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Full text of "La Belgique horticole : Journal des jardins"

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BELGIQUE HORTICOLE, 


JOURNAL DES JARDINS. 


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GIQUE  HORTICOL 


JOURNAL DES JARDINS, 


ose 


DES SERRES ET DES VERGERS, 


FONDÉ PAR 
Cu. MORREN, 
ET RÉDIGÉ PAR 


Épouarp MORREN, 


Docteur spécial en sciences botaniques, Docteur en sciences naturelles, Candidat en philosophie 
et lettres, professeur suppléant de botanique à l’université de Liége et chargé de la direction 
du jardin botanique, secrétaire de la Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique, 
Secrétaire de la société d'horticuliure de Liége, Membre de l’Académie impériale des curieux 
de la nature à léna, de la société Botanique de France, de la société des sciences naturelles de 
Strasbourg, de la société botanique d'Anvers, de la société industrielle d'Angers et du départe- 
ment de Maine et Loire, Membre honoraire ou correspondant des sociétés d’horticulture de 
Paris, de Berlin, de Turin, de St. Pétershourg, de 0e à Bruxelles, de Namur, d’Autun et 
de Trieste, 


TOME X. 


LIÉGE, 
LA DIRECTION GÉNÉRALE, RUE TROKAY, 24. 


1860. 


PRÉFACE. 


d a Belgique Horticole accomplit son jubilé 
Ÿ rs de dix ans; elle a commencé à paraitre 
_ au mois de juillet 1850, et cette publica- 
tion, qui n’a pas été interrompue un seul instant, 
a fourni dix forts volumes in-8°, véritable en- 
cyclopédie des sciences horticoles. Pendant cette 
période, des événements graves se sont passés : 
la mort de son fondateur lui a enlevé un savant 
distingué, un nom estimé partout, et une plume 
élégante. Cependant, le changement de rédaction s’est fait sans 
secousse : c’est que les principes qui avaient présidé à la fonda- 
tion de cette revue, sont restés invariablement les mêmes. La 
Belgique Horticole représente la science horticole, dans la meil- 
leure acception du mot; elle s'adresse à la classe la plus nom- 
breuse des floriculteurs et des pomologues : dégagée de tout 
intérêt particulier, elle ne cesse de représenter les véritables 
intérêts de la science : elle a un double but, faire connaitre à 
l'étranger l’état d’un art qui est en honneur dans notre pays et 
communiquer aux Belges le mouvement dont la culture des 
fleurs est l’objet à l'étranger : elle embrasse dans son cadre tout 
ce qui touche à l’horticulture : depuis la botanique descriptive, 
dogmatique ou expérimentale, jusqu’à la littérature et les arts 


qui se rapportent aux végétaux. Il suffit de jeter un coup-d’œil 
sur les tables méthodiques des matières, placées à la fin de 
chaque volume pour se convaincre que ce programme est con- 
venablement suivi. Aussi la Belgique Horticole ne cesse-t-elle 
de se répandre de plus en plus, dans le royaume et à l’étranger. 
Elle est devenue l’un des organes les plus importants de publi- 
cité horticole, elle pénètre partout en Europe et va jusqu’en 
Amérique : les pays où la différence de langage sont un trop 
grand obstacle à son extension en font.des traductions, comme 
l'Espagne et la Russie, ou bien lui font de larges emprunts. 
Pendant la période qui vient de s’écouler, les encouragements 
les plus flaitteurs et les plus variés ne lui ont pas manqué, 
augmentation de publicité. traduction à l'étranger, rapports 
favorables et récompenses de la part de plusieurs sociétés , 
collaborateurs éminents, ete. etc. 

La Belgique Horticole s'efforce en outre de maintenir l’hor- 
ticulture à la plus grande hauteur et de la rapprocher, le plus 
près possible, de la botanique sa sœur et son soutien : elle est 
ouverte à tous les jeunes écrivains qui veulent meltre leur 
plume au service de leur pays : elle en a accueilli et fail con- 
naître plusieurs qui se sont particulièrement distingués. 

Ce volume termine la première série , composée de 10 volu- 
mes : ceux qui paraitront successivement porteront la date 
de l’année de leur publication. 


PROLOGUE 


CONSACRÉ. 


A LA MÉMOIRE D'ALEXANDRE DE HUMBOLDT. 
(1769-1859), 


Hamboldt a été la plus haute et la plus complète personnification des 
sciences pendant le dix-neuvième siècle : il n’est pas un seul côté de 
l’étude de la nature qui ne porte l’empreinte de son nom; il s’est occupé 
de tout, depuis l’immensité de l’univers, jusqu’à l’humble mousse qui 
croît sous la neige. Pour l’apprécier complètement, il faudrait donc se 
placer aux points de vue les plus variés et parcourir les domaines de 
toutes les branches des sciences naturelles. Les écrivains et les savants 
de tous les pays ont rendu hommage à sa mémoire; l’horticulture elle- 
même, bien qu’elle fasse partie du cortége de la botanique, doit être 
admise à ce concert. Humboldt lui a rendu directement ou sous une 
forme détournée de notables services. Nous rappellerons, outre ses 
nombreuses explorations et ses grands ouvrages, la création de la 
géographie botanique, les lois sur la distribution de la chaleur, ses 
observations sur la germination et les couleurs des végétaux, et l’intro- 
duction de beaucoup de plantes, comme par exemple le Dahlia. 

Tant de plumes exercées ont déjà écrit cette belle vie que nous n’avons 
pas eu un seul instant la prétention de refaire ou de corriger leur 
œuvre; c’est un hommage que nous rendons à la mémoire d’un homme 
à laquelle l’horticulture doit de la reconnaissance. 

Nous en avons trouvé les éléments dans une notice publiée dans les 
Annales Prussiennes et traduites dans la Revue Germanique. 


Le dernier siècle n’avait encore aucune idée de l’importance univer- 
selle et pratique des sciences naturelles. Les naturalistes étaient jugés alors 
comme le sont encore aujourd’hui les philologues dans certains centres 
d’aristocratie commerciale; eux-mêmes étaient le plus souvent des ori- 
ginaux n'estimant rien au-dessus d’une collection de bêtes embrochées 
et empaillées, ou d'un herbier bien garni de plantes desséchées. On peut 
en voir encore aujourd’hui du même genre; cependant le nombre de ceux 
à qui les détails ne font point perdre de vue l’ensemble, les lois géné- 


MORE 


rales et la vie pleine et libre de la nature, a considérablement augmenté. 
Le principal était alors ce qui de nos jours est devenu un travail secon- 
daire : il s'agissait de maitriser des matériaux immenses. À l’exception 
de l’astronomie et de la physique, les sciences naturelles n’avaient que 
peu progressé dans les siècles précédents ; partout il fallait encore jeter 
les fondements, introduire de l’ordre dans le chaos, établir une nomen- 
clature uniforme et distinguer entre eux, par des signes certains, les 
genres des règnes divers. On ne pouvait songer qu'après ce travail préli- 
minaire à étudier la superposition des formations géologiques dans l’es- 
pace et dans le temps, l’histoire du globe et sa structure, et enfin les lois 
de la vie organique. Linné avait sans doute déjà systématisé la zoologie 
et la botanique, mais la plupart des zoologistes étaient encore complète- 
ment absorbés par le travail des collections, et ce ne furent que Cuvier, 
Blumenbach et leurs successeurs; qui, par l’étude de l’anatomie comparée, 
indiquérent des points de vue plus élevés et rendirent possible la physio- 
logie comparée, à peine esquissée aujourd’hui dans ses principaux con- 
tours. La botanique aussi n’était encore qu’une affaire de catalogue et de 
paperasses; la classification de Linné elle-même n’est guère plus qu’un 
registre sans suite organique. La vive lumière que ce naturaliste avait 
jetée ça et là sur les faces obscures de la vie végétale avait été aussi peu 
saisie que les heureux et profonds aperçus du physiologiste de St. Péters- 
bourg, Gaspard-Frédérie Wolf. 

Le système avait fait oublier les travaux de Malpighi et de Lecuwen- 
hock sur l’anatomie des plantes, il fallut Jussieu et Decandolle pour 
l’établir sur des bases plus naturelles, par la synthèse et la comparaison 
de tous les caractères, tandis qu’il fut réservé à Gœthe, si finement 
organisé pour l’intelligente pénétration de la nature, d’éclairer enfin, 
par sa Métamorphose des plantes, le domaine obscur des formations 
végétales. Presque au même moment Link, Mirbel et Alexandre de 
Humboldt commencèrent à jeter les fondements d’une physiologie des 
plantes, mais il fallut encore près d’un demi-siècle pour constituer en 
quelque manière la morphologie et la physiologie des végétaux. 

Le mouvement était plus prononcé dans la minéralogie et la géologie. 
Werner avait fait pour le monde inorganique, ce que Linné avait fait 
pour les formations organiques. Les cadres du système étaient com- 
plets : Werner avait enseigné avec une pénétration éminente l’art 
d'étudier les couches géologiques; il avait en quelque sorte pressenti 
quelques-unes des découvertes dont la géologie devait s’enrichir par la 
suite; mais, d'autre part, il avait aussi, de ses observations purement 
saxones, tiré des conséquences générales et prématurées pour l’histoire 
de la formation de la terre, qui produisirent un grand schisme entre lui, 
neptunien, et les plutoniens, non moins dominés par des idées préconcues 

La chimie venait de s’affranchir des rêves alchimiques. Priestley, 
secondé par le hasard, Schiele, armé de rares facullés de combinaison, 


Cie 
de. 


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Lavoisier, enfin, doué du coup d’œil du génie, avaient renversé par la 
découverte de l’oxigène l’ancien système phlogistique. On eut bien vite 
reconnu dans la nouvelle substance le principe et l’agent de toute une 
série de phénomènes dans le monde organique et dans le monde inor- 
ganique. La balance à la main, Lavoisier avait ruiné toute la théorie 
des siècles précédents ; avec Berthollet et Fourcroy, il fonda la nomen- 
clature. Wenzel et Richter pressentirent, Dalton développa la théorie 
des combinaisons chimiques. La pile de Volta fit découvrir, au commen- 
cement de notre siècle, la loi remarquable d’après laquelle les corps 
indécomposables se combinent toujours entre eux selon des rapports 
de poids constants. La régénération de la chimie marchait ainsi à grands 
pas, et devait aboutir à une transformation de la technologie tout entière. 

La physique aussi devait encore avoir son ère de grandes découvertes. 
Les lois de la pesanteur et de la réfraction avaient été trouvées par New- 
ton, celles de l'électricité par Franklin, quant aux points essentiels ; mais 
on n’avait pas encore les merveilleuses observations de Malus sur la pola- 
risation et d’Arago sur l’interférence et le mouvement ondulatoire de la 
lumière. La force magnétique de la terre n’était presque encore connue 
que par son action sur la boussole, employée par les Chinois longtemps 
avant notre êre. Ses lois, comme celles de la distribution de la chaleur 
sur la terre et la météorologie tout entière, ne devaient être trouvées que 
par Humboldt. La connaissance de l’affinité entre le galvanisme, le ma- 
gnétisme et l'électricité, préparée par les grands travaux de Volta, n’a- 
vança que dans le premier et le deuxième quart de notre siècle par les 
recherches d’OErstedt, de Faraday et d’Arago. On n’avait pas encore 
trouvé l’usage de la vapeur comme force locomotrice. Quant à la télé- 
graphie électrique et à la photographie, on n’en avait pas encore le 
moindre soupçon. 

Ces indications sommaires suffisent pour montrer que l'heure n’était 
pas venue d’établir un rapport intime entre les sciences naturelles et la 
vie, ni même un enchainement logique entre leurs diverses branches. 
Chacune se développait pour elle seule; quant au public, il était loin de 
manifester l’intérêt que les applications pratiques de la science ont éveillé 
en lui aujourd’hui. D’avoir établi Le lien qui manquait, d’avoir donné à 
cet intérêt du publie une base première et philosophique, telle est, pour 
le dire tout de suite, l’œuvre essentielle de Humboldt. Tout son effort 
tendit à faire converger les sciences naturelles vers des buts communs, 
à rechercher l’action des grandes forces cosmiques et telluriques les unes 
sur les autres, et sur la vie organique de la terre, à reconnaître, dans la 
variété des existences, les lois de l’être et du devenir, et à saisir ainsi, 
pour rappeler une parole de Schiller dont il aimait à se servir, « le pôle 
tranquille dans la fuite rapide des phénomènes. » 

C’est pour cela que nous voyons en lui le créateur et le fondateur de 
sciences loutes nouvelles, et c’est aussi pour cela qu’il réussit à faire 


— K — 


pénétrer l'intelligence de la nature dans la conscience générale de 
l'humanité, et à concilier aux perspectives qu'il ouvrit sur le Tout vivant 
un intérêt qui n’avait jamais été accordé aux parties. 


Frédéric-Henri-Alexandre de Humboldt, né le 44 septembre 1769, 
deux ans après son frère Guillaume, reçut sa première éducation avec 
celui-ci, sous le toit paternel, au Tegel, propricté charmante et roman- 
tique en dépit des sables de la Marche. Joachim-Henri Campe fut le 
premier instituteur des deux enfants; ce fut de l’historien des grandes 
explorations, du traducteur allemand de Robinson Crusoé, qu’Alexandre 
reçut les premiers rudiments, et nous pouvons bien admettre que la 
jeune imagination qui transforme si aisément le brin de paille en pal- 
mier retint ici, même des sèches narrations du pédagogue, maint germe 
qui plus tard porta ses fruits. Les relations amicales de Louis Heim avec 
la famille Humboldt n'auront pas été non plus sans influence sur le 
développement, du reste assez lent, de l’enfant. Cet homme excellent et 
foncièrement pratique, chasseur et collectionneur passionné, familiarisé 
avec toutes les choses de la nature, versé dans toutes les relations de 
voyages, sa lecture favorite, avec cela vif, d'humeur joyeuse et sympa- 
thique, nous apprend lui-même qu’il conquit les fils Humboldt aux 
sciences naturelles, et surtout à celle qu’il préférait, la botanique. Quand 
le dimanche il faisait reposer son cheval harassé dans les écuries du 
château de Tegel, et qu’ensuite il consacrait les loisirs de l'après-midi 
aux deux enfants, on peut bien penser que ces heures n’étaient pas 
perdues. Nous ne chercherons pas à faire ici la part de l’honnête Kunth, 
qui remplaçait Campe depuis 1777, et qui plus tard, après la mort du 
père, dirigea toute l’éducation des deux jeunes gens, de concert avec 
leur mère. Sa modestie n’a jamais revendiqué que la joie la plus désin- 
téressée comme sa part dans la gloire de son élève. Nous dirons seule- 
ment qu’il s’efforçca d’utiliser tous les éléments d’instruction qui se 
trouvaient alors réunis à Berlin, surtout depuis que les deux frères y 
demeuraient sous sa direction, et ne se rendaient plus à Tegel que le 
dimanche. 

Depuis 1785, Alexandre eut fréquemment à souffrir de dispositions 
maladives, et en 1790 encore, George Forster écrit à Heyne, après le 
voyage dans le Bas-Rhin qu’il venait de faire avee Humboldt, que son 
compagnon s’en était assez bien tiré, « quoiqu'il soutienne qu’il est 
« malade depuis cinq ans et qu’il ne se porte jamais bien qu’au sortir 
« d’une grande maladie, pour s’affaisser ensuite de nouveau jusqu’à ce 
« qu’une autre maladie vienne encore le débarrasser du trop pleiu de 
« sucs corrompus; mais je suis fermement convaincu que le corps 
« souffre chez lui parce que l'esprit est trop actif, et parce que sa tête 
« se trouve trop prise par l’éducation logique de messieurs les Berlinois.» 

On ne peut que s'étonner après cela de voir la santé d'Alexandre de 


Humboldt si fortement trempéc par la suite, car bien peu d'hommes 
arrivés à son âge se sont exposés pendant toute leur vie à des fatigues 
de corps et d’esprit comme le grand naturaliste, à qui, comme à Napoléon 
et à Leibnitz, il ne fallait que trois heures de sommeil. 

En automne 1787, les deux frères se rendirent avec leur gouverneur 
à l’université de Francefort-sur-l'Oder, où ils retrouvèrent un de leurs 
anciens professeurs de Berlin, Lœæffler, qui les reçut dans sa maison. 

Alexandre s’adonna aux études financières, tout en étudiant aussi la 
botanique et l’archéologie. L’été de 1788 Le ramena à Berlin, où il se 
familiarisa avec la technologie et la pratique industrielle, en même temps 
qu’il reprit plus à fond l’étude de la langue grecque. Guillaume s'était, 
pendant ce temps, rendu avec leur gouverneur à Goettingue, alors la 
première université de l'Allemagne, où son frère le suivit quelques mois 
après. Ce nouveau séjour fut important et fractueux pour tous les deux ; 
et en 1857, au jubilé de l’université de Goettingue, Alexandre déclara 
publiquement qu’il devait à cette institution la meilleure et la plus noble 
partie de son éducation. 

Après avoir terminé ses études de Gœættingen, le jeune savant fit avec 
Forster ce voyage devenu célèbre, au Bas-Rhin et en Angleterre, dont 
lui-même consigna les résultats dans un opuscule sur les basaltes du 
Bas-Rhin, et Forster dans ses Vues. La vue de la mer et de la puis- 
sance maritime de l'Angleterre, et certainement aussi la conversation 
des compagnons du grand Cook, Banks, Solander et Forster lui-même, 
réveillèrent en Humboldt, la nostalgie déjà ancienne des pays lointains. 
L'amitié de Banks, qui fut pendant de longues années président de la 
société royale de Londres, devait plus tard sauver des mains des cor- 
saires anglais une partie des collections du voyage d'Amérique. 

Mais le moment des explorations lointaines n’était pas encore venu; 
il fallait avant tout s’y préparer par des études d'ensemble, se donner 
en même temps une éducation pratique, et conquérir enfin une certaine 
place dans le monde scientifique. Pour étudier le commerce et la compta- 
bilité, et s'exercer en même temps dans les langues vivantes, Humboldt 
se rendit à une école commerciale alors très-renommée, celle de Büsch 
et Ebeling, à Hambourg, où il continua en même temps ses études 
d'histoire naturelle et spécialement de botanique. De là, après une 
pointe à Berlin, il alla s'établir à Freyberg, à l’académie des mines, 
alors le centre des études géologiques. Les éminentes qualités de 
Werner, la clarté réfléchie et la décision de ses vues, étaient faites pour 
commander l’admiration de ses élèves, en même temps que la certitude 
dogmatique de son enseignement devait nécessairement leur en voiler 
les côtés faibles. Mais à Freyberg, pas plus que précédemment, Humboldt 
ne put se borner à une seule science : il travailla la chimie et la bota- 
nique, et s’occupa notamment de recherches sur les différentes espèces 
d'air dans leurs rapports avec la vie végétale et animale, et sur la 
phosphorescence de divers corps. 


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Comme principal résultat de ses travaux, nous avons, à côté de quel- 
ques articles détachés publiés dans les journaux, la Flore souterraine de 
Freyberg, avec les aphorismes annexés sur la physiologie chimique des 
plantes, bien que ect ouvrage n’ait paru que quelques années après, à 
Berlin, en 1793. 

De retour d’un premier voyage en Suisse, Alexandre fut nommé par le 
ministre de Heinitz, en mars 1792, assesseur à l’administration des 
mines, à Berlin ; peu après, il accompagna le ministre à Baireuth, où il 
obtint le poste de directeur des mines des principautés franconiennes, 
et se lia en même temps avec le baron de Hardenberg; plus tard chance- 
lier d’État, alors ministre provincial. 11 déploya dans ces nouvelles fonc- 
tions une activité aussi diverse qu’efficace, mais interrompue par de fré- 
quentes missions tantôt métallurgiques, tantôt politiques. 

C’est ainsi que nous le voyons se rendre, en automne 1792, à Vienne, 
où il prend connaissance de la féconde découverte de Galvani, qui lui 
suggéra ses recherches sur l’irritabilité du système nerveux. Le retour 
le conduit par la Silésie à Berlin, où il s’occupa des salines prussiennes, 
de levés de plans et de la publication de sa Flore. En automne 1793, on 
l’envoie en Pologne et dans la Prusse orientale pour y diriger des essais 
de forage de salines. On dit qu’il existe encore maintenant à Berlin, d’ex- 
cellents rapport de sa main relativement à ce voyage. En 1794, il com- 
mence par aller voir son frère à léna, et, selon la significative expression 
de Gæœthe, «il contraint tous les amis aux généralités des sciences natu- 
relles. » 1] accompagne ensuite Hardenberg comme diplomate au camp 
anglais sur le Rhin, pour y négocier au sujet des principautés franco- 
niennes. 1795 le ramène à lèna, puis en Suisse, qu’il parcourt en grande 
partie à pied, de Schaffhouse à Chamouni, avec un ami, M. de Hasten, et 
avec Friesleben, ur de ses condisciples de Freyberg. En 1796, il se trouve 
en mission diplomatique auprès du prince de Hohenlohe-Ingelfingen; et 
en mars 1797, de retour à Iéna, il donne sa démission de ses fonctions. 
Cette période laborieuse de sa vie, qu’il se rappelait cependant toujours 
avec plaisir, rend témoignage de ses grandes facultés pratiques, dont 
l'exercice ne lui fit d’ailleurs en aucune manière interrompre des recher- 
ches scientifiques. Les travaux commencés furent continués sans inter- 
ruption pendant toute la durée de ses fonctions. La découverte des roches 
serpentineuses polarisées à Gefrees en 1799, le conduisit à de nouvelles 
recherches sur le magnétisme terrestre; ses observations, publiées dans 
plusieurs journaux à la fois, devaient par ce moyen suggérer des re- 
cherches semblables. Dans tous ses voyages il ne manquait jamais d'exa- 
miner, toujours sur nouveaux frais, les gisements géologiques. 

Il continuait en même temps ses études sur la germination, les couleurs 
et la nourriture des plantes. Sur les suggestions du baron de Zach, il se 
mit à entreprendre, en vue d’un grand voyage, des déterminations astro- 
nomiques et de l’hypsométrie barométrique; mais ce fut, avant tout, son 


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grand ouvrage sur l’irritation de la fibre musculaire et nerveuse qui 
mürit dans le cours de ses années. Non-seulement il fit des expériences 
répétées sur des animaux et des insectes, mais son zèle le poussa jusqu’à 
se faire des plaies sur les épaules et dans le dos au moyen d’entailles et 
de vésicatoires, pour étudier par ses propres sensations les phénomènes 
de l’irritation galvanique. L'importance de ce premier de ses grands 
ouvrages est surtout dans les expériences décisives qu’il fit en faveur de 
l'électricité animale, par lesquelles il décida en faveur de Galvani la 
contestation pendante entre celui-ci et son rival bien supérieur Volta. 

C’est ainsi que Humboldt s'était placé dès lors au premier rang parmi 
les promoteurs des sciences physiques, et avait conquis une renommée 
qui franchissait déjà les limites de l’Europe. Au milieu de cette grande 
activité se place sa liaison avec les poëtes de Weimart et d’Iéna, qui 
devaient en quelque sorte terminer l’éducation de son esprit en l’intro- 
duisant aux splendeurs suprêmes du beau. 

Il faut que le naturaliste sache métamorphoser sa spontanéité intérieure 
en pure réceptivité. Aussi voyons-nous Alexandre de Humboldt bien plus 
attiré vers Gœthe, dont Schiller lui-même savait saisir avec une intuition 
si brillante ia tendance réaliste et la contemplation tranquille. Le poëte 
saisissait chez le poëte les plus fines nuances de la manière de penser et 
de sentir ; il ne comprenait pas le caractère et la mission du naturaliste. 
Gœthe, au contraire, essayant ce que Humboldt devait accomplir dans 
une si large mesure, avait, tandis que les contemporains accumulaient 
encore les matériaux des théories futures, cherché dans la masse chaotique 
des faits les traces éparses des lois générales, et, par d’heureuses combi- 
naisons et des pressentiments justes, fourni à la science d’importantes 
indications et des pensées fécondes, au moins en botanique et en anatomie 
comparée. 

Suivons maintenant Humboldt dans ses grandes explorations. Il songea 
d’abord à se rendre en Italie avec son frère, surtout pour y étudier 
l’action des volcans; mais la guerre et l’état révolutionnaire du pays 
n'étaient pas propice à un tel projet. Il résolut done, après un séjour 
passager à Vienne, qu’il consacra à l’étude des plantes tropicales dans 
les serres de Schœnbrunn, sous Jacquin et Vander Schost, de passer 
l'hiver avec son ami Léopold de Buch à Salzbourg, au pied des Alpes. 
Ils s’y occupèrent principalement de travaux géologiques et météorolo- 
giques, et Humboldt détermina pour la première fois exactement la posi- 
tion géographique du lieu. Le reste du temps fut consacré à des recher- 
ches concernant les lois des phènomènes telluriques, et dont le résultat 
se trouve consigné dans quelques écrits publiés plus tard(l) et dans de 
nombreux articles disséminés dans les journaux scientifiques. 


(1) Des gaz souterrains et des moyens d’en diminuer les inconvénients. — Expériences 
concernant l’analyse chimique de l’atmosphère. 


SE  NENNEES 


Présenté à la cour d’Espagne, Humboldt y sut tellement faire valoir 
ses qualités sérieuses et aimables qu’il obtint ce que les Espagnols eux- 
mêmes tenaient pour impossible : la pleine liberté de faire, avec tels 
instruments qu’il voudrait, toutes explorations et collections dans 
toutes les colonies espagnoles, et quil fut même abondamment muni 
d’ordres officiels et de recommandations aux vice-rois et aux autorités 
supérieures ecclésiastiques. 

IT faut renoncer iei à suivre pas à pas celte grande exploration scien- 
tifique, qui ouvrit au monde, pour la première fois, une grande partie 
de l’Amérique du sud, et dévoila l’important système des plus grands 
et plus abondants cours d’eau de la terre, et la majestueuse chaîne des 
Andes de Quito et du Mexique avec la variété de ses phénomènes volea- 
niques, et enfin toutes les merveilles physiques et organiques de ces 
vastes régions. Mais nous devons d’autant plus nous attacher à mettre 
en relief les principes et les règles que suivit Humboldt, et qui feront 
loi pour tous les temps. 

Tandis que les précédents voyageurs s'étaient comportés comme des 
curieux naïfs, saisissant avec le même intérêt tout ce qu’ils rencontraient 
et uniquement préoccupés d’entasser les collections les plus nombreuses 
et les plus variées, Humboldt se proposa, pour constante et principale 
étude, la nature entière dans les rapports de ses règnes entre eux, et la 
comparaison des diverses contrées de la terre considérées comme les 
parties d’un tout. 11 ne voulait pas seulement apprendre à connaître 
les pays qu'il visitait, il voulait, avant tout, recueillir les éléments 
d’une science qu'avant lui «on appelait assez vaguement tantôt Physique 
du monde, tantôt Théorie de la terre, tantôt Géographie physique, » et 
qui se trouvait à peine esquissée. Il préféra toujours «la combinaison des 
faits depuis longtemps observés, à la connaissance de faits isolés, même 
nouveaux. » De son point de vue, la découverte d’une race inconnue, 
lui parut bien moins importante que des observations précises sur les 
rapports géographiques des animaux et des plantes, et sur la diffusion 
de la vie organique dans les plaines et dans les différentes zones des 
montagnes. Il va sans dire que l’étude du détail n’était pas négligée : 
« On compromet, dit-il, le développement de la science, si l’on veut 
« s'élever aux idées générales sans connaître les faits particuliers. » 
De telles vues commandaient de longs séjours sur des points déterminés : 
dès qu’il s’agissait d'étudier à fond le sol, la végétation, la vie animale, 
l'atmosphère, le climat, la population et la culture, il fallait se donner 
le loisir de faire des observations comparées. C’est ainsi que nous voyons 
les explorateurs s’arrêter à Annana, remonter et descendre l’Orénoque 
et sa jonction avec le fleuve des Amazones, faire halte de nouveau à 
Angostura, puis à la Havane, remonter le fleuve de la Madeleine jusqu’à 
Carthagène, s'établir neuf mois à Quito, entreprendre l’ascension hardie 
du Chimborazo et parcourir les Cordillières sur les vieilles routes péru- 


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viennes des Incas. Descendus aux rives de l'Océan Pacifique, ils s’arré- 
tèrent de nouveau à Lima, d’où la frégate Atlante les transporte à la 
à la côte occidentale de Mexique. Après avoir séjourné à Acapuleo, ils 
montent, à travers les plateaux argentifères du Chilpantzingo, jusqu’à 
l'antique capitale de Montezuma , qui devient le dernier centre de leurs 
nombreux travaux. 

Humboldt répugnait à écrire ce qu’on appelle une relation de voyage. 
Il commença done par employer les immenses matériaux qu’il rapportait 
à des monographies étendues, qui parurent peu à peu, comme les parties 
détachées d’un grand voyage. Dans les Vues de la nature, il réunit une 
partie de ces descriptions grandioses qui nous donnent une image si 
saisissante de la vie variée des tropiques, et qui ont principalement con- 
iribué, en Allemagne, à populariser l’écrivain autant que le naturaliste. 
Heureusement les instances de ses ammis et les vœux hautement manifestés 
du public finirent néanmoins par le décider à publier, d’après son 
journal, la relation historique de son voyage. Il y joignit les résultats 
essentiels de ses recherches scientifiques. Cette relation, destinée clle- 
même à faire partie du grand ouvrage projeté, parut en grand format, 
en français, en même temps qu’une traduction allemande malheureuse- 
ment assez peu soignée. On pourra toujours la présenter comme le 
modèle accompli d’une relation scientifique. Sans doute elle ne se borne 
pas à une narration pure et simple; le récit ne finit même pas; mais 
malgré la diversité des questions et des sujets qui se croisent, l’unité 
du livre est entière, et on suit avec un intérêt soutenu l’auteur, « quoi- 
« que toujours chargé de ses instruments et de ses bagages, » De mer- 
veilleuses descriptions augmentent beaucoup le charme de la lecture. 
Nous citerons entre beaucoup d’autres, qui toutes comptent parmi ce 
qu’il y a de plus excellent dans la littérature de voyages, le lac de 
Tacariga, les Llanos de l'Amérique du sud, la navigation sur l’Apure 
et l’Orénoque, la chasse aux gymnotes électriques, la récolte nocturne 
des œufs de tortue, les cataractes d’Atures et de Maypures, la saison des 
pluies, le port de la Havane. 

Cette relation n’était, nous l’avons dit, qu’une partie du grand ouvrage 
sur le voyage. 

Nous ne pouvons ici nous arrêter aux autres parties; leur étendue 
même et les innombrables résultats qu’elles renferment ne le permettent 
pas. L'ensemble de ces travaux forme vingt-neuf volumes in-folio ; douze 
volumes in-4° et vingt volumes in-8°, et comprend 1,495 planches, dont 
une partie colorice (1). Une traduction latine des descriptions d'histoire 


(1) De Humboldt et Bonpland, Voyage dans les contrées équinoxiales du nouveau 
continent. 

I. Physique Générale et relation historique du voyage. Cette partie comprend : 
1° Essai sur la géographie des plantes, 1 vol. in-4e, 4807; 2 Atlas pilloresque où vue 


— XVI — 


naturelle parut en même temps que le texte français ; le tout fut traduit 
en allemand, la plupart des parties en anglais, et quelques-unes en 
espagnol. Les travaux les plus considérables furent ceux concernant les 
plantes, rapportées au nombre de six mille espèces, dont plus de la 
moitié entièrement inconnues aux botanistes. Parmi les fleurs dont 
s’énorgueillissent aujourd’hui nos serres et nos appartements, beaucoup 
proviennent directement des graines rapportées par Humboldt et Bon- 
pland, et qui ont germé dans les jardins des plantes de Paris, de Berlin 
et de Schænbrunn : notamment des géorgines, les belles lobélies, l’hélio- 
trope de Virginie, les passiflorées et beaucoup d’acacias. Tous les écrits 
de cette vaste collection portent les noms des deux voyageurs, bien que 
Humboldt eût eu la plus grande part à la rédaction. Quel que soit l’in- 
térêt de la Relution historique, les autres parties ne lui cèdent presque 
point. Les descriptions scientifiques mêmes des animaux et des plantes, 
et des détails de pure géographie, exercent une attraction particulière. 
On est charmé tantôt par des tableaux imprévus, tantôt par la hauteur 
des idées ou la largeur des aperçus. Le lecteur le moins initié lira avec 
fruit et satisfaction jusqu'aux dissertations géologiques et botaniques. 

De retour à Paris après une longue attente, pendant laquelle le bruit 
de sa mort s'était plusieurs fois répandu, il se trouva aussitôt engagé dans 
des relations nombreuses et suivies avec les savants français, qui s’em- 
pressérent à l’envi de l’assister dans l’élaboration de ces matériaux. 
Jabbo Oltmanns se chargea de vérifier et de comparer les observations 
astronomiques et géodésiques, qui contenaient sept cents positions topo- 


des Cordillières et monuments des peuples indigènes de l’Amérique, 2 vol. in-folio, 1811; 
90 Relation historique, 4 vol. in-4, et dans l’édition française, in-8°, 14 vol. ; en alle- 
mand, 6 vol., 1815-1835. 

Il. Zoologie et Anatomie : Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie com- 
parée, 2 vol. in-4, 1807, publié en même temps en français et en allemand. 

UT. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, avec atlas, Paris, 1809. 
La deuxième édition, 1826, contient en outre un Essai politique sur l’île de Cuba. 

IV. Astronomie et magnétisme : Recueil d’observations astronomiques, etc., 2 vol. 
in-40. Paris, 1810. 

V. Essai sur la pasigraphie géologique. 

VI. Botanique : plantes équinoxiales, etc., 2 vol. in-fol., 144 planches. Paris, 1806- 
1808. Mimoses et autres plantes légumineuses, À vol. in-folio. — Monographie des 
plantes mélastomes, 1806-1822, 2 vol. in-fol., 120 planches. — Nova genera et species 
plantarum, 1815, 7 vol. in-folio, 700 planches. 

Il faut ajouter à cette liste : 

Synopsis plantarum ab Al. de Humboldt et Bonpland in itinere collectarum, édition 
Kunht, 4 vol. in-40. 

Vues de la nature. Tubingen, 1808; 2e édition, 1826; 3-édition, 1849. En allemand 
et en français. Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent. 
Paris, 1856, cinq parties. 

Les pétrifications rapportées par Humboldt ont été décrites par Léopold de Buch. 
Berlin, 1859, 1 vol. in-folio. 


ee ANAL 


graphiques, et quatre cent cinquante-neuf déterminations hypsométri- 
ques; Cuvier et Latreille s’intéressèrent aux études zoologiques. Les 
herbiers, que le zèle de Bonpland avait rassemblés, furent mis en ordre 
par Bonpland, Humboldt et Kunth. Klaproth et Vauquelin s’occupèrent 
de l’examen minéralogique et chimique des roches et des drogues 
végétales, tandis que Gay-Lussac et plus tard Arago contribuèrent 
puissamment au développement des vues grandioses sur le concours 
des forces telluriques. 

En 1812, Humboldt fut invité par l’empereur Alexandre de Russie à 
suivre une mission qui devait se rendre auThibet par Kaschghar et Yar- 
kand, mais la guerre entre la France et la Russie fit évanouir ses belles 
espérances ainsi que son nouveau projet, celui de visiter l’intérieur du 
grand continent. 

* Des travaux importants datent de cette époque agitée : avant tout, 
l'achèvement de la géographie des plantes, et la théorie de la diffusion 
de la chaleur sur la surface de la terre, qui s’y rattache si étroitement et 
dont Humboldt ne cessa plus de s’occuper. Les idées esquissées dans 
V'Essai de la géographie des plantes, de 1807, se retrouvent avec de plus 
vastes développements dans l’ouvrage latin De distribulione plantarum 
geographica, qui parut en 1817 avec une dédicace à Frédéric-Auguste 
Wolf. C’est Humboldt qui, le premier, a nettement posé le principe 
que la diffusion des végétaux est intimement liée à la distribution de la 
chaleur, et qui l’a divisée en zones, soumises, comme le climat, à des 
variations locales. Il montre qu’il est indifférent que la chaleur nécessaire 
à la plante provienne du voisinage de l’équateur ou d’une moins grande 
élévation au-dessus du niveau de la mer. Dès lors l’étude de la végétation 
dans les hautes montagnes des conirées équatoriales, où la distance entre 
la mer et la région des neiges est la plus grande possible, et dont les 
pentes offrent la succession de tous les climats, devait nécessairement 
fournir les résultats les plus importants. Elle donna lieu à de fécondes 
recherches sur la patrie, les migrations et la diffusion des plantes de 
culture et des animaux domestiques : « Par de telles recherches, dit 
« Humboldt lui-même, la géographie des plantes éclaire les origines de 
« l’agriculture, dont les objets sont aussi divers que la descendance des 
« peuples, leurs facultés techniques et le climat où ils demeurent. L’in- 
« fluence d’une nourriture plus ou moins irritante sur l’énergie du 
« caractère, celle des courses maritimes et des guerres par lesquelles 
« des peuples éloignés cherchent à se procurer ou à reproduire certains 
« produits végétaux, sont également des sujets qui appartiennent à cette 
« science. Ainsi, les plantes pénètrent en quelque sorte dans l’histoire 
« politique et morale de l’homme. L’homme qui a du sens pour le beau 
« dans la nature, trouvera en même temps dans la géographie des plantes 
la solution de bien des problèmes de morale ou d’esthétique. Quelle 


influence exercent la distribution des plantes et leur aspect sur l’ima- 
* 


A 


À 


SR SANDER 


« gination et le sens artistiques des peuples? En quoi consiste le caractère 
« de la végétation dans tel ou tel pays ? Qu'est-ce qui modifie l’impression 
« triste ou joyeuse que le monde des plantes communique à l’observa- 
« teur? Ces recherches sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont 
« intimement liées aux moyens mystérieux par lesquels agit la peinture 
« de paysage et même, en partie, la poésie descriptive (1). 

On voit de nouveau par ce passage comment Humboldt sait généraliser 
l'importance des sciences, comment il les met en relation avec l’histoire 
de la civilisation. La nouvelle science créée par lui devint immédiate- 
ment féconde. Wahlenberg poursuivit les idées de Humboldt en Laponie, 
dans les Alpes et dans les Carpathes; Léopold de Buch, en Norwège et 
aux îles Canaries. En 1825, le danois Schouw réunit pour la première 
fois, dans sa Géographie des plantes, les résultats obtenus, et tout 
récemment, en 1857, Decandolle a considérablement élargi la science 
dans un excellent ouvrage, où l’on remarque surtout de riches matériaux 
historiques sur la patrie et la migration des plantes de culture. 

Les importantes recherches de Humboldt sur la diffusion de la chaleur 
se rattachent immédiatement à cet ordre d'idées; elles le conduisirent 
dès 1817, à la construction des isothermes. La neige éternelle des 
Alpes, des Pyrénées et des Cordillères devait naturellement suggérer 
l’idée, confirmée d’ailleurs par l’expérience, d’une diminution de la 
chaleur en raison de l’élévation. 

On avait jusque-là vainement essayé de résoudre le problème, et 
Saussure, le premier, avait osé déterminer d’une manière plus précise 
l'influence des rayons solaires. Plus l’air est transparent, plus il laisse 
passer de rayons; la chaleur vient s’accumuler sur la terre, et ne 
retourne que partiellement dans l’atmosphère par le rayonnement et la 
transmission. Ce sont donc les couches inférieures de l’amosphère qui 
sont les plus chaudes, et leur moindre transparence et leur plus grande 
densité contribuent à leur tour à élever la chaleur à la surface de la 
terre. Il se forme alors, pour le rétablissement de l’équilibre, des 
courants d'air, des vents, qui diminuent l’accumulation du calo- 
rique. Saussure et Humboldt développèrent les lois qui régissent la 
diminution de la chaleur en raison de la hauteur; ils montrèrent qu’il 
fallait s'élever d'environ cinq cent quarante à six cents pieds pour 
obtenir une diminution d’un degré centigrade, et que ce rapport variait 
avec le point d’observation. Humboldt établit ensuite que la région des 
neiges ne forme pas une surface courbe régulière au-dessus de la terre, 
et que sur le continent la diminution du calorique ne suit pas non 
plus une progression régulière de l’équateur aux pôles. Il montra la 
nécessité de moyennes pour les différentes époques du jour et de l’année 
en différents lieux; il en établit pour autant de points de la surface 


——————————————————…———…———————————————…——————…—…—…—.— ——————.—….…—….…" —. …. …… —…._-_. — ————_ 


(1) Æssai d’une géographie des plantes. 


MIN ee 


terrestre que possible, et réunit sur une carte les lieux de températures 
moyennes égales par des lignes de chaleur égale, qui sont les isothermes 
tout comme Halley avait eu, dès 1687, l’heureuse idée de relier par 
des courbes isozones les points d’égale déviation magnétique. Mais les 
isothermes ne suffisaient pas seules pour la détermination de la tem- 
pérature moyenne d’un lieu: il y ajouta les isothères (chaleur moyenne 
de l’été) et les isochimènes (température moyenne de l'hiver). Il montra 
ensuite l’influence des plateaux sur la température de l’atmosphère, et 
comment, dans le voisinage d’un tel plateau, la limite des neiges se 
déplace et se retire en haut. 

Humboldt avait eu, en 1818, la douleur de voir son vieux compagnon 
Bonpland, mécontent de la Restauration et poussé par la nostalgie des 
tropiques, partir pour aller accepter une chaire d'histoire naturelle à 
Buénos-Ayres. Il ne devait plus le revoir, quoiqae tous deux dussent 
parvenir aux extrèmes limites de la vieillesse. 

Depuis son second voyage en Italie, Humboldt songeait sérieusement à 
retourner dans sa patrie, tant pour déférer au vœu formel de son roi que 
pour se réunir enfin de nouveau à son frère. Il vint définitivement en 
Prusse dans l’année 1827, après avoir fait à Paris, en français, son pre- 
mier cours sur le Cosmos, qu’il répéta ensuite à Berlin devant une as- 
semblée aussi considérable par le nombre que par la qualité des auditeurs, 
et qui devint la base du grand ouvrage qui porte le même nom. Son au- 
ditoire berlinois lui fit frapper une médaille portant l’image du soleil 
avec la légende : 


Illustrans totum radiis splendentibus orbem. 


En 13928, il présida avec Lichtenstein la septième réunion des natura- 
listes et médecins allemands, et en 1829, il put enfin réaliser, en partie 
du moins, le projet qu’il avait depuis longtemps conçu d’un voyage dans 
l’intérieur de l’Asie. Ce fut l’empereur Nicolas qui lui en fournit les 
moyens avec une libéralité grandiose, et en le laissant complètement 
maître de son plan. Parmi beaucoup de postulants, Humboldt choisit pour 
compagnons, le zoologiste Ehrenberg et le minéralogiste Gustave Rose. 
Pendant neuf mois les voyageurs explorèrent dans toutes les directions 
les dépôts d’or et de platine dans l’Oural, les steppes au nord de la mer 
Caspienne, et la chaîne de l’Altaï jusqu’à la frontière occidentale de la 
Chine. Rose rédigea la relation historique ; Humboldt rendit compte de 
ses découvertes d’abord dans ses Fragments sur la climatologie et la 
géologie de l'Asie (1), et ensuite dans son grand ouvrage : Asie cen- 
trale (2). 


(1) 1831, en français. 
(2) Paris, 1843, 3 vol. 


Humboldt avait concu de bonne heure et fréquemment exprimé une 


idée qu’il se sentait vivement sollicité de réaliser avant la fin de sa vie. 
Dans ses lectures publiques à Paris et à Berlin, il avait donné une esquisse 
de la description physique du monde; il s'agissait de convertir l’esquisse 
en tableau et de donner, après un exposé sommaire de l’état de nos con- 
naissances touchant le concours des phénomènes célestes et telluriques, 
une description générale et scientifique de la nature. Le premier volume 
du Cosmos parut en 1846, débutant par les étoiles qui nous envoient leur 
lumière des abimes de l’espace, et descendant ensuite à notre système 
planétaire, pour s’arrêter enfin à l’enveloppe végétale du globe et aux 
organismes les plus infimes, souvent portés par l’air et invisibles à l’œil 
nu. Sans se perdre en conjectures sur la cause des phénomènes, l’auteur 
se contente de montrer, par l’ordonnance même de son exposition, leur 
enchainement primordial. 

Ce qu’il veut avant tout, « c’est présenter les phénomènes cosmiques 
« comme un tout naturel, et montrer comment on peut, dans des groupes 
« isolés, découvrir leurs conditions communes, c’est-à-dire l’action de 
« grandes lois. Un tel effort vers la compréhension du plan universel 
« débute par la généralisation des faits particuliers et par la connaissance 
« des conditions qui accompagnent le retour régulier des changements 
« physiques; il nous mêne à une contemplation réfléchie de ce que nous 
« offre l'expérience, mais non à une conceplion de l'univers fondée 
« simplement sur la spéculation et l’évolution d’idées pures, à un système 
« d’unité absolue indépendant de l’expérience. » Comme dans tous les 
ouvrages antéricurs, la théorie n’empiète donc jamais, dans le Cosmos, 
sur l’observation, et là où elle paraîtrait prématurée, elle se contient avec 
une réserve et une précisiou qui dénotent la durable influence de Kant 
sur Humboldt. 

Le deuxième volume du Cosmos est consacré à l’action de l’univers sur 
l’homme, « à la projection de l’image recue par les sens dans l’intérieur 
de l’homme,dans sa sphère d'idées et de sentiments. » Il est moins complet 
et moins égal qué le premier, mais plus accessible au public par la matière 
et l’exposition. L'auteur emploie la méthode éclectique; il ne s’arrète 
qu'aux objets avec lesquels l’ont familiarisé les études de toute sa vie, 
par exemple à l’expression que le sentiment de la nature a reçue dans 
l'antiquité classique et dans les temps modernes ; il commente des frag- 
ments de certaines descriptions poétiques de la nature, et analyse le 
charme aimable de la peinture de paysage, qui lui doit en partie son 
retour à la vérité naturelle. Il s’étend enfin sur l’histoire de la conception 
physique du monde, reposant sur l’unité des phénomènes, et qu’il pré- 
sente comme le résultat du progrès des connaissances humaines depuis 
deux mille ans. 

Le tableau objectif de la nature et son reflet subjectif dans l’homme, 
tel est donc le contenu des deux premiers volumes du Cosmos. Un destin 


rl 0 re 


favorable a permis au vieillard déjà si chargé d’années de continuer lui- 
même l'édifice grandiose qu’il avait commencé, de réunir, de compléter 
les derniers résultats du puissant mouvement des sciences naturelles, et 
de résumer l’ensemble des observations sur lesquelles repose l’état actuel 
des opinions scientifiques. C’est l’objet des volumes suivants, qui forment 
en quelques mots le commentaire du premier; le troisième reprend le 
détail de la partie uranologique, et le quatrième comprend les phéno- 
mènes terrestres : la première moitié s’arrête aux manifestations volea- 
niques, la seconde moitié sera consacrée aux formations plutoniennes et 
sédimentaires, et à la vie organique (1). 


La Revue Germanique, où nous avons puisé cette biographie, a également publié 
une analyse de l’œuvre la plus populaire de Humboldt: le Cosmos. La lecture de cet 
ouvrage a inspiré M. E. Littré, l’auteur de cette critique, un beau parallèle entre 
Pline et Humboldt. 


11 n’y a pas lieu de comparer M. de Humboldt avec Pline l’Ancien, 
. mais il y a lieu de comparer leurs ouvrages. Pline, employé supérieur de 
l’Empire romain, tantôt fonctionnaire civil, tantôt commandant militaire, 
comme c'était l’usage dans cet ordre de choses, Pline, dis-je, avait le goût 
passionné des sciences, mais il ne les connaissait pas, et il les traitait en 
homme de lettres, non en homme de métier; pour lui, c'était matière à 
compilation, et, d'intervalle en intervalle, matière à quelque tirade litté- 
raire, à quelque morceau d’éclat. M. de Humboldt est versé dans toutes 
les sciences; il les connaît dans leur théorie et leur pratique; il a mis la 
main aux choses; il compte parmi les autorités, parmi les inventeurs; et, 
quand il rassemble les matériaux, il ne compile pas, ilchoisitet coordonne. 

Pline avait été, par ses fonctions, conduit dans les diverses pàrties 
de l’empire romain, et, entre autres, dans la Germanie, qu’il avait vue 
d’un tout autre œil que ne fit Tacite, et, je crois, d’un œil plus clair- 
voyant et moins prévenu; il commandait la flotte de Misène lors de cette 
fameuse éruption du Vésuve qui englontit Stahies, Herculanum et Pom- 
peï. Poussé par le désir généreux de secourir les riverains que mena- 
çaient les cendres, les pierres ponces et la lave, poussé aussi par une 
noble curiosité d'assister à quelqu'un de ces grands phénomènes dont il 
avait parlé, il alla contempler de près les flammes merveilleuses que 
lançait la montagne, et demeura enseveli dans le linceul qui s’étendit 
sur Ces campagnes florissantes. M. de Humboldt, infatigable voyageur, 
n'a rien laissé qu’il n’ait visité; il a vu tous les continents et toutes les 
mers; il a traversé les steppes de l'Asie et les plaines d'Amérique; il a 
monté sur les pics élevés des Andes et de l'Himalaya, observant, mesu- 
rant et rapportant une ample connaissance des accidents ct des phéno- 
mènes de cette terre que nous habitons. 


RE PO RÉPARER EE A ARE 
(1) Il est permis d’espérer que cette deuxième moitié, conclusion définitive du 
Cosmos, sera trouvée achevée, ou à peu près, dans les manuscrits de M. de Humboldt. 


SNA 


Mais il y a lieu de comparer les ouvrages. Pline n’avait entrepris rien 
de moins que n’a fait M. de Humboldt lui-même, et l'Histoire naturelle 
écrite par le Romain est un Essai de description physique du monde. 
Aussi le plan des deux auteurs concourt-il jusqu’à un certain point, 
comme étant donné, dans des linéaments principaux, par la nature des 
choses. M. de Humboïdt considère d’abord le ciel et les corps innom- 
brables qui le peuplent; puis, descendant sur notre globe qui flotte, 
lui aussi, parmi tant d’iles flottantes, il en décrit la forme, la densité, 
les propriétés essentielles, la réaction de lintérieur sur l'extérieur, 
réaction qui se manifeste par les tremblements de terre et les volcans 
(c’est là l’objet des quatre premiers volumes); enfin, dans les volumes 
suivants, il étudiera les formations géologiques, la répartition de l’espace 
entre les mers et les terres, l’enveloppe gazeuse qui nous entoure, la 
vie végétale et animale, et finalement la race humaine. Pline commence 
également par le ciel, les grands astres qui le décorent et les mouvements 
qui les animent; du ciel il descend sur la terre pour en décrire les 
divisions, les mers, les fleuves, les cités et les peuples ; l’homme ensuite 
est le sujet; après l’homme les animaux, après les animaux les végétaux, 
et, à ce propos, une histoire de l’agriculture qui en tire nos aliments 
et de la médecine qui en tire nos remèdes; enfin les métaux et les 
pierres qui gisent dans le sein de la terre, et auxquels il rattache des 
notions sur la peinture, sur la sculpture, sur les artistes, notions qu’on 
ne peut assez apprécier. 

Des deux parts on reconnait des traits généraux. L’homme, dès les 
temps primitifs, eut toujours une certaine idée de l'univers, d’une 
voûte qui l’environnait de toutes parts, d’espaces d’où lui descendaient 
toutes sortes d’influences, de flambeaux qui, échauffant ses jours et 
éclairant ses nuits, roulaient sans repos autour de la terre. Quand Pline 
résuma les recherches des savants grees, cette première vue s'était 
déjà beaucoup agrandie; on savait que la terre était ronde, on l'avait 
mesurée approximativement; et, par delà la lune, le soleil et les 
planètes, on placait le ciel des étoiles. Mais, quand de nos jours M. de 
IHumboldt prend la plume pour embrasser en un seul tableau l’ensemble 
du monde, toutes ces intentions de l’homme primitif, toutes ces connais- 
sances positives de l'astronomie grecque, se sont perdues comme un 
point dans l’espace aperçu, dans l’infinité des soleils, dans la lueur 
profonde des nébuleuses et des voies lactées. 

A qui veut se faire une idée de ce mot qui occupe une si grande place 
dans la pensée des hommes d’aujourd’hui, le progrès de la civilisation ou 
développement de l'humanité, de ce mot dont la réalité sérieuse et puis- 
sante est tantôt vainement contestée, tantôt insuffisamment comprise ; à 
qui, dis-je, veut s’en faire une idée, il faut ouvrir et comparer le livre de 
Pline et celui de Humboldt. Dix-huit cents ans les séparent : dirai-je 
longue ou courte période ? Je ne sais, car on ignore la durée antécédente 


AO CNINEES 


de l’humanité ; mais, dans tous les cas, période occupée par d'immenses 
événements politiques et sociaux : la chute de l’empire romain et du pa- 
ganisme, l’établissement du catholicisme et du règne féodal, la déca- 
dence au XIV: siècle, l’êre des révolutions au XV, le protestantisme, le 
déchirement de l’unité religieuse, le globe parcouru, et l’Europe deve- 
nant le guide et l’arbitre du reste du monde. Provisoirement, abstenons- 
nous de glorifier cette marche des choses, bien qu’une direction s’y laisse 
apercevoir, et tournons-nous vers l’autre côté du développement général, 
là où la direction et le sens du mouvement ne peuvent être contestés. Au 
temps de Pline, la science ne connaissait ni les distances respectives du 
soleil, des planètes et des satellites, ni la forme des orbites parcourues, 
ni la nature de la force qui les mouvait, ni leur volume, ni le rapport des 
étoiles ou soleils indépendants avec notre système. Au temps de Pline, 
elle ne connaissait pas la forme exacte de la terre, son aplatissement aux 
pôles, son renflement à l’équateur, ni la densité de cette planète, ni les 
conditions de calorique, d'électricité et de magnétisme qui y sont inhé- 
rentes, ni les périodes par lesquelles elle a passé, ni les races géologiques 
de végétaux et d'animaux, ni les gaz qui en composent l’atmosphère, ni 
le plan général de structure des être organisés, ni les affinités des langues 
et des peuples, ni l’histoire de l'humanité. Au temps de Humboldt, tout 
cela fait partie d’une description du monde. Le progrès est grand ; et soyez 
sûr, vu la connexion nécessaire de toutes les choses sociales, qu’il est 
parallèle et équivalent dans le reste. 


Appert. 


ugene 


\ 


Rose k 


LA 


BELGIQUE HORTICOLE , 


JOURNAL DES JARDINS, DES SERRES ET DES VERGERS.. 


HORTICULTURE. 


LA ROSE EUGENE APPERT (Vicror TrouiLLann). 


(Figurée planche D), 


Si les Orchidées règnent dans les serres chaudes et si le Camellia 
domine encore dans l’orangerie, les jardins sont le domaine de la Rose: 
elle y est entourée d’une foule de fleurs ravissantes qui lui forment 
une cour gracieuse et brillante; ce sont pour elles des compagnes, mais 
pas une n’est sa rivale. 

C’est que la Rose a toutes les qualités de Flore, grâce, élégance, 
parfum suave , beauté, poésie : elle est en possession de tous ces charmes 
depuis des siècles : les poëtes de Rome l’ont chantée à l’envi; ils disaient 
alors déjà que rien ne pouvait surpasser la Rose : et en effet, rien ne 
l’a surpassée, si ce n’est la Rose elle-même. L'amour qu’elle a inspiré 
ne lui suffit pas, au contraire elle change chaque jour de parure et 
d’atours, et nous, lorsque nous admirons l’une de ces toilettes nouvelles, 
nous nous écrions que c’est une Rose nouvelle. Eh non, ce n’est pas une 
nouvelle Rose, c’est encore la fleur de nos aïeux, mais toujours fraiche 
et jeune, elle veut, comme la jeune fille, varier la grâce et la nuance 
de son costume : elle veut suivre la mode pour règner toujours sur 
l’inconstance. La plus belle Rose d'il y a dix ans, celle qui tenait alors 
le sceptre de Flore et qui ne rencontrait que des amants et des admi- 
rateurs, passe aujourd’hui pour une vieille Rose dans la société des 
anthophiles et elle leur fait exactement le même effet que la vue des 
images d’un journal des modes de la même époque. Les toilettes 
d’il y a dix ans ont cependant fait palpiter bien des cœurs : on trouvait 
les jeunes filles bien jolies dans leur ajustement tandis que si aujourd’hui 

BELG. HORT, TOM. X. 1 


M 


revoyait le même costume on croirait que celle qui le porte a voulu se 
déguiser en grand-mère. La Rose est dans le même cas : elle connaît 
le cœur des hommes et elle sait que pour toujours plaire il faut toujours 


changer : fût-on parfaite, et la Rose est parfaite, la perfection doit pou- 


voir varier : mais au milieu de toutes ces variations, jeunes filles et 
roses restent les mêmes. 

L'une de ces nouvelles Roses, qui porte un nom d’homme, Eugène 
Appert, fait en ce moment beauconp parler d’elle; nous avons essayé de 
peindre son portrait mais sans espérer pouvoir reproduire par le pinceau 
la délicatesse de ses formes et la chaleur de son coloris. Elle appartient 
à une très bonne famille : son père est le Géant des batailles ; ses sœurs 
Alice Leroy, Rebecca, Stephanie Beauharnais; ses frères Patrizzi, 
François Arago et François I, son oncle est le D" Bretonneau. Or, 
elle vaut mieux que son père et c’est beaucoup dire : l’apparition du 
Géant des batailles a produit une grande sensation : la naissance de 
Eugène Appert a été plus remarquée encore : partout où il a paru, dans 
les expositions les plus renommées, il a rallié tous les suffrages. 

La France est le paradis des Roses : elles ne sont nulle part mieux 
aimées ni plus coquettes : celle-ci a pour parrain M° Victor Trouillard, 
qui depuis longtemps a eu beaucoup de succès près de ces aimables 
fleurs : il a donné son nom à l’une d’elles; la nouvelle venue ressemble 
beaucoup à la Rose Victor Trouillard, mais elle lui est supérieure par 
l’arrangemeut des pétales, la beauté du feuillage, sa vigueur et son air 
de santé. Ces mérites sont bien rares aujourd’hui. Combien, parmi les 
Roses que la mode voit éclore, sont chétives, faibles et paresseuses : 
elles savent à peine se soutenir : elles n’ont rien d’autre qu’un joli 
visage, mais le corps est maladif, un souffle les abat et elles disparaissent 
bientôt de l’horizon en ne laissant d’autres regrets que ceux de s’être 
laissé prendre à cette beauté du diable. Celle-ci au contraire est saine 
et vigoureuse : elle pousse bien à l’air et à la lumière : elle plie sous le 
vent el la pluie, mais elle n’en souffre pas: ses fleurs se conservent 
fraiches pendant plusieurs jours et elle n’est pas de celles qui ne vivent 
que ce que vivent les Roses. 


QUELQUES MOTS SUR LES PLANTES GRIMPANTES, 
Par M. SÉvERIN, de Marchienne-au-Pont. 


Des festons gracieux, des guirlandes variées, formés par des branches 
ou des fleurs coupées, constituent l’ornement habituel et inévitable 
de toute fête publique. 

Pourquoi ne tenterait-on pas de rendre permanent, naturel, dans les 
jardins d'agrément, ce qui réveille nécessairement dans l'esprit l’idée 
de joie et d’allégresse ? Pourquoi n’utiliserait-on pas un mode spécial de 


culture des plantes grimpantes par le fil de fer galvanisé pour atteindre 
un but aussi séduisant ? 

Il est vrai que dans un jardin, ces guirlandes seront toujours acces- 
Soires, mais que l’on n’oublie pas que cet accessoire a une valeur d’autant 
plus évidente qu’on peut, eu égard à la rapidité de végétation de ces plan- 
tes, se procurer plus vite cet effet définitif par la forme donnée au fil de 
fer galvanisé. Il est encore vrai que pendant l’hiver on ne conserve en 
quelque sorte que le squelette de ces guirlandes privées de feuilles, de 
fleurs et de fruits. Mais ici, encore tout en constatant les différents 
modes d’attaches qui spécialisent chaque plante grimpante (V. Belg. 
hort., T. VIII, p. 15), on est admis à s'assurer de l’effet général de ces 
lignes courbes gracieuses qui attendent du printemps prochain leur plus 
gracieux embellissement. On est du reste, généreusement récompensé 
de son travail quand on s'adresse pour ces essais, aux plantes grim- 
pantes vivaces qui ne vous obligent pas à recommencer tous les ans, à 
de nouveaux frais, vos opérations, les extrémités seules des pousses de 
l’année étant atteintes par la gelée : ultérieurement des plantes grim- 
pantes annuelles serviront à faire disparaitre cette espèce de nudité 
du bas de ces plantes vivaces dont la trop grande vigueur de végétation 
donne lieu à cet inconvénient. 

Les plantes grimpantes servent à couvrir et à orner les murs, les 
piliers, les treilles; mais on peut, avons-nous dit, leur faire déerire, 
par le fil de fer galvanisé, des formes aussi variées que nos caprices 
peuvent les inventer, puisqu'elles reproduisent tyranniquement toutes 
les dispositions du susdit fil de fer, contourné ou non en une spirale plus 
ou moins grande. Elles fournissent ainsi des courbes gracieuses qui 
établissent des points de contact entre les cimes de différents arbres et 
qui obéissent aux impulsions communiquées par les vents. 

Indépendamment des effets obtenus par ce mode de culture, on peut 
être convaincu que par ce procédé, on met ces plantes dans les conditions 
les plus favorables au développement rapide et abondant de leurs tiges, 
de leurs fleurs et de leurs fruits. Les lois de physiologie végétale si bien 
présentées dans l’article qui traite du Bignonia (t. V, p. 558) me dis- 
pensent d’en dire davantage sur ce point spécial : il est donc inutile 
d'ajouter que pendant une année de végétation la Glicine donne des 
jets de 7 mètres, le Menisperme du Canada de 7 à 8 mètres, etc. Ce 
mode de culture rentre tellement dans les allures naturelles de ces 
plantes que ces deux effets qui s’excluent cependant fréquemment (rapi- 
dité excessive de la végétation, production abondante de fleurs) s’obser- 
vent simultanément dans l’occurence. Aussi peut-on dire qu’on aurait 
élé amené par l’étude attentive de la végétation de ces plantes, à tenter 
à priori et avec succès, l’usage du fil de fer galvanisé. 

On ne peut cependant, pour se rendre compte de ce résultat satis- 
faisant, faire appel à une action spéciale du fil de fer galvanisé (le fil de 


Eee 


fer non galvanisé, en s’oxidant, devient cassant, indépendamment de ses 
autres propriétés nuisibles sur la végétation). Il agit ici comme simple 
tuteur qui en supprimant l’action compressive nuisible de toute ligature 
contentive artificielle, permet de jouir, sans aucun de ces inconvénients, 
des avantages généraux mis en pratique pour donner une fixité complète 
aux arbres et arbustes. 

Une nouvelle application du fil de fer galvanisé, contourné en spirale, 
c’est de s’en servir pour la suspension des corbeilles en ayant soin de n’y 
mettre qu’un seul fil et de proportionner sa grosseur au poids y sus- 
pendu : Des mouvements oscillatoires qui se continuent longtemps après 
que la cause a cessé d’agir, deviennent presque permanents quand on 
remplace la corbeille par une cage d’oiseaux : ceux-ci, par leur mobilité 
habituelle, concourrant à entretenir leurs oscillations. 

Le Vernis du Japon, auquel on ne laisse tous les ans, qu’un seul œil ét 
dont un seul jet acquiert en très peu de temps nne très belle élévation : 
ses feuilles qui ressemblent à des branches, lui donnent quelque rapport 
avec le Palmier si élégant. Si l’on a eu soin de supprimer les 4 ou 4 
derniers bourgeons, on a des points (chicots) fixes annuels dont on peut 
se servir pour y aggrafer un fil de fer qui allant à une distance plus ou 


moins grande s'unir à une plante grimpante, produit encore un résultat 
qui n’est pas sans un certain mérite. 


FLORAISON DU PAULOWNIA IMPÉRIALIS. 


Nous avons inséré dans la livraison précédente, une lettre d’un ama- 
teur du Hainaut, qui demande s’il n’y a aucun moyen de protéger les 
thyrses du Paulownia, des rigueurs de l'hiver qui lui sont ordinairement 
si funestes. Tout le monde sait en effet que le Paulownia forme ses 
boutons un an avant l’époque de l’épanouissement des fleurs; surpris par 
l'hiver pendant leur accroissement, ils subissent un temps d’arrêt et ils 
s’ouvrent au commencement de l’élé suivant. Malheureusement nous 
jouissons rarement dans notre pays de ce beau spectacle : l'hiver est 
ordinairement fatal aux nombreux boutons du Paulownia qui tombent 
sans s'ouvrir. 

L'année 1858 a fait exception : partout on a signalé la floraison du 
Paulownia ; tous ceux que nous connaissons étaient couverts de fleurs et, 
chose plus intéressante, ils ont donné des fruits parfaitement mürs et 
bien conformés. 

D'un autre côté il arrive quelquefois, quand l’automne est chaud et 
humide, que le Paulownia a le temps de fleurir avant l’arrivée de l'hiver. 
Ce fait est un nouvel exemple de floraison intempestive, cet intéressant 
phénomène sur lequel la Belgique horticole a publié récemment un 


9 
me a 


savant travail de M. de Schoenefeld, et il s’explique par les mêmes rai- 
sons. M. le D' K. Koch a signalé cette année (1) un Paulownia imperialis 
du jardin botanique de Berlin qui était sur le point de fleurir à la date 
du 6 octobre. 

Mais, quant à la question que nous adresse notre honorable corres- 
pondant, nous ne connaissons aucun moyen de s’opposer à l’influence 
funeste que l’hiver exerce ordinairement sur le Paulownia. Nous avons 
été, à ce sujet, témoin d’une expérience qui est restée sans résultats : 
on avait, avant l'hiver, emmailloté chaque grappe d’un Paulownia, 
dans de la ouate enveloppée de papier goudronné : au printemps on 
a soigneusement enlevé ces couvertures, mais les boutons sont tombés. 
Nous ignorous si d’autres expérimentateurs ont été plus heureux. 

Quoi qu’il en soit, il est bon de savoir que les boutons de Paulownia 
s'ouvrent très-facilement lorsqu'ils sont coupés et placés dans un appar- 
tement. Si, quand les premières gelées sont à craindre, on coupe quelques 
branches de fleurs et qu’on les place dans l’eau, on jouit quelques jours 
après d’une fort belle floraison : peu de plantes se prêtent aussi bien 
à cette expérience. La floraison naturelle étant si rare chez nous, il 
nous semble que le mieux est de couper, avant l’hiver, au moins une 
partie des thyrses pour les faire fleurir artificiellement. 


DÉCORATION DES PARTERRES PENDANT L'HIVER. 


Pour dissimiler l'aspect disgrâcieux que présentent à cette saison, 
les plates-bandes dégarnies dans les parterres, il faut avoir en pot quel- 
ques espèces naines de végétaux à feuilles persistantes qu’on tiendra 
en réserve dans un coin pendant l'été et qu’on transplantera en automne 
dans les plates-bandes. Cela donne peu d’embarras : seulement la peine 
de les remettre en pot tous les ans, et de les arroser de temps à autre 
dans les chaleurs. Lorsque ces arbustes deviennent trop forts, remplacez- 
les par d’autres plus pelits. Parmi les espèces qui conviennent le mieux, 
je citerai : le Laurier-Thym, le Berberis aquifolia, les Rhododendron 
hirsutum et ferrugineum, les Bruyères naines, l’Andromeda floribunda, 
les Vinca major et minor, les Cotoneaster mycrophylla et autres, le 
Menziesiapyrifolia,le Ledum buxifolium, différentes espèces de Buis, etc. 

On fera bien de les entreméler des suivantes: Lierre panaché, 
Sabine, Aucuba, Ifs et Cèdres nains, et Houx panaché. Pour en retarder 
la croissance, il faut les planter dans une terre assez maigre, ce qui 
retiendra en même temps les racines dans les limites de la circonférence 
des pots. ; (Flor. Cab., trad. de M: D. B.) 


(1) Wochenschrift fur Gürlnerei und Pflanzenkunde , 1859, Nr 40, p. 520. 


Lun GR 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


A PLEINE TERRE. 


Spraguena wimbellata, Tonr. — foi. Mag., pl. 5143. -- Fam. 
des Portulacées : Triandrie Monogynie. — Spraguea en ombelle. 

Cette singulière plante appartient à la flore de Californie et a été 
découverte par le colonel Fremont, au pied de la Sierra Nevada, près de 
la rivière Nozah, en Californie. Le D' Torrey l’érigea en un genre 
nouveau qu’il dédia à M. Isaac Sprague de Cambridge, dans le Massa- 
chusett, collaborateur de l’Illustration des genres de plantes des États- 
Unis. Depuis peu MM. Veitch l’ont reçue vivante de leur collecteur 
William Lobb; ils l’ont exposée au mois de Juillet dernier à la Société 
d’horticulture de Londres et elle a été recommandée comme une plante 
d’une eroissance touffue, fort élégante, d’une physionomie nouvelle el 
paraissant s’adapter surtout à la culture en bordure ou bien sur les 
Rockworks. 

Elle est tout-à-fait rustique. Vivace. 

Les tiges sont droites, arrondies, portant un petit nombre de feuilles, 
la plupart radicales, en rosace et spathulées. L’inflorescence est une 
ombelle de petits épis scorpioïdes, à fleurs serrées, blanches et pour- 
prées. 


Rhododendron Wilsomi (hybridum), Bot. Mag. — B.M., 
pl. 5116. — Fam. des Éricées; Décandrie Monogynie. — Rosage de 
Wilson. 

Hybride, gagnée en 1859, par M. Th. Nuttall dans le Lancashire, à la 
suite du croisement des Rh. ciliatum et Rh. glaucum. 11 a les feuilles du 
premier, saufs les cils; la corolle est intermédiaire, mais en se rappro- 
chant plutôt de celle du Rh. glaucum : elle est d’un rose tendre. On 
espère qu'il sera rustique. 


Datura chlorantha, Hook., var. flore piene. — P. M., 
t. 5128. Syn, Brugmansia chlorantha, Honr. — Fam. des Solanées : 
Pentandrie Monogynie. — Datura à fleurs jaunes. 

MM. Henderson, de Edgewaro Road, ont reçu des graines du D. chlo- 
rantha, par M. Francis, curateur des jardins botaniques d’Adelaïde, dans 
l'Australie méridionnale : elles étaient accompagnées des notes suivantes: 
« Espèce de Datura à fleurs doubles et jaunes, très-répandue dans notre 
pays, à parfum agréable et fleurissant tout l’été, elle reste assez basse et 
donne des fleurs pendant 7 ou 8 mois sur 12. C’est une bonne plante 
pour vous en Angleterre : placée dans les plates-bandes au mois de Juin, 
vous pouvez vous attendre à une belle floraison dans les mois d’août, 
septembre et octobre. » 


A 


Malgré cette provenance on ne peut admettre que ce Brugmansia soit 
originaire d’Adelaïde : il a dû y être importé d’ailleurs, peut être méme 
d'Europe. Ses feuilles sont à peu près celles du D. conmper les fleurs 
sont grandes, doubles et jaunes. 


Linum pubescens, Russ., var. Sibthowrpianum. — Pot. Magq., 
pl. 5112. — Lirum piliferum, Presz.; L. Sibthorpianum, Revur.; 
L. decoloratum, Grises.; L. hirsutum. Sisr. — Famille des Linées; 
Décandrie Pentagynie. — Lin pubescent, variété de Sibthorpe. 

Répandu depuis Alep et le mont Liban, jusqu’en Sicile, à travers la 
Grèce, les Iles de l’Archipel et la Macédonie, où il croît à des élévations 
supramarines de 500 à 600 pieds, le lin de Sibthorpe est une plante 
annuelle de pleine terre, très-élégante, à fleurs rouge pâle, au moins 
aussi grande que celle du Linum grandiflorum, mais beaucoup moins 
éclatantes. 


99 SERRE TEMPÉRÉE. 


Richardia albo-maculata, Hook, — Bot. mag. 5140. — Fam. 
des Aroïdées : Monœcie monandrie. -— Richardia à macules blanches. 

Le professeur Kunth sépare, avec beaucoup de sagacité, le genre 
Richardia composées d’Aroïdées de l'hémisphère austral, du genre Calla 
de Linné, particulier à l'Europe et à l’Amérique dans l'hémisphère 
boréal. Jusqu'ici, le genre Richardia ne comptait qu’un seul représentant 
l’ancien Calla Æthiopica (Richardia Affricana Kru.) du Cap de Bonne- 
Espérance. Sir W. Hooker vient de recevoir, précisément en même temps, 
deux nouvelles espèces (ou variétés), originaires du Natal, et qui ont 
fleuri en serre tempérée au mois de janvier de cette année, l’une chez 
M. Backhouse à York, l’autre chez MM. Veitch. 

La première a été nommée Rich. albo-maculata : ses feuilles sont 
criblées de goutelettes nacrées, presque ee NES : leur forme est 
celle d’un fer de lance. Les fleurs ressemblent à celles du €. Æthiopica 
mais la spathe est plus étroite et le spadice plus court. 

C’est une excellente acquisition pour nos amateurs de serre tem- 
pérée. 

Epigynium leucobotrys . Nurr. Mss. — Bot. Mag., t. 5103. — 
Fam. des Vacciniées : Décandrie Monogynie. — Epigynium à fruits 
blanes. 

Que le genre Epigynium de Klotzsch soit admis ou qu’il soit con- 
sidéré comme une section des Vaccinium, la plante actuelle appartient 
au même groupe que l’£p. acuminatum KI. et elle a été introduite 
comme celui-ci par le vénérable M. Nuttall. L’£p. leucobotrys Nurr. 
a été rapporté vivant des monts Duppla, au N. E. du Bengale, par son 
neveu M. Booth, qui la découvrit croissant sur un vieux chêne. « C’est 


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un arbuste toujours vert, écrit M. Nuttall, haut de 7 à 8 pieds, trés 
droit, à branches verticillées, à racines tubéreuses et portant un grand 
nombre de grappes de fleurs blanches, coniques, pentagonales et telle- 
ment transparentes que l’on peut voir à travers les dix petites anthères 
qui s’y trouvent renfermées. 

Cet Epigynium se cultive en serre froide, en terre de bruyère 
mélangée de terreau : il fleurit copieusement pendant l’été et à ses fleurs 
succède une abondante moisson de petits fruits blancs comme de la cire 
et qui persistent longtemps. 


Rhododendron Shepherdii, Nurr. en Hook. Kew Journ. Bot. 
1855 v. 5, p. 560. — B. M. t. 5195. — Fam. des Ericées; Décandrie- 
Monogynie. — Rosage de M. Shepherd. 

Introduction de M. Nuttall, des montagnes de l’Assam et du Bootan, 
elle a fleuri dans ses serres de Nutgrove, dans le Cheshire. Il a les fleurs 
superbes et d’un beau rouge ; diffère du Rh. Kendrickit par la glabres- 
cence de lovaire et l’ampleur du calice; du Rh. arboreum par la couleur 
de la surface inférieure des feuilles, les nervures arrondies et le calice 
plus grand; enfin du Rh. barbatum, dont il est le plns proche allié, par 
l’absence desoies sur le pétiole et un petit calice. Il eroît sur les monts 
Oola, en compagnie du Rh. eximium et il est dédié à M. Shepherd du 
jardin botanique de Liverpool. 


Rhododendron Kendrickii, Nurr., var. latifolium. — Pot. 
Mag.,t. 5129. — Fam. des Ericées; Décandrie Monogynie. — Rosage 
de M. Kendrick, variété à larges feuilles. 

Parmi les introductions récentes et si brillantes des Rhododendrons 
du Bhotan par M. Nuttall, très-peu surpassent celle du R. Xendrickü, 
quant au rouge éclatant des fleurs. Il a été recueilli par M. Booth, neveu 
de M. Nuttall, à 7000 pieds d’élévation, en même temps que le R. Edge- 
worthii; il croit dans la région des Pins et des Chênes et forme de 
superbes buissons, très-touffus, comme ceux du R. Ponticum , et à tra- 
vers lesquels le voyageur a beaucoup de peine à se frayer un passage. 

C’est un petit buisson, très-rameux, à écorce pâle et douce : les feuil- 
les sont longues de 10 à 15 centimètres sur 2 à 3 de large, généralement 
ondulées aux bords; vertes sur les deux faces ; les plus jeunes et les 
nouvelles familles portent un duvet rouge et glutineux qui disparaît 
avec l’âge. Les bouquets sont composés de 10 à 15 fleurs d’un beau rouge. 

Areca sapida, Soc. — Bot. Mag., 5159. — Sinon. : Areca Banck- 
sit, Marr. — Fam. des Palmiers : Monœcie Hexandrie. — Areca de Banks. 

Ce genre de Palmiers appartient à l’Asie, mais le groupe dont fait 
partie l’Areca sapida, et qui a un ovaire uniloculaire, paraît être confiné 
à la Nouvelle Zélande, aux îles Norfolk et à l’archipel Malais. C’est une 
espèce élégante et intéressante, s’étendant jusqu’au 58° degré de latitude 
australe, dans les iles de la Nouvelle Zélande : elle reste petite; le trone 


EN 


s'élève à 2 ou 3 nrètres, sur un diamètre de 15 à 20 centimètres; les 
frondes pennées sont longues de 1,80 environ; les primules étroites, 
linéaires-lancéolées: spadice très-branchu, à fleurs serrées, long de 50 à 
70 centimètres, renfermé dans une spathe double et naviculaire. 

Ce palmier est au nombre des plus beaux parmi ceux qui peuvent 
embellir les serres froides ; sa floraison, dans le jardin royal de Kew, 
est un fait remarquable. 


Diptcracanthus calvescens, Ncess, ?n Endl. et Mart. Fl. Bras. 
fase. 7, p. 52. — Bot. Mag., tab. 5106. — Fam. des Acanthacées; 
Didynamie Angiospermie. — Dipteracanthe chauve. 

Il n’égale certainement pas le D. spectabilis, mais son abondante et 
jolie floraison, pendant les mois les plus rudes de l’hiver, doit le faire 
favorablement accueillir. Il est natif de Rio-Janeiro où il a été recueilli 
par Martin, Riedel, Schott, etc. C’est un petit arbuste, à tiges grisâtres, 
à feuilles opposées, par-ci par-là dentées, à fleurs géminées, d’un bleu 
tendre. 


3° SERRE CHAUDE. 


Begonia xanthina, Hook. var Lazuli. — PB. Lazuli, LiINDEN. — 
Bot. Mag., t. 5107. — Journ. d’hort. prat., 1859, p. 75. — Fam. des 
Bégoniacées, Monæcie Polyandrie. — Begonia Lapis-Lazuli. 

C’est un des plus brillants Begonias de nos serres chaudes, récem- 
ment mis dans le commerce par M. Linden, décrit et figuré par le 
Bolanical Magazine. À cette occasion S. W. Hooker s’exprime ainsi : 
« M. Linden, l’horticulteur distingué de Bruxelles, a le mérite d’avoir 
introduit pendant les dernières années, une série de plantes du genre 
Begonia, de l’Assam dans les serres chaudes d’Europe : plantes d’une 
grande beauté, tant par leurs fleurs que par leur feuilllage : celui-ci 
brille surtout par ses amples dimensions et l’éclat métallique allié 
aux formes et aux coloriages les plus variés et les plus bizarres. Dans 
ce groupe on trouve le Begonia Rex, les Begonia Amabilis, Argentea, 
Victoria et Lazuli de Linden : toutes ces plantes appartiennent à un 
seul et même groupe spécifique, dont notre B. xanthina du Bootan, 
peut être considéré comme le type; la plupart sont des variétés, très 
brillantes sans doute, les autres des hybrides, dans lesquelles il semble 
y avoir du sang d’une espèce à fleur rouge, telle que du Begonia Rex, 
par exemple. 

Ces superbes plantes ont été déjà présentées dans nos expositions 
par M. Linden et sont décrites dans le Journal d’horticulture pratique. 


Begonia xanthina, Hook. var. pictifolia. — Zot. Mag. t. 5102. 
Synon.: Begonia Victoria Lixp., Begonia picta HorrT. Jackson (non 
Sir), — Fam. des Bégoniacées ; Monœcie Polyandrie. — Begonia à 
fieurs d’or, variété à feuilles peintes. 


AU Rs 


Il a été mis dans le commerce sous les nom de Begonia picta par 
M. Jackson en Angleterre et de Begonia Victoria par M. Linden; mais 
S. W. Hooker n'hésite pas à le considérer comme une forme, peut-être 


un croisement du Begonia xanthina, et il est tout autre chose que 


l’ancien B. picta Smith. Les feuilles sont rayées de bandes d’argent. Les 
fleurs sont jaunes. On peut lui appliquer les mêmes observations que 
celles qui sont relatées à l’occasion du 2. xanthina var. Lazuli. 


Vriesia psittacinma, Linpz., var. rubro-bracteata. — Pot. 
Mag. t. 5108. — Syn. Tillandsia psittacina Hook. — Fam. des Bromé- 
liacées : Hexandric Monogynie. — Vriesia perroquet, var. à bractées 
rouges. 


Originaire du Brésil et l’un des plus précieux ornements de nos 
serres, par ses épis écarlates et dorés qui se montrent pendant les plus 
grands froids de l’hiver, cette charmante espèec rappelle le nom de 
M. le D' W. de Vriese, professeur de botanique à Leyde, et actuellement 
en mission scientifique à Java. 


Bilbergia macrocalyx, Hook. —— Bot. Mag., pl. 114. — Fam. 
des Broméliacées ; Hexandrie Monogynie. — Bilbergia à long calice. 

On est redevable de cette espèce à J. Wetherell, ancien consul anglais 
à Bahia : elle est très-brillante et voisine des B. Wetherelli et surtout 
B. thyrsoidea. 


Rhipsalis sarmentacea, Orro et Dirk. — Bot. Mag., t. 5156. 
Syn. : Cereus lumbricoites, Lem. — Fam. des Cactacées; Icosandrie Mo- 
nogynie. — Rhipsalis sarmenteux. 

Natif de Buenos-Ayres et du sud du Brésil, où il croît en épiphyte sur 
les arbres ou bien sur les rochers en appliquant étroitement ses longues 
tiges lombricoïdes contre la surface des corps, il donne dans nos serres 
de jolies fleurs blanches. 


Brachychiton Bidwilli, Hook. — B. M.,t. 5133. — Fam. des 
Sterculiacées ; Polygamie Monæcie. — Brachychiton de M° Bidwill. 

Feu M° Bidwill avait envoyé des graines de ce remarquable végétal 
an jardin royal de Kew, en 1851, du districht de Widebay, au N.-E. 
de l'Australie. S. W. Hooker le considère sans hésitation comme de la 
section Brachychiton de genre Sterculia, de Schott et Endlicher, dont 
R. Brown a fait le genre Brachychiton en y comprenant les Pœciloder- 
mis et les Thrichosiphon de la Nouvelle Hollande tropicale. La descrip- 
lion que le D" Mueller a fait du Br. ramiflorum qu'il a découvert sur le 
fleuve Victoria s’appliquerait exactement à notre espèce, sauf en deux 
points : les feuilles sont ici trilobées et le calice a les lobes courts et fort 
obtus. 

Le B. Bidwilli forme un arbuste, sortant d’une racine tubéreuse, 
à rameaux couverts d’un fomentum étoilé, feuilles cordées, trilobées : 


A8! AUD 


fleurs polygames-monoïques presque sessiles, réunies en groupes axil- 
laires ; rouges. 

Æschinanthus cordifoiinus, Hook., Bot. Mag., t. 5151. — Fam. 
des Cyrtandracées : Dydinamice Angiospermie. — Æschynanthus à feuil- 
les en cœur. 

L'une des plus belles introductions de M. Th. Lobb, voyageur de 
MM. Veitch et découverte à Bornéo. Cette cepece se rapproche beaucoup 
de l'Æsch. tricolor, mais on distingue celui-ci à ses feuilles plus petites, 
au calice plus court, plus large et étalé : la corolle est également différente 
de forme et de coloris ete. Les rameaux sont pendants et ils aiment à 
croître en épiphytes; les feuilles mesurant cinq à six centimètres, sont 
cordées, presque ovales, épaisses, tout-à-fait glabres, acuminées; les 
fleurs sont grandes, très-belles, et réunies en assez grand nombre à 
l'extrémité des rameaux. 


Thumbhergia coceinea, War. — Bot. Mag., t. 5124. — Synon.: 
Thunbergia pendula, Hassk.; Heïacentris coccinea, Nes. — Fam. des 
Acanthacées ; Didynamie Angiospermie. — Thunbergia à fleurs écarlates. 

Cette belle et remarquable plante a été envoyée en Angleterre il y a 
environ quarante ans, par le D' Wallich, du jardin botanique de Cal- 
cutta, mais eu égard aux grandes dimensions qu’elle atteint, on la voit 
rarement dans toute sa magnificence. Elle a été longtemps cultivée dans 
les jardins royaux de Kew, où elle ornait de mille festons la grande 
serre de Palmiers, mais les innombrables grappes florales qui se for- 
maient annuellement, tombaient sans s'ouvrir. M. Veitch d’Exeter a 
été plus heureux et il a pu jouir de cette admirable floraison. 

Le Th. coccinea semble être très-commun dans les jungles de toute 
la région montueuse des Indes, depuis Kamaon, le Nepaul, le Sikkim, 
le Khasia, la Peninsule Malaise jusqu’à Java. 


Æsculus indica, Hook. — Bot. Mag., 5117. — Pavia indica, 
CoueBr. — Fam. des Hippocastanées; Heptandrie Monogynie. — Mar- 
ronnier d'inde ou Pavia des Indes. 

Cet arbre paraît être le véritable Marronnier de l’Inde, tandis que 
celui qui porte vulgairement ce nom chez nous est, d’après le témoi- 
guage du D' Royle complètement inconnu dans la région du Gange. Il 
atteint une très-grande hauteur; ses fruits sont amylacés et amers, et 
ses thyrses ont la plus grande ressemblance avee ccux de lÆsc. hip- 
pocasianuimn. 


Gesneria purpurea, Paxr. — Bot. Mag., ti. 5115. — Syn. : Gesn. 
verticillata , Hook.; G. Douglasit, Hook. — Dircæa-Gesneria pur- 
purea, PLancu., Fl. des Serres, pl. 1046. — Fam. des Gesneriacées; 
Didynamie Angiospermie. — Gesnerie pourpre. 

Espèce très brillante, originaire de Rio-Janciro, connue et cultivée 
depuis longtemps, mais que la culture a singulièrement embellie. Elle a 


en 


été plusieurs fois introduite, récemment encore par M. Millosovich. Mais 
la famille des Gesnériacées a du malheur; on dit de presque toutes ses 
espèces qu’elles sont des hybrides : l’homme dispute à Dieu la création 
de ces charmantes fleurs; pour celle-ci on la croit hybride et l’on en 
cite même les parents. Nous ne discuterons pas cette question, S. W. 
Hooker l'ayant suffisamment réfutée (Bot. Mag., 1859, pl. 5115). 


Stephanophysum Baïikiei, Hook. — Bot. Mag., t. 5111. — 
Fan. des Acanthacées : Didynamie Gymnospermie. — Stephanophysum 
du D’ Baikie. 

L’une des plantes les plus intéressantes récemment envoyées en 
Angleterre par l'expédition qui a été envoyée au Niger sous le com- 
mandement du D'Baikie, et recueillie par l’infatigable naturaliste Barter. 
Les graines ont germé et donné fleur pendant l'hiver 1858-1859. S. W. 
Hooker a reconnu qu’elles représentaient une nouvelle espèce de Ste- 
phanophysum qu’il a dédiée au D' Baikie : c’est un sous-arbrisseau 
dressé, à tiges quadrilatérales, à feuilles opposées, longues d’un déei- 
mètre environ, ovales-lancéolées. Fleurs en panicules serrées, rouges et 
brillantes. 


Howardia Caracasensis, Wen. — Bot. Mag., t. 5110. — 
Synon. : Calycophyllum tubulosum, Seex.; Pinckneya ionantha,-Horr. 
Makxoy. — Fam. des Rubiacées; Pentandrie Monogynie. — Howardia de 
Caracas. | 

Plante très-gracieuse, à panicules pendants, très-fournis et dont 
l’éclat est encore rehaussé par la métamorphose de l’une des dents de 
chaque calice, en une feuille d’un rouge vif; cela rappelle, sauf la cou- 
leur, l’anomalie identique du Mussoenda. Cet arbre croit dans la pro- 
vince de Caracas , au Venezuela, où il a été découvert par Funcke. 
On sait qu’une espèce du même genre, le Howardia febrifuga, de 
Weddell, originaire de Bolivie, fournit une écorce très-estimée contre 
la fièvre intermittente. 


Nepenthes ampullaria, W. Jack. — Bot. Mag., t. 5109. — 
Fam. des Nepenthacées : Diœcie Monadelphie. — Nepenthes à ampoules. 

Originaire des forêts de Singapore, il se trouve aussi à Rhio, et dans 
quelques îles de l’Archipel Malais; les urnes sont beaucoup moins grandes 
et moins bizarres que celles des Wepenthes Rafflesiana et villosa ; ordi- 
nairement elles sont globuleuses et renflées en forme d’ampoule, mais 
celles que portent les feuilles caulinaires et qui sont toujours moins 
parfaites sont plus étroites et ovales-oblongues. 


Niomordica amêxéa, RoxBs. — Bot. Mag., t. 5145. — Syn. Mo- 
mordica cochinchinensis, SprEenc.; Muricia cochinchinensis, Lour. — 
Fam. des Cucurbitacées : Diœcie Monadelphie. — Momordique à grandes 
fleurs. 


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Fort belle Cucurbitacée de Chine, de Cochinchine et de Calcutta; ses 
grandes fleurs (10 centim. en diamètre), ont la corolle jaune paille 
veinée et maculée au fond en beau noir. 


Lælia xamtlhinn, Lip. — Bot. Maq.,t. 5144, — Fam. des Orchi- 
dées : Gynandrie Monandrie. — Lælia à fleurs dorées. 

Nouvelle espèce Brézilienne, introduite par MM. Backhouse de York 
et décrite par Lindley dans le Botanical Magazine : elle ressemble au 
L. fluva, mais elle est plus grande et plus belle. 


Evelyna caravata, Linz, Bot. Mag., 5141. — Synon. : Serapias 
caravata, Auez. — Cymbidium hirsutum, Waizzo. — Sobralia cara- 
vata, Linz. — Evelyna lepida, Rens. — Fam. des Orchidées : Gynan- 
drie Monandrie. — Evelyne d’Aublet. 

Le D" Poeppig, botaniste-voyageur allemand, créa ce genre en l’hon- 
neur de John Evelyn, naturaliste anglais du dix-septième siècle, auteur 
de Sylva, Pomona et Terra. Poeppig découvrit cinq espèces d’Evelyna 
pendant son voyage au Perou: celle-ci, la première connue, avait été 
rencontrée par Aublet à la Guyane francaise et figurée par lui : elle a 
été retrouvée à la Jamaïque. C’est une Orchidée élégante et remarquable, 
d’un facies tout particulier : les tiges, feuilles, ovaires et calices sont 
chargés de poils noirs et raides. Les bractées sont remarquables par leur 
couleur pourpre : les fleurs sont jaune vif : elles forment des épis courts 
et compacts, portés à l’extrémité des tiges. 


Ærides Wighiianum, Linpz., Bot. Mag., t. 5138. — Syn.: 
Ærides testaceum, Lixpr., Gen. et sp. Orch., p.258; Vanda parviflora, 
Linpc. — Fam. des Orchidées : Gynandrie Monandrie. — Aerides du 
D: Wight. 

Habitant de Ceylan, Madras, Bombay etc., sa plus grande beauté 
réside dans les bigarrures du labellum; les sépales et les pétales sont 
de couleur testacée et très-étalés. 


Dendrobium albo-sanguineum, Livpz. — Bot. Mag., tab. 
5150. — Fam. des Orchidées; Gynandrie Monandrie. — Dendrobium 
blanc et rouge de sang. | 

Natif de la rivière Attran, dans le Moulmein, cette espèce est encore 
rare et peu connue. Elle a été bien décrite par Lindley, mais la figure 
donnée par Paxton est inexacte et diffère de celle que le Botanical Maga- 
zine vient de produire. 


€ymbidium eburneum. Linn., in Bot. Reg. v. 55, t. 67. — 
Bot. Mag. t. 5126. — Fam. des Orchidées; Gynandrie Monandrie- 
Cymbridium à fleurs d'ivoire. 

Cette charmante et rare Orchidée n’a jusqu'ici été rencontrée que par 
un seul botaniste, feu le D: Griffith, qui l’a découverte à Myrung, sur 
les monts Khasia dans l'Est du Bengale où elle croit à une altitude de 


De Rae 


5 à 6000 pieds. Les fleurs sont grandes, blanc d’ivoire et très-légérement 
ondulées. 


Angræcum sesquipedale, Aub. du Pet. Ta. Bot. mag. pl. 5115, 
synon : Aeranthus sesquipedalis Linp. — Fam. des Orchidées : Gynan- 
drie Monandrie. — Angrœæcum à fleurs d’un pied et demi. 

Encore une merveille de Madagascar : la fleur est énorme, un pied 
et demi ! Elle ne fut longtemps connue des botanistes que par une figure 
publiée en 1822 par Auber du Petit Thouars, mais le célèbre explorateur 
du pays des Madégasses, le Rév. ÿY. Ellis, rapporta des plantes vivantes 
lesquelles ont fleuri, pour la première fois en 1857 et tout récemment en- 
core en 1859. Sur ce specimen, les fleurs mesuraient dix-huit centimètres 
de diamètre et l’éperon plus de trois décimètres : elles sont uniformément 
d’un blanc d'ivoire où un peu jaunâtre et elles ont le mérite de répandre 
le même parfum que le Lis blane des jardins (£L. candidum). S. W. Hooker 
qualifie l'A. sesquipedale du titre de Prince des Orchidées. 


DES SOINS A DONNER AUX PLANTES DANS LES APPARTEMENTS, 
Par M. W. Parker, Hype ().. 


Si l’on considère les soins généraux à donner aux plantes dans l’inté- 
rieur des maisons, il y a quelques points qui méritent toute l’attention 
de l’amateur, et à l'égard desquels il ne saurait être trop minutieux, 
nonobstant tout ce qui a été écrit sur ce sujet. Pour que des plantes 
prospèrent dans un appartement, l’air et la lumière sont indispensables; 
une bonne exposition vient en second lieu; une fois ces conditions rem- 
plies, il n’y a pas de raison pour que des plantes ne puissent pas croïtre 
dans une chambre aussi bien que dans une serre, si l’on donne un soin 
judicieux à l’arrosement et à la propreté. 

L'air et la lumière réclament d’abord notre attention; où ces éléments 
font défaut, comme dans des locaux obscurs et fermés, il est impossible 
d’avoir des plantes saines et bien venues. Quelque soin qu’on leur donne 
sous d’autres rapports, elles seront faibles et languissantes. Qu’elles 
soient toujours placées aussi près de la croisée que possible, et qu’on 
leur dispense autant d’air que faire se peut, eu égard à d’autres eon- 
sidérations, toutes les fois que le temps le permet; ceux qui n’ont 
d'autre place pour leurs plantes que la chambre où ils se tiennent, 
trouveront réellement un immense avantage à les mettre dehors pendant 
les belles soirées du printemps et d'automne, les rosées nocturnes con- 
tribuant grandement à leur santé et à leur vigueur. Arroser mal à propos 
fait plus de tort aux plantes que bien des gens ne se l’imagivent. Le plus 
souvent, on abuse de l’eau, la terre des pots devient de la boue et les 


(1) The Floricullural Cabinet, Octobre 1859. Trad. par M. De Borre. 


RS Lee 


racines meurent. D’autres, pour éviter ce mal, tombent dans l’excès 
contraire, et leur en donnent à peine assez pour vivre; mais, en général, 
si une plante a mauvaise apparence, on a recours aussitôt à de grandes 
quantités d’eau, et, comme un médecin inhabile, on ne fait que hâter 
par ce traitement la fin qu’on veut prévenir. La bonne méthode est 
d'attendre que la terre du pot ait l’apparence de la sécheresse (mais pas 
assez pour que la plante languisse), avant de lui fournir une nouvelle 
ration d’eau, qui doit être alors assez copieuse, surtout si les pots sont 
aménagés et drainés comme il faut. Quand on se sert de soucoupes ou 
plateaux, on ne doit jamais y laisser l’eau croupir. L’eau doit être de 
préférence légèrement tiède et dégourdie, c’est-à-dire ayant séjourné un 
jour ou deux dans l’appartement; l’eau de pompe toute froide saisit trop 
vivement les plantes. 

La propreté est aussi nécessaire à la santé des plantes qu’à celle de 
l’homme, et demande une attention constante. On remédiera aisément 
aux dépos qui proviennent de la poussière et des insectes, — aux unes, 
en lavant la plante par le moyen de la seringue, ou en nettoyant chaque 
feuille avec l’éponge, aux autres, par les fumigations de tabac. Il est 
étonnant de voir comme les plantes se portent bien, lorsque toutes ces 
préeautions sont prises, et que les feuilles, (qui sont les organes respi- 
ratoires des plantes), sont tenues propres, ce que l’on reconnaît au 
vert-vif du feuillage, et à un air de vigueur que rien d’autre ne peut 
donner. 

Le choix de la terre et la mise en pot sont d’une égale importance, et, 
pour se guider en cette matière, l’amateur inexpérimenté doit consulter 
quelque ouvrage qui traite de la culture de chaque genre. Dans cette 
courte notice, nous sommes forcés de nous borner à un petit nombre 
d'observations générales sur les terres qui conviennent le mieux à des 
plantes cultivées presque partout. 

Les plantes dont les tiges sont minces ou fragiles, avec des racines de 
texture fibreuse, et de nature semblable à celle des Erica, comme les 
Epacridées, les Diosma, etc., demandent la même terre et la même 
culture que les bruyères du Cap. Celles dont le bois et le caractère 
général sont un peu différents, comme les Acacias, Tetratheca, Ardisia, 
etc., demandent eu outre de la terre de bruyère sablonneuse; et pour 
celles qui différent matériellement de la Bruyère d'aspect et de nature, 
il faudra seulement ajouter à leur terre un peu de terreau, et, si l’on 
veut, un peu de fumier bien pourri. Presque tous les oignons du Cap et 
autres, tels que les Zxia, Sparaxis, Tritonia, Gladiolus, ete., réussis- 
sent le mieux dans une terre de bruyère sablonneuse, riche et meuble, 
sans mélange de terreau, Les arbustes et les plantes herbacées avee des 
racines et des rameaux luxuriants, comme plusieurs espèces d’Æibiscus, 
de Myrtes, de Jasmins, d’Héliothropes, ete., veulent de la bonne terre 
de bruyère et du terreau de feuilles bien amalgamés. Les plantes qui ont 


pres 


la tête délicate et une abondance de racines, telle que les Veronica, 
Maurandia, Sénecons, Scutellaria, Ruellia, ete., demandent un sol 
léger et sablonneux, mêlé d’une petite quantité de terreau de feuilles et 
de fumier trés-fait. Les plantes grasses de toute espèce n’ont besoin que 
de peu d’eau, ct se cultivent en général très-facilement dans les appar- 
tements; beaucoup réussissent dans un mélange de terre sablonneuse 
et de débris de chaux, comme les Aloës, Cactus, Cacalia, etc.; d’autres 
viennent mieux dans un mélange de terreau et de terre de bruyère, 
comme les Mesembrianthemum et les Cotyledon. La plupart des plantes 
bulbeuses fleurissent mieux dans les appartements, et demandent moins 
de soin que les autres. 

Lorsqu'on met les plantes en pot, il est bon de pourvoir au drainage, 


en plaçant au fond une couche de tessons; et si l’on fait attention aux. 


points susmentionnés, on obtiendra des plantes aussi parfaites qu’en 
serre, Ou à peu près. 


EMPLOI DE L'ALOËS SUCCOTRIN CONTRE LES BRULURES. 


Les journaux rapportent plusieurs anecdotes intéressantes concernant 
l'efficacité extraordinaire du suc de l’Aloës succotrin (Aloe succotrina, L.), 
contre les brülures : si ces résultats se confirment nul doute que l’on ne 
fasse dans toute serre une petite place pour une plante aussi utile. Voici 
les faits : — Un horticulteur nommé Simon, habitant de Belleville, 
répandit un jour un verre d’eau bouillante sur son pied: la douleur fut 
cruelle. Le patient était seul et sans espoir de secours; un plant d’Aloës 
se trouvait près de lui, il en arracha une des feuilles épaisses et char- 
nues, la dédouble et en étend la partie interne sur son pied. A sa grande 
surprise, la douleur disparûüt aussitôt « comme si on l’eut enlevée avec 
la main. » En même temps le suc vert de la plante prend une teinte 
violette. Le lendemain, il ne restait aucune trace des ravages de l’eau 
bouillante, sinon une teinture violette, qui persista pendant une dizaine 
de jours. — Second fait. M. Lemaire, rédacteur de l’{llustration horti- 
cole, appliqua sur le bras cruellement brülé de sa cuisinière un panse- 
ment fait avec des feuilles d’Aloës, et obtint le même résultat que 
M. Simon. — Troisième fait. Un ouvricr travaillant dans les serres du 
Muséum d’histoire naturelle de Paris, est atteint d’un jet de vapeur qui 
transforme son dos en une vaste plaie; M. Houillet, directeur des serres, 
a aussitôt recours à l’Aloës, qui amène une guérison aussi rapide, aussi 
complète que dans les deux premiers cas. 


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HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. 


LA ROSE DE JÉRICHO OU LES PLANTES QUI RESSUSCITENT. 


AnasraTica, de Anastasis, résurrection; plante reprenant ses formes 
primitives, quelque desséchée qu’elle soit, par son immersion dans l’eau. 

A. Hierochuntica. Originaire des plaines désolées de l'Egypte, autour 
du Caire, de la Palestine et de la Barbarie, il croît encore sur les vieux 
murs et les rocailles en Syrie, dans les déserts sablonneux de l’Arabie, 
près des côtes de la Mer-Rouge. Sa tige est très ramifiée, touffue, plus 
ou moins dichotome ; les feuilles oblongues ou ovales, étroites à la base; 
les siliques légèrement pubescentes. 


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PI: 1. Rose de Jéricho (Anastatica hierochuntica). 


Les feuilles tombent après la floraison; les branches se desséchent, 
durcissent, se relèvent et se recourbent toutes en-dedans en se repliant 
sur elles-mêmes, de manière à donner à l’ensemble la forme d’une petite 
boule. 

Dans cet état la plante est facilement déracinée hors du sable et 
poussée par le vent du désert jusque dans la mer : aussitôt qu’elle 
éprouve le contact de l’eau, elle se ramollit, s’ouvre et s’étale; les cap- 
sules éclatent, abandonnent leurs graines que la marée pousse bientôt 


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sur le rivage; le vent les enlève avec le sable et Les rejette en tourbillon- 
nant jusque dans le désert. 

Une autre plante voisine des Fougères, le Lycopodium lepidophyllum, 
porte en Amérique le nom de Rose de Jéricho, parce qu’elle présente la 
même particularité de s’étaler au contact de l’eau. Moins connue et moins 
célèbre que la première, elle n’en est pas moins un intéressant sujet 
d'observation et d'étude. | 

L’imagination des Arabes a entouré notre Rose de Jéricho d’une auréole 
de poésie : ils en ont fait le symbole de la résurrection et de l’éternité. 
Connue en Europe pendant le moyen-âge, elle a été le sujet d’une foule 
de contes et de superstitions, dont on retrouve le naïf récit dans les 
œuvres des anciens naturalistes (American Gardener’s Monthly). 


ANS 
ON NE 


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PI. 2. Rose de Jéricho d'Amérique (Lycopodium lepidophyllum) ouverte et fermée. 


FLORICULTURE DE SALON. 


DEUX NOUVEAUX PORTE-BOUQUETS. 


PI. 3. Porte-bouquet. 


Un correspondant du Cottage Gardener 
lui a envoyé le croquis d’un petit meuble 
aussi simple qu’ingénieux. C’est un vase 
ou plutôt un ensemble de vases emboités 
les uns dans les autres, destiné à recevoir 
des fleurs qui se disposent tout naturelle- 
ment en un beau bouquet. On se procure 
quelques petites porcelaines, huit d’après 
le dessin, de grandeur successivement 
moindre, de telle sorte qu’elles s’emboi- 
tent aisément les unes dans les autres et 
laissent entre leurs parois un certain inter- 
valle. On place une petite rondelle de bois 
en-dessous de chaque vase et l’on fixe le 
tout sur un support ou un trépied. On ob- 
tient ainsi un porte-bouquet dans lequel 
il suffit d’arranger les fleurs. Il est à dési- 
rer que l’on puisse bientôt se procurer ce 
petit meuble d’une seule pièce et fabriqué 
dans le pays. 

Nous publions en outre le dessin d’un 
autre objet du même genre, qui est très- 


répandu à Berlin; c’est une sorte de coupe, munie d’un rebord cireu- 
laire double, dans lequel on place des fleurs coupées : au centre est un 
espace libre que l’on garnit d’un petit gazon de Sélaginelle ou de Sper- 
gule. On peut lui donner telle dimension qui paraîtra la plus convenable 
et le faconner en métal ou en faience. 


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PI, 4. Porte-bouquet de Berlin. 


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PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


OBSERVATIONS CONCERNANT QUELQUES PLANTES HYBRIDES 
QUI ONT ÉTÉ CULTIVÉES AU MUSEUM D'HISTOIRE NATU- 
RELLE DE PARIS, 


Par Cu. Naunn. 
(Suite et fin). 


Je croirais même volontiers que le fait est assez fréquent, et qu’en 
général la prédominance d’un des deux types spécifiques dans les 
hybrides fertiles de première ou de deuxième génération, lorsque toute- 
fois il n’y a pas eu de nouveaux croisements avec l’un des deux parents, 
est bien plus attribuable à la supériorité de l’une des deux espèces sur 
l’autre, qu’au rôle même de père ou de mère qu’elles ont rempli dans la 
procréation de l’hybride. 

Une nombreuse série d’expériences exécutées en 1854, 1855 et 1856, 
sur les deux espèces de Petunia (P. violacea et P. nyctaginiflora) qui 
sont si communément cultivées dans nos parterres va nous fournir de 
nouveaux exemples de la décomposition des hybrides fertiles et de la 
prédominance d’un des deux types spécifiques sur l’autre. Pour rendre 
les faits plus sensibles à l’esprit, je rappellerai sommairement les carac- 
tères distinctifs les plus saillants de ces deux espèces qui se croisent l’une 
par l’autre avec la plus grande facilité, et qui ont en définitive beaucoup 
d’analogie. Ce ne sont cependant pas deux variétés d’une même espèce, 
car, lorsqu'elles sont parfaitement isolées, leurs graines les reproduisent 
avec une invariable fidélité, et, ce qui est décisif, leurs hybrides n’ont 
aucune constance, ainsi que nous allons le voir, et retournent très 
promptement à chacune de ces deux formes. 

Dans le Petunia violacea pur, la corolle est sensiblement campanulée 
par l’évasement de son tube un peu courbé ; sa couleur est le pourpre 
violet le plus vif, et le pollen y est d’un bleu violacé. Dans le P. Nyctagi- 
niflora, au contraire, la corolle, d’un tiers plus grande que celle du pré- 
cédent, est presque hypocratériforme; le tube en est étroit, allongé, 
à peine dilaté sous le limbe; la couleur en est le blanc pur, avec une 
très légère teinte jaunâtre autour de l’orifice de la gorge dans laquelle 
se montre une fine réticulation brunâtre. Le pollen y est d’un jaune très 
pâle, et le stigmate a plus du double en grosseur de celui du P. vio- 
lacea. J'ajoute que dans les deux espèces, le port est identique, et qu’en 
l'absence des fleurs, il serait à peu près impossible de les distinguer l’une 
de l'autre. 

Aucune des plantes sur lesquelles j'ai expérimenté, n’était isolée. 
Celles qui ont servi aux premiers croisements effectués en 1854 fai- 


NE RU 


saient partie des massifs du parterre du Muséum, où elles étaient 
entourées d’un grand nombre de plantes semblables en pleine floraison ; 
mais les individus obtenus de ces croisements ont été cultivés à part 
dans l’enclos de la rue Cuvier. La difficulté d’abriter les fleurs très 
nombreuses sur lesquelles j’opérais, m’a obligé de recourir au moyen 
suivant pour contrôler mes expériences et leur donner un degré de cer- 
titude suffisant. Voici en quoi a consisté ce moyen. 

Du 29 juillet au 16 septembre 1854, vingt-deux fleurs de Petunia 
violacea, choisies sur différents pieds ayant été castrées dans le bouton 
et laissées à découvert au milieu d’une plate-bande, où s’épanouissaient 
journellement des centaines de fleurs de leur espèce, ainsi que du P. nyc- 
tagoniflora, eurent leurs stigmates couverts de pollens qui n'avaient 
aucune chance d’amener la grossification des ovaires, ce que toutefois 
je voulais vérifier : c’étaient ceux du Wierenbergia filicaulis et des 
Nicotiana auriculata et angustifolia. De ces vingt-deux fleurs, seize 
périrent dans les huit ou dix Jours suivants; les six autres nouérent leurs 
ovaires et donnèrent en définitive des capsules, qu’au moment de la 
maturité, j'évaluai les unes à la grosseur normale, les autres au cin- 
quième ou au quart de cette grosseur. Quelques-unes, toutes peut-être, 
contenaient de bonnes graines, car j’en obtins vingt-six plantes en 1855. 
Sur ce nombre treize reproduisaient exactement le type du P. wiolacea ; 
trois autres n’en différaient que par la teinte plus claire de leur corolle 
seulement lilacées ; les dix restantes avaient les fleurs toutes blanches 
ou d’un carné presque blanc, à gorge violacée, à tube court et à pollen 
gris bleu. Il était évident par là que les six fleurs devenues fécondes en 
4854 avaient recu, en des proportions diverses, du pollen des deux espè- 
ces de Petunia qui fleurissaient dans leur voisinage, malgré la présence 
du pollen étranger dont leurs stigmates avaient été couverts. 

_ Du 2 au 14 septembre de la même année, vingt-quatre fleurs de 
P. nyctaginiflora ont été castrées dans le bouton, et laissées sans fécon- 
dation artificielle ct sans abri, au milieu de centaines d’autres fleurs de 
même espèce. Sur dix-huit de ces fleurs, les ovaires périrent au bout de 
quelques jours sans avoir pris le moindre accroissement; sur les six 
autres, ils nouèrent et donnèrent des capsules, dont une seule atteignit 
à la taille ordinaire; les autres s’arrétèrent au quart, au cinquième et 
même au dixième de cette taille. Toutes contenaient de bonnes graines, 
et J'en obtins, en 1855, un trés-grand nombre de plantes, dont vingt- 
cinq seulement furent conservées jusqu’à la floraison. Ces vingt-cinq 
plantes reproduisirent toutes le type pur et simple du P,nyctaginiflora. 

Du 29 Juillet au 18 septembre de la même année, soixante-quatre 
fleurs du même P. nyctaginiflora, placées dans les mêmes conditions 
que les précédentes, furent castrées dans le bouton, et recurent des 
pollens d’espèces trop éloignées pour pouvoir les féconder : e’étaient 
ceux des Vicotiana angustifolia, rustica, Langsdorffi, californica, 


190 ai 


auriculata et persica ; des Datura ceratocaula, Tatula, Stramonium 
et fastuosa ; de l’Hyoscyamus niger et du Salpiglossis sinuata. Sur ces 
soixante-quatre fleurs, quarante-huit périrent, sans qu’il y ait eu grossi- 
fication des ovaires, se développèrent et donnèrent des capsules dont 
six arrivèrent à peu près à la grosseur ordinaire, les autres s’arrétant 
au huitième, au cinquième, au quart, à la moitié, etc. ; du reste, comme 
dans les cas précédents, ces fruits incomplets contenaient de très-bonnes 
graines qui furent recueillies et semées par lots différents en 1855. Il 
en résulta trois cent quatre-vingt-quatre plantes, dont trois cent quatre- 
vingts n'étaient autre chose que le P. nyctaginiflora sans la moindre 
variation. Sur les quatre restantes, il y en avait une qui différait à peine 
du P. violacea pur : les trois autres à corolle rosée et à pollen gris 
étaient manifestement aussi bien que la précédente, des hybrides de ces 
deux espèces. Ç 

De ces divers essais, il me paraît permis de conclure : 1° Que dans le 
genre Pétunia, lorsque les plantes fleuries sont au voisinage les unes 
des autres, les fleurs castrées et non abritées ont une chance sur quatre 
d’être fécondées par du pollen de leur espèce apporté par le vent ou par 
les insectes ; 2° que cette fécondation accidentelle n’est pas sensiblement 
entravée par la présence d’un pollen étranger et inerte sur leur stigmate; 
3° que l’accroissement des ovaires fécondés et le nombre des graines qui 
s’y développent sont en proportion de la quantité de pollen qui a été 
déposée sur le stigmate, les fruits restant d'autant plus petits que la 
quantité de pollen reçue, a été moindre, eu égard à ce qui était néces- 
saire pour vivifier la totalité des ovoles; 4° enfin que des hybrides nais- 
sent du croisement accidentel des deux espèces ci-dessus nommées’, 
lorsqu'elles se trouvent à proximité l’une de l’autre. 

Voici maintenant le résultat des hybridations qui ont été effectuées 
sur ces deux espèces dans les conditions que j'ai indiquées plus haut. 

Deux fléurs de P. nyctaginiflora, ayant été castrées dans le bouton 
le 21 juillet 1854, sont fécondées le lendemain par le pollen du 
P. violacea. Les deux ovaires nouent et forment deux capsules de 
grosseur normale, dont les graines, recueillies à la maturité, sont semées 
le 17 avril 1855. Un très-grand nombre de plantes lèvent, mais on n’en 
conserve que vingt-cinq pour continuer l’expérience. Au moment de la 
floraison, elles présentent l’aspect le plus uniforme. Dans toutes, les 
fleurs sont colorées et varient du lilas au pourpre vif, moins intense 
cependant que dans le P. violacea pur. Pour la forme et la grandeur, 
les corolles paraissent sensiblement intermédiaires entre celles des deux 
espèces, et sur sept ou huit plantes on retrouve le pollen jaunâtre du 
P. nyctaginiflora; dans toutes les autres, il est gris ou gris bleu. À en 
juger au moins d’après l'apparence, l'influence du P. violacea sur ces 
hybrides est plus marquée que celle du P. nyctaginiflora. 

Le 29 juillet de la même année, opération toute semblable. Deux 


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fleurs du P. nyctaginiflora sont encore castrées et fécondées par le 
pollen du P. violacea. Il en résulte deux fruits de grosseur normale qui 
sont remplis de bonnes graines. Le semis effectué le 17 avril 1855, 
donna une multitude de plantes, dont, faute de place pour les trans- 
planter, on ne put conserver que douze. Au moment de la floraison, 
onze de ces plantes ont les fleurs lilas pourpre, avec des variations d’in- 
tensité, sans arriver cependant à la nuance du P. violacea pur. Pour 
les dimensions, et la forme, elles oscillent entre les deux types spéci- 
fiques ; toutes ont le pollen bleu ou gris bleu. Le douxième pied seul 
a les fleurs blanches, mais avec la gorge violacée et le pollen bleuâtre. 
Ici encore on ne peut méconnaitre que c’est le P. violacea qui a pesé le 
plus fortement sur les hybrides. 

En 1854, j'avais découvert dans les semis de Petunias du Muséum une 
variété que j’eus tout lieu de supposer être un hybride des deux espèces. 
Les fleurs tout-à-fait semblables pour la forme et la grandeur à celles. 
du P. violacea, étaient d’un blanc légèrement rosé, avec la gorge violacée 
et le pollen gris bleu. Cette variété, que dorénavant je désignerai sous 
le nom d’albo rosea, m’a servi à faire divers croisements dont je parlerai 
tout à l'heure. R 

Mais pour être sûr des résultats, il fallait constater si elle était véri- 
tablement hybride : le semis de ses graines était le seul moyen qui pût 
y conduire. Elles furent donc récoltées et semées en avril de l’année 
suivante ; quarante-sept pieds furent jugés un nombre suffisant pour 
faire cette constatation. 

Au moment de la floraison, la petite plate-bande qui contient ces 
quarante-sept plantes présente l’aspect le plus bigarré. 

Pour la forme, toutes les fleurs rappellent celles du P. vwiolacea ; 
mais quelques unes, surtout les moins colorées approchent pour la 
grandeur, de celles du P. nyctaginiflora ; sauf une seule où le pollen 
est blanc grisâtre, toutes l’ont gris-bleu ou violacé. Pour le coloris elles 
se partagent dans les catégories suivantes : 

Dix pieds à fleurs d’un pourpre foncé, qu’on ne peut plus distinguer 
du P. violacea type. 

Douze pieds à fleurs lilas ou pourpre clair, généralement plus grandes 
que celles du P. violacea pur, et déjà assez voisines, mais sous ce rap- 
port seulement, du P. nyctaginiflora. 

Quatre pieds à fleurs lilas très-päles beaucoup plus grandes que celles 
duP.violacea, et mêmes supérieures en cela à celles du P. nyctaginiflora. 

Dix-neuf pieds à fleurs blanches ou très-facilement rosées, à gorge 
violacée, à pollen gris bleu, ou même bleu violacé. Le tube de la corolle 
est toujours évasé et relativement court comme dans le P. violacea. 

Un pied à fleurs toutes blanches, à pollen blanc grisâtre, mais pas 
encore jaunâtre, sensiblement plus voisines du P. nyctaginiflora que du 
P. violacea. 


Enfin un seul pied à fleurs petites, carnées, répétant presque identi- 


Mo Lun 


quement le P. violacea albo-rosea, qui en 1854, a fonrni les graines 
de ce semis. 

Ce premier essai ne permettait pas de conclure absolument la nature 
hybride du P. violacea albo-rosea; aussi pensai-je qu’il convenait d’en 
observer encore une génération. Je choisis donc, pour en récolter des 
graines, les trois plantes du semis ci-dessus indiqué, qui reproduisaient 
le mieux la physionomie de la variété albo-rosea. Ces graines furent 
semées en mélange du mois d'avril 4856; cent seize plantes qui en- 
naquirent présentérent, lors de la floraison, l’aspect le plus varié. Par 
un relevé aussi exact que possible, je les classai de la manière suivante : 

Douze individus qui répètent assez bien la variété albo-rosea de 1854 
et 1855; ce sont à peu de chose près les mêmes tous carnés ou lilas clair, 
comme aussi la même forme de la corolle et la même teinte bleuâtre ou 
violacée du pollen. | 

Vingt-six individus à fleurs blanches, dont le tube de la corolle est 
étroit et le pollen jaunâtre. Plusieurs d’entre eux ne peuvent plus être 
distingués du P. nyctaginiflora, et les autres en différent à peine. 

Vingt-huit à corolle pourpre vif, campanulée, à pollen gris, gris bleu 
ou bleu violacé, qu’on ne peut plus ou presque plus distinguer du 
P. violacea pur. 

Enfin cinquante autres individus qui ne rentrent bien dans aucune 
des trois catégories précédentes et qui, par la forme et la grandeur des 
corolles, aussi bien que par leur coloris qui varie du blanc rosé au lilas- 
pourpre et par la teinte grisâtre du pollen, semblent intermédiaires 
entre les deux types spécifiques, les uns étant plus voisins du P. violacea, 
les autres s’approchant davantage du P. nyctaginiflora. 

En présence de ce résultat, il m’est impossible de ne pas regarder la 
variété albo-rosea comme un hybride; mais de quel degré, c’est ce que 
je ne saurais dire. Ce qui est visible, c’est sa décomposition en variétés 
nouvelles qui s’acheminent vers les deux types producteurs, et dont un 
certain nombre y rentre complètement, à la première et à la deuxième 
génération. Il me paraît qu'ici encore l’empreinte du P. violacea est plus 
fortement marquée sur l’ensemble des hybrides que celle du P. nyc- 
taginiflora. 

On pourra alléguer contre ces conclusions, que les plantes sur les- 
quelles les graines de ces deux semis ont été recoltées étaient, au mo- 
ment de la floraison, à proximité d’un grand nombre d'individus égale- 
ment fleuris de P. violacea et de P. nyctaginiflora, et que n’ayant pas 
été séquestrées, elles ont pu en recevoir du pollen, qui a modifié la 
physionomie des plantes qui en provenaient. Le fait est sans doute 
possible, mais il est extrêmement peu probable, car ici les fleurs 
n'avaient pas été castrées; et par cela même que les stigmates y rece- 
vaient en abondance le pollen de leurs propres étamines, ils devenaient 
moins aptes à se laisser imprégner par un pollen apporté d’ailleurs. Au 
surplus, ce pollen n’aurait contribué que pour une faible part à la fécon- 


dation des ovaires; car, quelque supposition qu’on fasse, il aurait tou- 
jours été en quantité incomparablement moindre que celui qui s’échap- 
pait des cinq anthères de chacune de ces fleurs. 

Le 2 septembre 1854, deux fleurs de P. nyctagimflora ayant été 
castrées dans le bouton, sont fécondées par le pollen du P. violacea 
albo-rosea. Les deux ovaires nouent et deviennent des capsules de 
grosseur normale. Leurs graines, semées en 1855, donnent naissance 
à soixante-dix-neuf plantes. Sur ce nombre, soixante-dix-huit repro- 
duisent à peu de chose près tous les traits de la variété hybride qui 
a fourni le pollen. Les corolles en sont uniformément blanches ou 
faiblement carnées, à tube court, évasé, presque campanulé, à gorge 
veinée de lilas. Le pollen est, dans toutes ces plantes, gris bleu ou 
violacé. Un seul pied reproduit le P. nyctaginiflora dans son intégrité, 
avec sa corolle hypocratériforme toute blanche, et son pollen jaunûtre. 
Voilà donc une espèce bien définie qui est tenue en échec, par un 
simple hybride, et qui, sur soixante-dix-neuf descendants ne s’en 
assimile qu’un, les autres restant plus ou moins conformes à l’hybride. 
On dirait qu'ici toute l’énergie du P. nyctaginiflora s’est épuisée à 
empêcher le retour de la postérité de l’hybride au type du P. violacea. 

Dans l’expérience suivante la lutte semble s’égaliser entre les deux 
espèces. J’avais découvert dans les semis du Muséum un autre hybride 
de ces deux Petunia, très-rapproché du P. nyctaginiflora, dont il avait 
les grandes corolles hypocratériformes et le pollen jaune; sa qualité 
d’'hybride ne se trahissait que par la teinte lilas de ses corolles; mais 
elle ne fait pas l’ombre d’un doute pour moi qui ai produit artificielle- 
ment cette variété. Je crus qu’il pourrait y avoir de l'intérêt à croiser 
cet hybride, si voisin du nyctaginifiora, avec le premier, que nous 
savons être au contraire très-rapproché du P. violacea. Pour éviter toute 
confusion, je désignerai par l’épithète de lilacina cet hybride à fleurs 
lilacées et à pollen jaunûtre. 

Le 2 septembre (1854), quatre fleurs de P. violacea albo-rosea ayant 
été castrées sont fécondées par le pollen du P. nyctaginiflora lilacina. 
Les quatre ovaires se développent, et donnent un pareil nombre de 
capsules de grosseur normale. Leurs graines sont semées l’année sui- 
vante, mais le peu d’espace dont on dispose ne permet pas de conserver 
plus de quarante individus de ce semis. A l’époque de la floraison, ils 
se décomposent de la manière suivante : 

Dix pieds à fleurs pourpres, mais d’un ton un peu moins prononcé que 
dans le P. violacea pur. Le pollen est gris, bleu ou violacé; la forme des 
corolles est presque ou tout-à-fait identique à ce qu’elle est dans le 
P. violacea. Au total, c’est à peine si ces dix plantes peuvent en être 
distinguées. 

Cinq pieds reproduisent de même le type à peu près pur du P. nycta- 


a 


giniflora, à corolles toutes blanches, non camparnulées et à pollen 
jaunûtre. 


LL OR 


Deux pieds ont les corolles lilacées comme la variété lilacina qui a 
servi de père; mais sur l’un le pollen est jaunâtre; sur l’autre, il est 
gris ou légèrement bleu. 

Dix-sept pieds ont les fleurs blanches du P. nyctaginiflora, mais avec 
des corolles à tube plus court, plus évasé et à gorge violette. 

Le pollen y est uniformément bleuâtre ou violacé. 

Enfin six pieds à corolles petites, très-campanulées, d’un rose clair, 
réticulées de violet, surtout dans la gorge, à pollen violacé, répétant en 
un mot, à trés-peu de chose près, la variété albo-rosea. 

Le 50 Août (même année), quatre fleurs du P. violacea pur sont 
fécondées, après castration, par le pollen de la variété hybride albo- 
rosea. Les quatre capsules, de grosseur normale, sont récoltées le 
10 octobre, et leurs graines semées au mois d'avril suivant. Je ne con- 
serve que vingt-cinq pieds issus du semis. A l’époque de la floraison, 
j'en trouve cinq qui rentrent complétemeut dans le type du P. violacea ; 
les vingt autres n’en diffèrent que par le coloris un peu moins intense de 
leurs fleurs, dont les dimensions sont aussi un peu plus fortes, et par le 
tube de la corolle un peu moins évasé. Dans toutes ces plantes sans 
exception, le pollen est bleu ou bleu violacé. 

Le même jour 50 août (1854), quatre autres fleurs du P. violacea 
préalablement castrées, sont fécondées par le pollen de la variété hybride 
lilacina à pollen jaune. Il en résulte quatre capsules, dont les graines 
sont semées l’année suivante. Vingt-ciuq pieds de ce semis sont con- 
servés jusqu’à la floraison. Sur ce nombre, deux plantes reproduisent 
assez exactement la variété lilacina, mais avec le pollen gris-bleu. Les 
vingt-trois autres, tant par la forme de la corolle que par la nuance 
du coloris se rapprochent davantage du P. violacea; il en est même 
quelques-unes qu’on peut considérer comme n’en différant pas du tout. 

Ce résultat d’ailleurs était facile à prévoir; puisqu’ici, comme dans 
l'expérience précédente, la part afférente, au P. violacea, dans le croi- 
sement était beaucoup plus grande que celle du P. nyctaginiflora. 

Dans la première quinzaine de septembre, (même année), quatre fleurs 
de P. nyctaginiflora pur, sont fécondées, après castration, par le 
pollen de la variété hybride lilacina à pollen jaunûâtre, et très voisine, 
ainsi que nous le savons déjà, du P. nyctaginiflora. J’en obtiens quatre 
capsules d’une grosseur qui me paraît plus qu’ordinaire, et dont les 
graines sont semées l’année suivante. 11 se produit cent vingt pieds, sur 
lequels dix-neuf répètent très exactement la variété lilacina avec son 
pollen jaunâtre, et cent-un qui ne diffèrent en rien du P. nyctaginiflora 
du type le plus pur; résultat qui ne doit pas surprendre, puisque 
l’hybride qui a fourni le pollen tenait déjà beaucoup plus de cette der- 
nière espèce que du P. violacea. Cependant le peu qui existait de ce 
dernier dans la constitution de l’hybride témoigne encore d’assez d’éner- 
gie pour s’imprimer sur près d’un sixième des individus issus du croise- 
ment ; ce fait ne contredit assurément pas ce que j'ai dit plus haut de la 


= 97 vd 


tendance du P. violacea à prédominer dans son alliance avec le P. nyc- 
taginiflora. 

Ce que je ferai remarquer encore, c’est que, dans plusieurs de ces 
expériences où une plante hybride s’est trouvée alliée à une autre d’es- 
pèce pure, un certain nombre de produits, véritables quarterons par le 
fait, rentrent brusquement et totalement dans l’une des deux espèces 
types. Or, si la tendance à reprendre les vrais caractères spécifiques 
n’existait pas naturellement dans les hybrides, le quarteronnage ne 
ferait qu’affaillir l'empreinte d’une des deux espèces, et ne l’anéantirait 
ni subitement, ni complètement, quelque nombre de fois qu’il fût répété. 
Or c’est précisément le contraire qui arrive; il suffit souvent d’un 
seul croisement de l’hybride avec l’une des deux espèces productrices, 
pour ramener totalement à cette dernière une partie notable de sa pos- 
térité. Je puis citer à l’appui l’observation suivante, qui date pareïlle- 
ment de l’année 1854. 

Quatre fleurs de Wicotiana angustifolia ayant été castrées dans le 
bouton, reçurent du pollen de W. glauca, espèces comme on sait presque 
arborescente et vivace, et qui est, par tout son habitus, comme par la 
forme et la couleur de ces fleurs, très-éloignée de la première. Malgré 
le peu d’analogie apparente, l’expérience eut un plein succès. Les quatre 
ovaires grossirent et donnèrent des capsules ayant à peu de chose près 
la taille normale, et contenant quelques graines. Ces dernières furent 
semées en 1855; il en résulta onze plantes hybrides, participant des 
caractères du père et de la mère, mais cependant sensiblement plus 
rapprochées de cette dernière, dont elles reproduisirent la taille et le 
port, quoique leurs feuilles rappelassent davantage celle du N. glauca. 
Une seule de ces plantes, mise en pleine terre (les autres étaient 
restées en pots), fleurit très-abondamment. Les corolles, plus petites, 
mais de même forme que celles du W. angustifolia étaient d’une couleur 
briquetée, dans laquelle on démélait des tons jaunâtres. Toutes ces fleurs 
furent stériles par l’imperfection du pollen, dont les granules étaient 
vides; mais elles devinrent très-fertiles lorsque du pollen de W. Taba- 
cum et de W. persica fut appliqué sur leurs stigmates. Je fécondai ainsi 
une quinzaine de fleurs dont douze formèrent de très-belles capsules, 
presque aussi grosses et aussi remplies de graines que si le sujet n’eùt pas 
été hybride, et qu’il eût été fécondé par son propre pollen. Malheureu- 
sement, la floraison ayant été tardive, les froids survinrent avant la matu- 
rité des fruits qui furent récoltés encore verts, et après avoir été exposés 
à des gelées de 1 à 2 degrés au-dessous de zéro. Il en résulta que les 
graines périrent presque toutes; elles furent néanmoins semées le 
10 avril 1856. Contre mon attente, deux plantes levèrent et devin- 
rent florissantes; mais elles ressemblaient tellement au N. Tabacum, 
bien que, dans l’une des denx, le pétiole fût nettement distinet du limbe 
comme dans le W. angustifolia, qu’il n’était véritablement pas possible 
de les en séparer. Dans tous les cas, ces hybrides, qui ont été très-fer- 


"98h 


les, n’avaient rien conservé du N. glauca qui fût discernable à l’œil. 

Je terminerai cette série de citations par la suivante. Le 21 août 1854, 
six fleurs de la Linaire commune (Linaria vulgaris), ayant été castrées 
dans le bouton, eurent leurs stigmates couverts, deux jours après, de 
pollen de la Linaire à fleurs pourpres (L. purpurea) ; ces fleurs ne furent 
pas isolées, et quelques-unes reçurent indubitablement, par l’intermé- 
diaire des abeilles qui les recherchent avec empressement, du pollen de 
leur espèce, ainsi que nous en aurons la preuve tout à l'heure. L’opéra- 
tion fut sans succès sur deux de ces fleurs, mais les quatre autres 
nouérent leurs ovaires et formérent des capsules, dont trois atteignirent 
à la grosseur normale. Elles furent récoltées le 25 septembre, et leurs 
graines semées, les unes en novembre de la même année, les autres au 
mois d'avril suivant, me donnèrent trente plantes vigoureuses, qui 
furent repiquées dans une plate-bande au commencement de juin. Toutes 
fleurirent au mois d'août, et c’est alors que le résultat de l’expérience 
put être connu. Vingt-sept de ces plantes se trouvèrent n'être autre 
chose que la Linaire commune à fleurs jaunes; mais les trois autres 
se firent aisément reconnaitre pour hybrides, à leurs fleurs de moitié 
plus petites, d’un jaune très-päle, et rayées de violet. Autant qu’on en 
put juger, elles étaient à peu près exactement intermédiaires entre les 
deux espèces. La plupart de leurs fleurs furent stériles, mais un certain 
nombre produisirent des capsules contenant des graines qui parurent 
embryonnées ; cependant ces graines, récoltées à leur maturité et semées 
l’année suivante, ne levèrent point, ce qui me fit concevoir des doutes 
sur la bonne conformation. Néanmoins de nouvelles graines furent 
encore recueillies en 1856 ; mais ayant été oubliées une année entière, 
elles ne furent semées qu’en avril 1858. Cette fois elles levérent en si 
grand nombre, que je pus faire repiquer, dans une plate-bande de l’enclos 
de la rue Cuvier, environ quatre cents jeunes plantes de ce semis, qui 
entrèrent toutes en floraison sur la fin de l'été. 

La planche qu’elles occupaient offrit alors un curieux assemblage de 
teintes ; mais ce qui frappait dès l’abord, c’était la grande prédominance 
de la couleur et des formes de la Linaire commune. Un dénombrement 
sinon exact, du moins très approché de ces plantes, me les a fait classer 
de la manière suivante : 

1° Trente-six pieds de fleurs grandes, entièrement jaunes et longue- 
ment éperonnées qu’on ne pouvait plus distinguer de celles du L. vul- 
garis. Non-seulement elles ne présentaient. aucun vestige des stries 
violacées de l’hybride mère, mais chez quelques-unes les tons du coloris 
de la Linaire commune semblaient plus accusés qu’ils ne le sont d’ordi- 
naire chez cette dernière, et cet'effet se manifestait surtout par la teinte 
orangée du palais de la fleur. Toutes ces plantes fructifièrent abondam- 
ment, et, sous ce rapport encore, elles ne différèrent en quoi que ce soit 
du type spécifique auquel elles faisaient retour. 

2° Quarante-quatre pieds qui reproduisaient assez bien les premiers 


23 Ou 


hybrides de 1855, comme on pouvait s’en assurer à l’aide d’un dessin 
colorié que M. Decaisne en avait fait faire par M. Riocreux. Les uns 
étaient ou paraissaient stériles, les autres nouaient tous leurs ovaires 
et formaient des capsules de grosseur variable suivant les individus. 

5° Vingt-deux pieds qui étaient manifestement plus voisins du Lina- 
ria purpurea que ne l’étaient les hybrides-méres. Ils s’en rapprochaient 
par leurs fleurs sensiblement plus petites, leurs éperons plus courts, et 
surtout leur coloris qui contenait plus de violet et moins de jaune que 
celui de ces hybrides. L’aptitude à fructifier fut aussi très variable chez 
ces plantes. 

&° Un pied unique qui est totalement retourné au type du Linaria 
purpurea. C’est le même port élancé de cette espèce, la même petitesse 
des corolles, et surtout la même teinte de poupre violet sans aucun mé- 
lange de couleur jaune. Cette plante a produit beaucoup de graines qui 
ont été cueillies. 

5° Environ trois cents pieds, c’est-à-dire le reste de la plantation, qui 
occupent tous les degrés intermédiaires entre les premiers hybrides et 
la Linaire commune, dans laquelle aucun ne rentre complètement, mais 
dont un grand nombre approche de très-près. Sur ces trois cents indivi- 
dns on n’en aurait peut-être pas trouvé deux qui se ressemblassent 
exactement. Quelques-uns avaient la fleur presque entièrement décolorée; 
chez d’autres, elle prenait une teinte rosée ou briquetée, presque uni- 
forme ; dans le plus grand nombre, au jaune qui dominait toujours, se 
joignaient des stries violettes plus ou moins prononcées, mais en géné- 
ral plus päles que dans les hybrides de 1855. Les mêmes diversités s’y 
faisaient voir, quant à la faculté de produire des graines; les individus 
à fleurs décolorées furent le plus souvent stériles, mais presque tous les 
autres fructifiérent abondamment. En somme, cette nombreuse catégo- 
rie, qui conservait encore quelque chose de la livrée de l’hybride, ten- 
dait manifestement à s’en dégager pour reprendre les couleurs et la 
physionomie de la Linaire commune. 

Voilà donc encore une postérité d’hybride dont un certain nombre 
d'individus retournent, et, dès la seconde génération, aux types spécifi- 
ques de leurs ascendants. On remarque toutefois que le partage est fort 
inégal. YŸ aurait-il ici, comme dans le cas des Datura cités plus haut, 
tendance d’un des deux types à évincer l’autre? Cette supposition serait 
admissible, si l’on ne tenait pas compte des conditions dans lesquelles 
l’expérience a été faite; mais il faut ici recourir à une autre explication. 
L'apparition de vingt-sept individus de l’espèce maternelle, dans le semis 
qui contenait les trois premiers hybrides, nous apprend que les fleurs 
qui, l’année précédente, avaient reçu du pollen de L. purpurea, en 
avaient également recu du L. vulgaris, et ce fait s’explique de lui- 
même, quand on a été témoin de l’empressement avec lequel les abeilles 
recherchent les fleurs de cette espèce. Or non-seulement ces vingt-sept 
pieds de Linaire commune avaient été conservés au voisinage des hybri- 


Lorsque 


des; mais un grand nombre d’autres croissaient à peu de distance dans 
le même enclos, où, d’autre part, il n’existait aucun individu de Linaire 
à fleurs pourpres. 

Il ne saurait done y avoir le moindre doute que les trois plantes 
hybrides de 1855 et 1856 aient recu beaucoup de pollen de la Linaire 
commune, et que de là soit venue la prédominance si sensible du type 
de cette espèce dans le semis de 1858. Le résultat eût été certainement 
tout autre sans ce voisinage, ou si la Linaire commune eût été remplacée 
par la Linaire à fleurs pourpres. Remarquons cependant que, malgré 
l'inégalité des conditions, cette dernière ne perd pas tous ses droits sur 
la postérité hybride; puisque plus d’une vingtaine d'individus tendent 
visiblement à lui revenir, et qu’il s’en trouve même un qui lui revient en 
totalité. 

11 est certain que le croisement d’un hybride avec une des deux 
espèces dont il est issu active le retour de sa descendance à cette der- 
nière ; mais il faut reconnaitre aussi que, si cette descendance ne tendait 
pas déjà naturellement à y revenir un premier croisement ne suffirait 
pas pour l’y ramener. Les nouveaux hybrides qui en résulteraient seraient 
par leur facies, aussi bien que par leur degré de parenté avec l’espèce 
deux fois employée, de véritables quarterons, c’est-à-dire qu’ils conser- 
veraient encore un quart des traits de l’autre. Mais les faits témoignent 
du contraire; et s’il existe effectivement des plantes quarteronnes chez 
lesquelles la ressemblance avec les deux types originaires est à peu près 
proportionnelle à la parenté qu’elles ont avec eux, il s’en trouve aussi un 
bon nombre d’autres qui, dès la deuxième génération, ont entièrement 
dépouillé les caractères de l’un de ces types ou qui se rapprochent telle- 
ment de l’autre, que l’œil ne peut plus saisir de différences appréciables. 

Il se peut sans doute qu’il y ait des exceptions à cette loi de retour, et 
que certains hybrides, à la fois très-fertiles et trés-stables, tendent à 
faire souche d’espèce; mais le fait est loin d’être prouvé. Plus nous 
observons les phénomènes d’hybridité, plus nous inclinons à croire que 
les espèces sont indissolublement liées à une fonction dans l’ensemble 
des choses, et que c’est le rôle même assigné à chacune d’elles qui en 
détermine la forme, la dimension et la durée. A ce point de vue, les 
hybrides, dont la forme est altérée, seraient des rouages inutiles et qui 
ne répondraient plus au besoin de la nature; aussi les fait-elle disparaitre 
soit en leur ôtant le moyen de se perpétuer, soit en ramenant plus ou 
moins vite leur postérité aux types spécifiques dont ils sont descendus. 
N'oublions pas d’ailleurs que la question de l’hybridité touche de près à 
celle de l’espèce, et que tant qu’il existera des dissentiments au sujet 
de cette dernière, les phénomènes d’hybridité pourront être interprétés 
diversement. J'ajoute qu’à mes yeux la principale utilité scientifique de 
ces sortes de recherches sera de nous apprendre ce qu’il nous importe le 
plus de connaître dans nos systématisations, le point où commence 
l'espèce et celui où elle finit. 


oton. 


in 


ash 


umal.2. Prune W 


€ 


ch 


G 


automne de 


1. Prune d’ 


) 


JARDIN FRUITIER. 


DESCRIPTION DE LA PRUNE DAMAS DE SCHAMAL. 


(Prunus damascena Schamali, Liscer, Beschreibung neuer Obstsorter, 
1, 96 f#.; Schamal’s Herbsipflaume. Voy. Deutsch. Obsicabinet, IV, 
sect. 2, Lier.). Figuré pl. IL, fig. 1. 

Cette prune est très-voisine, même pour le goût, de la Prune de 
Damas rouge, mais elle mürit un peu plus tard, en général à la fin de 
septembre ou au milieu d'octobre. Elle est un très-beau fruit et porte le 
nom de M. Schamal de Jungbunzlau. 

Le fruit atteint de 4 à 5 centimètres de hauteur, sur une épaisseur de 
4 centimètres environ ; quelquefois il est plus arrondi et ses trois dimen- 
sions sont presque égales. Sa forme est ovale, plus épaisse sur le sommet 
qu’à la base et se prolongeant souvent vers l’insertion du pédoncule en 
une pointe plus ou moins effilée et distincte. Le sillon est en général 
assez profond. Le pédoneule mesure au-delà de 26 millimètres; il est 
glabre et mince. La couleur est un rouge clair, passant ordinairement 
d’une manière prononcée au rouge foncé vers le haut; la fleur est blan- 
châtre et mince. L’épicarpe est épais, facile à enlever; la chair d’un 
jaune blanchâtre, délicate, fondante, d’une saveur agréable, douce, 
légèrement vineuse. Le noyau se détache facilement. 


DESCRIPTION DE LA PRUNE WASHINGTON. 


Pr.Dam.Washingtoni, Louis-Philippe, Philippe I, Washington Pflaume, 
Washington plum (Deutch.Obstcab. IV, 2). Représenté pl. IF, fig. 2. 


Ce fruit mesure environ quatre centimètres et demi de hauteur, ct 
quelques millimètres de plus en largeur et en épaisseur; il est arrondi, 
presque circulaire, quelquefois cylindrique et d’ailleurs sujet à un assez 
grand nombre de variations. Le sillon est peu enfoncé. Le pédoncule est 
épais, long de 17 millimètres, courbé, en grande partie vert et velu. 

La fleur qui recouvre l’épiderme est blanchâtre et mince. Le coloris 
est assez caractéristique : à l’approche de la maturité, le vert devient 
jaunâtre et passe petit à petit à une légère nuance rosée, mais, chose 
remarquable, si l’on frotte la fleur, la plus grande partie de la couleur 
rouge s’efface, comme si cette coloration dépendait de cette efflorescence 
le fruit se montre alors jaune-brunâtre. 

La peau est tenace, mince, transparente; elle s’enlève facilement. La 
chair est d’un jaune d’or, sauf du côté le moins coloré, où elle reste un 
peu verdatre; elle est assez ferme, cassante, succulente et fondante. 

La saveur est douce et agréable, seulement dans certaines années elle 
est un peu fade. 

Le noyau est libre dans sa cavité; il a en moyenne 25 mill. de hauteur, 
17 mill. de largeur et 10 mill. d'épaisseur. 

La Prune Washington passe pour la meilleure des grosses prunes. 
D’après M. Liegel, aucun autre fruit de très grandes dimensions ne 


Le troie 


mérite d’être cultivé. La chair est tendre et analogue, pour le goût, à la 
Prune-Abricot jaune.Sa maturité a lieu ordinairemeut à la mi-septembre. 
Sa fécondité paraît être assez variable ; pour produire beaucoup et régu- 
liérement, l'arbre doit être dans une situation assez protégée. 

La Prune Washington paraît être d’origine anglaise ou américaine, 
et elle a de l’analogie avec la Prune-Pêche décrite par Poiteau et Turpin, 
et avec les Prunes Pêche et Betterave de Noisette. 


RÉPARATION DES VIDES DANS LE PALISSAGE DES PÊCHERS. 


Quelques soins que l’on donne au palissage du Pècher et à ses branches 
à fruit, il peut néanmoins survenir des espaces vides, surtout vers la 
base des grosses branches. On y remédie de la manière suivante : 


PI. 5. Réparation du Pécher. 


Soit en AA, fig. 5, deux espaces vides, à droite et à gauche d’une 
branche assez forte : pour les remplir, on taille les rameaux fructifères 
aa, situés de chaque côté immédiatement en-dessous de ces espaces, plus 
longs que de coutume, et on les laisse croître jusqu’à la longueur voulue; 
puis l’on supprime tous les yeux qui pourraient se former dans les 
intervalles des bourgeons bbb , et l’on favorise la croissance de ceux-ci, 
dans le but de les transformer en branches fruitières. Lorsque ce résultat 
est obtenu et les rameaux aa, palissés aussi près que possible de la 
branche principale, il ne reste plus d’espace vide et l’on traite les 
rameaux bbb de la même manière que les branches à fruits. 

Ce procédé a non-seulement l’avantage de combler des vides disgra- 
cieux et d'augmenter la production, mais en outre il conserve entre 
toutes les parties de l’arbre un équilibre convenable. 


L LE 


TIRER CE 
re en 
A RER 


1-4. Lobelia pinifolia. 5-7. Roellia decurrens. 6-10. Falkia repens: 


HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LE LOBELIA PINIFOLIA, Liwn., OÙ LOBELIA 
A FEUILLES DE PIN. 


FAMILLE DES LOBELIACÉES. — SYNGÉNÉSIE MONOGAMIE. 
(Représenté pl. I, fig. 4 à 4.) 


LOBELIA PINIFOLIA, Lin. (sp. 1518): Sous-arbrisseau, à feuilles rapprochées, 
dressées, linéaires, entières, légèrement enroulées sur les bords, glabres on pubes- 
centes : pédoncules peu nombreux, presque terminaux, à peine plus longs que les 
feuilles ; tube du calice hémisphérique, couvert, comme le pédoncule, de poils argen- 
tés ; à lobes lancéolés, acuminés, quatre fois plus courts que la corolle. Fleur bleue. 

Patrie : Le Cap de Bonne Espérance. 

Synon. : Rapunculus œthiopicus violacæo galeato flore, etc., Breyn. Cent. p. 173, 
ï. 87. — Rapunculus fruticosus foliis nervosis acutis, etc., Burm. afr. 3, p. 41, f. 2, 
— Rapuntium pinifolium, Presl. 

Figuré dans: Ann. Rep. IV,273. — Lam. Encycl. 724. 

Le Lobelia à feuilles de pin est un petit arbuste d’un aspect tout 
particulier et fort remarquable pour ce genre de plantes. Il fut découvert 
et introduit, une première fois, en 1786, par M. Masson, et de nouveau 
en 1789 par M. Nivin. Il ne s’étend pas beaucoup et donne en général 
deux fleurs sur chaque rameau, pendant le mois de juillet. 

On le cultive avec toutes les plantes du Cap, dans de petits pots, 


remplis d’une terre de bruyère sablonneuse. Multiplication par boutures 
et par graines. 


DESCRIPTION DU WAHLENBERGIA CAPENSIS, Dec., OÙ 
WAHLENBERGIA DU CAP. 


FAM. DES CAMPANULACÉES. — PENTANDRIE MONOGYNIE. 


Représenté pl. I, fig, 5-7. 


(Sub nomine Roœllia decurrens, Anpr.) 


Wahlenbergia Capensis, De., Alph. Tige droite, simple ou rameuse, poilue à la 
base; feuilles ovales lancéolées poilues, irrégulièrement dentées; pédoncules allongés, 
uniflores, slabres ; tube du calice ovoïde, hispide à poils blanes et renversés ; lobes 
linéaires-lancéolés, ciliés, plus courts que la corolle qui est quinquefide et ouverte. 
Capsule obovoïde pubescente. -- La fleur est bleu foncé au centre, virescente à la 

BELG, HORT., TOM. X. 3 


MM. RE 


base des lobes, à macules noires entre ces lobes dont le limbe est violacé. Annuelle. 
Patrie : Dane les endroits humides et les rives des fleuves au Cap de Bonne- 
Espérance. 
Synonymes : Companula africana annua hirsuta, Comm, hort. IL, p. 71, t. 35. — 
Campanula Capensis, Linn. — Roella decurrens, Annr.— ile elongala, Wicrp. 
— Wahlenbergia elongata, Scnran. 


Figuré dans : An. Rép., 1V,258. — Bot. Mag., XX,782. — DC. Campanulacées, 18. 


Le Wahlenbergia Capensis, connu d’abord sous le nom de Roella 
Capensis, est une des plus jolies plantes annuelles : ses nombreuses et 
grandes étoiles bleues produisent le plus bel cffet. Elle est venue du 
Cap, en 1787. Malheureusement sa culture est un peu difficile et ses 
graines mürissent rarement. 


NOTICE SUR LE FALKIA REPENS, Lin., riz., OU FALKIA 
RAMPANT. 


FAMILLE DES CONVOLVULACÉES. — PENTANDRIE DIGYNIE. 
(Représenté planche IL, fig. 8-10.) 


FarkiA (Linn. supp. 211. — Convolvuli sp. Thunb. prodr.): Calice à cinq dents ou 
à cinq divisions. Corolle campanulée-tubuleuse, crénelée. Deux styles. Stigmate 
globuleux. Quatre carpelles monospermes. — Plante herbacée du Cap de Bonne- 
Espérance. 

Fazkia REPENs, Lin. (supp. 211). Tige arrondie, longue d’un demi pied, à feuilles 
en cœur, spatulées, obtuses, glabres, longuement pétiolées, longues de 5-4 lignes ; 


pédoncules uniflores, courts, calice aigu, long de 2-5 lignes; corolle dépassant 
environ deux fois le calice. 


Patrie : Cap de Bonne-Espérance. 
Synon : Convolvulus Falkia, Tauns. (Prodr. X, p. 35, non Jaco., Bot. Repos. 257). 


Figuré dans : Bot. Mag., XLVIII, 2228. — Anpr. Rep. IV, 257. — Trarr. 
Archiv. 565. — Jacg. Scuoens., II, 198. 


Cette jolie plante, convenable pour l’ornement des petits parterres 
en été, fut découverte par Thunberg au Cap de Bonne-Espérance et 
dédiée par lui, sous le nom de Convolvulus Falkii, au professeur Falk 
de St.-Pétersbourg. Linné consacra davantage cette dédicace en l’érigeant 
en un genre nouveau, le Falkia repens. Elle a été introduite en Angle- 
terre dès 1774. 

C’est un tout petit arbrisseau, haut d’un demi pied tout au plus et 
qui rappelle les Volana plus encore que les Convolvulus : il porte un 
grand nombre de jolies fleurs roses pendant tout l'été. 

On le multiple par division des racines au mois de mai, ou par n mar- 
cottes de tiges à l'arrière saison: il croit dans une bonne terre ordinaire 
et en serre froide. 


DR un 
L 


Les botanistes ont distingué deux variétés du Volana prostrata : l'une 
à tiges diffuses, à feuilles relativement grandes, avec le calice à cinq par- 
titions: le N. prostrata, vur. diffusa ; l'autre beaucoup plus naine, avec 
des feuilles très petites et un calice à peine quintedenté: le N. pros- 
trata, var. minuta. La forme figurée appartient à la première. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 
SERRE FROIDE, 


Acacla venusta, Rec. et Koe. (1) — Acacia, L., sect. VI, Filicinæ : Folia bipin- 
nata eglandulosa. Inflorescentia capitata. BeNTH., in Hook. Lond. Journ. of Bot., 1, 525. 


Car. : Inermis ; ramulis pedunculis 
petiolis patentissimo-pilosis; pinnis 2-4 
jugis, foiolis 8-10-jugis oblongis obtusis 
margine sparse cillatis vel fere glaber- 
rimis autumno deciduis ; pedunculis axil- 
laribus folio brevioribus ; capitulis glo- 
bosis, 11-13 floris, solitariis, glabris; 
filamentis albidis, liberis, basi disei crassi 
insertis; germine breviter stipitato; 
fructu hispido. 


Car. : Inerme; rameaux, pédoncules 
et pétioles très-largement velus; pinnu- 
les 2 à 4-paires, folioles 8 à 10-paires, 
oblongues, obtuses, eiliées çà et là sur 
la marge, ou presque glabres, caduques 
à l’automne; pédoncules axillaires, plus 
courts que les feuilles ; capitules globu- 
leux, de 11 à 15 fleurs, solitaires, glabres ; 
filets blanchätres, libres, insérés à la base 
sur un disque épais; graine brièvement 


stipitée ; fruit hérissé de pointes. 


C’est un petit arbrisseau élégant, touffu, à feuilles pendantes, sans 
épines, et d'environ 5/4 de pied de hauteur. Les rameaux, les pédon- 
cules floraux, les pétioles et les rachis sont revêtus de poils étendus 
horizontalement, droits et un peu épars. Les feuilles sont dépourvues 
de glandes, et munies de stipules à la base; ces stipeles, étroites et 
linéaires, sont ciliées de longs poils raides un peu épars ; le pétiole est 
long de 1/5 de pouce; la longueur totale, y compris le rachis, est de 
1 1/2 pouce. Les pinnules sont privées de stipules; elles sont la plupart 
du temps trijuguées, bijugées aux feuilles inférieures, parfois quadriju- 
guées aux supérieures, longues de 4 1/2 à 7 lignes, larges d’environ 
5 lignes; leurs rachis ont la moitié inférieure parsemée de poils raides 
couchés horizontalement. Les folioles, ou pinnules secondaires, sont 
8 à 10-juguées, allongées, obtuses, très-brièvement pétiolées, à base 
oblique légèrement cordiforme, longues de 4 1/2 ligne; larges d’une 
demi-ligne, entièrement glabres, sauf la marge qui, à la face 
inférieure, est ciliée de poils raides, épars, et à la face supérieure 
de poils très-courts, également clairsemés. Les pédoncules floraux ont 
environ 1/2 pouce de longueur, et sont terminés par un seul, rarement 


(1) Gartenflora Deutschlands, Russlands und der Shuweiz, 1859, p. 262. Traduc- 
tion de M. Arr, pe Borne, 


2 SP Ven 


deux capitules ; ceux-ci sont globuleux, glabres et composés de 41 à 
15 fleurs. Les pétiolules et les fleurs, longues de 2 1/2 lignes, sont gla- 
bres. Le calice est urcéolé, court, faiblement 5-denté, vert. La corolle, 
beaucoup plus longue (3/4 de ligne au plus), est verte, 5-fide, avee des 
lèvres allongées et aigues. Les étamines sont nombreuses; les filets sont 
blanes, pourpres vers le bas, insérés à la base extérieure d’un disque 
charnu et urcéolé, qui embrasse le pédoncule de l'ovaire; les anthères 
sont petites, biloculaires, blanches. L’ovaire est glabre ? Le style est 
allongé, glabre. Le stigmate se réduit à un point. Avant sa maturité, le 
fruit est supporté par un pédoncule qui dépasse la corolle; il est allongé, 
comprimé, bordé, et couvert de poils raides et couchés. 

Cette espèce paraît faire exception aux caractères du genre, par son 
disque infère; mais elle se rapporte du reste à la section des Acacias à 
feuilles de fougères, si l’on fait abstraction de l’absence de stipules à la 
base des pinnules (stipeles), caractère qui manque aussi à une autre 
espèce de la même division, l’Acacia hirta, Nurr. 

Dans la description, que j'ai donnée d’après l’Acacia en fleurs, j'ai 
indiqué l’ovaire comme glabre. Cependant le fruit, quand on lobserve 
l'hiver sur l’arbrisseau dépouillé de ses feuilles, est couvert de poils. 
Ceux-ci doivent done se développer pendant la fructification. 

Cette espèce a été envoyé de Mexique par Karwinsky au Jardin bota- 
uique de St.-Pétersbourg, sous le nom de Calliandra pallens. 


PLANTES POUR BORDURES. 


Une foule de plantes vivaces et annuelles ont été successivement 
recommandées pour les bordures , et rien de positif n’est encore venu 
nous satisfaire à cet égard. Le fait est qu'il y a bordures et bordures 
comme il y a fagots et fagots. 

Il y a bordures pour plates-bandes, pour massifs de fleurs, pour 
massifs d'arbres et d’arbustes ; le tout est de choisir les espèces qui con- 
viennent le mieux à l’usage auquel on les destine. Le Gardener’s Chro- 
nicle rejette toutes les plantes à fleur, à cause de leur irrégularité et du 
peu de durée de la floraison, pour recommander certaines graminées, 
entre autres le Festuca ovina, qui eroît sauvage dans les lieux secs el 
arides, et qui par cela même résiste d'autant mieux dans tous les terrains ; 
M. Bouché, de l’Institut horticole de Berlin, préfère le Festuca hetero- 
phylla, qui se plaît dans les lieux ombragés, et convient par sa nature 
aux bordures là où il y a peu d’air et de soleil; nous recommandons le 
Cerastium argenteum ou tomentosum, lequel, par ses feuilles d’un blanc 
argenté, sa petite taille et ses petites fleurs blanches, est d’un effet sur- 
prenant autour des massifs ou des corbeilles exposés au grand soleil. 


MS AE 


Sans exclure ni les unes ni les autres, nous conseillons de varier les 
bordures autant que possible, et de ne pas plus exclure les plantes à 
fleurs que les graminées; mais nous optons particulièrement pour les 
plantes vivaces à fleurs, que l’on peut mieux conduire à sa guise que les 
plantes annuelles. M. Regel, directeur du Jardin botanique de St.-Péters- 
bourg, indique pour cet usage une foule d'espèces vivaces, dont voici 
la liste : 

Armeria, Dianthus plumarius, Saxifraga caespitosa, hypnoïdes, tri- 
furcata, umbrosa, Geum, Sedum involucratum, hybridum, spurium, 
oppositifolium, kamtschaticum, Ewerst, anacampseros, Aubrietia del- 
toidea, Arabis caucasica, Alyssum saxatile, gemonense, Campanula 
pulla et pusilla, Vinca minor, etc. 

Les Vinca minor, Sedum involucratum, hybrälum, spurium, opposi- 
tifolium, réussissent bien à l'ombre. Nous y ajouterons le Hedera Helix 
(Lierre), qui se prête parfaitement aux bordures. Les Saxifrages vont 
très-bien dans les endroits à demi abrités. Les Dianthus, Lychnis 
viscaria, Sedum acre, Thymus Serpyllum, Sempervirum tectorum, pré- 
fèrent des lieux secs et sablonneux. En somme, la plupart de nos petites 
plantes indigènes font très-bien en bordures, il suffit tout bonnement de 
savoir bien les choisir ; un peu d’expérience s’acquiert assez vite. 

Il est d’usage aujourd’hui, dans la plupart des grands parcs, de garnir 
les massifs d'arbres avec des plantes à fleurs, que l’on doit varier autant 
que faire se peut. Nous conseillons de choisir de préférence, des arbustes 
tels que Deutziascabra, Philadelphus coronarius, Tamarix Germanica 
et Azalées de pleine terre, devant lesquels on plantera des Digitales, 
des Penstemon variés, des Geranium scarlet, des Pelargonium, des Lins 
vivaces, etc. On aura soin naturellement de placer les espèces les plus 
élevées dans le fond et les moins élevées à l'avant. Les Geraniums peuvent 
s’enterrer avec les pots lorsqu'ils sont en fleurs. 


(Journ. d'hort. prat. de Belg.) 


OBSERVATIONS SUR LA FAMILLE DES BÉGONIACÉES. 


Par M. Azpn. DE CanpoLzs. 


(Extraits d’un mémoire sur la fam. des Bégoniacées. Ann. Sc. nat., IVe série, t. XE, N° 2.) 


On a étudié longtemps les Bégoniacées au seul point de vue de leurs 
affinités et de la place qu’il convient de leur donner dans la série des 
familles; elles semblaient si uniformes, et l’on en connaissait d’ailleurs 
un si petit nombre, qu’on était peu tenté de les comparer les unes avec 
les autres. M. Lindley a attiré le premier l'attention sur la diversité des 


Sie) 


placentas (1), et M. Klotzsch (2) est entré résolument dans cette voie, où 


il a fait des découvertes aussi inattendues que remarquables. Son travail 
repose sur cent quatre-vingt-quatorze espèces, qu’il a presque toutes 
vues vivantes, et dont il a étudié exactement non-seulement les plan- 
centas, mais aussi les styles et les stigmates, les étamines et les lobes de 
la fleur, organes qui se sont trouvés bien plus variés qu'on ne le suppo- 
sait. Toutefois M. le docteur Klotzsch, comme il le dit lui-même (5), n’a 
pas eu l'intention de faire une monographie; il a laissé ce soin aux 
auteurs du Prodromus. Les espèces dont il s’est peu ou point occupé 
sont principalement celles d'Asie, d'Afrique, et les espèces américaines 
qui ne sont pas encore introduites dans les jardins. Malgré cette limita- 
tion volontaire, je croyais, en commençant mon travail, avoir peu de 
chose à ajouter. Il a fallu une richesse extraordinaire de matériaux pour 
que ma revue doublât à peu près le nombre des espèces décrites. J’en ai 
actuellement trois cent soixante ct onze, dont cent vingt-sept nouvelles, 
et si je comptais les espèces dont on ne connaît guère que le nom ou une 
mauvaise planche de Vellozo, le total serait véritablement double du 
nombre des espèces décrites par M. Klotzsch. 

Dans chaque herbier, j'ai trouvé des espèces nouvelles, et cela seul 
montre combien les Bégoniacées sont des plantes locales. Sous ce point 
de vue, comme sous celui de leur organisation, elles représentent assez 
bien parmi les Dicotylédones ce que sont les Orchidées dans la classe 
des Monocotylédones. L'une et l’autre de ces familles se trouvent répan- 
dues dans les régions chaudes et humides, assez généralement; mais 
chaque espèce et chaque genre, ou sous-genre, oceupe une étendue 
restreinte de pays ; l’une et l’autre famille abonde plus en Amérique, et 
en Asie qu’en Afrique. Leur mode de végéter n’est pas sans quelque 
analogie. Elles ont l’ovaire infére, les pétales libres, les graines petites 
et nombreuses, insérées sur des placentas, qui sont ou constamment 
pariétaux (Orchidées), ou rarement tels (Bégoniacées, genre Mezierea). 

Les seules espèces de Bégoniacées dont l'habitation soit un peu étendue 
sont les suivantes: 

Begonia scandens, S. W., de la Jamaïque et de la Guyane, au Pérou 
et à Costa-Rica. 

Begonia laciniata, Roxe., (B. Bowringiana, Cuawr.), des montagnes 
du Sikkim-Himalaya, à l’île de Hong-Kong en Chine. 

Le Mezierea Salaciensis, Gaupica., plante des îles Maurice, Bourbon, 
Madagascar et Comores, qui paraît exister aussi à Timor (B. aptera, Dcne), 
et sous une forme un peu modifiée aux îles Philippines (Herb. Mus. Par.). 


Es 


(1) Zntroduction to Botany, édit. 2. 1836. — Végétable Kigdom, 1846. 
(2) Bégoniaceen Gattungen und Arten. 1 vol. in-4, avec 12 planches. Berlin, 1855. 
(o) Page 4 de son Mémorre. 


à HOT 
de 


Le RD RE 


Toutes les autres espèces sont locales, à tel point qu'on les trouve 
rarement dans deux provinces contigues du Brésil, ou à la fois dans le 
Pérou et la Bolivie, dans le Mexique et les États de l’Amérique centrale, 
dans la Nouvelle-Grenade et Venezuela, etc. Les espèces des îles Antilles 
ou des îles de l’archipel Indien sont ordinairement propres à chaque 
ile. D’après cette localisation extrême, je ne doute pas que le nombre 
des Bégoniacées ne soit d’un millier au moins dans le monde actuel. On 
les connaît déjà en grande partie pour ce qui concerne les espèces du 
Mexique, du Brésil, de l’Inde et de Java, parce que ces pays ont été 
assez visités, et qu'il s’agit de belles plantes qui attirent l'attention des 
collecteurs, mais les autres régions intertropicales fourniront beaucoup 
d'espèces nouvelles, quand on pourra les explorer au même degré. 
Les îles de Bornéo, Timor, Sumatra, la presqu’ile de Malacca, le pays 
des Birmans; en Amérique, certaines parties du Brésil, de la chaîne des 
Andes; l’ile de Madagascar, et peut-être le continent africain au midi 
de l’Abyssinie, donneront une foule d’espèces, distinctes les unes des 
autres. 

La majorité des espèces connues se trouve actuellement dons trois 
régions : 4° celle qui s’étend de l’Himalaya à l’île de Java et aux Philip- 
pines; 2° le Mexique méridional et les États de l'Amérique centrale; 
3° le Brésil. Après ces contrées viennent les autres parties intertropi- 
cales de l’Amérique et les îles de l’Afrique australe. L'Afrique occiden- 
tale n’est pas dépourvue de Bégoniacées, comme le disait R. Brown, 
d’après des collections trop imparfaites, et, comme on pourrait le 
croire, d’après leur absence dans le Flora Nigritiana. L’herbier de 
sir W. J. Hooker m'a fait connaître une espèce de l’ile d’Annobon, sur 
les côtes de Guinée qui forme le type d’une section nouvelle du genre 
Begonia, et une autre espèce de Fernando-Po, trop incomplète dans la 
collection pour qu'on püt la décrire, et qui semble un genre ou une 
section très-distincte, remarquable par un ovaire étroit et allongé, ana- 
logue à celui des Prismatocarpus. Je crois cependant, d’après la variété 
des Bégoniacées de Madagascar et des Comores, que la région orientale 
du continent africain doit être mieux dotée en espèces de cette famille 
que la région occidentale, 

J'ai été surpris de ne rencontrer aucune Bégoniacée ni des îles 
Sandwich, ni des îles Galapagos, ni des petites îles au nord-est de la 
Nouvelle-Hollande. On peut en inférer que si elles ne manquent pas 
dans ces îles centrales ou orientales de la mer Pacifique, du moins elles 
y deviennent fort rares. 

L’espèce qui s’éloigne le plus de l’équateur est le Begonia sinensis, 
ALrg. DC., dont l'habitation est la région montueuse près de Péking. 
C’est l'espèce la plus voisine du B. Evansiana, Anvr., (B. discolor), 
qui supporte déjà mieux que les autres le climat du midi de l’Europe. 
Je ne serais pas étonné qu’on put cultiver le B. sinensis dans toutes les 
régions tempérées. 


es DD ee 


Avant d'entrer dans la discussion de quelques points spéciaux, je 
désire insister sur la richesse extraordinaire des matériaux qui ont été 
mis à ma disposition. M. le docteur Klotzsch, auquel je dois des remer- 
ciments tout particuliers, a bien voulu me communiquer les plantes 
même de l’Herbier royal de Berlin qui avaient servi à son travail. J’en 
ai fait, comme on le comprend, la base du mien, et, à plusieurs reprises, 
j'ai pu constater l’exactitude des descriptions de mon célèbre et généreux 
devancier. Sir W. 3. Hooker a eu la bonté de me prêter toutes ses Bégo- 
niacées; sans leur examen il m'aurait été impossible de parler utilement 
des espèces asiatiques. J’ai admiré surtout la richesse des espèces 
recueillies dans l'Himalaya par MM. Hooker fils et Thomson, MM. Triana 
et Weddell m'ont obligeamment communiqué les espèces, même celles 
inédites, de leurs voyages à la Nouvelle-Grenade et en Bolivie ; M. Godet 
(de Neuchâtel), des espèces du Brésil, récoltées par divers voyageurs 
suisses. J’ai eu constamment sous mes yeux l’herbier de M. Boissier, 
qui renferme des échantillons très beaux des plantes de Pavon, et qui 
est de toute manière un des plus riches herbiers de l’Europe. Les 
herbiers royaux ou impériaux de Munich, Vienne, St.-Pétersbourg, 
si abondants en Bégoniacées du Brésil; celui de Copenhague, précieux 
par les types des espèces mexicaines de Liebmann et OErsted; enfin les 
herbiers de M. de Martius et du docteur Lindley, complètent cette 
quantité d’herbiers prêtés, dont j'ai pu me servir comme du mien, et 
dont je ne saurais trop remercier les généreux propriétaires ou conser- 
vateurs. Quelques espèces de l’herbier du Muséum de Paris m'ont été 
communiquées, et j'ai vu les autres à Paris même, ainsi que les espèces 
de la collection Delessert. La libéralité dont on a usé envers moi, me 
rendrait véritablement confus, si je ne pensais qu’il a dû en résulter 
certains avantages pour la science et pour les personnes qui consulteront 
ces divers herbiers à l’avenir, La nomenclature des espèces a pu être 
établie simultanément, c’est-à-dire exactement dans tous ces herbiers, 
principalement dans ceux qui ont séjourné chez moi en même temps 
que l’herbier de Berlin; et ce n’est pas un avantage à dédaigner qu’une 
pareille uniformité dans les collections européennes. 

À ce point de vue de la généralisation de types bien déterminés, j'ai 
eu le plus grand soin de relever et de citer les numéros des collections 
de voyageurs. Il est incroyable que des auteurs contemporains négli- 
sent ce précieux moyen de s'entendre. Des échantillons recueillis 
ensemble, numérotés uniformément, et répandus dans les herbiers, 
valent à peu près comme des planches. Il sont moins nombreux, mais 
ils disent plus. Les omettre est une faute plus grave que de négliger la 
citation d’une figure, car pour celle-ci on peut recourir à d’autres 
ouvrages et à Pritzel (Iconum index), tandis que pour les numéros 
il faut avoir vu les plantes et comparé. Le Prodromus a donné l’exemple 
de citer les numéros. Cet exemple a été suivi assez généralement par les 


ON, Pa 


monographes, mais pas au même degré par d’autres auteurs (1), et je ne 
seis pourquoi. La pratique m'a si fort démontré l'utilité des citations de 
numéros, que je publie à la fin du présent mémoire un relevé de toutes 
les Bégoniacées ayant des numéros de voyageurs, du moins de toutes 
celles que J'ai vues dans les herbiers. On m’en saura gré, je l'espère, 
surtout lorsque le Prodromus aura paru, et que plusieurs personnes 
voudront arranger leurs Bégoniacées d’après ce livre. 

Après ces considérations préliminaires, je désire entrer dans quelques 
détails : 1° sur les organes foliacés et floraux des Bégoniacées; 2° sur la 
division de cette famille en genres ou sous-genres. Je terminerai par 
l'indication rapide des espèces nouvelles (2) et de la détermination des 
numéros de voyageurs... 


Subdivision de la famille(5). 


La famille des Bégoniacées soulève une question curieuse et délicate, 
qui touche aux principes même de la méthode naturelle. 

Jusqu'à ces dernières années, on la regardait comme formant un seul 
genre, et même un genre très naturel et très homogène. M. Lindley 
({ntrod. to Bot.) proposa, en 1836, de séparer sous le nom d’Eupetalum 
quelques espèces à fleur quadrilobée, et, en 1846 (Veget. Kingdom), 
il alla plus loin en donnant le nom générique de Diploclinium aux 
espèces très nombreuses dont les placentas sont bipartites, le nom 
Begonia restant aux espèces à placentas entiers. Cette division, qui faisait 
ressortir un caractère important et méconnu jusqu'alors, avait le défaut 
de n'avoir pas été faite sur une revue générale de la famille, ni même 
sur la comparaison de la majorité des espèces. Toute révision un peu 
étendue aurait montré que le caractère des placentas n’est pas en rapport 
avec l'apparence des espèces, et qu’il n’est habituellement lié avec aucun 
des autres caractères qui varient dans la famille. Le genre Eupetalum, 
aussi longtemps qu’il était isolé, ne présentait pas une meilleure base, 
puisque, sous le rapport des placentas, il rentrait dans les Diploclinium, 
tandis que beaucoup d’espèces de ce dernier groupe varient quant au 
nombre des lobes des fleurs mâles et femelles. Gaudichaud établit un 


(1) M. Miquel dans son Flora Indiæ batavæ, M. Hasskarl dans son Hortus Bogo- 
riensis, édit. 2, ne citent pas les numéros des Régoniacées de Zollinger. Ils ne disent 
pas non plus s'ils ont examiné les types des espèces de Blume. Ce sont des lacunes 
regrettables, qui m'ont fort embarrassé. 

(2) On trouvera des descriptions plus étendues dans le volume XV du Prodromus et 
dans la Flora brasiliensis, lorsque mes articles sur les Bégoniacées auront paru dans 
ces deux ouvrages. 


(3) Cette partie du mémoire a été lue dans la séance de mars 1859, de la Société 
botanique de France. 


D 5790 En 


genre excellent, Mezieria (Voyage de la Boire, t. XXXII), fondé sur 
une Bégoniacée de l’ile Bourbon, à placentas pariétaux ; mais ce fut seu- 
lement en 1855 que le jour se fit sur les nombreuses variations de cette 
famille, par le travail approfondi de M. le docteur Klotzsch, intitulé 
Begoniaceen Gattungen und Arten. L'auteur admit, à la grande surprise 
des botanistes, quarante et un genres différents, au lieu de l’ancien genre 
Begonia; et comme il les publiait avec de bonnes descriptions, faites 
souvent sur Île frais, et accompagnées de planches excellentes, il était 
impossible de ne pas reconnaïtre un grand fond de vérité dans ce qui 
semblait au premier aperçu un singulier paradoxe. L’opinion se partagea 
aussitôt: d’un côté en regrettait l’unité d’un genre tellement naturel, 
qu’à la vue d’une seule feuille, d’une seule espèce, un enfant pouvait le 
nommer; de l’autre, on voyait constatée, à n’en pouvoir douter, des 
diversités si profondes dans les fleurs et les fruits, que, dans la plupart 
des autres familles, on n’hésite pas à en déduire des caractères géné- 
riques. Si l’on appliquait le sentiment intime et l’ancien adage de Linné: 
« Character non facit genus, » l'immense majorité des genres proposés 
par M. Klotzsch devrait tomber; si, au contraire, on s’appuyait sur la 
structure variée des organes des plus importants, et sur certaines notions 
théoriques de la valeur des caractères, les genres devaient être acceptés, 
et l'étude d’espèces nouvelles ou non, mentionnées parle docteur Klotzsch, 
devait plutôt en augmenter le nombre. 

Tel était l’état de la question, lorsque la marche inévitable, je pour- 
rais dire impitoyable, du Prodromus m’a forcé d'étudier les Bégoniacées, 
et de me décider dans une de ces circonstances où il n’est pas agréable 
d’avoir à énoncer une opinion. 

Je me suis placé d'emblée dans la disposition d’esprit la plus impar- 
tiale, et, à vrai dire, ce n’était pas difficile, car je me trouvais dans une 
grande perplexité. Mes doutes ont continué, ont augmenté même à 
mesure de mon travail, et ils subsistent encore, quoique cependant j'aie 
incliné d’un côté, après avoir pesé longuement le pour et le contre. 
C’est assez dire à quel point je comprends qu’on puisse préférer l’autre 
système ; c’est aussi reconnaître le mérite réel du travail de M. le doc- 
teur Klotzsch. Je le regarde, ce travail, comme une base acquise, fondée 
sur de bonnes observations, et ayant transformé l’état de la science au 
sujet d’une famille plus importante que beaucoup d’autres, vu la singu- 
larité de sa structure. J’ai adopté presque tous les groupes proposés par 
l’auteur; après examen, je les proclame vrais et naturels, avec une 
restriction dont je parlerai tout à l'heure; mais j’ai préféré donner à la 
pluspart de ces groupes le titre de sous-genres, et conserver le nom 
générique de Begonia pour un ensemble très naturel aussi, et mieux en 
harmonie avec le port. Le Prodromus contiendra trois genres, et dans 
le seul genre Begonia cinquante-neuf sections ou sous-genres, dans le 
Casparya huit, dans le Mezierea deux. Ces soixante-neuf divisions cor- 


V5 RES 


respondent à celles du docteur Klotzsch, ou sont fondées sur des carac- 
tères analogues à ceux qu’il a admis, mais observés sur des espèces qu’il 
n'avait pas examinées. J’estime ainsi avoir adopté beaucoup plus que la 
moitié des opinions de M. Klotzsch, car la chose la plus importante en 
histoire naturelle n’est pas de nommer un groupe, genre ou sous-genre, 
tribu ou famille, c’est d’avoir rapproché ce qui mérite d’être rapproché. 
Or, sur ce point essentiel, je n’ai eu qu’à suivre les traces du savant 
botaniste de Berlin, auquel je me plais à rendre hommage. 

.…………. Voici en définitive comment je résume la valeur des différents 
groupes de Bégoniacées, que les uns appellent avec moi des sections, 
les autres avec M. Klotzsch des genres. Ils se composent chacun d’espèces 
qui sont bien effectivement voisines les unes des autres, soit pour les 
caractères, soit pour le port, soit pour l’origine. Dans ce sens, ils sont 
naturels; mais en même temps, les traits communs à toutes les Bégo- 
niacées sont si nombreux, et en particulier les traits de végétation sont 
si uniformes, qu’il est presque toujours impossible de deviner au coup 
d’œil si une espèce rentre dans un des groupes ou dans un autre. Les 
caractères tirés des placentas, qui semblent très-importants, sont pré- 
cisément ceux que rien absolument n’indique à l'extérieur. Jusqu'à 
la fin de mon travail, j’ai été obligé d'ouvrir l’ovaire ou la capsule pour 
classer une espèce. On voit, pour le dire en passant, combien il serait 
fâcheux de diviser les Begonia en deux genres, selon que les placentas 
sont entiers ou bipartites. On ne peut employer une semblable division 
que comme un moyen artificiel, commode pour classer les groupes nom- 
breux qui résultent de l’ensemble des caractères, et qui réunissent, 
comme je le disais il y a un instant, des espèces véritablement voisines 
les unes des autres. 

Ces faits montrent que les associations peuvent être naturelles de 
deux manières, ou, si l’on veut, à deux degrés. Tantôt les espèces qui 
constituent un groupe se distinguent des autres par des caractères 
positifs, et par un port qui leur est propre dans la famille; tantôt elles 
se distinguent par des caractères, et se rapprochent aussi par un port, 
mais par un port qui existe également dans d’autres divisions de la 
famille. Dans le premier cas, les groupes sont naturels de toute manière, 
qu’on les considère en eux-mêmes ou dans leur rapport avec d’autres; 
au contraire, dans le second cas, les groupes sont naturels, seulement 
quand on les envisage isolément, et quant aux espèces qui les composent. 
On ne peut refuser à ces derniers, une sorte d’iniériorité, et c’est un 
des motifs, pour lesquels je préfère, en définitive, considerer la plupart 
des groupes de Bégociacées comme des sous-genres. 

Les mêmes réflexions se présenteraient dans plusieurs familles très 
naturelles, si d'anciens usages et le nombre immense de leurs espèces 
n'avaient fait prévaloir une tendance différente. Que l’on suppose, par 
exemple, les Ombellifères réduites à cent ou deux cents espèces, suppo- 


Le, US 


sées choisies parmi les plus diverses de la famille, n'est-il pas probable 
qu’on aurait admis trois ou quatre genres pour les mêmes diversités qui 
en ont amené cent fois plus dans l’état actuel de nos ouvrages? De même 
pour les Composées: aurait-on constitué des genres sur des caractères 
de pure inflorescence, comme les écailles de l’involucre et les paillettes 
du réceptacle, si toutes les formes de la famille avaient été concentrées 
sur deux ou trois cents espèces, au lieu de douze mille? Evidemment 
non. Le sentiment général, et probablement le langage ordinaire de tous 
les peuples, auraient groupé sous un seul nom, ou sous un nombre 
restreint de noms génériques, toutes les Ombellifères, toutes les Compo- 
sées, et les savants n’auraient fait que consolider ces groupes naturels de 
port et de caractères, au lieu de les diviser à l'infini. 1l arrive donc, 
lorsqu'une famille est très homogène, comme celle des Bégoniacées, 
qu’on peut hésiter pour sa classification entre deux systèmes qui ont 
tous les deux des précédents: ou diviser en genres, selon tous les carac- 
tères qui se présentent, en dépit de l’uniformité d’aspect, comme on la 
fait dans les Composées, Ombellifères, Graminées, etc.; ou conserver de 
grands paragraphes. J’ai préféré le second mode dans les Bégoniacées, 
comme je l'avais fait déjà dans Myristicées, parce que le sentiment intime 
déterminé par le port me semble, après tout, ce qui donne la limite la 
moins vague pour définir les genres, parce que, dans le doute, je préfère 
ne pas rompre les habitudes de tous les botanistes, et s’il s’agit de plantes 
cultivées, de tous les horticulteurs, en changeant les noms génériques. 
Puisque l’on peut faire ressortir les analogies et les différences par un 
autre procédé, qui n’entraîne aucun changement de nomenclature, c’est 
bien le cas de dire: In dubio abstine. 

Je comprends toutefois que l’on adopte le système contraire. Je 
dirai même que, si le nombre des Bégoniacées double ou triple 
encore, comme cela peut fort bien arriver, on sera presque forcé de 
multiplier les genres, afin d’éviter une sorte de confusion qui se glisse- 
rait dans les livres. J’ai donc cherché un procédé qui permit d'adapter 
la nomenclature à cette manière de voir, et je crois l’avoir trouvé en 
évitant pour toute la familles des Bégoniacées de répéter les mêmes 
noms spécifiques. Ainsi les noms des espèces connues seront indéfiniment 
conservés, même si l’on porte les sous-genres au rang de genres. Pro- 
visoirement chaque botaniste demeure parfaitement libre d’employer les 
noms des groupes naturels qui ont été établis, comme noms de genres ou 
comme noms de sections. Ainsi, quelque soit le système préféré, on s’en- 
tendra toujours en appelant leBegonia sanguinea, ou Begonia (Prit- 
zelia) sanguinea, ou Pritzelia sanguinea. Le premier mode est plus 
long, mais il a l'avantage de rappeler la famille. Quant à l’honneur pour 
le botaniste, il sera toujours indépendant de ces misérables questions de 
noms, puisque le vrai mérite n’est pas de faire des genres, ou des espèces, 
ou des familles, mais de bien voir, de bien décrire, et de rapprocher ce 
qui doit être véritablement rapproché. 


FLORICULTURE DU SALON. 


COMMENT L’ON DOIT ARROSER LES PLANTES DANS LES SERRES 
ET DANS LES APPARTEMENTS. 


Lorsqu'un grand seigneur anglais veut engager un cuisinier il lui fait 
cuire de pommes de terre à l’eau : d’après cet examen il juge du savoir du 
candidat. Tout amateur de fleurs devrait, avant d'engager un jardinier le 
soumettre à une épreuve analogue; il devrait lui faire arroser les plantes 
sous ses yeux. Cette opération de jardinage qui paraît si simple n’en est 
pas moins celle qui réclame le plus de sagacité et d'expérience : arroser 
des plantes ce n’est pas seulement leur donner de l’eau, mais c’est plutôt 
leur donner la nourriture. Tout le monde ne connaît pas les principes 
des arrosements artificiels et nous croyons par conséquent faire une 
chose utile à plusieurs de nos lecteurs en leur communiquant un excel- 
lent article sur ce sujet qui a paru dans l’un des derniers numéros du 
Journal d’horticulture pratique, rédigé par M. Funck : 

« De tous les soins qu’exigent les plantes de serres et d'appartements, 
les plus difficiles ou plutôt qui paraissent les plus difficiles, pour les 
amateurs qui ne sont pas initiés à la culture des plantes, par une 
longue pratique, ce sont certainement les arrosements. 

C’est toujours là la pierre d’achoppement pour tous les commençants ; 
beaucoup d’entre’eux perdent leurs plantes, et se laissent décourager par 
cela même qu’ils ne savent pas administrer judicieusement les arrosages 
en temps utile. À chaque instant, nous entendons ces plaintes se renou- 
veler et bien souvent nous voyons, à notre grand regret, un certain 
nombre de ces nouveaux amateurs abandonner la culture de ces plantes, 
par suite de l’ignorance dans laquelle ils sont de savoir régler convena- 
blement les arrosements. Nous essayerons de leur indiquer ici les règles 
générales qui doivent présider à la distribution de l’eau aux plantes, en 
indiquant préalablement le rôle que ce liquide joue dans la nutrition 
des végétaux. 

Chacun sait que la plante est un être organisé, dont la vie se manifeste 
par certaines fonctions qui servent à son entretien et à son développe- 
ment. La principale de ces fonctions qui a pour but l'entretien de la vie 
de l’individu, s’appelle fonction de nutrition. C’est au moyen de cette 
fonction que ces êtres s’assimilent de nouvelles matières servant à 
l'accroissement de leurs parties. Ces matières ou substances nutritives, 
les plantes les puisent dans le milieu qui les entoure, soit dans la terre, 
soit dans l'air. La terre elle-même leur sert principalement de récipient 


Le ee 


et leur fournit également certaines substances inorganiques, certains 
métaux et alcaloïdes qui jouent un rôle plus ou moins important dans 
leur organisme, L’air ambiant leur fournit certains gaz, entre autres 
l’acide carbonique indispensable à l’acte de la respiration. Mais la plante 
étant un être inanimé qui ne peut se déplacer pour aller à la recherche 
de sa nourriture, celle-ci doit lui être apportée, et la masse des matières 
nutritives se trouvant contenue dans le sol, à l’état non assimilable, 
celles-ci doivent être dissoutes préalablement, avant de pouvoir étre 
absorbées par les racines. 

Cette opération est réservée à l’eau. En ajoutant à cette fonction 
importante le rôle plus direct de l’eau dans l’acte de la nutrition, 
« la masse des végétaux étant formée principalement d’eau et la carbone, » 
on comprendra facilement comment et pourquoi l’eau joue le princi- 
pal rôle dans cet acte de la vie végétative et pourquoi, sans elle, 
aucune plante ne pourrait exister sur la surface du globe. 

Ceci posé, passons aux faits : 

Dans l’état ordinaire des choses, la nature pourvoit dans une juste 
mesure, à l’entretien de ces êtres immobiles fixés invariablement sur la 
même place jusqu’à ce qu’une force étrangère les dérange ou les 
déplace. Mais une fois sortis de ces conditions normales, la nature semble 
les priver de sa bienveillante sollicitude, en les abandonnant aux vicissi- 
tudes d’une existence artificielle, souvent anormale. Cette existence 
anormale consiste surtout dans leur séquestration en serres ou dans les 
appartements. On conçoit qu’alors la nature abdique une partie de ses 
droits et que le rôle principal, le rôle actif, incombe à celui qui s’est 
volontairement chargé de la besogne. Toutefois, l’air ambiant agissant 
absolument comme au dehors, à l’état naturel, en fournissant à la plante 
son acide carbonique, etc., et la terre contenant les autres matières 
nécessaires à son entretien, cette besogne se trouve considérablement 
simplifiée, et se borne par conséquent à procurer à la plante la quantité 
d’eau indispensable, soit pour dissoudre les substances contenues dans la 
terre, soit pour lui fournir la dose nécessaire d’hydrogène et d’oxigène 
qui se trouve exactement en proportions voulues dans l’eau, 

Le grand secret consiste donc à régler cette dose d’après les besoins 
de la plante; trop et pas assez peuvent également nuire. Mais ces besoins 
de la plante varient suivant les individus et suivant les espèces; telle 
plante en réclame beaucoup, telle autre en réclame fort peu; ces besoins 
varient aussi suivant la période de repos et la période de végétation. Ce 
sont là les points capitaux qu’il s’agit de savoir, et pour cela un peu 
d'habitude et d'observation suffisent. 

En effet, chaque espèce ayant son temps de végétation et son temps 
d'arrêt, il n’est pas difficile de comprendre qu’une plante qui est dans 
la période de végétation ou de développement, réclame une plus forte 
dose de nourriture; et par conséquent d’eau, que dans l’état de repos ; 


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cette évolution, si je puis m’exprimer ainsi, se fait une ou deux fois par 
an, selon l’espèce de plante, et se reconnaît aisément au développement 
de l'individu, ainsi qu’à la quantité d’eau qu’il réclame, la terre se 
desséchant plus rapidement que d’habitude. Cela étant, on ne doit pas 
craindre d’arroser copieusement chaque jour , de préférence le soir, si 
le temps est chaud, à moins de grande urgence. Dans les journées plu- 
vieuses et fraîches on ne manquera pas de remarquer un ralentis- 
sement dans l’absorption de l’eau, la terre reste plus longtemps humide, 
et il est naturel d’en conclure qu’il faut arroser modérément, c’est-à- 
dire n’arroser que les pots dans lesquels on reconnait à la première vue, 
ou au moindre contact que la terre commence à se dessécher. La fraîcheur 
des feuilles ou leur état flasque (passez-nous le mot), indique également 
s’il leur faut de l’eau ou non. Ceci se remarque facilement dans la plu- 
part des plantes à feuilles tant soit peu molles; celles-ci, manquant de 
liquides pour contrebalancer la somme des exhalations qui ont lieu sans 
cesse tant que dure la vie active de la plante, perdent leur consistance, 
le pétiole et les nervures se relächent de leur rigidité, le limbe s’abaisse, 
s’affaisse sur lui-même, et les feuilles, ou la plante elle-même, finirait 
par périr si de nouvelles matières liquides n'étaient fournies à temps. 
Il est à remarquer que toute la quantité de matières nutritives chariée 
par l’eau, dans l’intérieur des tissus, n’est pas employée à être fixée et 
à devenir partie constituante du végétal, une portion notable de ces 
matières est rejetée au dehors par divers organes, sous des formes 
diverses, et principalement par l’intermédiaire des organes verts, les 
feuilles. Ce phénomène qui constitue l’acte des exhalations et secrétions, 
étant tout aussi indispensable à la vie de l'individu que les autres fonc- 
tions de nutrition, on comprendra aisément que l’accroissement et les 
exhalations devant toujours être en équilibre avec l’absorption, ou vice- 
versa, la même perturbation résulterait par le fait contraire, c’est-à-dire 
par des arrosements trop fréquents ou trop abondants. Dans ce cas la 
surabondance de liquide introduite dans l’intérieur des tissus ne peut 
plus être élaborée à temps, la circulation ne se fait plus régulièrement, 
elle languit, finit par s’arrêter et par amener une perturbation totale 
dans les fonctions; c’est ce qui explique la mortalité de beaucoup de 
plantes qni sont trop fréquemment arrosées pendant la période de 
repos. 

Le temps du repos pour la plupart des plantes a des règles assez fixes, 
qui ne trompent guère et que l’on fera bien de ne pas interrompre. Une 
certaine catégorie de plantes se dépouille de ses feuilles; ce sont celles 
à feuilles caduques; dans d’autres, ces organes foliacés changent de teintes 
et se flétrissent plus ou moins, chez quelques autres la végétation, l’ac- 
croissement, s'arrêtent; enfin chez la plupart, le commencement ou la 
fin de la floraison marque ou la fin ou la reprise de la végétation. Tous 
ces signes nous indiquent suffisamment à quoi nous en tenir et quand 


Le CONS 


il faut activer ou modérer les arrosements. On peut parfois et dans cer- 
tains cas avancer ou reculer la reprise de la végétation d’une plante, nous 
en avons des exemples dans les plantes que l’on force, et dans celles à 
bulbes ou bulbilles, que l’on tient sèches au delà du temps voulu et 
dont on modère le développement en les privant de la chaleur qui leur 
est nécessaire, mais on ne doit que rarement ou plutôt jamais provoquer 
un redoublement dans l’aceroissement d’une plante; cela se fait ordi- 
nairement aux dépens de sa floraison et bien souvent aux dépens de son 
existence. — Il existe en outre, un grand nombre de végétaux, qui ne 
sont pas exactement assujettis aux règles fixes que nous venons de 
poser : ce sont les plantes grasses et les plantes parasites, telles que les 
Cactées, les Orchidées, ainsi que beaucoup de Bromeliacées, les Echeveria, 
Crassula, ete. etc. ; beaucoup de ces plantes vivent moins de la nourri- 
ture qu’elles tirent du sol que de celle qu’elles puisent dans l’atmos- 
phère ; d’autres et particulièrement celles à feuilles succulentes, tirant 
également la majeure partie de leur nourriture du même milieu, pos- 
sèdent des feuilles ou organes analogues d’une telle consistance et pour- 
vues d’une telle accumulation de matières nutritives, qu’elles peuvent, 
sans risques de périr, exister et végéter, pendant des mois, sansle moindre 
arrosement. Ce sont là des exceptions qui ne font pas loi. 

Quant à la culture dans les appartements, elle est en général plus dif- 
ficile que celle dans les serres, attendu qu’une humidité constante règne 
ordinairement dans celles-ci, tandis que dans les appartements la 
sécheresse de l'air est un obstacle continuel à une culture régu- 
lière. Ce désagrément ne peut être évité qu’à force de soins et par 
des arrosements plus fréquents. On pourrait aussi y obvier en plaçant 
les plantes dans des corbeïlles ou dans des caisses garnies de mousse 
humide, pour entretenir l'atmosphère environnante dans une certaine 
moiteur, surtout en hiver lorsqu'on fait du feu dans les appartements. 
En été l'inconvénient est moindre, parce que ordinairement on aëre plus 
souvent et que l’air extérieur est toujours plus saturé d'humidité. 

En somme, nous nous résumons ainsi : 

Arroser copieusement pendant la saison de la végétation. 

Ralentir les arrosements au déclin de la végétation. 

Ne pas laisser se dessécher entièrement la terre pendant la période de 
repos. 

Ne jamais arroser indistinctement les plantes à la fois. 

Ne pas arroser celles dont la terre est saturée d’humidité. 

En arrosant, avoir soin de bien arroser pour que la terre ne soit pas 
trempée dessus et sèche dessous, ce qui arrive infailliblement si une ou 
deux fois la dose d’eau n’est pas suffisante pour traverser la terre. » 


ao ARE 


ARCHITECTURE HORTICOLE. 


PLAN D’UNE MAISON ET D'UN JARDIN DE CAMPAGNE, 
Par M. G. LoveLL. 


Trapuir pu Garpeners” Curoniece, par M. Le Dr OL. Du Vivier. 
(Voyez fig. 6.) 


Le terrain pour lequel ce plan a été dressé, forme une bande étroite 
entourée de chaque côté de terrains analogues et terminée d’une part par 
une route publique, de l’autre, par une tranchée profonde du chemin de 
fer du Sud-Ouest. L’habitation fait face à la route , et le terrain environ- 
nant étant parfaitement plat, n’offre aucun point de vue à prendre en con- 
sidération. Les appartements sont distribués comme suit : 1, porte 
d'entrée; 2, salon; 3, petite serre communiquantavec la salle à manger ; 
5, rangée de locaux pour plantes; 6, vestibule de la cuisine; 7, étables, 
8, cour des étables ; 9, jardin légumier s’étendant jusqu’à la tranchée du 
chemin de fer. La maison est pourvue d’une fenêtre particulière qui 
s’ouvre sur la voirie, disposition fort utile, mais malheureusement rare 
dans les habitations de ce genre. 

Quand je fis ma première inspection de ces lieux, la maison, les étables, 
les serres étaient construites, la porte d’entrée était établie, et la voie 
charretière formée par une ligne droit parrallèle à la porte de la façade. 
Cette disposition apportait naturellement des obstacles à l’arrangement 
de la pelouse vis-à-vis des fenêtres du salon. Aussi obtins-je la permission 
de modifier les devants de la maison autant que le permettait l’exiguité 
du terrain. La route est maintenant suffisamment dérobée aux fenêtres de 
la facade et le jardin est rendu, comme cela devrait toujours avoir lieu, 
écarté et isolé des regards indiscrets. 

La maison est entourée d’un large chemin de gravier et située sur une 
terrasse d'environ 2 pieds 6 pouces d’élévation. Un escalier en pierres 
conduit au jardin à fleurs et aux serres. Une promenade, contournant 
ces dernières et passant sous une arcade (11) couverte de roses, mène 
au jardin légumier; on se propose de la relier à la terrasse du chemin 
de fer, laquelle étant très-étendue, très-irrégulière et recouverte d’une 
végétation caractéristique, formera une addition très-pittoresque au 
jardin. 

A l'extrémité de la terrasse, près du chemin, la promenade descend 
insensiblement et la différence de niveau est cachée par des arbustes. On 
remarquera que la principale promenade passe deux fois sous la voie 
charretière. Je fus amené à cette disposition parce que cette voie nuisant 
beaucoup à la solitude du jardin, je crus par là augmenter l’étendue 
apparente des lieux tout en lesrendant plus solitaires. Du restelecaractère 

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PI. 6, Plan d’une maison et d’un jardin de campagne. 


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particulier de la localité et la facilité du drainage ne permettant pas 
de craindre aucune accumulation d’eau, ce moyen se présentait naturel- 
lement à l'esprit : de chaque côté de la promenade, s’offraient de magni- 
fiques situations pour des rockworks, genre de travaux qu’en règle 
générale, on doit toujours s’efforcer de dérober à la vue du public. 

Les serres ayant un soubassement en briques de trois pieds de hau- 
teur, une étroite bordure destinée à recevoir des plantes grimpantes, 
longent la façade et l’une des extrémités. L'espace compris entre la 
partie de la promenade qui fait un angle entre le jardin à fleurs et les ser- 
res, est occupé par un carré de plantes toujours vertes et naines (12). L’ar- 
rière-corps (10) qui a des fenêtres donnant sur le jardin et qu’on désirait 
cacher, est dérobé à la vue par un treillis couvert de plantes grimpantes. 

Le jardin à fleurs ou parterre est en partie entouré d’une arcade de 
roses. Sur la pelouse, en face de la maison, se trouvent des carrés 
(15, 14 et 15) de petites plantes américaines et d’autres exigeant un sol 
analogue. 16 et 47 sont des Rhododendrons hybrides. Les plantes mar- 
quantes sont principalement des Conifères; parmi elles, nous citerons 
les Abies Pinsapo, cephalonica et Menziesii, toutes compactes et par- 
faitement appropriées aux pelouses et aux petits jardins. Il s’y trouve 
aussi deux Araucaria et naturellement un Deodara, un Genëèvrier chinois, 
un Libocedrus chilensis et deux ou trois Rhododendrons. 

Un piédestal pour vase, ou pour ornement analogue, est placé au point 18. 
Si c’est un vase, ou ne doit pas le garnir de fleurs mais le détacher sur 
le fond des plantes toujours vertes. 

A la porte d’entrée, il y a un projet d’une demeure devant servir d’'habi- 
tation au jardinier. Comme la porte se trouve à une distance assez consi- 
dérable de la maison, cela justifie en quelque sorte cet accessoire à un 
terrain aussi restreint. 


INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. 


DES THERMOMÈTRES DE JARDIN, 
TRADUIT DU FLORICULTURAL CABINET, PAR M, Le D. Ouivier pu Vivier. 


L’attention s’est portée depuis quelque temps sur les thermomètres 
de jardin, et nous sommes heureux de pouvoir déjà signaler quelques 
perfectionnements aussi importants qu'économiques. M. Georges Cox, 
opticien bien connu (5, Barbican, London), s’est particulièrement oceupé 
de ce sujet, et ses essais ont été couronnés d’un plein succès. 

M. Cox a bien mérité de tous les amateurs de jardins par ses 
efforts à construire un instrument commode, sensible et peu coûteux. Cet 
appareil, simple et exact, est d’un prix moins élevé que les thermo- 


0 Res 


mètres enregistrants précédemment employés, quoique tout aussi juste. 
Il indique la température au moment de l’observation, comme tout autre 
thermomètre; suspendu horizontalement, l’index flottant à la surface 
de l’alcool, se place de façon à marquer le point le plus froid atteint pen- 
dant un laps detemps quelconque. L'alcool, en effet, retombe sur l’extré- 
mité supérieure de l'index et l’entraîne vers le bas du tube en 
abandonnant au degré correspondant au minimum de température. 

L’observateur aura ainsi la satisfaction de connaître le froid qu’il a 
fait depuis sa dernière observation ainsi que la température au moment 
de l’observation même. 

Notre expérience nous autorise à dire que les thermomètres de jardin 
de Cox sont certainement plus économiques, plus durables et plus exacts 
que ceux employés jusqu’à ce jour, et nous espérons qu'aucun jardinier 
ne voudra se passer d’un guide aussi utile dans toutes ses opérations. 
Il est certain en effet, que les horticulteurs ne sont pas assez convaineus 
de l'importance d’un examen scrupuleux dela température et desautres phé- 
nomènes météorologiques ; et cependant il n’existe pour ainsi dire pas 
de profession où cela soit plus nécessaire et plus avantageux. Nous vou- 
drions, nous le répétons, que chaque jardinier possédât le thermomètre 
de Cox qui a été construit spécialement d’après nos instructions et celles 
d’autres personnes expérimentées. 

Un instrument supérieur a aussi été inventé par le même constructeur. 
C’est un thermomètre à maximum et à minimum pour le jour et la nuit, 
et qui consiste en plusieurs tubes influencés par la même boule. Cette 
boule est centrale et remplie d’alcool qui se dilate, comme on sait, par la 
chaleur; il produit la descente de la colonne mercurielle à gauche (ou de 
nuit), et l'ascension de celle de droite (ou de jour), entraînant l’index à la 
surface jusqu’à ce que, la chaleur diminuant, celui-ci soit abandonné au 
point correspondant à la température la plus élevée. Ce point fournit 
une donnée pour le jour. Pour la nuit, lorsque la température décroît, 
l'alcool se contracte et est suivi par la colonne mercurielle qui alors 
remonte du côté de la nuit et emporte l’index à sa surface jusqu’à ce 
qu’il atteigne le minimum ou point le plus froid. 

Cet instrument est parfaitement employé à l'air, dans les serres tem- 
pérées et chaudes, en un mot dans tous les lieux servant aux travaux 
de l’horticulture. 

Un instrument plus extraordinaire et très remarquable, quoique plus 
coûteux , est le nouveau thermomètre chronométrique bréveté, de 
M. Gauntlett, créé pour les besoins de l’horticulture et destiné à donner 
des indications permanentes et écrites, de la température atmosphérique, 
soit à l’intérieur, soit en plein air. Chaque propriétaire de serre devrait 
posséder un de ces instruments inappréciables. 

La nouveauté de ce thermomètre git dans le remplacement du mercure 
par des tubes métalliques en rapport avec un système d’horlogerie qui 


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Pi. 7. Thermométre enregistreur de jardin. 


met en mouvement un tambour auquel est attaché une bande de papier. 
Les tubes thermométriques se dilatent et se contractent selon les varia- 
tions de température, et le mouvement ainsi produit est communiqué à 
un crayon qui trace une ligne sur la bande de papier. Cette ligne est un 
registre permanent de la température, et quand le papier est rempli on 
le remplace par un autre. Ce papier est ligné comme le montre la fig. 7; 
les lignes verticales représentent la gradation thermométrique , les lignes 
horizontales correspondant aux heures du jour et de la nuit. Cet instru- 
ment convient surtout aux usages de l’horticulture où la connaissance de 
la température est chose de première importance. Un simple coup d’œil 
jetésur la bande de papier montre quelle a été la température d’une serre 
à un moment quelconque du jour ou de la nuit, l’époque exacte d’un 
changement et sa durée. Le système d’horlogerie qui consiste en un excel- 
lent chronomètre de huit jours, ne donne pas seulement le mouvement 
à la bande de papier, mais encore indique l’heure. La sensibilité de ce 
thermomètre est très-grande et les changements de température les plus 
faibles y sont immédiatement indiqués. Cela résulte de la grande quantité 
de surfaces métalliques exposées à l’air ambiant, Le thermomètre à mer- 


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cure est au contraire très-lent à indiquer de faibles changements de tem- 
pérature, ce qui provient, d’une part de la substance qui forme le tube 
et qui met un obstacle à la transmission rapide du calorique, de l’autre, 
du volume du mercure qui n’offre à l’action de la chaleur qu’une faible 
surface. Cette propriété d'indication instantanée rend le thermomètre- 
chronométrique particulièrement propre à des usages scientifiques et nous 
n’hésitons pas à le recommander à tous les horticulteurs. 


CULTURE MARAICHÈRE. 


NOTE SUR LES RHUBARBES, SUR LEURS DIVERS EMPLOIS ET 
LEUR CULTURE. 


Par M. ALpn. LAVALLÉE. 


M. Charles Morren a depuis longtemps fait connaître en Belgique, les qualités 
alimentaires des Rhubarbes comestibles : il en a importé plusieurs variétés anglaises 
et il a répandu ces plantes avec la plus libérale profusion : il ne négligeait aucune 
occasion pour propager ce légume nouveau pour le pays, et dans ses nombreuses 
publications, on trouve une foule de détails sur l’histoire et les avantages des Rhu- 
barbes culinaires. Ses efforts n’ont pas été stériles : actuellement tout le monde sait 
en Belgique que les Rhubarbes sont, non-seulement de superbes plantes ornementales, 
mais en outre un produit agéable et sain, qui donne à nos tables des mets rafraichis- 
sants et délicats à une époque de l’année où tous les légumes sont rares et où les 
fruits, que les Rhubarbes peuvent particulièrement remplacer, n’existent pas. Il n’est 
plus personne non plus chez nous qui s’effraie du nom de Rhubarbe ou qui eroie à ce 
préjugé que les parties herbacées de ces plantes produisent les mêmes effets que les 
racines des Rhubarbes d'Orient. 

Mais on ne saurait trop insister sur l'utilité de cette culture, éclairer les personnes 
qui veuillent l'essayer et ‘encourager celles qui s’y adonnent déjà ; ces considérations 
nous engagent à reproduire un excellent résumé de l’histoire des Rhubarbes qui vient 
de paraître dans l’Horticulteur francais sous la signature de M. Alphonse Lavallée. 


(Note de la direction). 


Les Rhubarbes constituent le genre Rheum; elles appartiennent à la 
famille des Polygonées. Ce sont des plantes vivaces, herbacées, à feuilles 
grandes, le plus souvent radicales, rarement caulinaires, à nervures plus 
ou moins saillantes, à pétioles épais, charnus. Fleurs petites, hermaphro- 
dites, disposées en grappe paniculée ou en épi rameux. Périanthe her- 
bacé divisé en six lobes égaux, neuf étamines dont six opposées par paires 


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aux lobes externes, et isolément aux lobes internes, trois stigmates pres- 
que sessiles, étalés. Fruit entouré par le calice persistant, et formant 
trois angles qui se prolongent en ailes, 

Les Rheum forment un genre voisin des Eriogonum, Oxyria et Poly- 
gonum dont plusieurs espèces sont cultivées. Ils sont originaires de l’Asie 
moyenne ou septentrionale, et croissent sur les montagnes qui restent 
longtemps couvertes de neige. Ils étaient connus dans l'antiquité, et les 
modernes les ont toujours cultivés. Tournefort, dans ses Institutiones, 
en avait fait le genre Rhabarbatum. Les romains faisaient venir la Rha- 
pontique des monts Ourals. Ce sont à la fois des plantes ornementales, 
comestibles et médicinales. 


° RHUBARBES D'ORNEMENT. 


Les Rhubarbes vrnementales méritent une place certaine en horticul- 
ture sous ce point de vue, car, parfaitement rustiques pour la plupart, 
elles ont le port majestueux que l’imagination ne peut s’empêcher de 
croire l’apanage exclusif des magnifiques végétaux qui croissent dans les 
contrées humides et torrides. Dans un langage trop figuré, c’est ce que 
l’on est tenté de nommer un port tropical. Les Rheum, en effet, sont 
presque les plus grandes plantes herbacées vivaces qui résistent aux froids 
de nos hivers. Elles ont une végétation vigoureuse, et leurs énormes 
feuilles, portées sur de forts pétioles, leur donnent l’aspect exotique dont 
nous venons de parler. Le rôle de ces beaux végétaux dans nos cultures 
ornementales est surtout d’être jetés isolément sur le bord d’une pelouse 
ou d’un massif d'arbres. Ils produisent un effet remarquable dans le voi- 
sinage de l’eau. On peut encore en faire un heureux emploi en en plaçant 
une grosse touffe au centre d’une corbeille circulaire. Nous ne saurions 
trop insister sur la beauté que produisent les Rhubarbes dans les parcs 
et les jardins paysagers. 

Les espèces cultivées sont les suivantes : 

Rheum rhaponticum, L. (vulgairement Rhubarbe anglaise), la plus 
anciennement connue et introduite en France dès 1575. On la trouve 
dans l’Asie centrale, la Sibérie méridionale, la Daourie, même dans les 
monts Ourals et dans la Turquie d'Europe. Plante haute d’un mètre à 
un mètre cinquante centimètres. Feuilles radicales, amples, d’un vert 
foncé, cordiformes, obtuses, peu ondulées, molles, à pétioles presque 
cylindriques, formant un sillon en dessous, à bords arrondis. (On l’em- 
ploie en Asie à teindre les cuirs en jaune.) 

Fheum undulatum, L. (vulgairement Rhubarbe de Moscovie). — 
Introduite en 1734 de la Tartarie chinoise ou de la Daourie. Même hau- 
teur. Feuilles radicales plus allongées, deux fois plus longues que larges, 
molles, ondulées, même crépues, à pétioles plus courts formant un sillon 
en dessus, semi-cylindriques à bords presque tranchants. 


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Rheum palmatum, L., (vulgairement Rhubarbe des boutiques, de 
Chine). Introduit en 1765. Originaire de la Tartarie chinoise, du Népaul, 
de la Boukarie et de la Mongolie. Tiges de deux à trois mètres. Feuilles 
presque rondes divisées en cinq lobes larges-aigus, dentées inégalement, 
d’un vert sombre en dessus, blanchâtres en dessous, et chargées de poils 
raides et courts. Les feuilles caulinaires sont embrassantes, 

Rheum compactum, L. Introduit en 1758. Cette Rhubarbe croit 
abondamment sur les montagnes basses et humides de la Sibérie et de 
la Tartarie chinoise. Elle atteint au plus un mètre vingt centimètres et 
a les feuilles très-fermes, d’un vert clair et luissant en dessus, à dents 
fines et comme cartilagineuses, à pétiole sillonné. 

Rheum hybridum, Murr. Cette Rhubarbe, dont l’origine est complète- 
ment inconnue, est cultivée depuis 1780. Murray, et aprés lui plusieurs 
botanistes, l’ont considérée comme une hybride du R. palmatum et du 
R. rhaponticum. Ceite opinion à été confirmée par Mesner dans la 
remarquable monographie des espèces du genre Rheum, qu’il a publiée 
dans le Prodromus l’année dernière. Le Rheum hybridum atteint 
deux môètres, sa tige est tâächée de rouge. Ses pétioles sont peu sillonnés 
et également tâchés de rouge. Ses feuilles un peu en cœur sont couvertes 
de poils sur les deux faces. 

Rheum ribes, L., (vulgairement Rhubarbe groseille). Introduite en 
1724. On la trouve dans la Perse australe et en Syrie. Elle a été rap- 
portée du mont Carmel ou du mont Liban dont les habitants lui donnent 
le nom de Rivas ou Rives(1). 

Plante haute d’environ un mètre. Tige forte, sillonnée, très épaisse 
dans le bas, en général rougeâtre, à rameaux un peu tortueux. Feuilles 
fermes, même rudes à cause de petites verrues dont elles sont parse- 
mées, à limbe arrondi, légèrement concave, un peu ondulé et plissé, et 
soutenu par cinq nervures saillantes, également rougeûtre. Les pétioles 
des feuilles radicales forment un large sillon, peu profond il est vrai. 
Ils sont aussi rougeûtres, surtout à leur extrémité inférieure. 

Ce Rheum est parfois confondu dans le commerce avec le suivant sous 
le nom de Rhubarbe du Népaul. I est répandu même en Angleterre, 
quoique très connu et très recherché. Nous l’avons recu de Belgique. 

Rheum australe, Dox. Introduit en 1828 par Wallich qui envoya des 
graines à Lambert, en lui donnant pour habitat Gossainthan dans le 
Népaul et la Tartarie jusqu’à Ladak. Cette Rhubarbe n’atteint pas plus 
de deux mètres, quoi qu’en aient dit quelques descripteurs. Sa tige rougeà- 
tre est sillonnée, épaisse à sa base et presque grêle à la partie supérieure 


(1) C’est probablement le nom du pays que Linné a voulu lui donner comme spé- 
cifique, mais le goût de groseille qu'a en effet cette plante, a fait changer Rives en 
Ribes, nom génériqne du groseiller. 


où elle se ramifie. Les pétioles sont moins épais que dans toutes les 
autres espèces. Feuilles melles, quoique rudes au toucher, suborbicu- 
laires, obtuses cordiformes, légèrement ondulées et d’un vert sombre. 

Rheum Emodi, Wazc. Introduit également en 1828 par Wallich, des 
mêmes localités que le R. australe, puis confondu et perdu jus- 
qu’en 1854. Cette plante a de grands rapports avec la précédente, mais 
elle est plus élevée à l’état spontané, et ses feuilles sont ovales et plus 
grandes. 

Nous avons passé successivement en revue les espèces de Rhubarbes 
cultivées. Toutes sont ornementales: pourtant la Rhapontique, à cause de 
sa rusticité et de sa taille; la Palmée, à cause de ses belles feuilles ; la Ribes 
à cause des tons rougeûtres de ses pétioles et de ses feuilles et malgré 
son peu de rusticité, méritent une préférenee certaine. 


99 RHUBARBES COMESTIBLES. 


Si dans toute l’Asie, une grande partie des deux Amériques, en Russie, 
en Allemagne et en Angleterre, les Rhubarbes sont regardées comme 
ur excellent aliment, si à cause de cela elles sont l’objet d’une culture 
étendue, nous devons avouer qu’il n’en est pas de même en France et 
que, tout au contraire, une prévention malheureuse et presque ridicule, 
qui ne veut pas voir dans la même plante une substance comestible et un 
agent médical, nous prive ainsi d’un aliment que bien des peuples 
aiment et recherchent. Et pourtant, la pharmacopée n’emploie que les 
racines, tandis que ce sont les pétioles des feuilles qui constituent l’ali- 
ment. D’ailleurs, n’avons-nous point des exemples de végétaux à la fois 
propres à la médecine et à la nourriture de l’homme? Ne sait-on pas que 
la plus grande partie de l’huile à manger consommée à Paris est de 
l'huile de pavot? et n’est-ce pas avec le pavot que l’on fait l’opium ? Les 
racines du fraisier et les pépins du cognassier n’entrent-ils donc pas dans 
les médicaments journellement employés? La médecine n’a-t-elle pas 
comme diurétique la bourrache; comme excitant, la sauge; comme 
dépuratifs, le pissenlit et surtout le houblon, toutes plantes employées 
chaque jour pour notre alimentation? Il n’y a done pas là, ou en con- 
viendra, une raison acceptable pour faire rejeter la Rhubarbe, et la 
répugnance qu’inspire cette plante n’est fondée sur rien, car elle est 
bonne incontestablement, puisque tant de peuples d’habitudes si diver- 
ses, orientaux et hommes du nord, en font un aliment de choix. 

Ajoutons que si quelques personnes sont portées à croire que la puissance 
purgative des racines de Rhubarbe ne se manifeste nullement dans ses 
autres parties, elles n’ont qu’à songer que certaines peuplades des Antil- 
les et de l'Amérique méridionale mangent chaque jour un pain fait avec 
la fécule provenant de tubercules extrêmement vénéneux. Je veux parler 
du Manihot utilissima, et de son produit le manioc. Il en est de même 


pour la Morelle, rarement utilisée en Europe, mais très-estimée aux 
îles Maurice et de la Réunion. 

J’ajouterai encore à toutes ces raisons, et afin de détruire ces pauvres 
préjugés, que plusieurs de nos végétaux comestibles les plus aimés 
contiennent des principes vénéneux dans certaines de leurs parties; 
ainsi, la Pomme de terre, l’Aubergine, la Tomate et l’Amande. Mais ce 
seul nom de Rhubarbe nous empêchera de compter ce précieux végétal 
au nombre de nos produits alimentaires, et il est presque à regretter 
qu’une fraude tentée il y a quelques années n’ait pas réussi. Il s'agissait 
d’un légume nouveau que l’on appelait Tartreum ; les journaux d’hor- 
ticulture en parlèrent, mais reconnurent bientôt que la prétendue 
nouveauté n’était qu’une variété du Rheum undulatum. Peut-être que 
grâce à ce nouveau nom, la Rhubarbe se füt popularisée en France, où 
pourtant l’on rejette bien loin tout ce qui apparaît encore inconnu, si 
l’engouement n’est pas immédiat. 

Ne fallut-il pas les stratagèmes ingénieux et l’opiniâtre persévérance 
du philanthrope Parmentier pour que la Pomme de terre prit rang 
parmi les aliments de l’homme? Introduite en 1586, elle resta, chacun 
le sait, jusqu’en 1788, c’est-à-dire près de deux siècles, réservée unique- 
ment à la nourriture des cochons, et ce ne fut que la disette de 1795, qui 
la fit réellement accepter en France. Alors, chacun la rejetait, lui trouvait 
une saveur désagréable ; on la disait même malsaine. N’en serait-il pas de 
même aujourd’hui ? Si Parmentier eut tant de peines, de déboires et 
même d’affronts pour faire réussir le tubercule péruvien, il fut dépassé, 
et l’engouement voulut voir une nourriture presque universelle dans 
cette racine, à laquelle on ne peut faire qu’un reproche qu’on ne lui 
adressa pas alors, celui d’être très-peu nourrissante. 

Les Rhubarbes appartiennent à la même famille que l’oseille, dont 
les racines ont été reconnues avoir, comme presque toutes les espèces 
de Polygonées, des propriétés purgatives. 

Tous les Rheum ne sont pas également recommandables comme 
plantes potagères. Le R.rhaponticum, et peut-être le R. australe ont une 
acidité trop grande; le R. palmatum, au contraire, a une saveur fade, 
presque désagréable, qui doit le faire rejeter de nos potagers. Ce sont 
surtout les R. compactum, undulatum et plus encore le R. Ribes, qui 
méritent de figurer parmi nos végétaux alimentaires. Les Anglais ont 
obtenu de ces espèces, des variétés remarquables par leur saveur, la 
grosseur et l'abondance des pétioles, enfin la facilité de leur culture. On 
peut recommander ainsi les vieilles variétés Queen Victoria, Grey 
Eagle, Prince Albert, Esculentissimum, Linneus. La dernière est sur- 
tout cultivée pour faire des conserves; elle est tardive. Le R. ribes 
est, au contraire, très précoce. En variétés nouvelles, il faut citer tout 
d’abord Crimson perfection, puis Scarlet nonpareille, Princess royal, 
Champagne, et enfin Prince of Wales, variété rouge du R. undulatum. 


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J'en ai aussi obtenu une bonne variété dont les pétioles n’ont pas moins 
de 7 à 8 centimètres d'épaisseur, dont les feuilles sont plus crépues et la 
saveur très peu acide (1). 

C’est une saveur acidule que l’on recherche dans les Rhubarbes. Quoi- 
que sui generis, elle est un peu analogue à celle de la groseille, mais 
moins prononcée peut-être. On emploie les pétioles et les nervures des 
feuilles, que l'on coupe généralement par tronçons. C’est accommodée 
comme on le fait pour les légumes charnus, ou en tarte, ou en marme- 
lade, ou en confiture, mais le plus souvent avec accompagnement de sucre, 
que les cuisines anglaises et allemandes apprêtent cette Polygonée. Nous 
ne parlons pas des manières asiatiques, qui ont trop de différences avec 
celles de notre cuisine. J’ajouterai seulement que l’on fait en Perse avec 
plusieurs, et surtout avec l’australe, une sorte de hoisson dans le genre 
de la limonade, que nous avons trouvée agréable et rafraichissante. La 
partie limbaire de la feuille se prépare en Asie, comme l’oseille en 
Europe. 

On peut commencer à manger de la Rhubarbe dès la fin de juin(2). Sa 
production va jusqu'aux gelées, et peut même être prolongée quelques 
jours en la rentrant dans un endroit frais et sec. On coupe les pétioles 
rez terre, et l’on a soin de les peler parfaitement. Leur cuisson se fait 
généralement dans l’eau bouillante, et ne demande que quelques instants. 

J’ai insisté sur l’économie alimentaire d’un végétal nouveau pour ainsi 
dire en France, parce que j'ai la conviction qu’il peut-être utile pour la 
nourriture de tous, et se servir non pas seulement sur les tables luxueuses, 
mais même sur les plus modestes. Je pense qu’il peut devenir une denrée 
de nos halles et de nos marchés, comme il l’est chez tant de peuples. 
J'ai habité l’Angleterre, où j'ai vu des cultures de Rhubarbe, où j'en ai 
mangé maintes fois; j'ai cultivé la plupart des espèces et variétés, et je 
suis parvenu à la faire aimer de tous ceux qui en ont goûté; je puis donc 
aflirmer que les Rheum méritent de prendre leur place dans notre horti- 
culture. 

9° LES RHUBARBES MÉDICINALES,. 


Les Rhubarbes employées en médecine ont une très-grande importance 
par les propriétés à la fois purgatives et toniques de leurs racines. On 
les emploie à doses plus ou moins considérables, suivant celui de ces 
deux effets que l’on veut obtenir. C’est surtout dans les maladies des 


(1) Ce nouveau gain nous parait très-important à cause de la grosseur des pétioles. 
Nous avons obtenu, de M. Alph. Lavallée, la permission de la multiplier pour la 
répandre dans les cultures. Aussitôt que la multiplication en aura produit un certain 
nombre d’individus, il en sera donné avis au commerce et aux amateurs. Je propose 
pour cette intéressante variété le nom de Rhubarbe Madclaine. (Hort. franc.) 

(2) En Belgique nous employons de préférence les Rhubarbes pendant les mois 
d'avril et de mai : les pétioles sont alors plus succulents, plus tendres et d’une saveur 
plus délicate. (Rédaction de la Belg. hort.) 


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femmes et des enfants que la médecine emploie ce médicament. Malheu- 
reusement il est resté d’un prix élevé; car on le tire du centre eu du 
nord de l'Asie, de la Tartarie et des parties septentrionales de la Chine 
surtout, et ce n’est que par l’intermédiaire des marchands bukhares et 
des Russes que nous parvient la Rhubarbe dite de Moscovie. Celle dite de 
Chine nous vient directement; mais n’étant pas soumise au contrôle des 
Russes, et ayant un long voyage sur mer à supporter, elle est d’une 
qualité inférieure. On a bien tenté la culture des Rhubarbes dans ce but 
(Rhubarbe de France), mais on a bientôt reconnu que leur efficacité 
était bien moindre à dose égale ; puis il fallait plusieurs années pour que 
les racines eussent atteint un assez grand développement pour être reçues 
dans l’officine du pharmacien; enfin, on ne savait trop à quelle espèce 
appartenait le produit importé. On a cru longtemps que c’était le Rheuim 
undulatum, ensuite le R. palmatum, on crut enfin que c’était bien le 
R. australe. Il paraît évident aujourd’hui que les racines de presque 
toutes les espèces sont exportées, toutes acquérant des propriétés plus 
efficaces dans les lieux où elles croissent spontanément; mais qu’une 
espèce reste préférable, le R. emodi. C’est, du moins, l’opinion de 
Wallich, qui a parcouru les contrées où croit la Rhubarbe, opinion 
confirmée par d’autres voyageurs. Nous avons nous-même beaucoup 
examiné des racines de Rhubarbes d’exportation en les comparant avec 
d’autres cultivées; cette étude nous ferait supposer que le plussouvent elles 
sont envoyées sans choix, et que si les meilleures sont celles du À. emodi, 
ce sont probablement celles du R. australe qui sont les plus communes. 
Un fait analogue a lieu plus près de nous pour les Gentianes : le vrai 
Gentiana médicinal est le G. lutea; mais le commerce fournit aussi des 
G. punctata et purpurea, qui sont récoltés sur les mêmes lieux. Je lai 
moi-même observé plusieurs fois dans les Alpes de Suisse et du Piémont. 
Les racines de Rhubarhe sont longues et grosses, parfois épaissies en 
boule, parfois, au contraire, très-ramifiées. Elles sont brunes au dehors, 
presque lisses et plus ou moins couvertes de lenticelles assez espacées, 
mais équidistantes entre elles; elles sont d’un jaune plus ou, moins 
intense en dedans, plus foncé chez le R. palmatum, moins chez le 
R. australe, égal chez le R. undulatum et le R. ribes, rougeâtre chez le 
R. compactum. On ne remarque pas chez ce dernier les stries concen- 
triques qui se trouvent chez les autres espèces. Du reste, ces nuances, 
nous devons l’avouer, sont peu sensibles, et par conséquent peu cer- 
taines. C’est par troncons desséchés que les Rhubarbes sont expédiées. 


4° CULTURE DES RHUBARBES. 


La culture de ces majestucuses plantes est des plus facile. Les Rhu- 
barbes sont pour la plupart rustiques. Les R. austrule et ribes deman- 
dent néanmoins une couverture de feuilles pendant l'hiver ; le dernier 
pourtant a passé cette année, il est vrai, remarquablement douce, sans 


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1. Prune Comte Gustave d'Egger. 2. Prune Isabelle (Isabella Plum.) 


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aucun abri. Je crois que ces deux espèces même supporteront nos froids. 
Elles préfèrent une bonne terre franche, mais viennent très-bien dans 
les terrains sableux et dans le sols frais, pourvu que l’eau ait un écoule- 
ment; elles exigent à la fois un terrain meuble et profond; tous les 
potagers leurs conviendront. On les multiplie facilement, soit par sépa- 
ration, soit de graines que l’on sème aussitôt la maturité, soit par dra- 
geons. En tout cas, on les espace d’au moins 1 mètre. Il suffit d’un 
binage ou deux par an, et d’un bon labour opéré sans endommager les 
racines. Elles ne donnent une récolte de pétioles que la seconde année; 
mais il faut bien cinq ans pour obtenir des racines destinées à la médicine. 


JARDIN FRUITIER. 


NOTICE SUR LA PRUNE COMTE GUSTAVE D’EGGER (LiEGEL), 
Par M. A. Rovse. 


Président de la Fédération des Sociétés d’horiiculture de Belgique. 


Nous devons la communication de cette prune à notre honorable 
collègue M. Liegel de Braunau, qui l’a obtenue d’un semis de la Prune 
abricotée et nous l’a recommandée comme un de ses meilleurs gains; 
sa maturité a lieu en Autriche du 1° au 10 septembre; transplantée des 
bords de l’Inn aux bords de la Meuse, cette variété, en maintenant ses 
bonnes qualités, a muri vers la fin d’août en 1858, différence qui peut 
s’expliquer par la température exceptionnelle de l’année. 

Sous le rapport de la qualité cette prune peut se placer à côté de la 
Reine Claude dorée, dont elle diffère par la forme et par le volume. 

Le fruit est assez gros, ovale, aplati vers le pédoncule et souvent 
divisé en deux lobes inégaux ; sa longueur est d’environ 5 centimètres et 
son diamètre de quatre et demi. La peau est assez épaisse, jaune d’or, 
lignée de rouge cerise près du pédoneule, ponctuée de même couleur et 
de points blancs et gris. Le sillon est peu profond, d’un jaune plus foncé que 
la peau; le point pistillaire est petit, noirâtre, proéminent, très visible; 
le pédoncule est gros, long de 2 centimètres, vert sombre, très adhérent; 
il est implanté dans une cavité profonde ou à fleur du fruit sur une large 
base. La chair est jaune foncé, fine, ferme, succulente, remplie d’un jus 
sucré, d’une saveur analogue à celle de la Reine-Claude, de toute pre- 
mière qualité. Le noyau se sépare assez bien de la chair, il est ovale- 
allongé, obtus à sa base, pointu à son sommet; les joues sont légèrement 
convexes, lisses; les arêtes dorsales sont saillantes et tranchantes, divi- 
sées par des sillons larges et profonds; les arêtes du ventre sont créne- 
lées, divisées par un sillon profond et étroit. 


L'arbre, d’une vigueur moyenne, parait fertile; son bois est lisse, 
gris foncé ; les jeunes rameaux sont droits, rougeâtres, un peu velus. 

Les feuilles sont amples, ovales, pointues et arrondies vers le pétiole 
qui est long, grêle, pendant et canaliculé. 

Le spécimen représenté est le produit d’une pyramide, mais la variété 
a un bois assez solide pour supporter le haut vent; suivant M. Liegel 
cette prune serait sujette à se fendiller comme beaucoup d’autres, 
quand il survient des pluies au moment de sa maturité. 

(Ann. de Pomol. belge.) 


NOTICE SUR LA PRUNE ISABELLE (ISABELLE PLUM), 


Par M. A. Royer. 


Représentée PI. IV, fig. 2. 


Nous avonsrecu cette belle variété anglaise de notre collègue de Brau- 
nau. Nous l’avions vainement demandée en Angleterre, mais dans l’im- 
mense collection de M. Liegel, on est certain de trouver toutes les 
bonnes variétés du Prunier. | 

L’Isabella se trouve décrite dans la Pomologia Britannica de M. John 
Lindley, d’après des spécimens qui lui ont été présentés par M. Miller 
de Bristol, qui en est probablement l’obtenteur. M. Lindley la recom- 
mande dans les termes suivants : « Cette prune est d’une grande beauté, 
et n’a pas besoin d’être au mur pour atteindre à sa perfection. Elle sur- 
passe les autres variétés qui sont mises en comparaison avec le Green 
Gaye (ancienne Reine Claude), la Washington et la Cocs golden drop : 
on prétend qu’elle porte deux récoltes en un an. » 

Nous croyons cette dernière assertion fort hasardée; du moins depuis 
que l’Isabella est en production à Namur, jamais elle n’a donné une 
seconde floraison même après les gelées printannières qui faisaient couler 
ses fleurs. 

L'auteur américain Downing la recommande aussi comme un fruit 
attrayant, digne de trouver sa place dans les collections d'amateurs; il 
indique l’époque de sa maturité dans la seconde moitié du mois d’Août, 
ce qui a lieu également chez nous. 

L’Isabella est une prune de forme ovalaire, d’un beau volume, mesu- 
rant en moyenne 6 à 7 centimètres de long sur 5 de large au milieu, 
plus étroite vers le pédoncule, celui-ci un peu velu, long de 2 centi- 
mètres et inséré dans une cavité étroite et peu profonde. La rainure est 
peu apparente. 

La peau est épaisse, rouge brun à sa maturité, plus claire du côté de 
l'ombre et ponctuée de jaune, elle se sépare facilement de la chair, 


TBE Le 


celle-ci est blanche, jaunâtre, juteuse, d’une saveur riche, sucrée, très- 
agréable. 

Le noyau peu adhérent, est petit, ovale, rugueux sur les deux faces, 
un peu obtus sur les deux extrémités, ventru au milieu; les arêtes dor- 
sales sont, aigues, séparées par deux rainures, l’arête ventrale plus 
obtuse. 

L'arbre d’une vigueur moyenne, a son bois et ses rameaux de l’année, 
uniformément bruns et duveteux, les gemmes sont très apparents. 
Les feuilles moyennes, ovales, serretées, sont légèrement pubescentes, 
leur pétiole est assez court. 
Jusqu'à présent, nous ne possédons l’Isabelle qu’en Pyramide, il est 


probable qu’elle réussirait également sous toute autre forme. 
(Arin. de Pomol. belge). 


VARIÉTÉS. 


LA FÈVE DES ROIS. 
Par P.-C. ORDINAIRE, D.-M. 


La fève est originaire de la Perse et des bords de la mer Caspienne. Sa 
culture s’est d’abord répandue en Egypte, et depuis fort longtemps elle 
s’est introduite dans l’Europe tempérée et méridionale. 

Les anciens avaient, au sujet de cette plante, une foule d’idées super- 
stitieuses et ridicules qui les empéchaient de l’utiliser. Un vieil adage 
disait : 

Les fèves sont à craindre, elles donnent la goutte; 
Allez à la santé, mais par une autre route. 


À l’époque des pythonisses et des devins, on signalait la fève comme 
contraire à la lucidité et empéchant de faire des songes divinatoires. On 
est allé jusqu’à la considérer comme étant plus particulièrement le 
refuge des âmes après la mort. On craignait, en mangeant un plat de 
fèves, de croquer quelques membres de sa famille ou quelques an- 
ciens amis. 

Pythagore en avait défendu l’usage à ses disciples, non pas parce qu’il 
croyait à la métempsycose, mais, parce que, disait-il, la fève est excitante, 
indigeste, et provoque les passions. Horace n’admettait pas ces mauvais 
effets, et, en dépit du philosophe il aimait à en manger de cuites avec du 
petit-salé. 


O quando faba pythagora cognata, simulque 
Unita satis pingui pouentur oluseula lardo! 


US 


Traduisez : 


Pythagore proscrivait les fèves, sans égard ; 
C’est qu’il n’en mangea pas cuites avec du lard. 


Pline la considérait comme un excellent légume, et, en effet, la fève 
cst très-nourrissante et très-saine. 

Dans la fête dite des rois, la fève joue un rôle important, elle remplace 
le droit divin et le suffrage universel, elle adjuge la royauté, sans égard 
ni à l’âge, ni à la condition, ni à l’aptitude. Royauté bien éphémère, 
sans doute, mais aussi exempte de toute responsabilité et, par suite, de 
toute inquiétude. 

Cet usage de se servir de la fève tire son origine de ce que chez les 
Grecs on en usait pour l'élection des magistrats. Cicéron, d’aucuns pré- 
tendent Pythagore, a dit : a fabis abstine, ne vous mêlez point du gouver- 
nement, et plus loin, fabis mimum, la farce de la fève, parce que cette 
royauté de la fève, était une espèce de royauté burlesque. En effet, au 
temps de Rome, pendant les saturnales, vers la fin de décembre, les 
enfants tiraient au sort avec des fèves à qui serait roi, et l’élu devenait un 
objet d’adulations et des plus plaisantes protestations. 

Anciennement, dit Plutarque, on créait un rot de la table, et Plaute 
ajoute : Ce roi pouvait se donner une maitresse. 

Do hanc tibi florentem florenti, tu sic eris dictatrix nobis, dit un de 
ses acteurs, en mettant une couronne de fleurs sur la tête d’une jeune 
personne. 

Un de nos amis poète, élu roi de la fève, prenant pour reine une char- 
mante voisine, a traduit Plaute dans l’improvisation suivante: 


Eglé, je te fais souveraine: 

Le destin m'a fait roi, 

L’amour seul te fait reine, 

Amour, fais que demain elle fasse pour moi, 
Au moins sensible autant que belle, 

Ce qu’aujourd’hui je fais pour elle. 


L'usage de tirer les rois était encore très-pratiqué au siècle dernier. Cet 
usage a inspiré un des tableaux les plus estimées de Greuze, et Panard 
écrivait: 

Que le roi de la fève est un beau sire! 

Il règne pendant un repas ; ; 

La nappe ôtée, adieu l’empire ; . 
C'était César, ce n’est plus que Lucas. 


De nos jours cet usage des rois se perd avec les plaisirs de la famille. 
Bientôt il ne sera plus qu’une tradition. 


(Journ. de la Soc. d’hort. de Mâcon.) 


Luk de € Sol 


1. Achimenes Georgina Hortul. 2. Chiroma floribunda Pxk. 


LA OR 
HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE CHIRONIA FLORIBUNDA Paxr. 


FAMILLE DES GENTIANÉES. —- PENTANDRIE MONOGYNIE. 


Figuré pl. V. 


CuironiA floribunda, fruticulus sem- Cuiron1A florifère, arbrisseau toujours 
pervirens ; ramis crassiusculis ; foliis | vert, à rameaux un peu charnus, à feuil- 
ovali-lanceolatis; pedunculis nnifloris; | les ovales-lancéolées : pédoncules uni- : 
floribus majuseulis nitidis rubris. — | flores ; fleurs grandes, blanches ou 
Cresceit in Promontorio Bonæ-Spei. rouges. Du Cap de Bonne-Espérance. 


Ch. floribunda Paxrtow, Magaz. of Bot. XII, 225 (c. ic.) ex Orro et Dierr. Allgem. 
Gartenz. XIII, 405. — Ware. Repert. Bot. VI, 499, — Recez Gartenfl. 1859 : 226. 
Ch. Fischeri, Hort. 


Tous les Chironias sont d’excellentes plantes de la serre tempérée qu’elles 
 égayent beaucoup pendant l’été et l’automne : ce sont en général de 
trés-petits arbustes, comme le sont tant de plantes du Cap, et ils se cul- 
tivent de la même manière que ces dernières. On connaît surtout les 
Chironia grandiflora, glandulosa et decussata : tenus assez courts et 
jeunes , ils forment des touffes de verdure charmante et produisent, en 
grand nombre, de fort jolies fleurs. Tous les deux ou trois ans on rem- 
place les anciennes plantes par de nouvelles boutures. On fait celles-ci 
sous cloche et sur couche chaude, dans un sol léger et sablonneux, 
avec des rameaux sains et vigoureux, Après la reprise, les jeunes plantes 
aiment une place éclairée et bien aërée. 

L'espèce dont nous avons figuré quelques rameaux, d’après le Garten- 
flora, est l’une des plus belles du genre. Introduite entre 1840 et 1845, 
elle est connue des botanistes sous le nom de Chironia floribun da donné 
par Paxton, mais elle est plus répandue en horticulture sous celui de 
Chironia Fischeri. Elle ne réclame aucun soin de culture particulier, 
mais elle mérite entre toutes d’être introduite dans les serres d’amateurs. 


BELG,. HORT., TOM. X. 


Se ne 


DESCRIPTION DE L’'ACHIMENES GEORGEANA, Horr, Max. 
Par M. EDouARD MorREN. 


FAMILLE DES GESNÉRIACÉES. — DIDYNAMIE ANGYOSPERMIE. 


(Représenté pl. V, fig 1.) 


Nous avons rencontré cette superbe Gesnériacée, dans l'établissement 
de M. Jacob Makoy; elle était en pleine floraison pendant le mois 
d'octobre 1859 et l’un des plus beaux ornements de la serre chaude. 
L’Achimenes Georgeana se faisait surtout remarquer par le nombre et le 
coloris extrêmement riche des fleurs, par les reflets bronzés du feuillage 
et par un port élevé et vigoureux. 

Nous nous bornerons à décrire sommairement la plante que nous avons 
sous les yeux, sans nous prononcer sur son identité spécifique. 

Plante haute de 50 centimètres, herbacée, rameuse ; tiges arrondies, 
pubescentes, rouge-brun. Mérithalles distants en général de 5 à 8 cen- 
timètres; feuilles opposées, décussées, de grandeur variable, mais attei- 
gnant, y compris le pétiole, une longueur de10 centimètres ; pubescentes 
des deux côtés. Pétiole, formantenviron un tiers de la feuille, légèrement 
canaliculé, pubescent : limbe ovale, assez régulier, à bords régulièrement 
dentés, à face supérieure verte ou légèrement rougeâtre, tandis que la 
face inférieure est rouge ou brunâtre. 

Fleurs axillaires, solitaires, insérées sur les extrémités de la tige ct 
des rameaux latéraux. Pédoncule long de 5 centimètres environ, arrondi, 
ascendant ou horizontal, pubescent. Calice quinquéséqué, pubescent, 
rougeâtre. Corolle tubuleuse, grande, horizontale ou légèrement pen- 
dante, à tube droit, régulier dès la base, presque cylindrique, large de 
5 à 10 millimètres, légèrement infundibuliforme, jaune rougetre, long 
de 4 centimètres à limbe grand, étalé, subbilabié, à divisions supérieures 
plus courtes et plus fortement colorées que les inférieures, rouge-orangé, 
légèrement et obscurément crénelé sur les bords. Étamines au nombre 
de 4, insérées à la base de la corolle et à sa partie inférieure, presque 
égales et toutes réunies au sommet, longues de 55 à40 millimètres, àfilets 
glabres. Style droit, long de 5 centimètres environ, pubescent. Ovaire 
en forme de coupe, pubescent, vert. 


en 7 AE 


CORRESPONDANCE. 


FLORAISON ANTICIPÉE DU PAULOWNIA IMPERIALIS. 


La question relative à la floraison du Paulownia, qui nous a été adressée par 
M. le Dr Séverin et qui se trouve insérée à la fin du dernier volume, nous a déjà 
occupé dans la première livraison de cette année. An moment même où notre courte 
réponse venait de paraître, nous recevions de notre savant ami, M. H. Lecoq de 
Clermont-Ferrand, une lettre sur le même sujet, qui confirme nos conseils et y 
ajoute d’intéressants détails. Cette communication, de l’un des membres les plus 
distingués de l’Institut de France et du plus éminent de tous les écrivains horti- 
coles, est précieuse, non-seulement pour M. le Dr Séverin et ceux que sa question 
intéresse, mais pour tous nos lecteurs, et ils nous sauront bien certainement gré de 
la publier, 


Crermont-Ferrann, le 15 décembre 1859. 


MONSIEUR ET CHER COLLÈGUE, 


Une petite note insérée à la fin du dernier numéro de la Belgique 
Horticole me donne l’occasion de vous écrire, ce qui est toujours un 
plaisir pour moi. Vous demandez si l’on connait un moyen de préserver 
de la gelée les boutons du Paulownia imperialis : j’ai dû me faire la 
même question, parce que, placé sous un climat plus chaud que la Bel- 
gique, je n’ai pas moins été privé plusieurs fois par la gelée des belles 
fleurs bleues de mon unique Paulownia. Voici le moyen très simple 
que J’emploie pour éviter ce petit chagrin : à l’époque actuelle, vers la 
fin de l’année, je coupe le quart, ou le tiers des sommités florifères, en 
choisissant de préférence celles qui, placées dans le centre de l’arbre, 
seraient en partie masquées par les autres. Cela fait, n’ayant pas de ces 
jolis vases à jacinthes dont vous donnez le signalement, je place mes 
branches houtonnées avec de l’eau dans les premiers vases venus. En 
portant ces bouquets dans des appartements de température différente, 
on obtient en plein hiver des fleurs d’autant plus précoces que le lieu est 
plus chaud, d’autant plus bleues que les vases sont placés plus près du 
jour. On peut ainsi graduer la floraison jusqu’à l’époque où le soleil de 
mai fait appel à nos fleurs et rend la vie à nos parterres. On trouve 
toujours en hiver un peu de feuillage étranger pour associer aux jolies 
corolles que nous avons prises sous notre protection. 

Ces détails vous arriveront peut-être un peu tard ; mais que ne parliez- 
vous plus tôt? je ne leur croyais pas assez d'importance pour vous les 
adresser sans une provocation : veuillez les recevoir comme un témoignage 
du vif intérêt que je porte à la Belgique Horticole.…. 


H. Lecoo. 


SECONDE LETTRE SUR LE PAULOWNIA IMPERIALIS. 


Nous avons en outre recu de l’un de nos correspondants les plus honorables, les 
deux lettres suivantes sur le même sujet. L'auteur, qui habite la Belgique, est placé 
dans les meilleures conditions pour observer attentivement la végétation d’un 
superbe Paulownia. Sa modestie veut qu’il garde l’anonyme ; nous nous conformons 
à regret à l'expression de cette volonté et nous l’engageons beaucoup à continuer ses 
intéressantes observations. 


…. 43 janvier 1860. 
MonsiEUR LE PROFESSEUR, 


J'ai l'honneur de vous adresser quelques observations sur la floraison 
du Paulownia imperialis. N’étant pas accoutumé à traiter des questions 
horticoles, je me suis peut-être laissé séduire par une chimère ; cepen- 
dant il n’est pas impossible non plus qu’elles fassent faire un pas 
à la solution de la question que vous avez posée, il y a quelque temps, 
aux abonnés de la Belgique horticole : Vous en jugerez après que vous 
aurez bien voulu vous donner la peine de parcourir mon petit article. 

Si cela ne vaut rien, vous n’avez qu’à le jeter au feu ; s’il y a quelque 
chose de bon, vous n’en prendrez que cela, et vous y ferez tel change- 
ment qu'il vous plaira. En tout cas, si vous voulez en communiquer 
quelque chose à vos abonnés, vous signerez tout simplement 


UN ABONNÉ. 
Monsieur LE RÉDACTEUR. 


L'article que la Belgique horticole vient de publier sur la floraison 
du Paulownia imperialis n’est rien moins qu’encourageant pour les 
amateurs des superbes thyrses de ce bel arbre. Ne désespérons pas si 
vite et voyons si le mal est sans remède. 

Et d’abord, l’organisation du bouton nous indique assez qu’il n’est 
pas destiné à ne s’épanouir que dans les régions tropicales : qu’on 
examine le tissu si épais, si chaud, si duveteux qui enveloppe le calice 
et les pédoncules, on sera étonné des soins que la nature a pris pour 
garantir la délicate corolle du Paulownia et on se convaincra aisément 
que les boutons peuvent impunément braver les rigueurs du froid le 
plus intense. En effet, si les boutons étaient si sensibles à la gelée, ils 
devraient déjà être tous détruits actuellement; car un thermomètre 
suspendu sous notre Paulownia est descendu à — 13,5 degrés de froid, 
limite rarement dépassée de beaucoup en Belgique. Or, un certain temps 
après le dégel, jai faitcueillir quelques thyrses et j’en ai examiné plusieurs 
boutons ; quelques-uns étaient pourris à l’intérieur, mais la grande 
majorité était parfaitement saine. J'ai placé deux thyrses dans un vase 


MU Que 


d’eau et je ne doute nullement de les voir fleurir bientôt. J’en conclus : 

4° Qu'il n’est pas nécessaire de couper les thyrses quand les premières 
gelées sont à craindre pour les faire fleurir dans les appartements ; car 
ils ont subi 13,5 degrés de froid et ils fleuriront encore. 

2° Que, lorsque par suite d’un automne chaud et humide, la végéta- 
tion du Paulownia n’est pas trop avancée, il n’a rien à redouter des 
gelées les plus fortes. 

J’engage MM. vos lecteurs à examiner aussi l’état des boutons de leurs 
Paulownias, pour voir si le même fait s’observe partout. S’il recommence 
à geler, je me propose de répéter les mêmes observations au dégel suivant, 
et ainsi il ne sera pas difficile de constater l’époque fatale à la floraison de 
notre arbre, si elle doit encore se présenter cette année. 

Mais quelle est donc la cause pour laquelle le Paulownia fleurit si rare- 
ment ? Je réponds par cette autre question : quelle est lacause que plusieurs 
de nos arbres fruitiers à noyau nous donnent si rarement des fruits en 
plein vent? Ici tout le monde est d’accord que ce ne sont point les gelées 
de l’hiver qui détruisent les organes de la fructification de ces arbres, 
mais bien les gelées qui surviennent quand la végétation est trop 
avancée. Je fais la même réponse à la première question : ce ne sont 
pas les gelées normales, mais ce sont les gelées qui arrivent quand les 
divisions calicinales de la fleur du Paulownia, qui en hiver emmaillotaient 
si bien la corolle, commencent à se séparer et en mettent ainsi à nu le 
tissu si délicat, que la moindre gelée doit nécessairement le détruire. 

Si c’est là la nature du mal, quel est le remède ? — Par la comparai- 
son que je viens d'établir entre la végétation du Paulownia et de cer- 
tains arbres fruitiers, la réponse devient d’un intérêt plus général ; 
car s’il est possible de conserver les boutons dn Paulownia, il ne sera pas 
impossible non plus de préserver nos abricotiers, pêchers, etc., des 
effets désastreux des gelées tardives. 

La Belgique horticole cite une tentative faite en vue de préserver les 
boutons du Paulownia, mais qui est restée sans résultats : on avait, yest-il 
dit, emmaillotté chaque grappe, avant l'hiver, etc... Ce moyen ne 
pouvait réussir ; car la ouate, quoique enveloppée de papier goudronné, 
devait à la longue devenir humide et communiquer son humidité à l’épais 
tissu qui couvre les boutons et les pédoncules, et par là les faire pourrir. 
De plus, ce moyen ne pouvait qu’activer la végétation dans les thyrses 
et ainsi les rendre plus sensibles au froid qui a pu survenir. Mais, si au 
lieu d’envelopper ainsi les thyrses avant l'hiver, on eût pu le faire après, 
c’est-à-dire, vers l’époque critique ou quand les gelées tardives menacent 
de leur funeste influence une végétatien trop avancée, je crois qu’on 
aurait réussi, Quoi qu’il en soit, il sera toujours difficile de connaître le 
moment favorable pour l’emploi de ce moyen, et, düt-il réussir, l’appli- 
cation en est trop difficile. Je ne comprends même pas comment on ait 
pu faire l’opération sans faire tomber les boutons : les pédicelles sont 


Le: 7e 


d’une tenuité extrême quand ils sont dégarnis de leur tissu et les boutons 
s’en détachent pour peu qu’on y touche. 

Le moyen que je propose est le suivant : retarder la végétation. Et 
comment? Voici comme j'aurais fait s’il y avait eu de la neige au mo- 
ment du dégel (quoiqu'il en soit tombé en beaucoup d’endroits, il n’y 
en a pas eu ici) : j'aurais amoncelé tout autour de l’arbre, sur un rayon 
plus ou moins long, une grande quantité de neige, je l'aurais disposée 
en talus et iassée fortement. Cette neige aurait résisté longtemps à la 
fusion et le sol au pied de l’arbre serait resté gelé jusqu’à fusion complète 
>» de celle-ci. A la reprise de la gelée, j'aurais enlevé la neige restante pour 
faire geler le sol à une plus grande profondeur encore, et je l’aurais re- 
couvert de neige, s’il y en avait eu à un dégel suivant. Enfin il s’agit de 
conserver le sol gelé au pied du Paulownia, tout moyen qui peut servir à 
cela est bon : un tas de feuilles ou de fumier garanti de la pluie pourrait 
peut-être convenir. Comme vous le voyez, le remède est un peu extraor- 
dinaire et contraire à tous les usages reçus. Jusqu’ici on a toujours com- 
battu l’action de la gelée par des enveloppes bien chaudes, frigida cali- 
dis, je propose de combattre la gelée par la gelée même, frigida frigidis. 
1l est inutile d’ajouter que le remède indiqué convient tout aussi bien 
pour arrêter la végétation des arbres fruitiers en plein vent à floraison 
trop précoce, et qu’on pourrait l’employer encore pour garantir les es- 
paliers qui ne sont pas suffisamment abrités. 11 est vrai, les fruits ne 
seront mürs que quelque temps plus tard; mais : mieux vaut tard que 
jamais. 

Il est regrettable que ce moyen ne puisse pas être employé indistincte- 
ment tous les ans; car il faut au moins qu’il gèle pendant quelque temps 
en hiver. Je crois qu’il sera toujours très difficile, sinon impossible, de 
protéger les thyrses du Paulownia contre les gelées tardives après les 
hivers doux ; la végétation étant toujours trop avancée dans ce cas, 

Le Paulownia a fleuri en 1858, il n’a pas fleuri en 1859; voyons si nous 
n’en découvrirons pas la raison par la comparaison des températures dans 
les mois correspondants des hivers 1857-58 et 1858-59. Comme ce sont 
surtout les températures minima qu’il s’agit de considérer, je n’établirai 
la comparaison que sur ces dernières, en ajoutant le nombre de jours, 
par mois, que la température a été — 0, 


Hiver 1857-5S. Hiver 1S5S-59. 


NOMBRE DE 
MINIMUM CENTI- [JOURS QUE LA MINIMUM cEnTI- | NOMBRE DE 
GRADE TEMPÉRA- GRADE JOURS ARR 
PENDANT CE MOIS.| TURE A ÉTÉ PENDANT CE MOIS.| | D FA 
Novembre. . |- 2,5 (le 20)! 6 jours. | Novembre . .|— 10,4(le23)| 22 jours. 
Décembre. — 3 (le 4) 4 Décembre . .|— 5 (le 17) 5 » 
Janvier. — 9,2(le5) | 15 » Janvier . . .|— 5,2 (le 15)|, 7 » 
Février. — 8,6 (le 28) 18 » Février . . .|+ 0 0 » 
Mars. . . . ,|— 4,9 (le 4) | 15 » Mars . . . .+— 0 0 » 
Ari LE 0 0 » Avril . , . .|— 1 (lee) 


1 


Les premiers jours du mois d’avril 4859 il a neigé et il a gelé : c’est 
ici je crois, que les boutons du Paulownia ont le plus souffert. En effet, 
depuis le 19 janvier le minimum n’a plus été au-dessous de zéro, la 
végétation devait donc être extrêmement avancée vers le 1° avril, et la 
neige et la gelée, qui sont survenues alors ont dû nécessairement tout 
détruire. Je ne puis cependant me décider tout-à-fait pour la date du 
4e avril; car le mois de novembre 1858, où la température a été si 
basse continuellement, a pu avoir également une grande influence sur la 
végétation, peut-être encore trop active alors. Pour être certain il 
m'aurait fallu des observations, et je n’en ai point fait alors. 

Si après cela nous examinons la température de 1858, nous voyons 
que le froid a dépassé 9 degrés au mois de janvier, que le 28 février 
le minimum a été encore — 8,6, et qu’en somme il a gelé pendant 48 
jours dans les trois premiers mois de l’année. Le 27 mars la température 
a été pour la dernière fois — 0 : ce n’est que vers cette époque que la 
végétation a pu commencer; comme depuis lors, il n’a plus gelé, elle a 
pu suivre sa marche régulière. De tout cela résulte, que les gelées n’ont 
aucune influence sur le Paulownia quand il n’est pas en végétation; et 
que si le moyen indiqué plus haut pour retarder la végétation réussit, le 
moyen de faire fleurir est trouvé. 


? 


SUR LA CULTURE DU SILENE COMPACTA (1). 


Le Silene compacta est une plante bisannuelle, qu’on a essayé de cul- 
tiver depuis 1829, mais sans succès, car elle jaunit tout-à-coup ei meurt 
à l’époque de la floraison. Pour y obvier, on me conseilla un certain mode 
de culture, qui fut couronné d’un plein succès. J’obtins des plants hauts de 
trois pieds (anglais), et ornés de quarante grappes de fleurs , dans des pots 
de neuf pouces dediamètre; sur trente-cinq plants venus en pots, etsoumis 
à l'expérience, pas un ne fut malade, tandis que trois autres, que je cul- 
tivai d’après l’ancien système, pour comparer les résultats, moururent à 
l’époque de la floraison. 

Voici la méthode que j’emploie : — Je fais mes semis en pleine terre 
à la fin de Septembre, ou au commencement d'Octobre. Dès que les plants 
ont cinq ou six feuilles, je les repique au pied d’un mur au midi, ou sous 
une bâche; je leur donne très-peu d’eau, et de l’air toutes les fois qu’il 
en est besoin; sur ce point, je me guide d’après l’état hygrométrique de 
Vair. Vers la fin de Mars, je me munis de pots de sept à neuf pouces de 


(1) The Floricullural Cabinet, Oct. 1859. Trad. de M. Cu. ne Borne. 


2 pi 


diamètre, et les remplis de terre de jardin bien riche et bien travaillée, 
mélangée de vieux plâtras, de sorte que les racines trouvent un milieu 
perméable et calcaire. J’y mets alors mes plants, un ou deux dans chaque 
pot, selon leur force; ensuite j’enterre les pots jusqu’au bord, afin d’em- 
pêcher le soleil de trop échauffer les racines. 

De cette manière, vers le commencement de juillet, j’obtiens de grosses 
grappes de magnifiques fleurs roses. 


SUR LES GRAINES ET LES SEMIS, 


pan M. Cars Arreuus, D'Errurt (). 


La multiplication au moyen des graines est, pour la généralité des plantes 
cultivées, le principal mode de propagation; aussi les écrits abondent-ils 
sur ce sujet important : on a pu voir quelques articles dans lesquels cette 
question d’un intérêt majeur avait été envisagée tantôt dans son ensem- 
ble, tantôt, et plus ordinairement, quant à certaines catégories de 
végétaux. Un mémoire important sur se sujet a été publié cette année 
par un horticulteur allemand bien connu, M. Carl Appelius, propriétaire 
d’un grand établissement dans la ville d’Erfurt qui, comme on le sait, 
fait un commerce considérable de graines. La question des graines et des 
semis y est traitée à fond, avec l’autorité et l’expérience du praticien 
consommé. Nous croyons donc que les lecteurs de ce Journal accueille- 
ront avec plaisir un résumé des parties les plus directement utiles de ce 
travail intéressant. Ce mémoire forme une brochure de trente-neuf pages, 
dont le titre, reproduit plus bas dans sa langue originale, signifie : 
Eclaireissements relatifs à la 27° année du Catalogue de graines de 
M. Carl Appelius , d’Erfurt. 

La condition première et la plus essentielle, dit l’auteur allemand, 
pour le succès de tout semis, est d'employer des graines susceptibles de 
germer. Or, ia bonté d’une semence quelconque est nettement exprimée 
par le nombre de graines qui, sur une quantité donnée, lévent et se 
développent en plantes. Le plus souvent on cherche à l’évaluer en déter- 
minant le poids spécifique ou la densité des graines; cette méthode est 
sans doute bonne, mais non absolument infaillible ; d’ailleurs le poids, 
pour une même espêce, peut varier, d’une année à l’autre, en raison des 


(1) Erläuterungen zum 27 Jahrgange des Verzeichnisses der Samen-Handlung, 
Kunst- und Handels-Gaertnerei von Carz Arrecius, in Erfurt. — Trad. du Journal 
de la Soc. Impér. et centrale d’horticulture à Paris, 1859, p. 772. 


DD; Tea 


conditions de végétation; il peut même varier sur un seul pied: c’est 
ainsi notamment que les grains situés dans la portion moyenne d’un épi 
de Maïs sont plus denses que ceux qui se trouvent plus bas et surtout plus 
haut. Or les expériences toutes récentes du docteur Hellriegel tendent à 
prouver, d’abord, que conformément à l’opinion générale des cultiva- 
teurs, les graines les mieux formées sont les plus denses; en second lieu, 
que celles qui ont la plus grande densité donnent les plantes les plus 
vigoureuses. — Tout le monde sait que, pour déterminer sur-le-champ 
et commodément la densité des graines , on est dans l’usage de les mettre 
dans l’eau, et qu’on recueille comme les meilleures celles que leur den- 
sité plus grande fait aller au fond, tandis qu’on rejette comme mauvaises 
celles qui surnagent. Néanmoins il faut se garder d’accorder à cette 
épreuve des graines par l’eau, une confiance illimitée. Elle peut induire 
assez souvent en erreur, notamment pour les graines dont la densité 
diffère peu de celle de ce liquide. Par exemple, celles des Cucurbitacées 
qui sont venues pendant des années froides, nagent sur l’eau et germent 
cependant très-bien ; on sait même, dit M. Appelius, que, conservées 
quelques années, les graines de ces plantes produisent ensuite des pieds 
beaucoup plus chargés de fleurs femelles, c’est-à-dire plus fertiles que 
ceux qui viennent de graines récoltées dans des années froides et semées 
peu de temps après leur maturité. Les bonnes graines de Melons et de 
Courges diminuent de densité à mesure qu’elles vieillissent; elles allaient 
d’abord au fond de l’eau, et, dès la sixième année, la moitié d’entre elles 
nagent déjà sur ce liquide, sans être cependant devenues mauvaises. On 
concoit donc que, dans ce cas comme dans plusieurs autres, l’épreuve 
par l’eau puissé induire en erreur. — En général, les graines les plus 
lourdes sont celles qui renferment beaucoup de fécule, comme celles des 
Céréales, des Légumineuses, etc. Les graines oléagineuses ont très-souvent 
une densité voisine de celle de l’eau, bien que, dans certains cas, elles 
soient plus denses que ce liquide, comme le sont, par exemple, celles 
des Choux. Les semences les plus légères sont celles des Ombelliféres, 
comme la Carotte, le Panais, le Cerfeuil , l’Anis, etc; et des Composées, 
comme les Laitues, Scorsonères, etc. Cette légèreté tient surtout à la pré- 
sence, dans l’enveloppe qui renferme la graine proprement dite, d’une 
huile essentielle pour la première de ces familles, de l’air pour la der- 
nière. À peu d’exceptions près, toutes les graines lisses ont un poids spé- 
cifique supérieur à celui de l’eau. — Beaucoup de cultivateurs, avant 
d'acheter des graines, en essayent la valeur en en faisant germer sur du 
papier-brouillard humide, à une température de 15 à 22°C. Ce procédé 
est commode et assez sûr pour les espèces qui lèvent promptement, 
comme les Trèfles, les Pois, les Céréales; mais il est inapplicable aux 
espèces qui exigent un long espace de temps pour germer. Pour celles-ci, 
le meilleur moyen dont on puisse faire usage est un semis d’épreuve en 
pot. Encore cet essai ne donne-t-il pas toujours l’indication rigoureuse de 


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la valeur germinative des graines, puisque le résultat qu’on en obtient 
dépend, toutes choses égales d’ailleurs, du soin apporté au semis, dela 
température de l’air, de la profondeur à laquelle on sème, de l’époque À 
laquelle on opère, etc. Ainsi presque toujours les pepins des Poiriers et 
des Pommiers germent- fort mal et en très petit nombre lorsqu'on en 
fait un semis d’épreuve, dans des pots, aussitôt après leur maturité , tan- 
dis qu’ils lèvent parfaitement lorsqu'on les sème à la fin d’octobre ou en 
mars, en planches et à l’air libre. Il est souvent résulté de là qu’on a 
regardé comme mauvaise une semence qui, en réalité, était d'excellente 
qualité. — Des faits analogues se présentent pour la généralité des végé- 
taux ligneux dont les graines lèvent la première année, les Conifères ex- 
ceptés. — La couche de terre dont on couvre les semis d’essai exerce 
encore une influence importante sur les résultats. Si, par exemple, on 
sème du Ray-grass (Lolium perenne) dans une terre qui retient l’humi- 
dité avec une force moyenne et qu’on en enterre la semence d’un pouce 
(27 millim.), il en lève 7/8 en 1/2 jour; à deux pouces (54 millim.) de pro- 
fondeur , il en lève également 7/8, mais en 18 jours; à trois pouces 
(81 millim.) de profondeur, il lève 6/8 des graines, en 20 jours; à quatre 
pouces (108 millim.) , 4/8 des graines germent en 21 jours; à cinq pou- 
ces (155 millim.), 5/8 lévent en 22 jours, et à six pouces (162 millim.), 
la proportion des germinations se réduit à 1/8 des graines en 25 jours. 
D'un autre côté , lorsqu'on recouvre de la semence de Ray-grass avec un 
simple coup de herse, elle germe, à peu près sans exception, dans l’es- 
pace de b jours. 

Le mémoire de M. Carl Appelius renferme, sous forme de tableau, 
l'indication du temps qu’exigent pour germer les graines de beaucoup de 
plantes cultivées sous l’influence d’une température de 11 à 12° C. dans 
le sol, de 12,5 à 17°,5 C. dans l’air. Nous reproduisons ces utiles indica- 
tions sans les disposer en tableau. 

Germant en 2 jours : Cresson alénois (Lepidium sativum). 

Germant en 5 jours : Épinard, Arroche (Atriplex hortensis). 

Germant en 4 jours : Choux, Turnep, Navette, Laitue, Sarrasin. 

Germant en 5 jours : Caméline, Pois, Chicorée Endive, Millet à grappe 
et à panicule, Lin, Pavot, Melons et Courges, Navet, Colza , Ray-grass, 
Moutarde. 

Germant en 6 jours : Lupin, Lentille, Spargoute (Spergula), Raifort, 
Radis, Oignon (souvent aussi en 15 jours), Poireau. 

Germant en 7 jours : Seigle, Orge, Avoine, Maïs, Sorgho, Phléole 
(Phleum), Phalaris arundinacea, Brocoli, Anethum ‘graveolens, Car- 
thame, Fève, Betterave, Achillée, Julienne. 

Germant en 8 jours : Froment, Festuca pratensis, F. rubra, Cumin, 
Marjolaine, Thym, Haricot-Princesse, Chou à vaches, Chicorée. 

Germant en 9 jours : Pois-moelle. 

Germant en 10 jours : Cynosurus cristatus, Agrostis, Serradelle 


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(Ornithopus), Vesse, Haricot-sabre, Haricot-beurre, Betterave à sucre, 
Chanvre-géant, Tabac, Cerfeuil. 

Germant en 12 jours : Fromental (Avena elatior L.), Brôme des prés, 
Carotte (assez souvent en 20 jours), Tomate, Crambe ou Chou marin, 
Scorsonère, Céleri ordinaire et Céleri-rave (celui-ci fréquemment en 
20 jours), Sarriette (Saltureia hortensis), Basilic, Giroflée. 

Germant en 15 jours : Anis, Fenouil, Paturin des prés (Poa). 

Germant en 14 jours : Pimprenelle, Soleil (Æelianthus annuus), 
Artichaut. 

Germant en 15 jours : Trèfle (blanc et rouge), Mélisse Citronnelle 
(Melissa officinalis). 

Germant en 16 jours : Vulpin (Alopecurus), Houque laineuse (Holcus), 
Lavande , Pourpier , Oseille. 

Germant en 17 jours : Canche (Aira). 

Germant en 18 jours: Festuca duriuscula, Cardère (Dipsacus ful- 
lonum). 

Germant en 19 jours: Atira flexuosa. 

Germant en 20 jours: Avena flavescens, Molinia cœrulea, Bromus 
mollis, Oignon de Madère, Mürier, Sauge officinale, Piment. 

Germant en 21 jours : Flouve (Anthoxanthum odoratum) Panais, 
Berce (Heracleum), Persil, Gaude , Asperge. 

Germant en 27 jours : Pomme de terre. 

Ce tableau montre clairement, dit l’auteur allemand, que la plupart 
des graines dont la densité est moindre que celle de l’eau ont besoin de 
plus de temps pour germer que celles qui sont plus denses. 

Un assez grand nombre de graines ne lèvent que lentement et même 
difficilement ; telles sont, en général, celles qui ont un tégument épais et 
dur. Dans ce cas, on se trouve ordinairement très-bien de faire tremper 
la semence, pendant vingt-quatre heures, dans de l’eau chaude dont la 
température soit de 75 a 85° C., et de ne la mettre en terre qu'après cette 
préparation. On accélère aussi leur germination en entaillant ou usant 
leur tégument dans la région du hile ou ombilic; cependant cette dernière 
méthode est plus délicate que la première, à cause des précautions 
qu’on doit prendre pour ne pas blesser l'embryon. Sans l’une ou l’autre 
de ces préparations, ces graines ne lèvent généralement qu’au bout d’un 
ou deux’ans. — Les graines des Palmiers germent très-bien pour la plu- 
part posées sur de la sciure de bois humide, l’extrémité germinative en 
bas, et sous l’influence d’une atmosphère chaude et humide. — Les spo- 
res des Fougères et les graines des Orchidées, qui sont très-fines, lèvent 
sans difficulté lorsqu'on les répand sur des morceaux de tourbe posés sur 
un plat avec de l’eau. —- Pour les plantes de pleine terre, M. Appelius 
recommande comme les plus avantageux sous tous les rapports les semis 
en lignes. — Selon lui, ce qui fait très-souvent échouer des semis dans 
les jardins, c’est qu’on les fait dans une terre trop sèche et en enterrant 


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trop profondément. En outre, si, avant le semis, on n’a pas le soin de 
plomber légèrement la terre, il suffit qu’il survienne ensuite de fortes 
pluies pour que beaucoup de graines soient entraïnées profondément et 
qu’il y ait dès lors une grande inégalité dans la germination. — Pour les 
plantes annuelles qui ne sont pas sensibles au froid (Delphinium, Col- 
linsia, Nemophila, Collomia, etc.), le mieux est de semer tard en 
automne, ou tout au moins de bonne heure au printemps; si l’on ne 
peut confier ces graines à la terre avant le mois d’avril, on est exposé 
à voir ces végétaux fleurir trop tard et mal. 

Les semis qu’on est forcé de faire sur couche et sous châssis donnent 
lieu à beaucoup de mécomptes et, par suite, de plaintes sur la qualité 
des semences. M. Appelius n’hésite pas à dire que, dans ce cas, les in- 
succès tiennent plus souvent à la marche défectueuse qu’on a suivie qu’au 
mauvais état des graines. Il est d’avis qu’on a tort de semer sur couche 
chaude beaucoup d’espèces à fleurs, telles que Giroflées, Aster, Phlox, 
Pensées, Pétunies, etc., qui lèveraient beaucoup mieux et donneraient 
du plant plus vigoureux et moins sujet à fondre, sur une simple couche 
tiède. D’un autre côté, il ne faut pas oublier que le fumier avec lequel 
on monte une couche, après qu’il a jeté son premier feu, absorbe l’humi- 
dité de la terre dont on l’a recouvert; que la surface de cette terre, sous 
le châssis, est ordinairement en pente vers le sud, et que l’eau des arro- 
sements suit cette pente en majeure partie; il résulte de là que la terre 
des coffres à semis et souvent trop sèche dans toute son étendue, ou du 
moins dans sa moitié la plus relevée. Dans ce cas, dit l’horticulteur alle- 
mand, si l’on sème vers le bas, c’est-à-dire sur le devant du coffre, des 
graines qui lèvent lentement et qui ont besoin d’une humidité constante, 
comme les Phlox, les Pensées, etc., et dans le haut celles qui germent 
plus facilement, on obtient de bons résultats; mais il en serait tout au- 
trement, si l’on faisait l’inverse. Au total, c’est surtout à la maniëre 
dont on règle l’humidité que tient le succès des semis sous châssis. Une 
autre précaution de la plus haute importance, dans ce cas, consiste à ne 
pas semer dru; le plant qui provient des semis trop serrés est très-sujet à 
pourrir au pied avant d’avoir sa quatrième feuille. Cet accident est rare, 
au contraire, si l’on sème clair et qu’on mêle à la terre un peu de poussier 
de charbon de bois. 

M. Appelius entre encore dans des détails circonstanciés relativement 
au semis des plantes bisannuelles et herbacées-vivaces, ainsi que des 
arbres; mais nous ne le suivrons pas, faute d’espace, dans cette partie de 
son travail. 


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HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. 


LE MACPALXOCHIQUAUHITL OU ARBRE-A-LA-MAIN DES 
MEXICAINS. 


(Cheirostemon platanoïdes, Hums. Er Boxp..) 


FAM. DES STERCULIACÉES. — MONADELPHIE PENTANDRIE. 


Pendant la seconde moitié du siècle dernier (vers 1787) le gouver- 
nement espagnol envoya, sous les ordres de Sesse et Maciño, une expé- 
dition scientifique au Mexique, alors appelé Nouvelle-Espagne. L’atten- 
tion des botanistes qui en firent partie fut particulièrement attirée par 
un arbre remarquable, qui depuis un temps immémorial avait provoqué 
la vénération des Indiens. Il avait frappé leur imagination par la struc- 
ture très originale de ses grandes fleurs, dont les cinq étamines sont 
arrangées de manière à ressembler à une main humaine y compris le 
bras et le poignet. D’après la tradition du pays, c'était un arbre 
unique, dont il n’existait et dont il ne pouvait exister d’autre individu 
sur toute la surface du globe. Rien ne vint démentir cette superstition 
jusqu’à ce que, en 1801, un parent du professeur Cervantes découvrit à 
Guatémala des forêts de l’Arbre à la main humaine. Cet arbre, disent 
Humboldt et Bonpland, qui donnèrent à ce nouveau genre le nom de 
Cheirostemon, a donc été transporté par les Indiens de Toluca hors de ses 
bois originels, et ce longtemps avant la conquête de l’Amérique, puis- 
qu’il est mentionné antérieurement à la fameuse expédition du Mexique, 
sous le nom de Macpalxochiquauhitl, ce qui veut dire Arbre à la main 
(ou mieux Hand flower-tree). Il n’a pas été décrit scientifiquement avant 
1795, époque à laquelle le professeur Cervantes s’en occupa. Il était 
tellement un objet de curiosité pour tous les habitants de la Nouvelle- 
Espagne, que les Indiens en cueillaient les fleurs avec avidité, même 
avant leur complet épanouissement, de sorte qu’on n’en pouvait jamais 
obtenir de graines. Sesse et Macino transportérent des boutures dans les 
jardins de Mexico et, après bien des tentatives infructucuses, leurs labeurs 
furent récompensés d’un, mais d’un seul, succès. 

Humboldt et Bonpland portèrent à Paris des graines de l’Arbre à la 
main, à leur retour du Mexique, mais aucune ne germa : plus tard on 
en reçut de meilleures. En effet, en 1811, Humboldt en parle, comme 
existant dans les collections de Paris et de Montpellier : peu de temps 
après, M. Lambert l’iniroduisit dans les jardins anglais. Pendant long- 


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PI, 8. Le Macpalxochiquauhitl (Cheirostemon platanoïdes, Humb.) 


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temps on en a cultivé un beau pied à Kew, où il atteint une hauteur de 
sept mètres, mais sans montrer aucune disposition pour fleurir. Heu- 
reusement M. Ch. Dorrien, Esq, à Ashdeen, a été plus heureux, ct des 
fleurs superbes et parfaites se sont montrées chez lui, dans le printemps 
de 1859 : elles ont été figurées par S. W. Hooker dans le Botanical 
Magazine. Dans une note, jointe à ses fleurs, M. Dorrien dit que 
l’arbre est toujours vert, mais perd une partie de ses feuilles en hiver : 
il semble se plaire dans une température hibernale de 10 à 12: les 
fleurs se sont montrées au mois de mai : elles secrètent une grande 
quantité de sucre. La plante se propage aisément de boutures. 

L'arbre atteint une soixantaine de pieds: de même que beaucoup de 
Sterculia, il a les feuilles confinées surtout à l’extrémité des rameaux, 
lesquels sont couverts d’un duvet brunâtre : le reste des branches est 
glabre; les feuilles sont cordées , assez obtuses, d’une texture ferme et 
_presque coriace, longues de quinze centimètres environ sur douze de large, 
creusées d’un profond sinus à la base, de trois à sept lobes. Les fleurs 
sont grandes, solitaires, latérales, et oppositifoliées. Pédoncule long de 
3 à 4 centimètres, plus ou moins triangulaire, raide, courbe, uniflore, 
a deux bractées ; périanthe simple, calicinal, long de cinq centimètres 
et de la même largeur, épais, ferme, coriace, duveteux, rouge brunâtre, 
divisé en cinq lobes droits, aigus et larges qui se terminent inféricure- 
ment par cinq gibbosités ou éperons; cinq étamines, monadelphes, d’un 
rouge vif, longues de 10 centimètres à peu près : dans leur tiers infé- 
rieur elles sont soudées en une colonne tubulaire unie au périanthe : 
plus haut les étamines sont libres et ont exactement la forme des 
doigts d’une main humaine. 


NOTICE SUR LA TRIBU DES MARANTÉES, 


SUIVIE DE LA 


NOMENCLATURE DES ESPÈCES CULTIVÉES DANS LES JARDINS. 


Par Le D° Fr. Kozrnicke, de Pétersbourg (). 


TRAD. DE L’ALLEMAND PAR ÂLF, DE BORRE. 


I. 


ANALYSE DE LA FLEUR DES MARANTÉES. 


Parmi les plantes que leurs grandes et belles feuilles ont fait recher- 
cher dans ces derniers temps comme plantes d'ornement, les Marantées 
occupent une des premières places. Leur verdure vigoureuse et souvent 
éclatante, un fond satiné superbement marbré ou tigré, et parfois la 


(1) Gartenflora. Mars 1858, p. 66. 


= 0e 


magnifique couleur violette de la face inférieure des feuilles, voilà ce 
qui a mis de nombreuses espèces de cette tribu au nombre de nos plantes 
de serres les plus à la mode et les plus répandues. En outre, certaines 
espèces avaient depuis longtemps attiré l’attention au point de vue de 
l'utilité, la partie souterraine de la tige renfermant une excellente fécule, 
répandue dans le commerce sous le nom d’Arrow-root; puis il est d’autres 
espèces, dont les feuilles servent, dans leur patrie, à la confection de toute 
sorte de tissus. 

On devrait supposer que la connaissance scientifique de cette famille 
se trouverait en quelque sorte à l’unisson avec le sujet, d’autant plus que 
la plupart des espèces cultivées ont été figurées dans les ouvrages d’hor- 
ticulture , et décrites par des observateurs d’une capacité reconnue. Mais 
celui qui se trouve dans la nécessité d’assigner à l’une de ces espèces une 
place systématique exacte, ou même celui qui se contente de parcourir 
l’une ou l’autre de ces descriptions, reste convaincu du contraire; car 
on y trouve presque toujours exprimé le regret de ne pouvoir classer la 
plante avec assurance, par suite de l’état actuel de nos connaissances sur 
ces végétaux. En effet, cette tribu de la famille des Cannacées se trouve 
dans un tel désarroi, que pas un de ses genres n’a encore été établi d’une 
manière certaine. Tout récemment, le professeur C. Koch rapportait au 
genre Thalia, le Maranta bicolor, Ker.; pour peu qu’on continue 
ainsi, il n’y aura bientôt plus de Maranta. 

Les recherches suivantes, faites à Pétersbourg, ont eu à surmonter des 
difficultés multipliées; le nombre des espèces que nous y cultivons dans 
de nombreux et grands jardins, est encore restreint, et d’autres obsta- 
cles, tenant au climat et aux autres circonstances locales, ne permettent 
pas de compter sur les facilités que l’on aurait dans une métropole de la 
science, comme Berlin ou Londres, ou dans un pays riche en importa- 
tions nouvelles, comme la Belgique; j'espère toutefois que les résultats 
que je présente, pourront jeter quelque lumière sur cette famille si in- 
téressante, non seulement au point de vue horticole, mais encore au 
point de vue scientifique. Ces résultats, ne pouvant manquer d’intéresser 
les jardins, doivent nécessairement trouver place ici; une classification 
plus exacte servira de complément. 

Une des plus grandes difficultés est celle que nous offre la fleur, dont 
la structure diffère de celle des Monocotylédones ordinaires. Bien que 
beaucoup d’observateurs aient fait des recherches très-profondes sur ce 
point, on peut dire qu'il n’en est pas deux dont les explications con- 
cordent entièrement. La raison en est qu’ils ont abandonné trop tôt le 
champ réel de l’observation, pour chercher à expliquer leurs découvertes 
avec des idées préconçues , quoique avec beaucoup de sagacité, et avant 
de posséder encore toutes les données suffisantes. Lindley, dans son 
Introduction to the Natural System of Botany, s’est approché très- 
près de la vérité. 


L’ovaire infère porte à son sommet trois sépales libres, renfermant un 
tube corollaire , tantôt court, tantôt long. Dans celui-ci on remarque, en 
alternance avec les sépales, trois pétales, plus tendres qu'eux, mais moins 
vivementcolorés et attirant moins les yeux que les organesqu’ils entourent. 

La signification de ces derniers a vu jusqu'ici les opinions partagées. 
Pour nous en bien rendre compte, nous suivrons un chemin tout opposé 
à celui dont on s’est servi jusqu’à présent, c’est-à-dire qu’au lieu de pro- 
céder du dehors vers le dedans, nous irons du dedans vers le dehors, et 
cela parce que les changements qui se présentent, affectent toujours les 
folioles extérieures, tandis que les intérieures restent invariables. En 
même temps, nous laisserons pour le moment de côté le genre Canna 
et les genres voisins. 

Le style (St) (1), épais, d’abord brisé à angle droit, puis plus tard 
courbé en dedans, est recouvert par une foliole en forme de capuchon 
(6), et munie sur un côté d’une petite oreillette(6*). Sur le côté opposé à 
cette oreillette se trouve l’étamine fertile (5), ayant toujours sur la face 
tournée vers la foliole en capuchon, un appendice pétaloïde (5'), lequel, 
lorsqu'il est grand, recouvre cette foliole, et est soudé à la base avec 
elle. Du côté opposé, où se trouverait le filet, l’étamine est soudée à sa 
base avec une troisième foliole (4), qui porte toujours un nectaire, se 
prolongeant très loin dans le bas de la corolle, surtout chez le genre 
Maranta. 

Chez une espèce du Brésil, que Hooker a figurée sous le nom de 
Phrynium coloratum, mais qui, en réalité, n’appartient pas à ce genre, 
c’est là que se borne la série des folioles incluses dans la corolle. Mais 
chez le genre Calathea (auquel appartiennent toutes les Phrynies de 
l'Amérique du Sud), ainsi que chez le genre Thalia, on trouve extérieu- 
rement une autre foliole (2), qui a une origine moins marquée, et une 
forme telle qu’on en rencontre souvent chez les pétales, c’est-à-dire 
obovale et brièvement rétrécie. Enfin, chez les Maranta et chez le 
véritable Phrynium (celui d’Asie), ily a encore en outre une foliole 
semblable et également extérieure (1). 

Qu'il n’y ait que quatre organes pétaloïdes, comme chez les Calathea 
et les Thalia, ou que nous en trouvions cinq, comme chez les Maranta , 
Lestiboudois et C. G. Nees von Esenbeck ont démontré l’existence con- 
stante de six folioles, ce qui remet parfaitement la fleur des Cannacées 
en harmonie avec celle des Monocotylédones hexandres. Dans ce but, 
ils admettent, tantôt qu’une foliole a été composée par la soudure de 
deux autres , tantôt qu’une foliole a été partagée. Quant à la signification 
de chacune de ces folioles , ils ne sont aucunement d’accord. Mais toutes 


(1) Voyez sur la planche la représentation de la fleur du Maranta setosa , À. Dierr. 
ainsi que les diagrammes. 
BELG. HORT. TOM. X. 6 


Re Toni 


ces folioles décrites plus haut représentent constamment des organes 
simples, comme il résulte évidemment de leur position. 


Lorsque l’on considère ces folioles à l'endroit où elles ont atteint leur 
plus grande largeur, il est impossible d’apercevoir aucune trace d’un 


Planche I. 


rapport d’alternance normal. Mais, si on porte son attention sur le point 
où elles se séparent les unes des autres ainsi que des trois pétales, on 


arrive aux conclusions suivantes : 


Chez les Maranta, les deux folioles extérieures alternent avec deux 
des divisions de la corolle. Mais il reste une lacune à la place où devrait 
se trouver une troisième foliole (3 dans le diagramme). Chez les 
Calathea, la seule foliole extérieure se trouve aussi dans une position 
alterne avec les pétales, ct l’on constate deux vides, à l’endroit où de- 
vraient se trouver deux folioles pour compléter le verticille normal 
ternaire. 

Les trois autres organes, à savoir la foliole nectarifère, l’étamine fer- 
tile avec son appendice, et la foliole à oreillette latérale, sont opposées 
aux trois divisions de la corolle, et représentent par conséquent un se- 
cond verticille ternaire intérieur. 

Comme la fleur typique des Monocotylédones se compose d’un calice à 
trois divisions, d’une corolle à trois divisions, d’un verticille extérieur 
d’étamines alterne avec la corolle, et d’un verticille intérieur opposé à la 
corolle, nous trouverons donc une explication complète de la fleur des 
Marantées, en y admettant deux verticilles, l’un intérieur et enter, 
autre extérieur et incomplet, d’étamines, qui ont été toutes converties, 
à l'exception d’une fertile, en organes pétaloïdes. Cette explication se 
trouve encore fortifiée par la circonstance que l’étamine fertile elle-même 
porte dans son appendice (5), un commencement de métamorphose 
pétaloïde, et ensuite par ce qui a lieu chez les Musacées, où, des six étami- 
nes, cinq seulement ont la forme normale. 

La fleur des Canna semble de prime abord très-différente de celle des 
Marantées;, mais un plus mür examen montre que cette différence ne 
réside que dans la structure particulière des organes pris un à un. Le 
style est déprimé et droit; il est plein à l’extrémité (c’est-à-dire non 
creusé), tronqué et pourvu d’un faux stigmate étroit et linéaire. Le 
véritable stigmate me semble, ainsi qu’à Schnizlein, dans son Icono- 
graphie, être situé au-dessous de l’extrémité, à une des arêtes, où s’opère 
une secrétion humide et grasse, au milieu de laquelle les grains de 
pollen développent leurs boyaux polliniques. De même que chez les 
Marantées, les gros grains de pollen n'arrivent pas directement sur le 
stigmate, mais, au moment de la fécondation, l’anthère se serrant contre 
un des côtés plats du style, les y dépose, et ils ne sont portés sur le 
stigmate que par des agents extérieurs. Chez les Canna, il sont pourvus 
de petites papilles, tandis qu’ils sont glabres chez les Marantées. 

Le style est entouré, d’un côté, par un staminode pétaloïde révoluté, 
qu’on a nommé le labellum, et de l’autre, par l’étamine fertile avec son 
appendice pétaloïde. L’anthère est soudée sur sa moitié inférieure avec 
cet appendice qui la surplombe, et est révoluté à l'extrémité. 

Les deux folioles restantes sont placées plus à l’extérieur et dressées; 
tantôt elles sont semblables, tantôt l’une d’elles est profondément fendue. 
C’est ce qui a fait qu’on a admis dans cette dernière, même lorsqu'elle est 
simple, une soudure de deux parties, lesquelles formeraient avec l’autre 


nc AU 
foliole extérieure, le verticille extérieur des staminodes, tandis que les 
trois parties du verticille intérieur se trouveraient dans l’étamine fertile 
et le labellum, Nees von Esenbeck considérant celui-ci, et Lestiboudois au 
contraire celle-là, comme un composé de deux parties soudées. La position 
de ces différentes folioles à leur base montre cependant encore ici qu'il 
n’y a aucune soudure d'organes, même là où, comme chez les Canna 
Sellowii, B., et speciosa Roscor, une des folioles extérieures se trouve 
profondément partagée. La position des folioles répond parfaitement à ce 
que l’on voit chez les Calathea et les Thalia. 

La foliole extérieure non divisée, alternant avec deux des divisions de 
la corolle (1), doit appartenir à un verticille extérieur de staminodes, dont 
les deux autres membres font défaut. Suivant P. C. Bouché, cette foliole 
est aussi parfois partagée. 

Au contraire, la foliole, qu'on voit généralement bipartite, l’étamine 
fertile et le labellum ont une insertion opposée à celle des divisions de 
la corolle, et forment par conséquent un verticille intérieur. Donc la 
foliole hipartite correspond au staminode nectarifère, et le labellum, au 
staminode à oreillette des Marantées. 

Cela est en quelque sorte contraire à la première impression produite 
par la fleur d’un Balisier. La foliole ordinairement bipartite se tourne en 
effet vers le staminode le plus externe, et, comme elle lui ressemble 
beaucoup par la forme et la direction, on est tenté d’abord de les prendre 
pour deux membres d'un verticille extérieur, tandis que l’étamine fer- 
tile et le labellum, qui s’embrassent à la base, seraient deux membres 
d’un verticille intérieur. Telle était aussi l'explication de P. C. Bouché. 
Une inspection exacte de chaque foliole à son insertion fait pourtant voir 
d'une manière constante et certaine, leur véritable rapport. J’ai eu l’oc- 
casion d'examiner les Canna speciosa, Rosc., Sellowii, B., maculata, 
Lux, leptochila, B, et lagunensis, Linpcey, qui tous appartiennent au 
groupe des espèces à tube corollaire court. 

Chez le genre Distemon, P. C. Boucaé, l’étamine fertile et le labellum 
existent seuls. Le verticilleextérieur de staminodes, ainsi que le troisième 
membre du verticille intérieur, manque donc complètement. 

Maintenant, il reste à savoir quels membres du verticille extérieur 
toujours incomplet, font défaut, et le quantième membre du verticille 
intérieur est représenté par l’étamine fertile? 

Dans la corolle des Canna, les rapports d’imbrication de chaque divi- 
sion sont toujours évidents; la plus extérieure recouvre un bord de 
chacune des deux autres; celle du milieu recouvre l’autre bord de la 
plus interne, par un bord qui reste lui-même à découvert; la troisième a 
par conséquent ses deux bords recouverts. En suivant de la sorte, on 


a —_——_————————————————————————_—————.—.—————_——————————_— —— —’———-————_—_——— 


(1) Voir le diagramme de la fleur des Canna. 


trouve que, dans le premier rang des staminodes, c’est le second membre 
qui existe seul; puis que la foliole souvent bipartite constitue le premier 
membre (ou leplus extérieur), du verticille interne, tandis que l’étamine 
fertile forme le second, et le labellum, le troisième ou le plus intérieur. 
Si donc on avait là un verticille de staminodes de 2X 53 parties, l’étamine 
unique en serait le cinquième membre. 

Chez les Marantées, je n’ai pu jusqu’à présent suivre l’imbrication 
des divisions de la corolle (qui du reste s’est trouvée conforme à celle des 
Canna), que chez les Calathea, seules espèces du genre qui fussent en 
fleurs à l’époque où j'ai fait ces recherches. Les rapports d’imbrication 
des staminodes yÿ sont plus marqués que chez les Canna, et donnent un 
résultat tout-à-fait analogue. Dans le verticille intérieur, le staminode 
nectarifère (4) forme évidemment, et tous les auteurs sont d'accord sur 
ce point, le membre le plus extérieur, tandis que l’étamine fertile avec 
sou appendice pétaloïde (5), recouvrant le staminode en capuchon (6), 
se trouve être le second membre, le troisième ou l’interne étant repré- 
senté par le capuchon lui-même. Retournant au verticille extérieur, nous 
y constatons l’existence du membre du milieu, et l’absence des deux 
autres. 

Chez les Marañta, le verticille intérieur sera tout à fait identique, et 
dans l’extérieur on ne trouvera que les membres externe et médian, le 
troisième ou l’interne étant ici avorté. 


RÉsuMÉ. — Les Cannacées ont un verticille double (2X5), mais incom- 
plet, de staminodes, dont la seule étamine fertile forme normalement 
le cinquième membre. Le verticille extérieur n’est jamais complet; il y 
a avortement, soit du troisième membre (Maranta et Phrynium), soit du 
premier et du troisième (Canna, Eurystylus, Calathea, Thalia, Ischno- 
siphon), soit de tous les trois (Distemon et Monostiche) ; le verticille 
intérieur est toujours complet, sauf dans le genre Distemon, où le 
membre externe manque. 

Ces caractères sont plus importants qu’ils ne paraissent d’abord. Ils 
font voir la différence de cette famille d’avec les Zingibéracées, qui ont 
pour autres caractères un calice soudé en tube, et une étamine de forme 
normale, enfermant un style étroit. Chez les Hedychium (), le seul de 
leurs genres qu’il m’ait été donné d’observer vivant, le verticille extérieur 
des staminodes est complet. Au contraire, les membres 1 et 2 du verti- 
cille intérieur sont absents, et le troisième est une étamine normale et 
sans appendice pétaloïde, qui forme ainsi le sixième membre d’un verti- 
cille de staminodes de 2X 3 parties. Voilà donc une raison de plus pour 
séparer les Zingibéracées des Cannacées, alors que quelques auteurs mo- 
dernes voudraient les réunir. 


(1) Voyez dans la planche le diagramme dela fleur de !’Hedychium Gardnerianum . 
WazLicy. 


IT. 


IMPORTANCE DE LA STRUCTURE PARTICULIÈRE DE CHAQUE PARTIE DE LA FLEUR 
POUR LA CARACTÉRISTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES. 


C'est Meissner qui, dans son grand ouvrage sur les genres des végétaux, 
a le premier mis en évidence la distinction des deux tribus des Canna- 
cées, à savoir les Cannées et les Marantées. P. C. Bouché fit ensuite une 
étude spéciale des Cannées, et cultiva toutes celles qu’il put se procurer. 
Il a séparé les genres Eurystylus et Distemon, et a donné une énuméra- 
tion des espèces dans le dix-huitième volume de la Linnæa. Malheureuse- 
ment il n’a pas donné les diagnoses qu’il avait promises. 

Pour les Marantées, il n’existe aucune énumération basée sur l’obser- 
vation scientifique. Dans le grand ouvrage de Roscoe sur les Scitaminées, 
il n’est question, à peu d’exceptions près, que des espèces qu’il avait eu 
occasion de voir cultivées, et, même pour ces espèces, ses assertions 
manquent de l’exactitude et de la précision nécessaires. Tout ce que nous 
possédons en plus, ne mérite pas même le nom de bonnes compilations. 

Les divers organes floraux présentent certaines particularités qui, 
constantes, tantôt pour les genres, tantôt pour des groupes inférieurs , 
peuvent aussi en partie servir à caractériser les espèces. Comme on ne 
trouve pas toujours dans les descriptions l’exactitude voulue , je crois bon 
de m’appesantir ici sur l’importance de ces caractères. 


Du calice. 


Le genre Thaliase distingue par des sépales extrêmement petits. 
La grandeur de ces organes n’est pas non plus sans importance pour le 
groupement des espèces chez le genre Maranta. Leur forme et leur 
situation montrent une différence constante chez les deux groupes 
d’Ischnosiphon. Il est done bon de leur accorder beaucoup d'attention, 
car ils sont certainement d’une importance tout aussi grande chez ceuxde 
ces végétaux sur lesquels je n’ai pu faire encore d’observations comparati- 
ves. La présence ou l’absence de poils chez les sépales est un caractère 
important pour la distinction des espèces. 


Du tube de la corolle. 


Ce tube, formé par la soudure de la corolle, des staminodes et du 
style, est aussi important que le calice. Il est très-court et large chez les 
Thalia et chez le groupe de Maranta auquel appartient le M. Tonchat, 
AugLerT; très-long, étroit et droit, chez les Ischnosiphon ; courbé, chez 
le Marania arundinacea L. et les espèces voisines. Les nuances inter- 


PURE CA 


médiaires se montrent constantes pour les divers groupes. La pubescence 
(très-rare) n’est importante que comme caractère spécifique. 


Des divisions de la corolle. 


C’est ce qui semble présenter le moins d'importance. La présence ou 
l’absence d’une pubescence paraît y être le seul caractère utilisable à la 
distinction des espèces. 


Des sitaminodes extérieurs. 


L'importance du nombre de ces organes comme caractère générique 
nous a été suffisamment démontrée dans le chapitre précédent et avait 
déjà été constatée dans les écrits de Lestiboudois et Nees von Esenbeck. 
Il est difficile de comprendre comment C. Koch a pu la méconnaitre au 
point de réunir aux Thalia une quantité d'espèces de Maranta, réunion 
très-malheureuse, même pour d’autres raisons. La grandeur relative de 
ces parties, surtout par rapport à l’étamine fertile et au staminode le plus 
intérieur, est un caractère important pour grouper les espèces des genres 
Maranta et Caluthea. Lorsqu'il n’en existe que deux, l’un d’eux [le 
deuxième membre du verticille), est presque toujours un peu plus 
grand que l’autre. 


Du siaminode nectarifère. 


La grandeur, et peut-être aussi la forme, du nectaire que porte ce 
staminode, n’est pas sans importance. Il est généralement d’une grandeur 
considérable chez les Maranta et les Thalia, où il s’insinue entre le 
style et l’étamine fertile. Il est beaucoup plus petit chez les Calathea, où 
je l’ai trouvé constamment soudé avec le filet. Dans le sous-genre 
Eucalathea, si ma mémoire ne me trompe, il n’est presque plus marqué 
et se réduit à un renflement, qu’on ne peut plus distinguer dans la fleur 
desséchée. Le plus ou moins grand développement de la partie supérieure 
du staminode n’est pas non plus sans importance pour l’habitus de la 
fleur, et vraisemblablement pour le groupement des espèces. 


De l’étamine fertile. 


La hauteur jusqu’à laquelle l’appendice pétaloïde reste soudé avec 
l’anthère ou le filet, présente une grande fixité pour chaque genre, tandis 
que la dimension de l’appendice, plus variable, parait devoir entrer en 
considération pour la caractéristique des groupes d’espèces. 

Chez les Maranta et les Thalia, l’anthère est toujours entièrement 
libre, c’est à dire que la soudure de l’appendice pétaloïde avec le filet, 
s’arrête à la base de l’anthère. 


LES Se 


Chez les Calathea et les Ischnosiphon, la soudure se prolonge jusqu’à 
la moitié de l’anthère, dont la partie supérieure reste libre. Comme chez 
certaines espèces de Calathea, décrites à tort comme des Phrynium, 
l’appendice est fort petit et va en s’atténuant vers le sommet, on avait 
entièrement perdu de vue sa partie supérieure, et considéré l’anthère 
comme complètement libre. On croyait ainsi avoir trouvé une différence 
entre ces espèces et les Calathea proprement dits (Eucalathea), où lap- 
pendice est large au sommet et partant facile à reconnaitre. Nous verrons 
bientôt que ces rapports de grandeur peuvent varier dans un même genre. 
Le mode de soudure est du reste également facile à méconnaiïtre chez les 
Ischnosiphon, où la partie soudée avec l’anthère est excessivement étroite. 

Dans le genre Monostiche, dimension et soudure, tout se présente 
comme chez les Eucalathea. 

Enfin, chez le véritable Phrynium, l'anthère est soudée sur toute sa 
longueur avec l’appendice. 

La grandeur de l’appendice montre de la constance dans certains 
groupes. Chez le Maranta bicolor, Ker., et chez une autre espèce nou- 
velle, il est très-petit, beaucoup plus court que l’anthère, et muni d’une 
petite dent. Chez les sous-genres Stromanthe et Saranthe, ainsi que chez 
certains Eumaranta, il est allongé, et un peu plus long que l’anthère. 
Chez le Maranta arundinacea, L., et autres espèces du groupe des Euma- 
ranta, il est plus large et plus en ovale-renversé. Il est encore plus large 
chez la division des Xerolepis, encore étrangère à nos jardins; du moins 
je l’ai trouvé tel chez le Maranta Moritziana, Kcke. 

Il est également large et obovale chez les Thalia. 

Chez un des groupes du genre Ischnosiphon, il est tel que nous l’avons 
vu dans ces espèces de Calathea, faussement décrites comme des Phry- 
nium; et dans l’autre, il a la même grandeur et la même forme que chez 
les Stromanthe. 

Nous avons déjà indiqué ses caractères pour les Calathea et les Mo- 
nostiche. 

Dans le genre Phrynium enfin, il est large et obovale. 


Du sitaminode en capuchon. 


Le staminode interne, qui recouvre le style, présente, tout aussi bien 
que l’étamine, des différences constantes, résidant la plupart du temps 
dans l’allongement de l'oreillette vers le côté que l’étamine lui oppose. 
Cette oreillette est assez large, plate et descendante chez les Maranta, 
sauf chez le M. affinis, Keke., où elle est très-petite et dirigée vers le haut ; 
quoi qu’il en soit, elle les distingue toujours des Calathea, chez lesquels 
l'oreillette est recourbée au sommet et enroulée sur ses bords, ce qui la 
fait paraître beaucoup plus étroite. Elle est étroite et dirigée vers le haut 
dans le genre Ischrosiphon, et dirigée vers le bas dans le genre Mono- 


Me CU 


stiche. Chez ce dernier, on observe une différence d’avec les Maranta ct 
tous les autres genres, consistant en ce que l'oreillette y forme la pro- 
longation immédiate et directe du capuchon, tandis que partout ailleurs 
il y a une échancrure entre ces deux parties. L’oreillette est surtout 
caractéristique dans le genre Thalia, où elle est très-longue et divisée 
presque jusqu’à la base en deux rubans étroits et parallèles, dirigés, 
tantôt plus vers le bas, tantôt plus vers le haut, et dont le supérieur 


00 ÈS 


surpasse souvent l’inférieur en largeur. L’oreillette est petite dans le 
genre Phrynium. 

Chez les Calathea, les Monostiche et les Ischnosiphon, le bord du 
staminode m’a paru toujours se prolonger en-dessous de l'oreillette en 
une petite saillie, qui détermine une échancrure inférieure, laquelle 
manque chez les Haranta et les Thalia. Est-ce un caractère constant? 


# 


Du pisil. 


La présence ou l’absence de poils chez l’ovaire infère, ainsi que la 
nature de ces poils, est un caractère décisif pour la distinction des 
espèces. Ces poils disparaissent chez le fruit formé ou du moins devien- 
nent beaucoup plus clair-semés. 

La structure interne de l’ovaire, à savoir l’existence d’une ou de trois 
loges fertiles, est un caractère générique important. Sous ce point de 
vue, les espèces américaines des différents genres m’ont présenté la plus 
grande constance; au contraire, les espèces asiatiques offrent des anoma- 
lies tellement marquées, qu’elles viennent mettre beaucoup de doute 
dans la caractéristique des genres obtenus par l’examen des nombreuses 
espèces d'Amérique. Excepté le Phrynium parviflorum, Roxs. (et peut- 
être le Maranta indica, Tussac), des Indes Orientales, et le Maranta 
cuspidata, Roscoe, d'Afrique, on ne cultive dans les jardins à ma con- 
naissance que des espèces américaines, pour lesquelles je crois avoir déjà 
gagné beaucoup, en arrivant à les rapporter à leurs genres avec certitude, 
ce qui n’était guère possible auparavant. 

De même que les Canna, les Calathea et les Monostiche ont un ovaire 
triloculaire; mais il y a certaine différence. En effet, tandis que, chez 
les Canna, les cloisons de séparation sont formées à la manière ordi- 
naire, les bords des feuilles carpellaires se repliant en dedans, se sou- 
dant au centre de l'ovaire et portant les ovules en ce point, chez les 
Calathea , nous voyons que les trois cloisons partent du centre et vont 
s'appuyer contre les feuilles carpellaires, mais sans se souder avec elles. 
En même temps, l'unique ovule de chaque loge s’élève de la base. Il en 
résulte également une plus grande transparence des cloisons. 

Cette organisation des cloisons vient également rendre claire la struc- 
ture de l'ovaire dans le genre Waranta. Ici, il n’y a qu’une loge, ren- 
fermant un ovule, et à côté se trouve un corps, dans lequel une section 
transversale fait voir trois endroits plus clairs, et qui semble se compo- 
ser de trois loges stériles. Lemaire a démontré le fait pour le Maranta 
(Stromanthe) spectabilis, (Stromanthe spectabilis Leu. Jard. Fleur. k. 
PI. 401); et, de plus, il a fait voir l’existence d’un ovule avorté dans 
chacune de ces loges. On serait ainsi conduit à reconnaitre quatre loges. 
Mais ce corps ne se compose de rien autre chose que des trois cloisons 
repoussées l’une contre l’autre par l’ovule et soudées entre elles; et c’est 


KL: 


LIEU 


la transparence de ces cloisons qui produit les trois endroits plus clairs. 
La même chose se présente chez les genres Thalia et Ischnosiphon , et 
C. Koch, qui considérait ce corps comme le seul caractère des Thalia, 
s’est beaucoup trop pressé d’y réunir toutes les espèces de Maranta 
qu’il observait, et dans lesquelles il ne pouvait manquer de rencontrer 
cette particularité, Du reste, à l’état desséché, ces fleurs présentent 
souvent les trois cloisons séparées , soit que ce soit un effet de la dessi- 
cation , soit que pendant la vie elles ne fussent pas soudées , et servissent 
seulement à séparer les loges vides. Quand le fruit monosperme arrive à 
maturité, elles sont entièrement résorbées. 

Tandis que les espèces des genres précédents se montrent toujours 
constantes quant à la structure de l’ovaire, soit qu’elles aient trois loges 
fertiles et trois ovules, comme les Calathea et les Monostiche, soit 
qu’elles n’aient qu'une loge fertile et un seul ovule, comme les Maranta, 
les Thalia et les Ischnosiphon, les Phrynium d'Asie se montrent au 
contraire très-variables sous ce rapport. Roxburgh décrit son Phrynium 
parviflorum comme ayant un ovaire à une loge fertile et un ovule, ce 
que mes observations m'ont confirmé. Il attribue au contraire , d'accord 
en cela avec tous les autres auteurs, un ovaire à trois ovules au P. capi- 
tatum, WiLLp., espèce très-voisine. Je n’ai pas eu moi-même occasion 
d'observer cette espèce, mais j’ai trouvé un ovaire à trois loges et à trois 
ovules chez le P. canniforme, Koke. 

Le fruit, dont je n’ai pu observer suffisamment les différences, ne 
parait pas en vérité offrir de trop grandes variations; mais pourtant ces 
variations ne doivent pas être à négliger dans les caractères des genres. 
Chez les Maranta et les Thalia, le péricarpe membraneux embrasse 
étroitement la graine unique, ce qui fait quil est moins long que large. 
Le fruit estau contraire plus long que large dans le genre Zschnosiphon, 
où le péricarpe parcheminé dépasse l’extrémité de la graine. Il paraît 
charnu et un peu sec chez le Phrynium canniforme Kcke., car on le 
trouve retomhé et formant de nombreuses rides chez les exemplaires 
desséchés. S'il y a eu une fécondation suffisante, tous les ovules y de- 
viennent graines, et c’est peut-être à une fécondation imparfaite que je 
dois de n’avoir trouvé qu’une seule graine dans un des fruits de cette es- 
pèce que j'ai observés, alors que l'ovaire jeune renfermait trois ovules. 

La graine renferme dans un périsperme corné l’embryon recourbé en 
fer à cheval, dont l’extrémité radicale renflée traverse l’albumen et 
s'étend jusqu’à l’ombilie, tandis que l’autre extrémité, plus courte, se 
termine en pointe. Les différences externes et internes de la graine ser- 
vent dans les caractères des genres. 

Chez les Thalia, les Ischnosiphon, et la plupart des Maranta, la 
graine est munie d’une arille cartilagineuse et involutée à sa partie in- 
férieure. Chez le Maranta Luschnathiana, Re. et Kcke., et vraisembla- 
blement chez les espèces voisines, cette arille s’allonge sur l’un des côtés 


2er lag 


en deux étroits rubans qui se prolongent jusqu’à l’extrémité. L’arille 
manque chez le Maranta Moritziana Keke, et chez les Calathea, qui 
possèdent en revanche sur l’ombilic un disque circulaire pourvu à son 
centre d’une petite pointe. Ce disque lui-même ne se trouve pas chez le 
Phrynium canniforme, Kcke. | 

La face supérieure est plane dans les genres Thalia et Ischnosiphon ; 
elle est ridée longitudinalement et transversalement chez tous les autres. 

L’extrémité de la graine est arrondie chez les Thalia et le Phrynium 
canniforme; elle est terminée par une arête chez les Zschnosiphon, et 
enfin tronquéeet parfois pourvue d’une petite pointe chez les Maranta 
et les Calathea. 

Le côté interne est muni chez les Calathea de deux arêtes tranchantes 
se terminant par des pointes à la partie inférieure; ces mêmes arêtes 
existent chez quelques espèces de Maranta, mais leur extrémité y est 
mutique. 

La graine a une forme allongée dans le genre Ischnosiphon; pour les 
autres, elle est en ovale-raccourci, ou en forme de baril. 

Chez les Thalia, l’albumen suit sans interruption les deux branches 
de l'embryon ; il en résulte de chaque côté de l'embryon un canal paral- 
lèle et également courbé en fer à cheval. 

Ces canaux manquent dans les autres genres; mais, par contre, Il 
existe, entre les branches de l'embryon, un canal, qui s'arrête en des- 
sous de la courbure chez les Calathea, les Maranta et les Ischnosiphon. 
Chez le Phrynium canniforme, où il est plus large, il se partage en cet 
endroit en deux rameaux très-étendus, entre lesquels l’embryon se 
trouve saisicomme entre les branches d’une fourche dressée. 

Le style, épais, est excavé au sommet, et le creux ainsi produit passe 
généralement pour le stigmate; pour moi, jesuis porté à réserver la 
fonction de stigmate à la marge supérieure, où s'opère une secrétion 
visqueuse. Les gros grains lisses de pollen sont déposés sur la partie su- 
périeure un peu aplatie du style tout près de cette marge. Le bord infé- 
rieur de l’extrémité du style est toujours un peu allongé, mais cet 
allongement devient considérable chez les Thalia, où il plonge presque 
jusqu’au fond du tube de la corolle. 


DES 


IIT. 
CARACTÈRES DES MARANTÉES ET SYNOPSIS DE LEURS GENRES. 


Loges de l'ovaire à un seul ovule; celui-ci camptotrope (campylotrope 
chez les Thalia?), dressé ; embryon courbé en fer à cheval (1). 


(Les Cannées s’en distinguent, d’abord par la taille et par la forme différente des 
staminodes et du style, puis, par les cloisons de séparation partant des feuilles car- 
pellaires, les loges pluri-ovulées, l’ovule horizontal anatrope, l’arille fortement 
tailladée et adhérente au funicule, enfin, par un embryon droit et en forme de massue.) 


4 — Ovaire à une seule loge fertile. 
A — Deux staminodes extérieurs. 
(Tube corollaire plus ou moins large ; anthère libre ; 
graines ovales, tronquées , raboteuses). Maranta L. 
B — Un seul staminode extérieur. 
(Tube de la corolle très-court et large; 
anthère libre ; fruitovale, membraneux, 
indéhiscent; graine ovale, arrondie, 
LUTS AMOR Sen 
2 —_ Ovaire à trois loges fertiles (2). 
A. — Deux stamidodes extérieurs. 
(Anthère soudée sur toute sa longueur.). Phrynium Wirinenow. 
B. — Un seul staminode extérieur. 
(Anthère soudée seulement sur sa moitié 
HHérIEUTE JAN 0.0 2 0. |. “CalatheaG:F.W.MeEver. 
C. — Point de staminode extérieur. 
(Anthère soudée seulement sur sa moitié 


IMIÉBICUTE.) 2 0. .:. .... Honostiche KOERNICKE. 


Thalia L. 


Explication des planches. 
Planche I. 


Maranta setosa, A. Districu. 


FE — La fleur grossie, — +, sa grandeur naturelle. 

FL® — La fleur, après enlèvement du calice et de l’ovaire, et encore plus 
grossie. 

C. — Sépale. 

É. — Pétale. 

(1). — Tant que ces végétaux ne sont pas en fleurs, il est facile de les confondre 


avec les Æeliconia. Mais les Marantées se distinguent de toutes les plantes voisines par 
un pétiole rond, tordu , et renflé à la base, dont on ne connaît d’analogue que chez 
certaines Aroïdées, quoique avec quelque différence. On distinguera d’ailleurs toujours 
ces dernières des Marantées par la consistance des feuilles. 

(2) Voyez les exceptions parmiles Phrynium. 


PRE à RL 
1. — Premier staminode du verticille extérieur. 
2. — Beuxième » » ) 
5. — Troisième » » » 
4. — Premier » » intérieur. 
5. — Étamine fertile — a, l’appendice pétaloïde. 
6. — Staminode interne du verticille intérieur; — a, l'oreillette; — St, le style 
(l'extrémité coupée). 
St.*  — L’extrémité du style dans le jeune âge de la fleur. 
St."  — La même extrémité, à une époque ultérieure. 
Planche HI. 
Maranta Luschnathiana, Recez et KoErNicke. 
G. — Coupe de l'ovaire; o, ovule; c, le corps formé par la soudure des 
cloisons. 
Sm.x, Sm.y. — La graine vue de différents côtés, et grossie; +, la grandeur 
naturelle ; a — arille. 
Sm.z. — La base de la graine retournée ; a — arille. 
Sm || — Coupe longitudinale de la graine; a — arille;e — embryon; f — 
funicule. 
Sm— — Coupe transversale; «a — arille; e — embryon. , 
A. — Grains de fécule de cette graine. 


DIiAGRAMMES FLORAUX, 


T': du Maranta bicolor, Ker; II, du Calathea grandifolia, Linz; IT, du Canna 
Sellowii, B., ou du C. speciosa, Rosc.; IV, du Canna leptochila, B., ou du C. lagunensis 
Lips. ; V. de l’Hedychium Gardnerianum, Wa. * représente l’axe de la fleur ; le 
reste des lettres comme dans les dissections précédentes. Quand l’imbrication des 
folioles du calice ou de la corolle n’est pas indiquée, c’est qu’elle n’a encore été l’objet 
d’aucune investigation pour la fleur en question. 


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ii 
POMOLOGIE. 


COURTE NOTICE SUR L’UGNI (EUGENIA UGNI Hook.) ET UNE 
ESPECE VOISINE L’EUGENIA MEXICANA, 


Nouvelles plantes fruitières, introduites du Chili. 
Par M. Enouarp Morren. 


L’acquisition d’un fruit nouveau est un fait si important qu'il s’étend 
beaucoup en dehors de l’horticulture et intéresse tout le monde. Presque 
tous nos fruits indigènes ont une origine fort respectable : ils remontent 
au moins aux Grecs et aux Romains : notre siècle serait heureux d’en 
léguer un nouveau aux âges futurs. Tel est l’avenir de l’Ugni. 

Ce petit arbuste a beaucoup fait parler de lui depuis son apparition 
en Europe, en 1851. La Belgique Horticole l’a immédiatement recom- 
mandé à ses lecteurs (1) : elle prévoyait un heureux avenir. En effet il a 
rapidement fait son chemin et n’a cessé d'occuper la presse horticole. 
Nous avons eu l’occasion de faire en 1859, une abondante récolte d’Ugni, 
dans le vaste établissement de M" Jacob-Makoy, et nous l’avons trouvé 
bien supérieur à ce que nous espérions. L’Ugni a une saveur exquise et 
un arôme si délicat qu’il ne peut être comparé qu’à l’Ananas et à la Fraise, 
qu'il rappelle un peu. Malgré cette singulière prévention, en quelque sorte 
instinctive, quetant de personnes éprouvent pour un mets nouveau, malgré 
ce fait incontestable que notre palais doit être habitué aux mets les plus 
délicats, toutes les personnes qui ont goûté de l’Ugni ont été affriandées et 
l’ont proclamé un fruit excellent. Il y a du reste unanimité sous ce rapport, 
mais la question de savoir si ce fruit peut se populariser en Belgique et 
venir un jour sur nos marchés, est plus contestée. L’Ugni est un arbuste du 
Chili, aussi touffu et de la même hauteur que nos groseillers. Dans le 
midi de la France, en Angleterre même, il passe et müriten pleinair, mais 
en Belgique on doit le rentrer dans la serre froide ou l’orangerie; pen- 
dant l’été on le conduit en espalier contre un mur bien exposé et il arrive 
à parfaite maturité. Un jardinier soigneux peut donc obtenir ce rare et 
excellent produit, l’Ugni est déjà bien réellement un fruit acquis à l’hor- 
ticulture. Mais celle-ci doit, c’est un devoir pour elle, chercher par tousles 
moyens possibles, à le faire passer dans la grande culture. Pour cela il n’y 
a qu’une marche à suivre, la seule qui puisse conduire au résultat cherché, 


(1) Voy. la Belg. Hort. T. I. p. 516. 


LS oRrue 


c’est de semer avec persévérance les graines récoltées sous notre climat; 
dechoisir avecsaga cité les pieds les plus vigoureux etles plus rustiques, de 
semer les graines qu’ils produiront et cela sans relâche et sans décourage- 
ment, jusqu’à ce qu’on ait obtenu une race qui résiste à nos hivers. Ce 
succès n’est pas impossible; pour espérer de l’obtenir on peut au contraire 
s’appuyersur l’histoire de presque tous nos arbres fruitiers. Tout le monde 
sait que le Pêcher et l’Abricotier, par exemple, ont pour patrie des con- 
trées bien plus favorisées que la nôtre et d’un autre côté qu’il a fallu bien 
des années, des siècles même, pour faire porter à ces arbres les fruits 
savoureux qu’ils nous donnent. 

Nous nous proposons de revenir incessamment sur ce sujet et de 
donner l’histoire naturelle complète de l’Ugni, ces quelques lignes 
ayant été écrites à l’occasion de la publication d’une figure de l’Eugenia 
Ugni et d’une espèce voisine, l’'Eugenia Mexicana à fruits un peu plus 
petits et à feuilles moins larges. 


OBSERVATION RELATIVE À LA PRUNE DAMAS DE SCHAMAL. 


La description que nous avons publiée récemment (T. X., p. 51) de 
la prune Damas de Schamal, nous à valu de la part de l’honorable 
M. Royer, président de la Fédération de l’horticulture belge et de la 
Commission royale de pomologie, une observation intéressante pour nos 
lecteurs. Il a recu l’arbre de M. Liegel ct, l’ayant cultivé dans ses beaux 
jardins de Namur, il a observé une maturité de quinze jours plus pré- 
coce que nous ne l’avions écrit, c’est-à-dire que les fruits ont müri, aux 
bords de la Meuse, dans la première quinzaine de septembre. M. Royer 
nous a en outre confirmé tout ce que nous pensions des avantages et des 
qualités de la prune de Schamal. 


PATRIE ET RUSTICITÉ DE L’ABIES PINSAPO. 


Monsieur LE RÉDACTEUR, 


…, Pourriez-vous me dire quelle est la patrie de l’Abies phees 


et quel est le degré de froid qu’il peut supporter ? 
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La réponse est facile à la première question : l’Abies pinsapo Boiss. 
croît sauvage et forme des forêts dans une grande partie des régions 
montagneuses de l'Espagne, sur les Sierra Nevada , Sierra Benneja, sur 
le Serro de San Christoval, le royame de Grenade etc. Quant à la 
seconde demande, nous la soumettons à l'expérience de nos abonnés. 


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HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE DENDROMECON RIGIDUM Benru., OÙ 
DENDROMECON RAIDE. 


FAMILLE DES PAPAVÉRACÉES. — POLYANDRIE MONOGYNIE. 
Planche VII, fig. 1-3. 


DéeriT ET FIGURÉ D’ArrÈs LE Bolanical Magazine. 


Denvromecon ricinum, Benth. Petit arbuste, dressé, à rameaux alternes, ligneux, 
arrondis, fanves; les plus jeunes branches sont herbacées et présentent à leur base 
quelques petites écailles lancéolées qui représentent des feuilles abortives. Feuilles 
longues de deux à quatre pouces, brièvement pétiolées, exactement lancéolées, 
glabres, acuminées, raides, d’un vert glauque, penninerves, les nervures secondaires 
se rencontrant el se réunissant un peu en-deçà du bord de manière à donner à la 
feuille une apparence trinerviée; ces bords eux-mêmes sont cartilagineux et très fine- 
ment denticulés. Fleurs solitaires, terminales, d’un diamètre de deux pouces. Boutons 
globuleux, amincis en pointe. Deux sépales, orbiculaires, très concaves, caducs. 
Quatre pétales, presque arrondis, crénelés, largement ouverts, d’un jaune vif. 
Etamines orangées, assez nombreuses. Anthères oblongues, biloculaires, de la lon- 
gueur à peu près du filet. Ovaire oblong-cylindrique, surmonté d’un grand sligmate. 
— Bentu., Trans. hort. Soc. London, 1, 407. — Hook., Icon. Plant., t. 57. — Bot. 
Mag. 1859, t. 5154. 


Cette belle et remarquable plante est l’une des plus intéressantes 
découvertes que David Douglas ait faites en Californie, cette terre si 
féconde en fleurs dorées. Bentham l’a décrit le premier et il en a fait un 
genre nouveau de la famille des Papavéracées. Le Dendromecon en a, 
en effet, tous les caractères et toute l'apparence ; on ne saurait s’en faire 
une meilleure idée que de se figurer un Eschscholtzia (Chryseis) en 
arbre : ce sont les mêmes fleurs, aussi nombreuses, mais portées sur 
un arbuste à tiges droites. 

Longtemps le Dendromecon resta confiné dans les herbiers et fut 
connu seulement des botanistes; mais il a été, l’année dernière, intro- 
duit chez MM. Veitch et fils, horliculteurs à Exeter et à Chelsea, par 
M. W. Lobb, leur collecteur. 

C’est un arbuste de pleine terre qui paraît être fort robuste et qui 
fleurit pendant tout l’été. Nouveau, et par conséquent rare encore, il ne 
peut toutefois tarder à se répandre dans tous nos jardins. 


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BELG. HORT., TOME X. 


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HISTOIRE ET DESCRIPTION DU MYOSOTIDIUM NOBILE, 
W. Hook., OU NE M'OUBLIEZ PAS DE CHATAM. 


FAM. DES BORRAGINÉES. — PENTANDRIE MONOGYNIE. 
Planche VII, fig. 4-8. 


Ficuré D’après LE Botanical Magazine. 


Myosorinium nobile, W.Hook. Souche vivace. Tige herbacée, haute d’un pied à un 
pied et demi, robuste, succulente, arrondie, simple, feuillée, glabre inférieurement, 
pubescente vers le sommet. Feuilles radicales nombreuses, très-grandes (aussi grandes 
que celles d’un jeune chou), cordées, très-obtuses et même rétuses, complètement 
glabres, succulentes, luisantes, parallélinerves, munies de très-longs pétioles, les- 
quels sont canaliculés en-dessus, quelquefois teintés de pourpre. Feuilles supérieures 
graduellement plus petites; les dernières sessiles et obovées, spatulées. Corymbe 
terminal, ample, composé, aphylle, de quatre pouces de diamètre. Calice profondé- 
ment découpé en cinq lobes oblongs, hispides extérieurement. Corolle à tubes courts 
et à limbe grand et ouvert : celui-ci dépasse un demi pouce de diamètre : ses cinq 
lobes arrondis sont d’une belle couleur bleue qui va graduellement en pâlissant . 
jusque vers les bords qui sont blancs, tandis que son disque porte des rayons d’un 
pourpre foncé. Cinq écailles jaunes, glanduleuses (comme chez les Myosotis) ferment 
la gorge de la corolle. Étamines incluses, à filets très-courts, insérées tout près de la 
gorge. Ovaire quadrilobé, déprimé et tout à fait plat au sommet. Style très-court. 
Stigmate bilobé. Fruit composé de quatre nucules ou akènes comprimées dorsale- 
ment, presque dressées, subcordées, largement ailées et attachées sur un réceptacle 
quadrangulaire, terminé par les courts vestiges du style. Graine ovée, acuminée, 
insérée latéralement. 

Bot. Mag. 1859, t. 5157. — Lemaire, Zllust. hort 1859, t, 224. 

Cynoglossum nobile, JS. D. Hook, in Gard. Chron. 1858, p. 240. 

Myosotis hortensia, Decaisxe in Deless. Icon. Select. t. V. pl. 99 (Lemaire). 


Cette charmante Borraginée ne peut manquer de rappeler à l'esprit 
nos jolis Ve m'oubliez pas d'Europe : elle est une habitante des îles 
Chatam, dépendant de la Nouvelle-Zélande et situées sous le 44° degré 
de latitude S.. Introduite en Europe par l'intermédiaire de M. Watson 
de St.-Alban, elle a été présentée en fleurs, au mois de mars1858, à l’ex- 
position de la société d’horticulture de Londres et elle y a été l’objet de 
beaucoup d'intérêt. 

Avecl’inflorescence d’un Myosotis, elle a un fruit qui ressemble à celui 
du genre Cynoglossum. De là vient qu’elle fut d’abord décrite en 1846, 
par M. Decaisne sous le nom de Myosotis Hortensia, et plus tard, en 
4858, par M. le D" Hooker fils, sous celui de Cynoglossum nobile. Mais 
examiné attentivement, le fruit a révélé à M. W. Hooker des caractères 
nouveaux tout à fait différents de ceux des deux genres précités et se 
rapprochant plutôt des Omphalodes par les ailes des akènes. 11 s’éloigne 
toutefois de ces derniers par la nature des ailes qui ne sont pas intro- 
fléchies et par l'absence de toute attache entre les akènes et le style. Le 


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13 Ceanothus Vertehianus.W.Hook. 4 _7. Pentstemon centranthifolius.Benth 


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feuillage est aussi tout particnlier. Ces considérations ont naturellement 
conduit le savant rédacteur du Botanical Magazine à faire de cette 
plante un nouveau genre (Myosotidium) voisin des Myosotis. 

Le Myosotidium est une plante délicieuse, certainement acquise à Ja 
pleine terre. La description qui se trouve plus haut et la figure qui 
accompagne ces lignes nous dispensent de faire ressortir ses principaux 
mérites. Comme ses proches, il aimera sans doute un sol riche et 
humide, le bord des eaux, etc. Il est vivace et tout fait présager que sa 
multiplication sera rapide. 

Pour le moment, toute l’édition appartient à M. Standish, horticulteur 
à Bagshot (Angleterre). 


NOTICE SUR LE CEANOTHUS VEITCHIANUS, W. Hook., 
OÙ CEANOTHUS DE M. VEITCH. 


FAMILLE DES RHAMNÉES. —— PENTANDRIE MONOGYNIE. 


Planche VIIT, fig. 1-3. 


DÉCRIT ET FIGURÉ D'APRÈS LE Botanical Magazine. 


Ceavotaus Veitchianus, W. Hook. Arbuste rameux, à branches arrondies, glabres, 
vertes, droites et à feuilles très uniformément semblables entre elles, petites, lui- 
santes, d’un vert foncé. Ces dernières ont un pétiole court, elles sont obovées-cunéi- 
formes, arrondies à la pointe, dentées sur les bords, chaque dent terminée par une 
petite glande caduque. Inflorescence de un à trois pouces de long, formant à l’état de 
bouton de petits cônes larges et ovoïdes à l’extrémité des ramuscules, et couverts 
de petites écailles soyeuses et imbriquées. Rachis raides, poilus ; pédonceules herba- 
cés. Lobes du calice dressés ou courbés en dedans, triangulaires ; pétales largement 
oboyés, d’un beau bleu foncé, teinte qui s’étend aux pédicelles , au calice et aux 


étamines. Ovaire déprimé, trilobé. 
Ceanothus Veitchianus , Bot. Mag. 1859. PI. 5127. 


Nos jardins seront redevables de l’introduction de ce superbe arbuste 
à MM. Veitch et fils, horticulteurs à Exeter. Il leur a été envoyé de 
Californie, par M° William Lobb. 

Très proche allié des Ceanothus floribundus,C. Lobbianus et C. papil- 
losus, il se distingue complètement de ces espèces par son feuillage, d’un 
beau vert foncé, très luisant et persistant : en outre, il les surpasse par 
le nombre et la vivacité des couleurs de ses fleurs. Celles-ci sont parfois 
si abondantes, que les feuilles sont presque tout à fait cachées. Le 
Ceanothus de M. Veith doit être, sous notre climat, cultivé en serre 
froide. 


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© LE PENTSTEMON CENTRANTHIFOLIUS Benra., OÙ PENTSTEMON 
A FEUILLES DE CENTRANTHUS. 


DESCRIPTION ET ICONOGRAPHIE D'APRÈS LE Bolanical Magazine. 


Planche VIII, fig. 4-8. 


PexTsremon centranthifolius, Benth. Vivace, haut de 1 pied et demi à deux pieds. 
Tige droite, arrondie. Feuilles glauques, toutes sessiles, étalées, droites, les supé- 
rieures au moins semi-amplexicaules à la base, oblongues-lancéolées ou en forme 
d’ovale-cordé, plus larges et plus courtes vers le milieu de la tige, et diminuant gra- 
duellement jusque vers la panicule, où elles passent à l’état de petites bractées lan- 
céolées. Pédoncules axillaires à la base d’une feuille ou d’une bractée. En général 
triflores. Pédoncules et pédicelles délicats, rouges. Calice à cinq segments, profonds, 
larges ovés, acuminés, imbriqués, étroitement appliqué contre la base de la corolle. 
Celle-ci atteint environ un pouce el demi et présente un tube assez mince, droit, 
rouge, un peu dilaté au sommet; son limbe est formé de cinq segments courts, égaux, 


étalés et aigus. Etamines ineluses, la cinquième filiforme, abortive. Ovaire lancéolé, 
glabre, style inclus à stigmate obtus. 


Pentstemon centranthifolius, Bexta. Scroph.Ind. p. 7. — DE Canv., Prodr., Vol. 10, 
_p- 525. — Bot. Mag., 1859, t. 5142. 


Chelone centranthifolia, Bent. Trans. Hort. Soc. Lond. n. ser. v. 1, p. 481. — 
Lipc., Bot. Reg., t. 1737. 


Natif de la Californie, le Pentstemon à feuilles de Centranthus a été 
découvert et introduit en Angleterre par l’infatigable Douglas. M. Tré- 
mont l’aurait également rencontré dans les Montagnes Rocheuses. D’après 
M. Bentham, qui a décrit cette plante le premier, elle ressemble au 
P. speciosus, dont elle se distingue toutefois par la forme tubuleuse et 
l’écarlate de la corolle. Connue déjà depuis quelque temps, cette jolie 
plante mérite d’être cultivée plus qu’elle ne l’a été jusqu'ici. 


LE CAMELLIA JAUNE DE M. FORTUNE, 
C. SASANQUA, Var. ANEMONIFLORA LUTEA. 


La découverte du Camellia jaune remonte déjà à plusieurs années; 
M. Fortune l’a racontée et a donné une description détaillée de cette fleur 
dans son ouvrage intitulé : À Journey to the Tea district of China. 

Malgré cela, le Camellia jaune est encore une rareté et il ne se trouve 
pas encore dans le commerce horticole. Ses fleurs appartiennent au type 
des Anémoniflores ; les pétales extérieurs sont d’un blanc laiteux, ceux 
du centre jaunes, de la nuance de la primevère. 

Il y a quelque temps le Gardener’s Chronicle avanca que le Camellia 


201 2 


jaune est une variété du Camellia Japonica ; cette opinion l’entraïna à 
des considérations plus ou moins fondées sur la théorie des variations 
des couleurs dans les fleurs. Malheureusement pour ces dernières, l’asser- 
tion du Gardener's Chronicle n’est pas exacte. Le Camellia Japonica 
fleurit en Chine vers le printemps; il a des rameaux, les bourgeons, les 
pétioles et les ovaires glabres. Au contraire le Camellia jaune fleurit en 
automne, ses bourgeons et ses pétioles sont recouverts d’un léger duvet 
et ses ovaires sont pubescents. Or, le Camellia Sasanqua présente pré- 
cisément ces caractères, et c’est lui qui a produit le Camellia jaune. 

Une conséquence pratique de ce fait, c’est que l’on doit désormais 
greffer la célèbre plante de M. Fortune sur le Camellia Sasanqua et non 


plus sur le Camellia Japonica ; cette dernière culture produisait tou- 
jours des pieds chétifs. 


REMARQUES SUR QUELQUES DROSERA DE L’AUSTRALIE, 


PAR M. J. J. Ausrecp. 


En Australie, les Drosera ne se rencontrent pas comme en Allemagne 
dans les terrains marécageux, mais ils croissent sur des collines, des 
prairies sèches et dans les vallons. Autour de Sidney on ne trouve qu’une 
seule espèce, qui a la plus grande ressemblance avec nos Drosera et qui 
croit près des bords humides et sablonneux d’un petit ruisseau. Dans 
toute l'Océanie du sud, on rencontre trois espèces, les Drosera stoloni- 
fera, D. Wüttakeri et D. cirrhosa (?). Toutes trois ont une petite bulbe, 
de la grosseur d’une noisette et enterrée de 5 à 6 pouces sous le sol. Leur 
gracieux feuillage et leurs fleurs charmantes durent peu de temps : elles 
sortent de terre dès les premières pluies, qui tombent ordinairement au 
mois de mai et qui ramollissent un sol qui jusque là était dur comme de 
la pierre : elles étalent leur rosette de feuilles et dépérissent lentement 
sous l'influence des sécheresses et des chaleurs de Septembre. 

Le Drosera stolonifera aime tout particulièrement les terrains acciden- 
tés et se trouve en grande quantité dans les vallons sablonneux qui sont 
bumides en hiver. Il est d’un aspect attrayant par ses feuilles d’un vert 
tendre et ses fleurs blanc rosé. Le D. cirrhosa (?) est la plus belle et la plus 
vigoureuse de ces espèces. Elle pousse une tige fibreuse de la hauteur 
d’un à deux picds, qui s’entortille aux moindres broussailles ; les feuilles 
sont d’un vert foncé et garnies de glandes d’un rouge brun; les fleurs 
sont d’un beau blanc et réunies en panicule à l'extrémité de la tige. On la 
rencontre principalement sur les montagnes, entre des pierres et dans 
les petits bois : on la voit plus rarement dans les plaines; d'ailleurs 
presque toujours en compagnie du D. Wittakeri, à grandes fleurs 


—— 102 — 


blanches. Les Anglais, qui aiment à donner aux fleurs de l'Australie 
les noms des plantes qu’ils connaissaient dans leur patrie, appellent cette 
dernière Daisy, Marguerite-des-prés. C’est ainsi qu’ils désignent, par 
exemple, une espèce d’Exocarpus (le pyramidalis ?) par le nom de Cherry, 
cerise, et les Banksia par celui de Honey suckle ou Chèvre-feuille. 

Ces Drosera sont introduits au jardin botanique de Hambourg, où ils 
croissent convenablement. Quant à leur culture, nous conseillons d’exciter 
leur végétation jusqu’après leur première floraison, de la ralentir et de 
la supprimer ensuite en les privant d’eau pour éviter l’épuisement. Cette 
période de repos arrive d’ailleurs tout naturellement pendant l'hiver. 
Les graines sont très-minces et demandent à être semées avec quelques 


précautions. 
(Hamburger Gartnen und Blumenzeitung ) 


NÉCROLOGIE BOTANIQUE. 


Parmi les nombreuses pertes que la science a faites pendant l’année 
1859, on peut citer les suivantes : 

Le professeur D' Carz Ritter, célèbre géographe, auquel la botanique 
est particulièrement redevable d’un travail sur les zônes de distribution 
des plantes alimentaires et des plantes utiles, est mort à Berlin, le 
28 septembre. Il était né à Quedlinburg, en 1779. 

Le professeur Arraur Henrrey est mort à Londres le 7 septembre. Il 
est l’auteur de plusieurs travaux physiologiques et a traduit en anglais 
les ouvrages de Mohl, de Schleiden et de Braun. Un genre d’Acanthacées 
de Sierra Leone lui a été dédié par Lindley. 

Tu. Horsriezo, l’un des administrateurs du Museum des Indes orientales 
à Londres, est mort le 44 juillet, dans sa 86° année. Né en Pensylvanie, 
il s’était occupé pendant seize ans de l’histoire naturelle de Java, Banca 
et Sumatra. Il vint à Londres en 1819 ; Robert Brown mit en ordre les 
2196 espèces composant son herbier des Indes orientales, et en publia 
avec J. Bennet les espèces les plus rares. Le nom de Horsfeld restera 
surtout célèbre en zoologie. Blume lui a dédié le genre Æorsfieldia, de 
la famille des Ombellifères, composé de plantes de Java. 

GEORGE STAUNTON, connu par ses écrits sur la Chine et son remarquable 
jardin, est mort à Londres, le 15 août. De Candolle lui a dédié un genre 
de la famille des Lardizabalées, renfermant un arbrisseau grimpant de la 
Chine. 

Enfin, le climat meurtrier de l'Afrique a fait périr M. Barrer, l’un des 
compagnons du D" Baikie, dans son expédition du Niger. Il avait envoyé 
en Angleterre une quantité de nouvelles plantes, en partie vivantes, en 
partie desséchées. Une nouvelle espèce du genre Encephalartos lui a été 
dédiée. A. DE B. 


— 105 — 


SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'HORTICULTURE A ST. PÉTERSBOURG. 


Une importante société d’horticulture s’est constituée en 1858, à 
St. Pétersbourg, sous le patronage de l’empereur. Aux termes de ses 
statuts, elle a pour butle développement de toutes les branches de l’horti- 
culture, l’acclimatation des végétaux exotiques, la propagation des connais- 
sances utiles dans la domaine de l’horticulture, etc., etc. Le 14/24 décem- 
bre 1859, la société a tenu une séance dont le Gartenflora nous donne 
les détails. Des prix y ont été proposés pour le meilleur Manuel de 
culture maraichère, pour le meilleur Manuel de construction des serres 
et pour le meilleur Manuel de Pomologie, en rapport surtout avec les 
divers climats de la Russie. Le Gartenflora a été choisi pour organe de 
la société en langue allemande; elle publie en outre un journal en 
langue russe. Le secrétaire, M.Tschernaeff, a été chargé par le gouverne- 
ment de visiter les principaux musées d’agriculture de l’Europe occi- 
dentale. À. DE B. 


POMOLOGIE SCIENTIFIQUE. 


QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA FLEUR DES POMMIERS, 
DES POIRIERS ET DES COIGNASSIERS, 


Par M. LE CONSEILLER VON FLorow, DE Drespe (1). 


On sait que Poiteau, dans son Traité des arbres fruitiers, édit. LL, 
p. 52, émet l’opinion que la soudure des styles à la base, ou leur liberté, 
fournit le principal caractère spécifique qui distingue le Pommier du 
Poirier. Cette idée se représenta à mon souvenir cette année, juste à 
l’époque où ces arbres fleurissent, et me détermina à faire un nouvel 
examen de leurs fleurs, en y joignant celles des Coignassiers. J’entrepris 
ces observations simplement pour faire saisir plus nettement à un de mes 
amis la différence indiquée, car toutes les figures que j’avais à ma dispo- 
sition ne me satis{aisaient pas sous ce rapport. Je ne m'attendais nulle- 
ment à trouver quelque chose de nouveau par cet examen, et cependant 
ce fut ce qui arriva. Je trouvai daus les fleurs de nos pommiers et de nos 
poiriers cultivés, des différences qui, à mon avis, sont importantes et 
frappantes à la vue. 


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(1) Monatsschrift für Pomologie und praktischen Obstbau. Stuttgart, 1858, p. 295. 
Traduction par M. A. de Borre. 


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Dans Ia fleur du Pommier, non seulement on voit les cinq styles réunis 
ensemble à la base en un cylindre plus ou moins long, mais on peut 
encore remarquer que les vingt filets et plus des étamines, déjà avant le 
complet épanouissement de la fleur, et même lorsqu'ils sont de diffé- 
rentes longueurs, sont dressés, un peu plus inclinés vers l’extérieur, et 
avec les extrémités inférieures serrées les unes contre les autres en une 
couronne touffue. Leurs anthères sont d’un jaune pâle, qui devient rou- 
geâtre, puis brun, après l'émission du pollen, quand elles se dessèchent. 
Chez la fleur du Poirier au contraire, outre que les cinq styles sont abso- 
lument libres et indépendants à la base, les étamines sont d’abord toutes 
roulées sur elles-mêmes en dedans, et, à l’éclosion de la fleur, elles ne se 
redressent que successivement et de telle sorte que, lorsqu'une d’elles est 
déjà levée, ses deux voisines à droite et à gauche dans le cercle d’inser- 
tion sont encore roulées sur elles-mêmes, les deux suivantes au contraire, 
dressées, et ainsi de suite. Les filets sont aussi beaucoup plus écartés Pun 
de l’autre à leur insertion que chez le Pommier. Enfin les anthères chez 
le poirier, sont d’un rose pâle et passent au brunâtre et au noirâtre après 
la fécondation. 

J'ai trouvé la remarque sur la couleur des anthères dans un écrit de 
Berthold Sigismund, intitulé : Les joies du printemps, et publié dans le 
journal Der Feierabend (Le Soir des jours de fêtes) 1858, p. 342, où l’on 
irait guère chercher de semblables remarques. Je ne me rappelle pas 
l'avoir lue nulle part ailleurs. 

Malheureusement, j'ai dû borner mes observations aux fleurs des 
variétés cultivées, n’ayant pas de Poiriers ni de Pommiers sauvages en 
fleurs à ma disposition. J’ignore par conséquent si la remarque que je 
viens de faire continuerait à leur être applicable, et je me bornerai à prier 
ceux d’entre les pomologues qui pourraient avoir l’occasion d'observer les 
sauvagcons des deux espèces, de vouloir bien livrer le résultat de leur 
examen à la publicité. | 

Après de longues recherches, je suis enfin parvenu l’automne dernier 
à me procurer de véritables pommes sauvages, et jy ai trouvé constam- 
ment dans chaque loge de l'ovaire à 5 parties, deux pepins seulement, au . 
lieu que dans les variétés cultivées, chaque loge en contient un, deux, 
souvent aussi trois à cinq, plus souvent encore pas du tout dans une des 
loges chez beaucoup d’espèces, dans toutes, chez quelques-unes. Cette 
différence est pour moi un motif de désirer aussi l’examen des fleurs des 
races sauvages. 

Parmi les. autres espèces du genre Pyrus, je n’ai pu observer qu'un 
Pommier de la Chine à fleurs doubles (Pyrus spectabilis, Air. ; Malus 
spectabilis, Desr.). J’y ai trouvé les styles libres, les étamines dressées, 
mais à divers degrés de croissance, les anthères d’abord blanches ou 
blanc-jaunâtre, devenant ensuite d’un jaune orangé. Donc cette espèce, 
qui lient, pour le fruit, plus du Pommier que du Poirier, se rapproche 
au contraire plus du Poirier, quant à la fleur. 


— 105 — 


Pour ce qui est des Coïgnassiers, j'ai trouvé, tant chez la variété dite 
coing-pomme que chez celle dite coing-potre, les styles libres jusqu’à la 
base (comme chez le Poirier); les étamines, au contraire, point roulées 
en dedans, mais dressées et un peu inclinées en dehors (comme le 
Pommier); de plus, finement pubescertes, enfin les anthères blanches 
ou jaune pâle (comme celles du Pommier), devenant ensuite brunâtres et 
noirâtres. Les coings sont donc sous ce rapport en quelque sorte inter- 
médiaires entre les Pommes et les Poires, mais ils ont plus d’affinité avec 
ces dernières, non seulement à cause de la ressemblance des styles (les 
organes femelles devant avoir le pas sur les mâles), mais aussi à cause 
de la constitution des fruits, de la circonstance que la greffe du Poirier 
réussit le mieux sur le Coiguassier, etc. 

Chez le Coignassier du Japon à fleurs rouges (P. japonica, Cydonia 
japonica, Chaenomeles japonica Pers.), j’ai rencontré les styles soudés 
en un cylindre depuis la base jusqu’au tiers de leur longueur, les éta- 
mines tout à fait droites, les anthères d’un beau jaune, en un mot tout 
assez semblable au Pommier. Mais, dans l'ovaire ou le jeune fruit, on 
remarque un tout aussi grand nombre d’ovules que chez le Coïgnassier. 

Je profite de cette occasion pour citer encore l’article de M. Sigismund 
dont je parlais précédemment. On y lit : « Il est extrémement intéressant 
de couper transversalement les ovaires ou les jeunes fruits. Tout le 
monde sait qu’en coupant ainsi la capsule épineuse du Marronnier d’Inde, 
on voit généralement plusieurs graines, dont les unes sont les Marrons, 
et dont les autres paraissent auprès d’eux des Liliputiens, et sont des 
graines avortées et incapables de germer. Mais ee que peu de personnes 
connaissent, c’est qu’un semblable arrêt de croissance se manifeste non- 
seulement chez les Pommes, où les loges du reste renferment souvent 
des pepins rabougris à côté d’autres pleins, mais encore régulièrement 
chez les Cerises et les Prunes. Toutes les jeuncs Cerises, les Jeunes 
Prunes, les jeunes Prunelles et les jeunes Abricots renferment primiti- 
vement deux germes de graines, mais il ne se développe dans leur chair 
qu’un seul noyau et il ne se forme qu’un seul embryon. »Je m’empressai 
aussitôt de vérifier le fait, et, en coupant transversalement tous les très- 
jeunes Abricots, Pêches et Cerises que je pus encore me procurer, j'y 
irouvai presque constamment les germes de deux noyaux, dont un déjà 
presque entièrement avorté. Je ne pus à cette époque (juin 1858) exami- 
ner de même les Prunes ni les Prunelles. 

Remarque de M. Oberdieck. — J'ajouterai encore à ces observations 
extrêmement intéressantes, et qui feront sans doute faire un grand pas 
à la pomologic scientifique, qu’en récoltant des graines en germination 
de la Cerise sauvage douce rouge, dont le périsperme était déjà ouvert, 
j'ai fréquemment rencontré deux graines parfaitement formées ; inais 
Je ne puis me souvenir d’avoir fait la même trouvaille parmi les Cerises 
de jardin, où on ne remarque ordinairement qu’une graine, qui n’est 
souvent même pas complètement formée chez les variétés précoces. 


= 


MONOGRAPHIES DES PLANTES CULTIVÉES. 


NOTICE SUR LA TRIBU DES MARANTÉES, 
SUIVIE DE LA 
NOMENCLATURE DES ESPÈCES CULTIVÉES DANS LES JARDINS. 
Par LE D° Fr. Korrnicke, de Pétersbourg. 


TRAD. DE L’ALLEMAND PAR ALF. DE BORRE. 


IV. 
ENUMÉRATION DES MARANTÉES CULTIVÉES DANS NOS JARDINS. 


GENRE MARANTA, DE LINNÉ. 


Les deux staminodes externes font facilement distinguer ce genre de 
tous les autres, excepté des Phrynium, qui possèdent le même caractère, 
et dont nous verrons plus loin les différences encore problématiques. 

Trois groupes d’espèces appartenant à ce genre sont cultivés dans nos 
jardins. 

Le premier, remarquable par son inflorescence lâche, constitue l’an- 
cienne souche du genre; je lui donne le nom d’Eumaranta. À part Île 
Maranta Jacquini R. et S., les deux staminodes externes y sont grands 
et forment une espèce de lèvre. 5 

Le second groupe est caractérisé par une inflorescence ramifiée en 
panicule et par des staminodes externes de petite taille. Sonder en a 
formé le genre Stromanthe. 11 n’existe pourtant, à part ce que nous 
venons de dire, aucune différence entre ce groupe et le groupe typique 
des Maranta. 

Le troisième groupe possède des épis serrés, où les bractées sont pla- 
cées sur deux rangées, mais tournées d’un même côté, où elles enferment 
la fleur. Les staminodes externes y sont également petits. La différence 
au premier abord de cet habitus d’avec celui du groupe typique est 
tempérée par une transition que forme entre eux en quelque sorte le 
M. Riedeliana Kcexe. Chez les exemplaires vigoureux, le développe- 
ment (feuillaison et ramjfication) est tout à fait identique à celui des 
groupes précédents. Nous avons donné au groupe le nom de Saranthe 
(ReceL et Kosnnicke), à cause des bractées et des fleurs tournées d’un 
seul côté, ce qui donne à l’épi quelque ressemblance avec un plumeau. 

Un quatrième groupe, caractérisé par un port particulier et par des 


— 107 — 


sépales qui dépassent de beaucoup les bractées, n’est pas encore cultivé 
dans nos jardins. 

C. Koch rapporte au genre Thalia le deuxième et le troisième groupes 
en entier, ainsi qu’une espèce du premier. 


I. — Les Eamaranta, 


Fleurs en grappes lâches et simples; bractées persistantes ou caduques; les deux 
staminodes externes grands et en forme de lèvres (ii y a exception pour la dernière 
espèce que nous citerons, où ils sont petits). 


A. — Tube de la corolle assez long ; les deux staminodes externes assez grands et 
en forme de lèvres. 

4. — Maranta arundinacea L. 

Rose. Seit. tab. 25. 

Cette plante, cultivée aux Antilles et dans l’Amérique tropicale depuis 
le Mexique jusqu’au Brésil à cause de son rhizôme, qui renferme de la 
fécule, est aisément reconnaissable à ses feuilles légèrement velues sur 
leurs deux faces. Suivant Bentham (Hook. Vig. Fl. 551), on la cultive- 
rait aussi en Afrique à cause de sa fécule; mais il se pourrait très bien 
que ce fût une autre espèce. L’arrow-root du commerce provient, comme 
on sait, de plantes appartenant à différentes familles, qu’on peut recon- 
naitre à l’examen microscopique de la fécule. Mais ce moyen de déter- 
mination ne pourrait plus servir dans le cas où on aurait affaire à diffé- 
rentes Marantées. Outre le . arundinacea L., le M. indica Tussac, 
est cultivé dans le même but, et Tussac décrit en même temps que cette 
espèce, la manière d’en extraire l’arrow-root, procédé qui présente une 
grande analogie avec la préparation de la fécule de pommes de terre. On 
prend les rhizômes épais et écailleux, qui servent à l’hivernation de la 
plante, et, après les avoir lavés, on les rape au-dessus d’un vase plein 
d’eau dans lequel tombe la pulpe; on agite fortement l’eau chargée de 
matière amylacée, puis on la filtre à travers une toile assez mince. On la 
laisse reposer ensuite cinq à six heures et on la décante, la fécule s’étant 
pendant ce temps déposée au fond avec la blancheur et la finesse de la 
plus belle farine. Après l’avoir fait sécher au soleil ou dans des séchoirs, 
on la renferme dans des sacs de papier, si elle doit servir à la consom- 
mation du pays, ou dans des barils, si elle est destinée à lexportation 
pour l’Europe. Les résidus de la filtration servent à l’engraissement des 
cochons et de la volaille. Outre les M. urundinacea L. et 41. indica 
Tussac, les Antilles et la partie voisine du Continent possèdent encore 
d’autres espèces cultivées comme plantes féculentes, telles que le Cala- 
thea Allouya Linos., dont les tubercules, cuits avec du poivre et du sel, 
sont aux Antilles un mets assez agréable. On en extrait également de 
Varrow-root. Suivant Miquel (Linn. 22, 79), l’Ischnosiphon surinamen- 
sis Kcke., est aussi appelé Arrow-root par les habitants de Surinam. 
Traill rapporte (Rosc. Scit.) que le Maranta indica est appelé arri par 
les Indiens de la Guyane; c’est probablement là l’étymologie du nom 
d’arrow-root. 


de 


9. — Maranta indica Tussac., Flore des Antilles, I, 185, tab. 96. 

Cette plante, que l’on cultive à la Jamaïque, doit, selon Tussac, y avoir 
été introduite des Indes Orientales. Je ne trouve en effet d’autre diffé- 
rence entre sa figure et celle du M. ramosissima Warucu (PI. rar. 
asiat. 3, 51, tab. 286), que les nœuds rouges des pétioles chez cette 
dernière espèce, découverte au Silhet, et introduite par Silva dans le 
Jardin botanique de Calcutta. Elle prospère à la Jamaïque sous le climat 
plus tempéré des montagnes, et, tandis que ses tiges périssent annuelle- 
ment, ses rejetons la propagent facilement et lui font couvrir prompte- 


ment tout le terrain. Ces jets traçants doivent faire choisir un sol assez 


léger, et Tussac en recommande la culture dans le midi de l’Europe. 

Il est probable que la représentation donnée dans les Scitaminées de 
Roscoe (PI. 26), ne se rapporte pas à cette espèce. La figure de Tussac 
offre une corolle très-élargie à sa courbure, absolument comme chez le 
M. arundinacea, dont le M. indica ne différerait, suivant la description 
de Tussac, que par des feuilles glabres. La figure de Roscoe présente au 
contraire un tube corollaire étroit et des feuilles beaucoup plus longues, 
semblables à celles des exemplaires envoyés du Jardin de Liverpool à 
Fischer, par Sheppard. Il faut ainsi admettre que plus d’une espèce se 
trouve cultivée dans les jardins sous le nom de Maranta indica. La 
plante que Roscoe a figurée, avait été rapportée par Lord Seaforth de la 
Barbade et de Saint-Vincent en 1813. Houston l’a aussi envoyée de Vera- 
Cruz au Jardin botanique de Chelsea. Sa culture est aussi répandue dans 
les Indes Occidentales que celle du M. arundinacea L. 


3. — Maranta divaricata Rosc. 
æ — genuina, Rose, Scit., Lab. 27. 
3 — purpurascens, 1bid., Lab. 28. 
Elle a été importée du Brésil par William Harrison, et a fleuri pour la 
première fois en septembre 1825, chez Arnold Harrison, à Aigsbourgh, 
près Liverpool. 


4. Maranta gibba 3. E. Suiru. 

Rose. Scit. tab. 27. 

De la Barbade et du Mexique. Le comte de Seaforth, gouverneur de la 
Barbade, l’introduisit au Jardin botanique de Liverpool, et Smith en pu- 
blia la description en 1808 dans la New Cyclopedia de Rees. Elle semble 
très-voisine de l’espèce précédente, ayant comme elle un ovaire renflé, 
recouvert d’un court duvet saliné et d’un éclat soyeux. 


5. Maranta noctiflora Rev. et Koke. 

Caracr. : Feuilles linéaires-lancéolées, à base arrondie-obtuse, non 
élargie, acuminées et allant en s’atténuant peu à peu de la base vers le 
sommet, équilatérales, glabres ; épis terminaux pauciflores (fleurs 2 à ); 
bractées, sépales et pétales glabres; graine trigone, comprimée, légère- 
ment pubescente. 


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Le + 


De MO Se 


Cette nouvelle espèce de Maranta est moins belle que beaucoup 
d’autres espèces du genre, mais elle est très-remarquable par son facies, 
et surtout par la particularité de ses feuilles étroites et effilées peu à peu à 
partir de la base, comme chez certaines espèces de Bambusa. Elle a fleuri 
dans le Jardin botanique de Pétersbourg, vers le milieu de l’été der- 
nier, à une époque par conséquent où, lorsque le ciel est clair, nous 
n'avons jamais l’obscurité complète pendant la nuit. Les fleurs s’épa- 
nouirent vers 8 heures du soir, et le léndemain, à 8 heures du matin, 
elles étaient déjà fanées. Elle doit done fructifier rapidement. La hau- 
ieur de notre plante comporte 1 5/4 pied. Les branches sont cylindriques, 
unies et glabres, pourvues à leurs nœuds de rameaux dirigés vers le haut. 
Les gaines des feuilles sont glabres, à oreillettes, vertes (tachées de rouge 
pourpre sur les oreillettes aux feuilles supérieures), et très-finement 
ponctuées de blanc. Les pétioles sont très-faiblement poilus sur leur face 
supérieure et près de l’extrémité, renflés au sommet, où ils ont la face 
supérieure couverte d’une pubescence rude et serrée, le reste du renfle- 
mené étant glabre; leur longueur est de 11 lignes depuis la gaine jusqu’à 
la lame: mais les feuilles inférieures en ont de plus courts, ou en sont 
dépourvues. La lame de la feuille est linéaire-lancéolée (ovale-lancéolée 
chez les feuilles inférieures); elle va en s’atténuant depuis la base jus- 
qu’à la pointe, mais, comme celle-ci se fane rapidement, elle semble 
émoussée et mucronée; elle est glabre, à l’exception de la nervure mé- 
diane, qui est velue tout à la base; la face supérieure est d’un vert foncé 
et brillant, l’inférieure, plus pâle et couverte de points décolorés; la lon- 
gueur est de 7}, pouces, et la largeur, de 11 lignes. Les bractées se 
serrent étroitement contre l’axe floral; elles sont allongées, obtuses, 
terminées par une petite pointe, glabres, membraneuses, vertes et lon- 
gues d'environ un pouce. Les fleurs sont disposées par deux, dont l’une 
est très-brièvement, et l’autre, longuement pétiolée, les pétioles floraux 
sont glabres. Les sépales sont allongés, obtus, avec une petite pointe très- 
courte à leur sommet; ils sont glabres, verts, et d'environ 5 lignes de lon- 
gueur.Toutes les autres parties de la fleur sont blanches et glabres. Le tube 
de la corolle est tant soit peu plus long que le calice, un peu courbé, plus 
large à la base que l’ovaire, et un peu boursouflé. Les pétales sont allon- 
gés, obtus, terminés en capuchon; les deux staminodes externes forment 
une lèvre et sont obovales, obtusément arrondis, mucronés; l’un d’entre 
eux est un peu plus large et émarginé. Parmi les trois staminodes inter- 
nes, le plus extérieur est calleux, prolongé au-dessus de la callosité, pé- 
taloïde , obovale-allongé, obtusément arrondi et émarginé; il égale en 
grandeur les staminodes externes, et est au contraire beaucoup plus long 
que les deux autres internes. Le staminode en capuchon est pourvu sur 
un des côtés d’une oreillette large, plate et pendante. L’appendice péta- 
loïde de l’étamine fertile est soudé au filet jusqu’un peu au-dessus de la 
base de l’anthère; il est large, obovale et dépasse un peu Panthère. 


2" Dee 


L’ovaire est à trois arêtes, faiblement pubescent, à poils courts et fort 
serrés; il est uniloculaire, uni-ovulé, et contient un corps formé par la 
soudure des trois placentas. La graine est à trois arêtes, tronquée, gib- 
beuse, et munie d’une arille à la base. 

Cette espèce est très-caractérisée par la forme de ses feuilles. Elle est 
peut-être très-voisine du Maranta protracta Mio., qui ne m'est connu 
que par la description, mais qui se distingue par des feuilles plus larges, 
et à base élargie. Elle se distingue du M. arundinacea L., entre autres 
caractères, par les feuilles glabres, et des M. divaricata Rosc. et gibba 
SMITH., par l’ovaire faiblement pubescent, tandis que chez ces deux 
espèces, il est couvert d’un duvet soyeux. 


6. — Maranta cuspidata Roscor Scit. tab. 51. 

Cette espèce, originaire de Sierra-Leone, a été introduite par Georges 
Don dans le Jardin de la Société d’Horticulture de Londres, et a fleuri 
pour la première fois dans celui de Liverpool au commencement d’octo- 
bre 1826. C’est la seule espèce africaine cultivée dans nos jardins. Elle 
est remarquable par ses fleurs jaunes. Je ne suis pas encore bien sûr 
qu’elle appartienne au genre Maranta. 


7. — Maranta bicolor Ker., Bot. Reg. 10, tab. 786. 
Thalia bicolor C. Kocu. 

Du Brésil. Introduite par la comtesse de Vandes. Figurée pour la pre- 
mière fois en 1824, dans le Botanical Register. 

B. — Tube de la corolle court et évasé; les deux staminodes externes assez grands 
et en forme de lèvres. 

8. — Maranta Tonchat Auger. 

Rose. Scit. tab. 50. 

Thalia ? pilosa, C. Kocu., Berl. Allg. Gartenzeit. 1857, 146. 

Patrie : la Guyane et les iles avoisinantes; la chaine de Quindiu; le 
Brésil. Introduite par Charles Greville en 1807 dans le Jardin botanique 
de Liverpool, où elle a fleuri depuis lors toutes les années jusqu’en 1828. 

C. — Tube de la corolle court; les deux staminodes externes petits et point en 
forme de lèvres. #5 

9. — Maranta Jacquini Roem. et SCHULT. 

M. lutea JAcQ., coll. 4, 117. Ice. rar. 2, tab. 201, nec. Lam. 


De Caracas. Également du Brésil, suivant Nees et Martius, et du Mexi- 
que et de Guayaquil, suivant Presl. Elle était déjà cultivée dans le Jardin 
de Schoenbrunn du temps de Jacquin, c’est-à-dire avant 1790, et elle 
fleurissait dans la serre de juin à août. 


II. — Les Stromanthe Sonper, in E. Otto, Zamb. Gartenz. V, 225. 


L - LA 4 « 9 La e 
Inflorescence rameuse et visiblement en panicule; bractées caduques à l’épanouis- 
sement; les deux staminodes externes petits et point en forme de lèvres, 


— 111 — 


10. — Maranta sanguinea Kcke. 


Stromanthe sanguinea Sonp., PLancuon. F1. des Serres, 8, tab. 785. 
Phrynium sanguineum Hook. Bot. Mag., tab. 4646. 
Thalia? sanguinea Lemaire, Jard. Fleur., 3, tab. 268. 


Du Brésil. Introduite par Libon, selon Planchon. 


11. — Maranta spectabilis Kcke. 
Stromanthe spectabilis Lem., Jard. Fleur., 4, tab. 401. 
Thalia? spectabilis Lem., olim. C. Kocu, in Bert. Allg. Garlenz., 1857, 146. 


Brésil. Introduite par Libon. 


III. — Les Saranthe Recez et Koërnicke, /nd. sem. Hort. Petrop. 1857. 


Inflorescence en épi épais et dressé; bractées opposées, en forme de tuiles, tour- 
nées d’un seul côté (persistantes); les deux staminodes externes assez petits, non en 
forme delèvres ; le calice persistant inclus par les bractées (graine pourvue d’unearille). 


A. — Bractées membraneuses, obtuses, glabres ou faiblement poilues. 


412. — Maranta Riedeliana Kcke (). 


Les gaines des feuilles sont pourvues de poils raides, surtout sur les 
bords; les épis sont réunis en grand nombre sur les rameaux floraux 
poilus, et forment une inflorescence en panicule. 

Cette plante, introduite du Brésil par Riedel, a été cultivée d’abord 
dans le Jardin botanique de Pétersbourg, d’où elle a pu peut-être se 
répandre dans d’autres jardins. Quant à la plante cultivée dans le Jardin 
de Copenhague sous le nom de Phrynium Riedelianum, c’est probable- 
ment un Calathea. 

Les gaines des pétioles ont jusqu’à 15 1/2 pouces de longueur, et sont 
revêtues tout le long de la marge de longs poils raides; le pétiole lui-même 
est glabre et long de 23 pouces; la lame de la feuille est elliptique, à 
bords assez parallèles, à base un peu saillante et arrondie, à, extrémité 
obtusément arrondie et terminée par une pointe d’environ 5 lignes de 
long; elle est glabre, d’un vert foncé en-dessus et pâle en-dessous; sa 
longueur va jusqu’à 18 pouces, sur une largeur de 81/4 au maximum. 
Le rameau floral est couvert de poils raides et serrés, et pourvu de spathes 
allongées, à terminaison obovale et couvertes de poils raides et serrés; 
parfois une de ces spathes est remplacée par une feuille. Des spathes 
supérieures sortent deux ou trois rameaux velus, de 8 pouces de long 
au plus, qui se ramifient en-dessous de leur moitié et portent les épis 
disposés en panicules. Les épis sont de diverses tailles, et comportent 
jusqu’à deux pouces de long. Les bractées sont sur deux rangées, se 


(1) Dernièrement M. le Dr Koernicke a reconnu l'identité de cette espèce avec le 
M. composita, que l’on trouvera plus loin. Les motifs de cette reclification seront 
exposés dans l’Appendice qui terminera celte notice, 


recouvrant comme des tuiles, unilatérales, et enfermant d’un seul côté 
les fleurs; elles sont ovales, obtuses, glabres ou faiblement velues, 
minces et membraneuses, gris-jaunâtre à l’état desséché. Les fleurs sont 
placées deux par deux et brièvement pétiolées. Les trois sépales sont 
ovales, acuminés, glabres, membraneux, d’un vert pâle, et pourvus 
d’une tache rouge à l'extrémité. Les pétales sont ovales, obtus, glabres, 
et aussi pourvus d’une tache rouge à l’extrémité. Les deux staminodes 
externes sont très-obtus et glabres; le premier, un peu plus grand et 
obovale, légèrement émarginé; l’autre, obovale-allongé. Des deux 
staminodes internes, le plus extérieur est calleux, large, presque qua- 
drangulaire, obtusément tronqué, pourvu sur un des côtés d’une grande 
bosse ou nectaire, dirigée en dedans; l’interne, en forme de capuchon, 
est muni sur un des côtés d’une large oreillette dirigée vers le bas. 
L’anthère est libre, l’appendice pétaloïde étant soudé au filet seulement 
jusqu’à sa base, et la dépassant un peu. L’ovaire est très-faiblement 
poilu à son extrémité, 1-loculaire, 1-ovulé, et renfermant un corps formé 
par la soudure des cloisons. Le style est recourbé en dedans, et son 
extrémité est tronquée. Les feuilles de cette espèce sont si semblables à 
celles du Maranta Luschnathiana Rer. et Koke., qu’on peut à peine 
distinguer les deux espèces lorsqu'elles ne sont pas en fleurs; mais la 
forme et la consistance des bractées, ainsi que le nombre des épis, sont 
des caractères qui suffisent pour faire reconnaitre l’espèce. 

15. — Maranta leptostachya Rer. et Keke. Ind. Hort. Petrop. 1857. 
Phrynium leptostachyum Hort. Petrop.; C. Kocn., Bert. Allg. Gart., 1857, 147. 
Thalia leptostachya C. Kocu., Berl, Allg. Gartenz., 1857, 258. 

Les gaines des pétioles sont poilues sur les bords vers le bas; pour le 
reste, elles sont glabres, de même que le pédoncule des épis simples et 
les bractées. 

Cette espèce, originaire du Brésil, paraît être assez répandue dans les 
jardins. Les gaines, pourvues de poils jaunes sur la marge, ont jusqu’à 
huit pouces de longueur. Les pétioles sont glabres et un peu comprimés; 
à partir de l’articulation, qui a 4 à 15/4 pouce de long, la longueur jus- 
qu’à la pointe est de 19 pouces. La lame est elliptique-allongée, à bords 
assez parallèles, subitement et brièvement acuminée; la base, tantôt 
pointue, tantôt obtuse, est légèrement proéminente; elle est glabre et 
d’un vert pâle dans le jeune âge; plus tard, elle devient vert foncé, 
brillant en-dessus, pâle en-dessous ; sa longueur est d’un pied sur quatre 
pouces de large. Le rameau floral est à peu de chose près glabre, beau- 
coup plus court que les feuilles et caché par elles : il porte à son sommet 
une spathe (et non une feuille) et un épi (rarement deux); la longueur 
jusqu’à la pointe de l’épi est de 9 pouces. La spathe enveloppe à son 
extrémité l’axe de l’épi sur un grand espace; elle est glabre, et longue 
de 5 1/4 à 4 5/4 pouces. L’épi est long de 11/2 à 1 5/4 pouces, et large 
de près de trois quarts de pouce. Les bractées sont ovales, obtuses, 


— 115 — 


barbues à la base, glabres pour le reste, formant deux rangs, unilatérales, 
renfermant deux fleurs; les supérieures s’embrassant, les inférieures 
plus éloignées, minces et membraneuses, blanchâtres, et devenant gris- 
jaunâtre quand elles sont desséchées ; leur longueur est de plus d’un 
demi pouce et leur largeur de 41/2 lignes ; dans les serres, on les voit 
tomber en même temps que les fleurs non fécondées ; s’il y avait fécon- 
dation, il est probable qu’elles persisteraient. Les fleurs pédonculées 
sont en outre incluses par une ou deux bractéoles, en ovale large et 
obtus, glabres, membraneuses et d’une couleur blanchâtre transparente; 
l'extérieure de ces deux bractéoles est plane , l’intérieure obliquement 
carénée. Les trois sépales sont allongés, acuminés, glabres, trinerves, 
membraneux, transparents, plus de deux fois plus courts que les pétales, 
et ne se touchant pas par leurs bords. Le tube de la corolle est court et 
plus petit que l’ovaire. Les pétales, qui s’enroulent par le sommet avec 
les siaminodes pour former une espèce de tube, sont allongés, obtus, 
glabres, membraneux et d’un blanc transparent. Les deux staminodes 
externes sont assez égaux, obovés, obtusément arrondis, légèrement 
émarginés, glabres et blanchâtres. Le plus extérieur des staminodes 
internes est bossu, largement obovale, légèrement émarginé, pourvu d’une 
grande protubérance jaune dirigée intérieurement, blanc vers le bord, 
jaunâtre au milieu. Le staminode intérieur , ou en capuchon, est pourvu 
sur un des côtés d’une large oreillette dirigée vers le bas. L’anthère est 
libre; l’appendice pétaloïde, soudé avec le filet jusqu’à la base de l’an- 
thère, est allongé et la dépasse. L'ovaire est uniloculaire, uni-ovulé, 
et renferme un corpuseule résultant de la soudure des cloisons. Le style, 
épais, est d’abord brisé à angle droit, puis plus tard révoluté en dedans, 
avec un sommet tronqué. 

Parmi les espèces de ce sous-genre, c’est celle dont les feuilles sont le 
plus étroites; on la distingue facilement, même lorsqu’elle n’est pas en 
fleurs, à sa faible pubescence et à son port grêle. ; 


14. — Maranta glumacea Van HouTTE. 
Thalia glumacea C. Kocu, Berl. Allg. Gtztg., 1857, 165. 
De l'Amérique tropicale ? 


B. — Bractées papyracées, fermes, acuminées ou aiguës, munies de poils hérissés, 
soit sur toute leur surface, soit seulement sur la marge. 


45.— Maranta Luschnathiana Rox. et Kere. nd. sem Hort. Petrop. 
1857. 

Phrynium Luschnathianum Hort. Petrop.. C. Kocu, Berl. Allg. Gtztg. 1857, 147. 
Thalia Luschnathiana C. Kocu, Berl. Allg. Gtztg. 1857, 258. 

Les gaines des pétioles, ainsi que les bractées, ovales, acuminées, hé- 
rissées de poils sur la marge; le pédoncule des épis, glabre ; les épis, 
ordinairement deux par deux, rarement isolés. 

Cette belle espèce est aussi originaire du Brésil, d’où elle a été envoyée 


BELG, HORT, 8 


Len 


probablement par Luschnath et Riedel. Les gaines des pétioles sont 
pourvues sur leurs bords de brosses de poils jaunâtres ; elles sont du 
reste également, de même que les pétioles eux-mêmes, couvertes d’une 
pubescence un peu rude qui tend parfois à disparaître; leur longueur 
comporte un pied. Les pétioles sont un peu comprimés, munis d’une 
rigole à leur partie supérieure, longs souvent de plus de 20 pouces, enfin 
pourvus à leur sommet d’une articulation de À à 2 pouces de long, dont 
la face supérieure est tantôt glabre, tantôt couverte de poils rudes. Le 
limbe de la feuille est elliptique, à bords parallèles, glabre, vert foncé 
et brillant en dessus, vert pâle en dessous ; la base est arrondie et un peu 
proéminente; l’extrémité, obtusément arrondie, se termine par une 
toute petite pointe; la longueur est de 7 à 12 pouces sur une largeur de 
35/4 à 61/9. Le rameau floral se trouve, tantôt plus ou moins recouvert 
de longs poils raides, et tantôt presque glabre; son extrémité porte une 
feuille et la plupart du temps deux épis; en comptant la longueur jus- 
qu’au sommet de l’épi supérieur, elle se trouve être de 1 ‘2 pied. De ces 
deux épis, dont la longueur est de 15/4 pouce, et la largeur de 1 !/4, celui 
d’en haut est sessile, ou très-brièvement pédonculé, le pédoncule de 
l’autre est glabre et de longueur très-variable, mais pouvant aller jus- 
qu’à 2/2 pouces. La feuille qui enveloppe la base des épis, est parfois 
atteinte par la gaine. Les bractées sont ovalaires, acuminées, pourvues 
sur le bord de soies jaunâtres, ou parfois glabres; elles forment deux 
rangs, sont unilatérales, et enferment environ quatre fleurs; elles s’em- 
brassent réciproquement dans une imbrication très-serrée; elles sont 
papyracées, vertes, d’une longueur d’environ un pouce sur 5/4 de pouce 
de largeur à la base, et persistent même lorsque la fécondation ne s’est 
pas opérée. Les fleurs sont sessiles; toutes ensemble, ainsi que chacune 
en particulier, sont enveloppées de bractéoles. Les bractéoles de l’enve- 
loppe générale sont largement ovalaires, légèrement émarginées, et ter- 
minées par une petite pointe; elles sont membraneuses, blanchäâtres, et 
munies à leur dos de deux aîles membraneuses et couvertes de poils 
raides. Les bractéoles de chaque fleur sont allongées, pointues, couvertes 
de poils rudes sur leur bord depuis le milieu jusqu’à la pointe, membra- 
neuses et d’un blanc transparent. Les trois sépales se serrent contre le 
tube de la corolle, et l’enveloppent presque entièrement; ils ressemblent 
tout à fait aux bractéoles particulières. Le tube de la corolle est plus de 
la moitié plus court que le calice, et plus large que l’ovaire. Les trois 
pétales s’enroulent par le sommet avec les staminodes en façon de tube; 
ils sont allongés, obtus, glabres, d’un blanchâtre transparent; ils se 
pressent contre les staminodes et se recouvrent par leurs bords. Les deux. 
staminodes externes sont assez semblables, obovés, obtusément arrondis, 
blanchâtres, un peu plus longs que les internes. Le plus extérieur de 
ceux-ci est large, obovale, obtusément arrondi, muni d’une grande pro- 
tubérance jaune foncé, dirigée vers l’intérieur; il est blanchâtre sur ses 


— 115 — 


bords, et jaune dans le milieu. Le staminode en capuchon est blanchâtre 
et pourvu sur un des côtés d’une large oreillette dirigée vers le bas. 
L’anthère est libre; l’appendice pétaloïde, allongé et blanchâtre, se trouve 
soudé jusqu’à la base de l’anthère, dont il a à peu prés la longueur. 
L’ovaire est revêtu, principalement à la pointe, de poils blancs serrés; 
il est à une seule loge et un seul ovule, et contient aussi un organe formé 
par la soudure des cloisons. Le style, recourbé en dedans à angle droit, 
est creux à son sommet. Fruit monosperme; péricarpe membraneux. La 
graine, tronquée, en forme de baril, est un peu comprimée, ridée longi- 
tudinalement et transversalement, et munie d’une arille prolongée sur 
un des côtés en deux étroits rubans, 


16. —- Maranta setosa À. DiETr. 


Phrynium setosum Rosc. Scit. Lab. 41. 

Thalia setosa C. Kocu, Berl. Allg. Giztg. 1857. 258. 

Phrynium hirsutum Horr. 

Heliconia buccinator Horr. Beroc. ET PETRop. 

Stromanthe setosa A. Gris. Bull. de la Soc. bot. de France, VI, 348. 

Les gaines des pétioles et les pédoncules des épis sont couverts de poils 
raides. Les bractées, qui sont lancéolées-suraiguës, en sont également 
pourvues, les inférieures sur toute leur surface, les supérieures seulement 
sur le bord, depuis le milieu jusqu’au sommet. 

Cette plante, d’origine brésilienne, a été répandue en Europe par le 
Jardin d’Edimbourg. 


47. — Maranta compressa A. Dirrr. 


M. Selloi Horr.? 
Phrynium compressum C. Kocu. Berl. Allg. Gtztg. 1857, 147. 
Thalia Selloi 10. ibid. 1857, 258. 

Probablement aussi du Brésil. Une jeune plante, cultivée dans le Jar- 
din botanique de Pétersbourg sous le nom de A. Selloi, me paraît appar- 
tenir au M. Luschnathiana RL. et Kcke.; quant aux exemplaires du 
M. compressa, cultivés dans le mème jardin, et que je n’ai pas encore 
vu fleurir, ils en sont différents. 


48. — Maranta rotundifolia Horr. 


Phrynium rotundifolium C. Kocx, Berl. Ally. Gtztg. 1857, 147. 
Thalia rotundifolia 1w., ibid. 1857, 258. 


Cette espèce, rapportée par C. Koch à cette section, ne m’est connue 
que de nom. 


— 116 — 


IV. — Espèces dont les aflinités sont restées douteuses pour moi, et qui, 
pour la plupart, ne sont point décrites, mais seulement connues par 
les catalogues des jardins. 

A8bis, — Maranta composita Lx. et Horr. (1) 


Phrynium compositum Horr. 
Thalia composita C. Kocu, Bert. Allg. Gtztg. 1857, 146 et 258. 


C. Koch la réunit avec le Thalia cannaeformis Wizzo., et le Maranta 
dichotoma A. Disrrica; le Thalia cannaeformis Me est difficile à 
rapprocher de ces deux dernières espèces. 


19. — Maranta argyrophylla Line. C. Kocu, in Berl. Allg. Gtztg. 
1857, 245. 

20. — Maranta aurantiaca Horr. 

21. — Maranta borussica Horr. 

22. — Maranta Chouca Horr. 

23. — Maranta coccinea Horr. 

24. — Maranta insignis Horr. 

25. — Maranta leptostachys Hort. NonNuLL. (nec Res. et Kcke). 

26. — Maranta macuiata Horr. 

27. — Maranta pilosa Honr. (nec Lx.) 

28. — Maranta Porteana Horr. 

29. — Maranta pulverulenta Horr. 

30. — Maranta sericea Horr. 

31. — Maranta cannaefolia Horr. 


GENRE THaALia, DE LiNNÉ. 


Le genre Thalia se distingue des genres Maranta et Phrynium par un 
seul staminode extérieur, et du genre Calathea par un ovaire uniloculaire. 
Il est en outre si distinct par une foule d’autres caractères, qu’on a peine 
à comprendre comment C. Koch y a pu réunir des éléments tout à fait 
hétérogènes, par la seule raison qu’il y trouvait dans l’ovaire un corpus- 
cule formé par la soudure des cloisons. Comme nous l’avons déjà dit, 
cela se voit dans toutes les espèces à ovaire uni-ovulé, avec, tout au plus, 
la seule différence que ces cloisons peuvent être moins complètement 
soudées. 

Tous les faux Thalia de C. Koch appartenant au genre Maranta, 


(1) Reconnue identique avec le M. Riedeliana, précédemment décrit. Voir l’Ap- 
pendice. 


— 117 — 


il ne sera pas mauvais de mettre ici en regard les caractèrés distinctifs 
des deux genres. 


MaranTa. THaLia. 
Sépales. 
Plus ou moins grands. | Très-petits. 


Staminodes externes. 
Au nombre de deux. | Un seul. 


Staminode en capuchon. 


L’oreillelte entière. | L’oreillette bipartite jusqu’à la base. 
Style. 
Bord inférieur de l’extrémité peu pro- Bord inférieur de l’extrémité prolongé 
longé. en un long appendice, atteignant presque 
le fond de la fleur. 
Graine. 
Tronquée, gibbeuse; un eanal droit Arrondie, lisse; point de canal entre 
entre les branches de l’embryon. les branches de l'embryon; au contraire, 


sur ses deux côtés et parallèlement à lui, 
un canal recourbé en fer à cheval. 


De plus, les Thalia ont encore les feuilles de forme ovale-allongée. 
Qui ne distingue pas ces deux genres, doit, comme A. Dietrich, les 
réunir tous et ne reconnaitre que le genre Maranta L. 

4. — Thalia geniculata L. Rosc. Scit. tab. 45. 

De l’Amérique tropicale, depuis Mexico jusqu’à Cayenne et Surinam. 
Introduite par Parker dans le Jardin botanique de Liverpool. 

2. — Thalia dealbata Fraser. Rosc. Scit. tab. 46. 

De la Caroline et du Texas. Découverte par Millington et introduite 
par Fraser ; dès 1794, Sowerby en a publié une figure. 

Outre ces deux espèces, on trouve cité dans la Belgique horticole, 
1857, p. 254, le Thalia latifolia comme vivant toute l’année dans l’eau 
à l’air libre en France. S'agit-il ici du Th. latifolia Lx.; s'agit-il même 
d’un véritable Thalia? C’est ce que je ne suis pas en mesure de décider. 


GENRE PHRYNIUM, DE WILLDENOW. 


Le genre Phrynium, qui n’est pas représenté en Amérique, offre les 
plus grandes difficultés pour la caractéristique. La question n’est plus de 
savoir comment distinguer les Phrynium des Calathea, comme au temps 
où on les croyait en partie américains; aujourd'hui tous les prétendus 
Phrynium de l'Amérique méridionale étant reconnus être des Calathea, 
il s’agit de connaître quels sont les caractères qui différencient ce genre 
d'avec les Maranta. Comme il ne m'a été possible d'observer jusqu'ici 
que deux espèces de Phrynium (parviflorum Roxs., et canniforme 
Kexe.), et ce dernier seulement à l’état de fructification, je ne suis pas à 


— 1183 — 


même d'exposer ici rien de satisfaisant, d’autant plus qu’au témoignage 
d'auteurs exacts, comme Roxburgh, des espèces très-voisines varient 
quant au nombre des loges de l’ovaire. Ainsi, ce genre rend douteux un 
caractère que j'avais trouvé constant dans toutes les espèces américaines 
de cette tribu appartenant à un même genre, à savoir le nombre des loges 
de l'ovaire. 

Les Phrynium varient donc pour le nombre des loges fertiles de 
l'ovaire, le Phr. parviflorum Roxs. n’en ayant qu’une, le Phr. capitatum 
Wizzp. en ayant trois, à un ovule chacune, et enfin le Phr. canniforme 
Kcexe., dont l’ovaire présente aussi trois loges uni-ovulées, possédant (peut- - 
être pas toujours) un fruit uniloculaire monosperme. Cela dit, et le 
nombre de deux staminodes extérieurs étant commun aux genres Maranta 
et Phrynium, il ne reste plus à ce dernier que les caractères suivants : 

Le tube de la corolle y est droit et étroit, tandis que chez les Maranta 
il est plus long, courbé, et un peu plus large. L’anthère, au lieu d’être 
libre comme chez les Maranta, est soudée sur toute sa longueur à l’ap- 
pendice pétaloïde. Le fruit (au moins chez le Phr. canniforme Kcke.) est 
sec, charnu et devient ratatiné chez les exemplaires desséchés; il est 
membraneux chez les Maranta. Chez les Phrynium (canniforme Koxe.), 
la graine est arrondie, sans arille ni plaque scutiforme, tandis que celle 
des Maranta possède l’une et l’autre, et est tronquée. Le canal situé 
entre les branches de l’embryon se bifurque en deux larges prolonge- 
ments en dessous de la courbure, chez les Phrynium (canniforme Koke.); 
chez les Maranta, il cesse précisément à cet endroit, et est par consé- 
quent simple et en même temps plus étroit. Il faudra enfin savoir, par 
l’étude des autres espèces asiatiques et africaines de ce genre, jusqu’à 
quel point ces divers caractères se maintiennent constants. 


4. — Phrynium parviflorum Roxs., Rose. Scit. tab. 54. 


Du Bengale occidental. Wallich l’a introduit de Calcutta au Jardin 


botanique de Liverpool en 1820. IL y a été en fleurs pendant l’année 
1823. 


GENRE CALATHEA, DE G. F. W. MEYER. 


Le genre Calathea, caractérisé par un seul staminode externe et trois 
loges fertiles à l'ovaire, et restreint à des espèces de l’Amérique méri- 
dionale et peut-être aussi du Mexique, a été jusqu'ici toujours plus ou 
moins confondu avec le genre Phrynium, qui s’en distingue par deux 
staminodes externes et par une anthère soudée sur toute sa longueur, et 
qui, de plus, n’est point représenté en Amérique. C’est avec raison que 
Lindley a réuni aux Calathea toutes les espèces américaines qu’on avait 
jointes aux Phrynium, mais il n’avait pu baser cette rectification sur 
aucune autre raison que la distribution géographique. D'autres ont 
cherché à séparer artificiellement les Phrynium à anthère libre des 


2e AMONIEE 


Calathea proprement dits à anthère soudée, ce que j'ai déjà dit plus 
haut être erroné, car, chez toutes ces espèces, l’anthère est au moins 
soudée jusqu’au milieu; seulement, chez les Calathea proprement dits, 
l’appendice étant plus large, tandis qu’il est très-étroit au sommet chez 
les autres, il était facile de s’y tromper. 

Les groupes suivants, que j'établis parmi les Calathea, deviendront 


peut-être plus tard plus aisés à caractériser au moyen des organes flo- 
raux, qu’il ne m'a été possible de le faire. 


[. — ŒEucalathea. 


Bractées placées sur deux rangées, opposées, d’un rouge brique et d’une consistance 
de parchemin. 


4. — Calathea discolor G.F. W. Meyer. 
Phrynium Casupo Rosc. Scit. tab. 34. 

De Vénézuéla, de Surinam, de la Guyane anglaise et de Ja Trinité, 
d’où Parker l’a apportée au Jardin botanique de Liverpool. Les feuilles 
de cette espèce et de plusieurs autres peuvent être tressées et employées 
à divers usages. Comme pour les autres espèces de ce sous-genre, les 
caractères spécifiques ne sont pas encore suffisamment connus. 

2. — Calathea marantina C. Kocu, Berl. Allg. Gtztg. 1857, 165. 

Phrynium marantinum WiLLneNn. 

Envoyée du Vénézuéla par Moritz. Elle a fleuri pour la première fois 

à Berlin en juin 1855, dans le jardin de Casper. 


II. — Anguste spicatæ. 
Bractées sur deux rangs, opposées, vertes (membraneuses ?). 
3. — Culathea villosa Linoe., Bot. Reg. 51, lab. 14. 
Envoyée de la Guyane anglaise par Rob. Schomburgk aux frères 
Loddiges, dans le jardin desquels elle a fleuri en juillet 1845. 
Var. pardina. 
Calathea pardina PLancuon et Lixnen, F4. d. Ser., série 2, À, 53, tab. 1101 et 1102. 
Originaire des forêts humides et épaisses qui bordent le fleuve Magda- 
lena, dans la Nouvelle-Grenade ; elle a été envoyée par Schlim à Linden, 
dans les serres duquel elle a fleuri pour la première fois en septembre 


1544. 
III. — Grandifioræ. 


Fleurs grandes (de même que dans les groupes précédents); épis la plupart du 
temps sessiles et à fleurs peu nombreuses; les bractées à peu près toutes égales, ou 
les inférieures de moitié plus courtes que les supérieures. 


k. — Calathea flavescens Linoe., Bot. Reg. XL, tab. 952. 
Phrynium grandifiorum Rosc. Scit. tab. 33. 

Envoyée de Rio-Janeiro en 1822, par J. Forbes, à la Société d’'Horti- 
culture de Londres, dans le jardin de laquelle elle a fleuri en août 1824. 
De ce jardin, elle fut envoyée à celui de Liverpool, où elle fleurissait déjà 
en juillet 1824, 

5. — Calathea trifasciata Koxe. 

Phrynium trifasciatum C. Kocu, Berl. Allg. Cia. 1857, 162 et 257, tab. 6. 

Patrie encore inconnue. 


LOS 


IV. — Ppseudophrynium., 


Fleurs plus petites ; les bractées dirigées dans tous les sens, réunies en épis touffus. 
6. — Calathea grandifolia Lino, Bot. Reg. tab. 1210. 
Phrynium cylindricum Rosc. Scit. tab. 40. 

Richard Harrison l’introduisit du Brésil dans le Jardin botanique de 
Liverpool, où elle fleurit en février 4827. Le Jardin de la Société d'Hor- 
ticulture la reçut en 1826 de Rio-Janeiro, par Henry Chamberlaine ; elle 
y était également en fleurs pour la première fois en 1827. 

7. — Calathea orbiculata Lonn., Bot. Cab. tab. 1879. 

Maranta truncata Lx. 

Du Brésil. Les frères Loddiges la reçurent en 1830 du Jardin botanique 
de Leyde. 

8. — Calathea zebrina Linpr., Bot. Reg. ad tab. 1210 in textu. 


ReceL, Garlenfl. 5 (1856), tab. 167. 
Maranta zebrina Sius., Bot. Mag. 44, tab. 1926. 
Phrynium zebrinum Rosc. Scit. tab. 56. 


Du Brésil. Introduite par Woodford dans le Jardin des Pharmaciens de 
la marine à Chelsea; elle y fut dessinée et décrite par Sims en 1826. 


PJ. III. Calathea fasciata, Rec. et KCKkE. 


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. Anatomie du Calathea fasciata. 


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48 


9. — Calatheu fasciata Rec. et Kcke. 

Maranta fusciata Linven. C Kocu., Berl. Allg. Gtztg. 1857, 243. 

Cette plante a été découverte par le voyageur Marius Porte, dans les 
Catinga de la partie méridionale de la province de Bahia, au Brésil, et 
répandue dans le commerce par Linden sous le nom de Maranta fas- 
ciata. Le mérite de l'avoir fait fleurir pour la première fois revient à 
M. Siesmayer de Kamenostrow à Pétersbourg, qui avait recu de Belgique 
de nombreux exemplaires de cette plante nouvelle et intéressante. Elle 
a été figurée et décrite dans le deuxième fascicule des Mittheilungen des 
Petersburger Gartenbauvereins. 

Sa taille est à peine de ‘}2 pied, avec des feuilles proportionnellement 
très-grandes, qui se pressent en une touffe. L’extrémité renflée du pé- 
tiole, longue d’un pouce, est faiblement velue sur la face supérieure; 
pour le reste, le pétiole est glabre, épais, élargi vers la base en une large 
gaine glabre, et comporte jusqu’à 3 pouces de longueur. La lame est 
assez plane , orbiculaire-transversale, obtusément arrondie à la base et 
au sommet; celui-ci est surmonté d’une petite pointe; les deux faces sont 
glabres; la supérieure est brillante, avec les plus magnifiques reflets 
changeants; elle porte 6 à 8 bandes transversales, obliques, alternative- 
ment vert-sombre et blanches; elle est verte vers la marge, ainsi que 
vers la nervure médiane, qui est un peu rouge à la base; la face infé- 
rieure est d’un vert pâle, souvent un peu rougissant, à ponctuation 
blanche serrée, et la nervure médiane, saillante, et d’un vert rougeûtre; 
cette feuille a jusqu’à 6 ‘/2 pouces de diamètre. L’épi floral est briève- 
ment pétiolé, et caché sous les feuilles; son pétiole est radical, court, 
comprimé, glabre, de 1 ‘/4 pouce de longueur. Les bractées sont ovales, 
longuement acuminées, glabres, minces, surtout près du bord et vers la 
pointe, où elles sont aussi brun sale et de couleur changeante, tandis que 
le reste est vert, ponctué de rouge; elles sont comprimées, dressées et 
dirigées dans tous les sens. Les bractéoles sont en ovale-allongé, obtuses, 
glabres, naviculaires, minces et membraneuses, blanches et translucides. 
Les fleurs sont sessiles, assez grandes, blanches. Les sépales sont linéai- 
res-allongés, acuminés, glabres comme toute la fleur, parcourus par des 
nervures, minces et membraneux, d’un blanc transparent, et faiblement 
ponctués de pourpre sale. Le tube de la corolle est plus long que le calice. 
Les pétales sont allongés, assez aigus, naviculaires, blanes, tachés de 
pourpre sale au sommet. Le staminode du verticille extérieur est en ovale 
renversé, un peu mucroné, obtus et émarginé. Le plus extérieur des 
staminodes du verticille intérieur est presque égal au précédent par la 
forme et la grandeur, impressionné superficiellement et transversale- 
ment à l’extrémité, pourvu intérieurement et sur un des côtés d’un nec- 
taire saillant. Le staminode le plus intérieur est beaucoup plus court et 
plus petit, en forme de capuchon, muni sur un des côtés d’une oreillette 
dirigée vers le haut, calleux en bas sur le bord. L’étamine fertile est 


2 pp 


égale en longueur à ce staminode; l’appendice pétaloïde est soudé jus- 
qu’au milieu de l’anthère. L’ovaire est glabre, triloculaire, tri-ovulé. Le 
style est courbé en dedans, épais, comprimé. 


10. — Calathea pulchella Kcke. 
Maranta pulchella Line, in Hort. CG. Kocu, Bert. Allg. Glztg. 1857, 149 et 245. 
Suivant C. Koch, ce n’est qu’une variété du C. zebrina. 


11. — Calathea Warscewiczii Kcke. 

Phrynium Warscewiczii KL. in Otto et Dietr. Allg. Glztg. 25 (1855), 89. 
Maranta Warscewiczii MATHIEU. 

Elle a été introduite par Warscewiez dans le jardin de L. Mathieu, à 
Berlin, et répandue parce dernier. Elle a fleuri pour la première fois, au . 
commencement de l’année 1855, dans les serres de Dannenberger, à 
Berlin. 


12. — Calathea eximia Kcke. 
Phirynium eximium C. Kocu et Boucxé. App. sem. Hort. Berol. 1855, 11. Bert. 
Allg. Gtzig. 1857, 161. 


Maranta eximia L, Maruieu. 
Introduite aussi de l’Amérique tropicale par Warscewicz dans le jardin 
de L. Mathieu et propagée par ce dernier. 
15. — Calathea violacea Lino. Bot. Reg. 11, ad tab. 952 in textu; 
12, tab. 962. 


Plrynium violaceum Rosc. Scit. lab. 37. 
Phrynium floribundum Leu. Jurd. Fleur, 2 (lab. 189). 


Introduite de Rio-Janeiro en Angleterre par Ross, et figurée en 1826, 
par Lindley. D’après Miquel, elle existe aussi à Surinam. 


14. — Calathea macilenta Lixoz. Bot. Reg. ad tab. 1219 in textu. 
Lodd. Cub. tab. 1781. 

Introduite de Rio-Janeiro dans le Jardin de la Société d’'Horticulture, 
et décrite en 1828, par Lindley. 

15. — Calathea Myrosma Kexe. 


Myrosma cannaefolia LiNNÉ FiLs. 
Phrynium Myrosma Rosc. Scit. tab. 39. 


Surinam. Paraît très-voisine de la précédente. 


16. — Calathea varians C. Koca et Marmieu. [nd. sem. hort. Berol. 
1855, 12. Berl. Allg. Gtztg. 1857, 162. 


Phrynium discolor HoRT. NONNULL. 
Maranta discolor HoRT. NONNULL. 
Heliconia discolor HorT. NONNULL. 


Introduite de l'Amérique tropicale par Warscewiez. 


47, — Calathea angustifolia Kcke. 
Maranta discolor HorTt. PETROPOL. 
Heliconia discolor Horr. BeroL. 
Très-voisine de l’espèce précédente, dont elle diffère par ses feuilles 
velues. 


HO 


48. — Calathea micans Kcke. 


Var. «. genuina. — Plus petite, ayant 1/2 pied de haut environ; feuilles striées 
de blanc près de la nervure médiane sur la face supérieure, d’une teinte 
brunâtre Lirant sur le lilas, à la face inférieure. 

Phrynium micans Kiorïscu, in Orro et Dierr. Glztg. 22 (1854), 249. 


Du Pérou. Fleurissait pour la première fois en juillet 4854, chez 
Mathieu, à Berlin. 

Port humble; formant gazon; hauteur de 5 à 6 pouces. Le pétiole est 
élargi vers le bas en une gaine à oreilles, glabre, d’un brun lilas, longue 
de 1 3/4 pouce; il est brièvement velu à sa face supérieure, glabre sur 
tout le reste, d’un brun lilas ou d’un brun verdâtre, long de 2 pouces au 
plus, inclus à la base par des gaînes glabres et sans feuilles. La lame est 
elliptique, aiguë, obtuse à la base, papyracée, pourvue sur la nervure 
médiane de la face supérieure d’un peigne de poils raides, jaunâtres, 
d’égale longueur et sensiblement placés sur une seule rangée; les deux 
côtés sont toujours glabres; une large bande blanchâtre, rayée de rose 
ca et là, suit la nervure médiane de la face supérieure. Le reste de cette 
face est d’un vert foncé brillant. La face inférieure est d’un brun-lilas 
mat. La longueur est de 1 3/4 à 2 1/2 pouces sur 8 à 12 lignes de largeur. 
Le pédoncule floral est dénué de feuilles, glabre, ponctué vers l’extré- 
mité, cylindrique, mince, dressé, d’un lilas verdâtre foncé, d’une lon- 
gueur de 2 à 4 pouces. Les bractées sont au nombre de 4 à 5, ovales, 
acuminées, ciliées très-faiblement vers l’extrémité, glabres pour le reste, 
vertes, à marge lilas verdàtre. Les bractéoles sont glabres. Les sépales 
sont lancéolés, acuminés, glabres, décolorés, verts sur le bord. La fleur 
est blanche. Le tube de la corolle est un peu plus long que le calice, et 
glabre. Les pétales sont allongés, ohbtus, et surmontés d’une petite 
pointe, qui est faiblement velue, tout le reste étant glabre. Le staminode 
externe est en ovale-renversé, obtusément arrondi, assez profondément 
émarginé, mucroné, glabre. Les trois staminodes internes sont glabres; 
le plus extérieur est assez semblable au staminode externe, il est en 
ovale-renversé, obtusément arrondi, émarginé, pourvu sur un des côtés 
d’un petit nectaire, au-dessus duquel il est fort prolongé. Le staminode 
en capuchon (de même que l’étamine fertile) est beaucoup plus petit et 
porte une oreillette dressée. L’appendice pétaloïde de l’étamine fertile 
est soudé presque jusqu’au milieu de l’anthère, et rétréci peu à peu vers 
le haut. L’ovaire est glabre, triloculaire, tri-ovulé. Le style est recourbé 
en dedans. 

Cette variété, par sa taille peu élevée et ses propriétés, se rapproche 
du Calathea ornata Kcxe. ; mais elle se distingue de toutes les espèces du 
genre par la pectination poilue qui s’élève sur la nervure médiane des 
feuilles. 


— 1925 — 


Var. G. robustior. — Plus haute et plus robuste, atteignant jusqu’à 3/4 de pied ; 
face supérieure des feuilles verte près de la nervure, variée de blanc vers la 
marge ; face inférieure d’un vert pâle, souvent teinté de lilas brunâtre vers la 
marge. 


Au premier abord, par suite de sa croissance plus robuste et de la 
coloration différente de la face inférieure des feuilles, cette nouvelle 
variété du Calathea micans fait l’effet d’une espèce distincte. Mais tous 
les autres caractères concordent si exactement, qu’elle ne constitue bien 
certainement qu'une variété. 

Le pétiole, vert, comporte jusqu’à 5 pouces de long; il se renfle au 
sommet en une articulation de trois lignes de longueur; à la base, il 
s’élargit en une gaîne longue et blanchâtre, de 1 à 2 3/4 pouces de long. 
La lame de la feuille est à côtés inégaux; sa longueur varie de 5/4 de 
pouce à 2 1/2 pouces, et sa largeur de 3/4 de pouce à 1 1/2 pouce. Le 
rameau floral est d’un vert pâle, et se colore en brun-rouge vers le haut; 
en y comprenant les épis, il est beaucoup plus court que les feuilles, car 
il n’a que 21/2 à 5 1/2 pouces de longueur. On compte jusqu’à neuf 
bractées. Les sépales sont blanchâtres. Le staminode externe est émarginé. 
Tous les autres caractères de cette plante, cultivée dans les jardins sous 
le nom de Maranta species e Cayenne, concordent avec ceux des Calathea 
micans typiques. Elle a fleuri récemment dans le Jardin botanique de 
Pétersbourg. 


49. — Calaihea ornata Kcke. 
Maranta ornata Linpen, F1. des Serr. 4 (1848) tab. 413 et 414. 
Var. « : Foliis albo-lineatis, Lin. F1. des Serr., 4, lab. 415. 
Var. 8 : Foliis roseo-lineatis, Lino. F1. des Serr., 4, tab. 414. 


Ces deux variétés ont été introduites de Cayenne et de Colombie, par 
Linden. 


Var. 7 : Regalis, Van Hourre. F1. des Serr., 10 (1854-1855), tab. 1066 et 1067. 
Originaire de Lima; répandue par Rollison. N’a pas encore fleuri. 


20. — Calathea Allouya Lino. 
Phrynium Allouya Rosc. Scit., tab. 38. 


Des Antilles (Saint-Domingue, Saint-Vincent et la Martinique), de 
Cayenne et de Surinam. Tubercules comestibles. Cultivée dans le Jardin 
botanique de Liverpool. 


24. — Calathea vittata KCKE. 


Phrynium vittatum Horr. C. Kocn, Berl. Allg. Gtztg. 1857, 147. 
Maranta vittata Horr. 


Phrynium pumilum Orro et Dierr. Gtztg. 21 (1853), 359. C. Kocn, Berl. All. 
Gtztg., 1857, 147, sub. Sect. II. 
22. — Calathea longibracteata Lin. Bot. Reg. 12, tab. 1020. 


Introduite de Rio-Janeiro en 1824, par David Douglas, dans le Jardin 
de la Société d’Horticulture de Londres. 


— 1926 — 


25. — Calathea variegata Kcke. 
Phrynium variegatum C. Kocn. Bert. Allg. Gtztg. 1857, 447. 
Maranta variegata Horr. 
Fleurs encore inconnues. 
24%. — Calathea metallica, Kcke. 
Phrynium metallicum C. Kocu. Berl. Allg. Gtztg. 4857, 147. 
Maranta metallica Horr. 


Fleurs encore inconnues. 


V — Espèces non décrites, et dont les noms seuls me sont connus. 


Calathea Rossit. 
Phrynium Rossii Lopn. Cat. in Sweet. Hort. Brit. ed. 3, 658. 


Du Brésil. Peut-être identique avec le C. violacea Lip. ? 


Calathea littoralis. 
Phrynium littorale Lenes. in Sweer Fort. Brit. ed. 3, 658. 


Du Brésil. Espèce très-douteuse, car Sweet ne fait pas connaitre où 
Ledebour l’a décrite, et elle ne se trouve pas dans son herbier. 


Calathea nobilis. 
Phrynium nobile C. Kocu. Bert. Allg. Gtztg. 1857, 147. 


GENRE MonosTicHe, DE KOERNICKE. 


Ce genre tient de très-près à celui des Calathea, mais il s’en distingue 
par le manque absolu de staminode extérieur, joint à un facies spécial. 

Jusqu'ici une seule espèce de ce genre existe dans les jardins; mais, 
si la feuille est exactement figurée dans Hooker, l’Herbier du Jardin bo- 
tanique de Pétersbourg en possède une seconde. 


4. — Monostiche colorata KcKe. 
Phrynium coloratum Wook. Bot. Hag., 3010. 


Introduite par Richard Harrison, du Brésil en Angleterre, où elle fleu- 
rissait déjà en 1850. 


V 
APPENDICE. 


Tout récemment, on a de nouveau réuni en une même famille les Can- 
nacées et les Zingibéracées. J’ai pourtant indiqué les différences essen- 
tielles qui existent entre leurs fleurs. Un motif cependant qui m’empêche 
de regarder les deux familles comme décidément distinctes, c’est la cir- 
constance, déjà mentionnée par C. Koch, que, hors l’état de floraison, 
. il est impossible de distinguer les Cannacées de la famille voisine. Ceci 
toutefois n’est vrai que pour les Cannées, car, pour les Marantées, leur 


HOT 


pétiole renflé à l’extrémité les fera suffisamment reconnaître. I] est vrai, 
ainsi que je l’ai dit, qu'une pareille forme existe également chez les 
Aroïdées, mais la structure anatomique est très-différente. En effet, 
tandis que chez ces dernières, le tissu cellulaire de ce renflement est 
uniforme et seulement interrompu par des faisceaux vasculaires épars, 
chez les Marantées au contraire, le tissu cellulaire intérieur est ceint 
d’une couronne à rayons obliques, formés de cellules allongées, dont 
l'extrémité extérieure est située plus bas que l’intérieure. Si on brise le 
renflement, ou si on le coupe suivant la direction de la longueur de ces 
cellules, elles se présentent avec un éclat soyeux. 

Au contraire, sans les fleurs, les Cannées ne paraissent pas au premier 
abord susceptibles d'être distinguées des Zingibéracées. Et pourtant, si 
on y regarde de plus près, on trouvera aussi un caractère particulier 
qui les fera reconnaitre. Les Zingibéracées possèdent une pellicule 
foliacée, du genre de la ligule des Graminées, tantôt plus grande, 
tantôt plus petite, mais toujours existante, du moins chez toules les 
espèces que j'ai eues à ma disposition, et qui appartenaient aux gen- 
res Costus, Curcuma, Alpinia, Amomum, Roscoea, Zingiber, Globba, 
Helenia, eic. Cette ligule manque chez les Cannées. 

En même temps que mon travail, il a paru, dans l’Appendice au Cata- 
logue des graines du Jardin botanique de Berlin, pour l’année 1857, 
page 9, une Monographie des espèces du genre Thalia cultivées dans ce 
jardin, et due à M. H.Steudner. Cette monographie est écrite en conformité 
avec les opinions de C. Koch, dont j'ai exposé la réfutation. Il y inserit 
comme Thalia les espèces suivantes : Maranta setosa À. Dierr., 
M. compressa A. Dierr., M. Luschnathiana Rev. et Kcke., M. gluma- 
cea Van HourrTe, M. composita Lr., M. leptostachya Rer. et Keke., 
M. Jacquini R. et Scu., M. sanguinea Koxe. et Thalia dealbata Fras., 
Cette dernière espèce vient former une exception à sa caractéristique, 
car elle n’a qu’un seul staminode externe (pour lui un pétale intérieur 
en avant), tandis que toutes les autres en ont deux, ce qu’il a donné pour 
caractère à son genre Thalia. Le genre Maranta doit, suivant l’auteur, 
se caractériser par le staminode en capuchon qui doit être à deux divi- 
sions, et par un ovaire uniloculaire, c’est-à-dire sans tenir compte du 
corpuscule formé par la soudure des cloisons. Je crois inutile de répéter 
tout ce que j’ai dit pour faire voir que ces deux caractères n’existent pas 
dans la nature. Enfin, d’après ces descriptions, il faudrait placer main- 
tenant le Maranta glumacea Van HouTre, dans le sous-genre Saranthe, 
à la suite du Maranta leptostachya Ro. et Kcke. 

Dans mon énumération, j'ai décrit une nouvelle espèce, le Maranta 
Riedeliana Kcxe. D’après la description que Steudner donne de son 
Thalia Linkiana (Thalia composita C. Kocu, Phrynium compositum 
Lux, Maranta composita Horr.), et aussi d’après des exemplaires 
desséchés que l’obligeance de M. le D" Klotzsch m'a communiqués, il 


— 128 — 


est évident que les deux espèces n’en font qu’une. Comme la description 
de Steudner a paru en même temps que la mienne, et que les autres. 
noms n’ont aucun droit à la préférence, il faudra done nommer cette 
plante Maranta Linkiana, car elle n'appartient nullement au genre 
Thalia(). 


Explication des planches. 


Planche III. 


Calathea fasciata Rer. et Kcke. 1/5 de grandeur naturelle. 


Planche IV. 

1. Calathea fasciata. La fleur, de grandeur naturelle. 
2. Sépale. 
3. Pétale. 
4. Les verticilles de staminodes, grossis : 

a. Staminode du verticille extérieur. 

b. Staminode extérieur du verticille intérieur (le staminode nectarifère). 
L’étamine fertile, grossie. 
Le staminode le plus intérieur (staminode en capuchon), un peu grossi. 
Le style. a. Masse de pollen. 
7. Coupe transversale du style. 
8. Coupe transversale de l'ovaire. 
9. Grain de pollen, dont l'enveloppe extérieure a crevé dans l’eau. 


FU 


(1) Cet appendice a paru dans le numéro de septembre1859 du journal Gartenflora. 
Nous avons pu faire dans le corps même de la notice les différentes rectifications qui 
y sont indiquées. 

Les articles du Maranta noctiflora et du Calathea micans ont paru dans la même 
livraison ; nous les avons intercalés à leurs places respectives, de même que celui du 
Calathea fasciata, qui a paru dans la livraison de mai 1859. 

Enfin, nous devons mentionner une communication faite dernièrement à l’Académie 
des Sciences de France par M. Arthur Gris (Comptes-rendus, octobre 1859), et qui a 
trait à la morphologie de la fleur des Marantées. Comme , en définitive , les idées de 
M. A. Gris reviennent à l’explication de M. le Dr Koernicke, hâtons-nous de constater 
que la priorité appartient incontestablement à ce dernier, car c’est à la fin de 1858 
qu'a paru l'excellent et substantiel travail dont nous terminons ici la traduction. 


A. DE B. 


à. 2. LA ARR 
L, PP € 


12. Amaryllis radiata L'Héritier 3. Sarcanthus teretifolius Lindley 


— 129 — 


HORTICULTURE. 


DESCRIPTION DU SARCANTHUS TERETIFOLIUS Luwor., OÙ 
SARCANTHUS A FEUILLES RONDES. 


FAMILLE DES ORCHIDÉES. — GYNANDRIE MONANDRIE, 


(Représenté pl. IX, fig. 5.) 


SarcanTaus (Linpc., Coll. Bot., t. 39 B). Perianthum explanatum. Sepala et petala 
subæqualia. Labellum breve calcaratum, trilobum, carnosum, cum columna articu- 
latum; calcare intus semibiloculari. Columna erecta, semiteres. Anthera bilocularis. 
Pollinia 2, porticè lobata, caudiculâ glandulâque variis. 

Herbæ epiphytæ caulescentes. Folia disticha, plana v.teretia. Racemi oppositifolii. 
Flores speciosi. 

Sarcanthus teretifolius, foliis teretibus, spicà simplici horizontali foliis aequali, 
sepalis petalisque oblongis obtusis reflexis, labelli calcare recto obtuso intus pubes- 
cente in lamina ovata acuta carnosa producto, facie columnæ villosa. — Sepala et 
petala luteo-viridia, venis tribus sanguinèis notata. Labellum album, margine faucis 
violaceo. Rostellum truncatum. 

Habitat in China. 

Linpz., Gen. and Spec. of Orch., p. 253 et 234. — Bot. Mag., LXIV, 5571. 

Vanda teretifolia , Lanos,, in collect. Bot., t. 6. — Bot. Reg., VIII, 676. 


Les Sarcanthus forment un genre intéressant, peu nombreux, de la 
famille des Orchidées, tribu des Vandées. Leurs affinités les rapprochent 
des Vanda et méme des Aerides, avec lesquels ils furent d’abord con- 
fondus. Les principales espèces telles que les S. paniculatus Lixor., 
rostratus Linpc., et succisus LinpL. sont originaires des contrées chaudes 
de la Chine. 

Il en est de même de celle qui nous occupe, le Sarcanthus teretifolius, 
que nous avons trouvée fleurie cet hiver, dans le vaste établissement de 
Mr Jacob-Makoy et C°; bien que moins brillante que la plupart des 
Orchidées, nous l’avons dessinée et décrite comme une plante intéres- 
sante et encore peu connue. Elle ressemble quant au port, au Vanda teres, 
s'élève en serpentant à près d’un mètre de hauteur, en émettant succes- 
sivement des feuilles cylindriques. Les fleurs sont disposées en épi 
pendant, au nombre de 8 à 12 : leurs sépales et les deux pétales sont 
vblongs, rejetés en arrière, d’un jaune verdâtre, relevé de trois stries 
rouges : quant au labelle il est éperonné, assez épais, blanc avec quel- 
ques traits roses. 

Le S. teretifolius se cullive comme ses congenères des Indes orien- 
tales sans réclamer de soins spéciaux. 


BELG. HORT., TOME X. 7 


NOTE SUR L’AMARYLLIS (LYCORIS) RADIATA L’Herir., OU 
AMARYLLIS RAYONNANTE. 


(Représenté pl. IX, fig. 1-2.) 


Lycoris (Herbert). Perigonium superum, corollaceum, infundibulare ; tubo declinato 
trigono, intus serto extrastamineo brevissimo crenato-repando sub filamento summo 
interrupto coronato ; fauce ampliata, una cum limbo sursum curvata; limbo 6-partito, 
uni-vel subbilabiato; laciniis undulatis, mucronatis, reflexo-patentissimis, subae- 


qualibus (alternis brevioribus Endl.). Stamina 6, fauci aequaliter inserta, declinato- 


adscendentia ; alterna paulo-breviora. Filamenta subulato-filiformia. Antheræ oblongæ 
incumbentes. Ovarium inferum, ovatum, obtuse trigonum, triloculare; ovula 4-5 in 
quolibet loculo biseriata. Columna stylina filiformis, directione staminum. Stigma 
simplex (trifidum Jacq.). 


Herbæ chinenses, bulbiferæ, scapigeræ. Folia coætanea, distichà, lorato linearia. 


Scapus solidus, umbellato- Re de Spatha diphylla. ie pedicellali, horizon- 
taliter patentes. 

L. ranrara Herb. App. 20. Id. in Bot. Mag. fol. 2115, p. 5. G. Amaryll. 229. Roem. 
Am. 146. — Limbi laciniis radiato-reflexis linearibus, undulato-crispis (omnibus vel 
5 tantum in labium superius semicirculatim radians approximatis Garvl.); infima 
divaricata; foliis lineari-ligulatis, glaucis; scapo compresso; genitalibus declinatis, 
limbo duplo longioribus. Roem. 

Amaryllis radiata, L'Henir., Sert. 16; Air., Kew., 1, 421, ed. 2, 2, 298; Waruo., 
Spec., 2, 60, Andr. Bot. Rep., t. 95; Gawz., in Bot. Reg., t. 596, et in Journ, of Sc., 
2, 564; Gusn., Revis, 22; Scaurr, Syst., 7, 851; Roxs., Flor. Ind., 2, 140. Lilio- 
Narcissus, V.Tnew., F1. imag., t. 35 (nec Seligm. Aves., 55). Yuk-lan Chinens. 

China, Japonia; in Coromandelia eulta. 

Nerine radiata Sweet. 


Quelques botanistes désignent sous le nom payen de Lycoris deux ou 
trois plantes qui diffèrent en réalité fort peu des Amaryllis; tels sont 
les Lycoris aurea et Lycoris radiata, auxquels on peut adjoindre 
avec Lindley le ZL. straminea. Les deux premières sont d’anciennes 
plantes, introduites à l’époque et par les soins de Fothergille La mode 
et les nouvelles venues les ont un peu trop repoussées à l'écart. II y a 
quelques années la Flore des Serres de M. Van Houtte rappelait (T. IV, 
pl. 410) les mérites du L. aurea. Quant au L. radiata dont notre 
planche peut donner une faible idée, il est beaucoup plus brillant, d’une 
forme et d’un coloris en tous points dignes d’admiration. Il est origi- 
naire de la Chine et du Japon, où il est cultivé sous le nom de Yuk-lan, 
ainsi que dans le Coromandel. Dans notre pays il fleurit en serre au 
mois de mars, après avoir été un peu forcé à l’entrée de l’hiver. Pendant 
l’été et l’automne on laisse les bulbes se fortifier dans un sol sec et 
peu échauffé, 


ride: 


— 151 — 


NOTICE SUR LE STURTIA GOSSYPIOIDES, R. Br.(t). 
NOUVEL ARBRISSEAU À FLEURS DE LA NOUVELLE-HOLLANDE, 


Par M. Le D' C. Kocu. 


Lorsque le capitaine Sturt fut chargé, il y a une vingtaine d’années, de 
faire une expédition dans l’intérieur de la Nouvelle-Hollande, il recueillit 
aussi des plantes, dont la détermination fut confiée à l’éminent botaniste 
Robert Brown, que la science a perdu depuis deux ans. Parmi elles se 
trouvait un sous-arbrisseau dont les fleurs ressemblaient à celles du 
cotonnier, mais avec les différences d’un calice extérieur composé de 
trois bractées entières, et d’intervalles entre les dents du calice. R. Brown 
considéra ces différences comme suffisantes pour l'établissement d’un 
genre à part, qu’il dédia au capitaine Sturt, et il donna à l'espèce le 
nom de Sturtia gossypioides, à cause de sa ressemblance avec le 
cotonnier. 

Depuis lors, Richard Schomburgh, connu par son voyage à la Guyane, 
et aujourd’hui fixé à Buchsfeld, près Adélaïde, dans la Nouvelle-Hol- 
lande, a retrouvé la plante, et en a envoyé des graines à Fr. Ad. Haage, 
jun. à Erfurt. Schomburgh en vante beaucoup la beauté, et il croit 
qu’elle pourra se répandre autant que les espèces d’Abutilon les plus 
estimées; nous lui devons beaucoup de reconnaissance d’avoir enrichi 
nos jardins d’une semblable plante. Nous remarquons que M. Fr. Ad. 
Haage en a déjà élevé de jeunes plantes, et que, dans son dernier cata- 
logue, il les met en vente à 2 thalers l’exemplaire, tandis qu’il en 
vend les graines au prix d’un thaler les trois grains. 

Comme il est intéressant d’avoir quelques détails de plus, nous nous 
permettrons d’exposer ici ce que nous en apprend Rob. Brown, dans 
V’Appendice de la Description du Voyage de Sturt, et qui nous est con- 
firmé par M. Haage. 

C’est un sous-arbrisseau entièrement glabre, d'environ 6 pieds de 
hauteur; ses rameaux sont pourvus de feuilles alternes, trinerves, d’un 
pouce de diamètre, et portées sur un pétiole de la même longueur. Sui- 
vant Fr. Ad. Haage, elles ont une couleur vert-clair et sont couvertes 
de points noirs et d’une efflorescence bleuâtre. Les pétioles floraux soli- 
taires leur sont à peu près opposés, et portent à leur partie supérieure 
une petite feuille. Les deux stipules placés à la base du pétiole de celles- 
ci, sont séparées, bien qu’elles paraissent soudées avec le pétiole, et 
ont une consistance membraneuse sèche. 


(1) Sturtia gossypioides, R. Br., in Sturt’s Narr. Exped. inlo centr. Austr. Il, 
app., p. 68. 


— 152 — 


Les trois folioles du calice extérieur ou calicule, sont cordiformes, 
entières, et pourvues de points glanduleux noirs. Il se trouve des échan- 
erures en arc entre les dents du calice. Les pétales couleur de pourpre 
ont 4 1/2 pouce de long et ont une couleur si sombre à leur base ciliée, 
qu’elle paraît presque noire. Elles se distinguent aussi, de même que 
le tube du calice, par des points glanduleux noirs. Le fruit ct la 
graine n’ont pas encore été décrits. 

(Traduit du Wochenschrift, 1860, p. 45, par A. ne Bonne). 


SUR LES FOUGÈRES ARBORESCENTES DE LA NOUVELLE ZÉLANDE, 


Par M. Tomas ScHEarman Razru(1). 


Des quatre espèces de Cyathea décrites par M. J.-D. Hooker, dans sa 
Flore de la Nouvelle-Zélande, la plus remarquable et aussi la plus com- 
mune est le C. dealbata, qu’on rencontre partout dans ce pays, depuis 
les bords des cours d’eau, au fond des gorges, jusqu’au sommet des plus 
grands côteaux où il tend à se ramasser par groupes. Il se présente sous 
deux ou peut-être même trois formes dont les caractères ne sont pas assez 
prononcés pour qu’on en fasse autant de variétés. Dans l’une, les frondes 
sont bien garnies de sores qui, atteignant les bords des pinnules, les font 
paraitre plus larges; dans une autre, les frondes paraissent plus délica- 
tes; enfin la troisième a les feuilles plus fermes, remarquables par une 
teinte jaunâtre le long du côté supérieur des rachis principaux et partiels, 
les pinnules tendant à s’involuter par les bords et les sores étant en très- 
grand nombre. On y remarque beaucoup de variations quant à la persis- 
tance des bases des feuilles : M. Ralph a vu des tiges couvertes sur toute 
leur longueur par ces restes des feuilles tombées, d’autres, rares il est 
vrai, qui en étaient entièrement dépourvues, d’autres enfin qui étaient 
intermédiaires sous ce rapport. Sur les pieds un peu forts, la masse des 
racines aériennes donne à la base de cette tige jusqu’à près de 0,50 de 
diamètre. La plus grande hauteur à laquelle l’auteur ait vu la plante par- 
venir est d'environ 8 mètres; ses frondes atteignent jusqu’à 4 mètres de 
longueur sur À mètre de largeur, et elles s’étalent presque horizontale- 
ment. La couleur blanche qu’elles offrent à leur face inférieure fait recon- 
naître de loin cette espèce, pour peu que le vent en agite le beau feuillage. 
_ Le Cyathea medullaris se fait reconnaître aisément, dans l’état jeune, 
à ses très-longues feuilles pourvues d’un long pétiole noir, qui se dressent 


(1) On the arborescent Ferns of New-Zealand, in Journal of the Proceedings of the 
Linnean Society, I, No 12, 1859, pp. 165-169. — Revue Bibliogr. du Bull. de la Soc. 
* Bot. de France, t. VI, p. 451. 


— 133 — 


presque verticalement, dans un état plus avancé, à sa tige plus haute et 
plus ferme que celle des autres espèces. C’est le Mamaku ou Mamagu des 
indigènes, le Black Fern (Fougère noire) des colons. Dès que cette plante 
a formé sa tige, on voit les restes des pétioles la hérisser en s'appliquant 
contre sa surface, et cela jusqu’à 2 mètres ou davantage; aussi, parvenue 
à une hauteur de 5 mètres ou plus, cette tige est-elle toujours hérissée 
de restes de feuilles plus ou moins décomposées en fibres. Finalement 
elle se recouvre d’une sorte de revêtement serré, comme granuleux, qui 
la grossit beaucoup, qui absorhe et retient beaucoup d'humidité, et qui 
en favorise puissamment le développement considérable; en effet, cette 
tige atteint quelquefois 15 et 16 mètres de hauteur; on dit même qu’elle 
peut arriver à 26 mètres. Elle s’élève rarement bien droite; presque 
toujours elle fait comme un coude au-dessus duquel elle repart vertica- 
lement. Sa base, considérée dans son ensemble, a un contour un peu 
iriangulaire. Ses feuilles ont rarement plus de 4 mètres de longueur ; 
d’abord horizontales, elles deviennent pendantes lorsqu'elles ont dépassé 
leur état de développement complet, et donnent alors à ce bel arbre une 
apparence telle qu’il semble recouvert de nattes. Elles tombent enfin 
laissant le tronc presque nu, au point qu’on y voit les cicatrices. M. Ralph 
a complé 54 ou 56 feuilles en pleine vigueur sur un même pied au même 
moment; or, admettant qu’un cercle de ces frondes croît et vit pendant 
six mois, il conclut de là que ce végétal a un développement très-lent. 

Le Cyaihea Cunninghamti est rare et peut être aisément confondu 
avec l’espèce suivante. On le reconnaît à distance à la teinte plus foncée 
de ses feuilles qui, sur les pieds forts, sont au nombre de 50 à 40, et 
qui forment une tête en entonnoir. On ne le trouve guère que près des 
cours d’eau, au milieu des buissons. Sa tige s’élève à 6,50 ou un peu 
plus; elle est caractérisée par la persistance des bases noires des pétioles, 
qui sont généralement appliquées contre elle et qui, étant devenues 
creuses par suite de la destruction du tissu cellulaire, contiennent tou- 
jours beaucoup d’eau. Les feuilles naissantes sont entièrement chargées 
d’écailles qui, sur le rachis principal, sont dirigées à rebours. 

Le Cyathea Smithii a des feuilles étalées, d’un vert gai, qui plus tard 
perdent toutes leurs pinnules, de telle sorte qu’on voit pendre du haut de 
la tige les restes de leur pétiole entièrement nus et au nombre de 60 à 70. 
Il se trouve surtout le long des cours d’eau, au fond des gorges et vallées 
trés-couvertes, dans les sols humides ou marécageux. Sa tige s’élève à 7 
mètres ou davantage; elle est abondamment revêtue de fibres dans le bas. 
Cette espèce n’a pas la pointe brusque qui caractérise les pinnules des 
trois autres espèces. 

Le Dicksonia antarctica est plus rare autour de Wellington que le 
D. squarrosa. M. Ralph en a vu dont la tige atteignait 4 à 5 mètres de 
hauteur et se montrait dure et fibreuse dans les bas, tandis que sa portion 
supérieure était si peu consistante que la pression des doigts y laissait . 


— 154 — 


une marque. Une matière laineuse d’un beau brun et très-abondante en 
revêt la partie inférieure et retient beaucoup d'humidité autour des 
racines adventives. L'auteur présume que c’est un état de cette Fougère 
qui a été distingué comme une troisième espèce de Dicksonia, tandis que 
lui-même n’a jamais pu en voir que deux. 

Le Dicksonia squarrosa a des feuilles longues d’environ 3 mètres et 
une tige de 5 mètres, sur laquelle de petites racines naissent cà et là en 
masses irrégulières. Les feuilles très-jeunes sont couvertes de poils bruns. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


VÉGÉTATION DE LA CALIFORNIE SEPTENTRIONALE ET DES 
PARTIES MÉRIDIONALES DE L'ORÉGON, 


Par M. Neweerry (!). 


Les expéditions que le gouvernement des États-Unis a fait faire dans 
ces dernières années, en vue de relier par un chemin de fer le bassin du 
Mississipi aux côtes de l’océan Pacifique, ont fourni -le sujet de divers 
rapports en plusieurs volumes remplis de détails intéressants sur les 
contrées explorées. Le sixième volume de cette publication renferme le 
rapport du lieutenant H. Abbot sur l’exploration qui a été dirigée par le 
lieutenant Williamson, de la vallée du Sacramento vers la Columbia; les 
parties géologique et botanique de ce rapport sont dues au docteur John 
Newberry. N'ayant pas ce travail important sous les yeux, nous en pui- 
serons un résumé, en l’abrégeant encore, dans le numéro 22, pour 1859, 
du Wochenschrift de MM. Karl Koch et G.-A. Fintelmann. 

Le pays qui s'étend, d’un côté, entre San Francisco et le cours de la 
Columbia, de l’autre entre l’océan Pacifique et le Mississipi, est occupé 
par trois chaines de montagnes : la chaîne littorale, la Sierra Nevada et 
la chaine des Cascades (Cascade rangs des Anglo-A méricains), ainsi que 
par la grande vallée qu’arrose le Sacramento. La chaîne littorale surgit 
dès le littoral même de l'Océan, mais n’atteint pas une altitude considé- 
rable, tandis que les deux autres chaînes sont assez élevées pour rester 
couvertes, au moins en partie, de neiges éternelles. La végétation de 
ces contrées diffère essentiellement de celle du bassin du Mississipi et 
des parties orientales des États-Unis. En outre, chacune des trois chaînes, 
ainsi que la vallée du Sacramento, présente des caractères propres dans 
sa Flore, dus principalement aux conditions de climat dans lesquelles 
elles se trouvent. Le caractère principal de ce climat consiste dans la 
permanence d’un vent de mer qui souffle pendant toute l’année et qui 
entretient une grande humidité. Une particularité digne de remarque 


() Bull. Bibliog. de la Soc. Bot. de France, t. VI, p. 435. 


— 155 — 


qu'offre cette Flore, c’est la proportion considérable de Conifères qui 
existent dans les vastes forêts de ces régions. Sur 50 espèces d’arbres 
qu’on y a vues jusqu’à ce jour, 27 sont des Conifères, 15 des Apétales, 
et les autres appartiennent aux divisions plus élevées des Dicotylédonés. 

La chaîne littorale, considérée en particulier, présente d’abord une 
forêt presque non interrompue de Sequoia sempervirens. Plus vers le 
nord, cette espèce est accompagnée des Pinus Lambertiana et ponderosa, 
dont le premier atteint souvent, comme le Sequoia, des proportions 
colossales, puisqu’il n’est pas très-rare d’en voir des pieds qui ont prés 
de 5 mètres de diamètre et de 100 mètres de hauteur. À partir de 42° 
de latit. N., le Sequoia est remplacé par le Thuia gigantea qui forme 
des forêts épaisses avec les Abies Douglasi et Menziesii. La végétation 
frutescente ne manque pas. Jusqu'au port Orfort on y voit dominer les 
Ceanothus thyrsiflorus et rigidus, avec un Lupin frutescent (L. macro- 
carpus); dans les environs de cette localité, on y voit aussi le Rubus 
spectabilis et le Rhododendron maximum, auxquels succède, plus au 
nord, le Ceanothus velutinus. Sous les Conifères citées plus haut se 
trouvent habituellement le Gaultheria Shallon et le Berberis pinnata. 
Les Mousses et les Fougères y sont assez communes; parmi celles-ci la 
plus grande est l’Aspidium minutum , et la plus abondante est notre 
Pieris aquilina. — Dans les endroits découverts, particulièrement dans 
les vallées et les gorges, le Quercus Garryana joue un rôle important; 
il vient tantôt isolé et tantôt par groupes; son tronc acquiert assez sou- 
vent 60 et 90 centimètres d'épaisseur. 

Dans la large vallée du Sacramento, la température n’est jamais très- 
basse en hiver, et, en été, il n’est pas rare qu’elle s'élève à 45° C. pen- 
dant le jour, pour descendre à 24° C. pendant la nuit. De mai à septem- 
bre il ne pleut pas, en général : aussi la terre est-elle déjà sèche et à peu 
près nue dès le mois de juillet. 11 ne reste alors un peu de fraîcheur 
que le long des cours d’eau. Ces portions du pays rappellent d’abord 
les Pampas de l'Amérique du Sud, etc.; mais leur Flore est différente, 
puisqu’on n’y observe pas de végétaux bulbeux ni tubéreux. Le nombre 
des végétaux herbacés est si grand dans cette vallée qu’en peu de jours 
M. Newberry en avait déjà trouvé 100 espèces différentes. Un fait curieux, 
c’est que l’Avena fatua, qui déjà est commun autour de San Francisco, 
couvre d'immenses étendues dans la vallée du Sacramento. Vers la 
chaine littorale, la plaine devient inégale et la végétation se montre plus 
variée. Le Quercus agrifolia vient le long des cours d’eau ; plus haut se 
montrent le Q. Hindsii, le Pinus Sabiniana, l’Arctostaphylos glauca, 
plusieurs espèces de Ceanothus et de Lupins frutescents. Le lorg des 
étangs se trouvent notre Scirpus lacustris et l'Erythræa Mühlenbergri. 

Au pied de la Sierra Nevada, on observe d’abord la même végétation : 
V’Avena fatua et le Quercus Hindsii occupent souvent de vastes surfaces. 
Plus haut, la Flore devient plus variée, et l’on voit apparaitre des Eryn- 


— 156 — 


gium, Madaria, Hemizonia, et, dans les endroits humides, des Arte- 
misia. Le long des cours d’eau croissent le Platanus racemosa, le Fraxi- 
nus Oregona, Populus monilifera, Salix Hindsiana et lasiandra, qui 
tous sont le plus souvent entourés par le Vitis californica. La Sierra 
Nevada a une Flore plus alpine. C’est dans sa partie méridionale qu’a été 
découvert le Sequoia gigantea (Wellingtonia des Anglais, Washingtonia 
des Américains). Dans ses parties inférieures commencent des forêts de 
Pinus Sabiniana, alternant avec des bois peu élevés de Chéènes; puis çà 


et là sont des broussailles de Ceanothus, Spiræa, Purshia, Amelanchier, 


Fremontia, Cersis, Prunus subcordata et Arctostaphylos glauca. Vers 
1000 mètres d'altitude apparaissent de nouveau les Pinus Lambertiana 
et ponderosa, avec le Picea grandis, Libocedrus decurrens, Cupressus 
nutkaensis et Lawsoniana, Taxus brevifolia. En fait d'arbres feuillus, 
on voit presque uniquement le Quercus Kelloggti. Vers le nord reparaït 
l’Abies Douglasii. — Les places découvertes se garnissent d’une sorte de 
tapis formé surtout d’espèces herbacées estivales, avec des Lis et des 
Fritillaires. On y trouve aussi plusieurs arbustes, comme Symphoria, 
Rubus nutkanus, Ceanothus prostratus ; on voit aussi là notre Epilo- 
bium angustifolium. — Quand on descend de l’autre côté, on observe 
d’abord une végétation semblable, seulement avec des bois moins serrés. 
Plus loin, Ja Flore perd son caractère particulier et elle devient de plus 
en plus analogue à celle d’un désert, qui se montre enfin tout entier. Là 
on ne retrouve plus de fraicheur que sur quelques places peu étendues 
et humides des bords des cours d’eau ; et des Artemisia sont presque les 
seules plantes qu’on ÿ voie; cependant çà et là se montrent encore des 
bois de Pinus ponderosa. 

Si l’on se dirige plus au nord, vers le lac de Klamath, pour arriver 
enfin à la chaine des Cascades, on voit les bois composés surtout de Junt- 
perus occidentalis, tandis que le tapis est formé principalement de 
Festuca scabrella. Autour de ce lac croissent beaucoup de Joncées et de 
Cypéracées, tandis que des buissons espacés sont composés de Pyrus ri- 
vularis, de Prunus subcordata, de Cerasus emarginata, et de Rhamnus 
Purshianus. | 

La grande chaîne des cascades, que traverse au nord la Columbia, 
ressemble beaucoup, pour la végétation, à la Sierra Nevada; cependant 
elle possède aussi en propre diverses espèces ligneuses, telles que le 
Larix occidentalis et l’Abies Williamsoniti. Avec ces arbres se montrent 
les Populus monilifera, tremuloides et augustifolia. Plus haut, arrivent 
les Pinus Lambertiana , ponderosa et contorta, ainsi que le Picea gran- 
dis et l’Abies Douglasii, lesquels forment les forêts les plus épaisses, 
alternant seulement cà et là avec le Thuia gigantea et l’Acer macrophyl- 
lum. Encore plus haut apparaissent le Pinus monticola et le Picea 
amabilis, tandis que depuis environ 2000 mètres d’altitude jusqu'aux 
neiges éternelles se trouvent principalement l’Abies Williamsonti et le 


— 137 — 


Pinus cembroides. Quand on commence à descendre l’autre penchant, 
on rencontre de nouveau l’Abies Douglasii, le Picea grandis, le Thuia 
gigantea et le Cupressus nutkaensis. Comme sous-bois on rencontre le 
beau Castanea chrysophylla, V'Arctostaphylos tomentosa, deux Rhodo- 
dendron, le Spiræa ariæfolia et un Berberis, avec des Fougères. Dans 
les parties alpines les espèces dominantes sont le Menziesia empetrifor- 
mis, le Saxifraga Tolmoei et le Penstemon Menziesii. Enfin, c’est dans la 
vallée de Willamette qu’existent les bois les plus touffus, composés d’Abies 
Douglasti, Thuia gigantea, Abies balsamea, etc. Les Dicotylédonés feuil- 
lus y sont plus rares; ce sont principalement les Acer macrophyllum et 
circinatum, ainsi que le Cornus Nuttalli. 


HISTOIRE DES PLANTES UTILES. 


a 


LES RAISINS DE CORINTHE (1). 


Les petits fruits si abondamment répandus dans le commerce, et con- 
nus de tout le monde sous les noms de corinthes et de raisins de Corinthe, 
doivent cette dénomination à ce qu’ils ne furent d’abord cultivés que 
dans les environs de la ville de Corinthe. À présent, leurs plantations 
couvrent toute la côte de Patras, et les plaines de Klarentza et de Pyrgos 
jusqu’en Messénie. De plus, cette culture s’est naturalisée dans les Iles 
Joniennes, qui, avant la maladie de la vigne, en exportaient annuelle- 
ment pour plusieurs millions de francs. 

Les ceps de cette vigne (Vitis vinifera corinthiaca) doivent avoir été 
introduits en 1580 de l’île de Naxos dans le Péloponèse par les Vénitiens. 
La vendange s’en fait en septembre. On étend les raisins rouges sur une 
aire découverte, et la chaleur du soleil se charge de les sécher. On doit 
les retourner toutes les 4 heures, et, si le temps est favorable, l’opération 
est terminée en huit à douze jours. S'il vient à pleuvoir, les raisins ne 
pouvant être qu'imparfaitement garantis au moyen de toiles cirées, ils 
se détériorent, et ne peuvent plus se vendre qu’à moitié prix; car, indé- 
pendamment de leur mauvaise mine et de leur disposition à moisir, ils 
contiennent alors beaucoup moins de matière sucrée. 

Après la dessication, les grains étant épluchés et nettoyés à l’aide 
d’une espèce de peigne, sont entassés dans des magasins construits à cet 
effet, où on les conserve à l’abri de l’air. Après un séjour de quelques 
semaines au moins, ce qui les a fait transpirer, comme on dit, on les 
livre au commerce dans des tonneaux, et ils se répandent sur toutle globe. 


(1) Gartenflora. Novembre 1859, p. 346. Traduction par A. de Borre. 


— 158 — 


LE PALAIS DU PEUPLE A MUSWELL HILL. 


Les merveilleuses constructions de Hyde Park et de Sydenham qui 
excitaient au plus haut degré l’admiration des étrangers en Angleterre, 
viennent d’être surpassées par un nouveau Palais de cristal, récemment 
inauguré à Muswell Hill, sur le Great Northern Railway, sous le nom de 
Palais du peuple « Palace of the People. » Sydenham renferme une 
foule d’œuvres d'arts, de produits naturels et manufacturés recueillis sur 
toute la surface du globe et mélangés à des végétaux exotiques pour 
donner une image réelle de toutes les parties du monde : le palais de 
Muswell Hill intéresse davantage les amis de l’horticulture; il est tout 
particulièrement consacré à la floriculture et il est destiné à faire entrer 
dans la masse du peuple l’amour de la nature, la connaissance des espèces 
utiles, industrielles, économiques, nuisibles, etc. Le palais du peuple est 
la réalisation d’une pensée grande et utile, comme le peuple anglais nous 
en a donné tant d'exemples. On s’en est beaucoup occupé dans la presse 
étrangère; nous pensons que quelques détails sur ce sujet ne seront pas 
non plus dénués d'intérêt pour nos lecteurs. 

Le palais de Muswell Hill est situé à un quart d’heure de Londres, sur 
un domaine d’une étendue de 500 acres environ, qui commande un des 
plus beaux points de vue du comté de Middlesex; il domine toute la con- 
trée : au nord et au nord-est la vue embrasse les territoires d’Hertford 
et d’Essex, les bois de Woodfort et de Epping; au sud-est c’est la vallée 
de la Tarnise, au fond les montagnes du Kent et de Surrey, tandis qu’au 
sud et au sud-ouest on aperçoit Londres et son Palais de cristal. 

Les plans de Muswell Hill ont été dessinés par M. Owen Jones; ils 
sont beaucoup meilleurs que ceux de Sydenham. Les bâtiments ont 
1200 pieds de long et 400 de large; le centre consiste en un immense 
dôme circulaire de 200 pieds de diamètre sur 156 de hauteur; il est 
séparé de tout le reste et parfaitement approprié pour la croissance des 
végétaux les plus splendides: rien en Europe ne saurait donner une 
meilleure idée de la végétation tropicale que cette immense enceinte où 
rien ne gêne le libre développement des palmiers et des arbres exotiques, 
Une aile est consacrée aux objets manufacturés ou ayant une utilité pra- 
tique ; la seconde est réservée aux beaux arts et aux collections scientifi- 
ques. D’autres salles situées au fond serviront pour des expositions par- 
ticuliéres, des cours publics, etc., et l’on se propose d'élever une salle 
de spectacle et de concert pouvant contenir dix mille personnes assises à 
l'aise. 

Le palais sera environné de jardinsdisposés en terrasse et dessinés sur 
une grande échelle dans le style des anciens jardins anglais, des jardins 
italiens, allemands et français et d’après le goût moderne, de manière 
à représenter tous les progrès de l’architecture horticole. Une école d’ex- 
périences horticoles, la culture des plantes qui servent aux arts ou aux 


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— 140 — 


manufactures sont dans les projets des promoteurs de l’œuvre, le but 
étant de faire du Palais du peuple autant un établissement d'instruction 
qu’un lieu de récréation et de promenade. La botanique usuelle ou éco- 


nomique, de même que l’horticulture, l’arboriculture et l’agriculture 


seront introduites à Muswell Hill et constamment mises sous les yeux du 
public. On plantera dans ses vastes jardins tous les arbres et les arbustes 
connus, l’on y essayera la culture de tous ceux qui seront successivement 
introduits : en un mot c’est un temple que l'Angleterre élève à la bota- 
nique et à l’horticulture, mais un temple ouvert à tout le monde, tandis 


que le temple sacré est à Kew et dans les riches collections du British 


Muséum. 

Le but des promoteurs de l’œuvre, à la tête desquels se trouve Lord 
Brougham, est de faire du Palais du peuple le complément du Palais de 
cristal et en même temps un lieu de promenade agréable et instructif 
pour les habitants de la partie nord de la ville de Londres. 

Le palais de Sydenham fut établi pour développer les connaissances 
scientifiques et technologiques de toutes les classes de la société : le but a 
été parfaitement atteint. Il résulte en effet du rapport fait lc 15 décembre 
1858, que 1,058,206 personnes l'avaient visité pendant le période de 
six mois finissant au 50 octobre 1858, ce qui accuse une augmentation de 
21,541 personnes sur les six mois correspondants de 1857 et 48,594 
pour la même période en 1856. Les profits réalisés pendant l’année 
finissant au 50 avril 1858 se sont élevés à la somme de 55,075 livres, 
17 schl., 10 deniers représentant 5 °/, du capital de 700,000 livres. 
Les bénéfices pour les six mois finissant le 50 octobre 1858, ont été de 
56,221 livres, 15 schl. 35 deniers. Le palais de cristal est cependant 
situé au sud de la Tamise à une distance d’environ 6 milles du pont de 
Londres et ne peut jamais être très-fréquenté par cette nombreuse popu- 
lation qui habite dans les quartiers opposés de la métropole : c’est 
spécialement en vue de ces derniers que le palais du peuple a été créé à 
Muswell-Hil. L'architecte, M. Owen Jones, a profité de l'expérience 


« 


acquise à Hyde Park et à Sydenham, il a remédié à la plupart des 


défauts, et fait plusieurs excellentes améliorations : le chemin de fer, par 


exemple, qui en un quart d'heure vous transporte de Londres à Muswell 
Hill s'arrête sous une gare couverte, dans le palais même. Une somme 
de 500,000 liv. ou douze millions et demi a été souscrite pour cet cta- 
blissement. 


SANT. 
GP ET LOT 4 | L 


LA 


LITTÉRATURE HORTICOLE. 


LES FEMMES ET LES FLEURS(1). 


DISCOURS PRONONCÉ LE 11 wars 1838, A LA SOCIÉTÉ ROYALE D’HORTICUL- 
TURE DE LIÉGE. 


Par M. Cuarces Morren, président honoraire de la société. 


Les Sociétés d’Horticulture de la Belgique et plus particulièrement les 
Sociétés Royales de Liége et de Gand, celles d'Anvers et de Bruxelles, etc. 
nous offrent aujourd’hui parmi les noms des sociétaires qui contribuent 
le plus efficacement à l’embellisement de nos fêtes florales, au progrès 
de l’art et aux succès de l’immense commerce des plantes qui se fait 
dans notre pays, ceux de plusieurs dames qui se livrent elles-mêmes aux 
procédés si paisibles de la culture ou qui dirigent par leurs connaissances 
ou leur bon goùt, les travaux de nos serres et de nos orangeries. On 
ne saurait assez applaudir à leur zèle, car ces exemples méritent de trou- 
ver de nombreux imitateurs. Rien ne saurait, en effet, mieux s’allier 
que la femme et les fleurs ; aucune harmonie n’est plus suave et plus 
gracieuse; la femme qui s’est toujours vu représentée par une fleur, 
dans tous les temps, dans tous les pays, par tous les poëtes, la femme 
. qui n’est que dévouement et amour, comment n’aimerait-elle pas ces 
êtres délicats comme elle, comme elle doués d’un beauté ravissante et 
d’une grâce enchanteresse, ces êtres qui demandent, comme ses enfants, 
les soins de tous les moments et l’attention la plus soutenue. Mais aussi, 
si l'enfant récompense sa mère par le premier sourire que ses lèvres ont 
formé, (Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem,) la plante par la 
fraicheur de ses corolles et le parfum de ses bouquets, ne semble-t-elle 
pas sourire aussi à celle qui lui a prodigué ses soins ? Jamais femme ne 
fut athée; on sait jusqu’à quel héroïsme d’abnégation, la femme peut 
porter le sentiment qui l’attache au créateur; mais les fleurs n’inspirent- 
elles pas aussi à ceux qui les aiment une sorte de culte? Lorsque Bernard 
disait à la rose: 


Tendre fruit des pleurs de l’Aurore 
Gbjet des baisers du Zéphir, 

Reine de l’empire de Flore 

Hâte-toi de t’épanouir, 


(1) Nous reproduisons ce discours de Ch. Morren, à la suite de demandes plusieurs 
fois renouvelées et à l’occasion de la récente publication de la vie de l’auteur; im- 
primé jadis à un très petit nombre d’exemplaires, cet opuscule est peu connu et n’a 
rien perdu de son intérêt. 


— 1492 — 


Que dis-je, helas ! diffère encore 
Diffère un moment de t’ouvrir; 
L’instant qui doit te faire éclore 
Est celui qui te doit flétrir. 


n’exprimait-il pas un amour véritable ? Cette vénération pour les beau- 
tés de la nature se trouve bien plus forte encore au fond de l’âme de Ja 
femme, cette fleur de notre ordre social. Oui, on conçoit les liens qui 
attachent les femmes aux fleurs; mais qui mieux que l’histoire pourra 
nous convaincre de cette vérité? Je tâcherai de vous donner un exposé 
succinct du rôle que les femmes ont joué en horticulture. 

Les jardins de Sémiramis que le peintre anglais Martin a reproduits 
avec tant d'imagination sur ses toiles fantastiques, n’ont été inventés sans 
doute que par la poésie des temps homériques. Hérodote dans sa descrip- 
tion de Babylone, ne parle pas de ces terrasses où l’architecture gigan- 
tesque aurait été rehaussée de tout l’éclat d’une riche végétation. Quintet 
Curce range aussi les jardins de cette cité célèbre parmi les fables enfan- 
tées par l’ardente imagination des Grecs (1). Sémiramis elle-même, 
suivant les écrits de Bryant (2), n’aurait jamais existé, et ce nom n’ex- 
primerait d’après ceux de Granville Penn, que la contrée de Semarin. 
La prétendue reine Sémiramis pouvait être tout au plus une juive 
captive, comme Esther, amenée de la Samarie, son pays natal, et trans- 
portée avec une grande partie de ses compatriotes en Assyrie (5). Goguet 
pense que si l’on a célébré en termes si pompeux les jardins suspendus 
de Babylone, c’est qu’il y avait sans doute dans cette ville quelque colline 
ornée de terrasses arrangées en jardins et qui prétaient aux exagérations 
de la poésie (4). Si l’on est forcé ainsi d’effacer le nom de Sémiramis de 
la liste des femmes célèbres qui se sont attachées aux progrès de l’hor- 
ticulture, il n’en est pas moins probable que puisque toute fiction a 
quelque fond de vérité, les terrasses de Babylone doivent être rangées 
parmi les plus anciens jardins connus, parmi ceux qui prouvent que 
l’horticulture, comme l’a dit Delille : : 


Remonte aux premiers jours de l'antique univers; 
Car : 


Dès que l’homme eut soumis les champs à la culture, 
D'un heureux coin de terre il soigna la parure ; 
Et plus près de ses yeux, il rangea sous ses lois 
Des arbres favoris et des fleurs de son choix (5). 


(1) Liv. XV. chap. 5. 

(2) Bryanr, Ancienne mythologie. 

(5) Gazette littéraire 1830. Voyez pour cette discussion d’où ce passage est en quel- 
que sorte traduit, le Loudon’s Encyclopædiu of gardening. p. 90. 

(4) Dict. des origines. Art. jardinage. 

(5) Les jardins. Ier chant. 


— 145 — 


Les Romains et les Grecs avaient remarqué sans doute la haute influence 
que l’atmosphère exerce sur la vie des plantes; ils l’attribuërent dans 
leur mythologie à la puissance d’une femme; c’était Junon qui présidait 
à cette influence (1). La magna mater, Gaea ou Cybèle réglait aussi l’effet 
de la terre sur la végétation. Vesta signifiait ce feu, cette chaleur vitale 
qui selon l’énergique expression de Chartarius, répandue dans les entrail- 
les de la terre, donne la vie à tous les êtres qui naissent d'elle (2). Les 
nymphes n'étaient que la représentation de l’influence des eaux sur les 
plantes. Celle de la nuit ou de la lune était attribuée à Artemis ou à 
Diane. Cérès présidait à la formation et à la maturation des fruits; Persé- 
phone ou Proserpine à la germination et au développement des 
graines (5). Pomone siégeait au milieu des vergers. La plupart des fêtes 
en l’honneur des plantes avaient des déesses pour objet ; ainsi, le 9 avril, 
se célébraient à Rome les fêtes de Cérès. Le 28 du même mois(£) et 
particuliérement dans l’Asie mineure s’ouvraient les floralies en l’hon- 
neur de Flore, chez les Romains, et de Chloris chez les Grecs. Les tables 
étaient jonchées de fleurs; des couronnes ombrageaient les têtes, et on 
courait les rues en chantant, et en agitant des flambeaux; ce n’était pas 
seulement pour que Flore rendit fécondes les fleurs des champs, mais 
pour qu’elle étendit sa fécondité sur les vignes, sur les céréales et sur les 
arbres à fruit. En Sicile, on fétait Proserpine aux fêtes des anthosphories 
qui ont pris leur nom des bouquets qu’y portaient les jeunes filles (3). 

Partout l’antiquité nous montre les fleurs associées aux femmes, les 
images des unes éveillant le souvenir des autres, des déesses présidant 
aux grands phénomènes de la vie végétale. Faut-il s’étonner après cela 
de voir des espèces de plantes consacrées plus spécialement aux cultes de 
ces divinités ? Le saule pleureur était l’arbre de Junon, le saule blanc celui 
de Cérès la thesmophore ou la législatrice, le frêne à fleurs qui produit 
la manne, celui de Némésis, la déesse vengeresse, le pin pignon celui 
de Cybèle, le myrte était l’arbre de Vénus, l'olivier celui de Minerve, 
et l’if aux sombres rameaux était consacré aux Furies. Des plantes cul- 
tivées pour l’usage des hommes et leur servant de nourriture étaient 


(1) Flora mythologica oder Pflanzenkunde iu bezug auf mythologie und symbolik, 
von J, N. Diersacu. 1835 p. 3. 

(2) Cnararius p. 97. Dierpacu fl. myth. p. 5. 

(5) Voy. pour la mythologie des fleurs, l'excellent ouvrage de M. Dierbach où tous 
les faits sont cités avec l’indication des sources. 

(4) Selon les uns le 25, selon les autres le 28 (voy. Dierbach, ouv. cité p. 128). 
J’insérai en 1853, dans un journal consacré à la jeunesse, un article sur l’origine des 
exposilions de plantes en Belgique (Bon Génie. me année. No 40, 51 mars 1855) 
signé MN, où je parle aussi de quelques uns de ces détails. Cet article a élé imprimé 
récemment sans ma participation par la Revue horticole de Paris. (p. 524 Ne II octo- 
bre 1837) et par d’autres journaux, et sans que les rédacteurs se soient mis en peine 
de citer la source où ils l’avaient puisé. Sic vos non vobis. 

(5) Diersacx p. 128-199. 


— 144 — 


encore dédiées à quelques unes de ces déesses; ainsi Vénus avait sa poire 
dans notre poire commune, sa pomme dans notre poire de coing, 
comme pour indiquer que la culte de la divinité porte parfois des fruits 
aussi acerbes que ceux de cet arbre. L’orange était la pomme d’or des 
filles d’'Hesper et la grenade la pomme de Junon ; l’amande était le fruit 
de Cybèle et nos fèves le légume des mauvais génies. Les fleurs avaient 
aussi leurs allégories. Le safran était la fleur de l’aurore, notre iris 
odorant celle de la messagère de Junon. Le lys blanc que le christia- 
nisme a dédié aux vierges martyres était la fleur de la reine des Dieux; 
notre thym serpollet, l’'humble verdure de nos montagnes, était consacré 
aux Muses. Les botanistes hésitent entre quatre espèces, quand il s’agit 
de dire quel est le kosmosandalon des anciens qui était la fleur de 
Cérès(1) : Proserpine avait la violette. Des larmes que Vénus versa pour 
Adonis sortirent les anémones, mais la déesse de la beauté avait encore 
pour fleur sacrée la jolie Agrostemme coronaire (Agrostemma coronaria) 
et, s’il faut s’en référer à Pline, la plante à laquelle on donnait le nom 
de lèvres de Vénus arrêtait les insectes par les fleurs armées d’épines. 
Quelques modernes y ont vu la cardiaire à foulon(2) dont l'illustre 
Decandolle est venu étudier la culture aux environs de Liége et de 
Verviers. Les botanistes philologues ont de bonnes raisons de croire 
que la fleur de Vénus n’était pas la rose aux cent feuilles, mais que la 
reine des fleurs était dédiée à l'Amour. La gnaphale citrine, cette corym- 
bifère de l’Europe méridionale, était la fleur de Diane(5) Le Leontice 
chrysogonum (L.) armé de ses jets en forme de fils devenait par cela 
même la plante d'Ariane. La germandrée maritime (4) dont l’odeur de 
citron et de mélisse est si agréable, naquit des larmes que la belle 
Hélène versa pour Canope, le pilote de Ménélas; et croirait-on que le 
jonc fleuri, le Butome ombelle (), qu’on remarque en été aux bords de 
la Meuse, était la fleur consacrée par excellence à la déesse des fleurs, 
à Flore ou à Chloris. 

On sait le pouvoir magique que Jupiter donna à Hécate, fille de Per- 
sée le titan. Magicienne et empoisonneuse, elle devait avoir à sa dispo- 
sition les plantes malfaisantes. Voss, dans son édition des œuvres d’Hé- 
siode, a chanté en vers allemands la composition de ce jardin botanique 
toxicologique (6). Dierbach a énuméré ces espèces où l’on voit figurer 
la belladone, la morelle noire, l’aconit et cette belle Azalée de l’Helles- 


(4) L’Ophrys ferrum equinum Spr. le Gladiolus triphyllus Sibtdorp, l’Erigeron gra- 
veolens Linn. et le Passerina hirsuta. Voy. Dierbach p. 159-142. 

(2) Ordinairement chardon à foulon (Dipsacus fullonum) le cherdon des Liégeois. 

(5) Gnaphalium stϾchas L. 

(4) Teucrium marum L. Les chats se roulent sur cette plante avec délices. 

(5) Butomus umbellatus L. 

(6) Voss Hesiod’'s werke. p. 515. (910 1.) Diersaca Flora mythotogica p. 195. 


— 145 — 

pont, aujourd'hui en fleurs à notre exposition, dont le nectar avait servi 
aux abeilles pour fabriquer ce miel délétère qui fit tant de mal aux 
soldats de Xénophon dans la fameuse retraite des dix mille. Médée avait 
aussi son jardin de plantes magiques parmi lesquelles on a fait figurer 
le colchique d’automne, le carthame, l’anchuse tinctoriale etc. (1). Circée 
affectionnait la mandragore (2), mais on sait aussi que si Ulysse but de 
la fatale liqueur qui avait métamorphosé ses compagnons en ours, en 
loups et autres animaux sauvages, Minerve lui avait indiqué une racine 
qui lui servit de contrepoison ; Minerve avait, en effet, deux plantes de 
prédilection, le matricaria parthenium èt l’agrimoine eupatoire de nos 
champs. La fonction de Lucine et celle de la déesse Carna qui présidait 
au cœur, au foie et aux entrailles humaines, ne pouvaient manquer 
d'exiger l'emploi de plantes officinales, aussi voyons-nous le dictame 
de Crète et l’armoise en arbre($) appartenir à la première, tandis que 
l'arbre aux fraises (4) était le végétal affecté à la seconde (5). 

Au siècle d’Auguste l’amour pour les fleurs fut poussé jusqu’à la folie, 
mais la seule espèce qui occasionnait cette passion effrénée fut la rose. 
On pense généralement que ce fut en Egypte que les Romains puisèrent 
le goût pour la fleur de Cupidon; Cléopâtre paya, en effet, un talent 
égyptien ou plus de cent livres sterlings pour les roses qui parfumèrent 
ses parvis à l’un de ses soupers; il y en avait une couche d’une coudée 
de hauteur(6). Singulière destinée des choses humaines! Cette rose 
qu’'Anacréon appelait le doux parfum des Dieux, la joie des mortels, le 
plus bel ornement des grâces, cette rose si chère à Cléopâtre n’en faisait 
pas moins tomber en défaillance, à son seul aspect, une dame dont le 
docteur Cappellini nous a conservé l’histoire; celui-ci ajoute même qu’un 
jour la simple vue d’une rose artificielle portée par une amie de cette 
dame produisit sur elle le même effet. 

La mythologie avait donné aux fleurs une déesse pour les protéger; 
le christianisme rattacha aussi de bonne heure une pieuse tradition à 
la vierge des fleurs. Sous le règne de Dioclétien, Fabricus, le gouverneur 
de Césarée en Cappadoce, fit condamner à mort une jeune fille qui ne 
voulait nise marier ni adorer les idoles; elle marchait courageuse- 
ment au supplice lorsqu'un jeune homme qui l’avait entendu parler 
avec amour de l’époux divin auquel elle allait s'unir, lui demanda des 


(1) Voyez leur énumération dans Dierbach. ( 74. 

(2) Atropa mandragora (L). 

(5) Origanum dictamnus L. Artemisiu arborescens L. 

(4) Arbutus unedo L. du midi de l’Europe; on en mange les fruits qui ressemblent 
aux fraises. 

(5) On ne saurait mieux traiter l’histoire mythologique des plantes que ne l’a fait 
M. Dierbach dans sa flora que j'ai citée et d’où j'ai extrait la plupart des faits cités 
dans cette partie de mon discours. 

(6) Athenée. Voyez Loudon’s Encyclopédia of Gurdering, pag. 95. 

BELG. HORT., TOME X;, 8 


RO 


— 146 — 


fleurs et des fruits du jardin de cette époux si chéri. Dorothée les lui 
envoya en effet et le jeune homme frappé de ce prodige se convertit à 


la foi chrétienne (1). La Belgique a conservé ce souvenir, car elle a pris 


Ste. Dorothée pour la patronne des jardiniers et la Société de Botanique 
de Gand célèbre encore sa fête, le 6 février de chaque année, par ses 
riches expositions de fleurs. Il est digne de remarque que les Français, 
ce peuple si attaché au culte de la femme, aient méconnu le patronage 
de cette vierge martyre pour le donner à St. Fiacre ou St. Fèfre qui 
défricha les terres de Breuil dans la Brie (2). Nos anciennes Sociétés de 
jardiniers prenaient le nom de confréries de Ste. Dorothée et lune 
d’entre elles existe encore à Bruxelles. 

Vous rappellerai-je Clémence Isaure qui aimait les fleurs et la paésie; 
le trois du mois de mai est encore le jour où se célèbre à sa mémoire 
et à celle du collége du gai savoir, fondé avant elle, la fête des fleurs et 
des poëtes; alors, 


L’amaranthe et humble violette, 
Le souci pälissant, l’églantine et le lis 
Des poëtes vainqueurs sont encore le prix (3) 


L'origine de ces jeux floraux date au moins de 1525 et les sept main- 


teneurs d’amors possédaient à Toulouse un jardin qui portait leur nom. 
Vers 1588 la crainte d’un siége le fit détruire et les mainteneurs furent 
accueillis au Capitole, espérant toujours que leur propriété leur serait 
rendue un jour; ce fut, en effet, près d’un siècle après que Clémence 
Isaure rétablit l'institution; elle aimait tellement les fleurs qu’elle fit 
mettre dans son testament qu'avant la distribution des prix obtenus aux 
jeux floraux, on devait aller jeter des roses sur son tombeau (4). La rose 
qui s’allie d'ordinaire aux plus riantes pensées, à la beauté de la jeu- 
nesse, à la fraicheur du printemps, la rose, symbole de la pudeur et de 
l'amour, devient ici la fleur des tombeaux, sans doute parce que penchée 
sur sa tige, regardant la terre, elle nous rappelle aussi notre destinée 
et que l’espace du matin est pour elle comme pour nous tout le temps, 
toute la vie. 

Lorsqu’après la renaissance des lettres, le goût des arts se répandit 
dans toute l’Europe, l’art de la culture participa de limpulsion com- 
mune. Mais ce ne fut qu’au seizième siècle que l’horticulture dont on 
commençait à apprécier les bienfaits fut noblement encouragée par les 
Souverains. Une Princesse flamande, Isabelle, sœur de Charles Quint, 
et épouse de Christiern I, Roi de Danemarck, introduisit dans ce pays 


(1) Bollandus 771, Vie des Pères, des Martyrs, par Burcer, Lille 1834, tom. 2, 
pag. 470. 

(2) Ibid. Tom. 12, pag. 516. 

(3) ArnauD ABaDiE, les Pyrénées de la Bigorre, ch. 1. Dict. des origines. jeux floraux. 

(4) Treneuiz, art. Clémence Isaure, Biographie universelle, tom. 9 pag, 10. 


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— 147 — 


les plantes culinaires les plus utiles et fonda dans l'ile d’Amac, vis-à-vis 
de Copenhague, une colonie de paysans flamands pour les cultiver (1). Cette 
heureuse innovation, due à cette vertueuse souveraine, eut la plus grande 
influence sur les progrès de l’agriculture et de la botanique en Dane- 
marck, car dès 1600 Copenhague eut un jardin public médical annexé à 
son Université. Depuis cette époque, la science a compté un grand nom- 
bre de botanistes danois des plus célèbres. 

S'il est beau pour la Belgique d’avoir à livrer ainsi à la reconnaissance 
des peuples du Nord le nom d’une de ses Princesses, notre pays peut 
citer encore avec orgueil les titres d’autres dames qui vers la même épo- 
que ont fortement contribué à répandre le goût des fleurs. Dodonæus 
nous a conservé les noms de deux dames qui au seizième siècle s’adon- 
naient avec succès aux belles cultures, Marie de Brimeur, épouse de 
Conrad Schets et surtout Christine Bertolf, femme de Joachim Hoppe- 
rus, Conseiller de Malines et plus tard secrétaire de Philippe IT; ce fut 
cette dernière qui communiqua à Dodonæus la figure du grand soleil 
qu’on nommait alors le Chrysanthème du Pérou, cultivé en premier lieu 
à Madrid et envoyé bientôt dans les Pays-Bas (2). 

Environ un siècle après, l’histoire des arts cite le nom de Marie 
Sybille de Merian, née à Francfort en 1647, et qui reçut de sa mére et 
d'Abraham Mignon, une éducation soignée; elle peignit les fleurs et les 
insectes avee une rare perfection et ses broderies imitaient la peinture; 
afin d’engager les dames à s’adonner au travail de l'aiguille, cette femme 
célébre, obligée de fuir Nurenberg où elle demeurait, à cause des mau- 
vaises affaires que s’y attirait son mari, publia un nouveau livre de 
fleurs, après avoir livré au public un ouvrage précieux, écrit en latin, 
et traduit en allemand, en français et dans la plupart des langues de 
l’Europe, sur la naissance, les aliments et la métamorphose des chenil- 
les (5). Son goût pour l’histoire naturelle des insectes et des fleurs, était 
tellement vif, qu’elle partit en 1699, avec l’une de ses filles pour Suri- 
nam, d’où elle ne revint qu’au bout de deux ans, après y avoir dessiné 
une foule de coquilles, de papillons et de fleurs. Commelin (Gaspar) 
composa d’après les observations de Sybille, le texte d’un nouvel ouvrage 
sur les métamorphoses des insectes de Surinam (4). Sa fille aînée, 
Jeanne Hélène Graf, repartit pour l’Inde, l’année même du retour de sa 
mère, dans le but de compléter ce livre, mais ses notes ne purent servir 
qu’à la seconde fille de Marie Sybille qui mourut en 1717. Dorothée- 
Marie Graf qui connaissait parfaitement la langue hébraïque, publia 


(1) Vas Huzruem. Discours sur l’agriculture. re édition, pag. 25. 

(2) Van Huztuem. Discours pag. 16, voy. encore Dodonœus, Epilogus ad leclorem, 
pag. 504-505, qui termine son Florum et coronariarum odoratorumque nonnullarum 
herbarum historia Antw. 1569. Dodonæus dédia ce livre à Hopperus. 

(5) Erucarum ortus, alimentum et paradoxa melamorphosis. Furenberg 1679 et 1685. 

(*) Methamorohosis insectorum surinamensium. Amsterd. 1705. 


— 148 — 


en deux volumes cette Histoire des insectes d'Europe et de Surinam. 
Ces publications, dues au concours de trois femmes à jamais célèbres, : 
ont été utiles aux botanistes et l’on conserve encore à Londres, à St.- 
Pétersbourg, à Francfort et en Hollande les précieux vélins de ces trois 
dames (1). 

Mais à propos de Syhille de Merian, je ne puis me dispenser de faire 
voir les rapports qui existent entre la broderie et la botanique. On ne 
sait pas assez, combien la mode de porter au seizième siècle des habits 
ornés de broderie, eut d’influence sous le règne de Henri IV sur les 
jardins botaniques. La reine et les femmes de la cour faisaient de Part. 
de broder une grande partie de leur passe-temps; elles avaient imité les: 
fleurs les plus communes : le goût de la nouveauté leur en fit rechercher 
d’autres, plus rares, plus difficiles à se procurer. Jean Robin, au fils 
duquel, Vespasien Robin, on a dédié le faux acacia (2), possédait un jar- 
din qui fournissait aux besoins de la cour. Il existait sur le lieu nommé 
aujourd’hui la place Dauphine, où se trouve le monument élevé à Desaix, 
et ne renfermait que deux cents plantes; c'était néanmoins alors le seul 
jardin botanique de Paris, et nul doute que les demandes empressées 
des dames de la cour et de la reine n’aient excité Robin à y recueillir 
autant d'espèces exotiques qu’il le put (5). 

Les reines de France eurent assez souvent l’occasion de favoriser par 
leur protection l’art du jardinage. C’est ainsi qu’on se rappelle que les 
cultures forcées firent de grands progrès sous le règne de Louis XIV. 
Aujourd’hui nous attachons peu d'importance à manger des figues, müûries 
sous nos climats, mais en 1750, ce fut une rareté dont la date mérite 
d’être consignée dans l’histoire des découvertes, que les figues mûres, 
mangées pour la première fois, le 25 avril, par la reine de France et 
provenant du potager royal (4). 

Une noble princesse polonaise, Isabelle Czartoryska, eut la gloire d’im- 
porter dans sa patrie, en 1780, le style des jardins anglais, autour de 
son palais à Pulhawa, sur les rives de la Vistule, à 17 milles anglais de 
Varsovie ; elle amena d'Angleterre où elle avait séjourné longtemps un 
jardinier anglais et publia même un ouvrage en sa langue maternelle 


(1) Biographie universelle. Merian. p. 366, tom. 28. 

(2) Ce fut ce V. Robin qui introduisit le faux acacia en Europe. J’ai souvent oui 
dire à mon premier professeur de botanique, le malheureux Adrien Dekin, que le 
robinia qui se trouve au bas du jardin de l’ancienne cour des princes de Lorraine, 
le musée actuel de Bruxelles, avait été planté par l’introducteur lui-même. Cet arbre 
historique mériterait des soins particuliers de la commission chargée de la conserva- 
tion des monuments publics, car un arbre est aussi un monument qui rappelle des 
faits historiques. 

(5) Magdeleine de St-Agy dans des notes à l’Histoire des sciences naturelles, par! 
Cuvier,tom. Il, p. 183-191. 


() Dictionnaire des origines, p. 500, Bruxelles 1852. 


— 149 — 


sur les jardins des îles Britanniques (1). Delille a chanté les charmes de 
l’Arcadie, vaste bien de campagne orné par la princesse Radzivill et 
situé aussi dans les environs de Varsovie. 

Les impératrices de Russie ont égalé sous le rapport de la haute pro- 
tection qu’elles accordaient à l’horticulture et à la botanique, les plus 
fameux souverains de l’Europe. « L’impératrice Anne, dit un historien 
moderne (2), plus jalouse de cultiver son empire et de connaître tous les 
trésors de la nature, que de l’étendre, envoya Trangott Gerber, admi- 
nistrateur du jardin botanique de Moscou, aux bords du Don et du 
Wolga, aux montagnes d’Orenbourg et de la Tartarie; mais plus impor- 
tante encore était l’ambassade que l’impératrice envoya au Kamtchatka 
et aux côtes de l'Amérique, sous le commandement du fameux navigateur 
Vitus Bering, danois, qui fut accompagné des naturalistes J.-G. Gmelin 
et Etienne Kraschenninikow. » Catherine fit faire à son tour de grands 
voyages dans tout l'empire et dans l’Asie du Nord et favorisa de tout son 
pouvoir la science des fleurs (5). 

Mais ce n’est pas sur les trônes seulement qu’il faut chercher les fem- 
mes qui ont exercé sur les destinées de la science une salutaire et hono- 
rable influence. Qui d’entre nous a oublié la jeune fille de Fahlun, 
mademoiselle More, dont Linné, alors pauvre, et poursuivi par la 
jalousie de Rosen, s’était fait aimer? Qui oubliera jamais que cette jeune 
femme, pressentant tout ce que son amant pouvait devenir, lui donna 
quelques fonds pour qu’il passâät en Hollande et s’y instruisit davantage, 
convaincue du reste, qu'un homme de sa probité et de son talent ne 
renoncerait jamais à la foi qu'ils s'étaient mutuellement jurée ? C’est à 
une femme que la science des fleurs dut peut-être la conservation et les 
travaux du plus grand législateur des sciences naturelles, d’un des plus 
grands génies que nos temps modernes aient produit. Qui parmi nous 
ignore encore qu'Elisabeth-Christine Linné, la fille de l’immortel natu- 
raliste, avait hérité de son père ce talent d’observation qui fait faire les 
plus belles découvertes, et que ce fut elle qui fit la première l’importante 
remarque que des plantes répandent quelquefois une matière inflamma- 
ble qui peut se consumer en flammes brillantes sans nuire au végétal, 
et que des fleurs lancent le soir des lueurs que l’on croit être des étin- 
celles électriques ? Que d’observations intéressantes ne devrions-nous pas 
à la finesse d’esprit qui est naturelle aux femmes bien élevées, si dans 
leur éducation, l’étude des sciences naturelles entrait pour quelque chose! 

11 est sans doute très-remarquable, comme l’a fait observer Richard 
Pulteney que jusque dans ces derniers temps la médecine a dû la collec- 


(1)Mysli Rozne o spozobie Zakladania Ogrodow. 1821, Loudon’s Encyelopedia 267. 

(2) De fatis et progressibus rei herbariæ, imprimis in imperio rutheno auct. 
Hoffmann. Moscoviæ 1825. Ferrussac. Bulletin des Sc. nat., tom II, p. 29. 

(5) Loudon’s Encyclopedia, p. 257. 


— 150 — 


tion la plus complète de figures des plantes propres à soulager et à guérir: 
nos maux, au génie et à l’industrie d’une dame: Elisabeth Blacwell (1). Elle 
était fille d’un marchand des environs d’Aberdeen ; son mari, Alexandre 
Blacwell, après avoir dissipé sa dot par des voyages, la retrouva après 
trois ans d'absence, fidéle à ses devoirs et ne lui conservant pas la moin- 
dre rancune de ce procédé au moins singulier chez un jeune époux. 
Celui-ci se fit imprimeur, réussit mal, contracta des dettes, et fut mis 
en prison. Sa femme pour le tirer de l’infortune résolut de mettre à 
profit son talent de peindre et de graver, et guidée par les conseils de 
Sloane, de Mead et d’autres botanistes, elle entreprit un ouvrage gigan- 
tesque sur les plantes médicinales. De 1757 à 1739 elle publia ainsi 
deux volumes in-folio de cinq cents planches (2) représentant autant de 
plantes dont elle avait non-seulement dessiné les originaux, maïs encore 
gravé et colorié de sa propre main les épreuves. On conçoit que cette 
femme laborieuse devait tenir à ne pas perdre de temps, aussi se 
logea-t-elle vis-à-vis du jardin de la compagnie des apothicaires, à 
Chelsea. Cette publication et un ouvrage sur l’économie rurale publié 
par son mari lui-même tirèrent celui-ci de sa fâcheuse position; il fut 
appelé en Suède où sa mauvaise étoile le fit, à ce qu’il paraît, conspirer 
contre l’Etat, de manière qu’il finit par perdre la tête sur l’échafaud. 
Les botanistes ont dédié à la mémoire d’Élisabeth Blacwell un genre de 
beaux arbres de l’ile de France, mais par une de ces bizarreries qu’on 
a trop souvent à déplorer dans l’histoire des sciences, on ne sait rien 
de la vie et de la mort de cette femme chez qui le talent, la science, la 
bonté et le dévouement étaient également dignes d’être cités. 

Les temps passés nous ont fourni de beaux exemples; l’histoire con- 
temporaine nous livre encore des noms qui appelleront les éloges de 
la postérité. La Bavière cite avec orgueil le haut intérêt que porte à la 
Botanique, Me Heppe qui consacre à cette science son temps et sa for- 
tune. Son vaste jardin est un des plus beaux de l’Europe. Annuellement 
elle fait des voyages pour augmenter ses collections et tous les jardins 
de l’Europe ont reçu l’honneur de ses visites. Le nombre de plantes 
utiles que lui doit son pays natal est des plus considérables (5). 

L'ancien pays de Liége a le droit de réclamer une autre illustration, 
je veux parler de Mademoiselle Libert de Malmedy qui vient de publier 
en notre ville, il y a peu de jours, le quatrième volume de ses crypto- 
games des Ardennes. Cette dame, habitant une petite ville où les 
ressources pour la science sont bien restreintes, s’est fait à juste titre 


(1) Esquises historiques et biographiques des progrès de lu Botanique en Angleterre 
par Pusreney. Paris, 1809, tom. II, p. 255. 

(2) Curious herbal. Herbier curieux. Londres. 

(5) Loudon’s Encyclopedia, p.155. 


QU 


un beau nom parmi les botanistes. L'origine de son goût pour les 


plantes est curieuse. Sa famille possédait depuis longtemps la recette 
d’un de ces remèdes composés uniquement de plantes sauvages; elle 
voulut les connaître de manière à éviter toute méprise et un de ses 
parents à qui elle s’adressa pour obtenir un ouvrage de botanique où 
ces plantes fussent décrites, lui donna un gros volume in-folio écrit en 
latin ; c'était un Dodonée avec des figures en bois. Les figures lui firent 
reconnaître les espèces qu’elle cherchait, mais elle voulut comprendre 
le texte. Avec peu de secours mais douée d’une grande aptitude aux 
travaux de l'intelligence, elle sut bientôt le latin qu’elle écrit aujourd’hui 
avee une facilité qui n’est pas dépourvue d'élégance. La publication de 
ses mémoires l’a fait connaître du monde entier et une jolie plante de 
l’île de Cheloë lui a été dédiée sous le nom de Libertia formosa par le 
botaniste écossais Mr. Graham (1). 

En 1817, les Genèvois voulaient construire un jardin botanique. L’his- 
toire a conservé le souvenir de l’enthousiasme qui à cette occasion s’em- 
para des dames de cette ville illustrée depuis si longtemps par une foule 
de célébrités. 35,000 florins avaient été votés par l’Etat, 284 particuliers 
mus par un noble patriotisme se cotisèrent pour fournir une somme 
de 58,000 florins ; en moins de huit mois 120,000 florins étaient prêts; 
et trois ans après 22,000 florins avaient été réunis par de nouvelles sous- 
criptions. Des habitants donnaient des étiquettes, des châssis, des plan- 
tes, une dame envoya soixante-dix espèces de saxifrages et des ouvriers 
eux-mêmes travaillaient sans salaire ou envoyaient des objets de leur 
industrie; en moins de trois ans le jardin de Genève, grâce au zèle et 
aux connaissances de Mr. De Candolle, devint un des plus renommés de 
l’Europe ; mais pour qu’un jardin soit bien utile à la science, il faut qu’on 
y conserve une collection de dessins des plantes rares ou remarquables 
qui y fleurissent. En huit jours 110 personnes avaient fait 4000 dessins 
de la flore du Mexique et en 1821 les dames de Genève offrirent au jardin 
de leur ville 200 dessins sur vélin des plantes les plus rares. Les publi- 
cations auxquelles ce travail, si digne d’éloges, donna naissance, ont 
fait mériter au généreux talent de ces dames une juste reconnaissance 
par tous ceux qui ont à cœur le progrès des sciences et des arts (2). 

Voilà, Messieurs, quelques réflexions, quelques faits qui peuvent nous 
convaincre que la connaissance des plantes n’est pas inutile à l’éducation 
des femmes et que celles-ci sont appelées par la finesse de leur tact, leur 
entente des règles du bon goût, leur sentiment du beau et leur facile 
appréciation de l’utile, à jouer un beau rôle dans l’histoire de l’horti- 


(1) Horticulleur belge, tom IL, p. 8. 
(2) Rapport sur la fondution du jardin botanique de Genève, par Mr DecanDose, 
Génève, 1821. 


— 152 — 


culture. L’Angleterre et l’Allemagne possèdent aujourd’hui d’excellents 
ouvrages de Botaniqne destinés à l’éducation des demoiselles et nous 
faisons des vœux pour qu'ils soient bientôt traduits dans notre langue; 
si nos mères de famille, coopérant au progrès de nos sociétés, montrent 
par leur exemple que la science des fleurs ne leur est pas étrangère, 
leurs filles en sentiront d’autant mieux les avantages qu’elles peuvent 
tirer de ces études. S'il est vrai, comme l’a dit une femme célèbre que 
la sensation est nécessaire à l’âme comme l'exercice au corps, quelle 
influence ne doit pas avoir sur l’âme et sur l’intelligence la vue de ces 
admirables merveilles que nous offre le domaine des fleurs! Le moral 
reçoit insensiblement l'effet de ces jouissances pures et l’on devient 
meilleur en s’instruisant davantage! 


JARDIN FRUITIER. 


DESCRIPTION DE LA POIRE GÉNÉRAL TOTLEBEN. (Fontaine. 


Cette poire a été l’objet des plus grands éloges et nous a été chaude- 
ment recommandée par M. Ambroise Verschaffelt, avec demande de la 
signaler à nos lecteurs : nous déférons très-volontiers au désir de notre 
honorable correspondant. Voici les renseignements qui nous ont été 
communiqués : 

L'arbre est de vigueur moyenne, très-fertile, de forme pyramidale; 
les branches portent un assez grand nombre depetitslenticelles. Les bour- 
geons sont courts, pointus, très-écartés de la branche. Feuilles petites, 
ovales-lancéolées, à dentelures très-fines, peu nombreuses; pétioles longs 
de 0" 02. 

Les Lambourdes sont courtes : les boutons à fleurs courts et obtus. 

Le fruit est pyriforme, haut de 12 centimètres sur une circonférence 
de 27 centimètres, recouvert d’une peau jaune tachetée et pointillée de 
brun. La chair est rosée, très-fondante, peu granuleuse, parfumée et 
imprégnée d’une eau sucrée et abondante. Ces qualités en font un fruit 
de première qualité. 

Il mürit de décembre à février et se conserve même au delà de cette 
époque. 

La Poire Général Totleben a été gagnée par M. Fontaine de Gheling, 
parmi des semis faits en 1839 : les premiers fruits ont été dégustés en 
1855, ils ont été reconnus nouveaux par M. Ad. Papeleu. 

L'édition a été acquise par M. Amb. Verschaffelt, horticulteur à Gand. 


> . 4 ’ aa à : x : 
Poire General Totleben (Fontaine de Ghelin). 


— 155 — 


ARBORICULTURE. 


NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES DE SAULES INDIGÈNES ET 
EXOTIQUES PROPRES A L'ORNEMENTATION DES JARDINS 
ET A LA PLANTATION DES OSERAIES; SUIVIE DE QUELQUES 
CONSIDÉRATIONS SUR LA CRÉATION DE CES DERNIÈRES. 


Par M. Azur. WESMAEL, 


Répétiteur du cours de botanique à l’école d’arboriculture de Vilvorde. 


Les motifs qui nous engagent à publier cette notice sont les suivants : 

4 de passer en revue les espèces de Saules tant indigènes qu’exotiques, 
propres soit à la décoration des jardins, soit à la plantation des oseraies. 

2 d’énumérer les divers travaux, tant pour la création, l'entretien, 
que pour l’exploitation des oseraies. | 

La première partie de notre travail est consacrée à la description des 
espèces et variétés qui nous occupent; dans la seconde nous passons en 
revue les espèces les plus propres, soit à la décoration des jardins soit à la 
plantation des oseraies ; et la troisième traite des différents travaux rela- 
tifs à la création, à l’entretien et à l’exploitation des oseraies. 

Pour faciliter autant que possible la détermination des espèces, nous 
avons joint à chaque description une figure représentant les feuilles et 
pour certaines nous avons jugé nécessaire d’y joindre les fleurs. 

Dans un genre aussi difficile que celui qui nous occupe, et afin d’être 
bien certain sur la valeur des nombreux échantillons que nous avons ré- 
coltés durant quatre années, avant de livrer nos observations à la publi- 
cité, nous avons confié à Monsieur le professeur Scheidweiler des 
échantillons que nous regardions comme types, afin de connaitre son 
opinion sur nos déterminations. Nous lui adressons nos sincères re- 
merciments pour l’empressement qu’il a mis à satisfaire à notre demande. 

Nous devons également à monsieur le professeur Ed. Morren l’expres- 
sion de toute notre gratitude pour la partie de son herbier renfermant le 
genre qui nous occupe, qu'il a bien voulu mettre à notre disposition. 

C’est avec de semblables données que nous osons publier nos observa- 
tions sur un genre intéressant au double point de vue de l’utile et de 
l’agréable. 

Le genre Saule (Salix) appartient à la famille des Salicinées de 
Ach. Richard et à la Diœcie-diandrie de Linné. 


BELG. HORT., TOME X. 9 


— 154 — 
SazicinÉes (Ac. Ricmarp. Elém. bot., éd. 6. p. 626). 


Fleurs dioïques disposées en chatons cylindriques ou ovoïdes. Disque réduit à 
4 ou 2 glandes situées à la base des organes sexuels. Les mâles se composant de 2 à 
20 étamines placées à l’aisselle d’une bractéole, ou sur sa face supérieure; à filets 
libres ou soudés dans une étendue variable. Les femelles à ovaire sessile ou pédi- 
cellé : Styles 2 plus ou moins soudés; stigmates bipartites, bifides, émarginés ou 
entiers. Fruit capsulaire, ovoïde conique, à graines nombreuses , à déhiscence loculi- 
cide, Arbres, arbustes ou arbrisseaux à feuilles caduques, alternes, simples. Stipules 
libres caduques, souvent nulles. 


Salix (Tourner. Inst., page 590, t. 368). 


Bractéoles entières. Fleurs mâles et femelles munies de 1 à 2 glandes situées à la 
base des étamines ou de l’ovaire. Fleurs mâles : étamines 2 à 5 à filets libres ou 
plus ou moins soudés. Fleurs femelles : ovaire sessile ou pédicellé, uniloculaire. Style 
allongé ou presque nul; stigmates 2, entiers, échancrés ou bifides. Graines munies 
d’une aigrette. 


Secr. I. Amerina (Fries. mant. I, p. 41). 


Bractéoles florales concolores et entièrement verdätres, jaunätres ou roussâtres. An- 
thères jaunes après l’émission du pollen. Nectaires ordinairement deux. Arbres ou ar- 
brisseaux élevés. 


A. Fragiles (Koch. Sal. Europ., p. 15). 


Bractéoles caduques avant la maturité des capsules. Chatons pédonculés apparaissant 
avec les feuilles. 


1. S. pentandra. (L. spec. 1442). Fig. 1. 


Fr. : Saule à cinq étamines, Saule à feuilles de laurier. 


Chatons mâles compactes, longs de 20 à 40 millim. sur 8 à 14 de large, portés sur 
des pédoncules feuillés; axe et bractéoles velus; étamines 5 à 8 à filets beaucoup 
plus longs que les bractéoles. Chatons femelles longs de 40 à 50 millim., lâches, à axe 
velu; ovaire ovoide-conique , glabre ; pédicelle 1 mill.; style court; stigmates épais, 
échancrés-bilobés. Glande 1 millim. Feuilles ovales-lancéolées, dentées glanduleuses ; 
pétiole glanduleux au sommet, Arbuste à rameaux lisses et luisants. 

Alpes, Pyrénées, Jura. 


41. —S, pentandra, L. 


4 


PU. 


2. S. fragilis. (L. spec. 1445). Fig. 2. 

Fr. : Saule fragile. — Flam.: Krack- Wallig ou Kattenhout. 

Chatons mâles à axe velu, longs de 55 à 45 millim. sur 6 à 7 de large; bractéoles 
velues; filets des étamines non dilatés à la base. Glandes 2; l’antérieure dirigée soit 
horizontalement ou vers la base, la postérieure, insérée plus haut que l’antérieure et 
entre les deux étlamines. Chatons femelles longs de 50 à 60 mill. sur 6 à 7 de large. 


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4. —S, Babylonica. 


2. —S, fragilis. 3.— $, alba. 


— 156 — 


Ovaire pédicellé, glabre, parsemé de rugosités ; style court; stigmates bifides en 


croix, séparés par les poils des bractéoles. Feuilles lancéolées acuminées, atténuées 


à la base, vertes et luisantes en-dessus, plus pales et glauques en-dessous et tout à 
fait glabres. à l’état adulte, ordinairement denticulées ; stipules larges, obliquement 
ovales et denticulées. Arbre de taille moyenne. Bords des eaux, cultivé en tétards. 
B. Russeliana(S. Russeliana, SuiTa.) 
Ecorce des rameaux rougeûtres. Feuilles plus étroites longuement acuminées, plus 
courtes el toujours glauques en-dessous. Chatons un peu plus petits que dans le type. 


3. S. alba. (L. Spec. 1449.) Fig. 3. 
Fr. : Saule blanc. — Flam. Witien Wilge, Wilgenboom. 


Chatons mâles odorants, longs de 60 à 90 mill. sur 9 à 12 mill. de large à axe 
pubescent. Bractéoles faiblement velues. Elamines 2 à filets à base en massue, et gar- 
nis de quelques poils. Glandes 2, l’antérieure peniciforme, ascendante, la postérieure 
arquée. Chatons femelles atteignant environ 20 à 50 mill. sur 5 à 6 mill. de large. 
Ovaire sessile dans le principe et subpédicellé plus tard. Style presque nul; stigmates 
bilobés ou échancrés. Glande petite, déprimée ne dépassant pus la base de l'ovaire. 
Feuilles lancéolées, acuminées, atténuées à la base, blanches soyeuses des deux côtés 
ou au moins en-dessous, finement dentées glanduleuses ; stipules petites, lancéolées, 
soyeuses ainsi que les pétioles et les jeunes pousses. Arbre de première grandeur. 


Cultivé en têtards, bords des rivières. 

B. Vitellina (Seving. fl. jard. v. 2, p. 32) (S, Viliene, L.) 
Fr. : Osier jaune. — Flam. Geel Wymen. 

Rameaux à écorce lisse et luisante, d’un beau jaune quelquefois orangé. 
7. Sericea. Nos. (S. Caprea protea, Horr. Vizv.) 

Feuilles adultes soyeuses argentées sur les deux faces. 


4. S. Babylonica (L. Spec. 1443). Fig. 4. 


Fr. : Saule pleureur. — Flam. Treurwilge. 

Chatons mâles? Les femelles longs de 40 à 50 mill. sur 5 à 8 de large. Bractéoles 
glabres, atteignant environ le milieu de l’ovaire; ovaire sessile, surmonté d’un style 
très-court; stigmates émarginés; glande déprimée dépassant la base de l'ovaire. 
Feuilles lancéolées-linéaires, longuement acuminées, finement denticulées, glabres; 
stipules lancéolées et en faulx. Arbre à rameaux très longs et pendants. 

Orient. 

B. Annularis (Sering. fl. jard. v. 2. p. 50). 

(S. annularis, Horruz.) (S. cochleata, Dumrr. fl. Belq.) 


Feuilles pliées longitudinalement et arquées en anneau. 


B. Amygdalinæ (Koch. Sal. Europ. p. 17). 
Bractéoles persistantes à la maturité des capsules. 


+ Chatons pédonculés apparaissant avec les feuilles. 


5. S. Amygdalina. (L. Spec. 1443.) Fig. 5. 
Fr. : Saule Amandier. — Flam. Drymans Wilge, Amandel Wilge. 


Chatons mâles longs de 40 à 50 mill. sur 6 ou 8 de large. Bractéoles munies de quel- 
ques poils à la base seulement, ovales, cucullées. Etamines 3, dépassant longuement 


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— 157 — 


les bractéoles. Chatons femelles un peu plus courts que les mäles ; ovaire pédicellé, 
glabre, à pédicelle égalant environ la hauteur de l'ovaire ; style presque nul; stigmates 
divariqués à angle droit. Bractéole presque glabre atteignant la hauteur du pédicelle. 
Feuilles brièvement pétiolées, lancéolées, acuminées, finement dentées-glanduleuses, 
très-glabres, vertes et luisantes en-dessus, plus päles et rarement glauques en- 
dessous. Stipules grandes obliquement ovales, dentées. Arbre à rameaux courts ou 
plus souvent arbuste à rameaux efilés, flexibles, lisses et luisants. 


Bords des eaux, oseraies. ; 
«. Discolor (Gr. God. fl. franc. v. 3 p. 126). 
(S. Amygdalina, L.) 


Feuilles glauques ou glaucescentes en-dessous. 


8. Concolor (Gr. God. fl. franc. v. 5 p. 126). 
(S. Triandra, L.) 


Feuilles non glaucescentes, plus petites et d’un vert plus intense que dans la 
varieté précédente. 


5. — S. amygdalina. 


6. S. Hippophæfolia. (Thuil. par. 514.) Fig. 6. 
Fr. : Saule à feuilles d'Hippophae. 


Chatons mâles longs de 20 à 30 mill. sur 8 à 12 de large. Bractéoles velues : chatons 
femelles longs de 18 à 20 mill. sur 5 à 8 de large; bractéoles obovales et velues, 
surtout au sommet, rougeâtres; pédicelle égalant la glande; ovaire pubescent; style 
égalant les stigmates bifides. Feuilles lancéolées, étroites, longuement acuminées, 
obscurément denticulées, glabres à l’état adulte, stipules en demi-cœur. Arbrisseau 
à rameaux olivâtres. 

Bords de la Senne, de l’Escaut, de la Meuse. 


SK LEE nr — 


6. — S. Hippophæfolia. 


T1 Chatons sessiles apparaissant avant les feuilles. 


7. S. incana (Schrank, baier. fl. 1, p. 250). Fig. 7. 


(S. Rosmarimfolia, HorTur.) 
Fr. : Saule Incane. — Flam. Wilge met roose-maryn blad. 


Chatons mâles longs de 20 à 25 mill. sur 6 à 8 de large; bractéoles glabres, ciliées 
sur les bords; élamines 2 à filets soudés dans leur moitié inférieure. Chatons femelles 


Lips 


longs de 20 à 59 mill. sur 3 à 4 de large; bractéoles chauves à la surface, à bords. 


ciliés et surtout au sommet; atteignant le sommet de l’ovaire ; ovaire sessile, glabre 5, 
style environ un tiers de l’ovaire; stigmates 2 ordinairement indivis; glande ne dé- 
passant pas la base de l'ovaire. Feuilles lanceolées-linéaires, d’un vert sombre supé- 
rieurement, blanches cotoneuses inférieurement, à bords roulés en-dessous. 

Bords du Rhin. 


2. — S. Incan:. 


Secr. Il. Purpureæ (Koch. Salic. Europ. p. 24). 


Bractéoles discolores. Chatons sessiles ou subsessiles, paraissant avant les feuilles, 
Anthères pourpres et devenant noires après la fécondation. Etamines 2 à filets ordinai- 


rement soudés dans une longueur variable. Feuilles lancéolées-sublinéaires ou lancéolées- 
oblongues. 


8. S. purpurea (L. Spec. 1444). S. Monandra, Horru. Fig. 8. 


Fr. : Saule à une étamine. — Flam. Beckwillig. 


Chatons mâles longs de 50 à 35 mill. sur 5 à 8 de large; bractéoles longuement 
velues; étamines 2 à filets soudés dans toute leur longueur et simulant une étamine à 
anthère quadriloculaire. Chatons femelles longs de 25 à 50 mill. sur 5 à 6 de large; 
bractéoles obovales, noires au sommet, vertes à la base. Ovaire sessile, style court; 
stigmates bifurqués représentant 4 stigmates globuleux; glande logée dans une exea- 
vation de l’ovaire. Feuilles lancéolées-oblongues élargies supérieurement, aiguës, un 
peu glauques et glabres à l’état adulte. Il arrive que les feuilles sont opposées ou 


. 


‘ternées sur les rameaux vigoureux, arbuste n’atteignant pas de grandes dimensions, 


écorce des rameaux pourpre. 
Bords des eaux, oseraies. 


x. Gracilis. (Gr. God. fl, franc. v. 3, p. 129.) 
Chatons très-grêles. 


6. Helix. (Gr. God.) (S. Helix, L. Spec. 1441). 


Chatons plus gros, rameaux dressés, feuilles très-allongées. 


8. — S. purpurea. 


9. S. Rubra (Huds. fl. angl., p. 425). Fig. 9. 
Fr. : Saule rouge. — Flam. Roode Wymen, Grond Wymen. 


Chatons mâles ovales, longs de 15 à 25 mill. sur 12 à 15 de large; bractéoles lon- 
guement velues; étamines 2 à filets ordinairement soudés à la base seulement, plus 
rarement jusqu’au milieu. Chatons femelles longs de 20 à 25 mill. sur 8 à 12 de large; 
bractéoles velues; ovaire sessile, pubescent; style filiforme; stigmates linéaires, 
entiers; glande dépassant la base de l’ovaire. Feuilles lancéolées ou étroitement lan- 
céolées, toujours un peu élargies vers le haut, acuminées, dentées très-irrégulière- 
ment, glabres sur les deux faces à l’état adulte. Stipules? Arbuste n’atteignant pas 
une grande hauteur. 


Bords des eaux, oseraies. (Rare ) 


RE PR te 


9. — S, Rubra. 


ee 460 — 


Secr. III. Viminales (Koch. Sal. Europ. p. 27). 


= Bractéoles discolores. Chatons sessiles ou subsessiles, naissant avant ow avec les 
feuilles. Anthères jaunes après l’anthèse. Ovaire sessile ou porté par un pédicelle au plus 
une fois plus long que la glande. Feuilles lancéolées ou sublinéaires. 


A. Capsule sessile. 


10. S. Daphnoides (Vill. Dauph. 5, p. 765). Fig. 10. 
Saule à feuilles de Daphné. | 


Chatons mâles sessiles, dépourvus de bractées foliacées à la base, longs de 25 à 30 
mill. sur 8 à 10 de large; bractéoles couvertes de longues soies qui dépassent ordinai- 
rement les anthères ; étamines 2 à filets un peu soudés à la base. Chatons femelles longs 
de 35 à 45 mill. sur 10 à 15 de large; bractéoles poilues, à sommet atteignant rare- 
ment le sommet de l’ovaire ; ovaire glabre; style 2 mill.; stigmates courts et bifides. 
Glande dépassant la base de l’ovaire. 

Feuilles lancéolées-oblongues, pointues, fermes, luisantes en-dessus, pâles ou glau- 
ques en-dessous : stipules en demi-cœur très caduques. Arbrisseau de moyenne gran- 
deur. 


Bords des eaux, dans le Luxembourg. 


RINNR 


10. — $S. Daphnoïdes, Vill. 


41. S. Viminalis (L. spec. 1448). Fig. 41. 


Fr. : Saule osier vert. — Flam. Xorfwillig ; bleek groene bind willig. 


Chatons mâles longs de 22 à 28 mill. sur 10 à 12 de large. Bractéoles longuement 
velues ; étamines 2 à filets libres. Chatons femelles longs de 20 à 95 mill. sur 6 à 8 de 
large; bractéoles obovales velues ; ovaire tomenteux; style long, égalant les stigmates 
linéaires et entiers, dépassant les poils de la bractéole; glande égalant environ la 
moitié de l’ovaire. Feuilles lancéolées-linéaires, longues, pointues, presque entières, 
glabres au-dessus, soyeuses en-dessous, à bords roulés en-dessous au moins dans le 
jeune âge. 

Bords des rivières et oseraies. 


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Billbersia Moreliana Bronsninnt. 


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— 161 — 
HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE BILLBERGIA MORELII, Ao. Broxc. (BILLBERGIA 
MORELIANA, Horruz.), OÙ BILLBERGIA DE M. MOREL (1), 


DÉCRIT ET FIGURÉ 


d’après les spécimens de l'établissement d’horticulture de MM. Jacob 
Makoy et C, à Liége, 
Par M. Énouarn Morren. 
(Voy. PI. double XI-XII.) 


L'histoire de cette plante est un nouvel exemple de la confusion déplo- 
rable dans laquelle se trouve depuis trop longtemps plongée la brillante 
famille des Broméliacées. Les diagnoses des espèces et méme des genres 
ont ici, en général, tant de vague et d'incertitude, qu’il est non-seulement 
difficile, mais souvent imprudent de prétendre décider des identités spé- 
cifiques. Trois plantes au moins se trouvent dans les ouvrages confondus 
sous une même dénomination celles de Billbergia de Morel, et il n’est pas 
jusqu’au nom systématique donné par M. Brongniart qui n’ait été dénaturé. 

Dans de telles conditions , quelques détails précis et une description 
exacte de cette plante ne seront pas dépourvus d’intérêt. D’un autre côté 
si les botanistes discutent du nom, personne ne met en doute les mérites 
horticoles de la chose. Nous avons rencontré maintes fois la plante qui 
nous occupe dans les serres de M. Jacob Makoy et nous la recommandons 
sans hésitation à tous les amateurs qui possèdent une serre un peu chaude. 

Le nom de Büllbergia Morelii a été donné par M. Ad. Brongniart à 
l’une des Broméliacées introduites en France par M. Morel. Elle avait 
été découverte à Bahia, par M. Porte, qui l’envoya en 1847 à M. Morel, 
chez lequel elle fleurit en octobre 1848. Elle fut décrite et figurée pour 
la première fois dans le Portefeuille des horticulteurs(2?), mais cette 
description est très-courte et la figure fort mal coloriée. | 

L'une et l’autre suffiraient toutefois pour faire reconnaître l’espèce et 
celle-ci n’aurait été l’objet d’aucune confusion, sans les faits suivants : 

En 1851 M. Arthur Henfrey décrit et figure dans le Gardeners’ Maga- 
zine of Botany, p. 33, de M. Th. Moore, sous le nom de Billbergia More- 
liana, une plante qu’il avait vue fleurir chez M. Henderson. Celui-ci 


(1) Biczeercia Moreun foliis lineari-oblongis, loreatis, canaliculatis apice rotundatis 
apiculatis, utraque pagina, levissimis, distante, et brevissime denticulatis (sesqui 
pedalibus) ; floribus racemosis, racemo simplice ineurvo pendulo; bracteis tenerrimis 
roseis lanceolatis integris, interioribus floribus longioribus, ultimis minutis; floribus 
sessilibus, rachi et calice incarnatis pube alba furfuracea inspersis; sepalis oblongis; 
obtusis petalis lineari-oblongis obtusis apice patentibus (saepins ringentibus; duobus 
adscendentibus tertio deflexo) staminibus exsertis subæqualibus petalis brevioribus, 
stigmale æquantibus. An. Bronc., in Flore des Jardins, NM, 17, 1859. 

(2) T. IL, No 4, p. 97, 1848. 

BELG. HORT., TOME X. 10 


ve 


l'avait recue de France sous le nom de Tüillandsia Moreliana. Nous ne 
savons si M. Henfrey considérait cette plante comme identique au Ball- 
bergia Morelir de Brongniart et sic’est par inattention qu'il écrivit More- 
liana. Mais cette confusion ou au moins un rapprochement entre tous 
ces noms de Brongniart et de Henfrey, de Morelii et de Morcliana, 
eurent lieu dans le Jardin fleuriste (T. II, pl. 158), qui reproduisit 
la planche et la description de la Revue anglaise, en émettant toutefois 
des doutes sur plusieurs points. En effet, cette plante n’a rien de com- 
mun avec celle que Porte avait introduite et elle constitue une simple 
variété du Billbergia vittata. 

Peu de temps après, M. Lindley décrivit dans le Journal de Paxton 
(T. IE, pl. 77) et M. Lemaire reproduisit dans le Jardin fleuriste (T. IN, 
pl. 271) un nouveau Billbergia Moreliana (sic), cette fois qualifié de vera! 
J1 ressemble en effet à la plante de Brogniart, mais les descriptions sont 
si incomplètes et les planches si obseures et si différentes de la nature, 
que nous n’oserions certifier cette identité. 

En résumé, tous ces Billbergia Moreliana nous semblent différents 
du véritable B. Morelii que nous avons vu fleurir chez M. Jacob Makoy. 
Ce serait pour le mieux, puisque les noms diffèrent eux-mêmes, si, 
malheureusement, on n'avait transformé en horticulture le nom de 
Morelii en Moreliana; il importe de rétablir la véritable orthographe 
du nom sur tous les individus qui répondent à la diagnose scientifique 
de Brongniart et dont voici le résumé : 


B. Morecu, Ad. Brong. Feuilles linéaires, larges, canaliculées, obtuses-arrondies, 
un peu apiculées; d’un vert pâle, minces, presque transparentes, lisses et glabres 
sur les deux surfaces; bordées de dents courtes et espacées; fleurs sessiles, en épi 
lâche recourbé et pendant, accompagnées de longues bractées d’un rose tendre; les 
inférieures plus longues que les fleurs, diminuant rapidement vers l’extrémité de la 
grappe, couvertes ainsi que le rachis et les calices d’écailles furfuracées, petites ct 
éparses; rachis et calice d’un rose tendre; sépales obtus, oblongs, pétales linéaires, 
spatulés, obtus, dont deux redressés et un infléchi; étamines saillantes, plus courtes 
que les pétales. 


On le voit, cette description est bien sommaire et sous maints rapports 
insuffisante. Les figures que nous connaissons étant inexactes, nous avons 
dessiné (PI. XI—XII) et décrit le B. Morelii d’après nature. Par la plu- 
part de ses caractères il se place à côté du B. iridifolia, dont il est toute- 
fois manifestement distinct. 


Feuilles peu nombreuses, 6-10, très-légèrement farineuses, faiblement striées 
sur la face inférieure, longues de 40 à 50 centimètres, larges de 3 à 5 centimètres, 
bordées de denis courtes, lesquelles sont espacées dans la partie inférieure des feuilles 
de un à un centimètre et demi, plus rapprochées vers l’extrémité où elles ne sont 
distantes que de 3 à 5 millimètres, dressées et presque apprimées. 

Hampe surgissant du centre de la truffe foliaire, pendante, farineuse, rouge écar- 
late, mais se décolorant ou devenant jaunâtre à l’extrémité, longue de 20 à 50 centi- 
mètres, arrondie, chargée de bractées. | 

Celles-ci au nombre de 20; les dix premières stériles. La première incluse, semi- 


— 165 — 


foliacée, d’un rouge sombre, traversée de bandes blanches, farineuses et transver- 
sales, brusquement acuminée au sommet. Les suivantes imbriquées, spiralées, ovales, 
translucides, d’un rouge écarlate vif, brusquement acuminées à leur extrémité qui 
est spiniforme, blanche et farineuse : longues de 7 centimètres, larges de 21/2 
centimètres : les stériles, les plus grandes, faiblement dentées comme les feuilles, 
mais à dents petites, inégales, faibles et abortives. Les fertiles successivement plus 
petites, ayant chacune une fleur à leur aisselle. 

Fleurs solitaires à l’aisselle des bractéés, de la même longueur ou les dépassant 
un peu, longues de 5 céntimètrés environ, très à peu près sessiles. 

Calice à trois divisions, imbriquées, longues de 15 millimètres, larges de 7-10 milli- 
mètres, atteignant environ la moilié de la longueur de la partie tubuleuse de la 
corolle, blanches, carminées, légèrement farineuses. 

Corolle à trois pétales, alternes, rubaniformes, longs de 4 centimètres environ, 
larges de 6 à 7, à limbe étalé, légèrement révoluté, d’un blanc jaunâtre à la base, 
passant à une belle teinte bleu-violacé au sommet. Cés pétales sont munis antérieu- 
rement à la base de deux petits appendices nectariformes, blanchâtres, dentés-fran- 
gés, situés de chaque côté de la ligne médiane, et qui se le souvent de chaque 
côté du filet staminal de manière à constituer pour celui-ci une gouttière dans 
laquelle il est logé : de plus il est assez souvent retenu par de petites dents que 
portent ces prolongements et ordinairement au nombre de 1, 2 ou 5 de chaque côté. 

Les étamines n’atteignent pas tout à fait la longueur des pétales qui les dépassent 
de 4 à 5 millimètres: au nombre dé six, sur dons rangs alternes, à filets simples, 
à anthères longues de 3 millimètres environ, presque basifixes, à pollen jaune. 

Style filiforme, simple, à stigmate en tête, tordu en spirale, décrivant ordinairement 
3 à 4 tours, lilas-violacé, comme les D étalee dont il atteint presque la Jonsueute 

Ovaire court, haut de 5 à 6 centimètres, obscurément triangulaire, à trois loges 
renfermant un grand nombre d’ovules qui semblent disposés sur plusiéurs rangs et 
répartis en deux groupes dans chaque loge. 


La floraison du Billbergia Moreliana est admirable: elle est facile et 
abondante et d'autant plus agréable qu’elle se continue pendant tout 
l'hiver. Sa culture est des plus simples et la même que celle de la plupart 
de ses congénères. 


Explication des figures. 


Fig. 1. Fleur entière de grandeur naturelle. 

2. Fleur entière débarrassée du calice et entr'ouverte, 

3. Pétale détaché avec une étamine, pour montrer les deux petits appéndices 
inférieurs et leurs prolongements dentés qui retiennent le filet dans une gouttière. 

4. Coupe longitudinale de l'ovaire (doublé de grandéur naturelle). 

5. Coupe transversale (idem). 

6. Stigmate (plusieurs fois grossi). 

7. Fleur tératologique munie de deux bractées, dont l’une grändé et normale, 
l’autre plus petite, insérée plus haut et faisant avec la première un quart de cercle 
de déviation. Cette fleur présente deux sépales, deux pétales et quatre étamines. 

8. Même fleur entr’ouverte pour montrer l’insertion des étamines. 


Post-Scriptum. Pendant l'impression de ce qui précède nous nous 
sommes souvenus d’une planche et d’un article consacrés au Billbergia 
Morel dans les Annales d’horticulture et de botanique du royaume des 
Pays-Bas (T. II, 1859, p. 17), actuellement rédigés par M, Witte, depuis 


— 164 — 


le départ de M. De Vriese pour les Indes. L'opinion de M. Witte est con- 
forme à celle que nous avions exprimée; elle est en outre appuyée sur 
un document important, une note de M. Brongniart lui-même. Avant de 
reproduire quelques lignes de l’article de M. Witte, ajoutons que la 
planche de ses Annales est exacte et représente une grappe en pleine 
floraison. 

a Nous avons écrit, dit M. Witte ({. c.), à M. Brongniart lui-même 
pour avoir la certitude que la plante est en effet le B. Morelii. En nous 
faisant l’honneur d’une réponse, ce savant nous a envoyé, avec la 
diagnose, les renseignements qui suivent : jh 

« Le Billbergia Morelii ou Moreliana, est, en effet, une espèce qui a 
fleuri en 1848 parmi les plantes envoyées de Bahia par M. Portes à 
M. Morel et à laquelle j’ai donné le nom de cet habile horticulteur; elle 
a été répandue dans les jardins sous ce nom manuscrit, et a été ensuite 
figurée dans le Portefeuille des horticulteurs, T. 2, p. 97, sous le nom 
de Billbergia Morelii, Brown. Cette figure représente une variété légè- 
rement différente par les bractées inférieures plus rapprochées en forme 
d’involucre; mais c’est à peine une variété. 

Sous le nom de Billbergia Moreliana, M. Lemaire, dans le Jardin 
fleuriste, vol. 2, pl. 158, 1851, a figuré une autre plante, qui est le 
Billbergia vittata, de M. Morel, Portef. de l'hort., T. 2, p. 355. 

Ces deux espèces et le B. iridifolia appartiennent à une même section 
des Bilbergia, caractérisée par ses pétales non contournés en hélice 
comme dans le B. zebrina , et par l’inflorescence pendante : petalis non 
spiraliter contortis, inflorescentia nutante. 

BizLBeRGIA virrara Morel, folia pagina exteriore, transverse squamu- 
lose zonata (ut in 2. zebrina); inflorescentia basi composita. 

BizugerGiA More Ad. Brong., folia utrinque laevissima; inflores- 
centia racemosa simplici. Ad. Brongniart. 

Outre la figure du deuxième volume du Jard. fleur. citée par M. Bron- 
gniart, nous en trouvons encore une autre dans le troisième volume 
pl. 271 du même ouvrage, qui, sous le nom de Bilbergia Moreliana 
vera / représente ainsi une autre espèce. Selon M. Bcer, cette dernière 
serait le Billbergia vittata Morel, et celle du deuxième volume le Billb. 
amabilis Beer. 

C’est là bien entendu une question qu’il n’appartient qu’aux botanistes 
de résoudre. Cependant, en tant qu’il nous est permis d'émettre notre 
opinion, nous n’hésitons pas à dire que, d’après la diagnose de l’auteur 
lui-même, non moins que d’après celle qu’en donne M. Beer, nous som- 
mes convaincu que la plante dont il s’agit présente tous les caractères 
particuliers du Billb. Morelii, BRoNGx. » 

M. Witte qui cultive et qui a vu beaucoup de Broméliacées ajoute que 
cetle plante est non-seulement une des espèces les plus belles du genre, 
mais même de toute la famille des Broméliacées. 


— 165 — 


NOTICE SUR LES CALADIUM, ET DESCRIPTION D’UNE NOU- 
VELLE ESPÈCE, 


Par Le Dr C. Kocu, Professeur à Berlin (1). 


TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR M. À. DE Borne. 


Les Caladium sont un exemple frappant de l’accroissement qu’a pris 
la connaissance des plantes dans ces derniers temps. Linné n’en connais- 
sait encore aucune espèce, car c’est en 1789 que le premier Caladium 
fut décrit, dans la première édition de l’Hortus Kewensis d’Aiton, sous 
le nom d’Arum bicolor (2); Aiton le figura aussi en 1805 dans le Bota- 
nical Magazine (PI. 820). D’après ce que renseigne le premier de ces 
ouvrages, il avait été introduit de Madère en Angleterre vers 1773. Sui- 
vant Ventenat, il avait été découvert par Commerson en 1767 dans les 
environs de Rio-Janeiro, et se trouvait en 1785 au Jardin des Plantes 
de Paris. La beauté de ses feuilles le fit bientôt justement rechercher, 
et, comme en outre sa multiplication était assez facile, il se répandit 
promptement sur le Continent. En 1795, Kerner, professeur de bota- 
nique à Stuttgardt, le représentait sur la planche I de son Hortus sem- 
pervirens, et, trois aus plus tard, à Vienne, Jacquin en donnait aussi une 
figure dans son Æortus Schoenbrunnensis (T. 11, tab. 186). 

Ventenat, professeur au Jardin des plantes, trouva le premier que 
lArum bicolor et quelques autres espèces jusque là réunis aux Arum, 
différaient assez essentiellement des véritables espèces du genre pour 
mériter d’en être séparées, et il établit le genre Caladium, composé de 
9 espèces (Mag. Encycl., 6%° année, T. VI, p. 400). Depuis, la science 
a repris en main ce genre, et a formé aujourd’hui avec les espèces à peu 
près autant de bons genres, qui, à peu d’exceptions près, constituent 
actuellement le groupe des CaLaniées. Ce sont presque toutes des plantes 
à feuillage persistant, et faciles à distinguer du reste des Aroïdées par la 
nervation particulière des feuilles. C’est à Schott, de Schoenbrunn, que 
l’on doit d’avoir établi la circonscription actuelle du genre Caladium. Il 
est seulement fâcheux que le nom de Caiadium, d’abord appliqué par 
Rumph au Colocasia esculenta, Scuorr, des Indes Orientales, se soit 
ainsi reporté exclusivement à des espèces de l'Amérique tropicale. 

Quoique divers voyageurs aient parcouru l'Amérique méridionale et 
surtout le Brésil, en quête de plantes nouvelles, au commencement de 


(1) Wochenschrift für Gürtnerei und Pflanzenkunde, 1859, p. 500. 

(2) Arum bicolor. — A. foliis peltatis sagittatis disco coloratis, spatha medio 
coarctata basi subglobosa, lamina subrotundata acuminata erecta subconvoluta. Ai. 
hort. Kew, 5, p. 316 — J.F. Gmelin Car. a Linne Systema vegetubilium, Lugduni 
1796, p. 864. Polyandria polygynia. Genus Arum *acaulia +7 foliis simplicibus, sp. 52. 


—— 166 — 


ce siècle, et principalement dans la période de 1810 à 1820, ce n’est 
pourtant qu’en 1852 qu’une seconde espèce a été décrite par Schott et 
nommée Caladium Poecile. Les Romains désignaient par le mot Poecile 
une salle de peinture; et Schott aura eu plus probablement en vue le 
mot grec moixlos, qui signifie bigarré, et contre lequel il n’y eut eu 
aucune objection; Ferreur commise, l’usage veut que le nom soit con- 
servé tel qu’il a été établi, et par conséquent qu’il s’écrive avec une 
majuscule; si au contraire, on voulait le rectifier, il faudrait écrire 
poecilum. 

_ Auparavant, De Candolle père avait eu connaissance de deux autres 
espèces, les C. pellucidum et pictum, mais, en en parlant dans la qua- 
trième notice sur les plantes du jardin de Genève, en 1826, il ne les 
considère encore que comme des variétés du C. bicolor, Ver. En 1841, 
Kunth, dans sa Monographie des Aroïdées, appela l'attention sur une 
cinquième espèce à taches rouges, qui n’était encore pour lui qu’une 
variété du C. bicolor, et qu’il distinguait par l’épithète de hæmatostigma 
(tachée de sang). 

Jusqu'en 1853, on ne connaissait ainsi que ces à espèces à feuilles 
bigarrées; cette année on en fit connaître en même temps, à Berlin, à 
Vienne et à Amsterdam, quatre espèces à feuilles unicolores : les Cala- 
dium pallidum, C. Kocu; smaragdinum, C. Kocu; asperulum, Scnorr 
et surinamense, Mio. Presque tous les ans, on en publia depuis de nou- 
velles espèces, qui, en général avaient aussi des feuilles d’une seule cou- 
leur. C’est ainsi qu’en 1856, Schott en compte, dans son Synopsis Aroi- 
dearum, 15 espèces, dont 8 à feuilles bigarrées, et 7 à feuilles uniformes. 

En 1857, deux voyageurs français, Barraguin et Petit, en découvrirent 
à la fois au Brésil 8 nouvelles espèces à feuilles bigarrées, dont ils 
envoyèrent des tubercules à M. Chantin, horticulteur renommé, à Mont- 
rouge, près Paris(). On s’empressa de multiplier ces plantes aussi 
promptement que possible, afin de pouvoir les mettre dans le commerce 
l'été de l’année suivante. Leur publication, qui eut lieu simultanément 
dans l’Jllustration horticole et dans le Wochenschrift, donna occasion de 
faire encore connaitre cinq autres espèces, dont une partie se sont trou- 
vées dans la suite être de bonnes variétés. D’autre part, on en a encore 
publié quelques espèces, de sorte que, en laissant de côté le Caladium 
reticulatum, connu seulement de nom, et le C. lividum, Lopp., qui 
appartient certainement au genre Staurostigma, on n’en compte aujour- 
d’'hui pas moins de 34 espèces. R 

Il y a peu de temps, M. Otto, inspecteur du jardin botanique de Ham- 
bourg, nous a envoyé un Caladium en fleurs, qui se distingue de toutes 
les espèces connues, surtout par ses très-petites feuilles, à pétioles longs 
et grêles ; nous l’avons nommé C. pusillum; il appartient à la série des 


(1) Voyez, pour ces nouvelles espèces, la Belgique horticole, Tome IX, p. 70. 


— 167 — 


espèces à feuilles unicolores. C’est à son occasion que nous avons rédigé 
cet article, et en même temps par suite de la floraison récente d’une 
espèce que nous avions déjà distinguée en 1854 sous le nom de C. mar- 
ginatum, à cause de l’étroite bordure extérieure rose de ses feuilles; 
cette floraison nous permet d’en donner aujourd’hui l'entière description. 

Bien que ces plantes, et particulièrement celles à feuilles bigarrées, 
soient fort en faveur, il est rare d’en rencontrer chez les amateurs et les 
horticulteurs des collections complètes, qui sont cependant magnifiques, 
quand toutes, ou presque toutes les espèces se trouvent dans la force de 
la végétation. La société pour l’encouragement de l’horticulture à Berlin 
proposa, dans son programme du printemps de 1858, un prix pour une 
collection de Caladium à feuilles bigarrées; et M. Louis Mathieu exposa 
pour le concours une collection de presque tous les Caladium. C'était, 
dans toute l’exposition, ce qui fixait le plus les regards des visiteurs. 
Le prix lui fut décerné à l’unanimité. 

L'époque de végétation des Caladium est le printemps et l’été, et on 
peut la prolonger jusqu’en novembre. Malheureusement, ces plantes ne 
viennent bien, ni en plein air, ni encore moins dans les chambres, et 
dans ces deux cas elles ne deviennent jamais belles ni vigoureuses. Comme 
à tous les végétaux originaires des épaisses forêts vierges de l’Amérique 
tropicale, il leur faut une forte chaleur humide, qui ne peut leur être 
procurée que dans les serres les plus chaudes. C’est dans la serre à Victoria 
du jardin Borsig que l’on peut voir tous les ans les plus belles espèces 
dans toute leur magnificence. Mais il ne faut pas croire que les espèces à 
feuilles bigarrées se présentent seules avantageusement; les espèces à 
feuilles uniformes aussi, et surtout les plus grandes, telles que les 
C. smaragdinum C. Kocu et pallidum C. Kocu, font un agréable effet, 
principalement lorsqu'elles sont placées au milieu des autres. 

Nous pensons qu’il sera intéressant d’établir ici une classification des 
espèces d’après leur couleur. Nous désignerons par un astérisque les 
espèces qui ne sont pas encore répandues dans la culture. 


I. — ESPÈCES À FEUILLES UNICOLORES. 
1. “Caladium asperulum, Scaorr. 7. Caladium marginatum, C. Kocu. 
2. CG. concolor, C. Kocu. 8. C. pallidum, C. Kocu. 
3. CG. Engelii, Karsr, 9. C. pusillum, C. Kocx. 
4, *C. firmulum, Scuorr. 10. *C. Schomburghii, Scuorr. 
5. C.hastatum, Lew. 11. C. smaragdinum, C. Kocu. 
6. *C. macrotites, Scuorr. 12. *C. Vellozianum, Scuorr. 


II. — ESPÈCES AYANT LE CENTRE DES FEUILLES ET SOUVENT AUSSI LES 
NERVURES ROUGES. 


13. C. bicolor, Venr. 15. C. Poecile, SemorTr. 
Var. : splendens (la plus belle). Var. : rubellum. 


144. C. Brongnartii, Cuanr, et Len. 16. C. subrotundum, Len. 


= 1681 


II. -— EspicEs A CENTRE DES FEUILLES ROUGE ET ACCOMPAGNÉ DE TACHES 
ROUGES OU PRESQUE BLANCHATRES. 
#7. C. Chantini, Len. 48. C. picturatum, C. Kocx. 
IV. — ESPÈCES A FEUILLES TACHÉES DE ROUGE. 
49. C. hæmatostigma, Ka. | des taches Lout à fait rouges. Du reste, 
20. C. Neumanni, Cnawr et Leu. nous avons trouvé chez le type les taches 
21. C. Verschaffeltii, Cxanr. et Leu. parfois d’un rose très-pâle, mais jamais 
22. C. pellucidum , D. C. (rubricaule et | blanches, comme le disent De Candolle et 
discolor, Horr.) Kunth. 


Var. : Gaerdtii, distincte du type par 


V. — Espèces A FEUILLES TACHÉES DE BLANC. 
23. C. argyrites, Cuant. et Len. 27. C. marmoratum, L. Marmieu. 
24. C. argyrospilum, Cuanr. et Len. 28. C. pictum, D. C. 
25. C. Houlletii, Cnant. et Lem. (a/bo- 29. C. surinamense, Miqu. 
punctatissimum, Horr. Max.) 90. C. thripedestum, CHanr. et LE. 


26. *C. Humboldtii, Scuorr. 


VI. — ESPÈCE A FEUILLES ENTIÈREMENT BRUN-ROUGEATRE. 


51. C. cupreum, C. Kocu. Semble avoir disparu des jardins. 


1. — Caladium marginatum C. Kocu. 


Nous avons déjà décrit cette espèce dans l’appendicc au catalogue des 
graines du jardin botanique de Berlin pour l’année 1854. Malheureuse- 
ment, à celte époque, nous ne connaissions pas encore la fleur, ce qui 
laissait une lacune dans notre description. Ayant eu depuis occasion 
d'observer en fleurs le C. marginatum, nous le décrirons maintenant 
complètement. 

Cette plante est arrivée au jardin botanique de Berlin sous le nom de 
Caladium surinamense ; depuis, nous l’avons reçue sous le même nom 
de l’établissement de Blass, à Elberfeld. Ce nom a été donné par le pro- 
fesseur Miquel, dans le catalogue des graines du jardin botanique d’Am- 
sterdam, à une espèce qu’il avait tirée directement de la Guyane Néer- 
landaise, et qui se distingue par des taches blanches, au moins sur les 
vieilles feuilles. Si ce caractère est exact, notre C. marginatum en diffère 
par des feuilles absolument sans taches à tout âge; il s’en rapproche au 
contraire par la fine bordure rose de la feuille. Du moins, ni Miquel, ni 
plus tard Schott, n’ont mentionné ce caractère important, dans le C. suri- 
namense. Nons insistons sur ce point, parce que nous avons vu dans les 
jardins notre C. marginatum sous le nom de C. surinamense. Le pédon- 
cule floral, qui n’est point grêle comme le pétiole, reste aussi beaucoup 
plus court, et a une couleur vert-elair que fait encore ressortir une 


* 
À 


— 169 — 


efflorescence effacée; il n’est donc pas marbré, comme l’est celui de la 
plante de Miquel, circonstance qui rapproche cette dernière du C. pellu- 
cidum DC. 

La partie inférieure et fermée de la spathe est vert-clair, tandis que la 
partie supérieure, naviculaire est presque du double plus longue, pos- 
sède une coloration blanc-jaunâtre, à l’exception du sommet qui est éga- 
lement verdâtre. La spathe entière a une longueur de plus de 3 pouces 
et dépasse du quart environ la massue du spadice, qui continue assez 
directement le pédoncule et n’est pas courbée en avant, comme chez la 
plupart des espèces à feuilles bigarrées. Ce spadice porte les pistils, seu- 
lement sur le cinquième de sa longueur, et a en cet endroit environ 
4 1/2 lignes d'épaisseur; il se rétrécit ensuite, et est alors garni de 
staminodes violets, comprimés, les inférieurs plus allongés, les supé- 
rieurs ovoïdes et globuleux. Ensuite la massue redevient peu à peu plus 
large, et finit par un second rétrécissement. Toute cette dernière partie 
porte les étamines, blanches et soudées par 5, 4 ou 5, mais qui ne se dis- 
tinguent du reste pas de celles des autres espèces du genre. Le pistil, 
court, s’élargit à sa partie supérieure, et a un sommet assez plat, inter- 
rompu par un stigmate circulaire. Il n’y a que deux loges, renfermant 
des ovules anatropes. 


2. — Caladium pusillum. C. Kocu. 


Cette espèce possède la même inflorescence et les mêmes organes 
floraux, ce qui nous dispense d’en donner une description plus détaillée; 
la première est plus petite, et n’a pas plus de 2 1/2 pouces de long. Par 
contre, le pédoncule qui a une longueur d’un pied, paraît très-gréle. 
Il en est de même des pétioles, qui ont plus de quatre fois la longueur du 
limbe de la feuille. Les pédoncules et les pétioles se rapprochent de ceux 
des C. bicolor et picturatum. Les premiers sont seulement marbrés sur 
le tiers inférieur. 

Le limbe de la feuille a une couleur vert-clair, analogue à celle de 
notre C. pallidum , avec lequel l'espèce a les plus grands rapports, à 
part bien entendu la taille. La longueur comporte à peine 4 pouces ; la 
plus grande largeur, tant à la base qu’au milieu, est au plus de 
2 4/2 pouces; la marge est aussi un peu échancrée entre la base et le 
milieu, et au-delà du milieu la feuille se termine presque en triangle. 
Les deux oreillettes de la base, d’un pouce de longueur, un pouce de 
large, et à sommet arrondi, se portent un peu en dehors, et laissent 
entre elles une très-large échancrure. On ne peut pas distinguer si 
l’extrême bordure de la feuille est colorée en rose, comme chez le 
C. marginatum, mais cela est présumable. 

La nervure qui descend dans les orcillettes, donne naissance près de 
sa base à une deuxième nervure latérale recourbée vers le haut; en 


— 170 — 


même temps, il en naît, près de l’origine du pétiole, une troisième, 
d’abord horizontale, puis également recourbée vers le haut. Quelques 
lignes plus haut, part encore de chaque côté une quatrième nervure 
latérale. Les autres nervures sont peu visibles, et ne comptent point par 


conséquent. 


La diagnose de cette espèce peut se formuler ainsi : 


Petiolus basi marmoratus et pedoncu- 
lus graciles ; lamina parva, petiolo suo 
triplo brevior, sub-ovato-hastata, infra 
medium late excisa, pallide viridis, ad et 
supra insertionem petioli utrinque 4 ner- 
vis secundariis, ceterum nullis, instrue- 
ta; spathæ pars tertia inferior convoluta, 
virescens, reliqua scaphæformis, albida ; 
spadix cum pedunculo continuus, nec 
antice pronus. 


Pétiole marbré à la base et pédoncule 
grêles; limbe petit, de trois fois plus 
court que son pétiole, sub-ovalo-hasté, 
largement échancré en-dessous de la moi- 
tié, d’un vert-päle, pourvu de 4 nervures 
secondaires de chaque côté, près de l’in- 
sertion du pétiole et un peu plus haut; 
les autres nervures nulles; tiers inférieur 
de la spathe convoluté, verdâtre, le sur- 
plus naviculaire, blanchâtre; spadice 


continu avec le pédoncule, point incliné 
en ayant. 


LES EXPOSITIONS DU PRINTEMPS DE 1860, EN BELGIQUE. 


Les fêtes florales du printemps, les plus attrayantes de l’année, viennent 
de se terminer en Belgique. Partout elles ont été remarquables et 
animées; considérées dans leur ensemble, elles prouvent que l’amour 
des fleurs est un sentiment général dans notre pays, qui s'étend et 
se développe d’une manière constante. En effet, les expositions, en 
dehors de leur côté agréable, permettent surtout d'apprécier les points 
suivants : l'importance et l’activité de la société qui l’organise; le 
degré d'intérêt que le public accorde à l’horticulture; les introduc- 
tions nouvelles ou les semis et enfin la culture proprement dite. 
Or, à ces points de vue si variés l’année 1860 est des plus satisfaisantes. 
Les détails dans lesquels nous allons entrer, démontrent que les pro- 
grammes des concours ont été larges et variés et qu’ils ont été richement 
remplis ; que les salons étaient ornés d’une profusion de fleurs cultivées 
avec une entente parfaite et enfin que l’horticulture s’est enrichie d’un 
assez grand nombre de nouveautés d’un mérite incontestable. Nous ne 
pouvons nous étendre que sur les floralies de Gand, d'Anvers, de Malines 
et de Bruxelles les plus importantes du pays, mais non les seules. Nous 
devons nous borner à mentionner d’une manière générale les expositions 
qui ont été ouvertes les 41 et 12 mars à Tournay et à Audenarde, les 
4 et 5 avril à Louvain et les 22-24 avril à Liége et à Laeken, et à enre- 
gistrer leur succès. 


— 171 — 


414 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND, 
4-5 mars 1860. 


La société royale d'agriculture et de botanique de Gand, vient 
d'accomplir sa cent quatorzième exposition de plantes; et, cette fois 
encore, malgré les rigueurs insolites du long hiver que nous traversons 
l’horticulture gantoise, grâce à une généreuse émulation, a su, en dépit 
des frimas, soutenir et justifier son européenne renommée... 

Parmi les merveilles de cette exposition, il faut citer en première ligne 
les Camellias, les Azalées de l’Inde, et les Rhododendrons, cultures dans 
lesquelles les Gantois ont toujours excellé et sont restés à peu près encore 
sans rivaux sérieux, surtout à l’égard des Azalées. Nous renonçons, 
reconnaissant l'impuissance de notre plume, à décrire l’admirable effet de 
ces milliers d’Azalées, en boules, en pyramides, en buissons, couverts de 
myriades de grandes fleurs, aux coloris les plus vifs ou les plus tendres, 
et de telle sorte qu’on n’en apercevait pas le feuillage : Azalées, dont 
bon nombre atteignaient un à deux mètres de circonférence, masses 
littéralement éblouissantes de fleurs splendides... 

Le beau jardin botanique de la ville avait, par les soins de son intel- 
ligent chef, fourni un riche contingent de grandes plantes d'ornement, 
qui disséminées avec art, dans la vaste enceinte, y produisaient le plus 
heureux effet. 

Sans nous astreindre à suivre la série des concours, nous mentionne- 
rons ici au hasard les plantes qui attiraient le plus notre sympathie, 
selon que nos regards séduits déviaient plus ou moins de l’ordre établi. 

Tout d’abord, dans l’hémicyele, trente palmiers divers, orgueil de la 
salle, trônaient majestueusement, étalant à l’aise leurs vastes frondes 
pennées ou déployées en gigantesques éventails. Ils ont conquis le 
premier prix, et du reste, l’établissement Ambroise Verschaffelt est cou- 
tumier du fait. 

Tout à côté de ces nobles représentants des flores exotiques, divers lots 
de plantes rares ou nouvellement introduites appelaient invinciblement 
notre attention. Trois lots se présentaient concuremment pour remporter 
les deux prix affectés à ce concours : celui de M. A. Verschaffelt a obtenu 
le premier : le second a été gagné par M. L. Van Houtte. Nous signale- 
rons parmi les plantes du premier : Begonia imperialis, digne par la 
richesse des teintes de son feuillage de porter un tel nom; Begonia 
smaragdina, à feuilles d’un vert d’éméraude et par cela très bien 
nommé, tous deux récemment introduits du Mexique par leur heureux 
possesseur ainsi que Zamia furcata, au feuillage brun; Solanum argy- 
reum, sur les feuilles duquel le blanc d’argent laisse à peine un peu de 
place au fond d’un vert clair; Pothos luteo-virens, aux feuilles en cœur 


pe 


veinées-arquées de jaune verdätre; Campylobotrys Ghiesbreghtu ; 
espèce arborescente, dont les riches teintes laissent désormais un peu 
dans l'ombre le Cyanophyllum magnificum, etc. Le premier prix lui a 
été accordé à l’unanimité. 

Ici, une observation, que nous sommes heureux de faire, se présente 
sous notre plume : nous voyons avec une vive satisfaction que nos prin- 
cipaux horticulteurs gantois semblent renoncer à s’approvisionner, entiè- 
rement du moins, de plantes nouvelles chez nos voisins d’Outre-Manche. 
Signalons donc cette généreuse et patriotique initiative; puisse-t-elle avoir 
de nombreux imitateurs. de 

Dans le second lot, appartenant à M. Van Houtte, citons un superbe 
individu de l’Anthurium cordatum, aux nobles feuilles; les Aralia 
Solanderi et Humboldi; le Myosotidium nobile, plante qui sera fort 
recherchée; la curieuse Aristolochia Thwaitest, espèce en arbre, etc. 

Dans le troisième, M. A. Van Geertavait exposé un magnifique individu 
de Zamia Skinneri, aux très-longues frondes, dont les grandes folioles 
sont striées canaliculées, et qui portait au centre son jeune et curieux 
spadice florifère ; un Yucca Montezumæ (qui nous a semblé plutôt être 
un Dracæna), etc... 

M. Van den Hecke de Lembeke, l'honorable et zélé président de la 
société, à qui reviennent, comme on va le voir par nos citations, les 
principaux honneurs de l’exposition, satisfaisant au 27° concours, dont il 
a remporté le prix sans conteste, avait offert une splendide collection de 
plantes à feuillage richement peint ou marbré. Citons spécialement un 
Tillandsia (?) vittata, aux larges rubans verts et blancs, bordés de 
jaune; le Sanseviera fulvo-cincta, très-semblable au quineensis, mais 
incomparablement mieux panaché de vert tendre sur vert noir; le joli 
Eranthemum leuconeurum, à la vénation réticulée de blanc sur fond vert 
clair; le fameux Cyanophyllum magnificum au noble feuillage ; l’élégant 
Dracœna (Calodracon) versicolor, au splendide coloris rose ou cocciné et 
vert tendre, etc., etc. 

Cinq superbes collections d’Amaryllis brésiliennes, cette autre gloire 
des cultures gantoises, parfaitement réussies dans leur orgueilleuse flo- 
raison, et composées chacune de trente variétés, se disputaient l’admira- 
tion des visiteurs : ampleur florale, couleurs les plus riches ou les plus 
délicates, admirablement peintes ou panachées ou striées, bonne et ferme 
tenue, rien ne leur manquait. Toutes cinq ont remporté un prix... 

Le prix pour l’Orchidée la mieux cultivée a été gagné par M. A. Ver- 
schaffelt pour son luxuriant Vanda tricolor, var. Leopoldi.….. 

Il faudrait, pour être impartial et exact, tout citer, tout vanter, car 
tout était beau et souvent admirable! Force nous est cependant de nous 
arrêter; aussi en passons-nous et des meilleurs, et renvoyons-nous au 
procès-verbal du concours et surtout au catalogue de l’exposition publiés 


par la société. 
(Extraits du compte-rendu publié par M. Cu. Lemaire.) 


— 1735 — 


SOCIÉTÉ ROYALE D’'HORTICULTURE D’'ANVERS. 


(Exposition des 11, 12 et 13 mars 1860). 


Le lieu où cette exposition s’est ouverte le 11 mars était une des salles 
du musée très-vaste, bien éclairée et parfaitement appropriée à toute 
espèce de concours. C’est donc dans ce local que les amateurs ont pu 
étaler à la vue du public une quantité de plantes dont l’éclat et le nombre 
des fleurs faisaient singulièrement contraste avec les rigueurs dela saison. 

Si l'hiver que nous venons de passer et qui se maintient encore assez 
vigoureusement ne s’est pas montré tout-à-fait favorable à une floraison 
très précoce d’un grand nombre de plantes; malgré cependant une tem- 
pérature variable et une atmosphère nuageuse, nous sommes heureux 
de pouvoir signaler des nombreux succès obtenus par les membres de la 
société. 

Si l'exposition ne se distingue pas par la masse de plantes, elle n’en 
brille pasmoins, dans son ensemble, par un riche et frais bouquetde fleurs, 
ce qui atteste l’intelligence éclairée des amateurs. La société a tout lieu 
de se féliciter de l’exposition et surtout du zèle qu'ont montré plusieurs 
de ses sociétaires, qui n’ont pas hésité à transporter leurs plantes 
de la campagne, au moins à une lieue de la ville, età travers des chemins 
de terre presque impraticables, par suite de la grande quantité de neige ; 
ni la distance ni le chemin n’ont pu les arrêter et leur désir de contri- 
buer au soutien de la renommée et de la prospérité de l’horticulture 
anversoise a seul soutenu leur courage. Parmi les membres auxquels la 
société témoigne toute sa reconnaissance, il faut citer M. le baron De Caters, 
président de la société, M. Ed. Le Grelle, M° Le Grelle-d’'Hanis, 
M. le baron Ed. Osy, M, René Dellafaille, M. H. Vander Linden, 
M. le chevalier De Knyff et Meeussen. Il faut aussi mentionner comme 
membres non résidents, M. Vanden Hecke de Lembeke, président de la 
société de botanique de Gand, MM. Ambr. et Jean Verschaffelt horticul- 
teurs à Gand, M. Vervaene, horticulteur à Gand. et M. Vanden Ouweland, 
président de la société d’horticulture à Laeken, que la température 
rigoureuse de la saison n’a pas empêchés de rendre le salon intéressant 
par leurs divers envois de plantes. 

Les collections concurrentes de plantes fleuries de genres diffé- 
rents se sont distinguées par le nombre, la variété et l’abondance de 
la floraison. L'opinion des membres du jury était fortement divisée 
sur le mérite de chacune d'elles ; après plusieurs scrutins, il s’est vu 
obligé de partager la couronne entre les collections appartenant à 
M. René Dellafaille et M. Ferd. Somers. Les contingents de M. le baron 
De Caters et de M. le chevalier de Knyff n’offraient pas moins d’intérêt 
et ont respectivement obtenu le 2° et le 3° prix. Viennent ensuite les 
collections spéciales dont une de Mr Le Grelle-d'Hanis , composée 
de cinquante Camellia qui excitaient l’admiration des amateurs par 


= AÿR 


l'éclat de leurs fleurs et la fraicheur de leur feuillage; dans le nom- 
bre on rencontrait quelques pieds dont la hauteur dépassait 5 mètres, 
taillés avec soin et intelligence, couverts de fleurs depuis la base jusqu’au 
sommet, formant ainsi le groupe le plus majestueux du salon. Cette : 
collection a remporté à l'unanimité des suffrages du jury, la médaille de 
vermeil. 

De grands Rhododendrum arboreum figuraient avec distinction: 
leurs magnifiques bouquets de fleurs se faisaient remarquer de tout 
le monde; aussi ont-ils, à l’unanimité, mérité la médaille de vermeil. 
Cette collection provenait de M. le baron Ed. Osy, ainsi celle des rosages 
des monts Hymalaya qui a également obtenu le premier prix. 

Des Azalées de l’Inde chargées de nombreuses fleurs éblouissantes 
par la variété et la vivacité de leurs couleurs, excitaient une juste 
admiration. Ce superbe contingent, groupé au milieu de la salle, repré- 
sentait une véritable montagne de fleurs ; il était exposé par M. Edmond 
Legrelle. La médaille de vermeil lui a été votée par acclamation. 

Si l’on n’a pas visité le salon, il sera très-difficile de se former une 
idée de la belle et imposante culture des Camellias et des Azalées. 

M. Meeussen fils a fait sa spécialité de la culture des Azalées de 
l'Inde; le magnifique contingent, de petite dimension, dont il a enrichi 
l’exposition, prouve les progrès que ce judicieux amateur ne cesse de 
réaliser. Son envoi a obtenu la palme. 

Dans les concours qui précèdent, nous trouvons variété de couleurs, 
fleurs innombrables, culture soignée, grandeur des sujets, tout est réuni 
dans le bouquet que forme chaque envoi. Plus loin nous rencontrons 
aussi dans la collection de M. le baron De Caters, le président de la 
société, les nouvelles variétés d’Azalées qui ont de même mérité le prix. 

La famille des Orchidées, ces filles bizarres et capricieuses de la zône 
torride, étaient représentées par le zélé vice-président de la société, M. le 
chevalier De Knyff. Son contingent, ayant fortement souffert par le froid 
et le transport, a cependant encore mérité un prix. 

Des Rosiers qui ont bravé les rigueurs de l’hiver, occupaient une place 
distinguée à l'exposition ; leur beau feuillage parsemé d’élégantes fleurs 
bien épanouies, contribuait largement à l’embellissement du salon. Le 
4e prix est décerné à M. le baron Ed. Osy, et le second à M"° Nottebohm. 

Des végétaux plus modestes par leur taille n’en brillent pas moins par 
leur belle culture : telle était la collection de plantes bulbeuses du zélé 
membre M. H. Vander Linden. Cet amateur s’est fait concurrence à lui- 
même ; il avait présenté deux contingents, et chacun renfermait tous les 
genres exigés par le programme. Ses collections étaient très-remarquables; 
elles attiraient tous les regards, tant par la variété que par la beauté des 
couleurs et de la force des bouquets de fleurs. | 

Les soins suivis et persévérants de cet amateur distingué dans la eul- 
ture dont il s’est fait une spécialité, l’ont amené à écarter bien des diffi- 


— 175 — 


cultés inhérentes à la croissance des fleurs bulbeuses. Aussi le jury, pre- 
nant en considération le mérite de leur culture et de leur floraison, vote 
à l'unanimité à chaque groupe une médaille. 

Les envois de plantes fleuries appartenant au même genre étaient 
tellement méritants, que le jury s’est vu obligé de proposer, tout en 
conservant les médailles en vermeil et en argent pour chaque genre, la 
division de ce concours. MM. R. Dellafaille et H. Vander Linden ont 
obtenu les prix pour leurs magnifiques Cinéraires, et MM. Van den Hecke 
de Lembeke et Jean Verschaffelt, horticulteurs à Gand, et M. le chevalier 
J. De Knyff ont chacun, avec leur intéressante collection d’Amaryllis, 
mérité une médaille. 

Si la belle culture est un des concours qui offre le plus d’attrait pour 
le public, elle est surtout le stimulant des amateurs et des horticulteurs. 
Plusieurs belles plantes étaient entrées en lice; ce n’est qu’aprés trois 
scrutins que le jury s’est prononcé définitivement. L’Eriostemon nerii- 
folium de M. Vanden Ouvwelant, à Laeken, a été couronné; il n’avait 
qu’un seul défaut pour nous, c’est d’être arrangé et façonné au moven 
de ficelles. Le grand reproducteur des belles variétés d’Azalées de Chine 
avait exposé une de ses derniers dans un état parfait de floraison, l’Azalea 
Etendard de Flandre, de M. Vervaene, horticulteur de Gand, a mérité 
le 2° prix, et la belle Gesneria macrantha splendida de M. H. Vander 
Linden le 5° prix. D’autres trés-remarquables viennent après avec des 
mentions honorables; telles étaient l’Azalea indica liliiflora de M. Meeus- 
sens fils, l'Arisæma Sieboldii de M. Ferdinand Somers, l’Acacia para- 
doxa de Me Nottebohm et le Salvia Gesneriæflora de M'e Moens, etc. 

Après avoir passé en revue tout ce qui a rapport aux fleurs, il reste 
encore un genre de plantes qui offrent beaucoup d'intérêt et sont très- 
recherchées aujourd’hui par les amateurs, nous voulons citer les plantes 
à feuilles colorées. Ici, le contingent de M. le baron Ed. Osy, auquel il 
faut attacher d’autant plus d'importance, que ce zélé amateur avait 
partagé son envoi en trois sections, c’est-à-dire qu’il se composait de 
plantes à feuilles variées de serre chaude, de serre froide et de pleine 
terre. Cette riche et intéressante collection a reçu par acclamation la 
médaille de vermeil. 

Ce même exposant a remporté le 4° prix par une collection de plantes 
forcées. On ne rencontre que rarement une pareille réunion de toutes 
espèces de plantes à floraison anticipée. Déplacer l’époque de floraison 
d’une plante n’est pas chose aussi facile qu’on le croit souvent; il y en 
a qui réclament une infinité de soins qui doivent être dirigés avec con- 
naissance et avec science. Sous ce rapport, l’envoi de M. le baron Ed. Osy 
prouve suffisamment qu’il a su vaincre beaucoup de difficultés. 

M. Ambr. Verschaffelt, horticulteur à Gand, a envoyé des plantes 
appartenant à la luxueuse végétation des tropiques; sa collection, com- 
posée de vingt-cinq Palmiers, ces princes du règne végétal, se distinguait 


— 176 — 


par la rareté et la culture des sujets. Ils méritent d’être étudiés avec soin 
par tous ceux qui veulent se faire une idée de la végétation des contrées 
intertropicales. Une médaille spéciale en vermeil a été votée à cet inté-. 
ressant envoi. 

En considération du mérite du contingent de Rhopala et Aralia, 
envoyé par M. le baron Ed. Osy, une même distinction a été décernée à 
ses nouvelles et remarquables Araliacées. | 

La société voulant exprimer ses vifs regrets sur la perte qu’elle a faite 
de M. le baron Heyndericx, président de la société de botanique de Gand 
et membre honoraire de la société, avait exposé au salon un cyprès 
funèbre à la mémoire de son zélé et dévoué associé. 

Cet arbre était entouré des collections de plantes de ses anciens collé- 
gues de Gand, telles étaient les Palmiers de M. Amb. Verschaffelt, les 
Amaryllis de MM. Vanden Hecke de Lembeke et Jean Verschaffelt et les 
Azalées de M. Vervaene, qui toutes décoraient cette triste place d'honneur. 

En terminant nous sommes autorisés à dire que le grand nombre de 
personnes qui ont rendu visite au salon de Flore pendant les 3 jours de 
l’ouverture, est une preuve incontestable, que l’exposition offrait beau- 
coup d'intérêt, tant sous le rapport de l’agrément que sous celui de la 
science horticulturale. (Un amateur d'Anvers.) 


EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'HORTICULTURE DE MALINES. 
(18 mars 1860). 

On nous écrit de Malines : 

« Notre exposition qui vient s'ouvrir, répond à l'attente générale : elle 
intéresse les amateurs par le nombre et le mérite des plantes, et le publie 
en général, par leur arrangement gracieux et coquet, ce dont nous 
sommes redevables, d’une part au zèle de notre président M. de Cannart 

d’Hamale, et d’autre part au bon goût de M. Van Hoorden. 
__ L'exposition occupe les serres du jardin botanique : elle a été jugée 
par un jury composé de MM. le Baron Osy, Vanden Hecke de Lembeke, 
René Dellafaille, Rigouts-Verbert, de Cock, John de Knyff et Louis De 
Smet. Les principaux exposants sont MM. de Cannart d'Hamale, Nelis, 
Vanden Hecke, Douchet, Vanden Wiele, B° Osy, Linden, Van Duerne 
de Damas, Vander Linden, Ath. de Meestere Terwangne etc., etc., dont 
les collections rivalisent de rareté et de belle culture. M. de Cannart 
d’'Hamale surtout occupe une large et belle place : il a obtenu des mé- 
dailles en vermeil pour les Orchidées(1), pour des plantes à feuillage 
colorié et pour des végétaux d’ornement, tels que Lutaea, Bonapartea, 
Dasylirium, Dracænopsis, Dracæna, Beschorneria, Agave, Pincenec- 
ia, Yucca, Hoeckia, Pandanus, etc., dont l’ensemble forme une des plus 


(1) Calanthe veratrifolia, Schonburgia sp., Cattleya trianaei, C. Forbesi, Cypripe- 
dium villosum, C. venustum. Millonia cuneata, Oncidium cavendishianum, Dendrobium 
densiflorum, D. Wallichianum, T. coccinea, et Lycaste Skinneri. 


— 177 — 


remarquables collections du pays. Le Wephelaphyllum pulcherrimum 
de M. le B°* Osy, qui a remporté le 1' prix de nouveauté, est beaucoup 
remarqué. Le second prix de ce concours a été décerné à l’Usotipus rosi- 
florus, exposé et introduit tout récemment par M. Linden. Les distinc- 
tions du concours de belle culture ont été réparties de la manière sui- 
vante : la médaille en argent ex-æquo au Tropæolum tricolor de M. De 
Nelis, et à l’Arisæma Sieboldtii de M. Somers; la médaille de bronze, 
partagée entre la Rose Géant des Batailles de M. Rutz, et le Dictamnus 
fraxinella de M. Van Hoorebecke; enfin des mentions honorables à 
lAnguloa Buckeri de M. de Nelys, au Canna Warzewickxii de M. de 
Neuf et à l’Epacris densiflora de M. L. De Smet. On s'arrête avec beau- 
coup d'intérêt devant les charmantes plantes de M. Vanden Hecke, et les 
bulbes si belles et si bien cultivées de M. Vander Linden, d'Anvers, qui 
a mille fois raison de ne pas délaisser des plantes d’un mérite tout-à-fait 
supérieur. Parmi les végétaux de serre tempérée ceux que l’on remarque 
le plus, sont la collection variée de M. Van Duerne de Damas, et ceux 
de M. Douchet, puis les Camellias, Azaléas et Rhododendrons de 
MM. Vanden Wiele, Bosselaer, d’Avoine, de Nelys et Picqueur. Le Pteris 
tricolor de M. Linden paraît pour la première fois à Malines; inutile de 
dire qu’il produit une profonde sensation parmi tous les amateurs ; 
c’est une plante remarquable à tous égards et qui fera son chemin. 
En somme l’exposition est délicieuse. » 


76° EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE, DE BRUXELLES. 
25, 26, 27 mars 1860. 


L'exposition de la Société Royale de Flore, qui s’ouvre aujourd’hui 
pour la 76° fois depuis son origine, est une nouvelle preuve que le goût 
des fleurs ne se ralentit pas, et que le zèle des amateurs et des horticul- 
teurs pour cette intéressante branche de l’industrie belge, ne fait que se 
développer et se consolider davantage, chaque année. 

Malgré la rude et longue saison d'hiver que nous venons de traverser, 
le nombre des exposants est plus considérable et la variété des envois est 
plus brillante et plus riche que l’année dernière. 

Au milieu des plus spendides productions de toutes les contrées du 
globe, qui décorent en ce moment la grande salle de notre superbe jardin 
botanique, transformée en véritable temple de Flore, on se réjouit d’au- 
tant plus de cette nature si animée, si brillante et si fraiche, parée de sa 
robe de noces, qu’au dehors tout présente encore à nos yeux l’image 
terne et languissante de la zone glaciale. En effet, tandis que partout la 
vue est atiristée par les branches nues, les tiges desséchées ou délabrées 
de nos froids végétaax du Nord, ici les Palmiers, les Fougères, les Dra- 
cœna, les Orchidées, les Camellia, les Azalea, les Begonia, les Amaryl- 
lis, etc., avec leurs frondes élégantes et grandioses, leurs feuilles déli- 
cates, leurs fleurs singulières, odorantes, à couleurs éclatantes ou à 

BELG. HORT., TOME X. 11 


— 178 — 


nuances suaves, nous démontrent ec que peuvent le zèle, la persévérance, 
les soins de l’horticulteur, qui nous transporte ainsi, comme par un coup 
de baguette féerique, dans les zones les plus extrêmes. 

À l'entrée de la salle, quelques Chamærops humilis, ces gracieux 
Palmiers du midi de l’Europe, entourés d’une auréole de Rhododendron, 
d’Azalées, de Magnolia et de plantes résineuses d’Espagne, de l’Italie, 
du midi de la France et du nord de l'Afrique, nous apparaissent comme 
la transition des régions froides aux régions chaudes. 

Au milieu de la salle, sur la droite, la vue est attirée par un groupe 
splendide de 150 grandes plantes en fleurs, exposé par M. De Koster, 
horticulteur, à Bruxelles, rue de la Montagne. Ce bel envoi de M. De 
Koster, qui semble avoir le monopole depuis trois ans, puisque personne 
n’a encore osé concourir avec lui, a été couronné de la médaille d’or 
prévue dans le programme. Outre les 47 superbes Azalea indica, ce lot 
contient un grand nombre d’espèces diverses d’une admirable culture et 
d’une floraison au-dessus de tout éloge. 

Une collection de 75 plantes d’ornement, en grands exemplaires, expo- 
sée par M. L. Lubbers, horticulteur, à Ixelles, se fait distinguer par le 
choix, la vigueur et la santé des espèces qui la composent; nous citerons 
particulièrement ses Strelitzia reginæ, Fourcroya gigantea, Dracæna 
indivisa, fragrans et Lubbersiana, Agave filifera, Bonapartea filamen- 
tosa, Yucca recurvata, Y. aloïfolia fol. var., etc. etc. 

Cet envoi dénote de la part de M. Lubbers un zèle assidu et une cul- 
ture intelligente. 

Cinq collections remarquables exposées par M. le baron Osy-Villiers, 
d'Anvers, donnent un cachet de distinction peu ordinaire à l’ensemble 
de l’exposition. Ses Rhopala et Aralia sont des plantes d’une grande 
valeur, ses plantes diverses de pleine terre, bien fleuries ; ses Pensées 
sont très-attrayantes pour la saison ; sa collection d’Azalea nouveaux est 
très-belle; mais c’est surtout sa charmante collection d’Anaectochilus, 
entourée de Phyzurus querceticsla. Pothos argyræa, Campylobotrys 
argyroneura et Bertolonia marmorea, qui arrête et charme les visiteurs. 

Deux collections de Roses, dont l’une de M. G. De Kerck, l’autre de 
M. Medaer, de St- Gilles, charment la vue par leur fraîcheur et leur belle 
floraison. Tout le monde connaît depuis longtemps la réputation dont 
jouissent ces deux horticulteurs, et particulièrement M. Medaer, pour ce 
genre de culture. 

M. À. Halkin, amateur, à Bruxelles, nous a gratifié d’une jolie collec- 
tion d’'Epacris. Le même a exposé une collection de plantes grasses, telles 
que Mamamillaria, Echinopsis, Echinocactus, ete., ainsi qu’un admi- 
rable Begonia nouveau, de semis nommé Jean Robie. 

Une série importante de Conifères d’une belle taille a été fournie par 
M. Vanden Ouwelandt, de Laeken, ainsi qu’un lot très-méritant de 
Geraniums, le seul que l'exposition se flatte de posséder. Parmi les Coni- 
fères, nous remarquons des exemplaires specimen d’Araucaria Bidwil- 


— 179 — 


lii et Cunninghamii, Cupressus funebris et pyramidalis. — Trois 
plantes nouvelles très-intéressantes, de semis; l’Amaryllis acuminata 
alba, l'A. Cleopatra, l’Azalea indica lateritia grandiflora, et 2% semis 
d'Amaryllis de 1859 et 1860, non déterminés encore, font beaucoup 
d'honneur à M. Camille Vandenbossche, de Gand, et à son jardinier, 
M. Louis Eckhaute. Son Azalea lateritia grandiflora est un specimen 
grandiose. 

À propos de Gand, nous dirons que notre Société a trouvé, parmi les 
amateurs et horticulteurs distingués de cette ville, par excellence, de 
Flore, un concours des plus empressés. Plusieurs contingents de beau- 
coup de valeur sont venus prendre part à notre fête florale et nous font 
espérer qu’à l'avenir, le concours de la ville de Gand nous est assuré. 

Nous eiterons : 

42 nouveaux Camellia de M. Amb. Verschaffelt, d’une beauté et d’une 
délicatesse de teintes hors ligne; ce sont : Polinto, Compacta bella, 
comte di Soranzo, Auguste Delfosse, rosea spectabilis, beauty of Hornsey, 
Manara, Marchesa Garbaroni, Vittoria Pisano, Paolina Maggii, Prin- 
cipessa Aldobrandint et M. d’Offoy ; 

Une collection de 15 Camellias de premier ordre, de M. D. Vervaene, 
dont la réputation dans ce genre de culture est déjà établie depuis long- 
temps, ainsi qu’une magnifique variété de Rhododendron de semis, nom- 
mée Beauté des nobles ; 

Un Azalea indica nouveau de semis la Reine des doubles, d’une florai- 
son admirable, et une superbe collection de 25 Amaryllis, de M. Jean 
Verschaffelt ; 

Quinze Rhododendron hybrides de pleine terre, d’une parfaite tenue, 
et un Rhododendron de semis nommé Schiller, d’une délicatesse exquise, 
exposés par M. Delmotte. 

M. Louis De Smet, un des intelligents horticulteurs de Gand, nous à 
envoyé un remarquable Rhododendron de semis : R, Romain de Smet. 

Enfin M. Van den Hecke de Lembeke, président de la Société d’Agri- 
culture et de Botanique de Gand, a largement contribué à la splendeur 
de notre exposition par un envoi de 18 nouveaux Begonias de semis, 
parmi lesquels il y a de véritables merveilles. Cet envoi clôture digne- 
ment les contingents qui nous ont été envoyés de Gand. 

Les amateurs d'Anvers et de Malines n’ont pas manqué de contribuer 
également à l’embellissement de notre fête florale par plusieurs envois. 
Outre le grand envoi de M. le Baron Osy, dont nous avons fait mention 
plus haut, le plus considérable est celui de M. H. Vanderlinden, qui 
prend part à quatre concours. Son lot de 410 Hyacinthes, Tulipes, Crocus 
ct Narcisses est fort remarquable; ses Cinéraires d’une belle eulture, ses 
Amaryllidées et Iridées ne sauraient être venues plus à point et son 
Lilium eximium figure avec avantage pour le concours de la belle culture. 

Me Legrelle d’Hanis nous a adressé un Beschorneria yuccoides en 


LE AB 


fleurs, ainsi qu’un de ses semis de Begonia qui nous semble se rapprocher 
du B. Rex Leopardina. 4 

L'exposition d'Anvers qui a eu lieu le 10 de ce mois, a été cause que 
cette amateur distinguée n’a pu contribuer pour une plus large part à notre 
exposition, ses Camellia et ses plantes panachées ayant trop souffert du froid. 

Nous devons à M. le chev. De Knyff un Alpinia nutans très-méritant. 

M. De Cannaert d’Hamale, de Malines, a exposé une précieuse collec- 
tion d’Orchidées composée des espèces suivantes: Vanda suavis de 
Rollisson, Dendrobium Paxtonianum, Chysis bractescens, Phajus 
grandifolius, Calanthe verutrifolia, Schomburgkia Crispa, Catileya 
Forbesii, Cypripedium vilosum, C. Barbatum saperbum, Lycaste 
Skinneri, balsamea, Trichopilia coccinea. 

Le pendant du beau groupe de M. De Koster est une admirable col- 
lection de 50 Camellias exposés par M. Maskens, conseiller communal, à 
Bruxelles. Les grandes collections de Camellias sont rares à Bruxelles 
et M. Maskens n’en a que plus de mérite. 

Mwe veuve Debecker, horticulteur, a présenté deux fort jolis lots 
de 45 Camellias chacun, très robustes et bien fleuris. 

Au milieu de la pelouse, on remarque deux charmantes collections 
d’Azalea indica, ainsi qu’une collection de Begonia, dont la culture 
mérite tous nos éloges, appartenant à M. Van Tilborgh, pharmacien, à 
Bruxelles, un des exposants les plus assidus de la Société de Flore. 

M. Jean-Baptiste De Boek, chef de culture de M”° la comtesse douairière 
Coghen, à Uccle, a exposé une collection de Cinéraires d’une belle floraison. 

M. L. Story, de Laeken, a envoyé deux plantes pour le concours de la 
belle culture, le Genista Rodolphii et le Pimelea spectabilis gracilis. 

Trois beaux Azalea indica nouveaux, Rubens, Gloire de Belgique et 
Geante, appartenant à M. Van Renterghem, horticulteur à Ixelles, con- 
courent pour le prix des semis nouveaux obtenus en Belgique. 

M. F. Decraen, un des horticulteurs les plus distingués de Bruxelles, 
a exposé deux lots d’une beauté et d’une culture parfaites; son lot de 
grandes plantes fleuries, exposées hors concours, et parmi lesquelles on 
remarque quelques superbes Azalea, sont brillantes de floraison. Nous 
aimons à citer quelques-unes de ces plantes, entre autres un Dianella 
cœrulea, deux mètres de hauteur, un Euphorbia splendens, d’une taille 
égale, un Magnolia grandiflora, de trois mètres couvert de fleurs, enfin 
ses Begonia Limminghetet Arthurium Augustinum, font beaucoup d'effet. 

M. C. De Craen a fait preuve de bonne volonté en participant à l’expo- 
sition par l’envoi de deux Zsolepis pigmæa. 

Un exemplaire gigantesque du Globba nutans, plante dont la floraison 
est aussi brillante que rare, a été envoyé par M. le chevalier De Knyff, 
de Waelhem. ; 

M. De Neuf, bourgmestre à Campenhout, a exposé un bel exemplaire 
de Tropæolum azureum, ainsi qu’une fort jolie collection de Cinéraires. 

Les Franciscea eximia et calycina de M. Hamoir De Reus, adminis- 


on Ve 


trateur de la Société, se font remarquer par leur vigueur et leur belle 
floraison. 

Nous citerons particulièrement l’envoi de plantes vivaces à feuilles 
panachées, dû au zèle de M. Reyckaert, horticulteur à Stalle, sous Uccle, 
ainsi qu’une nombreuse collection de plantes fleuries de pleine terre 
exposée par Me Ch. Verhulst. 

M. Waroqué, de Mariemont, a exposé une collection de Cinéraires qui 
surpasse toutes les autres, tant pour le nombre que pour la variété et la 
richesse des nuances. 

Pour clôturer dignement la revue de cette belle exposition , qui sur- 
passe ses devancières par la rareté et la richesse des produits, nous 
devons nous arrêter pendant quelque temps devant les contingents 
fournis par M. J. Linden, de Bruxelles. Cet infatigable introducteur, 
dont les voyageurs explorent, depuis douze ans les diverses parties du 
globe, et qui ne recule devant aucune difficulté, quand il s’agit de l’espoir 
de découvrir quelque chose de nouveau et d’important, nous a exhibé 
une série de lots d’une richesse et d’une distinction qui nous font dire 
chaque fois après avoir vu ses plantes, que la mine doit enfin 
étre épuisée. Ses douze plantes nouvelles sont d’une rare distinction; 
ses ving-cinq Palmiers nouveaux, ses quinze Orchidées en fleurs, 
sa collection de plantes panachées, ses Fougères en arbres et ses 
Fougères herbacées, ses plantes nouvelles en fleurs, ses Rhopala et Ara- 
lia, et puis sa collection de Begonia, donnent à l’exposition un cachet de 
distinction que la capitale de Flore nous envierait. Nous nous bornerons 
à citer les plus belles d’entre les belles. En premiére ligne, nous place- 
rons le fameux Pferis tricolor (Fougère à trois couleurs), de la Cochin- 
chine, le splendide Campylobotrys regalis, le curieux Theophrasta 
argyraea à feuilles ayant une bande d’argent au centre, les Rhopala 
crenata et frigida, le gracieux Cupania Pindahiba et le superbe Begonia 
Duchesse de Brabant; parmi les Orchidées nous citerons les Vanda 
suavis de Veitch et de Rollisson, Vanda tricolor formosum et Vunda 
tricolor cinnamomeum; parmi les 25 Palmiers : les Brahea dulcis et 
conduplicata, Caryota nana, Chamaetdorea glaucifolia, Dæmonorops 
Draco, Livistonia Hoogendorpii, Metroxylon micranthus, Oreodoxa 
Ghiesbregtii, Syagrus Tamacca, Ceratolobus glaucescens et les six 
admirables Geonoma ; nous en passons et des meilleurs, car le temps 
et l’espace nous manquent pour énumérer toutes ces merveilles. 

Le public amateur ne manquera pas de remarquer à l'entrée de la 
salle une collection d’instruments de jardinage exposée par M. Lambert 
Havard, à Liége; la modicité des prix de ces instruments n’est pas en 
rapport avec la finesse du travail. Nous en dirons autant de la collection 
de meubles de jardin exposée par M. Lebrun, rue des Palais, à Schaerbeek. 

Ea terminant, nous ne manquerons pas de féliciter l’architecte de jar- 
dins, M. Fuchs, pour le talent dont il a de nouveau fait preuve dans l’ar- 
rangement de la salle d'exposition. N°. Fuck. 


— 182 — 


JARDIN FRUITIER. 


ORIGINE DU MELON. 


Les recherches historiques avaient donné la certitude d’une origine 
asiatique pour le melon (Cucumis melo, L.). Mais on ne pouvait pas 
indiquer précisément de quelle partie de l'Asie il était sorti. On hésitait 
entre la Perse et la région de Bockhara. M. Naudin (1), ayant fait une 
étude approfondie de toutes les Cuecurbitacées, est arrivé à la solution du 
problème par une voie directe et entièrement botanique. Il a mieux 
défini les espèces qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent, et s’appuyant à 
la fois sur la culture, pendant plusieurs années successives, de certaines 
formes, et sur un examen attentif de nombreux échantillons d’herbiers, 
il a pu rapporter au Cucumis melo, L. de prétendues espèces que les 
auteurs avaient cru distinctes ou n’avaient pas reconnues, mais dont la 
patrie n’est pas douteuse. Ainsi les C. pubescens Wizzo., C. Maderas- 
patanus Roxs., C. turbinatus Roxs., etc., se trouvent n’être que des 
formes plus ou moins variables du Cucumis melo, L., et ces formes sont 
sauvages dans l’Inde, entre l'Himalaya et le cap Comorin. Presque tous 
les voyageurs en ont trouvé des échantillons spontanés, mais ils n’ont 
pas su reconnaitre l’espèce. Quant aux botanistes européens, les échan- 
tillons de leurs herbiers sont généralement si mauvais, pour cette 
famille, que les doutes ne pouvaient pas être levés par eux. L’habitation 
s'étend peut-être vers la Chine et vers l'Arabie, même jusqu'en Nubie, 
mais M. Naudin n’a pas pu s’en assurer complètement, et d’ailleurs, la 
plante peut être devenue spontanée (s’être naturalisée), par suite d’une 
culture très-générale dans ces pays. Le choix des bonnes races de melons 
est assez négligé dans les régions asiatiques, et il a pu être de même en 
Europe à l’origine. M. Naudin ne contredit cependant pas l’opinion, assez 
fondée, que les Grecs et les Romains ne connaissaient pas le fruit excellent 
du melon(2). Il dit, sans citer ses autorités, que les races appelées 
Cantaloupes ont été apportées d'Arménie par des moines, et cultivées 
pour la première fois en Europe, dans un château des papes, nommé 
Cantaluppi, et que les Dudaim sont originaires de Perse. Les melons 
brodés sont peut-être un produit accidentel de la culture en France, et 
l'origine en serait un melon lisse d'Orient, car M. Naudin a cultivé un 
melon d'Orient de cette nature, qui s’est changé en melon brodé après 
quelques générations. (Bibioth. de Genève.) 


(1) Annales des Sciences Nulurelles, &e série, XI, 1859, p. 59. 
(2) Voir Arrux. pe Canpozce , Géogr. Bot. 


MES 
ARBORICULTURE. 


NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES DE SAULES INDIGÈNES ET 
EXOTIQUES PROPRES A L'ORNEMENTATION DES JARDINS 
ET À LA PLANTATION DES OSERAIES; SUIVIE DE QUELQUES 
CONSIDÉRATIONS SUR LA CRÉATION DE CES DERNIÈRES. 


Par M. ALr. WESMAEL, 


Répétiteur du cours de botanique à l’école d’arboriculture de Vilvorde. 


(SUITE ET SIN.) 
AA. Capsules pédicellées. 


12. S. Seringeana (Gaud. in Sering. fl. jard.) Fig. 12. 

Chatons mâles ovoïdes, longs de 20 à 25 mill. sur 10 à 12 de large. Chatons femelles 
longs de 55 à 40 mill. sur 8 à 12 de large; bractéoles velues, atteignant environ la 
moitié de l'ovaire; ovaire pubescent, à pédicelle atteignant environ le double de la 
glande. Style (1 mill); stigmates de la même longueur, entiers ou bifides. Feuilles 
oblongues-lancéolées ou lancéolées plus courtes que dans le S. Viminalis, presque 
entières, d’un vert foncé supérieurement, blanches lomenteuses en dessous, à bords 
jamais repliés ; stipules ordinairement subréniformes. 


12. — S. Seringeana, Gaud. 


M 


Secr. IV. Capreæ (Fries.) 


Bractéoles discolores; chatons sessiles puis plus ou moins pédonculés et feuillés à la. | 
base : anthères jaunes après la fécondation. Capsule à pédicelle dépassant la longueur 
de la glande. 


A. Stigmates subsessiles. 


+ Feuilles larges, rugueuses à l’élat adulte, velues, crépues. Chatons allongés. 


45. S. Caprea. (L. Spec. 1448). Fig. 13. 


Fr. : Saule marceau. — Flam. Wilge met breede bladeren. 


Chatons mâles, sessiles ou subsessiles, ovoïdes, longs de 25 à 30 mill. sur 12 à 18 de 
large, bractéoles au sommet, couvertes de longs poils blancs; étamines 2(1) à filets 
trois fois aussi longs que la bractéole. Chatons femelles longs de 25 à 35 mill. et 
s’allongeant beaucoup après la fécondation, sur 10 à 12 de large; ovaire tomenteux 
à pédicelle 5 à 6 fois aussi long que la glande; style court; stigmates presque unis et 
parallèles. Feuilles ovales-sublancéolées ou ovales-elliptiques, irrégulièrement den- 
tées et ondulées sur les bords, glabres en-dessus, blanches tomenteuses en-dessous. 1 
Stipules réniformes, dentées, bourgeons glabres. Arbre de moyenne taille. | 


Bois humides, bords des eaux. 


6. Androgyna. Chatons androgynes. # 


7. Pendula. (Hortul.) rameaux pendants. 4 


S. Tricolor (Van Hout.) feuilles maculées de jaune et de rouge. 


13. — S. Caprea, L, 


14. S. Cinerea. (L. Spec. 1449.) Fig. 14. 


Fr.: Saule cendré. 


Chatons mâles longs de 25 à 30 mill., sur 10 à 12 de large; bractéoles longuement 
velues. Chatons femelles longs de 20 à 50 mill. sur 10 à 12 mill. de large, bractéoles 
obovales, brunes au sommet et longuement barbues; ovaire tomenteux à pédicelle 
3 à 4 fois plus long que la glande; style presque nul, stigmates courts, ovoides et 


h] 


(1) Tinant donne à cette espèce 3 étamines. 


— 185 — 


bifides. Feuilles ordinairement lancéolées-oblongues ou obovales, ordinairement acu- 
minées, entières ou ondulées-dentées, d’un vert sombre et finement pubescentes en des- 
sus, poilues-tomenteuses et de couleur cendrée en dessous , à nervures très-saillantes et 
anastomosées en réseau; stipules réniformes; bourgeons tomenteux. Arbrisseau élevé 
à rameaux grisàtres-tomenteux. 

Bois humides, bords des rivières, 


| 14. — S. Cinerea. 
15. S. Aurita. (L. Spec. 1446), fig. 45. 
Fr.: Saule à aureillettes. Flam. Wilge met oorekens. 


Chatons mäles longs de 18 à 22 mill. sur 5 à 7 de large, bractéoles jaunes à la base, 
rouges ou brunâtres au sommet, barbues ; étamines 2 à filets munis de quelques poils 
à la base. Chatons femelles, longs de 20 à 25 mill. sur 8 à 10 de large ; bractéoles 
barbues ; ovaire pédicellé, à pédicelle aussi long que l'ovaire et 4 à 5 fois aussi long : 
que la glande. Feuilles obovées ou oblongues-obovées, terminées au sommet par une 
pointe recourbée, très rugueuses, pubescentes en dessus, glauques et hérissées-tomen- 


teuses en-dessous ; stipules réniformes, grandes. Arbrisseau peu élevé, et très rameux. 
Lieux humides. 


15. — S. Aurita, L. 
16,8, repens. (L. Spec. 1447). Fig. 16. 
Fr. Saule rampant. — Flam. Wederleggende Wilge. 


Chatons mâles longs de 12 à 20 mill, sur 2 à 5 de large ; bractéoles ovales; éla- 
BELG. HORT., TOME X, 12 


— 186 — 


mines 2 à filets munis de quelques poils à la base; glandes 2 dont une très-petile 


entre les deux étamines. Chatons femelles presque globuleux, longs de 10 à 12 mill. 
sur 7 à 8 de large, s’allongeant après la fécondation ; bractéoles atteignant la base de 
l'ovaire; pédicelle environ 5 à 4 fois aussi long que la glande, celle-ci 1/2 mill. de 
long. Style court; stigmates ovales, bifides. Feuilles ovales-arrondies, ovales, ellip- 
tiques, lancéolées ou sublinéaires, recourbées au sommet ou glanduleuses-denticu- 
lées et à bords souvent réfléchis. Soyeuses au moins à la face inférieure ; stipules- 
lancéolées, aigues, arbrisseau étalé à terre, s’élevant à peine à 5 à 5 décimètres, 
rameux. . 

Lieux sablonneux, bruyères. 

a. Angustifolia. Gr. God. fl. fr. 5 V. p. 157. 

Feuilles sublinéaires, capsules tomenteuses. 

B. Vulgaris (Koch. flor. Germ.). 

Feuilles lancéolées, capsules tomenteuses. 

7. Argentea (Koch. fl. Germ.). 


Feuilles ovales, velues, soyeuses sur les deux faces ou au moins en-dessous. 


16, — S. Repens. Lin. 
TT Feuilles linéaires ou linéaires -lancéolées. Chatons petits globuleux. 


17. S. Rosmarinifolia L. Fig. 17. 
Saule à feuilles de Romarin. 
Chatons mâles ? Les femelles globuleux, du diamètre de 5 à 7 mill. ; Bractéoles 


obovales, brunes à la base, noires au sommet, velues, atteignant environ le milieu de 
l'ovaire; ovaire velu; style très court; stigmates bifides. Feuilles linéaires ou 


linéaires-lancéolées, blanches soyeuses inférieurement à l’état jeune et presque. 


glabres à l’état adulte; glabres snpérieurement. Arbrisseau à rameaux minces et 
pubescents dans le jeune âge. 
Europe centrale. 


SE 


— ae . ÿ Te 


47, = S, Rosmarinifolia. 


LE fem 


B. Style allongé. 
18. S. argentea (Sm. in Dumort. fl. Belg.) Fig. 18. 


Saule argenté. 

Chatons mâles longs de 30 à 55 mill. sur 5 à 7 de large, denses; bractéoles jau- 
nâtres au sommet, brunâtres à la base, infléchies au sommet en forme de capuchon; 
élamines 2 à filets libres, du double des bractéoles. Chatons femelles pédonculés, longs 
de 20 à 25 sur 8 à 10 mill. de large; bractéoles rougeûtres à la base, noires au 
sommet, atteignant environ la base de l'ovaire ; ovaire velu ; pédicelle 2 mill. ; style 
4 mill. ; stigmates bifurqués. Feuilles elliptiques, blanches, soyeuses inférieurement 
même à l’état adulte, glabres supérieurement à l’état adulte ; stipules ovales. Arbris- 
seau atteignant environ deux mètres à rameaux couverts d’une pubescence grisätre. 


Campine. 
8. Dunarum, Nob. 


Rameaux courts étalés. 
Dunes des environs d’Ostende. 


18. — S. Argentea. 


19. S. bicolor (Ehrh. arb. dess. N° 118.). Fig 19. 
(S. Myrtifolia, HorruL.) 
Fr.: Saule bicolor. 


Chatons mâles ovoïdes, longs de 20 à 30 mill. sur 10 à 15 de large; bractéoles 
ovales-lancéolées, garnies de longs poils droits et lainceux ; étamines 2 à filets blan- 
châtres. Feuilles ovales obtuses à peine mucronées, presque chauves, glaucescentes 
en-dessous, courtement pétiolées, accompagnées à leur base de deux protubérances 


>] 


glanduliformes, rappelant les stipules. Arbrisseau de 2 à 5 mètres, à rameaux 


jaunâtres,. 
L’individu femelle ? 
Europe centrale. 


19. — S, Bicolor. 


— 188 — 


S. alba. S. Amydalina. S. purpurea. 


S. Viminalis. S. cinerea. S. argentea. 


PI. 20. Fleurs des Salicinées. 
DEUXIÈME PARTIE. 


Parmi les espèces que nous venons d’énumérer, les unes sont propres 
à la vannerie, d’autres comme plantes ornementales et enfin quelques- 
unes pour la création des taillis. 


Espèces pour Oseraies. 


Dans la section des Amerina, la variété Vitellina du S. alba donne 
de beaux et bons brins, seulement ils n’acquièrent pas une grande lon- 
gueur. i 


— 189 — 


La variété Russeliana du $S. fragilis donne des jets longs, mais 
presque toujours garnis d’un-assez grand nombre de faux-rameaux, 
néanmoins c’est une variété qui doit entrer dans toute bonne oseraie. 

Une très-bonne espèce de la même section, c’est le S. incana, seule- 
ment ses rameaux n’atteignent que un mêtre cinquante environ; ils 
sont très-souples. 

Le S. Amygdalina est une bonne espèce atteignant de deux à 3 
mètres. 

La section des Purpurés ne renferme que deux espèces; elles sont 
des plus propres à la vannerie. Il n’est pas rare de trouver des rameaux 
de trois mètres et plus ; ils ont l’avantage d’être presque toujours 
dépourvus de faux-rameaux, ce qui est très-favorable surtout lorsqu'ils 
sont destinés à être écorcés. 

La section des Viminales renferme une seule espèce propre aux 
vanniers, c’est le S. Viminalis , elle donne de beaux brins de trois 
mètres et plus qui ont cependant l'inconvénient de ne pas être très- 
souples; mais comme cette espèce n’est employée qu'aux travaux de 
grosse vannerie cet état de chose est de peu d'importance. 

Dans la quatrième et dernière section nous ne conseillons aucune des 
espèces qui y sont classées ; elles ne donnent que des brins courts. Ainsi 
en résumé toute oseraie bien plantée doit renfermer les espèces et 
variétés suivantes : 


S. alba Vitelina. 
S. fragilis Russeliana. 
S. incana. 

S. Amygdalina. 
S. purpurea. 
S. rubra. 

S. Viminalis. 


Nous conseillons cependant de mettre un peu d’ordre dans la ptanta- 
tion de ces espèces et variétés. Ainsi le Vitellina et l’incana doivent oceu- 
per les parcs antérieurs, vu leur moindre développement. 

Les espèces propres aux taillis sont le S. Caprea et le S. Cinerea. 


Espèces ornementales. 


Le Salix pentandra est un magnifique arbuste qui, au commencement 
du printemps, se couvre d’un grand nombre de chatons d’un beau jaune 
d’or, son feuillage luisant contribue également à en faire une bonne 
plante ornementale. 

Le S. alba sericea est un arbre qui atteint de grandes dimensions et 


qui par son beau feuillage argenté en fait un arbre de position de 
premier choix. 


— 190 — 


Quant au S. Babylonica il est trop connu pour que nous entrions dans 
quelques détails soit sur l'effet qu’il produit soit sur la place qu'il doit 
occuper dans la plantation d’un parc. i 1 

Les S. Hyppophæfolia et incana conviennent très bien pour la plan- 
tation des massifs dans les endroits humides. | 

Le S. Daphnoides est une bonne plante d’ornement, qui, au printemps 
se couvre d’un grand nombre de chatons dont les bractéoles soyeuses 
argentées établissent un très-joli contraste avec le vert tendre des 
jeunes feuilles. 

Le S. Seringeana convient également pour massifs dans les lieux 
humides. 

La variété pendula du S. Caprea doit se greffer à la hauteur de un à 
deux mètres, elle produit bon effet. Quant à la variété tricolor, il faut 
en former des buissons. 

Le S. aurita est une très-jolie espèce ornementale qui par ses petits 
chatons printaniers fait très-bon effet. 

Le S. repens ne convient que dans les endroits arides, c’est surtout 
la variété argentea qu’il faut planter. Cette espèce peut rendre de grands 
services pour la plantation des côteaux secs et exposés au soleil, cette 
espèce s’étale sur la terre et fait bon effet. | 

Les S. Rosmarinifolia et argentea doivent se greffer en tête soit sur le 
Caprea ou le Cinerea, on les taille annuellement sur deux ou trois yeux. 

Le S. bicolor est un charmant arbuste qui au printemps se couvre 
d’un grand nombre de chatons, son feuillage luisant ainsi que ses 
rameaux jaunâtres en font une bonne plante pour massifs. 


TROISIÈME PARTIE. 
Culture des Oseraies. 


Choix et préparation du terrain. Le sol le plus convenable à la créa- 
tion d’une oseraie est une terre humide mais perméable, car dans un sol 
marécageux, les produits n’auront qu’une très-faible valeur. 

Du moment que l’on est décidé de convertir un espace de terrain en 
oseraie, il s’agit de bien savoir quel est le degré d’humidité du sol ; car 
c’est d’après cette donnée que doivent s’effectuer les premiers terras- 
sements. Ainsi, si par exemple le sol avait un degré d’humidité tel qu’il 
ne s’inonde pas pendant l'hiver, on pourrait disposer Son terrain en 
billons de cinq mètres, tandis que si le sol était très-humide et spon- 
gieux, sujet à être couvert d’eau pendant une partie de l’hiver, il fau- 1 
drait tracer ses billons de deux mètres seulement. Entre chaque bande à 
de terre il faut ménager un fossé dont la profondeur doit être en raison 4 
directe du degré d'humidité. Un point très-important c’est de bien sui: 
vre l’inelinaison du terrain pour faciliter l’écoulement des eaux. 


— 191 — 


Dans la partie la plus basse, on creuse un fossé dé décharge sous 
lequel viennent se verser les eaux des rigoles de dessèchement. 

Après avoir disposé son terrain comme nous venons de l’indiquer, il 
faut donner un bon labour soit à la pelle ou à la charrue. 

De la plantation. — C’est la partie la plus importante dans la création 
d’une oseraie, surtout pour ce qui regarde le choix des espèces ; chose 
dont nous avons traité dans la seconde partie. 

C’est par le moyen de boutures que s’opère la plantation. On doit 
choisir des rameaux ayant de un à deux centimètres de diamètre, que 
l’on partage au moyen d’une bonne serpette bien affilée en fragments de 
quarante centimètres. L'époque la plus convenable pour cette opération, 
ainsi que pour celle de la plantation, c’est en février ou au commence- 
ment de mars. 

Lorsque les boutures sont prêtes à être mises en place, on trace des 
lignes parallèles dans le sens de la longueur des lits, à la distance de 
. un mêtre les unes des autres, en remarquant cependant que la première 
ligne ne doit se trouver qu’à cinquante centimètres du bord des fossés; 
de cette facon vous aurez deux lignes pour les pares de deux mètres, et 
ainsi de suite. Quant à la distance entre les plants sur la ligne, septante 
à quatre-vingts centimètres suffisent. 

Pour effectuer la plantation des boutures, il s’agit tout bonnement de 
les enfoncer en terre sur une longueur de trente centimètres environ. 

Soins annuels. — Pendant la première année qui suit la plantation, 
il faut donner deux ou trois binages pour détruire les mauvaises herbes. 
Les mêmes soins doivent se répéter annuellement. Après chaque récolte, 
il faut avoir soin de nettoyer les souches, et pendant l’été d’enlever avec 
soin les tiges volubiles des liserons, qui, en s’enroulant sur les jeunes 
brins, les rendraient cassants, et par conséquent impropres à l’usage 
auquel on les destine. 

Du moment que l’on s’apercoit que certaines souches commencent à 
s’épuiser, il faut se hâter de les remplacer, soit par le marcottage d’un 
rameau d’une souche voisine ou par une bonne bouture. 

Il faut annuellement curer les fosses de façon que l’écoulement des 


eaux puisse se faire sans entraves. 

Récolte. — C’est en février ou mars qu’il faut effectuer la coupe des 
oseraies. Les belles pousses ont communément de 2"50 à 53 mètres de 
longueur. On les coupe au moyen de la serpette à 0"01 ou 0"02 de leur 
point d'insertion; et au bout de trois ou quatre ans, les plants sont de 
petits têtards. 

La coupe de la première année ne donne que des brindilles à peu près 
inutiles, mais qu’il faut cependant enlever avec soin, sans quoi la pousse 
de l’année suivante ne se composerait que d’un grand nombre de petites 
ramifications. Lorsque, au contraire, on a coupé au niveau du tronc 


toutes les productions de la première année, la seconde donne déjà un 


— 192 — 


] 


certain nombre de jets de un à deux mètres. A la troisième année on 
commence déjà à retirer un bon produit de sa plantation. 
Avant de terminer cette notice, disons quelques mots sur les propriétés 
tannantes des Saules. M. Scheidweïler (1) a fait couper le 25 mai toutes 
les branches d’un Saule blanc (S. alba, L.); il en fit enlever l’écorce, qui 
fut mise en bottes et séchée au soleil. Le 2 juin, elle était parfaitement 
sèche et pesait.25 kilogrammes. D’après les offres d’un tanneur, elle fut 
vendue de fr. 4-20 à fr. 2-40 les 50 kilogrammes. Les branches avaient 
six ans d'existence. En adoptant cette taille tous les six ans, le produit 


d’un arbre serait de fr. 1-20 pour l’écorce et de 60 cent. pour le bois (2). 


Le bois écorcé ne perd rien de sa valeur. Le temps pour l’enlèvement 
de l’écorce est compensé par le produit de l’élagage des perches. 
Voici le résultat des diverses analyses publiées par Davy : 


Quantité de tannin obtenue par ‘7, d’écorces 


SAlIX FTASIIIS. 40, +. +. Vede  e O 
— “CINErEA ne 42 204 1. 4e OC 
Quercus peduneulata. 7... . = MP 0bn 


Si ces analyses sont exactes, comme il est permis de le croire, le 
S. fragilis serait plus riche en taunin que le Quercus pedunculata. Il 
nous semble donc que c’est à tort qu’en Belgique on n'utilise pas les 
écorces provenant du pelage des osiers employés dans la vannerie. 

Il est probable que d’autres espèces contiennent des quantités de tan- 
nin tout aussi fortes que le S. fragilis, par exemple, le purpurea et 
l’incana, dont la saveur styptique et la teinte noire qu’ils prennent en 
séchant et qu’ils communiquent au papier de l’herbier, le font soup- 
conner. 

Nous nous proposons de faire l’année prochaine une série d'analyses, 


pour rechercher la proportion de tannin contenue dans les différentes | 


espèces et variétés énoncées dans cette notice. 


(1) Revue horticole, 1845, No 6, p. 108. 
(2) Ces calculs sont faits d’après la valeur de ces objets en Allemagne. 


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— 193 — 


HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LE CATTLEYA LABIATA Linos., OU CATTLEYA 
A GRAND LABELLE. 


FAMILLE DES ORCHIDÉES. -— GYNANDRIE MONANDRIE. 


Figuré pl. XIII-XIV, fig. 1-2, d'après un spécimen de l'établissement de MM. Jacob-Makoy, 
et C° à Liége. 


Carrzeya. Lindley in Coll. Bot. tab. 53. Sepala membranacea v. carnosa, patentia, 
aequalia. Petala sæpius majora. Labellum cuculatum, columnam, involvens, trilobum 
v. indivisum. Celumna clavata, elongala, semiteres, marginata, cum labello arti- 
culata. Anthera carnosa, 4-locularis, septorum marginibus membranaceis. Pollinia 
4, caudiculis totidem replicalis. 

Herbæ epiphytæ (Americanæ), pseudobulbosæ. Folia solitaria v. bina coriacea. 
Flores terminales, speciosissimi, sæpe e spatha magna erumpentes. 

C. Lagrara (Linp.) sepalis linearibus, petalis membranaceis lato-lanceolatis acutis 
subundulatis, labello obovato, undulato obtuso indiviso, pseudobulbis oblongis 
angulatis, spatha maxima foliacea. 

Habitat in Brazilia. 

Flores maximi lilacini, disco labelli sanguineo. 

Linnc., Coll. Bot. tab. 53. — Hooker, Exot. FI, 157. — Linpc., Gen. and Spec. of 
Orchid. plants, p. 116. — Bot. reg. t. 1859. — Lonn. Cab.1956. — Kx. et Wesrc. 
26. — Bot. Mag. 69, 5998. Paxr. Mag. IV, 121, VII, 75. — Paxr., F1. G. 24. 

C. Labiata var. Mossiæ Hook. Bot. Mag. t. 5669. — Bot. reg. 1840, 58 (fide Lind- 


ley). 
C. Labiata v. picta, F1. des Serres VII, 660. 


C. Lab. v. candida, FI. des Serres VIL, 661. 


Quand, pendant une rude journée d'hiver, on entre dans une serre 
chaude, consacrée à la culture des Orchidées, on est frappé de l’allure som- 
bre du feuillage : quelques gracieuses Fougères et des Lycopodiacées gazon- 
nantes ajoutent une grande fraicheur et de la délicatesse aux sentiments 
que l’on éprouve : les fleurs lui donnent de la gaieté. Si l’on aperçoit un 
Cattleya labiata, le regard est invinciblement attiré et retenu : on 5e 
surprend contemplant cette grande fleur toute large ouverte comme si 
elle vous regardait elle-même : son aspect est étrange, mais attrayant : 
ses couleurs pures et tendres, reposent doucement la vue; c’est une 
nuance de mauve délicieuse et inimitable, qui change de teinte et de 
reflet à tous les moments du jour et suivant qu’on le regarde à droite ou 
à gauche, en avant ou en arrière, insaisissable et inimitable. 

Le Catlleya labiata Lino., est loin d’être nouveau, mais il est tou- 
jours cultivé avec prédilection par les amateurs. Il croit au Brésil et a 

BELG, HORT. TOME X. 15 


19% 


été plusieurs fois envoyé en Europe, surtout de Rio-Janeiro, de la Nou- 
velle Grenade et de Caracas. Il est très-variable et compte plusieurs- 
variétés, parmi lesquelles, l’une des plus célèbres et des plus belles est 
celle que l’on cultive sous le nom de Cattleya mossiæ. Il aime beaucoup 
la chaleur et l'humidité, et, malgré son origine Américaine, se trouve 
bien du voisinage des Orchidées asiatiques : ses fleurs acquièrent alors 
des proportions considérables et une grande épaisseur, comme celles que 


nous avons vues chez M. Jacob-Makoy, où ces plantes recoivent les soins 1 
les plus intelligents : elles ont servi de modéle à notre planche. ; 
M. Van Houtte a signalé naguère deux belles variétés du €. labiata, à 


la picta et la candida. Plus récemment M. Karsten en a décrit une nou- 
velle dans le Wochenschrift (1860, p. 96) sous le nom de Lindigü, 
remarquable par la couleur rose tendre de ses fleurs. 


DESCRIPTION DU COCCOCYPSELUM REPENS Sw., OU COCCO- 
CYPSELON RAMPANT. 


FAM. DES RUBIACÉES. — TETRANDRIE MONOGYNIE. 


Figuré pl. XIH-XIV, fig. 3-5 ; d’après les spécimens de l'établissement Jacob-Makoy 
et C°, à Liége. 

CoccocyrseLum (Swarrz., fl. ind. occ. 1, p. 245. Cal. tubus ovatus, limbus 4-par- 
titus persistens laciniis angustis. Corolla infundibuliformis limbo 4-partito, fauce 
glabra. Stam. 4 tubo inserta inclusa. Antheræ oblongo-cordiformis. Stigma bifidum. 
Bacca ovata coronata bilocularis, loculis polyspermis. Semina lenticulari-angulata 
aptera. 

Herbæ repentes. Folia opposita breve petiolata. Stipulæ utrinque solitariæ subu- 
latæ. Pedunculi axillares solitarii, in axillis alterni, gerentes capitulum pauciflorum 
breve-involucratum. Corollæ et Baccæ cœruleæ aut purpureæ. 

C. Rerens prostratum repens, foliis ovatis utrinque pubescentibus, peduneulo per 
anthesin brevissimo post anthesin subelongato, capitulo paucifloro bracteis subulatis. 

Annuum in aridis montium Jamaicæ temperatioris et Sti-Domingi. 

Flores subsessiles in axillis aggregati. Fructus pedunculo elongato 4-5 lin. longo 
insidentes, cœrulei inflati. Corolla cœrulea. 

C. Herbaceum, Lam. Dict. 2, p. 56 ill. t. 64. — DC. Prodr. IV, 396. 


Le Coccocypselum repens, paraît avoir été introduit en Europe, dès 
1795; Lamarck en parle et le figure, sous le nom de C. herbaceum 
dans l’encyclopédie méthodique, mais dans d’assez mauvaises conditions. 
Nous l’avons retrouvé cet hiver, dans les vastes collections de M. Jacob- 
Makoy, cultivé en corbeille suspendue dans une serre chaude. Cette 
plante produisait un charmant effet, par son port gracieux, ses tiges 
rouges, ses feuilles couvertes d’un duvet de la même couleur et surtout 
à cause de ses fruits d’un beau bleu foncé. Ils persistent fort longtemps, 
tandis que les fleurs sont très-éphémères : aussi eontribuent-ils beaucoup 
plus que ces dernières à faire rechercher cette espèce. Elle croît natu- 
rellement dans les terrains secs de la Jamaïque et de Saint-Domingue. 


+ TIRE 


ÉTUDES SUR LES BROMÉLIACÉES, 


Par LE Dr C. Kocu, Professeur à Berlin(). 


TRADUIT DE L’ALLEMAND pAr Mr AzrreD pe Bonne, 


Nous avons peu de familles végétales que l’aspect extérieur serve aussi 
facilement à faire reconnaître, que les Broméliacées ; et, néanmoins, leurs 
fleurs n’offrent aucunement la complète analogie qu’on serait en droit 
d'attendre des membres d’une seule et même famille. Des ovaires, tantôt 
supères, tantôt infères, des corolles, parfois monopétales, parfois tripé- 
tales, s’y rencontrent chez des espèces extrêmement voisines. Et cepen- 
dant de quelle importance ne sont pas les deux caractères que nous 
venons de citer! On voit par là qu’un même principe de division peut 
être très-usuel et très-convenable pour un groupe de plantes, et n’avoir 
en même temps qu’une valeur très-subordonnée dans un autre groupe; 
on peut aussi en conclure que, si la fleur et le fruit méritent à bon droit 
et avant tout d’étrepris en considération pour l’établissement de groupes 
plus ou moins grands, il y a cependant encore d’autres caractères, 
empruntés à l’habitus et à la morphologie, qui ne doivent pas être 
laissés de côté, et qui quelquefois même doivent avoir le pas sur les 
autres. Un botaniste qui aura vu et examiné quelques Broméliacées, 
devra, si aucune considération théorique ne vient égarer chez lui l’intui- 
tion naturelle, reconnaître et décider, au seul aspect d’un Bromelia, 
d’un Pitcairnia, d’un Biüllbergia, ete. à quelle famille et même à quel 
genre la plante appartient. 

Les Broméliacées ont acquis chez nous une certaine considération, 
surtout à cause de l’Ananas ; en outre, depuis quelques années, elles ont 
été appelées à jouer un rôle comme plantes et fleurs d'agrément dans les 
serres de beaucoup d'amateurs. Il existe surtout un homme, qui se livre 
avec un amour tout particulier, à la culture des Broméliacées, et qui 
s’est ainsi donné l’occasion de les étudier même scientifiquement. Nous 
voulons parler de M. Beer, rentier à Vienne. C’est chez lui, dans le jardin 
botanique de Berlin, et au jardin des plantes, à Paris, que l’on peut voir 
cultiver la plupart des espèces de la famille dont nous nous occupons. 

Mais, en général, les Broméliacées n’ont pas encore obtenu la noto- 
riété qu’elles méritent, et, quoiqu’on l’ait déjà fait plusieurs fois avant 
nous, nous nous empressons de saisir l’occasion d’attirer l’attention sur 
ces plantes si intéressantes, et non moins belles en même temps. Géné- 
ralement nos serres laissent trop à désirer au point de vue de la beauté; 
beaucoup sont trop remplies; mais la plupart péchent par le choix des 
plantes, fait sans égard aux lois de l’esthétique. On ne comprend pas en 


(1) Wochenschrift für Gürtnerei und Pflanzenkunde. 1859, p. 129. 


— 196 — 


effet comment des personnes qui dépensent tant d'argent pour Îles 
plantes et les fleurs, travaillent si peu à embellir tout ce qui les envi- 
ronne, se contentant de posséder quelques jolies plantes et n’accordant 
que peu ou point d’attention à la beauté de la serre elle-même. Parfois 
la serre ressemble à un cabinet de curiosités, ou à une boutique de 
fripier où l’on jette pêle-mêle et le beau et le laïd, sans autre jouissance 
que de posséder. La science ne tire aucun avantage de ces serres dis- 
posées sans goût et remplies outre mesure ; les plantes ne peuvent pas s’y 


étendre librement de tous côtés, et l’étude ne les rencontre pas sous leur 


aspect naturel. Car il ne suffit pas au botaniste d’avoir en main la fleur; 


il.lui faut aussi prendre connaissance de la plante entière, pour en dis- 


cerner les caractères. 

Les Broméliacées semblent tout à fait propres à voiler dans les serres 
les endroits que l’on est obligé de laisser sans ornements. Ainsi, quel 
laid coup d’œil donnent souvent les murailles de derrière! l’humidité 
indispensable dans une serre re permet aucune durée au badigeonnage; 
le plus souvent il se couvre d’une teinte gris noirâtre que le jaune des 
lichens, le vert des mousses et des autres productions cryptogamiques 
viennent tacheter d’une façon qui n’est rien moins qu’agréable aux yeux. 
Depuis longtemps, on cherche à masquer ces nudités par la culture des 
lianes; et c’est ainsi qu’on ne peut trop recommander l’emploi des vieux 
Ficus stipulata et burbata. Les Marcgraviées donnent aussi de très-bons 
résullats. Aujourd’hui on emploie tout aussi avantageusement des 
Aroïdées grimpantes, qui se trouvent très bien des murailles humides, et 
auxquelles il ne faut que peu de lumière. 

Enfin, pour les pignons des murs, on ne peut assez recommander les 
plantes épiphytes des forêts vierges tropicales. Nous les avons vues très 
souvent employer, et nous ne pouvons que souhaiter de voir cet usage 
se généraliser de plus en plus. Deux familles surtout pourront fournir 
un riche contingent : les Fougères et les Broméliacées. Les premières, 
aux frondes finement découpées, ou bien simples et allongées, et dont 
un grand nombre, telles que les Polypodium, les Platicerium, les 
Acrostichum, etc., exigent justement un lieu ombragé et humide, 
entreméêlés de Tillandsia, de Billbergia, de Bromelia, au feuillage 
panaché, de Vidularium, ete, rendent le plus laid pignon aussi beau 
qu’on peut le désirer, et cela avec la plus grande facilité du monde. On 
fait croître les plantes sur des fragments d’écorce que l’on fixe ou que 
l’on cloue à la muraille. Les touffes bigarrées de beaucoup de Broméliacées 
au milieu du vert aimable des Fougères, produisent aussi l'effet le plus 
agréable. Un charme de plus dans la décoration de semblables murs 
sont les inflorescences magnifiques et aux brillantes couleurs des Baill- 
bergia, surtout des espèces où ces inflorescences sont pendantes. 

Nous nous sommes déjà élevé plusieurs fois, contre la disposition 
actuelle des serres à Orchidées. II y manque en général le lien commun 


— 197 — 


qui doit réunir toutes les plantes belles et admirables en un tout harimo- 
nique. Autant un exemplaire, dans tout l'éclat de sa floraison, y fait un 
effet magnifique, autant il paraît laid, aussitôt que cet ornement passager 
a disparu. L’Orchidée n’a des fleurs que pendant un temps trés-court; le 
reste de l’année, elle offense la vue par sa forme disgracieuse, offrant 
tantôt une tige sans feuilles tantôt des pseudo-bulbes, toujours d’un 
vert jaunâtre, et ressemblant plus ou moins à une plante morte. Ne 
serait-il donc pas possible de les cacher, et de donner à l’ensemble de la 
serre quelque harmonie, au moyen d’autres végétaux ? 

Nous devons dire que dans certains endroits, on a commencé à le faire. 
Nous nous souvenons avec plaisir d’une visite que nous avons faite à 
Tetschen, sur l’Elbe, où l’on ne place pas les Orchidées en simple rangée 
sur une couche, mais où on les dispose contre des troncs d’arbres ou sur 
les branches. Outre que les Cattleya, les Stanhopea, les Dendrobium, ete., 
font beaucoup meilleur effet lorsqu'ils sont suspendus, on peut s’aperce- 
voir aussi combien la monotonie est brisée par les branches des arbres 
dont on se sert, et cela malgré leur teinte jaune fauve. Mais il est juste 
d'ajouter qu’on y voyait aussi à l’aisselle des rameaux quelques Bromé- 
liacées et quelques Fougères, ces dernières toutefois en moins grand 
nombre que nous ne l’aurions désiré; à Tetschen, on avait même intro- 
troduit dans la serre aux Orchidées diverses autres fleurs, telles que des 
Achimenes et des Tydæa. 

Mais il est temps d’en revenir aux Broméliacées. Leur connaissance 
est, pour la plus grande partie, tout à fait moderne. Linné n’en con- 
naissait que dix-huit espèces qu’il répartissait entre deux genres: Bro- 
melia, renfermant les espèces à ovaire infère, et Tillandsia, celle à 
ovaire supère. Lorsque Wildenow publia, en 1799, la deuxième partie 
de son Species plantarum, leur nombre s'était élevé à trente. En 1830, 
on en connaissait 247 espèces, qui sont décrites par les deux Schultes, 
dans leur Systema vegetabilium. Un laps de temps à peu près égal s’est 
écoulé depuis, et peut-être une centaine d’espèces sont encore venues 
s’y ajouter, de sorte que le nombre total des Broméliacées décrites et 
cultivées peut aujourd’hui atteindre 550 espèces, peut-être davantage. 
Toutefois Beer, dans sa Monographie, publiée en 1857, n’en mentionne 
que 239 espèces, parmi lesquelles se trouvent même quelques espèces 
fossiles, ainsi que des variétés et des races. 

Au siècle passé, les jardins, et seulement les jardins botaniques, 
voyaient cultiver environ 14 espèces de Broméliacées, nombre qui dut 
à peine s’accroitre dans les quinze premières années du siècle actuel. Mais 
alors les jardins particuliers, au moins en Angleterre, commencèrent à 
prendre goût aux Broméliacées. Cette faveur s’est accrue, lorsque nous 
avons commencé à en connaître un certain nombre qui se distinguaient 
par la beauté des fleurs, ou chez lesquelles la couleur rouge éclatant ou 
brunâtre des feuilles du cœur de la plante, était susceptible d’attirer 


— 198 — 


l’atitention des amateurs. Et cette faveur grandira certainement bien 
davantage, quand on leur aura assigné l’emploi que nousindiquions tantôt. 

Il est possible d'établir chez les Broméliacées une division en trois 
groupes, que justifient parfaitement d’habitus de la plante et la structure 
de la fleur. II faut pour cela considérer les deux genres linnéens des 
Bromelia et des Tillandsia, comme les types de deux groupes prinei- 
paux, auxquels viendra s’adjoindre un troisième, celui des Pitcatrniées, 
dont on n’a découvert des représentants que plus tard, mais cependant 
toujours au siècle dernier. : 

Les BROMÉLIACÉES proprement dites (ou pour mieux dire, les Bromé- 
LIÉES), se distinguent par des feuilles membraneuses, sèches, un peu 
dures, parcheminées, qui sont incluses l’une par l’autre à la base en 
forme de gaine; d’où il résulte plus ou moins une espèce de cornet, du 
milieu duquel surgit la hampe avec les fleurs; il est rare que leur inflo- 
rescence soit latérale, ou se prolonge en une espèce de houppe de feuil- 
les. Les feuilles ont le bord habituellement garni de dents piquantes. 
L’ovaire est infère. 

Les TizLanpsiées sont la plupart du temps plus petites, plus charnues, 
et se renflent souvent à la base en forme de bulbe, ce qui n’est pasle cas 
chez les espèces du groupe précédent. La marge de la feuille n’a presque 
jamais de dents. Du milieu naît l’inflorescence en général bisériée, et 
dont les fleurs ont toujours un ovaire supère. Les graines possèdent 
généralement une aigrette. 

Les Pircainniées ont des feuilles également un peu épaisses, mais qui 
ne sont ni charnues, ni parcheminées, mais plutôt membraneuses succu- 
lentes; et elles ne forment jamais un cornet à la base. En général, la 
marge des feuilles est entière, ou bien dentée seulement à la base, et 
quelquefois aussi au sommet; il est rare que tout le pourtour ait des 
dents. La hampe, ou la tige, est garnie de feuilles toujours de même forme, 
mais devenant de plus en plus petites; elle porte à son sommet un épi 
ou une panicule. Souvent l'ovaire paraît enfoncé à sa base dans un creux 
de la partie supérieure écailleuse du pédoncule floral ; il se divise facile- 
ment en trois parties, dont chacune renferme une loge. 

Après ces trois groupes, nous en trouvons encore un quatrième, ano- 
mal, celui des Paormifées. Par lui, les Broméliacées se relient aux Aloïnées; 
tandis que d’autre part, les Pourrettia et le genre anomal des Æechtia 
les râttachent aux Dracænées, en admettant que ce dernier genre ne doive 
pas prendre sa place, comme les Dasylirion, parmi les Dracænées elles- 
mêmes. Quant aux genres Cottendorfia et Dyckia, que je ne connais que 
par des descriptions, je ne prendrai pas sur moi d’assigner ici leur place. 


I. — LES BROMELIA ET LES AGALLOSTACHYS. 


A l'exception des genres Ananas (que Lindley changea en Ananassa) 
et Billbergia, qui étaient déjà établis au siècle dernier, le genre Bromelia 


— 199 — 


a subsisté dans toute son extension jusqu’à ce que, dans ces derniers temps, 
Beer ait fondé le genre Agallustachys. Mais tous ces genres se distinguent 
beaucoup moins par les caractères tirés de la fleur que par ceux qui appar- 
tiennent au facies de la plante. Chez les Ananas, la tige, couverte de vérita- 
bles mais petites feuilles, se termine par une houppe ou faisceau à feuilles 
au-dessus de l’inflorescence. La fructification s’y étend des fleurs à toute 
la partie de la tige qui les porte, et il en résulte un fruit composé qu’on: 
appelle sorose. Chez les Billbergia, les feuilles de la tige se métamor- 
phosent en écailles semblables à des spathes, et plus ou moins colorées, 
de sorte que l’inflorescence semble s'étendre à toute la tige. Le genre 
Bromelia comprend toutes les autres espèces; tantôt elles ont une tige 
garnie de véritables feuilles et terminée par l’inflorescence (Bromelia 
Pzum., Agallostachys, Beer); tantôt la tige n’y a presque aucun dévelop- 
pement, et les fleurs serrées les unes contre les autres n’y dépassent pas 
les feuilles (Karatas, Pium., Bromelia Beer.) 

C’est de cette manière que, dès 1774, le fondateur du système naturel, 
Ant.-Laur. de Jussieu, divisait le genre linnéen Bromelia en trois sous- 
genres : Bromelia, Karatas, et Ananas; il est très-regrettable que par la 
suite on n’ait pas eu égard dans la botanique systématique à cette opinion 
d’un maïtre. Jussieu n’avait pas encore pu connaître de près les Büll- 
bergia. Ce n’est que 85 ans plus tard, en 1857, que Beer a proposé de 
nouveau la subdivision du genre Bromelia. 

Il a malheureusement fait des Bromelia avec les espèces à fleurs ses- 
siles, que Jussieu, et avant lui Plumier, avaient réunies sous le nom de 
Karatas ; et il a donné aux véritables Bromelia de Jussieu la dénomina- 
tion d’Agallostachys (rameaux fastueux), à laquelle on peut encore re- 
procher de manquer d’exactitude. 

Si nous voulions logiquement suivre le droit de priorité, il faudrait 
abandonner le nom d’Agallostachys pour celui de Bromelia, et nommer 
Karatas les espèces décrites par Beer sous le nom de Bromelia. Mais, 
comme au temps de Plumier la nomenclature actuelle n’existait pas 
encore, et que Jussieu n’a désigné aucune espèce sous le nom de Xaratas, 
nous passerons outre, et, pour ne pas augmenter davantage la synonymie, 
nous adopterons les genres de Beer, tels qu’il les a concus. 


A. — GENRE AGALLOSTACHYS, pe Beer. 


Les Agallostachys sont au nombre des plus belles Broméliacées, sur- 
tout lorsaw’ils sont en fleurs. Mais même sans les fleurs, la plante a 
toujours un aspect plutôt encore pittoresque que beau, grâce à ses feuilles 
d'un beau vert, la plupart du temps très-arquées, et dont le bord est 
garni de dents en scie piquantes; cet aspect ne fait que s’embellir, 
aussitôt que la tige s'élève et développe peu-à-peu ses feuilles, petites 
à la vérité, mais parées d’une couleur, soit rouge-cinabre clair ct ardent, 
soit plus brunâtre. Ajoutez-y que les fleurs sont souvent d’une couleur 
différente, et tranchent par opposition sur les feuilles. 


— 200 — 


1. Agalostachys Pinguin, Bser. 


La plus ancienne espèce de ce genre est celle que Linné avait décrite 
sous le nom de Bromelia Pinguin (1) (B. Peguin, dans la Mantissa). 
Aux Indes Occidentales, sa patrie, elle est connue sous le nom d’Ananas 
sauvage, et on l’emploie à faire des haïes et des clôtures autour des 
jardins, des pièces de terre, etc. Elle a été figuréé déjà en 1732, dans 
l’'Hortus Elithamensis, de Dillenius (tab. 240, f. 311), et elle était très 
recherchée dans les jardins comme plante d'ornement, à cette époque où 
lon n’avait pas un aussi grand choix qu'aujourd'hui, d’Agave, de Yucca, 
et autres plantes semblables. De nos jours, elle a disparu, à ce qu’il 
semble, des jardins des particuliers, et on ne la retrouve plus que dans 
quelques établissements botaniques. 

Elle est remarquable par ses longues feuilles, qui atteignent jusqu’à 
5 et 6 pieds. La tige, courte, en porte de beaucoup plus petites, colorées 
en rouge. Les fleurs forment un épais bouquet, et leurs pétioles ont, 
suivant Dillenius, une couleur pourpre, claire extéricurement, foncée 
intérieurement. Au contraire, d’après Redouté (Liliacées, tab. 396), ils 
sont violets, marginés de blanc. 


2. — Agallostachys sylvestris, Beer. 


Cette espèce, que Wildenow a le premier fait connaître sous le nom 
de Bromelia sylvestris, appartient aussi à ces plantes, qui existaient déjà 
dans les jardins au commencement du siècle, mais qui sont devenues 
rares à présent. L’Horlus britannicus, de Sweet, indique 1820, comme 
l’année de son introduction ; suivant Beer, elle ne fut même envoyée de 
Berlin en Angleterre qu’en 1893 ; mais elle doit avoir existé dès 1815 
dans le jardin botanique de Berlin, car à cette époque Wildenow la 
connaissait et la déerivait dans un Supplément aux plantes de ce jardin. 
Il y a environ dix ans qu’elle a été de nouveau introduite directement du 
Mexique dans le jardin royal de Sans-Souci, à Potsdam, par le consul- 
général prussien. C’est là que nous avons pu la voir et l’examiner 
de près dans l’une des serres du jardinier du palais Sello. Il paraît donc 
que sa patrie n’est pas le Brésil, comme on l’a dit quelquefois, mais bien 
le Mexique. 

Cette plante mérite aussi d’être recommandée, quoique ses feuilles ne 
soient pas de beaucoup aussi grandes. La tige s’élève plus haut, est 
recouverte de feuilles moins longues, devenant de plus en plus petites 
vers le haut, et d’un rouge clair, et elle se termine par un bouquet moins 
serré. Les spathes assez grandes, sont d’un rouge presque rose; ce qui 


PS RE SE RE EN AN OP EME DO PS TU INR POP ETES RS EE 


(1) Bromelia foliis ciliato-spinosis mucronatis racemo terminali, — Car. Linnæi, 
species plantar., Edit, 2, p. 408. Hexandria monogynia. Genus Bromelia sp. 2. 


— 201 —— 


fait que les pétales qui ont la même couleur, font beaucoup moins 
d'effet. Chez l’exemplaire que nous avons examiné, ils étaient beaucoup 
plus longs que dans la figure du Botanical Magazine, (tab. 2392). 


3. 


Agallostachys fastuosus, Beer (). 


L’espèce que Lindley a appelée Bromelia fastuosa, est très-semblable 
à la précédente, et seulement plus grande dans toutes ses parties. 
L’inflorescence est plus composée, mais aussi plus étendue. Nous ne 
trouvons indiqué nulle part que cette espèce ait encore été introduite 
dans les jardins botaniques, ni dans ceux des horticulteurs. 


4, — Agallostachys laciniosus, C. Kocu. 


Une autre espèce, également voisine de l’Agallostachys sylvestris, 
est celle que Martius a désignée par le nom de Bromelia laciniosa ; 
Becr l’a oubliée dans sa Monographie. Comme elle a le Brésil pour patrie, 
il se pourrait que ce füt le Bromelia sylvestris, des jardins anglais. Elle 
se distingue principalement par un feutrage plus fort et par des fleurs 
violettes. 


9. — Agallostachys chrysanthus, Beer. 


Cette plante, figurée par Jacquin dans l’AJortus schoenbrunnensis 
(tab. 55), sous le nom de Bromelia chrysantha, s’est conservée cà et là 
dans quelques jardins botaniques, et se distingue par ses feuilles cauli- 
naires jaunes, et ses fleurs couleur d’or tirant un peu sur le rouge. 


6. — Agallostachys antiacanthus, Beer. 


Depuis quelques années, on trouve aussi dans les jardins d'Allemagne 
une espèce que Fenzl a fait connaître sous le nom de Bromelia sceptrum. 
Le nom esten effet bien choisi, car les stolons de la plante, semblables à 
des sceptres et étendus sur le sol, lui donnent une physionomie toute 
particulière. Mais d’autres espéces offrent le même caractère. Suivant 
Beer, cette espèce n’est pas différente du Bromelia antiacanthos, BERTOL. 
Son nom spécifique, qui signifie « contre-épineux, » lui vient des dents 
du bord de la feuille, qui sont piquantes, mais tournées en dedans. 

Nous en avons vu l’année dernière un très-joli exemplaire dans le 
jardin de Laurentius, à Leipzig; elle existe aussi dans le jardin botani- 
que de Berlin. Suivant Beer, au moment de la floraison, celle atteint une 
taille de 6 pieds, et offre un spectacle admirable. Les feuilles caulinaires 


(1) Beer fait Agallostachys du genre féminin. Mais oTézx9ç (épi) est du genre mascu- 
lin et nous devons par conséquent remettre au masculin tous les adjectifs spécifiques. 
On peut en dire autant des genres Acanthostachys KL. et Eremostachys, Be. à 
moins que chez ce dernier, Stachys ne soit le nom d’une certaine plante, qui est alors 
en latin du féminin. 


— 202 — 


inférieures ont seules une superbe couleur rouge de sang, tandis que 
les autres, qui protègent les ramaux d’une inflorescence de 4 pieds 
de longueur, deviennent de moins en moins rouges, jusqu’à ce que 
celles du sommet n’ont plus qu’une coloration vert-jaunâtre. La fleur 
paraît être insignifiante, et nuancée de bleu et de lilas. 


7. — Agallostachys Commelinianus Bser. 


Publiée d’aborb sous le nom de Bromelia Commeliniana de Vr. 
(nec Commelina Scuzecur), par de Vriese, dans le Choix de graines 
du Jardin botanique d'Amsterdam, 1844; décrite seulement dix ans 
plus tard, par le même, dans son ouvrage sur les plantes nouvelles, 
rares, Ou peu connues du Jardin botanique de Leyde. Une bonne | 
représentation de cette espèce a paru récemment dans la Flore des 
jardins du Royaume des Pays-Bas (1858, p. 176.) On y voit qu’évidem- | 
ment cette espèce ne cède en beauté à aucune autre du genre, et qu’au 
contraire la couleur lilas de ses fleurs lui donne un charme tout à fait | 
particulier. Les feuilles caulinaires ont la même couleur rouge que 
chez l’Agallostachys sylvestris, avec lequel la plante a d’ailleurs beau- 
coup de ressemblance; cependant l’inflorescence très-ramifiée rappelle 
extrêmement les Pourretia. D’après l’exemplaire du jardin botanique de 
Berlin, elle a aussi pour caractère des feuilles très-étroites et en forme 
de gouttière. On lui assigne comme patrie les parties les plus chaudes 
de l'Amérique, d’où tirent leur origine la plupart des Agallostachys. 


Il existe probablement une huitième espèce d’Agallostachys, sous Île 
nom de Bromelia linifera, dans le jardin de Schoenbrunn, près de | 
Vienne. Le directeur Schott prétend que cette espèce est identique avec 
le Bromelia variegata, Anrup.; mais cela n’est pas possible, car sa 
plante a une tige de quatre pieds de haut, portant des feuilles à marge 
rougeâlre également écartées les unes des autres, tandis que le Bromelia 
variegata est un Billbergia, comme l’a bien prouvé.Schultes, Junior, 
(Syst. végét. tome VIII, p. 1265), La dénomination d’Agallostachys varte- 
gata, proposée par Beer, doit donc être rejetée, du moins pour la plante 


d’Arruda, car on pourrait la conserver pour celle de Schott à Schoenbrun, L 
si cette dernière se trouve être véritablement un Agallostachys. 
Après ces huit espèces, qui, à l’exception de la dernière, se rapportent : 


indubitablement au genre Agallostachys, il est probable que toutes les 
autres, indiquées dans ces derniers temps par les divers auteurs, comme 
Bromelia, devront être conservées sous ce nom, ou parfois, ainsi que 
nous le montrerons plus tard, être rapportées aux Büllbergia et aux 
Hoplophytum. 


B. — GENRE BROMELIA (L), De Bger. 


Plumier, botaniste du Roi Louis XIV, fonda le genre Bromelia, 
en l'honneur du médecin suédois Bromelius, qui vivait dans la seconde 


— 205 — 


moité du XVIIe siècle, et qui a écrit une Flore des environs de Gothen- 
bourg sa ville natale. Mais aucune des deux espèces qu’il avait établies, 
n’est restée dans les Bromelia actuels, Linné comprenait encore sous le 
‘nom de Bromelia, les genres Ananas, Hoplophytum (si on veut séparer 
ce genre des Billbergia), et Agallostachys. Ant. Laur de Jussieu adopta 
comme nous l’avons déjà dit, le nom de Karatas, (créé par Plumier), 
pour les Bromelia à inflorescence sessile, c’est-à-dire tels que nous les 
entendons. 

Tous les Bromelia proprement dits (dans notre sens), que nous avons 
pu observer, nous ont présenté dans leur fleur un caractère qui les 


différencie, d’une part avec les Agallostachys, d’autre part d’avec les 


Billbergia. Ce caractère consiste dans la soudure partielle des pétales 
entre eux, et aussi avec les étamines, en forme d’un tube plus on moins 
long. Nous avons déjà attiré l'attention l’année précédente sur cette 
importante particularité (Wochenschrift, 1858; Gartennachrichten, 
N° 8, page 29.) 

C’est du reste une observation qui avait déjà été faite au commen- 
cement du siècle passé, par Plumier, il l’a publiée en 17053, dans son 
Nova plantarum americanarum genera (p. 10), et il en a même donné 
une représentation (ibid. tab. 55.) Il exprime en termes positifs (loco 
citato), que la fleur des Karatas (Bromelia pour Beer et pour nous), est 
monopétale, infundibuliforme, tripartite. Christophe Jacob Treu, ordi- 
nairement appelé Trew, médecin à Nuremberg et grand amateur de 
plantes et de fleurs, mort en 1769, parle aussi dans le même sens, en 
son ouvrage intitulé : Plantæ selectæ (Tab. 51), et combat l’assertion de 
Ph. Miller, que Plumier aurait fait confusion entre la fleur du Karatas 
et celle du Caraguata. Miller se trompe du reste encore en prenant la 
plante de Plumier (Karatas) pour le Bromelia Pinguin, de Linné. 
On ne peut pas bien savoir, par les descriptions des botanistes ultérieurs, 
s’ils ont regardé la corolle comme mono ou comme polypétale chez les 
Bromelia, car, en présence d’un ovaire infère, l’expression segmenta 
peut tout aussi bien signifier des pétales indépendants. 

Outre sa corolle monopétale, ce genre, de même que les Agallostachys, 
se distinguera toujours par son fruit charnu, des espèces du genre Bill- 
bergia, qui peuvent s’en rapprocher par le facies. Ce fruit, qui ressemble 
assez aux bananes, mais est plus petit, est comestible, et connu dans sa 
patrie, du moins celui du Bromelia Kuratas, sous le nom d’Ananas sauvage, 
dénomination qui lui est commune avecl’Agallostachys Pinguin Beer. 


d. —— INFLORESCENCE EN FORME DE BOUQUET. 


Les espèces qui viennent se placer ici, relient ensemble les genres 
Agallostachys et Bromelia, de telle sorte que, n’était la différence impor- 
tante de la corolle, on serait tenté de regarder ces deux coupes comme de 
simples sous-genres. Nous conservons iei une espèce, qui doit être regar- 


— 204 — 


dée comme Bromelia, à cause de sa corolle monopétale et tubiforme, 
mais qui a des inflorescences ramifiées, quoique très-serrées et briève- 
ment pétiolées. | 


1. — Bromelia agavæfolia, Browen. 


Nous ne pensons pas que Brongniart ait encore donné la description de 


cette intéressante espèce. Sa diagnose peut être formulée à peu près 
dans les termes suivants : 


Folia patentia, planiuscula, recurva- Feuilles écartées de la tige, un peu 
tula, margine serrato-spinescente ; Cau- planes recourbées, à marge garnie de 
lis brevissimus, thyrso-ovato terminatus, | dents de scie légèrement épineuses ; tige 
basi foliis coloratis, obvitus, glaberrimus; | très-courte, terminée par un thyrse oval, 
sepala tubum corrollæ cylindricum lon- | couverte à sa base de feuilles colorées, 
gitudine aequantia, patentia ; Filamenta | très-glabre; sépales écartés, aussi longs 
alterna tota adnata, opposita a basi laci- | que le tube de la corolle, qui est cylin- 
niarum libera; Germen glabrum, loculis | drique; filets alternes tout à fait adnés, 
angutis. les opposés, libres à partir de la base des 

| divisions de la corolle; ovaire glabre, 


loges étroites. 


Cette espèce se rapproche le plus du B. humilis JacQ., tandis que, par 
son inflorescence ramifiée, elle est voisine de l’Agallostachys sylvestris 
Beer. Le manque absolu de pubescence chez cette dernière espèce les 
fait suffisamment distinguer. La représentation de la première de ces 
plantes dans les Liliacées de Redouté (PI. 457), se rapproche beaucoup 
du Br. agavæfolia, si même ce ne l’est pas; à coup sûr elle est très- 
différente du Br. humilis Jaco. Nous n’en connaissons pas la.patrie. Le 
Jardin botanique de Berlin l’a reçue du Jardin des Plantes de Paris. 

Les deux exemplaires que nous avons à notre disposition, sont de 
jolies plantes, dont les feuilles, d’un vert très-clair, sont pourvues sur 
leur bord de dents en scie fortes et piquantes ; leur légère courbure vers 
l'extérieur présente aussi un coup d'œil particulier. Elles sont étroites- 
lancéolées, et étirées dans le sens de la longueur. Elles ont à la base une 
largeur de 5/4 de pouce à 1 pouce, et s’élargissent peu à peu jusqu’au 
premier tiers ; ensuite elles se rétrécissent de nouveau sur une longueur 
de 1 + pied, jusqu’à l'extrémité supérieure, qui est étirée en une pointe 
piquante. Les feuilles intérieures sont rougeâtres, et quand la plante 
commence à fleurir et qu'un court pédoncule s’est élevé, elles deviennent 
roses et de consistance coriace. Enfin, au commencement de l’inflores- 
cence, elles se changent en véritables spathes de même couleur. Leur 
base, d’un pouce de long sur un pouce de large, est en forme de gaine, 
ventrue, et a sur son bord des dents s’écartant à angle droit, mais un peu 
irrégulières et lancéolées, tandis que la lame proprement dite, lancéolée, 
a la même forme et le même bord que les feuilles véritables, mais n’est 
longue que de trois pouces. 


— 205 — 


L’inflorescence, longue de trois pouces et ovalaire, a deux pouces de 
diamètre et forme un panicule serré ou un bouquet, qui fait davantage 
saillie à la dernière période de la floraison. Les rameaux inférieurs très- 
courts sont presque horizontaux, et se partagent au sommet en trois 
pétioles, qui se recourbent vers le haut et portent une fleur verticale de 
deux pouces de long. Les rameaux moyens sont encore plus courts, et 
n’ont que deux fleurs, tandis que les supérieurs forment immédiatement 
le péliole. A leur base se trouvent des spathelles de 6 à 8 lignes de long 
et très-étroites. 

L’ovaire, presque cylindrique et allongé, a une couleur vert-clair, et 
est garni de paillettes brunes. Il a une longueur de huit lignes, et un 
diamétre de deux et demie. Les ovules anatropes, arrondis et pendants, 
placés assez régulièremeut sur deux rangées contre des placentas cen- 
traux et linéaires, se trouvent dans des loges très-étroites. Les sépales 
Jancéolés et d’une couleur ocreux-sale, sont d’abord dressés, ensuite 
plus ou moins pendants, longs de huit à neuf lignes, et bientôt fanés. 
Ils sont égaux en longueur au tube de la corolle, blanchätre, assez 
mince; paraissant toujours cylindriforme, et ne s’élargissant qu’à la 
partie supérieure. Les divisions de la corolle, d’abord dressées, puis 
courbées et retombantes, ont aussi huit lignes de longueur environ; 
leur couleur est d’un violet clair extérieurement, foncé intérieurement. 

Les six élamines font saillie hors du tube, et ne sont pas beaucoup plus 
courtes que la corolle. Parmi leurs filets, ceux qui alternent avec les divi- 
sions de la corolle et paraissent un peu plus longs, sont libres à partir de 
la base de celles-ci; les autres sont au contraire entièrement soudés (1). 
Le style, blanc, très-mince, pourvu de trois arêtes, sort à peine du tube, 
et porte à sa partie supérieure trois stigmates ordinairement tordus une 
fois en spirale. 


b. -— INFLORESCENCE SIMPLE, ET FORMANT UN CAPITULE SERRÉ. 


9, —_ Bromelia Karatas L. (@). 


Cette espèce avait déjà été décrite assez exactement par Plumier; c’est 
une des plantes les plus communes de l’Armnérique tropicale, surtout des 
Indes Occidentales, et elle exerce, par sa taille, une grande influence 
sur la physionomie caractéristique de ces contrées. De même que l’Agal- 
lostachys pinguin Beer, on l’emploie à construire des haies et des 
clôtures. Bien qu’elle n’ait pas de tige, ses feuilles épineuses, hautes de 
six pieds, presque droites, mais légèrement recourbées vers le haut, sont 


(4) M. Koch dit absolument le contraire dans la diagnose. Quelle est la vérité ? 

(2) Bromelia acaulis floribus aggregatis sessilibus subradicalibus , Jacq. amer. 18. — 
C. Linnœi, species plantar. édit. 2, p. 408. Hexandria monogynia. Genus Bro- 
melia, «p. 3. 


— 9065 — 


très-propres à cet usage. Suivant le médecin Rodschied, qui mourut à 
la fin du siècle dernier à Essequebo, aujourd’hui Guyane anglaise, et 
qui avait fourni à Meyer les renseignements pour composer la flore de ce 
pays, le Bromelia Karatas atteindrait jusqu’à 24 pieds de haut; il est 
très-probable qu’il y a là une confusion d’espèces, ou même une erreur. 

Le Bromelia Karatas, de Redouté (Liliacées, pl. 457), est assurément 
une toute autre plante, qui n’est peut-être pas différente du Bromelia 
agavæfolia, Bronex., dont nous parlions tantôt. 

Bien que le Bromelia Karatas (L.) figure encore de temps en temps 
dans quelques catalogues, il paraît en général être rarement cultivé, et 
conservé seulement dans quelques jardins botaniques, tels que celui de 
Berlin. Cependant on pourrait lui donner le même emploi qu’aux Yucca, 
aux Agave, etc. Aussi le recommandons-nous aux amateurs de plantes. 


3. — Bromelia humilis, Jaco. () 


Par l’habitus, cette espèce se rapproche du B. Karatas L.; mais elle a 
moins de feuilles et celles-ci ne sont pas aussi longues. Elles sont aussi plus 
surbaissées, entièrement plates, et point du tout en gouttière. L’habitus 
de cette plante la rapproche encore davantage de l’Agallostachys Pinguin 
Beer. L’inflorescence ne s’y élève guère au-dessus de la touffe des feuilles. 
Les fleurs se placent, isolées et sessiles, sur la partie supérieure convexe 
du pédoncule trés-raccourci. C’est à peine si les pointes des trois divisions 
de leur corolle sortent de dessous les spathes qui protégent la fleur, 
qu’une bourre épaisse environne. Les feuilles du cœur se colorent, mais 
ne prennent jamais la couleur rouge intense que possèdent la plupart des 
Agallostachys. 

Nous avons vu pour la première fois cette espèce en floraison l’année 
passée chez l’horticulteur L. Mathieu, à Berlin. Le Jardin botanique de 
Berlin en possède beaucoup d'exemplaires, tant vieux que jeunes. 


k. — Bromelia carnea Horr. et B&Er. 


Dans ces derniers temps, il s’est répandu de Paris sous ce nom un 
Bromelia qui, suivant Beer, paraît être le même que celui que Lindley 
a figuré dans le Flower Garden de Paxton (Tome II, PI. 65), sous le 
nom de Bromelia longifolia Runce. Toute la plante a une coloration 
vert-bleuâtre, et atteint à peine un pied de haut. Les feuilles centrales 
ont une couleur lilas-clair sale, passant au rouge-feu à la base; elles 
entourent un capitule très-épais de fleurs lilas-rouge. 

Ce que Rudge (Plant. Guian. rar. ic., t. 49) comprend par Br. longi- 
folia, n’est pas certain : ce doit être quelque espèce analogue au Br. 


(1) Bromelia subacaulis, floribus aggregatis sessilibus, axillis stoloniferis, Jaco. PI. 
rar. ic. cent. I. t. 100. — C. Lixn., Systema vegetabilium. Curu Gmelin. Lugd. 1796, 
p. 529. Hexandria monogynia. Genus Bromelia, Sp. 8. 


— 207 — 


Pinguin L. ou au Br. agavæfolia Broncx. Elle a des feuilles longues de 


4 à 5 pieds, et un bouquet de 6 pouces de haut sur 3 pouces de diamètre, 
composé de fleurs sans corolle. 


D. — BPromelia cruenta Grau. 


Cette espèce a été publiée sous ce nom à Edimbourg, vers 1828, par 
Graham. Plus tard, Hooker la réunit à tort aux Billbergia, et la repré- 
senta dans le Botanical Magazine (Tab. 2892) sous le nom de Billbergia 
cruenta, bien que la description montre évidemment qu’elle a une corolle 
monopétale, ce qui ne se voit chez aucun Billbergia. C’est donc avec toute 
justice que Beer, dans sa Monographie, l’a replacée parmi les Bromelia. 
Nous n’avons malheureusement pas encore eu occasion de l’examiner en 
fleurs. Suivant Beer, les fleurs ont un court calice jaune-clair et une 
corolle à tube droit, dont les divisions, étendues et assez plates, sont 
colorées en rouge de vin vif dans le bouton, et plus tard en lilas, d’une 
teinte lavée vers la marge. Suivant Graham, les divisions de la corolle 
sont bleues, rayées au milieu, et plus claires vers le bord. Nous ne 
connaissons rien du fruit; mais il pourrait bien être de nature charnue, 
comme chez les deux espèces précédemment décrites. 

Le Br. cruenta Grau. est trés-facile à reconnaître à ses feuilles cour- 
tes, larges, dont le sommet arrondi s’étire en une petite pointe, et dont 
la face inférieure est pourvue de bandes transversales blanches. En com- 
parant avec cette espèce la figure du Tillandsia concentrica ArrAB., dans 
la Flora Fluminensis (Tome IT, pl. 133), nous sommes tenté d’en 
proclamer l'identité; cependant Beer (p. 29) considère cette dernière 
plante comme une espèce à part, qu’il nomme Bromelia concentrica. 


6. —— Bromelia Carolinæ Becr. 


Avec un tact incontestable, Beer a rapporté au genre Bromelia la Bro- 
meliacée que Van Houtte de Gand avait répandue dans les jardins de 
l'Allemagne sous le nom de Büllbergia Carolinæ. Nous en avons déjà dit 
un mot dans les nouvelles des jardins de notre recueil (Wochenschrift, 
1853, p. 29), et nous pouvons yÿ renvoyer nos lecteurs; mais nous ajou- 
terons encore ici quelque chose. Nous n’avons encore vu aucun exem- 
plaire authentique du Billbérgia Meyendorffii, de Regel, mais nous ne 
doutons pas qu’il ne soit identique avec le Br. Carolinæ; car Regel 
l'avait d’abord figuré, sans analyse malheureusement, sous le nom même 
de Br. Carolinæ, dans le Gartenñflora (VIS année, pl. 211), et cette 
figure concorde entièrement avec les exemplaires cultivés à Berlin. Les 
petites différences que Regel a indiquées plus tard dans le Botanische 
Zeitung (1857, p. 715), et dans le Gartenflora (VII: année, p. 99), peu- 
vent bien s'être présentées sur divers exemplaires cultivés, mais ne sont 
pas des caractères spécifiques. Regel nous a encore fait connaître la patrie 


OR ES 


de la plante, Elle est selon toute vraisemblance originaire du Brésil, et. 
on la doit au célèbre voyageur Riedel, qui s’était rendu dans ce pays pour 
le compte du jardin botanique de Pétersbourg. Nous ignorons si Van 
Houtte l’a reçue directement ou indirectement de Pétersbourg, ou s’il ne 
l’a pas plutôt reçue aussi de son côté du Brésil. 

A ces trois noms donnés à une Broméliacée d'introduction récente, 
s’en vient joindre encore un quatrième. En effet, Lemaire assure (Rev. 
hortic. ann. 1858, p. 398) que le Bromelia Carolinæ Beer n’est, ni un 
Bromelia, niun Billbergia, mais un Widularium, et, ce qui l’y conduit, 
c’est l’habitus de la plante, et sa grande ressemblance avec le Vidula- 
rium fulgens. Lemaire a lui-même établi le genre Vidularium, et doit 
par conséquent connaitre les différences qui séparent les deux genres. Il 
devrait donc savoir que les Bromelia ont une inflorescence centripète et 
terminale, tandis que les Vidularium ont une inflorescence centrifuge et 
axillaire ; et pourtant il rapporte à ces derniers le Bromelia Carolinæ, 
dont une excellente figure a paru dans le Gartenflora de Regel (1). 

Comme Regel, en rectifiant postérieurement la description de la plante, 
décrit la fleur autrement que nous ne l’avons trouvée nous-même chez 
une des plantes envoyées au jardin botanique de Berlin par Beer, ainsi 
que chez une autre, cultivée chez l’horticulteur L. Mathieu, sous le nom 
d’Aechmea Merlensi, nous prendrons la liberté d’exposer ici en détail le 
résultat de nos observations. 

Les fleurs sont très-brièvement pétiolées d’une longueur de 2 à 
21 pouces, et protégées par des spathes blanc-verdâtre, qui atteignent le 
sommet de l’ovaire. Celui-ci, trigone, mais un peu comprimé, est coloré 
en blanc, et long de 7 à 8 lignes sur un diamètre de 5. Dans ses trois 
loges, les ovules anatropes sont fixés sur plusieurs rangées à des placen- 
tas doubles. Les sépales, entièrement glabres et lancéolés allongés, sont 
soudés ensemble à la base, blanchâtres sur leur partie inférieure, ver- 
dâtres vers le haut, et atteignent une longueur à peine égale à la moité de 
celle de la corolle. Celle-ci forme à sa partie inférieure un tube cylin- 
drique, de couleur blanche, tandis que la partie supérieure s’évase 
largement en trois divisions lancéolées, violettes. Les filets, égaux entre 
eux et complètement soudés, font saillie hors du tube de la corolle. Les 
anthères, déhiscentes vers l’intérieur, sont attachés aux filets par le dos, 
au-dessous de la base. Le style n’est pas beaucoup plus court que les éta- 
mines; il porte trois stigmates tordus ensemble en spirale et formant 
souvent une petite tête composée de plusieurs circonvolutions. Le fruit 
ne.nous est pas connu. 


(1) Nous donnerons à la suite de celte notice, la traduction d’un article de M. E. 
Regel, de Pétersbourg, relatif à cette même controverse sur le Vidulurium, les Bro- 
melia et les Billbergia, et où ce botaniste persiste à considérer l’espèce dont nous par- 
Jons, comme un Vidularium. A. de B. 


— 909 — 
7. — Bromelia bicolor Ruiz et Pavox. 


Bien que les célèbres auteurs de la Flore du Pérou et du Chili, Ruiz et 
Pavon, aient assigné à cette espèce une corolle tripétale, nous ne doutons 
pas que nous n’ayons affaire ici à un Bromelia, et point à un Billbergia, 
comme le voudrait Schultes junior, ni encore moins à un Hohenbergia, 
et nous croyons que le Br. bicolor R. et P., de même que l'espèce voi- 
sine, le Br. carolinæ, Beer, possède une corolle monopétalc, mais 
tripartite. Cette plante est aussi intéressante en ce que c’est le seul 
Bromelia véritable que nous ayons du Pérou. Elle a en commun avec le 
Bromelia Carolinæ la couleur rouge-sang du cœur de la plante, mais 
elle s’en distingue en ce que les feuilles possèdent un feutrage blanc 
(plus probablement marqué de points blancs serrés); il est fâcheux que 
cette espèce ne soit pas encore cultivée. 


8. — Bromelia trisiis B&er. 


C’est encore une espèce que Van Houtte, de Gand, a mise dans le 
commerce sous le nom de Büllbergia purpurea, et que Beer a rétabli à 
sa véritable place parmiles Bromelia (Monogr. p.30). Le jardin botanique 
de Berlin en a recu de Beer un exemplaire, qui a fleuri l’année passée. 


Folia ad partem inferiorem latissime 
canalicula, linearia, patenti-recurvata, 
subtus punctis albis, minutis densissime 
obsita, supra ad basin bruneo marmorata, 
subtiliter denticulata ; capitulum ova- 
tum, breviter pedunculatum glaberri- 
mum ; Flores etiam breviter pedicellati, 
bracteis brunæcentibus fulcrati, sepala 
brunneo virescentia ; corollæ tubus albus 
lamina patente cœrulea. 


Feuilles très-largement canaliculées à 
la partieinférieure, linéaires, amplement 
recourbées, densément couvertes sur 
leur face inférieure de points blanes très- 
petits, à face supérieure marbrée de 
brun vers la base, très-finement denticu- 
lées ; capitule ovale, brièvement pédon- 
culé, très-glabre; fleurs également briè- 
vement pédicellées, soutenues par des 
bractécs brunissantes ; sépales d’un brun 


tirant sur le vert; tube de la corolle 
blane, limbe évasé bleu. 

Nous ignorons d’où cette espèce est originaire, mais elle est probable- 
ment brésilienne, de même que le Br. cruenta Gran. Elle est inférieure 
pour la beauté à toutes les espèces que nous avons précédemment nom- 
mées, et c’est à peine si nous osons la recommander aux amateurs. Sous 
le rapport de la grandeur, elle leur cède encore le pas, et ne surpasse 
que l’espèce suivante. Ses feuilles ont à peine plus d’un pied de longueur; 
leur largeur est à la base de 8 lignes, de 11 lignes au premier tiers, 
après lequel elles se retrécissent peu à peu, pour se terminer par une 
pointe triangulaire-allongée. Leur face supérieure est d’un vert-grisâtre, 
parsemé, surtout vers la base, de points blanes isolés; elle forme sur sa 
moitié inférieure une large rigole, mais la moitié supérieure est tout à 
fait plane. En-dessous, on aperçoit une quantité innombrable de tous petits 
points blancs, se rencontrant suivant certaines lignes obliques de manière 


BELG, HORT. TOME X. À 4 


— 210 — 


à former en quelque sorte des bandes transversales blanches. Il y a en 
outre vers la base, mais seulement à la face supérieure, des taches brunes 
irrégulières et plus ou moins confluentes. La consistance de ces feuilles 
est mi-coriace, mi-parcheminée. 

Le court pédoncule, qui supporte un capitule ovalaire, est garni de 
feuilles écailleuses ovales-triangulaires, d’un blanc-verdâätre, souvent 
réticulé de brun, et munies de petites dents de scie à la partie supérieure. 
Les fleurs, longues habituellement de 1 + pouce, sont aussi brièvement 
pédicellées, et ont à leur base des spathes en bractées, allongées, d’un 
brun-clair, qui dépassent peu en général la partie supérieure de l'ovaire. 
Celui-ci est allongé, un peu comprimé et d’environ six lignes de longueur. 

Les sépales, longs de 9 lignes et un peu durs, sont soudés ensemble à 
leur base, ont une couleur vert-brunätre, une forme lancéolée-allongée, et 
s'étendent jusqu’au-delà de la moitié de la corolle. La partie inférieure, ou 
le tube, de celle-ci est blanche; les trois divisions du limbe sont bleues, 
mais deviennent plus claires, et même presque blanches vers le bord. 


9. — Bromelia denticulata GC. Kocu. 


Depuis quelques années, le Jardin botanique de Berlin cultive, avec 
l'indication de Caraguata sp., une Broméliacée qui appartient aussi aux 
petites espèces, et qui par conséquent peut être mise à la suite de la 
précédente. 


Folia carnoso-crassiuscula, patentes, 
latissime canaliculata, sublus albo-punc- 
tata, supra ad basin bruneo-marmorata, 
vix aut minute denticulata; capitulum 
subsessile, glaberrimum; flores superi, 
brevissime pedicellati, bracteis albis, sed 
bruneo-maculatis fulcrati; sepala brun- 
nea, apice virescentia; corollæ tubus 
albus, lamina patentissima , cœruleo- 
violacea. 


Feuilles un peu épaisses et charnues, 
ouvertes, très-largement canaliculées, 
ponctuées de blanc à la face inférieure, 
marbrées de brun à la face supérieure 
vers la base, à peine ou très-finement 
denticulées ; capitule subsessile, très- 
glabre; fleurs supérieures , brièvement 
pédicellées, soutenues par des bractées 
blanches, tachées de brun; sépales bruns, 
verdissant à l'extrémité ; tube de la corolle 


blanc, limbe très-évasé, bleu-violet. 


Comme pour l’espèce précédente, nous en ignorons la patrie; il se 
peut que ce soit le Brésil. Quoique encore plus petit, le Bromelia denti- 
culata présente l’avantage que ses pousses se développent rapidement, 
et qu’étant assez large, il peut former par lui-même une plante tôuffue 
fort ample. Par là, il a une plus grande valeur, au point de vue de l’esthé- 
tique horticole, que l’espèce précédente, d'autant plus que la couleur 
vert-clair de ses feuilles est plus agréable aux yeux. 

De toute les Broméliacées à ovaire infère que nous connaissons, c'est 
le Bromelia denticulata qui possède les feuilles les plus charnues et les 
plus épaisses, ce qui fait qu’il ressemble assez à un petit Agave, et plus 
encore à un Sanseviera. Les feuilles sont d’inégale grandeur, les infé- 
rieures ayant un pied de longueur sur 5 à 6 lignes de largeur, les 


— 211 -- 


moyennes devenant insensiblement et plus courtes et plus larges (jus: 
qu’à 9 lignes), et les supérieures, qui environnent l’inflorescence, ayant 
encore une longueur de trois et quatre pouces. Toutes sont bien ouvertes 
et faiblement creusées en gouttière; la face supérieure a une couleur 
vert-clair, interrompue seulement à la base par une forte marbrurc 
brune. La face inférieure est parsemée de points blancs, et souvent aussi 
rayée transversalement. La marge semble pourvue de dents faibles et 
petites. Enfin les feuilles sont plus ou moins pendantes, lancéolées, et 
étirées en une longue pointe. 

C’est à peine s’il y a une espèce de tige, et l’inflorescence en capitule 
peut passer pour sessile. Elle est entièrement environnée et comme 
incluse par des spathes ovales, terminées en pointe, blanches et tachées 
de brun. Les fleurs, en petit nombre (10 ordinairement), sont briève- 
ment pédicellées, et ont en outre encore à leur base des bractées allongées 
et obtuses, qui dépassent l’ovaire. Celui-ci est ovoïde avec des dimensions 
de quatre lignes sur deux. Les ovules, anatropes, sont la plupart du temps 
sur six rangées, et insérés sur un double placenta; ils ne remplissent pas 
entièrement la cavité des loges. 

Les sépales en ovale-allongé, bruns, verts seulement à la pointe, sont 
soudés à leur base et beaucoup plus courts que la corolle, dont le tube 
est court, et possède une couleur blanche. Il en est de même de la partie 
inférieure des divisions, qui sont d’abord évasées horizontalement, plus 
tard retombantes, et enfin roulées en dedans après la floraison; extérieu- 
rement, les divisions ont une couleur bleu-violet. Tous les filets sont 
soudés avec la corolle; ceux qui alternent avec les divisions sont seule- 
ment un peu plus longs. Le style est aussi long, filiforme, triquètre, et 
porte à sa partie supérieure les stigmates tordus en spirale. 


Il est difficile de débrouiller avec quelque certitude les espèces de 
Bromelia que les anciens botanistes (antérieurs à Linné) ont décrites, et 
même en partie figurées. C’est ce qu’on peut dire entre autres de l’Acanga 
du médecin hollandais Pison, qui accompagnait le comte Maurice de 
Nassau au Brésil, en 1637. Ce que Linné fit plus tard connaitre, dans 
l’Hortus Upsalensis (p. 73), sous le nom de Brom. Acanga, est une tout 
autre plante, probablement une espèce d'Hoplophytum. 

On peut encore moins reconnaître une espèce déterminée dans la 
description obscure du Mexocotl sp. Manguei, dans l’ouvrage de l’espag- 
nol Francisco Hernandez, qui explora, par ordre de Philippe IL, le 
Mexique pendant sept ans (de 1693 à 1700), et qui fit faire ensuite douze 
cents figures de plantes, dont une partie ne nous est malheureusement 
pas parvenue. Linné et Wildenow la rapportent au Bromelia Acanga ; 
d’autres, au Bromelia Karatas. On peut en dire autant des représenta- 
tions qui se trouvent dans Morison (Histor. II, p. 418, sect. IV, tab. 22, 
f. 7), et dans Plukenet (Mantissa, p. 29, tab. 258, f. 4), et qui ne 


ee 


sont suivant nous que deux figures également mauvaises du Bromelia 


Karatas, L.(1) Le médecin nurembergeois Treu (ordinairement écrit 


Trew) a essayé avec plus ou moins de bonheur de donner des éclaircisse- 
ments sur ces plantes. Son Bromelia, figuré à la planche 51 de sun Plantæ 
selectæ, par le célèbre peintre de fleurs Ehret, a évidemment une corolle 
tripétale, et ne peut être par conséquent que l’Agallostachys Pinguin 
Beer, bien que son habitus le rapproche du Br. agavæfolia Bronen. Beer 
le regarde comme une espèce particulière, qu’il appelle Fromelia ignea. 

Le Bromelia lingulata (2), que Linné a fondé en réunissant les 
Br. ramosa et racemosa de Plumier (plant. amer. ed. Burm. t. 64f. 1), 
est un Æoplophytum, que Beer a appelé lingulatum. 1 en est de même 
du Br. nudicuulis L.(5) (Bromelia pyramidata, aculeis nigris Plum. ed. 
Burm. t. 62), que nous avons décrit avec détails et synonymie, sous le 
nom de Hoplophytum nudicaule, dans l’Appendice au Catalogue des 
graines du Jardin botanique de Berlin, pour 1856 (p. 6). Le Bromelia 
foliis radicalibus brevibus et aculeatis Plum. ed. Burm. t. 63, dont 
Lamarck fait un Bromelia ? spicala, a un ovaire supère, et est par con- 
séquent un Pilcairnia. 

Le professeur Suédois Olaf Swartz, qui habita les Indes Occidentales , 
de 1783 à 1787, et écrivit une Flore des Antilles, a publié également 
deux Bromelia : paniculigera et bracteata (4. Nous avons eu depuis 
des figures de ces deux espèces, mais il est douteux, au moins pour 
l’une d’elles, qu’elle se rapportent aux descriptions. Dans tous les cas, 
ni l’une ni l’autre ne sont de vrais Bromelia, mais des Æoplophytum. 
il en est de même du Bromelia exsudans Lonv. (Bot. Cab. t. 801), qui 
n’est pas différent peut-être du Br. paniculigera Recs. (Hort. t. 239, 
240), ni de celui de Swartz. Déjà Beer l’a reconnu et a donné ces 


deux noms comme synonymes à son Hoplophytum paniculatum. Il 


(1) Dans la seconde édition du Species plantarum, Stockholm , 1762, p. 408 , Linné 
donne comme synonymie à sa 3° espècce de Bromelia, le Br. Karatas : 

« Caraguata-acanga. Pis. Bras. 190, t. 191, 

Mexocotl s. Manguei. Hern. mex. 272. Moris. his. 2. s.4t.22.f, 7.9 

Dans le Systema vegelabilium (Edit. Gmelin, Lyon, 1796, p. 529), le Bromelia 
Acanga figure comme espèce avec la phrase caractéristique : Foliis cilialo-spinosis 
mucronalis recurvalis, panicula diffusa. Moris. hist. plant. 2. t. 22. f. 7. (Hexandria 
monogynia. Gen. Bromelia. Sp. 3.) A. de B. 

(2) Bromelia foliis serralo-spinosis obtusis, spicis allernis. — C. Linnæi Species 
plant. Ed 2a p. 409. Hexandria monogynia. Genus Bromelia. Sp. 4. 

(5) Bromelia foliis radicalibus dentato-spinosis, caulinis integerrimis. GC. Linx. 
Sp. pl Ed.2a p. 409. Hex. mon. G. Bromelia. Sp. 5. 

(4) Bromelia bracteala. — Br. foliis serrato-spinosis, bracleis ovalo-lanceolalis. 
racemo composilo : racemulis subdivisis ; floribus sessilibus. Swarrz nov. pl. gen. et sp. 
p.96. — C. Lin. Syst. veget. Cura Gmelin. Lugd. 1796. p. 529. Hexand. monog. 
Gen. Bromelia. Sp. 5. Bromelia paniculata. — Br. foliis serrato-spinosis, bracteis 
lanceolalis , racemo composilo : rucemulis subdivisis; floribus pedunculalis. SwarTz. 
nov. pl. gen. et sp. p. 56. — Ibid. ibid. Sp. 6. 


à 
è 
&: 
# 
wi 
Le 
a 
PA 


— 9213 — 


est difficile de décider si c’est à cette même espèce ou au Br. brucleala Sw. 
(Br. Aquilega Sauss.), que se rapporte l’Aloë americana arboribus 
innascens, de Houston (Reliquiæ, t. 16); en effet les deux plantes sont 
très-voisines , si pas identiques, comme le veut Beer. 

Quant aux plantes de la Flora Fluminensis que Beer compte parmi les 
Bromelia, elles peuvent en partie se rapporter à ce genre; mais on ne 
peut cependant rien affirmer avec certitude. Nous avons déjà dit que le 
Tillandsia concentrica (NT, t. 136), correspond probablement au 
Br. cruenta Grau. Le Tillandsia comata (NI, t. 140) est appelé par 
Beer Bromelia comata, et est bien un véritable Bromelia. On peut en 
dire autant du Bromelia arvensis AnraB. (IT, t 114); mais le Br. syl- 
vestris (II, t. 113) est l’Ananas bractealum, Linp. : 

On ne comprend pas comment Beer a pu rapporter aux Bromelia les 
Pourretia lanuginosa Ruiz. et Pav. (PI. peruv. HI, p. 53; t. 256), et 
pyramidata Ruiz. et Pav. (ibid, t. 257), car ces deu x plantes, ont un 
ovaire supère et appartiennent à une toute autre division. De plus, leur 
habitus ne les rapproche nullement des Bromelia, comme Beer le croit. 

Il nous reste enfin une plante que Lemaire a publiée, d’abord en 1855, 
dans l’Illustration horticole (Misc. p. 64), et ensuite dans la Revue horti- 
cole (1858, p. 445), mais qui n’est certainement pas un Promelia bien 
qu'il la nomme Bromelia alba rosea. D’après la description, nous pou- 
vons presque affirmer que c’est la même plante que Hooker a décrite et 
figurée dans le Botanical Magazine, (PI. 3504), sous le nom de Billbergia 
purpurea rosea. Suivant Beer, cette dernière espèce est un Æoplophy- 
tum, et il la publie dans sa Monographie (p. 135), avec le même nom 


spécifique. 
(La suile à la prochaïne livraison. 


FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D'HORTICULTURE DE BELGIQUE. 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 14 AVRIL 1860, A BRUXELLES. 


La première assemblée générale annuelle de la Fédération de l’horti- 
culture belge a eu lieu à Bruxelles, le 14 avril 4860, dans le nouveau 
local que le gouvernement lui a assigné, place des Barricades. La réu- 
nion était des plus nombreuses et cet empressement prouve le succès de 
cette nouvelle institution : elle a été en effet accueillie avec empresse- 
ment dans notre pays et elle a obtenu l’appui sympathique de la presse 
horticole de toute l’Europe : une seule voix a fait entendre des sons dis- 
cordants, mais elle est si faible qu’elle ne vaut pas la peine d’être écoutée, 
et tout à fait fausse parce que cette opposition se réduit à une misérable 
question de personnes. Presque tous les journaux d’horticulture de 
Belgique et d'Europe ont reproduits les statuts de la Fédération et publié 
le programme de ces concours : à cette occasion ils ont exprimé leur 
approbation pour l’organisation et l'esprit de notre association. Le bul- 


— 214 — 


letin de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne est du nombre, 
seulement cette société ne semble pas être convaincue de l’utilité des 
réunions générales qui doivent avoir lieu deux fois par an en Belgique. 
Mais, reconnaissant les immenses avantages de l’association, elle voudrait 
qu’une plus grande solidarité s’établit entre les diverses sociétés d’hor- 
ticulture de l’Europe et entre les revues consacrées à cette science ; 
dans ce but elle demande la discussion générale des œuvres indivi- 
duelles. La société d’horticulture de la Haute-Garonne donne l’exemple : 
elle publie un article sur le semis des arbres fruitiers en demandant que 
la presse européenne en fasse la critique. Nous satisfaisons à ce désir : 
Nous adoptons presque tous les préceptes de cet article, réellement utile 
et que nous reproduirons, mais nous regrettons, que les autorités sur 
lesquelles il se base, ne soient pas citées et que les services rendus et les 
droits acquis par les pomologues belges, soient méconnus. 

Nous publions franchement cette observation, mais nous sommes per- 
suadé que l’appel de la société de la Haute-Garonne aura peu d’écho : c’est 
que la vraie base de l’association est la réunion et le contact des hommes. 
Cela n’est pas nécessaire en théorie, mais c’est indispensable en pratique. 
Il faut se rencontrer, se voir, se réunir pour marcher ensemble, et l’iso- 
lement des hommes entraine nécessairement l’isolement des idées. Voilà 
pourquoi la Fédération a institué des assemblées générales et même des 
congrès; ces réunions sont la meilleure garantie de son avenir. 

Ce principe est si bien compris en Belgique, que tous les délégués, 
libres de leur temps, se sont réunis à Bruxelles, le 14 avril, venant de 
tous les points du pays; les quatre cinquièmes des sociétés se trouvaient 
représentées. 

Le bureau était occupé par MM. A. Royer, président; De Knyff et De 
Cannart, vice-présidents, et Morren, secrétaire. Les autres délégués 
étaient : MM. Muller, De Cock, Mottin, Van Thült, Millet, Bouquiau, 
Grégoire-Nelis, Bivort, Gailly, Van den Ouweland, Coene, Van den 
Hecke, Ch. Leirens, De Puydt, Kegeljan, Delmarmol, etc. 

On sait que la première assemblée générale de chaque année est consa- 
crée à des questions d’ordre intérieur : elle présente par conséquent 
moins d'intérêt que l’assemblée générale publique. Ainsi pendant la 
séance du 14 avril, on s’est occupé de la vérification des pouvoirs de 
MM. les délégués; les sociétés se sont réparties en deux classes; on a voté 
l'approbation des comptes de 1859 et discuté le budget de 1860, et l’on 
s’est divisé en trois sections, pour la floriculture, la pomologie et la 
culture maraichère. 

L'assemblée a ouvert un nouveau concours, composé de cinq questions, 
et qui sera fermé le 15 août 1861; nous en publions le programme plus 
bas. Les questions du concours précédent auxquelles il ne serait pas 
satisfait, sont maintenues pour l’année prochaine; mais d’après divers 
renseignements, on a lieu d’espérer que plusieurs mémoires seront 


— 9219 — 


envoyés dès cette année. On a ensuite voté l’impression d’un projet de 
circulaire relatif aux rapports demandés aux sociétés, que nous reprodui- 
sons également. Enfin on a discuté diverses questions d’un intérêt 
général pour l’horticulture belge : on a été, par exemple, unanime à 
désirer des rapports détaillés sur chaque exposition, rapports qui seraient 
imprimés dans le Recueil fédéral et qui seraient écrits avec connaissance 
de cause et avec impartialité. M. de Cannart d’Hamale et d’autres mem- 
bres se sont plaints, avec raison, de la négligence que les administrations 
publiques mettent souvent dans le transport des plantes adressées aux 
expositions : on a cité une foule de faits qui prouvent le défaut des plus 
simples précautions contre le froid ou contre la pluie, ce qui a dans 
maintes circonstances occasionné de déplorables dégâts et des pertes 
sérieuses pour l’horticulture. 

La prochaine assemblée générale, laquelle est publique, doit avoir 
lieu à Bruxelles le 24 septembre prochain, et elle pourraéventuellement. 
se continuer le lendemain. Cette séance sera occupée par divers discours 
et compte-rendus, par les rapports des délégués, des communications de 
littérature horticole, la discussion des questions scientifiques dont la 
Fédération sera saisie, la proclamation du résultat des concours, etc. 
Un banquet réunira sans doute tous les membres de ce congrès, auquel 
tous les floriculteurs, pomologues et cultivateurs du pays sont conviés. 
Avant cette époque, la Fédération sera déjà entrée dans une nouvelle 
phase par la publication de la première partie de son recueil. 


PROGRAMME DES QUESTIONS PROPOSÉES POUR LE CONCOURS DE 1860-1861 
PAR LA FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D'HORTICULTURE DE BELGIQUE. 


Les questions du programme de 1859-1860 auxquelles il ne sera pas 
satisfait, sont maintenues au concours pour 1860-1861. 
En outre, la Fédération met au concours les questions suivantes : 


Première question. 


Écrire l’histoire et la monographie botanique et horticole d’un groupe 
naturel (genre ou famille) de plantes, assez généralement cultivé en 
Belgique. — Le choix du groupe est laissé aux concurrents. 


Seconde question. 


De l'influence du sujet sur la greffe et réciproquement. 


Troisième question. 


Donner l’histoire naturelle et horticole des animaux nuisibles que 
l’on rencontre dans les serres, tels que les fourmis, pucerons, acares, etc., 
et discuter les moyens proposés pour les détruire ou pour remédier à 
leurs ravages, 


— 916 — 


Quatrième question. 


Décrire les maladies auxquelles le Sapin est exposé en Belgique, spé- 


cialement celles qui sont provoquées par des insectes ou par des crypto- 
games et faire connaître les meilleurs moyens pour les combattre. 


Cinquième question. 


Déterminer par un bon exposé et une discussion sommaire des faits 
connus, l’état actuel de nos connaissances sur les rapports de l’azote à 
l’état simple ou de combinaison avec la végétation. 


DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES. 


Art. XXVIIT. Des prix d’une valeur de 100 à 500 francs, consistant en 
médailles ou en une somme d’argent, sont affectés à chacune des 
questions du concours. 

Art. XXX. Les réponses aux questions seront jugées par une commis- 
sion de trois membres nommés par le comité directeur de la fédération. 

Art. XXXI. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les 
planches manuscrits. 

Art. XXXII. Les auteurs des réponses aux questions de concours ne 
mettent pas leur nom à ces ouvrages, mais seulement une devise qu'ils 
répèlent dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. 
Ceux qui se font connaitre de quelque manière que ce soit, ainsi que 
ceux dont les mémoires sont remis après le terme prescrit, sont exclus 
du concours; les réponses doivent être écrites lisiblement en français ou 
en flamand. Elles deviennent par le fait de leur envoi la propriété de la 


fédération et restent déposées dans les archives; toutefois les auteurs ont. 


droit gratuitement à cent exemplaires de leur travail, quand l'impression 
en a élé votée par l’assemblée générale. 

Les mémoires doivent être adressés, franc de port, avant le 15 août 
1861, à M. A. Roer, président de la Fédération à Namur, ou à 
M. Ed. Morren, secrétaire à Liége. 

Fait à Bruxelles, le 15 avril 1860. 

Pour la Fédération, 
Le Secrétaire, Le Président, 
EnouarD MoRkRen. A. ROYER. 


CIRCULAIRE POUR LA RÉDACTION DES RAPPORTS ANNUELS SUR LES 
TRAVAUX DES SOCIÉTÉS. 


Messieurs les président, secrétaire et membres du conseil d’admi- 
nistralion de la societé de... 


Messieurs, 


Les relations cordiales qui unissaient déjà les floriculteurs du pays, 
se sont traduites en un fait, la Fédération des Sociétés d’horticulture 


Ti 
OT PS SAIT OI RE PT TR 


— 217 — 


du Royaume. Désormais unies en un seul faisceau, ces associations 
pourront poursuivre la réalisation de quelques grandes questions d’un 
intérêt général : elles s’appuyeront les unes sur les autres, se com- 
muniqueront leurs travaux, et elles trouveront dans la Fédération 
l’occasion de donner une juste publicité à leurs efforts. 

En effet, au nombre des bases organiques de cette institution se 
trouve la publication des rapports sur les travaux des sociétés unies, 
leurs progrès, leurs innovations, découvertes ete. Ces rapports formeront 
l’une des parties les plus intéressantes du Recueil fédéral : ils feront 
connaître d’abord l’état actuel de chaque société et successivement ses 
progrès et les nouveaux résultats atteints. Considérés dans leur ensemble, 
ils auront d’autant plus d’attrait qu’ils seront plus nombreux et leur 
lecture permettra de se faire une idée juste de l’activité horticole dans 
notre pays. 

Sans préjudice des questions spéciales que MM. les délégués pourraient 
traiter et des détails particuliers dans lesquels ils pourraient entrer, le 
Comité directeur attire leur attention spécialement sur les points suivants: 

L'état de l’horticulture dans la localité où la Société a son siège; 

L'organisation de la société, ses statuts et règlement, le nombre de 
ses membres, la composition du conseil d'administration, etc. ; 

Le programme, l’appréciation et les résultats des expositions, avec 
quelques détails sur les contingents les plus remarquables. 

Quelques renseignements sur l’origine et l’histoire de la société 
seraient généralement appréciés et trouveraient place tout naturellement 
dans le premier rapport qu’il y aura lieu de communiquer dans la 
prochaine séance (fixée au 24 Septembre prochain). 

Il importe donc que les sociétés apprécient à leur juste valeur 
l’importance des rapports qu’elles sont invitées à présenter, et il est 
à désirer que MM. les délégués s’occupent dès à présent de cette 
partie de leur mission. 

Le Comité directeur rappelle en outre aux sociétés que la Fédération 
a inscrit au nombre des travaux qui seront insérés dans le Recueil fédéral, 
les rapports qui pourront être faits sur les expositions qu’elles organisent. 
L’utilité et l'importance de ces rapports étant généralement reconnus, 
il les engage à donner suite à ce projet et à s’entendre pour leur 
rédaction , soit avec le jury chargé du jugement des concours, soit avec 
la Fédération elle-même, conformément à l’article XI de son règlement. 

Fait et arrêté en assemblée générale à Bruxelles le 15 avril 1860. 


Le Secrétaire, Le Président, 
EDouarD MORREN. A. ROYER. 


— 218 — 


QUELQUES MOTS SUR LE FOURCROYA GIGANTEA, Horr. Kew. 
OÙ FOURCROYA GIGANTESQUE. 


Belle plante d'ornement, d’un aspect noble et sévère, le Fourcroya 
gigantea se trouve chez un grand nombre d'amateurs, sous lorangerie 
pendant l'hiver, dans le jardin pendant l’été. Mais on en voit assez rare- 
ment des pieds assez forts qui puissent donner une juste idée du port de 
cette plante et du parti que l’on en pourrait tirer pour l’ornement des. 
pares, si elle était placée dans un vaseet portée sur un piedestal. 

Il ressemble beaucoup à l’Agave Americana, autant par son aspect 
extérieur que par ses affinités botaniques et a été du reste décrit par 
Linné sous le nom de Agave fœtida, mais ses feuilles sont lisses et 
dépourvues d’épines. A l’époque de la floraison, on voit s’élever du centre 
des feuilles, une puissante hampe florale, qui croit, presque à vue d'œil, 
jusqu’à une hauteur d’une trentaine de pieds, couverte de fleurs, elle 
simule un gigantesque candelabre. 

Ce genre a été créé par Ventenat en l’honneur du chimiste Fourcroy, 
dont on dénature trop le nom en écrivant Fourcræa au lieu de Fourcroya. 
Le F, gigantea est connu en Europe depuis la fin du dix-septième siècle, 
et vient de l'Amérique méridionale. Dans sa patrie on extrait de ses 
feuilles une excellente filasse qui sert à faire des cordages et des tissus. 

Les fleurs ressemblent beaucoup à celles des Agavés dont elles ne se. 
distinguent guère que par la brièveté des étamines, elles sont d’un blanc 
jaunûtre, à six folioles égales et un peu charnues. 

Il aime une terre légère et rocailleuse et se multiplie par rejetons. 


PARIS ET SES PLANTATIONS. 


On trouve les détails suivants daus une brochure intitulée : Paris et 
ses plantations : 

La superficie actuelle de Paris est de 78,020,000 mètres. Cette super- 
ficie renferme 148,800 pieds d'arbres, occupant une étendue de 
5,596,800 mètres carrés, sur les promenades, l'essence qui domine est 
l’Orme, puis viennent le Platane, le Sycomore, le Tilleul, l’Acacia et le 
Vernis du Japon. 

Le plus petit des arbres qui ornent nos promenades et boulevards 
porte 020, et le plus gros 2"60 de tour. En prenant une circonférence 
moyenne, nous trouvons qu’un arbre dont le tronc a 0"55 de diamètre 
présente pour les deux faces de ses feuilles une superficie de 1500 mètres, 
et pour 148,000 arbres, 220,220,000 mètres; c’est donc pour une popu- 
lation de 1,526,000 habitants, 140 mètres de verdure pour chacun. 


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P], 34. Fourcroya gigantea, H. K, 


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ARCHITECTURE HORTICOLE. 


LES JARDINS SUR LES TOITS À LONDRES. 


L’insalubrité de Londres est bien connue et préoccupe depuis long- 
temps l'esprit inventif des Anglais. Elle provient d’une foule de causes, 
parmi lesquelles les principales sont l’innombrable accumulation 
d'hommes et d'animaux, le elimat, les fumées des foyers et des établis- 
sements industriels, la mauvaise construction des égoüts et l’accumula- 
tion des substances qu’ils conduisent vers la Tamise dans le lit même de 
ce fleuve : les eaux de la Tamise sont imprégnées d’une telle quantité de 
matières organiques en putréfaction que pendant les chaleurs de l'été 
le séjour de Londres est presque insupportable et fort dangereux. Que 
faire pour détruire ces terribles effets, quel remède apporter à ces maux 
et comment purifier l’air que l’on respire. L’hygiène a répondu depuis 
longtemps : créer des jardins et des promenades publiques, entreméler 
la verdure avec les constructions bâties : ce qui est mortel pour l’homme 
est la base de la nourriture pour les végétaux : les gaz que nous rejetons 
par la respiration sont ceux que les plantes aspirent : elles puisent dans 
l'air l'acide carbonique, le décomposent, gardent le carbone et rendent 
l'oxygène : c’est ainsi qu’elles purifient l’air vicié. Elles absorbent même 
en général tous les gaz méphitiques et tendent constamment à assainir 
l'atmosphère. Quand il y a une proportion convenable de plantes ct 
d'animaux en présence, la composition de l’atmosphère se maintient sen- 
siblement la même et dans de bonnes conditions de pureté. Voilà pour- 
quoi il est de l'intérêt des grandes villes d'entretenir dans leur voisinage 
une forêt et de consacrer une partie de leur terrain à des arbres et à des 
fleurs : ce n’est pas seulement un embellissement, un agrément et une 
source de distractions, c’est encore un impérieux besoin, une nécessité 
absolue. Sous ce rapport la ville de Paris se trouve dans les meilleures 
conditions et l’on y poursuit avec une remarquable sollicitude de vastes 
et belles plantations. 

Mais à Londres comment faire : on ne saurait disposer d’un pouce 
de terrain; tout est bâti ou pavé et l’on pourrait citer tel quartier où 
l'on ne trouverait pas une seule feuille. D’ailleurs le désert produit la 
sécheresse : les plantes ont été si bien et depuis si longtemps chassées 
quelles ne veulent plus revenir ; la végétation semble devenue impos- 
sible à Londres, à tel point qu'il faudrait une réforme radicale. 

Parmi les projets mis en avant, le Gardener ’s Chronicle cite ceux de 
M. Forst et de M. Adams qui consistent à transformer tous les toits de la 
cité en plates-formes couvertes de parterres, de conduire des vignes et des 


— 


—— 221 — 


espaliers contre tous les pignons, de faire des serres, où l’on forcerait les 
fruits et qui seraient chauffées par la chaleur perdue des cheminées, tout 
simplement par dessus le grenier. Le sol n’est plus libre disent ces 
messieurs, eh bien ! reportez-le plus haut; l’air et la lumière vous restent, 
et les plus jolies fleurs ne demandent pas davantage. Ils tracent ensuite 
un tableau saisissant de toutes les jouissances que cette réforme radicale 


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PI. 35. Les jardins sur les toits à Londres. 


entrainerail : les promenades sur les toits deviendraient un excellent 
exercice : et les enfants comme ils se rouleraient sur l'herbe; et les 
Wines-parties! and the supper parties !! and open-air dinners !!! Trans- 
portez-vous, au moins en imagination, sur le dôme de St. Paul et voyez 
l'aspect sombre, noir et enfumé de la ville au cinq milllons d'habitants, 
transformé comme par enchantement en un jardin délicieux. Vous 
avez mis la cave dans le jardin; portez le jardin sur le toit et tout sera 
pour le mieux. 


— 222 — 


ZOOLOGIE HORTICOLE. 


——_——_———— 


DE L'UTILITÉ DES OISEAUX DANS LES JARDINS, 
par M. Cu. F. Dunois(). 


Il est à désirer, dans l'intérêt de l’agriculture, qu’on laisse en vie les 
petits oiseaux, car ils font une guerre acharnée à un grand nombre 
d'insectes, particulièrement aux chenilles des Papillons brassicæ, rapæ 
et cratægi, lesquelles, comme tout le monde le sait, font un tort énorme 
aux légumes et aux arbres, et sont d’autant plus à redouter, qu’elles se 
multiplient d’une manière effrayante dans la belle saison. 

Quand on songe que ces chenilles arrivent à leur entière croissance 
quinze jours après leur éclosion, que la femelle pond deux cents à trois 
cents œufs, et que chaque chenille consomme par jour le double de ce 
qu’elle pèse, l’on concevra facilement l'énorme préjudice qu’elles occa- 
sionnent aux plantes et aux jardins, et combien la conservation des 
oiseaux est importante. 

Les Bruants, par exemple, sont très-friands des chenilles appartenant 
au genre geometra, qui sont un véritable fléau pour les arbres, comme 
on a pu le FOUR depuis plusieurs années dans le Pare de Bruxelles, 
dépuis qu’on n’y laisse plus nicher aucune espèce d’oiseau. À 

Notre bon et sage roi Léopold me paraît avoir reconnu combien la 
présence des oiseaux est nécessaire dans les jardins et les parcs, car ces 
légers habitants des airs ont liberté pleine et entière de s'installer dans 
le parc et les jardins du château royal de Laeken, où les arbres n’ont pas 
à souffrir de la voracité des chenilles. Ces insectes paraissent y avoir 
complètement disparu, depuis que le Roi a ordonné que toute liberté fut 
laissée aux oiseaux de nicher où il leur plaisait. Ce qu’il y a de curieux, 
c’est que les oiseaux s’établissent partout dans ces jardins, même dans 
les allées les plus fréquentées, comme s'ils connaissaient la franchise 
dont ils jouissent; ils ne songent même plus à cacher leurs nids. Ainsi, 
j'ai vu, il y a quelques années, une Grive noire qui avait son nid dans 
un des grands et beaux Fuchsia coccinea, que l’on entoure en hiver de 
planches dans lesquelles on pratique une sorte de fenêtre qu’on ouvre 
au commencement du printemps pour y laisser entrer l’air. Eh bien, N 


(1) Cet article est extrait des Oiseaux de la Belgique et leurs œufs, par M. Charles 
Dubois, l’un des meilleurs ouvrages que l’on pourrait consulter pour la connaissance 
de la plupart des oiseaux qui voltigent dans nos jardins ou sur les champs; il a été 
publié dans un format in-8o et accompagné d’un grand nombre de planches. 3; 


— 2923 — 


cette Grive noire s’y était laissé enfermer volontairement; et elle n’en 
pouvait sortir pendant le jour, pour aller chercher la pâture de sa couvée, 
que lorsqu’an ouvrait la fenêtre. 

Les Hoche-queues doivent être considérés comme des oiseaux trés- 
utiles à cause de la guerre acharnée qu’ils font à un grand nombre 
d'insectes nuisibles et l'immense quantité qu’ils en détruisent. Les 
cultivateurs en font le plus grand cas et les voient avec plaisir s’approcher 
de leurs chaumières, où jamais on ne songe à leur faire du mal. 

La gourmandise des moineaux égale leur pétulance en amour. Les 
premiers fruits qui mürissent dans les vergers, tels que des cerises, des 
prunes et des raisins, les grains semés dans les campagnes, les jeunes 
plantes, tout devient leur pâture. Mais ils ne dédaignent pas non plus 
les insectes, les larves et les chenilles, qui sont leur principale nourri- 
ture pendant le temps de leur couvaison, ainsi que celle qu’ils apportent 
à leurs petits. Ils font deux pontes par an. En été ils occasionnent quel- 
quefois de grands dégâts dans les jardins; ils sont très-friands de petits 
pois, et, une fois la saison de ceux-ci passée, ils tombent sur les cerises 
et les fruits des cspaliers pour s’en nourrir au grand désespoir des jar- 
diniers. Dans l’arrière-saison, ils parcourent les campagnes par bandes 
nombreuses. 

On considère les moineaux comme des oïseaux nuisibles; bien que 
cette opinion soit assez généralement accréditée, nous pourrions la révo- 
quer en doute : on ne songe qu’au mal que ces oiseaux font dans les 
campagnes, mais leur présence ne laisse pas que d’être de quelque utilité, 
comme le fait suivant va le prouver : Frédéric le Grand se croyait la 
mission de détruire toutes les erreurs et même de redresser les arrêts de 
la Providence quand ils n’entraient pas dans ses vues. 

I] aimait les cerises, et dans l’intention de protéger les cerisiers qui 
croissent dans les terrains sablonneux et ingrats de la province de 
Brandebourg, contre les déprédations incessantes des moineaux, qui 
même n’attendaient pas pour les dévorer que les fruits en fussent mûrs, 
il ordonna qu’on les exterminät tous et établit même une prime de six 
liards pour chaque tête de moineau. Mais qu’arriva-t-il? Au bout d’une 
couple d’années le gouvernement avait déjà dépensé inutilement plu- 
sieurs milliers d’écus en primes; et les cerisiers ne s’en trouvaient pas 
mieux, le mal semblait au contraire s'étendre à tous les arbres fruitiers 
indistinctement, non-seulement ils ne produisaient plus de fruits, mais 
encore ils n’avaient plus de feuilles. Tout était dévoré par les chenilles. 
Frédéric vit alors qu’on ne renverse pas impunément l’ordre mystérieux 
et harmonique qui règne dans la nature. Il fut forcé de suspendre sa 
croisade contre ces oiseaux malfaisants, et même il fut obligé de faire 
venir de l’étranger des moineaux pour repeupler les localités où il n’y 
en avait plus. 

Il nous est bien permis de détruire tout ce qui est nuisible, mais le 


Det 


parfait équilibre que le Créateur a établi dans la nature s’oppose à ce que 
nous annéantissions des espèces entières. Tout s’enchaîine dans la nature, 
et l’animal le plus humble et même en apparence le plus nuisible, a sa 
raison finale d’être que nous ne pouvons approfondir. 

On ne saurait nier que la présence de ces animaux déprédateurs et 
nuisibles ne soit un fléau pour le cultivateur, qu’ils lui dévastent les 
champs et qu’ils dévorent les grains et les fruits avant leur maturité. 
Mais au lieu de songer à leur destruction, n’est-il pas préférable d’aviser 
à des moyens d’intimidation propres à les éloigner là où ils peuvent être 
nuisibles ? 

Je conseille donc fortement à tous les jardiniers d'empêcher autant 
que possible la destruction des oiseaux. C’est une remarque que j'ai du 
reste déjà faite en décrivant les genres hirondelles, gobe-mouches, fau- 
vettes et mésanges. Leur utilité ne saurait être niée et leur ramage, il 
faut en convenir, a beaucoup de charme. Ils dévorent aussi les graines 
des mauvaises herbes, et s’ils vont dans les champs de blé, ce n’est 
guère que comine de pauvres glaneurs après que la moisson est finie, et 
qu’ils ne peuvent plus faire de tort au cultivateur. 


RUSTICITÉ DE L'ABIES PINSA PO. 


Monsieur Le RÉDACTEUR, 


On vous a demandé il y a quelque temps quel degré de froid l’Abies 
pinsapo peut supporter : répondez hardiment : tous les degrés de froid 
possibles en Belgique. Je connais un superbe Abies pinsapo, dans un 
jardin froid et humide de nos environs, depuis au moins huit ans : nous 
avons eu des froids très-intenses et l’arbre en question n’en a jamais été 


incommodé le moins du monde. 
H. V. 


Dahhas Hhiputiens. 


— 2925 — 


HORTICULTURE. 


LES DAHLIAS A PETITES FLEURS , DITS LILLIPUTIENS. 


Figurés planche XV. 


La Belgique horticole a été l’une des premières à signaler en Belgique 
et en France, l'apparition d’une nouvelle race de Dahlias, que le petit 
volume de leurs fleurs a fait nommer Lilliputiens. Dès le mois de 
mars 1857 (tome VII, p. 188), elle donnait les renseignements les plus 
précis et les plus détaillés sur ces fleurs et engageait les amateurs à en 
essayer la culture. 

Ces Lilliputiens ont été gagnés à Erfurt où la culture de cette belle 
mexicaine est considérable : ils forment un groupe nombreux, plus de cent 
variétés différentes, parmi lesquelles les meilleures ont été obtenues par 
les soins de MM. Sieckmann, Deegen, ete. Depuis quelque temps ils 
ont été introduits dans notre pays. M. Bauduin, horticulteur à Lille, 
en cultive un grand nombre de variétés. 

« C’est un groupe fort élégant, disait M. le B° de Biedenfeld, formé 
déjà de beaucoup de variétés recommandables, mais où il est cepen- 
dant permis d'espérer encore beaucoup de nouveautés. Ces Lilliputiens 
conviennent particulièrement pour les petits jardins où les grandes fleurs 
sont déplacées : dans les jardins de campagne on en forme des groupes du 
meilleur effet, ou bien on les élève en pots. Leur floraison est précoce 
et facile , et leurs couleurs riches et variées. » | 

Nous en avons fait colorier une planche d’après le Gartenflora de 
M. Regel : à en juger d’après ces spécimens, les fleurs des Dahlias 
hilliputiens ressemblent à celles des Reines Marguerites et surtout des 
Chrysanthèmes. M. Bauduin les dit charmants sur tiges, admirables 
pour bouquets. Nous avons entendu faire ce reproche, que les plantes 
s'élèvent haut, se forment mal et que ces petites fleurs semblent plutôt 
des avortons que l’épanouissement d’une race bien déterminée. Les 
éloges dont les Dahlias lilliputiens ont été l’objet dans la presse 
horticole de tous les pays, nous mettent en garde contre cette accu- 
sation, mais en admettant même quelle soit fondée sur une obser- 
vation particulière, nous ne croyons pas qu’elle suffise pour les faire 
rejeter : la culture peut modifier ce défaut et le parti que l’on en peut 
tirer pour les petits jardins et pour les bouquets est incontestable. 

Pour guider le choix des amateurs nous publions une liste détaillée 
et descriptive des meilleures variétés actuellement dans le commerce (1). 


(1) La lettre B indique une hauteur de 1 mètre environ. — M celle de 1m95. 
— H celle de 1"50 et plus. 


BELG. HORT. TOME X. 45 


— 926 — 


Alfred Meissner (Dexcsn), rouge cinabre. 0 2 NEO EN EN SON 
Amoretle (Sixcrmanx), jaune de pois à lueur rose . . . . . . . . . 
Anschülz (Derees), cerise liseré blanchâtre, : | 2 me NIMES 
Betline (Descew), rose lilacé, pointé blanc. . "200 
Bridermann (Deecen), violet clair "2: 42100 "NOMME 


Colibri (Siecrmanx) , Isabelle, pointé carmin, bordé jaune . . . . . . . 
Deutsche Zauberroschen (Sisckmanx), péche strié noir, parfois quatre fleurs différ. 
—  Zellenkugel (StEcrMaN«), brun nuancé rose. . . RL Re 


—  Zierde (Sieckmanx), jaune verdâtre légèrement BU rose, AUS 
Deutscher Liebling (Siscxmanx), blanc nuancé de pourpre . . . . . . . 
Deutsches Goldhahaehen (Siecrmans), fond jaune pointé laque . . . . . . 
Dinter (Deréen), rouge foncé. :41 TU AR RS PIRE 
Doctor Schwebes (Siecrmanx), écarlate ponceau vif . . . . . . . 
Erikonig (Sirckwann), carmin nuancé. . . 1.) 1h NE 
Friedensenghel (Sieckman), carmin foncé passant au rose incarnat . . . . 
Gedenke mein (Sieckmanx) , incarnat bordé blanc, pointé jaune . . . . . 
Gestirn von Langenberg (Sieckmann), jaune nuancé chamois. . . . . . 
Glühwürmehem (Sizcemann), cinabre clair. 4,1.) 208 MONNIER 
Gerbe d’or (Duror), jaune pur... 1.008 WRI NANTES NS 
Goutte d’or (Abbé Ficxeure), jaune nuähcé . ):, 2) 44 NES NN 


Kind der Unschuld (Sisckmann), blanc bordé lilas . . . . . . :) . | 
— Vom Elsterthal (Sieckmanx), Isabelle bordé cramoisi et pointé verdâtre. 
Kleine Braut (Sieckmanx), blanc pointé pourpre foncé . . . . . . . . 
— Dame (Sieckmanx), pêche lilacé centre violet pourpré . . . . . . 
—  Elsternirte (Sigckmanx), Isabelle pointé carmin . . . . . . . . 


—  Emélie (Sigckmann) , rose clair sur fond Isabelle. .  . . . . . . 
Kleiïner Goldsohn (Sieckmann) , jaune Isabelle pointé carmin violacé. . . . 
—  (Golthold (SiEckmann), rose carné strié carmin pointé pourpre. . . . 
—  Harlekin (SiEcrmanx), pourpre cramoisi revers jaune d’or, chang. . . 
— Julius (Siecxmanx), écarlate cochenille foncé pointé euir . . , . . 
—  Liebling (Siecxmanx), chamois rougeâtre pointé lilas foncé . . . . 

—  Lilliput Konig (SieckmanN), jaune citron pur . . . . . . « | 

—  Meister (Sizckmann), Brun noir nuancé . 1. 4 SON 
—  Morkh (Sieckmanx), brun noir très-foncé.  . . . . . . . 
— Philipp (Srecrmanx), Isabelle foncé bordé pêche . . . . . . . 
—  Schalk (Sieckmanx), pourpre clair sur fond blane . . . . . . . 

—  Tauzenblelz (Sieckmanx), fond Isabelle pointé carmin foncé . . . . 
Lilliput enfürst (Sieckmann), brun noir pointé blanc, changeant . . . . . 
— : Mohr (Ssecxmann), brun foncé. 7... 9. 1, RME NES 

— Perle (Sirckmaxs), pourpre violet. , : 1.5.7 M0 SRI 
—  Strausschen (Sizckmann), pourpre rosé à fond blanc . . . . . . 
Mac Jacobi de Gonc. (Craueé), cinabre clair: :,::.: . 7.000 CORNE 
Aathilde Bertrand (EvcÈèxe), grenat clair pointé blanc . . . . . . . . 
Nette Kleine (Siwcxmann), chamois rosé .. _. 5. . 4 COS 
Nolimelangere (Siecemann), blanc pur. : . :  . ‘. .  }, PROMESSE 
P. Buch (Siecemann), Minium clair nuancé:. °. 2 07 50 OS 
Prince impérial (Luizer), rose tendre, multiflore °°: 220 0m 
Ranunkel (Sircxmann) , écarlate vermillon,: .  .. . . 41, ONE 
Saphir (Dessen), rouge.eramoisi sang 2 4 4 2 NC MIO 
Vierfarb Lilliput (Dercen), rouge orange strié carmin, parf. 4 eouleurs. . . 


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997 


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NOUVEAUX RENSEIGNEMENTS SUR LE SPERGULA PILIFERA 
DES JARDINS (SAGINA SUBULATA WIMM. Decasne); 0 
SPERGULA GLABRA Sw. 


Ceige plante dont nous avons déjà parlé à deux reprises, continue 
a occuper les amateurs de jardins ct tient une large place dans tous 
les journaux horticoles d'Europe. 

Elle a été mise en vente et décrite par M. Vilmorin-Andrieux de 
Paris : cette notice, par les renseignements nouveaux qu’elle contient, 
nous parait de nature à intéresser nos lecteurs. 

« La plante est une très-jolie miniature ; haute tout au plus de 
4 à 5 centimètres (y compris les fleurs), ses nombreuses petites tigelles, 
qui disparaissent sous une masse énorme de petites feuilles fines, acicu- 
laires et très-courtes, forment un gazon compacte, très-serré et veloute, 
du plus joli vert, et tout à fait comparable à de la mousse. 

« Du milieu de ces feuilles s'élèvent tout l'été, et pendant presque 
tonte la beile saison, de jolies petites fleurs étoilées, très-blanches 
et légèrement odorantes, qui se succèdent en grande quantité, et qui 
ne laissent, après avoir passé, aucune trace désagréable. 

« D'une croissance très-rapide, le moindre petit fragment planté 
au printemps, forme dans le courant de l’année, des touffes de 20, 25 et 
même 50 centimètres ; elle couvre en conséquence rapidement le terrain, 
et parait convenir parfaitement pour la formation de très-jolies bor- 
dures, de tapis de gazon ou de pelouses d'agrément du plus gracieux 
effet; on pourra probablement aussi l’utiliser pour l’ornementation des 
rocailles, etc. Elle croit supérieurement à l’ombre et tout porte à 
penser, d’après les essais qui en ont été faits, qu’elle viendra égale- 
ment bien au soleil, et qu’elle y conservera sa verdoyante et si remar- 
quable fraicheur. 

« Un gazon très-rustique, qui ressemble à de la mousse, qui n’a besoin 
ni d’être fauché ni d’être tondu, et qui peut se passer pour ainsi 
dire de toute espèce de soins, nous dispense de tout éloge, et se 
recommande assez de lui-même aux amateurs. 

« Sa multiplication est des plus faciles, aussi bien par le semis des 
graines , que par la séparation des pieds, qu’on peut diviser à l'infini. 
(11 suffira donc d’un paquet de graines ou de quelques touffes pour 
s’en monter pour toujours.) Le semis devra être fait à l'air libre, 
soit en pot, soit en terrine, et aussi bien au printemps qu’en juillet- 
août. La graine élant très fine, devra être à peine recouverte, et on 
pourra même se contenter de l’appliquer sur la terre; dans ce dernier 
cas le semis devra être fait à l’ombre. Quant aux jeunes plantes, on 
les repiquera en pleine terre pour les mettre à demeure un peu plus tard. 


— 998 — 


« Si l’on veut former des bordures, on espacera les plantes de 20 
à 25 centimètres sur un rang; s’il s’agit de former un tapis de gazon 
ou une pelouse on devra planter en échiquiers en espaçant de 45 à 
20 centimètres. — La croissance des plantes est si active qu’elles ne 
tarderont pas à se rejoindre par les bords des touffes, et à former 
un tapis continu, serré et inimitable. : 

« Quant à la qualité du terrain, cette plante ne paraît nullement 
difficile, et il est probable qu’elle végétera à peu près partout où 
le sol sera un peu ferme (on pourrait d’ailleurs s’il ne l'était pas, 
le raffermir au moyen du rouleau), pourvu qu’il y ait quelques cen- 
timètres de terre végétale. 

« M. Lucien Georges, à qui est due l'initiative de l’emploi de cette 
plante dans l’ornementation des jardins, l’a d’abord répandue tant en 
France qu’en Angleterre, sous le nom de Sagina acicularis ; étudiée 
chez les Anglais, on a cru reconnaître en elle le Spergula pilifera, 
et c’est sous ce dernier nom qu’elle a été annoncée dans les catalogues 
et prônée récemment dans les journaux horticoles, qui en ont fait 
le plus grand éloge. En conséquence, ce nom étant celui sous lequel 
elle fait son apparition dans le monde horticole, nous le lui con- 
serverons : cependant nous devons dire que ce n’est ni le Sagina 
acicularis, ni le Sperqula pilifera, mais bien d’après M. le professeur 
Decaisne, le Sperqula où Sagina subulata, espèce indigène sur plusieurs 
points de la France, en sorte qu’elle peut être considérée comme par- 
faitement rustique. » 

Nous ajouterons quelques détails. Nous avons vu, cultivé sous le nom 
de Spergula pilifera, le Spergula glabra Sw. La méprise, si e’en est 
une, n’est pas regrettable, ce gazon étant touffu, égal et verdoyant. 
Quoi qu’il en soit, cette plante, qui fait actuellement beaucoup parler 
d'elle, n’est non seulement pas nouvelle mais pas même étrangère : 
elle croit dans notre pays où elle est en outre cultivée depuis longtemps : 
on la trouve chez quelques anciens amateurs, mais on n’avait jamais 
songé d’en faire des pelouses. 

Sous ce rapport les horticulteurs anglais continuent à en faire le 
plus grand éloge dans leurs journaux. MM. Beaton, Shirley, Hibberd, 
etc., en disent beaucoup de bien et le proclamment, sans hésilation, 
supérieur à tous les gazons employés jusqu'ici : ils le recommandent 
pour les pelouses, les bordures, les talus, etc. On en a fait, à 
Sydenham, un essai publie et en grand, dont M. Edw. Bennet rend 
un compte très favorable dans le Cottage gardener. Il ressort des 
détails d’un grand nombre d’expériences que la plante est d’abord 
assez lente à s'établir, que dans les premiers temps il faut quelques 
peines et un peu de soins pour en former un gazon, mais une fois 
en croissance elle pousse rapidement et forme un tapis de verdure, | 
que l’on dit irréprochable de netteté et de fraicheur. Presque tous 


les jardiniers anglais, entre autres M. Summers, le recommandent spé- 
cialement pour les terrains en pente, secs et légers : dans ces condi- 
tions défavorables il ne demande aucun arrosement et reste beaucoup 
plus verdoyant que des prairies naturelles : cultivé à côté d’un gazon de 
graminées il était vert et frais quand ce dernicr était jaune et desséché. 
En présence de ce résultat M. Summers s’est empressé de faire du 
compost avec toutes ses vieilles pelouses et de les remplacer par 
du Spergula. 

Un M. Lucas avait semé des graines de Spergula, au printemps 
dans les terrines et en serre tempérée : elles germérent parfaitement; 
au mois de juin il les repiqua en bordures à une certaine distance 
les unes des autres; mais dès lors ces plantes poussèrent peu, restèrent 
isolées et chétives, si bien, qu’à l’automne M. Lucas les arracha toutes 
et déclara la plante mauvaise. Il fit part de sa conviction au Cottage 
Gardener. Ce journal lui a répondu, il nous semble avec raison, que 
dans les conditions où il s'était placé il n'aurait pu réussir et que 
repiquer un gazon quelconque au mois de juin, ce n’est pas se donner 
une pelouse unie et verdoyante pour le mois d'octobre. Le Spergula en 
particulier croît, nous l’avons dit, d’abord avec assez de lenteur : mais 
il utilise ce temps là à accroître ses racines et quand ce travail est 
achevé il pousse avec beaucoup de rapidité. 

Nous craignons que l’on ne fasse au Spergula pilifera beaucoup 
de reproches qu’il n’aura pas mérités, parce qu’il aura été confondu soit 
avec le Sagina procumbens soit avec l’une ou l’autre petite Caryo- 
phyllée qui se sera mise en sa place (1). Nous engageons d’ailleurs nos 
lecteurs, de bien vouloir, à l'exemple des amateurs anglais, nous tenir 
au courant du résultat de leurs premiers essais. 


Le dernier numéro de la Revue horticole, nous apporte des détails 
pratiques fort intéressants sur le Sugina pilifera, publiés par M. Arthur 
de Gaigneron, amateur très-distingué de Nantes. Nous les communiquons 
à nos lecteurs en leur faisant spécialement remarquer que le véritable 
emplacement qui lui convient le mieux est un endroit aéré et bien éclairé, 
plutôt qu’un terrain ombragé froid et humide. 

« La culture de la Spargoute pilifère (Spergula pilifera) est si simple, 
que, malgré votre prière de vous en envoyer une petite notice, J'avais 
eu presque honte de cette initiative. 

« Cependant, ayant remarqué que vous annonciez que cette plante se 
plaisait dans les endroits ombragés, je crois vous rendre service en vous 
déclarant que je ne partage pas du tout votre opinion. Il faut au con- 
traire à la Spargoute de l’air et de la lumière pour qu’elle puisse former 


(1) Le Spergula subulata, par exemple, est fort souvent cultivé au lieu du pélifera : 
il est aussi en gazon mais moins florifère. 


— 250 — 


ces tapis d’éméraude, émaillés tout l'été de myriades d'étoiles blanches. 
A l’ombre, je doute qu’elle fleurisse et étale ces surfaces admirablement 
unies qui font sa principale beauté. 

« Bien qu’elle semble croître à toutes les expositions, je crois que l’Est 
lui convient mieux. Elle n’est pas difficile sur le choix du terrain ; mais, 
quand le sol est humide et léger à la fois, son développement est plus 
complet; quant à l'humidité, on y supplée avec de simples bassinages à 
la pomme, ec qui reverdit le tapis instantanément. 

« Mais l'ennemi de la beauté de la Spargoute est le ver de terre, qui fait 


boursouffler la surface du sol et dérange son unité; or toute terre trop 


allégée par des labours est à éviter pour l’iustallation de la Spergule, à 
moins qu’on ne la raffermisse au moyen du rouleau. 

« Pour que cette plante fasse de l'effet, il faut lui donner de longues 
perspectives, soit en lignes droites, soit en lignes courbes ; on peut 
également en former des cercles. 

« Quand on a déjà de larges tapis installés, le mode le plus rapide de 
multiplication est de Lirer au cordeau les deux bords extérieurs du tapis 
et de prendre pour la replantation tout ce qui dépasse la ligne du cor- 
deau, et qui est enraciné. 

« Du reste cette opération du nivellement (mieux alignement) par le 
cordeau doit être faite souvent, ce qui ajoute à la gräce des lignes. 

« Pour couper les morceaux qui doivent servir à la multiplication, le 
meilleur instrument est peut-être une serpette, qu’on enfonce en terre 
jusqu’à la garde, en suivant le cordeau. Tous les fragments propres à la 
multiplication qu’on obtient ainsi peuvent être plantés par bandes con- 
tinues de 0,15 à 0®,20, dans de petites rigoles (faites au rayonneur ou 
à la main) de la profondeur voulue, ou par petites touffes d'environ 0,03 
de diamètre, distancées également de 0,03. 

« Ces petites touffes se rejoignent bientôt, comme celles de la Statice à 
bordures, mais avec cette différence que la Spargoute se rejoint réelle- 
ment et se soude en quelque sorte. 

« La plantation par bandes en lanières continues est plus prompte à 
s'installer; mais celle par petites touffes est peut-être préférable. Après 
la plantation, il ne faut pas craindre d’appuyer sur la plante avec la 
main ou même le dos de la pelle. » 


NOUVEAUX LILAS DE M' BRAHY-EKENHOLM, 
PROPRIÉTAIRE A HERSTAL-LEZ-LIÉGE. 


1. Héliotrope. — 2. Duchesse de Brabant. — 5. Pepin de Herstal. 


M. Brahy-Ekenholm se livre depuis plus de quinze ans à la culture 
améliorante du Lilas: Ses efforts persévérants et la connaissance parfaite 


qu’il a de cetarbuste ont été maintes fois couronnés de remarquables succès: : 


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il a obtenu notamment les Lilas: Croix de Brahy; Ekenholm; Double 
azuré; Charlemagne(); et Princesse Camille de Rohan (2), que nous 
avons décrits et figurés dans ce recueil. A cette occasion nous avons 
communiqué à nos lecteurs les renseignements les plus complets sur l’ori- 
gine, l’histoire et la poésie du Lilas. 

Depuis lors, loin de s'endormir sous ses hosquets embaumés, 
M. Brahy-Ekenholm à étendu davantage ses succès: il pensait avee 
raison que les résultats déjà obtenus étaient d’un heureux augure pour 
l'avenir. Il a en ce moment près d’un hectare de Lilas de semis ou en 
pépinière, et chaque printemps voit s'épanouir de nouvelles fleurs supé- 
rieures à celles du printemps précédent, L'année dernière une commis- 
sion spéciale a été nommée par la Société royale des Conférences horticoles 
pour visiter ces cultures et, sur son rapport, la société a décerné à 
M' Brahy une médaille en vermeil grand module. Cette année la même 
distinction a été votée: la commission a particulièrement remarqué trois 
variétés nouvelles, tout à fait hors ligne; le premier surtout marque un 
remarquable progrès dans l’histoire des variétés du Lilas. 

4° Lilas Héliotrope. Thyrse de 20 à 25 centimètres, ramifié plus ou 
moins feuillé à la base. Ramifications lâches, diminuant successivement, 
simples. Fleurs par 5-5-7, à tube filiforme, cylindrique ; limbe grand, 
à lobes obvovales, acuminés, presque complètement réfléchis. La corolle 
est carnée-malvée à l’extérieur ; le tube bleu en: dedans: l’entour de la 
gorge blanc ainsi que la base des lobes dont le reste est couvert d’une 
teinte bleue Héliotrope, pâle et uniforme. 

Par le port, le coloris et l’aspect général cette variété rappelle l'Hélio- 
trope dont elle porte le nom. 

2° Lilas Duchesse de Brabant. Thyrse compacte, haut de quinze 
centimètres environ, ramifié. Fleurs grandes, cruciformes, à peu près 
concolores: gorge bordée de bleu-corail avee quatre rayons se prolon- 
geant vers l’extrémité des lobes : ceux-ci sont bleuâtres-pâle, bordés de 
mauve, larges et ovales. 

Cette variété est d’une fraicheur et d’une distinction indescriptibles, 
dont le nom de la Duchesse de Brabant présente la plus parfaite image. 

3° Lilas Pepin de Herstal. Thyrse court, compacte, à ramifications à 
peu près aussi longues que l’axe principal. Fleurs petites, serrées, de forme 
irréprochable, concolores d’une teinte mauve-clair uniforme. 

Cette variété se distingue par sa gentillesse: elle est née dans le ber- 
ceau des rois Francs, sur le même terrain qui porta l’empreinte des pas 
de Pepin de Herstal. 


————_ 


(1) Voyez Belg. Hort. t. IV, p. 65. 
(2) Voyez Belg. Hort. t. VI, p. 97. 


— 9252 — 


ARCHITECTURE HORTICOLE. 


————— 


DES JARDINS COUVERTS EN GÉNÉRAL ET PARTICULIÈREMENT 
DE CELUI DE M. LAMBINON A LIÉGE. 


Si vous aimez la nature, les fleurs surtout; si vous êtes heureux de 
donner des soins aux plantes de votre jardin et si vous vous plaisez à y 
réunir diverses espèces bien choisies ; si vous vous attachez aux végétaux 
et si vous êtes sensible à leur élégante et fraîche beauté, si vous faites 
bonne connaissance avec eux, en un mot, si comme le disent les gens du 
métier vous devenez un amateur, vous désirez certainement une serre : 
on vous la conseille de toutes parts : vous déplorez chaque année la perte 
de plusieurs espèces, auxquelles vous vous êtes attaché; vous regrettez 
la privation d’une foule de plantes exotiques, et l’automne, avant de 
s'éloigner, vous chasse du jardin, vous retient au logis, entre quatre 
murs et vous prive de fleurs au moment même où elles seraient le plus 
agréable, pendantles froids de l’hiver. 

Une serre est le remède à tous ces maux. 

La serre est le signe distinctif de l’amateur de fleurs : il caresse 
quelque temps le projet d’én constuire une; bientôt il la lui faut, c’est 
une nécessité, une question de vie ou de mort pour les objets de ses 
affections; il se retrace en imagination les distractions et le bonheur 
qu’elle lui donnera : une serre c’est un jardin à l’abri des intempéries 
de l’air ; de la verdure et des fleurs pendant la rude saison d’hiver ; un 
endroit frais et tiède, embelli par toutes les plus jolies filles de la créa- 
tion : elle comblera ses vœux et même ses caprices. 

Mais, lorsque décidé à en construire une, vous vous adressez à la prati- 
que ou à la routine, pour vous renseigner, voici ce qu’elle vous répond : 

Pour faire une serre on choisit un emplacement éloigné de la maison ; 
on construit un hangar, en bois ou en fer, que l’on couvre de vitres ; on 
y place des tablettes et des gradins, bien symétriques et qui ressemblent 
assez aux rayons d’une bibliothèque : sur ces planches on aligne des pots ; 
en réunissant tous ceux qui ont le même format; chaque plante est taillée 
avec une régularité parfaite, elle a sa place déterminée, et il faut veiller 
à ce qu'aucune ne prenne l’air et la lumière de sa voisine ; elle doit se 
tenir bien droite et pour cela on l’attache à un piquet, que l’on nomme 
un tuteur parce qu’il n’a pas toujours des sentiments bien paternels pour 
l’objet de son attachement. Tout cela ressemble assez à une bibliothèque 
et pour compléter la ressemblance on donne à chaque espèce, une éti- 
quette, c’est-à-dire un titre. Cela fait, on chauffe, on arrose, on pote et 
l’on rempote, on sème et l’on bouture, on greffe et l’on marcotte. 

Voilà une serre. 


— 2353 — 


Dieu nous garde d’en médire : elles sont toutes comme cela et elles ne 
sont pas sans mérite et surtout sans utilité. Les plantes y vivent et parvien- 
nent même à se bien porter. Mais, il faut bien en convenir, cela est bien 
froid, bien artificiel, et ne ressemble pas plus à la nature végétale qu’une 
ménagerie ne donne l’idée du règne animal: dans l’un et dans l’autre cas, 
plantes ou animaux sont en cage: leur vue intéresse et instruit, mais 
elle n’émeut guère; ces pauvres créatures sont sous une baraque, on 
leur mesure la nourriture et l’espace et on les traite en esclaves. 

Celui qui connaît la nature, Flore ou Faune, et qui l’aime, éprouve 
exactement les mêmes impressions, s’il va visiter une ménagerie à la 
Foire ou s’il entre dans une serre : il s'intéresse à ce qu’il voit, il admire 
ces formes et ces couleurs variées; il observe avec attention et il étudie 
même ces êtres nouveaux pour lui, mais involontairement il soupire en 
pensant que ce n’est pas la nature. | 

Qui ne connait cette énergique expression d’Alphonse Karr: la traite 
des fleurs; et les jolis dessins de Granville dont le crayon les animait 
si bien: ces pauvres fleurs dont les pieds sont emprisonnés dans un pot 
et le corps lié au pilori de l'esclavage, sont des esclaves arrachées par la 
barbarie humaine à la nature, ravies à la liberté, vendues par un maitre 
à un autre, pour qu'ils s’en amusent, jusqu’à ce que, exténuées par le froid, 
la soif, par les mauvais traitements et l’épuisement, elles périssent misé- 
rablement ou jusqu’à ce qu’on les jette au fumier quand elles ne nous sont 
plus bonnes à rien. La vue d’un marché aux fleurs nous a déjà causé plus 
de tristesse, nous allions dire de dégout, qu’elle ne nous faisait de plaisir : 
une femme, vieille et sale, jaune et ridée, les pieds sur une chaufferette 
écaillée, est acroupie près d’un groupe des plus jolies filles de la nature, 
jeunes et belles, mais marquées du sceau de l’esclavage et de la misère, 
exposées à tous les mauvais traitements : d’une voix criarde la vielle inter- 
pelle les passants : elle les leur offre en vente; il ÿ en a pour tous les 
goûts et à tous prix. Nous n’y songeons pas toujours, parce que nous som- 
mes intéressés à la traite des fleurs, comme l’américain du sud à la traite 
des noirs, comme le Grand Turc, et d’autres, à la traite des blanches. 

La serre d’où sortent ces plantes est bien pis encore : c’est un négrier 
où les esclaves sont entassées, mais elles sont bien nourries et bien 
lavées.... dans l’intérêt de la vente. 

Pour le jardinier c’est ce qu’il faut : que fait-il d’autre sinon la traite des 
fleurs : presque tous les sujets de Flore sont déjà entre ses mains: chaque 
Jour il étend sa domination, il fait de nouvelles esclaves qu’il ramène en 
Europe et vend, au poids de l’or, comme le négrier vend ses noirs, comme 
le Turc vend ses circassiennes. 

À ceux qui trouveraient ce langage un peu dur, nous dirons que 
le jardinier vend ses fleurs, les œuvres de la nature, comme le libraire 
vend ses livres, les œuvres de l'esprit, pour nous donner des émotions 
nouvelles et nous laisser lire dans le grand livre de la création. 


— 954 — 

Dans tous les cas, l’horticulteur doit débiter ses plantes, c’est sa vie ; 
il doit les élever et les entretenir dansle moindre espace possible et d’une 
manière portative, c’est son art; voilà pourquoi il a inventé des pots : il 
doit les présenter dans toute leur simplicité et leur nudité naturelles, 
voilà pourquoi il les étale sur des gradins. 

Mais en est-il de même de l’amateur c’est-à-dire de celui qui demande 
aux plantes des jouissances et des émotions? Pour celui-ci la serre est un 
objet de luxe: elle doit lui rappeler la nature pendant la saison où celle de 
son pays est maltraitée par un ciel trop dur ; elle doit lui faire entrevoir 
la végétation de toutes ces contrées du glohe, privilégiées du soleil, 
et dont l’accès lui est fermé; elle doit être un lieu de délices et de 
repos et non pas ressembler à un étalage de curiosités, à une boutique 
de plantes, à une ménagerie végétale. | 

Les ménageries ont fait leur temps : clles sont remplacées par les 
Jardins zoologiques; il est temps que les serres disparaissent pour faire 
place aux jardins couverts. 

Ici pas de pots, ni de gradins, ni de tuyaux de fonte : rien qui 
sente l’artifice ou le métier, mais un sentier sinueux taillé dans le 
roc et bordé par le feuillage moussu des Lycopodes et des Sélagi- 
nelles; des parterres touffus où s'accumulent en se mariant les plus 
beaux arbustes et les plantes les plus rares des Indes, du Brésil, et du 
Mexique, végétaux dont on ne sait ce qu’il faut admirer le plus ou 
de l'élégance des formes ou de la variété des couleurs, dont les feuilles 
rivalisent d’éclat et de richesse avee les fleurs qui exhalent des parfums 
suaves; des palmicrs s’élevent çà et là, dominant de leur majestueux 
feuillage l’humble verdure des herbes et formant des groupes harmo- 
nieux : des vieux troncs d’arbres, vermoulus et moussus, comme on en 
rencontre dans les forêts tropicales, disparaissent sous l’étreinte d’une 
luxuriante végétation d’épiphytes : des Vanda, des Aërides, des Épiden- 
dres et des Vanilles s’attachent à des Caladiums; des Broméliacées dis- 
putent la place aux Fougères ; des Lianes les entrelacent les uns aux 
autres; pas de murs, ni de badigeons, mais des parois rocheuses 
tapissées de Ficus; quelque part un filet d’eau jaillit et tombe en casca- 
telles dans un bassin animé par des dorades; les rives de cette fontaine 
sont embellies par cette végétation splendide qui aime tant l'humidité 
et la chaleur ; la forme étrange des Népenthes étonne l’imagination ; des 
Sensitives, des Dionnea, des Hedysarum se mettent en mouvement à 
votre approche; là bas des Bengalis gazouillent et sautillent dans 
une volière dissimulée sous du feuillage ; les plus rusés s’échappent quel- 
quefois et viennent becqueter dans le tronc des Fougères en arbre. 

Voilà une serre d’amateur ou plutôt un jardin couvert; un bosquet 
comme il n’en existe même pas sous les tropiques; une parcelle du 
paradis terrestre échappée à la malédiction divine. 

Cette gracieuse création est l’œuvre de M. Wiot de l'établissement 


— 235 — 


Jacob Makoy et C°, un véritable artiste en jardinage, ct elle se trouve 
dans la nouvelle habitation que M. Lambinon s’est fait construire, 
à Liége, rue St Marie. Elle touche à la salle à diner avec laquelle 
elle communique de plein pied par une large porte vitrée : des glaces 


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PI. 56. Jardin couvert de M. Lambinon à Liége. 


— 256 — 


enchâssées dans les panneaux des portes réfléchissent partout ce délicieux 
bosquet multipliant et variant à l'infini les points de vue. Ne construisez 
donc plus votre serre dans un coin du jardin, loin de l’habitation; c’est 
un tort sans excuse ; le service y est pénible et s’y fait mal; il faut se 
déranger pour aller à la serre, souvent marcher dans l’humidité ou 
la boue, affronter la pluie ou la gelée; aussi le plus souvent on 
n’y va pas. Bâtissez la serre contre la maison, faites en, non pas un 
hangar couvert, étroit et grossier, mais un appartement frais et coquet 
qui communique avec les autres, au moins avec. la salle à manger ou 
avec le salon où la famille se tient habituellement. On aime d'autant 
plus les fleurs qu'on vit davantage au milieu d'elles; on les voit 
naître et pousser sous ses yeux; chaque feuille est un souvenir; les soins 
quelles réclament sont les distractions des moments perdus. 

Un grand agrément des jardins couverts est l’extrême facilité de leur 
entretien, presque pas d’arrosements, tant l'humidité s’y conserve bien 
dans le sol, quelques seringuages sur les feuilles font le même effet qu’une 
pluie bienfaisante sur un bosquet naturel. 

La serre de M' Lambinon comporte des végétaux de serre chaude; ils 
sont incontestablement les plus riches, surtout depuis qu’on en a réuni 
un aussi grand nombre dont le feuillage est coloré comme les plus belles 
fleurs, ce qui fait un peu délaisser ces dernières; mais on peut donner 
absolument la même distribution à des collections de serre tempérée. 

Dans le jardin couvert tout parait naturel, on n’apercçoit aucun pot, ce 
n'est pas que toutes les plantes soient en pleine terre, loin de là, car cela 
aurait de graves inconvénients ; c’est presque une nécessité de limiter le 
développement de certaines espèces par des pots, mais ceux-ci sont dissi- 
mulés sous la mousse et leur surface envahie par des Sélaginelles; le 
sol est chauffé par le dessous et par conséquent toujours tiède et humide, 
conditions les plus favorables à la végétation. 

Sous tousles rapports, au point de vue de l’effet et de l’agrément comme 
celui de la facilité de culture, le jardin couvert est bien préférable à la 
serre ; ainsi il est incontestable qu’une serre de Camellias, d’Azaléas, de 
Bruyères, de végétaux du Cap et de la Nouvelle Hollande est d’un entre- 
eo plus difficile, plus pénible et même plus coûteux qu’un jardin cou- 
vert planté d’espèces tropicales. Ce dernier est en outre le plus sédui- 
sant. 

Le système de chauffage, si parfaitement dissimulé qu’on n’ensoupconne 
pas l'existence, est habilement construit et fonctionne avec autant de 
facilité que d’économie; il a été fabriqué d’après les plans etles indica- 
tions de M' Wiot. 

Le bon goût de ce dernier et le bon exemple de M' Lambinon ne pou- 
valent manquer de provoquer de nombreux imitateurs. A ces Messieurs 
revient l'honneur d’avoir pris l'initiative; l’horticulture liégeoise sort 
enfin de la déplorable léthargie dans laquelle elle était plongée depuis 


— 92317 — 


quelques années; des serres superbes, à la fois élégantes et bonnes 
s'élèvent de toutes parts : chez M" Dawans-Orban, Dawans-Closset, 
Robert, Bernimolin, Piedbœuf et bien d’autres. Cet empressement ne 
tardera pas à produire des résultats durables. Liége reprendra le rang 
qui lui convient et elle rentrera en communion d’idées avec les autres 
villes importantes du pays. 


ÉTUDES SUR LES BROMÉLIACÉES, 
Par LE Dr C. Kocu, Professeur à Berlin. 


TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR Mr ALFRED pe Borne. 


(Suite et fin). 


Il. — LES NIDULARIUM LEM. ET LES CRYPTANTHUS OTTO ET DIETR. 


Tandis que chez les Bromelia toutes les fleurs sont en cime et réunies 
en un seul tout, chez les deux genres dont nous parlons à présent linflo- 
rescence se divise en différentes parties, placées entre les feuilles supé- 
rieures, caractère qui les distingue essentiellement de tout le reste des 
Broméliacées. Le genre Nidularium, fondé en 1846 par Lemaire (Jardin 
Fleuriste T. IV. Misc. 60), est ainsi nommé parce que les fleurs sont 
situées entre les feuilles, comme dans un nid. Pour l’habitus, il se rappro- 
che, ainsi que nous l’avons dit, des Bromelia, mais il possède souvent, 
comme les espèces da genre Caraguala, des feuilles centrales magnifi- 
quement colorées en rouge. Mais les Curaguata ont un ovaire supére, 
et des fleurs qui s’épanouissent à partir de la périphérie (floraison centri- 
pète) comme chez les Bromelia, tandis que, chez les WNidularium, ce sont 
les fleurs du milieu qui s’ouvrent les premières (floraison centrifuge). Les 
trois genres ont cela de commun qu’ils possèdent une corolle monopétale. 

Le genre Cryptanthus a été créé en 1856, par les éditeurs de PAU 
gemeine Gartenzeitung, Otto et A. Dietrich, dans ce même journal 
(4e année, p. 297) (et non pas, comme le dit Beer, par le D' Klotzsch, 
conservateur de l’Herbier royal de Berlin); il a été fondé sur le Til- 
landsia acaulis, de Lindley (Bot. Reg., t. 4157) ; son nom (f{eur cachée) 
lui vient aussi des fleurs profondément enfoncées entre les feuilles cen- 
trales. Le genre se distingue essentiellement des VNidularium par une 
corolle tripétale, et parce que les feuilles du cœur ne sont jamais colorées, 
tandis que presque toutes les autres paraissent garnies d’écailles sembla- 
bles à du son, ce qui est un caractère tout spécial. C’est pour ce motif que 


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le professeur Visiani, de Padoue, dans le Catalogue des graines du Jardin 
botanique de cette ville, a fondé le genre Pholidophyllum (feuille à écail 
les de lézard), sur une espèce non encore décrite, et qui avait été répan- 
due dans le commerce, il y a quatorze ans, sous les noms de Tillandsia 
zonata et T. acaulis zebrina ; cette espèce avait recu le nom de Ph. zona- 
tum. 

Plus tard encore, feu le professeur Liebmann, de Kopenhague, qui ne 
parait pas avoir connu le genre Cryptanthus, établi dix-huit ans au- 
paravant, fonda, en le dédiant à un de ses compatriotes, le genre Madvigia, 


dans le Catalogue des graines du Jardin botanique de Kopenhague (1857) ; 


il lui donnait pour type une plante que l’on cultivait depuis un certain 
laps de temps dans ce jardin sous le nom de Brometia pumila, mais qui 
n’est pas différente du Tillandsia acaulis Lindl. Done, de même que le 
genre Pholidophyllum, le genre Madvigia esisynonyme de Cryptanthus 
etle Madvigia densiflora Liebmann, synonyme du Cryptanthus undu- 
latus O. et Dietr. 

Beer ne doit pasavoir connu la notice de l’Allgemeine Gartenzeitung sur 
les Cryptanthus, car il a donné aux espèces de nouveaux noms, qui devront 
nécessairement être laissés de côté. Son Cryptanihus acaulis est le C. 
undulatus Otto et Dietr ; son €. acaulis var. argentea est le C. discolor 
O. et Dietr.; le C. acaulis var. rubra représente la variété à feuilles 


rouges du C. undulatus O. et Dietr. ; enfinle C. diversifolius Beer pour- 


rait bien ne pas être différent du C. bromeliæfolius O. et Dietr. (1) 
Parmi les Broméliacées à recommander pour les serres, on peut citer 
le Cryptanthus zonatus Beer, et le Nidularium fulgens Lem., qui se 
trouve parfois dans les jardins sous le nom de Guzmannia picta. Une 
espèce beaucoup moins belle est la plante connue dans tous les jardins 
sous les noms de Tillandsia et de Billbergia discolor, et dont Beer a fait 
avec beaucoup de raison un Widularium discolor. Comme on n’a encore 
aucune description exacte de cette espèce, et que nous avons pu en ob- 
server cet été des exemplaires en fleurs au Jardin botanique de Berlin, 
nous en parlerons ici avec quelque détail, et nous en donnerons une 


diagnose. 


Nidularium discolor Beer. 


Folia magis minusve brunnescentia ; Feuilles plus ou moins brunâtres, dres- 
crecto-recurvata, superiora breviora; | sées et recourbées, les supérieures plus 
sepala carinata, tubum corollinum album | courtes ; sépales carénés, égalant en lon- 
longitudine æquantia; Laciniæ corollinæ | gueur le tube bianc de la corolle; divi- 
erectæ persicinæ; stamina,apice excepto, sions de la corolle dressées, de couleur 
adnata ; ovula multiserialia. fleur de pêcher ; étamines adnées, à l’ex- 
| ception du sommet; Ovules multisériés. 


(1) Pourquoi donc rejeter la dénomination spécifique acaulis, de Lindley, qui est 
la plus ancienne? 


— 259 — 


Cette Broméliacée a un aspect plus singulier que beau, en même temps 
que ses feuilles, d’un vert mat, plus ou moins teinté de brunâtre, lui prêtent 
quelque chose d’exotique. Ordinairement il y a plusieurs pousses en voie 
de développement, ce qui la rapproche des Billbergia. Les feuilles infé- 
rieures sont dans le principe très-droites, et se recourbent légèrement 
plus tard. Elles ont un pied et plus et s’embrassent réciproquement par 
leur large base. Elles sont plus étroites en dessous qu’au dessus de la 
moitié, et leur terminaison est lancéolée. Elles sont d’autant plus petites 
qu’elles sont situées plus haut, de sorte qu’elles finissent par n’avoir plus 
que 2 1/2 pouces de longueur. Les dernières, qui portent à leur aisselle 
3 ou 4 fleurs, redeviennent un peu plus longues. 

De même que chezle N. fulgens Lem., ce sont les fleurs du milieu 
qui s'ouvrent les premières. Elles sont trigones, d’un ponce et demi de 
long, et sont protégées à la base par une spathe ovale-lancéolée, plumeuse 
et égalant l’ovaire qui a cinq lignes de longueur. Les sépales, lancéolés, 
colorés en brun, et en général 7-nerves, sont aussi plumeux et égaux au 
tube de la corolle, qui est blanc et de 6 à 7 lignes de long. Les divisions de 
la corolle, dressées et convexes-concaves, ont la couleur rouge des fleurs 
du pêcher. Les étamines sont, à l'exception du sommet, soudées avec le 
tube de la corolle. Le style filiforme leur est égal en longueur, mais 
beaucoup plus court que la corolle ; ses trois stigmates forment habituel- 
lement une double spirale. Les ovules, multisériés et anatropes, sont li- 
néaires allongés, et ne remplissent pas complètement les loges. 

Sous le nom de Widularium? Innocenciæ, Lemaire a signalé, dans le 
deuxième volume de l’Il{lustration horticole (p. 15), une plante, qui ne 
lui était connue que par une figure, et qu’il a placée, quoique avec un 
signe de doute, parmi les Vidulariuin, cette espèce lui semblant égale- 
ment très-voisine des Cryptanthus. Tant que noas n’en aurons point 
de description régulière, il faudra lui laisser provisoirementce nom. Nous 
en regrettons même la publication, car elle ne peut donner lieu qu’à des 
erreurs et des méprises, sans être d’aucun service pour la science. Mal- 
heureusement, on voit se répandre de tous côtés cet usage abusif d’en- 
voyer par le monde de ces communications incomplètes, dans le seul but 
de s’assurer un droit de priorité; mieux vaudrait certes les ignorer. 

Si nous considérons cependant le peu que Lemaire en dit (loco citato), 
il nous semble que la Broméliacée en question n’est, niun Vidularium 
ni un Cryplanthus, et l’auteur paraît s’être laissé influencer dans son 
jugement par les feuilles centrales d’un rouge noirâtre, qui rappellent 
en quelque sorte le Nidularium fulgens Lem.. Mais une hampe garnie 
de spathes purpurines et portant à son sommet les fleurs en glomérules 
n'a aucun rapportavecles MNidularium cet les Cryptanthus, chez qui les 
fleurs sont placées latéralement, aux aisselles des feuilles centrales. A 


moins peut-être que Lemaire ne comprenne parmi les spathes les feuilles 
‘ supérieures du cœur ? 


— D 


NOTICE SUR LE WNIDULARIUM MEYENDORFFII Re. 


SUIVIE DE 
CONSIDÉRATIONS SUR LE GENRE NIDULARIUM ET LES GENRES VOISINS, 


Par LE p' Epouarp REGEL, 


Directeur du Jardin Botanique Impérial de Pétersbourg(). 


TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR ALFRED DE BORRE. 


Ninuzarium Meyenporrru, Réec. — Nous devons aujourd’hui donner ce 
nom à la plante qui a été figurée par la planche 211 du Gartenflora, sous 
le nom de Bromelia Carolinæ, et que nous avions auparavant déjà appe- 
lée : Billbergia Meyendorffii (Gartenfl. 1858, p. 98). Depuis longtemps, 
nous attendions avec impatience une nouvelle floraison de cette plante, 
afin de la soumettre encore une fois à un examen critique. A la fin de 
juillet de cette année, les premières fleurs se développèrent, après que 
les feuilles centrales rouges avaient déjà annoncé dés l’hiver l’apparition 
de l'inflorescence. Tandis que, chez le genre Billbergia, le périanthe se 
compose de six folioles supères et entièrement libres jusqu’à la base, 
chez le N. Meyendorffii, les trois extérieures sont soudées en un tube 
jusqu’au tiers de leur longueur; et les trois intérieures sont aussi soudées 
sur environ les 2/5 de leur longueur, entre elles et avec les étamines, 
en un même tube, puis deviennent libres; mais elles continuent à se 
recouvrir par leurs bords jusqu’en dessous de l’extrémité, où seulement 
elles se dégagent entièrement les unes des autres. Les trois filets extérieurs 
sont compris dans la soudure du périanthe intérieur, de telle sorte qu’ils 
paraissent placés au joint de soudure de deux pétales voisins, mais, après 
la séparation, ils continuent, jusqu’en dessous de l'extrémité, à être soudés 
avec le bord d’un pétale. Les trois filets intérieurs étant symétriquement 
opposés aux pétales, sont au contraire soudés le long du milieu de chaque 
pétale. Chez les Billbergia, les filets sont entièrement libres. L’ovaire du 
N. Meyendorfhi a une forme pentagonale comprimée. 

Tous les Vidularium qui me sont connus, soit à l’état frais, soit par 
les gravures, ont absolument le même aspect que notre plante, à savoir 
une inflorescence enfoncée entre les feuilles du cœur. Mais, tandis que 
chez toutes les espèces rapportées aux Widularium, il existe d’abord 
une grande bractée protégeant toujours plusieurs fleurs, puis encore 
une petite bractéole à la base de chaque fleur, on ne trouve pas chez 
le N. Meyendorffii la grande bractée, mais on voit bien à la base de 
chaque fleur une petite bractée linguiforme. De plus, chez tous les 


(1) Gartenflora, sept. 1859, p. 264. 


— 241 — 


autres Vidularium, la soudure des parties internes du périanthe en un 
tube se fait jusqu’au sommet, ét l’ovaire est décrit comme à trois côtés, 
tandis que celui du N. Meyendorffir est comprimé et souvent pentagonal. 

Le genre Bromelia, tel que Beer l’a établi, devra plus tard, quand 
les fleurs des espèces diverses qu’on y a rapportées, seront micux 
connues, se ramener à plusieurs des autres genres déjà créés, tandis 
que le genre Agallostachys, de Beer, devra prendre le nom de Bromelia. 
Ce genre Bromelia se caractérise par un périanthe supère, à verticille 
externe trilobé, et à verticille interne triphylle, par le bord du 
périanthe extérieur élevé au-dessus de l'ovaire, et par les filets des 
étamines soudés aux divisions intérieures du périanthe. 

Le genre Vidularium, de Lemaire, a un périanthe supère, dont les 
folioles externes et internes sont soudées en tube au moins jusqu’au 
tiers de leur longueur, les trois internes étant de plus soudées la 
plupart du temps jusqu’en dessous du sommet. L’inflorescence est sessile 
au cœur de la plante, et les filets sont, comme chez les Bromelia, 
soudés avec les folioles internes du périanthe. 

Enfin, le genre Billbergia, dont j'ai en ce moment sous les yeux 
comme exemple le Billbergia amoena, a un périanthe supère, dont 
les divisions externes et internes sont entièrement libres, de même 
que les six filets. Inflorescence portée par une hampe. Des écailles, 
en général petites, à la base des folioles internes, ou entre la base 
des filets. 

Les genres des Broméliacées ont nécessairement besoin d’être revus à 
fond. Le travail de Beer n’a rien amélioré, mais a au contraire embrouillé 
davantage leur histoire (1). 

Nous donnerons ici une analyse de la fleur du Bromelia antiacantha 
BERTOLONI (2), que nous ferons suivre de celle de la fleur du Vidularium 
Meyendorffii ; puis nous terminerons par un court aperçu des espèces 
de Widularium connues jusqu’à présent. 


Figures 1 à 4. — Bromelia antiacantha Berr. 


Fig. 1. — Une fleur de grandeur naturelle. A la base de l'ovaire, 
une petite bractée. Au sommet de l’ovaire, on peut voir trois petits 
lambeaux de sépales, libres, au dessus desquels s’élèvent les trois 
pétales (ou divisions internes du périanthe), libres, supères, dont les 
bords s’enchevêtrent de manière à composer une corolle tubulaire. 

Fig. 2. — Un pétale isolé, faiblement grossi. Les filets épaissis à la 
base, lui sont soudés , et les anthères, libres et linéaires , sont attachées 
par la partie dorsale au-dessus de la base. 


(1) Nous avons vu émettre par M. le Dr Koch, une opinion diamétralement opposée 
sur le mérite de la Monographie des Broméliacées de M. Beer. 

(2) C’est la même espèce que l’Agallostachys antiacanthus Beer. Voyez les Études 
sur les Broméliacées. 


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La section longitudinale à travers l’ova 
ment de la corolle (grossie). Au sommet deux lobes du calice; au 


milieu s’élève le style, portant à son extr 


et point tordus ensemble. | 
ion transversale de l’ovaire, faisan 


PI. 37. Organographie du Bromelia antiacantha et du Nidularium Meyendorffi. 


Fig. k. — La sect 


Fig. 5. 
loges (grossie). 


— 245 — 


Figures 5 à 8. — Nidularium Meyendorfjii Ro. 

Fig. 5. — Fleur de grandeur naturelle. A la base, la bractée lin- 
guiforme concave, qui doit se presser contre l’ovaire, mais qu’on a ici 
représentée courbée. Au sommet de l'ovaire, les trois sépales (ou folioles 
externes du périanthe), soudés ensemble à la base, et surplombés par 
la corolle tripétale. 

Fig. 6. — L’ovaire, de grandeur naturelle, abstraction faite de la 
bractée et du calice. Au sommet, la corolle, dont les trois folioles sont 
soudées en tube sur leur tiers inférieur par l’intermédiare des filets pla- 
cés entre elles; plus haut, les bords, en s’enchevétrant, continuent à 
former le tube, et, à l'extrémité, les lobes se séparent. 

Fig. 7. Un pétale isolé, grossi. Sur ses deux bords et au milieu, trois 
filets lui sont soudés. Les anthères sont libres, linéaires et attachées par 
le dos, au dessus de leur base. 

Fig. 8, ——- Section transversale faite à travers l'ovaire triloculaire, et 
ici pentagone (grossie). Les ovules y sont soudés aux placentas centraux. 


La caractéristique du genre MVidularium, telle que Lemaire l’a 
donnée, a été formée d’après le A. fulgens Lem., espèce si voisine par 
le facies du N. Meyendorffii, que Lemaire a exprimé, dans l’Illustration 
horticole, l’idée que les deux espèces doivent étre réunies; mais une 
étude plus approfondie de la fleur et de l’inflorescence, bien loin de 
justifier cette opinion, a fait voir que ces deux espèces précisément 
doivent être regardées comme les types de deux sous-divisions du genre 
Nidularium, qui doit pourtant rester un genre naturel, le facies étant 
le même dans les deux divisions. 

Nous passerons maintenant à une caractéristique plus étendue du 
genre et à l’énumération des espèces. Des observations plus exactes 
de la fleur réuniront peut-être dans la suite beaucoup d’espèces à 
ce genre. 

Genre NipuLariuM, LEMAIRE. 

Leuxre, Jardin Fleur. 1V, Misc. p. 60, et pl. 411. 


Perigonii superi laciniæ exteriores basi | Périgone supére, divisions extérieures 


laciniæ interiores v. in tubum omnino le sommet; divisions intérieures, tantôt 
connatæ et apice lantum liberæ, erecto- | tout à fait soudées en tube et libres 
cucullatæ, — v. basi tantum cum stami- | Seulement au sommet, dressées et cu- 
nibus in tubum connatæ, medio liberæ | Cullées, — tantôt soudées à la base avec 
in tubum convolutæ et apice liberæ erecto- les étamines en un tube, libres dès le 
patentes. Filamenta usque sub apicem milieu, mais assemblées en tube, et ne 
petalis internis adnata, apice libera; s'évasant, en restant un peu dressées, 
antheris linearibus apice acutis, basi | que tout au sommet. Filets adnés aux 
emarginatis dorso affixis. Stigmata spira- | pétales internes jusqu'en dessons du 
liter convoluta. Ovarium omnino infe- sommet, libres au sommet; anthères li- 
rum , triloculare, trigonum v. compres- néaires, aigües à l'extrémité, émarginées 
sum, v. compresso-5-gonum. Ovula nume- | à la base, attachées par le dos. Stigma- 
rosissima placentis duobus angulo cen- tes roulés en spirale. Ovaire tout à fait 
trali affixis adhærentia. infère, triloculaire, tantôt trigoneet com- 


primé, tantôt comprimé-pentagone. Ovu- 
les très-nombreux, adhérents à deux 
placentas fixés à l’angle central. 


— 244 — 


Herbæ acaules, rhizomate perenni pro- 
lifero, foliis radicalibus basi vaginanti- 
bus coriaceis ligulatis margine spmuloso- 
serratulis. Scapus nullus. Flores in 
spicam capituliformem inter folia brac- 
teæformia plerumque colorata immersam 
congesti, singuli basi bractea membrana- 
cea suffulti. 


Laciniæ perianthii interiores basi tan- 
tum cum staminibus exterioribus in tu- 
bum connatæ. Bracteæ unifloræ. 


4 — Nioucarium Mevenporrrit Rgl. 


Herbes sans tige, à rhizôme vivace 
rolifère, feuilles radicales engaïînantes 
à leur base, coriaces, ligulées, garnies 
sur leur bord de petites dents en scieun 
peu épineuses, Hampe nulle. Fleurs 
assemblées en un épi capituliforme plongé 
au milieu de feuilles bractéiformes en 
général colorées ; une bractée membra- 
neuse à la base de chaque feuille. 


Divisions internes du périanthe sou- 
dées à leur base seulement en un tube 
avec les étamines extérieures. Braclées 
uniflores. 


Billbergia Meyendorffii Rgl. Bot. Zeit. 1857, p. 715. Grifl. 1858, 
p. 98. Ind. sem. horti Petrop. 1857, p. 27. 
Bromelia Carolinæ Beer. Fam. der Brom. p. 29. Grtfl. tab. 211. 


Nidularium splendens Hort. (1) 


2, NiDULARIUM CRUENTUM. 


Billbergia cruenta Hook. Bot. Mag. tab. 2892. 
Bromelia cruenta Graham. Edinb. Phil. Journ. Beer. I. e. p. 51. 


Laciniæ perianthii interiores in tu- 
bum connatæ et apice tantum liberæ. 
Bracteæ plurifloræ, flores singuli brac- 
teolis suffulti. 


Divisions internes du périanthe sou- 
dées en tube et libres seulement au 
sommet. Bractées pluriflores ; fleurs abri- 


tées chacune à la base par une bractéole. 


(1) C’est cette espèce que nous avons vue précédemment figurer, comme Bromelia 
Carolinæ, dans les Études sur les Broméliacées, du professeur Koch; le Nidularium 
cruentum y est également appelé Bromelia cruenta. Nous ferons ici observer que M. le 
Dr Regel ne parle pas du mode de floraison, qui, suivant Koch, distingue les Bromelia 
des Vidularium, suivant qu’il est centripète ou centrifuge. C’est pourtant là un carac- 
tère assez important, et bien plus propre, à caractériser un genre que la plus ou 
moins profonde découpure des lobes d’une corolle, base de la coupe établie par Regel. 
Nous sommes donc tentés de croire que l’on doit, comme MM. Beer et Koch, restrein- 
dre le genre Nidularium au N, fulgens et aux espèces voisines ; et nous pensons que 
toute la répugnance que l’on peut avoir à en écarter le N. Meyendorffii (vel Bromelia 
Carolinæ), doit être attribuée à ce que le genre Bromelia de Beer (Kuratas, de Plu- 
mier) est réellement un genre mal défini et mal limité, dont bon nombre d’espèces, 
après uneétude approfondie de la fleur, pourront bien se trouver tellement voisines 
du Br. Carolinæ, que personne ne pourra plus penser à les en séparer, landis que la 
tendance à les réunir aux Vidularium genuins s’affaiblira d'autant. Nous croyons enfin, 
d’accord en cela avec M. Regel, que la science réclame un bon travail sur tous ces 
genres, afin que chacun d’entre eux se trouve établi avec des caractères bien tran- 
chés, qui coupent court une bonne fois à ce déluge de noms et d’opinions diverses. 

A. de B. 


— 9245 — 
5. NinuLartum FULGENS, Lem. Jard. Fleur. IV, mise. p. 60 et tab. 411. 
M Beer, LC. p. 74. 
4. NipuLarium SCHEREMETIEWI Rgl., Gartenfl. 1858, tab. 224, p. 137. 
Index sem horti Petrop. 1857, p. 28. 


5. Nipuzarium PuRPuREUM Beer, L. cit. p. 75. 


Id. Regel. Znd. sem. hort. Petrop. 1857, p. 28. Gartenfl. 1858, 
p. 158. 


6. NinuLariuu piscocor Beer, L. cit. p. 74. 


Id. C. Koch, Wochenschr. f. Gartn. u. Pf. 1859, p. 157 (traduit 
ci-dessus). 


SOCIÉTÉ LIBRE D'ÉMULATION DE LIÉGE. 


Question mise au Concours dans la séance publique du 6 juin 1860. 


La société d’émulation, fondée à Liége en 1779 pour l’encouragement 
des lettres, des sciences et des arts, vient de mettre au concours la ques- 
tion suivante. Elle se recommande d’elle-même et tout le monde appré- 
ciera l’intérêt et l’utilité pour les administrations communales, d’un 
guide-manuel pour les plantations des promenades publiques. 


Quelles sont les essences d'arbres qu’il convient d'adopter de préfé- 
rence pour les plantations dans l’enceinie des grandes villes en 
Belgique ? 


Prix fondé par la Société : Une médaille de la valeur de 300 frs. 


La réponse doit comprendre : 4° L'histoire naturelle de ces arbres dans 
ses rapports avec notre pays. Description. Origine. Histoire. Croissance. 
Développement. Durée. Rusticité. Phénomènes périodiques. Produits 
utiles. 2° La description de leurs maladies et les remèdes qui ont été 
proposés pour les combattre. Insectes. Cryptogames. Sol. Poussières. 
Fumées. 3° Précis sur la plantation et la culture appropriées aux grandes 
villes. Forme générale. Effet pittoresque. Rapports avec la largeur des 
rues et la hauteur des constructions. Distance entre les pieds. Hauteur du 
tronc, Préparation du terrain. Drainage. Avantages et inconvénients de 
chaque essence. Ses rapports avec l'hygiène. Transplantation des vieux 
arbres. Pépinières communales. 


— 246 — 


Les Mémoires qui seront soumis au Concours devront être adressés, 


franc de port, au Secrétaire-Général de la Société, avant le 31 déeembre 
4861, terme de rigueur. Ils porteront une épigraphe ou devise répétée 
dans un billet qui indiquera le nom et l’adresse de l’auteur. Ce billet ne 
sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aurait été jugé digne d’un prix 


ou d’une mention honorable, sinon il sera brülé publiquement séance : 


tenante. Les concurrents qui se feraient connaître à l’avance seront exclus 
du Concours. 
La Société ne rendra aucun des manuscrits qui lui seront adressés ; 


toutefois les auteurs auront la faculté de faire prendre des copies sans. 


déplacement. 
Le Secrétaire-Général , 
U. CAPITAINE. 


FLORICULTURE DU SALON. 


SUR LA CULTURE DU CATFÉIER ET DU THÉ DANS L'INTÉRIEUR 
DES APPARTEMENTS, 


Par le D' Rece, directeur du Jardin botanique de St. Pétersbourg ). 
TRADUIT DE L'ALLEMAND PAR A. DE BORRE. 


Le Caféier (Coffea arabica L.) est une des plantes qu’on peut parvenir, 
à l’aide d’une culture persévérante, à faire prospérer dans les apparte- 
ments. Nous avons déjà plusieurs fois mentionné des plantes qui ne 
portent que très-rarement des fleurs et des fruits dans les serres, et que 
nous avons vues en différents endroits, réussissant à merveille dans 
l’intérieur des maisons, et s'y couvrant de fleurs et de fruits en abon- 
dance. Depuis lors, j'ai pris un petit plant de Caféier dans ma propre 
chambre, où je le cultive depuis deux ans. Le pot où il était placé, étant 
assez grand, je n’ai pas eu besoin de le transplanter pendant ces deux 
années. La terre était une terre de gazon arzileuse sans aucune addition. 
La plante montra bientôt une croissance tellement luxuriante, que je dus 
l'enlever de la croisée et l’établir sur une petite console devant la fenêtre, 
en ayant soin de la retourner de temps en temps pour favoriser son 
développement dans tous les sens. Les feuilles de cette plante cultivée 
dans la chambre sont d’un vert-noirätre brillant, et presque deux fois 
aussi grandes que celles des exemplaires cultivés dans les serres. Comme 


(1) Gartenflora, janvier 1860, pages 14 et 15. 


1 
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— 947 — 


le Caféier gagne beaucoup en hauteur dans cette croissance vigoureuse, 
il fallut pincer au-dessus d’une paire de feuilles tous les rameaux supé- 
rieurs, afin de restreindre l’accroissement en hauteur et de déterminer 
une plus grande croissance par rameaux latéraux. Le pot étant assez 
grand, et la terre n’étant point légère, la plante ne reçoit d’arrosement 
qu’une fois tous les quatre à six jours tout au plus pour l'ordinaire, 
bien que l’air de la pièce soit sec. Le Caféier, qui est du reste un arbuste 
des plus intéressants, se recommande aux amateurs de la culture des 
salons par un beau feuillage toujours vert, et il donnera beaucoup de 
satisfaction à celui qui s’attachera à en prendre soin. Mais, pour cette 
culture, il faut choisir des exemplaires encore jeunes et petits, car les 
Caféiers un peu grands, élevés dans la serre, sont communément déjà 
chauves à la partie inférieure, et il est très-difficile d’y faire repousser 
le feuillage. On y arrive à la vérité toujours bien par le pincement des 
rameaux supérieurs, mais, alors même qu’on le répète souvent, le 
résultat est lent à obtenir. Dans les appartements, le Caféier finit par 
porter des fruits brun-rougeâtre, dont les graines germent très-facile- 
ment et donnent les plus belles plantes. Le Caféier cultivé dans la 
chambre a aussi l’avantage de ne souffrir presque pas des insectes, tandis 
que dans les serres il est exposé aux ravages d’une espèce de puceron 
laineux. 

L’Arbre à thé (Thea viridis L. et T. Bohea L.) est, comme le Caféier, 
une plante d'un intérêt universel, et qui se prête tout aussi facilement à 
la culture dans les appartements. Il est vrai de dire que ses feuilles n’y 
sont pas aussi grandes que celles qu’il développe dans les serres sous 
l'influence d’une atmosphère chaude et humide; mais, par contre, il s’y 
couvre de fleurs beaucoup plus abondantes à partir de l’automne et à 
peu près pendant tout l’hiver. Les conditions requises pour sa culture 
dans l’intérieur des maisons, sont : un sol composé de deux parties de 
terre pesante et argileuse, et d’une partie de terre tourbeuse, et une 
eau exempte de chaux. 


JARDIN FRUITIER. 


FRAISE REMONTANTE ENFANT PRODIGUE, (Lomo), 
Figurée pl. XVI. 


Cette Fraise était müre, l’année dernière, le 25 du mois d'octobre; 
si celte date de maturité est constante, elle suffira pour rendre ce 
fruit tout à fait recommandable. Nous l’avons rencontrée à l’exposition 
d'automne de la Société des conférences horticoles de Liége, toute une 
corbeille en était pleine. Elle à été gagnée par M. Lorio, cultivateur à 
Hocheporte, près de Liége, bien connu de tous les amateurs par plu- 
sieurs semis aujourd’hui admis partout, et nommée par lui Enfant 
prodigue. Les fruits étaient gros, juteux et sucrés, ovoïdes, et d’un 
rouge clair. 

La fraise est le plus tendre et le plus savoureux des fruits du prin- 
temps. Les botanistes qui la rencontrent, fraiche et vermeille, pendant 
leurs rudes herborisations sur les coteaux arides ont pour elle une 
prédilection marquée : elle a, de plus, le bonheur de plaire aux per- 
sonnes du goût le plus distingué. Nous encourageons, à tous égards ce 
penchant naturel : la fraise est le remède à tous les maux, spécialement 
contre la goutte, cette railleuse infirmité des mortels humains qui 
n’épargna pas même Linné. Prenez donc des fraises, prenez en beau- 
coup. Grâce à M. Lorio, voici le moyen de se faire servir à la fin 
d'octobre de belles fraises, juteuses et appetissantes comme celles que 
l’on savourait au mois de juin. 

Nous nous attendons cependant à ce que quelques personnes accueillent 
cette nouveauté avec un sourire d’incrédulité. De peur qu’il ne soit 
justifié, même une fois seulement, nous nous empressons de reconnaitre 
que l’on doit être un peu en garde contre l’appétissante promesse de 
M. Lorio. Nous avons cueilli et gouté la Fraise Enfant prodigue à la fin 
du mois d'octobre 1859, mais l’extrême variabilité du Fraisier, et surtout 
l'influence que les conditions extérieures et la culture exercent sur lui, 
autorisent quelque défiance relativement à la fixité des fructifications 
automnales. Plusieurs fois déjà on a signalé des Fraisiers remontants, 
mais cette précieuse qualité disparaissait l’année suivante. 

Quoi qu’il en soit, les Fraises de Liége et celles de M. Lorio en par- 
ticulier, sont très-estimées partout; ce sont des races très-fertiles, 
robustes, grosses, et savoureuses: elles naissent autour de notre ville 
sur des coteaux très chauds, schisteux et noirs qui conviennent parfai- 
tement aux plants. 


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LE FRAISIER DE LA CALIFORNIE (FRAGARIA LUCIDA). 


On s’est ému depuis deux et trois ans de l’apparition d’un nouveau 
Fraisier d'Amérique, le Fraisier de la Californie, nommé par M”° Elisa 
Vilmorin Fragaria lucida. Il a été introduit par M. Boursier de la 
Rivière qui en a envoyé en 1856 des graines à M. Van Houtte : de là 
il a paru en Angleterre, en France, à Hambourg, ctc. 

Tout le monde s’accorde à considérer le Fr. lucida comme une plante 
intéressante et riche d’avenir : elle est très-rustique, ses fruits sont 
bien aromatisés, savoureux et doux; ils sont d’un beau rouge luisant et 
ils mürissent à une époque très tardive, quand presque toutes les autres 
fraises sont passées, à la fin de juillet. Mais comme toutes les autres fraises 
que l’on vient de transporter des bois dans les jardins, la culture doit mo- 
difier ces fruits, augmenter leur volume et leur sue: ils sont trop petits 
et trop secs pour lutter contre les belles variétés actuellement cultivées. 
Plusieurs années de séjour dans nos jardins, des semis et surtout des 
croisements en feront la souche de plusieurs races nouvelles et distinctes. 
On avaitattribué à cette espèce la faculté de porter régulièrement fruit 
deux fois par an, d’être bifère, ou remontante comme disent les jardi- 
niers, mais cette assertion a été ensuite démentie. 

Voici quelques mots de description: 

Le port de la plante est plat et bas, le feuillage restant touffu et appli- 
qué sur la terre. La feuille est coriace, épaisse, d’un vert foncé et lui- 
sant en-dessus, couverte d’un duvet blanc et laineux en-dessous. Le pé- 
doncule floral est très court et peu ramifié, généralement même uniflore ; 
la fleur est remarquablement grande. La chair de la fraise est d’un rouge 
rose; la saveur en est sucrée, sans acide et un peu vineuse. Les coulants 
sont d’un rouge intense. 

La fraise de Californie a été expérimentée, entre autres par M' Von 
Spreckelsen (1) à Hambourg, F. Gloede aux Sablons (2), M®° Elisa Vilmo- 
rin à Paris, W. J. Nicholson à Eglescleffe (5) etc. 


LES FRAISIERS DU JARDIN FRUITIER DU MUSEUM, 


Par M. J. DeEcaisne. 


M. Decaisne a commencé dans sa superbe publication Le Jardin frui- 
tier du Muséum, la série des Fraises et il a donné les renseignements 


(1) Hamburger Garten und Blumen Zeitung 1858, No 9. Journ de la soc. Imp, et cent. 
de Paris IV, 694. 

(2) Journ. de la Soc. Imp. et centr. t. IV. p. 740. 

(5) Idem. 1. V. 1859, p. 263. 


— 9250 — 


les plus précis sur les Fraisiers des bois (Fr. vesca Linn.), Écarlate de 
Virginie (Fr. Virginiana Cru.) d’Asa Gray (Fr. Grayana Decs\). 
Princesse royale, sir Harry et Keen’s seedling. Les trois premières sont 
des espèces au point de vue botanique, les dernières des variétés hor- 
ticoles. 


FRAISE DES BOIS. 


M. Decaisne résume de la manière la plus intéressante l’histoire de 
l’ancien Fraisier des Bons : 

« Il a fait les délices de nos ancêtres, et depuis 250 ans, rende dé 
lesquels nos cultures se sont successivement enrichies d’un nombre 
considérable d’espèces et de variétés appartenant presque toutes au 
continent américain, le Fraisier des Bois est encore resté supérieur à 
tous les autres par l’exquise délicatesse du parfum de son fruit. Cette 
perfection de saveur semble même augmenter avec l'élévation de sa 
station, soit sur les montagnes, soit en s’avançant vers le pôle. Jai 
observé que les Fraisiers venus de très-hautes montagnes ou des contrées 
les plus septentrionales de la Norwège conservent pendant quelques 
années encore dans nos jardins un parfum plus exallé et en même temps 
plus fin que celui du Fraisier de nos bois. 

« Pendant bien des siècles on a été prendre dans les bois le plant de 
Fraisier qu’on cultivait dans les jardins, et, maintenant qu’il y a été rem- 
placé par des variétés plus productives, il fournit encore presque exclu- 
sivement à l’approvisionnement des petites villes situées dans les mon- 
tagnes; la plupart de nos villes de province reçoivent des bois qui les 
environnent un surcroit assez considérable de cet excellent petit fruit. 

Dans l’Amérique du sud, où notre Fraisier des Bois est aussi indi- 
gène, il fournit les marchés de plusieurs grandes villes, telles que Quito, 
Santa-Fé de Bogota, etc. Dans l’Amérique du nord on le trouve aux 
environs de Saint-Louis du Missouri, à Boston, dans tout le Canada. 
Il existe dans plusieurs contrées de l'Asie ; et nos missionnaires l’ont 
trouvé particulièrement abondant dans les hautes montagnes du Thibet. 

Le Fraisier des Bois a produit quelques variétés que nous nommerons 
naturelles, par opposition à celles obtenues de semis faits par l’homme 
dans des vues d'amélioration ; la plus remarquable de ces variétés est 
celle qui est dépourvue de coulants; cette modification qui a dü se pré- 
senter plusieurs fois et en des lieux bien divers, a été trouvée et recueil- 
lie en 1748, par M. de Lamey de Fremen, dans un taillis des environs de 
Laval. Ce Fraisier, recherché pendant un demi-siècle pour faire des 
bordures, a perdu tout intérêt depuis la propagation du Fraisier des 
Alpes, sans coulants. 

Une variété sortie immédiatement du Fraisier des bois est encore cul- 
tivée dans quelques cantons des environs de Paris sous le nom de Fraise 
petite hative de Fontenay-aux-Roses; elle donne son produit cinq à six 
jours avant les variétés les plus hâtives, et cette petite avance suffit pour 
compenser la faiblesse et la courte durée de son produit. » 


= JUN == 


FRAISE KEENS’ SEEDLING. 


Fruit moyen, rond, un peu aplati, coloré d’un rouge sombre et vernissé du côté du 
soleil, un peu plus pâle de l’autre côté; graines jaunes ou rouges, peu nombreuses, 
enfoncées dans des fossettes assez profondes ; chair rose, pleine, légère juteuse, sans 
fibres ni mêche, dure; saveur fraîche et relevée; très sucrée. 


Ce Fraisier a été obtenu par Michael Keen, à Isleworth dans un semis 
de graines du Fr. Keens” Imperial. Cette plante, qui devait avoir un si 
grand et si durable succès, parut pour la première fois à l'exposition de 
Chiswick, le 3 juillet 1821; elle fut figurée et décrite dans le cinquième 
volume des Transactions de la société d’horticulture de Londres, p. 2614. 

Accueillie avec une grande faveur, elle fut rapidement propagée; 
toutefois il ne paraît pas qu'elle ait été connue en France avant l’année 
1824. Elle s’y répandit lentement d’abord ; puis des potagers des ama* 
teurs s’étendit aux jardins des maraichers, et, vers 1854, pénétra dans 
les cultures faites en plein champ pour lPapprovisionnement des grandes 
villes. Elle a été conservée aux environs de Paris, où les cultivateurs lui 
donnent le nom d’Anglaise ; mais la culture de deux variétés nées d’elle: 
la Princesse royale, et le Comte de Paris, (variétés beaucoup plus pro- 
ductives, mais d’une qualité bien inférieure à la sienne), tendent chaque 
jour à restreindre sa culture commerciale. 

Les amateurs, au contraire, et les personnes qui tiennent plus à la 
distinction d’un produit qu’à son abondance, la recherchent davantage 
depuis quelques années, soit pour la chauffer, soit pour la cultiver 
en pleine terre; on trouve avec raison que les précieuses qualités de 
la Fr. Keens’ Seedling compensent largement le seul défaut que nous 
lui connaissions , linégalité de grosseur de ses fruits, qui vont toujours 
en décroissant, sous ce rapport, depuis le premier jusqu’au septième, 
nombre que porte ordinairement chaque hampe. 

C’est de toutes les Fraises connues jusqu’à ce jour, celle dont la cul- 
ture forcée se fait le plus facilement et réussit le plus constamment. 


FRAISE PRINCESSE ROYALE. 


Fruit très-gros, ovale effilé, coloré d’un rouge très-vif; chair ferme, blanc rosé 
remplie d’un jus acide et peu savoureux ; mêche ligneuse au centre ; maturité très- 
précoce, 


Cette Fraise fut obtenue en 1846, à Meudon, par M. Pelvilain, qui 
la dédia à Madame la Duchesse d'Orléans. Elle naquit, ainsi que la 
Fraise Comte de Paris, dans un même semis de Keens’ Seedling, 
Fraisier obtenu vers 4820, des graines de Keens’ Impérial, qui l’avait 
été d’après le judicieux M° Barnet, des graines de Longe white 


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Carolina (notre Fraise de Bath), plante avec laquelle la Princesse 


royale a conservé plusieurs traits de ressemblance. 

La Fraise Princesse Royale est plus qu’une Fraise maraïchère; je la 
nommerai une Fraise agricole. Son apparition a opéré une sorte de 
révolution dans la culture des environs de Paris, où actuellement on ne 
peut évaluer à moins de 450 à 500 hectares l’étendue du terrain employé 
à sa culture en plein champ. Elle y prospère dans des terres de nature et 
d'exposition très-diverses, et les cultivateurs ont remarqué que la cul- 
ture des Fraisiers est une excellente préparation pour celle du Blé, ce 


que les famures et les sarclages qu’on leur donnent, expliquent très-bien. 


Les feuilles vertes, que nos paysans coupent après la récolte des Fraises 
et qu’ils donnent à leurs vaches, sont une ressource assez précieuse à 
cette époque de l’année, où la sécheresse prive souvent de fourrage les 
petits cultivateurs. Les feuilles sèches et les coulants sont encore em- 
ployés par eux pour en fournir et alléger les terres trop fortes. 

Si la Princesse royale était plus savoureuse, plus sucrée, qu’elle n’eut 
pas sa méche ligneuse qui en fait un fruit grossier, aucune Fraise ne 
l’égalerait, car elle joint à une grande beauté toutes les qualités qui peu- 
vent être requises d’un fruit destiné à être cultivé sur une grande 
échelle. La plante est très-rustique, dure longtemps et se multiplie faei- 
lement. Elle donne dès la première année de sa plantation, et est très- 
fertile; son fruit est précoce, lourd, il supporte bien le transport. Tous 
les fruits mürissent à peu près en même temps, ce qui permet de les 
cueillir en trois fois. Ils ont la faculté de pouvoir rester mürs dans le 
champ cinq ou six jours avant d’être cuecillis sans sècher ni devenir 
amers. Ils ont aussi celle de rougir en une nuit, s’ils sont cueillis peu avant 
leur maturité, et confinés, comme disent nos cultivateurs, dans des 
paniers exactement recouverts de feuilles fraiches de Châtaigner; ce qui, 
du reste , donne aux Parisiens, ces détestables Fraises « rouges pour la 
halle, » qu’ils ont en primeur. 

La culture de la Princesse royale donne lieu à une assez jolie petite 
industrie, celle de la parure. Quelques cultivateurs, ayant des terres 
à mi-côte, bien saines et bien exposées, cultivent, très-espacés, de jeunes 
pieds de ce Fraisier, auxquels ils ne laissent que deux hampes et à 
chacune d’elles deux ou trois fruits, qui deviennent énormes, et qu'ils 
vendent à leurs voisins pour parer le dessus de leurs paniers, ou à de 
grands fruitiers de Paris pour orner leurs étalages. A l’époque où les 
Fraises ne se vendent plus que 20 francs les 50 kilogrammes , la parure 
vaut encore 50 ou 60 franes. Mais, comme cette culture est plus hasar- 
deuse et demande plus de soins que celle qu’on fait ordinairement 
en plein champ, il n’y a que les très-habiles cultivateurs qui l’entre- 
prennent. 

Le bas prix des Fraises Princesse royale a fait pénétrer leur usage 
jusque dans les classes les moins aisées de la population de Paris, 


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ce qui, à l’époque des grandes chaleurs , est un véritable bienfait pour 
elles, la Fraise étant, selon l’expression du docteur Bretonneau, le 
meilleur antidote de la charcuterie, qui entre pour une si grande 
proportion dans l’alimentation des ouvriers des villes. 

Si l’on réfléchit que tous les pieds des Fraisiers Princesse royale 
(qui existent dans les 690 hectares environ qui en France sont employés 
à sa culture) proviennent de la plante unique obtenue en 1846 par 
M. Pelvilain, on ne s’étonnera pas du léger affaiblissement que nos 
paysans remarquent dans une plante qui en douze ans a dü se per- 
pétuer au moins 160 millions de fois par séparation. Jusqu'ici les semis 
de la Princesse royale n’ont rien produit qui l’égalât : la Fraise 
Reine Marie-Amelie seule a quelque mérite. 

Presque toutes les Fraises qui viennent pendant l’hiver approvi- 
sionner les glaciers et les marchands de comestibles de Paris, sont 
produites par ce Fraisier, forcé en serre chaude d’abord, puis en serre 
tempérée pendant les mois de janvier et de février, enfin sous châssis, 
en quantités immenses, pendant les mois de mars et d'avril; et, pour 
cet usage surtout, la Fraise Princesse royale l’emporte sur toutes les 
Fraises connues jusqu'ici. 


FRAISE SIR HARRY. 


Fruit gros, rond, souvent creux, rouge brun; graines brunes ; chair légère ; saveur 
exquise, très-sucrée. 


Cette Fraise a été obtenue, vers 1855, à Edgbaston, près Birmingham, 
par M. Richard Underhill, dans un semis de graines de Keens’ Seedling, 
fécondé par la Fraise British queen. Elle fut accueillie en Angleterre 
avec une sorte d'enthousiasme et très bien caractérisée par ces mots : 
« highly improved Keens’ Seedling. » Le climat de l’Angleterre doit 
parfaitement convenir à son développement, mais aux environs de Paris 
elle nous a semblé supporter difficilement notre température. Presque 
tous ses fruits, si on n’a le soin d’arroser souvent, se fanent avant 
l’époque de leur complète maturité. 

La nécessité de regarnir les planches de ce Fraisier, dont les pieds 
sont si promptement épuisés par leur étonnante fertilité, les ouvrages 
continuels qu’il réclame pour amener à bien tous ses fruits, demandent 
trop de soins pour que sa culture ne doive pas rester bornée aux 
jardins des amateurs. 

Le Fraisier Sir Harry est très-précoce et se force bien. 


— 954 — 


FRAISE ÉCARLATE DE VIRGINIE (Fragaria Virginiana Enru.) 


Fruit petit, rond, coloré d'un rouge très-vif et uniforme sur toute sa surface; 
graines petites jaunes, profondement enfoncées ; chair pleine, légère, très-boursoufflée 
autour des graines ; saveur fraiche, très fine, un peu acide, mais sucrée. 


Plante très-fertile, précoce, rustique, résistant bien à l'hiver; les 
touffes vivent jusqu’à dix ou douze ans, mais elles sont beaucoup plus 
productives lorsqu'elles sont replantées tous les deux ans. L’Écarlate pré- 
fère un terrain un peu humide et ombragé, cependant elle supporte 
passablement le soleil et la sécheresse. 

Bien qu’on n’ait aucun détail sur l’introduction des Fraisiers de l’A mé- 
rique en Europe, tout fait supposer que le Fragaria do est le 
premier qui ait été importé et cultivé. 

On trouve, dans le Manuel abregé des plantes de Jean et Vespasien 
Bauhin, botanistes de Louis XIII, ouvrage imprimé à Paris en 1624, un 
Fraisier d'Amérique qui ne peut être rapporté qu’à celui-ci. Parkinson 
en parle dans son Paradis terrestre, imprimé en 1629. Il existe une 
bonne figure gravée des fleurs et des fruits de ce Fraisier dans la Pomone 
de Langley, imprimée à Londres en 1729. Miller le décrit dans les 
éditions successives de son Dictionnaire des Jardiniers. 


FRAISE D’ASA GRAY (Fragaria Grayana.) 


Fruit remarquable par un étranglement nommé cou, par la teinte rouge vif trans- 
parente de sa peau, et par une saveur toute particulière, qui a quelque chose de 
sauvage et de fort; graines peu nombreuses, jaunes du côté de l’ombre, rouges du 
côté du soleil, très-enfoncées et comme de travers dans des logettes profondes. 


Plante très-vigoureuse , ayant l'aspect du Fragaria elatior ; les jeunes 
hampes sont comme veloutées ; elles se développent bien, nourrissent 
assez également tous leurs fruits qui mürissent peu de jours après ceux 
de l’Écarlate. 

Cette espèce, que je considère comme très-curieuse, nous a été envoyée 
comme étant le Fragaria Virginiana par l’illustre botaniste américain 
Asa Gray, qui l'avait trouvée en 1852 dans une contrée entièrement 
inculte (wild and savage) de l'extrémité ouest de l’État de New-York. 
Il n'appartient qu’à lui seul de lui imposer un nom spécifique, lorsqu'il 
sera persuadé, comme j'en ai la certitude, en recevant les échantillons 
de notre Fragaria Virginiana, que son Fraisier est différent de celui 


C0 


décrit sous ce nom par Morison, Parkinson, Miller, Ehrhart et notre 
admirable Duchesne. En attendant, nous le décrivons ici en lui donnant 
le nom de notre savant et infatigable ami. 

On peut rapporter à ce Fraisier, comme descendant de lui, la Fraise 
Belle d'Orléans, ou Alphonsine des environs de Paris, fruit dont l’appa- 
rition ne remonte qu’à quelques années, mais dont l’origine est fort 
obscure. 

(La suite à la prochaine livraison.) 


CULTURE MARAICHÈRE. 
REVUE DES LÉGUMES NOUVEAUX DE 1859, 
Par M. LE MARQUIS DE S‘t. INNOCENT, 


President de la Société Autunoise d'horticulture. 


Céleri rouge gigantesque de Baillie, bonne nouveauté. 

Pois couleur de cire, excellente variété très tardive à petits grains ayant 
la couleur de la cire jaune. 

Chou cabus blanc, petit hâtif le plus dur et le plus fin, saveur du 
chou-fleur. 

Chou très hâtif de Wursing, espèce précieuse, section des Milans, 
pommant de très bonne heure, au premier printemps, longtemps avant 
les autres, forme du Chou pain de sucre. 

Chou cabus Joanet ou Nantais, petit, hâtif, très fin. 

Chou-fleur d’Erfurth très nain, le plus hâtif, pomme magnifique très 
blanche, grain dur serré, très recommandé. 

Chou-fleur de St. Lambert, donné comme supérieur à tous les Choux- 
fleurs connus jusqu’à ce jour, pomme en septembre et octobre. 

Chou-fleur Stadtholder, variété tardive d’un grand mérite. 

Carotte très courte en terre, variété exquise, surtout recherchée pour 
la culture d’été, le collet ne verdit pas comme dans la variété courte de 
Hollande. 

Concombre vert très petit et très hâtif pour cornichons. 

Haricot Predome ou ami des Cuisiniers, excellente variété. La cosse 
reste tendre jusqu’à la maturité. 

Haricot Princesse, cosse très garnie disposée par trochets, très hâtif et 
très productif, mange-tout par excellence. 

Haricot nain de Soissons, même qualité que l’espèce à rame. 


— 9256 — 


Laitue Chicon Asperge ; au lieu d’une pomme, il s'élève du centré une 
tige charnue, délicate, qui se mange en guise d’asperge. 

Laitue verte royale, nouvelle variété montant très difficilement, pré- 
cieuse pour la culture d'été; elle est de plus rustiqué et passe l’hiver à 
l'air libre sans abri. 

Melon pomme de Brahma, fruit à forme d’une pomme, velu, à ban- 
delettes rouge vif, répandant une odeur suave. 

Melon petit des Carmes, grimpant et ramant, chair rouge très sucrée, 
d’un parfum exquis, à écorce très mince. 

Poirée nouvelle à côtes monstrueuses. 

Courge messinoise, chair orangé ferme, très sucrée. 

Pois à demi-rame Normand, variété du Normand ordinaire, moins 
haut, plus fertile, résiste aux plus grandes sècheresses, qualité exquise, 
plus sucré que le pois vert de Knigt. 


Pois ridé Champion d'Angleterre. Variété du Pois ridé le plus 
Le — Eugénie. sucré, le plus productif et moins. 
ce Ta Cloire: haut; variété recommandable. 


Pois Excelsior Marron Pea. Cette nouvelle variété surpasse tous les Pois 
ridés, son produit est énorme, d’un goût fin, à grain vert, sucré jusqu’à 
parfaite maturité. 

Salsifis noir amélioré; contrairement à l’espèce ordinaire, ce Scorso- 
nère ne donne la première année de semis aucune tige à fleurs, de sorte 
que la racine gagne considérablement en grosseur et en qualité; elle est 
alors plus tendre et moins sèche qu’une ramée ayant déjà fleuri et fruc- 
tifié; c’est une acquisition de premier mérite. 


iropaeolum majus Lin var Tom Pouce Hou. 2 Nigella Hispanica Linn. 3.N°Hispanica lvar FL alb.. 4 Dianthus 
Verschaffelli Houul. 5 Jpomoæa limbala va clegantsuma 6. Clarkia pulchella, var miegupetala 7 Dianthus 
Meddew e 6 ver fl D Chrys anth éme Fompone MORE IUAN Pomp one, Jeanne Amelie 10 Chrys 


Pormpons , Chrishiania 


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— 957 — 


HORTICULTURE. 


BOUQUET DES FLEURS ANNUELLES LES PLUS JOLIES ET LES 
PLUS NOUVELLES. 


Une exposition est un jour de fête pour les fleurs : elles y arrivent 
belles, parées, comme des jeunes filles pour un bal : celui qui les cultive 
les soigne et fait leur toilette avant une floralie comme une mère habille 
sa fille avant de la conduire dans un salon où l’on danse : tous deux y 
mettent les mêmes soins, la même attention minutieuse. Fleurs et jeunes 
filles, ce jour-là vous vous regardez, vous vous toisez et vous cherchez 
par les mille séductions qui vous sont propres, à vous éclipser les unes 
les autres. 

Il ne suffit pas de paraître, il faut briller : il faut attirer les regards ct 
surtout les retenir. 

Le public est à en. foule, qui voit tout et parle de tout : des qualités 
un peu et des défauts surtout. 

Mais parmi tout ce monde il en est bien peu qui peuvent choisir et 
satisfaire le désir de posséder la fleur qui plait. 

Il arrive souvent à ceux qui parcourent une exposition, qu’ils admirent 
en soupirant, les belles fleurs qui les séduisent. 

Entrainés verselles, ils voudraient les posséder, mais vient la réflexion, 
qui fait voir les difficultés ou l'impossibilité de réaliser ce désir. 

Tout le mondg ne possède pas une serre, une serre chaude surtout, où 
l’on pourrait entourer ces belles fleurs des tropiques, enfants gâtés de la 
nature, des conditions indispensables à leur splendide végétation. Venues 
de ces heureuses contrées où la richesse est partout, dans la lumière, 
dans l'air et dans le sol, elles ne sauraient en être privées, et celui qui 
le tenterait les verrait bientôt se pencher et se flétrir. Sous notre ciel bru- 
meux, ces fleurs séduisantes ne peuvent appartenir qu'aux riches : elles 
ont certaines exigences par droit de naissance : les fleurs non plus ne 
vivent pas que de l’amour qu’on leur donne. 

J1 ÿ a donc de jolies fleurs que l’on aime mais dont on doit se priver. 

Mais si tout le monde n’a pas une serre, qui n’a pas un Jardin ? 
la nature n’a pas tellement déshérité notre climat qu’elle ne lui ait 
donné de quoi l’embellir. 

Voyez le bouquet que nous vous offrons; il n’est certes pas sans mérite 
et, si vous le voulez, dés l’année prochaine vous pourrez le eueillir et le 
faire plus varié et plus nombreux encore. 

Les plantes annuelles ont repris une certaine faveur depuis quelques 
temps. Le champ de l’horticulteur est si vaste, que l’on s’y perd quelque- 
fois et que l’on oublie des promenades charmantes : mais si l’on s’y re- 
trouve par hasard, on en profite et l’on revient. 

BELG. HORT. TOME X. LE 


27008 2e 


C’est ce qui est arrivé pour les plantesannuelles : on est un peu fatigué 
des corbeilles de Géraniums, de Verveines, de Calcéolaires, de Pétunias : 
c’est beau, mais c’est un peu monotone et lejardinier est changeant de sa 
nature ; sans cela il ne serait pas jardinier. 

On s’est donc aperçu qu’on avait un peu trop négligé cette vaste caté- 
gorie de plantes qui dans le court espace d’une seule saison naissent, 
grandissent, donnent leurs fleurs et leurs fruits et meurent dès qu’elles ne 
peuvent plus rien donner. 

Les autres donnent en plus des soucis, des tracasseries; il faut les em- 
poter, les bouturer, les rentrer, les chauffer, les arroser et bien d’autres 
choses encore : puis si cette histoire vous ennuie, on peut la recommen- 
cer. 

Les plantes annuelles ont pour elles l'attrait de la nouveauté, de la 
diversité et du nombre: elles sont d’une nature facile et accomodante: 
elles se dépéchent de faire ce que l’on demande, plaire et embellir, donner 
une ample moisson de fleurs. 

Elles sont si nombreuses qu’il en est pour toutes les exigences, de toute 
couleur et de toute hauteur : les unes ont deux mètres et plus comme des 
Scabieuses, des Helianthus; les autres quelques centimètres seulement 
et forment gazon. 

Il est vrai que l’art a dû s’occuper d’elles pour en faire ce qu’elles sont: 
on en a beaucoup introduit de nouvelles, de plus on les a améliorées et 
perfectionnées par les semis, par la sélection, par les croisements et les 
hybridations. Dans le midi de la France, à Erfurt et en Angleterre sur- 
tout on a fait récemment d'excellentes acquisitions. MM. Carter et C°, hor- 
siculteurs et grainetiers à Holborn, se sont, entre autres, fait une remar- 
quable spécialité de plantes annuelles et ils ont obtenu les plus heureux 
tuccès, 

Convenablement cultivées et surtout semées à des époques différentes, 
les plantes annuelles rendent les plus grands services : elles remplissent 
les vides, donnent une succession non interrompue de fleurs, depuis le 
commencement de l’été jusqu’à l'automne; jetées, les plus petites en avant 
des parterres, les plus grandes près des massifs d’arbres, elles embellissent 
singulièrement un jardin. Les soins qu’on doit leur donner, c’est-à-dire 
leur ensemencement, leur repiquage et la récolte des graines, sont les 
plus agréables distractions de la campagne ou d’un petit jardin de 
ville. Ces soins ne sont pas difficiles, mais pour être recompensés, ils 
doivent être délicats et judicieux : il faut savoir surtout bien récolter 
et conserver les graines. Le reste est peu de chose. 

Nous avons à maintes reprises et récemment encore donné des ren- 
seignements précis et pratiques sur la culture des plantes annuelles (1), 
Nous n’avons done pas à y revenir, d'autant plus, d’une part qu’elle est 


(1) Voir Belg. hort. tome X, p. 72 (livr. de Décembre 1859). 


— 259 — 


facile, d’autre part qu’elle est enseignée partout, dans tous les manuels 
élémentaires de jardinage, que nous supposons nécessairement entre les 
mains de la plupart de nos lecteurs. Puisque nous parlons culture, 
nous saisirons cette occasion pour répondre à certaines exigences qui se 
manifestent quelquefois. On se plaint de ce que la description, l’histoire 
et l’origine des plantes nouvelles, n’est pas toujours accompagnée de tous 
les détails qui concernent leur culture. Ce reproche, nous l’avons entendu 
faire à notre Recueil, et à d’autres encore. Dans bien des cas, il n’est pas 
fondé : nous n’avons pas eu de peine à le démontrer. Si l’on veut se don- 
ner la peine de lire attentivement les articles consacrés aux plantes 
figurées, on trouvera presque toujours les principes qui doivent guider 
l'amateur dans la culture de ces espèces. On ne peut exiger que 
chaque fois, à propos de chaque espèce, on reproduise les mêmes détails, 
déjà répétés antérieurement. De plus, le premier livre venu, le Bon 
Jardinier par exemple, donne à ceux qui commencent et qui doivent 
s’instruire,les meilleures indications. Quant aux quelques lignes que l’on 
trouve quelquefois sous la rubrique cuzrure, les vrais amateurs, les pra- 
ticiens, savent à quoi s’en tenir en général: mieux vaudrait souvent ne 
rien dire. Quand nous nous taisons, c’est ou bien que la chose ne vaut 
pas la peine d’être dite, ou bien qu’on ne Île sait pas. Au surplus nous 
prions le lecteur de bien vouloir se conformer à la note reproduite sur 
la couverture (Petite correspondance). 

Le traitement des plantes annuelles est, disons-nous, simple et facile. 
Cependant on les traite souvent un peu trop cavalièrement; voici ce qui 
se passe quelquefois: dans un sol bien préparé, meuble et ratissé, on fait 
avec le doigt un rond de quelques décimètres dediamètre ; on répand la 
graine dans cette rainure ; on recouvre de terre que l’on affermit avec la 
main ; puis on arrose et tout est dit. Ce procédé est bien primitif. 

Le secret pour avoir de bonnes plantes annuelles et en tirer tout le 
parti possible peut se résumer eu un seul mot: t! convient de les traiter 
individuellement, en d’autres termes de cultiver chaque plante: elles 
prennent en général assez de développement pour que la chose en vaille 
la peine. Cependant si l’on en veut former des corbeilles entières, on peut 
dans certains cas, semer à la volée, mais on sait que ces corbeilles sont 
en général d’un triste effet avant et après la floraison; le mieux est donc 
d'associer les annuelles avec les végétaux vivaces ou de serre froide. On 
les sèmera en place ou sur couche, à lafin de l’hiver ou au printemps, 
avec ou sans terreau, suivant les espèces, Les conditions dans lesquelles on 
se trouve ou ses exigences particulières; sur ces sortes de choses il est 
impossible de rien dire de général. 

Il faut bien le reconnaitre, le côté délicat de la culture des plantes an- 
nuelles est la récolte des graines; elle réclame de la vigilance et de la 
sagacité; il faut savoirles choisir, saisir le moment convenable, les laisser 
sécher et les nettoyer, les conserver pendant l'hiver et tout cela ne se 


— 260 — 


fait pas de soi-même. Les plantes que nous avons figurées et que nous si- 
gnalons ainsi spécialement à l’attention de nos lecteurs, sont de simples 
spécimens des meilleures nouveautés; ce sont peut-être celles donton a le 
plus parlé, mais il en est une foule d’autres qui commencent à se répan- 
dre dans le commerce et qu’il sera facile de se procurer chez les graine- 
tiers de bonne foi. 

Nous les décrivons sommairement. 


CHRYSANTHÈMES POMPONS: JEANNE AMELIE, Mr TURNER ET CHRISTINE. 


(Chrysanthemum indicum, var.) 
(Planche , XVII-XVIIIL, figures 8, 9 et 10). 


Les Chrysanthèmes ont été depuis quelques années, spécialement en 
Angleterre, améliorés d’une manière fort remarquable. On ne recon- 
naïîtrait, ni ne regarderait même plus les anciennes fleurs à pétales irré- 
guliers et déjetés: les fleurs sont actuellement bien faites, pleines et 
les coloris très-variés: cette dernière qualité peut toutefois être encore 
perfectionnée ; les teintes sont encore un peu ternes; on doit tächer de 
les rendre plus franches et plus vives. Par les semis et les croisements 
les horticulteurs anglais ont formé deux races de Chrysanthèmes; les 
uns à grandes fleurs, rappelant les Reines-Marguerites et les Dahlias; 
les autres à capitules plus mignons. Au nombre de ces derniers se trou- 
vent les Pompons, qui proviennent, croyons-nous, du Pyrethrum indi- 
cum. Le principal semeur et cultivateur de ces plantes est Mr Salter de 
Hammersmith. Parmi les meilleures variétés on recommande surtout : 
Elisa Coorte , Golden Cedo nulli, M° Fould, Me Miellez, Me Molière, 
Me Sentis, M° Dix, M" Astie, Salomon, Fanny, Emilie, Edith, Eva, 
Me Pepin, Miranda, Distinction et Musidora. 

Nous en avons figuré trois, qui par la perfection de leurs formes et 
la variété de leur coloris, permettent d'apprécier aisément les incontes- 
tables mérites de ces jolies fleurs qui ont encore, chacun le sait, celui de 
s'ouvrir à une époque où les floraisons sont le plus rares. | 

Jeanne À mélie (N° 8) est d’un rose carmin foncé, coloris qui est intermé- 
diaire entre celui de Salomon et de Riquiqui: elle est de bonne forme 
et florifère. 

M' Turner (N° 9) est du blanc le plus pur. 

Christine (N° 10): les fleurs qui se tiennent bien, sont jaune paille avec 
le bout de chaque pétale d’un beau rouge. 


CLARKIA A PETALES ENTIERS. 
Clarkia pulchella var. integripetala 
(Voyez Planche XVII-XVIIT, figure 6.) 


Les Clarkias sont une des annuelles les plus faciles à cultiver: floriféère 
et de belle apparence. La variété nouvelle est très-supérieure à l’ancienne 


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— 261 — 


plante, aujourd’hui répandue partout: elle a été obtenue par MM"* Carter 
de Holborn et se distingue par l’ampleur de ses pétales. Les fleurs sont 
le double de celles du type et beaucoup plus brillantes: c’est un beau pro- 
grès. On sait que MM" Carter ont antérieurement déjà, mis dans le 
commerce un Clarkia à fleurs bordées de blanc, le Clarkia pulchella 
marginata. Ces variétés se perpétuent bien de semis. 


OEILLETS DE M. HEDDEWIG. 


Dianthus chinensis, var. Heddewigit. 
(Planche XVII-XVIIL, fig. 7.) 


Nous avons signalé ces superbes fleurs dès leur première apparition : 
on sait que nous en sommes redevables aux jardiniers japonais : ceux-ci 
semblent n'avoir pas beaucoup à envier aux nôtres. Outre ces variétés, 
nous avons vu plusieurs Camellias d’origine japonaise : ils sont irrépro- 
chables sous tous les rapports. Quant aux œillets ils ont été introduits en 
Europe par M. Heddewig de St.-Pétersbourg et se sont bien vite répandus, 
malgré le prix élevé auquel on tenait forcément les graines, aussi long- 
temps qu’elles étaient d’uneextrême rareté. Elles commencent à diminuer 
un peu de valeur et nous espérons voir ces plantes figurer bientôt dans 
nos expositions de Belgique. Leur coloris présente les plus belles et les 
plus nombreuses variations ; on y trouve toutes les nuances et toutes les 
combinaisons de lécarlate, du cramoisi, du violet, du rose, du blanc 
et du brun. De plus leur culture est simple et facile; absolument la 
même que celle des anciens œillets de Chine, dont les nouvelles venues 
ne sont que des variétés. 

L’œillet du Japon, comme on pourrait le nommer, forme une plante 
touffue, rameuse, haute de quarante centimètres environ et couverte de 
fleurs énormes, panachées et marbrées. Celles-ci sont frangées sur le 
bord et ont en moyenne 6 à 7 centimètres de diamètre : elles sont fort 
nombreuses, revouvrent tout le feuillage et à quelque distance la plante 
n’est qu’une masse de couleurs. 

Le D. Chinensis Heddewigii et son proche allié le D. Chinensis 
laciniatus constituent d’admirables plantes de parterre et peuvent en 
outre se cultiver, soit en touffes isolées, soit en serre froide. 

Si on veut le faire fleurir en plein air, depuis le mois de juillet jusqu’en 
novembre, on sèmera en février, sur couches chaudes. On repique 
ies plantes en pots et on les livre à la pleine terre vers la fin de mai. 

Si l’on désire des pots pour la serre ou pour le salon et fleuris en 
avril et mai, alors on doit semer les graines au mois d’août ou au plus 
tard en septembre. Les jeunes plantes sont élevées dans un endroit sec 
et bien aéré, sous une température modérée: elles n’ont pas besoin de 
soins mais il faudra seulement leur donner le plus d’air et de lumière 
possible. 


— 9262 — 


L’œillet du Japon n’est pas difficile sur la nature du terrain: un sot 
riche et léger lui suffit, Cultivé en pot on doit lui donner un excellent 
compost. 

On peut le considérer comme bisannuel. Il se reproduit de graines et 
par les rejetons latéraux. Ceux-ci servent à propager les meilleures va- 
riétés. 


OEILLET DE VERSCHAFFELT. 


Dianihus arborea L. vAR. VERSCHAFFELTI. 
(Voyez planche XVII-XVIIL, figure 4.) 


Inflorescence charmante que l’on prendrait certainement pour un 
Bouquet-tout-fait. On le dit né du D. arborea de Linné et gagné par 
M' H. Herschbach, horticulteur à Cologne. Les tiges s'élèvent fermes 
et droites, à 15 ou 18 centimètres de hauteur. Les fleurs, dit M Lemaire 
qui les a décrites dans l’Jllustration horticole, sont aggrégées au nombre 
de huit ou dix, d’un beau blane, avec une ample macule d’un riche pour- 
pre cocciné et à gorge blanche. 

Il se cultive en pots ou en bordures, dans un sol meuble et terreauté. 
Multiplication faeile par la séparation ou le bouturage des rejetons. 

L'édition a été achetée par M' A. Verschaffelt de Gand. 


IPOMÉE LA PLUS ÉLÉGANTE. 


Ipomæa limbata, var. elegantissima. 
(Voy. PI. XVII-XVII, figure 5.) 


Qui ne les connaît ces Volubilis qui s’enlacent en élégants festons 
dans les tonnelles et les balcons, et dont les fleurs élégantes et délicates, 
s’ouvrent sous la rosée du matin : elles passent vite, mais elles se rem- 
placent plus vite encore. Celle dont nous parlons, est un enfant de 
M. Carter : elle est énorme, bleue, comme un ciel de Naples, avec une 
grande étoile de pourpre et une bordure blanche. C’est une variété du 
limbata. I lui faut donc la serre, mais on dit qu’à force de soins et dans 
une excellente exposition on parvient à la voir se bien développer en 
plein air. Dans ce but on sème de bonne heure, on emopte et on cultive 
sous châssis jusqu’à ce que la plante ait au moins un pied, puis on la met 
un peu en serre froide. Au commencement de juin on peut la livrer à 
Pair libre dans un compost et à la meilleure situation, c’est-à-dire 
contre un mur exposé au midi. Il sera bon de la protéger pendant les 
premiers temps contre l’action trop directe du soleil, puis on la laissera 
s’entrelacer autour d’un treillage. 


— 9263 — 


NIGELLES D’ESPAGNE A GRANDES FLEURS ET A FLEURS BLANCHES. . 


Nigella Hispanica var. grandiflora et flore albo. 


(Voyez PI. XVII-XVILL, fig. 2 et 3.) 


Encore une excellente acquisition dont l’horticulture est redevable à 
MM. Carter et C°, marchands-grainetiers à Londres, et qui a été recom- 
mandée par la Société royale. On connaît l’élégante finesse de cette 
plante, son beau feuillage et son port touffu : c’est une vieille plante, 
presque naturalisée. De ces deux nouvelles variétés, l’une a les fleurs 
bleu pourpre, énormes, presque le double de celles du type; l’autre les a 
d’un blanc pur et tout aussi grandes. Les Nigelles peuvent se semer en 
place et poussenttrès-rapidement,. 


CAPUCINE TOM POUCE. 
Tropæolum majus L. var. pygmæum. 


ET AUTRES VARIÉTÉS NAINES ET NOUVELLES. 
(Voyez. PI. XVII-XVII, fig. 4.) 


La Capucine est la fleur de la mansarde et de l’ouvrière. Pour Linné 
c’est la plante du guerrier; ses feuilles sont des boucliers et ses fleurs des 
casques : elle forme un petit trophée, Tropæolum. 

On la cultive souvent en parterres, ce qui est du meilleur effet dans 
les grandes campagnes. Pour cet usage, la nouvelle variété Tom Pouce 
(Yellow Tom Thumb des Anglais) est la plus recommandable. Elle reste 
naine et trapue et ne s’enroule pas autour des autres plantes. Elle se 
sème en place ou se laisse repiquer. 

La Capucine Tom Pouce est une remarquable variété du Tropæolum 
majus, introduit du Pérou en Europe en 1684. 

M. Louesse a publié dans l’un des derniers cahiers du journal de la 
société impériale et centrale d’horticulture la note suivante sur de nou- 
velles Capucines : 

« Le genre Tropæolum s’estenrichi depuis quelques années d’un certain 
nombre d'espèces ou variétés dont quelques unes sont du plus grand mé- 
rite; parmi ces dernières et comme plantes de pleine terre on peut men- 
tionner les T. Scheuerianum, Regelianum, minus, coccineum, ete. mais 
ces Capucines étant aujourd’hui cultivées dans beaucoup de jardins, il 
n’est pas nécessaire d’en parler ici. 

Comme plus nouvellesque les précédentes, nous avons recu d'Angleterre 
celte année même, trois variétés qui se recommandent autant par la 
petitesse de leur taille que par l'éclat de leurs fleurs, ce sont: 

1° Capucine naine de Schilling, à fleur jaune de chrôme, marquée 
d’une tache pourpre foncé sur chaque pétale; 


— 264 — 


2 Capucine cramoisie de Cattle, à fleur entièrement pourpre et sem- 
blable à celle d'Alger; 

3° Capucine Tom Thumb, à fleur rouge-vermillon, plus grande que la 
précédente. M' Carter, l’obtenteur de cette jolie variété, m’a assuré que, 
sous le climat de la Grande-Bretagne, elle prenait une teinte beaucoup 
plus vive que chez nous et qu’elle rivalisait pour la nuance avec le Pelar- 
gonium Tom-Pouce. 

Ces trois charmantes variétés nous ont produit des plantes remar- 
quables pour leur degré de pureté ; aucune n’a varié dans ses caractères, - 
ce qui témoigne hautement des soins avec lesquels les graines ontété 
récoltées. 

Les Capucines naines de Schilling, de Cattle et Tom-Thumb, sont très- 
convenables pour former des massifs et être cultivées en touffes. En Angle- 
terre, on s’en sert surtout pour la culture en pots; nous croyons que 
chez nous on fera bien de les cultiver de cette facon ; leur tige basse, 
ramifiée, ne s’élevant pas à plus de 20 ou 25 centimétres de hauteur, se 
préterait admirablement à ce genre de culture. Il vient un moment où 
les sujets sont tellement recouverts de fleurs, qu’on ne voit plus le vert 
des feuilles. 

La réunion de ces trois variétés pourra servir à former des groupes 
du plus gracieux effet, soit qu’on sépare les nuances, soit qu’on les 
réunisse. 

La culture de ces Capucines lilliputiennes n’exige pas plus de soins que 
celles de nos variétés ordinaires. On peut commencer à semer sous 
châssis, depuis la mi-mars jusqu’à l’époque où les pieds pourront être 
livrés à la pleine terre et mis en place, c’est-à-dire à la fin d'avril. 

Pour les semis sur couche, voici comment nous procédons : nous 
semons en rigoles sous châssis. Lorsque le plant est assez fort pour être 
replanté, nous mettons chaque pied dans un godet à melons rempli de 
icrreau, où il doit rester jusqu’à ce que, ses racines ayant tapissé le vase, 
il devienne urgent de le placer dans un pot plus grand dans lequel il 
devra fleurir. Il va sans dire que ces pots doivent être replacés sous le 
châssis qu’on aura soin d’aérer jusqu’à l’époque où les pots seront enlevés. 
Pour les pieds qu’on destine à la plein terre, il suffira de les planter 
quand les gelées ne seront plus à craindre. » 

Ces espèces sont loin d’être les seules qui ont été récemment annon- 
cées; parmi les plus recommandables nous choisissons les suivantes que 
nous signalons spécialement à l’attention des floriculteurs (1). 

& ACROCLINIUM ROSEUM, grande Immortelle d’un rose vif, qui ressemble 


(1) Les alinéas renfermés entre « » sont extraits d’unenotice publiée dans le Jambur- 
ger Garten und Blumenzeitung et traduite par la Journal de la Soc. Imp. et centrale 
d’horticulture de Paris. 


— 265 — 


au Rhodanthe Manglesii, mais dans de plus fortes proportions, et qui 
d’ailleurs a une végétation beaucoup plus vigoureuse. C’est une plante 
excellente pour la pleine terre. » 

ACROCLINIUM ROSEUM ALBUM. Nouvelle variété de cette belle Immortelle. 

« AGERATUM consPicuum. La plante qui a paru, dans les jardins, sous 
ce nom, est une très-jolie espèce à fleurs blanches, qui fleurit dans 
l’automne. II ne faut pas la confondre avec la variété à fleurs blanches 
de lAgeratum conyzoïdes. L. » 

« AGERATUM COELESTINUM NANUM. Les plantes venues des graines qui 
ont été livrées sous ce nom, n’avaient rien de nain et appartenaient sim- 
plement au type connu de l'A. cœlestinum; elles s'élèvent jusqu’à 
un mêtre. » 

AnaçaLuis, Eugénie et Napoléon III. Le premier d’un bleu tendre, 
passant au blanc sur les bords, le second d’un beau rouge brun. Tous 
deux à fleurs très-amples. 

Aster, Empereur Géant. Variété remarquable, d’un port pyramidal 
à fleurs lilas et de très-grandes dimensions. 

« CALCEOLARIA CHELIDONIOIDES. Elle a été répandue depuis quelques 
années dans les jardins comme venant de la Californie. Elle n’est nulle- 
ment délicate; elle produit beaucoup de feuilles et des fleurs jaunes. Sou- 
vent elle se resème d’elle-même. » 

CALGEOLARIA NANA GRANDIFLORA PRÆCOX (sic). Variété nouvelle affublée 
d’un nom digne du moyen-âge de la botanique. Plante buissonnante, 
touffue, très florifère et de couleur variable. 

« CALLIOPsiS Nana. Très-jolie variété naine (de 15 à 50 centim.) de 
l’espèce bien connue sous les noms de Calliopsis bicolor ou Coreopsis 
hinetoria. Elle n’est pas toujours très constante. » 

CaLLIRHOE (NUTTALIA?) DIGITATA. Il a beaucoup de l’apparence du 
Lin rouge, mais les fleurs sont d’un beau violet pourpré avec un petit 
œil blanc. Il croît à deux ou trois pieds de hauteur etse couvre de fleurs 
dès sa jeunesse: celles-ci se succèdent pendant toute la belle saison: 
c’est-à-dire depuis le mois de mai jusqu’en novembre. 

« CALICHYMENIA CHiNEeNsis. Plante peu recommandable. Ses fleurs sont 
nombreuses, mais insignifiantes, et elles ne s’ouvrent que le matin ou 
quand le temps est couvert. » 

CELOSIA MACROGEPHALA GIGANTEA. Variété de Crête-de-cog à grosse tête, 
orangé-écarlate, coloris aussi riche que nouveau. 

« CENTRANTHUS MACROSIPHON FL. ALBO ; très-bonne variété, bien distincte 
de la vieille espèce à fleurs rouges. » 

CarysANTHEMUM BurripGeanus. Belle plante et très-florifère : le disque 
est grand et brun : le fond blanc avec un large cercle rouge près de la 
base. 


CHRYSANTHEMUM TRICOLOR VENUSTUM. De même forme que les variétés 


— 266 — 


précédentes, mais coloré en écarlate ou en rouge, avec un anneau jaune 
autour de la base. 

« COLLINSIA BARTSIÆFOLIA FL. ALBO @t C. BICOLOR FL. ALBO. Ce sont 
deux bonnes formes assez constantes et à fleurs blanches de deux plantes 
bien connues. » 

« CONVOLYULUS TRICOLOR FLORE PLENO. Les graines vendues sous ce 

nom ne donnent qu’un petit nombre de pieds à fleurs doubles. » 

« CosmanTaus rimBriarTus. C’est une jolie plante à fleurs blanches, 

très-bonne pour bordures. » 


CosuipiumM BURRIDGEANUM Var. ATROPURPUREUM. Fleurs d’un brun ve- 


louté foncé, avec une bande orangée étroite et entourant le centre. 

Darura Wricarit. Blane, avec une bordure lilas; fleurs grandes et par- 
fumées. 

« DELPHINIUM caRpiopeTALuM. Ses fleurs sont d’un beau bleu, mais 
elles ne se montrent que tard. » 

« Dianraus GarDNERIANUS. Très-bel œillet élégamment frangé, vraisem- 
blablement hybride, qui ressemble à celui de Chine. » 

« Dianraus Dunerri surerBus. Il a été reconnu bisannuel; dans les 
essais de culture qu’on en a faits on ne l’a pas encore vu fleurir. Il est 
vraisemblable qu’il constitue une simple variété du D. barbatus. » 

Ecicurysum srricrum. Immortelle d’une belle couleur orangée. 

« EscuscHoL1ziA TENUIFOLIA (Chryseis tenui folia); jolie petite plante 
à fleurs d’un blanc jaunâtre, très-propre à faire des bordures et fort belle 
aussi en masse. Le rapport de la Société du Schleswig, etc., disant que 
comme la généralité des Papavéracées, elle ne supporte guère la trans- 
plantation et doit être semée sur place, M. Otto ajoute, que, dans le 
Jardin Bo‘anique de Hambourg, ilrepique annuellement les Eschscholtzia, 
soit après avoir fait le semis en pots, soit lorsqu'ils sont venus de graines 
tombées dans les plates-bandes, et qu’il réussit constamment. 

FENZLIA Dianruoines (ou Dianthiflora.) Une des plus charmantes 
annuelles. Les fleurs, qui sont parfumées, ont une couleur rose lilaciné, 
avec le centre orangé, entouré de cinq gouttelettes rouge de sang foncé. 
Croissance touffue et compacte : quelques pouces de hauteur. Alliée aux 
Gilia et originaire de Californie. 

GAILLARDIA HYBRIDA GRANDIFLORA. Belle variété à grandes fleurs, d’un 
aspect vigoureux et robuste. Les fleurons mesurent plus de trois pouces 
de diamètre ; jaune orangé avec le centre cramoisi foncé. 

« GYPsoPHiLA ELEGANS. Fort jolie plante basse, très-florifére, et dont 
les fleurs blanches produisent un joli effet dans les bouquets, non-seule- 
ment fraiches, mais encore séchées. Elle paraît craindre l’humidité et le 
fumier frais. On en possède une variété à fleurs roses qui varie en même 
temps que le type. » 

HELIANTHUS ANNUUS LEVIATHAN. Grand-Soleil de deux à trois mètres de 
hauteur à fleurons énormes. | 


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— 267 — 


« HeLrANTHUs ARGOPHYLLUS, T. et Gray ; plante ornementale, hauteur 
moyenne de 2 mètres ou un peu plus: à feuilles couvertes d’une villosité 
argentée et à petits capitules de fleurs jaunes. On la trouve aussi dans les 
jardins sous le nom de /. argenteus. 

« Hecicarysum BRAcHYRavNcaum Sonder.; très-belle immortelle à fleurs 
jaune d’or, introduite de la Nouvelle-Hollande par M. Ferd. Müller; 
elle exige à peu près la même culture que le Rhodanthe ; elle paraît 
redouter un peu l’humidité. » 

HELIPTERON ANTHEMOÏDES. Immortelle de la Rivière des Cygnes, mais 
assez délicate : elle ressemble à l’Acroclinium roseum bien qu’elle ait 
les fleurs blanches, et elle s’élève à un pied environ. 

« IonNoPsipium ACAULE ; jolie miniature, très bonne pour des bordures 
fines et pour la culture en pots. Elle n’a guère que 3 centimètres de 
hauteur, et se couvre de fleurs blanches, lavées de rouge. » 

IPOMEA HEDERACEA SuPERBA. L’une des plus belles volubiles; fleurs splen- 
dides, d’un bleu d’azur avec unelarge bordure blanche ; rustique. 

« 1POmEA LimBarA ; très-belle plante voluble, à fleurs violettes bordées 
de blanc; elle vient mal en pleine terre, et, même pendant l’été excep- 
tionnel de 1857, elle n’y a pris qu'un médiocre développement. Elle ne 
réussit bien qu’en serre, dans une terre nutritive et avec de bons 
arrosements. » 

IPomEA RENIFORMIS. Jolie fleur jaune avec une margelle violacée. 

« LimNanTHEes DoucLasit FL. ALBO; variété sans grand mérite, à fleur 
blanche, qui prend assez souvent naissance dans les semis. » 

« LinARIA ALPINA ; fort jolie espèce de montagnes de l’Europe, à fleurs 
violettes et jaunes, qui fait de très-jolies bordures. » 

& LINARIA TRIORNITHOPHORA FL. ROSEO; charmante variété à fleurs roses 
d’une jolie espèce qui est encore assez nouvelle pour les jardins : En gé- 
néral, le Linaria triornithophora varie beaucoup par la couleur de ses 
fleurs; M. Otto dit qu’il y en a depuis le brun-rouge le plus foncé 
jusqu’au rose pâle. » 

« Linum cRaNDirLoruM. Trés-jolie plante, dont les fleurs colorées en 
beau rouge-carmin et larges de un pouce et demi se succèdent en grand 
nombre pendant tout l’été. Pour que ses graines germent sans difficulté, 
il faut les mettre quelques jours dans l’eau avant de les semer; on en- 
lève ensuite le mucilage que l’eau en a dissous et on les sème dans un 
coffre froid ou en pleine terre, après quoi on les couvre avec un peu de 
poussière de charbon. La chaleur du fond et le fumier frais la font pour- 
rir. Elle ne supporte que difficilement la transplantation » 

« Le LoBeLiA sEcUNDA ne paraît pas différer du L. ERINoIDESs qui est, 
au reste, une jolie plante. » 

« Le LOBELIA TRIQUETRA se rapproche du L. ERINOIDES, mais il se dis- 
tingue par ses fleurs foncées et son port plus dressé. On peut en faire de 
trés jolies bordures. 


— 9268 — 


« Le Lonas iNopoRA est une plante qui fleurit abondamment , mais 
dont les fleurs jaunes sont assez insifignantes. 

LuPiNUS HARTWEGII COELESTINUS. Bleu clair avec un bord rouge : il est 
nouveau et tout à fait distingué. S’élève à un pied ou un pied et demi. 

« LE LUPINUS HYBRIDUS SUPERBUS est une charmante plante à fleurs 
mélangées de blanc et de lilas. » 

LupiNuS MUTABILIS VERSICOLOR. Fleurs très-changeantes, blanches , 
rouges, pourpres, écarlates et jaunes sur la même plante. 

LYCHNIS HYBRIDA HAAGEANA. Couleur d’un rouge de sang foncé; hauteur 
de la plante et grandeur des fleurs comme dans le Z. Sieboldit. 

« LE MIMULUS RUBIGINOSUS ne parait pas différer spécifiquement du 
Mimulus quinquevulnerus, et, comme celui-ci, il varie beaucoup pour 
les dessins et les nuances de ses fleurs. » 

MYosoris AZUREA GRANDIFLORA. Plante charmante, compacte et touffue, 
que l’on n’oublie pas et donnant une profusion de fleurs d’un bleu comme 
les yeux de l’enfant Jésus. 

« Le NEMESIA COMPACTA COERULEA ressemble beaucoup au Wemesia 
versicolor ; il est très-joli. » 

NEMOPHILA DISCOÏDALIS MARMORATA. Belle variété, qui au lieu de la bor- 
dure blanche de l’ancien discoïdalis présente des marbrures blanches sur 
le fond noir de chaque pétale. 

« Le NEMOPHILA INSIGNIS MARGINATA a été reconnu absolument sem- 
blable au W. insignis. » 

NicecLa HispanicA var. ArRoPuRPUREA. Couleur pourpre foncé à reflets 
brunâtres. 

« Le NYCTERINIA INSIGNIS se recommande par ses fleurs brunes en 
dehors, blanches en dedans, qui ne s’ouvrent que le soir et qui exhalent 
alors une forte odeur de vanille. » 

OENOTHERA BIENNIS HIRSUTISSIMA. Variété orangé-rouge de la Primevère 
du soir de Californie et trés-distincte. 

OENOTHERA BISTORTA VeitTcmiana. Annuelle, touffue et ornementale. 
Elle porte une longue série de fleurs qui sont jaunes, avec une macule 
sanguine sur chaque pétale. 

OExoraera Drumonpi Nana. Petite plante qui se couvre d’une profusion 
de très-belles fleurs, d’un jaune doré. 

« Le Pozycazymna Sruarri est une grande et assez belle Iinmortelle. » 

PORTULACCA AUREA sTRiATA. D’un beau jaune de soufre avec des stries 
dorées. 

PORTULACCA CARYOPHYLLOIDES, rose, panachée de carmin foncé, comme 
les fleurs d’œillets. 

Ricinus saneuineus. Tiges et fruits d’un rouge de sang : feuilles 
amples et majestueuses. C’est la plus belle espèce du genre. 

« Le SaPoNARIA MULTIFLORA est une plante basse, bonne pour bordures, 
dont les fleurs abondantes et produisant un joli effet ne se montrent qu’à 
la fin de l'été. » 


ee an 


SCHIZANTHUS GRANDIFLORUS OCCULATA. Les fleurs sont d’une belle couleur 
pourpre, avec une macule très-foncée, presque noire : c’est un coloris 
des plus remarquables. 

« Le ScizopeTALU“ WALKERI est une assez jolie Crucifère, curieuse par 
ses fleurs blanches, agréablement odorantes, dont les pétales sont profon- 
dement divisés sur les bords. Il n’aime pas à être transplanté et réussit 
beaucoup mieux en pot qu’en pleine terre. » 

« Le Socanum BALBISI est une plante vraiment ornementale par ses 
grandes et belles feuilles marquées de blanc; il est plus grand et plus fort 
que le Solanum citrullifolium, espèce encore assez nouvelle et qui mé- 
rite de figurer dans les jardins. Mais une plante plus belle encore que 
l'une et l’autre est le Solanum atropurpureum qui est presque entièrement 
coloré en rouge-sang, mais qui est armé de longues épines. » 

« Le STATICE sINUATA se recommande par ses fleurs bleues. » 

« Le TROPÆOLUM HYBRIDUM SCHULTZII est une très jolie variété, à feuil- : 
les de couleur foncée et à fleurs d’un beau rouge de feu. » 

TROPÆOLUM LOBBIANUM TRICOLOR est intéressant comme hybride des 
Tropæolum Lobbianum et tricolor. Sur ces fleurs d’un beau rouge écar- 
late se montrent cinq petites taches bleuâtres. 

VERONICA syRi4cA ALBA. Nouvelle variété blanche , d’une plante basse 
compacte, très florifère ct fort jolie. E. M. 


LES FLORALIES D'ÉTÉ EN BELGIQUE. 


COMPTE-RENDU DE L’EXPOSITION DE PLANTES, OUVERTE AU 
CASINO A GAND, PAR LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE 
ET DE BOTANIQUE, — 24 JUIN 1860. 


Par M. Van Huice, 
Jardinier en chef du Jardin Botanique de l’Université. 


De toutes les expositions florales qui ont eu lieu au Casino à Gand, 
celle du 24 juin dernier était une des plus brillantes au point de vue 
général. On n’y était pas ébloui par cette profusion de fleurs qui carac- 
térise nos expositions d'hiver ; mais, par contre, la richesse de végétation, 
les formes élégantes, permettaient au visiteur de constater jusqu’à quel 
point nos cultures sont perfectionnées. Les plantes de haute valeur, 
comme celles le plus récemment introduites, y trouvaient place à côté 
des plantes ornementales de grande dimension. La salle, qui avait été trop 
spacieuse jusqu'ici pour les expositions d’été, était trop petite cette fois-ci, 
ce qui prouve que les exposants n‘’ÿ manquaient pas. Aussi les prix se 
sont-ils vivement disputés, comme on pourra en juger en passant en 
revue les différents concours. 


— 270 


° Pour ce concours : la grande collection, il n’y avait qu’un seul 
envoi, celui de M. Beaucarne, notaire à Eenaeme, près d’Audenaerde; 
il se composait d’un bon choix de plantes variées, toutes pleines de santé, 
bien cultivées et couvertes de fleurs. Le 1° prix lui a été accordé à 
l’unanimité. 

3° Comme il n’y a pas de concurrent pour le N° 2, passons au concours 
de belle culture : le Lilium giganteum a valu le 4° prix à M. G. Vander- 
meulen, tandis que le Genethylis fuchsioïdes, d’une culture assez difficile 
remportait le 2% prix à M. Bailleul. Ewuphorbia splendens, Rhynchos- 
permum jasminoïdes, Yucca recurva, des Azalea et Begonia concou- 
raient également, mais n’ont pas eu de succès. Un énorme pied de Pime- 
lia decussata rubra qui s’y trouvait également, aurait certainement 
écrasé tous les autres, mais malheureusement il n’a pu concourir, une 
plante de même nom ne pouvant être couronnée deux fois dans la même 
année. 

%° Pour les douze plantes nouvellement introduites, le lot de 
M. Ambr. Verschaffelt remportait le prix avec une grande majorité, et 
non sans raison, Car les plantes dont se composait son envoi, étaient de 
vrais bijoux et d’un avenir assuré, comme son Dracœna sp. nova, Bego- 
nia dædalii, Cissus porphyrophyllus, Pteris tricolor, Oreopanax dac- 
tyliferus, Campylobotris regalis, etc.; il remportait aussi un 3° prix 
avec une seconde collection, de même très-méritante. Le second prix 
était bien mérité par M. Van Houtte; son envoi était surtout intéres- 
sant pour les introductions japonaises; il s’y trouvait d'excellentes 
acquisitions pour la serre tempérée et même pour la pleine terre; p. ex. 
son Acer polymorphum dissectum était admirable, et qui aurait voulu 
croire à un Cyperus alternifolius à feuilles toutes blanc jaunâtre ? 
Ses Lis marginés, son Pandanus ‘cuspidatus et surtout son Calamus 
plumosus sont des plantes très-recommandables. Enfin dans ce même 
concours il y avait encore M. Aug. Van Geert, dont l'envoi, quoique infé- 
rieur aux autres, était tellement méritant aussi, que le jury lui a voté à 
l'unanimité, une médaille hors de concours. 

5° Pour la plante rare non fleurie, rien ne pouvait rivaliser avec le 
Dracæna sp. nova de M. Ambr. Verschaffelt, et, à très-juste titre, le prix 
lui a été décerné à l’unanimité. L’Epacris multiflora du même a été cou- 
ronné comme plante rare fleurie; il avait à lutter contre l’Zsotypus 
rosæflorus de M. Aug. Van Geert, l’Æeterotoma lobelioïdes de M. Tonel 
et le Beschorneria yuccoïdes de M. L. De Smet. 

6° Le 1" et le 2° prix ont tous deux été obtenus par M. Tonel avec 
deux collections différentes de Pelargonium supérieurement bien culti- 
vés. La collection de Mad. Tertzweil était aussi très-méritante, quant 
aux variétés, mais les formes des plantes laissaient à désirer. 

7° La seule collection de Rosiers exposée, n’était pas irréprochable; 
nous avons ordinairement mieux. 


Le 2 

8° Les quatre collections de Calcéolaires n'étaient pas beaucoup mcil- 

leures; celle de M. Van Damme-Sellier et de M. J. De Moerloose obte- 
naient respectivement le l' et le 2 prix. 

9 Pour les Fuchsia, M. Coene, fils, a remporté le prix par acclama- 
lion, aussi jamais on ne les a vus si bien venus, si bien fleuris; M. Coene 
peut s’en mêler. 

10° Les trois ou quatre collections de Verveines qu’on avait envoyées 
n'étaient pas aussi belles qu’on est habitué à les ‘voir au Casino, le temps 
ayant beaucoup contrarié ces plantes. MM. Cocne, fils, et J. Lammens 
remportaient les prix. 

41° Il y avait deux collections de Pétunias, l’une surtout, celle de 
M. Ambr. Verschaffelt qui remportait le 1" prix, renfermant d’excel- 
lentes et belles variétés. M. Coene, fils, a eu le second prix. 

42° II n’y avait que le Jardin Botanique, qui avait envoyé des Ancœc- 
tochilus ; une médaille spéciale a été accordée au jardinier en chef 
H. Van Hulle. 

14° S'il n’y eut pas de jugement pour le N° 15, celui du N° 44 fut 
d'autant plus épineux : en effet des trois collections de Fougères, celles 
de M. Ambr. Verschaffelt et de M. Van Houtte, étaient toutes deux 
remarquables, la 1", par la présence de trois ou quatre fougères arbores- 
centes majestueuses, qui fesaient oublier les espèces communes dont elles 
étaient entourées ; la seconde sans renfermer ces colosses, par la vigueur, 
la variété et la nature des espèces, toutes très-distinguées et plus ou 
moins rares. M. Verschaffelt remporta cependant le 1" prix, M. Van 
Houtte le second et M. Van Geert le troisième. 

15° L’Hemntelia horrida de M. Van Houtte était couronné comme la 
plus belle fougère en arbre; elle était réellement magnifique, de même 
que son antagoniste, le Balantium antarticum de M. Ambr. Verschaffelt. 

16° M. Aug. Van Geert, renommé pour la culture de ses Conifères, ne 
pouvait manquer de remporter le1° prix etil l’a bien mérité. Les exem- 
plaires étaient admirables, en espèces très-distinguées et d’une vigueur 
extraordinaire; il leur aurait fallu trois fois autant de place pour les 
voir dans toute leur beauté. M. Van Geert, père, enlevait le 2 prix; 
sa collection renfermait aussi plusieurs beaux pieds. 

47° Il y avait deux collections de Cactées ; celle de M. Tonel qui 
obtenait le 4°" prix, était surtout remarquable par la force des pieds, 
rapportés pour la plupart de leur pays natal par le possesseur lui-même. 
La collection de M. Desmet, qui obtenait le 2 prix, était très-variée et 
d’une parfaite santé ct peu s’en fallait qu’il ne prit le dessus sur son 
vainqueur. 

18° Dans ce concours, les magnifiques Yucca, Agave, Bonapartea, etc. 
de M. Tonel, méritaient peut-être à la rigueur la préférence sur ceux 
de M. Beaucarne, mais des considérations qui ont quelquefois leur raison 
d’être, ont fait accorder ex æquo le prix à ces deux Messieurs, qui se 


en, 


distinguent l’un autant que l’autre dans la culture de ces beaux types 
mexicains. Une seconde collection de M. Tonel a eu le second prix. 

49° Quoique M. Ambr. Verschaffelt n’ait pas donné les noms des dix 
plantes ornementales qu’il exposait pour ce concours, celles qu’il avait 
envoyées méritaient à juste titre le 4°* prix; mais il est moins facile à 
comprendre comment on ait pu mettre ex æquo pour le 92e prix 
MM. Van Houtte et J. Verschaffelt, l'envoi de M. Van Houtte étant 
évidemment supérieur. 

20° Pour ce concours, les Liliacées, pas de concurrents. ; 

21° Les orchidées étaient faiblement représentées cette année, comme 
le prouve la décision du jury qui n’a décerné qu’un second prix à la 
collection de M. Ambr. Verschaffelt, la seule qui y était et laquelle ne 
renfermait d’intéressant que le Vanda teres, orchidée qui fleurit très- 
rarement. Ensuite l’Aerides Lindleyana, Oncidium oxyacanthum et 
Cypripedium hirsutissimum étaient passablement belles. 

22° Pas d’exposants pour la plus bélle Orchidée en fleur. 

25° La collection de Palmiers de M. Van Houtte qui remportait à l’una- 
nimité le prix, était réellement remarquable. Il aurait été difficile de 
lutter contre des plantes de cette force, de cette fraicheur, et variées 
comme elles étaient; c’est peut-être pour cette raison qu’elles n’ont pas 
eu de concurrent — il y en avait cependant d’inserit. 

24° Pas de concurrents pour les Achimènes, etc. 

25° Un seul exposant, M. Coene, avec une collection de Gloxinia si 
peu distinguée, qu’il ne lui a été accordé que le second prix. Avouons 
cependant qu’on n’en voit encore de beaux nulle part. 

26° Depuis que les Begonia sont en vogue, on n’en a pas encore 
vu autant de beaux réunis. La collection de M. Ch‘ De Buck qui rempor- 
tait le premier prix était admirable : bonnes espèces et variétés et d’une 
force extraordinaire; la plupart étaient cultivées en cuvelles. Celle de 
M. Van Houtte n’était pas moins remarquable, les plantes étaient moins 
fortes, mais c’étaient les dernières nouveautés, des nouveautés hors 
ligne, dont il est impossible d’avoir des plantes, quant à la force, com- 
parables à celles répandues dans la culture depuis deux, trois ans. C’est 
fâcheux que cela n’a pas été pris en considération et qu’un ex æquo n’ait 
été accordé à ces deux Messieurs, alors il y aurait eu moyen de donner 
le second prix à la collection de M. vanden Hecke de Lembcke, qui 
était, on doit en convenir, trop méritante pour ne rien avoir. 

27° Il n’y avait pas de Lycopodiacées d’exposées. 

28° Si M. vanden Hecke de Lembeke, le zélé président de la Société, 
n’a pas eu de chance pour ses Begomia, ses plantes deserre à feuilles striées, 
panachées etc., ont élé d’autant mieux appréciées. Le premier prix lui a 
été décerné par acclamation; aussi les plantes couronnées se distinguaient 
par le bon choix, une panachure parfaite et une santé exceptionnelle. 

29° Si les plantes du concours précédant étaient belles, la même 


— 275 — 


catégorie de plantes, mais d’orangerie et pleine terre, est tout aussi 
intéressante. M. L. Desmet, qui s'occupe spécialement de cette culture, 
avaitenvoyé une jolie petite collection qui lui valait le 4° prix, — Celle de 
M. Van Damme-Sellier, était également très-belle et obtenait le 2° prix. 

50° Un Azalea indica de M. J. Verschaffelt remportait, le premier, 
un Petunia d’Ambr. Verschaffelt le 2° prix, comme plantes obtenues de 
semis en Belgique. Les Pelargonium et Rosiers de semis de M. Tonel, 
n'étaient pas sans mérite. 

31° Les Caladium dont on possède actuellement de si belles... ? 
variétés, ne sont nulle part bien venus’ cette année, c’est probablement 
la raison pour laquelle il n’y en avait pas à l'exposition. 

32° C’est la première fois que la société organise un concours pour 
les plantes annuelles cultivées en pot. M. Van Damme-Sellier remportait 
le prix; sa collection était assez belle, eu égard à la saison qui n’a été 
rien moins que favorable jusqu'ici. 

53° Le prix pour les bouquets était voté par acclamation à Mie Leys, 
mais aussi quelle délicatesse de composition, quel goût dans la confec- 
tion, quel bon choix de fleurs diverses, mariées admirablement entre 
elles par une verdure fraiche, légère comme le vent et flottantavec grâce 
autour de ces bijoux passagers. 

34° M. Ambr. Verschaffelt qui fournit tous les ans un des plus beaux 
contingents de plantes à l’exposition, a encore été couronné comme tel 
cette année-ci. En effet, il a pris part au plus grand nombre des concours 
et à peu d’exceptions près, il a réussi partout, comme le prouve ce qui 
précède. Après lui vient M. Van Houtte, dont les plantes qui se distin- 
guent toutes par leur vigueur et leur belle culture, n’avaient plus paru à 
l'exposition depuis une série d'années. On sait pour quelle raison, on sait 
aussi que cette absence faisait un grand vide dans la salle de l'exposition. 
Ces deux éminents horticulteurs peuventcontribuer pour la plus large part 
au maintien de la réputation que nos fêtes florales ont acquise; la société 
est désireuse de pouvoir les conserver; le seul moyen c’est de veiller 
à ce qu'aux expositions surtout, on soit juste et impartial; de ne pas 
nommer des juges incompétents ou qui se laissent influencer ou qui 
emploient leur propre influence contre leur conviction. 

J1 a encore été accordé hors de concours. 

1° Une médaille en or à M. Ambr. Verschaffelt, pour sa collection de 
trente Palmiers nouveaux ; si tous ne méritaient pas ce nom, l’ensemble 
méritait toutefois la récompense. 

2° Des médailles en argent pour une nouvelle plante, le Spigelia 
splendens du jardinier du roi de Hanovre; aux Azalées de J. Eeckhaute ; 
au Lis de L. De Cook; aux semis de Begonia de MM. vanden Hecke-de 
Lembeke et Van Houtte; aux Cinéraires de M. le Be de Croeser et 
aux ornements et meubles de jardin de M. Van Doornc. 

Gand, { juillet 1860. 
BELG. HORT. TOME X. 18 


NS 


FLORALIES DE NAMUR. 


COMPTE-RENDU DE LA 11° EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE 


D'HORTICULTURE DE LA PROVINCE DE NAMUR, LES 8, 9 ET 
_ 10 JUILLET 1860. 


L'aspect général de l'exposition était plus frais et plus séduisant encore 
que les années précédentes. La vaste enceinte du manége de cavalerie 
était transformée en un délicieux jardin très-gracieusement dessiné: de 
larges sentiers sablonneux serpentaient entre des parterres remplis de 
plantes rares, brillant de tout l’éclat de la fraicheur et de la nouveauté 
ct reposant sur un fond de mousse ou de gazon. On avait, en partie, 
réalisé les vœux que nous exprimions l’année dernière de modifier, en 
vue de l'attrait du changement, le tracé des plates-bandes. Presque tou- 
tes les collections étaient posées sur le sol, immédiatement sous les yeux 
des promeneurs, de sorte que l’on pouvait et les admirer et les étudier 
avec la plus grande facilité. Quelques bosquets composés de grands ar- 
bres des Tropiques s’élevaient de divers points de la salle; de temps en 
temps on passait sous le feuillage ample et délicat d’un palmier ou d’une 
Cycadée qui, exhausés à une grande hauteur sur un tronc rustique et 
isolé, produisaient le meilleur effet. Tout autour de la salle courait une 
galerie de végétaux d’assez grande taille ct élevés sur une tablette; 
elle formait comme un cadre autour du tableau si animé du centre de 
l'exposition. Cette bordure était seulement interrompue, ici par le buste 
du Roi et un faisceau de drapeaux aux belles couleurs nationales, là par 
un excellent orchestre, ailleurs par une tente-marquise d’un modéle fort 
élégant. 

Plusieurs circonstances ont concouru pour donner à cette fête ford 
un éclat et un intérêt inaccoutumés. 

On se rappelle que l’année dernière, le jour même de l’ouverture de 
l'exposition, le canon annonçait à la Belgique la naissance du Comte de 
Hainaut, le roi de nos enfants : elle accueillait avec transport ce gage 
de stabilité et de confiance dans l’avenir. Cette année, quelques sombres 
nuages, venus du dehors, obscurcissaient l’horizon et menaçaient l’avenir 
de cet enfant de Belgique. De sourdes rumeurs s’élevaient contre notre na- 
tionalité et notre indépendance; l’on semblait douter de notre existence 
comme peuple libre, on voulait ébranler notre sécurité, corrompre notre 
amour commun pour la patrie et pour le Roi. Les Belges ont repoussé 
avec indignation ces tentatives de corruption; fiers de leur passé, heu- 
reux de leurs institutions, ils se sont serrés autour du trône, du drapeau 
et de la constitution en une étreinte indissoluble : Namur leur a rappelé 


19 


Ne — 


la formule du serment qu’ils ont tous acclamé moriamur pro rege nostro 
c’est-à-dire pour la patrie et la liberté. L'exposition de Namur coïnci- 
dait cette année avec ce sublime élan national; elle semble s’être 
embellie par ce sentiment patriotique qui aujourd’hui domine tout en 
Belgique. 

S. À. R. le Duc de Brabant a honoré l’exposition de sa visite : IL est 
venu à Namur expressément, dans ce but et sur l'invitation des deux 
sociétés réunies. Aussitôt après son arrivée, le lundi, 9 juillet, à 4 1/2 
heures, il s’est rendu au salon, où il a été reçu par MM. Dinon et de 
Trazegnies, présidents; par le conseil d’administration et le jury des 
deux sociétés. S. À. R. accueillie avec le plus touchant enthousiasme a 
d’abord visité les produits agricoles, puis elle a examiné en détail l’ex- 
position florale. 

Après la visite Ducale, un grand banquet réunissait autour du Prince, 
outre les autorités de la ville et de la province, les membres des conseils 
d'administration des sociétés agricole et horticole, M. Bellefroid, di- 
recteur-général de l’agriculture au département de l’intérieur, M. Rom- 
berg, directeur-général des beaux-arts, M. Ronnberg, chef de division, 
messieurs les membres du jury et les principaux exposants. L’affabilité 
du Prince, qui s’est entretenu avec la plupart des convives a laissé à 
cette fête, son caractère de familiarité : les toasts les plus patriotiques ont 
été portés : Le Prince y a répondu d’une manière très-remarquable et ses 
paroles, dont chacun appréciait la haute portée, ont été couvertes d’ap- 
plaudissements enthousiastes. 

Les détails dans lesquels nous allons entrer relativement aux princi- 
paux exposants, prouveront que cette exposition était bien supérieure 
aux précédentes, déjà si remarquables , et digne des circonstances au 
milieu desquelles elle se produisait. 

Le premier nom qui se présente sous notre plume est celui de l’éta- 
blissement Jacob-Makoy et C° à Liége. Le vénérable fondateur de cette 
puissante maison a cessé d’y prendre une part directe : elle appartient 
à ses enfants qui continuent les traditions de leur père, mais elle est 
en outre placée sous la conduite horticole de M. Wiot, qui, dans la plu- 
part des cas, représente à l’étranger l'établissement auquel il donne les 
soins les plus intelligents. Le jury a décerné, sans hésitation à 
MM. Jacob Makoy et C° la médaille de vermeil encadrée du cinquante- 
deuxième concours, le proclamant ainsi l’exposant qui a le plus contribué 
à la beauté du salon. 

En effet le contingent de l’horticulteur de Liége était nombreux, varié 
et choisi parmi les végétaux les plus précieux : plusieurs paraissaient en 
public pour la première fois en Europe. On y rencontrait : deux col- 
lections de Palmiers, Bananiers, Cycadées et Pandanées, un grand 
nombre d’Orchidées, des plantes rares et nouvelles, toutes d’une culture 
irréprochable. Elles ont remporté cinq médailles de vermeil, une en 
argent et deux en bronze. 


— 9276 — 


Les palmiers étaient nombreux et représentés par de beaux spécimens. 
Tout le monde remarquait un Zalacca argentea, un Livistonia olivæfor- 
mis ct un Cycas glauca élevés sur des troncs d’une grande hauteur. Les 
amateurs donnaient, il est vrai, la préférence au Pinanga coccinea à tige 
rouge qu’ils n’avaient encore rencontré jusqu'ici qu’au jardin botanique 
de Leyde; au Latañia rubra qualifié de vera et différant du L. Commer- 
sont avec lequel il est souvent confondu dans le commerce ; au Calamus 
Verschaffeltianus dont les frondes sont argentées en dessous ; au Mau- 
ritia Humboldii avec lequel ils avaient déjà fait connaissance l’année der- 
nière mais qui depuis a pris un remarquable développement, enfin aux 
Calamus viminalis, Thrinax argentea, Damænorops spectabilis et une 
foule d’autres. 

Nous avons rarement vu une collection d’Orchidées plus fraiche et 
mieux cultivée que celle qui a remporté le prix du cinquième concours. 
Nous nous bornerons à signaler la présence de sept Aerides d’espèces 
différentes entre autres les purpurascens, virens et cornutum qui appar- 
tiennent au même groupe; les rubrum et roseum dont la coloration est 
analogue et le crispum variété de Schroeder dont les fleurs ont de très 
grandes dimensions. s 

Parmi ces Orchidées, tout le monde, du public ou du jury, distinguait 
le Catileya speciosissima, qui a été d’ailleurs proclamé la plus méri- 
tante par sa nouveauté, sa rareté et sa belle floraison: c’est une plante 
admirable, d’un rose très-foncé, à la belle jaune d’ocre et ponceau. 
C’est sans contredit la plus belle forme qui soit issue du célèbre C. labiata 
des botanistes. Une autre Orchidée du même horticulteur luttait pour 
le même concours : le Cypripedium Veitchianum. 

Les plantes nouvelles offrent nécessairement le plus d’attrait pour les 
amateurs d'élite qui se réunissent à l’occasion de chaque exposition; elles 
constituent même en général le principal mérite de ces solennités florales 
surtout aux yeux d’un botaniste. Cette fois notre attente n’a pas été déçue. 
Parmi ces plantes, nous nous bornerons à signaler à l’attention des culti- 
vateurs les espèces suivantes: Le Caladium bellaymii, le plus beau 
du genre, marmoré de blanc et de rose sur les vieilles feuilles. — Le 
Cissus porphyrophylla, tout nouveau, à feuilles amples avec des macules 
rouges disséminées autour des nervures. — Le Pollia purpurea, Commé- 
lynée à reflets métalliques et bronzés tout récemment introduite de Java. 
Le Pandanophyllum humile, Cyÿpéracée de Java; le Fragrea fastigiata, 
Macodes petola, Caladium rotundifolium etc. En outre toute une nichée 
de nouveaux Bégonias de semis parmi lesquels on distingue Fernand 
d’Awansse, Jules Closon, Ingénieur Bodson et Me Low. M' Jacoh-Ma- 
koy a obtenu deux prix de belle culture, l’un pour un pied de Rhopala 
Jonghei haut de deux mètres et couvert de feuilles depuis la base, l’autre 
pour un individu, le plus fort que nous ayons vu, du Pteris argyrea : ses 
feuilles mesuraient près d’un mètre et demi de longueur. 


— 917 — 


M' Linden, malgré un voyage en Angleterre et les préparatifs de 
l'exposition qui allait s’ouvrir à Bruxelles, a voulu également donner 
à Namur un témoignage de sollicitude. Il avait fait envoyer un beau 
lot de végétaux distingués qui ont pris part à quatre concours et 
remporté quatre médailles en argent. C’étaient des Fougères arbores- 
centes et herbacées, des Orchidées et des plantes d'introduction ré- 
cente. Parmi les premières nous avons remarqué de forts pieds de 
Acrostichum crinitum et Angiopteris evicta, en outre les Angiop- 
teris Hugeli, Asplenium Belangeri, Cerodactylis Osmundioides et 
Leucostegia ebenina. Mais quel contraste entre ces humbles végétaux 
et le superbe Cyathea mexicana que M. Linden a exposé pour le huitième 
concours. Cette noble plante avait une rivale, le Cyathea dealbata de la 
Nouvelle-Zélande, exposée par M. le B°° Ed. Osy, d'Anvers; elle a eu le 
bonheur de plaire davantage au jury et a remporté le premier prix de 
ce CONCOUrS. 

Dans toutes les parties de la salle, presque à chaque pas, on rencon- 
trait des plantes exposées par M. Ferd. Kegeljan; il aurait pu à lui seul 
suffire à une exposition et elle aurait présenté la plus grande variété. Ce 
n’est plus à quelques genres seulement que M. Kegeljan donne ses soins, 
mais à mesure qu’il se perfectionne dans leur culture, il étend ses collec- 
tions. La société et la ville de Namur doivent à leur jeune secrétaire la 
plus grande part de leurs succès horticoles. 

La collection de végétaux à feuilles colorées et ornées, exposée par 
M. Kegeljan est la plus belle que nous ayons Jamais vue : de l’aveu de 
tout le monde, elle formait la partie la plus riche et la plus intéressante 
du salon : Le nombre des espèces était considérable, leur choix sévère 
ei judicieux, leurs dimensions tout à fait extraordinaires : sous ce rap- 
port nous citerons un Farfugium grande, un Cyanophyllum magnificum 
et un Diffembachia maculata, tous trois admirables. En outre un grand 
nombre de Marantu entre autres les Vittata, Variegata, Zebrina, Por- 
teana, et Wuarzewiczii. Mais nous réservions pour la fin les plantes que 
l’on remarquait les premières, les Caladium. M. Kegeljan n’a pas de 
rival, nulle part, pour la culture de cebeau genre, et nous ne croyons pas 
qu’on ait encore exposé jusqu'ici, même à Paris, des exemplaires plus 
forts et plus nombreux. Nous ne citerons aucune espèce en particulier, de 
peur d’être entraîné à les nommer toutes , puisque ces plantes sont égale- 
ment nouvelles et ornementales. Ce que nous voudrions pouvoir décrire 
est la taille extraordinaire qu’elles ont acquise et les procédés de culture 
employés pour arriver à d'aussi heureux résultats. 

Les Bégonias sont les plantes à la mode pour le moment : ils ont la 
vogue et en usent; ils en abusent même un peu : on les voit partout : 
ces plantes ne sont pas sans analogie avec l'esprit de notre époque : elles 
grandissent vite; souvent parées et brillantes bien longtemps avant de 
fleurir, elles parviennent facilement à faire parler d’elles et à attirer 


Cr 


l'attention : mais tout cet éclat est bien superficiel ; il ne résiste guère à 
un rayon de soleil ou à un peu de sécheresse : les Bégonias craignent le 
grand jour et leurs fleurs sont en général humbles et assez sombres. 
Chaque jour en amène de nouveaux à l'horizon, et ceux qu’on louait la 
veille sont délaissés le lendemain. Il n’y a pas plus de deux ans, les 
collections de Bégonias étaient composées d’espèces caulescentes, souvent 
très-élevées et remarquables à maints égards : c’est en vain qu’on en 
chercherait un seul vestige aujourd’hui : tous les nouveaux ont une tige 
rhizomateuse, couchée sur le sol, mais leurs feuilles sont vêtues 
d’étoffes de pourpre et d’argent. 

M. Kegeljan avait exposé une collection composée exclusivement de 
variétés nouvelles; elle n’a cependant été couronnée que du second 
prix. Nous y avons remarqué le B. Comte Alfred de Limminghe que 
nous recommandons à tout amateur de ce beau genre et un beau pied du 
B. Leopoldi, rouge, vert et brun. : 

M. Kegeljan nous a, déjà depuis plusieurs années, initié à ses succès 
dans la culture des plus belles plantes de serre froide : cette année, il s’est 
encore surpassé ; ses collections se sont enrichies de la plupart des nou- 
veautés mises dans le commerce. Il nous a montré plus de cent cinquante 
Calcéolaires toutes différentes, courtes, trapues , bien saines et dans toute 
la splendeur de la plus belle floraison ; environ deux cents Pelargonium 
à grandes fleurs et à cinq macules et presque autant de Pelargonium 
zonales qui formaient les parterres les plus frais et les plus fleuris du 
jardin. 

Si le public était invinciblement attiré ailleurs , c'était par les collec- 
tions de Roses coupées. La belle fleur que la Rose ! C’est trivial, mais on 
ne saurait s'empêcher de le dire. Cette année a été singulièrement favo- 
rable à son développement et l’exposition de Namur s’en est ressentie : 
les roses y étaient très-nombreuses et de la plus belle venue. La collection 
de M. Vanden Ouvwelant, président de la Société d’Horticulture de 
Laeken, a été l’objet des éloges les plus flatteurs : choix des variétés, 
vivacité du coloris, pureté de forme, tout y était réalisé ; on y trouvait 
toutes les nuances, de la blanche à la noire ; de la jaune à la pourpre. Elle 
a remporté le premier prix. 

Au milieu de ces jolies fleurs, nous trouvons le nom de M. Bequel- 
Herpigny, inscrit sur trois collections couronnées : ce sont des Gloxinias, 
des Gesnérias et Achimènes et des Bégonias. 

Ces plantes sont, depuis l’origine des expositions de Namur, les objets 
de prédilection de M. Bequet : leur culture s’améliore du reste chaque 
année et la collection se maintient au niveau des exigences nouvelles : 
malgré une année défavorable, la floraison était belle et presque tous les 
Gloxinias appartenaient à la race des tubiflores. Parmi les Bégonias, un 
pied du Charles Wagner attirait la foule autour de lui : ses feuilles 
mesuraient à peu près quarante centimètres de longueur sur trente de 


— 279 — 


large. Il aurait certainement obtenu une distinction au concours de belle 
culture, si Madame Wagner n’était arrivée de Laeken avec M. Vanden 
Ouweland, tout exprès pour contrarier Charles Wagner, son mari, sans 
doute : elle était large comme une crinoline : inutile d’ajouter que le 
Jury lui a donné le plus beau prix dont il pouvait disposer. 

Le Jury qui a jugé les concours était formé d’appréciateurs dévoués et 
éclairés : sa tâche a été longue et souvent difficile, à cause du nombre des 
concurrents et de la qualilé des envois. On y remarquait MM. le Chevalier 
John de Knyff de Wallhem et Réné Dellafaille, représentants de la 
Société Royale d'Agriculture et d’Horticulture d'Anvers, M. Boucquiau 
de Nivelles, dont le dévouement aux intérêts de l’horticulture a quelque 
chose de touchant; MM. Mottin, Muller et Vanden Ouweland, repré- 
sentants de l’horticulture Bruxelloise; M. Demoulin du Hainaut; 
MM. Jacob, Weyhe, Wiot, Degey et Morren de Liége et de Huy, 

Ces Messieurs ont tous félicité le Conseil d'Administration, sur la valeur 
de l'exposition et particulièrement la Comuwission organisatrice, qui ne 
néglige rien pour maintenir et pour élever le niveau de la réputation 
horticole de Namur. Ces Messieurs ont juré d’implanter définitivement 
l’horticulture dans leur cité; ils y parviendront. 


FLORALIES DE BRUXELLES. 


EXTRAITS DU COMPTE-RENDU DE LA 77° EXPOSITION DE LA 
SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE A BRUXELLES, QUI A EU LIEU 
LES 21, 22, 25 ET 24 JUILLET 1860. 


Par M. N. Fuxcx. 


La 77° Exposition de la Société royale de Flore, qui devait avoir lieu, 
comme d'habitude, pendant les fêtes de la kermesse de Bruxelles, a été 
remise au 21 juillet, afin de la faire coïncider avee les fêtes du 29° anni- 
versaire de l’inauguration de notre roi bien-aimé; la Société de Flore, en 
particulier, et l’Horticulture Belge en général, ne pouvaient manquer, 
en cette occasion, de concourir à cette solennité nationale par l’exhibi- 
tion de ses plus beaux produits. 

Aussi, quel local plus favorable pouvait-on choisir, sinon les jardins du 
palais ducal que M. le ministre de l’intérieur a gracieusement mis à notre 
disposition ? 

Les belles pelouses et les beaux arbres de notre superbe jardin royal de 
Zoologie ont done, cette fois, dû céder le pas au nouveau palais, destiné, 
paraît-il, aux expositions futures des objets d’art et, nous aimons à le 
croire, aux expositions horticoles et agricoles, dont les produits, en Bel- 


— 280 — 


gique, ont acquis une réputation européenne. La peinture, la statuaire, la 
floriculture et l’agriculture, c’est-à-dire, Minerve, Flore et Cèrés, pour- 
ront ainsi se donner la main, dans une étreinte patriotique et surtout dans 
un temple digne, sous tous les rapports, de sa destination... [mmédiate- 
ment à gauche de la grande entrée s’élève une élégante tente abritant les 
végétaux les plus délicats des contrées torrides et tempérées. Le fond de 
cet abri est occupé par une riche collection de palmiers rares, appartc- 
nant à M. J. Linden, de Bruxelles, le plus célèbre introducteur de plantes 
nouvelles et un de nos plus ardents exposants. 

On remarque, dans cette collection, plusieurs palmiers rares et nou- 
veaux, tels que : Livistonia Jenkinsonti, Cocos Licuri, Syagrus amara, 
Brahia conduplicata et nitida, Plectocomia spectabilis, Astrocaryum 
chichou, Geonoma magnifica, pulchella et paniculigera, Areca sapida, 
Livistonia australis, Ceroxylon niveum et andicola. Une collection de 
Rhopala du même, composée de huit espèces nouvelles et rares, en magni- 
fiques exemplaires, neuf Aralia et Oreopanax de premier ordre; un spé- 
cimen remarquable de Vepenthes Rafflesiana à feuilles pourvues d’urnes 
des plus curieuses, ainsi qu’une collection de 50 Bégonias à feuilles ornées, 
parmi lesquels 15 espèces et variétés entièrement nouvelles, ornent le 
centre de la tente. 

Nousatltirons particulièrement l’attentiondes visiteurs sur leB. Duchesse 
dc Brabant, qui se remarque par les teintes et les nuances si distinguées de 
ses feuilles. À côté de toutes ces belles choses, les véritables amateurs remar- 
queront un lot de 12 plantes entièrement nouvelles, la plupart récem- 
ment introduites par l'établissement de M. J. Linden et qui surpassent 
en importance, tout ce que nous venons de nommer; ce sont: Dracæna 
aureo-lineata, D. Veitchii, Campylobotrys refulgens et regalis, Pteris 
tricolor, Pandanus elegantissimus, Trichomanes sp. nova, Herrania 
palmata, Guarea brachystachya, Sauropus Gardnerii et Cyanophyl- 
lum dealbatum. Ajoutons au lot de M. Linden 13 Orchidées en fleurs, 
de premier rang, parmi lesquelles un Cypripedium superbiens d’une rare 
élégance, ainsi que deux superbes Fougères en arbre, l’Alsophylla aus- 
lralis etle Balantium antarticum, qui, avec leur stipe noirâtre et leurs 
frondes finement découpées, donnent un rare cachet de distinetion aux 
merveilles quiles environnent: son Cupaniu pindahiba, que nous allions 
oublier, est une plante ornementale nouvelle, qui prendra rang parmi les 
plus belles Protéacées. 

L'envoi le plus riche, après les précédents, est celui de M° Legrelle 
d'Hanis, d'Anvers. Cette dame a exposé une nombreuse et belle collec- 
tion de Bégonias de plus de 50 espèces et variétés des plus nouvelles, dont 


8 nouveaux de semis, ainsi qu’une brillante collection de 23 Caladium 
et des meilleurs. 


Une collection de 60 plantes ornementales exposée par M° Lubbers, 
horticulteur, à Ixelles, se fait remarquer par le choix et la vigueur des 


excmplaires qui la composent ; nous citerons particulièrement ses 


— 281 — 


Strelitzia reginae, Dracœna australis, Yucca recurvata et aloïfolia, 
fol. var., Agave filifera, Fourcroya gigantea et Lilta geminiflora. 
M. Brys, conseiller provincial, à Bornhem, se fait remarquer par une 
collection de 42 Orchidées d’une beauté et d’une culture au dessus de 
tout éloge. Ses Catileya Flaxmantii et Brysiana, son Laelia purpurata 
et le Chysis Limminghii, sont des espèces qui suffiraient à elles seules à 
répandre le goût de la culture des Orchidées ; son Cattleya Mossiae 
réellement gigantesque, est couvert d’une vingtaine de fleurs d’une taille 
extraordinaire. 

Une collection de 75 plantes diverses en fleurs, parmi lesquelles des 
espèces très-intéressantes, entre autres quelques Orchidées et un Eucharis 
.amazonica, a été exhibée par M. Forkel, directeur des serres du Roi, à 
Laeken. Sa collection de 32 Balsamines est très-jolie. 

Un de nos jeunes et zèlés amateurs, M. le baron Ed. Osy, d'Anvers, a 
exposé une riche collection d’Aralia et Rhopala. Son Aralia parasitica 
est un des plus beaux exemplaires que nous ayons vus. 

La Société royale d’Horticulture de Belgique, qui prend chaque fois 
un vif intérêt à nos expositions, y a contribué, cette fois, par une belle 
collection d’Anthurium, de Pothos et de Philodendron, ainsi que par un 
riche lot de Broméliacées. Les Anthurium Jonghii et Philodendron 
pinnatifidum sont fort beaux. 

Quoique les plantes fleuries nous fassent défaut cette fois, à cause de 
la saison défavorable, nous avons cependant à enregistrer plusieurs lots 
qui ne manquent pas de mérite par le temps qui court. 

Dans ceite catégorie de plantes, nous remarquons surtout plusieurs 
collections de Pelargonium. 

La plus méritante sous tous les rapports est, sans contredit, celle de 
Me Halkin, horticulteur, à Ixelles, chaussée de Charleroy, qui a égale- 
ment exposé un charmant Pelargoninm nain, Ant. Willems, apparte- 
nant à la nouvelle catégorie de Pelargonium dite P. Halkin, ainsi que 
16 Pelargonium de semis distingués. La plus méritante, après celle-ci, 
est celle de M. Van Cutsem, propriétaire, à Bruxelles. La collection de 
M. Marée est composée de belles variétés... Il nous reste à citer, parmi 
les plantes fleuries, quelques espèces assez remarquables comme culture 
et floraison. Ce sont : le Bilbergia Carolinæ, de Me Legrelle d’'Hanis, 
d'Anvers ; les Gesneria zebrina et floribunda flavescens, de M. de Neuf; 
une admirable variété de Sobralia macrantha, de petite taille, d’une 
ampleur de floraison hors ligne, appartenant à M. Demoulin, de Mons, 
et un Sobralia macrantha de trois mètres, exposé par la Société royale 
d’Horticulture de Belgique. 

Nous terminons ce compte-rendu, en félicitant M. Fuchs, notre très- 
habile architecte de Jardins, pour le gracieux concours qu’il a bien voulu 
prêter gratuitement à la Société et surtout pour l’heureux arrangement 
de la Salle d’Exposition. 


— 9282 — 
ARCHITECTURE HORTICOLE. 


FONTAINE POUR LES VILLES D'EAU, LES PARCS ET LES VILLAS 
D’APRES LES DESSINS DE M' EDWARDS. 


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PI. 58 Fontaine, d'apès les dessins de Mr Edwards. 


— 283 — 


L'idée de cette fontaine nous a paru nouvelle: elle est en même temps 
élégante et usuelle. Le bassin a la forme d’une vaste coquille soutenue 
par des plantes aquatiques: de chaque côté pend un gobelet attaché à 
une chaïnette. L’eau jaillit d’un vase porté par une main. 

C’est d’un heureux effet et bien approprié à l’usage. On pourrait l’ap- 
pliquer dans nos villes d’eau comme à Spa et à Chaudfontaine; dans les 
cours des châteaux, les parcs et partout où l’on dispose d’un petit filet 
d’eau. 

La ville de Nottingham en a fait placer deux à proximité d’une cour de 
récréation et de gymnastique pour l’usage des jeunes gens qui prennent 
là de l’exercice. Elles sont façonnées en une composition artificielle, si- 
liceuse et dure comme la pierre et pour laquelle une compagnie a pris un 
brevet. Les dessins sont de M' Edwards ct l’exécution de M" Fred. Ran- 
some. 


SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE LIÉGE. 


Une nouvelle Société d’Horticulture vient d’être fondée à Liége, par 
les amateurs les plus distingués et les principaux horticulteurs de la 
ville. La Société d'Emulation qui a déjà pris sous son patronage Îa 
peinture et la musique, accordera, dit-on, la même protection aux 
fleurs et prêtera son concours à la Société d’horticulture. 

Dans la première assemblée générale, qui a eu lieu mardi, M. Lam- 
binon a été nommé président, et M. Ed. Morren, secrétaire de la 
société : dans le conseil d'administration on remarque MM. Bernimolin, 
J. Bourdon, d’Awans-Orban, de Fays-Dumonceau, de Melotte, Gaëde, 
Lemmens, J. Pirlot, Jacob, Weyhe, Ed. Naguelmakers, Wyot, etc. etc. 

L’horticulture liégeoise a pris, depuis quelque temps, un nouvel essor : 
un grand nombre de serres ont été construites : l’organisation d’une 
nouvelle société n’est que l’expression de cet état de chose et elle re- 
place enfin la ville de Liége au même rang que Gand, Bruxelles, 
Anvers, Namur, Malines , etc., où de brillantes solennités florales sont 
périodiquement organisées. 


——— —  — 


— 284 — 


HISTOIRE DES PLANTES UTILES. 


LE CHANVRE DE MANILLE (1). 

L’exellente matière textile ainsi nommée est introduite depuis peu en 
Europe en quantités considérables par des maisons de commerce de New- 
York et de Londres. Elle n’est nullement le produit d’une espèce du genre 
Chanvre, mais d’un Bananier, le Musa troglodytarum var. textilis (2i, 
que l’on cultive chez nous seulement en serre chaude, ce qui répond 
suffisamment à la proposition déjà faite de cultiver le Chanvre de Manille 
en Allemagne. 

À Manille, on donne le nom d’Abacu à cette plante ainsi qu’à la sub- 
stance qui en provient. Elle croît à demi sauvage dans les îles Philippi- 
nes; mais cependant on en a établi la culture en grand dans certains 
endroits. On écarte les plantes dehuit pieds les uns des autres. Deux ans 
après, la tige principale peut être coupée pour la préparation des fibres. 
Il reste une quantité de rejetons quiremplacent la vieille plante, de sorte 
que le champ peut être utilisé dix ou douze ans avant qu’on doive avoir 
recours à une nouvelle plantation, Le rapport est par conséquent très 
grand. Les tiges atteignent une hauteur de 9 à 12 pieds, sur un diamètre 
de 6 pouces. Aussitôt que la scape florale apparaît, on coupe la tige au 
niveau de terre, on en donne les grandes feuilles comme nourriture aux 
buffles, et on la laisse fermenter quelques jours sur le sol, afin de facili- 
ter l’extraction des fibres. Les Philippines en produisent annuellement 
environ 22,500,000 kilogrammes. 


(1) Lasuanr, Vierteljahrsschrift der Naturforschenden Gesellschaft in Zurich. — 
Trad. par A. de Borre. 

(2) Voyez un article de M. le Dr Da Vivier, dans le Tome VII de la Belgique Hor- 
ticole, p. 121 et PI. 19, f. 1 et2. On y trouvera d’autres détails snr ce produit. 


— 985 — 


JARDIN FRUITIER. 


CATALOGUE DES FRAISES CULTIVÉES. 


L’un des premiers cultivateurs de Fraises en Angleterre, est M° Will. 
James Nicholson, à Egglescliffe dans le Yorkshire : il a récemment publié, 
dans le Gardeners chronicle (1859 p. 693) une liste descriptive de toutes 
les variétés qu’il a observées : elles y sont à peu près toutes. M Nichol- 
son est en relations avec M' Ferd. Gloede, aux Sablons (Seine-et-Marne), 
grand amateur français, qui a contrôlé et annoté le catalogue de M" Nichol- 
son. Nous croyons que cette liste sera utile à nos lecteurs qui la consul- 
teront souvent et avec fruit. 


Amgrosia (WVicholson). — Tout à fait supérieure, juteuse et à goût de mûre. On ne 
sanrait en dire trop de bien. 

Asax (Wich.). — Bien venu, le fruit est très-gros et beau, d’une belle forme et de eou- 
‘leur foncée. On en a récolté pesant plus de trois onces : neuf faisaient une livre. 

Amiraz Dunnas (Myatt). — Fruit très-grand ; saveur fade. 

Apair (Elphinstone). — Grande, ferme, belle en forme et en couleur, goût médiocre; 
plant fort et vigoureux. 


Amazon (Salter). — Dimensions moyennes; mauvais goût. 
ATHLÈTE (Salter). — Tardif, gros, mais pas bon. 
ALPINE (Me Gloede). — Belle couleur rouge foncé, saveur très-bonne. 


ALPINE à feuilles de laitue. Fruit gros et bon; très-fertile. 

ALPINE blanche. Nouveau semis de Me Gloede; grosse et extra-bonne. 

ALPINE. — La rouge et la blanche. — Ne forment pas de coulants et ont un feuil- 
lage touffu et très-net, ce qui les fait rechercher comme bordures. 

Britisx Queen (Myatt). — Connue de tout le monde et généralement reconnue 
excellente lorsqu'elle est bien cultivée. 

Bcack-Prince ou Malcolm’s Seedling. — Précoce. 

Beecne’s QUEEN (Query, British queen). — Fruit gros et bon. 

Berce DE Paris. — Très grosse, acide, mais bonne. Se force bien et convient pour 
les endroits chauds. 

Bracx Scarzer (Pitmaston). — Fruit moyen, de bon goût; plante assez déjetée et 
peu fertile. 

Bicrox Pine (Barnes). — Fruit blanc et gros : plante vigoureuse et prolifique. 

Birmixcnam (Query). — Rouge foncé, bonne, irrégulière, de longue durée. 

BEE-HIVE (Mathewson). — Très-fertile, fruits petits, précoce et vigoureuse. 

Boston PINE (Américaine). — Précoce, prolifique et bonne. 

Bricron Pine (Américaine). 

BoxTÉ pe St JuLien (Carre). — De croissance moyenne, il porte bien ; fruit très- 
foncé, rouge d’outre en outre ; d’une belle forme et d’un excellent goût. 

Berce BorpeLase. — D’un goût très-fin ; excellente à forcer : ressemblant aux Frai- 
siers des Alpes. 

Cowresse Kicka (France). — Bon fruit; végétation vigoureuse. 


an 


Cremonr, De (France). — Fruit de bonne dimension; plante prolifique et saine. 

Courte DE Paris, (Pelvilain, France). — Fruit gros; plantes fortes et fertiles; bonne 
espèce de marché. S 

Capiraine Cook (ÜVicholson). —' Porte beaucoup; fruit gros ; saveur musquée. 

Carozina SurenBa (Kitley). — Plante assez délicate, mais convenable pour la culture 
en pot. Fruit tout à fait supérieur. 

Comresse DE Marne (Graindorge, France). — Belle, précoce, fertile et vigoureuse. 

Cook, Hygribe DE. — Tardive et bonne. 

Ci. — L’ancienne fraise du Chili convient dans les expositions chaudes. 

Pazais DE Crisraz. — Très-tardive. Ressemble à Nemrod ou Éléonore. 

Prozirique DE CoLes. — Fruit foncé, bon. : 

Cuampion (Américaine). | 

Crimson queen (Rime Écarlate) (Myatt). 

Décices D'AUTOMNE (Belgique). — Bon fruit, ressemblant assez à l’Élisa de River. 
Fertile, mais automnal ou remontant seulement par occasion. 


Downron (Knight). — Ancienne espèce. 
Derrrogn Pine (Myatlt). — Bonne et ancienne variété ; précoce. 
Duc pe Mazaror (Gloede) — Fruit excessivement gros, quelquefois anguleux et en 


crête de coq: d’un rouge clair ou écarlate; précoce : plante vigoureuse : tout à fait 
de première qualité et excellente. 

Ducuesse DE TRÉvIsE (France). — Fruit pelit, rond, rouge foncé, bon. 

Euisa (Rivers). — Fruit rond et très-bon ; plante forte et fertile. 

Eupeneur (Tailor). : 

Exmimirion. — Très-productive. (Voy. prince Albert et prince Alfred.) 

Excercenre (Lorio, Belgique). — Excellente, fertile, touffue et très-rustique ; fruit 
gros, rouge et beau. 

Eceoxoke (Myatt.) — Grosse et bonne : l’une des meilleures espèces tardives. 

Ecron Pine. — Bonne tardive ; acide. 


Ewsanx’s SEEDLING. -— Ancienne espèce peu connue, très-dure et prolifique. 

Fic-Basker (Wicholson). — Fruit gros et bon, — excellente pour le marché. 

Ficserr-Pine (Myatt}. — Peu recommandable et sujette aux maladies. 

Goziatu (Kitley). — Grosse et bonne, plante vigoureuse. 

GEuiNEAU (France). — Tardive et bonne. 

GÉNÉRAL HaveLock (Tiley). — Fruit rouge d’outre en outre. 

Iexpries SeepriNc. — Fruit très-beau dont la saveur ressemble à celle du British 
Queen. 

Hupson Bay. 

Hovey’s SeenLiNG (Américaine). — Très-productive, cultivée pour les marchés. 

Huxrsoy. — Primitive; estimée pour son arôme musqué. 

Huursoym onsrrueuse. — Grosse et excellente. 

IncomparagLe (Blake). — Fruit clair, en grande partie blanc, saveur très-bonne, 
vigoureuse mais plus ou moins fertile. 

JucunpA (Salter). — Fruit gros et beau, mais creux et de mauvais goût. 

Juxa Bamcnoon (Wicholson). — Fruit bien aromatisé rustique et productif; d’un 


excellent usage. 

Jenny Linp (Américaine). 

Keen’s Seepzixé. — L'une des meilleures anciennes variétés : de première qualité 
pour forcer. 

La ConsranTe (De Jonghe, Belgique). — Belle forme, grande, ferme et compacte; 
saveur exquise. Tout à fait de première qualité; on ne saurait en dire trop de bien. 

L’IupériaLe (Duval, France). — Très-voisine du Goliath, de Kisley. 

La Rene (De Jonghe, Belgique). — Fruit très-long ; blanc, teinté de ronge ; saveur 
exquise ; très-rustique. 


— 287 — 


La Cnazonaise (D. Niceuse, France). — Excellente ; de la race du British Queen. 

La Déuiceuse (Belgique). — Couleur particulière; chair jaunâtre, riche, butyreuse ; 
tardive. 

La Pere (De Jonghe, Belgique). — Trés-bonne; saveur fine. 

La Liéeroise. — Précoce, mais peu de goût ; de la race de Black Prince. 

Léoporn (Belgique). — Fruit très-coloré, juteux et délicieux ; plante forte et fertile : 
l’une des meilleures. 

LE Baron (Américaine). — Précoce et bonne. 

Luciva (Californie). — Fruit trop petit, mais très-vineux : très-intéressant, au point 
de vue botanique. j 

Marquise pe Larour Maurourc (France). — Très-bonne variété; forte, fertile et de bon 
goût. 


Macenum Bonuu (Barratt). — Bonne, ressemble au British Queen. 

MonsrRueusE DE RoBine (France). — Fruit très-gros; peu de goût ; plante rustique, 
touffue et productive. 

Maname Ezisa Virmorin (Gloede). — Forte végétation, fruit très-beau ; saveur du 
British Queen. 

May Queen (Reine de Mai). — Très-précoce : bonne à forcer. Très-recommandable. 

Neuron (Pince). — Il serait difficile de dire en quoi elle diffère de l’Eléonore , de 
Myatt. 

Nec Prus Urrra (De Jonghe, Belgique). — Fruit presque noir, très-gros et ferme ; 


plant vigoureux et fertile : peu de goût. 

NaimeTre (Belgique). — Fruit de forme irrégulière, assez musqué; couleur rouge foncé, 
plante superbe; très-rustique, basse, fertile. Cette variété est fort usuelle. 

Omer Pacxa (Ward). — Ressemble à la Rival Queen; bon fruit, mais peu abondant. 

Op ScarzerT. — Fruit petit, rouge clair, très-précoce. 

Our Wire. — Joli fruit rond, juteux, assez acide : les grains très-foncés et la chair 
blanche le rendent très-attrayant. 

Prince DE GALLES (Toyne). — Fruit rond, foncé et de bon goût. 

Prince De GaLces (Steward et Neilson). — Précoce et bon, plante rustique. 

Prince DE GaLzes (Cuthill), — Fruit d’une jolie forme conique, très-acide; excellent 
pour confitures : fertile. 

Prince DE GALLES ({/ngram). — Très-bon et fort répandu. 

PRINCESSE ROYALE D’ANGLETERRE (Cuthill). — Bon fruit; croissance rapide, maistendance 
à rester stérile. 

Princesse FRÉDÉRIc-GuILLAUME (Wiven). — La saveur et le parfum de ce fruit sont par- 
ticulièrement délicieux; sa couleur est écarlate. Plante très-saine et fertile : au pre- 
mier rang parmi les plus précoces et tout à fait hors ligne pour forcer , embaumant 
la serre de son parfum. Cette fraise, nouvelle, deviendra bientôt l’une des plus 
importantes. 

Princesse ALice Maup (Myatt). — Bonne forme, belle couleur et grande fertilité. 

Paixce Azserr (Myatt). — Très-productif, mais d’une saveur faible. 

Prince Azrrep (Scholfield). — Beau fruit, mais qui se distingue trop peu de l’exhibi- 
tion et du Prince Albert, 

Prince ImpériaL (Graindorge, France). — Précoce et bonne. 

Princesse RoyaLe (France). — Très-précoce et prolifique : assez acide, forme et couleur 
fort belles, 

Parricx ’s SEEDLING. — Forte croissance : bonne saveur. 

Prouric (Myatt). — Ressemble au Sir Walter Scott; fruit plus gros, mais pas aussi 
savoureux : très beau. 

Queen Victoria (Myatt). — Précoce et bonne. 

Quixquerozia (Myatt). — Employée pour la culture en pots; de la race du British 
Queen. 


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— 283 — 


Rosegerny, — Précoce, mais peu de goût. 

Rusis (Wicholson). — Beau fruit, très-abondant : forme et couleur bonnes. 

Rivaz Queen. — Comme le Scarlet Pine et l'Omer Pacha, peu fertile. 

Sir Harry (Underhill). — Se force bien et se cultive avantageusement une première 
année, comme plante annuelle; mais en vieillissant est sujette à devenir malade. 
Sir Caarzes NaApier (Smith). — Fruit d’un beau vermillon; acide. Bonne variété, dure 

et quise force bien. 

STiRLING CASTLE PINE. — Fruit de bonne dimension et d’un excellent goût : plante 
forte et rustique. 

ScaRLET PINE. — Ancienne espèce qui a été nommée par le Dr Roden : lrès-ressem- 
blante, sinon semblable au Rival Queen : fertile et convenant bien pour être 
transportée à de grandes distances. 

Surprise (Myatt). — Fruit très-gros, mais fade. 

SWAINSTONE SEEDLING. — Fruit énorme et excellent, 

Sr Lamgerr (Belgique). 

Sin Wazrer Scorr. — Obtenue en Écosse, ressemblant à la prolifique de Myatt, mais 
encore plus fertile que celle-ei, quoique moins robuste : beau fruit. 

ScARLET NON PAREIL (Pat{erson). 

Triompue (Américaine). — Produit beaucoup, très-précoce, se force bien el très-rus- 
tique : convient pour les terrains humides, 

Triompue DE LiÉce (Lorio, Belgique). 

Vicroria (Trollope). — Forme superbe et ordinairement fort bonne. 

VenrsaiLLAIse, — C’est sans doute la Prolifique des Anglais. 

Unique ScarLer (Américaine). — Végétation vigoureuse, fruit très-bon, remarquable 
par ses grains enfoncés profondément, assez petit. 

Wezuixcrox. — Bon fruit, cultivé, surtout en Écosse pour le marché. 

SuPergse DE WiLLemor. — Tardive, belle, assez bonne, pas productive. 


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Hbergia macrocalyx, Hook. 


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— 289 — 


HORTICULTURE. 


HISTOIRE ET DESCRIPTION DES NOUVEAUX BILLBERGTA (1). 


FAMILLE DES BROMÉLIACÉES. —— HEXANDRIE MONOGYNIE. 


Figuré Planche XIX. 


1° Billbergia macrocalyx, Hook ou Büllbergia à long calice. 


BixceerciA macrocalyx ; rhizomate crasso cylindraceo repente, foliis erecto-patulis 
lato-lingulatis acutissimis concavo-canaliculatis apice planiuseulis recurvis remote 
spinuloso-serratis viridibus pallide maculatis dorso subfastuosis, bracteis amplis ovato- 
oblongis brevi-acuminatissimis concavis intense roseis, bracteolis subnullis, spica 
simpliei thyrsiformi, ovario infero calyceque biunciali farinosis, sepalis lineari- 
oblongis, petalis calyce 1/5 longioribus spatulatis apice patentibus pallide viridibus 
ad marginem purpureo-tinctis, squamis petalorum elongalis bidentatis ad basin 
squamula ciliata auctis. Hooker. Bot. Mag. tab. 5114. 


Nous avons signalé à nos correspondants cette brillante Broméliacée 
dès son apparition dans le Botanical Magazine (2). Nous n'avons 
donc pas à répéter les détails que nous avons donnés sur son histoire et 
son origine; mais nous en publions l’iconographie qui permettra à tout 
le monde de reconnaître immédiatement le Billbergia macrocalyx. Au 
surplus cette espèce comporte les caractères suivants : 

Rhizome épais, allongé, arrondi. Feuilles longues d’un pied à un pied 
et demi, larges, droites-étalées, concaves, épaisses et renflées à leur 
base, planes jusqu’à la pointe et recourbées à leur dernière extrémité : 
le bord est assez spinulescent : leur couleur est le vert foncé, avec 
quelques points pâles disséminés sur la face inférieure. Épi simple et 
thyrsiforme, muni, à la base, de quelques grandes bractées concaves 
et d’un beau rose : les bractéoles basilaires de chaque fleur sont presque 
nulles et caduques. Rachis et calice très-farineux. Ovaire infère : 
sépales fort longs; pétales un tiers plus longs encore, spathulés, d’un 
jaune verdâtre clair passant au bleu à leur extrémité. 

2° Billbergia horrida Hort. — Berl. allgem. Gart., N° 44 ou du 
30 Oct. 1858 p. 345 pl. VIIL. — Journ. de la Soc. Imp. d’hort. 14859, 
pag. 77. — Billbergia hérissé d’épines. 

Plante remarquable par ses feuilles larges, bordées d’épines, terminées 
brusquement par une pointe triangulaire et recourbée, marquée en 


(1) Voyez B. Wetherelli, Belg. Hort., t. V, p. 168 et Billb. thyrsoidea, Belg. Hort., 


t. IV, p. 202. 
(2) Voyez Belg. hort., Revue des plantes nouvelles, t. IX,p.262et t.X, No1, p. 10. 


BELG. HORT. TOME X. 19 


— 290 — 


dehors de points blancs ou même de zones transversales blanches, qui, 
au nombre de 16 à 20, se rapprochent dans le bas de manière à former 
comme un gobelet cylindrique; les feuilles inférieures sont longues 
de 50 centimètres et larges de 3 ou 4 centimètres; les supérieures sont 
beaucoup plus courtes et atteignent jusqu’à 8 centimètres de largeur; 
enfin celles qui se trouvent au-dessous de l’inflorescence constituent des 
bractées lancéolées, d’une teinte fauve. Les fleurs forment un épi terminal 
ovale, assez lâche; leurs trois sépales sont rapprochés en tube, vertsavec 
l’extrémité bleue, et leurs 3 pétales, beaucoup plus longs et étroits, sont 
blancs en dedans, verdâtres en dehors avec l’extrémité bleue; ceux-ci 
s’enroulent en dehors et ils portent deux écailles à leur base. 

Cette espèce est voisine du B. decora Poepp. et End. 

3. Billbergia pallescens. C. Koch et Bouché, Berl. allgem. 
Gartenz. 1. c., p. 546. — Journ. de la Soc. Imp. d’hort. 1859, p. 78. 
— Billbergia pâle. 

Cette espèce était cultivée depuis longtemps au Jardin botanique de 
Berlin, sous le nom de Billbergia pallida, qui, ayant été appliqué par 
M. Lindley à une autre plante a dû être changé. Ses feuilles sont rappro- 
chées, comme celles de l’espèce précédente, à leur partie inférieure ; les 
inférieures sont plus courtes que les supérieures; toutes sont d’un vert 
pâle et uniforme aux 2 faces, sans points ni lignes, très-glabres, bordées 
de petites dents brunes. Sa hampe est très-glabre, dressée, pauciflore; 
elle porte des bractées colorées en rouge-cerise, dont les dernières sont fort 
petites. Les fleurs sont au nombre de 5 à 6; leurs pétales, d’un jaune-ver- 
dâtre, ont la lame rougeñtre, enroulée en dehors à son extrémité qui est 
bleue ; chacun d’eux est muni d’une petite écaille à sa base, 


NOUVEAUX BILLBERGIA A INFLORESCENCES PENDANTES, 
Par M. Cuarces Kocx DE BERLIN). 


Nous avons fait, dans un des appendices au catalogue des graines du 
jardin botanique de Berlin, un relevé des espèces de Büllbergia que 
nous connaissions et nous les avons réparties en trois classes. La troi- 
sième (Cernuæ) comprend toutes celles dont l’inflorescence est pendante. 
Aux huit espèces qui y sont décrites d’une manière plus détaillée et qui 
toutes méritent notre attention à cause de leur beauté, il faut encore en 
ajouter trois, ce qui porte à onze le nombre des espèces à inflorescences 
pendantes, actuellement connues et décrites. 


(4) Wochenschrift für Gürlnerei und Pflanzenkunde 1860, N°19, p. 145. — Traduc- 
tion de M. Jules Bourdon. 


— 291 — 


Nous devons cependant remarquer que le Billbergia Leopoldi des 
jardins belges, que j'ai décrit dans ce catalogue, avait déjà été trois ans 
auparavant publié par le professeur De Vriese de Leyde sous le nom 
de Billbergia Rohaniana dans les Plantes nouvelles et rares du jardin 
botanique de Leyde et figuré ensuite dans la Tuinbouw-Flora, t. 9, 
pl. 5; nous avons pu nous en convaincre par des exemplaires originaux. 
Ce dernier nom doit, en conséquence, être maintenu. 

Les onze espèces de Billbergia, six ont des fleurs bleues ou 
violettes, trois des fleurs d’un jaune-verdâtre, une des fleurs vertes; 
celles de la dernière ne sont pas encore connues. Cette espèce que le 
jardin botanique de Berlin a reçue de celui de Paris, est certainement 
la plus belle du genre quant au feuillage. M. Brongniart lui a déjà imposé 
un nom. Elle appartient sans aucun doute à cette division du genre, car 
elle possède ce caractère qui lui est propre d’avoir des feuilles peu nom- 
breuses, pour la plupart allongées et formant à leur base une cavité qui 
a plutôt l'apparence d’un tube que celle d’une coupe. Chez les espèces 
des autres divisions la cavité est formée par un plus grand nombre de 
feuilles et s’élargit vers le haut. 


4. BILLBERGIA GRANULOSA, Broncn. (1). 


Cette espèce, dont le jardin botanique de Berlin possède deux grands 
exemplaires et qui pourtant n’a pas encore porté de fleurs, est très- 
voisine du B. Rohaniana. Le cylindre formé par les feuilles est moins 
haut et moins gros; les feuilles, qui souvent ne présentent sur leur face 
supérieure que des points d’un blanc-grisâtre, n’ont jamais des taches 
blanches nombreuses et très-saillantes, mais seulement des bandes de Ia 
même couleur et s’effaçant facilement. Enfin tandis que la distance entre 
les dents n’est que d’une à deux lignes chez le B. granulosa, elle atteint 
ici le plus souvent un demi-pouce. 


2. BILLBERGIA COMMIXTA, C. Kocx(2). 


Sous le nom de B. stipulata le jardin botanique de Berlin recut deux 
plantes différentes. L’une provenait du jardin des plantes de Paris; un 


(1) Stolones adscendentes, squarrosi; Folia parte inferiore canaliculata , sese 
amplectentia, cylindrum 5 poll. in diametro continentem formantia, elongata, ab 
initio erecta, deinde planiuscula et recurvala, maculis albis, rotundatis punctisque, 
præsertim ad paginam inferiorem, dense adspersa, interdum transverse zonata, 
mious adulta supra læteviridia, omnia margine dentibus lanceolatis, pungentibus 
approximatis armata, apice semi-elleptieio triangulari recurvato. 

(1) Stolones adscendentes ; Folia ad medium cylindrum angustum, elongatum 
formantia , erecta, vix ad partem superiorem recurvata, remote serrala, supra 
lepidalo; scapus supra medium cernuum, foliis bracteiformibus amϾne persicinis 
ornatus ; Calycis sepala lanceolata , albo-farinosa; Petala flavido virescentia; Slig- 
matum capitulum sesquicyclum ; Ovula apice rotundata. 


— 9292 — 


examen plus complet la fit reconnaître pour le Billbergia zebrina, Lino, 
ainsi que nous l’avons déjà publié dans le N° 42 du Garten-Nachrichten 
de l’année dernière; l’autre, provenant du jardin de St. Pétersbourg, 
était une espèce nouvelle ou du moins inconnue pour nous; voulant 
éviter des changements et ne croyant pas pouvoir justifier le nom de 
stipulata, nous l’avons appelée B. commixta. Elle est extrêmement voi- 
sine du B. zebrina, Linpz. ; elle s’en distingue pourtant par des feuilles 
plus étroites, dont la partie inférieure forme un cylindre également plus 


étroit, mais dont la partie supérieure n’est que peu recourbée. Les sépales 


allongés et lancéolés sont caractéristiques. 

Les feuilles atteignent une largeur d’un pouce et une longueur de 
11/2 à 2 pieds; elles sont roides, dressées et se recourbent un peu en 
arrière vers le haut. Jusqu’à leur milieu elles sont creusées en gouttière 
et s'embrassent réciproquement, de façon qu’il en résulte un tube cylin- 
drique, d’un pouce de diamètre. Des points écailleux d’un blanc grisâtre 
existent sur les deux faces, principalement sur la face inférieure où se 
trouvent en outre des bandes transversales de la même couleur. La hampe 
est grêle, pendante seulement au delà de son milieu, d’une longueur 
de 11/2 à 2 pieds, dont huit pouces environ appartiennent à l’épi floral, 
recouverte d’un léger duvet blanc, floconneux. Les feuilles inférieures 
qui se trouvent sur cette hampe présentent une gaine longue d’environ 
5 pouces, terminée par une pointe d’un blane grisâtre; les supérieures, 
au contraire, ont une magnifique couleur de fleur de pêcher et une 
forme étroitement lancéolée. Leur longueur est de 5 à 6 pouces et leur 
largeur de 6 à 8 lignes. 

A la partie supérieure de l’inflorescence se trouvent 25 à 50 fleurs 
sans pédoncule et sans spathe, et très écartées. L'ovaire, long de six lignes 
et large de quatre, est blanc floconneux et présente à la face supérieure 
sept côtes longitudinales et deux.à la face opposée. 

Les sépales également d’un blanc floconneux, lancéolés, sont parcou- 
rus de nombreuses lignes longitudinales brunes. Les pétales d’un vert 
jaunâtre, et munis à leur base de deux petites écailles à extrémité ciliée, 
ont une longueur de 35 pouces sur une largeur de 2 1/2 lignes, et se 
recoquillent plus tard de manière à être réduits au tiers. Les étamines 
sont seulement un peu plus courtes; elles prennent à leur extrémité une 
nuance violette et supportent une anthère jaune trés-étroite. Le style, 
grêle et en forme de colonne, est également violet vers son extrémité et 
se termine par un stigmate de la même couleur, en tête, tordu en spirale, 
décrivant un tour et demi. Les ovules sessiles, anatropes, à pointe arron- 
die, n’occupent que la moitié des loges. 


= 99% — 


3. BILLBERGIA PORTEANA, Bnonçn. in Beer Brom. p. 115 (1). 


Le jardin botanique de Berlin reçut cette plante de M. Beer, rentier à 
Vienne, qui en donne la description dans l’ouvrage cité ci-dessus ; on y 
voit que le voyageur Morel l’introduisit du Brésil à Paris. Elle est très- 
voisine du B. zebriria, Lixpz., et s’en distingue difficilement lorsqu'elle 
n’a pas de fleurs. En général cependant les feuilles, du moins à leur face 
supérieure et surtout lorsqu'elles sont jeunes, y sont d’un vert plus pur 
et même luisantes. Elles sont aussi moins larges. Mais ce qui est carac- 
téristique, c’est l’inflorescence beaucoup plus allongée et présentant déjà 
dans le bouton une forme étroitement elliptique. Les fleurs sont beau- 
coup plus éloignées et se distinguent par la belle couleur bleue de Ia 
partie supérieure du style et même des étamines. 

La plante produit à sa base plusieurs stolons qui s’élèvent bientôt, se 
développent avec rapidité et portent même des fleurs. Les feuilles infé- 
rieures et intérieures sont beaucoup plus petites, tandis que trois à cinq 
feuilles du milieu atteignent souvent une longueur de 4 pieds sur une 
largeur de 2 à 2 1/2 pouces et pendent pour la plupart en forme d’are 
à partir de leur milieu. Jusqu’à ce point elles présentent une large 
gouttière, s’embrassent réciproquement et forment un cylindre long 
de 1 à 1 1/4 pied et d’un diamètre de 2 à 2 1/2 pouces. La face supérieure 
a une couleur verte un peu grisâtre due à de nombreux points blancs; 
cette teinte cst encore plus prononcée sur la face inférieure qui est 
en outre rayée transversalement de blane. Leur extrémité, presque trian- 
gulaire, se recourbe en arrière. 

La hampe, grêle, recouverte d’un épais duvet floconneux blane, est 
déjà pendante en dessous de son milieu. Outre les deux feuilles infé- 
rieures qui sont serrées contre elle et en forme de gaine, il s’y trouve 
encore d'autres feuilles d’un rose vif, d’une forme elliptique, longues 
de 6 pouces et larges dans leur milieu de 1 1/2 pouce. Les fleurs, 
au nombre de 12 à 16, sont assez éloignées, sessiles et sans spathe. 
Leur ovaire, dont la longueur est de 7 à 8 lignes et le diamètre de 
5 1/2 lignes, a une forme triangulaire obtuse ; sur les arêtes mêmes 
se trouve une gouttière, présentant une côle à chacun de ses côtés. 
Ces côtes ont une couleur bleue, tandis que tout le reste est couvert 
d’un duvet floconneux blanc, 

Les sépales sont ovales-allongés et également floconneux; ils n'ont 


(1) Stolones adscendentes ; Folia ad partem inferiorem canaliculata, eylindrum 
pedalem formantia, elongata, mox recurvala, serrata supra minus, subtus magis 
albo-griseo punetata et transverse zonata; scapus infra medium cernuus, albo-floc- 
cosus, foliis bracteiformibus ellipticis, amϾne pallide-rubris ornatus; Calycis 
sepala oblonga, lurido-albida; Petala flavido-virescentia; Stigmata libera, amœne 
cærulea ; Ovula apice rotundata. 


— 29% — 


que 5 lignes de long, tandis que les pétales ont une longueur de 
2 3/4 pouces, qui plus tard se réduit au tiers par leur recoquillement; 
ces pétales sont d’un jaune-verdâtre, munis à leur base de deux écailles 
ciliées. Les filets ne sont guère plus longs que les pétales; ils ont une 
couleur bleue à leur partie supérieure et portent des anthères grêles 
et également bleues. Le style, mince et en forme de colonne triangulaire, 
se divise à son extrémité en trois stigmates bleus, assez longs, un peu 
tordus, mais complètement séparés l’un de l’autre. Les ovules sont ovales 
et disposés sur quatre rangs. 


LE GENRE NIDULARIUM DE M: LEMAIRE. 


Les deux traductions que notre collaborateur M. Alfred de Borre, nous 
a fournies sur les Broméliacées (1) et qui se rapportent à des articles pu- 
bliés en allemand par MM. Regel de St. Pétersbourg et C. Koch de 
Berlin, ont provoqué une réclamation, assez vivement formulée, de la 
part de M. Lemaire, rédacteur de l’Illustration horticole, (livraison de 
juillet 1860, p. 44). 

Nous avons pour notre honorable confrère de Gand la plus cordiale 
considération; ses opinions méritent l’attention des botanistes et c’est 
pour celte raison que nous les avons déjà discutces quand nous les avons 
trouvées en contradiction avec les nôtres ; si notre sentiment n’avait pas 
été celui-là, nous les eussions laissées passer sans y prendre garde; nous 
avons cru cependant devoir nous arrêter quand notre collègue est entré 
dans une voie où nous ne voulions pas le suivre. 

Relativement aux Broméliacées, M. Lemaire maintient ses opinions, 
contredites par M. Koch, et soutient qu'il sait parfaitement distinguer un 
Bromelia d’un WVidularium. 

Nous le croyons sans peine. Mais nous cherchons en vain à compren- 
dre pourquoi nous avons été mis en cause : si M. Koch ne partage pas 
la manière de voir de M. Lemaire sur les Bromelia et les Nidularium, 
c’est à M. Koch qu'il faut s'adresser lorsqu'on juge à propos de réclamer. 
Quant à nous, nous avons publié, à la suite l’un de l’autre, deux travaux 
soutenant deux manières de voir qui sont assez contradictoires entre 
elles. Ce fait aurait pu faire voir que notre but a été de faire connaître 
aux lecteurs français, les idées les plus récentes des botanistes étrangers, 
afin de permettre à chacun d'apprécier la valeur des diverses opinions 
émises. Nous n’avons pris aucune position dans le débat et nous ne vou- 
lons point en prendre pour le moment. 

Nous ne relevons pas, dans l’article de M. Lemaire, l’épigraphe, ni le 
mot inconcevable qui se trouve à la seconde page : l’un et l’autre sont des 
fautes... d'impression. 


(1) Voyez Belg. horticole t. X, p. 195 ct 257. 


— 295 — 


NOTICE SUR LE CHAMÆBATIA FOLIOLOSA Bent, OÙ CHA- 
MÆBATIE A FOLIOLES NOMBREUSES. 


FAMILLE DES ROSACÉES. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. 


Caamæsaria foliolosa , Benth. in Plant. Hartw., p. 308. — Torrey, Plantæ Fremon- 
tianæ , p 11, t. 6. — Bot. Mag., tab. 5171. 


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PI. 39. Chamæbatia foliolosa, Benth. 


Cet arbrisseau est très-curieux comme ayant à la fois des fleurs de 
Potentille et des feuilles qui rappellent bien celles d’un Achilléa. 11 croît 
spontanément à de grandes’ hauteurs, sur la Sierrra Nevada et sur les 
montagnes de Sacramento, en Californie. Découvert en 1844 par le 
colonel Frémont, et décrit un peu plus tard par M. Bentham et M. Torrey, 
il n’a été introduit en Europe que récemment, par MM. Veitch. 

Cest un arbrisseau branchu de 75 à 90 centimètres de hauteur, à 
écorce lisse, exhalant une odeur balsamique très-agréable. Ses feuilles 
ovales elliptiques, presque sessiles et stipulées, sont tripinnatifides, à 


— 296 — 


bords ciliés; les segments ou découpures sont très-serrés et presque 
linéaires. Les fleurs sont blanches, d’un demi pouce de diamètre et 
disposées en ue terminale. 

La plante est jusqu'ici en serre froide, mais elle semble pouvoir résis- 
ter à l'hiver en pleine terre. Nous l’avons rencontrée dans l’établissement 
Jacob-Makoy, où elle est toujours remarquée à cause de l’élegante décou- 
pure de son feuillage. 


LES PLANTES GRIMPANTES HERBACÉES OU ANNUELLES ET LEUR 
EMPLOI POUR L’ORNEMENTATION DES JARDINS. 


Par M. F. C. Heinemann, Horticulteur à Erfurt(1). 


Les plantes grimpantes contribuent puissamment à l’ornement des 
jardins; elles figurent très-bien dans les groupes au milieu desquels on 
peut les élever et auxquels elles fournissent ainsi un centre gracieux ; 
elles changent des tiges nues, et par cela même d’un assez triste effet, en 
de charmantes colonnes de verdure et de fleurs; elles dissimulent agréa- 
blement les pieds et les piquets; elles convertissent en brillants tapis de 
verdure des murs et des pierres d’une affreuse nudité; elles permettent 
d'obtenir dans les jardins et surtout dans les maisons, le long des balcons 
autour des fenêtres, etc., de très-jolies guirlandes; en un mot, l’horti- 
culture en tire, dans une foule de circonstances, un élément de décoration 
que rien ne pourrait remplacer. Mais pour ces plantes, comme pour la 
plupart de celles qui ont leur destination spéciale dans les cultures, la 
variété est à peu près indispensable, parce qu’elle permet de combiner les 
effets produits par la diversité des feuillages, des fleurs, parfois même 
des fruits. Or, sous ce rapport, nos jardins laissent encore quelque peu à 
désirer, les espèces grimpantes qu’on y voit étant en assez petit nombre; 
aussi, Croyons-nous qu’il ne sera pas sans intérêt de reproduire, à ce sujet, 
la plupart des indications contenues dans un article de M. Heinemann, 
qui a été communiqué à la Société d’'Horticulture d’Erfurt et publié 
ensuite dans la Gazette horticole de Hambourg. Cet article ne s’occupe 
que de plantes grimpantes annuelles ou employées comme telles, et cepen- 
dant le nowbre de celles qu’il indique comme méritantes, est assez grand 
pour laisser beaucoup de liberté dans le choix qu’on peut en faire. 

Les plantes grimpantes auxquelles M. Heinemann donne la préférence 
sont les Cucurbitacées. Parmi elles il nomme d’abord le Cucurbita mela- 
nosperma ou ficifolia, espèce encore fort peu connue en France, qui, 
sous le rapport qui nous occupe, surpasse toutes les autres plantes de la 
même famille. Elle s’élève jusqu’au sommet des grands arbres et jus- 
qu’au toit des maisons devant lesquelles on la fait grimper. Elle végète 


(1) Hambourg. Garten und Blumenzeitung 1860, PRR. livre. — Traduct. du Journ. 
de la Soc. Imp. et centr. d’hort. 1860. p. 473 


DE 


avec une vigueur et une rapidité extrêmes, et au mérite de produire un 
feuillage abondant, elle joint celui de développer en peu de temps une 
grande quantité de fruits qui ajoutent beaucoup à l'effet qu’elle produit. 
Dans le Jardin de Sans-Souci, près Postdam en Prusse, on en a tiré un 
parti merveilleux. 

Le Cyclanthera pedata est une autre Cucurbitacée dont le feuillage, 
d’un vert très-clair, ne ressemble pas mal, pour l’aspect général, à celui 
de la Vigne-vierge (Cissus ou Ampelopsis). Cette plante monte très-haut 
dans l’espace d’un été; elle convient très-bien pour former des guir- 
landes, qu’on obtient sans peine en la faisant filer le long de simples fils 
de fer. — Les Momordica balsamina et Charantia sont encore de 
jolies plantes de la même famille, dont la première, qui a le feuillage 
vert foncé lustré et des fruits semblables à une orange pour la forme et 
la grosseur, ne grimpe pas très-haut, tandis que la seconde s’élève, au 
contraire, beaucoup et rapidement. — Le Luffa cylindrica Ræœm., ou 
Pappya fabiana C. Koch, Cucurbitacée dont l'introduction est récente, 
est curieuse par ce que ses fruits d’abord charnus, sèchent ensuite en 
formant intérieurement une matière fibreuse avec laquelle on a réussi à 
faire de jolis chapeaux. 1l faut le semer de bonne heure et sur couche. — 
Enfin, le Sicyos angulata surpasse presque toutes les autres plantes 
grimpantes par la rapidité de sa végétation. Six pieds de cette espèce 
suffisent pour couvrir de verdure, avant le mois d'août, un mur large de 
10 mètres; seulement, comme ses tiges se dégarnissent dans le bas, il 
est bon d’y mélanger d'autres espèces. Le Sycios peut surtout être 
utilisé avantageusement avant que les autres plantes grimpantes aient 
pu encore prendre leur développement. 

L’'Adlumia (Fumaria) cirrhosa est, selon M. Heinemann, le plus 
délicat et le plus léger des végétaux grimpants. Comme il est bissanuel 
ct qu’il ne fleurit jamais la première année, on ne le met en place qu’au 
printemps de la seconde année. Il donne beaucoup de fleurs rosées; seu- 
lement comme il n’est jamais bien fourni, on doit toujours le mélanger 
à d’autres espèces. — Les Cajophora (Loasa) produisent tous beaucoup 
d’effet par la vivacité de couleur de leurs fleurs, que fait encore ressortir 
la teinte foncée de leur feuillage. On les sème de bonne heure en pots, 
ou bien si l’on fait le semis en été, on garde les plantes à l’abri de la 
gelée, pendant l'hiver. Leurs poils brülants les mettant à l’abri des 
mains indiscrètes, on peut s’en servir pour orner des portes, des 
barrières, en un mot, les placer là où d’autres plantes seraient exposées 
à être endommagées par les passants. — Le Cobœa scandens est assez 
connu et assez répandu pour qu’il suffise d'en rappeler le nom. — 
L’Eccremocarpus (Calampelis) scaber est à la vérité ligneux, mais 
M. Heinemann le fait figurer à côté des espèces annuelles, parce qu’il 
fleurit dès la première année. 1l est bon surtout mélangé à d’autres 
plantes qui couvrent mieux que lui et au milieu desquelles ses fleurs, 
d’un beau rouge-minium, produisent beaucoup d’effet tout l'été. 


— 9298 — 


L’Eccremocarpus miniatus a les fleurs d’un rouge encore un peu 
plus vif. — Les Zpomea (Pharbitis) vulgairement connus sous le nom 
de volubilis sont de charmantes plantes assez connues pour qu'il suffise 
de les nommer ici. — Les Lophospermum et Maurandia rivalisent 
entre eux de beauté; si les premiers ont des fleurs plus grandes, les 
derniers ont un plus beau feuillage et des fleurs plus variées de couleurs 
bleues, rouges, blanches; ils s'élèvent à 3 mètres et plus, mais ils 
commencent à fleurir étant encore fort petits; ils sont surtout bons 
à diriger sur des fils de fer et à garnir le bas des endroits que laissent 
bientôt à découvert les espèces grimpantes d’une végétation plus forte ou 
qui se dénudent dans le bas, comme le Cyclanthera, le Sicyos, etc. Pour 
en jouir dès la première année, il faut les semer en pots de très-bonne 
heure, de manière à pouvoir les mettre en place dès le mois de mai. Il 
vaut encore mieux les semer en été et conserver les pieds ainsi obtenus 
dans un endroit clair, sec, à l'abri de la gelée, pendant l’hiver, pour les 
planter au printemps suivant. On peut aussi faire des boutures des 
Lophospermum en été. — Plusieurs Légumineuses, Dolichos, Phaseolus 
multiflorus vulgairement nommé Haricot d'Espagne, Lathyrus odoratus 
ou Pois de senteur, comptent parmi les plantes grimpantes les plus 
répandues ou les plus dignes de l’être; il suffit de les nommer ici. — Les 
Tropæolum ou Capucines sont encore au nombre des espèces grimpantes 
les plus recommandables. Il y en a de toutes les dimensions, depuis celles 
qui restent naines jusqu’à celles qui grimpent à plusieurs mètres de hau- 
teur. Elles sont en outre fort variées. M. Heinemann recommande surtout 
le Tr. Lobbianum. — Le Thunbergia aluta avec ses variétés, bien 
qu’étant une plante de serre chaude, réussit cependant fort bien à toute 
exposition chaude, dans une bonne terre meuble. particulièrement à une 
fenêtre, ainsi traité en plein air, il ne s’élève pas à plus de 1"40 ou 1"65, 
mais il n’en fleurit que mieux. Dans une chambre chauffée il vit plusieurs 
années. — Le Pilogyne suavis, de la famille des Cucurbitacées, quoiqu'il 
ne soit pas une plante annuelle, est rangé avec les précédentes par 
M. Heinemann, parce qu’on n’en possède que des pieds mâles et qu’on 
ne peut dès lors en obtenir la graine. L’horticulteur allemand le recom- 
mande comme étant incontestablement la plus belle des plantes pour 
guirlandes, et comme poussant avec une vigueur incroyable. Cette espèce 
supporte parfaitement la taille; son beau feuillage d’un vert foncé exhale 
une odeur agréable; ses jets sont d’une extrême flexibilité; il vient bien 
à l'ombre, mais il offre l'inconvénient d’allonger beaucoup ses entre- 
nœuds; aussi vaut-il mieux le placer au soleil. On en conserve sans peine 
les jeunes pieds pendant l'hiver, dans une chambre habitée. 

Parmi les diverses plantes dont il vient d’être question dans cet article, 
les Cajaphora, Momordica et Adlumia ont besoin, pour devenir beaux, 
d’être placés au soleil et d’être plantés dans de grands pots ou des caisses 
remplis d’une terre nutritive. Les espèces qui conviennent le mieux pour 


— 299 — 


les fenêtres, sont les Tropæolum peu hauts, les Thunbergia, Adlumia, 
Lathyrus, IpomϾa, Lophospermum, Maurandia. Sur les balcons et les 
terrasses il faut des plantes qui grimpent plus haut, et auxquelles on donne 
de grands pots, telles sont les suivantes : Sicyos, Tropæolum majus, 
T. minus, T. Lobbianum, T. perigrinum, Cajophara, Cobœa, Cyclan- 
thera, Cucurbita melanosperma. Là où l’on veut avoir des plantes qui 
retombent et pendent, on emploie avec avantage les Tropæolum, Lathy- 
rus, Lophospermum, Maurandia, Thunbergia, ainsi que d’autres espèces 
qu’on ne peut ranger parmi les végétaux grimpants, comme les Petunia» 
Sanvitalia, Nemophila, Saponuaria, Lobelia, etc. 


ARBORICULTURE. 


NOTICE SUR LE SAPIN PLEUREUR DE RICHARD SMITH, 
VARIÉTÉ DU PINUS EPICEA, L. 


M. Richard Smith, horticulteur-pépiniériste à Worcester, a donné le 
nom de Pinus inverta à un arbre extraordinaire qu’il a obtenu de semis, 
le Sapin pleureur. La vignette, qui accompagne cet article , représente 
cette remarquable plante et a été exécutée d’après une photographie. 
Il est provenu de graines du Sapin de Norwége (Pinus epicea, L.), mais 
son aspect insolite et ornemental l'ayant fait distinguer, il a été cultivé 
à part et multiplié avec un soin spécial. La nouveauté et les mérites du 
Pinus inverta sont si évidents, qu’il est inutile de les faire ressortir : 
ajoutons seulement que l’arbre est vigoureux , d’une croissance rapide, 
et que ses feuilles sont aussi vertes, plus longues et plus larges que celles 
du Sapin commun. 


LE SAPIN DE WILLIAMSON OÙ ABIES WILLIAMSONTI, News. 


Cette conifère a été récemment découverte par le lieutenant américain 
Williamson entre les 45° et 46° de latitude près de la rivière Com- 
lombia. Elle croit sur les montagnes, près des limites des neiges éternelles 
en compagnie des Picea amabilis et Picea grandis : elle est donc par- 
faitement rustique dans notre climat. 

Le Abies Williamsonti a été nommé et décrit par M. Newberry et il 
en parle comme de la plus belle espèce du genre. Sa hauteur ordinaire 
est de cent pieds; son port est gracieux et ses rameaux irrégulièrement 
étalés. Les feuilles sontcourtes, aigues, comprimées, à section lenticulaire : 
Les cônes sont pendants, en ovale allongé, pointus, long d’un pouce 
et demi, rouge de pourpre pendant leur jeunesse : plus tard ils devien- 
nent cylindriques ou presque coniques avec des écailles arrondies, entières 
et fortement recourbées en dehors sur les vieux cônes. 

Quelques ouvrages anglais confondent le Pinus Williamsont avec le 
Merlensiana, mais a tort, puisque ce dernier a les écailles des cônes 
réniformes et provient de Sitka, localité fort éloignée de celle où le 
Williamsoni a été découvert. 


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— 902 — 


HISTOIRE DES PLANTES UTILES. 


LE THÉ. 


PAR CHaRLes Wacx, de Hambourg. 


L'Europe doit en grande partie à ses relations avec les autres nations 
le degré prospère de sa civilisation, son universelle prépondérance et sa 
toute-puissante grandeur intellectuelle, de même que les institutions 
sociales de ses peuples; elle les doit aussi aux influences du climat, 
de la nourriture et à tant d’autres causes générales, parmi lesquelles 
l'alimentation joue un grand rôle. Les peuples indiens et la primitive 
Egypte, qui a dû autrefois être en rapport intime avec l’Inde, ont trans- 
mis la religion, les arts et les sciences aux Grecs et aux Romains, prinei- 
paux représentants de la civilisation dans la vieille Europe. 

Les Arabes leur ont enseigné l'astronomie, lachimie et la médecine; c’est 
d’Asie que la culture des arbres fruitiers a passé en Europe; l’Européen 
a ravi à l'Amérique le tabac, les pommes de terre et le maïs ; à l'Afrique, 
le café; à l’Inde, le sucre; et c’est de la Chine que le thé a entrepris le 
tour de l’univers. L'Europe, pauvre par elle-même, absorbe tous les pro- 
duits des continents plus richement dotés, pour s’en enrichir elle-même 
et nager souvent dans le superflu. Elle remédie à son indigence en em- 
pruntant à l’étranger la plupart des choses dont elle a besoin. L'Européen 
civilisé parcourt toutes les zones pour découvrir les immenses trésors de 
la terre. Point de dangers qui le détournent de réaliser ses plans de con- 
quête parmi les Barbares et de satisfaire sa soif de science. 

L'histoire des produits du sol est étroitement liée à celle des destinées 
des hommes, de leurs impressions, de leurs pensées et de leurs actes. 
L'instinct et l'expérience leur ont appris à choisir la nourriture la plus 
favorable à leur développement physique et intellectuel, les futurs pro- 
grès de la culture des peuples dépendant en partie de leur alimentation. 
À son propre insu, l’homme est dominé dans le choix de sa nourriture 
par une loi naturelle qui lui fait préférer entre toutes les plantes celles 
qui conviennent le mieux à son organisation. Nous ne pouvons expliquer 
autrement le goût ou l’antipathie, l'attrait ou la répulsion qui le gou- 
vernent dans le choix de sa subsistance. La nature sent ce qui lui est 
bon, et la science approfondit cette loi pour changer l’instinet en certi- 
tude. Le thé et le café, ces productions naturelles du règne végétal, ne 


— 908 — 


sont connus des Européens que depuis peu de siècles, et cependant, au- 
jourd’hui, nous ne pouvons plus nous passer de ces deux boissons. 

La décoction des graines du caféier est bue par 400 millions d’hom- 
mes, l’infusion de sa feuille par plusieurs millions. Plus de 500 mil- 
lions boivent le thé de Chine, et pourtant ni l’un ni l’autre ne sont des 
aliments proprement dits. Ils ne sont pour l’humanité qu’une jouissance 
eten même temps, il est vrai, des excitants doués d’une influence extra- 
ordinaire sur la digestion des aliments et leur assimilation à l’organisme. 
Leur importance ne peut être niée, et il était réservé aux recherches 
seules de la science d'expliquer l’énigme de leur consommation par des 
millions d'hommes et d’en constater les effets. 


Histoire du Thé. 


L'origine de l’usage du thé comme boisson et celle de sa propagation 
au loin se perdent dans la nuit des temps. Le Japon et la Chine, les États 
du monde les plus isolés de tous les autres, le connaissaient bien avant 
qu’on eût en Europe soupcon de son existence. Maint autre objet de 
première nécessité pour les Asiatiques ne prit que tard le chemin de 
l’Europe. Suivant la tradition japonaise, Darma, prêtre de Boudha, alla 
en Chine précher sa religion. Dans son zèle fanatique, cet apôtre voulut 
s’interdire jusqu’au sommeil, et, pour forcer ses yeux à rester ouverts 
même la nuit, il se coupa les paupières et les jeta. Mais voilà que le sa- 
crifice du saint engendra un miracle : de ses paupières naquit le thé, cette 
plante dont les Chinois ont symbolisé par cette allégorieles propriétés exci- 
tantes et antisomnifères. C’est vers l’année 810 qu’on suppose que le the 
fut connu des Japonais. Le pieux pénitent Darma, fils de Kasiuvos, connu 
des Chinois sous le nom de Ta-Mo, fut le 28° et le dernier apôtre du 
boudhisme en Chine; il émigra par mer de l’Inde pour la Chine et se 
fixa dans le Honan méridional, dans le voisinage de la fameuse montagne 
de Saeng. Suivant les recherches d’Abel Rémusat, Darma mourut en 495 
après J. C.; au dire des Japonais, ce fut en 549. 

La découverte et le premier usage du thé datent done du commence- 
ment du VI siècle. D’après Gaubil, on lit dans les Annales de la 
dynastie de Tang, que c’est dans la première lune de l’année 783 qu’a 
été imposé le premier droit sur le thé. Renaudot rapporte qu’au dire 
d’un voyageur arabe qui alla à Can-Fou en 778, l’empereur de la Chine 
levait ses contributions sur le sel et sur une plante dont les Chinois 
employaient les feuilles infusées dans l’eau chaude pour en faire une 
boisson. Mais ce même voyageur qui visita Can-Fou, l’ancien port de 
Hang-Tcheon-Fou dans le Tchekiang, véritable patrie da thé, ne dit pas 
un mot de l’exportation de ce produit; la consommation du thé était 
encore à cette époque renfermée dans les limites du pays. Ainsi, en 
Chine, l'usage en était général dès le huitième siècle (785) puisque 


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l’empereur le frappait d’un impôt. L’Occident ne le connut que plus tard. 
Les Arabes Wahab et Abouséide furent, dit-on, les premiers qui virent 
en Chine la culture de l’arbrisseau à thé, appelé Ta, Sa, Cha, et au 
Japon, Tsia. 

Le thé resta tout à fait inconnu en Europe jusque vers la fin du 
16° siècle. Giovanni Batiste Ramusio ne le mentionne pour la première 
fois qu’en 4559. Vingt ans plus tard, Louis Almeida en parle dans une 
lettre sur le Japon, et Maffeus en 1568. En 1610, l'Espagnol Texeïra, 
dans son ouvrage sur l’origine du royaume de Perse, attire l’attention 
sur le thé. Il le nomme cha et a vu la plante pour la première fois dans 
l'ile de Malacca. En 1655, Olearius rapporte que les Persans absorbent 
une boisson noire, résultant de la décoction des feuilles du cha ou cha, 
lesquelles, sèches, se ramassent comme des vers et ont été importées 
de la Chine par les Tartares d'Usbeck. En 1656 il vint pour la première 
fois du thé à Paris, comme curiosité. Les Hollandais se familiarisérent 
les premiers avec cette boisson, et ce sont eux surtout qui la propagèrent 
en Europe. 

En 1641, le célèbre médecin d'Amsterdam et consul Tulpius vantait 
les propriétés bienfaisantes et les effets du thé en médecine. La science 
médicale établit la première la réputation de ce produit en Europe. 
De même que, selon les alchimistes, la teinture d’or prolongeait la vie 
au-delà d’un siècle, de même le médecin hollandais Cornélius de Bonte- 
koe, croyait que l’usage du thé, du café, du chocolat et du tabac à 
fumer nous faisaient atteindre l’âge de Mathusalem. Par là, il sut habi- 
lement procurer aux articles de commerce de ses compatriotes un écou- 
lement qu’ils n’eussent pent-être pas aisément obtenu. Les Allemands, 
prompts à imiter, ne manquèrent pas non plus de prôner le thé comme 
préservatif et comme remède contre diverses maladies. En 1690, parut 
à Francfort un écrit sous ce titre : « Mémoire approfondi établissant 
que quiconque tient à la santé doit faire usage du thé non-seulement 
chez soi, mais que même un soldat en campagne peut se conserver à 
l’aide de cette boisson. » Bientôt après, les adversaires de toute innovation 
publièrent un écrit dans le sens opposé sous ce titre : « Septimus po- 
dagra, Le pharmacien, Sa mort dans l'herbe exotique Thé avec ses 
coryphées, les médecins. » Les Chinois ont aujourd'hui un proverbe : 
buveurs de thé dans la jeunesse, boiteux dans la vieillesse, qui prouve 
qu'eux aussi ils ont fait l'expérience que l’abus du thé donne la goutte, 
ce que paraissaient savoir dès le 47° siècle les adversaires de cette 
boisson. Il est certain que, consommée en trop grande quantité, elle 
peut, lorsqu'elle se mêle au sang, former dans les articulations des 
membres, des dépôts qui engendrent la goutte. 

Brême eut aussi, dès 1686, un apologiste du thé dans James Abraham 
de Gehema, qui en entreprit l’éloge dans son traité intitulé : « L’infusion 


— 905 — 


de thé, moyen éprouvé de se conserver en longue vie el santé, et excel- 
lente boisson, utile, nécessaire même pour lous les hommes de toutes 
les conditions. » À Berlin, dont les thés littéraires ont encore aujour- 
d’hui tant de réputation, parut en 1688 : « Le thé n’occasionne pas, il 
guérit l'hydropisie. » Dès 1684, Peuchlin avait fait imprimer à Kiel sa 
dissertation : Theophilus Bibaculus seu de potu Thee. Le Père Petit 
chanta un an plus tard le thé de Chine en vers latins qui se publièrent 
à Leipsic. 

Au milieu du 17° siècle, le thé fut introduit en Hollande par Ja 
Société hollandaise des Indes-Orientales, alors trés-florissante. Presque 
en même temps, Mandelsloh, dans la relation de son voyage en Orient, 
s’étendait sur les étonnantes vertus médicinales de cette plante, que 
pour la première fois il nomme thé, d’après Mathias Sprengel. Le 
médecin français Sonquet, vantait aussi beaucoup en 1667 les effets 
du thé; ce fut principalement lui qui plus tard en fit la boisson à la 
mode en Europe. 

En Angleterre, l'attention fut appelée sur le thé par la médecine, 
ce à quoi contribua beaucoup la dissertation de Thomas Shorts en 1750. 
Ce produit n’arrivait point en Europe par la voie de mer seulement, 
mais aussi à l’aide des transports par terre des marchands Russes. 
Selon Sprengel, le voyageur Kilberger le trouva dès 1674 répandu 
comme boisson, sous le nom de Schaë, parmi les différentes classes de 
la population en Russie, où la livre se payait alors 50 kopecks. Il en 
considère l’usage comme propre à prévenir l’ivrognerie, ce vice national 
des Russes, ou à adoucir une légère ivresse. Le thé se répandit en Dane- 
marck vers la même époque. Les premières plantes en ont été intro- 
duiles dans ce pays au 17° siècle, comme arbustes d'agrément, par le 
pharmacien des Frères Moraves, G. J. Kamel; selon d’autres, elles 
furent importées par le jésuite Camelli, en l’honneur duquel Linné 
nomma cette espèce Camellia. Dès 1669 on prenait du thé en Angle- 
terre, principalement dans les cafés de Londres. Mais l'habitude de cette 
boisson se propagea parmi la nation anglaise avec cette lenteur et cette 
prudence traditionnelles dans ce pays de sagesse à propos de toute inno- 
vation. Après les Chinois, aucun peuple ne consomme plus de thé que les 
Anglais, auxquels leur elimat et leurs occupations ont fait de cette 
boisson un besoin impérieux. En 1664, le roi d'Angleterre reçut en 
présent, de la Compagnie anglaise des Indes-Orientales, deux livres de 
thé comme une chose rare. Peu d’années après il en arrivait cent livres 
a Londres; bientôt le produit Chinois eut accès presque partout, et 
aujourd’hui combien de millions de livres n’en trouvent pas leur écoule- 
ment en Angleterre ? Jusqu'en 1854 le commerce du thé fut le mono- 
pole de la Compagnie anglaise des Indes-Orientales, puis on abolit ce 
monopole. Pour chaque livre de thé que la compagnie vendait 1 florin 12 
kreutzers et au-dessous, elle payait à l’Etat un droit de 96 pour cent, et, 

BELG. HORT. TOME X. 20 


— 506 — 


pour chaque livre au-dessus de ce prix, un droit de 100 p. cent. La con- 
trebande s’exerçait donc sur une grande échelle au préjudice de l’Etat. 
Qui ne se rappelle que ce malheureux impôt du thé occasionna à l’Angle- 
terre la perte de ses colonies de l'Amérique du Nord, celles-ci ne pouvant 
plus non plus se passer du thé? Elles refusèrent au parlement anglais 
cette contribution portée à un chiffre trop excessif. Le 26 février 17753, 
les hardis habitants de Boston coulèrent à fond un chargement de 18,000 
livres de thé. La révolution alors fut déclarée, et le 19 avril 1775 eut 
lieu la première rencontre sanglante des colons Américains avec l’armée 
anglaise près de Lexington. Depuis ce temps, l'Amérique du Nord a pris 
rang parmi les puissances. 

Ainsi ce fut le produit de l’arbrisseau à thé qui fournit un prétexte à 
l'explosion de cette fermentation ardente qui agitait les esprits depuis 
longtemps déjà ; elle éclata à propos de l'élévation du prix d’une denrée 
de première nécessité. À l’histoire du thé se rattache celle des États-Unis 
de l’Amérique du Nord et de l’émigration des peuples européens dans 
les temps modernes, émigration dont les flots sont irrésistiblement entrai- 
nés vers le nord de l'Amérique, afin d’y continuer, par la fusion des 
nationalités diverses, le développement progressif du genre humain. 
Ainsi l'Amérique Septentrionale deviendra un juvénile et vigoureux 
modèle pour les futures générations, quand les éléments mixtes qui la 
composent auront pris avec le temps un caractère plus homogène. Et de 
même que le thé, ce produit végétal, émigre de mer en mer, de pays en 
pays, de la Chine en Amérique, de même l’homme quitte le sol de sa 
patrie, où J’excès de la population le réduit à ne plus pouvoir subsister. 
L'Inde et la Chine fournissent aussi leur contingent aux émigrants en 
Amérique. Loin de ses foyers, le Kuli indien salue la boisson qui recon- 
forte, son ancien ami dans son pays natal, son unique et fidèle com- 
pagnon dans toutes ses privations et tous ses regrets de la patrie. 

A l’exception de la Chine et du Japon, dont il est originaire, le thé a 
presque toujours rencontré meilleur accueil dans les climats froids que 
dans les pays chauds. En Allemagne, il est devenu un besoin général 
pour les habitants sérieux et méditatifs du nord, tandis que la population 
plus vive du midi préfère le café. 

L’Allemand pauvre, consommant peu de viande, boit le café de préfé- 
rence au thé. Ce dernier, au contraire, est la boisson favorite en Angle- 
terre et à Hambourg, où la classe ouvrière prend en général une nourri- 
ture plus forte, et surtout de la viande en plus grande quantité que dans 
le reste de l'Allemagne. Non seulement le thé facilite la digestion, mais 
il excite, principalement chez les Anglais, une plus grande activité des 
nerfs, que l'influence du climat tend à relâcher beaucoup. 

En sa qualité de produit d’un pays des côtes asiatiques, il est particulié- 
rement du plus grand usage, comme digestif, chez tous les habitants des 
côtes. On en consomme beaucoup à Ava. Il est devenu pour les Birmans 


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— 507 — 


un article indispensable, et se débite chez eux soit en grosses tablettes, 
soit en forme de boules. Au dire de Crawford, les Birmans mangent une 
espèce de soupe au thé, assaisonnée d'huile de Sésame et d’Ail, et qu'ils 
nomment Laffet, Ce thé se cultive à cinq journées de marche d’Ava, vers 
le nord. La consommation du thé est, de longue date, très-considérable 
dans le Thibet. Déjà sous la dynastie Ming (1341-1628) les Thibétins qui 
allaient en Chine payer le tribut, emportaient dans le voyage du thé pour 
leur consommation. Ils boivent le thé au repas et mangent des grains 
d'orge secs, qu’ils humectent avec du thé dans le creux de leur main. 
Toute honnête femme du Thibet, quand elle paraît devant un lama, est 
tenue de se barbouiller le visage avec les feuilles du thé infusé et du su- 
cre rouge, pour ne pas être confondue avec une fille de mauvaise mœurs. 
Quel moyen adroit de propager l’usage du thé dans un pays qui fourmille 
de prêtres! Les habitants du montagneux Boutan sont aussi, d’après Tur- 
ner, de grands buveurs de thé. Le Père Georgi remarque que dans le 
Népaul cette boisson est d’un usage quotidien, bien qu’on n’y cul'ive pas 
la plante. Par le haut plateau du Thibet, l'usage de l’infusion de thé a 
pénétré jusqu’à Ladak, où le thé noir de Chine, réduit en poudre, s’em- 
ploie bouilli dans l’eau ou se mange comme au Thibet. En Cochinchine, 
l’arbrisseau à thé se cultive sur une grande échelle; on y vend, selon 
Cramford, la livre 4 à 2 pence. Les habitants même des villages le con- 
somment. En 1666, cette culture était florissante en Cochinchine; mais 
elle n’y suffit pas aux besoins du pays, qui fait venir du thé de la Chine 
et du Tonquin. Au commencement du X VIT siècle, Texeïra vit arriver à 
Malacca les jonques chinoises chargées de thé, et Mandelsloh en trouva 
lJ’usage généralement répandu à Surate en 1658 parmi les Indiens, les 
Hollandais et les Anglais. Dès 1668, des ambassadeurs moscovites virent 
prendre du thé en grande cérémonie à la cour du Khan Altyn, sur les 
bords du lac d’Upsa, et furent contraints d’emporter comme présent 
offert au ezar cette denrée en apparence de si peu de valeur. L’envoyé 
Starkow fut chargé de 200 Bach Tcha — paquets de 5/4 livre poids russe, 
de la valeur de 30 roubles — et c’est par lui que le thé fut importé à 
Moscou. On lit dans une histoire des Mantchoux, écrite sous le règne de 
l’empereur Kang-Hi, au commencement du dix-huitième siècle: « Les 
Russes aiment le vin, mais ne connaissent pas les jouissances du thé », 
ce que les Manichoux leur reprochent comme une marque de barbarie. 

Dans la Mantchourie, le thé est d’un usage très-ancien. L’envoyé mos- 
covite Idès trouva en 692, dans chaque maison des Daours deux pots en 
fer dont l’un était destiné à cuire la viande, l’autre à infuser le thé. En 
1727, Lange remarqua la même chose chez les Mogols du Khanoola. Les 
Curaetes consomment le thé en tablettes avec un mélange de farine et de 
graisse et le nomment Saturan. Les Kalmoucks aussi en font usage, mais 
moins immodérément que les Mongols et les Curaetes. Parfois ces deux 
derniers peuples y mélent de la soude, ou la cendre du bois ou de l’écore 


de bouleau, appelée chez eux Schulta, pour lui donner un goût âpre et 
> AP ? 9 P 
piquant que ces peuples affectionnent. 


Le thé de café. 


La présence de Ia théine dans les feuilles du caféier a donné liea à l'emploi 
de ces dernières infusées en guise de thé. Sur la côte occidentale de 
l’ile de Sumatra, les indigènes boivent généralement une infusion de 
feuilles de caféier torréfiées. Depuis longtemps, dans cette ile comme 
dans celle de Java, elles suppléent au thé de la Chine. Elles y sont une 
précieuse ressource pour la classe pauvre à cause de leur bon marché, 
et le thé de café est devenu chez elle un véritable besoin. Les indigènes 
ont un préjugé contre l’emploi de l’eau comme boisson quotidienne; 
ils prétendent qu’elle n’apaise pas la soif et qu’elle ne produit pas 
non plus les effets de la décoction du caféier. Avec une faible quantité 
de riz bouilli et le thé de café, un homme peut supporter des jours 
et des semaines les travaux dans les champs de riz. Enfoncé jusqu'aux 
genoux dans la vase, exposé aux ardeurs d’un soleil brülant ou aux 
torrents des pluies tropicales, il résiste aux fatigues de ce pénible métier, 
ce dont il ne serait pas capable s’il ne buvait que de l’eau, ou des li- 
queurs spiritueuses ou fermentées. Les colons de l’Inde anglaise font plus 
d'usage de ces dernières, tandis que les naturels de Sumatra, adeptes à 
leur propre insu des sociétés de tempérance, s’en abstiennent et se con- 
tentent de riz et de thé de café. Tandis qu’ils s’exposent en toute saison 
au chaud, au froid, à l'humidité, les Anglais ne supportent pas long- 
temps sans préjudice de leur santé le changement de climat. 

La décoction des feuilles du caféier, mélangée de lait, préserve de la 
lassitude et de la faim, augmente la force physique, donne à l’esprit de la 
netteté et le plein usage de toutes ses facultés. Mais, dans le commence- 
ment que l’on prend ce thé, ou quand les feuilles du caféier n’ont pas 
été torréfiées suffisamment, il agite et surexcite les nerfs. Les indigènes 
préfèrent la feuille du caféier à la graine, prétendant avec raison qu’elle 
contient plus de caféine, plus de substance amère et d'huile empyreuma- 
tique, et qu’elle est plus nourrissante. L’essence de café, obtenue par l’ex- 
traction chaude, et solidifiée en masse pilulaire, ne leur est point incon- 
nue; mais on n’en fait pas d'application dans les bas-fonds et les planta- 
tions de café. La feuille torréfiée forme un article de commerce entre les 
districts de l’intérieur, qui produisent le café, et les côtes. Depuis que le 
gouvernement a monopolisé ce produit, le commerce a beaucoup souffert, 
les indigènes considérant la vente de la feuille comme interdite aussi bien 
que celle de la baie. Dans les bas fonds, le café n’est pas cultivé en vue de 
la baie, parce qu’il produirait trop peu. Les habitants le cultivent pour 
la feuille et pour leur propre consommation, quoique leur récolte ne 
suffise pas à leurs besoins. 


SUD 


Dans le Podang, ils sont forcés de recourir, pour la préparation de leur 
breuvage quotidien, à la graine du café mêlée d'une portion de riz 
torréfié. La meilleure manière de griller les feuilles du caféier est de le 
faire sur la flamme claire d’un feu de bambou sec. Le combustible ne 
dégage pas de vapeurs empyreumatiques qui puissent adhérer à la feuille. 
Le fourneau doit être rond, en briques ou auire maçonnerie, de 2 pieds de 
profondeur, d’autant de diamètre à la base intérieure et de 4 1/2 au 
sommet, nanti d’une petite porte pour y introduire le combustible. 
Quand les feuilles sont suffisamment rôties, elles ont une couleur brun 
jaunâtre; on les détache alors des tiges, que l’on grille à leur tour sépa- 
rément. Les indigènes écrasent ces dernières dans un mortier et en 
mélent, pour la vente, la poudre à celle des feuilles. Comme l'écorce 
seule contient de la substance, mieux vaut la détacher par le frottement 
entre les mains et rejeter les parties qui ne’sont que du bois sans valeur. 

Tandis que la culture du caféier pour les fruits est bornée à un sol 
spécial et à un certain climat, la culture de cette même plante pour les 
feuilles peut réussir partout sous les tropiques. Il y aurait donc lieu de 
conseiller l'emploi des feuilles du caféier sur une plus grande échelle 
pour l’obtention d’extrait de café contenant de la caféine, afin que, ce 
produit inaltérable une fois confectionné dans la patrie de la plante, il 
soit importé en Europe à l’usage de la classe pauvre. Certainement les 
prolétaires accueilleraient cette boisson avec empressement et renonce- 
raient bien plus aisément aux spiritueux. Les feuilles de caféier ont, 
rôties, une teinte plus ou moins brune; leur odeur tient le milieu 
entre celle du thé et celle du café. Infusées dans de l’eau bouillante, 
elles produisent un liquide d’un brun transparent, qui, lorsqu'il est 
assez fort, compose, avec un mélange de sucre et de lait, une boisson 
agréable au goût. On sait que la caféine est une base végétale cristal 
lisable contenant de l’azote. Sa composition s’exprime par la formule 
suivante : C8 H5 N°? O?. La théine et la guanarine sont identiques 
- avec la caféine, qui se trouve dans les différentes parties du caféier. 
La caféine-théine est un produit du thé de Chine, de la Guanara et 
du thé Paraguay de l'Amérique méridionale. Les plantes qui renferment 
cette matière occupent différentes places dans le règne végétal : le 
caféier appartient aux Rubiacées, le thé aux Camelliées, le thé-Paraguay 
ou Ilex Paraguariensis S'-Hilaire aux Illicénées, le Guanara (Paulinia 
sorbilis Martius) aux Sapindacées. La caféine n’a été découverte Jus- 
qu'ici que dans des plantes très-distinctes les unes des autres par leurs 
caractères botaniques, et cependant, chose remarquable, ces plantes ont 
toutes été employées comme excitants par des peuples qui habitent des 
parties toutes différentes de notre globe. 

L’arbrisseau à thé aime les contrées humides et montagneuses, les 
versants exposés au midi autant que possible. Le pays plat ne convient 
point pour ce genre de plantations, les saisons humides et les saisons 


sèches n'étant pas aussi bien marquées dans les plaines chinoises que 
dans les pays de collines. Dans le Tsong-Gan, un des districts qui produi- 
sent le plus de thé noir, par 27°.47' delatitude nord, la température en 
juillet et août atteint rarement 100° Fahrenheit; elle varie de 92 à 100, 
et en décembre elle descend à zéro et au-dessous. Dans les districts à 
thé vert, 2° plus au nord, la différence de température est notable. Il 
semble qu’une température égale et constamment chaude soit la plus 
favorable à la croissance du thé et au développement de toutes ses 
qualités principales. Le meilleur terrain à thé en Chine et dans l’Hima- 
laya se compose de pierres calcaires et des formations de transition ; 
mais le thé prospère dans toute espèce de sol de ces pays-là, pourvu 
seulement qu’on y entretienne de l'humidité. Le thé sauvage croît presque 
toujours sur les penchants des montagnes. En Chine on n’arrose point 
les plantations de thé comme c’est l’usage dans l’Inde. Les semences 
mürissent en septembre et octobre, ou en novembre seulement sur les 
points élevés des parties montagneuses. Pour être bonne à la reproduc- 
tion, il faut que la capsule soit bien foncée. En Chine, on introduit les 
graines, dés leur maturité, dans des trous de 4 à 5 pouces de profondeur, 
distants entre eux de 5 ou 4 pieds, afin que les plantes aient de l’espace 
pour se développer plus tard. Les unes germent en quelques semaines, 
les autres en février ou mars ou après la saison des pluies. Dans lHima- 
laya, on protège du froid de la nuit, à l’aide de nattes de bambou, les 
plantes qui éclosent en novembre, et on les couvre de même pendant les 
journées brülantes d’avril et de mai. On ne les taille qu'après trois ans, 
du mois de novembre au mois de mars. Il est nécessaire aussi d’y arroser 
les plantations de deux et de trois ans. L’arbrisseau à thé, toujours vert, 
atteint dans l’état sauvage 12 picds de hauteur au maximum. Cultivé, il 
ne dépasse point 6 pieds, parce que l’on émonde les pousses supérieu- 
res, afin de pouvoir mieux cueillir les feuilles. On en fait aussi en Chine 
des haies et des clôtures. 

M. R. Fortune a parcouru à différentes époquesla Chine et son littoral, 
et dès 1845 il y a fait un long séjour avec mission de la Horticuliural 
Society de Londres d’y étudier la culture et la préparation du thé. C'était 
immédiatement après l’ouverture de cinq des ports chinois aux nations 
commercçantes. De Ningpo, il entreprit une excursion dans le district du 
thé vert, province de Tschekiang, aux environs du fameux temple de 
Teintong. Plus tard, parti du Futschan, il visita le district du thé noir, 
sur le Min supérieur, dans la province de Fukian. Dans l’été de 1848, 
il entreprit son second voyage, pour la compagnie des Indes-Orientales, 
afin d’acheter les meilleures espèces de thé chinois pour les planta- 
tions de cette Compagnie dans l’Himalaya, et d'engager des ouvriers 
chinois au courant de la culture et de la préparation des diverses 
qualités. À cette occasion il parcourut les districts à thé situés loin 
des côtes, dans la vallée de la rivière grise, le Tsicutang, province 


de Tschekiang. Il visita aussi les montagnes de Hæitschan dans la 
province de Nyanhœæi, célèbres par leur thé vert, et celles de Bohea aux 
limites du Fukian, qui ont acquis une grande renommée, grâce à leur thé 
noir. Dans la province de Kiangsi est situé Hokow, ville de 300,000 
habitants, dont le commerce du thé noir a fondé la prospérité. En 1853, 
Fortune entreprit son troisième voyage en Chine avec mission de la com- 
pagnie des Indes pour se procurer de nouveaux plants de thé et autres, 
ainsi que des planteurs chinois, pour l'Himalaya. Il n’en revint qu’en 1856. 
Le 28 novembre 1854 il était parvenu à acheter 23,892 plants de thé, 
avec lesquels il avait repris le chemin de Hong-kong, puis de l’Europe. 
Il visita aussi, outre le temple d’Ayukas et celui des Teintung, à 20 milles 
environ au sud de Ningpo, au centre de grandes plantations de thé, les 
sources de la rivière de Ningpo. 


Effets physiologiques du Thé. 


En Sibérie, Mongolie, Boukharie, Perse, Népaul, Thibet, Anam et Ava, 
le thé se consomme avec le même plaisir qu’en Europe, où sa réputation 
s'étend jusqu’au-delà de cette grande plaine qui se poursuit sans inter- 
ruption de la Finlande jusqu’à la Normandie. La Suêde et la Norwége, 
l’Angleterre et la Hollande, l'Allemagne, la France, la Russie, presque 
toutes les nations de l’Europe et une grande partie de celles de l’Améri- 
que montrent une grande prédilection pour la boisson chinoise. Les ef- 
fets du thé et du café comme excitants et liqueurs agréables et aromati- 
ques sont devenus indispensables au monde civilisé, mais sont tout 
différents de ceux de l'alcool. Ces boissons n’enfantent pas d'ivresse 
proprement dite; aussi les apôtres de la tempérance sont-ils fort tolérants 
à leur égard, tandis qu’ils condamnent impitoyablement l’eau-de-vie 
et les autres spiritueux. Reste à savoir cependant si les effets pernicieux 
que produit l’abus du thé et du café ne l’emportent pas encore sur 
ceux de la consommation de l’alcool. Ce dernier, par la plus grande 
quantité d'huile empyreumatique qu’il contient, rend les spiritueux 
plus dangereux pour la classe ouvrière. Mais le monde élégant se fait 
tout autant de mal, si pas davantage, par des excès de thé et de café, 
ces boissons provoquant aisément une irritabilité maladive du système 
nerveux et, par la surexcitation des nerfs sympathiques, un ralentisse- 
ment de la circulation dans le système de la veine-porte, autrement dit 
les hémorroïdes. Abusez du thé, et il se produit une irritabilité du 
système nerveux qui se manifeste par l’insomnie, l’agitation et le trem- 
blement des nerfs. Parfois même on remarque, à la suite d’un usage 
immodéré de thé fort, des mouvements spasmodiques, de la difficulté 
à respirer, un sentiment d’anxiété dans la région du cœur. Ces 
symptômes sont provoqués en partie par l'huile volatile de thé, source 


= 50 — 


d’un embarras de tête qui, dans l'ivresse de thé, se manifeste d’abord 
comme un vertige, puis comme un étourdissement. Mais la théine 
aussi a part à ces effets-Jà, puisque, prises à fortes doses (8 grains) 
elle occasionne, selon J. Lehmann, le tremblement, les battements 
précipités du pouls et du cœur, le ténesme vésical, etc. Puis l'imagination 
se surexcite , les pensées se brouillent, des visions, une sorte d'ivresse 
en un mot s'emparent de nous, et nous tombons enfin dans un pro- 
fond sommeil. De fortes doses d'huile de thé provoquent des congestions, 
une sueur abondante, l’insomnie, la mort même. 

Pris modérément, le thé active les fonctions du cerveau. Comme le 
café, son parent, il éveille les pensées poétiques, donne de la netteté au 
jugement, excite un sentiment de bien-être, de la gaïté et de Pactivité 
d’esprit et augmente même la faculté de tirer parti des impressions 
recues. Selon Moleschott, le thé porte à la réflexion, à la méditation ; 
tout en donnant à la pensée une activité plus grande, il fait que l’atten- 
tion est plus aisément captivée par un objet déterminé et que l'essor 
des idées ne dégénère pas si facilement en rêverie vagabonde. Quand 
des hommes instruits se réunissent à prendre le thé, ils ont d'habitude 
des conversations réglées et suivies, qui s’attachent à approfondir un 
sujet el y parviennent facilement grâce à la bonne humeur que le thé 
provoque. Qui ne se souvient des heures si agréables des thés littéraires 
de Berlin, où la maîtresse de la maison animait le cercle de ses amis en 
mélant à l’arômé du thé qu’elle leur versait le parfum de ses réflexions 
spirituelles ? C’est surtout chez les gens d’un âge avancé que le thé a des 
effets salutaires sur les facultés mentales, en facilitant la digestion, plus 
paresseuse alors que chez l’homme à la fleur de l’âge. Un vieillard 
n'est-il pas ordinairement dispos à son réveil , dès qu’il a pris une 
tasse de thé ou de calé, son esprit se ranime que c’est plaisir à voir; 
tant sont puissantes les forces magiques de la nature ! Jusqu'ici c’est 
encore un problème pour la science que la façon dont se produisent ces 
effets du thé ou du café sur l’activité mentale et les modifications qu’ils 
occasionnent dans le cerveau. Une seule chose est évidente : c’est que le 
besoin du thé et du café est devenu de plus en plus impérieux et de 
plus en plus général à mesure que se sont accrus les efforts intellectuels 
que le progrès des temps est en droit d’exiger du genre humain. En 
désignant ce besoin comme un instinct, on ne prouve qu’une chose, 
c’est que nous n’avons pas conscience des causes qui le déterminent. De 
temps immémorial l’instinet a conduit les hommes à l’usage du thé, 
mais il n’était réservé qu’à notre époque d’en étudier l'influence sur le 
système nerveux. Nous ignorons comment le thé et le café agissent sous 
ce rapport. Selon Bôücker, l’usage du thé, tout en introduisant dans le 
corps une quantité de matières azotées, fait cependant secréter moins 
d’urée et diminue les évacuations intestinales. 

Le thé et le café n'étaient point nécessaires pour nourrir l’humanité; 


ah 


ils ne contiennent l’un et l’autre qu’une faible quantité de substances 
nutritives. L'opinion erronée qui les range parmi les nourissants a été 
introduite par Liebig, qui, dans sa théorie sur ces matières, ne désignait 
comme véritablement nutritifs que les aliments contenant des substances 
azotées, assurant que les solides et les liquides exempts d’azote ne sont 
propres qu’à établir la chaleur et à faciliter la respiration. Conséque- 
ment, la théire-caféine contenant beaucoup d’azote, elle devait être à 
ses yeux un nutritif parfait. Il justifiait cette assertion par ce que la 
classe ouvrière se nourrit presque exclusivement de café et de pain. A la 
vérité, le café et le thé diminuent le besoin de nourriture. On ne 
sait pas positivement si c’est la théine-caféine seule qui produit 
cet effet. Mais le thé et le café ne peuvent point passer pour nour- 
rissants, puisqu'ils n’engendrent pas de nouvelles substances orga- 
niques. Leur effet diététique reste donc une énigme. Cependant il est 
indubitable qu’ils agissent fortement sur les nerfs, qu’ils les fortifient 
et que, à défaut de breuvage réellement nourrissant, ils seront toujours 
à ce titre un bienfait pour la classe pauvre. Comme excitants , ils sont 
devenus indispensables aux nations. Ils éveillent l’imagination, qui 
sans eux dormirait. Quand Brachvogel voit dans une bonne diges- 
tion régulière le ressort de toutes les affaires humaines, il n’a cer- 
tes point tort, l'expérience ayant prouvé que rien n’est plus nui- 
sible qu’une mauvaise digestion à l’activité intellectuelle de l’homme. 
Comme la digestion et la formation du sang dépendent tout d’abord 
de la quantité des fluides digestifs qui se. déversent dans l’estomac et 
les intestins, tous les aliments qui augmentent la quantité de la salive 
et des sues gastriques, doivent donc faciliter la digestion. 

Le thé et le café produisent cet effet au plus haut degré. Leur usage 
est donc d’une grande importance, et leur inflaence sur la culture intel- 
lectuelle des nations est notable. Souvent Schiller, pour composer ses 
drames, s’excitait l’imagination par l’usage du café fort. Maint écrivain 
moderne devient plus fécond par la consommation du thé; Roquette se 
sentait excité par le parfum de l’Asperula odorata, par l’arôme piquant 
de la coumarine, et, dans son conte rhénan de Waldmeisters Brautfahrt,il 
a chanté les louanges de ce principe excitant du Maitrank ; les Hambour- 
geois éprouvent du bien être dans l’atmosphère embaumée des couronnes 
d’Asperula odorata qui se vendent sur leurs marchés sous le nom de 
Moæschen; le cumarin fait aimer aux habitants de l’île de St. Maurice le 
thé de Faham. Ce sont là des faits qui établissent quels rapports intimes 
existent entre l’homme et les substances naturelles capables d'exercer 
de l'influence sur son esprit par une sorte de sympathie. Toujours le 
thé et le café, le vin et les épices activeront les facultés des sens et celles 
de l’esprit. Et, selon qu’on en usera avec modération ou avec excès, 
leurs influences seront ou salutaires ou pernicieuses. 

La préférence que tant de nations donnent au thé sur les autres bois- 


— 914 — 


sons tient sans doute principalement à ce que l’usage modéré de celle-ci 
grâce à ses faibles doses de théine et d’huile de thé, calme la circulation 
des humeurs. Toujours l’usage du thé marchera de pair avec une bonne 
cuisine, comme l'exige le climat rigoureux des pays maritimes septen- 
trionaux et comme cela se pratique surtout en Angleterre, en Hollande 
et sur les côtes germaniques de la mer du Nord. La nourriture quoti- 
dienne, difficile à digérer, nécessite les digestifs, et comme tels, le thé et 
le café, et en partie aussi les liqueurs alcooliques sont devenus indispensa- 
bles dans ces différentes contrées. Le centre et le midi de Allemagne 
ne deviendront jamais la patrie des buveurs de thé. 

Pour rendre plus agréable encore le goût du thé, on peut l’aromatiser, 
selon quelques-uns, avec un mélange de fleurs et de feuilles de l'olivier 
parfumé, Olea fragrans, nommé au Japon Monsa, ou d’une espèce de 
jasmin, le Jasminium sambac de Linné, ou de feuilles du Camellia 
sasanqua Thunberg. Reste à savoir si ces dires sont exacts. Ce qu'il y a 
de certain, c’est que les Chinois aiment ces mélanges et s’en servent 
comme nous le faisons de la vanille, de la canelle, de l’écorce de citron 
et des amandes amères. Il ne faut donc pas considérer l’adjonction des 
dites feuilles comme des falsifications. 

En Chine et au Japon, on estime heaucoup le beau feuillage toujours 
vert du Wang-Shang-Wei des Chinois ou le Skimmia japonicu, dont les 
fleurs répandent les parfums les plus délicieux. Cet arome se rapproche 
de celui de l’Olea fragrans. Le docteur Von Siebold a trouvé cet arbris- 
seau, pendant son séjour au Japon, sur la montagne de Kaware, à 555 
mêtres au-dessus du niveau de la mer. Il croît aussi sur {es montagnes 
de Nangasaki; il a 5 à 4 pieds de haut, et ses feuilles, éternellement 
vertes, sont brillantes et comme vernies. Ses grappes de fleurs, très- 
abondantes, éclosent à l’extrémité des branches et paraissent avant le 
printemps ; leur excellente odeur embaume l'air, et elles produisent en 
janvier des fruits rouges pareils à du corail. Les feuilles exhalent, au 
moindre frottement, l’odeur des pommes müres. Elles sont couvertes 
de fossettes oléagineuses comme celles de l’oranger et du myrte. Cette 
huile est la cause de leur bonne odeur. Comme les Chinois aromatisent 
le thé en préparation à l’aide de beaucoup de matières végétales odori- 
férantes que, pour ne pas trahir leurs secrets, ils en retirent avec le 
plus grand soin, avant de le livrer au commerce, il est très-vraisemblable 
qu’ils emploient entre autres, pour obtenir cet arome, les fleurs et les 
feuilles de la Skimmia japonica, dont le parfum leur plait tant. 


nn 


HISTOIRE DES PLANTES UTILES. 


L'ASSA-FOETIDA OÙ NARTHEX ASSAFOETIDA Fac. 


FAMILLE DES OMBELLIFÈRES. —- PENTANDRIE DIGYNIE. 


Narthex Assafætida Falconer in Linn. Soc. Trasac., V. XX, p. 285. — Bot. Mag, 


mars 1860, pl. 5168. 


(7 


7 


PI. 42. Narthex Assafætida. 


Cette plante d’un usage fréquent en 
pharmacie et que tout le monde connait 
de nom, vient d’être introduite en Angle- 
terre, d’où elle ne tardera pas, sans doute, 
à se répandre dans les jardins botaniques. 
Elle a été à cette occasion l’objet d’une 
illustration dans le Botanical Magazine 
et d’un long article de sir William Hoo- 
ker. Nous reproduisons le port général 
de la plante et quelques extraits de cet 
article d’après les traductions qui ont 
déjà paru dans d’autres journaux. 

Cette plante remarquable fut décou- 
verte, en 1838, dans le Thibet occiden- 
tal, par le D" Falconer qui, l’année sui- 
vante, en envoya des graines au jardin 
botanique d’Edimbourg. L’un des pieds 
provenus de ces graines a fleuri, et müri 
ses fruits en 1859. 

Cette plante ressemble à une grande 
Férule; elle est d’un vert glauque; la 
racine est grosse et longue, assez sembla- 
ble à une forte carotte, plus ou moins 
ramifiée inférieurement : la tige est ro- 
buste, dressée et rameuse : les feuilles 
bipinnées ont leurs segments linéaires- 
oblongs, obtus et le pétiole élargi en 
grosse gaine renflée; les fleurs sont jau- 


nes, en ombelles composées et dépourvues d’involucres. Outre l’ombelle 
terminale, il sort des ombelles latérales de l’aisselle de presque toutes 


les feuilles de la tige. 


La plante a atteint en Angleterre une hauteur de 2,50 et porté 
quarante cinq ombelles de fleurs, dont chacune mesurait 44 à 16 centi- 


mèêtres de diamètres. 


Elle semble être sensible aux grands froids de l’hiver. Pour la culti- 
ver il faudra par conséquent semer en automne, la tenir en serre froide 
en hiver pour la transplanter cn pleine terre au printemps. Outre son 
mérite scientifique, cette plante est d’un bel effet dans les pelouses. 


— 916 — 


FÉDÉRATION DE L'HORTICULTURE. 
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 2 SEPTEMBRE 1860. 


La prochaine assemblée générale de la Fédération des sociétés d’horti- 
culture de Belgique aura lieu à Bruxelles, le 24 septembre prochain, 
dans la salle de l’académie, au Palais du Musée. Cette séance est publique, 
et tous les amateurs, floriculteurs, pomologues et cultivateurs du pays sont 
invités à y prendre part. L'ordre du jour comporte un discours deM. Royer, 
président de la Fédération; un rapport général du secrétaire; la lecture 
des rapports de MM. les délégués sur les travaux de leurs sociétés; le 
compte-rendu du mouvement horticole en 1859 et 1860; diverses com- 
munications et lectures sur des sujets de littérature horticole; la procla- 
mation du résultat des concours pour lesquels la Fédération a reçu six 
mémoires. L'assemblée se répartira, pour l’examen des questions spéciales, 
en trois sections, comprenant la floriculture, la pomologie et la culture 
maraichère. Un vaste banquet réunira tous les représentants de l’horti- 
culture belge et cimentera davantage encore les excellents liens de 
confraternité qui les unissent déjà. 


SUBSIDES DES CONSEILS PROVINCIAUX. 


La Fédération des sociétés d’horticulture du royaume, établie sous les 
auspices du gouvernement, a rencontré un appui sympathique chez la 
plupart des conseils provinciaux : ceux du Brabant et de la Flandre 
orientale ont voté chacun un subside de 200 francs; la province de 
Namur, 150 francs, et celle de Liége, 100 francs. Ces sommes sont assez 
modestes, mais il est à remarquer que l’institution elle-même est encore 
nouvelle, et nous ne doutons pas qu’elles s’accroitront à mesure que les 
services que la Fédération doit rendre au pays, seront mieux appréciés. 


CIRCULAIRE RELATIVE AUX TRANSPORTS DES PLANTES. 


Dans son assemblée générale du 15 avril dernier, la Fédération des 
sociétés d’horticulture de Belgique avait émis le vœu que les envois de 
plantes destinées aux expositions publiques, soient exonérées d’une partie 
des frais de transport et l’objet des plus grands soins de la part de l’admi- 
nistration. 

Par dépêche en date du 46 juin 1860, M. le ministre des travaux publics 
a décidé que les colis-plantes destinés aux expositions publiques seront 
admis, autant que possible, sur les lignes de l'Etat, à tous les trains de 
voyageurs, sauf les express, moyennant payement des taxes du tarif N° 2. 

L'administration du chemin de fer de l'Etat est exonérée de toute 
responsabilité du chef de ces transports. Toutefois les instructions néces- 
saires ont été données pour que les colis soient maniés avec le plus grand 
soin. 

La Fédération est en instance près des administrations des chemins de 
fer concédés pour obtenir d’elles les mêmes mesures. 


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1. Pomme Aga (Norweée).2. Pomme Granat de Hardanger 


ENST — 
POMOLOGIE. 


FRUITS DE LA NORWÈGE. 


POMME AGA ET POMME GRENADE, DU HARDANGER, 
Figurés pl. XX, 
et décrits par M* Enouarn Morren. 


Au mois d'octobre 1858, une grande exposilion réunissait à Christiania 
tous les produits agricoles et horticoles de la Norwège. Elle fut inté- 
ressante à maints égards et l’objet d’un rapport détaillé, rédigé par 
M. le Dr Fr. Schubeler, inséré dans le Bulletin, nommé Budstikken, de 
la Société royale pour le bien de la Norwège. Ce rapport contient un 
grand nombre de faits remarquables, mais qui concernent plutôt l’agri- 
culture que l’horticulture proprement dite, de sorte que nous ne pouvons 
pas les mentionner ici. Nous nous bornerons à en citer un seul, de la 
plus haute importance et relatif à l’acclimatation des plantes, sujet qui ne 
présente pas seulement de l'intérêt pour les habitants des contrées sep- 
tentrionales, mais qui préoccupe toujours tous les cultivateurs. M. le 
D: Schubeler introduit chaque année dans le jardin botanique de Chris- 
tiania un grand nombre de végétaux utiles, agricoles, maraïchers, in- 
dustriels ou économiques. On conçoit qu’il ait à lutter contre la rudesse 
du climat, non pas que la température soit froide ou mauvaise pendant 
l’été, mais à cause de la courte durée de la belle saison. Le Maïs par 
exemple, bien que originaire des zones chaudes, prospère en Norwège 
et donne des produits remarquablement abondants : il en est de même 
de la plupart des espèces annuelles. Cependant le principal probléme à 
résoudre dans l’amélioration où l’introduction des races agricoles, est en 
Norwège la précocité : moins il faudra de temps à une plante pour arri- 
ver à maturité, plus sera-t-on assuré de la voir prospérer. À ce point de 
vue, M" Schubeler a remarqué que plusieurs espèces étrangères tendent 
à devenir plus précoces en Norwège, c’est-à-dire qu’il se passe moins 
de temps entre l’époque de leur germination et celle de leur maturation, 
sous la latitude de Christiania que sous d’autres latitudes plus méridiona- 
les. En outre, cette précocité se développe successivement avec les 
années, comme si ces plantes n’obéissaient pas tout à coup à l’influence 
du nouveau climat sous lequel on les a transportées, mais exigeaient plu- 
sieurs générations successives pour s’y habituer. Cette précocité, qui 
tend à se manifester plus on approche du Nord, peut s’expliquer 
par la longueur des jours, puisque le temps vraiment utile à la végétation, 
est celui que le soleil passe au-dessus de l'horizon. 

Mais ce qui est plus remarquable, et d’un grand intérêt pour la théorie 
de l’acclimatation des végétaux, c’est que cette précocité tend à se fixer 
et à se constituer à l’état de race. Une certaine hérédilé se manifeste 
relativement à ce caractère, de même qu’elle s’observe pour ceux d’un 


ne 


autre genre, tels que Ja taille, la couleur, la saveur, etc. Des plantes cul- 
tivées plusieurs années de suite sous un climat boréal où elles se dépé- 
chent pour ainsi dire de croître et de mürir étant rapportées sous une 
latitude plus méridionale, conservent quelque chose de leur vitesse de 
développement et se montrent plus précoces que les mêmes plantes qui 
sont restées dans leur situation première , bien qu’elles soient cultivées 
l’une à côté de l’autre. Le fait a été observé sur plusicurs froments d’été. 

La conséquence à tirer de ces données, c’est qu’il faut développer et 


aller chercher dans le Nord, des variétés précoces de la plupart des végé- - 


taux utiles que nous cultivons. Cette théorie est d’une incontestable im- 
portance pour la pomologie. 

Peu de personnes se doutent des richesses fruitières de la Norwège. La 
culture des fruits et surtout des pommes y est cependant fort étendue et 
il est tel district, celui de Hardanger par exemple qui est tout couvert de 
prairies arborées. 

L'exposition de 1858 renfermait au moins 7000 spécimens de fruits, ce 
qui constitue un résultat vraiment admirable. Lorsqu'elle fut terminée, 
M. le D" Schubeler, qui en avait été le principal organisateur, voulut 
bien nous en faire parvenir un certain nombre, et il nous a renouvelé 
cet envoi en 1859. Nous en avons déjà entretenu nos lecteurs(1). Nous y 
revenons aujourd’hui à l’occasion de deux Pommes fort remarquables et 
tout à fait nouvelles. 

La première est la Pomme AGa (PI. XX, fig. 4). « C’est un fruit nouveau 
et intéressant, nous écrivait M. Schubeler, et j'espère que vous m'en 
direz des nouvelles. » 

En effet, ce fruit est beau, gros et bien coloré. Sa hauteur est de 6 cen- 
timètres, son épaisseur de 8 centimètres ; sa circonférence est de 25 cen- 
limètres environ, dans tous les sens. Sa forme est régulière, globuleuse, 
légèrement déprimée et à peu près la même à ses deux extrémités, qui 
sont arrondies et lisses. Le pédoncule est très-court, inséré au fond d’une 
dépression en forme d’entonnoir et qu’il ne dépasse pas. La peau est 
jaune pur et doré, sauf vers la base du fruit et du côté qui a été le plus 
éclairé, où elle devient rouge par l’accumulation d’un grand nombre de 
stries et de ponctuations d’un rouge pur, qui finissent par se confondre. 

La Pomme Aga exhale un arome très-fin de Pomme rainette. C’est un 
fruit de première classe. 

Sur le billet qui accompagnait la Pomme GRENADE Du HARDANGER, 


M. Schubeler avait ajouté : « Encore une Pomme nouvelle, digne d’ob- 


servalion et issue du 60% degré de latitude. » C’est un fruit de forme 
régulière, à peu près aussi large que haut, bien que cette dernière 
dimension dépasse un peu la première : l’une et l’autre varient de 5 à 
6 centimètres; ovale et assez brusquement aplati à chaque extrémité en 
une cavité peu profonde et régulière. La queue est courte, assez charnue, 


(1) Voyez la Belg. Hort. T. IX, p. 69 et 371. 


— 319 — 


épaisse à la base; l’ombilic est régulier, brunätre et plus ou moins 
pubescent. La peau est d’un beau jaune d’or, plus vif que sur le dessin, 
tantôt tout à fait uniforme, tantôt un peu teinté de rose, par de fines 
ponctuations, du côté du soleil. La chair est blanche, ferme, très-fine, 
aromatisée, sucrée, et en fait un fruit de toute première qualité. En 
outre, il répand un parfum délicat et appétissant. 

Nous avons dégusté cette pomme le 8 décembre, mais elle aurait pu, 
malgré le transport, se garder longtemps encore. 

M. Schubeler nous a donné sur l’origine de ces deux fruits les rensei- 
gnements suivants : Quant au premier il provient d’un semis fait en 1847 
par M. Johannes Aga dans ses terres magnifiques situées au bord du golfe 
de Hardanger, par 60 degrés de latitude Nord. M. Aga, membre de la 
représentation nationale de la Norwège, pour le Storthing, a non seule- 
ment voix et siége à la diète, mais il est estimé comme un des agronomes 
les plus instruits de la Scandinavie ; il s’occupe sérieusement de la pomo- 
logie norwégienne, à laquelle il a rendu de grands services. — La 
pomme de Grenade ou pomme Granat, comme la nomme M. Schubeler, 
est aussi de sa culture. 

Ces faits engageront sans doute MM. les amateurs et les pépiniéristes à 
entrer en relations avec leurs confrères de Norwège et à essayer l’intro- 
duction de leurs fruits dans notre pays. Nous le répétons, ces tentatives 
seront suivies de moins de mécomptes que celles qui sont faites vers des 
contrées plus méridionales. 

Nos deux fruits proviennent de la province de Hardanger, située sous 
le 60° degré de latitude, mais l’une des plus riantes et des plus favorisées 
de la Norwège. Située au bord de la mer, autour du Hardangerfjord, 
profond de cent-cinquante kilomètres, on y trouve un grand nombre de 
fermes, entourées de belles prairies verdoyantes et toutes plantées de 
Pommiers, des scieries et des maisons de pêcheurs. C’est en même temps 
une des plus belles contrées de la pittoresque Norwège, puisqu'on y 
trouve, au milieu des sites les plus étranges et des paysages les plus gran- 
dioses, les chutes de l’Odde, le Voringfoss, les glaciers de Justedal et de 
Folgefonden, et d’autres merveilles d’une nature plus imposante même 
que celle des Alpes. 


APPLICATION DES FRAISES À LA THÉRAPEUTIQUE. 


Aucun fruit n’est influencé plus profondément et plus rapidement par 
les circonstances extérieures que la fraise : le sol, le climat, la tempéra- 
ture, l'humidité, etc. modifient sa forme, son rendement, son gout et 
son arôme, quelquefois au point dela rendre méconnaissable. Il en résulte 
cette double conséquence, que l’on ne doit pas se hâter de déclarer nou- 
velle ou de vanter une fraise qui paraïîtrait différente de celle que l’on 
connaissait, et que l’on doit introduire dans ses cultures les fraises étran- 
gères avec quelque circonspection parce qu’il n’est pas certain d’avance 


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qu’elles conserveront les qualités qui les font rechercher ailleurs. 

Tout le monde a remarqué que la nature du sol et surtout les qualités 
des engrais influent sur la saveur du fruit. Cette propriété vient de rece- 
voir une application utile et ingénieuse. M' le D' Champouillou a eu 
l’idée de traiter diverses maladies par des fraises, auxquelles on avait fait 
absorber certaines substances pendant leur croissance et leur maturation, 
et il a obtenu des résultats fort remarquables. Il rapporte notamment le 
fait suivant (1) : 

« Une jeune fille de dix-neuf ans était, depuis quatorze mois atteinte 
d’ascite consécutive à une fièvre typhoïde grave. Tout ce que la matière 
médicale possède d’agents diurétriques et purgalifs avait été vainement 
employé à combattre cette hydropisie. La malade fut mise au régime des 
fraises saturées de nitre et prises à jeün, en grande quantité; après seize 
jours de ce traitement, il ne restait plus dans l’abdomen que fort peu de 
liquide; l’épanchement avait été, pour ainsi dire soutiré par les reins. » 

On sait qu’une méthode semblable est depuis longtemps usitée avec des 
animaux : on nourrit des chèvres, des brebis ou des ânesses, avec des 
foins préparés ou mélangés de diverses substances, comme du sel ou de 
l’iodure de potassium, et le lait de ces animaux acquiert des propriétés 
nouvelles, toutes particulières pour le traitement d’une foule de maladies. 

M. Champouillon rappelle en outre que l’idée de modifier par la cul- 
ture les propriétés médicamenteuses de certains végétaux n’est pas une 
idée nouvelle. Caton avait proposé de rendre les raisins et le vin purgatifs, 
en enveloppant les racinesde la vigne d’une couche d’ellébore noir pulvé- 
risé....; en 1379, le médecin Mizaud composa un livre entier sur la 
manière d'augmenter les vertus médicinales de plusieurs espèces de 
plantes, que l’on nourrit avec certaines substances empruntées à la 
matière médicale. 

Relativement aux fraises, voici les procédés que M. Champouillon a 
expérimentés. 

« Ayant arraché avec précaution plusieurs pieds de l’espèce Elton, 
chargés de fruits mürs, j’en ai plongé les racines dans de l’eau de pluie 
contenant par litre 5 grammes de nitre. Après huit jours d'immersion, 
ce sel a pu être retrouvé en quantité notable dans toutes les parties de la 
plante. J’ai fait mettre en pots d’autres pieds en pleine floraison, appar- 
tenant aussi à l’espèce Elton ; ces pieds ont été arrosés deux fois par jour 
avec une solution de sous-carbonate de potasse au centième. Les plantes 
soumises à ce régime ont continué à végéter ; mais les fraises sont demeu- 
rées chétives, noueuses, faibles, insipides et à peine colorées jusqu’au 
moment où elles se sont flétries. Si l’on opère de la même façon, mais 
sur des plants portant des fraises mûres, les fraises restent rouges, suerées, 
aromatiques, sans saveur acide, et le malate de potasse, qui s’est formé, 
contribue à élever à un haut degré leur qualité diurétique. » 


(1) Comptes rendns, T. L, 1860, p. 434. 


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N'7. Dea 


HORTICULTURE. 


HISTOIRE, DESCRIPTION ET CULTURE DU DENDROBIUM 
FARMERI Paxr. OU DENDROBIUM DE M. FARMER. 


Figuré planche XXI. 


FAMILLE DES ORCHIDÉES. — GYNANDRIE MONANDRIE. 


DenproBium FARMER caulibus elongatis elavatis articulatis profunde sulcatis basi 
pseudobulbosis apice foliosis, foliis 2-4 ovatis coriaceis striatis, racemis lateralibus 
multifloris pendulis, bracteis parvis ovalis concavis, sepalis (albo-flavescentibus 
roseo-tinctis) late ovatis obtusis, petalis conformibus (ejusdemque coloris) majoribus, 
labello majore (pallide flavo disco luteo) rhomboideo obtusissimo unguiculato lato 
supra pubescente margine denticulato. Hooker. 

PaxTow, in Mag. of Botany, v. XV, t. 241. — Bot. Mag., v. LXXVIIL, t. 4659. — 
Lem., Jurdin fleur., WT, t. 507. — Flore des Serres, NII, 741. — Pescatorea, t. IV. — 
Linz. in Paxr., FI, Gard. IT. Miscell., No 579. 

Dendrobium F'armeri var. albiflorum, sepalis petalisque pallidioribus. 


Le Dendrobium Farmerti est connu depuis 1847. Il fut envoyé cette 
année-là du Jardin botanique de Calcutta, par M. le D' Mac Clelland à un 
amateur anglais, M. W. G. Farmer : il fleurit dans ses serres de 
Nousuch-Park, dans le Surrey, en mars 1848. Au mois de décembre 
suivant, Paxton le décrivit dans son Magasin de botanique, en lui laissant 
le nom de son introducteur en Angleterre. 

Depuis cette époque, le Dendrobium de Farmer s’est rapidement 
répandu chez les amateurs du continent, et il a été figuré et décrit dans 
la plupart des recueils spéciaux. 

Cette gracieuse plante se recommande en effet par les meilleurs quali- 
iés : ses fleurs nombreuses forment d’élégants racèmes pendants et fort 
légers; elles sont grandes, d’un rose tendre, avec le bord des pétales et 
du labelle frangés ; le disque de ce dernier est jaune orangé, ce qui 
produit un vif contraste avec la coloration du périanthe. Elle a l'avantage 
de fleurir sur les tiges feuillées et non sur celles qui sont dénudées, 
comme le font d’autres espèces du même genre. 

Le Dendrobium Farmeri se rapproche des D. densiflorum et Griffithi, 
du premier surtout, dont il paraît toutefois spécifiquement distinct. Lè 
D. densiflorum a les pseudo-bulbes moins anguleux et une grappe très 
compacte de fleurs jaunes. Le D. Griffithi présente des tiges quadrangu- 
laires, minces, les fleurs uniformément jaunes en racèmes maigres. Enfin, 


BELG. HORT. TOME X. 21 


— 322 — 


le D. Farmeri a des tiges anguleuses, les fleurs en grappes, lâches, colo- 
rées en blanc et en rose, sauf la base du labelle qui est jaune d’or. 

Cette espèce a déjà fourni plusieurs variétés distinguées par les horti- 
culteurs, entr’autres une forme plus trapue et plus compacte que le type 
et qui paraît être celle qui a été figurée par Paxton et par Van Houtte. 

La variété que nous avons représentée avec cet article, est désignée 
sous le nom d’albiflorum. Nous l’avons rencontrée fleurie, ce printemps, 
dans les vastes serres de l'établissement Jacob-Makoy et C°. Elle se 
distingue par la teinte blanche à peine lavée de rose des sépales et de 
l’ovaire, et par le ton crême des pétales. 

La culture de cette espèce est le même que celle de ses congénères, 
toutes étant originaires du continent et de l’Archipel indien. Nous 
donnerons toutefois les indications suivantes en les empruntant à la 
Pescatorea : 

Le traitement de cette espèce est des plus simples. Aprés la floraison, 
et dès que la plante commence à développer de nouvelles pousses et des 
racines, il faut s’empresser de la rempoter. Dans cette opération, on 
enlève le plus possible de la vieille terre, sans endommager les racines. 
On établit un bon drainage au fond du vase au moyen de morceaux de 
charbon de bois et de sphagnum; on remplit le pot jusqu’au-dessus du 
bord, d’un mélange composé d’un tiers de terre de bruyère très-fibreuse, 
passée au crible, pour en rejeter les portions les plus fines, d’un tiers 
de charbon de bois et d’un tiers de sphagnum. Si l’ancienne motte 
parait trop compacte, on y fait entrer de force quelques fragments de 
charbon, et la plante une fois en place, on coupe avec des ciseaux les 
quelques fibres radicales qui s’élèvent au-dessus de la surface de la terre. 

Durant la période végétative, c’est-à-dire de mai en octobre, cette 
espèce veut beaucoup de chaleur et d'humidité. Mais après cette époque 
on doit l’habituer peu à peu à l’air et la tenir, durant son repos, de 
la fin novembre, jusqu’en mars, dans la serre à Orchidées mexicaines, 
ou dans une serre chaude ordinaire. Cependant, même dans la serre la 
plus chaude, il suffirait de ne pas l’arroser pour en retarder la floraison, 
la chaleur sans humidité n’ayant que peu d'influence sur les Orchidées. 
Pour la pousser à fleurir, il suffit de la retenir, dans la serre aux 
Orchidées indiennes, quatre ou six semaines avant l’époque désirée 
pour la floraison. 


— 923 — 


NOTICE SUR LE GENRE PHILADELPHUS, 


Par Le D' Cu. Kocn, PRrorEssEuR A BERLIN(). 
TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR À. DE BORRE. 


C’est au XVI": siècle que l’on trouve la première mention d’un arbris- 
seau à fleurs, qui, aujourd’hui, non-seulement est devenu commun dans 
les établissements et les jardins, mais encore se voit en plus d’un endroit, 
retourné à l’état sauvage, et croissant sans culture. Sa véritable patrie 
nous est tout aussi peu connue que celle du Marronnier d'Inde. Nous 
savons seulement que le Syringa ou Seringa commun (Philadelphus coro- 
narius L.) a fait d’abord son entrée dans les jardins de l'Italie, d’où il 
s’est bientôt répandu en Belgique et en Allemagne. Selon Césalpin, il doit 
avoir été introduit d'Afrique, et son nom de Syringa, qu’il semble avoir 
toujours porté, en tirerait aussi son origine. Quelques botanistes l’ont dit 
indigène dans le Tyrol et la Styrie; mais il est probable qu’il y est tout 
simplement redevenu sauvage, comme le sont dans le nord et le centre de 
l'Allemagne, le Lilas (Syringa vulgaris), et l’Épine-vinette (Berberis vul- 
garis). On l’a aussi signalé comme habitant la région Transcaucasique 
occidentale ; nous ne l’y avons pourtant jamais trouvé nous-même à l’état 
sauvage, bien que nous l’y ayons vu dans quelques jardins et dans des 
haies. Une autre opinion lui assigne la Chine pour patrie. Enfin, il faut 
remarquer que toutes les autres espèces du genre nous sont venues de 
l'Amérique du Nord, parfois aussi de l’Amérique centrale. 

On avait dans les jardins, au XVI" siècle, sous le même nom de 
Syringa, deux arbrisseaux, introduits à peu près vers la même époque, 
mais n’ayant absolument d’autre ressemblance que le parfum agréable et 
fort de leurs fleurs, à savoir, le Syringa, dont nous parlons, et le Lilas, 
ou Lilak. Ce dernier, à ce que nous savons, est dû au célèbre voyageur 
Busbeq, et originaire de l’Orient; ce qui n’explique pas du tout son pre- 
mier nom de Syringa lusitanica, tandis qu’on distinguait le Syringa par 
l’épithète d’italica; en Angleterre, on appelait au contraire ce dernier, 
Lilas d’Espagne. Chez les botanistes des seizième et dix-septième siècles, 
les deux espèces portent ordinairement les noms de Syringa alba (le 
Syringa) et Syringa cœrulea (le Lilas.) 

La dénomination de Syringa n’a rien de commun avec la racine grecque 
qui semble s’y trouver, et qui signifie un flageolet ou une flûte; et c’est 
sans doute quelque mot étranger qu’on aura dans la suite grécisé. C’est à 
tort que l’on a prétendu que son bois pouvait servir à faire des tuyaux de 


(1) Wochenschrift für Gürtnerei und Pflanzenkunde. 1859, page 225. 


2 


pipe; en Turquie, on n’emploie à cet usage que le bois de Cerisier, et 
plus rarement, de Mahaleb. Le nom allemand (Pfeifenstrauch) est la tra- 
duction du prétendu nom grec de l’arbrisseau. Il est encore appelé, par 
suite de son parfum pénétrant, faux jasmin, et même très-improprement 
jasmin. Le nom de Syringa arabica, donné par Clusius au Jasmin de 
l'Asie méridionale (Jasminum sambac L.), peut avoir contribué à cette 
dénomination. Les Anglais, comparant le parfum des fleurs à celui 
de l’Oranger, se servent du nom Mock-Orange. 

C. Bauhin et d’autres botanistes de son temps croyaient que notre 
Syringa est la même plante qu’Athénée d'Alexandrie cite sous le nom 
de Philadelphus, d’après les écrits perdus d’Apollodore. Suivant ce 
dernier, les rameaux de l’arbre se rapprochaient les uns des autres au 
sommet, ce qui aurait donné lieu au nom de Philadelphus (frères 
aimés, ou plus exactement, frères qui s'aiment). Mais il est vraisemblable 
que ce mot est d’origine parthe, et a été simplement grécisé (1). D’après 
Athénée, les fleurs blanches et odorantes de cet arbrisseau servaient en 
Perse à former des couronnes; et de là vient que Clusius, dans son 
Historia plantarum rariorum, lappelle : Frutex coronarius, et que 
Linné l’a nommé aussi Philadelphus coronarius. En français, le nom 
de Syringa lui a été conservé (2). On doit donc prendre garde de ne 
pas aussi comprendre quelquefois sous ce nom les diverses espèces de 
Lilas, dont Linné a formé le genre Syringa. 

Le Philadelphus coronarius L. fleurit plus tôt que les autres espèces 
du genre; ses fleurs jaunâtres (et non pas blanches) ont, comme nous 
l'avons dit, une odeur pénétrante. Depuis très-longtemps, on en cultive 
dans les jardins trois variétés, qui méritent notre attention. Une variété 
naine, à feuilles étroites et semblables à celle du saule, a reçu dès 
le siècle dernier le nom de Ph. nanus. La variété à feuilles margi- 
nées de blanc commence à devenir aussi rare que celle à fleurs doubles. 
Enfin on doit encore y ajouter une quatrième variété, que Schrader 
a distinguée sous le nom de Ph. Zeyheri, et qui se caractérise par des 
feuilles plus arrondies à la base, et plus lisses, ainsi que par des 
fleurs peu ou point odorantes. 

Outre le Syringa commun, Linné connaissait déjà le Philadelphus 
inodorus, qui existait dès le milieu du siècle dernier dans les jardins 
de l’Angleterre, et plus tard dans ceux de l’Allemagne, car Moench. 
Burgsdorf et Borkhausen en font mention, mais Du Roi et Willdenow 
ne le connaissaient pas. Suivant les écrits de ce dernier, on peut cepen- 
dant conclure que dès lors on cultivait, du moins en Allemagne, sous 
le nom de Ph. inodorus, une autre espèce, que Wildenow lui-même 


(1) Ou bien, ce qui est tout aussi admissible, il s’agit d’une autre espèce. 
(2) On l’appelle aussi par corruption Seringa, ce qui n’est pas plus mauvais, à 
cause de la confusion possible avec le nom scientifique du Lilas. 


— 825 — 


distingua plus tard sous le nom de Ph. grandiflorus. D’après les 
exemplaires conservés dans l’herbier de Willdenow, la plante de ce 
nom, qui existait dans nos jardins au commencement de ce siècle, est 
différente d’une autre espèce, également cultivée sous ce nom, et que 
les auteurs de la Flore de l'Amérique septentrionale, Pursh et Elliot, 
ont trouvée sauvage dans la Caroline et la Georgie. Nous avons encore 
dans nos jardins deux espèces qui portent le nom de Ph. grandiflorus. 
Laquelle des deux est celle qu’ont établie les deux botanistes susnommés, 
c’est ce qu’on ne peut pas savoir au juste, d’après leur description, 
et les exemplaires originaux nous manquent. On ne sait pas non plus 
la date de l’introduction de ces trois espèces. 

Schrader, professeur de botanique à Goettingue, mort en 1856, 
auteur de plusieurs travaux systématiques, a laissé entre autres une 
Monographie du genre Philadelphus, qui a été publiée dans la Linnœa 
(Vol. XII, pages 388 à 401). Il y a fait connaître toute une série de nou- 
velles espèces, dont un certain nombre peuvent bien avoir été produites 
par des croisements accidentels. Malheureusement il s’est servi pour les 
diagnoses de caractères peu stables, et ses descriptions manquent de la 
précision nécessaire et qui ne peut s’obtenir que par des comparaisons 
multipliées; de sorte qu’il n’est guère possible de déterminer exactement 
d’après son travail. De plus,Schrader n’a pas introduit dans son herbier 
d'exemplaires desséchés de ses nouvelles espèces, de sorte qu’on ne peut 
pas non plus avoir recours à ce témoignage. Il y a donc des espèces que 
nous ne pouvons pas retrouver avec certitude, ce qui nous oblige à pré- 
senter ici nos propres vues, auxquelles nous n’avons nullement la préten- 
tion de donner force de loi, et que nous verrions volontiers corroborer 
par de meilleures autorités. : 

Longtemps avant Schrader, dont la monographie parut en 1838, Bosc, 
un des collaborateurs du Nouveau Cours complet d'Agriculture, et inspec- 
teur-général des écoles d’arboriculture, cultivait à Paris, sous le nom de 
Philadelphus pubescens, une espèce que cet excellent botaniste et pomo- 
logue avait apparemment rapportée lui-même de son voyage à la Caroline. 
Dans l’Herbier-général de l'amateur (vol. 4, pl. 268), on trouve repré- 
senté un arbrisseau de ce nom, dont nous pouvons garantir l’authenticité. 
D’après cette figure, il n’appartient nullement au Ph. hirsutus, Nurr., 
comme le prétendent Torrey et Grey, mais il est identique avec le 
Ph. verrucosus, Scuran., de même que le Ph. grandiflorus Linoz. (Bot. 
Reg., tab. 570), et Wats. (Dendrol. Brit., tab. 46). Parmi ses caractères, 
on indique celui d’être sans odeur, ce qui le fait distinguer très-facile- 
ment d’une espèce trés-odorante, nommée par Schrader Ph. floribundus, 
et avec laquelle il a une très-grande ressemblance. Il porte également dans 
les jardins le nom de Ph. grandiflorus. | 

Comme nous l’avons déjà laissé entendre, il existe encore dans les jar- 
dins sous le même nom une autre espèce, que’nous regardons comme 


6 


distincte des précédentes. Schrader l’a décrite comme Ph. latifolius, mais 


on l’appelle aussi dans les jardins Ph. nivalis (nivens serait mieux choisi, 


car ce nom lui est donné à cause de la couleur blanc-éblouissant des 
fleurs). Cet arbrisseau a en tout temps des fleurs inodores et beaucoup 
plus grandes, dont les pétales s’évasent en s’étalant, tandis que chez les 
Ph. pubescens Bosc, et floribundus Scarap:, la corolle est campanulée. 

Depuis longtemps aussi, c’est-à-dire depuis 1822, on trouve dans les 
jardins une espèce originaire de l'Himalaya, découverte par Wallich, et 
publiée par lui, sous le nom de Ph. tomentosus , dans son Enumération 
des plantes des Indes Orientales. Cette espèce, très-inférieure pour la 
beauté aux deux dernières mentionnées, ne s’est presque pas répandue 
dans les jardins, et nous ne l’avons encore vue jusqu'ici que dans celui de 
Berlin. Dans quelques catalogues, elle figure sous le nom de Ph. triflorus 
WALLICH. 

En 1850, une huitième espèce fut introduite en Angleterre, suivant 
Loudon, du Jardin de Bartram, à Philadelphie; elle avait été découverte 
dans le Tenessée, et décrite sous le nom de Ph. hirsutus, par le célèbre 
Nuttall. Cette espèce, dont les fleurs sont également inodores, est infé- 
rieure aux précédentes, bien qu’on la trouve répandue dans les jardins 
et les établissements. Elle y est la plupart du temps connue sous le nom 
de Ph. inodorus, tandis que le véritable arbuste de ce nom ne parait 
plus s’y trouver, et n’y a peut-être même jamais existé. 

Enfin, quelque temps après, parut sur le continent une neuvième espèce, 
qui se trouvait peut-être déjà avant la précédente dans les jardins de 
l'Angleterre. C’est le Ph. Gordonianus Linoe. Elle est très-voisine du 
Ph. pubescens Bosc., et ses fleurs ne possèdent pas non plus un parfum 
agréable. M. Douglas, voyageur-collectionneur de la Société d’Horticul- 
ture de Londres, la découvrit dans le territoire arrosé par le fleuve 
Colombia, sur la côte occidentale de l'Amérique du Nord. Cette espèce 
semble avoir reparu plus tard dans le commerce sous différents noms; 
car ce que nous avons vu sous les noms de Ph. Columbianus, Ph. cordi- 
folius et Ph. dubius, et quelquefois aussi sous celui de Ph. cordatus, 
ne présente aucune différence avec le Ph. Gordonianus. Cette espèce 
avait été dédiée par Lindley à un membre de la Société d’Horticulture, 
Georges Gordon, surintendant des arbres d'agrément au Jardin de 
Chiswick. 

Dans les huit dernières années, trois arbrisseaux ont été mis dans le 
commerce sous les noms de Philadelphus chinensis, Ph. Ledebouru, et 
Deutzia sp. de Japonia ; nous en avons vu depuis quelques années des 
exemplaires en fleurs, tant à l'Ecole d’arboriculture de Potsdam qu’au 
Jardin botanique de Berlin, et nous pouvons par conséquent émettre 
notre opinion sur ee sujet. Tous les trois étaient le Ph. myrtoides Ber- 
TOLONI. Enfin, il paraît encore se trouver dans les jardins une autre 
plante, qui a déjà été figurée dans le Flower-Garden de Paxton, sous 


=  — 


le nom de Ph. Satsumi Sieson (non pas Satsumani). Elle se distingue 
à peine du véritable Ph. grandiflorus Wizzp., et nous comptons le 
démontrer plus tard. Enfin le Deutzia scabra Tuuns. se voit quelquefois 
sous les noms de Ph, chinensis et sinensis thyrsiflora. 

Nous avons encore vu, dans le Jardin botanique de Berlin, mais mal- 
heureusement point à l’état de floraison, deux autres espèces, qui 
probablement resteront exclues de nos cultures en pleine terre, car 
elles ne semblent pas pouvoir supporter le climat, au moins celui de 
l’Allemagne septentrionale. Ce sont le Ph. mexicanus ScuLecur., et le 
Ph. californicus Benru.; le premier a déjà été figuré dans le Botanical 
Register (XXVIII, tab. 58). 

En outre de ces douze espèces, nous en trouvons encore indiquées dans 
les catalogues quelques-unes, dont Schrader à établi une partie; mais, 
n'ayant pas eu l’occasion d’en observer des exemplaires originaux, nous 
ne nous trouvons pas en état de prononcer un jugement sur ces espèces. 
Ce que nous avons vu dans les jardins sous les noms de Ph. speciosus et 
laxus, appartenait au Ph. grandiflorus Wirzo., dans le voisinage 
duquel Schrader place aussi ces deux espèces. Le Ph. trinervius Scnrap. 
se rapporte certainement au Ph. hirsutus Nurr. Du moins, il y a la plus 
grande concordance chez les exemplaires qu’on trouve dans les jardins. 
À notre avis, le Ph. speciosus Lino, du Botan. Reg. (tab. 2005), diffère 
de l’espèce du même nom de Schrader, et pourrait bien être un hybride 
des Ph. grandiflorus Wizzo. et latifolius Scaran.; assurément, il se 
rapproche beaucoup du premier, et n’en est peut-être qu’une race 
plus glabre. Le Ph. laxus des jardins constitue tout uniment une variété 
à petites feuilles du Ph. grandiflorus Wizzo., tandis que la plante de 
Lindley (Bot. Regist., XXV, tab. 39), peut à peine s’en distinguer, 
même comme race. Nous avons aussi vu sous le nom de Ph. laxus, la 
variété naine du Ph. coronarius L., où se présentait le phénomène 
bizarre d’un arbuste possédant à la fois des rameaux à feuilles étroites 
et des rameaux à feuilles elliptiques. Le Ph. trinervius a porté aussi le 
nom de Ph. gracilis Lonn. Nous avons enfin trouvé dans les catalogues 
des horticulteurs, les Ph. Grahami, edulis, et ohiotensis. Quant à ces 
deux derniers, nous ne sommes pas à même de nous prononcer; mais 
l’arbrisseau que l’on cultive à l'Ecole d’arboriculture de Potsdam, sous 
le nom de Ph. Grahami, appartient à la variété à petites feuilles du 
Ph. grandiflorus Win. 

Après les douze espèces que nous venons d'admettre, et qui sont cul- 
tivées dans les jardins, il y en a encore quatre de décrites : les Ph. 
Lewisii Pursu, affinis Scuecur., serpyllifolius A. Gr. et microphyllus 
A. Gr. Nous allons terminer en essayant de les distinguer autant que 
possible par des caractères certains, ce qui nous conduira à établir les 
diagnoses suivantes : 


Soie 
PREMIER GROUPE. 


ARBRISSEAUX DRESSÉS, À BRANCHES ET RAMEAUX ÉCARTÉS, ET À FLEURS RÉUNIES 
EN GRAPPES, 


4. — Philadelphus coronarius L. 


Jeune bois brun; feuilles elliptiques, dentées en scie, pubescentes; 
fleurs réunies en grappe terminale, avec des bractées tombant de bonne 
heure, généralement au nombre de cinq, jaunâtres, un peu ramassées, 
au moins Jamais étalées, exhalant en général une odeur très-forte ; ovaire 
glabre, ainsi que les sépales ovales-allongés; style profondément partagé. 

B. — Feuilles presque entièrement glabres, arrondies à la base; fleurs 
inodores : Ph. Zeyheri Scuran. 

7. — Variété naine, ayant des feuilles tantôt larges, tantôt elliptiques- 
étroites et semblables à celles des osiers, et des pétales étroits : Ph. 
nanus Mic. 


2. — Philadelphus pubescens Bosc. 


Ph. verrucosus Scaran. | 

Ph. grandiflorus Line. (Bot. Reg. tab. 570), et? aut. améric. 

Jeune bois jaune-grisâtre, ou vert-jaunâtre; feuilles dentées, presque 
ovales-aiguës, ou largement elliptiques, garnies en-dessous d’une pubes- 
cence épaisse; grappes de fleurs placées à l’extrémité de longs rameaux, 
et pourvues de bractées tombant de bonne heure. Corolle se courbant 
en forme de cloche, composée de pétales blancs, dentelés, sans odeur; 
calice et ovaire quadrangulaire, glabres; style long, profondément par- 
tagé. On l’appelle aussi dans les jardins Philadelphus niveus, et dubius. 


3. — Philadelphus latifolius Scuraper. 


Jeune bois verdâtre un peu jaunissant; feuilles largement elliptiques, 
ou ovales-aigües pubescentes en-dessous; feuilles de la paire supérieure, 
la plupart du temps très-étroites, allongées et terminales. Fleurs termi- 
nales, et placées aux aisselles des feuilles supérieures des rameaux plus 
longs et moins écartés; blanches, très-grandes, assez aplaties, générale- 
ment dentelées, tout-à-fait inodores ; calice et ovaire velus; style long, 
partagé seulement au sommet. 

B. — Feuilles elliptiques; rameaux plus étalés : Ph. speciosus Scaran., 
laxus Lonn., (probablement, comme nous l'avons dit, un hybride des 
Ph. latifolius Scaran. et grandiflorus Wizp.). 


4. — Philadelphus floribundus Scaran.. 


Jeune bois d’un brunâtre-clair, ou d’un verdâtre tirant sur le brun. 
Fleurs exhalant une odeur très-forte et trés-agréable, d’un blanc éblouis- 


— 329 — 
sant, campanuliformes, en grappes à l’extrémité des rameaux courts 
et serrés, rarement aussi aux aisselles des feuilles supérieures; calice et 
ovaire pubescents; style se partageant au tiers supérieur en quatre 
stigmates. 

Notre espèce s’écarte un peu sur différents points de la description de 
Schrader ; mais comme le sol et la localité peuvent exercer sur elle une 
très-grande influence, et changer considérablement la taille ainsi que la 
couleur du bois, nous croyons cependant être en possession du véritable 
Ph. floribundus de Scaraper. 


5. — Philadelphus Gordonianus Linor. 


Jeune bois brun; feuilles ovales-aiguës, fortement dentées, pubes- 
centes, évidemment trinerves; grappes florales courtes, à l’extrémité de 
rameaux courts et nombreux, avec des bractées tombant de bonne heure, 
moins agréablement parfumées; pétales blancs, formant généralement 
une cloche en se courbant ensemble; ealice et ovaire glabres; style pro- 
fondément partagé. 


6. — Philadelphus tomentosus Wauruen. 


Ph. nepalensis Lour. 

Ph. triflorus Wa. 

Jeune bois brun-jaune ; feuilles ovales-allongées, devenant même lan- 
céolées-allongées et terminées en pointe, d’un vert très-sombre, pubes- 
centes en dessous, finement dentées en scie, b-nerves. Fleurs se plaçant 
au nombre de 2 aux aisselles des feuilles supérieures plus petites, et au 
nombre de 5 ou 5, terminales, accompagnées de bractées tombant bien- 
tôt; pétales blanes, peu recourbés ; ovaire et sépales (le bord supérieur 
excepté), glabres; style partagé jusqu’à la moitié. 


7. — Philadelphus californicus BenTx. 


Jeune bois brun-gris; feuilles ovales, aiguës, d’abord pubescentes, plus 
tard simplement ciliées, à peine dentelées, 5 à 5-nerves. Fleurs nom- 
breuses, formant une grappe terminale portée par un pédoncule délié, 
avec des bractées tombant de bonne heure, blanches, inodores ; sépales 
du double plus longs que l’ovaire; style partagé seulement au sommet. 
Les exemplaires de notre jardin botanique ont des feuilles longues à peine 
d’un pouce, pourvues sur leurs deux faces de poils plus ou moins couchés, 
mais rudes. 

8. — Philadelphus microphyllus À. Gr. 


Branches grêles, dressées; feuilles petites, brillantes à la face supé- 
rieure, finement pubescentes à la face inférieure; allongées, à trois ner- 
vures peu apparentes; bord entier. Fleurs isolées, ou au nombre de5, 
terminales; sépales ovales-lancéolés, glabres, de même que l’ovaire; 
style partagé seulement an sommet. 

BELG. HORT. TOME X. 22 


— 330 — 


9. — Philadelphus serpyllifolius A. Gr. 


Arbrisseau s'étendant beaucoup en largeur, avec des rameaux courts, 
serrés, et souvent terminés par des épines ; feuilles très-petites, pressées, 
brièvement elliptiques, vertes en dessus, biance-gris en dessous, velues, 
trinerves; fleurs la plupart du temps solitaires et terminales, jaune clair, 
très-petites ; calice et ovaire à pubescence argentée; style très-court, à 
4 stigmates. 


10. — Philadelphus affinis ScuLecur. 


Espèce douteuse, ayant jusqu’à 12 pieds de hauteur, avec des rameaux 
presque glabres; feuilles ovalaires et terminées en pointe, pubescentes 
seulement sur les nervures de la face inférieure, finement dentelées ou 
entières, trinerves. Grappe complète formée de 5 fleurs; ovaire glabre, 
ainsi que les sépales, à l’exception de leur bord, garni de poils blancs; 
style divisé en stigmates seulement au sommet. Fruit pendant (?) 


SECOND GROUPE. 


ARBRISSEAUX GÉNÉRALEMENT HUMBLES, AVEC DES RAMEAUX EN PLUS GRAND 
NOMBRE ET EN PARTIE HORIZONTAUX, ET DES POUSSES ESTIVALES LACHES ET 
SOUVENT PENDANTES; FLEURS SOLITAIRES OU TERNÉES, 


41. — Philadelphus grandiflorus Wio. 


Jeune bois brun; feuilles elliptiques, garnies, à l’exception de la base, 
de dents aigües et écartées, en général pourvues, sur leur face inférieure, 
de nombreux poils couchés; il n’en est pas de même de la face supérieure 
qui parait entièrement glabre. (Suivant Wildenow, les feuilles sont fine- 
ment ciliées sur la marge, et densément poilues aux angles des nervu- 
res de la face inférieure.) Fleurs au nombre de 3, terminales, grandes, 
blanches, assez aplaties; ovaire et sépales glabres; style long, surplom- 
bant les étamines, partagé seulement à l’extrémitlé en 4 stigmates. 

Cette espèce croît parfois davantage, et forme ainsi la transition aux 
espèces du premier groupe. J'ai déjà dit plus baut qu’elle est peut-être 
un hybride des Ph. inodorus L. et pubescens Bosc, (grandiflorus des 
auteurs de la Flore de l'Amérique septentrionale); c’est ce que semble 
prouver l’existence de toutes les formes intermédiaires entre ces deux 
espèces. En effet, nous en possédons une qui est à peine différente du 
Ph. pubescens, et une autre qui se rapproche extraordinairement du 
Ph. inodorus et qui, comme lui, a des rameaux tout à fait flasques 
et souvent retombants; elle porte dans les jardins le nom de Ph. laxus, 
et Schrader en a même fait une espèce sous ce nom. Le Philadelphus 
Satsumi (Paxton’s Flower Garden, Tome IL, fig. 188, N° 575) n’est cer- 
tainement pas différent du Ph, grandiflorus Wazzp. 8 laxus, et il n’est 
point habitant du Japon. 


— 131 — 
42. — Philadelphus inodorus L. 


Jeune bois brun; feuilles allongées, presque toujours entières, glabres, 
trinerves. Fleurs isolées ou au nombre de 3, à l’extrémité des rameaux, 
-aplaties et d’une couleur blanche éblouissante ; ovaire et sépales entière- 
ment glabres; style surpassant les étamines, et partagé, seulement au 
sommet, en trois stigmates. 


43. — Philadelphus Lewisii Pürsu. 

Humble arbrisseau, à rameaux s’écartant horizontalement et pubescent 
seulement sur les jeunes parties ; feuilles ovalaires, mais étirées en pointe 
3- et 5-nerves, la plupart du temps complètement glabres et en général 
sans dents; fleurs blanches, petites ; ovaire glabre, ainsi que les sépales, 


qui sont deux fois plus longs ; style de la longueur des étamines, partagé 
seulement au sommet. 


1%. — Philadelphus mexicanus ScuLecar. 


Arbrisseau élevé, avec des rameaux pendants et couverts d’une pubes- 
cence molle; feuilles ovalaires, terminées en pointe, garnies de poils 
serrés, mais devenant glabres en dessus, dentekées ou entières, trinerves. 
Fleurs isolées ou ternées à l’extrémité de rameaux courts, très-odorantes, 
à demi-doubles et ayant toujours régulièrement plus de 4 pétales; l'ovaire 
et les sépales courts sont pubescents; style très-profondément partagé. 
Les exemplaires de notre Jardin botanique, qui n’ont à la vérité pas 
encore fleuri, ressemblent extrêmement au Ph. californicus, et sont, 
comme lui, très-voisins du Ph. myritoides Berr., au point qu’il n’y a 
peut-être pas de différence spécifique. 


15. — RNpine hirsutus Nurr. 


Ph. trinervis, Scrap. 

Ph. gracilis, Horr. 

Arbrisseau humble, à jeune bois brun; feuilles petites, ovales-lancéo- 
Jées ou lancéolées-allongées, pubescentes, d’un blane-gris en dessous, 
dentées, 3- et b-nerves. Fleurs solitaires, ou plus souvent au nombre 
de 3, à l’extrémité de petits rameaux très-courts, petites, blanches, sans 
odeur ; calice et ovaire velus ; style entier, avec 4 stigmates contigus. 


16. — Philadelphus myrtoides Bento. 


Humble arbrisseau, à rameaux bruns, quelque peu flasques, qui sont 
pourvus de brosses de poils isolées et faciles à enlever; feuilles lancéolées- 
aliongées, à dents pointues, 3 rarement D-nerves, garnies de poils 
raides serrés, qui disparaissent souvent, au moins sur la face supérieure. 
Fleurs en grappes courtes, placées à l’extrémité de rameaux courts et 
velus, munies de pétioles grêles, blanches, formant plutôt un large en- 
tonnoir qu’une clochette; calice et ovaire glabres; style partagé jusqu’au- 
dessus de son milieu, dépassant les étamines. Cette espèce se trouve 
décrite et figurée dans les Mémoires de l’académie de Bologne (IV, p. 45). 


— 3552 — 


LE BAMBUSA GRACILIS, 
Par M. CARRIÈRE. 


Le Bambusa gracilis récemment introduit de Chine dans nos jardins. 
est tellement semblable à l’Arundinaria falcata, que plusieurs horticul- 
teurs (et nous sommes de ce nombre) l’ont pendant longtemps considéré 
comme identique. Cette erreur s'explique facilement par l’aspect des 
deux plantes qui, en effet, ne présente pas de différences sensibles. Mais 
si les deux espèces offrent tant de similitude par leurs caractères exté- 
rieurs, elles se distinguent nettement, on peut le dire, par leur tempé- 
rament; en effet il suffit d’un léger abaissement de température au- 
dessous de 0° pour voir que le B. gracilis a toutes ses feuilles gelées, 
et qu’il perd complètement ses tiges lorsque le thermomètre descend à 
3 ou 4 degrés plus bas. La souche seule résiste à ce degré de froid. Il 
est donc prudent de la garnir de feuilles. Il n’en est pas de même pour 
l’'Arundinaria falcata qui résiste presque toujours à la rigueur de nos 
hivers. Le Bambusa gracilis est, comme on le voit, une espèce peu 
propre à décorer nos jardins; il en sera tout autrement dans les jardins 
du midi de l’Europe ou dans les jardins d’hiver des pays septentrionaux 
dont il ornera très-agréablement les massifs, comme toutes les plantes 
de ce genre. 

La pleine terre lui est indispensable, car c’est dans cette condition 
seulement qu’il atteint son parfait développement et qu’il devient vrai- 
ment ornemental. Une terre substantielle légèrement siliceuse est celle 
qui parait le mieux lui convenir. Les arrosements doivent étre fréquents 
et copieux pendant l’époque de la grande végétation. Sa multiplication 
se fait au moyen des graines que l’on sème en terre de bruyère; on 
les recouvre peu et on les tient constamment mais légèrement humides; 
à défaut de graines on le mulliplie par éclats qu’on obtient en divisant 
les touffes, opération qui doit se faire lorsque les plantes commencent 
à entrer en végétation. On les empote et on les place dans des coffres 
sous des châssis, où on les prive d’air jusqu’à ce qu’ils aient développé 
des racines. (Flore des Serres). 


— 993 — 


HORTICULTURE DE SALON. 


JARDINIÈRE A JET D'EAU POUR LES APPARTEMENTS. 


La floriculture est définitivement introduite et installée dans nos appar- 
tements : on aime, surtout en hiver quand on est forcément confiné dans sa 
chambre, à se distraire par les soins que réclament quelques plantes 
cultivées autour des fenêtres, à se reposer la vue sur une tendre verdure 
qui plait d'autant plus qu’elle contraste avec les frimats de l’atmosphèére. 
L'art et l’horticulture se sont d’ailleurs unis pour atteindre ce résultat : 
l’une a désigné et expérimenté les végétaux les plus convenables, et l’on 
en connait aujourd’hui un grand nombre susceptibles d’être tenus en 
appartements; l’autre s’est appliqué à entourer ces plantes de meubles 
élégants et artistiques appropriés à la décoration des salons. 

Nous publions aujourd’hui deux dessins relatifs à une jardinière à 


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PI. 45. Jardiuière à jet d'eau pour salon. 


aquelle un jet d’eau se trouve adapté : cette disposition a non-seulement 
l'avantage d’être jolie et animée, elle est en outre très-favorable à la santé 
des plantes et répand une certaine fraicheur dans les appartements. Le 
choix des matériaux , le bois ou le fer par exemple, est tout à fait indiffé- 
rent : la forme ou la grandeur peuvent aussi varier d’après le goût ou les 
convenances de chacun: l’ornementation est aussi simple ou aussi luxueuse 
qu’on voudra la faire et selon le prix qu’on sera disposé à y mettre. 


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PI. 44. Jardinière à jet d’eau, coupe transversale. 


Le seul point sur lequel quelques explications sont nécessaires, est 
le jet d’eau. L'appareil consiste en deux réservoirs en zinc, vernis pour 
empêcher l'oxydation, (e et f), de même capacité, et placés l’un à la 
partie supérieure, l’autre à la partie inférieure de la jardinière. Ils sont 
parfaitement clos, mais réunis par deux tubes, cet d, qui passent à travers 
le pied et dont l’arrangement est de la plus grande importance. Le tube 
supérieur c doit descendre assez bas dans le réservoir inférieur pour 
que l’eau puisse couler mais sans entraîner d’air. Le tube d au contraire 
à travers lequel passe l’air comprimé du bassin inférieur vers celui de 
dessus, doit être inséré à la partie supérieure du premier et aboutir 
exactement en haut du second, de manière qu’il ne soit jamais envahi 
par l’eau. Le réservoir supérieur est surmonté d’une annexe, en forme 
de petit bassin : c’est un plateau fixé au réservoir sur lequel il repose, 
au moyen d’une vis a, passant à travers une petile élévation. On enlève 
cette vis pour remplir d’eau l'appareil au moyen d’un petit entonnoir. 
Le petit tuyau, au milieu du bassin et par où passe le jet d’eau, part du 
fond du bassin supérieur. 


: 
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. 
| 


8 — 


Les choses étant ainsi disposées, voici comment elles fonctionnent. 

Lorsque le réservoir supérieur est rempli d’eau, jusqu’à effleurer 
presque à l’ouverture du tube d, on referme le trou avec la vis, et 
l’on continue à verser de l’eau dans le bassin jusqu’à ce qu’elle s’écoule 
par le tube c dans le réservoir inférieur. Dès que cet écoulement a 
commencé, la fontaine commence son jeu. L’eau s’accumulant dans le 
réservoir inférieur, chasse l'air, à travers le tube d, dans le réservoir e, 
le comprime là avec une force égale au poids de la colonne d’eau dans le 
tube c, et par suite l’eau du réservoir e est forcée de s’engager dans le 
petit tube d’où elle sort en jaillissant dans l’air atmosphérique pour 
retomber dans le bassin et s’écouler dans le réservoir f. Ce mouvement 
continue tant qu’il reste de l’eau dans le réservoir supérieur, et il le 
fera d'autant plus longtemps que le réservoir est plus grand et l’orifice 
du jet d’eau plus étroit. Lorsque le mouvement a cessé, parce que toute 
l’eau est dans le réservoir f, on la retire en ouvrant un robinet b, 
ménagé en dessous, et on la verse de nouveau dans la boite e, par la 
vis a ; dès lors le mouvement recommence. 

Cette disposition s'applique à toute espèce d’exigence et permet de 
faire un jet d’eau partout où cela peut être agréable. 

Le principe en est fort simple. 


HISTOIRE DES PLANTES UTILES. 


HISTOIRE DE L’INTRODUCTION DE LA POMME DE TERRE, 
Par M. LE BARON EpouarD DE CROESER DE BERGEs (1). 


La Pomme de terre est originaire de l'Amérique; depuis un temps 
immémorial on la cultive en abondance dans les régions peu élevées de 
la Colombie et du Pérou, où on la nomme Papas, et d’où elle paraît être 
originaire. Selon toute probabilité, le capitaine Hawkins la rapporta 
pour la première fois de Santa-Fé de Bogata, et essaya d’en faire cultiver 
quelques tubercules en Irlande vers l’année 1565. Il paraît que ces 
tubercules, très-communs dans ces pays, croissent dans les forêts et le 
long des rochers, où ils forment des espèces de plantes grimpantes, 
atteignant une hauteur assez considérable (d'ordinaire d’un à deux 
mètres) et se semant d’elles-mêmes. Cette plante nouvelle, importée à 
cette époque en Europe, fut entièrement négligée et même perdue. Un 


(1) Cette élégante dissertation est extraite d’une brochure que l’auteur vient de 
faire paraître à Bruges, sous le titre de : Efudes sur l’histoire et la culture de lu 
Pomme de terre. Elle se recommande sous plusieurs rapports à l'attention des 
agronomes et des érudits. 


— 390 — 


peu plus tard, le célèbre navigateur Frans Drake, un des anciens com= 
pagnons de Hawkins, dans l’un des voyages qu'il fit en Amérique, 
rapporta de ces tubercules et introduisit la Pomme de terre en Virginie, 
où elle n’était pas encore connue; il en rapporta également quelques 
tubercules en Angleterre vers 1586. 

Au lieu de les distribuer aux paysans comme avait fait Hawkins à son 
retour, celui-ci les confia à son jardioicr et lui ordonna d’en soigner par- 
ticulièrement la culture. En même temps Drake en fit cadeau à son ami 
le célèbre botaniste Gérard, qui les multiplia à Londres dans son jardin 
eten envoya ensuite à plusieurs de ses amis, notamment à Clusius ou de. 
L’Escluse (dont nous parlerons plus particulièrement plus loin) et qui le 
premier parmi les Botanistes, parla de la pomme de terre dans ses ou- 
vrages. On suppose qu’à la même époque, e’est-à-dire, vers la fin du 
XVI° siècle, les Espagnols introduisirent cette plante dans le midi de 
l'Europe, qu'ils avaient, selon toute probabilité, importée de leurs 
colonies où les tuhercules croissaient en abondance ; mais on ne sait rien 
de juste à cet égard, chose facile à comprendre, puisque malgré les efforts. 
des hommes dont il est question, il fut impossible d’en propager la culture 
au-delà de quelques jardins d’agrément. Cette plante, qui, au eom- 
mencement, avait été accucillie comme une rareté du Nouveau monde, 
plutôt que comme une plante utile, finit par disparaître même des jardins 
d'agrément, où elle ne produisait pas un trop bel effet, et tomba bientôt 
complètement dans l’oubli. 

Ce fut au point que quelques années plus tard, au commencement du 
XVIIe siècle, le bruit se répandit que l’amiral Walter Raleigh venait d’in- 
troduire en Irlande, une plante toute nouvelle, tandis qu’en réalité, il 
n'avait fait qu'y rapporter des lubercules pris en Virginie, où Drake les 
avait importés quelques années plus tôt en 1586. 

Cette lois cependant à force d'efforts et de peine, quelques agriculteurs 
distingués, quelques rares et bons cultivateurs se décidèrent à donner 
des soins intelligents à cette plante américaine; mais elle resta encore 
longtemps abandonnée dans quelques rares jardins, jusque vers la fin du 
XVIIT: siècle, malgré tous les efforts que l’on fit pour la propager, tant en 
Angleterre qu’en France, où elle était encore moins connue; ainsi En 
1616, elle fut servie à la table du Roi de France, Louis XIII, comme une 
chose nouvelle et curicuse : cela était en effet; mais là comme ailleurs, 
les papas comme on les nommait encore toujours, ne firent pas merveille 
et ils continuérent à rester dans l’oubli. 

Ce ne fut que près de cent-cinquante ans plus tard que cette culture 
commença à prendre quelque extension, grâce aux efforts et à la ténacité 
héroïque d’un homme dont le nom est devenu célèbre à juste titre et qui 
est des plus populaires en France. Nous voulons parler de Parmentier. 
Antoine-Augustin Parmentier, naquit vers le milieu du XVII siècle, à 
Mondidier, d’une famille bourgeoise. 11 fut d’abord pharmacien, ensuite 


— 691 — 


employé aux Invalides, vers 1767, et ce fut alors, qu’il commença spécia- 
lement à s'occuper de la culture de la pomme de terre. 

Pendant la disette de 1769 les botanistes et les physiciens s’étaient 
occupés à chercher parmi les végétaux, ceux qui pourraient suppléer aux 
plantes céréales. Il y avait deux siècles, qu’un préjugé presque général 
s’était opposé à la propagation de la pomme de terre, considérée jus- 
qu’alors, comme une plante pernicieuse. Parmentier combattait avec 
constance le préjugé et parvint à faire établir en France la culture de 
cette racine bienfaisante, qui est aujourd’hui d’un si grand usage parmi 
toutes les classes de la Société. Parmentier avait l’âme droite, aussi eut- 
il beaucoup à souffrir des malveillants. 

Ainsi, à une certaine époque de la révolution, ayant été proposé pour 
une place municipale, un des votants s’opposa à son élection, et s’écria : 
« Il ne nous fera manger que des pommes de terre, c’est lui qui les a 
inventées. » 

Parmentier qui avait conscience de Ïa valeur de la pomme de terre, 
et qui pressentait le rôle qu’elle aurait dans lalimentation des peuples, 
était tellement peiné de son insuccès, qu’il crüt devoir recourir à un 
stratagème assez ingénieux. 

Il se dit qu’en France les choses défendues ont quelquefois plus de 
succès que les choses recommandées, et pariant de cette remarque origi- 
nale, il obtint du gouvernement ou de la ville de Paris (l’histoire ne le 
dit pas au juste), l'autorisation de planter un nombre assez considérable 
de tubercules dans la plaine de Grenelles et au Sablon. 

La plante poussa à merveille, fleurit à son temps, et porta des graines. 
Quand Parmentier fut persuadé que le tubercule était arrivé à une matu- 
rité complète, il obtint que des soldats feraient la garde des champs 
pendant le jour et se retireraient la nuit. Les gens de la banlieue de 
Paris se dirent naturellement qu’une plante aussi bien gardée, devait 
avoir une valeur immense et aussitôt, la nuit close et les factionnaires 
partis, les maraudeurs se mirent à ravager les champs des pommes de 
terre de Parmentier : il s’y attendait et il battit des mains. 

Ce siratagème réussit à merveille ; bientôt la pomme de terre se trouva 
trop à l’étroit dans les jardins de Paris, et on la vit paraître çà et là, en 
plein champ. 

Parmentier poussa de plus belle à Ia propagation, mais il se trouva 
des faiseurs d’opposition par tempérament, qui répandirent le bruit que 
les tubercules tant vantés, n'étaient bons qu’à empoisonner le peuple. 
Celui-ci commença alors à se récrier, il eut des grands mouvements de 
colère, et le nom de Parmentier devint si impopulaire, qu’on aurait pu 
facilement lui faire un bien mauvais parti, sans surprendre personne. 
On avait beau répondre aux esprits prévenus contre la pomme de terre, 
qu’on en avait servi à la table du roi, apprètées de différentes manières, 
Louis XVI cut beau porter les fleurs de cette plante à sa boutonnière, 
comme s’il eut voulu l’honorer, la défiance ne s’en allait point. 


— 938 — 


Ï ne fallut rien moins que les disettes, qui précédèrent et suivirent les 
premières guerres de la révolution, pour faire comprendre aux popula- 
tions, toute l’influence que pouvait avoir la culture préconisée par Par- 
mentier. À partir de ce moment la culture de la pomme de terre com- 
mença à prendre de lextension, mais ce ne fut guère qu’après la disette 
de 1816 et 1817 qu’elle se répandit très-rapidement et sur une grande 
échelle dans toute la France, et dans quelques pays voisins où jusqu'alors, 
elle avait été entièrement négligée. 4 


HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE EN BELGIQUE. 


Si partout et dans tous les ouvrages le nom de Parmentier est cité 
comme le propagateur de la Pomme de terre, nous ne pouvons cependant 
pas, nous, enfants de la Belgique, laisser passer sous silence le nom de 
ceux qui dotèrent notre fertile patrie de ce précieux tubercule, même 
avant la naissance de Parmentier. | 

En 1586, Frans Drake, comme nous avons vu plus haut, avait apporté 
des tubercules de Virginie. Arras appartenait alors à la Belgique. Cette 
ville avait vu naïître dans ses murs, en 1522, Charles de l’Escluse, dit 
Clusius, qui devint le plus grand savant de son époque. C’est le 
témoignage que lui a rendu le plus habile appréciateur en ces sortes de 
matières, l’illustre Cuvier. De l’Escluse était Belge par sa famille et par 
ses relations; ses connaissances le firent remarquer de l’empereur, qui 
l’appela à Vienne, où il le nomma conseiller aulique, et son premier 
médecin. Ce fut là qu’il reçut des tubercules de Pommes de terre de son 
ami Gérard, et en 1588 il en recut également deux autres de Philippe de 
Sivry, seigneur de Walhain, gouverneur de Mons, qui les reçut de la 
légation du Pape en 1587. 

Ici l’histoire de la Pomme de terre est sujette à controverse; ainsi, 
comme je l'ai dit plus haut, les uns soutiennent que Clusius avait reçu 
des tubereules de Gérard, vers l’année 1586, tandis que d’autres disent 
qu'il n’en reçut qu’en 1587 d’un Belge, et ils expliquent ainsi leur 
manière de voir : L'Italie, le pays qui a joué un si grand rôle dans l’agri- 
culture, soutient, et non sans raison, qu’un humble moine, nommé 
Hieronymus Cardanus , rapporta le tubereule du Pérou, vers la même 
époque où celui-ci fut introduit en Angleterre. L’Angleterre ne s’avisa 
guère à cette époque de doter le continent de sa découverte; mais le 
Pape, dans sa sollicitude paternelle, voulut, lui, que toute la chrétienté 
en profita. C’est ainsi qu’il en envoya à son légat de Bruxelles, qui les 
distribua à son tour à ses amis. 

De l’Escluse quitta Vienne en 1588 et vint demeurer quelque temps à 
Francfort; il y apporta lui-même la Pomme de terre, et la répandit dans 
beaucoup de jardins de l’Allemagne , et même à Padoue, où, disait-il, 
elle n’était pas connue. Il ignorait du reste, ce célèbre savant, que 


2 00 — 


Cardanus avait importé la Pomme de terre dans lItalie centrale; il 
la croyait, lui, originaire ou d’Espagne ou d’un des pays voisins. Mais la 
preuve qu’on la connaissait déjà fort bien en Italie à cette époque, c’est 
la description que lui-même en fait : « On mange, dit-il, ces tubercules 
cuits, avec de la viande de porc, de la même manière qu’on la mange 
avec des navets ou avec des racines de panais ; les Italiens en nourissent 
même leurs porcs... Elle est à présent très-commune dans l’Allemagne à 
cause de sa fécondité. » 

De l’Escluse publia, pour mieux faire connaître ce nouveau mets, la 
figure et la description de ce végétal; et c’est la première description 
qu’on fit de cette Solanée. Le botaniste d’Arras le plaçait à côté de la 
Batate, liseron à tubercules comestibles, cultivé jadis dans notre pays, 
mais qui s’est réfugié dans des pays plus chauds, en Espagne, en Portu- 
gal et en Italie. | 

À peu près trois quarts de siècle après la tentative de l’Escluse, un 
savant chanoine d’Hoogstraeten, François Van Sterbeck d’Anvers, 
s’adonnait avec soin dans cette dernière ville à la culture des plantes. 
Mais la Pomme de terre était encore si peu répandue (ceci se passait de 
1660 à 1664), que quoiqu'on en connût les qualités alimentaires, elle 
n'avait point passé dans l’agriculture de notre pays, comme elle l'était 
déjà, à cette époque, dans quelques pays du midi. L’horticulture seule 
l’envisageait comme un agrément, dont on pouvait tirer au besoin quelque 
utilité. 

Le jardinier de Van Sterbeek avait pris les tubercules pour des objets 
inutiles, qu’il ne connaissait pas, et il les avait jetés. Le Chanoine, 
en 1660, ne leur donne pas encore le nom de patates, il leur conserve 
leur nom primitif de Papas, seulement il assure qu’en Flandre, on la 
désigne sous le nom de poires de terre; il savait au reste comme le dit 
Bodoneus et Clusius, que la pomme de terre venait de Quito, qu’on l’y 
séchait, et qu’on la vendait ensuite sous de nom de Chuno, pour en 
faire du pain, lourd mais bon. La description qu’il donne des pommes 
de terre, prouve qu’elles appartenaient aux variétés blanches et 
rouges, celles que l’on préfère encore aujourd’hui dans notre pays. 
Il les recommande comme de facile digestion aux personnes affai- 
blies, les compare aux batates et aux panais et ne leur trouve qu’un 
léger défaut qu’il exprime comme Clusius, doch zy zyn windigh. Toute 
sa dissertation sur le Vatuer en ghebruyck, en partie tirée de Dodoneus, 
ne prouve pas le moins du monde qu’on eut accusé à cette époque, 
cette précieuse Solanée d’être la cause d’une maladie quelconque. 

Van Sterbeek s’efforçait au milieu du .XVII siècle de propager la 
pomme de terre dans la province d'Anvers. 

Quarante ans avant lui cependant, on cultivait le rare tubercule aux 
environs de Nieuport et de là probablement est venu qu’il était si bien 
connu dans les Flandres. 


— 840 — 


Voici ce qu'en rapporte l’histoire : En 1620, les chartreux furent 
expulsés de l'Angleterre, et l’un d’eux, le père Robert Clarke, qui 
joignait le goût de l’horticulture à la facilité de faire des vers latins, 
(il fut surnommé le Virgile Chrétien) rapporta les Papas, appelés Pota- 
toes en Angleterre, et se donna beaucoup de peine, pour les répandre 
dans son pays d'adoption; mais il n’y réussit pas mieux que les autres, 
et la culture de la Solanée végéta encore pendant de longues années 
dans l’oubli. 

Mais ici se place un épisode remarquable pour nous dans l’histoire 
de la pomme de terre, et qui montre clairement qu'avant l’existence 
même de Parmentier, notre pays a possédé des hommes, qui ne l’ont 
pas cédé en zèle et en sacrifice à cet agronome français. 

Au milieu du XVII: siècle, Bruxelles et Bruges possédaient des con- 
fréries de jardiniers et de riches seigneurs, amateurs de plantes, lesquels 
se placaient sous le patronage de sainte Dorothée. La confrérie de Bruges 
surtout, se faisait remarquer par une constitution vigoureuse, par des 
travaux utiles et des expositions de fleurs nouvelles, dans la Chapelle 
du Franc. La confrérie excitait par des récompenses honorifiques, la 
propagation des espèces et variétés utiles, tant à l’agriculture qu’à 
l’horticulture. Un de ses membres, Antoine Verhulst, se fit à cette 
occasion l’apôtre de la pomme de terre. Verhulst avait appris, par expé- 
rience, combien le tubercule était productif, d’une saine et bonne nour- 
riture pour l’homme et le bétail, il savait que le haricot, qui faisait 
alors le plat de fécule obligé, était sujet à manquer souvent; et que 
d’ailleurs cette fève était d’un prix trop élevé pour les classes nécessi- 
teuses, le voilà donc en train de cultiver le Papas du Pérou, et à force 
de soins, il arrive bientôt à une production si abondante qu’en 1702 il 
annonça à la confrérie qu’il ferait de sa récolte une distribution gratuite 
à tous les cultivateurs. Il fait done appel aux amis de l’agriculture et 
indique sa ferme, comme rendez-vous général: il se rend au marché de 
Bruges, il supplie, il force les paysans à recevoir les tubercules et à 
les cultiver. On conçoit facilement que la conviction d’un homme qui 
prêchait les preuves à la main, devait passer dans l’âme de ses auditeurs; 
aussi Antoine Verhulst doit-il être inscrit parmi les plus grands propa- 
gateurs de la plante providentielle. 

La petite ferme où Verhulst cultiva la pomme de terre, existe encore, 
Les curieux la trouveront vis-à-vis du Jardin de la Société Philharmonique, 
hors de la Porte de Ste. Catherine, à Bruges. 

Les choses utiles ne vont pas toujours vite, aussi fallut-il attendre, 
malgré tous les efforts, jusqu’en l’année 1740, avant de voir arriver la 
pomme de terre comme un produit abondant et bien connu du peuple, 
sur le marché de Bruges. Or, en 1740 Parmentier n’avait que trois ans. 

Dans la guerre des alliés, en 1715, les soldats anglais mangeaient déjà 
publiquement dans la Flandre, les pommes de terre de Verhulst, leur 


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— 541 — 


exemple avait détruit chez les bourgeois et le pauvre l’idée que cette 
plante était malfaisante, et, s’il faut en croire les histoires du temps, ce 
furent les médecins qui tâchèrent, par mille contes absurdes, d’entretenir 
le plus longtemps possible, cette erreur fatale. Ainsi on voyait des gens 
âgés de près d’un siècle, prétendre qu'ils en étaient arrivés là parce que 
jamais ils n’avaient enrayé le jeu de leur ventricule par la lourde et 
épaisse fécule de la pomme de terre. A la campagne ce préjugé médical 
fit beaucoup de mal, mais on ne pourrait guère s’imaginer aujourd’hui 
ce qu’on y opposa avec le plus de succès : ce fut la dîime... 

Les abbés de Saint Pierre, qui possédaient dans les Flandres de grandes 
propriétés, forcérent les cultivateurs à leur payer la redevance annuelle 
en pommes de terre, ce qui au commencement coûta assez de peine, car 
dans plusieurs de ces localités, la pomme de terre était encore tout à fait 
inconnue. Mais quand les paysans virent qu’on se portait bien à l’abbaye, 
malgré les pommes de terre qui arrivaient deux fois par jour sur table, 
ils n’eurent pas assez d’éloges pour la plante de Verhulst. À dater de 
cette époque, la culture de la pomme de terre se répandit très-vite par 
tout le pays, et, de nos jours, il n’est pas jusqu’au plus humble village où 
l’on ne cultive ce tubercule, appelé à juste titre, le pain des pauvres. 

Depuis quelques années une maladie a sévi sur les tubercules, et mal- 
gré tous les désastres qu’elle a pu occasionner aux malheureux qui ne la 
‘eultivaient que pour avoir de quoi se nourrir durant la dure saison de 
l'hiver, la culture de la pomme de terre ne se développe pas moins et fait 
encore tous les jours des progrès rapides. 


POMOLOGIE. 


PÉCHE DE SALWAY. 


Figurée planche XXII, d’après le Florist. 


C’est la plus méritante et la plus tardive de toutes les Pêches. Le fruit, 
que nous avons dessiné et reproduit d’après nature, s’était développé sous 
des conditions défavorables et qui l’avaient rendu plus petitque de coutume. 
De très beaux spécimens ont été récoltés à Frogmore, et l’année dernière 
nous y avons vu quelques pêches qui mesuraient 13 pouces de circonfé- 
rence et pesaient 11 onces. Ce fait prouve que sous des circonstances 
favorables et avec des soins notre pêche est l’une des plus grosses connues. 

Le fruit est rond, contracté à l’extrémité : un sillon assez profond 
s'étend du sommet au pédoncule : la peau est d’un bel orangé, teinté et 
pointillé de rouge du côté du soleil : la chair est orangée, rouge autour 
du noyau, tendre, fondante, juteuse, d’une saveur cxquise et d’un arome 
délicat. 

I1 mürit ordinairement vers la fin d’octobre ou au commencement de 
novembre. 

C’est un gain du colonel Salway. En 1844 il rapporta de Florence des 


— 942 — 


noyaux de la Pêche S' Giovanni; semés à Egham Park, dans le Surrey, 
ils donnèrent des arbres qui ont produit pour la première is en 1852, 
et parmi lesquels on a distingué l’espèce actuelle. 

Outre ses qualités intrinsèques, la pêche Salway est en outre très-rus- 
tique et tout amateur se trouvera bien de l’ajouter à sa collection. 

Il est toujours à désirer que l’on prolonge la saison de chaque sorte de 
fruit le plus longtemps possible; pour les pêches surtout, les plus tardives 
sont en général les plus utiles, surtout si à ces caractères s’ajoutentencoré 
de bonnes qualités. Nous avons beaucoup de poires, de prunes, de pom- 
mes et de cerises tardives, tandis que la plupart des pêches sont précoces 
ou de maturité moyenne : fort peu, parmi celles qui mürissent les der- 
nières, sont dignes de figurer sur les bonnes tables. La pêche de Salway 
vient combler cette lacune. Dans cette catégorie on recommande encore 
en Angleterre l’Admirable de Wulberton et Admirable tardive. Mais on 
annonce une pêche américaine, originaire de Géorgie et qui mürit, 
paraît-il, vers le milieu de l'hiver : c’est M. Rivers qui aurait introduit 
cette merveille. 

La pêche de Salway doit, pour le moment, être demandée en Angle- 
terre ou à ceux de nos horticulteurs qui sont en relation avec ce pays. 


NOTICE SUR LES PRAIRIES ET LES PELOUSES AUX POINTS DE 
VUE HORTICOLE ET AGRICOLE, 


Par M. A. Wesmarz, Répétiteur du Cours de Botanique, 
à l’école d'Arboriculture de Vilvorde. 


La prairie est un des ornements les plus employés dans les jardins 
paysagers; c’est un de ceux qui ont le plus de charmes ; mais outre l’agré- 
ment il offre une source de revenus par la production du foin. Toutes 
les fois que l’on se propose d'établir des prairies, il faut choisir, si Le ter- 
rain s’y prête, le fond des vallées, le bord des ruissaux ; elles pénétreront 
dans tous les détours, dans toutes les inflectuosités des bois et des planta- 
tions. Quelques grands arbres de position seront dispersés çà et là; des 
massifs destinés, soit à guider les vues, soit à créer des effets de perspec- 
tive seront plantés, en observant toujours d'apporter une différence du 
niveau du sol dans les endroits destinés à être plantés; ainsi tout massif 
doit être planté sur une élévation de terrain de facon que du bord de 
la touffe d'arbres il y ait une pente douce jusqu’au centre de la prairie ou 
de la pelouse. 

Lorsqu'il s’agit de créer des prairies de plusieurs hectares, il n’est pas 
possible d'observer ces inclinaisons de terrain, mais malgré cela il faut 
toujours élever le sol dans les endroits qui doivent être plantés. 

Après avoir tracé sur le terrain la configuration des pelouses, il est un 
moyen pratique très-commode pour établir une pente légère des bords 
vers le centre. À cet effet on commence par tracer deux lignes parallèles 


— 543 — 


à deux mètres d’écartement dans le sens de la longueur de la pelouse, et 
on opère de même dans le sens transversal. Une fois ces lignes tracées, on 
commence par enlever les terres de facon à établir un niveau d’après 
lequel on se guidera pour effectuer les travaux de terrassement de toute 
la pelouse. La terre provenant des déblais sera conduite dans les endroits 
trop bas et vers les places que doivent occuper les massifs et les corbeilles 
de fleurs; quant à ces dernières elles ne doivent figurer que dans des 
pelouses de petite dimension. 

Les travaux de terrassement tels que nous venons de les relater ne 
peuvent pas s’effectuer sur les pelouses de grande dimension qui dans ces 
cas deviennent des prairies et comme nous l’avons déjà dit, il suffit d’éte- 
ver les endroits qui doivent occuper les massifs et les arbres de position. 

Une prairie ne doit pas être composée d’une seule espèce de plante, ni 
être lisse comme une nappe d’eau ; les irrégularités produites par les divers 
végétaux qui y croissent, ne sont pas assez grandes pour apporter des 
modifications au plan général et offrent néanmoins mille agréments dans 
l’ensemble et les détails, par la multitude des teintes et des couleurs que 
les fleurs de ces plantes viennent y introduire selon les saisons, et par les 
formes diverses de ces fleurs, ainsi que du feuillage et des tiges; il suffit 
au surplus pour reconnaitre la prééminence des prairies émaillées de 
fleurs et composées d’une multitude de végétaux, d’y jeter un coup d’æil 
au printemps, lorsque le vert passe successivement dans la même pièce, 
où se panache agréablement de blane, de jaune, de bleu, de rouge. Loin 
de rejeter les plantes qui se mêlent aux graminées, loin d’éplucher un 
gazon pour le rendre plus beau, on doit done multiplier ces plantes 
accessoires en jetant des graines de végétaux agréables par leurs fleurs et 
qui contribuent à donner des qualités meilleures au foin. Ainsi combien 
de plantes de la famille des légumineuses, des composées et autres n’em- 
belliraient pas les prairies sans pour cela nuire aux animaux domestiques. 
De cette facon on n’aura pas seulement remplacé la couleur brune du sol 
par une couleur verte, mais également uniforme, on l’aura remplacée par 
un parterre naturel, on aura créé tout à la fois une prairie et un jardin 
fleuriste, qui à chaque pas offriront un bouquet de fleurs moins rares et 
moins précieuses que celles du parterre, mais souvent ni moins jolies 
ni d’une odeur moins agréable. 

Les gazons ou prairies en miniature demandent beaucoup plus de soins 
que les prairies et les pelouses, il faut en extraire, toutes les plantes 
autres que les graminées, et l'herbe doit être tenue toujours trés-courte. 
Depuis quelques années, les Anglais ont rendu la verdure des gazons plus 
riante en y entremélant des crocus, des orchis, le trèfle blane, le lotus 
corniculé, etc. ; nous conseiilerons de suivre cet exemple pour les petits 
jardins ou pour les gazons entourant l'habitation. 

Les gazons et les pelouses exigent beaucoup plus de soins que les prai- 
ries ; il faut les peigner souvent, les purger exactement des mauvaises 
herbes et les arroser toutes les fois que la sécheresse de la terre annoncera 


ER 


qu'ils en ont besoin. La mousse leur est quelquefois funeste, si on la laissè 
s’y multiplier beaucoup; on en a même vus d’entièrement détruits par 
ces plantes parasites, dans un laps de temps assez court. Le meilleur 
moyen qu’on ait à leur opposer, c’est l’extirpation. On se sert pour cela 
d’un rateau à dents de fer serrées, et aussitôt qu’elles paraissent, on le 
passe dessus à différentes reprises jusqu’à ce qu’on les ait entièrement 
arrachées. On jette ensuite de la poussière de chaux, du plâtre, des cen- 
dres, matières qui sont très-bonnes, non-seulement pour détruire la 
mousse lorsqu'elle est jeune, mais pour en préserver les gazons. 

Les autres soins à prendre se bornent à le fourcher aussi souvent que 
possible , à le famer de temps à autre avec du terreau bien consommé, 
enfin à ressemer les places dégarnies. Cette opération exige quelqué 
attention. Il faut d’abord s’assurer de la cause qui a fait périr les plantes 
formant le gazon. Si c’est par l’effet de l’ombre projetée par des arbres 
ou un autre objet, on se contentera de donner un léger labour et de 
semer de nouveau, en choisissant de préférence des espèces croissant dans 
les terrains humides. D’autres fois, les graminées disparaissent dans 
certaines places, parce que la terre y est de mauvaise qualité; il faut 
alors l’amender avec les engrais qui conviendront le mieux à sa nature 
et recommencer le semis. Mais lorsque cet inconvénient résulte d’une 
veine de terre stérile soit parce qu’elle contient beaucoup de carbonate 
de fer, de la tourbe, ou pour d’autres causes, on doit enlever toute la 
surface à la profondeur d’un bon fer de bèche, et la remplacer par une 
autre terre plus propre à la culture. On agit ensuite comme dans les 
circonstances précédentes. 

Avant de semer un gazon, le terrain doit étre défoncé à deux fers de 
bêche ; les mottes brisées soit au rateau ou à la herse, on passe un rou- 
leau de facon à rendre la surface du sol dure, après quoi on peut semer. 
Il arrive parfois que l’on a des talus, des bancs ou des bordures etc., à 
faire en gazon ; alors on enlève dans une prairie des plaques de gazon de 
cinq à six centimètres d'épaisseur, et on les rapporte et ajuste comme des 
dalles, de manière à les faire parfaitement coïneider, pour qu’il ne reste 
aucun interstice entre elles; on les fixe, s’il est nécessaire, avec des 
chevilles de bois enfoncées au marteau; on aplanit le tout au moyen 
d’une batte, pour unir le gazon avee le sol, et l’on donne de bons arro- 
sements si le temps n’est pas à la pluie. Quelquefois on veut couvrir de 
gazon une pente rapide, alors on emploie un autre procédé. Dans un 
grand vase, un tonneau par exemple, on délaie un quart d'argile avec 
trois quarts de terre végétale, avec une quantité d’eau suffisante pour 
donner au tout la consistance d’un mortier. On y ajoute alors les graines 
de gazon dans les proportions nécessaires, et on mélange de nouveau le 
tout. Cette préparation faite, on bat les surfaces des pentes que l’on veut 
semer, et on leur donne de la solidité, sans cependant les rendre trop 
compactes ; on arrose légèrement, seulement pour mouiller un peu, afin 
qu’elles puissent se lier parfaitement avec le mortier mêlé de semences, 


qu'on y applique au moyen d’une truelle. Cette couche doit avoir de 
6 à 8 centimètres d'épaisseur; on l’unit; on la garantit, pendant les 
premiers temps, des pluies violentes qui pourraient l’entrainer, et 
l'herbe ne tarde pas à paraître. Lorsque les racines ont assez de force 
pour pénétrer à une profondeur plus grande que l’épaisseur de la couche, 
l'ouvrage acquiert de la solidité, et ne demande plus d’autres soins que 
d’être arrosé de temps à autre. 

Lorsque l’on a de grandes parties de terrain à convertir en prairies, 
nous conseillons de mélanger les graines d’herbes avec de l’avoine ou de 
l'orge; de cette manière les jeunes graminées sont préservées pendant la 
première année des influences, souvent funestes, de la sécheresse et de 
l’action trop vive du soleil. 

Nous allons indiquer maintenant les espèces de graminées les plus 
propres pour chaque terrain({). 


Plantes des terrains humides. 


Fétuque des prés. Festuca pratensis L. 

—  roseau. —  arundinacea L. 
Glyceria aquatique. Glyceria aquatica Su. 

— flottante. —  fluitans Brow. 
Catabrose aquatique.  Cutabrosa aquatica BEAuv. 
Fléole des prés. Phleum pratense L. 
Vulpin des prés. Alopecurus pratensis L. 

Plantes des terrains frais. 
Orge des prés. Hordeum pratense Hups. 
Ivraie vivace. Lolium perenne L. 
Cynosure crételle. Cynosurus cristatus L. 
Fétuque des prés. Festuca pratensis L. 
Dactylis peletonné. Dactylis glomerata L. 
Paturin commun. Poa trivialis L. 
Houque laineuse. Holcus lanatus L. 
Flouve odorante. Anthonanthum odoratum L. 
Plantes des terrains secs. 
Cynosure crételle. Cynosurus cristatus L. 
Fétuque polymorphe.  Festuca polymorpha Dem. 

— rouge. — rubra L. 

— glauque. —  glauca Lam. 

Brize moyenne. Briza media L. 
Agrostlide vulgaire. Agrostis vulgaris Wiru. 
Avoine jaunätre. Avena flavescens L. 


Pour ce qui est des petits gazons, il faut employer exclusivement l’ivraie 
vivace; mais si cependant le sol était par trop sec, nous conseillerions de 
mélanger plusieurs espèces de fétuques. 

Pour terminer, nous nous efforcerons de conseiller aux propriétaires 
d’effectuer la fanage peu de temps après la floraison et même, si chose se 
peut, pendant cette période de la végétation. 


(14) Nous avons extrait la majeure partie de ces indications de M. De Moor, 
Traité des Graminées, p. 330 et suivants. 
BELG. HORT. TOME X. 25 


= 540 
HORTICULTURE. 


NOTICE SUR L’AERIDES CRISPUM, Linor. var. SCHROEDERI ou 
AERIDES A LABELLE CRISPÉ, variéré pe SCHROEDER. 


FAMILLE DES ORCHIDÉES. — GYNANDRIE-MONANDRIE. 


Figuré Planche XXII, 


D'APRÈS UN SPÉCIMEN FLEURI DANS L'ÉTABLISSEMENT DE MM. JACOB-MAKOY ET C® À LIÈGE. 


Aëripes crispum foliis planis, apice obtusis, obliquis, bilobis, racemis mulüfloris 
nutantibus duplo brevioribus; sepalis petalisque subæquantibus, obtusis; labeili 
maximi lacinia intermedia mullo majore, ovata, retusa, serrulata, basi bidentata, 
lateralibus erectis, acutis nanis ; calcare cornuto incurvo. Linpzey. 

Acrides crispum Lino. in Wall. Cat. No 7519. Gen. et sp. Orch. 259. — Bot. Reg. 
ann. 1842, v. XXVIIL, t. 55. — Bot. Mag. LXXV, t. 4427. — Flore des Serres, 
v. V, 1. 458. 

Acrides crispa Wa. (Steudel !) 

Syn. : Aerides Brookii, Batem. in Bot. Reg. ann. 1841, mise. p. 116 (Monent. cl. 
Lindi.). — Paxrow, Mag. of Bot. IX,142. — Flore des Serres, v.1, p. 95, t. 15. 


L’Aerides crispum est l’une des plus belles et des plus rares Orchidées 
de nos serres chaudes. Nous l’avons rencontrée cette année dans les 
riches collections de M. Jacob Makoy sous le nom de À. crispum var. de 
Schroeder; c’est une simple variation de coloris : plus pâle que le type 
(figuré dans Van Hourre, pl. 408), et toutefois moins violacée que la 
forme qui avait été décrite sous le nom de À. Brookii (Flore des Serres, 
T. I, planche 15). 

Nons recommandons chaudement cette délicieuse espèce aux cultiva- 
teurs d’Orchidées ; mais comme nous n’avons rien à en dire de nouveau, 
nous nous bornerons à reproduire les excellentes monographies dont 
clle a été l’objet dans la Flore des Serres, par M. Lemaire d’abord, puis 
par M. Planchon : 

« Indigène dans les Indes-Orientales, selon M. Paxton, cette espèce 
est la plus belle du genre selon M. Lindley. 

« En effet, c’est une plante réellement splendide en raison du grand 
nombre, de l'ampleur et du riche coloris de ses fleurs. La plante consiste 
en une tige robuste, ramifiée , tortueuse , s’attachant aux arbres par de 
grosses et fortes racines qu’elle émet latéralement. Ses feuilles sont 
distiques, allongées, quoique assez larges, obliquement obtuses-échancrées 
au sommet, sub-canaliculées, à bords légèrement arrondis en dessous. Les 
fleurs sont très-grandes (quant au genre!) d’un blanc pur, à labelle large- 
ment lavé de pourpre cocciné; elles exhalent une odeur supérieure 


Lerides CEIS pu Lndl.var. Nchroederi 


PETER 2 
as era er 


— 947 — 


encore en suavité à celles des fleurs de PA. odoratum, ct conservent 
fort longtemps toute leur fraicheur, alors même qu’elles sont cueillies. 
M. Paxton ajoute, en outre, qu’elles peuvent rester ainsi pendant une 
semaine sans le concours de l’eau. 

« Elles sont, comme nous l'avons dit, fort nombreuses ct composent 
des racèmes, dont l’ensemble forme une longue panicule lâche. Le 
scape, ou pédoncule commun, est axillaire, noueux-articulé, muni à 
chaque articulation de petites squames engaïnantes, devenant en dessous 
de chaque pédicelle, ou ovaire pédicelliforme, de très-courtes bractées. 
L’ovaire est déprimé-angulaire, arqué-nutant. Les segments du périanthe 
externe sont elliptiques, un peu aigus, roulés en dessous aux bords, 
les internes sont ovés-oblongs ou ovales subaigus, plus larges que les 
externes et légèrement lavés de pourpre au centre. Le labelle, beaucoup 
plus ample que les autres segments, a ses deux lobes latéraux, courts, 
oblongs, dressés, obtus, striés de pourpre pâle; le lobe médian très- 
développé est lui-même absolument trilobé, puis brusquement atténué, 
échancré au sommet, où les deux bords se rapprochent en une sorte 
de capuchon; il est largement lavé de pourpre cocciné dont la riche 
teinte n’atteint pas les bords qui restent blancs et sont très-finement et 
irrégulièrement denticulés. L’éperon, un des signes caractéristiques 
dans ce genre est subcomprimé, courbé, et sa pointe obluse se cache 
sous le labelle. Le gymnostème avec le clinandre à son sommet imitant 
assez bien la forme du cou, de la tête et du bec d’un oiseau. 

« L'identité, dit M. Planchon (1. c.), des Aerides crispum et Brookeri 
est un fait acquis à -la science, et malgré que la fusion de deux plantes 
en une seule, paraisse au premier abord diminuer nos richesses, on 
conçoit sans peine que tout élagage de dénominations superflues, allé- 
geant le bagage de mots indigestes, simplifiant la nomenclature, sans 
rien ôter au nombre des espèces réelles, aboutit en définitive au profit 
des botanistes et des amateurs. Voilà pour la question de synonymie. 
Quant à l’habitat on devait presque, sans hésitation, nommer a priori 
l’Asie tropicale comme la patrie du nouvel Aerides. C’est, en effet, dans 
ces riches contrées de l’Est, que tout un monde aérien se révèle dans les 
Dendrobium aux fleurs délicates, les Aerides aux grappes penchées, aux 
nuances de coloris si tendres, les Oberonia à la bizarre et presque lilli- 
putienne structure, si dignes du nom poétique que leur consacra un 
heureux caprice du docteur Lindley, les Cirrhopetalum aux gracieuses 
ombelles, aux labelles allongés comme autant de langues de couleuvres, 
les Saccolabium aux fleurs fragiles comme la cire dont elles semblent 
être modelées, les Phalænopsis dont le nom seul réveille l’idée d’une 
ressemblance avec de brillants insectes, les Bolbophyllum, les Cœlo- 
cline et mille autres formes encore, qui rivalisent d'éclat avec les Orchi- 
dées américaines, l’emportent peut-être sur elles en élégance, et ne leur 
cèdent qu’à peine le prix de la bizarrerie. 


— 548 — 


« L’Aerides crispum est donc, comme on pouvait le supposer, une 
plante de l'Asie tropicale. On sait de plus aujourd’hui qu’elle provient 
de Courtallum, district méridional de la Péninsule de Inde, en deçà 
du Gange, d’où la plante passa d’abord dans les riches herbiers distri- 
bués aux botanistes d'Europe, par la libéralité de la compagnie anglaise 
des Indes, et plus tard dans les serres de sir W. Brooke, du duc de 
Devonshire, des jardins de Chiswick et de Kew, où sa beauté a pu digne- 
ment se révéler. Nous ne saurions nous étendre sur ce dernier point, 
sans risquer de lasser par une froide analyse, le goût de l’amateur 
qu’un simple coup-d’æil peut satisfaire. Suppléons cependant au silence 
de la figure, en constatant deux qualités essentielles de l’Aerides cris- 
pum, son odeur suave, et cette heureuse durée de fraicheur qui semble 
la livrer à dessein à une admiration prolongée. » 


NOTICE SUR LE DRACÆNA AUBRYANA, Brent. ou DRACÆNA 
D’AUBRY. 


(DRACÆNA THALIOÏDES HORT. MAK.) 


Par M. Enouarp Morren. 
Figuré planche XXIV. 


Dracæna Aubryana frutescens, caule gracili annulato, foliis distiche amplexicau- 
libus, basi vaginantibus longè petiolatis, petiolo marginato canaliculato, limbo lan- 
ceolato apice angustato acuto, nervis lenuibus parallelis, panicula terminali elongata 
racemis fastigiatis, floribus fasciculatis sessilibus ephemeris albidis, tubo gracili cy- 
lindrico limbo patente vel reflexo, laciniis lincaribus apice incrassatis, staminum fila- 
mentis æquilongis rectis vel patentibus, antheris parvis ellipticis, stylo filiformi 
stamina æquante recto, stigmati simpliei capitato vel hemisphærico, ovario elliptico 
triloculari, loculis uniovulatis, ovulo erecto anatropo, Brenr. Mss. 


La plante dont nous donnons l’iconographie ci-contre (planche XXIV), 
nous avait été communiquée par M. Wiot, de l’Établissement Jacob- 
Makoy et C° à Liége, sous le nom de Dracæna thalioïdes. Elle a paru 
dans plusieurs expositions et elle est déjà connue de quelques amateurs 
sous cette dénomination. 

Le vrai nom de la plante est celui de Dracæna Aubryana qui lui a été 
donné par M. Brongniart et qu’elle porte au Muséum d’histoire naturelle 
de Paris. Nous avons eu le bonheur de recevoir de M. Decaisne, l’émi- 
nent professeur de culture à Paris, la diagnose spécifique que nous re- 
produisons plus haut et qui était restée manuscrite jusqu’à présent; il 
nous a en outre appris que le D. Aubryana a été introduit du Gabon au 
Muséum, par M. Aubry-le-Comte, commissaire de marine. 

C’est une helle plante d'ornement et qui, parait-il, reste de petite 
taille, puisque des individus hauts à peine de 70 à 80 centimètres, ont 


oldes Hort Ma ko 


» 


(hal 


d 


Dra CœN 


l'A 42 LOT PER 14 cer; L 
LL Y DTA NES 
+ PULMREENNS à 


— 549 — 


déjà porté fleur. Les feuilles sont distiques, amplexicaules et pétiolées, 
à pétiole fortement canaliculé, variant de longueur depuis un tiers 
jusqu’à l’égalité du limbe, en d’autres termes de 8 à 15 centimètres. Le 
limbe est large de cinq à six centimètres, légèrement ondulé, ovale- 
lancéolé, d’un beau vert sur les deux faces, sauf que le dessous est un 
peu plus grisätre. L’inflorescence est en épi, un peu ramifié à la partie 
inférieure, qui présente en outre quelques bractées. Les fleurs sont très 
à peu près sessiles, d’un blanc légèrement brunâtre, surtout sur la face 
extérieure du périanthe. 

Voici au surplus la traduction de la description exacte de M. Brongniart : 

Dracana d’Aubry, arbuste à tige grêle et annelée; feuilles distiques et amplexi- 
caules, à base engaïnante, longuement pétiolée : pétiole marginé, canaliculé; limbe 
lancéolé, se retrécissant en une pointe aiguë à l’extrémité, à nervures parallèles et 
faibles; inflorescence en panicule allongée d’épis fastigiés; fleurs en fascicules, 
sessiles, éphémères, blanches, à tube grêle et cylindrique, à limbe étalé ou réfléchi 
et à segments linéaires renflés au bout; filets des étamines de même longueur, droits 
ou étalés; anthères petites, elliptiques; style filiforme, droit, égalant les étamines ; 
stigmate simple, en tête ou hémisphérique ; ovaire elliptique, triloculaire, à loges 
uni-ovulées, à ovule droit, anatrope. 


M. Decaisne dit avec raison que « la structure du pistil range cette 
plante d’une manière positive dans le genre Dracœna, qui, seul dans le 
groupe, offre des loges uni-ovulées, et qu’il ne faut pas confondre avec 
le Cordyline, qui a les loges polyspermes. » 


manne 


BIBLIOGRAPHIE. 


Manuel de la Flore de Belgique, par François CrériN, de Rochefort. 
Bruxelles, 1860, chez E. Tarlier. 1 vol. in-12 de 236 pages. Prix : 
5 francs. 


L'ouvrage de M. Crépin est le meilleur guide que nous puissions 
conseiller pour les herborisations et la connaissance de la Flore de 
Belgique; rien de plus parfait n’avait paru depuis le Compendium Floræ 
belgicæ de Courtois et Lejeune, ouvrage écrit en latin et disposé d’après 
le système de Linné. Celui de M. Crépin est, au contraire, à la hauteur 
de la science moderne et d’un usage facile pour toutes les personnes qui 
sont initiées aux premiers éléments de botanique; il est consciencieuse- 
ment écrit et le fruit d'observations personnelles. La Flore proprement 
dite est précédée de quelques chapitres sur les herborisations, la récolte 
et la préparation des plantes, les herbiers, la bibliothèque du jeune 
botaniste, un aperçu de la géographie botanique de Belgique, des consi- 
dérations sur l’espèce végétale, et par un dictionnaire de tous les noms 
et de tous les termes utiles à connaître; c’est, comme on le voit, un 
ouvrage complet que nous a fourni M. Crépin, 


— 990 — 


Nous pourrons désormais mettre dans les mains des jeunes gens et de 
nos élèves un ouvrage belge pour la connaissance des plantes de leur 
patrie, tandis que nous étions forcés jusqu'ici de recourir à l’étranger : 
sous ce rapport encore M. Crépin a rendu un véritable service aux 
sciences de son pays. Il a eu en outre la gracieuseté de dédier son livre 
à la mémoire de Charles Morren et de Lejeune, hommage dont nous le 
remercions ici tout spécialement. E. M. 


Pescatorea. Iconographie des Orchidées, par M. J. LiNDEN, avec la 
collaboration de MM. Planchon, Reichenbach et Luddeman. Brux. 
1860, chez Hayez. 1 vol. in-folio, avec 48 planches. 


Le premier volume de la Pescatorea vient d’être achevé. On avait craint 
qu’elle ne füt arrêtée par suite de la mort de M. Pescatore, mais grâce à 
M. Linden, un volume complet a paru. C’est un superbe ouvrage in-folio, 
consacré à l’iconographie des Orchidées; les planches sont parfaitement 
exécutées et le texte est signé des noms de MM. Linden, Planchon, 
Reichenbach et Luddemann. Le premier volume contient la description 
ct la figure de 48 espèces. E. M. 


a 


Traité général de la culture forcée par le thermosyphon des fruits et 
légumes de primeur, par M. le comte Léonce pe LamBerTye. Melon et 
Concombre. Paris, chez Goin. Une brochure in-8° de 40 pages. 


M. le comte Léonce de Lambertye est un praticien exercé, guidé par 
d'excellentes données théoriques : il a su donner à son livre les mêmes 
qualités, ce qui en fait le meilleur guide pour une culture difficile, celle 
du Melon et du Concombre dans des couches chauffées au thermosyphon. 
Voici en résumé la doctrine et les résultats de M. de Lambertye : « Je 
suppose une culture bien comprise, bien gouvernée, sans le moindre 
échec, et je dis que quatre mois doivent s’écouler du jour où l’on sème 
au jour où l’on récolte le premier Melon. On pourrait abréger cette 
période de dix jours peut-être en chauffant d’une manière insolite, mais 
ce serait aux dépens de la beauté et de la qualité du fruit. A quelle date 
doit-on semer? Je répondrai : le 1°" décembre, si l’on veut cueillir le 
premier Melon le 1° avril. Je ne conseille à personne de chercher à en 
obtenir plus tôt. » 


Rae mm ? 


Re 


PI. 45, Vue générale de l’exposition de Namur en 1860 (voyez p. 274). 


— 9052 — 


POMOLOGIE. 


0 


. CERISE HENRI-JACQUES. 


Nous recevons l’intéressante communication qui suit sur l’arboriculture 
fruitière de St. Trond, et nous sommes heureux de la faire connaître à 
nos lecteurs. 


St. Trond, le 9 août 1860. 
Monsieur , 


Le bon accueil, que vous faites aux communications qui concernent 
tout ce qui intéresse l’industrie agricole et surtout l’arboriculture 
fruitière, m'engage à vous faire parvenir une cerise, gagnée de semis, 
dans un hameau près de la ville de St. Trond nommé Cabey, par Henri 
Jacques, qui s'occupe beaucoup de lamélioration de l’arboriculture 
fruitière. 

L'importance queSt. Trond s’est acquise depuis quelques années par son 
commerce de fruits et surtout de cerises pour leur exportation en Angle- 
terre, grâce au transport facile et rapide du chemin de fer, mérite d’être 
signalée. Cette localité possède beaucoup de vergers plantés de cerisiers, 
et c’est pour cela qu’on appelle St. Trond le pays des cerises, comme 
Looz le pays des pommes; St. Trond a également beaucoup de vergers 
plantés de pommiers ; son commerce est également important en ce qui 
concerne les pommes, les poires et les prunes. 

Cette cerise réunit toutes les conditions requises pour l’exportation, 
elle est grosse, douce de goût, à suc incolore, et à chair dure, qualité 
indispensable pour le transport, elle muürit au mois de juillet. 

Pour un kilogr. il ne faut que cent vingt cerises, et pour un 1/2 kilogr. 
soixante; le noyau est petit quoique Ic fruit soit d’une grosseur au-dessus 
de l'ordinaire. 


Agréez ete. 


J. H. P. Ucexs, 
avocat à St. Trond. 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


DIXIÈME VOLUME DE LA BELGIQUE HORTICOLE. 


4. — Hortieuliure. 


Pages 
1. La rose Eugène Appert (Victor Trouillard) TO EE 1 
2. Quelques mots sur les plantes grimpantes par M. Severin. Pass Herr Par RIUA 
3. Floraison du Paulownia imperialis. . . 4 
4. Décoration de parterres pendant l'hiver . . . PE M M ARR 5 
5. Notice sur le Lobelia pinifolia, Linn., ou Lobelia à feuilles dé pin 2e 
6. Description du Wahlenbergia Can Dec., ou Wahlenbergia du Cap . . 353 
7. Notice sur le Falkia repens, Linn., fils, ou Falkia Yainpant. le he ne no 
8. Plantes pour bordures . . SN RE Rs 
9. Note sur le Chironia flor on. Paxt., ‘, OÙ dore Honiire ue tar O0 
10. Description de l’Achimenes Georgeana, Hort. Mak., par M. Ed. Morreu , + 66 
11. Floraison anticipée du Paulownia imperialis. 
bete de MH Lecog ee dune ua. ee "67 
OPEL UT A DOME ne en Lila Daeius eue. 100 
12. Sur la culture du Silene compact . . SU RO ET Se 
153. Sur les graines et leurs semis, par M. C. Aou d Dit CHAN VE de MER 
14. Note sur le Dendromecon rigidum Benth., ou Dendromecon raide . . . . 97 
15. Histoire et description du HMyosotidium robe W. Hook., ou Ne m'’oubliez 
pas de Chatam. . . RE FRE OR RUE 


16. Notice sur le Ceanothus prune W. Hook. ., ou Ceanothus de M. Veitch. 99 
47. Le Penstemon centranthifolius, Benth., ou Pentstemon à feuilles de Centranthus. 100 
18. Remarqnes sur quelques Drosera de l'Australie, par M. J. Ausfeld. . . . 101 
19. Description du Sarcanthus teretifolius, Lindl., ou Sarcanthus à feuilles rondes. 129 
20. Note sur l’Amaryllis (Lycoris) radiata, L’Hérit., ou Amaryllis rayonnante. 150 
21. Note sur le Sfurtia gossypioides, R. Br., nouvel arbrisseau à fleurs de la Nou- 


velle-Hollande, par M. le Dr K. Roch AS ANT . 151 
22. Sur les Fougères arborescentes de la Nouvelle- iclande, ne M. Th. Schear- 
man Ralph. . . . 152 


23. Note sur le Billbergia Morelit, ai Br. (Billbergia cine) Hortul.), ou 
Billbergia de M. Morel, décrit et figuré d’après les specimens de l’établisse- 


ment d’horticulture de M. Jacob Makoy et Ce, par M. Ed. Morren . . . 161 
- 24. Notice sur les Caladium, et ne d’une nouvelle espèce par M. Alf. 
de Borre IAE GS 


25. Notice sur le Catileya orale Dindlt Sion Catileya à it 1aballee CR SES LT 
26. Description du Coccocypselum repens, Sw., ou Ge on rampant . . 194 
27. Études sur les Broméliacées, par M. le Dr c. Koch, traduit de l’allemand, par 

M Mired deBorrée Ne nn te res val rk Te ter 09 


34. Bouquet des fleurs annuelles les plus jolies et 1e lue onelles se SM 
35. Chrysanthèmes pompons : Jeanne Amélie, M. Turner et Christine (Chrysan- 

themum indicum, var.) . . ar ae RE LL 
56. Clarkia à pétales entiers (Clarkia Dulehettes var., integripetala) ce DA TI UE 
57. OEillets de M. Heddewig (Dianthus chinensis var. Heddewigii)  . . . . 261 
38. OEillets de Verschaffelt (Dianthus arborea, var. Verschaffelti) . . . . . 262 
39. Ipomée la plus élégante (/pomæa limbata, var. elegantissima) . . . . . 262 
40. Nigelles d’Espagne à grandes fleurs et à fleurs blanches (Wigella qu 

var, grandiflora et var. flore albo) . . . . . . 265 
4. Capucine Tom-Pouce et autres variétés naines et res (Tool majus 

L. var. pygmæœum). . . Are LS SUIVRE 
42. Catalogue des nouvelles Donfes set nue ST en EU TRS INR EE 
43. Histoire el descriplion des nouveaux Billbergia . . 17 (à IN ES 
4%. Nouveaux Billbergia à inflorescences pendantes, par M. C. en de Berlin . 290 
45. Le genre Nidularium de M. Lemaire . . . à! LME 
46. Notice sur le Chamæbatia foliolosa Benth ‘ou Ponanoete Dlioles nombreuses. 295 
47. Les plantes grimpantes herbacées ou annuelles et leur Me pour l’ornement 

des jardins, par M. F. C. Heinemann, d’Erfurt . . . . 296 
48. Histoire, description et culture du Dendrobium Farmeri PaxT. ou Denardbto 

de Farmer . . RP ER RE 

49. Le Bambusa FU par PA aie NE PARA A 
50. Notice sur les prairies et les pelouses, par M. af. WEcraacl A 
51. Notice sur l’Aerides crispum Linne. var. Schræderi ou Aerides à labelle crispé. 346 
52. Notice sur le Dracæna Aubryana Bent. ou Dracæna d’Aubry, par M. E. Morren 348 


— 904 — 
Pages. 


. Quelques mots sur le Fourcroya gigantea, Hort. Kew., ou Fourcroya gigan- 
tesque 7. NT 


. Les Dahlias à petites Hu. dite Liutions ILE IAE D RO EEE A FOPES 
. Nouveaux renseignements sur le Spergula pilifera des rire Ra ET DE 
. Nouveaux lilas de M. Ci Héliotrope, Duchesse de Brabant et 


Pepin de Herstal . . . 250 


. Études sur les Broméliebes ni M. fe Dr C. Ro. ait de l'Allemani 


par M. A. de-Borre ; . 287 


. Notice sur le Nidularium Mey endorfét Rel. .) Suivie Le . sur le 


genre Vidularium et les genres voisins, par M. le Dr Ed. Regel, traduit 
de l’allemand par M. Alf. de Borre. . . à Le UN 270 


2. — Revue des plantes nouvelles ou intéressantes. 


1. Acacia venusta, Rgl. et Keke . 35 | 13. Dipteracanthus calvescens, Nees. 9 
2. Angræcum sesquipedale, Aub. . 14 | 14. Dendrobium albo-sanguineum, 
3. Areca sapida, Sol. ».:: 8 Hindi er #4 08 
4. Æschynanthus on folae taa 11 | 15. Epigynium leds Nutt. 7 
5. Æsculus indica, Hook . . . 11 | 16. Evelyna caravata, Lindl. . . 13 
6. Ærides Wightianum, Lindl. . 13 | 17. Gesneria purpurea, Paxt. . . 41 
7. Begonia xanthina, Hook., var. 18. Howardia caracasensis, Wedd. 12 
Eau est, . + 9 | 19. Linum pubescens, Russ., var. 
* 8. Begonia xanthina, Hole ar. Sibthorpianum : ‘. (2/00 
pietifoliai: . 40 | 90. Lælia xanthina, Lindl. . . 13 
9. Billbergia macrocalyx, Hook . 10 | 21. Momordica mixta, Roab. . . 12 
10. Brachychiton Bidwilli, Hook . 10 | 22. Nepenthesampullaria, W. Jack. 12 
41. Cymbidium eburneum, Lindl. 13 |23. Rhododend. Wilsoni(hyb.),B.M. 6 
12 


. Datura chlorantha, var. fl. pl. 6 |24. Rhododend. Shepherdii, Nutt. 8 


25. 


26. 
21. 


NO — 


à OI N 


à OI ND mn 


. Observations sur la famille des Bégoniacées, par M. Alph. de Candolle . 


= 555 — 


Pages. | Pages. 

Rhododend. Kendrickü, Nutt., | 28. Spraguea umbellata, Torr. . . 6 

var. latifolium. . . . . 8 | 29. Sitephanophysum Baikieï, Hook. 12 

Richardia albo-maculata, Hook. 7 | 50. Thunbergia coccinea Wal. . . 11 
Rhipsalis sarmentacea, Otto et 31. Vriesia psiltacina, Lindl., var 


À Ci NP LOL ONE au PA A 1 rubro-bracteata . , . . 10 


3. — Géographie botanique. 


. Végétation de la Californie septentrionale et des parties méridionales de 


ÉOreson par M Newberry 0,08 Ra ne A Ne 49% 


A4. — Monographie des plantes cultivées. 


. Notice sur la tribu des Marantées, suivie de la nomenclature des espèces 


cultivées dans les Jardins, par M. le D: F. Koernike, traduit du Garten- 
flora par M. A. De Borre. . . rene Are 406 


. Notice sur le genre Philadelphus, par M. C. Roth dun par M.A.deBorre. 525 


3. — Littérature horticole. 


- Les femmes et les fleurs, par Ch. Morren. . . . . . . . . . . 141 

- Pafeye des Rois, par. MPG. Ordinaires 4 este Leu mean d 63 
6. — Architecture horticole. 

. Plan d’un jardin et d’une maison de campagne par M. G. Lovell. . . . 49 

Éherpalais/du peuple Muswelni 2000 NRA In ET RE DURS 438 

. Les jardins sur les toits à Londres. . . RO AC) 


. Fontaine pour les villes d’eau, les parcs et lé las d'après les dessins A 


M. Edwards . . . . 282 


. Des jardins couverts en ic cl not cisrenent de ci de M. ns 


RE AN SES ab Se SAS Se NS 52 


7. — Instruments d’horticulture. 


Des:thermométres de: jardin, ee nr ES ANR UE TE Se 
8. — Horticulture de salon. 

. Des soins à donner aux plantes dans les a par M. W. Parker. 14 
. Deux nouveaux porte-bouquets. . . . ENS, 89 
. Comment l’on doit arroser les plantes dans ne serres # den Es ahnärteneles 45 
. Sur la culture du cafeier et du thé dans l’intérieur des appartements, par 

M. le Dr Regel, traduit de l’allemand, par M. Alf. de Borre. . . . . 246 
. Jardinière à jet d’eau pour les appartements, . . . . . . . . . 555 

9. —— Physiologie végétale. 

. Observations concernant quelques plantes hybrides qui ont été cultivées au 


19 
© 


Muséum d’histoire naturelle de Paris, par M. Ch. Naudin (suite et fin) 


C1 
4 


—, 856 — 


10. — Histoire des plantes utiles ou curienses. 
Pages. 


1. Emploi de l’Aloes suecotrin contre les brûlures. . . . . . . . . 46 
2. La Rose de Jéricho ou les plantes qui ressuscitent. , . . M. PO 174 
5. Le Moacpalxochiquauhitl ou Arbre-à-la-main des Mexicains, Chen 
platanoïdes, ‘Het Bi 12236 RO NE PNR 
4. Les. Raisins-de Corinthe, 2: . 21 7) 
5. Le Chanvre de Manille . . ARR Rene LG. 
6. Le Thé, par Charles Wach, de Harbour: Nc 
7. L’Asa-fœtida ou Nartex fee: Falcs:20. : se TOR 
8. Histoire de l’introduction de la Pomme de terre par M. je Ba Ed. de Gros. 393 


4. De l'utilité des oiseaux dans les jardins, par M. Ch. F. Dubois. . . . . 292 
12. — Arboriculture. 

4. Notice sur quelques espèces de Saules indigènes et exotiques propres à l'or- 
nementation des jardins et à la Re des oseraies, par M. Alf. Wes- 
MARNE INC APE ST QU LUF LORS 

2. Patrie et rusticité de. l'Abies PRES MT ec) de Le D ft la CONS NES 

5. Paris et ses plantations .: ./ 24.079 00e M V'SONMRNENE 

4. Rusticité de l’Abies Pinsapo. . . DT NAN 

5. Notice sur le Sapin pleureur de Richard Si: ner du Pinus epicea L. . 299 

6. Le Sapin de Williamson ou Abies Mamans Newb.:. 1.152,20 RSS 

7. Quelles sont les essences d’arbres qu’il convient d’adopter de préférence pour 
les plantations dans l’enceinte des grandes villes en Belgique ? Question 
mise au concours par la Société d’Emulation de Liége. . . . . . . 2%45 

13. — ranthéon de l'horticulture. 

4. Nécrologie de C. Ritter, A. Henfray, Th. Horsfield, G. Staunton, Barter. 102 
2. Prologue consacré à la mémoire d'Alexandre de Humboldt. . . . . . vu 
14. — Jardin fruitier. 

4. Description de la Prune Damas de Schamal . . . : . . . . si 
2. Description de la Prune Washington . . . PR 
5. Réparation des vides dans le palissage des PÉon . si COCA 
4. Notice sur la Prune Comte Gustave d’Egger (Liegel), par M. He 5: ete CSSS 
5. Notice sur la Prune Isabelle, par M. Royer . . . ; 55 

6. Quelques observations sur de fleur des Pommiers, as Mois et ‘des 
Coignassiers, par M. Von Flotow., - 22, 5, 02 LCR 

7. Description . la Poire Général Totleben . ” . :. #..: :.12 RE 

S. Origine-du Melon. . . . ee NN CNE 

9. Fraise remontante Enfant pa Lo: TT PRE 

0. Le Fraisier de la Californie (Fragaria lucida). . . . . . . . . . 249 


11. — Zoologie horticole. 


Les CRT 


— 991 — 


Pages. 
41. Les Fraisiers du jardin fruitier du Muséum, par M. J. Decaisne. . . . 249 
A0 Fraise des Dors POUPEE, LA Die... 250 
Où Fraise .Keens’Seedling.) +57. tn en ten - 251 
30 Fraise Princesse ROYALE LCA 2e 2 ee + 2 AR * 251 
A Eraise: sir HAPPV 2-20 SCA Ne orne NS RP ARERS 253 
Bo Fraise écarlate de Virginie . . . «+ . . . . . . . . 254 
Ge Erdises QASMOTA Ye MA MROMNRENR CE TR ES LR Re 254 
12. Catalogue des fraises cultivées. . . RCE M ADS 
13. Pomme Aga et pomme Grenade, décrites Di M. Eddie oivens RAR AE: 
14. Application des fraises à la thérapeutique . . DRE: 1 
45. Courte notice sur l’Ugni (Eugenia Ugni, Hook), é une rade voisine, 
l'Eugenia Mexicana, nouvelles plantes fruitières, introduites du Chili, 
par M. Edouard Morren. . . NAN Ter Not lent sit a 
16. Observation relative à la prune Dons de Shonat) SN ER REC EL 
47. La Pêche de Salway . . . RASE ARR à EE ER ET 
18. Cerise Henri-Jacques, par M. Ulens NE ON ER M NT Da D ET NRA 
15. — Fédération des sociétés d'horticulture. 
1. Assemblée générale de la Fédération des sociétés d’horticulture de PUR 
le 44 avril 1860, à Bruxelles . . . . . 215 
2. Progamme des questions proposées pour he concours 4 1860- 1864 e la 
Fédération des sociétés d’horticulture de Belgique . . + +. . . 215 
3. Circulaire pour la rédaction des rapports annuels sur les travaux des . 216 
4. Assemblée générale du 24 septembre 1860. . . . . . . . * * . 516 
5. Subsides ke conseils provinciaux. Lien RER AG 
6. Circulaire relative au transport des plantes . . . . . . . . . . 916 
16. — Variétés. 
1. Société impériale d’horticulture à St. Pétersbourg . . . . . . . . 105 
2. Les expositions du printemps de 1860 en Belgique . . . 1470 
3. Compte-rendu de la 114e exposition de la société d’agriculture et de He 


de Gand, 4-5 mars 1860. . . . . ANR 70 


. Compte-rendu de l’exposition des 11-13 mars 1860, dr Je PL royale 


d’agriculture d'Anvers . . . 175 


. Exposition (18 mars 1860), de la nice ol d Rorte lt de Mie 10 
. Société royale de Flore à Bruxelles ; 76e exposit., ouverte les 25-27 mars 1860. 177 
. Les Floralies d’été en Belgique. — ne rende de l’exposition ouverte au 


Casino à Gand, par la société royale d’agriculture et de botanique, le 
24 juin 1860, par M. Van Hulle . . . . 269 


. Compte-rendu de la 11e exposition de la Societe Rae d’ die de la 


province de Namur, les 8, 9 et 10 juillet 1860, par M. Ed. Morren. 274 et 551 


. Extrait du compte-rendu de la 77e exposition de la société royale de Flore 


à Bruxelles, qui a eu lieu les 21, 22, 25 et 1 ee Le par M. N.Funck. 279 


10. Société d’horticulture de Liége . . £ DE EN TR AT ARS 
11. Manuel de la Flore de Belgique, par M. Crépin RTE NE CRE RS PAT M PE 
12. Pescatorea, Iconographie des Orchidées, par M. Linden . . . . . . 590 


5. Traité général de la culture forcée par le thermosyphon, par M. le comte 
Léonce de Lambertye . ! . 1 00 a ES EN 
18. — Planches coloriées de fleurs. 
1. Achimenes Georgeana, Hort. Mak.. .-< RS 
2. Aerides crispum, Lindi., var. SchrϾderii. . 4 :, 111." OU PSNENNENRRRS 
3. Amaryllis (Lycoris) radiata, L'Hérit. 2 2-0 0 20 NN 
4. Billbergia macrocalyx, Hook 2 2 US RS 
5. Billbergia Morel, Ad. Brongn. :.,/:7 . URSS EN RER 
6. Bouquet de fleurs annuelles. . ‘2 +. 2. 0 1 UNSS 
7. Chironia floribunda, Paxt. + °,, 404008 LUN mm Re AN 
8. Ceanothus Veitchianus, W. Hook,._. . à {1,004 NOUS 
9.. Cattleya labiata, Éindl. .: . + 2:40 ttes SOON 
10.. Coccocypselum repens, Sw, . .".. 4, RARES 
41. Clarkia pulchella, var. integripétala 7 . #2, 2 NN 
42. Chrysanthemum indieum var. . 1 0. 0, LC SE 
45. Dendrobium Farmeri, Paxt. ‘4 24, 2 SN RS NON 
44. Dendromecon rigidum, Benth.=..". . . 4, . . 
45. Dianthus arborea Verschaffelti >. 2 ! 2... NS ee 
46. Dianthus Chinensis var. Heddewigi. . : 4 +. 4 0 CON 
17. Dracæna Aubryana, Brent. 12/4, 120 2 RU MER NN . 348— 
48. Falkia repens, Linn. fils.. . . . #0 0e 0 ASSESS 
19. Georgina variabilis, v. micrantha (Dahlia Date LE 
20. Ipomæa limbata var. elesantigsimags: .2:.1. 3%... .. 1 
21 Lobelia pinifolia, Linn. . 4,124) 0" OMAN 
22. Myosotidium nobile, W.Hook.. . .: . ae 08 ets eV N ONSESEEERSERS 
23. Nigella hispanica var. cn on et flore albo sa de 5 out RMS 
24. Pentstemon centrantifolius, Bénth. : . +... 112$ 4 MEN 
25. Rose Eugène Appert + + *. . … ..",. 24h de CONS 
26. Sarcanthus teretifolius, Lindl. Sun 4 D 40 nie NES 
27. Tropæolum majus, var. pygmæum. . . EE 
28. Wahlenbergia Capensis, Dec. (Roellia FRE And.) 1 


RAA) eSnIEs UC ALES 
Lx t: 5 ct 
PE RO RAT NEA 


— 998 — 


17. — Culture maraichère. 


Pages. 
. Note sur les Rhubarbes, dans leurs divers emplois et leur culture, par 


M. Alphonse Lavallée . . . LME, * MER 
. Revue des légumes nouveaux de 1859, par M. le Mércute, Fa St. Innocent. 250 


19. — Planches coloriées de fruits. 


1. PÊCHER. 


1. Péche’ de Salway . 2 0,12 2 SE ON CO NÉRI UNSS 
2. PRUNIERS. 

4. Prune Damas de Schamal 7 22 2/9 70 Do ONE NERS 
-2. Prune Washington . . OR 
- 5. Prune comte Gustave ue ET OO 
1 Brune Isabelle. “220 LITE CEE OU SRE 


— 359 — 


3. POIRIERS. 


Pages. 
1. Poire Général Totleben (Fontaine) . . 155 
4. POMMIERS. 
= 1. Pomme Aga : . 917 
2. Pomme Grenade du nee + SAT 
5. FRAISIERS. 
=: Fraise remontante Enfant Prodigue (Loriô) 1.) 0. , : 4 LU 4 vin, sie 949 
20. — Planches et figures xylographiées. 
1. PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 
4. Calathea fasciata, Rgl. et Kcke. . 120 
2. Fourcroya gigantea, H. K. . . 219 
3. Chamæbatia foliolosa, Benth. 295 
2. PLANTES UTILES OU CURIEUSES. 

1. Rose de Jéricho (Anastatica hierochuntica) : 17 
2. Rose de Jéricho d'Amérique (Lycopodium \écidonbe lun) | 18 

3. Le Macpalxochiquaubhitl ou arbre à la main (Cheirostemon platanoïdes, Hub, 
cé Bonph}. : 80.70 7e 
4. Narthex Assafætida, Fale . 315 

5. APPAREILS ET USTENSILES D'HORTICULTURE. 
1. Deux nouveaux porte-bouquets. A 19 
2. Chronothermomètre enregistreur de acte EAU 2 RU La EN 53 
do Jardidiere à jet d'eatpout/salon 2: 26). 0 EN ES #98 et 394 
4. ARCHITECTURE HORTICOLE. 
Î. Plan d’une maison et d’un jardin de campagne * 51 
2. Vue intérieure du dôme du Palais du Peuple, à Musvell Hill . . 159 
3. Les jardins sur les toits à Londres. . A | 
4. Jardin couvert de M. Lambinon à Liége . . 255 
5. Fontaine d’après les dessins de M. Edwards . . 282 
6. Vue générale de l’exposition de Namur en 1860 . 551 
ÿ. ARBORICULTURE. 

1. Réparation du pêcher … 92 
2. Salix pentandra, L. . 154 
3. Salix fragilis. L. 2499 
4. Salix alba. L. . 455 


19. 


21. 


25. 


Salix Babylonica. . . . . | 

Salix amypdalima: "3 272.0. heu PRE 
Salix hippophæfolia :: 2.7 LL RS PNR 
Salix ncanas:s 2200 NES er ER 
Salix:-purpurea die 5 : 1e Ne open ne Nes ER 
Salix/Tubra ROM US A ENS ESE INERN EE 
Salix daphnotdes ,: 1..." Lee SN ee 
Salix viminalis 4 2 E 0e RON EMRMAN et 
Salix seringeana, Gand, ,: 112. Etes ent 
Salix caprea: DL: 0 Te SNMP Pen 
Salix icinerea. La: "RE See 
Salix-aurita Le 2... 00, MINSIEMONNMAN ACER tEs 
Salix repens, Léa as Te EEE EPA 
Salix rosmarinifolia 545, 4,4" 2006 ENS EEn e 
Sal arcenténs ee Lee honte usté 0e de ite MPETORSTTE 
Sale Dienior, PÉRPDNS 2 46 DENT 2, ETC ORNE 
Fleurs des Salicinées. + -2,4.44n ei ee He A ee 
Pinns invertas Smith. 2 pate Vi APE ES METRE 
Abies Williamsoni, Newb.49 1255": 5 LT ee 


6. BOTANIQUE HORTICOLE. 


Analyse de la fleur du Maranta setosa, A. Dietr. . . . . 
Analyse de la fleur du Maranta Luschnatiana, Reg. et Koern. 
Anatomie de la fleur du Calathea fasciata. . . . . . . 


Organographie dn Bromelia antiacantha et du Nidularium Meyendorffi. 


Portrait. 


Portrait d'Alexandre de Humboldt. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU DIXIÈME VOLUME. 


a. 
A 
à à 


SMITHSONIAN INST 


LIL 


3 9088 01663 3141