y jouissent seuls d'un pouvoir pénétrant; l'action du 
radium est indiscutable et s'exerce aussi sur la cellule cancé- 


reuse, ne déterminant que peu ou pas de troubles dans la gan- 


D 
gue; cette action se propage jusqu'à 2 centimètres de profon- 
deur. Les temps de pose ont varié entre douze et vingt-quatre 
heures consécutives : les cellules en état d’évolution sont arré- 
tées dans leur développement, celles plus différenciées sont 
détruites; en somme, le radium est capable de faire rétrocéder 
des lésions, rien de plus. 

3° En ce qui concerne la fulguration, Tuffier envisage deux 
cas: celui où il s'agit de tumeurs sous-cutanées et celui d'ulcé- 
rations cancéreuses. Dans le premier cas, la fulguration agit peu 
profondément (2 millimètres sous la peau saine); immédiate- 
ment après traitement, on trouve sous l'épiderme de l'infiltra- 
tion et de l'œdème; huit jours après, il n'y a plus aucune modi- 
fication et il n’y en a jamais dans les tissus sous-jacents. Dans 
le cas d'ulcération, la méthode n'influence encore que la partie 
superficielle (2 millimètres dans la profondeur). Au début, il y a 
congestion énorme avec extravasation et diapédèse, tandis que 
la cellule cancéreuse n'est pas touchée; après huit jours, le tissu 


— 465 — 


conjonctif a nettement proliféré et après quinze jours, les cel- 
lules épithéliales de la zone influencée sont remplacées par du 
tissu conjonctif sain, sous lequel persiste intact le néoplasme 
qui se trouve ainsi, suivant l'expression pittoresque du maître, 
abrité derrière un vrai « cache-misère ». 

4° Quant à lair surchauffé à 400°, son action est en tous points 
comparable à celle de la fulguration et amène une cicatrisation 
particulièrement rapide et souple. 

L'auteur conclut de ces longues et patientes recherches qu'à 
l’heure présente rien ne peut encore remplacer l'extirpation lar- 
gement pratiquée au bistouri; quand il pense n’avoir pas tout 
enlevé, il recourt aux drains radifères, qu'il laisse en place qua- 
rante-huit heures, de façon à agir sur les cellules épithéliales 
qui auraient échappé à la curette. 


M. Matcnovry (de Chartres) est d'avis que tous les néoplasmes 
doivent étre enlevés par l'instrument tranchant. La question est 
de savoir s'il faut oui ou non y adjoindre la radiothérapie? L’au- 
teur traite systématiquement tous ses opérés de cancer par l’irra- 
diation pratiquée immédiatement après l'intervention chirur- 
gale et sur la plaie saignante; sil craint la récidive, il main- 
tient cette plaie ouverte et l'attaque par des séances ultérieures 
d'exposition aux rayons X. M. Maunoury attire tout spéciale- 
ment l'attention des opérateurs sur la longue durée d’action des 
rayons X et, comme corollaire, sur le danger des irradiations 
répétées; il cite, à l'appui de sa thèse, l’exemple d'un malade 
où une seule séance a fait disparaître un volumineux épithé- 
homa de l'oreille et celui d’un sarcome déjà récidivé de la cuisse, 
dans lequel deux insolations seulement, répétées à un mois d'in- 
tervalle, ont suffi à enrayer une nouvelle récidive survenue à la 
surface de l'os coxal. 


M. pe KEATING-HarT (de Marseille) tient à répondre aux 
allégations de M. Tuffier concernant la différenciation qu'il a 
faite entre les cancers vrais et Jes cancroides, dont certains, au 


dire du docteur marseillais, peuvent devenir tout aussi dange- 


— 466 — 


reux que les carcinomes purs. Quoi qu'il en soit, les succès obte- 
nus par la fulguration du « cancer vrai» se multiplient de jour 
en jour; il cite notamment ceux rapportés par le Prof. Czerny 
et ceux plus récents signalés par MM. René Desplats et Duret, 
de Lille, qui, sur 18 cas de cancers inopérables ou récidivés, ont 
atteint le chiffre respectable de 11 cicatrisations, se maintenant 
depuis six à dix mois. De Keating-Hart ajoute que même lors- 
que des récidives se produisent dans les cas opérés par la sidé- 
ration électrique, elles affectent une allure torpide qui permet 
une nouvelle intervention toujours très efficace. Il termine en 
faisant fort judicieusement remarquer que sa méthode a sur 
l'exérèse large au bistouri l'incontestable avantage de pouvoir 
respecter des organes importants, tels que l'œil, les gros vais- 
seaux sanguins, etc. 


M. Reyxnès (de Marseille) admet l'efficacité de la fulguration 
contre le cancer de la peau, ce qui, ajoute-t-il, ne constitue pas 
un énorme progres; le procédé ne lui a pas toujours donné de 
bons résultats dans le cancer du sein avec ulcération, Reynès ne 
dénie pas l’action hémostatique de létincelle, mais il la croit 
incapable d'arrêter une hémorragie artérielle; il reconnait de 
même son action analgésiante tout en faisant valoir que celle-ci 
s'obtient également par le seul curettage. Enfin, il fait toutes 
ses réserves sur l'emploi de la fulguration associée à la curette 
dans les cas de cancers du rectum et de l'utérus, la méthode pou- 
rant, d'après lui, entrainer des accidents hémorragiques ou sep- 
tiques et déterminer la mort. M. Reynes dénie toute action spé- 
cifique à l'étincelle de haute fréquence, qui, au dire de de Kea- 
ting-Hart lui-même, agirait surtout en vitalisant les tissus sous- 
jacents. 


M. R. Anne (de New-York) vante les bons effets du radium 
dans les sarcomes. Il relate cing cas de sarcomes à cellules géan- 
tes des machoires ayant résisté aux ravous X et guéris par le 
radium depuis des temps variant entre un et quatre ans. Les 
papillomes de la langue et du larynx, les plaques leucoplasiques 


— 467 — 


ne sont pas moins favorablement influencés. L’auteur fait cir- 
culer dans l'auditoire toute une série de moulages témoignant 
des superbes résultats auxquels il est arrivé au moyen de la 
radiumthérapie. 


Enfin, M. Bayer (de Bruxelles) fait une communication aussi 
intéressante que documentée sur l'emploi de la radiumthérapie 
dans diverses affections cutanées, et notamment dans les néo- 
plasmes malins, communication qui paraît in ertenso dans le 
présent numéro. 


SOCIETE BELGE DE RADIOLOGIE 


Séance du 11 octobre 1908 


La radiumthérapie 


M. le D' Bayer developpe sa communication portant comme 
titre : l’action curative du radium. (Ce travail paraît in extenso 
dans le présent numéro du journal.) 

Après avoir exposé différents points de technique et montré 
les appareils radiumphores qu’il emploie, le D° Bayet projette 
une série de clichés montrant les excellents résultats que la 
méthode à donnés entre ses mains expertes. 

L'avantage de la radiumthérapie sur la radiothérapie est évi- 
dent lorsque les ulcus et épithéliomes siègent sur les muqueuses. 
La radiothérapie reste alors inefficace: elle est même souvent 
dangereuse. L'emploi du radium, au contraire, donne d'excel- 
lents résultats. La leucoplasie buccale et les angiomes, de même 
aussi que les cicatrices vicieuses, se trouveut fort bien de l'em- 
ploi du radium. 

Il est possible que, grâce au perfectionnement de la technique, 
on puisse atteindre, dans Pavenir, les néoplasmes profondément 
situés, par l'emploi judicieux du radium : peut-être pourra-t-on 
notamment enrayer les récidives. 

Les radiations du radium différent des radiations Röntgen 
par la pénétration énorme des rayons y et par la présence des 
rayons matériels a et 8. Il est à présumer que l'on pourra obte- 
nir plus tard ces mêmes radiations par l'emploi de tubes Rônt- 
gen appropriés. 


M. le D' DE None te demande à quelle méthode le D" Bayet 


— 469 — 


a recours pour doser les rayons du radium. La sensibilité n’est 
pas la même pour tous les sujets, 1] est bon d'explorer cette sen- 
sibilité avant d'appliquer le traitement. 


M. le D" BAYET emploie une mesure consistant à évaluer 
approximativement la durée de la décharge d'un électroscope; 
avec un peu d'habitude, on peut comparer sans trop d'erreur 
divers échantillons. Il emploie le sulfate de radium à cinq cent 
mille unités. Non seulement la sensibilité du sujet vis-à-vis de 
l'action du radium est variable, mais parfois on observe que 
cette action elle-même varie d'un jour à l'autre d'une façon 
inexplicable. 


Les traumatismes du segment lombo-sacré 
de la colonne vertébrale 


M. le D? KiyNENS montre quelques beaux clichés de trouma- 
tismes du crâne et de la colonne vertébrale. 

On voit parfaitement un trait de fracture dans le rocher chez 
un homme qui présentait, à la suite d’un accident de chemin de 
fer, le tableau clinique d’une fracture du crâne 

Une série d’autres radiographies rendent évident un écrase- 
ment du corps de l'axis avec déplacement en avant. 

D’autres radiographies montrent un tassement vertébral chez 
une jeune fille qui, à la suite d’une chute d’une faible hauteur, 


a présenté de la paraplégie avec troubles des sphincters. 


M. le D" HEILPoRN. -- Dans le travail remarquable du con- 
frère Conrad, l'observation VI m'est personnelle et je me per- 
mettrai d'attirer votre attention sur la fracture de la cinquième 
vertebre lombaire, ainsi que sur le mécanisme de ces fractures. 
Je dois vous déclarer d'abord que l'interprétation du cliché 
était fort difficile, vu le laps considérable de temps qui nous 
séparait du moment de l'accident. Et il a été nécessaire pour les 
besoins de la cause d’avoir recours à une radiographie stéréosco- 


pique, faite postérieurement à la publication de ce travail. 


— 470 — 


Ainsi, il a été possible de débrouiller d’une façon plus ou moins 
certaine le fouillis de lignes. 

Nous voyons sur ces images que la lame vertébrale gauche 
de la cinquième lombaire est fracturée et se trouve appliquée 
contre la partie supérieure de la face postérieure du sacrum. 
‘Nous remarquons en outre que le corps de cette cinquième ver- 
tebre s'est déplacé notablement en avant, expulsé qu'il est de 
son siège normal par tout le poids de la colonne vertébrale 
contre le sacrum. Voilà les deux données indiscutables de l'exa- 
men stéréoscopique. Mais les lésions ne se bornent pas à ces 
deux particularités : il est certain que cette cinquième vertèbre 
lombaire est le siège d’autres lésions indéfinissables à l'heure 
actuelle. C'est ainsi que la face supérieure de cette vertebre pré- 
sente des irrégularités comme de petites esquilles, mais ces par- 
ticularités sont difficiles à interpréter. Au bout de deux ans, tout 
trait de fracture d’une vertèbre peut et doit même disparaître 
pour engendrer un cal complexe et difforme. 

On constate en outre que l’apophyse épineuse de la quatrièmé 
vertébre lombaire, qui se trouve normalement sur la ligne qui 
réunit la partie la plus élevée de deux crêtes 1liaques (ligne de 
Tuffier), est située à un niveau notable et inférieur : il y a donc 
effondrement de la cinquième vertebre lombaire. 

Ces lésions nous expliquent suffisamment les troubles ner- 
veux que nous observons dans le membre inférieur gauche : 
compression des racines nerveuses. Mais cet homme présente en 
outre des conditions défectueuses de statique de la colonne ver- 
tébrale. Grace à la théorie de Ludloff, nous pouvons facilement 
expliquer ces troubles. Le D" Conrad l'explique longuement 
(p. 214) dans son travail. Je me permettral cependant d’y reve- 
nir, parce que ces idées sont presqu'inconnues chez nous, et 
ignorées de la plupart des chirurgiens. 

Ludloff, dans un travail intitulé « Verletzungen der Wirbel- 
säule und des Kreuzbeines », publie six observations person- 
nelles et attire l'attention sur Jes articulations qui unissent la 
région lombaire de la colonne au sacrum, Le sacrum présente 


deux petites apophvses articulaires formées d’une mince coque 


— 471 — 


de tissu compact entourant une masse centrale de tissu spon- 
‘gieux. Or, ces petites apophyses ont pour mission de fixer toute 
la colonne vertébrale sur la base du sacrum. Une de ces petites 
apophyses vient-elle à se fracturer, la colonne vertébrale doit 
glisser, en quelque sorte, sur la base du sacrum, et à ce glisse- 
ment en avant s'ajoute nécessairement un certain degré de tor- 
sion. Les deux petites apophyses articulaires viennent-elles a 
se fracturer simultanément, les troubles cliniques qui en résul- 
tent doivent être encore plus considérables, Aussi bien, Ludloff : 
fait-il jouer aux fractures des deux petites apophyses articu- 
laires supérieures du sacrum un rôle considérable dans la patho- 
génie des traumatismes de la région sacro-lombaire. 

La fracture de ces apophyses articulaires doit provoquer des 
troubles des plus graves : troubles nerveux relevant d'une lésion 
ou d'une compression des racines nerveuses; troubles de statique 
relevant d’une fixation anormale, vicieuse, instable de la colonne 
vertébrale sur le sacrum. 

Cette observation me semble encore intéressante, parce que de 
nombreux praticiens l'ont examiné, et faute de le soumettre a 
un examen radiographique, n'ont point reconnu la nature de la 
lésion. 

Le travail de l'ami Conrad a encore une grande signification 
pratique. Par de nombreuses observations, 1 a démontré que 
les lésions traumatiques de la colonne sont souvent minimes, se 
bornant à la fracture d’une apophyse épineuse, d'une apophyse 
articulaire ou transverse. D'autre part, les symptômes cliniques 
engendrés par une lésion importante, tels qu'un tassement ou 
télescopage vertébral, peut être aceompagné de symptômes cli- 
niques discrets, risquant fort d'échapper à un examen super- 
ficiel. C’est que la lésion osseuse en elle-même ne comporte pas 
une grande importance : c’est son siege, par rapport à la moelle 
ou au tronc nerveux, qui importe avant tout. 

Ce travail est venu u son heure et comblera une lacune dans 
nos connaissances médicales. 


— 472 — 
L’arthropathie comme symptôme initial du tabes 


M. le D" Brenrair rappelle les radiographies présentées à la 
séance antérieure par le D" Klynens. Ces clichés montraient des 
altérations nettes des os chez des ataxiques au début; notre con- 
frère émettait même l'avis que ces altérations seules pouvaient 
suffire pour dépister le tabes. 

Je ne suis pas loin de me rallier à cette opinion; cependant, 
je crois qu'il est dangereux d'établir un diagnostie sur l’exis- 
tence d’un symptôme unique. 

Le tabes est une affection qui porte sur le prolongement cylin- 
draxile des protoneurones sensitifs ; aussi, les symptômes sont-ils 
ordinairement multiples: anesthésies, paresthésies, douleurs, 
perte des réflexes profonds, incoordination, perte du tonus, 
troubles trophiques. 

Quelques symptômes peuvent l'emporter tellement sur les 
autres que l'on peut distinguer des tabes douloureux, des tabes 
ataxiques, des tabes amaurotiques ou encore des tabes trophi- 
ques. | | 

Ces derniers sont caractérisés par des ulcères perforants, de 
l’atrophie osseuse, des troubles articulaires. I] n'y a pas de doute 
que dans ces cas le D" Klynens a parfaitement raison : la radio- 
graphie est d'une grande utilité pour mettre sur la voie du diag- 
nostic. Mais comme il est très rare qu'un tabes, même au début, 
ne présente que ce seul symptôme, il convient d'être prudent, 
de rechercher la paresthésie dans la zone du cubital, les dou- 
leurs fulgurantes, la migraine, abolition des réflexes achilléens, 
rotuliens, pupillaires, les crises laryngées gastriques, vésicales, 
qui peuvent exister à quelque degré. 

Lorsqu'un article est seul atteint, il y a lieu de songer à 
l'atrophie osseuse de Sudeck, qui pourrait alors prêter à con- 


fusion. 


M. Je Dt LaUREYs pense que les déformations des épiphyses 
ne peuvent constituer un symptome précoce; elles sont dues au 
tiraillement des insertions lors des mouvements désordonnés des 


ata xiques. 


— 473 — 


- M. le D" Conran. —- Il y a quelques jours vint me trouver un 
maitre d’équipage de cinquante-cing ans atteint d’une pseudar- 
throse de la hanche gauche, d’un génu valgum gauche et d’une 
déformation considérable du cou de pied droit. Ce malade avait 
eu, il y a douze ans, une fracture au tiers inférieur de la jambe 
qui nécessita quatre mois et demi d’hospitalisation. Il y a trois 
ans, il se fit une fracture de la hanche gauche: malgré trois 
mois d'alitement, cette lésion ne put se consolider et il s’ensuivit 
une pseudarthrose. Depuis cette époque, le genou gauche s’est 
placé en position de plus en plus vicieuse et à l'heure actuelle 
il est le siège d'une grande mobilité latérale et de forts craque- 
ments. Il y a dix-huit mois, le patient a subi un traumatisme 
du cou de pied droit: il en est résulté un gonflement du pied 
quia duré quatre mois. Cette affection ne fut accompagnée d’au- 
cune douleur; mais depuis trois mois le cou de pied a notable- 
ment augmenté de volume et il présente à L'heure actuelle un 
aspect des plus difforme. Le pied droit ne se trouve plus dans 
Vaxe de la jambe : il est Juxé en dehors, au point que le patient 
marche pour ainsi dire sur l'extrémité inférieure du tibia. 

Comme le malade présentait des lésions justiciables d'un exa- 
men radiographique, nous avons fait procéder à cette investiga- 
tion avant tout examen clinique. Or, la radiographie du cou de 
pied droit nous a montré des lésions tellement typiques qu'à 
elles seules elles imposaient le diagnostic du tabes. L'examen 
clinique ultérieur établit comme symptômes capitaux : une iné- 
galité pupillaire et un réflexe à Ja lumière à peu près aboli. Pas 
de troubles de sensibilité ni du sens musculaire, pas ataxie, 
pas de signe de Romberg, pas de douleurs lancinantes ou ful- 
gurantes, pas de douleurs en ceinture; le réflexe rotulien à droite 
plus que normal; le réflexe rotulien à gauche moins que normal. 

Nous avons done ici un cas de tabes révélé par la radiographie 
et dont les symptômes cliniques ne semblent pas suffisants pour 
asseoir incontestablement Je diagnostic. Les trois lésions impor- 
tantes dont cet homme souffre, la pseudarthrose de la hanclie 
gauche, le genu valgum gauche, l’arthropathie du cou de pied 
droit relèvent incontestablement d’une seule et même cause, le 


— 474 — 


tabes, et ces trois lésions articulaires sont indépendantes de toute 


ataxie. 


M. le D' Kuyxens.- - L'image radiographique d’une atrophie 
osseuse de Sudeck ne peut prêter à la plus petite confusion avec 
celle d'une arthropathie tabétique : l'image de celle-ci est telle- 
ment typique, tellement caractéristique qu’elle impose d'emblée 
et à elle seule le diagnostic : elle se caractérise par l'usure, la 
déformation souvent énorme des surfaces articulaires, par l'ef- 
fondrement de l'articulation : elle se caractérise encore par lexis- 
tence de nombreuses néoformations osseuses polymorphes péri- 
articulaires. Dans Fatrophie de Sudeck, nous constatons l'inté- 
grité absolue de la forme des os et des articulations. D’ailleurs, 
il est un symptôme clinique capital qui mettra vite sur la voie 
du diagnostic : c'est l'absence de toute douleur dans les arthro- 
pathies tabétiques. 

L'arthropathie tabétique a été souvent signalée par les clini- 
ciens comme symptôme précoce: Charcot, dans ses premières 
études, montrait déjà que cette affection précède généralement 
l'ataxie : les ostéomes périarticulaires ne peuvent done être rap- 
portés aux mouvements désordonnés de lataxique, aux déchi- 


rures et aux dilacérations périostiques qui s’ensuivraient. 


M. le D" Poirier a observé, chez un tabétique, des abcès du 
pied qui contenaient de la matière craieuse semblant provenir 
d'une altération des os. La radiographie du cou de pied atteint 
Varthropathie montra une image typique des lésions tabétiques: 
les symptômes cliniques pouvaient faire soupçonner le vrai diag- 
nostic, mais ne l'imposaient pas. 


M. le D" Linorrr évalue à 5 à 6 % les cas de tabes avec 
troubles articulaires. 


Démonstration d’appareils 


M. le D" Kaïsix démontre un orthodiagraphe de son inven- 
tion; il est très simple et s'emploie en indiquant les limites des 


— 475 — 


organes suivant une série de plans horizontaux. (Parait plus 
haut in extenso.) 


M .Pingénieur Mynivs fait aussi la démonstration d'un nouvel 
orthodiagraphe (du D" Grædel). Cet appareil constitue un chef- 
d'œuvre de mécanique : son fonctionnement est facile et parfait. 


D' BieExralir. 


REVUE DES LIVRES NOUVEAUX 


Atlas de radiologie normale, par MM. les D's L. HAUCHAMPs, 
J. KLYNENS et E. MAHAUX. Editeurs : O. Doin, Paris et F. Ernest . 
Bruxelles. L. Severyens, imprimeur. 


L'utilisation de plus en plus courante des rayons X dans le 
diagnostic et le traitement des affections les plus diverses impose 
à tout praticien la nécessité de se familiariser avec ce nouvel 
agent physique. Il faut surtout que chacun de nous soit à même 
de « lire » correctement une épreuve radiographique et de con- 
naître les cas où, dans l'état actuel de la science, la radiologie 
peut nous rendre service. 

C’est dans cette intention que les auteurs de l’Atlas de Kadio- 
logie normale ont rédigé le remarquable ouvrage qu'ils viennent 
de faire paraître. Réduisant au minimum les considérations 
théoriques, ils se sont efforcés de faire surtout une œuvre pra- 
tique en accordant à l'illustration une place prépondérante : les 
trois cents pages de leur livre comportent, en effet, 153 schémas 
el radiogrammes en grandeur naturelle, d'une exécution tech- 
nique absolument parfaite. 

Une première partie, réduite au strict minimum des notions 
indispensables à connaître pour tout médecin consciencieux, est 
consacrée aux généralités radiologiques : les conditions d'une 
bonne installation radiographique, le choix de l'ampoule, la 
position à donner au sujet, les règles à suivre pour diminuer le 
plus possible les causes d'erreur et améliorer les clichés sont 
examinés avec clarté et précision. La deuxième partie, la plus 
intéressante et la plus personnelle, est consacrée à l'examen sys- 
tématique des différentes régions du corps considérées à l’état 
normal: le squelette (membres, points d'ossification, rachis, 


— 477 — 


tête), les organes urinaires, le tube digestif (œsophage, estomac, 
intestins), le thorax (cœur et aorte, organes respiratoires) sont 
l'objet de chapitres spéciaux traités avec une compétence toute 
particulière. 

En imaginant de placer en regard des clichés radiographi- 
ques les schémas correspondants, les auteurs ont permis aux 
moins initiés d'apprendre à voir une foule de détails qui échap- 
peraient à un observateur non averti. Ces schémas ont, d’autre 
part, une grande utilité en permettant de préciser le siège d'une 
lésion dans un cas pathologique. La connaissance exacte de 
l'aspect radiologique normal d'une région fera d’ailleurs bien 
souvent écarter Phypothese d'une lésion qu'un examen moins 
exact eût fait supposer. C'est à ce point de vue surtout que : 
l'Atlas de MM. Hauchamps, Klynens et Mahaux nous paraît 
appeler à rendre de très réels services. 

L'exécution matérielle du livre est à la hauteur de sa valeur 
scientifique et la reproduction des clichés est tout à fait remar- 
quable. 

Mayer. 


REVUE DE LA PRESSE 


Radiodiagnostic 


KAESLE. Ueber Magenmotilitätsprüfragen mit Hülfe den Rônt- 
gensthrahlen. (Münch. med. Woch., n° 33, 1908. 


L’estomac normal a évacué son contenu six à sept heures après 
l'absorption du repas de Leube et une et demi à deux heures 
après le repas d’Ewald : l'étude de la motricité stomacale par ces 
deux repas d’épreuve entraine le cathétérisme, grand inconvé- 
nient que différents auteurs, notamment Ewald, Sievers, Huber, 
ont cherché à remplacer plus ou moins heureusement par l'ad- 
ministration de salol avec analyse consécutive des urines. 

L'examen par les rayons X constitue une source d'informations 
inestimable : il remplace avantageusement le cathétérisme, en 
nous faisant constater directement le repas d’épreuve dans l’esto- 
mac et le temps nécessaire à son évacuation; il nous fournit 
encore d’autres nombreux renseignements que les méthodes par 
cathétérisme ne sont pas à même de nous donner. 

L'auteur s’est attaché à l'étude de la motricité de l'estomac 
normal : il a soumis à l'examen par les rayons X 80 personnes 
de tout sexe, de tout âge, absolument indemnes de toute tare 
gastrique; ces 80 personnes furent l'objet de 200 examens radios- 
copiques. 

Dix à 20 grammes de bismuth suffisent pour un examen d’esto- 
mac, si le sujet est maigre, mais si celui-ci est doué de quelque 
embonpoint, ils sont insuffisants; aussi, convient-il de faire 
absorber dans tous les cas 30 grammes de bismuth. Différents 
cas d'intoxication par ce sel ont été publiés : l’auteur lui-même 
put en observer trois cas, chez des patients très affaiblis d'ail- 
leurs, après absorption de 50 grammes de bismuth dans quatre 
ceuts grammes de bouillie. Comme ces intoxications sont attri- 


— 479 — 


buables a la formation de nitrites, il est préférable de s’adresser 
au carbonate de bismuth. 

Pour qu'il soit bien observable dans sa forme et ses mouve- 
ments, l'estomac doit contenir une quantité convenable de ma- 
tières : on peut faire absorber le lait de bismuth au bol blanc. 
(30 grammes de sous-nitrate de bismuth ou 28 grammes de car- 
bonate de bismuth + 60 à 65 grammes de bol blanc + 250 gram- 
mes d’eau.) L’estomac évacue ce repas d'épreuve au bout de 
une et demi a deux heures. On peut encore faire absorber une 
bouillie alimentaire au bismuth (30 grammes de sous-nitrate de 
bismuth ou 25 grammes de carbonate de bismuth + 200 grammes 
de bouillie alimentaire) : cette épreuve doit constituer le repas- 
type; l'évacuation est accomplie au bout de deux à trois heures 
et demie, mais sa rapidité dépend aussi de la consistance de 
la bouillie. 

L'auteur ne peut admettre avec Jolasse que 30 grammes de 
bismuth incorporés dans 200 grammes de bouillie soient évacués 
dans l'intestin aussi rapidement que la même quantité de bis- 
muth délayée dans une petite quantité d'eau : il a pu observer 
une différence de temps de vingt à soixante minutes. 

On pourrait encore administrer le repas de Leube avec la quan- 
tité convenable de bismuth, mais il n'y a là aucun avantage 
appréciable; le temps d'observation serait prolon gé. 

L'auteur peut confirmer l'existence de la contraction finale de 
l'estomac, telle que Schwarz et Kreuzfuchs l'ont décrite : le pôle 
inférieur de l'estomac se maintient à peu près -— abstraction 
faite des déplacements dus au péristaltisme - - toujours au même 
niveau, Jusqu'à une heure ou trois quarts d’heure avant son 
évacuation complète; alors, ils s'élève en même temps que le 
pylore se déplace un peu à gauche: cette ascension favorise le 
passage des dernières portions alimentaires dans l'antre du pylore. 

L'auteur n'observa que sur deux sujets l'estomac en forme de 
corne, forme décrite comme exclusivement normale par Holz- 
knecht, et pense qu'il faut attacher une plus grande importance 
au fonctionnement qu’à la forme dans le diagnostic d'estomac 
normal, bien qu'on ne puisse nier que certaines conformations 
prédisposent plus particulièrement à des troubles. 


— 480 — 


Technique 


J. ROSENTHAL. Ueber die Bedeutung der Kurvenfor in der 
Sekondärstromes fur die praktische Réntgenologie. Ueber 
Rôntgentilder. (Zeitsch. f. med. Elecktr u. Rontgenk., Bd X, 
1908.) 


La forme du courant primaire de la bobine a été l'objet de 
nombreux écrits et discussions, mais la forme du courant secon- 
daire, qui est d’une importance primordiale en radiologie, n’a 
guère fixé l’attention Jusqu'ici. 

Tout le monde sait que le circuit secondaire de la bobine est 
parcouru par un courant alternatif, par le courant d’ouverture 
et par le courant de fermeture; en d'autres termes, par londe 
directe et londe inverse. 

Un technique rationnelle exige comme premiére condition le 
redressement du courant secondaire, c'est-à-dire la suppression 
de l'onde inverse. Jusqu'ici on a cra: reconnaître le passage de 
l'onde inverse à travers l'ampoule par l'apparition d'anneaux 
et de lueurs dissymétriques. C’est là un criterium trompeur 
et inutilisable; en effet, un courant intense de fermeture peut 
passer à travers l’ampoule sans donner lieu à ces phénomènes 
lumineux. Le moyen le plus simple et le plus fidèle pour recon- 
naître le courant de fermeture consiste à intercaler dans le cir- 
cuit secondaire l’oscillographe de Gehreke, modifié par Rihmer. 
Cet instrument accuse non seulement le passage du courant de 
fermeture, mais encore son intensité; 1} nous montre en outre 
l'amplitude du courant d'ouverture. En examinant les lueurs de 
l'oscillographe dans un miroir tournant, on voit le graphique 
des courants qui circulent dans le circuit secondaire avee leurs 
intensités : c'est done chose aisée que de photographier ce gra- 
phique. 

En vue de supprimer totalement le courant de fermeture, Fau- 
teur entreprit un grand nombre d'expériences, et essaya de mul- 
tiples combinaisons : petits et grands inducteurs, tau ou 220 volts, 
inducteur à enroulement primaire unique ou fractionné, sou- 
papes, ete. 

Il arriva ainsi à éviter complètement le courant de fermeture 
dans beaucoup de cas, mais non toujours. Il eut l'idée ensuite 


— 481 — 


de construire un inducteur spécial a enroulement secondaire 
divisé en fractions, qui peuvent être connectées à volonté de 
façons différentes et multiples. L'enroulément primaire, lui 
aussi, est fractionné, mais les spires des différentes fractions ne 
sont pas enroulées les unes sur les autres, comme dans les bobines 
ordinaires, mais les unes à côté des autres. Cette construction 
spéciale met done à la disposition de l'opérateur une multitude 
de combinaisons différentes; l'auteur entreprit une étude longue 
et soigneuse de toutes ces nombreuses combinaisons, reconnut 
celles qui sont les plus avantageuses à tel ou tel usage et parvint 
à réaliser de façon simple les combinaisons appropriées et à 
éviter ainsi au praticien toute difficulté dans le choix de leurs 
connexions. (est ainsi que les différents segments de l'induit 
peuvent être couplés en tension (es uns à la suite des autres); 
ce couplage se montra le plus avantageux dans les irradiations 
prolongées, telles que la radioscopie et la radiothérapie: c’est 
ainsi encore que les différents segments de l’induit peuvent être 
couplés en quantité (parallèles); ce couplage se montra avanta- 
geux dans la radiographie instantanée à forte distance. 

La deuxième condition requise par la pratique radiographique 
en vue d'expositions très courtes, consiste dans la faculté de 
lancer dans l'ampoule une forte quantité d'énergie, afin de dis- 
poser d'une grande puissance photochimique ; comme tout induc- 
teur est susceptible de recevoir pendant un très court temps une 
très forte charge électrique, cette seconde condition ne comporte 
guère de plus longs développements. 

Bien plus importante est la troisième condition requise. Après 
suppression totale du courant de fermeture, que doit être la 
courbe du restant du courant secondaire? La réponse à cette ques- 
tion diffère, suivant qu'il s'agit d'une irradiation prolongée ou 
d'une irradiation très courte, S'il s'agit d'une irradiation prolon- 
gée, radioscopie où radiathérapie, la courbe la plus avantageuse 
répond au couplage en série des différentes fractions du secon- 
daire; nous employons alors l'onduit en totalité et nous avons 
une bobine ordinaire. La réponse à la question n’est pas aussi 
aisée dans le second cas, quand il s'agit d'irradiations inten- 
sives et courtes, Iei, trois facteurs, inséparables en fait, doivent 
être envisagés : 1° Ja finesse et la netteté du radiogramme, 2° la 
rapidité de l'opération radiographique et 3° la conservation et 
l'usure de l'ampoule. 

La netteté du radiogramme dépend de la finesse du foyer anti- 
cathodique; pour que le radiogramme soit excellent, il faut que 


— 482 — 


les rayons cathodiques se concentrent sur l'anticathode en un 
espace aussi ponctiforme que possible. Or, les rayons cathodiques 
par leur incidence sur l'anticathode donnent lieu à un dégage- 
ment de chaleur d'autant plus intense que la décharge est plus 
forte. Mais il faut éviter avec le plus grand soin la fusion et 
l'évaporation du métal anticathodique, qui exerceraient l'in- 
Huente Ja plus fâcheuse sur la conservation de l'ampoule. Admet- 
tons que le foyer anticathodique ait un millimetre de diamètre 
dans une première ampoule et un diamètre de trois millimètres 
une seconde ampoule. Dans ce second cas, le foyer est donc 
3 x 3 = 9 fois plus grand. Pour éviter la vaporisation du métal 
anticathodique, la première ampoule ne pourra recevoir, toutes 
dans une seconde. Dans ce second cas, le fover est done 
3 x 3 = 9 fois plus grand. Pour que la pulvérisation du métal 
anticathodique ne se produise pus, la première ampoule ne 
pourra recevoir, toutes choses égales, que la neuvième partie de 
la charge maxima. de la seconde. 

La radiographie instantanée à distance exige une émission 
cathodique très intense; la troisième condition technique peut 
done s'énoncer de la façon suivante : un maximum de rayons X 
avec le minimum de charge de l'ampoule. Que doit être la courbe 
du courant secondaire pour arriver à ce but? En d'autres termes, 
quelle doit être la forme de cette courbe pour que l'émission 
cathodique soit aussi intense que possible et pour qu’elle puisse 
se concentrer sur l'anticathode en un foyer aussi ponctiforme que 
possible, sans produire l'évaporation du métal anticathodique? 
Cette courbe doit étre aussi élevée que possible, aussi étroite que 
possible, et les courbes successives doivent être nettement sépa- 
rées les unes des autres. | 

Or, il est facile d'obtenir une courbe très élevée en intercalant 
dans le courant secondaire une résistance minime, c'est-à-dire un 
tube tres mou. Mais ces tubes mous ne sont guere utilisables en 
radiographie. Tout en maintenant la hauteur de la courbe à son 
maximum, nous devons être en état d'intercaler des tubes plus 
ou moins durs, dont l'état de vacuité répond aux indications du 
radiodiagnostic. L'auteur a constaté que Je couplage en quantité 
de différentes fractions du cireuit secondaire donne une courbe 
plus avantageuse que leur couplage en séries. 

La quatrième condition technique requise est l'emploi d'une 
bonne ampoule, Le foyer anticathodique d'une bonne ampoule 
1° doit être très étroit et 2° doit offrir une grande résistance à 
une émission cathodique tres intense se concentrant sur un très 
petit espace. 


— 483 — 


L'auteur préconise une nouvelle ampoule à foyer anticatho- 
dique en iridium .Le point de fusion de Viridium est beaucoup 
plus élevé que celui du platine, tandis que les poids atomiques 
de ces deux métaux sont sensiblement égaux. wu piods atomique 
dépend en grande partie la qualité de l'ampoule; le tantale, a 
point de fusion très élevé aussi, a un poids atomique notablement 
inférieur. 

Le but de la radiographie instantanée consiste avant tout dans 
l'obtention d'une finesse et d'une netteté irréprochables du radio- 
gramme. Rien ne servirait de raccourcir les temps de pose, si 
les images obtenues n'étaient point meilleures. 

L'auteur a exposé au IV" Congrès allemand de radiologie plu- 
sieurs  radiographies instantanées obtenues sans utilisation 
d'écran renforçateur : ses radiogrammes du tube digestif ne 
montrent pas seulement la configuration la plus nette de 
l'estomac, mais encore les valvules conniventes de Kerkring; le 
radiogramme du segment lombaire de la colonne vertébrale d'un 
adulte révèle les détails les plus fins de structure: la configura- 
tion du cœur d'un homme adulte présente la netteté d'une radio- 
graphie du cour de cadavre, ete. 

Et en effet, ces radiogrammes sont incomparables. 


G. F. HAENISCIH (Hambourg). Radiography of the Hidney. 
(Archivs of the Rontgen Ray, sept. 1908.) 


L'auteur démontra au IV° Congrès allemand de Radiologie 
qu'il est presque toujours possible de projeter sur la couche sen- 
sible la silhouette du rein, A l'heure actuelle, le radiologiste ne 
peut plus se borner à affirmer la présence ou l'absence d’un cal- 
cul rénal; la technique radiologique à considérablement pro- 
eressé et le radiographe, à la hauteur de sa tâche, doit apporter 
sa collaboration au diagnostic de nombreuses affections rénales, 
et notamment au diagnostic des anomalies morphologiques et 
topographiques du rein. 

Pour amener sur la couche sensible Ja silhouette du rein, il 
faut évacuer le tube digestif et faire usage du coussinet de luffa, 
introduit par Sträter dans Ja technique .L’auteur conseille l'ad- 
ministration d'un puigatif la veille et d'un lavement le jour 
méme de l'exploration; le tube compresseur d'Albers-Schünberg 
reste toujours l'appareil indistensable à cette exploration. 

Le patient se place dans le décubitus dorsal; sa tête ct ses mem- 
bres inféricurs seront légèrement relevés, de façon que la région 


— 484 — 


lombaire vienne s'appliquer intimement sur la plaque photogra- 
phique. Mais le point capital de la technique consiste à fixer le 
rein exploré, à le soustraire aux déplacements que lui impriment 
les mouvements respiratoires. Cette immobilisation est obtenue 
par le coussinet de Juffa, qui, en outre, détermine un certain 
degré d'anémie des tissus, réduit le diamètre antéro-postérieur 
de Pabdomen et empêche enfin la paroi abdominale de faire sail- 
he dans le tube compresseur. 

Des rondelles de luffa de grandeur différentes seront disposées 
les unes sur les autres et enveloppées dans une fine toile, de 
façon à former un coussinet hémisphérique, ovalaire. I] est de 
la plus haute importance de s'assurer par une radiographie préa- 
lable de l'absence de toute particule imperméable aux ravons X, 
que pourrait cacher la charpente de lufta. La face plane du cous- 
sinet doit s'ajuster exactement à l'ouverture inférieure du tube 
compresseur. 

Par un massage doux de la paroi abdominale, exercé au moyen 
du coussinet de luffa sous forme de mouvements de circumdue- 
tion, l'auteur cherche à écarter les masses intestinales et à fixer 
directement Je rein par la pression du coussinet. Quand la com- 
pression du rein semble obtenue, i] maintient le coussinet d'une 
main et de l'autre abaisse le tube compresseur, de façon à fixer 
définitivement le coussinet. Le degré de compression dépend 
évidemment de Ja susceptibilité du patient, mais peut être en 
général assez énergique sans déterminer des douleurs. Le cous- 
sinet doit déprimer la paroi abdominale immédiatement en des- 
sous de la dernière côte et Je tube compresseur sera incliné de 
façon que Ja douzième cote se trouve dans l'axe du tube et que 
le rebord costal soit légèrement soulevé. Le diametre du tube 
ne sera que de 10 centimètres. 

õn général, la silhouette du rein s'obtient plus facilement 
chez des personnes grasses que chez les personnes maigres; ce 
qui s'explique probablement par la présence d'une abondante 
capsule graisseuse chez les premières. D’après l'expérience de 
l'auteur, l'embonpoint du sujet ne constitue pas dans la tech- 
nique un facteur aussi important d'insuccès que le défaut d'ini- 
mobilisation du rein, Ni le rein est immobilisé, sa silhouette se 
projettera à peu près toujours sur la couche sensible. Toutefois, 
i] faut compter avec les insucces et ceux-ci détermineront le 
rachographe à recommencer l'exploration en variant le degré de 
pénétration des radiations. Quand il s'agit des personnes grasses, 
il peut être utile de recourir au procédé de Kohler, c'est-à-dire 
à la radiographie sur double plaque photographique. 


— 485 — 


La technique spéciale de l’auteur comporte les facteurs tech- 
niques suivants: bobine de 60 centimètres, 90 à 95 volts, 6 à 
7 ampères, 5 à 7 Benoist-Walter, exposition de deux à trois 
minutes, tube Müller à refroidissement par eau. 

Deux radiogrammes démonstratifs illustrent l'excellent tra- 

Pr 
vail 


Emit G. Beck. A new method of exploring the boundaries of 
fistulous tracts and abcess cavities. (Arch. of Röntgen Ray, 
juin 1908, n° 95. 


Les métholes habituelles @exploration (sondage, injection 
de liquide coloré, cte.) ne nous permettent pas, même au cours 
de l'opération, de nous rendre compte de la direction, de la rami- 
fication et de l'extension des trajets fistuleux; faute de rensei- 
gnements suitisants, le chirurgien renonce souvent à toute inter- 
vention; faute de renseignements complets, son intervention est 
souvent inefficace. 

Après injection d'un mélange bismuthé dans le trajet fistu- 
leux, on peut projeter sur la couche sensible la silhouette de 
toutes les poches et tous les méandres. Pour re faire, on procé- 
dera de la façon suivante: 50 grammesde sous-nitrate de bis- 
muth sont incorporés lentement dans 60 grammes de vaseline 
blanche portée à l'ébullition, sous agitation constante du 
liquide; au moyen d'une seringue stérilisée en verre, on injecte 
ce mélange dans le trajet fistuleux; l'injection doit être 
poussée lentement jusqu'à ce que le patient accuse une légère 
pression; à ce moment, on enlève la seringue et on bouche rapi- 
dement l’ouverture de la fistule au moyen d'un tampon de ouate; 
avant que de procéder à la radiographie, on attend la solidiá- 
cation du mélange, solidification que Von peut d'ailleur hater 
par application d'un sac de glace. 

L'emploi du tube-compresseur ou d'étroits diaphragmes n'est 
pas recommandable; car le trajet fistuleux peut être très étendu, 
contrairement à toute attente; les prises stéréoscopiques sont 
particulièrement utiles : elles montrent de la façon la plus nette 
la situation, la direction, l'extension des méandres et des poches. 

Ces injections, faites d'abord dans un but exclusivement diag- 
nostique, se révélerent dans Ja suite très efficaces dans le traite- 
ment des trajets fistuleux; l'auteur rapporte six cas (coxalgie, 
mal de Pott, empyème de Ja plevre, carie de l'os coxal) où ces 
injections amenerent la guérison. 


— 486 — 


Elles constituent done non seulement un élément de diagnos- 
tic, capable de tracer la voie à l'intervention, mais encore un 
important facteur de traitement; évidemment, il faut enlever 
les séquestres avant de procéder à l'injection curatrice. Ces injec- 
tions n'eceasionnent aucun trouble, aucune douleur: elles sont 
dépourvues de tout danger ou de tout autre désagrément. 


MAcuoL. Die Fortschritte der Réntgentechnik und ihre Bedeu- 
tung für die Chirurgie. Zeitsch. f. med. Elektr. und Rontyene 
kunde, Bd, 10 Heft 1, 1908.) 


L'auteur donne une revue générale des progrès de la tech- 
nique radiographique; il consacre une courte description aux 
modifications qu'ont subies les ampoules, les interrupteurs et 
les inducteurs, et expose l'utilité des diaphragmes, de la stéréos- 
copie et de lorthodiagraphie. 

L'interprétation du radiogramme est entourée de nombreuses 
auses d'erreurs, que le radiographe expérimenté est à même, 
à l'heure actuelle, d'éviter. 

L'auteur décrit ensuite les nombreuses applications chirur- 
gicales (fractures, luxations, tuberculose osseuse, calculs, corps 
étrangers, ete.) et finit son travail par quelques considérations 
sur Je radiediagnostic des affections de l'estomac et sur la radio- 
thérapie. 


Ing. FR. DESSAUER und D' med. B. WIESNER. Leitfaden des Ront- 
genverfährens. (Leipzig, 1908, 0. Memnich. Prix : 10 marks.) 


La troisième édition de ce manuel a été l'objet de remanie- 
ments et d'additions considérables. Ce livre comprend trois 
parties. 

La premiére partie, la partie physique, rédigée par Vingé- 
nieur Dessauer, expose les notions générales d'électricité et les 
propriétés «les ravons cathodiques et des rayons X. 

La deuxième partie, la partie technique, est consacrée aux 
différentes sources de l'électricité, à la bobine de Ruhmkorft, 
aux interrupteurs, à la construction et au fonctionnement des 
ampoules, au courant de fermeture et à ses méfaits: ces diffé- 
rents chapitres encore sont dus à la plume facile de l'ingénieur 
Dessauer. Cette partie comprend en outre la technique radio- 
graphique et radioscopique, décrite par le D" Wiesner; la sté- 
reoscopie radiogiaphique, exposée par le technicien compétent 


zs ANT = 


qu'est le D” Hildebrand, et enfin, l'orthodiagraphie, décrite par 
le D" Hoffmann. 

La troisième partie, la partie médicale, s'occupe du radiodiag- 
nostic des maladies internes (D° Holzknecht), du radiodiagnos- 
tie des affections chirurgicales (D™ Hotta et Blencke) et de la 
radiothérapie (D? Holzknecht). 

Enfin, dans un chapitre additionnel, l’ingénieur Dessauer 
expose succinctement la technique photographique. 

Cet excellent livre est done le fruit d'une collaboration étroite 
de plusieurs médecins radiologistes avec un ingénieur construc- 
teur d'appareils; ce qui le distingue d'avec les autres ouvrages 
similaires, c'est l'étude claire et approfondie des phénomènes 
d'induction engendrés dans Ja bobine. I] faut voir avec quelle 
méthode et quel art Dessauer expose les problèmes les plus 
ardus que suscite le fonctionnement de la bobine et des inter- 
rupteurs! Aussi, toute la partie technique et toute la partie 
physique, qui forment plus de la moitié du volume, sont-elles 
d’une lecture attachante autant que fructueuse grâce à la plume 
alerte et vivifiante de Dessauer. En somme, nous avons là un 
traité excellent à tous points de vue, qui mérite une place pré- 
pondérante dans toute bibliothèque radiologique: les trois édi- 
tions qu'a vécues, en peu de temps, cet ouvrage sont garantes 
de nombreuses éditions ultérieures. 

D” KLYNEXS. 


NowALtT et GUETIG. L’empoisonnement par le bismuth. (Berliner 
klin. Woch., 28 sept. 1908.) 


Voulant faire l'examen radioscopique du gros intestin, le 
Prof. Gersunij, de Vienne, administra un lavement de deux 
litres tenant en suspension quatre cuillerées à soupe de sous- 
nitrate de bismuth. 

Le malade fut intoxiqué et mourut. Avant la mort, le sang 
extrait d'une veine était brun chocolat, couleur de la methémo- 
globine; à l'autopsie, le sang avait perdu cette teinte et l'échan- 
tillon prélevé pendant la vie reprit spontanément sa couleur 
normale. 

Les auteurs ont fait des expériences de laboratoire : les chiens 
et les lapins restèrent indemnes, les chats furent intoxiqués avec 
réduction de l'hémoglobine en méthémoglobine. 

Cette intoxication serait due à la décomposition du sous- 


— 488 — 


nitrate de bismuth dans le milieu intestinal: les symptémes 
seraient ceux de l’intoxication par les nitrites. 
D: BIENFAIT. 


G. LEGROS. Les erreurs d'interprétation en radiographie. (Pro- 
gres médical, 26 sept. 1908.) 


De graves accusations, de séveres critiques ont été formu'ées 
contre la radiographie. La plus sévère est ainsi conçue : a Ce 
mode d'exploration trompe le médecin, trompe le malade et 
trompe la justice. » Dans le mème ordre d'ilées, on a dit que 
Ja radiographie peut faire méconnaitre des fractures existantes, 
ne pas montrer un col déjà solide, et peut dénaturer Faspect 
des os fracturés. 

Ainsi que Nogier l'avait déja exposé dans son rapport au 
Congres de l'Association française pour l'avancement des seien- 
ces, toutes ces conclusions sont vaines; elles résultent de mala- 
dresses, d'un défaut complet de technique. 

Il faut radiographier à nu et non au travers de vêtements, 
faire de petits clichés à une distance convenable, examiner a 
l'écran dans toutes les directions avant de radiographier, pren- 
dre au moins deux clichés dans des positions perpendiculaires, 
emplover des tubes assez mous pour que les cals soient visibles. 

L'auteur termine en rappelant le mot pittoresque d'Imbert 
de Montpellier: « Les objections que font quelques personnes 
à la radiographie, Jes erreurs qu'on lui attribue, ressemblent 
aux critiques que l'on pourrait faire de l'emploi de l’auseulta- 
tion dans le voisinage d'une musique militaire. 

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JOURNAL DE RADIOLOGIE PLANCHE XVIII 


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JOURNAL DE RADIOLOGIE 


PLANCHE XIX 


D' ÉTIENNE HENRARD 


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SARCOME DE L’ORBITE 


GUERI PAR LA RADIOTHERAPIE 


PAR LES DOCTEURS 


VAN DUYSE ET DE NOBELE (DE GAND) 


La radio- et la radiumthérapie méritent attention des ophtal- 
mologistes, auxquels elles peuvent rendre des services Ja où 
l’exérèse sanglante de tumeurs orbitaires n’est plus de saison, 
ou bien lorsque celle-ci a été pratiquée et que l’on demande 
aux rayons X, par mesure de précaution, d’anéantir les reli- 
quats cellulaires éventuels, reliquats dont la pullulation ulté- 
rieure rendrait illusoire l'intervention chirurgicale première. 

Il nous semble que le conseil donné par Kienhéck (1), pour 
avoir raison des sarcomes en général est applicable aux sar- 
comes de l’orbite : Commencer le traitement par la radiothéra- 
pie. Si un sarcome de l'orbite n’est pas radiosensible, il est 
toujours temps de passer à l’ablation, plus ou moins mutilante, 
à main armée. 

Dans notre cas de sarcome endothélial de l'orbite, avec métas- 
tases cutanées, les seules appréciables, la radiothérapie a cu 
rapidement raison de la tumeur orbitaire. 

Des observations sur ce sujet n’ont été publiées qu’en nombre 
restreint. Ce sont celles de Beclère (1804) (2), de Coley (3), de 
Sjögren (4) et de Webster Fox (3). 


BECLÈRE. — Tumeur sous-cutanée, au niveau de l’orbite, ré- 
cidivant après une deuxième opération. L’ceil avait dû être 


— 490 — 


. 
énucléé. Séances quotidiennes de radiothérapie diminuant le 
volume du néoplasme; puis séances hebdomadaires pendant qua- 
tre mois. La tumeur a disparu sans laisser de cicatrice. 

Corry. — I. Homme de 42 ans. Sarcome à cellules rondes de 
l'orbite. Diminution de volume. Durée du traitement : quatre 
mois. Action passagère de la radiothérapie. 

IT. Tumeur de l'orbite et du cou, à cellules rondes. Diminu- 
tion de volume, Radiothérapie pendant cinq semaines. 

SJOGREN, 1899, — Tun:eur située entre la voûte orbitaire et 
le bulbe oculaire. Lymphosarcoine (chlorome). La tumeur molle, 
de croissance rapide, fut extirpée, vingt séances de radiothéra- 
pie consécutives firent disparaître la récidive. Maintien de la 
guérison clinique apres 3 mois. 

L. Wensrer Fox, 1904.. - Femme de 20 ans. Sarcome fuso- 
cellulaire de la région naso-orbitaire gauche, avec ptosis, che- 
mosis de la paupitre supérieure et protrusion entre les paupie- 
res. Une opération d'exploration la fit considérer comme inopé- 
rable. Vingt-huit applications quotidiennes pendant cinq mi- 
untes, tube à 10 pouces, courant de 4 milliamperes; puis séances 
crois fois, deux fois par semaine et enfin séances hebdomadaires 
de dix minutes. En tout quarante-six séances, suivies d’un re- 
tour à l’état normal. 


Le petit nombre de faits consignés légitime la publication de 


Cas nouveaux, 


OBSERVATION. — Honoré C., de T., âgé de 16 ans, est conduit 
à la clinique universitaire par son père, le 18 maz 1908. On note: 
marasme accentué, résultat d’une tumeur volumineuse de l’or- 
bite droite, ulcérée et par la surface de laquelle des hémorragies 
en nappe sont devenues fréquentes (voir fig. 1). 

Le néoplasme a refoulé l'œil directement en avant. Les pau- 
pieres œdémateuses, avec quelques veines distendues, sont res- 
serrées sur la tumeur, du volume d’une mandarine, et ne se 
luissent guère écarter ou soulever. 


L'œil ne se reconnaît plus dans la masse exorbitée, irréguliè- 


— 491 — 


rement bosselée, saignante et purulente à sa surface. Toutefois 
attention est appelée vers le centre, sur une petite surface irré- 
guliere blanc jaunâtre, dans une dépression : c’est la cornée, 
sphacélée, plus ou moins cachée par une conjonctive chémoti- 
que ou envahie par le néoplasme. 

_ Le sujet a passé récemment par des douleurs de la région 
temporale et de l’arcade sourcilièré. 

L’anamnese ne permet pas de noter de la diplopie. 

La maladie a débuté par des œdèmes palpébraux successifs, 
il y a neuf ans. La très longue durée de l’exophtalmie est attestée 
par l'affirmation d’une tierce personne : « Elle a toujours connu 
ce garcon avec un ceil saillant. » L'évaluation de la durée du 
mal est due au père qui n'a pas varié dans ses déclarations. Ia 
été fort positif quant à l'apparition des tumeurs cutanées ré- 
pandues sur les faces antérieure et postérieure du trone. Ces 
tumeurs sont survenues deux ans apres la tumeur de l'orbite. 
L'exophtalmie ne se serait produite que depuis quatre ans. La 
vision nette des objets existait encore, il y a un petit nombre de 
semaines. Ce point exclut une tumeur développée aux dépens 
de la corde optique. 


Iie. l. Avant Fig. 2. Fig. 3. Guérison. 
la radiothérapie. Après 4 séances. (Apres 8 séances.) 
16 mai. 27 juin. 


=- = seg 


Le diagnostic de sarcome de l'orbite droite, à développement 
lent, s'imposait, le néoplasme en étant à sa troisième période, 
celle de l’ulcération et de la généralisation. 


— 492 — 


L'œil enclavé, immobilisé dans les masses exorbitées, de 
consistance ferme, était, soit par la compression des filets ner- 
veux sensitifs et trophiques, soit par le fait du lagophtalmos, 
atteint dans sa cornée. Il n'existait point d’adénite, par infec- 
tion émanant de la tumeur ulcérée, point de prolongements du 
sarcome comme dans les cavités voisines. 

Le marasme actuel et la généralisation des tumeurs au tégu- 
ment externe, indépendamment des métastases viscérales pro- 
bables, ne laissaient place qu’à un pronostic des plus réservés. 

L'œil gauche, son fond et ses annexes, sont normaux. 

Vu l’état général du sujet, une intervention chirurgicale es: 
ajournée. 

La température est, le 19 mai, de 38° C; elle monte le 20 et 
le 21, à 38% et 38°6; elle descend le 22 a 38°38; le 23 à 38° pour 
remonter le 24 à 38°4 et redescendre ensuite vers la normale qui 
n'est plus dépassée. 

Des applications continues d'eau oxygénée détergent les sur- 
faces de la tumeur et diminuent rapidement les hémorragies. 

Le traitement radiothérapique est décidé et commencé le 


92 mai. 


TECHNIQUE. --- Les applications ont été faites au moyen d'un 
tube Chabaud placé dans un localisateur de Drault. Le tube était 
actionné par un transformateur Gaiffe a circuit magnétique 
fermé, fournissant un courant alternatif de 60,000 volts redressé 
au moyen d’un jeu de soupapes de Villard. 

Les rayons utilisés avaient une intensité moyenne et mar- 
quaient + à 5 au radio-chromomètre de Benoist. L’étincelle équi- 
valente était de 6 centimètres et le tube, en régime normal, ab- 
sorbait un milliampère quand le voltmètre du primaire mar- 
quait 10 volts. Dans ces conditicns, les rayons mesurés au moyen 
du radiometre de Sabouraud et Noiré donnaient la teinte limite 
en 30 à 40 minutes. 

Fidèles à notre technique habituelle, qui exclut d’une façon 
systématique les applications de doses massives de rayons X, 
comme étant dangereuse, nous avons fait des applications à 


— 493 — 


doses fractionnées : quatre séances de dix minutes, à un jour 
d'intervalle chacune, de telle sorte qu’en huit jours la dose l: 
mite était atteinte. Cette période a été suivie d’un repos de 
quinze jours pour laisser passer la période de latence. 

22 mai 1908. — Irradiation pendant dix minutes sur la tu- 
meur de |’ceil. 

Les 24, 27, 29 mat, même température. 

30 mat. — Les hémorragies ont complètement cessé; les dou- 
leurs sont moindres, le volume de la tumeur a notablement di- 
minué. 

Le 6 juin, la diminution du segment supérieur de la tumeur 
est démontrée aux auditeurs de la Clinique. 

Le 7/ juin. — La tumeur a notablement rétrocédé (fig. 2). On 
a fait sur Pæil ainsi que sur la tumeur centrale du dos, une 
séance de 10 minutes. 

Les 13, 16, 18 juin : idem. 

Le 21 juin. — La tumeur d ela paupière a complètement dis- 
paru. L'œil a réintégré l'orbite et a pris un aspect cicatriciel. 
Les douleurs n'existent plus; on note une forte pigmentation de 
la peau sur toute la region de l’œil exposée à l’action des 
rayons X. Les cils néanmoins sont conservés. La tumeur du dos 
n’a pas diminué. 

Les 22, 24, 26, 29 juin, application sur la tumeur située sous 
le bras gauche. 

Le 6 juillet, l'enfant quitte l'hôpital et vient se présenter 
régulièrement à la Clinique; la tumeur orbitaire peut être con- 
sidérée comme guérie. L’ceil atrophié se meut difficilement daus 
le tissu cieatriciel, reliquat de la radiothérapie (muscles atro- 
phiés par la néoplasic) (fig. 3). On fait cependant encore jus- 
qu'au 15 juillet une série de quatre applications en même temps 
qu'on expose encore la tumeur du dos. 

Du 31 juillet au 6 août. — Quatre nouvelles applications 
sur le dos avec des rayons plus durs, de 7 d’unités Benoist. Le 
pourtour des tumeurs exposées présente une forte pigmentation 
de teinte ardoisée, maïs les saillies n’ont aucune tendance à la 
disparition. 


— 494 — 


Du 21 août au 28 août, quatre séances sur la tumeur dorsale. 

Du 75 septembre au 22 septembre, mème traitement. _ 

Pas la moindre diminution de volume; tout au plus peut-on 
dire que la tumeur se flétrit un peu et est moins tendue. 

En résumé: la tumenr de l'orbite a disparu totalement en 
douze séances, pendant lesquelles elle a absorbé environ 14 à 
15 H., tandis que les tumeurs du dos ont subi vingt-quatre appli- 


cations sans présenter de changement notable. 


Dans un article sur le sarcome, L. Perrin (1) décrivant la po- 
lysarcomatose cutanée secondaire à un sarcome localisé primi- 
tif (testicule, rein, parotide...), spontanée ou consécutive à une 
opération, répétée où non sur la tumeur primitive, écrit: « L’ap- 
parition des tumeurs cutanées semble se faire dix-huit mois à 
deux ans après le début de la néeplasie initiale. Leur nombre 
est tres variable, Peu nombreuses au début... elles siègent, sans 
ordre et sans symétrie, principalement sur le tronc; elles sont 
diserètes où manquent totalement sur la face et les membres. » 

Les faits uvancés pur L. Perrin se réalisent ici, à part quel- 
ques nodules secondaires sur le‘ haut de la face antérieure des 
cuisses. 

Les tumeurs cutanées de notre patient sont disséminées sur le 
tronc : les plus volumineuses, atteignant un diamètre de 3 cen- 
timétres, sont situées entre les-omoplates, sur la région abdomi- 
nale gauche et en avant de l’aisselle gauche (fig. +). Ce ne sont 
pas les plus saillantes. Leur coloration est celle de la peau, mais 
jaunie. Les pores des glandes y sont fortement marqués. Dans 
leur ensemble leur consistance est ferme. La peau est hypérémiée 
au niveau des tumeurs de petite dimension. Quelques-unes, de 
grandeur moyenne, sont hémisphériques et le tégument cutané 
est de couleur normale à leur niveau. La peau ne glisse sur au- 
-cune des tumeurs explorées. Toutes sont d'une indolence 
absolue. 


(1) Pratique derinatologique, (TV, p. 293, 1904. 


— 495 — 


Les sarcomes cutanés (Perrin) peuvent demeurer stationnai- 
res; ou la pullulation cellulaire n’y est point arrétée, ou bien 
encore les plus anciennes diminuent de volume, tandis qu’appa- 
raissent de nouvelles tumeurs. 


Fig. 4. Tumeurs secondaires (région interscapulaire). 


La particularité de la régression de tumeurs malignes mérite 
l'attention. Nous avons vu des blastomes secondaires, des méla- 
nosarcomes métastasés de la peau disparaitre sous nos yeux (1). 
Le fait est bien connu pour certains Ivmphosarcomes, du pha- 
rynx notamment, qui régressent pour réapparaitre et pénétrer 
dans la cavité cranienne (2). 

Il faut tenir compte de cette particularité à propos de cures 
de radiothérapie. 


Perrin, déja cité, note que la durée de la sarcomatose varie 
entre six mois et deux ans après la constatation des tumeurs de 
la peau. 


(1) Cf. A. Minne. Un cas de sarcome alvéolaire pigmenté à cellules épithélioïdes, 
(Ann. de derm. et de syphiligr., p. 754, 1899.) 
(2) Kaposi, fils, cité par MELLER, in Arch. f. Ophth. 


— 496 — 


Dans le cas actuel elles remontent à sept ans et de mai à dé- 
cembre 1908 elles n'ont guère subi de modifications. 

L’excision de tumeurs du dos aux fins d’analyse, avant et apres 
la radiothérapie, permet d’exclure le sarcoide multiple de Boeck 
(tuberculoïdes nodulaires de Darier), le mycosis fongoide à tu- 
meurs d'emblée de Vidal et Brocq — elles s’ulcerent — et anr- 


tout les granulomes leucémiques (voir examen du sang). 


Examen histologique. — Les éléments néoplasiques s’étudient 
le mieux à la périphérie du nodule cutané. La disposition est 
plexiforme sur les limites de ce nodule. A ce niveau les éléments 
épithélioïdes se disposent le long des parois des fentes lympha- 
tiques à la façon d’un épithele, parfois sur deux rangées faisant 
face l’une à l’autre. On reconnaît là une propriété des endo- 
thèles. Après multiplication de ces éléments la disposition est 
alvéolatre (comme dans le carcinome) et plexiforme. Le tissu 
connectif interjacent, hyalinisé, disparaît par voie d’atrophie et 
les amas néoplasiques confluent. L’aspect devient alors celui 
d’un sarcome à éléments embryonnaires, polyédriques par pres- 
sion réciproque et dans lequel des tractus fibreux font penser à 
la structure carcinomatode. Ces mêmes éléments néoplasiques, 


endothéles proliférés, apparaissent aussi, — image mineure, 
moins fréquente, — sous forme d'amas de fuseaux (évolution 


connective) à trainées entrecroisées, c'est-à-dire que la configu- 
ration est celle du sarcome fusocellulaire. 
En résumé, les tumeurs cutanées répondent à la structure du 


sarcome endothélial interfasciculaire. 


L'examen clinique des ganglions lymphatiques, de la rate, du 
foie, ne dénonee aucune anomalie. 


Eramen du sang le 19 jum: 
Globules rouges : 4,820,000. 
Globules blanes : 8,000. 
Polvnucleés, 85 p. 100. 
Lymphoides petits, 10 p. 100. 
Leucocytes mononuelé£s, 5 p. 100. 


Conclusion : le sang est normal. 


— 497 — 


Tumeur orbitaire, — Notre jeune patient, avant d’être débar- 
rassé de sa tumeur, a aussi bénéficié de l'action analgésique de 
la radiothérapie : son étet cachectique s'est promptement amé- 
lioré ; ce sont des actions parallèles de la méthode, sur lesouelles 
Kienbéck notamment n appelé l'attention. 

Bien que les métastases des endothéliomes ne soient pas com- 
munes, il est impossible de considérer les tumeurs cutanées 
comme étant autre chose que des tumeurs, fiiles de celle de 
l’orbite, indépendamment, nous le répétons, des tumeurs secon- 
daires, inaccessibles à l'exploration clinique et ne se révélant 
par aucun symptôme fonctionnel ou objectif actuel. 

Cette interprétation nous paraît plus simple, plus légitime 
surtout, que celle consistant à admettre une tumeur primordiale, 
latente, ayant fourni des emboles métastatiques à l’orbite et au 
tégument externe, par Ja voie sanguine. 

Sans doute aucune portion de Ja tumeur orbitaire n’a pu être 
analysée, mais les tumeurs secondaires reproduisent sous une 
forme généralement typique les qualités structurales de la tu- 
meur primitive; analyser les unes, c’est connaître la nature his- 
tologique de l’autre. 

Une conclusion intéressante dérive des faits signalés plus 
haut: la tumeur orbilatre s’est montrée radiosensible et, malgré 
la terture semblable, cnalgré leur position plus favorable, plus 
superficielle, les tumeurs catanées ont résisté à la radiothérapie. 

De la les essais avec la radiumthérapie. 

« La radiothérapie donne de magnifiques succès et de nom- 
breux échecs » déclare Rieder (1907). 

D’après Béclère et Mevnoury, rien ne sert mieux l’action de 
la radiothérapie qu'une lente évolution du néoplasme vasculo- 
connectif. 

Or, Kienbück, dont on connaît l’autorité en radiothérapie, 
déclare le contraire : Jes tumeurs molles, vasculaires, riches en 
cellules, réagissent mieux que les tumeurs croissant avec len- 
teur, pauvres en vaisseaux. 

Les cellules néoplasiques opposent moins de résistance à la 


radiothérapie que les tissus normaux au sein desquels elles se 


— 498 — 


sont développées. Les sarcomes riches en cellules seront assu- 
rément les plus sensibles à son action. 

Des sarcomes riches en vaisseaux sanguins doivent facilement 
diminuer de volume : les vaisseaux sanguins, les éléments du 
sang surtout les leucorytes, sont radiosensibles (leucémies!). 


Les sarcomes fortement vascularisés ont une énergie de proli- 
fération plus accentuée et c’est chez eux que Kienbôck et Rieder 
ont observé une facile disparition. 

Le succes et l’échec radiothérapiques portent ici sur des tu- 
meurs de même nature, de même structure, mere et filles. Toutes 
se sont lentement développées. Ce caractère appartient à cer- 
tains endothéliomes. 

Peut-être la prompte disparition de la tumeur orbitaire est- 
elle due à une prolifération vasculaire devenne brusquement 
plus active et à lessor parallèle des éléments néoplasiques. 

Les sarcomes de la peau diminuent rapidement par les 
rayons X, d'après Kienbück. 

Les tumeurs cutanées secondaires étaient plus facilement 
accessibles que les parties rétro-oculaires, intraorbitaires du 
néoplasme. Pourtant elles ont résisté aux rayons X. 

Maunoury (1907) affirme de son côté que les sarcomes de la 
peau sont plus facilement curables que ceux dont la sitéation 
est sous-cutanée. I] rappelle que certains sarcomes sont telle- 
ment sensibles que, méme situés profondément, ils diminuent 
rapidement. Pour d’autres sarcomes, les néoplasmes superficiels 
sont plus facilement influencés. Z] en est qui ne sont nullement 
modifiés, sans que Von sache pourquoi. 

Pour nos tumeurs cutanées cette dernière remarque étut de 
cireonstance, en ce qui concerne la radiothérapie. 

Kienbück (1907) établit, de son côté, une donnée analogue : 
les sareomes se conduisent fort différemment : ils réagissent 
promptement; ils ne réagissent pas. 

Encore un coup, il s'agit là de cas observés chez des sujets 
différents. Cette opposition extrême dans l'action radiothéra- 
pique, nous la relevons ici chez le même sujet « sans que l’on 


sache pourquoi », à moins d'accorder que la tumeur exorbitée 


— 499 — 


était plus radiosensible (1), plus accessible que les tumeurs du 
tégument, ce dernier suflisant à arrêter les rayons X a une faible 
profondeur. 

L’assertion de Kieubück, relative à la grande access.bilité 
des sarcomes cutanés par les rayons X, ne s’est pas réalisée 
ici. 

é 

Toutefois, nous croyons devoir conclure que si les tumeurs 
cutanées du dos ont été peu influencées par les rayons Röntgen, 
il faut en rechercher la cause dans le manque de pénétration de 
ces derniers, la plus grande partie des rayons étant absorbée 
par la peau et celle, arrivant à la tumeur, n’ayant plus assez 
d’activité pour agir sur l'élément sarcomateux (2). 

Dans ces conditions, on aurait pu songer à appliquer fs mé- 
thode de filtration des rayons, introduite par Perthes, et récem- 
ment perfectionnée par Dessauer sous le nom de « homoygene 
Bestrahlung », mais auparavant, nous avons voulu voir com- 
ment ces tumeurs se comportaient vis-à-vis des rayons du Ra- 
dium. 

A cet effet, une des petites tumeurs de la peau de l’abdo- 
men a été soumise, les 5 et 6 novembre, pendant une durée to- 
tale de trois heures, aux émanations d’une plaque de 1 centi- 
metre carré, recouverte de sulfate de radium incorporé dans un 
vernis spécial, d’une activité de 500,000 unités. Cette plaque 
était protégée par un fragment de toile imperméable, qui ab- 
sorbait les rayons a, mais laissait passer les rayons B peu ct fort 
pénétrants, ainsi que les rayons y. Au bout de quinze jours, il 
se produisit une légère irritation de la peau qui se couvrit d’une 


(1) Un sacome ulcéré est plus radiosensible, toutes conditious égales. Tel est 
le cas de Crysopathes (8) sarcome cervical à cellules rondes, inopérable, résis- 
tant à onze radiations se fondant après une incision. Celte derniére une fois 
refermée, la tumeur prend un nouvel essor. 

(2) D'autre part Haun (9) von MikuLiez et FrrriG (10) ont établi l'obstacle que 
le tégument cutané intact oppose au traitement rüntgénien. 

Inversement bien des sarcomes se sont fondus qui étaient recouverts d'une 
peau intacte (Heineke | 11]et d'autres) sans qu’il fut nécessaire, comme on Va 
proposé, d'aller jusqu'à la brûlure et l'ulcération du tégument. 


— 500 — 


croûte, mais la tumeur avait en méme temps complètement dis- 
paru. Huit jours plus tard, soit le 27 novembre, la croûte était 
tombée, laissant à sa piace une peau lisse ne présentant plus de 
saillie due a la tumeur. 

Nous nous proposons de répéter l'espérience sur d'autres tu- 
meurs en interposant enire le radium et la peau des filtres ne 
laissant passer que les rayons les plus pénétrants, de manière a 
faire disparaître le néoplasme sans avoir de réaction du coté de 
la peau. 

La guérison du sarcome de l'orbite sera-t-elle durable? TI fau- 
drait un an et demi, écoulé depuis la cessation du traitement, 
pour l’affirmer (Kisnbôck). I] va sans dire que des rel*quats 
quiescents peuvent entrer derechef en pullulation. 

Tous les chirurgiens appliqueront la radiothérapie dens les 
récidives des sarcomes orbitaires. 

Les endothéliomes sont largement représentés ici, sans parler 
des granulomes leucémiques et pseudoleucémiques, qui ve sont 
point des blastomes ou tumeurs virales. 

La radiothérapie serait le remède souverain pour les sarcomes 
non opérables, ayant déjà envahi les os. (est une opération 
chirurgicale, sans issue favorable, que celle qui s’adresse à un 
sarcome ayant envahi les os; les limites sont térébrantes et dif- 
fuses. 

La radiothérapie doit compléter les ablations de sarcomes or- 
bitaires. 
© il est vrai que certains sarcomes se montrent si sensibles à 
la radiothérapie, il serait légitime de commencer le traitement 
des tumeurs malignes de l’orbite par l’action des rayons X. Sans 
doute, elles ne sont pas toujours favorablement situées, mais la 
dose curative des rayons X peut agir, sans que les fonctions 1ét)- 
niennes solent atteintes. 


OUVRAGES CITES (RADIOTHERAPIE) 


(2) Bec ere. Influence des rayons X sur les tumeurs mali- 
gnes (Société méd. dés hôpitaux, Arch. d'électr. méd., n 756, 


1907) 


. 
¢ 


aoe) — 


(3) Corer. The influence of the Röntgen Ray upon different 
varieties of sarcoma. (Wed. News, 1902.) Late result of X Ray; 
treatment of Sarcoma (/bid., 1904). 

(4) SsdGren. Uber Rôntgenbehandlung von Sarkomen. 
(Fortschritte auf dem Gebiete der Réntgentrahlen, t. VIII.) 

(5) L. Wensrar Fox. Sarcome de l’orbite guéri par les 
rayons X. (Arch. of ophtalmol., p. 31, janv. 1900.) 

(6) Ros. KrExnôck. Physth-Therapie, fase. 6, pl. 141. 

(7) Matunoury. Influence des rayons de Röntgen sur les tu- 
meurs malignes. (Areh. d’électr. méd., p. 841, 1907.) 

(S) Crysoraruks. Erfolgreiche Behandl. eines inoper. Sar- 
koms mittels Rüntgenstrahlen, (Münch. med. Wochenschr., 
1903.) 

(9) Haux. Anal. in Deulsche med. Wochenschr., 1904. Fort- 
schrift auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen, t. VIIT. 

(10) V. Mrikusacz et l'irric, Beiträge klin. Chir., t. 37 

(11) HererxeKe. Wünca. med. Wochenschr., 1904. 

(12) Kiexsôck et Rrerer. Munch. med. Wochenschr., 1907. 


UN CAS. 


D'OSTÉOME DU PENIS CHEZ UN HOMME ADULTE 


PAR LE D' C. DE VREESE 


CHIRURGIEN ADJOINT AUX HOPITAUX CIVILS D'ANVERS 


Le docteur P. Dietz et moi, nous avons eu l’occasion d'inter- 
venir dernièrement dans un cas tres intéressant et tres rare, cas 
dont l'histoire mérite d'être rapportée. 

1] s’agit d'un homme de 37 ans, célibataire, bien portant, 
normal. Son père et sa mère très âgés, vivent encore en benne 
santé et n'ont jamais été malades. Quatre sœurs et un frere sont 
également bien portants. Il n’y a pas d’antécédents personnels 
pathologiques; le patient n’a sûrement jamais présenté de symp- 
tôines de syphilis ni de blennorrhagie et n'a jamais eu de trau- 
matisme pénien. 

Urines absolument normales, claires, jaune citron, sans albu- 
mine ni sucre; au microscope absence de tout élément morpho- 
logique. 

Il y a trois mois, M. X a constaté par hasard à la racine de 
la verge, un peu en avant du pubis, une induration irrégulière, 
légèrement mobile et indolore, n’occasionnant pas Ja moindre 
gène fonctionnelle. L’érection, restée normale, a présenté pour- 
tant des modifications qui ont attiré l'attention de X, qui est 
très intelligent. Depuis l'apparition de l’induration, la cour- 
bure pénienne à l’état de rigidité s’est modifiée progressive- 
ment, en ce sens que la verge présente une incurvation brusque 
vers le pubis, le sommet de l’angle obtus ainsi formé, correspon- 
dant nettement à la partie antérieure du corps étranger. 


— 3503 — 


Depuis Ja constatation de la présence du corps étranger dans 
le penis, augmentation lente, mais progressive de celui-ci; d'où 
inquiétude de X qui finit par consulter le D" Dietz. 

La première idée du D" Dietz était qu'il s'agissait d’un frag- 
ment de sonde, d'un corps étranger quelconque, introduit par 
des manœuvres spéciales dans Purèthre; corps brisé ou égaré et 
logé encore dans l'urèthre pénien. 

I] paraît que dans la littérature ‘péciale des voies urinaires, 
on relate quelques cas de ce genre. 

L'exploration à la sonde, puis l'endoscopie avaient vite fait 
disparaître cette supposition. 

Le jour de l'opération, voici les symptômes objectifs locaux : 

A l'inspection pas Ja moindre modification de forme ou de 
volume de la verge. A deux travers de doigt au devant du pu- 
bis, du côté dorsal de la verge on sent sous la peau un dorps 
étranger, indolore, mobile mais paraissant adhérent à la peau; 
légèrement élastique, donnant l'impression d’un fragment de 
tissu cartilagineux, de 3 centim. de long sur 2 de large, con- 
vexe vers le haut. On dirait qu'une petite boutonnière cutanée 
suffirait pour le projeter au dehors. 

Les bords et les angles sont arrondis, bien émoussés; l’épais- 
seur paraît être d’un demi-centimétre. 

Absence de ganglions inguinaux. 

Quelques jours avant l’intervention, la radiographie ayant éte 
faite, on voyait nettement sur le cliché la présence du cerps 
étranger dans la verge; celui-ci présentait la structure du tissu 
osseux. Je regrette d'être dans l'impossibilité de vous montrer 
la radiographie en question, le D" Dietz VPayant égarée avant 
den faire imprimer des négatifs. 

Je dois à l'obligeance de mon distingué confrère et radio- 


graphe Heilporn une série de radioscopies de la pièce enlevée. 
(Voy. fig. 1 et 2.) 


Voici la technique opératoire suivie : 
Narcose chloroformique. 


Désinfection soignée au savon, à l'alcool et au sublimé de la 


i — 504 — 


région hypogastrique, de toute la verge, du scrotum, du périnée 
et de la partie supérieure des deux cuisses. 

Une sonde introduite dans la vessie donne un peu d’urine 
claire, jaune citron. 


Fide L etz: 


Lavage de la vessie et de tout l'urèthre a l'eau boriquée tiède. 

La sonde Nélaton enlevée est remplacée par un cathéter mé- 
tallique, laissée à demeure pendant toute la durée de l’opéra- 
tion. 

Application d'une garrot, sonde en caoutchouc à un travers 
de doigt au-dessus du corps étranger. 

Sur la verge immobilisée horizontalement, incision longitu- 
dinale d'environ 4 centim. de longueur sur le bord externe droit 
du corps étranger, c’est-à-dire sur la partie latérale de la verge, 
en dehors de la région des gros vaisseaux, pour pouvoir attein- 
dre et extraire le corps étranger facilement par le bord externe 
qui paraissait libre. 

Malgré le garrot, assez bien de sang pendant les premiers 
instants de l'intervention inonde le champ opératoire, mais cesse 
bientôt d'affluer et le restant de l'opération est absolument 
exangue. 

Après incision des téguments, le bistouri tombe sur un corps 
dur comme de l'os, ne se laissant pas entamer, intimement 
adhérent partout au fascia penis. On ne trouve pas de plan de 


sa -s 


clivage et apres libération difficile de toute la face supérieure, 
on est obligé de Vexciser sur tout son pourtour du tissu fibreux 
et du tissu érectile du corps caverneux immédiatement sous- 
jacent. 

Après l'extirpation de l'ostéome, l'exploration instrumentale 
et digitale de la plaie opératoire n'accuse plus aucune autre 
induration, ni rien d'anormal. 

Le garrot laché, aucun gros vaisseau ne saigne, mais une 
hémorragie aboudante en nappe se produit. 

Frois fils de catgut séparés sont placés dans la profondeur, 
pénétrant profondément. L'hémorragie avant cessé on ferme la 
peau par des points séparés pénétrant encore dans les corps ca- 
verneux, pour éviter tout espace mort et par conséquent la for- 
mation d'un hématome sous-cutané. 

Enlèvement de la sonde metallique et introduction d'une 
sonde molle; l'urine sort claire. Lavage de la vessie et de lurè- 
thre; pas la moindre trace de sang. Sonde ouverte laissée à 
demeure. 

(‘ompresses de gaze aseptique imbibées d'eau boriquée sont 
placées sur la verge et pansement légèrement compressif. Repos 
au lit. Nalol. Infection de la plaic, et réunion par seconde in- 
tention. 

Voici la description de Ja pièce enlevée, que j'ai l'honneur de 
vous presenter. 

Deux centimetres et demi de Jong sur 15 mm. de large. Epais- 
seur 2 à 3 mm. Rouge, élastique, face supérieure correspondant 
au dos de la verge convexe dans le sens de la largeur seulement, 
dur, ne se laissant pas entamer par l'ongle et présentant encore 
des stries lengitudinales, traces des coups de bistouri lors de 
l'opération, 

Face inférieure molle, cartilagineuse, présentant encore des 
fragments de vorps caverneux intimement adhérents, eoucave 
dans le sens de la largeur seulement. Les bords ainsi que les 
angles sont arrondis. 

La face supérieure a nettement l'aspect du tissu osseux com- 


pact. Sur la coupe on constate que cette lamelle de tissu osseux 


— 006 — 


compact qui n’a qu'un millimètre d'épaisseur, se laisse détacher 
assez facilement de la couche d'aspect cartilagineux sous-ja- 
cente. 

Macroscopiquement, il est certain qu’il s’agit d’un ostéome. 

Voici une série de préparations microscopiques dues à mon 
excellent confrère R. Lauwers, et qui montrent à l’évidence 
qu'il s’agit réellement d'un corps osseux. 

J'ai cherché vainement dans la littérature médicale l’exis- 
tence de cas semblables, la relation d'ostéomes du penis. Ces 
productions osseuses doivent done être tres rares. 

Notre savant confrère d'Ilaenens, Ed., assure pourtant avoir 
rencontré dans la littérature spéciale des voies urinaires quel- 
ques cas semblables, mais il s'agissait toujours de vieillards, 
chez qui une portion du fascia penis ou du septum s'était 


ossifice. 


UN CAS 


DE 


LUXATION COMPLÈTE DU MÉTATARSE 


PAR LE D" LAUWENS 


CHIRURGIEN ADJOINT DES HÔPITAUX D'ANVERS 


PLANCHE NN 


Les luxations du métatarse sont assez rares: le Noureau 
traité de chirurgie de Le Dentu et Delbet (1988) en rapporte 
80 cas. Ces luxations complètes où incomplètes peuvent se faire 
en haut, en bas, en dedans, en dehors: beaucoup plus rarement 
se présentent les luxations divergentes, c'est-à-dire celles où 
une partie du métatarse est luxée dans une direction, tandis 
que l'autre est déviée dans un autre sens. 

Nous avons observé dans le service du D" Conrad (Hôpital 
Nainte-Elisabeth}, un cas se classant dans cette dernière variété. 


OBSERVATION, -~ Constant J..., télégraphiste, 26 ans. Chute, 
le 20 juin 1908, d'une hauteur de 8 mètres, Gebout, le pied 
gauche engagé dans un fort crochet en fer. Le sujet était 
chaussé de fines sandales en caoutchouc. Pied gauche for- 
tement et uniformément gonflé, ne présentant à la vue au- 
cune déformation frappante. Au palper on sent la base du 
premier métatarsien luxé en haut et en dedans; le deu- 
xième métatarsien est luxé en haut; les troisième, quatrième 
et cinquième métatarsiens sont perceptibles, mais plus vaguc- 
ment, à la face dorsale du pied : ils font relief par rapport au 


— J08 — 


tarse. Les clichés radiographiques confirment, mais en donnant 
tous les détails, le diagnostic de luxation complete du métatarse. 
La réduction, pratiquée sous anesthésie, réussit parfaitement : 
pendant que la main gauche exerçait une traction sur les or- 
teils, Ja main droite saisissant circulairement le métatarse opé- 
rait la réduction : les os se remirent en place comme mus par 
un déclic. Appareil contentif pendant dix jours, puis mobilisa- 
tion, exercices actifs et massage. Le malade quitta le service 
sur sa demande, apres six semaines de traitement. Nous l’avons 
revu récemment : état local parfait, mais i] s’est développé une 
névrite ascendante grave : atrophie du membre (3 cent'mètres), 
le pied pend en varus équin, anesthésie pour tous les modes de 
sensibilités, en forme de botte remontant jusqu’au genou, dispa- 
rition des réflexes rotulien, calcanéen, plantaire. 


Le mécanisme des luxations a été étudié par Chavasse, Clau- 
dot, Quenu, etc. Pour le cas présent, la luxation s’explique 
d'autant plus facilement que l’avant-pied, non protégé d’ailleurs 
par un obstacle dur (crochet en fer) pendant que le tarso, en- 
par un obstacle dur (crochet en fer) pendant que le tarse en- 
éraîné par le poids du corps, venait heurter violemment le sol. 

Plus intéressant est le mode suivant lequel s’est fait le dépla- 
cement des os du métatarse. Procédons d’abord à l’examen plan- 
taire (planche XX, fig. 2). L’articulation de Lisfranc est absolu- 
ment bouleversée. La base du premier métatarsien est en dedans 
du premier cunéiforme; elle dépasse, vers l'arrière, ‘la surface 
articulaire de cet os d’environ deux centimètres. La base du deu- 
xième métatarsien n’est plus en rapport avec la surface articu- 
laire du cunéiforme correspondant: elle lui est en partie superpo- 
sée ainsi qu'au troisième os cunéiforme. La base du troisième mé- 
tacarpien vieñt se mettre en contact avec le cuboide; enfin les 
quatrième et cinquième métatarsiens touchent encore le cuboïde 
mais en dehors de l'endroit où Us s'articulent normalement; 
l'apophyse du cinquième métatarsien est fracturée. 

L'examen latéral interne (planche XX, fig. 1) est plus compli- 
qué, néanmoins il est facile de s'apercevoir que le premier méta- 


— 509 — 


tarsien se superpose en partie au premier cunéiforme et le dé- 
passe vers le haut; que le second métatarsien dépasse la rangée 
formée par le métatarse et qu’il repose par sa base sur les os du 
tarse; que les troisième et quatrième métatarsiens viennent. re- 
couvrir une grande partie des second et troisième cunéiformes 
formant une n.asse unique et un peu indistincte; enfin que le cin- 
_quième métatarsien recouvre partiellement Je cuboide et qu’il 
est fracturé au niveau de son apophyse. 


TI] existe donc une luxation complète du métatarse : dans ses 
grandes lignes c’est une luxation en haut et en arrière; mais si 
la partie externe du métatarse forme par les deuxième, troi- 
sième, quatrième et cinquième articles sont luxés en même 
temps en dehors, le premier métatarse est allé se mettre en de- 
dans. Comme nous l'avons dit plus haut, cette divergence est 
rare: Mazet, signalé par Malpaigne, a observé un cas où la 
luxation s’était produite en dedans pour le premier métatarsien, 
en dehors pour le cinquième, en haut pour ceux du milieu. 

Chaput a publié un eas absolument analogue au nôtre, avec 
cette seule différence que le premier cunéiforme accompagnait 
le premier métatarsien dans son déplacement en dedans. 

Il nous semble exister plusieurs raisons devant expliquer ceite 
divergence dans le déplacement. 

La surface articulaire du tarse est convexe en avant : la partie 
correspondante au premier métatarsien est oblique en arrière et 
en dedans, tandis que la partie s'articulant avee les trois der- 
niers est oblique en arrière et en dehors. On se rappellera aussi 
que les quatre derniers métatarsiens sont reliés à leur extrémité 
proximale par de solides articulations renforcées de ligaments 
plantaires, dorsaux et interosseux: le premier métatarsien, au 
contraire, et cela comme le premier métacarpien son homologue, 
n'est uni à son voisin que par quelques faisceaux fibreux. 

Supposons un violent traumatisme venant rompre les puis- 
santes attaches qui unissent le tarse au métatarse et repousse 
celui-ci vers Je haut en dégageant Je deuxième métatarsien de 
sa mortaise : il est naturel de s’imaginer que les quelques fibres 


reliant le premier métatarsien au deuxième seront rompues en 


— 510 — 


même temps et que l'intégrité du gril métatarsien sera détruite: 
à la luxation vers le haut viendront s'ajouter un mouvement de 
déplacement interne pour le premier os du métatarsien glissant 
sur une surface oblique en dedans et en arrière et un mouve- 
ment de déplacement externe pour les autres os, grace à Ja di- 
rection oblique en dehors et en arrière de la surface correspon- 
dante du tarse. Peut-être est-il permis de croire que ces mouve- 
meuts amorcés par les deux facteurs que nous avons signalés, 
sont renforcés par la contraction des muscles tibiaux d’une part, 
et du court péronier latéral d’autre part. 


INSTRUMENTS NOUVEAUX 


I. — Observateur à compression Rotax 


Ce nouveau modèle de compresseur que la maison d’électricité 
« Sanitas » nous démontra au Congrès de radiologie d’ Amster- 
dam, se compose essentiellement (fig. 1) d’une planchette de 


C.C.SAKITAS BEALING, 


Fig. 1. 


base, d’une colonne de support, d’un bras transversal et d’un 
anneau de compression. Pour fixer le bras transversal dans la 
position voulue en calant l’anneau, il existe un levier qui se 
meut par rotation à droite. 


— 512 — 


L'anneau de compression permet toutes les positions du bras 
transverse. 

La mise au point de la tige transversale se fait au moyen d’un 
bras de levier. | 
Pour faire la compression on se sert d'un anneau d'introduc- 


tion qui est tenu par une petite poignée transversale (fig. 2). 


E.C.SARITAS.FERLIA.N. 


Le support du tube de Röntgen possede des parois protec- 
trices en tissu caoutchouté; la partie supérieure du cylindre 
compresseur est une fenétre en verre plombe. 

Il existe des localisateurs de formes différentes. 

Le tube protecteur et le porte-ampoule se placent sur l'anneau 
de compression par l’intermédiaire d'un autre tube qui se dé- 
place dans le sens lateral. Un petit dispositif permet un bon 
centrage rapide du tube. 

Pour l'emploi de cet appareil, il faut une table construite de 
telle façon que la planchette de base puisse glisser facilement 
sous la tablette. 


— 513 — 


II. — Obturateur protecteur universel à diaphragme iris 


L’obturateur à compression rotax, très avantageux pour la 
radiographie, ne peut servir pratiquement pour la radioscopie 
et doit être remplacé par l’obturateur protecteur universel à dia- 


phragme iris. 


| a 


Lae | 
tly 
W | 


Le socle en fonte est monté sur roulettes, mais peut également 
être callé contre le sol moyennant des vis à fixation. 

Sur ce socle est monté le support à fourche dans laquelle peut 
basculer la caisse protectrice. Ce support est muni d’un méca- 
nisme à élévation commandé par un volant; il est également 
mobile dans le plan horizontal. La caisse protectrice est garnie 
de plomb, elle est munie de deux fenêtres en verre à base de 


— 514 — 


plomb. Les fenêtres peuvent être oblitérées à volonté par des 
rideaux, 

Le tube est fixé par une pince en bois et centré d’une manière 
irréprochable. 

La partie antérieure dennant passage aux rayons X est munie 
d'un diaphragme iris et peut être munie également de cylin- 
dres et de cônes à compression pour la radiothérapie. La fa- 
cilité avec laquelle cet appareil permet de faire toutes les appli- 
cations des rayons XÑ, tout en étant protégé soi-même, en fait un 
bon instrument pour la pratique des rayons Rontgen. 


SOCIETE BELGE DE RADIOLOGIE 


Seance du 13 décembre 1908 


 Sarcome de l’orbite 


Le D" DE NoBELE, en son nom et en celui du D" Van Duyse, 
montre la photographie stérévscopique d’un enfant atteint de 
sarcome de l’orbite droit. La tumeur est très volumineuse et fait 
une saillie considérable au devant de la face. Cet enfant pré- 
sentait également dans le dos des tumeurs de nature sarcoma- 
teuse, mais ne dépassant guère le volume d’une petite noix. 

Il a été assez heureux pour faire disparaître par la radiothé- 
rapie le sarcome del’orbite : les tumeurs cutanées n’ont guère 
été imfluencées quoique Ja peau se soit fortement pigmentée 
sous l’effet des radiations. (Voir le travail in extenso, page 489.) 


Le D" Laureys ne croit pas que la pigmentation de la peau 
sous l’influence des rayons X soit toujours le signe d’une forte 
absorption de rayons. 


Le D" BIENEAIT croit que la différence de réaction aux radia- 
tions montrées par Je sarcome de l'orbite et les sarcomes du dos 
est en rapport avec l’évolution de ces tumeurs dont les unes 
étaient à marche très lente et l’autre à marche rapide. Générale- 
ment les rayons X ont une action beaucoup plus forte sur le 
protoplasme jeune et les noyaux en voie de karyokinése, tandis 
qu'ils impressionnent difficilement les tumeurs qui ont cessé de 
se développer depuis des années. 


Le D" LEJEUNE. — Je ne pense pas, que du fait rapporté par 


— 516 — 


notre distingué confrere De Nobele, l'on soit autorisé à conclure 
à une différence d'action thérapeutique entre les radiations du 
radium et celles du tube de Röntgen. 

À diverses reprises Jai eu cependant l'occasion de constater 
que certaines petites tumeurs qui paraissaient ne pas régresser 
sous l'action des rayons X, rétrocédaient completement sous 
celle du radium. Mais, d’autre part, j'ai pu constater que cer- 
tains sarcomes par exemple rétrocédaient rapidement méme sous 
des doses faibles de rayons X, alors que d’autres paraissaient à 
peine influencés et nullement arrêtés dans leur évolution, méme 
sous des doses considéral.les. 

C’est ainsi que j'ai vu un sarcome du maxillaire supérieur 
chez un enfant de 7 ans, sarcome avant récidivé trois fois, fon- 
dre en quatre ou cing jours apres deux applisations de doses 
faibles de rayons X; les parents, crovant à une guérison, ne ra- 
menerent Penfant que deux ou trois mois apres; la tumeur 
avant réapparu, elle fondit de nouveau rapidement après trois 
applications à doses plus fortes que les premières. Je ne revis 
plus l'enfant, mais j'ai su que le néoplasme avait de nouveau 
envahi la face. Un autre cas que j’observe actuellement chez un 
homme de 40 ans, évolue différemment; il s'agit d'une récidive 
de sarcome de la région mastoïdienne droite, à évolution rapide, 
Nous l'action des rayons X, le néoplasme a paru subir un temps 
d'arrét très court, mais rapidement uue tumeur volumineuse 
apparaît sous Je menton, un énorme ganglion sus-clavieulaire se 
montre à droite et quelques jours apres, tout le côté gauche du 
cou est largement entrepris. I] faut noter, fait assez rare, que 
les douleurs n'ont pas disparu. 

Voici donc deux cas de tumeurs sareomateuses qui répondent 
différemment aux mêmes radiations. Cette différence doit dé- 
pendre du néoplasme lui-même (nature, siege, age, ete., ete.). 
Je pense qu'il doit en étie de méme dans les cas où le radium 
a paru plus actif que les rayons X. 

Pour résoudre Ja question, il faudrait se placer dans des con- 
ditions d'intervention identiques, rigoureusement exactes à tous 


les points de vue, et ceci est chose fort malaisée. 


— 917 — 


Le D" PENNEMAN pense qu'il ne s'agit pas ici d’une simple 
question de dosage; comme le D" Bienfait, il trouve que les dif- 
férentes tumeurs de l'enfant traité ne sont pas de même nature: 
l'histologie du sarcome est délicate et souvent la marche clini- 


que donne des résultats différents de l’examen histologique. 


Le D' DE Nope e rapelle que les tumeurs cnt été exami- 
nées par le D" Van Duyse, c'est-à-dire par un observateur compé- 
tent. 

Il ajoute que depuis cing mois il n’y a pas encore trace de 
récidive, 


Fracture du crâne 


M. le D' KLYNEXS présente la radiographie d’un nouveau cas 
de fracture du crâne (voir ce Journal, page 469). 

Il s'agit d’un débardeur qui recut contre le temporal gauche 
le choc d’un lourd tonneau; une hémorragie par i’oreille droite, 
la bouche et le nez s’ensuivit en même temps qu’une paralysie 
faciale droite. 

Les radiographies furent prises trois semaines après l’acci- 
dent : le côté gauche du crâne montre, contre toute attente, une 
fracture nette du pariétal et de l’écaille du temporal. 

Ce trait de fracture est très visible, il monte c: zig-zag pour 
se perdre vers le sommet du crâne dans les canaux du diploé : 
son point de départ paraît être dans le rocher. 

En tout cas, la netteté et la finesse de ce trait de fracture, 
ainsi que son siège et sa direction ne permettent aucune confu- 
sion avec le sillon de l'artère méningée moyenne, sillon que 
l’on distingue d'ailleurs parfaitement sur le cliché. 


REVUE DE LA PRESSE 


Radiodiagnostic 


S. Jonas. Die radiologische Feststellung der Zugehörigkeit 
druckschmerzhafter Punkte des Abdomens zu den inneren 
Organen, speziell zum Magen. (Untersuchungen zur Dife- 
rentialdiagnose des Uleus ventriculi.) (Fortschr. a. d. Geb. d. 
Röntgenstr., Bd NILE, H. 6.) 


Dans ce travail l'auteur cherche à établir les rapports exis- 
tant entre le symptôme douleur gastrique ou abdominale avec 
une lésion organique de l'estomac, en avant surtout en vue lul- 
cère gastrique, A priori on peut localiser la douleur aussi bien 
a Vestomae qu'à la peau, la musculature, le plexus solaire ou 
aux ganglions mésentériques. Dans ses recherches, il a pu cons- 
tater que le point douloureux se trouvait souvent en dehors de 
la silhouette gastrique; d’autres fois ce point semblait appar- 
_tenir a cet organe, mais par une légère compression produisant 
un déplacement de l'estomac, le point douloureux se trouvait de 
nouveau en dehors de cet organe. Enfin dans d’autres cas, le 
point douloureux suit régulièrement tous les déplacemenis de 
l'estomac et dépend d’une lésion de cet organe. 

L'auteur arrive aux conclusions suivantes, en se basant sur 
une étude d’une quarantaine de cas. A tous ses malades il avait 
donné le repas bismuthé de Rieder. | 


I. Si le point douloureux se place en dehors de la silhouette 
de l'estomac, il ne lui appartient pas par conséquent, mais cette 
circonstance n'est d'aucune utilité pour un diagnostic diffe- 
rentiel. 


IT. Si le point douloureux tombe dans la silhouette gastri- 
que, il faut d'abord déterminer par une élévation de cet organe, 
s'il Jui appartient ou non. Ni par une rétraction des parois abdo- 


— 519 — 


minales ou par une compression de l'abdomen, ce point ne suit 
pas l’élévation de l’estomac, il ne lui appartient pas : 1l relève 
alors de la peau ou d’un des organes prévertébraux. 

III. Enfin si par une rétraction des parois abdominales ou 
par une compression du ventre la zone douloureuse suit l’éléva- 
tion de l'estomac, elle appartient a cet organe. Ce dernier fait 
n'a jusqu’à ce jour été observé que dans les estomacs en forme 
de sablier. 


TL EILPORN. 


M. Simmoxps. Ueber den Nachweis von Verkalkungen am 
Herzen durch das Réntgenverfahren. (Fortschr. a. d. Geb. 
der Rontgenstr., Bd XII, H. 6, 1908.) 


Jusqu'à ce jour il a toujours été impossible de reproduire sur 
la plaque sensible les modific.tions pathologiques du tissu mus- 
culaire du cœur, et surtout sa dégénérescence calcaire. Tous les 
insuccés résultent des mouvements du cœur; une exposition 
prolongée efface les ombres projetées par le tissu calcaire. Mais 
sur le cadavre, on ne se heurte plus aux mêmes difficultés, et 
les foyers calcifiés sont parfaitement visibles. Cette dégénéres- 
cence peut se rencontrer au péricarde, au myocarde, à Pendo- 
carde et aux artères coronaires. 

La calcification des artères coronaires est facile à voir; elle a 
toujours la forme circulaire ou semi-circulaire comme les vais- 
seaux dans lesquels on la constate. La sclérose n’est pas conti- 
nue; aux endroits calcifiés succèdent des endroits :ndemnes. 

La dégénérescence calcaire du péricarde est surtout visible a 
la base du cœur, sous forme d’amas compacts, irréguliers. 

La calcification du myocarde est plus rare, et dans ces cas 

toute une partie du tissu musculaire est lésée. 
Mais le siège le plus fréquent de ces dépôts calcaires est a 
l'endocarde. Par le radiogramme on peut localiser exactement 
le siège de ces dépôts calcaires, qui se trouvent la plupart du 
temps sur les valvules mitrales et aortiques. 

Neuf reproductions splendides illustrent ce travail. 


HEILPORN. 


E. Lecros. Les erreurs d'interprétation en radiographie. 
(Le Progrès médical, 26 septembre 1908.) 


L'auteur combat une fois de plus les reproches sans fonde- 
ment que font à la radiographie certains esprits superficiels 


Il termine spirituellement par le mot pittoresque d'Imbert de 
Montpellier : « Les objections que font quelques personnes à la 
radiographie, les erreurs qu'on lui attribue, ressembient aux 
critiques que l’on pourrait faire de l’emploi de l’auscultation 
dans Je voisinage d’une musique militaire. » 

Briexvart. 


Davior. Etude sur la recherche et l’ablation des corps étran - 
gers de l’organisme. (Annales de chirurgie et Worthopedie, 
n* 9, 10 et 11, 1908.) 


Article assez complet et utile à lire. L’auteur parle notam- 
ment de l'ablation des aiguilles au moyen de l'électro-aimant, 
qu'il trouve difficile: il est vrai qu'il n’a pas fait usage de l'élec- 
tro de Haab employé avec succes en oculistique. Il cite divers 
procédés et appareils de recherche. 

BieNFArr. 


GARILLARD. Fracture avec déplacement du scaphoide, luxation 
en avant du grand os, éclatement transversal de la peau du 
poignet. (Lyon médical, p. 550, 1908.) 


Ce traumatisme compliqué a pu être diagnostiqué et traité 
dans de bonnes conditions grace à la radiographie. La repro- 
duction des clichés et des dessins schématiques illustrent cette 
communication très étudiée et très intéressante au peint de vue 
des lésions du poignet. 

BIENFAIT. 


E. W. CALDWELL. Further observations on the Roentgen-Ray 
examination of the accessory nasal sinuses, (The Laryngos- 
copie, n° 11, 1908 ) 


L'étude radiographique des sinas de la face se fait rarement 
probablement parce que les bons clichés sont très difficiles à 
obtenir. Le tube doit étre tres dur et donner beaucoup de 
rayons Ñ: à cette seule condition, on pourra traverser d'arrière 
en avant, d’une facon utile, l'oceipital, le cerveau et obtenir 
sur la plaque l'image des lamelles osseuses du nez. 

Le tube doit être de gros diamètre, émettre des rayons n° 9 
ou 10 de l'échelle de Benoist et donner la radiographie en quel- 


— 521 — 


ques secondes (20 a 50’’). Comme développateur, Caldwell em- 
ploie de préférence l’acide pyrogallique ou l’hydroquinine. 
Ce travail est accompagné de cing beaux clichés très démons- 
tratifs. 
BIENFAIT. 


HARRES PEYTON MosHER. The X ray in sinus disease. (The laryn- 
goscope, vol. XVI, n° 2.) 


Etude contenant des reproductions de radiogrammes et l’his- 
toire clinique de trois sujets, chez lesquels l’auteur put déceler 
du pus et même des polypes par la radiographie. On peut pré- 
ciser la situation et la forme des sinus frontaux, compter leurs 
cioisons, voir le dédoublement du feuillet sous-orbitaire et les 
rapports de la paroi du sinus avec la première cellule ethmoi- 
dale. Le sinus occupé par du pus paraît opaque comparé à celui 
qui est libre. 

BIENFAIT. 


L. GILMER. Ueber chirurgische Schnellaufnahmen. (Munch, M. 
W. n° 42, 1908.) 


Groedel et Horn nous ont déjà montré qu’il est possible de 
réussir des clichés extra-rapides avec les inducteurs actuels à 
la condition qu’ils soient assez solidement construits pour ad- 
mettre sans dommage un courant énorme de 60 amperes et 110 
à 220 volts. Les tubes ordinaires eux-mêmes, pour autant qu’ils 
soient à point et à anticathode volumineuse, subissent le choc 
sans détérioration. Ces auteurs ont pu ainsi en employant des 
écrans renforçateurs obtenir des clichés de thorax en 1/25° de 
seconde, sans écrans renforc¢ateurs en 1/5° de seconde à 60 cent., 
et des téléradiographies à 2 mètres en 1/5 et 1/2 seconde. 5 

Ces radiographies sont surtout intéressantes pour le médecin 
praticien, qui voit exactement la situation, la forme et les par- 
ticularités d’un organe a un moment précis : l'inspiration, l’ex- 
piration, la systole, la contraction du cardia, ete. 

Le D" Gilmer s’est efforcé d'adapter la méthode rapide à 
l'examen des os et des articulations; il y trouve l'avantage énor- 
me de pouvoir réussir d'emblée les prises les plus difficiles chez 
les enfants remuants, et d'opérer en toute facilité la radiogra- 
phie de fractures récentes et douloureuses; de plus la structure 
osseuse apparaît d'une façon admirable. 


— 522 — 

L’appareil dont il se sert vient de chez Reiniger, Gebbert und 
Schall; le Wehnelt a quatre grosses pointes de platine qui fonc- 
tiounent en meme temps et permettent facilement le passage de 
GU amperes. 

L’interrupteur permet de compter la durée du contact et il 
est construit de façon à éviter la fonte des parties métalliques 
soumises à l'arc voltaïque. 

Le tube doit aussi être construit spécialement; la chaleur au 
point utile de l’anticathode devient telle que les lames de métal 
fondent en ane seconde : les refroidisseurs à eau subissent le 
méme sort parce que instantanément l’eau est soulevée par une 
bulle de vapeur qui dégarnit le fond du réservuir; celui-ci est 
dans ces circonstances percé en un instant. 

Les tubes spéciaux résistent bien et conservent .eur degré de 
vide même si on les emploie quatre à cing fois de suite à quel- 
ques minutes d'intervalle. 

Les tubes ont une dureté de 10 unités Wehnelt et donnent de 
bons résultats pour la radiographie de toutes les parties du corps. 

De beaux clichés illustrent cet article, notamment un radio- 
gramme de hanche obtenu par une pose de cinq secondes, de la 
face en cing secondes, du sacrum en quatre secondes, du poignet 
en une demi-seconde. 

BIENFAIT. 


ARCCLERE. Radiographie de œsophage. (Lyon médical, 1908, 
p. 770. 


L'auteur a combiné un appareil plus simple que le Holz- 
knecht et le Béclère pour la radiographie de l'œsophage sui- 
vant un angle quelconque. Un dessin et deux clichés accompa- 
gnent cette étude. 

g BIENFAIT. 


A. Impert (de Montpellier). Rôle de la radiographie dans une 
récente affaire de Cour d’assises. (Archives d'électricité médi- 
cale, 25 novembre 1908, n° 250.) 


Un matelot est blessé par la chute d'une lourde pièce de bois 
qui l’atteint au niveau du gros orteil gauche. Après un séjour 
de trois mois à l'hôpital, le médecin chef de service sollicité 
par la justice, à la suite du drame qui va se dérouler, fait la 
déclaration suivante: a Ces jours derniers la blessure, cicatri- 


— 593 — 


sée totalement, ne laissait qu’un peu d’arthrite avec déforma- 
tion insignifiante de l’orteil. Ce blessé m’a demandé de le faire 
opérer; je n'ai vu aucune utilité à une intervention chirurgi- 
cale. J'estimais qu'avec un repos d’une vingtaine de jours, qui 
aurait complété ses quatre mois de séjour à l’hôtel des marins, 
cet homme pouvait reprendre son service, quitte à se faire re- 
porter malade, si, après un essai de travail, il n'avait pu con- 
tinuer. » ; 

Le 20 février 1908, le blessé se présente chez deux médecins 
de la marine, qui sont d’accord pour déclarer, après examen du 
blessé, qu'aucune opération n’était nécessaire et que moyennant 
quelques précautions le blessé pourrait travailler 

Pas satisfait de cette manière de voir, l’ouvrier se repré- 
sente chez un des médecins, et lui reproche de ne pas vouloir 
lui faire une opération. Le médecin ne change pas d'avis, écon- 
duit le malade, lorsqu'arrivé sur le seuil de la porte, celui-ci 
larde le médecin de cing coups de revolver (malgré des bles- 
sures graves, le médecin est aujourd’hui indemne). 

Le matelot est traduit en Cour d'assises, et son défenseur pro- 
duit à la barre une radiographie démontrant une fracture lon- 
gitudinale de la deuxième phalange du gros orteil gauche avec 
débris osseux dans l'articulation phalango-phalangienne. 

Les médecins-experts, commis par le tribunal, ont déclaré : 
« Par suite des corps étrangers sus-indiqués (débris osseux dans 
l’articulation), 11 y a dans la marche une gêne qui s’accentue 
considérablement avec le port d’un soulier. 

» Une intervention chirurgicale nous paraît indiquée pour 
mettre fin à cet état de douleurs permanentes. » 

Sans commentaires! 

ETIENNE HENRARD. 


C. KAESTLE. Die Thorerde, Thorium oxydatum anhydricum, 
in der Réntgenologie des mensclichen Magendarmkanals, 
ein Ergânzungsmittel und teilweiser Ersatz der Wismut- 
präparate. (Munch. med. Woch., n°51, 1908.) 


a 


Les intoxications par le sous-nitrate de bismuth sont dues à 
la formation de nitrites, qui déterminent de la méthémoglobiné- 
mie; elles se sont produites surtout chez des sujets débiles, ca- 
chectiques, atteints de lésions intestinales, et particulièrement 
chez l’enfant. Bien qu’elles soient infiniment rares, eu égard 
au nombre considérable de recherches radioscopiques avec ad- 


— 524 — 


ministration massive de sous-nitrate de bismuth, il est pourtant 
opportun de rechercher s’il n'y a pas moyen d’éviter ce péril 
d’intoxication. | 

L'auteur s’est adressé dans ce but au thorium dont le poids 
atomique = 232,5 est le plus élevé après celui de l’uranium, tan- 
dis que celui du bismuth 208,5 lui est notablement inférieur. 
I] faut faire usage de l’oxyde anhydre de thorium (TFh0*) : à 
l’état de pureté cette substance constitue une poudre blanche, 
fine, de poids spécifique très élevé; à l’état calciné elle ne se 
dissout pas dans l'acide chlorhydrique ou nitrique, dilué ou 
concentré; elle ne se dissout même pas dans l'eau régale : c’est 
un des corps les plus stables que la chimie connaisse jusqu’à 
présent. Les recherches expérimentales sur le chien, le chat et 
d’autres animaux confirment les prévisions théoriques de l’ino- 
cuité du thorium; loxvde de thorium traverse le tube digestif 
a l’état de corps inerte sans subir la moindre modification et 
sans exercer sur l'organisme la moindre action. 

La stabilité de ce corps est absolue; elle est comparable à 
celle des silicates et il n’y a pas d’hyperbole à dire qu’il est 
aussi peu assimilable qu’un caillou. Cette inocuité se trouve 
encore confirmée par quelques observations que l’auteur a entre- 
prises sur l’homme adulte et sur l’enfant : enfin les sels solu- 
bles de thorium ont été injectés sous la peau du lapin à dose 
huit à dix fois plus forte que la dose toxique de hismuth admi- 
nistrée de la même facon, et cela sans provoquer de phénomène 
nocif. L’oxyde de thorium est insipide et inodore; aussi les pa- 
tients n’éprouvent-ils aucun dégoût à prendre cette substance; 
le thorium ne provoque pas de diarrhée. 

En raison de son poids spécifique élevé, oxyde de thorium en 
suspension dans l’eau sédimente rapidement : il est done avanta- 
geux d’ajouter au lait de thorium une certaine quantité de bol 
blanc (une partie de thorium pour 3 à 4 parties de bol blanc); 
cette addition retarde considérablement Ja sédimentation du 
thorium, qui ne se produit alors qu'après plusieurs jours. 

En lavement chez les enfants iusque douze ans, dix à quinze 
grammes d'oxyde de thorum suffisent; en administration par la 
bouche chez l’adulte il faut ajouter vingt à trente grammes 
d'oxyde de thorium aux véhicules qui sont ordinairement em- 
ployés pour le radio-diagnostic (képhir, compote. bouillie, pa- 
nade, ete.). 

Ajoutons encore que les sels de thorium sont très radio-actifs, 
que leur radio-activité est méme plus considérable que celle des 


— 525 — 


sels d'uranium et que de tous les composés de thorium, l’oxyde 
en question est le plus actif. 

La silhouette projetée par le repas de thorium est très dense, 
très noire, en raison de l'absorption considérable des radia- 
tions Ñ par ce métal très lourd. Cette considération jointe à 
l'inocuité absolue de la substance réserverait au thorium une 
place prépondérante en radiologie, si son prix de revient n’était 
fort élevé (10 gr. = 1 marc 50). 

KLYNENS. 


SCHAFER. Ueber Halsrippen. (Munch. med. Woch., n° 51, 1908.) 


En 1894, Pilling a pu réunir 139 observations de côte cervi- 
cale : depuis cette époque, le nombre de ces observations s'est 
considérablement accru, à tel point même qu’il n’est plus possi- 
ble de considérer ess anomalies comme absolument rares. 

L’auteur a pu observer simultanément quatre femmes pour- 
vues de côte cervicale : l’examen clinique des sommets pul- 
monaires et particulièrement leur percussion et leur auscultation 
pouvaient entraîner une erreur de diagnostic et faire croire à 
une tuberculose pulmonaire. 

KLYNENS. 


BLANC. Fracture de l’atlas et de l’axis avec déplacement 
en avant : guérison persistante au bout de six ans. (Loire 
médic., n° 7, 1908. 


Nous connaissons tous l’excessive gravité des fractures et des 
luxations des deux premieres vertèbres cervicales : la mort est le 
plus souvent la conséquence immédiate, ou, du moins, tres ra- 
pide, d’une pareille lésion. Néanmoins on a cité quelques exem- 
ples de blessés qui ont survécu plus longtemps ou qui ont même 
guéri d’une maniere définitive : le cas suivant, objet d’une 
expertise pour accident de travail, en est une nouvelle preuve. 

Le 27 novembre 1902, le patient fut victime d’un traumatisme 
violent qui l’atteignit à la nuque : d'où perte de connaissance 
avec violent délire pendant huit jours: les troubles fonctionnels 
furent limités à la tête et aux membres inférieurs. Au bout de 
deux mois et demi d’alitement, le patient tenta de marcher, 
mais il chancelait, titubait et tomba plusiéurs fois. Un an après 
l'accident, le docteur Blane fut commis comme expert, à l’effet 
de déterminer les conséquences de l’accident et le degré de l’in- 


— 526 — 


capacité de travail : à ce moment le patient avait un air abso- 
lument étrange : Ja tête était tout a fait immobilisée, un peu 
fléchie, inclinée du côté gauche; la région cervicale était égale- 
ment ankylosée : quand on invitait le patient à tourner la tête, 
à la fléchir, à la renverser en arrière, le mouvement se faisait 
en bloc et entrainait le trone : on aurait dit une tête de bois 
fixée sur une tige rigide! Le doigt introduit dans le pharynx 
palpait une tuméfaction dure, osseuse, médiane : la radiogra- 
phie démontra une fracture de l'atlas et de l’axis. 

Le D" Blane, dans son rapport, n'hésita pas à conclure à une 
incapacité de travail totale et définitive. 

Mais la compagnie d'assurance surveilla de près le patient, 
acquit dans la suite la conviction que l’état du simistré s'était 
amélioré et entama un proces en revision : en mai 1907, le doc- 
teur Blane fut de nouveau désigné comme expert. 

La téte du patient reste toujours un peu fléchie et inclinée du 
côté gauche; les mouvements de la colonne vertébrale ont gagné 
en souplesse et en étendue, surtout les mouvements de latéra- 
lité: le patient n’est plus Pinvalide d'il y a trois ans. Certes, il 
est pour toujours incapable de tout travail de force, mais il a 
conservé son intelligence, il a ses membres inférieurs intacts. 
D’après le D' Blane, le taux de l'incapacité permanente parait 
devoir être ramené à 60 °%. 

KLYNENS. 


Radiothérapie 


PorTIER et Wiitk. Cancers multiples dus aux Rayons X. 
(Gazette des Hopitaux, 1908.) 


Les auteurs citent onze cas de cancer créés ou influencés dé- 
favorablement par Jes rayons X: ils rapportent en détail lob- 
servation d’un jeune confrère qui commença des travaux avec 
les ravons X en mars 1906: à ce moment on ne connaissait pas 
le danger et on ne se protégeait pas. 

Une dermatite avec ulcérition nécessita de nombreuses opé- 
rations, notamment des amputations de phalarges : certaines 
parties se compliquerent de cancer. 


— 527 — 


Le traitement de dermatites radiologiques peut se résumer 
ainsi: pour l’atrophie de la peau et les télangiectasies, rien à 
faire; pour les modifications hypertrophiques, kératuses ou ver- 
rues, traitement ordinaire; s’il échoue, résection et greffes. Pour 
les fissures récidivantes, la greffe est le meilleur traitement. 
Toutes les uleérations que le traitement ne fait pas fermer en 
trois mois doivent être enlevées et examinées très soigneuse- 
ment; du résultat dépend le radicalisme du traitement ulté- 
rieur : greffe ou amputation. 

Ces accidents se voient sur des ouvriers de la première heure; 
leur nombre ira très certainement en diminuant régulièrement. 
Dans tous les cas, toute ulcération persistante due aux rayons X, 
doit être enlevée. 

White a examiné quarante-trois préparations du cas relaté 
plus haut; la dernière de cette longue série était celle qui mon- 
trait le processus le plus actif, ce qui n’est guère encourag:ant. 
Presque tous les types connus de déviation épidermique s'y 
trouvent et les altérations protoplasmiques, ainsi que les dégé- 
nérescences, sont des plus variées et des plus intéressantes. Un 
fait surprenant est l'absence de pigmentation qui, d'ordinaire, 
joue pourtant un rôle si important dans les dermatites des 
rayons X et leurs séquelles épithéliomateuses. 


BIENFAIT. 


BoRMET. Epithélioma du nez guéri par la radiothérapie. 
Société des Secours médicaux de Lyon. Lyon médical, n° 40, 1908. 


I] s’agit d’une personne de 67 ans, portant un ulcus du bout 
du nez depuis trois ans. Résultat parfait en huit séances de 
9 H tous les huit à quinze jours. 

BIENFAIT. 


BirAUD et Poitiers. Traitement radiothérapique de la névralgie 
du cordon. (Archives d’électricité médicale, 10 novembre 1908, 
n° 249.) 


La radiothérapie a donné à l’auteur des: résultats brillants 
dans deux cas de névralgie du cordon, rebelle à tous les modes 
de traitement employés. 

Cette méthode n’offre aucun danger, car la dose thérapeutique 
efficace est extrémement minime. . 

Dans le premier cas signalé, une premiere séance d'un quart 


— 528 — 


d'heure, rayons 5 Benoist, a suffi pour faire disparaître presque 
instantanément la douleur. Deux séances de la méme valeur 
ont été faites a huit jours d’intervalle, par mesure de prudence 
et pour éviter toute rechute, sans que la névralgie ait reparu. 

Actuellement le malade est guéri depuis plusieurs mois. 

Dans un second cas, il a suffi d’une seule séance d’un quart 
d’heure pour obtenir la guérison complète d’une névralgie testi- 
culaire du côté gauche, datant de quatre mois. 

Ces guérisons méritent d’être signalées et le traitement ra- 
diothérapique de la névralgie du cordon doit être tenté par 
d’autres auteurs. | 

ETIENNE HENRARD. 


Tu. NoGiEr (de Lyon). Nouveaux résultats éloignés de la 
radiothérapie. (Archives d'électricité médicale, 25 nov. 1908, 
n° 250.) 


M. Nogier reparle de trois malades qu’il avait présentés au 
Congrès de Lyon en 1906. Nous avons déjà signalé ces résultats 
de la radiothérapie dans le n° 2 du Journal belge de Radiologie; 
nous ne donnerons donc plus de détails aujourd’hui. 


OBSERVATION I. — Lupus de l’index gauche remontant à dix 
ans. — La guérison subsistait intégrale trois ans et demi après 
l'application de la radiothérapie. 


OBSERVATION II. — Cancer du sein opéré et récidivé. — La 
radiothérapie appliquée sur la récidive ne permet de constater 
aucune nouvelle récidive pendant deux ans. Un an et demi 
après, métastases multiples en évolution. 


OBSERVATION III. — Cancer du sein opéré. — Application de 
la radiothérapie quatre mois après l'opération pour prévenir la 
récidive. Vingt-deux mois après l’opération la malade va aussi 
bien que possible. 

La radiothérapie est continuée à raison d’une séance par 
mois. Trots ans et neuf mois après l’opération, la cicatrice est 
souple et parfaite, aucune adhérence; aucun ganglion ni axil- 
laire ni sus-claviculaire pas plus à gauche qu’à droite. En ré- 
sumé, guérison. 

L'auteur cite ensuite trois nouveaux cas. 


OBSERVATION IV. — Cancer du sein opéré. — Un mois après 
L'opération radiothérapie à travers le pansement. En neuf mois, 


— 429 — 


25 H en 235 minutes. Pendant les sept mois suivants, une séance 
par mois. Dix-huit mois après l’opération, pas de trace de réci- 
dive ni de généralisation. 


OBSERVATION V. -— Cancer du sein opéré. — Quinze jours 
apres l’opération application de la radiothérapie à travers le 
pansement. En onze mois, huit séances de radiothérapie formant 
un total de 105 minutes et représentant une dose approximative 
de 15 à 18 H. Dix-sept mois après l'opération, la guérison se 
maintient. 


OBSERVATION VI. — (‘ancer du sein opéré. — Quelques mois 
après l’opération, la plaie tardant à se fermer et quelques noyaux 
durs se montrant sur les bords, la malade est soumise à la ra- 
diothérapie. Sous l’influence des rayons X, la cicatrisation de- 
vient rapide et les noyaux durs disparaissent. Vingt mois après 
l’opération, après quinze séances de radiothérapie d’une durée 
totale de 160 minutes (20 H.) la guérison se maintient. 

En résumé, nous constatons que dans cinq cas sur six, la ra- 
diothérapie post-opératoire a été favorable. Cette médication 
doit donc être, ce me semble, tout au moins tentée. 

ETIENNE HENRARD 


CLUZET et BaAssaL (de Toulouse). Action des rayons X sur 
l’évolution de la mamelle pendant la gestation. (Archives 
d'électricité médicale, 10 décembre 1908, n° 251.) 


L’évolution de la mamelle peut être entravée à tous les stades 
par l’application des rayons X, mais celle-ci produit des effets 
qui varient suivant le mode d'irradiation et suivant l’état de la 
glande. 

En ce qui concerne le mode d'irradiation, le maximum d’ef- 
fet est produit, sans dermite apparente, par une seule exposition 
de trente minutes à des rayons de pénétration moyenne (n° 7 ou 
8 Benoist). 

Sur une mamelle de lapine vierge, l’irradiation provoque des 
modifications peu apparentes : hypertrophie des noyaux dans 
l’épithélium des canaux; mais ces lésions sont cependant tres 
importantes, puisque, si l’animal vient à être fécondé, la glande 
ne se développe pas. 

Si la mamelle de primipares est irradiée pendant la premiere 
moitié de la gestation, on obtient non seulement un arrêt com- 


— 530 — 


plet dans le développemetit du parenchyme sécréteur, mais en- 
core une régression des acini déjà formés, si bien qu’il ne reste 
que les canaux collecteurs : on provoque donc une atrophie com- 
plete de la glande. 

Lorsqu’on irradie pendant la seconde moitié de la grossesse, 
les modifications sont moins importantes; les lobules sent plus 
petits que dans la glande normale, plus distincts et séparés par 
une plus grande quantité de tissu conjonctif; dans les lobules 
eux-mémes, la trame conjonctive profuse est plus abondante, 
les culs-de-suc plus petits et plus écartés les uns des autres. 

Chez les multipares, ies effets de la rontgenisation sont pres- 
que toujours moins marqués que chez les primipares, sans doute 
parce que la régression de la mamelle n'est pas complète, en 
général, au moment de la nouvelle fécondation. 


ETIENNE HENRARD. 


BanJon (de Lyon). De la filtration en radiothérapie. (Archives 
d'électricité médicale, 10 décembre 1908, n° 251.) 


L'auteur a fait diverses expériences avec des lames d’alumi- 
nium de 1,200, 1100, 1/10, 510 et 1 millimètre d'épaisseur. 
En irradiant les pastilles Saboureau-Noiré, il est arrivé aux ré- 
sultats suivants : pour obtenir le virage, il a fallu : 

25 à 30’ pour la pastille recouverte d'un papier noir, 

40 à 50° si elle est recouverte de papier noir et d’une Jame 
d'aluminium de 1200 de millim. l'épaisseur. 

40 à 50’ si elle est recouverte de papier noir et d’une lame 
d'aluminium de 1 100 de millim. d'épaisseur. 

1 h. 20’ si elle est recouverte de papier noir et d'une lame 
d'aluminium de 110 de millim. d'épaisseur. 

Chez l'homme sur la peau saine, avec l’écran d'aluminium 
d'un millimètre, pas de réaction cutanée, même apres quatre 
séances journalières de 25 à 30 minutes, c’est-à-dire le temps 
nécessaire à faire virer une pastille Saboureau-Noiré, soit 20 H. 

Dans les mémes conditions, une seule séance de 25 minutes 
faite sous filtration a donné sur la peau saine une réaction éry- 
thémateuse de movenne intensité qui a été suivie d'une pigmen- 
tation très visible qui persista encore après plus d’un an. 

L'auteur conclut qu'il faut filtrer toutes lvs fois qu’on irradie 
une peau saine; au contraire il faut employer des ampoules nues 
toutes les fois que la peau est altérée. 

Un leucémique que M. Barjon traite en ce moment avec suc- 
cès en filtrant, ne présente aucune lésion de la peau, tandis 


— 531 — 


qu’un autre malade, traité antérieurement, sans filtration, pré- 
sente sur la peau qui recouvre la rate toute une série de télan- 
giectasies. 

Dans certains cas, on aura avantage à employer une méthode 
mixte, par exemple pour les cancers ulcérés. On commencera à 
faire quelques séances avec ampoule nue, puis on filtrera pour 
éviter la radiodermite. 

ETIENNE HENRARD. 


BELLEY. Tuberculose péritonéale à forme ascitique traitée et 
guérie par les rayons X. (Archives d'électricité médicale, 10 dé- 
cembre 1908, n° 251.) 


Guérison en neuf séances radiothérapiques, deux expositions 
par semaine, 3 à + amperes au primaire, 6 à 7 diziémes de 
milliampere au secondaire, rayons >à 7 Benoist, distance 25 
centimètres de la cicatrice ombilicale; durée a exposition, dix 
minutes. 

ETIENNE HENRARD. 


Technique 


\IEFFEL, MENARD, PERRIER. Sur Vorientation anatomique en 
radiographie. Académie des Sciences, 12 octobre 1908. 


Ce travail montre une fois de plus la nécessité d’une bonne 
technique : les déformations obtenues volontairement d’ailleurs 
par les auteurs, ne se montrent jamais en employant les petites 
plaques et les tubes compresseurs. 

BIENFAIT. 


SPEDER (de Bordeaux).Les tubes à rayons X à grande puissance. 
(Archives d'électricité médicale, 10 décembre 1908, n° 251.) 


M. Spéder passe en revue la plupart des modèles d’ampoules 
appropriées aux courants de forte puissance, en en donnant les 
principales caractéristiques et qualités. Il décrit également quel- 
ques types de soupapes électriques à vide, pour hautes inten- 
sités. 

Exposé très clair et très instructif qui sera lu avec intérêt par 
tous les radiologistes. 

ETIENNE HENRARD. 


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TABLE DES MATIERES 


VOLUME I] 


I, — Articles originaux 


A. Lefebvre. La radiothérapie des folliculites des régions 
pilaires de la face : & Bo ao & SF 

De Nobele et Pons. La luxation de l’os semi-lunaire. 

J. Belot. Les progrès accomplis par la réntgénologie et 
particulièrement par la réntgénothérapie . 

E. Henrard. 15 cas d'extraction de corps étrangers de Pæ- 
sophage chez l'enfant au moyen d’une pince à branche 
glissante sous l'écran radioscopique dans l'examen laté- 
ral | & 4 ae vs me ee et OS 

Dean. Quelques erie pratiques sur le maniement des tu- 
bes de Crookes . ee Se ee er tee Les Ge 

C. Beck. De la valeur des rayons X dans le traitement de 
la maladie de Basedow . . 2 

Conrad. Les fractures du caleanéum a it. 

Heilporn et Van Roy. Les ostéomes nt J pee 
che.) e à i 

J. Belot et H. Béclère. Un procédé Pineto pour letu- 
de röntgénographique des pièces anatomiques (2 plan- 
ches) ; Lk ee aw & 6 

Heilporn. Fracture du seaphoide et luxation du semi-lu- 
naire (1 planche) . ; i 

C.-P. Petit. Cancer et aigoa . PE 

L. Mayer. Quelques acquisitions nouvelles en radiologie 
chirurgicale . oe ee ee 2 ft ae 

Conrad. Contribution a l'étude des traumatismes de la co- 

lonne lombo-sacrée (6 planches) . 


Er 534 ‘os 


Heilporn. L’exercice de la radiologie clinique doit être ré- 
servée à la profession médicale . 

G. Penneman. Localisation mathématique des corps étran 
gers à l’aide du tube compresseur stéréoscopique d’Al- 
bers-Schônberg (1 planche) . 

A. Bienfait. Le traitement de la syringomyélie par la ra- 
diothérapie e = 

P. Dubois-Trépagne. Un cas de zona traité et guéri par les 
rayons X 

De Heen. La matière et les phénomènes physiques. 

G. Haret. Dispositif très simple pour Ja radiographie du 
thorax en position assise. . . . . . . ? 


Petit. A propos du radiocorrecteur st sur une mé- 
thode générale en radiothérapie 
Seeuwen, Adénopathie tuberculeuse et rayons X. 
P. Dubois-Trépagne. La rontgénothérapie contre le symp- 
tome «€ prurit ». . . . . . . . . . . 


À. Bayet. Le traitement du cancer par le radium 2 ilat: 
CMOS). se ope e a ie Gk a we a cae o we 7: 

E. Henrard. Vingt-deux cas d'extraction de corps étran- 
gers métalliques de l’œsophage sous l'écran radiosco- 
pique (1 planche) . . . . . a 

P.-H. Eykman. on oo ie: RE , 

Fan Duyse et De Nobele. Sarcome de l’orbite guéri par si 
radiothérapie. 


De Vreese. Un cas d'ostéome du pénis chez un homme 
adulte 


Lauwens. Un cas de luxation complète du métatarse 
CL planche) s s s o w 2 A od RÉ % & ce à 


II. auteurs 
Albers-Schônberg . . . . . . . . . . . BE, 
Alexander. 

Arcclere 


Aubertin et Benai 
Aubineau et Chuiton . . . . . . a . . . . . . 


218 


368 
440 
O22 
300 
174 


Baetjer. 
Barcat 
Barjon. 
Bertelotti 
Bassal et Cluzet 
Baudet. 
Bauer . 
Bayet . 
Beck 
Beez 
Béclère. 


H. Beclere et Be lot 


Belley 


Belley et abondoa À 
Belot et IL. Beclère . 


Belot 

Bienfait 
Biraud et Poitiers . 
Bircher 

Blanc . 

Böhm . 

Bordier 

Bormet 


Caldwell . 


Chuiton et Aubineau . 


Cluzet et Bassal 
Conrad 


Dam 

Daviot 
Davidsohn 
Dean 
Deane Butcher . 
De Graffigny 
De Heen . 
Delamarre 
Delherm . 

De Nobele 


Dessauer 


65, 68, 
De Nobele et Van Duyse 
De Nobele et Pons . 


— 9939 — 


. 18, 


.D8, 167, 348, 353, 


OAT, : 


. 24, 168, : 


163, 247, 


85, 185, 336, 428, 


. St, 


445 
dtl 
801 
263 
308 


159, 160, 162, 335, 338, 468 


. 489 


363, 


14 
449 


— 536 — 


Desplats 
De Vreese 
Dubois-Trépagne 


Ebermeyer 
Eijkman . 
Ewald . 


Fischer et Tetens Hald . 
Foveau de Courmelles 
Franck. 

Friainckel 

Frangenheim - is 
Friedrich et Krause . 


Gallot . 

Garillard . 

Gilmer. 

Gocht ; 
Goldman et Killian ; 
Grashey 

Grisson | 
Groedel et Hori s 
Groedel 


Guilleminot . 


Hannecart 
Hauchamps . 


Hauchamps, Klynens et Malang 


Harret ; ; 
Harres, Peyton, Mosher l 
Heyman D 
Heilporn . 
Heilporn et Van har | 
Hendrickx. 

Henrard . 

Holzknecht 

Hôring 

Horn . . 

Horn et Groedel 

Hulst . 


.285, 345, 362, 


257, 


426, 


425, 


. 857, 362, 


.162, 


. 175, 262, 811, 


118, 218, 


s 


41, 


271, 


Imbert. 
Immelmann . 


Janin et Merkel 
Jayle 

Jerié 

J olasse 

Jonas . 

Joulin . 


Kaestle . | 
Kaestle et Weder ' 
Kaisin. 

Kienbéck . 
Klingelfuss 
Klynens 


— 537 — 


; 65, 159, 162, 


Klynens, Mahaux et Hauchamps. 


Klopfer 
Köhler. 


Krause et Ereinek : 


Kuttner 


Labeau. 

Laureys 

Lauwens . | 

Layral et Peju . 

Lefebvre . 

Legros. 

Léonard 

Levy et Rive 
Levy-Dorn 

Taicas-Chanipionwiere 


| Mahaux, Hauchamps et Klynens . 


= Mayer 
Mally 
Maunoury 
' Martini 
Meyers 
Ménard 
Mylius. 


Nogier. 


478, 023 

. . 161, 414 

. 84, 177, 432 

. . . . 364, 462 
299, 337, 474, 499, 517 


. 866, 367, 431 


174, 264, 266 


153, 455 


. 348, 363, 528 


— 538 — 
Otto. 2... . . eee ee . . . . . 178, 180 


Parzer-Mubhlbacher. . . . . . . . . . . ,. . . 869 
Passier . . . . we ee . . . . . . . . 13, 863 
A ae Oe Oe OO dg 
Penneman ...... . . . . 2. . ss  .  . 280 
Perrier, Rieffel et Ménard . a ee ee ee 
Petit . à + à & ee wD « à à à x à. 1146, 266, 316 
Pfhaler Soe he SE E 

Poirier. . 5 eM a ee. oe ENS ee me Oe ee ae GTA 
Poitiers et Biraud. . . . 2... . . . . . . . 527 
Pons et De Nobele . . . . . . . . . . . . ~~. 44 
Portier et White . . . .. .. . . . . .  . . 526 


Rieder et Rosenthal . . . . . . . .:. . . . . 3146 
Rieder et Kaestle . . . . . . . . . . . . . . 181 
Rieffel, Ménard et Perrier . . . .. . . . . . . R 
Rive et Levy . . . . . . . . . . . . . . . 175 
Rosenthal . . . . . . . . . . 8, 459, 480 
Rosenthal et Rieder 


Rumpel 2 & “© 2 et & wh 2 adm 2 ES 4 5 8O 


Sehaffer . . . 0. a‘ we ee ee . . . 525 
Scheltema, . . . 0.0.0.0. . . . . . 2. . . . 439 
Schindler. . . . . . . . . . .. .. .. ee) 8333 
Sehlayer . 6 eww we À & à wo ow à & « wee 049 
Seeuweh 2.0.0.0. ee 4 . 821 
MOI: p d on <M. ae ew Se ae & a S e & O 
Sedula cy s a ae ee er Hd Bo we et nee) ae ee 1906 
SION 4-4 8h a & Mw -h 2 ee ws » = a OLS 
Snook & «=. 4 ££ « 4 @ 4 & Gos dE & &@ & @ ch Abe 
Sommer o.oo. . . . . . . . ee . ee ele BL 
Speeders. s æ mo mo w o oao a od 4 w & Bo we -& « OSE 
Sträter . ao 6 om w& =e w & i o @ & om & JOA 


Suquet. 2. 0. 0. . . eee ee ee ee 166 


Tetens Hald et Fischer. . . . . . . . . . . . 8350 
Tribondeau et Belley... . . . . . . . . . . TA 
Triveli 2... . . . . . . ee . . . 460 


Fan Duyse et De Nobele . . . . . . . . . . . 489 
Van Roy et Heilporn. . . . . . . . . . . . . 101 
Vaudet s LD D ee ee OR NS ee hy ce 009 


Vigoureux, R. m a o ee e o CN ie y ; 
Villard: RE & 4 & & OS % 


Walter . 2... . . . . . . . . . . . .180, 


Wenkebach . . . . es 


III. — Table idéalogique des matières 
A. RADIODIAGNOSTIC 
a. Système osseux 


Les erreurs d’interprétation en radiographie, par Legros 
Traumatismes isolés des os du carpe, par Ebermeyer . 


Fracture avec déplacement du scaphoïde,luxation en avant 
du grand os, éclatement transversal de la peau du poi- 
gnet, par Garillard. . . . . . . . . . . . . 

Examen des fractures à l’aide des rayons X, par Grashey 

Fracture du scaphoïde et luxation du semi-lunaire, par 
Heilporn . . . . . . . . 

Fracture du scaphoïde, luxation médio-carpienne, par 
Mally i T 

De la radiologie des fractures, par Petit . 

Les fractures du caleanéum, par Conrad . 

Fracture de l'atlas et de axis avee déplacement en avant 
guérison persistante au bout de six ans, par Blane. 


Contribution à l’étude des traumatismes de la colonne lom- 
baire, par Conrad . 


Les traumatismes du segment lombo-sacré du rachis, par 
Conrad . . . . . 


Un cas de Juxation complète du métatarse, par Lauwens 

Fracture spontanée de la jambe, par Hendrickx. 

La réntgénographie et la réntgénoscopie dans le diagnos- 
tic et le traitement des traumatismes articulaires et os- 
seux, par Belot 


Les causes de la scoliose des adolescents dite « scoliose ha- 
bituelle », par Bohm. , . . . . . we 


305 
363 


276 
423 


919 
341 


= 540 — 


Etiologie de la scoliose idiopathique des adolescents, par 
Bohm e e e es s . . e 


Le diagnostic radiographique du mal de Pott cervical, par 
Bertelotti . . . . . 


Démonstration radiologique de l'ossification des cartilages 
costaux, par Groedel . . . . . 


Myosite ossifiante du muscle brachial consécutive à une 
luxation du coude, diagnostic et traitement, par Fran- 
genheim . . . . . . . . ane 


Ostéome traumatique de l’épaule, par De Nobele . . 
La luxation de l’o8 semi-lunaire, par De Nobele et Pons 


Absence congénitale totale du radius et malformation car- 
péenne, par Layral et Peju. 
Côte cervicale et accidents, par Franck. 


Côtes cervicales, par Schaffer . 

Les ostéomes traumatiques, par Ileilporn et Van Roy. 

Un cas de caleanéodynie guéri opératoiremenh, par Klop- 
fer . cf 

Ténosite ossifiante traumatique, par Horing 

Tumeurs inflammatoires des os, par Rumpel . 


Diagnostic radiologique de la tuberculose des os du tarse, 
par Ewald. . . . . . . . 


Les lésions radiographiques de la spondilite tuberculeuse, 
par Gocht 

Inflammation des sinus en radiographie, par Kuttner. 

L'emploi des rayons X pour la détermination des sinus et 
de leurs affections, par Goldmann et Killian 


L’emploi des rayons X pour l’examen des sinus de la face: 
observations, par Caldwell . . . . 


De l’importance de l’examen par les rayons Röntgen pour 
le diagnostic et le traitement opératoire des affections 
des sinus de la face, par Fischer et Tetens Hald. 

Diagnostic de trois cas d’affections des sinus de la face par 
les rayons X, par Harres Peyton Mosher. 

Etude sur la coxalgie, par Menard 

Sur une nouvelle méthode de radiographic dentaire et ap- 
pareil pour son application, par Belot. . . . 

Etude sur la recherche et l’ablation des corps étrangers de 
l'organisme, par Daviot. . . . . . . 


— 541 — 


Importance de la radiographie instantanée en Eee | 


par Gilmer T à 3 
Arthropathie comme tone initial du tabes, par Kly- 
nens 


b. Corps étrangers 


Vingt-deux cas d'extraction de corps étrangers métalliques 
de l’esaphage sous l’écran radioscopique, par Henrard 


41, 


c. Thorax 


Etude orthodiagraphique des anévrysmes, par Baetzer. 
La diminution transitoire du volume du cœur, par Kien- 
böck EE m a a 
Contribution au palin de la tuberculose pulmo- 

naire, par Krause et Friedrich . < eN 
Radiodiagnostic de la tuberculose pulmonaire, par Rieder 
Radiographie simultanée des deux sommets pulmonaires 
à Paide de tubes stéréoscopiques, par Groedel . 
Röntgénogrammes partiels et totaux des poumons, par 
Rieder et Rosenthal 


La tuberculose pulmonaire en ee par Albers 


Schonberg. 


Valeur de la radiographie ihe le hote précoce Je 
la tuberculose pulmonaire, par Schlayer 


Radiographie de l’œsophage, par Arcclère . 
d) Abdomen 


Sur l’aide apportée au diagnostic et à la localisation des 
abcès dysentériques du foie par l'exploration réntgéno- 
logique, par Béclère b. E E 8 

Formation et composition des men He Quelques 
considérations sur leur recherche par les rayons Fonte 
et leur traitement, par Beck 

L’exploration radiologique du foie, par Béclère 

Rüntgénogramme total du foie, par Köhler , . , 


339 


390 


347 


167 
430 
431 


— 542 — 


Recherche sur la mobilité de l’estomac à l’aide des 
rayons X, par Kaestle. . . . . . . . . . . . 


L’emploi du bismuth dans l'examen radioscopique de l’in- 
testin, par Holzknecht . . . . 


L’oxyde de thorium anhydre en solde de Tunna 
reil digestif humain : succédané des préparations bis- 
muthées, par Kaestle. . . . . . . . 


Valeur de la radiologie pour le diagnostic des anomalies 
de situation de l’intestin et le traitement de la constipa- 
tion chronique, par Jolasse. . . . 


id `» . e i 


Le diagnostice radiographique des ent rénaux, par 
Vander Goot . . . 
Examens des reins à l’aide des rayons Röntgen, par Strä- 
ter ° e é ° e ° ° ° Q e 


Une modification de technique dans la radiographie des 
calculs vésicaux, par Jerie. 


B. RADIOTHERAPIE 


La radiothérapie, par Kienbéck . . . . . . . . . 
Contribution à l’étude du traitement par les rayons X, 
par Desplats . . . . be ae ee a 


Les rayons X font-ils naitre le cancer ? par Harret. . . 
Cancers multiples dus aux rayons X, par Portier et White 
Cancer et physiothérapie, par Petit . . . . 

Epithélioma du nez guéri par la radiothérapie, par Dornei 


Epithélioma de la paupière supérieure gauche traité par 
le radium, par Hauchamps. . . . . . . . 


Traitement combiné des tumeurs malignes, par Beck . 


Influence des rayons de Réntgen sur les tumeurs mali- 
gnes, par Maunoury . . . . . . . . . . . . 


Nouveaux résultats éloignés de la radiothérapie, par No- 
gier e L 1 e L 1 e ® e e e e LI e e . e L2 ° e 


Quatre cas de cancer cutané de la face aggravés par la 1a- 
diothérapie, par Levy et Rive 

Le cancer et les rayons X, par Mally 

Traitement du cancer, par Romain Vigoureux 


Lupus de la conjonctive et de la cornée guéri par la ra- 
diothérapic, par Aubineau et Chuiton. . s a a . . 


478 


— 543 — 


Lupus circonscrit des membres et radiothérapie, par Mally 


Un cas de zona traité et guéri par les rayons X, par Du- 
bois-Trépagne . . . . . . ee ew . . . . . 
La réntgénothérapie contre le symptôme prurit, par De- 
bois-Trépagne . . . . . . . . . . . . . . 


é 
La radiothérapie dans le traitement des névralgies, par 
Harret e e 0 e e e e . . è e e . . e 4 e 


La radiothérapie des folliculites des régions pilaires de la 
face, par Lefebvre. . . . 2. . . . . . . . . 


Traitement des maladies des ongles par les ravons Rôüat- 
gen, par Schindler. . . . . . . . . ew . ee 


Thyroïdectomie partielle combinée avec le traitement ra- 
diothérapique dans la maladie de Basedow, par Beck 
De la valeur des rayons X dans le traitement de la ma- 
ladie de Basedow, par Beck. . . . . . . . . . 
Résultats éloignés du traitement radiothérapique de la 
leucémie, par Hauchamps . . . . . . . . . 
Adénopathie tuberculeuse et rayons X, par Seeuwen. . 
Stérilisation ovarique chez la femme par les ravons X, 
par Foveiu de Courmelles . . . . . . . . . . 
Contribution à la radiothérapie de la syringomyélie, par 
Roger Labeau . . . . ee . . …. 


La radiothérapie dans les affections médullaires, par Del- 
Nel: a = oS E & «©. °S «ut. & & ©: & oe, a 

Le traitement de syringomyélie par la radiothérapie, par 
irentait. o æ F o w p, de ee ce ae Ae E e n 

Traitement radiothérapique de la névralgie du cordon, 
par Biraud et Poitiers . . . . . 

Action des rayons X sur le rein adulte, par Heyman . . 

Tuberculose péritonéale chronique. Son traitement par jes 
rayons Röntgen, par Bircher 

Tuberculose péritonéale à forme ascitique traitée et gué- 
rie par les rayons X, par Belley 

Métrorrhagies et radiothérapie, par Fränkel. . . . 

Traitement de l’otite scléreuse par les rayons X, par Jou- 
Hi e æ e a woa a a a 

Résorption des tumeurs par la radiothérapie; paraplé;ries 
toniques secondaires, par Martini. . . . . . . . 


390 


— 544 — 


Action des rayons X sur l’œil en voie de développement, 
par Belley et Tribondeau. 


Action des rayons X sur la mamelle Es k R 
par Cluzet et Bassal . 


Sur le mécanisme de la leucopénie produite expérimenta- 

lement par les rayons X, par Aubertin et E. Beaujard 
La fitration en radiothérapie, par Barjon . E” 
Absorption des rayons X et des rayons du radium par les 


tissus. Actions biochimiques a a ES par Guil- 
leminot. 


Traitement de la Le ae par les rayons X, par 
Bircher. 


Sarcome de l’orbite guéri par la T S par Van 


Duyse et De Nobele . 
Röntgenkalender, par Sommer a 
L’ irradiation des processus profonds, par Dessauer . 
Sur la radiothérapie, par Baudet . Un om. 2 
Le traitement des affections malignes profondes par les 
rayons X, par Pfahler. . . . . . . . . . . . 
De la valeur thérapeutique des rayons X, par Vander Goot 


C. RADIUMTHERAPIE 


Le traitement du cancer par la radiothérapie et le radium, 
par Sequeira . 


Le traitement du cancer par le on par Bay et . 


Traitement des tumeurs inopérables au moyen du radium, 
par Selig . 


Le radium dans le traitement des des et Jes névri- 
tes, par Barcat et Delamare 


La radiumthérapie, par Deane Butcher . 


D. TECHNIQUE ET INSTRUMENTATION 


Un nouvel appareil radiographique : quelques résultats 


de son emploi, par Rosenthal . 
Roéntgenphotographie, par Parzer-Mulbacher. 
. Dispositif très simple pour la radiographie du thorax en 
position assise, par [arret . 


Sli 


+ G 


De orientation anatomique en radiographie, par Rieffel, 
Ménard et Perrier . LR. 

Le radiogramme, par Bela Alexander . | 

Procédé d’injection pour l’étude réntgénographique ces 
pièces anatomiques, par Belot et H. Béclère . 

Les artères coronaires du cœur humain en conditions phy- 
siologiques et pathologiques, par Janin et Merkel . 

L'évaluation mathématique des corps étrangers à Paide 
du tube compresseur stéréoscopique d’Albers-Schén- 
berg, par Penneman . 


Une amélioration pour la radiographie de la colonne ver- 
tébrale, de la région rénale et de la hanche chez les su- 
jets très gros, par Köhler 


Nouveaux horizons au développement du A ra- 
diologique, par Rieder et Kaestle . a oe 

Une nouvelle application des rayons Rôntgen, par Des- 
sauer eee ee ee ee UN D CR a a 

Radiographie ite des sujets grièvement blessés, par 
Davidshon. o 8 ce a es Ga 

Détermination de la dimension du cœur particulièrement 
au point de vue de l’orthodiographie, par Alber s-Schon- 
berg ; coo os oe ae 

Technique précise is “adiothéranie et de radioscopie (ins: 
trumentation pratique), par Vaudet . 


L'action de la lumière et des rayons X sur la plaque ane 
tographique, par Trivelli. . . . . Ne : 


Action de la lumiére et des rayons X sur la pleque sie: 
tographique, par Walter 


Irradiation homogène ou centrale, par Holzknecht . 

Un nouveau radiométre dit radiographe, par Immelmann 

Interrupteur pour téléradiographie instantanée, par Horn 

Clichés instantanés en radiographie, par Levy-Dorn . 

=- Radiographie enstantanée pour le diagnostic des affections 
thoraciques et abdominales, par Léonard . 

L’importance de la méthode radiologique et particulière- 
ment de la radiographie stéréoscopique dans le diagnos- 
tic des affections internes, par Wenkedbach . 

La stéréo-radiographie instantanée du thorax, par Groe- 


del ill: e 2 ae « ae & 38S Rw a oe 4S 


425 


Téléradiographie à l'aide des appareils usuels, par Groe- 


del et Carl Horn . . . . . . . eee, 

Rôntgénocinématographie, par Eijkman 

La technique radiographique, par Davidshon 

Nouvel appareil permettant d'activer l'ampoule Röntgen 
au moyen d'un courant ondulatoire, par Groedel . 

La radiographie des tissus mous, par Hulst . 

A propos du radio-correcteur et sur une méthode généraie 
en radiographie, par Petit 2... 0. . . 

Méthode pour découvrir les plus petites perforations d'une 
ampoule, par Walter... . . . . . . . . 
Détermination de la quantité de ravons X absorbée pir 

différents tissus sous les épaisseurs croissantes, par Bor- 
dier 2... 0 0 e E E 
Radiosclérometre, par Villard. 
Mensuration et dosage des rayons Röntgen en unités abso- 
lues, par Klingelfuss . . . . . . . . . . 
Nouveau quantitamètre à rayons X, par Guilleminot 
Construction pratique et application des bobines d’induc- 
tion dites de Ruhmkorff, par De Graffigny . . . . 
Des précautions à prendre dans la manipulation des tubes 
de Röntgen, par Gallot . . . . . . . . . . 
Appareil de centrage pour ampoule de Röntgen, par Gocht 


Quelques conseils pratiques sur le maniement des tubes 
de Crookes, par Dean. . . . . . . . . . . . 


Les tubes à rayons X à grande puissance, par Spéder . . 
L’ampoule de Röntgen, par Bauer. . . . . . . . 


Un nouvel appareil de mesure de la dureté des rayons, par 
Dorze on a Ee wie ae es vs theca Ae eee. re 


Les moyens d’immobilisation en radiographie, par Passter 

La limitation du rayonnement et la compression en rad:0- 
graphie. Leur application aux différentes régions de l’ab- 
domen, par Passier . . . . . . . . . . . 

L'interrupteur Rotax, par Otto . . . . . . . 

Une innovation fondamentale dans la technique radiolo- 
gique, par Otto. 2 à à & © À & we Bow # à 
Radiographie instantanée et radiogrammes nets ct fouillés, 

par Rosenthal. © © s s wa æ e & oe e & & à 


JS2 
397 
84 


454 
425 


316 


180 


14 


963 


364 
36% 


— 547 — 


Valeur de la forme du courant secondaire pour la pratique 
radiologique, par Rosenthal . 


Appareil pour rendre silencieux le Webhnelt, par Hau- 
champs 


Le stéréo-indicateur de Fürstenau, par Mylius 

Nouvel appareil de protection et de localisation pour les 
rayous X, par Lezy. | UE à 

Le chassis de Béclère modifié, par Mylius. m & 

Interrupteur à mercure et gaz fonctionnant imdifféremment 
sur courant alternatif ou continu, par Drault . 

L'importance du grissonateur en radioscopie, en radio- 
graphie, en radiothérapie et en électrologie médical, 
par Grisson 


Un nouvel appareil orthodiagraphique, par Kaisin. 

L'institut de radiologie de la policlinique de Vienne, par 
Kienbéck 

Un nouveau générateur des rayons X, par Snook . 

Quantitométrie fluoroscopique des rayons X, par Guille- 
minot 


La perméation et l'exploration radiologique du tube di- 
gestif, par Ncheltema. 


La valeur de l’examen radiographique des cadavres de 
nouveau-nés pour déterminer si l’enfant a vécu ou n’a 
pas vécu, par Meijers. . . . . i 


Mesure et dosage des radiations de Röntgen en unités ab- 
solues, par Klingelfuss 


G. CONGRES 


Le IV° Congrès de la Deutsche Röntgengesellschaft, par 
Mylius . ........~. 


La radiologie au premier Congrès de physiothérapie de 
langue francaise, par Henrard. . . . . . . . . 
Le IV° Congrès international d’électrologie et de radiolo- 
gie médicale, à Amsterdam. a ee io ne à 
La radiologie au II° Congrès international de chirurgie, 
par Dubois-Trépagne . . . . 


480 


441 


462 


268 


262 


418 


463 


— 548 — 
H. VARIA 


Les progrès accomplis par la réntgénothérapie, par Belot 
Quelques acquisitions nouvelles en radiologie chirurgicale, 


par Mayer 
Loi concernant l’emploi des rayons X en Autriche . 


L'exercice de la radiologie clinique doit être réservée à la 


profession médicale, par Heilporn . . . 
La matiere et les phénomènes physiques 


PLANCHE XX 


JOURNAL DE RADIOLOGIE 


D” LAUWENS 


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