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Full text of "Journal et flore des jardins"

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ANNALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE CASIMIR, 


rue de la Vieflle-Monnale, n° 12. 


ANNALES 


DE FLORE ET DE POMONE, 


ou 


JOURNAL DES JARDINS 


ET DES CHAMPS; 


Par MM. Camuzer, Ces FRÈRES, Darsrer , Dovercr, 
Duvaz, Harpy, Jacques, Jacquin AÎNÉ , JACQUIN 3EUNE, 
LEcoinTRE, Lémox, Neumann, Louis NolsEtte, 
PÉprin, Pororny Er UrTiner. 


1835-1856. 


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Parts, 
ROUSSELON, LIBRAIRE-ÉDITEUR, 


RUE D’'ANJOU-DAUPHINE, N° 8. 


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À MESSIEURS LES SOUSCRIPTEURS, 


Les Annales de Flore et de Pomone, qui ont cu 
pour précurseur le Journal et Flore des Jardins, 
viennent d'accomplir leur troisième année : nous 
ne commencerons pas la quatrième sans remercier 
nos souscripteurs de leur fidélité à notre entreprise, 
et sans leur témoigner le prix que nous attachons 
à cette faveur. Elle est en effet pour nous le thermo- 
mètre par lequel nous jugeons les degrés de notre 
faible mérite, et un encouragement dont beaucoup 
d’autres à notre place seraient encore plus fiers. 
Mais nous, nous ne nous contentons pas aisément. 
Au milieu des motifs de satisfaction que nous trou- 
vons dans l'accueil fait aux Annales, nous éprou- 
vons une sorte de regret de voir trop peu de sous- 
cripteurs entrer en correspondance avec nous et 
faire de notre journal ce centre de communications 
que nous désirerions voir s'établir des divers poinis 
de la France entre les amateurs des sciences aima- 
bles auxquelles nous avons consacré notre œuvre. 

Cependant dans notreintroduction (octobre 1832), 
en exposant succinctement le but et le plan de 


notre travail, nous avons appelé l'attention de nos 
Ocrosre 1835. 1 


2 


souscripteurs sur une foule de points remplis d’in- 
térêt en leur demandant un concours bienveillant ; 
depuis lors , nos prospectus et la couverture même 
de nos livraisons n’ont cessé de porter cette phrase: 
« On accueillera avec reconnaissance les notes inté- 
ressantes sur une culture quelconque qu'il plairait 
à MM. les souscripteurs de faire insérer dans ce 
journal. » Et quelques-uns seulement ont répondu 
à nos vœux en nous communiquant des notes sur 
des procédés pratiques ou des gains nouveaux. 
Aurions-nous été mal compris? Nous aurait-on 
jugés autrement que nous sommes, en pensant que 
nous ferions peu de cas des observations qu’on nous 
adresserait ? ou bien a-t-on cru que, peu riches en 
matériaux dignes de la publicité, nous venions 1m- 
plorer par besoin des secours étrangers ? Dans ces 
divers cas, on aurait fait une grave erreur. Le do- 
maine de l’agriculture et de l'horticulture est trop 
vaste pour qué toutes les connaissances qui en font 
partie soient le partage d'un même homme; nous 
avons donc tous quelque chose à apprendre les uns 
des autres, et nous voulions que notre journal de- 
vint une école mutuelle où chacun, dans l'intérêt 
général, vint apporter un tribut quelconque. Sans 
doute , tout en sachant un gré infini à la personne 
qui nous enverrait une note d’un intérêt par trop 
puéril, nous nous garderions de linsérer ; mais par 
la même raison qu'il y a peu de mauvais livres, 
parce qu'ils apprennent toujours quelque chose, il 
y a peu de notes sur un fait quelconque d'histoire 
naturelle qui ne contiennent quelque apercu nou- 
veau. Chacun observe à sa manière, et des différen- 
ces dans l'observation résultent des inductions diffé- 


3 

rentes et souvent neuves ; et d’ailleurs la classe de 
lecteurs sous les yeux desquels passent les Annales 
nous est un sûr garant que la plupart d’entre ceux 
pourraient, s'ils le voulaient, les enrichir de docu- 
mens précieux. Est-ce par hasard qu’on cultive sur 
les bords du Rhin comme sur ceux de l’Adour ? est- 
ce que les mêmes résultats sont dus partout aux 
mêmes pratiques ? Et quand nous recherchons des 
faits, quand par des expériences pour lesquelles Ja 
nature n'abrége pas le temps , nous espérons arriver 
à la solution d’une question, souvent un de nos 
souscripteurs sait depuis plusieurs années le ré- 
sultat que nous attendons, et il ne nous le commu- 
nique pas, pour que nous le fassions connaître à 
d’autres auxquels il importe également: 

Quant à l'idée qui aurait pu se former que notre 
invitation aux souscripteurs de correspondre avec 
nous déguisait la disette de matériaux, qu'on se 
rassure à cet égard ; ils sont aussi nombreux que la 
fécondité de cette terre est grande, et notre vie à 
tous ne suflira pas pour les mettre au jour. Mais de 
ce qu'il y a beaucoup à dire, s’ensuit-il qu'il n'y 
ait point de choix à faire? et d’autres que nous ne 
peuvent-ils savoir des choses qui feraient plaisir au- 
jourd'hui, tandis que nous n’en parlerons peut-être 
que long-temps après, faute de les avoir apprises 
plus tôt? 

Nous dirons donc à MM. les souscripteurs : « Re- 
gardez ce journal comme un journal de famille ; ses 
pages sont ouvertes à vos observations ; communi- 
quez-nous des détails sur vos richesses horticoles . 
sur vos procédés, vos remarques. Critiquez-nous 
même, car nous le méritons souvent : mais au 


4 


moins dites-nous quelque chose; l'indifférence n'est 
pas faite pour les admirateurs de la nature. » Si 
l'on ne nous honore pas de communications si sou- 
vent demandées, nous n’en fournirons pas moins 
notre carrière avec le même zèle que par le passé, 
mais avec le regret que tant de faits intéressans, 
épars parmi nos souscripteurs, ne viennent pas en- 
richir nos Annales et prouver l'intérêt que l'on porte 
en France au perfectionnement de l’agriculture et 
de lhorticulture. 


Cauuzer, Ces frères, DALBRET, DoOVERGE, Duva, 
Harpy, Jacques, Jacquin aîné, Jacquin jeune, 
LecoinTRE, LéMoN, NEuMANN, Louis NoisETTE, 
PeriN, Pokorny , UTinET. 


= 


Nota. Toutes les notes doivent être adressées, à 
M. Rousselon, libraire-éditeur de ces Annales. 


HORTICULTURE. 


PLANTES POTAGÈRES, 
Culture forcée des asperges. 


Sur une fosse de cinq pieds de largeur, disposée 
pour recevoir des châssis de quatre pieds et demi, 
je plante trois rangs de grifles d'asperges que j'es- 
pace de quatorze pouces. Pendant les deux pre- 
mières années, je surveille avec soin cette planta- 
Lion pour m'assurer que toutes les griffes végètent 
bien, et si quelques-unes ne reprennent pas, je les 
remplace de suite même en plein été, et j'assure 
leur reprise par des arrosemens nombreux. 


5 


Pour mettre cette fosse en activité à la quatrième 
apnée , on établit en novembre ou décembre, selon 
que l’on juge convenable, une tranchée de deux 
pieds de profondeur sur deux de largeur. Cette 
tranchée entoure la partie de la fosse que l’on veut 
forcer. On couvre cette dernière de châssis et l'on 
remplit la tranchée de fumier neuf, que lon tasse le 
plus possible et que l’on élève jusqu'au niveau des 
planches du châssis. Huit jours après, cn remanie 
le fumier de la tranchée et l'on y en ajoute du nou- 
veau le plus possible, pour lui faire reprendre de 
la chaleur, car le premier en a peu développé, à 
cause de l'humidité et de la fraîcheur de la terre. Il 
faut renouveler cette opération tous les douze ou 
quinze jours, tant que les asperges repoussent. 

Lorsque celles-ci commencent à pointer , on 
établit une pareille tranchée autour d’une autre 
portion de la fosse, et l’on se comporte de la même 
manière. En agissant ainsi, on récoltera des asperges 
tout l’hiver sans interruption. 

J'ai eu l’occasion, en parcourant la Bohême et la 
Moravie, d'examiner des cultures d’asperges que 
dans ces pays on n'obtient qu'à grands frais. On 
creuse la fosse à quatre ou cinq pieds de profon- 
deur , et on la remplit avec des copeaux de charpen- 
tier, des branches d'arbres et du fumier, et on 
élève cette couche à dix-huit pouces au-dessus du 
sol. On plante les griffes sur cette couche et à une 
très-srande distance. L'asperge traitée ainsi dure 
fort long-temps et donne de beaux produits, mais 
peu abondans. Pour les avoir bien droites, on se 
sert de cylindres creux en bois de deux pouces de 
diamètre et d'un pied de longueur. Ces cylindres, 


6 


dont la capacité a un pouce de diamètre environ, 
sont apointés par un bout qui forme alors deux becs. 
Aussitôt qu’une asperge paraît, on pique ce cylin- 
dre dessus pour la faire filer, et on la coupe lors- 
qu’elle a achevé son développement. Les asperges 
sont plantées à rez de terre; on les fume tous les 
ans avec du terreau, et on les laboure avec une 
fourche pour ne point les étêter. 

Depuis que j'habite les environs de Paris, j'ai 
envoyé à plusieurs seigneurs de ces deux pays des 
renseigsnemens sur la manière dont nous cultivons 
les asperges, et cette méthode est en usage main- 
tenant dans beaucoup de grands jardins potagers. 

PoKkoRNY. 


JARDIN FRUITIER. 


Des auvens ou chaperons mobiles. 


Malgré que l'usage des auvens ou chaperons mo- 
biles, pour garantir des intempéries du printemps 
les arbres fruitiers en espaliers, et notamment les 
pêchers, soit loin d’être nouveau, on peut dire avec 
regret quil nest pas assez répandu, puisqu'on n’en 
voit que dans quelques jardins. 

Cependant c'est un des moyens les plus sûrs 
d’avoir d'abondantes récoltes. Decombles, dans son 
Traité de la culiure du pécher, en attribue l’in- 
vention à un M. Girardot, ancien mousquetaire, 
qui possédait à Bagnolet des plantations remar- 
quables, et dont il tirait un grand produit, surtout 
dans les années de disette. On rapporte à cette occa- 
sion que dans une fête donnée par la ville de Paris, 
à l'époque des pêches, il se trouva le seul en état 


7 
d'en fournir, et il lui en fut acheté trois mille pour 
chacune desquelles il recut un écu. C’est une imita- 
tion du procédé de ce cultivateur que les habitans 
de Montreuil ont mis en pratique. Il avait fait scel- 
ler tout le long de ses murs, au-dessous des chape- 
rons et de toise en toise, des morceaux de bois de 
deux pieds ou environ de saillie, sur lesquels il 
faisait poser des planches pendant la saison des ris 
ques. C'est encore la pratique qui serait préférable 
en donnant aux morceaux de bois qui soutiennent 
lauvent une inclinaison favorable à l'écoulement 
des eaux, et non en les scellant horizontalement 
dans le mur comme on le voit dans plusieurs jardins. 

Decombles, en imitant le procédé de Girardot, 
l'avait modifié de la manière suivante : « Au lieu, 
dit-1l, de ces morceaux scellés à demeure dans les 
murs, qui font un vilain effet à la vue pendant l'été, 
j'ai fait faire de petites potences de bois léger, dont 
le dessus va un peu en talus, pour favoriser l’écou- 
lement des eaux de la couverture qu’elles portent. 
Elles s’attachent avec des osiers à la dernière maille 
du treillage, de six pieds en six pieds ; et au lieu des 
planches, j'ai fait faire, à limitation des habitans 
de Montreuil, des petits paillassons de deux pieds 
environ de largeur sur douze et demi de longueur 
liés par deux lattes. Au mois de février, je pose mes 
paillassons sur ces potences, et je les y arrête avec 
des osiers ; ils demeurent en cet état jusqu’au mois 
de mai, que je fais tout délier et rapporter dans ma 
serre. » 

On voit que, pour adopter la pratique de Decom- 
bles, il faut que les murs contre lesquels sont dé- 
veloppéslesarbresàfruits soient garnis d’un treillage. 


re) 


Comme il n'en est pas toujours ainsi, il suffit que le 
montant de la potence soit percé de deux trous au 
moins, pour être avec deux forts clous fixés sur les 
murs dépourvus de treillages. 

Pour les personnes qui ne craignent pas un peu 
plus de dépense, 1l serait très-avantageux de rem- 
placer tous ces supports par des tringles de fer 
plates , dont les deux extrémités seraient courbées à 
angles droits; l'extrémité supérieure aurait sa cour- 
bure dirigée vers le bas du mur, pour être intro- 
duite dans l'œil carré d'un piton scellé en place à 
demeure , et l'extrémité inférieure serait recourbée 
vers le ciel pour retenir, lorsqu'il serait posé dessus, 
les lattes qui maintiennent le côté du paillasson 
opposé au mur. Ün simple fil de fer, ou même un 
brin d’osier, suffirait pour assujettir ceslattes sur cha- 
que tringle de fer , de facon à ce que le paillasson ne 
pût être soulevé par le vent. Il est bien entendu que 
la courbure de ces tringles serait calculée de facon 
à ce qu’elles aient une inclinaison convenable, et que 
leur longueur serait proportionnée à la largeur 
qu’on jugcrait utile de donner à lauvent. On se fait 
facilernent une idée de la facilité avec laquelle cet 
appareil peut être monté et démonté, et de façon 
que, lorsque les auvents sont retirés, il ne reste plus 
sur les murs que Îles pitons, qui sont à peine visibles. 
On voit également qu’il est aussi fort possible d’em- 
ployer en pareille circonstance des planches pour 
former lauvent. Dans tous les cas, il faut que les 
supports soient fixés à un pouce au-dessous du cha- 
peron du mur, et que les planches ou paillassons 
soient serrés contre le mur pour recevoir les égout- 
tures de ces mêmes chaperons. 


9 


Cest sur l'exposition autant que sur la hauteur 
des murs, qu'il convient de déterminer la largeur 
de l’auvent. On peut prendre pour terme moyen 
les dimensions suivantes : 

Quatorze pouces pour des murs de neuf pieds 
d'élévation, exposés au midi ou dérivant un peu 
vers l’est ou l’ouest ; 

Dix pouces pour ceux qui regardent en plein lee- 
vant , et dix-huit pouces pour ceux tournés à l’ouest. 

Si les murs avaient moins d'élévation, on peut di- 
minuer la largeur des auvens dans la proportion 
d'un pouce par pied; si au contraire leur hauteur 
était plus considérable, la largeur devrait ètre 
augmentée de deux pouces par pied. 

Pour mettre plus de régularité dans la confection 
des paillassons destinés à former l'auvent , on se sert 
d’un châssis composé de deux montans et de deux 
traverses. Si les supports de l’auvent sont espacés 
de six pieds, il faut des paillassons de douze pieds ; 
si, comme on le voit plus généralement, les supports 
sont placés à trois pieds les uns des autres, on fait 
des paillassons de six ou neuf pieds. Les montans 
du châssis dont on se sert, d’un pouce d'épaisseur 
au moins, sur trois ou quatre de large, ont donc la 
longueur nécessaire ; ils sont fixés à leurs extré- 
mités par les deux traverses, qui ont des encoches 
faites à différens points, afin d'obtenir la largeur 
désirée. On pose ce châssis sur un terrain plat, et 
on place dans son intérieur deux lattes de treil- 
lage de la longueur nécessaire, et éloignées cha- 
cune de deux ou trois pouces des bords internes des 
montans. On prend alors de la paille bien nettoycée 
et bien talonnée, et on la couche en travers du 


À 


10 

châssis, en ayant la précaution de faire porter le pied 
de la paille le long d’un des montans. Après avoir 
garni ainsi tout l'intérieur du châssis d'un lit de 
paille régulièrement rangée et d'une épaisseur d’un 
demi-pouce au moins, on pose le long d'un des 
montans à l’intérieur une tringle en bois de plu- 
sieurs pouces de large et d'une longueur indéter- 
minée, pourvu qu'elle n'excède pas celle du châssis ; 
on appuie fortement dessus pour rompre la paille 
et la faire enfoncer dans le châssis, et lorsqu'on en 
a fait autant des deux côtés, on prend deux nou- 
velles lattes semblables aux premières, on les pose 
sur la paille précisément au-dessus d’ x 1 puis on 
les fixe les unes aux autres avec du fil de fer, en les 
attachant de distance en distance. Cela fait, on re- 
tire le paillasson du châssis, et, à l’aide de grands 
ciseaux, on coupe toutes les pailles qui en dépassent 
les bords. On peut se dispenser de se servir de ce 
châssis, si l’on veut prendre la peine de mailler Ja 
paille comme on le fait pour les paillassons ordi- 
naires; mais alors le temps et la dépense sont plus 
que triplées. 

L'effet de ces auvens mobiles, que l’on place ordi- 
nairement en janvier, avant qu'aucune végétation 
se soit fait remarquer, et que l’on retire lorsque les 
plus forts bourgeons ont acquis quatre à six pouces 
de longueur , est beaucoup plus important qu’il ne 
le semble d’abord. Ils s’opposent principalement au 
rayonnement, en cachant aux arbres qu'ils abritent 
l'aspect direct du ciel; ils les préservent d’une humi- 
dité surabondante, en interceptant les pluies et les 
brouillards, et les rendent par cela seul moins sen- 
sibles à la gelée, bien plus à craindre pour les végé- 


FL. 1 


1. ABRICOT DES DAMES. 


2, PRUNE DE LAMOTTE. 


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L'E 


taux mouillés que pour ceux qui sont secs ; ils s'op- 
posent au développement excessif que tendent 
toujours à prendre les parties les plus élevées d’un 
arbre et maintiennent la sève dans les parties infé- 
rieures, en diminuant Ja lumière dont jouiraient 
les branches supérieures , et en les privant de l’in- 
fluence solaire qui est nécessaire à leur développe- 
ment; enfin ils assurent la récolte et la rendent 
plus abondante. On peut même les employer à équi- 
librer la sève, lorsqu'elle se porte d’un côté d’un 
espalier avec trop de fougue. Il suffit pour cela de 
maintenir l’auvent au-dessus de la partie trop vi- 
soureuse, jusqu'a ce que l'autre côté ait rétabli 
l'égalité de force. Ce moyen qui n’est pas connu 
équivaut à tous ceux que j'ai conseillés dans le même 
but dans mon Cours théorique et pratique de la taille 
des arbres. 
Mes propres expériences m'ont fait remarquer 
que, pour de jeunes arbres, il est important de fixer 
les auvens à quatre ou six pouces seulement au- 
dessus de l'endroit où se terminent les plus forts 
rameaux, de manière qu'après la taille, il y ait 
entre eux et l'auvent un espace de dix-huit à vingt 
pouces. Plus élevés, ls remplissent mal leur but; 
plus bas, ils exposent les jeunes pousses à manquer 
d'air, ce qui les fait étioler. DALBRET. 


Agricor pEs Dames ( Voyez la planche). J'ai ob- 
tenu cette variété d’un semis fait il y a douze ans 
dans nos pépinières, situées alors à Boissy-sous- 
Saint-Yon, dans un lieu appelé clos de Lamotte. 

J'avais fait semer séparément des noyaux d’abri- 
cots de plusicurs variétés; mes semis étaient bien 


12 


levés, mais les vers blancs en détruisirent la presque 
totalité. Le peu qui restait fut mis en place par le 
jardinier , qui n'y mit aucun ordre ; de facon qu'il 
n'est impossible aujourd'hui de dire de quelle va- 
riété celle-ci provient. Il est bon de faire remarquer 
qu'ayant quitté les pépinières de Boissy-sous-Saint- 
Yon , j'ai emporté trois ou quatre individus prove- 
nant de ce semis, que j'ai d'abord plantés à Vitry- 
sur-Seine, d’où je les ai fait arracher quatre ans 
après pour les transporter au Grand-Charonne , où 
ils sont maintenant. C'est la seconde fois que la va- 
riété qui nous occupe a donné des fruits, tandis que 
deux autres individus du même âge n'ont pas en- 
core fructifié. 

Lorsque je fis ce semis, mes intentions étaient 
d'obtenir quelques variétés nouvelles et intéres- 
santes, et pour cela je m'étais proposé d'extraire 
des plants qui en résulteraient tous les individus 
présentant des caractères différens de ceux des va- 
riétés connues. Je fis donc mettre à part tous ceux 
qui s'éloignaient de leurs congénères, soit par un 
bois gros et trapu et dépourvu d'épines, soit par 
des feuilles beaucoup plus larges, etc., etc., me 
promettant d'employer le reste des plants à servir 
de sujets pour recevoir les greffes des variétés con- 
nues et observer celles qui offriraient le plus 
d'avantages dans cette circonstance. L’abricot des 
Dames provient d’un individu choisi d'après ces 
indications. 

J'ai consulté l'ouvrage de Duhamél, et je n’y ai 
trouvé aucune figure ressemblant à ce fruit; et 
commeil m'a paru d’une jolie forme et que sa saveur 
est très-agréable, J'ai cru pouvoir lui donner le 


Fr 


13 
nom d’abricot des Dames, parce que je l'ai jugé 
digne de leur être offert. 

En voici la description : Rameaux verticaux et 
eflilés , d'un vert rougeûtre du côté du soleil; bou- 
tons rapprochés et assez saillans. Feuilles luisantes, 
cordées , longuement acuminées , à pétioles longs; 
fleurs moyennes d'un blanc rosé. Fruit long d’un 
pouce et demi, terminé par un petit mamelon; 
comprime , d’un jaune rougeûtre pointillé de pour- 
pre du côté du soleil, et attaché par un pédoncule 
très-court. Il tient assez fortement au rameau, même 
lorsqu'il est bien mûr. La chair est jaune, un peu 
ferme , et d’un goût fort agréable, et qui m’a paru 
lui être particulier. Le noyau est allongé, compri- 
mé, pointu; sa carène est ouverte et saillante, 
tandis qu’elle est fermée et fistuleuse dans l'abricot- 
pêche. 

La maturité de cet abricot m'a paru plus tardive 
de huit ou quinze jours que celle de l’abricot-pêche ; 
mais je ne sais sil faut attribuer ce retard à la 
localité ou à la vigueur de l'arbre. Dans tous les 
cas, j'estime que celte variété est intéressante et 
mérite d’être répandue. JACQUIN aîné. 


Prune DE Lamorre ( Voyez la planche). J'ai donné 
à cette variété le nom du lieu de sa naissance, car 
elle provient d’un semis fait à la même époque et 
dans les mêmes pépinières que celui d’abricots 
dont J'ai obtenu la variété précédente. Au reste, 
ce semis de prunes n'a pas été plus heureux que le 
premier : dévoré par les vers blancs, mêlé par le 
jardinier qui en avait la surveillance, il ne n'est 
pas plus possible que pour F'abricot des Dames d'in- 


14 

diquer de quelle variété cette prune est née. Quoi 
qu'il en soit, jen ai fait une variété nouvelle sous 
le nom du lieu de sa naissance , n'ayant trouvé ni 
parmi les fruits en nature, ni parmi ceux figurés , 
aucune prune qui lui ressemblât parfaitement. 
Toutefois la prune dont la forme est la plus rap- 
prochée de la sienne est le Perdrigon ou Impéra- 
trice violette. 

Elle mürit vers la fin de juillet ; elle est allongée, 
pyriforme , de grosseur moyenne, d’un beau violet 
foncé très-fleuri; sa chair est d’un jaune verdûtre, 
se détachant facilement du noyau; elle est portée 
par un pédoncule assez long. Sa saveur est agréable 
et parfumée. JaAcquIN aîné. 


PLANTES D'ORNEMENT. 


PLEINE TERRE. 


Rose MapamEe-Furrapo. J'ai obtenu ce rosier dans 
un semis des graines du Bengale cent-feuilles. L'é- 
légance de sa fleur, son coloris et l'odeur agréable 
qu'elle exhale n'ont paru, ainsi qu’à tous mes col- 
lègues, lui mériter d’être dédiée à une dame, et 
l'un de nous a proposé le nom de madame Furtado, 
née Rose Fould, que nous avons adopté avec em- 
pressemen£. 

Le bois est d’un vert brun, les branches sont 
garnies de forts aiguillons peu accrochans; les 
feuilles sont composées de cinq à sept folioles, d’un 
vert frais et luisant en dessus , plus pâle en dessous, 
et dentées en scie, 

Les fleurs sont en corymbes de sept à huit, por- 


15 


tées sur des pédoncules forts, ce qui leur donne un 
port élégant et les empêche de se renverser. 

Calice à cinq divisions inégales, réfléchies et 
dentées ; une ou deux des sépales sont quelquefois 
foliacées. 

Fleurs tout-à-fait pleines, ne contenant que fort 
peu ou point d’étamines ; pétales de la circonférence 
larges et de couleur rose foncé; ceux du centre 
étroits, comme en lanière, d’un rose glacé qui 
passe à une couleur feu brillant, non ee 'IQUés , 
mais pliés dans tous les sens, et enveloppés par 
ceux de la circonférence, ce qui, lors de l'épanouis- 
sement , fait paraître la fleur comme frisée. Cette 
rose, qui exhale une odeur fort agréable , se main- 
tient long-temps , car au printemps dernier, elle a 
résisté en plein midi pendant dix-sept jours. 

Puisque je m'occupe de roses en ce moment, Je 
ferai remarquer que Fété de 1835 a été fatal à un 
grand nombre de variétés. Ce que je n'avais pas 
encore vu, c'est qu'à l’époque de la Saint-Jean, les 
perpétuelles Lelieur se trouvèrent toutes pâtées, et 
que les cent-feuilles , et notamment les mousseuses, 
n'eurent aucun mal. Parmi les noisettes , plusieurs 
ont mal fleuri ; le général Larwæstine à résisté, et 
ses fleurs se sont montrées pendant quatorze jours. 
Y aurait-il quelquefois dans l’atmosphère des va- 
peurs dont l'influence pourrait être plus funeste à 
quelques variétés qu'à d’autres ? 

Duvaz, 


Horticulteur à Chaville 


16 


GALARDIA. Fouceroux. Syngénésie  polygamie 
frustranée , Lin. ; Radiées , Juss. 


Caractères génériques. Involucre composé de 
deux à trois rangs de folioles linéaires, lâches ; 
fleurons du disque hermaphrodites ; demi-fleurens 
de la circonférence stériles; graines turbinées, 
couronnées par huit paillettes scarieuses et élargies 
à la base , subulées à leur sommet. 


GALARDE ARISTÉE. Galardia aristata, Pursn. Flor. 
Amér., vol. Il, p. 573. Bot. REG., tab. 1186. 
( Voyez la planche. ) 


Plante vivace, à tiges hautes de deux à trois 
pieds, striées dans toute leur longueur, garnies de 
poils soyeux aux deux tiers et pubescentes dans 
leur partie supérieure, se ramifiant et se subdivi- 
sant en quelques rameaux alternes terminés par 
des fleurs solitaires. 

Feuilles alternes, oblongues , pointues, d’un vert 
glauque, garnies sur les deux faces d’un duvet 
soyeux ; les radicales ont de cinq à sept pouces de 
longueur ; elles ont, ainsi que celles de la partie 
inférieure , des tiges amincies à leur base, sinueuses 
et quelquefois pinnatifides , à découpures arrondies 
et obtuses. Les caulinaires diminuent sensiblement 
de longueur vers l'extrémité supérieure ; elles n'ont 
qu'un pouce et demi à deux pouces au plus, tout- 
à-fait sessiles, souvent semi -amplexicaules , très- 
entières et à nervure médiane saillante. 

Fleurs grandes , éclatantes, terminales , portées 
sur de longs pédoncules; involucre à écailles fo- 


P1,2 


GALARDE ARISTEE 


Galardia aristata 


DATA T.LA 
| (] vita à Wun 


OUI RUES 
mr 


u) 


DA 

liacées , imbriquées, lâches, linéaires, lancéolées, 
pubescentes ou soyeuses, lesquelles finissent par 
s'étendre au point d'affecter une position presque 
horizontale , et se réfléchissent à l’époque de la ma- 
turité des graines; les rayons ou demi-fleurons de 
la circonférence sont larges et d’un beau jaune, et 
divisés à la partie supérieure en deux ou trois dents 
pointues. Ovaire abortif surmonté de cinq petites 
écailles paléacées et tubulées ; les fleurons sont par- 
faits, à corolle tubuleuse, brillante, jaunûtre, 
marquée de rouge pourpré , et revêtue d’une touffe 
de poils ou soies de la même couleur; anthères 
pourpres , aigrettes consistant en cinq écailles blan- 
ches, membraneuses et paléacées , terminées par 
une pointe subulée. Stigmates allongés, hispides, 
d'un rouge purpurin. 

Les principales différences qui distinguent cette 
espèce du Galardia rustica, H. Cass., ou brcolor, Bor. 
Mac. , consistent en ce que les feuilles sont très- 
entières à la partie supérieure , et que la fleur est 
d’un jaune pâle uniforme ; ses tiges sont aussi plus 
dressées et atteignent toujours un développement 
deux fois plus considérable. Elle est plus rustique, 
et sa floraison se prolonge plus long-temps. 

Cette belle espèce , originaire de l'Amérique sep- 
tentrionale, est cultivée au Jardin des Plantes depuis 
1850 , époque où on la recut d'Angleterre. M. Dou- 
glas l’a trouvée sur les montagnes Pétrées et dans 
des terrains secs qui s'étendent de ces montagnes à 
l'Océan Atlantique; partout elle était revêtue des 
mêmes caractères. 

Elle mérite de trouver place dans tous les jardins 
par la beauté de ses fleurs, grandes et nombreuses, 


OcrosrEe 122%. 2 


18 


qui commencent à se montrer en juin et se suc- 
cèdent jusqu'à la fin d'octobre. Elle est encore peu 
répandue, mais il n’y a point de doute qu’elle ne le 
devienne davantage avant peu. Elle croît à toute 
exposition et dans tous les terrains ; mais ses tiges 
ont besoin d'être soutenues par un tuteur, à cause 
de leur forte végétation ct du poids des fleurs qui 
sont portées par de longs pédoncules. On la multiplie 
facilement de graines qu’elle donne abondamment, 
que l’on peut semer de suite ou au printemps sui- 
vant. Celles que l’on sème en automne fleurissent 
l'année suivante, et celles semées au printemps ne 
fleurissent que l’année d’ensuite, ce qui retarde 
d’un an. Lorsque les jeunes plants ont acquis trois 
ou quatre feuilles , il suffit de les repiquer deux à 
deux pour former plus tard une belle touffe. 

On la multiplie aussi par éclats de sa touffe, et 
même par boutures de racines. Cette opération 
peut se faire depuis le mois d'octobre jusqu’au mois 
d'avril suivant, époque où elle commence à végé- 
ter. On peut, pendant les chaleurs de l'été, lui 
donner quelques arrosemens, ce qui entretient sa 
fraicheur et fait développer un plus grand nombre 
de rameaux et une plus grande quantité de fleurs. 

On trouve cette plante dans plusieurs établisse- 
mens de Paris, et notamment chez nos collègues 
MM. Cels, Jacquin et Lémon. Pépin. 


Le. 


Suite de la notice descriptive des variétés du Phlox 
suffruticosa. ( Voyez page 368 et suivantes , An- 
nales, 1834-1835. ) 


Deuxième diwision. Fleurissant depuis vers la mi- 
L2 L] P 
juillet jusqu’à la fin d'août. 


PREMIÈRE SECTION. Les pourpres, rouges, roses, 
lilas, etc. 

21° PnLox sOuS-ARBRISSEAU DE GirauzT. Phlox su f- 
fruticosa Giraultü. Tiges fortes , vigoureuses, 
glabres, hautes de vingt-cinq à vingt-huit pouces, 
rameuses dans leur partie supérieure; feuilles fer- 
mes, bien étoffées, d’un beau vert luisant en dessus, 
plus pâle eu dessous, lancéolées pointues, longues 
de trente-six à quarante-deux lignes, larges de 
neuf à treize; fleurs en panicule un peu lâche, d’un 
lilas rosé très-agréable; limbe de neuf à dix lignes. 

22° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU PETIT DE GIRAULT. P/#lox 
suffruticosa Giraultii minor. Celui-ci a les fleurs à 
peu près de la même forme et couleur que le précé- 
dent; mais la tige est un peu scabre et ne s'élève 
que de douze à quinze pouces. 

25° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU AGRÉABLE. Phlox suf- 
fruticosa amæna. Tiges glabres, luisantes, fine- 
ment ponctuées de brun, de vingt-deux à vingt- 
quatre pouces ; feuilles linéaires, étroites, glabres, 
longues de trente-six à quarante-deux lignes, larges 
de cinq à sept ; fleurs en panicules lâches, et com- 
prenant au moins le tiers de la hauteur de la tige ; 
corolle bien étoffée, d’un beau pourpre clair, et de 
neuf à dix lignes de diamètre. 

24° Purox sous-ARBRISSEAU DE Neumann. P/lox 


20 


| 

suffruticosa Neumannit. Tige droite , glabre et lui- 
sante, de vingt-trois à vingt-cinq pouces; feuilles 
du bas rapprochées, linéaires , celles du milieu 
pointues , lancéolées, un peu pétiolées; toutes 
glabres et luisantes en dessus; fleurs en panicule 
assez serrée, longue de cinq à six pouces; limbe 
d’un beau rose; divisions du limbe en cœur au 
sommet. 

25° PnLox SOUS - ARBRISSEAU A LARGE COROLLE. 
Phlox suffruticosa magna. Tiges de vingt-quatre 
à vingt-sept pouces, glabres, lisses, vertes et légè- 
rement ponctuées de brun; feuilles opposées en 
croix , rapprochées, lancéolées linéaires, pointues, 
glabres; entières ; fleurs en panicule courte (cinq à 
six pouces ), d'un beau pourpre; limbe de dix à 
douze lignes, à divisions arrondies. C’est äne bien 
belle plante. 

26° PuLox SOUS-ARBRISSEAU PALISSANT. Phlox suf- 
fruticosa pallens. Tiges droites, glabres, vertes, 
hautes de dix-huit à vingt-deux pouces; feuilles 
du bas étroites, linéaires , longues de cinq à six 
pouces, celles du milieu lancéolées linéaires, 
glabres; fleurs en panicule lâche, de cinq à six 
pouces; corolle d’un lilas pâle, blanchissant souvent 
même au moment de l'épanouissement. 

27° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU ROSE VIOLACÉ. PAlox 
suffruticosa roseo-violacea. Tige ferme, droite, 
glabre et légèrement ponctuée de brun, de vingt- 
trois à vingt-quatre pouces ; feuilles lancéolées li- 
néaires, pointues, glabres et fermes; fleurs en 
larges panicules garnissant presque la moitié supé- 
rieure de la tige; fleurs grandes (dix à onze lignes ), 
d'un beau rose un peu violacé. 


DI 


28° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU TORTUEUX. PAlox suf- 
fruticosa contorta. Tiges grèles, brunâtres du côté 
du soleil, glabres, de quinze à seize pouces ; feuilles 
lancéolées linéaires, glabres des deux côtés, souvent 
contournées de diverses manières ; fleurs en pani- 
cule serrée; corolle petite (de sept à huit lignes ), 
lilas violet foncé. è 

20° PHLOX SOUS - ARBRISSEAU A RAMEAUX OUVERTS. 
Phlox sufjruticosa patula. Tiges de quinze à dix- 
huit pouces, glabres, ponctuées de brun, rameuses 
presque dès la base; les rameaux ouverts, terminés 
chacun par une petite panicule serrée de fleurs d’un 
lilas pourpre foncé, avec une étoile plus intense au 
centre. 

30° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU TRÈS-RAMEUX. Phlox 
suffruticosa ramosissima. Tiges de douze à quinze 
pouces, glabres, vertes ponctuées de brun, rameuses 
strictement depuis la racine; feuilles linéaires 
lancéolées, entières, glabres, luisantes en dessus et 
diversement contournées ; fleurs en longue pyra- 
mide , d’un lilas pâle et uniforme : variété très-re- 
marquable,. 

51° PHLoX SOUS-ARBRISSEAU À FEUILLES DE LINAIRE. 
Phlox suffruticosa linarifolia. Tiges vertes, glabres, 
de dix-huit à vingt pouces; feuilles linéaires, très- 
étroites, entières et glabres sur les deux surfaces ; 
fleurs en panicule lâche et peu garnie, longue de 
quatre à cinq pouces ; corolle d’un pourpre lilacé, 
un peu étoilé au centre. 

32° PHLOX SOUS- ARBRISSEAU A FEUILLES COURTES. 
Phlox suffruticosa brevifolia. Tiges grêles, me- 
nues, presque brunes, de quinze à seize pouces ; 
feuilles peu nombreuses , courtes, longues de dix- 


22 
huit à vingt-sept lignes, larges de quatre à six ; 
fleurs en panicule serrée, lilas pourpré, à limbe 
bien ouvert. 

53° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU DE JAcquIN. Phlox 
suffruticosa Jacquinü. Tiges fermes, arrondies, 
slabres, ponctuées de brun dans le haut, de quinze 
à dix-huit pouces; les rameaux presque horizonta- 
lement ouverts; fleurs en panicule, peu nom- 
breuses au sommet des tiges et des rameaux ; 
limbe plane de neuf à dix lignes, d’un lilas comme 
gris de lin. 

Deuxième secrion. Les blancs plus ou moins purs. 

34° PHLOxX SOUS-ARBRISSEAU LEOPOLDINE. Phlox suf- 
fruticosa Leopoldini. Tiges droites, verdâtres ponc- 
tuées de brun, glabres du bas, un peu scabres du 
haut, de dix-huit à vingt pouces, rameuses sur 
plus de la moitié de sa hauteur; rameaux courts, 
feuilles rapprochées , glabres , luisantes ; fleurs en 
panicule terminale bien garnie; corolle petite 
(sept à neuf lignes), d'un beau blanc sur le limbe et 
le tube. 

35° PaLox sous-ARBRISSEAU AMÉLIE. Phlox sufjru- 
ticosa Ameliæ. Tiges droites, glabres, vertes et lisses, 
de vingt-quatre à vingt-six pouces; feuilles opposées 
en croix, lancéolées, pointues, glabres sans être 
luisantes; fleurs en panicule assez serrée, grandes 
(dix à onze lignes }, à limbe bien ouvert, à divisions 
arrondies, d’un beau blanc mat ainsi que le tube. 

36° Pucox sous-arBrissEau Vicroire. PAlox su/ffru- 
ticosa Victoriæ. Tiges droites, vertes, un peu scabres 
du haut, de vingt-quatre à vingt-six pouces, rameu- 
ses dans la moitié supérieure de leur hauteur; ra- 
meaux allongés, lâches ; feuilles opposées en croix, 


23 


lancéolées, glabres ; fleurs formant une large pa- 
nicule, d’un beau blanc, et à limbe bien ouvert. 

37° PHLox SOUS-ARBRISSEAU D'UN BLANG ROSE. ?Alox 
suffruticosa sub-rosea. Tiges glabres, vertes, de 
dix-huit à vingt pouces ; feuilles du bas rapprochées, 
lancéolées linéaires, glabres; fleurs en panicule 
formant le tiers de la hauteur de la tige ; limbe blanc 
avec le centre légèrement rosé, ainsi que le tubé? 
calice teinté de violet. 

- Toutes les variétés ci-dessus décrites, comme une 
grande partie de celles désignées dans ia précédente 
livraison, ont été obtenues de semis par M. Girault, 
à Neuilly-sur-Seine. 

Je n'ai pas besoin de faire remarquer que les di- 
visions que j'ai indiquées ne sont pas positivement 
bien tranchées; car des variétés de la première pour 
ront continuer leur floraison pendant plus où 
moins de temps dans la seconde , tandis que d’autres 
de la dernière pourront commencer Îa leur plus ou 
moins de temps avant l’époque que je leur ai assi- 
gnée. Et ceci peut dépendre de plusieurs causes 
générales ou particulières, telles, dans le premier 
cas, que les années plus ou moins pluvieuses, 1: 
qualité des terrains, et dans le second, les di- 
verses expositions , la transplantation faite dans une 
saison plus ou moins avancée , les arrosemens abon- 
dans ou plus ou moins négligés, etc, : toutes ces 


causes peuvent et doivent influer sur les époques 
de floraison. Jacques. 


ANTAYLLIDE D'HERMANN. Anthy lis Hermanniæ. Lan 


Arbrisseau en forme de buisson , haut de trois à 
quatre pieds, dont la tige rugueuse est couverte 


24 


d’une écorce brune qui se détache, chaque année, 
par petites lanières. Les rameaux sont alternes, 
nombreux, courts, raides, un peu tortueux et sa- 
tinés vers le sommet; les feuilles sont alternes , 
persistantes, longues d’un pouce, oblongues, lan- 
céolées, cunéiformes, obtuses, pubescentes et blan- 
châtres en dessous, verdâtres en dessus, soyeuses 
ct argentées dans leur jeunesse ; elles se dévelop- 
pent par trois ou quatre ensemble à chaque point 
d'insertion ; les deux latérales sont souvent plus 
courtes et plus étroites que celles du milieu. 

Les fleurs sont jaunes, petites, nombreuses, por- 
tées sur des pédoncules plus courts que leur calice, 
réunies par faisceau ou grappe, court et composé 
de trois à six fleurs alternes; chaque faisceau, ac- 
compagné à sa base de trois petites feuilles courtes, 
ovales, est disposé sur la longueur des jeunes ra- 
meaux de l’année, de facon à ce que chacun d’eux 
ait la forme d’un épi lèche; la floraison se prolonge 
de mai en août. 

Le calice est monosépale , pubescent, à cinq dents 
courtes et aiguës. La corolle est papillonacée, l’éten- 
dard relevé, les deux ailes un peu plus longues que 
Ja carène; dix étamines à anthères oblongues, un 
ovaire supère ovale, se terminant par un style à 
stigmate simple et aigu, se recourbant avec les éta- 
mines dans l'intérieur de la carène; le fruit est une 
gousse ovale, arrondie, petite, velue, qui le plus 
souvent est monosperme. 

Ce petit arbuste est originaire de la Grèce; on le 
trouve abondamment dans l’île de Candie, en 
Palestine et en Corse. On le cultive depuis fort 
long-temps dans les serres froides et orangeries des 


25 


jardins de collection ; mais tenu en pot, sa végéta- 
tion se montrait peu vigoureuse, son port était ra- 
bougri , et cependant il fleurissait au printemps de 
chaque année. Ayant remar qué qu'il était peu dé- 
licat, devinant la position qui "lui est convenable, 
par l'induction des circonstances particulières aux 
pays dont il est originaire, j'en livrai un pied à à 
l'air libre, au printemps de l'année 1827. Depuis 
cette époque il a pris un accroissement considérable 
comparé à celui des pieds restés en pots; il a fleuri 
abondamment au printemps de chaque année et 
donné des graines en quantité. Il est devenu telle- 
ment rustique, que les sols les plus médiocres, brü- 
lans et calcaires, lui conviennent mieux que ceux 
qui sont meubles et profonds, car ses racines sèches 
et coriaces se fraient un passage au travers des pier- 
res. Il réussit à toutes les expositions. Aussi le but 
de cet article est de le mieux faire connaître, moins 
comme arbuste propre à la décoration des parterres 
que comme pouvant être employé utilement au sou- 
tien des terres dans les pentes arides ou glacis, et à 
l'exposition la plus chaude; il est encore très-con- 
venable pour former des bordures et des haies d’or- 
nement, parce qu'il s'élève peu, se ramifie beaucoup 
et devient très-touffu depuis sa base, à moins toute- 
fois qu'on n’élague ses parties inférieures. Il sup- 
porte parfaitement la tonte; mais si l'on veut le 
voir fleurir chaque année, il convient de ne le ton- 
dre qu’une fois par an, ce qui est tout-à-fait suffi- 
sant. On peut faire cette opération en mars et avril, 
et mieux à la fin d'août ou septembre, époque où 
les graines sont récoltées. 

On le multiplie de marcottes avec facilité, et 


26 


mieux de graines que l’on sème aussitôt la matu- 
rité où au printemps suivant, soit en rigoles ou 
en terrines, en terre meuble ou siliceuse. On repi- 
que le plant, la premiere ou la seconde année après 
le semis, en place pour baies ou bordures, et en pots 
pour en disposer plus tard selon le besoin. Il est bon, 
sous notre climat, de le couvrir, pendant l'hiver des 
premières années, par quelques feuilles sèches, pour 
le garantir du froid. Deux ou trois ans après le se- 
mis, la plupart des jeunes tiges ont acquis assez de 
développement pour former un petit buisson touffu 
et fleurir abondamment, quoique les branches 
soient encore assez minces. Le bois est tortillé et 
devient d’une grande dureté. Il suffit de quelques 
arrosemens pendant le moment de sa multiplication 
et la première année de la plantation. Pépin. 


AMARYLLIS A FLEURS CHANGEANTES. Amaryllis bella- 
dona var. Mutabilis. Horr. 


Oignon ovale de la grosseur d’un œuf, couvert 
de tuniques grises, garni de racines persistantes , 
fibreuses , en faisceau, de couleur blanche. En sep- 
tembre , il sort du collet de cet oignon huit à dix 
feuilles distiques d’un vert rougeûtre, longues de 
dix à douze pouces, en partie persistantes. D'août 
en octobre, plusieurs tiges comprimées, brunes, 
pulvérulentes, de la grosseur du doigt , s'élèvent du 
centre de l'oignon de quinze à dix-huit pouces, et 
sont terminées par une spathe contenant huit à dix 
fleurs à demi-évasées, à pétales longs de trois pou- 
ces et larges d’un. Lors de l'épanouissement, les 
pétales sont d’un blanc d’albâtre, depuis leur base 


27 

jusqu'à la moitié de leur longueur, le reste est d’un 
bel incarnat bordé d’un rose vif; dix à douze jours 
après, ils deviennent d’un beau rouge vifet durent 
encore quelque temps. Cette amaryllis exhale une 
odeur suave qui approche de celle de la fleur d’o- 
ranger. Après la floraison, il succède des capsules 
qui contiennent chacune plusieurs soboles charnues; 
de la grosseur d’un pois, qu'il faut semer aussitôt” 
la maturité, car elles serment de suite, même dans 
les lieux les plus secs. 

Cette amaryllis ne réussit pas en pots : il faut 
la cultiver en pleine terre à une exposition méri- 
dienue, en terre légère, et garantir ses feuilles des 
gelées au moyen d'un vase ou panier renversé cou- 
vert de paille ou de feuilles. On la découvre toutes 
les fois qu'il ne gèle pas. 

On transplante les oignons après la floraison; 
une fois plantés, il ne faut pas les relever avantqu'ils 
aient fait une touffe volumineuse. 

J'ai vu des oignons plantés depuis trois ans se 
diviser en cinq parties qui portaient chacune 
une tige à fleurs. 

Cette amaryllis est hybride de la Belladona et de 
la Curvifolia; c’est la plus belle de celles que l'on 
cultive en pleine terre. La culture est la même que 
celle de la Belladona. LEMoN. 


ORANGERIE. 


WATSONIA Tauws., Lin. Pers., etc. Triandrie 
monogynie, Lix., Iridées , Jussreu. 


Caractères génériques. Corolle recourbée , tubu- 
leuse cylindrique, ou tubuleuse dilatée infundibu-- 


28 


liforme, à divisions toutes égales , souvent droites ; 
trois étamines, un style; capsule renfermant plu- 
sieurs semences ailées. 


WATSONIE A FEUILLES D'ALÉTRIS, /’atsonta aletroi- 
des. Ker. Bot. Magaz. 441. 


Bulbe entière , produisant trois ou quatre feuil- 
les linéaires, pointues, longues de dix à douze 
pouces, larges de cinq à six lignes, glabres, très- 
entières sur les bords, où elles sont un peu mar- 
ginées, à nervure moyenne saillante sur les deux 
surfaces, d’un vert un peu glauque ; tige haute de 
dix-huit à vingt pouces, munie de deux à trois 
feuilles semblables aux radicales, mais plus cour- 
tes; épi de fleurs terminant la tige, composé de 
douze à vingt fleurs, sortant de spathes violacées, 
cartilagineuses au sommet ; corolle longue de dix- 
huit à vingt lignes , à tube recourbé en bas, aminci 
à la base, s’épaississant en massue au sommet où 
elle est divisée en six divisions courtes et s’ouvrant 
à peine; le tout d’un beau rouge transparent, se 
présentant unilatéralement , quoique les spathes sur 
l'axe soient distiques. 

Trois étamines un peu moins longues que la 
corolle ; un style de même longueur, terminé par 
un stigmate divisé en six petits lobes ; ovaire obtu- 
sément trigone. 

Cette plante originaire du Cap, comme une grande 
partie de ses congénères , se cultive en pots et en 
terre de bruyère pure ; la serre tempérée ou une 
bonne orangerie bien éclairée lui suffit. On peut 
encorc la cultiver sous châssis soit en pots, soit en 


WATSONIE A FEUILLES D'AL ÉTRIS 


\Vatsoma aletroïdes 


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GALANE ELEGANTE 


Chelone speciosa ; 


29 
pleine terre, comme tous les ixia, glaïeuls et au- 
tres plantes du Cap; on la multiplie par la sépara- 
tion des caïeux. 

Cultivée en Angleterre depuis 1774, elle n’est pas 
bien répandue en France et nous la devons à notre 
bon ami Préon qui, à son retour de l’île de Bour- 
bon , a rapporté du Cap plusieurs espèces de lilia- 
cées dans lesquelles s’est trouvée celle-ci. 

JACQUES. 


GALANE ÉLÉGANTE, Chelone speciosa ; Penstemon 
speciosum. Horric. BELGE; non Chelone speciosa, 


Horruz. ( Voyez la planche. ) 


Observation. Le cinquième filament , plus court 
que les étamines et glabre dans toute sa longueur, 
ne permet pas de placer cette plante dans le genre 
Penstémon. Voyez les caractères génériques des 
Chelone , page 242 , Annales de Flore et de Pomone, 
année 1852-1833, et ceux des Penstemon, même 
année , page 360. 

Cette jolie plante est vivace par sa racine; les 
feuilles sont opposées , glabres, les inférieures pé- 
tiolées, comme spathulées, les supérieures linéaires, 
sessiles , fortement creusées en gouttière en-dessus ; 
tiges de deux pieds et plus, cylindriques , glabres, 
portant à leur sommet des grappes de fleurs dont 
les pédoncules, longs de quatre à six lignes, sortent 
solitaires à l’aisselle des feuilles supérieures faisant 
alors fonction de bractées. Chacun de ces pédon- 
cules est ordinairement divisé en deux pédicelles, 
ayant à leur base deux petites bractées opposées, 
et portant à leur sommet un calice à cinq divi- 


30 

sions ; corolle grande ( quinze à dix-huit lignes de 
long ), tubuleuse à la base, ventrue au sommet, 
où le limbe est divisé en deux lèvres dont la su- 
périeure est à deux lobes redressés; l’inférieure 
à trois, dont le moyen plus petit se recourbe en-des- 
sous ; toutes deux d’un beau bleu de ciel ou d'émail, 
s’affaiblissant sur le lobe et se changeant en verdâtre 
sous le calice. 

Cette belle plante ressemble beaucoup par ses 
feuilles , ses tiges et son inflorescence, à sa congé- 
nère Chelone barbata ; mais ses fleurs ont une con- 
formation et une couleur toute différente. Il est 
donc probable que , comme celle-ci, elle est origi- 
naire du Mexique; c'est pourquoi jusqu'ici on l'a 
cultivée en serre tempérée. Je l'ai obtenue de graine 
semée en septembre :833, en terre de bruyère 
pure, étant celle qui paraît mieux lui convenir. 
Sur six à sept pieds que j'avais obtenus, je n'ai pu 
en conserver que deux, qui ont donné leurs pre- 
mières fleurs au commencement de juin 1835; elle 
est encore rare à Paris, et je ne la connais que 
chez M. Loht, qui l'a fait venir de l'étranger. Il 
est probable qu’elle se multipliera assez facilement 
de boutures et par ses graines, lorsqu'elles parvien- 
dront à leur parfaite maturité. JAGQUES. 


SERRE CHAUDE. 


CRINOLE GIGANTESQUE, Crinum giganteum, Ken. ; 
Amaryllis jagus, Tuowps. 


Bulbe grosse comme le poing; feuilles longues 
de quinze pouces sur deux pouces et demi de large, 
d'un vert clair; hampe comprimée, s'élevant à en- 


51 
viron quinze pouces , terminée par cinq belles fleurs 
blanches, nuancées très-légèrement de verdâtre ; 
corolle de sept pouces environ de diamètre : son 
tube, long de six à sept pouces, n’a jamais plus de 
deux lignes de diamètre ; les divisions ou pétales 
sont larges, ovales ; les supérieurs, d’une plus grande 
dimension; filets des étamines recourbés vers les 
deux tiers de leur longueur, style court, moitié 
moins long que les pétales. 

Cette belle plante répand , au moment de sa flo- 
raison , une odeur suave de vanille qui doit la faire 
préférer à un grand nombre d'espèces du genre. 
Nous ne pourrions pas expliquer les motifs qui lui 
ont valu l’épithète de giganteum , car il y a des es- 
pèces bien plus grandes qu’elle. 

_ Ce crinum se cultive en serre chaude comme les 
liliacées de cette température. On la multiplie par 
les rejetons qui poussent au pied.  CELs frères. 


STERCULIE MONOSPERME. Slerculla monosperma, 
Venr.; Monadelphie dodécandrie, Liv.; Stercu- 
liacées, Jussieu. 


Feuilles alternes, réfléchies, pétiolées, munies de 
stipules ovales, pointues, longues de huit pouces 
environ et larges de trois; pétioles renflés à la base 
et au sommet; stipules linéaires tombant promp- 
tement. 

Grappes se développant au sommet des rameaux, 
nombreuses, rapprochées en faisceaux composés, 
et imitant une panicule arrondie et étalée. Fleurs 
penchées et réfléchies, d’un jaune verdûtre, répan- 
dant une très-forte odeur de vanille, sans corolle ct 


32 


quelquefois dépourvues d'ovaire et d’étamines; pé- 
doncule fihforme, pubescent. 

Calice divisé en cinq parties arquées et réunies 
à leur sommet, ciliées, et à bords réfléchis en de- 
hors. Douze étamines longues comme la moitié du 
calice, sans filets. 

Cet arbre, originaire de l’Inde, paraît devoir s’éle- 
ver à une grande hauteur. On le cultive en serre 
chaude, et on le multiplie de boutures étouffées 
sous cloches. Cecs frères. 


ERRELES 
DE FLORE ET DE POMONE. 


0D:%V0DIG@0@B00S 100608000160 181806 006618068081 000B02000S0006000860 


HORTICULTURE. 
PLANTES POTAGÈRES. 


Extrait d’une lettre sur la pomme de terre de Rohan. 


MM. Kæœnig et Oh], excellens pépimiéristes à Col- 
mar (Haut-Rhin) ont bien voulu nous adresser la 
note suivante , que nous avons accueillie avec em- 
pressement. Il s'agit de la pomme de terre de Ro- 
han, que ces messieurs ont mise en expérience pen- 
dant l'année 1834, et voici comment M. Kænig en 
rend compte lui-même. 

« Nous nous sommes empressés , mon associé et 
moi, de nous procurer un certain nombre de tu- 
bercules de cette espèce: nous en avons fait trois 
portions, dont l’une a été plantée dans une terre lé- 
gere, substantielle et humide ; la seconde, dans une 
terre chaude, naturellement maigre, sèche et lé- 
gère; et la troisième, enfin, dans une terre argileuse, 
maigre et compacte. La plantation en a été faite au 
milieu du mois d'avril dernier. 

« Les pommes de terre plantées dans les deux 
espèces de terre légère sont encore au moment ac- 

Novemsre 1835. 3 


34 

tuel(28 septembre 1835) enpleine végétation et char- 
gées de fleurs;iln'en est pas demêmede celles qui ont 
été plantées dans la terre argileuse: les tiges de ces 
dernières se sont flétries et desséchées peu après 
avoir fleuri et avant d'être parvenues à maturité. 
Ces pommes de terre ont été récoltées le 26 de ce 
mois , et je puis dès à présent vous faire connaître 
le résultat de cette partie de nos essais. 

« Je dois commencer par vous dire que les tu- 
bercules qui ont été plantés dans ce dernier terrain 
étaient au nombre de sept, et pesaient trois livres. 
Ils ont été divisés en quarante-cinq fractions , mu- 
nies chacune d’un œil et plantées en pochets de six 
pouces de profondeur et à la distance d’un mètre 
l'un de l’autre, ce qui comportait une contenance 
de 45 centiares. On ne leur a donné d’autres soins 
qu'un sarclage et un seul buttage. Le produit de la 
récolte de ces trois livres de pommes de terre a 
réalisé trois hectolitreset demide tubercules dont un 
grand nombre ont pesé d’une à deux livress:Les ti- 
ges, qui au moment de la floraison avaient atteint 
une élévation d'un mètre trente centimètres, n’ont 
pas eu besoin de tuteurs ou d'aucune espèce de sou- 
tiens ; et tout nous porte à croire que la culture de 
cette nouvelle espèce ne diffère en rien de celle des 
variétés déjà connues , si ce n’est que ses tubercules 
veulent être plantés à une plus grande distance 
les uns des autres et peut-être aussi à une plus 
grande profondeur. Ces pommes de terre ayant 
été cuites ont été trouvées très - farineuses et de 
qualité supérieure aux autres, ce qui jusqu'à pré- 
sent ne s’est pas encore rencontré dans ce genre de 
produits provenant de terres argileuses. 


35 


« Il est presque certain que la récolte de celles 
de ces pommes de terre qui ont été plantées dans 
les deux espèces de terre légère ci-dessus mention- 
nées , présentera un produit de beaucoup supérieur 
à celui que je viens de vous signaler. Je m'empres- 
serai de vous en faire connaître le résultat dès que 
le moment opportun sera arrivé. 

« Si l’on prend pour base cet essai fait dans une 
terre peu favorable à ce genre de culture et par une 
sécheresse aussi constante que celle que nous avons 
éprouvée, il en résulte que le produit de ce tuber- 
cule est de cent soixante-cinq pour un , tandis que, 
jusqu’à présent , il n'avait jamais été que de douze 
à treize pour un; et que quatre hectolitres qui suf- 
fisent pour la plantation d'un hectare de terrain 
produiront dans la même proportion sept cents hec- 
tolitres, résultat réellement incroyable, si une pre- 
mière expérience n'en démontrait la possibilité, » 

Nous saurons gré à MM. Kœnig et Oh! de nous 
faire connaître les résultats qu’ils ont obtenus de 
leurs essais en terre légère, que nous supposons de- 
voir être motndres que ceux en terre argileuse, pré- 
cisément à cause de la sécheresse dela saison, malgré 
laquelle le terrain argileux a conservé une humidité 
suffisante pour la végétalion non interrompue des 
tubercules; tandis qu'il est probable que le manque 
d'eau aura suspendu la végétation dans l’autre cas, 
et les pommes de terre seront moins bonnes. Au 
reste , nous attendrons leur rapport, et nous y ajou- 
terons toutes les observations que nos collègues réu- 
nissenten ce moment: mais nous dirons dès à pré- 
sent qu'il n'est pas rare d'obtenir quarante pour 
cent en pommes de terre, et que la plus grande dis- 


36 


tance entre les pochets est pour toutes les variétés 
un moyen de faire produire davantage.  Doverce. 


JARDIN FRUITIER. 


Poire GouLu-morceau. Notre collègue, M, Louis 
Noisette, a donné dans le Journal de la Société d’'A- 
sronomie pratique, mois de février 1830, page 40, la 
description d’une poire qu'il a désignée sous le nom 
de Goulu-Morceau de Chambron. Gette description, 
qu'il a consignée , ainsi qu'il le dit lui-même, sur 
la foi d'un correspondant, ne s'accorde que relative- 
ment au volume avec le fruit que nous donnons au- 
jourd’hui. N'ayant trouvé nulle part mention de cette 
poire ni dans le nouveau jardin fruitier de Noisette, 
ni dans les descriptions, données par M. Poiteau, 
des poires Van-Mons, où j'espérais obtenir quelques 
renseignemens , ayant entendu dire que cette poire 
était d'origine belge , il m'est difficile de donner 
moi-même sur ce point des indications satisfaisan- 
tes. J'ai trouvé sur un catalogue marchand une 
poire désignée sous le nom de la mienne, avec l’in- 
dication comme synonyme de Beurré d’Ardampont; 
c'estévidemment une erreur, car le beurré d'Ardam- 
pont est le même que celui d’'Aremberg, et ce der- 
nier, qui est très-connu, a la forme arrondie des 
beurrés, et écorce plus fine que dans Île fruit que je 
présente, et qui offre en outre un plus fort volume 
et une grande différence dans la longueur du pédon- 
cule et la manière dont il adhère au fruit. 

Enfin je dirai que nos collèeues MM. Dalbret, 
Hardy et Noisette, tous fort bons juges à l'égard des 
fruits, n’ont pu m'indiquer le nom de la poire figu- 
rée dans cenuméro. Ils m'ont dit aussi n'avoir jamais 


PL.5 


60 221022 ET I à 


POIRE GOULU MORCEAU 


37 

vu en nature legoulu-morceau.M. Jacquin aîné pos- 
sède dans sa propriété de Charonne deux poiriers 
sous ce nom ; la forme et la couleur des fruits sont 
les mêmes, mais avec des dimensions plus petites, 
ce qui au reste peut dépendre de état des sujets et 
de la nature du terrain ; mais la chair et la saveur 
différent par plus de fondant et de parfum. Bien 
qu'il y ait pour moi la conviction que ia poire que 
Joffre n’est autre que le goulu-morceau, c'est le cas 
d'invoquer pour plus de certitude le témoignage de 
ceux de nos souscripteurs qui pourraient le con- 
naître, en les priant de nous donner à ce sujet les 
renseignemens qu'ils pourraient nous procurer. Je 
dirai doncque le poirier dont il s’agit existait à Roc- 
quencourt avant que Je fusse chargé de soigner le 
jardin dont il fait partie, et que je n’ai rien à ap- 
prendre sur son origine. Il est vigoureux , charge 
beaucoup tous les ans, et donne une grande quan- 
tité de fruits. Ses feuilles ont en général une di- 
mension un peu plus petite; elles sont ondulées et 
réfléchies en dessous. Le fruit atteint de quatre à 
cinq pouces de hauteur sur trois ou quatre de dia- 
mètre ; il est remarquable par son pédoncule in- 
cliné, et par un bourrelet chiarnu du côté opposé 
à celui où il penche. L’œil ou ombilic est générale- 
ment enfoncé; l'écorce est d’abord verdâtre, pi- 
quetée, rougissant du côté du soleil et jaunissant à 
sa maturité, qui a lieu de la fin de novembre au com- 
mencement de janvier; la chair est fondante sans 
être très-fine, et sa saveur est agréable. Cest au 
reste un beau fruit, et qui est surtout fort intéres- 
sant par son abondance. Ürwer. 


Li 


38 


PLANTES D'ORNEMENT. 


Quelques idées sur les jardins d'agrément. 


Je désigne par ces mots ce que l’on nomme assez 
généralement jardin anglais ou paysagiste. C’est un 
espace de terrain plus ou moins considérable, uni- 
quement destiné à l'agrément, et où doivent être 
plantésavec ordre tous les arbres, arbustes ou plantes 
remarquables par leur port , leur feuillage, l'éclat 
de leurs fleurs ou de leurs fruits, ou par l'odeur 
agréable qu’ils exhalent. Autrefois, ces sortes de 
jardins étaient distribués en deux parties : l’une, 
consacrée aux arbres à feuilles caduques, prenait 
le nom de Jardin d'Été; l’autre, réunissant les ar- 
bres à feuilles persistantes, portait celui de Jardin 
d'Hiver : aujourd'hui on a tout réuni. 

On a porté très-loin le goût pour ces sortes de 
jardins, et des sommes immenses ont été employées 
à en créer, même dans les lieux les moins favora- 
bles ; je citerai, par exemple, le parc de Saint-James 
à Neuilly, qui a occasioné des dépenses énormes, 
et dans lequel, après vingt-cinq ans de plantation, 
il était difficile de se mettre à l'ombre. D'autres, 
construits dans le même temps, sur un meilleur sol, 
font encore les délices des personnes qui les possè- 
dent ; et quelques-uns enfin , situés sur un terrain 
privilégié, n’ont eu besoin pour exister que d’un 
architecte qui en tract les allées : tel est Ermenon- 
ville. 

Aujourd'hui , il n’est pas un seul propriétaire qui 
ne veuille avoir près de son habitation son jardin 
d'agrément. Préparer le sol serait la première chose 


39 

à faire; c'est ce dont on s'occupe le moins. On com- 
mence par tracer les allées, ce qui ne devrait avoir 
lieu qu'après le défoncement du terrain; mais ce 
défoncement, on n’y pense même pas. La maison est 
en construction, alors que faire des débris ? On fait 
vider les allées sur toute leur surface; la terre qui 
en sort est déposée sur les endroits désignés par 
l'architecte chargé de ce travail. On en fait des mon- 
ticules, en prétendant imiter la nature; on remplit 
les ailées avec tout ce qui sort du bâtiment ; si elles 
ne suffisent pas, on ouvre d’autres tranchées ; puis 
on est content de soi, parce qu'on a économisé 
l'argent qu'aurait coûté le déblai de toutes ces pier- 
railles; mais on ne tient aucun compte de celui 
qu'il a fallu donnér pour creuser et remplir les 
allées. Enfin, on procède à la plantation et au labour 
pour semer des pelouses; on fait venir des carreaux 
de gazon que l’on fait plaquer pour former les bor- 
dures des allées, et on décore tout cela du nom de 
Jardin d'agrément. Je connais même des proprié- 
taires, jouissant d’une fortune considérable, qui ont 
fait planter leur jardin par des marchands d'arbres, 
avec lesquels ils avaient fait marché à tant le mille 
de tiges, baliveaux et touffes. Ils s’imaginaient ob- 
tenir ainsi une grande économie ! Mais ces sortes de 
spéculations sont tout-à-fait contre leur intérêt : ces 
plantations ne se font au’avec les rebuts des pépi- 
mères, et lorsque tout cela est en place , si le hasard 
veut que la plantation réussisse, c'est un véritable 
chaos qui ne fait honneur ni au discernement ni 
au bon goût du maître. 

Quand on veut construire un jardin, je pense que 
le terrain doit en être défoncé à deux pieds de pro- 


40 

fondeur, au moins , dans toute son étendue, et dé- 
barrassé des pierres avec le plus grand soin. Comme 
il est probable que les propriétaires voudront se 
promener à l'ombre, il est indispensable que les 
principales allées soient dirigées de l’est à l’ouest ; 
les sinuosités en seront assez arrondies pour qu’on 
ne puisse être apercu à une grande distance pendant 
la promenade. Lorsque l’homme d'État va méditer à 
Ja campagne, ilne doit pas y être troublé; c’est dans 
la solitude que les meilleures idées prennent nais- 
sance. 

Les allées d'un jardin doivent être imperceptible- 
ment bombées , afin seulement que l’eau des pluies 
s'écoule dans les bordures; mais je n’y voudrais en- 
terrer ni pierres n1 décombres. J'ai la certitude 
qu'une fois que la terre est mastiquée entre les plà- 
tras ou cailloux, l'eau ne peut plus s'infiltrer, et 
rend les chemins presque impraticables, tandis 
qu'elle est toujours absorbée par la terre naturelle. 
I y à d'ailleurs un grave inconvénient dans cet 
enfouissement : car il peut arriver qu’on veuille 
changer une aliée, établir un massif d'arbustes ou 
alonger une pelouse de gazons à la place, et l’on se 
trouve gêné; en un mot, c'est vouloir sâter son 
terrain. € 

Je viens de dire qu'il est probable que les pro- 
priétaires veulent de l'ombre dans leur jardin : c'est 
qu'en effet, il y a tant de jardins plantés depuis 
long-temps, et dans lesquels il est impossible de se 
préserver de l’ardeur du soleil, qu'il est bon d'in- 
sister sur ce point. Ce défaut tient absolument à la 
mauvaise distribution des végétaux, et je citerai 
pour exemple le jardin de lady Hunlocke à Billan- 


4 

court , qui, planté depuis quinze ans, paraît encore 
tout découvert; et cependant cette dame n’a rien 
refusé, nien main d'œuvre, ni en tout ce qui était 
nécessaire. C'est que, pour planter un jardin, il 
faut bien connaitre les arbres qui doivent le meu- 
bler. Il ne suffit pas de posséder parfaitement les 
noms ; il faut s'attacher à connaître le mode de végé- 
tation de chaque espèce , la hauteur à laquelle elle’ 
s'élève ordinairement, quels effets doivent produire 
les diverses sortes de feuillages et defleursdes plantes 
employées, lorsque la vie végétale les revêtira de 
leur parure, et enfin, quelles dispositions sont le 
plus convenables pour leur faire jouer, dans la déco- 
ration, tout le rôle dont elles sont susceptibles en les 
plantant de facon à ce qu'aucune ne soit gênée dans 
son développement ou étouflée par les autres, et 
qu'enfin, en se promenant on ait en perspective 
tous les végétaux composant un massif. 

Ainsi, par exemple, je voudrais qu’en se dirigeant 
de l’est à l’ouest, les dames pussent sortir à toute 
heure de la journée sans être importunées par les 
rayons du soleil. Je ferais en sorte qu'en partant de 
l'habitation il y eût un massif à gauche planté de 
manière à donner promptement de l'ombrage. Au 
lieu de planter mes arbres tiges au milieu des massifs 
où ils étouffent tout ce qui est autour d'eux, j'en 
ferais une ligne qui suivrait exactement les sinuo- 
sités .de l'allée principale jusqu’à l'endroit où elle 
prendrait une autre direction ; mais avant d'arriver 
tout-à-fait au point où le soleil paraîtrait à droite, je 
composerais, de ce côte, un massif dans le même 
ordre et ainsi de suite, en proportion de la gran- 
deur du terrain, et de facon à rejoindre l'habitation. 


42 

Derrière la première ligne j'en planterais une se- 
conde composée de végétaux d’une taille moins 
élevée , qui cacheraient la tige des grands arbres, 
et ainsi par rangs de taille jusqu'aux bordures. 
Ainsi, en plantant de la même manière toutes les 
allées, on aurait de l'ombre d’un côté et un amphi- 
théâtre de l’autre, où d'un coup d'œil on pourrait 
jouir de toutes les variétés de fleurs et de fruits qui 
se succèdent pendant toute l’année. Cette manière 
de planter n’empêcherait pas de ménager le terrain 
destiné aux pelouses vertes, à la circulation des 
eaux, si l’on en avait, et à quelques planches de 
terre de bruyère. 

Je proscrirais tous les érables, excepté ceux jaspés 
et à sucre; je n'admettrais que trois espèces de fré- 
nes, le pleureur, le frêne à bois jaune et celui à 
fleur ; j'exclurais également l’aylanthe du Japox , à 
cause de la mauvaise odeur de ses feuilles et de ses 
fleurs, et beaucoup d’autres arbustes qui n'ont 
aucun mérite pour les jardins de plaisance. Le fa- 
mille des légumineuses et celle des rosacées nous 
fournissent déjà beaucoup de végétaux bien dignes 
de fixer l'attention des gens de goût; le genre des 
aubépines, siintéressant et si négligé, devrait y être 
admis en entier, et surtout le mespylus linearis, si 
remarquable par la direction horizontale de ses 
branches. 

Une plate - bande, proportionnée à la grandeur 
du jardin, devrait régner le long de la ligne des 
grands arbres. Elle ne contiendrait que des plaites 
vivaces rustiques , tels que les lis de diverses es- 
pèces, l’hellébore, les iris, pivoines, etc. ; elle serait 
bordée non de gazon , mais de fleurs vivaces, telles 


43 
quele c:gnoglossum omphaloïdes, les iris naines, les 
violettes , les hépatiques, etc. 

S'il s'agissait d’un vaste jardin comme Ermenon- 
ville ou Mortefontaine , on admettrait certainement 
plusieurs espèces de peupliers et autres arbres de 
haute-futaie, parce qu'en pareil cas la spéculation 
peut fort bien s’unir à l'agrément. 

Dans toutes les plantations de jardin que je vois 
faire, c’est une routine adoptée mal à propos, et 
contre l'intérêt des propriétaires, d'attendre le 
printemps pour mettre en place les arbres résineux 
et autres à feuilles persistantes. Il faut être peu fa- 
miliarisé avec les végétaux pour faire un pareil tra- 
vail. En plantant en septembre ou octobre, la terre 
est saine et meuble ; une chaleur interne, douce, 
bienfaisante, excite et provoque le développement 
de nouvelles racines ; un arrosement copieux et les 
pluies qui surviennent ordinairement à cette époque 
plombent la terre, et si on prend le soin de mettre 
à chacun deux bons tuteurs en arc-boutant et en 
face l’un de l’autre, ces arbres sont déjà attachés 
en novembre ; l'humidité de l'hiver achève de les 
fixer, et on n’a pas d'autre surveillance à exercer 
que d'empêcher les tuteurs d’être dérangés par les 
vents. Par ce procédé, que l’on n’exécute nulle part, 
on économise les arrosemens, on a des arbres re- 
pris, et on gagne une année de végétation; tandis 
que si, comme cela se pratique, on ne plante qu’en 
mars, quelquefois dans.des terres mouillées, qui ne 
se fixent aux racines que difficilement, ou dans des 
terres sableuses que le hâle pénètre aisément, c'est 
une opération manquée, pour peu qu'on néglige 
les arrosemens et les tuteurs. 


44 

On est aussi dans l’usage de planter les arbres 
verts par groupes plus ou moins considérables, et 
surtout dans les jardins un peu vastes, et en général 
on les rapproche toujours trop les uns des autres. 
Tous ceux qui se trouvent dans le centre perdent 
leurs branches inférieures en peu d'années, ce qui 
retarde de beaucoup leur accroissement ; il n’y a 
que ceux de la circonférence du massif qui les con- 
servent, et seulement encore du côté extérieur où 
ils jouissent de toute l'influence bienfaisante de l'air. 
Les arbres résineux, comme pins, sapins, gené- 
vriers , etc., doivent être plantés isolément ou assez 
éloignés les uns des autres, pour qu'ils puissent con- 
server leurs branches jusqu'à terre, autrement ils 
ont toujours un aspect désagréable. Aussi voit-on 
souvent dans les parcs où ces arbres se sont trouvés 
trop pressés, qu'ils sont pour ainsi dire devenus 
étiolés et tout dégarnis de branches jusqu’à la hau- 
teur de la cime de leurs voisins. Si l’on vient à 
abattre ceux-ci, 1ls se courbent au gré des vents, 
n'ayant pu croître en grosseur; et l’on est obligé de 
les faire disparaître. Mais lorsqu'ils peuvent con- 
server leurs branches inférieures, ils se développent 
également en tous sens, et se défendent très-bien 
contre l'effort du vent qui les arracherait plutôt que 
de les rompre. J'ai vu dans la propriété de M. le 
comte d'Hauteroche, près d'Orléans, un pin maritime 
ainsi isolé, qui portait plus de huit pieds de crrcon- 
férence, à hauteur d'homme. 

Les encaissemens de terre de bruyère doivent 
aussi faire partie du jardin d'agrément; c’est pour 
un amateur l’objet le plus intéressant et le plus flat- 
teur par la beauté et la quantité d'espèces d'arbustes 


45 


et de plantes dont ils sont composés. Les magnolia, 
les rhododendrons, parmi lesquels il ne faut pas ou- 
blier celui à fleurs doubles, encore peu répandu, 
dont les capsules, au lieu de donnér des graines, se 
transforment en petites fleurs, et une foule d’autres 
dont l’énumération serait déplacée ici, doivent y 
être réunis. Ces encaissemens seront placés près 
des rochers, s’il en existe, dans des endroits aérés, 
et avoisinant les eaux, car les végétaux qu'on y 
cultive aiment beaucoup lhumidité et veulent des 
arrosemens fréquens pendant l'été. On doit les éloi- 
gner assez des grands arbres, tels qu'acacias et 
autres dont les racines s'étendent au loin, pour 
qu'elles ne puissent s’y introduire et les ruiner en 
peu de temps. Ici je ne suis pas de l'avis de M. le 
chevalier Soulange - Bodin, qui conseille, dans la 
Gne livraison des Annales de la Société d'Horticul- 
ture, page 77, d'arrêter tous les deux ans, au moyen 
de tranchées profondes avec la pioche et la bêche, 
les racines des arbres voisins qui tendraient à s’é- 
chapper dans la masse de l’encaissement ; ainsi cou- 
pées, elles se répandront à l'infini en expansions 
fasciculaires qui rendront l'invasion de ces racines 
beaucoup moins prompte et moins fâcheuse. Moi 
je pense qu’il est plus prudent de ne pas approcher 
les encaissemens des grands arbres. D'abord on a 
toujours assez à faire dans un jardin, sans s'occuper 
à ouvrir des tranchées inutiles; ensuite, nous au- 
tres praticiens, nous savons l'effet que produit la 
terre remuée près des racines des arbres, et c’est 
justement parce qu'elles se diviseront en expansions 
fasciculaires, que, trouvant près d’elles une terre fa- 
cile à pénétrer, elles pourront d'autant mieux s'in- 


46 
troduire dans les encaissemens, qu'elles ne trouve- 
ront aucun obstacle pour les en empêcher. 

C'est encore une erreur de croire que l'ombre 
soit d’une nécessité absolue pour les plantes de terre 
de bruyère: elles prospèrent également à l'air li- 
bre, lorsqu'elles ne manquent pas d'humidité à 
leurs racines. Je le redirai encore, depuis le temps 
où ces plantes entrent en végétation jusqu’à la fin 
d'août , il faut leur donner de copieux arrosemens 
si on veut les voir végéter fortement et fournir des 
boutons à fleurs pour l’année suivante. J’ajouterai 
toutefois que pour la plus grande prospérité de la 
plantation, à l'airlibre comme ailleurs, la manière de 
distribuer les plantes n’est pas non plus sans impor- 
tance. Je mettrais sur une même ligne, du côté du 
soleil, les magnolia entremèêlés de touffes des ca/y- 
canthus floridus et præcox, de cléthra de plusieurs 
espèces, qui ombrageraient suffisamment le corps 
des magnolia de première taille; puis par-devant, 
et toujours par hauteur, les diverses espèces et va- 
riétés des rhododendrons , les magnolia glauca et 
déscolor ; et ensuite tous les azaléa, hortensia, et je 
finirais par le gentiana acaulis en bordure. Je ny 
admettrais point de mirica, point de céphalante, 
de nissa, d'aucuba ni d'hydrangea comme peu 
dignes d'y figurer avantageusement : je préfèrerais 
introduire quelques daphne indica, qui supportent 
facilement six degrés de froid , etle gentiana pneu- 
monanthe, plante vivace charmante et peu connue, 
quoiqueindigène aux environs de Paris. 

Si l’on voulait avoir des filets de gazon pour bor- 
dures, il ne faudrait pas imiter l'usage de le faire 
lever par carreaux ou par rouleaux pour le mettre en 


47 

place; ainsi dans Paris, par exemple, on le fait quel- 
quefois venir de deux lieues, ce qui conduit à des 
dépenses souvent assez inutiles. En effet, s’il sur- 
vient un printemps aride , il faut des arrosemens 
extraordinaires pour le faire s'attacher au sol, et 
lon court encore la chance d’avoir du gazon de 
mauvaise qualité où se trouveront des racines de 
chiendent ou des graines de plantes qui, levant spon- 
tanément, rendent le gazon si désagréable qu’on est 
obligé de recommencer. Le meilleur moyen est de 
le semer : par-làa on diminue la dépense et on est 
assuré de réussir, parce que la graine qu'on achète 
est épurée, et qu un jar dinier peut en semer plus de 
toises dans un jour qu'un terrassier n’en garnirait 
en huit. Il ne s’agit que de bien labourer le terrain, 
donner un coup de râteau très-proprement, tracer 
deux petites lignes qui suivent exactement les si- 
nuosités de l'allée au moyen de petits piquets, et 
semer la graine en l’appuyant avec le pied et la re- 
couvrant ensuite de l'épaisseur d’un doigt avec la 
terre la plus fine possible. S'il fait un temps sec, 
on mouille légèrement avec un arrosoir à pomme 
percée finement ; au bout de douze à quinze jours, 
la graine lèvera et donnera de suite une verdure 
des plus agréables. On aura économisé l'achat du 
gazon, les frais de transport, le placage, les arro- 
semens multiphés, les journées d’ouvrier, et on aura 
un gazon très-pur. 

Il est des arbres dont on ne plante pas assez , tels 
que le bon-duc ou guillandina dioica. Sa tige droite, 
son feuillage composé, élégant, et ses fleurs très- 
odorantes devraient le faire employer en plus grand 
nombre dans les jardins paysagistes. Le pavra spi- 


+ 


48 
cata, le vitex agnus castus, le virgilia lutea, le 
jasminum triumphans ; le Lacane pontica , l'arbre 
de Judée à fleurs blanches, sont certainement très- 
dignes d'y figurer aussi, et de remplacer les syco- 
mores et les espèces de frènes qui n’ont aucun 
agrément. Duvar, 


horticulteur à Chaville. 


Sur quelques arbres qui résistent à la sécheresse. 


En passant un jour de l'été dernier sur le quai 
qui longe la terrasse des Tuileries, je remarquai 
des tilleuls dont la fraîche verdure contrastait avec 
le feuillage terne et languissant des autres. Curieux 
de connaître le motif de cette différence de végéta- 
tion, je passai quelques ] jours après sur la terrasse 
même pour examiner de plus près les arbres dont 
elle est ornée. Je reconnus que ceux qui étaient 
verts et bien portans appartenaient à l'espèce du 
tilleul des bois, #/ia sylvestris; ils sont en petit 
nombre dans cette avenue ; et que ceux qui étaient 
fatigués par la sécheresse étaient de l'espèce du til- 
leul commun, tilia platyphyllos. Le tilleul des bois 
est , ilest vrai, plus tardif à développer au printemps 
ses feuilles d’ailleurs plus petites que dans le tilleul 
commun , mais il me paraît devoir lui être préféré 
pour les plantations dans les lieux élevés, secs, 
et de mauvaise qualité, à cause de sa: rusticité 
qu’on ne peut révoquer en doute, car on le trouve 
dans les terrains les plus pauvres des bois. 

La chaleur et la sécheresse prolongées de l'été der- 
nier ont pu faire juger quelles sont les espèces qui 
résistent le mieux à la privation d'humidité. J'ai 


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PELEGRINE A POILS RARES 


\stromeria Hrrtella 


49 
eu l’occasion , des hauteurs qui avoisinent le Père- 
Lachaise , de remarquer que presque tous les saules 
pleureurs qui ombrageaient les monumens funérai- 
res avaient succombé pendant cette saison. C'est au 
reste ce qui arrive à ces arbres dans une année ou 
dans l’autre, toutes les fois qu'ils ne sont pas plantés 
près des eaux ou dans un terrain profond et hu- 
mide. Aussi, malgré qu'ils semblent exclusivement 
consacrés à la décoration des tombeaux, je conseil- 
lerais, dans de semblables localités, de les remplacer 
par les frênes et sophora pleureurs qui poussent as- 
sez bien dans tous les terrains , et dont les branches 
inclinées et garnies d'un feuillage rembruni con- 
viennent parfaitement à cette destination. LeconrTre. 


PÉLÉGRINE A PoOILS RARES. #/stræmerta hirtella. Kuwr, 
Swer. fl. gard. Loupon. Cat. Host. Brir. (Voyez 
la planche, et pour les caractères génériques, 
päges 118 et 153 de ces Annales, année 1832-53.) 


Tiges volubiles, grêles, glabres, pouvant s'élever 
autour d’un soutien à quatre ou cinq pieds ; feuilles 
alternes , disposées en spirale allongée, sessiles, ou 
à pétiole très-court, saliciformes , étroitement lan- 
céolées, terminées en pointe aiguë, entières sur les 
bords, glabres et lisses sur la surface inférieure, qui 
devient la supérieure par ia torsion du pétiole, 
munies de poils rares sur la surface supérieure , 
longues de cinq à six pouces, larges de six à sept 
lignes. Les tiges florales sont terminées par trois 
feuilles bractéales plus petites, mais semblables à 
celles de la tige, un peu recourbées et ondulées ; 


elles sont entremêlées de feuilles plus petites, li- 
Noveusre 1835. 


50 


néaires, pointues, teintées de violet pourpre sur 
les bords. Les fleurs sont en ombelle simple, au 
nombre de six à huit, portées sur des pédicelles 
simples, longs de quinze à dix-huit lignes, munies 
de petits poils bruns, courts et glanduleux; périan- 
the à six divisions, trois extérieures peu rétrécies 
en onglets à leur base; les intérieures rétrécies en 
onglets, creusées en fossette, obtuses au sommet, 
qui est élargi en spatule et ordinairement cré- 
nelé ; toutes d'un beau rouge sanguin, excepté à 
la base intérieure où elles sont marquées de jaune. 

Six étamines, un peu moins longues que les di- 
visions du périanthe; filets jaunes à la base , rouges 
au sommet; anthères grosses à pollen brunâtre; 
style jaunâtre, moins long que les étamines; stig- 
mate simple, triangulaire, muni de petits poils 
courts; ovaire obtusément hexagone, glabre et d’un 
vert glauque. 

Originaire du Mexique et cultivée en Angleterre 
depuis 1824, je l'ai recue de Belgique en 1835 ; 
M. Lémon la cultive aussi dans son riche et bel 
établissement. J'ai mis en pleine terre le seul pied 
que je possédais au commencement de mai; il y a 
parfaitement végété, et les fleurs se sont montrées 
pendant tout le courant d'août et de septembre. À 
l'instar des Anglais, je l'y laisserai passer l'hiver, 
en ayant soin de garantir les racines des gelées et 
del’humidité. On peut multiplier cette plante par la 
séparation de ses racines et par ses graines lorsqu'elles 
müûrissent, avantage que je n'ai point eu cette année, 
maloré la prolongation du beau temps. On cultive 
treize ou quatorze espèces de ce genre en Angle- 
terre; Persoon et le Manuel complet du Jardimier, 


Da 
de M. Noisette, en décrivent vingt-trois, et en y 
en ajoutant au moins dix que ces auteurs n’ont point 
décrites, le genre se trouverait composé d'environ 
trente-trois espèces ; la majeure partie de celles con- 
nues sont jolies et intéressantes, et méritent les soins 
des amateurs et des cultivateurs. JACQUES. 


Roses. 


Taé Triompue pu Luxemsourc. Arbuste vigoureux 
à rameaux horizontaux, violets dans les jeunes pous- 
ses ; aiguillons égaux, peu nombreux, dilatés à leur 
base ; feuilles à trois folioles cordiformes, luisantes, 
marginées de rougeâtre, dentées assez régulière- 
ment ; fleurs assez nombreuses , bien faites , en co- 
rymbe et souvent solitaires, de quatre pouces de 
diamètre , soutenues par un fort pédoncule droit et 
glabre, à pétales larges, de couleur chamois mé- 
langé de rose, d’une odeur très-agréable. Le tube 
du calice est très-court et porte quelques poils glan- 
duleux à sa base. 

Cette superbe variété, née au Luxembourg, est 
un des thés les plus beaux de ceux connus jusqu’à 
ce jour. Elle se trouve chez Mme veuve Silvain, fleu- 
riste aux Sourds-et-Muets, rue Saint-Jacques, qui 
vient de la mettre dans le commerce. 

Tué Duc »’OrLÉANs. Arbuste d’une végétation or- 
dinaire, à rameaux droits et rougeâtres et aiguillons 
peu nombreux , épars et presque droits ; feuilles de 
trois à cinq folioles, rougeâtres sur les jeunes ra- 
meaux, peu dentées ; fleurs nombreuses, pleines, 
bien faites, de moyenne grandeur, disposées en 
corymbe et parfois solitaires, à pétales d’un rose 
clair et soyeux, rangés avec symétrie. Le tube du 
calice est court et glabre. 


52 


Cette jolie variété, également obtenue au Luxem- 
bourg , se trouve chez le même commercant. 


Harpy, 
Jardinier en chef du Luxembourg. 


Depuis quelque temps, il n’a été signalé que 
peu de roses nouvelles, du moins à Paris ou aux 
environs; cependant nous savons qu'il en existe de 
bien méritantes dans la belle collection du Luxem- 
bourg, qui, en Bengales et en Thés surtout, s’est 
enrichie de gains superbes, et que notre collègue, 
M. Hardy, s’'empressera sans doute de nous faire 
connaître, ainsi qu'il a déjà commencé ci-dessus. 
Quelques amateurs, quoique ayant été moins heu- 
reux, ne sont cependant pas restés sans succès , et 
un de nos amis, M. Jouvain, cultivateur à fzlle- 
d'Avray, a obtenu quelques variétés parmi les- 
quelles je puis signaler les deux suivantes : 

Rose noiserTE M Jouvaix. Arbrisseau à rameaux 
grêles et très-rameux, divariqués, munis d'ai- 
guillons épars ; feuilles composées de cinq à sept 
folioles, petites, rougeâtres dans leur Jeunesse, 
d’un beau vert lisse et luisant en dessus, pales et 
blanchâtres en dessous, finement dentées sur les 
bords ; stipules petites et peu développées; pétioles 
aiguillonnés en dessous; fleurs en corymbe au 
nombre de quatre à huit; pédoncule glanduleux ; 
calice à sépales glabres, presque entières , tube gla- 
bre allongé; corolle petite (quinze à dix-huit li- 
gnes ) d’un rouge violacé à reflets jaunâtres au 
centre , d’une odeur de thé bien prononcée. C'est 
une très-intéressante variété qui n’a de rapport di- 
rect avec les noisettes que par son ovaire allongé. 

Tué Éméue-Dior. Arbuste vigoureux, bien peu 
aiguillonné ; rameaux glabres et d'un beau vert; 


53 

feuilles composées de trois à cinq folioles, gran- 
des, lancéolées, pointues, glabres, un peu lui- 
santes en dessus, plus pâles en dessous; pétiole 
rougeâtre ayant en dessous quelques aiguillons 
courts, stipules petites, à deux pointes courtes et 
divariquées ; fleurs en corymbe de trois à cinq ; pé- 
doncules longs et très-glabres; ovaire glabre ainsi 
que les sépales, qui sont blanches et cotonneuses en 
dedans ; trois de ces mêmes sépales sont munies de 
deux petites appendices courtes et ciliées ; corolle 
srande ( deux pouces ) à pétales lâches, d’un jaune 
serin très-pâle, semi-double; odeur forte et bien pro- 
noncée. La longueur des pédoncules fait que ces 
fleurs sont un peu pendantes, et malgré ce petit dé- 
faut, elles sont remarquables et forment une variété 
distincte. 

Rose PERPÉTUELLE DE Neuirzy. Cette variété inté- 
ressante est une hybride sortant de la rose Atha- 
lin, qui elle-même a été produite par la rose de l’île 
Bourbon. L'arbrisseau est assez vigoureux ; rameaux 
à bois vert et à aiguillons courts et épars ; feuilles 
à trois ou cinq folioles ovales arrondies, dentelées, 
fermes, glabres, d’un beau vert en dessus , pâles et 
blanchâtres en dessous ; pédoncules munis d’aiguil- 
lons fins sétiformes ; ovaire glabre, allongé , coni- 
que ; fleurs de une à quatre terminant les rameaux ; 
corolle moyenne, bien pleine, légèrement creusée 
au centre, et se tenant droite dans une belle pause, 
d’un rouge carminé vif, ouvrant quelquefois mal à 
la premiere floraison, mais fleurissant parfaitement 
ensuite ; d'une odeur suave, bien prononcée et fran- 
chement remontante. 

C'est une jolie acquisition faite par M. Verdier, 
cultivateur à Neuilly-sur-Seine , et qu'il pourra li- 


54 
vrer au commerce cet automne ; elle sera certaine- 
ment recherchée des amateurs, ayant une floraison 
d'une longue succession, un joli coloris et une 
odeur suave. JACQUESs. 


LINUM, Lin. ; Pentandrie pentagynie, L.; Caryo- 
phyllées , Juss. 


Caractères génériques. Galice à cinq divisions fo- 
liacées , persistantes ; corolle à cinq pétales ongui- 
culés. Filamens des étamines au nombre de dix, 
dont cinq seulement portent des anthères sagittées ; 
cinq styles à stigmate simple; capsule globuleuse 
à dix loges monospermes, à dix valves. 


Lin A FEUILLES NERVÉES , Linum nervosum, WaALpsr 
et Kir. Plant. var. Hung. vol. IL (Voyez la 
planche.) 


Belle plante vivace à tiges glabres, droites , plus 
ou moins anguleuses, hautes de deux à trois pieds, 
garnies de feuilles alternes, éparses, se ramifiant à 
la partie supérieure en petits rameaux alternes, un 
peu inclinés par le poids des fleurs, mais le plus 
souvent dressés. Feuilles simples, sessiles, glabres, 
raides, étroites, pointues, et souvent ovales lan- 
céolées, rétrécies à leur base ; celles des tiges prin- 
cipales sont longues d'un pouce à quinze lignes, 
celles de la partie supérieure d’un demi-pouce : 
toutes sont marquées de trois à cinq nervures lon- 
gitudinales. 

Fleurs grandes, solitaires, à pétales entiers, ovales, 
arrondis, d’un lilas bleu léger. Avant l'épanouisse- 
ment elles sont roulées en tube comme les fleurs 
monopétales à corolle infundibuliforme; elles sont 
portées sur de petits rameaux longs de six pouces 


FLY 


LIN RUSTIQUE 


Linum nervosüuim 


55 
à un pied , altergs , grêles et presque droits. L’en- 
semble de la plante forme une belle panicule co- 
rymbifère. Les fleurs sont plus ou moins pédoncu- 
lées et disposées alternativement , les unes latérale- 
ment , les autres au sommet des rameaux. 

On cultive cette belle plante à Paris, depuis 1831 ; 
elle fleurit abondamment de mai en août. Les 
fleurs s'épanouissent vers six heures du matin et se 
refermént à peu près au milieu de la journée. Elle 
a un portélégant, ressemblant à celui d’un arbris- 
seau : on peut la placer avec avantage sur le bord des 
grands massifs, ou sur le milieu des corbeilles. 
Elle peut devenir également une plante utile pour 
la grande culture, lorsqu'elle sera multipliée; car 
ses tiges hautes et visoureuses peuvent fournir 
comme le lin cultivé et le lin vivace ou de Sibérie 
un fil fin et propre à confectionner des tissus. 

Cette plante est rustique et ne se montre pas dif- 
ficile sur la nature du terrain ; cependant elle vé- 
sète plus vigoureusement dans une terre meuble 
et amendée où ses racines nombreuses et à chevelu 
blanchâtre puisent une nourriture substantielle. 
Depuis son introduction en France, elle n'exige 
que fort peu de soins pour sa conservation. Ses 
touffes peuvent rester en place cinq ou six ans sans 
être replantées; elle exige peu d’'arrosemens pen- 
dant l'été. 

On la multiplie facilement par ses graines, qui 
mürissent en septembre et octobre, et qu'on peut 
semer immédiatement; ce qui est un avantage, 
parce que les jeunes pieds sont assez forts pour 
être repiqués avant l'hiver. On peut cependant se- 
mer en mars ou avril, soit en place pour la grande 
culture, soit pour repiquer dans les jardins. A dé- 


56 


faut de graines, on la multiplie trés-bien par la di- 
vision de ses touffes. 

Elle croît spontanément dans plusieurs pays; on 
la trouve sur le mont Caucase, en Hongrie et en 


Espagne. PÉpIN. 
ORANGERIE. 


VERBENA, Lin. ; Didynamie Angiospermie, L.; 
Gatiliers, Juss. 


Caractères génériques. Galice à cinq divisions ; co- 
rolle presqu'à deux lèvres et à cinq lobes inépaux ; 
quatre étamines non saillantes; un ovaire à style 
filiforme, terminé par un stigmate chtus; quatre 
graines nues, enveloppées par le calice persistant. 


VERVEINE A FEUILLES VEINÉES , /’erbena venosa. 
(Woyez la planche.) 


Plante vivace ou au moins annuelle, à tiges de 
vingt à vingt-quatre pouces, anguleuses, droites, 
rameuses , velues et rudes au toucher; feuilles op- 
posées, veinées, droites, sessiles, lancéolées, en- 
tières, raides et serrulées, munies dans les radicales 
de douze à quinze grandes dents un peu piquantes, 
espacées irrégulièrement sur les bords; elles sont 
de même velues et rugucuses. : 

De mai en octobre, fleurs d'un beau lilas pourpré, 
disposées en épis d’abord courts, et s’allongeant au 
fur et à mesure qu'ils avancent en floraison ; fleurs 
commetoutes les verveines, monopétales, tubulées, 
à limbe évasé, à cinq divisions, dont chacune 
d'elles est échancrée. 

Cette plante fleurit jusqu'aux gelées par les jeunes 
rameaux qui sortent des aisselles des feuilles ou du 


VERVEINE A FEUILLES VEINÉE S 


Verbena venosa 


? A 
LAN tint 


. +4 
: 
% 
% 
15 
Lau a 


57 

collet même de la plante, et dont plusieurs por- 
tent des fleurs qui s’épanouissent successivement. 

Elle se cultive en pots de terre de bruyère mé- 
langée de terre ordinaire, et doit être rentrée en 
serre tempérée à l'approche des gelées. On peut en 
mettre quelques pieds en pleine terre au printemps ; 
ils font un joli effet dans les plates-bandes, où ils 
deviennent plus forts et fleurissent abondamment. 
On la multiplie de pieds éclatés et de boutures faites 
en terre de bruyère, sur couche tiède ou simple- 
ment à froid, en pleine terre de même nature , à 
l'ombre. J’en ai fait de cette dernière manière, l'an 
dernier, avec des jeunes pousses sortant des ais- 
selles des fleurs, lorsqu'elles avaient quatre à cinq 
pouces de long ; elles ont émis facilement des ra- 
cines et ont même fleuri avant les gelées : on la mul- 
tiplie également de graines qu’elle donne tous les 
ans. On peut semer en pots de terre de bruyère en- 
foncés dans une couche chaude, ou seulement à 
froid dans la même terre aussitôt leur maturité. J'ai 
semé ainsi l'année dernière, et J'ai obtenu des indi- 
vidus qui ont fleuri dans les premiers jours d'octobre; 
mais je dois ajouter que ce semis m'a fourni peu de 
pieds. JAcquIN aîné. 


SERRE CHAUDE. 
Du chaufjage des serres par les caloriferes à air. 


On appelle en général calorifère tout appareil dont 
le foyer est hors du lieu qu’on veut chauffer, et qui 
y porte la chaleur au moyen d’un courant d'air qui 
se charge de calorique en passant dans un tuyau 
traversant ce même foyer, lequel tuyau a son extré- 
mité inférieure dans une pièce où la température est 


58 


basse, et son extrémité supérieure aboutissant à la 
pièce qu'il s'agit d'échauffer. 

Les avantages sénéraux des calorifères sont -: 
1° la meilleure disposition des courans d'air, puis- 
qu'on peut le prendre où l’on veut; 2° la possibilité 
de chauffer plusieurs locaux à l’aide d’un seul foyer, 
en y faisant passer le nombre nécessaire detuyaux ca- 
léfacteurs, ce qui est une grande économie; 3° l’em- 
ploi du combustible le moins dispendieux, quels 
que soient d'ailleurs ses autres inconvéniens, dont 
on ne ressent aucun effet, le foyer n'étant pas dans la 
pièce; 4° enfin, la facilité, par une disposition par- 
ticulière fort simple, de tirer parti de la chaleur du 
foyer pour les besoins de l’économie domestique. 

Il est très-facile de se faire une idée nette d’un 
calorifère à air, quand même on n'en aurait jamais 
vu. Il suffit de se figurer un tuyau quelconque tra- 
versant le foyer où a lieu la combustion, et ayant 
son orifice inférieur dans un endroit dont l’atmo- 
sphère est froide, et son orifice supérieur dans la 
pièce où l’on veut conduire le calorique. Lorsque 
le feu est allumé, Pair qui remplit le tuyau calé- 
facteur est bientôt échauffé ; le calorique dont il se 
charge le rend plus léger ; il s'élève dans le conduit ; 
le vide se forme dans toute la partie du caléfacteur 
en contact avec le feu, et, suivant l'expression pitto- 
resque des anciens physiciens, là nature ayant 
horreur du vide, Pair froid occupant la partie basse 
du caléfacteur remonte pour remplacer celui que. 
la chaleur a eleve, et il s'établit un courant conti- 
nuel péñdant tout le temps que dure lignition, le- 
quel attire le fluide aériforme du dehors, Île fait 
passer dans Île caléfacteur où il léchauffe , et [amène 
enfin dans Île lieu où l’on en a besoin. Les bouches à 


59 
chaleur, que les fumistes établissent tant bien que 
mal dans les poêles des salles à manger, sont une 
application de cet appareil. 

Il est également facile, avec un peu de réflexion 
sur cette donnée, de s’apercevoir qu'avec un calori- 
fère ainsi établi, il y a d’abord perte de tout le calo- 
rique qui rayonne du foyer, et quil faut une 
consommation de combustible assez grande pour 
entretenir une chaleur uniforme dans un lieu dé- 
signé, puisque c’est toujours de l'air froid qu'il faut 
échauffer avant de l'y envoyer, et que si le feu s'é- 
teint, la chaleur cesse d'arriver, et conséquemment 
la température ne tarde pas à s’abaisser. 

C'est donc seulement le principe dont il est avan- 
tageux de faire l'application au chauffage des serres; 
mais l'appareil a besoin de recevoir des modifications 
dont nous allons expliquer les principales, laissant à 
l'intelligence des personnes qui voudraient em- 
ployer ce procédé, à ajouter toutes celles que les lo- 
calités et les besoins particuliers pourront indiquer. 

Nous connaissons deux serres chauffées avec les 
calorifères à air, l’une en Belgique et Fautre en 
France, et quoiqu'ils fonctionnent assez bien, ils 
nous ont paru susceptibles d'améliorations. Aussi, 
au lieu de les décrire, nous allons indiquer comment 
nous établirions un calorifère à air pour le chauffage 
d’une serre, en prenant pour bases l’économie et la 
possibilité d'en faire l’application à toutes les loca- 
lités. 

À un bout de la serre, mais àjl'intérieur, on con- 
struit un poêle ou fourneau contenant le foyer où la 
combustion doit avoir lieu. En placant ainsi le foyer 
intérieurement, on économise le calorique qui en 
rayonne au profit de la température, tandis qu'il 


60 

s'échapperait en pure perte pour elle s'il était au 
dehors. En pareil cas, le choix des matériaux dont 
on construit le poêle est sans importance : ce sont 
les moins coûteux qu'il s'agit d'employer. Lorsque 
le foyer est extérieur, il est utile de le construire 
en matières peu conductrices du calorique, pour 
éviter autant que possible la déperdition, et alors la 
pierre ou les briques méritent la préférence ; et si 
on l’établissait en fonte , il faudrait le garnir tout 
autour de maconnerie afin de maintenir le plus de 
chaleur interne. Toutefois, tout en construisant le 
foyer dans la serre, 1l faut en laisser l'ouverture ex- 
térieurement, d’abord pour ne pas être obligé d'y 
entrer pour entretenir le feu, ensuite pour éviter 
Ja fumée qui s'en échappe toujours, et enfin pour 
ne pas prendre dans la serre même l'air qui doit 
alimenter la combustion, laquelle en consomme 
une grande quantité, et le rend plus rare dans un 
lieu fermé, ce qui est un inconvénient pour les 
plantes. Quant aux tuyaux destinés au passage de 
l'air brûlé et de la fumée, on les dresse le long du 
ur interne de la serre afin de profiter encore de 
la plus grande partie du calorique qui s'échappe 
par cette voie. 

Ilne reste plus pour compléter lappareil que l'é- 
tablissement des tuyaux caléfacteurs. Pour cela, on 
place dans le foyer même un coffre carré en fonte 
plus ou moins épaisse suivant la nature du com- 
bustible qu’on se propose d'employer. On sait que le 
bois, par exemple, altère en brûlant beaucoup 
moins la fonte que le charbon de terre. Ce coffre a 
toute la dimension que lui permet la grandeur du 
foyer. Il est placé dedans de facon que le feu se 
trouve immédiatement sous lui, et qu'il ne règne à 


Gr 


l'entour entre ses parois et celles du foyer qu'un es- 
pace vide aussi étroit que possible, pourvu qu'il suf- 
fise au départ de la fumée. Par cette disposition , le 
calorique qui s'élève du foyer est forcé de lécher 
(si l'on peut se servir de cette expression }) plus in- 
timement les parois du coffre , et conséquemment il 
l'échauffe plus promptement. On place à la partie su- 
périeure du poêle, etprécisémentau-dessus du milieu 
du coffre, l'ouverture par laquelle doit s'échapper la 
fumée. De cette facon , toute la chaleur qui rayonne 
du foyer entoure constamment le coffre, et l’on en 
perd le moins possible, Ce coffre est garni de deux 
tuyaux coulés avec lui, ou que l’on y adapte solide- 
ment et à clous rivés : l’un, destiné à appeler l'air 
froid , descend dans le poêle et en sort à six pouces 
environ du sol; l’autre, qui doit servir de conduit à 
l'air chaud, s'élève au-dessus du poêle ; l’un et l’autre 
font saillie de six à huit pouces. 

En conseillant de remplacer par un coffre en fonte 
le tuyau caléfacteur que l’on emploie quelquefois 
tout simplement, nous avons un doubie but. Sa ca- 
pacité lui permet de mettre une plus grande masse 
d'air froid en contact avec le calorique, qui, par la 
disposition du foyer, peut lui faire acquérir dans un 
temps égal une température aussi élevée qu’à la pe- 
tite quantité qui passerait dans le caléfacteur ; en- 
suite, en donnant au tuyau qui emporte l'air chaud 
une ouverture plus petite que celle du tuyau qui 
emporte l'air froid, on force celui-ci à séjourner 
plus long-temps dans le coffre et conséquemment à 
en sortir plus chaud. 

Si on laissait l'appareil en cet état, on concoit que 
le calorifère agirait seulement sur l'air qui l’envi- 
ronne et mettrait un long temps à élever la tempé- 


À 62 

rature dans toutes les parties de la serre. Pour at- 
teindre sûrement ce but et aussi vite que possible, 
il faut adapter à l'extrémité du tuyau caléfacteur 
du bas d’autres tuyaux que l’on prolonge jusqu'au 
bout de la serre opposé à celui où se trouve le 
foyer. Ces tuyaux , que l’on soutient de distance en 
distance par des briques placées sur champ, peu- 
vent être en terre cuite comme ceux qu'on em- 
ploie pour les conduits d’eau, parce qu'étant des- 
tinés à être placés tout près du sol, ils éprouvent 
l'influence d’une plus grande somme d'humidité. 
Toutefois le dernier bout doit être en tôle et tra- 
verser le mur de la serre. Il est fermé par une sou- 
pape, qui clot bermétiquement. Un peu en avant 
de cette soupape, ce même tuyau a une ouverture 
regardant le sol, laquelle se ferme à volonté par 
un petit registre, mais est presque toujours ou- 
verte pour laisser le passage libre à l'air froid. Voici 
le motif de cette disposition : bien que l'ouverture 
du foyer où a lieu la combustion soit hors de la 
serre, et ne consomme par cette raison aucune por- 
tion de l'air qu’elle contient , il est souvent utile d’in- 
troduire dans la serre un air pur, alors on ferme le 
registre, on ouvre la soupape, et le fluide atmo- 
sphérique du dehors vient passer par les tuyaux 
caléfacteurs et ne se mêle que chaud à celui de la 
serre , quelle que soit la température extérieure. 

On adapte également au tuyau caléfacteur du 
haut d’autres tuyaux qui s'élèvent jusqu'au toit de 
la serre, se courbent à cet endroit, et se prolon- 
gent le long du mur du fond jusqu’à l’autre bout de 
la serre où ils vont répandre l'air chaud, tout en 
rayonnant le calorique qui s'échappe de leur sur- 
face dans toute la longucur de ce trajet. Ceux-ci 


63 
peuvent être en tôle, qui est un meilleur conducteur 
du calorique , ce qui les rend assez légers pour être 
facilement fixés à l’aide de quelques attaches en fil 
de fer. 

Il n’est pas difficile de se rendre compte de la ma- 
nière dont cet appareil fonctionne ; le feu étant 
allumé dans le foyer, l'air contenu dans le coffre 
de fonte s’échauffe et s'élève dans le tuyau supérieur 
en raison de la légèreté que lui communique le ca- 
lorique. L'air froid qui remplit le tuyau inférieur 
monte aussitôt dans le coffre et est remplacé par le 
même fluide qui occupe la serre : c’est toujours ce- 
lui qui est à la température la plus basse quise pré- 
sente le premier, puisqu'on le prend au niveau du 
sol, et qu'étant le plus lourd, il occupe constamment 
la région inférieure. L'air chaud monte par le tuyau 
caléfacteur du haut, et va se répandre dans l’atmo- 
sphère au point le plus éloigné du foyer. Se trouvant 
le plus léger, il se maintiendrait dans la région la 
plus élevée de la serre , s'il n’était forcé d’en descen- 
dre pour remplacer l'air froid sans cesse attiré par 
le tuyau du bas. Il s'établit donc un courant conti- 
nuel qui imprime au fluide atmosphérique un mou- 
vement favorable à la vie des plantes, et qui, multi- 
pliant le mélange des molécules d'air, concourt à 
établir une température uniforme , et d'autant plus 
promptement que cest toujours la même masse 
d'air qui passe et repasse dans le caléfacteur, avan- 
tage qui n'existe pas lorsqu'on prend l’air froid hors 
du lieu à chauffer. 

Le plus difficile à faire dans ce mode de chauffage 
est d'entretenir le feu avec une régularité telle, que 
la chaieur soit autant égale que possible dans l'in 
térieur de la serre. On concoit que si l’on faisait un 


64 

feu continuellement très-actif, on ferait monter la 
température à un degré trop élevé pour la santé des 
plantes, et que si on le laissait trop long-temps 
éteint, elle s’abaisserait promptement d’une ma- 
nière nuisible. On a calculé que la déperdition de 
la chaleur au travers des parois des appartemens 
ordinaires pouvait être évaluée par heure au cin- 
quième de la température intérieure ajoutée à 
celle de l'extérieur. Ainsi supposons 20 + o dans 
un appartement et 5 — o au dehors , l’'abaissement 
serait pendant la première heure de 5°; ce qui fe- 
rait qu’en six heures, il n’y aurait plus dans l’ap- 
partement qu'un degré et demi + o. Si, comme on 
n’en peut douter, la déperdition au travers des fe- 
nêtres est beaucoup plus considérable que celle qui 
se fait par les murs, on concevra que l'abaissement 
de température dans une serre presque entièrement 
vitrée, et en contact par tous les points avec l'air 
extérieur, est aussi plus rapide. Il est donc prudent 
de faire adapter à la porte du foyer un régulateur 
du feu quile maintient dans l'état d'activité dont on 
a besoin. 

Il a été inventé en Belgique un thermomètre à ré- 
veil , qui sonne toutes les fois que la température 
tombe au-dessous du desré convenable ou s'élève 
plus qu’on ne le désire. Get instrument a pour but 
de réveiller la personne chargée de l'entretien du 
feu , laquelle peut par ce moyen dormir sans in- 
quiétude. 

Nous nous proposons dans un prochain numéro 
d'examiner comparativement tous les nouveaux 
procédés de chauffage, et de faire ressortir leurs 
avantages et leurs inconvéniens sous tous les 
rapports. DovErcGE. 


ANRELES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


Sr biSiSrele Tr 698 000881001608 0012 00 is Obs im ete EC ScE mr 080 0e 


AGRICULTURE. 


BOIS. 


Observations sur les arbres d’alignement des boule- 
vards et promenades et des mures routes. 


Quand on examine les plantations d’arbres qui 
bordent les grandes routes, ou les promenades 
publiques et les boulevards, on ne peut s’enrpê- 
cher de reconnaître combien encore est puissante 
et fatale la routine qui préside à leur mise en place 
et à leur entretien. C'est à peine si dans quelques 
localités on a adopté l'excellente méthode de ne pas 
supprimer les têtes aux arbres que l’on plante; il 
faut espérer cependant qu'à force d’en publier l’u- 
ülité, on la verra enfin préférée partout. Je dois 
toutefois me hâter de dire qu’il ne faut pas porter 
ce principe à l'extrême, parce que c’est toujours 
par l’exagération que les meilleures choses sont 
discréditées. L’attention du planteur doit avoir 
principalement pour but de maintenir l'équilibre 
qui doit régner entre l’activité des racines et le 
développement des feuilles. Ainsi, en pareil cas, il 

Déceusre 1835. 5 


66 

est facile de concevoir que des racines nouvellement 
arrachées à la terre qui les nourrissait , et mises en 
contact avec une autre, éprouvent un malaise qui se 
prolonge plus ou moins long-temps , en raison d’une 
foule de circonstances qu'il est trop long d’énumé- 
rer 1ci. Il serait done nuisible de conserver la tête 
entière; mais il importe d'en réserver les parties 
les plus propres à développer beaucoup de feuilles, 
sans absorber une grande quantité de sève. Pour 
cela, on conservera autant que possible la partie la 
mieux disposée pour continuer la tige, mais les 
grosses branches devront être réformées en entier ; 
les moyennes seront raccourcies aux deux tiers ou 
aux trois quarts; quant aux petites, il faut les con- 
server toutes ou presque toutes, par la raison qu'elles 
sont munies de beaucoup d’'yeux auxquels il ne faut 
que peu de sève pour les faire développer. Une fois 
que cette production a eu lieu , l'arbre est à peu près 
sauvé, parce que les feuilles, en puisant dans l’atmo- 
sphère tous les fluides propres à la nutrition du 
végétal, portent bientôt une nouvelle vie dans la 
tige qui se communique aux racines par le secours 
de la sève descendante. Il faudrait que les racines 
eussent été bien mutilées par l’arrachage ou le 
transport pour quil y eût nécessité de faire des 
retranchemens plus considérables que ceux que je 
viens d'indiquer. 

La position que ces arbres doivent occuper sur le 
sol n’est pas non plus indifférente. En général , sur 
les grandes routes, ils sont plantés sur la crête des 
fossés ou sur les intervalles qui se trouvent entre 
eux. Là, pendant les cinq ou six premières années, 
ils sont dévorés par la sécheresse ; car ce n’est qu’a- 


67 

près ce temps qu'ils sont en état de se défendre con- 
tre elle. [serait infiniment plus convenable que ces 
fossés, qui n’ont d'autres fonctions que celle de re- 
cevoir les eaux des chaussées, fussent continués sans 
interruption toul le long de la route, et qu'à la 
place de chaque arbre le terrain fût un peu plus 
élevé que le fond du fossé, élévation qui variera se- 
lon la quantité d’eau que les probabilités pourront 
faire craindre. Ce mode de plantation éviterait les 
nombreux remplacemens qui deviennent nécessaires 
par suite de la mortalité qui détruit plusieurs de 
ces arbres, et dont le moindre inconvénient est l’ir- 
régularité dans leur hauteur et leur développe- 
ment. 

Quant à ceux que les localités obligent de plan- 
ter sur la crête des fossés, 1l serait bien plus favo- 
rable de les placer au tiers ou au quart de la pente 
extérieure, en établissant à cet effet une espèce de 
banquette en retrait à la hauteur que l’on aurait 
adoptée. De cette facon, les arbres jouissent aux 
racines d'une plus grande somme d'humidité, et 
ont moins à redouter les chaleurs de l'été. Il serait 
aussi à désirer qu'en adoptât généralement le moyen 
introduit par M. Mirbel pour entretenir de la fraî- 
cheur au pied des arbres, et qui consiste à gar- 
mir de cailloux la terre qui les entoure. (Voyez 
page 288 de ces Annales , année 1833-1834.) Cette 
pratique, encore fort peu usitée en France, est, à 
ce qu'il paraît , très-employée en Angleterre. 

L'entretien que recoivent ces arbres est aussi un 
point qui exigerait de grandes réformes , sur les- 
quelles ik serait temps que l'administration qui en 
est chargée voulût bien ouvrir les yeux. Ceux qui 


68 
sont plantés sur les promenades publiques ou sur 
les boulevards sont soumis à une tonture à laquelle 
on devrait renoncer. En la faisant, comme cela se 
pratique, à la fin de juillet ou dans le courant d’août, 
on nuit infiniment à leur développement, et on 
abrége même leur existence, pour peu surtout que 
les localités soient défavorables; car on les voit 
bientôt, en pareil eas , arriver à la caducité. Je sais 
bien qu'on peut alléguer, pour excuser le mauvais 
état des arbres de la plupart de nos boulevards et 
promenades, la poussière et la fumée continuelles 
dans lesquelles ils vivent, et qui, se déposant sur 
leurs feuilles, les encroûtent et empêchent leurs 
sécrétions. Tout en convenant de l'influence fatale 
de cette circonstance, il n'est pas moins vrai aussi 
qu'on y ajoute encore d’une façon bien funeste, en 
retranchant un tiers et souvent même moitié de 
leurs feuilles trois mois avant l'époque assignée 
par la nature; car, dans le premier cas, les feuilles 
au moins subsistent tout le temps qu'elles doivent 
exister, et exercent de temps en temps leurs fonc- 
tions lorsque les pluies viennent les laver , tandis que 
dans le second , la suppression est complète et irré- 
parable. Il est donc essentiel de conserver toutes 
les feuilles, à moins qu'il n'y ait nécessité de faire 
des retranchemens pour obvier à la trop grande ex- 
tension des branches , inconvénient qui peut se pré- 
senter souvent dans les grandes villes. Au reste, 
cette malheureuse routine est souvent mise en pra- 
tique dans des jardins particuliers, où les arbres 
d’alignement sont par cette raison de moitié et sou- 
vent des trois quarts moins gros qu'ils devraient 
être. On ne saurait donc trop solliciter l’'adminis- 


69 


Ce 


tration d'empêcher toute tonture pendant la pré- 
sence des feuilles. Cette opération doit être faite 
pendant l'hiver, et être absolument terminée pour 
la fin de février, avant qu'aucun mouvement de la 
sève se soit fait remarquer. Je désire que les proprié- 
taires veuilleut bien faire cas de cet avis, et suppri- 
mer aussi pour leurs arbres d’alignement toute 
tonture pendant l'été. 

Le mode de tonture pour les arbres des grandes 
routes n'est pas moins barbare. Cette opération a 
lieu tous les six ou neuf ans; elle a pour but de re- 
trancher toutes les branches latérales à rez la tige, 
de facon à la rendre nue. La multitude de plaies 
qui en résulte occasione une grande déperdition 
de sève, et les plus considérables produisent sou- 
vent des écoulemens qui amènent la mort du sujet 
cinquante ou soixante ans avant le terme naturel. 
Il y a même des propriétaires riverains qui, par 
eux-mêmes ou par les entrepreneurs qu’ils endoc- 
trinent, font faire cette tonture pendant la plus 
grande activité de la végétation, ce qui conduit plus 
sûrement encore les arbres à leur perte, Je sais très- 
bien que l'ombre que projetteraient ces grandsarbres 
trop touffus serait nuisible aux céréales cultivées 
dans le rayon qu'elle couvrirait; mais c’est à l’ad- 
ministration du pays à concilier les intérêts des 
propriétaires avec l'utilité généralement reconnue 
de garnir les routes de grands végétaux qui assai- 
nissent l'air, sont un adoucissement pour les voya- 
geurs, etoffrent un produit plus oumoinsimportant. 
Si donc on les conserve, comme cela est certain, il 
ne faut cependant pas les entretenir de manière à 
ce qu'ils deviennent une charge pour l’État, à cause 


70 
de la brièveté de leur existence et de la nécessité 
de les remplacer incessamment. Il suffirait, pour 
obtenir un résultat utile, que quelques hommes 
assez habitués aux effets produits par la taiile pour 
en raisonner les applications, enseignassent aux 
élagueurs un mode de tailler qui ait pour but de 
conserver aux arbres la forme approchant le plus de 
celle de la nature, en ayant toutefois la précaution 
de ne pas laisser croître sur le flanc des deux lignes 
regardant les champs des branches trop fortes, ca- 
pables de couvrir de leur ombre une portion des 
terres cultivées. On pourrait arriver ainsi à faire 
prendre à ces végétaux une forme approchant de 
celle que présentent ceux de quelques-uns de nos 
boulevards, sans cependant les soumettre à une 
taille régulière. Pour cela, on réformerait tout ou 
partie des branches extérieures qui paraîtraient 
prendre de l'ascendant sur la tige; mais il ne fau- 
drait pas attendre qu'elles aient pris un fort déve- 
loppement, afin de ne pas être obligé de faire de 
grandes plaies, dont j'ai tout-à-l'heure signalé le 
danger; et d’ailleurs, il est bien plus facile de les 
supprimer lorsqu'elles sont jeunes que fortes. 

On se sert pour amputer les grosses branches 
près de la tige du ciseau flamand, décrit dans le 
Journal de la Société d'Agronomie pratique, et, 
pour retrancher tout ou portion des branches plus 
faibles , du croissant , et mieux, de l’échenilloir le 
plus moderne, et qui, quoique connu depuis une 
quinzaine d'années, n'a pas de nom particulier , 
parce que l'inventeur a négligé de lui en donner 
un. Au reste, comme le ministre de l'Intérieur, sur 
un rapport du savant À. Thouin , l’a recommandé 


71 
dans tous les départemens par une circulaire ac- 
compagnée d’une gravure, on le trouve chez tous 
les fabricans d’instrumens aratoires. Le premier 
a été confectionné par M. Maquinhan, coutelier , 
rue Saint-Jacques, qui a refusé de prendre un bre- 
vet, malgré que l'inventeur l'y avait autorisé. 


DALBRET. 


HORTICULTURE. 
Exposition florale a Toulouse. 


Il paraît qu’à l'instar de la Société d'Horticulture 
de Paris, les Societés de province commencent à 
provoquer et faire des expositions de fleurs ou au- 
tres objets relatifs à l'horticulture. J'ai recu , il y a 
déja quelque temps, unelettre de M. de Boisgiraud, 
amateur et cultivateur à Toulouse, qui me donne 
quelques détails sur une première exposition faite 
dans cette ville : voici un extrait de sa lettre. 


_«..... Nous venons d'avoir une exposition de 
« plantes à Toulouse; elle s’est terminée dans les 
« premiers jours de ce mois (août). La ville avait 
« fait disposer un local pour cet objet. M. Murel, 
« pépiniériste, a obtenu une médaille en bronze, et 
« moi une d'argent. J'avais exposé un assez grand 
« nombre de plantes, dont la plupart étaient en gé- 
« néral de forts sujets, d’une belle végétation, et 
« plusieurs en fleurs... Vous trouverez ci-dessous 
« la liste de ces objets dont plusieurs avaient de 
« cinq à dix pieds de hauteur. » 


72 


{ 


Liste de quelques-uns des plantes et arbres portés à 
lexposition de Toulouse par M. de Poisgtraud. 


À cacia glaucopteris. Gossipium arboreum. 

—  latispinosa. Heliconia superba. 

—  hastulata. Hura crepitans. 

— filicifolia. Jacaranda ovali folia. 

—  pulchella. Poinciana reginæ. 
Aralia umbraculifera. — pulcherrima. 
Astrapæa glutinosa. Strelitzia reginæ. 

— Waliichi. Pandanus utilis. 

Bancksia latifolia. Dracophyllum gracile. 
Boronnia pinnata. Driandra echinata. 
Bauhynia speciosa. Enkianthus quinqueflorus. 
Cactus ignescens. Ervihryna fulgens. 

—  broch’s reginæ. Gardenia intermedia. 

—  Vanverti. Lapeyrousia grandiflora. 
Crinum amabiie. Passiflora phœnicea. 

—  cruentum. Pimelea linifolia. 
Geissomeria lonçiflora. Epacbris , huit espèces, etc. , etc. 


Je ne cite ici qu'un petit nombre de plantes, 
puisque la note se monte à cent-soixante-sept indi- 
vidus, sans compter les pelargonium et les rosiers 
qui n'étaient point détaillés. Voici donc une des 
principales villes de France qui a une Société d'Hor- 
ticulture bien organisée, et il est probable que plu- 
sieurs autres suivront cet exemple. Je suis d’au- 
tant plus fondé à le croire, que j'ai vu dernièrement 
plusieurs amateurs de Nîmes qui nr'ont parlé d’en 
fonder une aussi. L'horticulture ne peut que gagner 
beaucoup à cette espèce de propagande, et le goût 
des plantes pourra s'impatroniser enfin dans notre 
belle patrie. JACQUES. 


73 


PLANTES POTAGERES. 
Pomme de terre de Rohan. 


À la séance de la Société d'Horticulture du 4 fé- 
vrier 1835, M. Poiteau distribua quelques tuber- 
cules de cette pomme de terre que MM. Jacque- 
met-Bonnefonds lui avaient envoyés. Dans cette 
distribution il m'en fut remis une moitié pesant 
deux onces; le 20 du même mois, je la divisai en 
quatre parties à peu près égales, munies d’un bon 
œil , je plantai chacune d'elles dans un pot à basilic, 
et le tout fut placé sous châssis froid. 

Le 25 mars suivant, je recus des mêmes MM. Jac- 
quemet-Bonnefonds, pépiniéristes fort distingués 
à Annonay, un envoi de plantes auquel ils avaient 
bien voulu joindre deux pommes de terre de Rohan. 
J'eus le plaisir d'en partager une entre M. le régis- 
seur du domaine royal de Neuiily et M. Camille 
Bauvais, zélé et savant horticulteur aux Bergeries, 
près de Villeneuve-Saint-Georges. Celle que je con- 
servai pesait quatorze onces; je la divisai en huit 
morceaux, dont chacun pesait une once trois quarts. 
Le 50 du même mois je fis labourer une planche | 
d’un terrain assez sablonneux, profond, mais n'ayant 
recu aucune fumure depuis long-temps. Cette plan- 
che ayant cinquante-quatre pieds de longueur sur 
six de large, avait la contenance d’une perche à la 
mesure de dix-huit pieds. Désirant obtenir des 
. tubercules volumineux, je fis creuser, à quatre pieds 
de distance, seize fosses de dix-huit pouces de pro- 
fondeur , dans le fond desquelles, et à cause de la 
maigreur du terrain dont j'ai parlé, je fis mettre 


74 


une demi-brouettée de fumier, puis de la terre 
par-dessus, et, au centre, mes portions de pommes 
de terre recouvertes de terre disposée de facon a 
ménager un bassin afin de pouvoir rechausser au 
fur et à mesure du développement des tiges. 

Les quatre fractions de tubercules mises en pots 
sous châssis furent plantées à la suite, ainsi que 
one autres morceaux d’une pomme de terre qui 
m'avait été donnée pour une excellente variété, que 
je crois être la Schasw. 

Le 20 mai, je fis mettre au pied de re plante 
un pouce environ de terreau, et toutes furent re- 
chaussées ensuite de trois pouces de terre. 

Le 10 juin, les plantes avaient acquis une éléva- 
tion d'environ un pied au-dessus du sol; malgré la 
sécheresse , les pampres étaient vigoureux et leur 
feuillage large ; je fis donner un binage à chacune, 
et un buttage d'au moins six pouces d'épaisseur. 
La terre , assez fraîche dans ce moment, se trouva 
favorable à cette opération. Déjà on apercevait quel- 
ques ombelles de boutons à fleurs ; mais il est à 
remarquer qu'aucun d'eux ne s’est épanoui dans la 
pomme de terre de Rohan, tandis que dans l’autre 
variété la floraison s’est assez bien effectuée. 

La sécheresse arrêta ou suspendit la végétation ; 
mais après les premières pluies, les tiges reprirent 
une grande vigueur. Le 19 octobre, jour où elles 
furent totalement gelées, elles avaient acquis une 
longueur de cinq à six pieds, surtout dans celles de 
Rohan, qui furent toujours plus vigoureuses que dans 
Pautre variété. Après l'arrachage , j'en mesurai une 
qui à sa base avait quatre pouces et demi de circon- 
férence. Presque toutes les fractions de tubercules 


79 
n’ont émis qu'un seul jet qui s'est divisé à environ 
six pouces de sa base en plusieurs rameaux forts et 
vigoureux. On a pu voir d'après ce qui précède 
que chaque morceau de tubercule planté a été suc- 
cessivement recouvert par les buttages de quatorze 
pouces de terre, et que la tige principale s’est con- 
séquemment trouvée enfouie jusqu’à cette hauteur : 
les tubercules produits ont été à peu près égale- 
ment répartis le long de cette tige sur toute cette 


longueur. 
Enfin, le 22 octobre, je fis levertoute la plantation, 


et en voici le résultat : 


Produit de la moitié du tubercule donné par la So- 
ciêté d’Horticulture, pesant deux onces et divisé 
en quatre fractions. 


N° 1. Touffe entière. 11 liv. Poids du plus gros tubercule. 2 liv. 4 onc. 


2. id. 12 id. 3 » 

3. id. 11 id. I 4 

4. id. 15 id. 3 8 
Total,” + 749 


Produit du tubercule conservé sur l’envoi de MM. J'ac- 
quemet-Bonne fonds » pesant qualorze onces, et 
divise en huit fractions. 


Touffe entière. 16 liv. Poids du plus gros tubercule. 2 liv. 4 onc. 


NET. 
2 id. 15 id. 1 8 
3 id. 18 id. 3 8 
4. id. 16 id. 2 4 
53 id. 17 id. 2 4 
6 id. 16 id. 2 » 
7 id. 16 id. 2 8 
8 id. 16 id. I 2 
Total... 128 


Les quatre touffes de la Schasw n’ont donné en 


76 
tout que vingt livres de tubercules, mais parfaite- 
ment mûrs et très-bien conformés. 

Le premier produit ci-dessus de quarante-neuf 
livres, pour les quatre premieres touffes, porte la 
moyenne de chacune à douze livres quatre onces, 
et la production de chaque once à vingt-quatre li- 
vres et denn. 

Le second produit, étant de cent vingt-huit livres, 
donne seize livres pour moyenne de la récolte de 
chaque touffe, et élève la production de chaque 
once à neuf livres deux onces environ. Il résulte de 
là que les plus petites portions ont donné un poids 
plus considérable par once, et moindre par touffe, 
d’où l’on pourrait conclure que, pour l'avantage gé- 
néral de la récolte, 11 serait préférable de planter 
les portions de tubercules un peu plus grosses que 
trop petites. 

Cette expérience prouve que la pomme de terre 
de Rohan donne des produits avantageux comme le 
faisait notre ancieune patraque jaune ou rouge, et 
que pour la nourriture des bestiaux et l'extraction 
de la fécule, ainsi que je le dirai tout à l'heure, elle 
peut être cultivée utilement. Mais il n’en est proba- 
blement pas de même pour les usages culinaires ; 
car au moment de l’arrachage j'en fis accommoderde 
diverses manières, et à peine a-t-on pu les trouver 
mangeables. J’attribue cette circonstance à ce que 
les pampres ayant été surpris par la gelée au mo- 
ment où la végétation avait le plus d'activité , les 
tubercules n’ont pu acquérir toute leur maturité, 
tandis que ceux de la Schasv, quoique cultivée abso- 
lument de la même manière, étaient parfaitement 
mûrs, leurs pampres étant desséchés avant la gelée. 


77 
J'ai d'autant plus de certitude de ce que j'avance, 
qu'ayant dégusté plusieurs fois la pomme de terre 
de Rohan depuis son arrachage, j'ai remarqué que 
la dernière, où les tubercules étaient plus mûrs, 
elle m'a paru bonne, et assimilable à la pomme de 
terre blanche ordinaire, mais loin encore de valoir 
les violettes, les cornichons jaunes et rouges, les 
Schaw, etc. Enfin, ayant voulu me rendre compte 
de la quantité relative de fécule , j'ai pesé une livre 
de pomme de terre de Rohan, je lai traitée aussi 
bien que possible pour en extraire la fécule , et j'en 
ai obtenu une once six gros. Une livre de la Schaw, 
traitée absolument demême, ena produit deux onces, 
ce qui prouve que les parties nutritives sont moins 
abondantes dans la première que dans la dernière. 
JAGQUES. 


PLANTES D'ORNEMENT. 


PLEINE TERRE. 


Norte sur le Raphiolepis salicifolia Lan. 


Dans le Journal et Flore des Jardins, page 03, 
notre confrèrc M. Jacques a donné la description 
d'un joli arbuste de la Chine, cultivé au Jardin des 
Plantes de Paris, sous le nom de Cratægus salicifolia, 
et dont M. Lindley a fait un genre sous celui de 
Rapliolepis. Cet arbuste , originaire de la Chine, a 
d'abord été cultivé en orangerie, où, selon M. Jac- 
ques, il fleurit de novembre en janvier; mais mieux 
étudié depuis 1831, Je crois pouvoir conseiller de 
le confier à la pleine terre, et assurer qu'it yfleurit 
presque toute l’année. 1] suffit pour sa conservation 


78 
de couvrir le pied avec des feuilles ou de la grande 
litière; si un hiver rigoureux fait périr les som- 
mités de ses tiges, on les rabat, et ilen repousse 
d’autres qui fleurissent dans la même année. 

L’élégance et la floraison presque perpétuelle de 
cet intéressant arbuste m'ont déterminé à le mul- 
tiplier pour la pleine terre, au moyen de la greffe 
en fente, sur de jeunes coignassiers. Voici mon 
procédé: 

Au printemps, je plante de jeunes coignassiers 
en pot. Âu mois d'août, je fais une petite couche 
tiède avec du vieux fumier, des feuilles ou toute 
autre substance susceptible d’entrer en fermenta- 
tion : je la couvre de terre légère ou de terreau; 
quand une chaleur douce s’est développée dans la 
couche , je coupe mes coignassiers à un pouce de 
terre et jy greffe un rameau feuillé de Raphiolepis, 
soit en fente ou en couronne, en recouvrant la plaie 
avec le mastic dont je me sers pour toutes mes autres 
greffes en fente, et dont je donne ci-après la com- 
position. Les greffes étant effectuées , je plonge les 
pots dans la terre de la couche, je couvre les gref- 
fes de cloches ; je place un panneau vitré par-dessus 
le tout, et j'ombre avec un paillasson quand le so- 
leil luit. Je ne manque pas ordinairement une seule 
grefle de Raphiolepis salicifolia mi des trois autres 
espèces du même genre, en les traitant ainsi. 

Voici maintenant la composition du mastic que 
j'emploie depuis long-temps pour toutes mes gref- 
fes en fente, et dont je suis très-satisfait en ce qu'il 
ne s'éclate ni nc se fond, et qu'il conserve une élas- 
ticité qui ne s'oppose pas au grossissement des 
sujets. 


Fr 


FEVE À FLEURS NOIRATRES 


Faba Valearis, Var. Nigrescens 


7e 


Poix de Bourgogne. . . .* 1 liv. 

PO 00m IL D Se 4 onces. 
POTS TESINE NES LVL 2 2 

MIT HEUNELLro. . L.. . 2 

Sur ‘de mouton! ” : "1" | "2 


On fait fondre et on mélange le tout dans un 
vase de fer ou de terre, et on l’'emploie tiède. 
B. Cauuzer. 


FABA. Tourner. VENT.; règ. végét. DEcAND. prod. 
fl. franc., etc.; Vicra. spec., Lin. 


\ , LS . \ . 
Caractères géneriques. Calice tubuleux à cinq 
dents ; étendard plus long que les ailes et la carène ; 
légume oblong, grand, coriace , un peu enflé ; se- 

mences grandes, oblongues, à ombilic terminal. 


Observation. Ce genre ne diffère du ’ïcia que par 
ses légumes grands et ses semences aplaties à ombi- 
hic terminal. 


FÈVE À FLEURS NOIRATRES , Faba vulgaris. Dec. prod. 
Vicia faba, Lin. Pers., etc.; var., [Vrorescens. 


(Voyez la planche.) 


Dans le Journal et Flore des Jardins, page 2, j'ai 
signalé et fait figurer une féve à fleurs pourpres, 
dont j'avais recu les graines d'Angleterre en 1823. 
L'an passé 1834, j'ai obtenu celle-ci à fleurs moins 
brillantes, mais aussi singulières; c'est une sous- 
variété de la féve Julienne. La tige ne s'élève de 
même que de douze à vingt pouces; les feuilles sont 
ailées à folioles ovales, terminées par une pointe 
particulière. Les fleurs, en grappes axillaires comme 
dans les autres espèces ou variétés, ont un calice 


rare) 

à tube légèrement pourpré, à cinq dents un peu 
verdâtres ; mais ce qui les distingue particulière- 
ment , ce sont les ailes qui sont d’un brun-noir , et 
l'étendard d’un brun noirâtre, seulement pourpré 
à la base, nuance qui ne se retrouve que rarement 
dans la couleur des fleurs. Le pied qui a ainsi varié 
l'an passé n'a donné qu'une seule gousse conte- 
nant deux graines qui ont bien levé et ont repro- 
duit identiquement leur mère. 

J'ai encore obtenu cette année, dans un semis de 
la fève à fleurs pourpres, une variété que j'appel- 
lerai fève demi-deuil. Les fleurs sont brunes comme 
dans celle que je viens de décrire ; mais l’étendard 
est bordé en dessus de blanc qui produit un singu- 
lier effet. J'ignore si cette variété persistera, ce 
dont je m'assurerai l’année prochaine. 

Ces plantes ne demandent aucun soin particu- 
lier, et se sèment ainsi que toutes les autres de 
décembre en mars. JACQUES. 


. SympnoriNe pu MExIQUuE, Symphoricarpos Mexi- 
cana, Lopp. 


Arbuste de trois à quatre pieds, touffu, à tiges 
droites, rameuses, pubescentes, jaunâtres, mar- 
quées d’angles peu saillans; rameaux grêles, op- 
posés en croix, divariqués , munis à la base de deux 
stipules subulées, axillaires et dressées; terminés 
par des fleurs formant une sorte de petite grappe, 
quelquefois axillaire , et composée de deux, trois ou 
quatre fleurs. 

Feuilles opposées, presque persistantes, entières, 
longues de six à huit lignes, ovales, pointues, d’un 


81 
vert gai en dessus , blanchâtre en dessous , portées 
par un pétiole court, muni de stipules axillaires, 
petites et subulées. 

Corolle monopétale campanulée, d’un rose tendre 
un peu violacé, longue d'un demi-pouce, à cinq di- 
visions courtes et obtuses ; cinq étamines aussi lon- 
gues que la corolle; style plus court que les éta- 
mines; calice monophylle, accompagné de deux 
petites bractées courtes et pubescentes à la base. 

Les fruits terminent les rameaux en octobre; ils 
sont axillaires , un peu pédonculés, ronds, transpa- 
rens , de la grosseur d'un pois, déprimés. Ils 
sont blancs rosés, marqués de nombreux petits 
points violacés; l'ombilic est saillant, à trois divi- 
sions dentées au sommet. Lors de l'entière matu- 
rité, ils deviennent mous et forment des angles 
transparens. Îls contiennent plusieurs graines blan- 
ches, ovales, aplaties. 

Ce joli petit arbuste a été envoyé d'Angleterre à 
Paris en 1832, par MM. Loddiges. Le lieu d’origine 
que son nom indique, mais dont on doute au reste 
fortement , ne se trouvant mentionné nulle part, a 
engagé d'abord à le cultiver en orangerie. Mais on 
s'apercut qu'il languissait resserré dans un pot, et 
l'année suivante on en livra un pied à la pleine terre, 
où 1l poussa avec vigueur, fleurit abondamment et 
donna enfin cette année des fruits pour la première 
fois. 

I sera aussi utile à l’ornement de nos jardins que 
le symphoricarpos racemosa, si remarquable par 
l'agslomération de ses fruits blancs semblables à des 
perles, et il produira un eftet fort pittoresque par ses 
petits rameaux divariqués , terminés par de nom- 

Déceusre 1835. G 


82 


breuses fleurs d’un rose tendre, depuis la fin de 
juin jusqu’en août, et ensuite par les fruits qui leur 
succèdent jusqu’en automne, et ne sont pas moins 
élégans de formes et de couleurs. À un port agréable 
il joint l'avantage deconserverses feuilles unegrande 
partie de l'année. 

On le multiplie de boutures faites sur couche 
üède , en pots remplis de terre meuble et légère, et 
recouverts d'une cloche pendant huit ou quinze 
jours, temps qui paraît suflire à l'émission des ra- 
cines. Ces boutures peuvent se faire une partie de 
l'année, mais elles réussissent beaucoup mieux d'avril 
en septembre. Les boutures de portions de racines 
faites de la même manière obtiennent aussi un plein 
succès. Cet arbuste reprend très-bien encore de mar- 
cottes faites en mai et que l’on peut facilement se- 
vrer à l'automne. 

Aujourd'hui quil nous donne des fruits, on peut 
les semer en novembre et décembre, et même au 
printemps suivant, d'autant plus que la graine pa- 
raît se conserver très-bien dans la pulpe ou le mu- 
cilage dont ils sont formés. 

On peut se procurer cette nouvelle symphorine 
chez MM. Cels frères , où elle est en multiplication, 
et qui, dès à présent, peuvent en fournir aux 
amateurs. PÉpPIN. 


Correspondance. 


Je recois de M. Dovergne, horticulteur amateur 
très-distingué à Hesdin ( Pas-de-Calais ), la note sui- 
vante que je m'empresse de publier. 


83 


LiNAIRE RÉFLÉCHIE, Linariareflexa ; Desr. fl. alt. 2. 42. 
Anthirrinum reflexum. Lin. Wirp. sp. 53-256. 


«Cette petite plante annuelle n'est d’abord pro- 
venue de graines prises dans mon herbier sur des 
échantillons recueillis à Alger en 1830, puis de 
graines recues du Jardin du Roi en 1832. Semée en 
mars , elle a constamment fleuri jusqu'aux gelées, 
en touffes fort agréables et variées. Elle se ressème 
d'elle-même et fleurit au printemps suivant. 

«Racines fibreuses, tiges longues d'environ six 
pouces, faibles, filiformes, cylindriques, lisses et 
un peu rameuses. Feuilles ovales, entières, glau- 
ques , un peu épaisses, distantes , sessiles, alternes 
excepté dans la partie inférieure où elles sont ternées 
ou opposées. Pédoncules solitaires , axillaires, uni- 
flores , longs d'environ deux pouces. Fleurs tantôt 
bleu pâle, tantôt blanches , plus souvent violettes, 
marquées de deux points orangés sur le palais, 
avec un éperon droit et subulé de la longueur 
de la fléur. La lèvre supérieure est droite, pro- 
fondément bifide; linférieure est à trois lobes 
légèrement échancrés. Lorsque le fruit est formé, 
ses pédoncules s'allongent et paraissent plier sous 
le poids de la capsule : de là lui vient son nom spé- 
cifique. La capsule est ronde et recouverte par les 
folioles du calice. 

« Cette plante se recommande par son mérite 
d'offrir toute l'année des fleurs d’un bleu plus ou 
moins foncé que relèvent les points orangés qui {a- 
chent la corolle. On pourrait en retirer un bon effet 
en mélange avec les plantes dont on tapisse ordinai- 
rement les rocailles. 


84 

« Elle peut être semée dans les plates-bandes et 
en bordure, en mars ou à l'automne. Toute expo- 
sition et tout terrain paraissent lui convenir , et 
particulièrement les terrains secs et chauds. » 

Le semis d'automne doit se faire dans le courant 
d'octobre ou les premiers jours de novembre ; sans 
cela le plant pourrait fondre par l’action des gelées 
hâtives. PÉPIN. 


Rose Durer. Cet arbrisseau, que j'ai obtenu de 
graines de la Perpétuelle Lelieur, où Rose du Roi, 
est vigoureux et forme une touffe presque régulière, 
à rameaux assez distancés ; bois gros, garni d’aiguil- 
lons fins, rapprochés, peu accrochans ; feuilles étof- 
fées , parfaitement ovales , finement et régulière- 
ment dentées, le pétiole de la feuille recouvrant 
entièrement l'œil. Calice divisé quelquefois en six 
parties foliacées et subsistant long-temps après la 
maturité du fruit; celui-ci est gros, en forme d'urne 
et lisse; fleur grande, composée de sept à huit 
rangs de pétales d’une largeur peu commune, de 
couleur tout-à-fait rose, et exhalant une odeur 
agréable. Cette rose s'ouvre très-bien, mais son 
épanouissement est long, ce que j'attribue à la lar- 
seur des pétales qui se recouvrent les uns par les 
autres. Au reste elle est rustique, car le soleil de 
1835 ne l’a pas endommagée. Elle remonte très- 
franchement, chaque rameau étant toujours ter- 
miné par un groupe de deux à cinq fleurs. 

Je l'ai dédiée à M. Duret, propriétaire et amateur 
au Val de Meudon. Duvaz, 


Horticulteur à Chaville. 


85 


Dans le numéro de mai 1835 de ces Annales, 
notre collègue M. Jacquin aîné a fait figurer et 
décrit une nouvelle espèce de Phlox sous le nom de 
Phlox verna, qu'il avait recue de l'Angleterre. En 
faisant connaître cette charmante plante, si remar- 
quable par ses fleurs printanières, ses feuilles 
arrondies portées par des rameaux herbacés, qui 
s'enracinent si facilement à l'insertion des feuilles, 
il conseilla prudemment d'en conserver quelques 
pieds en orangerie, pour ne pas la perdre totale- 
ment si le froid et l'humidité de l'hiver lui devenaient 
insupportables. Cette précaution était d'autant plus 
sage qu'on ignorait alors à quelle contrée elle ap- 
partenait; mais aujourd'hui on sait qu'elle est indi- 
gène à l'Amérique septentrionale. 

Quoique cette plante n'ait encore supporté que 
des gelées de quelques degrés, on peut néanmoins 
apprécier sa rusticité, puisqu'aujourd’hui, ro dé- 
cembre, j'en ai vu HE pieds au Te des 
Plantes, tous vigoureux et couverts de boutons à 
fleurs dont trois ou quatre étaient épanouis. 

Elle a une floraison plus précoce que ses congé- 
nères, qui le plus ordinairement dure de février en 
mai, car le fait que je rapporte est le premier qu'on 
ait observé. C’est du reste une belle acquisition 
pour l’horticulture , car elle deviendra un des plus 
jolis ornemens de nos parterres par ses touffes que 
relèvent ses grandes fleurs d’un beau rose pourpre. 

M. Jcquin aîné peut en offrir aux amateurs, car 
il la multipliée dans ses jardins de Charonne. 

P£riN. 


86 
ORANGERIE. 


KETMIE A FLEURS CHANGEANTES DOUBLES, //ibiscus 
mulabilis. WirLp., var. : flore pleno. 


Arbuste de cinq à six pieds; tiges épaisses et gri- 
sâtres garnies de feuilles amples à cinq lobes aigus , 
inégalement dentées, d’un vert tendre et à ner- 
vures tyès-saillantes en dessous. De septembre en 
décembre, fleurs solitaires et axillaires en corymbe 
terminal. Ces fleurs sont très-pleines, de trois 
pouces de diamètre, de couleur blanche d’abord, 
passant le lendemain à un rose tendre semblable à 
celui de la rose cent-feuilles , et devenant pourpre 
à la fin de la floraison. Cette belle variété de lhr 
biscus mutabilis anciennement connu vient d’être 
nouvellement apportée du Brésil. 

Cette plante exige beaucoup de nourriture pour 
être belle; il faut la tailler très-court au prin- 
temps lorsqu'elle commence à pousser et la tenir 
au plein air tout l'été à une exposition chaude. On 
la rentre en serre tempérée lorsque les boutons sont 
de la grosseur d’une noisette, sans quoi ils tombe- 
raient sans fleurir. On la multiplie facilement de 
boutures sur couche et sous cloches qui ne fleuris- 
sent bien que la seconde année. LEÉMON. 


PÉLARGONIER pE Gouvart, Pelargonium Gouvarti. 
Horr. ( Voyez la planche, et pour les caractères 
sénériques page 280 de ce Journal, année 1833- 


1834.) 


Plante vivace, sous-ligneuse comme ses congé- 
ncres, ayant toutes ses parties hispides excepté la 


PELARGONIER DE GOUVART 


Pelargronium Gouvarti 
LA 


| 4,7 MAN COR DETAIL ALES 
d Uk: ve du QU LUS LE 


87 
page supérieure des feuilles. Celles-ci sont pétiolées, 
moyennes, à trois lobes profonds qui sont eux- 
mêmes lobés, dentées, ondulées et coquillées en 
dessus , exhalant une odeur agréable. 

En mai et juin, fleurs moyennes, portées sur un 
pédoncule droit: les deux pétales supérieurs sont 
d’nn beau pourpre noirâtre, plus longs que larges, 
droits et bien étoffés ; aussi ces fleurs se conservent 
plus long-temps que presque toutes celles du genre ; 
les pétales inférieurs sont d’un blanc rosé , striés et 
maculés de carmin plus ou moins foncé. 

Cette jolie variété a été gagnée par M. Gouvart, 
horticulteur belge, de qui noûs lavons obtenue 
l’année dernière. Elle n’est pas plus délicate qu'au- 
cune autre du genre et se cultive de la même 
manière. JAcQUIN aîné. 


Extrait d'une lettre sur les Cactees. 


Le 8 septembre j'ai recu de M. Geninet, amateur, 
à Effiat, département du Puy-de-Dôme, une lettre 
par laquelle il me fait part de quelques observations 
d'horticulture; une entre autres me paraît pouvoir 
être signalée aux amateurs, quoique pouvant avoir 

été déjà pratiquée. Il est toujours bon de provo- 
quer des expériences comparatives : je laisse donc 
parler cet excellent correspondant. 

« ..... J'avais un très-cros pied d’Zchinocactus 
« ÆEyriesit qui jamais ne m'avait donné de petits ; il 
« m'est venu à l’idée de lui faire de petites incisions 
« au-dessus des paquets d’épines ; tous m'ont donné 
« fleurs ou boutures peu de temps après l’opé- 
« ration, et j'en ai actuellement une vingtaine de 


88 
« gros comme une noisette. Je pense donc que ce 
« serait un moyen de multiplier les espèces rares 
« d'Echinocactus, Mélocactus , etc. ; mais je ne puis 
« pas en faire l'expérience , et pour bonne raison. 
« Toutefois l'ayant fait sur un fort pied de Cereus 
« peruvianus qui ne fleurissait jamais, il m'a donné 
« cette année une douzaine de fleurs, mais pas un 
« rejet; je crois, d’après cela, qu'on pourrait obte- 
« nir tous les ans des fleurs, non-seulement de 
« cette espèce, mais de plusieurs autres : c'est une 
« expérience à tenter... » 

Ayant fait part de cette lettre à notre ami et col- 
lègue Neumann , il m'a dit avoir obtenu à peu près 
le même résultat en enlevant avec un instrument 
bien tranchant quelques-uns des paquets d'épines. 

JACQUESs. 


WATSONIE A FLEURS DROITES, /f'atsonia strictiflora. 
Ker. Bor. REG. 1406. Gladiolus strictiflorus. 
Rep. Lil. vol. 7. tab. 300. ( Voyez la planche, et 
pour les caractères génériques page 27, octobre 
1835 de ces Annales.) 


Racine bulbeuse, de la grosseur d’une noix, ar- 
rondie, un peu déprimée, émettant sur ses flancs, 
comme à sa base, des fibres radicales d’un brun 
pâle. Feuilles radicales engaïînantes, disposées sur 
deux rangs, opposées, droites, lancéolées , quelque- 
fois légèrement contournées en spirale , larges d’un 
demi-pouce, longues de huit pouces à un pied , 
mais toujours de moitié plus courtes que la hampe, 
rétrécies au sommet en une pointe très-fine, gla- 
bres, raides, munies de nervures longitudinales 


P1.41 


WATSONIE À FLEURS DROITES 


Watsonia stricuflora 


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CNT) RUN LU de MNT 


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89 

dont la moyenne plus saillante que les autres. 
Hampe de dix-huit pouces à deux pieds, glabre, feuil- 
lée dans sa partie inférieure , et dans le reste de son 
étendue garnie de deux ou trois bractées engai- 
nantes, aiguës, rougeâtres sur les bords; fleurs 
formant un épi médiocrement serré, distiques ou 
quelquefois disposées à peu près régulièrement au- 
tour de la hampe. Chacune d’elles est munie à sa 
base de deux bractées ovales, concaves , aiguës, 
rouges, longues de près d’un pouce; celle de lin- 
térieur un peu plus longue et en général terminée 
par deux petites dents ; celle de l’extérieur entière. 
Le tube du périgone est long de deux pouces et 
souvent plus , droit et quelquefois un tant soit peu 
réfléchi, de couleur rouge écarlate ; il est dilaté 
graduellement depuis l'ovaire jusqu’à sa partie su- 
périeure , excepté vers son milieu où la dilatation 
est plus brusque ; l’exirémité du limbe forme six 
divisions à peu près égales, dilatées au sommet, qui 
cependant se termine en pointe. Les trois exté- 
rieures sont étalées, les trois intérieures et surtout 
la supérieure sont un peu dressées. Les filamens des 
élamines sont filiformes, blanchâtres dans le bas 
et d'un rouge ponceau dans le haut ; ils sont soudés 
au tube du périgone dans leur moitié inférieure. 
Les anthères sont oblongues , d’un violet noirûtre ; 
l'ovaire est ovale, triangulaire; le style est filiforme, 
de la même couleur que les filamens des étamines ; 
les stigmates sont filiformes , creusés en gouttière, 
fendus profondément et dépassant les anthères. 

Cette espèce est originaire du Cap de Bonne-Espe- 
rance. En 1825, elle fut cultivée au fleuriste du 
roi à Saint-Cloud, d’où elle disparut quelque temps 


you 

après, et elle fut rapportée à Paris l’année dernière 
avec une assez grande quantité d'amaryllis , d’ixia, 
de glaïeul, etc. Cette année elle a fleuri de mai 
en juin , et l'éclat de ses fleurs, leur disposition et 
leur durée doivent intéresser les amateurs. Du reste 
elle est peu délicate, et il suffit de la garantir de 
la gelée. Ii lui faut une terre meuble et légère, 
composée d'un quart de terre normale avec trois 
quarts de terreau de bruyère, ou mieux de dé- 
tritus végétaux. Sa culture est celle des ixia et des 
glaïeuls. On la tient en pots qu'on rentre sous 
châssis, ou en pleine terre sous les mêmes abris ; 
elle a besoin de beaucoup d’eau pendant sa végé- 
tation. On la trouve chez nos collègues MM. Cels 
frères. Pépin. 


SERRE CHAUDE. 


CRINÜM. Li. ; Hexandrie monogynie L. Narcissées. 
Juss. Ê 


Caractères génériques. Spathe membraneuse, 
multiflore, divisée en deux par ties; calice infundi- 
buliforme, à tube filiforme, à limbe partagé en six 
divisions on dont trois terminées en cro- 
chet ; étamines insérées au tube de la corolle ; ovaire 
chargé d’un style aussi long que les étamines, et 
terminé par un stigmate simple; capsule ovale à 
trois loges polyspermes. 


CRINOLE A FEUILLES RUDES, Crinum Scabrum. SER- 


TuM Bot. ( Voyez la planche.) 


Oignon de trois à quatre pouces de diamètre, de 
couleur blanchâtre, recouvert d’une enveloppe gri- 


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CRINOLE A FEUILLES RUDES 


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O1 

sâtre et comme cotonneuse. Les feuilles partent en 
spirale du collet de loignon; elles sont d’un vert 
gai, ondulées, d’abord très-rétrécies à la base, s'é- 
largissant ensuite jusqu’à trois pouces, longues 
d'environ trois pieds, et se recourbant au sommet. 
À côté des feuilles, s'élève, vers le mois de juin, une 
hampe aplatie , haute d’un pied , terminée par une 
ombelle de quatre à huit fleurs. Le tube de la co- 
rolle à trois ou quatre pouces dé longueur ; le limbe 
est campanulé, tres-ouvert, surtout lorsque la tem- 
pérature est chaude, d’un blanc pur avec une ligne 
d'un pourpre vif sur chaque division. Le style est 
plus long que les étamines, qui sont recourbées et 
surmontées d'une anthère jaune. 

Cette plante, originaire du Brésil, n'exige pas 
de soins différens de ceux que l’on donne aux autres 
espèces. I faut la tenir dans la tannée tout l'été. Elle 
perd ses feuilles en hiver, et redoute l'humidité 
pendant cette saison. Aussi conseillerais-je de la 
placer sur une tablette et de suspendre tout arrose- 
ment. La terre de bruyère un peu tourbeuse, mé- 
langée avec un tiers de terre franche, est la com- 
position qui lui convient le mieux. LEMmon. 


ANANAS A LONGUES BRACTÉES, Ananas bracteata. Bor. 


REG. 


Ce beau végétal ne doit pas être regardé, ainsi que 
tous les autres de son genre, comme une plante 
seulement alimentaire, mais plutôt comme un vé- 
ritable ornement pour les serres chaudes. Il prend 
tout son accroissement durant l’espace de trois ans. 
Son tronc ne s'élève guère qu'à la hauteur de deux 


O2 

pieds, et est garni de feuilles d’un beau vert luisant 
en dessus, un peu rougeâtres en dessous. Elles sont 
très-coriaces , et garnies d'épines assez éloignées les 
unes des autres ; elles ont environ, dans leur plus 
grand accroissement, quatre pieds de long sur trois 
pouces de large, se soutenant très-bien, et se re- 
courbant sracieusement en dessous vers les deux 
tiers de leur longueur. Quand la plante se dispose à 
fleurir , le cœur se colore, et laisse entrevoir un fruit 
de trois pouces de diamètre environ, d'un rouge 
cramoisi éblouissant. La tige qui le porte est garnie 
de dix à douze bractées de la même couleur, et 
s'élève de dix-huit pouces dans l'espace d’un mois ; 
ensuite les fleurs paraissent sur toute la circonfé- 
rence du fruit; elles sont plus grandes que celles des 
autres ananas, d’un beau bleu, et font un effet su- 
perbe parmi le rouge cramoisi du fruit qui se con- 
serve plus de deux mois. À mesure qu'il #rossit, Ja 
couronne se développe, et la couleur change insen- 
siblement jusqu’au rose carné, qui devient jaune en- 
suite vers le sixième mois de son apparition, épo- 
que de la maturité. Le fruit peut avoir huit pouces 
de hauteur sur quinze de circonférence ; il est d’une 
saveur très-agréable; les bractées calicinales, placées 
au-dessous de chaque grain, sont larges de trois 
lignes et longues d'un pouce, ce qui n'a lieu que 
dans cette espèce, et c'est de là que lui vient son 
nom de éracteata. Get ananas, originaire du Brésil, 
n’est connu que depuis dix à douze ans. 

On peut le cultiver dans la tannée, parmi les au- 
tres plantes; 1l y croît très-bien, ne demande aucun 
soin particulier, et n'est pas délicat. Il prend tout 
son accroissement dans un vase de dix pouces à un 


93 

pied de diamètre. La terre de bruyère un peu 
tourbeuse est celle qui paraît le plus lui convenir. 
On le multiplie par les œilletons qu'il produit au 
pied ou entre les aisselles; lorsqu'ils ont huit à dix 
feuilles, on les détache, et on les plante de suite sur 
une couche chaude. Jen ai obtenu un œilleton, 1l 
y a deux ans, sur une plante à feuilles vertes, qui 
s'est constamment conservé panaché très-élépam- 
ment de lignes rouges dans la jeunesse , et devenant 
blanches ensuite. LEémon. 


NOUVELLES HORTICOLES. 


M. Lafay, horticulteur, rue Rousselet-Saint- 
Germain, a introduit en France plusieurs plantes 
remarquables que nous croyons devoir signaler à 
l'attention de nos lecteurs. 

On sait que cet habile cultivateur est un des pre- 
miers qui se soient occupés de former de riches col- 
lections de roses dont le bon choix, joint aux gains 
superbes que lui produisent ses nombreux semis, 
l'a placé au premier rang des collecteurs et lui a 
fait une réputation justement méritée. Sa collection 
est en effet une des plus brillantes , et il est vrai de 
dire qu'il ne néglige rien pour la rendre telle ; il 
fait de fréquens voyages à l'étranger, et surtout en 
Angleterre, pays avec lequel il'entretient les rela- 
tions les plus suivies , et ses nombreuses correspon- 
dances s'étendent à tous les points du globe qui 
peuvent lui offrir quelque nouvelle merveille. 

Toutefois il ne s’est pas exclusivement consacré 
à Ja seule culture des roses ; il entretient également 
un grand nombre des belles plantes du Cap et de la 


94 


Nouvelle-Hollande, et chaque voyage est pour lui 
une occasion d'augmenter ses richesses sous ce 
rapport. Je vais donc citer les plantes nouvelles 
dont nous lui devons l'introduction, notamment par 
suite du voyage qu'il a fait cette année. 

DATURA A FLEURS ROUGES, Matura rubra, Datura 
sanguinea , Brugmansia bicolor. C'est une plante 
magnifique dont on parlait depuis long-temps, mais 
que l'on ne possédait pas; car les graines et les indi- 
vidus apportés par les voyageurs , où envoyés par 
des marchands étrangers, n'avaient fourni que des 
plantes à fleurs blanches. Celles de la plante qui 
nous occupe ne sont pas, ainsi qu on l'avait annon- 
cé , d'un rouge de sang , mais d’un rouge capucine 
à l'intérieur, diminuant d'intensité vers l'extrémité 
du limbe; l'extérieur est d’un blanc verditre, strié 
de jaune et de rose. Elles sont aussi grandes que 
celles du Datura arborea , et exhalent une odeur 
aussi suave. Les feuilles sont beaucoup moins lon- 
gues , ovales, lisses et un peu glauques. L'individu 
est très-rustique et paraît, comme l'autre espèce, 
demander , pendant sa végétation, de la nourriture 
et beaucoup d'eau. 

Il existe au Jardin des Plantes, depuis quelques 
années , une plante qui paraît être la même; mais, 
quoique haute de quatre pieds, elle n'a pas encore 
fleuri. 

BENTHAMIE FRAGIFÈRE, Zenthamya  fragifera, 
Bor. Rec.; Cornus nepalensis. Arbre intéressant 
dont les fleurs, plus grandes que celles du Cornus 
florida, sont nombreuses, grandes, et d’un blanc 
jaunâtre ; son fruit est de la grosseur d’une fraise 


2 
Wilnoth, mais exactement cylindrique. Il est de 


95 
couleur rose lorsqu'il est mûr ; sa chair est blanche, 
délicate et comestible. Il est probable que cet arbre 
pourra passer en pleine terre, car il en existe un 
en Angleterre, lequel a de vingt à vingt-cinq pieds 
de hauteur et produit un effet charmant. 

KENNÉDIE A FLEURS NOIRATRES, Kennedia nigri- 
cans. Arbuste volubile de la famille des légumi- 
neuses ; son feuillage est d’un vert foncé ; ses fleurs 
sont nombreuses , papillonacées, d’un noir violacé, 
bordé de jaune verdâtre. Cette espèce, originaire 
de la Nouvelle-Hollande , se cultive en serre tem- 
pérée, en pots remplis de terre de bruyère ; elle 
fleurit très-long-temps et est fort remarquable. 

CLIANTHE pONCEAU, Clianthus puniceus. Arbuste 
de la famille des légumineuses , à fleurs papillona- 
cées, réunies en paquets de couleur rouge pon- 
ceau ; les feuilles sont pinnées et pointues. Cet 
arbuste, originaire de la Nouvelie-Hollande, paraît 
très-voisin du genre Colutea. I passe très-bien en 
serre tempérée. C'est une plante magnifique, que le 
coloris de ses fleurs ne peut manquer de faire re- 
chercher. ” 


VERVEINE A FLEUR SOUFRÉE , V’erbena sulphurea. 
Cette nouvelle espèce est remarquable par ses fleurs 
d’un jaune soufré ; elle produit un joli effet et peut 
être cultivée en pleine terre pendant la belle saison. 

RUSSÉLIE JONCIFORME, Russelia junceu. Plante 
nouvelle de serre tempérée, dont les fleurs sont 
d'un rouge écarlate et de longue durée. 

FucasiE CHANGEANTE, Æuchsia mutabilis. Espèce 
nouvelle, et qui se fait remarquer, au milieu des 
autres espèces et variétés que cultive M. Lafay, par 


96 
ses nombreuses fleurs , longues , d’un rouge écar- 
late, et qui se succèdent toute l’année. 

Cet horticulteur, l’un des premiers à qui nous de- 
vons l'introduction du Ribes sanguineum, figuré dans 
ces Annales, page 77, année 1833-34, vient égale- 
ment d'en introduire plusieurs espèces parmi les- 
quelles un certain nombre n’ont pas encore fleuri, 
mais dont je peux déjà citer le /èbes malvaceum , le 
Ribes glutinosum et le Ribes punctatum. 

Il a également rapporté quelques espèces de cac- 
tus fort rares. Je citerai par exemple le Cereus 
senilis, remarquable par ses nombreux poils blancs, 
longs d’un à deux pouces, qui couvrent la tige et 
surtout la partie supérieure , où ils sont plus abon- 
dans et font l'effet d’une chevelure de vieillard. 
Cette plante fort curieuse a été achetée à un prix 
très-élevé par M. le marquis de l'Escalopier ; un 
second pied l'a été également par nos collègues, 
MM. Cels frères, qui n'ont pas borné leur acqui- 
sition à cette seule plante et qui s'occupent de mul- 
tiplier pour le commerce toutes celles qu’ils se sont 
procurées. 

M. Lafay attend encore un nouvel envoi d’Angle- 
terre, et à juger par les raretés que le dernier 
contenait , 1l y a lieu d'espérer que celui-ci ne sera 
pas moins précieux ; aussi aurons-nous le soin de 
signaler aussitôt les nouveautés qu'il apportera. 

P£pin. 


ERRAT'A. 


N° d'Octobre 1835, page 25, ligne 16, WATSONIE À FEUILLES D'ALETRIS, 
lisez : WATSONIE A FLEURS D'ALÉTRIS. 

N° de Novembre 1835, page 56, ligne 16, plante vivace, où au moins 
annuelle , lisez : plante vivace ou au moins trisannuelle. 


ERRELES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


PPS ETS TS ITS LENS ES LS LL LL LE TITLES LE LS LE LL EL EL EE ZT LL TL, TL TILLIET 2. 111,1 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, 
Sur la maladie appelée Brülure. 


La brûlure est une maladie accidentelle qui peut 
frapper toutes les espèces de végétaux dans les dif- 
férentes saisons de l’année, mais beaucoup moins 
en automne; elle provient de coups de soleil qui 
sont surtout à craindre au printemps, pendant les 
ardeurs de l'été et durant les temps de froid, lors- 
qu’une plante atteinte par la gelée se trouve exposée 
directement aux rayons solaires. 

Cet accident peut tuer en quelques instans les vé- 
gétaux délicats , et il est rare qu'il ne produise pas 
un mal assez grand dans les plantes les plus robus- 
tes. Malheureusement il n'y a point de remèdes à 
cette maladie : la seule ressource qu'ait le cultiva- 
teur est de la prévenir par tous les moyens qui sont 
en son pouvoir ; et dans les cultures en grand, l’in- 
dustrie est en défaut, il faut se soumettre aux al- 
ternatives des intempéries. Ainsi le blé est quelque- 
fois frappé de brülure , ce que l'on reconnaît à la 
blancheur de sa tige et de son épi. Lorsque cet acci- 


dent se montre au commencement de l'été, la ré- 
Janvier 1836. 7 


(ere 

colte est entièrement perdue; mais quand il arrive 
plus tard, le grain est seulement retrait, c'est-à- 
dire qu'il est petit, maigre et fournissant peu de fa- 
rine , laquelle encore ne contient presque point de, 
gluten. Les fromens semés dans des sols sablonneux 
et chauds, ayant peu de profondeur et placés à une 
exposition sud, sonttrès-exposés à la brülure dans les 
temps de sécheresse, qui font évaporer touie l'hu- 
midité de la terre où les racines altérées ne trou- 
vent bientôt plus qu'une poussière sèche et brû- 
lante. Il faut dans un cas pareil remédier aux vices 
du sol, et les moyens varient selon les circonstan- 
ces et les localités. Si Le défaut est le peu de profon- 
deur de la couche arable, il faut s’efforcer de Faug- 
menter par des défoncemens, si le sous-sol est bon ; 
par des chargemens , si ce dernier est de mauvaise 
qualité ; par des plantations d'arbres combinées de 
facon à procurer un abri contre les ardeurs du 
midi, par desirrigations, et enfin par tousles moyens 
les plus économiques et qui peuvent produire dans 
le sol une fraîcheur suffisante. 

C'est surtout sur les produits de l’horticulture 
que cette maladie exerce une influence fatale; aussi 
les jardiniers ont-ils sans cesse les plus grandes pré- 
cautions à prendre pour s’en garantir; c'est pour 
cela qu'ils ont soin d’ombrer, pendant la présence du 
soleil, à toutes les époques de l’année, les serres et 
les châssis sous lesquels ils entretiennent les plantes 
délicates , ou les jeunes élèves qu'ils destinent plus 
tard à livrer au plein air. Cette attention a d'autant 
plus d'importance que le verre rassemble souvent 
les rayons et forme un foyer ardent. Jai vu un Vir- 
gilia frappé de brûlure dans l'établissement de no- 


99 

tre collègue M. Noisette par la réflexion des rayons 
solaires sur les vitres de châssis placés sur champ, 
les uns derrière les autres, et de facon que l'arbre se 
trouvait entre eux et le soleil depuis une heure 
jusqu'a deux ou trois. La réflexion du soleil par 
l’eau produit aussi assez souvent la brûlure. La 
brûlure est particulièrement à craindre au prin- 
temps pour les plantes qui ont passé l'hiver en oran- 
gerie, en serre tempérée ou sous châssis, si on les 
exposait sans ménagement à un soleil très-vif. Leur 
tissu, privé depuis long-temps du contact de l'air 
atmosphérique, et n’ayant pas joui d'une lumière 
assez abondante pour solidifier leurs organes, se 
trouve attendri et par conséquent bien plus sensible 
aux effets de la chaleur directe. 

Cette maladie attaque tous les genres de végétaux, 
et son influence se fait remarquer aussi bien sur les 
feuilles que sur les bourgeons, les branches et les 
iges. 

Souvent à la suite de pluies , de rosées et de gelée 
blanche, les feuilles frappées par le soleil offrent 
bientôt des taches blanches qui deviennent promp- 
tement noires. Ces taches détruisent le parenchyme 
et empêchent les fonctions de ces organes, de fa- 
con que lorsqu'elles sont nombreuses, le végétal 
souffre et périt souvent. Parmi les raisons que l’on 
a données pour expliquer cet effet, la plus raison- 
nable, à mon avis, est celle qui considère les gout- 
telettes d’eau ou les parcelles glacées comme autant 
de lentilles qui réfractent les rayons du soleil. Les 
plantes potagères et particulièr ement les melons y 
sont assez sujets ainsi que les arbres fruitiers et sur- 
tout ceux qui sont en espalier exposé au levant. Il 


100 


arrive souvent qu'un pareil accident empêche les 
fleurs de nouer, ou cause l'avortement des fruits. 
Le seul remède à employer, dans cette circonstance, 
est de secouer, quand cela est possible, les goutte- 
lettes de rosée ou de pluie, et d’arroser les feuilles 
frappées de gelée blanche afin de la faire fondre. 
Si, en pareil cas, on pouvait abriter les végétaux 
des rayons solaires, 11 n'y aurait rien à craindre. 
Les auvens mobiles , dont notre collègue M. Dalbret 
a parlé, sont d’une grande ressource contre la brü- 
lure pour les arbres fruitiers en espalier. Lorsqu'a- 
près une gelée blanche ou qui survient à fa suite 
de la pluie , les bourgeons des arbres à fruits éprou- 
vent l’action du soleil, ils sont également brûlés, 
ils noircissent bientôt et tombent. 

Mais les arbres fruitiers, surtout ceux en espalier, 
n’ont pas seulement à craindre la brülure pour 
leurs feuilles ou leurs bourgeons; il arrive souvent 
que, pendant les ardeurs de l'été, leurs branches et 
leurs tiges sont atteintes par cette maladie dans les 
portions tournées au midi. L’écorce se dessèche, 
se fend et se détache par lambeaux, et il en résulte 
quelquefois la mort du sujet, si la brûlure n’a pas 
frappé une partie qu’on puisse supprimer par la 
taille. Les arbres en contr'espalier et en plein vent 
y sont moins sujets, excepté toutefois les jeunes in- 
dividus récemment tirés d’une pépinière, où l'écorce 
de leur tige , se trouvant abritée de tout côté, s’est 
conservée plus tendre et comme étiolée. Le pêcher 
et l’abricotier sont plus exposés à cette maladie, à 
laquelle la vigne résiste parfaitement, sans doute à 
cause du tissu peu serré de son écorce qui se renou- 
velle tous les ans. 


IOI 


Il arrive encore assez souvent que les arbres frui- 
tiers en espalier ou autres sont frappés de brûlure 
aux extrémités supérieures de leurs branches; c’est 
presque toujours à la qualité du sol qu'il faut rap- 
porter cet effet, car c’est le plus ordinairement dans 
les terrains légers et chauds que cette maladie se 
montre de cette manière. Les racines, ne trouvant 
plus d'humidité à aspirer, ne répondent plus aux 
sollicitations des feuilles ; elles se dessèchent et ces- 
sent bientôt d'envoyer la sève qui devait alimenter 
les branches, et celles-ci se dessèchent à leur tour par 
l'extrémité, dessiccation qui s'étend insensiblement 
en descendant. Les arbres nouvellement plantés sont 
plus que les autres susceptibles de périr ainsi, parce 
que la terre n’est pas encore bien serrée auiour de 
leurs racines, qui, mal assises dans le sol, ne jouissent 
pas de toute leur énergie pour allerchercher plus bas 
une humidité favorable. Le remède à de pareils ac- 
cidens est d’arroser à propos, en versant un arro- 
soir au pied de chaque arbre, et en garnissant la 
terre à l’entour d'un paillis ou de litière capable d'y 
entretenir une certaine fraîcheur. Il est encore bon 
de rappeler à cette occasion l'usage qu'on peut 
faire des cailloux pour couvrir d'une couche suffi- 
samment épaisse la terre qui entoure la tige des 
arbres. 

Enfin on remarque des arbres fruitiers, et surtout 
les poiriers et pommiers, qui dans tous les terrains 
perdent leurs feuilles et se dessèchent par les som- 
mités de leurs branches; cette maladie, qui, en pareil 
cas, paraît être organique , dépend principalement 
des sujets sur lesquels ils sont greffés. Il est impor- 
tant que les cultivateurs portent leur attention sur 


102 
ce point; car, outre la mortalité des individus, les 
fruits de ceux qui résistent quelque temps sont 
plus petits , rachitiques et marqués de taches noires 
qui donnent à leur chair une saveur amère et dés- 
agréable. 

En signalant ainsi les diverses causes qui peuvent 
produire la brûlure, j'ai cru faire une chose utile, ne 
fût-ce que pour marquer l'importance de certaines 
pratiques de l’horticulture que les jeunes jardiniers 
sont toujours tentés de négliger comme superflues. 

Doverce. 


Sur la croissance des arbres. 


L’accroissement des végétaux ligneux peut être 
considéré sous deux aspects, l'élévation et la gros- 
seur. 

La croissance en hauteur dépend de la situation 
que les arbres occupent, c'est-à-dire, s'ils sont iso- 
lés, ou au nulieu des taillis. Les expériences de Du- 
hamel prouvent que ceux qui se trouvent dans le 
dernier cas cessent de s'élever dès qu’on a coupé 
les taillis qui les environnaient, quel que soit leur 
âge à l'époque de la coupe. 

Ainsi des baliveaux conservés dans un taills, 
coupé tous les vingt ans, avaient à cet âge 6 ” 5 de 
hauteur, et rien de plus à quatre-vingts ans. 

Dans un taillis coupé tous les vingt-cinq ans, les 
baliveaux avaient à cet âge 8" 1, et rien de plus à 


Ü 


cent ans. 
Dans un taillis coupé tous les trente ans, des ba- 


liveaux conservés avaient à cet âge 9" 7, et rien 
de plus à cent vingt ans. 


103 

La croissance en grosseur est au contraire plus 
considérable dans les arbres isolés. Les baliveaux 
mesurés dans un taillis soumis à la coupe tous les 
vingt ans avaient o* 27 de circonférence à la 
première coupe; 0" 65 à quarante ans; 1 " 08 à 
soixante, et 1 " 44 à quatre-vingts : d'où il suit que 
l'accroissement de la première période de vingt ans 
a été plus faible que celui des trois autres pé- 
riodes, pendant lesquelles les baliveaux étaient iso- 
lés. La différence en moins est de 0" rr avec l’ac- 
croissement de la deuxième coupe, de 0" 16 avec 
celui de la troisième, et de o" 09 avec celui de la 
quatrième. 

Toutefois l'accroissement en grosseur des bali- 
veaux conservés est plus considérable dans ceux 
qui font partie de taillis soumis à des coupes faites 
à de longs intervalles. Ainsi ceux conservés dans 
un taillis coupé tous les vingt ans avaient à la 
première coupe 0" 27 de circonférence, et 1" 44 à 
la quatrième ; ceux conservés dans un taillis coupé 
tous les trente ans, avaient à la première coupe 
0" 40 de circonférence, et à la quatrième 2° 37. 

!l résulte encore des expériences comparatives du 
même auteur, que l'accroissement d’un végétal li- 
gneux est en raison inverse de sa densité et de sa pe- 
santeur. Ainsi le peuplier, dont le pied cube pèse sec 
37 liv. 12 onces, croît annuellement en hauteur de 
135, et en circonférence de 0" 89, tandis que le 
chêne dont le pied cube pèse sec 72 liv., croît an- 
lement de o" 30 en hauteur et de 0" 23 en circon- 
férence. 

De tous ces faits on peut tirer la conclusion, que 
d’ailleurs la pratique confirme, que pour obtenir 


104 Ë 


les arbres les plus beaux en hauteur et en gros- 

seur, il faut faire les coupes à l’âge le plus avancé 

que peut le permettre le terrain que Pon exploite. 
DovErGe. 


AGRICULTURE. 


Extrait d’une lettre sur la pomme de terre de Rohan. 


Nous avons, page 33, N° de Novembre de ces 
Annales, donné l'extrait d’une lettre de MM. Kænig 
et Ohl sur le produit de la pomme de terre de 
Rohan, plantée par eux en terre compacte et 
argileuse. Ils avaient bien voulu nous promettre 
une seconde lettre sur les résultats de leurs 
essais en terre légère et sèche; nous venons de la 
recevoir, et nous nous empressons d'en donner l’ex- 
trait ci-après : 

« À l’époque du 13 octobre dernier, les tiges, 
qui avaient à peine cessé de fleurir et se trouvaient 
encore en pleine végétation, ont été surprises par 
une gelée, qui, s'étant consécutivement reproduite 
durant plusieurs jours, nous a fait perdre l'espoir 
de voir atteindre aux tubercules tout le développe- 
ment dont ils étaient susceptibles. La récolte en 
ayant été faite immédiatement a réalisé deux cent 
cinquante kilog. de pommes de terre, dont la ma- 
jeure partie pesaient d’une à deux livres ; quelques- 
unes, mais en petit nombre, ont atteint le poids 
de trois livres, et une celui de quatre livres. » 

Ce produit est le résultat de la plantation d'un 
kilog. de porames de terre, divisé en vingt-cinq 
portions, et occupant un espace de terrain de vingt- 
einq centiares; ce qui donne une récolte de deux cent 


105 


cinquante pour un, et un produit à l’hectare de 
mille six cent quatre-vingts bectolitres. 

La plantation faite par ces messieurs en terre 
légère et humide a , contre leur attente, donné un 
produit moindre, qui est cependant encore de deux 
cent trente-huit pour un. 

En présence de tels résultats, MM. Kænig et Oh 
voudraient que l’administration supérieure en fit vé- 
rifier l'exactitude, et propageât par tous les moyens 
la culture de cette variété, qui peut être pour de 
certaines localités une source féconde de richesses ; 
ils annoncent que, grâce à l’active sollicitude du 
préfet du Haut-Rhin, des mesures sont prises pour 
que toutes les communes de ce département soient 
dotées de cette précieuse conquête. 

M. Kæœnig, répondant aux observations que j'a- 
vais ajoutées à l'extrait de sa lettre précédente, 
trouve que j'ai fait erreur en annoncant que je pré- 
voyais que la récolte en terre légère serait moindre 
que celle en terre argileuse, parce que, dit-il, « dans 
le cas particulier dont il s’agit, le terrain argileux 
qui a recu les tubercules se trouvait déjà privé en 
quelque sorte de toute espèce d'humidité au mo- 
ment de leur plantation, ce qui explique la cause 
pour laquelle leurs tiges se sont flétries et dessé- 
chées avant le temps ; tandis que la végétation de 
ceux plantés en terre légère n’a jamais été inter- 
rompue ; la nature de ce terrain se trouvant extré- 
mement perméable, le peu de pluie que nous avons 
eue y a chaque fois pénétré assez profondément pour 
maintenir la végétation des tubercules. » 

Ilest bien clair que mon opinion ne pouvait être 
que conjecturale, et elle avait pour base la tempé- 


106 

rature qui avait régné à Paris etaux environs, et qui 
a été long-temps sèche, sans interruption. : 

Je reconnais également, avec M. Kœnig, que la 
terre qui convient le mieux aux pommes de terre 
est un sol léger et sablonneux; mais lorsque la sé- 
cheresse se prolonge trop long-temps, la végéta- 
tion s'arrête, les tubercules déjà formés s’aoû- 
tent, et si les pluies surviennent, il s'opère une 
nouvelle végétation: qui les fait germer en terre, 
et il en résulte une récolte de tubercules ger- 
més, et d’autres non encore arrivés à leur ma- 
turité. En général cette année, dans les envi- 
rons de Paris , les pommes de terre ne sont pas de 
bonne qualité. Doverce. 


HORTICULTURE. 


PLANTES POTAGERES. 
Extrait dure lettre sur la culture du melox. 


M. Briet, membre de plusieurs sociétés, fonda- 
teur et propriétaire de l'école d'Horticulture et 
de Botanique de Guéret, nous a adressé une lettre 
sur la culture du melon, dont nous croyons pouvoir 
extraire utilement les observations suivantes : 

« Tous les cultivateurs ( c’est M. Briet qui parle ) 
savent ou doivent savoir qu'un pied de melon ne 
peut produire qu'un nombre de fruits déterminé par 
l'expérience selon sa race, si on veut les obtenir, 
avec le volume et les qualités convenables. Ainsi 
les grosses variétés ne produisent qu’un ou deux 
melons, tandis que les petites peuvent en nourrir 


107 


davantage, leur végétation étant la même, lorsque 
la culture est conduite avec intelligence. Du reste, 
ma méthode pour cultiver les melons est à peu 
près la même que celle généralement en usage, 
et j'obtiens comme les autres des fruits à maturité 
depuis le 1° mai jusqu’en octobre. Voici la seule 
différence que j'y ai introduite, et qui a pour but 
d'augmenter la quantité des produits : 

« Lorsque mes plants ont poussé cinq ou six 
feuilles, je les étête à deux yeux au-dessus des co- 
tylédons, ce qui donne lieu à la naissance de quatre 
branches mères que je dirige en croix; je les taille 
ensuite au-dessus des deux yeux, ce qui me fait 
huit branches à fruits. Lorsque celles-ci ont cha- 
cune trois à quatre feuilles, je les soulève légère- 
ment l’une après l’autre avec la main gauche, et de 
la droite je fais dans le terreau, précisément au- 
dessous de leur embranchement sur la branche 
mère, un trou de trois à quatre pouces de pro- 
fondeur. Je fais avec la lame du greffoir, et à l'in- 
sertion de ces branches, une incision semblable à 
celle qu’on fait aux plantes qu’on multiplie de cou- 
chage; j'introduis cette partie de la branche dans 
le trou et je l'y assujettis à l’aide d’un crochet en 
bois; je remplis enfin le trou de terreau. Lorsque 
cette opération est faite à toutes les branches, j'ar- 
rose amplement. Les branches ainsi couchées émet- 
tent des racines et de nouvelles tiges, et grâce à 
la nourriture abondante qu’elles recoivent, j'obtiens 
huit fruits au lieu de deux par pied des grosses va- 
riétés, et seize des petites, et sans occuper une 
plus grande surface de terrain. Jai même obtenu 
ainsi vingt fruits d’un pied du cantaloup noir des 


10 


Carmes, dont le plus gros pesait six livres et demi 
et était excellent. Je dois dire que c’est le hasard 
qui m'a fourni l'idée de cette expérience. J'avais 
plusieurs pieds de melons attaqués de chancres, 
accident qui arrive ordinairement à la naissance des 
branches, et qui a pour cause l'humidité. Ne sa- 
chant comment remédier aux ravages qu'ils pro- 
duisaient, je pensai à enterrer la partie malade, 
et j'opérai comme je viens de le dire. Au reste, 
d’autres essais pour guérir cette maladie m'ont assez 
bien réussi, et je me propose de vous les faire con- 
naître incessamment. » 

En remerciant M. Briet de cette communication, 
je dois ajouter qu’un procédé analogue est employé, 
dans la culture en pleine terre du melon, dans 
quelques localités méridionales de la France. J'en 
trouve la preuve dans la Monographie complete du 
melon, par notre collègue M. Jacquin aîné, et je 
transcris ici le passage où ce procédé est mentionné. 

« Quelques cultivateurs du Midi ne taillent pas 
leur melon. Ils se contentent, lorsque les fruits sont 
sur le point de nouer, de disposer les branches de 
facon qu’elles ne se croisent pas, et lorsqu'elles 
ont depuis deux jusqu’à six pieds de longueur, 
ils en enterrent l'extrémité qu'ils recouvrent de 
trois à quatre pouces de terre. Cette opération 
se fait de manière à ce que ce soit la partie d'où 
sortent les vrilles qui se trouve enterrée, et que 
l'extrémité reste hors de terre pour continuer à 
croître. Lorsqu'elle s'est alongée encore de deux 
pieds environ, on agit de la même manière. Les 
branches prennent racine à tous les endroits enter- 
rés ; les pieds couvrent ainsi une grande étendue de 


I 09 


terrain , d’où les fruits nombreux dont ils se char- 
sent tirent une nourriture abondante, au moyen 
de cette espèce de marcottage. » Doverce. 


Moyen de garantir les couches à melon des ravages 
des courtillières. 


La Société Linnéenne de Lyon vient de proposer 
un prix de 600 francs pour la destruction de la 
courtillière ou taupe-grillon ; lequel sera décerné à 
la personne qui indiquera un moyen d’une exécution 
facile et plus efficace que ceux employés jusqu’ ICI 
contre cet insecte, et dont laction n'aura rien de 
nuisible au sol et aux végétaux qu'il nourrit : il doit 
être peu dispendieux et susceptible d’être employé 
en grand selon les besoins de l'agriculture (1). 

Cette annonce m'a rappelé un fait dont la con- 
naissance peut être utile aux personnes qui éprou- 
vent les ravages des courtillières. Depuis plusieurs 
années notre maison vend aux maraîchers des 
graines de verveine officinale, et je pensais qu'ils 
cultivaient cette plante pour la vendre aux herbo- 
ristes de Paris. Mais, l'été dernier, j'ai connu l'usage 
qu'ils en faisaient en visitant le marais de M. Lenor- 
mand père. Je vis entre chaque pied de melons une 
petite touffe de verveine qui avait été semée sur la 
couche aussitôt qu’elle avait été confectionnée. Cet 
excellent cultivateur m'apprit alors qu'avant qu'il 


(1) Les personnes qui voudront concourir doivent adresser 
leur Mémoire à la Société Linnéenne à Lyon , avant Le 15 dé- 
cembre 1836. Chaque Mémoire portera en tête une épigraphe 
qui sera répétée dans un billet cacheté contenant le nom de 
l’auteur. 


110 

employât ce moyen, il avait une peine infinie à fure 
réussir ses melons, dont les racines étaient coupées 
par les courtillières, et qu'il était obligé souvent de 
les remplacer trois ou quatre fois; que même ceux 
qu’il amenait à bien n'offraient pas une végétation 
satisfaisante , parce que leurs racines étaient plus ou 
moins endommagées; mais que depuis qu'à l’exem- 
ple de plusieurs de ses confrères, il avait semé sur 
ses couches de la verveine officinale, les ravages 
des courtillières avaient cessé. Il me fit remarquer 
par l'examen de ses couches que Îles bords étaient 
criblés de trous de courtillières, mais qu’elles n’y 
pénétraient plus , soit que les racines de la verveine 
fussent un obstacle à leur passage, soit que l’odeur 
de cette plante les repoussât. Il est raisonnable d'at- 
tribuer cet effet à la présence de la verveine, puisqu’a- 
vant qu’elle fût employée, les couches étaient la- 
bourées et bouleversées en tous sens ; et d’ailleurs 
ce n'est pas un fait isolé qui le prouve, puisque 
tous les maraîchers ont adopté cette pratique. 

Il serait bon par la même raison de semer ou 
repiquer cà et la, dans les planches des jardins, 
quelques pieds de verveine pour en éloigner les 
courtillières , car ce procédé ne produit pas ia des- 
truction de ces insectes, mais 11 est cependant un 
préservalif assuré contre leurs ravages. Ce moyen, 
au reste, vaut bien autant pour garantir les couches 
que les planches dont on en garnit les côtés, et les 
pots à fleurs enterrés au niveau du sol, que l'on place 
aux extrémités pour que les courtillières y tombent 
en suivant ces planches pour trouver un passage 
dans la couche. LECOINTRE. 


PL 3 


CLARKIE EÉLEGANTE 


Clarlaa elegans 


PLANTES D'ORNEMENT. 
PLEINE TERRE. 
CLARKIA Pursu. 


Caractères génériques. Calice à quatre divisions, 
quatre pétales spatulés, cruciformes à onglet très- 
long, huit étamines inégales, savoir: quatre lon- 
gues à anthères fertiles, et quatre plus courtes à 
anthères souvent stériles ; un style filiforme à stig- 
mate quadrilobé, capsule cylindrique polysperme. 


CLARKIE AGRÉABLE, Clarkia elegans, Doucras. Bot. 


reg. 1575.( Voyez la planche. ) 


Plante annuelle, à tiges droites rameuses , hautes 
d'un à deux pieds , glabres, cylindriques, lavées de 
violet purpurin, et couvertes , à l’époque de la plus 
forte végétation, d’une poussière blanchâtre qu’elles 
sécrètent , et qui leur donne une teinte rosée. Les 
rameaux secondaires sont alternes, dressés et 
flexueux vers leur moitié; feuilles alternes, épar- 
ses, ovales-lancéolées, pointues, glabres, longues 
d'un à deux pouces, vertes en dessus, glauques en 
dessous, quelquefois un peu dentées, mais le plus 

-souvent entières : les inféricures sont pétiolées et 
larges d'un demi-pouce; les supérieures étroites, 
linéaires, et presque sessiles. 

Fleurs axillaires nombreuses, formant une sorte 
de grappe, à pétales disposés en croix, longs d’un 
pouce, y compris l'onglet aussi long que le limbe 
qui forme trois petits lobes peu profonds et obtus ; 
ils sont un peu réfléchis à leur extrémité, de cou- 


112 

leur violet purpurin qui varie d'intensité selon les 
individus. Les boutons sont entièrement recourbés 
contre la tige, avant leur épanouissement; ils se 
redressent peu à peu, et sont tout-à-fait droits au 
moment de la floraison. Les divisions du calice sont 
vertes et glabres ; les étamines longues ont les an- 
thères pourpres, les courtes les ont grisâtres ; la 
capsule est hispide et sillonnée dans toute sa lon- 
gueur ; les graines sont petites, obovales, et de cou- 
leur brune; le style est aussi long que les pétales, 
et les lobes du stigmate sont courts, ovales, poin- 
tus et velus. 

Nous avons recu, en 1830, un Clarkia pulchella 
Pursx, découvert par Lewis dans le nord-ouest de 
l'Amérique, etquel'infortuné Douglas avait introduit 
en Angleterre, en 1827. On le rencontre aujourd'hui 
dans toutes les villes de l'Europe , mais surtout dans 
celles du Nord, comme Moscou , Stockholm, etc. 
L'espèce qui nous occupe nous est venue du jardin 
de la Socicté horticulturale de Londres; elle est en- 
core peu connue des amateurs ; mais elle ne tardera 
pas à être recherchée par la singularité et le nombre 
de ses fleurs , dignes , comme celles de la première, 
de concourir à la décoration de nos parterres. 

Elle est originaire de la Californie, où elle fut 
trouvée par Douglas, avec plusieurs autres plantes 
d’une beauté remarquable , dont quelques nouvelles 
espèces d'Æscholtzta. 

On la sème en mars ou avril, soit en pot ou en 
pleine terre meuble et légère. Si l’on voulait repi- 
quer le plant , il ne faudrait pas attendre qu'il eût 
pris un trop grand développement ; mais 1l convien- 
drait de faire cette opération, lorsqu'il a poussé 


113 


quatre à six feuilles ; sans cette précaution, les ra- 
cines durcissent, et la plante languit ou meurt. Se- 
mée à l’époque ci-dessus, dans de petits pots, et 
plantée en place, sans toucher aux racines, elle 
forme de jolies touffes qui fleurissent depuis juillet 
jusqu’à l'automne ; mais quand on veut obtenir des 
pieds vigoureux et des fleurs beaucoup plus grandes 
qui commencent à s'épanouir en juin et durent 
jusqu'aux gelées, il faut semer en novembre à l'air 
libre, protéger le semis par une légère couverture 
(quelques feuilles seulement ), et repiquer le plant 
dès février ou mars, en pleine terre ou en pots. 

Elle croit dans tous les terrains et à toute expo- 
sition; mais une terre meuble et légère lui est pré- 
férable. Elle ne demande que quelques arrosemens 
pendant l'été. 

On peut s’en procurer des graines chez M. Vilmo- 
rin, en ayant soin de bien s'expliquer, afin qu’on 
ne confonde pas avec le C/arkia pulchella, beaucoup 
plus ancien que cette nouvelle espèce qui n’est con- 
nue que depuis deux ans. PÉpPIN. 


GROSEILLIER, /tbes, Lin, , Pers. , LAM. , DEcanp. 


Le Prodrome de M. Decandolle cite cinquante- 
trois espèces de ce genre, dont plus de quarante-six 
sont cultivées en Angleterre; et, en France, quel- 
ques-unes ornent déjà nos bosquets, et plusieurs 
nouvelles y seront bientôt introduites. Je vais suc- 
cinctement décrire celles actuellement cultivées. 

1° GROSEILLIER A FEUILLES PALMÉES, /tibes aureum, 
Purscn. , Decann. Prod. sp. 51, Bot. Rec., 125; 


Ribes aureum, MERS. De L’AMATEUR ; Ribes palmatum, 
Janvier 1836. 8 


114 

H.-P. Bon Jarp. , 1834; Ribes flavum , GazLa., Desr. 
Cat. éd. 3. Feuilles à trois lobes profonds, à dents 
peu nombreuses, souvent en coin à leur base ; fleurs 
en grappes pendantes ; calice tubuleux, long , d’un 
beau jaune; pétales passant du vert pâle au pour- 
pre; odeur douce de jonquille ou de giroflée ; fruits 
oblongs d'un beau noir, presque insipides. 

2° GROSEILLIER JAUNE, Atibes flavum, Decawv. Prodr. 
sp. 52 ; Rtbes aureum , Desr. Cat. éd. 3. Arbrisseau 
de la taille et du port du précédent, feuilles sem- 
blables , fleurs en grappes courtes; calice petit, 
jaune; pétales passant du vert au rouge; fruits de 
la forme et de la grosseur du cassis, acidulés et 
un peu odorans. 

3° GROSEILLER A PETITES FLEURS, /èbes tenuiflo- 
rum , Linpez. ; Ribes aureum , Bon Jarp., 1854. Ra- 
meaux plus srêles que dans les deux espèces précé- 
dentes , feuilles ovales trilobées , lobes à dents rares 
et peu profonds, fleurs semblables à celles de l’es- 
pèce précédente ; fruits très-petits, globuleux, d'un 
rouge orangé. 

Ces trois espèces sont originaires de l'Amérique 
septentrionale, et déjà cultivées depuis quelque 
temps ; et je n'en aurais point parlé, si ce n’eût 
été pour donner les caractères de leurs fruits, qui 
les font facilement distinguer. 

4° GROSEILLIER SANGUIN, Jèbes sanguineum, ANNA- 
LES DE FLORE ET DE Pomonr, 1833-1834. Ce bel arbris- 
seau commence à se répandre dans le commerce, 
et 1l formera le plus bel ornement des bosquets au 
printemps , où ses fleurs en longues grappes d’un 
beau rouge le font agréablement remarquer. 

5° GROSEILLIER D'UN ROUGE POURPRE, /tibes atropur- 


115 


pureum, HorruL. Cet arbrisseau, cité dans plusieurs 
Catalogues marchands, ne m'a pas paru faire même 
une variété du précédent ; je n’y ai trouvé aucun 
caractère distinctif. 

6° GROSEILLIER ÉLÉGANT, Rtbes speciosum , Pursu., 
Decanp. Prodr. 3, page 478, sp. 6. Tiges et rameaux 
garnis de soies spinulescentes ; épines stipulaires, 
au nombre de trois ; feuilles un peu en coin arron- 
dies, lobées , incisées , crénelées , glabres ; pédicel- 
les formant une grappe, pédicelles et calice mu- 
nis de poils glanduleux; calice rouge , tubuleux ; 
étamines beaucoup plus longues que le calice et la 
corolle. Cette belle espèce, originaire de l’Améri- 
que , n’est à Paris que depuis environ deux ans, où 
elle commence à se répandre. On la trouve chez 
MM. Cels, Jacquin, Loht. 

7° GROSEILLIER A RAMEAUX PENCHÉS, Rtbes decum- 
bens, Lepss., Lounon, Hort. brit. sup., pag. 473. 
Rameaux s'élevant d'abord, puis se recourbant en- 
suite au sommet; feuilles alternes pétiolées, cordi- 
formes à la base, à trois lobes à dents aiguës, un peu 
mucronées; fleurs en grappes penchées, blanchà- 
tres ; fruits arrondis, gros comme de petits cassis, 
d'un rouge noirâtre. Cet arbrisseau, que j'ai recu 
de Naples il y a quelques années, se trouve sous la 
même dénomination dans plusieurs jardins. Il a 
beaucoup de rapport avec le Ribes floridum , 
L'Herrr., et le Ribes pensylvanicum, LAM., et n’en 
est probablement qu'une variété. 

8° GROSEILLIER TRISTE, ètbes triste, PAzLas , Dec. 
Prodr.t.5, p.481, u. p. 1835. Arbrisseau ayant des 
rapports au cassis par son bois, ses feuilles, ses 
fleurs et son odeur; mais baies noires, petites et 


116 


insipides. Cultivé au Jardin des Plantes et à Neuilly ; 
originaire de Sibérie. 

9° GROSEILLIER A FEUILLES DE VIGNE, Ribes vitifo- 
lium , 4. P. 1835. Arbrisseau ne paraissant pas de- 
voir s'élever beaucoup; feuilles à trois lobes peu 
profonds, doublement dentées, à dents aiguës , por- 
tées sur des pétioles assez longs ; fleurs en grappes 
penchées, petites et verdâtres. Je n'ai point vu les 
fruits, et j'ignore son lieu originaire. 

10° GROSEILLIER DES RIVAGES , /tübes lacustre, 
PomerT., Encyclop.; Decanv. Prodr. ; Rtbes oxta- 
canthoïdes , Micu. Arbrisseau à branches et rameaux 
érigés, épines stipulaires multiples, aiguillons nom- 
breux , sétiformes, et couvrant les tiges et les ra- 
meaux ; feuilles profondément lobées, glabres sur 
les deux surfaces , cordiformes à la base; pétiole 
quelquefois un peu hispide; fleurs en grappes pen- 
dantes, pédoncules et pédicelles hispides; fruits 
petits, noirs et velus. Canada, Virginie. Chez 
M. Noisette, au Jardin des Plantes et à Neuilly. 

11° GROSEILLIER DIVARIQUÉ, /ètbes divaricatum , 
Bot. REGIST. 1539. Douc., Desr., suppl. Tiges 
et rameaux gris, pouvant s'élever de deux à quatre 
pieds, divariqués ou diversement recourbés; une 
seule épine stipulaire à la base de chaque feuille ; 
celles-ci sont arrondies, cordiformes à la base, 
lobées obtusément, dentées ; pétiole un peu hispide ; 
grappes un peu pendantes, composées de trois à 
cinq fleurs, à calice cylindrique dont les divisions 
sont plus longues que les pétales, lesquels sont 
blancs, tronqués à leur sommet; pédoncules et 
pédicelles glabres ; style velu et profondément di- 
visé en deux : je n’ai point vu les fruits. Amérique 


117 
septentrionale. Au Jardin des Plantes, Neuilly, etc. 
12° GROSEILLIER DES ROCHERS, Ribes saxatile, PALLAS; 
DEcan. Prodr. 5 p. 18; Desr. Cat. sup. Arbuste peu 
élevé, jeunes rameaux d’un jaune cannelle, rarement 
épineux à la base des feuilles ; celles-ci cunéiformes, 
à trois lobes, ou dentées au sommet; grappes 
droites; bractées linéaires aussi longues que les pé- 
dicelles; pétales petits, ouverts, verdâtres; baies 
rouges, petites. De la Sibérie. Cultivée au Jardin des 
Plantes, chez M. Noisette, à Neuilly et ailleurs. 
13° GROSEIELIER PORTE-CIRE, Rtbes cereum, Doucz. 
Bot. regist. 1263. Tiges et rameaux sans épines; 
feuilles petites, arrondies, à trois petits lobes peu 
profonds, couvertes en-dessus de points glanduleux 
qui les rendent rugueuseset leur donnentunelégère 
odeur résineuse au toucher. Je n'ai vu ni les fleurs 
ni les fruits, n'étant cultivé en Angleterre que 
depuis 1827, et à Paris, au Jardin des Plantes, de- 
puis 1833 seulement. 

On cultive encore plusieurs autres anciennes es- 
pèces qui peuvent servir à la variété et même à 
l'agrément des jardins paysagers : telles sont les 
14° Ribes alpinum; 15° Ribes floridum; 16° Ribes 
petræum; 17°" Ribes cynosbaty ; 18° Diacantha, ete. 

Dans les espèces les plus remarquables et qui sont 
d'un véritable ornement, on peut citer les numé- 
ros 1, 4, 5 et 6; tous sont de plein air, et se mul- 
tiplient de marcottes et de boutures faites à la fin 
de l'hiver, avant le mouvement de la sève , en plate- 
bande un peu ombragée et mélangée de terre de 
bruyère. On peut encore faire les boutures des es- 
pèces rares en mai et juin, avec de jeunes pousses 
sur couche tiède et sous bocaux étouffés. Toutes les 


118 


espèces peuvent être avantageusement employées 
aux plantations des bordures des massifs; la qua- 
torzième espèce possède un grand avantage pour la 
garniture des dessous des vieux massifs : c’est celui 
de reprendre parfaitement , et de bien végéter entre 
les racines et à l'ombre des grands arbres. Notre 
ami ct collègue Souchet s’en sert beaucoup au petit 
parc de Fontainebleau; ayant suivi son exemple, . 
nous nous en trouvons fort bien. JACQUES. 


Rose GÉnéraz-Lawoesrine. Ce rosier, que j'ai ob- 
tenu de graines du Bengale Sanguin ou Cruenta, 
forme un buisson assez touffu ; le bois est maigre, 
brun, armé de faibles aiguillons roux, droits et ra- 
res ; les feuilles sont d'un vert noir et composées de 
cinq folioles presque lancéolées , alongées en pointe 
et très-finement dentées. 

Calice divisé en cinq parties égales, très-lisses, 
réfléchies bien avant le développement de la fleur 
qui ouvre facilement quoique très-double; les pé- 
tales de la circonférence sont rangés avec régula- 
rité et bien étalés; mais ceux du centre sont quel- 
quefois alongés, étroits, contournés et réunis en 
petits groupes, d’une couleur si éclatante que les 
yeux ont de la peine à la supporter. Les fleurs, au 
nombre de cinq à sept, sont soutenues par des pédon- 
cules fermes et droits, tandis que dans le Bengale 
Sanguin elles sont toujours penchées. 

. Indépendamment de cet avantage, je ne connais 
aucune rose dans cette tribu qui offre un coloris aussi 
éblouissant. Duvaz, 


Horticulteur à Chaville. 


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POLYGALA A FEUILLES EN CŒUR 


Polygala cordat a 


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119 


ORANGERIE. 


POLYGALA , Lin. Diadelphie octandrie, L; pédicu- 
laires. Juss. 


Caracteres génériques. Galice à cinq divisions, 
dont deux beaucoup plus grandes que les autres, 
en forme d'ailes, et souvent colorées; corolle en 
tube à sa base, fendue en deux lèvres, dont la su- 
périeure partagée en deux lobes, et l’inférieure 
concave , barbue en dessous ou nue; huit étamines 
à filamens réunis en deux faisceaux renfermées dans 
la lèvre inférieure, et portant des anthères monc- 
loculaires ; un ovaire à style simple, terminé par un 
stigmate presque bifide ; une capsule en cœur ren- 
versé, à deux valves, à deux loges monospermes. 


PorYGALA A FEUILLES EN COEUR, olygala cordifolia , 
Wiccp.; P. cordata, Horr. (Voyez la planche.) 


Arbrisseau originaire du Cap, à rameaux pubes- 
cens, longs et grêles, à feuilles cordiformes, oppo- 
sées, mucronées , persistantes, d’un vert frais, à 
nervure médiane prononcée. En juin et juillet, 
fleurs en grappes terminales à l'extrémité des ra- 
meaux, d'un pourpre violacé sur la lèvre supé- 
rieure , tandis que l’inférieure, d’un rose verdâtre, 
est terminée par des filets déliés et d’un blanc teinté 
de rose. 

Ce joli arbrisseau, extrêmement intéressant, 
quoique connu depuis plusieurs années, se cultive 
en pots remplis de terre de bruyère mêlée par moi- 
té avec du terreau. Pendant l'été il lui faut une 


120 


exposition à demi ombragée, quelques arrosemens, 
et l'orangerie éclairée pendant l'hiver. On le multi- 
plie de marcottes , de boutures, et de graines semées 
sur couche chaude et sous châssis. 


L. NoisETTE. 


LAPEYROUZIE A GRANDES FLEURS, Lapeyrouzia grandi- 
flora , Horr.; Anomatheca cruenta, MORT. BELGE , 


pl. 3; Gladiolus cruentus, Horr. (Voy. la planche.) 


Tige cylindrique haute de douze à quinze pouces; 
feuilles ensiformes, engaïînantes; de mai en juin 
fleurs en épis d’un beau rouge vermillon ; une large 
macule d’un rouge laque s'étend de l'onglet au mi- 
lieu des trois pétales inférieurs ; capsule hérissée, 
contenant plusieurs semences arrondies et de cou- 
leur brune. 

Cette jolieiridée, originaire du Capde Bonne-Espé- 
rance, a été introduite en Belgique dès l'été de 1834, 
où elle a concouru pour le prix d'introduction. Je la 
possède également depuis cette époque, et j'ai ré- 
colté des graines qui, semées de suite, ont produit des 
plantes dont plusieurs ont fleuri cette année, en août 
et septembre, après un an de semis. Toutes ces 
fleurs ont été identiquement semblables à celles du 
type; mais il est bon de remarquer que ces plantes 
ont été cultivées seules, c’est-à-dire sans être pla- 
cées auprès d’autres sujets de leur famille. 

On cultive cette iridée comme les ixia. On plante 
en août ou septembre en pots remplis de terre de 
bruyère sablonneuse , mais dont on a garni le fond 
d'un pouce ou deux de gros gravier, afin de faciliter 
l'écoulement des eaux. On peut réunir plusieurs 


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LAPEYROUZIE A GRANDES FLEURS 


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ognons dans un même pot, pourvu qu'ils soient 
éloignés de trois pouces les uns des autres et en- 
foncés en terre à la profondeur d’un à deux pouces. 
On les dépose pendant l'hiver sous un châssis ou une 
bâche froide , en enterrant les pots dans du terreau, 
ou mieux encore dans du sable de bruyère très-sec. 
On arrose modérément et au besoin, afin d'éviter 
une trop grande humidité qui est très-nuisible. 
Pour empêcher la gelée de s’introduire sous la bâche, 
on entoure celle-ci, jusqu’au niveau des chässis, de 
débris de vieux fumier, de gros terreau ou de 
feuilles d'arbres. On couvre les châssis avec des 
paillassons, et on augmente la couverture en propor- 
tion de l'intensité du froid. Il est bon que les maté- 
riaux employés à garnir et couvrir ces bâches n’en- 
trent pas en fermentation et ne produisent aucune 
chaleur, ce qui donne de l'humidité sous les châssis 
et produit la pourriture. Ce soin est commun à 
toutes les plantes que l’on veut conserver et non for- 
cer. Les ixia traités ainsi fleurissent un peu plus 
tard, mais les fleurs sont plus belles et les plantes 
plus vigoureuses. 

On aura soin de tenir les pots nets de mauvaises 
herbes et de donner de temps en temps une petite 
facon à la terre, afin d'empêcher qu’elle ne s'encroûte 
en dessus. On s’arrangera de facon à ce que les som- 
mets des plantes soient toujours éloignés des verres 
de trois à quatre pouces : pour cela, on a des haus- 
ses disposées pour exhausser les châssis à mesure 
que les plantes grandissent. Toutes les fois que le 
soleil se montre, il faut se hâter de découvrir les 
chàssis pour faire jouir les plantes de sa lumière et 
de sa chaleur ; on donne en même temps de Pair 


122 


en les soulevant un peu; mais il faut avoir l’atten- 
tion de les refermer et de couvrir au moment où le 
soleil va cesser de darder ses rayons, ce qui em- 
pêche la chaleur qu'ils y ont introduite de s’en 
échapper. 

Lorsque les tiges s'élèvent, on les soutient avec 
des petites baguettes sur lesquelles on les attache 
avec du jonc ou de la laine. 

Pendant la durée de la floraison, si le soleil est 
trop vif, il est nécessaire de couvrir les châssis 
d'une toile claire ou de jeter par dessus un léger 
paillis que l’on retient par des perches placées cà et 
là pour s'opposer à ce que le vent l'enlève. A cette 
époque il faut arroser plus souvent, mais sans 
mouiller les fleurs. 

Vers le mois de juillet, lorsque les fleurs des ixia 
sont passées, et que les feuilles et les tiges sont en- 
tièrement desséchées, on arrache les ognons , que 
l'on met ressuyer à l'ombre, soit dans des casiers 
disposés exprès, soit dans des sacs de papier. On a 
soin de les étiqueter, soit en inscrivant le nom, soit 
en y mettant un numéro qui renvoie à la nomen- 
clature du catalogue. 

On choisit les plus gros ognons qui doivent fleu- 
rir l'année suivante pour les planter comme je lai 
dit plus haut; les petits et les caïeux dont la florai- 
son doit avoir lieu la seconde année sont plantés sé- 
parément. 

On multiplie ces plantes par les caïeux et les 
graines dans les espèces qui en donnent. Cest par 
le semis que l’on obtient des variétés souvent fort 
jolies, surtout en laissant fleurir ensemble les ixia 
et les glaïeuls. 11 en résulte souvent des variétés 


123 
qui; tenant autant des plantes d’un de ces genres que 
de l’autre, sont classées par les uns parmi les ixia et 
par d’autres parmi les glaïeuls. 

J'ai cru devoir entrer dans ces détails pour faire 
connaître la culture des ixia et gladiolus, plantes 
fort intéressantes et qui se cultivent toutes de la 
même manière. © Jacquin aîné. 


SPARMANNIE NAINE D'AFRIQUE, Sparmannia Afri- 
cana , Lan.; var : Nana. Mort. 

Arbuste s’élevant à deux pieds, à rameaux cy- 
lindriques et velus, d’un vert gai; feuilles pétiolées, 
alternes, à neuf nervures, cordiformes, pointues, 
de moyenne grandeur, dentées en scie et velues sur 
les deux surfaces ; fleurs pédicellées, disposées en 
ombelle de quarante à cinquante portée sur un pé- 
doncule opposé au pétiole, droit et velu, et muni 
à sa base d'une colierette de plusieurs folioles li- 
néaires et pointues. Corolle d’un pouce de diamè- 
tre, à quatre pétales d’un blanc pur, très-ouverts 
et arrondis à leur sommet; étamines nombreuses 
à filets rouges et anthères d’un jaune doré, s’éloi- 
gnant du style lorsqu'on les touche. 

Cette variété est préférable au Sparmannia A fri- 
cana, par ses feuilles plus petites, élégantes et 
d'un beau vert, et par l'abondance de ses fleurs. 
Elie fleurit beaucoup plus jeune. On peut la former 
en tête dès qu'elle a un pied de hauteur, et elle se 
couvre de fleurs depuis le mois de décembre jus- 
qu'en mai. Elle se multiplie de boutures qui re- 
prennent facilement au printemps sur couche et 
sous cloches, et qui fleurissent très-bien dès la pre- 
mière année. Toutes les terres légères lui convien- 


12/4 


nent, et sa végétation est vigoureuse, I] Jui faut pour 
l'hiver une orangerie ou mieux une serre tempérée 
où elle produit un joli effet; on peut aussi l’em- 
ployer dans cette saison pour orner les appartemens. 
LEMoNx. 


Poutures-greffes du citronnier. 


Les personnes qui sèment ordinairement les 
graines de citron pour se procurer de jeunes sujets 
pour greffes, ont souvent occasion de regretter de 
n’en point avoir semé assez. C'est pourquoi je crois 
bien faire de leur indiquer un nouveau procédé 
pour ysuppléer, qui, quoique employé par quelques 
fleuristes, n’est pas encore généralement connu. On 
sait que lorsqu'on greffe les jeunes citronniers, on 
leur coupe la tête , dont autrefois on ne tirait aucun 
parti, et que l’on jetait habituellement. Aujourd’hui 
cette tête devient un nouveau sujet à greffer, et 
tout aussi bon que le pied enraciné lui-même. Pour 
cela on coupe le sommet de cette tête, on supprime 
toutes les feuilles, on la greffe comme le pied en- 
raciné, et on en fait immédiatement une bouture 
que l’on étouffe, et qui reprend aussi bien et croît 
aussi vite que le pied qui a des racines. Cette mé- 
thode, que l’on peut voir en pratique chez MM. Du- 
rand, fleuriste, rue de Buffon, et Boucher, jar- 
dinier de M. Chevet, rue de Charonne, mérite 
l'attention des CUT NE quit trouvent ainsi vingt 
sujets à greffer sur dix individus venus de semis. 

NEUMANN. 


125 


SERRE CHAUDE. 


CIERGE A PETITES ÉCAILLES, Cereus squamulosus. 
SALM. 


Tige triangulaire à angles très-comprimés , peu 
crénelés, d’un vert pâle, munie vers les crénelures 
d’une écaille ovale aiguë, et de poils blancs très- 
nombreux et en forme de pinceau à la base. Fleurs 
nombreuses , très-petites, d’un blanc rosé, à pé- 
tales longs d'environ six lignes , un peu réfléchis, 
insérés au sommet du calice; étamines indéfinies, 
insérées à la même place; style unique, stigmate 
trifide. Les fleurs, ordinairement placées à l’extré- 
mité des rameaux , s’épanouissent les unes après les 
autres, en commencant par la base. 

Cette espèce était connue jusqu’à présent sous le 
nom de Myosurus ; mais les botanistes qui l'ont dé- 
crite disent que les tiges sont quadrangulaires. Il 
est vrai cependant que sur un pied que nous pos- 
sédons, j'ai remarqué un rameau quadrangulaire : 
est-ce un accident ou une variété ? 

Cette plante fleurit dans les serres du Jardin du 
Roi; on la cultive en pots remplis de terre mélan- 
gée et sablonneuse ; il faut la garantir de l’action di- 
recte du soleil, qui lui est nuisible, lui fait pren- 
dre une teinte pourpre violacée, et détruit souvent 
les rameaux. On la multiplie facilement de bou- 
tures , et quelquefois même il sort des racines ad- 
ventives des extrémités des rameaux. Il lui faut 
peu d’arrosement. NEUMANN. 


126 


XANTHOCHIMUS , Decanp. Prod., Roxsure ; Polya- 
delphie Polyandrie , Lin.; Guttifères, Jussreu. 


Caractères génériques. Calice de cinq parties, 
petites, arrondies, inégales, imbriquées; corolle 
de cinq pétales, ovales, arrondies; cinq nectaires 
opposés aux pétales; quinze à trente étamines di- 
visées en cinq faisceaux alternes avec les pétales; 
style très-court, terminé par un stigmate à cinq 
lobes profonds et étalés ; fruit en baie renfermant 
de une à quatre semences. 


XANTHOCHIME TEINTURIER, Nanthochimus tinctorius , 
Roxs., 2. p. 151 et 196; Decann.; Prodr.; Desr., 
Cat. ed. 3, p. 231. Xanthochimus pictorius, Lou- 
Don, Cat. (Voyez la planche.) 


Petit arbre pouvant s'élever de dix à vingt pieds ; 
jeunes rameaux d’un beau vert, glabres et angu- 
leux; feuilles opposées, pétiolées, linéaires, lan- 
céolées, pointues, entières, persistantes, d'un beau 
vert, glabres sur les deux surfaces, longues de sept 
à neuf pouces, larges de trente-six à quarante- 
quatre lignes; pétioles arrondis, élargis à leur 
base. Fleurs latérales sortant des vieilles branches, 
fasciculées, au nombre de sept à dix, portées sur un 
gros pédoncule anguleux et écailleux; pédicelles 
sortant entre les écailles, gros, un peu coniques, 
portant à leur sommet un calice de cinq sépales 
verdâtres, persistantes, cinq pétales d’un bianc ver- 
dâtre et à peine du double plus grands, creusés 
en cuilleron et peu ouverts; style court, épais, ter- 
miné par un stigmate à cinq lobes arrondis ; cinq 


XANTNOCHIME 


Xanthochimus 


TEINTURIER 


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127 
faisceaux d'étamines, portant à leur sommet de 
quatre à six petites anthères rondes et brunitres. 

Fruits portés sur des pédoncules longs d'environ 
un pouce, arrondis, obliques , terminés par le 
stigmate persistant, ayant de quatre à cinq pouces 
de tour, d’un jaune orange pâle, lisses, à écorce 
mince et renfermant une pulpe jaune acidulée, peu 
agréable dans nos serres ; semences d’une à quatre 
dans chacun des fruits, grosses comme une olive, 
alongées, cylindriques, obtuses aux deux bouts. 

Cet arbre assez délicat, et exigeant la haute serre 
chaude, est encore assez rare dans les établissemens 
d'amateurs, lesquels, malheureusement pour la 
science, ne sont pas nombreux; le plus beau pied 
qui existe à Paris était encore ( août 1835 ) dans les 
serres de M. Boursault, où depuis plusieurs années 
il produit des fruits que le propriétaire a généreu- 
sement donnés à divers établissemens et à quelques 
amateurs, et dont les graines ont servi à le mul- 
tiplier et le rendre un peu moins rare qu'il n’était 
il y a dix ans. Cet arbre a été fong-temps pris pour 
le mangoustan, Garcinia mangostana, Lin. ; mais 
lexamen de ses fleurs et de ses fruits l’a fait re- 
porter à son véritable genre, dont on cultive en 
Angleterre huit à neuf espèces, et où celle-ci a été 
introduite en 1706. C'est un bel arbre qu'on peut 
encore multiplier de marcottes qui sont longues et 
difficiles à faire enraciner , et qui, comme l'arbre, 
doivent être tenues à une chaleur élevée et con- 
stante. 

Le beau pied qui fait l’objet de cet article est ac- 
tuellement dans'les belles et nouvelles serres du 
Jardin des Plantes de Paris. JAcQuESs. 


1 28 
NOUVELLES HORTICOLES. 


OEïLLET AGRÉABLE, Dianthus pulchellus, Enru. 
Loupow; Hort. brit., pag. 170. 


Tiges diffuses, hautes de neuf à douze pouces, 
glabres, un peu scabres, rameuses dès le bas ; feuilles 
opposées, presque amplexicaules , rétrécies en 
pétiole à la base, lancéolées, glabres, entières, à 
trois nervures ; fleurs terminant les tiges et les ra- 
meaux; écailles calicinales presque aussi longues 
que le calice; fleurs d’un blanc rosé , ou pourpre ve- 
louté-foncé, avec une auréole encore plus intense 
au centre et plus ou bien moins apparente; pétales 
dentées à leur sommet; 1l donne facilement des 
doubles dans les mêmes nuances que les simples. 

Il n’est pas bien nouveau, et a été introduit dans 
les cultures de Paris par notre collègue Jacquin 
aîné, il y a déjà plusieurs années, sous le nom 
d'œillet de la Chine à feuilles d’œillet de poète. Pour- 
tant cette plante est citée comme originaire de Si- 
bérie et vivace, et si c'est une variété du Dianthus 
sinensis, elle en est très-distincte et mérite bien 

être signalée sous un nom particulier ; et ce, 
avec d'autant plus de raison que depuis que nous 
le cultivons, aucun œillet de la Chine ne s’est 
trouvé dans ceux-ci, ni aucun pulchellus dans le 
premier. 

J'ai recu , l'an passé , d’un de nos correspondans, 
un œillet sous le nom de Dranthus Berronit, qui a 
du rapport avec le précédent, mais qui pourtant me 
parait en différer ; 1la besoin d’être étudié denouveau 
avant de pouvoir se fixer à son égard.  JaAcqQuEs. 


ERRALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


006000000610 P1120608 0000006 000% 061208000040 0S0S068:4S06001 


MÉTÉOROLOGIE. 


Résumé général des observations météorologiques et horticoles faites 
a Villiers pendant l’année 1835, par M. Jacques , jardinier en 
chef du Roi, à Neuilly. 


ÉTAT DU CIEL. TEMPÉRATURE BAROMETRE, 


Plus Plus 
haute. | basse. 


Bail dominant. 


Clair. | Nuageux. LU Couvert.| Pluie, Maximam.| Minimum. 


2 neige. 
1 

1 neiges 
» 
I 


Ouest. 


Co] 
D 
© 
@ 

Le) 


Ouest. 
Variable. 
Variable. 
Ouest. 
N.-Ouest. 
Sud-Ouest, 


Nord-Est. 


ON 


9 
5 
4 
7 
i 
I 


Ouest. 
Ouest. 
Ouest. 


Novembre. 


œ 
SI DO Cr Æ OI 


Décembre. 


FÉVRIER 1836. 9 


130 


Il résulte du tableau de l’autre part que nous avons 
eu 75 jours de temps clair, 122 nuageux, 16 de brouil- 
lards, 79 couverts, 59 de pluie, 5 où il est tombé 
de la neige » 7 rageux , et 2 brumeux; pourtant les 
pluies n’ont pas été abondantes , et dans beaucoup 
de pays, l’eau est encore rare ( 1°’ Janvier 1836) et 
manque pour abreuver les bestiaux ; cependant la 
terre est assez trempée pour qu'on puisse faire avec 
succès toutes les semences d'automne, ainsi que les 
premières plantations d'arbres, et autres travaux 
agricoles. 

La récolte des céréales a été abondante : aussi le 
pain s’est soutenu à bon marché. Au début, la 
vigne présentait une superbe apparence, et pourtant 
la récolte n’a été que médiocre, soit en qualité, soit 
en quantité, et il y a beaucoup de choix dans les 
vins entre eux, et même du pareil crü. 

Les fruits n’ont pas été plus abondans , ni d'une 
conservation facile ; il en est de même pour les rai- 
sins ; le manque de pluie fait aussi que les légumes 
secs sont assez rares et de médiocre qualité. 


HORTICULTURE. 
JARDIN FRUITIER. 
Moyen de rajeunir une vieille vigne (chasselas). 


Lorsqu'une vigne est vieille, qu’elle ne produit 
plus, ou que son rapport ne vaut pas la culture, 
parce qu'elle n'offre que des grappillons garnis de 
qu?tre ou cinq grains sans saveur el sans apparence, 
il faut commencer par déchausser la tige à trois ou 
quatre pouces de profondeur ; ensuite on la coupe 
avec une scie, à deux pouces au-dessus du sol, et 


151 
on rafraîchit immédiatement avec la serpe l'aire de 
la coupe , afin de l’unir le mieux possible. 

On a soin, après cette opération, de tenir la terre 
qui entoure le pied bien nette de mauvaises herbes, 
afin que la tige puisse jouir sans obstacle de toute 
l'influence solaire, et émettre de nouveaux bour- 
geons. Aussitôt qu'ils se seront développés de deux 
à trois pouces, il convient de choisir les deux plus 
vigoureux, que l'on conserve , et l’on supprime tous 
les autres, car quelquefois il y en a dix ou douze. 
Ces deux bourgeons restent intacts, c'est-à-dire 
qu'on n'en casse point la cime, et on leur laisse 
prendre tout le développement qne la végétation 
léur pérmet, ce qui donne plus de facilitépour les 
coucher ensuite. J'en ai vu quelquefois pousser de 
douze à quinze pieds, tout en prenant une grosseur 
prodigieuse. On a soin de leur donner un tuteur 
auquel on les assujettit à l'aide d’une ligature douce 
qui ne blesse pas leur épiderme; cette précaution 
est nécessaire pour qu'ils ne soient pas cassés par 
le vent ou par les passans , et qu'ils poussent droits 
et non tordus ét défectueux. 

Ainsi préparés , on peut les coucher à l'automne ou 
au printemps suivant ; mais la première époque est 
préférable. Cette opération doit être faite avec pré- 
caution, afin de ne pas faire fendre à l'insertion du 
sarment sur la souche, ce qui rendrait la reprise 
difficile, et pourrait entraîner même la mort du 
sujet. I] faut que le sarment soit enterré à dix-huit 
pouces au moins, et ne laisser sortir de terre que 
quatre ou cinq yeux sur lesquels on taille. Si le 
terrain n'est pas bien amendé, je conseille de le 
fumer avant cette opération. Les propriétaires qui 


152 


liendront à avoir de beaux et bons fruits, et donner 
à leur vigne une longue durée, et qui seront dis- 
posés à faire quelques sacrifices, feront bien de 
recoucher une seconde fois. PoKkorNY. 


V'ariètes de vignes bonnes à cultiver pour la table. 


De tous les fruits cultivés dans les jardins, le 
raisin est sans contredit un des meilleurs. Ce qui le 
prouve, c'est que partoul on voit la vigne s'étendre 
en cordons le long des murs, ou couvrirles berceaux 
de ses pampres verts. C’est presque exclusivement 
le chasselas de Fontainebleau ou de Thomery que 
lon cultive, et bien qu'il soit excellent et qu'il 
mérite une certaine préférence, ce n’est cependant 
pas la seule variété que l’on doive admettre à l’ex- 
clusion de toutes les autres. 

Il existeen effet un très-grand nombre de va- 
riétés peu ou point cultivées dans les jardins, et 
qui devraient y figurer autant par l’abondance que 
par Îa beauté et les qualités de leurs fruits, bien 
dignes de paraître sur lestablesles mieux servies. On 
peut dire que généralement on ne s'occupe pas assez 
de répandre ces bonnes variétés, qui bientôt augmen- 
teraient considérablement nos richesses en ce genre. 

Il est vrai que la plupart des meilleurs raisins 
nous venant des départemens méridionaux, où la 
chaleur du climat rend leur maturité complète et 
développe toutes leurs qualités, ont besoin d'une 
exposition privilégiée pour müûrir sous le climat de 
Paris dans les années ordinaires , et c’est en partie 
à l’omission de ce soin qu'il faut attribuer l'absence 
de ces bonnes variétés dans nos jardins. J'ai vu 


3 


Sal 


I 


effectivement des cultivateurs qui, mécontens de ce 
que leurs vignes ne mürissaient pas faute de jouir 
d’une exposition favorable, les remplacaient au 
moyen de la greffe par des raisins exigeant moins de 
chaleur pour arriver à maturité. 

Toute l’attention importante pour réussir dans la 
culture des variétés que je vais indiquer consiste 
donc uniquement à leur donner lexposition du 
midi , en les plantant au pied d’un mur sur lequel 
ensuite on dirige convenablement leurs sarmens. 
Par ce moyen, on est certain de la maturité de 
presque toutes dans les années ordinaires ; car, dans 
celles qui sont chaudes, elles mürissent même sans 
cette exposition. En effet, en 1834 j'ai vu mürir, 
dans la pépinière du Luxembourg, tous les raisins 
du Midi, et même ceux de l'Italie, et leur saveur 
avait acquis le même degré de perfection que sous 
leur climat naturel. 

Placé par ma position à même de suivre la vé- 
gétation des vignes plantées dans la pépinière du 
Luxembourg, où la collection est encore la plus 
complète , malgré la destruction de la pépinière des 
arbres fruitiers et d’une partie des vignes elles- 
mêmes, j'ai recueilli depuis quelques années un 
assez grand nombre d'observations. J'ai pensé que 
les amateurs de cet excellent fruit pourraient en 
recevoir la communication avecplaisir, parce qu’elles 
m'ont paru propres à fixer leur attention sur les 
variétés que jai trouvées produisant de beaux et 
bons fruits pour la table, et qui peuvent parfaite- 
ment müûürir sous le climat de Paris, avec le soin de 
les planter à une bonne exposition. 

Je me propose donc de faire connaître par une 


154 


description exacte les meilleurs raisins que j'ai 
trouvés dans cette pépinière, en leur conservant les 
noms sous lesquels ils sont le mieux connus dans les 
diverses localités auxquelles ils appartiennent. J'ai 
négligé de parler des chasselas, et autres sortes 
déjà admises dans les cultures jardinières, pour ne 
m'occuper que des variétés qui n'y sont pas encore 
introduites, et qui cependant méritent d’être cul- 
tivées pour la table, à cause des qualités et de la 
beauté de leurs raisins. 


Boudales (Hautes-Pyrénées); Uliade rouge (Hérault); 
Aramont noir (Gard). 


Ce raisin est très-beau ; les grains sont d’un violet 
noir, très-gros, ovales, peu serrés, à peau très- 
mince ; il est excellent , produit beaucoup et mürit 
très-bien à Paris dans les années ordinaires, à bonne 
exposition. Dans le midi, on fait des raisins secs 
avec cette variété. Son bois est grêle, à yeux éloi- 
gnés, mais poussant vigoureusement. 


Gros-Guillaume (Hautes-Pyrénées); Muscat-Roman 
(Bouches-du-Rhône—Aix.) 


Très-beau raisin à grappes fortes et longues, 
à grains très-gros, ronds, peu serrés , d’un beau 
violet semblable à la prune de Monsieur. Variété 
très-visoureuse, à gros bois et boutons rapprochés, 
et à feuilles larges et peu découpées. Il mürit très- 
bien à l'exposition du midi, le long d’un mur. C'est 
un des plus beaux et des meilleurs raisins qu’on 
puisse désirer pour la table; et sa beauté le fait re- 
chercher par les peintres de fruits. 


135 


Frankenthal (Bas-Rhin). 


Variété produisant ordinairement beaucoup. La 
grappe est très-belle ; les grains sont ronds, noirs, 
gros et peu serrés ; mürissant très-bien en treille à 
bonne exposition. Ce raisin est excellent à manger, 
4e conserve assez bien et est aussi recherché par 
les peintres. On le trouve déjà dans le commerce 
cliez MM. Noisette et Lémon. 


Pulsare où Poulsare (Jura), Raïsin-Perle , Quille 
de Coq. 


Ce raisin est très-estimé dans le Doubs et la 
Haute-Saône, et particulièrement dans le Jura où il 
est généralement cultivé. Il est excellent, à grains 
noirs, ovales, assez gros, peu serrés, Croquans. 
Cette variété est facile à reconnaître par son sarment 
dont les yeux sont très-rapprochés, et par ses feuil- 
les larges et toujours plus vertes que dans les au- 
tres: 


Joannin (Vaucluse, Gard). 


Ce plant produit un raisin blanc délicieux très- 
précoce ; les grains sont ovales, peu serrés et d’un 
jaune doré. Je considère cette variété comme un 
des meilleurs raisins hâtifs bons à manger. On a 
renoncé à sa culture dans plusieurs vignobles des 
départemens méridionaux précisément à cause de 
sa précocité : à l’époque des vendanges il ne restait 
plus rien sur les ceps, tout avait été dévoré par les 
mouches et les puêpes. 


136 
Fiez ou Fié(Vienne , Indre). 


Il en existe deux variétés, le gris et le jaune. La 
première est très-estimée ; ses grains sont assez gros, 
presque ronds, ceroquans, excellens à manger et 
doués d’une saveur relevée. Les grappes sont peti- 
tes, mais nombreuses sur le cep. Cette variété est 
très - vigoureuse et connue dans le département 
de Maine-et-Loire et dans quelques localités de 
l'Indre sous le nom de Sujat ou Chauvignon cendré. 

Le jaune a les grains assez gros , oblongs, jaunä- 
tres, très-sucrés et agréables au goût. Il est plus 
délicat que le gris. 

Ces deux variétés, qu’on peut à bon droit classer 
parmi les meilleurs raisins, méritent d’être culti- 
vées , et mürissent très-bien sous le climat de Paris, 
sans l'exposition du midi. 


Gromier (Cantal); Rougeard (Drôme). 


Cette variété fournit de belles grappes, dont les 
grains sont gros, ronds, rougeâtres, et très - bons 
à manger. Elle réussit très-bien en treille à bonne 
exposition ; elle mürit cependant très-difficilement 
dans les années humides et froides. Elle se conserve 
assez bien, 

(La suite au prochain numéro.) Harpy. 


Sur: Le Puceron lanigere. 


Malheureusement aujourd'hui tous les cultiva- 
teurs connaissent le puceron lanigère , insecte de la 
classe des hémiptères, remarquable par le duvet 
blanc qui couvre son petit corps de couleur marron 


137 


plus ou moins foncée. On connaît également les ra- 
vages que cet insecte, qui s’est montré en France 
depuis plusieurs années, exerce dans nos cultures et 
particulièrement sur les espèces du genre malus, 
les pommiers. On sait encore l'inutilité des essais 
de destruction tentés jusqu'à ce jour contre lui. 

! Depuis quelque temps j'avais remarqué qu'il 
étendait ses ravages aux poiriers , et cette année 
j'ai observé qu’il se propageait encore sur d'autres 
individus de la famille des rosacées. Je citerai un 
mespylus purpurea Poirer, cratægus purpurea DE- 
cAND., sur lequel je l'ai vu se fixer au commence- 
ment de juin dernier ; et le 15 juillet la plupart 

- des jeunes rameaux ainsi que les vieilles branches, 
et notamment l'aire des tailles antérieures, en étaient 
couvertes, et les exostoses produites le longdes bran- 
ches étaient de la grosseur du petit doigt. A la fin 
du même mois un mespylus acuminata HorT. Par. 
était également envahi, mais sans exostoses ap- 
parentes. | 

Il est déplorable qu’on ne puisse arrêter les pro- 
grès de ce puceron , qui menace de se répandre sur 
tous les arbres de cette famille, qui sont en grand 
nombre dans nos vergers et nos jardins, où ils jouent 
un rôle important, soit sous le rapport de l’utilité , 
soit sous celui de l'agrément. PÉpin. 


PLANTES POTAGEÈERES. 


Note sur le Quinoa. 


? ® L4 r . 
J'ai trouvé dans le numéro d'octobre dernier des 
Annales de la Société ro yale d Horticulture de Paris, 


138 


une nôte sur lé chenopodium quinoa WiLLpeNow ex- 
traite du Gardener’s Magazine. 

L'auteur de cet article, M. Loudon, exalte l’uti- 
lité de cette plante originaire du Mexique, où elle 
est fort employée pour les usages alimentaires , et 
prétend qu’elle peut être cultivée dans toutes les 
contrées de l'Europe, où elle offrira les mêmes 
avantages, qui, selon lui, doivent être comparés à 
ceux de la pomme de terre, du maïs, du riz et 
même du blé. M. Loudon fait remonter la première 
introduction du quinoa en Angleterre à l’année 
1822; et il ajoute que , cultivé alors dans le jardin 
de Kew, il y avait müûri ses graines, mais qu'il ne fut 
tenu aucune note sur la manière dont cette plante 
s'était comportée jusqu’en 1834, qu'un M. Lam- 
bert l'a semée , et a obtenu des graines müres et 
abondantes. Cet amateur pense : qu'après l'avoir 
propagée dans les jardins pour en obtenir des grai- 
nes en quantité sufisante , on la cultivera en plem 
champ pour déterminer la propriété nutritive de 
ses semences. M: Loudon, qui conseille de semer 
cette plante comme lorge , ne voit pas de grandes 
difficultés au succès de cette entreprise ; 1l félicite 
M. Lambert d'avoir prouvé le premier que le quimoa 
peut croître en Angleterre tout aussi bien qu'au 
Mexique et au Pérou, et déclare qu’on lui a de 
grandes obligations, car il n’y a probablement pas 
maintenant un seul pied de quinoa en Europe, 
excepté peut-être en Espagne. 

Cette plante est cultivée en France depuis plus 
de vingt-cinq ans, et il n’est pas une collection bo- 
tanique où elle ne'se trouve, car c'est là qu’elle est 
reléguée malgré les recommandations du célèbre 


139 

A. Thoum, qui lui supposa d’abord des avantages 
que l'expérience ne confirma pas. La difficulté d'en 
obtenir des graines a empêché qu’on ne la cultivât 
comme plante utile. Aussi, pour plus des trois 
quarts de la France , elle ne peut offrir dans les jar- 
dins potagers que des produits en vert propres à 
êcre consommés à la manière des épinards, de l’o- 
seille, etc., ete. Mais pour la récolte de ses graines, 
elle n’est à peu près assurée que dans les parties 
les plus méridionales de la France et dans les con- 
trées sud de l'Europe. 

Il y a loin de là à voir le quinoa cultivé en plein 
champ comme l'orge. Si on le semait à la même 
époque, il ne lèverait que lorsque la chaleur du 
printemps aurait suffisamment échauffé le sol, et le 
plant commencerait à pointer seulement en mai; 
ce qui d’ailleurs serait heureux, car s’il levait plus 
tôt 1l pourrait être détruit par les gelées tardives. 
Jusqu’alors pour accélérer sa végétation, on le sème 
sur couche en mars et avril, et on ke livre au plein 
air en mai en le repiquant en place et à bonne 
exposition. Le plant, quoique déjà avancé à cette 
époque, puisqu'il a de quatre à six pouces de hau- 
teur, ne fleurit cependant qu'à la fin d'octobre ou 
en novembre, où il est haut de cinq à huit pieds, 
et ses graines ne parviennent à mûrir que dans 
une année tres-chaude. 

Ce n’est donc pas sans vérification qu'il faut ad- 
mettre les conseils de M. Loudon; et encore ne 
peut-on espérer quelques succès que dans nos dé- 
partemens les plus chauds. Peut-être ferait-on bien 
d'expérimenter cette plante dans les localités conve- 
nables du territoire d'Alger , où, si elle réussissait, il 


140 
serait possible qu'elle réalisât quelques-uns des avan- 
tages qu'on lui accorde trop complaisamment. 
Doverce. 


PLANTES D'ORNEMENT. 


PLEINE TERRE. 


Note sur deux nouvelles Z/strœmeria. 


Depuis cinq ou six ans, on a recu du Chili et du 
Mexique douze espèces au moins d’#/stræmeria. 
Nous en avons déjà fait figurer plusieurs dans ces 
Annales (1). Jusqu’alors les fleuristes ne cultivaient 
que deux espèces de ce genre : ce sont l {/strœæmerta 
pelegrina, vulgairement appelé Lys des Incas, et 
l’'AÆlstræmeria listu. Ces deux plantes étaient fort 
recherchées des amateurs pour l'odeur suave, la 
beauté et l'élégance de leurs fleurs. Aujourd'hui, on 
peut cultiver avec avantage en pleine terre, sous 
le climat de Paris, et mieux encore dans les contrées 
méridionales du royaume, toutes les espèces de ce 
beau genre bien digne d'occuper une place distin- 
guée dans la décoration de nos jardins. 

On réussit parfaitement en plantant au printemps, 
dans une terre meuble et légère, à la profondeur de 
quatre à huit pouces, selon la grosseur des racines et 


(1) Alstræmeria rosea, page 119, année 1832-1833. — 
Alstræmeria acutifolia, p. 153 , même année. — Alstrœme- 
ria Jacquesii, page 29 , 1833-1834. — Alstræmerta ovata, 
p. 108, 1834-1835 , et Alstræœmeria hirtella, p. 49, 1835- 
1336. 


141 

le développement des tiges. Cette précaution a pour 
but d'empêcher la gelée d'atteindre les premières 
dans les hivers rigoureux ; il est bon toutefois d'ap- 
porter dans cette saison quelques feuilles au pied, 
et même d’en éloigner l'humidité par un buttage 
analogue à celui que l’on fait pour les pommes de 
terre et autres plantes bulbeuses. 

Dans les jardins où l’on voudrait réunir toutes les 
espèces d’{/stræmeria sur une même plate-bande, on 
pourrait y placer, depuis décembre jusqu'en mars, 
un coffre en bois recouvert de châssis, ainsi qu’on 
le voit faire souvent pour les plantes du Cap de 
Bonne-Espérance qui appartiennent aux familles 
des liliacées , iridées et narcissées. 

Je vais faire connaître ici une espèce encore peu 
répandue , et que je cultive depuis cinq ans en pleine 
terre. 


PÉLÉGRINE PERROQUET, Æ/stræmeria psittacina, 
Lens. Plante vivace, originaire du Mexique, à ra- 
cines fasciculées et charnues. Les tiges sont droites, 
hautes d’un à deux pieds, garnies de feuilles éparses, 
sessiles , lancéolées , pointues, glabres, contournées 
en divers sens et comme tordues, longues de deux 
à trois pouces, larges d’un demi-pouce ; elles sont 
terminées par une ombelle régulière de dix à douze 
fleurs pédonculées , dont la moitié (les supérieures) 
fleurit douze ou quinze jours avant les autres; elles 
sont longues de deux pouces au moins; le tube, 
parsemé de taches vertes, est veiné de rouge; le 
limbe est d’un rouge pourpre à six divisions, dont 
trois égales. 

Cette belle plante formait cette année une touffe 


142 

de plus de deux pieds de diamètre, et avait déve- 
loppé plus de cinquante tiges floriferes qui s’'épa- 
nouirent depuis le commencement de juillet, et se 
succédèrent jusqu à la fin de novembre; où quelques 
jours de gelée arrêtèrent la végétation. Les tiges se 
sont ensuite détruites par l'effet d'un froid qui a 
atteint 6 à 7 degrés. 

C'est au reste une plante rustique, et qui n'a 
même pas besoin d’arrosemens pendant l'été ; elle 
est d’un fort joli effet dans la décoration des jardins. 

On la multiplie par la division de ses racines en 
février ou mars, ce qui vaut mieux qu’en automne, 
où elle est encore en pleine végétation. Elle donne 
des graines abondantes chaque année. On les semera 
au printemps sur couche, en pots remplis de terre 
de bruyère, ou toute autre terre meuble et légère. 
On repique le plant à l'automne, et il fleurit la se- 
conde ou Ja troisième année. Elle croît à toute expo- 
sition. On peut se la procurer dans beaucoup d’éta- 
blissemens horticulturaux , où jusqu’à ce jour elle 
est cultivée en pots. PÉpix. 


PÉLÉGRINE TRICOLORE, Æ/strœæmeria tricolor. W. 
SurrH. Plante vivace, originaire du Chili, introduite 
en Angleterre en 1822, et en France en 1832. Sa 
hauteur est d'environ 18 pouces ; ses feuilles sont 
pétiolées, douces, luisantes et contournées ; les deux 
pétales supérieurs de la fleur ont le fond d’un très- 
beau jaune maculé de taches d’un rouge sang foncé 
ou plutôt pourpre; le troisième pétale et deux sé- 
pales sont blancs, légèrement dentés vers leur ex- 
trémité , et le troisième sépale est d’une jolie teinte 
rougeûtre. 


143 


Cette plante est connue en Angleterre sous lenom 
d’A/stremæria flos Martini (fleur de la Saint-Martin), 
qui est celui qu’elle porte au Chili, et que Loudon 
lui a conservé, ainsi que Swett, dans son /Jortus 
PBritannicus. 

On peut la cultiver en pleine terre, comme l’a 
dit notre collègue M. Pépin dans l’article précédent; 
mais 1l lui faut une exposition aérée où elle puisse 
jouir de toute l'influence solaire , excepté à l'heure 
de la journée où les rayons de cet astre sont le plus 
ardens. Dans une pareille situation , les fleurs. se 
développent en panicule plus compacte, et avec 
des couleurs plus vives. Il faut avoir soin de couvrir 
le pied avec des feuilles pendant la saison rigou- 
reuse. 

Si on la cultivait en serre tempérée , elle s’élève- 
rait à une hauteur de trois pieds, ses fleurs seraient 
plus amples, mais leurs couleurs beaucoup plus 
pâles. Lorsque la floraison est passée, il faut sus- 
pendre les arrosemens , ce qui fait que la végétation 
s'arrête. Lorsque les racines repoussent , on rempote 
la plante. La terre qui lui convient pour la culture 
en pots est un mélange de terre franche, de sable et 
de terreau par égales portions. 

On la multiplie comme la précédente. 


JacquiN jeune. 
Note sur les Salpiglossis. 


Il a été introduit en France et en Angleterre, pen- 
dant les années 1829 et 1830, une assez grande 
quantité de graines du Chili , dont les produits ont 
enrichi les collections ou concourent aujourd’hui 


144 
d'uñé manière très-remarquable à la décoration de 
nos jardins. 

Parmi ces nouvelles acquisitions, je citerai les sa/- 
piglossis atropurpurea et straminea Hook ou sinuata 
Ruiz Et Pavon. La première est une plante magni- 
fique qui se distingue par ses fleurs d'un pourpre 
noir , et la seconde n’est pas moins remarquable 
par ses corolles jaunâtres veinées à l'intérieur de 
lignes d’un joli brun. Les fleurs de l’une et de l’au- 
tre sont grandes , à corolle monopétale à cinq divi- 
sions plus ou moins échancrées au sommet ; elles 
sont portées par de longs pédoncules axillaires qui 
se subdivisent et forment de belles panicules. La 
première de ces deux espèces à toujours été pré- 
férée par les amateurs, et quoiqu'elle ne soit pas 
plus délicate que l'autre, elle s’est continuellement 
montrée plus rare. 

On a essayé d’en obtenir des hybrides par la fécon- 
dation artificielle de l’une par l’autre et réciproque- 
ment, et l'année d’ensuite des capsules ainsi fécon- 
dées donnèrent des graines qu’on sema séparément. 
On en obtint une variété fort belle dont les fleurs 
avaient doublé de diamètre. Cette variété, d’abord 
cultivée au potager du Roi à Versailles en 1832, y 
fut dessinée et a été figurée dans ces annales, livrai- 
son demars 1833, sous le nom de salpiglossis inter- 
media : ses belles fleurs offrent réunies, et dans une 
disposition agréable, les couleurs des deux espèces 
dont elle est sortie. 

On a également obtenu plusieurs variétés aux 
Jardins des Plantes et du domaine royal de Neuilly, 
mais la plupart offraient des nuances peu diffé- 
rentes. 


145 

M. Vilmorin a cultivé cette plante en pleine terre 
et plus en grand que partout ailleurs ; aussi a-t-il 
depuis trois ans obtenu un grand nombre de va- 
riétés remarquables par les diverses nuances qu'’of- 
frent leurs fleurs. J'ai vu l'été dernier, dans plusieurs 
jardins , de ces plantes provenant de graines venues 
de chez M. Vilmorin, qui offraient les couleurs les 
plus variées ; il y en avait de brunâtres, de grises, 
de cuivrées, d’un blanc pâle ou violacé, de jaunä- 
tres, de couleur faïence, etc., et toutes striées de vei- 
nes d’une couleur plus ou moins foncée. Toutes ces 
plantes qui ont conservé leurs caractères, mais 
dont les fleurs sont plus ou moinsgrandes, produi- 
sent un fort joli effet lorsqu'elles sont réunies sur 
la même plate-bande. | 

Pendant les premières années les salpiglossis 
étaient cultivées en pots et rentrées en orangerie, 
et on les considérait comme bisannuelles ; cepen- 
dant j'en ai vu vivre trois ans, mais il est rare qu'’a- 
lors elles se montrent aussi belles et aussi vigou- 
reuses que pendant l’année du semis. Aujourd'hui 
on les cultive seulement comme plantes annuelles, 
et avec d'autant plus de raison, que les graines mû- 
rissent parfaitement la première année. Pour en 
obtenir de belles touffes, il convient de semer sur 
couche, de février en avril ; on repiquele plant dans 
des pots remplis de terre meuble et légère, que 
lon replace immédiatement sur couche et sous 
châssis, ou bien si le temps est doux et la saison 
avancée on pourra repiquer en place en terre meu- 
ble et douce. Les plantes acquièrent la hauteur de 
dix-huit pouces à deux pieds, et forment de belles 
touffes qui se parent de fleurs nombreuses et riches 

Janvier 1836. 10 


146 


en couleurs variées qui s’épanouissent depuis juin 
jusqu’en septembre. 

On peut aussi sémer en pleine terre à l'air libre 
en mai, et en terre légère; la floraison alors a lieu 
plus tard. 

Il faut à ces plantes une exposition un peu om- 
bragée pour qu’elles ne recoivent pas les rayons du 
soleil pendant le temps qu'ilé ont le plus de force ; 
parce qu'il arrive souvent que la trop grande cha- 
leur les fait fondre. On peut en tout cas les abriter 
pendant quelques jours avec des toiles ou des bran- 
ches feuillées; elles n’exigent que des arrosemens 


% 
Là 


modérés pendant l'été. Pépin. 
ROSES. 


Thé à fleur gigantesque. Ce rosier, obtenu du thé 
jaune, en a conservé quelques caractères. Il est vi- 
soureux, à rameaux étalés horizontalement, et ar- 
més de forts aiguillons peu nombreux, égaux, très- 
dilatés à leur base et rougeâtres. Les folioles sont 
d’un vert luisant, et les unes ovales tandis que d’au- 
tres sont cordiformes. La fleur a une très-srande 
dimension (environ cinq pouces de diamètre), d’une 
forme irrégulière, à pétales tres-serrés, d’un rose 
tendre à l'intérieur et plus pâle au sommet ; elle 
est soutenue par un fort pédoncule droit et glabre. 

Cette variété, fort remarquable, fait un bel effet 
sreffée sur églantier par la grandeur de ses fleurs 
et la vigueur de ses rameaux. 

Bengale Clara. Variété vigoureuse à rameaux 
droits , munis de notibteus et forts aiguillons 
égaux, et à folioles cordiformes, très-luisantes ; les 


147 
ïleurs sont fort nombreuses, grandes, bien faites, 
réunies en corymbe de quatre à cinq, formant bou- 
quet. Pétales d’un beau blanc, peu serrés et bien 
rangés à la circonférence. Ce rosier fait également 
un bon effet sur églantier. 
Ces deux rosiers se trouvent chez madame Syl- 
vain, fleuriste, rue d'Enfer, n° 57. Harpy. 


Note sur le Ginkgo-Biloba. 


En novembre 1835, M. Delille, professeur de 
botanique à Montpellier, transmit à M. Mirbel des 
fruits de Ginkgo-Piloba, pour être semés au Jardin 
du Roi. Ils ont été recueillis dans cette ville par ce 
professeur sur un fort sujet mâle, sur lequel M. De- 
lille avait, il y a quatre ou cinq ans, fait greffer un 
sujet femelle dont je ne peux indiquer l'origine. 
C'est un fait curieux et nouveau, car on ne posse- 
dait jusqu'alors en France, et probablement en 
Europe , que des individus mâles. 

Ces fruits sont renfermés un à un dans une pulpe 
d’une odeur infecte, de la couleur d'une prune de 
mirabelle, et à peu près de la même grosseur. On 
ne peut mieux les comparer en petit qu'à ceux du 
Cycas Circinalis. Leur pulpe paraît être huileuse, 
car elle rancit facilement; et peut-être il sera pos- 
sible d'en extraire quelques produits, si un jour 
ces fruits deviennent abondans. N'ayant pas la cer- 
titude que ces fruits eussent acquis une maturité 
complète, je les laissai environ quinze jours sur la 
terre d’une bâche, pour qu'ils pussent achever 
de mürir, dans le cas où ils ne lauraient pas été 
suffisamment, mais ayant remarqué qu'ils se ri- 


148 
daient, je jugeai qu'ils étaient parfaitement en 
état d’être semés. 

En décembre dernier , je les mis en terre en pot, 
exposés à une chaleur de vingt-cinq degrés Réau- 
mur , et en janvier, les cotylédons se sont très-bien 
développés. J'espère que ce semis nous offrira des 
individus des deux sexes. Au reste, avant l’envoi de 
ces graines, M. Delille avait déjà expédié des greffes 
et des boutures qui ont parfaitement réussi. 

NEUMANN. 


Observations sur la culture de PErythrina Crista 
Gall. 


Dans les Annales de Flore et de Pomene, année 
1854-1835 , page 204 et suivantes, J'ai donné un 
assez long article sur la culture de l£rythrina Crista 
Galli; mais ayant encore suivi cet objet pendant 
toute l’année 1835, je viens faire connaître le ré- 
sultat de mes nouvelles observations , ainsi que j'en 
ai pris l'engagement. 

Je dirai d’abord que la moitié de mes semis , faits 
tant à l'automne de 1834 qu’au printemps de 1835, a 
fleuri depuis le commencement d'août jusqu’à la fin 
d'octobre de la même année, sans que les pieds les 
plus élevés aient acquis une hauteur qui dépassât 
dix-huit pouces. 

J'avais replanté tous mes jeunes sujets, du 15 au 
20 mai, à l'air libre, et sur une couche recouverte 
de huit à neuf pouces de terre assez mal préparée ; 
et il est remarquable que tous ceux provenant du 


semis d'automne ont toujours été plus forts que 
les autres. 


149 

J'ai reconnu que la terre qui couvrait la couche 
n'était pas assez substantielle, et qu’il aurait fallu, 
même encore dans ce cas, lui donner une épaisseur 
de quinze à dix-huit pouces ; toutefois, je suis per- 
susdé que, si la terre en question eût été de meil- 
leure qualité, tous mes semis auraient fleuri pres- 
que sans exception pendant la première année. 

Parmi ceux qui ont donné fleurs, j'ai cru pouvoir 
distinguer quatre variétés plus ou moins tranchées : 

1° À fleurs d’un rouge pâle presque rose ; 

2° À folioles plus larges et presque rondes, et à 
tiges plus trapues et moins épineuses que les autres ; 

3° À fleurs plus petites que celles de la mère , mais 
d’un coloris semblable ; 

4° À fleurs marginées et nuancées de blanc ; mais 
comme celle-ci a fleuri la dernière, je crains que 
ces traces de blanc ne soient le résultat de la tempé- 
rature froide qu'elles ont subie pendant quelques 
nuits où 1l y a eu gelée blanche. Au reste, toutes 
ces variétés ont été numérotées avec soin; je vais 
mettre sur couche tous les pieds provenus de semis, 
et je les observerai exactement pendant leur flo- 
raison. 

Les boutures faites la même année ont moins bien 
fleuri que les pieds provenant de semis; je crois 
qu'elles ont été tenues en serre trop long-temps , et 
qu'il aurait fallu au contraire les livrer successive- 
ment au plein air, au fur et à mesure qu'elles émet- 
taient des racines. 

Le pied que j'ai laissé en pleine terre, pendant 
l'hiver de 1834 à 1835, s'y est parfaitement con- 
servé , avec la seule précaution de le couvrir de 
feuilles ; mais il a fleuri plus tard que les pieds 


150 


conservés en serre, et replantés en pleine terre du 
15 au 20 mai. Ses fleurs n'étaient ni plus belles, ni 
plus abondantes ; sa première floraison étant tardive 
empêche qu’une seconde puisse avoir lieu en saison. 
Il me paraît done démontré qu'il est préférable d’ar- 
racher les pieds d’erythrina à l'approche des gelées, 
et de les rentrer dans un lieu inaccessible au froid, 
LL ? L L r 4 
et qu'il n’est pas nécessaire d'échauffer par une cha- 
leur artificielle. Le pied dont il est question en ce 
P I 
AL FRS EP D . r 

moment a été arraché à l'automne dernier, et dé- 
posé sur les tablettes avec les dahlia, et il est en 
très-bon état aujourd'hui. 

J'ai laissé un autre pied en pleine terre pour y 

, Q f * PERS 9 4 

passer l'hiver présent , à l'aide d’une couverture de 
feuilles, et j'espère qu'il résistera aussi bien que le 
premier. 

On se rappelle l'Ærythrina laurtfoiia, que jai 
dit avoir atteint huit pieds de hauteur en 1834, et 

? A ° L] . LE 
n'avoir fleuri queen septembre, tandis que l'£ry- 
thrina Crista Galli, placé absolument dans la même 
11e 

position , a fleuri deux fois en 1834, et deux fois 
encore en 1835; conservé dans la même serre et 
traité comme le second que je croyais d’une floraison 
plus hâtive, il a fleuri, à ma grande surprise, plus 
de trois semaines avant lui. J'avais laissé à cet ery- 
thrina une tige de cinq pieds, mais je n’ose pas at- 
tribuer à cette cause la précocité de sa floraison 
en 1835; je crois plutôt que le Crista Galli n’est 
pas susceptible d’être forcé par une chaleur artifi- 
cielle, tandis que le Laurifolia me paraîtrait très- 
propre à être soumis à ce procédé. 

Je livre ces réflexions à mes lecteurs; mais pour 
m'assurer si ces deux variétés se montreront con- 


PLAT 


HUNNEMANNIE À FEUILLES DE FUMETERRE 


ST 


Hunnemanma fumariæfolia 


dun on é- 


15] 


stantes dans la marche de leur floraison, je vais les 
planter en pleine terre , et observer ce qu'il en sera. 
JAcqQuIN aîné. 


ORANGERIE. 
HUNNEMANNIA. Swerr. Polyandrie Monogynie, 


Lin. ; Papavéracées, Juss. 


Caractères géneriques. Calice d'abord monophylle, 
s'ouvrant en deux parties, caduque ; réceptacle du 
calice, des pétales et des étamines très-pelit sous 
l'ovaire; stigmate presque sessile, pelté, à quatre 
lobes courts ; semences refléchies et un peu réticu- 
lées; cotylédons oblongs, atténués à la base, velus 
sur leurs bords ; tige et racine non lactescentes ; 
capsule presque siliqueuse marquée de dix stries , 
à deux valves, s’ouvrant par la base, et portant les 
graines attachées sur les bords. 


HUuNNEMANNIE A FEUILLES DE FUMETERRE. //urnneman- 
nia fumariæ folia. SwEeTT. fl. Gard. Tab. 276. 
( Voyez la planche.) 


Plante vivace à tiges droites, hautes de deux à 
trois pieds, glabres, glauques, et striées dans leur 
longueur , se ramuifiant vers la moitié en rameaux 
alternes’ et comme dichotomes, qui se développent 
dans l’aisselle des feuilles. Celles-ci sont glabres et 
éparses, alternes, pinnatifides et multifides, sessiles 
ou péuolées un peu moins glauques que les tiges, 
à pétiole canneleé. 

Fleurs grandes, terminales, d'un beau jaune à qua- 
tre pétales obovales, un peu foncés, et longs d'un 
pouce au moins ; elles sont portées par un pédoncule 
long de trois à six pouces. Ayant l'épanouissement 


152 


de la fleur le bouton est allongé et enveloppé par le 
calice ; les étamines sont nombreuses et insérées 
sous l'ovaire; les anthères sont orangées ; la capsule 
est longue de trois à quatre pouces; les graines 
sont noires. 

Cette plante originaire de Îa Californie se rappro- 
che beaucoup du genre escholtzia, qui fait aujour- 
d'hui l’ornement de nos jardins. Des graines ont été 
envoyées’ d'Angleterre à Paris en 1834, et elle a 
fleuri pour la première fois en avril 1835. 

Cette nouvelle plante paraîtrait devoir former 
un petit sous- -arbrisseau par la grosseur de sa tige 
et la disposition de ses rameaux. Ce qui le donne- 
rait aussi à penser, c'est que les vieux pieds sont 
encore très-vigoureux, et que les graines semées 
depuis leur introduction n’ont produit qu'une tige 
chacune, qui ne fleurit que l'année suivante, On 
peut, la première année, lorsqu'elle est encore en 
herbe, employer le moyen du pincement pour la 
faire ramifier à quelques pouces de terre afin de 
former une belle touffe régulière d’un pied à quinze 
pouces d’élévation. Elle n'est pas délicate ; on la 
multiplie parfaitement de ses graines qui mürissent 
peu de temps après la floraison. On peut les semer 
à l'automne en pots remplis de terre meuble et lé- 
gère et rentrer pendant l'hiver dans l’orangerie 
près du jour, ou mieux sous châssis froid. De cette 
manière on obtiendrait les fleurs l’année suivante. 
Jusqu’alors on semait en mars , et on repiquait en 
pot le plant lorsqu'il était assez fort. On rentrait les 
pots en orangerie pendant l'hiver suivant, et enfin 
on mettait les pieds en place en pleine terre dans les 
derniers jours d'avril où au commencement de mai. 


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BORONIE A FEUILLES PINNÉES 


Boronia pinnal à : 


153 

Cette belle espèce a commencé à fleurir en avril, 
où elle n’avait encore qu’un pied de haut ; mais de 
juillet en septembre chaque sujet était élevé de 
deux à trois pieds, et développait chaque jour un 
grand nombre de fleurs qui s’'épanouissaient depuis 
le matin jusqu'au soir; alors les pétales s’appli-. 
quent l’un contre l’autre pour ne s'ouvrir que le 
lendemain. 

Sa culture est facile ; elle croît pendant l'été à 
toute exposition en terre meuble, plutôt légère que 
forte, et ne demande que peu d’arrosemens. Il est 
probable qu’elle finira par s’acclimater comme ses 
congénères, et qu’on pourra se dispenser d'avoir re- 
cours à l’orangerie. Elle commence à se multiplier 
dans plusieurs établissemens de Paris. PEPIN. 


BORONIA. Smiru.. Octandrie monogynie, Lin. ; - 
Rutacces, Juss. 


Caractères génériques. Calice persistant à quatre 
divisions, quatre pétales insérés sur un disque hypo- 
gyne ; huit étamines, quatre styles connivens; qua- 
tre capsules réunies en une seule, chacune s’ouvrant 
en deux valves et contenant une ou deux graines. 


BoRONIE A FEUILLES PINNÉES. Zoronta pinnata. SMITH, 
VENTENAT, jardin de la Malmaison. (J’oyez la 


planche.) 


Arbuste de trois à quatre pieds, à tiges droites, 
cylindriques, d’un brun clair, à rameaux axillaires, 
opposés, peu ouverts, à feuilles opposées en croix, 
ailées avec impaire. Les folioles sont opposées , ses- 
siles, lancéolées, pointues, linéaires un peu épaisses, 
lisses, ponctuées, répandant, quand on les froisse, 


154 
une odeur de myrte. Fleursroses, moyennes, pédi- 
cellées toujours par trois; sur un pédoncule com- 
mun. Les anthères sont d’un jaune brun. 

Le genre Boronia créé par Smith a été dédié par 
luià Borone, son élève jardinier, mort à Athènes, en 
accompagnant M. Sibthorp dans son voyage en 
Grèce. L'arbuste dont il est question est originaire 
de la Nouvelle-Galles du Sud. Quoiqu’assez ancienne- 
ment connu, il est encore rare et d’un prix assez 
élevé. On le cultive en pots remplis de terre de 
bruyère sablonneuse, et préférabiement dans une 
caisse , où il paraît se plaire davantage. On le rentre 
pendant l'hiveren orangerie, ou mieux dansuneserre 
tempérée. Il craint beaucoup l'humidité, qui le ferait 
promptement périr : c’est pourquoi il ne résisterait 
pas en pleine terre dans la bâche d’une serre, où 1l 
trouverait une trop grande somme de principes nu- 
tritifs et trop d'humidité. I faut donc avoir soin de 
le tenir à l'étroit dans une caisse dont on garnit le 
fond de tessons ou de gros graviers qui facilitent 
l'écoulement des eaux. Les pots ou caisses ne doi- 
vent pas être enterrés. Lorsque l’on empote, il faut 
avoir le soin de placer le pied de facon que la par- 
tie supérieure des racines ne soit recouverte que 
d’un demi-pouce de terre. If lui faut, pour l'été, une 
exposition aérée et à demi ombragée. 

On le multiplie de boutures sur couche tiède, 
sous cloche ; elles reprennent assez difficilement et 
longuement. On le multiplie également de eou- 
chages, qui ne prennent guère racine avant deux 
ans. Du reste, il faut arroser avec autant de meéna- 
gement les plantes adultes que les jeunes, 

JacquiN aîne. 


PTS 


CALCEOLAIRE BLEUATRE 


Calccolaria coœrulescens 


155 


CALCÉOLAIRE BLEUATRE. Calceolariu cærulescens. 
Horruz. (Voyez la planche , et pour les caractères 
génériques, p. 101, Journal et Flore des Jardins, 
et 317, Annales de Flore, année 1832-1833.) 


Tiges frutescentes , les adultes grises, les jeunes 
légèrement pubescentes, faibles, hautes de vingt- 
quatre à trente pouces; feuilles opposées , lancéo- 
lées, rétrécies en pétiole à la base, presque em- 
brassantes, crénelées ou comme rongées sur les 
bords, à nervures saillantes en-dessous, comme ru- 
gueuses en-dessus, un peu blanchâtres, ce qui est 
causé par des poils courts et nombreux; fleurs ter- 
minant les tiges et les rameaux , disposées en cime 
plusieurs fois bi ou trichotome, pédoncules et pé- 
dicelles pubescens et légèrement visqueux ; calice 
à quatre divisions ovales obtuses ; corolle à deux lè- 
vres, dont l'inférieure, grosse, courte et très-obtuse, 
est d’un rouge-brun foncé en-dessus, et très-légè- 
rement violacée ou bleuâtre en-dessous; sa lèvre 
supérieure beaucoup plus courte et de la même cou- 
leur que l’inférieure. 

Je l'ai recue, au printemps de 1835, d'un amateur 
de Toulouse; elle a fleuri en juin, même année, 
ainsi que plusieurs espèces ou variétés; elle paraïi- 
trait provenir d’un semis du C. arachnoïdea et du 
C. salvtfolia ? Du reste, la plupart de ces plantes ne 
sont pas d’une conservation facile, et 1 est bon de 
les renouveler souvent de boutures, lesquelles re- 
prennent facilement en terre de bruyère, laissant 
passer l’eau, et tenue légèrement humide. On peut 
encore les multiplier de graines, et par ce moyen 
on est presque certain d'obtenir des variétés. Ces 


156 


graines doivent être semées sur de la terre de 
bruyère bien meuble , sans aucunement les recou- 
vrir, mais en appuyant assez fortement la terre ; les 
pots ou terrines seront placés sous un châssis om- 
bré et aéré , et la terre entretenue fraîche sans être 
humide. Lorsque le plant est assez fort, on le repique 
en pots qui seront de même placés sous châssis pour 
accélérer la reprise; on peut ensuite les déposer 
avec les vieux pieds à une exposition demi-ombra- 
gée, et l'hiver en serre tempérée ou châssis dont on 
doit renouveler l'air souvent, et avoir soin d’ôter 
soigneusement les feuilles mortes ou tachées de 
moisissure. JACQUES. 


NIEREMBERGIA. Pentandrie monogynie, Lin. ; 


Solanées , Juss. 


Caractères génériques. Galice persistant, mono- 
5 1 P > 
phylle, à cinq divisions profondes, étroites et subu- 
lées; corolle monopétale infundibuliforme, dont le 
limbe est à cinq lobes arrondis et à échancrures peu 
profondes ; cinq étamines insérées au fond du tube 
et plus courtes que lui; un style filiforme. Capsule 
P q ; Y Ê 

oblongue à deux valves, polyspermes. 


NIEREMBERGIE INTERMÉDIAIRE, /V'erembergia interme- 
dia , Hort.; Petunia intermedia , WMorT. ANGL. 


(Voyez la planche.) 


Plante herbacée à tiges très-rameuses, hautes de 
quinze à dix-huit pouces, à feuilles éparses, liné- 
aires et sessiles , recourbées et un peu roulées par- 
ticulièrement sur les vieux rameaux ; toutes les par- 
ties de la plante sont pubescentes et visqueuses. 

D'avril en octobre, cette jolie plante se couvre 
de fleurs nombreuses dont la corolle a le limbe d'un 


* 


P1,920 


NIEREMBERGIE INTERMEDIAIRE 


Nierembereia intermedia 
2 


157 


pourpre foncé, le tube d’un jaune soufre, marqué 
vers le haut d’un cercle pourpre plus foncé que le 
reste du limbe. Je l’ai recu d'Angleterre sous le nom 
de Petunia intermedia, en 1835, et depuis ce temps 
elle n’a pu fournir que cinq à six petites plantes en 
état d’être livrées au commerce. Elle est d’une con- 
servation fort diflicile, à cause des myriades d’in- 
sectes ou pucerons presque imperceptibles qui cou- 
vrent toutes les parties de la plante et nuisent à sa 
végétation, ainsi qu'à sa santé. Ce n’est que l'été 
dernier que nous nous en sommes apercus , et nous 
n'avons pas trouvé de meilleur moyen pour les dé- 
truire, que de donner aux plantes tous les huit ou 
quinze jours, suivant le besoin , une fumigation de 
feuilles de tabac. On peut employer pour cette opé- 
ration, l'enfumeur, instrument inventé pour cet 
usage par MM. Arnheiter et Petit, taillandiers- 
mécaniciens, rue Childebert. Il est très - conve- 
nable lorsque l'on veut enfumer les plantes partiel- 
lement et sur place, parce qu'il permet de diriger 
la fumée à volonté. 

On peut aussi enfumer ces végétaux à l’aide d’un 
réchaud plein de charbon allumé, et sur lequel on 
jette des feuilles de tabac. Pour cela, on dépose les 
plantes sous un châssis que l’on ferme bermétique- 
ment et que l’on tient dans cet état pendant au 
moins une heure , afin que la fumée du tabac ait le 
temps d'agir sur les insectes. Il est bien de couvrir 
en même temps le châssis d’un paillasson ou d’une 
toile, autant pour mieux renfermer la fumée que 
pour s'opposer à l'influence du soleil sil donnait sur 
le châssis. Lorsque la fumigation a duré assez de 


temps, on soulève un peu le châssis pour donner de 
l'air. 


158 


Je cultive cette plante en pots de terre de bruyère 
mélangée de terre franche et de terreau, pour être 
rentrée en serre tempérée , et placée près du jour. 
Elle redoute l'humidité et s'accommode fort bien de 
dix à douze degrés de chaleur Réaumur. On la mul- 
tiplie de boutures faites au printemps, sur couches 
et sous cloches. 

Elle a fleuri pour la première fois chez nous en 
1835. Je n’ai pas encore récolté de graines, mais je 
pense qu'elle en produira lorsqu'elle sera plus vi- 
goureuse. Comme elle ne me paraît pas très-robuste, 
je crois qu'il sera utile de la renouveler tous les ans 
de boutures ou de graines. Les jeunes pieds sont 
toujours plus rustiques que les vieux. On fera bien 
d'employer le même moyen pour toutes les espèces 
de ce genre et des Petunia, quoique plus ou moins 
vivaces , parce que les fleurs sont dans ce cas beau- 
coup plus belles. Jacquin aîné. 


SERRE CHAUDE. 
Exemple de fécondité d'un ananas. 


Je vais souvent visiter les serres de M. Grison, 
jardinier eu chef chez M. le baron Rothschild, à Su- 
rênes. Il me fit voir, il y a quelque temps, sur un 
pied d’ananas Enville, un œilleton qui avait poussé 
sur la tige et qu'il se proposait de supprimer. Pro- 
bablement l’œilleton fut oublié, car quinze jours 
après, me retrouvant dans la même serre, je l’a- 
percus , et, à mon grand étonnement , je remarquai 
qu'il était presque aussi développé que sa mère. 
Effectivement , dans les premiers jours de juin, il 
montra son fruit, et sa végétation ayant continué 
depuis lors avec la même activité, ce fruit est main- 


159 


tenant (fin de décembre) en parfaite maturité, et 
annonce devoir peser au moins quatre ou cinq livres. 

Quant à la mère, malgré sa grande vigueur qui 
lui a permis de supporter cet excédant de produit, 
elle s'est trouvée retardée dans sa propre fructifi- 
cation , car elle n'a marqué son fruit que deux mois 
et demi après l'œilleton. Il ÿ a environ un mois que 
sa floraison est passée, et, malgré la saison, le fruit 
s'annonce fort bien, ce qui produit un effet assez re- 
marquable, puisque la même tige offre un fruit mûr 
et jaune, et un autre tout vert auquel il faut bien 
encore trois mois pour atteindre toute sa maturité. 

Cette anomalie pourrait donner à penser que les 
ananas jouissant d'une grande vigueur pourraient 
fournir deux ou trois fruits sur la même tige, ce 
qui doit engager les cultivateurs à tourner Lie 
efforts vers un pareil résultat qui rendrait les ananas 
assez communs pour que ces excellens fruits puissent 
devenir à la portée de tout le monde. PoKkorNy. 


NOUVELLES. 


EuPHORBE PANACHÉE. {uphorbia variegata. 


Bor. Mac. 1547. 


Racines fibreuses, annuelles ; tige simple d’abord, 
cylindrique, munie de quelques poils blancs, haute 
de vingt-quatre à trente pouces ; à la hauteur de 
douze à dix-huit, naît au sommet une fleur stérile, 
et alors elle se divise en quatre rameaux de neuf à 
onze pouces, qui sont garnis, ainsi que la tige, de 
feuilles sessiles, ovales, très-entières sur les bords, 
pointues où même acuminées, glabres et d’un vert 
glauque. Chaque rameau se termine par une om- 
belle à cinq rayons velus, et terminés eux - mêmes 
par trois pédicelles biflores; feuilles florales, brac- 


160 


tées et bractéoles d’un beau blanc sur les bords, 
avec le milieu vert ; les feuilles raméales se bordent 
de blanc d'autant plus marqué qu’elles approchent 
de l'ombelle; périanthe vert, velu; cinq pétales 
blancs; anthères jaunâtres, didymes; trois styles 
verdâtres, bifides ; fruits velus , à trois angles obtus; 
semences blanchâtres, presque sphériques, munies 
de poils saillants. 

Cette plante signalée par Nuttal, 7. bor. Am., est 
originaire de la Louisiane, et quoiqu'elle fût intro- 
duite en Angleterre depuis 1825, elle n’est que bien 
peu répandue en France. Je lai vue pour la pre- 
mière fois en 1834, dans le jardin de M. Vilmorin à 
Verrieres près de Paris, de l’obligeance duquel j'en 
ai obtenu quelques graines. Les sommets de cette 
plante, variés de vert et de beau blanc , produisent 
un joli effet , et on pourrait l'employer à l'ornement 
des parterres si elle était plus répandue; ce qui ne 
tardera probablement pas, car j'espère en récolter 
quelques graines, et la maison que je viens de ci- 
ter en recueillera sûrement assez pour la livrer au 
commerce. 

Je ne puis donner beaucoup de renseignemens 
sur sa culture, ne la possédant que de cette année. 
Seulement j'ai remarqué que les graines que j'ai 
semées en pot, et qui y ont de même été repiquées, 
n’ont fait qu'une chétive végétation , tandis que j'en 
avais mis quelques-unes entre les pots d'une couche 
où avaient été semées des plantes rustiques ; elles y 
ont parfaitement végété; c'est donc en place qu’il 
faut semer cette plante, et dans un terrain meuble 
et chaud. Les arrosemens doivent être modérés, les 
racines étant susceptibles de se pourrir par une 
humidité un peu stagnante. JACQUES. 


ERRALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


COoDISISOSs1ee10000000800001@0e02020%200080œ0S0S02006000S809S080€ 0 


MÉTÉOROLOGIE. 


Des T'hermometres. 


Le besoin fréquent qu'on éprouve, en horticulture, 
de connaître avec exactitude l’état de la tempéra- 
ture, nous a donné à penser qu'on accueillerait avec 
faveur quelques détails sur le thermomètre, instru- 
ment imaginé par les physiciens pour apprécier la 
somme de calorique en expansion dans l'air ambiant. 

Les thermomètres à liquide sont ceux dont l’u- 
sage est le plus fréquent, et le mercure est préfé- 
rable à l’esprit-de-vin pour rendre les observations 
plus certaines. 

Le mercure étant rarement dans le commerce à 
un véritable état de pureté, il faut le purifier avant 
de l'employer. Pour cela on le met dans un mor- 
ceau de peau de chamois que l’on lie fortement, et 
par les pores de laquelle il faut le faire passer de 
force en la pressant. Après cette opération , on le 
distille, et voici comment l’on s'y prend : on met le 
mercure dans une cornue en verre; on adapte à son 
col, et bien exactement, un tube également en verre, 

Mars 1836. 11 


162 


dont l’autre extrémité est lutée à l’orifice d’un bal- 
lon placé dans un vase rempli d’eau. Le lut dont on 
se sert se compose de colle et de farine de graine de 
lin mêlées ensemble. On fait peu à peu du feu sous 
la cornue, ét le mercure , âmené à ébullition, se 
vaporise et passe dans le ballon, dégagé de tousles 
corps étrangers, qui restent dans la cornue. 

On choisit pour contenir le mercure un tube de 
verre parfaitement cylindrique, et pour s'en assurer 
on y introduit une goutte d’un liquide quelconque 
coloré, et on lui fait parcourir toute sa longueur; 
elle doit partout occuper le même espace, autre- 
ment il faut rejeter le tube. Lorsque ce choix est 
fait, on souffle une boule à l’une de ses extrémités. 
Pour céla on l’expose à la flamme d’une lampe d’e- 
mailleur, et, à l'aide d'un morceau de cuivre tenu 
dans Ja même flamme pour qu'il soit chaud, on le 
fond et on larrondit ; ensuite on soufile par l’autre 
bout, ce qui forme une boule. Plus la capacité de 
celle-ci est grande en proportion de celle du tube, 
plus le thermomètre sera sensible aux moindres va- 
riations de la température. 

Pour introduire le mercure dans le tube, il faut 
échauffer celui-ci fortement, mais par degrés; en 
même temps, on fait chauffer et même bouillir le 
mercure, et on y plonge l'orifice du tube chaud 
qu'on maintient verticalement. À mesure qu'il se 
refroidit, l'air que la chaleur avait dilaté se con- 
tracte, et la pression atmosphérique, en agissant sur 
la surface extérieure du mercure, le pousse dans le 
tube, où il s'introduit. 

La quantité de mercure nécessaire à la confection 
d'un thermomètre dépend de l'usage auquel on le 


163 


destine. Si on veut l'employer à mesurer des tem- 
pératures très-basses, il faut laisser entre la boule 
et le point indicatif de la glace un espace égal à la 
moitié de celui qui sépare la congélation du degré 
de l'eau bouillante. Si en même temps on veut me- 
surer des températures très-élevées, il faut que le 
tube ait une longueur pareille à l'espace que je 
viens d'indiquer, au-dessus du point de l’ébullition.. 
Pour indiquer provisoirement le premier point, on 
plonge le tube avec le mercure dans de la neige ou 
de la glace fondante, et l'on fait une marque à l’en- 
droit où s'arrête le mercure en se contractant. Pour 
marquer approximativement le second, on plonge 
le thermomètre dans de l’eau bouillante, et on mar- 
que d’un trait le point où s'arrête le mercure dans 
son ascension. Ces deux premières épreuvesontpour 
but de s'assurer qu'il y a assez de mereure dans le 
tube et de déterminer la longueur de celui-ci. 

Lorsqu'on est certain que la quantité de mercure 
introduite dans le tube est suflisante pour le but 
qu'on se propose, on coupe ce qui excède la lon- 
gueurnécessaire, elon tire à la lampe cette extré- 
muté en un tube très-fin. On fait alors chauffer 
graduellement le thermomètre sur des charbons ar- 
dens jusqu'à ce que le mercure arrive à l'extrémité 
du tube, afin d'en chasser tout l'air. Dans ce mo- 
ment on la présente à la lampe pour la boucher, afin 
d'empêcher l'air de rentrer à mesure que le refroi- 
dissement opérerait la contraction du mercure. On 
finit enfin par sceller cette extrémité plus solide- 
ment, parce que, si on la laissait telle que je viens 
de le dire, le verre serait trop fragile. 

Arrivé à ce point, il ne reste plus qu'à graduer 


104 
définitivement le thermomètre. Les deux points 
fixes qui servent de base sont , comme je viens de 
le dire, ceux de la congélation et de l’eau bouil- 
lante. Il s’agit donc de les déterminer bien exac- 
tement. 

La température de la glace fondante est absolu- 
ment invariable; mais il faut avoir soin d'y plonger 
exactement la boule et toute la partie du tube qui 
contient le mercure. Celui-ci, en se contractant, di- 
minue de volume et descend dans le tube ; lorsqu'il 
a fini ce mouvement, il faut marquer le point où 
il s'arrête et attendre encore quelques instans pour 
s'assurer qu'il n'y a point variation. 

Il est plus difficile de déterminer le point de 
l'eau bouillante. Pour cela on se sert d’un matras à 
large col; :on le remplit à moitié d’eau, de facon 
que le thermomètre introduit ne touche pas à sa 
surface, car c'est la vapeur seulement qui doit agir 
sur le mercure. Le col du matras est fermé par un 
bouchon percé de deux trous; dans l'un passe le 
thermomètre, que l’on peut hausser et baisser à vo- 
lonté; dans l'autre est introduit un tube recourbé 
pour laisser échapper la vapeur surabondante. Dans 
celte opération il faut enfoncer le thermomètre à 
mesure que le mercure monte, afin qu'il plonge con- 
tinuellement dans la vapeur. Lorsqu'il cesse de mon- 
ter, on marque le point où il s'arrête, et on a ainsi 
le second degré de l'échelle. 

Toutefois ce degré n’est exact qu'autant qu'on 
tient compte des conditions suivantes. Si on a fait 
bouillir l’eau dans un matras en verre, il faut y 
ajouter quelques grains de limaille métallique, 
parce que l’eau bout dans le verre à une tempéra- 


165 


ture plus basse que dans le métal. On à remarqué 
également que l'eau bouillait à une température 
plus ou moins considérable, suivant l'élévation du 
baromètre, On est convenu de prendre pour base la 
hauteur de 760 millimètres, et l'expérience a dé- 
montré que chaque millimètre en plus ou en moins 
faisait croître ou décroître l'intervalle entre la glace 
et l’eau bouillante de 0,00037. Il faut donc retran- 
cher cette quantité autant de fois qu'il y a de milli- 
mètres en moins de la moyenne ci-dessus, ou l’a- 
jouter autant de fois qu'il y a de millimètres en plus. 

Lorsque l’on a déterminé positivement les deux 
points qui fixent les extrémités de l'échelle, on rap- 
porte l'intervalle qui les sépare sur le papier, et on 
le divise en autant de degrés qu'on le veut, suivant 
qu’on adopte la graduation de tel ou tel auteur. 

Dans le thermomètre centigrade, cet intervalle 
est divisé en 100 degrés ; dans celui de Réaumur, en 
80 degrés. Dans ces deux thermomètres, on rap- 
porte au-dessous de 0, qui indique la congélation, 
les espaces qui marquent les degrés en les numéro- 
tant en sens inverse. Dans le thermomètre de Fah- 
renheit, la glace fondante est marquée 32 degrés et 
l'eau bouillante 212; l'intervalle qui sépare ces deux 
points est donc de 180 degrés. Dans le thermomètre 
de Delisle, o indique le point de l’eau bouillante, 
et 150 celui de la glace fondante. 

En comparant aux degrés du thermomètre centi- 
grade les degrés de chacun des autres thermomètres 
dont je viens de parler, on trouve que chaque degré 
Réaumur égale 5/4, chaque degré Fahrenheit 5/9, et 
chaque degré Delisle 2/3 d'un degré centigrade. 

On varie de plusieurs manières les échelles qu'on 


166 


fixe aux thermomètres. Elles sont inscrites sur le 
bois ou le métal qui leur sert de support, lorsqu’on 
les destine à être appliqués contre un mur; on les 
enferme dans un tube en verre qui contient en 
même temps le thermomètre, lorsque celui-ci est 
fait pour être plongé dans un liquide. 

La forme du réservoir, que nous avons dit être en 
boule , ce qui est la plus facile à confectionner, est 
quelquefois différente : ainsi on en fait en spirale et 
en tube cylindrique d’un diamètre plus grand que 
le tube gradué. Quant aux supports, ils sont en 
bois ou en métal, et diversement entaillés selon la 
forme du thermomètre dont on les garnit; on en 
fait qui se ferment pour les thermomètres destinés 
à être transportés. 

Il ne suffit pas de connaître la composition du 
thermomètre , il faut encore savoir dans quelle cir- 
constance 1l peut donner l'état vrai de la tempéra- 
ture. Dans un lieu clos, un thermomètre bien fait 
en indique toujours le véritable degré ; mais il n’en 
est pas de même lorsqu'il est placé au dehors. Dans 
ce cas, plusieurs circonstances , parmi lesquelles le 
rayonnement à le plus d'influence, peuvent faire 
qu'il indique une température autre que celle des 
corps qui ne se trouvent pas tout-à-fait dans la 
même position que lui. 

Ceci mérite quelques observations. Lorsqu'un 
thermomètre est exposé à la vue du ciel, que celui- 
ciestsans nuages et que la nuit est calme, il rayonne 
comme tous les corps, et sa température devient 
plus basse que celle de l'air ambiant; en pareil cas, 
il mdique sa propre température, et non celle de 
l'atmosphère dans laquelle il est plongé. Sa boule ou 


167 


réservoir est alors couverte de rosée. La différence 
entre la température particulière du thermomètre 
et celle du milieu où il se trouve, peut être assez 
considérable tant que cet instrument reste au-dessus 
de 0 ; mais lorsqu'il descend au-dessous déce point, 
l’abaissement de température ést plus rapide encore 
et la variation plus considérable. Cet effet à pour 
cause la congélation de la rosée dont le réservoir était 
couvert, et le dépôt successif , opéré par l'air tou- 
jours légèrement agité dansles nuits les plus calmes, 
de nouvelles molécules d’eau qui hérissent la boule 
du thermomètre de pointes de givre, plus ou moins 
allongées selon Fétat hygrométrique de l'air. On 
sait que peu de corps rayonnent autant que la glace 
en cristallisation régulière ; c’est pourquoi , dans le 
cas précédent, l’abaissement de la température est 
considérable et peut offrir une différence de six à 
huit degrés. 

Lorsque le ciel estnuageux, les variations du ther- 
momètre sont toujours moins considérables, mais 
les oscillations sont plus fréquentes , parce que cha- 
que nuage passant au zénith fait monter le thermo- 
mètre, en compensant par son rayonnement celui de 
cet instrument, qui redescend aussitôt que lenuage 
ne lui cache plus l'aspect du ciel. Ces oscillations sont 
quelquefois assez rapides, et on en a vu s'étendre à 
deux degrés un quart en moins d’une heure. La na- 
ture des instrumens a une certaine influence sur la 
fréquence de ces oscillations. Le verre rayonne avec 
force, mais tous les verres ne rayonnent pas avec 
la même énergie; les surfaces métalliques polies 
rayonnent très-peu ; les liquides colorés surtout 
rayonnent très-fortement , ce qui est encore une 


168 
raison pour préférer les thermomètres à mercure ; 
enfin, le volume du réservoir est également à con- 
sidérer : plus il est grand et moins le rayonnement 
a d'action sur lui. 

Une autre cause qui influe encore sur les varia- 
tions du thermomètre consiste dans le rayonne- 
ment terrestre. La surface de la terre est souvent 
plus chaude ou plus froide que l'atmosphere. Dans 
ces deux cas, le thermomètre placé près du sol in- 
dique une fausse température. L'observation a 
prouvé qu'en pareille circonstance la différence 
pouvait aller jusqu'à trois ou quatre degrés. 

résulte donc de l'exposition des diverses causes qui 
peuvent influer sur la température de linstrument 
destiné à l’indiquer,qu'ilest nécessaire, pourobtenir 
des données vraies sur le calorique de l’air, de placer 
celui-ci horizontalementsous un petit toit en planches 
qui lui cache au moins les 4/ro"6% de l'hémisphère cé- 
leste. Cette précaution suffit lorsque le support du 
thermomètre est en bois et que son réservoir est eylin- 
drique ou en spirale ; mais lorsqu'il est en boule et que 
le bois est échancré pour la loger, il est utile de placer 
dessous une petite planche pour empêcher le rayon- 
nement terrestre d'agir sur la partie de la boule re- 
gardant le sol. Cette précaution est à plus forte rai- 
son nécessaire si le thermomètre estentièrement nu, 
et même lorsque son support est métallique. 

On peut en même temps avoir un autre thermo- 
mètre identiquement pareil, mais que l'on laisse ex- 
posé, sans abri , à l'aspect du ciel, en le soustrayant 
toutefois à l’action du rayonnement terrestre. On 
obtient ainsi des observations comparatives qui ne 
sont pas sans intérêt. DovEerGE. 


109 
AGRICULTURE. 


BOIS ET FORÊTS. 


Notice sur les plantations d’arbres verts en 
Champagne. 


Il est une gloire qui, pour être moins brillante 
que celle que procure la carrière des armes ou l'il- 
lustration de la tribune et du barreau , ne mérite 
pas moins les éloges des hommes de bien : c’est celle 
du modeste cultivateur qui dote son pays d’un vé- 
gétal utile, ou qui conquiert à la culture des ter- 
rains voués à la stérilité depuis un si long temps, 
qu'il paraissait douteux de les voir jamais produire 
une végétation profitable et susceptible de les con- 
vertir un jour en terres arables. 

Tel est aujourd’hui le spectacle que nous offrent 
les plaines crayeuses de la Champagne connue sous 
la triste dénomination de Pouilleuse, et qui s’é- 
tendent dans le département de la Marne et une 
grande partie de celui de l'Aube. Un de nos sous- 
cripteurs, M. Baltet-Petit, pépiniériste très-dis- 
tingué à Troyes, a le mérite d’avoir, principalement 
dans le département de l'Aube, conquis à la culture 
des centaines d’arpens par le moyen de plantations 
d'arbres verts résineux, et notamment du pin d'É- 
cosse, qui lui a le mieux réussi, et qu'il a toujours 
fait entrer dans ses plantations pour les 1Q/aqus, 

La série de travaux que cette entreprise lui a oc- 
casionés offre beaucoup d'intérêt, et nous avons 
pensé pouvoir être utiles à nos lecteurs en les en en- 
tretenant ; c'est d'ailleurs d’après les renseignemens 


170 
pris auprès de ce cultivateur que nous allons en 
exposer l'analyse. 

Il y a trente ans que M, Baltet-Petit commenca, 

dans le département de l'Aube, des plantations d’ar- 
bres verts sur des terrains jusqu'alors incultes, et 
à l'égard desquels avaient complétement échoué de 
nombreuses tentatives essayées avant fui. Les 
plaines qu'il s'agissait de cultiver ainsi sont très- 
éloignées des villes, ce qui rendait les frais de trans- 
port fort onéreux, à cette époque surtout où on 
ignorait l’art des pépinières, et où les seules res- 
‘sources consistaient en quelques plants entretenus 
en pots, et en élèves qu'il y avait nécessité d'aller 
chercher en mottes dans les bois de pins situés 
dans le département de la Marne. Dans le premier 
cas, la dépense était hors de proportion avec le ré- 
sultat; dans le second , outre les frais de transport, 
on n’obtenait souvent que de mauvais plants sans ra- 
cines. Témoin du peu de succès de pareilles entre- 
prises, M. Baltet-Petit essaya de planter à racines 
nues. 

Pour cela , il commenca par faire des semis avec 
des graines qu'il fit venir de l'Allemagne , et qui lui 
coûtaient moitié moins que celles qu'il se serait pro- 
curées en France. Ses semis furent faits en planches, 
à l'air libre, pour y habituer le jeune plant, et seule- 
ment en couvrant la planche de deux pouces de 
terre de bruyère. La seconde année il repiquait ses 
plants, mais toujours avec la même quantité de 
terre de bruyère ; elle a parfaitement suffi à faire dé- 
velopper de nombreuses racines plus étalées et 
moins perpendiculaires que s'ils eussent végété 
dans une terre profonde et substantielle. Un an 


171 

après il les repiquait de nouveau dans une terre 
ordinaire, mais bien travaillée, où il les laissait 
deux ans. 

La veille d’arracher les plants pour les mettre en 
place, il leur faisait donner un arrosement copieux, 
et l’arrachage s’opérait en commencant par un bout 
de la planche, en creusant en dessous de manière à 
enlever avec une pioche une grande quantité de 
plants dont la plus grande partie conservait toutes 
ses racines, quelle que fût leur longueur. La plus 
grande précaution était prise pour ne pas secouer 
les chevelus , afin qu'ils restassent garnis des parties 
terreuses qui les tapissent, et on les emballait de 
suite dans de la paille mouillée, pour pouvoir les 
transporter sur le heu de la plantation, sans que les 
racines fussent séchées ; ce qui est fort important à 
l'égard des arbres résineux. 

Comme dans ses premiers essais M. Baltet-Petit 
plantait en mars et avril, suivant l’usage établi 
presque encore généralement aujourd'hui, il ne fai- 
sait faire les trous qu'au fur et à mesure qu'on de- 
vait planter, et cela afin que la terre ne fût pas hâlée 
et conservât toute la fraîcheur favorable à la reprise 
des racines. Cette opération s'exécutait par plusieurs 
ouvriers à la fois, les uns faisant les trous , les au- 
tres y placant un plant qu'ils prenaient dans le 
ballot à l'instant même, et autour des racines du- 
quel ils avaient le plus grand soin d’émietter con- 
venablement la terre. 

Dans les années suivantes il employait un autre 
moyen ; il faisait arracher ses plants vers la fin de 
février, et après avoir fait ouvrir une tranchée en 
terre très-meuble , il les y déposait les uns à côté 


172 

des autres en les inclinant , et non les uns sur les 
autres comme quand on met en jauge; 1l les faisait 
couvrir de terre, et ouvrir parallèlement une se- 
conde tranchée qui recouvrait la première, etainsi 
de suite tant qu'il y avait des plants. À la fin de 
mars , on plantait ces pieds ainsi conservés et qui 
avaient poussé de nombreux chevelus , et bien plus 
développés que si le plant n'avait pas été traité 
ainsi. Cette circonstance est d'autant plus avanta- 
seuse, qu'elle favorise le développement des ra- 
cines tout en retardant celui de la tête, et il en 
résultait une reprise plus prompte et plus assurée. 

Cependant, à force de marcher, M: Baltet-Petit 
reconnut que l’époque du printemps fixée pour la 
plantation des arbres verts par les auteurs, et adop- 
tée par les cultivateurs, était loin d'être la plus 
favorable ; alors, prenant un autre système , il choi- 
sit pour ses plantations le temps qui s'écoule du 15 
septembre à la fin d'octobre : voici comment ce 
cultivateur raisonne à cet égard. Pour que le prin- 
temps soit la saison convenable à la plantation des 
arbres verts, il faudrait qu’on püt toujours compter 
sur un temps favorable, pluvieux ou couvert, et 
sur des pluies se succédant de temps à autre. Mais 
il est rare qu'il en soit ainsi; le plus souvent'il 
règne en mars des vents secs et arides, et cette sé- 
cheresse se prolonge plus où moins long-temps 
dans la plupart des années, sans qu'aucune pluie 
vienne rafraîchir la terre. On concoit que les jeunes 
plants arrachés, dans de pareilles circonstances, 
d’un lieu où ils étaient bien cultivés et bien nourris, 
et placés immédiatement, et dans une saison avan- 
cée, dans des terres extrêmement légères, ne peu- 


175 

vent que fort difficilement résister, et languissent 
long-temps s'ils ne périssent pas. Cet inconvénient 
rend les travaux inutiles et produit la perte du 
plus grand nombre des sujets; car malheureuse- 
ment ces plantations se trouvant fort éloignées, 1l 
n’est pas au pouvoir du cultivateur de les secourir 
par des arrosemens. D'ailleurs, il s’agit ici de plan- 
tations considérables destinées à rendre la vie aux 
plaines de la Champagne. À l'automne, au contraire, 
les mois de septembre et octobre n’ont plus cette 
chaleur brûlante de l'été ; il est rare que les vents 
d'est, si desséchans, soufflent à cette époque, et s’il 
ne tombe pas de pluies, il est certain que le mois 
de novembre en amènera. D'ailleurs les jeunes 
plants sont alors plus en état de s’en passer; les 
nuits sont plus longues et plus fraîches; la rosée 
vient en abondance humecter le sol et rafraîchir 
leurs feuilles; tout concourt enfin à la reprise, la 
terre conservant encore une chaleur douce, favo- 
rable à la végétation. Il n’y a donc point de doute 
que les plantations d'automne doivent mieux réus- 
sir; cest au reste ce que l'expérience a démontré 
à M. Baltet-Petit, qui doit en savoir quelque chose, 
puisqu'il a planté pour son compte plus de cent 
mille pieds d'arbres et plusieurs centaines de mille 
pour d’autres propriétaires. 

Ce cultivateur a planté à diverses distances qui 
n'ont pas été moindres de huit pieds et plus grandes 
que douze pieds. C'est toujours, comme je l'ai dit, 
le pin d'Écosse qu'il a préféré ; il est dans un les 
prospère; le ton de verdure est le même que siles 
arbres étaient en pépinière, et les pousses verticales 
sont d'un pied à trente pouces. C’est dans les plan- 


174 

tations plus serrées que les pousses sont plus consi- 
dérables : aussi maintenant M. Baltet-Petit a-t-il 
adopté la plus petite des distances indiquées plus 
haut. En effet, plus ces arbres sont rapprochés, 
plus ils se procurent mutuellement de l'ombre qui 
leur est indispensable, et plus ils s'élèvent rapide- 
ment. Il est facile d’ailleurs d'éclaircir après quel- 
ques années, et ensuite de ne laisser que les porte- 
graines. 

Pour apporter la plus grande économie possible 
dans l'opération même de la plantation, dont il est 
parvenu à réduire les frais de facon que chaque 
mille ne lui revient qu’à trois francs , il a imaginé 
des moyens d'exécution qu'il est bon de faire con- 
naître, d'abord parce qu'ils sont économiques, et 
ensuite parce qu'ils permettent de faire une plan- 
tation parfaitement bien alignée. 

Il possède une chaîne de cent pieds de longueur 
où chaque pied est indiqué par un anneau. Lors- 
qu'il s’agit de disposer une pièce de terre, il com- 
mence par tracer une ligne perpendiculaire avec 
toute la justesse convenable à la localité ; 1l marque 
cette ligne au moyen de jalons assez rapprochés ; 
cela fait, il présente sa chaîne sur cette ligne, et il 
y attache des marques éloignées l’une de l'autre de 
buit ou dix pieds, selon qu'il a adopté pour ses 
plantations l'une ou l’autre de ces distances. Cette 
chaîne est portée par deux hommes intelligens qui 
sont secondés par deux autres ouvriers armés eha- 
cun d’un bâton ferré. L'un des porteurs se place 
sur l’extrémité de cette premiere ligne, et l'autre 
marche en avant de toute la longueur de la chaîne ; 
les hommes qui ont un bâton ferré parcourent cette 


175 

distance, et enfoncent leur bâton en terre à chaque 
marque qu'ils rencontrent, pour indiquer le point 
où devra plus tard être fait le trou. Lorsque la ligne 
est prolongée autant que le terrain peut le permet- 
tre, il fait tracer une seconde ligne parallèle à cent 
pieds de la première , après avoir établi une ligne 
droite qui va de l’une à Fautre: Lorsque les deux 
lignes parallèles sont tracées, les porteurs de la 
chaîne se placent, l’un sur la première ligne, l'au- 
tre sur la seconde en s’alignant sur la ligne droite 
horizontale qui les réunit, et ils s’avancent ainsi 
jusqu'à la première marque ; là, ils posent la chaîne, 
et les deux hommes armés de bâtons font des trous 
partout où la chaîne l'indique; ils relèvent ensuite 
la chaine et vont jusqu'a la seconde marque, et 
ainsi de suite jusqu'à la fin. On établit ensuite une 
troisième ligne perpendiculaire parallèle aux deux 
premières, et les porteurs de chaîne font sur ce 
second tracé la même opération que la première 
fois, et continuent ainsi tant que l’espace le per- 
met. Ce travail est promptement fait et procure une 
grande régularité. 

Il s'agit ensuite de faire un trou à chaque point 
où les bâtons ferrés ont été enfoncés. Pour cela 
chaque travailleur enfonce quatre fois le fer de sa 
bèche en formant le carré, ce qui donne à chaque 
trou six pouces carrés et cinq de profondeur; la 
bèche vide le trou d'un seul coup ou au moins en 
deux fois. 

J'ai déjà dit comment on plantait pour que le 
plant ne soit pas desséché, mi la terre du trou bhâlée. 
Il faut, après la seconde année, butter la plantation 
d'une manière proportionnée à sa force. Cette opé- 


170 
ration, d'abord coûteuse , ne lui revient plus qu’à 
3 francs par mille de plans. 

M. Massin, chef d'institution à Paris, possède 
une propriété sur laquelle il a fait planter depuis 
vingt ans, et par les soins de M. Baltet-Petit, environ 
trois cents arpensen essence de pin d'Écosse; jusqu’a- 
lors il payait 15 francs par mille pour le buttage, 
maisil a cette année adopté la méthode de M. Baltet- 
Petit, et il en résulte pour lui une économie de 
12 francs par mille. Ce cultivateur emploie, pour 
opérer le buttage , une petite charrue dont l'oreille 
est relevée en forme d’arête, de facon que le labou- 
reur, en passant de chaque côté de la ligne, ne laisse 
qu’un petit intervalle entre les deux rayons, et un 
homme avec une houe n’a que fort peu de chose 
à faire pour qu’en deux coups de son instrument 
il ait formé une petite butte. 

Le second buttage a lieu la quatrième année; cette 
opération se fait à la bêche : deux hommes pla- 
cés, l’un d’un côté et le second de l’autre côté dela 
ligne, prennent en même temps une béchée de 
terre qu'ils déposent au pied de l'arbre, en ayant 
grand soin de placer cette terre sur les branches 
les plus basses. De cette manière, l'arbre se trouve 
parfaitement en état de résister aux efforts des 
vents, de quelque côté qu'ils soufflent. IL faut ce- 
pendant veiller à ce que l'extrémité supérieure des 
branches ne soit pas couverte, car autrement elles 
périraient ; au lieu qu'étant libre, elles se nourris- 
sent et même elles se développent plus vigoureuse- 
ment que celles qui sont plus élevées, ce qui est 
probablement dû à la fraicheur dont elles jouissent. 

La sixième année, il fait donner un dernier et 


177 
léger buttage, qui a pour but de rechar ger les bran- 
SL qui se seraient relevées ou de garnir celles qui 
auraient échappé à la précédente opération. 

M. Baltet-Petit attribue à ces buttages le succès de 
la plantation. Il a vu dans la Marne des arbres verts 
à l'égard desquels le buttage sur branches n'avait 
pas eu lieu , et que même l'on avait élagués vers la 
base, et il affirme que c'est à cette pratique défec- 
tueuse que sont dus les vides nombreux qui existent 
dans les lignes. On concoit facilement que des arbres 
verts à feuillage persistant sont bien plus tourmentés 
par les vents que les arbres à feuilles caduques, sur- 
tout lorsqu'ils sont plantés sur des points culminans 
ou en plaine découverte, et dans des terres légères 
et maigres et qui n'ont pas une profondeur de plus 
de cinq à six pouces. Ainsi en pareille circonstance 
l'opération du buttage sur branches ne peut qu'être 
une chose fort utile. 

Quant à l’elagage des branches inférieures, c’est, 
selon M. Baltet-Petit, qui nous paraît avoir parfai- 
tement raison, une pratique absurde et désastreuse 
pour les arbres verts. D'abord jamais les branches 
ne repoussent , et les tiges ont beaucoup plus de 
peine à se développer; mais ensuite, dans les plan- 
tations champenoises, toujours faites sur un sol sec 
et aride , il est de la plus grande importance de leur 
conserver un grand nombre de branches tout le long 
de la tige, de façon cependant à ce qu’il n’y ait pas 
une confusion nuisible, mais qu'il règne toujours 
assez d'ombre pour entretenir au pied'une fraîcheur 
salutaire. 

J'ai dit que pour se procurer du plant en quan- 


tüité convenable et à moindres frais, M. Baltet:Petit 
Mars 1836. F2 


170 
avait fait des semis. Mais ses premiers essais:, bien 
que donnant de bons résultats, n'étaient pas encore 
un procédé assez économique : ilest parvenu à semer 
avec fruit sur les terres crayeuses elles-mêmes. 

Quelques cultivateurs avaient essayé de semer 
des graines d'arbres verts en même temps que des 
avoines ou des prairies artificielles, ou après l’ense- 
mencement à l'époque du hersage. Le succès n’a- 
vait pas couronné cette tentative, et la cause était 
dué à la légèreté des terres crayeuses. En effet, les 
graines germaient et le plant se montrait pendant 
quelques mois, mais après un an il n'en restait pas, 
parce que ces terrains sont tellement légers qu'ils 
se dessèchent en été au point de faire périr les jeunes 
élèves, et ceux qui échappent sont soulevés par 
les gelées. | 

Ces résultats ont prouvé à M. Baltet-Petit qu'on 
ne pouvait pas impunément jeter ainsi la graine sur 
une terre si peu préparée, et qu'il fallait aviser à 
une autre combinaison. 

Il a donc fait labourer une terre en friche, en choi- 
sissant de préférence exposition du nord. Trois 
labours ont été donnés pour ameublir autant que 
possible la surface. Au printemps suivant, il a semé 
du sainfoin en mélange avec de Pavoine pour pro- 
téger le premier, qui, comme on le sait , ne produit 
que la seconde année. En mars de cette seconde 
année, il a semé sur le sainfoin ses graines de pin 
d'Écosse, à raison de douze kilogrammes par demi- 
hectare. Après ce semis, ila fait faire un hersage 
croisé, c'est-à-dire qu'il a fait passer la herse une fois 
dans la longueur et une fois dans la largeur. Cette 
opération a pour but d’enfouir les graines ; et celles 


,79 

qui se trouvent sous les feuilles de sainfoin ne sont 
pas les plus mal placées. Ensuite le champ est roulé 
deux fois dans sa longueur, pour que la pesanteur 
du rouleau resserre la surface de la terre. Là finit 
l'opération, qui consiste, comme on a pu le voir, à 
semer sur une terre déjà cultivée pendant un an, 
et qui se trouve garnie suffisamment d’un herbage 
capable d'entretenir une certaine somme de frai- 
cheur ; herbage qu'il a soin de ne point faire couper 
et de laisser périr sur pied pour qu'il protége le plus 
long-temps possible le jeune plant contre le soleil 
pendant l'été, et contre les givres et les frimas de 
la mauvaise saison. 

On ne peut qu'applaudir à l'industrie que M. Bal- 
tet-Petit a montrée pour arriver à l’heureux résultat 
d’arracher à la stérihité des terres dont on n’osait 
espérer aucun produit. Maintenant l'essor est donné, 
et la Champagne aura à se féliciter un jour d’avoir 
nourri des hommes qui ont su faire tourner au profit 
général les succès que leur ont valus leurs connais- 
sances et leurs travaux. Aussi déjà la Société d’Agri- 
culture de l'Aube a su récompenser, autant qu'il 
était en son pouvoir, le mérite de M. Baltet-Petit , en 
lui décernant, à diverses époques, deux médailles 
d'or pour ses plantations et ses senus d'arbres 
verts. 

Au reste, je dois faire remarquer que cette cul- 
ture offre des produits importans , en voici la don- 
née approximative pour un arpent de cent perches, 
celle-ci de vingt pieds, pendant les vingt premières 
années : 


180 


L’arpent terme moyen en friche 15 
Fourniture de plants de pins d'Écosse 

plantés à 10 pieds en tous sens, ci 

5oo par arpent, à 4 fr. 20 
Frais de plantation portés à 5 fr. le 

mille, au lieu de 3 fr. ainsi que je 

lai dit : pour un arpent 2 bo 
Frais de premier buttage portés à 5 fr. 

le mille au lieu de 3, ainsi que je l'ai 

dit : pour un arpent 2 65o 
Frais de buttage des quatrième et 

sixième années, à 10 fr. le mille : 

pour un arpent 5 
Frais de transport du plant de la pépi- 

nière au lieu de la plantation, sup- 


posé à 3 lieues 4 
Total 49 

Intérêt pour vingt ans 49 
Total 08 


Si après vingt ans on coupe ou arrache la planta- 
tion, on aura pour EE ao 5oo pieds d'arbres à 
Blé TT use Lie UT EE 

Dans ce cas, on ren Lou der comme un second 
bénéfice la mon de la terre, rendue propre à 
produire des céréales. 

Si au contraire on ne défriche qu'après trente ou 
quarante ans, les frais n’augmenteront pas, car ils 
sont faits une fois pour toutes, tandis que la valeur 
des arbres peut quadrupler. Ainsi, qu’on défriche ou 
non, les produits sont fort importans. Dovrercr. 


181 


HORTICULTURE. 
JARDIN FRUITIER. 


Suite des variétés de vignes bonnes à cultiver pour 
la table. 


Pied-de - Perdrix (Hautes-Pyrénées ); Noir - de - 
Pressac et Cruchinet (Gironde , selon les locali- 
tés); Maural(Aveyron); Pied - Rouge ou Côte- 
Rouge (Lot-et-Garonne) ; Jacobin-Norr (Vienne). 


C'est le meilleur raisin noir qui existe; les grains 
sont ronds et d’une grosseur ordinaire, peu serrés, 
excellens ; le pédoncule de la grappe est rouge. Il 
est productif et très-estimé dans les départemens 
où il est cultivé. Il mürit très-bien à Paris dans 
les années ordinaires sans l'exposition du midi. 


Sauvignon (Charente-Inférieure); Sauvionon-V'ert- 
Jaune (Landes, Gironde); Sauvagnon, dit le 
Naturel (Jura). 


Ce raisin blanc, qui se trouve encore dans d’au- 
tres localités, est un des meilleurs qui existent ; 
aussi est-il très-estimé : ses grains sont ronds, 
serrés et très-sucrés; il est productif et mûrit par- 
faitement à Paris dans les années ordinaires. Ce 
raisin , dont les mouches sont très-friandes, profite 
même après la chute des feuilles, et peut rester 
fort tard sur le cep sans qu'il soit altéré par la 
gelée. C’est même dans cet état qu'il fait le meil- 
leur vin. 

Saint-Pierre (Charente, Allier). 


Ce raisin est blanc, à grains ronds, assez gros, à 


182 


peau mince et suc très-doux. On le dit nourrissant. 
Il est très-productif ordinairement. Son bois, vigou- 
reux et fort, a le défaut de pourrir dans les années 
humides. 

Il est encore connu dans divers départemens sous 
les noms suivans : 


Saoule-Bouvier (Gard); Arribe-Bouvier et Car- 
guemiuu (dans quelques localités du même dépar- 
tement); Bespero! (Haute-Garonne ); Lahatre et 
Bournès-Blanc (dans quelques cantons du même) ; 
Poupe., Saumes et Caula (Lot-et-Garonne ); Co- 
lombeau - Blanc (Drôme); Crabar-Blunc (Vars); 
Piquepoule-Blanc (Hérault) ; Prungéral (Lot). 


Muscat d'Alexandrie (Hérault, Dordogne) ; Panse- 
Musquée (Bouches-du-Rhône); Cahat (Indre ); 
Moura (Hautes-Pyrénées); Malaga (Lot); Mus- 
cat grec (je crois, Tarn); Muscat à gros grains, 
Muscat long, pâle, musqué. 


Raisin à gros grains oblong, d’un blanc jaunître, 
croquans et charnus, d’une saveur très-musquée, 
en grappes peu fournies. Il n’est pas très-productif, 
et est plutôt cultivé pour la beauté de son fruit que 
pour sa qualité. Il est excellent confit à l’eau-de- 
vie. 

Les variétés de raisin muscat ne sont cultivées 
dans nos jardins qu’en treilles, et produisent beau- 
coup lorsqu'elles sont placées contre un mur à l'ex- 
position du midi. En général, dans les environs 
de Paris, leurs fruits ne sont destinés que pour la 
table. 


Jen connais plusieurs qu'on cultive fort peu, et 


183 
qui cependant sont préférables au muscat ordinaire 
blanc et rouge que l'on trouve dans tous les jardins: 
ce sont ‘les muscats violet, rose et noir. Ces deux 
derniers raisins sont très-délicats, et d’une saveur 
des plus agréables. | o 

Il existe un autre muscat noir connu vulgaire- 
ment:sous le nom de Caillaba ou :Caillava. dans le 
département des Hautes-Pyrénées. Ce raisin müûrit 
très-bien sous le climat de Paris, dans les années 
ordinaires et à une bonne exposition ; il.a un par- 
fum délicieux et un goût très-sucré ; les grains sont 
assez gros et peu serrés sur la grappe. Ilest essentiel 
de le garantir des mouches , car il est rare qu'elles 
ne l’attaquent pas. 

Il y a encore d'autres variétés de muscat, mais 
qui ne mürissent que très-rarement sous le climat 
de Paris. La plupart sont originaires des départe- 
mens méridionaux, de l'Italie ou du Piémont. 


Mansein (Landes). 


Raisin noir à petits grains ronds et d’excellent 
goût, très-estimé dans ce département. 

Il y a aussi le Mansein blanc, dont le grain est 
rond, fort doux, se dorant facilement, et fort bon 
à manger. Il müûrit promptement, mais il est un 
peu sujet à la coulure. Il se trouve dans la Gironde, 
sous le même nom et sous celui de Queue-Courte. 


Pineau-Noir (Côte-d'Or); Notrin (Doubs et Jura) ; 
Auvernat (Loiret); Morillon-Noir (dans quelques 
localités ). 


Ce raisin , qui est également cultivé dans les dé- 
partemens de l'Yonne, de la Haute-Saône , de la 


184 


Meurthe, de la Meuse, de la Haute-Marne, de la 
Charente, de la Dordogne, de la Mayenne, etc., 
est le plant le plus répandu en Bourgogne. Ses 
grains sont ronds, d’une grosseur ordinaire, assez 
serrés sur la grappe. Il produit beaucoup et est bon 
à manger. 

Il y à plusieurs variétés excellentes de Pineau ; 
telles sont le Pineau-de-Coulange (Yonne), le Pi- 
neau-V'iolet (de la Haute-Marne et de la Moselle ), 
et principalement le Pineau-Gris (Côte-d'Or), vul- 
gairement Muscadet, Bourré (dans le Gard), Gentil- 
Rouge (dans le Bas-Rhin), Malvoisie (dans la 
Drôme), Piquepoule-Gris (Landes, Aude, Pyré- 
nées-Orientales), etc. Cette variété a les grains ronds, 
d’une grosseur médiocre , serrés , à pédoncule très: 
court. Elle est excellente au goût, très-estimée 
partout où on la cultive, mais ses fruits se conser- 
vent difficilement. 

Il existe encore deux variétés de Pineau dans la 
Vienne; l'une à petits grains, et l'autre à gros 
grains. Elles sont d’une qualité inférieure à la pré- 
cédente ; les grains sont noirs, ronds et très- 
serrés sur la grappe. 


Pineau- Blanc (Côte-d'Or, Yonne, Charente et 
Mayenne); Chardonnet (Saône-et-Loire). 


C’est un excellent raisin , de bon produit et mü- 
rissant bien. On prétend que c’est avec ce plant que 
sont faits les vins blancs en réputation, tels que 
le Montrachet, le Meursault et le Pouilly-Fuisset. 

Rischline (Bas-Rhin ). 


Très-bon raisin blanc, à grains ronds, assez gros, 


185 


serrés et formant de belles grappes. Ilest très-pro- 
ductif, excellent, et müûrit parfaitement sous le 
climat de Paris, sans que l’exposition du midi lui 
soit nécessaire. C'est un des meilleurs raisins du 


Bas-Rhin. 
Burger (Bas-Rhin et Moselle). 


Bon raisin blanc, très-productif, mürissant bien 
dans les environs de Paris, année ordinaire; ses 
grains sont ronds et serrés. 

( La suite au prochain numéro). Haroy. 


© PLANTES D'ORNEMENT. 


PLEINE TERRE. 


CoLLOMIE ÉCARLATE, Collomia coccinea, LEHM; 
Bot. Reg., 1622. 


Plante annuelle à tiges droites, hautes d’un pied, 
à rameaux et feuilles alternes ; celles-ci sont sessiles, 
lancéolées; celles de la partie supérieure sont ovales, 
très-entières et profondément dentées au sommet ; 
les fleurs sont réunies en tête et forment une sorte 
de panicule corymbifère ; la corolle est longue d'un 
demi-pouce et brille d’une couleur rouge carmin 
vif. 

Cette espèce, originaire du Chili, a été introduite 
en France en 1833. On peut en faire de jolies bor- 
dures en la semant à l'automne comme les pieds 
d’alouette. On peut aussi la semer au printemps ; 
mais, se trouvant souvent altérée parles vents dessé- 
chans de l’est, elle reste beaucoup plus petite , et les 
fleurs en général se développent beaucoup moins. 

Le genre auquel cette plante appartient n’est eul- 


186 

tivé en France que depuis 1830, et ne contient que 
quatre espèces originaires du Chili et de la Califor- 
nie. Toutes sont annuelles,et rustiques, carle plant 
semé d'automné résiste parfaitement aux rigueurs 
de l'hiver. L'espèce dont il s’agit s’est, on peut le 
dire, naturalisée dans les jardins du roi à Neuilly, 
où notre estimable collèoue M. Jacques la cultive 
depuis 1834. Il lui faut une terre meuble, légère, et 
peu d’arrosemens. Pépin. 


ORANGERIE. 


CAPUCINE TRICOLORE, : 7'ropæolum tricolorum , Mort. 
(Voyez la planche, et pour les caractères géné- 


riques , page 166, Journal et Flore des Jardins.) 


Cettetrès-jolie plante nous a été communiquée par 
M. Laffay, et est probablement comme ses congé- 
nères d'origine péruvienne; son calice est éperonné, 
très-renflé au point ou s'attache le pédoncule, de 
couleur écarlate vif, à cinq divisions courtes, arron- 
dies et bordées de violet noir; la corolle a ses cinq 
pétales insérés sur le calice, d’un joli jaune, ondu- 
lés et légèrement crénelés enleurs bords; pédoncule 
long, filiforme, de couleur pourpre; tiges volubiles, 
déliées, teintées de pourpre violacé; feuilles petites, 
à cinq lobes plus ou moins échancrés et obtus; les 
radicales teintes de pourpre grisâtre en dessous; 
racine bulbeuse, 

Cette plante vivace, tout nouvellement introduite, 
fleurit abondamment à l'air libre pendant l'été, mais 
il lui faut la serre tempérée pour passer l'hiver. Jus- 
qu'à présent on la multiplie de boutures qui repren- 
nent fort bien; et probablement on la propagera de 


FL 


CAPUCINE TRICOLORE 


Tropæolum ticolorum 


RATES ie MIA 


N'RS 10 


DO MMM ME TO » . À 


“pros où sérobe LA 11 { 


 PL22 


POURPIER DE GILLIES 


Portulaca Gilliesu, 


197 
graines quand elle en aura donné, eton pourra alors 
la cultiver comme plante annuelle à la manière du 
T'ropæolum majus. 


Capucine À CINQ FEUILLES , 7’ ropæolum pentaphyllum, 
Horrt. 


Celle-ci s'élève à deux ou trois pieds; elle est 
depuis quelquetemps en France, où elle a été impor- 
tée de Buénos-Ayres. Elle produit pendant l'été une 
grande quantité de fleurs d’un beau rouge clair, avec 
l'extrémité des pétales verte. Cette plante assez 
remarquable se cultive et se multiplie comme la 
précédente. JacQuiN jeune. 


PORTULACA, Lin. Dodécandrie monogynie, Lin. 


Portulacées, Juss. 


Caractères génériques. Galice persistant, compri- 
mé, divisé en deux valves à son sommet; cinq péta- 
les plus grands que le calice; six à douze étamines; 
style court, à quatre ou cinq stigmates; capsule 
s'ouvrant en travers et contenant plusieurs graines. 


POURPIER DE Griuirs, Portulaca Gilliesii, Hort. (V. la 
planche. ) 


Tiges succulentes, de six à huit pouces de hau- 
teur, presque droites, rameuses à la base et pour- 
prées; feuilles oblongues, cylindriques, compri- 
mées, obtuses, pointillées; poilsaxillaires, fasciculés, 
droits; fleurs terminales à pétales soyeux et d’une 
jolie couleur rose pourpre. 

Cette jolie plante vivace, qui nous vient de l'An- 


158 


gleterre , est originaire du Chili. Le docteur Gillies 
fit présent au Jardin Botanique de Glasgow de se- 
mences recueillies dans les plaines de Mendoza. Il lui 
faut pour acquérir toute sa perfection la chaleur la 
plus haute et la lumière la plus vive que puissent 
produire nos étés. Ce n’est que sous l'empire de ces 
deux conditions qu’elle épanouit en abondance ses 
brillantes fleurs qui se ferment à la fin du jour. On 
la cultive en pots, et on la rentre l'hiver en serre 
tempérée ou sous châssis froid. Elle redoute l’humi- 
dité. Jacquix jeune. 


ECHEVERIA, Decann. Joubarbes, Juss. 


Caractères génériques. Calice divisé en cinq par- 
ties foliacées; cinq pétales réunis inférieurement ; 
dix étamines plus courtes que les pétales, à base 
relevée; cinq écailles courtes, obtuses; cinq car- 
pelles se terminant en styles subulés. 

EÉCHEVÉRIE RAMEUSE, Æcheveriaracemosa, SCHLECHT. 
E. livida, Mort. ANG. (Voyez la planche.) |; 

Tiges florales, longues d'environ deux pieds; 
feuilles ovales, lancéolées, mucronulées, sessiles, 
alternes, les plus jeunes à reflets lilas. Fleurs roses, 
disposées en grappes terminales lâches, à pédi- 
celles plus courts que les feuilles florales. Le ca- 
lice est à cinq divisions lancéolées, aiguës, éta- 
lées, glauques, charnues comme les feuilles, et 
soudées entre elles à la base. Les pétales sont 
oblongs, lancéolés, aigus, longs d’un demi-pouce 
environ , alternant avec les divisions du calice ét 
soudés ensemble à la base, où 1l existe une sorte 
de renflement. Étamines à filets plus courts que 
les divisions de la corolle, alternant avec elles, 


PL 


ECHEÈVERIE RAMEUSE 


Echeveria racemosa #4, 


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DRE UD TR OS na hrrérher TETE 


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GESNERIE A FLEURS ROUGES. 


Gesneria rulla 


189 

presque libres jusqu'à leur base, ct portant -une 
anthère ovale. Les carpelles sont conniventes, 
jaunâtres , un peu plus courtes que les étamines; les 
styles sont dressés et d'une couleur rouge foncé. 

Cette jolie plante d'ornement fleurit pendant les 
mois d'octobre, novembre et décembre. Elle se 
charge de cinq à six tiges florales, se maintient très- 
bien à la température qui convient aux cactées. 
Elle se multiplie de rejetons presque aussi facile- 
ment que la joubarbe , avec qui cette plante a quel- 
ques rapports, ainsi que de boutures faites avec ses 
feuilles. I! lui faut une terre mélangée de terre 
normale et de terreau de feuilles ou de bruyère. 

NEUMANN. 


SERRE CHAUDE. 
GESNERIA , Lin., Lamarck, PersooN, etc. Didyna- 


mie angiospermie, Liv. Campanulacées , Juss., 
Desr. Gesneriæ, Ricu. 


Caractères génériques. Calice court, monophylle, 
à cinq divisions, inséré sur l'ovaire ; corolle mono- 
pétale, tubuleuse, courbe, à limbe à cinq divisions 
souvent inégales ; quatre étamines didynames, à 
filets aussi longs que le tube; anthères cohérentes ; 
un style; un stigmate en tête ; capsule inférieure à 
deux loges ; graines très-menues. 

GESNERIE BRILLANTE, Gesneria rutila, Linpret, 
Bot. regist., 1158. 

Racines. . . . . . produisant plusieurs tiges 
comme charnues , hautes de dix-huit pouces à deux 
pieds et plus, rameuses du haut, légèrement pu- 
bescentes, rougeûtres, marquées de points allongés 
brunâtres ; feuilles opposées , pétiolées, lancéolées, 


190 
obtuses, crénelées sur les bords, vertesetun peu ru- 
sueuses en-dessus, pâles et pubescentes en-dessous, 
épaisses , fermes et charnues ; fleurs en épis termi- 
nant les tiges et les rameaux, pédicellées, à l’aisselle 
de bractées opposées; calice court, monophylle, à 
cinq angles et à cinq divisions courtes, pointues, 
un peu ouvertes; corolle tubulée, un peu courbe, 
longue de seize à vingt lignes, à limbe à cinq di- 
visions, dont les deux supérieures sont presque 
conniventes et un peu voûtées, les trois inférieures 
presque ouvertes, d’un beau rouge brillant, et 
garnies en-dessus de poils papilleux. À la base de la 
corolle, 1l existe un renflement embrassant l’o- 
vaire. 

Cette belle espèce est originaire du Brésil, et 
introduite en Angleterre depuis 1825; je l'ai recue 
de Belgique en 1833; elle se cultive en serre 
chaude, en pots, et en terre de bruyère pure ou 
mélangée de terre fraîche normale; elle se multi- 
plie facilement de boutures, soit de tiges , soit de 
feuilles, faites sous cloche, étouffées dans la tannée 
de la serre ou châssis chaud ; elles s’enracinent fa- 
cilement et promptement. C'est une acquisition 
pour l’ornement des serres, etles amateurs ne man- 
queront pas de l’introduire dans leurs cultures. 


JACQUES. 
NOUVELLES. 


Dans le courant de février dernier, j'ai remarque 
dans l'établissement de nos collègues MM. Cels 
frères plusieurs plantes nouvellement recues de 


191 
l'Angleterre et de la Belgique, dont la plupart en 
fleur-ou près de fleurir. 

En voici la note succincte : 

Nemopenthes Andersont. Arbuste originaire L 
Cap, à feuilles persistantes, ovales, lancéolées, bor- 
dées de quelques dents épineuses, ayant pour le port 
beaucoup de ressemblance avec le houx. Les fleurs 
sont jaunes, axillaires. Serre tempérée; terre de 
bruyère mêlée de terre normale. 

Epachrys campanulata. Arbuste charmant, ori- 
ginaire de la Nouvelle-Hollande, et remarquable 
par ses bellés fleurs nombreuses, à corolle campa- 
nulée, longues d'un demi-pouce, d’un beau rouge 
vif, et quelques-unes d’un rouge moins intense, ce 
qui, du reste, produit un assez joli effet. Son port 
lui donne de la ressemblance avec une bruyère: 
Serre tempérée et terre de bruyère pure. 

Epachrys campanulata alba. Superbe variété de 
la précédente, et originaire du même pays. Elle a les 
fleurs aussi grandes et aussi nombreuses ; la corolle 
estcampanulée, d'un beau blanc vers son extrémité, 
et verdâtre à sa base. Même culture. 

Ces deux plantes sont magnifiques; leurs fleurs, 
aussi nombreuses que dans toutes les espèces con- 
nues jusqu’à ce jour, les surpassent toutes en beauté 
et en coloris. 

Scottea trapeziformis. Arbrisseau de la famille 
des légumineuses, originaire de la Nouvelle-Hol- 
lande. Les feuilles sont triangulaires, finement 
dentées sur les bords; les fleurs sont papilionacées, 
longues d'un pouce, d'un rouge mêlé de jaune. 
Serre tempérée; terre de bruyère pure. 

Budleia Mexicana. Arbrisseau du Mexique, très- 


192 

vigoureux, à feuilles ovales, lancéolées, pointues, 
cotonneuses; fleurs en panicules terminales. Serre 
tempérée; terre de bruyère mêlée d’un quart de 
terre normale. 

Jasione splendens. Plante vivace, à feuilles en- 
tières, velues , spatulées, réunies en touffes ; le pé- 
doncule est long de 8 pouces à un pied, et porte 
un grand nombre de fleurs bleues très-élégantes, 

PEpIN. 


Parmi plusieurs nouveaux acacia (mimosa), qui 
n’ont point encore fleuri, j'ai remarqué en pleine 
floraison l’acacia hispidula (de Sainte-Hélène), dont 
les branches , disposées comme celles du saule pleu- 
reur, retombent sur la tige, en étalant les nom- 
breuses fleurs qui les couvrent. C’est un arbrisseau 
précieux pour la décoration des serres tempérées, 
et que les fleuristes de Paris ne manqueront sans 
doute pas bientôt de multiplier pour approvisionner 
le marché. Ce beau végétal s’est maintenu long- 
temps à un prix élevé, parce qu'on n'en récoltait 
pas de graines , et que sa multiplication, qui se fai- 
sait par marcottes, était lente, parce qu'illeur fallait 
au moins deux ans pour produire des racines. On 
le greffait aussi en approche. Mais aujourd'hui, 
MM. Cels en ont un grand nombre provenus de 
leurs semis et qu’ils peuvent donner à un prix très- 
modéré. Pépin. 


ARRELSS 


DE FLORE ET DE POMONE. 


0060 PBO0SP 008 000000060002 162114000800 0S00S0060610s000600 


AGRICULTURE. 


BOIS ET FORÊTS. 


Note sur les espèces d'arbres qui conviennent le 
mieux aux terrains humides et aux marais. 


IL est rare que les propriétaires qui possèdent des 
prairies humides et marécageuses , ou des terrains 
inondés , auxquels on ne peut confier des graines 
fourragères sans avoir préalablement fait des tra- 
vaux propres à les égoutter, il est rare, dis-je, que 
ces propriétaires combinent les plantations d'arbres 
appropriés à ces localités avec les besoins d’assai- 
nissement et de consolidation du sol qui sont im- 
portans à satisfaire dans une circonstance pareille. 
Il est cependant bien vrai qu’outre les produits 
directs qu'on peut obtenir des essences d'arbres qui 
réussissent dans des positions semblables, on trouve, 
dans les plantations, de grands avantages qui con- 
courent plus ou moins directement et avec efficacité 
au but qu'on se propose. 


Ainsi donc, dans mon opinion, il y a toujours 
Ave 1836. 13 


194 

avantage à planter de grands arbres, soit dans des 
prairies jouissant d'une humidité ordinaire, soit sur 
des terrains où l’eau est surabondante continuelle- 
ment, ou à intervalles irréguliers ou périodiques. 
Ces grands végétaux absorbent une énorme quantité 
de fluide aqueux, qu’ils exhalent ensuite dans l’at- 
mosphère qu'ils rafraîchissent pendant les chaleurs 
de l'été; ils offrent alors aux bestiaux qu’on y fait 
paître un abri salutaire contre l’ardeur du soleil ; 
ils s'opposent également à son action trop dessé- 
chante sur les herbages eux-mêmes, et ils assai- 
nissent l'air en s’emparant des gaz délétères que 
les détritus végétaux forment en se putréfiant sous 
l'influence de l'humidité et de la chaleur. Leurs 
racines, en se multipliant en tous sens dans le sol, 
l'affermissent et l'égouttent, et il n'est pas jusqu’à 
leurs feuilles qui ne deviennent par leur chute un 
engrais favorable. 

Je ne pense pas qu'on puisse élever d'objection 
sérieuse contre une méthode profitable, qui n'offre 
aucune difficulté dans la pratique et n’occasione 
qu'une dépense minime, et dont d’ailleurs il est 
facile au besoin de montrer plusieurs exemples dé- 
cisifs. C'est là ce qui m'engage à rappeler ici les 
espèces d’arbres dans lesquelles on peut choisir en 
pareil cas, en insistant auprès des cultivateurs pour 
qu'ils ne négligent aucune occasion de planter, 
c'est une récolte qui arrive un jour comme une 
gratification imprévue. 

Je w’essaierai pas de décrire toutes les combi- 
naisons possibles qui peuvent être adoptées dans les 
circonstances que j'ai signalées. L'intelligence du 
propriétaire doit imaginer celle qui se trouvera le 


109 

plus en harmonie avec le besoin des localités. Là la 
qualité des herbages engagera à espacer davantage 
les arbres afin que leur ombre ne nuise pas à leur 
perfection ; icice sera le contraire, parce que le pro- 
duit en fourrages sera nul ou mauvais; ailleurs on 
donnera aux lignes la direction de l’est à l'ouest 
pour que le sole;l de midi exerce toute son influence; 
dans d’autres cas on alignera du nord au midi pour 
empêcher les herbes d’être desséchées dans les 
grandes chaleurs, ou on donnera aux lignes une 
direction plus ou moins oblique , et quelquefois on 
leur fera suivre le cours des ruisseaux naturels ou 
artificiels qui couperont le terrain. [ei on choisira 
des arbres pyramidaux, parce qu'ils conviendront 
mieux aux Circonstances atimosphériques ; la on 
emploiera des arbres à branches étalées; ailleurs 
on réunira les uns et les autres en les alternant, 
ce qui est toujours le plus agréable à la vue lorsque 
des raisons majeures ne s'y opposent pas. 

Laissant donc aux propriétaires le soin d'agir 
selon la situation, je me contenterai d'indiquer les 
espèces d’arbres qui peuvent convenir. Au premier 
rang je placerai les peupliers à cause de leur beauté, 
de leur croissance rapide , et de leur habitude na- 
turelle de bien végéter dans les terrains très-humides 
et profonds. Voici les espèces à préférer. 

1. Peuplier blanc, ypréau blanc de Hollande ; 
Populus alba, Surra. Arbre indigène de cent à cent 
vingt pieds , à feuilles cordiformes, arrondies, lo- 
bées , dentées , cotonneuses et blanches en dessous. 

2. Peuplier tremble, Populus tremula, Smrrn. 
Arbre indigène de cent à cent vingt pieds, à écorce 
blanchâtre et jeunes rameaux velus, à feuilles un 


196 
peu orbiculées, dentées, glabres des deux côtés. 
3.Peupliernoir, Populusniora, Atr.Arbreindigène 
assez élevé, à feuilles glabres des deux côtés, acumui- 
nées, dentées, deltoïdes, plus larges que longues. 

4. Peuplier d'Italie, Populus fastigiata, Vers. ; 
Populus dilatata, Arr. d'Orient. Arbre pyramidal , 
trés-haut , à branches serrées et droites , et à feuilles 
dentées en scie plus larges que longues. 

5. Peuplier du Canada, Populus Canadensis, 
Morncu. Arbre d'Amérique très-élevé, à rameaux an- 
guleux et feuilles un peu cordiformes , glabres, den- 
tées en forme d'hamecons, velues, nerveuses, étalées. 

6. Peuplier à grandes dents, Populus grandiden- 
tata, Micu. Arbre du Canada, très-élevé , à feuilles 
ovales , acuminées , à grandes dents éloignées. 

7. Peuplier de la Caroline, Populus angulata, 
Wizp. Arbre de l'Amérique septentrionale, grand 
et droit , à feuilles cordiformes, deltoïdes, acumi- 
nées, à dents obtuses et crochues, et à rameaux 
ailés et anguleux. 

8. Peuplier liard, grand baumier, Populus can- 
dicans, Air.; Populus viminea , Hortr. Par. Arbre 
du Canada, de cinquante pieds, à rameaux glabres 
et bruns , et à feuilles un peu cordiformes, ovales, 
oblongues , acuminées , inégalement dentées, à trois 
nervures, réticulées, blanches en dessous, d’un 
vert sombre en dessus, glabres. 

g. Peuplier du lac Ontario, Populus Ontariensts, 
Horr. Par. Arbre de l'Amérique septentrionale, de 
soixante à quatre-vingts pieds dans son pays natal, 
peut-être moins élevé chez nous ; à feuilles de neuf 
à dix pouces de longueur sur six de large, dentées 
régulièrement et blanchâtres en dessous. 


197 

10. Peuplier de Virginie ou Suisse, Populus mo- 
nilifera , Air.; Populus V'irginiana , Horr. Arbre de 
cent pieds à tige droite, cylindrique , à feuilles cor- 
diformes, glabres, dentées, portées par des pétioles 
rouges. 

11. Peuplier de la Vistule, Populus Polona, 
L. Noïserre (Manuel du Jardinier). Arbre de la 
Pologne s’élevant de quatre-vingt-dix à cent pieds, 
à feuilles très-développées. 

La croissance rapide des peupliers, lorsqu'ils sont 
dans une situation qui leur convient, doit engager à 
en planter partout où cela est possible. Leur bois, qui 
n'est pas sujet aux attaques des vers, peut être em- 
ployé dans la construction des bâtimens; il est 
propre à la menuiserie et même à l’ébénisterie, car 
on cite les jolis meubles qui se font en Prusse avec 
le peuplier de la Vistule. 

La manière la plus simple de planter cette espèce 
d'arbre est de couper des boutures ou plancons de 
trois ans; on leur laisse leur longueur, mais on sup- 
prime les branches, en conservant les petits rameaux 
que l’on taille à trois ou quatre yeux. L'extrémité qui 
doit être fichée en terre est coupée en biseau , dont le 
côté le plus long reste garni de son écorce. Cette 
préparation se fait le jour même de la plantation. 
A l’aide d’un pieu ferré et pointu on fait des trous 
de quinze à dix-huit pouces de profondeur, qui 
n'endommagent en aucune facon les prés où on les 
fait. Avant d'y planter la bouture, on y verse un peu 
d’eau si le terrain n’est pas assez humide, ce qui 
facilite la reprise; on appuie avec le pied la terre 
autour du plancon. On donne à chacun d'eux un 
tuteur, et si la plantation est faite dans un lieu fré- 


108 

quenté par le bétail, on les garnit d’épines. Si on 
n’en avait pas une assez grande quantité, on pourrait 
y suppléer en faisant avec de la mauvaise paille des 
cordons dont on enveloppe la tige jusqu'à la hauteur 
convenable, selon le genre d'animaux à craindre. Il 
faut préalablement avoir fait tremper cette paille 
dans dés eaux sales ou croupies, afin que l'odeur 
dont elle s’imprègne éloigne le bétail. C'est par le 
bas de la tige que l’on commence à l’entourer de ce 
cordon que l’on arrête solidement au point où l’on 
finit. Cet empaillage, qui dure deux ans, peut être 
lui-même remplacé par des feuilles de carex, de 
typha ou autres plantes aquatiques. La plantation 
n’exige plus ensuite d’autres soins que de détruire 
pendant les premières années les rameaux qui 
poussent le long de la tige. On maintient celle-ci 
nue à la hauteur de huit à neuf pieds. 

Après les peupliers, l'essence la plus convenable 
pour le cas dont il s’agit est celle du genre Saule. 
Voici les espèces préférables. 

1. Saule osier, Salix vitellina, Wirzo. Arbre in- 
digène s’élevant de soixante à quatre-vingts pieds, 
à rameaux flexibles d’un jaune orangé, et à feuilles 
dentées en scie, lancéolées et aiguës. 

2. Saule pleureur, Salix Babylonica , Lin. Arbre 
de l'Orient de trente à quarante pieds, à rameaux 
grêles, longs, pendans, et à feuilles linéaires , lan- 
céolées, dentées en scie. ; 

3. Saule pourpre, Salix purpurea, Smirn. Arbris- 
seau indigène à rameaux d’un rouge pourpre vif en 
hiver, et verts en été, et à feuilles lancéolées, 
glabres et dentées en scie. 

4. Saule marceau, Salx caprea, Smira. Arbre 


199 
indigène de vingt-cinq à trente pieds, à feuilles 
ovales, acuminées, dentées en scie, ondulées et 
cotonneuses en dessous. 

5. Saule osier vert, Sax viminalis, Wu. 
Arbrisseau indigèneà rameaux jonciformes, à feuilles 
presque entières, linéaires, lancéolées , longues, 
d'un blanc soyeux en dessous. 

6. Saule blanc, Salix alba, Lin. Arbre indigène 
de cinquante à soixante pieds, à feuilles lancéolées, 
acuminées, dentées en scie, pubescentes des deux 
côtés. 

7: Saule cassant, Sax fragilis, WNuiv. Très- 
semblable au précédent , à feuilles lancéolées, d’un 
vert cendre. 

8. Saule violet, Salix acutifolia, Wuap. Arbre à 
rameaux très-souples fournissant un excellent osier, 
à écorce violette et poudreuse, et à feuilles lancéo- 
lées aiguës. 

Les saules se plaisent dans les terres humides, ou 
plutôt aquatiques , mais ils ne résistent pas dans les 
fonds tourbeux. On les plante en boutures ou plan- 
cons, comme les peupliers, et ils reprennent très- 
bien. On les taille en têtards, c’est-à-dire qu’on 
coupe leurs têtes à huit ou neuf pieds de hauteur. 
C'est sur ces têtes que lon choisit tous les ans les 
jeunes rameaux propres à faire des osiers ; on les 
élague aussi tous les trois ans, et outre les perches 
et les échalas que l'on y coupe, on fait également 
des fagots. Ces arbres produisent ainsi un rapport 
assez important. 

On peut aussi employer dans ces plantations : 

L’aune commun, Æ/nus communis, Hort.; 4 
nus glutinosa, Wup.; Betula alnus, Lin. Arbre 


200 


indigène de soixante pieds, à feuilles arrondies, 
cunéiformes, obtuses et glutineuses. Cet arbre croît 
très-bien dans les lieux marécageux ; les sols noirs 
et sablonneux lui conviennent parfaitement ; il se 
plaît sur le bord des rivières ou grands ruisseaux, 
dans les terres imondées, ou sur lesquelles les eaux 
séjournent. Il reprend également de boutures plan- 
tées comme celles de peuplier. On les choisit dans 
les taillis de trois ans , et on ne fait que les débar- 
rasser de leurs rameaux latéraux, sans supprimer 
la cime. L’écorce de l'arbre est raboteuse et noi- 
râtre; on l’'emploie avec avantage dans la teinture 
en noir des cuirs; le bois est rouge à l’intérieur , il 
se gâte promptement à l'air, mais il se conserve 
long-temps sous l'eau. 

Le genre bouleau fournit une espèce d’un em- 
ploi avantageux. C'est le 

Bouleau noir, Betula nigra, Air. Arbre indigène 
de quarante à cinquante pieds, à feuilles rhomboï- 
dales , ovales, doublement dentées en scie, aiguës, 
pubescentes en dessous, entières à la base, à pé- 
tioles velus. 

Cet arbre aime une terre franche, légère, fraîche, 
mais non trop humide; on le multiplie de graines 
et de marcottes qui reprennent facilement. Son 
bois est employé par les charrons, les tonneliers, 
les tourneurs, les sabotiers, les menuisiers et les 
boisseliers. On en fait même usage dans la construc- 
tion des bâtimens , mais seulement à défaut d'autre 
bois. 

Parmi les érables , je citerai : 

L’érable à feuilles de frêne, Acer negundo, Lin. 
Arbre de première grandeur de l'Amérique septen- 


201 


trionale, à tige droite et écorce lisse dans sa jeu- 
nesse, et à feuilles pinnées avec impaire. 

Cette espèce, qui se plaît beaucoup dans les sols 
frais et argileux, où elle croît avec rapidité, se mul- 
tiplie de semis et de marcottes faites au printemps 
ou à l’automne. Cependant elle reprend assez bien 
aussi de boutures faites à la manière des peupliers. 
En coupant l'arbre rez terre, il émet une grande 
quantité de jets qui, bouturés dans un terrain hu- 
mide, reprennent encore plus facilement. Son bois 
est assez dur; on l’'emploie dans la charpente, l'é- 
bénisterie et quelques autres arts. 

Le platane de Virginie, Platanus occidentalis , 
Wizo., peut encore trouver place dans les planta- 
tions dont nous nous occupons. C’est un arbre élevé 
de l'Amérique septentrionale, à tige droite et à 
feuilles à cinq angles, dentées et cunéiformes. Il 
se plaît dans les terrains frais et profonds, près des 
rivières et dans les lieux aquatiques. Il reprend 
très-bien de boutures taillées en plancons de peu- 
plier, et auxquelles on ne coupe pas la cime. Il se 
multiplie encore de graines et de marcottes. Son 
bois, dur, est employé à plusieurs usages, et no- 
tamment pour la menuiserie et la boissellerie. 

Enfin je signalerai le cyprès chauve, Cupressus 
disticha , Lin.; Schubertia disticha, Mrs. ; T'axo- 
dium distichum , Ricu. Arbre de l'Amérique qui s’é- 
lève à une grande hauteur, croît promptement, et 
se plaît particulièrement dans les terrains inondés. 

On concoit qu'en indiquant ici plusieurs espèces 
d'arbres, j'ai eu pour but d'appeler l'attention des 
cultivateurs sur celles qui conviennent le plus géné- 
ralement dans le cas donné, et parmi lesquelles ce- 


202 


pendant il y a un choix à faire, selon la nature du 
terrain et les autres circonstances qu'il n'était pas 
possible de prévoir dans cet article. Doverce. 


HORTICULTURE. 
JARDIN FRUITIER. 


Suite des variétés de vignes bonnes a cultiver 
pour la table. ( Voyez pages 132 et 181 de ces 
Annales. ) 


Liverdun (Vosges, Meurthe ). 


Bon raisin noir à grains ronds, assez pros, ser- 
rés, à grappes moyennes. Il est très-estimé dans 
les Vosges et la Lorraine ; il est bon à manger, et 
mürit très-bien à Paris. 


Mausac à gros grains noirs ( Lot ). 
Le 


Cette variété à grains ronds est bonne à manger, 
et mérite d’être cultivée, tant pour la qualité que 
pour l’abondance de son produit. Ce raisin se trouve 
également dans le département de Lot-et-Garonne, 
de l’Aude , de Saône-et-Loire , et particulièrement 
dans celui du Tarn, où il est très-estimé. 


Mélier blanc (Seine ); Rodiat ( Vaucluse ); Sava- 
guin jaune (Jura); Blanc d’Orient( Aisne, Cher 
et Loir-et-Cher ). 


Ce raisin, bien connu dans les environs de Paris, 
est excellent à manger ; il est très-productif, et se 
cultive en treille. 


203 

Meunier, lEnfuriné (Jura ); le Bleu ou Farino 
(Aisne); T'aconné (Bas-Rhin ); Burguaderube 
(raisin de la Bourgogne ), en Angleterre.” 


Ce raisin, que l’on cultive encore dans les dé- 
partemens de Seine-et-Marne, d'Indre-et-Loire, de 
l'Yonne, de Lot-et-Garonne, et dans d’autres loca- 
lités , a les grains petits, noirs, ronds, bons à man- 
ger. Il produit beaucoup, et est remarquable par 
son feuillage cotonneux et blanchâtre, d’où lui vient 
le nom de Meunier. 11 porte celui de Verjutier 
dans le département de la Sarthe, lequel lui a été 
donné, sans doute, parce qu’à l’époque où on en fait 
la cueillette il conserve encore des grappillons qui 
ne sont qu'en verjus. 


Merlinot blanc (Charente-Inférieure ). 


C’est un raisin très-bon pour la treille ; il est à 
gros grains un peu ovales, et bons à manger. J'ai 
appris qu'il était peu cultivé dans ce département, 
ainsi que dans les autres localités où il est connu, 
sans doute parce qu'il n’est pas très-productif. 


Damas rouge , ou Gros rouge ( Drôme ). 
Superbe raisin à gros grains ronds, d’une cou- 
leur rougeûtre; les grappes ne sont pas très-fortes. 
I mürit à Paris, à l'exposition du midi. 
Damas noir, où Gros brun du même département. 


Il a les mêmes qualités que le précédent , mais les 
grappes sont plus fortes. Ces deux variétés méritent 
d'être cultivées pour la grosseur et la beauté de leurs 
fruits. 


204 
Muller Reben (Moselle ). 


Très-bon raisin à grains ronds et roses peu ser- 


rés et à petites grappes, productif, excellent à man- 
ger, et müûrissant tres-bien à Paris. 


Madeleine blanche , Morillon blanc tres-hätif (Jura) ; 
Précoce blanche, plante de juillet. 


Raisin tres-hâtif, excellent à manger, à grains 
ronds, d’une grosseur médiocre. Il est souvent dé- 
voré par les mouches , qui en sont si friandes que 
souvent il ne reste que la grappe au cultivateur. 


Madeleine notre, ou Précoce notre, ou Prin- 
lanier. 


Est généralement connue et n'est cultivée que 
pour la précocité de son fruit. 


Olwvette noire (Hérault); Olven notr (Gard). 


Ce raisin se rapproche beaucoup du Boudales 
par la forme de ses grains; la peau est plus ferme, 
et le grain plus serré sur la grappe, qui est longue 
et forte. Il est très-productif et de bon goût. Il se 
conserve assez long-temps et mürit, année ordinaire, 
sous le climat de Paris. 


Maroquin ( Gard ). 


Ce raisin est blanc et bon à manger. Il produit 
peu et ne müûrit pas tous les ans à Paris, malgré 
l'exposition du midi, qui luiest indispensable. Il pa- 
raît qu'on le cultive dans le Gard principalement 
pour en confire à l'eau-de-vie les grains lorsqu'ils 
sont bien murs, et en faire du ratafia que l’on dit 
excellent. 


205 


Grosse panse, où Plant pascal (Bouches-du-Rhône, 
Isère, Ardèche, Aude, Pyrénées-Orientales ). 


Ce raisin, qui produit abondamment, a les grains 
gros, oblongs et blancs verdâtres ; les grappes sont 
fortes et longues. On le fait sécher dans le midi de 
la France ; il mürit difficilement sous le climat de 
Paris, et cependant il mérite d’être cultivé pour la 
beauté de son fruit. 


Perle de la Seine , Taquet (Vienne, Ardèche). 


Je ne fais mention de ce raisin que pour la beauté 
de son fruit, qui est très-gros, ovale, transparent, 
peu serré et en grappes fortes. Cette variété est très- 
recherchée par les peintres. 

Je citerai en même temps la ’icanne ( Cher et 
Charente-Inférieure ), qui ressemble beaucoup au 
précédent, excepté que ses grains sont un peu plus 
serrés sur la grappe. 


Ciotat (Seine); Cioutat ou Persillard (Jura); Pe- 
tersilien (Bas-Rhin); vulgairement chasselas à 
feuilles laciniées. 


Ce raisin a la forme du chasselas, mais il lui est 
inférieur en qualité; les grains sont écartés; le jus 
en est doux, mais peu vineux. Cette variété est cul- 
tivée dans les jardins pour l'élégance de son feuil- 
lage profondément et finement découpé. Elle est 
peu vigoureuse et passe pour être originaire du Ca- 
nada , où, dit-on, elle croît sauvage. 


Clairette (Vaucluse ). 


Raisin blanc, d'un goût exquis, à grains un peu 


206 


ovales et fermes, produisant beaucoup. Il lui faut 
l'exposition du midi. 


Asptran (Hérault, Gard). 


Raisin noir, très-estimé dans le Midi, et fort bon 
à manger. Il est à gros grains fermes et croquans, et 
forme de belles grappes. 


Marsanne (Drôme ). 
. e Lt L3 Li LA 
Raisin à gros grains noirs, ronds, serrés, en grap- 
pes fortes. Il produit beaucoup et est bon à manger. 
L'exposition du midi lui est indispensable. 


Amandis (Gironde ). 


Petites grappes à grains ronds. Cette variété, assez 
bonne , est délicate et facile à reconnaître par son 
feuillage crispé et contourné. Le bois est grêle, peu 
vigoureux. Ce raisin ressemble à l’ambré noir de 
la Haute-Garonne. 

(La suite à un prochain numéro.)  Harpy. 


PLANTES D'ORNEMENT. 
PLEINE TERRE. 


Quelques observations sur les roses. 


En décembre 1830, je semai une assez grande 
quantité de graines d'églantier, qui levèrent par- 
faitement au printemps de 1852, mais furent, pour 
la plus grande partie, dévorées presque aussitôt par 
les vers blancs. À l'automne de la même année, je 
plantai les sujets qui avaient échappé, dans l’inten- 
tion de les greffer près de terre. En 1834, lorsque 
je les préparai pour cette opération, je crus me 
tromper en en remarquant un tout-à-fait.sans 


207 


épines. Il avait quelques fleurs blanches, petites, 
et de peu d'apparence. Il me donna quelques fruits 
que je recueillis soigneusement , et qui lèvent en ce 
moment ; je compte cependant peu sur les plants qui 
en proviendront , car je suppose qu'ils retourneront 
au type. Ayant laissé cet églantier pousser à volonté, 
il ne m’a pas fourni un seul drageon ; et, quoiqu'il ait 
parfaitement fleuri en 1855 , il ne m'a pas donné un 
seul fruit, car tous ont été desséchés promptement. 

Dans la même plantation, j'ai remarqué un autre 
églantier dont le bois est violet foncé, et qui se 
trouve armé de forts aiguillons très-accrochans. Les 
feuilles sont larges ; les branches, contournées dans 
tous les sens, produisent beaucoup de fleurs rouges 
et grandes ; les boutons sont plus saillans que dans 
aucune autre espèce de rosiers ; le fruit est gros, 
ovale, d’un rouge vif et luisant ; le calice est persis- 
tant. Cet églantier fait un joli effet , lorsqu'il est en 
fleurs ou en fruits ; comme je ne le mutile pas avec 
la serpette, 1l ne m'a pas encore donné de rejets. 

Si par suite on pouvait parvenir à se procurer 
des églantiers sans épine, il en résulteraitune grande 
facilité pour le travail; ce n’est qu'à force de soins 
et de persévérance qu'on en viendra à bout, mais 
il n’est pas douteux qu’on reussira. 

En 1633 je semai des graines de rose thé ordi- 
naire dans un pot, et, pour les préserver de la dent 
des mulots, j'enfermai le vase sous un châssis. Les 
graines levèrent assez bien au printemps suivant ; je 
repiquai les plants dans deux autres pots , pour qu’ils 
fussent plus au large. J'avaisrécolté les graines moi- 
même , et j'étais conséquemment bien sûr d’avoir 
semé de la rose thé; cependant, sur trente-trois 


208 


plants qui en provinrent, il ne se trouva qu’une seule 
rose thé, bien double, de couleur carnée comme 
son type, mais inodore. Tous les autres individus 
sont de vrais églantiers des bois, qui probablement 
vont fleurir cette année. 

Si l'églantier a la faculté de féconder la rose thé 
à un degré si influent , cette dernière ne pourrait- 
elle pas jouir à son égard de la même faculté? et, 
en effet, on obtient souvent des roses thé presque 
simples. Ce serait une expérience facile à faire, car 
il suffirait d'observer les résultats donnés par les 
graines d'un églantier cultivé près d’un rosier thé. 
Il y a cependant entre l’un et l’autre une différence 
naturelle assez importante ; car si l'on sème leurs 
graines en novembre , celles de la rose thé lèveront 
peu de temps après, tandis que les semences de l'é- 
glantier resteront quatorze ou quinze mois en terre. 

Duvaz, horticulteur à Chaville. 


ORANGERIE. 


Campanule hérissée, Campanula peregrina, Lan. , 
Bor. Mac., 1257; C. lanuginosa, Lam. ( Voyez 
la planche, et pour les caractères génériques, 
page 119, Journal et Flore des Jardins.) 


Plante bisannuelle , à tige droite , quelquefois ra- 
mifiée, cylindrique, hispide, haute d'un pied à 
dix-huit pouces , garnie dans sa longueur de poils 
blanchätres qui la font paraître laineuse. Les feuilles 
radicales, réunies en touffe la première année, sont 
longues de cinq à six pouces , ovales , lancéolées, 
obtuses, ridées , rétrécies sur le pétiole , crénelées 
sur les bords , rudes des deux côtés , d’un vert pâle, 


CAMPANULE HERIS SEE 


Campan ula perecrina 3 
L 2 


js 
Ar 
RAT 


209 


etgarnies sur les deux faces de petits poils très-fins. 
Elles ont, quant à la forme , assez de ressemblance 
avec celles de la primevère. Les caulinaires sont al- 
ternes, moins longues, de forme ovale arrondie. 
Celles de la partie supérieure sont plus petites, ses- 
siles, et un peu pointues. Les fleurs sont solitaires, 
ou réunies par deux ou trois dans l'aisselle des 
feuilles, et presque sessiles ; elles forment des épis 
lâches, qui sont terminaux ou latéraux. La corolle 
est monopétale , à cinq divisions étalées, pointues, 
d’un bleu clair lépèrement lilacé, et violet foncé au 
fond de la corolle; ce qui lui fait produire un bel 
effet. Cinq étamines à anthères jaunes; un style de 
même longueur que la corolle, surmonté d’un stig- 
mate trifide. Le calice est hispide , à cinq divisions 
lancéolées, pointues, et plus courtes que la corolle. La 
capsule est polysperme. Les graines sont très-fines. 
Cette plante, orig'naire d'Orient, et que l'on 
trouve aussi en Portugal, est anciennement connue 
etcultivée au Jardin des Plantes de Paris. Cependant 
elle a toujours été fort rare dans les jardins d'ama- 
teurs, quoiqu'elle attire leurs regards lorsqu'elle 
est en pleine floraison ; aussi j'attribue sa rareté 
à ce qu'étant bisannuelle , et originaire d’un pays 
où le climat est moins froid et moins humide que 
le nôtre, elle résiste difficilement à nos hivers. Je 
lai vue, toutefois, supporter des gelées de six à huit 
degrés sans beaucoup souffrir pour cela lorsqu'elle 
se trouve abritée par un mur ou plantée en terre 
sèche. Ce qui est surtout funeste à cette plante, ce 
sont les alternatives de gel et de dégel qui se re- 
nouvellent en février et mars, et les givres qui ré- 
sultent de la congélation des eaux pluviales, lesquels 
Avriz 1836. 14 


210 


désorganisent l'épiderme, et sont cause que la plante 
se fend sous l'influence de lhumidité, qui achève la 
décomposition. Quand ontient à en cultiver quel- 
ques pieds , il suffit de couvrir d’un coffre haut de 
six à huit pouces, et couvert de ses châssis, la 
plate-bande où sont plantés en pépinières les indi- 
vidus que lon prépare à fleurir l’année suivante. 
Quand on en cultive une petite quantité, il suffit de 
les mettre en pots, pour être rentrés en D + 
pendant l'hiver. 

Dans l’un et l’autre cas, on place en mars ou avril 
les plantes que Fon a ainsi conservées sur les plates- 
bandes où elles doivent fleurir, et on a soin d'en ré- 
colter les graines aussitôt leur maturité, car la plante 
meurt immédiatement. 

Ces graines sont semées de bonne heure, au prin- 
temps suivant, dans une terre meuble dont on les 
recouvre légèrement. Quelques mois après, lorsque 
le plant est assez fort pour être repiqué, on le re- 
lève et on le plante par deux ou trois pieds réunis, 
afin de former de belles touffes, quoiqu’un seul pied 
forme ordinairement plusieurs tiges, qui du reste 
sont fermes et droites , et fleurissent aussi bien en 
pots qu’en pleine terre. 

C'est une plante magnifique qui fleurit en juillet 
et août , époque où ses congénères sont toutes flé- 
tries. MM. Jacquin frères et compagnie la culti- 
vent dans leur jardin de Charonne. Pépin. 


PASSIFLORA , Lin. Monadelphie pentandrie , Lin.; 


Passiflores, Juss. 


Caractères génériques. Calice monophylle , décou- 
pé en cinq divisions profondes et oblongues ; cinq 


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SOYEUSE 


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Passiflora holosericea . 


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pétales oblongs, étalés, attachés à la base du calice ; 
une couronne colorée divisée profondément en deux 
rangées de filamens ; cinq étamines attachées sous 
l'ovaire, au sommet de son pédicule ; un ovaire su- 
périeur surmonté de trois styles épaissis à leur som- 
met, et portant des stigmates en tête; une baïe 
ovoïde, monoloculaire, contenant un grand nombre 
de graines ovales, munies d'une tunique propre, 
et attachées à trois placentas linéaires, adhérens 
à la paroi interne de la baïe. 


GRENADILLE SOYEUSE, Jassiflora holosericea , Lin.; 


Bor. rec. , 59. ( Voyez la planche. ) 


Plante hgneuse, originaire de la Vera-Cruz ; tige 
de dix à douze pieds, à rameaux cotonneux; les 
feuilles sont trilobées, pubescentes en dessous , 
munies de chaque côté à la base d’une petite dent ré- 
fléchie; pétioles biglanduleux ; fleurs blanches à 
couronne frangée d’un joli jaune aux sommets des 
rayons et d’un pourpre vif à la base. Cette plante, 
que l’on cultivait précédemment en serre chaude, 
supporte parfaitement la serre tempérée. I] lui faut 
une terre légère et substantielle ; on arrose fréquem- 
ment enété et presque point en hiver.On la tient dans 
des vases un peu grands, on la multiplie de graines 
semées sur couche chaude au printemps, de rejetons, 
de marcottes, ou de boutures étouffées. LEcoINTRE. 


ENTÉLÉE EN ARBRE, Æntelea arborea, R. Brown, Bot. 


Mag. , t. 2480. 


Arbre à feuilles alternes, cordiformes, anguleuses, 
pubescentes, doublement crénelées, longues de six 


212 


pouces, larges de quatre à cinq; les jeunes coton- 
neuses , à pétiole renflé à la base et long de quatre 
à cinq pouces. Stipules petites et persistantes; fleurs 
grandes, blanches, nombreuses, à quatre ou cinq 
pétales disposés en ombelle. Étamines nombreuses, 
jaunâtres; anthères arrondies; stigmate denticulé. 
Le fruit est une capsule à cinq ou six loges, hérissée 
de longs poils. 

Cet arbre, de la famille des tiliacées , est très-voi- 
sin du sparmania, avec lequel il a beaucoup de 
ressemblance par le port, la disposition, la gran- 
deur de ses feuilles et le nombre de ses belles fleurs. 
Il à été introduit à Paris en 1831, et paraît devoir 
s'élever à dix ou douze pieds, quoique dans ce 
moment il n’en ait que cinq. Il est très-vigoureux, 
garni d'un beau feuillage, pousse beaucoup pendant 
l'été et fleurit une partie de l’année. 

Son bois, mou et léger comme celui du sparma- 
nia, paraît être employé par les naturels pour soute- 
nir les filets de pêche à la facon du liége. 

[Lest originaire de la Nouvelle-Zélande; on le cul- 
tive en pots, en terre meuble et amendée, et on le 
rentre l'hiver en orangerie. Il est probable que dans 
le midi de la France il passerait fort bien la mauvaise 
saison en pleine terre. 

On le multiplie de boutures sur couche tiède et 
sous cloches, et de graines qui mürissent facile- 
ment chaque année. Il lui faut beaucoup d’arrose- 
mens pendant l'été. Nos collègues MM. Cels sont en 
mesure d'en livrer au commerce. P£PIN. 


CHILOPSIDE à Feuilles de Saule 


Chilopsis sahiena 
2 


213 


CHILOPSIS , D. Don. Didynanne angiospermie, 
Lin.; Bignonées, Juss. 


Caracteres genériques. Calice campanulé peu ven- 
tru, à deux lèvres , quelquefois à quatre divisions ; 
corolle campanulée; tube ventru; limbe à quatre 
lobes inégaux ondulés sur les bords ; quatre éta- 
mines didynames ; un filament stérile; un style 
terminé par un stigmate à deux lames; ovaire cy- 
lindrique; fruit... 

Observation. Ge genre diffère des Bignonia par 
son calice à deux lèvres; ce qui le rapproche du 
Catalpa, auquel il ressemble encore par ses quatre 
étamines fertiles et un filament stérile. 


CHILOPSIDE 4 FEUILLES DE SAULE, Chilopsis saligna , 
D. Don.; Signontia linearis, Cav.,Icon., 3, 269; 


Wizco., Sp. plant. ( Voyez la planche. ) 


Arbrisseau pouvant s'élever de huit à dix pieds, 
mais fleurissant beaucoup plus bas ; tige rameuse ; 
rameaux eflilés, verts et un peu velus dans leur 
jeunesse, gris-brun ensuite ; feuilles éparses, pres- 
que sessiles , quelquefois ternées, linéaires, très- 
étroites , rétrécies aux deux extrémités, longues de 
cinq à six pouces, larges de deux à trois lignes, 
entières et glabres sur les deux surfaces ; fleurs en 
grappes terminales composées de vingt à trente 
fleurs; pédicelles velus portant vers le milieu deux 
petites bractées caduques, sétacées, longues de cinq 
à sept lignes ; calice velu à deux lèvres entières ; 
corolle tubulée , longue de deux pouces, à limbe 
grand à cinq divisions inégales, dentées et crépues 


214 


sur les bords, d'un rose léger, ayant dans l'intérieur 
du tube deux stries saillantes et jaunes ; le dessous 
du tube est blanchâtre; quatre étamines didynames 
moins longues que le tube, à antheres blanches ; 
style un peu plus long que les étamines, terminé 
par un petit stigmate à deux lobes ; fruit... 

Ce très-joli arbrisseau est originaire du Mexique ; 
il est cultivé en Angleterre depuis 1825, et je l’ai 
recu en 1833, de M. Harpin, zélé amateur à Gray 
(Haute-Marne ), qui lui-même l'avait recu d’Amé- 
rique deux ou trois ans auparavant. Suivant la lettre 
de M. Harpin, publiée dans les Annales de Flore et 
de Pomone , année 1832, page 62, il a supporté six 
degrés de gelée ; il est cependant prudent d'en avoir 
en orangerie , où il passe parfaitement l'hiver, les 
feuilles étant caduques. On le multiplie facilement 
de marcottes qui s'enracinent aisément, mais qui au 
séparage fondent souvent. Je ne connais pas encore 
ce bel arbuste dans le commerce ; 11 mérite tous les 
soins des amateurs, ses fleurs étant charmantes et 
se montrant au mois d'août , époque où peu d'arbres 
et arbrisseaux sont fleuris. JAcQUESs. 


LACHENALE A FLEURS PENDANTES, Lachenalia pendula, 
Jace. ; Liliacées, Juss. 


Belle plante bulbeuse, originaire du Cap, à ognon 
blanchâtre, au sommet duquel sortent deux feuilles 
oblongues lancéolées, d’un beau vert, longues de 
quatre à six pouces, et larges de deux à trois. À 
leur centre, se développe une hampe raide, de six 
à huit pouces de hauteur, de couleur pourpre cen- 
dré, et pointillée dans toute sa longueur de petites 
taches plus foncées. Les fleurs, au nombre de quinze 


215 


à vingt-cinq, selon la grosseur de l'ognon, se dé- 
veloppent éparses du tiers de la hampe à son extré- 
mité supérieure. Elles sont tubulées, pendantes, 
longues d'un pouce à un pouce et demi, de couleur 
rouge-carmin luisant, et marquées de vert jaunâtre 
et de violet foncé au sommet des divisions. 

Cette plante magnifique sous le rapport de son 
inflorescence , qui ressemble à celle des genres Tri- 
toma et W'elthermia (Aletris Capensis, Lan), fleurit, 
selon la volonté des cultivateurs, depuis novembre 
jusqu’en mars, époque où les fleurs sont rares, et 
où lon ne dispose que d'un très-petit nombre. 
Quoique ancienne, elle est peu répandue dans 
le commerce; cependant M. Quillardet, horticul- 
teur très-habile , rue du Buisson-Saint-Louis, à Pa- 
ris , la cultive en grand depuis quelques années, et 
à la fin de chaque saison, il ne lui reste que les plus 
petits ognons qui n’ont pas fleuri, et qui lui servent 
pour la reproduction de l’année suivante. C'est le 
seul cultivateur qui, à ma connaissance, cultive 
cette plante avec succès, et soit toujours en position 
d'en fournir de beaux individus. 

C’est , au reste, une plante rustique. Dès le mois 
d'octobre on la place près du jour, sur une ta- 
blette de la serre tempérée, où sous châssis froid. 
En la plantant en août, en pots remplis de terre de 
bruyère ou de terreau de feuilles, mêlé à un cin- 
quième de terre normale , on obtient des fleurs du 
15 au 20 novembre, au lieu que si on plante en 
septembre ou octobre, la floraison ne commence 
qu'en janvier, et se prolonge, dans l’un et l’autre 
cas, jusqu'en mars. On met dans chaque pot un, 
deux ou trois ognons. 


216 


À la fin d'avril, lorsque les feuilles sont séchées , 
on cesse d’arroser ; on arrache les ognons, et on les 
dépose dans un lieu qui ne soit ni trop sec ni trop 
humide ; et lorsque la saison de les planter est reve- 
nue, on détache tous les caïeux qui se sont formés 
à la base de l'ognon, en ayant soin de ne pas alté- 
rer celui-ci, qui est destiné à fleurir. 

Le coloris et la durée des belles fleurs du Zache- 
nalia vendent cette plante fort intéressante pour la 
décoration des. appartemens ; où elle fait un joli 
effet, surtout lorsque l'art du jardinier sait lui con- 
server tous ses avantages, en la plaçant dans dés 
vases ou des jardinières disposés convenablement 
pour la faire valoir. 

J'ai eu, par rapport à cette plante, l'occasion de 
voir les cultures de M. Quillardet, et je m'empresse 
de rendre ici témoignage aux talens de ce cultiva- 
teur. Les plantes qu'il soigne jouissent d'une végé- 
tation parfaite, et sont disposées avec une élégance 
qui atteste son bon goût. Jai remarqué chez lui 
plusieurs plantes assez délicates et dans un brillant 
état de santé, telles que des Polygala cordifolia , 
des Pelargonium tricolor, des Pimelea decussata. 
Cet horticulteur est un des premiers qui aient multi- 
plié ce joli petit arbuste, qu'il a pu répandre én 
grande quantité tant dans le commerce français 
que dans celui de la Belgique. On lui doit, sous le 
nom d’Aster Alpinus flore albo, une variété qu'il a 
obtenue de l' Aster Alpinus {jolie espèce, remar- 
quable par ses fleurs bleues), et plusieurs variétés 
nouvelles de cactus, dont il a su faire varier. les 
couleurs en combinant les fécondations artificiel 
les. Parmi elles, il en est une qui porte son nom, 


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BALISIER ÉLEVE 


Canna excelsa 


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217 
et dont la figure a été donnée, page 99 du Journal 
et Flore des Jardins. Pépin. 


CANNA , Lin., Lamarck , PERsOON, VENT. ; Monan- 
drie monogynie, Lin. ; Balisiers , Juss.; Drym- 
mirrhizées , VENT. 


Caractères génériques. Calice persistant à trois 
divisions ; corolle beaucoup plus grande que le ca- 
lice, à six divisions, dont cinq droites, et l’autre le 
plus souvent réfléchie; un filament d’étamine à 
deux lobes, dont le supérieur porte une anthere 
adnée ; style pétaloïde, ensiforme; stigmate linéaire 
adné ; capsule scabre, couronnée par le calice; se- 
mences presque globuleuses. 


Bausier ÉLEVÉ, Canna excelsa, Lopnic., Bot. Cab., 


743. (Voyez la planche. ) 


Tiges glabres, noueuses, s’élevant de douze à 
quinze pieds; feuilles alternes, glabres, lancéolées, 
entières, bordées de brunâtre, portées par des pé- 
tioles de douze à quinze lignes de long, engaînans 
à leur base; tige terminée d’abord par un épi de 
cinq à six fleurs, mais formant ensuite la panicule 
par les épis latéraux qui se développent successive- 
ment; calice à trois divisions pointues, verdâtres , 
teintées de rouge, serrées sur le tube de la corolle, 
qui est longue de plus de trois pouces, d’un rouge 
écarlate vif, et n'ayant aucune de ses divisions réflé- 
chie, ce qui la rend presque tubuleuse; ovaire 
presque cylindrique. Les fruits n’ont point noué. 

Cette gigantesque plante est originaire du Brésil, 
et cultivée en Angleterre depuis 1820; je l'ai obte- 


218 


nue de semis en 1828. L'ayant tenue en pots pen - 
dant deux ans, et voyant qu'elle n’y fleurissait point, 
je l'ai plantée en pleine terre, dans le pavillon de la 
grande serre chaude de Neuilly, où elle s’est élevée 
à plus de dix-huit pieds sans montrer ses fleurs. 
Enfin, au printemps de 1834, j'en mis un pied dans 
une caisse de dix-huit pouces ; il passa l’été de cette 
même année en plein air, et l'hiver il fut rentré en 
serre chaude; en eut soin de couper constamment 
les nouveaux jets qui s’élevaient des racines, n’en 
ayant laissé que deux des plus vigoureux : ce trai- 
tement nous réussit, puisqu’en novembre. 1835 les 
fleurs se développèrent au sommet d'une tige de 
treize pieds. 

Elle se multiplie donc facilement par la division 
de sa touffe et le séparage de ses œilletons; mais, 
comme presque toutes les autres espèces et variétés 
du genre, je ne crois point que celle-ci puisse être 
cultivée en plein air, soit en couvrant ses racines 
pendant l'hiver, soit en les relevant l’automne , pour 
être replantées au printemps suivant, puisque les 
tiges n’ont donné fleur que la seconde année après 
leur sortie de terre. JACQUES. 


Extrait d'unenotice sur le Nelumbium speciosum, où 


Nélumbo de l'Inde, par M. Rafjeneau-Delile. 


Cette superbe plante a fleuri à Montpellier dans 
l'été de 1835, en plein air, résultat qui n'avait pas 
encore été obtenu en Europe, j'ai donc cru que quel- 
ques détails à son égard ne pourraient que faire 
plaisir aux amateurs et aux horticulteurs, et je laisse 
parler l'auteur même. 


210 


:.1 «La culture de cette plante était justement 
enviée à l'Inde , surtout quand l'expérience démon- 
tre que les plantes aquatiques se naturalisent plus 
facilement que d’autres. Le Papyrus de ancienne 
Évypte, transporté en Syrie, dans le Jourdain , et 
en Sicile , à Syracuse , en est une preuve; nous le 
conservons même en France, avec un peu d'art et 
de soin, malgré nos hivers. 

‘« Aucune plante, depuis l'expédition d'Égypte, 
ne me touchait plus que le Velumbo. J'ai questionné 
les voyageurs ; j'ai fait de fréquentes demandes de 
graines. Îl y avait eu de ces graines à Paris; elles 
avaient été fort étudiées , sous le rapport de la ger- 
mination, par les meilleurs botanistes; je n’en avais 
pu voir que des germinations détruites. 

J'ai obtenu des graines, il y a quelques années, 
par M: G. Bentham, secrétaire de la Société d'Hor- 
ticulture de Londres, et par M. le professeur de 
botanique Dargelas, de Bordeaux. 

«Ces graines ont été semées avec succès ; elles 
serment facilement à quelques lignes sous l’eau ; et 
pour les avoir hâtives, en avril, il faut les mettre 
sur couche et les couvrir d’une cloche ou d'un chàs- 
sis ; elles donnent de premières feuilles flottantes , 
et ensuite, pendant l'été, de grandes feuilles pé- 
donculées, hors de l’eau. Leur belle végétation dé- 
pend de la grande capacité des vases où est cultivée 
la plante. Nous pensions d’abord qu’il lui fallait plus 
de chaleur que dans les bassins du jardin ; nous la- 
vons soignée à la manière des ananas , chauffée sur 
couche, sorte de culture qui n’a pas répondu à notre 
attente. Nos essais nous ont conduit à mettre des 
vases dans une exposition favorable, au voisi- 


220 


nage d'arbres des allées donnant un peu d'abri. 

« Beaucoup d'air est nécessaire à cette plante , 
et il est quelquefois difficile de lui en procurer assez, 
parce qu'elle offre, par ses larges feuilles, une 
grande prise aux vents, Il faut donc la garantir des 
ouragans. Les vastes eaux tranquilles sont son élé- 
ment , sur lequel règne une atmosphère très-propre 
à maintenir la délicate fraîcheur des feuilles. Les 
rayons trop vifs du scleil g»illent ces feuilles , si elles 
y sont exposées de toutes parts dans un vase isolé. 

« Cependant rien n’a manqué à la végétation de 
cette plante au jardin de Montpellier , puisque nous 
en espérons même des graines, et que ses racines 
y suffisent d’ailleurs pour la multiplier. 

«Les feuilles périssent en automne, et 1l n’en reste 
point de traces pendant l'hiver; les racines seules 
persistent au fond de Feau. Nous les avons conservées 
jusqu'ici dans la serre tempérée, sans avoir été 
obligés de combattre le froid autrement que par 
d’exactes fermetures et des paillassons, lorsque le 
soleil n’était pas sur l'horizon. Telle est la beauté du 
climat à Montpellier, qu'il ne gèle point ordinaire- 
ment dans une serre conduite si simplement. De 
plus grandes précautions, les poêles , ne sont requis 
que pendant les longs jours couverts, froids, hu- 
mides, dont la continuité , qui serait désespérante, 
est heureusement fort rare. 

« Les racines du Velumbium sont de longs cordons 
cylindriques qui ressemblent à des tiges articulées 
de roseau; elle sont charnues, cassantes aux ré- 
trécissemens de leurs articulations, fistuleuses , 
très-pourvues de trachées déroulables, qui abondent 
aussi dans les pédoncules et dans les pétioles. 


221 


« Les parties renflées des racines sont les plus 
fortes, susceptibles de bonne conservation , tandis 
que les racines grêles sont souvent atteintes de 
pourriture. Une plante qui était cultivée depuis 
quelques années dans un vase de la contenance de 
deux hectolitres, a présenté une racine longue de 
quatre à cinq pieds, et de la grosseur du pouce; 
nous avons coupé cette racine en deux parties, au 
printemps dernier, pour cultiver l’une plus courte 
dans un vase de poterie des plus grands du pays, et 
l'autre dans un large baquet de la contenance de 
quatre hectolitres, double de celle du vase. 

« Chaque jour on a eu soin de renouveler une 
quantité suflisante d'eau pour que les plantes y 
fussent baignées parfaitement. Le vase de poterie a 
été gardé à Pair, et le baquet a été, au commen- 
cement de l'été, plongé entièrement au milieu d’un 
des bassins d’arrosement du Jardin de Botanique ; 
l'eau s’est couverte des feuilles du Velumbium, dans 
le vase et dans le bassin ; les unes sont demeurées 
appliquées sur l’eau et flottantes, les autres se sont 
élevées sur leurs pétioles à trois et six décimètres 
(un à deux pieds) au-dessus de l'eau. Plusieurs 
boutons de fleurs ont paru dans le mois de juillet ; 
ils ont été plus précoces dans le vase isolé à l'air 
que dans le bassin. 

« Trois fleurs se sont magnifiquement épanouies 
au-dessus du vase et au-dessus des plus hautes 
feuilles. Ce vase a été l’imitation du mode de cul- 
ture usité, dit-on, pour orner les galeries opu- 
lentes de quelques pays de l'Inde. Quatre autres 
fleurs se sont épanouies dans le bassin. Les pédon- 
cules s'y sont élevés d’un mètre (trois pieds ) au- 


222 


dessus du niveau de l’eau, et ont porté des fleurs de 
trente centimètres (dix à onze pouces) de large; les 
plus grands disques des feuilles ont eu cinquante 
centimètres ( dix-huit pouces ) de largeur : l'eau était 
à la température ordinaire de vingt-deux à vingt- 
quatre degrés centigrades en juillet. 

« Le Nelumbium est principalement: intéressant 
en botanique par la singularité de son fruit, dont 
les caractères ont servi à Tournefort pour établir le 
genre Velumbo. Ce nom est celui de la plante à 
Ceylan. M. de Jussieu en a fait le nom de Nelum- 
bium , adopté dans la science. 

« Voici quelques détails organographiques de 
cette plante. Elle ne présente aucuns stomates ni 
raphides ; elle fournit un suc laiteux par l’éraille- 
ment de ses nervures, et par la rupture de ses pé- 
doncules et de ses pétioles ; sa ressemblance est 
très-grande avec les autres Nymphéacées. On dé- 
couvre, en comparant les feuilles orbiculaires du 
Nelumbium aux feuilles échancrées cordifermes 
des VNymphæa, que les feuilles orbiculaires , con- 
struites sur le plan des feuilles cordiformes, n’en 
diffèrent que par une soudure permanente de ner- 
vures. Le disque des feuilles , dans les deux genres, 
se déroule également par les deux moitiés paral- 
lèles ; mais il n’est pas aussi uniformément orbicu- 
laire dans le Nelumbium qu'il le paraît. 

« Son ombilic présente une nervure médiane; 
d'origine latérale, de la terminaison du pétiole, 
sorte de nervation qui répond à celle du Nymphæa. 
Les nervures, dans les feuilles adultes, varient le 
plus souvent de vingt à vingt-trois. 

« La face supérieure des feuilles est d’un velouté 


223 

extrêmement fin, sur lequel Feau coule se gouttes, 
semblables à des globules de cristal; ce n’est point 
ici un simple enduit glauque farineux, comme dans 
le pavot ou sur les prunes, mais une organisation 
papilaire très-vivante, que le contact de l'eau ne 
mouille pas et qui en repousse toute adhérence: 
La pluie tombe , comme dans des coupes, dans les 
disques des feuilles , profondes de trois pouces ‘et 
également rabattues par les bords en manière de 
pavillon de corps de chasse, et huit à dix feuilles 
versent à la fois un petit ruisseau d’eau dès que le 
vent fait céder et incliner leurs pétioles. 

« Notre plante; par sa rareté, a eu le privilége 
d’être très-visitée , très-admirée, d'attirer un con- 
cours de personnes qui apprenaient avec intérêt 
qu'elle est utile pour ses graines et ses racines, bonne 
pouraliment dans Inde ; mais cette qualité d’abiment 
est vile, sans mérite, en comparaison de élégance, 
de la couleur, et du parfum anisé de la fleur; elle res- 
semble beaucoup, avant de s'épanouir, à une énorme 
tulipe. Jy ai compté dix et douze pétales, d’un beau 
rose par leur sommet , et blanchâtres à leur base, et 
six à huit pétales nuancés de vert en dehors. 

« Les étamines, extrêmement nombreuses , ont 
les anthères linéaires, biloculaires , extrorses , tan- 
dis qu'elles sont introrses dans les Nymphæa. Leurs 
filets se prolongent au-dessus des loges, en une 
petite massue obovoïde de tissu celluleux, dont 
l'axe est fibreux , capillaire , et dont l'épiderme est 
on ne peut plus finement papilleux. 

« Le pollen est globuleux , lisse ; on en voit à la 
loupe des grains distincts sur les stigmates, qui 
sont en plateaux un peu bombés , formés extérieu- 


224 


rement de papilles serrées, visibles seulement au 
microscope. 

« L'insertion des parties de la fleur a lieu par 
cercles spiraux qui laissent leurs traces sur le sup- 
port du fruit ; comme dans le pavot, le fruit est un 
cône celluleux , renversé , dans lequel les graines 
ou carpelles sont implantées dans presque toute leur 
longueur, et un peu saillantes à la face plane éta- 
lée , où base renversée du cône; le fruit le mieux 
garni de graines en a porté dix-neuf. 

« On en voit, dans les collections, qui ont au-delà 
de vingt graines. 

« Cette superbe plante, qui est demeurée figurée 
dans les armoiries des temples del'Esypte, nous rap- 
pelle la plus ancienne civilisation. Elle existe en- 
core, toute du règne des divinités tutélaires , dans 
l'Inde ; elle a été tellement caractéristique du génie 
du bien dans l’ancienne Egypte, que pour en éta- 
ler les merveilles la fiction en a été prodiguée. C'est 
une pure fable inscrite dans l’histoire , que les aï- 
guillons de cette plante, qui ne sont que de très- 
petites aspérités, empêchaient l'approche du cro- 
codile , qui en aurait eu les yeux blessés. 

« Cette plante fleurie, acclimatée, est une pré- 
cieuse offrande horticole, digne des arts de décor ; 
elle est destinée à agrandir la composition des ta- 
bleaux si estimés sur porcelaine, et en tissus somp- 
tueux, chefs - d'œuvre d'ameublement, que nos 
célèbres manufactures répandent dans les deux 
mondes. » JACQUES. 


BRRELSS 


DE FLORE ET DE POMONE. 


VO 61e 606210682000 2808000e06ç0@0e 0001006 S061t80ete0Sisç6cetéctes cetetere 


MÉTÉOROLOGIE. 


Du Barometre. 


Cest un instrument inventé par les physiciens 
pour mesurer la pression de Fair atmosphérique, et 
que l'expérience a rendu propre à indiquer les va- 
rations météorologiques avec une presque certi- 
tude , à cause de la coïncidence naturelle qui a été 
observée entre les différens degrés de pesanteur de 
l'air et la disposition de l'atmosphère au beau ou au 
mauvais temps. 

Galilée avait découvert la pesanteur de l'air, et 
trois ans après, en 1643, Toricelli, son élève, in- 
venta le tube qui porte son nom, pour pouvoir 
l'apprécier d’une manière exacte. Cet appareil, qui 
est le baromètre le plus simple, se compose effecti- 
vement d’un tube de 8 décimètres et demi environ 
(à peu près 31 pouces), exactement fermé par un 
bout et que l’on remplit de mercure en le chauffant, 
ainsi que je l'ai dit pour le thermomètre; on le 
renverse ensuite, après avoir posé le doigt sur l’o- 
rifice ouvert pour empêcher l'écoulement du mer- 


cure, et on plonge cette extrémité dans le même 
Mar 1836. 15 


226 


métal contenu dans une petite cuvette en verre ; on 
retire le doigt, et le mercure se met en équilibre. 
La différence qui existe entre le niveau du métal 
dans la cuvette et sa hauteur dans le tube, repré- 
sente la pression de l'air, dont une colonne ayant 
un décimètre carré à sa base pèse 103 kil. 13, 
poids égal à celui d'une colonne de mercure de 
même base, ayant 760 millim. de hauteur, ou 
28 pouces. C'est donc sur ce rapport entre la pe- 
santeur spécifique du mercure et celle de Pair, qu'est 
fondée la théorie du baromètre. 

On a donné diverses formes aux baromètres selon 
leur destination ; je n'en ferai connaître que deux 
qui sont celles le plus généralement adoptées pour 
les usages domestiques et les observations usuelles 
de l’agriculture et de l'horticulture. 

La première, dite baromètre à cuvette, qui n’est 
autre chose que l'appareil décrit ci-dessus et fixé 
sur un support en bois, est la plus simple et la 
meilleure pour les usages ordinaires, c'est-à-dire 
lorsque le baromètre n'a pas d'autre destination que 
d'observer la pression atmosphérique en restant 
dans le même lieu. 

La condition la plus essentielle de la bonté d’un 
baromètre est que son tube soit sur toute sa lon- 
gueur d’un calibre bien égal et exactement purgé 
d'air, ce que l’on obtient en chauffant fortement le 
tube et la cuvette. La moindre molécule d'air in- 
terposée parmi celles du mercure empêcherait par 
son élasticité ce métal d'indiquer précisément la 
pression atmosphérique. On reconnaît que le tube 
du baromètre est parfaitement vide en l'inclinant 
peu à peu jusquà ce que le mercure vienne en 


227 

remplir l'extrémité supérieure, sans y laisser Ja 
plus petite bulle d'air. I est bon d'aller doucement 
en faisant cette épreuve, car si on la brusquait, le 
mercure pourrait rompre le tube, contre l’extré- 
mité duquel il vient frapper d'un coup sec. 

Le support sur lequel est fixé le baromètre est 
gradué par une échelle divisée en 30 pouces ou en 
80 centimètres. Le o est inscrit au niveau du mer- 
cure dans la cuvette, lequel varie peu à cause de 
la grande différence de capacité entre elle et le tube. 
Au haut de l'échelle, les indications sont inscrites 
de la manière suivante : 


à 27 pouces, tempête. 


27 41. grande pluie. 
27 8 |. pluie. 

28 variable. 

28 4 1. beau temps. 
28 8 1. beau fixe. 

29 tres-sec. 


D'où résulte la conséquence que plus le mercure 
monte, plus il fait beau. 

La seconde forme , encore très-usitée, est celle du 
baromètre a cadran. 1 se compose d’un baromètre 
à siphon, formé tout simplement d’un tube re- 
courbé, à branches inégales de longueur, dont la 
plus longue est hermétiquement fermée, et la plus 
courte ouverte. Ce tube est rempli de mercure en le 
chauffant fortement. Ce siphon est fixé derrière un 
cadran percé au centre d'un trou qui laisse passer 
l'axe sur lequel s’ajuste l'aiguille, axe qui supporte 
derrière le cadran une double poulie de 4o mm. 
(environ 18 lignes) de circonférence. Le siphon qui 


328 


forme le baromètre ayant la même capacité dans 
toutes les parties de son tube, on concoit que le 
mercure ne peut pas s’abaisser dans une branche 
sans monter dans l’autre, et réciproquement ; au 
contraire du baromètre à cuvette, où le niveau du 
mercure ne varie pas sensiblement, ainsi que je lai 
déjà fait remarquer. 

Sur le mercure qui se trouve dans la branche la 
plus courte du siphon, pose une petite ampoule de 
verre contenant une certaine quantité de mercure, 
laquelle se trouve attachée par un fil de soie à l'une 
des deux petites poulies , sur laquelle elle s’enroule 
quand le mercure la soulève ; un autre poids, un peu 
moins pesant que lampoule , attaché de la même 
manière à l’autre poulie, pend le long de la plus 
longue branche du siphon. Par cette disposition, 
si le mercure s'élève dans la plus longue branche du 
siphon, il s’abaisse dans la plus courte, et l’ampoule 
descend en faisant tourner les deux poulies sur 
l'une desquelles s’enroule le fil portant le poids qui 
remonte entraîné par la pesanteur de l’ampoule. Si 
au contraire le mercure s’abaisse dans la branche la . 
plus longue, il s'élève dans la plus courte , soulève 
lampoule dont le fil s’enroule sur sa poulie que le 
poids fait tourner. La circonférence du cadran est 
divisée en trente-deux parties correspondant à 
trente-deux lignes qui sont l’espace dans lequel ont 
lieu chez nous toutes les oscillations du baromètre. 
Supposons cet instrument suspendu verticalement, 
et imaginons une ligne perpendiculaire à l'horizon 
qui partage son cercle en deux segmens égaux. En 
partant du point où cette ligne coupe le cercle dans 
sa partie inférieure, on marque en commencant 


ra 


229 


par la gauche, sur la circonférence du cadran, les 
32 divisions qui, comme je l'ai dit, représentent 
des lignes. Ensuite , devant la 4°, à partir toujours 
du même point et à gauche du cadran en le regar- 
dant, on écrit le chiffre 27 p°; douze lignes plus loin 
on écrit 28 p., qui se trouve placé précisément sur 
le haut du cadran à l’endroit où la ligne perpendi- 
culaire le coupe en deux; en descendant de 12 li- 
gnes vers la droite , on écrit 29 p°, qui se trouve 
séparé seulement par 8 lignes du chiffre 27 p'. En- 
fin on écrit les indications du temps autour du ca- 
dran en les placant vis-à-vis des pouces et des lignes, 
correspondant à ceux que j'ai indiqués pour le ba- 
romètre à euvette. Toutes les oscillations du mer- 
cure sont rendues sensibles sur le cadran par l’ai- 
guille qui, placée sur son axe, obéit au mouvement 
circulaire que celui-ci recoit de poulies et qu'il lui 
communique.Seulement, en placant l'aiguille, il faut 
consulter la hauteur du mercure sur un autre ba- 
romètre et ajuster l'indicateur sur son axe, de facon 
à ce quil marque le n° correspondant. Cela fait, 
il continuera à marquer sur le cadran la bus 
du mercure dans le siphon. Ce baromètre, au sur- 
plus, a pour destination spéciale d'indiquer le beau 
ou le mauvais temps. 

Bien que les usages du baromètre ne se bornent 
pas aux seules indications météorologiques, c'est 
principalement sous ce rapport que je vais le con- 
sidérer; car ce sont elles seules qui peuvent inté- 
resser les cultivateurs. Cependant, avant de cher- 
cher à expliquer le plus rationnellement possible 
les causes qui produisent les oscillations du mer- 
cure, je crois devoir parler d'un de ses usages qui 


230 


n'est pas sans intérêt sous le rapport agronomique : 
c’est l'emploi que font les géographes physiciens 
du baromètre pour mesurer les hauteurs. Nous 
avons dit qu'une colonne d’air de toute la profon- 
deur de l'atmosphère était égale en poids à une co- 
lonne de mercure de mème base ayant 28 pouces 
de hauteur. On concoit de suite que le plus ou 
moins de profondeur dela couche atmosphérique doit 
faire varier cette pesanteur. La première pensée de 
ce fait est due à Pascal, qui, soupconnant que la 
couche d'air atmosphérique devait être moins 
épaisse sur les montagnes que dans les lieux bas, 
fit, avec le secours d’un de ses amis, des expériences 
sur le Puy-de-Dôme et au niveau de la mer, qui le 
convainquirent de la justesse de son observation. 
C'est donc en prenant cette expérience pour base, 
que les savans sont parvenus à déterminer les bau- 
teurs des montagnes par rapport au niveau de la 
mer, ou à celui des lieux placés à leurs pieds. Ces 
observations barométriques, auxquelles MM. de 
Humboldt et Bonpland ont consacré tant de patientes 
recherches, se font avec une grande précision, 
mais à l’aide de formules fort compliquées. Qu'il 
nous suflise de dire que, toutes choses égales d’ail- 
leurs, chaque fois que l’on s'élève de 10 m. 45 cent., 
le mercure s'abaisse d’un millimètre; mais cette 
donnée se modifie suivant le degré de température, 
suivant la différence en plus ou en moins entre l’é- 
lévation du mercure et le terme de 28 pouces, et 
enfin suivant l’état hygrométrique de l'air qui fait 
varier sa pesanteur spécifique. 

Mais revenons aux indications météorologiques. 
On a beaucoup varié sur l'explication des phéno- 


231 


mènes qui ont lieu dans ce cas. On avait d'abord 
pensé que l'air chargé de vapeurs aqueuses deve- 
nait plus pesant, et que, par conséquent, le mercure 
devait monter ; mais l'observation prouva bientôt 
le contraire. On reconnut alors que les vapeurs 
d'eau, en se mélant à l'air, en augmentaient le 
volume et rendaient sa pesanteur moindre, puis- 
qu’elles sont plus légères que lui ; mais la réflexion 
indiqua bientôt que telle ne pouvait pas être la 
cause de l’abaissement du mercure, car ces vapeurs, 
étant moins pesantes, devaient bientôt gagner les 
hauteurs de l'atmosphère, en vertu des lois qui 
régissent l'équilibre des fluides, et compenser par 
leur élévation leur défaut de pesanteur. On avait 
d’ailleurs remarqué que le baromètre était souvent 
en désaccord avec l'hygromètre, et qu’il annonçait 
parfois une pluie ou un orage encore éloigné, sans 
que l'hygromètre indiquât que lair fût humide. Il 
a donc fallu rechercher la cause de labaissement du 
mercure dans les phénomènes qui s’opèrent lors de 
la formation de la pluie et des orages. 

Indiquons done sommairement les lois physiques 
qui président à la formation de ces météores. La 
pluie résulte de la condensation des vapeurs bu- 
mides qui se résolvent en eau par le refroidisse- 
ment; ces vapeurs , qui formaient un volume beau- 
coup plus considérable avant la condensation, 
produisent un vide qui diminue la tension et fait 
baisser le baromètre, non-seulement dans le lieu 
même, mais encore dans tous ceux d’où l'air s'é- 
lance par son expansion pour aller combler le vide, 
jusqu'à ce que, remplacé de proche en proche, 
tout soit mis en équilibre. Il en est de même en 


232 


hiver, lorsqu'il neige; la condensation des va- 
peurs humides qui se congèlent dans l'atmosphère, 
produit un effet analogue. 

Pendant l'orage , l'abaissement du mercure peut 
être encore augmenté si des gaz inflammables, 
exhalés de la terre, ont été soulevés par leur lé- 
sereté dans les hautes régions de l'atmosphère, 
parce qu’alors l'électricité, attirée d’un nuage par 
un autre, traverse les couches gazeuses qu'elle 
enflamme , et forme de nouveaux vides qui dimi- 
nuent d'autant la tension de l'air. 

Je ne trouve pas non plus d’autres causes , que 
des condensations plus ou moins considérables des 
gaz ou des vapeurs humides , au vent qui abaisse 
aussi le mercure; car si lair environnant était 
poussé par une expansion rapide d’une masse d’air 
venant de plus loin, le baromètre hausserait en 
pareil cas, tandis que presque toujours il baisse. 

Si, au contraire, l'atmosphère est pure et dé- 
gagée de toute espèce de vapeurs ou de gaz étran- 
sers à l'air, celui-ci jouit alors de toute son élasti- 
cité, qui semble augmenter sa pesanteur, et sa 
pression sur le mercure est telle, quil s'élève 
dans le tube à la plus grande hauteur relative. J'en- 
tends, par ce mot, que les oscillations du baromètre 
n’ont pas la même étendue dans toutes les contrées 
du globe. Elles sont presqu'insensibles sous l’équa- 
teur, vont en augmentant à mesure qu'on avance 
vers les pôles, ce qui justifie encore ce que je 
viens de dire, car c'est là que labaissement de la 
température produit le plus de condensations , qui 
peut-être sont la cause que, par rapport à nous, le 
vent du sud souflle souvent en été, parce que l'air 


233 
est presque toujours attiré vers notre pôle par les vi- 
des qui s’y opèrent. Au contraire, les condensations 
qui ont lieu sous notre climat pendant la mauvaise 
saison, rétablissent des courans venant du nord. 

Quoi qu’il en soit de ces explications données par 
les physiciens, et qui toutefois satisfont la raison, 
l'observation avait su avant, et sans se rendre compte 
des causes, tirer des pronostics assez probables des 
indications du baromètre. Je crois devoir termi- 
ner cet article par leur résumé. 

1. Les oscillations du mercure annoncent un 
changement de temps. 

2. Son abaissement pronostique aussi bien la 
pluie que le vent. 

3. Les vents de nord, de nord-est et d'est, font 
moins baisser le mercure que les autres. 

4. Le mercure qui descend beaucoup et lente- 
ment annonce du temps mauvais et durable. 

5. C'est le contraire s’il monte beaucoup et len- 
tement. 

6. Les oscillations instantanées indiquent que le 
temps qu'elles pronostiquent sera de courte durée. 

7. L’abaissement du mercure par un temps fort 
chaud n'annonce de l'orage qu'autant qu'il est 
considérable; autrement sa variation, lorsqu'elle est 
peu importante, ne présage pas de changement de 
temps. 

8. Le mercure en s’élevant pendant l'hiver an- 
nonce la gelée. Son abaissement annonce de la 
neige ou du dégel. 

Telles sont à peu près les indications probables 
qu'on peut obtenir du baromètre; mais il faut 
pour cela le tenir suspendu contre un mur, perpen- 


354 

diculairement a l'horizon et d'une manière fixe. II 
est encore essentiel de le placer dans un lieu où il 
soit sous l'influence de la température de l'atmo- 
sphère, caï sil était dans un appartement chaud 
pendant l'hiver, le mercure y serait toujours un 
peu plus élevé à cause de la dilatation qu’occasio- 
nerait la chaleur. Doverce. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Résultat des effets de la gelee sur quelques arbres 
verts. 


J'ai publié, page 33 de ces Annales, année 1833- 
1854, des observations sur les effets produits par 
la gelée, à la fin de mars 1834, sur plusieurs espèces 
d'abies (sapinette). J'ai continué à observer les ar- 
bres dans lesquels la sève avait été si brusquement 
refoulée par cette gelée inattendue; malgré leur 
vigueur et leur rusticité habituelles, la plupart de 
ceux qui ont été atteints au moment de l'ascension 
de la sève sont morts pendant l'automne 1834 , etil 
a fallu en arracher beaucoup encore au printemps 
1835. Le peu qui existe aujourd'hui est dénué 
de feuilles , à l'exception des extrémités des jeunes 
rameaux. Dans beaucoup de grands parcs, on les 
a fait arracher à cause de l'effet désagréable qu'ils 
produisaient. Parmi eux, il s'en est trouvé qui 
avaient déjà une hauteur de 30 à 40 pieds, et c'est 
une perte inévitable, surtout à cause de l'emploi 
qu'ils remplissaient dans les scènes pittoresques 
dont ils faisaient partie. Cet accident a surtout été 
remarquable à Trianon , Compiègne, Neuilly, et 


255 

dans les jardins de MM. Rothschild et d’autres ama- 
teurs. Il est vraiment surprenant que des sapins, 
qui montrent leur sombre feuillage dans les con- 
trées voisines du pôle glacial, aient succombé à une 
gelée de 5 degrés. Cette mortalité ne peut être at- 
tribuée qu'à l’époque où ce froid a eu lieu et où 
déjà la sève en mouvement avait attendri les bour- 
Seons. 

J'ai en effet remarqué aussi que c’est à ces gelées 
tardives que nous devons la perte de plantes exoti- 
ques acclimatées, plutôt qu'a un froid continuel 
qui aurait lieu en saison. PÉpin. 


Seconde floraison de quelques arbres et arbustes. 


Pendant les mois de septembre et octobre, et 
même pendant les premiers jours de novembre der- 
nier, J'airemarqué, comme l'année précédente, beau- 
coup d'arbres et de plantes en fleurs pour la seconde 
fois. La plupart étaient de ceux qui, en 1834, avaient 
également donné une seconde floraison, et cette 
fécondité ne paraissait pas les altérer en rien. Ne 
serait-il pas possible que ce soient des variétés plus 
précoces modifiées par le semis? Cette anomalie 
s’est particulièrement montrée surles marronniers, 
les pommiers, les poiriers, les lilas à feuilles laci- 
niées ou de persil, les iris, etc. Pépin. 


236 


HORTICULTURE. 
À MM. les Rédacteurs des Annales de Flore 


et de Pomone. 
Messieurs, 


Voulez-vous permettre à un de vos abonnés de 
venir vous soumettre quelques réflexions que sa po- 
sition d'ami des sciences agricole et horticole lui a 
suggérées, et qui probablement vous feront sourire 
plus d’une fois, autant par leur naïveté que par le 
cachet d’ignorance dont elles sont revêtues. Il ne 
faut cependant pas se hâter de rire aux dépens d'un 
homme qui connaît lui-même son incapacité, a le 
courage de l'avouer, et est prêt à faire tous ses 
efforts pour la faire cesser. 

D'abord, et c’est ici un petit sentiment d’amour- 
propre qui me fait parler, je viens de quitter le ser- 
vice, où J'étais entré fort jeune, et vous savez que 
bien qu’un agriculteur et un militaire manœuvrent 
sur le terrain, ils ne le voient pas de la même ma- 
nière; ainsi donc, mon coup d'œil embrasse parfaite- 
ment l'étendue d’un champ, mais le reste m'échappe 
comme si j'étais le plus grand aveugle de l'univers. 
J'ai pourtant un vif désir de voir clair, et pour cela 
j'ai causé avec mes voisins. L'un m'a donné un avis 
opposé à l’autre, et je ne suis pas en état de discer- 
ner livraie du bon grain. Il y a bien la ressource des 
expériences, mais je me fais vieux, et j'ai appris 
queles épreuves en agriculture exigeaient du temps : 
je suis forcé d'en être avare. On m'a conseillé d’a- 
cheter des livres; j'ai dépensé beaucoup d'argent, 


237 

j'ai lu tellement que j'ai failli m'aveugler physique- 
ment , et cependant toutes ces lectures n’ont pas fait 
cesser ma cécité morale. Au contraire, je vous l’a- 
vouerai, avant je ne doutais de rien, aujourd’hui je 
doute de tout. Je m'adresse, par exemple, à un auteur 
en réputation pour savoir une chose; probablement 
elle était trop connue, il l’a omise. Sur un autre point, 

deux ouvrages me disent des choses diamétralement 
contraires. Je dois pour tant vous confesser que le 
plus souvent les auteurs s'entendent assez bien, car 
quelquefois leurs expressions sont identiques au 
point que je ne comprends pas comment deux hom- 
mes ont pu, par hasard, età des époques différentes, 
penser et parler avec un accord si parfait. Aussi, en 
pareil cas, je ne me crois plus embarrassé. Eh bien! 
je ne sais par quelle fatalité, c'est justement quand 
J'exécute une opération conseillée par plusieurs au- 
teurs, qu'elle ne réussit pas. Je m'y perds. 

Ne pensez point, messieurs, que je m'en prenne à 
eux de ce que je ne trouve pas dans leurs ouvrages 
les renseignemens que je désire; je confesse que 
c'est ma faute, et je me surprends quelquefois même 
à douter si je sais lire. Quoi qu'il en soit, je voudrais 
sortir de cette position, et je m'adresse à vous. Je 
lis attentivement vos Annales, et je conviens que j'y 
comprends quelque chose; cependant, grâce à cette 
concession, permettez-moi de leur reprocher aussi 
de ne pas offrir un corps complet de doctrines. Je 
sais bien que vous pouvez me répondre que ce jour- 
nal n'a pas pour but de faire connaître les élémens 
des sciences auxquelles ilest consacré ; qu'il s'adresse 
aux amateurs déjà connaisseurs, et que, par cette 
raison, il ne doit pas entrer dans les humbles détails 


258 

de la culture. Cependant Je ne suis pas le seul qui 
en soit à l'A B C de l'agronomie , et votre journal, 
s1l consacrait une portion de ses pages à une série 
d'articles qui prissent la science à son début et la 
conduisissent jusqu'à l'état des connaissance actuel- 
les, remplirait une lacune qu'aucun ouvrage encore 
ne me paraît avoir comblée. Mais si vous trouviez 
cette œuvre digne de vous, il ne faudrait pas crain- 
dre de publier les choses que vous croyez le mieux 
connues; car ce sont celles qui sont le plus arbitrai- 
rement exécutées, et sur lesquelles il est plus néces- 
saire d'être bien fixé. De cette manière, au moins, 
sansnuireau plan de votre journal, et tout en y con- 
servant une large place pour les nouveautés que re- 
cherchentsiavidement les amateurs, on y trouverait 
un cours complet et méthodique d’horticulture et 
d'agriculture, qui seuls mériteraient à votre travail, 
fort intéressant d’ailleurs , une place honorable dans 
les souvenirs de la postérité. 

Si ce n’était véritablement , messieurs, la crainte 
de passer à vos yeux pour jouer le rôle de M. Josse, 
je prendrais la liberté grande de vous soumettre un 
plan, non des connaissances auxquelles vous avez 
voué votre Journal, mais de ceiles que je voudrais 
bien acquérir et qui me semblent pouvoir n'arriver 
par les Annales de Flore, pour peu que vous vouliez 
vous y prêter, ce dont je ne doute pas, si cependant ce 
que je demande est fondé en raison, ce dont je pour- 
rais douter davantage. Mais je me borne à vous prier 
de passer en revue successivement toutes les plantes 
qui sont du domaine de agriculture et de l’horti- 
culture francaise dans l'ordre qui vous paraîtra le 
meilleur, afin que je sache si mon fermier qui cul- 


259 

tive à moitié fruits avec moi connaît bien tous les 
végétaux capables de former le meilleur assolement, 
et s’il sait se procurer les espèces ou variétés préfé- 
rables pour l'objet qu'il se propose; si enfin mon jar- 
dinier sait faire usage de toutes les ressources de son 
art pour mefaire jouir le plustôt et le plus long-temps 
possible des légumes, des fruits et des fleurs de mon 
jardin, que je trouve toujours tardifs et fort chers, 
et qui m'arrivent souvent tous à la fois à une époque 
où les heureux de la capitale sont déjà rassasiés de 
ceux qu'avechbien moins de fraisils se sont procurés 
sur le riche jardin dela halle. Ce désagrément m'au- 
rait déjà fait vendre mes propriétés pour acheter des 
rentes, car la profession de rentier est fort facile à 
exercer, si je n'appréhendais la réduction dont on 
parle sous le nom de conversion; et puis, tout est 
si séduisant à la campagne qu'il est difficile de se 
soustraire au charme qui vous y attache. Mais ici- 
bas point de bonheur sans mélange, et à l'espoir qui 
me sourit d'apprendre par vos lecons tout ce qui fait 
l'objet de mes désirs, vient se mêler la crainte de 
voir le fisc prélever la dîme sur mes futures récoltes 
précoces , ainsi qu'il menace de le faire sur la bette- 
rave, comme pour nous punir d'avoir cherché, sous 
les inspirations du grand homme, les moyens de su- 
crer économiquement notre café sous le règne heu- 
reusement assuré de Louis-Philippe. 

Je sais bien qu’il se prépare ou se publie des ou- 
vrages qui en apparence rempliraient mon but; mais 
la célébrité des noms sous le patronage desquels ils 
sont annoncés est tout autre que celle d'une pra- 
tique savante, et, pour mon compte, j'aime les ou- 
vrages écrits par des mains que le maniement des 


240 

instrumens aratoires a rendues calleuses, parce 
qu'elles refuseraient à leur plume le pouvoir de dire 
autre chose que la vérité, et qu’elles ne la défigure- 
raient pas par un jargon scientifique capable de la 
faire méconnaître. Et voilà pourquoi je me suis 
adressé à vous. 

Agréez , etc. 

E. B., l’un de vos abonnés. 


Ce que notre abonné réclame par sa lettre que nous 
avons cru devoir insérer en entier, a toujours été 
dans le plan de notre travail; et de temps à autre, en 
effet, nous avons parlé de la culture de plantes an- 
ciennes. Avec le temps tous les végétaux seront 
passés en revue, ainsi que toutes les questions qui 
peuvent intéresser les cultivateurs; mais nous ne 
pouvons le faire que par des articles détachés et non 
dans un ordre régulier et méthodique auquel un 
journal ne peut se prêter. Nous savons aussi que sur 
tout il peut y avoir quelque chose de neuf à ap- 
prendre, et nous ne manquerons pas à cette mis- 
sion. DoverGe. 


Fructification du Ginkgo Eriloba. 


J'ai sous les yeux une notice de M. Delile, di- 
recteur du Jardin botanique de Montpellier, par 
laquelle il a fait connaître la première récolte de 
fruits du Ginkgo Biloba, dont jusqu'ici on ne possé- 
dait en France que des individus mäles. Bien que 
notre collègue, M. Neumann, ait publié, page 147 
de ces Annales, année courante , une note sur les 
fruits envoyés par M. Delile à M. Mirbel, je trouve 


241 
qu’il y a quelques enscignemens utiles à retirer de 
cette notice. 

M. Delile savait qu'il existait dans une campagne 
près de Genève un pied femelle de ginkgo, que le 
propriétaire conservait sans le multiplier. « Mes ef- 
forts, dit-il, pour obtenir des boutures de cet arbre 
unique , ont été infructueux pendant dix ans, laps 
de temps après lequel M. Vialars, mon collègue à la 
Société d'agriculture de l'Hérault , a réussi à obtenir 
de ses correspondans de Genève, en 1830, deux 
boutures qu'il a bien voulu donner au Jardin de 
Montpellier. Elles ont été greffées en fente, au prin- 
temps , sur un jeune pied mâle ; puis un an après, 
multipliées sur un pied plus vigoureux, et-ont 
fourni de fortes greffes en 1832. 

« Ge sont ces greffes qui ont été entécs avec tout 
le succès désiré, sur trois branches d’un g#nK20 de 
5o pieds de haut, qui n’était que mâle et qui s’est 
trouvé changé en un arbre fécond , monoïque ou 
androgyne. » 

Cette pensée de greffer ainsi sur un arbre fait des 
rameaux femelles , opération que le succès a cou- 
ronnée , est un grand pas vers une prompte. multi- 
plication de cet arbre intéressant, que M. Delile 
croit plus précieux pour le midi de la France où il 
réussit mieux qu'ailleurs. L'expérience lui avait 
prouvé que le gink2o ne fleurit qu'après 40 ans de 
plantation , et c’est une heureuse idée que celle de 
produire ainsi, sur un arbre adulte, des branches 
fructifères qui ont donné des fruits trois ans après, 
Ceux-ci étant moins connus, puisqu'on n’en avait 
pas encore récolté, et que ceux qu’on avait vus en 
France étaient à l’état de dessiceation, je crois de- 

Mar 1836. 16 


242 
voir emprunter à l’auteur la description qu'il en 
donne. 

« Le fruit, dit-il, est un drupe globuleux ou 
ovoïde, d’un pouce (15 millimètres) de diamètre, 
contenant un noyau ou endocarpe blanc, ovoïde, 
lenticulaire, et d’un tissu ligneux , mince, se cas- 
sant facilement. 

« La graine, fraîche et mûre, remplit le noyau, 
y adhère dans son tiers , ou environ sa moitié infé- 
rieure ; la cavité de l’endocarpe ou noyau retient 
ainsi la graine fixée comme dans une capsule. La 
graine est libre dans la portion supérieure de l'en- 
docarpe qui, dans cette portion , est séparable en 
deux valves. 

« La lame tégumentaire propre de la graine s’in- 
sinue, par une légère crête , dans le sillon intérieur 
de la suture des deux parties valvaires de l’endo- 
carpe. 

« Quelquefois l’endocarpe est ovoïde-trigone , au 
lieu d'approcher de la forme lenticulaire, et est 
séparable, au sommet , en trois pièces par trois su- 
tures. 

« L’amande fraîche consiste presque totalement 
en un endosperme vert, pulpeux, au sommet du- 
quel est l'embryon dicotylédoné, oblong, cylindri- 
que, renversé, remplissant une fossette couverte 
par le tégument de la graine. M. Richard n'avait 
point vu le fruit dans le même état que nous. Il n’a 
point parlé de ce tégument de la graine. Il a vu l’em- 
bryon' très-long, à un degré d'avancement ou de 
préparation à la germination différent du premier 
état de maturité des fruits à l'automne, tels que 
nous les possédons. 


243 

« Il a représenté l'embryon entre les parois écar- 
tées de l’intérieur de l'endosperme , tandis qu'il y a 
contiguité des parois avec l'embryon, avant Ja des- 
siccation de ce dernier par son centre, » 

Il est encore une observation de M, Delile , que je 
crois devoir mentionner ici; elle est relative aux 
résultats que donnent les boutures du g/7kc0 et me 
semble mériter quelque attention. | 

« Précédemment, dit-il, les boutures et les mar- 
cottes, à défaut de graines, ont servi àpropager, dans 
les jardins, le ginkgo; mais elles ont eu presque 
toujours l'inconvénient de pousser de mauvaises 
ges, parce que les boutures et les marcottes des 
conifères, tels que le ginkgo, restent de simples 
branches en poussant et ne forment de tr once que par 
un drageon venu de la racine. Cette voie d’ un dr ‘a- 
geon sorti de la racine d’une bouture , nous à pro- 
duit dans une autre circonstance, à Montpellier, 
un cuninghamia fertile, tandis qu'on n’en possède 
pas qui donne des graines ailleurs. Cet arbre, de 
l’ordre des conifères comme le g/7k20, n'avait été, 
pendant trois ans, qu’ une bouture soutenue par un 
tuteur; elle a péri par sa branche, mais non par 
sa racine, et il en est poussé un tronc bien propor- 
tionné qui fructifie pleinement. Je cite cet'exemple 
pour fonder sur l’analogie les chances de succès du 
recepage d'arbres malvenus de gik20, dans les pé- 
pinières. J'ai éprouvé que ce moyen était le seul 
qui fit produire des scions radicaux au pginkgo qui 
n'en donne pas spontanément. » 

Ce fait, de la mauvaise AA des boutures 
dé ginkgo à former des tiges régulières et qui s’élé- 
vent verticalement , a déjà été signalé par M. Poi- 


244 
teau dans Îes Annales de la Société d'horticulture. 1} 
a, en effet, remarqué que, parmi les boutures, une 
partie se dispose naturellement à filer verticalement, 
mais que d'autres ne filent pas du tout ou poussent 
obliquement et même dans une direction horizon- 
tale. [1 a proposé comme moyens propres à remé- 
dier à cet inconvénient de greffer sur le sujet mal- 
venu un œil axillaire en écusson, ou enfin de rabattre 
la bouture à un âge assez avancé pour que les ra- 
cines aient eu le temps de se développer et soient 
en état de fournir un bourgeon adventif capable de 
former la tise. Il a conseillé encore de couper par 
troncons les racines de sinkso et de les bouturer 
comme celles du sophora japonica. 

Notre collègue , M. Pépin, dans un article sur le 
ginkgo , inséré page 112, année 1832-1835 de ces 
Annales, a indiqué comme moyen de multiplication 
préférable aux boutures, la greffe de jeunes rameaux 
sur racine. 

Ces cultivateurs ônt omis de dire, quoiqu'ils le 
sachent certäinemeut aussi bien que moi, que la 
mauvaise direction que prennent les boutures dé- 
pend uniquement de la manière dont on les fait. Si 
on y emploie une portion de rameau munie d'un 
œil terminal, la bouture s’élèvera verticalement ; si 
au contraire on n’y emploie que les portions imter- 
médiaires du rameau qui n’ont que des yeux laté- 
raux , elles pousseront des jets obliques ou horizon- 
taux. Ainsi donc, quand on fait plusieurs boutures 
d'un même rameau, il n’y a que celle qui le ter- 
mine qui file bien, et voilà pourquoi il y a plus de 
boutures malvenantes que d’autres. Il en est de 
même si l'on greffe sur racine un rameau non muni 


pe 


249 
d'un œil ternunal. Aussi voit-on presque loujours 
les marcottes s'élever bien droites, parce qu'elles 
ont toutes l’œ1l terminal nécessaire à leur ascension 
verticale. s 

Le ginkgo passe au Japon pour être originaire de 
la Chine, et il paraît y acquérir des dimensions gi- 
gantesques, car M. Delile cite un individu que le 
docteur Bunge a vu près d’une pagode aux environs 
de Pékin ; son tronc avait une circonférence: de 
40 pieds, sa hauteur était prodigieuse , et sa végé- 
tation semblait, par sa vigueur, démentir son an- 
cienneté. Le même docteur dit aussi qu'il est d’u- 
sage en Chine d'entremêler et greffer plusieurs 
jeunes sujets pour en avoir de monstrueux , et sans 
doute encore pour assurer leur fécondité. Kæmpfer 
a trouvé que le bois de cet arbre était mou, et 
M. Delile par l'essai qu'il a fait sur une branche 
coupée fort jeune , et qui, par conséquent, n'avait 
pas acquis toute sa dureté, en a jugé autrement, 
et prétend que le grain est fin, serré et approchant 
de celui de l'érable. C'est un nouveau motif qui rend 
plus précieuse encore l'acquisition du ginkgo, dont 
l'introduction en France remonte à 1788, et dont le 
premier pied qui y ait fleuri a montré ses fleurs en 
1812. 

Notre collègue, M. Pépin, disait en terminant 
l'article dont j'ai parlé plus haut : « Enfin si l’on par- 
venait à fare fructifier le ginkgo, il ne serait pas 
moins recherché comme arbre fruitier qu'il l’est 
aujourd'hui, pour J'ornement des jardins, par son 
beau port et son singulier feuillage. » Voilà son 
vœu réalisé, grâce au zèle, à la persévérance et au 
savoir de M. Delile, I à fait griller les amandes ot 


246 
leur a trouvé un goût analogue à celui du maïs 
frais, traité de même, et une qualité farineuse et 
non huileuse ; ce qui lui a fait considérer ce fruit 
plutôt comme un gland que comme une noix. 
DovercE. 


Note sur le Mirabilis Jalapa. Belle de nuit. 


J'avais remarqué deux pieds de Mirabilis Jalapa, 
Liv. , lun au fleuriste du roi, à Sèvres, l’autre dans 
un jardin particulier, à Soissons, dont la racine 
fusiforme et rameuse était conservée depuis plu- 
sieurs années dans le sol au moyen d’une couver- 
ture de feuilles ou litière pendant l'hiver, et qui 
développait chaque année des branches d’une telle 
vigueur qu’elles formaient un énorme buisson de 
trois à quatre pieds de hauteur, sur un diamètre 
de huit à dix. J’eus l’occasion d'en parler à M. Os- 
mond, bibliothécaire de la bibliothèque Mazarine. 
Il me dit qu’il cultivait, depuis plus de dix ans, 
dans son jardin, à Rosny près Mantes, un pied de 
Mirabilis Hybrida, Hort. par., intermédiaire du 
Mirabilis Jalapa et du Mirabilis Longiflora. Ce pied 
a une racine charnue de dix-huit à vingt pouces de 
long, de forme irrégulière et pesant quatre-vingt 
deux livres en avril 1856. Il la fait retirer de terre 
à la fin de novembre de chaque année, et la place 
dans un sellier, pendant l'hiver, avec d’autres plantes 
tuberculeuses, telles que les dahlias, etc. Au mois 
d'avril ou dé mai suivant , époque où elle commence 
à développer ses bourgeons, il la plante dans un 
trou préparé pour la recevoir. Bientôt, du collet 
de cette racine , sortent plusieurs branches qui s’é- 


247 

Jèvent à plus de trois pieds et forment un buisson 
immense; cependant cette hybride s'élève beaucoup 
moins que le type et les variétés connues. Ses ra- 
meaux sont plus gros, ses nœuds ou articulations 
plus rapprochés, ses feuilles sont bullées ou ri- 
dées de forme ovale arrondie, et ses fleurs de cou- 
leur rouge violacé. 

On devrait, dans les grands jardins, sur le bord 
des massifs, entre les arbres même, cultiver eette 
plante et ses variétés. On formerait ainsi, pendant 
l'été et l'automne , des buissons charmans par leur 
forme sphérique et la quantité de fleurs dont ils se 
couvrent, Cette plante, une fois parvenue à un pa- 
reil développement, peut se passer de tuteur; pen- 
dant l'hiver elle se trouverait suffisamment abritée 
du froid, d’abord, par la masse des arbres, et en- 
suite par les feuilles qu’il suffirait de rassembler 
autour du pied. Toutes les espèces et variétés don- 
nent des graines en abondance qui lèvent chaque 
année autour des anciens pieds quand même elles 
seraient enterrées à plus de six pouces de profon- 
deur. PÉpin. 


NotesurleGlaïeul Perroquet. Gladiolus Psittacinus. 


Notre collègue, M. Jacques, a donné dans ces 
Annales, page 85, année 1833-1834, la figure, la 
description et la culture de cette jolie espèce de 
Glaïeul. Il conseille de tenir cette plante en pots et 
sous châssis pendant la inauvaise saison, ce qui 
était vrai alors qu'elle était nouvelle, peu connue 
et assez rare pour qu'on pût craindre de la perdre. 
Mais depuis cette époque, on la beaucoup multi- 
phée, soit par les caïeux, soit par les graines, et au- 


246 


jourd’hui on la cultive en pleine terre de bruyere, 
ou terre douce de détritus végétaux, comme l’a 
indiqué M. Jacques ; dans cet état, elle fleurit par- 
faitement, s'élève jusqu'à trois pieds, et fournit des 
graines en abondance. II faut, à cet effet, la planter 
à l'air libre du 1° au 15 mars, et lorsque les feuilles 
sont entièrement desséchées on arrache l'oignon, 
que l’on conserve très-bien pendant l'hiver sur des 
tablettes placées dans un lieu inaccessible à la gelée. 
LECOINTRE. 


ORANGERIE. 


SciiLE A FLEURS EN COUPE. Sctlla cupaniana, TE- 
NORE , FI. neap.? (Voyez la planche, et pour 
les caractères génériques, page 303 de ces Annal- 
les, année 1833-1834.) 


Oignon assez gros (trois à quatre pouces de circon- 
férence ), émettant en dessus dix à douze feuilles li- 
néaires, pointues, glabres, entières, bordées d’une 
légère membrane, longues de trente-six à quarante- 
deux lignes , larges de sept à huit; les inférieures un 
peu étalées, les intérieures demi-redressées; scape ou 
hampe sortant du centre des feuilles, cylindrique et 
plus demoitié moins longue qu'elles; pédicelles pres- 
que en corymbe, ayant à la base une bractée de la 
moitié de leur longueur, et au sommet une fleur 
composée d’un périanthe à six divisions presque 
ouvertes, d'un bleu pâle, marquées en-dessous d’une 
raie verte; étamines et ovaire d’un bleu un peu 
plus foncé que les divisions du périgone ; ovaire ob- 
tusément trigone; style court, terminé par un stig- 
mate simple, violet pourpre. 


LS POER JE 


SCILLE A FLEURS EN COUPE 


Scilla cupaniana . 


TN AUUR 


AN "1 It ÈS #1) 


en 


AO 


PL. 30 


PÉLÉGRINE GRACIEUSE 


Alstroemeria pulchella. k: 
anvin JS 


249 

Cette plante est originaire de l'Italie méridionale; 
nous l’avons recue de Naples il y a deux ou trois ans; 
je lai aussi vue cette année, au Jardin des Plantes 
de Paris. On la cultive en pot de terre de bruyère 
mélangée de terre franche, et placé l'hiver en oran- 
gerie vitrée ou sous châssis froid; elle paraît avare 
d'œilletons, ne m'en ayant pas encore donné; les 
graines non plus n’ont pas müri; peut-être serons- 
nous plus heureux par la suite. 


Observation. Le genre Scilla diffère des jacinthes, 
par son périgone à six divisions ouvertes, et des 
ornithogales par ses graines arrondies. JACQuESs. 


PÉLÉGRINE GRACIEUSE. A/strœæmeria Pulchella. (Voyez 
Ja planche, et pour les caractères génériques, 
page 118, année 1832-1833 de ces Annales. } 


Plante vivace à racine tubéreuse; tige droite s’éle- 
vant à quinze ou dix-huit pouces, garnie de feuilles 
linéaires, contournées, opposées, d’un vert ten- 
dre. En juin, quatre à six fleurs d’un beau rouge 
écarlate sur quatre divisions, et d'un beau jaune 
sur les deux intérieures qui sont marquées régu- 
lièrement de stries purpurines; toutes les divisions 
terminées par une pointe obtuse verdûtre. La fleur, 
avant son épanouissement, est d’un blanc lavé de 
rose purpurin, et les extrémités des divisions d’un 
vert foncé. 

Cette plante, originaire du Chili fait un joli effet. 
I lui faut une terre légère, composée de terre fran- 
che et de sable; on la rentre en orangerie pendant 
hiver. Elle se multiplie de graines. Jacquin aîné. 


250 


SERRE CHAUDE. 


BILBERGHIE A FEUILLES FASCIÉES. Pilberglua Fusciata. 
Bor. rec. Hexaudrie monogynie, Lin. Bromélia- 
cées, Juss, ( Voyez la planche). 


Cette belle plante, dont notre collègue et ami 
M. Neumann a donné la description, page 121 de 
ces Annales, année 1832-1833, méritait d'être figu- 
rée dans ce journal. C’est en effet une des plus jolies 
espèces de la famille des Bromeliacées, qui compte, 
suivant l’Æortus Britannicus, douze genres, et cent 
espèces, dont quatre-vingt seize de serre chaude. 

Je n’ajouterai rien à la description à laquelle je 
viens de renvoyer ; je dirai seulement que les fruits 
qui mûrissent dans les serres sont un peu pulpeux, 
et qu'au travers de la laine blanche et épaisse qui 
les recouvre, on apercoit la peau qui jaunit au 
moment de la maturité. Ils exhalent alors une 
odeur assez prononcée d’ananas. Les graines sont 
brunes , luisantes, et ressemblent à des pépins de 
groseilles. JAGQUES. 


NOUVELLES. 


M. Vilmorin a obtenu dans un semis de Coreopsts 
Lincloria, qui a fleuri en 1855, des variétés dont les 
couleurs sont tout-à-fait tranchées. Parmi elles je 
signalerai la variété qu’il désigne sous le nom de 
Coreopsis unctoria, var. atro-purpurea, dans laquelle 
la couleur jaune qui couvre le limbe de chaque rayon 
a fait place au pourpre velouté de l'onglet, qui s'est 
étendu sur tout le rayon. Quelques fleurs ont con- 
servé un liseré jaune sur chaque pétale, lequel 
tranche admirablement sur le pourpre et fait un 


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Bilberghia fasciata. 


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251 


charmant effet. Les amateurs n’ont pas manqué de 
remarquer la béætuté de cette variété ; aussi la plus 
grande partie des graines qu’elle a produites a été 
demandée et particulièrement par les Anglais. 

Il n’est pas douteux qu’en s’occupant de féconder 
artificiellement la plupart des plantes de la famille 
des radiées , on obtienne des variétés magnifiques. 
Déjà les chrysanthèmes et les reines -marguerites en 
sont une preuve. PEPIN. 


J'ai lu dans la livraison de février 1836 de l'ÆZorti- 
culteur belge que M. de Coster, receveur des revenus 
de M. le duc d’Aremberg à Louvain, était parvenu 
à faire doubler la Rose Capucine ou PoncEau, Rosa 
bicolor, Jaco. Hort. Kew., variété de la rose jaune. 
Ce fait , qui pendant plusieurs années avait été faus- 
ment annoncé par quelques catalogues, paraît se 
confirmeraujourd’hui, nou-seulement par cetarticle 
de l’Æorticulteur belge, mais encore par la connais- 
sance particulière que j’ai de l'existence de cette rose 
double en Angleterre chez plusieurs amateurs. C’est 
une conquête intéressante pour l’horticulture que 
le gain de cette rose qui doit éclipser son type, ce- 
pendant si recherché pour la décoration des massifs 
où elle produit un effet prodigieux, et par les pein- 
tres de fleurs pour la reproduire dans leurs tableaux. 
Espérons que cette nouveauté ne tardera pas à être 
introduite en France par le zèle de nos horticulteurs 
amateurs. 

Ce journal annonce encore dans la même livraison 
qu’un pied de Vaniee (Vanilla aromatica, SwAr'Yz; 
Epidendrum vanilla, Lin.) a fleuri dans les serres de 
l'Université à Liége pour la première fois, Aussi les 


252 


amateurs se sont-ils empressés de venir de fort loin 
visiter dans cet état cette belle et utile orchidée. Le 
jardin botanique d'Anvers possède également un pied 
decette planteintéressante; iltapisse deses nombreux 
rameaux une grande partie des murs de la serre , et 
jusqu'alors il n’a montré aucune apparence de fleurs 
malgré son brillant état de végétation. Pépin. 


PANCRAIS À LONGUES FEUILLES. Pancratium longifo- 
lium. HorTuL. 


Oignon un peu arrondi, émettant huit à dix feuilles 
linéaires , pointues , glabres, entières, d’un beau 
vert, presque distiques, ou sur deux rangs, lon- 
gues de vingt-deux à vingt-six pouces, larges de 
quinze à dix-huit lignes ; du centre des feuilles sort 
une hampe un peu aplatie, moins haute que les 
feuilles (11 à 12 pouces), portant à son sommet une 
spathe blanchâtre , s’ouvrant en deux parties prin- 
cipales, et renfermant de six à huit fleurs, à tube 
grêle, verdâtre, long de quatre pouces et demi à 
cinq; périgone à six divisions linéaires, pointues, 
d’un beau blanc, seulement un peu verdâtre au 
sommet, longues de trois pouces au moins, et larges 
seulement de deux lignes; godet du centre haut 
d'un pouce, irrégulièrement denté entre les éta- 
mines , et aussi d'un beau blanc ; les six étamines 
ont les filets blancs à la base et verts au sommet, 
moins longs que les divisions du limbe; style de 
même couleur que les étamines et plus long qu'elles ; 
ovaire verdâtre; fruit. 

J'ignore le lieu originaire de cette plante, qui m'a 
été envoyée par un de mes correspondans, sous le 


253 


nom que je viens de citer. Elle est tres-distinete du 
Pancratium amænum ; c'est pourtant de cette es- 
pèce dont elle se rapproche le plus ; l'odeur de la 
fleur est douce et agréable. C’est une charmante 
plante que nous cultivons en serre chaude, en pot 
et en terre de bruyère pure; on peut la multiplier 
par ses œilletons ou caïeux, et par ses soboles, si 
elles parviennent à maturité ; elle a fleuri en février 


1836. JACQUES. 


Déjà, il y a plusieurs années, M. Fion , habile et 
très-bon cultivateur, rue des Trois-Couronnes à 
Paris, a obtenu une variété très-intéressante de 
Daphné, connue et répandue aujourd’hui dans le 
commerce, sous le nom de Daphné dauphin. Cet 
arbuste paraît être un hybride dont la mère serait le 
D. collina, et le père le D. odora vel indica. Ce 
zélé cultivateur ayant continué de semer, a vu sa 
persévérance couronnée de succès; et je viens de 
voir chez lui une nouvelle et jolie variété provenant 
de semis du Daphne altaïca. Sa fleur en petites om- 
belles latérales et terminales, est blanche, lavée 
de violet et exhale une odeur de vanille très-pro- 
noncée ; les feuilles et le bois ont quelques rapports 
au D. altaica; maïs ils sont un peu velus, ce qui 
fait présumer qu'ici le père est le D. collina; ce pe- 
tit et intéressant arbuste était en fleur fin de mars, 
et en même temps que la nombreuse et riche col- 
lection de camellia, qu’on a pu admirer chez cet 
estimable horticulteur. M. Fion ne tardera sûre- 
ment pas à faire jouir les amateurs de sa jolie ac- 
quisition , à laquelle il a donnée le nom de Daphne 
Lutetiana, Daphné de Paris. JACQUES. 


234 
GROSEILLER PORTE-CIRE. Âtbes cereum. Horr. 


J'ai donné la description sommaire de cette és- 
pèce, dans les {nnales de Flore et de Pomone, hvrai- 
son de janvier 1836, page 117; mais à cette épo- 
que je n'avais pas encore vu les fleurs; aujourd'hur 
que celui du Jardin des Plantes en a donné pour la 
première fois, je puis compléter cette description. 

Petite grappe penchée, composée de trois à cinq 
fleurs , sessiles sur la rafle, et ayant chacune à leur 
base une bractée palmée et sessile aussi ; calice tu- 
bulé long de quatre à cinq lignes, à limbe à cinq 
petites divisions, ouvertes , légèrement rosées ; cinq 
pétales blanchâtres , très-petits , et moins longs que 
les divisions du calice; cinq étamines insérées sur 
le tube du calice et un peu moins longues que son 
limbe ; un style un peu plus long que les étamines, 
et terminé par un stigmate noirâtre. En mars ct 
avril. JACQUES. 


La Société royale et centrale d'agriculture a 
proposé , pour être distribués dans la séance d'avril 
1837, trois prix, l’un de 3000 francs, l’autre de 
2000 francs, et le dernier de 1000 francs, pour faire 
connaître les procédés les plus simples et les plus 
économiques pour l'extraction du sucre de bette- 
raves, à la portée des petites exploitations rurales. 

C’est une idée philantropique , que celle d'encou- 
rager dans les plus petites exploitations où l’on cul- 
tive la betterave, la fabrication du sucre dont le 
produit peut être un bénéfice net, puisque les rési- 
dus sont aussi bons pour les bestiaux que la bette- 
rave elle-même, et que déjà dans quelques localités 


255 

ils lui sont préferés. Mais pour parvenir à ce résul- 
tat, il faut que des procédés simples, économiques 
et certains, soient publiés d’une manière claire et 
précise; c'est l'objet du prix de 3000 francs. Il faut 
en outre imâginer des appareils de fabrication peu 
compliqués, surtout peu coûteux, et qui rém- 
plissent parfaitement les nécessités d’une petite 
manipulation; c'est la condition du deuxième prix. 
Enfin celui de 1000 sera accordé à l’auteur du per- 
fectionnement le plus notable et inconnu jusqu’à 
présent, dans l’une des opérations de cette industrie. 
En outre, douze primes de 100 francs seront accor- 
dées à chacun des douze premiers concurrens, qui 
auront établi une petite fabrique ; préparant, avee 
les betteraves de leurs cultures , 300 kil. de sucre 
par an. 

J'ai cru devoir donner une place, à l'annonce de 
ces prix, dont l'utilité est réelle, et dont la propo- 
sition fait honneur à la Société d'agriculture. Les 
personnes qui désireraient le rapport et le pro- 
gramme qui y sont relatifs, peuvent se les procurer 
auprès de M. le baron Sylvestre, secrétaire perpé- 
tuel de la société. 

Malgré la présentation du projet de loi qui me- 
nace de frapper d'un impôt vexatoire l'industrie 
du sucre de betteraves , espérons que les chambres 
trouveront dans leur sagesse un moyen de perce- 
voir un droit juste en lui-même, à cause de l’inté- 
rêt qu'inspirent nos colonies, mais en le débarrassant 
de toutes les mesures inquisitoriales dont il est ac- 
compagné , et surtout sans ôter aux petits cultiva- 
teurs la possibilité de tirer parti de cette précieuse 
ressource. Ce point est surtout essentiel , au moment 


256 
“ L] , Li - s 
où l'on annonce qu'un chimiste allemand a trouvé 
un procédé par lequel il convertit en sucre cristal- 
lisé la betterave fraiche, en huit heures seulement. 
DoveErce. 


M. Lefèvre, propriétaire-pépiniériste, à Morte- 
fontaine , près et par la Chapelle en Serval (Oise) 
vient de recevoir un grand nombre d’Ændromeda 
buxifolia, Lam., arbuste charmant qui a été figuré 
page 251 de ces Annales, année 1832-1833. Quoi- 
que originaire de l’île Bourbon, il passe parfaitement 
l'hiver en serre tempérée. Il n’est introduit en 
France que depuis quelques années, et il a fleuri 
pour la première fois au Jardin des Plantes de Paris 
en 1832, et à Ris au jardin de Fromont. MM. Cels 
en cultivaient à cette époque un très-beau pied en 
pleine terre dans une bâche. Cet arbuste s’est main- 
tenu jusqu'a présent assez cher, mais aujourd’hui 
M. Lefèvre peut en fournir aux amateurs à un prix 
très-modéré. PÉPIN. 


| ERRERAS 


DE FLORE ET DE POMONE. 


0O0090000290089250008090800000000000001H0812060S00020S0000000800000e 


HORTICULTURE. 
PLANTES POTAGÈRES. 
Observations sur la culture des Jeves. 


Il se fait dans les environs des grandes villes , et 
surtout de la capitale, une assez forte consommation 
de fèves que l’on récolte petites et que l’on em- 
ploie aux usages culinaires sans les dérober. Ce 
légume plaît à beaucoup de personnes dans cet état 
de nouveauté , et je pense qu'il n’est pas sans intérêt 
de rappeler aux propriétaires de jardins qui aiment 
à en obtenir des produits utiles, un moyen facile et 
économique de multiplier cette récolte, sans s’as- 
sujettir à des semis convenablement espacés. 

Lorsque les fèves que l’on a semées ont donné 
leurs fleurs et formé leurs gousses, et que les fruits 
ont atteint la grosseur qu’on leur désire, on en fait 
la récolte, et on coupe toutes les tiges rez de terre ; 
on arrose, s’il en est besoin,, et peu de temps après 
on voit quatre ou cinq nouvelles tiges croître rapi- 
dement et fournir d’autres gousses. On peut obtenir 

Jurx 1836. 17 


258 


ainsi trois ou quatre récoltes, surtout quand cn 
consomme les fèves petites, et deux seulement 
quand on leur laisse prendre un certain dévelop- 
pement. 

Pour bien réussir dans cette pratique , il faut se- 
mer en touffe , et espacer davantage les trous que 
dans la méthode ordinaire, afin que les nouvelles 
pousses aient une place suffisante. 

Rien n'empêche d'employer ce procédé dans la 
culture en grand, où il peut fournir deux ré- 
coltes. Dans cette circonstance, outre un double pro- 
duit en fèves d'une belle grosseur, on trouve, dans 
les fanes, un excellent fourrage pour les bestiaux. 

DovErce. 


JARDIN FRUITIER. 


Extrait d’une lettre sur un moyen d'obtenir des 
raisins tardifs. 


Un de nos abonnés, du département du Bas-Rhin, 
nous adresse une lettre dont nous extrayons ce qui 
suit : 

« J'ai lu quelque part dans vos Annales que vous re- 
cherchiez , avec le même empressement, les moyens 
de hâter les jouissances que procure le jardinage, 
et ceux de les prolonger en retardant le dévelop- 
pement des fleurs et des fruits. Je connais un fait 
qui se rattache à cette dernière circonstance , et je 
vais vous l'indiquer tout simplement, laissant à 
votre décision son insertion dans votre journal. 

« Un de mes amis avait un vieux jardinier qui, 
chaque année, lui procurait, pour sa table, des 


259 

raisins couronnés de feuilles, dans un état de frai- 
cheur absolument semblable à celui que ces fruits 
offrent en automne , et cela en mars et avril. Voici 
quel était son procédé : avant la taille de l'année 
précédente, il choisissait, sur divers ceps, quelques 
sarmens qui, par leur conformation , lui promet- 
taient des fruits assurés. Il préparait des caisses en 
bois, d’un pied en tous sens, et il en adaptait une à 
chaque sarment qui la traversait au moyen d'un 
trou ménagé dans son fond. Chaque caisse était 
soutenue à la hauteur convenable, par des moyens 
appropriés à la localité. Il les remplissait de bonne 
terre ; ensuite, il taillait les sarmens à deux ou trois 
yeux au dessus;, eë avait soin d'arroser assez souvent 
pour que cette terre, facile à dessécher, conservât 
toujours une pire humidité. 

« Chaque rameau prenaitracine et poussait bientôt 
des bourgeons chargés de belles grappes. Quelque 
temps avant leur maturité, il sevrait ces marcottes 
en coupant la mère-branche au dessous de la caisse. 
Il supprimait alors toutes les parties qui dépassaient 
ja grappe la plus élevée, et rentrait, avant les gelées, 
les caisses dans un lieu à l'abri des grands froids. 
Il arrosait plus rarement alors, et récoltait de mars 
en avril des raisins aussi frais et garnis de feuilles que 
si on les eût cueillis sur la treille en bonne saison. 

« Ces marcottes lui offraient ensuite un plant 
garni de chevelu, d’une reprise facile et assurée, 
et lui donnaient la facilité de propager ainsi cer- 
taines espèces. Il suflisait, pour cela, de replanter, 
en pleine terre, au printemps, le plant avec sa motte, 
lequel souffrait si peu de cette opération, qu'il fruc- 
Ufiait à l'automne suivant. » 


260 


L'opération que signale cette lettre, et qu'aucun 
de nous n’a eu l’occasion de pratiquer, n'offre rien 
que la théorie puisse démentir, et nous l'avons trou- 
vée assez intéressante pour la faire connaître à nos 
souscripteurs. DoverGE. 


PLANTES D'ORNEMENT,. 
PLEINE TERRE. 


SILENE , Lan., Lamark, DEcanD. PERsSOON, etc., 
Décandrie trigynie, Lix., Caryophyllées, Juss. 


Caracteres génér iques. Calice tubulé, souvent 
ventru , nu, à cinq dents; cor ollé de cinq pétales , 
dont l'onglet est égal au calice, à gorge munie 
d’écailles ou nue, et limbe souvent échancré; dix éta- 
mines ; ovaires couronnés par trois styles; capsule 
à trois loges, s’ouvrant en six valves, ou à six dents 
au sommet. 


SILÈNE SERRÉE. Silene compacta , FISCHER ; in Horn. 
Hort. Hafn. 1, pag. 417, Stlene armerta, Bree 
BERST, FI. Taur. rs la planche.) 


Racines fibreuses ;, feuilles. en: rosette, dans la 
jeunesse de la plante : celles de la tige opposées , 
amplexicaules, sessilés, entières sur FA bords , à 
trois nervures peu prononcées en-dessous, d'un 
vert glauque, comme les radicales ; tiges droités, un 
peu rameuses au sommet ; quelquefois les entre- 
nœuds sont munis d’un Det cercle visqueux ; elles 
sont d’un vert glauque de la:même teinte que les 
feuilles, et portent, à leur sommet, une ombelle 


P1L:33 


SIBENE SERRÉE 


-Silene compact a 


26: 


ou corymbe serré de fleurs dont le calice est rou- 
geûtre , en massue allongée, à cinq petites dents au 
sommet; cinq pétales obovales, entiers, roses, et 
ayant à leur gorge deux appendices de la même 
couleur et presque aussi longues qu'eux : les fleurs 
se montrent de juillet en septembre. 

Cette plante, annuelle ou bisannuelle , est origi- 
naire de Russie, et cultivée en Angleterre depuis 
1820 : c'est, à ma connaissance, M. Mathieu, jar- 
dinier fleuriste ; rue de Buffon , à Paris, qui, le 
premier, l’a introduite dans le commerce vers 1833 
ou 1834; elle se cultive en plein air, et, comme 
beaucoup d'autres plantes annuelles, on défi semer 
les graines peu de temps après leur récolte. Ce se- 
imis peut se faire en place, c’est-à-dire aux endroits 
où l’on veut que la plante fleurisse; on peut encore 
le faire pour repiquer ensuite le plant sur les plates- 
bandes des parterres; d’une manière comme de 
l'autre , les graines , étant très-menues, ne doivent 
être que peu recouvertes de terre légère tenue 
fraîche jusqu’au moment de la levée ; ensuite, les 
arrosemens doivent être modérés, cette plante étant 
assez sujette à fondre par l'excès d’hurnidité. On 
peut encore semer au printemps, avec les mêmes 
soins; mais souvent une partie des plantes ne mon- 
tent point, et celles qui fleurissent sont beaucoup 
moins vigoureuses. 

C'est une jolie plante qui, sûrement, ne tardera 
pas à être cultivée pour l'ornement des jardins ; sa 
multiplication étant facile par ses graines qui mû- 
rissent très-bien. 

M. Decandolle, dans son prodrome, etc. , a décrit 
deux cent dix-sept espèces de ce genre : on en cul- 


202 

tive en Angleterre cent cinquante - sept, dont 
soixante-cinq vivaces, vingt-deux bisannuelles, et 
le reste annuelles. Celle que je viens de décrire est 
une des plus jolies. Elle se rapproche du Srene ar- 
meria , qui, depuis long - temps , est cultivé dans 
les jardins, sous le nom de muscipula, attrape- 
mouche, etc.; mais elle en diffère essentiellement 
par ses ombelles serrées, ses pétales obovales et non 
échancrés, ses feuilles plus obtuses et ses tiges 
à peine visqueuses et moins rameuses.  JACQuESs. 


Note sur la culture des Anémones. 


C’est de l'ANÉMONE DES FLEURISTES, ÂnemoOne coro- 
naria , Lin, plante vivace que l’on a dit être origi- 
naire de l'Orient, mais qu’on a trouvée croissant 
spontanément dans le midi de la France, et de V'ANE- 
MONE DES JARDINS, 4. Hortensis ; Lin., 4. Stellata, 
Lam. , que sont provenues presque toutes les varié- 
tés à fleurs doubles que l’on cultive dans les jar- 
dins. 

Les amateurs d’anémones attachent une grande 
importance aux formes et à la couleur de cette 
plante ; et pour qu’une variété leur paraisse digne 
d’être admise dans leur collection, il faut qu'elle 
réunisse un assez grand nombre de qualites, que 
rend cependant assez communes encore la prodi- 
gieuse fécondité de ces plantes en variétés belles ct 
distinctes. | 

Voici, quant à la forme, ce que recherchent les 
collecteurs. Ils veulent que le pamnpre ou feuillage 
soit bien garni, profondément et élégamment dé- 
coupé ; que la June ou involucre soit aux deux tiers 


263 


de la longueur de la hampe, et que l’un et l'autre 
soient d'un beau vert ; la baguette ou hampe doit 
être haute, droite et raide, afin que la fleur ne se 
montre jamais penchée, ce qui est à leurs yeux un 
défaut important. Ils veulent la fleur grande ( deux 
ou trois pouces de diamètre ), parfaitement ronde, 
double et bombée ; les pétales de la circonférence, 
qu'ils nomment le manteau, épais, arrondis, et de 
deux nuances : l’une qui couvre le limbe, l’autre 
qui colore l'onglet ; les pétales qui suivent immé- 
diatement, et que l'on appelle /e cordon, courts, 
larges et arrondis, et d'une couleur qui se détache 
sur le manteau; les pétales qui viennent ensuite et 
qui portent le nom de béquillons, fournis et obtus, 
et s'allongeant graduellement vers le centre ; et en- 
fin celui-ci, désigné à son tour sous le nom de 
panne ou pluche, doit se composer de pétales al- 
 longés par gradation, pour rendre la fleur parfai- 
tement bombée. 

Quant aux couleurs, les plus estimées sont le 
cramoisi et le rouge réunis sur la même fleur ; en- 
suite, le rouge, le blanc et le pourpre formant des 
panachures régulières , qui sont encore recherchées 
quand elles ne se composent que de rouge ou rose 
et de blanc. Après ces couleurs, celles qui plaisent 
davantage sont le bleu, le bleu clair panaché de 
blanc, et le pourpre pur. Enfin le dernier rang, 
dans les plantes de choix, est occupé par les bizarres, 
à l'égard desquelles le goût se décide par un motif qui 
plaît à l'un, tandis qu'ilest réprouvé par un autre. 

Les anémones simples ne sont considérées que 
comme porte-graines, et n'ont pas l'honneur d’ê- 
tre cultivées dans les planches ou parcs où sont 


264 


réunies les doubles, qui se font valoir les unes par 
les autres, grâce à l’opposition de leurs vives cou- 
leurs. 

Il faut aux anémones une terre légère, sablon- 
neuse , substantielle et chaude; celle des jardins, 
soumis à la culture depuis long-temps leur con- 
vient parfaitement. On peut, au reste, leur fournir 
toujours un sol convenable en mélangeant, par 
égale portion, de la terre franche et du terreau de 
couche très-consommé , et y ajoutant un sixième de 
sable. Lorsque le terrain a été bien ameubli, passé 
à la claie et nivelé, on trace sur la planche huit 
rayons parallèles et longitudinaux, à la distance de 
six pouces les uns des autres, et on y plante, en fé- 
vrier , les pattes d’anémones, à trois pouces de pro- 
fondeur , et à six de distance, en ayant soin de 
toujours placer l'œil en dessus. Si l’on appréhen- 
dait quelques gelées tardives, au moment où les 
anémones commenceraient à pointer, il faudrait 
jeter sur la planche un grand paillis ou de la fou- 
gère, que l’on retire quand le danger est passé. On 
les soigne jusqu’à la floraison en binant et sarclant 
le sol, au besoin, et en arrosant légèrement chaque 
fois, lorsque cela est nécessaire, pour tenir la terre 
constamment fraîche. Lorsqu'on arrose pendant la 
floraison , on veille à ne pas répandre d'eau sur les 
fleurs, ce qui les ferait pencher. Après la floraison, 
qui a lieu dans le courant de mai, les fanes ne tar- 
dent pas à se dessécher ; et lorsqu'elles sont dans 
cet état, on arrache tous les tubercules en soulevant 
la terre à la bèche. On secoue celle qui les en- 
toure et on les fait sécher à l’ombre sur des claies, 
ou sur les tablettes d'un grenier ou d’une serre, et 


265 


on les conserve en lieu sec, à l'abri de la gelée. 

Ces anémones , dont les organes reproducteurs 
ont été convertis en pétales, se multiplient par la 
séparation des tubercules qui se forment autour de 
la patte ou tubercule-mère. Il faut avoir soin, au sé- 
parage, de détacher seulement les plus gros, ‘et 
qu'ils soient munis d’un œil; car si on les choisit 
trop petits , ils fondent. Au surplus , on ne détache 
les tubercules qu'au moment de planter. 

‘Dans les pays plus méridionaux, où les fortes 
gelées ne sont pas à craindre, on peut planter en 
octobre. Quand on possède une collection nom- 
breuse d'anémones où les mêmes variétés se répè- 
tent, ilest bien de laisser les tubereules se reposer 
un an; on obtient ainsi une floraison bien plus 
belle. 

On ne cultive les anémones simples que pour ob- 
tenir des graines, car c’est par le semis qu’on ga- 
gne de nouvelles variétés ; mais il faut encore que 
ces plantes soient revêtues d’une des couleurs privi- 
légiées et qu’elle soit bien vive et bien franche. On 
sème aussitôt la maturité dans les pays où les fortes 
gelées ne sont pas à craindre, ou seulement au 
printemps dans le cas contraire, sur une plate- 
bande composée de terre semblable à celle que j'ai 
indiquée , et bien ameublie; on ehoisit l'exposition 
la plus favorable , on sème , et on recouvre la graine 
de trois lignes de terre; lon sarcle et on arrose de 
facon à tenir le terrain toujours frais : là graine 
lève en quarante ou cinquante jours. Si l’on a semé 
Pautomne, il est bon de garantir Je semis du froid 
avec des paillassons soutenus à quelques pouces 
pai' des perches et des piquets, et que l’on enlève 


266 
toutes les fois que la douceur de la température le 
permet ; si la gelée était forte, il faudrait border la 
planche de semis avec de la grande litière. On peut 
encore semer en terrine pour pouvoir rentrer dans 
l'orangerie. pendant l'hiver, et repiquer en place 
au printemps. 

. Lorsque , au mois de juin suivant, les fanes sont 
desséchées , on retire les tubercules de la terre (ils 
portent re le nom de pois), et on les replante 
à la même époque que les anémones formées , mais 
seulement à deux pouces de profondeur. C'est. à 
leur troisième pousse que les anémones de semis 
fleurissent : on a le soin pendant la floraison de re- 
marquer les doubles qui.se montrent, et les sim- 
ples aux couleurs vives et tranchées; les autres qui 
ne présentént aucun intérêt sont arrachées sans 
pitié. 

L'année suivante, on plante à part les anémones 
doubles qu'on a obtenues, afin de les étudier et de 
les classer selon leur mérite ayant de les admettre 
dans le parc de luxe. 

On divise, dansle commerce, les anémones en ané- 
mones par noms et couleurs : ce sont les plus belles 
auxquelles on a assigné un nom pour aider à les re- 
connaître ; en anémones en mélange beautés supé- 
rieures : ce sont encore de belles Mao , Mais parmi 
lesquelles on peut avoir des doubles, et jamais tou- 
tes les variétés; ét enfin en anémones en melange, 
premier , deuxième ou troisième choix, qui ren- 
ferment toutes celles qui ne sont qu'ordinaires. 

Nos collègues, MM. Jacquin frères et compa- 
gnie, cultivent à leur jardin de Charonne une fort 
belle collection d’anémoncs par noms et couleurs, 


267 
à laquelle ils ont réuni celle de M. Bazin de Ver- 
sailles, dont ils se sont rendus acquéreurs. 
DOvERGE. 


[Note sur le coignassier de la Chine. 


Le ColGNAssiER DE La CHINE, Cydonia sinensis, 
Taoux , Ann. du Mus., vol. XIX , tab. 8 et 9, est 
un arbre de quinze à vingt pieds d'élévation ; il a à 
peu près la forme d'un buisson arrondi, que lui 
donnent les branches éparses et rameuses qui gar- 
nissent son tronc, souvent dès sa base, avec une 
certaine régularité. 

Les feuilles sont alternes, ovales, pointues, lon- 
gues de deux à trois pouces et larges de deux , den- 
tées régulièrement sur les bords, à nervures sail- 
lantes, d’un vert gai pendant l'été, prenant une 
nuance rougeâtre pendant l’automne ; elles tombent 
fort tard, et il n’est pas rare d'en trouver encore 
sur l'arbre au printemps suivant, lorsque les nou- 
velles.se développent en février, mais le plus ordi- 
nairement en mars et avril. 

Les fleurs sont grandes, nombreuses , solitaires 
et sessiles, se développant sur des rameaux grêlés 
à l'aisselle des feuilles, latéralés ou terminales. Elles 
sont à cinq larges pétales oblongs, un peu échan- 
crés au sommet, d'un beau rose plus ou moins in- 
tense, et à odeur douce et suave. Leur base est 
garnie de folioles formant collerette, ainsi que de 
quelques bractées, qui tombent presque aussitôt 
après la fécondation de l'ovaire. 

Les étamines, insérées au bord du calice, sont 
souvent au nombre de vingt, à anthères jaunes, 


268 


portées par des filets d'un blanc rosé réunis en gerbe 
autour d’un pistil composé de cinq stigmates. 

Le calice est monophylle, à cinq divisions ovales 
pointues, qui tombent aux deux tiers de la matu- 
rité des fruits. 

Le fruit est de forme ovale allongée, souvent cy- 
lindrique , et comprimé ou aplati aux deux extré- 
mités. Du reste, il est assez inégal ; tantôt il montre 
des angles plus ou moins saillans, tantôt ilest comme 
bossué à plusieurs places. Avant sa maturité, sa cou- 
léur est d'un vert pâle, ensuite elle passe au jaune 
citron; sa peau est glabre et très-glanduleuse. Sous 
le climat de Paris, ces fruits ne mürissent que fort 
tard ,.à l'automne. C'est toujours fin d'octobre ou 
commencement de novembre qu'il faut les cueillir, 
car les gelées hâtives sont nuisibles à leur conserva- 
tion. Il'est nécessaire encore que la belle saison ait 
été assez chaude. Ils acquièrent une dimension de 
quatre à cinq pouces de long, sur un diamètre de trois 
pouces. L’odeur approche de celle du coing, maiselle 
est moins forte et plus suave; et en février et mars, 
époque de la parfaite maturité, elle ressemble à 
celle d'une pomme de reinette et de l'ananas. La 
chair est grenue, de couleur blanc jaunâtre, de 
consistance sèche et ferme , presque sans eau et fort 
acide, ce qui empêche qu'ils soient comestibles. 
L'intérieur se compose de cinq loges, renfermant 
chacune au moins trente graines semblables aux 
pepins de poires. Le plus grand nombre avorte ; 
mais celles qui mürissent lèvent très-bien, lorsqu'on 
les sème peu de temps après les avoir extraites du 
fruit. 

Depuis quelques années, j'ai vu des fruits de ce 


260 
bel arbre apportés du Midi par des amateurs. Leur 
volume était double de celui que présentent les 
fruits récoltés à Paris; mais, depuis trois ans sur- 
tout, que la température a été plus favorable, leur 
dimension s’est encore augmentée. A l’automne de 
1835, M. Camille Aguilon, amateur distingué de 
Toulon, en offrit quelques-uns, obtenus dans son 
pays, à la Société royale d'Horticulture de Paris ; 
ils étaient les plus gros de tous ceux qu’on avait vus 
jusqu’alors.'La même année, M. Boissin, marchand 
grainier, en avait un, venant également du Midi; il 
ressemblait à un melon, et avait au moins six poucés 
de hauteur, sur quatre pouces et demi de diamètre. 

Il est fâcheux que jusqu'alors on n’ait pu’tirer 
aucun parti de ces fruits, sous le rapport alimen- 
taire. Les nombreux essais qu’on en a faits ont dé- 
montré que, crus ou cuits, ils restaient toujours 
coriaces et amers. Cependant il est probable que, 
per suite d’une culture suivie, on parviendra à leur 
trouver quelques usages en écononrie domestique. 
Par exemple , ne pourrait-on pas, par la fermenta- 
tion de ces fruits, obtenir une boisson analogue au 
cidré, ainsi qu'on en obtient de plusieurs autres 
fruits , tels que les cormes, qui , malgré leur âpreté 
et leur amertume, fournissent éncore üne boisson 
agréable. Espérons que, lorsque ce coignassier sera 
cultivé plus en grand, l'industrie agricole trouvera 
moyen d'en tirer un produit utile, soit pour l’ali- 
mentation, soit pour les arts. 

Cet arbre, originaire de la Chine, paraîtrait avoir 
été introduit en Europe vers 1799; MM. Cels et 
Noisette l'ont obtenu à Paris, én 1802, par la voie 
du commerce qu'ils n’ont cessé d'entretenir avec 


270 

l'Angleterre et la Hollande. Le sujet qui fructifia 
pour la première fois à Paris fut donné par M. Cels, 
en 1806, au Muséum d'Histoire naturelle, où il fut 
planté dans l'École de Botanique; il müûrit ses fruits 
en 1811, lesquels furent peints alors pour les vé- 
lins du Muséum. Un second pied, donné par M. Noi- 
sette, en 1808, fut planté dans l'École des arbres 
fruitiers du même établissement ; celui-ci avait été 
greffé en écusson sur le coignassier commun. 

Le plus beau pied de coignassier de la Chine qui 
existe dans les environs de Paris, et fait chaque an- 
née l'admiration des amateurs qui ont occasion de 
le voir, se trouve dans un des clos de l’École royale 
d'Alfort, où sont établis des modèles d'arbres et de 
haies pour l'instruction des jeunes élèves. Ce bel ar- 
bre, planté peu de temps après ceux du Muséum, 
a, dans ce moment, quinze à seize pieds de haut, 
sur un diamètre de quatorze pieds. Son tronc a 
vingt-un pouces de circonférence; il est nu jusqu'à 
la hauteur de vingt pouces; à ce point sortent plu- 
sieurs branches-mères, qui se subdivisent et de- 
viennent très-rameuses, L'épiderme est d'un gris 
cendré; l'écorce est mince, et se détache ou se lève 
par plaques qui tombent partiellement chaque an- 
née, comme dans les platanes et les arbousiers, etc. 
Son port est celui d'un buisson ovale arrondi, qui 
résulte de la régularité de ses branches. Sa floraison 
est abondante chaque année, et dure depuis mars 
jusqu’à la fin de mai. Il est précoce ; et paraît être 
toujoursen végétation, car, aussitôt les grands froids 
passés, on voit bientôt les boutons grossir et les 
écailles s'entr'ouvrir pour laisser passer les fleurs. 
On peut remarquer cet état en janvier et février, où 


271 
quelquefois des fleurs s’épanouissent , lorsque 1a 
température est douce. C’est cette disposition à une 
floraison hâtive qui rend dangereuses pour les 
fruits de cet arbre les gelées tardives du printemps, 
et dans les années moins chaudes que 1834 et 1855, 
les gelées d'automne arrivent souvent trop tôt pour 
qu’ils aient le temps de mürir. 

Cependant l'arbre dont il est question fructifie 
assez abondamment chaque année, mais les fruits 
sont moins beaux quand la saison a été défavorable. 
M. Desjardins, jardinier fort instruit , à qui est con- 
fiée la direction des jardins de l’école d’Alfort, m'en 
a souvent donné qu'il récoltait en octobre ou no- 
vembre, selon la température; ils avaient quatre 
ou cinq pouces de longueur, sur trois à trois pouces 
et demi de diamètre, et leurs graines étaient fort 
bonnes. Mais, comme on le voit, ils sont encore bien 
éloignés de la grosseur qu’atteignent les fruits du 
Midi. 

Malgré sa précocité, cet arbre n’est pas moins 
rustique, puisque les pieds, plantés depuis trente 
ans, ont résisté à toutes les intempéries des saisons. 
Il préfère les sols meubles, siliceux et frais; 1l croît 
à toute exposition , mais sous notre climat la plus 
chaude est celle qu'il faut lui donner. Il recoit parfai- 
tement toutes les formes qu'on veut lui faire prendre 
par la taille, soit quenouille, vase, espalier, etc. 
Cette dernière est la plus convenable pour les 
départemens du nord, parce qu'elle favorise sa 
fructification et la maturité de ses fruits. Cepen- 
dant, ce qui séra toujours préférable ; c’est de lui 
laisser prendre son développement naturel, au 
moyen duquel il donne’en abondance ses fleurs 


272 

d'un joli rose et d’un aspect ravissant. Il suflit en 
pareïl.cas de régulariser son développement par la 
suppression de quelques branches nuisibles ou 
confuses. | 

Ce bel arbre devrait être plus multiplié pour 
l'ornement des parcs et jardins de tous genres, où 
il est capable de produire l’effet le plus pittoresque 
par sa forme et l'éclat de ses fleurs. Soit qu'on le 
place isolément sur le bord des gazons ou sur la 
lisière des massifs, soit qu’on en forme des groupes 
plus ou moins considérables, il est appelé à jouer 
un rôle important dans les jardins anglais et paysa- 
pistes. à 
Son bois, d’un blanc jaunitre, a le grain très- 
serré ; 1l est d’une grande dureté et peut être em- 
ployé ävantageusement pour la marqueterie et 
les ouvrages de tour. 

Je pense qu’en s'occupant sérieusement de la 
multiplication de cette espèce d'arbres, on en ob- 
tiendra des variétés parmi lesquelles il s’en trouvera 
peut-être de précieuses, Déjà on sème beaucoup 
ses graines , et le hasard , ainsi que l’art des fécon- 
dations artificielles, si heureusement employé au- 
jourd'hui en horticulture , peut amener des résul- 
tats importans et inattendus. 

On le multipliait par boutures et marcottes, et 
plus promptement, dans les pépinières, par la greffe 
en fente, et mieux encore par celle en écusson à œil 
dormant. Les sujets propres à cette opération sont 
les poiriers , les épines blanches, et. le coignassier 
sauvage, qui est préférable à cause de son analogie. 
Aujourd’hui qu'on peut se procurer des graines 
venant du Midi, il est d'autant plus avantageux de 


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PÉLÉGRINE DORÉE 


Alstroœmeria aurantaca. LL Je 
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275 


recourir au semis , parce que les individus qui en ré- 
sulteront auront une durée, une vigueur et une rus- 
ticité plus grandes, qu'ils devrént à l'acclimatation. 
Les graines doivent être semées peu de temps 
après la maturité des fruits, c'est-à-dire à la fin de 
février et en mars, dans une terre meuble légère et 
riche en humus. On sème en rigole ou en terrine. 
Le jeune semis prend souvent assez de dévelop- 
pement pour être repiqué l’année suivante, ou la 
deuxième année en pépinière, dans un sol meuble, 
sablonneux et frais. On commence dès-lors à le dis- 
poser à la forme qu'on désire lui faire prendre, 
comme tige, buisson ou espalier. Pépin. 


ORANGERIE. 


PÉLÉGRINE DORÉE. Æ{/stræmeria aurantiaca, Hort. 
Alstræmeria aurea, Gurris Mac. New series, 
pl. 5350. ( Voyez la planche, et pour les carac- 
tères génériques, page 118 de ce Journal, année 
1832-1833.) 


Tige de quinze pouces de hauteur, garnie de 
feuilles nombreuses, linéaires, elliptiques, contour- 
nées à la base, d’un vert pâle, légèrement rudes sur 
les bords, calleuses au sommet, ce qui est plus sen- 
sible quand la plante commence à se passer et 
que la tige se dessèche. Pédoncules droits presque 
aussi longs que la feuille qui garnit leur base, avec 
une petite bractée aux deux tiers supérieurs de 
leur longueur. Il est probable que sur une plante 
plus forte il peut se développer une troisième fleur. 
Ces fleurs sont droites, simples et lisses, et d'un 


beau jaune doré; les divisions sont presque égales 
Juin 1836. 18 


274 

en longueur, les trois extérieures presque ovales et 
légèrement dentées, les intérieures lancéolées; 
celle du bas d’un jaune uniforme ; les deux autres 
marquées de quelques stries orange pourpré. Les 
étamines tombantes, plus longues que les divisions, 
à anthères et filets jaunes ; le style également jaune, 
redressé, terminé par un stigmate trifide. Graine 
d'un vert strié. 

Cette plante fait un très-bel effet par la riche 
nuance de ses fleurs. Introduite en Angleterre par 
le docteur Anderson , qui l'a trouvée au Chili, nous 
l'avons tirée de ce premier pays au printemps de 
1834, et elle a fleuri dans notre établissement en 
juin 1855. On la multiplie de séparage comme Ja 
pelegrina. W lui faut la serre tempérée. CeLs frères. 


SERRE CHAUDE. 


CLEOME, Lin, Pers., DEec.,prod.1, pag. 238. Hexan- 
drie monogynie , PERsOON ; Capparidées, Jussieu ; 
Tétradynamie siliqueuse, Loup. Catalogue. 


MosAMBÉ REMARQUABLE. Cleome speciosa, Hums. et 
Bowr., 456; Gynandropsis speciosa, DEcan». , 
prod. (Voyez la planche.) 


Tiges vertes , fermes, glabres, lisses, sillonnées 
dans le bas, hautes de dix-huit à vingt-quatre 
pouees ; feuilles éparses , portées par des pétioles 
cylindriques, caualiculés en-dessus, longs de vingt- 
quatre à trente lignes; elles se composent de sept 
fohioles ovales, oblongues, pointues, finement sérru- 
lées sur les bords, glabres sur les deux surfaces, 
lisses en-dessus ; fleurs en épis terminaux , longs de 
deux à dix pouces; pédicelles grêles, d’un pouce, 


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P1.35 


GESNÉRIE ECLATANTE 


Gesneria atro-sançguine à F 
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276 

naissant à l’aisselle d’une bractée sessile cordiforme ; 
calice de quatre sépalesouverts, verdâtres etglabres; 
corolle de quatre pétales redressées , d’un beau rose 
viclacé , long de huit à neuf lignes; six étamines à 
filets grêles, presque du double plus longs que les 
pétales, et monadelphes à la base; stipe de l'ovaire 
de la couleur et de la longueur des étamines; ovaire 
terminé par un stigmate sessile ; siliques grêles, cy- 
lindriques, striées, longues de deux à trois pouces, 
s'ouvrant en deux valves du haut en bas; semences 
brunes, hémisphériques, munies de petites papilles 
sur toute leur surface. 

Les graines de cette plante me furent données 
par M. Duvillers, qui lesavait recues, sans nom, d’un 
voyageur arrivant de l'Amérique méridionale; elles 
furent semées , sous châssis chaud , en mars 1835 ; 
une seule leva dans le pot; je la transportai en 
serre chaude au mois de septembre, où elle a com- 
mencé à fleurir le 15 octobre; les graines ont müûri 
à la fin du mois suivant, et pourront servir à la 
multiplier. C'est une jolie plante que les amateurs 
devront posséder. Originaire de Carthagène, dans 
la Nouvelle-Grenade , elle est annuelle, quoique 
M. Decandolle la cite comme vivace, mais, il est vrai, 
d'une manière douteuse. JACQUES. 


GESNÉRIE ECLATANTE. Gesneria atrosanguinea, Hort. 
( Voyez la planche, et pour les caractères géné- 
riques, page 184'de ce Journal; année courante.) 


Racines tuberculeuses, charnues, devenant très- 
grosses; tiges droites, charnues et cylindriques , 
hautes de dix-huit pouces à deux pieds, d’un vert 
tendre ; feuilles opposées, pétiolées , en cœur aigu, 


276 
crénelées à leurs bords, épaisses, à nervures très- 
saillantes en-dessous, et entièrement velues ainsi que 
toute la plante. 

Fleurs en épi terminal , pédicellées et opposées ; 
calice court à cinq divisions, pointues et resserrées 
sur la base de la corolle, qui forme un renfle- 
ment comprimé par ses divisions ; corolle tubulée, 
un peu courbée, longue de vingt à vingt-quatre 
lignes , d'un bel écarlate velouté ; limbe à cinq di- 
visions peu apparentes et recourbées en-dedans ; les 
deux supérieures, bien plus allongées que le reste 
de la corolle, sont capuchonnées à leur extrémité. 
Les étamines, au nombre de quatre , sont cohé- 
rentes ; les anthères sont jaunes, portées sur des 
filets roses, dont deux, plus longs, se recourbent et 
dépassent l’extrémité supérieure de la corolle. 

Cette plante se cultive en serre chaude en terre 
de bruyère; on la multiplie de boutures par les 
feuilles , ou de graines semées aussitôt la maturité 
sur une couche chaude. 

Lorsqu'elle a perdu ses tiges, il faut tenir le pot 
hors de la tannée et cesser les arrosemens jusqu’au 
mois de février ; à cette époque, on peut changer le 
tubercule de terre et le remettre sur une couche où 
on le soigne comme les autres plantes de serre 
chaude. LEMox. 


JaqQuIER iNGISÉ. Arbre à pain. Rima. {rtocarpus in- 
cisa, Witv.; Rhademachia incisa, Taums.; Mo- 
nœcie monandrie, Lin. ; Urticées, Juss. 


Arbre originaire des Moluques , s’élevant à qua- 
rante pieds, à feuilles pinnatifides, sinuées, rudes, 
pubescentes en dessous, produisant des fruits de la 


277 

grosseur d’un melon et de même forme, à pulpe 
blanche, molle comme de la mie de pain, et offrant 
le goût de celui-ci, réuni à celui du cul d’artichaut. 
Cet arbre exige chez nous une serre chaude entre- 
tenue à dix-huit degrés , et des arrosemens copieux 
pendant l'été et point pendant l'hiver. I Jui faut une 
terre franche et substantielle; on le multiplie de 
graines, de boutures et de marcottes. 

Le fruit de l'arbre à pain forme la base de la nour- 
riture des naturels, dans les îles de l'Océan pacifique. 
Ils se montrent très-passionnés pour cet aliment, 
que les riches se font préparer trois fois par jour 
pour leurs repas, tandis que les pauvres font cuire 
en une seule tout ce qui est nécessaire pour leur 
journée. 

Autrefois, les habitans d’un district se réunis- 
saient pour faire cuire leurs fruits en commun, 
dans de grands fours qu’ils nommaient Opio. Ces 
fours étaient formés d’un trou de vingt à trente 
pieds de diamètre, qu'ils remplissaient de bois et 
de grosses pierres. Lorsque quelques-unes de celles- 
ci commencaient à se fendre, ils jetaient dans le bra- 
sier des fruits par centaines, qu'ils recouvraient de 
pierres chaudes qu'ils avaient retirées, de terre et de 
feuilles. Les fruits restaient un jour en cet état; 
après quoi ils se les partageaient , et chacun dé- 
posait sa portion dans des trous particuliers. Ces 
fruits, cuits ainsi, pouvaient se conserver cinq ou 
six semaines. Cette manière de faire cuire l'arbre à 
pain, étant une occasion d’excès et de débauches, 
n’est plus en usage depuis l'introduction du chris- 
tianisme parmi ces naturels, dont il a adouci les. 
mœurs. 


278 

Comme ce fruit ne donne pas toute l'année en 
abondance, bien qu'il y en ait en tout temps quel- 
ques-uns de mûrs, on y suppléeen en formant une 
espèce de pâte qu’on nomme 7nahi. On cueille alors 
ce fruit un peu avant sa parfaite maturité, on le 
met en tas que l’on recouvre exactement de feuilles. 
Dans cet état, il subit une sorte de fermentation 
qui lui donne un goût doux, peu agréable. On en 
Ôte les graines ou le cœur, en tirant à soï et douce- 
met le pédoncule, et on jette le reste de chaque 
fruit dans un trou préparé à cet effet, et garni à 
l'intérieur et autour de feuilles et d'herbes. Quand 
le trou est plein, on le recouvre de feuilles, et on 
met par-dessus plusieurs grosses pierres. Dans cet 
état, il subit une nouvelle fermentation qui le rend 
aigre. Malgré ce goût, qui ne change pas pendant 
plusieurs mois, on le considère comme un bon ali- 
ment durant toute la saison où l’on n’en récolte pas. 

Aux îles Sandwich, les habitans le eueillent avant 
sa maturité, lorsque lécorce est mince et ferme, et 
ils en mangent la pulpe, après avoir fait griller l’é- 
corce sur des charbons ardens. On dit qu'en pareil 
cas cet aliment ressemble beaucoup par sa consi- 
stance à de la mie d’un pain chaud, légèrement co- 
lorée, et qu'il a le goût d’un jaune d'œuf dur. Il 
est lésèrement astringent. 

Bien que ce fruit soit loin de pouvoir être com- 
paré au pain, il nest pas douteux que, soumis à 
des préparations convenables, il puisse devenir une 
substance utile en économie domestique. Nous pen- 
sons que, cultivé à Alger, il réussirait parfaitement, 
et pourrait y servir de base à quelques préparations 
alimentaires qui deviendraient une ressource pour 


279 
cette localité et peut-être un objet d'exportation 
dans la métropole. 

Au reste, son fruit n’est pas son seul produit 
utile; son tronc fournit une résine que les naturels 
emploient à enduire leurs canots, et qui pourrait, 
sous l'influence de notre industrie, recevoir d’au- 
tres destinations. Il fournit également un bon bois 
de charpente , et l'écorce de ses jeunes rameaux, 
débarrassée de son parenchyme, donne des fils ca- 
pables de produire des tissus plus ou moins pré- 
cieux. 

Nous possédons un assez grand nombre de jeunes 
sujets de cette espèce pour pouvoir en livrer, non- 
seulement aux amateurs curieux d'augmenter leurs 
richesses végétales, maïs encore aux personnes qui 
voudraient en essayer la culture sur le territoire de 
notre nouvelle colonie africaine. CELs frères. 


Note sur le Pandanus. 


I 'arrive souvent que l’on se presse trop de vider 
les vases ou de retourner les plates-bandes dans les- 
quelles on à semé les graines de plantes exotiques. 
Cette précipitation est un inconvénient, surtout lors- 
qu'il s'agit de végétaux peu ou point connus. On 
sait qu'il y a des plantes dont les graines conservent 
long-temps la faculté germinative, et souvent même 
jusqu’à ce qu'ellessoient placées dansles circonstances 
favorables à leur végétation, ainsi que je l'ai dit 
dans une notice à ce sujet, insérée dans ces Annales, 
en avril 1834. Beaucoup de personnes qui recoivent 
de ces graines se contentent de dire qu'elles ne 
valent rien, lorsqu'elles ne les voient pas lever dans 
les deux ou trois mois qui suivent le semis. 


280 


Je remarque , chaque année , que des semences 
de plantes annuelles exotiques, semées au mois 
d'avril, ne lèvent qu’en juillet; et je citerai parmi 
elles l’{geratum cœruleum, plante du Mexique, déjà 
assez connue, qui, le plus ordinairement, ne lève 
qu'en août, et cependant fleurit et donne ses graines 
avant l'hiver. À cette occasion, je rapporterai un 
fait que je tiens de M. Riché, jardinier en chef du 
Jardin des Plantes. 

En 1802, M. Thouin recut, de Bourbon, des 
graines de Pandanus odoratissimus, Jaco.; P. uti- 
ls, Wu, arbre originaire de Madagascar, où les 
naturels le nomment V’acoua. Ce beau végétal était 
alors inconnu en France, et M. Riché, charge à 
cette époque de la direction des serres chaudes , 
recut la mission de les semer, Ce semis fut fait en 
pots placés sur couche chaude. Quelques graines 
levèrent dans le cours de la première et de la se- 
conde année. Plusieurs pots furent alors retirés des 
serres et placés à l'air libre, où ils étaient restés 
près d’un an et avaient subi l'intempérie d’un hiver 
assez rigoureux , lorsqu'on s’apercul que quelques 
nouvelles graines avaient encore levé sur les pots 
restés en serre; on s’empressa de rentrer les autres, 
qui produisirent également quelques plants. 

Ce fait prouve que la germination des graines 
dépend de circonstances particulières qui doivent 
engager à attendre un résultat aussi long-temps que 
possible, tant qu’elles ne sont pas connues. Dans le 
cas présent, cette production successive enrichit 
nos serres d’une plante fort remarquable pour leur 
ornement, autant par son beau port que par la dis- 
position singulière de ses feuilles insérées en spi- 


281 

rale sur la tige, de laquelle poussent des racines 
adventives à différentes hauteurs qui viennent s’im- 
planter dans la terre comme pour former des arcs- 
boutans capables de soutenir, contre l'effort du vent, 
leur tête formée de feuilles longues et charnues, 
avec lesquelles les naturels font des tissus et d'au- 
tres ouvrages remarquables. PÉpPIN. 


IGNAME AILÉE, Dioscorea alata , Lin. De la Diæœcie 
hexandrie de Lin., et de la famille des Aspara- 
ginées, Juss. 


Plante vivace, originaire de l'Inde. Racine longue 
d'au moins un pied, charnue et grosse; tige grim- 
pante, ailée, bulbifère, s’allongeant de huit à dix 
pieds; feuilles opposées, cordiformes , sagittées , 
marquées de sept nervures. ; 

Cette plante ne se cultive, chez nous, qu’en serre 
chaude, en pots enfoncés dans la tannée d’une cou- 
che qu’elle ne doit jamais quitter. Il lui faut une 
terre légère rendue substantielle par l'addition de 
terreau végétal. On la multiplie par segmens de sa 
racine auxquels il importe de laisser un œil. 1] lui 
faut peu d’arrosemens, jusqu'à ce que ses bour- 
geons soient développés, et point du tout quand 
elle a cessé de végéter. 

Les racines de cette isname , douées d’un excel- 
lent goût, sont une substance alimentaire d’un 
grand intérêt dans l'Inde et dans les contrées 
les plus chaudes de l’Amérique méridionale , où on 
les mange cuites au four ou dans l’eau. Elles se 
conservent, hors de terre, beaucoup plus facilement 
qu'aucun autre tubercule, 


202 

Il nous semble que, sous le rapport de limpor- 
tance de son produit, on devrait en essayer la cul- 
turesur le territoire d'Alger, oùilest probable qu’elle 
réussirait et deviendrait un grande ressource pour 
cette colonie. Sa culture, en pleine terre , demande 
quelques facons. Il faut la planter au pied des co- 
teaux et la butter en même temps, en la couvrant de 
terre légère , mais substantielle, ou seulement de 
feuilles desséchées. CELS FRÈRES. 


NOUVELLES. 


Nous cultivons dans notre établissement, sous le 
nom de mapnolia glauca arborea, un arbre qui, à 
l'exception de sa taille, a beaucoup de rapport avee 
le, M. glauca. W paraît devoir s'élever à une plus 
grande hauteur; ses feuilles sont trois fois plus 
grandes; ses fleurs, également plus développées, 
exhalent un parfum aussi agréable pendant leur 
épanouissement. 

Malgré que nous regardions cet arbre comme 
une variété du glauca , nous ne saurions trop le 
recommander à l'attention des amateurs; 1l a sur 
celui-ci l'avantage de conserver beaucoup mieux 
ses feuilles pendant l'hiver. Cecs frères. 


CORRESPONDANCE. 


L'hiver passé, 1835-1836, quoique peu intense 
à Paris, n'en a pas moins été long et nuisible à-un 
grand nombre de végétaux, à cause du temps som- 
bre et de l'humidité. Mais si chez nous la tempé- 
rature ne s’est pas abaissée à un degré très-bas, 
il n'en à pas été de mème dans quelques provin- 


203 

ces: J'ai recu depuis plusieurs jours, d'un de mes 
correspondans des environs de Clermont-Ferrand 
(Puy-de-Dôme), une lettre dont voici un extrait : 

«... Je vais en même temps vous faire part de 
quelques observations que j'ai faites sur les pertes 
que l'hiver rigoureux nous a fait éprouver dans les 
environs. À Randan, dans le parc de S. A. R. ma- 
dame la princesse Adélaïde, tous les pins pignon, 
pinus pinea, de Jérusalem ou d'Alep , ceux de Na- 
ples, pinus Brutia, ont totalement péri, ainsi que 
les cyprès pyramidal et étalé, le genêt d'Espagne, 
les bordures de thym, hyssope, lavande, sauge, 
primevères, etc. Du reste, les autres plantations 
sont superbes. J'ai encore remarqué dans plusieurs 
endroits beaucoup de jeunes saules et peupliers 
fendus dans toute leur longueur , ainsi que des vi- 
gnes, grosses comme le bras, exposées auprès de 
murs, au midi, et qui ont éprouvé le même sort. 
Tous nos figuiers sont morts. J'ai personnellement 
perdu tous mes alaternes , phylyrea, fontanesia, 
tamarix, magnolia grandiflora, ptnus palustris , 
pinus pinea, etc., ainsi que toutes mes bordures 
de primevères, paquerettes, lavandes, etc. , ce que 
je regrette infiniment... Par contre, je dois vous 
dire que nos pivoines en arbre en pleine terre 
n’ont nullement souffert, non plus qu'un pied d’a- 
tragène de l'Inde, atragene indica, dont les pousses 
sont aussi fortes que celles conservées en serre... 
Désirant aussi multiplier quelques espèces de cara- 
gana, telles que chamlagu , halodendron, pigmeu , 
frutescens, etc., et manquant de sujets, j'ai pris des 
racines du robinia caragana, sur lequel j'a greffe 
les espèces que je viens de vous signaler, et, à ma 


284 
grande satisfaction, le tout a bien réussi. J'avais 
encore un melaleuca coronata qui était toujours 
jaune et mal portant, je l'ai greffé sur le melaleuca 
armillaris, à haute tige; à présent il forme une belle 
tête bien vigoureuse, fleurissant beaucoup et d’un 
bien joli effet... » Genie fils, à Effiat. 


On voit, par les faits que cette lettre signale, que 
si nous avons eu à souffrir de la prolongation des 
jours sombres, humides et tristes , il est des loca- 
lités où les horticulteurs, encore plus à plaindre 
que nous, ont éprouvé des pertes considérables et 
très-regrettables. JACQUES. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Traité théorique et pratique sur les semis et planta- 
tions , ou seules méthodes véritables de semer et 
de planter dans tous les climats, d’après les lois 
de la nature; par J. S. Larpier, membre de 
l'Académie royale de Marseille, de la Société 
d'agriculture et de commerce du Var. 3° édit. (r). 


On est heureux de trouver l’occasion d'annoncer 
une œuvre sur l'agriculture faite avec la conscience. 
d'un honnête homme et les lumières d’une longue: 
expérience. L'auteur, que la mort vient d'enlever, 
a observé pendant plus de soixante ans les règles: 
que la nature s'efforce d'indiquer à l'homme pour 
le guider dans les travaux de la culture, et c'est en 


(1) Un vol. in-8 , prix, 5 fr. Paris, Roussezon. Marseille, 
Roucnon, 


285 


les commentant avec une logique serrée qu'il com- 
bat toutes les pratiques routinières et vicieuses, 
dont il démontre l'inanité par les expériences qu'il 
a faites en conformité des lois naturelles. On trouve 
dans cet ouvrage, que l’on pourrait appeler la 
plulosophie de l’agriculture, des vues d’une grande 
portée, des apercus neufs et des idées capables de 
produire des résultats importans. Au surplus, je ne 
puis mieux en donner une idée claire à mes lecteurs 
qu'en transcrivant ici le résumé des propositions 
qu'il regarde comme positives, et qu'il développe 
avec un talent remarquable dans tout le cours de 
son travail. 

« Pouvons-nous espérer, dit-il en terminant, 
d'avoir communiqué à nos lecteurs quelque chose 
de notre intime et profonde conviction, que , dans 
le respect des lois éternelles et dans leur observation 
seule, nous trouverons la prospérité de l’agricul- 
ture at le fruit de nos travaux? Il ne nous appartient 
pas de répondre; mais, à nos yeux, les principes 
suivans restent stcitobhs et démontrés : 

« 1° Les graines de toutes les espèces de plantes 
et d'arbres, sans exception, ne peuvent prospérer 
pleinement qu’autant qu'on les aura laissées parve- 
nir à l’état de parfaite maturité ; 

« 2° Dans cet état, par un inappréciable bienfait 
de la Providence, elles se conservent inaltérables et 
ne perdent jamais aucun de leurs principes de fé- 
condité, pourvu qu'elles soient préservées de l’hu- 
midité et des intempéries de l'air ; 

«3° Leur ensemencement doit être uniforme 
sur toutes les qualités de terre et dans tous les 
climats, à l'exemple de la nature, qui, partout, 


286 


procède uniformément sans aucune sorte de varia- 
tion ; c'est-à-dire que la graine ne doit être que très- 
légèrement recouverte de terre , afin de n’apporter 
aucun obstacle à la tendance naturelle des parties 
constitutives du végétal qui est renfermé, et à 
leur développement ; 

« 4° Mais nos terres, soumises depuis silong-temps 
a une culture plus ou moins défectueuse, doivent 
être aidées par des engrais distribués à propos. Par 
la même raison, ce secours ne doit pas être refusé 
aux graines pour réparer l’affaiblissement produit 
par les méthodes vicieuses de semis qui les ont éloi- 
onées de leur type naturel; 

« 5° Les plantes et les arbres transplantés'ne 
doivent.être remis en terre que de la même ma- 
nière qu'ils s'y trouvaient déjà placés, ni plus haut, 
ni plus bas, sous peine de les voir dépérir, ou de 
ne les voir jamais arriver à leur de de dévelop- 
pement ; 

« 6° Cette règle de transplantation est générale, 
et doit d'autant plus S ‘appliquer aux rejetons > AUX 
marcottes, aux boutures , que ces productions se- 
condaires, nécessairement moins vivaces que les 
sujets venus directement de graines , même abâtar- 
dies , ont plus besoin de rester sous l'influence de 
la véritable et unique loi de végétation ; 

«7° La grefle, moyen factice de changer la qua- 
lité des fruits de l'arbre, lépuise toujours par le 
pénible travail de la transfusion des deux sèves , ‘et 
c'est pourquoi l'arbre greflfé ne peut prospérer qu'à 
l’aide d'une culture plus attentive et de soins par- 
ticubiers ; 

« 8° Pour les graines comme pour les arbres, 


207 

les résultats de la culture seront d'autant plus as- 
surés et plus avantageux, qu'on les aura fait pas- 
ser d'un terrain de qualité inférieure à un autre 
meilleur ou mieux éxposé : d'où la conséquence 
que les semences de blé et de légumes doivent être 
fréquemment changées , et tirées, sil se peut, de 
terrains de qualité inférieure, ou tout au plus 
égale ; 

« 9° Les plantes légumineuses, en général, épui- 
sent et effritent la terre beaucoup plus que ne le 
fait le blé ; ainsi on ne doit les faire reparaître sur 
le même terrain qu’à des intervalles assez longs 
pour que la terre ait eu le temps de recouvrer les 
sucs spécialement nécessaires à ces plantes ; 

« 10° La terre ne sera pasépuisée et pourra n'avoir 
jamais besoin de repos, si l’on y fait convenablement 
alterner les diverses natures de semence , et si l'on 
accompagne toujours celle du blé d'une quantité 
suffisante d engrais ; ; 

«11° En conséquence, au moyen d’assolemens 
bien combinés , d'engrais bien distribués et de la- 
bours profonds dans la grande et la petite culture, 
nous pourrons ne plus perdre la moitié des rés 
sources de l'agriculture, en laissant en jachères, 
comme à présent , la moitié de nos terres ; 

«12° Toutefois, les plantes ne prospèreront ja- 
mais parfaitement qu'avec une méthode plus ra- 
tionnelle de semis, c'est-à-dire qu’autant qu'on se 
bornera à une moindre quantité de semence, et que 
l'on se décidera à semer par rangées convenable- 
ment espacées, soit le blé, soit les légumes, afin 
de se ménager la facilité des sarclages et des bi- 
nages, auxiliaires, nous le répétons, les plus puis- 


288 


sans de tous, pour une végétation fructueuse. » 
Tels sont les principes que l’auteur s'est efforcé 
de rendre évidens par une discussion lumineuse 
appuyée sur les expériences d’une pratique éclairée ; 
aussi, j'ose affirmer que cet ouvrage, d'ailleurs 
écrit avec une grande clarté, contient beaucoup 
plus de faits précieux et d’enseignemens utiles que 
la simplicité de son titre ne semble l’annoncer, et 
qu'il est facile , à chaque page , de reconnaître que 
ce n’est pas l'œuvre d’un agronome de cabinet. 
DoverGE. 


AVIS. 


Il a paru le prospectus d’un grand ouvrage sur 
l'Horticulture où les noms de la plupart des colla- 
borateurs des {nnales de Flore et de Pomone sont 
compris au nombre des auteurs. Nos abonnés sont 
prévenus qu'aucun d'eux n’a accepté cette mission, 
qu'ils restent tous étrangers à la rédaction de cette 
œuvre , réservant leurs eflorts pour le présent jour- 
nal et pour les travaux particuliers auxquels quel- 
ques-uns d’entre eux se livrent, et qu'ils publieront 
si le temps leur permet d’y mettre la dernière main. 


BRRALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


cSoSoscm0mme ns 0P 00% 0S0S0m0080m0062001 600060906000 09Pr- 00900086 


HORTICULTURE. 
PLANTES POTAGÈRES. 


Observations sur les fraisiers. 


Le jardin de M. Boursault a joui d’une telle cé- 
lébrité, que le nom de M. David aîné, auquel était 
confiée la direction des belles serres qui ont contenu 
tant de merveilles, est généralement connu; il mé- 
rite à tous égards de l'être, car cet habile horticul- 
teur excelle dans la pratique de tous les genres de 
jardinage. Ainsi, après avoir montré ce que peut 
l’art de la culture pour la conservation et le déve- 
loppement des plus précieux végétaux exotiques, 
il prouve aujourd'hui un talent égal dans la direc- 
tion des pêchers en espalier qui étalent leur riche 
végétation sur l’ancien | AN des serres. Ces 
espaliers sont formés avec un art admirable, et ne 
laissent apercevoir aucune: lacune sous les diffé- 
rentes formes auxquelles il les a soumis , et que la 
position l’a en quelque sorte obligé à choisir. On 
peut dire avec assurance que Montreuil n'offre rien 
de mieux en ce genre. 

Juizzer 1836. 19 


290 
Ce cultivateur distingué, obligé de disputer ses 
plantes potagères aux courtilières , aux vers blancs, 
et aux autres insectes destructeurs , a imaginé une 
construction fort simple pour mettre ses fraisiers à 
l'abri. Vers le 15 février, il a enfoncé en terre, à la 
distance de vingt pouces environ, des pieux qui 
dépassent le sol de deux pieds; sur ces pieux sont 
établies des planches formant table, qu’il a entourées 
d’autres planches placées sur champ, et larges de 
huit pouces, de facon à former une espèce de bâche 
exhaussée. Il a garni le fond d’un lit de fumier gras 
de vache, de deux pouces à peu près d'épaisseur, 
et il l’a recouvert d’une couche de terre prise dans 
le jardin, d’une épaisseur de six pouces environ. 
J'ai vu les jeunes fraisiers qu'il a plantés en février 
donner en abondance, dès les premiers Jours de 
juillet, des fruits magnifiques qui surpassent en 
beauté tous ceux obtenus en pleine terre ,.et; qui 
n’ont aucunement à redouter les ravages des in- 
sectes rongeurs, ce qu'annonce au surplus leur 
brillante végétation. J'ai cru bien faire d'indiquer 
ce procédé pour les personnes qui se trouveraient 
dans une circonstance pareille, et ne regarderaient 
pas à quelque dépense de plus pour obtenir. de 
belles fraises. LCL 
Pendant que je m'occupe de fraisiers, je dois signa- 
ler ici une méthode de semis pratiquéeavecavantage 
par plusieurs bons mé, parmi lesquels, je 
citerai MM. Découflé, Barbier, etc. Is sèment de 
février jusqu'en mars en terrines qu'ils placent,sous 
châssis, ou en terre meuble bien maniée et bien:unie. 
Dans ce dernier cas, ils ajoutent aux graines une 
petite quantité de celles de carottes,ou,de-crésson, 


291 

afin de faciliter, par l'ombre de ces plantes,.la germi- 
nation des fraisiers, et de retenir la terre que l’eau 
des arrosemens déplace. Pour semer, ils commen- 
cent par un bout du carré préparé, et mettent une 
planche en travers sur laquelle ils marchent, afin de 
ne pas piétiner inégalement le terrain, et dans le but, 
au contraire, de le resserrer uniformément par leur 
poids, et d'empêcher la graine de s’enterrer trop 
profondément, Hs changent Ja planche de place à 
mesure qu'ils ont semé, et de facon qu’elle ait été 
posée successivement sur toute la surface du carré 
qu'ils sèment ainsi en reculant. Ils terreautent légè- 
rement ensuite, et jettent sur le semis quelques 
débris de racines fibreuses sous lesquelles les frai- 
siers lèvent facilement, ce qui conviendrait éga- 
lement à beaucoup d'autres semis, Les plants bien 
soignés sont en état d'être repiqués du 15 juin au 

© juillet; ce que lon fait en planches en les espa- 
cant un peu plus que les fraisiers venus de filets, 
parce qu'ils sont plus vigoureux et forment de plus 
grosses touffes. C'est, pourquoi on les recherche da- 
vantage pour la pleine terre, où ils résistent mieux 
aux grandes chaleurs, de Fété. Les filets que ces 
plants produisent. à l'automne sont au contraire 
préférés pour châssis, parce qu'ils prennent moins 
de développement. 

Je crois bien faire de renvoyer pour lé autres 
détails de cette culture à l'excellent article donné 
par, notre collègue et’ associé M. Jacquin aîné, 
page 261 de ces Annales, année 1833-1834. 


LECOINTRE, 
Associé de la maison Jacquin frères et ©!. 


292 


Observations sur un moyen indiqué pour augmenter 
le volume des artichauts. 


Il existe dans le midi de la France, et particulie- 
vement dans le département des Bouches-du-Rhône, 
un procédé fort simple au moyen duquel on fait 
acquérir à l’artichaut un volume considérable, tout 
en conservant, ou pour mieux dire en augmentant 
la délicatesse et la succulence des écailles et du pla- 
centa. Ce procédé, dont il serait diflicile d'expli- 
quer l’origine, consiste à enfoncer en croix deux 
broches en roseau ou en bois dans la tige florale de 
Yartichaut, à deux ou trois pouces au-dessous du 
calice. On attend pour cela que la tête de lartichaut 
se soit élevée au-dessus des feuilles. Aussitôt après 
cette opération, on voit cette tête se développer en 
s’arrondissant et grossir sensiblement et prompte- 
ment. C’est principalement la variété ronde et vio- 
lette que l’on cultive dans ces localités, et jamais 
les têtes sur lesquelles on a pratiqué cette opération 
ne développent leurs fleurs. Il se produit dans cette 
circonstance un effet analogue à celui qui cause la 
duplicature des fleurs, par l’oblitération ou l’annu- 
lation des organes reproducteurs ; car on a remar- 
qué que les étamines qui adhèrent au fond du calice 
n'existent plus, ou sont rares et oblitérées. 

L’explication de ce phénomène qui se présente à 
l'esprit est celle-ci : la tige florale de l’artichaut se 
compose d’un tissu cortical qui enferme le canal 
médullaire; c’est par ce canal que la sève s'élève 
pour nourrir et développer les organes de la fructi- 
fication. Interrompue dans sa marche par l’introduc- 
tion des broches, dont le croisement ferme à peu 


203 
près. le canal médullaire, elle afllue avec plus d'a- 
bondance dans le tissu cortical, et se porte sur les 
écailles, qui, la recevant en plus grande masse, se 
développent davantage, deviennent plus charnues 
et plus délicates, et augmentent enfin de volume 
et de qualité. 

Je serais bien aise que des essais fussent faits sous 
notre climat parisien pour confirmer cette pra- 
tique , dont la vérité, une fois bien constatée, peut 
conduire à beaucoup d'applications avantageuses 
pour l’horticulture. Je ne sais où j'ai vu que feu Ma- 
diot, directeur de la pépinière de PObservance, à 
Lyon, avait fait quelques expériences analogues sur 
le chou eabus, dont il avait obtenu des pommes 
beaucoup plus grosses et plus délicates, en enfon- 
cant transversalement des épines dans la tige, entre 
la première et la seconde verticille de feuilles. 

Dans les plantes où le canal médullaire aurait un 
très-prand développement eomparé à celui du tissu 
cortical, ne serait-il pas possible d'augmenter en- 
core le volume des fleurs aux dépens du système 
foliacé, par un moyen invérse? L'incision annulaire 
produit un effet analogue, et un vieux jardinier, à 
Toulon, était cité pour la grosseur des choux-fleurs 
qu'il eultivait. Son secret consistait dans l’enlève- 
ment d'un anneau circulaire de l'écorce de la tige, 
au-dessous des premières feuilles. Cet anneau, large 
au plus de deux lignes, était remplacé par un brin 
de laine légèrement serré. Ce sont effectivement 
des monstruosités que l’on obtiendrait ainsi; mais 
les plus beaux ornemens de nos jardins ne doivent 
les beautés qui font notre admiration qu'aux ruses 
ingeénieuses de-Fart, qui détournent de leur desti- 


294 
nation les élémens que la nature élabore pour ren- 
dre le végétal complet. DovrrGE. 


JARDIN FRUITIER. 


Poire BEURRÉ Bosc. — Avant 1825, M. Van-Mons 
avait dédié une poire à son ami Bosc, qui a occupé 
après À. Thouin la chaire de culture au Muséum 
d'histoire naturelle, et qui fut à son tour enlevé aux 
sciences et à sa famille en 1828. Je n’ai aucune cer- 
titude que la poire que je vais signaler soit bien 
celle de M. Van-Mons; mais il est positif qu’elle 
n’est que peu ou point connue dans le commerce, 
qu’elle mérite d'y tenir une place distinguée, et 
d’être offerte aux amateurs d’excellens fruits. Il y 
a neuf ou dix ans qu’elle est cultivée au Jardin des 
Plantes, où elle a été envoyée de Lyon par feu Ma- 
diot, alors directeur de la pépinière départemen- 
tale du Rhône. Probablement ce cultivateur lavait 
obtenue de la Belgique. 

Quoi qu'il en soit, l'arbre qui existe dans la pépi- 
nière confiée à mes soins a rapporté suffisamment 
de fruits en 1835, pour qu'il m'ait été possible de 
bien constater leur mérite et de me convaincre 
qu'il y en a peu de meilleurs. Les bourgeons de 
l'arbre sont cuivrés, géniculés; les yeux, supportés 
par des consoles saillantes, sont pointus , blanchà- 
tres et s’éloignent du bourgeon. Les boutons à fruits 
sont également pointus et noirs; les feuilles sont 
larges , épaisses et fort belles. 

Le fruit a quatre pouces à quatre pouces et demi 
de longueur ; son pédoncule est assez long, charnu 
ou épaissi à son altache sur le fruit; lombilic est 


205 
toujours petit et saillant. L’écorce fine et très-lisse 
est d’un roux grisâtre. La chair est blanche, très- 
fine .et fondante ; l’eau est abondante, sucrée, et 
d’une saveur relevée et: excellente. La forme est 
allongée, et resserrée vers le milieu. La maturité 
arrive en novembre. 

Je ne saurais trop inviter les pépiniéristes à s'em= 
presser de multiplier cet excellent fruit, qu'ils peu- 
vent offrir avec confiance aux amateurs comme 
l’une des meilleures poires beurré. Camuzer. 


Quelques observations sur l’ébourgeonnement 
des arbres fruitiers. 


Les poiriers qu'on élève pour quenouilles ou py- 
ramides se greffent à œil dormant, sur des sujets 
de coignassiers ou de poiriers élevés de pepins se- 
més à cet effet. C'est sur la fin de juin que se prati- 
que l'opération de la greffe, d’où il suit que l'œil 
reste inactif pendant huit mois environ, après les- 
quels il se développe en une tige plus ou moins vi- 
goureuse , selon l’état et la qualité du sol, la nature 
de la variété greffée , qui doit former un arbre d’une 
dimension plus ou moins considérable et l'activité 
de sa végétation. En effet, il y a des variétés de 
poires, telles que le sucré-vert, le rousselet, le 
beurré d'Angleterre , la virgouleuse, la crassanne, 
la royale d'hiver, qui, dans un seul été, s'élèvent 
de six à sept pieds, tandis que d’autres, telles que 
le beurré , le saint-germain , le beurré d'Aremberg , 
croissent beaucoup moins ; il en est encore qui se 
ramifient assez bien, comme le beurré d’Arem- 
berg, le martin-sec, le saint-germain, l'echassery, 


206 

etc. Mais, en général, la sève, attirée par l’action 
de l'air libre sur les feuilles, se porte toujours avec 
plus d’affluence vers l’extrémité supérieure des ti- 
ges, ce qui est tout-à-fait contraire à l’objet qu’on 
se propose. En effet, il est convenu que larbre doit 
être garni de branches depuis environ un pied de 
terre jusqu'en haut, en observant encore de 
maintenir plus longues les branches inférieures , 
et de leur faire, en ce sens, subir une décroissance 
sraduelle jusqu’au sommet. Nous sommes loin d'ob- 
tenir de tels résultats; et il n’est guère possible 
qu'il en soit autrement, parce que le pépiniériste 
ne peut pas donner assez d'espace à ses élèves, pour 
qu'ils jouissent d’une somme suflisante d'air, à 
moins de sacrifier ses intérêts ou de les compro- 
mettre gravement. En effet, il ne trouverait pas 
assez d'acheteurs qui voulussent payer quarante 
sous un poirier quenouille. 

Il me semble toutefois qu'on pourrait, du moins 
en grande partie, remédier à cette difficulté, J’é- 
lève aussi et je plante tous les ans une grande 
quantité de poiriers quenouilles, dont je suis obligé 
d'acheter une partie. Les personnes qui me font 
l'honneur de me confier leurs plantations m'adres- 
sent quelquefois à ce sujet des observations qui 
sont véritablement fondées ; car aujourd'hui non- 
seulement les propriétaires veulent s'instruire , 
mais il en est qui le sont assez pour reconnaître 
que certains individus ne réunissent pas les con- 
ditions voulues, et en cela ils ont raison. Les pépi- 
niéristes sont très-soisneux de mettre un échalas 
ou tuteur à chacun des individus destinés à être 
élevés en quenouille, afin de les dresser parfaite- 


297 
ment. Après la pousse de la première année, ils tail- 
lent à la hauteur de trois pieds et demi à quatre 
tous ceux qui sont au-dessus de cette élévation. Ceux 
qui n'y sont pas encore parvenus l'acquièrent 
l'année suivante et n’en sont pas plus mauvais; 
mais la sève des uns et des autres se porte en abon- 
dance vers l'endroit de la taille, ou auprès de l'œil 
terminal de ceux qui n'étaient pas assez élevés pour 
être taillés et y développe trois, quatre et jusques 
à six forts bourgeons qui absorbent à eux seuls 
toutes les rosées, l'air, la lumière, au détriment des 
yeux inférieurs, qui, dans certaines espèces, comme 
l'épargne, le chaumontel, etc., s’éteignent tout-a- 
fait. Il en résulte qu'après la plantation, si ces sujets 
ne sont pas confiés à des mains habiles, le pro- 
priétaire reste plusieurs années sans avoir des ar- 
bres réguliers. Le marchand cependant n'est pas en 
défaut , car il a livré de belle marchandise. Mais si 
ce dernier n’a pas vendu tous ses arbres à deux ans, 
il est obligé de les garder pour l’année suivante : ils 
en ont trois alors et n’en sont pas plus mauvais; 
mais le même inconvénient subsiste, et s'ag- 
grave encore, car il a fallu que le pépiniériste 
taillât une seconde fois ses arbres. Ceux-ci ont 
poussé de très-forts bourgeons, qu'il est forcé de 
couper rez du tronc, en multipliant les plaies ; il 
taille ensuite les autres bourgeons à trois ou 
quatre yeux, et la sève, déjà habituée à s'y porter, 
y arrive sans rencontrer d'obstacles et avec d’au- 
tant plus d’abondance qu'elle trouve les canaux 
ouverts. Ainsi, même désordre que l'année précé- 
dente. On entend les acheteurs se louer d’avoir 
acquis d'aussi beaux arbres; ils ont raison en appa- 


208 
rence, mais ils n’en sont pas à avoir du fruit et le 
plus difficile n’est pas fait, car donner à de pareils 
arbres la forme qu'ils doivent prendre après la 
transplantation , et leur faire porter du fruit tout à 
la fois, sont un écueil dont peu de jardiniers savent 
se tirer habilement. 

Je suis bien éloigné de prétendre donner une le- 
con à MM. les pépiniéristes ; mais s'ils voulaient se 
donner la peine d’ébourgeonner leurs poiriers, ils 
préviendraient les graves inconvéniens que je viens 
de signaler et rendraient un véritable service à 
l'horticulture. Cet ébourgeonnement , d’une exécu- 
tion facile, consisterait : 1° à l’époque du dévelop- 
pement des bourgeons, après que les greffes sont 
rabattues ou taillées à la hauteur voulue, à passer 
dans la pépinière et à couper les bourgeons supé- 
rieurs à deux feuilles de la tige, ayant soin de con- 
server le bourgeon le mieux placé pour former Wa 
flèche. La sève, se trouvant contrariée dans sa mar- 
che, serait obligée de refluer vers les yeux inférieurs, 
et d'y développer des bourgeons qui s’allongeraient 
d'autant mieux qu'ils jouiraient de l'influence de 
l'air et du soleil, et si, chez quelques individus,;'le 
bourgeon terminal prenaittrop d’ascendant, j'irais 
jusqu’à le couper à la moitié de sa longueur, pour 
créer davantage de branches latérales, car les que- 
nouilles sont toujours trop hautes pour le petit 
nombre de branches dont elles sont garnies. 

2° Siles arbres n'étaient pas vendus dans l'année, 
je taillerais très-court les bourgeons supérieurs 
dont la croissance aurait été atténuce par l'ébour- 
seonnement, et j'allongerais un peu plus ceux de 
la partie inférieure, et, par un ébourgeonnement 


299 

semblable au premier, j'obtiendrais des arbres qui 
auraient déjà la figure pour laquelle ils sont desti- 
nés. En effet, qu'une quencuille soit plantée le 
long d’un mur ou en quinconce, il est naturel 
qu’elle soit plus large en bas qu’en haut, car les 
branches inférieures ont poussé les premières, et 
cette disposition d’ailleurs importe à la durée, en 
maintenant une sève proportionnelle dans toutes 
ses parties et empêchant de se porter avec trop de 
fougue vers le sommet. 

Cette opération d'ébourgeonner peut paraître 
embarrassante à quiconque n’en a pas l'habitude; 
mais si l’on considère le peu de temps qu’elle exige 
et les avantages qu’elle présente aux pépiniéris- 
tes, il n’y a point de doute qu'on la pratiquerait. 
J'aime à penser que pas un seul propriétaire sé re- 
fuserait à payer un sou ou deux de plus un sujet 
bien conditionné; et cette augmentation peu im- 
portante pour l'acheteur serait cependant suffisante 
pour indemniser le cultivateur du temps qu'il y 
aurait consacré. 

En général, l'éboursgeonnement sur les arbres en 
pyramide est peu pratiqué; et cependant il n’y a 
que parce moyen qu'on peut leur donner une belle 
forme ’et les rendre productifs. On se contente, à 
l’époque de Ia taille, de promener à tort et à tra- 
vers le sécateur sur les individus que l’on dirige et 
que l'on abandonne ensuite à eux-mêmes pendant 
tout l'été, et on s'étonne de n'avoir point de fruits, 
ou de n’en obtenir que de médiocres. Tant que les 
jardiniers négligeront d'ébourgeonner, ou les pro- 
priétaires de le faire faire, les arbres pyramidaux 
n'auront ni forme ni fruits. 


300 


Pendant que je m'occupe d’ébourgeonnement, 
jai besoin de relever une erreur qui tend à attri- 
buer à cette opération la maladie de la gomme qui 
affecte quelquefois des arbres fruitiers, tels que pé- 
chers, abricotiers, etc. M. Mirbel, p. 152 et 153 du 
Cours complet d'agriculture, vol. IX, recommande 
de ne pas ébourgeonner les arbres par un temps 
pluvieux, pour ne pas provoquer cette maladie. 
« En temps de pluie, ditl, l'opération pourrait 
avoir des suites fàcheuses. » Sous ce rapport, les 
craintes sont vaines; car fort peu de jardiniers 
sont tentés de se faire mouiller pour ébourgeonner- 
leurs arbres. Plus loin, il ajoute : « Les habitans 
de Montreuil attendent la fin de mai ou le commen- 
cement de juin pour ébourgeonner. » En cela leur 
méthode s’est perfectionnée, car, il y a trente ans, 
ils ne faisaient cette opération qu’en août ; ils ont 
d’ailleurs une bonne raison pour attendre en juin, 
puisqu'à l'époque de la taille , leurs arbres ont déjà 
subi un ébourgeonnement, que M. Mirbel nomme 
éborgnage, sans nous dire dans quelles vues et pour 
quel motif il est pratiqué. 

Depuis quarante ans que je cultive les arbres 
fruitiers, je n’en ai jamais vu un seul atteint de la 
gomme pour avoir été ébourgeonné; mais beaucoup, 
au contraire, affectés de cette maladie pour ne l'a- 
voir pas été. Elle n’est, au reste, ni contagieuse, nk 
sans remède, et j'ai bien des fois rétabli en peu de 
temps des arbres gommeux condamnés à la mort. 
Ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces sortes de 
végétaux, et qui ne sont pas praticiens, sont effrayés 
à la vue d’un arbre souffrant, parce qu'ils ne savent 
quel moyen employer pour les guérir, et, souvent 


301 


même , faute de connaissances, ils aggravent le mal 
en voulant l’extirper. 

Je l'ai déjà dit, et je me permettrai de le répéter 
ici, les maladies des arbres en général ne provien- 
nent jamais des branches ; c’est toujours dans la 
terre qui les nourrit que se trouve la cause du mal. 
Toutes les fois que les racines sont en bon état, la 
physionomie de l'arbre annonce la vigueur et la santé; 
une seule d'elles se trouve-t-elle dans une veine de 
terre qui ne lui convient pas, la branche corres- 
poudante devient souffrante et on peut le remarquer 
surtout dans le poirier. Les insectes eux-mêmes 
n’attaquent les arbres que lorsqu'ils sont languis- 
sans, comme la punaise sur les pêchers, le tigre 
sur les poiriers, le puceron, etc. Enfin, la gomme 
ne se montre guère sur un arbre bien soigné et 
dont les racines fonctionnent à leur aise. 

Duvaz, horticulteur à Chaville. 


Sur le pécher greffe sur abricotier. 


À la fin de mai 1836, j'ai eu l'honneur de faire 
partie d’une commission nommée par la Société 
royale d'Horticulture pour aller visiter et exami- 
ner les cultures de pêchers de M. Alexis Lepère, 
cultivateur à Montreuil près Paris. Pendant cette 
visite j'ai remarqué des pêchers en espaliers, greffés 
sur abricotier-pêche, et parmi eux quelques-uns 
ayant une ou plusieurs branches-mères et sous- 
mères appartenant les unes à l’espèce du pêcher, 
les autres à celle de l’abricotier. Toutes rmontraient 
une belle végétation et fournissent chaque année 
des fruits remarquables par leur beauté et leur sa- 


302 

veur. Sur mes observations à cet égard, M. Le- 
père me dit que, dans un sol semblable et à une 
exposition pareille, les pêchers greffés sur abrico- 
tier donnaient des fruits plus volumineux et plus 
parfumés que ceux greffés sur amandier et pru- 
nier. Ce résultat pourrait être l'effet de la plus 
grande analogie qui existe entre ces deux espèces, 
et cependant on voit fort peu de pèchers greffés sur 
de pareils sujets. Duhamel-Dumonceau est peut- 
être le seul auteur recommandable qui ait parlé de 
la greffe du pècher sur abricotier et qui ait ex- 
primé le-regret de ne pas la voir plus employée; 
il n'hésite pas à donner la préférence dans toutes les 
circonstances aux sujets de cette espèce. Quoi qu'il 
en soit, le procédé de M. Lepère me paraît avanta- 
geux, et digne d'être employé dans quelques jar- 
dins. Il offre le moyen d'obtenir à diverses époques 
sur le même pied des fruits différens, et dont le 
volume et la saveur sont supérieurs à ceux des au- 
tres fruits qu'on voit avec tant de plaisir parer les 
tables bien servies. 

Ce cultivateur traite ses pêchers avec talent et 
succès. Il donne à la forme qu'il leur fait prendre 
le nom de pécher carre. dispose deux branches- 
mères inclinées à l’angle de quarante-cinq degrés ; 
sous celles-ci il conserve pour branches secondaires, 
à la distance de dix-huit pouces à deux pieds, des 
branches simples presque horizontales, dénuées de 
troisièmes et quatrièmes branches, et seulement 
garnies de brindilles ou branches à fruits, qu'il taille 
à deux ou trois yeux et qu'il nomme cochonets. 

Ces arbres sont parfaitement conduits et bien 
disposés; et je peux dire, sans crainte d’être dé- 


7 


303 


menti, que M. Lepère est un des cultivateurs les 
plus distingués de Montreuil. Cependant il est à 
remarquer que dans ses espaliers sa première bran- 
che inférieure est toujours la moins vigoureuse, 
par la tendance que la sève a constamment à s’é- 
lever dans lesparties supérieures de l'arbre. C'est 
pourquoi je conseille à toutes les personnes qui 
s'occupent de la taille des pêchers , partie de l'hor- 
ticulture qui, il faut l'avouer, est encore fort impar- 
faite, d'établir leurs espaliers sur quatre branches, 
dont les deux premières, ou branches-mères, étalées 
à l'angle de quarante-cinq degrés, et les deux autres, 
ou sous-mères, à celui de vingt à vingt-cinq. Ensuite 
on conserve sous les unes et les autres des troisièmes 
branches qui garuissent le mur, depuis la basé jus- 
qu’au chaperon. Il faut empêcher qu'aucune branche 
un peu forte se développe sur le dessus d'aucune 
d'elles, parce qu'il en résulterait bientôt le dépéris- 
sement des branches inférieures, que la sève aban- 
donnerait pour se porter vers ces nouvelles bran- 
ches, où elle trouveraitdes pores plus dilatés que dans 
les autres maintenues dans une position presque 
horizontale. Âu surplus je ne peux mieux faire que 
de renvoyer mes lecteurs au cours théorique êt pra- 
tique de la taille des arbres fruitiers, par notre col- 
légue DazsrerT, où ces questions sont, au dire.des 
connaisseurs, parfaitement traitées. P£Épin. 


Greffe propre a regarnir quelques arbres 
fru tiers: 


Lorsqu'un poirier ou un pommier est dégarni 
de branches dans sa partie inférieure, on peut le 


304 

regarnir au moyen d'une greffe peu en usage, mais 
qui devient d'une grande utilité en pareille circon- 
stance. Elle consiste à faire sur le corps de l'arbre 
une incision en forme de T comme pour y insérer 
un écusson. On se sert de bourgeons coupés long- 
temps à l'avance, ou au moins qui n'aient pas en- 
core commencé à développer leurs germes. On en 
coupe des morceaux munis de deux ou trois bons 
yeux, on les taille en biseau comme pour la greffe 
en couronne, c’est-à-dire que cette greffe est unie 
du côté du corps et ronde de l’autre côté ; on taille 
ou on enlève également environ deux lignes de lon- 
gueur de l'écorce et du bois, à la partie inférieure 
qui doit regarder l'écorce. À la partie supérieure 
du T on supprime en amincissant l’arête que forme 
l'épaisseur de la vieille écorce, on soulève adroite- 
ment les deux parties d’écorce longitudinales et on 
implante la greffe qu’on appuie légèrement, jus- 
qu'à ce que l'on sente qu'elle est solidement fixée. 
Il n’est pas besoin de ligatures, mais seulement on 
couvre avec soin lincision avec de la cire à greffer 
pour empêcher la pluie de s’y introduire et l'air et 
lé soleil de la dessécher. Cette greffe peut se prati- 
quer du 1° mars au 1° mai ; à cette époque, la sève 
est assez abondante pour que la greffe puisse couler 
entre le bois et l'écorce. 

Un propriétaire qui avait un mur de quinze pieds 
de hauteur voulut, pour le garnir, que je lui plan- 
tasse un poirier tige de Catillac ayant huit pieds 
d'élévation sous branches. Mais la nudité du corps 
de l'arbre le contrariant, je lui proposai de le greffer 
par le procédé que je viens de décrire. Ces greffes, 
faites en avril dernier avec des bourgeons de la va- 


Hi P1,36 


QD. Hl," 
V 2. 


NEMOPHILE RE MARQUABLE 


Nemophila insignis. 2 


305 


riété connue sous le nom de duchesse d'Angoulême, 
au nombre de vingt-quatre, douze de chaque côté, 
sont en pleine végétation, et j'ai lieu d'espérer que 
d'ici à deux ans la partie inférieure de l’arbre sera 
parfaitement garnie. Duvar, horticult. à Chaville. 


PLANTES D'ORNEMENT. 


PLEINE TERRE. 


NÉMOPHILE REMARQUABLE, z2emophila insignis. Bor. 
REG. 1713. Pentandrie monogynie, Lin. ; Lysi- 
machies, Juss. ( Voyez la planche. ) 


Plante annuelle; tiges s'élevant de six à huit 
pouces, herbacées, éparses, cylindriques , vertes 
et rameuses. Feuilles épaisses, à pétioles plus ou 
moins longs, selon la place qu’elles occupent, et 
légèrement canaliculés ; les radicales à découpures 
profondes, irrégulièrement lobées, un peu rudes ; 
les caulinaires moins grandes, à découpures plus ré- 
sulières et pointues ; toutes d’un vert foncé. Pédon- 
cules assez longs, verts, naissant dans l'aisselle des 
feuilles ; calice monophylle à cinq divisions linéaires, 
pointues, séparées les unes des autres par autant 
d’appendices pétaloïdes recourbées en bas, de même 
couleur que les feuilles. Corolle à cinq divisions 
arrondies , d'un bleu violacé en dehors, d’un beau 
bleu azur foncé en dedans sur la moitie supérieure 
du limbe de chaque pétale, dont le reste inférieur 
est blanc; cinq étamines à filets blancs et anthères 
noirâtres. Un style simple. 

Cette jolie plante, originaire de la Californie, 

Jurzzer 1836. 20 


306 


n’est connue que depuis 1834 en Angleterre, d’où 
elle a été importée en France. Elle deviendra bien- 
tôt un nouvel ornement pour nos parterres, qu’elle 
est destinée à embellir, soit qu’on la cultive en 
bordure ou en touffe. Elle n’est nullement difficile 
sur le terrain et sur l’exposilion; on la sème au 
printemps comme la girofléé de Mahon. Elle mûrit 
parfaitement ses graines, qu'il faut avoir soin de 
récolter quelques jours avant leur maturité, parce 
qu’elles se répandent facilement. 

Nous devons cette plante à l'obligeance de M. Eaf- 
fay ; elle a fleuri également en mai et juin au Jardin 
des Plantes. JacQuiIN jeune, 

Associé de la maison Jacquin frères et Cie. 


GROSEILLIER PORTE-CIRE , /tbes cereum, DoucLas. 
BorT. mac. 1263. 


Notre collègue, M. Jacques, dans un article 
sur le genre Ribes, inséré page 113 de ces An- 
nales, année courante, a cité, page 117, l'espèce ci- 
dessus, dont il n'avait alors vu ni la fleur ni le fruit. 
C'est ce qui m'engage à donner de nouveaux dé- 
tails sur ce groseillier, destiné à produire un joli 
effet dans la décoration des jardins. 

C'est un arbuste de trois à quatre pieds, à ra- 
meaux alternes. La tige principale est droite; les 
ramilles, disposées presque horizontalement, sont, 
dans leur jeunesse, garnies de glandes d’où secrète 
une résine à odeur semblable à celle du cirier 
(Myrica, Lin.). Elles sont ordinairement cendrées, 
et ponctuées de pourpre du côté du soleil sur les 
pousses de l’année. 

Les feuilles sont alternes, à trois ou cinq lobes 


307 

(mais toujours trois plus prononcés ), crénelées ; 
les petites sont cunéiformes, blanchâtres en des- 
sous, et couvertes en dessus de petites granules 
pulvérulentes et résineuses. Le pétiole est long 
d'un pouce et slanduleux. Les fleurs sont mono- 
pétales, infundibuliformes, à cinq petites divisions 
réfléchies, de couleur blanc rosé, nombreuses, 
longues d'un demi-pouce, réunies de deux à 
quatre sur un pédoncule axillaire, long d’un pouce 
au plus, glanduleux. A la base des fleurs se trouve 
une appendice calicinale d'une à trois folioles ré- 
fléchies, ovales, semi-amplexicaules , dentées fine- 
ment et profondément à leur sommet; cinq éta- 
mines, ne dépassant pas ia corolle; un style plus 
long que la corolle, à stigmate noirâtre. 

Les fruits sont presque sessiles, agglomérés par 
deux ou quatre d'un rouge foncé, arrondis, com- 
primés aux deux extrémités, de la grosseur de 
ceux du groscillier à grappes; ils conservent à leur 
base les trois stipules calicinales et sont portés le 
long des rameaux par un pédoncule commun axil- 
laire long de deux à quatre lignes; ils sont doux, 
pâteux , sans aucune acidité, et mürissent fin de 
juin ou dans les premiers jours de juillet. 

Cet arbuste, originaire de l'Amérique septen- 
trionale, ne peut être employé utilement que pour 
la décoration des jardins; ses nombreuses fleurs, 
d'un blanc rosé, apparaissent en mars et avril, 
époque où fleurissent les ribes sanguineum, palma- 
tum, aureum, de facon qu'il produira un fort joli 
effet en l’alternant avec ces espèces. Introduit en 
1853, je le connais déjà dans les jardins royaux de 
Neuilly, dirigés par notre collègue, M. Jacques, 


308 


et dans quelques établissemens marchands, tels 
que ceux de MM. Cels, Godefroy, etc. 

On le multiplie de boutures, de marcottes et de 
graines , et 1l croît dans tous les terrains et à toute 
exposition. PÉPIN. 


DEUTZIE À FEUILLES RUDES. Deutsia scabra, Taums., 
nov. sen. 10 fl. Jap.; Décandrie trigynie, Lin. ; 
Saxifrages, Juss. 


Feuilles caduques , opposées, ovales aiguës, fine- 
ment dentées , à dents assez espacées, lisses en des- 
sus, rudes en dessous ; rameaux grêles, terminés 
par des grappes de douze à vingt fleurs environ, 
opposées, à pédicelles d'autant plus courts qu'ils se 
rapprochent du sommet du rameau ; pédoncule 
commun, formant l’axe de la grappe, légèrement 
incliné à l'extrémité supérieure; pédicelles munis 
de deux bractées vers la moitié de leur longueur ; 
calice tomenteux à cinq divisions ; boutons ayant 
l'aspect et la forme de ceux de l'oranger, et se 
développant de même. Corolle à cinq pétales d'un 
très-beau blanc, à surface extérieure concave, et 
formant avec les styles un angle de quarante-cinq 
degrés; les bords des pétales amincis à cause de 
leur croisement l’un sur l’autre avant l'épanouisse- 
ment. Dix étamines à filets pétaloïdes, larges d’une 
demi-ligne, trifides au sommet ; la division du nu- 
lieu plus allongée et supportant l'anthère; les deux 
autres en forme de dents. Ovaire concave, surmonté 
de trois styles terminés chacun par un stygmate en 
forme de massue. Capsules globuleuses , tronquées, 
à trois loges, aristées par les styles qui persistent. 


Ni 


PL.3T4 


PIMELE E DES BOIS 


Pimelea silvestris 


309 

Nous avons recu ce bel arbuste d'Angleterre , où 
tout récemment il avait été apporté du Japon. Il 
paraît destiné à tenir une place distinguée dans nos 
bosquets, dont il deviendra un précieux ornement. 
Il a un peu l'aspect du philadelphus ou serimpgat. 
Les deux seuls rameaux florifères dont il était garni 
se sont développés en même temps, ce qui nous 
fait supposer qu'il épanouit toutes ses fleurs à la 
fois ; et comme elles ont une longue durée, ce doit 
être un spectacle ravissant que de voir la floraison 
d'un individu un peu fort. 

Jusqu’alors nous l'avons cultivé en terre de 
bruyère, mais il est probable qu'une terre mé- 
langée lui conviendrait aussi bien. Nous croyons 
aussi qu’il est entièrement de pleine terre. Au reste 
nous continucrons nos observations, et peut-être 
l’année prochaine en donnerons-nous la figure dans 
les nnales. I se multiplie de boutures étouffées et 
de marcottes. CeLs frères. 


ORANGERIE. 


PIMELEA , Smira. Diandrie monogynie, Lin., 


Thymélées, Juss. 


Caractères génériques. Calice quadrifide; deux 
étamines insérées à la gorge de la corolle; un style 
latéral; noix uniloculaire recouverte d’une écorce. 


PIMÉLÉE DES Bois, Prmelea silvestris. Horr. 


(Voyez la planche.) 


Arbuste de la Nouvelle-Hollande, s’élevant de qua- 
tre à six pieds. Tige verte, glabre et très-rameuse ; 


310 


feuilles opposées, linéaires, d'un vert glauque; en 
mai et juin fleurs monopétales tubulées, petites, à 
quatre divisions profondes, à peine lilacées en de- 
hors et d’un blanc rosé en dedans; les deux éta- 
mines sont plus longues que la corolle, le style 
simple a la même longueur que les étamines ; cet 
organe manque dans une partie des fleurs. Celles-ci 
sont réunies dans un involucre à six folioles, au 
nombre de trente-cinq à quarante par tête sphé- 
rique, terminant les rameaux longs et grêles, que 
son poids fait incliner d'une manière tout-à-fait 
gracieuse. 

Cet arbuste, que nous possédons depuis le prin- 
temps de 1835, n’exige pas une culture difficile. 
Nous le tenons en pots de terre de bruyère, et nous 
le conservons en serre tempérée. On le multiplie de 
marcottes qui s’enracinent longuement et difficile- 
ment, et mieux de boutures faites au printemps en 
pots remplis de terre de bruyère, placés sous cloches 
et enfoncés dans une couche tiède. Ces boutures, 
quoique reprises, sont encore sujettes à fondre lors- 
qu’on les sépare pour les empoter ; c'est pourquoi je 
conseillerais de les faire une à une dans des petits 
pots que l’on ne changerait que lorsqu'ils seraient 
devenus trop petits. 

Il est probable qu'on parviendra à le propager 
par le semis de ses graines, qu’il donne assez abon- 
damment. Cependant une partie des fruits sont dé- 
pourvus d'amandes, et je présume que ce sont ceux 
qui proviennent des fleurs où le style manque. Quoi 
qu’il en soit, j'ai fait semer de ces graines l’année 
dernière et je n’en ai obtenu aucun bon résultat; 
mais comme il est possible que ce semis ait été mal 


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STEPHANOTIDE à fleurs nombreuses 


Stephanotis floribunda Karvwin: Se 


311 
soigné, je vais recommencer cette année aussitôt 
après la maturité des graines, et si elles ont à lever, 


je pense que, comme les daphnés, ce ne sera que 
pour le printemps prochain. JAcQuIN aîne. 


SERRE CHAUDE. 


STÉPHANOTIDE A FLEURS NOMBREUSES. Stephanotis flo- 
ribunda, Ab. Bronc. Pentandrie monogynie, 
Lin. ; Apocynées, Juss. (Voyez la planche.) 


Arbuste volubile, à rameaux cylindriques, gri- 
sâtres, couverts de petites lentilles blanchûtres ; 
feuilles ovales, arrondies, ou subcordiformes à la 
base, acuminées au sommet, pétiolées, glabres ; 
longues d’un pouce et demi à deux, larges d'un à 
un pouce et demi, d’un vert foncé et Juisant sur la 
face supérieure, qui paraît un peu ehagrinée , lisses 
et d’un vert pâle sur l'inférieure; nervures à peine 
saillantes; pétioles longs d'un pouce environ, ié- 
sèrement déprimés et munis de quelques petits 
tubercules glanduleux à leur jonction avec la 
feuille. 

Calice à cinq divisions libres jusqu’à la base, 
ovales, obtuses, un peu redressées contre le tube de 
la corolle , porté par un pédicelle cylindrique long 
d'un payes environ, d'un vert pâle ; corolle tubu- 
leuse , à limbe à cinq divisions ovales, à bords ré- 
fléchis, d'un beau blanc, un peu luisant dans les 
fleurs qui s’épanouissent, à tube long d’un pouce, 
un peu rétréci vers le haut, tapissé vers sa moitié 
interne de poils blancs horizontaux , et parcouru 
dans toute sa longueur par des nervures vertes à la 


312 

base , ensuite légerement rosées et qui vont s’épa- 
nouir dans le limbe. Cinq étamines attachées au fond 
du tube, terminées par une appendice membraneuse 
blanche, et ayant leurs anthères ovales, dressées 
et fixées contre la base du style, qui est apiculé et 
divisé en deux lobes appliqués l’un contre l'autre. 
Ces fleurs sont disposées en ombelle de cinq à sept, 
portée par un pédoncule commun axillaire; elles 
exhalent une odeur très-suave, semblable à celle du 
jasmin. 

Ce joli arbuste est originaire de Madagascar ; il a 
fleuri pour la première fois en 1835, dans les serres 
chaudes du Muséum d'histoire naturelle. On le cul- 
tive en bonne terre mélangée et en pots enterrés 
dans la tannée. On le multiplie de boutures qui re- 
prennent assez facilement ; mais, comme il fournit 
peu de bourgeons, il sera rare encore long-temps. 


NEUMANN. 


Kerue DE Lipcer. Aibiscus Lindlei, Wavucu., PI. 
asiat., rar., Vol. I, tab. 4. (Voyez la planche). 


Plante à tiges frutescentes, rameuses, semi-cy- 
lindriques, garnies d'épines, pouvant s'élever à six 
pieds ; feuilles alternes, palmées, divisées en troisou 
cinqlobes; lesinférieuressont quelquefoissanslobes, 
un peu cordiformes et dentées comme les supé- 
rieures ; pétioles longs de deux à trois pouces, gar- 
nis en dessous de petites épines recourbées, et à la 
base de deux stipules longues de six à huit lignes, 
ciliées sur les bords. Calice ovale à cinq dents hé- 
rissées de poils assez longs, entouré d'un involucre 
composé de folioles linéaires hispides; fleurs à pé- 


P1.39 


KETMIE DE LINDLEI 


Hibiscus lindlen SLT 


03 


doncule axillaire, solitaires, composées de cinq 
pétales étalés, arrondis au sommet, de couleur 
pourpre très-foncé sur le limbe, et d’un noir luisant 
à l'onglet, striés de nervures d’un pourpre plus in- 
tense encore; du centre noir de la fleur, s'élève un 
ovaire surmonté d'un style à cinq stigmates noirs, 
et entouré de sa base au sommet d’étamines mona- 
delphes à anthères arrondies et jaunes. 

Cette jolie plante, nouvelle dans nos serres, est, 
selon Wallich, originaire de la Birmanie. Elle se 
conserve et fleurit très-bien sur une tablette, près 
du jour, dans une serre chaude. Malheureusement 
la fleur n’est pas d’une grande durée : quatre ou cinq 
heures d'épanouissement suffisent pour lui enlever 
toute sa beauté, et bientôt les pétales se contractent 
et se serrent les uns sur les autres, comme pour 
envelopper et garantir les organes de la reproduc- 
tion. Cette courte durée est au reste compensée par 
l'abondance des fleurs qui se succèdent de jour en 
jour, et quelquefois plusieurs ensemble, quand les 
individus sont vigoureux. 

Il faut à cette plante un mélange de terres de 
bruyère et franche avec un peu de terreau. On la 
multiplie facilement de boutures et de graines. En 
coupant la tige principale à six ou huit pouces au 
dessus du pot, on peut obtenir des fleurs sur des 
plantes hautes seulement d’un à deux pieds. 


NEUMANN. 


314 


MozAMBE EN ARBRE, Cleome arborea, Huws. et Bonp., 
Decann. prod. 1, pag. 258. Kuwr, Nov. sp. p. 5: 
p- 86. (Voyez la planche dans le numéro de juin 
dernier, donnée par une erreur inexplicable sous 
le nom de MosAmBé REMARQUABLE, Cleome spectosa. 
La plante qu’elle représente est celle dont la des- 
cription va suivre, et le C/eome speciosa, décrit 
page 374, n'était pas destiné à être peint.) 


Tige ligneuse, ordinairement peu rameuse, et 
comme pubescente dans sa jeunesse , teintée légère- 
ment de violet du côté du soleil, pouvant s'élever 
de cinq à six pieds et peut-être plus; feuilles épar- 
ses, portées sur un pétiole ouvert presque horizon- 
talement, finement pubescentes; les folioles sont 
au nombre de sept, ovales, lancéolées, pointues, en- 
tières sur les bords, et pubescentes comme les pé- 
tioles ; la moyenne est la plus grande. Les autres 
vont en décroissant graduellement , en sorte que 
les deux inférieures sont beaucoup plus petites; 
les fleurs terminent les feuilles et les rameaux. 
Elles sont disposées en grappe qui s’allonge à me- 
sure que la floraison s'effectue ; les pédicelles sont 
longs d'environ un pouce et portées à la base d’une 
bractée simple, petite, analogue aux feuilles ; le 
calice est à quatre divisions réfléchies en arrière, 
verdâtres, linéaires, pointues; corolle de quatre 
pétales redressés en haut, un peu ondulés, et 
presque toujours connivens au sommet, de huit à 
neuf lignes de long, d’un pourpre un peu violacé , 
blanchâtres à la base; six étamines ouvertes et di- 
vergentes, du même pourpre que les pétales, lon- 
gues de deux pouces et demi au moins; les anthères 


P1,40 


MOSAMBE REMARQUABLE 


Cleome speciosa 


315 


sont droites, un peu relevées au sommet au moment 
de l'émission; style un peu plus court que les éta- 
mines de même couleur, portant à son sommet un 
ovaire oblong, terminé par un stigmate sessile et 
violet. Les graines n’ont point noué. 

Cette belle plante sous-ligneuse se cultive en pot, 
dans un mélange de terre de bruyère et de bonne 
terre normale; la première pure lui convient éga- 
lement. La serre chaude lui est nécessaire; on la 
multiplie facilement de boutures, faites sur couche 
chaude, et étouffées d’une cloche. 

Elle est originaire de Caracas, et cultivée en An- 
gleterre depuis 1817 ; ses jolies fleurs se sont mon- 
trées en mars, avril et mai; je la tiens de l’obligeance 
de M. Loht, jardinier-fleuriste, rue Fontaine-au-Rot, 
à Paris, qui lui-même l'avait acquise d’un fleuriste 
de Gand, après qu'elle eut figuré à l'exposition que 
fit la Société royale d'Horticulture de Paris en 1835. 

JACQUES. 


NOUVELLES. 


Dans les premiers jours de juin, j'allai avec 
M. Poiteau visiter les cultures de notre collègue 
M. Lémon, à Belleville, et particulièrement la 
floraison d'une certaine quantité de pivoines pro- 
venant de ses semis. 

M. Lémon , ayant semé des graines de la Pæœonia 
sinensis , obtint, entre autres , deux variétés à fleurs 
simples, l’une d'un beau rose carné, l’autre d’un 
blanc pur, qui ont recu de lui les noms de specta- 
bilis et grandiflora. Ces deux pivoines , fécondées 
l'une par l'autre, ont fourni, par le semis de leurs 
graines, plusieurs autres variétés, parmi lesquelles 


316 


je signalerai seulement les trois suivantes sous la 
nomenclature que M. Poiteau leur à assignée. 

PivoinE BicoLore. Fleurs de quatre pouces et demi 
de diamètre, sur trois environ d'épaisseur , bien 
faites, presque pleines, et soutenues avec grâce 
par leur pédoncule. Elles offrent un premier rang 
de pétales extérieurs, grands, un peu laciniés au 
sommet, d’un blanc pur, excepté en dehors près 
de l'onglet, où se montre une légère teinte rosée ; 
les pétales du second rang sont grands, ovales, ar- 
rondis, plus étroits à l'onglet et entièrement blancs; 
le centre est occupé par une masse de pétales étroits, 
pointus , aigus ou laciniés plus ou moins profondé- 
ment et inégalement, d’un beau jaune soufre uni- 
forme ; du milieu de ce faisceau se détachent cinq 
ovaires, surmontés de styles pourpres. Chaque tige 
florale porte ordinairement deux fleurs. 

Pivoine PROLIFÈRE. Celle-ci, plus large et plus 
épaisse que la précédente, a les pétales de la cir- 
conférence ovales, arrondis, d’un blanc pur en 
dedans, légèrement rosés à l'extérieur ; le second 
rang se compose de pétales étroits à l'onglet , élar- 
gis au sommet, et d'un beau jaune soufre; vient 
ensuite un faisceau circulaire de pétales plus larges, 
blancs à l'extérieur et au sommet intérieur , tandis 
que l'onglet du même côté est teint en jaune. Cinq 
d’entre eux ont leur extrémité maculée de pourpre 
très-vif, comme si les styles de cette première fleur 
avaient conservé leur couleur en se métamor- 
phosant en pétales ; du centre s'élève comme une 
seconde fleur composée d’un groupe de petits pé- 
tales irréguliers et presque tous linéaires, envelop- 
pant les ovaires, dont les styles rouges ressortent 


317 
également sur le fond blanc qui les environne. 

PivoiNE A PÉTALES LIGULÉS. Cette variété a ses 
fleurs un peu plus étroites que la première. Sa 
circonférence est garnie de dix pétales blancs ovales 
arrondis ; le centre est occupé par cinq ovaires à 
style pourpre, entourés d’un très-grand nombre de 
pétales longs, étroits, ligulés, et dont les bords de 
l'onglet sont révolutés les uns sur les autres; tons 
sont d’un blanc pur, excepté l'onglet, qui est teinté 
de jaune. Cette fleur fait un joli effet. 

Les deux premières variétés s'élèvent à environ 
trois pieds ; la dernière, un peu moins. Leur feuil- 
lage ne diffère en rien de celui de la Pœonia si- 
nensis. DoverGE. 


En visitant, à la fin de mai dernier, les belles 
cultures de notre collègue , M. Jacquin aîné, dans 
son jardin de Charonne, j'ai trouvé dans le plus bel 
état de végétation toutes les plantes rares dont il 
a fait l'acquisition à l'exposition de la Société d'Hor- 
ticulture, en 1855, et parmi lesquelles je citerai 
les Ænthocercis viscosa , Boronta pinnata , Pimelea 
silvestris, Daviesia longifolia, etc. 

Toutes ces plantes, qui sont en multiplication, 
pourront cette année être livrées au commerce. 

Toutefois, ce qui motive plus particulièrement 
cet article, est ce qui m'a frappé dans les variétés 
de la pivoine en arbre, Pœonia moutan, dont notre 
collègue a été l’un des premiers à faire des semis. 
Non-seulement il a obtenu quelques belles variétés 
à fleurs doubles de dimensions assez remarquables, 
mais encore des feuillages qui diffèrent singuliè- 
rement de celui du type. Ainsi, parmi les jeunes 


318 


pieds provenus de semis, plusieurs ont sur les 
bords des feuilles, et sur les feuilles mêmes, des pa- 
nachures de jaune plus ou moins doré, de blanc, 
de rouge sanguin, de violet, de pourpre, etc., 
lesquelles font un effet très-curieux. Toutefois ces 
panachures annoncent un état de dégénérescence 
et de maladie; et en effet la plupart des individus 
dans ce cas n’ont pas encore fleuri, et chez tous 
ceux qui ont donné quelque apparence de fleurs, 
celles-ci ont avorté jusqu’à ce jour. C’est pourquoi 
on ne peut les multiplier que par la voie des boutures 
et de la greffe qui réussit parfaitement sur les racines 
tuberculeuses ou fusiformes des espèces herbacées 
que l’on cultive communément dans les jardins. 

Au reste, ces plantes à feuillage si diversement 
varié de nuances plus ou moins tranchées , peu- 
vent être employées avec succès dans la décoration 
des plates-bandes et parterres où elles font un joli 
effet. PÉpin. 


J'ai vu en fleurs pendant le mois de juin der- 
nier, au Jardin des Plantes, les espèces ci-après. 

Platistemon californicum , BoT. REG. 1670, Papa- 
véracées, Juss., à fleurs jaunes assez insignifiantes. 

Escholtzia crocea, BoT. REG. 1677, Papavéracées, 
Juss. Jolie plante à fleurs d’un beau jaune oranger , 
que nous cultivons depuis un an de la même ma- 
nière que l'£scholtzia californica. 

Linnanthus Douglas, Box. rec. Plante nouvelle, 
avec laquelle M. Robert-Brown a fait une nouvelle 
famille; du reste assez insignifiante pour l'ornement. 

Portulaca Gilliesiüi, dont nous avons donné la 
figure dans ces Annales. 


319 

Leptosiphon (Bentham ) androsaceus , Bor: REG. 
1710; Polémoniacées, Juss. C’est une fort jolie petite 
plante, d’une élégance remarquable , et qui sera 
employée pour l’ornement. 

Oxyura chrysanthemoïdes, Bot. REG. 1850. Genre 
nouveau de collection botanique. 

Toutes ces plantes, qui paraissent être origi- 
naires de la Californie, sont annuelles. Nous les 
cultivons encore en pots jusqu'à ce qu’elles aient 
donné des graines, car plus tard elle seront sou- 
mises à la pleine terre comme toutes les plantes 
de cette contrée. Neumann. 


La Société d'Agriculture de Saint-Omer a tenu sa 
cinquième exposition publique pour la section 
d’horticulture , les 5 et6 juin derniers. Cette expo- 
sition, d’après un témoin oculaire, paraît avoir été 
brillante, et annonce que le goût de l'horticulture fait 
dans cette ville des progrès remarquables. Il y avait 
en effet un grandnombre de plantes, parmi lesquelles 
il s’en trouvait d'assez rares, des fruits et des légumes. 

Cette exposition a été terminée par une séance 
où les récompenses indiquées par le programme 
ont été distribuées aux concurrens. Le premier prix, 
consistant en une médaille d’or , a été décerné à 
M. le comte Dutertre, amateur très-distingué, pro- 
priétaire à Saint-Martin au Laërt, pour sa belle 
collection de plantes de serres des diverses tempé- 
ratures. Une médaille d'argent grand module, con- 
stituant le premier accessit de ce prix, a été remise à 
M. le docteur Deschamps, de Saint-Omer , qui avait 
également exposé un bon ngmbre de jolies plantes. 

Une autre médaille d'argent, formant le second 


320 


prix, a été donnée à M. Verchaffeld, fleuriste à Gand, 
pour la plante en fleurs la plus rare : c'était le Deu- 
uzia scabra, dont MM. Cels se sont occupés dans ce 
numéro même. M. le comte Dutertre a encore ob- 
tenu une médaille d'argent comme accessit à ce 
prix, pour le Catasetum luridum. 

M. Deschamps, déjà nommé , a remporté le troi- 
sième prix, pour la plus belle culture, et M. Mé- 
quignon, fleuriste à Saint-Omer, pour la plus belle 
collection de plantes de pleine terre en fleurs. 

En regrettant de ne pouvoir signaler les autres 
nominations, nous dirons qu’on ne peut qu’applaudir 
au zèle que déploient les vrais amis de l'horticul- 
ture , pour en populariser le goût. C'est en effet en 
étalant aux yeux ses productions les plus brillantes 
qu'on lui créera des partisans, et les récompenses 
décernées solennellement ne peuvent qu’encoura- 
ser les amateurs, et soutenir leurs efforts dans une 
carrière fort aimable sans doute, mais où les succès 
s’achètent au prix de soins et de travaux assidus. 

Doverce. 


L'association entre MM. Arnbheiter et Petit pour 
la fabrication et la vente des outils et instrumens 
aratoires ayant cessé, M. Arnheiter reste seul chargé 
de la suite des affaires, des travaux et de lexploi- 
tation de la fabrique, sise rue Childebert, n° 13, 
près de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. Cet habile 
mécanicien se recommande à tous les amateurs de 
l’horticulture par les qualités des outils qui sortent 
de ses ateliers et par l'utilité du plus grand nombre, 
qui rendent plus facile la pratique de certaines opé- 
rations du jardinage. 


ARRALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


té e1e060P2I 002516060608 060000e0000061e16180006060S0c060606P1ç0008120% 


REVUE 


Des genres de végétaux dont toutes les espêces, où 
quelques-unes seulement , sont cultivées en France 
et offrent des ressources à l’agriculture, à l’hor- 
ticulture , à la médecine, aux arts et métiers, etc. 


Jaloux de satisfaire aux vœux exprimés par un 
de nos souscripteurs dans la lettre que nous avons 
insérée dans le numéro de mai dernier, et dont 
limportance et l'utilité nous ont paru évidentes, 
nous avons résolu de donner, sous le titre ci-dessus, 
une série d'articles offrant les détails qui peuvent 
intéresser nos lecteurs sur chaque genre de végé- 
taux. Ces articles auront l'avantage de faire con- 
naître l’état exact, au moment de leur publication, 
de toutes les espèces de chacun d'eux, cultivéés en 
France dans un but d'utilité ou d'agrément, et 
lorsque de nouvelles acquisitions viendront s'a- 
jouter aux anciennes, nous aurons soin de les 
consigner dans nos Annales avec les observations 
auxquelles elles pourront donner lieu. Comme per- 


sonne n’est infaillible en ce monde, et que surtout 
Aour 1836. 21 


322 


nous n'avons pas la sotte prétention de l'être, nous 
invitons nos souscripteurs à vouloir bien nous in- 
diquer les onussions qui pourraient nous échapper, 
s’il nous arrivait d'oublier de mentionner des es- : 
pèces qui nous seraient inconnues et qu'ils possè- 
deraient, ou, relativement à la culture et aux 
usages d’une plante, de négliger quelques détails 
curieux et intéressans. La recherche de la vérité est 
l'objet de nos efforts, mais seuls il nous serait diffi- 
cile de la rencontrer toujours , surtout à l'égard de 
la nomenclature généralement mal soignée, et dont 
l'exactitude toutefois est d'un grand intérêt pour 
les amateurs. Nous réclamons donc encore la bien- 
veillance de nos lecteurs, dont le concours doit con- 
tribuer à rendre ces articles aussi complets que 
possible. 


ABIES. TournerorrT. Decann. F1. fr. PINUS. Lin. 
Lams. monœcie Monadelphie. Lin. Conifères. 
Juss. 


Caractères génériques. Fleurs mâles et femelles 
sur le même individu, chatons mâles solitaires ; les 
femelles de même à écailles des cônes arrondies 
au sommet, et non épaissies, ni anguleuses. Les 
feuilles sont toujours solitaires , et ne sortent jamais 
d’une gaîne comme dans le genre pinus. 


S L. 4 feuilles solitatres ou pectinées. 


1. SAPIN BAUMIER. Baumier de Gilead. 4bres bal- 
samifera Micu. Peuce balsamea Racu. Pinus bal- 
samea Laws. Pers. Arbre pouvant s'élever jusqu'à 
cinquante pieds, d'un port droit et pyramidal ; 


323 
feuilles pectinées sur les côtés, et couvrant en 
outre le dessus des rameaux; boutons ou gemmes 
ordinairement munis de résine; cônes droits et 
assez gros, d'un gris noirâtre, sans aspérités. Lieu. 
La Virginie, le Canada, etc. 

2. Sapin à feuilles d'if. S. blanc. S. de Normandie. 
Abies picea Wuip. 4. pectinata Lam. Pinus picea 
Lin. Lams. Pers. Arbre de première grandeur, port 
droit et pyramidal; feuilles distiques et à peu près 
régulièrement rangées sur deux rangs ; gemmes ou 
boutons terminaux ordinairement dépourvus de 
résine ; cônes érigés, plus petits que dans l'espèce 
précédente. Lieu. Les montagnes de la France, de 
l'Allemagne , etc. 

3, SAPIN REMARQUABLE. Abies spectabilis Laws. 
Pinus Webiana Warucu. Arbre dè quatre-vingt- 
dix à cent pieds; rameaux verticillés comme dans 
l'espèce précédente ; feuilles pectinées sur plusieurs 
rangs; les inférieures plus longues ayant jusqu’à 
dix-huit lignes, à deux dents aiguës à leur sommet ; 
vertes en dessus, d’un beau blanc argenté en des- 
sous, gemmes munis de résine. Lieu. Les monta- 
ones du Népaule. ( Voyez page 288 de ces Annales, 
année 1832-1833.) 

4. SAPIN DE FRASER. Abies Fraseri Pursn. Cet 
arbre, malgré ses rapports avec la première espèce, 
en est cependant très-distinct. Ses rameaux sont 
beaucoup plus menus; ses feuilles, assez nom- 
breuses, sont pectinées davantage, et n’ont pas plus 
de six lignes de longueur, d’un vert foncé en des- 
sus, avec deux nervures, blanches en dessous, non 
ou à peine bidentées au sommet ; les cônes me sont 
inconnus. Lieu. La Pensylvanie, etc. 


324 

5. SAPIN DE SIBÉRIE. Abies pichta Fiscuer. Loup. 
cat. Arbre de quarante à cinquante pieds ; rameaux 
verticillés, nombreux, un peu diffus; feuilles peu 
régulièrement pectinées , de douze à quatorze li- 
ones de long, et d'un peu plus d’une demie de 
large , d’un vert sombre en dessus, avec deux raies 
blanches en dessous. Lieu. La Sibérie. 

6. Sapin pu Canapa, hemelock-spruss, Pérusse. 
Abies canadensis Micu. Pinus canadensis HORT. KEW. 
Lams. Arbre de trente à quarante pieds, branches 
presque éparses, montantes, rameaux flexibles ; 
feuilles assez courtes, un peu pectinées, comme 
membraneuses, un peu pointues; cônes petits, 
ovales, de six à huit lignes de long. Zieu. L’Amé- 
rique septentrionale , la Pensylvanie , etc. 

7. SAPIN DE LA BAIE D'Hupson. Æbies Hudsonia 
Bosc. Cours complet d’agr.; Annales de la société 
d’agron. pratique, mai 1629. Petit arbre en mi- 
niature, puisqu'il ne paraît pas devoir s'élever à 
plus de trois ou quatre pieds ; branches verticillées 
comme dans les deux premières espèces ; feuilles 
distiques , longues de six à sept lignes, vertes avec 
un sillon en dessus, et deux raies blanches en des- 
sous; on ne connaît pas la fructification de ce petit 
arbre , il est même bien peu connu des botanistes. 

8. SariN DE LA CHine. #ies lanceolata Desr., cat. 
ed. 3, Pinus lanceolata lAw8., Pin. t. 34. Cunning- 
hamia sinensis Rica. Conif. t. 18. Moyen arbre pou- 
vant s'élever à trente pieds ; feuilles nombreu- 
ses , linéaires , très-pointues, aiguës, courtement 
sessiles, se déjetant par leur torsion à la base, lon- 
oues de dix-huit à vingt-quatre lignes, larges 
d’une et demie à deux, d’un beau vert en dessus, 


325 


marquées de deux lignes longitudinales blanches 
en dessous ; cônes globuleux à écailles acuminées. 
Lieu. La Chine. 


S IL. Feuilles éparses , anguleuses ou subulées. 


9- SAPIN EPICEA , epicea , faux sapin, sapin de Nor- 
vége. Abies excelsa Poirer. Pinus abies Lin. P. ex- 
celsa, Lam. Arbre pouvant s'élever à plus de cent 
pieds, branches et rameaux étagés et verticillés, 
souvent pendans dans la vieillesse de l'arbre ; 
feuilles couvrant presque tout le dessus des rameaux, 
qu'elles laissent presque dénudés en dessous, quel- 
quefois obtusément tétragones , droites , pointues, 
plus longues que dans les espèces suivantes; cônes 
cylindriques pendans, à écailles légèrement lacérées 
en leurs bords et échancrées au sommet, longs de 
cinq à six pouces. Lieu. Le nord de l'Europe, les 
montagnes des Vosges, du Dauphiné, etc. 

10. SAPIN EPICEA A FEUILLES PANACHÉES. /bies ex- 
celsa, var. Arbre s’élevant moins que son espèce, et 
servant à l'ornement des jardins. Je ne le crois pas 
encore en France. On connaît en outre deux variétés 
de cet arbre, qui ne sont que des accidens de se- 
mences, l’une nommée Æpicea bosc, et l’autre sans 
dénomination ; toutes deux se trouvent aux parc et 
pépinières de Trianon. 

11. SAPINETTE BLANCHE, épinette blanche, sapi- 
nette bleue. Abies alba Mic. Arb. Pinus alba 
Laus., Pin. t, 26. Grand arbre dans son pays origi- 
naire et dans les bons terrains ; branches et rameaux 
verticillés; feuilles éparses, nombreuses, un peu 
courbées en faux, à sommet obtus, tétragones, 


326 
vertes sur les angles, glauques dans les intervalles ; 
ce qui leur donne en masse un aspect blanchâtre ou 
bleuâtre ; cônes cylindriques, pendans. Lieu. L’A- 
mérique septentrionale. 

12. SAPIN ROUGE, sapinette rouge. Abies rubra 
Micu. Pers., sp. 28. Arbre de quarante à cinquante 
pieds , à écorce rugueuse, rubiconde; branches et 
rameaux verticillés: feuilles solitaires subulées ; 
cônes oblongs, obtus, rougeâtres, longs de dix- 
huit lignes à deux pouces, à écailles arrondies , 
presque bilobées, à marge entière. Lieu. Le Canada, 
la baie d'Hudson. 

13. Sapin Noir, épinette noire , sapin double , sa- 
pinette à la bière. {bies nigra mort. Kew. Micu., Arb. 
Pinus nigra Lams., Pin. t. 27. Arbre moyen dans 
son pays ( quarante à cinquante pieds), beaucoup 
moins élevé en France; feuilles tétragones, vertes 
sur les angles, glauquesdansles intervalles, éparses, 
nombreuses, plus courtes et plus grosses que dans 
la onzième espèce, presque droites et couvrant 
presque également la surface des rameaux ; cônes 
moins longs et plus gros que dans la onzième. Leur 
longueur est de quinze à dix-huit lignes. Zieu. 
L'Amérique septentrionale. 

14. SAPIN NAIN, sapinette naine. Æbres clanbrasi- 
liana norr. kew. Loupon. Arbrisseau très-rameux 
et formant un large buisson. qui ne s'élève pas à 
plus de douze ou quinze pouces; feuilles très- 
nombreuses couvrant les rameaux, presque cylin- 
driques , d’un vert à peu près uniforme , longues de 
cinq à six lignes, très-aiguës au sommet. La fructifi- 
cation ainsi que le lieu originaire me sont inconnus. 

15, SAPINETTE BLANCHE NAINE. Abies alba var : nanu. 


327 

Cette variété, de la onzième espèce, a été ob- 
tenue à Versailles par M. Bertin , cultivateur fleu- 
riste et pépiniériste dans cette ville ; elle forme un 
arbuste ne paraissant pas devoir s'élever beaucoup. 
Les branches et les rameaux sont verticillés, et très- 
rapprochés; les feuilles sont aussi très-serrées et 
garnissent la totalité des rameaux, un peu moins 
en dessous ; elles sont un peu tétragones, et les li- 
gnes blanches peu apparentes, leur pointe est 
aiguë et fine. | 

16. SAPIN A LARGES FEUILLES. {bies dammara n. ». 
Pinus dammara Lams., Pin. t. 58. Agatlus dam- 
mara Ric., Conifères, tab. 19. Dammara orientalis 
Laus. Agathis loranthifolia Sauss., ete. Grand 
arbre (cinquante pieds environ), feuilles opposées, 
elliptiques, lancéolées, striées, de neuf à dix 
lignes de large; le fruit m'est inconnu. Lieu. Am- 
boine. 


Currure. Les abres balsamifera, picea, frasert, 
pichta, canadensis, hudsonia, excelsa vax : alba, 
rubra, nigra, clanbrasiliana et alba var : nana sont 
de pleine terre et rustiques; pourtant les sapins 
de l'Amérique septentrionale végètent mieux dans 
un bon fond de terre douce et fraiche que dans 
tout autre terrain. Les abies picea et excelsa 
sont les moins délicats relativement à la nature du 
sol, cependant plus il est bon plus leur végétation 
est vigoureuse, et ce n'est même qu'avec cette 
condition qu'ils acquièrent toute la beauté de leur 
croissance. On les multiplie de semence excepté 
les abies hudsonia, excelsa var : alba var : nana 
et clanbrasiliana, qui à ma connaissance n’en ont ja- 


326 


mais donné. Les Æbies picea, canadensis, excelsa , 
alba, rubra et nigra les màrissent en France , même 
aux environs de Paris; pour les autres, il faut les 
ürer de leur pays originaire. Les semis s’exécu- 
tent pour tous de la même manière , qui consiste , 
pour que la réussite soit aussi satisfaisante que pos- 
sible, à enlever environ six pouces de terre d’une 
plate-bande ou d’une ou plusieurs planches à mi- 
ombre, si on peut avoir cet avantage; remplacer 
la terre enlevée par de la terre de bruyère non 
tourbeuse ; bien dresser le terrain, semer lesgraines, 
puis les recouvrir d'au plus trois lignes de la même 
terre, tenir ses planches ou plates-bandes fraîches 
sans trop d'humidité, et sarcler soigneusement les 
mauvaises herbes. Ce semis peut s’exécuter de la 
mi-avril à la mi-mai; au mois d'avril suivant, ou 
au bout de deux ans on repique le plant en même 
plate-bande , ou on le plante en place dans les bois, 
forêts où massifs qu'on veut former dans les jar- 
dins d'agrément. Le repiquage se fait en espacant 
les plants de quatre à six pouces, on les laisse sur 
place pendant un an ou deux, et alors ils forment 
de bons plants, dont la réussite est presque assurée, 
surtout pour l’epicea, qui reprend plus facilement 
que la plétpart des autres arbres résineux. Dans les 
pépinières et cultures commerciales, c'est en sortant 
des planches de repiquage qu’on met ces arbres en 
pots pour être transplantés ensuite dans les jardins 
d'ornement, où on trouve spécialement les espèces 
balsamifera, fraseri, pichta, canadensis, alba, rubra, 
niora, et sa variété nana. Cette culture ne con- 
vient qu'aux pépiniéristes ou aux amateurs ; toute- 
fois , j'ai dit que les planches creusées pour les semis 


329 
seraient remplies de terre de bruyère; j'ai égale- 
ment bien réussi en me servant de sable fin d’allu- 
viôn qui se trouve au bord des rivières après les 
inondations. 

Les espèces picea et excelsa se sèment aussi pour 
former les corps de forêt, comme les pins syl- 
vestre , laricio, de Bordeaux, et autres. Ces semis 
en grand doivent être traités comme ceux à pins Ë 
et voici comme on les exécute dans la forêt de 
Fontainebleau, où j'ai vu la réussite complète de 
semis superbes sur des bruyères ou friches. Du 
milieu d'avril à celui de mai on jette de la graine à 
la volée, à raison de sept à huit livres par arpent de 
la première espèce , et de dix-huit à vingt de la se- 
conde, en s’assurant cependant si me sont de 
bonne qualité. Cette opération étant terminée, des 
ouvriers , avec des pioches plates ou hoyaux, cou- 
pententre deux terres, et à six ou huit lignes de pro- 
fondeur seulement, les bruyères, grosses herbes, 
ronces et toutes broussailles qui recouvrent le ter- 
rain, et après les avoir enlevées, on donne un coup 
de herse et on abandonne le semis à la nature. J'ai 
vu, comme je viens de le dire , des semis considéra- 
bles exécutés de cette manière, sous les ordres de 
M. de Bois-d'Hyver, conservateur de cette rési- 
dence, et qui étaient d’une venue magnifique. 

On peut encore les semer sur un terrain préala- 
blement labouré, et sur lequel on a fait, au com- 
mencement d'avril, une demi-semence d'avoine, 
et après avoir hersé celle-ci, on y sème la même 
quantité de graine que j'ai citée ci-dessus, puis on 
y passe la herse renversée sur le dos, et ensuite un 
coup de rouleau pour affermir le terrain. On fait 


330 


la récolte de l'avoine avec précaution afin de ména- 
ger le jeune plant autant que possible. 

Les espèces spectabilis, lanceolata, peuvent à la 
rigueur supporter la pleine terre; mais 1l est pru- 
dent d’en avoir toujours quelques individus en 
caisse et en pots afin de pouvoir les abriter lhi- 
ver en orangerie. Si on pouvait se procurer des 
graines de ces espèces, elles seraient semées en 
pots ou terrines , en mars, ou aussitôt leur recep- 
tion. Ces vases seraient placés sous châssis tiède, 
afin d'accélérer la germination ; on les accoutume- 
rait ensuite petit à petit au grand air, en donnant 
d’abord un peu d'air au châssis et en augmentant 
successivement ; il faut aussi ombrager le châssis 
dans les journées ou le soleil brille, soit avec des 
toiles, du paillis ou du feuillage ; à la fin de mai on 
peut sortir les pots ou terrines et les placer auprès 
d’un ombrage au levant. On pourrait même à cette 
époque les séparer en mettant chacun dans un petit 
pot, et les faire reprendre sous un châssis ombragé ; 
on les abriterait l'hiver dans une orangerie, ou 
sous châssis, et on ne les livrerait au plein air que 
lorsqu'ils auraient acquis une certaine force. 

Toutes les espèces reprennent plus ou moins bien 
de boutures, surtout lexcelsa. On fait celles-ci au 
commencement du printemps, en pleine terre et 
en place, et si le printemps est humide ou qu’on 
leur donne quelques arrosemens, elles réussissent 
ordinairement bien et forment par la suite d'aussi 
beaux arbres que les semis; celles des espèces 
spectabilis, fraseri, pichta, hudsonia et lanceolata, 
peuvent être faites en plates-bandes de terre de 
bruyère au nord et recouvertes de cloches, sur 


337 
couche chaude, ou en serre sous cloche étouffée. 
On peut encore greffer en approche ou en herbe, 
sur le picea, les espèces spectabilis, frasert, pichta, 
hudsontia ; le clanbrasiliana, se multiplie de mar- 
cotte , et aussi par la greffe sur l'exce/sa. 

L'abies dammara est de serre chaude; il est très- 
rare , jen’en counais qu'un seul individu au Jardin 
des Plantes de Paris, il provient de l’ancienne et 
riche collection de M. Boursault. Sa multiplication 
est très-difficile, et, depuis déjà plusieurs années 


qu’il est à Paris, on n’a pu encore en obtenir aucun 
jeune individu. 


Usaces. Tous servent à l’ornement des jardins 
paysagers, objet qu'ils remplissent parfaitement. 
Les espèces picea et excelsa forment des forêts 
étendues en Europe et même en France, où leur 
bois est employé pour les constructions navales et 
civiles, et par les menuisiers, les luthiers et au- 
tres; du picea, on tire de la térébenthine; on em- 
ploie quelquefois ses bourgeons dans les maladies 
scorbutiques ; l'excelsa donne la poix blanche, poix 
de Bourgogne, qui se fige en larmes sur les troncs, 
avec laquelle on fabrique la poix noire en y mélan- 
geant du noir de fumée ; l'écorce des sapins peut 
être employée pour le tannage des cuirs ; ce sont 
enfin des arbres d’une grande et précieuse utilité. 

Dans le nord de l'Amérique, les sapins balsamt- 
fera, canadensis, hudsonia, alba, rubra, nigra, 
alba vax : nana et autres que nous ne possédons 
pas en France, forment des forêts d’une immense 
étendue, plusieurs servent aux mêmes usages qu’en 
Europe, mais quelques-uns ont des emplois parti- 


Jen 


culiers. Le balsamifera fournit le baume du Ca- 
nada ou baume de Gilead, qui dans cette contrée 
et en Angleterre s'emploie contre la phthisie pul- 
monaire. On fait de la bière avec les jeunes bour- 
geons des canadensis et nigra, dont les écorces ser- 
vent au tannage. La térébenthine qui s'obtient de 
cette dernière espèce sert à goudronner les coutures 
des canots faits d’écorce. Ainsi, comme en Europe, 
ces arbres sont une ressource précieuse, et il est 
présumable que les espèces de l'Inde et de la Sibérie 
rendent les mêmes services dans leurs pays res- 
pectifs. Jacques. 


HORTICULTURE. 
JARDIN FRUITIER. 


Pore Wicriams. (Voyez la planche.) Cette poire, 
introduite au Jardin des Plantes par la bienveil- 
lance de M. Léon Leclerc , amateur et pommologiste 
distingué, lui est venue de l'Angleterre. 

L'arbre qui la produit est d’une extrême fertilité, 
et paraît se prêter à toutes les formes ; ses rameaux 
sont droits, bien étoffés, recouverts d’une écorce 
épaisse de‘couleur roux clair, légèrement poin- 
tillée de gris; les yeux sont gros, assez ronds, de 
couleur fauve, demi saillans. Les boutons sont 
remarquables par leur volume, de forme conique 
un peu évasée et parfaitement recouverts d'écailles 
qui les garantissent des effets funestes des plus 
mauvais hivers. Les feuilles sont grandes et portées 
sur un pétiole gros et court. Le fruit est d’une belle 
grosseur; celui qui a servi de modèle est de di- 


P1. 4 


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POIRE WILLIAMS 


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- 333 


mension moyenne; sa chair est blanche, un peu 
souffrée, très-succulente, laissant échapper une 
eau abondante et d'une saveur très-agréable. Sa ma- 
turité, qui arrive assez généralement à la fin d’août, 
semble avoir lieu à point pour remplir la lacune 
qui existe entre les derniers bons fruits de l'été et 
les premiers de l'automne. Cet avantage, réuni aux 
qualités qui le distinguent, doit le faire admettre 
dans tous les jardins. J'ai déjà signalé cette poire aux 
pépiniéristes, et ils sont en état de la fournir aux 
amateurs qui pourraient la désirer.  Darsrer. 


Moyen d'obtenir plusieurs variétés de raisin sur le 
méme cep. 


Notre coliègue, M. Hardy, en enrichissant nos 
Annales de la description de plusieurs belles et 
bonnes variétés de vignes dont les raisins sont 
dignes d'être servis sur les tables, aura sans doute 
inspiré aux amateurs le désir de s’en procurer quel- 
ques-unes. 

Il peut arriver souvent qu'on se trouve arrêté 
dans la réalisation de ce projet, soit parce qu’on 
manque de place pour planter et cultiver les nou- 
veaux sujets , soit parce qu'avec raison on ne veut 
pas détruire de beaux ceps pour les remplacer par 
de nouvelles variétés. 

On peut avantageusement lever cette difficulté 
par le moyen de la greffe. Ainsi, ceux qui possè- 
dent déja des treilles bien formées, étalant leurs 
cordons sur les murs contre lesquels elles sont 
palissées, peuvent greffer sur chacun d’eux des 
/varictés différentes, et avoir, par ce moyen, sur le 


334 


même pied plusieurs sortes de raisins qui font un 
bel effet lorsque la vigne est couverte de fruits, et 
offrent pour la table des ressources plus variées, 
en même temps que l’occasion d'apprécier leur 
mérite particulier. 

Il en est de même lorsque la place dont on 
dispose ne peut recevoir qu'un ou deux pieds de 
vignes. On les élève à cordons, et chaque fois qu’on 
en établit un, on greffe, sur le sarment qui le forme, 
une variété différente. La greffe que l’on emploie 
pour cette opération est celle en fente, décrite par 
notre collègue Doverge, p. 9 de ces Annales, année 
1833-1834. Elle se fait au printemps , au moment 
où la sève commence à gonfler les bourgeons. 

La seule attention qu’il faut avoir dans le choix 
des variétés qu'on réunit ainsi sur un même pied 
est relative à l'exposition; car il ne faudrait pas 
employer des greffes provenant de vignes qui ne 
müriraient pas leurs fruits à la place qu’on pourrait 
leur donner. 

Lorsqu'on greffe sur une treille déjà formée, la 
jouissance est prompte, et souvent la fructification 
a lieu à l'automne suivant. Uriner. 


Culture forcée de la vigne en pots. 


Cette culture est pratiquée par les jardiniers qui 
s'occupent de primeurs, et je citerai particulière- 
ment, comme excellant dans cette pratique qui lui 
réussit complétement chaque année, M. Grison 
jeune, jardinier en chef du potager du roi à Ver- 
sailles. Cet habile cultivateur m'a fait voir au 
commencement de 1835, et en mai dernier, des 


335 


ceps de vignes en pots chargés de six à huit grappes 
du plus beau raisin et d’une maturité complète. 
La variété qu'il préfére est celle nommée gros gou- 
lard, qui réunit une grande beauté à des qualités 
qui devraient engager à la cultiver davantage. 

On fait, en février, des marcottes en pots que 
l'on sèvre à l'automne suivant. On les replante alors 
dans des pots de dix à douze pouces de diamètre 
que l’on tient au plein air, à bonne exposition, en 
les enterrant à moitié dans le sol, et en ayant soin 
de les retourner de temps en temps pour empêcher 
les racines de pénétrer dans la terre environnante. 
On taille chaque année, selon la méthode ordinaire, 
et de facon à maintenir les ceps peu élevés. Dès le 
troisième hiver on place ces pots sur les tablettes 
d’une serre chaude ou sous un châssis d’une tem- 
pérature convenable, on taille et bientôt les vignes 
se développent, fleurissent et fournissent des fruits 
murs souvent dès le mois de mars. La principale 
difficulté de cettte culture consiste à faire jouir les 
vignes d’une assez grande somme de lumière pour 
les empêcher de s'étioler, ce qui dépend principa- 
lement de l'emplacement dont on dispose, et de 
l'état du ciel pendant la mauvaise saison. 

On concoit que ces vignes n’ont qu'une existence 
bornée, et qu'il faut de temps en temps renouveler 
la terre des pots, afin de leur fournir une nour- 
riture suffisante. 

Aïnsi on peut dire, quant à la vigne, que Part 
du jardinage a résolu le problème d’une fructi- 
fication non-interrompue pendant presque tous 
les mois de l’année, par des moyens artificiels pro- 
pres à l’avancer et à la retarder. Uriner. 


336 
ORANGERIE. 


LACHNEA , Lin. Octandrie-monogynie , Lin. Thy- 


mélées , Juss. 


Caractères génériques. Calice tubuleux, pétali- 
forme , à limbe inégal, quadrifide ; huit étamines 
saillantes hors du tube ; un ovaire surmonté d’un 
style filiforme , latéral , terminé par un stigmate en 
tête, velu ; un petit drupe presque sec, enveloppé 
par la base d’un style persistant. 


LACHNÉE PURPURINE. Lachnea purpurea Mort. 


(Voyez la planche. ) 


Joli arbuste du Cap, à tige de deux à trois pieds, 
à rameaux eflilés, grisâtres, garnis de feuilles pe- 
tites , linéaires, persistantes et imbriquées. 

En avril et mai fleurs d’un pourpre rosé, réunies 
en tête de douze à quinze, petites, tubulées et du- 
veteuses. 

Cet arbuste , qui nous est venu l’an dernier de la 
Belgique, est d'une culture difficile; il est de serre 
tempérée ou plutôt d'orangerie éclairée. Il redoute 
l'humidité , surtout en hiver, et même l'été il faut 
lui ménager les arrosemens , et le tenir à mi-ombre 
dans un endroit aéré. Il se cultive en pot rempli de 
terre de bruyère , et se multiplie de boutures et de 
marcottes. Les unes et les autres sont longues à s’en- 
raciner, et difficiles à conserver. Après le séparage, 
il faut les tenir pendant la première année sur 
couche tiède, sous châssis , en leur donnant souvent 
de l'air et peu d’eau. JacquiN aîné. 


LACHNEE PURPURINE 


Lach ne à pu rpu rea 


PT. 42 


“8 is: 


U à 
, * 


Er me 


597 
SERRE CHAUDE, 


BouGAINVILLÉE REMARQUABLE. Pugainvillea spectabi- 
lis. Loupon. Hort. Brit. 


M. Jacques notre collègue, jardinier en chef du 
domaine royal de Neuilly, a donné la figure de 
cette plante, page 184 de ces Annales , année 1833- 
1834. Elle avait en effet fleuri pour la première fois 
dans les serres de cette résidence, en novembre 
1833. Elle a fleuri au Jardin des Plantes, d'avril en 
juin de cette année, où elle a fait l'admiration des 
nombreux amateurs qui sont venus la voir. Comme 
l'individu que possédait notre collègue était jeune 
et cultivé en pot, il n’a pu donner autant de fleurs 
que le picd que nous possédons et qui est planté en 
pleine terre, le long du mur d'une de nos serres où 
il a pu développer ses rameaux sur le treillage dis- 
posé pour les soutenir, et produire tout l'effet dont 
il est susceptible. 

C’est donc pour faire connaitre davantage le mé- 
rite et la brillante beauté de cet arbrisseau, que, 
d'accord avec M. Jacques, je viens ajouter quelques 
détails à son article, aujourd’hui que la plante, pla- 
cée dans des circonstances plus favorables à son 
développement, nous a offert les merveilles de sa 
prodigieuse floraison. 

Les fleurs qui se sont épanouies peuvent-être es- 
timées trois cents, sans exagération; elles étaient 
disséminées sur des rameaux de sept à huit pieds de 
long, trop grêles pour se soutenir d'eux-mêmes, 
et qui étaient palissés sur le treillage qui couvre le 

AouT 1836. 22 


338 


mur. Ces fleurs ne sont pas solitaires, et portées sur 
une épine comme l'indique la figure, mais bien sur 
des rameaux feuillés, partant de laisselle des feuilles 
et souvent accompagnés d'une épine. Je n'ai vu 
que deux exemples de fleurs portées à l'extrémité 
d’une épine. Ces rameaux ou pédoncules communs 
se bifurquent et trifurquent, et chacun de ces se- 
conds ou troisièmes pédoncules porte toujours un 
faisceau de bractées trois par trois, ce qui peut 
produire sur un seul pédoncule jusqu'à dix-huit 
fleurs entourées de leurs bractées rose-pourpre, 
etnon-mélangées de blanc comme on en voit sur la 
figure qui a été dessinée sur un échantillon où elles 
n'avaient pas acquis encore toute l'intensité de leur 
couleur. Il est à remarquer aussi que cet arbrisseau 
a fleuri à Neuilly dans le mois de novembre, tan- 
dis qu’au Jardin des Plantes la floraison n'a com- 
mencé que le 25 avril; mais j'attribue cette diffé- 
rence à ce que le premier était tenu en pot dans la 
tannée de la couche, tandis que le second s’est mis 
à fleur sans l'influence d'aucune chaleur artificielle 
au pied. 

Cette belle plante, par la prodigieuse quantité et 
l'élégance de ses fleurs à coloris si vif et qui se suc- 
cèdent pendant trois mois, est digne d'être placée 
au premier rang parmi les plus belles de serre 
tempérée; et, en m’exprimant ainsi, je suis dans la 
vérité, puisque la serre où elle végète ne conserve 
pas pendant l'hiver plus de huit à neuf degrés de 
température. M. Jacques avait également jugé 
qu'elle pourrait se contenter d'une température 
pareille. 

En finissant cette note sur la bougainvillée, je 


339 


mentionnerai une observation due au hasard, et 
qui n’en est pas moins digne de remarque. Made- 
moiselle Riché, chargée de peindre cette fleur pour 
les vélins du Muséum, me demanda si je pensais 
qu'elle pouvait se conserver dans l'eau. Je lui promis 
d’en faire l'essai, qui me réussit complétement , et 
je lui remis un échantillon en assurant qu'il se 
maintiendrait parfaitement. L’ayant revue deux 
jours après, je lui demandai des nouvelles de sa 
plante, et elle me dit que le rameau était tout 
flétri et hors d'état de lui servir. Le lendemain 
elle eut l’idée de verser de l’eau tiède dans le vase 
qui contenait son échantiilon, et, à sa grande sur- 
prise, elle le vit reprendre de la fermeté; ayant 
renouvelé l’expérience, le quatrième jour, la plante 
avait.entièrement recouyré sa première fraicheur. 
Je n’eus pas de peine à deviner la cause qui avait 
produit cet effet; c'est que mademoiselle Riché 
avait mis son échantillon dañs de l’eau de fontaine 
d’une température trop basse, tandis que mon 
essai avait été fait avec l’eau tenue dans la serre 
chaude , et par conséquent d’une température égale 
à celie dont jouissait la plante, ce qui l’a empêchée 
d'en recevoir aucune altération. 

Ce fait prouve la nécessité pour les cultivateurs 
qui entretiennent des plantes de serre chaude, de 
ne Îes arroser qu'avec de l'eau déposée à l'avance 
dans le local où elles vivent , afin qu’elle jouisse d’un 
degré de chaleur égal à celui de lair environnant, 
et ne fasse pas éprouver aux racines pendant l'arro- 
sement une sensation de froid qui influe d’une ma- 
mère fàcheuse sur les organes du végétal. Cette 
attention est plus importante encore lorsqu'on fait 


540 
des semis à chaud, et il faut en pareil cas dégourdir 
Peau par un moyen approprié , et c’est un soin que 
je ne néglige jamais. NEUMANN. 


AMHERSTIA Wazcuicu. (Famille des lécumineuses, 


section des Bauhiniées.) 


Car. GEN. Ess. os papilionaceus; carina vix 
conspiceua, in duobus filis brevissimis constricta ; 
stamina Oo, monadelpha , alternatim breviora ; legu- 
men planum, acinaciforme , polyspermum (à). 


Tnoka DES BirMaANs. Æmherstia nobilis W ALLIcH. 
(Voyez la planche.) 


LA 


1 


Car. sp. Arbor; folis alternis, stipulatis , abrupte 
pinnatis , 6-8 jugis ; :floribus magnis, ruberrinus , 
ocellatis , in racemum simplicem , maximum , pen- 
dulum congesus. 


En 1832, un Anglais qui était venu passer quel- 
que temps à Paris, avait apporté avec lui le dessin 
colorié , fait, disait-il, dans l'nde, par un peintre 
ce i : | ; 
chinois, d’un rameau muni de feuilles et d’une 
grappe immense de grandes fleurs rouges extraor- 


(1) Je ne fais pas entrer au nombre des caractères géné- 
. , . Br . , chien r 
riques de Amherstia, insertion hypogyne d’une dixième éta- 
mine indiquée par Wallich, d’abord parce que je n’ai pu la 
trouver, ensuite parce qu’une insertion rigoureusement hypo— 
syne avec une insertion rigoureusement périgyne paraissent 
deux choses incompatibles dans le même ordre naturel, et 
bien plus incompatibles encore dans la même fleur, à l’en- 
tendement des botanistes de l’école française. 


341 
dinairement belles(1). Ayant eu ce dessin pendant 
quinze jours entre les mains, je n'ai pu résister au 
désir de le copier avant de le rendre; j'en conserve 
la copie très-soigneusement. 

Vers la même époque, l'ouvrage du docteur 
Wallich, intitulé Plantæ rariores asiaticæ, avri- 
vait à Paris , et j'ai reconnu mon dessin (beaucoup 
réduit } dans la première figure du premier volume 
de ce magnifique ouvrage; J'en ai lu aussitôt la 
description avec avidité, et me suis confirmé dans 
l'idée que l'arbre qui portait des fleurs aussi admi- 
rables devait être le plus beau du globe. 

Toujours vers la même époque, M. le baron De- 
lessert recut du docteur Wailich des échantillons 
desséchés de Thoka, que ce zélé protecteur des 
sciences naturelles voulut bien mettre à ma dispo- 
sition pour que je pusse en analyser les fleurs, qui, 
d’après la description et la figure de Wallich, de- 
vaient offrir dans l'insertion de leur dixième éta- 
mine un caractère aussi nouveau qu'étrange dans 
la nombreuse famille des légumineuses, et même 
dans tout le règne végétal. Mais quoique j'eusse 
apporté tout le soin dont je suis capable à la re- 
cherche de ce caractère, je n’ai pu le découvrir ; 
tandis qu’au contraire je puis aflirmer l'existence 


(1) En apportant ce dessin colorié à Paris, l'intention de 
l'Anglais était de le faire modeler par quelqu'un des artistes 
habiles qui excellent aujourd’hui dans l'exécution des fleurs 
artificielles. IL s’est adressé à madame Prevost, qui lui a en 
effet modelé son dessin d’une manière ravissante. Elle en à, 
de plus, modelé une copie qu’elle a donnée à M. L Noisette, 
avec d’autres fleurs, et qu’il conserve précieusement. 


342 


d’un autre caractère également indiqué , tiré de la 
carène réduite à deux très-courts filets à peine 
visibles : ce dernier suffit pour constituer un genre. 

Le docteur Wallich n'est pas le premier Euro- 
péen qui ait eu connaissance du Thoka : la première 
notion sur l’existencede cet arbre est due à M. Craw- 
ford, qui avait eu occasion d'en voir un pied pen- 
dant son séjour à Martaban, et avait inséré une 
notice à ce sujet dans la Gazette de Calcutta, en 
mai 1826. « Au pied d’une colline, disait-il, près 
de Kogun et de la rivière Saluen, dans la province 
de Martaban, est un jardin en assez mauvais état 
appartenant à un monastère voisin. La seule plante 
remarquable que nous y vimes fut un arbre haut 
d'environ vingt pieds, couvert de longues feuilles 
élégantes, lancéolées, et de longues panicules 
pendantes de fleurs couleur de riche geranium. 
Cet arbre, de la classe et de l’ordre dela diadelphie 
décandrie, est une trop belle offrande dans une 
srotte devant les idoles de Buddha (1). » 

Aussitôt que le docteur Vallich, alors directeur 
du jardin botanique de Calcutta, eut connaissance 
de cette notice, et que M. Crawford lui eut donné 
quelques fieurs desséchées et non épanouies de 
Thoka, le désir de voir un aussi bel arbre sur place 
ne le quitta plus. Le capitaine Hitchens, au service 
de la compagnie de Madras, lui promit de faire des 


(1) And too beautiful offering in the cave before the images 
of Buddha. Ce passage, ainsi qu’un autre de Wallich, in- 
dique que les Birmans idolâtres tiennent l’nnage de leur dieu 
dans des grottes (caves), et qu’ils lui offrent en hommage le 
plus bel arbre ou les plus belles fleurs qu’ils peuvent trouver. 


343 
recherches de son côté, et lui envoya en effet quel- 
ques échantillons desséchés de cet arbre; cependant 
tout cela ne suffisait pas à un botaniste aussi ardent 
que le docteur Wallich. A cette même époque il 
obtint d'accompagner un envoyé britannique à Ava; 
mais ni tandis qu'il est resté dans ce pays, ni 
pendant ses voyages jusqu'à Irawaddi, il ne put 
recueillir aucune nouvelle notion sur le Thoka. On 
ne connaissait pas même de nom à cet arbre dans 
la capitale de l'empire des Birmans. Wallich men- 
tionne ceci comme une preuve frappante de la pro- 
fonde ignorance et de l'indifférence de cette nation 
concernant les productions naturelles du pays qu'elle 
habite, nonobstant les prétentions contraires jour- 
nellement manifestées par les hautes classes de la 
société dans leurs communications avec les Anglais. 

Enfin le docteur Wallich, se trouvant à Marta- 
ban, en mars 1827, y vit M. Crawford, duquel 
il recut de nouveaux renseignemens sur l'endroit 
où existait le Thoka, et s’achemina bientôt vers la 
rivière Saluen, tant pour chercher cet arbre que 
pour reconnaître la position et l'importance des 
T'eak-Forests de cette contrée. Voici un extrait 
de la relation de son voyage. 

« Après environ une heure de marche, nous ar- 
rivâmes à un kioum ruiné (sorte de monastère ) 
distant d'à peu près deux milles de la rive droite de 
la rivière Saluen, et de vingt-sept milles de la ville 
de Martaban. D'après les indications que M. Craw- 
ford m'avait données, je devais trouver le Thoka 
dans cet endroit. Je ne fus pas trompé, il y avait 
deux individus de cet arbre; le plus gros, haut 
d'environ quarante pieds sur six pieds de circon- 


544 


férence à trois pieds au-dessus du sol, était placé 
tout près d'une grotte; l’autre était plus petit et s’é- 
tendait sur un vieux réservoir d’eau, carré, fait en 
briques et en pierres. Ces arbres étaient ornés avec 
profusion de grandes grappes pendantes de fleurs 
d’un rouge vermillon, formant de superbes objets 
sans pareils dans la /’/ore des Indes orientales , et, 
je présume, non surpassés en magnificence et en 
élégance dans aucune autre partie du monde. Per- 
sonne ici ni à Martaban n’a pu m'indiquer le lieu 
où le Thoka croît naturellement ; mais je ne doute 
nullement qu'il n’appartienne aux forêts de la pro- 
vince. La terre était jonchée, même jusqu'à une 
grande distance, de fleurs de Thoka, apportées jour- 
nellement comme offrande aux images du dieu 
des Birmans dans les grottes adjacentes. Les en- 
virons étaient couverts de nombreux Jonesta asoca 
en pleine floraison, dont la beauté ne le cède qu'au 
Thoka. Il y avait aussi plusieurs Mesua ferrea. Ce 
n’est pas une petite remarque à faire, dit Wallich, 
que les prêtres, dans cette contrée, aient montré un 
si bon goût en choisissant pour ornement aux ob- 
jets de leur vénération, deux sortes d'arbres ap- 
partenant à une petite, mais bien caractérisée et 
extrêmement belle tribu de l'immense famille des 
plantes lésumineuses. Par la suite j'ai trouvé à 
Martaban même un troisième membre de cette 
petite tribu; c’est le Bauhinia variegata, arbre 
d'une grande beauté; il était planté près d'un 
Thoka. » 

On voit donc, par ce passage, qu’en 1827, les 
Anglais n'avaient pas encore trouvé le lieu où le 
Thoka croît naturellement, et qu'ils n'avaient en- 


345 
core vu que trois individus de son espèce plantés, 
deux dans le jardin d’un monastéêre ruiné, et le 
troisième à Martaban. 

Après l'examen des fleurs du Thoka, le docteur 
Wallich a reconnu qu’elles pouvaient constituer 
un nouveau genre en botanique, et il la établi, 
sous le nom de {mherstia nobilis, en lhonneur de 
madame la comtesse Amherst et de sa fille lady 
Sarah Ambherst, amies zélées et protectrices de 
toutes les branches de l’histoire naturelle, princi- 
palement de la botanique. Pendant un séjour de 
près de cinq ans dans l’Inde, ces dames ont fait de 
longs et dangereux voyages jusqu'aux plus hautes 
régions au nord et à l’ouest de l’Indoustan , sont 
restées plusieurs semaines dans les montagnes voi- 
sines du Himalaya à une élévation de 10,000 ou 
12,000 pieds, et sont enfin revenues en Angleterre 
avec de nombreuses et intéressantes collections de 
plantes recueillies et préparées de leurs propres 
mains, et parfaitement conservées par leurs soins. 

Le docteur Wallich décrit très-longuement , 
beaucoup trop longuement pour limpatience fran- 
caise, les caractères génériques et spécifiques de 
l’Amherstia nobilis ; je vais tâcher, en le traduisant, 
d'en élaguer les détails minutieux que l’on pourrait 
considérer ici comme inutiles ou oiseux ; je tairai 
même l'insertion hypogyne d’une dixième étamine 
à l'existence de laquelle les promoteurs de la mé- 
thode naturelle ne peuvent croire sans lavoir vue, 
et je mentionnerai dans la fleur quelques particula- 
rités que l’auteur anglais a passées sous silence, 
quoique d’une certaine importance pour le botaniste 
qui étudie les affinités. 


346 

L'Amherstia nobilis est un arbre haut de trente 
à quarante pieds; son tronc est gros, long de 
douze pieds sous branches, et se divise ensuite 
en rameaux qui lui forment une large cime feuil- 
lue. Les jeunes rameaux sont pubescens et pen- 
dent d’une manière lâche ainsi que les jeunes 
feuilles lavées de pourpre qu'ils portent; les ra- 
meaux adultes sont gros, cylindriques, glauques. 
Les feuilles adultes sont alternes, assez rapprochées, 
étalées, longues d’un ou de plusieurs pieds, pennées 
sans impaire , et composées de six à huit paires de 
folioles ; leur pétiole commun est glabre, très- 
renflé à la base, s’amincissant ensuite progres- 
sivement jusqu’au bout, et se terminant par une 
- petite pointe subulée, marcescente ; les folioles, lé- 
gèremeñt pétiolulées, sont oblongues, entières, 
étalées, longues de six à douze pouces, arrondies à 
la base, acuminées au sommet, glabres et d'un 
vert foncé en dessus, pubescentes et très-glauques 
en dessous, à nervures latérales obliques , paral- 
lèles entre elles et s’anastomosant d’une manière 
élégante vers le bord des folioles. Les stipules sont 
caulescentes, grandes, foliacées, lancéolées, lon- 
gues d’un pouce et plus, caduques. 

Les fleurs naissent en grappe axillaire, simple 
et pendante avec et sur les jeunes rameaux ; l'axe 
de la grappe, un peu moins gros que le petit doigt, 
est violâtre, long d'environ trois pieds, nu dans un 
tiers de sa longueur du côté de son origine, et 
ayant le reste, jusqu’à son extrémité, garni de cin- 
quante à soixante fleurs très-grandes, alternes, 
d'un rouge vermillon enrichi de larges écussons 
jaunes, pendantes obliquement au bout de gros 


347 


pédicelles de même couleur, longs de cinq à six 
pouces. La figure ci-jointe me dispense de parler 
de la grandeur, de la riche couleur et de la rare 
beauté de ces fleurs; mais leur structure diffère 
assez des autres de la même famille pour qu’il ne 
soit pas inutile de la décrire. 

Vers l’extrémité du pédicelle est un involucre de 
deux grandes folioles opposées, concolores, lan- 
céolées, qui enveloppaient la fleur dans sa jeunesse, 
et qui ensuite s’écartent et se recourbent en arrière. 
À quelques lignes de cet involucre commence le 
tube calicinal long de deux pouces et plus, subcy- 
lindrique, s’évasant au sommet en un limbe qua- 
drifide, à divisions aussi longues que le tube; trois 
de ces divisions , les deux latérales et linférieure, 
sont égales entre elles, lancéolées, tandis que la 
quatrième et supérieure est une fois plus large et 
paraît formée de deux divisions soudées lune à 
l’autre ; de sorte que le nombre naturel cinq s’y re- 
trouve malgré l'apparence contraire. 

Mais l'estivation des parties de la corolle offre un 
caractère qui, je crois, n’a pas encore été remarqué 
dans aucune autre fleur papilionacée, et dont Wal- 
ich n’a pas parlé, Partout ailleurs , Pétendard ou le 
pétale supérieur est le plus extérieur ; avant l’épa- 
nouissement il recouvre les ailes, et celles-ei re- 
couvrent la carène , qui elle-même enferme Îles or- 
sanes sexuels. Dans l/mherstia, au contraire, les 
ailes sont placées le plus extérieurement, elles s’ap- 
pliquent sur l'étendard avant l'épanouissement , et 
c'est l’étendard qui enveloppeimmédiatement les or- 
sanes sexuels à défaut de carène. Une autre exception 
que Wallich a également négligé de signaler dans 


348 

l'estivation , c'est que dans l'Amherstia, le style est 
roulé en spirale en dessous ou du côté des étamines, 
tandis que partout ailleurs il se courbe en dessus ou 
du côté de l’étendard lorsqu'il ne reste pas droit. A 
mesure que Îa fleur de l’Æmherstia s'épanouit, le 
style se déroule, se dresse et se courbe un peu du 
côté supérieur; alors il ressemble à tous les autres. 

La corolle de lAmherstia n'offre à l'œil que trois 
pétales, l’étendard et les deux ailes, enrichis chacun 
d'un écusson jaune au sommet; celui de l’étendard 
est entouré d'une large bande pourpre-foncé. Rien 
de plus riche et de plus éclatant que ces trois pé- 
tales quand la fleur est épanouie. Si l’on cherche à 
la place que devrait occuper la carène, l'on n’y 
trouve que deux très-petits filets blancs, longs de 
deux lignes au plus, rudimens des deux pétales 
avortés qui auraient dû former la carène. 

Beaucoup de fleurs papilionacées ont les filets des 
étamines et les anthères alternativement courts et 
longs, mais non d’une manière aussi prononcée que 
dans l4mherstia. La figure ci-jointe montre les neuf 
étamines monadelphes et la différence qu’il y a entre 
les longs et les courts filets ainsi qu'entre les an- 
thères des uns et des autres. Quant à la dixième 
étamine que Wallich indique insérée sur le carpo- 
phore, je n'ai pu la découvrir à cet endroit ni ail- 
leurs dans les fleurs encore incluses , ni dans celles 
épanouies que j'ai analysées avec le plus grand soin, 
et le carpophore ne n’a montré aucune trace de filet 
d'étamine qui aurait pu y adhérer accidentellement 
s’il se fût séparé des autres dès le fond du calice. 

Le carpophore, adhérant inférieurement à la paroi 
du tube calicinal, est rouge, libre dans sa partie 


349 
supérieure, et s'élève plus haut que lorifice du - 
tube ; il supporte un ovaire pubescent, verdâtre, 
acinaciforme, polysperme, surmonté d’un long style 
rouge, atténué vers l'extrémité, d’abord roulé en 
spirale en dessous, ensuite droit et enfin arqué en- 
dessus. 

Le docteur Wallich n’a pas vu de fruits mûrs, 
et par conséquent n’en en a pas connu la véritable 
longueur; celui encore imparfait qu'il a examiné 
était figuré en sabre, long de sept pouces, aplati 
sur les deux faces, rouge violacé , et contenait cinq 
ou six graines imparfaites. Cet auteur dit positive- 
ment que la fleur de lAmherstia nobilis n’a pas d’o- 
deur. 

L’explication que je donnerai tout à l'heure de la 
planche ci-jointe me dispense d'entrer ici dans de 
plus grands détails sur la structure de la fleur de 
l'Amherstia; mais je ne dois pas omettre de dire que 
le docteur Wallich a apporté quelques jeunes pieds 
de cet arbre admirable de Martaban au jardin bo- 
tanique de Calcutta, où sans doute ils prospèrent; 
qu'en partant de l'Inde pour revenir en Angleterre, 
il en avait embarqué avec lui deux pieds qui mal- 
heureusement moururent pendant la traversée , et 
qu'il n’est pas en ma connaissance que depuis il en 
soit arrivé d’autres pieds ni graines en Angleterre. 
Cependant nous ne devons pas désespérer de voir 
bientôt | /mherstia nobilis dans les serres chaudes 
des principaux établissemens de l'Europe. Les An- 
glais sont si riches , si puissans dans l'Inde! ils ont 
tant de goût pour les beaux végétaux, et font tant 
de sacrifices pour introduire en Angleterre les pro- 
ductions utiles ou intéressantes de toutes les parties 


350 


‘ 


du globe ! D'un autre côté , l’art de la multiplication 
par bouture ou autrement est si avancé parmi nous, 
que si nous possédions une fois un seul individu de 
cet arbre merveilleux , nous en aurions bientôt fait 
un grand nombre. Peut-être pourtant craindrait- 
on qu'un arbre qui s'élève à trente ou quarante 
pieds dans son pays, ne püt jamais fleurir chez 
nous; mais nous avons beaucoup d'exemples qui 
doivent faire diminuer ou disparaître cette crainte. 


Explication de la planche du Taoxa, Âmherstia nobilis. 


Fig. 1. Extrémité d’un pétiole commun portant quatre fo- 
lioles de grandeur naturelle. 

Fig. 2. Une fleur 

a Petite portion du pédoncule long de trois pieds et 
qui porte de cinquante à soixante fleurs. 

bb Pédicelle d’une seule fleur, tors dans cet exemple, 
mais dont la torsion n’est pas constante. 

cc Bractées, ou mvolucre diphylle. 

d Tube calicinal. 

eeee Les quatre divisions du calice. La supérieure in- 
dique par sa plus grande largeur qu’elle est com- 
posée de deux divisions soudées par leurs bords. 

f Étendard. 

gg Ailes. 

h Faisceau d’étamines monadelphes. 

i Dixième étamine libre, hypogine, selon Wailich, 
et que je n’ai pu découvrir dans les échantillons 
que j'ai examinés. 

Fig. 3. Jeune fleur dont on a coupé les bractées en aa, le 
limbe calicinal en b et les ailes en c. Alors on voit 
en d la carène réduite en deux petits filets courts. 
On voit aussi qu'avant l’épanouissement de la fleur, 
l’étendard e enveloppe immédiatement l’ovaire et 
les étamines, fonction remplie par la carène dans 
les autres papilionacces. 


351 


i. Autre figure montrant le‘tube calicinal un peu fendu 
dans le haut en à, l’insertion des étamines en b, les 
deux filets, rudiment de carène, en c. Le carpo- 
phore d sortant de l’intérieur du tube calicinal. 
L’ovaire e surmonté du style f, roulé du côté des 
étamines, tandis que dans les autres papilionacées, 
il se courbe ou se roule du côté opposé. 


IS 


Fig. 


Fig. 5. Développement du faisceau d’étamines monadelphes 
au nombre de neuf, dont quatre plus courtes aaaa, 
ayant leur anthère ovale droite, et cinq plus longues 
bbbbb, dont les anthères sont linéaires et vacillantes. 

Fig. 6. Coupe longitudinale d’un ovaire montrant six à huit 


ovules attachés à l’une des sutures, plus la dixième 
étamine a décrite et figurée par Wallich, et que je 
n'ai pu découvrir. É 

Fig. 7. Fruit présumé n’avoir encore atteint qu'environ le 
tiers de sa grandeur. Porreau. 


En accueillant avec un vif empressement l’article 
qui précède et le dessin dont notre respectable ami 
M. Poiteau a bien voulu l'accompagner, nous avons 
espéré satisfaire justement à la curiosité de nos lec- 
teurs. En effet, le Thoka des Birmans peut être con- 
sidéré comme lun des arbres les plus extraordi- 
naires, en même temps qu'il en est le plus beau par 
ses brillantes et colossales grappes de fleurs, dont le 
riche coloris doit produire un effet magique sous le 
ciel brûlant de l'Inde. Espérons que ce merveilleux 
végétal sera enfin introduit en Angleterre , et qu'il 
se trouvera en France des amateurs assez dévoués 
pour en enrichir nos serres chaudes. 

Il est fâcheux que la grande dimension des fleurs 
et des feuilles ne nous ait pas permis de donner da- 
vantage de détails, à cause de notre format, car le 
dessin de M. Poiteau, exécuté sur papier grand- 


352 


aigle (vingt-quatre pouces sur trente-huit), est 
vraiment curieux à voir. C'est pourquoi nous avons 
résolu de le faire lithographier avec soin, afin de 
pouvoir en mettre des épreuves à la disposition 
des amateurs. Nous ouvrons donc une souscrip- 
tion au prix de 7 fr. 5o cent. l'épreuve coloriée 
avec toute la perfection possible. Les personnes qui 
désireraient souscrire sont priées de se faire inscrire 
dès à présent chez le Hibraire Roussecon, éditeur de 
ces Annales , parce que nous ne mettrons ce projet 
à exécution que lorsque nous aurons réuni trois 
cents souscripteurs. 

Les soins que nous nous proposons d'apporter 
dans l'exécution de ce travail en feront une estampe 
digne d’orner les plus riches salons des amateurs, 
pour qui les merveilles de la nature ont un attrait 
puissant. C'est au surplus le dernier travail en pein- 
ture de M. Poiteau, et nous nous croyons presque 
obligés à publier son adieu à cet art charmant , afin 
de laisser parmi les amis de l'horticulture un sou- 
venir du talent de cet homme de bien, dont toute la 
carrière a été vouée à l'étude de la science naturelle 
végétale et à la recherche comme à la propagation 
des meilleurs moyens de perfectionner les cultures. 

DoverGe. 


La Societe royale d'horticulture de Paris tiendra 
sa septième exposition publique dans l’orangerie 
du Louvre, du 19 au 25 septembre 1836. 


ERRALES 


DE FLORE ET DE POMONE. 


ÉD EE CI TILI. LIL L 2, LE, Le EL LL EE LED 111,71, LL LL RE EL E, LDÉROAT LL TELL LE) 


HORTICULTURE. 


Jnstruction sur le procédé a suivre a la réception de 
végétaux venant de voyager, pour assurer leur 
reprise. 


Nous recevons de MM. les frères Baumann , ex- 
cellens cultivateurs et pépiniéristes à Bollwiller par 
Ensisheim ( Haut-Rhin), une instruction qu'ils ont 
publiée et adressée à leurs nombreux correspondans, 
sur les précautions à prendre pour déballer les 
végétaux qui viennent de voyager, et leur donner 
les soins que nécessite l'état de malaise dans lequel 
ils ont été tenus plus ou moins long-temps; nous 
croyons être utile aux amateurs qui font venir des 
plantes de pays éloignés , en la leur communiquant 
comine un suide à suivre en pareille circonstance. 

« L’horticulture, disent MM. Baumann, dont le 
goût s'est répandu dans tous les pays civilisés, a 
pris un tel essor, qu'elle ne connaît plus de limites 
aux explorations lointaines qui peuvent lui procu- 
rer des nouveautés végétales, soit pour l’ornement, 
soit en produits utiles. Des sociétés même se sont 


SEPTEMBRE 1836. 23 


354 


formées pour faciliter de nouvelles découvertes, à 
l'aide de leurs indications et de leurs capitaux. 
Toutes les contrées du globe sont fouillées avec avi- 
dité ; des explorations se poursuivent avec zèle pour 
découvrir les plantes curieuses et intéressantes qui 
peuvent enrichir nos collections de luxe ou aug- 
menter nos ressources végétales , afin de les répan- 
dre dans toutes les directions. Aussi les amateurs 
s'empressent de tirer des pays éloignés, nou-seule- 
ment les végétaux qui leur sont indiqués par les 
voyageurs, mais encore ceux que ces derniers peu- 
vent rencontrer et qui sont tout-à-fait inconnus. 

« Souvent ces plantes leur arrivent en bon état; 
quelquefois le malaise qu’elles ont éprouvé pendant 
les longs voyages les a rendues souffrantes , et plus 
souvent encore les destinataires augmentent le mal, 
ne connaissant pas les soins qu'elles exigent au dé- 
ballage, et la manière de favoriser leur reprise et 
leur prospérité au moment de la replantation. 

« Il ne s’agit pas ici de graines ni d'ognons de 
fleurs ou de plantes venant de climats plus chauds 
que ceux de la France, de l'Angleterre, de l’Alle- 
magne et de quelques états voisins de même tem- 
pérature. Il s’agit uniquement d'arbres et arbustes 
qui peuvent vivre en pleine terre dans ces mêmes 
pays, nous réservant pour une autre circonstance 
d'indiquer les procédés à suivre pour les plantes qui 
appartiennent aux autres sections de l’horticulture. 

« Deux circonstances principales doivent être 
considérées à l’arrivée de pareils envois : l’une est 
celle d'une température moyenne, l’autre d’un 
temps froid. 

« Voici ce quil convient de faire lorsque des 


355 


plantes arrivent pendant un temps tempéré et sec. 
Elles doivent être déballées dans un appartement, 
une caye où une orangerie hermétiquement fermée 
et sans circulation d'air quelconque. Les sujets, dé- 
barrassés de l'emballage, doivent être plongés dans 
des vases proportionnés ou des cuviers remplis d’eau 
de rivière ou de pluie, s’il est possible, et à défaut 
d’eau de puits. Ils peuvent y rester de deux à huit 
jours, suivant leur état d'épuisement. Si, au con- 
traire , l'arrivée a lieu par un temps doux mais plu- 
vieux , les végétaux peuvent être plongés en plem 
air dans l’eau de rivière et y rester le nombre de 
jours indiqué ci-dessus ; aussitôt que l’on remarque 
un gonflement d'yeux , il faut préparer les sujets à 
être plantés à la place qui leur est destinée. La 
plantation doit être faite immédiatement et avec 
tout le soin possible. Un jardinier intelligent doit 
connaître ce qu'il aura à faire en ce qui concerne 
la taille ; cependant il est bon d’observer qu'il faut 
épargner les grandes plaies aux végétaux souffrans, 
et qu'il suffit de leur enlever provisoirement les 
parties mutilées. 

« Le végétal doit être en même temps légèrement 
attaché à un tuteur proportionné et de facon à ce 
qu'il puisse s’affaisser avec la terre meuble dans la: 
quelle il se trouve, sans cependant qu'il puisse être 
ébranlé par les vents. Aussitôt attaché, sa racine 
doit être humectée avec modération. 

« Après la plantation, il est d’un avantage inap- 
préciable d’envelopper les sujets avec du papier de 
maculature ou autre, avec des chiffons, de la toile 
d'emballage ou tout autre objet capable d’empécher 
l'impression des courans d'air, et de garantir du so- 


356 


leil avant la parfaite reprise. Lorsqu'ensuite, pen- 
dant quelques pluies douces, on apercoit un mou- 
vement de végétation, on commence à découvrir 
successivement les parties vivantes, que l’on expose 
au plein air au fur et à mesure que s'opère le déve- 
loppement des feuilles. 

« IL est nécessaire pendant la première et la se- 
conde année qui suivent la plantation , et surtout 
pendant les chaleurs et les sécheresses, d'entretenir 
tous les sujets continuellement humides , afin que 
la sève n'éprouve pas une retraite subite, parce 
qu'une pareille altération entraïînerait la mort du 
sujet nouvellement planté. 

« Quant à la seconde circonstance, qui est celle de 
l'arrivée des plantes pendant un temps froid, les pré- 
cautions à prendre sont différentes, attendu que 
l'ouverture imprudente d'un -ballot produirait la 
perte immanquable de son contenu. 

« Lorsqu'on recoit un ballot d'arbres ou d’arbus- 
tes dans un état gelé, 1l est de toute nécessité d’em- 
pêcher un dégel subit. I] faut imiter dans ce cas la 
marche de la nature, qui opère insensiblement ; et à 
cet effet, le ballot doit être placé intact, pendant 
huit ou quinze jours et même au-delà, dans un en- 
droit tempéré, tel que cave, étable à vaches, oran- 
geric , où 1l puisse dégeler lentement. 

« Dañs l'intervalle, on prépare une place pour 
mettre, si le froid est excessif, les végétaux en 
jauge dans de la terre ou du sable ; déposé dans 
une cave ou une orangerie , et si le temps le permet, 
en pleine terre, en s'y prenant de la manière ‘sui- 
vante : on choisit dans un jardin ou dans un champ 
clos un endroit abrité, et l’on dépose une couche 


357 

suffisante de fumier de cheval sur la surface du ter- 
rain, que la chaleur de cet engrais fait dégeler. 
Lorsque le déballage pourra être fait, on retirera 
les arbres et arbustes, que l’on placera en jauge dans 
cette terre dégelée, en choisissant un moment de 
calme, et en ayant soin de séparer les racines pour 
qu'elles ne s’échauffent pas, et puissent être enle- 
vées sans mutilation, lorsque le temps sera assez 
favorable pour faire la plantation en place. Jus- 
que-là, aucune autre précaution n’est nécessaire, 
si ce n’est celle d'abriter ces végétaux des rayons 
du soleil par des branches de sapin, des roseaux, 
de la bruyère, etc., parce qu’en pareille position 
l'influence solaire est autant dangereuse qu'elle est 
favorable lorsque les sujets y sont accoutumés. 

« Lorsque la transplantation peut se faire ; On Y 
procède comme nous l'avons dit plus haut; et tout 
amateur qui voudra observer fidèlement les indiea- 
tions que nous venons de donner obtiendra les ré- 
sultats les plus satisfaisans. » 

L'instruction qui précède ne peut converir qu'aux 
arbres rares à l'égard desquels on ne saurait prendre 
trop de soins, et à ceux qui arrivent tardivement 
et dans un moment où la plantation est impossible. 
Ce dernier inconvénient peut être facilement évité 
par les amateurs s'ils veulent prendre la peine de 
faire leur demande de facon à ce qu'ils puissent ré- 
cevoir en novembre pour les plantations d'automne, 
et en mars pour celles de printemps. Au reste, 
ceci s'applique davantage aux végétaux venant de 
pays lointains, et dont l'arrivage ne peut être cal- 
culé, à cause des accidens et des retards insépara- 
bles d’un long voyage. 


358 

Dans tous les cas, nous ne saurions approuver 
l'emploi du papier de maculature pour garantir les 
jeunes plantations ; indépendamment qu’il est plus 
rare d'en avoir à sa disposition, le vent et la moin- 
dre pluie sont deux causes de dérangement ou de - 
destruction ; nous ne voyons rien de préférable à Ja 
paille pour un pareil emploi. Doverce. 


PLANTES POTAGÈRES. 
Culture de l’ognon de Cassellamar. 


Cet ognon, qui acquiert jusqu’à six pouces de 
diamètre , demande une terre plutôt sablonneuse 
qu'argileuse. On sème les graines à la fin d'août ou 
au commencement de septembre sur une planche 
bien préparée. Quand on sème sous un climat froid, 
il faut pendant la mauvaise saison tenir la planche 
couverte avec de la litière. 

Lorsque le plant s’est élevé de trois doigts, :l 
faut semer sur la planche de la fiente de poule ou 
de pigeon. Lorsqu'il a atteint huit pouces on le re- 
pique en sillons espacés de huit pouces, et en con- 
servant entre chaque pied un intervalle de trois à 
cinq pouces, sur une planche convenablement dis- 
posée. Un mois environ après la transplantation 
quand les ognons recommencent à pousser , 1l faut 
déposer le long des sillons du crottin de chevai ou 
du fumier bien consommé et le couvrir de terre. 
Pendant le cours de la végétation il faut biner la 
terre au moins trois fois et avoir le soin de la tenir 
toujours bien nette de mauvaises herbes. Pendant 
l'été on arrose selon le besoin. Enfin lorsque les 
fanes commencent à se sécher, ce qui annonce la 


359 


maturité, on arrache les ognons, et on les dépose 
dans un lieu aéré et exempt d'humidité pour les 
faire sécher. PoKkoRNy. 


PLANTES D'ORNEMENT. 
PLEINE TERRE. 
Marronnier nain. 


Tout le monde connaît le marronnier d'Inde com- 
mun, Æsculus hippocastanum Lin. , dont les bou- 
quets pyramidaux de fleurs blanches se détachent 
élégamment sur le vert clair de ses grandes feuilles 
digitées, et qui forme de si belles avenues dans les 
parcs et promenades publiques. On connait aussi 
sa jolie variété Æsculus rubicunda Horr. Par., qui, 
bien que d’un port moins majestueux , produit ce- 
pendant un fort bel effet par ses fleurs rouges, lors- 
qu'il est placé isolément ou en tête de massifs dont 
le fond vert le fait parfaitement ressortir. 

Cet arbre, élevé de semis dans nos pépinières ; ne 
commence à fleurir que lorsqu'il a atteint l’âge de 
cinq ou six ans au moins, et de greffe la deuxieme 
ou troisième année. On peut jouir de ses fleurs beau- 
coup plus tôt en franc de pied, en semant un fruit 
en pot de six à huit pouces. On n’arrose absolument 
que pour entretenir, dans la terre, la fraîcheur in- 
dispensable à la végétation, et cetarbre, dontlapriva- 
tion de nourriture arrête le développement, se rami- 
fie beaucoup, s'élève fort peu et se couvre de fleurs 
dès qu'il a trois ans. Cette expérience, qui au premier 
coup d'œil paraît presque insignifiante quant aux 
résultats, peut cependant devenir, dans des mains 


360 


habiles , un moyen de se procurer de jolies fleurs , 
pour la décoration des appartemens ( goût qui, soit 
dit en passant, acquiert tous les jours plus d’em- 
pire), le marronnier pouvant, cultivé ainsi en pots, 
donner des fleurs à contre-saison, si le jardinier 
veut le soumettre à l'influence d’une chaleur artifi- 
cielle. UTINET. 


OBSERVATIONS sur l'4mygdalus nana (Amandier 
nain Je 


Depuis long-temps on cultive pour lornement 
des parterres l'amandier nain, qui fructifie facile- 
ment. 

De cette jolie espèce sont sorties plusieurs variétés 
plus ou moins remarquables, notamment celle que 
nous avons obtenue en 1818, et que j'ai signalée 
dans Îe Journal de l'ancienne Société d’Agronomie 
pratique, sous le nom d’Amygdalus nana serrata. 

Il existe bien d'autres variétés obtenues depuis, 
à feuilles ou fleurs plus ou moins grandes; mais 
elles ne valent pas la peine d’être signalées. Ce qui 
étonnera peut-être les cultivateurs et surtout les bo- 
tanistes, c'est que l#mygdalus Georgica, dont on a 
fait une espèce distincte, n'est autre chose qu’une 
variété du nana, ainsi que je vais le démontrer. 

Ayant récolté quelques fruits sur l'Amandier dit 
de Georgie, je les semai avec soin, car nous com- 
mencions à devenir pauvres de cette espèce. Quel 
fut mon étonnement, en les voyant fleurir, de les 
trouver en tout point semblables à l'4mygdalus 
nana! 

Je crus un instant m'être trompé dans mes se- 
mences; car Je ne trouvais dans ces jeunes individus 


361 
rien qui ressemblât à leur mère : ce n'était ni la 
force du bois , ni la verdure des feuilles, et encore 
bien moins le rouge vif de ses fleurs. Je résolus 
donc de recommencer l'expérience, mais je fus 
obligé d'attendre trois ans pour récolter des fruits. 

Enfin, en 1832, j'en recueillis moi-même en assez 
grande quantité, et les semai avec soin. Depuis 
deux ans, ces jeunes sujets fleurissent abondamment 
et tous sont des {mygdalus nana : d’où je conclus 
que l'Amygdalus Georgica n’est qu’une variété de 
ce dernier ; le fait est exact. 

Tous les cultivateurs qui font des semis , et qui 
les observent, savent combien la famille des Ro- 
sacées est susceptible de donner des variétés : ainsi, 
je pourrais citer encore une très-belle variété de 
l'Amandier commun obtenue il y a quelques années 
au Luxembourg, et qui est recherchée pour l'or- 
nement des parterres par la grandeur et la beauté 
de ses fleurs, qui, quoique simples, sont tout-à-fait 
élégantes; au premier aspect, on ne voudrait jamais 
croire que c'est un amandier commun. 

J'engage donc les personnes qui voudraient con- 
server l’amandier dit de Georgie, à le multiplier 
de greffe ou de marcottes ; ce mode de multiplica- 
tion est à suivre pour beaucoup d’autres variétés 
qu'on a décrites comme espèces. B. CamuzET. 


Greffe du lilas sur fréne. 


Il est peu de fleurs que l’on voie avec plus de 
plaisir que celles du lilas : c’est en effet le pre- 
mier arbrisseau qui dans nos bosquets annonce le 
retour de la belle saison par ses fleurs élégantes et 


362 


parfumées ; mais malheureusement leur courte 
durée fait bientôt succéder le regret à la jouissance. 
Il n'est donc pas sans intérêt de chercher à la pro- 
longer. C'est pourquoi je viens engager les ama- 
teurs à greffer le lilas commun, Syringa vulgaris 
Lin., sur le frêne élevé, Fraxinus excelsior Wir» , 
et mieux encore sur le frêne à fleurs, Æraxinus 
ornus LAN. Ces arbres, et surtout le dernier, dont 
la végétation est plus tardive, feront produire au 
lilas des fleurs de mai en juin qui succèderont im- 
médiatement à celles du lilas franc de pied et pro- 
longeront ainsi leur durée toujours trop éphémère. 
Il faut dire que ces greffes ne vivent que trois ou 
quatre ans au plus. 

On greffe en fente au printemps, ou en écusson 
en juillet et août. Üriner. 


ROsAGE À FLEURS DE JACINTHE, Æhododendron pontt- 
cum Var. : hyacinthuflorum. (Voyez la figure, et 
pour les caractères génériques, page 283, an- 


née 1832-1833.) 


Nous avons obtenu cette superbe variété dans un 
semis des graines du Ponticum, et nous avons re- 
marqué ses jolies fleurs au mois de mai 1832 , épo- 
que où elle a fleuri pour la première fois. Depuis 
lors , chaque année , elle. a eu sa floraison régulière 
et toujours également belle. 

IL y a peu de choses à dire du feuillage, qui ne 
diffère pas beaucoup de celui de son type. Il est 
généralement plus petit, et sa couleur verte est un 
peu plus intense. 


P1.45 


4) 


L 4 


ROSAGE à fleurs de Jacinthe 


Rhododendron ponticum 17774 hvacinthiilorum 


363 


Les fleurs sont disposées en tête hémisphérique, 
nombreuses , très-rapprochées les unes des autres 
et à pédoncule court. Elles se composent de quinze 
pétales, dont les extérieurs sont les plus grands, et 
qui sont assez régulièrement disposés sur trois 
rangs ; elles ont à peu près la forme d’une jacinthe, 
ce qui nous a suggéré l’idée de nommer cette va- 
riélé comme nous l'avons fait. Ces pétales sont co- 
 lorés d’un joh rose violacé. Toutes les étamines 
ont disparu en se métamorphosant en pétales, du 
centre desquels s'élève le style seul. 

Ce charmant rosage nous a paru une heurense 
conquête dans ce genre, où l’on ne voit point de jo- 
lies fleurs doubles, car on ne peut donner ce nom 
aux deux ou trois variétés connues , et qui n’offrent 
que trois ou quatre pétales de plus que les espèces 
à fleurs simples. Il a de plus un grand avantage, 
c'est la durée de sa floraison, car nous avons vu 
des fleurs se maintenir dans le plus grand état de 
fraîcheur pendant un mois au moins. 

Nous;,serons bientôt en état d’en livrer au com- 
merce. CEzs frères. 


Moyens de convertir les plantes annuelles en plantes 
vivaces eten plantes ligneuses. 


Les travaux des horticulteurs habiles amènent 
quelquefois des résultats intéressans qu’il est bon de 
faire connaître , et surtout dans la circonstance 
présente, où les exernples que je vais citer peuvent 
donner lieu à de nombreuses applications qui flat- 
tent les amateurs , et prouvent la puissance de l’art 
. du jardinier sur la constitution et la durée des vé- 
gétaux soumis à ses soins. 


364 


Lorsque dans un semis de la capucine à fleur 
simple, Tropæolum majus Lan. , on trouva la va- 
riété à fleur double, on reconnut bientôt limpossi- 
bilité de la reproduire autrement que de boutures, 
puisque tous les organes générateurs s'étaient con- 
vertis en pétales; dont le nombre avait plus que 
quadruplé. On: savait que le type originaire du 
Pérou y était vivace, et que si chez nous il restait 
annuel, il fallait en accuser l'influence fâcheuse de 
nos hivers, et, en même temps, on avait reconnü 
l’inutilité de conserver artificiellement pendant la 
mauvaise saison une plante qui mûrissait parfaite- 
ment ses graines et se multipliait à volonté par le 
semis. Mais à l'égard de la variété à fleur double, 
ce dernier moyen ne pouvant être employé, il ÿ 
avait nécessité de recourir à d’autres procédés afin 
de la propager. On fit donc des boutures que l’on 
garantit du froid en les rentrant en serre tempérée 
sur des tablettes près dujour. ‘Le succès fut com? 
plet, car on est parvenu à former ainsi de petits 
arbrisseaux dont les tiges atteignent la grosseur 
du doigt. J'en ai vu , dans cet état, âgés de plus de 
douze ans et produisant un effet fort agréable par le 
grand nombre de fleurs que donnent leurs rameaux 
pendant neuf ou dix mois de l’année. 

Il en est de même de la variété à fleur double 
que notre collègue M. Jacquin aîné vient d'obtenir 
de la capucine mordorée (improprement dite d'A 
ger), Z'ræopolum majus, var : atropurpureum, Nos., 
que M. Jacques a fait connaître dans le Journalet 
Flore des jardins, où elle a été figurée. C'est un gain 
fort intéressant qui sera incessamment publié dans 
ces Annales, et dont la conservation et la multiph- 


365 


cation s'opèrent par les mêmes moyens que pour la 
précédente. 

Après lacapucine on s’occupa du réséda odorant, 
Reseda odorata , Lin. , plante annuelle , originaire 
d'Afrique, et qui fut introduite en France en 1736 
par les soins de M. Grangé, qui Penvoya d'Égypte. 
L’odeur suave qu'exhalent ses fleurs l'ayant mise à la 
mode , elle devint de la part des horticulteurs l'ob- 
jet de soins particuliers , et ils parvinrent à l’élever 
sur une tige de huit pouces à un pied, et à la con- 
server ainsi pendant plusieurs années. La disposi- 
tion naturelle de ses rameaux à se diriger horizon- 
talement et même à ramper sur le sol était une 
difficulté dans cette opération ; mais on remarqua 
qu'au centre ilse trouvait toujours une tige princi- 
pale dont la tendance à s'élever verticalement était 
plus prononcée , et c'est celle-là que lon choisit. 
IL faut , pour arriver au but proposé, supprimer 
pendant la jeunesse de la plante toutes ses branches 
inférieures à mesure qu'elles croissent , ainsi que 
les feuilles qui poussent à la base. On empêche éga- 
lement la floraison sur les rameaux conservés, jus- 
qu'a ce que le sous-arbrisseau soit entièrement 
formé, parce que ces fleurs absorberaient une cer- 
taine quantité de sève dont la privation nuirait à leur 
vigueur et au développement qu'ils doivent pren- 
dre. Lorsque la tige est arrivée à la hauteur désirée, 
on laisse les branches conservées se ramifier pour 
former la tête, ce que lomobtient en les pineant 
plusieurs fois ; elles deviennent ainsi plus fortes et 
ligneuses ; enfin, lorsque sa formation est complète, 
on laisse la floraison s'opérer naturellement, et 
alors le petit arbuste se couvre de fleurs et devient 


366 


un objet d'agrément pour les amateurs. C’est ordi- 
nairement pendant la première année qu’on élève 
la tige à la hauteur voulue; mais on ne laissé de 
fleurs que la seconde année. Pour bien réussir on 
plante les pieds très-jeunes , lorsqu'ils ont développé 
quatre ou six feuilles au plus, un à un dans des 
pots remplis de terre légère et très-substantielle : 
s'il en est besoin, on les soutient par un tuteur et 
on les rentre pendant l'hiver en orangerie, sur des 
tablettes près du jour, ou mieux sous châssis. 

Le chrysanthème des jardins, Chrysanthemum co- 
ronarium ; Lan., est aussi une plante annuelle que 
l'art du jardinier a convertie en petit sous-arbris- 
seau qui fleurit dans les serres une partie de l'hiver. 
Indigène à notre pays, c’est la culture qui a fait 
doubler ses fleurs, et obtenu une variété blanche 
du type, dont la couleur est jaune. Ces deux varié- 
tés, multipliées par la voie des boutures et traitées 
comme le réséda, donnent des résultats semblables 
et sont devenues ligneuses. 

La ketmie vésiculeuse, Æibiscus vesicarius, Gav., 
plante annuelle originaire d'Afrique, fort recher: 
chée pour l’ornement de nos parterres à cause de 
ses fleurs grandes et nombreuses dont les péta- 
les à limbe d’un jaune clair, et à onglet d'un brun 
violacé, font un si bel effet, peut aussi servir à la 
décoration des serres chaudes et tempérées, où elle 
fleurit une partie de l’année en la soignant conve- 
nablement. Cette espèce, encore peu répandue, se 
multiplie de graines ou de boutures, qu'il faut tou- 
jours empêcher de fleurir la première année, et 
rentrer dans les serres pendant la mauvaise saison: 
Lorsqu'elle a pris le développement que l’on dé- 


. 567 

sire, 1} faut , après la floraison , avoir soin de la ra- 
battre en coupant l'extrémité de ses branches su- 
périeures , afin de la rendre plus rameuse, de Ja 
faire fleurir davantage, et de lui assurer une exis- 
tence plus longue. J'ai vu des individus qui, n'ayant 
pas été rabattus aussi sévèrement que je viens de 
le dire, se sont élevés de quatre à six pieds. 

La ketmie d'Italie, //ibiscus trionum, Lin., an- 
nuelle comme la précédente, avec laquelle elle a 
quelque analogie par son port et ses fleurs quoique 
moins brillantes et moins grandes, donne les 
mêmes résultats en la soumettant à la même cul- 
ture. 

Le senecon élégant ou d'Afrique, Senecio elegans, 
Lix., originaire du Cap- ché Tail ph, est 
encore une plante annuelle dont on s’empressa de 
multiplier de boutures la variété à fleurs doubles ; 
celles-ci , rentrées en serre tempérée pendant l’hi- 
ver, ont formé aussi de petits arbustes ou des touf- 
fes comme plantes vivaces, selon les soins qu’on 
leur a donnés. Cette variété est remarquable par 
ses jolies fleurs de couleur violet foncé en co- 
rymbe, et dont la dimension est souvent égale à 
celle des fleurs de paquerette, Bellis perennis, Lan. 
Plustard on en a obtenu une seconde variété à fleurs 
doubles d’un blanc violacé, qui se comporte de 
même en lui donnant une culture pareille. 

L’anthémis à trois lobes , Ænthemis triloba , 
OrTEGa , DEcanp., plante vivace, originaire du 
Mexique , que l'on peut cultiver comme plante an- 
nuelle dans les jardins botaniques, ainsi qu’on le 
fait pour les Ricinus (Ricin), et dont les pieds se- 
més chaque année donnent des graines en abon- 


368 
dance, peut également former un sous-arbrisseau 
de deux à trois pieds en la rentrant en serre 
chaude ou bonne serre tempérée. 

L’agératoire à fleurs bleues, Ageratum cæru- 
leum, norT. par. À. Mexicanum, 8OT. MAG., jolie 
plante annuelle, originaire du Mexique, est sans 
contredit une des plus belles qui ornent nos parter- 
res depuis juillet jusqu'aux gelées. Elle forme 
des touffes charmantes qui, rentrées pendant l’h1- 
ver en serre tempérée , et traitées comme je lai 
dit plus haut, fleurissent toute l’année. Elle est pré- 
férable pour l'ornement, à cause de sa prodigieuse 
floraison, à l’Æperaium cælestinum, espèce ligneuse 
depuis long-temps cultivée dans nos serres et Jar- 
dins, quoique les fleurs de cette dernière soient plus 
grandes. 

La cassinie remarquable, Cassinia spectabilis , 
BOT. REG. Calea spectabilis, Lagiz., plante bis- 
annuelle et quelquefois trisannuelle, originaire 
de la Nouvelle-Hollande, introduite depuis quelques 
années dans nos cultures, forme un arbre de six à 
sept pieds, lorsqu'on a soin de supprimer ses gran- 
des panicules de fleurs lors de leur développement, 
pendant les premières années. 

L’onagre commun, CEnothera biennis, Lan. , 
plante bisannuelle indigène , peut former un sous- 
arbrisseau de plusieurs pieds, pourvu qu’elle soit 
traitée comme les précédentes et rentrée en serre 
tempérée pendant l'hiver. Il en est de même de 
l'onagre à grandes fleurs, O£nothera grandiflora, 
Wuzo., plante bisannuelle de l'Amérique septen- 
trionale , de l’onagre à feuille de saule, OEnothera 
salicifolia, mort. PAR. , également bisannuelle et 


369 


du même pays, et de quelques autres espèces du 
senre, Ainsi converties en plantes ligneuses, elles 
vivent plusieurs années. 

Les mêmes résultats peuvent être obtenus à l’é- 
gard de beaucoup d'espèces de la famille des malva- 
cées, et particulièrement dans les genres Halva et 
Sida. Par exemple , la mauve crépue, Malva crispa, 
Lin., plante annuelle, originaire d'Orient, étant cul- 
tivée en pots, et rentrce en orangerie ou serre tem- 
pérée pendant la mauvaise saison, y forme un arbre 
de plusieurs pieds, et vit long-temps dans cet état. 

Le blé, 7riticum sativum, et ses variétés, sont sus- 
ceptibles de devenir vivaces, en empêchant la fruc- 
tification par le retranchement des épis au fur et à 
mesure de leur formation. 

Ces exemples suffisent , je pense, pour faire ap- 
précier l'inflüence d'une culture donnée sur la 
constitution et l'existence des végétaux. Un grand 
nombre de plantes annuelles et bisannuelles offri- 
raient les mêmes résultats si on leur appliquait 
les procédés de culture dont je viens de parler. Car 
celles que j'ai mentionnées plus haut ne possèdent 
l'avantage d'être devenues ligneuses ou vivaces 
que parce que la beauté de leurs fleurs, ou simple- 
ment le caprice, les a fait rechercher des amateurs, 
dont les demandes ont été pour les horticulteurs 
un motif puissant d’'émulation qui leur a fait diri- 
ger tous les efforts de leur intelligence vers le per- 
fectionnement de ces espèces privilégiées. 

Il est encore un autre moyen qui donne des pro- 
duits analogues , dont toutefois on ne tire parti que 
depuis peu de temps; je veux parler de la grefle en 
approche , en fente , en couronne et herbacée. 

SEPTEMBRE 1836. 24 


370 

Le liseron pourpre ou volubilis, Zpomæa purpu- 
rea , Lam. , greffé par approche à la hauteur d’un 
pied sur une branche de patate rouge comestible , 
Convoloulus batatas, Lin, a depuis 1831, époque 
de l'opération, poussé plusieurs branches qui chaque 
année produisent des fleurs en abondance. Cultivé 
en pot, il est devenu presque ligneux, et se con- 
serve en le rentrant chaque hiver dans une serre 
chaude. 

La patate, au contraire, grelfée sur une tige de 
liseron, a rendu ce dernier vivace depuis trois ans, 
et sa tige a acquis plus que la grosseur d'une plume. 
On espérait par ce moyen hâter la floraison de la 
patate, qui jusqu'à ce jour se montre avare de 
fleurs ; mais si l'expérience n’a pas réalisé cet es- 
poir, son résultat n’est pas moins intéressant. 

La greffe herbacée ou 4 la T'schudy, dont on fait 
aujourd'hui de si heureuses applications, fournit 
aussi quelques exemples remarquables. La tomate, 
Lycopersicum esculentum, NurrTar., et beaucoup 
d’autres solanées annuelles, peuvent vivre très-long- 
temps en les greffant en herbe sur des espèces li- 
gneuses du même genre , et même sur des tiges de 
pommes de terre, pourvu que les individus soient 
tenus l'hiver dans la serre chaude. 

Les différens tabacs annuels peuvent être greffés 
sur la nicotiane à feuilles glauques, ÂVicotiana 
glauca, dont nous avons donné la figure page 149 
de ces Annales, année 1833-1834. Cette espèce, 
qui est ligneuse, est la plus convenable pour servir 
de sujet. Toutes les greffes reprennent bien, quel 
que soit le procédé, en fente ou en couronne, et 
peuvent y vivre long-temps. Cette plante est en 


371 

effet fort rustique, et a plusieurs fois déjà résisté 
à un froid de 7 à 6 degrés, tandis que les autres 
gèlent souvent à une température d’un degré sous o. 
Il faut dans le cas présent la cultiver en pot, afin 
de la rentrer dans la serre pendant l'hiver. Il est 
nécessaire aussi de supprimer les premières fleurs 
qui apparaissent, et même de pincer l'extrémité 
des rameaux développés par la greffe, afin de lui 
faire acquérir plus de force et plus de ramifica- 
tions. 

On réussit de même en greffant sur le tabac 
commun, /Vcotiana tabacurm, Lan.; mais l’autre 
espèce est préférable. 

Les genres voisins, comme Petunia, Nierember- 
gta , etc., greffés sur les deux espèces indiquées 
précédemment, deviennent également vivaces et 
ligneux. 

L'œillet des fleuristes, Dianthus caryophyllus , 
Lan. , et mieux l'œillet de bois, Dianthus lignosus, 
Horr. , sont, par leurs tiges boisées, très-convena- 
bles pour recevoir la greffe de plusieurs espèces du 
même genre vivaces et bisannuelles, telles que 
l’œillet de Chine , Dianthus Sinensis , Lan., et ses 
variétés; l'œillet de poète, Dianthus barbatus, Law.; 
la mignardise des jardins, Dianthus moscatus, ete. 
Il faut, bien entendu, rentrer pendant l'hiver les 
pieds greffes en serre tempérée. 

On pourrait penser, par ce qui précède, que 
c'est principalement sur les plantes exotiques que 
les essais réussissent le mieux; mais il n’en est 
rien ; nos végétaux indigènes peuvent produire le 
même effet, et je répèterai encore qu'un grand 
nombre d'applications plus où moins curieuses 


372 
peuvent être faites de ces divers procédés, qui jus- 
qu'alors n’ont été mis en usage qu'a l'égard des 
plantes qui ont plus particulièrement fixé l'attention 
des fleuristes. Pépin. 


Rose DE Harpy. Rosa Hardi. ( Voyez la planche. ) 


Petit arbrisseau s’élevant à deux pieds environ ; 
rameaux étalés, grêles , flexibles, rougeûtres, 
coudés , légèrement velus, armés à linsertion de 
chaque pétiole de deux aiguillons géminés et d'un 
troisième en dessous formant le triangle, rarement 
disposés sur la même ligne, et quelquefois deux ou 
quatre. 

Feuilles composées de 5-7 folioles , lancéolées, 
petites , étroites, à dents aiguës, assez souvent de 
forme irrégulière , rarement opposées ; la terminale 
généralement bilobée ou trilobée. Quelquefois trois 
folioles partent du même point , rarement une seule, 
qui paraît néanmoins trifoliée, à cause de sa stipule 
bifoliée. La nervure de la feuille est garnie en des- 
sous de trois à quatre petits aiguillons aigus. La 
couleur du feuillage est d’un vert foncé. 

Fleurs nombreuses, simples, plus grandes que 
celles du Perberidifolia, à pétales d’un jaune doré 
dont l'onglet est couvert d’une macule purpurine 
plus grande que dans les fleurs du précédent ro- 
sier. Ces fleurs, qui s'ouvrent parfaitement bien, 
sont quelquefois réunies par deux ou trois, mais 
le plus souvent solitaires. Le pédoncule est court 
et légèrement velu , le calice sphérique et hérissé 
de petits aiguillons droits assez nombreux. Les éta- 
mines sont en grand nombre et d’un beau jaune, un 
peu plus clair que celui des pétales. 


PL.HG 


ROSE DE HARDY 


Rosa Hardn 


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373 

Cette rose intéressante, obtenue au Luxembourg, 
par notre collègue M. Hardy, du Clinophylla et 
du Perberidifolia, sera d'une culture facile. Elle 
remplacera avec avantage la Perberidifolia , sur 
laquelle elle l'emporte par une plus grande dimen- 
sion, une floraison plus nombreuse et plus parfaite, 
un port plus gracieux et un feuillage plus élégant. 
Elle est en multiplication dans notre établisse- 
ment, où on la trouve exclusivement; et nous pour- 
rons la livrer dans quelque temps au prix de 25 fr. 
Les amateurs qui désireraient l’acquérir sont priés 
de nous adresser leur demande à l'avance, les ex- 

péditions devant se faire toutes à la fois (1). 

Ces frères, 


Pépiniéristes, chaussée du Maine, 
à Montrouge, banlieue de Paris. 


Rose Arcaipuc CnarLes. Arbrisseau d'une végé- 
talion ordinaire, à rameaux droits, lisses, armés 
d’un petit nombre d’aiguillons égaux, dilatés à leur 
base , rougeâtres et courbés. Feuilles composées de 
trois et plus souvent cinq folioles un peu lancéolées , 
d’un vert foncé et à dentelures régulières et rou- 
geâtres. Fleurs nombreuses , doubles , de moyenne 
grandeur, disposées en corymbe, d’une forme ré- 
gulière, imitant la coupe. Les pétales sont d'un 
rose très-vif et brillant. Le tube du calice est glabre, 
et le pédoncule garni de petits poils glanduleux. 
Cette charmante variété de Bengale, qui fleurit 


(1) Quelques botanistes ont fait sous le nom de Lowea un 
genre de la rose Zerberidifolia ; nous n’avons pas cru devoir 
l’adopter pour la rose Hardy. 


374 


beaucoup et a un aspect trèes-agréable, se trouve 
dans la collection de roses de madame veuve Syi- 
vain. Haroy. 


Anormalie observee sur un roster mousseux. 


il y a deux ans, j'ai cité, dans les Annales de 
flore, un accident produit sur la rose mousseuse 
prolifère, lequel m'a procuré une variété nouvelle 
de cent-feuilles. La même chose vient de se renou- 
veler sur la mousseuse ordinaire. J'avais planté 
deux de ces rosiers au pied d’un mur au midi; au 
mois de septembre 1835, deux drageons sorti- 
rent de terre, à la hauteur d'environ six pouces; 
l'hiver suspendit leur végétation, mais ne fit pas 
tomber leurs feuilles, qu'ils conservèrent pendant 
toute la mauvaise saison. Au printemps, leur crois- 
sance continua au point que l’un des deux, qui est 
bien une mousseuse, a acquis trois pieds de hau- 
teur. L'autre, qui se trouve terminé par un bouquet 
de cinq fleurs, est une véritable cent-feuilles ordi- 
naire, entièrement dépourvue de mousse. Ce fait 
me confirme dans l’idée que la mousseuse ordinaire 
n’est qu'un accident trouvé sur la cent-feuilles, et 
qu'elle a toujours une propension à retourner au 
type. Duva, horticulteur à Chaville. 


ÉRIGÉRON usSE, Erigeron glabellum, Nurraz. Belle 
plante vivace à racine fibreuse ; feuilles en touffes 
sessiles ; les radicales longues de trois à quatre pou- 
ces, ovales, arrondies à l'extrémité, à nervures sail- 
lantes sur la face, dentées très-finement sur les 


375 

bords, et à pétiole à caunelure supérieure se pro- 
longeant sur la nervure médiane; les caulinaires 
plus courtes , lancéolées et ciliées. Les tiges nais- 
santes ont leur extrémité penchée et sont nuancées 
de violet purpurin. Elles sont hautes de huit à 
douze pouces lors de leur entier développement , 
et quelquefois plus. Elles sont un peu flexueuses, 
anguleuses et velues, et portent plusieurs rameaux 
alternes qui se ramifient encore à leur sommet, et, 
se réunissant tous à la même hauteur, forment une 
sorte de corymbe très-agréable. Chacun de ces ra- 
meaux est terminé par une fleur. 

Les fieurs sont grandes, un pouce environ de 
diamètre , radiées, composées de fleurons jaunes 
au centre et d’un grand nombre de ligules ou rayons 
linéaires et subulés à la circonférence. Ils sont de 
couleur violet clair. 

Cette belle plante, originaire de l'Amérique sep- 
tentrionale , fut envoyée au Jardin des Plantes de 
Paris en 1832, par la Société horticulturale de 
Londres. Elle est très-rustique , et d’un joli effet par 
ses toulfes régulières et ses nombreuses fleurs, qui 
s’'épanouissent depuis le commencement de mai 
jusqu'au 15 ou 20 de juillet. 

- On la multiplie facilement par l'éclat de son pied: 
cette opération est rigoureusement nécessaire tous 
les deux ou trois ans pour avoir de belles fleurs ; 
car cette plante est susceptible de se détruire par le 
centre de sa touffe, si on la laisse devenir trop 
forte. On la multiplie aussi par ses graines, dont on 
repique ensuite le plant , qui forme de belles touffes 
la première année, et fleurit seulement l’année 
suivante , mais en abondance. Elle croît à toute 


576 
exposition et n'a besoin que de peu d’arrosemens. 


On la trouve cultivée dans quelques établissemens 
de Paris. PÉpix. 


SILÈNE A TROIS NERVURES, SYene trinervia, Maury. 
FI. Rom. 152. Dec. Prod. 1. 393. 


« Tiges droites, d'un à deux pieds, velues, non 
visqueuses, grêles, rameuses; feuilles linéaires, lan- 
céolées, ciliées à leur base, marquées de trois ner- 
vures ; fleurs terminales, unilatérales comme dans 
beaucoup d'espèces de ce genre, solitaires, légère- 
ment pédonculées; calice en imassue, hispide, à 
dix stries roussâtres, sur lesquelles se trouvent 
deux rangées de poils transparens, articulés et 1m- 
briqués; pétales légèrement bifides, munis d'un 
appendice en couronne. 

« Cette plante annuelle, qui croît en Sicile, aux 
environs de Rome, et sur les côtes de Barbarie, se 
recommande par l'abondance de ses fleurs d’un rose 
vif, ressemblant un peu à celles du Sz/ene bipartita, 
Desr. Mais cette espèce a l'avantage de se tenir plus 
droite, d'avoir des fleurs constamment ouvertes, 
qui durent très-long-temps et offrent un aspect 
très-agréable. 

« On la sème au printemps, en place et par touffes, 
dans les plates-bandes , ou en rayon pour bordure.» 

La note ci-dessus nous a été adressée par M. Do- 
vergne, pharmacien à Hesdin , qui s'occupe de 
culture avec un zèle éclairé; et nous l'avons ac- 
cueillie avec empressement, la plante qui en fait 
l'objet étant effectivement fort digne de lattention 
des amateurs. P£Érin. 


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MIMULE CARDINAL 


Mimulus Cardinalis 


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ORANGERIE. 


Mimuce CARDINAL, Méimulus cardinalis. Horr. PAR. 
(Voyez la planche, et pour les caractères généri- 
ques, page 105, Journal et Flore des jardins.) 


Cette plante nouvellement introduite en France, 
et que nous ne possédons que depuis le printemps 
dernier, paraît devoir occuper une place impor- 
tante parmi celles employées dans la décoration des 
jardins. Elle se montre vigoureuse et peu délicate, 
car le pied qui a fourni le modèle au dessinateur 
est cultivé en pot, et a cependant une hauteur de 
trois pieds ; et il est probable qu'en pleine terre il 
s’élèverait bien davantage. 

Tige herbacée, velue, d’un beau port, et se soute- 
nant bien sans tuteur. Feuilles opposées, ovales, lan- 
céolées, longues de 3 à 4 pouces, irrégulièrement 
dentées, sinuolées , courtement pétiolées et très- 
velues, à cinq nervures dont trois profondes ; elles 
exhalent une odeur musquée lorsqu'elles sont frois- 
sées entre les doigts. Fleurs portées sur un pédon- 
cule axillaire long d'environ deux pouces, cylin- 
drique et velu; calice anguleux à cinq divisions 
peu profondes, velu et linéé de stries pourpre 
foncé; corolle monopétale tubulée à deux lèvres, 
la supérieure bilobée, l’inférieure trilobée; le 
limbe est d’un beau rouge vif en dedans, et d'un 
jaune rougeûtre à l'extérieur ; à l'entrée du tube le 
rouge est remplacé par un beau jaune marqué de 
raies d’un pourpre brillant qui s'étendent de chaque 
côté du tube à la commissure des lèvres ; les bords 
de chaque côté des deux lèvres un peu roulés l’un 
sur l’autre; le limbe des lèvres un peu velu à l'en- 


378 
trée du tube. Fruit capsulaire à deux loges ; un 
réceptacle central marginé dans son contour, tenant 
lieu d’une cloison, chargé des deux côtés de se- 
mences nombreuses et petites. Les quatre étamines 
ont les filets jaune pâle et les anthères blanches ; le 
style est saillant et le stigmate bilabié, blanc. 

Cette plante, que je crois originaire du Chili, peut 
se multiplier facilement de boutures, mais mieux 
de graines; je pense qu’on pourra la cultiver en 
pleine terre substantielle et légère, en ayant soin 
de semer à froid à l'automne et au printemps de 
bonne heure. NEUMANN. 


SERRE CHAUDE. 
POINCIANA. Lin. Décandrie monogynie, Lin. 


Bauhinées. DEcan». 


Caractères génériques. Galice à cinq divisions, 
l'inférieure plus grande; cinq pétales onguiculés 
plus grands que le calice, dont quatre égaux plus 
petits que le cinquième; dix étamines libres, lon- 
gues, courbées, velues à la base ; anthères oblongues 
et vacillantes ; ovaire oblong , pédicellé ; style long, 
stigmate infundibuliforme ; légume oblong, com- 
primé, plane, bivalve , polysperme. 


PornaiLLaDE DE GiLuies, Poinciana Gilliesii, W ALL 
et Hook. Bot. Misc. vol. 1, page 129, tab. 34. 
( Voyez la planche. ) 


M. Tripet, grainier fleuriste et pépimériste, 
boulevart des Capucines, n° 13, à Paris, ayant eu la 
complaisance de nous prévenir qu'il possédait cet 
arbrisseau intéressant en fleurs , nous nous sommes 
empressés d'en faire peindre la figure que nous 


PL4S 


POINCILLIADE DE GILLIES 


Poinciana Gilhesu 


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er 
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379 
joignons ici. Cet habile cultivateur a bien voulu 
aussi nous donner sur ce végétal rare et curieux la 
note suivante , que nous transcrivons littéralement. 

« Des graines de cet arbrisseau m'ont été envoyées 
sans nom, de Buenos-Âvyres, en 1830; semées de 
suite en pot et traitées comme plante de serre tem- 
pérée, elles ont bien levé; mais cultivées ensuite 
peut-être trop négligemment, j'en ai perdu quelques 
pieds; des sept ou huit qui me restèrent, le plus 
grand a aujourd'hui cinq pieds de hauteur, et a 
fleuri en juillet dernier pour la première fois. Alors, 
jai reconnu que c'était une plante méritante, et 
qu’elle était digne d’être multipliée, d’entrer dans 
le commerce, et d'être signalée aux amateurs. 

« C'est un arbrisseau à tige droite, moyennement 
rameuse , et que, par le moyen de la taille, on peut 
élever en baliveau, en quenouille et en tête. Parmi 
les jeunes rameaux, qui tous sont efilés, verts et 
un peu anguleux , les uns sont presque nus, tandis 
que d'autres sont sensiblement munis de deux sor- 
tes de poils; c’est-à-dire qu'il y en a de simples, 
blancs , divergens, assez fins, et d’autres plus gros, 
plus courts, roux, terminés en tête globuleuse lé- 
sèrement visqueuse, et munis latéralement de ra- 
mifications blanches et semblables aux autres poils. 

« Les feuilles, élégantes, légères et d’un vert gai, 
rappellent par leur aspect la nombreuse famille des 
acacias; elles sont bipennées; leur pétiole com- 
mun est long de six à huit pouces, muni cà et là de 
quelques poils courts glanduleux , et supporte de 
huit à douze pétioles secondaires , tantôt opposés el 
tantôt alternes , longs de quinze à dix-huit lignes, 
et supportant de huit à douze paires de folioles 


LU 


3580 

oblongues, arrondies au sommet et à la base, lon- 
gues de quatre lignes et larges d’une ligne et demie, 
entières , d’un vert gai en dessus, lésèrement glau- 
que en dessous, et munies de ce côté de quatre à dix 
points noirs près du bord extérieur, et d’un nom- 
bre toujours moins grand de mêmes points près du 
bord intérieur. 

À l'insertion d’un pétiole commun sont deux 
stipules lancéolées, marcescentes , roussâtres, lon- 
gues de trois lignes et bordées de longs cils. 

« Les fleurs naissent en grappe simple et termi- 
nale , et sont de six à dix sur chaque grappe; le 
pédoncule commun est gros, droit, glanduleux, 
long de deux à trois pouces ; chaque fleur est alterne, 
pédicellée, ouverte en tulipe, large de deux pou- 
ces , jaune , avec de tres-longues étamines pourpre 
foncé qui forment une aigrette arquée et ascen- 
dante de la plus grande élégance. Voici la compo- 
sition de la seule fleur qu'il m'’ait été possible d’exa- 
miner : 1° pédicelle long d’un pouce et glanduleux ; 
2° calice tubuleux, divisé à sa gorge en cinq folioles 
très-minces, vert pâle , subcunéiformes , ciliées au 
sommet, l’une d'elles plus grande, plus concave, 
pétaloïde en partie ; 3° cinq pétales insérés à l'ori- 
fice du tube calicinal, jaunes, figurés en coin, 
l'un d'eux plus grand que les autres ; 4° dix étami- 
nes libres , insérées au même lieu que les pétales, 
et dont les filets élargis et velus à la base sont d’un 
pourpre foncé , arqués, ascendans, longs de trois 
pouces six lignes et terminés par des anthères ova- 
les, courtes, insérées en travers; 5° un ovaire sti- 
pité, oblong, subfalciforme, pubescent, surmonté 
d'un style “a la longueur et de la couleur des éta- 


381 


mines, et terminé par un stigmate infundibuli- 
forme. Le fruit ne m'est pas encore connu. 

« Outre le lieu indiqué ci-dessus, ce bel arbris- 
seau a encore été trouvé à Mendoza par M. Gillies, 
et au Chili par M. Bertero. On devine alors qu'il 
n'exige pas une serre trés-chaude chez nous, et qu’un 
bon conservatoire doit lui suffire pendant l'hiver. Je 
le multiplie de bouture avec du bois de deux ans, 
et puis en fournir quelques pieds aux amateurs. » 


Nota. I serait possible que le dessin ci-joint ne représentât 
pas exactement l'aspect de la fleur bien épanouie, parce 
qu’elle commençait à se faner quand elle est arrivée sous les 
yeux du peintre. 

Nous ajouterons à l’article de M. Tripet que le 
genre Pornciana a été créé en l'honneur de M. de 
Poincy, gouverneur-général des Antilles, qui le 
premier fit connaître le Poinciana pulcherrima, 
joli arbrisseau de serre chaude, maintenant cultivé 
dans les jardins de la France, et dont nous pouvons 
citer un pied fort remarquable chez M. Maciet, 
ancien notaire à Meaux. Pendant la floraison il ta- 
pisse de la manière la plus élégante, par ses jolies 
fleurs rouges et jaunes, les murs de la serre de cet 
amateur distingué. Doverce. 


NOUVELLES. 


Cou coLossaz toujours vert de la Nouvelle- 


Zélande. 


Les journaux de la capitale annoncent depuis 
plusieurs jours cette nouvelle espece, dont une seule 
graine se vend 1 fr!!! Cest, dit-on, un chou 
vert gigantesque qui s'élève constamment *de 9 à 

® ’ ? , 
15 pieds. Je présume fortement que ce n’est qu'une 


382 


spéculation tentée sur l'empressement que montrent 
un grand nombre de cultivateurs à enrichir la 
France d’un végétal qu'ils croient utile ; et que ce 
fameux chou n’est autre que notre chou cavalier. 
En effet, celui-ci, cultivé avec soin dans une terre 
forte, substantielle, humide et convenablement 
fumée, donne des produits très-remarquables, et 
l’un de nous en a vu à Puteaux d’une élévation de 
quatorze pieds. 

On peut se rappeler qu'il y a quelques années 
il fut fait grand bruit du chou arbre de Laponie 
préconisé par feu Madiot, directeur de la pépinière 
de l’Observance à Lyon. Eh bien ! ce chou si vanté, 
et auquel rien ne pouvait être comparable, n’est 
plus aujourd'hui et depuis long-temps que notre 
chou cavalier. 

Nous ne connaissons encore à Paris que des 
graines du chou colossal, et l’on sait qu’on ne peut 
tirer aucune lumiere de la comparaison des graines 
de brassica; car elles n'offrent pas de caractères 
suffisans pour distinguer les variétés. Mais notre 
collègue M. Lecointre, se trouvant dernièrement 
à Londres, a vu dans Covent-Garden deux pieds 
vivans de ce chou. Un pépimiériste anglais dont 
je tairai le nom, et qui l'accompagnait, lui de- 
manda à dessein à quelle variété il rapportait ce 
végétal, et notre collègue ayant nommé le chou 
cavalier, son compagnon lapprouva positivement; 
ce qui prouve en passant que tous les pépiniéristes 
anglais ne sont pas complices de cette mystification. 

C'est donc pour mettre les consommateurs en 
garde côntre les erreurs de bonne foi ou intéressées 
que je publie cette note. Ce ne sont pas quelques 


383 
pièces de cinq francs prélevées sur la crédulité des 
cultivateurs qui forment ici le plus grand inconvé- 
nient; mais les personnes trompées se dégoûtent 
des innovations , et les meilleures choses ensuite 
cessent d’être adoptées, tant devient grande la 
crainte d'être dupe. Et comment en serait-il au- 
trement quand le charlatanisme pénètre partout? 
N'a-t-on pas vu à Paris vendre du cerfeuil musqué 
pour l’arracacha si vanté , et dont la réputation s'est 
évanoule en fumée, etc., etc. ? Au reste, je dirai en 
terminant que la mystification dont je m'occupe est 
tout-à-fait anglaise, et que, jusqu'à présent, le 
commerce francais n'y est pour rien. DovErGE. 


Depuis six ans nos jardins se sont enrichis d’un 
assez grand nombre de plantes d'ornement origi- 
naires du Chili et de la Californie. Parmi elles plu- 
sieurs se sont parfaitement acclimatées, et ont 
donné des variétés à fleurs doubles ou de couleurs 
différentes. Je vais en citer quelques-unes. 

Le Gilia capitata, Bot. mac., plante annuelle à 
fleurs bleues , a, depuis l’année dernière, donné une 
variété à fleurs d’un blanc pur. 

Le Gilia tricolor, figuré dans ces Annales, p. 363, 
année 1834-1835, a donné dans les semis faits cette 
année un assez grand nombre de pieds à fleurs 
d’un blanc pur ou plus ou moins verdâtre, et chez 
lesquelles ont disparu les couleurs jaune et violet 
fonce. 

Le Clarkia pulchella, Vursn., plante annuelle à 
fleurs d'un rose violacé, a donné plusieurs variétés 
de couleur, parmi lesquelles on remarque le violet 
pourpre, le violet clair, le blanc violacé et le blanc 


‘ 


384 


pur. Il a également donné l'année dernière plu- 
sieurs pieds à fleurs doubles. 

Le Clarkia elegans, figuré page 3 de ces Annales, 
année courante , a également fourni dans les semis 
de cette année plusieurs variétés de couleur. Je 
citerai notamment celles obtenues par M. Tripet, 
grainier - pépimiériste, boulevard des Capucines. 
Elles sont au nombre de trois, l'une d'un joli pour- 
pre clair , la seconde d’un rose carné , à laquelle il a 
donné le nom de Carnea, et la troisième, la plus re- 
marquable et la plus curieuse, à fleurs doubles blan- 
ches. 

L’Escholtzia Californica, Cuamisso, figuré p. 52 
du Journal et Flore des Jardins, aujourd'hui très- 
répandu, donne chaque année par le semis un 
grand nombre de fleurs doubles. 

Le Podolepis gracilis, figuré p. 154 de ces An- 
nales, année 1832-1833, produit chaque année 
dans les semis un certain nombre de pieds où la 
couleur rose est remplacée par le blanc pur; mais 
il n'a point encore doublé. : cette plante est origi- 
naire de la Nouvelle-Hollande. 

Il y a lieu d'espérer que ces contrées, qui se mon- 
trent riches en végétaux inconnus chez nous, nous 
enverront encore des nouveautés à la recherche 
desquelles de zélés voyageurs se sont voués. 

Pépin. 


MM. Cels frères, pépiniéristes à Montrouge, 
ayant fait il y a deux ans des semis assez considéra- 
bles du Strelitzia augusta , du Laurus persea (avo- 
catier }, et du Pandanus utilis (vacoua), sont en 
position de livrer aux amateurs ces jolies plantes à 
un prix très-modéré. DoverGe. 


TABLE 
FRANÇAISE ET LATINE 


DES PLANTES 


GRAVÉES DANS LES ANNALES DE FLORE ET DE POMONE. 


année 1835-1836. 


Abricot des dames. 
| Prune de Lamotte. 


. Galarde aristée. 
. Watsonie à fleurs d’alétris. 


Galane élégante. 


. Poire goulu morceau. 

. Pélégrine à poils rares. 

. Lin à feuilles nervées. 

. Verveine à feuilles veinées. 
. Fève à fleurs noirîtres. 


. Pélargonier de Gouvart. 

. Watsonie à fleurs droites. 
. Crinole à feuilles rudes. 

. Clarkie agréable, 

. Poly 
. Lapeyrouzieà grandes fleurs. 
. Xanthochime teinturier. 

. Hunnemannie à feuilles de 


gala à feuilles en cœur. 


fumeterre. 


. Boronie à feuilles pinnées. 

. Calcéolaire bleuûitre. 

. Niérembergie intermédiaire. 
. Capucine tricolore. 

. Pourpier de Gillies. 

. Echevérie rameuse. 

. Gesnérie brillante. 

. Campanule hérissée. 

. Grenadille soyeuse. 

. Chilopside à feuilles de sau- 


le. 


s. Balisier élevé. 


SEPTEMBRE 1930. 


Pages 
RO RE 0 RE 1i 
De tn PME PAP a Er 13 
Galardia aristata. 16 
Watsonia aletroïdes. 28 
Chelone speciosa. 29 
FN ROME DO PO TEE TR ss 
Alstræmeria hirtella. 49 
Linum nervosum. 54 
l’erbena venosa. 5G 
Faba vulgaris. Var : nigres- 
cens. 79 
Pelargonium Gouvarti. 86 
W'atsonia strictiflora. 88 
Crinum scabrur. 90 
Clarkia elegans. 111 
Polygala cordifolia. 119 
Lapeyrouzia grandiflora. 120 
Xanthochimus tinclorius. 126 


Hunnemannia  fumariæfc- 


dia. 151 
Boronia pinnata. 153 
Calceolaria cærulescens. 155 
Nierembergia intermedia. 156 
Tropæolum tricolorum. 186 
Portulacca Guilliesi. 187 
Eçheveria racemosa. 185$ 


Gesneria rulila. 189 


Campanula peregrina. 208 
Passiflora holosericea. 211 
Chilopsis saligna. 213 
Canna excelsa. 217 


b 
Qt 


386 


29. Scille de Cupani. 

30. Pélégrine gracieuse. 

31-32. Bilberghie à à feuilles fas- 
ciées. 

33. Silène serrée. 

34. Pélégrine dorée. 

35. Mozambé en arbre. 

36. Gesnérie éclatante. 

37. Némophile remarquable. 

38. Pimélée des bois. 

39. Stéphanotide à fleurs nom- 
breuses. 

40. Ketmie de Lindley 

41. Poire Williams. 

42, Lachnée purpurine. 

43-44. Thoka des Birmans. 

45. Rosage à fleurs de jacinthe. 


46. Rose de Hardy. 


47. Mimule cardinal. 
48. Poincillade de Gillies. 


Nora. 


En faisant relier ce Journal, 


Pages 

Scilla Cupaniana. 2458 
Alstræmeria pulchella. 249 
Bilberghia fasciata. 250 
Silene compacta. 260 
Alstræmeria aurantiaca. 2173 
Cleome arborea. 314 
Gesnerta atro-sanguinea. 275 
Nemoplhila insignis. 805 
Pimelea silvestris. 309 
Stephanotis floribunda. 311 
Hibiscus Lindleii. 312 
ANDRE CMENEEMES PPS D 174 
Dane purpurea. 336 
Amherstia nobilis. 840 


Rhododendron Ponticum. Var. : 


hyacinthiflorum. 352 
Rosa Hardii. 372 
Mimulus cardinalis. a 
Poinciana Gilliesir. 378 


on réunira toutes les planches à la 


fin du volume et dans l'ordre ei-dessus, ou l'on placera chacune d'elles 


eu regard de là page indiquée. 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS LES ANNALES DE FLORE ET DE POMONE. 


1835-1836. 
D >) CR 
Pages 
Abies. 322 ques arbres et arbustes. 
Abricot des dames. 11 Arbres fruitiers ( quelques 
Acacia hispidula. 192 observations sur l’ébour- 
AlstrϾmeria aurantiaca. 273 geonnement des). 
— Hirtella, 49  Asperges(culture forcée des) 
— Psittacina. 141  Artichauts. Observationssur 
— Pulchella. 249 le moyen de les faire gros- 
— Tricolor. 142 sir, 
Amary llis bellaaona. Var. : Arlocarpus incisa. 
mutabilis, 26 Avis. 


A Messieurs les souscrip- 
teurs 

A Messieurs les rédacteurs 
des Annales de Flore et 
de Pomone. 

Amherstia nobilis. 

Amygdalus nana (observa- 
tions sur l’). 

Ananas bracteata. 

Ananas (exemple de fécon- 
dité d’un ). 

Andromeda buxifolia. 

Anémones (culture des). 

Anthirrinum reflexum. 

Anthyllis hermannie. 

Arbre à pain. 

Arbres qui résistent à la sé- 
cheresse. 

—D’alignement (observa- 
tions sur les), 

— Sur leur croissance. 

— Piantation d’arbres verts 
en Champagne. 

— Sur les espèces qui con- 
viennent le mieux aux 
marais. 

— Seconde floraison de quel- 


l 
236 
350 


360 
91 


Auvens ou chaperons mobi- 
les. 

Balisier élevé. 

Baromètre. 

Belle de nuit. 

Benihamia fragifera. 

Bilberghia fasciata. 

Boronia pinnata. 

Prugmansia bicotor. 


Brûlure (sur la maladieappe- 


lée). 
Budleia mexicana. 
Bugainvillea spectabilis. 
,Cactées (extrait d’une lettre 
sur les). 
Calceolaria cærulescens. 
Campanula peregrina. 
Camuzer.Note sur le raphio- 
lepis salivifolia. 
—Poire beurré Bosc. 
—Amygdalus nana (obser- 
vations sur l). 
Canna excelsa. 
Capucine à cinq feuilles. 
— Tricolore 
Cecs frères. Crinole gigantes- 
que. 


Pages 


235 


293 


388 


Pages 

Cezs frères. Sterculie mo- 
nosperme. 31 
—Pélégrine dorée. 273 
—Jaquier incisé. 276 
—Tgname ailé. 281 
— Magnolia glauca arborea. 282 
—Deutzie à feuilles rudes. 302 
—Rose de Hardy. 372 
—Rosageä fleurs de jacinthe. 362 
Cereus senilis. 96 
—Squamulosus. 125 


Chauffage des serres par les 


calorifères à air. 57 
Cheione speciosa. 29 
Chilopsis saligna. 213 
Chou colossal toujours vert 

de la Nouvelle-Zélande. 381 
Cierge à petites écailles. 125 
Citronnier (Boutures-greffes 

du). 124 
Clarkia elegans 111 

— Variétés. 384 

— Pulchella. Variétés. ibid. 
Cleome arborea. 314 

— Speciosa. 274 
Clianthus puniceus. 95 
Coignassier de la Chine. 267 
Collomia coccinea. 185 
Coreopsis tinctoria. Var. : 

atropurpurea. 250 
Corrus nepalensis. 94 
Crinum giganteun. 80 

— Scabrum. 91 
Cydonia sinensis. 267 


Dazeret. Des auvens ou cha- 
perons mobiles. 6 
— Observations sur les ar- 


bres d’alignement 65 
— Poire Williams. 332 
Daphne lutetiana. 253 
Datura rubra. 94 
Deutzia scabra. 308 
Dianthus pulchellus. 128 
Dioscorea alata. 281 
Doverce. Extrait d’unelettre 

sur la pomme de terre de 

Rohan. 33 et 104 
—Chauffage des serres par 

les calorifères à air. 57 


Doverce. Sur la maladie ap- 
pelée brülure. 

—Sur la croissance des ar- 
bres. 

—Extrait d’une lettre sur la 
culture du melon. 

— Note sur le quinoa. 

—Des thermomètres. 

—Notice sur les plantations 
d’arbres verts en Cham- 
pagne. 

—Espèces d’arbres qui con- 
viennent le mieux aux 
marais. 

— Des baromètres. 

—Note sur la lettre à Mes- 
sieurs les rédacteurs. : 
—Fructification du ginkgo 

biloba. 

—Prix pour Pextraction du 
sucre de betteraves. 

— Observation sur la culture 
des fèves. 

—Extrait d’une lettre sur 
un moyen d’obtenir des 
raisins tardifs. 

—Culture des anémones. 

—Traité- théorique et prati- 
que sur les semis et plan- 
tations. 

—Observations sur les arti- 
chauts. 

—Pivoines nouvelles. 

—Exposition florale à St- 
Omer. 

—Souscription au thoka des 
Birmans. 

— Instruction sur le procédé 
à suivre à la réception des 
végétaux. 

—Poincillade de Gillies. 

—Chou colossal. 

Duvaz. Rose madame Fur- 
tado. 

— Quelques idées sur les jar- 
dins d’agrément. 

—Rose général Lawoæstine. 

—Quelques observations sur 
les roses. 


254 


258 


258 


262 


254 


292 
315 


319 
352 
351 
378 
381 


14 


38 
112 


206 


389 


Pages 
Duvaz. Quelques observa- 
tions sur l’ébourgeonne- 
ment des arbres fruitiers. 295 


—Greffe propre à regarnir 
quelques arbres fruitiers. 
—Anomalie observée sur un 


303 


rosier mousseux. 374 
ÆEcheveria racemosa 188 
Entelea arbor2a. 211 
Epacris campanulata 191 

— Alba. ibid. 
Erigeron glabellum. 376 


Erythrina crista-galli (note 


sur la culture de F). 148 
Escholtzia californica. Va- 
riété à fleurs doubles. 384 
— Crocea. 318 
Euphorbia variegata. 159 
Exposition florale à Tou- 
louse. 71 
— À St-Omer. 319 
Fabavulgaris.Var.: nigres- 
cens. 79 
Fèves ( Observations sur la 
culture des ). 257 
Fräisiers (Observations sur 
les). 389 
Fuchsia mutabilis. 95 
Galane élégante. 29 
Galardia aristata. 16 
Gelée. Résultats de la gelée 
sur quelques arbres verts. 234 
Gesneria atro-Sanguinea. 275 
— Rutila. 189 
Gilia capitata, var. blanche. 383 
— tricolor, var. blan- 
che. ibid. 


Ginkgo biloba (note sur le). 147 
—(Fructification du). 240 
Gladiolus psittacinus. 247 
Greffe propre à regarnir 
quelques arbres fruitiers. 303 


— Du lilas sur frêne. 361 
Grenadille soyeuse. 211 
Groseillier. 113 
— Porte-cire. 254-306 
Gynandropsis Speciosa. 274 
Harpy. Roses. 51-146 


— Variétés de vignes bonnes 


à cultiver pour la ta- 
ble. 

—Rose archiduc Charles. 

Hibiscus Lindleii. 

Hibiscus mutabilis. Var. : 

Jlore pleno. 

Hunnemannia fumariæfo- 
lia. 

Humidité. Note sur l’humi- 
dité de l’hiver 1835-1836. 

Igname ailée. 

Instruction sur le procédé à 
suivre à la réception de 
végétaux venant de voya- 
ger, pour assurer leur re- 
prise. 

Jacques. Suite de la notice 
sur les phlox. 

—Watsonie à fleurs d’alé- 
tris. 

—Galane élégante. 

—Pélégrine à poils rares. 

—Roses. 

—Exposition florale à Tou- 
louse. 

—Pomme de terre de Rohan. 

—Fève à fleurs noirâtres. 

—Extrait d’une lettre sur 
les cactées. 

—Groseillier. 

—Xanthochime teinturier. 

—OEillet agréable. 

—Résumé  d’observations 
météorologiques. 

— Calcéolaire bleuître. 

—Euphorbe pauachée. 

—Gesnérie brillante. 

—Chilopside à feuilles de 
saule. 

—Balisier élevé. 

—Extrait d’une notice sur 
le nelumbium  specio- 

SUN. 

—Scille de Cupani. 

—Bilberghie à feuilles fas- 
ciées. 

— l’ancraisàlongues feuilles. 

—Daphné de Paris. 

— Groseiller porte-cire. 


Pages 


132-181-202 


373 
312 


86 


151 


282 
281 


Jacques. Silène serré 

—Mozambé remarquable. 

—Influence de l’humidité de 
l'hiver 1535-1836. 

—Mozambé en arbre. 

— Abies. 

Jacquin AINÉ. Abricot des da- 
mes. 

—Prune de Lamotte. 

— Verveine à feuilles vei- 
nées. 

—Pélargonier de Gouvart. 

—Lapeyrouzie à grandes 
fleurs. 

—Note sur la culture de 
lerythrina crista galli. 


—Boronie à feuilles pinnées. 
—Niérembergie  intermé- 
diaire, 


—Pélégrine gracieuse. 

—Pimélée des bois. 

—Lachnée purpurine. 

JacQuiIN 3euNE. Péléorine 
tricolore. 

—Capucine tricolore. 

—Pourpier de Gillies. 

—Némophile remarqua- 

ble. 
Jaquier incisé. 
Jardins d'agrément (quel- 
ques idées sur les). 
Jasione splendens. 
Kennedia nigricans. 
Ketmie à fleurs changeantes 
doubles. 

—de Lindley. 
Lachenalia pendula. 
Lachnea purpurea. 
Lapeyrouzia grandiflora. 
Lecoinrre. Sur quelques 

arbres qui résistent à 
la sécheresse. 

—Moyÿen de garantir les 

couches à melon des 
ravages des courtiliè- 
res. 

—Grenadille soyeuse. 

—Note sur le glaïeul 


à cinq feuilles. 
ibid. 


390 


Pages 
260 
274 


282 
314 
322 


11 
13 


56 
86 


120 


146 
154 


156 
249 
309 
336 


142 
186 
187 


305 
276 


38 
192 
95 


86 
312 
214 
336 
120 


42 


109 
211 


perroquet. 
—Observations sur les 
fraisiers. 

LÉémox. Amaryllis à fleurs 
changeantes. 

—Ketmie à fleurs chan- 
geantes. 

— Crinole à feuilles rudes. 

— Ananas à longues brac- 
tées. 

—Sparmannie 
d'Afrique. 

—Gesnérie éclatante, 

Leptosiphon androsaceus. 

Lin à feuilles nervées. 

Linaria reflexa. 

Linum nervosum. 

Linnanthus doug lasi. 

Magnolia glauca  arbo- 
r'ea. 

Marronnier nain. 

Melon (extrait d’une lettre 
sur la culture du) 

—Moyens de garantir les 
couches des ravages 
des courtilières. 

Minulus cardinalis. 

Mirabilis jatapa. 

Moyens de convertir les 
plantes annuelles en 
plantes vivaces et en 
plantes ligneuses, 

Mozambé en arbre. 

—remarquable. 

Nelumbiurm spectosum, 

Extrait d’une notice sur 
le ntlumbo, par M. Raf- 
feneau-Delille. 

Nemopenthes Anderson, 

Nemophila insignis. 

Neumanx. Boutures-greffes 
du citronnier. 


naine 


—Cierge à petites écailles. 


—Note sur le ginkgo bi- 
toba. 

—Echevérie rameuse, 

—Stéphanotide à fleurs 
nombreuses. 

—Ketmie de Lindley. 


Page“ 


248 


289 


311! 
312 


Neumann Nouvelles. 

—Bougainvillée remar- 

quabie. 

—Mimule cardinal. 
Wiere bergia intermedia 
Noiserre (Louis.) Polygala 

à feuilles en cœur. 
OEïillet agréable. 
Ognon de Cassellamar (cul- 

ture de P). 


Oxyura chirysanthemoides. 


Pancratium longifolium. 
Pandanus(note sur le). 
Passiflora holosericea. 


Pêcher greffé sur abricotier. 


Pelargonium Gouvarti. 
Pélégrine à poils rares. 

— dorée. 

— gracieuse. 

— perroquet. 

— tricolore. 
Pentstemon speciosum. 
Pépin. Galarde aristée. 

—Anthyllide d'Hermann 

—Lin à feuilles nervées. 

—Symphorine du Mexi- 

que. 

—Linaire réfléchie. 

—Phlox verna. 

—W atsonie à fleurs droi- 

tes. 

—Nouvelles. 

—Clarkie agréable. 

—Sur le puceron lani- 

gère. 

—Pélégrine - perroquet. 


—Notesurlessalpiglossis. 


—Hunnemannie à fleurs 
de fumeterre. 

—Collomie écarlate. 

— Nouvelles. 

—Acacia hispidula. 

—Campanule hérissée. 

—Entélée en arbre. 

—Lachénaleà fleurs pen- 
dantes. 

—Résultats de la gelée 
sur quelques AL 
verts. 


391 
Pages Pages 
318  Périx. Seconde floraison de 
quelques arbres et ar- 
337 bustes. 235 
877 —Note sur le mirabilis 
156 jalapa. 246 
—Coreopsis tinctoria.Var.: 
119 atro-purpurea. 250 
128 —Rose capucine double. 251 
—Vanille. ébid. 
358 —Coignassier de la Chi- 
319 ne. 267 
252 —Note sur le pandanus. 279 
279 — Pêcher greffé sur abri- 
211 cotier. 301 
301 —Groseillier porte-cire. 306 
TE —Observations sur quel- 
49 ques variétés de pœo- 
273 nia moutan. 317 
249 --Silène à trois nervu- 
141 res. 376 
142 —Erigéron lisse. 375 
29 —Moyens de convertir les 
16 plantes annuelles en 
25 plantes ligneusés et en 
54 plantes vivaces. 363 
—Nouvelles. 393 
80 Phlox suffruticosa (suite 
83 de la notice descrip- 
85 tive des variétés du). 
Phlox verna. 85 
88 Pimelea sylvestris. 309 
93 Pivoine bicolore. 316 
111 —prolifère. ibid. 
—à pétales ligulés. 317 
136 — Observations sur quel- 
141 ques variétés de la 
143 pæcnia moutan. ibid. 
Platistemon Californi- 
151 cum. 318 
185 Podolepis gracilis. Variété 
190 blanche. 384 
192 Poinciana Gilliesii. 378 
208 Poire beurré rose. 294 
111 — goula morceau. 36 
— Williams. 332 
214 Poxorny. Culture forcée des 
asperges. 4 
— Moyen de rajeunir une 
234 vieille vigne. 130 


5g2 
Pages | Pages 
Poxorwy. Exemple de fécon- Salpiglossis (Note sur les). 143 
dité d’un ananas. 158 Sapin. 322 
— Culture de l’ognon de Scilla Cupaniana. 248 
Cassellamar. 358 Scottea trapeziformis. 191 
Polygala cordifolia. 119 Silene compacta. 270 
Pomme de terre de Ro- — trinervia. 376 
han. 33-13-104 Sparmanniaafricana.Var.: 
Portulacca Gilliesii. 187 nana. 123 
Prix pour l'extraction du Stephanotis floribunda. 311. 
sucre de betterave. 254 Wierculia monosperma. 31 
Prune de Lamotte. 13 Symphoricarpos mexicana. 80 
Paceron lanigère (sur le). 136 Thermomètres. 161 
Quinoa ( Note sur le). 137 Thoka des Birmans. 340 
Raphiolepis salicifolia. 77 — Souscription ouverte 
Résumé d’observations mé- pour la lithographie de 
téorologiques faites à Vil- cette fleur. 351 
liers pour 1835. 129 Traité théorique et pratique 
Revue des genres de végé- sur les semis et planta- 
taux cultivés en France. 321 tions. 284 
Rhademachia incisa. 276 Tropæolum pentaphyllum. 187 
Rhododendron hyacinthiflo- — tricolorum. 186 
rum. 362 Vanille. 25 
Ribes. 113 VM'aisonia aletroïdes. 28 
— cereum. 254-306 — strictiflora. 88 
Rima. 276 V’erbena sulphurea. 95 
Rose madame Furtado. 14 — venosa. 56 
— thé duc d'Orléans. 51 Vigne. Moyen de rajeunir 
—thé triomphe du Luxem- une vieille vigne. 130 
bourg. 51 — Variétés bonnes à culti- 
— Noisette madame Jou- ver pour la table. 132-181- 
vain. 52 202 
— thé Emélie Diot. ibid. —Moyen d'obtenir des 
— perpétuelle de Neuilly. 53 raisins tardifs. 258 
— Duret. 84 — Moyen d’obtenir plu- 
— général Lavoæstine. 118 sieurs variétés de 
— Thé à fleur gigantes- raisin sur le même cep. 333 
que. 146 — Culture forcée en pots. 334 
— Bengale Clara. ibid. Urinxr. Poire goulu mor- 
— capucine ponceau dou- ceau. 36 
ble. 251 — Moyen d'obtenir plusieurs 
— de Hardy. 372 variétés de raisin sur le 
— archiduc Charles. 373 même cep. 333 
Roses ( Observations sur — Culture forcée de la vi- 
les). 206 gne en pots. 334 
— Anomalie observée sur — Marronnier nain. 359 
un rosier mousseux. 574 — Greffe du lilas sur frêne. 361 
Russelia juncea. 95 Xanthochimus tinctorius. 126 


FIN. 


(ii) io Lil 


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