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Full text of "La Belgique horticole : Journal des jardins"

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LA 


PALCIQOUE HORTICOLE. | 


XXXII. 


La table générale des 20 premiers volumes (1851 à 18 


formant la première série de LA BELGIQUE HORTICOLE, se trou 
à la fin du tome XX. | 


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BELGIQUE HORTICOLE 


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DE BOTANIQUE ET D HORTICULTURE 


PAR 


EDOUARD MOoRREN, 


Docteur en sciences naturelles, professeur ordinaire de botanique à l'Université de Liége, 
Directeur du Jardin botanique, 
Secrétaire de la Fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique 
et de la Société royale d'horticulture de Liége; Membre de l’Académie royale des sciences, des lettres 
et des beaux-arts de Belgique, etc., etc. 


LIËGE. 
À LA DIRECTION GÉNÉRALE, BOVERIE 1 


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JARDIN D'HIVER DU PALAIS DE LAEKEN. 


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NOTICE 


HISTORIQUE, ÉCONOMIQUE ET STATISTIQUE 


SUR LA FLORICULTURE EN BELGIQUE". 


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SOMMAIRE. — Introduction. — Origines. — Historique. — La floriculture 
au x1x° siecle : les fondateurs. — Objets de la floriculture ; plantes cultivées, 
leur origine, les inventeurs. — Les explorateurs belges. — L’art de l’horti- 
culture. — Statistique de la floriculture en Belgique : sa répartition dans les 
neuf provinces. — L’horticulture gantoise. — Importance du commerce hor- 
ticole. — Organisation de l’horticulture en Belgique. — Les amateurs. — 
Les sociétés d’horticulture. — Leur fédération. — Les conférences. — Les 
écoles d’horticulture. — La presse périodique. — Le roi Léopold II, la 
Reine, le palais de Laeken. 


La culture des fleurs est depuis longtemps populaire en Belgi- 
que : elle y constitue aussi une industrie importante et fournit 
la matière d’un commerce étendu. Ce penchant naturel des 
Belges pour lembellissement des jardins semble tirer son 


origine dans le sentiment esthétique des formes et des couleurs, 


qui, ne trouvant pas une satisfaction complète dans la végétation 


(1) Cette notice a été écrite en 1889, pour le catalogue horticole de l'Exposi- 
tion nationale qui en à donné aussi une version flamande. Elle a été reproduite 
dans plusieurs journaux et traduite à Vienne dans le Wiener Illustrirte Garten 
Zeitung (1881, p. 68). Nous en donnons ivi une deuxième édition différente de 
la première par quelques annotations que nous y avons intercallées. 


PAGE 
rurale relativement pauvre et monotone, les a portes à recher- 
cher et à conserver soigneusement les plus belles plantes des 
flores étrangères. La diversité de nos saisons, la variabilité et la 
fraîcheur de notre climat ont favorisé, en l’excitant, ce goût 
populaire : dans le cours d’une année, nous traversons des 
périodes presque sibériennes et nous subissons des chaleurs 
tropicales; avec des serres et par des soins judicieux on par- 
vient à tenir un juste milieu, à éviter Les extrêmes et surtout 
à augmenter le degré d'humidité naturel de l'atmosphère, humi- 
dité qui est, en général, aussi indispensable que l'augmentation 
de la chaleur. La fertilité du sol, le voisinage de la mer et le 
caractère national ont aussi aidé au développement de la flori- 


culture en Belgique. 


On pourrait, dans l’histoire des jardins et de la botanique 
horticole, remonter aux villas romaines dont les vestiges ont éte 
retrouvés, aux capitulaires de Charlemagne qui prescrivaient 
certaines cultures, aux croisades qui nous ont fourni quelques 


fleurs orientales, telles que la Rose Trémière et la Croix de 


Jérusalem et surtout aux jardins des manoirs féodaux et des 
monastères du moyen âge qui, dans leur style gothique, ne sont 
pas sans quelque ressemblance avec les parterres géométriques 
et maniérés de la mosaïculture moderne. Il nous suffira d’invo- 
quer le souvenir de la Renaissance qui fut, surtout dans la 
première moitié du XVI° siècle, une période de prospérité et de 
splendeur pour la floriculture dans les Pays-Bas : ce fut l’époque 
de Dodonée, de Lobel et de l’Escluse, dont les immortels 
ouvrages fournissent à chaque page des témoignages irrécusables 
de la variété des cultures dans les jardins des Pays-Bas. Cette 
richesse horticole est encore attestée dans les écrits de maints 


savants étrangers. Pendant le siècle de Charles-Quint et de 


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François 1°, la flore horticole s’enrichit de plusieurs plantes 
d'Afrique, par exemple du Tagetes ou fleur de Tunis, de diverses 
plantes d'Orient, comme le Lilas et la Tulipe; mais la découverte 
du Nouveau-Monde fut surtout le signal d’une rénovation com- 
plète. Sans entrer dans le détail des faits, nous pouvons au 
moins, pour fixer un peu les idées, nommer parmi les plus hautes 
personnifications de la floriculture belge, au XVI® siecle, l’évé- 
que Triest à Gand, le conseiller d'État Gérard van Veltwyck 
à Bruxelles, Juste-Lipse à Louvain, le chanoine de Langhe à 
Liège, et surtout le pharmacien Caudenberg à Anvers, auquel 
ses concitoyens ont récemment élevé une statue, à peu près sur 
l'emplacement où a dû se trouver le jardin dans lequel :ïl avait 
réuni, vers 1550, plus de 300 végétaux exotiques. Une pareille 
collection, dont on a d'ailleurs l'inventaire scientifique, suppose 
la construction de serres, sinon aussi perfectionnées que les 
nôtres, au moins suffisantes pour abriter du froid, dans de bonnes 
conditions d'entretien, toutes sortes de plantes incapables de 
résister aux rigueurs de nos hivers, comme les Palmiers nains, 
les Euphorbes charnues, le Dragonnier, les Passiflores, etc. 
L'invention des serres que les uns attribuent à Guillaume de 
Blasere, échevin de Gand, d’autres à Albert le Grand, ne saurait 
d’ailleurs, nous paraît-il, être le fait d’un seul homme, mais a dû 
s'imposer en quelque sorte par la force des choses, à l'esprit 
industrieux de tous les amateurs de culture. 

Dès la fin du XVI: siècle, la guerre et les troubles politiques 
vinrent arrêter l’heureux essor des délassements pacifiques et 
amenèrent une véritable décadence de cette éphémère prospée- 
rite. Nous voulons seulement signaler au XVIII: siècle l’intro- 
duction en Belgique de beaucoup d’arbres etd’arbustes étrangers, 


principalement de l'Amérique du Nord, ce qui amena la création 


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de quelques grands parcs et jardins dans le style français : le 
baron Dolmen de Poederlé est la meilleure personnification de 


cette époque. 


Depuis le commencement du XIX: siecle, la floriculture est 
sortie de ce long engourdissement et à repris un essor extra- 
ordinaire en Belgique. Considérée comme industrie et commerce, 
elle à pris naissance à Gand, au commencement de ce siècle, et 
son développement à été puisamment favorisé sous le gouverne- 
ment des Pays-Bas, grâce aux colonies et à l'esprit d'entreprise 
qui s’est manifesté alors. Mais c’est surtout depuis la fondation 
de notre nationalité que les progrès ont été rapides et étendus. 
Le Gouvernement à protégé et encouragé les debuts de cette 
industrie et l’on sait que notre premier roi était un amateur zélé 
et très distingué d’horticulture. La ville de Gand peut être 
considérée comme le berceau de l’horticulture commerciale, dont 
les créateurs les plus connus sont les De Saegher, les Donkelaar, 
les Spae et surtout les Van Geert, les Verschaffelt et les 
Van Houtte; ce sont eux qui ont fondé les plus vastes établisse- 
ments, Louis Van Houtte surtout, le plus fecond et le plus 
entreprenant de tous, celui qui a porté le plus loin la renommée 
de l’horticulture gantoise et auquel ses concitoyens et ses 
confrères ont récemment élevé un monument commémoratif. 
M. J. Linden, qui est venu plus récemment, occupe une des 
premières places parmi les notabilités de la botanique gantoise. 
A Liége, c’est Lambert Jacob-Makoy qui fut le véritable fonda- 
teur de la floriculture : 1l fut, avec De Jonghe de Bruxelles, 
l’un des premiers et des plus ardents importateurs de plantes 
nouvelles en Belgique. 

On peut évaluer à 30,000 le nombre des différentes espèces 


végétales qui sont actuellement cultivées et multipliées pour 


Te 
la culture d'agrément, en prenant ce mot d’espece dans son 
acception scientifique; ce nombre s'élève au moins à 40,000 
si l’on fait entrer en ligne de compte toutes les variétés 
différentes et bien caractérisées qui sont issues de certaines 
espèces, comme par exemple du Caladium bicolor, du Begonia 
Rex, du Camellia japonica, de la Rosa gallica, etc. etc. Ces 
plantes sont réellement l’élite du règne végétal; la culture 
est ici le prix de la grâce et de la distinction; elles sont choisies 
parmi les plus belles et les plus ornementales de la flore du 
monde entier; la plupart proviennent de contrées plus méri- 
dionales que la nôtre. Sous le rapport de l’origine première, les 
progrès de la botanique horticole ont suivi de près les dévelop- 
pements de la géographie et du commerce général. Les premières 
fleurs cultivées en Belgique, indépendamment de celles, d’ail- 
leurs fort peu nombreuses, qui peuvent être fournies par la flore 
rurale, sont venues du midi de la France, de l'Italie, de 
l'Espagne, de l'Orient, et, en général, du bassin de la Médi- 
terrannée ; puis sont arrivés, petit à petit, à mesure de l’exten- 
sion du commerce et de la marine, quelques végétaux de la Syrie, 
de la Perse, des Indes, de la Chine et du Japon; plus tard nos 
jardins se sont enrichis des tributs prélevés sur la flore des Indes 
occidentales, du Mexique, du Pérou et de l'Amérique du Nord, 
et enfin du cap de Bonne-Espérance ; en même temps les apports 
de l’Asie sont devenus plus nombreux. On doit assigner une 
introduction plus récente aux plantes ornementales de l'Australie 
et de la Nouvelle-Hollande, enfin à celles du Brésil, du Chili, 
de la Colombie et, en général, de toute l'Amérique du Sud. Le 
mouvement d'importation des végétaux nouvellement découverts 
et qui viennent alimenter et renouveler le fond de l’industrie et 


du commerce horticoles, loin de se ralentir à notre époque, 


10 

s'étend et se développe avec une ardeur presque fiévreuse sur 
toute la surface du globe. On peut observer qu’actuellement s’est 
de la Colombie et du Brésil que nous viennent les plantes les 
plus recherchées, parmi lesquelles il en est, même en grand 
nombre, qui valent littéralement leur poids d’or. On peut s’en 
assurer en suivant les cours que ces plantes atteignent aux 
ventes publiques qui ont lieu à Londres, plusieurs fois chaque 
semaine. Au contraire, le vaste et sombre continent africain, qui 
est parcouru et fouillé par tant d’explorations dont les résultats 
sont intéressants et instructifs à maints égards, fournit peu de 
choses nouvelles à l’horticulture, tant sa végétation parfois 
luxuriante, souvent épineuse et inextricable, est uniforme dans 
toute la région centrale, bien différente en cela de la flore du 
cap de Bonne-Espérance qui est, au contraire, la plus variée du 
monde entier. Les végétaux exotiques, même ceux des contrées 
les plus chaudes du globe, principalement ceux de l’extrême 
Orient et de l'Amérique centrale, sont cultivés avec succès en 
Belgique, grâce à l’abri et aux soins qu’ils reçoivent dans les 
serres; mais il n’en est pas de même des végétaux alpins et 
arctiques, dont on ne parvient qu'à grand’peine chez nous à 
maintenir quelques spécimens vivants. 

Notre pays a pris pendant la dernière période semi-séculaire 
une certaine part aux explorations botaniques qui ont enrichi le 
domaine de l’horticulture. H. Galeotti de 1835 à 1840, Ver- 
heyen en 1843 et 1844, M. Tonel et plus récemment, en 1869 
et en 1870, Omer de Malzine ont herborise au Mexique, d’où 
ils ont fait parvenir en Belgique des végétaux remarquables 
jusqu’alors inconnus. En 1837, commencerent les voyages 
scientifiques de MM.J. Linden, N. Funck, Ghiesbreght et Schlim, 


qui s’étendirent au Brésil, au Mexique et à la Colombie. 


UNE 

M. J. Libon, de Verviers, alla à plusieurs reprises en 1842, 1845 
et 1859 récolterdes plantes ornementales et inconnues au Brésil, 
où 1l mourut victime de son zèle pour la botanique, le2 août 1861. 
Ces voyages furent très fructueux : par les résultats obtenus et 
aussi par leur retentissement, ils ont été un des grands éléments 
de force et de renommée de notre horticulture ornementale, 
mais 1l y à trop longtemps que rien de semblable n’a plus été 
entrepris ; 11 conviendrait, semble-t-il, de ne pas perdre entière- 
ment les traditions des premières années de l'indépendance 
nationale ; alors la Belgique s’intéressait résolument à l’entreprise 
des grands voyages scientifiques. Il nous faut reconnaître, toute- 
fois, que le mouvement d'introduction directe de plantes nouvelles 
ne s’est pas ralenti pendant les dernières années, grâce aux rela- 
tions établies avec des correspondants qui habitent aux colonies, 
comme on disait jadis pour désigner tous les pays d'outre-mer, 
grace surtout à des explorations privées entreprises pour le 
compte et sur les instructions particulières de certains établisse- 
ments. L’Angleterre, par ses colonies et sa marine, par son 
esprit d'initiative et sa résolution, par ses immenses richesses 
et son esprit pratique, est à la tête des nations dans cette 
recherche incessante des nouvelles plantes ornementales, mais 
on peut observer en passant que, depuis plusieurs années, ce 
sont, en général, des Allemands qui s’employent à ce genre de 
recherches avec le plus d’opiniatreté et de succès. Les forêts de 
la Colombie et du Vénézuéla sont littéralement dépouillées de 
leurs plus beaux ornements. 

Une fois en possession des plantes qui fournissent la matière 
première de son industrie, l’horticulteur les entoure des condi- 
tions les plus favorables à leur développement ; ii leur prodigue, 


grâce à son instruction scientifique et à son expérience, les soin 


| en 

nécessaires à leur culture, leur multiplication et leur repro- 
duction. C’est sur ce travail technique qu'est fondée l’industrie 
horticole, source d’un commerce qui n’est pas sans valeur. Mais 
il y a plus encore, les végétaux assouplis par la culture, trans- 
portés de leur pays d’origine dans un nouveau milieu, réellement 
domestiqués comme les animaux que l’homme a soumis à son 
joug, ces végétaux ne tardent pas à modifier leur allure, à 
changer de caractere : ils produisent des variétés nouvelles, des 
races inconnues dans la nature libre. L’horticulteur surveille 
cette évolution et sait la diriger dans le sens esthétique, c’est-à- 
dire dans le sens d’une amélioration de la couleur, de l’ampli- 
tude et, en général, de tous les signes de la beauté ; la philogénie 
des plantes cultivées est un vaste sujet d’études pour le natura- 
liste. Elles-mêmes ont un caractère artistique qu’on ne saurait 
méconnaître. Par ce deuxième côté, l’horticulture ornementale 
côtoie au moins le terrain réservé aux beaux-arts : elle produit, 
elle crée ou au moins elle voit se produire entre ses mains du 
beau et du neuf qui plait aux yeux et les charme : le jardinier 
sent vibrer en lui la fibre artistique et c’est là pourquoi les Belges 
excellent dans le jardinage. 

D'après les renseignements statistiques que nous avons pu con- 
sulter, il y aurait en Belgique environ 1,200 horticulteurs, 
pépiniéristes, marchands grainetiers, architectes de jardins, dont 
la profession se rattache au jardinage ; mais à ne considérer que 
la floriculture, la seule branche de la culture que nous ayons à 
traiter dans cette notice, nous n’avons à tenir compte que des 
horticulteurs proprement dits, dont nous évaluons le nombre 
à 400, en négligeant bien entendu les modestes fleuristes. qui 
cultivent et offrent en vente quelques fleurs de marché. Nous 


estimons qu'en Belgique une quarantaine de ces horticulteurs 


are 
publient des catalogues imprimés et nous déduisons de cette 
publication que ceux-là au moins font le commerce d'exportation. 
La répartition des horticulteurs entre les chefs-lieux des neuf 
provinces est caractéristique : elle met en relief, nous paraît-il, 
l'importance relative de cette industrie dans les diverses régions 


du pays. Voici cette répartition : 


PSMOLS RE 0 M TOM horticulteurs. 
ÉODR e 0n Lar 0 » 
BRUNO ere Lie 92 » 
Puxelless Mere ni cu O4 » 
(Hal NE ANR Et » 
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ÉÉno PAen, 40 » 
Monsté:-Tournar 100.71 718 » 
Hanatie A ee » 
Ensembles 2 ie ulteurs. 


Il ressort de ces chiffres que dans la province de Luxembourg, 
sous le rude climat des Ardennes, la floriculture commerciale est 
tout à fait nulle : chacun dans ce pays de bois, de pâturages et 
de bruyères produit lui-même les quelques fleurs dont il veut 
bien embellir son jardin ou égayer sa demeure. Il y a sans doute 
quelques serres dans le Luxembourg, mais nous n’y connaissons 
aucune collection de végétaux exotiques. Dans le Limbourg, la 
situation est encore fort précaire, mais elle est meilleure en ce 
qui concerne les amateurs. On y rencontre quelques jolies serres, 
principalement à Hasselt, de beaux parcs, mais surtout d’intéres- 
santes collections de plantes de pleine terre. À Namur, la flori- 
culture commerciale suffit aux besoins locaux : on trouve au 


moins à y acheter des plantes fleuries ou ornementales bien 


LE RME 

cultivées et de variété choisie, mais cette ville peut se prévaloir 
de certaines collections particulières de première importance : 
il en est de même de la province où se trouvent des parcs admi- 
rablement plantés et cultivés avec le meilleur soin. Il convient 
d'ajouter que dans ces trois provinces de Luxembourg, de Lim- 

bourg et de Namur il existe bon nombre de pépinières pour les | 
arbres forestiers, les arbustes d'ornement et les arbres fruitiers. 
De même dans le Hainaut, qui est plus industriel, plus actif et 
qui, à juste titre, se prévaut de ses jolies roses et de ses bons fruits 
et s’enorgueillit de ses parcs princiers et autres : on peut y voir 
d’admirables collections botaniques, surtout à Mons et aux envi- 
rons, mais il n’est pas à notre connaissance que les horticulteurs 
de cette province étendent beaucoup leurs relations au dehors. 
La province d'Anvers est plus favorisée : elle avait naguère la 
spécialité des Dahlias, quand cette fleur était en possession de 
la faveur publique ; maintenant elle produit en quantité considé- 
rable et elle exporte des arbres et arbustes d'ornement et 
spécialement des Conifères. Anvers et sa banlieue comptent des 
amateurs d'élite et quelques collections qui jouissent d’une 
réputation universelle. À Bruges et en général dans la Flandre 
occidentale, la floriculture est répandue ; cette ville est appréciée 
à l'étranger pour les plantes ornementales d’un tempérament 
robuste, telles que les Lauriers, les Phormium, les Palmiers de 
serre froide, qu’elle produit à profusion et qu’elle exporte en 
grandes quantités. Bruxelles fait une notable consommation de 
fleurs; le marché de la Grand’place, les galeries du marché de la 
Madeleine et les étalages des fleuristes sont en toute saison bien 
fournis de fleurs coupées en floraison naturelle ou forcée, de 
bouquets et de plantes d'appartement, qui sont en bonne partie 


les produits des horticulteurs établis autour de la capitale. 


sn Te 

Les meilleurs ont la spécialité des raisins forcés, des ananas 
et des fraises qu’ils savent faire müûrir en toute saison. 

A Liége, l’horticulture commerciale tient une place distinguée 
et soutient plusieurs établissements de premier rang ; sans doute 
on a eu tort de négliger la culture des modestes Auricules 
liégeoises et des Œillets de Verviers, mais ces vieilles fleurs, 
comme disent dédaigneusement les jeunes amateurs, ont dû 
céder la place aux plantes ornementales venues à Liége de toutes 
les contrées du globe. Les Orchidées y sont actuellement fort en 
honneur, ainsi que les plantes nouvelles, les Broméliacées, les 
Palmiers et une foule d’autres. 

Enfin, c’est à Gand surtout et dans plusieurs localités de la 
Flandre orientale que la floriculture s’est étendue et développée 
plus que partout ailleurs en Europe : la qualité du terrain et la 
nature des eaux favorisent, dans ce séjour privilégie de Flore, le 
développement de certaines plantes délicates. Tout ce qui est 
cultivable se trouve à Gand, où l’on peut s’approvisionner de 
Caféiers pour le Brésil, de Quinquinas pour les Indes, et surtout 
de plantes au feuillage élégant ou distingué. On peut affirmer 
qu'il n’y a pas une ville au monde qui offre au botaniste et à 
l'amateur de plantes un choix plus varié et plus exquis. Il nous 
semble intéressant d’énumérer rapidement les principaux groupes 
naturels pour lesquels il existe dans les établissements de Gand 
des serres qui leur sont spécialement affectées et qui constituent 
par conséquent aujourd'hui le fond principal des cultures 
de luxe. 

Fougères herbacees et Sélaginelles ; Fougères arborescentes : 
Fougères transparentes ou Hyménophylles. 

Cycadées; Conifères exotiques, tels que Araucaria, Dam- 


mara, etc. Palmiers des régions tempérées; Palmiers des 


PA 


contrées tropicales; Cyclanthées, Pandanées, Scitaminées, 
Bananiers, Dracwna et Cordyline, Aroïdées en général et 
spécialement les Caladium et les Anthurium; Marantacées, 
Broméliacées et séparément les Ananas; les Amaryllis, les 
Jacinthes, les Glaïeuls surtout et diverses plantes bulbeuses, 
tubéreuses ou charnues, telles que les Agaves; les Orchidées 
andines, mexicaines et indiennes. 

En fait de Dicotylédones qui sont, en général, un peu éclipsées 
par les Monocotylédones, bien que les botanistes prétendent 
reléguer celles-ci au deuxième rang de la hiérarchie naturelle, 
on trouve des serres pleines de Crotons, de Bégonias, de Cactées, 
de Gesnéracées, de Pélargoniums, d'Epacridées et d’Ericacées, 
de Fuchsias, mais ce qu’on trouve vraiment à profusion ce sont 
les Azalees, les Rhododendrons et les Camellia. 

D’autres serres sont affectées aux végétaux du Cap et de 
l'Australie, aux plantes molles, telles que les Coleus, les Hélio- 
tropes, etc., aux plantes ornementales ou à feuillage bigarré, 
aux plantes utiles ou officinales et aux arbres fruitiers des tropi- 
ques, etc., etc., sans compter les orangeries, les serres à multi- 
plication et les serres à forcer. 

Ces cultures variées sont réparties entre les divers établisse- 
ments de Gand et encore conviendrait-il d'ajouter l’énumération 
des cultures spéciales de la pleine terre, mais, ce qui est digne de 
remarque, c’est que certaines cultures, au moins celles de l’Azalée 
et du Camellia, sont tellement populaires que bon nombre de 
petits bourgeois ou de cultivateurs ruraux, voire même de riches 
propriétaires, s’y adonnent comme des horticulteurs de profession 
et trouvent d’ailleurs à écouler leurs produits précisément par 
l'entremise de ces derniers. 


Dans une discussion récente à la Chambre des représentants, 


EE 7 ess 

qui interessait vivement le sort de l’industrie horticole et provo- 
quée par une convention internationale contre l’envahissement 
du Phylloxera, un honorable représentant de Gand, M. Wille- 
quet, évaluait à sept millions de francs la valeur des plantes 
exportees annuellement par l’horticulture gantoise et il portait 
à 3,000 le nombre des ouvriers occupés par cette industrie. Ce 
commerce d'exportation s'étend sur le monde entier, jusqu’en 
Australie, dont les jardins botaniques coloniaux sont si bien 
dotés et dirigés qu’on voit figurer dans leurs catalogues, l’année 
même de leur apparition ou peu de temps après, les plantes 
nouvelles que nous avons décrites et figurées en Belgique, les 
plantes belges, comme on les appelle alors, par suite du baptême 
scientifique et cultural qu’elles ont recu chez nous. Les princi- 
paux débouchés de notre floriculture nationale sont la Russie, 
l'Allemagne, la France et les États-Unis d'Amérique. 

En Belgique même, la production horticole est d’ailleurs sou- 
tenue et encouragée par la population, par certaines associations 
et par les pouvoirs publics. Le goût des fleurs est généralement 
répandu ; on cultive des plantes dans les appartements et l’on 
offre des fleurs à ses parents à l’occasion de leur fête. La saint 
Joseph, la sainte Marie et d’autres sont l’occasion de grandes 
ventes pour nos fleuristes. De pieuses coutumes, telles que celle 
du mois de Marie, continuent les traditions des anciennes con- 
fréries de S'° Dorothée. Il existe aussi chez nous un assez grand 
nombre d'amateurs éclairés de botanique horticole qui se plaisent 
à collectionner les végetaux de leur prédilection. Ils rivalisent 
avec les horticulteurs de profession, ils sont à la tête du mouve- 
ment horticole et ils sont, en général, les promoteurs des Societes 
d’horticulture. Celles-ci sont organisées dans presque toutes 


les localités d’une certaine importance, sauf peut-être dans 


2 


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le Luxembourg, où nous n’en connaissons pas. On en peut 
compter au moins 85 qui organisent annuellement des exposi- 
tions publiques et des concours auxquels elles affectent des prix 
plus ou moins considérables, dont l’ensemble peut être évalué, 
avec les subsides officiels, à cent mille francs par année. 
Quelques-unes de ces expositions ont une importance exception- 
nelle et attirent beaucoup d'étrangers : ce sont notamment les 
expositions quinquennales de la Société royale d'agriculture et 
de botanique de Gand. Un certain nombre de nos Sociétés d’hor- 
ticulture publient des bulletins périodiques destinés à répandre 
les connaissances utiles et les bonnes pratiques. Toutes sont 
d’ailleurs unies en une fédération, la Fédération des Sociétés 
d’horticulture de Belgique, spécialement chargée de publier les 
résultats de leur activité et les documents qui les intéressent 
toutes. Le Bulletin de la Fédération est libéralement distribué 
dans le pays et à l’étranger. Les Sociétés locales et la Fédéra- 
tion sont soutenues par le Gouvernement, qui intervient dans 
les grandes Expositions, qui a institué sur toute la surface du 
royaume des conférences publiques et gratuites sur diverses 
branches de la culture des jardins et enfin qui a établi à Gand et 
à Vilvorde des écoles supérieures d’horticulture, spécialement 
destinées à former des horticulteurs instruits et capables. 

Les jardins botaniques établis auprès des Universités de Gand, 
de Liége et de Louvain, de même que le Jardin Botanique de 
l'État à Bruxelles, contribuent aussi au développement des 
études botaniques et horticoles. 

Plusieurs revues importantes de botanique horticole ornées de 
gravures et de planches coloriées reflètent cette heureuse acti- 
vité et répandent au loin la connaissance des plantes les plus 


intéressantes de nos jardins et des procédés nécessaires pour les 


RP pO ee 
cultiver ; ces revues élèvent d’ailleurs notre floriculture nationale 


au niveau de la science botanique. 


Nous sommes fier de mentionner ici, comme le couronnement 
de tout l’édifice de notre horticulture belge, la haute sollicitude 
de nos Augustes Souverains; la plus aimable des Reines qui se 
plait à Laeken dans sa collection de Roses, la plus complete et la 
mieux établie qui soit en Belgique, et le plus patriote de tous les 
souverains, qui à fait construire auprès de son palais d’été un 
vaste et majestueux jardin d'hiver qui abrite déjà une splendide 
réunion de Palmiers, de Cycadées, de Fougères et d’autres 
végétaux exotiques. 

Heureuse est la nation dont le peuple et les souverains s'adon- 
nent pendant un demi siecle à la culture des fleurs! 


EpouArRD MOoRREN. 


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hort. 


La Belg. 
1882, pl. I. 


LA 
BELGIQUE HORTICOLE. 


1382. 


NOTE SUR LE STROMANTHE LUBBERSIANA 


PHRYNIUM LUBBERSI Horr. MAK. 
FAMILLE DES CANNACÉES 
Planche I. 


Stromanthe, SonpER in OTro, V. Allg. deu'sche Gartenz., V. H. 5, p. 225. — 
Bot. Zeit., 1850, p. 648. — Wap. Ann. bot., IL, 1853, p. 605. — ARTH. GRIS, 
Ann. sc. nat., 1858, IX, 185. Char. emend. 

Phrynium Lubbersi, HorT. Makoy. — Bull. Soc. roy. d'hort. de Liége, 1881, 
t. V, no 2, p. 21, 


MM. Jacob-Makoy ont, l'année dernière, mis en culture et présenté 
aux expositions florales une jolie plante qu'ils avaient recue du Brésil, 
encore inconnue, très ornementale, de la famille des Cannacées et pour 
laquelle ils ont proposé le nom de Phrynium Lubbersi. C’a été une 
heureuse inspiration que de dédier cette charmante introduction à 
M. Louis Lubbers, chef de culture du Jardin botanique de Bruxelles, 
l’un des plus experts, des plus sympathiques et aussi des plus modestes 
parmi les représentants actuels de l’horticulture en Belgique. 

Le Phrynium Lubbersi de MM. Jacob-Makoy a été fort remarqué et 
favorablement apprécié comme plante ornementale nouvelle. Il se 
distingue surtout par son feuillage relativement léger, d’un vert tendre 
et panaché de jaune. Nous en avons fait peindre le portrait que nous 
publions ici en le restreignant aux dimensions du cadre et nous en 
avons écrit la description suivante : 


DESCRIPTION. — La plante forme une touffe de peu de hauteur (0"30-40 au- 
dessus du sol). Le rhizôme souterrain émet des tiges dressées, peu élevées au- 
dessus du sol (0202-0x14), cylindriques, un peu comprimées, lisses ; à chaque 


MD DT 


nœud, se trouvent 7 à 8 feuilles de taille et même de proportions différentes. Les 
gaines des feuilles longues de 010-15 sont dressées et remarquables par leur 
glabrescence : elles se prolongent en un pétiole dressé, grêle, ferme, lisse, qui 
peut mesurer jusque 0w04 ou 005, mais qui est fort court (0m01) et manque même 
à certaines feuilles. L’épaississement cylindrique et excitable ou séruma qui ter- 
mine ce pétiole est coudé horizontalement et parfois aussi latéralement, long de : 
Om0]1 environ, vert, lisse sauf à la face supérieure qui est légèrement veloutée. 
La lame des feuilles est peu épaisse mais ferme, étalée pendant le jouret, quand 
elle est bien développée, en forme de lanière assez allongée (jusque 020), large 
(007), irrégulièrement cunéiforme à la base, brusquement arrondie et appoin- 
tie au sommet qui est manifestement inéquilatère, étant échancré d’un côté et 
lancéolé de l’autre. Les feuilles inférieures ont la lame beaucoup plus courte 
(008), sans être proportionnellement plus étroite (005). Toutes les feuilles sont 
absolument lisses, grisâtres à la face inférieure, tandis que leur face supérieure 
est élégamment marbrée de jaune, de vert pâle et de vert foncé répartis en taches 
et en bandes irrégulières mais disposées dans le sens des nervures secondaires. 


La plante n’a pas encore fleuri depuis qu'elle est cultivée en Belgique. 

En l’absence de fleurs, il est difficile de se prononcer sur la déter- 
mination botanique d’une plante et, dans la famille des Cannacées, 
cette difficulté s’augmente de l'incertitude des genres. Sous ces réserves 
nous croyons cependant pouvoir émettre l'avis que la plante qui nous 
occupe devra être classée dans le genre Siromanthe. 

Ce genre, fondé par Sonder, en 1849, est représenté dans nos serres 
par un petit nombre d'espèces, toutes d’origine brésilienne et de fort 
belle apparence. 

Ce sont, à notre connaissance, les espèces suivantes : 


Stromanthe sanguinea Sonper, Æamb. Garlen and Blum. 
Zeit., 1849, 225,connu des horticulteurs sous le nom de Maranta san- 
guinea, décrit et figuré sous le nom de PArynium sanguineum dans le 
Botanical Magazine (pl. 4646), de Thalia sanguinea dans le Jardin 
fleuriste de Ch. Lemaire (1852, III, pl. 268 et misc., p. 145) et enfin 
sous le nom actuel dans la Flore des Serres, VIII, 1852-53, p. 97, 
pl. 785. Cette belle plante a été envoyée par Libon, du Brésil, à 
De Jonghe, de Bruxelles : elle est le type du genre dont Arthur Gris 
a complété et rectifié la caractéristique en observant un fruit déve- 
loppé au Muséum de Paris en 1859 (Bull. Soc. bot. de France, 1859, 
p. 262, 408). 


DENT NE 


Stromanthe spectabilis Cu. LeMAIRE, dans le Jardin fleuriste, IV, 
1853, misc., p. 63 et planche 401. — Envoyé du Brésil à 
M. De Jonghe, de Bruxelles, par Libon. La panicule des fleurs est 
compliquée et délicate : les feuilles sont concolores. 


Stromanthe Porteana ArTx. Gris (Ann. sc. nat., 1858, IX, 185, 


pl. 6). — Rapporté de Bahia, par le D' Porte, au Muséum d'histoire 
naturelle de Paris. 


Stromanthe setosa Gris (Bull. Soc. bot. Fr., 1859, p.348). Arthur 
Gris, enlevé prématurément à la science, a intercallé dans le genre 
Stromanthe l’ancien PXrynium setosum de Roscoe. 


Stromanthe amabilis Morr. (Belg. hort., 1875, p. 271, pl. 15-17, 
fig. 2). — Enfin nous avons aussi attribué à ce même genre, en 1875, 
une très jolie Cannacée que MM. Jacob -Makoy avaient recue du Brésil 
et nous l'avons fait figurer dans ce recueil sous le nom de S'fromanthe 
amabilis. 

C'est à ce Stromanthe amabilis que notre plante actuelle ressemble le 
plus intimement et il ne nous étonnerait pas qu’elle en soit une variété 
à feuillage panaché : S'éromanthe amabilis var. ZLubbersiana. Il con- 
vient d'attendre la floraison pour se prononcer. 

La plante est de culture facile en serre tempérée et humide : elle 
n’aime pas les rayons directs du soleil. 


REVUE CRITIQUE DES PLANTES NOUVELLES DE 1881 


PAR T. Moore. 


(Traduit du Gardeners’ Chronicle, janvier 1882, p. 9, 43 et 75.) 


L'année 1881, avant de disparaître sous la faux du Grand Moisson- 
neur, nous a dotés de maintes plantes décoratives, de maintes fleurs 
élégantes : nous allons tâcher, pendant que nos souvenirs sont encore 
vivaces, de grouper dans une courte appréciation les plus remarquabies 
d’entre elles, pour le plus grand profit de nos lecteurs et des cultiva- 
teurs à venir. Nous commencerons par les princes du règne végétal, 
les majestueux Palmiers. 


op 


PALMIERS. 


Une des plus jolies nouveautés de ce groupe ornemental est le 
Kentiopsis divaricata de la Nouvelle-Calédonie, à frondes pennées, 
à larges folioles alternes ; les feuilles, pendant leur développement, 
revêtent une teinte rouge-brunâtre extrêmement riche, qui fait du 
sujet, à cette période de son existence, une plante vraiment décora- 
tive. Le Pinanga patula est un autre palmier à frondes pennées origi- 
naire de Sumatra; son stipe est grêle, élancé, haut à peine de 1750 
à 1780 ; ses feuilles sont longues de 1"20 à 1"50, ses folioles assez 
larges. Le Synechanthus fibrosus de Guatemala est aussi une espèce 
naine, toute gracieuse; son tronc, haut de 120, porte une couronne 
de feuilles pennées dont les folioles linéaires-lancéolées ont de 30 à 
50 centim. de long, des drupes rouge-orangé succèdent à ses fleurs 
peu apparentes. Le Ravenea Hildebrandti, de l'Ile S! Jean, atteint 
3 à 4 m. de hauteur; ses feuilles pennées sont formées de nombreuses 
folioles étroites lancéolées. Le Nunnezharia lenella nous présente le 
plus minuscule des palmiers connus : la plante entière, en fruits, ne 
mesure pas plus de 23 centim.; ses frondes nerveuses, oblongues- 
obovées, sont bifides à l’extrémité, et ses fleurs jaunes sont disposées 
en longs épis pendants presque aussi grands que la plante même. 
L'élégant Prichardia grandis, qui a si brillamment figuré dans la 
collection primée de M. Bull, a été désigné par M. Wendland sous le 
nom de ZLicuala grandis. 


FOUGÈRES. 


D'importantes additions ont été faites à ce groupe si populaire, tant 
en espèces importées qu’en variétés horticoles. Le Sagenia Laivrenceana 
est une espèce de Madagascar semblable à un Aspidium, remarquable 
par son allure fière et élancée, ses vastes frondes bipinnatifides, son . 
stipe luisant et ses sores proéminents. Le Pleopeltis Xiphias, des 
îles méridionales du Pacifique, est une fougère apparente parmi les 
espèces à frondes simples; ses feuilles sont obovées, terminées par 
une pointe étroite (cuspidées) et rappelant ainsi par leurs contours le 
profil d'un espadon, d’où le nom de la plante ; le dos de la fronde est 


MANS ue 


couvert de sores saillants. Le Zastrea Richardsi multifida, de la Poly- 
nésie, est une fougère élégamment découpée et extrêmement semblable 
à l’Aspidium obliqualum Germinyi tel que l'ont figuré les revues 
du Continent. Les Asplenium Baplistit et apicidens sont de bonnes 
acquisitions empruntées aux iles de la mer du Sud. Le premier est 
plus grand; il a des frondes persistantes, coriaces, longues de 
50 centim., bipennées, à segments peu nombreux, étroits, subdivisés 
en pinnules à dents linéaires. Le second est une fougère pennée, haute 
de 30 centim., semblable à l'A. Vieulardi (Schizodon), dont il se 
distingue par l’arrangement des veines et des sores. Le Davallia fijiensis 
plumosa est peut-être une des plus élégantes fougères connues. La 
forme type est vigoureuse et porte des frondes de grandes dimensions 
élégamment découpées ; mais la variété — une de celles probablement 
que produit la plante à l’état sauvage — doit à son feuillage plumeux 
finement déchiqueté et gracieusement penché un facies on ne peut plus 
attrayant. Une autre acquisition remarquable est le Gymnogramma 
schizophylla, espèce vivace de la Jamaïque, à frondes oblongues, 
tripinnatifides, finement découpées, fourchues et prolifères à la partie 
supérieure, admirablement adaptée à la culture en corbeille. Aux 
espèces rustiques appartiennent le Polypodium Krameri, à frondes 
nettes et luisantes, analogue à notre P. phegopteris ; le Laslrea (et non 
Lastraea, comme nombre de personnes s’obstinent à l'écrire) Haximo- 
sviceii, analogue au Zastrea dilatata; et le Polystichum triplerum, 
étrange fougère au port élégant dont les feuilles persistantes portent 
à leur base deux segments plus développés : tous trois d’origine 
japonaise. 

Parmi les variétés horticoles, il en est quelques-unes de nouvelles 
qui constituent de vraies acquisitions. Citons entre autres le Davallia 
elegans polydactyla, obtenu par M. Schneider dans les serres de 
MM. Veitch et fils; cette variété, comme le type, est uue plante 
à frondes persistantes, vertes, luisantes, de texture coriace, divisées 
au sommet et au bout de chaque segment en lobes multifides ou mul- 
tidigités. L'Adiantum cuneatum grandiceps est une variété élégam- 
ment découpée du populaire A. cuneatum. L'Adiantum Lathomi est une 
forme ornementale — hybride ou variété — obtenue par M. Bause 
pour la Compagnie générale d'horticulture; il se rapproche beaucoup de 
l'Adiantum Ghiesbreghlii, mais son allure est plus penchée; il est 


ob ie 


destiné sans doute à occuper, parmi les Capillaires décoratifs robustes, 
Ja même place que l’A. cunealum parmi ses congénères de structure 
moins vigoureuse. 


ORCHIDÉES. 


Cette famille fournit aux horticulteurs un immense choix de maté- 
riaux. Les types gracieux ou grotesques qu’elle renferme ne semblent 
rien avoir perdu de leur popularité, loin de là : à en juger par les 
notices parues dans nos propres journaux et dans les publications 
étrangères, ainsi que dans les revues spécialement consacrées à ces 
étranges sujets du règne de Flore, on croirait que la faveur dont ils 
jouissent ne fait que grandir. Parmi les nouveautés de l'année, la 
première mention revient sans contredit au Phalaenopsis Sluartiana 
(Gardeners’ Chronicle, XVI, 753, pl. 149). C’est une espèce splendide, 
dont le feuillage jaune et tâcheté de gris argenté et dont les immenses 
panicules sont garnies de gracieuses fleurs blanches, avec des macules 
cramoisi sur fond jaune sur la moitié inférieure des sépales et le lobe 
central du labelle, tandis que l'extrémité des lobes latéraux est d’un 
blanc pur : ce qui donne à la plante un facies vraiment particulier. Le 
Phaius tuberculosus (Gardeners’ Chronicle, XV, 341, pl. 67) est une 
plante apparente dont les fleurs rappellent quelque peu celles de 
l'Alpinia nutans ; il a des feuilles plissées et des grappes dressées de 
grandes fleurs blanches élégantes, dont le labelle présente deux lobes 
Jatéraux grands, jaunes, maculés de brun pourpre, tandis que le lobe 
médian porte des crêtes jaunes saillantes et est teinté de mauve ou de 
rose sur les bords ; la plante est originaire de Madagascar. Le groupe 
des Aërides s'est accru de l'A. Zeeanum à grappes compactes et pen- 
dantes de fleurs fragrantes, couleur améthyste ; aux Saccolabium est 
venu s'ajouter le $. Graefii, jolie espèce des îles Fiji portant des 
épis de fleurs d’un pourpre sombre. 

L'Odontoglossum Marriottianum, avec ses panicules de grandes 
fleurs blanches dont les sépales et les pétales sont maculés d’innom- 
brab'es petites tâches pourpres et dont le labe:le porte un disque jaune 
est une jolie plante des États-Unis de Colombie, provenant peut-être 
d’un croisement naturel entre les O. Halli et crispum. 

L'Odontoglossum excellens est une autre plante décorative, ressem- 


D 0)7 EE 

blant à un Pescatorea jaune, dont les sépales sont jaunes et bruns avec 
une zône centrale b'anche, les pétales blancs bordés de jaune, le 
labelle blanc avec des crêtes jaunes et des macules pourpres. L’Odon- 
toglossum W'illiamsianum est tout différent ; il n’a pas mal l’allure de 
l'O. grande, mais ses pétales sont p'us larges : c’est en somme une 
bonne acquisition. Maintes autres Odontoglosses sont venues s'ajouter 
à la liste des nouveautés de ces dernières années, mais il ne nous 
reste plus guère de place que pour mentionner l'O. Rossi rubescens, 
une forme géante d’une exquise beauté, à fleurs plus grandes que 
celles du Xossi majus, dont le fond est légèrement teinté de rose avec 
des marbrures pourpre intense passant au brun-marron. 

Le Calanthe bella est un élégant hybride obteru par M. Veitch 
du croisement des ©. Veüitchi et Turneri; ses fleurs sont d’un 
rose lilas pâle avec une zône carmin intense; un autre hybride 
remarquable du même genre est le Calanthe Sandhurstiana dont les 
fleurs ressemblent à celles du C. Weilchi, mais présentent une tache 
oculiforme à la base du labelle. Tout différent d'aspect est le 7richo- 
centrum Pfavii, de l'Amérique centrale, jolie plante assez semblable 
à un Trichopilia, dont les fleurs groupées deux par deux ont les sépales 
spatulés, les pétales mi-blancs, mi-bruns et le labelle crépu, flabel- 
liforme, blanc avec une tache rouge intense sur l'onglet. Le 
genre Pescatorea s’est enrichi du Pescaiorea Dormaniana, jolie 
espèce de Colombie voisine du ?. Xlabochorum, à labelle couvert de 
papilles, à fleurs blanches, prolongées par trois éperons médians 
colorés en jaune-soufre, ainsi que l’extrémité des sépales. Aux Pleione 
est venu s'ajouter le superbe Pleione Arthuriana, plante de Burmah, 
assez semblable au P. maculala mais rayée sur les pétales d’une ou 
deux longues bandes apparentes et présentant sur le lobe médian du 
labelle une bordure d’un mauve-pourpre foncé ; les pseudobulbes sont 
de couleur pourpre intense, maculées d'innombrables tâches vert-clair. 
Le Coelogyne cristata hololeuca est une variété à crêtes blanches sur le 
labelle ; sans être supérieur au type, il se recommande parmi les fleurs 
d’un blanc pur. Le Cymbidium eburneum Williamsianum est une élé- 
gante variété du type bien connu qui occupe une place prédominante 
en tête des Orchidées; le lobe médian et l'extrémité des lobes 
latéraux du labelle présentent, dans cette variété, une coloration 
pourpre qui rehausse la beauté de la fleur. Les hybrides du genre 


Dons 

Cypripedium forment aujourd’hui une légion innombrable, dont une 
des meilleures recrues de dâte récente est le C. tessellatum porphyreum, 
à feuilles élégamment marquées, à fleurs nuancées du brun-pourpre le 
plus riche et le plus intense sur les sépales, les pétales et le pourtour 
du labelle; la fleur est bien supérieure à celle du type, bien qu’elle 
provienne de la même gousse. — L’Anguloa purpurea de l'IUustration 
horticole n'est que l’Anguloa Ruckeri sanguinea, plante bien connue et 
signalée antérieurement. | 


PLANTES DE SERRE CHAUDE. 


Elles se divisent naturellement en deux groupes que l’on peut inti- 
tuler : plantes à fleurs et plantes sans fleurs — dans l’acception usitée 
en jardinage, bien entendu. Nous examinerons les premières d'abord 
et y trouverons maints sujets intéressants, bien qu'aucune plante 
vraiment hors ligne. La plus remarquable est sans contredit le 
Taccarum Warmingianum de M. Bull (Gard. Chron., XVI, 654, 
fig. 134), qui fait comme qui dirait la transition entre les deux groupes 
prémentionnés dont il représente tantôt l’un, tantôt l’autre. Dans son 
plein épanouissement, il constitue incontestahlement une plante à 
fleurs, remarquable par sa vaste spathe, longue de 40 centim., enroulée 
à la base, déroulée au sommet, entourant de son enveloppe brun- 
cuivré clair un spadice dont la partie supérieure porte des fleurs mâles 
d'un rouge vif. Mais avant la floraison, c'est une vigoureuse plante à 
feuillage, dont la souche tuberculeuse produit une feuille solitaire, 
portée sur un pétiole haut de 1" à 1",20, de couleur vert-clair avec 
des bandes blanches ; le limbe est large de 60 à 75 centim., tripartite, 
à divisions bipinnatifides; les derniers lobes sont oblongs, lancéolés, 
falciformes, reliés les uns aux autres par une aile large bien marquée. 
Cette gigantesque Aracée a été importée par M. Bull de Minas- 
Geraes dans le Brésil, où elle a été découverte par le D' Warming 
qui lui a donné son nom. Une autre plante d'allure semblable est le 
Dracontium Carderi, dont la feuille solitaire, tribranchue, bipinna- 
tifide, large de 60 centim., est supportée par un pétiole haut de 60 à 
90 centim. tâcheté de vert et de brun, et dont la spathe, longue de 
près de 30 centim., est verte en dehors et d’un pourpre terne en . 
dedans. Le Jasminum gracillimum, de Borneo (Gard. Chron., XN,; 


= DO PE 


9, fig. 2), est une espèce grimpante parfumée, au port vraiment 
ornemental, susceptible d’être utilisée comme plante à floraison 
hivernale. Une autre acquisition intéressante au même point de 
vue est le Begonia Socotrana, espèce tubéreuse originaire de Socotra, 
à feuilles orbiculaires peltées, à fleurs rose vif disposées en cymes 
lâches (Gard. Chron., XV, 8). L'Fuadenia eminens, de l'Afrique tropi- 
cale occidentale, est une singulière Capparidée suffrutescente, à 
feuilles trifoliées, à larges grappes terminales de curieuses fleurs 
jaune pâle, dont les deux pétales supérieurs sont plus longs — 010 
environ — et de forme spatulée. Le Zysionotus serrata est une jolie 
Gesnéracée indienne, à tige dressée, à grandes feuilles elliptiques-lan- 
céolées, luisantes à la face supérieure et portant à leur aisseile des 
corymbes de fleurs infundibuliformes, obliquement ouvertes, d’un 

bleu lilas pâle marqué de veines plus foncées. L'Osbeckia rostrata est 
une autre plante suffrutescente des Indes {Brésil), dont les tiges qua- 
drangulaires portent de grandes feuilles elliptiques à nervures sail- 
lantes et des cymes terminales de volumineuses fleurs d'un pourpre- 
violacé vif. 

Deux ou trois sujets intéressants sont venus s'ajouter au genre 
Crinum parmi les Amaryllidacées, entre autres le Crinum Forbesia- 
num, de Delagoa-Bay — une noble plante, à bulbe charnue, à 
feuilles ciliées loriformes apparaissant avant les fleurs, lesquelles 
sont blanches teintées et rayées de rouge-rosé vif et disposées en 
ombelles compactes; et le Crinum Balfourii, de Socotra, espèce non 
. moins jolie dont les ombelles sont chargées à profusion de fleurs 
blanches parfumées brièvement pétiolées. L’/Zxora Westii, avec ses 
fleurs rouge vif, à tube plus foncé et l’Zxora Pilgrimi, à fleurs écarlate- 
orangé teintées de cramoiïsi, sont aussi de bonnes acquisitions. 
N'oublions pas d'ajouter à cette liste deux ou trois Broméliacées, dont 
l'une, le VNeumannia nigra, est une plante caulescente à feuilles ellip- 
tiques récurvées longuement pétiolées, portant un épi cylindrique de 
bractées cramoisies du sein desquelles émergent des fleurs noir- 
pourpré, longues de 7 centimètres : l'inflorescence ne rappelle pas mal 
celle d’un Curcuma. Le Chevalliera Germinyana est une superbe plante 
avec de larges feuilles étalées et un épi serré de bractées cramoisi- 
foncé à peine dépassées par les fleurs blanches. Moins apparent, 
mais non moins gracieux, est le Pillbergia Lielzei du Brésil, jolie 


MENBD ee 


plante du genre du PB. nutans, à feuilles loriformes spinuleuses; ses 
bractées sont écarlates et ses fleurs allongées sont vertes marquées de 
bleu à l'extrémité; il en existe une variété à fleurs doubles. L'intéres- 
sant Tillandsia argentea de nos jardins serait, d’après le professeur 
Morren, une espèce du genre Anoplophytum, qu’il dénomme en con- 
séquence À. 2ncanum. 

Dans le groupe des plantes à feuillage — c'est-à-dire de celles où 
les fleurs ne sont pas le principal objet en vue — il convient de citer 
en toute première ligne quelques-uns des magnifiques Nepenthes de 
Bornéo, spécialement les W. Rajah (Gard. Chron., XVI, 403, fig. 91) 
et Northiana (Gard. Chron., XNI, 717, fig. 144 et suivantes). Le 
Nepenthes Rajah porte de larges urnes cramoisi-pourpré, de 0"15 de 
diamètre et de plus de 030 de long ; leur volumineux couvercle est 
éperonné à la base et l’épais rebord de l’orifice est relevé de côtes 
sailiantes et rapprochées. Le MWepenthes Northiana ne lui cède en 
rien en grandeur; ses urnes complètement développées sont cylin- 
driques, rouge-verdätre tàcheté de pourpre, longues de Om30 à 040; 
l'orifice est garni d’une élégante bordure plissée large de 010. 
D'autres Nepenthes encore sont venus ajouter un puissant intérêt 
à la liste déjà si nombreuse de ces étranges végétaux. C'est ainsi 
que nous possédons aujourd'hui le vrai ÂVepenthes Veilchii (Gard. 
Chron., XVI, 781, fig. 152) de Borneo, à urnes cylindriques déco- 
rées en avant d'ailes finement découpées et présentant autour de 
leur orifice une large bordure olive-crémeux ou rougeätre. Le 
Nepenthes Madagascariensis (Gard. Chron., XVT, 685, fig. 139) est 
une autre nouveauté intéressante; ses minuscules urnes lagéniformes 
ont une teinte cramoisi intense et un orifice circulaire contracté; 
la gorge est de couleur crême et le couvercle prolongé en arrière 
en une sorte d’éperon. Le N. Mastersiana (Gard. Chron., XVI, 
749, fig. 148), né à la pépinière exotique royale de Chelsea d’un 
croisement entre les ÆV. sanguinea et Khasyana (distillaloria des 
horticulteurs) est un des plus jolis hybrides actuellement en cul- 
ture; ses urnes sont cylindriques et d'un rouge vineux. — Le 
Nepenthes Courtii (Gard. Chron., XVI, 845, fig 160) est un autre 
hybride élégant, à urnes vertes, maculées de rouge, né du croise= 
ment entre le NV. Dominii (hybride lui-même du NW. Ruflesiana) 
et une espèce bornéenne indéterminée, probablement le N. Zanata; il 


nl 


est remarquable par les ailes frangées de ses ascidies. Le Nepenthes 
Henryana est un hybride des NV. Hookeri et Sedeni; ses urnes sont 
- vertes, à larges macules d'un pourpre rougeitre; l’orifice en est cra- 
moisi et l'opercule teinté de rose carmin. Le Nepenthes superba, autre 
hybride né des mêmes parents, présente des caractères très analogues. 
À une tout autre classe appartient l’élégant Dracaena Lindeni, 
excellente addition à ce groupe hautement ornemental, avec sa tige 
dressée et ses feuilles vertes gracieusement récurvées, rayées longitu- 
dinalement de jaune-crêmeux. Parmi les Crotons — que l’on désigne- 
rait plus correctement sous le nom de Codiaeum — un des sujets les 
plus décoratifs est le Croton Thomsoni, variété à feuilles lobées d’allure 
assez vulgaire, longues de 30 centim. sur 10 de largeur, de couleur 
vert intense avec la nervure médiane et les veines fortement teintées 
de jaune vif. Le Croton Laingii est une toute gracieuse forme 
à feuilles étroites, pendantes, légèrement tordues, jaunes, à part 
la moitié supérieure qui est vert sombre : tige et pétioles sont 
teintés de rouge. Le genre Dieffenbachia a fait d'importantes acqui- 
sitions, notamment le D. {riumphans, plante de Colombie à feuillage 
vert sombre parsemé de macules rapprochées vert-jaunâtre et le 
D. imperalor du même pays, à feuilles vert-olive tendre tache- 
tées de jaune-pale et de blanc. Le Schismatoglottis Lavallei est une 
élégante Araliacée à tiges gréêles, dressées, à feuilles oblongues 
lancéolées acuminées longuement pétiolées, longues de 15 centim., 
vertes, irrégulièrement maculées de gris-argenté. L’Ardisia metallica 
de Sumatra semble destiné à devenir une plante ornementale à la 
mode; il est couvert de feuilles oblongues lancéolées, à reflet métallique 
bleuâtre-bronzé et porte à leur aisselle de jolies baies rouges. 


PLANTES DE SERRE FROIDE. 


La plus importante des espèces à ranger sous cette rubrique, au 
point de vue de la valeur décorative, est le Bomarea conferla, une 
Alstroemeriacée grimpante de Bogota, jolie au possible avec ses tiges 
pourprées pubescentes, ses feuilles aigues-lancéolées et ses ombelles 
pendantes de fleurs infandibuliformes, longuemeut pétiolées, longues 
d'au moins 005% et de couleur cramoisi intense. Une autre plante 


pee 


grimpante d’un certain intérêt, originaire d’Assam cette fois, est le 
Crarwfurdia luteo-viridis, à tiges rouges et grêles, à feuilles ovales- 
cordées portant à leur aisselle des grappes de fleurs campanulées, dont 
le tube est vert et le limbe blanc et auxquelles succèdent d'élé- 
gants fruits ellipsoïdo-cylindriques du rouge le plus brillant. 
Une troisième plante de même allure et non moins apparente 
est le Mületin megasperma, espèce ligneuse robuste à feuillage 
persistant, originaire du Queensland; son port rappelle celui du. 
Wistaria sinensis, ses feuilles sont pennées et ses fleurs disposées 
en grappes laches et pendantes sont pourpres avec le labelle d'un 
rouge-rosé. Une jolie espèce annuelle de serre froide, peut-être 
semi rustique, est l'Zmpaliens Marianne, d'Assam, avec ses tiges 
épaisses et charnues et ses grandes fleurs apparentes d'un lilas- 
pourpré délicat dont le labeile se prolonge en un éperon recourbé. Le 
Nerine filifolia est une forme nouvelle, appartenant à un minuscule 
groupe d'Amaryllidées représenté surtout au Cap; l'espèce en question 
est originaire de la République d'Orange : elle porte un petit nombre 
de feuilles subulées et huit à dix ombelles de fleurs élégantes, de cou- 
leur rouge-rosé, à segments crépus oblancéolés, qui apparaissent en 
même temps que les feuilles. | 

Parmi les plantes charnues l’AToù Perryi, le véritable Aloës succo- 
trin, n'est pas l'introduction la moins intéressante ; il nous est par- 
venu tout récemment de l'ile de Socotra, en ligne directe; sa souche 
courte et dressée porte une touffe de douze à vingt feuilles lancéolées, 
glaucescentes, à bords épineux et une inflorescence fourchue com- 
posée de grappes oblongues-cylindriques de fleurs tubuleuses rouges, 
vertes à l'extrémité. L’Aloÿ macracantha, de l'Afrique méridionale, 
présente un facies très-aralogue ; ses feuilles à dents puissantes sont 
gracieusement marquées de macules et de lignes blanchâtres; ses 
fleurs tubuleuses sont rouge-écarlate, à part la base globuleuse qui 
est verte, et disposées en un corymbe dense sur les branches simples 
ou bifurquées de l'axe florifère. Une autre jolie espèce, sans doute 
originaire du Cap, sans qu’il soit possible d'en reconstituer l’histoire 
en toute certitude, est l’A7oë Greenii, dont la souche simole et courte 
porte une rosette de feuilles épineuses lancéolées « d’un vert vif, 
avec d’obscures lignes verticales b'anchâtres et des bandes transver- 


sales larges, irrégulières, formées par la confluence de tâches oblongues 


DRE SR 

de même couleur; » les fleurs disposées en panicule sont tubulaires, 
un peu resserrées au-dessus de la base globuleuse, et de couleur rouge- 
rosé pâle. L’Agave Hookeri du Mexique, un des grands Aloës d’Amé- 
rique, vient de fleurir à Kew pour la première fois; c’est une noble 
plante, dont les feuilles épineuses lancéolées recourbées ont de 120 à 
150 de long et dont la hampe florifère, haute de près de 9 m., est ter- 
minée par des corymbes latéraux compactes de grandes fleurs jaunes, 
à style et étamines exsertes de même couleur. 


PLANTES SEMI-RUSTIQUES. 


À ce groupe intermédiaire, dont les limites sont parfois incertaines 
et difficiles à tracer, doit sans doute être rattaché l’Zmpatiens ampho- 
rala, plante annuelle des montagnes de l'Inde, à tige robuste, vigou- 
reuse, charnue, du genre de l’Z. Roylei (glanduligera), avec des feuilles 
crénelées-lancéolées et des grappes lâches de jolies fleurs rouge- 
pourpré pâle dont l’éperon allongé est rouge au bout. Ces Balsaminées 
gigantesques sont du plus brillant effet parmi les fleurs de la saison 
d'été. C’est encore parmi elles qu’il faut ranger sans doute l’Zncarvillea 
Koopmanni du Turkestan, plante grêle, suffrutescente, tendre, rappe- 
lant l'aspect des Amphicomes; il atteint 60 à 90 centim. de hauteur et 
porte des feuilles pinnatiséquées et des panicules terminales de jolies 
fleurs tubiformes rouge-rosé pâle. — Le Æniphofia comosa d’'Abyssinie 
doit aussi, pensons-nous, être rapporté à cette catégorie; c’est une 
espèce naine, à feuilles linéaires fortement carénées, à fleurs jaune vif, 
infundibuliformes, disposées en épis ou en grappes et longuement 
dépassées par le style et les étamines d’un rouge sombre. Le Zephy- 
ranthes macrosiphon du Mexique prospérerait, sans doute, en station 
modérément abritée; c'est une gentille plante bulbeuse naine, qui 
produit simultanément trois ou quatre feuilles linéaires au-dessus 
desquelles s'élève une grande fleur longuement tubuleuse de couleur 
rouge-rosé vif. L'Aster gymnocephalus est une autre jolie plante 
mexicaine annuelle (peut-être bisannuelle) haute de 30 à 60 centim., 
à ramification diffuse, couverte de feuilles dentées amplexicaules et 
portant des capitules solitaires, chez lesquels les fleurons de la circon- 
férence sont d’un pourpre-rosé vif. 


Un A NU 


PLANTES RUSTIQUES. 


Pour commencer par les espèces frutescentes, nous mentionnerons 
tout d’abord le Clerodendron trichotomum du Japon, arbuste ornemen- 
tal, haut de 1"80 à 3 m., avec de grandes feuilles ovées opposées dont 
les inférieures sont trilobées et des cymes lâches trichotomes de fleurs 
blanches dont les calices sont d’un rouge brunâtre. 

Du nord de la Chine et du pays d’Amur nous vient le Clemalis 
aethusifolia lalisecla, grâcieuse plante grimpante à feuilles composées- 
pennées, couverte d'une profusion de fleurs pendantes blanc crêmeux, 
cylindro-campanulées. L'Æscallonia rubra punclata du Chili est une 
excellente addition au genre; ses feuilles sont elliptiques, plus larges 
que dans le type et ses fleurs d’un rouge sombre, bien apparentes. Le 
Prunus Pissardi, importé de la Perse dans les jardins français, 
deviendra sans doute un arbuste résistant à la mode, à cause de ses 
feuilles ovales glabres, de couleur rouge pourpre foncé. Le nouveau 
lierre — Hedera Helix maderensis variegata — (Gard. Chron., XV, 
657, fig. 118), est une plante grimpante rustique que recommande sa 
panachure apparente : la bordure blanche, large et bien définie qui 
circonscrit ses feuilles. Dans les Acer distylum (Gard. Chron., XV, 
499, fig. 93) et Carpinifolium (Gard. Chron., XV, 564, fig. 105) nous 
possédons deux remarquables formes décoratives à ajouter à la liste 
des Erables ; l’un et l’autre sont originaires du Japon: les feuilles sont 
cordées-acuminées chez le premier, obovées-oblongues-acuminées chez 
le second. Enfin le Wüitis slriala est une bonne plante grimpante 
toujours verte, pas précisément nouvelle mais très peu connue, por- 
tant de jolies feuilles digitées vert-olive sombre à folioles oblongues 
et des cymes de fleurs verdâtres, auxquelles succèdent des baies 
rouge vif. 

Parmi les espèces vivaces résistantes, la plus caractéristique et la 
plus intéressante est, sans contredit, le Skortia gulacifolia { Gard. 
Chron., XV, 596, fig. 109) originaire du Japon et de la Caroline du 
Nord; c'est une plante naine, à feuilles cordées lâchement dentées, à 
fleurs blanches campanulées apparentes, appartenant au petit groupe 
non classé de Diapensiacées. Le Zysimachia brachystachys du Japon 
ressemble à une Véronique à inflorescence blanche spiciforme; les 


Eat ere 


feuilles sont entières, lancéolées ; les fleurs petites, blanches, disposées 
en épis terminaux denses longs de 0"12 à 015 : la plante a un carac- 
tère franchement ornemental. Le genre Eremurus, parmi les Liliacées, 
fournit deux espèces décoratives : l’Æ. Olgae du Turkestan, vigoureuse 
plante d'allure majestueuse, portant une touffe de feuilles linéaires- 
lancéolées étroites du sein desquelles s’élève une panicule serrée de 
fleurs blanches étoilées de 002 1/2 de diamètre, colorées en rouge 
brunâtre au dehors; et l’Z. himalaicus des Indes (Gard. Chron., 
XVI, 49), espèce élégante, moins robuste, à feuilles aiguës liguli- 
formes, à scapes hautes de 030 à 0"90, supportant une grappe 
compacte de jolies fleurs blanches étoilées. L’Aguilegia formosa de 
Californie est une élégante Ancolie du genre de l'A. canadensis, à 
feuilles biternées, à grandes et belles fleurs jaunes longuement éperon- 
nées : éperons et pourtour des sépales sont d’un rouge vif. L’Zris 
Missouriensis, originaire des Montagnes Rocheuses, est une jolie 
espèce, au port grêle, élancé ; ses feuilles sont étroites et ses fleurs 
bleu-lilas pâle, avec le revers des pétales blanc veiné de lilas. Le Japon 
nous à enrichis d'une primevère nouvelle se rapportant au type 
cortusoïdes, le Primula poculiformis, charmante espèce à feuilles 
obtuses oblongues-cordées, à fleurs lilas pâle disposées en ombelles, 
moins décorative que le P. Sieboldii, mais susceptible sans doute de 
perfectionnement. De l'Istrie nous est venu le Campanula Tommasi- 
niana, forme élégante, à tiges grèles dressées, hautes de 020 à 025, 
couvertes de feuilles lancéolées-acuminées et de jolies fleurs penchées, 
cylindriques, bleu lilas, produites en abondance à l’aisselle des feuilles 
supérieures et formant ainsi une grappe feuillée au sommet de la 
plante ; celle-ci est cultivée depuis quelques années à Kew, mais n’est 
pas encore entrée dans la pratique horticole. Deux nouveaux Statice 
nous sont arrivés du Turkestan : l’un, le Sé. callicoma, est une plante 
naine, à feuilles spatulées écailleuses, terminée par une cyme bran- 
chue de fleurs serrées couleur lilas-rosé; l’autre, le S%. leptoloba, 
produit une touffe de feuilles radicales oblancéolées-spatulées et des 
fleurs à calice infundibuliforme pourpré et à corolle jaunâtre, disposées 
en épis courts le long d’une hampe grêle et fourchue. C'est aussi du 
Turkestan que nous vient une nouvelle espèce décorative de Pied 
d'Alouette, le Delphinium corymbosum, haut à peine de 45 centim., à 
tige branchue corymbiforme, à feuilles palmatifides 5-lobées, portant 


HER SN 


des grappes de fleurs violet-päle. Les régions orientales de l'Amérique 
du Nord nous ont enrichis d’une plante aquatique rustique, le Nym- 
phaea tuberosa, espèce à fleurs blanches du genre du AN. odorata, 
faiblement odorantes, portées par une souche tubéreuse ressemblant à 
celle de l’Artichaut de Jérusalem ; feuilles et fleurs s'élèvent au-dessus 
de la surface de l'eau. Enfin le Senecio stenocephala var. comosa (Gard. 
Chron., 1881, p. 301, vol, XVI) est une bonne composée japonaise, à 
feuilles ovales-aiguës cordées ou hastées, à capitules jaunes disposés : 
en. épis oblongs serrés et compactes : une toute jolie plante apparente 
et bien distincte. 

Parmi les plantes à bulbes rustiques nous citerons, comme une des 
plus remarquables, le Colchicum crociflorum du Turkestan, à fleurs 
blanches rayées de pourpre en dehors, ressemblant à première vue au 
Crocus d'Écosse. Du même pays nous viennent le Scilla puschhinioïdes, 
jolie espèce à fleurs blanches, à feuilles large ment linéaires ou oblan- 
céolées, portant une scape haute de quelques centimètres, garnie de 
fleurs d’un blanc grisâtre gai, larges de 2 1/2 centim., avec une bande 
bleue sur chaque segment; l’Allium slipitatum, plante vigoureuse à 
feuilles linéaires-lancéolées étroites, surmontée d’une vaste ombelle 
hémisphérique de fleurs lilas-rosé pâle à pétales étroits; et le Zeontice 
Alberti, espèce naine à feuilles digitées tripartites divisées en folioles 
quinquépartites, à fleurs rouge-orangé disposées en grappes. L’Æeli- 
cophyllum Lekmanni, aussi du Turkestan, est une Araliacée à souche 
tubéreuse, dont les feuilles radicales sont étroites lancéolées et pétio- 
lées, et dont la spathe oblongue-elliptique, longue de 15 centim., verte 
au dehors et pourpre sombre en dedans, entoure un spadice noir qui 
la dépasse de 10 centim. environ. 

Tel est, en raccourci, l’appoint en plantes nouvelles de l’année qui 
vient de s'écouler ; le défaut d'espace nous force à en laisser de côté un 
bien plus grand nombre, malgré la valeur réelle de certaines d’entre 
elles. D: 


Meet, ADE 


SUR LE PERISPERIA ELATA. 
LA FLEUR « DEL ESPIRITU SANTO. » 


(Traduit de The Gardeners Magazine, 28 janvier 1882, p. 42.) 


De toutes les Orchidées que produit l’isthme de Panama, il n’en est 
aucune qui parle plus vivement aux sentiments religieux et à l’imagi- 
nation du peuple que la célèbre plante-colombe ou fleur « del Espi- 
ritu Santo ». Le caractère imitatif c'est-à-dire le mimétisme, si 
frappant dans la classe des Orchidées à laquelle cette plante appartient, 
y figure une colombe aux ailes étendues abritée au sein de la fleur. 
Tandis que d’autres Orchidées plus apparentes excitent l'admiration et 
la curiosité de l'observateur par une étonnante ressemblance avec des 
abeilles, des papillons ou d'autres insectes, la fleur du Saint-Esprit 
s'adresse au sentiment religieux. La plante produit une longue hampe 
de fleurs d’un blanc cireux uu peu jaunâtre, d’où s’exhale ur parfum 
pénétrant. La colonne qui s'élève au centre de la fleur, avec son 
couronnement et les masses polliniques saillantes qu’elle supporte, 
rappelle étonnamment l'aspect d’une colombe — d’où le nom anglais 
du genre. 

Les dames espagnoles, mues par une pieuse croyance aux symboles 
de l'Église catholique romaine, dans lesquels la colombe occupe une 
place si apparente, ont associé dans leur pensée l'étrange aspect de 
cette fleur avec l'oiseau choisi par l'Esprit-Saint pour assister au 
baptême du Sauveur, et ce nom lui est resté — quelque impie et irré- 
vérencieux qu’il puisse sembler à des oreilles puritaines. — L’impres- 
sion produite par la fleur « del Espiritu Santo » est à la fois pleine de 
mysticisme et de poésie, et rien d'étonnant qu un tel sujet ait plus 
d'une fois inspiré la verve des poètes hispano-américains qui l’ont 
contemplé dans ses forêts natives. Non-seulement ils ont célébré 
dans leurs vers la beauté naturelle, la structure étonnante, le parfum 
de cette étrange fleur, mais ils en ont fait l'emblême des chagrins, des 
désappointements, des privations mondaines qui semblent l’apanage 


obligé du don de l'inspiration poétique. Car la plupart d’entre-eux, 


UN 2e AMEL 


occupés de produire des chants qui rappellent leur nom au souvenir 
des générations futures, « n’ont pas le temps de faire de l’argent, » 
suivant l'expression pittoresque du regretté poète Agassiz. Thomas 
Martin Fuillet, de Panama, qui écrivit quelques charmantes pièces 
de vers espagnols et mourut jeune, a laissé un poème sur la fleur 
« del Espiritu Santo » dédié à une dame. Dans les deux derniers 
vers, il exprime l’espérance de voir une main amie répandre sur le 
drap mortuaire qui couvrira plus tard son tombeau, à défaut de larmes 
qu’il n'espère ni ne désire, quelques-unes de ces charmantes fleurs. 
Voici les vers qu’il consacre à cette pensée : 


Ah ! Cuando à fuerza de tormentos horridos 
Cese de palpitar mi corazon ; 

Cuando deje esta vida triste y misera, 

Para dormir tranquilo en el panteon, 

Yo sé que nadie verterâ una lâgrima ; 

Iojalâ que siquiera por favor, 

Alguien coloque en mi enlutado féretro 

Del Espiritu Santo alguna flor (1) 


La passion des fleurs est extrêmement commune à Panama et peu 
de balcons sont privés de leur grâcieuse parure. 

La plante « del Espiritu Santo » ou Peristeria elata est la favorite 
des cloitres, mais elle refuse de fleurir en culture à Panama. Les bulbes 
peuvent être maintenues longtemps en vie, mais s’obstinent à ne pas 
produire de fleurs. Il leur faut une période de repos dans une 
atmosphère relativement fraîche, et une température franchement 
froide et humide pendant leur croissance et leur floraison. Les saisons 
chaudes et sèches les endorment et leur sommeil s’éternise dans 
l'atmosphère des côtes et des cités, aussi longtemps que ne sont pas 
réalisées autour d'elles les conditions exigées d'humidité et de tempé- 
rature. 


(1) Ah ! quand des tourments horribles auront arrêté les battements de mon 
cœur ; quand j'abandonnerai cette vie triste et misérable pour dormir tranquille 
au temple de mémoire, je sais que nul ne versera un pleur sur ma tombe : mais 
qu’une main amie répande sur les crêpes de mon tombeau quelques fleurs « del 
Espiritu Santo ! » | (Note du Traducteur). 


EN 2 10 TRES 


Mais la ville en est approvisionnée par des indigènes (Jamaïca-men), 
qui font métier de les chercher et de les recueillir dans les forêts limi- 
trophes des régions é'evées parcourues par les voies ferrées et notam- 
ment aux abords de la station de Lion-Hill. L'on ne rencontre ces 
fleurs, à ce que nous pensons, ni dans le Veraquas ni dans le Chiriqui, 
bien que les Cordillères de l’un et l’autre département abondent en 
Orchidées rares et précieuses. Ces plantes sont souvent mises en vente 
dans les rues et devant le Grand-Hôtel de Panama, où les voyageurs 
peuvent se les procurer au prix de 3 à 5 dollars (15 à 25 fr.) la 
douzaine de bulbes fleuries, pendant les mois de juillet, août et sep- 
tembre. 

Bien que la plante « del Espiritu Santo » appartienne aux espèces 
épigées, ses bulbes ne doivent jamais être recouvertes de terre con- 
formément à la pratique généralement suivie. 

Il faut, dès qu’elles commencent à pousser, les empoter dans un 
compost ayant plus de corps et moins efficacement draïné que pour les 
sujets qui s’attachent aux arbres. Le meilleur substratum pour leur 
culture se composera d'argile sableuse, de tourbe fibreuse et de terreau 
de feuilles que l’on arrosera largement pendant la période de crois- 
sance : après quoi il faudra laisser la plante en repos et tenir les 
racines bien sèches, sous peine de les voir pourrir. Dans les serres 

d'Europe la plante continue à fleurir pendant deux mois, quand les 
hampes sont vigoureuses. 

L'espèce qui a recu le même nom au Chiriqui est un Cycnoches qui 
n'a pas la moindre ressemblance avec la plante de Panama, grandit en 
épiphyte sur les arbres et tire sa dénomination générique de ce que 
les fleurs ont la forme d’un cygne. 

Il existe sur l’Isthme de Panama une variété « del Espiritu Santo » 
caractérisée par la couleur jaune des fleurs et la teinte jaune fauve de 
la colombe, DS HR 


A AD 


NOTICE SUR LE JARDIN BOTANIQUE DE BERLIN 
ET SON HERBIER 0. 


(Traduit de The Gardeners’ Chronicle, 5 nov. 1881, p. 589.) 


C'est chose vraiment commode, avant de visiter un jardin ou un 
herbier, d'avoir une idée exacte de ce qu'il contient, et le D' Urban a 
rendu à ceux que la chose concerne un véritable service en publiant 
l’histoire complète du jardin botanique de Berlin et de son herbier et 
l'exposé de sa situation actuelle. La notice historique est également 
intéressante pour les gens du pays et les étrangers; mais la partie 
-vraiment utile de ce petit ouvrage est le relevé descriptif des princi- 
pales collections de l’herbier, et il nous a paru qu’un résumé de l'œuvre 
du D° Urban, avec quelques courtes citations lui empruntées, méritait 
de prendre place dans ces colonnes et ne pouvait manquer de trouver 
grâce auprès de nos lecteurs. 

Le premier jardin botanique ou plutôt économique de Berlin fut 
fondé en 1573 par l’Electeur Jean-George et dirigé par son jardinier, 
Desiderius Corbianius. Ce n’était, semble-t-il, qu'une sorte de verger 
et de légumier, qui fut livré à lui même et à l'invasion des mauvaises 
herbes pendant toute la durée de la guerre de Trente ans. Plus tard, 
en 1646, il fut restauré et replanté et la section botanique placée 
sous la direction du D'J. Elsholz. Celle-ci comprenait une orangerie, 
longue de 55 m. sur 18 de large et 6 de haut, où se cultivaient des 
citroniers, des grenadiers, des myrtes et autres plantes exotiques 
délicates. En été la toiture était enlevée et replacée en automne. Elle 
se composait essentiellement d'une couverture de planches, que l'on 
chargeait, suivant la rigueur de la saison, d’une couche plus ou moins 
épaisse de foin ou de paille, à laquelle on superposait un plancher de 
lattes. L'intérieur était chauffé au moyen de huit poëles en fonte 
qui exigeaient des soins et un entretien continuels. Le jardin compre- 


(1) Geschichte des Küniglichen Botanischen Gariens und des Kôüniglichen Herba- 
riums zu Berlin, nebst einer Darstellung des aügenblicklichen Zustand dieser Insti- 
tüte. Von Dr Ign. Urban, 8ve, pp. 164, tt. 2, Berlin, 1881; Gebrüder Bornträger. 


SPA de 


nait aussi un musée et une bibliothèque. — En 1664, le nombre 
d’espèces cultivées montait à 950, la plupart représentées encore 
aujourd’hui dans l’herbier par des spécimens soigneusement desséchés 
et conservés. 

Le Jardin botanique actuel a été fondé par l’Électeur Frédéric- 
Guillaume-le-Grand, au retour de sa campagne victorieuse de 1679. 
L'emplacement sur lequel il se développe aujourd’hui était occupé à 
cette époque par la houblonnière de la cour ; mais l’Électeur, entre 
autres réformes domestiques, décida d’allouer à son personnel une 
augmentation de gages au lieu de la ration de bière habituelle ; dès 
lors, la plantation de houblon n'avait plus de raison d'exister et fut 
transformée en un jardin général, comprenant une section botanique, 
mais destiné surtout à des essais de culture des diverses variétés de 
végétaux et d'arbres fruitiers fournis par les contrées avoisinantes. 
Mais nous ne pouvons songer, faute d'espace, à décrire les vicissitudes 
du jardin sous ses divers directeurs. — Le roi Frédéric-Guillaume [** 
(1713-1740), peu soucieux de ces sortes de choses et pas mal parcimo- 
nieux par dessus le marché, ne demanda pas mieux que de se débar- 
rasser des frais d'entretien du jardin au profit d'Andreas Gundelsheï- 
mer, médecin du précédent roi et compagnon du célèbre Tournefort 
dans ses voyages à travers l'Orient. Mais à peine avait-on commencé 
les travaux destinés à faire de cet enclos un vrai jardin botanique que 
Gundelsheimer vint à mourir. C’est alors que le Roi fit paraître un 
arrêté concu dans les termes les plus flatteurs pour la Société des 
sciences, exaltant l’érudition et les mérites de ses membres et 
concluant en mettant à ses charges l'entretien du jardin; en vain la 
Société protesta, invoquant l'insuffisance de ses ressources : on fit la 
sourde oreille et elle se vit obligée de s'imposer des sacrifices pécu- 
niaires considérables qui paralysèrent ses travaux dans toute autre 
direction. Pendant nombre d'années encore, le jardin continua à végé- 
ter péniblement sans revenus, sans ressources, ruiné et désolé. La 
guerre de sept ans ne fit qu'aggraver sa lamentable situation... Mais 
nous passons rapidement sur cette triste période pour arriver en 1801, 
époque où la réorganisation du jardin fut confiée à C. L. Willdenow ; 
sous la direction de cet éminent botaniste, le jardin ne tarda pas à 
acquérir une réputation européenne. En 1809 fut fondée l'Université 
de Berlin et Willdenow y occupa le premier la chaire de botanique, 


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qui, depuis cette époque, n’a cessé de marcher de paire avec la direc- 
tion du jardin. Willdenow mourut en 1812, et Lichtenstein, le même 
qui plus tard voyagea dans l'Afrique australe et explora la flore de 
cette contrée, lui fut donné provisoirement pour successeur. Link fut 
le premier directeur permanent du jardin ; il fut nommé en 1815 et 
remplit ces fonctions jusqu’en 1851, époque où Lichtenstein fut de 
nouveau appelé à la direction provisoire jusqu’à la nomination 
d'Alexandre Braun, dans les premiers mois de la même année. 
Depuis l’époque de Willdenow jusqu’à la période actuelle, le jardin 
n’a pas vu que d’heureux jours; car les troupes françaises firent leur 
entrée dans la capitale en 1806 et les Russes en 1813, et plantes et 
serres faillirent deux ou trois fois périr sous de violentes rafales de 
grêle. N'oublions pas de rappeler qu’en dépit du pillage du jardin par 
les Français en 1806, l'administrateur général Estève, auquel Humbold 
en fit parcourir les installations en 1807, fut tellement frappé de 
l'excellent entretien de ses splendides collections de plantes qu’il alloua 
spontanément un subside d'une centaine de francs pour son entretien 
mensuel. Nonobstant toutes ses infortunes, le jardin ne cessa de 
remplir son but sous la longue administration de Link. Le D'A. Braun, 
cependant, n’en reprit pas la direction dans des circonstances précisé- 
ment favorables, car l'examen des comptes conduisit à la découverte 
d’un déficit de 60,000 francs et au suicide du secrétaire. Pendant 
l'administration de Braun — 1851 à 1867 — le jardin s’accrut de 
plus d’une fois son étendue; une nouvelle serre à Victoria, une vaste 
serre à Palmiers, et d’autres annexes de moindre importance y furent 
érigées et l'on projeta les constructions du musée et des herbiers qui 
n’ont été terminées que l’an dernier. En 1850, le budget ordinaire du 
jardin était de 50,000 francs; il s’est élevé à 115,000 en 1876 et à 
près de 125,000 en 1879. L'étendue du jardin actuel est d'environ 
27 arpents ; trente-six serres s’y élèvent, couvrant une surface globale 
de 3,500 mètres carrés. On y cultivait en 1877-78, 10,069 espèces et 
variétés, comprenant 2,159 genres différents. Certains éléments de 
cette collection sont dignes de remarque : c’est ainsi qu’on y observait 
495 espèces de Légumineuses (y compris 145 Acacia), 142 Bégonia- 
cées, 539 Cactées, 391 Composées, 172 Gesnéracées (appartenant à 
42 genres), 495 Orchidées, 193 Marantacées, 30 Musacées, 268 Aroï- 
dées, 43 Pandanacées, 173 Palmacées, 180 Broméliacées, 344 Amaryl- 


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lidacées, 496 Liliacées, 233 Conifères, 44 Cycadées et 630 Filicinées. 
A la même date, le jardin comptait 7,000 espèces cultivées en 
plein air. — A la mort d'A. Braun en 1877, le défunt profes- 
seur Charles Koch remplit provisoirement les fonctions de direc- 
teur du jardin jusqu'à la nomination définitive du D" Eichler 
en 1878. Les jardins sont ouverts au public tous les jours, sauf le 
vendredi, le dimanche et les jours fériés, de 8 heures du matin 
jusqu'à 7 heures du soir en été, jusqu'à la nuit tombante en hiver, 
mais les serres ne sont pas accessibles aux visiteurs à heures fixes. 
Une notice, affichée à l’entrée du jardin, renseigne quelles serres sont 
ouvertes et à quelles heures. Les étrangers sont admis tous les jours. 
Les autres dispositions ne diffèrent pas de celles en vigueur à Kew. 
Nous eussions voulu citer quelques extraits relatifs aux collections de 
l'herbier et au musée, auxquels sont réservées des constructions 
spéciales, terminées l’an dernier et coûtant 900,000 fr. — 700,000 
pour les bâtiments et 200,000 pour l'aménagement intérieur; mais il 
ne nous reste assez d'espace que pour ajouter que le D' Urban entre 
dans de longs détails ayant trait à ces différents points. Il est vraiment 
regrettable que la bibliothèque de l’herbier soit si pauvre, spéciale- 
ment en publications illustrées. Le nombre total des volumes, consis- 
tant exclusivement en traités, est de 2,344, un tiers à peu près de 
ceux que compte la bibliothèque de l’herbier de Kew. D'H"F. 


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L'ÉLECTRICITÉ 
EN HORTICULTURE ET EN AGRICULTURE, 
PAR M. C. W. SIMENS. 


NOTE PRÉSENTÉE LE le SEPTEMBRE 1881, A L'ASSOCIATION 
BRITANNIQUE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES, 


Traduite par M J. JocEaup. 


(Annales de l’Institut expérimental agricole du Rhône à Ecully, 1881, p. 354.) 


Le 1 mars 1880, j'ai communiqué à la Société royale un mémoire : 
De l'influence de la lumière électrique sur la végétation, dans lequel 
j'arrivais à cette conclusion que la lumière électrique était capable de 
produire, sur les plantes, les mêmes effets que ceux de la lumière 
solaire, qu'elle faisait apparaître la chlorophylle et qu'avec son aide 
on pouvait produire des fleurs et des fruits riches en couleur et en 
arôme. Mes expériences tendaient aussi à prouver que les plantes 
n'ont pas besoin de repos nocturne, maïs qu'elles font de rapides et 
incessants progrès, si, même en hiver, elles sont soumises à la 
lumière du soleil pendant le jour et à la lumière électrique pendant la 
nuit. 

Depuis, c'est-à-dire durant tout l'hiver dernier, j'ai continué mes 
expériences sur une plus large échelle. Mon intention est d'en donner 
ici un résumé, ainsi que d'indiquer plusieurs applications des forces 
électriques à différentes opérations agricoles, notamment pour pomper 
de l’eau, scier du bois, hacher de la paille, couper des racines, etc., 
tout cela à des distances variables mais n’excédant pas un demi-mille 
(800 mètres) de l'endroit où se trouve la machine; donnant de cette 
facon un emploi utile pendant le jour à la machine qui doit produire la 
lumière pendant la nuit et réduisant ainsi directement le prix de 
revient de cette dernière. 

Pour produire la lumière, j'ai employé une machine à vapeur à haute 
pression de la force de six chevaux (de MM. Tangye frères), qui met 
en mouvement deux machines dynamiques Siemens reliées séparément 
à deux lampes électriques dont chacune peut émettre une lumière de 


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cinq mille bougies. Une de ces lampes a été placée dans une serre de 
2,318 pieds cubes (65 mètres cubes) de capacité, et l’autre fut suspen- 
due à la hauteur de 13 à 14 pieds (3"65 à 425) au-dessus d’une autre 
serre. 

Les expériences, commencées le 23 octobre 1880, ont été continuées 
jusqu'au 7 mai 1881. La lumière électrique fut d’abord employée 
depuis six heures du soir jusqu’à l'aube, puis dans les jours les plus 
courts à partir de cinq heures, le dimanche excepté. La lumière, 
placée au-dessus de la serre, était renfermée dans une lanterne à verres 
transparents, tandis que celle qui était à l’intérieur, placée à l'entrée 
de la serre et munie d’un réflecteur afin d’en condenser les rayons et 


_ de les envoyer directement sur les plantes, fut laissée nue, le but de 


mes premières expériences étant de comparer l'effet de la lumière dans 
ces deux conditions. 

Je semai dans ces serres du Blé, de l’Orge, de l’Avoine, des Pois, des 
Haricots, je plantai des Choux-fleurs, des Fraisiers, des Framboisiers, 
des Pêchers, des Tomates, de la Vigne, et différentes plantes à fleurs 
notamment des Rosiers, des Rhododendrons et des Azalées. Toutes ces 
plantes craignant comparativement peu le froid, la température dans 
cette serre fut maintenue autant que possible à 60 degrés Fahrenheit 
(15 degrés et demi centigrades). 

Les premiers effets observés furent loin d’être satisfaisants. Sous 
l'influence de la lumière suspendue au-dessus de la serre, les effets 
avantageux de l’an dernier se renouvelèrent ; mais les plantes exposées 
à l’action de la lumière nue présentèrent bientôt le plus triste aspect. 
Ne sachant si je devais attribuer cet état facheux à l'effet de la lumière 
nue ou à celui des produits chimiques se dégageant de l'arc électrique 
et résultant de la combinaison de l'oxygène et de l’azote ou de l’oxy- 
gene et du carbone, je me décidai à agir dans le sens de la première 
hypothèse. Dans le but d'adoucir les rayons de la lumière électrique, 
j'introduisis dans la serre, à travers de petits tubes, quelques jets de 
vapeur qui produisaient l'effet de nuages s'interposant d’une façon 
irrégulière entre la lumière et les plantes ; je pris toutefois des précau- 
tions pour ne pas introduire trop d'humidité. Cet essai eut un assez 
bon résultat. Quant aux produits chimiques, je pensai qu'ils seraient 
plutôt utiles que nuisibles en fournissant les véritables éléments dont 
dépend la vie des plantes, et, en outre, que la production constante 


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d'acide carbonique pur résultant de la combustion graduelle du charbon 
des électrodes permettrait de diminuer l’arrivée de l'air extérieur et 
restreindrait ainsi les dépenses de chauffage. 

Néanmoins, les plantes ne me surent pas gré de ces innovations dans 
leur mode d'existence ; je me décidai à placer une lanterne de verre 
transparent autour de la lumière dans le double but d’éloigner les pro- 
duits chimiques de l'arc électrique et d’interposer un écran efficace 
entre cet arc et les plantes placées sous son influence. L'influence de 
cette feuille de verre fut des plus remarquables : en faisant tomber sur 
une plante des rayons directs et d’autres filtrant au travers du verre, 
je reconnus dans l’espace d’une nuit l'effet très différent qu'ils produi- 
sirent sur des feuilles. Tandis que les portions de feuilles de Tomates 
éclairées par les rayons qui avaient traversé le verre conser vaient leur 
apparence de sante, les portions frappées par les rayons directs, 
quoique à la distance de 9 à 10 pieds (275 à 8"05), étaient visiblement 
ridées. Non seulement les feuilles, mais les jeunes pousses des plantes 
furent altérées par l’action de la lumière directe et ces effets fâcheux 
furent même visibles, bien qu'à un moindre degré, à une distance de 
20 pieds (6 mètres) de la lampe. 

Une question se présente ici qui ne peut manquer d'intéresser les 
botanistes physiologistes. Le verre transparent n'ayant la propriété 
d’absorber aucun des rayons lumineux, ce n'est donc pas à ceux-ci que 
doivent être attribués les fâcheux effets observés. 

Le professeur Stokes a trouvé, en 1853, que l'arc électrique est par- 
ticulièrement riche en radiations invisibles, très réfrangibles, que 
celles-ci sont très fortement absorbées par leur passage au travers du 
verre transparent ; il est donc tout naturel d'en venir à cette conclusion, 
que ce sont ces rayons très réfrangibles qui causent le mal en détrui- 
sant les cellules, tandis qu'au contraire, les rayons lumineux de 
moindre réfrangibilité exercent sur elles une action bienfaisante. 

Désirant approfondir cette question, je semai, dans une partie du 
terrain réservé pour mes expériences, de la Moutarde et différentes 
graines ayant la propriété de croître rapidement; je les divisai par 
sections et dirigeai sur elles les rayons de ma lampe électrique après 
avoir modifié la lumière en la faisant passer au travers de verres de 
diverses couleurs. La première section fut soumise à l’action de la 
lumière nue ; la seconde ne recevait la lumière qu’au travers d’un verre 


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transparent; la troisième, la quatrième et la cinquième ne la recevaient 
qu’au travers de verres respectivement jaunes, rouges et bleus. 

Les progrès des plantes furent notés jour par jour, et les différences 
d'effet sur leur développement furent suflisamment marquées pour 
justifier les conclusions suivantes : sous le verre transparent je 
constatai de rapides progrès et une croissance vigoureuse; le verre 
jaune vint au second rang'et les plantes, quoique égales en dimensions 
aux précédentes, leur étaient de beaucoup inférieures pour la vigueur 
des tiges et pour la couleur; le verre rouge donna une croissance 
médiocre et les feuilles prirent une teinte jaunâtre ; sous le verre bleu 
les plantes furent encore moins vigoureuses, et enfin, quant à celles 
qui recevaient directement la lumière, elles étaient noircies, frisées, 
dans le plus piteux état. 

Il faut remarquer que la lumière électrique est restée allumée de 
cinq heures du soir à six heures du matin tous les jours, excepté le 
dimanche, pendant le temps que durèrent ces expériences qui eurent 
lieu en janvier 1881, et que pendant la journée les plantes furent 
exposées à la lumière diffuse du jour. Ces résultats confirment ceux 
obtenus dès 1843 par le docteur J. W. Draper (voir les Mémoires scien- 
tifiques de J.W. Draper, Mémoire X), dans ses recherches remarquables 
sur l'influence que les rayons diversement colorés exercent sur les 
végétaux, résultats qui l’amenèrent à cette conclusion, alors en contra- 
diction avec l'opinion générale, que les rayons jaunes et non les rayons 
violets sont ceux qui décomposent l’acide carbonique dans les cellules 
des végétaux. 

Ces premiers essais m'ayant démontré la nécessité d’enfermer l'arc 
électrique dans une lanterne de verre transparent, j’obtins rapidement 
des effets plus avantageux. Ainsi, des pois qui avaient été semés à la 
fin d'octobre donnèrent sous l'influence de la lumière continue une 
récolte de fruits murs le 16 février, après avoir été, à l'exception des 
nuits des dimanches, sous l'influence d’une lumière continue; des 
pieds de Framboisiers placés dans la serre le 16 décembre donnèrent 
des fruits mürs le 1 mars, et des Fraisiers, plantés à peu près à la 
même époque, donnèrent des fruits d’une couleur et d’une saveur 
excellentes le 14 février. Des Vignes qui avaient été plantées le 
26 décembre donnèrent des raisins complètement mürs et d’une qua- 
lité supérieure le 10 mars. Le Blé, l’Orge et l’Avoine se développèrent 


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avec une rapidité extraordinaire sous l'influence de la lumière con- 
tinue, mais ne purent arriver à maturité; leur croissance ayant été 
trop rapide pour leur force, les tiges versèrent après avoir atteint une 
hauteur de 12 pouces (30 centimètres). 

Des semences de Blé, d'Orge et d'Avoine, jetées en plein air, mais 
développées sous l'influence de la lumière électrique extérieure, don- 
nèrent de meilleurs résultats : les semis ayant eu lieu le 6 janvier. 
elles ne germèrent qu'avec difficulté à cause de la neige et de la gelée, 
mais, quand le temps devint meilleur, les jeunes plantes se dévelop- 
pèrent rapidement et donnèrent des grains mürs à la fin de juin, ayant 
été aidées dans leur croissance par la lumière électrique jusqu'au 
commencement de mai. 

Des doutes ont été émis par quelques botanistes sur la possibilité 
d'obtenir, avec une plante soumise à la lumière continue, des semences 
capables de reproduction. Pour résoudre cette question, je plantai, le 
18 février, des Pois recueillis le 16 sur des pieds qui avaient été con- 
stamment soumis à la lumière électrique : ils donnèrent des plantes 
de la meilleure apparence et d'une belle végétation. Une démonstration 
plus complète sera donnée sur ce sujet par le docteur Gilbert qui a 
entrepris des expériences sur le Blé, l'Orge et l’Avoine développés 
dans les conditions précédentes ; néanmoins, il est probable que ses 
recherches ne seront pas suffisantes et que d’autres expériences seront 
encore nécessaires pour lever tous les doutes qui s'élèvent sur cette 
question. 

Je sais que le docteur Darwin, dont l'opinion est de grand poids en 
pareille matière, professe l’idée que beaucoup de végétaux, sinon tous, 
ont besoin chaque jour de quelques instants de repos pour atteindre 
leur développement normal. Dans son grand ouvrage sur les Mouve- 
ments des plantes, il s'occupe de la vie des plantes dans les conditions 
ordinaires c’est-à-dire avec des alternances de lumière et d’obscurité. 
Il recherche avec une étonnante précision et une grande minutie leur 
mouvement naturel de circonvolution et d'action nocturne ou xyctitro- 
pique, mais il n'étend pas ses expériences aux conditions résultant de 
la lumière continue. Il prouve clairement que l’action nyctitropique est 
faite pour protéger les délicates cellules des plantes de la réfrigération 
causée dans l’espace par la radiation. Mais il ne s'ensuit pas, à mon 
avis, que cette influence protectrice implique la nécessité d’une mau- 


vaise influence. Ne pourrait-on pas plutôt déduire des recherches du 
docteur Darwin que l'absence de lumière pendant la nuit est une 
difficulté pour la vie des plantes, que certains organes mobiles doivent 
corriger, et que peut-être en soumettant les plantes à la lumière 
continue pendant plusieurs années, au bout de plusieurs générations, 
elles perdraient ces organes spéciaux ? 

Aussi n'est-ce pas sans crainte, et sans oser généraliser, que je me 
vois obligé d'annoncer qu'il résulte de l'ensemble de mes expériences 
pendant les deux premiers hivers, que, bien que l'obscurité périodique 
soit favorable à l’allongement des plantes, la lumière continue les 
stimule, rend leur croissance plus rapide et leur donne un aspect 
vigoureux depuis l'apparition de la première feuille jusqu'à la complète 
maturité. des fruits. Ces derniers sont même supérieurs en 
grosseur, en odeur et en saveur à ceux qu'on obtient avec des alter- 
nances de Jumière et d’obscurité et, en tous cas, leurs graines se 
sont toujours montrées capables de germer. Néanmoins, je reconnais 
que de nouvelles expériences sont nécessaires pour traiter à fond cette 
question et savoir si le repos diurne est nécessaire aux plantes, et 
surtout s’il a quelque analogie avec le repos hivernal nécessaire aux 
plantes désignées sous le nom de vivaces. 

L'influence avantageuse de la lumière électrique s'est montrée d’une 
facon très manifeste sur un Bananier qui, à deux périodes de son 
existence, au commencement de son développement et au moment de 
la fructification, c'est-à-dire en février 1880 et en mars 1881, fut 
soumis à son action pendant la nuit, à une distance n'excédant pas 
deux yards (1"80) de la plante. Le résultat obtenu fut une branche de 
fruits pesant 75 livres (34 kilogrammes), chaque Banane étant d’une 
grosseur extraordinaire et ayant, d'après les juges compétents, une 
saveur délicieuse. 

Des melons, remarquables par leur grosseur et leur arôme, ont été 
produits sous l'influence de la lumière continue au commencement des 
printemps de 1880 et 1881, et je suis convaincu qu'on pourra obtenir 
des résultats encore meilleurs quand les conditions de température et 
de proximité de la lumière les plus favorables auront été déterminées. 

Du reste, je me suis plutôt efforcé de démontrer l'influence avanta- 
geuse de la lumière électrique que d'obtenir une grande quantité de 
produits, et je suis disposé à croire que le temps n’est pas éloigné où 


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la lumière électrique sera considérée comme un puissant auxiliaire 
rendant l'horticulteur indépendant des climats et des saisons et lui 
permettra de produire des variétés nouvelles. | 

Mais avant que l'électro-horticulture puisse entrer dans la pratique 
actuelle, il faut qu’on ait pu se rendre compte des dépenses qu’elle 
occasionne, et c'est ce qui a fait en grande partie le but de mes 
recherches durant cet hiver. 

Quand on peut utiliser une chute d’eau, la lumière électrique ne 
coûte pas beaucoup, même en y comprenant les dépenses des électrodes 
de charbon, l'intérêt du prix des appareils et leur entretien, car le 
prix en a été calculé à 6 deniers (60 centimes) par heure pour une 
lumière de cinq mille bougies. Quant aux travaux manuels à exécuter, 
ils ne consistent qu'à remplacer les électrodes de charbon toutes les 
six ou huit heures, ce qui peut être fait sans grande dépense, le chauf- 
feur des serres pouvant facilement être chargé de ce service. 

N'ayant à ma disposition aucune force naturelle, je fus obligé 
d'employer une machine à vapeur. Cette machine, de la force nominale 
de six chevaux, pourvoit à la dépense des deux lumières, de cinq 
mille bougies chacune, que j'ai dans mes serres; elle consomme 
09 livres (25 kilogrammes 368) de charbon par heure (c'est une 
machine à pression ordinaire), ce qui, en comptant la houille à 
20 shillings (25 francs) la tonne, produit ua chiffre de 60 centimes, 
soit 30 centimes par lumière de cinq mille bougies ; encore faut-il 
déduire de cette dépense l’économie résultant de l'extinction des 
poêles chauffant les serres, économie qui peut s'évaluer aux deux tiers 
de la consommation de la machine, réduisant ainsi le prix du com- 
bustible à 10 centimes par heure. De telle sorte que, tout calcul fait, la 
dépense totale par la lumière serait de 60 centimes, plus 10 centimes, 
soit 70 centimes par heure. 

Ce calcul a été établi dans l'hypothèse que la machine fonctionneh 
rait 12 heures par jour ; mais comme la lumière électrique est inutile 
dans la journée et que cependant il faut entretenir Les feux pour chauf- 
fer les serres, la dépense reste la même pendant le jour et il y a une 
perte de force. Pour utiliser cette force disponible, je résolus de la 
faire servir à différents travaux agricoles en la transmettant à l’aide 
de fils sur différents points de la ferme où il y avait à hacher de la 


paille, couper des racines, scier du bois, pomper de l'eau, etc. Ces 


travaux furent accomplis au moyen de petites machines dynamiques 
placées aux points où je voulais utiliser leur force : je les reliai par des 
fils à la machine centrale mise en mouvement jar la vapeur. Les fils 
conducteurs que j'ai adoptés consistent en un fil de cuivre nu, supporté 
par des poteaux en bois ou par des arbres, sans isolateurs, tandis 
que le cireuit de retour se fait par la grille du parc ou par la clôture 
métallique, qui est reliée aux deux machines de transmission et de tra- 
vail par de petits conducteurs métalliques. Afin d'assurer la continuité 
métallique de la clôture, j'ai soin, partout où il y à des portes, de faire 
passer en terre, SOUS celles-ci, une pièce métallique soudée à la clôture 
de chaque côté. 

L'élévation de l’eau exigeait autrefois une machine à vapeur de 
la force de trois chevaux; elle animait deux pompes de 3 pouces et 
demi (10 centimètres) de diamètre, dont le piston faisait trente-six 
courses doubles par minute. J'emploie les mêmes pompes, mais elles 
sont maintenant mises en mouvement par une machine dynamique 
pesant 4 quintaux anglais (200 kilogrammes). Quand les citernes de la 
maison, les jardins et la ferme ont besoin d’eau, les pompes sont 
mises en mouvement simplement en établissant la communication avec 
le poste central où se trouve la machine à vapeur. 

Toutes les opérations de la ferme sont accomplies au moyen d'un 
seul et même moteur. Il est difficile de calculer exactement la force 
disponible au point où ont lieu les opérations; néanmoins, à l’aide 
d'un dynamomètre, je suis parvenu à établir que cette force est à peu 
près de 60 pour 100. 

En terrainant, je suis heureux de pouvoir dire que l'emploi de la 
lumière électrique et la transmission de force pour les opérations dont 
je viens de parler sont entièrement sous la direction de mon jardinier 
en chef, M. Buchanam, aidé par une escouade de jardiniers et d'ouvriers 
agricoles, qui, avant ces expériences, n'avaient aucune idée de ce que 
pouvait être une machine électrique. 

La transmission de la force par l'électricité peut être aussi utilisée 
pour battre, faucher et labourer. 

Ces travaux sont actuellement accomplis sur une grande échelle, à 
l'aide de locomobiles, appareils maintenant très perfectionnés; mais 
nos moteurs électriques ont sur eux le très grand avantage de la 


légèreté, leur poids par cheval étant seulement de deux quintaux 


PR Ru 


(100 kilog.) ; tandis qu'une locomobile, munie de sa chaudière remplie 
d'eau, pèse au moins 790 kilog. par cheval de force. De plus, la loco- 
mobile exige un renouvellement incessant d'eau et de charbon, ce qui 
nécessite un travail continu dans les champs, tandis que la machine 
électrique recoit sa force au moyen d’un simple fil (ou d’un rail léger 
sur lequel elle peut se mouvoir), d’une station centrale où la force est 
produite plus économiquement que dans les champs, tant pour le 
charbon que pour le travail manuel. L'emploi de batteries secondaires 
peut aussi être recommandé avec avantage pour emmagasiner la force 
électrique lorsque celle-ci ne trouve pas son emploi. En accomplissant 
ainsi tous les travaux d’une ferme à l’aide d’un poste central, on réa- 
lisera une grande économie de temps et de travail, car la machine à 
vapeur utilisée pendant le jour pour ces opérations agricoles produira, 
la nuit, la lumière pour l’électro-horticulture sans grand supplément 
de dépenses. En outre, on jouira d’un éclairage merveilleux et très 
complet pour les habitations et les serres, et d’un effet admirable dans 


les jardins. 


NOTE SUR LE VRIESEA INCURVATA, 


par M. Épouarp MoRREN. 
Planche II. 


Vriesea incurvata GauDpicHAUD, Aëlas du voyage de la Bonite, pl. 68. — 
B£er, die Famil. der Bromeliaceen, 1857, p. 9. — Wawra, die Bromel. 
Ausbeute..… in Oesterr. bot. Zeitchr., 1880, p. 184; éraduction, p. 64. — Vr. psit- 
tacina, var. Truffautiana Ep. ANDRÉ, Journal de la Soc. nat. et centr. d'horé. 
de France, \881, p. 87. — Herbiers : Bruxelles (Martius) : Burchell, n° 3485. 
Brésil : Prov. St Paulo. — Florence : n° 105; Ex Brasilia, légit C1. Raddi. — 
Vienne : Coll. Wawra, nes 86, 95. | 


La plante que nous figurons et décrivons ici, est une jolie espèce de 
 Vriesea que M. Pedro Binot, de Petropolis, a introduite en Europe 
en 1880, notamment chez M. Truffaut, de Versailles ; elle est remar- 
quable par son épi distique relativement court, large, épais, formé de 
deux rangs de bractées équidistantes, de couleur orangée, terminées en 
bec-de-corbin et produisant chacune successivement une fleur tubu- 
leuse et jaune citron. Nous n’hésitons pas à reconnaitre dans cette 


RVATA. 


+ 
| 


ENCE 


VRIESEA 


La Belg. hort 
1882, pl. II. 


no 


plante, nouvelle pour l’horticulture, le Wriesea incurvata figuré par 
Gaudichaud dans l’atlas du voyage de 74 Bonite, et dont la description 
n’a jamais paru. Cette détermination est fondée non seulement sur 
l'analyse, mais aussi sur l'examen des spécimens d’herbiers et sur les 


récentes observations du D' Wawra, de Vienne. 


DESCRIPTION. — Plante cespiteuse, à drageons très rapprochés, de dimen- 
sions relativement petites (le spécimen mesure 0"45 de diamètre, sur 035 
de haut.). Feuilles assez nombreuses (20 à 30), en rosace peu ouverte, coriaces, 
minces, dressées ou peu étalées, courtes (026), lisses et vertes sur les deux 
faces, ordinairement lingulées, à gaîne longue au point de constituer presque 
la moitié de la feuille (0m12-18), très large (0w07-8), ovale, insensiblement 
atténuée en une lame d’abord rétrécie (C"028), canaliculée, puis élargie (0036), 
ovale, plane, faiblement ciliolée sur les bords, brusquement lancéolée et 
pointue au sommet. 

Inflorescence terminale, droite ou dressée, dépassant le feuillage (0m35). 
Hampe courte (0m15), épaisse, vêtue de feuilles bractéiformes très rappro- 
chées, en spirale, largement ovales-lancéolées et acuminées, vertes et lisses, 
Épi simple, allongé (015-20), distique, large (0"05-6), ancipité, épais (0015), 
à rachis vert, lisse, portant à chaque nœud rapproché (environ 001), et 
épaissi, une bractée ovale-lancéolée, ascendante, condupliquée, carénée, 
longue (004), très large (004 dans la partie moyenne), terminée en bec 
incurvé, lisse, de couleur rouge-orangé pendant l’anthèse, enfin renfermant 
une fleur axillaire qui la dépasse un peu. 

Fleur subsessile allongée (0"06-7) tubuleuse, un peu courbée. Sépales 
coriaces, ovales, obtus, jaunes, longs (0"038) et larges, simplement convexes. 
Pétales ligulés, à limbe obtus, recourbé, dépassant peu le calice (0045), 
assez larges (0"008), jaune avec le sommet vert, à onglet muni au-dessus de la 
base de 2 écailles entières ou échancrées. Étamines adnées à la base des 
pétales, portant leur anthère dorsifixe au delà de la corolle. Style plus long, 
à stigmate formé de 3 branches papilleuses étalées. Pendant la fructification 
les bractées verdissent et se boursoufflent de manière à paraître pour ainsi 
dire joufïlues. Les capsules s’allongent jusqu’au sommet de ces bractées. 


Le Vriesea incurvata se distingue du Pr. psittacina par un feuillage 
plus large, une inflorescence plus courte, les bractées beaucoup plus 
rapprochées, plus boursoufflées, plus larges, en bec-de-corbin, de 
couleur rouge-orangé, les sépales non carénés, etc. On le cultive aisé- 
ment en serre chaude, à l’ombre et dans l’humidité. Il a été primé à 
l'exposition de Liège, le 25 juillet 1881, où il a été présenté par 
M. À. de la Devansaye. 


PQ 


BULLETIN DES NOUVELLES ET DE LA BIBLIOGRAPHIE. 


Collection Demoulin. — On annonce que l’État Belge vient de 
recevoir un cadeau vraiment royal de la veuve de M. Gaspard Demou- 
lin, ancien conseiller communal, à Mons. Cette dame vient de faire 
don au Jardin Botanique de la riche collection de plantes de son mari, 
que l’on estime à plus de 100,000 fr. 

Cette collection sera placée probablement dans une serre particu- 
lière du jardin botanique, laquelle portera le nom de Gaspard Demoulin. 


Phénologie végétale comparée. — Les soussignés prient tous ceux 
qui s'intéressent à la Phénologie végétale de bien vouloir leur commu- 
niquer,en aussi grand nombre que possible, les résultats d'observations 
exactes sur la date d'apparition des principaux phénomènes périodiques 
se rattachant à la biologie des plantes ; ces renseignements sont 
destinés à servir de base à un parallèle entre les différentes contrées 
de l’Europe relativement à la climatologie végétale, et les soussignés 
indiquent ci-dessous la liste des plantes qui se prêtent le mieux à de 
semblables observations. — (Les chiffres incrits à la suite des noms 
donnent la date moyenne pour Giessen,déterminée sur une série de 
plusieurs années). 

Les observations doivent porter sur des spécimens cultivés en pleine 
terre, à l'exclusion des plantes en espalier, et se faire jour par jour : 
seul moyen d'arriver à des résultats d’une suffisante exactitude. 


A. — Date d'épanouissement de la première fleur. 
1. Ribes rubrum. . . . 14 Avril | 12. Crataegus oxyacantha. 9 Mai 
2-UPFUNUS ANUS OO 13. Cytisus Laburnum . . 15 » 
83. Prunus spinosa . . . 20 » 14. Sarothamnus vulgaris . 14 » 
4, Prunus Cerasus . . . 22 15 Cydonia vulgaris . . 16 » 
1 PEUNUS T'AUUS 1, JP); 16. Sorbus aucuparia . 10 
6. Pyrus communis. . . 23 » 17: Sambucus nigra.  1PNES 
Ho PyeusIMalns ee 2) M, 280 18. Secale cereale . . . 28 » 
8. Syringa vulgaris. . . 4 Mai 19. Atropa Belladona . . 29 » 
9. Lonicera tatarica. . . 4 » 20, Vitis vinifera. . .\ 15 um 
10. Narcissus poëticus . . 5 » 21. Tilia europaea(grandifolia)22 on 


11, Aesculus Hippocastanum 7 » 22. Lilium candidum . . 1 Juillet 


DER. 


B. — Dale de malurité du premier fruit. 


23. Ribes rubrum. . . 21 Juin 26. Atropa Belladona . , 2 Août 
24 Lonicera tatarica. . 1 Juillet | 27. Sambucus nigra . . 11 »; 
25. Sorbus aucuparia. +. 30 ” 28. Aesculus hippocastanum 17 Sept. 


L'on recommande surtout l'observation des espèces 1, 3, 8, 11, 17, 
22, 27, parce que l’un des soussignés (I.) travaille précisément à des 
cartes phénologiques qui les concernent et qui s'étendent à toute 
l’Europe. 

Les observations ayant rapport tant à l’année courante et à celles qui 
suivront qu’à des expériences précédemment instituées, mais inédites, 
seront recues avec reconnaissance par l’un ou l’autre des soussignés. 
Pour se renseigner sur le parti à tirer de semblables observations, 
voir la « carte phénologique comparée du centre de l’Europe par 
H. Hoffmann. » (Pelermann'’s geograph. Mittheil, janvier 1881.) 


Giessen, 1 mars 1882. Professeur D' H. HoFFMANN. 
(Grand-duché de Hesse). D' Eco IHNE. 
Dracæna Massangeana, Horr. Jacog. — ZL'Illustration horticole 


rapporte, d'après le Gartenzeilung, que la variété à feuilles panachées 
du Dracena fragrans, mise au commerce l’année dernière par 
MM. Jacob-Makoy, sous le nom de Dracæena Massangeana, se serait 
produite spontanément chez le duc de Schwarzenberg, à Frauenberg, 
sur un pied à feuilles vertes qui avait été jeté à l'écart après avoir 
servi à l’ornementation des appartements. Ce pied aurait développé 
une pousse à feuilles panachées qui, remarquée et cultivée par 
M. Wacha, jardinier en chef du duc de Schwarzenberg, a fixé sa pana- 
chure et serait devenue la souche du Dracæna Massangeana: — Toutes 
les variétés à feuilles panachées se produisent dans des circonstances 
analogues. 


Le Syringa persica a été découvert à l'état sauvage et en grande 
quantité par M. Aitchison dans la vallée de Kuram, jusqu'à 7000 pieds 
d’élévation. C’est la première localité certaine que l’on connaisse de 
cette espèce. (Bull. Soc. bot. Fr. 1881, R. B. 142.) 


Asa Gray et 5. J. D. Hooker, Te Vegetation of the Rocky Moun- 
tain Region, Washington, 1881, in-8°. —- Ce travail, rédigé en colla- 


RE CA 


boration par deux des botanistes les plus éminents de notre époque, 
traite d’une manière approfondie et avec beaucoup de détails de la 
flore des Montagnes Rocheuses. Il à paru dans le Bulletin des explo- 
rations géographiques et géologiques des territoires incorporés dans 
les États-Unis américains. 


Fr. Philippi, Calalogus plantarum vascularium Clilensium ; San- 
tiago de Chile, 1881; 1 vol. in-& de 378 pages. — Cet ouvrage inté- 
resse les botanistes à maints égards. Les espèces énumérées méthodi- 
quement et avec tous les renseignements nécessaires sont au nombre 
de 5,358, parmi lesquelles 1,939 polypétales, 1,967 gamopétales, 
245 apétales, 982 monocotylées et 255 acotylées. Certains genres 
sont très abondamment représentés : les Senecio par 212 espèces, les 
Adesmia par 134, les Oxalis par 82, les Calandrinia par 78, les 
Solanum et les Chloraea par 64, les Carex et les Valeriana par 60, 
les Baccharis par 56, les Æaplopappus par 53, les Alstroemeria 
par 51, les Viola par 48, les Plantago par 47, ies Fritrichium et les 
Escallonia par 43, les Gnaphalium, Verbena et Poa par A1, les 
Ranunculus, Cristaria et Mutisia par 40. 

La flore du Chili présente des caractères singuliers et une composi- 
tion fort intéressante. L'ouvrage de M. Philippi permet de l’embrasser 
d'un seul coup d'œil... et sans quitter le fauteuil. 


Nomenclator botanicus. — M. B. Daydon Jackson, secrétaire 
pour la section botanique de la Société linnéenne de Londres, a entre- 
pris la publication d'un ouvrage éminemment utile, un nouveau 
Nomenclator botanicus complétant celui de Steudel qui date déjà 
de 1841. M. B. D. Jackson invite les botanistes à lui faire parvenir, 
avec les indications nécessaires, la liste des espèces qu'ils ont propo- 
sées, spécialement celles qui pourraient être décrites dans une publi- 
cation peu répandue. — Le Nomenclator de M. Jackson sera le bien 
venu dans toute bibliothèque scientifique. 


Le Bulletin de la Fédération des Sociétés d’horticulture de Bel- 
gique pour 1880 vient de paraître et forme cette fois un volume plus 
considérable que de coutume. Il contient de nombreux renseignements 
sur la Fédération, sur l’activité des Sociétés qui la composent et les. 


actes du Gouvernement en faveur de l’horticulture. 


on 


Un chapitre est consacré à l'Exposition nationale d’horticulture qui 
fut organisée en 1880 à l’occasion des fêtes données pour célébrer le 
cinquantenaire de l'indépendance de la Belgique. Deux grandes et 
belles gravures représentent des vues prises dans cette exposition. 

Le volume contient trois ouvrages particuliers, ayant chacun leur 
pagination particulière, comme c’est maintenant l’usage dans un grand 
nombre de publications scientifiques, par exemple les mémoires de 
l’Académie royale de Belgique. Par ce moyen, on peut imprimer chaque 
mémoire dès qu'ilest prêt, sans attendre les autres, sans préjudice des 
documents préliminaires qui sont prêts en dernier lieu; on évite le 
préjudice que le retard d’un seul mémoire entrainerait pour tous les 
autres; on peut distribuer immédiatement les tirages à part, et enfin, 
grâce à cette pagination spéciale à chaque mémoire, les citations sont 
concordantes pour les tirages à part et pour les recueils qui les con- 
tiennent. Ce sont là des avantages incontestables. Ces ouvrages sont 
les suivants : 

Actes du Congrès horlicole d'Anvers en 1881, redigés par M. Ch. 
De Bosschere, secrétaire du Congrès. Le Congrès s’est beaucoup 
occupé du transport des plantes par chemin de fer, de la convention 
de Berne, de l’organisation des expositions de plantes, du chauffage 
des serres, etc. 

Correspondance botanique : neuvième édition. Cette publication 
devient chaque année plus importante. Cette neuvième édition a 
188 pages de petit texte, format grand in-8°. Elle donne les noms, 
qualités et adresses de 2500 botanistes répartis sur toute la surface du 
monde. 

Son utilité est généralement appréciée ; l'auteur recoit à peu près 
chaque jour des encouragements et, ce qui vaux mieux encore, des 
annotations et des renseignements.On ne saurait d’ailleurs s’imaginer 
combien sont nombreux et incessants les changements que le temps 
apporte dans la composition du monde botanique. D'une année à 
l’autre chaque page du livre qui réflète cette composition est profon- 
dément remaniée. Le Gouvernement et les pouvoirs publics peuvent y 
apprendre comment le personnel enseignant est organisé dans les 
universités étrangères et combien la Belgique a d'améliorations à faire 
sous ce rapport. 

Les Broméliacées brésiliennes, par le D' WawrA; traduction fran- 


RDS Pins 


çaise par MM. Morren et Fonsny. — La Belgique horticole a déjà 
analysé cet ouvrage intéressant pour le savant et le littérateur. 

Le comte Charles de Kerchove de Denterghem, mort le 
25 février 1882, occupait une position éminente dans le monde de la 
botanique horticole. Bourgmestre de Gand, membre de la Chambre 
des représentants, promoteur d’un grand nombre d'œuvres philan- 
thropiques ou politiques, possesseur d’une fortune considérable, le 
comte de Kerchove était aussi président de la Société royale d’agri- 
culture et de botanique de Gand, vice-président de la Fédération hor- 
ticole, président du Cercle d'arboriculture, etc. Il aimait les plantes, 
on peut le dire, avec tendresse et il se plaisait à vivre entouré de 
végétation exotique. Il a fait construire à Gand un jardin d'hiver de 
très grandes dimensions rempli de Palmiers, de Cycadées et de Fougères 
disposés comme dans un parc tropical avec de sombres ombrages 
et de douces retraites. 

Aux grandes expositions quinquennales, quand la famille Royale et 
l’Europe botanique se réunissent à Gand, le comte Charles de Kerchove 
manifestait toute l'aménité et la distinction de son caractère et prati- 
quait la plus cordiale hospitalité. 

La Société de Gand a eu le bonheur d’avoir dans le comte Charles de 
Kerchove un président distingué entre tous et le digne successeur des 
Heynderycx, Papejans, Vanden Hecke et de Ghellinck, pour citer ceux- 
là seulement que la génération actuelle à connus. Elle saura maintenir 
ces bonnes traditions et s'assurer un avenir digne de son glorieux 
passé. 

Le comte Oswald de Kerchove de Denterghem, gouverneur du 
Hainaut, bien connu par diverses publications et surtout par un 
grand ouvrage sur les Palmiers, est le fils aîné du comte Charles de 
Kerchove. 


Joseph Decaisne, né à Bruxelles le 18 mars 1807, est mort à Paris 
le 5 février 1882, après une vie toujours laborieuse et absolument 
dévouée aux fonctions qu’il occupait la chaire de culture au Muséum 
d'histoire naturelle de Paris. Il a produit un nombre considérable de 
mémoires et d'ouvrages sur la botanique, la culture et la pomologie : 
le plus considérable est le Jardin fruitier du Muséum ; plusieurs ont 
été rédigés en collaboration avec M. Ch. Naudin ou Le Maout. — La 
Belgique horticole publiera plus tard la biographie de Joseph Decaisne. 


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NOTICE 


SUR 


LE ZONGA (EPIPREMNUM MIRABILE Scott), 
PAR N. E. BROWN, 


Conservateur à l’herbier de Kew. 


(Traduit de « The Gardeners’ Chronicle », 11 février 1882, p. 180). 


« Tonga, le spécifique contre les névralgies » : tel est l’avis inséré 
depuis plusieurs mois à la quatrième page des journaux politiques par 
MM. Allen et Hanbury. — Le Tonga est un médicament végétal, 
composé d'un mélange d’écorces et d'éléments fibreux dont l’origine 
botanique est demeurée longtemps inconnue. Cependant, il y a quel- 
ques mois, une intéressante notice sur les plantes qui produisent cette 
drogue parut dans les colonnes de ce journal (voir Gard. Chron., XVI, 
p. 110) et renseigna, sur l'autorité du baron von Mueller, deux plan- 
tes, le Premna tailensis (Verbenacée) et le Raphidophora viliensis 
(Aracée), comme entrant dans la confection du Tonga. Cet article 
était communiqué par M'$ Clendinning, en même temps que des spé- 
cimens des plantes à Tonga dont l'éditeur du journal fit présent au 
musée de Kew. Dans le « Rapport sur les jardins royaux de Kew pour 
1880 » publié vers la fin de l’année dernière, nous lisons que Mr E. M. 
Holmes, conservateur du musée de la société pharmaceutique, est 
arrivé à cette même conclusion que le Raphidophora vitiensis serait 
probablement une des plantes composant le Tonga, et que M' C. W. 
Hansen, pendant son séjour aux îles Fiji, a été à même de confirmer 
l'exactitude de cette détermination et croit pouvoir regarder le Premna 
laïilensis comme la seconde plante entrant dans la confection de la 
drogue de M" Allen et Hanbury. 

Ces renseignements, émanant de deux sources distinctes et indépen- 
dantes, nous amènent donc à conclure que le Tonga est emprunté à la 
fois au Premna laïtensis et au Rhaphidophora vitiensis, et il n’est pas 
sans intérêt de constater qu’une des deux plantes, celle sans doute à 
qui sont dûes les propriétés médicinales réputées du Tonga, a été 
cultivée dans notre pays pendant les quatre ou cinq années écoulées. 


Car, à première inspection des spécimens communiqués par M": Clen- 
dinning, je reconnus immédiatement dans l’un d'eux l’Aroïdée cultivée 
par M° W.Bull à Chelsea et dont je possédais des exemplaires desséchés 
dans l’herbier de Kew. 

En raison de la confusion et du désaccord qui n’ont cessé de régner 
sur la signification botanique de cette plante, je crois bien faire de 


donner sur son compte certains détails explicatifs, tout en réservant 


pour une autre occasion des particularités plus intimes qui n'auraient 
pas leur raison d'être dans ces colonnes. 

La plante de M' Bull à été importée des îles Fiji par l'intermédiaire 
du jardin botanique de Sydney, dans la Nouvelle-Galle du Sud, et 
Sest conduite d’une facon absolument conforme à ce qu’en dit le 
communiqué de M" Clendinning (je ferai observer du reste que 
ce mode de développement graduel accompagné d'un changement dans 
la forme des feuilles, tel qu’il est décrit plus bas, n’est pas chose 
rare dans ie groupe d’Aroïdées auquel la plante appartient). Lors de 
sa réception, la souche était grêle, épaisse à peine de 2 1/2 millim., 
garnie de minuscules feuilles entières ; en la laissant grandir le long 
d'une muraille ou de quelque autre support, elle ne tarda pas à gagner 
en épaisseur, acquit un diamètre d'environ 0"025 et produisit des 
feuilles qui, progressivement et parallèlement à l’épaississement de la 
souche, passèrent de la forme entière primitive à une forme plus 
développée et de plus en plus découpée, jusqu'à devenir à la fin pinna- 
tiséquées et hautes de 60 à 90 centim., pétiole compris. En juin 1878, 
la plante fleurit et un spécimen m'en fut communiqué pour déterminer 
et dénommer l'espèce. À cette époque, je ne mis pas à sa dissection 
un soin particulier: un examen superficiel me fit voir que chaque 
ovaire renfermait seulement deux ovules basilaires, qu’il s'agissait par 
conséquent d’une espèce d'Epipremnum ou de Monstera, du premier 


probablement ; je n'avais, d’autre part, dans l’herbier de Kew aucun 


spécimen de l'un ou l’autre genre à collationner avec l'exemplaire en 


cause et je ne songeai pas au genre Raphidophora qui, tel qu’on le 
comprend aujourd'hui, est caractérisé par un ovaire plus ou moins 
complètement biloculaire avec de nombreux ovules dans chaque loge. 
Si j'avais comparé mon spécimen avec les représentants de ce dernier 


genre, j'aurais sans aucun doute reconnu son identité avec le Ahaphi- : 


dophora vitiensis ScnoTT, dont un exemplaire type existe dans l’her- 


DNS RE 


bier de Kew, et le X. pinnata ScHoTT, qui n'est qu’une autre forme 
de la même plante, bien qu'Engler, dans sa monographie de l’ordre 
(D. C. Monograph. Phanerog., IT, p. 244), indique le Æ. pinnala 
comme synonyme du À. pertusa ScHoTT, avec lequel il n’a rien de 
commun, et le À. viliensis comme une variété de la même espèce. 
A la même époque, on regardait aussi la plante de M. Bull comme le 
Monstera dilacerata Kocx, auquel les feuilles incomplètement déve- 
loppées de la jeune plante ressemblent jusque dans les moindres 
détails — les petites macules pellucides et les perforations dissémi- 
nées le long de la nervure médiane : mais la description de Koch 
parue dans le Wochenschrift, XIII, p. 33, fait bien voir qu’il ne peut 
être question d'identifier les deux végétaux. 

Le Tonga est une plante grimpante ornementale, à croissance rapide, 
à grandes feuilles pinnatiséquées d’un vert sombre, à vastes inflores- 
cences telles que celles d’un Monstera ou d’un Raphidophora. C'est 
un végétal admirablement approprié à la décoration des piliers, des 
troncs de Palmiers ou de Fougères arborescentes, ou des murailles 
d’une serre; indépendamment de son caractère ornemental, il est 
remarquable par les variations qui s’y manifestent au fur et à mesure 
de sa croissance : depuis les minuscules feuilles entières de sa période 
d’adolescence jusqu'aux vastes frondes pinnatiséquées qu'il produit 
lors de son complet développement. Non moins intéressantes, sous un 
autre point de vue, sont ses qualités médicinales qui semblent être 
connues depuis longtemps des indigènes du pays ; car Rumphius, dans 
sa Flora amboinensis, voi. V, p. 489 (où se trouve — t. 183, pl. 2 — 
une excellente figure de la plante), dit expressément que les naturels 
de Java et de Baly torréfient légèrement les « cornes » (bourgeons 
terminaux des tiges florifères) du végétal, puis les écrasent, en 
expriment le suc, et le font boire aux vaches et aux chevaux faibles 
et maladifs pour leur rendre force, vigueur et santé. Le cœur ou partie 
centrale est réduit en pulpe et employé en cataplasme contre les 
entorses. On s’en sert aussi comme masticatoire pour blanchir les 
dents, en le mâchant avec du Pinanga et de la craie. Les vaches se 
nourrissent des feuilles, surtout pendant les chaleurs qui privent les 
champs de leur verdure; elles semblent en être friandes et broutent 
avec non moins de plaisir les souches dépourvues d’âcreté, En un 


mot le Tonga parait être une plante utile, eu égard surtout au groupe 


HO 


auquel il appartient et dont les représentants sont plus connus pour 
leurs propriétés vénéneuses ou suspectes que pour leur efficacité nutri- 
tive ou médicale. | 

Nous donnons ci-dessous la description du Tonga empruntée au 
spécimen de M. Bull, en laissant de côté la synonymie fastidieuse de 
l'espèce : 

Epipremnum mirabile scnorr, Genera Aroideurum, p. 79. — 
Souche grimpante, grêle chez les sujets jeunes où son épaisseur ne 
dépasse pas 2 !/, millim., acquérant chez les p'antes adultes un dia- 
mètre dix fois plus considérable, recouverte au sommet des restes 
fibreux persistants des feuilles écailleuses (1). Feuilles petites au 
début, formées d’un pétiole long de 3 à 4 centim., engainant sur la 
moitié de sa longueur et d’un limbe de 2 ‘/2 à 4 centim. de long sur 
2 à 2 !/, de large, obliquement ové-cordé, aigu ou brièvement cuspidé, 
entier, sans perforations ; plus tard, au fur et à mesure que la plante 
s'accroit, le pétiole s’allonge et le limbe se développe, devient obli- 
quement ovale-oblong ou oblong-lancéolé, aigu ou brièvement acu- 
miné, avec de petites perforations ou des taches pellucides disséminées 
pour la plupart le long de la nervure médiane ; ses contours primiti- 
vement entiers se découpent de plus en plus jusqu’à atteindre la forme 
pinnatiséquée de l’état adulte. Dans la feuille complètement développée, 
pétiole robuste de 20 à 40 centim. de longueur — y compris une por- 
tion articulée basilaire longue de 2 ‘2 à À centim., convexe en dessous, 
canaliculé au-dessus, et engaïnant sur toute la longueur de l’articula- 
tion. Limbe long de 35 à 50 centim., large de 17 à 30, d'un vert sombre 
et luisant, à contours oblongs ou oblongs-elliptiques, aigu, cordé ou sub- 
cordé à la base, plus ou moins oblique, pinnatiséqué, à divisions s'éten- 
dant à peu près jusqu’à la côte médiane, présentant de nombreuses 
perforations minuscules et des tâches pellucides disséminées le 


mo = a 


(1) Si je comprends bien les descriptions données par les divers auteurs qui 
se sont occupés de cette plante, il faudrait considérer ces fibres persistantes 
corame les débris des gaînes foliaires normales, ce qui n’est pas exact : elles 
proviennent de feuilles cataphyllaires dont la production accompagne la 
floraison du sujet et le passage de l’accroissement monopodique à un mode de 
développement sympodique, exactement comme c’est le cas chez les Philoden- 
dron, par exemple le P. Simsdi. 


NA ETES 


long de la nervure médiane mais non confinées à cette région ; 
segments en nombre variable — 4 à 10 de chaque côté — mais plus 
nombreux d’un côté que de l’autre, droits ou légérement arqués, 
de largeur uniforme (2 1/2 à 5 cent.) sauf le plus inférieur, à sommet 
tronqué plan ou convexe prolongé en une pointe acuminée; lobe 
terminal plus ou moins rhombiforme, beaucoup plus grand que les 
autres ; nervures latérales primaires au nombre de 2 ou 3 dans chacun 
des segments basilaires, une seulement au centre des autres segments, 
parfois deux ou plus quand deux ou plusieurs segments se sont fusion- 
nés en un seul, divergentes, courant d’abord en ligne droite jusqu’au- 
près du bord du limbe, puis s'incurvant dans la pointe acuminée ; côte 
médiane et nervures peu marquées à la face supérieure, saillantes et 
arrondies à la face inférieure. Pédoncule long de 10 à 22 centimètres, 
arrondi. Spathe longue de 10 à 12 centim., ovale-naviculaire, briève- 
ment aiguë.cuspidée, verte au dehors, couleur puce en dedans. Spadice 
sessile, beaucoup plus court que la spathe, cylindrique-obtus, vert, 
épais de 1 5/4 centim. Ovaires cunéiformes, subhexagonaux, tronqués, 
uniloculaires, avec un placenta septiforme développé jusqu’au tiers de 
leur cavité et portant à sa base deux ovules, un de chaque 
côté (rarement un seul ovule). Stigmate sessile linéaire. — Schott, 
Prodromus Aroïdearum, p. 388; Engler, in D.C. Monogr. Phanerog., 
II, p. 249, etc. Plante à aire de dispersion vaste : habite Java, 
Sumatra, Baly, Amboïna, Timor, les Iles Fiji, l'Australie tropicale ; 
l’herbier de Kew possède un spécimen d’une plante que je considère 
comme identique, originaire de Whampoa en Chine (Hance n° 15,600). 
< DH ARS 


NOTICE SUR L'ORGANISATION DU YONTBRE TTA 
POTISTI 


(Traduit du Gardener's Chronicle, 23 octobre 1880, p. 525.) 


L'organisation de cette Iridacée relativement nouvelle mérite une 
courte notice. Dans le spécimen que nous avons en ce moment sous 
les yeux, nous remarquons tout d'abord le vieux rhizôme, avec les 
cicatrices circulaires des anciennes feuilles, mais complètement 


HA |: eu 


dépourvu de racines ; à son extrémité apparaît la souche de l’année, 
produisant à sa face inférieure deux sortes de racines, les unes char- 
nues, les autres fibreuses ; à sa face supérieure et sur les côtés des 
rejets, dont les plus vigoureux sont les plus bas insérés. Celui du 
centre représente sans doute ce qui reste de la hampe florale de la sai- 
son écoulée ; ceux du pourtour, plus vigoureux, sont destinés à fleurir 
l’année suivante. Indéperdamment de ces rejets, il en est d’autres qui 
rampent horizontalernent sous le sol, semblables aux coulants des frai- 
siers, et se terminent en un minuscule rhizôme susceptible de produire 
à son tour des rejets et des feuilles. Pour bien comprendre la portée 
et les détails de cet arrangement des parties souterraines de la plante, 
il faut se reporter à l’époque où le sujet est en pleine floraison et alors 
diverses particularités sautent aux yeux : d'abord l'utilité du vieux 
rhizôme, toujours dur, ferme et compacte, destiné désormais non à 
puiser dans le sol les éléments nutritifs, mais à servir de réservoir 
aux matériaux précédemment recueillis. Au nouveau rhizôme greffé 
à l'extrémité de l’ancien est évidemment dévolue la fonction de 
grandir et de fleurir pendant la saison actuelle et pendant la suivante. 
Pour celà il lui faut une nourriture abondante, qu’il se procure de 
trois manières, ou, plus exactement, qu'il tire de trois sources. Il y 
a d’abord le vieux rhizôme avec ses provisions, qui seraient, il est 
vrai, de peu d'usage sans l’eau pour les dissoudre et les mettre en 
circulation ; c’est à l’absorber que servent les racines fibreuses, tandis 
que les racines charnues fonctionnent surtout comme réservoir d’eau ; 
une fois celle-ci épuisée elles se dessèchent. L’utilité des rejets est 
évidente ; quant aux coulants, ils servent à étaler la plante, à lui 
procurer de nouveaux pâturages, des terrains frais et fournis, et à 
empêcher ainsi l'épuisement du soi en un espace restreint. Comme ces 
divers processus sont en pleine activité à l’époque actuelle de l’année 
(en octobre), il er résulte qu’il ne faut imposer aux plantes qu'un 
minimum de dérangement et que, pour le cas où un déplacement 
serait inévitable, les rhizômes ne doivent demeurer hors du sol 
que juste le temps nécessaire. La plante s'est montrée rustique dans 
la pépinière de M. Ware à Tottenham et dans d'autres endroits (1), 
D''HAMS 


(1) Cette note fait suite à l’article publié par la Pelgique horticole, en 1881, 
p. 299. 


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MASDEVALLIA ROSEA. 


La Belg. hort. 1882, 
pl III. 


AIG > 


NOTICE SUR LE #ASDEVAZLIA ROSE A. LiNDLEY, 


PAR M. ÉpouArD MoRREN. 
Planche III, 
FAMILLE DES ORCHIDÉES. 


Masdevallia rosea, LiNDLEY, À Century of new Genera and Species of Orchi- 


daceous Plants, in Annals and Mag. of Natural History, 1845, XV, p. 2175. — 


H. G. REICHENBACH, WaLp., Annales, 1861, VI, p. 192; Gard. Chronicle, 1880, 


1, 554, 648, 680, fig. 117-118; 10 sept. 1881, p. 337; 13 mai 1882, p. 628, 646, 
fig. 101. 


Figures analytiques : 1. Un pétale. — 2° Le labelle. — 3 La colonne. 


.Le Masdevallia rosea est une des espèces les plus anciennement con- 
nues en botanique et, au contraire, tout récemment introduite en 
culture. La plante a été découverte pour la première fois par le 
voyageur allemand Théodore Hartweg, vers 1843, pendant qu'il her- 
borisait aux environs de Loxa ou Loja, ville située dans la République 
de l’Equateur, à 30 lieues au sud de Cuenca, près des Andes et dans la 
région des Quinquinas. Hartweg en recueillit des spécimens d’her- 
bier que J. Lindley étudia et décrivit en 1845, en leur donnant le nom 
de Masdevallia rosea : il en fit paraître une courte diagnose. Ces 
mêmes spécimens d'herbier furent revus par M. Reïichenbach qui en 
donna une description plus détaillée en 1861. 

Sur ces entrefaites les Masdevallias, naguère inconnus dans nos cul- 
tures, arrivèrent en Europe et bientôt en masses considérables; mais 
rien du Masdevallia rosea de Hartweg et de Lindley, quand enfin, le 
1r mai 1880, le Gardener’s Chronicle annonça que cette perle, cette 
merveille avait été retrouvée par F. C. Lehmann. Au prix de grandes 
fatigues, de privations et à travers de réels dangers, M. Lehmannétait 
parvenu jusqu'aux régions élevées et difficilement accessibles où cette 
plante est confinée. C’est sur le territoire de la Colombie qu'il est par- 
venu à l’atteindre, mais sans être autorisé à divulguer le nom de la 


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SHNBRNES 


localité. Cette fois on tenait la plante vivante; elle était arrivée en 
Angleterre dans un bon état de santé et on allait l’offrir en vente dans 
les salles Stevens, à Covent-Garden. Une grande difficulté avait été 
vaincue : cette petite plante craint par dessus tout les effets énervants 
de la chaleur à laquelle son tempérament ne résiste pas; il lui faut 
l’air vif, frais et pur des montagnes : cependant Lehmann l'avait 
heureusement fait descendre dans la plaine, et bien emballée, l'avait 
rapidement expédiée en Angleterre où elle arrivait au moment propice, 
avant les chaleurs et en bon état de santé. Cette nouvelle mit en émoi 
tous les Orchidophiles d'Angleterre et du continent. Les enchères 
de Stevens furent chaudes et animées : de nombreux amateurs 
se disputèrent à poids d'or les quelques pieds du Masdevallia rosea 
offerts à leurs convoitises. Plusieurs échürent à notre ami M. D. 
Massange-de Louvrex, le zélé propriétaire de la célèbre collection 
de Baillonville. Nous les avons vus à leur arrivée dans les Ardennes : 
ils avaient, il faut le reconnaitre, bien chétive apparence : quelques 
feuilles flétries, à peine adhérentes à des tiges minces comme un 
drageon de chiendent. Mais bientôt, grâce à des soins intelligents, 
à une cuiture dans un sol frais, léger et poreux, grâce surtout à l'air 
vif de la montagne et à la pureté des eaux, ces minces fétus ouvrirent un 
petit œil bien vert, puis deux ou trois qui se développèrent en 
feuilles verdoyantes. Recues en juin 1880, ces plantes fleurirent dans 
les serres de Baïllonville au mois d’avril 1882 : cette floraison fut, 
si nous ne nous trompons pas, la première en Europe, mais peu de 
temps après, presque en même temps, en mai, la même floraison fut 
signalée chez plusieurs amateurs anglais. 

En ce moment même, juin 1882, une forte plante est fleurie au 
chateau de St-Gilles, chez M. Ferdinand Massange et elle porte jusque 
six ou sept fleurs épanouies à la fois. La plante est fort jolie, sans toute- 
fois mériter des éloges dithyrambiques : elle n'a pas la prestance ni 
la parure des Masdevallia Harryana, Veilchi, Lindeni et autres du 
même groupe, mais elle plaitet se distingue par son allure toute 
particulière. C’est une véritable plante andine, une montagnarde et 
quant au tempérament, c’est la plus rustique des Masdevalles. Elle se 
plait dans de petites terrines pleines de tessons de pots qui sont cou- 
verts d’un peu de terre de bruyère, sablonneuse et fibreuse, protégée 
elle même sous un peu de sphagnum. 


RAY 7 PRES 
La plante que nous avons sous les yeux et que nous figurons ici, se 
présente avec les caractères suivants. 


DESCRIPTION. — Plante à feuillage touffu et dressé s’élevant à Om14-15, 
Chaque feuille est garnie à sa base d’une écaille membraneuse, cuspidée, 
longue de 0"03; elle consiste en un pétiole étroit (0003), canaliculé, assez long 
(0"03-6) et qui s’élargit rapidement en un limbe elliptique, coriace, long de 
0n06-7, large de 00725, vert foncé au-dessus, vert pâle en dessous, sillonné 
par la nervure médiane et tricuspidé au sommet. 

Pédoncule grèle, ascendant, ferme, s’élevant un peu au-dessus du feuillage, 
présentant à la base et à la partie supérieure un nœud pourvu d’une petite 
bractée. Ovaire court (0"01) et sillonné. Fleur grande (0"07 de long) à 
périanthe tubuleux. Tube très-long (0028), assez large (0007), un peu com- 
primé latéralement et dirigé horizontalement, peu arqué et coloré extérieure- 
ment en beau rose nuancé d’écarlate. Le tube du périanthe se prolonge à la 
partie supérieure en un lobe très-long (0045), effilé, subulé, dirigé horizontale- 
ment, arqué ou courbé vers le bas et de la même couleur que le tube. Celui-ci 
se prolonge à la partie inférieure de la gorge en un lobe ovale, ample (0203 de 
long et 002 de large), étalé, profondément bipartite, les deux segments étant 
séparés par un sinus étroit et profond et prolongés chacun en un appendice 
subulé, filiforme, assez long (0015), d’abord dirigé en avant et plus tard 
réfracté. Tout ce limbe du périanthe est d’un beau rose, virant sur le violet 
clair. L'intérieur du tube est traversé par de larges bandes longitudinales 
jaunes. Pétales minimes (0004), ligulés, blancs, à base large, à sommet tronqué 
obliquement et brièvement cuspidé. Labelle de même longueur, lingulé, assez 
épais, velouté sur les bords et à l’épichyle qui est de couleur ponceau. Colonne 
courte, arquée, blanche; androcline surmonté d’un capuchon; rostellum mem- 
braneux et rabattu comme un tablier. 


DE 24 Tel 


MON DERNIER VOYAGE 


À 
LA COTE OCCIDENTALE DU MEXIQUE. 


PAR B. Rozzz, de Prague). 


Le 15 Juillet 1874 nous nous embarquions, mon neveu B. Houda et 
moi, sur le magnifique vapeur « l’Abyssinie » de la messagerie Conrad 
qui ne prend que des passagers de première classe. Nos compagnons de 
voyage, au nombre de cent cinquante, étaient pour la plupart des 
américains de retour d’explorations à travers le continent européen. 
Nous eûmes pendant les deux premiers jours une traversée orageuse 
et pénible, à tel point que la plupart des passagers et parmi eux mon 
neveu qui faisait son apprentissage de la mer, furent contraints de 
demeurer dans leurs cabines. 

Les jours suivants nous amenèrent un ciel serein et mirent la 
compagnie en belle humeur; c'était à qui passerait de la facon la plus 
agréable le temps disponible après boire, manger et dormir. 

Le douzième jour nous arrivons en vue de la terre promise, dont 
l'aspect arrache à chaque Américain cette exclamation involontaire : 
Me voici enfin chez moi! Le pilote arrive sur un minuscule vapeur ; 
on entend le capitaine donner l'ordre de stoper, et voilà le pilote à 
bord, les mains pleines de journaux qu'il distribue en guise de bien- 
venue. Ces feuilles sont parcourues à la hâte ; on a soif non seulement 
des nouvelles américaines, mais encore des nouveautés que le télégraphe 
a apportées d'Europe depuis l’heure du départ. Puis nous remontons, 
sous la conduite du pilote, le cours de l’Hudson ; en deux heures nous 
atteignons New York, et nous voilà entourés de gens, parents des 
débarqués ou employés des hôtels, ces derniers détailllant avec grand 
bruit et vacarme les avantages de leurs établissements respectifs. 

Nous descendons à un hôtel espagnol, que je choisis expressément 


(1) Une relation allemande de cet intéressant voyage botanique a paru dans le 
Deutsche Gürtner-Zeitung, 1880. 


— (00 — 


parce que j'ai chance d’y rencontrer les représentants des nationalités 
les plus diverses — Cuübains, Mexicains, Guatémaliens, Columbiens, 
Chiliens, Péruviens, etc. — dont j'espère apprendre maints détails 
intéressants sur ces contrées que je regarde comme une nouvelle 
patrie, tant j'y ai vécu de nombreuses années. Nous ne pouvions 
songer à nous arrêter longtemps à New-York ; cinq jours après notre 
arrivée, nous prenions le train qui devait nous conduire versles régions 
occidentales. Voyager en chemin de fer est autrement commode en 
Amérique qu’en Europe. Les wagons larges, spacieux et confortables 
ne ressemblent guère aux cages étroites de nos trains continentaux. 
Ils sont de plus reliés par des galeries qui permettent de passer de l’un 
à l’autre et sont fournis de toutes les nécessités et commodités de 
l'existence, dans l’acception la plus large du mot. Le pays que nous 
traversons avec la rapidité de l'éclair est à peine à demi cultivé; la 
végétation en est riche et puissante. Une bonne partie des forêts se 
compose de Pinus S'trobus, Tsuga canadensis et de Magnolias. Les 
taillis consistent en Azaléas, Andromèdes, Kalmias, ÆXkododendron 
mazimum et Rhodora canadensis. Les prairies entre Chicago et St Louis 
sont couvertes à profusion d’Asclepias tuberosa, de Lilium superbum 
et de quantité d’espèces de Phlox. Et l’on se prend à chaque instant à 
désirer que le train s’arrête ou ralentisse son rapide essor, pour pouvoir 
cueillir ou au moins contempler plus à son aise cette merveilleuse 
végétation. Les champs cultivés ressemblent à ceux d'Europe, mais 
les jardins fruitiers sont bien plus grands et d'aspect plus enchanteur. 
Il n’est pas rare de voir des centaines d’arpents plantés d’arbres d’une 
seule essence, égaux en force et en beauté, choisis parmi les plus 
productifs et les mieux appropriés au climat et au terrain. 

Le 2 août nous partons en train express pour visiter la cataracte de 
Niagara, que je désire faire voir à mon neveu. Nous étions accom- 
pagnés du jeune et intelligent Enders, alors plein de vie et de santé, 
mais que la mort devait moissonner peu de temps après, à la fleur de 
l’âge, dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Je n'’essaierai pas de 
décrire l’aspect majestueux et grandiose de la chûte d’eau. Mon neveu 
demeura frappé de stupeur devant ce spectacle et trouva qu’il justifiait 
son nom de « la plus grande merveille du monde. » 

Sur le versant canadien par lequel on arrive à la cataracte et qui 
sert de frontière entre l'Amérique du Nord et le Canada, je rencontrai 


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à profusion un Parnassia semblable à notre P. palustris, mais à fleur 
notablement plus grande. Après une halte de 24 heures, nous conti- 
nuons notre route par Cleveland et Sandrusky, deux grandes cités 
industrielles que dominent des centaines de cheminées et que parsè- 
ment, comme toutes les stations intermédiaires du reste, de frais et 
charmants jardins. En règle générale, chaque famille a sa maison et 
son « cottage. » Les habitations ont leurs façades tapissées tantôt par 
la Rose rouge des prairies, Rosa sempervirens, tantôt par des Clématites 
à grandes fleurs blanches et bleues, qui donnent aux rues l'aspect le 
plus enchanteur. 

Nous arrivons bientôt à Chicago, grande ville de première classe 
dont les superbes maisons, bâties à la suite du grand incendie dont 
elle fut la proie, sont de date toute récente. La ville est limitée au nord 
par le lac Erié; à l'est, au sud et à l’ouest se développent huit 
grand'routes convergeant vers la cité. Un trafic énorme se fait par ces 
diverses voies, par les vaisseaux à voile et à vapeur qui sillonnent le lac 
Erié, par les routes carrossables qui parcourent la ville dans toutes les 
directions. Chicago possède divers jardins privés bien entretenus ainsi 
qu’un jardin botanique. 

Nous gagnons ensuite St-Louis, sur le Missouri, ville égale en 
importance à Chicago et siége d’un commerce étendu avec le sud. L'on 
y voit plusieurs jardins publics et de nombreux établissements d’horti- 
culture organisés tout autrement qu’en Allemagne. Les plantes en 
culture y sont représentées par des spécimens innombrables, à cause 
de l’énorme consommation qu’en font les jardins particuliers. St-Louis 
possède en outre un vaste jardin botanique, fondé par un certain 
M. Show. Nous y trouvons d'immenses collections de Cactus, parmi 
lesquels les Opuntiées notamment sont représentées par des spécimens 
gigantesques. 

Trois cent milles anglais (555 kilom.) plus à l'ouest s'étend Omaha, 
à mi chemin de San Francisco ; nous sommes à la limite des terres 
habitées : les prairies déploient à nos regards leur incommensurable 
étendue et il nous faut franchir mille autres milles anglais (1850 kil.) 
avant de revoir un arbre, le Pseudotsuga Douglasii. Omaha est une 
grande ville encore inachevée. L'on s'étonne de la rapidité de son 
développement quand on songe qu’elle ne date que de l’année 1868, 


époque où furent construites les huit premières baraques en bois qui 


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lui servirent de berceau. Elle n'avait alors d’autre bureau de poste 
qu'une tente en toile, devant laquelle se dressait, en guise d’enseigne, 
un vieux chapeau fièrement planté au sommet d’une perche: 
aujourd’hui postes et télégraphes sont installés dans un local splen- 
dide. Omaha présente, plus qu'aucune autre ville, les bizarreries 
caractéristiques de nombre de cités du nord de l’Amérique ; l’état de 
nature le plus rudimentaire et le plus primitif y trouve place à côté 
du luxe et des raffinements de la civilisation moderne. Tout contre la 
ville se dressent les tentes des Indiens d'Omaha, qui traînent une 
existence précaire et misérable sous des huttes couvertes de peaux de 
buffles. 

A partir d'Omaha, la voie ferrée ne fait qu'escalader des prairies 
parsemées à perte de vue de Delphinium bleus, dont la teinte uniforme 
est interrompue de distance en distance par quelques Gaillardia, des 
Coreopsis, des Phlox et des Euphorbes multicolores. Plus nous avan- 
cons dans les prairies et plus le gazon devient bas et rampant. Au 
bout de 24 heures nous avons fait 316 milles anglais (584 kilom.) et 
nous sommes arrivés à Cheyenne, à 2000 m. au dessus du niveau de 
la mer. C'est le pays des Pentstemon : nous faisons halte pour 
recueillir les semences de ces charmants végétaux, dont les fleurs 
couvrent d'immenses étendues qu'elles parent de leurs brillantes 
couleurs : ici de bleu foncé, là-bas de rouge-pourpre. Sur les côteaux 
peu élevés de cette région si intéressante pour le botaniste se 
rencontrent déjà les représentants de la flore alpestre américaine; 
mais combien peu elle ressemble à celle d'Europe ! Dans ces contrées 
que jamais n’arrose une goute de pluie prospèrent surtout les Opuntia, 
les Mamillaires, les Cereus, les Yucca, les Calochortus, formant le fond 
du tapis végétal et entremélés de quelques Phlox, Oenothères, 
Coreopsis, etc. Nous y passons deux jours à récolter des graines, puis 
nous nous dirigeons eu ligne directe vers le sud, cotoyons la chaine 
des « Montagnes Rocheuses » dont certains pics atteignent 5000 m. 
d'altitude et arrivons enfin à Denver, la capitale du jeune état de 
Colorado, perchée à 2000 m. au dessus du niveau de la mer. Après 
une courte halte nous gagnons Georgetown, 60 milles (111 kilom.) 
plus à l’ouest, dans la profondeur des montagnes; c’est une ville indus- 
trielle dont les environs sont riches en minerai d'argent. Le but de 


notre voyage est de récolter des semences de Conifères ; nous trouvons 


Tes 


sur la montagne les cônes murs des Pinus monticola et flexilis, puis du 
splendide Picea Perryana, connu aussi sous le nom de P. Fngel- 
manianna. Nous en emplissons six grands sacs que nous emportons 
avec nous à Denver pour les sécher au soleil. Nous rencontrons aussi 
l'Abies commutata : malheureusement ses cônes sont encore loin de 
maturité. 

Notre voyage nous conduit ensuite plus au sud, à Colorado-Spring, 
petite station où nous faisons halte. Le chef de gare, un tout jeune 
homme de 17 à 18 ans, met à notre disposition sa maiïsonnette pour y 
loger et y remiser nos bagages. Tout résignés que nous fussions à 
passer la nuit à la belle étoile, l'offre de cet abri ne laissa pas que de 
venir à propos, car il y avait au dehors huit centimètres d'épaisseur 
de neige et, bien qu’on füt au 15 août, la température se montrait 
extrêmement rigoureuse. Nous venions à Colorado-Spring récolter des 
semences de Conifères et notamment d’Aies concolor. Après pas mal 
d'explorations et de recherches, nous finissons par rencontrer ce 
majestueux végétal qui ressemble énormément à l’Abies lasiocarpa 
de Californie, mais s'en distingue par la teinte blanc-argenté de l’une. 
et l’autre face de ses feuilles aciculaires : d’où la dénomination 
de concolor qu’il recut du D' Engelmann, il y a quelque vingt ans. 
Heureusement la neige ne persista guère; deux jours plus tard le 
temps était superbe et nous pûmes nous livrer fructueusement à la 
recherche des spécimens les plus beaux, c’est-à-dire les plus chargés 
de cônes séminifères. Grimper au sommet des arbres n'était guère 
possible, par ce temps froid et venteux; nous étions réduits à les 
abattre pour faire ample moisson de ces cônes tant désirés. 

C'est dans cette excursion que je rencontrai une charmante variété 
nouvelle à cônes violacés, que je baptisai, en raison de cette particu- 
larité, du nom d’Aies concolor violacea. Quand les arbres nés de ces 
graines auront acquis toute leur croissance, ils seront dans nos jar- 
dins d'Europe de l'effet le plus décoratif. Je trouvai aussi au même 
endroit le Pseudotsuga (Abies) Douglas à aiguilles grises, avec une 
forme naine, haute à peine d’un mètre, couverte de cônes à profusion, 
ainsi que le Picea Perryana dans les ravins. 

J'avais aussi l'intention de récolter un millier de bulbes de Calochortus 
venustus que, deux ans auparavant, j'avais rencontré en abondance 
dans cette localité. Grand fut mon désappointement de ne plus en 


DES 


retrouver un seul pied : du bétail avait été parqué sur la prairie et en 
avait brouté les tiges en guise de friandise; les broussailles même les 
plus touffues avaient été inefficaces à les protéger contre la gour- 
mandise de ces maudites bêtes, de telle sorte qu’au lieu de la récolte 
miraculeuse sur laquelle j'avais compté, je dus me contenter de deux 
malheureuses bulbes. 

Une semaine entière s'était passée à chercher et à récolter des 
graines : je dus payer au chef de station 12 marks (15 fr.) par jour 
pour l’abri incommode et la nourriture plus que médiocre qu'il 
voulut bien mettre à notre disposition. 

À demi morts de faim — car il n’y avait pas à songer à s’approvi- 
sionner de vivres que l’on était réduit à faire venir de Denver, 
60 milles anglais (111 kilom.) plus loin — nous continuâmes notre 
route en traversant Fueblo pour atteindre Canon-City, où nous 
voulions récolter les semences du Pinus edulis. Après beaucoup 
d’excursions et d’explorations infructueuses, nous arrivämes à cette 
triste conclusion que nos recherches étaient vaines : les Indiens 
Apaches, nous dit-on, nous avaient dévancés et avaient recueilli les 
graines pour s’en servir en guise de nourriture. Les semences de ce 
pin sont presque aussi volumineuses que celles du Pinus Cembra et ont 
un goût exquis. L'arbre est loin d'être beau; il demeure chétif, rabou- 
gri, tortueux ; mais il est recherché pour les collections précisément à 
cause de la singularité de sa tournure et du groupement spécial de ses 
aiguilles, longues de 3 centimètres et disposées deux par deux. Nous 
nous résignâmes donc à abandonner ces recherches stériles pour 
regagner notre quartier général à Denver et nous occuper de la dessi- 
cation des cônes précédemment récoltés : travail fastidieux et pénible, 
car nous n'avions qu'un minuscule balcon pour dessécher une vingtaine 
de sacs pleins à déborder ; puis le temps se mit à l'orage et il fallut, 
pour empêcher la dissémination de leurs graines ailées, recouvrir les 
cônes de sacs vides. Dans l’entretemps nous entreprimes une explo- 
ration vers Georgetown, pour y recueillir les semences, mûres à cette 
époque de l’année, de l’Abies commutata. Enfin, le 26 septembre, le 
nettoyage de notre récolte fut assez avancé pour nous permettre 
d’expédier à New-York 125 kilog' de graines de conifères, 25 kilog” 
de semences de Yycca angustifolia et 10 kilog' de semences d’Zpomaea 
linifolia. 


PE ©: RE 


Pendant notre séjour à Denver eut lieu une exposition des produits 
du pays laquelle, sans être bien brillante, n’en laissait pas moins que 
d'exhiber des résultats satisfaisants pour une contrée cultivée depuis 
une quinzaine d’années à peine. La première habitation érigée à 
Denver dâte de quatorze ans et la ville, à l’époque de notre voyage, 
comptait déjà 20,000 habitants. Parmi les produits exposés, les plus 
remarquables étaient une gigantesque citrouille pesant 117 kilog. 
et deux lingots, l’un d'argent pur du poids de 1850 kilogr., l’autre d'or 
pesant 49 kilog', tous deux arrachés aux entrailles des Montagnes 
Rocheuses. Puis venaient les magnifiques chèvres-angora dontla toison 
sert à tisser les châ'es persans; enfin les céréales, les légumes, les 
fruits et les échantillons de minerai. Des Indiens aux costumes 
bigarrés y prenaient part : il y en avait parmi eux dont les oreilles, 
découpées en deux endroits et portant dans chaque entaille six anneaux 
de pierre, le visage teint en rouge et les cheveux divisés en tresses 
multiples formaient un ensemble étrange, ne ressemblant pas mal à 
une crète de coq. — Ces Indiens organisèrent diverses courses à pied 
et à cheval extrêmement intéressantes pour nous. A cheval, ces 
gaillards sont lestes comme des singes : ils vont, viennent, s'asseyent, 
se tiennent debout, se laissent pendre sous le ventre de leur monture, 
bondissent comme sur la terre ferme. Une certaine émotion régnait 
parmi les naturels du pays : on s’entretenait à mi-voix des ravages du 
Doryphora, dontles innombrables cohortes dévoraient les feuilles et les 
tiges des carottes à tel point que la récolte semblait singulièrement 
compromise. Heureusement ces fâcheux pronostics ne se réalisérent 
qu’en partie, les tubercules étant déjà venus et formés avant l’appa- 
rition de ces parasites incommodes. 

Le 30 septembre nous revinmes par express à Shermann, où je 
voulais rechercher un lis rouge que j'avais, quatre ans auparavant, 
apercu dans un marécage éloigné de deux lieues de la gare. Mais nos 
recherches furent vaines : la station semblait s'être évanouie. La 
contrée présente tant de formations gréseuses, entrecoupées d’un si 
grand nombre de vallées identiques, que l’on y erre comme dans 
un labyrinthe, sans trop savoir où l'on est. Découragés par 
l'insuccès de nos recherches, nous nous hâtâmes de regagner la 
voie ferrée. 

Dans cette contrée située vers le 40° parallèle nord, on trouve, à 


DO ER 


3000 m. environ d'altitude, un massif de Mamillaires en pleine santé, 
bien qu’en août la température soit inférieure à 3° R. (3°8 C.) et 
descende en hiver jusqu’à 30° sous 0 (— 37° C). 

Désireux de récolter encore des Cônes de conifères et de les trouver 
fermés — car aux premières lueurs du soleil et au plus faible souffle 
du vent, les graines s’envolent dans toutes les directions — nous 
voyageâmes trois nuits et deux jours sans nous arrêter, jusqu'aux 
montagnes neigeuses de la Sierra Nevada de Californie, 1400 milles 
(2590 kilom.) plus à l’ouest. Les contrées que nous traversons chan- 
gent constamment d'aspect : tantôt ce sont de hautes montagnes, tan- 
tôt de vastes plaines et des lacs, parmi lesquels le Lac Salé, dans l’état 
d'Utah. Le matin du troisième jour nous faisons halte à la petite ville 
de Truckee, qui compte 2500 habitants dont la moitié chinois. La 
ville est perchée sur le flanc oriental de la Sierra Nevada, à 2000 m. 
d'altitude. La forêt, qui descend jusqu’à ses portes, se compose sur- 
tout d'A bies magnifica, A. lasiocarpa, Pinus Lambertiana et P. Ben- 
thamiana. Les cônes de ces diverses espèces étaient juste en train de 
s'ouvrir, et il fallait hâter la récolte. Aussi j'engageai douze Chinois 
au prix de 2 1/2 dollars (fr. 12-50) pour abattre les arbres, car il n'y 
avait pas à songer à y grimper. Les cônes des divers Abies sont tout 
imprégnés de résine; le nettoyage en est long et pénible. Or, pendant 
que nous étions occupés à cette besogne, nous reconnüûmes, à notre 
grand désappointement, qu’un petit ver, à peine visible, avait rongé 
et détérioré presque toutes les semences. Les cônes de l’Abies magnifica 
étaient d’une grosseur inaccoutumée, mais aux trois-quarts vides. Le 
fruit de tous nos labeurs était donc perdu : il fallait se remettre à la 
recherche des cônes, que j’espérais retrouver à « Summit. » Les fruits 
du Pinus Lambertiana, dont nous recueillimes une quantité, sont 
longs d'environ 30 centimètres et atteignent, lorsqu'ils s'ouvrent au 
soleil, 10-13 centimètres de largenr. Il faut en récolter pas mal pour 
avoir quelques kilogr. de semences. Comme les arbres ne portent qu’un 
petit nombre de cônes suspendus aux rameaux supérieurs seulement, 
l'on se voit obligé, bon gré mal gré, d'en faire une destruction 
démesurée. Et je soupirais chaque fois que je voyais tomber à mes 
pieds l’un de ces gigantesques Abies magnifica, plus beaux peut-être, 
avec leur riche nuance gris-argenté, que le célèbre Araucaria excelsa. 

Nous recueillimes plus de 50 sacs de cônes de pins, d’où nous 


MNT A 


parvinmes à extraire et à envoyer en Europe, après 14 jours d’un 
travail ininterrompu et pas mal de peines et de difficultés, 150 kilogr. 
de semences mondées. 

Le 14 octobre nous nous dirigeâmes vers « Summit », le point 
culminant de la ligne centrale du Pacifique, à 2500 m. d'altitude. Le 
trajet est intéressant et accidenté : la voie ferrée traverse huit longs 
tunnels, franchit sur des ponts solidement charpentés des ravins, des 
précipices, etc. À droite se déploient, à 2000 m. d'altitude, les eaux 
claires et limpides du Donnersée, telles qu’un gigantesque miroir 
reflétant les derniers rayons du soleil couchant. 

À Summit s'élève, outre les bâtiments de la station, un grand hôtel 
que nombre de Californiens habitent pendant les mois d'été. La contrée. 
est renommée comme territoire de chasse : outre le lièvre, le 
chevreuil et le coq de bruyère, on y rencontre l'ours grisly et l’ours 
noir. Le pécheur trouve, dans les six lacs du voisinage et les innom- 
brables ruisseaux qui y serpentent, d’excellents poissons parmi 
lesquels une espèce de truite. 

C'était la sixième fois que j’explorais eette région et je ne manquai 
pas d'admirer, cette fois encore, la beauté de la contrée et la limpidité 
de l’atmosphère qui n’a d'égale en aucun autre lieu du monde. Au 
contact de cet air frais et pur se développe un appétit insatiable : l’on 
y mange moitié plus qu'ailleurs. | 

Nous y trouvons un Strobus du plus bel effet, le Pinus jfleæilis, 
dont les cônes minces et effilés sont juste à maturité. C’est un arbre 
qui s’adaptera parfaitement au climat de notre patrie. De 3500 à 
3700 m. d'altitude s'étend une vaste forêt de Tsuga Hookeriana, 
superbe végétal à cime exactement pyramidée, avec des rameaux 
pendants couleur gris-cendré et des cônes violet foncé longs de 
5 cm. Je ne connais aucun Conifère qui demeure aussi constamment. 
fidèle à la forme pyramidée, sauf peut-être le Cedrus Deodara : encore . 
chez ce dernier se perd-elle avec les progrès de l’âge et l’étalement 
plus accentué des rameaux. 

Une particularité vraiment étonnante est la stricte délimitation 
de la zône de croissance de ce végétal. La forêt, qui ne se composait 
à sa lisière que d’Abies magnijica et de Pinus jflexilis, Se trouve 
tout-à-coup être entièrement formée de T'suga Hookeriana ; par ci par 
là se rencontrent bien encore quelques spécimens perdus de Pinus 


M 


flexilis, isolés, rabougris, de l’aspect le plus lamentable; encore ne 
tardent-ils pas à disparaitre; quant à l’Abies magnifica, il s'est 
évanoui comme par enchantement dès l'apparition du peu sociable 
Tsuga. L'on serait disposé à croire que les semences de Tsuga, trans- 
portées en énorme quantité par les oiseaux, l’eau et le vent jusqu’au 
bas des montagnes, pourraient s'y acclimater et prospérer dans des 
zones de moindre altitude : ce serait une erreur. Certes, quanbité de 
graines susceptibles de germer descendent les pentes des monts, mais 
il n’en est pas moins vrai que l'observateur le plus attentif ne réussira 
jamais à rencontrer le Tsuga Hookeriana en dessous de 3500 à 
3700 m. d’élévation. Ce n'est du reste pas la première fois que nous 
remarquons cette particularité étrange; nous la trouvons exprimée 
avec la même netteté sur n'importe quelle montagne alpestre. 

Après avoir, avec l’aide de nos Chinois et de quelques mercenaires 
irlandais, réuni suffisamment de cônes de Tsuga Hookeriana et de 
diverses espèces de Pins — entre autres le Pinus occidentalis — il 
fallut songer au fastidieux travail de dessiccation de notre récolte. 
Un temps superbe contribra, au début, à rendre notre tâche moins 
pénible, mais notre joie fut de courte durée. Des le troisième jour — 
c'était le 24 octobre -— une petite pluie fine commenca à tomber dès 
le matin. La pluie, dont on n'avait plus eu une seule goutte depuis 
la fin d'avril, ne tarda pas à se changer en neige et, vers trois 
heures de l’après-dinée, celle-ci descendait en flocons volumineux et 
serrés. Il fallait s'occuper de chercher un abri pour notre récolte 
incomplètement desséchée. J'avais compté la remiser sous l’hôtel, 
bâti sur pilotis suivant l'usage de la contrée, quand je m'apercus, 
à mon grand effroi, que des centaines de bras étaient occupés à y 
entasser du bois à brûler, avant que la neige, en l’imprégnant, ne 
le rendit impropre à servir de combustible. IL ne me restait autre 
chose à faire que d'emballer mes semences et mes cônes dans des 
sacs et des caisses dont je pus, par bonheur, me procurer un stock 
suffisant. 

Cependant l’hiver arrivait avec sa violence habituelle et ses énormes 
rafales de neige ; celle-ci tomba sans interruption pendant cinq jours, 
s’accumulant dans les plaines unies et découvertes jusqu'à 2 m. de 
hauteur. L'apparition subite du mauvais temps ne laissait pas que de 
nous mettre de mauvaise humeur, impression qui, hâtons-nous de le 


aie US 


dire, était loin d'être partagée par certain hôte de l'établissement. 
Dans une vaste cage découverte se trouvait un grand ours noir captif 
et c'était chose curieuse de voir l'énorme bête manifester à sa manière 
son contentement et sa joie de l’apparition de la neige; bondir en l'air, 
puis se coucher et se rouler au milieu des flocons fraichement tombés, 
pousser de petits hurlements de bonheur et de plaisir, escalader en 
quelques sauts l’échafaudage dressé dans sa prison, se laisser glisser 
à terre et recommencer à sauter et à danser. Les ouvriers occupés à 
déblayer la neige s'amusèrent à lui en lancer quelques poignées; ce fut 
alors que sa joie éclata de la facon la plus expansive et la plus 
bruyante. 

L'arrivée prématurée du souverain des frimas et des neiges, qui se 
fait généralemeut attendre jusque vers le milieu de novembre, ne lais- 
sait pas que de jouer un mauvais tour aux habitants du pays. En règle 
générale on a l'habitude, à l’approche de l'hiver, de couvrir d’un toit 
protecteur le court espace qui sépare de la gare abritée en toute saison 
l'hôtel de Summit, afin que les voyageurs puissent descendre à pied 
sec pour venir y prendre, ceux qui arrivent de l’est leur déjeuner, 
ceux qui viennent de San Francisco leur souper. Or nul, au moment 
de la brusque apparition de la neige, n'avait encore songé à disposer 
cet abri, de telle sorte que les hôtes de l'établissement s’y trouvaient 
enfermés comme dans une prison, n’osant se risquer au dehors qu'avec 
des patins de 1 m. 60 de longueur. Le long de la voie ferrée, couverte 
sur des vastes étendues, la neige s’accumulait aux points découverts 
jusqu'à 6 m. de haut. Inutile d'ajouter que ma situation n'avait rien 
d’enchanteur; il ne me restait autre chose à faire que de redescendre 
vers l'ouest par la ligne centrale du Pacifique : encore ce projet était- 
il hérissé d'innombrables difficultés, car, en certains points, le train 
n’avançait qu’à grand'peine, malgré les deux locomotives munies de 
chasse-neige dont il était précédé. Enfin le troisième jour la voie fut 
libre et nous gagnämes Colfax, ville située à 800 m. d’altitude, sur le 
versant occidental de la Sierra Nevada. Au lieu de la neige qui s’accu- 
mulait à Summit, nous y trouvâmes des pluies abondantes ; la tempéra- 
ture était printanière, la nature semblait reverdir. Nous eûmes bientôt 
fait de nous procurer un abri pour y étaler nos graines et achever 
leur dessication. Une fois cette besogne terminée, j’explorai la contrée 
dans tous les sens et y trouvai une vaste forêt de Pinus Lambertiana. 


MON. LE 


C’est un arbre haut de 30 à 50 m., dont les spécimens les plus vigou- 
reux ont de 1 m. 50 à 1 m. 90 de diamètre et doivent un aspect parti- 
culier à leur croissance inégale, à leurs rameaux irrégulièrement 
découpés (comme dans le Cupressus macrocarpa) et à leurs cônes 
longs de 30 à 40 centimètres, suspendus par groupes de 2 ou 3 à 
l'extrémité des branches et des rameaux. 

Il était trop tard pour songer à en récolter les semences, déjà 
dispersées depuis longtemps. Les Indiens en recherchent avidement 
les cônes qu'ils font tomber de l'arbre. Ils choisissent pour cela 
l'époque où ils sont encore fermés et les placent sur des charbons 
ardents dont la chaleur les fait éclater. Les graines ainsi obtenues 
sont emmagasinées comme provision d'hiver. En raison de cette 
pratique, le sol que nous foulions aux pieds était tout jonché des 
débris de ces cônes que recouvre une résine blanche à saveur 
sucrée : d’où le nom de « Pin sucré » que les Californiens donnent à 
l'arbre. En avançant dans la forêt, je tombai sur un campement 
d’Indiens. Leurs huttes ou plutôt leurs taudis extrêmement primitifs, 
de forme conique, faits de troncs d’arbres irrégulièrement disposés, 
ont tout au plus 2 m. 50 à 3 m. de diamètre ; ils sont couverts 
de branchages : l'ouverture qui leur sert d'entrée est tendue de peaux 
d'ours ou de buffles. Il ne s’y trouvait que des femmes, dont quelques- 
unes avaient le visage et toutes les parties découvertes du corps ainsi 
que leur longue chevelure peintes en rouge cinabre ou en noir : cette 
dernière couleur est le signe du deuil, tandis que le rouge sert d’or- 
nement aux hommes et aux femmes. En quelques secondes tout le 
camp m'entourait, curieux de voir et de connaître l’aventureux 
étranger qui venait ainsi troubler sa quiétude. Autant que le permet- 
tait ma connaissance imparfaite de la langue, je m'’efforçai de faire 
comprendre à tout ce monde que je désirais visiter les huttes et sur- 
tout les magasins à provisions. Les femmes m’apprirent que le chef et 
tous ses hommes étaient à la chasse et qu’elles attendaient leur retour 
dans 2 ou 3 jours, mais aucune ne parut disposée à m’accorder l’entrée 
du sanctuaire ou plutôt de leur dégoûtant taudis. Je pénétrai quand 
même dans la plus grande hutte, qui est celle du chef, et y trouvai 
quelques sacs de cuir remplis les uns de glands, les autres de semences 
des Pinus Lambertiana et Sabiniana. Le plancher était jonché de 


cônes de ces deux espèces, gros comme la tête et contenant encore 


LE 80 = 


quelques semences aussi grandes que des noisettes. Les cônes 
sont superbes; leurs écailles portent à la face externe des prolonge- 
ments pointus longs de 3 cm. Il faut le secours d'une massue pour les 
ouvrir : aussi les indigènes trouvent-ils plus commode de confier cette 
besogne au feu, comme je l'ai indiqué précédemment. J'y rencontrai 
aussi, broyées et amassées en quantités énormes, les baies rouge-brun 
de l’Arbutus rotundifolia; ces fruits écrasés donnent une sorte de fine 
farine de couleur jaunâtre, qui, mélangée à l’eau, fournit une boisson 
acidule très agréable. Tout cela gisait pêle mêle sur le sol de la hutte, 
et si l'on réfléchit que cet étroit espace sert à la fois de dortoir, de 
cuisine, de chambre à manger, etc, on comprendra que l'ensemble 
produise sur le visiteur l'impression la plus désagréable et la plus 
repoussante. 

J'avais pour mission de récolter quelques milliers de bulbes de 
Lillium Humboldli; j'étais précisément sur le territoire de chasse et, 
après trois jours d'explorations et de recherches, je découvris, à mon 
grand contentement, un endroit où cette charmante fleur croissait en 
abondance. Heureux de ma trouvaille, je repris sans tarder le chemin 
de Colfax pour faire part à mon neveu de la bonne nouvelle. Il était 
trop tard pour songer à commencer la besogne le jour même, mais 
dès le lendemain matin, nous nous mettions en route et atteignions en 
deux heures le théâtre de nos labeurs. Je dis labeurs, car il n’est pas 
aussi facile qu’on serait tenté de le croire de déterrer les bulbes des 
lis; ceux-ci grandissent avec une préférence marquée au milieu des 
buissons épineux d'un Ceanothus à fleurs blanches, et comme le sol y 
est tout criblé de racines, l'enlèvement des oignons doit se faire avec 
les précautions les plus minutieuses, de crainte de blesser leurs tissus 
délicats et de les voir se pourrir pendant le transport. Là où les 
hampes florales s'étaient brisées par suite de quelque accident, les 
bulbes étaient le plus puissamment développées ; celles dont l’enfouis- 
sement atteignait une profondeur de 60 centim. portaient le plus grand 
nombre de fleurs : j'en comptai jusqu’à 40 sur certains spécimens. 
Nous travaillâmes 12 jours sans interruption pour récolter 4000 exem- 
plaires dont nous remplimes 80 sacs. Grande fut la surprise des 
habitants de Colfax en voyant notre récolte. Il y avait surtout parmi 
eux des juifs allemands qui nous accablèrent de questions insidieuses : 
« Qu'est-ce que celà? Combien cela vaut-il? Où le vend-on? D'où 


LE. ce 


vient-il? » Telles étaient les questions qui se pressaient sur leurs 
lèvres, en même temps qu’ils faisaient d'un œil jaloux l’inventaire de 
nos richesses. « Ce sont des « Lis tigrés » leur répondis-je, car tel 
est le nom sous lequel la plante est connue dans le pays : celui de 
Lilium Humboldti, que je lui appliquai dans un précédent voyage, me 
fut inspiré par la date de ma découverte qui tombait juste au centième 
anniversaire de la naissance du grand naturaliste. Mes curieux 
questionneurs — il y en avait bien une centaine — parurent extré- 
mement surpris et affirmerent n'avoir jamais vu de ces bulbes. Après 
avoir soigneusement emballé ma récolte dans de grandes caisses, je 
repris la ligne du Pacifique et revins sur mes pas vers une station 
nommée Æmigrant-Gap, située sur le versant méridional de la Sierra 
Nevada, à 1600 m. d'altitude. À cette hauteur, où le Zilium Hum- 
boldti disparaît, commence la zône du Z. Washingtoni, que l’on 
retrouve en plein état de développement et de santé jusqu’à 3000 m. 
d'altitude. Les fleurs en sont blanches, mais leurs pétales en fanant 
se teignent légèrement en rose. Là aussi j’eus l’occasion d'observer que 
les fleurs sont le plus abondantes et le mieux développées quand les 
bulbes qui les produisent sont enfouies à une suffisante profondeur; 
je ne comptai cependant pas au delà de vingt fleurs par hampe florale. 
Avec l’aide de quelques Chinois je récoltai 2000 spécimens, les 
emballai et, le 30 octobre, rétrogradai encore de cinq stations. Arrivé 
le soir à destination, j'escaladai dès le lendemain la crête montagneuse 
qui domine la localité et pénétrai dans un vallon d'une profondeur 
inaccoutumée, que j'avais déjà visité plusieurs fois les années précé- 
dentes et où je connaissais une prairie couverte à profusion de Zilium 
puberulum. Ce lis, comme les Zilium superbum, canadense, etc., 
appartient au groupe caractérisé par la présence non de bulbes 
proprement dites mais de rhizômes, épais de 30 centim. et étalés à 
15 cm. de profondeur sous le sol. Cette particularité de structure rend 
extrêmement facile l'enlèvement de la plante: dès cinq heures après- 
diner nous en avions ramassé un nombre de spécimens suffisant pour 
en emplir une vingtaine de sacs. Mais la difficulté — et c'est ici 
qu'un bon conseil eût valu son poids d’or — était de les faire parvenir 
à destination. Ce n’est qu'après de longues recherches que je pus me 
procurer un chariot à deux chevaux pour y charger mes sacs et les 
conduire à la gare. Là les rhizômes furent emballés dans des caisses 
6 


LPS Qu 


et nous accompagnâmes l'envoi à San Francisco d’où l’on peut faire 
parvenir, sans grande peine, marchandises et bagages jusqu’à 
New-York : les petites stations intermédiaires ne sont guère orga- 
nisées pour de telles expéditions et entraînent à des frais bien plus 
considérables. À San Francisco nous expédiâämes 50 grandes caisses, 
après quoi nous revinmes à Colfax. Deux milles (3 kilom. 70) au delà 
de cette ville se déploie un sîte ravissant que l’on nomme le Cap Horn 
et dont l’admirable perspective dépasse tout ce que les Etats-Unis de 
l'Amérique du Nord offrent en ce genre à l'œil émerveillé du touriste. 
L’American-River déploie au milieu d’une vallée enchanteresse le 
ruban argenté de ses eaux limpides et tranche sur le ton sombre du 
feuillage du Pinus Lambertiana, dont les immenses forêts tapissent, 
jusqu'à 850 m. d'altitude, les flancs des montagnes qui servent de 
cadre au vallon. La voie ferrée grimpe le long des rochers, s'accroche 
à leurs pentes, côtoie des abimes dont l’un, distant d'à peine un mètre 
et d'une incommensurable profondeur, donne la chair de poule au 
voyageur le plus intrépide et le plus familiarisé avec le péril. 

N'oublions pas de mentionner en passant un genre d'industrie 
chinoise pratiqué ici sur une vaste échelle par les citoyens du Céleste- 
Empire. Dans cette région grandit une plante de la famille des Lilia- 
cées, à petites fleurs blanches : ses bulbes, longues de 8 à 12cm. et 
larges de 5 à 6, sont recouvertes d'une sorte de fibres qui les fait 
ressembler à une tête d’'Indien avec sa chevelure. Les fibres en 
question sont soigneusement recueillies, triées, empaquetées en balles 
de 100 k°5 et expédiées à San Francisco, où elles servent au rembour- 
rage des matelas et des meubles. 

Après quelques jours de repos je me dirigeai vers Sacramento, 
capitale de la Californie. Il s’y tenait justement une grande exposition 
de fruits et de fleurs, et je n'eus garde de manquer de lui rendre 
visite. Elle comprenait entre-autres diverses collections de splendides 
raisins de table et de magnifiques spécimens de fruits ainsi qu’un 
grand nombre de vins d'espèces nouvelles, variétés nées presque 
toutes de semis du Muscat d'Alexandrie. Je fus vraiment surpris de la 
diversité des espèces exposées, au point de vue tant de la grosseur des 
raisins et des grappes que de l'intensité de leur coloration. 

C'est avec raison que la Californie peut revendiquer le titre de 


« terre promise de la vigne », et s’il est vrai qu'on s’y adonne. 


0 ARE 
aujourd'hui de préférence à la culture des raisins de table, le temps 
n'en est pas moins proche où les vins californiens sauront se faire et 
se maintenir une place importante sur les marchés du monde entier. 

Des milliers de tonnes de raisins de table sont expédiées chaque 
année par chemin de fer vers l'Est et approvisionnent de ce précieux 
produit les villes de Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, etc. 
Et bien que la distance à franchir atteigne souvent 3000 milles anglais 
(5550 kilomètres), les raisins parviennent à destination dans un état 
à ne pas laisser soupconner cette longue traversée. Ils voyagent du 
reste aussi par mer et s’en vont jusqu'au Japon et aux iles Sandwich. 

La Californie exporte également d'énormes quantités de poires et 
de pommes d’excellente qualité, que l'on retrouve à Mazatlan, à Man- 
zanilla, à Acapulco, à San José de Guatamala, à Panama et jusqu’en 
Europe. N'oublions pas de mentionner que l’on y cultive aussi des 
| prunes, des noix, des oranges, des citrons et des figues de qualité tout 
à fait supérieure, destinés en partie à l'exportation. Les légumes 
exposés étaient superbes: leur vo'ume et leur beauté eussent certai- 
nement excité l'admiration de l'honorable lecteur. Un grand nombre 
de fabriques de conserve utilisent ces légumes, dont quelques uns, 
l’asperge entre-autres, se cultivent sur une échelle considérable, en 
vue de l'exportation qui prend chaque jour plus d'importance. 

Quand on songe qu’il y a trente ans d'ici ces précieux produits du 
sol ne croissaient qu’en proportion insignifiante sur ce territoire alors 
complètement inculte, l’on est frappé d’admiration devant l’infatigable 
persévérance des émigrés allemands et anglais dont les opiniâtres 
travaux ont enfanté de telles merveilles. C'est grâce à leurs efforts 
que l'énorme quantité de matériaux nutritifs accumulés dans le sol 
a été mise en activité au profit de cette végétation luxuriante et 
qu'une ville prospère, entourée de campagnes et de jardins floris- 
sants, a surgi du sein d’une région autrefois désolée et stérile. Rien 
que les nombreux visiteurs accourus de toutes parts pour assister à 
l’exposition suffisent à prouver l'intérêt que prend la population tout 
entière à la culture des champs et des jardins. — De telles exposi- 
tions se tiennent fréquemment dans le courant de l’année et revêétent 
l'aspect de véritables fêtes nationales : il n’est pas une petite ville 
qui n’ait la sienne, plus ou moins brillante, suivant l'importance et 


la richesse de la cite. 


Nan 


Sacramento doit son aspect enchanteur aux nombreux jardinets 
bien entretenus qui le parsèment: nulle habitation, quelque modeste 
qu’elle soit, n’en est dépourvue. Tous sont plantés et cultivés avec 
goût; l’on y trouve, à côté des arbres indigènes — Pinus insignis, 
Cupressus macrocarpa, etc. — des espèces originaires de l’Australie, 
telles que : Æucalyptus globulus, Acacia dealbata, À. longifolia, À. 
linearis, A. lophanta, Callistemon semperflorens, Polygala Daniel- 
siana, Araucaria excelsa, etc., représentées par de forts beaux spéci- 
mens. L’on y voit aussi des Roses, des Héliotropes, des Fuschia, des 
Calla, des Petunia, des Iris, des Oeillets, des Chrysanthèmes, etc., 
et la beauté de ces parterres ne manquerait pas d’exciter l'admiration 
et la convoitise de nos jardiniers européens. Il est vrai que la besogne 
de l’horticulteur est autrement commode dans ces contrées privi- 
légiées que chez nous; pas n’est besoin d’y chercher, pour les plantes 
délicates, l'abri d’une serre pendant les mauvais jours : elles 
derneurent en plein air, sans protection ni couverture, sans avoir à 
y redouter les atteintes d’une gelée meurtrière. — Mentionnons aussi 
le jardin de Woodward, créé et entretenu jusqu'à ce jour par un 
particulier de San Francisco qui lui a donné son nom. L'on y trouve, 
indépendamment d’une immense collection de toutes les plantes et 
arbres imaginables, un jardin zoologique rempli d’une profusion 
d'animaux. Les oiseaux de la Nouvelle Guinée captivèrent surtout 
notre attention : c’est chose admirable que l'éclat de leur plumage, 
dont les teintes châtoyantes varient à chaque mouvement et forment 
un tableau d’une beauté et d’une richesse incomparables. Enfin le 
jardin contient encore un musée plein de collections d’une réelle 
valeur. 

Après avoir contemplé à loisir les curiosités de San Francisco — 
si nombreuses que les dimensions de ce journal ne me permettent 
pas de les décrire en détail — nous réemballâmes avec un surcroît 
de soin et d'attention nos semences et nos bulbes, si laborieusement 
acquises, pour expédier la récolte entière à New-York, à l’agent de 
la maison, lequel avait mission d’en soigner le transport par eau 
jusqu'en Angleterre. Nous fimes en même temps savoir au pays que 
nous nous proposions de reprendre la mer le 27 novembre 1874, sur 
le vapeur américain Costa-Rica. Après avoir franchi 364 lieues 
marines anglaises à partir de San Francisco, nous jetâmes l'ancre 


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Las 2: 


dans le port de San Pedro, au voisinage immédiat de Los Angellos, 
la plus grande ville du sud de la Californie. 

Le climat en est enchanteur; les Citroniers, les Orangers et 
jusqu'aux Ricins y prospèrent. Nombre de vignerons, émigrés des 
bords du Rhin, sont venus s’y abattre et y ont essayé avec plein 
succès la culture de la Vigne. Un vin qui n’est pas sans mérite se 
retire des superbes variétés de raisins, dont le pays n’est pas moins 
prodigue qu'à Sacramento. 

Nous ne devions faire halte à San Pedro que le temps nécessaire 
pour nous approvisionner d’eau et de vivres frais, quun minuscule 
vapeur conduisit à notre bord en quantité suffisante. Bientôt nous 
reprimes la mer et continuâmes notre voyage vers San Diégo, 
82 lieues marines au sud de San Pedro. San Diégo est ie point le 
plus méridional de la Californie, il n’est distant du territoire mexi- 
cain que de quelques milles et possède le débarcadère le plus sûr du 
monde, connu de tous les navigateurs sous le nom de baie de San 
Diégo et jouissant auprès d'eux de la meilleure réputation. Cette ville 
s'est élevée et peuplée en quelques années ; bien qu’elle ne compte 
encore que 7 à 8,000 habitants, elle se développe néanmoins sur un 
territoire assez étendu. Nous y remplaçâmes notre cargaison, puis 
poursuivimes notre voyage vers les côtes de la Basse Californie, 
20 à 30 milles plus loin. Cette traversée est une des plus belles que 
j'aie jamais faite en mer. C’est à peine si notre vaisseau eût à souf- 
frir d’une microscopique tempête. À gauche, le long de la côte 
américaine, se dressent des montagnes de toutes dimensions, hautes 
de 1,900 mètres à peine, mais d’aspect si changeant et si enchanteur 
que le spectateur voit à regret le soleil s’abaisser vers l'horizon et 
lui ravir la perspective de ce tableau merveilleux. Bientôt cinq cent 
milles anglais sont franchis et nous voilà au port de San Lucas, point 
extrême de la presqu'’ile. Nous y abordons de nuit, comme le font 
du reste presque tous les vapeurs et un coup de canon annonce notre 
arrivée. Après une halte d’une heure, le vaisseau lève l'ancre et nous 
voguons à travers le golfe de Californie vers Mazatlan. C'est la 
première ville mexicaine à laquelle nous touchons, et, franchement, 
si elle se distingue des cités californiennes, ce n’est pas à son avan- 
tage. Bientôt une foule bigarrée entoure notre vaisseau : ce sont 
des hommes demi-nus, effroyablement peints et bariolés. On dirait 


qu’ils ont voulu rivaliser entre eux par la bizarrerie et l’étrangeté de 
coloration de leur peau ; ici c’est le noir le plus foncé, là la plus belle 
nuance cuivrée, voire même le blanc le plus éclatant : l’ensemble 
forme un spectacle vraiment curieux et extraordinaire. C'est le 
8 décembre que nous débarquons et le thermomètre marque 28 R. 
(35 C.) à l'ombre. Une sécheresse ininterrompue règne depuis nombre 
de mois et quantité d'arbres sont morts, victimes de ce climat 
meurtrier. Ils sont là debout encore, nus, rabougris, privés de 
feuillage, tandis que, dans les régions où persiste quelque humidité 
— dans les ravins par exemple — la végétation s'étale dans toute sa 
splendeur, les forêts se dép'oient vertes et vigoureuses. 

Nous trouvons le vaste marché de la ville rempli à profusion 
de superbes oranges sucrées, de baies du Passiflora edulis, sem- 
blables aux oranges par la forme et la couleur, mais de saveur 
bien plus délicate; enfin de bananes, fruits des Musa Sapientum et 
paradisiaca. 

Nous reprenons la mer après quelques heures de séjour ; une courte 
et heureuse traversée nous conduit au port mexicain de San Blas. 
La prétendue ville de San Blas n’est qu'un misérable village, dont 
les jardins incultes et où tout grandit pêle-mêle font sur le visiteur 
la plus triste impression. Orangers, Limoniers, Caféiers y vivent 
entremélés, croissant au hasard de la dissémination de leurs 
graines, sans que la main de l’homme s'efforce d'apporter l’ordre 
et la symétrie dans ce chaos indiscipliné. Le Persea gratissima 
se rencontre quelquefois dans ce fouillis végétal : ses fruits 
assaisonnés de poivre et de sel fournissent un mets excellent. 
J'y trouve aussi l’Znga lucida, à gousses longues d’un pied (30 cen- 
tim.), pleines de semences dont l'enveloppe extérieure a un goût 
exquis. Enfin l'on y rencontre également le Mango, Mangifera indica, 
dont la volumineuse baie jaune-orange est très appréciée comme fruit 
de table, et tout à côté l'inévitable Psidium pomiferum, une vraie 
mauvaise herbe, qui prospère jusque dans les fentes et les crevasses 
des murailles. 

Les huîtres et les poissons font la base de l'alimentation des habi- 
tants; l'étranger, au début de son séjour, s’en donne à cœur joie, 
mais l’uniformité ne tarde pas à engendrer le dégoût et c’est ardem- 
ment qu'il soupire bientôt après un changement de nourriture. 


MER 


Une des plaies de la contrée, et une plaie douloureuse, consiste dans 
d'innombrables essaims de moustiques représentés sans doute par 
quantité d'espèces, à en juger au moins sur la diversité de leur taille. 
C’est en vain que l’on cherche à se metre à l’abri de leurs atteintes, et 
lorsque ces malicieuses petites furies s’acharnent sur votre peau, il y 
a de quoi vous réduire au plus atroce désespoir. 

Nous séjournâmes dans cette localité 36 heures environ, jusqu’à ce 
qu'une occasion se présentât de poursuivre notre voyage. C’est par 
monts et par vaux, pas des sentiers souvent à peine praticables que 
l’on arrive à Tepic. Nous trouvons en chemin pour la première fois, à 
l'état sauvage et en grande abondance le Poinseilia pulcherrima et le 
Janipha Manihot. Nulle part ailleurs l’on ne rencontre ces végétaux 
à l’état spontané; comme plantes de culture, on les élève partout. 

La ville de Tepic se dresse à 850 m. au dessus du niveau de la 
mer; elle est encadrée à l’est par des montagnes aux contours 
pittoresques, que sépare un volcan en pleine activité; son climat 
est excellent. Le volcan n’est guère distant de Tepic de plus de 
cinq milles, et j’éprouvais un vif désir d’en entreprendre l’ascen- 
sion ou du moins de l’observer dans son voisinage immédiat. Mais 
les autorités de la ville se mirent entre moi et l’accomplissement 
de mon projet; successivement le chef civil, puis le commandant 
militaire, me refusèrent l’autorisation de le visiter, sous prétexte que 
depuis quelque temps des brigands indiens infestaient le voisinage de 
la montagne, promenant partout avec une peu rassurante prédilection 
le meurtre et le carnage ; ajoutant que l’on avait réussi à débarrasser 
de ces détrousseurs de grand chemin la route de San Blas à Tepic, sans 
parvenir encore malgré de sérieuses tentatives, à disperser les autres 
bandes.Dans ces circonstances il me fallut bien, bon gré malgré, renon- 
cer aux espérances que j'avais caressées et me contenter d'apprendre 
que le volcan porte le nom de Cherubusco et que son apparition ne dâte 
que d’un petit nombre d’années. 

L'énergie avec laquelle les autorités de Tepic poursuivaient l’exter- 
mination des bandes de brigands se traduisait trop clairement aux 
yeux par les nombreux cadavres suspendus, de San Blas à Tepic, aux 
arbres du chemin. J’en comptai jusque six attachés à la même cime: 
spectacle repoussant et hideux que celui de ces charognes puantes, 


infectes, dont d'immenses troupes de vautours se disputent les chairs 


putréfiées. C'est ainsi que se pratique la justice dans le pays et l’on n'a . 
certes pas à lui reprocher d'être trop peu expéditive. Dès qu’un marau- 
deur indien est pris, il ne lui reste à vivre que les instants qui le 
séparent de l'arbre voisin, aux branches duquel on le suspend sans 
plus de cérémonies. — Depuis une vingtaine d'années Tepic n’a plus 
d’attaches officielles avec le gouvernement mexicain‘ elle forme une 
petite république indépendante, présidée par un indien qui gouverne 
despotiquement et ne regarde pas à une vie humaine, dès que celle-ci 
entrave l'exécution de ses projets. Ces particularités, dont on m'avait 
tracé jadis un tableau trop fidèle, m'ôtèrent toute envie de contre- 
carrer Ja loi du puissant dictateur et je me contentai d’escalader une 
montagne peu élevée, voisine de la ville,où je rencontrai en abondauce 
le superbe Bouvardia Roezli, espèce complètement distincte de toutes 
celles actuellement en culture. Les panicules florales sont volumi- 
neuses, les fleurs très analogues à celles de la Verveine, de couleur 
rouge-foncé ou rouge-écarlate, teinte que ne présente aucun autre 
Bouvardia. La plante à été introduite dans la culture par Hen- 
derson, mais ne semble pas avoir réussi; elle fleurit dans sa 
patrie de novembre en février et affectionne un sol compacte, mais 
pierreux. 

Un autre végétal intéressant que je trouvai sur la montagne est 
le Poinsettia strigulosa, en pleine floraison. Il s’élève à une hauteur 
de 40 centim. ; il a des feuilles lancéolées, longues de 5 centimèt., 
larges de 2 et des fleurs d’un beau rouge si vif, si tranché, que 
je ne lui connais d’analogue chez aucune autre plante. C'est une 
espèce tubéreuse, qui se cultiverait sans doute comme le Dahlia 
si, malheureusement, elle ne choisissait pour épanouir ses fieurs 
précisément la saison d'hiver. J'en ai expédié quelques centaines 
de pieds en Europe : ils sont parvenus à destination en bon état, 
mais n’y ont pas vécu longtemps, faute d’une culture appropriée. 

Après quelques jours passés à Tepic, voyant toutes mes instances 
pour obtenir l'autorisation de franchir l'enceinte de la ville se 
heurter constamment à l’entétement opiniâtre du commandant de 
place, je finis par renoncer, sur les conseils du vice-consul anglais, 
à pénétrer plus avant dans l’intérieur des terres où, me disait-on, 
ma vie courait de grands dangers et me résignai à reprendre la 
route de San Blas. Nous louâmes un chariot attelé de deux mules et 


le commandant nous donna, comme gardes de corps, une escorte de 
douze hommes, qui furent pour nous une charge gênante bien plus 
qu'une protection sérieuse. Ils ne faisaient que mendier, et c'étaient 
de rudes et indisciplinés gaillards, auxquels on n'osait pas toujours 
refuser leurs demandes, crainte d'être dévalisés puis abandonnés 
par eux. Afin de nous permettre sans doute d'apprécier à leur juste 
valeur tous les charmes d’un voyage à travers le Mexique, une des 
roues de notre chariot eut soin de se briser en chemin, après deux 
heures de marche, de facon à nous mettre dans l’impossibilité de 
continuer notre route et à nous obliger d'envoyer un messager à la 
ville pour la remplacer. La roue de rechange arriva enfin vers le 
soir et nous pûmes poursuivre notre voyage, cette fois sans l’accom- 
pagnement de notre escorte qui était tombée sur les traces d’une 
bande de brigands indiens et, sans plus de scrupules, nous avait 
campés là pour leur faire une chasse acharnée. La nuit étendait 
sur nous son voile noir quand une seconde roue subit le sort de la 
première et nous forca de nouveau à faire halte. Nous tachâmes, 
autant que faire se pouvait, d'installer au lieu de l’accident un cam- 
pement provisoire; mais les piqûres acharnées des moustiques 
tinrent le sommeil éloigné de nos paupières et nous fûmes heureux 
quand l’aube vint colorer de ses teintes azurées le sommet des 
montagnes voisines. Nous parvinmes, non sans peine, à réparer la 
roue et le voyage put se continuer sans entraves. Il est vrai que nous 
étions obligés, pour épargner la roue endommagée, de faire route à 
pied à nous cinq, le conducteur compris, à côté du chariot. Enfin 
nous atteignimes un relai postal, non sans une vive satisfaction, car 
l'estomac depuis nombre d’heures réclamait ses droits d’une façon 
aussi désagréable qu'impérieuse et nous comptions pouvoir aisément 
les satisfaire en pareil lieu. Quelle fut notre déception en n’y trouvant 
qu'un peu de maïs et quelques amandes d’Attalea, espèce de palmier 
dont les fruits durs et semblables pour la saveur aux noix de coco 
portent chez les gens du pays le nom de Cocito. Ajoutez-y une couple 
d'œufs que nos gens découvrirent après de persévérantes recherches 
et vous en conclurez que notre déjeuner dut être frugal et propre à 
justifier le peu de durée de notre séjour en cet endroit. Chemin 
faisant, nous fûmes assaillis par deux brigands indiens que notre 
attitude déterminée et notre supériorité numérique ne tardèrent pas 


PO) 20 

à mettre en fuite; puis notre voyage se poursuivit sans interruption | 
pendant le reste de la nuit. Peu à peu les routes devinrent moins 
incommodes et nous pümes, à tour de rôle, grimper sur le chariot 
pour reposer nos membres endoloris. Enfin, trois jours après notre 
départ de Tepic et dès les premières heures de la matinée, nous 
atteignimes le but de’notre voyage et il était grand temps, car le 
vapeur qui ne part que tous les vingt jours se disposait à lever l’ancre. 
Nous rejoignimes « l’Orizaba » en chaloupe et montâmes à bord ; — 
une demi heure plus tard nous fendions les flots azurés et voguions 
vers le midi. C’est un pays superbe que celui devant lequel nous 
passons; une perspective admirable se déploie à nos regards. — 
Partout d'épaisses forêts vierges tapissent les pentes de la Sierra; 
des centaines, des milliers de pics escarpés défilent devant nos yeux; 
ici c’est un golfe profond, là une presqu'ile qui s’avance au sein des 
flots ; entre deux des rochers de hauteur colossale. Malheureusement 
une chaleur accablante nous empêche de savourer les splendeurs de 
cette nature, dont le charme opère d'autant plus vivement sur 
l'imagination de l’Européen que nulle part ne s’y remarque la moindre 
trace d'habitation ou de culture. Trente-six heures après notre départ, 
le vapeur jette l'ancre dans le petit port de Manzanilla ; on y jouit 
d'une vue superbe du volcan Colima, surmonté de son gigantesque 
panache de fumée et flanqué à gauche de la Sierra de los Tigres 
(Montagne des Tigres), chaïînon latéral de la Sierra Madre (Mon- 
tagne mère). Manzanilla est une petite localité, encadrée à droite de 
roches que tapisse en abondance l’Agave Oritgiesi, dont les hampes 
florales décorent par centaines la nudité de la pierre brute. Il y a 
six ans que j'ai récolté au même lieu, pour la première fois, ce 
magnifique végétal appartenant à la division des Zithaae; ses 
hampes, hautes de 2 à 3 mètres, sont couvertes à profusion de fleurs 
vertes et brunes. C’est à peine si le roc nu sur lequel il grandit 
présente quelques traces de terre ; la plante y croit dans les fissures, 
comme les Broméliacées. Les indigènes de la contrée cultivent le 
Manguier et le Cocotier ; le sol spontanément ne produit pas grand” 
chose. À 10 mètres au dessus du niveau de la mer et à 350 mètres 
du port s'étend une lagune qui découpe le pays sur une longueur de 
dix lieues. C’est une contrée enchanteresse mais complètement 
inhabitée. Par un heureux hasard, nous pûmes voir quatre grandes 


ant), 00 3 Noise 


baleines s'engager dans le port et fouetter de leurs puissantes 
nageoires la surface des eaux, tranquille et unie comme un vaste 
miroir. 

Nous continuons notre voyage à dos de mules; ces animaux nous 
servent en lieu et place de « plus nobles montures» pour arriver 
jusqu’à la capitale du petit état de Colima. Nous longeoxs d’abord 
la lagune dont nous avons précédemment fait mention et qui se 
nomme «lagune de Manzanilla. » C’est un chemin bien dangereux 
que celui par lequel nous devons passer : une eau profonde d'un 
côté, de l’autre des rochers de hauteur démesurée et, entre deux, 
une route parsemée de robustes figuiers dont il faut d’abord abattre 
les racines adventives appendues aux rameaux pour ouvrir un 
chemin à nous et à nos bêtes. Des essaims de moustiques et de 
taons nous obsèdent de leurs piqûres auxquelles nous ne pouvons 
opposer qu'une résignation passive. Nous ne trouvons rien de 
bien remarquable ni de bien intéressant en fait de plantes, sauf 
peut-être un Vitis, unique de son espèce, dont le rhizôme déve- 
loppe annuellement une ou deux nouvelles pousses hautes de dix 
à vingt mètres et produisant une grappe à chaque pétiole. C'est un 
spectacle curieux que de rencontrer à la fois, sur la même pousse, 
boutons, fleurs et grappes mûres. Les baies ressemblent à nos plus 
grosses groseilles ; elles sont d'un noir foncé et ont une saveur forte, 
aromatique, que l’on ne peut qualifier précisément d’agréable, mais 
qui disparaît par la coction pour ne laisser qu’une compote d’un fort 
bon goût. Si cette vigne n’était une plante essentiellement tropicale, 
j'en recommanderais fortement la culture en Europe. 

La nuit descendait à grands pas quand nous apercûmes au loin 
quelques misérables cabanes qui, d’abord, nous parurent complète- 
ment couvertes de neige, tant elles avaient d’éclat et de blancheur. 
Nous ne tardâmes pas à reconnaître que cette apparence était due au 
sel, dont on extrait du sol des quantités suffisantes pour approvision- 
ner une bonne partie du nord du Mexique. Nous y trouvons des cen- 
taines d'ânes, de mulets et de chevaux, tous chargés de ce précieux 
condiment. Les huttes, petites et misérables, ne pouvaient nous 
fournir un abri que nous cherchâmes sous les puissants rameaux d’un 
Tamarindus indica ; après quoi nous nous arrangeâmes pour la nuit, 
aussi bien que les circonstances le permettaient. 


25400 "ke 


Nous avions pris auparavant un frugal souper composé de quelques 
œufs, de bananes, de café noir ainsi que d’un peu d’une eau de vie 
grossière apnelée aquardiento — eau de feu — dans le pays. Il ne 
pouvait être question de dormir, au milieu des essaims d’insectes 
acharnés à nous torturer: nous n'en fûmes pas moins heureux de 
pouvoir étendre pendant quelques heures nos membres endoloris. Aux 
premières lueurs da jour nous étions sur pieds, prêts à reprendre 
notre voyage. Cependant la végétation ne tarde pas à revêtir un 
aspect tout différent, au fur et à mesure que le sol s'élève. Nous ne 
rencontrons guère, en fait de plantes intéressantes, que l’Arbre 
Courbaril commun, Aymenea Courbaril L., qui s’élève à une 
hauteur énorme et atteint souvent deux mille ans d’existence. 
La souche, à sa partie inférieure, présente de grandes ailes et 
acquiert une circonférence d’une vingtaine de mètres. Son bois est 
dur et d’un beau brun; il est fréquemment employé comme bois de 
charpente, notamment pour la confection des canots. Ses fruits 
ressemblent aux boules de nos jeux de quilles ; ils sont à peu près de 
même grosseur et renferment de nombreuses graines logées dans une 
pulpe farineuse. Débarrassés de leur contenu, ils servent dans la vie 
domestique à de multiples usages ; on les emploie comme tasses à 
café, comme pots à tabac, pour conserver le sucre, le café, le poivre 
d’Espagne, etc. C’est dire qu’ils sont d’une réelle et incontestable 
utilité. On voit de ces fruits par milliers, accumulés en couches 
épaisses sous les arbres où ils deviennent la proie d’une putréfaction 
lente. Entre-eux grandit, représentée par d'innombrables spécimens, 
une Orchidée à panicules florales d’un beau rose. Reichenbach fils, 
le grand orchidophile, la nomma Zaeliopsis non-chinensensis tandis 
que le D' Lindley, trompé par son habitus, la rangea parmi les 
Epidendrum. J'en ai envoyé 3000 pieds en Angleterre, mais je ne 
crois pas que la plante s’y soit maintenue. 

Enfin nous apercevons au loin la ville de Colima et, comme au 
départ du port, le volcan dressant devant nous sa cîme élancée haute 
de 5000 mètres. Il est formé de deux cratères, l’un éteint depuis 
longtemps, l’autre qui présente des alternatives d'activité et à côté 
duquel s’en est tout récemment formé un troisième en état d’éruption 
permanente. | 

Colima est la capitale du territoire de même nom, avec une popu- 


MON (cons 


lation qui ne dépasse pas 10000 âmes et se compose pour les deux 
tiers de femmes : triste conséquence des révolutions qui ravagent 
périodiquement le pays. Le premier acte de chaque nouveau dictateur 
est de faire, autant que possible, table rase de ses adversaires. Les 
combats antérieurs à son avènement en ont déjà bien réduit le nombre, 
mais peu importe : il faut procéder avec la plus extrême rigueur 
contre ceux qui ont survécu et dont l'influence pourrait continuer à 
se faire sentir sur une population « changeante à l’égal des flots de 
la mer ». La ville est vaste ; elle doit aux jardins qui la parsèment 
un aspect qui n’est pas sans charmes ; elle est traversée par de 
nombreuses rues croisées à angle droit : au centre se développent 
deux grandes places, l’une encadrée par une double rangée d'orangers, 
l'autre servant de jardin public (Almeda). Des centaines d'espèces de 
rosiers y sont représentées par des spécimens gigantesques, en 
particulier les Roses-thé, pour lesquelles les habitants de Colima 
semblent éprouver une vraie prédilection. Ces rosiers s'élèvent avec 
l’âge à la hauteur de vrais arbres ; ils ne manquent jamais d’exciter 
l'admiration de l'Européen et, de fait, ce n’est pas sans un sentiment 
de convoitise jalouse que le rosiériste allemand contemple ces rosiers 
arborescents couverts de milliers des plus belles fleurs. Le jardin 
renferme enoutre des Oleander, Héliotropes, Gardenia florida, de 
bleus Plumbago capensis, des Bignonia capensis, Ipomaea, Jasmins, 
Hibiscus et surtout le splendide Poinseltia pulcherrima en pleine florai- 
son. C’est un séjour enchanté qu’un pareil lieu, avec ses parterres 
de fleurs si belles, si diverses, d'où s’exhalent des senteurs exquises 
et embaumées. 

Chaque habitation de Colima possède son jardin où se cultive 
surtout le Café, mais où prospèrent également le Cocotier, le Cacaoyer 
et l’Ananas à fruits vraiment exquis. Le café de Colima est le meil- 
leur du Mexique et la demande en est toujours considérable. 

Il faut quelques jours pour visiter la ville dont l'étendue est hors de 
rapport avec l’exiguité de sa population, mais on n'a pas lieu de 
regretter le temps que l'on y consacre. Outre le désir de voir en 
détail les jardins et les curiosités de Colima, j'avais encore à y régler 
diverses affaires qui ne souffraient aucun retard. Les obstacles et les 
difficultés de tout genre qui, dans les derniers temps, s'étaient accu- 
mulés sur ma route, avaient fortement ébréché mon avoir et il fallait 


avant tout songer à renouveler mon stock du précieux métal. J'avais 
en portefeuille une traite sur la maison Oetling et Cie à Colima et me 
mis bravement à sa recherche. C’est la succursale d’une grande mai- 
son de banque de Hambourg dont le représentant à Colima est 
M.Christian Flor,un compatriote qui exerce en même temps les fonc- 
tions de vice-consul d'Allemagne et me fit le plus charmant accueil. Le 
consul général a'lemand au Mexique avait été prévenu de ma pro- 
chaine arrivée par M. Flor, qui n'avait pas manqué de me recomman- 
der chaleureusement à sa bienveillance. J'ai rarement eu le bonheur 
dans mes voyages de rencontrer autant de sympathie et un 
désir aussi vif de me voir réussir dans le but de mes explorations, 
et c'est un devoir de reconnaissance que je remplis aujourd’hui en 
exprimant publiquement à M. Flor toute ma gratitude pour l’aide 
bienveillante qu’il a prêtée à un compatriote dans l'embarras. 

Mes affaires d'argent furent bientôt réglées. Il s'agissait désor- 
mais de faire de bonne besogne car, jusqu'alors, mes explorations 
n'avaient rien produit qui fut de nature à compenser les dépenses 
considérables auxquelles elles m'avaient entrainé. Il fallait chercher 
des Orchidées, en trouver coûte que coûte et ne reculer devant aucun 
obstacle pour parvenir au but. Je résolus donc d'entreprendre 
l'ascension du volcan par le flanc nord, espérant bien ne pas ren- 
contrer de difficultés sérieuses jusqu’au sommet qui, vu de la ville, 
ne me paraissait distant que d’une bonne portée de fusil. Je ne fus 
pas longtemps à reconnaitre mon erreur. Tantôt c'était un précipice 
à franchir, tantôt une pente à gravir puis à redescendre et le jour 
touchait à sa fin que nous étions encore loin du but! Vers le soir nous 
traversons un village indien dont les nombreuses huttes s’alignent 
à l’ombre de superbes orangers. Pour un medio (25 centimes), 
nous achetons plein un sac de ces fruits exquis, dont nous chargeons 
le dos de nos mules. À notre départ de Colima, nous nous étions 
abondamment fournis de provisions de bouche; nos bêtes portaient, 
soigneusement empaquetés, du café, du sucre, du chocolat, 1/4 de 
quintal de viande séchée et un baril de mescal (eau de vie fabriquée 
avec les Agave). | 

À l'approche de la nuit nous cherchâmes, pour y coucher, un lieu 
à proximité d’une source. Nous eûmes bientôt fait d'en trouver un, 
dans la profondeur d’une gorge d’où l’on n'apercevait plus trace du 


LIL Q En Vu 


volcan. Nos bêtes furent débarrassées de leur fardeau, car elles 
avaient besoin de repos et de nourriture. Le lendemain matin nous 
allumons un grand feu, avalons une jatte de café noir additionné 
de mescal en guise de lait et un morceau de viande dégourdi sur 
la braise ; puis nous nous mettons à la recherche de nos chevaux 
et de nos mules, les sellons, les rechargeons et reprenons allègre- 
ment notre route. Toute trace du chemin est perdue : il s’agit d'aller 
au petit bonheur. Bientôt nous arrivons dans un ravin large et 
escarpé, face à face avec un spectacle bien propre à mettre en 
évidence l’irrésistible puissance des forces de la nature. Sur plusieurs 
centaines de mètres d’étendue, le sol est parsemé de minuscules frag- 
ments d’une roche particulière semblable à la pierre ponce, dont 
l'accumulation ralentit le cours des eaux. Aïlleurs la terre s’est 
entr’ouverte, engloutissant ies arbres gigantesques de la forêt vierge 
et entassant à leur place des rochers hauts comme des maisons, 
aux contours si réguliers et disposés avec tant de symétrie que l’on 
croirait y reconnaitre l’œuvre de l’industrie humaine. Ici ce sont des 
monticules arrondis, là, semblable à quelque tour gigantesque, s'élève 
dans l’espace une colonne massive et régulière ; plus loin encore 
c'est une sorte de forteresse construite suivant les préceptes de la 
plus exacte stratégie. 

Cà et là plane en croassant dans les airs un de ces hideux vautours 
si abondants au Mexique, tandis qu'un lézard bigarré s'enfuit crain- 
tivement sur les flancs des rochers : nul autre être vivant n’anime 
ces solitudes désolées. Combien de temps ont-ils encore à demeurer 
debout, ces rochers, avant qu'une nouvelle convulsion du sol les 
reprenne et rétablisse à leur place la végétation luxuriante et la 
vie active et florissante d’autrefois?...... Quant à notre route, pas 
plus que sur la main ; pas le moindre indice du Colima. Les guides 
commencent à perdre courage et à parler de regagner la ville. Ils 
pensent qu’une « colonie » doit exister aux environs, au moins il yen 
avait une autrefois : seulement qui sait si elle ne s’est pas engloutie 
avec le reste dans ce bouleversement du sol? Mais j'ai foi en ma 
boussole, mon seul guide désormais, car il est difficile de tirer 
quelque chose d’un Mexicain quand il commence à perdre la tête et à 
considérer comme irréalisable un but périlleux et difficile à atteindre. 

Je veux avancer à tout prix, quoiqu'il arrive. Je sens qu'elles ne 


HPob, 


sont pas loin, ces Orchidées dont la riche mois son doit me dédom- 
mager amplement de toutes mes peines et de toutes mes fatigues. Car 

la vue d’une plante nouvelle, inconnue, a sitôt fait oublier au botaniste 

les tracas, les privations d'un voyage long et pénible; le désir et 

l'espoir de rencontrer quelqu’autre production plus brillante encore 

du sol privilégié des tropiques a sitôt ranimé ses forces épuisées et 

ses esprits abattus! Aussi longtemps que nous avons des vivres, 

il ne s’agit pas de songer au retour : voilà ce à quoi je suis ferme- 

ment décidé. 

Tout à coup nous remarquons, appuyé contre un arbre, un être 
vivant que nous prenons d’abord pour un homme, maïs que nous 
reconnaissons bientôt n'être qu’un bouc, occupé à brouter les bran- 
ches basses. La présence de cet animal nous annonce la proximité 
d'habitations humaines et mes guides reprennent force et courage. 
Nous hâtons quelque peu le pas de nos montures et voyons bientot la 
contrée revêtir un tout autre caractère. C'est la forêt vierge, 
plusieurs fois séculaire, dans toute sa majestueuse beauté, avec la 
superbe parure qu’elle tient de la munificence de Flore; c’est le but 
de mon voyage, car partout autour de moi les Orchidées déploient 
leurs formes ravissantes et leurs brillantes couleurs. 

J'étais amplement dédommagé des ennuis et des périls du chemin; 
je ne songeais plus à la fatigue qui, peu d’instants auparavant, 
enchaïnait mes membres et paralysait mes forces. De tels moments 
sont les plus doux dans la vie d’un botaniste coilectionneur; ils com- 
pensent largement les dangers et les efforts du voyage le plus pénible. 

L'Oncidium hastatum var. Roezli (RcHBcH) croissait partout à pro- 
fusion ; le beau T{landsia usneoïdes laissait pendre ses guirlandes 
aux branches de chaque arbre. À côté se déployaient, dans toute 
leur splendeur, les Oncidium Cavendishianum, Laelia albida, L. au- 
tumnalis et Mormodes laxeatum. Ce dernier est une superbe Orchidée 
à vastes panicules de fleurs jaune-citron. Certains pieds donnent 
3 à 5 hampes, portant chacune 8 à 15 fleurs. J'avais à peine recueilli 
quelques unes de ces jolies plantes que deux Indiens, l’un jeune, l’autre 
vieux, parurent tout-à-coup à mes côtés. Ils se mirent à me consi- 
dérer tous deux avec une curiosité quelque peu inquiète. Je remarquai 
bientôt aux questions qu’ils m'adressaient qu'ils me prenaient pour un 
médico (docteur) et me croyaient occupé à collecter des simples. 


OT ATEER 

Naturellement ils cherchèrent à savoir à quelles maladies je les 
destinais, quelle préparation il fallait leur faire subir, où et 
quand on devait les récolter, etc. Je leur fis comprendre que je me 
proposais d'escalader le volcan, ce qui les fit rire aux éclats et ne 
laissa pas que de me déprécier dans leur estime. Suivant leur naïve 
croyance, un esprit des ténèbres tenait son sabbat sur ces hauteurs 
et jamais un mortel n’avait impunément foulé aux pieds ses domaines, 
que ne traverse du reste aucune route et à travers lesquels on ne 
saurait en faire passer aucune. Ces racontars des Indiens me laissèrent 
profondément indifférent : je connaissais assez l'esprit superstitieux de 
ce peuple pour ne pas me laisser détourner de mon projet par leurs 
contes en l’air; mais il n’en fut pas de même de mes gens, sur 
l'imagination desquels ces histoires ne manquèrent pas de produire 
leur eïïet habituel. 

Tous faisaient triste figure et se demandaient à l'oreille si, dans de 
telles circonstances, il ne vaudrait pas mieux me laisser dans l’em- 
barras. Je ne fis pas semblant de m'en apercevoir et me renseignai 
auprès du vieillard sur sa demeure et ses provisions de vivres. Pour 
le mieux disposer à notre égard et le rendre plus communicatif, je lui 
tendis ma gourde qu’il n’accepta qu'avec méfiance et après nous en 
avoir vu prendre, à mes guides et à moi, une bonne rasade. Il se dé- 
cida enfin à nous proposer de nous conduire à sa hutte, à condition de 
laisser nos bêtes à l’endroit où nous nous trouvions, car il nous fal- 
lait, pour y atteindre, traverser un profond ravin impraticable aux 
chevaux et aux mules. Nous débarrassâmes donc nos bêtes de leur 
fardeau et ne primes avec nous que ce dont chacun avait strictement 
besoin pour la nuit. Le passage du ravin fut extrêmement pénible : 
nous étions presque constamment obligés de ramper sur les pieds et 
les mains, et, pour moi, qui ai laissé ma main gauche à la Havane, cet 
exercice était aussi fatigant que périlleux. À un moment donné, il me 
fut impossible de continuer l’escalade et mes gens durent me remonter 
à l'aide de cordes du fond du précipice. La nuit était déjà tombée 
quand nous arrivames à la hutte de l’Indien, que rien du reste ne 
distinguait de celles que nous avions vues précédemment. La provision 
de victuailles n’était guère riche : il n’y avait que du miel, si dur qu'il 
fallait le découper à la hâche. Nous fimes cuire des œufs et du café et 


mangeâmes du pain de maïs, auquel nos estomacs affamés firent le 
7 


SONO SR 


meilleur accueil. Puis nous dressämes notre lit sur le sol uni de la 
hutte. Quelques instants après, épuisés par les efforts de la journée, 
nous reposions d’un profond sommeil... Au lever du soleil nous nous 
levâämes. Un spectacle admirable nous attendait sur Le seuil de cette 
pauvre cabane: nos regards plongeaient sur la vaste étendue de la 
plaine et dans le fond, à une grande distance, le volcan s'élevait dans 
les airs sous un angle de 75°. 

Notre hôte nous conduisit à une fontaine thermale, dont les eaux 
bouillantes et limpides comme le cristal jaillissaient à quelques 
pas de son habitation. Je ne tardai pas à acquérir la conviction 
intime qu’il ne fallait pas songer à atteindre le volcan dans 
cette direction; nous payâmes notre hôte, repassâmes le ravin et, 
après avoir retrouvé et rechargé nos bêtes, nous reprimes lestement 
notre route. Mes compagnons d’aventure nous voyant redescendre 
une bonne partie du chemin que nous avions parcouru la veille, se 
réjouissaient de ce que j’eusse ainsi renoncé à l’idée d’escalader le 
volcan... Enfin, vers midi, nous prenons une autre direction par 
laquelle j'espère atteindre plus aisément mon but. Nous grimpons 
des montagnes, descendons des ravins escarpés : il faut l’œil d’un 
observateur attentif pour s’apercevoir que nous nous élevons de plus 
en plus. Nous venons d’escalader une crête de rochers de 2500 m. 
environ de hauteur quand la nuit nous surprend. Impossible de trouver 
de l’eau; après d’infructueuses recherches, nous nous décidons à 
camper sous un chêne vigoureux, dont les branches sont tapissées 
d'une épaisse couche de mousse où ont pris racine d’innombrables 
Agaves. Deux espèces surtout s'étalent à profusion sur les arbres 
voisins, représentées par de robustes spécimens: ce sont l’Agave 
atlenuata et un Agave très voisin de l’Agave americana commun. Le 
premier porte des feuilles dépourvues de piquants, d’une belle couleur 
vert-grisâtre tendre : c’est une des plus jolies espèces de cette 
remarquable famille. Le Dallia variabilis commun, souche de nos 
magnifiques Dahlias d'Europe, croit aussi en abondance sur le 
vieux chêne au tronc noueux, à côté de l'Achimenes grandiflora et de 
divers Echeveria qui font de l'arbre décoré de leur brillante parure 
un véritable jardin suspendu. Le lendemain matin nous nous éveil- 
lons transis de froid, car nous campons à une altitude de 2340 m., 
et nous sommes au 24 décembre, le jour de l’année où, sous le 


OO ne. 


21° parallèle, le soleil est le plus incliné sur l'horizon. Pour 
réchauffer mes membres engourdis, je pousse une pointe dans le 
voisinage et me trouve tout à coup devant un précipice escarpé 
dont les rochers à pic ont bien 1500 m. de profondeur et déploient 
à mes regards émerveillés un spectacle qui ne sortira jamais de ma 
mémoire. Les flancs du gigantesque abîime sont tapissés d'Agave, de 
Fourcroya, d'Echinocactus, de Cereus et de multiples buissons serrés, 
compactes, couverts de Zllandsia usneoïdes, dont les guirlandes 
pendent à 10 m. de profondeur. Une rivière en miniature ser- 
pente au fond du précipice et se fraie péniblement un chemin à 
travers les débris de pierre-ponce secoués par les convulsions du 
volcan... Dans l'intervalle nos bêtes étaient rechargées et nous 
poursuivons notre ascension. En route, je trouve, suspendu aux bran- 
ches des arbres, le Callleya citrina et un gracieux Cereus, proche 
parent du C. speciosissimus, dont les hampes florales longues d’un 
mètre sont couvertes de centaines de grandes fleurs rouges; ces jolies 
plantes ne décorent pas seulement les chênes, mais encore les cimes 
de l’Abies religiosa, représenté ici par de gigantesques spécimens. Sur 
certains pieds isolés, d’une beauté et d’une vigueur remarquables, je 
remarque des aiguilles de 30 à 40 centim. de longueur, si puissamment 
développées que je m’imagine un instant avoir affaire à une espèce 
différente. Il ne tient qu’à moi d'emprunter aux plus robustes de ces 
arbres quelques-uns de leurs cônes, mais l’entreprise n’est pas aisée à 
effectuer, car ils atteignent souvent une hauteur de 70 m. et les bran- 
ches sont surchargées de Cactus au point de rendre presque vaine 
toute tentative de parvenir au sommet. Enfin, après bien des pour- 
parlers, je décide un Indien à grimper sur l’un de ces arbres, dont la 
cime me semble chargée de cônes murs. Peu commode est la route 
ouverte aux efforts du pauvre diable à demi nu : il iui faut d’abord se 
frayer à coups de cognée un chemin à travers les Cactus et ce n’est 
qu'après un temps assez long et beaucoup d'efforts qu’il arrive au 
sommet et atteint les cônes. Je lui ordonne de me jeter d’en haut une 
branche chargée de fruits et constate que c’est bien un Abies religiosa, 
mais que les vers en ont rongé et détruit toutes les graines. Donc rien 
à faire de ce côté : nous reportons notre attention sur les Orchidées 
représentées par de splendides exemplaires d'Odontoglossum Cervan- 
lesi et maculatum, de Cattleya cilrina, etc. qui me font espérer un 


— 100 — 


riche butin. Par malheur je ne suis pas équipé en vue d’une récolte 
abondante; je ne fais recueillir en conséquence que les spécimens dont 
les fleurs sont le mieux développées. Nous continuons à monter jusqu’à 
3000 m. de hauteur sans rien rencontrer, à l'exception de l’élégant 
Odontoglossum nebulosum... Cependant nos provisions de bouche tou- 
chent à leur fin; nous marchons depuis deux jours sans rencontrer 
trace d’une source : hommes et bêtes soupirent après un peu d’eau frai- 
che.Cà et là nous trouvons un Bromelia auquel nous enlevons avidement 
l'eau condensée dans ses gaînes foliaires, mais il n’y en a pas assez pour 
partager avec Les compagnons de nos labeurs. Inutile de compter sur le 
voisinage d’une habitation : il faut bon gré malgré se décider au retour, 
sous peine de perdre nos montures. Nous passons encore une nuit sur 
la hauteur et, le lendemain matin, nous commencons la descente. Dans 
l'intervalle la neige est tombée en abondance et a couvert le chemin 
de son blanc linceul. Nos bêtes ne tardent pas à sentir le voisinage des 
sources ; elles doublent le pas et, trois jours plus tard, nous atteignons 
Colima. Là, je paie mes guides et les charge de continuer la récolte 
des Orchidées, en leur offrant 2 à 3 dollars (11 à 16 fr‘) pour chaque 
centaine de pieds vigoureux ; je leur remets comme type un spécimen 
de chaque espèce recueillie pendant l'expédition. Il était grand temps 
que je trouve un abri, car, à peine arrivé à Colima, je fus saisi de vio- 
lents accès de fièvre qui me tinrent huit jours entiers au lit. À peine 
étais-je rétabli que mes Indiens arrivaient en foule, m’apportant d’im- 
menses quantités de plantes recueillies à mon intention. Ce fut tout 
un travail de les trier, de les nettoyer, puis de les empaqueter 
soigneusement. D’autres Indiens, qui fournissent la ville de gibier et 
de charbon de bois, m’apportèrent aussi des montagnes voisines divers 
spécimens nouveaux, en me demandant de leur désigner ceux qui 
étaient à ma convenance. Je choisis les Oncidium tigrinum, Odon- 
toglossum Tnsleayi et leopardinum, Oncidium Cavendishianum, Laelia 
majalis et autumnalis, Oncidium hastatum var. Roezrli et Mormodes 
laxeatum, et promis 2 à 3 dollars (11 à 16 fr°) pour chaque centaine de 
pieds. Dès la fin de décembre j'avais recu assez d'Orchidées pour en 
expédier, le 15 janvier, 10,000 pieds des plus jolies espèces soigneuse- 
ment emballés.Je n'avais au début l’intention d'exporter en Angleterre 
que 2,000 pieds environ et priai en conséquence Messieurs mes four- 
nisseurs de cesser leurs recherches. Ce fut en vain : ils n’en conti- 


— 101 — 


nuèrent pas moins à arriver tous les jours par bandes nombreuses, me 
priant et me suppliant jusqu’à ce que je leur eusse acheté leur récolte. 
Les pauvres diables me faisaient peine; il leur fallait souvent huit 
jours pour faire le voyage et autant pour revenir et personne à 
Colima ne leur eût donné un liard de tout leur butin, de telle sorte 
que le fruit de leurs peines et de leur travail eût été entièrement 
perdu pour eux. Je possédais déjà 20,000 plantes et l’affluence des 
vendeurs ne diminuait pas. J'avais empli d’Orchidées tout ce qu’on 
pouvait trouver de caisses disponibles à Colima quand je vis arriver 
un beau matin un convoi indien composé de 25 bêtes de somme, 
chevaux et mules, surchargés de plantes. Le bruit de mes largesses 
avait fait le tour de la contrée et chaque Indien voulait bénéficier à 
son tour de cette occasion sans précédent. Cette trop grande abon- 
dance de biens ne me fut rien moins qu'agréable, car je n’ignorais pas 
que le port de ma cargaison jusqu’en Angleterre me coûterait par 
mètre cube au moins 300 marcks de monnaie allemande (375 fr). 
Les Indiens avaient un profond respect pour ma personne et me 
regardaient comme quelque puissant magicien. Ces bonnes gens, 
incapables de comprendre pourquoi j'achetais une si grande quantité 
de plantes, plus surpris encore de me voir indiquer exactement la 
station, l'altitude et la couleur de chaque espèce, étaient unanimement 
d'avis que je destinais les bulbes à quelque puissante préparation 
médicale. Naturellement j'étais censé capable de guérir toutes les 
maladies qui ravagent la contrée et n'ont la plupart du temps d’autre 
cause que la malpropreté repoussante de ses habitants. Curieux comme 
le sont tous les Indiens, ils m’accablaient de questions dont l’éton- 
nante naïveté ne laissait pas que de m’embarrasser quelquefois. C’est 
ainsi que l’un d'eux voulut savoir s’il existe aussi des vaches sur 
l’autre continent, et comme je lui disais que les vaches mexicaines 
ont été importées d'Espagne il y a quelque 300 ans, il me demanda, 
avec un sourire narquois, d’où j'étais si bien renseigné. Je lui répondis 
sur le ton de la plaisanterie que j'étais contemporain de l’évènement 
et que j'avais été moi-même témoin du fait. Le bon vieillard — 
c'était parmi les naturels un personnage d’importance — prit mes 
paroles pour de l'argent comptant et fit part aux siens de mon 
étonnante vieillesse. Ceux-ci ne mirent pas un instant la chose en 
doute : comment sans cela aurais-je eu connaissance de l'importation 


— 102 — 


du bétail par les Espagnols? Tâcher de faire comprendre à ces 
braves gens que je l’avais appris dans des livres eût été perdre mon 
temps et mes peines, car les Indiens n’ont aucune idée de la lecture. .… 
Tous attribuèrent ma force et ma vigueur à l’usage des simples 
et s'imaginèrent que je faisais servir les Orchidées à la prépara- 
tion de quelque puissant onguent, propre à entretenir la santé et à 
prolonger l’existence. 

Au commencement de mars, je finissais d’empaqueter et d’expé- 
dier 100,000 Orchidées, entre autres 22,000 spécimens d'Odontoglos- 
sum Cervantesi que j'avais payés tout au plus 4 marks (5 fr.) le mille. 
Heureusement cette Orchidée occupe si peu de place que je pus en 
ranger jusqu’à 3000 pieds par mètre cube. N’empêche que je dus 
payer, à ce que j'appris plus tard, 8000 marks (10,000 fr.) de port 
pour les 100,000 spécimens. — Une fois cette fastidieuse besogne 
terminée, je résolus de faire l’ascension du volcan Colima par le flanc 
sud, fermement convaincu que j'y rencontrerais une flore tout autre 
que sur le versant nord. | 

Nous nous mettons en route le 8 mars de bon matin, moi, plein 
d'espoir et de courage, mes compagnons remplis d’hésitation et de 
folles terreurs et ne se décidant à me suivre que sur la promesse de 
brillantes récompenses. Deux Indiens seulement ont pu être amenés 
à me servir de guides; les autres se sont effrayés à l’idée de périls 
insurmontables à leurs yeux. Cette fois nous prenons la route royale 
(Camino real) qui conduit à Guadalajara, la seconde ville du 
Mexique en importance. Le soleil nous brûle les reins; la route, 
comme toutes celles du pays, est mauvaise à défier toute descrip- 
tion. Nous gravissons lentement la pente de la montagne jusqu’à 
une vaste barranca (ravin) profonde de 900 m., avec des parois 
presque à pic. Le sentier en zigzag qui la traverse n’est pas 
précisément commode; des éboulements l’ont complètement détruit 
par places et il est si étroit que deux hommes n’y pourraient 
passer de front : aussi, à chaque Mexicain que nous rencontrons ve- 
nant d’une direction opposée, nous préparons-nous à disparaître tête 
la première dans l’abîime béant ouvert à nos côtés, promenade dont 
l’idée n'a rien d’enchanteur et suffit pour donner la chair de poule à 
l’explorateur le plus intrépide. Nous avons franchi une bonne moitié 


de cette route vertigineuse quand des voyageurs, venant en sens op- 


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posé, nous apprennent que des ladrones (voleurs de grand chemin) se 
tiennent en embuscade au fond de l’abime sur les rives du fleuve et ne 
laissent passer âme qui vive sans la dépouiller de tout ce dont ils peu- 
vent tirer parti. Une telle nouvelle n’est pas faite pour m'égayer, car 
je porte sur moi tout mon avoir représenté par une somme d’argent 
assez ronde et la perspective de la voir tomber entre les mains 
de ces bandits n’a rien de bien récréatif. Aussi faisons-nous halte au 
premier élargissement de la route pour attendre les évènements et 
méditer quelque moyen de nous tirer d’affaire. Le grand air et la 
fatigue de la marche ont aiguisé notre appétit et nous profitons de 
l'occasion pour faire un repas en règle. Tout à coup retentissent dans 
le fond des coups de fusil répercutés par les rochers du précipice et 
semblables aux éclats d’un tonnerre lointain. De l'endroit où nous som- 
mes installés nous ne pouvons rien apercevoir ni deviner la cause de 
tout ce bruit, jusqu’au moment où l’un de nos guides, se penchant avec 
précaution sur le bord de l’abîime d’où sa vue domine l’ensemble de la 
gorge, nous crie que les brigands sont aux prises avec une escorte, et 
cette bonne nouvelle dissipe quelque peu les sombres présages qui 
obscurcissent notre horizon. Peu d'instants après nous voyons une 
douzaine de cavaliers s'éloigner dans une direction opposée, en même 
temps que deux voyageurs gravissent péniblement le dangereux sen- 
tier. Ce sont deux riches Mexicains, accompagnés d’une vingtaine 
d'hommes, formant ce qu’on désigne dans le pays sous le nom d’escorte. 
C’est le gouvernement qui les choisit, mais il faut pour se les attacher 
leur faire les offres les plus séduisantes, sans compter le danger d’être 
pillé, puis abandonné par ces étranges gardes de corps. 

Le reste du trajet s'effectue sans incident qui mérite d’être rap- 
porté, et nous commencons à envisager d'un œil moins craintif les 
périls que nous réserve l’avenir. Nous arrivons le soir à Tonilla, 
misérable bourgade décorée du nom de ville, suivant l'usage mexi- 
cain. Tonilla est le seul point d’où l’on puisse, d’après mes observa- 
tions, tenter avec chance de succès l’ascension du volcan. Je m’appro- 
visionne des vivres nécessaires au voyage, et le lendemain matin, dès 
les premières lueurs du jour, nous commencons notre périlleuse esca- 
lade. Nous traversons d’abord, sur une vaste étendue, une superbe forêt 
de Pinus leiophylla, à l'ombre desquels de magnifiques pieds de 
Cypripedium ireopeanum déploient cà et là leurs riches panicules de 


— 104 — 


fleurs jaune d’or. La route s'élève de plus en plus. Nous rencontrons 
un courant de lave que nous suivons l’espace d’une demi-heure 
Achimenes, Echeveria, Begonia, Dahlia y croissent pêle-méle en 
une confusion étrange, étalant à la surface du sol, à l’époque de la 
floraison, un tapis aux teintes brillantes et bigarrées. Bientôt nous 
obliquons vers la droite : nous devons être tout proche du volcan 
dont nous ne parvenons cependant pas à découvrir la moindre trace. 
Tout-à-coup la terre se met à trembler, comme si elle voulait 
se dérober sous nos pas; un bruit effrayant, tel que le fracas du 
tonnerre, vient troubler le profond silence de ces solitudes déso- 
lées et jeter l’effroi dans nos esprits; les ténèbres de la nuit nous 
enveloppent de toutes parts; des éclairs rougeätres déchirent de 
temps à autre leur voile sombre et éclairent de leur teinte livide cette 
scène d'horreur et d’épouvante. 

Désormais le volcan ne peut être éloigné et je me sens transporté 
d’aise à cette pensée que mes labeurs et mes efforts ne demeureront 
pas sans récompense. Mes compagnons ne semblent guère désireux 
d'avancer ; ils craignent la vengeance de l’affreux démon qui, suivant 
leur naïve croyance, fait sa demeure du volcan, et dont le courroux 
ne pardonne jamais à l’être humain assez audacieux pour fouler aux 
pieds son ténébreux domaine. 

Je parviens cependant, à force de promesses, à les décider à me 
suivre. Nous atteignons bientôt un endroit couvert à profusion de 
Fourcroya Bedinghausi, particularité bien étrange quand on sait que 
le végétal en question ne se rencontre que sur le mont Ajusco, voisin 
de la capitale du Mexique. Ici, à 3000 m. d'altitude, cette plante 
caractéristique grandit en abondance, pleine de vigueur et de santé, 
bien que la température descende souvent jusqu’à 7° à 8° R. sous 0 
(— 10° C.). Entre le mont Ajusco et le volcan Colima s’alignent des 
centaines de montagnes ; l’espace qui les sépare est d'au moins 300 
milles allemands (555 kilom.) et c'est chose vraiment étonnante 
que de voir ce capricieux végétal faire sa demeure exclusive de deux 
pics aussi distants. Du reste le Fourcroya Bedinghausi est une plante 
extrêmement intéressante, extrêmement curieuse d'aspect et de struc- 
ture. Sa souche, haute de 2 mètres et large de 30 centim., porte un 
verticille de feuilles de 2 m. environ de diamètre, du milieu duquel 


s'élève une hampe florale haute de 6 m. environ. Les feuilles sont 


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grandes comme la main, dépourvues de piquants et de couleur verte : 
l’ensemble n’a pas mal l'air d’un Yucca de haute taille et de puissante 
structure. De la base du verticille foliaire surgissent, tout autour de 
la hampe principale, quantité d’axes floraux secondaires, plus petits, 
formant par leur réunion une pyramide large en dessous de 3 à 4 m. 
Le tout est couvert de milliers de fleurs blanches presque identiques 
à celles de nos jolies Tubéreuses. A peine cette étrange pyramide 
a-t-elle revêtu sa blanche parure qu'apparaissent, sur chaque hampe, 
d'innombrables bulbilles, de 3 à 4 centimètres de diamètre, desquelles 
sortiront plus tard de nouvelles plantes. Tandis que tous les autres 
Fourcroya sont vivaces, l'espèce que je viens de décrire est annuelle. 
Elle se distingue du reste par les dimensions de sa souche de toutes 
les espèces voisines. Enchanteur est le spectacle que déploient aux 
yeux du voyageur épuisé ces centaines de pyramides chargées de 
fleurs d’un blanc si éblouissant qu’il est bientôt forcé d’en détourner 
les regards. C’est à regret que nous nous séparons de ce charmant 
produit de la flore tropicale; il le faut bien cependant, car la devise 
d’un explorateur doit être : « toujours en avant. » 

Nous rencontrons aussi d'innombrables pieds d’'Abies religiosa : 
j'en profite pour faire emplir plusieurs sacs de leurs cônes mürs et 
bien développés. Diverses espèces d’Aunes y croïssent en abondance ; 
par-ci par-là se montrent quelques-uns de ces chênes toujours verts, 
dont le tronc noueux et tordu donne à l’ensemble de la forêt un aspect 
à la fois étrange et pittoresque. Sur l’un d'eux je trouve un Dahlia 
frutescent, inconnu jusqu'à ce jour aux cultivateurs européens. 
Je le baptise du nom de Dallia Maximiliana : c'est une intéressante 
espèce, qui ne me paraît que médiocrement appropriée aux conditions 
climatériques de l'Allemagne, mais réussirait sans doute mieux dans 
les jardins inondés de soleil de la « divine Italie » : elle atteint 2 m. 
de hauteur, ses fleurs se développent au sommet de jeunes pousses 
nées du bois des années précédentes. Je rencontre aussi en abondance 
le Zopezia grandiflora, à fleurs rouge-carmin semblables à celles 
d'un Fuchsia. C'est un vrai charme pour moi que de parcourir 
la forêt, de la fouiller dans tous les sens, et l'Odontoglossum 
Cervantesi que j'y trouve devient le point de départ d'une intéressante 
observation. Il m'avait semblé que, dans cet océan de fleurs parfu- 


mées et charmantes, pas une panicule n’était semblable aux autres en 


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couleur. Pour m'en assurer, je rassemble une centaine de hampes 
florales et constate, en effet, qu’il n’en est pas deux dont le coloris 
soit identique. Les unes sont d’un blanc pur, à macules grandes ou 
petites; les autres sont teintées de rose tendre, mais les teintes se 
marient de façon à répandre parmi elles une variété infinie. Au 
milieu des panicules récoltées, j’en trouvai une à fleurs semi-doubles; 
il y avait cinq de ces fleurs, dont les caractères se rapportaient assez 
bien à ce que les jardiniers désignent sous le nom de fleurs doubles. 
Il y a donc lieu d'espérer que des croisements intelligemment insti- 
tués et continués avec persévérance conduiront à des duplications 
des fleurs. 

N'oublions pas de mentionner aussi les superbes Tillandsia qui 
décorent à profusion les Conifères et les Chênes des guirlandes de 
leurs jolies fleurs. Ils ressemblent à des Ananas et sont représentés 
par diverses espèces, dont l’une porte des hampes florales longues 
d'un mètre, ne se ramifiant qu’au sommet, couvertes sur toute leur 
longueur de bractées rouges avec des fleurs violettes à leur aisselle et 
gracieusement penchées, tandis qu’elles sont dressées et rigides chez 
d’autres espèces. 

Peu à peu le Pinus leiophylla disparait, remplacé par son majes- 
tueux congénère, le P. Montezuma; par-cei par-là, de charmantes 
Gentianes déploient les corolles azurées de leurs fleurs portées, au 
nombre de 20 à 30, sur des hampes de 40 centim. de haut. Je ren- 
contre aussi de jolis Z’ageles en pleine floraison, trop tôt malheu- 
reusement pour en recueillir les semences. La nuit nous surprend 
à une altitude de 3400 m. Nous soignons nos mules, prenons un 
frugal repas, préparons notre couche et, fortifiés par une bonne rasade 
d'eau de vie du pays, nous nous disposons à goûter un sommeil répa- 
rateur.... quand tout à coup la terre s'agite comme un navire soulevé 
par les vagues d’une mer en furie, et les éclats d’un tonnerre souter- 
rain retentissent dans la profondeur du sol. En un endroit de la mon- 
tagne que nos pieds foulaient il y à quelques heures vient de surgir 
un nouveau cratère, quicrache, au milieu d’épouvantables détonations, 
d'immenses flots de laves brülantes. Leur torrent incandescent 
s’avance, s'étend, gagne ces arbres gigantesques dont la cime nous 
prétait naguère un abri protecteur : bientôt nous voyons ces robustes 
enfants de la montagne se tordre sous les étreintes du serpent de feu 


— 107 — 


qui les renverse, les détruit, les dévore de son haleine embrasée. 
Quelques secondes encore et la majestueuse forêt vierge tout entière 
est en feu, et le regard, aussi loin qu’il peut pénétrer, ne voit plus 
qu'un océan de flammes roulant avec fureur ses vagues incandes- 
centes. Cette nouvelle bouche par laquelle s’exhale l’haleine puissante 
du volcan vient de détruire en un instant la végétation accumulée par 
plusieurs siècles de lumière et de fécondité. De l’ancien cratère, éteint 
en apparence, s'élèvent de puissantes colonnes de fumée encore faible- 
ment lumineuses à leur base... .Cependant la nature,un instant épuisée 
par l'effort immense qu’elle à fait pour déchirer les entrailles du sol, 
semble avoir puisé dans ce court intervalle de repos les forces néces- 
saires pour se déchaîne; ensuite avec plus d'énergie et de puissance. 
Les secousses de tremblements de terre se succèdent si intenses, si 
effrayantes, que le sommet des arbres les plus élevés vient toucher 
par moments la surface du sol. Il fait clair autour de nous comme en 
plein jour, et jamais je n'oublierai le spectacle effrayant de cette 
nature puissante et courroucée. Vers quatre heures du matin, un 
sommeil irrésistible s'empare de nous et ferme invinciblement nos 
paupières, et nous reposons bientôt, insouciants et tranquilles, à 
côté du vacarme épouvantable qui continue à ébranler le sol sur 
lequel nous sommes étendus. Vers sept heures, l'éruption atteint son 
apogée et nous arrache à notre couche. Il est bien rare que l’on puisse, 
sans danger sérieux, observer d’aussi près semblable phénomène et 
il n’est probablement aucun autre volcan dans le cratère duquel on 
puisse plonger les regards pendant sa pleine période d’activité. 

Nous laissons nos bêtes à la garde des guides indiens et grimpons 
encore 200 m. plus haut, de facon à atteindre une altitude de 4,000 m.; 
quant au point culminant, formé de rochers à pic hauts de 300 m. 
environ, inutile d'en tenter l'escalade. Admirable est la perspective 
qui, de cet endroit, se déploie devant nos regards; ma plume renonce 
à dépeindre ce spectacle, dont la grandeur et la majesté défient toute 
description. Non loin, à l’ouest, l'Océan étale le vaste miroir de ses 
eaux bleues et tranquilles; plus près, dans la vallée, c'est la forêt 
vierge dans toute sa majesté : l’Aéfalea oleracea y croît en massifs 
serrés, peuplés d'innombrables bandes de perroquets qui en recher- 
chent avidement les semences etles ouvrent de leur bec aigu. A l’est 
se développe l'immense chaîne de montagnes de la Sierra-Madre. Des 


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milliers de tonnes d’or et d'argent gisent enfouies dans ses entrailles, 
et pourtant c’est à peine si, de distance en distance, une exploitation 
peu importante déchire les flancs des rochers qui en forment le sque- 
lette. Une forêt vierge touffue, puissante, vieille de plusieurs généra- 
tions, en tapisse l'étendue ; elle verra sans doute s’écouler bien des 
siècles encore avant que l'industrie et les sueurs humaines aient 
arraché aux rochers qu’elle couronne les trésors qu’ils renferment 
dans leur sein. Une chaîne latérale se détache de ces monts gigan- 
tesques : c’est la Sierra del tigre (Montagne du tigre) ; l’on y distingue 
par places des taches foncées : ce sont des massifs serrés de Pinus 
Montezuma. Aïlleurs, au milieu des forêts, se remarquent des espaces 
dépourvus de végétation et colorés en rouge intense : ce sont les 
pluies fréquentes et persistantes dans cette région qui ont enlevé du 
roc jusqu’à la dernière trace de terre et ont rendu la vie végétale 
impossible en ces endroits. À 2,600 mètres d'altitude s'étendent des 
forêts entièrement composées de PBrahea dulcis, superbe Palmier- 
éventail qui y prospère et s’y multiplie, bien que la température 
descende souvent en hiver à 5° R. sous zéro (— 6 1/4° C.). De la ville 
de Colima, nous ne pouvons discerner qu’une région peu étendue : 
le reste est masqué par l’un des cratères. Vers le nord s’étale, sur 
une immense plaine, la ville de Zopotitlan, avec ses 5 à 6000 habitants 
et ses vastes jardins fruitiers. 

Cependant notre provision de vivres est épuisée ; nous n'avons pas 
une goutte d’eau pour étancher la soif ardente qui nous dévore. C’est 
précisément quand on manque d’eau que la soif se développe de la 
facon la plus intense et que l’on soupire le plus vivement après cette 
boisson précieuse dont on ne consomme, en tout autre temps, qu’une 
quantité insignifiante. 

Nous chargeons nos deux Indiens d’aller à la recherche d’une source, 
afin que nous puissions du moins, à défaut d'eau potable, nous faire 
une tasse de café. Epuisé par cette longue course, l'esprit fatigué par 
la contemplation de toutes ces merveilles, je me couche à l’ombre d’un 
genévrier(Juniperus mexicana); j y étais depuis une longue heure quand 
mes Indiens reviennent avec un peu d’une eau puante, sulfureuse, 
dont mon neveu, M. Houda, parvient cependant à extraire un café très 
présentable. A côté du Juniperus précité grandissent, à cette altitude, 
un Leontodon à fleurs jaunes et une minuscule Gentiane. Quant aux 


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Pinus, plus un seul pied : ils ont complètement disparu. Nous rassem- 
blons du bois de genévrier mort pour en faire un foyer et rôtir un peu 
de viande qui, préparée de cette façon, acquiert un goût exquis; puis 
nous nous couchons à plat ventre et faisons honneur à notre modeste 
diner. Les cendres lancées par le volcan nous ont noirci le visage et 
nous font ressembler à autant de nègres; le vent soulève de temps 
à autre la poussière la plus fine en un tourbillon léger, qui ne laisse 
pas que de nous incommoder beaucoup... Cependant l'heure du retour 
a sonné; nous avons l'intention de passer la nuit à l'endroit où 
nous nous sommes précédemment reposés avec nos bêtes. Aucun 
incident ne vient interrompre notre marche, et nous arrivons à 
destination avant le coucher du soleil. Je profite des quelques instants 
qui nous restent avant la nuit pour faire une petite tournée aux 
alentours de notre campement. Bien que le volcan soit demeuré en 
état d’activité permanente et bien que d’épaisses colonnes de fumée 
n’aient cessé de sortir du cratère, nous nous abandonnons, tranquilles 
et confiants, aux charmes d'un sommeil réparateur. La volonté 
humaine, quelque puissante qu’elle soit, ne peut dominer le corps que 
jusqu’à une certaine limite; celle-ci dépassée, le sommeil survient 
avec une force irrésistible. C'était le cas pour nous : sans les efforts 
prodigieux qui avaient épuisé nos forces et engourdi nos membres, 
nous eussions eu peine à goûter un instant de repos. Aux premières 
lueurs du jour je m'éveille frais et dispos, animé d’une vigueur 
nouvelle, secoue mes campagnons de route et nous voilà descendant 
la montagne au pas accéléré. Plus d’une fois nous heurtons du pied 
les racines saillantes des Conifères ou les pierres nombreuses du 
chemin. Nous suivons encore la route par laquelle nous avons 
entrepris la périlleuse escalade quand nous apercevons tout à coup, 
roulant le long des pentes à une distance d'environ deux cents 
mètres, un torrent de lave incandescente. Terrible est la chaleur 
qu'elle développe sur son passage : aussi loin que nous pouvons 
la suivre des yeux, nous la voyons consumer, réduire en pyra- 
mides de flammes de l'effet le plus pittoresque les pieds d’Aÿies 
religiosa qu’elle rencontre en chemin. Pour éviter le danger d’un 
pareil voisinage nous prenons une autre direction et il n'est que 
juste temps, car déjà toute la forêt est en flammes et nous sommes 


obligés de faire un détour qui retarde d’un jour notre arrivée à 


ot 


Tonilla. Le lendemain matin, je charge quelques indigènes du pays 
de me recueillirun millier de pieds de Cypripedium irapeanum aux 
fleurs dorées : besogne peu commode, car ce capricieux végétal 
grandit sur des pentes escarpées où le pied humain a peine à se poser 
et la terre où s’enfoncent ses racines est une argile jaune que la séche- 
resse durcit au point qu’il devient presque impossible d’en extraire la 
plante sans l’endommager. Je fais aussi récolter et transporter à 
Tonilla un bon stock des Tillandsia précédemment décrits. Pendant 
le temps que les Indiens emploient à la récolte, je pénètre dans l’inté- 
rieur des terres et m'avance jusqu'à Zapotitlan, à deux jours de 
voyage de Tonilla. Nous traversons en route deux vastes ravins, 
sans rien trouver d’intéressant en fait de plantes; deux milles (3770) 
avant d'arriver, nous tombons sur un immense pédrégal (dépression 
du sol envahie par la lave) développé vers l’ouest. De telles stations 
sont pleines d'intérêt pour le collectionneur et de danger pour le 
voyageur qui les parcourt, car elles abritent quantité de recoins et 
de cachettes bien propres à servir d’abri aux Campadres (l). Un 
étroit sentier traversait notre pédrégal sur toute sa longueur et nous 
redoutions à chaque instant l'irruption d’une bande de brigands, 
sortis de quelque embuscade et désireux de s’enrichir de nos dé- 
pouilles. Heureusement il n'en fut rien : c'était jour de marché à 
Zapotitlan et la circulation sur cette mauvaise route était exception- 
nellement active. Des centaines d’ânes et de mulets, chargés des 
produits du pays, se dirigeaient vers la ville escortés de bandes 
nombreuses d’indigènes de la contrée. 

Le pédrégal que nous traversions produisait une végétation abon- 
dante : des Bouvardia, Begonia diversifolia, Tigridia Pavonia, 
divers Mamillaires et Echinocactus y déployaient leur luxuriante 
verdure et leurs fleurs aux teintes éclatantes. Cà et là, aux points où 
un peu de terre s’était accumulée dans les anfractuosités de la lave, se 
rencontrait un pied isolé de Bignonia lomentosa, avec ses grandes 
panicules de fleurs jaunes. Nous y trouvons, en fait de Fougères, de 
superbes spécimens de Notochlaena et d’Adiantum; puis diverses 


(1) Campadres signifie littéralement “« grand-père » : c’est le nom sous 
lequel on désigne d’ordinaire les brigands Mexicains. 


— 111 — 


Orchidées terrestres et enfin, aux endroits où la lave forme des murail- 
les à pic, une profusion de Tillandsia. C’est à regret que l’on aban- 
donne cette mer de rochers et de plantes, bien que les Cactus 
et les Opuntias y rendent la marche extrêmement pénible et que l’on 
s'attende à chaque instant à une agression de la part des bandits dont 
j'ai le droit de me méfier tout spécialement, car il m'est arrivé plus 
d’une fois d’être attaqué et complètement dévalisé par eux. Indépen- 
damment de la perte de son argent, on ne se tire pas de leurs mains 
sans nombre de horions et de rebuffades dont ils ne se montrent guère 
avares vis à vis du voyageur qui tombe en leur pouvoir, et l’on doit 
s’estimer heureux d’en être quitte pour des contusions sans gravité 
et le sacrifice de son bien. 

Zopotitlan s'étend à 1,300 m. au-dessus du niveau de la mer; c’est 
une grande ville habitée par une population d’environ 10,000 âmes. 
Chaque maison possède une ou deux cours ou jardins plantés de 
Pruniers, de Dattiers, d'Anona Cherimolia, de Persea gratissima, de 
Passiflora edulis, de Vignes et de diverses espèces de Rosiers thé. 
Ces derniers deviennent avec l’âge de vrais arbres, couverts à pro- 
fusion de fleurs qui naissent sans interruption pendant toute la durée 
de l’année : j'ai compté sur certains d’entre eux 10,000 fleurs com- 
plètement épanouies. La ville possède aussi deux jardins publics 
séparés, consacrés à la culture l’un des fruits, l’autre des fleurs. Ce 
dernier est désigné sous le nom d’Almeda; il est disposé à la mode 
française, tandis que les habitations qui l’avoisinent appartiennent à 
l'architecture espagnole. Le climat semble peu favorable au déve- 
loppement des Thuya, du moins j'en ai peu rencontré qui ne fus- 
sent chétifs et rabougris, tandis que le Cupressus pyramidalis 
y forme des pyramides hautes de 20 à 30 mètres. Chose étrange, il 
ne s’y cultive aucune plante mexicaine, à part un peuplier, le 
Populus canadensis, qui grandit dans le nord du pays et dont les 
quelques spécimens me furent signalés comme chose exceptionnel- 
lement rare. 

Les curiosités de Zopotitlan ne sont pas nombreuses à voir ; aussi 
eus-je bientôt fait de les passer en revue, après quoi je m’acheminai 
vers la montagne voisine. La forêt qui la décore se compose surtout 
de chênes et de pins; cependant, à 1,800 mètres de hauteur, nous 
trouvons tout un massif de Brahea dulcis, palmier-éventail qui atteint 


— 112 — 


5 ou 6 mètres de hauteur sur 20 à 30 cm. de diamètre et dont je fais 
recueillir par mes gens les semences en pleine maturité : nous en 
emplissons quelques sacs. C’est un des arbres qui rendent le plus de 
services aux Indiens du pays : ils en font des nattes qu'ils tendent 
entre des pieux et sous lesquelles ils s'abritent, ils en retirent les 
matériaux nécessaires à la confection des chapeaux d'hommes et de 
femmes et fabriquent, à l’aide de ses feuilles, toutes sortes de corbeil- 
les, de boites, voire même de liens pour le transport de leurs mar- 
chandises. 

Après quelques jours passés dans la contrée sans rien rencontrer 
de bien remarquable, je retourne à Tonilla où m’attendent 500 pieds 
de Cypripedium iropeanum, quantité de Broméliacées, plusieurs cen- 
taines de bulbes de Fourcroya Bedinghausi (Roezlia bulbifera) et une 
poignée de cônes d’Abies religiosa. Un convoi de 7 mules me fut 
nécessaire pour transporter le produit de ma récolte à Colima, où le 
tout fut emballé et expédié par la voie ordinaire, c’est-à-dire par le 
vapeur qui fait le trajet de San-Francisco à Panama ; de là le chemin 
de fer se charge du transport des marchandises à travers l’Isthme 
- jusqu’à Colon (Aspenville), où un vapeur anglais les prend à son bord 
pour les décharger à Southampton. Malheureusement l’envoi séjourna 
six mois entiers dans le port de Manzanilla, où plantes et bulbes 
périrent. Les vapeurs ont l'habitude de déposer de temps à autre leur 
cargaison en cet endroit, et il en résulte de sérieux dommages pour 
quantité de marchandises. Les propriétaires de ces bâtiments sont 
pour la plupart des Américains, qui recoivent du gouvernement 
mexicain un subside déterminé pour toucher aux ports du Mexique 
et y prendre marchandises et passagers. Or ces Messieurs, pour peu 
que leur paie soit en retard, ne se génent pas pour débarquer les mar- 
chandises à eux confiées jusqu'à ce que le gouvernement ait fait 
honneur à ses engagements. 

J'étais juste arrivé depuis quelques jours à Manzanillo quand un 
vaisseau vint jeter l’ancre à deux kilomètres du rivage. C'était le 
matin vers trois heures et l'obscurité ne permettait pas de distinguer 
si ce vapeur — c'était un steamer américain — venait de Panama ou 
de Californie. Dès que le consul américain à Manzanillo fut arrivé à 
bord du bâtiment, il fit défense expresse au capitaine de recevoir ni 
marchandises ni passagers mexicains. On fit exception pour moi, en 


— 113 — 


raison de ma nationalité; je fus admis comme passager, à condition 
de laisser à terre mes trésors botaniques, et je partis pour la Califor- 
nie. Heureusement que la cargaison abandonnée ne représentait pas 
une bien grande valeur; je la quittai à regret cependant, car elle se 
composait précisément des plantes et semences recueillies pendant 
les derniers jours de mon voyage d'exploration. 

Je séjournai quatre semaines à San Francisco pour y fortifier quelque 
peu ma santé chancelante et pour étudier plus à fond le pays et les 
habitants. Son ciel pur, son climat enchanteur eurent bientôt rétabli 
mes forces, et j'étais tout à fait remis quand je m’embarquai pour 
Londres. De là je traversai la Belgique pour me rendre à Cologne, et 
y arrivai juste à temps pour visiter l'exposition internationale d’hor- 
ticulture, où l’on venait de primer l’une de mes introductions — le 
Begonia Fraœbeli — découvert un an auparavant dans les Andes de 
l’'Ecuador. D HF: 


NOTE SUR LE DARLINGTONTA CALIFORNICA 


PAR CARL PLITT, 
ler aide jardinier à Donaueschingen, 


(Traduit de Deutsche Gärtner-Zeitung, ler juin 1880, p. 138). 


Depuis de longues années déjà, le Darlinglonia californica est cul- 
tivé dans les jardins importants à côté des diverses espèces de S'ar- 
racenia, mais peu d’horticulteurs ont réussi, jusqu’à ce jour, à obtenir 
des fleurs de cette intéressante plante carnivore. Depuis quatre 
semaines environ, le jardin de Donaueschingen en possède sous chassis 
tempéré quelques spécimens fleuris, remarquables par l’étrangeté 
autant que par l'élégance de leur allure. 

Le Darlinglonia californica, dénommé par John Torrey, profes- 
seur de botanique à New-York, appartient à la famille des Sarra- 
cenia, à la 13° classe 1 ordre du système de Linné. Il habite les 
montagnes du nord de la Californie — d'où la conclusion qu'il doit 
pouvoir se cultiver chez nous en pleine terre, sous abri. En fait cette 
hypothèse se confirme par l'expérience, car la plante, dans notre 
jardin, a parfaitement supporté l’hiver dernier une température de 
—22%R.,(—27 ‘}2 C.) en un lieu couvert par un massif de Thuya et 
sous un abri de branches de sapin et de feuillage. [l est vrai d’ajouter 

8 


— 114 — 


que les pieds portèrent par la suite des urnes de dimensions un peu 
inférieures à ceux qui hivernèrent dans des caisses en ciment chauf- 
fées par circulation d’eau. 

La plante — à en juger d’après les spécimens obtenus jusqu’à pré- 
sent — ne produit qu’une seule fleur, portée sur une hampe qui surgit 
du centre du feuillage et atteint 40 centim. de haut. Cette hampe 
est recourbée à 2 centim. du sommet et teintée d’une belle nuance 
brun-rougeâtre à reflets argentés ; elle porte 8 à 10 folioles bractéales, 
d'une couleur jaune verdâtre qui fait ressurtir d'avantage encore 
l'étrangeté de sa nuance. La fleur est penchée, campanulée ; elle se 
compose de cinq sépales, longs de 6 1f2et larges de 2 1/2 centim., de 
forme longuement lancéolée, avec un reflet brunâtre au centre ; les 
pétales, en même nombre et de même forme, n’ont que 4 1/2 cm. de 
longueur ; ils sont jaunes-brunâtre avec des veines brun-rougeâtre : 
leur face interne présente une nuance rouge-carminé brillant, qui 
contraste avantageusement avec la teinte du reste de la fleur. Les 
étamines sont nombreuses, de couleur jaune ; elles entourent un pistil 
verdâtre de structure spéciale, lagéniforme, surmonté par cinq styles. 

La culture du Darlinglonia ne présente pas de difficulté spéciale. 
On se sert comme substratum d’un mélange de tourbe limoneuse une 
partie, argile et sable de chaque 1/5, auquel on ajoute sphaignes 
hachées, poudre grossière de briques et de charbon de bois, de chaque 
parties égales. On dispose la plante de telle sorte qu'elle recoive les 
rayons du soleil le matin comme l’après-diner, et l'on maintient 
son degré d'humidité aussi uniforme que possible en la recouvrant 
de mousse et l’arrosant légèrement plusieurs fois le jour. L’on arrive 
ainsi à obtenir ces urnes atteignant jusque 40 centimètres de hauteur. 
Ces urnes, je tiens à le faire observer, représentent non pas les 
feuilles, comme le croient quantité de personnes, mais bien les 
pétioles foliaires, le limbe étant figuré par les appendices multilobés 
des ascidies. 

Il serait intéressant de savoir si la culture du Darlingionia en 
pleine terre a été expérimentée ailleurs et comment la plante s’est 
comportée l’an dernier ; si tel n’est pas le cas, il est à espérer que la 
connaissance de cette tentative et le succès qui l’a couronnée auront 
pour conséquence de provoquer en d’autres pays des essais de culture 


de l’intéressant végétal en question. D', He 


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QUESNELIA RUFA 


hort 1882, 


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— 115 — 


HISTOIRE ET DESCRIPTION DU QUESNELIA RUFA, (Gaup.) 
DE LA GUYANE ET DU BRÉSIL, 


PAR M. EpouaArp MOoRREN. 


Planches IV-V et VI. 


Quesnelia. — Belg. hort., 1881, p. 82 et 350. 

Quesnelia rufa, GaupiCHAUD, in Atlas de la Bonite, pl. 54. — Revue horti- 
cole, 1873, p. 451, c. ic. col. et 1874, p. 6. 

Billbergia Quesneliana, AD. BRONGNIART, in Ann. des sc. nat., XV, 1841, 
p. 372. —J. E. PLANCHON, Plore des serres, X, 1855, p. 157, pl. 1028. — 
C. Kocx, Znd. sem. h. Berol., 1856 et WaLpers, Ann. bot., IV, 1861, p. 77. — 


Gard. Mag., 3 oct. 1874, p. 535, c. ic. xyl. — En. REGEL, Gartenfiora, 1875, 
p. 193, tab. 834 et 836. 


Quesnelia rosea, BRONGN., #ss. in Iconibus pictis Biblioth. Mus. Paris. 


On doit au botaniste Gaudichaud les premières notions scientifiques 
concernant cette belle plante. Il la récolta en 1834 dans ses herbori- 
sations autour de Rio Janeiro. Des échantillons provenant de ses 
récoltes et préparés par Gaudichaud lui-même sont conservés dans 
l’herbier de M. A. de Candolle et à l'Herbier Royal de Berlin : ils 
portent le numéro 370. La comparaison avec des spécimens provenant 
des cultures ne laisse aucun doute sur leur identité spécifique. 

Gaudichaud fit, avec son talent habituel, l’analyse détaillée des 
organes de la plante ; il les dessina soigneusement et les fit graver 
sur une des planches de l’Atlas botanique du voyage de la corvette 
La Bonite, en lui donnant le nom de Quesnelia rufa. Cet Atlas a paru 
de 1835 à 1844, mais le texte descriptif de Gaudichaud, qui devait 
l'accompagner, n’a jamais été publié. La planche de la Bonite est 
exacte, sauf en ce qui concerne les bractées florales qu’elle figure 
dentelées, tandis qu'en réalité elles sont à peu près entières et simple- 
ment ondulées. 

Peu d'années après la découverte que Gaudichaud avait faite au 
Brésil, la même plante fut envoyée vivante de la Guyane en France 
par M. Quesnel, consul à Cayenne. Il est probable que cette intro- 
duction précéda la publication de Gaudichaud et détermina ce bota- 
niste à dédier la plante à M. Quesnel. 


— 116 — 


Le Quesnelia fleurit au Jardin des plantes de Paris en 1841. 
M. Ad. Brongniart en observa la structure et en fit faire une aqua- 
relle par M'* Riché. Nous l’avons vue dans la collection des vélins du 
Muséum, sous le numéro 44, avec ces annotations de la main de 
Brongniart : Billbergia Quesnelii, Quesnelia rosea. Le savant botaniste 
du Muséum fit paraitre, dans les Annales des sciences naturelles, une 
courte description de la plante de M. Quesnel, sous le nom de Bülber- 
gia Quesneliana. Brongniart erut reconnaitre certaines affinités entre 
cette plante et celle qui est connue sous le nom de Pillbergia fasciala : 
ces affinités sont en partie réelles, mais l’une et l’autre sont mainte- 
nant exclues du genre Billbergia. D'ailleurs nous ne comprenons pas 
dans quel sens Brongniart a pu dire que son Püllbergia Quesneliana 
a les fleurs disposées en panicule contractée spiciforme : elles forment 
bien réellement un épi, étant sessiles et solitaires à l’aisselle des brac- 
tées sur un axe simple. 

Le même nom fut adopté par M. J. E. Planchon, quand il fit 
paraître, en 1855, dans la Flore des serres, la première figure de la 
plante cultivée. Dès cette époque la plante commençait à se répandre 
dans nos serres chaudes. M. Planchon donne en synonymie le 
Quesnelia rufa de Gaudichaud et vraiment il est possible que la 
planche de la Bonite ait paru postérieurement à la description de 
Brongniart dans les Annales. Quant à nous, n’adoptant pas l’opinion 
de Brongniart relativement au genre Billbergia, mais bien celle de 
Gaudichaud, nous croyons devoir donner la préférence à la nomen- 
clature de ce dernier. Nous avons exposé ailleurs (2. Æ., 1881, 
p. 82 et 300) les différences des Büllbergia et des Quesnelia. 

Le Quesnelia rufa est, d’après ce qui précède, indigène au Brésil 
et à la Guyane. Aussi doit-on le cultiver en serre chaude où il pros- 
père aisément. Il est d’abord acaule avec de nombreuses feuilles dis- 
posées en rosace et remarquables par leur rigidité : il fleurit parfois 
dans cet état, mais alors ses inflorescences sont chétives. Avec l’âge et 
dans de bonnes conditions de culture il s'élève, devient ligneux, vrai- 
ment arborescent et prend un port aloéforme. C'est ainsi qu'il s’est 
développé au Jardin botanique de l’université de Liége. Un spécimen, | 
représenté planche VI, s’est élevé à 2,50 de hauteur avec une fron- | 
descence de deux mètres environ d'envergure. Il drageonne de la base 
et peut former de fortes touffes qui sont vraiment ornementales. 


— 117 — 


DESCRIPTION. Plante caulescente, parfois de grandes dimensions (250 de 
hauteur), à tige droite, flexueuse, plus ou moins dénudée à la partie inférieure 
et parfois assez épaisse à la base (0"04-5 de diamètre). Feuilles très nombreuses 
(ici de 70-89), en rosace serrée et ample (près de 2m de diamètre), les inférieures 
défléchies, déjetées, parfois brisées, les autres coriaces, ascendantes, diver- 
sentes, raides, les plus longues (090) un peu arquées, maïs la plupart droites, 
toutes en forme de large courroie lancéolée, profondément canaliculées et plus 
ou moins brusquement lancéolées. Gaîne large et ventrue avec les bords 
scarieux et entiers, tandis que la lame est bordée d’épines nombreuses, 
rapprochées, assez fortes, aiguës, brunes ou noirâtres; le sommet des feuilles 
est acuminé : leur face supérieure est vert foncé et lisse ; la face inférieure est 
marquée de zébrures transversales blanches et rapprochées et, en outre, de 
nombreuses et fines stries longitudinales. Les feuilles supérieures sont succes- 
sivement plus courtes et environnent la base de la hampe. 

Hampe centrale, droite ou oblique, plus courte que les feuilles, cylindrique, 
couverte d’un duvet blanc, lanugineux et peu épais et entièrement vêtue de 
spathes disposées dans un ordre spiral, amples, nombreuses, lancéolées, 
acuminées, lisses sur les bords, d’abord membraneuses et rouges, bientôt 
scarieuses, brunes ou blanchâtres par une furfurescence blanche. Ces spathes 
sont nombreuses et serrées à la base de l’épi qu’elles enveloppent ainsi 
dans une sorte d’involucre. 

Inflorescence en épi strobiliforme, compacte, multisérié, ordinairementcylin- 
drique, allongé (0m2)), épais (0"06-7 de diamètre) et très floripare (environ 
200 fleurs), parfois plus restreint (0»07 de long et moins), pyramidal, pauciflore 
et même capituliforme quand la plante est chétive. 

Rachis plus au moins chargé de duvet blanc. Bractées floripares rapprochées, 
imbriquées, dressées, membraneuses, relativement grandes, étant à peu près 
égales à la longueur des fleurs, larges, un peu linguiformes, obtuses, à sommet 
arrondi et faiblement mucroné, de couleur rose vif, à bords blancs, ondulés, 
faiblement denticulés et chargés, au moins, près de la base à la face externe, 
de lanuginosité duveteuse et blanche. 

Fleurs sessiles, tubuleuses, assez longues (0045-50). Calice supère à trois 
divisions membraneuses, courtes, environ 1/3 des pétales, dressées, larges, se 
recouvrant à gauche de l’observateur, le côté droit beaucoup plus développé 
que l’autre, obcordées au sommet avec un court mucron dans l'érosion, d’un 
beau rose vif, blanchi extérieurement par un peu de lanuginosité blanche et 
détersible. Pétales insérés sur le tube épigyne court et épais, dressés, cana- 
liculés, environ deux fois plus longs que les sépales, rubaniformes-oblongs 
en ce qu’ils s’élargissent un peu de l’onglet au limbe qui est dressé avec les 
bords légèrement infléchis; munis à leur base de deux écailles relativement 
amples et régulièrement pectinées. Ces pétales sont blanes, sauf le sommet et 
les bords du limbe qui sont d’un beau bleu de cobalt : ils noircissént et se 
tordent ensemble à la défloraison. Etamines, 3 libres, alternes avec les pétales 


— 118 — 


et insérées sur le tube épigyne ; 3 opposées et adhérentes à une assez grande 
hauteur (001) à l’onglet des pétales, toutes insertes et atteignant seulement la 
hauteur de la base du limbe, à filet très large, rubané-clavé, se prolongeant 
en un connectif linéaire : anthère dorsifixe, dressée, assez longue (0005), un 
peu prolongée au sommet. Style épais, portant à la hauteur des anthères un 
stigmate gros, capituliforme, formé de 3 branches contractées. Ovaire infère, 
subpolyédrique (trigone) par compression réciproque, court, couvert de poils 
blancs et détersibles sauf ies côtes des angles qui sont roses. Ovules nombreux, 
arrondis et insérés en huit rangées sur deux placentas disciformes et palmés. 


ÉTUDE SUR LES CONSTRUCTIONS HORTICOLES, 


par F.-A. FaAwxes (1), 


SUITE DE LEÇONS PROFESSÉES AU PALAIS DE CRISTAL DEVANT LES ÉCOLES 
DE JARDINAGE PAYSAGISTE ET D'HORTICULTURE PRATIQUE. 


Traduit du Gardener's Magazine, n° du 4 mars 1882 et suivants. 


Vous vous convaincrez un beau jour, si la chose n’est déjà faite, 
qu’il existe dans le monde des horticulteurs une grande divergence: 
d'opinions, quant à la construction et à l'aménagement des serres et 
autres édifices les plus aptes à répondre aux diverses exigences du 
jardinage. Ici, on vous présentera comme satisfaisant, en tous points, 
un système dont tel autre cultivateur dira pis que pendre. Nous 
nous proposons, dans ces quelques remarques, d'approfondir la 
question un peu plus que ces observateurs superficiels, en nous 
restreignant au domaine des faits et de la pratique, et d'exposer 
quelques-uns des principes qui doivent servir de guide dans l'érection 


(1) M. F. A. Fawkes (Mansion House Buildings, Queen Victoria streeé, 
London) a publié, cette année même, un volume élégant et richement illustré 
sur les principes de l’architecture horticoie. Il est intitulé HORTICULTURAL 
BuiLpiNGs. Their Construction, Heating, Interior Fittings, etc. ith remarks on 
some of the principles involved and their application. Le livre est édité à 
Londres, chez B. T. Batsford, 52, High Holborn (105 64) et se vend, en 
Belgique, chez MM. Decq et Nierstraz, libraires, rue de l’Université, 46, à 
Liége, et M. H. Engelcke, libraire, 24, rue de l’Université, à Gand. 


des constructions horticoles, ainsi que le moyen d'en tirer parti : vous 
acquerrez ainsi une vue claire et nette du sujet. Du reste, nous 
aurons soin de laisser en réserve, pour des plumes plus autorisées, 
tout ce qui se rapporte à la culture proprement dite et de nous en 
tenir exclusivement aux faits d'ordre technique et architectural : 
notre rôle est de parler des outils et de leur fabrication, non de la 
manière de s'en servir. 

Nous commencerons par quelques généralités indispensables à 
connaître pour l'intelligence de la question; puis nous passerons en 
revue quelques principes scientifiques, qui doivent nous servir de base; 
enfin nous examinerons les diverses formes de serres et analyserons 
rapidement quelques détails de leur construction. 


N'oubliez jamais que vous devez viser à la perfection. Ne vous 
arrêtez pas à mi chemin : ce qui mérite d'être fait mérite d’être bien 
fait. En commerce comme en société, rien qui réussisse mieux que de 
hautes aspirations. Si l’on vous consulte sur l’érection d’une serre de 
culture, par exemple, commencez par vous renseigner sur la qualité 
et la quantité des plantes que l’on se propose d’y élever et, autant 
que possible, sur l’argent que l’on projette de consacrer à l'installation. 

Ne perdez de vue aucune des conditions, contingentes : aspect, 
orientation, nature du sol, drainage, niveaux, dimensions les plus 
convenables, position du générateur de chaleur, nécessité éventuelle 
de constructions subséquentes, telles que hangars à outils, à empo- 
tage; places à serrer les fruits et les graines, etc. Vous voilà main- 
tenant en possession d’un groupe de faits, maîtres d’un sujet étudié à 
tous les points de vue et suffisamment armés pour jeter les premiers 
plans de la serre projetée. 

Mais voilà qu’une fois la conception des plans terminée, vous 
trouvez qu’il y a lieu de réduire la dépense. Parfait : trois voies vous 
sont ouvertes. D'abord vous pouvez conserver à la serre les dimen- 
sions projetées et retrancher sur le prix des matériaux et de la main 
d'œuvre : mauvais système qui conduit fatalement à de déplorables 
résultats. En second lieu, vous pouvez restreindre les dimensions de 
chacune de vos serres, sans toucher à la qualité des matériaux : sys- 
tème infiniment plus avantageux. Enfin il vous est loisible, sans 
apporter aucun changement au projet, d’en faire exécuter une 


On 


partie seulement et de laisser le reste en réserve en attendant des 
circonstances plus favorables : c'est de beaucoup ce qu’il y à de 
mieux à faire, en supposant, bien entendu, que les constructions 
prévues par vos plans soient toutes absolument indispensables. Ainsi, 
pour donner un exemple de notre manière de voir, supposons que 
vous trouviez nécessaire, à l'effet d'obtenir un résultat déterminé, 
de bâtir une rangée de cinq serres adossées, et qu'après avoir indiqué 
sur le papier lezrs dimensions, les matériaux de construction, etc., 
vous constatiez ne pas avoir à votre disposition immédiate tout l’argent 
nécessaire à leur érection; eh bien! laissez de côté, pour le moment, 
les deux plus extérieures et contentez-vous de trois serres vastes, 
solides et bien construites, plutôt que de courir le risque de tout 
gâter en faisant les bâtiments trop petits ou en lésinant sur la qua- 
Jité des matériaux et le prix de la main d'œuvre. 

C’est le principe que l’on applique fréquemment dans la construction 
des églises : on fait un plan d'ensemble, puis on se contente, en cas 
d'insuffisance momentanée de fonds, d'élever le corps de l'édifice, 
quitte à y ajouter plus tard une tour ou un clocher. 

Que votre objectif ne soit jamais de couvrir de verre la plus 
grande surface de terrain possible avec un minimum de dépense, sans 
vous inquièler de la qualilé des matériaux ou de la main d'œuvre. Les 
variations incessantes de la température auxquelles sont exposées les 
constructions horticoles nécessitent un soin tout particulier dans le 
choix et le travail des matériaux destinés à leur érection. 

Rappelez-vous enfin que la responsabilité morale du constructeur 
ne cesse pas avec l’achèvement de la bâtisse. Les serres, ou plutôt 
leur contenu, exigent des soins incessants, et plus est grande et 
sérieuse l'attention que l'on y consacre, plus avantageux et plus rému- 
nérateurs sont les résultats tangibles que l’on en obtient en fleurs et 
en fruits; de telle sorte qu'en édifiant une serre, il ne faut jamais 
perdre de vue la somme de travail susceptible d'être mise au service 
de son entretien consécutif. Mieux vaut ne couvrir de verre qu'un 
espace restreint, avec certitude de pouvoir y consacrer suffisamment 
de temps et de soins et d'en tirer tout le parti possible, que de bâtir 
deux fois davantage avec chance de devoir en négliger tout ou partie. 

L'habitude est d'employer le mot « serre » pour désigner toute 
espèce de construction horticole vitrée. Tächons d'établir tant bien 


— 121 — 


que mal, une classification de ces édifices. Nous pouvons grosso 
modo les diviser en deux catégories : les serres à élalage et les serres 
à culture. Dans cette dernière classe viennent se ranger les serres à 
boutures, à semis — chaudes ou tempérées, — les serres à multipli- 
cation, les serres à culture forcée, à concombres, à raisins hâtifs ou 
tardifs, à muscats, à melons, à ananas, à fruits, à légumes, à 
couches, etc., etc. dont la désignation indique suffisamment l'usage. 
Plusieurs de ces noms sont du reste synonymes ou équivalents : 
c'est ainsi que les serres chaudes à semis, à boutures, à melons, 
à concombres, à raisins hâtifs sont toutes des serres à culture forcée. 

Toutes ces constructions, comme nous le verrons plus tard, diffè- 
rent par leurs dimensions ou plutôt leurs proportions, par leurs fon- 
dations et leur toiture, par leur arrangement et leur adaptation 


intérieure. 


Voilà pour les généralités. Passons maintenant aux faits scientifi- 
ques. 

Sans doute, il vous sera venu plus d’une fois à l’esprit que la forme, 
l'orientation, les proportions, jusqu'aux dimensions des serres doivent 
se régler en grande partie sur le soleil. Aussi est-il de toute impor- 
tance que nôus possédions quelques idées bien nettes sur cet astre et 
son éclairage. Vous savez à coup sur que le soleil ne se lève ni ne se 
couche exactement au même point de l'horizon, ni n'atteint la même 
altitude, pendant toute la durée d’une année. En fait, le jour le plus 
court — 21 décembre, — il part de l’est à 50° de distance du pôle sud, 
s'élève à 15° au dessus de l'horizon et se couche 50° à l’ouest du pôle 
austral; le jour le plus long — 21 juin, — il part 50° à l'est du pôle 


N 


S 


Fig. 1. — Jour le plus long. Fig. 2. — Jour le plus court. 
Point de l'horizon où le soleil se lève et se couche. 


nord, s'élève à 62° sur l'horizon et se couche à l’ouest, en un point 


— 122 — 
symétrique — occupant entre les deux limites les positions indiquées 
par les diagrammes ci-joints (fig. 1, 2, 3, 4). 
Au milieu de l'été, le soleil décrit une portion de circonférence 


remet 


Fig. 3. — Jour le plus court. Fig. 4. — Jour le plus long. 
Anale d'altitude maxima du soleil. 


représentée par 260° (l'étendue de l'horizon étant censée partagée 
en 360°), tandis qu’au milieu de l'hiver sa trajectoire ne comprend 
guère qu’une centaine de degrés. Dans les deux cas, le soleil atteint son 
maximum d'altitude à douze heures précises ; il s'ensuit que la moitié 
droite de chaque diagramme représente son parcours du matin 
(fig. let 2) et la moitié gauche son déplacement pendant l’après-dinée. 

Toutes ces variations d'altitude du soleil ont une influence prépon- 
dérante sur la vie végétale et peuvent servir de point de départ à 
d'intéressantes études, relatives à la différence d'intensité des divers 
rayons lumineux, calorifiques et chimiques sous diverses incidences 
et aux propriétés de chacun d'eux; mais ce n'est pas ici le lieu de 
discuter cette question. Faisons seulement observer que, parmi les 
rayons lumineux susceptibles de frapper une surface de verre, il en: 
est qui ne peuvent la traverser. La proportion entre la quantité de 
lumière interceptée et transmise dépend de l’angle d'incidence des 
rayons sur le verre. 

Le diagramme (fig. 5) représente une pièce de verre ordinaire A B, 
et les divers traits des rayons de lumière frappant sa surface sous 
des angles différents. Les chiffres intérieurs donnent les angles 
d'incidence et les extérieurs la perte de lumière pour mille due 
à la réflexion. Vous voyez, par le simple examen de cette figure, 
que plus la direction des rayons s’approche de la verticale et 
moins le déchet lumineux est considérable. Adaptant ce principe à nos 
constructions vitrées, nous en déduisors que plus le soleil les frappe 
verticalement et plus est considérable la proportion de rayons 
transmis. Cette indication est celle dont nous devons surtout tenir 


— 123 — 


compte quand nous cherchons à utiliser pour nos serres le maximum 
de rayonnement solaire. Nous aurons l’occasion de revenir plus loin, en 
analysant les diverses parties d'une serre, sur les eftets produits par 
les rayons lumineux, suivant qu'ils frappent l’édifice sous tel ou tel 
angle d'incidence. 


Maintenant que vous avez une idée bien nette des faits fondamen- 


taux relatifs au soleil, à sa position sur l'horizon, aux points où il se 


Fig. 5. — Diagramme indiquant la fraction de 
chaleur solaire perdue par transmission à Fig. 6. — Serre adossée sans éclai- 
travers le verre. rage de face, 


lève et se couche, à l’altitude qu’il peut atteindre, nous allons passer 
rapidement en revue les diverses formes des serres de culture les plus 
simples et les raisons qui justifient l'emploi de chacune d'elles. 

La première de ces formés et la plus naturelle est la serre adossée 
(fig. 6, 7, 8 et 9). On lui donnera la préférence dans les cas suivants : 
quand il existe un mur ou une 
construction à laquelle on désire 
accoler la serre; quand on bâtit 
une muraille dans le but spécial 
d'y adosser une serre ou une ran- 
gée de serres tournées vers le 
midi, afin de les protéger ainsi 
contre les vents du nord ; quand 


les exigences des plantes en cul- 


ture réclament cette disposition ; Fig. 7. — Serre adossée, à éclairage de face. 

quand il est nécessaire de donner à la charpente un maximum de 
longueur ; quand on se propose d'élever des hangars, des appentis, etc. 
de l’autre côté du mur; ou bien, étant donné une muraille 


préexistante, de construire avec un minimum de frais une serre 
d’une surface déterminée. 


— 124 — 
Il va de soi que la meilleure orientation à donner à semblable serre 
est de la tourner vers le sud : c’est la position où elle bénéficiera 


1 TT | 
mn BL 


Fig. 8 — Vaste serre adossée à toiture surbaissée. 


d’un maximum de radiation solaire. Même dans ce cas, c’est-à-dire 
quand la muraille se développe exactement de l'est à l’ouest, une 
partie du rayonnement lumineux et calorifique du matin et de la 
soirée est perdue pour la serre, puisque le soleil, pendant plusieurs 
mois de l’année, se lève au nord de l’orient et se couche au nord de 
l'occident. 


Parfois le mur auquel on se propose d’adosser la serre ne fait pas 


Fig. 9. — Serre adossée étroite 


à toiture brisée. Fig. 10. — Serre libre à éclairage latéral. 


exactement face au midi : souvenez-vous, dans ce cas, que plus le 
mur s'incline vers l’ouest et plus vous perdez du rayonnement mati- 
ual; plus il est incliné vers l'est, et plus est grande la déperdition 
de lumière pendant l'après-dinée. Un autre point qu'il ne faut pas 
perdre de vue c’est que, toutes choses égales, une serre adossée est 
plus aisée à chauffer qu'une serre libre. 


La serre à deux versants ou serre libre constitue la seconde forme 
type (fig. 10, 11, 12 et 13). 
On lui donnera la préférence dans les cas suivants : quand on n’a 


Fig. 11. — Serre libre sans éclairage Fig. 12. — Serre libre, largement éclairée 
latéral. par les côtés. 


pas à sa disposition de murailles élevées ; quand on se propose de bâtir 


à angle droit et en combinaison avec une rangée de serres adossées à 


D 
Fig. 13. — Vaste serre libre. AA Croisées. 

un mur tourné vers le midi ; quand des conditions particulières récla- 
ment un minimum de hauteur et d’obstruction ; quand les plantes 
doivent être à portée de la main et aussi près que possible des vitres 
et que, par suite de circonstances locales, cette disposition ne peut 
être réalisée dans une serre adossée ; quand il n’est pas requis d'avoir 
un maximum de longueur de charpente ; enfin quand la plus grande 
dimension de la serre doit être orientée suivant la direction nord-sud 
et que chaque face réclame un égal contingent d'éclairage. 


— 126 — 


La meilleure orientation d’une serre libre est, sans contredit, celle 
où la crête du toit va du nord au sud : de cette façon, l'intérieur de la 
serre reçoit une égale distribution de rayons solaires, la face orientale 
étant éclairée le matin et une partie de l’après-dinée, la face occiden- 
tale l’après-dinée et une partie de la matinée. 

Parfois cependant les serres sont orientées d'une facon tout opposée : 
nous en avons vu dont la crête se dirige de l’est à l’ouest. Dans ce 
cas, la face méridionale recoit naturellement bien plus derayons 
solaires que la face nord et l'on peut cultiver, dans le même milieu, 
des plantes à FAUNE toutes différentes. Une forme extrêmement 

populaire et répandue est représen- 
tée par notre figure 10 : sa largeur 
est d'environ 11 pieds (3"60). 


Ces deux formes de serres repré- 
sentent les deux types essentiels 


réalisés dans la pratique; il en 

Fig. 14. — Serre trois-quarts libre. existe cependant un troisième, une 
sorte de compromis entre les deux précédents, à savoir La serre trois- 
quarts libre (fig. 14 et 15), qui sera .avantageusement utilisée dans les 


Fig. 15. — Serre trois-quarts libre, de grandes dimensions. 


conditions suivantes : quand le mur d’accôtement de la serre doit être 


aussi peu élevé que possible, de facon à ne provoquer qu’un mini- 


— 127 — 


mum d’obstruction; quand il.est nécessaire de laisser pénétrer le 
jour par la face postérieure pour utiliser les rayons du matin et du 


soir qui seraient perdus 


Serre 


sans cette précaution ; 
quand le maximum de 
longueur de lacharpente 
n’est pas une condition 
sine quä non ; quand on 
désire donner à la voûte 


une certaine pente, sans 


calorifères, empotoirs, champignonniére, 


altérer les dimensions 
ou surélever une mu- 
raille préexistante: enfin 
lorsque, pour des raisons 
d'ordre architectural, on 
désire décorer la toiture 
d’une crête ornementale 
sans renoncer aux béné- 
fices inhérents au type 
adossé. A moins qu'il ne 
s'agisse de répondre à 
l’un oul’autre de ces dési- 


derata, les serres trois- 


Fig. 16. — Plan d'ensemble d’une vaste combinaison de serres. 


quarts libres ne sont 
pas recommandables. 


à orchidées ; H. Serre adossée chaude; I. Orangerie à deux versants; K. L. M. Serre trois-quarts libre à melons, 


Les divers arrange- 
ments, même les plus 
compliqués, dont les 
serres sont passibles, 
peuvent toujours se rap- 


porter à l’une ou l’autre 


A. Serre libre à fruits; B. Serre adossée à péchers; C. Id. à muscat; D. Id. à raisins tardifs; E. Serre libre à plantes ornementales; F. 


concombres etc. ; N. O. P. Id. à ananas; Q. R.S. Chassis et couches; T. U. V. Id. — De l’autre côté du mur: 


adossée à raisins hâtifs; G. Id. 
bureau du jardinier, ete. 


combinaison de ces trois 


y 
® 
4 
© 
S 
uw 


formes types. Ce serait du temps perdu que d'entreprendre 
exposer toutes les dispositions réalisables dans ce sens. Chaque cas 
doit être mürement examiné et résolu par rapport aux conditions 
locales et autres. Contentons-nous de dire que les divers principes 


applicables aux cas les plus simples président aussi à l’arrangement 
des serres combinées. 

Quant il s’agit d’ériger plusieurs serres, faites en sorte qu’elles. 
soient groupées, non éparses; que les constructions destinées à des 
opérations successives soient, autant que faire se peut, disposées à la 
suite les unes des autres; qu’il n’y ait pas de serres trop vastes sans 
séparation ; que le ou les générateurs de chaleur soient convenable- 
ment disposés pour l'effet à obtenir ; que chaque construction, prise 
individuellement, ne souffre pas du voisinage des autres. Une excel- 
lente disposition est celle indiquée fig. 16. 

Après avoir passé rapidement en revue les diverses formes de 
serre, il nous reste à analyser quelques détails de leur construction; 
mais, avant tout il est un point intermédiaire qui réclame notre 
attention, à savoir l'emplacement. Commencez par vous assurer 
qu'il n'existe ni arbres ni constructions aptes à intercepter les 
rayons du soleil et à neutraliser ainsi les avantages de vos serres. 


Examinez ensuite si le terrain est de niveau : dans le cas contraire, 


unit —— 
# Pr 


Fig. 17. — Serre exhaussée. Fig. 18. — Serre exhaussée et mi enterrée. 


tâchez de vous rendre compte de la force et de la direction de la 
pente. Si le sol est sensiblement de niveau dans le sens de la 
longueur de vos bâtisses, tout est 
pour le mieux, sinon il faut niveler ne | 
(fig. 17, 18, 19,,20 et 21). Les figures Fig. 19. — Serre sur escaliers. 
20 et 21 représentent des nivellements incorrects. 

Dans tous les cas, ayez soin de placer autant que possible le géné- 


Fig. 20. — Serre non nivelée incorrecte. Fig. 21. — Serre non nivelée défectueuse. 


rateur de chaleur dans la partie la plus basse de l'édifice : vous réus- 
sirez ainsi fréquemment à éviter des travaux d'excavation fastidieux 
et onéreux. 


En supposant même le terrain parfaitement horizontal, il y a lieu 


— 129 —- 


d'examiner le nivellement du sol de la serre. Vous observerez, dans 
tous nos diagrammes, que le niveau des sentiers intérieurs coïncide 
avec le niveau du sol à l'extérieur. Dans le cas de difficulté de drainage 
ou d'impossibilité d'enfouir le fourneau aussi profondément que néces- 
saire, il est souvent utile d'élever quelque peu le niveau du plancher. 

D'autres fois, au contraire, il est indispensable d’abaisser le 
plancher de la serre pour n'occasionner qu'un minimum d’obstruction. 
Dans ce cas il faut apporter un soin particulier au drainage, sinon vos 
serres sont menacées d’inondations perpétuelles. C'était la mode 
autrefois d'enfoncer les serres, pour retenir plus aisément la chaleur : 
cette pratique est devenue inutile aujourd'hui, depuis les perfection- 
nements apportés à l’art du chauffage. En tous cas, il coûte plus cher 
d’édificr une serre en contrebas du sol que de l’ériger de niveau avec 
le terrain circumjacent. 

Nos observations concernant les nivellements s'appliquent égale- 
ment aux serres isolées ou construites en combinaison. Les serres 
disposées en une rangée auront, autant que possible, leur plancher au 
même niveau : des degrés d’une serre à l’autre doivent être évités avec 
autant de soin qu'entre un salon et un vestibule. Mais des rangées 
distinctes, parallèles et non reliées de serres peuvent se développer, 
le cas échéant, à des niveaux différents. 


La question de l'emplacement est une des plus épineuses à résoudre. 
Il vous arrivera souvent de croire avoir fait choix du terrain le plus 
convenable au point de vue du coup d'œil et de vous apercevoir tout 
à coup qu'il faut y renoncer et transporter vos plans ailleurs, par 
suite de quelque difficulté imprévue relative au drainage, au chauffage, 
à la cheminée, à d’autres constructions, à l’obstruction d’une per- 
spective particulière, ou à tout autre obstacle auquel vous n’aviez 
point songé. 


L'élément le plus essentiel à considérer dans l'édification d’une 
serre est la pente à donner à la toiture. Comme nous l’avons démon- 
tré par la fig. 5, une feuille de verre oppose d'autant moins de résis- 
tance à la transmission des rayons solaires que ceux-ci viennent la 
frapper plus verticalement.Comme le fait voir le diagramme,une dévia- 
tion de 30° de l’un ou de l’autre côté de la verticale n’exerce pas sur 


9 


— 130 — 


Q Q ? L4 
la transmission une influence considérable. Or on a trouvé que pour 
qu’une toiture vitrée reçoive les rayons solaires verticalement ou sous 


60 


nn 
Fig. 22 — Diagramme indiquant les diverses pentes d’une toiture. 
une inclinaison qui ne soit pas inférieure à 80°, à 12 heures précises, 
pendant les huit semaines qui précèdent ou qui suivent le jour le plus 
long, il faut lui donner, aux environs de Londres, une pente de 87° au 


— 131 — 
dessus de l’horizon et ajouter ou retrancher 1° de pente pour chaque 
degré en plus de latitude nord ou sud (fig. 22). On arrive ainsi aux 
chiffres suivants : 


Latitude 500 Land’s End: pente de la toiture 36 degrés 


» 51 Londres : ” ” 37 » 
n 52 Buckingham : » » 38 ” 
» 53 Nottingham : » » 39 » 
n SA York: » »” 40 n 
» 55 Newcastle : ” ” 41 ” 
” 56 Glasgow : ” ” 42 n 
» 51 Aberdeen : ” ” 43 ” 
» 98 Suterlandshire: » ” 44 ” 


Des pentes aussi considérables n’ont de raison d’être que dans les 
cas où il s’agit d'utiliser une fraction maxima de chaleur et de lumière 
solaires. La plupart du temps, surtout quand plantes et fleurs récla- 
ment d'être placées dans le voisinage immédiat du vitrage, une pente 
moins forte répond suffisamment aux besoins de la culture et 
économise à la fois de la place et de la chaleur artificielle. En sem- 
blable cas, une pente de 26° à 30° est la plus convenable. Pour rendre 
la détermination pratique de l’inclinaison plus facile, nous dirons 
qu'une pente de : 


6 pouces (015) par pied (030) correspond à 26°  d’inclinaison 


7 n (0175) ” ) ” 30 ” 
8 ” (0m20) ” » ” 33 1/9 7) 
9 » (0225) ” ” ” 36 1/9 ” 
10 D (0025) ” » » 40 » 
11 » _(0m2%5) » » ” 43 ” 
12 ” (0w30) » » » 45 » 


Il résulte de cet exposé sommaire que là où il s'agira de faire mürir 
des fruits le long des solives, c'est-à-dire d'emprunter au soleil la plus 
grande somme possible de lumière et de chaleur, la pente la plus 
convenable variera de 36° à 44° suivant la latitude. Pour la culture 
ordinaire, surtout dans les conditions qui requièrent des serres 
basses, une inclinaison de 26° à 30° sera suffisante; pour la culture 
des fruits en espalier, qui réclame au contraire une serre haute et 
étroite, la pente de toiture pourra, sans inconvénient, atteindre 60 ou 
même 70 degrés. 

À propos de cette question, il n’est peut-être pas inutile de faire 


CRD 


observer qu’à dimensions et inclinaison de toiture égales, une serre 
libre, une serre adossée et une serre trois-quarts libre présentent 
toutes trois exactement la même surface. 

Puisque nous sommes à parler toitures, finissons-en tout d’un coup 
des détails relatifs à leur construction. 

Il est trois points que vous ne devez jamais perdre de vue dans la 
solution du problème, à savoir : 

1° Réduire à un minimum la déperdition de chaleur et de lumière; 

2° Donner à la toiture une solidité suffisante; 

3° Éviter la poussée ou écartement des murailles. 

La charpente doit étre assez résistante pour supporter la toiture, 
pas assez épaisse cependant pour opposer un obstacle matériel à la 
transmission des rayons solaires, surtout quand ils viennent la frapper 
obliquement. Trois tasseaux de fer ou une barre métallique empêche- 
ront la poussée latérale (écartement) des murailles. Voici un moyen 
facile, économique et pratique d'’édifier la toiture d’une serre de 
modestes dimensions : 

Une simple travée, formée de tirants alignés en longueur et d’un 
poincon de comble en travers, supportera une charpente légère qui ne 
sera, si l'on veut, qu’un simple treillis. Cette disposition conviendra 
aux serres mesurant jusqu'à 13 pieds (3"90) de largeur. Au delà il 
faudra deux séries de tirants, l’une pour s'opposer à l’'écartement des 
murailles, l’autre pour empêcher la charpente de céder et de s’inflé- 
chir. Inutile de faire observer que ce système, convenablement exé- 
cuté, donne à la toiture une rigidité remarquable. On peut aussi 
soutenir la toiture par des piliers intérieurs : disposition absolument 
inutile dans les cas ordinaires et qui n’a de raison d’être que dans les 
serres tres vastes ou les jardins d’hiver. Chaque fois que vous vous 
trouvez en présence d’une serre libre de 12 à 14 pieds (3°60 à 420) 
de largeur dans laquelle des piliers soutiennent la toiture, soyez bien 
certains qu'il existe chez elle quelque défaut de construction, car 
des colonnes verticales dans une serre sont chose superflue autant que 
fastidieuse. 

Les tirants consisteront en baguettes de fer forgé, de 3/8 à 1/2 pouce 
(1 à L'1,: cent.) de diamètre, pour les constructions ordinaires : ils 
porteront des œillets pour permettre de les visser aux poinçons de 
comble et aux tasseaux ; ceux-ci à leur tour seront rattachés aux 


— 133 — 


meneaux et aux chevrons. En appliquant ce système, on peut donner 
aux chevrons de 3 1/2 à 6 pouces (8 5/4 à 15 cent.) d'épaisseur suivant 
les dimensions de l'édifice; nous avons même vu, dans de petites 
serres à bon marché, de simples treillis soutenus par des tirants 
remplacer avantageusement les chevrons. 

Considérons maintenant l’espace intermédiaire, à commencer par la 
toiture. On peut le remplir par des châssis dormants reposant chacun 


Fig. 25 — Section de toiture avec châssis et chevrons. 


sur la moitié d’un chevron (fig. 23) ou se servir d’un simple treillis 
(fig. 24). Dans ce dernier cas, pour empêcher le système de céder et 
de s’affaisser, on interpose sur sa longueur une ou plusieurs ventrières, 


Fig. 24 — Section de toiture treillissée. 


consistant en pièces de bois emmortaisées dans les chevrons ou en 
fers en forme de T. Ce dernier système mérite la préférence : il est 
fort, léger, et n’affaiblit pas autant les chevrons parce qu’il n’exige 
pas d’aussi profondes entailles. Châssis et treillis auront deux pouces 
(5 cent.) environ d'épaisseur. L'espace entre les meneaux est d'ordi- 
naire occupé par des fenêtres à châssis épaisses de 2 pouces 
(5 centim.) articulées supérieurement et servant de ventilateurs. Nous 
y reviendrons en traitant la question de l’aérage des serres. 

Dans certaines serres, non seulement les faces latérales et les toi- 
tures, mais encore les bouts et les cloisons sont en châssis. L’avantage 
est que semblable installation peut être démontée, déplacée et 
réédifiée sans qu'il faille en enlever le vitrage. Cependant, pour les 
cultures ordinaires, les constructions en châssis perdent tous les jours 
de la faveur dont elles jouissaient autrefois et cèdent la place aux 
serres treillissées, qui sont plus simples, plus économiques, appor- 
tent moins d’entraves à la transmission de la lumière et donnent 


— 134 — 


moins de prise aux insectes rongeurs et destructeurs. Nous avons vu 
de nos propres yeux des serres, faites des matériaux les plus com- 
pactes dans le but d'assurer leur solidité et leur durée, tromper 
singulièrement l'attente des constructeurs : non-seulement la char- 
pente ne tarda pas à céder en raison de son poids énorme, mais les 
fentes et les crevasses s’y multiplièrent, ouvrant un large accès à 
l'humidité, et les serres devinrent promptement la proie d’une ruine 
prématurée. 


Ceci nous conduit à examiner d’une facon générale la question des 
matériaux à faire intervenir dans la construction de nos serres. Que 
faut-il préférer, du bois ou du fer? Vous avez pu remarquer que nous 
avons insisté précédemment sur l'obligation de n’employer qu’un 
minimum de matériaux, tout en assurant la solidité et la durée de la 
bâtisse, afin de n’apporter à la transmission des rayons lumineux que 
l'obstacle strictement inévitable. Or, le fer s'adapte mieux qu'aucune 
autre substance à la réalisation de cette condition fondamentale, de 
sorte qu’à ce point ‘de vue déjà il mérite la préférence pour les 
constructions horticoles. Ajoutons qu’il est plus durable que le bois, 
du moment où l’on a soin de le maintenir recouvert d’une couche 
de couleur suffisamment épaisse : sans quoi il ne tarde pas à se 
rouiller, endommage les plantes et s'use promptement. D'autre 
part, le fer est plus coûteux que le bois; il laisse perdre plus rapi- 
dement la chaleur intérieure et expose le verre à se fêler, à moins 
que celui-ci ne soit enchâssé avec le plus grand soin. Telles sont 
sans doute les raisons pour lesquelles le bois est employé plus 
fréquemment que le fer dans l'édification des serres. Il va sans dire 
qu’en parlant de constructions en fer, nous faisons allusion au treillis 
de la toiture, aux châssis des fenêtres, etc.: quant aux tirants, aux 
ventrières, etc. on les fera en métal dans tous les cas. Certaines serres 
ont leur toiture reposant sur un treillis en fil de cuivre — métal bien 
préférable au fer, mais plus coûteux. Il ne faut jamais oublier de 
spécifier dans le contrat de bâtisse que le bois employé doit être con- 
venablement séché et dépourvu de nœuds ou de gerçures et qu’il ne 
sera pas fait usage d’aubier : autant de conditions essentielles dans 
l'érection d’une construction horticole. Les circonstances particulière- 
ment défavorables — écarts considérables de température entre 


— 135 — 


l'intérieur et l’extérieur, exposition aux influences atmosphériques, 
changements incessants dans les conditions climatériques — dans 
lesquelles ces édifices sont placés, font une loi de n‘employer à leur 
construction que le bois le plus sain. Faute de se servir de matériaux 
convenablement desséchés, ceux-ci, peu de temps après leur mise en 
activité et leur exposition à l'air, travaillent, se rétractent : des 
crevasses s’y forment en abondance, dans lesquelles vient se conden- 
ser l’humidité provenant de l’évaporation interne; des insectes 
destructeurs viennent s’y nicher : c'en est fait de l'édifice : Le sapin 
rouge convenablement choisi et desséché constitue un des meilleurs 
matériaux de construction. Les platines et les seuils, plus exposés à 
condenser l’humidité ascendante ou descendante, se font souvent en 
chêne : précaution parfaitement inutile du reste dans les cas 
ordinaires. 

En définitive, nous recommandons, comme méritant à tous égards 
la préférence, un compromis entre les deux systèmes, une combinaison 
adroite de bois et de fer. En faisant les seuils, les meneaux, les 
platines, en un mot tout le squelette en bois, les châssis et le treillis 
intermédiaire en fer — combinaison peu usitée du reste, — vous 
arriverez à avoir une serre légère, solide, utile, apte à bénéficier de 
la façon la plus avantageuse de la chaleur et de la lumière du soleil. 


Dans ce qui précède, nous avons examiné quelques-uns des 
phénomènes astronomiques qui régissent la construction des serres, 
passé rapidement en revue leurs formes principales, analysé certains 
modes de nivelage,. justifié la raison d’être des diverses pentes de leur 
toiture, établi le mode d’édification de cette dernière et exposé diffé- 
rents détails relatifs à l’érection de leur charpente. | 

Le premier point sur lequel nous allons à présent attirer votre 
attention concerne le vitrage et la manière de l’encastrer. 

Pour les besoins ordinaires de l’horticulture, le plus recomman- 
dable est le verre anglais pesant 21 onces (595 gr.) au pied carré 
(0092). Nous savons qu’on à l'habitude d'employer des feuilles plus 
minces, pesant 15 à 16 onces (425 à 453 1/2 gr.): mais ce verre 
résiste moins bien à la grêle et les plantes qu'il abrite sont plus 
exposées à être brûlées par le soleil. On se sert parfois de verre 
belge ; il est meilleur marché que l’anglais, mais plus moucheté, plus 


— 136 — 


ondulé, plus apte par conséquent à roussir les plantes, par suite de la 
concentration des rayons solaires due aux irrégularités de sa surface. 

Chaque fois qu’il est nécessaire d’intercepter les rayons lumineux 
par un verre demi-opaque, le meilleur à employer est le verre laminé 
de Hartley, de 1/8 à 1/4 de pouce (0003 à 0"006) d'épaisseur : l’obs- 
curcissement qu’il provoque est dû aux corrugations que présente 
l’une de ses faces. L'on a aussi essayé, dans certains cas, des verres 
colorés de diverses teintes, dans l'intention d’arrêter au passage les 
rayons les plus chauds tout en transmettant assez de rayons lumi- 
neux et chimiques pour les besoins de la culture ; nous laissons ce 
système de côté, parce qu’il ne semble pas jusqu’à présent être entré 
dans le domaine de la pratique. 

S’iln’y a pas grand embarras à se décider sur le choix du verre à 
faire intervenir dans la construction d’une serre, il est en revanche 
extrêmement difficile de trouver un moyen commode de le fixer. 
Comme vous le savez, les procédés ne manquent pas : pour commencer 
par le système au mastic, disons qu’il est loin d’être parfait. Le mastic 
est sujet à s'écailler et à se crevasser : l'humidité se loge dans les 
fissures et provoque la pourriture de la charpente; puis l'installation 
du vitrage et son remplacement, le cas échéant, entraînent de longs 
et fastidieux travaux. Le vitrage au mastic est incontestablement un 
procédé grossier et primitif et un système quelconque, apte à le rem- 
placer avantageusement, serait le bienvenu auprès des horticulteurs. 
Malheureusement, jusqu’à ce jour, aucune méthode n’a pu entrer en 
concurrence sérieuse avec ce procédé suranné et incommode : nous 
nous sommes nous-même donné beaucoup de mal pour nous rendre 
exactement compte des avantages et des inconvénients des différents 
systèmes de vitrage mécanique, et nous allons, en passant rapide- 
ment chacun d’eux en revue, tâcher de vous faire comprendre pour- 
quoi il nous est impossible de vous recommander en conscience l'un 
ou l'autre d'entre eux pour les constructions horticoles. 

La plupart du temps, le vitrage est maintenu par des agrafes ou 
par des barres métalliques compressibles, ou encore fixé entre des 
bandes de vulcanite ou d’autre substance élastique maintenues elles- 
mêmes par des écrous et des vis de bois ou de métal; d’autres fois, le 
verre se loge dans des rainures ménagées pour le recevoir : en un mot 
le vitrage se trouve en contact avec une substance métallique ou 


— 137 — 


élastique. N’omettez jamais, dans le premier cas, de laisser un certain 
« jeu » au verre, sans quoi il se brisera à coup sûr ; dans le second 
cas, l'humidité et les divers agents atmosphériques né tarderont pas 
à provoquer la décomposition du tissu élastique, dont le remplacement 
vous coûtera plus de frais et d’'embarras que pour remastiquer toute la 
serre. Il va de soi que si vous laissez du jeu entre le verre et ses 
agrafes, vous créez autant d'issues par lesquelles l’air chaud ne 
manque pas de s'échapper ; semblable serre ne se prête pas à des fumi- 
gations convenables ; les innombrables crevasses qui en parsèment la 
toiture abritent quantité d'insectes nuisibles et retiennent l’eau par un 
phénomène d’attraction capillaire : qu’une gelée survienne en ce 
moment et c'en est fait de votre vitrage. Inutile de faire ressortir 
combien ces inconvénients sont graves et justifient la préférence 
donnée, en dépit de tous leurs défauts, aux toitures mastiquées — 
pour les constructions horticoles, s'entend, car le vitrage mécanique 
peut être avantageusement employé dans d’autres circonstances. 

Puisqu’il faut, bon gré mal gré, en revenir au mastic, autant tâcher 
d'en tirer le meilleur parti possible. S'il se fendille, c’est qu'il devient 
trop dur ; pour l’éviter, ajoutez y un peu de suif. En mélangeant neuf 
parties de bonne huile de lin avec une de suif et assez de blanc 
d'Espagne pour avoir läa consistance voulue, vous obtiendrez un 
mastic assez dur pour les divers usages auxquels vous le destinez, et 
beaucoup moins apte à s’écailler et à se crevasser. 

L’on recommande d'habitude de ne mastiquer que le bord interne 
du vitrage et d’en maintenir le bord externe par des embrasses en 
cuivre. Cette disposition obvie naturellement aux ennuis qui résultent 
de l'écaillement du mastic extérieur et ne présente pas d’inconvénient 
pratique, sauf peut-être de nuire au coup d’œil de la toiture. En tous 
cas, si l’on n’adopte pas ce système, il faut avoir soin que le mastic 
ne recouvre jamais que l'étendue de verre strictement nécessaire et 
que la pente en soit suffisante pour permettre l’écoulement facile des 
eaux. | 

Les vitres seront taillées de telle sorte que les recouvrements ne 
dépassent pas 1/4 de pouce (6 millimètres): au delà, ils retiendraient 
l'eau par attraction capillaire et exposeraient à la rupture du vitrage; 
puis la poussière, la boue, etc. s’y amasseraient en quantité suffisante 


pour donner à la toiture un aspect malpropre et intercepter les rayons 


— 138 — 


du soleil. Ne mastiquez jamais les recouvrements. Les treillis seront 
distants de 10 à 12 pouces (25 à 30 centim.) dans la toiture d’une 
serre ordinaire, et les vitres auront de 2 pieds à 2 pieds 6 pouces 
(060 à 075) de longueur. On leur donnera une forme rectangulaire 
et l’on aura bien soin, contrairement à une pratique trop souvent 
suivie, de ne jamais tailler circulairement leur extrémité inférieure : 
l’irrégularité de l'attraction capillaire provoquée par cette disposition 
a pour conséquence infaillible la rupture du vitrage. 

Il est deux systèmes de toiture dont nous n'avons pas fait 
mention jusqu’à présent, à savoir : la éoiture curvilinéaire et la toiture 
sillonnée. Ni l’une ni l’autre n’est à recommander dans les serres 
ordinaires, pour les raisons suivantes : 

Dans le système curvilinéaire, le travail d’édification est plus long 
et plus coûteux, l’écartement latéral des murailles est plus difficile à 
éviter, l'installation des fils tuteurs et des ventilateurs est plus dispen- 
dieuse que dans la toiture plane. Mais l’objection capitale consiste en 
ce que le verre courbé, dont on fait d'ordinaire usage dans ce cas, est 
plus sujet à se briser sous l'influence des variations de température ; 
quant aux vitres planes, si l’on veut s’en servir, il faudra les prendre 
courtes et les disposer suivant divers plans pour qu’elles s'adaptent à 
la courbe de la toiture : d’où résulte un ensemble disgracieux et une 
facilité plus grande pour la chaleur de s'échapper et pour la pluie de 
s’infiltrer entre les diverses fissures. 

Par toiture sillonnée, nous entendons une toiture composée d’un 
grand nombre de compartiments mesurant chacun au minimum 
5 pieds (1"50) de largeur. L'inconvénient capital d’un pareil système 
consiste dans la présence de nombreuses dépressions faisant fonction 
de chenaux et difficiles à tenir étanches; tous ces sillons, y compris 
la charpente nécessaire à leur soutien, deviennent le point de départ 
d'obstacles inutilement apportés à la transmission lumineuse : nous 
ne prévoyons aucune circonstance qui puisse rendre nécessaire ou 
avantageuse l’adaptation de semblable toiture à n'importe quelle serre 
ordinaire. 

Tous ces renseignements que nous venons de donner, relatifs à la 
construction et aux dispositions des toitures dans les serres libres, 
sont naturellement applicables aux serres adossées et trois-quaris 
Lbres. 


— 139 — 


Dans l'examen des détails relatifs aux constructions horticoles, il 
ne faut pas oublier la question des étagères ou tablettes. Leur but est 
d'élever les plantes de façon à les approcher du vitrage, à les 
placer à portée de la main pour qu'il soit aisé de les soigner, à les 
mettre à l’abri des émanations 


directes des générateurs de cha- 


leur, etc. ; enfin à provoquer aisé- << 
ment le départ de l'humidité LÀ 
excédante. Pour les usages habi- 


DLLD LLILU 
= < LLZLI 
ue 


2 
2 
TTL 


tuels, un treillage ordinaire est 


CU, 


tout ce qu'il faut; on le fait de À 
lattes de sapin, de 3 pouces sur | i 
un, (7 1/2 sur 2 1/2 cent.), espacées 
de 3/4 de pouce (2 centim.), soute- 


nues de distance en distance par 
des supports reposant eux-mêmes 
sur des appuis de briques (fig. 25). 

Parfois quand on veut donner à 


l’étagère une solidité exception- 


1 


nelle, on la fait en pierre, en dal- 


les, en béton ou plus souvent en 7 NN 


ardoise. Semblables supports, mu- 
nis d’un rebord saillant et percés Fig, 25. — Etagère en bois treillissé. 


de distance en distance d'orifices de drainage, sont surtout utiles 


7 
Z 


quand on désire avoir des boîtes ou caisses de peu de profondeur; 
quand les plantes ou les pots doivent reposer sur un lit humide de 
sable, de mousse, etc., ainsi que dans une serre requérant beaucoup de 
chaleur et où le bois des étagères ordinaires ne tarderait pas à pourrir. 
Les supports d’ardoise sont du reste plus coûteux que ceux en bois. 
Un support à la fois solide et bon marché s’obtient en prenant une 
étagère treillissée ordinaire, telle que celle représentée fig. 25, fixant 
un filet sur sa longueur de facon à obtenir un rebord saillant, puis 
appliquant à l'intérieur une feuille de zinc dans laquelle on a soin de 
ménager des trous de drainage : l’on a ainsi une sorte de caisse peu 
profonde et complètement étanche. Des étagères de fer sont rarement 
employées dans les serres à culture ; nous parlerons plus loin de leur 


usage dans les serres à étalage : elles consistent en panneaux de fonte 


— 140 — 


ouvragée et ornementée, supportés horizontalement soit par une 
charpente et des pieds en fer, soit par des briques ou tout autre 
support. 

Dans vos plans d'étagères pour serres à culture, visez à la fois à la 
commodité et à l’économie de terrain; des supports intelligemment 
conçus font souvent la réussite d’une serre. N'y ménagez pas deux 
passages là où un seul peut suffire, et veillez cependant à ce que l'accès 
des plantes ne soit jamais incommode ou difficile. Tenez soigneu- 
sement compte de la distance entre vos supports et le vitrage; 
appropriez-la à la hauteur et aux dimensions des plantes que vous vous 
proposez d’y installer. Des étagères convenablement construites 
couvrent une étendue maxima de terrain, sont accessibles de toutes 
parts, ont une apparence propre et uniforme et s'adaptent exactement 
aux sujets auxquels elles sont destinées. 

La hauteur d'une étagère plane ordinaire sera d'environ 2 pieds 
6 pouces (0275): plus basse, elle force à se pencher pour soigner les 
plantes; plus haute, elle est difficile à atteindre et d'aspect disgracieux. 

La fig. 26 représente la forme d’étagère la plus convenable pour une 
serre libre étroite, mesurant 12 à 13 pieds (3"60 à 3"90) de largeur; 
le passage figuré dans les divers diagrammes est large de 2 pieds 
9 pouces (0"825); déduisant 4 1/2 pouces (0w11) de chaque côté pour 


Fig. 26. — Plan d’étagères pour Fig. 27. — Plan d’étagères pour vastes 
serres libres étroites. serres libres. 

la charpente, restent, pour une serre de 13 pieds (3"90), 4 pieds 
9 pouces (1425) de largeur d'étagère de chaque côté du passage. Les 
jardiniers de profession préfèrent, en règle générale, des serres larges 
de 11 pieds (3"30) seulement : les étagères occupent ainsi de chaque 
côté 3 pieds 9 pouces (112) de largeur ; elles donnent toute facilité 
pour atteindre aux plantes et, le cas échéant, au ventilateur. 

Au delà de 13 pieds (390) de largeur, la disposition des étagères 
doit être conforme au plan indiqué fig. 27. 


— 141 — 


Quand deux serres sont placées à la suite l’une de l’autre ou qu’une 
cloison partage par le milieu une vaste serre libre, mieux vaut prolon- 
ger les deux sentiers en ligne droite d’une moitié à l’autre, comme 
l'indique la ligne pointillée du diagramme, que de les faire converger 
au centre de la séparation : c’est le meilleur mode d'économiser du 
terrain. Vous profiterez ainsi, pour le jeu vertical des portes, de la 
hauteur du toit au-dessus des sentiers. C’est cette même hauteur 


D — 


Fig. 28. — Plan d'étagères pour serres Fig. 29. — Plan d’étagères pour 


adossées. serres adossécs courtes. 


du toit qui doit aussi régler la largeur de vos étagères. Si, une fois 
ceux-ci dessinés, vous la trouvez insuffisante et que vous ne vous souciez 
pas d’exhausser votre serre, vous pouvez y remédier en élargissant 
les étagères latérales ou en surélevant les pieds-droits. Le support cen- 
tral sera uni ou étagé,suivant les dimensions des 
plantes à y cultiver et l’écartement vertical de 
la toiture. 

Dans une serre adossée ou trois-quarts libre 
de dimensions moyennes, la meilleure disposition 
d’étagères est celle représentée fig. 28. 


Quand la serre n’est pas assez longue pour 
ï ,,, Fig. 30. — Plan d'étagères pour 
admettre cet arrangement, on laissera de côté 


serres à étalages. 
les bouts en retour, comme dans la fig. 29. 
Une bonne disposition d’étagères pour serres est figurée fig. 30. 
Les opinions sont extrêmement partagées quant à la largeur que doit 
avoir chaque degré dans les étagères à gradins. Sans imposer aucune 
règle absolue sur une question dont la solution dépend surtout des 
plantes en culture, nous ferons observer en thèse générale, qu’un 
grand nombre de marches étroites réalise une disposition moins 
économique qu’un petit nombre de degrés larges (fig. 31 et 32). 
Par exemple, un gradin central de 4 pieds 9 pouces (1"42) de 
largeur pourra se composer de deux degrés superposés larges de 


9 pouces (022) et d’une tablette centrale large de 21 (052): une 


— 142 — 


étagère de 3 pieds 9 pouces (1"12) comprendra un degré extérieur de 
12 pouces (0"30) et une tablette centrale de 21 (052). = Mais en 


voilà assez sur les supports : abordons maintenant la question des 


ventilateurs. 

Avant d'en parler, il est tout à fait indispensable d'exposer d’abord 
en peu de mots les principes généraux de la ventilation, bien rapide- 
ment du reste, car nous ne disposons pas du temps nécessaire pour 
traiter in-extenso le point de vue théorique de cette question qui 
comporterait plusieurs causeries longues et intéressantes. 

La ventilation consiste dans le renouvellement de l’air : réalisée 


> 
nn | 


RE ) 


Fig. 51. — Degrés étroits. Fig. 52. — Degrés larges. 


Sections d’étagères à gradins. 


d'une facon naturelle, elle est basée sur ce fait que l’air occupe un 
volume d’autant plus grand que sa température est plus élevée ; c’'est- 
à-dire que l'air contenu dans un espace déterminé pèse moins qu’un 
égal volume d’air plus froid et plus qu’un égal volume d'air plus 
chaud; autrement dit : plus froid est l’air, plus grande est sa densité, 
plus il est chaud et plus sa pesanteur spécifique s’abaisse. Donc l'air 
chaud s'élève, l’air froid descend, tout simplement parce que ce dernier 
plus lourd déplace le premier plus léger. D'où production de courants 
ascendants et descendants, horizontaux et verticaux. Vous comprenez 
donc sans peine qu'un simple appareil de chauffage, sans adjonction 
d’un système mécanique quelconque, suffit pour aérer les serres, et 
qu’une disposition convenable des orifices d'arrivée et de départ de 
l'air chauffé permet, jusqu’à un certain point, de produire le renou- 
vellement de l'atmosphère autour des végétaux que l’on y cultive. 

Tâchons maintenant d'appliquer ces principes à la ventilation de 
nos serres, et rappelons-nous bien qu'il s’agit de renouveler l'air au 
voisinage des plantes, et que cet air doit, autant que possible, être 
chauffé avant de venir en contact avec elles. 


Comme les gaz chauds tendent à s'élever, nous placerons aussi bas 


dr ur 


— 143 — 


que possible et les bouches de prise d’air et le système destiné à élever 
sa température; puis nous ferons en sorte que le courant d’air chauffé 
prenne la direction suivant laquelle le besoin s’en fait sentir et sorte à 


Fig. 33. Fig. 34. 


Section verticale de serres libres et adossées, indiquant la circulation de l’air. 


— A. Tuyaux à eau chaude. — B. Prises d’air. — C. Bouches d’aérage. — D. Tuyaux supplémentaires. 


un niveau aussi élevé que le permet la construction. Ces dispositions 
sont réalisées, grosso modo, dans les figures 33 et 34. 

Ainsi les bouches de prise d’air doivent être placées vers le bas et 
dans une position telle que l'air, en y entrant, vienne se mettre en 
contact avec les tuyaux de chaleur; les orifices de sortie seront aussi 
élevés que possible. Mais l’air est un fluide capricieux et mobile; un 
vent violent peut neutraliser les effets de l’échauffement et forcer l’air 
à entrer par le haut et à sortir par le bas : circonstance éminemment 
préjudiciable à la santé des plantes et qu’un bon jardinier peut éviter 
en surveillant le vent et faisant varier, suivant les cas, les dimensions 
respectives des orifices de sortie et d'entrée. En thèse générale, la sur- 
face totale des premiers doit être inférieure à celle des seconds. Les 
uns et les autres seront disposés sur toute la longueur de la serre, sauf 
dans le cas de ventilateurs ouvrant dans la toiture des serres libres 
ou trois-quarts libres, qui pourront être répartis alternativement de 
chaque côté de la crête du toit : disposition qui permet de laisser 
constamment ouverts ceux opposés à la direction d’où vient le vent. 

La forme de ventilateur la plus usitée est celle d’une fenêtre à 
châssis, articulé au sommet et s’ouvrant vers l’extérieur. Les vitrages 
à glissières sont complètement démodés, si ce n’est pour les châssis 
à boutures, les couches et les serres dont la toiture doit être enlevée 
périodiquement. Ils ont en effet pour inconvénients d'exiger une 
charpente de soutien d’un poids énorme, d’entraver sérieusement la 
transmission lumineuse et de ne se déplacer qu’au prix d’un effort et 
d'un frottement considérables. Même objection pour les fenêtres à 


— 144 — 


coulisse verticale, peu employées d’ailleurs. On se sert aussi parfois 
de ventilateurs pivotant sur un axe central; mais ils ne sont dans la 
pratique ni aussi simples, ni aussi efficaces. Des fenêtres ordinaires, 
ménagées dans le vitrage latéral, peuvent être utilisées comme venti- 
lateurs dans les serres à étalage, mais, dans les serres à culture, rien 
ne vaut les lucarnes articulées dans la toiture. 

Les dimensions des ventilateurs dépendent des sujets mis en cul- 
ture; cependant, dans la grande majorité des cas, l’on donnera aux 
ventilateurs inférieurs, servant de prise d'air, 2 pieds 6 pouces 
(075) environ de hauteur, aux supérieurs 2 pieds (060); leur lar- 
geur correspondra naturellement à la distance entre les chevrons — 
5 pieds (1"50) dans les toitures treillissées, 4 (1"20) dans les toitures 
à châssis. L’on pourra, du reste, adopter de plus grandes dimensions 
dans certaines serres à vignes et à fruits. Des ventilateurs à bascule 
trouveront parfois leur raison d’être dans des murailles en maçonnerie 
immédiatement en face de tuyaux à circulation d’eau chaude; ils 
peuvent être en rapport avec des fenêtres de la toiture et laisser 
entrer l’air froid, ou bien au contraire avoir pour but d'envoyer l'air 
chaud dans des couches ou des serres à culture forcée. À quelque 
système qu’ils appartiennent, les ventilateurs doivent fermer bien 
exactement et s'adapter convenablement à leur cadre, de facon non 
seulement à empêcher la pénétration de l’eau du ciel dans la serre, 
mais encore à permettre d'y faire, le cas échéant, les fumigations 
qu’elles réclament parfois. 

Un mot maintenant sur le mode d'ouverture des ventilateurs. Nous 
venons de voir que, dans une serre, toutes les prises d'air extérieur 
et une suite ininterrompue de bouches de sortie doivent demeurer 
constamment ouvertes, de facon à provoquer une ventilation continue. 
Or, étant donnée une série de lucarnes, on peut faire en sorte qu'elles 
s'ouvrent simultanément ou s'arranger de manière à rendre indépen- 
dantes l'ouverture et l’occlusion de chacune d’elles. Ce dernier sys- 
tème, sauf le cas de fenêtres extrêmement nombreuses, mérite la 
préférence : il peut arriver fréquemment, en effet, que la même sur- 
face d’aérage ne soit pas requise dans toute l’étendue de la serre, que 
certaines plantes réclament une ventilation plus puissante et plus 
continue. Pour ouvrir séparément les lucarnes inférieures, le meilleur 


système est la crémaillère ordinaire, formée d’une barre en métal 


— 145 — 


munie de trous ou de crans et susceptible d'être maintenue à volonté 
dans telle ou telle position par une cheville fixée au cadre du ventila- 
teur. Pour les fenêtres supérieures, on peut faire usage d’une barre 
courbe terminée par un œillet, auquel est attachée une corde qui 
s'enroule sur une poulie dépendant de la ventrière (fig. 35). Un 


Fig. 55. — Appareil à ouvrir sépa- Fig. 56. — Levier ei à l'ouverture simul- 

rèment la lucarne de la toiture. _ tanée des lucarnes. 
contre-poids ou un crochet fixé au mur voisin servira à maintenir, 
le cas échéant, la lucarne ouverte. 

Quand on veut ouvrir simultanément un certain nombre de venti- 
lateurs, soit pour gagner du temps, soit à cause de la difficulté d’en 
approcher, — par exemple dans le cas où une large tablette ou une 
bordure de vigne s'étale devant eux et en obstrue l’accès — l'on fera 
usage d’une barre métallique mobile sur deux tourillons, à laquelle 
viennent se rattacher deux leviers articulés partant de chaque venti- 
lateur. Nous donnons, fig. 86, un de ces leviers ainsi que la section 
de la barre et d’une des fenêtres qui y correspondent. La rotation 
partielle de la barre redresse le levier articulé et ouvre la lucarne. 
Une poignée attachée à la barre et mobile sur un arc de cercle servira 
à la mouvoir, même à distance. 

Le même appareil peut s’adapter aux lucarnes de la toiture. Il faut 
seulement bien faire attention que les divers bras de levier soient 
solidement articulés sur la barre principale, sans quoi les châssis 
auront une tendance à se tordre et, parmi les fenêtres, il en est qui 
se fermeront alors que d’autres demeureront encore ouvertes. On fait 
parfois usage, pour l'ouverture simultanée des fenêtres, de quadrants 
dentelés, mais les leviers articulés que nous venons de décrire sont 
bien préférables : vous remarquez en effet aisément qu'ouverts comme 
fermés ils n’obstruent pas la serre ni ne gênent les plantes, tandis 


10 


— 146 — 


que la crémaillère ordinaire ou le quadrant dentelé font saillie à 
l'intérieur pendant l'occlusion des lucarnes, au grand détriment de 
l’'arrangement des pots, des plantes, etc. 


Les serres à raisins, à concombres etc. doivent être disposées de 
telle sorte que les plantes grimpent le long du vitrage. De même, il 
arrive fréquemment que des arbres ou autres végétaux s'appliquent 
contre le mur du fond de la serre. Les fils nécessaires à cet effet sont 
tendus tantôt horizontalement, tantôt verticalement, suivant les vues 
personnelles du jardinier; cependant, en thèse générale, l'usage, au 
moins pour la toiture, est de les placer dans une direction verticale, 
c'est-à-dire parallèlement aux chevrons et au treillis. Ainsi disposés, 
ils servent à supporter et à renforcer la toiture et rendent les travaux 
de réparation et de peinture moins incommodes à effectuer que dans 
une position inverse, c'est-à-dire perpendiculaire aux chevrons. Une 
bonne méthode de fixer ces fils est la suivante : Supposons que nous 
ayons affaire à une serre adossée : nous prenons deux barres de fer 
aplaties, les placons de champ et les suspendons, l’une parallèlement 
à la façade en la boulonnant entre les menaux, l’autre le long du mur 
de fond en la soutenant par des crampons disposés de distance en 
distance; puis, aux intervalles nécessaires, nous étendons des fils 
métalliques de l’une à l’autre au moyen de raidisseurs. Les fils peu- 
vent ainsi être disposés à intervalles rapprochés, éloignés ou inégaux ; 
ils peuvent, en tout temps et aussi souvent qu'on le désire, être 
dérangés, puis replacés en quelques secondes. Ce système, vous le 
voyez sans peine, est bien préférable à celui qui consiste à fixer les 
fils d’une facon séparée et permanente. L'épaisseur de fil qui convient 
le mieux à cet usage correspond au n° 12 B. W.G; le fil sera sus- 
pendu 10 à 12 pouces (025 à 030) plus bas que la toiture. 

Si la serre à arranger est une serre libre, les barres métalliques 
seront fixées de chaque côté aux meneaux et les fils tendus entre elles 
passeront par les œillets de boulons vissés à la platine qui part de la 
crête du toit ou, ce qui vaut mieux encore, seront soutenus par un 
barreau de fer suspendu à une distance convenable du milieu de la 
toiture. 

Contre un mur vertical, la meilleure disposition à donner aux fils 
est l'horizontale. On laisse entre eux 10 à 12 pouces (0"25-030) de 


— 147 — 


distance : on les fixe à une gâche par un bout, à un raidisseur par 
l’autre, en les faisant passer par des œillets tuteurs distants d’une 
dizaine de pieds (3 m.). La longueur de fil que l’on peut tendre de 
cette façon dépend de la solidité des crampons qui le soutiennent ; en 
tous cas, 100 à 150 pieds (30 à 45 m.) de fil n'ont rien d’exagéré ni 
d'incommode. Il existe d’autres systèmes pour fixer les fils, moins 
avantageux à coup sûr que le précédent. Il y a le système dit « à trois 
fils », puis un autre dans lequel les fils sont tendus sur des baguettes 
maintenues entre des supports rigides indépendants de la toiture. On 
se sert aussi de bois treillisé, appliqué contre les murs de la serre 
pour soutenir les plantes grimpantes, ou sur la devanture des supports 
pour masquer le générateur de chaleur. Dans l’un et l’autre cas, il 
faut fixer le treillis sur panneau ou du moins sur pièce qui puisse être 
facilement enlevée pour les besoins du nettoyage, de la peinture, etc. 


Ce mot de peinture nous remet en mémoire une des parties les plus 
importantes de la construction d’une serre. Il faut, tout d'abord, que la 
charpente soit bien desséchée avant d'y appliquer aucune couche de 
couleur. Toute boiserie non préparée sur place doit être bien imprégnée 
avant de quitter le chantier. Elle ne sera mise en place qu'après que 
les diverses parties qui doivent venir en contact avec la maçonnerie et 
seront inaccessibles par la suite — partie inférieure des racinals, face 
postérieure des sablières, etc. — auront été recouvertes de bonne 
couleur à l’huile. Une fois la charpente installée, on lui fera subir la 
même opération, en ayant soin d’y appliquer au minimum quatre 
couches de couleur. Les meilleures nuances de revêtement pour 
constructions horticoles sont le blanc et l’ardoise. Les teintes voyantes 
ne seront jamais employées pour serres à culture ou à étalage : elles 
ne manqueraient pas de nuire à l'effet des plantes et des fleurs; et 
nous ne devons jamais oublier que c'est au brillant des fleurs et de la 
verdure et non à l'éclat des peintures et des décors qu'une serre doit 
emprunter son élégance et sa beauté. 

Les constructions horticoles ont à lutter contre un ensemble de 
circonstances climatériques éminemment défavorables : aussi le renou- 
vellement périodique du peinturage est-il de toute première nécessité. 
Supposons une serre convenablement peinte lors de son érection; il 


faudra lui rendre une couche en dehors l’année suivante, puis deux 


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-couches à l’intérieur et à l’extérieur tous les trois ans. Chaque fois que 
l'on remplace quelque pièce du vitrage, la partie de la charpente mise 
à découvert doit être peinte à nouveau. 

Dans aucun des diagrammes figurés jusqu’à présent, nous n’avons 
indiqué d'installation apte à planter les arbres fruitiers, les vignes, 
etc. en bordure intérieure aussi bien qu’extérieure. Comme une serre 
ainsi disposée présente des caractères spéciaux et tout à fait. distinc- 
tifs, nous allons donner quelques renseignements au sujet de son 
érection. Bien que certaines autorités préconisent une bordure exclu- 


sivement intérieure, on trouve généralement avantageux de la faire 


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Fig. 57. — Mur de facade voüté pour serre à raisins. 
à la fois en dehors et en dedans, soit en bâtissant le mur de face de la 


serre sur voûte (fig. 37) — la clef de celle-ci venant juste à fleur de 


77 


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Fig. 58. — Facade à piliers d’une serre à raisins. 


sol — soit en soutenant la façade par de courts piliers en fer (fig. 38) 
et remplissant l'espace intermédiaire, depuis la charpente et le vitrage 


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jusqu'un peu en dessous du niveau du sol, par des dalles d’ardoise. 

Les racines de vos vignes n’auront d'autre nourriture que le sub- 
stratum préparé pour elles: aussi le drainage du sol devra-t-il être 
puissant et actif. Si le terrain, de sa nature, est trop disposé à retenir 
l'humidité et qu’il n’y ait aucun autre moyen de vous tirer d'affaire, 
vous préparerez le sol de votre couche conformément à la fig. 39. 

D'abord une couche de béton, puis une couche de blocaille avec 
quelques tuyaux étroits de drainage disposés transversalement, puis 
du gazon pour empêcher le compost de remplir les interstices des 
blocailles ; enfin le sol de la bordure par dessus. 

Dans certains cas, un fond de blocailles suffira au drainage tout en 
limitant l'extension des racines et la couche de béton deviendra dès lors 
inutile : notre but, en mentionnant cette dernière, est de faire 
ressortir la nécessité d’un drainage énergique. Trois pieds (090) 
d'épaisseur suffisent largement pour la bordure ; quant à la largeur; 
elle égalera celle de la serre. La couche de blocaille aura six à douze 


Fig. 39. — Section des bordures d’une serre à vignes. 


A) bordure externe; A/) id interne; BB). drains ; C) blocaille ; D) béton ; E) murs de facade sur 
voûte ; F) passage supporté à intervalles par des piliers. 


pouces (015 à 030) d'épaisseur, suivant le plus ou moins de 
difficulté du drainage. L'on trouvera parfois avantageux de prolonger: 
la bordure jusqu’au mur postérieur, surtout quand ce dernier est 
tapissé d'arbres. S'il est absolument nécessaire, au point de vue de la 
culture, que les racines soient soustraites à l'influence de l'air froid 
du dehors, vous pouvez, comme nous l’avons indiqué précédemment, 
ou supprimer la bordure extérieure ou, ce qui vaut mieux, la protéger 


contre la gelée et la pluie par des nattes ou d’autres substances 


— 150 — 


mauvaises conductrices ou même par un simple vitrage. L'on con- 
seille parfois de conduire des tuyaux à circulation d’eau chaude sous 
les bordures : semblable pratique nous paraît rarement nécessaire. 

Dans le plan de votre serre, vous ferez en sorte qu'une partie au 
moins de la bordure s'élève au-dessus du niveau du sol. — Les mêmes 
remarques s'appliquent aux serres libres qui, du reste, sont peu pra- 
tiques pour cet usage, étant donné le peu de longueur de la charpente 
et l'étroitesse de la bordure intérieure. 


Après la serre à raisins, la plus fréquemment en usage est la serre 
à culture forcée proprement dite, c’est-à-dire celle où la température 
du sol doit être exagérée au voisinage immédiat des racines. 

La fig. 40 représente la forme habituelle de semblable construction. 
Les matériaux constituant le substratum y sont chauffés au degré 
voulu par des tuyaux à circulation d’eau chaude passant soit en des- 
sous du sol, soit à travers le sol même, 
dont ils ne sont séparés que par un lit 
de blocaille. La première disposition 
mérite peut-être la préférence : elle 
permet d'adapter aux tuyaux des auges 
à vapeur et de les remplir d’eau au fur 
et à mesure du besoin, au lieu de verser 
Fig. 40. — Section d'une serre à eulture directement celle-ci sur la couche : seul 

oué procédé applicable quand les tuyaux 


sont peu ou point accessibles. Les bouches de prise d'air froid 
s'adaptent plus aisément au mur extérieur et les orifices de sortie de 
l'air chaud au mur de soutènement intérieur, quand on a soin d’entou- 
rer les tuyaux d’un manchon d'air semblable à celui figuré dans le 
diagramme. Ilest de ces serres où les mêmes tuyaux, installés dans 
la profondeur, servent à la fois à chauffer l'air ambiant et le sol; 
à notre avis il sera toujours préférable d’avoir des tuyaux séparés 
et distincts pour élever la température de l’un et l’autre milieu. 


Les sentiers, dans les constructions horticoles, seront faits en 
pierre, en ardoise, en briques, en dalles, en ciment ou en bois. Le 
meilleur et le plus résistant de ces matériaux est la dalle ordinaire 
rouge et brune de Staffordshire, de 6 à 9 pouces (15 à 22 1/2 centim.), 


— 151 — 


diagonalement disposée et soigneusement encastrée dans du mortier : 
elle fournit à bon compte un sentier propre, durable, facile à entre- 
tenir et de bonne apparence. S'il n’est pas adossé à un mur de soubas- 
sement, il faudra l’entourer d’une bordure de pierres ou de dalles, dont 
il existe quantité de modeles spécialement affectés à cet usage. A 
défaut d’un pareil sentier, ainsi qu'aux endroits — bordure de vignes 
intérieure — où il n'est pas possible d'installer un passage permanent, 
l’on construira un sentier treillisé solide et très convenable en voli- 
ges de 4 1/2 sur 1 1/8 pouces (11 1/4 sur 2 5/4 cent.), disposées en travers 
sur poutrelles séparées de 5/4 de pouce (2 centim.) avec un nez bien 
propre sur chaque arête. 

Une largeur de 2 pieds 9 pouces (0825) — 3 pieds (0790) même 
quand la chose est possible — est celle qui convient le mieux aux 
sentiers d’une serre. Vous descendrez jusqu’à 2 pieds 6 pouces (075) 
en cas de pénurie de terrain, jamais en dessous. 

Dans des massifs de constructions de vaste étendue, les sentiers 
pourront avoir jusqu'à 3 pieds 6 pouces (1"05) de largeur ; leurs 
dimensions varieront du reste suivant qu'ils sont libres et découverts 
comme dans une serre à raisins ou circonscrits de part et d'autre par 
une étagère d'environ 2 pieds ou 2 pieds 6 pouces (0"60 à 0"75) de 
haut. | 

La semaine prochaine, nous examinerons un sujet plus intéressant 
encore, celui de la décoration des serres à étalage. 


Jusqu'à cette heure, nous nous sommes exclusivement occupés des 
serres à culture, c’est-à-dire des serres employées à la culture naturelle 
ou forcée des plantes à feuillage, à fleurs ou à fruits. Nous allons 
aujourd’hui consacrer quelques instants à l'examen des serres à 
étalage, c'est-à-dire de celles où s’exposent les produits élevés dans les 
serres de culture. 

Dans cette étude, nous prendrons comme points de départ les 
principes suivants : 

1° Une serre à étalage doit être regardée comme une des salles 
de réception de l'habitation à laquelle elle est annexée. 

2° Son architecture, intérieure et extérieure, doit être en rapport 
avec celle du corps de bâtiment. 


3° Cela posé, nous devons considérer la culture et l’étalage des 


— 152 — 


plantes comme choses tout à fait séparées et distinctes. — Rien à. 
faire, si l’on ne tient compte de ces divers points. | 

Dans une serre à culture, le vitrage demande à être abaissé aussi 
près que possible des plantes ; dans une serre à étalage, des pieds-droits 
élevés sont souvent chose utile ou nécessaire : on leur donne fréquem- 
ment dans ces dernières jusqu’à 10 pieds (3 m.) de haut, tandis que 
leur élévation, dans les premières, ne dépasse jamais 5 pieds (1250). 
Dans le cas de serre à culture, nous avons d'ordinaire le choix de 
l'orientation et de l'emplacement : une serre à étalage doit souvent 
être installée à l’abri des rayons du soleil. La première pourra, dans 
le but d'obtenir une exposition convenable, se dresser en plein air; 
l'emplacement de la seconde devra être tel qu’il y ait communication 
directe et immédiate entre elle et les appartements. Une serre à culture 
ne portera qu’une charpente légère, opposant aussi peu d’obstacle que 
possible à la transmission des rayons solaires ; une serre à étalage 
sera construite plus solidement, avec moins de précautions prises 
pour assurer le passage de la lumière et de la chaleur. 

Nous n’ignorons sans doute pas que nombre de personnes ne peuvent 
se payer le luxe d’une serre séparée pour chacun des buts à attein- 
dre : le mieux à faire en ce cas, c’est un compromis intelligent et judi- 
cieux, adapté aux circonstances spéciales à chaque installation. 

Maintenant qu'il est bien entendu qu’aux deux catégories de serres 
correspondent des fonctions entièrement séparées et distinctes, nous 
en concluons que les serres à étalage laissent bien plus de champ et 
de latitude au côté artistique et architectural de la bâtisse. Nous 
avons vu des horticulteurs condamner d'emblée certains plans de 
serres à étalage sous prétexte qu’ils ne répondaient pas aux exigences 
de la culture des plantes. C'était la toiture trop élevée, ou quelques 
unes des fenêtres découpées en losanges étroits, ou la charpente 
construite de façon à intercepter une trop forte proportion de rayons 
lumineux, ou encore un vitrage teinté et plombé, ou un pignon faisant 
saillie et arrétant au passage la lumière du soleil, etc., etc. Qu'un 
pareil système soit inapplicable à une serre à culture, rien de plus 
exact; mais il n'est pas nécessairement vrai qu'il soit défectueux 
pour une serre à étalage. 

Une fois que nous possédons une idée bien juste et bien nette des 
fonctions d’une serre à étalage, bon nombre des difficultés attachées à 


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son érection disparaissent. Sans vouloir établir ici de principes 
invariables et immuables à ce sujet, qu’il nous soit permis d'indiquer 
en peu de mots les règles générales auxquelles nous devons nous 
conformer dans l'installation de semblables serres. 

Occupons-nous d’abord de l’architecture, c’est-à-dire de l’extérieur 
de ces édifices. Autant que possible, faites en sorte qu'étant dans le 
jardin vous deviez lever les yeux pour regarder la serre, autrement 
dit que son plancher soit légèrement élevé au dessus du niveau du sol. 
Cette position du plancher est plus spécialement déterminée du reste 
par une autre condition tout-à-fait de rigueur : celle de se trouver au 
même niveau avec le plancher de l'habitation à laquelle la serre com- 
munique ; autrement dit, la pente de la serre, tout en étant suffisante 
pour y installer une pelouse gazonnante et empêcher l’eau de refluer 
vers le corps de logis, ne doit pas dépasser deux pouces (5 centim.). 
L'existence entre l'habitation et la serre d’une ou de deux marches 
descendantes constitue un vice de construction aussi repréhensible 
qu'une différence appréciable de niveau entre un vestibule et une salle 
à manger. 

Evitez autant que possible d’adosser un chenal au corps de logis; en 
tous cas, faites-le assez large pour qu’un homme puisse y marcher et 
balayer les feuilles, les ordures, etc. qui ne manquent pas de s’y accu- 
muler. Tâchez de faire en sorte que la toiture de votre serre ren- 
contre la maçonnerie de l'habitation y attenante à angle droit ou sous 
une pente ascensionnelle, jamais sous une inclinaison descendante. 

Autant que possible ayez un corridor — quelque court qu'il soit — 
entre la serre et ie corps de bâtiment, de telle sorte que deux portes 
bien exactement closes empêchent l’entrée de l’air humide dans 
l’habitation. Dans le cas contraire, tâchez que la porte de communica- 
tion ferme aussi juste que faire se peut. Evitez, pour toutes les raisons 
précédemment indiquées, une toiture courbe ou compliquée : un 
pignon ordinaire peut être traité d’une facon extrêmement élégante et 
décorative. 

Inutile de recourir à des ornements empruntés, à des enjolivures de 
mauvais goût : les lignes simples et larges de la serre seront suffisam- 
ment décoratives par elles-mêmes sans qu'il y ait besoin de semblable 
surcharge. N'oubliez jamais qu’il faut décorer la construction et non 
construire pour décorer. Fuyez toute ornementation forcée, maniérée 


— 154 — 


ou prétentieuse : un style architectural doit être naturel, jamais affecté 
nitiré aux cheveux; il doit reposer l'œil, non l’agacer. Le monde 
finira par devenir sage et par comprendre que l’art véritable réside 
dans la simplicité et la grandeur des détails, non dans l’entassement 
confus d’ornements empruntés à toute espèce de style. 

Si, par exemple, vous construisez une serre adossée avec pignon, 
laissez celui-ci faire saillie, ne fût-ce que de quelques pouces : vous 
donnez ainsi à votre construction un caractère plus décoratif. Faites 
mieux encore : élevez le pignon au-dessus des larmiers; mettez des 
tasseaux à ses encoignures pour attirer vers lui les regards. Semblable 
pignon aura surtout sa raison d’être quand vous désirez avoir une 
porte d'entrée et que vous ne disposez pas d'une hauteur suffisante 
jusqu'aux larmiers, ou encore pour introduire un peu de variété dans 
une longue rangée de serres à culture à toiture plane et simple. 

Une toiture semi-octogonale, émergeant de tout autre toiture, 
produira souvent une excellente apparence, à condition qu'il s'agisse 
| d’un semi-octogone vrai, sans quoi 
l'effet réalisé estplatet défectueux. 
Dans le cas de toit à lanterne, si 
l'extrémité de la toiture est octo- 
gonale, la partie correspondante 
de la lanterne devra présenter la 
même forme. 

Si l’on veut adosser une serre 


N à une habitation, comme dans la 


NN Ne TR TEE SERIE PEN NT A LEE PEN ETS ————— A RE - La La 
AAA tageusement du plan représenté 


figure 42. Poincons et arbalétriers 


figure 41, l’on se servira avan- 


Fig. 41. — Serre à étalage adossée à un corps de 
bâtiment; modéle simple. seront distants de quelque cinq 


pieds (1 m. 1/2) : s’il en existe un certain nombre, la construction leur 
empruntera un aspect charmant. 

À propos d’aspect, n'oublions pas de faire remarquer que pour un 
angle de toiture de 30 degrés, trois tasseaux égaux forment un demi 
cercle parfait et servent à lier et à soutenir la charpente du toit. Une 
toiture de 30 degrés de pente représente une portion d'hexagone. Une 
succession de ces diverses formes produira l'effet le plus agréable. 
Dans une serre à étalage, la distance des arbalétriers dépendra des 


— 155 — 


dimensions et des proportions de l’édifice : une largeur de cinq pieds 
(1 m. 1/2) est celle qui semble convenir le mieux pour l’intervalle entre 
les meneaux. Semblables intervalles pourront, dans des serres de 
dimensions ordinaires, être occupés par des traversines, avec vitrage 
en haut et en dessous des châssis, mobiles à la facon des croisées ordi- 
naires, à l’aide de crémaillères — tout comme les lanternaux — et 


présentant cet avantage de pouvoir toujours s'ouvrir contre le vent. 


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Fig. 42. — Serre à étalage adossée à un corps de log's ; modèie ornemental. 


Ces fenêtres, jointes aux ventilateurs à charnière de la toiture, 
suffisent largement à l’aérage de semblable serre. Le jour des traver- 
sines pourra, dans un but décoratif, être occupé par des vitraux 
d'église plombés et teintés (fig. 48), ou par d’étroits losanges à châssis 
disposés en un dessin plus ou moins élégant, ou encore par une vitre 
recouverte d'ornements légers en fer ouvragé. 

Les fenêtres à châssis seront formées d’une pièce de verre; dans le cas 
où la fenêtre aurait trop de hauteur pour qu’on puisse la remplir à l’aide 


— 156 — 


d’une seule vitre et où l’on ne veut cependant pas faire usage de glace, 
alors on disposera de petits losanges de verre soit au haut soit à la 
fois au haut et au bas du vitrage. Ni dans l’un ni dans l’autre cas, le 
rayon visuel qui passe par le centre de la fenêtre ne sera intercepté par 
les barres transversales de la croisée. 

Si la hauteur jusqu'aux larmiers atteint, par exemple, 10 pieds 
(3 mètres) — 2 pieds (060) de muraille, 6 (1"80) de croisées et 
2 (0"60) de traversine, y compris platines et racinals — avec largeur 
de croisées de 2 pieds 6 pouces (075), vous traiterez la partie supé- 
rieure des portes en guise de fenêtres, en leur donnant les mêmes 
dimensions et en arrêtant leur couronnement au niveau de la traver- 
sine. Si les larmiers n’ont que 8 pieds (240) de haut — 2 pieds (0"60) 
de muraille, 4 pieds 6 pouces (135) de croisée et 1 pied 6 pouces 
(0w45) de traversine, — les portes dépasseront cette dernière et mon- 
teront jusqu'aux larmiers. 


Divers systèmes sont en usage pour décorer les têtes des châssis. 


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de bois aux encoignures ; ailleurs on les recouvre d’ornements en fer 
ouvragé, etc., etc. 

Chaque fois que l’on à recours aux cimiers, il faut les faire en 
fonte, jamais en zinc, sous peine de donner à la décoration un aspect 
piteux et mesquin. Quant à nous, nous ne sommes partisans du 
cimier que sur la crête de la toiture, jamais aux larmiers, sur les 
chenaux ni aux encoignures ou sur les côtés du toit. 

Les lignes de faîte doivent être bien définies, sans avoir une ten- 
dance à trop se développer,surtout au voisinage du sommet. Il ne faut 
pas les faire trop courtes, défaut dans lequel on verse trop souvent. 


— 157 — 


Leur base doit être disposée de telle sorte que l’œil soit naturellement 
conduit à suivre leur direction. 

Les espaces occupés par les pignons en saillie, par les travées, les 
portails, etc. doivent être autant que possible agencés et répartis 
d’une facon uniforme, géométrique, etil est souvent avantageux, au 
double point de vue de l’ornementation et de l’économie, de les dis- 
poser de telle sorte que le même dessin y soit reproduit un certain 
nombre de fois. 

La forme des serres à étalage et les détails de leur construction 
peuvent varier à l'infini; les remarques qui précèdent ne doivent être 
regardées que comme des principes généraux, renseignant le but que 
vous devez plus spécialement avoir en vue dans le dessin des plans 
relatifs à semblables bâtisses. 

(Le professeur illustrait ses enseignements au fur et à mesure par 
des diagrammes et des esquisses exécutées à la planche). 

Quant aux dispositions intérieures d’une serre à étalage, elles s’in- 
spireront entièrement du principe que nous avons énoncé au commen- 
cement de cet article, à savoir que semblable serre doit être regardée 
comme une des salles de réception de l'habitation. Évitez donc de la 
remplir d’étagères ; qu’il s’y trouve des parterres, des bordures, mais 
que l’on n’y voie, si possible, aucun meuble destiné à l’étalage des 
sujets. Qu'il s’y trouve un large espace libre — non pas un simple sen- 
tier, mais une place suffisante pour y installer une table ainsi qu'une 
ou deux chaises. Faites de votre serre un lieu de flânerie et de repos 
plutôt qu'un simple but de promenade circulaire. L'espace libre sera 
pavé d’une mosaïque en marbre (fig. 44), de dalles céramiques ou 
même, plus économiquement, de dalles ordinaires. Pour autant que les 
dimensions et la nature de la serre le permettent, vous y installerez 
une grotte, une fontaine ou même quelques statuettes. Des corbeilles 
de plantes à feuillage retombant font bon effet ; les murailles nues 
seront garnies de végétaux grimpants ; dans le cas où des étagères 
s'alignent le long des murs ou sur les tuyaux à circulation d’eau 
chaude, on dissimulera soigneusement leurs supports à l’aide d’un 
treillage diagonal en bois, d’ornements en fonte ou de tuiles perforées. 
Sila muraille de l’habitation voisine constitue l’un des côtés d'une 
vaste serre et qu'aucune circonstance particulière ne s’y oppose, l’on 
y adaptera avantageusement un foyer ouvert. Une ou deux pelouses 


— 158 — 


gazonnantes, jetées ça et là, et un perroquet sur son perchoir contri- 
bueront à la décoration de l'édifice. Il se trouve parfois, dans la 


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Fig. 44, — Pavé mosaïque en marbre dessiné par MM. Burke et Cie. : À 


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maçonnerie un recoin disgracieux : faites en uue volière, 


— 159 — 


Si votre serre réclame de l’ombre, tendez devant les châssis verti- 
caux des rideaux d’herbes sud-africaines : l'aspect en est élégant et 
décoratif et l’humidité ni le soleil n’ont sur eux aucune prise. En un 
mot, la combinaison intelligente de l’art et de la nature rehaussera 
les jouissances de semblables serres et la beauté des plantes et des 
fleurs ne fera que bénéficier de l'introduction des accessoires artistiques 
dont nous venons de parler. 


Abordons maintenant un sujet non moins important : celui du 
chauffage des serres. Il existe nombre de moyens de chauffer les 
constructions horticoles : substances en fermentation, tuyaux, poëles 
à air chaud ou à gaz, lampes, circulation d'eau chaude à haute pres- 
sion, de vapeur ou d’eau chaude à basse pression. Les matières en 
fermentation à elles seules constituent un système de chauffage 
inefficace et insuffisant. Les tuyaux de cheminée sont aptes à produire 
une température excessive et à provoquer la concentration de la 
chaleur ; ils laissent aisément arriver jusqu'aux plantes les produits de 
la combustion et ne peuvent être manipulés sans difficultés sérieuses. 
Même objection pour les poëles : ceux à gaz, à côté d’autres défauts, 
présentent celui d’un prix de revient très élevé. Les lampes doivent 
être mises hors cause, sauf dans des serres tout-à-fait exiguës et 
primitives. L'eau chaude à haute pression et la vapeur sont incom- 
modes à employer et aptes à concentrer la chaleur. Reste l’eau chaude 
à basse pression, le meilleur procédé connu jusqu’à ce jour et le plus 
efficace pour élever la température des constructions horticoles. 

Désireux de vous donner, en aussi peu de mots que possible, une 
idée claire et nette du sujet, nous supposons, pour un moment, que 
vous ne sachiez rien, ni en application ni en théorie, du chauffage 
par circulation d’eau. Le principe de la méthode réside en ce fait 
que l’eau chaude monte tandis que l’eau froide descend, tout bonne- 
ment parce que la seconde est plus lourde que la première ; donc, quand 
l’une et l’autre se trouvent en contact dans le même vase, l’une des 
deux en descendant fait monter l’autre à la surface. C’est qu’en effet, 
au-delà de 4°1 C., l’eau se dilate, c’est-à-dire augmente de volume, 
au fur et à mesure de l'accroissement de température. 

Prenez un vase rempli d’eau — peu importe lequel, une théière ou 
une casserole, — emplissez-le d'eau froide et mettez-le au feu. Que va- 


— 160 — 


t-il se passer? La couche liquide voisine de la source de chaleur se 
dilate, à cause de l'élévation de température. Un volume donné de 
l'eau ainsi chauffée pesant moins qu’une quantité correspondante d’eau 
froide, tend à s'élever vers la surface ; c’est maintenant le tour de [a 
couche la plus voisine, qui s'échauffe, monte à son tour, et ainsi de 
suite jusqu’à ce que toute la masse de l’eau ait atteint une tempéra- 
ture uniforme. En fait, il existe deux colonnes liquides, l’une qui 
monte, l’autre qui descend, de la même facon que dans une balance, 
l’un des plateaux s'élève tandis que l’autre s’abaisse sous l’action de 
poids inégaux. Seulement, dans une théière ou une casserole, les 
deux colonnes liquides sont quelque peu confondues. Tâchons de les 
séparer. Pour cela, il suffira de faire en sorte que la colonne ascen- 
dante, au fur et à mesure de son élévation, soit conduite à l’endroit 
que l’on désire chauffer, s’y débarrasse de son calorique et revienne 
à la source de chaleur d'où elle est partie. C’est la disposition que 
réalisent les appareils de chauffage par circulation d’eau à basse 
pression. 

Nous le voyons donc, rien n’est plus simple que de han nos 
serres en y faisant passer des tuyaux, les emplissant d’eau chaude et 
renouvelant automatiquement celle-ci : conception qui doit vous être 
à présent aisée à comprendre, grâce aux détails théoriques dans 
lesquels nous venons d'entrer. Dans la pratique, la première question 
qui se pose et la plus importante est la suivante : Comment produire 
dans nos serres l'élévation de température, quelle qu’elle soit, requise 
par les végétaux qui y grandissent ? Car du moment où l’eau, dans les 
appareils à basse pression, communique avec l'atmosphère, sa tempé- 
rature ne peut jamais dépasser le point d’ébullition, soit 100° C., et ne 
s'élève guère en réalité au dessus de 93° C. dans les tuyaux — encore 
faut-il, pour éviter la concentration de chaleur et une perte de vapeur 
exagérée, maintenir le liquide au dessous de ce degré. 

La température maxima réalisée dans une serre doit dépendre 
entièrement et exclusivement de la surface des tuyaux de chauffage. 
Ni la proximité du générateur ni le degré de chaleur auquel il est 
porté ne doivent influencer la température réclamée PA les exigences 
de la culture. 

Nous pourrions établir par des calculs plus ou moins abstraïts la 
surface de chauffe correspondant aux diverses températures à obtenir, 


— ]61 — 


mais semblables opérations sont trop compliquées pour la pratique 
journalière. Nous préférons vous donner un tableau dont les chiffres 
déduits du calcul et contrôlés par l'expérience, renseignent immédia- 
tement la surface de chauffe exigée. Pour faire usage de cette table, 
il suffit de connaître en pieds cubes (0%°.028) l'étendue de la serre. 

Nous partons de ce fait que les tuyaux à radiation en fonte, em- 
ployés d'ordinaire pour chauffer les constructions horticoles, ont 
4 pouces (10 cent.) environ de diamètre. 


Serre adossée et abritée; aire de | Serre libre exposée; aire de 


refroidissement peu étendu. refroidissement très étendu. 
Température intérieure 
à réaliser. Nombre de pieds (0m30) de tuyaux | Nombre de pieds (0m30) de 
de 4 pouces (10 e.) de diamètre tuyaux de # pouces (10 c.) de 
par chaque 1000 pieds cubes diamètre par chaque 1000 pieds 
(28mc) d’air à chaufter. cubes (28mc) d’air à chauffer. 


Serres àétalage et serres 

tempérées à maintenir 

à l’abri de la gelée . . | 30 à 35 pieds (9 à 10 1/,m) |35 à 40 pieds (10 !/, à 12») 
Serres à raisins, etc., 


ESaISec Lou. . | 40 à 50 » (128 15m). 45 à 59 » (13 !i, à 16 1/9) 
Serres chaudes, 15 1/, à 

Re 00) 004160 »,, (15:à,18n). 09 à 65 » (16 1/, à 19 1/2») 
Serres à culture forcée 

18à27%c.. . . . | 55à 65» (15 /, à 19 {/,m) |60 à 70» (18 à 21m) 


Toutes choses égales d’ailleurs, il faudra tenir compte de l'exposition 
de la serre qui peut être libre ou adossée, étre on non abritée 
au nord, être ou ne pas être accolée à une habitation, joindre 
ou ne pas joindre à d’autres serres chauffées. La table précédente, 
comme vous voyez, tient compte de la plupart de ces conditions 
accidentelles. L’on nous à souvent reproché d'y renseigner une 
surface de chauffe supérieure à celle strictement nécessaire; erreur 
pour erreur, nous préférons la nôtre au défaut contraire, et ne sommes 
nullement disposé à nous amender, car le grand avantage du système 
à basse pression réside précisément dans ce fait que jamais la surface 
de rayonnement ne peut atteindre une bien haute température ; celle 
de 93° C., limite extrême à laquelle l’eau peut s’élever en pratique 
dans les tuyaux, est même en réalité trop haute pour un appareil bien 
réglé : vous ne risquez donc rien à affirmer qu’une grande étendue de 
tuyaux à rayonnement limité est préférable à une surface de chauffe 
moindre, avec rayonnement maximum. Non seulemeni la vie végétale 


11 


— 162 —. 


bénéficie de cet état de choses, mais le générateur fonctionne bien plus 
économiquement que lorsque l’on s’efforce d’en obtenir un maximum 
d'effet, pour porter l’eau dans les tuyaux au degré le plus élevé qu’elle 
soit susceptible d'atteindre. 

Dans le tableau précité, nous avons supposé avoir affaire à des 
tuyaux librement exposés. S'ils circulent dans des tranchées couver- 
tes d’un grillage, n'oubliez pas qu’il faudra, pour obtenir un effetiden- 
tique, en employer 30 °/, en plus environ. 

Pour les tuyaux passant à travers des couches et fournissant la 
chaleur de fond — dans la culture des concombres, ete. — vous adop- 
terez les chiffres suivants : 

Pour une couche : 


de 1 pied 6 pouces (045) de large, 2 rangs de tuyaux de 2 pouces (02075) 


»n 2 pieds (0260) » 2 ” SD (0m05) 
23 » (090) n 2 ” 4 » (010) 
» 4 » (1m20) » 3 » 4 » (Om10) 
n D (1m50) ” 4 ” 4 (0m10) 


Mais en voilà assez sur l'étendue et les dimensions des tuyaux; 
occupons-nous maintenant de leur disposition. Vous partirez de cette 
règle générale que l’air demande à être chauffé dès son entrée dans la 
serre, de telle sorte que l’air froid du dehors ne vienne pas en contact 
avec les sujets qu’elle abrite; en conséquence, les tuyaux seront 
placés à proximité des murs extérieurs, c’est-à-dire de la surface de 
refroidissement, et, autant que possible, immédiatement en dessous 
ou en avant des ventilateurs d'entrée. Vous ne perdrez pas de vue, 
d’autre part, que la surface de chauffe doit être distribuée de façon à 
éviter toute concentration de chaleur, de telle sorte qu’en règle géné- 
rale vous aurez soin de prolonger les tuyaux sur toute la longueur de 
la bâtisse ainsi qu’en travers, lorsque la serre présente une certaine 
largeur. | 

Jusqu'à présent, nous n'avons eu en vue qu’une seule série de 
tuyaux, c’est-à-dire un générateur de chaleur et l'appareil destiné à 
chauffer une seule serre. Or, il est parfois nécessaire de chaufïer 
plusieurs serres ou plusieurs compartiments de la même serre ; autre- 
ment dit d’avoir plusieurs séries de tuyaux à radiation. Ceux-ci pour- 
ront parfaitement être alimentés par un seul bouilleur tout en fonc- 
tionnant séparément les uns des autres, moyennant l'emploi d’une 


— 163 — 


conduite maitresse supplémentaire d'apport et de retour utilisée de 
la façon figurée ci-dessous. Nous supposons une rangée de quatre 
serres : serre chaude, serre à concombres, serre tempérée et serre à 
légumes, séparées par autant de portes. 

Nous devons disposer notre chauffage de telle facon que chaque 
serre ait son contingent de chaleur ; que chacune puisse être chauffée 
séparément et indépendamment des voisines ; que les tuyaux ne pré- 
sentent pas, au niveau des portes, de ces inflexions brusques qui 
correspondent à des arrêts de circulation ; enfin que l’apport de chaleur 
puisse être modéré, modifié, supprimé dans une serre sans que les 
autres en patissent. 

Voyons comment ces dispositions sont réalisées dans le diagramme 
représenté fig. 45. 

Les diverses serres y sont chauffées par une seule conduite 


Fig. 45. — Plan ou disposition de générateur et de conduites d’eau chaude. 


A) Serre chaude à culture. — B) Serre à concombres et à melons. — C) Serre tempérée. — D) Serre 
à légumes. — X) Générateur (que l’on pourra au besoin placer en Z.) 


maîtresse et un seul bouilleur ; cependant, plutôt que d'introduire dans 
les appareils une complication exagérée, il vaudra mieux diviser la 
besogne et installer plusieurs conduites et même plusieurs bouilleurs. 

Vous comprendrez aisément que plus les tuyaux à rayonnement 
sont exposés à l'air, plus ils agissent activement pour élever la tempé- 
rature de l'atmosphère ; aussi est-il utile de les laisser à découvert, 
tandis que les conduites maïtresses, qui ne servent qu’à transmettre 
la chaleur jusqu'aux tuyaux, seront avantageusement protégées de 
facon à perdre par radiation un minimum de calorique. Lors donc 
que de semblables conduites passent à travers un espace découvert, une 
cave par exemple, on les enveloppera de feutre, d'amiante ou d’autres 
substances mauvaises conductrices ; quand elles traversent le sous- 
sol, le meilleur moyen d'empêcher la déperdition de calorique par 
leur surface consiste à les disposer dans une tranchée en briques 


— 164 — 


couverte par le haut : elles seront ainsi entourées d'une enveloppe 
d’air immobile, l’une des substances les plus mauvaises conductrices 
que l’on puisse imaginer. 

Vous voyez donc que, dans des limites raisonnables bien entendu, 
le bouilleur peut être établi à une distance quelconque des serres à 
chauffer. En pratique, quelque bien installées que soient les conduites, 
elles rayonnent quand même de la chaleur : aussi plus le bouilleur est 
rapproché des tuyaux à radiation et mieux cela vaut. Il n’en est pas 
moins utile de savoir que, pour tirer parti d’une cheminée préexistante 
ou éviter la nécessité d'en construire une là où elle ferait mauvais 
effet, le générateur peut être écarté à une distance raisonnable de la 
construction qu’il dessert. Les conduites de transmission de chaleur, 
quand elles ne sont pas trop longues, se font en tuyaux de 2 pouces 
(5 centim.) de diamètre, jamais moins. Pour peu que leur longueur 
augmente, on donnera aux tuyaux 3 ou même 4 pouces (7 1/2 à 
10 centim.) afin d’amoindrir le frottement provoqué par la circulation 
de l'eau. Les conduites ainsi que es tuyaux à radiation horizontaux 
auront une pente ascendante d'au moins 1/2 pouce (1 1/4 centim.) par 
chaque 9 pieds (2"70), afin d’activer le transport de la chaleur. Des 
contractions et des courbes un peu marquées exagèrent le frottement 
et doivent être évitées avec soin. 

Le générateur doit être à un niveau inférieur à ses dépendances, 
sauf dans des appareils de très petites dimensions ; il doit y avoir une 
pente appréciable entre les orifices d'entrée et de sortie du bouilleur 
et les tuyaux de chauffage auxquels ils sont reliés. Plus la pente est 
forte et plus sont élevées les deux colonnes de liquide en circulation, 
plus est grande la différence de leur poids et plus la colonne d’eau 
froide est apte à provoquer l'ascension de la colonne d’eau chaude : 
autrement dit, plus la circulation est aisée et efficace. Vous ne pouvez 
assez tenir compte de ce principe. 

Les soupapes employées d'ordinaire dans ce système de chauffage 
sont des soupapes à gorge. Certains constructeurs ne se servent, pour 
modifier ou intercepter la circulation, que de soupapes installées sur le 
tuyau d’apport; nous préférons en garnir également le tuyau de 
retour. Ne perdez jamais de vue que de telles soupapes ne font qu'in- 
tercepter le cours de l’eau sans neutraliser la pression. Personnelle- 
ment, nous préférons les soupapes d’arrêt à haute pression : d’abord 


5e 


elles sont de beaucoup plus efficaces, ensuite, en cas d’accident, elles 
excluent complètement l’eau et vous épargnent beaucoup d’embarras et 
de perte de temps. Si vous en faites usage, ayez soin qu'une fois 
ouvertes elles livrent à l’eau un passage droit, large, exempt d’ob- 
stacle, sans quoi la circulation serait sérieusement entravée. 

L'eau chauffée de 4°,1 à 100° se äilate de -- de son volume; il faut 
donc, dans un appareil à circulation d’eau chaude, pourvoir à cette 
expansion du liquide, ce à quoi l’on arrive très aisément à l’aide d’une 
citerne ou réservoir disposé au-dessus du générateur. Comme la tem- 
pérature de l’eau, avant son introduction dans l'appareil, est presque 
toujours supérieure à 4°,1 et n’atteint jamais ou du moins ne doit 
jamais atteindre 100°, il est inutile, dans la pratique, de prévoir une 
expansion dépassant -= du volume primitif. 

Pour calculer le diamètre de ces déversoirs, il suffit de tenir compte 
des chiffres suivants : 

100 pieds (302) de tuyaux : 
de 2 pouces (5 cent.) ont une capacité d’à peu près 13 '/, gallons (61 litres) 
HN ni, cent.) ; 9 301/ » . (137 litres) 
de 4 » (10 cent.) ” ” ” 541}, 1 (245 Litres) 

Bien que l'eau ne doive jamais entrer en ébullition dans les tuyaux, 
il ne s’en produit pas moins une évaporation assez active et par con- 
séquent une déperdition de liquide; la citerne devra donc être reliée 
au fond du bouilleur ou à un tuyau de retour voisin de celui-ci, et 
servira de réservoir d’approvisionnement. L'on fera usage d’eau aussi 
douce que possible, afin d'éviter ou de limiter les incrustations. L'air, 
quand il ne peut s'échapper des tuyaux, entrave sérieusement la 
circulation : il faudra donc, dans chaque série de tuyaux, ménager un 
orifice de départ d'air, soit au point culminant du système, soit aux 
endroits où la hauteur est le plus considérable, s’il en existe plusieurs 
avec des enfoncements ou des dépressions entre deux. L’orifice de 
départ aura la forme d’un tube étroit, saillant de 8 à 9 pieds (2"40 à 
270) au-dessus de l'appareil, ou même d’un simple robinet : le premier 
système est automatique et mérite la préférence; le robinet n'agit que 
pour autant qu'on le tourne et exige que l’on s'en occupe au moins 
deux fois le jour. 

Les tuyaux auxquels il faut avoir recours pour le chauffage par 
circulation d’eau sont ceux à douille et à fausset. On les relie à l’aide 


— 166 — 


de ciment, de rouge ou de blanc de plomb, de limure de fer ou de 

joints annulaires en caoutchouc : pour l’usage des serres, ce dernier 

système est le plus pratique et le plus avantageux (fig. 46). L'on se 
sert aussi, mais rarement, de tuyaux à rebord. 

Vous pouvez être appelé plus d’une fois à décider de la préférence à 

: donner à tel ou tel générateur de chaleur et 


vous aurez à cœur tout naturellement de faire 


un choix heureux et intelligent. IL existe 


Fig. 46, — Section d’un joint a SrUNLe , DAY E 
PSone en rat aujourd'hui sur le marché tant de bons gene- 
A) Joint : t. — B) Joint ô 

aprés jonation des tuyaux. TAteurs.... et surtout tant de mauvais, que 


nous croyons utile de vous indiquer quelques-uns des principes qui 
doivent vous guider dans l’appréciation des qualités et des dimensions 
utiles de semblable appareil. 

Tout d’abord, l’efficacité d’un bouilleur dépend de l’étendue, de 
la forme et de la position de la surface de chauffe. Celle-ci n’est 
regardée comme produisant son maximum d'effet 
que si elle est plane, horizontale et chauffée par 
dessous. Toute surface verticale est censée 
rendre D0 ‘},; les surfaces horizontales infé- 


rieures à la flamme ne sont pas comptées (fig.47). 


| En second lieu, vous devez faire en sorte que 
ur games de os la flamme lèche directement la surface de 

de chauffe effective. chauffe, sans quoi, si la chaudière, par exemple, 
n’est en contact qu'avec l’air chaud, comme dans certains sys- 
tèmes, il ne faut compter comme active que 1/3 de sa surface. Une 
fois la surface de chauffe effective de votre chaudière évaluée, vous 
pouvez fixer à 40 ou 50 pieds (12 à 15 m.) de tuyaux de 4 pouces 
(10 centim.), 55 à 66 pieds(16 1/2 à 20 m.) de tuyaux de 3 pouces 
(7 1/2 centim.), 80 à 100 pieds (24 à 30 m.) de tuyaux de 2 pouces 
(5 centim.) l'étendue de tuyaux que chaque pied carré (0"09) suffit à 
chauffer. La plupart des constructeurs de chaudières renseignent sur 
leur liste la longueur des conduites appropriée à chaque système ; 
ayez soin, par esprit d'économie bien entendue, de réduire de 40 bons 
pour cent les assertions de semblables catalogues. 

Si vous lisez, par exemple, que tel ou tel générateur peut chauffer 
300 pieds (90) de tuyaux de 4 pouces (10 centim.), n’en mettez que 


200 (60); réciproquement, si vous avez à chauffer 400 pieds (120%). 


— 1607 — 


de semblables conduites, prenez un système garanti pour 600 pieds 
(180%). Cette règle est applicable à n'importe quelle chaudière. 

Ne perdez jamais de vue le principe que nous indiquions il n’y a 
qu’un instant, à savoir que, toutes choses égales, un générateur est 
d'autant plus efficace qu’il présente une plus large surface exposée à 
l’action du feu. Les chaudières en fonte sont préférables aux bouil- 
leurs en fer forgé : elles donnent moins de prise aux incrustations. — 
On divise les chaudières en chaudières « en selle >» et chaudières 
tubulaires. 

Pour résumer les avantages des divers systèmes, nous dirons : que 
ceux en fonte valent mieux que ceux en fer forgé, les tubulaires que 
ceux en selle, ceux à tube horizontal que ceux à tube vertical, car 
les bouilleurs doivent avoir une étendue maxima de surface directe de 
chauffe. Il faut qu’ils puissent arracher au combustible son maximum 
de rendement calorifique, qu’ils soient faciles à allumer et à nettoyer, 
qu'ils s'adaptent au combustible le plus aisé à se procurer et le plus 
abondant au voisinage, qu'ils opposent, toutes choses égales, un 
minimum d'obstruction au courant d’eau ascendant, que les tuyaux 
de départ s'insèrent à leur partie supérieure, les tuyaux de retour 
vers le bas. 

Comme conclusion, nous dirons, ce qui saute pour le moment 
aux yeux de la plupart d’entre vous, que l’art d’ériger et de 
disposer les constructions horticoles embrasse et nécessite la connais- 
sance détaillée d’une foule de professions distinctes : terrassier, 
maçon, briquetier, charpentier, forgeron, ingénieur, poëlier, peintre, 
vitrier, etc. Nous avons, d'une façon rapide et imparfaite, déroulé 
devant vos yeux une faible partie de ce tableau : à vous de poursuivre, 
dans le cours de votre carrière professionnelle, l’étude de ce sujet 
intéressant et d’y apporter le fruit de vos expériences et de vos 
labeurs. Comme dit lord Brougham, s’il est indispensable, pour votre 
réussite dans la vie, que vous ayez une teinture de toutes choses, il 
est presque aussi nécessaire que vous possédiez à fond la connaissance 
d’un sujet spécial. Do HE 


— 168 — 


DESCRIPTION 


PHYTARRHIZA MONADELPHA, s. nov. 


PAR M. En MoRREN. 
Planche VII. 


Phytarrhiza. — Cfr. Belg. hort., 1869, p. 321; 1870, p. 97 et 225; 1871, 
p. 289 : 1879, ». 368. 


Ph. monadelpha, foliis numerosis, herbaceis, vagina lata, viridi, limbo 
arcuato, lanceolato, acuto, utrinqaue purpureo. Scapo longiore, erecto, vestito. 
Spica simplex, laxa, rachidi distiche pulvinato, elongato, lucido, viridi. Flores 
(sub 20) remotiusculi bractea conduplicata nitida, calyce aequali fulti, subses- 
siles. Calix triangularis, sepalis conduplicatis, herbaceïs. Petala longiora, 
spatulata, ungui nudo, limbo patente, ovato, candido. Stamina brevia, basi 
monadelpha. Pistillum minimum, lageniforme, stylo crassiusceulo, stigmate 
trilobato. Ovula numerosa, mutica. Capsula longissima (bractea ter quaterve 
superans), seminibus hilo comatis. 


Explication des jiqures analytiques. 


. Bractée florale. 

. Une fleur. 

. Un pétale. 

. L’androcée dans sa forme naturelle. 
Le tube monadelphe fendu et ouvert. 

. Le pistil. 

. Coupe transversale de l’ovaire. 

. Un ovule. 


© © 1 © À BB À On — 


. Une capsule au moment de la déhiscence et de la dissémination des graines. 
10. Une graine montrant ie mécanisme dela dissémination : elle est renversée 
et son funicule se réduit en filaments pileux encore cohérents à chaque 
extrémité. 
11. La même suspendue au funicule transformé en parachute. 


La plante que nous décrivons et publions ici sous le nom de 
Phytarrhiza monadelpha présente un véritable intérêt scientifique 
dans la famille des Broméliacées, tribu des Tillandsiées. Elle diffère 
des Zllandsia par les étamines et le pistil inclus dans la corolle, des 


de. 


Guyane 
Serre chau 


LPHA 


E 


A 
, 
Z 
——) 
= 
< 
. 
_ 
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a 
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En 
= 
em 
A: 


— 169 — 


Vriesea par l'absence d’écaille sur les pétales : elle a quelques ressem- 
blances avec les Catopsis, mais principalement avec les Phytlarrhiza 
dont elle a le port, l’inflorescence, la forme de la corolle, le fruit et 
les graines. La ressemblance serait complète, n’était l’androcée. 
En effet, dans notre plante, les six étamines de chaque fleur sont 
réellement monadelphes, leurs filets étant soudés ensemble sur la 
moitié environ de leur longueur. Ce caractère pourra acquérir une 
certaine importance s’il se retrouve chez d’autres espèces du même 
groupe. La longueur relative des capsules mérite aussi d'être 
remarquée. 

La plante à été introduite en Europe par M. Linden, nous ignorons 
de quelle partie de l'Amérique du Sud ; elle a fleuri pour la première 
fois en juin 1874. Elle paraït être d’une constitution assez délicate et 
d’ailleurs très rare dans les collections. 

Nous ne connaissons rien en culture qui ressemble étroitement à 
notre Phytarrhiza monadelpha, mais celui-ci semble avoir de réelles 
affinités avec le Tilandsia narthecioïdes de Presl, qui, au dire de 
M. J. Baker (Gard. Chr., 5 janvier 1878, p. 8), aurait été importé 
en Europe, en 1877, par M. W. Bull, à Londres, chez qui il a fleuri. 
Ce T. narthecioides à été récolté à la Guyane, à Guyaquil et au Para. 
Il ressemble lui-même aux 7landsia loliacea Mart., triglochinoides 
Presl. et acorifolia Gris. 


DESCRIPTION. Plante de petites dimensions : (0"38 de diamètre et 0"35 de 
hauteur jusqu’au sommet de l’inflorescence). Feuilles nombreuses (une soixan- 
taine), disposées en rosace radicale courte et dégagée : chacune présente une 
gaîne large (0023), assez longue (0m05), vert pâle, lancéolée, passant à la lame 
qui est arquée, canaliculée, doucement lancéolée, assez longue (jusqu’à Om17), 
étroite (0007 en moyenne), aiguë, un peu pelliculeuse et, actuellement, 
sur les deux faces d’un beau rouge brun rappelant la nuance des feuilles des 
Hêtres bronzés. 

L’inflorescence s'élève au centre de la rosace foliaire qu’elle dépasse 
beaucoup. Hampe dressée, cylindrique, haute (018), mince (0m003), vêtue de 
bractées qui sont disposées dans un ordre spiral, engaînantes, les inférieures 
prolongées en une lame courte (0n05-0m015) étalée et lancéolée, les suivantes 
réduites à la gaîne lisse et d’un vert un peu glauque. Epi simple, assez long, 
(0m12-13) lâche, distique, à fleurs quelque peu espacées sur un rachis dont les 
mérithalles sont d’une certaine longueur (0005), pulvinés, lisses, luisants et 
verts. Bractée condupliquée, atteignant le sommet du calice (longue de O"018), 


— 170 — 


verte et lisse. Pédoncule très court. Calice à trois sépales lancéolés, condupli- 
qués, assez longs (0015), verts et lisses, disposés en un tube triangulaire. 
Pétales plus longs (0"022), spathulés, à onglet étroit, nu, inclus dans le calice, 
à limbe plus large, ovale, étalé, relevé sur les bords, blanc et bientôt flétri. 
Etamines hypogynes, très courtes (0007), à filets cohérents en un tube autour 
de l'ovaire, puis libres, plans, verts, subulés : anthères basifixes, dressées, 
courtes (0m0015), bacillaires. Pistil lagéniforme : style court (0003), épais : 
stigmate en capitule trilobé et papilleux : ovaire obconique. Ovules très 
nombreux à chalaze mutique. 

La capsule est très longue (0045-68) et dépasse deux ou trois fois la bractée- 
et le calice : elle donne quantité de graines dressées, à funicule très allongé, 
transformé en chevelure soyeuse et pappiforme. 


La dissémination des graines est bien intéressante à observer. La 
capsule s'ouvre parle dédoublement des cloisons (déhiscence septicide), 
en trois valves qui se séparent d’abord par le milieu et, quelques 
instants plus tard, depuis le sommet jusque près de la base. Les 
graines sont nombreuses et serrées dans chaque carpelle : elles sont 
petites, un peu allongées, brunes, fort légères et pourvues chacune 
d’un appareil remarquable. C’est leur funicule qui s’est considérable- 
ment allongé pendant la maturation et qui, au moment de la déhis- 
cence, se réduit en une quantité de filaments soyeux et piliformes. Ces 
filaments sont unis entre eux à leurs deux bouts et, tendus comme des 
ressorts ; ils déterminent la sortie des graines. Celles-ci, venues au 
jour, se renversent en obéissant à la pesanteur, tandis que leur funi- 
cule se transforme lui-même en une sorte de parachute ressemblant au 
pappe des Composées. Ces phases de la dissémination sont représen- 
tées par les figures 9, 10 et 11. 


— 17] — 


NOTE SUR LA MOSAICULTURE 


PAR M. DITTRICH, 
Traduit du Wiener Illustrirte Garten Zeitung, avril 1882, p. 138 et suivantes. 


Les progrès du goût, en matière horticole, s’affirment tous les 
jours par l'introduction de plus en plus fréquente, au sein de nos 
parterres, des plantes dites à mosaïque, qui remplacent par une heu- 
reuse variété l’uniformité d’aspect et de couleur de nos cultures 
d'autrefois. 

Les fleurs qui se marient le plus agréablement aux plantes à 
mosaïque et sont le plus usitées à cet effet se recrutent surtout parmi 
les Pelargonium à feuilles panachées, les variétés à floraison abon- 
dante de Pelargonium zonale, les espèces décoratives de Begonia tubé- 
reux, les Aster annuels, les Werbena hyb., Lobelia fulgens multif. et 
L. Erinus var. \ndépendamment des fleurs l’on s'adresse également, 
pour obtenir une diversité de teinte et d'aspect propre à charmer 
la vue, aux plantes solitaires ou à feuillage, telles que Canna indica 
var. (spécialement iridifiora), Musa Ænsete, Dracaena australis, 
D. indivisia et D. nutans angustifolia, Yucca pendula, Tritoma uva- 
ria, Gymnotrix latifolia, Gynerium argenteum, Penisetum longistylum 
(graminée extrêémement décorative), ainsi qu'à diverses Solanées, 
telles que Solanum robustum, S. argenteum, etc. et, pour les endroits 
abrités et ombragés, aux Aralia, aux Lataniers et aux Chamaerops. 
Enfin, en dehors des plantes à fleurs et à feuillage et toujours au 
point de vue de la variété à obtenir dans les parterres, on fait éga- 
lement intervenir les plantes grasses, telles que Zcheveria metallica, 
metallica glauca et imbricata, Kleinia repens couleur bleu d'acier, 
Sedum carneum et dasyphyllum, Sempervioum californicum et glau- 
cum, Echeveria secunda et glauca : les trois premières surtout comme 
plantes isolées. Viennent enfin les T'axus et le Buis à cause de leur 
aptitude à revêtir, par la taille, toutes les formes imaginables; puis 
le Lierre, la Bryone, la Vigne vierge et la Plante-télégraphe (Pilogyne 
SUavis). 


— 172 — 


Les plantes à mosaïque, c’est-à-dire celles que leur croissance limitée 


4 


et leur nuance approprient surtout à l'installation de parterres- 


mosaïques, sont spécialement les suivantes : 


Espèces gris-blanchâtre ou blanc-argenté. 


Antennaria tomentosa. 

Artemisia stelleriana. 

Centaurea candidissima, C. gymnocarpa. 

Cerastium tomentosum, C. Biebersteini. 

Cineraria maritima. 

Festuca glauca. 

Gnaphalium lanatum, G. lanatum fol. variegatis, G. helianthemifolium 
(Dyotis). 

Koniga variegata. 

Leuccphyta Browni. 

Thymus serpyllum, citriodorus fol. arg. variegatis. 

Santolina incana (chamæciparoides). 


\ 


B'spèces à nuances rouges. 


Alternanthera amabilis. 
_ amabilis latifolia. 
— amoena. 
— amoœæna sessilis. à 
— atropurpurea. 
— ferox (Amarantus). 
— paronychioïdes. 
— versicolor. 
— versicolor grandis. 
Coleus Verschaffelti. 
Iresine Lindeni. 


Espèces à nuances foncées. 


Aërva sanguinolenta. 
Achyrantes acuminata. | 
—  Verschaffelti. À 
Coleus scutellaroides. ; 
Iresine brillantissima. 
Oxalis fol. atropurpureis. 
Perilla nankinensis. 


— 173 — 


Espèces à teinte jaune ow jaunâtre. 


Alternanthera paronychioides aur. major. 
Lonicera brachypoda fol. aur. reticulatis. 
Pyrethrum parthenifolium aureum. 


Thyœus citriodorus fol. aur. var. 


Espèces à leinte verte. 


Leptinella squarosa. 
Mentha Pulegium gibraltaricum. 


Espèces multicolores. 


Achyrantes Verschaffelti fol. aur. reticulat. 
Mentha crispa fol. variegat. 
Salvia officinalis tricolor. 


Mais les plantes à mosaïque ci-dessus renseignées, et auxquelles on 
a le plus souvent recours dans la pratique, ne produisent pas toutes 
l’impression voulue, parce que toutes ne possèdent pas une coloration 
assez intense, parce que les nuances se fondent plus ou moins les unes 
dans les autres et affaiblissent l’effet de contraste recherché. Certaines 
d’entr'elles, à cause des nombreux rejets qu’elles poussent dans tous 
les sens, sont difficiles à maintenir dans les limites assignées ; d’autres 
encore supportent mal des tailles fréquentes ou ne se remettent que 
lentement de l'influence fâcheuse de cette opération : il n’est donc pas 
sans utilité de faire un triage parmi les sujets précités, et de ren- 
seigner, en une liste séparée, ceux qui unissent en eux toutes les 
qualités requises pour constituer comme qui dirait les plantes à 


mosaïque par excellence. Nous considérons comme tels les suivants : 


Espèces gris-blanchätre ou blanc-argenté. 


Antennaria tomentosa. 
Artemisia stelleriana. 
Centaurea candidissima. 
Cerastium tomentosum. 
Cineraria maritima. 


pare 


Espèces à nuances rouges. 


Alternanthera amabilis. 
— amœæna. 
— ferox. 
— versicolor. 


Coleus Verschaffelti. 


Espèce à nuance foncée. 


Iresine Lindeni. 


Espèces à teinte jaune. 


Alternanthera paronychioides aur. major. 
Pyrethrum parthenifolium aureum. 


Espèce à teinte verte. 


Mentha Pulegium gibraltaricum. 


Pour les parterres élégants et de peu d’étendue, il faut naturelle- 
ment faire choix de plantes décoratives minuscules, parmi lesquelles 


nous recommandons surtout : 


Espèces gris-blanchâtre ou blanc-argenté. 


Antennaria tomentosa. 

Cerastium tomentosum. 

Festuca glauca. 

Gnaphalium helianthemifolium (Dyotis maritima). 
Leucophyta Browni. 

Thymus Serpyllum citriodorus fol. arg. var. 


A 


L'spèces à nuances rouges. 
Alternanthera amoena. 
— ferox (Amaranthus ferox). 
Espèces à teinte jaune. 


Alternanthera paronychioides aur. major. 
Lonicera brachypoda fol. aur. reticulat. 
Thymus serpyllum fol. aur. var. 


Espèces à teinte verte. 


Leptinella squarosa. 
Mentha Pulegium gibraltaricum. 


— 175 — 


Quelques mots maintenant sur la multiplication des plantes à 
mosaique. 

Elle se fait le mieux au printemps, en couche de fumier chaud, et 
exige que l'on fasse passer l'hiver à un nombre plus ou moins consi- 
dérable de plantes-mères bien enracinées et préparées à cet effet des le 
cours de l'été précédent. Ces plantes-mères doivent hiverner en lieu 
fortement éclairé, aussi près que possible du vitrage; les plantes à 
mosaïque de serre chaude s’accommodent d’une température assez 
élevée et supportent bien une atmosphère très humide. Cette dernière 
condition est même strictement requise par certaines d’entre elles, les 
Alternanthères, p. ex., qui jouent le rôle le plus important- dans 
la mosaïculture : sous un air sec, elles produisent une abondance 
de fleurs peu apparentes qui affaiblissent et épuisené Le sujet; les 
feuilles tombent, les tiges se lignifient et la croissance s'arrête au 
printemps : accidents qui ne se produisent pas en lieu tiède et humide. 

Lorsque la saison ne laisse pas prévoir de froids intenses et per- 
sistants et que l’on a installé les couches à culture, on laisse se dissi- 
per leur excès de chaleur; puis on dépote les pieds que l’on veut 
bouturer et on les plante dans les couches, tout contre le vitrage. En 
cas de condensation d'humidité, l’on a soin de ventiler nuit et jour, 
même en temps de gelée, pour prévenir la formation de moisissures 
et empêcher toute pourriture. L'on a soin de tenir prêtes d’autres 
couches chaudes pour y planter les boutures que l’on pourra, 3 ou 
4 semaines plus tard, prélever sur les plantes-mères, lesquelles ont 
grandi et poussé sous l'influence de la chaleur du sol. 

Les boutures doivent être installées à distances égales et aussi 
proche du vitrage que les plantes mères: elles ne tardent pas à s’en- 
raciner et peuvent être recoupées peu de temps après pour la propa- 
gation de l'espèce, opération que l’on continue jusqu’à rendement 
suffisant. 


(La suite prochainement). De HAN 


— 176 — 


ÉTABLISSEMENT ET ENTRETIEN DES CRESSONNIÈRES. 


La longueur des fossés ne devra pas excéder 50 mètres et leur lar- 
geur sera de 3 mètres au moins. Si la pente est trop forte, il faudra 
faire plusieurs arrêts avec des planches mobiles, à égale distance, si 
faire se peut. Cette longueur ne sera dépassée que lorsqu'il y aura 
beaucoup d’eau courante. 

La longueur à donner aux fossés n’est pas indifférente. S'ils sont 
trop larges, on voit souvent se produire sur leurs côtés ou sur quelque 
point de leur partie inférieure, des courants que l’eau parcourt de 
préférence, laissant en quelque sorte le reste du fossé à l'état de 
marécage par le non renouvellement de l’eau. Une épaisseur suffisante 
et régulière de la plantation du cresson s'oppose toutefois en certaines 
limites, à l'établissement des courants ; mais, quoiqu’on puisse faire, 
le cours de l’eau est toujours ralenti en raison de l'élargissement des 
fossés, effet qui a pour résultats secondaires d’affaiblir la vigueur de la 
plante et de donner une sorte de cresson noirâtre et de mare au lieu 
du cresson de fontaine ou d’eau vive avec une belle couleur verte 
qu’on recherche. 

La profondeur des fossés est nécessairement subordonnée au niveau 
des sources ou des cours d’eau; trop superficiels, les fossés ne permet- 
traient pas l'inondation du cresson, parfois nécessaire pour le 
garantir des gelées; trop profonds, ils diminueraient l’insolation, 
seraient une cause de perte de temps et d'un surcroit de fatigue 
dans le travail d'exploitation, surtout dans l’opération de la coupe. 

En calculant qu'il faut donner aux fossés 10 à 15 centim. d'eau au- 
dessus desquels le cresson pourra s'élever de 15 à 20 centim. et qu’il 
est utile que la digue de séparation serve d’abri, on arrive à admettre 
que la profondeur la plus convenable est celle de 50 à 60 centim. 

L'entrée des fossés en amont (du côté du cours d’eau) est souvent 
barrée par une planche trouée en différents endroits avec une tarière 
d’un pouce de largeur pour donner passage à l’eau qui y est néces- 
saire. Si l’eau est trop abondante, on bouche avec des chevilles du 
côté de ce cours d’eau un ou plusieurs trous; si, au contraire, elle est 
insuffisante, on augmente le nombre des trous. 


7 


— 177 — 


Le cresson se plante d'août à novembre après nivellement, béchage 
et un apport de terre végétale où d'engrais (tels que fumier de vache 
consommé ou terreau), à intervalles de 8 à 10%, à la main ou avec 
une longue fourche; on le tasse avec une planche épaisse trouée en 
différentes places et emmanchée obliquement à l'extrémité d’une 
longue perche, puis on le couvre, après 3 ou 4 jours, d'environ 5 cent. 
d’eau pendant 8 jours. On élève ensuite le niveau d'eau au fur et à 
mesure de la croissance du cresson, sans dépasser 15 c‘, au moyen de 
barrage à la sortie en aval, et au besoin avec des planches en travers 
des fossés. 

Une cressonnière bien cultivée ne doit pas avoir de vides; il faut 
les replanter aussitôt qu’il en existe, et faire en sorte que la cresson- 
nière soit bien propre et remplie d’eau courante. 

À l'approche des gelées, il faut que le cresson reste sous l’eau jus- 
qu'au dégel, en lui donnant toutefois de l'air quand le soleil luit. 
Outre la surélévation de l’eau, il conviendra de tasser ou de rouler le 
cresson auparavant. À défaut on peut le couvrir de planches percées 
de trous nombreux. 

On sarclera de temps en temps pour extirper les herbes et autres 
mauvaises plantes aquatiques qui pourraient se produire dans les cres- 
sonnières. Certaines herbes ressemblent un peu au cresson qu’elles 
étouffent : elles ne sont pas sans danger pour la santé. 

On détruit les altises en les noyant par la submersion momentanée 
du cresson; les insectes morts sont ensuite enlevés par les râteaux, 
filets ou par une planche que l’on promène à la surface, Les lentilles 
et autres parasites peuvent être enlevés de la même manière ou avec 
un long balai. Une cressonnière est en plein rapport dès la deuxième 
année de la plantation. 

Il faut fumer avec de courts engrais et terreauter après la première 
et la deuxième coupe, puis rouler ou tasser le cresson plusieurs fois 
avec la planche dont nous avons parlé plus haut, car le cresson trop 
exposé à l’air durcit et devient rouge. (La Cullure). 


12 


— 178 — 


NOTE SUR UN MOYEN DE DESTRUCTION DES INSECTES 
DANS LES SERRES 


PAR M. ÉTIENNE BolzARp, 


jardinier-chef chez Mnc la baronne James de Rothschild. 


Cette note a été présentée à la Société nationale d’horticulture de . 
France dans la séance du 23 février 1882. On a montré des rameaux 
d’arbustes de serre qui avaient été envahis par divers insectes et qui 
en ont été délivrés par M. Boizard, jardinier-chef chez M°° la baronne 
James de Rothschild, grâce à un procédé imaginé par lui et qu'il fait 
connaître dans une note qu'il a rédigée et dont il est donné lecture. 
M. le Président du comité fait observer que les feuilles de ces rameaux 
portent encore les insectes que le procédé de M. Boizard a fait périr. 
On y voit, dit-il, des Kermès, des 7T'hrips qui causent la maladie 
désignée par les jardiniers sous le nom de La Grise, nom qui est donné 
aussi aux altérations causées par des Acarus. Seulement la grise 
causée par les Thrips se montre cantonnée par places, tandis que celle 
qui est due à des Acarus s'étend uniformément à toute la surface des 
feuilles attaquées. 

Voici la note de M. Boizard, telle qu’elle est insérée au journal de 
la Société de Paris (1882, p. 110) : 

Le procédé que je recommande à mes collègues, horticulteurs et 
amateurs, consiste dans l’emploi de la vapeur du jus de tabac qui, se 
déposant sur les plantes à l’état de buée, détruit infailliblement les 
insectes, tels que : Acarides, Thrips, Coccus ou Cochenilles, Kermès, 
Pucerons, etc. 

Voici les résultats que j'ai obtenus, au bout de trois années d’expé- 
rience, dans une serre dont la capacité est de 60 à 65 mètres cubes. 

Ayant acheté 2 litres de jus de tabac à la manufacture des tabacs, 
je les ai fait bouillir à petit feu sur un fourneau placé dans la serre. 
Une heure et demie ou deux heures après, par suite de la vaporisation, 
la masse réduite au tiers était dans un état visqueux, presque solide; 
après l'avoir délayée dans un litre ou un litre et demi d’eau, j'ai fait 
bouillir d’une facon plus énergique, jusqu’à ce que le tout se fût con- 
verti en vapeur et se fût fixé sous forme de buée sur toutes les parties 


des plantes. 


— 179 — 


Je n’ai remarqué aucune altération, même parmi les plantes les 
plus tendres, telles que les À diantum, les jeunes Plechnum brasiliense, 
les Coleus, etce.; seules quelques jeunes pousses d’Adiantum ont un 
peu souffert, mais il faut dire qu’elles étaient sur des tablettes. 

À la rigueur, si l’on craint pour certaines plantes que l’on veut 
cependant débarrasser des insectes, on les protègera contre une action 
trop violente en les bassinant dans le cours de l'opération. Si au 
contraire, elles n'ont pas d'insectes, il suffira de les bassiner avant 
l'opération ou de les sortir. Il en sera de même pour quelques fleurs 
sur lesquelles l'action du jus de tabac pourrait être trop énergique, 
les fleurs d'Orchidées par exemple. 

Il suffira de les mettre, suivant leur forme, dans un cornet ou dans 
un sac de papier qu'on retirera quelques heures après l'opération. Il 
en sera de même pour les fruits d'Ananas sur le point d'arriver à leur 
maturité. 

On peut rester dans la serre pendant l'opération sans étre incom- 
modé. 

J'ai pu juger de l'efficacité du procédé que je recommande, en 
voyant la rapidité et la violence de l’action exercée sur les insectes 
que l’on voit se débattre. Seuls, les Kermès conservent leur immo- 
bilité ; mais l’action qui se produit sur eux n’en est pas moins éner- 
gique, car leur carapace change un peu de couleur et diminue de 
volume. Une certaine quantité des insectes tombent sur le sol. Il n’y 
a pas à s'inquiéter de ceux qui restent sur la plante, car ils sont 
morts. 

Les plantes ainsi privées d'insectes sont à l’abri de leurs attaques 
pendant six mois, au moins pour les Kermès et les Coccus. Les puce- 
rons, Acarides et 7’hrips reviennent plus tôt sur les plantes ; contre 
eux il faut renouveler l'opération ur peu plus souvent, mais il ne 
sera pas nécessaire qu'elle soit aussi énergique : il suffira d’un litre de 
jus de tabac et d’un litre d’eau. 

Il est essentiel dans les serres chaudes que la température soit aussi 
basse que possible, afin de ne pas compromettre la santé des plantes. 
Je prie les personnes qui emploieront ce procédé de vouloir bien tenir 
compte de toutes les observations contenues dans cette note et de faire 
connaitre le résultat de leurs expériences. 


Je n’ai pas eu occasion de faire des expériences en plein air; mais 


— 180 — 


je suis convaincu de leur réussite et je ne puis qu’engager à les 
essayer. Il suffirait pour cela d’avoir un appareil simple et portatif 
pour faire bouillir le jus de tabac et de distribuer la vapeur au moyen 
d’un tuyau. Les expériences devront être faites le matin, par un temps 
calme et sec, car l'humidité qui recouvre les végétaux empécherait le 
contact entre eux et la buée de jus de tabac. 


Le jardin de Max Leichtlin à Baden-Baden, 


EXTRAIT DES NOTES DE VOYAGE DE E. REGEL, 


traduit de « Gartenfiora Deutschlands, Russlands und der Schweiz » 1880, p. 369 
et suivantes. 


Revenant par Lausanne, Berne et Zurich, je poussai jusqu’à Schaff- 
hausen et de là, par la Forêt-Noire, jusqu’à Baden-Baden. La ligne 
de la Forêt-Noire est l’une des plus grandioses et des plus pittoresques 
de l’Europe; à partir de Friberg, avant comme après le passage des 
49 tunnels qu’elle franchit, ce ne sont que montagnes majestueuses, 
perspectives enchanteresses et constamment changeantes. La voie 
ferrée est conduite de telle facon que l’on puisse y admirer, dans toute 
leur splendeur, les beautés dont la nature s'est montrée prodigue 
envers cette région, et c’est à regret que l’œil s’écarte des sites char- 
mants qu’elle lui présente de toutes parts. 

À Baden-Baden, je fus recu de la façon la plus cordiale par l'ami 
Leichtlin, et eus l’occasion d'admirer la riche collection de plantes 
nouvelles réunies par lui dans son jardin botanique, exclusivement 
consacré à semblable culture. Leichtlin recoit de tous côtés les espèces 
nouvellement introduites, recherche leur valeur horticole, apprécie 
si elles doivent être traitées en plantes de serre ou de pleine terre ou 
si elles conviennent comme fleurs estivales et répand ensuite celles 
qui, dans sa conviction, méritent d'être cultivées. 

Parmi les espèces rustiques sous le climat tempéré de l'Allemagne 
occidentale, nous signalerons le Glycine chinensis à fleurs doubles et 
le Catalpa speciosa, plante américaine d’une rare beauté, que l’on dit 
plus résistante que le C. bignonifolia et par suite susceptible de 
s'adapter aux conditions climatériques du centre de l’Allemagne : 


— 181 — 


l’une et l’autre espèce réussiraient sans aucun doute en Crimée, au 
Caucase, en Suisse, dans la Russie sud-occidentale et les principau- 
tés autrichiennes. Vient ensuite le Yycca angustifolia Pursx., repré- 
senté par de magnifiques spécimens, entièrement rustique à Baden- 
Baden, ressemblant à un Dasylirion par ses feuilles vert-bleuâtre, 
étroites, pendantes dans toutes les directions et garnies, sur les bords, 
d'innombrables filaments penchés. D’après une note récemment com- 
muniquée par M. Leichtlin, il a parfaitement supporté l'hiver dernier 
une température de — 20° R. (— 25° C.), pendant que ses congénères, 
les Y. albospica et Ellacombei, ou périrent ou au moins furent grave- 
ment endommagés. 

L’AHibiscus syriacus coelestis, forme à floraison abondante même chez 
de minuscules spécimens, est une plante buissonneuse décorative, à 
jolies fleurs entièrement bleues, recommandable pour les régions 
tempérées. Le Damnocalamus (Arundinaria) spathifiorus est un sujet 
ornemental suffrutescent, qui à bien résisté aux précédents hivers. 
L’Incarvillea Olgae Rex. de Kokand a fait l’objet d’une courte notice 
précédemment parue dans ce journal; nous sommes heureux de 
pouvoir ajouter ici qu’il à parfaitement supporté, en pleine terre, 
les rigueurs de l'hiver écoulé. 

Plus d’une fois déjà, nous avons fait mention du ÆXniphofa 
aloïdes Moencx. (Trüoma Uvaria GaAwz., Bot. Mag. tab., 758. 
— Weliheimia Uvaria Wir. — VW. speciosa RotTH. — Aletris 
Uvaria L. — Aloë Uvaria L. — Aloë longifolia Lam.) du sud 
de l’Afrique, comme de l’une des plus jolies plantes de pleine terre, 
susceptible d’être cultivée, sous léger abri, en Angleterre et dans 
l’Europe occidentale depuis la Hollande jusqu'aux régions tem- 
pérées du nord de la Suisse, puis dans toute l’Europe méridionale. 
Ses fleurs tubuleuses, de couleur orangée, longues de {2 pouce, 
disposées en épis serrés de 1 à 2 pieds de long, rappellent les 
diverses espèces d’Aloès frutescentes ; mais la hampe florale et les 
feuilles étroites, coriaces, longues de plusieurs pieds, portent des 
racines adventives. Plantée isolément au milieu du gazon, cette espèce, 
quand elle est en pleine floraison vers la fin de l’été et en automne, 
produit un effet enchanteur; aussi la trouve-t-on dans les jardins 
anglais, cultivée isolément, aussi fréquemment que les Yucca. 
Mais au centre de l'Allemagne et en Russie, les Kniphoña ne 


— 182 — 


peuvent vivre qu’en pot; ils y fleurissent de septembre en décembre 
en serre tempérée. Malheureusement ces plantes n’ont pu résister aux 
rigueurs de l’hiver écoulé et M. Leichtlin a vu périr ses plus jolies 
formes de pleine terre, notamment les Æ. aloïdes magnijica et nobilis : 
ce dernier avec des épis longs de 1'/> pied, chargés à profusion de 
fleurs rouge-orangé et écarlate-foncé. Au contraire le Æ. Mac Orwani 
BaxeR, plante originaire du Brochberggebirge, dans l'Afrique méri- 
dionale, à 4 ou 5000 pieds au dessus du niveau de la mer et sem- 
blable à la présente espèce, à part ses fleurs moins grandes et son 
épi plus court, n’a que médiocrement souffert du froid. Quant au 
degré de rusticité du Æ, Quartiniana, précédemment décrit par nous 
(Grifl. 1877, p. 196, pl. 907), du Æ. foliosa d'Abyssinie, et d’une 
autre espèce indéterminée que nous avons vue en culture dans ces 
jardins, M. Leichtlin ne nous a rien communiqué à ce sujet. 

C'est aussi d’Abyssinie que nous vient une très jolie et très singu- 
lière plante de la famille des Lobéliacées, le Rkynchopetalum monta- 
num, FRÉSÉNIUS. Sa souche simple, épaisse, haute de 1 pied ou au 
delà, est couronnée par une touffe de feuilles divergentes, d'un pied 
de long, qui lui donnent assez bien le facies d’un Dracaena à ample 
feuillage. Son nom spécifique lui vient de ce que sa corolle gamopé- 
tale entière est fendue supérieurement et simule un pétale unique 
rostriforme. Cette plante, originaire des montagnes d’Abyssinie où 
elle croit de 11,000 à 12,000’ d'altitude, résisterait sans doute en 
pleine terre, mais aucun renseignement ne nous est parvenu sur sa 
rusticité. 

Le Dolomiaea macrocephala DC. (Composées) est une espèce vivace 
des montagnes du Népaul, à feuilles découpées, plumeuses, proche 
parente du genre Saussurea, représenté dans l’Asie centrale par une 
quantité de formes spécifiquement distinctes. De Candolle a dédié ce 
genre à son ami Déodat de Dolomieu, dont le cercle d’activité et les 
travaux scientifiques se rapprochent de ceux du géologue de Saussure. 

Nous avons également observé à Baden-Baden et plus tard à Potsdam 
le Populus alba pyramidalis, du Turkestan, si verbeusement décrit par 
Lauche sous le nom de P. Bolleanu. I] s'y maintient en pleine terre 
depuis nombre d’années ; sa teinte argentée et sa forme pyramidée 
élégante semblent devoir en faire d'ici peu un des ornements de nos 
jardins. Sa description figure déjà dans les Reliquiae Lehmannianae de 


— 183 — 


A. V. Bunge (1851), où il est mentionné sous le nom de P. alba pyra- 
midalis. Notre nomenclature botanique risque de s’allonger d’une 
facon aussi fastidieuse qu'insensée, si nous nous appliquons à désigner 
sous des dénominations spécifiques distinctes les innombrables formes 
pyramidées des arbres de nos forêts. —- Nous avons, en 1876 (Grtf., 
p. 259, pl. 877), décrit et figuré l’Arnebia echioïdes À. DC. C’est 
une des plus jolies espèces vivaces du Caucase, ressemblant à une 
Pulmonaire, mais avec de grandes fleurs jaune d’or marquées de cinq 
taches pourpres. Nous n'avons pas encore réussi à l’acclimater à 
St-Pétersbourg comme plante rustique, mais M. Leichtlin à été plus 
heureux : il la cultive depuis nombre d’années en pleine terre, sans 
qu'elle ait souffert des rigueurs de l'hiver dernier. — L’Æypericum 
repens est une minuscule plante buissonneuse de l’orient et du sud de 
l'Europe, à rameaux rampants, à feuilles linéaires-lancéolées parfois 
un peu élargies, complètement rustique à Baden-Baden. Ses branches 
couchées et ses fleurs d’un jaune brillant en font une espèce admi- 
rablement appropriée à la décoration des rochers et des grottes de 
nos jardins. 

Nous avons plus d’une fois, dans cette publication, mentionné le 
Lapageria rosea KR. et P., charmante plante volubile du Japon appar- 
tenant à la petite famille des Philésiées, dans l’embranchement des 
Monocotylédones. On la cultive en Allemagne et chez nous en serre 
tempérée, à Baden-Baden dans une terre argileuse friable, sous 
châssis, mais sans l’exposer complétement aux rayons du soleil; 
quand elle est devenue plus vigoureuse, on la transporte de préférence 
dans de vastes caisses. Les pieds cultivés sous châssis développent 
à l’aisselle de chacune de leurs feuilles ovales-lancéolées une grande 
fleur campanulée, longue de 3 pouces, d’une belle nuance rouge- 
rosé, formée de six folioles dressées et susceptible d’une très longue 
durée. M. Leichtlin l'élève contre un mur en plein air, en la 
couvrant légèrement pendant la mauvaise saison. Outre la forme 
habituelle, nous avons observé la variété à fleurs blanches (l) (Z. 
rosea alba) ainsi qu'une autre forme à fleurs d’un rouge vif (Z. 


(1) Actuellement — 15 novembre — en fleurs, en serre tempérée, dans le 
jardin botanique de St-Pétersbourg. 


— 184 — 


rosea superba). Peut-être M. Leichtlin nous fera-t-il parvenir 
dans la suite quelques renseignements sur la culture de cet inté- 
ressant végétal. — Mentionnons encore, comme plantes vivaces 
à tenir à l’abri de la gelée, les Centaurea argentea 1. et ragusina L., 
tous deux originaires de la Crête, remarquables par leur feuillage 
argenté et employés souvent à la confection des mosaïques végétales. 
M. Leichtlin cultive deux espèces très analogues, qui ne sont peut- 
être que de simples variétés, sous les noms de C. Fridrici-Augusti et 
leucophaeu. 

Le Coreopsis rosea NuTT. nous vient des marais de la Géorgie; il a 
des feuilles linéaires à bords entiers, et une hampe surbaïissée que 
couronne un petit nombre de capitules à fleurons ligulés rouge-rosé. 
C’est une plante vivace résistante, mais peu décorative. 

Le Senecio pulcher a été, dans nos jardins de St-Pétersbourg, l'objet 
de plusieurs tentatives de culture en terre libre, toujours infruc- 
tueuses. M. Leitchtlin en avait obtenu des pieds en pleine floraison, 
mais qui ont gelé pendant l’hiver dernier. Cette petite espèce ne con- 
vient donc pas chez nous comme plante vivace de parterre. — Sous le 
nom d’Erythraea diffusa, Woops, nous avons admiré une charmante 
plante toute mignonne, à tiges rampantes couvertes à profusion de fleurs 
rouge-rosé, qui, d’après ce qu’a constaté M. Leichtlin, a bien supporté 
les rigueurs de l'hiver dernier. Mais le vrai Z. diffusa est une plante 
annuelle des Acores et l’espèce de M. Leichtlin ne nous paraît être 
que l’Æ.ramosissima Pers. G pulchella Fries (Chironia puilchella DC.; 
Ch. nana BAST.), qui croit à l’état spontané aux Canaries, dans le 
centre et le midi de l’Europe et jusqu’en Sibérie, La plante est actuel- 
lement en possession de MM. Haage et Schmidt. — Le Bomaria oligan- 
tha BAKER est une espèce nouvelle, grimpante, originaire du Chili, 
dont les tubercules hivernent à Baden-Baden sous l’abri d’une muraille 
et ont supporté sans dommage sérieux les rigueurs de la saison 
écoulée. Il ressemble aux autres espèces précédemment décrites. — 
L’Abies lasiocarpa Hook. est un des plus beaux Sapins de l'Amérique 
nord-occidentale ; nous en avons vu un superbe exemplaire, couvert 
d’aiguilles longues de 1 à 1 !/2 pouce et de couleur uniforme sur les 
deux faces ; malheureusement les atteintes d’un hiver rigoureux l'ont 
sérieusement endommagé, aussi bien que l'Abies Nordmanniana, 
SPACH, du Caucase et le Picea (Abies) polita, Ses. et Zucc., du Japon. 


— 185 — 


Le Bambusa viridi-glaucescens Horr., cultivé en pot, nous avait paru 
jusqu’à présent une espèce de peu d'effet; nous en avons admiré à 
Baden-Baden des buissons hauts de plusieurs pieds, au port grêle et 
élancé, couverts de feuilles les uues vertes et les autres vert-jaunâtre 
élégamment panachées, qui vivent depuis plusieurs années en pleine 
terre sans abri, mais ont sensiblement souffert des atteintes de l’hiver 
passé. Dans le midi de la France, ce bambou, originaire du Japon, 
atteint 8 à 12 pieds de haut, et forme un lacis de rejets souter- 
rains qui atteignent en un an une longueur de 12 pieds : aussi la 
Revue horticole indique-t-elle l'espèce en question comme éminem- 
ment propre à fixer les terres des pentes et des talus. Chez nous, 
les Polygonum cuspidatum et Sacchalinense se recommandent pour 
le même usage. — Le (Clematis Pitcheri Torr. et GRAY est 
une liane du Missisippi extrémement rustique; elle ne nous parait 
qu'une variété du Clematis fusca Turcz. de la région de l’Amur : 
peut-être la forme à fleurs violacées. Le Cl. fusca résiste bien à 
St-Pétersbourg, sans abri. Plus décoratif encore est le Clematis Viorna 
L. var. coccinea Asa GRAY (CI. coccinea Hort.), très semblable au 
précédent mais à fleurs rouge-écarlate. C’est une plante entièrement 
rustique et une brillante acquisition pour nos régions septentrionales. 

Depuis nombre d’années déjà, M. Leichtlin cultive en pleine terre 
une collection d’Opuntia, tous originaires du bassin du Missouri et de 
la Nouvelle-Angleterre et décrits par notre célèbre compatriote, le 
D' Engelmann, de St-Louis. Parmi eux les O. Rafinesquiana, humilis, 
brachyantha et Missouriensis ont supporté sans dommage sérieux la 
température extrêmement rigoureuse de l’hiver écoulé (—22 R. — 
—?27 1/+ C.); en revanche les O. arborescens et Engelmanni ont été 
tués par la gelée ; quant à l'O. comanchica, je n’en ai pas eu de nou- 
velles. — Nous avions, quelques années auparavant, communiqué à 
M. Leichtlin divers spécimens du Veratrum Maaki RGr.., originaire 
du bassin de l’Ussuri, qui supporte sans difficulté le climat hivernal 
de St-Pétersbourg ; je retrouvai la plante plus vigoureuse et plus 
florissante de beaucoup que les exemplaires cultivés sous ma direc- 
tion; elle avait du reste conservé dans toute son intégrité le 
caractère d’'étroitesse de ses feuilles qui la distingue spécifiquement 
du VW. nigrum. Elle a fleuri l'été passé dans nos parterres avec 
un facies bien caractéristique et essentiellement distinct de sa con- 


— 186 — 


génère. Une autre espèce d'allure étrange est l'Aciphylla squarrosa 
Forsr., une Ombellifère de la Nouvelle-Zélande, voisine des Ligusticum 
auxquels Sprengel la rattache, tandis que Linné fils en fait un Laser- 
pitium. Son feuillage est groupé en forme d’éventail multilobé et lui 
donne le port d’un Palmier ; les derniers lobules des feuilles sont li- 
néaires et rigides. J’ai vu tout à côté, sous le nom de Æhodostachys 
litioralis Puaicrppr, une Broméliacée du Chili au port de Greigia qui 
donne, à ce qu’il parait, des fruits d’une saveur exquise. 

Il serait trop long d'indiquer en détail toutes les introductions 
nouvelles de M. Leichtlin, d'autant plus que ce dernier fait sans 
doute paraïtre de temps à autre quelque notice à ce sujet. Mention- 
nons seulement une nouvelle race de Gladieul obtenue par lui; c’est 
une forme hybride intermédiaire entre le Gladiolus Saundersi et le 
Gl. gandavensis, née de la fécondation du premier par le pollen du 
second; les fleurs en sont grandes, largement ouvertes en avant, de 
couleur rose-écarlate ou carmin teinté de blanc: nous considérons 
cette acquisition comme une excellente addition au groupe gracieux et 
élégant des Gladiolus cultivés. 

Citons enfin, pour terminer, quelques autres plantes de la collection 
Max. Leichtlin, au point de vue de leur aptitude à résister à une 
température de —22° R. (—27 1j C.) telle que la renseignent les 


notes communiquées avec tant de bienveillance par notre savant ami. 


Plantes complètement gelées. 


Vignes, Roses-remontantes, Roses-thé, Cedrus Deodara, Rubus 
phünicelasius, Phlomis cashmiriana, Pentsiemon Cobaea, Ulex euro- 
paeus. Ce dernier se rencontre surtout à l’état spontané sur le Harz, 
puis dans les districts sableux du Holstein, du Mecklenbourg, du 
Hanovre, du Palatinat, etc. Ou bien c’est la nature du sol qui a 
modifié le degré de résistance de la plante, ou bien les sujets tués par 
le froid appartenaient à l'espèce provincialis, qui croît dans le midi 
de la France. 


Plantes fortement endommagées. 


Poiriers en pyramide, Arundinaria falcata, Wellingtonia gigantea, 
Neillia thyrsiflora, variétés naines à feuilles panachées d'Evonymus 
japonica, Agave virginica, Veronica Traversi, Hydrangea et hybrides 


— 187 — 


de Rhododendron ont beaucoup souffert, même sous abri. En Belgique, 
les Rhododendron ont succombé par milliers aux atteintes rigoureuses 
de l'hiver. Aussi les horticulteurs ne feront-ils pas mal de se servir 
dorénavant des Æhododendron caucasicum et chrysanthum, entièrement 
rustiques à S' Pétersbourg, comme plantes à féconder par des pollens 
hybrides. Nous mêmes, en opérant de cette facon, nous avons obtenu 
dans nos pépinières des formes de l’espèce extrémement résistantes. 

En fait de sous-arbrisseaux endommagés, M. Leichtlin mentionne les 
Aubriétiées, le Gypsophila cerastioides et l'Omphalodes verna. D'après 
nos expériences personnelles, une couverture en branches de sapin les 
eût efficacement protégés. En dehors de St-Pétersbourg, l’'Omphalodes 
verna semble également rustique au centre de l’Allemagne et nous 
nous rappelons l’avoir cultivé et multiplié de nos propres mains, il 
y à plus de cinquante ans, comme plante de bordure, dans le jardin 
de nos parents à Gotha. ? 

Parmi les espèces signalées par M. Leichtlin comme entièrement 
rustiques, mentionnons surtout Xanthoceras sorbifolia, Larix Kaemp- 
feri, Pinus Jefreyi, Abies nobilis, A. Veilchi, “Primula rosea, 
*Saxifraga purpurascens, S. Stracheyi, Verbascum olympicum, V.bom- 
byciferum, *Delphinium cardinale. Celles marquées d’une astérisque 
sont également rustiques à St-Pétersbourg. Enfin tous les oignons 
ont supporté sans aucun dommage les rigueurs de l’hiver. 

Nous espérons, par cette courte notice, engager M. Leichtlin à 
nous faire parvenir de nouvelles communications relatives à ses 
nombreuses recherches expérimentales dans le domaine de la culture 
horticole. | DA EE 


— 188 — 


CULTURE DES VANDA CAFRUL£EA ET TERES, 
PAR JOHN NUNNS, 


traduit du Journal of Horticulture and Cottage Gardener, 
8 juillet 1880 p. 28. 


Le Vanda cacrulea, avec ses fleurs lilas pâle qui naissent en octobre 
et durent, en plein épanouissement, de quatre à cing semaines, est 
l’une des plus jolies Orchidées cultivées. On la traite généralement 
en plante de serre tempérée. J’ai tâché de l’élever dans ces conditions 
et n’y ai pas réussi; je l’ai ensuite transportée dans une serre réservée 
aux plantes des Indes orientales où elle commenca à grandir, poussa 
d’abondantes racines et ne tarda pas à emplir la corbeille de chêne 
où je la cultivais dans un compost formé d’un tiers de tessons et deux 
tiers de sphaignes desséchées, finement hachées et soigneusement 
débarrassées de toute poussière. La corbeille était suspendue tout 
proche du vitrage, sous l’un des ventilateurs de la toiture. Quand la 
plante a poussé ses racines parmi les sphaignes et est en train 
d’accomplir sa croissance, elle réclame un arrosage fréquent, de l’air 
en abondance et une atmosphère humide; une fois sa croissance 
terminée, elle ne demande, pendant les mois d'hiver, qu'une très 
faible quantité d’eau. Il ne faut pas laisser le substratum devenir 
trop sec, sans quoi la plante se ratatine et perd ses feuilles inférieures. 

Il y à quelques années, j'ai failli perdre ce Vanda; or, juste au 
moment où il était au plus mal, j'étais en train de lire l’ÆZimalayan 
Journal de sir Joseph Hooker, où l’auteur dit avoir rencontré le 
Vanda cacrulea croissant en abondance sur un arbre couché en travers 
d’un cours d’eau. La plante y était dans toute sa splendeur native, 
bien que les fleurs fussent couvertes de givre, et sir Hooker ajoute 
en guise de commentaire : «ceux qui exposent l’'Orchidée en question 
à Chiswick, s'ils la voyaient fleurir dans ses stations naturelles, se 
garderaient bien de la tenir à l’étuve. » Je profitai de l’enseignement 
contenu dans ces quelques lignes. Dès le lendemain, mon Vanda était 
suspendu sous le ventilateur où il est demeuré depuis lors; il reprit 
sa croissance dès le printemps suivant et me donna de nouveau 
d'abondantes fleurs. 


2° 190; — 


Le Vanda Teres porte des feuilles semblables à celles d’un jonc 
vigoureux et de grandes fleurs rouges et jaunes, qui naissent en juin 
et juillet et durent un mois entier. Il en existe deux variétés : l’une 
qui fleurit médiocrement et ne mérite pas d’être cultivée, l’autre qui 
produit une profusion de superbes fleurs. La culture en est des plus 
simples ; elle ne réclame que peu de soins et convient mieux qu’au- 
cune autre pour former la main à l’amateur novice. Je l’élève avec 
plein succès sur une pièce de liége aplatie, à laquelle elle est fixée 
par du fil de cuivre fin. Les racines ne tardent pas à prendre posses- 
sion de leur support et donnent, au bout de 4 ou 5 ans, une plante 
buissonneuse de l’aspect le plus élégant, pourvu que l'on ait soin de 
recouper les tiges quand elles s’allongent trop et de fixer les fragments 
enlevés à la base du support. Après quelques années de séjour dans 
une serre indo-orientale, je transporte mes pieds dans une serre tem- 
pérée dont la température ne descend pas en dessous de 10° C. en 
hiver et de 7° par les froids les plus rigoureux; la plante y grandit et 
y fleurit à profusion. Pendant sa croissance, il faut l’arroser deux fois 
le jour et tenir l'atmosphère humide. En hiver, la seule précaution à 
prendre est de la seringuer légèrement quand luit le soleil. 


DH "Fr 


NOTE SUR LE SERINGAGE DES PHALAENOPSIS 
PAR M. J. O’BRIEN, 
Traduit du Garden, 11 décembre 1880, p. 592. 


Peut-être ne sera-t-il pas inutile d'attirer l'attention des amateurs 
sur les conditions d’hivernage les plus favorables aux Phalaenopsis ; 
sans doute, au moment où paraîtront ces lignes, les mesures aux- 
quelles elles font allusion auront du être prises depuis longtemps déjà : 
n’empêche qu’elles pourront avoir encore une certaine utilité pour 
ceux qui ne se sont pas suffisamment préoccupés de la question 
qu’elles soulèvent. 

Une opinion accréditée, répandue depuis peu, attribue au seringage 
une influence favorable sur la santé et le développement des Pha- 


— 190 — 


laenopsis. J'ai tâché de me renseigner à ce sujet auprès de divers 
amateurs; leur appréciation et mon expérience personnelle me 
conduisent à cette conclusion que le seringage est une des opérations 
les plus dangereuses et les plus meurtrières auxquelles ces plantes 
puissent être soumises : il n’en découle pas fatalement pour elles un 
dommage immédiat, quand l’arrosage se fait en été et dans une serre 
bien ventilée ; mais, vienne l’aérage à étre insuffisant ou le soleil à 
luire sur les plantes, et le dommage effectué ne tarde pas à appa- 
raître. Si la même pratique est continuée en hiver, il en résulte 
infailliblement des fleurs chétives, misérables, des feuilles tachetées, 
des racines faibles et maladives. Il est vrai qu’en commençant 
le seringage dès le printemps ou les premiers jours de l’été, la plante 
semble en bénéficier au début de façon à encourager les partisans de 
la méthode. Mais ces apparences de santé n’ont guère de durée; le sujet 
s'affaisse brusquement et sa ruine est complète. 

Je n'entame jamais de discussion à ce propos sans me rappeler 
l’histoire d'un amateur intelligent et distingué qui possédait il y a peu 
de temps, aux environs de Londres, une superbe collection de Phalae- 
nopsis. Je ne sais trop comment il se mit un beau jour en tête qu'il 
serait bon de les seringuer fréquemment ; son jardinier mieux inspiré 
cùt beau dire et beau faire, il fallut les installer dans la serre à arro- 
sage et les seringuer plusieurs fois le jour. C'est dans cet état que je les 
vis à la fin de l’été et ils avaient incontestablement fort bonne mine ; 
leurs feuilles étaient un peu trop pulpeuses à mon avis, mais il eût fallu 
y regarder de bien près pour rencontrer matière à critique. L’année 
d'après, je revins au même endroit et ne voyant plus que quelques 
malheureux pieds de Phalaenopsis, chétifs d'aspect et de santé déla- 
brée, je demandai ce que le reste était devenu ; à quoi Le jardinier me 
répondit que le traitement auquel son maître les avait soumis les 
avait tous tués ou gravement endommagés. Dès l'apparition des 
mauvais jours, les tissus sursaturés d’eau cédèrent et les feuilles 
se couvrirent de taches aqueuses noirâtres d’abord, auxquelles 
succédèrent par la suite des macules noires, séches, irrégulières ; le 
cœur des plantes était surtout affecté, de telle sorte qu’en peu de 
temps, des pieds les plus sains et les plus vigoureux, il ne demeura 
que quelques souches brunies et desséchées et des feuilles toutes 
parsemées d'innombrables taches. Depuis lors j'ai eu plus d’une fois 


— 191 — 


l’occasion d'observer les mêmes phénomènes sur une moindre échelle 
et Je n'hésite pas à déclarer qu’à mes yeux ce mode de traitement, 
joint à des conditions défectueuses de température et de ventilation, 
est la cause presque exclusive des {aches ou maladie de la plante. 
Une fois atteinte, il est extrêmement difficile de la rétablir. J'y suis 
parvenu cependant et ai réussi à faire disparaître toute trace d’indis- 
position; mais bien qu’une seule saison suffise pour faire naître l’af- 
fection, il faut plusieurs années d’un traitement rationnel pour en 
débarrasser entièrement les sujets atteints et, même en cas de succès, 
les plantes sont passibles de rechute à la moindre indisposition. 

Du 15 octobre au 15 mai, le Phalaenopsis doit être tenu en serre 
bien aérée, plutôt sèche qu'humide, dont la température ne descende 
jamais au-dessous de 600 F. (15 ‘J+ C.) la nuit, sans dépasser 70° F. 
(21° C.) le jour, à part le peu de chaleur emprunté aux rayons 
solaires, et où l’on établit, quand le temps est au beau, une ventila- 
tion modérée, dès que le thermomètre monte à 65° F. (18°). La 
plante doit étre tenue constamment humide, mais sans exagéra- 
tion, en laissant se dissiper jusqu'à un certain point l'effet du 
précédent arrosage avant de le renouveler. Dans ces conditions 
de température et de traitement, la plante conservera sans difficulté 
pendant l’hiver force, vigueur et santé et produira pendant plusieurs 
mois des fleurs à profusion. Je tiens à ajouter du reste que le Pha- 
laenopsis est susceptible d’hiverner sous température de beaucoup 
inférieure. 

L’une des plus belles collections de ces végétaux que je connaisse, 
appartenant à M. Philbrick, a passé l’hiver dernier, sous une atmos- 
phère de brumes et de brouillards, dans des conditions de température 
de 4 à 5 1/2° inférieures à celles que j’indique et n’a pas semblé s’en 
ressentir , mais je sais de source positive que leur entretien a coûté des 
précautions et des soins tels que ne voudraient pas s’en imposer la 
majeure partie des amateurs. Loin de les seringuer, le jardinier veil- 
lait tout spécialement à ce que la moitié inférieure des corbeilles où 
se cultivait la plante plongeât seule dans l’eau, crainte de mouiller le 
feuillage. De mars à octobre, les Phalaenopsis sont én pleine crois- 
sance; leur température doit être élevée pendant la première partie 
de cette période, abaissée pendant le dernier mois, pour les préparer 
aux conditions climatériques de l'hiver. Pendant leur croissance, il 


— 192 — 


faut les tenir en serre humide sous température variant entre 65° et 
70° F' (18 à 21° C) pendant la nuit, entre 75° et 85° F (24° à 29°C) pen- 
dant le jour — un recoin ombragé de la serre à Dendrobium répond 
admirablement à ces exigences — et les fournir abondamment d’eau 
de pluie par arrosage ou par immersion, en prenant bien soin que 
l'eau ne touche pas le feuillage. Le meilleur moyen d'assurer leur 
santé et leur vigueur est de tenir l'atmosphère ambiante constamment 
humide. Sans doute ces plantes, dans leurs stations naturelles, recoi- 
vent de fréquentes et d’abondantes ondées, mais il n’y a pas là une 
raison suffisante pour imiter ces conditions d’existence dans les serres 
où on les élève artificiellement. D''ÉCr. 


REMARQUES SUR LES NOUVEAUX NEPENTHES, 


PAR F. W. BURBIDGE. 


Nous extrayons du Gardeners’ Chronicle, 14 janvier 1882 p. 56, 
divers passages d’une lettre adressée à ce journal par M. Burbidge et 
relative aux Nepenthes les plus récemment découverts : 

« Votre figure du NEPENTHES NoRTHIANA est excellente. Cependant 
le dessin de Miss North, si mes souvenirs sont exacts, présentait un 
fond rouge-cramoisi intense parsemé de taches plus foncées. C'est 
une charmante plante, que je regarde comme un hybride entre 
les N. sanguinea et Veichi. La direction oblique de l’orifice des 
urnes fait involontairement songer au NV. Kajah, auquel on attribue- 
rait volontiers la parenté de l'espèce si Sa Grandeur tenait sa cour 
ailleurs que sur le Kina Balu, 400 kilomètres plus au nord, à une 
altitude qui n’est jamais inférieure à 1350 mètres et peut atteindre 
à 3000. 

Peut-être a-t-il jadis habité les plaines : en tous cas il est impossible 
de placer les unes à côté des autres les urnes des N. Northiana, 
Veilchi et sanguinea sans être frappé de leur ressemblance. D'autre 
part, un coup d'œil jeté sur votre dessin du N. Northiana rappelle, 
par l'obliquité de l'orifice et le rebord ondulé de l’urne, une forme à 
ascidie allongée du V. Rajak. Les urnes caulinaires de cette dernière 
plante n’ont jamais été figurées. — J’accompagnais M. Harry Veïtch 


— 193 — 


quand Miss North nous montra son dessin du MW. Northiana, et sa 
vue fut une révélation pour tous deux. J'avais noté sur mon porte- 
feuille la latitude et la longitude de sa station, quand je partis de 
Chelsea pour explorer l'ile de Bornéo ; malheureusement je n’eus 
jamais la chance d'atteindre Sarawak : ma destinée me retint sur la 
côte nord-ouest parmi les chefs pirates, ses sauvages habitants, dont, 
grâce à Dieu, je n’eus pas trop à me plaindre ! 

Un mot maintenant du V. Weitchi. C’est un vrai épiphyte : je ne 
l’ai jamais rencontré nulle part sur le sol, tandis qu’il croît en abon- 
dance sur les troncs d’arbres à une hauteur variant de 6 à 30 mètres. 
Toute spéciale est la disposition distique de ses feuilles, dont quelques- 
unes embrassent le tronc comme un homme le ferait dans les mêmes 
circonstances. Aucune autre espèce de Nepenthes, je pense, ne pré- 
sente cette particularité. 

Le N. sanguinea est originaire de Bornéo, bien que Lobb l'ait 
découvert tout d’abord sur le mont Ophir, à Malacca. Il présente deux 
formes : l’une à urnes vertes, l’autre à urnes rouges, comme le 
N. Zeylanica, dont la variété rouge est parfois dénommée NW. rubra. 

Je n’ai jamais douté que le NW. Jookeri ne fût une forme du N. Rafle- 
siana. À Johore, j'ai vu le N. Rafllesiana type, grimpant au sommet 
des arbres jusqu’à 15 m. de hauteur. Dans l’île de Labuan, le 
N. Raffesiana var. nivea est la forme la plus commune : sa tige pré- 
sente un éclat satiné, dû à une toison de poils soyeux et argentés. 
Dans la jungle humide, sur un terrain de tourbe sableuse, on en voit 
des spécimens grimper le long des buissons comme les pois dans 
notre pays : je n'ai jamais vu cette forme représentée par des 
pieds dépassant 3 m. de hauteur. Les urnes inférieures, hautes de 
38 centim., sont d'ordinaire au nombre de trente à cinquante : 
elles sont couvertes de feuilles, de mousses et d’autres débris 
humides, et d’une belle couleur cramoisie; les urnes caulinaires, 
exposées au soleil, sont d’un jaune-crémeux tendre avec des ma- 
cules rouge-cramoisi. Le fait de se parer à l’ombre des teintes 
les plus riches et les plus brillantes est un caractère exclusif aux 
Nepenthes. Tous ceux que j'ai observés dans mes voyages produi- 
saient contre le sol même, sous des mousses, des feuilles et autres 
débris forestiers, leurs urnes les plus développées et les plus 
richement colorées. Je savais que les fleurs et les fruits peuvent 

15 


— 194 — 


se colorer dans l'obscurité, ainsi que les tubercules cramoisi-rosé 
intense de l'Ullucus tuberosa, qui servirent jadis, dit-on, de nourri- 
ture aux Incas péruviens ; mais je n'avais pas d’idée qu’une feuille 
pût se parer de nuances aussi brillantes dans des circonstances sem- 
blables. 

Pour revenir au V. Hookeri, je lis dans une lettre de M. Taomas 
Log, écrite en juillet 1877, que le vrai N. Hookeri n’était pas encore 
à cette époque importé de Sarawak ! Le N. bicalcarata existe dans 
cette localité (voir le spécimen de Beccari dans l’'Herb. Kew), et je 
crois, depuis mon voyage à Bornéo, que Log a vu cette espèce et l’a 
prise pour le vrai ÆV. Hookeri, d'autant plus qu'il lui attribue des 
urnes arrondies de couleur rouge-cramoisi. 

Le Nepenthes Burbidgeae, Hoox. f. Mss., est une charmante plante 
non encore importée : les ascidies sont d’un blanc pur, translucides 
comme des écailles d'œuf, d'aspect porcelainé, avec des macules cra- 
moisi ou couleur sang; l’opercule est tacheté de cramoisi-pourpré. C’est 
une espèce bien distincte, à tiges triangulaires longues de 15 mètres, 
avec des feuilles à bords décurrents. Le N. Boschiana var. Lomwi 
croit en sa compagnie : il a des urnes cylindriques longues de 30 à 
45 centim., de couleur verte avec des macules pourpres. Tous deux, 
ainsi que le V. Zomi à urnes lagéniformes, le N. Fdwardsiana à 
ascidies rouges et le vrai NV. villosa, gracieuse plante proche parente 
de la précédente espèce, mais avec des urnes du genre du W. ÆHookeri, 
ont le bord de l’orifice élégamment frangé. Ces cinq jolies espèces, 
ainsi que le brillant NV. {entaculala, forme épigée à urnes de couleur 
cramoisi-pourpré, habitent toujours le Kina Balu et attendent les 
collectionneurs de l’avenir, après avoir défié les efforts des travail- 
leurs du passé. 

Le singulier N. echinosthoma de Beccari (voir Herb. Kew) est une 
plante bien étrange, non encore introduite, que Beccari seul semble 
avoir rencontrée jusqu’à présent. L’orifice des urnes rappelle les dents 
réfléchies de quelque mousse gigantesque du groupe Hypnoïde. 

M. P. Veitch et moi, nous avons trouvé les N. Rajah, Lowi, villosa 
et Edmwardsiana réunis sur la pointe méridionale inondée de soleil, 
mais dans l'ordre suivant: de 1200 à 1800 m., le V. Zowi ; de 1800 
à 2400, le N. Rajak ; à 2700, le N. F'dwardsiana; de 2700 à 3000 m., 
le NV. villosa — dont l’urne n’est que la reproduction légèrement con- 


— 195 — 


tractée et arrondie de l'espèce précédente, mais qui s’en distingue par 
son caractère épigé, alors que le N. Edivardsiana est toujours épiphyte 
sur les Casuarina, les Dacrydium, les Rhododendron, etc. 

En dehors de ces espèces, j'en ai trouvé une intermédiaire entre les 
NN. villosa et Edwardsiana, et épiphyte comme cette dernière sur les 
Casuarina. Je ne crois pas qu’elle ait déjà été baptisée ; je voudrais 
qu'on l’appelât N. Harryana. Si l’on examine une ascidie desséchée de 
N. Fdvardsiana, on trouve qu’elle est membraneuse sur les 4/5 de sa 
hauteur; tandis que la région inférieure est dure et coriace. Dans le 
NN. villosa, \’urne tout entière est coriace, sauf l’épaisseur d’un centi- 
mètre en dessous du rebord durci de l’orifice; enfin dans le NV. Har- 
ryana, 1/5 environ est coriace, les deux tiers supérieurs sont tendres 
ou membraneux. Dans ces trois espèces le rebord des urnes, comme le 
font voir mes dessins, est tout différent des autres plantes de la 
famille. 

J’ai vu une fois à Kew le NV. Hookerue, qui m’a fait penser de suite 
aux semis de l'Américain Taplin achetés par M.Williams. Sir Joseph 
Hooker, dans les Zinn. Trans., vol. XXIT, suggère que les N. villosa 
et Edwardsiana pourraient bien n'être que des formes de la même 
espèce. Cette assertion n'est pas exacte : leur station naturelle, leur 
allure, leur couleur sont essentiellement distinctes. Puis l'existence 
d'un hybride, N. Harryana, entre ces deux plantes prouve leur 
différences pécifique. Parmi mes spécimens de V. gracilis — tous ou 
presque tous recueillis à Labuan — existent plusieurs formes plus ou 
moins distinctes et qui diffèrent aussi par l'épaisseur relative de la 
région mince et de la région épaisse de leurs urnes. 

Le N. Raflesiana est une espèce extrémement variable, depuis la 
forme xivea à tiges soyeuses, haute seulement de quelques centimètres, 
jusqu’à la variété glaberrima, haute de 12 m., à urnes énormes. J'en 
ai trouvé tout près de la mer, sur la côte de Lumbédan, en face de 
l’île de Labuan et à 16 m. de distance, une variété à nervure médiane 
prolongée en aile, c’est-à-dire dont l’espace entre la base de l’urne et 
la pointe de la feuille était ailé. 

Le N. dyak de M. Le Marchant Moore n’est que l’urne caulinaire 
du NV. bicalcarata. 

Enfin le NV. Zeylanica des jardins est proche parent du . pAyl- 
lamphora, autant que le N. Æookeri du N. Rafiesiana. 11 ne peut être 


— 196 — 


en aucune façon rapporté au NV. kirsuta de Bornéo, à moins que je ne 
me sois trompé sur la détermination de cette espèce que j'ai trouvée 
au sommet de toutes les collines sèches de Lermas etque j'ai soigneu- 


sement comparée à la description du Prodrôme. 
D'Er 


NOTE SUR LES SERRES DU JARDIN BOTANIQUE 
DE COPENHAGUE, 


par M. Cu. Jozy. 


(Extrait du Journal de la Société centrale d'Horticulture de France, 
3° «série, t. II, 1880, p. 56-61). 


Toutes les villes du monde civilisé élèvent à l’envi des palais aux 
sciences et aux arts. L'horticulture aura peut-être un jour son tour 
chez nous, lorsque la ville de Paris déplacera les serres de la Muette, 
ou lorsqu'on en construira de nouvelles au Jardin des Plantes. Kew 
montre avec orgueil sa splendide serre aux Palmiers; Gand a le jardin 
d'hiver de M. de Kerchove; Laeken, la magnifique serre du roi 
Léopold; Pétersbourg, les serres du jardin botanique. La ville de 
Copenhague a voulu aussi élever un palais à l’horticulture et faire 
construire des serres monumentales dans le nouveau jardin botanique 
de l'Université. La figure 1 donne l’ensemble et la disposition générale 
des jardins : derrière les serres et en avant des murs d’espaliers se 
trouvent le jardin d'essai, les châssis de couches et l’aquarium, à 
gauche les carrés destinés aux plantes médicinales, annuelles, etc., 
et le musée; enfin, à droite, en bas, l'observatoire astronomique. 

La figure 2 représente, en élévation, les serres principales. 

Ces figures sont réduites et tirées de la Description officielle, publiée 
à Copenhague, à l'occasion du 4° centenaire de l'Université, en juin 
dernier, par MM. J.-C. Jacobsen et Tyge Rothe. 

La contenance des jardins est de 9 hect. 76 : ils ont été disposés 
sur les anciennes fortifications qui offraient des surfaces très irrégu- 
lières, propres aux différentes plantations que demande un jardin 
d’études. Lorsque la configuration du sol, au lieu d'être horizontale, est 


— 197 — 


accidentée, outre qu’elle a un aspect général plus pittoresque, elle 
permet de disposer des emplacements ouverts ou abrités, secs ou 
humides, et de satisfaire aux conditions de culture et d'exposition les 
plus diverses. Le nouveau jardin botanique de Gênes offre en ce genre 
une disposition des plus remarquables où, sur un espace relativement 


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Fig. |. — Plan du Jardin botanique de Copenhague. 


restreint, on peut voir, dans des sols et des expositions les plus oppo- 
sés, des plantes de latitudes très différentes. 


TON 


A Copenhague, les allées des jardins sont larges et bien disposées ; 
l’eau y est partout à profusion: les visiteurs sérieux y abondent ainsi 
qu’à Kew, à Kew, qui bien que situé à plusieurs milles de Londres, a 
compté, en 1878, jusqu’à 57,121 visiteurs en un jour! 

Les serres qui sont l'objet de cette note ont un intérêt spécial en 
raison des précautions particulières qu'exige le climat du Danemark. 
On les à établies sur un plateau protégé au nord par des constructions 
et des plantations appropriées. Leur superficie est de 2400 mètres 
carrés : elles sont divisées en deux rangées parallèles, placées à un 
niveau différent, comme l’indique la fig. 2. Cette disposition procure 
un excellent abri aux serres basses, facilite le travail et la surveil- 
lance, permet de chauffer l’ensemble avec les mêmes foyers; enfin, la 
terrasse qui les sépare sert d’abri et de magasins indispensables pour 
un grand établissement. 

Dans la serre monumentale de Kew, comme dans les autres con- 
tructions analogues, les toitures sont curvilignes et ont par consé- 
quent une forme plus gracieuse : mais cette forme rend fort difficile 
et fort coûteux l'établissement et l'entretien des doubles vitrages si 
nécessaires dans le nord. Pour obtenir une forme moins raide, on à 
élevé, au milieu et aux deux extrémités, des constructions circulaires 
dont les toits sont divisés en triangles. Les grandes serres, placées à 
l'étage supérieur, ont une longueur de 94 mètres sur une hauteur de 
19 mètres. L’étage inférieur, consacré aux petites plantes, se compose 
de deux serres séparées par un escalier monumental qui relie l’ensem- 
ble des constructions; elles ont chacune 30 mètres de long sur 
A mètres 40 de haut. Pour la facilité du travail, les deux étages 
communiquent en outre par des escaliers intérieurs. 

Comme dans la serre de M. le comte de Kerchove, à Gand, on n’a 
employé la fonte et le fer que pour les colonnes et les montants prin- 
cipaux : les barres métalliques nécessaires pour les châssis ont été 
renfermées dans des gaînes en bois, pour les soustraire au contact de 
l’air et éviter la buée. Toutes les serres ont un double vitrage et, pour 
empêcher les accidents provenant de l'accumulation des neiges en 
hiver, on a pris une mesure des plus intelligentes : en premier lieu, 
le bord des toits est muni d’une ornementation en fonte qui empêche 
le glissement des neiges des coupoles sur les parties inférieures et par 
conséquent les bris des verres; 2° on a fait passer des tuyaux de 


199 — 


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= 1900 = 


vapeur dans la partie inférieure de la double capacité vitrée, d'abord 


pour empécher le refroidissement des châssis intérieurs et la forma- 
tion de la buée, puis, pour fondre les neiges au fur et à mesure 
qu'elles tombent sur les verres extérieurs. Le surcroît de dépense du 
chauffage est bien inférieur aux frais qu’occasionnerait l’enlèvement 
des neiges à main d’homme par des galeries extérieures. 

Les souterrains des serres principales renferment les chaudières, 
les magasins à charbon, les plantes d’orangerie, les outils, etc. Le 
mode de chauffage adopté est la vapeur : on sait que ce mode a été 
usité chez nous avant le chauffage à l’eau et que nous l’avons proscrit 
parce qu’il exige la présence continuelle d’un homme spécial et expéri- 
menté : il demande des soins particuliers d'installation, pour éviter 
les inconvénients de la condensation dans les appareils; il donne un 
air trop chaud pour les plantes placées dans le voisinage des tuyaux; 
enfin, à moins de dispositions particulières qu'on ne peut prendre que 
dans les grands établissements, il n'offre pas la sécurité, la régularité 
ni la durée du chauffage à l’eau. On connaît, par contre, ses avantages 
principaux, qui sont d’employer des tuyaux moins gros, parce qu'ils 
sont à une température plus élevée ; puis, la vapeur, sous pression, 
peut plus facilement porter la chaleur au loin ; enfin, en cas de besoin, 
on peut plus rapidement élever la température des appareils de 
circulation. 

On a employé environ 1,100 mètres de tuyaux de 010; 400 mètres 
de tuyaux de 005, enfin 300 mètres de tuyaux de 0"04 de diamètre. 

La ventilation générale de la grande serre en hiver et l'égalité de 
la température en haut et en bas, dans les grandes rotondes, sont 
obtenues par l’appel en contre-bas vers des orifices ouverts dans le 
sol et des canaux chauffés au contact des tuyaux de fumée des 
chaudières. De là, l’air se rend dans la double enveloppe qui entoure 
le tuyau de fumée placé dans la cheminée principale : cette dernière 
remplit ainsi une double fonction. Quant à l’air neuf, il arrive par le 
dessous des terrasses et passe dans des capacités ménagées au-dessus 
des chaudières, puis sous les tuyaux de vapeur dans la serre : voilà 
pour la ventilation d'hiver. En été, on l’obtient naturellement par 
l'ouverture des lanternes des dômes, puis par de larges orifices ména- 
gés dans les murs des soubassements extérieurs. 

J'arrive à la question capitale dans des constructions semblables : 


ÿ 


La Belg. hort. à Z 
ur KERCHOVEA FLORIBUNDA. 


— 201 — 


celle de la dépense. D’après les comptes officiels que m'a obligeamment 
fournis M. Tyge Rothe, voici les chiffres : 

Le terrain actuel a été obtenu par voie d'échange; les installations 
ont coûté : 


Serres, bâches et couches . . . . . 509,718 48 fr. 
Maison d'habitation . . . . . . . 99,823 03 » 
Clotures et espaliers .  . . . , . . 34,063 25 » 
Terrassements, eaux, égouts . . . . 215,545 96 » 
Bläntations et divers 4.1. , 1 45,427 28 » 
Musée, bibliothèque et herbier . . . . 165,000 00 » 


1,070,078 00 fr. 


CR 


On voit que la dépense est relativement très modérée et que le nou- 
veau jardin botanique, mis à la hauteur de la science moderne, fait 
honneur à la fois au gouvernement qui en a voté les fonds et aux hom- 
mes distingués qui ont fait les plans et surveillé l'exécution de ces 
importants travaux. 


NOTE SUR LE KERCHOVEA FLORIBUNDA 


FAMILLE DES CANNACÉES. 
TRIBU DES MARANTÉES. 


Planche VIII. 


CHARACTER. GENER. Caulis trichotomus vel quadrichotomus, cymas 
ferens; staminodiis numero duobus; auricula staminodii eucullati erecta; 
anthera staminis fertilis libera; ovario uniovulato. 


Kerchovea floribunda : Subfruteæ, 5 ped. altitudine, 3-4 ped. latitudine, 
caulibus e rhizomate subterraneo surgentibus, erectis, disparibus, nunc parvis, 
nunc 3-4 pedes adaequantibus, vaginatis a basi, trichotomis aut quadrichotomis, 
cylindricis, imo semidigitalibus diametro, pube tenui et cinerea indutis, viri- 
dibus, purpureo fusco in longitudinem lineatis; ramis seu terminalibus seu 
lateralibus, primum rectis et fasciculatis, deinde divaricantibus, foliosis, 
nodosis ; 

Folis petiolatis, oppositis; pwlvino duro, hemispherico; petiolo vaginante, 
alato, 10-12 centimetr. longo, villoso, ciliato, struma cylindrica terminato, 
papillosa ad internam faciem, 5-6 millimetr. longa; Zimbo 10-15 centim. longo, 

14 


— 202 — 


6 centimetr. lato, patente, elliptico, inaequilaterali, cuneato, breviter acumi- 
nato (mucrone rigido, acuto, nigro), coriaceo, laevi, undulato, glabro, ciliato, 
supra viridi et enervi, glauco subtus et nervis prominentibus percurso) ; 

Cyma terminali, ramusculis primariis dichotomis, secundariis distichis, 
tertiariis unilateralibus, singulis bracteatis, gracilibus, roseis ; bracteis lanceo- 
latis, plus minusve tenuibus coloratisque, imbricatis ; 

Floribus geminatis, pedunculatis, 6-7 millimetr. longis, 4-5 millimetr. latis, 
subglobosis ; 

Periantho calycino supero, breviore quam corollinae partes, laciniis 3, ovato- 
lanceolatis, glabris, breviter acuminatis, purpureis, imbricatis praefloratione; 

P. corollino semi-patente, 3 laciniis basi adnatis, ovatis, obtusis, calycina 
segmenta 2 millimetr. superantibus, glabris, purpureis violaceis, contortis 
praefloratione ; 

Staminodio calloso, cuidam parti corollae opposito, subtriangulari, lato, albo, 
glabro, callum ferente lunatum, eminentissimum, superne apertum; 

Staminodio cucullato, alteri parti corollae opposito, rotundo, glabro, 
albescente, tenui, auricula simplice, obtusa, plana, erecta; 

Stamine fertili bifido, tertiae parti corollae opposito, filamento detaitide 
fere ad antheram; anthera libera, uniloculari, flava, dehiscente longitudina- 
liter ; appendice petaloidea, antheram superante et circumdante, obtusa, alba; 

Stylo simplice, albo, renitente, staminodiis ad basim adnato, capite curvato, 
pulvinato; stigmale irregulari, infundibuliformi, foveato, albo; 

Ovario infero globoso, pubescente, albo, uniovulato, septis glandulosis; ovulo 
camptotropo in imo loculo inserto; loculis vacuis duobus, linearibus, minimis; 


Fructu ignoto. 
Planta brasiliana, clarissimo comiti C. Kerchove de Denterghem, nuper defuncto, 
viro egregio, scientiarium naturalium ac politicarum perito dedicata est. 


La plante que nous présentons ici est nouvelle pour la science et 
pour la culture ; elle provient des serres de MM. Jacob-Makoy où elle 
a été introduite fortuitement du Brésil avec des Broméliacées en- 
voyées par M. Pedro Binot. Elle ressemble à ces Maranta sveltes et 
élégants que Roscoe a si bien figurés et rappelle tout particulière- 
ment, par sa ramure et son feuillage, le Maranta arundinacea. La 
fleur, au contraire, est large, courte, globuleuse, comme dans les 
Stromanthe décrits jusqu’aujourd'hui. Mais si cette double ressemblance 
parait donner raison à ceux qui fusionnent les genres Maranta et 
Stromanthe, on ne peut nier que notre plante a un cachet propre. 
Dès que nous l’avons vue, nous avons soupçonné un genre nouveau 
pour la science et, à l'inspiration de M. le professeur Morren, nous 
le dédions à la mémoire du comte Charles de Kerchove de Denterghem 
qui fut un des grands promoteurs de la botanique horticole en Belgique. 


— 203 — 


DESCRIPTION. — Ce sous-arbrisseau émet d’un rhizome souterrain un grand 
nombre de tiges dressées dont l’ensemble forme une touffe de 1] mètre 50 de haut 
sur 1 mètre de large: les tiges ont une longueur variable, atteignant parfois un 
mètre et plus avant de se diviser; elles sont engaînées déjà sous le sol, tricho- 
tomes à leur point de division ou quadrichotomes, cylindriques, épaisses d’un 
centimètre à la base, s’atténuant insensiblement vers le haut, couvertes d’un 
duvet fin et blanc-grisâtre, vertes, avec quelques lignes pourpre-foncé dans le 
sens longitudinal; les ramifications, d’abord serrées en ligne directe contre 
l'axe terminal, s’écartent après un certain temps et celui-ci lui-même forme 
alors un coude marqué avec l’axe sous-jacent: elles sont noueuses et feuillées à 
leurs extrémités seulement; les inflorescences ne sont portées que sur la 
troisième ou la quatrième série d’axes. Les feuilles sont pétiolées, opposées, et 
naissent d’un coussinet dur et hémisphérique; leur pétiole, mesurant 10 à 
12 centimètres, est muni, dans toute sa longueur, d’une gaîne velue et ciliée 
qui enveloppe la tige et se termine par un séruma ou bourrelet cylindrique de 
5 à 6 millimètres de long, couvert de petites papilles à sa face interne; le 
limbe est de forme asymétrique; il dessine une ellipse à deux moitiés inégales, 
l’une assez régulière, l’autre échancrée vers le sommet ; il est un peu cunéiforme 
à la base, et se termine brusquement, au sommet, par une petite pointe dure et 
noire; il est généralement étalé, un peu onduleux, à peine coudé sur le pétiole; 
sa consistance est celle d’un mince parchemin, sa surface est lisse, glabre; il 
est vert et sans nervure à la face supérieure, glauque et parcouru de nervures 
plus ou moins marquées à l’autre face; ses bords sont garnis de cils. L’inflo- 
rescence forme une cyme terminale dont les ramifications primaires sont dicho- 
tomes, celles quiles surmontent sont distiques, les troisièmes sont unilatérales; 
toutes sont grêles, de couleur rose ou carmin; les bractées des axes primaires, 
secondaires et tertiaires, de grandeur à peu près égale, atteignent un à deux 
centimètres, sont lancéolées, les unes plus dures, plus épaisses, les autres plus 
minces, suivant leur situation, toutes carminées ou rosées; les bractées des 
épillets sont laucéolées, minces, pâles, translucides, s’enveloppant de la plus 
grande à la plus petite comme une série de demi-cornets, du même côté de 
Paxe et le dos tourné à l’axe principal. Les fleurs sont géminées, pédonculées, 
longues de 6-7 millimètres, larges de 4-5, à peu près globuleuses. Le périanthe 
se divise en six segments; les trois extérieurs, formant le calice, sont 
supères, pétaloïdes, plus courts que les trois autres, ovales-lancéolés, 
brusquement terminés en pointe, glabres, carminés, à préfloraison imbri- 
quée. Les segments de la corolle sont soudés à la base entre eux et 
avec les organes internes, ovales, obtus, glabres, à demi étalés, pourpre- 
violacé, à préfloraison contournée; ils dépassent le calice de 2 millimètres 
environ. Il n'existe que deux staminodes; le staminode calleux, opposé à 
l’une des parties de la corolle, presque triangulaire, large, blanc, glabre, 
portant à sa face interne un appendice très saillant en forme de poche 
ouverte vers le ciel, appendice situé sur l’une des moitiés du staminode voisin 


— 204 — 


de l’étamine fertile, mais s’élargissant à son insertion inférieure et gagnant 

l’autre moitié; le staminode en capuchon, également opposé à un pétale, médio- 

crement large, arrondi, glabre, mince, blanchâtre, à oreillette simple, obtuse, 

plane et redressée ; il n’y a pas d’échancrure indurée sous l’oreillette. L’étamine 

fertile est opposée au troisième pétale; elle élargit son filet de part et d’autre 

presque jusqu’à l’anthère, puis se divise en deux parties, l’une portant lan- 

thère, libre d'adhérences, uniloculaire, jaune, à déhiscence longitudinale; l’autre 

en forme d’appendice pétaloïde, dépassant l’anthère et l’enveloppant, obtuse, 

blanc de neige. Le style est simple, blanc, élastique, courbé au sommet, soudé 
aux staminodes au tiers de sa hauteur, enveloppé par le staminode en capuchon 
jusqu’à l'épanouissement, puis réfléchi dans la poche du staminode calleux ; 

le stigmate, bosselé, en entonnoir, naît au genou du style ; l’ovaire est infère, 
globuleux, pubescent à la partie supérieure, blanc, uniovulé; il comprend 
encore deux loges stériles, étroites, linéaires; les cloisons contiennent chacune 
une glande simple, en forme de flacon, dont le conduit s’ouvre au fond du tube 
floral; l’ovule camptotrope est inséré à la base de la loge et présente plusieurs 
bosselures à sa face antérieure. Le fruit ne m’est pas connu. 


Cette plante est évidemment une Marantée ; elle offre un caractère 
très rare dans les plantes de cette tribu : en dehors des staminodes 
calleux et capuchonné, elle ne contient pas d’étamines transformées 
en pétales, c'est-à-dire de staminodes extérieurs, comme les a appelés 
abusivement Kæœrnicke, suivant en cela l'opinion de Lestiboudois: 
ces staminodes enveloppent les autres dans la généralité des cas, mais 
sont insérés sur une même ligne avec eux : l'organogénie le démontre 
à suffisance. Ces staminodes sont au nombre de deux dans les WMaranta, 
les Stromanthe et les Phrynium ; il n’y en a qu’un dans les T’halia, 
les Zschnosiphon et les Calathea ; seul le genre Monostiche, créé par 
Kœrnicke aux dépens du Phrynium coloralum de Hooker, présente 
un verticille simple comme le Æerchovea. Le type de cette tribu est 
donc bien : trois sépales, trois pétales alternes avec les premiers, trois 
étamines opposées à ceux-ci, un ovaire triloculaire ; dans les genres 
voisins, 1l y a dédoublement de certaines étamines. 

Le genre Monosliche représente, dans la division des Marantées 
triovulées, le Æerchovea qui appartient à l’autre division, celle des 
uniovulées. On sait que cette classification appartient à Kærnicke (l); 


(1) Voir Belg. horticole, 1860, un article traduit du Gartenflora (mars 1858, 
p. 66). 


— 205 — 


elle a résisté jusqu'ici et nous la croyons excellente ; il nous reste 
cependant à connaître quelques PArynium sur lesquels on a émis des 
doutes. 

Si cette différence ne suffisait pas pour distinguer le Monosliche du 
Kerchovea, il resterait à signaler une série de caractères différents : 
le port de la plante, la forme des feuilles, celle de la fleur (analogue 
au Calathea dans le Monostiche, globuleuse dans le Kerchovea), 
l’'étamine libre ici, adhérente là, l'oreillette dirigée vers le bas dans 
le Monostiche, vers le haut dans l’autre genre, l’absence d’échancrure 
calleuse sous cette oreillette dans le Æerchovea, alors que toutes les 
Marantées triovulées présentent ce caractère, y compris le Monos- 
tiche ; enfin le staminode calleux dont les larges dimensions dépassent 
celles, déjà si considérables, qu'on remarque chez les Maranta et les 
Thalia, c'est-à-dire les Marantées à ovaire uniovulé. 

Impossible cependant de confondre notre genre avec les Maranta, 
les Stromanthe et les Thalia qui constituent cette dernière division : 
l’absence des staminodes dits extérieurs, l'oreillette ascendante, 
simple, arrondie, la disposition de l’inflorescence, la trichotomie des 
tiges suflisent pour le distinguer ; mais il est intéressant de remarquer 
les analogies avec ce groupe, afin de montrer qu’il n’est pas artificiel : 
le tube corollaire est large, l’anthère est libre, le staminode calleux 
offre une poche dilatée et complète, le staminode en capuchon n’est 
pas échancré sous l'oreillette; ces caractères sont communs aux 
Marantées uniovulées. ‘ 

Nous pensons en avoir dit assez pour convaincre ceux qui sont le 
moins favorables à la multiplication des genres. À moins de réunir 
toutes les Marantées en un seul genre, le nôtre nous paraît établi 
d’une facon indiscutable. 

Le Æerchovea floribunda ne tardera pas, espérons-nous, à être 
accueilli avec succès dans le monde horticole. Il à d’ailleurs les 
qualités requises pour réussir. Il ne se distingue pas seulement par sa 
riche floraison (notre plante portait une trentaine d’inflorescences à la 
fois) : il forme par son feuillage un joli massif. Il est gracieux, élancé 
et, en même temps, assez touffu. On en jugera par la planche 
ci-jointe. 

Il est originaire du Brésil et demande la serre chaude. Cependant, 


à le juger sur son aspect, il paraît aussi résistant que le Sro- 


— 206 — 


manthe sanquinea et quelques Maranta qu'on a cultivés avec succès 


en serre tempérée et dans les salons. 


Fig. 


oO æ wo 


1 


EXPLICATION DES FIGURES : 


. Extrémité d’un rameau fleuri (l’inflorescence a été choisie dans les 


plus maigres malheureusement); 


Deux fleurs ; le pédicelle commun naît à l’aisselle d’une bractée ; 


. Sépale étalé ; 
. Pétale étaié ; 
. Fleur après ablation du calice : on voit l’adhérence de la corolle avec 


les staminodes ; 


. Étamine fertile avec son appendice pétaloïde (le dessinateur n’a pas 


assez marqué l’indépendance de l’anthère); 


. Staminode calleux vu par la face interne et adhérant à l’étamine fer- 


tile par le callus ; 


. Le même vu latéralement et montrant également la face dorsale du 


callus ; 


. Staminode en capuchon ; 
. Ovaire, style et stigmate ; 
IA 
12° 


Extrémité du style et stigmate vus de front ; 
Coupe horizontale de l’ovaire (ovule, trois glandes septales, deux loges 
vides); 


. Coupe verticale de l’ovaire (ovule; une glande septale coupée dans sa 


longueur, s’ouvrant dans le fond de la fleur); 


. Ovule vu de trois quarts ; 
. Le même vu de face; 
. Diagramme de la fleur — ét. f., étamine fertile ; st. c., staminode en 


capuchon (vers le haut), staminode calleux (à droite); 


. Aspect général de la plante. 


D' JORISSENNE. 


ME (y 


LA FLORE DE L'ASIE CENTRALE. 


(Traduit de The Gardener’s Chronicle, 12 février 1882, p. 180.) 


En présence du grand nombre de végétaux qui nous arrivent 
aujourd’hui de l’Asie Centrale, grâce aux tentatives persévérantes des 
naturalistes russes, il nous à paru qu’une courte notice sur la géographie 
et la flore de cette région si peu connue à l’un et l’autre point de vue, 
empruntée au travail du D" Regel récemment paru dans les À ca horti 
imperialis Petropolitani, ne manquerait pas d'intérêt pour nos lecteurs. 
L'original allemand que nous traduisons est accompagné d’une 
excellente carte de la contrée. 

La flore de l’Asie centrale présente, à côté de nombreuses espèces 
indigènes, quantité de formes naturalisées. Je dis « naturalisées » 
car il semble que parmi les espèces vraiment originaires de l’Asie 
centrale, un petit nombre seulement se soient étendues jusqu’au nord 
et à l’ouest de l’Asie et de l'Europe, patrie probable des formes natura- 
lisées. L'existence de steppes salées et de déserts de sable dans les 
régions basses nous conduit à cette conclusion que, même au début de 
l’époque géologique actuelle, c’est à dire pendant la période diluvienne, 
l’Asie centrale n’était encore qu'une vaste mer intérieure du sein de 
laquelle les montagnes émergaient comme autant d'iles, jusqu’au jour 
où la masse des eaux trouva une issue à travers les bassins de l’Obi et 
de l’Amur, s’écoula entre les chaînes de montagnes, et laissa derrière 
elle ces solitudes de sel et de sable qui produisent en assez grande 
abondance les plantes caractéristiques des terrains salés marécageux 
et opposent actuellement de sérieuses entraves à l'immigration végé- 
tale. 

Nous en trouvons une preuve frappante dans ce fait qu'aucune 
espèce de Rhododendron ou de Lis ne se rencontre dans l’Asie Cen- 
trale, bien que l’un et l’autre genre soient représentés par de nom- 
breuses formes sur le Caucase, l’Altaï, le Baïkal, le Daouria, le versant 
nord des Alpes du Thibet et surtout l'Himalaya. L’Asie Centrale, de 
son côté, est la terre par excellence de diverses espèces de Tulipes, 
d’Allium, d'Eremurus, d'Elymus, de Salsola, etc. 

Si nous envisageons de plus près la distribution des végétaux dans 


<a UN ee 


l'Asie Centrale, abstraction faite des plantes des steppes, nous y ren- 
controns deux vastes districts essentiellement distincts, au moins au 
point de vue de la flore : le Turkestan occidental et le Turkestan 
oriental. Je range dans le premier la région qui s'étend depuis le Fort 
Turkestan au nord (44° 20’ lat. N., 65° 40’ long. E.) au delà de 
Tschimkent jusqu’à Taschkent (41° 29’ lat. N., 69° 21’ long. E.), 
comprenant l’Aral et les Steppes Caspiennes jusqu’à Karatau-Nord, 
ainsi que le versant ouest de la chaîne occidentale d’Alatau ; se pro- 
longe ensuite vers le sud jusqu’à Chodschent (40° 17’ lat. N.; 69° 25’ 
long. E.), englobant les pentes sudo-occidentales d’Alatau ou mon- 
tagnes du fleuve limite jusqu'au Mogol-tau, aux montagnes orientales 
de sir Daria, aux monts Kokan et au district de Lower Naryn; puis : 
se développe vers le sud-ouest de Taschkent à Dschisak, et parallèle- 
ment au Karatau sudo-occidental jusqu’à Khiva et la Turcomanie; 
gagne enfin Samarcande (39° 56’ lat. N., 66° 50’ long. E.) et la vallée 
de Sarawchan jusqu'aux sources du fleuve et aux hautes montagnes 
qui s'étendent au midi de Kokan et de Margalen — le plateau d’Alaï 
et le mont Bokhara (39° 47’ lat. N., 64° 25’ long. E.). 

En dépit de la grande diversité des formes végétales de ce district, 
dans lequel les plantes des vallées représentent un climat tempéré, les 
plantes des montagnes une flore alpine et sub-alpine, les deux régions 
indiquées ont ceci de commun que leur tapis végétal rappelle en partie 
celui du Caucase et de la Perse orientale, en partie celui de l’Afgha- 
nistan et de l'Himalaya, sauf peut-être à la frontière nord, où la flore 
ressemble davantage à celle de la Russie méridionale, partout où l’im- 
migration n’a pas été enrayée par de vastes déserts de sable. Toute- 
fois les formes végétales caractéristiques du Turkestan occidental ne 
sontpas identiques à celles de l’autre région (considérée telle que je viens 
de la définir et non conformément à l’opinion recue par la majorité des 
géographes, qui font de Kuldscha — 43° 58’ lat. N. et 81° 11’ long. E. 
— l'extrême point à l’ouest du Turkestan oriental). Les montagnes 
de l’Alatau occidental ou chaîne d'Alexandre, qui s'étendent au midi 
du lac Issyk-kul jusqu’à Upper Naryÿn (entre 42° 12’ et 42° 20” lat. N., 
76° 15’ et 78° 12’ long. E.) et à l'ouest depuis Wernoje (43° 29 lat. 
N., 76° 59’ long. E.), s'opposent à l’immigration florale vers le 
Turkestan oriental tel que je le concois ici, comprenant les chaînes de 
montagnes qui entourent le lac Issyk-kul (Alatau transiliensis, 


— 209 — 


Kungeri-Alatau, Terskei-Alatau); puis, au sud-est, les monts Thian- 
Shan avec leur flore uniforme, les monts Temerlik ou Akburtasch 
entre le fleuve Tekes et le fleuve Ili, enfin le val Ili et les montagnes 
qui s'élèvent au nord de Tli, circonscrivent le lac Sairam (44° 31’ lat. 
N., 80° 59’ long. E.) et gagnent ensuite vers le nord sous le nom de 
Dschungarischen Alatau. La limite nord-ouest du Turkestan oriental 
est le Siebenstromland, entre le cours supérieur du fleuve Ili et le 
lac Balkasch; au nord s'étendent les monts Tarbagatai ; au nord-est, 
les plaines et les déserts voisins des lacs Ebinor, Alakul, Ulungus et 
Saissamor, dont la flore correspond exactement à celle de la Mongo- 
lie : le lac Ebinor s'étend du reste sur le territoire mongol; enfin la 
limite orientale, à partir de Kuldscha, est formée par la chaîne Iren- 
chabirga qui unit le Turkestan oriental à l’est avec les Alpes de Kasch 
et de Kunges et le plateau de Juldus avec le versant est du Thian- 
schau. La flore de cette région se compose à la fois des espèces de la 
Sibérie méridionale (district de Baïcal, d'Altaï) et de la Mongolie 
occidentale, mais la plupart des formes sibériennes ne dépassent 
pas la frontière nord tracée par les monts Dschungarei : un petit 
nombre seulement atteignent les monts Sairam, et c'est à peine 
s’1l en parvient quelques-unes à Thianschau, où elles sont remplacées 
par des espèces indigènes représentatives. L’immigration des plantes 
du sud-ouest s'opère par le Caucase et la Perse jusqu'aux monts du 
Turkestan occidental, mais la plupart des plantes du centre de 
l’Europe ont émigré à travers la Russie méridionale le long de l'Oural, 
et à travers le sud de la Sibérie jusqu’au Turkestan oriental, sans 
atteindre le Turkestan occidental en passant par les steppes stériles 
de l’Aral. Les espèces septentrionales de la zone arctique se rencon- 
trent rarement sur les Alpes du Turkestan, et tandis que les mon- 
tagnes du sud de la Sibérie présentent nombre de formes septen- 
trionales, c'est à peine si l’on rencontre quelques plantes sus-alpines 
de l'Asie centrale avant d'atteindre la zone arctique. 

La migration florale semble avoir été jadis empêchée par la grande 
mer asiatique centrale et l'être encore aujourd’hui par les déserts 
arides qui l’ont remplacée. D'autre part, quantité de plantes à aire de 
dispersion tout à fait générale, dont les semences sont disséminées par 
le vent, l’eau, les oiseaux, etc., sur d'immenses étendues, prospèrent 


dans l’Asie centrale, et diverses espèces extrêmement communes en 
15 


— 210 — 


Europe, qui grandissent dans les décombres le long des routes, y ont 
peut-être été importées de cette région par l'intermédiaire des cara- 


vanes. C’est ainsi que nous trouvons sur les montagnes du T'urkestan, 
croissant à une hauteur de 2400 m. au milieu de plantes alpines, le 
Chenopodium album, tandis que les rives du lac Issyk-kul produisent 
une flore peu différente de celle de nos marécages de l'Europe 
centrale. 


D‘ re 


VOYAGE HORTICOLE DE CANNES À NICE 


PAR M. B. CHABAUD, 


Botaniste de la Marine à l'Hôpital de Saint-Mandrier, près de Toulon (). 


Les progrès de l’horticulture frappent de jour en jour davantage 
tous les regards; la culture des plantes exotiques surtout à attiré, 
depuis longtemps, dans notre région, l’attention de nombreux ama- 
teurs. Les terrains qui bordent la Méditerranée et qui, naguère, 
étaient couverts de Cistes et de Pins hâlés par le soleil, sont aujour- 
d’hui ornés de végétaux remarquables par la beauté de leur port et par 
leur aspect tropical : les plantes des cinq parties du monde y ont élu 
domicile. Le voyageur qui, depuis quinze ans, n'aurait pas revu la 
côte de Fréjus à Menton pourrait se croire transporté, en quelque 
sorte, sous le beau ciel des Tropiques. C’est à Saint-Raphaël que l’on 
rencontre les premières villas. Cette localité a pris beaucoup d’exten- 
sion depuis quelques années; elle est appelée à devenir un grand centre 
de population, grâce au concours intelligent de quelques personnes 
influentes en tête desquelles nous citerons M. Félix Martin, ingénieur 
des chemins de fer. Les jardins de Saint-Raphaël, qui s’avancent jus- 
qu’à cinq à six kilomètres d’Agay, étant de création trop récente et 
par suite ne renfermant que de jeunes plantes offrant peu d'intérêt 


(1) M. B. Chabaud a bien voulu nous communiquer cet intéressant article, 
écrit à la suite d’un voyage dans le département des Alpes-Maritimes où les. 
jardins reçoivent tous les bienfaits du climat le plus favorable. Il a été publié 
par Za Provence agricole, dirigée par M. Martial Drageon, à Toulon (1882, p. 33). 


— 211 -- 


pour nos études, nous ne nous y sommes pas arrêté; mais le peu que 
nous avons pu voir dans un passage rapide en chemin de fer est d’un 
bon augure pour l’avenir. On a bien choisi les sites et on a su utiliser 


les rochers pittoresques dans la création des jardins. 


JARDIN DU DUC DE VALLAMBROSA (Cannes). 


C’est le jardin qui a reçu notre première visite; nous n'avions plus 
revu ce beau parc depuis 1872. Le nombre de plantes s’est peu accru 
depuis cette époque, mais celles qui existaient alors se sont dévelop- 
pées avec une vigueur qui a provoqué notre admiration. Ne pouvant 
énumérer, dans cet écrit, tous les végétaux que nous avons vus dans 
notre voyage, nous indiquerons seulement les plus méritants, nous 
réservant de faire connaître ultérieurement tous ceux que l’on cultive 
et que l'on pourrait cultiver sous notre beau ciel de Provence. 

Dans la famille des Palmiers, nous citerons en première ligne le 
Phænix canariensis, ce roi des Dattiers qui est appelé, par sa rusticité, 
la beauté de son port et la rapidité de sa croissance, à détrôner le 
Phenix dactylifera. Il en existe plusieurs pieds disséminés avec art 
sur les pelouses, et dont le plus fort à 3 mètres 50 centimètres de cir- 
conférence de tronc, à un mètre du sol. Sa hauteur totale est de 
6 à 7 mètres. 

Les PAænix dactylifera y sont notablement représentés ; on en voit 
de toutes les dimensions, de toutes les formes, les uns élevant à 
12 mètres leur superbe couronne sur une seule tige droite, d’autres, 
tourmentés par le vent, sont plus ou moins penchés; ceux-ci ont à 
leur base, ou à une certaine hauteur du tronc, deux où trois rejetons 
qui semblent lutter de vigueur pour atteindre le niveau du pied mère, 
ceux-là enfin sont réunis en touffe serrée et forment des massifs impé- 
nétrables. La couleur glauque du feuillage de cette espèce s’harmonise 
gracieusement avec le vert gai ou sombre des autres végétaux qui 
l'entourent. 

Les ZLivisiona chinensis (Latania Borbonica), ne paraissent pas 
s’apercevoir qu'ils ont quitté leur pays; ils croissent aussi vigou- 
reusement que s'ils étaient dans la Chine méridionale, sur leur sol 
natal : ils ne sont pas très forts, — le plus grand a 4 mètres 
00 centimètres de hauteur sur une circonférence de tronc de L mètre 
795 centimètres, — mais leur vigueur est remarquable; ils portent 


— 212 — 


de luxuriantes feuilles et leur verdure est très vive. Les Zivistona 
australis (Corypha australis), dignes rivaux des Lataniers, ne leur 
cèdent en rien comme beauté, quoiqu’ils soient originaires de Port- 
Jackson sur la côte orientale d'Australie, où il fait plus chaud que 
dans la Chine méridionale. Ce palmier n’est réellement rustique que 
dans les localités les plus chaudes du littoral. En 1870 il a été gelé à 
Hyères, même dans le jardin de M. Denis, qui est très bien abrité, 
tandis qu'il à résisté à Cannes et à Nice. Cette espèce est fort bien 
représentée dans le jardin du duc de Valla mbrosa; le plus fort spéci- 
men atteint 7 mètres de hauteur, et sa tige a 1 mètre 70 centimètres 
de circonférence. C'est un palmier très gracieux qui, à un certain 
âge, devient bulbiforme à la base. Ses feuilles à limbe orbiculaire sont 
supportées par un long pétiole armé de fortes épines violettes, recour- 
bées. 

Nous ne ferons que mentionner le Chamaerops humilis et ses variétés, 
qui se font remarquer par les diverses nuances de leur feuillage. Nous 
. ne nous étendrons pas non plus sur les deux variétés de Palmier à 
chanvre de la Chine, Chamaerops ou Trachycarpus excelsa et Fortune, 
ces palmiers étant très connus et très répandus. 

Les autres espèces de palmiers cultivées dans ce jardin sont encore 
à l’état jeune; on y trouve disséminés sur les pelouses des Areca sapida 
et Baueri, des Chamaedorea, des Kentia ( Grisebachia) Belmoreana et 
Forsleriana qui contribueront beaucoup, lorsqu'ils seront développés, 
à l’ornementation de ce beau parc. 

Les Cycadées, qui par leur feuillage se rapprochent tant des Pal- 
miers, commencent à être cultivées dans nos jardins : ce sont malheu- 
reusement des végétaux qui poussent très lentement et dont les forts 
sujets se vendent très cher, ce qui fait qu'on ne les rencontre que 
dans un nombre restreint de jardins. Nous avons admiré, dans celui 
du duc de Vallambrosa, un Dion edule, des Zamia villosa, verrucosa, 
horrida, Bromwni et mexicana à feuilles longues d'environ un mètre. 

Les plantes aloïformes sont assez nombreuses : le genre Agave 
surtout offre de beaux exemplaires qu’il serait trop long d’énumérer; 
les Dasyliriums, les Aloës, les Cordylines, les Beaucarneas et les 
Yuccas luttent de vigueur. Un représentant de ce dernier genre, le 
Yucca Treculeana, atteint 4 mètres 50 centimètres de hauteur. 

Quelques belles Araliacées, telles que les Sciadophyllum pulchrum 


— 213 — 


et Puckleri, les Aralia Humboldliana, dactylifera et autres, élèvent 
leur feuillage majesteux au-dessus du gazon verdoyant des prairies. 

Parmi les Conifères, assez nombreuses, nous ne mentionnerons que 
l'Araucaria Bidwili, d'origine australienne; il croît en effet dans la 
Nouvelle-Galles du Sud, sur les monts Brisbane, au nord-ouest de 
Moreton-Bay. Le plus beau spécimen s'élève à 12 mètres au-dessus 
du sol et la circonférence du tronc est de 1 mètre 70 centimètres à la 
base. Il a donné plusieurs fois des cônes, mais les graines n'étaient 
pas fertiles. 

Les grands massifs d'arbres verts abritent quelques foygères arbo- 
rescentes; la plus méritante est un Palaniium antarcticum de la 
Nouvelle-Hollande, dont le stipe, haut de 1 mètre 50 centimètres et 
épais de 35 centimètres, laisse retomber avec élégance un bouquet de 
feuilles mille fois découpées. 

D'autres plantes non moins remarquables par leur grandeur que 
par leur belle venue, telles que Myoporums, Acacias, Eucalyptus et 
autres, existent dans ce jardin privilégié, mais comme nous l’avons 
dit d’abord, nous ne mentionnerons ici que les plus rares. 

La tenue de ce jardin, où le public pénètre, est irréprochable ; nous 
l’avons visité en compagnie du jardinier en chef, jeune homme intel- 
ligent, qui nous en à fait les honneurs avec une aménité et une com- 
plaisance exquises, dont nous sommes heureux de lui exprimer ici 
toute notre reconnaissance. 


JARDIN DE M. DOGNIN ( Villa Amélie, Cannes). 


Nous ne parlerons pas de l'architecture de la Villa Amélie ; cela 
n'entre pas dans notre cadre, mais nous dirons que l'architecture du 
jardin est bien comprise, que sa situation est ravissante et que les 
points de vue y ont été heureusement ménagés. Le terrain est exposé 
au sud, la mer est à ses pieds, et la partie la plus élevée atteint 
63 mètres. Les allées circulaires, recouvertes avec soin de gravier 
fin, contrastent merveilleusement avec le tapis verdoyant des 
pelouses. Les accidents de terrain ont beaucoup aidé l'artiste dans 
la création de ce parc; les uns ont été conservés, les autres ont été 
très heureusement créés. D'ici, l’on voit l’île Sainte-Marguerite qui 
se reflète dans la mer; de là, on admire les sommets neigeux des 


Alpes; d’un autre côté, ce sont les montagnes lointaines avec leur 


— 214 — 


couleur locale ; en face de soi la mer et son immensité, et enfin par 
dessus tout le ciel azuré de notre Midi. 

Mais ce qu'il y a de plus digne d’attention dans ce remarquable 
jardin de création récente, — 12 ans à peine — c'est la vigueur 
exceptionnelle des végétaux exotiques qui y sont cultivés. M. Dognin 
n’a reculé devant aucune dépense; il est vrai que sa fortune prin- 
cière le lui à permis, mais s’il n'avait pas une passion réelle pour 
les beautés de la nature, il n'aurait pas créé cet, admirable Eden. 
Combien d’autres personnes aussi riches et même plus riches que lui 
se renferment dans une villa entourée d’un tout petit jardin sans 
horizon, planté seulement de quelques arbres les plus vulgaires! 

Le palmier, ce don divin, étant le plus beau végétal pour l’orne- 
ment de nos jardins, celui qui lui imprime un cachet tropical, nous 
le citerons toujours avant les autres et nous placerons au premier 
rang, parmi ceux que cultive M. Dognin, le Cocos fleæuosa? habitant 
des montagnes de la province de Minas Geraës dans le Brésil. Cette 
espèce est représentée ici par un grand nombre d'exemplaires; on les 
compte par centaines, de toute force et de tout âge, tous plus vigou- 
reux les uns que les autres. Lorsque la brise de la mer s'élève jusqu’à 
eux, et que leurs feuilles flexibles se heurtent entre elles, on peut se 
croire, en entendant ce doux murmure, transporté sous les tropiques. 
Leur végétation est même beaucoup plus rapide que dans leur pays; 
on va en juger par la description suivante. Le prince de ces Coco- 
tiers (qui n’avait que 50 centimètres quand on l’a planté il y a environ 
12 ans) balance aujourd’hui sa couronne de feuilles à 11 mètres de 
hauteur; son tronc au ras du sol a 1 mètre 70 centimètres de circon- 
férence. Ce serait à ne pas y croire, si le fait n’était pas avancé par 
plusieurs personnes dignes de foi. Cette végétation luxuriante et 
incroyable, M. Dognin la doit d’abord à la nature de son terrain 
siliceux qu'il a fait défoncer à 1 mètre 50 centimètres, ensuite à la 
grande quantité d'engrais qu'il distribue chaque année à tous ses 
végétaux et enfin à l'irrigation abondante qu’il leur donne tout l'été. 
Ce dernier élément est d'une grande utilité pour tous nos jardins en 
pente exposés en plein midi à la sécheresse de notre sol brûlant d'été. 
Il ne faut pas oublier que, dans ces conditions, les eaux sont le pre- 
mier ornement de nos jardins. Lorsque toutes nos côtes pourront étre 
arrosées, l’aspect du pays sera tout différent; au lieu de collines 


— 215 — 


arides où végètent quelques pins rabougris, on verra surgir une végé- 
tation tropicale semblable à celle que l’on admire sur le littoral, par- 
tout où le système de canalisation a été employé. 

Les autres espèces de palmiers ne cèdent en rien aux Cocos flexwosa 
comme vigueur de végétation ; on y admire des Lataniers, Zivistona 
chinensis (Latania borbonica) hauts de 4 à 5 mètres et des Zivistona 
australis (Corypha australis) qui fructifient depuis plusieurs années. 
Les Prænix spinosa, reclinata et pusilla sont remarquables par l’ar- 
cure gracieuse de leurs feuilles qui se balancent à 3 mètres de hau- 
teur. Au milieu de nombreux Cocos fleæuosa, l'œil admire quelques 
exemplaires d’un Cocotier introduit sous le nom de Cocos datil?, qui se 
distingne du C. fleæuosa, d’abord par la poussière blanche qui 
recouvre le tronc, les pétioles et les rachis, et ensuite par la disposi- 
tion des folioles qui sont éparses, tandis que le C. fleæuosa les a 
réunies par groupes sub-opposés. Parmi les nombreuses variétés de 
Palmiers nains, Chamaerops humilis, de tout âge, à feuillage vert 
sombre, vert jaunâtre, glauque ou argenté, nous ne mentionnerons 
que la variété à lobes très étroits, Ch. kumilis lenuifrons, parce 
qu’elle se distingue à première vue de ses congénères; elle est très 
gracieuse et mérite d’être plus répandue. Nous ne l’avons rencontrée 
que chez M. Dognin et au jardin d’acclimatation d'Hyères. Les Pal- 
miers à chanvre de la Chine, Chamaerops ou Trachycarpus excelsa et 
Fortunei, y poussent également avec vigueur, mais ce qu'il y à de 
plus remarquable comme développement extraordinaire de végéta- 
tion, c’est un bois de Prütchardia filifera. Ces palmiers, plantés il y 
a trois ans en jeunes semis, ont maintenant un feuillage de 1 mètre 
50 centimètres à 2 mètres de hauteur sur 2 mètres 25 à 2 mètres 50 
de diamètre, et des troncs de 1 mètre à 1 mètre 20 de circonférence à 
la base. Il est facile de se rendre compte, par la rapidité de crois- 
sance de cette espèce, des grands services qu’elle peut rendre pour 
la création de nos parcs, puisque, dans un espace si court, on 
obtient des résultats si merveilleux. D’autres sujets isolés, mais de la 
même espèce, et plus âgés de 2 à 3 ans, ont atteint la hauteur de 
3 mètres sur une circonférence de tronc de 1 mètre 50 à 1 mètre 70 à 
la base. 

Nous avons remarqué dans le même jardin, mais en jeunes exem- 
plaires toujours d’une belle venue, les palmiers suivants : Areca 


— 216 — 


Baueri et sapida, Ptychosperma Cunninghami, Phœnix rupicola, 
Livistona humilis, Kentia Belmoreana et Forsteriana, J'ubaea spectabi- 
lis, Chamaedorea elatior, etc. 

Nous terminerons la nomenclature déjà un peu longue de ces pal- 
miers par la rectification d’une erreur au sujet d’une espèce répandue 
dans nos jardins sous le nom de Corypha gebanga. Ce palmier n’est 
pas le Corypha gebanga de Blume, originaire de Java, espèce mono- 
carpienne, c'est-à-dire qui meurt après avoir fleuri ; c'est le Corypha 
gebanga des horticulteurs dont les synonymes sont : Suribus olivae- 
formis, Livistona olivaeformis, Chamaerops Biroo de la Chine méridio- 
nale et du Japon. C’est une simple variété du Latanier, Livistona 
Chinensis, à croissance beaucoup plus lente. 

À Ja suite des palmiers, nous mentionnerons comme plantes 
méritantes parmi les Conifères : les Araucaria excelsa qui ont atteint 
en douze années 15 mètres de hauteur, les Araucaria Baumanni, 
excelsa glauca, Cunninghami, Bidivilli de toute beauté, ainsi que des 
Cupressus Lambertiana d’une venue irréprochable, et parmi les Gra- 
minées, les Bambusa mitis et B. Mazeli qui atteignent 12 et 15 mètres 
de hauteur, plusieurs touffes de B. gracilis et quelques sujets de 
bambous à tige carrée. Les Araliacées sont également représentées 
par de beaux exemplaires d’Aralia, de Paratropia et de Sciadophyllum. 
Après avoir admiré les belles touffes de Picus elastica, macrophylla, 
rubiginosa et autres, nous nous sommes extasié devant une espèce à 
largissime feuillage que l’on nous a dit plus tard appartenir à un 
genre voisin; ce serait un A7tocarpus grandis ou imperialis. 

Nous n’avons pas le temps de nous arrêter devant les Eucalyptus, 
les Acacias, les Casuarinas, les Pittosporums qui servent les uns à 
briser le vent et les autres à abriter les végétaux qui aiment l'ombre; 
mais il nous est impossible de ne pas dire un mot des Fougères arbo- 
rescentes, telles que : Alsophila, Cyathea, Balantium, etc., cultivées 
sous l’ombrage des végétaux précités. Ces Filicées, âgées de 4 à 5 ans, 
ont en ce moment des stipes assez élevés, couronnés par des frondes de 
3 mètres de longueur sur 1 mètre de largeur. Ce n'est pas sans un 
vif sentiment de profonde admiration que l’on contemple la puissance 
de végétation de ces plantes délicates, les plus gracieuses du monde 
végétal. 


Indépendamment des végétaux précieux dont nous venons de parler, 


LA 
+, 
%, 


— 217 — 


ce jardin possède une collection de plantes grasses dignes d’attention : 
les Agaves, pour lesquelles on a choisi un terrain accidenté, sont 
d’une incroyable vigueur et donnent à ce site, surtout avec leur hampe 
fleurie, un caractère particulier qui transporte l’imagination du 
visiteur au Mexique. Les Opuntias, les Cereus, les Mamillarias, 
les Echinocactus, les Crassulas, les Aloës et les Mesembryanthemums 
ont été disséminés avec beaucoup de goût sur des rochers qu’ils 
embellissent. Les Dasyliriums, les Doryanthes, les Cordylines, les 
Yuccas et Les Cycadées concourent également à l’ornementation de ce 
parc, un des plus beaux du littoral. 

Avant de sortir du jardin dans lequel nous avons passé une journée 
entière, le propriétaire n’a pas voulu nous quitter sans nous avoir 
montré son jardin fruitier composé d’une seule essence de plante peu 
prodigue de ses fruits sous notre climat ; nous voulons parler du 
Bananier, Musa sapientum. M. Dognin cultive ces végétaux, à tige 
spongieuse et herbacée, dans deux endroits différents : dans une 
galerie sous une terrasse, et ensuite à ciel ouvert, à côté d’un filet 
d’eau, au pied de rochers escarpés très élevés, recouverts d’un vaste 
Ficus stipulata qui entrelace une touffe de Bambous (Bambusa arundi- 
nacea) des Indes orientales (espèce la plus frileuse du genre); ces 
rochers sont surmontés par un PBuddleixa Madagascariensis dont les 
longs rameaux fleuris embrassent, en faisant mille détours, les arbustes 
qui se trouvent à leur portée. Les fruits que M. Dognin obtient de ces 
bananiers sont sucrés; il nous à fait la gracieuseté de nous en envoyer 
en 1878, nous les avons trouvés aussi bons que ceux que l’on vend sur 
le marché de Toulon. | 

Tel est le superbe jardin de la villa Amélie qu’il est impossible de 
_ bien apprécier d’après la pâle description que nous en donnons. 

Qu'il nous soit permis en terminant de remercier le maïître de ce 
beau séjour de l’obligeance et de l’amabilité qu’il a mises à nous 
montrer ses richesses, et d’adresser nos félicitations à son jardinier en 
chef pour le concours intelligent qu'il apporte dans l'entretien et la 
culture de ce paradis terrestre. 

En quittant la villa Amélie et en suivant la route qui conduit au 
golfe Juan, on est émerveillé de la quantité de villas, toutes plus 
ravissantes les unes que les autres, qui se succèdent en ces lieux. Les 
jardins qui les entourent sont d’une tenue irréprochable, mais ils ren- 


— 218 — 


ferment tous à peu près les mêmes végétaux, c’est-à-dire des Euca- 
lyptus, des Acacias, quelques Palmiers, Yuccas et Cordylines dissé- 
minés au milieu des pelouses; nous ne nous y arréterons donc pas et : 
nous pénétrerons dans 


LE COTTAGE DE M. NABONNAND, HOoRTICULTEUR. 


En entrant on voit d’abord à gauche un grand massif de Palmiers 
composé de Phœnix, de Chamærops et de Livistona. Les Phœnix sont 
représentés par un beau sujet mâle de PX. sylvestris — le plus fort que 
j'aie vu — par quatre beaux exemplaires mâles de P4. reclinata et par 
trois PA. spinosa dont un mâle et deux femelles, qui portent plusieurs 
régimes chargés d’une grande quantité de fruits. Les Chamærops, 
comme dans les autres jardins, comptent un grand nombre de variétés. 
Deux pieds de Zivisiona australis dressent leur tête au-dessus des 
Chamærops ; mais l'espèce la plus rare, la plus gracieuse et la plus 
remarquable est le Zivistona humilis dont deux exemplaires, hauts 
d'environ 2 mètres 50 centimètres, ont de longs pétioles légèrement 
épineux, supportant des feuilles à limbe tellement restreint que l’on 
croirait voir des lobes fixés directement sur le rachis arqué et très 
allongé, ce qui donne aux feuilles un aspect gracieux et très élégant. 

Les Pritchardias ont ici la même vigueur que ceux du jardin de 
M. Dognin; un bois de Phænix canariensis a également fait notre 
admiration; nous y avons observé quelques variétés dont nous parle- 
rons plus loin. 

Les Protéacées sont représentées dans ce jardin d’une manière 
remarquable; c’est là que nous avons admiré les plus beaux sujets 
de cette curieuse classe. On ne saurait dépeindre le magnifique coup 
d'œil que produisent les inflorescences jaunes et orangées, en gros 
châtons dressés, cylindriques, dont quelques-uns ont 15 et même 
20 centimètres de hauteur sur 20 à 25 de circonférence. Dans les 
nombreux genres et espèces de cette classe, nous avons distingué les 
Banksia speciosa, integrifolia, serrata, liltoralis et marcescens; nous 
avons vu également un joli sujet d’Agnostus sinualus qui malheureu- 
sement est étouffé par des Araliacées. Parmi les Hakeas, nous ne cite- 
rons que l’Æakea eucalyptoïdes, la seule espèce réellement ornemen- 
tale, dont les capitules floraux de couleur rose, de la forme et de la 
grosseur d’un oursin, présentent un contraste frappant avec le vert 


— 219 — 


glauque de son feuillage. On remarque avec plaisir quelques beaux 
spécimens de Grevilléas caractérisés par leurs fleurs en glomérule : le 
Grevillea alpestris, à rameaux longs et flexueux portant des fleurs 
tricolores, blanches, roses et rouge foncé ; le G&. Thelemanni, à fleurs 
d’un rouge cramoisi et les G. fleæuosa, Hill et acanthifolia. 

Les Myrtacées sont noblement représentées par les genres Eucalyp- 
.tus, Angophorä, Melaleuca, Metrosideros, Callistemon, Colothamnus, 
Tristania, Eugenia et Fabricia. 

Dans la classe des Daphnoïdées, nous signalerons les Zaurus cam- 
phora, aromatica et l’Oreodaphne foetens. Quelques beaux et vigoureux 
pieds de Daphne aux fleurs suaves et des Pimelea decussata et specta- 
bilis, aux nombreux capitules floraux roses et rouges, ornent et 
embaument les talus où ils sont plantés. Ces arbrisseaux, ainsi que de 
magnifiques Camellias, plusieurs Bruyères et Epacris également en 
fleurs en ce moment, doivent leur beauté à l’exposition où ils sont 
plantés : Le soleil ne les frappe de ses rayons que de 9 heures à midi. 

Quelques beaux spécimens de plantes aloïformes sont disséminés cà 
et là dans ce jardin; on y observe plusieurs espèces de Cordylines, de 
Yuccas, d'Agaves, de Beaucarneas et de Dasyliriums. 

Six espèces de Pittosporums d'une hauteur remarquable frappent 
les regards, ce sont : les P. sinensis, undulatum, phylliroides, crassi- 
folium, Maï et Fugenioïdes. Les Araliacées comptent cinq genres : 
Oreopanax, Sciadophyllum, Paratropia, Griselinia, Gasteria et Aralia, 
ce dernier représenté par quatre ou six belles espèces. Les Æicus 
australis, rubiginosa, elastica et macrophylla étalent leur beau feuil- 
lage luisant et les Acacia dealbatla, en exemplaires d’une vigueur 
exceptionnelle, balancent leurs capitules dorés au sommet de leurs 
tiges flexibles ornées d’un feuillage délicat de teinte cendrée argentée. 

Après avoir énuméré une faible partie des végétaux réunis dans le 
cottage qu'habite M. Nabonnand et sa famille, nous ne le quitterons 
pas sans avoir décrit les cultures que cet habile horticulteur possède 
dans ses deux vastes établissements. Dans le premier, placé dans une 
situation très abritée, nous signalerons parmi les plantes en pots une 
belle et nombreuse collection de palmiers en exemplaires de toute force 
dont les plus remarquables sont: Areca Baueri et sapida; Chamaedo- 
rea elegans et elatior; Cocos Weddelliana, fleæuosa et Romanzoffiana ; 
Livistona sinensis, australis, humilis et olivaeformis; Glaziova in- 


— 220 — 


signis, Jubaea spectabilis, Kentia australis et Belmoreana ; Ptychosperma 
Alexandrae; Rhapis flabelliformis et Sabal dealbata. 

Il serait trop long de donner la nomenclature de toutes les plantes 
cultivées dans ces deux établissements : disons seulement en passant 
que les palmiers, tant en pots qu’en pleine terre, s’y cultivent par 
milliers, et que les végétaux les plus méritants qui ornent nos jardins 
méridionaux y figurent tous. Les Orangers, les Citronniers, les 
Lauriers-roses, les Yuccas, les Agaves et les arbres fruitiers y pullu- 
lent également. 

Nous terminerons notre visite dans cet établissement de premier 
ordre par la description des plus belles variétés de rosiers que ren- 
ferme la riche collection de cet horticulteur. Tout le monde connaït la 
réputation bien méritée que s’est acquise M. Nabonnand dans la culture 
des Rosiers, et qui à fait donner à sa maison le nom de « Roses du 
Golfe Juan. » Sa collection est augmentée chaque année par les nom- 
breux semis qu’il fait en vue de l'obtention de nouvelles variétés plus 
intéressantes les unes que les autres. En voyant tant de Roses, on ne 
peut ni s'empêcher de partager le goût de M. Nabonnand pour la cul- 
ture des rosiers, ni résister au désir d'obtenir quelques-unes de 
ces merveilles qui naissent dans ces cultures comme par enchan- 
tement. 

Qu'il nous soit permis ici d'offrir un tribut de gratitude à 
Me Isabelle Nabonnand (dont le concours précieux est si utile à son 
père) pour la gracieuse obligeance et l’amabilité avec laquelle cette 
charmante personne nous a fourni les renseignements les plus étendus 
sur les variétés de Roses d'hiver les plus méritantes cultivées ou 
obtenues dans leurs pépinières. Ces variétés sont : parmi les Thés, 
Comtesse Alban de Villeneuve, Coquetle de Lyon, Duchesse Edim- 
burgh, Duc de Magenta, Isabeile Nabonnand, Jean Ducher, la Prin- 
cesse Véra, Charlet, Darus, Falcot, Freeman, Henry de Vilmorin, la 
Comtesse de Caserta, M®° Nabonnand, P. Perny, Suzanna Schultheiss, 
Lazarine Poireau, Niphactos, Paul Nabonnand, Reine Emma des 
Pays-Bas, Safrano; dans les hybrides de Thé et Ile Bourbon, 
Me Zéonard Lille; dans les hybrides de Thé et de Noisette, 
Mne Marie Lavalley ; parmi les Noisettes, Aimé Vibert, Chromatella, 
Mne Chabaud de Saint-Mandrier, Réve d'or, William Allen Richard- 
son ; dans les Bengales, Blanche de Chiru, Cramoisi supérieur et enfin 


— 221 — 


le Rosier du Japon, Camellia et le Comte d'Eprémesnil, variété du 
Rosa rugosa également du Japon. 

Outre toutes ces superbes Roses, M. Nabonnand nous en a fait voir 
plusieurs autres nouvelles d’un riche coloris qu’il n’a pas encore 
livrées au commerce. 

Telles sont Les pépinières des Roses du Golfe Juan, dort les nombreux 
produits sont expédiés, pendant une grande partie de l’année, dans le 
monde entier. 


VILLA DES COCOTIERS DU COMTE D’EPRÉMESNIL 
(Golfe-Juan). 


Le jardin de cette villa est remarquable par son point de vue, par 
son exposition, par sa disposition et par l’arrangement plein de goût 
de ses riches végétaux. Les Cocotiers, comme l'indique son nom, y 
sont plantés par centaines, tous plus vigoureux les uns que les autres. 
Amateur distingué, connaisseur émérite, le Comte n’admet dans ses 
cultures que les plantes de premier mérite. 

La création de ce jardin ne datant que de quelques années — il 
n’est pas encore terminé, — nous renvoyons à plus tard la description 
des beautés qu’il renferme.Nous mentionnerons seulement aujourd’hui 
sa collection d'Agaves qui possède plusieurs échantillons rares et de 
belle venue; c’est une des plus riches que nous ayons vues. C’est dans 
ce jardin qu’il nous à été donné d’admirer le plus fort et le plus bel 
échantillon de Pritchardia filifera, dont la circonférence du tronc à la 
base est de 1 mètre 83 centimètres; il à été planté, m'’a-t-on dit, la 
même année que celui de M. Dognin, qui a 1 mètre 70 centimètres de 
circonférence à la base. 


JARDIN DE M. MAZEL (Golfe-Juan). 


C’est le plus ancien jardin du Golfe, celui par conséquent qui 
renferme les plus forts végétaux ; malheureusement, ils ont été plantés 
trop rapprochés et par suite ont perdu leur port. De temps en temps 
on est obligé d’en abattre quelques-uns pour conserver les plus méri- 
tants. C’est là que nous avons pu admirer en pleine fructification le 
Cocos Romanzofiana ? le plus bel exemplaire qui existe. Sa hauteur 
est de 12 mètres environ, la circonférence de sa tige de 1 mètre 
60 centimètres et ses feuilles nombreuses et touffues ont 4 mètres de 


gone 


longueur. Comme digne pendant à ce magnifique végétal, nous en 
citerons un autre qui porte le nom de Syagrus majestica ? Cependant 
nous ne pourrions affirmer si ce nom est bien le sien; est-ce un 
Syagrus, est-ce un Cocos ? C’est ce qui ne pourra étre décidé que 
lorsque l’apparition des fleurs et des fruits aura permis de le classer. 
Il est moins élevé que le Cocos Romanzofiana, il n’a que 7 à 8 mètres, 
mais la circonférence de son tronc est de 1 mètre 75 centimètres et ses 
feuilles sont beaucoup plus belles et plus grandes. 

À côté l’un de l’autre nous avons observé deux Sabals étiquettés l’un 
S'. umbraculifera, haut de 4 mètres et l’autre S. ÆJavanensis plus élevé 
d’un mètre ; tous les deux en pleine fructification. Plus loin nous nous 
sommes extasié devant un brillant et superbe Brahea nitida, haut de 

_8 mètres 50 centimètres, portant une trentaine de feuilles orbiculaires 
filiferes, d’un vert foncé au-dessus, recouvertes en dessous d’une pous- 
sière blanchâtre et supportées par de longs pétioles inermes, égale- 
ment blanchâtres. Non loin de ce Brahea, nous signalerons encore 
deux Palmiers, portant, un le nom de Cocos australis, mais n’ayant 
pas le même aspect que ceux qui sont répandus sous ce nom dans nos 
jardins, et l’autre qui a été recu par M. Mazel, d’après son jardinier, 
sous le nom de S'yagrus species. Nous en reparlerons ultérieurement 
dans un travail que nous publierons sur les Palmiers. 

Ce que nous ne devons pas oublier de mentionner d’une manière 
spéciale, c’est la floraison d'un Areca sapida, le premier qui montre 
ses fleurs en plein air en France. Nous avons vu deux spathes, non 
encore ouvertes, qui commencent à sortir plus bas que les feuilles. 
Ce sera un intéressant sujet d'études. Nous nommerons encore parmi 
les palmiers les Cocos flezuosa, hauts de 9 à 10 mètres, Cocos Bonneti, 
Brahea Roerli de 12 feuilles, le plus fort que nous ayons vu, des 
Geonoma gracilis, etc. Quelques belles Fougères et quelques Yuccas 
rares, entr'autres le Y. Muzeli, ornent aussi ce joli coin de terre. Des 
Coniferes, des Protéacées, s'élèvent ici très haut et forment un bois 
épais. Enfin nous terminerons, en signalant un pied de Sadmannia 
australis, Sapindacée de la Nouvelle-Hollande, de 10 mètres de hau- 
teur, portant à son sommet de grandes feuilles persistantes de la forme 
de celles du Noyer, mais beaucoup plus grandes, d'un vert gai en 
dessus et couvertes en dessous, dans leur jeune âge, d’une poussière 
d’un roux doré. 


— 223 — 


VILLA THURET (Antibes). 


En suivant le chemin qui conduit d'Antibes au cap de la Garoupe, 
on aperçoit vers le milieu de cette route, à droite, un jardin planté de 
grands arbres exotiques : c’est la Villa Thuret. C’est là que vivait, 
avant 1875, un savant de ce nom, qui avait consacré son temps et sa 
fortune à l'étude de la botanique qu’il aimait passionnément. Ce jardin 
est devenu maintenant la propriété de l’État et est dirigé par M. Nau- 
din, membre de l’Institut, notre modeste et savant botaniste. 

Nous avons revu avec plaisir ce jardin si riche en plantes exoti- 
ques : malheureusement les arbres y ont été plantés trop près et par 
suite ont perdu beaucoup de leur aspect; ils s’allongent, se dégarnis- 
sent dela base et forment un bois serré. Pourtant on y remarque 
encore quelques beaux sujets qui,ayant été plantés isolés sur les pelou- 
ses, y ont pris tout leur accroissement ; c’est là que nous avons admiré 
le plus bel échantillon de plein air de Jybaea spectabilis. La circonfé- 
rence de son tronc est de 3 mètres 67 centimetres, la longueur des 
feuilles varie de 2 mètres 65 à 8 mètres 50 centimètres et la hauteur 
totale est de 4 mètres 85 centimètres ; c’est une plante d’une vigueur 
exceptionnelle. Quelques autres Palmiers également robustes sont 
disséminés cà et là sur les pelouses : nous citerons un beau pied de 
Prahea nitida, un Cocos Bonneti et une espèce de Phœænix, peut-être 
le P4. rupicola, de 2 mètres 25 centimètres de hauteur. 

Les plantes aloïformes y sont nombreuses; nous signalerons quel- 
ques forts exemplaires de Dasylirium longifolium, gracile et glaucum, 
un pied de D. Hartlwegianum, le seul que nous ayons rencontré dans 
notre voyage, plusieurs Yuccas et Cordylines et enfin une collection 
d’Agaves de tout âge et de toute force, dont les noms sont parfaitement 
exacts. Mais ce qui nous a le plus intéressé, c’est la riche collection 
d’Eucalyptus plantés tout récemment dans ce jardin. Une inextricable 
confusion existe pour le classement de ces grandes Myrtacées; les 
mêmes plantes sont répandues dans nos jardins sous des noms diffé- 
rents, on ne s’y reconnait plus. M. Naudin, que nulle difficulté n’ar- 
rête, à entrepris de déterminer toutes Les espèces introduites dans nos 
jardins jusqu’à ce jour. Avec sa complaisance si bien connue, avec son 
amabilité franche et sincère et avec son grand savoir, il nous à montré 
les caractères différentiels de chaque espèce qui lui servent à les distin- 


— 224 — 


guer et à les nommer. Nous avons passé près de deux heures à les 
observer et nous sommes assuré d'avance que notre savant botaniste 


arrivera — non sans peine — à nous donner un travail d'ensemble qui 
nous permettra de reconnaitre à première vue et facilement toutes ces 
nombreuses espèces d’Eucalyptus. Nous avons beaucoup regretté 
qu'une cause en dehors de notre volonté nous ait forcé de quitter sitôt 
ce maître de la science dont chaque parole est un enseignement, mais 
nous nous promettons à notre prochain voyage d’user plus longuement 
de l’hospitalité si gracieusement offerte par M. et M®e Naudin. 


VILLA VIGIER (Wice). 


Le jardin du vicomte Vigier est connu depuis longtemps de tous les 
amateurs de belles plantes; sa création date de 1862 : aussi y admi- 
re-t-on des végétaux remarquables que l’on ne rencontre dans aucun 
autre. Nous avons dit, dans la description des plantes du jardin de 
M. Dognin, que nous citerions toujours les palmiers avant les autres 
végétaux, à cause de leur beauté exceptionnelle. Ici plus que dans 
tout autre jardin, nous devons suivre cette marche, car cette famille 
y est représentée par de nombreux et beaux sujets. Nous citerons 
d’abord le plus bel exemplaire de Phoenix Canariensis qui existe dans 
notre région. Son tronc, haut de deux mètres, a, à 1 mètre du sol, 
4 mètres 30 centimètres de circonférence ; il ressemble à une grande 
colonne antique supportant un immense chapiteau, car il est couronné 
par quelques centaines de feuilles longues de 5 à 6 mètres qui don- 
nent 9 mètres à la hauteur totale de l’arbre, et dont la circonférence 
est de 32 mètres. Il recouvre donc 80 mètres carrés de surface. Nous 
disions plus haut que ce Dattier, dont nous ne connaissons pas encore 
l’origine, est appelé à détrôner le Dattier d'Égypte; en effet il pousse 
beaucoup plus vite, 1l est plus vigoureux dans toutes ses parties et le 
vert foncé de son feuillage est assurément plus gai et plus ornemental 
que le vert glauque du PAænix dactylifera. Nous conseillons donc 
aux amateurs qui désireraient créer des avenues de dattiers de choisir 
cette espèce dont la croissance est si rapide. Nous regrettons que 
M. Goddilot n’ait pas eu cette idée pour la plantation de ses boulevards 
à Hyères; mais nous apprenons avec plaisir que le Conseil municipal 
de cette ville a décidé d’en orner le boulevard de la Gare. Nous avons 


conseillé à M. Dyrion, ingénieur des Ponts-et-Chaussées de notre 


opte 


arrondissement, à qui la direction de ces travaux incombe, de planter 
entre chaque Phœnix canariensis, qui seront à 12 mètres de distance, 
un Cocos Bonneti (australis) et un J'ubæa speclabilis, en les faisant 
alterner. Ce beau spécimen dont nous venons de signaler les dimen- 
sions extraordinaires, n’est âgé que de 17 ans. Il fructifie depuis 
plusieurs années et a donné déjà quelques variétés ; la plus remar- 
quable de toutes qui est également dans ce jardin, à un port tout à fait 
pyramidal, elle est haute de 4 mètres et le diamètre de son feuillage 
n’atteint pas deux mètres. Ses feuilles, au lieu d’être arquées-recour- 
bées, comme dans le type, sont tout à fait dressées, ce qui nous a 
engagé à le nommer avec l’assentiment de M. le vicomte, à l’amabi- 
lité de qui nous devons tous ces renseignements, P4. canariensis 
erecla. Les autres variétés que nous avons observées sont dans le jar- 
din de M. Nabonnand : une surtout nous à fort intéressé; elle a le 
port, l’aspect et la couleur du Phænix spinosa, ses folioles sont raides, 
très larges et piquantes au sommet, mais le duvet qui les recou- 
vre, au lieu d’être blanc comme dans cette espèce, est roux comme 
dans le PA. canariensis. Nous en avons vu quelques-unes dont les 
feuilles sont aussi arquées et aussi flexibles que celles du 24. reclinata 
et enfin d’autres qui donnent des rejetons, caractère que nous n’avions 
observé sur aucun P4. canariensis. En effet, pour nous, jusqu’à plus 
amples renseignements, le PA. canariensis n’est pas une espèce, mais 
un hybride peut-être du PA. sylvestris qui ne donne jamais de reje- 
tons, dont il à le port, et du PA. dactylifera dont il a conservé le 
tomentum roux. Nous traiterons plus longuement de ce sujet dans un 
travail que nous ferons paraitre prochainement sur le genre Phœnix. 

Nous pensons que dans peu d'années le nombre de variétés sera 
encore plus considérable, à cause des fécondations artificielles qui 
s’opèrent tous les ans. Celles que nous venons de signaler proviennent 
de graines qui ont été fécondées artificiellement par le pollen des 
Phænix spinosa, pusilla et reclinata, qui habitent le même jardin. 

Quelques autres Phœnix de la même espèce, un peu moins grands, 
ornent les pelouses de ce parc. 

Dans le même groupe des Phœnix, nous signalerons les espèces 
suivantes : le P4. spinosa, représenté par quelques spécimens hauts 
de 4 à 5 mètres, mais d’un aspect peu gracieux ; c’est l'espèce qui est 
la plus sensible au froid, elle n'est réellement jolie qu’à l’état jeune, 

16 


nt 


lorsqu'on lui a conservé ses rejetons ; dans cet état, et dans un endroit 
bien abrité, elle forme alors une superbe touffe. 

Le PA. reclinata, aux feuilles gracieusement arquées-recourbées, 
atteint aussi une hauteur de 4 à 5 mètres; les quelques exemplaires 
que nous avons vus sont d’une belle venue. Mais l'espèce unique et 
la plus belle au moment de la fructification, c’est le PA. sylvestris. 
variété Awmilis. Sa hauteur totale n’est que de 4 mètres. Du sommet 
de son tronc, qui n’a que 1 mètre de hauteur sur 1 mètre 50 centi- 
mètres de circonférence, s’élance une gerbe de belles feuilles d’un vert 
blanchâtre, d’une flexibilité remarquable, s'inclinant gracieusement en 
arc de tous côtés et de la base desquelles émergent une trentaine de 
régimes qui supportent des milliers de fruits à épiderme rougeâtre 
brillant. Cet exemplaire, le seul que je connaisse, produit un effet 
splendide, isolé comme il est au milieu de la pelouse, place que lui a 
si bien choisie le vicomte Vigier. C’est une variété à propager dans 
nos contrées. Nous serions très heureux que M. le vicomte nous fit 
connaitre l’époque de sa floraison, nous lui enverrions alors du pollen 
d'un 2. sylvestris qui, nous pensons, fleurira à la même saison, pour 
qu’il pratiquât la fécondation artificielle de cette rare espèce, opéra- 
tion que son jardinier en chef a si bien réussie jusqu’à ce jour sur le 
PA. canariensis. 

Le genre Chamaerops est représenté ici par un grand nombre de 
variétés toutes plus distinctes les unes que les autres; on en voit à 
feuilles vertes, d’autres à feuilles glauques, celles-ci portent des épines 
jaunes très étroites, courtes ou allongées, celles-là les ont très fortes, 
d’autres ont le limbe de la feuille semi-orbiculaire, enfin on en voit 
dont le limbe est tout-à-fait orbiculaire. Les Chamaerops (Trachycar- 
pus) excelsa et Fortunei y sont également plantés en grand nombre. 
Dans ce même groupe, soit qu’il appartienne au genre Chamaerops ou 
au genre Trachycarpus, ce dont nous doutons, ou enfin à un autre 
genre — les auteurs ne sont pas d'accord à ce sujet — nous mention- 
nerons deux Palmiers étiquetés Chamaerops hystriæ, originaires de la 
Géorgie et de la Floride orientale. C’est une espèce plutôt curieuse et 
rare que belle. Ces deux pieds, femelles tous les deux et les seuls qui 
existent dans notre palmiculture de plein air, ont 1 mètre 50 centime- 
tres de hauteur et présentent une douzaine de feuilles orbiculaires 
profondément divisées en 16-20 lobes supportés par des pétioles 


M2 tea 


hérissés, sur leurs bords aigus, de petites dents brunes ; leur base 
engainante est formée d’un réseau dont quelques fibres sont redres- 
sées, subulées, longues de 20 à 25 centimètres, noires, fortes et 
piquantes, de la forme des épines du pore-épic. Ce qui nous fait avan- 
cer que cette espèce n'appartient pas au genre Chæmarops ni au genre 
Trachycarpus, c'est qu'ayant fleuri déjà plusieurs fois, les ovaires 
n'ont jamais noué. Or, il existe dans le même jardin, comme nous 
venons de le dire, et tout à côté d’eux, de nombreux sujets mâles 
de Chamærops et de Trachycarpus; la fécondation aurait donc eu lieu 
s’il y avait entre eux l’affinité qu'établit la similitude de genre. 

Un Brahea dulcis, un des plus forts cultivés dans notre région, étale 
ses feuilles à 3 mètres de hauteur, mais ce n’est pas une espèce orne- 
mentale que l’on puisse planter isolément sur les pelouses; elle a sa 
place dans les massifs associée à d’autres végétaux. Les Zivistona 
australis et sinensis, par contre, méritent une place d'honneur dans nos 
pares; on s’extasie 1ci devant un fort exemplaire du premier, haut de 
6 mètres, dont la base, qui commence à se caractériser, à 4 mètres 
90 centimètres de circonférence. Il à en ce moment plusieurs régimes 
où sont attachés quelques fruits. Quoique les Livistona portent des 
fleurs hermaphrodites, il faut les féconder au moment de la floraison 
pour qu’ils produisent beaucoup de fruits. Dans la Nou velle-Hollande 
ils ont, pour aider cette opération, des insectes qui sans doute n'ont pas 
encore été introduits chez nous. - 

Nous signalerons encore, parmi les beaux végétaux de cette famille, 
un Piychosperma Cunninghami balançant avec grâce ses feuilles pen- 
nées, au nombre de onze, au sommet d’une tige élevée de 3 mètres 
50 centimètres, ainsi qu'un Æentix Belmoreana haut de 3 mètres 
10 centimètres. Ces deux Palmiers sont les plus forts que l’on ren- 
contre dans nos jardins. 

N'oublions pas de signaler dans le genre Areca, en dehors de quel- 
ques beaux échantillons d’Areca sapida et Baueri, un Areca monosta- 
chya chétif, haut de 1 metre, espèce gracieuse, mais très délicate, à 
feuilles longues de 50 centimètres à un mètre, dont les folioles sont 
déchirées-dentées à leur sommet. Ce palmier, unique de cette force 
dans nos cultures, a besoin pour bien végéter d’être placé à l'abri du 
vent et du soleil dans un endroit humide, car il croît dans la Nouvelle- 
Galles du Sud, dans les lieux humides des forêts, le long du fleuve 


— 228 — 


Hastings. Nous avons fait part de ces détails à M. le vicomte qui wa, 


dès que l’époque sera favorable, le placer dans les conditions énumé- 
rées ci-dessus. 

Nous ne ferons que mentionner les autres espèces de palmiers que 
nous n’avons cessé d'admirer pendant notre court séjour dans ce site 
charmant; ce sont des Subal wmbraculifera et Mocinni, un jeune 
Kentia australis, quelques Cocos Bonneti, des J'ubaea spectabilis, un 
grand massif de Pritchardia filifera, des Clhamaedorea elatior et Sar- 
tori, un Rhapis Sirotski? de un mètre de hauteur, et une forte et 
vigoureuse touffe de Rhapis flabelliformis,haute de 2 mètres 50 centi- 
mètres, large de 1 mètre 25 centimètres et composée d’une vingtaine 
de tiges. 

À cette riche nomenclature de palmiers nous allons ajouter celle de 
quelques autres plantes, toutes dignes de remarque. 

Dans une partie du jardin entourée de grands arbres qui tamisent 
la lumière trop vive du soleil, M. le vicomte a fait planter des fougères 
qui pourraient rivaliser en beauté, en fraicheur et en vigueur avec 
celles que l’on admire dans beaucoup de serres du nord de la France; 
la plus remarquable de toutes, le Cyathea medullaris, haute de 
5 mètres, a développé, au sommet de son stipe, douze magnifiques 
frondes longues de 3 à 4 mètres et larges de plus d’un mètre ; c’est 
une plante de première grandeur. D'autres espèces moins grandes, 
mais tout aussi vigoureuse, lui servent de pendant; nous avons été 
surpris d'y recontrer un Lomaria de la Nouvelle-Calédonie d'environ 
1 mètre de hauteur ; nous n’aurions pas cru que cette espèce püt 
résister en plein air sous notre climat. ; 

Les Bambous poussent ici avec une vigueur à nulle autre pareille; 
les Bambusa mitis y forment des massifs immenses; ils dépassent 
15 mètres de hauteur et ont une circonférence à la base de 35 centi- 
mètres. On y admire également un bois de 2. nigra haut de 10 mètres 
et plus. Mais ce que nous avons le plus admiré dans ce groupe, c'est 
un massif isolé de 2. gracilis : cette touffe très vigoureuse, dont la 
base a de 12 à 15 mètres de circonférence, s'élève majestueusement et 
laisse retomber avec élégance ses nombreuses tiges recourbées en arc. 

Nous n'oublierons pas de signaler une forêt de Cordyline indivisa, 
un labyrinthe d’Acacias variés, de gigantesques Cupressus Lamber- 
liana, des Araucarias de toute espèce, étalant avec majesté leurs 


— 229 — 


superbes pyramides, des Araliacées à l'état d'arbres, quelques Cyca- 
dées, de grands Wicus rubiginosa et macrophylla de 7 à 8 mètres de 
hauteur et, parmi les plantes grimpantes, des Bougainvilléas et des 
Tacsonias en pleine floraison recouvrant des espaces immenses. 

Nous ne décrirons pas les grands massifs d’arbres verts jetés cà et 
là de chaque côté de la maison et qui servent comme de cadre à ce 
charmant tableau; mais nous citerons les massifs d’Azalées, de 
Camellias et de Rhododendrons qui méritent d’être signalés autant au 
point de vue de leur force que de leur belle venue ; il y a des Camel- 
lias et des Rhododendrons de 4 à 7 mètres de hauteur. C’est le seul 
jardin qui nous en ait offert d'aussi grandes dimensions. 


ÉTABLISSEMENT HORTICOLE DE MM. BESSON, FRÈRES. (Mice.) 


Pour terminer ce compte-rendu déjà long, nous parlerons de la 
visite que nous avons faite à l'établissement horticole de MM. Besson 
frères, au quartier du Ray à Nice, et qui a fixé notre attention tant 
sous le point de vue de l’art avec lequel les plantes y sont cultivées, 
que sous celui de la vigueur et de la rare beauté qu’elles nous ont pré- 
sentées. Leurs cultures sont très étendues ; ils ont dans leurs vastes 
pépinières toutes les plantes propres à orner nos parcs méridionaux; 
mais ce qui nous a le plus frappé, c’est la tenue irréprochable de leur 
collection dite d'arbres verts. Nous pouvons affirmer sans avoir peur 
d’être contredit, que, sous le rapport de cette culture, c’est le premier 
établissement de notre région. Semeurs infatigables, ils ont obtenu, 
il y a quelques années, plusieurs variétés de plantes à feuilles pana- 
chées, parmi lesquelles nous citerons un Ywcca aloïfolia etle Cratæequs 
(Photinia) glabra, et, en dernier lieu un Chamaerops excelsa dont 
une partie seulement est bien caractérisée. Nous verrons plus tard, 
lorsqu'il fleurira, si ce caractère se transmettra à ses enfants. 


Nous voilà parvenu au terme de notre voyage ; comme nous l’avons 
dit au début, nous n’avons fait l’'énumération que des plantes les plus 
méritantes, mais nous pensons que ce faible aperçu sera suffisant pour 
donner une idée des richesses végétales que l’on peut cultiver sous 
notre ciel et des résultats merveilleux que l’on peut obtenir à l’aide 
de l'irrigation. 

Puissions-nous, par la description qui précède, si pâle qu'elle soit, 


— 230 — 


si insuffisante qu'elle nous paraisse pour peindre convenablement 
notre admiration, réveiller chez les amateurs de notre région une 
noble et féconde émulation ! Pourquoi n’essayeraient-ils pas de réali- 
ser autour de Toulon ces merveilles de la flore tropicale ? Toutes les 
facilités leur seront offertes, quand l'irrigation sera devenue possible, 
et elle le sera quand on la réclamera énergiquement. À Saint-Mandrier, 
surtout sur le versant méridional de la presqu'ile, on trouvera sûre- 
ment des expositions qui, aidées de quelques efforts intelligents, peu- 
vent transformer ce coin de terre en un parc africain. À l’œuvre donc 
et n'oublions pas que, en embellissant notre contrée, non-seulement 
nous charmons nos yeux et nous nous procurons des jouissances nobles 
et élevées, mais encore nous augmenterons l'attraction de notre beau 
pays sur les étrangers, dont l’affluence aurait pour tout le monde des 
résultats incontestablement avantageux. 
St-Mandrier, le 15 janvier 1832. 


EXPOSITION GÉNÉRALE D'HORTICULTURE 
A PARIS. | 


L’Exposition générale des produits de la Société nationale et centrale 
d’horticulture de France s’est ouverte le 23 mai dans le pavillon de la 
ville de Paris, qui figurait à l'Exposition universelle de 1878 et qui 
vient d'être réédifié aux Champs-Élysées entre le palais de l'Industrie 
et le Cours la Reïne. Le sol de la nef a été transformé pour la circon- 
stance en jardin d'hiver paysager, avec les lots des exposants disposés 
en massifs, en corbeilles, ou isolément suivant leur nature, abso- 
lument comme dans un jardin paysager de plein air. Les plantes 
étaient disposées sur une pelouse formée de plaques de gazon ce qui 
en faisait bien ressortir l'effet. Au fond se trouvait un petit rocher 
artificiel avec chute d’eau et une terrasse surmontée d’un kiosque 
disposé sur un monticule assez élevé, d’où la vue pouvait découvrir 
tout l’ensemble du paysage. L'arrangement de l'exposition à été 
confié cette année au talent de M. Ed. André, qui s’est fort bien 
acquitté de sa mission. L’année dernière l’arrangement de la même 
exposition avait été confié à M. Peau également architecte de jardins. 
Une autre année M. Ch. Joly, vice-président de la Société, fut égale- 


ment chargé de l’organisation de l'exposition. La Société centrale confie 


A: lee 


chaque année le soin de l’arrangement de l’exposition à un architecte 
différent : de cette facon, on peut apprécier le mérite de chacun et la 
disposition est ainsi plus variée. 

Le grand prix d'honneur (objet d’art de la manufacture de Sèvres) 
a été obtenu par M. Chantin pour ses belles plantes de serre chaude et 
ses Palmiers qui ornaient les monticules du rocher et de la cascade et 
qui formaient un superbe massif de plantes tropicales. 

La médaille d'honneur en or, offerte par M. le ministre de l’agri- 
culture et du commerce, a été décernée à M. J. Margotin pour sa 
belle collection de rosiers en forts exemplaires cultivés en pots à 
basse tige ou francs de pied. 

La deuxième médaille du ministre de l’agriculture à été décernée à 
MM. Croux et fils, horticulteurs-pépiniéristes près de Sceaux, pour leurs 
superbes massifs de Rhododendrons, Kalmia latifolia et myrtifolia, Aza- 
léas du Caucase et mollis, etc., qui faisaient l'admiration générale. 

M. Saison-Lierval a obtenu, pour son beau lot de plantes de serre et 
de Palmiers, la médaille offerte par M. le préfet de la Seine. 

L'Association des jardiniers-maraichers de la Seine a obtenu la 
médaille offerte par la ville de Paris. 

M. Lecaron, horticulteur à Paris, a obtenu, pour ses belles plantes 
annuelles en fleurs, la médaille des dames patronesses de la Société. 

M. Dallé (L.), horticulteur à Paris, a obtenu, pour ses belles plantes 
de serre, la médaille donnée au nom de M. le maréchal Vaillant. 

M. Landry, horticulteur à la Glacière, a obtenu, pour ses plantes de 
serre, la médaille donnée au nom de M. Andry. 

M. Margottin (J.), à encore obtenu une grande médaille d’or pour ses 
15 vignes en pots, portant chacune de 10 à 20 belles grappes de raisins 
et qui faisaient l'admiration générale. 

M. Albert Truffaut a obtenu une médaille d’or pour un lot de 50 bel- 
les plantes variées de serre chaude. Parmi ces plantes, on remarquait 
de beaux exemplaires de Dracaenas, Alocasias, Vriesias, Anthurium 
crystallinum, Andreanum et Scherzerianum, Cocos Weddeliana, etc. 

M. Thibaut-Keteleer et Ludemann, horticulteurs, ont obtenu la 
médaille d’or pour leurs lots d'Orchidées en fleurs. 

M. Chantrier, horticulteur à Mortefontaine, a exposé une collection 
des plus remarquables de Crotons et diverses plantes de serre parmi 
lesquelles un Axnthurium Andreanum avec six spathes fleuries. 


— 232 — 

M. Savoie, horticulteur à Bois-Colombe, avait présenté une grande 
et belle collection de plantes de serre chaude et tempérée parmi 
lesquelles beaucoup de plantes d'appartements qui lui ont valu la 
médaille d’or. 

M. G. Boucher, horticulteur à Paris, avait exposé une collection de 
Clématites formant un superbe massif fleuri au pied d’une colonne du 
pavillon : Médaille d'or. 

M. Duval, horticulteur à Versailles, avait exposé une AERAASS 
collection de Gloxinias qui a obtenu la médaille d’or. 

La collection de Caladiums de M. Bleu, horticulteur à Paris, a été 
très admirée et à obtenu la médaille d’or. 

Le jardin du Luxembourg, sous la direction de M. Jolibois, avait 
exposé (hors concours) une nombreuse et belle collection de Bromélia- 
cées, qui à obtenu les félicitations du jury. 

MM. Couturier et Robert, horticulteurs à Chatou, avaient exposé une 
superbe corbeille de Bégonias tubéreux, qui a obtenu la médaille d’or. 

Les horticulteurs suivants ont également obtenu la médaille d’or 
pour leurs belles plantes : | 

M. Lange, pour plantes diverses; M. Eberlé, à St-Ouen, Cactées, 
Agaves, Aloë, Euphorbia, etc. ; MM. Croux et fils, Conifères ; M. Mar- 
gottin (J.), rosiers hautes tiges en fleurs. 

Le Pavillon ne pouvant tout contenir, puisqu'il n’a que 90 mètres 
de long, sur 25 de large, on a exposé sous les façades latérales de 
l'extérieur, d’un côté l'outillage horticole et de l’autre les produits 
maraîchers. 

Parmi ceux-ci on remarquait surtout les Asperges de M. Louis 
L’'Herault, d'Argenteuil. Une botte de ces Asperges, que nous avons 
mesurée, avait 80 centimètres de circonférence pesait 10 kilogram- 
mes et ne comptait que 38 asperges. La plus grosse de ces asperges 
pesait 500 grammes et avait 19 centimètres de circonférence. Les 
Fraisiers en pots et les Figuiers étaient également remarquables ; 
ces produits, qui se trouvaient hors concours, ont obtenu les félicita- 
tions du jury. 


NS ner 


BULLETIN DES NOUVELLES ET DE LA BIBLIOGRAPHIE. 


Une manifestation en l’honneur de M. Thomas Moore à eu lieu 
à Londres à l’occasion de sa retraite du Gardener’s Chronicle auquel il 
a longtemps collaboré. Un comité de botanistes et d’horticulteurs à été 
constitué pour lui offrir un témoignage collectif et public de sympathie 
et de considération. Ce comité à nommé secrétaire M. Shirley Hibberd, 
et trésorier M. William Paul. On a voulu honorer à la fois le bota- 
niste laborieux et l’homme qui a devoué sa vie et son travail pour 
fonder et soutenir des œuvres philanthropiques en faveur des horticul- 
teurs malheureux. 


La Société royale de Flore à ouvert le 30 avril dernier une fort 
belle exposition dans le palais des Beaux-Arts à Bruxelles. Ce vaste 
monument semble bien convenir pour abriter de gracieuses collections 
de plantes délicates. L'ensemble était varié et bien fourni et les 
amateurs de floriculture ont pu se délecter pendant leurs promenades 
à travers les méandres des parterres. Dans cette abondance de produits 
qui se disputent l'attention, chacun note ce qui l’intéresse particu- 
lièrement et, pour satisfaire tout le monde, il faudrait tout rapporter et 
tout apprécier. Il suffit ici de consigner quelques observations 
personnelles. 

Les Lilas (Charles X) greffés sur troène ne drageonnent pas et 
peuvent être tenus en pot. 

De belles faiences, de genres très-variés, sont fabriquées par 
Mre Vermeiren-Coché et garnies très-joliment par M. Léon Halkin. 

M. Albert Van den Wouwer, d'Anvers, a présenté de nombreux et 
remarquables contingents. 

M. Peeters, horticulteur (58, chaussée de Forest, à Saint-Gilles, 
Bruxelles) a remporté un prix d'honneur et, en vérité, cette distinc- 
tion était bien méritée par ses belles collections d’Azalées, de Roses 
et d’Orchidées. 

M. Lucien Linden, directeur de la Compagnie continentale d'Horti- 
culture à Gand, à aussi emporté et justifié un prix d'honneur pour ses 
lots de plantes rares et ornementales. Parmi les plantes nouvelles, 
nous avons remarqué le Begonia diadema qui vient des Indes néer- 
landaises et, parmi les plantes de culture, un magnifique Alocasia 
macrorhiza de grandes dimensions et tout panaché de blanc. 


M. Ad. D'Haene tenait une place tres distinguée à l'Exposition de 
Bruxelles, où son établissement était représenté par de remarquables 
contingents. Parmi les nouveautés, on remarquait le PAalenopsis 
tetraspis à fleurs entièrement blanches, l’Ad'antum Victoriae, le Cryp- 
tanthus Beucheri, etc. 

Parmi les Orchidées de M. Alb. Goor, à Louvain, on remarquait une 
variété singulière et jolie du Masdevallia ignea (var. Goorii). 

Cette exposition a été l'occasion de réunions charmantes : le Jury 
était fort nombreux et a été recu de la manière la plus affable par le 
Conseil d'administration de la Société de Flore et son nouveau prési- 
dent, M. le comte L. de Hemricourt de Grunne, qui succède à son beau- 


père le comte de Ribeaucourt, mort l’année dernière. 


L’exposition de Vienne, à la fin du mois d'avril de cette année, 
était fort jolie et particulièrement remarquable par l’abondance des 
fleurs du Clianthus Dampieri et du Telopea speciosissima KR. Br. 
également connu sous le nom de Æ’mbothrium spathulatum Cav., de la 
famille des Protéacées. IL est singulier combien ces deux végétaux, 
originaires tous deux de la Nouvelle-Hollande, prospèrent dans les 


cultures de Vienne. 


Floralies à St Pétershbourg en 1883. — La Société Impériale 
d’Horticulture de Russie se propose, pour fêter le jubilé de 25 ans de 
sa fondation, d’arranger du 5/17 au 16/28 mai 1882 une Exposition 
Internationale d’Horticulture et un (Congrès de botanistes et 
d’horticulteurs 

Des programmes spéciaux de l'Exposition et du Congrès, les invita- 
tions à participer au jury, les renseignements sur les facilités accor- 
dées aux transports, etc. seront publiés en automne. 

La commission préparatoire invite par la présente tous les horticul- 
teurs, amateurs et botanistes à prendre part à l'exposition, et prie les 
personnes qui se proposent d’y participer, de faire savoir à M. le 
Docteur E. Regel, vice président de la Société (St Pétersbourg, Jardin 
botanique) si elles désirent prendre part à l'Exposition comme expo- 
sants ou comme membres du Congrès ou bien comme l’un et l’autre. 

Nous prions Messieurs les exposants de plantes de serre de nous 
faire savoir d'avance, à peu près, ce qu’ils se proposent d'exposer, et 
les personnes qui veulent prendre part au Congrès de nous prévenir si 


elles désirent faire quelque communication. Le français sera la langue 
officielle du Congrès, tout en laissant à l’orateur la liberté de se servir 
de la langue maternelle. Pour chaque communication ou discours il 
sera accordé de 20 à 30 minutes. 

La Commission préparatoire : N. de Baranoff, H. Eilers, E. Ender, 
G. Grünerwald, C. J. de Maximowicz, Ch. de Mercklin, P. d’Ou- 
spensky, E. de Regel, A. Rachel, P. de Tatarinoff. 


L’importation des Orchidées exotiques en Europe prend des pro- 
portions de plus en plus considérables. Un des négociants les plus 
importants dans cette branche de commerce est M. Sander, de Londres : 
il entretient actuellement 12 voyageurs exclusivement occupés à col- 
lecter des Orchidées, les empaqueter et les envoyer rapidement à 
Londres pour être vendues aux enchères. Ces voyageurs pillent et 
dévastent les contrées les plus reculées. La plupart sont en Amérique, 
4 en Colombie, 2 au Venezuela, 2 au Brésil, 1 au Mexique. Depuis 
l’année dernière plusieurs sont en Asie, savoir à Manille, à Mandalay, 
(Upper Burmah), à Moulmein et même aux Célèbes. Les produits de 
ces rapines, entassés à fond de cale sont déballés et vendus à l’encan, 
chez M. Stevens, à Londres, dont les salles de vente sont bien connues 
des orchidophiles. D’autres voyageurs et explorateurs y envoient aussi 
les produits de leurs chasses : chaque semaine M. Stevens fait une ou 
plusieurs ventes d'Orchidées récemment arrivées. Pendant les deux 
premiers mois de cette année (1882) ces ventes ont rapporté 12,000livres 
sterling, c'est-à-dire 300,000 francs. Une seule espèce, le Cypripe- 
dium Spicerianum, a produit 1200 livres, soit de 25 à 30,000 francs. 

Ces plantes se répartissent et se classent rapidement chez les ama- 
teurs d'Orchidées. Certaines espèces, malgré leur abondance, se main- 
tiennent constamment à un prix élevé. L’Orchidomanie est triomphante 
et contagieuse. 


L’Anémone hortensis arrive en fleurs coupées du midi de la France 
jusque chez les fleuristes de Liége qui, au printemps, en sont fournis 
chaque jour. Ses fleurs sont très variées et généralement fort brillantes. 
On distingue les formes connues sous les noms d’Anemone fulgens, 
rouge vif, À. pavonina, à fleurs doubles, ; À. séellata à fleurs roses, 
lilas ou blanchâtres et d’autres. 


Le Daphne Blagayana, récemment introduit des Carpathes, paraît 


— 236 — 


être un arbuste charmant à cultiver en serre froide ou dans les 
rocailles. Il est petit ét se couvre de fleurs blanches et odorantes dés 
le premier printemps. 


Jardin botanique de Tomsk. — M. Michel Schestakoff s'efforce 
depuis quelques années, avec le zèle le plus persévérant, de fonder à 
Tomsk, dans la Sibérie occidentale, un jardin botanique et d’acclima- 
tation. Il y réunit, à mesure qu'il les recueille, toutes les espèces de 
la flore sibérienne dans le but de les propager et d’en envoyer des 
spécimens ou des graines en Europe. D'autre part, il introduit en 
Sibérie des plantes utiles ou intéressantes des autres régions du 
monde. M. Michel Schestakoff désire établir des relations suivies 
avec les botanistes et les horticulteurs. 


Arboretum d’Edimbourg. — On a récemment annexé au jardin 
botanique d’Edimbourg un terrain de 30 acres, soit un peu plus de 
douze hectares, pour y planter une collection de tous les arbres et 
arbustes pouvant vivre sous le climat de l'Écosse. Cet arboretum, 
placé sous la direction de M. John Sadler, doit être disposé dans un 
ordre scientifique : la végétation arborescente pourra y acquérir un 
beau développement. M. Sadler fait appel aux personnes de bonne 
volonté qui pourraient contribuer à former sa collection. 


Dessication des plantes succulentes. — M. C. Lallemand a pro- 
posé récemment, dans la Weuille des jeunes naturalistes, un moyen 
pratique d'assurer la prompte dessication des plantes grasses et des 
plantes à bulbe. C'est de les enfermer pendant douze heures, avant la 
préparation, dans un bocal ou une boite de fer blanc parfaitement close 
où l’on à placé une soucoupe contenant quelques grammes de benzine. 
La plante est tuée ainsi et se dessèche promptement au lieu de conti- 
nuer à végéter dans les feuilles de papier. (Bull. Soc. bot. de France). 


Le genre Lindelofia a été créé en 1850 par le professeur D' Leh- 
mann, de Hambourg, dans la famille des Boraginées et aux dépens de 
l’ancien genre Cynoglossum dont il se distinguerait par la forme et les 
épines des nucules. Il est dédié au chevalier Frédéric de Lindelof, 
jurisconsulte et amateur de botanique à Darmstadt. Le D' Lehmann a 
fait entrer deux espèces dans ce genre Zindelofia ; ce sont les suivantes: 

LINDELOFIA SPECTABILIS LEHM. — OMPHALODES LONGIFLORA 
A. DC. Prodr. X, p. 158. — CYNoGLOsSUM LONGIFLORUM Benth., 


— 231 — 


Bot. Reg. 1840, pl. 50. — Il se distingue par la longueur du tube de 
la corolle et des appendices qui en garnissent la gorge. Vivace : fleurit 
de mai en avril : s'élève à un pied et demi de hauteur. Originaire du 
Cachemire. Introduit en 1839. 

LINDELOFIA ANCHUSOIDES LEHM. — CYNOGLOSSUM ANCHUSOIDES 
A. DC., Prodr., X, p. 151. — Linpzey, Bot. Reg., 1842, pl. 14. — 
GYNoGLossUM EMoni, Schouw, Znd. sem. hort, Hafn. 1846, Collect., 
p. 4. — Très voisin du précédent et de même origine. Il fleurit plus 
tard : fleurs plus petites : appendices corollins longs et trilobés. 
Rustique. 


L’Erythrochaete palmatifida, Sieb. et Zucc., est une belle plante 
vivace originaire du Japon, d’où elle a été introduite, vers 1864 au 
jardin botanique de St-Pétersbourg par M. Maximowicz. Elle est 
rustique sous le climat du centre de l'Europe et quand elle fleurit, 
s'élève de 1 à 150 : ses feuilles sont palmatipartites et ses calathides 
en corymbes pauciflores. On classe le Frythrochaete palmatifida dans 
la tribu des Sénécionées, près des Gynura, des Emilia et des Doro- 
nicum. On l’a parfois désigné sous le nom de Porophyllum japonicum. 


Le Baron Nathaniel Rothschild, à Vienne, a pris goût à la bota- 
nique exotique et commence à faire de l’horticulture sur une grande 
échelle. Sa culture est excellente, surtout en ce qui concerne les 
Orchidées et certaines Broméliacées ou Aroïdées. On assure que son 
jardinier aurait réussi à féconder le Schomburgkia tibicinis par le 
pollen du Zaelia purpurata : les graines obtenues à la suite de ce croi- 
sement ont parfaitement germé et donné de jeunes plants qui prospè- 
rent en ce moment. 


Multiplication des Tillandsiées. — On sait que les drageons de 
certaines Broméliacées, au moins parmi les Tillandsiées, sont parfois 
lentes à s’enraciner, le Tillandsia Lindeni (Phytarrhiza) est particu- 
lièrement capricieux sous ce rapport et semble parfois tout à fait 
rebelle à s’enraciner. Il est donc intéressant de faire connaïtre un 
procédé bien simple qui à parfaitement réussi à M.Kienast, de Zurich. 

Ayant obtenu un drageon du Zlandsia Lindeni var. Koutzins- 
kiana, il l’a planté dans un très petit pot rempli de tessons et avec 
tres peu de sphagnum. Il prit garde à ce que la plante restät à un 
demi-centimètre au-dessous de ce sphagnum, c'est-à-dire sans le 


— 238 — 


toucher. Grâce à cette précaution, au bout de quatre semaines, cette 


plante avait émis une douzaine de racines et depuis lors elle prospère 


rapidement. 


L'établissement des Broméliacées directement importées de 
l'Amérique en Europe, est difficile et laisse souvent de pénibles 
mécomptes. Ces plantes sont rebelles à l’exportation : beaucoup péris- 
sent en route et elles ont généralement la santé altérée quand elles 
arrivent en Europe. Il faut beaucoup de précautions pour les rétablir 
et tout le monde ne s'entend pas à les traiter convenablement. 
L'humidité est surtout à craindre et doit leur être ménagée tres 
judicieusement; sinon elles pourrissent bientôt. 

M. L. Kienast-Zolly, de Zurich, nous a fait connaître récemment 
un procédé qui donne les meilleurs résultats et que nous nous empres- 
sons de publier : 

« Quant aux Broméliacées que je vous ai envoyées dernièrement, je 
vous conseille de les faire empoter dans un mélange de terre de 
bruyère très fibreuse et de poussier de charbon de bois, le tout sur un 
mélange de tessons posés de champ. 

« Une fois la plante en place, faites lui verser quelques gouttes 
d'eau dans le cœur et défendez sévèrement qu’on l’arrose au pied : il 
est de la plus grande importance que la tige enterrée ne recoive exté- 
rieurement la moindre humidité avant qu’elle ait émis des racines 
fraiches. 

« J'ai traité ainsi quelques sujets reçus tout récemment et voilà 
qu’ils commencent à travailler en émettant des bourgeons et en éta- 
lant leur feuillage. » 


Billbergia hybride de nutans par Baraquiniana (X Billbergia 
Barag.-nutans HortT. Maxoy). L'hybridation pratiquée par M. Fr. 
Wiot entre le Billbergia nulans fécondé par le 2. Baraquiniana a 
parfaitement réussi : les hybrides ont fleuri en juillet 1882 avec des 
caractères de forme et de coloration réellement intermédiaires entre 
ceux des deux parents : les pétales notamment, colorés comme ceux 
du #utans, sont étroitement révolutés comme dans le Paraquiniana. 


Billbergia hybride d’amœna par Euphemiae. — Bibl. X Euphe- 
miae-amæna. — Ces hybrides sont nés dans les serres de MM. Jacob- 
Makoy en 1880 et ont fleuri en 1882, sous de charmantes apparences. 


— 239 — 


Le feuillage tient surtout de la mère dont il a gardé la bonne tenue 
et qui a aussi transmis ses belles spathes roses à sa progéniture. Le 
père lui a communiqué l’arcure de la hampe, la disposition, la forme 


et le coloris des fleurs. 


Wa Paul, Observations sur la culture des Rosiers en pots; broch. in-&. 
Lille, 1882. M. Ch. de Franciosi à eu l’heureuse idée et le talent de 
rédiger en français les utiles enseignements de M. William Paul, le 
célèbre spécialiste anglais, sur la culture en pots des Rosiers. 
La Societé régionale d’horticulture du nord de la France, à Lille, 
a publié cet opuscule qu’elle met en vente au profit de la caisse 
de secours mutuels de la Société. On y trouve, en excellents 
termes, l'exposé des procédés à suivre pour cultiver avec succès le 
Rosier en pot et la liste des variétés les plus recommandables parmi 
les diverses races qui sont recherchées dans ce but. Nous sommes 
persuadé que ce petit travail sera parfaitement accueilli dans le 


monde horticole auquel nous nous plaisons à le recommander, 


D: R. À. Philippi, Catalogo de las plantas cultivadas para el jardin 
botanico de Santiago, 1882, br. in-8°. — Ce catalogue est utile à 
divers points de vue : il donne souvent les noms populaires des plantes 


près de leur nom scientifique. 


Anales del Ministerio de Fomento de la KRepublica Mexicana; t. VI. 
Mexico, 1882. — Ce volume contient une histoire de la géographie 
mexicaine par M. Manuel Orozco y Berra et le compte-rendu du 


deuxième Congrès médical du Mexique. 


Carl Salomon, Die Farnkrauter fur Fels-Partien in Park-Anlagen 
und Gürten. Leipzig, chez H. Voigt, 1882, broch. in-12.— M. Charles 
Salomon, jardinier en chef du Jardin botanique de Wurzbourg à fait 
paraître un petit livre intéressant sur les Fougères que l’on peut cul- 
tiver en plein air au moins pendant la belle saison. Il donne leurs 
caracteres, leur nomenclature, leur origine, leurs variétés et d’utiles 


renseignements. Il s'étend aux familles voisines. 


M. Ch. Joly, vice-président de la Société nationale d’horticulture 
de France, à Paris, a présenté à cette compagnie, dans sa séance du 
9 février dernier, une notice sur le Jardin botanique de Liège et les 
nouvelles constructions qu’on y élève. M. Ch. Joly apprécie en termes 


— 240 — 
élogieux les serres, les amphithéâtres et les galeries de botanique qui 
complètent notre jardin scientifique. 
Sa notice est intitulée : Une visite à M. Ed. Morren, directeur du 
Jardin botanique de Liège. | | 
Il a remarqué les nouvelles étiquettes en zinc, employées au jardin 
botaniques, portant les lettres imprimés en creux, ces enfoncements 


étant remplis de cire rouge. C’est, dit M. Joly, un excellent genre 
d'étiquettes, durables et parfaitement lisibles. 


La Collection Jenisch, à Flotbeek, près de Hambourg, jouit 
depuis longtemps d’une grande célébrité parmi les amateurs d’Or- 
chidées. Elle continue à se maintenir à la hauteur de sa réputation 
depuis que M. Jenisch fils, en a pris la direction et que 
M. Fr. Barth. Kramer a succédé à son père en qualité de chef de 
culture. Un catalogue de cette collection vient d’être imprimé sous la 
forme d’une brochure très élégante. Maïs, ce qui vaut mieux encore 
que l'apparence la plus gracieuse, ce catalogue est bien rédigé, les 
noms des plantes sont disposés par ordre alphabétique : on a indiqué 
pour chaque espèce le nom du botaniste qui l’a décrite et son pays 
d’origine. La collection comprend 116 genres et environ 800 espèces 


et variétés parmi lesquelles nous nous plaisons à en signaler de fort 
intéressantes. 


Omer (P.-A.-H.) Recq de Malzine est mort à Liége le 27 décem- 
bre 1881, dans la soixante deuxième année de son âge. C'était un 
homme instruit, savant, lettré, très modeste, d’un commerce fort 
agréable et amateur d’horticulture. Il avait séjourné au Mexique en 
1869 et 1870 et il a rédigé ses impressions et ses souvenirs qui ont été 
publiés dans le Pulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture 
de Belgique en 1873. Il a rapporté de ce voyage beaucoup de plantes 
vivantes parmi lesquelles il s’en est trouvé qui n'étaient pas encore 
connues et qui ont été décrites dans la Belgique horticole. M. Omer de 
Malzine était originaire du château de Rogerie, commune de 
Goegnies-Chaussée, dans la province du Haïinaut : il avait épousé une 
fille de Mc la marquise de Rodiguës de Chennevière, du château de 
Tharoul, province de Liége. 


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CYPRIPEDIUM ARGUS. 


Lo Belgique horticole, 
1882, pl. IX 


— 241 — 


RUONT'E 


SUR 


LE CYPRIPEDIUM ARGUS, Roms. 


Planche IX. 


Cypripedium Argus, H. G. Rous., f ,in Gard. Chron., 1873, 608; 1874, I, 
690; IT, 710. — J. D. Hooker, Bot. Mag., 1875, t. 6175. — Floral Magaz., 1816, 
t. 220. 


Le Cypripedium Argus à été découvert par Gustave Wallis dans l'île 
de Lucon, l’une des Philippines, et envoyé par ce naturaliste à 
MM. Veitch, à Londres, chez lesquels il a fleuri pour la première fois 
en 1873. Depuis cette époque, la plante s’est multipliée en Angleterre 
où l'on en a d’ailleurs reçu de nouvelles importations. C'est une des plus 
belles formes du groupe des C.barbatum, purpuratum, Hookerue, dont, 
comme l’a fait observer sir J. D. Hooker, le C. venusium semble être le 
type le plus ancien. Ses feuilles sont marquées en damier, son pédon- 
cule est élevé, velu et parfois biflore : le sépale postérieur est très 
ample et ligné, tandis que les deux sépales latéraux sont réunis en une 
languette plus étroite derrière le labelle. Mais ce qui distingue surtout 
le Cypripedium Argus et ce qui lui a valu son nom, ce sont les belles 
et nombreuses taches et ocelles de couleur brun foncé qui sont répaan- 
dues sur les pétales : on dirait les cent yeux d’un argus. 

La plante est d’un tempérament peu exigeant : on la cultive aisé- 
ment en serre chaude où elle fleurit volontiers chaque année, au mois 
d'octobre. Celle que nous figurons ici à fleuri dans nos serres particu- 
lières à la Boverie; nous pouvons recommander le C. Argus en toute 
connaissance de cause. 


— 242 — 


LES 


JARDINS DU « LAGO MAGGIORE » (Lac MasEur) 


PAR L. KNy. 
Traduit du « Garten Zestung, » 1882, p. 223 et suivantes. 


Le percement du gigantesque massif granitique qui forme le point 
central du système orographique de la Suisse et dont les eaux s’écou- 
lent vers trois mers, à sensiblement rapproché l'Allemagne de l'Italie. 


Grâce au tunnel du St-Gothard, il sera désormais possible à ceux qui 


habitent les régions occidentales de notre patrie, alors qu’une épaisse 


couche de neige tapisse la terre et protège les germes végétaux 
enfouis dans son sein, d'échanger, par le chemin le plus court, les 
frimas du « sol natal » contre les bords ensoleillés de la Méditer- 
rannée, sans s'inquiéter des obstacles que les glaces et les ouragans 
pourraient accumuler dans les gorges et les précipices alpestres. 

Ce sont particulièrement les lacs du Nord de l’Italie dont l’accès 
est devenu plus facile à nos compatriotes. Accolés au versant méri- 
dional des Alpes, prenant leur origine au sein de leurs crevasses 
impénétrables et de leurs mystérieuses profondeurs, ils contrastent 
étrangement, par la vie et l’animation de leurs rives couronnées de 
riants vignobles, avec les arêtes rocheuses, rudes, escarpées, les pics 
couverts d’une neige éternelle que l’on voit surgir à l’arrière plan; nulle 
part ailleurs, sur les frontières qui séparent l'Allemagne de l'Italie, 
l'aspect enchanteur des paysages méridionaux ne revêt un caractère 
aussi imprévu, aussi pittoresque qu'en ces lieux où le ciel et l’eau, le 
roc nu, escarpé et le tapis végétal frais, succulent qui s’y accroche, se 
marient, se groupent, s’entrelacent en un ensemble étrange et fantasti- 
que, où l'imagination la plus féconde ne trouverait rien à perfectionner. 

Vingt-quatre heures à peine se sont écoulées depuis l'instant où 
nous contemplions, du défilé de Bernina, la nappe éblouissante du 
glacier de Cambrena se fondant peu à peu dans les eaux du « Lac 
Blanc » ; où nous saluions pour la dernière fois la verdure sombre des 
champs de Majola, associée au feuillage plus tendre des Mélèzes et 
prétant aux gorges de l’Engadine supérieure leur cachet âpre et 


» 


— 243 — 


sévère; où nous cueillions un bouquet de Roses des Alpes tardives pres 
de l'Hospice du Simplon ; et maintenant que la route, suivant le cours 
des eaux écumeuses, nous a brusquement plongés dans la profondeur 
des vallées, ce ne sont plus que grappes de raisins dont la nuance 
bleu sombre nous sourit à travers le feuillage des Vignes, des Érables 
et des Saules qui leur servent de soutien, champs de maïs couverts de 
riches et abondantes moissons et plantations d'Oliviers, dans les 
régions exposées au midi. Partout où la vapeur, dans son trajet 
sinueux et tourmenté, s'approche du rivage, nous voyons surgir du 
sein des jardins des plantes étranges, inaccoutumées. Celles mêmes 
qui nous sont connues, telles que les Lauriers et les Lilas, empruntent 
à la clémence et à la douceur d’un climat privilégié une richesse, une 
vigueur qui les rendent méconnaissables à nos regards. 


1. Climat et végétation des lacs de l'Italie supérieure. 


Comme le font aisément prévoir le rapprochement, l'orientation 
presque identique des grands lacs du nord de l'Italie, leur climat, à 
côté de certaines différences de détail, présente un ensemble de carac- 
tères communs extrêmement remarquable. 

Les montagnes alpestres menaçantes, gigantesques qui les dominent 
au nord et les chaînons latéraux qui s’en détachent et s’avancent 
jusqu'au voisinage immédiat de leur surface, les protègent efficace- 
ment contre l’action des vents froids. De là l’extension de la plupart 
d'entre eux vers le midi, et l’action immédiate sur leurs eaux des 
rayons solaires, descendant d’un ciel presque toujours limpide et sans 
nuages et glissant le long des pentes méridionales de ces montagnes. 
La conséquence en est que la moyenne des températures hivernales, 
aussi bien que les froids extrêmes, y sont moins rigoureux que dans la 
plaine lombardo-vénitienne développée plus au midi. Une part impor- 
tante dans la répartition plus uniforme de la chaleur revient à l'in- 
fluence modératrice des grandes masses d'eau accumulées dans ces 
vastes réservoirs. Elles s'opposent pendant l’été à un accroissement 
exagéré de la température et restituent, en hiver, la provision de 
calorique qu’elles ont emmagasinée pendant la saison chaude. C’est 
ainsi que sont évitées Les transitions trop brusques de température, si 
fréquentes et si désagréables aux environs de Milan. 


— 244 — 


Si donc, au point de vue du climat, les lacs de l'Italie septentrionale 
se rapprochent des rivages méditerranéens bien plus que la vallée du 
PÔ qui les sépare, il n’en existe pas moins entre eux d'importantes dif- 
férences tout à l'avantage des plantes qui grandissent le long des pentes 
méridionales des Alpes par rapport à leurs congénères qui vivent plus 
au midi. C'est ainsi que sur le littoral de la Méditerranée, les ondées 
sont surtout abondantes pendant les mois d'hiver; à Rome, par 
exemple, le pluviomètre indique 9.7 cm. de hauteur d’eau répartie en 
15 jours de pluies. Pour d’autres points, les chiffres sont quelque peu 
différents, sans présenter toutefois de désaccord notable. Cette persis- 
tance de la sécheresse pendant l'été est l'élément auquel la végétation 
méditerranéenne emprunte son caractère essentiel : la prédominence 
des espèces ligneuses à feuillage toujours vert. Bien différent est le 
climat de la région insubrique, à laquelle ces lacs appartiennnent. 
Non-seulement la quantité de pluie annuelle y est plus considérable et 
se rapproche des chiffres les plus élevés observés en Europe, mais 
encore les ondées sont plus fréquentes en été que sur les rives de la 
Méditerranée. Dans le canton du Tessin, par exemple, la hauteur d’eau 
renseignée par le pluviomètre accuse pour l’année une hauteur 
moyenne de 169 cm., dont 20 cm. attribués aux pluies d'hiver, 44 au 
printemps, 46 à l'été et 59 à l'automne. Et cependant les jours y sont 
à peine moins ensoleillés que dans la région plus méridionale du 
« beau ciel d'Italie » : brusquement, subitement même, les nuages 
aux flancs chargés de pluie se rassemblent, se groupent sur le versant 
austral des Alpes, pour verser sur la terre leur rosée bienfaisante et 
s'évanouir aussi instantanément qu’ils se sont formés. À Lugano, le 
nombre moyen de journées sans pluie atteint 212 (contre 179,3 ren- 
seignées à Milan) dont 54 en hiver, 46 au printemps, 62,5en été et 
49,5 en automne. Les jours entièrement couverts et brumeux, si fré- 
quents dans le nord de l'Allemagne, y sont rangés dans la catégorie 
des exceptions. 

Ainsi le climat du littoral des lacs de l'Italie septentrionale se 
caractérise par une température moyenne relativement élevée, eu 
égard à la latitude géographique du lieu, avec des écarts peu marqués 
et des transitions bien ménagées, et par une plus grande abondance de 


pluies, sans que les journées en soient moins belles ou moins cares- 
sées du soleil. 


— 245 — 


La lumière, la chaleur et l’humidité, quand elles ne dépassent pas 
certaines limites et ne subissent pas des oscillations trop marquées, 
sont les auxiliaires essentiels du développement végétal. Aussi devons- 
nous nous attendre à rencontrer, sur le rivage de nos lacs, une flore 
d’une richesse exceptionnelle, comprenant, à côté des plantes méditer- 
ranéennes, quantité d'espèces septentrionales incapables de s'étendre 
davantage vers le midi, parce qu'elles n’y rencontrent pas l’humidité 
nécessaire à leur existence. 

Ici nous laissons parler CHrist qui, dans son remarquable ouvrage 
intitulé : « la vie végétale en Suisse » (1), fait des environs de Locarno, 
à la pointe nord du Lac Majeur, le tableau suivant : 

« Toute cette région rappelle vivement les paysages du sud de 
lTtalie. La crête montagneuse, raide et escarpée, descend jusqu'aux 
eaux du lac : la Punta di Tros domine presque à pic l’étendue de son 
rivage. La pittoresque église de la Madonna di Sasso (Madone de 
pierre) qui la couronne, avec ses stations ressortant du sein du feuil- 
lage sombre, fait songer à Amalfi. Une rangée de promontoires 
rocheux se développe au pied de la montagne, couverte malheureuse- 
ment d’une trop parcimonieuse verdure, jusqu'à Ponte Brolla, où l’en- 
trée du val de la Maggia se révèle par l’étroite crevasse, le pont qui la 
surmonte et la gorge, unique en son genre, dans laquelle serpente le 
cours d’eau. En ce point, la Maggia a usé et percé, à une profondeur 
de 70 m., la terrasse escarpée de gneiss qui forme le sol de la vallée. 
Dans cet abîime coulent les eaux du fleuve, vertes comme l’émeraude, 
limpides comme le cristal. Quelques fragments empruntés aux rochers 
des rives parsèment son lit : leurs arêtes sont vives, aiguës, leurs 
faces planes, polies ; ils sont parcourus d'innombrables rigoles étroi- 
tes, rectilignes, que l’on dirait percées par la main de l’homme... — 
Entre Ponte Brolla et l'entrée du val Verzasca, sur les bancs de 
gneiss et les couches schisteuses, ne se rencontre guère que l'unique 
végétation de notre pays, comparable aux « Macchia », aux bruyères 
buissonneuses de la zone méditerranéenne. Car ce sont les Cistes 
qui y dominent. Le Cistus salvifolius couvre les pentes de ses buissons 


(1) « Das Pflanzenleben in Schweiz ». Zürich 1879; ouvrage auquel nous 
avons emprunté la plupart des renseignements climatériques précités. 


— 246 — 


à feuilles persistantes, mais sèches, ratatinées et d’une teinte gris- 
cendré uniforme et monotone : sur ce ton sec du tapis végétal 
tranchent vivement, pendant le mois de juin, de jolies fleurs d’un 
blanc laiteux, malheureusement trop fugaces, telles qu’autant de 
roses blanches décorant les parois des rochers. | 

« Partout où les Cistes croissent en abondance, le caractère 
méditerranéen du paysage ne peut être mis en doute. Aucune des 
vingt espèces de Cistes qui croissent spontanément en Europe ne 
s'éloigne, en effet, sensiblement du littoral de la Méditerranée ou ne 
franchit en tous cas la chaîne des Alpes. Quant au C. hirsutus, s’il 
s'étend le long des rivages de l'Atlantique depuis le Portugal jusqu’en 
Bretagne, nous n'ignorons pas que cette région océanique se rattache, 
par son climat, aux zones méridionales. Le OC. salvifolius ne se 
rapproche du pied des hautes Alpes nulle part autant qu’à Locarno. 
HALLER et après lui Kocx et Gaupix le renseignent près de Riva et de 
Chiavenna, dans la région du lac de Côme : je ne l’y ai jamais ren- 
contré. Sur les limites orientales des Alpes, au bord du lac de Garde, 
fleurit une autre espèce, le C. albidus, à fleurs rouges, qui ne s’étend 
du reste que jusqu’au Mont Baldo, c’est-à-dire jusqu’au chaïnon laté- 
ral le plus saillant. Une autre plante tout aussi caractéristique de la 
zone méditerranéenne est la Bruyère arborescente, Ærica arborea : 
elle ne se trouve pas, il est vrai, dans le canton du Tessin, mais bien, 
d’après FRANZONI, près du lac de Côme, dans le val de Sommariva. 
HALLER l’a rencontrée entre Riva et Chiavenna et dans le Veltlin, 
entre Poco d’Adda et Morbegno ; Faccxint dans les forêts du Tyrol 
austral, vers Idrosée. » 

« Pour peu que nous examinions la végétation associée aux Cistes 
sur les rochers voisins de Solduno, nous constatons avec surprise la 
présence simultanée des espèces les plus diverses, les plus dissem- 
blables, qu'aucun botaniste ne s’attendrait à trouver réunies en 
semblable lieu. Ce sont, côte à côte avec les Cistes, l’ÆJeferopogon 
Aïlionit, le Pollinia Gryllus, le Figuier à l’état complètement sauvage 
et le Micocoulier (Celtis australis), de puissantes rosaces foliaires de 
Saxifrage (Saxifraga Cotyledon) et de Joubarbe (Sempervivum tecto- 
rum), accrochées aux parois miroitantes du gneiss; la Doradille 
septentrionale (Asplenium septentrionale) remplissant les moindres cre- 
vasses ; l’Aune des Alpes (Tros des Tessinois) protégeant de son ombre 


— RAT — 


le Capillaire des régions australes (Adiantum Capillus Veneris). Et 
dans les gorges au nord de la Madonna di Sasso, où l’Agave tapisse les 
rochers en compagnie du Diospyros arborescent, naturalisé en ces lieux, 
nous cueillons à un niveau moins élevé les Calamintha grandiflora et 
nepetoides, la Campanula spicata, le Ciste et le Ruscus aculeatus, à côté 
de l’Airelle, du Calamagrostis sylvoatica et du Rosier des Alpes à fleurs 
couleur de rouille (Giup des Tessinois et des Romains de l’Engadine 
supérieure), disséminés sur un gracieux tapis de Zycopodiwm Cha- 
maecyparissus : le tout à une altitude dépassant d'à peine cent mètres 
les eaux du lac Majeur et ruisselant, jusqu'à la fin de juillet, de 
verdure, de fraicheur et de sève. 

« Bien plus, à droite de la route poussiéreuse, en face des champs 
cultivés où le maïs s’élève à deux fois la hauteur d'homme, sur un 
versant stérile où quelques maigres pieds de AÆumex pulcher et de 
Parictaria diffusa, à l'aspect flétri et desséché, résistent seuls aux 
ardeurs insensées du soleil, se dissimulent des enfoncements tapissés 
d’une luxuriante verdure, de vraies miniatures de tourbières, couver- 
tes à profusion de toutes les plantes marécageuses imaginables : 
Sphagnum, Carex — non le commun C. distans, mais le rare C. punctata, 
Rhynchospora alba et fusca, Schoenus nigricans, Montia fontana, 
Gratiola oficinalis, etc. etc. » 

Mais nulle famille du règne végétal n’estaussi richement représentée 
en ces lieux que celle des Fougères. « Des 40 espèces suisses, il n’en 
est guère que 4 qui manquent au Tessin, à savoir : 2 Botrychium, 
l’Aspidium cristatum et le Cystopteris montana, la fougère des lieux 
frais et ombreux; toutes les autres y sont abondantes, notamment les 
plus jolies formes qui font défaut au reste de la Suisse, telle que : 
Asplenium Breynii, Osmunda, Siruthiopteris (dans le Val Mahgia et à 
Cenere), Pleris cretica et Notochlaena Marantae. C’est la limite 
septentrionale extrême de ces deux dernières espèces ; le Péeris 
dépasse donc notablement la zone qu’on lui attribue d'ordinaire, 
comprenant la partie australe insulaire de la région méditerranéenne : 
Naples, la Corse, la Sardaigne et l’Archipel. » 

Mais la flore des jardins, du moment où ils sont intelligemment 
institués et cultivés avec goût, donne sur les conditions climatériques 
d’un pays des renseignements plus précis de beaucoup que la végétation 
spontanée. Une fois privé de la protection de l’homme et abandonné 


— 248 — 


à ses propres ressources, le monde végétal subit les lois fatales 
de la lutte pour l'existence. Le fait qu’une plante, dans les 
conditions naturelles, est exclue d’une zone de végétation donnée, 
ne suffit pas précisément pour prouver qu’elle n’y rencontre ni la cha- 
leur, ni l'humidité, ni la répartition exacte de l’un et l’autre agent 
suivant les saisons de l’année, réclamées par les exigences de son 
développement; ni que la constitution physique ou chimique du sub- 


stratum ainsi que la nature du sous-sol lui soient défavorables ; ni 


qu'une prédilection trop marquée de la part de la gent animale lui 


porte préjudice ou qu’il n'existe pas d'insectes aptes à servir d’inter- 
médiaires pour sa fécondation. Toutes les circonstances utiles à l’exis- 
tence du sujet peuvent se trouver réunies, tendant à assurer sa 
conservation, et cependant il pourra se trouver"dépossédé de cet asile 
par d’autres végétaux doués d'exigences semblables, susceptibles de se 
développer plus puissamment dans des conditions identiques et de 
l’expulser des lieux où son organisation semblerait lui donner droit 
de cité. Le règne végétal n’est pas ce monde paisible et inoffensif que 
l’on se plait à se figurer. Il ne suflit pas que la nature ait doué les 
graines de toutes les ressources imaginables pour se choisir un empla- 
cement en rapport avec leurs besoins et opposer, pendant les premiers 
stades de la germination, une résistance efficace aux innombrables 
influences perturbatrices du dehors : il faut encore qu’elles disputent 
chaque pouce de terrain à des compétiteurs plus ou moins puissants. 
Que ceux-ci s'adaptent un peu plus aisément aux conditions du sol et 
du climat, au reste de la flore ou de la faune locale, et voilà une espèce 
exterminée. Que deviennent nos cultures en terre libre, quand elles 
demeurent pendant quelques générations abandonnées à leurs propres 
ressources? Voyez la lutte ininterrompue du cultivateur et du jardi- 
nier contre l’usurpation des mauvaises herbes : elle vous montre dans 
quelles conditions d’infériorité vivent les plantes cultivées par rapport 
aux espèces indigènes. Et cependant leur développement s'effectue 
d'une facon normale et régulière : preuve qu’elles sont complètement 
adaptées aux conditions climatériques du pays. 

Ce que nous venons de dire est surtout vrai pour les plantes déco- 
ratives de nos jardins. Arrachées récemment, pour la plupart, au sol 
de leur patrie, elles n’ont pas eu le temps, au contraire des plantes 
alimentaires cultivées depuis des siècles, de subir, sous des conditions 


7 Ge a 


2 40 


d'existence nouvelles, de bien profondes perturbations. Leur air de 
santé, leur pleine et entière réussite, prouvent abondamment que le 
climat de leur patrie adoptive répond en tous points à leurs besoins et 
à leurs exigences. L'étude des piantes de jardinage ne doit donc pas 
être laissée de côté, quand on se propose d'examiner l'influence du 


climat sur le développement du règne végétal. 


2, Le « Lago Maggiore » (Lac Majeur). 


Il est surprenant de constater, en présence des conditions unifor- 
mément favorables à la culture horticole dont la nature a doué les 
grands lacs de l'Italie septentrionale combien ils diffèrent d'aspect 
et combien sont variés les progrès du jardinage suivant les localités. 
Et cependant tout ce territoire est habité par un seul et même peuple, 
qui jouit partout, sur ces rivages privilégiés, d’une aisance, d’un 
bien-être que l’on chercherait vainement ailleurs : c’est à peine si 
le fait qu'une partie de cette population a passé de temps à autre par 
certaines vicissitudes politiques suffit pour rendre compte de semblable 
particularité, si étrange à première vue. 

Nous sommes bien certain de n'être contredit par personne, quand 
nous accordons la préférence, parmi tous ces jardins, à ceux du 
lac Majeur et du lac de Côme. Ceux du lac de Lugano et du lac de 
Garde sont bien pauvres et bien misérables en comparaison 

Et cependant le lac de Garde est le seul dont la température plus 
clémente permette en grand la culture rémunératrice du Citronnier,sur 
les terrasses rocheuses exposées au midi, et dont les plantations d'Oli- 
viers, développées de Monte-Brione jusqu’au delà d’Arco et jusqu’au 
Castello di Tenno, nous fassent involontairement songer aux rives de 
la Méditerranée. Et sur les bords du lac de Lugano, dont l'altitude 
dépasse cependant de 85 mètres celle du lac Majeur, l’Agave ameri- 
Cana, complètement naturalisé, tapisse les rochers aux environs de 
Gaudria de ses rosettes foliaires succulentes du sein desquelles sur- 
gissent ses gigantesques hampes florales, tandis que sur le fond 
sableux du lac, à quelques pieds sous les eaux, prospère une des mer- 
veilles de la flore méditerranéenne d'eau douce, le célèbre Valisneria 
spiralis, dont les fleurs femelles s’épanouissent au sommet de longs 
pédoncules enroulés en spirale pour recevoir l'action fécondante des 


— REO — 


fleurs mâles, détachées et flottant librement sur le miroir tranquille 
des ondes. | 

Le fait que le lac Majeur et le lac de Côme jouissent d'une haute 
réputation pour la beauté de leurs paysages, qu’ils sont voisins de la 
riche cité milanaise et que nombre des passages les plus fréquentés 
des Alpes débouchent sur leur rivage, explique jusqu’à un certain 
point leur supériorité sur les lacs voisins. Et il ne peut guère en être 
autrement : partout où, à côté des rares avantages, des dons précieux 
de la Nature, se rencontrent les ressources mises par une industrie 
prospère, un commerce florissant, à la disposition de ceux qui recher- 
chent les plus nobles jouissances de la vie, il ne faut que l'esprit 
d'initiative, le sens esthétique de quelques hommes, inspirés par 
l’amour du beau et du bien, pour porter l’art du jardinage à son 
apogée. L'exemple donné par quelques-uns ne tarde pas à répandre au 
loin son influence vivifiante, et voilà pourquoi la culture des jardins 
est parvenue, sur les rives de l’un et de l’autre lac, à un degré de per- 
fection que l’on ne rencontre qu’exceptionnellement même au sein des 
régions les plus privilégiées de la divine Italie. 

Le Lago Maggiore ou Lac Majeur, dont il sera surtout question 
dans les pages suivantes, n’est pas, comme le nom semblerait l’indi- 
quer, le plus grand des lacs de l’Italie septentrionale. La superficie en 
est inférieure à celle du lac de Côme, et quant à son nom, il le doit 
aux nombreux lagoni groupés tout à l’entour et dont les eaux viennent 
se déverser dans son bassin. Il s'étend de 463’ à 45°37 de lat. sept., 
avec une inflexion marquée vers le nord-est dans sa région supé- 
rieure. Les innombrables méandres que décrit son rivage ont pour 
conséquence de rendre sa largeur extrémement variable; elle ne 
dépasse pas un kilomètre entre Ârona et Angera et atteint 12 kilom. 
au moins entre Laveno et F'ariolo. En cet endroit, un peu au sud de 
sa ligne médiane, le lac forme, vers le nord-ouest, le splendide golfe 
dont les eaux caressent mollement les célèbres îles Borromée. C'est 
là qu’il recoit un affluent considérable, le Toce ou Tosa : quant à la 
grande masse de ses eaux, elle lui est amenée à l'extrémité nord par le 
Tessin, né dans les entrailles du St. Gothard, et la Maggia. De nom- 
breux cours d’eau de moindre importance, quantité de ruisseaux 
ainsi que les lacs voisins lui apportent également le tribut de leurs 
eaux : le petit lac d'Orta, plus élevé de 80 m. par la Negoglia et la 


— 251 — 


Strona; l'important lac de Lugano — 77 m. plus haut — par 
la Tresa qui s'échappe de sa pointe occidentale ; les lagoni de Varese, 
de Biandronno, de Monate et de Comabbio par divers affluents. 
Toute cette masse liquide — à part ce qui s’en perd par évaporation 
— s'unit aux eaux du Tessin, qui s'échappe de l'extrémité sud du 
lac, près de Sesto-Calende. 

Les rangées de monticules qui arrêtent en ce point le cours des eaux 
ne sont que les moraines frontales d'énormes glaciers, descendus lors 
de l’époque glacière du sommet des Alpes jusqu’à la plaine lombarde. 
Les traces de leur activité se retrouvent nettement sur les rives du lac, 
et en plus d’un endroit gisent de puissants blocs erratiques, arrachés 
aux masses granitiques du mont Orfano ou aux crêtes gneisseuses de 
Locarno. Quant à admettre, avec certains géologues, que la cavité du 
bassin s’est creusée sous l’action érosive des masses glacières, c’est une 
hypothèse qui ne semble guère conciliable avec la profondeur considé- 
rable (854% au maximum pour une altitude de 197") et le caractère 
extrêmement accidenté du fond du lac. | 

Comme le lac de Garde et le lac de Côme, le Lago Maggiore rattache 
pour ainsi dire les Hautes-Alpes à la plaine, en ce sens que les masses 
de montagnes qui surgissent le long de ses rives se dépriment de plus 
en plus au fur et à mesure qu’elles progressent vers le midi. Cet 
abaissement, du reste, n’est pas graduel : il se fait par saccades 
brusques. Partout, entre les débouchés des vallées, surgissent tout 
contre le bassin des masses de rochers, les unes en pente douce, les 
autres à pic : la plus puissante et la plus apparente d’entre elles est 
le Sasso del Ferro (Roc de fer), en face d'Intra. 


3. — Pallanza. 


Pour se faire en peu de temps une idée exacte du degré de perfec- 
tion atteint par l’art du jardinage, aidé du précieux secours de la 
nature, sur les bords du Lago Maggiore, il convient ce s'installer à 
Pallanza pendant au moins une huitaine de jours. Il n’est guère 
d’endroits, sur les rives des lacs d'Italie, qui exercent autant de séduc- 
tion sur le touriste et l’engagent aussi vivement, par la splendeur des 
sites et la facilité des communications par voie d’eau et de terre, à y 
prolonger son séjour. Pour nous, Allemands, cette petite ville, toute 


— 252 — 


mignonne et charmante, possède encore un autre attrait plus pro- 
saïque : je veux parler du Grand-Hôtel, tenu à la perfection par un 
compatriote, où l’on rencontre toutes les commodités de l'existence et 
où l’on se trouve, sur le sol étranger, presque aussi à l'aise que 
chez soi. 

Dans la moitié inférieure du lac, à l'endroit où ses eaux, dévelop- 
pées dans la direction nord-sud, forment le vaste golfe où dorment les 
îles Borromée, le rivage du côté nord avance sur le lac sous forme 
de promontoire aigu, tandis qu’en face la rive gauche s’arrondit 
insensiblement. Derrière le promontoire — la Punta di Castagnola 
— surgit une éminence couverte de villas et de jardins, qui s’abaisse 
brusquement vers le nord en une sorte de plateau à peine plus élevé 
que la surface du lac et rattache, derrière la « Punta, » la ville 
d’Intra, sise sur le rivage du bassin principal, avec Pallanza qui déve- 
loppe ses riantes demeures le long de son bras nord-occidental. 
Pallanza avance du reste vers l’intérieur des terres sans s’élever nota- 
blement au-dessus du niveau du rivage, mais sa partie orientale, où se 
rencontrent les principales villas et les meilleurs hôtels, s’adosse 
immédiatement à la hauteur précitée. 

Vue de la mer, la ville, avec les deux clochers élancés qui la domi- 
nent, présente un coup d'œil plus pittoresque et plus attrayant que la 
majeure partie des localités italiennes d’égale importance. De bien 
loin, le regard se repose complaisamment sur la fraîche verdure des 
jardins, sur laquelle tranchent vivement les couleurs claires et la 
toiture rouge des habitations. À gauche, la ville s'appuie au plateau 
qui couronne le Monte rosso (Mont-rouge), avec ses vignobles et ses 
plantations de müriers; à l'arrière plan surgissent, en un désordre 
grandiose, les lignes majestueuses des montagnes alpestres. Partout 
les cultures et les habitations gravissent impunément les hauteurs, 
grâce au climat privilégié de la contrée. 

C’est dans la partie la plus attrayante du quartier Est de Pallanza, 
protégé par le Mont Castagnola contre les rigueurs des vents du nord, 
qu'est installé le Grand-Hôtel. Pour faire place à cette vaste construc- 
tion, dont la face tournée vers le lac ne compte pas moins de six étages, 
ainsi qu’à l'immense jardin qui se déploie devant elle, il a fallu bâtir 
sur l'eau une terrasse en hémicyle. Du haut de cette terrasse ainsi que 
des façades du bâtiment tournées vers le sud et vers l’ouest, la perspec- 


he. 


tive est d’une beauté incomparable, soit que le soleil l’inonde de ses 
rayons éblouissants ou que la lune laisse tamiser jusqu’à elle sa pâle et 
blafarde lumière. Immédiatement en face du parapet du mur du jardin 
et séparé de lui par un bras d'eau étroit, apparaît la petite île de 
St-Jean (Isola di St-Giovanni), avec son château et ses riantes dépen- 
dances. En partie abritée par elle et semblable au sommet voûté d’un 
perpétuel bouquet de verdure, l’Ile-mère (Isola Madre) surgit au centre 
du lac du sein des flots verdoyants. De ce côté de l’eau, de Brisino 


VUE D’ISOLA BELLA. 


jusqu'à Fariolo en passant par Stresa et Baveno, le rivage déploie à 
perte de vue les villages coquets et les fermes isolées qui le parsèment. 
La célèbre Isola bella (Belle-ile) et l'Isola dei pescatori, occupée 
par un village de pécheurs, sont plus proches que Pallanza du 
rivage d'en face et semblent de loin en faire partie. Au delà de ces 
diverses localités surgissent des coteaux frais, verdoyants, couverts 
jusqu’à 300" au-dessus du niveau du lac de clochers et de maisons 
blanches qu’ombragent de robustes châtaigniers. A gauche, près de 


Brisino, des monts abruptes, sauvages, déchiquetés surgissent du 


— 254 — 


rivage du lac, forment la pyramide âpre et chauve du Motterone, 

puis descendent brusquement vers le val du Toce et de son affluent la 
Strona, née des eaux du lac d'Orta. Tout proche de la vallée, à 
l'endroit où les derniers rochers baignent leur pied dans les flots, les 

premières maisons de Fariolo, dont un tremblement de terre a préci- 

pité un bon quart dans le lac la nuit du 15 mars 1867, se reflètent dans 

le miroir tranquille des eaux. À droite vient s’y rattacher un pic 

solitaire, le Mont Orfano. Les points de couleur plus claire qui 
parsèment ses pentes, dans la direction de Baveno, indiquent l’empla- 
cement de riches carrières, qui fournissent non seulement le voisinage 

immédiat du lac, mais encore Milan et d’autres cités italiennes, d’un 

superbe granit blanc et couleur chair : les vastes amas pierreux qui 

s’en détachent et s'étendent bien au loin ne contribuent à coup sûr pas 

à l’embellissement du paysage. Derrière le mont Orfano surgissent les 
hautes montagnes qui séparent, en deca de leur confluent, les vals de 
la Strona et du Toce. 

Ce dernier, limité à droite par les crêtes rocheuses qui dominent le 
Monte Rosso, est Le site le plus enchanteur des rives du lac. Du sein 
des arêtes montagneuses qui s’abaissent de tous côtés vers la vallée se 
dressent face à face des pics élancés : dans l'encadrement qu'ils cir- 
conscrivent surgit à l'arrière-plan une rangée de pyramides majes- 
tueuses, couronnées d’une neige éternelle : ce sont les montagnes 
gigantesques qui cachent aux regards ia passe du Simplon. 

Superbe à défier toute description est le paysage, à l'heure où les 
rayons du soleil levant viennent parer de leurs teintes dorées l’éblouis- 
sante blancheur des pics neigeux, tandis que le lac et le val du Toce 
reposent encore dans les ténèbres de la nuit; ou lorsque l’astre du 
jour à son déclin envoie à ces paisibles campagnes un dernier sourire 
et le baiser d’adieu ; ou encore quand le roi de la lumière au milieu de 
sa course raie de pourpre et d’or le brouillard bleuâtre dans lequel 
baignent endormies les profondeurs du vallon. De nulle part la per- 
spective n’est aussi ravissante que du haut des terrasses de l'hôtel : à 
travers le feuillage touffu des arbres du jardin étincellent ça et là les 
eaux du lac; à gauche c’est l’île de St Giovanni aux riantes cam- 
pagnes, à droite les jardins et les habitations de Pallanza qui limitent 
l'horizon. 


Quand la vue c’est rassasiée de cette perspective enchanteresse, le 


— 255 — 


regard se tourne vers les superbes installations qui se déploient à nos 
pieds. Leur création ne remonte pas à plus d’une dizaine d’années. Il y 
a bien sept ans que l’auteur de ces pages eut, pour la première fois, 
l’occasion de les visiter : lorsqu'un voyage de vacances le ramena, 
l'automne dernier, aux bords du lac, il ne put assez admirer les pro- 
grès que ce laps de temps relativement court avait fait subir aux cul- 
tures. Les arbres les plus élevés ont aujourd’hui de 15 à 20 m. de 
haut; ils sont entremélés d'innombrables buissons serrés et répandent 
tout à l’entour une ombre délicieuse et bienfaisante. 

En ÿy regardant de plus près, deux particularités frappent les 
regards dans cette installation : d’abord l'existence côte à côte des 
espèces australes et boréales, associées dans l'intimité la plus com- 
plète ; ensuite la prédominance des Conifères et des végétaux à feuil- 
lage persistant sur les arbres et les arbustes à feuilles caduques. 

Ce dernier caractère s'explique par ce fait que les lacs de l'Italie 
septentrionale, bien que jouissant en été d’un climat plus tempéré que 
le reste du continent italien, attirent surtout de nombreux visiteurs 
pendant les autres saisons de l’année, celles précisément où la végéta- 
tion persistante afirme sa supériorité sur la flore passagère des beaux 
jours. 

Au pied de la terrasse élevée sur laquelle donnent les salons de 
l'hôtel s'étend une vaste pelouse. De son milieu, qui est en même 
temps le point central du jardin, surgit un spécimen irréprochable de 
Musa Ensele. L'abri que lui prêtent l'habitation et les arbres élevés 
du voisinage ont empêché le vent de déchirer parallèlement aux ner- 
wures latérales les vastes feuilles qui le garnissent, comme le cas se 
présente si fréquemment en dehors des serres. Autour des vigoureux 
massifs de Bananiers qui décorent cette pelouse et celles du voisinage 
grandissent à hauteur d'homme de nombreux exemplaires de Chamae- 
rops (Trachycarpus) exeelsa. Ce palmier, originaire des régions 
tempérées de la Chine et du Japon, est une des espèces les plus 
rustiques introduites dans les jardins d'Europe; il prospère sans 
abri jusque dans les îles de Wight : rien d'étonnant donc à ce qu'il ait 
subi sans dommage sérieux, sur les rives de notre lac, les rigueurs des 
deux hivers écoulés. Moins résistants sont les beaux spécimens de 
Dattiers plantés dans le voisinage, ainsi que le Musa Ensete. Les 
Dattiers, aux premières atteintes de l'hiver, réclament d'être rappro- 


— 256 — 


chés de la façade de l'habitation qui les protège efficacement du côté 
nord ; le Musa exige même, pendant les temps froids, l'abri d’une serre 
tempérée. Des tentatives d’hivernation du Cycas revolula, à l’air libre 
et sans abri, ont été, au contraire, couronnées d’un plein succès, 
malgré les rigueurs exceptionnelles de la saison dernière. 

De chaque côté de la pelouse centrale que décorent, indépendamment 
des plantes précitées, deux buissons touffus d'Herbe des Pampas 
(Gynerium argenteum), surgissent de vigoureux massifs d'Æriobotrya 
japonica, le Néflier duJapon, couvert de grandes feuilles d’un vert mat et 
de fruits d’une saveur exquise, de Rhodondendron ponticum, d’Arbutus 

Unedo, etc. Si les baies rouge vif de cette dernière espèce rappellent en 
apparence les fraises de nos jardins, elles ne leur ressemblent certes pas 
par le goût. Leur mérite est exclusivement esthétique : elles ne parlent 
qu’à la vue, et contrastent avantageusement, à l'époque de la maturité,, 
avec la verdure uniforme des minuscules feuilles persistantes qui les 
entourent. Plus à droite croit un arbuste de l'Amérique du Nord, le 
Magnolia grandiflora, vigoureux, couvert d’un feuillage abondant et 
“jouissant d’une santé prospère : autour de lui grandissent des massifs 
serrés de Bambous (Bambusa aureu et B. mitis). Tout à côté se voit 
une profusion de superbes Conifères, au milieu desquels dominent le 
Cèdre-Deodara, avec ses feuilles d’un vert pur à reflets bleuâtres, ainsi 
que divers Cyprès de la Chine, des Indes et de l'Hirnalaya. Nous 
saluons parmi eux d'anciennes connaissances, le Sapin rouge (Picea 
eæcelsa) du pays et le Pin de lord Weymouth (Pinus strobus), cultivé 
partout dans nos parcs. Le premier est si abondant dans la partie 
occidentale du jardin qu'un regard jeté dans cette direction, du haut de 
la salle à manger de l'hôtel, suffit pour évoquer, devant les esprits 
quelque peu impressionnables, le souvenir des jours de Noël. 

Parmi les plantes à feuillage, les contrastes ne sont pas moins 
frappants. Non loin de l’Olivier (Olea europea) prospère le Spiraea 
sorbifolia de Sibérie; à côté de massifs de Camelias en fruits, du 
Camphrier (Camphora oficinarum), du Viburnum Tinus, le Châtaignier - 
sauvage naturalisé partout dans notre pays. Un tout grâcieux berceau 
de verdure est couronné par la cime élancée d’un majestueux Zaurus 
glandulosa, qui lui sert de toiture : de vigoureux pieds de Laurier- 
Cerise (Prunus Lauro-Cerasus) composent ses faces latérales. Le! 
Prunus lusitanica, proche parent de cette dernière espèce, étale en 


— 257 — 


divers points du jardin ses branches décorées d'innombrables fruits. 
Le parapet élevé de la terrasse qui descend en avant vers le lac est 
ombragé à droite par de robustes Platanes et le Sophora japonica, à 
gauche par l’Acacia Julibrissin : deux Légumineuses arborescentes 
cultivées comme bordure d’allées à Pallanza et sur les bords du lac. 
L’Acacia précité est, parmi les nombreuses espèces du genre que j'ai 
eu occasion d'admirer dans les jardins de l'Italie supérieure, l’un de 
ceux qui produisent le plus bel effet, bien que l’Acacia dealbata à 
minuscules folioles teintées de blanc le dépasse au point de vue 
décoratif, là surtout où il ressort sur le fond sombre des Lauriers et 
des majestueux Cyprès. L'une et l’autre espèce sont également 
sensibles aux influences lumineuses et leurs feuilles s’endorment 
profondément à l’heure où la lune déverse sur les eaux du lac ses 
rayons aux reflets d'argent. 

Parmi les espèces ligneuses, relativement peu abondantes dans ces 
jardins, qui fleurissent au tard de l'été, se trouve l’Olea fragrans de la 
Chine. Ses fleurs blanches peu apparentes n'auraient guère attiré notre 
attention sans l'odeur pénétrante, semblable à celle de l’Oranger, 
qu'elles répandent autour d'elles et dont le parfum se fait sentir jusque 
dans l’intérieur des appartements. On les emploie dans leur patrie 
pour aromatiser le thé. 

Si, dans l'organisation des jardins du « Grand Albergo di Pal- 
lanza », la première place a été accordée aux plantes décoratives, les 
végétaux utiles n’ont cependant pas été oubliés. Au milieu des nom- 
breuses espèces ornementales qui ornent la façade de la bâtisse se 
rencontrent des figuiers cultivés en espalier, des pruniers et des 
vignes : l’espace qu'on leur à réservé est du reste bien restreint. Le 
perron qui conduit des salons de l’hôtel dans le jardin est de nouveau 
consacré à la culture décorative : ses rampes et ses parapets sont 
tapissés d’une profusion de Roses, de Solanum jasminoïdes, de 
Jasminum grandiflorum, d'Eleagnus reflexa, etc. 

Cette dernière espèce est employée avec prédilection à Pallanza, et 
aux alentours pour entourer les maisons et les jardins d'une clôture 
infranchissable, en enroulant les rejets longs et flexibles de la plante 
les uns dans les autres ou autour des barreaux des grillages en fer. 
Cette disposition est exploitée d'une facon plus esthétique et plus 
décorative dans la Villa Bozzotti à Pallanza : là les branches souples 


18 


— 258 — 


de l’Æleagnus, partant de la partie la plus élevée du grillage qui touche 
à la rue, s'unissent en une voûte de verdure qui se dirige en guise 
de tente vers les fenêtres du premier étage de la maison d’habitation, 
située un peu en recul, et se continuent en une sorte de tenture 


étroitement accolée à la partie supérieure de la bâtisse. 


Parmi les jardins situés dans le voisinage immédiat de Pallanza, la 
première place revient sans contredit à la propriété des FRÈRES ROVELLI. 


Au contraire du jardin dont nous venons de faire connaissance, celui-ci 


vise bien plus à l’utile qu’à l’agréable. Ses créateurs comptent parmi 
les premiers horticulteurs de l’Italie du nord et leurs produits, notam- 
ment les jeunes sujets nés dans leurs vastes pépinières, alimentent 
pour une bonne part les installations horticoles d’un district étendu. 
Situé immédiatement derrière la cour de l'hôtel, dont il n’est séparé 
que par la route d’Intra qui longe le rivage du lac, l’établissement des 
FRÈRES ROVELLI couvre une grande partie de la Punta di Castagnola. 
La maison d'habitation occupe le versant austral, dont la pente 
escarpée descend jusqu’à la route : quelques serres et plusieurs ter- 


rasses superposées et destinées à la culture en pleine terre viennent. 


s’y adosser. Cette orientation extrêmement favorable et la protection 
qu’elle apporte contre les bises du nord produisent des résultats vrai- 


ment merveilleux. Au milieu de fort beaux spécimens de Chamaerops . 


humilis (le palmier nain de l’Europe australe, qui atteint ici en terre 
libre des dimensions aussi considérables que dans nos serres tempé- 
rées), de Ch. excelsa (tout couvert de fruits), de Phænix tenuis, de 
Sabal Adansoni, de Cocos australis et de Pritchardia filifera(qui résiste 
bien sous un léger abri aux rigueurs de l'hiver), nous remarquons 
surtout un superbe exemplaire du Cocotier du Chili (/wbaea spectabilis), 
celui des Palmiers qui, sur le continent de l’Amérique australe, s’avance 
le plus vers le pôle et doit naturellement trouver sur les rives du 
Lago Maggiore les circonstances les plus favorables à son développe- 
ment : aussi le rencontrerons-nous plus d’une fois dans les autres 
jardins. D’après ce que M'° Rovezzr ont bien voulu nous communi- 
quer à ce sujet, le spécimen en question serait le plus vigoureux des 
bords du lac. J’estime sa circonférence près de la base à 3 m. 12, sa 


hauteur, y compris le bouquet de feuilles qui couronne son stipe, à 


41J2 m. environ, Nous admirons aussi de magnifiques pieds d’Agave 


ï 
ÿ 


— 8259 — 


Salmiana, de Dasylirion longifolium et de Dracuena indivisa: la tige 
d’un individu puissamment ramifié, appartenant à cette dernière espèce, 
mesure au niveau du sol plus de 1"70 de circonférence; sa hauteur 
égale au moins 6 ‘J mètres. Le genre des Bambous est représenté par 
un grand nombre d'espèces, la plupart on ne peut plus décoratives, 
dont les chaumes sveltes et gracieusement penchés et le feuillage vert- 
clair forment un contraste charmant avec les formes raides des 
Conifères et les cimes sombres, massives, des arbres à feuilles 
persistantes, auxquelles elles sont associées en un ensemble capricieux 
et décoratif. Je note particulièrement les Bambusa milis, Simoni, nigra, 
aurea, gracilis, scriptoria, viridis glaucescens, viridis striata, Fortunei 
(fol. varieg.). 

Notre description se réduirait à une sèche nomenclature d’espèces 
et de formes, si nous voulions dénombrer toutes celles qui décorent les 
terrasses qui sont exposées au midi. Les plantes à fleurs, de plus petite 
taille, ne font pas non plus défaut. Nous citerons, comme étant les 
plus remarquables parmi celles qui tendent à devenir frutescentes, le 
Desmodium racemosum du Japon, dont les rameaux grêles, parfois 
soudés, laissent pendre de toutes parts des panicules de fleurs viola- 
cées; parmi les plus décoratives, une Sauge (Salvia splendens) à fleurs 
d’un rouge éblouissant : l’une et l’autre espèce représentées dans 
presque tous les jardins importants des rives du lac. 

Un charme puissant nous attire vers le superbe bosquet dont les 
arbres touffus, les uns familiers à nos regards, les autres étrangers et 
inconnus, couvrent d’un massif serré l’arête sudo-occidentale de la 
Punta. Heureusement les spécimens n’en ont pas été plantés au début 
trop près les uns des autres, de telle sorte qu’ils n’ont pu gêner leur 
croissance réciproque. La plupart sont demeurés libres de grandir dans 
tous les sens et ont ainsi acquis leur plein et entier développement. 

La part du lion, dans ce bosquet unique en son genre, appartient aux 
Conifères. Nous ne pouvons malheureusement citer dans le nombre que 
les spécimens dont les proportions remarquables impressionnent le 
plus vivement les regards. Parmi les Pins, nous admirons surtout le 
Pinus canariensis, dont les immenses forêts couvrent les pentes du 
pie Ténériffe et des îles voisines; les Pinus patula et Russelliana, 
originaires du Mexique; le P. ZLamberliana de l'Amérique septen- 
trionale, etc.; parmi les Epicéas, l’Adies cilicica d’Asie-Mineure, 


— 260 — 


l’A. cephalonica de Grèce qui est « le Cèdre sauvage » du Mont Enos, 


l’A. bracteala de Californie, l'A .Zasiocarpa de l'Amérique du nord. Mais 
entre ces derniers, le plus beau sans contredit est l’A. Fortunei(l), 
espèce originaire de la Chine, dont la tige puissante, haute d’en- 
viron 12 mètres, est recouverte d’un liège abondant. Parmi les 
Sapins, nous notons principalement la variété à rameaux renversés de 
notre espèce indigène (Picea excelsa, var. inverta). Le Cryptomeria 
japonica est représenté par sa forme type et par deux variétés, les 
Cr. Lobbi et viridis. 

En fait de Cyprès, nous remarquons les Cupressus torulosa (Indes 
septentrionales, Népaul), Corneyana (Japon et nord de la Chine), 
Lindleyi (Mexique) et macrocarpa (Californie supérieure) : un spéci- 
men de la dernière espèce mesurant, à hauteur de poitrine, 2259 de 
circonférence. Il va de soi que nous rencontrons aussi les Cedrus Libani 
et Deodara, représentés par des formes variées et multiples. Viennent 
ensuite les 7’hujopsis dolabruta, Podocarpus Totara (Dacrydium 
spicatum), dont un superbe buisson haut de 6 m., Cunninghamia 
sinensis (var. glauca), de 15 m. de haut, Tuya gigantea (Libocedrus 
decurrens) (avec des pieds mesurant 187 à hauteur de poitrine), 
Th. Menziesi, Torreya myristica, T. nucifera, T. grandis, Cephalo- 
taxus Fortunei, Podocarpus Chilina (représenté par un massif buis- 
sonneux haut de 9 à 10 m.), Araucaria brasiliensis (deux fort beaux 
exemplaires) et Pseudolarixz Kaempferi : ce dernier répandu dans le 
nord de la Chine et du Japon, ainsi que notre Mélèze commun (ZLarix 
europaea), appartiennent au petit nombre de Conifères qui se dépouillent 
tous les ans de leur feuillage. Les aiguilles, avant de tomber, prennent 
une riche couleur jauxe d’or, ce qui donne à l’arbre une grande valeur 
comme plante décorative. Le spécimen des FRÈRES RoVELLI est le plus 
âgé des rives du lac : il a 12 à 13 m. de haut et porte d'innombrables 
cônes ; son diamètre, à hauteur de poitrine, est de 1"25 environ. 


Les sentiers qui traversent le massif des Conifères (2) nous con- 


(1) Aussi dénommé erronément À. jezoënsis. 

(2) Lequel renferme en outre quantité de Chênes à feuillages persistant 
(Quercus macrophylla haut de 15 m., Q. deaibata, Q. sclerophylla, Q. inversa, 
Q. Ileæ, Q. suber); puis les Arbutus Unedo, A. andrachne, Shimmia japonica, 
Magnolia fuscalta, Olea fragrans, Laurus glandulosa, haut de 16 m., Zlex 
japonica, Mahonia nepalensis, etc, 


— RÔ1 — 


duisent peu à peu jusqu'au point culminant du parc, presque entière- 
ment occupé par la pépinière. Lorsque nous l’atteignons au sortir du 
fourré, un panorama plus étendu, plus saisissant encore que du haut 
de la terrasse de l’hôtel se déploie à nos regards. 

Non seulement le golfe où reposent les îles Borromée, mais encore, 
de l’autre côté, toute l'étendue du lac développée du nord au sud étale 
à nos pieds le vaste miroir de ses eaux tranquilles, tandis que les arêtes 
et les pics accoutumés surgissent à l’arrière-plan. Comme partout au 
voisinage de Pallanza — là au moins où il n’est pas caché par la Punta 
di Castagnola — se dresse, en face d’Intra, le Sasso del ferro, superbe 
dans son majestueux isolement. 

Cette partie des installations des frères RovELLI qui s'abaisse vers 
l’est jusqu'aux rives du lac sert surtout à la culture des Camélias, dont 
les formes les plus diverses se cultivent ici pour la vente sur une 
grande échelle. A en croire le témoignage des yeux, la floraison 
_ doit être d’une richesse étonnante pendant les premiers mois de 
l'année. La complète adaptation de ces plantes, sans abri, au climat 
des rives du lac, est assez prouvée par la profusion de fruits mûrs 
semblables à des pommes, (mais naturellement non comestibles), qui 
garnissent jusqu'aux plus minuscules buissons. 

Parmi les jardins dignes de mention de Pallanza ou de ses environs 
immédiats, le jardin Rovelli est le plus ancien. Il a été créé en 1850 
par le père des propriétaires actuels. Entre les installations de date 
plus récente érigées au voisinage de la ville et déperdant des nom- 
breuses villas qui en décorent les alentours, il n’en est aucune qui soit 
de taille à lutter avec lui au point de vue tant botanique qu'horticole, 
quand même leurs pelouses et leurs parterres seraient entretenus avec 
plus de soin. 

Parmi ces propriétés, la plus remarquable par l’heureux choix de 
son emplacement est sans contredit celle du Marquis Federigo della 
Valle di Casanova. Installée au sommet de la hauteur à laquelle 
s’adosse le jardin des RoveLxt, elle domine une perspective plus 
étendue et plus ravissante encore. Pallanza et Intra, avec les vastes 
plaines cultivées qui les séparent, se déploient aux regards émerveillés 
du spectateur. Autour de la maison d'habitation, qui limite Ja pro- 
priété vers le sommet, se groupent des Chênes toujours verts, de 


robustes Châtaigniers et des spécimens de Robiniers aussi variés que 


— 262 — 


décoratifs. Sur le versant austral, à travers lequel voies carrossables et 
sentiers décrivent de capricieuses arabesques, grandissent des Cyprès, 
des Cèdres, des Pins, le Wellinglonia gigantea de Californie et d’autres 
Conifères, à côté de Dracaena, de Yucca, et d'innombrables espèces à 
fleurs. 

Au même propriétaire appartiennent encore trois parcelles, sises à 
un niveau inférieur et séparées du parc principal. La première est une 
sorte de parterre installé au pied d’une maison d'habitation des plus 
simples ; la seconde sert surtout à l’élève des fleurs cultivées pour la 
vente : des superbes Orchidées et autres végétaux précieux qu’abritent 
ses nombreuses serres, une bonne partie avait malheureusement été 
expédiée à Milan pour figurer dans une grande exposition nationale. 
Quant à la troisième parcelle, elle sert principalement de pépinière. 


4, — Isola madre (l’Ile-mère). 


Les îles auxquelles la famille qui les possède depuis nombre d’années 
a fait donner le nom d’iles Borromée occupent, au point de vue du 
jardinage paysagiste, une position prééminente non seulement sur les 
rives du lac, mais encore dans l'Italie entière; aussi voudrions-nous 
qu'il nous füt possible de faire précéder leur description d’une notice 
historique ; par malheur, les éléments indispensables à sa confection 
nous font défaut : force nous est donc de nous limiter à l’état de choses 
actuel, où nous trouverons du reste tout ce qu'il faut pour charmer 
les regards et exciter l'admiration et l'étonnement. C'est surtout sur 
« Isola bella » que l'étrange et l’imprévu ont installé leur domaine; 
quand à l’îile-mère, elle n'offre au sentiment esthétique qu’une suite de 
jouissances paisibles et sans mélange. 

La dernière de ces îles repose sur un roc micacé, crevassé, pittores- 
que, dont la végétation se développe en certains points jusqu'aux eaux 
du lac. Du côté sud seulement, l’île est partagée en trois larges 
terrasses superposées; partout ailleurs, elle étale au jour en maint 
endroit ses flancs dénudés et abrite dans ses gorges profondes un 
bizarre mélange de plantes indigènes et naturalisées. La terrasse supé- 
rieure est couronnée par le château, peu décoratif et d’étendue 


médiocre, dont la façade domine la perspective entière d’Isola bella, le 


Lx Gp 


rivage d'Intra et toute la côte-est du lac, y compris Laveno et Santa- 
Catarina. 

Au fur et à mesure que la barque s’approche du rivage oriental de 
l’île, nous pouvons y observer de plus en plus nettement la végétation 
spontanée qui a réussi, non sans peine, à prendre pied dans les crevasses 
du roc. Nous remarquons surtout plusieurs massifs d’A gave americana 
avec leurs rosettes foliaires ondulées, du sein desquelles surgissent, à 
côté de tiges de l’année déjà défleuries mais encore vertes et succu- 
lentes, des hampes plus anciennes, brunies à la surface. Viennent 
ensuite divers Opuntia, très différents par leurs dimensions et le revé- 
tement épineux qui les tapisse. 

Entre eux se dressent, confondus en un bizarre mélange, des 
Figuiers aux multiples rameaux, des buissons de diverses espèces 
d’Acacia, quelques-uns en fleurs, associés à des Micocouliers (Celtis 
australis) et à un Caroubier (Ceratonia siliqua). Le long de la terrasse 
inférieure, le Lierre s'accroche aux rochers et aux murs et tapisse les 
parapets de ses grappes fleuries. En avant, au bord de l’eau, surgis- 
sent les chaumes élancés de la Canne de Provence (Arundo Donax). 

Nous laissons notre esquif au débarcadère et, franchissant la porte 
principale, nous arrivons par un vaste perron à la terrasse inférieure. 
Son parapet élevé, ainsi que celui de la terrasse du milieu, servent 
d'appui à des Citronniers cultivés en espalier et leur procurent, en 
même temps que la pleine jouissance du soleil de midi, une protection 
suffisante contre les bises du nord. En hiver, ces plantations réclament 
un abri plus efficace, dont elles ne peuvent se passer même sur les 
rives plus chaudes du lac de Garde. L'aspect des arbres et des fruits 
qui les couvrent à profusion est on ne peut plus satisfaisant. 

La terrasse supérieure, installée devant le château, est de beaucoup 
la plus large. Elle est presqu’entièrement occupée par une longue 
plate-bande comprise entre deux sentiers parallèles. À intervalles 
réguliers s’y dressent quatre massifs de Zagersiræmia indica, une 
Lythracée extrêmement décorative, tout parsemés de fleurs rouge- 
iolacé. Les spécimens qui les composent sont hauts de 5 m. et de la 
plus belle venue. Entre eux s'élèvent un superbe exemplaire de 
Jubaea spectabilis âgé de 10 ans, un Yucca pendula, un majestueux 
Vucca aloïÿfolia à feuilles bordées de blanc et plusieurs buissons de 
Datura arborea (Brugmansia suaveolens) à fleurs doubles, d’un blanc 


— RÔE — 


éblouissant. Contre la façade peu décorative du château grimpent le 
Solanum jasminoïdes, l'Ipomoea Leari à grandes et belles fleurs 
bleues, le Mandevillea suaveolens à fleurs blanches et le Passiflora 
coerulea déjà passé. 

À gauche de la bâtisse, nous remarquons un superbe spécimen 
d'Agave Salmiana que l’on nous affirme être âgé de onze ans. Les 
feuilles adultes, charnues, ont bien 2 m. de long. Tout près et adossé 
à la façade du château se dresse, à côté du Solanum Warscemiczi et du 
Ricinus communis, un splendide Opuntia haut de 2 1/2 m. 

Arrivés au sommet de la terrasse supérieure, nous tournons à droite 
et nous atteignons un quadrilatère dont deux côtés sont fermés par le 
château et une serre érigée sur le même alignement et le troisième 
par une muraille décorative, complètement tapissée de Ficus stipulata. 
Le quatrième donne sur le prolongement de la terrasse. Nous y trou- 
vons réunies des plantes intéressantes, telles que Bambusa gracilis, 
Dasylirion longifolium, Eryngium pandanifolium, Phormium tenax, 
quelques vigoureux massifs de ÂVerium Oleander représenté par 
diverses variétés, un exemplaire de Chamaerops excelsa et un autre de 
Dracaena indivisa, hauts tous deux de 5 à 5 1[2 m. Puis viennent des 
végétaux décoratifs de plus petite taille, tels que Walvia splendens, 
divers Coleus et Mesembrianthemum, répartis avec beaucoup de goût 
et de variété parmi Les groupes et massifs de plus grandes dimensions. 

Mais le principal attrait de l’île réside, selon moi, non dans le 
majestueux développement de quelques formes végétales empruntées 
à des contrées plus chaudes et que nous rencontrons réunies sur les 
terrasses avoisinant le château (l), mais bien plutôt dans le parc 
ombreux, touffu, parsemé de pelouses gazonnantes, qui s'étend sur 
une grande partie de l’île, descend jusqu'aux bords du lac et répand 
autour de lui la plus délicieuse fraîcheur. 

Les arbres qui dominent sont ceux à feuillage persistant, mais la 
monotonie que de vastes massifs de Lauriers-Cerises (Prunus Lauro- 


— 


(1) Citons, parmi les plus beaux spécimens rencontrés sur les deux terrasses 
inférieures, les Opuntia imbricata (haut de 2 m.), O. decumana, Cocculus lawrifo- 
lius, Aralia papyrifera (qui fournit le papier de Chine), Colletia ferox (avec des 
phyllodes couverts d’aiguillons serrés), Acacia cultriformis, Hakea pugionifor- 
misÿ Metrosideros sp., etc. 


— 265 — 


cerasus) (1) et espèces voisines, de Chénes-liége (Quercus suber), de 
Rhododendron arboreum et ponticum, d’Azalea indica, de Kalmia lati- 
Jolia, d'Ilex aquifolium, de Buœus sempervirens ne manqueraient pas 
d'introduire, à l'époque où l'éclat des fleurs n’est pas là pour apporter 
une heureuse diversion au milieu des masses vert-sombre de leur 
feuillage luisant, est adroitement évitée grâce à l’interposition de 
Conifères, représentés par des formes d’une venue irréprochable, 
d'arbres à feuilles caduques et de buissons de Bambous. Il en résulte 
un ensemble harmonieux et décoratif, tel que l’on chercherait vaine- 
ment mieux sous semblable altitude. 

Ici, c’est un Ziquidambar siyraciflua, haut de 15 à 17 m., qui 
surgit de l'épaisseur du fourré tout près d’un If (Taæus baccata) au 
tronc massif et vigoureux. Près d’un splendide spécimen du Cyprès 
chauve de Virginie (Taxodiuwm distichum), fortement endommagé par 
la sécheresse persistante de l’été et en train de se dépouiller préma- 
turément de ses branches qu’il ne perd d’habitude qu'aux premiers 
froids de l'automne, prospèrent un Chéne-liége (Quercus suber), un 
buisson de Thea Chinensis haut de 2 ‘/, m. et des massifs touffus de 
Bambous (Bambusa gracilis) au port grêle et élancé. Un pied de Sapin 
(Picea excelsa) venu en lieu découvert, élevé et de croissance irrépro- 
chable, contraste étrangement avec son entourage de Fourcroya gigan- 
tea, Ficus macrophylla et Monstera pertusa (en fleurs) : trois espèces 
qui ne pourraient sans dommage sérieux hiverner à ciel découvert et 
réclament dès les premières atteintes du froid l’abri d’une serre 
tempérée. Il en est de même des Bananiers (Musa paradisiaca et sapien- 
tum); nous en admirons un superbe massif d'autant plus décoratif que 
les feuilles, grâce à la protection des arbres voisins, sont à peine 
entamées par le vent. 

Nombre d'arbres d’une beauté remarquable sont réunis dans la 
partie du parc immédiatement adossée à la face postérieure du château. 
Nous y remarquons surtout de magnifiques cimes de Magnolia grandi- 
Jiora et de Cupressus himalayensis (haut de 16 à 18 m.), dont les 


(1) L’exemplaire le plus vigoureux de cette espèce, représentée par de nom- 
breux et robustes spécimens, m’a paru avoir 4.05 m. de circonférence, dimen- 
sion qui, étant donnée la croissance extrêmement lente de l’arbre, tend à faire 
attribuer au sujet un âge très respectable. 

19 


— 266 — 


rameaux inférieurs balaient le sol. Plus loin c’est le Camphrier, le 
Cèdre du Liban et un pied haut de 10 à 11 m. du Pin-parasol (Pinus 
Pinea), si répandu dans le sud de l'Italie et relativement rare dans les 
jardins du Lago Maggiore. Puis viennent, représentés par de superbes 
exemplaires, Araucaria brasiliensis, Pinus marilima, Cupressus hori- 
zontalis (plusieurs pieds très hauts et fort vigoureux), Taxodium 
semperovirens, Sterculia platanoïdes (haut de 16 m.), Tsuga canadensis 
(à rameaux inférieurs pendant jusqu’au sol), Zlex gigantea, Abies 


nigra (un magnifique spécimen derrière le château), Pinus Montezu- 


mac, Abies Pinsapo (haut de 12 m.), Pinus insignis, Wellinglonia 
gigantea (un pied âgé de 15 ans, haut d’une quinzaine de m.). Un autre 


arbre gigantesque est l’Æucalyptus globulus, l'arbre contre la fièvre, 


qui à tant fait parler de lui dans ces derniers temps. Jusqu'en 1879, 
le spécimen du parc, planté en 1870, avait grandi d’une facon irré- 
prochable et atteint 19}; m. de haut; malheureusement un hiver 
rigoureux endommagea sa cime : il fallut l'ététer et réduire d'autant 
ses dimensions. Le tronc, crevassé d'un côté, mesure 1,49 m. de 
circonférence. 

Les pelouses parcourues par de nombreux sentiers que décorent 
ces divers arbres, presque toujours isolés et par là même d'autant 
mieux venus, sont en outre embellies par des massifs et buissons plus 
ou moins vigoureux, auxquels manquait malheureusement, lors de 
notre visite, l’ornement que leur prête la saison des fleurs. D'autant 
plus effectif est le Desmodium racemosum, avec les corolles violettes 
qui le parsèment à profusion. Charmants aussi sont les massifs 
d’Herbe des Pampas (Gynerium argenteum), dont les panicules florales 
en plein épanouissement surgissent au sommet de chaumes élancés et 
robustes par dessus les buissons du voisinage. 

N'oublions pas de mentionner, parmi les plantes qui prospèrent sous 
l’ombrage épais du fourré, les Ruscus hypoglossum et aculeatus (ce 
dernier chargé de baïes rouges), qui y font tout à fait l'effet de plantes 
spontanées, non plus que le Convallaria japonica, espèce à feuilles 
minuscules, proche parente de notre Muguet, qui Pr le gazon 
commun en certains points des pelouses. 

Et constatons, en terminant, qu’il n’est à coup sûr personne qui 
puisse s'abstenir, en visitant les somptueuses installations de l'Ile- 
mère, d'un vif sentiment de satisfaction et d’admiration bien légitime. 


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— 207 — 
5. — Isola bella (Belle-île). 


Si le touriste, comme c’est le cas d’habitude quand il établit sa 
résidence à Pallanza, a consacré sa première visite à l’Isola madre, 
la plus voisine des deux îles Borromée, l'impression première que 
produit sur lui la vue d’Isola bella est loin d’être favorable. Son nom 
et la réputation qu’elle lui doit en grande partie et dont elle jouit dans 
toute l'Allemagne excitent vivement la curiosité et l'attente du 
visiteur : grande est sa déception quand il approche du côté nord de 
l'ile, et qu’il aperçoit le vaste château à 4 étages, aux murs massifs, 
aux dimensions gigantesques hors de proportion avec celles du pare, 
flanqué à l'extrême gauche de sa tourelle blanche, de ses terrasses 
emmuraillées qui descendent presque jusqu’au niveau du lac et ne 
laissent le roc à découvert qu’en de rares endroits, et ressemblant 
bien plus de loin à un château fort avec ses dépendances qu’à un parce 
seigneurial. 

Quand'on a franchi une bonne partie de la distance qui sépare 
Isola bella de l'Ile des pécheurs (Isola dei pescatori), l’on apercoit 
tout-à-coup en avant de la façade nord du château, demeurée 
jusqu'alors invisible, une construction plus ou moins dégradée en 
forme d’hémicycle. Cette bâtisse, «omme l'indique un modèle que l’on 
montre aux étrangers à l’intérieur, était destinée à servir de point de 
départ à une rangée de terrasses avançant sur le lac et dont l’installa- 
tion devait être rendue facile par le peu de profondeur de l’eau en cet 
endroit; malheureusement l'exécution de ce projet n'a pas été 
sérieusement poursuivie en ces derniers temps et le travail est demeuré 
inachevé et imparfait. 

Moins séduisant encore est le coup d'œil, quand la barque prend 
terre sur la côte sud-est. De ce côté s’adosse au château une rangée 
de maisons d'habitation à plusieurs étages, irrégulières, disgracieuses, 
séparées par une petite église et une couple d’auberges : ces dernières 
reconnaissables à leur état de dégradation moins avancé. Les maisons 
sont la propriété de pauvres pêcheurs et le touriste peut voir de loin, 
dans les nombreuses barques tirées à sec sur le rivage, hommes et 
femmes occupés à sécher leurs filets ou vaquant à d’autres occupations 
domestiques. Rien de plus frappant que le contraste entre cette 


pauvre et misérable colonie et le luxe opulent dont elle est entourée. 


— 208 — 


Du débarcadère nous arrivons par un large perron à un vaste 
quadrilatère qui s'ouvre vers le rivage de Baveno; les trois autres 
côtés sont fermés par le château, dont l'aspect, vu de ce point, a 
perdu quelque peu de son apparence sombre et austère. Au centre 
s'élève un spécimen haut de 8 m. de Chamaerops excelsa, entouré de 
quantité de pieds d'Agave americana et de nombreux parterres. Sous 
les arcades peu décoratives du rez de chaussée, nous voyons une 
marque tracée à 1"79 au dessus du niveau du lac : c'est le point 
jusqu'où l’eau s’est élevée, lors de la crue exceptionnelle du 3 octobre 
1868. Quand on réfléchit à l'immense étendue sur laquelle s’épand la 
masse liquide chargée d'alimenter le Lago Maggiore, l’on serait 
tenté de considérer semblable assertion comme impossible, si le fait 
n’était attesté par les récits les plus dignes de foi. 

Nous renonçons à décrire en détail l’intérieur du château. Parmi 
les nombreux souvenirs historiques que recèlent ses étages supérieurs, 
ceux relatifs à Napoléon I‘ et au Saint cardinal Borromée excitent 
surtout notre curiosité. Moins intéressante est une collection de 
pièces décoratives faites des matériaux les plus précieux et d’une 
grande perfection de formes, mais d'un goût artistique plus que 
douteux ; moins encore une galerie de fort mauvais tableaux. 

Bien qu'une partie des appartements soit habitée par la famille du 
comte, leur installation n'est pas assez plaisante pour faire naître en 
nous le désir de troquer contre eux nos modestes chambres d'hôtel. 
Aussi saisisions-nous avec empressement la moindre occasion de jeter 
par les fenètres un coup d’œil sur le paysage enchanteur qui se 
déroule à nos pieds, et c’est avec un soupir de satisfaction qu’au sortir 
d'une longue galerie somptueusement décorée, nous nous trouvons 
à l’entrée du jardin. 

Nous franchissons quelques marches spacieuses bordées de murailles 
disposées en forme de grottes et arrivons à une porte qui nous conduit 
au centre même du domaine. Ici comme partout ailleurs, c’est la ligne 
droite qui domine dans l’arrangement des sentiers et des massifs ; mais 
cette légère imperfection disparait devant l'impression puissante 
qu’exerce sur le visiteur la vue de végétaux superbes, déployant aux 
regards un ensemble de formes vigoureuses et décoratives dont rien 
n’a entravé le développement naturel. Peu nombreuses heureusement 


sont les plantes auxquelles les ciseaux du jardinier se sont appliqués 


— 269 — 


à conserver les tournures barroques écloses du caprice de générations 
antérieures : autant que faire se pouvait sans modifier essentielle- 
ment le plan d'ensemble, le parc d’Isola bella n’a cessé, depuis nombre 
d'années, de s'améliorer au point de vue du traitement et du groupe- 
ment des végétaux qui le composent. 

Parmi les arbres de grande taille, un Camphrier planté devant la 
porte d'entrée attire le premier les regards. D’après M. PrroTrA, 
jardinier en chef, c’est le plus robuste spécimen de toute l'Italie ; le 
bouquet de feuilles qui le couronne s'élève à 19 ou 20 m. ; le tronc, à 
hauteur de poitrine, n’a pas moins de 3,17 de circonférence. Tout près 
de lui, de chaque côté de la porte, se dresse un vigoureux exemplaire 
de « Palmier nain » (Chamaerops humilis), chargé d’une profusion de 
fruits, et dont la dénomination spécifique contraste étrangement avec 
ses dimensions vraiment gigantesques. Viennent ensuite de beaux 
spécimens d’Olea capensis, Chionanthus virginica, Dodonaea triquetra, 
Arbutus andrachne, Magnolia praëcoxz, M. fuscata, Callistemon 
salignum, C. lanceolatum, (avec la variété à rameaux pendants), 
Ardisia crenulata, Cleyera japonica, Laurus Benzoin, Myrica cerifera, 
Colletia bictoniensis, C. spinosa, Thea chinensis et Th, Bohea (tous 
deux en fruits), Parkinsonia aculeala, Acacia heterophylla, Brachy- 
chilon populneum, Illicium anisatum (le célèbre anis étoilé) et 
I. religiosum (également en fruits), Tristania laurina, Slewartia 
Malachodendron, Frenela macrocarpa, E'scallonia floribunda, Gordo- 
nia lasianthus, Eugenia Ugni, Jambosa vulgaris : ce dernier abrité 
sous la serre pendant la mauvaise saison. 

Parmi les arbres de moindre taille et les arbustes, nous remarquons 
surtout, pour leur belle venue : Casuarina torulosa, au port de sapin, 
haut de 15 m.; Cryplomeria japonica, un des plus beaux spécimens 
des bords du lac, haut d'au moins 17 m.; Prunuws caroliniana, de 12 m. 
de haut; Zaurus carolinensis, haut de 9 m.; un superbe pied d’47- 
bulus unedo; Eucalyplus glauca, haut d'environ 9 m. (un exemplaire 
de taille beaucoup plus élevée a été tout récemment détruit par 
l'orage). Un Zucalyptus globulus, âgé d'une douzaine d’années, avait 
atteint 12 m. de hauteur sur un diamètre d’un mètre environ, quand 
il succomba aux atteintes meurtrières du rigoureux hiver 79-80. 

En avant de ce remarquable massif se dressent de robustes buis- 


sons de Camélias, un pied de Cryplomeria elegans et un gigantesque 


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exemplaire de Cèdre-Deodara, de la plus belle venue et couvert d’in- 
nombrables cônes. 

Nous atteignons ainsi un large perron qui nous conduit à une 
terrasse plus élevée, ornée d’une profusion de superbes Lauriers- 
Roses, les plus beaux que j'aie vus sur les rives du lac. De chaque 
côté des balustrades se déploie une rangée de Cyprès-pyramidés 
(Cupressus fastligiata), au port fier et élancé. 

En avant monte un autre escalier qui mène à la terrasse la plus 


PERRON CONDUISANT AUX TERRASSES SUPÉRIEURES D'ISOLA BELLA. 


élevée : celle-ci est disposée en un vaste quadrilatère; des parapets en 
pierre l'entourent de toutes parts et sa surface, entièrement dégarnie 
de plantes, domine une admirable perspective développée surtout dans 
la direction de Stresa et de Laveno. 

Pour arriver aux plantations de Citronniers et d'Orangers que nous 
voyons, de cette hauteur, s'étendre à nos pieds dans la direction du 
lac, nous regagnons notre point de départ et descendons un étage plus 
bas, sur la vaste terrasse qui donne vers Pallanza. Fermée en arrière 


par un rideau de gigantesques Lauriers, elle présente en outre 


— 211 — 


nombre de pieds fort âgés de Pinus strobus (Pin de Lord Weymouth), 
à large cime abondamment ramifiée. Au centre du massif s'élève un 
spécimen haut de 17 m. de Wellinglonia gigantea, dont l'extrême 
cime a malheureusement souffert de la sécheresse persistante des mois 
passés. L’ombre que répandent sur la terrasse ces géants de la végé- 
tation invite le visiteur à y prolonger son séjour, et ce n’est pas sans 
peine qu’il se décide à s’avancer jusqu’au parapet antérieur pour y 
jouir de la perspective enchanteresse que Pallanza déploie à ses 


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PARTIE DES TERRASSES SUPÉRIEURES D'ISOLA BELLA. — PERSPECTIVE DE STRESA. 


regards. Un groupe de Bambusa gracilis, blotti dans la profondeur, 
pourrait bien passer inaperçu, n'était la gracieuse inflexion qui 
amène en avant le sommet de ses chaumes vigoureux et richement 
feuillés, semblables à une gigantesque gerbe vivante. 

Pour jouir de la vue pleine et entière des neuf terrasses superposées 
en une pyramide tronquée et du haut desquelles nous venons de 
contempler les splendeurs du paysage, il faut contourner l'ile en 
bateau dans la direction de Stresa. Le coup d’œil est alors celui que 


représente la figure ci-dessous. Toute la partie visible des installations 


Le OT 


est consacrée à l'élève de diverses variétés d'Orangers et de Citronniers. 
Les premiers ne se cultivent qu’en espalier, contre les murs posté- 
rieurs des terrasses; les derniers sont aussi plantés à découvert, 
partout où l’espace le permet. Il en existe jusqu’à trois rangées l’une 
derrière l’autre, aux endroits les plus spacieux. Aux points les plus 
exposés, Orangers et Citroniers réclament un léger abri. 

Dans une encoignure efficacement protégée se voit un minuscule 
Spécimen du Persea gralissima, une Lauracée brésilienne à fruits 
savoureux, qui à bien supporté les rigueurs des deux derniers hivers. 

Les faces des murailles non utilisées pour les besoins de la culture 
sont tapissées d’une profusion de plantes grimpantes ; telle est une 
forme de Lierre, décrite par DE NorTaris sous le nom de Æedera 
verbanensis comme une espèce distincte ; puisles Zleagnus reflexa, 
Mandevillea suaveolens, Phaseolus Caracalla, (tous deux en fleurs), 
une Passiflore, etc. Sur le sol des espaliers rampent les fleurs rouge- 
violacé et jaunes dun Portulaca grandiflora. | 

Vers le sud-est, à l'endroit où une tourelle saillante clôture les 
espaliers, nous remarquons de loin un Chêne-liége (Quercus suber) de 
dimensions vraiment exceptionnelles. C’est le plus fort et le plus âgé 
des représentants de cette espèce sur les rives du lac. La souche 
mesure, à ras du sol, 3"64 de circonférence et ne tarde pas à se 
partager en deux troncs d’égale force, dont la cime abondamment 
feuillée atteint 20 m. de haut, tandis que les branches inférieures, 
franchissant le parapet, retombent jusqu’à la surface de l’eau. 

De ce point, le sentier, après avoir pendant quelques instants longé 
le rivage, fait une brusque inflexion et se dirige vers la région la plus 
merveilleuse d’Isola bella, dissimulée jusqu'alors à nos regards par 
une saillie des terrasses. C’est une vaste esplanade ouverte vers le 
sud-ouest et dominant la perspective de Stresa et de ses alentours. 
Elle s'appuie à l’ensemble des terrasses, dont elle est séparée par une 
série de niches voûtées simulant une succession de grottes. Autour 
des piliers saillants des murailles s’enroulent, jusqu’à 20 rn. de haut, 
des tiges grosses comme le bras et abondamment ramifiées du T'ecoma 
radicans, l’une des plus jolies Bignoniacées connues, couvert encore 
de son feuillage élégamment découpé, mais ne portant plus que des 
vestiges effacés des splendides fleurs qui le paraient aux premiers 


jours de l'été. Le Lierre, abondamment associé au Tecoma en divers 


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points, tapisse l'une des voûtes d’un massif buissonneux couvert à 
profusion de boutons et de fleurs, qui descend jusqu’au sol et remplit 
toute l'étendue de la grotte : le coup d’œil est charmant et unique en 
son genre. Une autre grotte contient de splendides spécimens de 
Vucca aloifolia (quelques-uns hauts de 15 m.); une autre encore 
est tapissée de Lierre et des rameaux grimpants du Picus stipulata, 


et abrite dans ses recoins humides une profusion de Capillaires 
(Adiantum Capillus Veneris), de Scolopendres (Scolopendrium oficina- 


VUE DES TERRASSES D’ISOLA BELLA, 


rum) et de Kuscus racemosus. En plein air se dressent un splendide 
pied de Dracaena indivisa et un Cycas revoluta couvert d'abondantes 
frondes. Autour d'un Dacrydiwm cupressinum se déploie un massif 
d'Agaves. À l’arrière-plan, du côté nord, surgit un robuste exemplaire 
de Salisburia adiantifolia (Gingko biloba), à feuilles caduques aplaties 
en forme d'éventail — une curieuse exception parmi les Conifères 
— et derrière lui un massif peu étendu de Magnolia grandiflora. 
C'est un superbe végétal, dont le feuillage brillant vert foncé au- 


dessus, couleur rouille en dessous, est parsemé à profusion, pendant 


20 


— 214 — 


une bonne partie de l’année, de grandes fleurs blanches comme la 
neige; nous lui savons gré non seulement du frais ombrage qu’il nous 
procure, mais encore de ce qu’il cache à nos regards la perspective des 
habitations de pêcheurs, qui étalent dans le voisinage leurs façades 
pittoresques peut-être, mais à coup sûr peu décoratives. 

C'est à regret que nous quittons cet endroit charmant pour gravir 
une côte où le Convallaria japonica rampe en lieu et place de gazon, 
à l'ombre d’un gigantesque Cèdre du Liban couvert d’une profusion de 
cônes, et au sommet de laquelle nous saluons une ancienne connaïs- 
sance, le Tulipier arborescent (Ziriodendron tulipifera), à côté de 
remarquables spécimens d’Acacia Julibrissin et d'Eucalypius amyg- 
dalina, et regagner enfin, avec l'aide bienveillante de notre guide, la 
galerie de tableaux du château. En nous éloignant, nous jetons un 
dernier regard sur une terrasse donnant vers Pallanza, inaccessible 
pour le moment aux visiteurs à cause de la présence de la famille du 
comte et où se distinguent un magnifique exemplaire de T'axodium 
distichum et plusieurs robustes spécimens de Cyprès pyramidal (Cupres- 
sus fastigiala). 

S'il est vrai qu’Isola bella, avec le style prétentieux et emprunté qui 
caractérise ses installations et réduit chez elle le jardinage au rôle 
d’humble serviteur de la sculpture et de l'architecture, ne répond 
qu'imparfaitement à l'idée que nous nous faisons aujourd’hui du 
jardinage artistique, et qu'il existe dans les ornements sculpturaux 
des terrasses et la disposition des bâtisses beaucoup de détails d’un gout 
plus que douteux, il n’en est pas moins incontestable que nulle part 
ailleurs le style architectural dominant à l’époque de sa construction 
n’est représenté d’une facon plus large et plus grandiose. 

Avec un peu d'attention, il n’est pas difficile de reconnaitre que 
l'aspect primitif de l'installation a été scrupuleusement respecté : 
nous souhaiterions même que les grottes, les balustrades et les sculp- 
tures sur lesquelles apparaissent des traces de dégradation trop 
visibles, fussent livrées avec moins d’abandun aux atteintes destrue- 
trices du temps et qu’un peu plus d'argent et de soin füt désormais 
consacré à leur entretien et à leur conservation. 

Peut-être, au fur et à mesure de l'accroissement du bien-être général 
et de la plus grande facilité des communications, de nouveaux jardins 
viendront-ils orner de leur riante verdure les rivages des lacs de l'Italie 


et laisser bien loin derrière eux, par la richesse de leur contenu et 
l'excellence de leurs dispositions, les anciennes installations des iles 
Borromée, mais celles-ci n’en continueront pas moins à exercer sur 
l'esprit du touriste une fascination irrésistible, grâce à la beauté de 
leur site, aux siècles nombreux accumulés sur leur tête et aux 
souvenirs historiques intimement uuis aux arbres antiques et véné- 


rables dont leurs parcs sont peuplés. 


6. La villa Clara, près Baveno. 


En allant de Pallanza vers Isola bella, l'on découvre sur le rivage 
d'en face, à gauche de Baveno et à un niveau peu supérieur aux eaux 
du lac, une somptueuse habitation dont les tourelles et les pignons de 
couleur rouge ressortent étrangement sur la verdure sombre des 
Châtaigniers qui forment l’arrière-plan. C’est la villa Clara, la propriété 
de siR HENFREY. Déjà de loin les formes et l'allure de la construction 
trahissent la nationalité de son propriétaire. La dénomination de 
« Villa » sous laquelle on la désigne pèche par excès de modestie : 
elle mériterait d'autant mieux le nom de « palazzo », dont les Italiens 
du reste ne se montrent pas avares, qu’elle a été naguère jugée digne 
de servir de résidence à la Reive VicroriA, lors d’un séjour de quelques 
semaines que fit en cette localité la souveraine d'Angleterre. 

Le jardin n’est accessible que pendant le séjour du propriétaire et 
moyennant une autorisation expresse ; nous engageons néanmoins les 


amis de la belle nature à ne pas reculer devant l’accomplissement de 


_ cette formalité. Il est vrai que le pare est exposé au nord et que la 


culture des plantes délicates, qui prospèrent à Pallanza et sur les iles, 
y est entourée d’insurmontables difficultés : en revanche l'abondance 
extrême des eaux qui gazouillent à travers les pelouses, en formant 
des ruisseaux que les ardeurs les plus torrides de l’été ne parviennent 
pas à tarir, alimentent autour de l’habitation divers jets d’eau et 
fontaines jaillissantes et finissent par se réunir derrière elle en un 
minuscule étang, assure à ces installations des avantages précieux, 
une supériorité d'un autre ordre. Nulle part ailleurs, dans les 
somptueux jardins du Lago Maggiore, je ne me souviens d’avoir ren- 
contré, après les chaleurs exceptionnelles du mois d'août, verdure 


aussi fraiche et aussi luxuriante. 


— 216 — 


Les installations du jardin excitent doublement notre admiration, 
quand on nous apprend qu’il n’est pas né d’un Jet, mais que depuis sa 
création, datant d’une vingtaine d'années, il s’est accru par l’adjonction 
successive de diverses parcelles acquises des propriétaires voisins. Le 
traitement rationnel et intelligent du domaine primitif ne laisse pas 
non plus que de contribuer aujourd’hui pour une bonne part à la beauté 
de l’ensemble : ce n’est certes pas de ce siècle que date l’acte de nais- 
sance des majestueux Châtaigniers qui ombragent le bas du parc et des 
nombreuses pelouses jetées cà et là sur ses pentes. 

A peine avons-nous franchi la grille ornementale à droite de laquelle 
s'élève la gentille maisonnette du jardinier en chef, que nous ren- 
controns un massif de plantes à feuillage de la plus belle venue. De 
son centre surgit un spécimen irréprochable de Musa Ensele, entouré 
de Caladium esculentum à feuilles gigantesques, de Coleus Ver- 
schaffelli, etc. Le pied de Cyperus Papyrus dont les jolies fleurs dé- 
corent la droite de l'habitation requiert, pendant la saison froide, 
l'abri d’une serre tempérée. À l'arrière-plan grimpe une côte peu 
escarpée, couverte d’un massif buisonneux d’Azaléas de petite taille 
qui se parent au printemps d'une profusion de fleurs aux couleurs 
voyantes. L'ensemble est ombragé par de majestueux Châtaigniers. 

Pour atteindre la demeure du propriétaire, invisible de ce point, le 
mieux est de suivre les détours de la spacieuse allée qui court d’abord 
parallèlement à la grand’ route : entre deux s'élève un massif com- 
posé de Conifères et d'autres espèces, la plupart à feuillage persistant. 
Cependant nous y remarquons aussi des Paulornia imperialis, Melia 
Azedarach et Külreuleria paniculata Parmi les arbustes qui décorent 
le versant abrité par les Châtaigniers, je reconnais l'Zlacagnus reflexa 
tant emp'oyé à Pallanza et dans ses environs comme revêtement des 
murailles et des grillages : la plante y pousse librement dans toutes 
les directions ses rejets grêles et flexibles et perd une bonne partie de 
l'allure raide et empesée qu’elle revêt dans toute autre circonstance. 

Plus vers la maison d'habitation, la côte se transforme en une 
pelouse verdoyante, ornée d'arbres plantés isolément et d'irréprochable 
venue et dominée par la masse du château. Nous y trouvons, en fait de 
Conifères, Cedrus Deodara, Tsuga canadensis, Abies Douglasü, À. 
Nordmanniana, A. Pindrow (de l'Himalaya), Cupressus ZLaïvsoniana; 
puis, parmi les arbres à feuillage caduc, Olea sinensis, Crataequs 


— 2717 — 


glabra, Benthamia fragifera, etc. : cette dernière espèce couverte de 
fruits semblables à des fraises et déjà légèrement teintés de rouge. 
A l’état de complète maturité, ces baies sont avidement recherchées 
par les oiseaux : actuellement déjà, elles montrent des traces indiscu- 
tables des atteintes de leur bec. 

Près de la maison d’habitation, un étage en contre-bas de la véran- 


dah ouverte qui la décore, s'étend un vaste quadrilatère qu’arrosent les 


eaux, transparentes comme le cristal, d’une fontaine jaillissante. Il est 


VILLA CLARA, PRÈS BAVENO. 


fermé en arrière par une muraille rehaussée d’arcades ornementales — 
peu visibles du reste, car le Ficus stipulata et le Hedera hibernica (?) 
rivalisent à qui en tapissera les saillies de la verdure la plus abon- 
dante. Ce lierre possède des feuilles plus grandes et moins profondé- 
ment divisées que l'espèce vulgaire (Æedera Helix), employée partout 
en Allemagne au revétement des murs. Dans un enfoncement en forme 
de grotte ménagé au centre de la muraille, nous admirons deux Fou- 
geres cultivées en pot (Gymnogramma sulphurea et Asplenium margi- 
nalum), ainsi que plusieurs pieds de Monstera pertusa à très grandes 
feuilles, qui en décorent le fond. 


L'ORTEe 


Après avoir contemplé la perspective enchanteresse qui se déploie 
aux regards du haut de la terrasse du château, nous tournons nos pas 
vers la côte en pente douce qui continue à s’élever derrière elle. Nous 
remarquons chemin faisant un superbe pied d'Acacia Julibrissin cou- 
ronné par une cime abondamment ramifiée, ainsi qu'un robuste spéci- 
men de Chamaerops Fortunei; puis nous atteignons un étang ombragé 
par des Châtaigniers. Derrière lui s'étendent de vigoureux massifs 
d'Hortensias à fleurs bleues ; en avant, des buissons de Bambous du sein 
desquels surgissent, de distance en distance, le feuillage élancé de la 
Fougère royale (Osmunda regalis) ou les panicules argentées de l'Herbe 
des Pamjas (Gynerium argenteum). À gauche, c’est un Saule pleureur 
qui laisse pendre jusqu’à la surface de l'étang ses rameaux grèles et 
flexibles, tandis que les Châätaigniers voisins invitent le promeneur à 
se reposer sous leur frais ombrage. Au printemps, quand les Rhodo- 
dendrons qui recouvrent une bonne partie du versant déploient, au 
milieu de la fraiche verdure de leur feuillage, l’éclat de leurs brillantes 
corolles, le coup d'œil doit être vraiment enchanteur. 


Les serres groupées dans cette partie du jardin abritent quantité de 


végétaux pleins d'intérêt pour le naturaliste. Les faces de l’une d'elles 


sont tapissées de Bougainvillea spectabilis, la plante si avantageuse- 
mentempioyée, dans les régions privilégiées du littoral méditerranéen, 
à la décoration des habitations et des murailles. 

À côté du jardinage, l’architecture a aussi apporté son tribut à 
l'embellissement du parc. À notre retour vers le château, après avoir 
admiré un massif impénétrable de Bamhous à chaume noir (Bambusa 
nigra) entourant un robuste Camphrier, nous nous trouvons tout à 
coup en face d'une élégante construction octogonale qui clôture un 
sentier de respectable largeur ; sa forme est celle d’un baptistère 
romain : elle rappelle en petit le baptistère de Florence. L'intérieur 
est disposé en une somptueuse chapelle où l’on célèbre le service 
divin, d’après le rite anglais, pendant le séjour du propriétaire. Tout 
près se dresse un splendide Cèdre du Liban couvert de cônes, à côté de 
divers autres Conifères, tels que Xelinospora squarrosa, plusieurs 
espèces de Cyprès, etc. 

Mentionnons encore, comme principal attrait du jardin de Villa 
Clara, une remarquable profusion de plantes à fleurs : incomparable 


est la richesse de leurs nuances, même à cette époque peu favorable de 


— 279 -- 


l’année. Qu'est-ce donc au printemps lorsque le soleil, plus voisin du 
zénith, vient caresser de ses rayons les corolles épanouies qui se 


referment pendant les mois d'automne et d'hiver? 


7. — La villa Franzosini. 


Cette charmante propriété située près d’Intra, dans le voisinage des 
iles Borromée, est l’une des plus connues pour la beauté et la richesse 
de ses jardins et l’une des plus fréquemment visitées par le touriste, 
grâce à la facilité avec laquelle les portes lui en sont ouvertes. 

De Pallanza l'on peut s’y rendre par voie d'eau ou de terre. 
Le choix n'est pas facile, car la route qui longe à un niveau peu 
élevé le rivage du lac, aussi bien que la gondole qui en sillonne les 
eaux paisibles, déploient aux regards des paysages pittoresques et des 
perspectives grandioses. Mais réfléchissant qu'au milieu de septembre 
le soleil n’a pas encore abjuré toutes ses ardeurs, nous choisissons 
la promenade en bâteau comme plus fraîche et moins fatigante. 
Le trajet nous parait plus court qu’il ne l’est en réalité, parce que 
les déplacements continuels que subit la gondole par rapport au rivage 
amènent sans cesse devant nos regards de nouveaux sites, tous char- 
mants et variés. Nous laissons derrière nous la l’unta di Castagnola, 
avec le nouvel hôtel Garroni et les villas accrochées aux pentes des 
rochers; les crêtes gigantesques de la passe du Simplon disparais- 
sent à leur tour derrière le piateau qui couronne le Monte Rosso, 
pour reparaître un instant à travers une éclaircie des promentoires 
du lac, au moment où nous tournons le dos aux riantes demeures de 
l'industrieuse Intra. 

Déjà de bien loin, nous apercevons la masse grise, monumentale de 
la villa Franzosini, surgissant un peu au delà d’Intra du sein de la 
verdure qui tapisse la pente de la montagne. Comme il ne se trouve, 
en face de l’entrée même du jardin, aucun débarcardère commode, 
nous quittons l’esquif un peu avant d’y arriver et gagnons de pied la 
grille décorative qui y donne accès. Nous la franchissons et nous nous 
trouvons sur une sorte d’esplanade de médiocre étendue, d'où le 
chemin grimpe à droite le long des flancs d’une côte peu escarpée. 

De robustes Camélias, de majestueux Lauriers et le Néflier du Japon 
la décorent de leur feuillage luisant ; autour de leurs rameaux s'en- 


— 280 — 


roulent le Tecoma grandiflorum et autres plantes grimpantes. Vient 


ensuite une clairière gazonnante escarpée, décorée d’un massif de 
superbes Magnolia grandiflora qu’entourent des Hortensias à fleurs 
bleues et des Salvia splendens couleur rouge-feu. Nous y admirons 
surtout un spécimen solitaire de Musa Ensete, le plus beau que nous 
ayons rencontré sur les rives du lac. Dans son voisinage immédiat 
et tout contre le chemin se dresse un pied de Cupressus horizontalis, 
haut de 25 à 28 mètres, autour duquel s’enroulent plusieurs tiges 
de Wistaria chinensis, grosses comme le bras, élevant leurs rameaux 
jusqu’au sommet de sa cime. Le mélange du feuillage clair et délié 
de la plante grimpante avec la verdure sombre du Cyprès qui lui sert 
de soutien produit un effet de contraste merveilleux que rehaussent 
sans doute encore, au printemps, les grappes pendantes de fleurs 
bleues du Wistaria. 

Si nous continuons l'ascension par la gauche, nous ne tardons pas 
à rencontrer deux beaux massifs de Gynerium argenteum et quantité 
de buissons de Camélias. A l’époque actuelle de l’année, l'impression 
qu’i:s produisent est quelque peu monotone, mais pour peu que nous 
songions à la parure éclatante dont ils se couvrent au premier prin- 
temps, nous comprenons sans peine la raison d’être de leur prédomi- 
nance dans le jardin. 

Dans une petite serre qui limite vers le haut cette partie du domaine, 
nous admirons un pied gigantesque de Monstera perlusa couvert de 
nombreux fruits (extrêmement savoureux, s’il faut en croire le chef 
jardinier CazzAwIGA) et un bel exemplaire de Theophrasta imperialis. 

La maison d'habitation et la tourelle qui la domine forment le point 
central du jardin. L'une et l’autre contrastent avantageusement, par 
la couleur naturelle de leurs matériaux de construction, avec les villas 
bigarrées qui parent les bords du Lago Maggiore. Étrange au plus 
haut point et unique en son genre est la perspective qu’elles dominent 
du côté du lac. Irrégulièrement disséminés sur l’étendue de la pente 
abrupte de la côte se dressent plusieurs massifs de Pins gigantesques 
(Pinus sylvestris), auxquels sont associés des Sapins rouges de haute 


stature (Picea excelsa), des spécimens choisis de Houx (Z/ex aquifo= 
lium) et d’autres arbres à feuillage persistant. De luxuriantes guir- 


landes de lierre grimpent jusqu'à leur sommet pour retomber en 
gracieux festons chargés d’une profusion de fleurs et les transforment 


— 281 — 


en un fourré impénétrable, plein de mystérieuses profondeurs. En un 
point où un étroit ravin le partage, cet étrange massif se trouve être 
naturellement interrompu par une clairière de peu d’étendue qui 
permet au regard de planer sur le miroir tranquille du lac et le rivage 
d'en face. 

Cette pittoresque région du parc nous fait voir comment les espèces 
ligneuses du nord de l’Allemagne, quand elles sont vigoureuses et 
puissamment développées, peuvent vivre cordialement côte-à-côte avec 
des formes plus australes. C’est une consolation que nous sommes 
heureux de rapporter au pays, en quittant les jardins privilégiés des 
lacs de l’Italie. 

En continuant à suivre l'allée qui passe devant l'habitation, l’on 
arrive à la plus haute des trois terrasses ensoleillées qui descendent en 
gradins jusqu’au bas du parc. Au milieu surgit un jet d’eau babillard, 
qu'entourent à distances éga'es quatre spécimens irréprochables de 
Magnolia grandifiora, à rameaux pendant jusqu'au sol. Viennent 
ensuite des buissons élevés et décoratifs d’Olea fragrans, Lagerstroemia 
indica et Camellia japonica, les plus robustes que j'aie vus sur les rives 
du lac. Les Palmiers sont représentés par deux splendides spécimens, 
l'un mâle, l’autre femelle, de Chamaerops excelsa. L’œil se repose aussi 
avee complaisance sur plusieurs plates-bandes, décorées avec goût et 
présentant à côté de plantes à fleurs les plus jolies espèces à feuillage 
panaché. Les bordures sont faites surtout de lierre et l’ensemble est 
on ne peut mieux entretenu. 

Le centre de la terrasse moyenne est occupé par un bel exemplaire 
de Jubaea spectabilis; sur la terrasse inférieure nous remarquons 
surtout, en fait de Palmiers, les deux Chamaerops excelsa et humilis 
et un Cocotier. 

Immédiatement en arrière s'étale la partie la plus ancienne du 
jardin, dont la création remonte sans doute au siècle passé. Toutes les 
plantations situées plus au nord ont pris naissance pendant ces vingt 
dernières années. Ce sont les plus intéressantes au pcint de vue bota- 
nique : les Conifères surtout y son: richement représentés. Les spéci- 
mens qui, par bonheur, n’ont pas été plantés trop près les uns des 
autres, sont pour la plupart de très belle venue; quelques-uns même, 
entre autres un Wellinglonia gigantea âgé d'une vingtaine d'années, 
ont déjà de fort respectables dimensions (23 m. de hauteur). L'impres- 

21 


— 282 — 


sion générale produite par cette région du parc, à cause de la prédo- 
minance des Conifères, ne laisse pas d'être plus monotone que l’aspect 


des parties anciennes du domaine. 

Notons, parmi les spécimens les plus remarquables de Coniferes 
observés, les espèces suivantes : 

Abies bifida, A. lasiocarpa, A. Pinsapo, À. religiosa, A. Reginae 
Amaliae, A. Morinda (en fruits), A. Pindromw (très é'evé), A. Dou- 
glasi, A. Nordmanniana, etc.; Picea excelsa var. pendula, Pinus 
monophylla (haut de 2 m.), P. Lambertiana, P. Haageana, P. patula, 
P. palustris, etc.; Wellinglonia gigantea (mentionné plus haut), 
Sciadopilys verlicillata (2? m. de hauteur), Araucaria imbricala, 
Cupressus torulosa, C. Tournefor!tii, C. glauca var. pendula, Liboce- 
drus decurrens, Thuya Lobbi, Pseudolarix Kaempferi (en fruits!), 
Cedrus atlantica (plusieurs spécimens des formes à aiguilles vert- 
foncé ou glauques). 

Parmi les arbres à feuilles caduques, j'admirai surtout un superbe 
Sterculia platanifolia. Ses fruits, qui se résolvent en autant de carpelles 
qu'il est entré de feuilles (f. carpellaires) dans leur formation, comme 
le fait se remarquait aisément sur le spécimen du parc, constituent un 
précieux objet de démonstration morphologique. Je notai ensuite un 
Acer polymorphum var. alropurpureum en fruits, un Magnolia Camp- 
belli qui fleurit pendant toute l’année, un Diospyros Kaki, aussi en 
fruits (fort apprécié en Chine pour ses baies au goût d’abricot); 
l’'Zllicium anisatum, le Laurus glandulosa, etc. ; de nombreux pieds de 
Desmodium racemosum, dont plusieurs spécimens à tiges fasciculées. 
Le Ficus stipulata, tant employé sur les rives du lac pour tapisser les 
murailles, y fructifie abondamment. Proche parent du Lierre par son 
mode d’existence, il présente comme lui cette étrange particularité 
que les rameaux, au moment où ils se préparent à fleurir, modifient 
complétement leur facies et se couvrent notamment de feuilles plus 
grandes et plus coriaces. 

Après nous avoir fait admirer les splendeurs de la villa Franzosini, 
M. CazzANIGA, jardinier en chef, voulut encore nous faire visiter les 
serres qu'il possède en contre-bas de la propriété et où l’hybridation 
des Camélias se pratique sur une vaste échelle. 


— 283 — 


8. La villa Ada. 


La dernière, mais non la moins agréable de nos excursions aux 
alentours de Pallanza, nous conduisit à la propriété du prince 
TrougerzKkoy, nommée Villa Ada en l'honneur de son épouse. Elle est 
située un peu en arrière de la Villa Franzosini, immédiatement au- 
dessus de la route qui longe le lac. Les jardins, comme ceux de cette 
dernière, grimpent la pente d’une colline en vue de la majestueuse 
masse du Sasso del ferro, dont une face est tournée dans leur direc- 
tion, puis descendent sur les côtés et sur l’autre versant vers une 
gorge profonde parcourue par les ondes limpides d'un frais ruisseau, 
qui jaillit à leur extrémité nord en une cascade de l'effet le plus 
pittoresque. L'ensemble formé par la réunion de soixante dix par- 
celles, comprend une superficie de 11 hectares, c’est-à-dire une 
étendue bien supérieure à celle des autres jardins. 

À peine a-t-on franchi la grille du parc que l’on reconnaît sans diffi- 
culté l’âge relativement peu avancé des plantations. La plupart 
d’entre elles dateraient de onze ans à peine à ce que nous affirme le 
propriétaire, l'un des hommes qui ont rendu le plus de services à 
l'horticulture italienne. Aussi ne faut-il pas s'attendre à y rencontrer 
de ces spécimens hors ligne que l’on admire dans les jardins des iles. 
Cela n'empêche que le parc de la villa Troubetzkoy est de tous le plus 
riche en espèces et celui où la culture des plantes délicates, telles que 
Palmiers, Agave, Yucca, Bambous et Eucalyptus, a donné les meilleurs 
resultats. 

En face de la grille d'entrée, la saillie formée par la côte est supportée 
sur un mur construit en schiste micacé et en tuff calcaire et tapissé 
jusqu’au sommet d’une luxuriante végétation. Ici comme aux endroits 
semblab'es des autres jardins, c'est le Ficus stipulata qui l'emporte sur 
les autres plantes grimpantes. Au haut du mur, là où les rejets ne 
trouvent plus de support auquel ils puissent s’accrocher, ils deviennent 
plus forts, plus vigoureux et modifient leur facies comme s'ils se 
disposaient à fleurir. Les enfoncements en forme de grottes creusés 
dans l'épaisseur de la muraille sont décorés de Fougères et de nom- 
breuses plantes à fleurs. Celui du milieu est arrosé par les eaux glacées 


d’une fontaine jaillissante. 


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L’allée qui part de l'entrée monte en pente douce vers la droite, en 
vue du lac et du paysage grandiose qui surgit derrière ses rives. 
Avant même qu’il ne s’infléchisse dans la direction opposée, nous 
rencontrons un ÆZucalyplus amygdalina dont la tige robuste est 
couronnée d’un feuillage abondant. Il est âgé de onze ans à peine et 
atteint déjà 20 m. de haut, avec une circonférence de 1 m. 80 à hauteur 
de poitrine. Ce spécimen, ainsi qu’un autre plus jeune planté à peu 
de distance, a donné, dans ces dernières années, de nombreuses grai- 
nes qui ont pour la plupart pris le chemin du midi de la France. 
L'espèce en question, à ce qu’aflirme le prince, aurait parfaitement 
supporté les rigueurs exceptionnelles des deux hivers écoulés et se 
serait montrée infiniment plus rustique que l’Z'uc. globulus et autres 
formes du genre : elle aurait souffert, sans dommage sérieux, une 
température passagère de — 9° C.,tandis que plus de 35 espèces et 
variétés du même genre auraient succombé aux atteintes du froid. Les 
Euc. globulus et pendula, qui semblaient gravement endommagés, ont 
repris par lasuite; l’Zwc. Gunni, au port buissonneux, doit aussi se 
ranger parmi les formes résistantes. 

Au fur et à mesure de notre ascension nous admirons, non loin du 
gros pied d’Zucalyplus amygdalina, un Sterculia platanifolia en fruits, 
un Agave americana à hampes vigoureuses et plusieurs superbes massifs 
de Gynerium argenlteum, abondant aussi dans d’autres parties du 
jardin. 

La maison d'habitation, comparée au parce qui l’entoure, est d'une 
simplicité étonnante et ressemble plutôt à un chalet suisse qu'à une 
villa italienne : la terrasse qui décore sa façade domine une vue 
d'ensemble du lac et des montagnes qui surgissent à l’arrière-p'an 
plus vaste et plus grandiose qu’en aucun autre point du jardin. 
Immédiatement devant elle se dresse un superbe spécimen de 
Chamacrops excelsa et, tout à côté, un pied élevé de Dracaena indivisa. 
Mais nous admirons surtout, bien plus encore que ces anciennes 
connaissances, la profusion de p'antes de tout genre disposées avec 
un goût exquis le long du prolongement sud de la terrasse. Nous y 
trouvons, protégée en arrière par le versant escarpé et les deux serres 
qu’il supporte, la collection la plus complète que l’on puisse rêver de 
Palmiers de pleine terre. D'après les bienveillantes communications 
du prince, les Jubaea spectabilis, Chamaerops Martiana, Ch. hystrix, 


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— 285 — 


Ch. excelsa, Ch. Fortunei, Ch. humilis, Ch. arborescens, Ch. gracilis, 
et autres variétés du Ch. humilis, Sabal Adansoni, S. Palmelto, 
S. umbraculifera, seraient assez rustiques pour se pass2r de tout abri ; 
il faudrait aux Phoenic dactylifera, Corypha Gebanga, Livislona 
chinensis, Pritchardia filifera l'abri d'un léger paillasson et une 
protection plus efficace au Cocos auslralis. 

Tous ces Palmiers, ainsi qne deux fort beaux Ywcca (filifera el 
Treculeana), ont affronté, sans le moindre dommage, les rigueurs de 
l'hiver écoulé. Nous en dirons autant d’un magnifique spécimen de 
Cycas revoluta que l’on protège en hiver par un treillis métallique 
horizontal recouvert d’un peu de paiile. 

Après les Palmiers vient un groupe d’Agaves extrêmement complet, 
dont presque toutes les espèces trouvent, pendant la mauvaise saison, 
abri et protection au sein des serres. 

Parmi ces dernières, la plus grande mérite surtout une mention 
spéciale. Un superbe Musa E'nsete en fleurs en occupe le centre : à 
l'arrière-plan surgissent des grottes tapissées de Fougères et arrosées 
par des eaux jaillissantes. Le long des vitres grimpent les Monstera 
perlusa (en fruits) et PAilodendron gloriosum. Parmi les nombreuses 
espèces réunies dans son enceinte, signalons seulement Sérelilzia 
Augusta, Lepidozamia Perofskiana, Aralia pulchra et dactylifera. 

Une autre serre de moindres dimensions abrite le Medinilla magni- 
Jica (en fleurs), quelques belles Orchidées et de nombreuses formes de 
Croton. 

Le jardin se termine brusquement de ce côté de l'habitation, pour se 
prolonger bien avant dans la direction de Ghiffa. Nous arrivons ainsi 
à une riche collection de Conifères, parmi lesquels un magnifique 
Cupressus glauca à feuillage tendre, pendant, nuancé de bleu; un 
gigantesque spécimen de Sciadopitys verticillata (haut de 4,6); un 
Wellingtonia gigantea âgé de 14 ans et déjà haut de 16 m.; un pied de 
Pseudolurix Kaempferi jeune encore, mais déjà vigoureux et un 
Araucaria Bildwilli, p'anté depuis 2 ans et qui a bien résisté aux 
deux derniers hivers, attirent surtout notre attention (1). 


— 


(1) J'ai aussi noté, en ce point du jardin : Pinus Sabiniana, P. Troubetz- 
koiana, Laurus regalis, Larit glauca (pendula), I. Griffith, Thea viridis, 
Th. Bohea, Pinus insignis 


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Au voisinage d’une des serres s'élèvent plusieurs exemplaires 


robustes de Dracaena indivisa, ainsi que de nombreux pieds d’Acacia 
dealbata, qui paraissent avoir passablement souffert des derniers 
froids. Non loin d'eux se dresse un spécimen haut de 8 m. de Polycarpa 
({desia) Maximomwiczi. 

Dans la partie la plus élevée du parc sont encore debout les derniers 
restes de la forêt de Châtaigniers qui en couvrait jadis toute l’étendue. 
Malheureusement les pieds vigoureux sont tombés presque tous sous 
la hache impitoyable des précédents propriétaires et il faudra du temps 
pour que Îles sujets actuels arrivent aux dimensions de leurs ancêtres. 
Le sentier qui descend le versant postérieur de la côte aboutit à une 
clairière, d'où le regard erre dans les profondeurs du ravin qu'arrose 
un frais ruisselet pour se reposer au delà sur les pentes couvertes de 
Châtaigniers et d’habitations éparses des crêtes montagneuses escar- 
pées qui surgissent au nord-ouest. Des pieds de Quercus americana et 
d'Æucalyptus amygdalina bordent alternativement le sentier quiaboutit 
à une pépinière, puis, après quelques détours, traverse un massif de 
Châtaigniers entremêlés de rares spécimens de PBetula alba et Virgilia 
lutea pour s'arrêter à la fin à une hutte tapissée de roses, qui clôture 


la propriété dans cette direction. 


Nous terminons ici le récit de nos pérégrinations à travers les 
jardins du Lago Maggiore. 

La description que nous en avons faite, fruit d’une visite passagère 
et non d’un séjour prolongé surles rives du lac, n’a certes pas la préten- 
tion d’avoir épuisé complètement le sujet. Elle est née du désir d’asso- 
cier autant que possible les amateurs du jardinageaux vives jouissances 
goûtées par l’auteur au milieu de ces insta'lations splendides. Puisse 
ce court exposé décider l’un ou l’autre de ses lecteurs à mettre à 
exécution un projet müri déjà depuis longtemps peut-être, età chercher 
un peu d’oubli et de distraction au sein des merveilles écloses sous le 
ciel privilégié des lacs de l'Italie supérieure. 

D''HS EE 


— 287 — 


INR TRS 


SUR LE VRIESEA PSITTACINA Linpr., var. MORRENIANA. 
VRIESEA MORRENIANA (Hyb.) Horr. 
Planche X-XI-XII. 


Vriesea psittacina, Linpcey, Bot. Reg., 1843, tab. 10. — Walpers, Annales, 
111, 1852-53, p. 622. — Tillandsia psitlacina, HookER, Pot. Mag., 1828. LV, 
tab. 2841. — ScaurTes, Syst. Veget., VLIX, 1830, p. 1225, etc. 

l. PRO:ES FLORIBUS REMOTIS : Macrostachys. 

a var. bracteis superne flavis. — HookERr, 1. ©. Ac. in Belg. Hort., 1842, 
tab. X-XII. 

B var. bracteis omnino coccineis. — LiNDLEY, 1. c. 

7 var. decolor, WawRa, Die Bromel. Ausb..... ÿn Oesterr. Bol. Zeitschr., 1880, 
p.183; Traduction, p. 63. 

ô var. Jolis variegatis, HORT. 

e var. evilis, NEUMANN, Annales de la Soc. dhort. de Paris, XLIIT, 1852, 
p. 265, c. ic. col. 

ë var. Morreniana : floribus subapproximatis — Vriesea pelNaginRs brachys- 
tachis, Belgique horticole, 1879, p. 300; 1880, p. 115. 

II. PROLES FLORIBUS APPROXIMATIS, Brechystechys. 

x var. Carinata, scapo geniculato, spica flabelliformi, bracteis carinatis. — 
Vr. carinata, WAwRA, Oesler. bot. Zeitschr., 1862, p. 349. Bof. Ergebn. d-r Reise 
Seiner M. des K. Maximilian, 1866, p. 159, pl. 26, etc. Hàc. Belg. hort., 1882, 
tab. X-XII. 

8 var. erythrodactylon. — En. MoRREN, Belg. hort. 1875, p. 363. — Bracteis 
roseo-coccineis. 

7 var. trachystachis, scapo erecto, spica pinnata. Ep. MoRREN, Belg. hort., 
1870, XX, p. 161, tab. VIIT. — Vréesea brachystachys, RaGEr, Gartenfora, 1866, 
p. 258, tab. 518; Hooker, Bof. Mag., 1873, tab. 6014. Revue horticole, 1875. 
p.351, pl. col., etc. 


Le Vriesea psillacina croît spontanément dans la province de Rio- 
Janeiro au Brésil, sur les arbres, dans les bois montueux. Les bota- 
nistes l’ont observé et récolté notamment sur le Corcovado, à Tijucea, 
à Petropolis, etc. Il est connu en Europe depuis 1828, quand le 
D: Hooker l’a décrit pour la première fois et lui a donné le nom de 
Perroquet pour exprimer, de la manière la plus heureuse, l'impression 
que produisent les couleurs vives et criardes de ses fleurs, le jaune et 
l'écarlate, qui font penser au plumage de certains perroquets. 

Cette belle plante est trop connue pour qu’il faille nous attarder à 


— 288 — 


la décrire ici. Il suffit, d'ailleurs, pour se la rappeler, de jeter les yeux 
sur le tableau ci-joint dont elle occupe le côté gauche. On remarquera 
que son feuillage est relativement assez ample, l’épi allongé avec les 
fleurs fort espacées l’une de l’autre. 

On connaît plusieurs variétés de cette forme à long épi avec les 
fleurs espacées; elles diffèrent entre elles par les bractées moitié 
rouge et moitié jauue ou entièrement rouges, ou bien par leur feuil- 
lage panaché orné de bandes et de lignes longitudinales plus pâles ou 
blanchâtres. Cette dernière varièté est très-rare au Brésil et dans nos 
serres ; elle a fleuri chez MM. Jaco-Makxoy, à Liége, pendant le mois 
de novembre 1882. On peut, en outre, y rattacher quelques autres 
variétés qui ne sont pas suffisamment connues ou caractérisées. 

Il n’en est pas ainsi de la forme que nous avons décrite et figurée 
en 1870, dans la Belgique horticole, comme une variété du Vriesea 
psitlacina parfaitement distincte par ses fleurs très serrées et disposées 
comme en éventail sur un épi très court. Cette plante est d’une allure 
si particulière que la plupart des botanistes la considèrent comme une 
espèce distincte. WawRa, qui le premier l’a décrite, en 1862, lui a 
donné le nom de Vriesea carinala, à cause de la forme des bractées 
florales pliées comme la carène d'un bateau ; mais elle est plus connue 
sous le nom de Wriesea brachystachys proposé par M. Recez en 1866. 
Ce Vriesea occupe le centre de notre tableau avec deux épis de fleurs 
courts et dirigés en bas, à droite. 

Sans doute, l’épi flabelliforme du Vriesea carinata diffère considé- 
rablement du long épi, droit et délié du Vriesea psittacina : les deux 
plantes ne sauraient être confondues, d'autant moins que la seconde 
a le feuillage beaucoup plus développé que la première, mais il con- 
vient de constater que l’examen le plus minutieux révèle seulement 
des différences presque insignifiantes entre les fleurs de l’une et de 
l'autre. Tout au plus peut-on constater que les bractées florales sont 
convexes, obtuses et un peu plus courtes que le calice dans le 
Vr. psiltacina, alors qu’elles sont condupliquées, en bec de corbin et 
un peu plus longues que le calice dans le Wriesea carinata : encore ces 
différences n’intéressent-elles pas les fleurs proprement dites. De plus, 
certaines formes semblent être intermédiaires, par exemple, la variété 
que nous désignons sous le nom d'exilis et qui a été figurée par 
Neumann en 1852 dans les Annales de la Société d’horticulture de 


— 289 — 


Paris. Il semble, en résumé, que le Wrieseu carinata (brachyslachys) est 
une forme montagnarde du Vriesea psMiacina. Le D' WawRA, qui à 
beaucoup herborisé au Brésil où il a spécialement dirigé son attention 
sur les Broméliacées, ne réunit pas, il est vrai, ces deux formes en une 
même espèce, mais il est cependant d’avis que le Vréesea carinata offre 
de nombreuses variétés : il en a décrit plusieurs dans son Mémoire sur 
les Broméliacées brésiliennes dont nous avons publié une édition fran- 
çaise. Nous avons pu étudier ces variétés dans l’herbier même du 
D' Wawra : elles sont parfaitement caractérisées et, à ce propos, 
nous pouvons faire observer que notre Wriesea incurvata, décrit et 
figuré dans la Pelgique horticole (1882, p. 52, pl. IT), ne saurait à 
aucun point de vue être confondu avec l’une ou l’autre d’entre elles. 
En examinant ces herbiers composés sur place à l’aide de plantes 
spontanées, on est souvent étonné en constatant que les mêmes plantes 
cultivées dans nos serres sont plus développées et ont des fleurs plus 
grandes et plus nombreuses. C’est notamment le cas pour le Vriesea 
carinaia. . 

Nous cultivons depuis longtemps les Vriesea psitlacina et brachys- 
tachys : ce sont deux fort belles plantes qui fleurissent volontiers et 
qui en hiver, pendant plusieurs mois, embellissent les serres et les 
appartements : la vivacité de leurs couleurs leur donne beaucoup 
d'éclat. Nous avons eu l’occasion, en 1876, alors qu’elles fleurissaient 
en même temps, de les féconder l’une par l’autre. L'opération, très- 
simple d’ailleurs, a parfaitement réussi : elle a fourni plusieurs 
capsules très-fertiles. Les graines ont été semées dans les serres du 
château de St-Gilles où les jeunes plantes, parfaitement soignées par le 
chef de culture d’alors, M. W. STROEMER, ont fleuri pour la première 
fois en 1879. Elles portaient sur l'étiquette le nom de Wriesea Morre- 
niana qu'elles ont emporté avec elles en se propageant chez les ama- 
teurs et les horticulteurs. 

Le Vriesea Morreniana est donc un hybride ou un métis selon que 
l’on considère ses parents comme étant d’espèce différente ou de même 
espèce, mais en tout cas il est parfaitement intermédiaire entre les 
deux ; on peut le constater en jetant un coup d’œ1l sur la planche où 
nous l'avons fait figurer entre les Wriesea psillacina et carinata. II 
tient surtout du premier dont il a le feuillage et La stature, mais les 


fleurs sont plus nombreuses et plus rapprochées. 


19 
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— 290 — 


Le Vriesea psittacina var. Morreniana à les feuilles lisses et vertes, 
disposées en forme de vase ouvrt en entonnoir de 020 de haut et de 
040 environ de large à la partie supérieure. L'ensemble de l’inflores- 
cence s'élève beaucoup au-dessus du feuillage, à une hauteur de 0w40- 
060. La hampe est dressée, raide, haute (0"30), cylindrique et revêtue 
de bractées engaïnantes, lisses, de couleur rose et verte. L'épi distique 
est allongé (0"20) et comporte beaucoup de fleurs (souvent 14), peu 
espacées (ordin. 0"01). Le rachis est lisse, un peu plié en zigzag, épais 
et rouge. Les bractées florales sont condupliquées, très peu crochues, 
de la longueur du calice, moitié rouge et moitié jaune-vert. Les fleurs 
ont la forme d’un tube à 3 faces avec les angles arrondis et le sommet 
de la corolle épanoui. Les étamines et le style dépassent la corolle et 
sont parfaitement conformés. 

La plante se distingue par une floraison très-abondante et de longue 
durée. On la cultive très-aisément en serre chaude. 


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Ep. MORREN. 


L'EXCITABILITÉ DES PLANTES 


Conférence donnée le 9 juin 1882, à la Royal Znstitution, 
par M. le Prof. Burpon SANDERSON (1). 


Bon nombre de mes auditeurs se souviendront peut-être qu’au mois 
de février de l’an dernier, j'eus l’honneur de faire, dans cette même 
enceinte, une causerie sur un sujet comprenant entre autres celui qui 
doit faire l’objet de l'entretien annoncé pour ce soir. Je m'efforçai d'y 
exposer d’une façon nette et précise — avec preuves à l'appui — ce 
que sont, chez les plantes et les animaux, les mouvements excités, 
c’est-à-dire les déplacements provoqués dans leurs membres ou leurs 
organes par une impression passagère émanant du dehors. Je tâchai 
surtout d'illustrer, par des expériences convaincantes, chacune de mes 
assertions relatives à l’excitabilité dans le règne animal, et me trouvai 
ainsi entraîné bien au delà des limites de temps sur lesquelles j'avais 


(1) La conférence du Prof. BuRDON SANDERSON a paru dans la revue anglaise 
Natur (10 août 1882, p. 353 et suivantes). Son éditeur a bien voulu nous commu- 
niquer les clichés des gravures qui accompagnent le texte. 


— 291 — 


compté : de telle sorte qu'il me fut impossible d'aborder même la 
seconde partie de mon sujet. Le nombre d'heures restreint dont je 
dispose aujourd’hui ne me permet pas de résumer ma dernière 
causerie, quelque désir que je puisse en éprouver; force m'est de me 
contenter d'attirer, en passant, votre attention sur quelques-uns des 
points fondamentaux que j'y ai fait ressortir. 

Sous le nom d'excitabilité sont compris tous les cas où certaine 
modification définie dans la constitution de la totalité ou d'une partie 
d’un organisme vivant succède fatalement à l’action de l’une ou l’autre 
influence transitoire émanant du dehors. Mais nous nous sommes 
restreint, dans notre travail, à l'examen des circonstances où quelque 
mouvement, quelque déplacement musculaire, se produit en corréla- 
tion avec l’action d’un excitant extérieur ou stimulant. C'est l'effet 
provoqué par semblable agent que nous nommons plus spécialement 
phénomène d’excitabilité, et l'expérience démontre qu’il présente con- 
stamment deux phases — la phase d’excitation latente et la phase d'effet 
visible. C’est ce que nous nous sommes efforcé de prouver dans notre 
précédente causerie par une série d’expériences instituées sur les 
tissus excitables du cœur de la grenouille. Nous vous avons fait voir 
d’abord qu’en touchant — c'est-à-dire en excitant — ces tissus avec 
l'extrémité d’une baguette en verre, il s’y produit un changement de 
forme, une modification définie, en même temps qu’un certain travail 
mécanique s'effectue aux dépens non des matériaux constitutifs de 
leur substance, mais de certains principes qu'ils contiennent ; ensuite 
qu’un laps de temps très appréciable s'écoule entre l'excitation et 
l'effet visible ou mécanique — changement de forme de la substance 
contractile; — enfin que, pendant cette période latente, la région 
excitée, bien qu'il ne s’y produise aucune modification apparente, 
doit être cependant le siége de changements moléculaires accompagnés 
de variations électriques. | 

Pour le démontrer, nous vous avons fait voir que le changement 
électrique, dont l'excitation est constamment accompagnée, précède le 
phénomène mécanique. Vous devez vous souvenir comment nous avons, 
à l’aide de l'éclairage électrique, projeté sur un écran les contours du 
muscle en expérience et l’image du miroir galvanométrique, et com- 
ment nous avons pu observer, lors de l’excitation du muscle, que la 
variation électrique avait le temps de provoquer une déviation de 


— 292 — 


l’aimant, appréciable par le changement de position du miroir, avant 
que la contraction musculaire ne devint apparente. 

Puis, nous avons prouvé qu’un phénomène analogue à celui qui 
constitue la phase d'excitation latente dans le musele se produit aussi 
dans la fibre nerveuse ; que chez l’un comme chez l’autre, l'excitation 
est susceptible de se transmettre à la façon d’une explosion le long 
d’une trainée de poudre; enfin que l'existence de cette faculté dans le 
système nerveux est l'intermédiaire par lequel la volonté, dans le corps 
humain, peut influencer et gouverner les divers organes en même 
temps que se montrer sensible aux influences du dehors. 


C'est aux végétaux que nous consacrerons exclusivement la causerie 
de ce soir. Nous tâcherons de vous démontrer, non seulement qu'ils 
possèdent cette remarquable aptitude grâce à laquelle l’une quelconque 
de leurs régions est susceptible d'en impressionner une autre située à 
certaine distance, mais encore qu’il existe des raisons sérieuses pour 
identifier leur excitabilité avec celle des tissus animaux. Et mainte- 
nant, sans autre préambule, nous entrons au cœur du sujet en vous 
présentant quelques-uns des végétaux excitables les plus instructifs. 


Nombreuses sont les plantes susceptibles de donner lieu aux phéno- 
mènes que l’on réunit souvent sous le nom d’irritabilité végétale : 
fastidieuse serait leur énumération. Elle vous démontrerait seulement 
qu'on les rencontre chez quantité de groupes naturels, de telle sorte 
qu’à première vue l’on serait tenté d'admettre l’absence de toute 
relation entre les propriétés physiologiques et les caractères morpho- 
logiques d’un végétal. Or, semblable hypothèse ne serait rien moins 
qu'exacte, car, dans un même genre, nous constatons souvent le carac- 
tère excitable de toutes les espèces, à des degrés différents, il est vrai. 
La sensibilité exagérée de l’Oxalis chinois jadis nommé Piophytum 
sensitioum, parce qu’on lui attribuait une vitalité spéciale, se retrouve 
à un moindre degré, mais bien apparente quand même, dans l’Oxalis 
de nos bois aussi bien que dans l’Oxalis arborescent du Brésil, le 
Carambola(l), ainsi qu’en fait foi une lettre adressée par le D' Robert 


(1) Voir un travail sur l’excitabilité de l’Averrhaa carambola, par ROBERT 
BRUCE, D. M., dans les Phil. Trans. vol. LXXV, p. 356. 


— 293 — 


Bruce à sir Jos. Banks et publiée dans les « Philosophical Transac- 
tions ». Dans le même ordre d'idées nous rencontrons, dans la famille 
des Composées, une excitabilité toute spéciale chez les Chardons, les 
Centaurées et les Epervières (Carduus, Centaurea et Hieracium), bien 
que les représentants de ces trois genres n'aient pas la plus lointaine 
ressemblance extérieure. 


Pour vous initier au mécanisme des mouvements provoqués dans le 


Fig. 1. — Feuille de Mimosa : a) dans l’état normal; à) après excitation 
(d’après Pfeffer). 
règne végétal, nous nous bornerons à un nombre restreint d'exemples, 
en choisissant de préférence ceux qui ont fait l’objet des études les 
plus approfondies. 


Il n’est pas un d’entre vous qui ne connaisse de vue la Sensitive; 
peut-être aurez-vous vous-même observé l'attitude que prennent les 


— 294 — 


feuilles au moindre contact — l’ensemble de l'organe quittant la direc- 
tion ascendante qu'il affecte d'ordinaire pour se pencher brusquement 
vers le sol comme s’il perdait subitement la force de se soutenir, tandis 
que les folioles insérées le long des pétioles secondaires se redressent et 
se rabattent contre leur support (fig. 1). Mais peut-être aucun de vous 
n'aura tâché de se rendre compte du mécanisme de ce mouvement, 
c'est-à-dire n'aura remarqué les petits coussinets ou renflements cylin- 
driques par lesquels les folioles s’attachent aux pétioles secondaires, 
ceux-ci au rachis et ce dernier à l’axe de la plante. Ces minuscules 
cylindres sont précisément les organes moteurs de la feuille et, comme 
tels, ils méritent que nous examinions attentivement leur structure. 
Le plus facile à étudier de beaucoup, à cause de son plus fort volume, 
est celui qui supporte le rachis ou pétiole foliaire principal. Si vous 
faites une section de cet organe transversale à sa longueur, vous y 
reconnaitrez les parties suivan- 
tes : au centre, un faisceau 
fibro-vasculaire; au-dessus, des 
couches nombreuses de cellules 
arrondies, à parois épaisses, 


Ve PSE Ses 
RE 


entre lesquelles on remarque de 
tous côtés des espaces intercel- 


Ÿ Frssens Sd lulaires qui, dans l’état de repos 
2 Hs KR} Q] 2 LE Q 
— c'est-à-dire l’état excitable, 


— sont remplis d’air. La sur- 


face est couverte d’un épiderme 
Fig. 2. — Section d’un coussi- 


net de feuille de Mimosa. Le 
cylindre central consiste en un 
faisceau de fibres ligneuses à 
parois épaisses et de vaisseaux 
que circonscrit une couche 
(annulaire sur la section) de 
cellules allongées. Le paren- 
chyme est plus serréau dessous 
qu’en dessus du faisceau. La 
tigure ne fait pas ressortir 
l'épaisseur plus considérable 
des parois cellulaires de la 
moitié supérieure. 


normal. En dessous du cylindre 
axial s’étendent aussi de nom- 
breuses couches de cellules mais 
à parois plus délicates (fig. 2). 

Tâchons maintenant de nous 
rendre compte du mécanisme 
qui préside aux mouvements 
de la Sensitive. Nombreux et 
indigestes sont les mémoires 


écrits sur cette question. Aussi nous en tiendrons-nous aux tra- 
vaux de deux observateurs auxquels nous devons la presque tota- 
lité des connaissances positives que nous possédons à ce sujet : 


— 295 — 


E. Brücke(l) qui s’en est occupé en 1848 et Pfeffer(2) dont l'ouvrage 
parut en 1873. 

Commençons par noter que le Mimosa présente, en commun avec 
divers autres sujets excitables, le curieux phénomène généralement 
désigné sous le nom de sommeil des plantes, c’est-à-dire qu'aux 
approches de la nuit les rachis foliaires s’inclinent, les folioles se 
redressent, se ferment, et l’ensemble de la feuille affecte une position 
analogue à celle qui caractérise l’état d’excitation. Mais cette ressem- 
blance n’est que superficielle : la position nocturne diffère de l’état 
excité sous deux points de vue. D’abord en ce que la plante, pendant 
son sommeil, demeure excitable et répond aux impressions du dehors 
absolument comme à l’état de veille, à part la moindre étendue de son 
déplacement due à la dépression préexistante ; ensuite en ce que le 
coussinet, bien qu’abaissé, conserve pendant le repos nocturne plus ou 
moins d’élasticité, de résistance, tandis qu’à l’état inexcitable — ou 
excité, ce qui revient au même, — toute trace d’élasticité à disparu. 
En un mot, dans l'organe moteur des Mimosa comme chez d’autres 
appareils irritables, ce qui caractérise l’état d’excitation, c’est la 
flaccidité. Tous les sujets que vous voyez sur cette table affectent la 
position nocturne sans perdre pour cela leur excitabilité normale, car 
il suffit de toucher leurs feuilles pour qu’elles s’abaissent davantage 
encore, en même temps que leurs coussinets deviennent flasques. Donc 
deux modifications essentielles succèdent à l'impression extérieure : 
d’abord un changement de position, appréciable seulement à l’état de 
veille; ensuite l’abolition de la turgescence dépendant, comme nous le 
verrons, d’un changement vital dans la structure du protoplasme cellu- 
laire et susceptible d'être observée même dans la période de sommeil. 

Voilà pour ce qui se rapporte aux modifications provoquées chez 
ces plantes par l’action d’un agent extérieur. Comment découvrir, 
maintenant, le mécanisme auquel obéit ce merveilleux organe? Par un 
procédé d’expérimentation bien connu du physiologiste, par voie 
d’ablation. Nous sommes en présence d’un appareil composé de 
plusieurs parties distinctes, servant sans doute chacune à produire 


(1) BruckE, Ueber die Bewegung der Mimosa pudica, Mullers’ Archiv., 1848, 
p. 434. 
(2) PrerFer, Physiologische Untersüchüngen, p. 9. 


— 296 — 


un effet spécial : la seule méthode par laquelle nous ayons chance de 
découvrir leur usage respectif, c’est d'étudier leur action séparée, 
autrement dit de voir comment le reste fonctionne après l’ablation de 
l’un ou l’autre élément. 

Prouver que le mouvement d'ensemble de la feuille dépend du 
coussinet basilaire est chose facile. Nous voyons en effet, quand la 
feuille s’abaisse, le coussinet s’infléchir pendant que le rachis demeure 
rigide, et d’autre part, l'étude anatomique de ce dernier ne nous 
révèle l’existence d’aucun mécanisme susceptible d’actionner à distance 
le renflement basilaire, à la facon des muscles de l’avant-bras agissant 
sur le poignet. 

La question de savoir quelle est la partie essentielle du coussinet 
moteur ne parait pas aussi aisée à résoudre. Pour y arriver, nous 
enlevons le parenchyme de la face supérieure en laissant en place le 
cylindre axial et la moitié inférieure du coussinet. Nous voyons alors 
la feuille se redresser davantage. Elle s’abaisse au moindre contact. La 
fonction du parenchyme supérieur est donc principalement auxiliaire. 
C'est la face inférieure qui joue Le rôle essentiel et possède, à l’état non 
excité, la force suflisante pour supporter le poids de la feuille. Quand 
on l’excite, elle perd subitement cette puissance et la feuille retombe. 
Et comment agit-elle ? A la facon d’un ressort. Pour le prouver, enle- 
vons le faisceau axial : nous voyons alors le coussinet cellulaire se 
renfler et s’allonger, prouvant ainsi qu’une fois livré à lui-même, il est 
élastique et apte à se détendre. Or, nous avons constaté que cette région 
extensible est exclusivement formée de cellules, c’est-à-dire de petites 
vésicules distendues par un contenu liquide. Et nous devons en con- 
clure que la tendance à l'expansion manifestée par l’ensemble de 
l'organe est le résultat des tendances semblables de chacune des innom- 
brables cellules qui le composent. Celles-ci, sur l’organe intact, sont 
resserrées en un espace plus étroit que celui qu'elles suffiraient à 
remplir si elles se trouvaient abandonnées à elles-mêmes; de telle 
sorte que, leur expansion étant prévenue ou empêchée dans un sens, 
elles tournent leur énergie du côté opposé et forcent l'organe à 
s'incurver dans la direction de l’obstacle. 

Tout cela se comprend bien plus aisément à l’aide d’un appareil tel 
que celui que nous mettons sous vos yeux, et dont la forme et le prin- 
cipe correspondent exactement à ceux de l'organe dont nous tâchons 


numles 2 


— 297 — 


de vous faire saisir le mécanisme. Le faisceau axial y est représenté 
par une bande de cuir, les nombreuses cellules du coussinet excitable 
par une pochette en caoutchouc. Nous pouvons, à l’aide d’une pompe, 
l'emplir plus ou moins d’eau de facon à modifier sa tension, el vous 
voyez que tout accroissement de turgescence entraine l'ascension de la 
tige, tandis qu’une diminution provoque son abaissement : précisément 
comme fait la feuille de la Sensitive quand on l’excite. 

Nous voilà donc arrivés à cette conclusion, que la cause de l’abais- 
sement des feuilles excitées réside dans une diminution brusque de 
la tension de certaines cellules. Mais un autre problème surgit ici 
devant nous : comment s'effectue ce changement de turgescence ? 
Par perte d’eau, répond l'expérience. A l’état normal, toutes ces 
cellules sont distendues par un contenu liquide abondant. A peine 
l'organe est-il excité qu’elles se débarrassent brusquement de ce 
liquide, lequel descend d’abord dans les espaces intercellulaires 
aërifères pour s’écouler ensuite au dehors de l'organe moteur. Le fait 
est mis hors de doute par une expérience de Pfeffer, l’une des plus 
importantes qui aient été instituées relativement au mécanisme de 
ces mouvements. Si l’on sépare d’un coup de rasoir le pétiole foliaire 
du renflement moteur, une goutte de liquide s'échappe de la section 
au moment où l'organe s’incurve vers le bas sous l'influence d’une 
excitation extérieure : de même, dans l'expérience consistant à 
enlever la partie supérieure de l’organe moteur, une transsudation 
abondante se manifeste à la surface du tissus mis à découvert. 

Donc de l’eau s'échappe lors de l'inflexion du coussinet, mais 
pourquoi s’échappe-t-elle? C’est ce que nous tâcherons d'expliquer 
plus tard. En attendant, mentionnons deux autres cas remarquables 


d’excitabilité dans le règne végétal. 


L'un a trait à une plante fréquemment cultivée à Londres, où elle 
prospère au sein des fumées et de l’atmosphère brumeuse de la grande 
cité : c’est le Mimulus. Sa structure extrêmement simple le recom- 
mande comme spécimen de démonstration. C’est un des nombreux 
exemples où l’irritabilité joue un rôle essentiel dans la fonction fécon- 
datrice et où elle est transitoire, comme le phénomène qu’elle favorise. 
Au moindre contact, les cellules de la surface stigmatique expulsent 
leur contenu liquide et perdent conséquemment leur rigidité. La 


— 298 — 


couche cellulaire externe des lèvres du stigmate, d'autre part, est 
élastique et tend à s’incurver vers l’intérieur — phénomène qui se 
produit dès que les cellules internes cessent de leur opposer leur 
propre résistance élastique. 

Dans une plante voisine, le Goldfussia anisophylla (fig. 3), nous 
constatons l'existence du même mécanisme décrit il y a quarante 
ans par un botaniste belge, le professeur Morren. Chez ce végétal, 
comme le montre le dessin ci-joint, le style n’est pas bilobé, mais bien 
subulé. Il s'élève jusqu’à la gorge de la belle corolle rouge orangé 
de la fleur, et s’y accole par 
sa face inférieure. L'une 
des faces du style est lisse, 
concave à l’état normal et 
couverte d’un épiderme 
formé de nombreuses et 
minuscules cellules pris- 
matiques et hautement ex- 
citables; l’autre est papil- 
leuse, grâce aux saillies 


formées par les faces exté- 
Fig. 3. — Style, étamines et partie de la P à 


corolle du Goldfussia. A gauche, le  rieures des cellules cylin- 
style estreprésenté à l’état non excité; A ] 
il s’incurve par le haut de telle façon riques qui la composent et 


que la surface stigmatique regarde : ÿ 
vers l’intérieur de la corolle. A l’état sont normalement disten 


excité, il prend brusquement la posi- dues par un contenu liqui- 
tion représentée dans la seconde 

figure, le stigmate tourné vers les de abondant. Ces cellules 
bases des poils collecteurs. sont en continuité 0e 
tissus conducteur du style. La pénétration d’un insecte dans la fleur 
entraine deux conséquences immédiates : d’abord les poils qui garnis- 
sent l’intérieur de la corolle se chargent de pollen ; puis le style, excité 
par le contact de l’insecte, s’incurve brusquement dans une direction 
opposée à celle qu’il affectait auparavant, de facon à plonger la surface 
stigmatique au sein du duvet collecteur. Le rôle de l’épiderme dans ce 
mouvement est celui d’un ressort: aussi longtemps que le parenchyme 
du stigmate est gonflé de liquide, il ne peut agir; les cellules vien- 


nent-elles à perdre leur turgescence? il se détend subitement (1). 


(1) « Recherches sur le mouvement, etc. du style du Goldfussia Aniso- 
phylla. » Mémoires de V Académie royale de Bruxelles, 1839, vol. XII. 


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Une autre plante étudiée aussi par MoRREN, d'organisation toute 
différente mais chez laquelle l’existence de l’excitabilité est susceptible 
d’une explication téléologique analogue, est le Stylidium(1). Vous 
voyez devant vous un spécimen de ce curieux végétal, originaire de 
l'Australie et découvert pour la première fois, 1l y à nombre d’années, 
par RoBERT BrowN, alors qu'il explorait la flore de Botany-Bay. 

(Le professeur expose en même temps aux regards des auditeurs un 
pied de la plante emprunté aux jardins royaux de Kew). 

La fleur est trop petite pour qu’il soit facile d’en distinguer les 
diverses parties, mais le diagramme ci-joint vous aidera à en com- 
prendre le mécanisme (fig. 4). Cette fois encore, c’est une affaire de 
fécondation et d'insectes. Les anthères et le stigmate, chez le Stylidium, 
sont réunis au sommet d'un or- 
gane cylindrique comparable au 
renflement moteur du Mimosa. 
Vous seriez tentés de croire 
que semblable arrangement a 
pour but de mettre directement 
le pollen secoué par les anthè- 


res en contact avec la surface 


stigmatique avoisinante. C’est 


une hypothèse que dément le Fig. 4. — Fleur du Stylidium mon- 
trant la colonne dans sa position 


mode de développement de la normale, avec les anthères et le 
f ; AY: Stiymate qui la dominent et les 
eur : car la déhiscence des poils apparents dont ils sont envi- 

à PLAN ronnés. La colonne est penchée 
anthères y devance l'aptitude vers la gorge de la corolle, dont les 
du pistil à recevoir l'impres- quatre lobes principaux sont visi- 


bles, deux de chaque côté, et mas- 
sion fécondante ; autrement dit, quent plus ou moins le cinquième 


lobe ou labelle. 
le pollen est destiné à ferti- 
liser des fleurs voisines venues plus tôt à maturité et c’est à cette 
fin qu'est adapté le mécanisme dont nous allons vous entretenir. 
La figure ci-jointe fait voir la forme singulière de cette étrange fleur. 
Vous y observez que la colonne se penche au-dessus de la corolle de 


façon à venir en contact avec le labelle de conformation bizarre qui 


(1) MoRREN « Recherches sur le mouvement et l’anatomie du Séylidium 
graminifolium. » Mémoires de l’Académie de Bruxelles, t. XI, 1838. 


— 300 — 


y tient la place de l’un des pétales. C’est lors de la déhiscence des 


anthères que la colonne atteint son maximum de sensibilité. Au plus 


léger contact elle s’ébranle, se redresse, puis s’incurve du côté opposé. 


Fig. 5. — Un fleuron de Cen- 
taurée préparé pour projec- 
tion sur écran. La corolle (c) 
a été enlevée, de façon à 
mettre en évidence les cinq 
filets (b), couverts de poils, 
unis plus haut en un tube 
anthérifère (a) et infléchis 
vers le dehors dans la posi- 
tion normale. 


Le mécanisme ressemble à ceux du 
Mimosa et du Mimulus : c'est un ressort 
dont l’action est entravée par la résis- 
tance de cellules que distend un contenu 
liquide abondant. Viennent-elles à s’en 
débarrasser brusquement? voilà le ressort. 
parti. 


Et maintenant, passons à l'étude d’un 
autre groupe de plantes qui peut servir 
de contraste avec le Stylidium. Ce 
dernier est un végétal extraordinaire, 
exceptionnel; son organisation n’est re- 
présentée nulle part dans la flore d'Euro- 
pe. Le genre des Chardons, au contraire, 
et celui très voisin des Centaurées, repré- 
senté dans nos jardins par le Bleuet, 
comprennent des plantes vulgaires, cos- 
mopolites et nous y rencontrons cepen- 
dant une motilité différente, il est vrai, 
de celle que nous venons de décrire, 
mais provoquée quand même par la 
pénétration des insectes en vue de la 
fécondation. Projetons sur l'écran un 
fleuron fertile isolé de Centaurea cyanus. 
Le vaste diagramme ci-joint vous montre 
le même fleuron privé de sa corolle 
(fig. 5). L'axe en est occupé par le style 
entouré de son tube anthérifère. Plus bas, 
les filets staminaux s’élargissent en une 


sorte de cage, puis se rapprochent et se 


resserrent de nouveau en s’accolant aux parois du tube de la corolle. 


Au moment où les anthères arrivent à maturité, les filets sont haute- 


ment excitables : chacun d'eux, au moindre attouchement, se con- 


— 301 — 


tracte et attire le style vers lui. L'excitation gagne rapidement les 
filets voisins, et bientôt tous cinq se raidissent et s’appliquent étroite- 
ment contre le style. Semblable effet est produit par le passage d’un 
courant d’induction. (La préparation précéiemment décrite est pro- 
jetée sur l’écran, et l’on voit, en faisant passer un courant induit au 
travers, les filets se contracter de la facon indiquée). 

Le mécanisme de l’excitabilité du Bleuet à été étudié par nombre 
de physiologistes, entre autres par le prof. FERDINAND Con, de 
Breslau, et plus récemment, d’une facon aussi complète que possible, 
par le prof. Prerrer. Il présente un vif intérêt à ce point de vue que 
le raccourcissement des filets staminaux consécutif à l'excitation 
rappelle d’une manière frappante la contraction musculaire. L’on se 
trouve en présence d’un cylindre aplati, ressemblant par la forme à 
un muscle et dont la longueur diminue d’un sixième par l’excitation. 
L’analogie superficielle entre les deux phénomènes ne fait que rendre 
leurs différences plus évidentes et plus aisées à apprécier. 

Qu'il nous soit permis d'attirer votre attention sur le diagramme 
d'une expérience instituée l’an passé et destinée à mettre en évidence 
la nature de la contraction musculaire, en particulier à faire voir 
qu’elle ne s'accompagne nullement d’une diminution de volume. La 
première différence entre un muscle et l’organe moteur de la Cen- 
taurée se trouve dans l'inégalité du raccourcissement. Un muscle 
réduit sa longueur d’un tiers environ, le filet anthérifère d’un sixième 
seulement. Mais la distinction essentielle réside en ce fait que les 
filets excités ne conservent pas leur volume. En se raccourcissant ils 
s’élargissent sans doute, mais d’une quantité inappréciable : leur 
volume d'ensemble doit done diminuer par une sorte d’affaissement, 
de retrait, d’une façon analogue à ce qui se produit dans le renflement 
excitable du Mimosa, c’est-à-dire par décharge brusque du contenu 
cellulaire. 


Nous voilà maintenant en état d'aborder le problème auquel nous 
faisions allusion quelques lignes plus haut. Comment les cellules 
perdent-elles leur contenu liquide? Les filets staminaux de la Cen- 
taurée, à cause de l'extrême simplicité de leur structure, constituent 
à ce point de vue le meilleur sujet d'étude. Chacun d'eux se com- 
pose : 1) d'un faisceau fibro-vasculaire central ; 2) de cellules déli- 


— 302 — 


cates, de forme régulièrement cylindrique ; 3) d’un épiderme cellulaire 
à parois relativement épaisses. (Le professeur fait passer sous les 
yeux des auditeurs diverses préparations microscopiques y relatives). 
Chez le Mimosa, nous voyons l’épiderme et le faisceau vasculaire axial 
ne jouer qu’un rôle passif dans la motilité de l'organe ; leur fonction, 
dans le cas qui nous occupe, est plus secondaire encore. L'’organe 
essentiel est le parenchyme, qui s’affaisse sous l'impression d’un exci- 
tant extérieur en déchargeant son eau. C’est ce que PFEFFER à mis 
hors de doute en séparant les filets du tube anthérifère, et observant. 
qu’à chaque excitation une gouttelette liquide vient suinter à la surface 
de la section, pour se résorber quand l’organe reprend son inflexion 
primitive. Evidemment, cette expulsion d’eau n’est que la résultante 
de la contraction simultanée des diverses cellules qui composent 
exclusivement l'organe : c’est donc dans l'étude de la structure de 
chaque élément cellulaire que nous devons chercher l’explication du 
phénomène. Nous y trouvons deux parties : une enveloppe extérieure 
ou vésicule, faite de cellulose et sur-distendue aussi longtemps que 
dure l’état naturel ou de non excitation, de telle sorte que, grâce à 
l’élasticité dont elle est douée, elle presse fortement sur son contenu; 
puis une membrane interne protoplasmique, animée d’une vitalité 
plus puissante et dont la fonction mécanique, dans sa phase d'activité 
normale, est de s’imbiber de plus en plus de liquide, sa distension ne 
connaissant d'autre limite que la résistance de l'enveloppe élastique 
qui l’emprisonne de toutes parts. Il existe donc entre ces deux 
membranes un antagonisme constant, la première tendant à provo- 
quer la décharge, la seconde la charge de l’élément cellulaire. Dès 
lors, pour expliquer l’effet produit sur chaque cellule par uneexcitation 
quelconque, il suffit d'admettre que, l’enveloppe élastique extérieure 
ne subissant aucune modification, la membrane protoplasmique interne 
perd tout à coup sa faculté de retenir l'eau par imbibition, de telle 
sorte que la force élastique de la première l'emporte et projette 
violemment au dehors l’eau contenue dans la cellule. Par conséquent, 
bien qu'ici comme partout ailleurs le protoplasme soit le siége de la 
modification initiale, c'est l'enveloppe élastique où il est enfermé qui 


représente l’agent mécanique essentiel du mouvement. 


Les connaissances que nous venons d'acquérir, par l'étude des filets 


— 303 — 


anthérifères de la Centaurée, sur le mécanisme des cellules excitables, 
peuvent s'appliquer indifféremment à tout autre cas de contractilité 
consécutive à une impression extérieure dans les organes végétaux, et 
spécialement au plus remarquable d’entre-eux, à la feuille du Dionæa 
muscipula. Bien qu'il y a juste huit ans, nous ayons, dans cette même 
enceinte, décrit minutieusement l’organisation de ce végétal, nous 
croyons utile de consacrer quelques instants à en résumer la descrip- 
tion. La lame foliaire est rattachée au pétiole par un minuscule renfile- 
ment cylindrique, comme l’indiquent ces deux modèles représentant la 
feuille, le premier à l’état excité ou fermé, le second dans la position 
ouverte ou de non-excitation. La feuille est contractile en tous ses 
points, c’est-à-dire excitable par transmission mais elle n’est pas 
partout susceptible de recevoir l'excitation, ou sensible comme 
on dit usuellement. Elle est munie d'organes spéciaux dont nous 
ne trouvons les équivalents chez aucun des végétaux précédemment 
étudiés et servant, sans doute, à recevoir les impressions extérieures, 
car c’est la seule fonction que leur position et leur structure 
autorisent à leur attribuer. 

Le mouvement spécial de la feuille qui lui sert à saisir sa proie et 
lui a fait donner son nom est trop bien connu, dans ce qu'il a de 
général, pour nécessiter une description minutieuse. Pour l’énoncer 
en aussi peu de mots que possible, nous dirons qu'il consiste en 
un changement de forme de la face supérieure, laquelle devient 
concave de convexe qu’elle était auparavant, en même temps que les 
deux séries d’aiguillons marginaux qui la garnissent s'entrecroisent 
comme les doigts de deux mains entrelacées. Ce que nous désirons 
surtout faire ressortir à ce sujet, c’est que ici encore les cellules 
considérées individuellement sont les agents moteurs — autrement 
dit, que la production du mouvement est due à l’action spéciale de 
chacun des éléments cellulaires dont l’organe est formé. 

Une section transversale à travers le feuillage y révèle les détails 
suivants. Si elle entame la feuille dans ladirection des faisceaux fibro- 
vasculaires parallèles qui partent presque à angle droit de la nervure 
médiane et qu’elle comprenne un de ces faisceaux, l’on y distingue 
essentiellement trois zones : le faisceau au centre, les couches de 
cellules cylindriques du parenchyme en nombre égal de chaque côté, 
puis l’épiderme de chaque face : celui de la face inférieure lisse, 


— 304 — 


luisant et formé de cellules à parois plus épaisses que celles de l'épi-. 


derme supérieur. 
Le caractère le plus remarquable de l'épiderme supérieur est la 
présence de papilles excitables, trois sur chaque lobe, qui sont dans le 
Dionaea le point de départ du phénomène d’excitation provoqué par le 
contact d’un insecte venant, par exemple, à se poser sur la feuille : 
l'expérience démontre en effet qu’en dépit de la sensibilité des diverses 
parties du limbe à l’action d’une pression prolongée ou d’un courant 
induit, les papilles seules sont impressionnables par simple contact. 
Aussi l’étude de leur structure et de leurs relations avec les cellules 


excitables du parenchyme auxquelles les rattachent des rapports 


Fig. 6. — Section transversale d’un des lobes foliaires du Dionæa, 
avec la base d’un papille excitable. 


physiologiques si intimes et si remarquables, présente-t-elle un vif 
et puissant intérêt. Sur une section comme celle que nous projetons 
en ce moment sur l'écran (fig. 6), vous reconnaissez sans peine que 
chaque papille a pour base un coussinet composé de minuscules 
cellules nuclées recouvertes par l'épiderme. Poursuivons l'étude 
de leur structure jusque dans la profondeur des tissus foliaires et nous 
verrons les cellules centrales s’accroître graduellement jusqu’à se con- 
fondre avec celles du parenchyme ordinaire. Sans doute, ces éléments 
cellulaires sont doués d’une excitabilité supérieure à celle du reste du 
parenchyme, de telle sorte que l'on serait tenté de leur attribuer un 


— 905 — 


rôle correspondant à celui des centres moteurs dans certains organes 
animaux (le cœur, par exemple). Cependant, en réalité, il n’y a pas 
de raison pour leur assigner des attributs différents de ceux précédem- 
ment renseignés comme caractéristiques de la cellule végétale 
excitable. 

Le fait que les éléments impressionnabies se rencontrent exclusive- 
ment sur la face foliaire supérieure tend à faire admettre que son 
parenchyme, pour étre analogue en apparence à celui de l’autre face, 
jouit cependant de fonctions différentes, autrement dit que les couches 
cellulaires de la face inférieure, bien que tout à fait semblables aux 
autres, ne sont que peu ou point excitables. Cette hypothèse est néces- 
saire pour expliquer le reploiement des lobes : à l’état normal, l’une 
et l'autre assises cellulaires sont également turgides et se font 
équilibre; l’action d'un excitant n’influence que les assises de la face 
supérieure qu’elle rend molles et flasques, en respectant la tension 
des couches de la face inférieure, et l'équilibre est détruit. 

Et maintenant, tâchons d’élucider les mouvements de la feuille en 
les projetant sur un écran. Voici toute une série de feuilles préparées 
en fixant un de leurs lobes à un support de liège; l’autre lobe est libre 
et porte, attaché à sa face supérieure, tout près du bord, un minus- 
cule miroir concave. L'image du rayon lumineux qui vient le frapper 
se trouve réfléchie derrière moi sur le mur et révèle, par son déplace- 
ment, le plus faible mouvement du lobe foliaire. L'expérience ainsi 
instituée nous permettra de vous démontrer : d’abord qu'un temps 
appréciable sépare l’excitation du phénomène mécanique; ensuite, 
qu'une série d’excitations légères produit un effet cumulatif et a pour 
conséquence l’occlusion de la feuille. C’est ce que nous espérons vous 
prouver en touchant plusieurs fois de suite l’une des papilles 
excitables à l’aide de ce pinceau, assez légèrement pour que la pre- 
mière impression ne produise qu’un déplacement presque imperceptible 
du lobe en expérience. À chaque contact, vous le verrez se replier 
de plus en plus jusqu'à ce qu’un brusque mouvement ascensionnel du 
levier vous indique que la feuille est complètement close. Nous vous 
aurons ainsi fait voir la différence essentielle entre le mouvement de 
semblable organe et la contraction musculaire. Le muscle se contracte 
soudainement, comme une individualité : le déplacement du lobe 
foliaire est la résultante de l’action de plusieurs centaines cellules 


25 


— 906 — 


indépendantes, susceptibles d'agir simultanément ou de ne pas le 
faire. Dans un cas comme dans l’autre, elles prennent le temps de la 
réflexion, car pendant une période consécutive à l'excitation dont la 
durée, à la température ordinaire de l'été, n’est pas inférieure à une 


seconde, la feuille demeure dans un état d’immobilité complète. 


Nous devons maintenant nous poser la question suivante: que se 
passe-t-il pendant cette phase d’inaction ? Il est deux choses que nous 
pouvons à priori regarder comme vraies en dehors de toute démonstra- 
tion: d’abord qu’il se vasse queique chose, car chaque fois que nous 
voyons deux mouvements se succéder constamment à intervalles 
réguliers, nous ne risquons rien à conclure que l’un est la cause et 
l’autre l'effet, et qu'il existe entre eux une chaine continue, bien que 
les anneaux puissent échapper à nos investigations ; ensuite, que cette 
modification invisible a son siège dans le protoplasme de chacune des 
cellules excitables. 

Nous avons démontre précédemment que la phase latente de l’exci- 
tation se révèle dans les muscles par la variation électrique qui 
l'accompagne : nous allons vous prouver aujourd’hui que ce phéno- 
mène, qui est le seul caractère physique de l’excitation dans les tissus 
animaux, se manifeste dans les mêmes conditions et avec une égale 
constance chez les représentants du règne végétal. 

Il ne nous semble pas utile, pour le but que nous poursuivons, 
d'entrer dans de plus amples détails relativement au caractère de la 
variation électrique ; il nous suffit de vous faire voir, d’abord que le 
phénomène, observé dans des conditions physiologiques normales, 
présente une série de caractères constants qu'il est aisé de bien définir; 
ensuite qu'il atteint son maximum d'intensité avant que l'effet mécani- 
que de l'excitation soit appréciable : par suite, qu’il s’effectue surtout 
pendant la phase d'excitation latente; enfin qu'il se transmet avec une 
extrême rapidité d’un lobe foliaire à l’autre. De ces trois propositions, 
il convient de commencer par la seconde. Sur l’écran de gauche est 
projetée la colonne mercurielle de l’électromètre capillaire de Lrpr- 
MANN. L'instrument dont nous nous servons ce soir est un présent 
de notre ami le Prof. LovEÈn, de Stockholm: il est d’une extrême 

‘sensibilité et possède, pour l’objet que nous avons en vue, une pro- 


priété précieuse : celle de traduire instantanément un changement 


Rs 


électrique de très courte durée. En voulez-vous la preuve ? reliez 
l'appareil aux fils d’un téléphone, et la moindre pression exercée à 
l’aide du doigt sur la plaque vibrante produira dans l’électromètre une 
différence instantanée de niveau, qui se manifestera en sens opposé 
lors de la suppression du contact : vous voyez combien l’appareil est 
sensible. 

Relions maintenant les extrémités de cet électromètre aux deux 
lobes d’une feuille, de telle façon que, 
grâce au miroir, nous pourrons observer 
le moment précis pendant lequel la feuille 
commence à se fermer et celui du premier 
déplacement de la colonne mercurielle, 
ces deux mouvements étant projetés l’un 
et l’autre sur le même écran : nous 
voyons le mercure se mouvoir bien 
avant la feuille L'intervalle est approxi- 
mativement d’une seconde. 

Prenons ensuite une autre feuille 
enfermée, ainsi que la plante dont elle 
dépend, dans cette petite étuve chauffée 
à 32° C. Pour prévenir l'occlusion de la 
feuille, qui succéderait à l’action d'une 
série d’excitations auxquelles nous nous 
proposons de la soumettre, nous dispo- 
sons une petite pièce de bois sec en 
travers de son limbe et fixons à l’aide de 
plâtre ses extrémités aux aiguillons mar- 
ginaux de chaque lobe. Nous insérons de 
même des coins de plâtre dans l’entre- 


baillement des deux lobes à chaque 
Fig. "1. — Feuille de Dionaea 
fixée de façon à empêcher 


La feuille ainsi préparée est projetée Son occlusion (d’après une 
photographie). 


extrémité de la nervure médiane. 


sur l'écran (fig. 7). 

Cela fait, nous sommes à même d’exciter la feuille autant de fois que 
nous le voulons sans qu’elle se referme, et l'existence d’une modifica- 
tion spéciale dans ses tissus à la suite de chaque excitation nous est 
cependant révélée par un phénomène électrique semblable à celui qui 


caractérise la phase d’excitation latente et précède le mouvement. 


— 308 — 


Et maintenant, nous vous prions de prêter toute votre attention à 
l'expérience qui va se passer sous vos yeux. Le diagramme (fig. 8) 
vous montre la position des électiodes par lesquelles les faces oppo- 
sées de la feuille sont 
reliées aux extrémités 
de l’électromètre.Vous 
remarquez qu'elles par- 
tent de deux points 
opposés situés sur la 
face supérieure et sur 
la face inférieure du 
lobe de droite tandis 
que le fil induit se 
rattache au lobe de 


gauche. À peine le 


Fig. 8. — Diagramme d’une section schéma- 


tique à travers le limbe de la feuille du courant vient-il exci- 
Dionaea. L’aiguille interposée dans le cir- à 
cuit représente l’électromètre substitué au ter ce dernier que 


galvanomètre dans cette expérience 


} 5? « . p 
Du côté opposé se voit le circuit secon- l’électromètre relié au 


daire de l’appareil d'induction, # est en  ]lobe voisin révèle 
rapport avec le tuhe capillaire, f avec L 
l'acide sulfurique de l’électromètre. l'existence d’une va- 


riation électrique. L'intervalle de temps, qui sépare ces deux 
phénomènes, représente la durée nécessaire pour la transmission de 
l'excitation d’une moitié de la feuille à l’autre. Il est de 3 centième 
de seconde environ, comme nous le démontrons par une expérience 
trop délicate pour être répétée devant vous, mais figurée par le 
diagramme ci-joint (fig. 9). Vous y voyez un pendule en train 
d'osciller de gauche à droite et ouvrant successivement sur son 
trajet trois clefs : la première interposée dans le circuit primaire 
de l'appareil inducteur qui sert à exciter la feuille; la seconde 
servant à interrompre un fil de dérivation qui diminue la longueur 
des électrodes et livre passage au courant sans que celui-ci arrive 
au galvanomètre qui remplace l’électromètre dans cette expé- 
rience; enfin la troisième interceptant le circuit galvanométrique. De 
cette facon, les faces opposées de la feuille ne sont rattachées au gal- 
vanomètre que pendant l'intervalle qui sépare l'ouverture des deux 
dernières clefs. Or, celles-ci étant disposées de telle sorte que le 


circuit galvanométrique se ferme —= de seconde après l'excitation 


190 


— 309 — 


et souvre + de seconde plus tard, l’on n observe aucun phénomène 
électrique : il en résulte donc que celui-ci, dans la partie de la feuille 


—_ de seconde au moins 


reliée au galvanomètre, ne débute que + 


après l'excitation. Prolongeant la durée de fermeture du circuit gal- 


4 


—— de seconde, nous observons la variation 


vanométrique jusqu'à 
électrique prévue et nous sommes par conséquent certains qu'elle se 
manifeste entre 3 et 4 centièmes de seconde après l’excitation. 

Nous avons pu, grâce à l'emploi de cette méthode, constater: d’abord 
que la transmission de l’excitation d’un point à un autre, quelque 
restreint que soit la durée qui les sépare, exige un intervalle de temps 
appréciable; ensuite que la durée de cet intervalle varie suivant le 


trajet à effectuer, la vitesse de translation (en serre chaude) étant 


Fig. 9. — Diagramme du pendule rhéotome; K1, K2 et K3 dont les trois 
clefs de l'appareil; I et II représentent respectivement les bobines pri- 
maire et secondaire de l’appareil d’induction. La feuille, le galvano- 
mètre et la batterie sont faciles à reconnaître. 


d'environ 200 millimètres par seconde, comparable par conséquent à 
celle de la variation électrique dans le cœur de la grenouille. 

Il ne nous reste plus qu’à prouver le caractère régulier et constant 
de la modification électrique, dans des conditions semblables. Vous 
avez constaté déjà qu'en faisant usage du mode opératoire précédem- 
ment décrit, l'effet électrique se compose de deux phases, dont la 
première a pour caractère l’état négatif de la face inférieure par 


rapport à la supérieure. Essayons maintenant une autre méthode 
d'expérimentation. La plupart d’entre vous ont pu voir, reproduites 


dans plusieurs revues scientifiques, les épreuves photographiées par 


Fig. 10. — Copie d’une photographie reproduisant les variations successives de 
niveau de l’électromètre capillaire, projetées sur une plaque sensible mise en 
mouvement avec une vitesse de 1/2 cent. par seconde. Les quatre « ondes 
d’excitation » qu’elle présente sont dues à autant d’impressions exercées sur 
une papille sensible du lobe opposé à celui dont les deux faces étaient reliées 
aux bornes de l’électromètre. 


M. Marey des diverses phases du vol d’un oiseau. Si le mouvement de 


l'aile peut être saisi par la photographie, pourquoi ne parviendrions- 
nous pas à reproduire de même les variations de la colonne électromé- 


trique ? Imaginez seulement, en lieu et place de l'écran, une plaque 
sensible se mouvant avec une vitesse uniforme et rapide, et vous aurez 
comme résultat la photographie (fig. 10) ci jointe, reproduisant avec 
une irréprochable exactitude les effets électriques dus à une série 
d’excitations. 

Dans chacun d'eux, le caractère diphasique est bien apparent, et 
vous pouvez voir que la phase première ou négative dure moins d’une 
seconde et que la positive, dont la durée est moindre de beaucoup, 
se prolonge cependant assez pour qu’une nouvelle excitation vienne 


l’interrompre avant que son effet ait cessé de se faire sentir. 
q 


Nous eussions été heureux de pouvoir faire passer sous vos yeux 
d'autres détails intéressants relatifs à cet étrange organisme végétal. 
Les expériences qu'il nous à été possible d’instituer suffisent pour 
vous faire comprendre que Le mécanisme du mouvement chez les plan- 
tes est tout autre que chez les animaux. Hâtons-nous d'ajouter que 
cette distinction, tout apparente et bien définie qu’elle soit, ne peut être 


considérée comme essentielle ; elle ne dépend pas en effet d’une diffé- 


— 911 — 

rence entre la nature des phénomènes chimiques fondamentaux dont 
le protoplasme cellulaire est le siège : c'est une simple question de 
vitesse et d'intensité. Dans la plante comme chez l'animal, c’est de la 
transformation chimique des matériaux ingérés que naît le travail : 
seulement, chez la première, le phénomène s'opère avec une lenteur 
telle, qu'une provision d'énergie potentielle doit s'y accumuler, non à 
l’état de composés chimiques susceptibles de produire du mouvement 
par leur désagrégation, mais sous forme de tension mécanique con- 
densée dans des membranes élastiques. La cellule végétale emploie 
constamment ses matériaux nutritifs à renforcer des ressorts destinés 
à se détendre brusquement au moment voulu, grâce à cette remarqua- 
ble propriété d’excitabilité qui vient de faire l’objet de notre causerie. 
Le protoplasme animal, au contraire, et particulièrement celui dont le 
muscle est formé, n’agit qu’à l'instant critique, en utilisant directement 
les matériaux dont il dispose. Différence importante, sans doute, mais 
non essentielle, car dans les déplacements lents des diverses régions 
végétales en voie d’accroissement étudiés par M. DARwIN dans son 
livre On the Mouvements of Plants, nous ne trouvons pas d'énergie 
accumulée sous forme de tension dans des membranes élastiques, la 
lenteur du mouvement permettant la transformation immédiate du 
travail chimique en effet mécanique. 


Nous avons maintenant fini d'exposer ce que nous avions à dire sur 
la facon dont les plantes et les animaux répondent aux influences 
extérieures. La causerie de ce soir vous a prouvé ce fait général, 
applicable à la physiologie des plantes comme à celle des animaux, 
que nulle connaissance, nulle notion précise ne peut étre acquise sans 
le secours de l’expérience. À propos des Mimosas, nous eussions pu 
vous entretenir longuement des conjectures plus ou moins ingénieuses 
hasardées pour expliquer leur mécanisme, à une époque où l'on 
s’imaginait pouvoir résoudre des questions de l’espèce par le raisonne- 
ment, c’est-à-dire en déduisant de la structure d’un appareil vivant 
sa fonction probable. Semblable système a pu réussir dans certaines 
branches de la physiologie, mais pour des problèmes tels que celui qui 
nous occupe, il n’y a rienà faire sans l'expérience. Partout nous voyons 
la Nature adapter ses instruments au but à atteindre, et plus ils sont 


parfaits, mieux nous les connaissons ; seulement — à part de rares 


LS 


exceptions — pour apprécier leur portée, 1l faut surprendre à l'œuvre 
l'habile ouvrière; et si, comme elle en a l'habitude, elle tâche de ruser 
et de se dissimuler à nos regards, force nous est, comme nous venons 


de le faire, d'arracher le voile derrière lequel s’abritent ses secrets. 


Avons-nous le droit de prendre à son égard cette attitude 
aggressive? Le rôle qui nous convient n'est-il pas plutôt celui d’une 
contemplation passive et respectueuse, en attendant que la vérité 
se révèle d'elle-même à nos esprits ? 

Nous n’essayerons pas de répondre à cette question que jamais 
personne sensée ne s'avisera de formuler. Mais un autre problème 
plus ancien et plus embarrassant surgit ici devant nous. La chose en 
vaut-elle la peine ? Les connaissances que nous poursuivons sont-elles 
en rapport avec le travail que leur acquisition nous impose? Bien que 
dans ces derniers temps les personnes les moins initiées aux travaux 
de ce genre aient été forcées de reconnaitre tout le mérite et tout le 
charme d’une existence consacrée à l'étude des beautés de la nature, 
la question subsiste encore et nous est posée à chaque instant : A quoi 
bon passer des jours et des nuits à tâcher de comprendre le mécanisme 
d’une feuille, quand vous savez parfaitement que la disparition de 
semblable phénomène ne rendrait le monde ni moins sage ni moins 
heureux ? Nous aimons mieux laisser le soin de répondre à ceux-là 
qui nous interrogent. À leurs yeux, la question n’est passible d'aucune 
réponse; aux nôtres, elle n’en a pas besoin. Libre à eux de chercher 
à leur manière la vérité et le bonheur, — heureux s'ils les rencontrent ! 
Qu'ils nous laissent suivre, à nous, notre paisible carrière, travaillant 
avec courage et persévérance à ravir chaque jour à la nature quelque 
conquête ou à nous assurer les possessions précédemment acquises et 
trouvant, dans ces labeurs, notre bonheur et notre récompense. 

Eo. M\x. et H. F. 


Eh ——— —i—, 


Nouvelle-Grenadi 


Serre fraiche. 


MASDEVALLIA CHIMAERA. 


La Belgique horticole, 
1882, pl. XIII. 


— 313 — 


NOTE SUR LE #ASDBEVALLIA CHIMÆRA 
OÙ MASDEVALLE À FLEUR DE CHIMÈRE. 


FAMILLE DES ORCHIDÉES. 
Planche XIII. 


Masdevallia Chimæra, H. G. Reicnens. x Gard. Chron., 1872, p. 463. — 
Xenia Orchidacea, II, fase. 9, (1874), p. 195, fat. 185, 186. — Gard. Chron., 
1874, II, 804. — Gard. Chron., 1875, Il, 258. — Linnæa, XLI, 1876, p. 8. — 
F. W. BuURBIDGE, Flor. and Pomol., 1873, p. 8, c. ic. æyl. — J. D. Hooker, Bot. 
Mag., 1875, tab. 6152. — W. G. Smirx, Gard. Chron., 1875, I, p. 40, c. ic. æyl. — 
B. Roezz, Gard. Chron., 1875, 11, 233. — W. G. Smiru, Floral Mag., 1875, 
tab. 149. — W. Buzz, Gard. Chron., 1881, p. 112, fig. 26. — W. B. HEMSLEY, 
Gard. Chron., 1881, II, p. 286. 


Masdevallia Chimæra, voir la Belgique horticole 1873, p. 355; 1875, p. 320; 
1876, p. 116; 1879, p. 367; 1880, p. 9. 


Le Masdevallia Chimaera de l’Illustration horticole 1873, p. 25, pl. 117-118 
est en réalité le MASDEVALLIA NYCTERINA. 


Le Masdevallia Chimaera est une des plus fantastiques productions 
du règne végétal. En regardant cette fleur bizarre on y voit les cou- 
leurs d’un oiseau de nuit, la forme d’une grosse araignée et au milieu 
comme deux petits yeux noirs et percants. 

Il est originaire des vallées profondes et humides de la Nouvelle- 
Grenade. B. Roezl l’a découvert dans la vallée du Cauca en 1872 et 
depuis cette époque, il a été retrouvé successivement par G. Wallis, 
Fr. Klabosch et d’autres collecteurs de plantes ornementales. 

Le Masdevallia Chimaera a été décrit pour la première fois, en 1872, 
par M. H. G. Reichenbach, mais d’après des renseignements incorrects 
et par conséquent avec des caractères fantaisistes, tels que des pédon- 
cules à cinq fleurs, le calice jaune couvert de poils noirs, le labelle 
jaune d’or, etc. La description a été rectifiée plus tard, mais il n’en est 
pas moins vrai que l’histoire de cette fleur chimérique est encore fort 
embrouillée et pleine de contestations. La plante qui a paru en 1873 
dans l’Z!ustration horticole sous le nom de 4. Chimacra n'est pas 
réellement celle que M. Reichenbach a décrite sous ce nom, mais elle 


appartient à une autre espèce, le 3. Nycterina. Les diverses figures du 
24 


— 314 — 


M. Chimaera quiont paru dans quelques recueils d’iconographie botanique 
diffèrent sensiblement entre elles par le coloris et même par la forme 
des fleurs : il semble que l'espèce soit réellement polymorphe. Roezl a 
même contesté l'identité de la plante de M. Reichenbach et de la sienne, 
à laquelle il persiste à attribuer des dimensions beaucoup plus consi- 
dérables et divers caractères particuliers. Tout récemment le Garde- 
ner’s Chronicle a publié une nouvelle figure du M. Chimaera d'après un 
spécimen fleuri chez M. Bull et qui se rapproche sensiblement de la 
plante telle que Roezl l’a décrite. 

Le Masdevallia Chimaera que nous publions ici, a fleuri au mois de 
novembre dans la collection de M. F.Massange-de Louvrex, château de 
St-Gilles, Liège. Il res semble étroitement à celui que M.W.G. Smith 
a décrit et figuré dans le Gardener’'s Chronicle et il présente d’ailleurs 
tous les caractères attribués à cette espèce dans les descriptions 
récentes du savant orchidologiste de Hambourg. 

Ilest voisin du A7. bella, du Nycterina et du M. Troglodytes de 
M. Lamarche, décrit et figuré dans Za Belgique horticole en 1877 et qui 
chaque année, à l’arrière-saison, produit à profusion ses petites fleurs 
originales. Toutes ces plantes croissent dans la même contrée, la 
Nouvelle-Grenade. 

Leur culture n’est pas difficile, mais exige certaines conditions. La 
plus importante est la qualité de l’eau qui doit être exempte de cal- 
caire, pure et fraiche. L'air doit être frais et vif comme celui des mon- 
tagnes. La température ne doit pas être élevée, ni le jour ni la nuit. 
Quant au sol, moins il y a de terre et meilleur sera-t-il : le sphagnum 
vivant suffit sur un bon drainage de tessons de pots et de charbons de 
bois ; on peut y ajouter quelques fragments de terre de bruyère fibreuse. 

Voici la description sommaire de la plante que nous avons eue sous 
les yeux. 

La plante se développe en touffe serrée de feuilles épaisses et relati- 
vement longues (020). Les tiges florales, grêles et assez allongées 
(0"10), s’insinuent dans la mousse ou contre le sol et se terminent 
par une fleur très grande (jusque 0"20-25) qui s’épanouit sous le 
feuillage, à moins qu'on en redresse le pédoncule contre un léger 
tuteur. 

Le calice est très ouvert, étalé et profondément divisé en trois 
lobes divergents, blanchâtre, mais abondamment moucheté de petites 


— 315 — 


macules inégales et irrégulières de couleur rose foncé et tout hérissé 
de poils mous, épars et assez abondants, blancs ou rose-foncé suivant 
que l’épiderme dont ils procèdent est de l’une ou de l’autre couleur. 
Les lobes sont dirigés l’un vers le haut, les deux autres vers le bas; 
tous trois sont en forme de coin et quelque peu contournés surtout 
celui du haut; ils se prolongent tous en une longue corne (0"08-10) 
lisse et rose foncé, droite ou un peu arquée. Les deux pétales sont 
très minimes (0003), dressés contre la colonne, renfilés, étalés à la 
partie supérieure qui est colorée en rouge brun, sauf une étroite bor- 
dure blanche. Le labelle est relativement grand (0014), articulé à sa 
base amincie, d’un blanc rosé : il porte deux crêtes convergentes à sa 
partie moyenne : son limbe ou épichyle a la forme d’une conque marine 
à bords relevés, courbés en dedans et découpés en dents de loup, l’extré- 
mité large, obtuse et relevée en sabot, le fond parcouru par 3 crêtes 
saillantes. Colonne très courte, arquée, jaune pâle. Ovaire coudé sur 
le pédoncule, épais, lisse, brun. 


ÉNUMÉRATION MÉTHODIQUE DES PLANTES ORNEMENTALES OU 
INTÉRESSANTES QUI ONT ÉTÉ SIGNALÉES EN 1881, 


PAR M. ANDRÉ DE Vos. 


Dans ie travail que nous avons l’honneur de présenter depuis plu- 
sieurs années aux lecteurs de la Belgique horticole, — et où ils peuvent 
aisément et sans devoir feuilleter toutes les publications spéciales sur 
la matière, s'assurer du mouvement horticole des diverses contrées de 
l’Europe, — nous nous efforcons de donner en quelques lignes une 
description sommaire de toutes les plantes qui font l’objet de notre 
revue, en l’accompagnant de l’historique de leur découverte et de leur 
introduction, de la date de leur entrée dans nos serres ou nos jardins, 
du nom des botanistes qui les premiers les ont étudiées, de la publica- 
tion où s’est faite cette description, avec la page exacte et la planche 
noire ou coloriée qui pourrait y être jointe, le nom des voyageurs qui 
les ont trouvées, celui des horticulteurs ou amateurs qui les ont 
introduites dans les cultures, avec la date de leur arrivée. 

Relativement aux renseignements statistiques qui vont suivre, nous 
ne pouvons donner comme certains que les chiffres qui nous ont été 
fournis par les publications que nous avons compulsées, mais bien 
qu’incomplètes, nos indications donneront une idée à peu près exacte 


— 316 — 


du mouvement horticole qui s’est produit en Europe pendant 
l’année 1881. 

Nous avons relevé un total de 226 plantes nouvelles, tant comme 
espèces que comme variétés et hybrides. Nous n'avons pas cru devoir 
ajouter à ce nombre plusieurs plantes portant des noms de fantaisie et 
qui sont plutôt du domaine de la floriculture ; ce nombre se décompose 
de la façon suivante entre les quatre grands embranchements du règne 
végétal : Cryptogames 27, Gymnospermes 2, Monocotylédones 145 et 
Dicotylédones 52. 

Parmi les Cryptogames, on compte 26 Fougères et 1 Lycopodiacée. 
Dans les Gymnospermes, on remarque 2 Cycadées. Le groupe des 
Monocotylédones qui est toujours le plus nombreux, parce que c’est 

_lui qui renferme particulièrement les plantes à feuillage ornemental 
et à jolies fleurs, comprend 1 Graminée, 1 Mélanthiacée, 11 Liliacées, 
2 Iridées, 6 Amaryllidées, 11 Broméliacées, 94 Orchidées, 2 Musa- 
cées, 18 Aroïdées, 1 Cyclanthée. Les Apétales comptent 5 nouveaux 
Nepenthes. Parmi les Dicotylédones, les Gamopétales comportent : 
1 Composée, 6 Rubiacées, 1 Caprifoliacée, 1 Jasminée, 3 Apocynées, 
3 Acanthacées, 1 Bignoniacée, 2 Gesnéracées, 1 Utriculariée, 1 Pri- 
mulacée, 1 Ericacée, — et les Polypétales : 8 Araliacées, 1 Hamamé- 
lidée, 1 Crassulacée, 1 Renonculacée, 1 Berbéridée, 1 Sarracéniacée, 
2 Bégoniacées, 2 Tiliacées, 12 Euphorbiacées, 1 Balsaminée et 
1 Papilionacée. | 

Les botanistes qui ont décrit ces espèces nouvelles sont : MM. J. D. 
Hooker, J. G. Baker, Th. Moore, N. E. Brown, Masters, Ed. Morren, 
J. Linden, H. G. Reichenbach, Engler, Ed. Regel. 

Les ouvrages d’horticulture que nous avons compilés donnent les 
nombres suivants pour les plantes nouvellement décrites : ; 

Gardeners’ Chronicle : 124; Botanical Magazine : 9 ; Floral Maga- 
zgine : 2; Florist and Pomologist : 1; The Garden: 1; Belgique 
horticole : 7; Flore des serres : 2; Illustration horticole : 2; Garten- 
fora : 10; Monatschrift des Vereines sur Beforderung des Garten- 
baues de Berlin : 8. 

Comme il est intéressant de connaître les richesses végétales que 
nous avons enlevées aux diverses parties du monde, nous donnons 
dans le tableau ci-joint la liste des contrées explorées avec le nombre 
et la qualité des plantes qu’elles ont fournies. | 


— 317 — 


AMÉRIQUE (72). — La partie centrale comprenant les États-Unis de 
la Colombie, la Nouvelle-Grenade, Panama, à donné : 19 Fougères, 
1 Lycopodiacée, 15 Orchidées, 1 Fourcroya, 8 Aroïdées, 1 Cyclanthée, 
1 Acanthacée, 1 Gesnériacée, 1 Pinguicula. 

Le Brésil : 1 Fougère, 1 Liliacée, 5 Broméliacées, 5 Orchidées, 
2 Aroïdées. 

Le Pérou : 1 Orchidée. 

Le Chili : 1 Tiliacée. 

Le Paraguay : 1 Orchidée. 

Le Guatémala : 1 Orchidée. 

Le Mexique : 1 Zephyranthes, 1 Broméliacée, 1 Orchidée. 

Les Antilles : 1 Fougère. 

La Californie : 1 Lathyrus. 

La Floride : 1 Zephyranthes. 

ASIE (19). — La partie tropicale comprenant les Indes orientales, la 
Birmanie, Assam, a fourni pour sa part : 6 Orchidées, 1 Graminée, 
1 Rhododendron, 1 Balsaminée. 

La Chine : 1 Primula. 

L'ile Formose : 1 Lis. 

Le Japon : 1 Fougère, 1 Hamamélidée. 

Le Turkestan : 2 Liliacées, 1 Composée, L Caprifoliacée, 1 Renoncu- 
lacée, 1 Berbéridée. 

AFRIQUE (18). — La partie australe comprenant la Colonie du Cap, 
le Natal, l’État libre d'Orange, les côtes occidentales et orientales, a 
envoyé : 4 Orchidées, 1 Kniphoña, 3 Scilla, 1 Nerine, 1 Cotyledon, 
1 Tecoma. 

Le Madagascar : 1 Fougère, 2 Orchidées, 1 Aroïdée. 

L'ile de Socotra : 1 Iridée, 1 Crinum, L Begonia. 

_ OcéaANIE (37). — La grande île de Bornéo, beaucoup explorée dans 
ces derniers temps, a procuré : 10 Orchidées, 3 Aroïdées, 2 Nepen- 
thes, 1 Jasminum. 

Sumatra : 1 Aroïdée. 

Les iles de la Sonde : 1 Orchidée. 

La Malaisie : 1 Orchidée. 

Les îles Philippines : 1 Begonia. 

Les iles de la Mer du Sud : 5 Fougères, 1 Cycadée, 1 Musacée. 

Les îles Fiji ou Viti : 1 Fougere, 1 Orchidée. 


— 918 — 


Le Queensland : 1 Orchidée, 1 Musacee. 
Les iles Sandwich : 1 Fougère. 


La Nouvelle-Calédonie : 1 Aralia. 

La Nouvelle-Bretagne : 1 Aralia. 

Les îles du duc d’York : 1 Eranthemum. 

Les îles Salomon : 1 Aroïdée. 

L'ile d'Aneiteum : 1 Fougère. 

Europe (1). — La Russie méridionale a doté nos jardins d'une 
Mélianthacée. 

Nous nous plaisons à signaler ici les noms des voyageurs ou des 


collecteurs, dont certaines trouvailles ont été décrites ou figurées 
en 1881. 


Kalbreyer. — Nouvelle-Grenade : 19 Fougères, 1 Lycopodiacée, 
3 Orchidées, 1 Aroïdée. — Afrique occidentale : 1 Orchidée. 

A. Lietze. — Brésil : L Broméliacée, 2 Orchidées. 

Glaziou. — Brésil : 1 Broméliacée. 


P, Binot. — Brésil : 1 Orchidée. 

Dr Wallace. — Brésil : 1 Orchidée. 

Lehmann. — Amérique centrale : 1 Orchidée. 

Fr. Klaboch. — Amérique centrale : 1 Orchidée. 

Pfavi. — Amérique centrale : 1 Orchidée. 

Arnold. — Amérique tropicale : 1 Orchidée. 

Schmidtchen. — Nouvelle-Grenade : 1 Orchidée. 

Falkenberg. -- Colombie : 1 Orchidée. 

Nock. — Jamaïque : 1 Fougère. 

O. Brien. — Paraguay : 1 Orchidée. 

B. Roezl. — Pérou : 1 Orchidée. 

Treat. — Floride : 1 Zephyranthes. 

Alb. Regel. — Turkestan : 2 Allium, 1 Composée, 1 Caprifoliacée, 
1 Delphinium, 1 Berbéridée. 

Gust. Mann. — Indes orientales : 1 Balsaminée. 

Boxall. — Asie tropicale : 2 Orchidées. | 

Maries. — Chine centrale : 1 Primula. Ile Formose : 1 Lis. 

J.B. Balfour. — Ile de Socotra : 1 Babiana, 1 Crinum, 1 Begonia. 

Hildebrandt. — Madagascar : 1 Aroïdée. 

D: Kirk. — Afrique orientale : 1 Orchidée. 

L. Humblot. — Madagascar : 1 Fougère, 2 Orchidées. 


— 319 — 


Ch. Ayres. — Etat libre d'Orange : 1 Kniphofia. 

Th. Cooper. — Etat libre d'Orange : 1 Kniphoña. 

Bowker. — Colonie du Cap : 2 Scilla. 

Burbidge. — Bornéo : 1 Orchidée, 1 Aroïdée, 1 Jasminum. 

Curtis. — Bornéo : 2 Orchidées, 2 Nepenthes. 

D: Graeffe. — Iles Fiji : 1 Orchidée. 

D' Bancroft. — Queensland : 1 Orchidée. 

D' Radde. — Russie méridionale : 1 Mélianthacée. 

Afin de se faire une idée du mouvement commercial des plantes 
et voulant signaler à l’attention de tous les amis de l’horticulture 
les noms de nos principaux introducteurs, nous nous faisons un 
devoir de citer leurs noms, avec le nombre et la qualité de leurs 
acquisitions : | 

W. Bull : 3 Fougères, 1 Cycadée, 1 Graminée, 2 Liliacées, 1 Bro- 
méliacée, 14 Orchidées, 2 Musacées, 10 Aroïdées, 1 Cyclanthée, 
5 Ixora, 3 Dipladenia, 1 Aphelandra, 1 Eranthemum, 1 Tecoma, 
1 Gesnériacée, 1 Rhododendron, 1 Sparmannia, 7 Crotons, 1 Lathyrus. 

J. Veitch : 23 Fougères, 1 Lycopodiacée, 1 Lis, 1 Amaryllidée, 
1 Broméliacée, 18 Orchidées, 1 Aroïdée, 2 Nepenthes, 1 Jasminum, 
1 Primula, 1 Hamamelis, 1 Tiliacée. 

B. S. Williams: 6 Fougères, 1 Cycadée, 10 Orchidées, 2 Aroïdées, 
1 Jasminum, 1 Aralia, 1 Begonia, 1 Tiliacée, 3 Croton. 

G. Sander et Ci: : 1 Fougère, 6 Orchidées, 1 Pinguicula. 

H. Low et Cie : 6 Orchidées. 

E. G. Henderson : 3 Orchidées. 

J. Backhouse, d’York : 2 Orchidées. 

New Bulb Company, à Colchester : 1 Orchidée. 

Compagnie générale d’horticulture à Londres : 1 Fougère. 

Aug. Van Geert, à Gand : 3 Fougères, 1 Lis, 5 Broméliacées, 
3 Orchidées, 2 Aroïdées, 1 Jasminum, 1 Aralia, 1 Begonia, 1 Tiliacée, 
3 Croton. 

Jacob-Makoy, à Liège : 1 Dracaena, 1 Broméliacée, 1 Orchidée. 

J. Linden, à Gand : 3 Aroïdées. 

L. Van Houtte, à Gand : 1 Broméliacée, 1 Gesnériacée. 

D'Haene, à Gand : 1 Orchidée. 

L. De Smet, à Gand : 1 Cotyledon. 

Haage et Schmidt, à Erfurt : 1 Orchidée. 


FE SROMEE 


Parmi les amateurs qui ont introduit quelques nouveautés, nous 
citerons : 

Sir Trevor Lawrence : 2 Orchidées. 

J. C. Bowring : 2 Orchidées. 

T. Christy, à Sydenham : 1 Orchidée. 

G. Marriot : 1 Orchidée. 

J. Day : 1 Orchidée. 

C. Winn, à Birmingham : 1 Orchidée. 

Kienast-Zolly, à Zurich : 1 Orchidée. 

M. Leitchlin : 1 Kniphoña. 

Le Jardin royal de Kew a recu : 2 Scilla, 1 Nerine, 1 Aroïdée, 
1 Begonia et le Jardin impérial de botanique de St-Pétersbourg : 
1 Mélianthacée, 2 Allium, 1 Orchidée, 1 Composée, 1 Caprifoliacée, 
1 Renonculacée, 1 Berbéridée. | 

Les hybridateurs ont obtenu quelques jolies nouveautés. Nous 
citerons : 

MM. J. Veitch : 1 Calanthe, 3 Cypripedium, 1 Nepenthes. 

B.S. Williams : 1 Cypripedium, 1 Nepenthes. 

John Wills : 1 Adiantum. 

R. J. Lynch, curateur du jardin botanique de Cambridge : 1 Aloë. 

J. G. Nelson, de Norwich : 1 Lachenalia. 

J. C. Bowring : 1 Anguloa, 2 Cypripedium. 

W. Bull : 1 Odontoglossum , 

J. T. Barber : 1 Calanthe. 

L. Van Houtte : 1 Amaryllis, 1 Gesnéracée. 

V. Lemoine, à Nancy : 1 Montbretia. 


Cryptogames. 


FOUGÈRES. 


*Trichomanes Kalbreyeri, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Espèce délicate à 
frondes bipinnatifides, de 10 à 15 cent. de long, voisine de 7. Kaulfussi et 
macilentum. Introd. par M. Kalbreyer, en 1880, de la Nouv.-Grenade (prov. 
d’Antioquia), chez MM. Veitch. | 

*Acrostichum botryoides, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Voisin de A. canali- 
culatum Hook., à frondes stériles plus grandes et plus composées. Introd. en 
1880 de la Nouv.-Grenade (prov. d’Antioquia), par M.Kalbreyer chez MM. Veitch. 


*A. suberectum; *A. polybotryoides; *A. jaglandifolium, Gard. Chr., XVI, 


— 321 — 


p. 134. — Trois espèces voisines, à rhizomes rampants très amples, à port de 
…Polybotrya, avec les veines des frondes stériles légèrement anastomosées. Intro- 
duites en 1880, de. la Nouy.-Grenade (prov. d’Antioquia), par M. Kalbreyer chez 
MM. Veitch. ct CPU: 
‘*Adiantum anoitense, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 15, avec fig. noire. — Très 
élégante espèce introduite-de l’île d’Aneiteum par M. W. Bull. Son rhizome est 
-..rampant.et couvert d’écailles. brunes;.ses frondes sont deltoïdes et garnies de 
nombreux segments rhomboïdaux, presque sessiles, glabres et glauques à la 
face inférieure. 


*A-Lathomi, Hort. Wu Co Gros XVI, p. 685. ny. @) 0 bons entre 
A. Ghiesbreghti et. une forme de A. frapeziforme, à la Compagnie générale 
d’hort. de Hodses (John Wills) et neo au comte de Lathom, un des GReGIARES 


res ou plutôt oh alee et ue 
*Gymnogramma schizophyllum, J, MR de 1881, L ;. 94, avec noie noire. 

A. Van Geert, Cat. n° 81, p. 94. — Les frondes nombreuses gracieusement 
‘ arquées, à rachis rougeâtre, un peu grêle, garni de pinnules finement découpées 
“impriment à cette espèce un cachet des plus élégants. Une particularité remar- 

quable à noter réside dans la bifurcation des frondes aux trois-quarts de leur 
silongueur et Jeur caractère prolifique à cet endroit. Introduite des Indes occid. 
-u:-par M. Nock,; de Gordon Town, Jamaïque. 


*G. vellea, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Frondes lancéolées, bipennées, velues, 
longues de 5-8 cent. Introd. en 1880. de la Nouv.-Grenade (prov. d'Antioquia), 
1oupar M. Kalbreyer chez MM. Veitch._ ; 


* { #G/xerdphila, Gard. Chr; XVI, p. 134. — Très curieuse plante voisine de 

G. ferruginea, à frondes décomposées, de 4 à 5 pieds de long, de texture ferme, 
- couvertes: sur-le rachis.et la face inf. d’un tomentum brun pâle persistant. 
‘Æntrod. em 1880 de la Nouv.-Grenade. (prov.. d’Antioquia), par M. Kalbreyer 
* chez MM: Veitch. .. 


*Anagramma brasiliensis, W. Buzi, Cat. n° 176, p. 15. — Fougère du Brésil, à 
‘* frondes simples, oblongues-lancéolées dans.leur contour,acuminées au sommet, 
- : à bords entiers ou sinuésiet. à surface unie ; la couleur est d’un vert opaque 
- 1 glauque, avec.une/large bande gris.d’argent sur chaque côté de la nervure cen- 
“rtrale dans les plus jeunes frondes.: les sores sont allongées et disposées le long 
des veines. 


* *Asplenium apicidens, T. Moore, B. S. WicciAMs, Café. 1881, p. 31. — Nou- 
sweauté intéressante de ‘serre chaude, importée des îles de la Mer du Sud. Ses 
ur ont un Ré de-haut, ,sont ne) coriaces, lisses, à rachis brun 


EC EU CM de Ep 21 legs (CE A SR TE ET DOS, SELON RS CS PS RP RP 
14243 


*A. Baptista, T. Mour! B.'S: SORA Cat. 1881, p. 31, avec fig. noire. — 
PL; voisine de’ 4, contiguum et introduite depuis deux ans des îles de la Mer du 


25 


— J88 — 


Sud. Son stipe est brunâtre, ses frondes largement ovales, longues dun pied, 
pennées, épaisses, coriaces et ses sores sont grandes, oblongues et parallèles à 
la nervure médiane. 

A. contiguum, var. *fissum, T. Moore, B. S. WizLiAMs, Cat. 1881, p. 31. — 
Var. introduite des îles de la Mer du Sud, à frondes ovales, subcoriaces, lisses, 
à pennes pétiolées, avec 2 segments à la base et le sommet allongé, atténué 
et denté. 


*A, filicaule, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Espèce délicate à rhizome délié et 
à frondes oblongues-lancéolées, simplement pennées, longues de 2 à 3 centim. 
Introd. de la Nouv.-Grenade (prov. d’Antioquia), en 1880 par M. Kalbreyer 
chez MM. Veitch. 


*A. longisoram, Gard. Chr., XVI, p. 13. — Espèce diplazioïde simplement 
pennée à sores très serrées. Introd. de la Nouv.-Grenade (prov. d’Antioquia), 
en 1880, par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. 


*A, Vieillardi, var. *facile, T. Moore, B. S. Wizrams, Café. I881, p. 32. 
— Var. des îles de la Mer du Sud remarquable par ses frondes plus grandes que 
dans le type et à pennes nombreuses. 


*Polypodium antioquianum, Gard. Chr., XVI, p. 135. — Petit Fupolypodium 
voisin de P. trichomanoïdes. Introd. en 1880 de la Nouv.-Grenade (prov. d'Antio- 
quia), par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. à 


P. Krameri, FRANCHET et SAVATIER, Gard. Chr., XV, p. 136. — Voisin du 
P. Phegopteris et introduit du Japon en 1878 par MM. Veitch. Ses frondes sont 
membraneuses, glabres, bipinnatifides, vert pâle, subtriangulaires ou ovales 
deltoïdes et pendantes. 


*P. sylvicoluw, Gard. Chr., XVI, p. 184. — Grande espèce membraneuse, 
appartenant au sous-genre Phegopteris et voisine de P. flavo-punctatum. Introd. 
en 1880 par M. Kalbreyer, de la Nouv.-Grenade (prov. d’Antioquia), chez 
MM. Veitch. 


*Pleiopeltis picta, T. Moore, B. S. WiLiams, Cat. 1881, p. 36. — Cette 


espèce, voisine de P. Billardieri, est ainsi nommée à cause des réticulations 
brun-pourpre qui décorent la face inf. des frondes et qui représentent la marche 


des principales veines. Son rhizome est rampant et émet de nombreuses frondes 


subcoriaces, trilobées ou pinnatifides. 


*Polystichum tripterum, T. Moore, J. VErTcH, Café. 1881, p. 17. A. VAN 
GEERT, Cat. n° 81, p. 96. — Fougère japonaise très distinguée; stipe court, 
érigé ; frondes à 3 branches de 10-15 cent., garnies de nombreuses pinnules. 


Lastrea Richardsi, T.Moore. var. *multifida, Gard. Chr.,XVI,p.104. J. VIT on, 
Cat. 1881, p. 95, avec fig. noire. A. Van Geert, Caé. n° 81, p. 85. — Charmante 
plante de serre tempérée à feuillage crispé ou plutôt dont toutes les extrémités 
sont déprimées et découpées en nombreux petits lobes élargis en forme de crête. 


— 323 — 


Les frondes atteignent 80 cent., sont d’un beau vert et sortent en grand nombre 
d’une souche traçante. Introd. des îles de la Mer du Sud par MM. Veitch. 


*Nephrodiam antioqaianum, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Frondes glabres et 
simplement pennées; voisine de l'espèce polynésienne NW. latifolium. Introd. en 
1880 de la Nouv.-Grenade (prov.d’Antioquia), par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. 


*N. longicaule; *N. valdepilosum, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Deux Lastrea 
bipennés et simplement veinés. Introduits en 1880 de la Nouv.-Grenade (prov. 
d’Antioquia), par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. 


*Sagenia Lawrenceana, T. Moore, Gard. Chr., XV, p. 9. — Noble Fougère 
découverte par M. L. Humblot, dans les forêts épaisses et humides de Madagas- 
car, à 3000 pieds d’altitude; introduite chez MM. Sander et Cie, de St-Albans, 
Herts et dédiée à Sir Trevor Lawrence. Ses frondes sont très grandes, ovales, 
acuminées, glabres, pennées en bas, pinnatifides au sommet et forment une 
gracieuse couronne. 


*Davallia elegans, Sw., var. *polydactyla, Gard. Chr., XV, p. 562.— Var. très 
ornementale obtenue par M. Schneider à l’établissement de MM. Veitch. Le 
sommet des frondes, des principales pennes et pinnules est multifide et poly- 
dactylé. 


*D. Fijiensis, W. Bu, Cat. n° 16, p. 17, avec fig. noire. — Elégante Fou- 


gère de serre chaude, originaire des îles Fiji, à frondes deltoïdes, longues de 
2-3 pieds, quadripinnatifides, à pinnules lancéolées, devenant à la fin linéaires et 


bifides. 

*Dicksonia pubescens, Gard. Chr., XNI, p. 134. — Espèce grimpante à large 
rhizome traçant, à frondes penchées, tripinnatifides, longues de 5-6 pieds. De la 
Nouv.-Grenade (prov. d’Antioquia) et introduite en 1880 par M. Kalbreyer, chez 
MM. Veitch. : 


*Cibotium Chamissoi, Kaurr., B. S. WizLiamMs, Cat. 1881, p. 32. — Fougère 
arborescente des îles Sandwich, dont le stipe de 4 à 6 pieds de haut, est couvert 
d’écailles fauves ; frondes grandes, étalées, avec le rachis garni d’écailles ara- 
néeuses ; elles sont largement ovales de contour, bipennées, vert luisant, avec la 
surface inf. couverte de poils écailleux ; les pennes inf. sont défléchies, ovales 
lancéolées ; les pinnules sont serrées, sessiles, linéaires-oblongues. 


*Alsophila hispida, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Espèce très velue, à frondes 
décomposées, dans le genre de À. decomposita Karst. Introd. de la Nouv. Grenade 
(prov. d’Antioquia), par M. Kalbreyer chez MM. Veitch, en 1880, 

*A.? late-vagens, Gard. Chr., XVI, p. 134. — PI. très curieuse à frondes de 
10 à 15 pieds de long, avec le rachis brun luisant et les pennes distantes, ressem- 
blant aux frondes du Polypodium vulgare. De la Nouv.-Grenade (prov. d’Antio- 
quia) et introd. en 1880, par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. 

*A. podophylla, Gard. Chr., XVI, p. 134. — Stipe élancé, de 10 à 15 pieds 
de haut, à frondes bipennées, de texture très ferme; pinnules portées sur de 


“st 


YENLNO Y SU A LUE ANT UN Le pm à DA Tex 


longs pétioles. Introd. én 1880 de la Nouv..Grenade (prov. Re à par 
M. Kalbreyer, collecteur de MM. Veitch.. Pres — Fleur {IN SRRRRRS 


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4 (EM DE Jérour, 7 fs, BORNE EN 


*Danaëa serralats, Gard. Chr. “XVI p. 134. —"E8pécé simplément pénnée, 
de texture ferme, à 30-40 pennes étroites ‘et distinctement' dentées-Introd: en - 
1880 de la Nouv.-Grenade (prov. OUTRE par M. nn chez MM. Veitch. 


AA AE UMMENNTEE Ale 


LYCOPODIACÉES. 


Lycopodinm dichotomum, ‘Sw, GA, p. 389, PL 1067. Tigés dréssées, 
dichotomes: feuilles os, die Here acuminées. Des Indes occi- 
dentales. 


L. squarrosum, ForsT., ZUl. hort., p. 121, pl. 428. — Plante très ornementale 
pour les corbeilles, native des Indes orientales. Ses longues tiges, avec leurs 
feuilles épaisses, en forme de larges aiguilles, d’un vert tantôt clair, tantôt 
sombre, lui donnent cpogne ou ese avec un Araucaria. 


*Solaginella longissima, Gard. Chr. XVI, p. 134 — Ra fortement 
traçante, à tiges désarticulées et à épis tétragonaux et minces. Elle est voisine - 
de S. concinna et S. radicata. Introd. en 1880 de la Nouv.-Grenade (prov. d’Antio- 
quia), par M. Kalbreyer chez MM. Veitch. 


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LAliasse tort! rc, | (of fr 2 Dar) 
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Gymnospermes. 


. CYCADÉES... 


Juif 449 “ia DA 


*Cycas undulata, ne. Wicciams, Ouf. 1881, p: 34. — Élépante "espèce des - 
îles de la Mer du Sud, avec les frondes de 3 pieds de long, arquées et les folioles 
oblongues-acuminées; ondulées. :. 1 EL, 20 T4 OS NOR 


C. Biamensis, Mio. , LU. hort., p. 157, ‘pl. 432. — Tronc’ dressé, ‘dé 2:3 m. de: 
haut; 40 frondes et plus, de 60-80 cent. de ‘longueur, vélues dans la jeunesse, : 
devenant ensuite glabrescentes ét glaucescentes : pétiole comprimé, entièrément - 
garni d’épines courtes ; folioles se terminant brusquement en dards aigus et 


épineux. De Siam. 


*Zamia prasina, “W. Buzz, Cat ne 1176, p° 20. — Tronc desljeunes plantes 
arrondi, couvert d’écailles imbriquées ; pétioles vert foncé, sillonhés ét garnis 
de quelques petites é épines blanchés: la fronde ‘ést pennée, de forme 6blongue:: 
ovale, composée de 16-17 paires de‘folioles oblancéoléés;: entières, denticulées 


vers le sommet et avec la surface sup. d’un vert d’herbe clair. 


ti , 


-CONIFÉRES: - 


Pinus Grenvillese, Gornox, Gard. Chr, XV, p. 112, fig. 22: — Hartweg a 
primitivement découvert ce Pin à Cerro de an Juan près'de'Tepic, où il atteint 
de 60 à 80 pieds de haut et B. Roezl l’a retrouvé sur les montagnes volcaniques 


ce # 325 Ma 


de Colima. os feuilles ne de 30 à 35 ns de longueur et ses cônes pen- 
dants ont à peu près les mêmes dimensions. Parlatore en a fait la var. #acro- 
phylla du P. Montezumae. 

Abies grandis, Linpz., Gard. Chr., XV, p. 179, fig. 33-36. — Cet arbre est 
commun sur les bords de l’Orégon et dans le sud de la Colombie britannique où 
il atteint plus de 80 m. de haut. Ses feuilles sont distiques, vert-olive en dessus, 
glauques en dessous; les cônes ont8 à 10 cent. de long et sont couleur vert 
pomme. 

A. subalpina, ENGELM., Gard. Chr., XV, p. 236, fig. 43-45. — Espèce voisine de ‘ 
À. balsamea, trouvée dans les montagnes du Colorado, Utah, éte., où ellé forme 
un arbre de 60 à 100 pieds de haut et de 2 pieds de diamètre; les feuilles sont 
pointues sur les branches fertiles et bidentées sur les branches stériles, les 
cônes sont rétuses, brun pourpre et longs de 6 à 9 centim. 


GRAMINEES. 


*Arandinaria khasiana, W. Buzz. Caf. n° 16, p. 16. — Elégant Bambou des 
monts Khasia et de l’Assam où on l'observe à une altitude de 5800 pieds. Il est 
voisin de À. falcata, mais en diffère par la couleur violette de sa tige et de ses” 
rameaux, par ses feuilles qui sont lisses à la face inférieure. Les fleurs sonten 
panicule et densément imbriquées. 


gun DJ AC } 


CYPÉRACÉES. 


Cyperus laxus, _yar. . variegatns, Flor. Mag., pl 470, 2 — Élégänte variété'à 
panachure constante. avec les feuilles vertes, lignées de blanc. 


MÉLANTHIACÉES. 


Nolina Georgiana, Micx., Gard. Chr., XV, p. 688, fig. 126. — Plante de la 
Géorgie, à bulbes tuniquées, haute de 1 a pieds; feuilles rudes, denticulées, 
étroites, en-forme. de lanière, longues de 23 pieds; panicule à à branches étalées ; 
fleurs petites, blanchâtres. Load Ü 

Chionographis japonica, Gard. Chr., XV, p. 120, fig. 128-130. — PI. remar- 
quable du Japon, introduite récemment par M. Maries chez MM. Veitch. Elle 
ressemble à un Phyteuma ou au Samolus Valerandi. Ses feuilles sont glabres 
et forment une touffe radicale; la tige est garnie de bractées foliacées, les fleurs 
sont blanches et forment un épi de 10 à 12 cent. de haut : le nombre des pièces 
du périanthe varie de 3 à 6. 

Stenanthinm occidentale, A. Gray, @f., p. 34, pl. 1035, fig. 3. — Bulbe 
ovoïde,; 2-4 feuilles radicales, linéaires ou lancéolées, aiguës, membraneuses ; 
hampe grêle; panicule lâche ; fleurs verdâtres ou purpurines. De l'Amérique 
du Nord. 


— 326 — 


Tricyrtis macropoda, Mio., Bof. Mag., pl. 6544. — Tige dressée, flexueuse, 
cylindrique, glabre à la partie inf., glanduleuse-pubescente au sommet. Feuilles 
alternes, oblongues, aiguës, amplexicaules, marquées de fortes veines longitu- 
dinales, glabres au-dessus, pubescentes en dessous, denticulées et scabres sur 
les bords. Fleurs en corymbe deltoïde, verdâtres à l’extérieur, blanchâtres en 
dedans, avec de nombreuses petites taches brun pourpré. Du Japon et de la 
Chine. 

*Merendera Raddeana, Rex, Gf., p. 293, pl. 1057, fig. 1. — Bulbe ovale à 
tunique extérieure membraneuse, mince et brune ; tige triphylle, de 15 cent. de 
haut ; feuilles dressées, lancéolées, dépassant la fleur ; celle-ci couleur lilas. 
Jntroduit par le Dr Radde au Jard. bot. de St-Pétersbourg. 

Colchicum crociflorum, ReL., G#., p. 33, pl. 1035, fig. 1-2. — Jolie plante du 
Turkestan, à bulbe ovoïde, émettant des feuilles planes, linéaires, obtuses, et 
une ou plusieurs fleurs blanches dont les 6 segments sont marqués à l’extérieur 
de trois lignes longitudinales violet foncé. Rustique. 


LILIACÉES. 


Erythronium giganteum, Hook., The Garden, XX, p. 186, avec pl. col. —C'est 
la plus belle espèce du genre ; elle est considérée comme une var. de £. grandi- 
Jiorum. Ses fleurs sont d’un blanc pur, avec un cercle rouge orangé à la base. De 
la Californie et de l’île Vancouver. 


E. grandiflorum, Pursx., Zhe Garden, XX, p. 186, avec pl. col. — Grandes 
fleurs blanc de crème avec une teinte jaune de paille et un cercle rouge orangé à 
la base des divisions. 

E. revolutum, Smirx, The Garden, XX, p. 186, avec pl. col. — Les botanistes 
le regardent comme une var. de Æ. grandiflorum. Ses fleurs sont amples, à divi- 
sions assez étroites et colorées d’une belle teinte rose. De la Californie. 

Tulipa Gesneriana, L., var. Strangwaysi, Flor. and Pom., p. 65, avec pl. col. 
— Var. à très grandes fleurs d’un riche cramoisi très foncé et dédiée à M. W.F. 
Strangways. 

T. turkestanica, Rez., @7., p. 228, pl. 1061, fig. 2-4. — Bulbes à tuniques 
couvertes en dedans de longs poils; tige portant 2 feuilles et 1-6 fleurs; 
feuilles lancéolées, recurvées ou subdressées; fleurs dressées, à divisions 
glabres au sommet, pubérulentes à la base intérieure; sépales linéaires-lan- 
céolés, verdâtres extérieurement, à l’intérieur blancs avec la base jaune, tout 
comme les pétales qui sont lancéolés ou elliptiques. Du Turkestan occidental. 

Lilium Humboldti, Roezt et Leica, The Garden, XX, p. 568, avec pl. col. 
— Bulbes ovoïdes, à écailles épaisses, imbriquées, purpurines; tiges de 4 à 8 
pieds; feuilles, 10-20 à chaque verticille, vert clair; fleurs penchées, rouge 
orangé, avec des taches pourpres dans la moitié inférieure. 

L. longiflorum, THuns., var *formosanam, J. Verrcu, Cal. 1881, p. 16, avec 
fig. noire. A. Van GEERT, Ca. n° 81, p. 95. — Var. très distincte introduite par 


— 327 — 


M. Maries de l’île Formose; son port est plus élégant, ses fleurs d’un blanc plus 
pur, sa floraison est tardive et sa bulbe est rustique. 

L. pardalinum, KeLz., The Garden, XX, p. 526, avec pl. col. — Rhizome 
épais et rameux formé d’une quantité de bulbes arrondies; tiges de 3 à 7 pieds 
de haut; feuilles en verticilles de 9-15, étroitement lancéolées, acuminées, vert 
foncé, glabres et glauques; fleurs à segments révolutés, rouge orangé avec de 
l’orangé plus clair au centre et de grandes taches pourpres sur la moitié infé- 
rieure. — De la Californie. 


L. polyphyllaum, Don., The Garden, XX, p. 180, avec pl. col. — C’est la seule 
espèce du groupe Martagon qui vienne dans l'Himalaya. Son ognon caracté- 
ristique est étroit et allongé et ses écailles sont peu nombreuses. La tige a de 
60 cent. à 1 m. 20 de haut et porte environ 50 feuilles lancéolées, aiguës; ses 
fleurs sont longuement pédonculées, en entonnoir campanulé, à segments 
révolutés, verdâtres à l'extérieur, marquées à l’intérieur sur un fond blanc 
jaunâtre d’un grand nombre de linéoles longitudinales violettes. 


L. pomponium, L., 7%e Garden, XX, p. 420, avec pl. col. — Beau Lis des 
Alpes maritimes, de 1 ‘/, à 2 pieds de haut, couvert de feuilles linéaires, 
ciliées, et bouquet de 2 à 9 fleurs orangé écarlate, à divisions récurvées. 


L. rubescens, Wars., The Garden, XX, p. 484, avec pl. col. — Bulbes sem- 
blables à celles du Z. Washingtonianum, maïs plus petites, à écailles large- 
ment lancéolées; tige de 1 à 7 pieds; feuilles glabres, glauques en dessous, 
ondulées ou anies; les inférieures éparses, les supérieures en verticilles de 3-1, 
oblancéolées on aiguës; fleurs à pédoncules dressés, lilas pâle ou presque 
blanches, devenant ensuite rose pourpre, un peu tachées de brun, à divisions 
révolutées. 


L. Washingtonianum, KeLL., The Garden, XX, p. 484, avec pl. col. — 
Grandes bulbes, un peu rhizomateuses et obliques, à écailles imbriquées, 
lancéolées; tige de 2 à 5 pieds, glabre ou légèrement scabre; feuilles 6-12, en 
verticille, oblancéolées ou aiguës, plus ou moins ondulées ; fleurs très odo- 
rantes, blanc pur, devenant purpurines, en grappe thyrsoïde. 


Milla laxa, 7e Garden, XIX, p. 98, avec pl. col. — Originaire de la Californie, 
portant de larges ombelles de fleurs purpurines. La var. WMurryana a les fleurs 
plus grandes, de couleur plus claire et sont plus nombreuses. La var. alba 
vient d’être introduite dans les cultures. 


Kniphoña carnosa, 7e Garden, XIX, p. 548, avec pl. col. — Tntroduit d’Adoa 
(Abyssinie) par Schimperau Jard. bot. de Carlsruhe. Ses feuilles, placées en 
rosette, ont 1 1/, à 2 pieds de longueur et les fleurs sont d’une belle couleur 
rouge abricot. 

K. comosa, HocxsrT., Bot. Mag., pl. 6569. — Rhizome épais et court ; feuilles 
en rosette dense, linéaires, dressées, vert clair, débiles, fortement acuminées, 
presque triquètres, lisses et un peu scabres sur les bords ; hampe forte, cylin- 


7 260 Tu 


drique ; fleurs toutes penchées, en grappe oblongue dense; pédicelles très 
courts ; fleurs jaune clair, infundibuliformes, avec les étamines 'et'le style rues 
brillant, deux fois aussi JOREES que le périanthe. De l'Abyssinie. 


K. Uvaria, var. *maxima J. G. Bak., Bot. Fe. 7 pl. 6553. — De l’État libre 
We d'Orange et introduite « en 1862 par M. Th. | Cooper chez M Leichtiin. Cette 
ment acuminées, glauques, non rs sur les bords; hampe de 1m. 30: ; grappe 
orne) dense, oblongue-cylindrique, longue de 30 cent. ; ; fleurs défléchies, 
à pédicelles très courts jar pois ou moins teintées de rouge. 


X*4loe Lynchi, J. G. Bar. a IChr. ,XV, p. 266. Lure curieux hybride 
entre À. sériata et Gasteria verrucosa. obtenu par M. R. NE Lynch, curateur du 
Jard. bot. de Cambridge. PL. subacaule; feuilles 10-12, en rosette dense, sessiles, 
. lancéolées, longues de 25-30 cent., larges à la base et diminuant graduellement 
. jusqu’au sommet, vert foncé, avec des taches irrégulières blanches, bordées 
dans les deux tiers inférieurs d'une ligne cartilagineuse blanche et vers le 
Sommet de taches blanches calleuses. Hampe de 1 pied et panicule lâche de 
| 2 1 le. pieds, formée de te 8 grappes d de fleurs $ jaune pâle a avec l'extrémité verte, à 
segments oblon g-deltoïdes. 


A. macracantha, J. G. Bax., Bot. Mag., pl. 6580. — PI. grasse intéressante, 
découverte par Th. Cooper dans la Colonie du Cap. Sa tige est simple, haute de 


2-8 pieds; rosette dense de 20-30 feuilles lancéolées, vert clair, avec de nombreu- 


:,8es lignes et taches blanchâtres, bordées de larges épines deltoïdes- -cuspidées : ; 
, pédoncule purpurin, glauque, simple ou fourchu, long d’un pied; corymbe dense 
de fleurs jaune clair teinté de rouge. 


À. Perryi, J. G. BaK., Bot. Mag., pl. 6596. — PI. importée de l'ile de Socotra 
en 1878 par M. W. Perry. Sa tige est simple, haute d’un pied; les féuilles, au 
nombre de 20-30, sont en rosette, lancéolées, longues d’un pied, se terminent 

graduellement en pointe aigue, vertes, glauques, avéc lés bords rouges et sont 
garnies de dents cuspidées brun pâle; l’inflorescence, haute de I ‘/,-2 pieds, est 
généralement bi-trifurquée; les pédoncules sont pourpres et les fleurs rouge 
clair, avec le sommet vert, tournant au jaune avec Pâge. 


Hyacinthus candicans, The Garden, XIX, p. 10, avec pl. col. — Grande ne 
bulbeuse à fleurs blanches, trouvée pas M. Cooper dans l'Afrique mérid. et 
introduite chez M. Wilson Saunders. Elle a été décrite Sous ‘le nom plus con- 
venable de Gallonia candicans par M. Decaisne. PAP, ER RES 


X*Lachenalia Nelsoni, Fior. Mag., pl. 452. — Charmant hyb. entre L. luteola 
etL. aurea, présenté le 8 février 1881 par M. J. G. Nelson, dé Norwich, à la Soc. 
roy d’hort de Londres. Il porte les caractères de ses parents, mais il est plus 
robuste, et sa grappe est plus forte; : les fleurs, d’un jauné d'orange, ônt lé sommet 
des pétales teinté de vert et la partie supérieure du tübé colorée en rouge. 


Fer CRE, #2 
re 


— 329 — 


Camassia esculenta, Linpr.., The Garden, XX, p. 302, avec pl. col. — PI. bul- 
beuse, de 1-2 pieds de haut, avec la hampe terminée par une grappe lâche de 
20 fleurs au moins, de 5 cent. de diamètre, d’une couleur variant du bleu clair 
au bleu foncé et violet. De la Californie. 


*Scilla humifasa, J. G. Bak., Gard. Chr., XV, p. 626. Cette plante importée 
récemment du Natal chez M. W. Bull ressemble au $. pauciflora Bak., mais son 
infiorescence est différente et son ovaire sessile n’est pas dilaté à la base. Elle 
porte 2 ou 3 feuilles sessiles, oblongues-cordées, charnues, vert pâle avec quel- 
ques taches plus foncées à la face supérieure. La hampe est dressée, pourpre à 
la base, verte au sommet; les fleurs sont campanulées, vert rougeâtre extérieu- 
rement et disposées en un épi lâche oblong cylindrique. 


*S. microscypha, J. G. Bak., Gard. Chr., XVI, p. 102. — Bulbe ovoïde, avec de 
nombreuses tuniques brunes. Feuilles 6-8, contemporaines avec les fleurs, 
oblongues-lancéolées, subdressées, longues d’un pied, vert glauque ; les extérieu- 
res sont copieusement barrées de pourpre sur le dos près de la base; la hampe, 
de la longueur des feuiiles, est verte; les fleurs forment une grappe dense, 
longue de 12-15 cent., le périanthe est campanulé et verdâtre. Introduit des 
provinces orient. de la Colonie du Cap au Jardin de Kew, par M. Bowker. 


S. paschkinioïides, RGL., Gf1., p. 227, pl. 1051, fig. 1. — Bulbe ovale; 2-4 
feuilles radicales, glabres, linéaires-lancéolées, obtuses, glabres; hampe courte; 
fleurs étalées, à sépales lancéolés, bleu pâle, avec la nervure médiane de couleur 
plus intense. Du Turkestan. 


*S. subsecunda, J. G. Baxk., Gard. Chr., XNI, p. 38. — Bulbe globuleuse, de 
5 cent. de diamètre. Feuilles 8-9, contemporaines avec les fleurs, les extérieures 
étalées, lancéolées, longues de 15-20 cent., vertes, teintées de rouge brun sur le 
dos et de quelques barres transversales de même couleur à la base ; les intérieu- 
res sont plus étroites et plus longues, subdressées et longues de 1 pied. La 
hampe, de même longueur, est pendante, très flexueuse; les fleurs forment une 
grappe oblongue, dense, sont verdâtres extérieurement et brun verdâtre inté- 
rieurement. Trouvé dans le district de la Colonie du Cap par M. Bowker. 


Paschkinia scilloides, M. B., The Garden, XIX, p. 126, avec pl. col. — Jolie 
plante bulbeuse à hampe terminée par un épi dense de fleurs blanches avec la 
nervure médiane bleue. 


*Alliun stipitatum, RGc., Gf1., p. 354, pl. 1062. — PI. haute de 80-90 cent.; 
feuilles linéaires-lancéolées, velues sur les bords à la face inf., spathe à 2 valves 
ovales, brusquement acuminées ; ombelle hémisphérique ; pédoncules longs de 
4 cent.; fleurs odorantes, à divisions linéaires-subulées, lilas rose; ovaire 
déprimé globuleux, couvert de papilles et stipité à la base. Du Turkestan. 


*A, SuworoWwi, RGL., Gf1., p. 356, pl. 1062, fig. 4-5. — PI. glabre; feuilles 
linéaires-ligulées, molles, avec la partie sup. retombante; hampe de 40 cent.; 
ombelle hémisphérique ; pédoncules longs de 1 1/,-2 cent.; fleurs rose violacé, à 

26 


— 330 — 


segments linéaires-lancéolés, dressés. Trouvée par M. Alb. Regel dans ie pays 
des Kirghuis et dédiée à M. J. P. von Suworow. 

Eremurus himalaicus, Gard. Chr., XV1, p. 50, fig. 11. — Racines charnues ; 
feuilles aiguës, glabres, entières, longues d’un pied; hampe de I 1/,-2 pieds, 
terminée par une grappe dense de fleurs étoilées, blanches. 

E. Olgae, RGv., Gf1., p. 196, pl. 1048. -— Magnifique plante découverte autre- 
fois par Olga Fedtschenko, dans l’Asie centrale. Elle forme une forte touffe de 
feuilles glabres, linéaires-lancéolées, longues de 20-30 cent. ; du milieu s’élève 
une hampe vigoureuse, 4 ou 5 fois plus haute, dont plus de la moitié est occupée 
par une grappe serrée de fleurs en nombre immense, larges de 4 cent., blanches, 
légèrement lavées de rose, tandis que les boutons encore fermés sont de couleur 
roussâtre. 

Dracaona fragrans GAwL., var *Massangeana Hort. Jac.-Makoy, Belg. horé., 
p. 327, pl. 16. — Exposé en 1881 par MM. Jacob-Makoy et dédié à M. Ferd. 
Massange-de Louvrex. Feuilles d’un beau vert foncé à la face sup. qui est 
parcourue sur toute son étendue, dans la région moyenne, par des bandes de 
panachure vert pâle ou d’un beau jaune. 

*D. Lindeni, W. Buzz, Caé. no 176, p. 18. A. Van Geert, Cat. n° 81, p. 18. — 
Feuilles bordées de blanc et de rose, largement parcourues par des bandes régu- 
lières blanc et jaune pâle nuancé et entremêlé de zones Vertes avec d’autres 
blanches au milieu. 

XD. Thomsoni, Flor. Mag., pl. 441. — Hyb. de grand mérite obtenu par 
M. F. Bause, entre D. ferminalis et D. regina. Ses feuilles sont larges, oblon- 
gues, brièvement acuminées, vert foncé, bordées largement de rose magenta 
pâle ; les plus jeunes sont couleur crème avec une teinte rose. 


OPHIOPOGONACÉES. 


Ophiopogon Jaburan, Lopp., fol. var. Rev. hort. belge, p. 265, avec pl. col. — 
PI. du Japon, à feuilles dressées, retombantes, d’un beau vert tendre, régulière- 


ment striées de bandes jaunâtres ; hampes de fleurs purpurines. 


IRIDACÉES. 


Iris missouriensis, NuTr., Bof. Mag., pl. 6519. — Rhizome court, feuilles 4, 
linéaires, longues d’un pied, étroites ; tige fistuleuse, cylindrique à la partie inf. 
et anguleuse vers le sommet, terminée par 2-3 fleurs ; segments floraux exté- 
rieurs oblongs-onguiculés, réfléchis, veinés de lilas pourpre foncé. Des Mon- 
tagnes Rocheuses. 

L. reticulata, Bres., The Garden, XX, p. 112, avec pl. col. — Le nom spéci- 
fique de cette plante provient de la structure en forme de réseau de la tunique 
extérieure de sa bulbe. Ses feuilles sont dressées, étroites, longues d’un pied ou 


— 331 — 


plus; les fleurs sont violet foncé, avec une marque jaune clair à l'extrémité des 
divisions extérieures. Du Caucase. 


*Babiana socotrana, J. D. Hook., Bof. Mag., pl. 6585. — C’est une des plus 
remarquables découvertes du D'J. B. Balfour dans son voyage à l’île de Socotra 
en 1879-80. PI. glabre, acaule, haute de 8 cent.; sa bulbe est subglobuleuse, cou- 
verte de fibres réticulées, brunes; feuilies sur deux rangs, étroitement lancéolées, 
graduellement acuminées, raides, plissées; pétiole large, comprimé; fleur soli- 
taire, presque sessile, bleu violet, bilabiée, à segments elliptiques, aigus. 


Sparaxis pulcherrima, 7e Garden, XX, p. 588, avec pl. col. — Jolie plante 
du Cap introduite chez MM. Backhouse, d’York. Les fleurs sont roses ou 
cramoisi pourpré ou blanches lignées de pourpre. 


X*Montbretia crocosmiaeflora, HorT., Belg. hort., p. 299, pl. 14. For. Mag., 
pl. 472. — PI. provenant de l’hybridation faite par M. V.Lemoine, de Nancy, 
entre Montbretia Pottsi (fem.) et Tritonia (Crocosmia) aurea (mâle). Elle a 
aspect d’un Glayeul et mesure 0 cent. de haut; ses feuilles sont équitantes, 
dressées, arquées, elliptiques; sa hampe est grêle, terminée par une panicule 
lâche à branches très florifères ; périanthe en entonnoir, rouge orangé, passant 
au jaune près de la gorge qui est marquée de virgules foncées sur les 3 divisions 
inférieures. 


AMARYLLIDACÉES. 


Thecophylaea cyanocrocus, 7%e Garden, XX, p.62, avec pl. col. — Jolie 
_ plante bulbeuse du Chili, introduite depuis 15 ans, remarquable par ses fleurs 
odorantes, bleu violet, avec des lignes rayonnantes blanches à la gorge. La 
variété Leichtlini a la gorge entièrement blanche. 


*Zephyranthes macrosiphon, J. G. Bar., Gard. Chr., XVI, p. 70. — Nouvelle 
espèce importée depuis peu du Mexique par MM. Veitch. Bulbe ovoïde, à tuni- 
ques membraneuses, brunes ; feuilles 3-4, contemporaines avec les fleurs ou 
venant un peu plus tard, linéaires, longues d’un pied, vert clair, légèrement 
canaliculées et charnues ; spathe à 2 valves ; fleurs en entonnoir, rouge rosé. 


*2. Treatiae, The Garden, XIX, p. 499, avec pl. col. — Ressemble à Z. Aéa- 
masco, mais avec les feuilles plus larges et d’un vert plus luisant ; ses fleurs 
sont remarquables, d’un blanc pur, devenant roses avec l'âge, à segments 
plus longs et plus récurvés que dans l’autre espèce. Trouvé à la Floride par 
M. Treat. 


*Crinum Balfouri, J. G. Bax., Bot. Muyg., pl. 6570. — Découverte du D'J. B. 
Balfour dans sa récente exploration de l’île de Socotra. Bulbe ovoïde ; rosette 
d’une douzaine de feuilles contemporaines avec les fleurs, en forme de courroie, 
étalées ; hampe sortant de la bulbe sous la rosette, comprimée, longue de 


— 338 — 


1 1/,-2 pieds; fleurs 10-12, en ombelle, très odorantes ; pédicelles fermes, 
courts ; tube du périanthe cylindrique, verdâtre ; segments du limbe lancéolés, 
blanc pur, étalés horizontalement. 


C. Forbesianum, HERB., Pot. Mag., pl. 6545. — PI. très curieuse et remarqua- 
ble par ses bulbes énormes couvertes de tuniques brunes, par ses grandes feuilles 
retombantes, par sa hampe courte et sa vaste ombelle de fleurs tubuleuses, d’un 
rouge brillant à l'extérieur. De la baie de Delagoa (Mozambique) et a été envoyée 
en Angleterre, en 1824, par John Forbes. 


C. giganteum, AnDr., #1. des serres, XXIII, p. 201, pl. 2443-44. — Grande 
espèce à fleurs blanches, originaire de Sierra-Leone et introduite en Angleterre 
dès 1780 par le botaniste danois Afzelius. 


C. Moorei, 7e Garden, XIX, p. 260, avec pl. col. — Magnifique plante 
de l’Afrique mérid., introduite par M. Webb chez le Dr Moore de Glasnevin. 
Ses fleurs sont campanulées, odorantes, et rose clair: la couleur est un peu plus 
intense au sommet des segments et blanc pur au centre. 


Amarylilis reticulata, L’'HÉRrr., var. “vittata. F7. des serres, XXIII, p. 161, 
pl. 2427-28. — Gain obtenu à l’établissement L. Van Houtte entre un À. kybrida 
et l'A. reticulata striatifolia. Son nom fait allusion à la bandelette blanche qui 
parcourt, dans leur longueur, chacune des 5 divisions de la fleur. Le feuillage 
est d’un beau vert sombre, avec la veine médiane d’un blanc verdâtre. 


*Nerine filifolia, J. G. BaKk., Bot. Mag., pi. 6547. — Reçu à Kew de M. Ch. 
Ayres, hort. à Cape-Town et originaire de l’Etat libre d'Orange. Bulbe petite, 
ovoïde, recouverte de tuniques brunes, très minces. Feuilles 6-10, contemporai- 
nes avec les fleurs, grèles, subulées, graminiformes, glabres et canaliculées. 
Hampe mince, pubescente-glanduleuse; fleurs en ombelle, rouge rose, à segments 
oblancéolés, crépus, réfléchis au sommet. 


Hymenocallis Harrissiana, HER8., Bof. Mag., pl. 6562. — PI. à port naïn, du 
Mexique et introduite en 1840 par T. Harris. Sa bulbe est globuleuse, avec des 
tuniques brunes; les feuilles, au nombre de 3-5, sortent de la bulbe et sont 
contemporaines avec les fleurs ; elles sont lancéolées, vert clair, glabres, subai- 
œuës, longues d’un pied ; fleurs 2-3, en ombelle, blanches, peu odorantes. 


Caliphruria subedentata, J. G. Bak., ZU. hort., p. 39, pl. 415. — PI. de la 
Colombie, introduite il y a 10 ans en Europe. Sa bulbe est ovoïde et produit 4-5 
feuilles elliptiques, vert foncé au-dessus, plus pâle en dessous ; fleurs 6-8, en 
ombelle, d’un blanc pur, avec la base du tube vert et avec les segments 
recourbés. 


Bomarea Caldasiana, Hers., The Garden, XX, p. 138, avec pl. col. — PI. 
grimpante, longue de 8 pieds, à feuilles ovales-lancéolées, vert pâle et à veines 
parallèles; fleurs 11-15, en ombelle ; à divisions extérieures rouges et à divisions 
intérieures jaunes mouchetées de rouge. Des Andes de Quito. | 


— 333 — 


Agave filifera, Sazm-DycKk., var. variegata, Gard. Chr, XV, p. 751, 
fig. 135-137. — Cette var. a les feuilles vert foncé avec des bandes blanc 
d’argent et les bords garnis de fils, le sommet étant terminé par une épine 
pourpre foncé; inflorescence en épi compact, long de 11 pieds, formé de fleurs 


purpurines. 


A. Hookeri, JAcoBr, Bot. Mag., pl. 6589. — Feuilles 30-40, en rosette, lancéo- 
lées, fermes, longues de 4-5 pieds, vertes avec une teinte légère glauque dans le 
jeune âge, devenant de plus en plus étroites pour se terminer au sommet par 
une épine brune, bordées de dents deltoïdes-cuspidées, brun foncé, inflorescence 
de 30 pieds; panicule rhomboïdale, de 4-5 pieds de long et de 2 de large; 
périanthe à segments lancéolés, jaune pâle. Du Mexique. 

À. Toneliana, HorrT. PEACOCK., Gard. Chr., XV, p. 362. — PI. acaule ; feuilles 
40-50, en rosette dense de 4 pieds de diamètre, longues de 1 !/,-2 pieds, lancéo- 
lées, roides, vert foncé, glauques dans la jeunesse, armées au sommet d’un 
piquant brun et sur les bords d’épines brun marron, deltoïdes-cuspidées. 
L’inflorescence n’est pas encore connue. 


A. Victoriae Reginae, 7/1. hort., p. 31, pl. 413. — Il appartient au groupe 
filifera et a été introduit du Nouveau-Mexique par M. Considérant, en 1872. 
Ses feuilles sont imbriquées, épaisses, subtrigones, marquées, surtout sur 
les angles, de bandes pulvérulentes, farinacées, blanches qui se détachent d’une 
façon heureuse sur le reste qui est vert foncé; elles portent à l’extrémité et sur 
Pangle externe une ou 2 petites épines et au sommet, qui est brusquement 
tronqué, une autre épine plus forte, noire, arquée, très aiguë. 


Fourcroya cubensis, Haw., var. *inormis, Bot. Mag., pl. 6543. — Tige 
courte ; feuilles 20-30, en rosette dense, lancéolées, longues de 2 à 3 pieds, 
presque entièrement dépourvues de dents, non épineuses au sommet; panicule 
lâche de fleurs penchées. De l'Amérique tropicale. 


BROMÉLIACÉES. 


Bromelia scarlatina, Morr., Belg. hort., p. 164. — Cette plante a été intro- 
duite en 1879 dans les cultures européennes par M. J. Linden et mise au com- 
merce sous le nom fantaisiste de Distiacanthus scarlatinus. 


*Aechmea Glaziovi, J. G. Bak., Belg. hort., p. 210. pl. 13. A. VAN GEERT, 
Caf. n° 81, p. 88. — Cette pl. a été introduite en Europe sous forme de graines 
envoyées en 1876 par M. Glaziou. Ses dimensions sont petites relativement au 
genre; feuilles 30, en rosace, coriaces, dressées, arquées, à face sup. verte, 
luisante, à face inf. saupoudrée de pellicules blanchâtres ; gaïîne longue, brun 
pourpre; panicule contractée, ovale, dense, formée de petits épis; bractées 
roses; pétales convolutés, à onglet blanc et à limbe purpurescent. 


— 334 — 


A. Lindoni, J. G. Bak., Bof. Mag., pl. 6565. — P1. du Brésil mér. (prov. de 
Ste Catherine) découverte par J. Libon et mise dans le commerce en 1865 par 
M. J. Linden. Feuilles 20, en rosette, de 2 à 3 pieds de haut, arrondies au sommet, 
terminées par un mucron et bordées de fines dents. Fleurs nombreuses, en 
épi dense, avec les bractées rouge brillant, le calice couleur orange et la corolle 
jaune citron. 

Obs. Cette espèce a été décrite par M. Morren (Belg. hort., 1865) sous le nom 
de Hoplophytum Lindeni, mais M. J. G. Baker réunit aux Aeckmea, les genres 
Hoplophytum, Echinostachys, Pothuava et Canistrum. 

*Billbergia Colievi, A. VAN GEERT, Cat. n° 81, p. 91. — Port élancé; feuilles 
gracieusement réfléchies, d’un beau vert, largement zoné de blanc; fleurs bleues, 
bractées rose carminé. 

Obs. Hybride entre B. amæna (fem.) et B. Leopoldi (mâle), ainsi que 2. Joléhoisi 
et B. Rhedonensis. 

X*Billbergia Joliboisi, A. VAN GEERT, Cat. n° 81, p. 31. — Port trapu; 
feuilles vert foncé, pulvérulent, taché et zoné de pourpre violet avec des bandes 
blanches alternatives ; épines noires; fleurs bleues, bractées carmin. 


*B. Lietzei, More. Belg. hort., p.97, pl. 5-7. — Espèce voisine de LP. sridifolia, 
envoyée à M. Ed. Morren en 1878, par M. A. Lietze, hort. à Rio-de-Janeiro. Ses 
feuilles sont peu nombreuses, très inégales, coriaces, épineuses, acuminées, 
presque lisses à la face sup., couvertes de pellicules grises sur la face inf. 
Inflorescence grêle, dressée, plus courte que les feuilles; hampe allongée, lisse, 
rose, à spathes coccinées; épi lâche de 6-13 fleurs, avec les bractées roses: 
sépales un peu glauques, nuancés de rose, de violet et de vert; pétales une fois 
plus longs, révolutés au sommet, d’un beau vert clair, passant au bleu violacé 
vers le haut. 


X%B. Oberthüri, A. Van GEERT, Cat. n° 81, p:92. — Port compact, feuilles 
assez courtes, larges et presque dressées, d’un vert un peu pulvérulent, lar- 


gement zoné de blanc; épines courtes, distantes; fleurs bleu foncé, bractées 
carmin vif. 


X*B. Rhedonensis, A. Van GEerT, Caf. n° 81, p. 92. — Port élancé; feuilles 
vert clair fortement pulvérulent; zones blanches, étroites; épines courtes; 
fleurs bleues, bractées carmin clair. 


B. variegata, Morr., Belg. hort., p.13. — Pl. anciennement décrite sous le 
nom de Tillandsia variegata Arrab. et que M. Sc. Cochet, de Suisnes, a reçue du 
Brésil. Les feuilles sont lisses, les spathes rouge vermillon, la panicule très 
longue et floribonde; les sépales sont allongés, dressés, vert pâle nuancé de rose 
et bleu indigo au sommet; les pétales, élégamment arqués, sont vert pâle avec la 
même terminaison bleu indigo. 

Hoplophytum calyculatum, Morr., var. *polystachyum. Belg. hort., p. 95. — 
Inflorescence non en capitule, mais à épi composé, présentant à la base de l’épi 
principal un verticille de 7 épis secondaires, très courts. | 


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Quesnel'a roseo marginata, Morr , Belg. hort., p. $2, pl. 4. — PI]. de 50-70 cent. 
de haut sur 70-90 cent d'envergure ; feuilles 20, coriaces, arquées, en courroie, 
plisées en gouttière, garnies de nombreuses épines cornées, brunes, lisses et 
vert foncé à la partie sup., zonées de gris à la face inf.; hampe dressée, vêtue de 
spathes imbriquées, épineuses, fauve pâle; épi strobiliforme, avec les bractées 
denticulées, d’un beau rose vif et un peu farineuses sur les bords; fleurs dépas- 
sant peu les bractées, avec le calice rouge vineux et le limbe de la corolle bleu 
de cobalt. De l’Amérique intertropicale. 

*Q. Van Houttei, Morr., Belg. hort., p.163. et p. 350, pl. 18 — Cette nouvelle 
et remarquable Broméliacée du Brésil a fleuri pour la première fois en Europe en 
mai 1881, chez M. L. Van Houtte. Elle se distingue par ses feuilles très nom- 
breuses, armées de fortes épines et parfois zébrées de gris à la face inf. La 
hampe s’élève à 70 cent. environ et porte un gros épi cylindrique de fleurs ser- 
rées, chacune à l’aisselle d’une belle bractée rose, chargée en bas d’un duvet 
blanc; les pétales sont droits, blancs et bleu de cobalt à l'extrémité. 


Cryptanthus Beuckeri, Morr., Belg. hort., p. 342, pl. 17. — Jolie plante 
rapportée du Brésil en Europe par M. S. De Beucker ; son feuillage est bigarré 
de nuances tendres de rose et de vert disposées en petites bandes transversales, 
comme dans les Dichorisandra et le Dracaena Goldieana. 

*Vriesea chrysostachis, Morr., Belg. hort., p. 87. — PL. provenant de graines 
envoyées en 18% par M. Davis à MM. Veitch. Feuilles nombreuses, en rosace 
lâche, coriaces, courtes, vert pâle au-dessus, glauques et rosées à la partie inf. 
vers la base ; hampe droite, couverte de bractées lisses, vertes et un peu rosées; 
épi simple, distique, à bractées lisses, jaunes ; fleurs jaunes, plus courtes 
que les bractées. 

V. Giazioveana, Cx. LEM., For. and. Pom., p. 135, avec fig. noire. — PI, 
majestueuse, ayant l’aspect d’un Ywcca, de 6 pieds ou plus de diamètre, avec le 
tronc très robuste ; les feuilles sont acuminées, longues de 2-3 pieds ; la hampe a 
5 pieds de haut et elle est abondamment fournie de bractées vert pâle, presque 
transparentes ; la panicule est en forme de candélabre, avec les branches 
gracieusement arquées ; les fleurs sont blanches, à pétales récurvés, à étamines 
et pistil très proéminents. Du Brésil. 

*Pitcairnia bromeliaefolia, W. Buzz, Cut. n° 176, p. 19. — Jolie plante de 
serre chaude à très longues feuilles étroites et récurvées du milieu desquelles 
s'échappe un épi de fleur rouge de corail brillant, avec les étamines jaune clair. 

P. zeïifolia, C. Kocx, Bof. Mag., pl. 6535. — Feuilles 5-6, en rosette, à 
pétioles larges, lancéolées, papyracées, longues de 2-5 pieds ; fleurs 12 ou plus, | 
en grappe spiciforme; bractées rouge clair, ovales; pétales blanc verdâtre. 
Découvert au Guatémala par Warscewiez et par Purdie à la Nouv.-Grenade. 

*Anoplophytum didistichum, Morr., Belg. hort., p. 164. — Intéressante 
plante du Brésil, introduite chez MM. Jacob-Makoy. Ses feuilles sont épaisses, 
charnues, étroites, canaliculées, acuminées et gris cendré; la hampe est arquée. 


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Ce qui distingue surtout cette espèce, c’est l’inflorescence en panicule serrée et 
distique d’épis qui sont eux-mêmes distiques et formés d’une dizaine de bractées 
cendrées, vert et brun, donnant chacune une fleur blanche, 


A. incanum, Morr., Belg. hort., p. 209, pl. 11. -— Cette pl. croît au Brésil et a 
été introduite vivante en 1877, par M. Rollisson, hort. à Londres. Elle porte une 
rosace d'environ 50 feuilles, les inf. défléchies, les autres dressées, arquées ; 
elles sont toutes coriaces, lancéolées, couvertes de larges écailles épidermiques 
qui leur donnent, sur le fond vert pâle, un éclat blanc parfois nacré; hampe 
arquée, défléchie, courte; panicule serrée d’épis, distiques, à bractées couvertes 
de poils écailleux et blancs; fleurs petites. 


Paya Whytoi, Gard. Chr., XVI, p. 436, fig. 82. — PI. du Chili introduite 
en 1864 par MM. Veitch; elle a 4 pieds de haut et ses fleurs sont bleu 
foncé teinté de vert malachite. 


*Hechtia Cordglinoïides, J. G. BAK., Bot. Mag., pl. 6551. — Rosette de feuil- 
les de 4 pieds de diamètre; celles-ci, au nombre d’une centaine, sont épaisses, 
linéaires, arquées, longues de 2 pieds, terminées par une pointe épineuse et 
bordées d’épines brunes. Fleurs en panicule de 5 à 6 pieds de long, brièvement 
pédicellées et blanches. Du Mexique. 


Chevalliera Veïitchi, Morn., The Garden, XIX, p. 654, avec pl. col. — Voir 
notre Revue pour 18717 (Belg. hort., 1878, p. 94). 


ORCHIDÉES. 


*Pleurothallis Barberiana, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 6. — Feuilles très 
petites, épaisses, longuement pétiolées, à limbe elliptique, canaliculées en 
dessous; pédoncules capillaires; sépales lancéolés, aristés, ciliés, couleur d’ocre, 
avec de petites taches pourpres; les pétales sont plus petits, dentelés, blan- 
châtres, avec une teinte ochracée; le labelle est oblong, claviforme. Introduit 
chez M. H. Low, de l’Afrique tropicale méridionale. 


*P. Binoti, Rez., Gf., p. 295, pl. 1058, fig. 4. — Feuilles coriaces, elliptiques; 
pédoncule sortant de la gaîne de la feuille ; grappe lâche, de 7-8 fleurs briève- 
ment pédonculées, jaunes, striées de rouge à la base intérieure, bilabiées. 
Découvert au Brésil par M. Pedro Binot. 


Masdevallia bella, Rous., For. Mag., pl. 433. — Espèce remarquable à 
grandes fleurs brun pourpre à l’extérieur et jaunes à l’intérieur : le sépale 
impair et la moitié extérieure des autres sépales sont fortement maculés de brun 
pourpre qui est également la couleur des cornes; la partie intérieure est jaune 
d'ocre. Introduite de la Colombie par M. W. Bull. | 


— 331 — 


*M. faciata, Rous. Gard. Chr., XV, p. 202. — Espèce voisine de M. heleromor- 
pha; le sépale impair est oblong, convexe, en forme de capuchon et terminé 
par une corne filiforme, avec des bandes de couleur mauve; les sépales latéraux 
sont plus étroits, entièrement mauves et finissent en un long appendice ; les 
pétales sont ligulés et blancs et le labelle est panduriforme. Envoyé de la Nouv.- 
Grenade par M. Schmidtchen chez M. F. Sander. 


*M. inflata, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 716. — Voisin de M. corniculata, 
mais les bractées triangulaires sont plus amples et plus courtes, fortement 
sillonnées à la base; les fleurs sont plus petites avec les deux sépales latéraux 
enflés et couleur orange ; le labelle est plus étroit, cunéiforme et couvert d’aspé- 
rités sur le lobe médian. Introduit chez M. W. Bull. 


M. Shuttleworthi, Rous., Z/. hort., p. 171, pl. 435. — Espèce de la Colombie, 
introduite en Angleterre par M. Shuttleworth. Ses feuilles sont petites et por- 
tées sur des pétioles assez grêles; les hampes, à peu près de la longueur des 
feuilles, ne portent généralement qu’une fleur ; le sépale dorsal est rouge jau- 
nâtre; les sépales latéraux sont roses et parsemés de petits points, le labelle est 
fort petit et les cornes sont très longues et jaunes. 


M. trochilus, F/or. Mag., pl. 443. — Espèce d’aspect singulier, introduite 
par M. B. $S. Williams, de la Nouv.-Grenade. $es fleurs sont brun pourpre, 
avec de longues cornes jaune d’or. 


M. Wallisi, var. *discoidea, Gard. Chr., XVI, p. 166. — Cette var. porte un 
disque blanchâtre au sommet de chaque sépale; les taches sont plus grandes 
que dans le type et le brun est plus teinté de pourpre. Se trouve chez M. Ch. 
Winn, à Birmingham. 

*M. Winniana, Roxs., Gard. Chr., XVI, p. 198. — Espèce voisine de 
M. Roerli, mais à plus grandes fleurs et à couleurs plus claires. Se trouve chez 
M. Ch. Winn, à Birmingham. 


*Octomeria cochlearis, RoxB., Gard. Chr., XV, p. 266. — Feuilles bullées, 
vigoureuses, glauques, pourpres en dessous, avec de nombreuses rides trans- 
versales. Les fleurs sont couleur d’ocre lavé de blanc, le labelle est jaune soufre, 
couvert de poils et porte une tache irrégulière pourpre sur le disque. Importé 
du Brésil par le Dr Wallace, président de la « New Bulb Company » Lion Walk, 
Colchester. 

Stelis Bruchmülleri, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 136. — Espèce du Mexique, 
à fleurs pourpres élégamment ciliées, introduite par MM. Veitch. 


*S. grossilabris, RcH8., Gard. Chr., XVI, p. 717. — PI. curieuse introduite 
par M. W. Bull: ses feuilles sont spathulées, aiguës; ses fleurs sont verdâtres et 
disposées en grappes plus courtes que les feuilles ; le labelle est charnu et épais. 

*Microstylis chlorophrys, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 266. W. Bull., Caé. 
n° 176, p. 19. — Jolie perle de Bornéo, introduite chez M. W. Bull et appartenant 
au groupe du Æ#. versicolor. Toute la plante a une teinte pourpre ou brunâtre, 

27 


— 338 — 


avec le bord des feuilles vert clair : celles-ci sont brun sépia au-dessus et pour: 
pres en dessous ; elles sont oblongues, aiguës et ondulées sur les bords; le 
pédoncule est rose brillant et les fleurs pourpres avec un labelle sagitté de 
couleur d’ocre. 

*M. metallica, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 19. — Charmante petite plante de 
l’île de Bornéo, à bulbes cylindriques et avec les feuilles rose brillant en dessous, 
pourpre noirâtre au-dessus et avec un reflet métallique ; le pédoncule est violet 
et terminé par une longue grappe de fleurs dont le sépale impair est jaune, les 
latéraux roses d’un côté et jaunes de l’autre ; les pétales et le labelle sont colorés 
en rose clair. | 

*M. vontilabrum, Rcus., Gard. Chr., XVI, p. 717. — Espèce voisine de 
M. Rheedi et introduite des îles de la Sonde chez MM. Hugh Low et Cie. Les feuil- 
les sont vert clair avec une teinte brunâtre sur la nervation, les fleurs sont jau- 
nes, avec le labelle très large ; la colonne est blanche, avec les deux ailes vertes. 

*CϾlogyne (P/eione) Arthuriana, Roxs., Gard. Chr., XV, p. 40. J. Veitch, 
Cat. 1881, p. 17. — Cette plante très embarrassante et une des dernières intro- 
ductions de MM. Veitch, a été dédiée à M. Arthur Veitch. Ses fleurs ressemblent 
à celles du C. maculata; elles portent une ou deux lignes distinctes de couleur 
mauve sur les pétales; le lobe antérieur du labelle est pourpre mauve foncé; les 
pseudobulbes sont obtuses, pentagonales, avec la partie supérieure conique. 

*C. brachytera, Roxs., Gard. Chr., XVI, p. 6. — Pseudobulbes tétragonales; 
feuilles géminées; grappe lâche; sépales et pétales vert perroquet; labelle blanc 
avec une teinte brune. Son nom spécifique qui signifie ailes courtes, provient de 
la brièveté des divisions du labelle. Introduit de la Birmanie chez MM. Low. 

C. cristata, Linpz., var *alba, W. Bull, Caé. n° 176, p. 16. — Charmante 
variété à fleurs blanc de neige, marquées de jaune sur le labelle; celui-ci est 
plus grand et plus concave; les pétales et les sépales sont plus étroits. 

C. cristata, LinpL., var *hololeuca, Gard. Chr., XV, p. 563. — Très belle 
plante d’un admirable développement avec la crête blanche. Elle se trouve 
chez M. W. Bull. 

Bolbophyllum Beccari, Roxs., Bof. Mag., pl. 6567. — C’est l’Orchidée la 
plus étrange que l’on ait découverte et l’une des plus grandes espèces de cette 
famille. Il est permis de douter qu’elle soit bien accueillie dans les collections, 
ses fleurs exhalant une odeur de chair corrompue très désagréable. Elle a été vue 
dans son pays natal, l’île de Bornéo, en 1853, par Th. Lobb, mais c’est M. Ed. 
Beccari qui l'a, le premier, envoyée en Europe. Elle a un très gros et long 
rhizome qui s'attache aux arbres au moyen de ses nombreuses racines, des 
pseudobulbes subglobuleuses portant chacune une très grande feuille épaisse et 
coriace et à la base de l’une de ses pseudobulbes naît un pédoncule court et gros, 
garni d’écailles pourpres et rayées de rouge; grappe pendante, ovoïde; bractées 
égalant les fleurs, lilas pâle rayé de rouge ; sépales ochracés, avec des réticula- 
tions rouges; pétales de même couleur et labelle rayé longitudinalement de 
rouge. 


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*B. Bowringianum, Rcuas., Gard. Chr., XV, p. 814. — Pseudobulbes très 
petites, subglobuleuses, monophylles; feuilles charnues, vert foncé, oblongues, 
ligulées, obtuses; sépales blanc ochracé, tachés de pourpre clair; pétales blancs, 
verts au sommet, avec une tache rouge foncé à la base; labelle vert jaunâtre, 
avec quelques taches brun sépia. Introduit d’Assam chez M. J. C. Bowring, 
Forest Farm, Windsor Forest, grand amateur d’Orchidées. 


*Cirrhopetalum abbreviatum, Rcus., Gard. Chr., XVI, p. 70.— Pseudobulbes 
trigones, feuillées ; fleurs petites ; les sépales latéraux sont cohérents, courts, 
émoussés et larges ; le sépale sup. est triangulaire, subulé ; il est cilié, ainsi 
que les pétales et est de couleur pourpre comme le labelle ; les autres parties 
de la fleur sont blanches avec de nombreuses petites taches pourpres. Se trouve 
chez MM. Henderson. 


*C. trigonopus, Rcxs., Gard. Chr., XVI, p. 11. — Pseudobulbes pyriformes, 
triquètres; feuilles coriaces, cunéo-oblongues, ligulées, obtuses ; fleurs en 
ombelle; sépale impair appendiculé, triangulaire, cilié; sépales latéraux ligulés, 
obtus ; pétales triangulaires, ciliés ; le labelle est mauve et verruqueux et toute 
la fleur est lavée de lilas clair. Se trouve chez MM. Henderson. 

*Eria ignea, Rous., Gard. Chr., XV, p. 182. — Espèce voisine de Æ. Dilrwyni 
Hook., à pseudobulbes petites et ovoïdes, à feuilles linéaires ligulées aiguës ; 
grappe pluriflore ; pédoncules et ovaires jaune de chrome; sépales et pétales 
rouge vermillon et labelle jaune pâle. Introduite de l'île de Bornéo par 
MM. Veitch. 


*Polystachya hypocrita, Roxs., Gard. Chr., XVI, p. 685. — PI. voisine de 
P. tessellata Lindl., de l'Afrique occid. et introduite chez M. T. Christy, à 
Sydenham ; les sépales latéraux sont triangulaires, le sépale sup. et les pétales 
sont linéaires, aigus ; le labelle est blanchâtre, cotonneux, à lobe moyen crispé. 


X Dendrobium Aïinsworthi, Moore, Gard. Chr., XVI, p. 625, fig. 125. — Hyb. 
entre D. heterocarpum et D.nobile,obtenu par M. Mitchell, jard. du Dr Ainsworth, 
de Broughton. Ses fleurs sont blanc d'ivoire avec le centre du labelle violet 
pourpre. 


D. amœnam, Wazucx, Gard. Chr., XVI, p. 625, fig. 126. — Espèce hima- 
layenne introduite en 1875 par le major Berkeley chez M. W. Bull. Les fleurs 
sont blanc d'ivoire avec les extrémités des sépales et des pétales violet pourpre; 
le centre du labelle est jaune. 

D. Brymerianum, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 688, fig. 140. For. Mag., 
p. 459. — Orchidée de Bornéo qui a fleuri pour la première fois en 1875 chez 
M. W. E. Brymer, Islington House, Dorchester. Elle est remarquable par ses 
fleurs jaune foncé et par son labelle frangé de papilles nombreuses et rameuses. 


*D. Curtisi, RcHs., Gard. Chr., XVI, p. 102. — Tiges de 2 !/, pieds de haut; 
grappe paucifiore; les fleurs dans le genre de celles du D. cumulatum, sont cou- 
leur améthyste; le labelle est ligulé, aigu, blanc, orangé au milieu et améthyste 


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au sommet. Découvert à l’île de Bornéo par M. Curtis et introduit chez 
MM. Veitch. 


D. Dalhousianum, PAxT., Z!1. hort., p. 90, pl. 423. — Cette espèce a le port de 
D. moschatum, mais se reconnaît facilement par les gaînes des feuilles qui ont 
les côtes et les disques d’un bronze rouge ou des macules de cette couleur. Les 
sépales et les pétales sont d’un blanc ochracé, lavé de rose; deux grandes 
macules pourpre foncé, souvent noirâtre, marquent le sommet du labelle. Décou- 
vert dans l’Assam par M. Gibson et en Birmanie par le Rév.C. Parish. 


D. speciosum, Sm., var. *Bancroftianum, Gard. Chr., XV, p.782. — Son 
labelle est couleur soufre très clair avec quelques taches minuscules de pourpre 
à la base. Trouvée par le Dr Bancroft à Brisbane. 


D. thyrsiflorum, Gard. Chr., XV, p. 463, fig. 81. Flor. Mag., pl. 449. EN 
belle plante est native du Moulmein où elle a été découverte en 1856 par le 
Rév. M. Parish et introduite chez Hugh Low et Cie. Décrite dans le Bofanical 
Magazine (tab. 5780) comme le D. densiflorum var. alboluteum, elle est plus 
connue dans les jardins sous le nom de D. éhyrsifiorum. 

D. Treacherianum, Rcuxs., Bot. Mayg., pl. 6591. — Remarquable forme voisine 
de D. cœlogynoïdes, native de Bornéo, importée par MM. Low, de Clapton et 
dédiée à W. H. Treacher, Esq., Colonial Secretary, Labuan. Son rhizome est 
rampant, ses pseudobulbes nombreuses, pressées, ovoïdes, courbées, à 5-6 angles 
proéminents et arrondis, vert brunâtre, avec une teinte rouge de sang au sommet 
et sur les côtes; feuilles 2, linéaires, oblongues, coriaces, striées, vert foncé; 
hampe sortant de la pseudobulbe, grêle, non rameuse, terminée par 2-3 fleurs 
dressées, rouge rose, à sépales et pétales en pointe et récurvés; le labelle est 
rouge plus foncé. 


*Collabium simplex, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 462. — Bulbes arrondies sur 
un rhizome vigoureux, pourpres, devenant vertes avec l’âge; feuilles oblongues, 
aiguës, ondulées, vert brillant, avec de nombreuses taches vert foncé ; fleurs en 
grappe, à sépales et pétales jaune verdâtre, avec des macules brunes extérieure- 
ment et pourpres intérieurement ; labelle blanc. PI. de Bornéo introduite 
d’abord chez MM. Veitch, puis chez M. W. Bull. 

Epidendrum raniferum, For. Mag., pl. 445. — Introduction récente du 
Mexique, remarquable par sa jolie panicule de fleurs verdâtres, par les sépales 
etles pétales tachetés de brun pourpre et par la base blanche du labelle. 


*E, Stangeanum, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 462. — Curiosité botanique 
remarquable trouvée par M. F. F. Stange, à Panama. Elle est petite, haute de 
5 à 6 pouces au plus, avec des feuilles dressées, canaliculées et émoussées; ses 
fleurs sont vertes, très petites et semblables à celles de l’Z. diffusum. 


Laelia crispa, Roue. var. *delicatissima, Gard. Chr., XVI. — Belle variété à 
fleurs presque blanches, avec le labelle pourpre mauve et couleur de soufre au 
sommet. Se trouve chez M. B. S. Williams. 


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L. Perrini, Lino, var Yirrorata, Gard. Chr., XVI, p. 717. — Belle var. à 
fleurs rose clair; le labelle est presque blanc, avec le disque jaune pâle et le 
sommet pourpre. Se trouve chez M. B. $S. Williams. 


L. Perrini, Linz, var. *nivea, B. S. WiLLiaMs, Cal. 1881, p. 35. — Var. très 
distincte par ses fleurs d’un blanc pur, sauf le labelle qui est rose. 

X*Cattleya Chamberlainiana, Hort., Gard. Chr., XVI, p. 427. — Hyÿb. 
obtenu entre C. Leopoldi et C. Dowiana. Il ressemble plus au premier, mais est 
plus petit; pseudobulbe bifoliée; sépales pourpre brunâtre; pétales pourpres, 
rhomboïdaux, ondulés; les lobes latéraux du labelle sont triangulaires, le lobe 
antérieur est bidenté et ondulé. Dédié à M. J. Chamberlain, amateur d’Orchi- 
dées à Birmingham. 

C. guttata, Linpz., var. *lilacina, Gard. Chr., XVI, p. 38. — La couleur des 
sépales et des pétales est lilas clair; le labelle est grand, blanchâtre, avec une 
teinte lilas; le lobe moyen est d’un beau pourpre. Se trouve chez Sir Trevor 
Lawrence. 

XC. hybrida picta, For. Mag., pl. 413. — Hyb. obtenu vers 1855 par 
M. Dominy, à l’établissement de MM. Veitch, entre C. guittata et C. intermedia. 
Sa tige est plus longue et plus grêle que dans la seconde espèce, mais plus 
courte et plus ferme que dans la première; ses feuilles, au nombre de deux, sont 
étalées, coriaces et oblongues. 


C. luteoia, var. *Roezli, Gard. Chr., XV, p. 182. — Les fleurs ont les couleurs 
plus claires que dans le type, avec deux grandes taches pourpres sur chaque 
lobe, interrompues par de nombreuses veines blanches. Trouvée au Pérou par 
M. B. Roezl. 


XC. Mardelli, Roxs., For. Mag., pl. 438. — Très remarquable hyb. obtenu 
par M. Seden dans les serres de MM. Veitch, entre C. Devoniensis (mâle) et 
C. speciosissima (fem.). 

C. Mendelli, var. superbissima, 74e Garden, XX, p. 352, avec pl. col. — Une 
des plus belles variétés de l’espèce par la délicatesse de ses couleurs. Son labelle 
est très grand, concave, crépu et comme gaufré sur le bord, d’une riche couleur 
améthyste; les sépales sont très amples et ont une jolie teinte bleue. 


*Pachystoma Thomsonianum, Hook., J. Veitch, Café. 1881, p. 16, avec 
fig. noire. À Van Geert, Cat. n° 81, p. 96. — Petite Orchidée, voisine des Pleione ; 
sa bulbe a la forme d’une figue; sa feuille membraneuse a la longueur et l’écar- 
tement de la main; les fleurs, portées sur un assez long pédoncule, sont grandes, 
à pétales et sépales blanc vernissé; le labelle est rouge pourpre vif strié de brun. 
Côtes de l’Afrique occid. et introduite par M. Kalbreyer. 


*Phajus Blumei, LiNpL., A. Van Geert, Caf. n° 81, p. 96. — Feuillage d’un 
vert tendre; sépales jaune d’ocre et labelle blanc jaune d’or au centre. 


*P. tuberculosus, BL., Gard. Chr., XV, p. 342, fig. 67 et p. 428. — PI. de 
Madagascar introduite par M. Léon Humblot; sa tige est élancée, tordue et 


— 342 — 


porte des feuilles oblongues, plissées, longues d’un pied. Elle porte 2 épis 
de 5 et 6 fleurs. Celles-ci ont leurs divisions blanc de neige; le labelle 
est grand, canaliculé, trilobé; les lobes latéraux sont suborbiculaires, jaunes, 
tachés de pourpre et ondulés sur les bords; le lobe central est arrondi, rose et 
ondulé. Elle à fleuri chez Sir Trevor Lawrence, 

*Acanthophippium Curtisi, Rcxs., Gard. Chr., XV, p. 169. — La forme des 
fleurs est celle de l’A. bicolor Lindl.; le pédicelle est pourpre ; le périanthe est 
rose clair, avec de nombreuses taches pourpres ; le labelle est jaune, avec les 
lobes blanc mêlé de pourpre. Introduit par MM. Veitch de l’Archipel Malaisien. 


*Maxillaria fractiflexa, Rous., Gard. Chr., XV, p. 656. — Curieuse décou- 
verte de M. Lehmann, introduite chez MM. J. Backhouse d’York. Les sépales et 
les pétales sont terminés par des cornes longues de 15 cent. au moins et tordues; 
le labelle est trifide, blanc, avec le lobe moyen couvert de rugosités, la partie 
antérieure des lobes latéraux et le lobe médian sont rouges. 


Lycaste Deppei, Linpr., var. punctatissima, Gard. Chr., XNI, p. 117. — 
Introduite récemment du Guatémala chez M. B. S. Williams. Les sépales et les 
pétales sont vert blanchâtre et couverts d’une innombrable quantité de taches 
pourpres; le labelle est jaune avec des lignes rayonnantes pourpres sur les lobes 
latéraux et 5 taches semblables sur le lobe médian. 


*Promenaea microptera, RcuB., Gard. Chr., XVI, p. 184. — Espèce voisine 
de P. xanthina Lindi. ; toute la fleur est couleur d’ocre brillant, avec des zones 
pourpres sur le disque du labelle et des taches similaires sur le callus. Se trouve 
chez M. D’'Haene à Gand, MM. Veitch et B.S. Williams, à Londres. 


*Pescatorea Dormaniana, Rous., Gard. Chr., XV, p. 330. — Voisin des 
P. Klabochorum et Lehmanni ; ses fleurs sont élégantes, blanches, avec un peu de 
couleur soufre sur la crête et au bout des sépales ; la base sagittée de la colonne 
et le callus caractéristique au pied du labelle distinguent également cette plante. 
C’est une découverte de Fr. Klaboch dédiée à M. Ch. Dorman. 

P. Klabochorum, Rous., Z/1. hort., p. 153, pl. 431. — Fleur d’un coloris admi- 
rable, blanc de crème et violet pur, avec le labelle blanc, des poils et des carènes 
couleur rouge cerise sombre. Trouvé à la Nouv.-Grenade par les frères Klaboch. 


*Bollea pallens, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 462. — Sépales et pétales d’un 
mauve pourpre très brillant, avec le labelle jaune verdâtre et le bord intérieur 
des sépales latéraux couleur cannelle ; la moitié inférieure de ces organes est 
jaune très clair. Se trouve dans la collection de M. J. Day. 

*Trichocentrum Hoegei, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 117. — Petite plante à 
feuilles cornées, cunéo-oblongues, aiguës ; pédoncule flexueux, terminé par une 
grande fleur : sépales et pétales jaune verdâtre, avec une marque pourpre au 
milieu ; labelle panduriforme, ondulé, émarginé au sommet, avec le callus 
géminé, de couleur blanche, de nombreuses lignes et taches pourpres à la base. 
Trouvé à Cordova (Mexique), par M. Hoege, entomologiste hambourgeois. 


— 343 — 


*T, Pfavi, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 10. — Sépales et pétales spathulés, 
émoussés mi-brun et blanc; labelle cunéo-flabellé, bilobé, crépu, blanc, avec 
une tache rouge sur le milieu du pied. Belle découverte de M. Pfau, dans 


l'Amérique centrale. 


Bifrenaria Hadweni, Linpz., var. “bella, Gard. Chr., XV, p. 9. — Nouvelle et 
grande variété à sépales presque jaune blanchâtre à l’extérieur, brun cannelle 
brillant à l’intérieur, avec quelques taches, barres et figures hiéroglyphiques de 
couleur soufre blanchâtre; le labelle est large, blanc, avec tache brune en 
arrière et une plus grande sur le sommet du callus; les lobes latéraux portent 
des lignes rayonnantes brunes et l’intérieur des lignes mauves. 


Batemania meleagris, Gard. Chr., XVI, p. 208, fig. 40. — Espèce brésilienne 
décrite en 1838 par le Dr Lindley sous le nom de Æuntleya meleagris. Les 3 sépa- 
les et les 2 pétales latéraux sont ovales, acuminés, étalés, blancs à la base et le 
reste marbré d’un riche brun purpurin sur fond jaune; le labelle, semblable de 
forme et de couleurs, est plus petit. 


Catasetum fimbriatam, LiNpr.., var. *fissum, Gard. Chr., XV, p. 498. — Jolie 
variété qui se trouve chez MM. Jacob-Makoy, à Liége : la fleur est verte avec des 
barres brun pourpre sur les pétales, des taches et des lignes sur les sépales ; le 
labelle est vert. 


C. tabulare, Lixpr., var. *laove, Gard. Chr., XVI, p. 492. — Variété remar- 
quable par le grand développement des crêtes dentelées du labelle. 


*C. tigrinum, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 40. — Plante curieuse avec les 
sépales et les pétales blancs et de nombreuses barres couleur cannelle. La 
colonne et le labelle sont ocre blanchâtre clair; le dernier est épais, étroit et 
triangulaire. 


Mormodes buccinator, LiNpc., var. *theïochlorum, Gard. Chr., XV, p. 498. 
— Les sépales et les pétales sont vert luisant, le labelle couleur de soufre et la 
colonne blanche. Recueilli à la Nouv.-Grenade par M. Schmidtchen pour 
M. Fréd. Sander. 


M. Cartoni, Hook., var. *aurantiacum, Gard. Chr., XV, p. 136. — PI. dela 
Nouv.-Grenade, introduite par M. W. Kalbreyer chez MM. Veitch. Ses fleurs 
sont orange ; le labelle est jaune de soufre et couleur d’ocre en dessous. 


M. Cartoni, Hook., var. *stenanthum, Gard. Chr., XV, p. 136. — PI. intro- 
duite de la Nouv.-Grenade par M. W. Kalbreyer chez MM. Veitch; ses fleurs 
sont couleur d’ocre, avec des bandes brun sépia, au nombre de 5, sur les sépales 
et les pétales; la colonne est blanche, avec quelques taches pourpres. Toutes 
les parties de la fleur sont très étroites. 


M. Ocanae, var. *brachylobum, Gard. Chr., XV, p. 104. — Cette var. se 
remarque par les lobes latéraux du labelle courts et confluents avec le lobe 
médian. Introduite par W. Kalbreyer chez MM. Veitch. 


— 344 — 


Stanhopea tricornis, Rous., For. Mag., pl. 469. — Espèce importée de 
l’'Ecuador, en avril 1877, chez MM. Low et Cie, par M. T. C. Lehmann. Son 
pédoncule est pendant et porte deux fleurs grandes eu égard aux pseudobul- 
bes ; elles sont blanc jaunâtre et deviennent ochracées avec l'âge ; à la base des 
pétales on observe une tarhe rouge pourpre. 

*Gongora similis, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 812. — Ressemble au G. gratu- 
labunda, mais la fleur, au lieu d’avoir de petits points sur fond couleur de paille, 
porte de grandes taches sur fond jaune. Introduite de la Colombie ou du 
* Brésil chez M. F. Sander. 


X*Anguloa media, Rous., Gard. Chr., XNI, p. 38. — Hyb. obtenu chez 
M. Bowring, entre À. Clomwesi et A. Ruckeri. Les sépales et les pétales sont jaune 
orange extérieurement, pourpre brunâtre intérieurement. Le labelle a le lobe 
antérieur court et les lobes latéraux sont brun rougeâtre. 


A. purpurea, Linp., JU. hort., p. 120, pl. 427. — Belle Orchidée de serre 
tempérée trouvée par M. N. Funck dans les Andes du Vénézuéla. 


Calypso borealis, Saziss., Gard. Chr., XVI, p. 656, fig. 132. — Elégante 
Orchidée terrestre, répandue dans le nord de l’Europe, de l’Asie, de l'Amérique. 
Ses fleurs sont rose et brun avec la crête du labelle jaune. 


Ealophia guineensis, KEr., 7e Garden, XIX, p. 332, avec pl. col. — Feuil- 
lage semblable à celui des Haemanthus et fleurs ressemblant à celles des Willo- 
nia, placées alternativement sur un pédoncule élancé. 


*Kefersteinia mystacina, Rcxs., Gard. Chr., XV, p. 530. — Très curieuse 
espèce dans le genre de X. graminea. Ses fleurs sont vert jaunâtre, le callus et 
la base du labelle sont blanc avec des taches pourpres. Trouvée par M. Falken- 
berg en Colombie et introduite chez M. Kienast-Z51ly, à Zurich. ; 


*Notylia laxa, RoxB., Gard. Chr., XVI, p. 620. — Curiosité botanique, 
voisine de W. nuptialis, introduite du Brésil chez M. B. S. Williams : c’est une 
plante modeste, verdâtre dans toutes ses parties, sauf une tache orange à la base 
des pétales; l’inflorescence est longue et lâche; les sépales et les pétales sont 
étroits et le labelle court. 

Gomeza (Rodriguezia) planifolia, Linpc., var *crocea, Rel., @f1., p. 259, 
pl. 1053, fig. 1. — Var. trouvée par M. Lietze, aux environs de Rio-de-Janeiro. 
Ses feuilles sont courtes et étroites ; sa grappe est lâche et pauciflore; les fleurs 
sont jaune d’ocre foncé, avec les divisions subspathulées-oblongues, aiguës ; les 
2 sépales inf. sont connés; le labelle est jaune pâle et strié de couleur plus 
foncée ; la colonne est blanche. | 


*Oncidium Brienianum, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 40. — Très curieuse 
espèce, introduite du Paraguay chez MM. Henderson et distinguée primitivement 
par M. O’Brien. Elle porte des pseudobulbes ceurtes, petites, diphylles, les 
feuilles sont lancéolées-aiguës ; la panicule est dense, penchée et les pédoncules 
sont très courts ; les fleurs sont jaune de soufre clair et la partie antérieure du 
labelle est très petite. 


— 345 — 


*0. Gardnerianum, Gard. Chr., XV1, p. 86, fig. 23. — Fleurs d'un jaune 
citron, tachées et barrées de brun marron sur les sépales et les pétales, à labelle 
grand, jaune et marginé de brun. Exposé par M. W. Bull, le 12 juillet 1881, à la 
Soc. roy. d’hort. de Londres. 


*O, grandiflorum, Rous., Gard. Chr., XV, p. 82. — Espèce voisine de 
0. aemulum, mais les pétales sont plus aigus et, ainsi que le sépale impair, ils 
sont bordés de jaune ; le labelle a le limbe médian spathulé et le callus est plat ; 
les pédoncules sont très gros et les feuilles sont longues de plus de 1 !/, pied. 
Introduction des Etats-Unis de la Colombie chez M. Bull. 


*O, Lietzei, Reu., G#., p. 163, pl. 1044. — Cette nouvelle espèce a été envoyée 
du Brésil par M. Lietze au Jard. bot. de St-Pétersbourg et elle est voisine de 
O. amictum. Ses pseudobulbes sont arrondies, comprimées et terminées par une 
seule feuille ovale-oblongue, obtuse, parcheminée. La hampe naît à la base d’une 
pseudobulbe, est grêle, rougeâtre et se termine par une panicule lâche de fleurs 
colorées en brun clair uniforme ; les 2 sépales latéraux sont unis en une seule 
foliole de forme obovale et qui ne garde à son extrémité que deux petites dents 
comme dernier vestige de cette soudure. 


*0. phylloglossum, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 169. — Pseudobulbes oblon- 
gues, pyriformes, ancipitées, à 2 ou 3 côtes obscures, diphylles ; les feuilles 
sont lancéolées, aiguës; panicule rameuse de fleurs brun marron, avec les 
bords des sépales et des pétales jaune clair ; le sépale impair et les pétales sont, 
fortement ondulés ; le labelle est singulier, bordé de jaune et blanc au sommet. 
Introd. de la Nouv.-Grenade chez M. W. Bull. 


Odontoglossam cuspidatum, Rous., xanthoglossum, Gard. Chr., XV, p. 498. 
— Grappe de grandes fleurs d’une riche couleur jaune, avec une teinte marron. 
Sépales et pétales un peu étroits, lancéolés, acuminés, étalés. Labelle ligulé, 
acuminé, ondulé et dentelé. Découvert à la Nouv.-Grenade par M. Coradine pour 
le compte de MM. Veitch. 


__X*0. deltoglossum, Rcuxs., Gard. Chr., XV, p.202. — Hyb. naturel entre 
O. leucopterum et O. odoratum, trouvé dans les collections de MM. Veitch, et 
portant une jolie grappe de fleurs étoilées : sépales et pétales étalés, lancéolés, 
acuminés, ondulés, couleur de soufre avec des taches brunes. Le labelle est 
deltoïde, brièvement onguiculé, à lobes denticulés, acuminés, jaune de soufre, 
avec des lignes brunes à la base et une grande tache obcordée brune sur le disque. 


X*0. excellens, Rcuxs., Gard. Chr., XVI, p. 426. — Hyb. naturel (?) entre 
O. Pescatorei et O. tripudians, introduit chez M. Stuart Low. Les fleurs sont 
plus grandes que chez le dernier; les sépales sont jaunes, avec quelques taches 
pourpres et le supérieur porte une marque centrale blanche; les pétales sont 
plus larges, blancs et bordés de jaune; le labelle est adné à la base de la colonne, 
en forme de violon et dentelé à la partie supérieure. 


28 


— 346 — 


X*0. facetum, RcuB., Gard. Chr., XV, p. 568. — Hyb. obtenu chez M. W. 
Bull entre O. Halli et luleo-purpureum ou O. Halli et tripudians. Ses sépales 
sont étroits, lancéolés, jaune clair avec de grandes taches couleur cannelle; les 
pétales sont de même forme et de même couleur, avec de nombreuses dents très 
fines; le labelle est circulaire, court, délicatement frangé, convoluté, ondulé et 
jaune clair. 

O. hebraicum, Rous., Gard. Chr., XNI, p. 172, fig. 36. — PI. des Etats-Unis 
de la Colombie, introduite par M. W. Bull. Ses fleurs sont jaunes, avec des 
taches brunes sur les sépales et le labelle; les pétales sont marqués de lignes 
irrégulières brunes ressemblant à certaines lettres de l’alphabet hébreu. 

O.maculatum, LLAv. et Lxx. var. *antennatum, Gard. Chr., XV, p. 688. — 
Les fleurs portées sur de longs pédoncules ont leurs divisions terminées par une 
aile chevelue styliforme. Se trouve chez MM. Haage et Schmidt d'Erfurt. 


X*0. Mariottiannm, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 168. — Hyb. naturel entre 
O. Halli et O. crispum, importé chez M. G. Marriott, Exotic Nursery, Tore 
Street, Edmonton. Ses pseudobulbes sont oblongues-ligulées, diphylles; les 
feuilles sont linéaires-lancéolées, acuminées; les fleurs sont grandes, blanches 
avec une ligne médiane pourpre à la face extérieure des sépales et des taches 
nombreuses de même couleur à la face interne des sépales et des pétales; le 
labelle est jaune à la base et le sommet de la colonne est jaune avec des lignes 
brunes. 

0. nevadense, Rcus., Gard. Chr., XVI, p. 460, fig. 84, A. — Il porte une des 
plus grandes fleurs du genre; ses pseudobulbes sont ovales, comprimées et sont 
terminées par deux feuilles linéaires-lancéolées; la grappe est pendante, lâche 
et naît à la base des pseudobulbes. Les sépales et les pétales sont étroits, lan- 
céolés, acuminés, jaunes, avec de grosses taches brunes. Le labelle est blanc, 
à bandes brunes, avec les deux lobes latéraux dressés, en forme de croissant. 
Trouvé par G. Wallis à la Nouv.-Grenade et introduit chez M. J. Linden. 

0. Pescatorei, Linp., ZI. hort., p.'7, pl. 407. — Jolie Orchidée de serre froide 
découverte en 1847 par Funck et Schlim dans les forêts de chênes de la Cordil- 
lère, dans les provinces de Pamplona et d’Ocana, à la Nouv.-Grenade : elle a 
fleuri pour la première fois chez M. Linden, en 1851. 

0. Phalaenopsis, Lino. et Ros., var. luxurians, Hort., 77. kort., p.55, pl. 417. 
-— Feuilles graminoïdes; sépales et pétales blanc pur; labelle à fond blanc, 
portant sur ses lobes latéraux des stries pourpres, à la base du lobe médian 
deux macules dorées et sur le disque, deux larges gouttes de carmin. De la 
Nouv.-Grenade. 

O. polyxanthum, Gard. Chr., XVI, p. 460, fig. 84, B., For. Mag., pl. 453. — 
Belle espèce découverte en 1878 dans l’Ecuador, par M. Ed. Klaboch. Ses 
pseudobulbes ressemblent à celles de 9. ÆHalli et elle porte un épi de fleurs de 
2 pieds de long; les pétales et les sépales sont grands, jaunes et largement tachés 
de brun chocolat ; le labelle est arrondi, rouge pourpre et bordé de blanc rose. 


— 347 — 


0. Rossi, Linpi., var. rubescens, Gard. Chr., XV, p.202. — Fleurs plus 
grandes et plus larges que dans le type, d’un rose clair, richement marbrées de 
pourpre foncé tournant au brun marron. 


*0. Sanderianum, Rous., Gard. Chr., XNI, p. 524. — Espèce de l'Amérique 
tropicale, introduite par M. Arnold chez M. F. Sander: elle est voisine de 
O. nevadense ; les fleurs sont blanches, étoilées, avec les sépales et les pétales 
lancéolés, acuminés, et de nombreuses raies brun chocolat; le labelle est 
panduriforme, apiculé, denté et plus grand à sa partie antérieure. 


O0. tripudians, var. xanthoglossum, Gard. Chr., XV, p. 104. — Var. à labelle 
entièrement jaune et non blanc, avec des taches mauve et la crête blanc pur 
Obtenue par M. W. Bull. 


0. vexillariam, var. rubrum, For. Mag., pl. 461. — Splendide variété appar- 
tenant à la collection de M. W. Bull, avec les fleurs rouge foncé, et la base du 
labelle jaune entouré de blanc traversé par des lignes longitudinales pourpres. 


0. vexillarium, var. *superbum, Gard. Chr., XVI, p. 364. — Labelle pourpre 
foncé avec une zone rayonnante noirâtre à la base, bordé de blanc au sommet. 
Les pétales sont pourpres et les sépales de couleur plus claire. Trouvée par 
M. Schmidtchen à la Nouv.-Grenade et introduite chez M. F. Sander. 


*0. Williamsianum, Rous., Gard. Chr. XVI, p. 134 — Ressemble à 
O. grande dont il a les couleurs, mais ses pétales sont plus courts, plus larges et 
plus émoussés. M. Reichenbach croit que c’est un hybride entre cette espèce et 
O. Schlieperianum. Se trouve chez M. B. $S. Williams. 


Brassia caudata, Linps., var. hieroglyphica, RcHs., ZU. hort., p. 20, pl. 410. 
— Cette var. porte, au lieu de macules, des anneaux polymorphes sur les 
sépales et les pétales. Elle est du Mexique méridional. 


*B. signata, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 6. — Pseudobulbes ligulées, pyrifor- 
mes, obtuses, à côtes nombreuses; feuilles 2, cunéiformes, ligulées, aiguës; 
grappe pluriflore; sépales et pétales verts, devenant bientôt jaunes, avec 3 lignes 
brunes à la base des pétales et une à la base des sépales; le labelle est blanc, avec 
? ou 4 taches poupres au centre, deux taches rondes orange à la base; il est pan- 
duriforme et terminé brusquement en pointe. Introduit par MM. Backhouse 
d’'York. 


-.XMiltonia Lamarcheana, Rous., Gard. Chr., XV, p. 530. — M. Reichenbach 
croit que cette plante décrite en 1876 dans la Belgique horticole (p. 174, pl. 13) 
sous le nom de M. Clomesi Lindl. var. Lamarcheana, est un hybride entre 
M. candida et M. Clomesi. 


M. Warscewiczi, RoxB., var. *aetherea, Gard. Chr., XV, p. 428. — Var. très 
curieuse par ses sépales et pétales d’un jaune très brillant, avec le sommet 
blanc; le labelle est blanc avec une marque jaune, bordé de lilas mauve clair. 
Cette plante se trouve chez M. C. Winn, à Birmingham. 


— 348 — 


Phslaenopsis equestris, var. lencaspis, Gard. Chr., XV, p. 688. — Var. dis- 
tincte avec le callus blanc taché de brun. Se trouve chez M. G. T. Barber, Old 
Hall, Sponden, Derby. 


*P. maculata, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 134. — Jolie perle, la plus petite 
espèce connue du genre, appartenant au groupe du P. violacea, avec les sépales 
et les pétales pâles, quelques taches brun pourpre sur les divisions internes et 
seulement apparentes sur les divisions externes ; le lobe médian du labelle est 
pourpre foncé. Introduit de Bornéo par Curtis chez MM. Veitch. 


*P, speciosa, RcHs., Gard. Chr., XV, p. 562. — Voisin de P. Cuymingiana et 
avec les feuilles semblables à celles du P. Luddemanniana. Belle grappe de fleurs 
étoilées; sépales et pétales rose blanchâtre extérieurement avec une rangée de 
taches de couleur purpurine à l’intérieur et quelques lignes blanches à la 
base des pétales ; les lobes latéraux du labelle sont jaunes, blancs au sommet et 
à la base, le lobe médian est blanc mêlé de pourpre et une touffe de poils cou- 
ronne le sommet. Ce qui distingue surtout cette espèce,c’est la partie centrale du 
labelle qui devient ancipitée et charnue. M. W. Bull la reçue de l’Asie tropicale. 


*P. Stuartiana, Roxs., Gard. Chr., XVI, p. 748. — PI. de l’Asie tropicale, 
dédiée à M. Stuart Low, de Ia vieille firme Hugh Low et Ce, Upper Clapton et 
découverte par M. Boxall. Les jeunes feuilles sont couvertes d’une fine marbrure 
qui diminue avec l’âge ; l'extérieur des sépales est jaune de soufre ; la moitié 
inférieure et intérieure de ces mêmes divisions sont de couleur semblable, avec 
des taches brun cannelle ; les pétales portent quelques taches mauves. Les lobes 
latéraux du labelle sont blanc pur au sommet et le lobe médian jaune de soufre 
et rhomboïdal. 


P. Sumatrana, var. *sanguinea. Gard. Chr., XV, p.782. — Var. introduite de 
Bornéo par MM. Veitch; les sépales latéraux sont presque entièrement de couleur 
rouge foncé avec quelques marques vert jaunâtre. 


P. violacea, TEeysM. et BIND., Gard. Chr., XVI, p. 144, fig. 32. — Epiphyte de 
Singapore, naine, à feuilles ligulées, vert luisant, à fleurs brièvement pédoncu- 
lées, d’un rose pourpre très riche, avec la partie sup. des sépales et des pétales 
vert clair. l 


Vanda Boxalli, var *Cobbiana, Gard. Chr., XVI, p. 180. — Jolie variété intro- 
duite par la maison Hugh Low et Ce. Ses fleurs sont grandes, blanc de lait, avec 
queiques petites raies pourpres à la base ; la moitié intérieure des sépales latéraux 
sont brun pourpre très foncé. 


V. Denisonae, var punctata, Gard. Chr., XV, p. 814. — F1. d’un blanc sulfuré 
très clair, sauf la base et le milieu du labelle qui sont blancs; sur les pétales se 
trouvent plusieurs rangées de nombreuses taches brunes et quelques autres sur 
le sépale supérieur. Se trouve chez MM. Low et Ce. 


— 349 — 


V. lamellata, Linz, var. Boxalli, 7%e Garden, XX, p. 514, avec pl. col. — 
Charmante var. introduite en Angleterre par M. Boxall. Elle porte une grande 
grappe latérale, dressée et lâche, d'environ 20 fleurs blanches avec le labelle et la 
colonne purpurins, ayant les 2 sépales inf. moitié blancs, moitié bruns. 


V_teres, var. *aurorea, Gard. Chr., XV, p. 688. — Charmante variété à fleurs 
blanc de neige, avec une teinte rose sur la partie antérieure du labelle et un peu 
de jaune clair à la gorge. Se trouve chez M. W. Bull. 


*Saccolabinm borneense, Rcus., Gard. Chr., XVI, p. 563. — PI. d’intérêt 
botanique introduite de l’île de Bornéo par M. W. Bull. Ses feuilles sont larges, 
courtes, inégalement bilobées; grappe dense de fleurs ochracées pendantes. 
Les sépales et les pétales sont oblongs, aigus, connivents; l’éperon du labelle 
est claviforme et déprimé, avec le sommet large et abrupt; les lobes latéraux du 
labelle sont arrondis et dentelés, le lobe médian est arrondi et apiculé. 


*S. Graeffei, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 716. — PI. découverte aux îles Viti 
parle Dr Graeffe, naturaliste suisse et introduite chez MM. Veitch. Feuilles 
larges, ligulées, rétuses, bilobées; pédoncule vigoureux terminé par un épi de 
fleurs pourpre foncé, avec l’éperon cylindrique, émoussé et comprimé; labelle 
court, trilobé. 

*Sarcanthus flexus, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 492. — Curiosité botanique 
introduite de Bornéo par MM. Veitch; elle est voisine de S. paniculatus Lindl.; 
ses feuilles sont courtes, coriaces, ligulées et bilobées; les sépales sont brun 
jaunâtre, avec du brun rougeâtre ex térieurement ; les pétales sont brun jaunâtre 
et l’éperon est jaune blanchâtre. 


Aerides falcatum, LINDL., var. “expansum, Gard. Chr., XVI, p.38. — Labelle 
très grand, avec des taches améthyste sur les lobes latéraux et pourpre sur le 
lobe médian; les sépales et les pétales sont marqués de pourpre. Se trouve chez 
MM. Veitch. 


A. Veitchi, HortT., Belg. hort., p. 128, pl. 8-9. — Découvert dans le Moul- 
mein, en 1851-52, par M. Th. Lobb qui l’a envoyé à MM. Veitch. Son inflores- 
cence ressemble à celle de VA. Fieldingi, mais avec de moindres proportions; 
les fleurs rappellent celles de 4. afine. 


*Angraecum fastaosum, RcHB., Gard. Chr., XVI, p. 748. — Feuilles cunéo- 
oblongues, obtuses, inégalement bilobées, à bords cartilagineux et à surface 
supérieure rugueuse; fleurs semblables à celles de À. caudatum, mais à sépales 
oblongs, aigus et plus larges, à labelle plus étroit, plus aigu et à éperon plus 
court. De Madagascar et introduit par M. Léon Humblot chez M. F. Sander. 


*A. Kotschyi, Rcxg., J. Veitch, Cuf. 1881, p. 14, avec fig. noire, A. Van Geert, 
Cat. n° 81, p. 80. — Inflorescence en grappe semblable à celle de l'A. Elisi avec 
les fleurs d’une structure anormale, d’un blanc d’ivoire et armées d’un long 
éperon à teinte rougeâtre. Des côtes orientales d'Afrique et introduite par le 
Dr Kirk, consul anglais à Zanzibar. 


— 390 — 


X*Calanthe Barberiana, Rcxs., Gard. Chr., XV, p. 136. — Hyb. entre 
C. vestita et C. Turneri obtenu par M. J. T. Barber, de Old Hall, Spondon, Derby. 
Ses pseudobulbes sont peu nombreuses et ses fleurs offrent les caractères du 
C. vestita : elles sont d’un blanc pur avec du jaune à la base du labelle et à la 
face inf. de la colonne. 


X*C. bella, Rous., Gard. Chr., XV, p. 234. — Hyb. obtenu chez MM. Veitch, 
entre C. Veitchi (mâle) et C. Turneri (femelle). Ses fleurs sont lilas, sauf la plus 
grande partie de la colonne et la base du labelle qui sont carmin foncé : ce 
dernier est bordé de blanc ; l’éperon est jaune blanchätre. 


*Paradisanthus Moseni, Rcus., Gard. Chr., XV, p. 298. — Plante recueillie 
par le Dr Mosen; ses pseudobulbes sont oblongues, comprimées ; les feuilles 
sont oblongues, aiguës et la grappe de fleurs est allongée ; les sépales ne sont 
pas blancs, mais ont des lignes pourpres et quelques barres brunes ; le labelle 
est blanc avec des barres mauves à la base. 


Spiranthes Romanzoviana, Cu. et Scacecur., Gard. Chr., XNI, p. 465, fig. 86. 
— Voisin de $S. autumnalis, à fleurs blanches, odorantes, remarquable par sa 
distribution géographique, se trouvant à la fois en Europe et en Amérique. 


*Anœctochilus Boylei, B. S. WiLiAMs, Cat. 1881, p. 30. — Très belle espèce 
du groupe des sefaceus ; ses feuilles sont ovales, acuminées, vert olive, à réseaux 
jaune d’or. Dédiée à M. H. Boyle, d’Ambleside, amateur de ce genre de plantes. 


*A. Herioti, B. S. WicciAms, Cal. 1881, p. 30. — Espèce du groupe des 
selaceus, mais de croissance plus vigoureuse que le type. Ses feuilles sont de 
couleur acajou foncé, avec des réticulations jaune d’or. Dédiée à M. G. Heriot, 
de Highgate, grand amateur de ces sortes de plantes. 


Cypripedium Bullenianum, Rous., var. oculatum, Gard. Chr., XV, p. 563. — 
Var. très curieuse d’une espèce rare; les pétales ont un disque mauve au sommet; 
les bords sont ondulés et portent quelques taches brun sépia foncé ; le pied du 
labelle est couleur d’ocre avec d’innombrables taches et barres brun foncé. 
Récente introduction du Bornéo chez M. W. Bull. 


*C. Burbidgei, Rous., Gard. Chr., XVI, p. 38. — Feuilles semblables à celles 
du C. javanicum ; le sépale supérieur est très court et triangulaire, les latéraux 
sont connés ; les pétales sont liguiés, aigus, verts et garnis de petites verrues ; 
le labelle est bordé de mauve. Trouvé à l’île de Bornéo par M. Burbidge. 


X*C. calophyllum, Rcxs., Gard. Chr., XV, p. 169. — Hyb. entre C. barbatum 
et C. venustum, obtenu chez M. B. S. Williams et portant les caractères de ses 
parents. 


*XC. calurum, Rous., Gard. Chr., XV, p. 41. — Hyb. obtenu à l'établissement 
de MM. Veitch par M. Seden, entre C. Zongifolium et C. Sedeni. Ses pétales res- 
remblent à ceux du premier, mais sont plus longs et tordus; les sépales sont 
vert olive jaunâtre, avec les nervures pourpre brunâtre; le labelle ressemble à 


— 301 — 


celui du C. Sedeni et les feuilles sont plus courtes et plus étroites que dans cette 
dernière espèce. 

X*C. conchiferum, RcuB. Gard. Chr., XV, p. 330. — Hyb. élégant, obtenu 
chez M. Bowring, entre C. Pearci et C. Roezli. Ses feuilles sont étroites, linéai- 
res; le pédoncule est dressé et porte une douzaine de fleurs; le sépale dorsal est 
triangulaire, onduié, à 11 ou 15 nervures, coloré en vert à la base et brun 
ailleurs. Les sépales latéraux sont connés, de la même couleur que l’impair, 
larges, oblongs, émoussés; les pétales sont tordus, verts à la base, bordés de 
pourpre et pourpre brunâtre au sommet et couverts de quelques poils courts; le 
labelle est très curieux, ocre vert olivâtre, blanc dans ses parties prédominantes. 


X*C. gemmiferum, Rcas., Gard. Chr., XV, p. 814. — Hyÿb. entre C. Hookerae 
et C. purpuratum, obtenu chez M. John C. Bowring. Il a les feuilles du premier; 
le pédoncule est brun rougeâtre foncé ; le sépale sup. est largement elliptique, 
avec un petit appendice au sommet, sa couleur est blanche avec une teinte rose 
sur les bords; les sépales inf. sont étroits, plus aigus; les pétales sont larges, 
ligulés, émoussés, verts à la base, pourpres au milieu et blancs au sommet; le 
labelle est brun sépia. 


X*C. grande, Rcous., Gard. Chr., XV, p 462. — PI. obtenue par M. Seden à 
l'établissement de MM. Veitch, entre C. Roezli et C. caudatum. 


C. laevigatum, BAT., Rev. hort. belge, p. 121, avec pl. col. — Espèce découverte 
en 1862 par J. G. Veitch, aux îles Philippines. Ses feuilles sont longues et 
épaisses, très luisantes; le pédoncule est pubescent et porte 3-4 fleurs; les 
sépales d’un blanc jaunâtre, sont ornés de rayures longitudinales pourpres ; les 
pétales longs de 15 cent., tordus en spirale, sont également rayés de pourpre et 
ornés de taches marginales violacées; le labelle est jaune canari rayé de vert. 


C. occidentale, Ezwes., Géf., p. 35, pl. 1036. — Tige haute d’environ 35 cent., 
portant des feuilles ovales, embrassantes, couvertes, ainsi que la tige, d’un 
duvet mou, à fortes nervures longitudinales, d’un vert gai; une ou plusieurs 
fleurs odorantes, à sépales et pétales brun rouge, ceux-ci linéaires et tordus en 
spirale, tandis que le labelle est blanc, veiné de rose et que la colonne est jaune. 
De la Californie; il supporte bien le plein air. 


C. tessellatum, Rcxs., var. *porphyreum, Gard. Chr., XV, p. 41. — Fleurs 
splendides, colorées du plus riche brun pourpre foncé sur les sépales, les pétales 
et les bords du labelle. La plante est plus robuste que dans le type et le dessin 
des feuilles est plus finement fait. Obtenue chez M. Veitch par M. Seden. 


*Thrixspermum muriculatum, Rcxs., Gard. Chr., XVI, p. 198. — PI. 
curieuse, dans le genre de quelques Angraecum, à feuilles coriaces, ligulées, 
inégalement bilobées ; les pédoncules sont hérissés, brun noirâtre et terminés 
par des fleurs ocre blanchâtre, avec des barres pourpres; le labelle est conique, 


blanc, avec quelques taches brunes et pourpres. Introduit des Indes orientales 
chez M. W. Bull. 


— 352 — 


SCITAMINÉES. 


Cionkowskia Kirki, Hook., 7he Garden, XX, p. 504, avec pl. col. — PI. naïne 
ayant l’aspect général d’un Phajus et à fleurs ressemblant à celles de l’Odon- 
toglossum vexillarium. Ses feuilles sont jolies, grandes et vert foncé; les fleurs 
s'ouvrent par paires et sont colorées de rose avec une tache jaune d’or à la base 
du labelle qui est trilobé. Découverte en Afrique par le Dr John Kirk, consul 
anglais à Zanzibar. 


MUSACÉES. 


*Heliconia aureo striata, W. Buzz, Cué. n° 176, p. 18, avec fig. noire. — 
Noble plante de serre chaude, ressemblant à un petit Musa; les pétioles sont 
striés de vert et de jaune et recourbés au sommet; le limbe de la feuille est 
allongé, ovale, cordé à la base, cuspidé au sommet ; la couleur est vert foncé, 
avec des veines parallèles partant toutes de la nervure médiane et lignées de 
jaune. Des îles de la Mer du Sud. 

*Musa uranoscopas, W. Buzz, Cat. n° 16, p. 19. — Nouveau Bananier du 
Queensland très ornemental, à feuilles non différentes de celles du #. Ensete, 
à fleurs et fruits en grappe dressée. 

AROÏDÉES. 

Helicophyllnm Lehmanni, RGL., Gf., p. 291, pl. 1056. — Bulbe déprimée- 
globuleuse ; feuilles radicales, lancéolées, atténuées en un long pétiole, aiguës 
et penninerves ; hampe courte; spathe oblongue-elliptique, obtuse ou acuminée, 
verte extérieurement, pourpre foncé à l’intérieur ; spadice cylindrique, obtus, 
dressé, d'un pourpre noir. 

*Zomicarpella maculata, N. E. Brown, Gard. Chr., X VI, p. 266. ZU. hort., 
p. 144. — Singulière et jolie petite Aroïdée, à feuillage panaché, ayant les 
feuilles d'un vert foncé tachetées de vert clair. Introduite de la Nouv.-Grenade 
chez M. J. Linden. 

Amorphophallus Lacouri, A. VAN GEERT, Café. n° 81, p. 89. — Plante de 
grand effet, remarquable par la forme des segments de ses feuilles et leur macu- 
lature blanche analogue à celle de plusieurs Dieffenbachia. | 

Alocasia Thibautiana, Masrt., Z!. hort., p. 72, pl. 419. — Magnifique plante 


de Bornéo, introduite en 1872 au parc de la Tête d’Or, à Lyon. Elle ressemble au 
A. Lowi, mais ses feuilles sont bien plus grandes et ont une panachure différente. 


Philodendron Carderi, HorT., W. Buzz, Rev. hort. belge, p. 81, avec pl. noire. 
— PI. remarquable par ses feuilles cordées, assez larges, vert sombre à reflets 
satinés; les nervures principales sont marquées par de larges lignes vertes à 
reflets glauques, métalliques; le revers des feuilles est d’une couleur pourpre 
vineux. Introduite de l'Amérique du Sud par M. Carder chez M. W. Bull. 


— 353 — 


*P. elegans, B.S. WizLiams, Cat. 1881, p. 36. — PI. grimpante produisant de 

nombreuses racines aériennes et propre à l’ornementation des rocailles dans les 

serres chaudes et tempérées. Ses feuilles sont pinnatifides, longues de 25-30 cent. 
et larges de 10-15 cent. 


*Dieffenbachia costata, W. Buzz, Caf. n° 176, p. 17. — PI. remarquable de 
serre chaude, native des Etats-Unis de la Colombie, à feuilles ovales, ondulées, 
acuminées, longues de 22 rent. et plus, vert velouté foncé avec la nervure médiane 
distincte blanc d'ivoire et portant sur toute sa surface des taches de même 
couleur. 


*D. Imperator, B. S. WiccraMS, Cat. 1881, p. 34. — Magnifique plante de la 
Colombie, à feuilles de 35-40 cent. de long sur 12 de large, ovales-lancéolées, 
vert olive, fantastiquement tachetées, marbrées et maculées de jaune pâle et de 
blanc. 

*D. triumphans, W. Bu, Cat. n° 176, p. 17. — PI. très ornementale des 
États-Unis de la Colombie, à feuilles ovales lancéolées, acuminées, vert foncé, 
couvertes de grandes taches irrégulières anguleuses d’un vert jaunâtre. 


*D. insignis, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 17. — Espèce à port élancé, avec la 
tige verte et les pétioles vert pâle; le limbe est obliquement ovale, brièvement 
acuminé, vert foncé, avec des taches irrégulières anguleuses vert jaunâtre. Des 
Etats-Unis de la Colombie. 


D. nitida, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 17. — Tige dressée; feuilles oblongues- 
lancéolées, acuminées, vert foncé luisant, marquées de taches anguleuses vert 
jaunâtre. Des États-Unis de la Colombie. 


*Aglaonema Lavallei, Linp., J. Linden, Cat. n° 102, p. 3. A. Van Geert, Cut. 
n° 81, p. 88. — Tiges assez grêles, cylindriques, un peu noueuses entre les 
pétioles ; gaînes d’un vert clair et profondément embrassantes, limbe allongé, 
lancéolé, obliquement cordiforme à la base, à nervure médiane peu proéminente, 
d’un beau vert brillant sur lequel se détachent de nombreuses macules d’un 
blanc glauque. 


*Schismatoglottis crispata, J. D. Hook. Bof. Mag., pl. 6576. J. Veitch, Cat. 
1881, p. 17. A. Van Geert, Cat. n° 81, p. 96. — Une des plus intéressantes plantes 
introduites du Bornéo par M. Burbidge chez MM. Veitch. Tige très courte, 
épaisse; feuilles longues de 12 à 18 cent., coriaces, oblongues, ovales-cordées à 
la base, apiculées, vert foncé à la page sup., avec une grande tache blanc sale 
entre la nervure médiane et les bords; pétiole ferme, rugueux, avec les bords 
crépus; spathe oblongue, cymbiforme, blanc verdâtre; spadice de même lon- 
gueur, jaune pâle. 

*S. Lavallei, Linp., Z//. hort., p.11, pl. 418. — Charmante Aroïdée introduite 
récemment de Bornéo chez M. Lindenet au Jardin de Kew qui l’a reçu du jardin 
de Buitenzorg à Sumatra. Sa tige est érigée, les pétioles sont longs, vert glau- 
que, avec une gaîne rouge pourpre; le limbe est lancéolé, oblong, acuminé, à 
page sup. vert foncé, panachée d'ilots vert glauque; la page inf. est pâle. 


— 354 — 


*S. longispatha, W. Bu, Cuf. n° l76, p. 20, avec fig. noire. — Aroïdée 
naine de l’île de Bornéo, avec les feuilles obliquement ovales, d’un vert très clair, 
marquées d’une large bande centrale pennée, d’un gris d’argent. 


Homalonema Wallisi, RGL., Bot. Mag., pl. 6511. — Découverte de M. G. 
Wallis quand il voyageait pour M. W. Bull à la Nouv.-Grenade. Racine forte, 
aromatique; tige nulle; feuilles nombreuses, étalées, épaisses, coriaces, 
oblongues, brièvement acuminées, glabres, vert foncé au-dessus avec de grandes 
taches pâles, glauques en dessous ; pétiole très court, membraneux ; spathe 
rouge pourpre, spadice blanc rosé. 


*Chamaecladon rubens, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 16. — Singulière petite 
Aroïdée du Brésil, à feuilles ovales, longues de 10 cent., olive ou vert bronzé, 
couvertes de petites écailles étoilées à la face sup. et rouge de vin à la face inf. ; 
les plus jeunes feuilles sont également purpurines ; petite spathe pourprée. 


*Pothos aurea, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 19, avec fig. noire. — Une introduc- 
tion précieuse des îles Salomon propre à garnir les rochers dans les serres et les 
jardins d’hiver : elle est surtout remarquable par l’abondance de ses tiges 
ramifiées, rampantes et grimpantes et par la couleur jaune d’or qui panache ses 
feuilles d’une manière très inégale et élégante à la fois. 


Anthuriam Andreanum, Linp., Flor. Mag., pl. 463. — Voir notre Revue pour 
1880 (Belg. hort., 1881, p. 245). 


*A. insigne, W. Buzz, Cat. n° 16, p. 15, avec fig. noire. — Noble et remar- 
quable plante des États-Unis de la Colombie et introduite chez M. W. Bull. Ses 
pétioles sont cylindriques et le limbe est trilobé et défléchi ; le lobe moyen est 
lancéolé et avec les nervures pennées, tandis que les latéraux sont semi-ovales, 


avec » nervures parallèles ; les jeunes feuilles sont teintées de bronze. 


*A. Kalbreyeri, Gard. Chr., XVI, p. 116, fig. 27. — Aroïdée grimpante de la 
Nouv.-Grenade présentée dernièrement à la Soc. roy. d’hort. de Londres. Le 
pétiole est cylindrique, épaissi au sommet et terminé par une feuille palmée, 
à folioles obovales-oblongues, acuminées, sinuées, épaisses, glabres et vert 
foncé. 


A. Scherzerianum, var. Hendersonianum, For. Mag., pl. 468. — Splendide : 
variété à grandes spathes rouge foncé, obtenue par M. J. Cypher, hort. à 
Cheltenham. 


A.S cherzerianum, var. *maximum, W. Buzz, Cué. n° 176, p. 15, avec fig. 
noire. — Magnifique variété à spathes mesurant plus de 22 cent. de long sur 
10 cent. de large et d’un rouge écarlate brillant. 


*A, Walniewi, B. S. Wizciams, Cat. 1881, p. 30, avec fig. noire. — Espèce 
voisine de À. magnificum, à feuilles largement cordées, de 30-35 cent. de long 
sur 20-25 cent. de large, d’un vert olive, avec les pétioles à 4-5 angles. Les 
feuilles, dans leur jeune âge, sont rouge cramoisi brillant. 


— 350 — 


Piptospatha insignis, N. E. Brown, Bof. Mag., pl. 6598. — PI. acaule, 
verte ; feuilles longues de 10-12 cent., pétiolées, étroitement elliptiques-lancéo- 
lées, à pointe acuminée, recurvée, très coriaces, lisses, vert foncé au-dessus, 
plus pâle en dessous ; pédoncule ferme, dressé, rouge brun, courbé au sommet ; 
spathe ellipsoïde, blanche, teintée de rose, coriace, convolutée ; spadice inclus, 
cylindrique, blanc. De l’île de Bornéo et introduit par M. Burbidge chez 
MM. Veitch. 


*Hydrosme Hildebrandti, ENG, Mon. d. Ver. 2. Bef. des Gartenb., 1881, 
p. 161, pl. 3. — Feuilles de 2 mèt. de haut dont le limbe est bidichotome, à 
segments pinnatiséqués; les dernières divisions sont lancéolées-aiguës et à base 
_ décurrente sur la côte; pédoncule court; spathe longue de 80-90 cent., large de 
20-25 cent., couleur chair ponctuée de violet et rouge violet à l’intérieur. Trouvé 
par M. J. M. Hildebrandt à l’île de Madagascar. 


*Taccarum Warmingianum, ENGLE8., Gard. Chr., XNI, p. 654. — Jolie plante 
ornementale, dans le genre des Amorphophailus, introduite de 1a prov. de Minas 
Geraes (Brésil), par M. W. Bull et découverte primitivement par le D' Warming 
à Lagoa Santa. Sa racine est tubéreuse; elle porte une feuille solitaire; le pétiole, 
de plus de 3 pieds de longueur, est cylindrique, vert glauque et marqué de nom- 
breuses lignes blanches; la lame de la feuille a 2-2 1}, pieds d’étendue et est 
formée de trois divisions principales bipinnatifides. La hampe a 20 cent. de 
haut et la spathe 38; elle est convolutée à la base, ouverte au-dessus et récurvée 
au sommet; à l’intérieur, elle est teintée de brun et de vert clair; le spadice est 
cylindrique et obtus, long de 32 cent. environ. 


CYCLANTHÉES. 


*Carludovica Wallisi, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 16. — Remarquable plante de 
serre chaude, originaire des Etats-Unis de la Colombie. Les pétioles sont semi- 
cylindriques et supportent des frondes ovales, bilobées et plissées; chaque 
division a 90 cent. de long, sur 15 à 20 cent. de large; fleurs blanches, en tête 
oblongue et d’odeur agréable. 


PALMIERS. 


Nunnezharia tenella, J. D. Hook., Bot. Mag., pl. 6584. — C’est peut-être le 
plus petit Palmier connu; il a été introduit du Mexique au Jard. bot. de Zurich, 
par M. Ortgies et au Jard. bot. de Herrenhausen, par M. H. Wendland. Il est 
dressé, ferme, vert foncé et glabre; ses frondes sont brièvement pétiolées, 
étalées, convexes, obovales-oblongues, faiblement dentées, bifides au sommet; 
le spadice est pendant, non divisé; les fleurs sont en épi et jaunes et les baies 
vert noirâtre, À 


— 356 — 


 Synechanthus fibrosus, Wen, Bof. Mag., pl. 6572. — Stipe de 4 pieds de 
haut, dressé, annelé, vert; frondes étalées, pennées, à folioles nombreuses, 


linéaires-lancéolées ; spadices nombreux, subdressés; pédoncules longs, grêles, 
divisés; fleurs sessiles, petites, vertes; fruits ellipsoïdes, rouge orange. Du 
Guatémala. 


Pinanga patula, BLUME, Bof. Mag., pl. 6581. — Palmier nain de l’île de 
Sumatra, voisin de P. furfuracea. Stipe solitaire, de 4-6 pieds de haut, grêle, 
vert, uni, annelé, renflé à la base; frondes de 4-5 pieds de long, oblongues, pen- 
nées, furfurescentes en dessus et sur le rachis; spadice naissant sous les 
feuilles, courtement pédonculés; fleurs en petits fascicules denses; fruits rouge. 
orange. 


Kentiopsis divaricata, An. BRonGn., ZI. hort., p. 10, pl. 409. — Joli Palmier 
trouvé par M. Pancher à la Nouv.-Calédonie et introduit chez M. Linden. Son 
stipe atteint 10 mèt. de hauteur, ses frondes sont écartées, très coriaces, à pin- 
nules renflées sur les bords, saillantes en dessous, vert foncé et d’une teinte 
rougeâtre sur les jeunes. 


Licuala grandis, WEenDL., ZUl. hort., p.28, pl. 412. W. Bull, Cat. n° 76, p. 19, 
avec fig. noire. A. Van Geert, Cat. n° 81, p. 95. — Exposé à Bruxelles en 1876 
et à Gand en 1878, sous le nom de Prifchardia grandis, ce Palmier doit être 
rangé dans le genre Licuala, à cause de son facies et des épines qui arment les 
pétioles. Il est de la Nouvelle-Bretagne. 


Apétales. 


PIPÉRACÉES. 


Peperomia argyraea, HorT., #7. des serres, XXIII, p. 185, pl. 2438. — 
Originaire du Brésil mérid., cette plante a d’abord été récoltée par M. Weir, 
alors au service de la Soc. roy. d’hort. de Londres et a fleuri pour la première 
fois en 1866 chez M. W. Bull. Elle est remarquable surtout par ses feuilles 
peltées, d'aspect métallique, avec des reflets d’argent sur le vert foncé de leur 
face sup. ; la floraison consiste en épis grêles d’un jaune blanchâtre. : 


MORACÉES. 


Ficus exscalpta, For. and. Pom., p. 44, avec fig. noire. — Très élégant 
arbuste de serre chaude, introduit par M. W. Bull des îles de la Mer du Sud et 
dont la beauté réside dans le feuillage. Il est fourni abondamment de feuilles. 
pétiolées, lancéolées dans leur pourtour, bipinnatifides, à lobes profondément 
crénelés, ailées sur la côte et les nervures ; le fruit est arrondi et de la grosseur 
d’un bon pois.” 


— 307 — 


POLYGONÉES. 


Polygonum sachalinense, F. ScHMipT, Bof. Mag., pl. 6540. — PI. du Japon 
et de l’île de Sachalin, découverte par M. Maximowicz. Ses tiges ont 6 à 8 pieds 
de haut, sont très nombreuses, dressées et penchées au sommet, creuses, rouge 
brun, anguleuses ; les feuilles sont ovales, tronquées ou cordées à la base, 
aiguës ou acuminées, un peu ondulées, vert brillant au-dessus, glauques en 
dessous, avec des poils blancs sur la nervure médiane et sur les veines réticulées, 


Panicule de fleurs vert jaunâtre. 


NYCTAGINÉES. 


Abronia latifolia, Escasc., Bof. Mag., pl. 6546. Gard. Chr., XNI, p. 364, 
fig. 70. — PI. pubescente-glanduleuse et visqueuse ; racine vivace, fusiforme, 
charnue ; tiges de 2 pieds de long, couchées, succulentes, cylindriques; feuilles 
opposées, variables de forme, ovales, orbiculaires, réniformes, à pétioles très 
longs; fleurs en ombelle axillaire, odorantes, jaune d’or, avec l’entrée de la 
gorge verte. De l’Amérique nord-occid. où elle a été découverte par Arch. 
Menzies. 


PROTÉACÉES. 


Protea penicillata, E. Meyer, Bot. Mag., pl. 6558. — P1. d'apparence singu- 
lière et une des plus remarquables du genre : elle est robuste et garnie de poils 
épars ; les feuilles sont sessiles, oblongues, lancéolées, glaucescentes, coriaces ; 
le capitule est sessile, turbiné ou cylindrique; bractées de l’involucre nom- 
breuses, imbriquées, verdâtres ; fleurs jaunes. De l'Afrique australe. 


ARISTOLOCHIACÉES. 


Aristolochia altissima, DEesr., Bof. Mag., pl. 6586. — PI. répandue de la 
Sicile à l'Algérie, la Grèce et le Liban. Elle est serpentante et haute de 8 pieds ; 
ses feuilles sont ovales, cordées, obtuses ou aiguës, ondulées, vert luisant; fleurs 
brun jaunâtre, lignées de rouge brun, à base globuleuse et à tube graduellement 
élargi en un limbe ovale oblique à bords récurvés, jaune à l’intérieur. 


NÉPENTHACÉES. 


*Nepenthes angustifolia, MasT., Gard. Chr., XVI, p. 524. — Espèce de Sara- 
wak introduite par M. Curtis chez MM. Veitch. Feuilles subcoriaces, glabres, 
amplexicaules, décurrentes, étroitement lancéolées, acuminées, avec la nervure 
médiane prolongée en une longue vrille; urnes longues de 5 cent., vertes, tachées 
de rouge, en forme de bouteille, à ailes étroites, frangées; opercule glabre, 
cordée, suborbiculaire, avec un éperon court, entier ou pinnatiséqué à la base. 


— 308 — 


N. bicalcarata J. D. Hook., JU. hort., p. 9, pl. 408. — Découverte il y a 
quelques années déjà par M. Low, dans l’île de Bornéo, elle a été introduite en 
1880 par M. Burbidge chez MM. Veitch. Les feuilles sont d’un vert foncé et 
sont terminées, dans le jeune âge, par des ascidies vert clair, velues et qui 


deviennent ensuite rosées pour passer à une couleur fauve avec des reflets 
verdâtres : ces urnes sont armées au sommet, d’un côté, de deux éperons et de 
l’autre par une corne érigée. 


*N. compacta, B. S. WizciaMs, Cat. 1881, p. 36, avec fig. noire. — Var. 
produisant abondamment des urnes, longues de 15 cent. et de 20 cent. en 
diamètre, pourpre rougeâtre, quelquefois ombrées de violet, gâchées et 
marbrées de blanc de crème, 


XN. Courti, H. Veircu, Gard. Chr., XVI, p. 844, fig. 160. — Hyb. remarqua- 
ble obtenu par M. Court, à l’établissement de MM. Veitch, entre NW. Domini 
(mâle) et une espèce de Bornéo non dénommée. La plante est robuste et la tige 
purpurine et velue. Les feuilles mesurent 25-30 cent. de long sur 8 de large ; 
elles sont vert foncé, coriaces, glabres en dessus, lancéolées, aiguës ; la nervure 
médiane, son prolongement et les bords sont velus. Les urnes sont vert grisâtre, 
tachées de rouge, élargies à la base, cylindriques vers le haut et sont pourvues de 
2 ailes finement laciniées ; l’opercule est ovale convexe, plus petit que l'ouverture 
de l’urne et porte un simple éperon à la base. 


*N. Henryana, B. S. WicLiams, Cat. 1881, p. 36, avec fig. noire. — Splendide 
hyb. entre W. Hookeri et N. Sedeni: ses amphores ont 18 cent. de long sur 22 de 
large ; leur couleur dominante est pourpre rougeâtre avec des paillettes et des 
taches vertes, la gorge est de vert plus clair avec des taches violettes ; l’opercule 
est rond et teinté de rose. 


N. Hookeriana, H. Low., Gard. Chr., XVI, p. 812, fig. 157. — PI. robuste, 
avec les pétioles courts, très larges à la base; les feuilles sont coriaces, presque 
glabres, aiguës aux deux extrémités; les amphores sont subglobuleuses, tachées 
de rouge, avec le bord de l’ou verture subarrondi; les ailes sont très grandes et 
laciniées ; l’opercule est obovale et pourvu d’un éperon simple. De Sarawak 
(Bornéo) et introduite en 1848. 


N. Madagascariensis, PorrerT, Gard. Chr., XVI, p. 685, fig. 139. — PI. glabre; 
feuilles coriaces, vertes au-dessus, rougeâtres en dessous, oblongues, à pétiole 
court, large et amplexicaule; amphores rouge cramoisi, couvertes de poils 
apprimés, en forme de bouteille et garnies de deux ailes membraneuses frangées ; 
l’opercule est transversalement oblong ou réniforme, avec un éperon simple ou 
lacinié à la base Du Madagascar et introd. par M. Curtis chez MM. Veitch. 


X*N. Mastersiana, Horr. Veitch, Gard. Chr., XNI, p. 748, fig. 148. — Hyb. 
entre NW. sanguinea (fem.) et N. Khasyana (mâle), par M. Court, à l’établissement 
de MM. Veitch. Ses feuilles sont glabres, coriaces, oblongues-obovées, aiguës, 


— 359 — 


rougeâtres sur les bords, auriculées-amplexicaules à la base. Les amphores sont 
rouge vineux foncé, garnies de poils apprimés, brunâtres et par ci, par là tachées 
de pourpre, cylindriques, un peu ventrues, avec les ailes profondément et 
irrégulièrement dentelées ; la gorge est rose crémeux, avec des taches rouges ; 
l’opercule est suborbiculaire, convexe, avec des veines rayonnantes et un 


simple éperon à la base. 


*N. Northiana, J. D. Hook., Gard. Chr., XVI, p. 717, fig. 144. — Cette 
espèce, une des plus belles du genre, a été trouvée par Miss North à Sarawak 
(Bornéo nord-occid.) et dessinée par elle ; elle est introduite par M. Curtis chez 
MM. Veitch. Ses feuilles sont coriaces, oblongues-obovales, aiguës et portées sur 
un pétiole court, large et amplexicaule. Les urnes adultes ont un pied de long 
sur 8 cent. de large, sont subcoriaces ou membraneuses, tachées de pourpre, 
allongées, cylindriques, garnies de 2 ailes dentées-fimbriées ; la bouche est 
elliptique, très oblique et l’opercule est ovale-oblong, lisse, couverte de 
quelques taches noires. 


N. Rajab, J. D. Hook., Gard. Chr., XVI, p. 492, fig. 91. — Espèce de Bornéo 
où elle croît à 5000 mèt. d’altitude, la plus grande du genre. Ses feuilles sont 
coriaces, glabres, oblongues, arrondies au sommet; amphores pourpre foncé, 
velues, largement cylindriques ou un peu sacciformes, avec les ailes frangées ; 
opercule suborbiculaire, éperonné. 


XN. superba, Horrt., Z/7. hort., p. 38, pl. 414. For. Mag., pl. 434. — Cet 
hybride, obtenu par M. Bausé, ressemble par son aspect au W. Hookeri, mais 
ses ascidies sont intermédiaires entre cette var. et le W. Sedeni: elles sont 
légèrement maculées de rouge feu; ses feuilles sont larges et la plante est de 
végétation rapide. 


N. Veitchi, J. D. Hook., Gard. Chr., XVI, p. 780, fig. 152. — PI. de Bornéo 
et figurée par erreur dans le Botanical Magazine sous le nom de W. villosa. Toute 
la plante est plus ou moins velue; les feuilles sont obovales-lancéolées ; les 
urnes ont 30 cent. de longueur, sont légèrement cylindriques et portent deux 
ailes profondément laciniées; leur couleur est olive clair avec un peu de rouge; 
l’opercule est très petite relativement à l'ouverture, glabre et couverte de veines 
rayonnantes. 


Gamopétales. 
PLOMBAGINÉES. 


Statice callicoma, C. A. M., Géf., p. 556, pl. 1063, fig. 1. — Feuilles oblon- 
gues-lancéolées, acuminées-mucronées, longues de 5-6 cent.; tige courte terminée 
par une cyme rameuse, à rameaux triquètres; fleurs roses, en fascicules, entou- 
rées de 3-4 bractées scarieuses sur les bords. Du Turkestan. 


— 360 — 


S. tatarica, Lin., Bot. Mag. pl. 6537. — Jolie plante de l’Europe sud-orient. et 
de la Sibérie, introduite, en 1731, par Ph. Miller, en Angleterre. Racine ligneuse, 
vivace; feuilles touffues, oblongues, spathulées, acuminées, mucronées, dressées, 
glabres, se rétrécissant en un long pétiole. Tige courte, ferme, triquètre; pani- 
cule large d’un mètre, formée d’épis récurvés à 1-2 fleurs rouge de rubis, avec le 
calice blanc à 5 lignes vertes. 


VALÉRIANACÉES. 


Nardostachys Jatamansi, DC., Bof. Mag., pl. 6564. — Racine fusiforme, 
inclinée, terminée par une tige simple ou fourchue, couverte de fibres noires, 
restes des anciens pétioles. Feuilles radicales en touffe, elliptiques-lancéolées ou 
spathulées, aiguës. Tige florale avec une paire de petites feuilles sessiles vers 
le milieu. Panicule terminale dense, à pédicelles trichotomes; fleurs rose pour- 
pre pâle. De l'Himalaya. 


COMPOSÉES. 


Aster gymnocephalus, À. Gray., Bof. Mag., pl. 6549. — Racine annuelle ou 
bisannuelle; tige de 1-2 pieds, couverte d'une pubescence rugueuse, devenant 
visqueuse ou glanduleuse vers le sommet, surtout sur l'involucre; feuilles 
obscurément dentées, les caulinaires amplexicaules, les radicales spathulées; 
bractées de l’involucre récurvées, atténuées; demi-fleurons de la circonférence 
rose pourpre ou avec teinte lilas; fleurons du centre jaunes. Du Mexique et 
introduite en 1878 de graines récoltées par les Drs Parry et Palmer. 


Olearia Haasti, Hook., Bot. Mag., pl. 6592. — Arbuste ou petit arbre de la 
Nouv.-Zélande, introduit en 1858 chez M. Veitch, sous le nom de ÆEwrybia 
parvifolia. Les rameaux supérieurs sont couverts d’une pubescence apprimée ; 
les feuilles sont serrées, brièvement pétiolées, elliptiques, très coriaces, vert 
foncé au-dessus, blanches, avec un duvet serré en dessous; capitules nombreux 
en corymbe; rayons floraux 2-5, blancs; fleurons du disque jaunes. 


Dahlia gracilis, var. superba, Gard. Chr., XVI, p. 524, fig. 97. — Var. 
obtenue de graines au Jard. bot. de Chelsea. Ses capitules ont 8 cent. de diamè- 
tre, sont de couleur plus foncée et plus riche que dans Le type et d’un beau rouge 
écarlate. 

Dahlia Jaarezi, The Garden, XIX, p. 472, avec pl. col. — Jolie plante 
à grandes fleurs rouge vif, originaire du Mexique et introduite en 1872 par 
M. J. T. Van der Berg, de Juxphaar, près d’ Utrecht. Elle a été dédiée à M. J uarez, 
président de la république mexicaine. 


Silphium laciniatum, Lin., Bot. Mag., pl. 6534. — Jolie Hélianthée à grandes 
fleurs jaunes et à longues feuilles pinnatifides ; elle est des États-Unis et a été 
introduite en Europe par A. Thouin en 1781, pour fleurir la première fois au 
Jard. bot. d’Upsal. Elle dirige constamment ses feuilles, surtout jeunes, dans le 
plan du méridien, d’où lui est venu son nom vulgaire anglais de Compass-plant 
(plante boussole). 


— 361 — 


Engelmannia pinratifida, Torr. et Gray, Bot. Mag., pl. 6571. — PI, vivace, 
rustique, d'un à deux pieds de haut, couverte d’une pubescence rugueuse. Tige 
non divisée, roide ou flexueuse. Feuilles de 5 à 12 cent. de long, pétiolées, 
oblongues, sinuées-pinnatifides. Panicule corymbiforme; involucre formé de 
bractées vertes sur plusieurs rangs; rayons floraux 8-10, elliptiques-lancéolés, 
jaune d’or; disque de même couleur. Des savanes du centre des États-Unis. 


Rudbeckia spociosa, Wenp. et ScHraD., Gard. Chr., XVI, p. 372, fig. 72. — 
Capitules radiés de 8-10 cent. de diamètre, à fleurons ligulés orange et à fleurons 
tubulés pourpre foncé. 


Viguiera rigida, Gard. Chr., XVI, p. 59,6, fig. 75. — Plante haute de 
3-4 pieds, à feuilles opposées, ovales-acuminées, rudes; capitules portés sur de 
longs pédoncules, de 8 cent. de diamètre; les fleurons ligulés sont jaunes et 
ceux du centre brun rougeûtre; les folioles de l’involucre sont brunâtres et 
placées sur plusieurs rangs. 


-Helianthus decapetalus, L., Gard. Chr., XVI, p. 600, fig. 116. — Plante plus 
ou moins scabre, haute de 5 pieds; feuilles ovales-acuminées, obscurément 
dentées ; fleurs jaune pâle; bractées de l’involucre scarieuses, linéaires-lancéo- 
lées, hispides et ciliées. 


Helianthus multiflorus, L., Gard. Chr., XVI, p. 692, fig. 141. — PI. très 
ornementale et commune dans les jardins; fleurons de la circonférence jaune 
d’or, ceux du centre noirâtres. 


Achillea filipendula, Gard. Chr., XNI, p. 429, fig. 80. — Très bonne plante 
sousfrutescente, à port compacte, dressée, à feuillage finement découpé; corymbe 
plan de capitules jaune d’or. 


Tanacetum lencophyllum, Roar., Gf1., p. 358, pl. 1064. — PI. cespiteuse, 
basse et couverte de poils argentés ; tiges ascendantes, rameuses; feuilles ses- 
siles ou à pétiole court, ovales-arrondies, les inf. bipinnatiséquées, les sup. 
simplement pinnatiséquées; capitules portés sur de longs pédoncules; bractées 
de l’involucre scarieuses-noires sur les bords; fleurons tubuleux, d’un beau 
jaune d’or. Trouvée dans le Turkestan orient, par M. Alb. Regel. 


Gyaura aurantiaca, DC., ZI. hort., p. 173, pl. 436. — PI. vivace de Java d’un 
cachet éminemment ornemental: sa tige et ses feuilles bien ouvertes sont munies 
de poils serrés, doux au toucher, d’un beau coloris violet foncé, ce qui donne au 
feuillage l'apparence du plus riche velours. Ce caractère, surtout prononcé chez 
les jeunes feuilles, et lorsqu'il est combiné avec la brillante couleur orange des 
fleurs, donne à la plante un aspect réellement splendide. 


Senecio stenocaephala, MAxIM., var. comcsa, FRANCHET et SAVAT., Gard. Chr., 
XVI, p. 300, fig. 55-56. — Cette var. diffère du type par ses bractées plus lon- 
gues, par ses fleurons femelles tridentés. Du Japon et introduite par M. W. Bull. 

50 


0e 


Lactuca macrorhiza, Gard. Chr., XVI, p. 492. — PI. de l'Himalaya, propre 
à l’ornementation des rocailles; racine épaisse, charnue; tiges procombantes, 
garnies de feuilles glabres, de formes très diverses: corymbe lâche de capitules 


violet pourpré. 
CAMPANULACÉES. 


Campanula Allioni, Wicz., Bof. Mag., pl. 6588. — Racine grêle, rampante; 
feuilles peu nombreuses, les inf. pressées, rosulées, linéaires, légèrement velues 
ou hispides, obtuses ou subaiguës, entières; tige ferme, hispide ou glabrescente; 
fleurs inclinées, bleu violet. Des Alpes, du Piémont et de la Savoie. ï 

C. Tommasiniana, REUTER, Bot. Mag., pl. 6590. — PI. de l’Istrie, rustique, 
glabre; tiges nombreuses, hautes de 15-25 cent.; feuilles radicales nulles, les 
caulinaires étroitement lancéolées, acuminées, sessiles ou à pétiole court, 
dentées, fleurs nombreuses en grappe, penchées, bleu pâle. 

Musschia aurea, Dum., Bof. Mag., pl. 6556. — PI. de l’île Madère, introduite 
à Kew en 1771 par Fr. Masson. Tige épaisse, charnue, rarement divisée; feuilles 
vert foncé, vernissées, pétiolées, elliptiques-lancéolées, 2-3 fois dentées; pani- 
cule terminale, dressée, pyramidale; tube du calice obconique, jaune; lobes du 
calice étalés, largement ovales, verts, avec la partie médiane jaune; corolle jaune 


d’or brillant, à lobes lancéolés, acuminés et étalés. 


RUBIACÉES 


*Ixora bella, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 18. — Jolie touffe de fleurs rose sau- 
moné nuancé de saumon clair. 

*[. eximia, W. Bull, Caé. n° 176, p. 18. — Grand corymbe de fleurs à très long 
tube, couleur chamois passant ensuite au saumon rose. : 

*I. illustris, W. Bull, Café. n° 176, p. 18. — Splendide variété très ornemen- 
tale, à corymbes amples de fleurs couleur saumon orangé. 

*I. picturata, W. BuLL, Cat. n° 176, p. 19. — Variété extrêmement florifère, 
à fleurs orange clair se changeant ensuite en couleur chamois. 

XI. Pilgrimi, B. S. WiLciams, Caf. 1881, p. 35, avec fig. noire. — Hyb. 
produit par Z. Williamsi; ses touffes de fleurs sont parfaitement arrondies ; la 
couleur est orange écarlate brillant nuancé de cramoisi. Dédié à M. E. Pilgrim, 
de Cheltenham. 

*I. splendida, W. Buzz, Cat. no 176, p. 19, avec fig. noire. — Magnifique 
variété donnant avec profusion de grands corymbes de fleurs orange cramoisi 
très riche. 

Rondeletia gratissima, HemsLey, 241. hort., p. 100, pl. 424. — Magnifique 
arbrisseau, à feuilles coriaces, vert foncé, à corymbes terminaux de fleurs roses, 
avec l’entrée du tube de la corolle hérissée de poils jaunes. Introduit en 1863 
par M. A. Ghiesbreght du Mexique mér. (Chiapas) chez M. Linden. 


Mage 


Lindenia rivalis, BenTx., Gard. Chr., XVI, p. 180, fig. 37. — Rubiacée 
trouvée par M. J. Linden dans le Mexique méridional : elle forme un arbuste 
toujours vert d’une grande beauté. Ses feuilles sont lancéolées, longues de 
5-8 cent. ; ses fleurs sont en petit corymbe, ont un tube long de 12 cent., rose 
pâle extérieurement et le limbe blanc. 


CAPRIFOLIACÉES. 


Abelia triflora, Gard. Chr., XVI, p. 169, fig. 34. — Arbuste des Indes orient., 
à branches grises, couvertes de longs poils ; les feuilles sont d’un vert très 
foncé, bordées de rouge, ovales-lancéolées, très aiguës, légèrement soyeuses et 
copieusement garnies de longs poils. Les fleurs, groupées par trois, sont 
remarquables par les longs poils qui couvrent les sépales rougeâtres ; les 
pétales sont jaune pâle, avec le limbe blanc délicatement teinté de rose. 


*Lonicera Alberti, RGL., Gf., p. 387, pl. 1065. — Arbuste de 2-3 mèt., glabre, 
à rameaux diffus ; feuilles opposées, glauques, linéaires-oblongues, courtement 
pétiolées, entières, avec 1 ou 2 dents à la base ; pédoncules axillaires ; fleurs 
rose lilaciné, odorantes, à tube cylindrique, velu à l’intérieur. Trouvé dans le 
Turkestan orient. par M. Alb. Regel. | 


JASMINACÉES. 


*Jasminum gracillimum, Hook., Bof. Mag., pl. 6559. Gard. Chr., XV, p. 9, 
fig. 2. For. and Pom., p. 22, avec fig. noire. J. Veitch, Café. 1881, p. 15, avec fig. 
noire. A. Van Geert, Caë. n° 81, p. 95. — Arbuste du Bornéo septr., introduit 
par M. Burbidge chez MM. Veitch. Ses ramaux sont ascendants et récurvés, très 
grêles, garnis de poils, ainsi que les pétioles; ses feuilles sont opposées, 
courtement pétiolées, ovales-cordées, aiguës ou acuminées, velues en dessous, 
vert foncé brillant ; les fleurs sont en tête globuleuse, blanches et odorantes. 

Oùs. The Garden, (XX, p. 628, avec pl. col.) applique à cette plante le nom de 
J. pubescens qui appartient à une espèce de l’Inde et de la Chine. 


OLÉACÉES. 


Ligustrum Massalongianum, Visranr, Gard. Chr., XVI, p. 149, fig. 33. — 
Arbuste à branches ascendantes, verruqueuses, les plus jeunes velues ; feuilles 
glabres, linéaires-lancéolées, mucronées, brièvement pétiolées ; les nombreuses 
fleurs blanches forment une panicule terminale. 


APOCYNACÉES. 


*Dipladenia carissima, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 18, avec fig. noire. — 
PI. grimpante de serre chaude, à charmantes fleurs de 12-14 cent. de diamètre, 
rose bleuâtre, avec des lignes rayonnantes rose clair à la base des divisions et de 
la consistance de la cire. 


— 364 — 


*D. delecta, W. Bu, Caf. n° 176, p. 18. — Jolies fleurs roses, avec l’ouver- 


ture rose foncé ombré de violet et la gorge nuancée de jaune. 

*D, diadems, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 18. — Belle variété à fleurs rose 
tendre teinté de rouge, avec l’ouverture entourée de rouge clair et la gorge de 
couleur claire. 

D. profusa, Horr., The Garden, XX, p. 464, avec pl. col. — Var. obtenue par 
M. B. S. Williams, couverte abondamment de fleurs carmin riche de 12 cent. de 


diamètre. 
GENTIANACÉES. 


Erythraea pulchella, Fries, var. diffusa, G&/7., p. 91, pl. 1038. -— Charmante 
plante très florifère qui croît naturellement en Europe : elle a été introduite 


dans les jardins par M. Max Leichtlin et mise dans le commerce par MM. Haage 
et Schmidt, d’'Erfurt. Elle diffère de notre petite Centaurée commune parce 
qu’elle est vivace, que sa tige se ramitie dès la base, que ses feuilles inf. sont 
ovales, les sup. étant lancéolées, enfin parce que les lobes de sa corolle sont 
elliptiques-oblongs. Ses fleurs, en cyme bipare, sont d’un tres joli rose fleur 
de pêcher. 


Lisianthus glaucifolius, Saziss., The Garden, XIX, p. 424, avec pl. col. —- 
Diffère des autres espèces du genre par ses feuilles plus larges et plus épaisses 
et surtout par son ton gris glaucescent. Ses grandes fleurs en cloche sont d’un 
beau violet bleuâtre. De l’île de la Providence. | 

Crawfurdia luteo-viridis, CLARKE, Pot. Mag., pl. 6539. — Tiges élancées, 
grêles, devenant rouges avec l’âge. Feuilles ovales, acuminées, à bords entiers 
ou ondulés, obscurément crénelées, marbrées de rouge pourpre avec l’âge. 
Fleurs groupées à l’aisselle des feuilles ou terminales, sessiles, pendantes, 
campanulées, à tube vert et à limbe blanc; fruit cylindrique, rouge brillant. De 


l'Himalaya et envoyé en 1879 par le Dr King au Jardin de Kew. 


LABIÉES. 


Salvia Bethelli, Gard. Chr., XV, p. 51. Flor. Mag., pl. 464. — PL. vigoureuse 
à feuilles ovales-cordées; épi terminal très grand formé de fleurs d’un rose 
cramoisi brillant, en verticilles subarrondis. Obtenue de graines par M. Bethell 
jardinier à Sudbury Hall, près de Wickham Market. 


S. brasiliensis, SPRENG., var. hort., Z/!. hort., p. 155, fpl. 482. Rev. Lort. 
belge, p. 145, avec pl. col. — Var. d’un type introduit du Brésil en 1820 et dédiée 
à M. Issanchon. L’écarlate des feuilles florales est passé en bandes et en stries 
_ sur le blanc jaunâtre des calices, et la corolle, au lieu d’être écarlate, est d’un 
beau blanc rosé. Elles sont disposées par paires en faux verticilles et sont 
remarquables par la longueur de la lèvre sup. entièrement blanche et dépassée 
par le style blanc et les étamines carminées. 


— 365 — 


S. Columbariae, BENTH., Bot. Mag., pl. 6595. — PI, annuelle de la Californie, 
introduite en 1869 par M. Thompson, d’Ipswich : son nom lui vient de sa res- 
semblance avec le Scabiosa Columiaria. Elle a 2 pieds de haut, est pubérulente 
ou mollement pubescente ; sa tige est simple ou divisée dès la base, trichotome 
vers le sommet; les feuilles radicales sont longuementpétiolées, lobulées, pinna- 
tifides ; les caulinaires sont sessiles; verticilles de fleurs bleu améthyste, 
entourés d’un involucre de bractées, largement ovales et terminées en épine. 

S. Hoveyi, Gard. Chr., XV, p. 146, fig. 26. — Cette espèce présente les 
caractéres du S. splendens ; ses fleurs sont bleu pourpre avec le calice pourpre 
foncé. 

S. Pitcheri, Torr., 74e Garden, XIX, p. 600, avec pl. col. Flor. Mag., pl. 455. 
— PI. pouvant atteindre 4 pieds de haut, à jolies fleurs bleu d’indigo. Elle est de 
lPArkansas et du Texas et cultivée depuis 1838 au Jard. bot. de Genève. 


S. splendens, Ker., var. Bruanti, For. Mag., pl. 447. — Jolie var. obtenue 
dans le midi de la France, de croissance moins forte, mais avec les fleurs plus 
abondantes et d’un rouge plus brillant. 

Ballota acetabulosa, BENTH., Belg. hort., p. 145, pl. 10. — L’Herbe à veilleuse 
croît abondamment dans les îles de la Grèce, dans l’Attique, en Crête, etc. 
Elle est vivace, haute de 70 cent., a les rameaux ascendants, laineux et les 
bourgeons blanc de neige; les feuilles sont ovales, cordées, réticulées et 
duveteuses. Les fleurs en verticilles sont particulièrement remarquables par le 
calice à tube court, épais et laineux, tandis que le limbe étalé se présente sous 
la forme d’un disque à 5 lobes, vert pâle et duveteux ; la corolle est rosée, avec 
quelques veines blanches. 


VERBÉNACÉES. 


Clerodendron trichotomum, Tauns., Bot. Mag., pl. 6561. — Arbuste ou petit 
arbre de 6 à 10 pieds de haut, pubescent ou presque tomenteux ; feuilles molles, 
les inférieures très grandes et trifides, les supérieures largement ovales ou 
orbiculaires, acuminées ; cymes axillaires et terminales; pédoncules longs, 
trichotomes ; calice brun rouge et corolle blanche, Du Japon. 


BORRAGINÉES. 


Echium albicans, LaGasca, Gard. Chr., XV, p. 300, fig. 55. — Jolie espèce 
naine à port touffu, toute couverte de poils blancs, soyeux et apprimés. Ses 
feuilles sont sessiles, linéaires-lancéolées et forment une espèce de rosette à la 
base de la tige. Les tiges ont de 15 à 45 cent. et sont terminées par des grappes 
récurvées de fleurs roses, devenant ensuite violettes. Cette plante est native de 
la Grenade et dela Sierra Nevada où elle croît à une hautéur de 2000 à 5000 pieds. 


Myosotis elegantissima, Horrt., Rev. hort. belge, p. 193 et 247, avec pl. col. — 
Jolie variété du . scorpioides Willd., à feuilles élégamment panachées de vert 
et de blanc jaunâtre. Elle est née chez M. La Fauche, à Newberry (Irlande). 


— 366 — 


CONVOLVULACÉES. 


Batatas paniculata, CHois., The Garden, XX, p. 610, avec pl. col. — Espèce 


tubéreuse, à tige longue de plus de 50 pieds, garnie de feuilles digitées et de 
fleurs rose pourpre. 


CUSCUTACÉES. 


Cuscuta roflexa, Rous., Bof. Mug., pl. 6566. — Tiges épaisses, jaunes ou 
blanchâtres, unies ou verruqueuses. Fleurs en grappe courte, lâche, blanches et 
odorantes. Des. Indes orientales. 


POLÉMONIACÉES. 


Gilia tricolor, BENTH., var. fl. violaceo. GY., p. 132, pl. 1042. — Cette var. 
se distingue par ses fleurs rose violet foncé, avec l'œil pourpre noir. 


SOLANACÉES. 


Habrothamnus fasciculatus, Enpr., Gard. Chr., XVI, p. 308, fig. 58. — 
P'. tres ornementale de serre froide, introduite du Mexique en 1845 par Hartweg. 
Elle est duveteuse ; ses feuilles sont ovales-acuminées et ses fleurs d’un rouge 
orangé forment des touffes compactes à l’extrémité des branches. 


SCROPHULARIACÉES. 


Calceolaria fachsiaefolia, Gard. Chr., XV, p. 268, fig. 49. — Voir notre 
Revue pour 1879 (Belg. hort., 1880, p. 144). 


C. Sinclairi, Hook., Bot. Mag., pl. 6597. — Espèce de la Nouv.-Zélande 
découverte par le Dr Sinclair. C’est une plante herbacée de 1-2 pieds de haut, 
grêle et pubescente. Sa tige est faible et peu rameuse; les feuilles sont membra- 
neuses, longuement pétiolées, ovales-oblongues, obtuses, crénelées-dentelées, 
vert foncé à la face supérieure; pédoncule très long, terminé par un corymbe 
de fleurs pubérulentes, globuleuses-campanulées, brièvement bilabiées, lilas 
pâle ou couleur chair extérieurement, tachées de rouge pourpre intérieure- 
ment. 


Buaddleia auriculata, Benrx., Gard. Chr., XVI, p. 632, fig. 129. — Arbuste de 
serre froide, à branches étalées, à feuilles lancéolées, dentées, couvertes de poils 
gris, étoilés; les fleurs sont tubuleuses, couleur de crême et à odeur de prime- 
vère,en glomérules serrés. Son nom spécifique vient de la présence de deux oreil- 
les à la base de chaque pétiole. 


Veronica longifolia, L., var. subsessilis, 7%e Garden, XIX, p. 448, avec 
pl. col. — Fleurs d’un bleu très riche en longue grappe; feuilles presque sessiles 
Du Japon. 

V. carnosula, Hook., Bof. Mag., pl. 6587. — Arbuste à rameaux dressés 
ou décombants, blanchâtre, glabre; feuilles étalées et imbriquées, sessiles, 


EX 70e 


elliptiques ou obovales, obtuses, entières, concaves, très coriaces; épi subglo- 
buleux, axillaire, pédonculé; fleurs blanches, sessiles. 

Sanchezia nobilis, J. D. Hook., #1. des serres, XXIII, p. 181, pl. 2437. — 
Noble plante dont les rameaux garnis de larges feuilles, fermes et luisantes, se 
terminent par de grandes panicules de fleurs jaune d’or avec de larges bractées 
rouge vif. Introduite en 1863 de Equateur par M. Pearce, chez MM. Veitch. 


ACANTHACÉES. 


Thunbergia coccinen, WaLL., FI. des serres, XXIII, p. 213, pl. 2447-48. — 
Liane vigoureuse de l’Inde et de l’Archipel indien, à feuilles polymorphes, à 
fleurs coccinées ou orangées, avec le calice brun verdâtre et les lobes de la 
corolle très courts. 


*Aphelandra punctata, W. Buzz, Caé. n° 176, p. 15, avec fig. noire. — PI. 
de l'Amérique mérid., remarquable par son feuillage panaché et ses fleurs orne- 
mentales. Les feuilles sont opposées, elliptiques, acuminées; le long de la nervure 
médiane, qui est proéminente, court une bande centrale blanche; entre elle et 
les veines, qui sont vertes, se trouvent de nombreux petits points blancs; les 
fleurs sont en épi, de couleur jaune et entourées de bractées ovales-acuminées, 
épineuses sur les bords, couleur jaune de chrôme avec le sommet vert. 

*Justicia marmorata, B. S. Wicciams, Cat. 1881, p. 35. — Jolie variété à 
feuilles longues de 25 cent., larges de 10, d’un vert clair, tachetées et marbrées 
de blanc; dans quelques cas le blanc prédomine. 

*Eranthemum Eboracense, W. Buzz, Cat. n° 476, p. 18. — PI. de serre 
chaude, native de l’île du duc d’York, produisant des fleurs axillaires, blanches. 


BIGNONIACÉES. 


*Tecoma rosea, W. Buer, Cat. n° 176, p. 20. — Remarquable Bignoniacée de 
serre froide, importée de l’Afrique australe. Ses feuilles sont pennées, à folioles 
ovales, légèrement dentées; les fleurs sont en grappe et de couleur lilas rose. 


Incarvillea Koopmanni, W. LancHEe, Pot. Mag., pl. 6593. — Sous arbrisseau 
vert, glabre, grêle, de 2 à 3 pieds de haut; feuilles opposées, pennatiséquées; 
fleurs en panicule terminale, à pédoncules opposés; corolle rose pâle à tube 
très long et récurvé, graduellement dilaté jusqu’au limbe qui est circulaire, à 
5 lobes et presque bilabié. Du Turkestan. 


CYRTANDRACÉES 


Lysionotus serrata, Don., Bof. Mag., pl. 6538. — PI. glabre, sauf la corolle, 
à tige ferme, cylindrique, charnue, verte, mouchetée de pourpre. Feuilles verti- 
cillées, elliptiques, légèrement obliques, acuminées, dentées, vertes au-dessus, 
rougeñtres en dessous. F1. penchées, en corymbe, velues, lilas pâle ou bleues 
avec des veines plus foncées. De l'Himalaya et introduite récemment au Jard. de 
Kew par M. Gammie. 


— 368 — 


XStreptocarpus bifloro-polyanthus, DUCHARTRE, #2. des serres, XXII, 
p. 165, pl. 2429. — Hyÿb. obtenu en 1859 par M. V. Lemoine, de Nancy, entre 
S. bifiorus (mâle) et S. polyanthus (fem.). Ses feuilles sont en rosette, comme 
dans le premier, et ses fleurs, plus grandes que chez les parents, ne diffèrent de 
celles du $. üjforus que par leur nombre un peu plus grand sur chaque hampe. 


GESNÉRACÉES. 


X*Rosanowia ornata, L. V. HouTTE, F1. des serres, XXIII, p. 149, pl. 3423-94, 
— Produit entre À. conspicua (fem.) et une var. de Ligeria à fleurs rouge vif. 
PI. vigoureuse, d'un beau port et très florifère; elle se distingue par la teinte 
brun pourpre qui se remarque sur les tiges, les pétioles et les nervures des 
feuilles qui sont d’un vert uniforme foncé; les fleurs sont élancées, d’un blanc 
pur, ligné de rose sur Le tube et sur les deux lobes supérieurs de la corolle; la 
gorge, d’un jaune verdâtre, est parcourue dans sa partie inf. par des lignes d’un 
carmin sombre. 


*[soloma hirsuta, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 18. — Gentille Gesnéracée intro- 
duite des États-Unis de la Colombie : elle produit avec profusion des fleurs 
tubuleuses couleur orange vermillon clair, les lobes supérieurs sont écarlates 


et la lèvre inf. ainsi que la gorge sont orange tachetées d’écarlate. 


UTRICULARIACÉES. 


*Pinguicula Bakeriana, Gard. Chr., XV, p. 541, fig. 102. — Très jolie plante 
de l'Amérique centrale, importée par M. Sander de St-Alban. Ses feuilles sont 
disposées en rosette comme celles des Sempervivum et couvertes de poils 
glanduleux ; la couleur des fleurs est semblable à celle du Masdevallia Lindent. 

P. caudata, 7e Garden, XX, p. 212, avec pl. col. — PI. du Mexique et appa- 
remment de l'Amérique centrale, à fleurs d’un beau rouge, semblables de forme 
à celles du Viola cornuta.Klle est très voisine de P. flos mulionis (Belg. hort. 1872) 
de M. Morren, mais celle-ci a les feuilles plus larges et les fleurs rouge 
pourpre. 


PRIMULACÉES. 


Aretia Vitaliana, Murr., G#., p. 94, pl. 1039, fig. 1. — Charmante miniature 
des montagnes du midi de l’Europe, parfaitement digne de figurer dans les 
collections de plantes alpines, à cause de l’abondance avec laquelle elle produit 
ses fleurs jaunes, relativement grandes. 


*Primula poculiformis, J. D. Hook., Bot. Mag., pl. 6582. — Cette espèce, 
ainsi nommée à cause de la forme de son calice, a le port et le feuillage de 
P. cortusioides : elle est mollement pubescente ou presque glabre; feuilles toutes 
radicales, pétiolées, largement ovales-oblongues, cordées à la base, membra- 
neuses, à bords lobulés-dentelés ou presque entiers, à nervures réticulées; 


— 369 — 
pédoncule floral plus long que les feuilles ; fleurs penchées, en ombelle, lilas 
pâle ou purpurines. Trouvée par M. Maries dans la Chine centrale et introduite 
chez MM. Veitch. 
Cyclamen Atkinsi, HortT., #1. des serres, XXIII, p. 153, pl. 2425. — Cette 


plante est née, dit-on, en Angleterre avant 1852, d’un semis de C. coum ou peut- 
être de la variété du C. coum dont on a fait le C. ericum. 


MYRSINACÉES. 


Ardisia metallica, N. E. BROWN, Z!1. hort., p. 88, pl. 121. — Charmante petite 
plante, dont le port nain et la remarquable coloration de ses feuilles bronzées à 
reflets violets font un admirable contraste avec ses baies rose-pourpre. Originaire 
de Sumatra et introduite récemment chez M. Linden. 


ERICACÉES. 


XErica ferruginea Bothwelliana, For. and Pom., p. 146, pl. 547, fig. 5. — 
Hyb. remarquable obtenu par M. Turnbull, de Bothwell Castle, entre Z. f'er- 
ruginea et E. Massoni. Son port est compact; ses fleurs sont en touffe dense, 
tubuleuses, légèrement ventrues, rose clair ou rouges, avec la gorge rouge foncé. 

E. Savileana, var. Bothwelliana, 7/07. and Pom., p. 146, pl. 547, fig. 4. — 
Grand bouquet de jolies fleurs roses, urcéolées. Variété obtenue par M. Turn- 
bull, de Bothwell Castle. 

E. Shannoni Bothwelliana, For. and Pom., p. 146, pl. 547, fig. 6. — Hyb. 
obtenu par M. Turnbull, de Bothwell Castle, entre Æ#. Shannoni et E. jasminifiora 
alba. Ses fleurs sont d’un blanc pur et forment une grande ombelle terminale. 

E. Turnbulli superba, For. and Pom., p. 146, pl. 547, fig. 2. — Fleurs en 
ombelle peu fournie, à tube ventru rose rouge et noir au sommet; les segments 
du limbe sont blancs et l’entrée de la gorge est rouge foncé. Gain remarquable 
de M. Turnbull, de Bothwell Castle. 

*Rhododendron assamicum, W. Buz, Cat. n° 176, p. 20.— Feuilles étroitement 
lancéolées, très resserrées; fleurs campanulées, à lobes largement oblongs- 
arrondis, d’un blanc pur, avec une teinte blanc de crème à la base du lobe 
supérieur, près de l’entrée du tube. De l’Assam. 

R. Boothi, NuTT., Rev. hort. belge, p. 169, avec pl. col. — Cette belle espèce a 
été découverte par Nuttall dans les montagnes du Bootan, où elle croît épiphyte 
sur les chênes. Elle forme un arbuste diffus, de 1, 50-2 m. de haut; les feuilles 
sont dures, larges, acuminées, ciliées, écailleuses en dessous; les jeunes pousses 
sont recouvertes d’un tissu velu et ont une belle teinte rouge; les fleurs viennent 
en corymbes terminaux, sont de moyenne grandeuret d’une belle couleur soufre 
que rehaussent leurs étamines rouge brun. 

XBhododendron Daviesi, Flor. Mag., pl. 414. — Hyb. obtenu entre À. retu- 
sumet R. javanicum. Il est buissonneux, son feuillage est coriace, vert foncé et 
ses fleurs sont d’un beau rouge orangé luisant: 


31 


A — 


PYROLACÉES. 


Shortia galacifolia, Tor. et Gray, Gard. Chr., XV, p. 596, fig. 109; La Belg. 
Aort., p. 146. — PI. curieuse signalée d’abord par Michaux dans les mon- 
tagnes de la Caroline du Nord et ressemblant vaguement à une Primevère ou 
une Pyrole. Elle est naine, herbacée et porte un rhizome cylindrique rampant. 
Feuilles radicales, longuement pétiolées, coriaces, glabres, cordées, arrondies, 
grossièrement dentées. Les pédoncules floraux, plus longs que les feuilles, 
sortent de terre comme celles-ci; les fleurs sont campanulées, blanches et leur 
structure est intéressante : à la base, trois petites bractées, un calice imbriqué, 
une corolle à pétales verticillés et un cercle de staminodes représentant proba- 
blement un rang d’étamines. 


Polypétales. 
ARALIACÉES. 


*Aralia (?) Chabrieri, A. Van GEERT, Cat. n° 81, p. 89. — Charmant arbuste 
de la Nouv.-Calédonie, au port gracieux, au feuillage tenu, d’un beau vert, à 
nervure médiane rougeâtre. 

Aralia quercifolia, Gard. Chr., XV, p. 785, fig. 140. B.S. Williams, Caé. 1881, 
p. 30, avec fig. noire. — PI. introduite de la Nouv.-Bretagne par M. B.S. Wil- 
liams ; ses feuilles sont opposées, trifoliées, à folioles profondément sinuées et 
ressemblant aux feuilles du Chêne. | 

*Aralia spinulosa, B. S. WicLiAMs, Cat. 1881, p. 30, avec fig. noire. — PI. 
atteignant d'assez grandes dimensions; feuilles pennées, alternes, à folioles 
ovales-acuminées, vert foncé, bordées de petites épines cramoisi rougeâtre; la 
tige et les pétioles sont tachetés de cramoisi. 


HAMAMÉLIDACÉES. 


*Hamamelis arborea, Gard. Chr., XV, p. 216, fig. 38. — Arbuste du Japon, 
| introduit par MM. Veitch et voisin de Æ. virginica, mais ses fleurs sont plus 
grandes et plus jolies : elles sont jaunes avec l’œil pourpre et paraissent en 
hiver. C’est une excellente acquisition. 


CRASSULACÉES. 


Bryophyllum proliferum, Bowie, Æ. des serres, XXIII, p. 209, pl. 2446. — 
Tige simple, forte, presque ligneuse à la base, charnue et herbacée au sommet, 
peu ramifiée; fleurs jaunes avec l’extrémité des lobes roses; la viviparité de 
cette plante se manifeste spontanément par la production habituelle de bour- 
geons feuillés à la base des pédicelles floraux, bourgeons si nombreux parfois 
qu’ils entraînent l’avortement partiel ou complet des fleurs elles-mêmes. 


— 371 — 


Cotyledon macrantha, H. L. DE SMET, var. *rubro-marginata. H. L. De Smet. 


Mon. d. Ver. z. Bef. d. Gartenb., p. 361, pl. 6. — Cette variété originaire du Cap 
se distingue par la bande pourpre qui borde ses feuilles. 


Sedum sempervivoides, LEneB., 7he Garden, X1X, p. 354, avec pl. col. — 
Feuilles en rosettes, disposées comme chez les Sempervivum, d’un vert brillant ; 
fleurs rouge carmin, en corymbe. 


SAXIFRAGÉES. 


Saxifraga Hirculus, L., var. grandiflora, G#., p. 35, pl. 1035, fig. 4. — Var. 
asiatique à grande fleur jaune d’or et à feuilles plus larges que dans le type. 


S. Lantoscana, Boiss. et REUT., Gard. Chr., XV, p. 108, fig. 21. — Espèce 
vivace avec une rosette touffue de feuilles linéaires-spatulées et une forte 
panicule de fleurs d’un blanc de crème. Ælle est voisine de S. Zingulata Bell. et 
même considérée par certains auteurs comme une variété. Elle a été trouvée 
primitivement dans la vallée de Lantosca, dans les Alpes maritimes. 

S. oppositifolia, L., G#., p. 92, pl. 1039, fig. à. — Jolie plante alpine, touffue 
et gazonnante, à feuilles charnues, opposées, et à fleurs d’un beau rose. 

S. peltata, Torrey, #7. des serres, XXIII, p. 193, pl. 2441. — Espèce califor- 
nienne primitivement trouvée par Hartweg, à feuilles peltées, dans le genre de 
celles des Gunnera et des Begonia ; joli corymbe dense de fleurs rosées. 


S. parpurascens, Hook. et THoms., The Garden, XX, p. 242, avec pl. col. — 
Une des plus belles espèces de la section des Jegasea. Ses feuilles sont largement 
ovales, glabres, luisantes et comme bullées ; la hampe, couverte de poils glan- 
duleux, est terminée par une grande grappe de fleurs pendantes, d’un beau rouge 
pourpre. Du Sikkim-Himalaya. 

Aruncus astilboides, Max., Flor. and Pom., p. 161, pl. 549. — PI. vivace, 
rustique, introduite du Japon par W. Bull qui l’exposa en 1879 sous le nom de 
Spiraea nivosa et en 1880 sous le nom de $S. Aruncus var. astilboides, mais 
récemment M. Maximowicz a sépuré les Aruncus du genre Spiraea. Elle a l'aspect 
du $. Aruncus, mais elle est plus petite et plus gracieuse. Elle a 2-3 pieds de 
haut, ses feuilles sont ternées-bipennées, à folioles dentées, ovales-acuminées ; 
. l’inflorescence est une panicule plumeuse de fleurs blanches, d’une grande 
beauté. 


Astilbe Thunbergi, For. Mag., pl. 457. — Jolie plante du Japon, introduite 
récemment par MM. Veitch et ayant l'aspect d’un Spiraea. Ses feuilles sont 
bipennées et ses fleurs blanches et tres serrées forment une ample panicule. 


Escallonia rubra, PErs., var. punctata, Bof. Mag., pl. 6599. — Arbuste de 
3 à 6 pieds de haut, rameux, toujours vert, couvert plus ou moins d’une pubes- 
cence résineuse ; feuilles vert foncé, sessiles ou brièvement pétiolées, ovales- 
elliptiques, aiguës, finement dentelées ; fleurs 1-4, en corymbe terminai, à 
pédicelle dressé, pubescent ; corolle rouge foncé. Du Chili. 


— 372 — 


RIBÉSIACÉES. 


Ribes integrifolium, Puaicrppr, Gf., p. 195, pl. 1047. — Arbusté inerme, 
glabre, à feuilles subsessiles, lancéolées, crénelées-dentées, coriaces, glanduleu- 
ses-ponctuées en dessous; grappe de fleurs jaunes d’or. De l’Araucanie. 


RENONCULACÉES. 


Clematis aethusaefolia, Turcz., var. latisecta, Bof. Mag., pl. 6542. — PI. 
grimpante, à tiges et branches anguleuses et canaliculées; feuilles très nom- 
breuses, bi-tripennées, à segments larges ou étroits, arrondis et dentés; fleurs 
blanches, campanulées. De la Chine septentrionale. 

C. coccinea, ENGELM. Bot., Mag., pl. 6594. The Garden, XIX, p. 284, avec pl. 
col. — PI. du Texas, décrite erronément sous le nom de C. Pitcheri (Rev. hort., 
1878, p. 10). Elle est remarquable par ses fleurs rouge écarlate, son feuillage 
glauque et ses folioles arrondies et réticulées. 

C. reticulata, WaALT., Bof. Mag., pl. 6514. — Arbuste grimpant, à tige grêle, 
très rameuse, glabre, avec les dernières ramifications pubescentes ; feuilles 
réticulées, les supérieures simples, elliptiques, obtuses ou apiculées, les infé- 
rieures pennées, à 7-9 folioles oblongues ou lancéolées; fleur solitaire, pendante, 
portée sur un long pédoncule pubescent ; périanthe ovoïde, verdâtre et pourpré, 
à sépales lancéolés, pubescents, connivents, sauf au sommet où ils sont récurvés. 
Du sud des Etats-Unis. A 

Aquaileg'ia formosa, Fiscx., Bot. Mag., pl. 6552. — Tige grêle, de 1 à 3 pieds 
de haut, glanduleuse et velue au sommet. Feuilles biternées, à segments cunéi- 
formes, lobulés et crénelés. Fleurs rouge brique et jaune ou entièrement jaunes. 
Des Montagnes Rocheuses et de la Californie. 

Delphinium cardinale, The Garden, XIX, p. 234, avec pl. col. — Charmante 
plante californienne à fleurs écarlates, introduite depuis 25 ans par MM. Veitch 
et voisine de D. nudicaule. 

*D. corymbosum, RG, Gf., p.323, pl. 1059. — Espèce voisine de D. caucasicum 
et introduite de graines par M. Alb. Regel, du Turkestan oriental. Elle est 
velue-hérissée, haute de 1-1 1}, pied; les feuilles inf. sont longuement pétiolées, 
quinquélobées, à lobes crénelés-dentés; les feuilles caulinaires sont sessiles ou 
brièvement pétiolées, à 3-5 lobes ; l’inflorescence est en panicule dense corym- 
biforme; les sépales sont ovales-lancéolés, violet pâle, hérissés sur le dos et à 
sommet cucullé; les pétales sont noirâtres, le sup. dressé, les inf. larges, bifides 
et barbus. É 

Aconitum rotunäifolium, Kar. et Kir., GY., p. 357, pl. 1063, fig. 2. — PI. ne 
dépassant pas 1 1/, pied; feuilles cordées-subarrondies; les radicales à ‘7 lobes 
dentés; les caulinaires à 5-7 lobes bi-trifides; fleurs en casque d’un vert blan- 
châtre. De l’Asie centrale. 


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— 373 — 


BERBÉRIDÉES. 


*Leontice Alberti, RGz., @7., p.293, pl. 1057, fig. 2. — Bulbe subglobuleuse- 
déprimée; feuille solitaire, sessile, tripartite; folioles petiolées, quinquédigitées; 
fleurs en grappe terminale; bractées ovales, violacées, puis vertes; sépales 6, 
ovales-oblongs, orange foncé, avec 5 nervures lignées de fauve; pétales 4, de 
moitié plus courts, trifides, avec le lobe moyen bidenté. Trouvé dans le Tur- 
kestan occidental par M. Albert Regel. 

Berberis sinensis, Desr., Bof. Mag., pl. 75173. — Arbuste buissonneux, 
introduit de la Chine en 1800. IL a 5 ou 6 pieds de haut et ses rameaux sont 
pendants; épines 2-3; feuilles fasciculées, variables de forme, coriaces, vertes et 
non glauques, entières ou rarement dentelées; pédoncule très long, pendant; 
fleurs en grappe, globuleuses, très petites, jaune pâle; fruits rouge brillant. 


PAPAVÉRACÉES. 


Meconopsis Wallichi, 7%e Garden, XIX, p. 308, avec pl. col. — Jolie plante 
annuelle, originaire du Sikkim et à grandes fleurs bleu pâle, très ouvertes. 


CAPPARIDÉES. 


*Euadenia eminens, J. D. Hook., Bot. Mag., pl. 6518. — Arbuste introduit 
de l’Afrique occid. tropicale chez M. W. Bull. Ses rameaux sont cylindriques, 
noueux; ses feuilles sont alternes, pétiolées, trifoliées, glabres, à folioles sub- 
sessiles, ovales-lancéolées, acuminées, entières, vert foncé au-dessus, plus pâle 
en dessous. Inflorescence courtement pédonculée, terminale, dressée, corymbi- 
forme; pédicelles étalés, récurvés, puis ascendants; sépales 4, lancéolés, 
acuminés, verts; pétales 4, jaune de soufre, les 2 dorsaux étalés, linéaires- 
spathulés, les 2 inférieurs plus petits. 


NYMPHÉACÉES. 


Nymphaea tuberosa, A. PAINE, Bof. Mag., pl. 6536. — Racine rampante 
portant des tubercules oblongs ; feuilles très grandes, circulaires, entières ou 
ondulées, à 12-15 nervures rayonnantes ; fleurs de 12-18 cent. de diamètre, d’une 
odeur semblable à celle des pommes ou de la vanille et devenant bientôt inodores ; 
sépales et pétales comme dans W. alba et odorata. Des lacs des Etats-Unis 
nord-orientaux. 


SARRACÉNIACÉES. 


XSarracenia Chelsoni, Horr. Verrcx, Gard. Chr., XV, p. 817, fig. 147 et 
148, A. — Hyb. obtenu chez MM. Veitch, entre $S. purpurea (mâle) et S. rubra 
(fem.). Les urnes ont de 25 à 30 cent. de longueur sur 5 de largeur : elles sont 
pourpres, ascendantes, en forme de fuseau, marquées de veines proéminentes ; 
l’opercule est dressé, de 10 cent. de diamètre, suborbiculaire ou réniforme, 
ondulé, d’un riche cramoisi, avec de nombreux poils blancs ; les fleurs sont 
brun pourpre. 


— 874 — 


S. Drammondi, Croom., Gard. Chr., XV, p. 629, fig. 115; XVI, p. 11, fig. L. 
Flor. and Pom., p. 113, pl. 543, fig. 1. — Amphores dressées, de 2 pieds de 
haut, vertes, en forme d’entonnoir et à nervures proéminentes, la partie supérieure 
est marquée de blanc de crême ou de rose entre les veines; l’opercule est subor- 
biculaire, ondulé, rouge cramoisi et couvert de poils; la surface intérieure est 
rouge pourpre: les fleurs ont 10 cent. de diamètre; les sépales sont étalés, 
ovales-lancéolés, rougeâtres à l'extérieur, verdâtres à l’intérieur; les pétales sont 


réfléchis vers le centre et d’un rouge vineux. 


*S. Fildesi, B. S. WicLrams, Cat. 1881, p. 36. — Forme intéressante, avec de 


nombreuses amphores en forme de trompette et à bords réfléchis; les fleurs sont. 


pourpre foncé. 


S. flava, Lin., Ælor. and Pom., p. 113, pl. 548, fig. 3. — Urnes dressées, 


longues de 3 pieds, avec des nervures proéminentes, vertes, peu ailées et les 
opercules cordés; l’intérieur est couvert de poils apprimés blancs; la fleur est 
grande, penchée; les sépales sont oblongs ou arrondis ; les pétales sont oblongs, 
infléchis vers le milieu et jaune serin; le disque du style est très grand, profon- 
dément 5-lobé, à lobes deltoïdes, bifides à l’extrémité. 


S. flava, Lin. var. atrosanguinea H. Bull., Gard. Chr., XVI, p. 12, fig. 4. 
Flor. and lPom., p. 116, avec fig. noire. — PI. relativement petite avec l’opercule 
ovale aigu, fortement teintée de rouge. 


S. flava, Lin., var. crispata, H. Bull. Gard Chr., XV; p. 629, pl. 115, fig. 4, 
XVI, p. 11, fig. 2. Flor and Pom., p.113, pl. 543, fig. 4. — Urnes dressées, de 
2 pieds de haut, vertes, avec les nervures proéminentes et les ailes plus larges 
que dans le type; l’opercule est dressé, incurvé, ovale-aigu ou terminé en 
pointe. Les fleurs ont 10 à 12 cent. de diamètre et sont courbées; le bord des 
sépales est fortement réfléchi et les pétales sont blanc de crème. 


Sarracenia flava, Lin., var. ornata H. Bull., Gard. Chr., XV, p. 628, pl. 114, 
fig. 1; XVI, p. 11, fig. 3. Flor. and Pom., p. 116, avec fig. noire. — Urnes 
grandes, vertes, traversées de veines rouges, avec la face interne de l’opercule 
marquée d’un réseau de veines rouges. Fleurs de 20 cent. de diamètre, à pétales 
jaune serin et à sépales jaune verdâtre. 


XS. Moorei, D. Moore, Gard. Chr., XVI, p. 40, fig. 9- — Hyb. entre S. Drum- 


mondi (mâle) et S.ffava (fem.). Les amphores sont longues de 2 pieds, dressées, 
en forme de trompette, ailées, vertes et à veines proéminentes. L’opercule 
a 8 cent. de diamètre, est velu, suborbiculaire, cordé, sessile, ondulé, avec un 
réseau de veines rouge cramoisi. Les fleurs, de 10 cent. de diamètre, sont 
pendantes, odorantes et très belles ; les sépales ovales, oblongs-obtus, teintés 
de rose à l’extérieur et verdâtres à l’intérieur ; les pétales sont oblongs, larges 
à la base, contractés et infléchis au milieu et arrondis au sommet, rose foncé 
extérieurement et rose blanchâtre intérieurement. 


— 375 — 


XS. Poppei, Gard. Chr., XVI, p. 40, fig. 8. — Hyb. obtenu à Glasnevin 
entr S. flava et S. rubra. Les amphores sont dressées, hautes de 2 pieds, en 
forne de trompette, à veines proéminentes et à aile large à la base, plus étroite 
versle sommet ; l’opercule, de 8 cent. de diamètre, est ovale acuminé et garni 
à l’iltérieur d'un réseau de veines rouges. Les fleurs, qui ont 10 cent. de largeur, 


| 
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ont les sépales verdâtres avec une teinte rouge, les pétales, plus longs du double, 


son|/blances à la base et le reste est cramoisi velouté, avec le bord jaune pâle. 


S psittacina, Micxx., Gard. Chr., XV, p. 817, fig. 146. — Un des plus curieux 
du genre, à urnes comparativement petites, tachetées de pourpre, avec l’opercule 
semblable à une tête de perroquet. 


S purpurea, Lin., Gard. Chr., XV, p.811, fig. 148, B. — Urnes courtes, en 
forne de baril, violet rougeâtre, quelquefois entièrement vertes, avec un grand 
opercule arrondi et ondulé, couvert de poils; les fleurs sont d’un pourpre rouge. 


S rubra, WaLT., For. and Pom., p. 113, pl. 543, fig. 2. — Amphores grêles, 
de 45-30 cent. de haut; opercules dressés ou infléchis, ovales-aigus; la couleur 
gérérale est verte, avec des veines réticulées rouges à la partie supérieure; les 
fleurs ont 8 cent. de diamètre et d’une odeur de violette; les sépales sont 
ovaes-oblongs, obtus, brun rougeâtre; les pétales sont pendants, oblongs- 
ovaies, cramoisi marron à l'extérieur et couleur crème à l’intérieur; le disque 
du style est verdâtre. 


XS.-Stevensi, H. Srev., Gard. Chr., XVI, p. 40, fig. 7. — Hyb. obtenu entre 
S. purpurea (mâle) et S. flava (fem.). Urnes dressées, fortement ailées, vertes, 
longues de 25 cent., terminées par un opercule sessile, arrondi, de 8 cent. de 
diamètre, couvert de poils. Les fleurs, d'un diamètre de 15 cent., ont les sépales 
ovales, obtus, verdâtres, teintés de brun rougeâtre, les pétales larges à la base, 
contractés au milieu et oblongs-obovés au sommet, de couleur rouge cramoisi à 
l'extérieur et blanc de crème à l’intérieur. 


XS. Williamsi, Gard. Chr., p. 628, pl. 114, fig. 2. — Hyb. obtenu rhez 
M. B.S. Williams entre S. Java et S. purpurea. Les sépales sont brun rougeâtre 
extérieurement, verdâtres intérieurement; les pétales d’un riche lilas rose con- 
trastent avec le style verdâtre et pelté. 


DROSÉRACÉES. 


Drosera capensis, Lin., Boi. Mag., pl. 6583. — Voir notre Revue pour 1880 
{Belg. hort., 1880, p. 311, pl. 16). 


VIOLARIÉES. 


Viola pedunculata, Torr. et Gray, #1. des serres, XXII, p. 157, pl. 2426. — 
Pl. de la Californie, découverte par Douglas ; elle est glabrescente, à feuilles 
rhomboïdales-cordées, dentées-crénelées, à pétioles allongés; pédoncules très 
longs, terminés par une grande fleur jaune. 


— 310 — 


BIXACÉES. 


Azara Gilliesi, Hook. et ARN., F/. des serres, XXIII, p. 205, pl. 2445. (wrd. 
Chr., XV, p. 400, fig. 19. — Arbuste chilien envoyé par le Dr Gillies au Jædin 
de Kew : ses feuilles sont coriaces, luisantes et dentées en scie; ses fleurs très 


petites, réduites au simple calice, sont en épi serré, jaune orangé, avec de 10m- 
breuses étamines saillantes. 


BÉGONIACÉES. 


*Begonia Porteana, A. VAN GEERT, Cat. n° 81, p. 90. — Nouveauté très 
recommandable des îles Philippines, à feuillage charnu maculé de blanc en 
dessus, pourpre en dessous. 


*Begonia Socotrana, Hook., Bof. Mag., pl. 6555. Gard. Chr., XV, p. 8, fig. 1. 
The Garden, XIX, p. 209, avec fig. noire. — Jolie espèce bulbeuse, trouvée pæ le 
Dr J. B. Balfour, à l’île de Socotra, sur les côtes d'Arabie et envoyée à Kew en 
1880. Tige dressée, ferme et succulente, velue; feuilles orbiculaires, peltes, 
à bords récurvés et crénelés ; fleurs monoïques, rose brillant ; les mâles ave le 
périanthe à 4 segments obovés ; les femelles, plus petites, ont le périaithe 
à 6 segments oblongs, obtus. 


PORTULACACÉES. 


Calandrinia grandiflora, 74e Garden, XIX, p. 316, avec pl. col. — Ressemble 
au C. discolor, mais est plus grand dans toutes ses parties. Ses fleurs sont amples, 
très ouvertes, roses et à pétales semi-transparents, avec de nombreuses étamines 
à long tilet grêle, purpurin. Du Chili. 


CARYOPHYLLÉES. 


Saponaria cœspitosa, DC., Gard. Chr., XV, p. 501, fig. 94. — PI. naine, d’une 
grande beauté lorsqu'elle est en touffe. Les feuilles radicales forment une espèce 
de rosette, sont linéaires et glabres. Les tiges ont 5 à 8 cent. de hauteur, portent 
deux paires de feuilles et sont terminées par un bouquet de fleurs roses. Des 
Pyrénées. 


TILIACÉES. 


Sparmannia africara, L., var “flore pleno, W. Bull, Caf. p. 20. Mon. d. Ver. 
z. Bef. d. Gartenb., p. 400, pl.'7. — Dans cette var. les étamines se sont trans- | 


formées en pétales blanes, ce qui donne à la fleur une singulière beauté. 


*Crinodendron Hookerianum, J. VEircx, Caf. 1881, p. 14, avec fig. noire. 
A. Van Geert, Caf. n° 81, p. 92. — Arbuste nain à feuilles persistantes et 
originaire du Chili; ses fleurs, qu’il produit en abondance, ont la consistance et 
le coloris de celles du Lapageria rosea et apparaissent nombreuses à l’aisselle 
des feuilles, au sommet des branches. 


— T1 — 


HYPÉRICACÉES. 


Hypericum Coris, L., Bof. Mag., pl. 6563. — Très ancienne plante, native du 
midi de l'Europe et introduite vers 1640 en Angleterre : elle est souvent confon- 
due dans les jardins avec H. empetrifolium. Tige ligneuse; feuilles en fascicules 
verticillés, au nombre de 5-6, étalées, linéaires, obtuses, avec les bords entiers 
et révolutés; inflorescence terminale, à pédoncules verticillés; fleurs 3-5, à 


l'extrémité des pédoncules, jaune d’or. 


MÉLIANTHACÉES. 


Melianthus Trimeniarus, Hook., Bof. Mag., pl. 6551. — PI. de l'Afrique 
australe, trouvée par sir H. Barkly, gouverneur du Cap, lors de son voyage au 
pays des Namaquois et dédiée aux frères Trimen. Elle forme un arbuste 
rameux, à feuilles brièvement pétiolées, pennées, glabres au-dessus, blanches- 
tomenteuses en dessous; folioles, 6-10 paires, opposées, linéaires, coriaces, à 
bords recurvés, entiers ou dentelés; rachis ailé; grappe terminale, dressée ; 
fleurs en verticille, rouge vermeil; capsules relevées de 4 ailes. Toute la plante 
a une odeur forte. 


EUPHORBIACÉES. 
Euphorbia punicea, Gard. Chr., XV, p. 529, fig. 99. — Tige de 2 à 3 pieds de 


haut portant des feuilles oblancéolées, glauques, très rapprochées à l'extrémité 
des branches ; involucre de bractées d’un riche cramoisi foncé. Introduit des 
Indes occid. en 1778. 

*Croton Ancitumensis, A. Van Geert, Caé. n° 81, p. 93. — Jolie var. dans le 
genre de C. Weismanni, mais en différant par le coloris; nervure médiane et 
bords des feuilles jaune, limbe à rayures croisées de même couleur sur fond 
vert-olive. | 


*C. Broomfieldi, W. Buzz, Caf. n° 176, p. 16.— Var. d’une grande beauté ; 
les feuilles out 22 à 25 cent. de longueur et 6 centim. dans leur plus grande 
largeur; la couleur du fond est vert foncé, avec des lignes, taches et marques 
irrégulières jaunes et la nervure médiane est teintée de rouge. 


*C. eburneus, W. Buzi, Cat. n° 176, p. 16. — Var. remarquable et élégante, 
à port nain, avec les feuilles elliptiques-lancéolées, légèrement récurvées, vert 
foncé, avec une large bande centrale blanc d’ivoire ou blanc de crème qui s'étend 
jusqu’à mi chemin du bord de la feuille. 


*C. elegantissimus, W. BuLr, Caf. n°176, p. 16, avec fig. noire. — Char- 
mante var. à feuilles étroites, très longues et recourbées, à riche panachure 
jaune d’or, contrastant avec le rouge clair des pétioles. 


*C. formosus, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 16. — Feuilles retombantes, lancéolées, 


longues d’un pied, à pétiole rouge cramoisi ; le limbe est vert clair, avec une 
bande centrale jaune et de petites taches irrégulières entre les veines. 


— 93178 — 


*C. Kingianus, W. Buzz, Caé. n° 176, pl. 17. — C’est probablement la plus 
grande et la plus noble forme de ce groupe de plantes si remarquables par leur 
variété. Ses grandes feuilles, longues de 30-45 cent., larges de 12-20, sont 
oblongues-obovales et brillamment marquées de panachure jaune d’or sur un 
fond vert foncé. 

*C. multiformis, B. S. WicziaMs, Cat. 1881, p. 34. — Var. intéressante par 
ses feuilles généralement lancéolées, quelquefois en spirales interrompues, 
continuées ensuite par la côte filiforme et une seconde feuille de forme variable; 


la couleur est vert clair marbré de jaune et teinté de cramoisi rose. 


*C. ornatus, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 17. — Belle var. à feuilles oblongues, 
légèrement ondulées sur les bords, vert foncé avec une bande centrale jaune de 
crème, les veines de même couleur, la surface comprise entre elles marquée de 
taches irrégulières jaunes teintées de rouge cramoisi ; quelquefois les feuilles 
sont vert bronzé, avec des lignes et des taches roses et la nervure médiane rose 
cramoisi foncé. 

*C. recarvifolius, A. Van Geert, Cat. n° 81, p. 93. — Variété distincte à large 
feuillage, dense, tordu sur lui-même et supérieure à C. volutum ; la panachure est 
rouge carminé et jaune sur fond vert. 

*C. Rodeckiana, B. S. WiiaAMs, Cat. 1881, p. 34. — Charmante var. appar- 
tenant à la section des Crotons à feuilles étroites; elle est dédiée à M. E. Rodeck, 
de Vienne, grand amateur de ce genre de plantes. Les feuilles sont linéaires-lan- 
céolées, arquées, longues de 40-45 cent. et larges de 3 cent., tachetées et mar- 
brées de blanc de crème et teintées de rose. 

*C. Sinitzinianus, A. Van Geert, Cut. n° 81, p. 93. — Feuillage étroit, 
lancéolé, gracieusemeut arqué; coloris fond vert, panaché de jaune paille, très 
constant. 

C. vittatus, W. BuzL, Cat. n° 176, p. 17. — Port remarquable; feuilles 
oblongues portées sur de longs pétioles jaunâtres, tachetés de rouge rubis clair; 
le limbe est vert clair, avec une large bande jaune de crème qui s’étend sur les 
veines primaires. 


DIOSMACÉES. 


Choisya ternata, H. B. K., Mon. d. Ver. z. Bef. des Gartenb., 1881, p. 253, 
pl. 4. — Voir notre Revue pour 1880 dans la Belg. hort., 1881, p. 261. 


BALSAMINÉES. 


Impatiens amphorata, Encew., Bot. Mag., pl. 6550. -— P1. annuelle, de 8 à 
6 pieds de haut; tige succulente, rameuse au sommet; feuilles ovales-ellip- 


DUR Ce TES 


tiques, acuminées, finement dentées, vert brillant, avec les bords et la nervure 
médiane rosés ; fleurs purpurines, teintées et mouchetées de rose rouge : 
sépales largement cordés; étendard orbiculaire, bilobé; labelle cylindrique- 
sacciforme, terminé par un éperon incurvé. De l'Himalaya. 


— 379 — 


*I. Marianae, Rous., Gard. Chr., XV, p. 688. — Jolie plante à tiges épaisses, 
couvertes dans le jeune âge de nombreux poils. Feuilles pétiolées, oblongues, 
aiguës, dentées superficiellement, vert foncé. F]. en cyme, lilas pourpre. 


Intioduite des Indes orientales par M. Gust. Mann. 


ONAGRARIÉES. 


Oenothera albicaulis, NuTr., Gf., p. 181, pl. 1041. — Onagre assez variable 
qui croît dans l'Amérique du Nord, à l’est de la Sierra-Nevada. Elle est vivace ou 
plus exactement bisannuelle ; sa tige herbacée a 1 mèt. de haut; ses feuilles 
étroites, linéaires ou oblongues-lancéolées, sont entières, denticulées ou même 
sinuées-pinnatitides ; ses fleurs ont les pétales souvent échancrés, blans dans 
la forme type, roses dans une var. que son origine a fait nommer califormica. 


Clarkia pulchellz, Pursx., var. bicolor, G%., p. 132, pl. 1042. — Cette var. se 
distingue par la couleur des pétales, en ce que la moitié inf. est rose et la moitié 
sup. est blanche. 

Eucharidium Breweri, A. Gray, The Garden, XX, p. 34, avec pl. col. — Port 
nain ; feuilles étroitement lancéolées ; fleurs rose pourpre, avec le centre blanc, 
remarquables par leurs pétales obcordés, avec une languette étroite à chaque 
sinus. De la Californie. 


MÉLASTOMACÉES. 


Pleroma macranthum, J. D. Hook., F1. des serres, XXII, p. 169, pl. 2430. — 
De par la loi de priorité, le nom générique de Pleroma, fondé par Don en 1823, 
doit primer le nom de Lasiandra proposé par De Candolle en 1828. Cette plante 
a été introduite du Brésil (île de Ste-Catherine) par J. Libon chez M. Linden. Ses 
corolles sont d’un bleu violacé, à reflets chatoyants et métalliques, et, quoique 
fugaces, elles se remplacent si vite que l’effet ornemental en est continu pendant 
toute la durée de la floraison. 

Osbeckia rostrata, Don., Bot. Mag., pl. 6515. — Arbuste de 2? à 4 pieds de 
haut, peu rameux, glabre, velu ou hispide. Tige dressée, à 4 angles ailes à la 
base; feuilles opposées, elliptiques, acuminées, entières ou crénelées, à nervures 
transversales distinctes; fleurs en corymbe terminal lâche, avec les pédoncules 
quadrangulaires, de couleur rose lilas, à pétales orbiculaires et ondulés. Introduit 
du Bengale à Kew en 1857. 

Sonerila speciosa, ZENK., #1. des serres, XXII, p. 197, pl. 2442. — Espèce 
des Indes anglaises, trouvée dans les Nilgherries par Zenker, à feuilles vert 
uniforme et à fleurs lilas, groupées en cyme irrégulière, bifurquée et scorpioïde. 


MYRTACÉES. 


Leptospermum lanigerum, Arr., 7e Garden, XIX, p. 42, avec pl. col. — 
Arbuste abondant en Tasmanie, Victoria et Nouv.-Galles du Sud et introduit 
par Ronald Gunn, de 1836 à 1845. 11 porte d’abondantes fleurs blanches, avec 
le calice laineux. 


— 380 — 


POMACÉES. 


Pyrus coronaria, L., The Garden, XIX, p. 400, avec pl. col. — Cet arbre a le 
port d’un Pommier, est haut de 15 à 30 pieds et a les fleurs rouge violet. Il est 
des États-Unis et surtout abondant dans les Monts Alleghanys. 


P. Hosti, The Garden, XX, p. 316, avec pl. col. — Petit arbre appartenant à la 
section des Sorbiers, avec les feuilles entières, dentelées et les rameaux ter- 
minés par des corymbes denses de fleurs rouges. 


ROSACÉES. 


Rosa microphylla, RoxB., Bot. Mag., pl. 6548. — Arbuste buissonnant, à 
rameaux glabres, non armé d’aiguillons, sauf à la base des pétioles; feuilles à 
7-9 paires de folioles ovales-elliptiques, aiguës, finement dentées, lisses au- 
dessus, glabres ou pubérulentes en dessous; fleurs solitaires, courtement 
pédonculées ; fruits déprimés-globuleux, hérissés de longs piquants. De la Chine 
et du Japon. 


Rubus deliciosus, Torr., Gard. Chr., XV, p. 536, fig. 101. — Arbuste rüsti- 
que, originaire des Montagnes Rocheuses et introduit primitivement dans les 
jardins anglais chez M. Anderson Henry. Il est dépourvu d’aiguillons, porte des 
feuilles palmées, à 3-5 lobes dentés; ses fleurs sont blanc pur; ses fruits sont 
brun marron et d’une saveur agréable. 


Potentilla unguiculata, A. Gray, Bot. Mag., pl. 6560. — PI. couverte de 
poils mous et soyeux; tige très élancée, terminée par une panicule rameuse; 
feuilles radicales linéaires-allongées, imbriquées, à 3 folioles elliptiques-lan- 
céolées; panicule lâche de fleurs blanc de perle. De la Californie. 


Geum elatum, Wazr., Bot. Mag., pl. 6568. — Toute la plante est couverte de 
poils épars et a 1 ou 2 pieds de haut; la racine est fibreuse, cylindrique, 
inclinée; les feuilles radicales sont subsessiles, pennatiséquées et graduellement 
dilatées jusqu’au sommet ; la tige est grêle, bi-multifurquée; les fleurs, portées 
sur de longs pédoncules, sont dressées et d’un beau jaune d'or. De l'Himalaya. 


PAPILIONACÉES. 


Baptisia leucophaea, NurTrT., #7. des serres, XXIII, p. 217, pl. 2449, — 
PI. vivace de pleine terre, originaire de l’Amérique Septr. où elle fut 
découverte par Nuttall, il y a plus de 60 ans, et introduite seulement dans les 
cultures, par M. Ed. Leeds. Ses tiges sont un peu flexueuses, garnies de feuilles 
trifoliées et se terminent en longues grappes de fleurs blanches lavées de jaune. 


*Lathyrus splendens, W. Buzz, Cat. n° 176, p. 19. — Splendide plante 

grimpante vivace, produisant avec profusion des grappes de 10-12 grandes fleurs 
# 

pourpre écarlate, Originaire des montagnes de la Californie inférieure. 


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— 381 — 


Millettia megasperma, BEnTH., Bot. Mag., pl. 6541. — Espèce ligneuse, 
grimpante, à feuilles composées de 3-7 paires de folioles courtement pétiolulées, 
eiliptiques, vert foncé; grappe pendante, grêle, à rachis pubescent, à fleurs 
nombreuses, pourpres, sauf le dos de l’étendard qui est presque blanc. Du 
Queensland. 

Cladrastis amurensis, BENTH., Bo. Mag., pl. 6551. — Arbre de 40 pieds de 
haut, découvert en Mantchourie, dans le bassin de l'Amour. Ses branches sont 
étalées et penchées ; les feuilles sont alternes, pennées, à 3-5 paires de folioles 
ovales, membraneuses; les grappes sont subterminales, tombantes, et les fleurs, 
d’un blanc verdâtre, sont en masse dense et ascendantes. 


CAESALPINIACÉES. 


Bauhinia corymbosa, Roxs., Gard. Chr., XVI, p. 204, fig. 38-39. — Jolie 
plante grimpante de la Chine; feuilles consistant en 2? folioles jumelles, 
obliques, oblongues-obtuses, couvertes d’un duvet rougeâtre à la face inférieure; 
les fleurs sont en grappe lâche et leur long tube ressemble à l’éperon des 
Pelargonium ; les pétales sont réguliers, crénelés et de couleur rose. 


NOTICE SUR LE VRIESEA TESSELLATA ET SA 
PREMIÈRE FLORAISON EN EUROPE, 


pAR M. ÉpouARD MoRREN. 


Planche XIV-XV-XVI. 


Vriesea Linpcey, in PBolanical Register, 1843, ad tab. 10. 

8 Xiphion (Gladioliflorae), Én. MorRen, in Pelg. hort., 1878, XXVIII, p. 157. 

Vriesea tessellata, foliis coriaceis, rigidis, vagina latiore, atrofusca; lamina 
lata (0210), porrecta (0°50-60), canaliculata, loricata, tessellata, subglaucescente, 
apice acuminato. Scapo foliis æquali, bracteis navicularibus fulcrato. Panicula 
elata (1220-1m40), erecta, laxa, ramis bracteatis, erectis, arcuatis, pedunculatis, 
productis (0»30-40), 9-12 flores secundos, subsessiles, magnos (0"05-6) feren- 
tibus. Bracteis coriaceis, latis, brevibus, duaspartes calycis longis. Sepalis ovato- 
lanceolatis, coriaceis, longis (0m032-40), latis (0014), viridibus, lucidis, gluti- 
nosis. Petalis in corollam campanuliformem dispositis, longioribus (0"035-45), 
luteolis, basi squammigera. Staminibus insertis, filamento crassiusCulo, 
anthera adnata. Stigmate trilobato. ÉD. MORREN. 

Tillandsia tessellata LINDEN et ANDRÉ.— LINDEN, Cafal., 1873, p. 9.— Zilustr. 
hortic., 1873, p.18; 1874, XXI, p. 123, tab. 179; 1882, p. 120. 


Le Vriesea tessellala est une belle plante brésilienne, introduite en 
Europe en 1872 par les soins de M. Linden. On la cultivait depuis cette 


— 382 — 


époque en serre chaude pour la beauté de son feuillage, très remar- 
quable par sa coloration quadrillée : le fond, jaune pâle et verdâtre, 
est couvert d’un réseau vert-foncé qui lui donne l'apparence d'un 
damier. Certaines variétés très claires sont fort estimées ; d'autres 
ont des reflets plus ou moins glauques. 

On désirait voir fleurir cette plante pour être fixé sur sa détermina- 
tion scientifique et sur toutes ses qualités ornementales. Cette floraison 
s’est fait attendre pendant vingt ans jusqu’à ce qu’enfin, cette année, 
en 1882, elle s'est développée chez MM. Jacob-Makoy à Liége où nous 
avons pu l’observer et la décrire dans les meilleures conditions. Le pied 
quia fleuri est sans doute un de ceux qui sont arrivés en 1872 chez 
M. Linden où il avait été acheté par M. Jules Pirlot. Il avait acquis de 
très grandes dimensions quand, dès le commencement de l’été, on le vit 
former son inflorescence qui se developpa très lentement pour épanouir 
sa première fleur le 14 août seulement. Or, en même temps que ce 
phénomène végétal se produisait à Liége, il se manifestait aussi à 
Gand, chez M. F.-J. Spae, horticulteur, à la Coupure et, au dire de 
l'ZUustration horticole, à Moscou. On connait déjà des exemples de ces 
floraisons simultanées de végétaux exotiques élevés dans le milieu 
artificiel des serres et sous des latitudes plus ou moins éloignées, mais 
ils sont encore intéressants à constater quand ils se présentent dans 
des conditions aussi nettes et aussi précises que celle-ci. 

Par ses fleurs, la plante a montré, à notre avis au moins, qu’elle 
n'appartient pas au genre T'illandsia, mais bien au genre Vrieseg. Elle 
fait partie du sous-genre que nous avons nommé Æiphion et qui se 
distingue par la corolle large et de forme campanulée. La Belgique 
horticole a déjà figuré le Vriesea Jonghei (1874, p. 291) et le Vréesea 
viminalis (1878, p. 257) qui appartiennent à la même section. Le 
Vriesea tessellala est, de beaucoup, la plus belle et la plus grande 
espèce de cette série. 

L’exemplaire qui a fleuri chez MM. Jacob-Makoy était pourvu d’une 
rosette large d’un mètre et formée d’une quarantaine de feuilles 
longues de soixante à soixante-dix centimètres. L’inflorescence, en 
panicule lâche, s’est élevée à près de deux mètres de hauteur. Nous 
l'avons fait peindre en grandeur naturelle pour notre collection de 
velins et nous en publions ici une réduction au cinquième, avec un bout 


de feuille et une branche de la panicule dans leurs dimensions réelles. 


— 383 — 

Les fleurs du Vriesea tessellata sont éphémères et nocturnes. Le 
bouton s’épanouit au déclin du jour, soit vers 5 à 6 heures du 
soir, pendant les mois d’août et de septembre. La fleur est bien ouverte 
à la soirée. Pendant la nuit, les étamines sont étalées en éventail, les 
anthères sont droites et raides ; elles dépassent alors notablement la 
corolle et tout l'androcée semble dans un état de tension extraordi- 
naire dans un périanthe largement ouvert. Cet état de tension cesse 
le matin ; le périanthe se resserre petit à petit et vers 10 ou 11 heures 
la fleur est flétrie sans retour. Pendant cette nuit d'épanouissement 
le stigmate est nubile et lubréfié, tandis que les anthères émettent leur 
pollen plus tard, le lendemain matin. 


DescriprTion. Plante de grandes dimensions : celle-ci mesure 190 de 
hauteur. En culture, elle ne drageonne pas. 

La tige est dressée, courte (012-15) dans sa région proche de la racine, 
où elle paraît être fort épaisse sous les induvies qui la couvrent. 

Les feuilles sont nombreuses (ici une quarantaine), disposées en une rosette 
assez ample qui mesure actuellement 1" de diamètre et près de 065 de 
hauteur. Chaque feuille est coriace, assez longue (jusqu’à 070), dressée, raide ; 
gaîne large (0"14), brun foncé; limbe en forme de courroie, canaliculé, large, 
surtout à la base (010), s’atténuant jusqu’à l'extrémité qui est ovale lancéolée 
et cuspidée, lisse sur les deux faces qui sont marquetées de jaune-verdâtre pâle 
et quadrillé de vert foncé, un peu glauque à la face inférieure. Les feuilles cen- 
trales de la rosette sont successivement plus courtes et plus claires. 

L’inflorescence est droite au centre du feuillage qu’elle dépasse considérable- 
ment. La hampe raide s'élève jusqu’au niveau supérieur du feuillage : elle est 
cylindrique, épaisse (environ 0015), à nœuds rapprochés (0w03), vêtue dans un 
ordre spiral de feuilles courtes (0w15 en moyenne), larges à la base, lancéolées, 
plus ou moins étalées et d’ailleurs colorées comme celles de la rosette. 

Panicule très ample (120 de haut, 042 de diamètre), ovale, très lâche. Rachis 
dressé, à entre-nœuds assez courts (0:05), un peu arqués, lisses et verts. Les 
nœuds, ici au nombre de 18, portent chacun une spathe et un rameau axillaire 
qui sont dans un ordre spiral (suivant la formule 2/5). Chaque spathe est courte 
(depuis 010 et successivement moins jusqu’à 002), à base large, amplexicaule, 
se rétrécissant bientôt jusqu’au sommet qui est lancéolé. Ces spathes et celles 
de la hampe sont profondément canaliculées, naviculaires et admirablement 
disposées pour retenir l’eau qui les emplit jusqu'aux bords qui sont horizontaux. 

Les rameaux de la panicule sont beaucoup plus longs que leur spathe, — les 
intermédiaires ont Om40, tandis que les inférieurs et surtout les supérieurs 
mesurent souvent près de 0»30 — tous sont ascendants, un peu arqués, lisses, 
verts, fermes, assez forts (0004-5), pédonculés, c’est-à-dire stériles sur une 
grande partie de leur longueur (les deux tiers ou 0w10-12) qui présente seulement 


— 384 — 


2 bractées herbacées, étroitement condupliquées et plus courtes que le 
mérithalle. La partie fertile donne de 9 à 12 fleurs assez rapprochées (0025) 
qui s’ouvrent successivement. Les boutons sont disposés dans un ordre dis- 


tique de part et d’autre du pédoncule commun contre lequel ils sont appliqués, 
mais au moment de s'épanouir, ils se dirigent vers la périphérie de l’inflo- 
rescence et ainsi les fleurs sont secondes sur chaque branche de la panicule, 
c'est à dire qu’elles se suivent à la file l’une de l’autre. 

Le rachis, les branches, les bractées et les sépales sont verts, lisses, et luisants; 
is ne sont pas glutineux, bien qu’on remarque souvent à l’aisselle des fleurs, 
entre elles et le pédoncule commun, des lames ou des fils de gomme trans- 
parente. ; 

Pédoncule court (0008-9), épais, obconique, vert et lisse. 

Bractée coriace, ovale-obtuse, étroitement appliquée, atteignant environ les 
deux tiers du calice (0025-32), très large (002), verte, lisse, luisante, striée 
longitudinalement de vert foncé. 

Fleur largement tubuleuse, campanulée, dressée, assez longue (0m05-6). 
Sépales ovales-lancéolés, coriaces, dressés, longs (0m032-40), très larges (0m014), 
très épais à la base, lisses, verts, un peu gluants à la face extérieure, Pétales 
disposés en corolle campanuliforme, longs (0%035-47), dépassant un peu le 
calice (0008), à peine étalés au sommet, jaune pâle, munis à la base de 
2 écailles amples, entières ou échancrées. Etamines, 3 libres, 3 opposées et 
adnées à la base des pétales, dépassant un peu la corolle (0»003-4); filet large; 
anthère adnée, longue (0098), droite et lancéolée ; pollen couleur de soufre. 
Pistil très long (0m046); style épais, dépassant un peu les étamines; stigmate à 
3 lobes papilleux et très rapprochés. Ovaire court, lisse, pyramidal. Ovules lon- 
guement appendiculés. 


Le Vriesea tessellaita se cultive aisément en serre chaude, dans 
un pot large et peu profond rempli d’un mélange de tessons de pots, 


de charbons de bois, de terre de bruyère, de terreau de feuilles, de 
sable et de sphagnum haché. | 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


. La plante entière au cinquième de la grandeur naturelle. 


Ù 


. La partie florifere d’un rameau, 
. Un bout de feuille. 
. Une fleur épanouie. 


ot # 


Une bractée florale. 
Un sépale. 

. Trois pétales. 
Deux étamines. 


© © I © 


. Le pistil. 
10. Un ovule. 


— 389 — 


BULLETIN DES NOUVELLES ET DE LA BIBLIOGRAPHIE. 


Le Conseil de la Société Royale d'agriculture et de botanique 
de Gand a élu président M. Rolin pour succéder au comte Charles 
de Kerchove de Denterghem. M. Rolin, ancien ministre, est le père 
de M. Rolin-Jaequemyns, membre de l’Académie Royale de Belgique 
et ministre de l'Intérieur. 


M. À. de la Devansaye a été nommé chevalier de l'Ordre de 
Léopold, en considération des services qu’il a rendus à l’horticulture 
en Belgique. 


M. Elisée Reverchon, botaniste, à Bollène (Vaucluse), France, se 
propose de faire, en 1883, une exploration botanique dans l'ile de 
Crète (Candie). Il met en souscription le produit de ses herborisations 
au prix de 25 francs par cent espèces de plantes séchées et déterminées. 


Les Champignons horticoles. — M. le baron F. von Thümen, qui 
a déjà édité un grand nombre de collections mycologiques instructives 
et intéressantes, annonce la prochaine publication d’une collection de 
tous les Mycètes (Champignons) qui vivent aux dépens des végétaux 
de nos jardins. Zes Champignons horlicoles sont collectionnés et 
soigneusement classés sur carton et sous verre pour servir à l’en- 


seignement. 


A. G. Van Eeckhaute, TOURNÉE D'UN APPRENTI HORTICOLE, Gand, 
1882; broch. in-8°, — Un jeune horticulteur, M. A. G. Van Eeck- 
haute, après avoir terminé, avec le plus grand succès, ses études 
théoriques et pratiques à l'Ecole d’horticulture de l’État, à Gand, a 
pu, grâce à une bourse de voyage, perfectionner ses connaissances en 
visitant l’Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, le midi de la France et 
l’Algérie. Il à publié ses observations sous la forme d’un rapport 
adressé à M. le Ministre de l'Intérieur. Ce travail nous a paru fort 


bien fait, instructif et intéressant. 


MM. Ellwanger et Barry, propriétaires des grandes pépinières de 
Mount Hope (Mount Hope Nurseries) à Rochester, État de New-York, 
en Amérique, ont publié récemment un Catalogue descriptif des arbres 
d'ornement, arbustes et plantes vivaces qu’ils cultivent pour la vente. 

92 


— 386 — 


Cette brochure est bien rédigée, admirablement imprimée et richement 
ornée de gravures et de dessins. Il n’y a pas en Europe beaucoup de 
Catalogues de cette importance. 


D: Robert Hogg, THE GARDENERS YEar-BooK AND ALMANACE, 
1883. Londres ; 1 Shilling, 1 vol. in-12°. — L'annuaire du D' Hogg 
atteint son 24° volume ; il renferme de très bons articles et de jolies 


gravures. 


A. Herlant, CARACTÈRES MICROSCOPIQUES DE QUELQUES GRAINES 
OFFICINALES, Bruxelles, 1882 ; broch. in-8. — Ce mémoire, inséré 
dans les Annales de l'Université libre de Bruxelles, traite de la structure 
anatomique des graines de Stramoine, de Belladone, de Jusquiame, de 
Lin et de Staphisaigre. 


Ch. De Bosschere, DE VLINDERBLOEMIGEN. Praktische Studie eener 
natuurlijke Plantenfamilie (ontleedkunde, levensleer en rangschik- 
king). Broch. in-8°. À Lierre, chez l’auteur. 


Charles Kramer est mort à Liège, le 8 octobre de cette année : il 
était chef de culture au château de St-Gilles, chez M. Ferdinand 
Massange de Louvrex. On sait que Charles Kramer, originaire de 
Hambourg ou plutôt de Flottbeck, près Hambourg, avait exploré, au 
point de vue de la botanique horticole, le Japon et une partie de 
l'Amérique centrale. Ces voyages avaient ruiné sa santé et ont, sans 
doute, amené sa fin prématurée. Kramer avait su gagner en Belgique 
la considération et la sympathie de tous ceux avec qui il s’est trouvé 


en relations. 


dodluttn ft RÉ dut 


INDEX DES PLANTES CITÉES DANS CE VOLUME. 


Pages. 
Abelia triflora. 363 
Abies bracteata . 11200 
_— commutata 12, 13 
— concolor . 72 
— — violacea 72 
— cephalonica . 260 
— cilicica 259 
— Douglasi . 276 
— Fortunei . 260 
— grandis PNA COURTES JDD 
— lasiocarpa. . . 72, 75, 184, 260 
— magnifica. . 75, 76, 71 
— nigra . 266 
— nobilis 187 
— Nordmanniana . . 184, 276 
— Pindrow . 276 
— Pinsapo à 266 
— religiosa . 99, 105, 109, 112 
— subalpina. RM PLIS) 
— Veitchi 187 
Abronia latifolia. 391 
Acacia cultriformis . Re US 
— dealbata . 84, 219, 257, 286 
— linearis Es peurs e DRE 2 à 
— longifolia. 84 
— lophanta . 84 
— heterophylla. ES Per DO 0) 
— Julibrissin 251, 214, 278 
Acanthacées. Te it JO.1 
Acanthophippium Curtisi . 342 
Acer carpinifolium . 34 
— distylum . 34 
— polymorphum var. atropur- 
pureum . À 282 
Achillaea filipendula 361 
Achimenes grandiflora . 98 
Aciphylla squarrosa. 186 


Pages. 

._Aconitum rotundifolium . . 37% 
Acrostichum botryoides . . 320 
— juglandifolium . . . . 320 
— polybotryoïdes . . . . 320 
— suberectum . . . . . 320 
Adiantum aneitense. . . . 321 
— cuneatum grandiceps . . 25 
— capillus veneris . . . 247,273 
—atbont ire et 25 939) 
Aechmea Glaziovi . . . . 333 
= Lindenin tee 15 a24 
Aeridesfalcatum var.expansum 349 
ÆVeI(ChE AU ET 0849 
Agave americana. 98, 249, 263, 268, 
284 

attenuala : 10 PONS 
— filifera var. Variegata . . 333 
—tHookeri.  : ©710#898, 333 
ONÉÉIOSL USE NS MES PE 90 
— Salmiana . . 259, 264 
—Tonelands 11 MAP 02800833 
— Victoriae Reginae . . . 333 
= VIRDINICA. AM UP ANS IG 
Aglaonema Lavallei. . . . 353 
Agnostus sinuatus . . . . 218 
ATOLTIS UVATIA. 00 0 M MST) 
Allium stipitatum 36, 329 
2 SUWOLOWI 20 LIN 0300 
Alocasia Thibautiana . . . 352 
AMOG IC rEeNR AS LARMES NIMRRE" 50 
— macracantha . DER PESLE 
lon NON APT OU TSI 
NC) PAT ANNE NAN ENErS2S 
— Perryi. 32, 328 
SR UVATIAR Re OO NNT EE 161 
Alpinus Leeanum . . . . 2% 
Alsophila hispida . . . . 323 


— 388 — 


Pages. 
Alsophila late-vagens . . . 323 
— podophylla . . . . . 323 


Amaryllidacées. . . . . . 331 
Amaryllis reticulata var. vittata 332 
Amorphophallus Lacouri. . 352 


Anagramma brasiliensis . . 321 
Anemone fulgens . . . . 235 
—-hortensis . . ‘0. 00095 
# pavOnINd +. 1... I NP SD 
— Stellata: 4.7. 5 207285 
Angraecum fastuosum. . . 349 
—-Kotschyi.):. 1: nes 40 
Anguloa media . . . . . 344 
— purpurea . ere 0188 04€ 
Anœctochilus Roylei . . . 350 
— Herioti . rs .:52 «7. 900 
Anona Cherimolia . . . +. 111 
Anoplophytum didistichum . 335 
— incanum . . 30, 336 
Anthurium Andreanum . . 354 
— insigne + . + eh. 
— Kalbreyeri . . . :. . 354 
— Scherzerianum var. Hen- 
dersonianum . . . . 3954 
— — var. maximum . . . 394 
— Walniewi . . . . . 354 
Aphelandra punctata . . . 367 
ADOCYNAGÉES. Ne DONS NE 368 
Aquilegia canadensis . . . 39 
— formosa 39, 318 
ATAURCEÉES ee. D a ea rat O ID 
Aralia Chabrieri. . ,. . . 310 
— dactylifera . 213, 285 
— Humboldtiana . . . . 213 
— papyrifera . L. .::1... 204 
= PUIChTANN + Ne Ne 208 
— QUercifolA .,2. 0:12. 2910 
— spinulosa. : ..,4:.+.,:,1:9170 
Araucaria Baumanni ee ES 
— Bidwilli . 213, 216, 285 
— brasiliensis . . 260, 266 
— Cunninghami . . . . 216 
— excelsa 84, 216 
= plaucas: «4. naute met @10 
Arbutus andrachne . . 260, 269 
=rotundifolia 2). jy 4-00 
— Unedo . 256, 260, 269 
Ardisia crenulata. . . . . 269 


— metallica . 31, 369 
Areca Baueri . | 212, 216, 219. 227 
— monostachya . . . . 227 


Pages. 
Areca sapida 212, 216, 219, 222, 227 
Aretia Vitaliana . . . . . 368 
Aristolochia altissima . . . 357 
Aristolochiacées : SONORE 
Aroïdées, 2 "SONORE 
Arnebia echioïdes . . . ,. 183 
Artocarpus grandis. . . . 216 


— imperialis, + ONE 
Aruncus astilboïdes. . . . 371 
Arundinaria falcata. . . . 186 

— Kbasiana . "SMS 
Arundo Donax … CES 
Asclepias tuberosa . . . . 69 
Asplenium apicidens 25, 321 

— Baptista g 25, 321 

— Breyni. . . . se TR 

— contiguum var. os .. 322 

— filicaule . . eee 

— longisorum . "ru 

— marginatum . +: 0001 

— Osmunda. . . 24 

— septentrionale . . . . 246 


— Struthiopteris . . . . 247 
— Vieillardi var. facile . . 322 


Aster gymnocephalus 33, 360 
Astilbe Thunbergi . . :. 311 
Attalea oleracea . , . . . 107 
Azalea indica. . . . . |. 265 
Azara Gilliesi. 4. 1,220 T0 
Babiana Socotrana . . +. . 331 
Balantium antarcticum.. . . 213 
Ballota acetabulosa . . ,. . 365 
Balsaminées  .  : :+ UN NONSNE 
Bambusa arundinacea . . . 217 
— aurea . . 206, 259 


— Fortunei (fol. nee > ETES 
— gracilis 216, 228, 259, 264, 265, 271 


— Mazeli. . . DT il) 
— mitis . 216, 228, 256, 259 
— nigra . 228, 259, 2178 
— scriptoria:. . : Us 
— Simoni . . {Le Re 
— viridilauceseens . . 185, 259 
— viridis striata . . , . 9259 


Banksia integrifolia. . . . 218 
— Jlittoralis : 4 2 00 
— marcescens . . . . . 218 
— serrata .:.. nr SRE 
— speciosa . 6-11 PRIS 

Baptisia leucophaea. . . . 380 

Batatas paniculata . . . . 366 


RO 


Pages. 
Batemania meleagris . . . 343 
Bauhinia corymbosa . . . 381 
MOMIE ES NU 0 40 810: 
Begonia diversifolia. . . . 110 
MBEOCDElE. 1  ,. . . . 113 
= BGEEEAME . . . ,. ..' 916 
— Socotrana. 29, 316 
Benthamia fragifera . . . 211 
MERE. se 0 2e 513 
Berberis sinensis. . . . . 313 
Betula alba . . 111200 
Bifrenaria Hadweni var. bella 343 
RAMADIIACCeS NN = So {7 861 
Bignonia tomentosa. . . . 110 
Billbergia amœna . . . . 238 
— Baraquiniana . . . . 238 
DONe VIE. 0, ,  ,. . 834 
— Euphemiae . . . . . 238 
A GAP se +. [16 
nn JOMDOISIL, . . .  .  .: 93% 
— Lietzei 29, 334 
A BUEAUS DU... , , . 200 
—Obertauri. .. . . . . 994 
— Quesneliana . . . . . 116 
— Rhedonensis. . . . . 334 
OMIS Un : .:. 991 
PPAUEeS ) ©. het 910 
Bolbophyllum ct SRE) 
— Bowringianum . . . . 339 
Bolleæpallens. :. .  : ,. . 942 
Bomarea Caldasiana. . . . 332 
sm cPMiertAN 00... L". .: ... 91 
—oohéamtha. . .,. . ., 194 
REPAS Le 2 à  … .. 900 
Bougainvillea spectabilis . . 278 
Bouvardia Roezli . . . . 88 
Brachychiton populneum. . 269 
Brahea dulcis. 108, 111, 227 
— nitida . . 222, 223 
Sn OEZIS 2. =...  . . : 299 
Brassia caudata var. hierogly- 
MCD Lich ia No 
ROMA AN, à Ts 947 
ÉRIC ES CU: 125 333 
Bromelia scarlatina. . . . 333 
Brugmansia suaveolens . . 263 
Bryophyllum proliferum . . 370 
Buddleia auriculata. . . . 366 
— Madagascariensis . . . 217 
Buxus sempervirens. . . . 265 


Caesalpiniacées. . . . . . 381 


Pages. 
Caladium esculentum . . . 267 
Calamagrostis sylvatica . . 247 
Calamintha grandiflora. . . 247 
— nepetoïdes . . . . . 247 
Calandrinia grandiflora . . 376 
Calanthe Barberiana . . . 350 
DORE NEA EN... 271) O0 
— Sandhurstiana . . . . 27 
Calceolaria fuchsiaefolia . . 366 
— Sinclairi . . . Ve ce 900 
Caliphruria Subeden tata RE à 
Callistemon lanceolatum . . 269 
SANS AU AMENER CN 2209 
— semperflorens . . . . 84 
Calochortus venustus . . . 72 
Calypso borealis. . . . . 344 
Camassia esculenta. . . . 329 
Camellia japonica . . . . 281 
Campanie ceeS NERO ONG 
Campanula Allioni . . . . 362 
ee BDICAIA MARNE A 227 
— Tomasiniana. . . . 35,362 
Camphora officinarum 200 
COPDARUEES AN RE MEN 5718 
CAO Une NE ER EEE 508 
Carex punctata . . . . . 247 
Carludovica Wallisi . . . 355 
Caro y liées RUN EEE TE 3716 
Casuarina torulosa . . . . 269 
Catalpa speciosa. . . 180 
Catasetum fimbriatum var. e 
SU RE NL RL IO4S 
— tabulare var. laeve . . . 343 
— tigrinum . . . . 343 
Cattleya Cha aida . 341 
— citrina . . ee 0) 
— guttata var. lilacina, RE LA 
— hybrida picta . . . . S34l 
— luteola var. Roezli . . . 341 
— Mendelli . . . . 341 
— Mendelli var. Sen 311 
— speciosissima. . . 99 
Cedrus Deodara . 6, 186, 260, 216 
HPID ANT EEE" 260 
Celtis australis . . . . 246, 263 
Centaurea argentea. . . . 184 
— cyanus. . . Mie 00 
— Fredreci- ce eee 1e à 
— loucophalean., = : .: . 164 
— ragusina . . . JS DRIOE 
Cephalotaxus Roc Se OÙ 


— 390 — 


Pages. À 
Ceratonia siliqua . . . . 263 Collabium simplex . 
Chamaecladon rubens . . . 354 Colletia bictoniensis. ; 
Chamaedorea elatior . . 216,219 — ferox . >: . OU 
= elegans it re 2) — spinosa. :: . NN 
Chamaerops Birro . . . . 216  Composées . . . . . . . 360 
— (Trachycarpus) excelsa 226, 256 Conifères. -. . . "RERO 
258, 264, 268, 281, 284  Convallaria japonica . . 266, 274 à 
— Fortunei. . . .. . 226,278  Convolvulacées . OS 
— humilis 212, 215, 258, 269, 281  Coreopsis rosea. . . . . 184 | 
— — tenuifrons. . . . . 215  Corypha australis . . . 212, 215 1 
= (hystrie ui AN ee — Gebanga . . . . 218 
Chenopodium album . . . 210 Cotyledon macrantha var. 
Chevalliera Germinyana . . 29 rubro-marginata . . . 371 É 
= Meitehi "40 met SG Crassulacées. 1. O0 
Chionanthus virginica. . . 269  Crataegus glabra. . . . . 276 
Chionographis japonica . . 325 Crawfurdia luteo-viridis . 32, 364 
Chironia nanas - :.. 104 Crinodendron Hookerianum . 376 
— pulchellé. :, ., <:..:11"184 Crinum Balfouri. . … . 29,331 
Choisya ternata . NAS — Forbesianum. . . . 29,332 
Cibotium Chamissoi . . . 323 — giganteum. . . . . 332 
Cienkowskia Kirki. . . . 352 — Moorei. . 1... Ce 
Cistus albidus.. . :. -.. . .. 246 Croton Ancitumensis . . . 311 
+ RIT Su Le, UUR 5< 946 — Broomfieldi + "Her 
— salvifolius . . . . 245, 246 — eburneus . :.: 2 NS 
Cirrhopetalum abbreviatum . 339 — elegantissimus . . . . 871 
— trigonopus : :,:54.,:-4999 —. formosus 7. SSSR 
Cladrastis amurensis . . 381 — Kingianus. :. .  ORNNNOUS 
Clarkia pulchella var. bicolor. 379 — Laingi. 4, 2 
Clematis aethusaefolia var. la- — multiformis . . PSE 
tisecta “1.028497 — ornatus : & . CNE 
— cogcinen ., 4: . 4 2.185,:912 — recurvifolius . . . . . 318 
= AUECA DENIS — Rodeckiana .…. . . . . 38 
<- Pitcherit +: D'2e Le 007105 — Sinitzinianus. . . . . 318 
— reticulata}1,. 6" 15872 — Thomsoni. . - mel 
— Viorna var. coccinea . . 185 — vittatus . .: OS 
Clerodendron trichotomum. 34, 365 Cryptanthus Beuckeri d'ULUIeSe 
Cloeyera japonica. . . . . . 269 Cryptomeria elegans . . . 269 
Coceculus laurifolius. . . . 264 — japonica . : . 1200 0 
Cocos australis . . . . 222, 258 —"'Lobbi. . CSS 
— Bontieti -: 1, 222223 — viridis . . 1.1. NEED 
dates en A ROTS Cunninghamia sinensis var. Ë 
— flexuosa . . 214, 215, 219, 222 glauca -. . OS ÿ 
— Romanzoffiana . . 219,221 Cupressus Correyana . . . 260 5 
—oWveddelliana.. = 202210 — fastigiata. . : : AW 2 
Cœlogyne (Pleione) Arthu- — glauca. NN 
riana. PE RES — himalayensis . CNE 
— brachyptera . . . . . 338 — horizontalis . . . . 266, 280 
Cœlogyne cristata var. alba . 338 — Lambertiana. . 215 
— cristata var. hololeuca 27, 338 — Lawsoniana. .. 210 
Colchicum cruciflorum. . 36, 326 —Lindleyi . :. :. CNP 


Coleus Verschaffelti. . . . 276 — macrocarpa . . . . 84, 260 


— 391 — 


Pages. 
Cupressus pyramidalis. . . 111 
RÉOBMIOSaN 0, 0,77 0200 
RME Sn... 7, 306 
Cuscuta reflexa . . . . . 366 
Cyathea medullaris . . . . 228 
ARMES EE) 0 LL Tr 884 
Cycas revoluta 296, 273, 285 
— Diamensis . .. .'., 924 
= Undulatal ‘on 82 
Cyclamen Atkinsi . . . . 369 
Cyclanthées.  . . TN 900 
Cymbidium DHoront Wil- 
hamsianaum: 0 070510 27 
ID pnéracées NN rc 325 
Cyperus laxus var. variegatus. 325 
VEN ee 0 A 015.296 
Cypripedium Argus . . . 241 
— Bullenianum var. oculatum 350 
rburrideet 0". "350 
— calophyllum. . . . . 350 
— calurum Rd RS AO IR 1570) 
—conchiferum. : . . +: 991 
— gemmiferum. . . . |. Sol 
Se DEJAde se, Mr ne + 901 
— irapeanum 103, 110, 112 
— occidentale .  .-‘. . : . 991 
— tessellatum porphyreum 28, 351 
ana rTReees LT. re "801 
Dacrydium cupressinum . . 273 
 SPICATUL SO "200 
Dahlia gracilis var. superba . 360 
AMATEZI- Ne RE T "860 
= Maximiiansg. "02, : 105 
MARAIS 0 Se. SR 08 
Damnocalamus (Arundinaria) 
ÉPATEMOTUS, 27... . ol 
Danaea serrulata. . . . . 324 
Daphne Blagayana . . . . 235 
Darlingtonia californica . . 113 
Dasylirion gracile . . . . 223 
— Hartwegianum . : . . 223 
— longiflorum . . 259, 264 
—_ longifolium . . .  ..- 223 
Baturz arborez | . . ‘. .1-: 203 
Davallia elegans ie. 25, 323 
— Fdiensis . . . Wie 929 
— — plumosa . . . . . 25 
Delphinium cardinale . . 187, 373 
— corymbosum. . 39, 318 
Dendrobium Ainsworthi . . 339 
— amæœnum. . - . . . 339 


Pages, 
Dendrobium Bremerianum . 339 
Sr UTLIST. VON EN PONERTe 5 350 
— Dalhouseanum . © ” … 340 

— densifiorum var. albolu- 
CEUM EE NE En PEER AO) 

— speciosum var. Bancroftia- 

HU PE PNR NE NET TSAO 
— thyTSIHOrUM A ENT O 
— Treacherianum : : '  . , 340 

Desmodium racemosum. 259, 
266, 282 
Dicksonia pubescens . . . 323 
Dieffenbachia costata . . . 353 
— imperator 31, 353 
0 NS CN M NME eee 55 
Es LIRE ANS NE MANN RES 
— triumphans . 31, 353 
Dioon'edule} "017717 rm Be roro 
Dionæa muscipula . . . . 303 
DOS MIACEESN I ARNO PERS 
Diospyros Kaki Le Ra dant LA 
Dipladenia carissima . . . 363 
Pdelectas 0 MN NEIGE 
== diadema 0 PEER ENT SE 
— profusa . . . 364 
Distiacanthus soaritus: 1339 
Dodonaea triquetra. . . . 269 
Dolomiaea macrocephala . . 182 

Dracaena fragans var. Massan-" 
geana . : 1 99, 330 
— indivisa. 259, 964, 213, 284, 286 
— Lindeni 31, 330 
—"Thomsoni. |. . ©‘: :, ‘330 
Dracontium Carderi . . . 28 
DPOSCRACCES EN EM EEE 0975 
Drosera capensis. . . . . 31% 
Echium albicans. . . . . 365 
Elaeagnus reflexa 251, 272, 216 
ÆEngelmannia pinnatifida . . 361 
Epidendrum raniferum . . 340 
 OtANSEaNUM. LESC) 
Epipremnum mirabile. 59, 62 
Eranthemum Eboracense . . 367 
Eremurus himalaicus 35, 330 
— Olgae . 35, 330 
PTACHCÉES AT TENUE EN THVESDO 
Erica arborea. . . . . . 246 
— ferruginea Bothwelliana . 369 
SN NUE 0 0e Rp n RSS 5 


— Savileana var. Bothwelliana 369 
— Shannoni Bothwelliana. . 369 


— 392 — 


Pages. 
Erica Turnbulli superba 369 
Eriobotrya japonica 256 
Eryngium pandanifolium . 264 
Erythraea diffusa 184 
— pulchella var. diffusa . 364 
— ramosissima 8 pulchella 184 
Erythrochaete palmatifida 231 
Erythronium giganteum . 326 
— grandifiorum. 326 
— revolutum 326 
Escallonia fioribunda . 269 
— rubra punctata . . . 34,371 
Euadenia eminens . . . 29,373 
Eucalyptusamygdalina 214,284, 286 
— glauca. . 2 01) 
— globulus . 84, 266, 269, 284 
— Gunni. 284 
— pendula 284 
Eucharidium Breweri . 319 
Eugenia Ugni 269 
Eulophia guineensis 344 
Eurybia parvifolia 360 
Euphorbiacées . 371 
Euphorbia punicea . 371 
Evonymus japonica. 186 
Ficus australis PP it) 
— elastica . 216, 219 
— exsculpta . 5 3956 
— macrophylla . 216, 219, 229, 265 
— rubiginosa 216, 219, 229 
— stipulata 217, 264, 273, 277, 282 
283 
Fourcroya Bedinghausi . 104, 112 
— cubensis var. inermis . 333 
— gigantea . 265 
Fougères. . 24, 320 
Frenela macrocarpa. 269 
Gentianacées 364 
Geonoma gracilis 222 
Gesnéracées . 368 
Geum elatum . 380 
Gilia tricolor var. violacea . 366 
Gingko biloba 2173 
Glaziova insignis 219 
Glycine chinensis 180 
Goldfussia anisophylla. 298 
Gomeza (Xodriquezia) plani- 
folia var. crocea 344 
Gongora similis . 344 
Gordonia lasianthus. 269 
Graminées . 325 


Pages. 
Gratiola officinalis . .…. A1 
Grevillea acanthifolia . 219 

— alpestris . 219 

— fiexuosa . 219 

— Hilli 219 

— Thelemanni . 219 
Gymnogramma RAS PE .. 9321 

— sulphurea. 271 

— vellea . 321 

— xerophila. . . 321 

: Gynerium argenteum 256, 266, + 
218, 280 284 
Gynura aurantiaca . 361 
Gypsophila cerastioides 187 
Hakea eucalyptoides. . 218 

— pugioniformis … 264 
Hamamélidacées 370 
Hamamelis arborea. 370 
Hechtia Cordylinoides . 336 
Hedera Helix. 271 

— — maderensis der .. 4 

— hibernica 21 

— verbanensis . ; 212 
Helianthus decapetalus 361 

— multiflorus . 361 
Heliconia aureo striata. 352 
Helicophyllum Lehmanni. 36,352 
Heteropogon Allioni 246 
Hibisceus syriacus coelestis. 181 
Homalonema Wallisi . 354 
Hoplophytum Lindeni . 334 

— calyculatum var. polysta- 

chyum . 334 
Huntleya meleagris. 343 
Hyacinthus candicans . 328 
Hydrosme Hildebrandti 395 
Hymenea Courbaril. . . . 92 
Hymenocallis Harissiana . 332 
Hypéricacées . … 51, ESRI 
Hypericum Coris aie] 

— repens. ; 183 
Ilex aquifolium : 265, 280 

— gigantea . 266 
. — japonica . 0) 
Ilicium anisatum . 269, 282 

— religiosum set DRE 
Impatiens amphorata . - 33,918 

— Marianae . 32, 319 
Incarvillea Eoomn 33, 367 

— Olgae :.,.,,: LS 


Inga lucida . . . . . . 86 


— 393 — 


Pages. 

Mhoriaen Léari. : . . ,< . 264 
MON 7 LA, (000070 
Tridacées. : RE PP D) 
Iris A HPÉNET ioDt ao 0 
AREMeUlE A. 0. 1 à 018990 
Holomahirsuta . .: . . . 968 
Mob 5. ,:., 1 4 "908 
Ne Le ui VS02 
mn AUSEPIS = . ‘01.1 962 
IC TUPATA meute 1362 
— Pelgrimi . HT ADPS02 
— splendida . AN RMI 000 
— OS ee en 
Jambosa vulgaris . . . . 269 
Mnipha Manihot %.,. :. . ‘87 
DUSMAINIQCÉeS 4 000 
Jasminum EC aun 28, 363 
— grandiflorum. . . . . 291 
— pubescens. . 1 0) 
Jubaea spectabilis 216, 220, 223, 258 
263, 281 

Juniperus mexicana . . . 108 
dJusticiamarmorata : . _. _. 901 
Mia a ifolia à, , :. 269 
Kefersteinia mystacina . . 344 
Kentia australis RS AE RU) 


— (Grisebachia) Belmoreana 212 
216, 220, 227 


— Forsteriana . . 212, 216 
Kentiopsis divaricata . 24, 356 
Kerchovea floribunda . . . 201 
Eniphofia aloides . + . . 181 

— — magnifica, . . . . 182 

RDS D D MU), Lio cod 

— comosa 23321 

OO eau. + | 102 

NMAGONWARITS, me 00. 21182 

ODA dE ie 2102 

—_ Quartinians …: … - : :: 182 

— Uvaria var. maxima. . . 328 
Kôlreuteria be 80710 
Abies Ne. , À Tr EUR LA OU 
Lachenalia Neïsoni . . . 328 
Lactuca macrorhiza . . . 362 
rebalidans x - .: 42% 96 

— autumnalis 96, 100 


Laelia crispa var. delicatissima 340 


AIS NN nn Pere : 100 
— Perrini var. irrorata . . 340 
VA, MIVEd., — en. O4 


Laeliopsis non-chinensensis . 92 


Pages. 

Lagerstræœmia indica . . 263, 281 
Lapageria rosea . . . ,. . 183 
= = a1D47 20e ONE PCM, 183 
= sUDér D" TS MOUTON ISA 
Marix CUTOPACA NC 260 
= KAeMDICLLU EME TPS TRES" 
Lastrea Maximowiczi . . . 29 
— Richardsi multifida. 25, 322 
Latania Borbonica . 21], 215 
Lathyrus splendens. . . . 380 
Laurus aromatica . . . . 219 
—"Benzoin MANS CES 069 
= CAMDNOrA ALIAS UE MT) 
— carolinensis . . . . : 269 
— glandulosa 256, 260, 282 
Leontice Alberti. 36, 373 


Lepidozamia Peroffskiana. . 285 
Leptospermum lanigerum . 379 
Libocedrus decurrens . . . 260 


Hicualaterandise NES 0556 
Ligustrum Massalongianum . 363 
HO OS NE EN NENERRERET 326 
Lilium canadense . . Po) à 
— Humboldti : 80, 81, 326 
— longifiorum var. formosa- 
HUE UE PS O0 
PARA AU, 6 ER ES 607 
POLY AVR MRNENRESNSSS 7 
— DOMPOMIUME NUE NES 27 
= DUDETUIUMNS SRE MMENSEREMET 
ruberscensire. Aou MENOS 
— superbum. 68, 81 
— Washingtonianum . . 81, 327 
Lindelofia anchusoides. . . 237 
ISPeCtADINIS NME ER 986 
Pindentatrivalis AW MER 363 
Liquidambar styracifilua . . 265 
Liriodendron tulipifera . . 274 
Lisianthus glaucifolius . . 364 
Livistona australis 212, 215, 218 
219, 227 
— chinensis. 211, 215, 216 


— humilis 216, 218, 219 
— olivaeformis . 216, 219 
— sinensis 219, 227 
Lonicera Alberti. . , . . 363 
Lopezia grandiflora. . . , 105 
Lycaste Deppei var. punctatis- 
SUD MMSSRE ARONERS |: 949 
LYCODOUIACÉlS AMEN ANR TS 904 


Lycopodium Chamaecyparissus 247 


99 


Htag4 En 


Pages. 

Lycopodium dichotomum. . 324 
— squarrosum ec ME MOT 
Lysimachia brachystachys . 34 
Lysionotus serrata . 29, 367 
Magnolia Campbelli. . . . 282 
— fuscata . 260, 269 
— grandifiora 256,26, 273, 280, 281 
— praecox . . He 00 
Mahonia Énletee ee DO) 
Mandevillea suaveolens 264, 272 
Mansifera indica MN ES 
Maranta sanguinea. . . . 2 
Masdevallia bella . 1 717536 
—Chimæra Me nes 
= ACIA LA CN IE LEE 331 
2 ANA A 0 CR D CO 
—INYCIerINA 4, NU 313 
— rosea . . 0e DOS 
— Su tevorths Mi ROZ 331 
= Htrochiluss MnMES 
— Wallisi var. A OMS 
— Wiini209. NN SU 
Maxillaria fractiflexa . . . 342 
Meconopsis Wallichi . . . 313 
Medinilla magnifica. . . . 285 
Mélanthiacées 0", 00,2 cr 0825 
Mélastomacées … On US 10 
Melia Azedarach. . . . . 216 
Méianthacées eee CSA 
Melianthus Trimenianus . . 371 
Merendera Raddeana . . . 326 
Metrosideros sp. . . . . 264 
Microstylis chlorophrys . . 337 
— metallica : =. |: 1. 0398 
— ventilabrum . . . . |. 338 
Millaldaxa ns. : "cn 2 40997 
Milletia megasperma . . 32, 381 
Miltonia Lamarcheana. . . 347 
— Warscewiczi var. aetherea 347 
Monstera dilacerata. . (1 
— pertusa . 265, a71, 280, 285 
Montbretia crocosmiaeflora . 331 
SPORE LE ie ut CAEN EN ADS 
Montia foniana . .. «1. 1700247 
AOF UCÉES EN LT, ne RS SES SE 

Mormodes buccinator var. 

theiochlorum.. 77 0824 
— Cartoni var. aurantiacum . 343 
— — var. stenanthum. . . 343 


— laxeatum. . . .… 96, 100 
— Ocanae var. bee . 343 


Pages. 
Musacées En 352 
Musa Ensete . 256, 216, 280, 285 
— paradisiaca 86, 265 
— Sapientum . 86, 217, 265 
—— uranosCcopas . 392 
Musschia aurea . 352 
Myosotis elegantissima. 365 . 
Myrica cerifera 269 
Myrsinacées. 369 
Myrtacées : 319 
Nardostachys Jatamansi . 360 
Neillia thyrsiflora 186 
Népenthacées 391 . 
Nepenthes (nouveaux) . 192 
— angustifolia . 391 
— bicalcarata 194, 195, 358 
— Boschiana var. Lowi 194 
— Burbidgeae 194 
— compacta . 398 
— Courti. 30, 358 
— dyak 195 
— echinostoma . A NTIOE 
— Edwardsiana . 194, 195 
— gracilis 195 
— Harryana. 195 
— Henryana. 31, 358 
— hirsuta 196 
— Hookerae. 195 
— Hookeri 193, 194, 195 
— Hookeriana . 398 
— Lowi . ; 194 
— Madagascariensis 30, 358 
— Mastersiana . 30, 358 
— Northiana . 30, 192, 359 
— phyllamphora 195 
— Rafflesiana . 193, 195 
— — var. nivea. 193 
— Rajah . . 30, 194, 359 
— rubra . 193 
— sanguinea . 193 
— superba 31, 359 
— tentaculata 194 
— villosa. 194, 195, 359 
— Veitchii . 30, 193, 359 
— Zeylanica. . 193, 195 
Nephrodium antioquianum 323 
— longicaule. 323 
— valdepilosum. . 323 
Nerine filifolia 32, 332 
Nerium Oleander. 264 


Neumannia nigra 


29 


{ 


— 395 — 


Pages. 
Nolina Georgiana 329 
Notochlaena Marantae 247 
Notylia laxa . . 344 
Nunnezharia tenella 24, 355 
Nyctaginées. : 391 
Nymphaea tuberosa. 36, 313 
Nymphéacées 313 
Octomeria cochlearis 331 


Odontoglossum Cervantesi 99, 105 
— cuspidatum xanthoglossum 345 


— deltoglossum. . 345 
— excellens . 26, 345 
— facetum 346 
— hebraicum 346 
— Insleayi 100 
— leopardinum . 100 
— maculatum var.antennatum 346 
— Marriottianum 26, 346 
— nebulosum LOO 
— nevadense 346 
— Pescatorei 346 
— Phalaenopsis var.luxurians 346 
— polyxanthum. 346 
— Rossi . 347 
— — majus . 21 
— — rubescens . 2% 
— Sanderianum. 347 
— tripudians var. do 
sum . 347 
— éco var. rubrum 347 
— — var. superbum .. ‘341 
— Williamsianum. 21, 347 
Oenothera albicaulis 319 
Oléacées . 363 
Olea capensis . 269 
— europaea . 256 
— fragrans . 291, 260, 281 
— sinensis 216 
Olearia Haasti 360 
Omphalodes verna . 187 
Onagrariées 3179 
Oncidium Brienianum . . 344 
— Cavendishianum. 96, 100 
— Gardnerianum 345 
— grandiflorum. 949 
Oncidium hastatum var.Roezli 96,100 
— Lietzei. é 345 
— phylloglossum . 349 
— tigrinum . 100 
Ophiopogonacées 330 
Ophiopogon Jaburan fol. var.. 330 


— sylvestris. 


Pages. 

Opuntia arborescens 185 
— brachyantha . 185 
— comanchica . 185 
— decumana. 264 
— Engelmanni . 185 
— humilis 185 
— imbricata . 264 
— Missouriensis 185 
— Rafinesquiana 6 185 
OCR NC ENTER 2550 
Oreodaphne foetens. 219 
‘Osbeckia rostrata . . . 29,379 
Osmunda regalis. 278 
Pachystoma Thomsonianum . 341 
Palmiers. 24, 284, 285, 355 
Papavéracées 313 
Papilionacées 380 
Paradisanthus Moseni. 390 
Parietaria diffusa 247 
Parkinsonia aculenta . 269 
Passiflora coerulea . . 264 
CUS RE SN Er SEE TI 
Paulownia imperialis . 76 
Pentstemon Cobaea. 186 
Peperomia argyraea. 396 
Perisperia elata. Hé ST 
Persea gratissima 66,1 272 
Pescatorea Dormaniana . 217, 342 
— Klabochorum 27, 342 
Phajus Blumei 341 
— tuberculosus . . . . 926,341 
Phalaenopsis. 189 
— equestris var. leucaspis 348 
— maculata . 348 
— speciosa . 318 
— Stuartiana 26, 348 
— Sumatrana var. sanguinea. 348 
-— violacea : 348 
Phaseolus Caracalla. 272 
Philodendron Carderi . 392 
— elegans 393 
— gloriosum 389 
Phlomis cashmiriana 186 
Phoenix canariensis. 211, 218, 224 
— — erecta . 225 
— dactylifera 211 
— pusilla. ‘ 215 
— reclinata . 215, 218, 226 
— rupicola . . 216, 223 
— spinosa 215, 218, 225 


218 


— 396 — 


Pages. 
Phoenix sylvestris humilis. . 226 
Eten 2 UN à AN LIRE OS 
Phormium tenax . . . . 264 
Phrynium sanguineum. . . 22 
= LubbDerSt eo MEME 21 
= setOs UM 00 Die RS 
Phytarrhiza ne MEAUTOS 
Picea excelsa . 256, 265, 280 
— War. INVELtA L. Ce NON OÛ 
= Perryana 4 VA che? 
— (Abies) polita, . .. . …. 184 
Pimelea decussata . . . . 219 
2 epectabilis ere eee D elg 
Pinanga patula 24, 356 
Pinguicula Bakeriana . . . 368 
LE coudata 5 ANNEE NS 08 
Pinus Benthamiana . . . . 
2 canariensis : Loue 20) 
= \Cembra Lie nn 08 
AE DS A OT TP CR A ER ET 
— Engelmaniana . + 07 
— flexilis. : M2, 16 
—Grenvilleae LD Ft 02 
—Jeffreyi 25, Er EE SAION 
— insignis : 84, 266 
— Lambertiana. . 75,18, 19, 259 
— leiophylla. . 103, 106 
= mmaritinn. Ne A 200 
— Montezumae . 106, 108, 266 
—monticola. #0 Him eee 
— occidentale UC EMI 
— Data EU. 4 ,.N AN 20250 
Dinar UE Art es 0200 
— RuSSelANna ee Le 0209 
—"SabiNtaNnA. 0.7 Peel 10 
— Strobus 11209, 250, 211 
==sylvestris, . LE +140 Deo0 
Pipéracées we: VHS 4900 
Piptospatha:i Nr LÉ 8800 
Pitcairnia bromeliaefolia . . 335 
— geifolia . . . SA TRE 5 5) 
Pittosporum Cana fol PA LS) 
— Eugenoïdes . . . . . 219 
— Mai. . . PE ni 1) 
Pittosporum ee 819 
= SINONSIS. Sr) 0 MATE OMS 
—wndulatum:.: . 0600219 
Pleïone Arthuriana . .:. : . :. - 27 
Pleopeltis picta. . . . |. 322 
—/Xiphias .  « io 004 
Pleroma macranthum . . . 319 


Pages. 
Pleurothallis Barberiana . . 336 
+ Binoti. . CONS 


Plumbhaginées "NME 
Podocarpus Chilina. . . .- 260. 
— Totara. ONE 
Poinsettia pulcherrima. . . 87 
— strigulosa, LV CES 
Polémoniacées "men 
Pollinia Gryllus EORRERES 
Polycarpa (Idesia) Maximowiczi 286 
Polygala Dalnielsiana . . . 84 
Polygonées. 23 VON 
Polygonum cuspidatum . . 185 
-- sacchalinense . 185, 357 
Polypodium antioquianum . 322 
— Krameri . 25, 322 
— sylvicolum Me RP 
Polystachya hypocrita . . 339 
Polystichum tripterum 25, 322 
PO ACCES NOR EEE —. v<eoû 
Populus alba pysmle :- ae 
— Bolleana : ee 
— canadensis : . - NN 
Portulacacées. : "NPA 
Portulaca grandiflora . . . 27% 
Potentilla unguiculata . . . 380 
Pothos aurea. "Sn 
Premna taitensis. ne 
Primulacées. . NORRIS 
Primula poculiformis 35, 368 
—: POSER  . 7. ON OS 
— Sieboldi. :::, TS 
Pritchardia filifera . 215, 221, 258 
— grandis .: + COST 
Promenaea microptera. . . 342 
Protéacées.» .:. 4 ORNE 
Protea penicillata . . . , 351 
Prunus caroliniana . . :. = 269 
— Lauro-Cerasus . 206, 265 
— Pissardi .: 22 NE 
— lusitanicas 1,026 
Pseudolarix Kaempferi . 260, 285 


Pseudotsuga(Abies)Douglasi 70,12 


Psidium pomiferum. "88 
Pteris.creticaz: 14e . 247 
Ptychosperma Aléxan die . 220 

— Cunninghami. . 216, 227 
Puschkinia scilloides . . . 329 
Puya Whytei : . ANNEE 
Pyrolacées tr EN RSRRE 


Pyrus coronaria . - ON 


à 
J 


UT — 


Pages. 

Pyrus Hosti . 380 
Quercus americana . 286 
— dealbata 260 
— Ilex 269 
— inversa 260 
— macrophylla . 260 
— sclerophylla . SN SN) 
— suber . 260, 265, 272 
Quesnelia rosea . en ll O 
— — marginata. 339 
— rufa è 115 
— Van Houttei. 339 
Raphidophora vitiensis 99 
Ravena Hildebrandtii 24 
Renonculacées . : 312 
Retinospora squarrosa. 278 
Rhaphidophora pertusa . 61 
> pÜinatd  . ne OL 
Rhapis flabelliformis 220, 228 
— Sirotski . ST 157200 
Rhododendron arboreum . 265 
— assamicum 369 
— Boothi. 369 
— caucasicum . 187 
— chrysanthum. 187 
— Daviesi 369 
— maximum. eme 0) 
— ponticum, . 256, 265 
Rhodora canadensis. A0) 
Rhodostachys littoralis 186 
Rhynchopetalum montanum. 182 
Rhynchospora alba 247 
— fusca . 247 
Ribésiacées . : 372 
Ribes integrifolium . 313 
Ricinus communis . 264 
Roezlia bulbifera 112 
Rondeletia gratissima . 362 
Rosacées 380 
Rosa microphylla 380 
Rosanowia ornata . 368 
Rubiacées 362 
Rubus deliciosus. 380 
— phoenicelasius . 186 
Rudbeckia speciosa AU O0! 
Ruscus aculeatus. . 241, 266 
— hypoglossum. . 266 
— racemosus 213 
Rumex pulcher . 247 
Sabal Adansoni . 298 
— dealbata , 220 


Pages. 

Saccolabium borneense 349 
— Graeffii 26, 349 
Sagenia Lawrenceana 24, 323 
Salisburia adiantifolia . 273 
Salvia Bethelli 364 
— brasiliensis var. hort 364 
— Columbariae. 369 
— Hoveyi 369 
— Pitcheri TE 369 
— splendens. 259, 264, 280 
— — var. Bruanti 369 
Sanchezia nobilis 367 
Saponaria cœspitosa 316 
Sarceanthus flexus 349 
Saribus olivaeformis 216 
Sarracéniacées . 373 
Sarracenia Chelsoni 373 
— Drummondi . 314 
— Fildesi. 314 
— flava 314 
— — var. crispata . 314 
— — var. ornata 314 
— Moorei 314 
— Poppei 319 
— psittacina. 319 
— purpurea . 319 
— rubra . 3179 
— Stevensi . 379 
— Williamsi 319 
Saxifraga Cotyledon 246 
— Hirculus var grandiflora . 371 
— oppositifolia. 371 
— peltata. 311 
— purpurascens. HISTNSU 
— Stracheyi. 187 
Saxifragces. 371 
Schistomatoglottis crispata . 353 
— Lavallei 31, 393 
— longispatha . 394 
Schoenus nigricans. 247 
Sceiadophyilum Puckleri . 213 
— pulchrum. 212 
Sciadopitys verticillata 285 
Seilla humifusa . 329 
Seilla microscypha . . 329 
— puschkinioïdes . 86, 329 
— subsecunda . 329 
Scitlaminces . 392 
Scolopendrium officinarum . 273 
Scrophulariacées 366 
Sedum sempervivoides . 311 


— 9398 — 


Pages. 
Selaginella longissima . . . 324 
Sempervivum tectorum . . 246 
Senecio pulcher. . . . . 184 


— stenocephala var. comosa 36, 361 


Shortia galacifolia 34, 370 
Silphium laciniatum . . . 360 
Skimmia japonica . . . . 260 
Solanacées . À 2 ISO 
Se oies . 257, 264 
2 INWVATSCEWICZI ee AT OCR 
Sonerila speciosa . . . . 31% 
Sophora japonica . . . . 2917 
Sparaxis pulcherrima . . . 331 
Sparmannia africana var. flore 
plEno. 0 . 316 
Spiraea Aruncus var. tipo des 311 
= MIVOSA 0. Me A RS Oil 
— SOrDIfOlA UN F0 0050 
Spiranthes Romanzoviana. . 350 
Stadmannia australis . . . 222 
Stanhopea tricornis. . . . 344 
Statice callicoma 35, 399 
—leptolobat es SNS 
= tatarica "7. 0-2 M2 0900 
Stelis Bruchmülleri RO 
— grossilabris . . . . . 337 
Stenanthium occidentale . 329 
Sterculia platanifolia . 282, 284 
—platanoïdes : ." 11,266 
Stewartia Malachodendron . 269 
Strelitzia Augusta NEA 1000 
Streptocarpus bifloro-polyan: 
thus . PACA O0 
Stromanthe amabilis . . . 23 
— amabilis var. Lubbersiana. 23 
— Lüubbersiana. Me 2x0 sn el 
—Portéeana 2 DE NNRE ms 
— sanguinea 22, 206 
RS REÉOSAR AR LUE AN COS 
—SpeCtAbILIS 2. MU 0" 25 
Synechanthus fibrosus. 24, 396 
Syagrus Havanensis. . . . 222 
najestiCar sn. 0 0,222 
== PPÉCICS rh 222 
SyYagrus D diet GRANDE 
Syrinva PersiCa 1 SET RL 055 
Taccarum Warmingianum 28, 355 


Tanacetum leucophyllum . . 361 
Taxodium distichum . 269, 274 

— sempervirens. . . . . 266 
Taxus baCtata, .  :) ., . "269 


Pages. 


Tecoma grandiflorum . . . 280 
— radicans °°. , COM 
— TOSCA . 0 ROMONNONNNSS 

Thalia sanguinea, . . 

Thea Bohea : 
— chinensis . . 265, 269 

Thecophylaea cyanocrocus . 331 

Theophrasta imperialis . . 280 

Thrixspermum muriculatum. 351 

Thujopsis dolabrata. . . . 260 

Thunbergia coccinea . . , 367 

Thuya gigantea . . . . . 260 
— Menziesi . SE 

Tigridia Pavonia. 120000) 

Thliaeées NE /.=3 1 FNOSSRSES 

Tillandsia nee si ee 30 
— Lindeni var. Pen ou 2317 
— narthecioïdes. . . . . 169 
— usneoïdes. : 96, 99 

Torreya grandis .  .: 1009" 26D 
— MyTiSTiCa . 2 LA CD 
—— nuCifera . | NN 6 

Trachycarpus excelsa . . 212, 215 
— Fortunei . . 212, 215 

Trichocentrum He Un, V4: 
—- Pfavi . à . 21, 348 

Trichomanes Kalbee on T0) 

Tricyrtis macropoda. . . . 3% 

Tristania laurina. . 29269 

Tritoma Uvaria 50 0 STE 

Tsuga canadensis . 69, 266, 276 
— Hookeriana . 10,011 

Tulipa Gesneriana var. Strang- 

Waysi.! . . 2. 700 
— turkestanica .: : CS 

Ulex europaeus . . . . . 186 

Ullucus tuberosa. . . "77194 

Utriculariacées. CNP 

Valérianucées. : . OPOPONRREIN 

Valisneria spiralis . . … 249 

Vanda Boxalli var. Cobbiana . 348 
— caerulea (Culéure) . . . 188 
— Denisonae var. punctata . 348 
— lamellata var. Boxalli . . 349 

Vanda Teres (Culture) ; TADÈS 
— — var. aurorea . . . . 349 

Veltheimia speciosa. . . . 181 
— Uvaria. . , . 5 CSSS 

Veratrum Maaki . "en 
= MIBEUMA PRE 1 Ce En 

Verbénacées. : . "SO NENMIRE 


— 399 — 


Pages. 

Verbascum bombyciferum. . 187 
— olympicum 187 
Veronica carnosula . 366 
— longifolia var. subsessilis . 366 
— Traversi . 186 
Viburnum Tinus. 296 
Vigueira rigida . 361 
Viola pedunculata 319 
Violariées 319 
Virgilia lutea. 286 
Vitis striata RL 34 
Vriesea brachystachys . 288 
— carinata 288 
— chrysostachis 339 
— Glazioveana . 339 
— Jonghei 382 
— incurvata. 52 
— Morreniana : 289 
— psittacina. . 281, 288 
— — var. Morreniana . 287 
— tessellata . 381 
— viminalis . 382 


Pages. 
Wellingtonia gigantea. 262, 
266, 271, 281, 285, 286 


Wistaria chinensis . . . . 280 
Xanthoceras sorbifolia. . . 187 
NuUCCAAlDOSpDICA OP PEN TE 
"AlONONAN LC US. PO 01e 
— angustifolia . . . . ‘13, 181 
— Ellacombei 1128 107 CIO 
== filera LE Ne EN 0085 
= INIAZ OU NN EE /2222 
ependulatPneire RE RERUN06S 
— Treculeana . . . . 212, 285 
Zatnia BONNE RIZ 
= HOPPER 
= MexiCan a AR PRO MN ETS 
— prasina RS AT AUAE  - 
—IVErEUCOS A ME Cr A O2)? 
VI OBA TETE NOT? 
Zephyranthes macrosiphon 33, 331 
HPTEATIAC ET NE ER RTS SL 
Zomicarpella maculata. . . 352 


Botanique, Physiologie végétale, Géographie des plantes, Sciences. 
Pages. 


= 


© OO 1 OO Où À À D 


12 1Ÿ WWW Es En Hi 
ER. PT NS NE 6 € O0 <i CG OÙ 1, D 19 E  e 


[L] 
(en 


OU PB YO 0 


TABLE DES MATIÈRES 


DE 


LA BELGIQUE HORTICOPE MS 


. Notice historique, économique et statistique sur la floriculture en 


Belgique. 


. Note sur le Séromanthe nn 

. Revue critique des plantes nouvelles de 1881 

. Sur le Perisperia elata SRE 

. L’électricité en horticulture et en agriculture . 

. Note sur le Vriesea incr'rvata 

. Phénologie végétale comparée. sa 

. Notice sur le Tonga (Epipremnum mirabile) . 

. Notice sur l’organisation du Montbretia Potsit . 

. Notice sur le Masdevallia rosea 

. Mon dernier voyage à la côte occidentale du Mexique . 

. Note sur le Darlingtonia californica 3 AT 
. Histoire et description du Quesnelia rufa de la Guianè et du Brésil. 
. Description du Phytarrhiza monadelpha . 

. Note sur la mosaïculture 

. Remarques sur les nouveaux Nepenthes . 

. Note sur le Kerchovea floribunda 

. La flore de l’Asie centrale . 

. Voyage horticole de Cannes à Nice 

. Note sur le Cypripedium Arqus 

. Les Jardins du « Lago Maggiore » (Lac Maious 

. Note sur le Vriesea psitiacina var. Morreniana . 

. L’excitabilité des plantes site 

24, Note sur le Masdevallia Chimaera ou Masdevalle à fleur de Chimère . 
. Énumération méthodique des plantes ornementales ou interéssantes 


qui ont été signalées en 1881 


. Notice sur le Vriesea tessellata et sa première floraison en Europe . 


Horticulture. 


. Établissement et entretien des Cressonnières . 
. Culture des Vanda cærulea et teres 

. Note sur le seringage des Phalaenopsis . 

. Multiplication des Tillandsiées 

. Etablissement des Broméliacées . . 


5 = 


21 
23 
31 
44 
52 
54 
59 
63 
65 
68 
113 
115 
168 
171 
192 
201 
207 
210 
241 
242 
287 
290 
313 
315 
381 


176 
188 
189 


CMS | ® 


Lot se PE 


— AO — 


Expositions, Sociétés, Fédération, Jardins, Écoles, Académies. 


© OO 21 OO OÙ À © D 


bi 
Can) 


. Notice sur le Jardin botanique de Berlin et son herbier . 
. Le Jardin de Max Leichtlin à Baden-Baden. 
. Note sur les serres du Jardin botanique de Copenhague . 
. Exposition générale d’horticulture à Paris . 
. Exposition de la Société royale de Flore. 

. Exposition de Vienne 

. Floralies à St-Pétersbourg en 1882 

. Jardin botanique de Tomsk 

. Arboretum d’'Edimbourg 

. La Société royale d'agriculture et de Re de Gand ' 


Technologie, Recettes, Procédés. 


1. Étude sur les constructions horticoles . . , 


2. Dessication des plantes sueculentes . 


BB © 0 


© Q 1 Oo OÙ & À NO 


Entomologie. 


. Note sur un moyen de destruction des insectes dans les serres . 


Notices biographiques. 


. Le comte Charles de Kerchove de Denterghem. 
. Joseph Decaisne . MP AN RE 

. Omer (P.-A.-H.) Recq de Malzine. 

. Charles Kramer . 


Miscellanées. 


. Bulletin des nouvelles et de la bibliographie 

. Collection Demoulin. A : 

. Une manifestation en l’honneur de M. Tone Moore 
. L’importation des Orchidées : 

. Les cultures du Baron Nathaniel Rothschild 

PA coMeetion Jenisch 2 0 2 0 NME TN 
. M. A. de la Devansaye . 

D SC ROverChons 2 Lu re our ace 
. Les Champignons horticoles 


Pages. 
40 


180 
196 
230 
233 
234 
234 
236 
236 
285 


118 
236 


178 


58 
98 
240 
386 


. 54, 233, 385 


54 
233 
235 
231 


OÙ BR à 


=) 


MES 2 


Bibliographie. 


. Asa Gray et J. D. Hooker. — The Vegetation of the Rocky mountain 


Region 


. Fr. Philippi. — Catalogus plantarum vascularium Chilensium . 


B. Daydon Jackson. — Nomenclator botanicus. 


. Le Bullettn de la Fédération des Sociétés d’horticulture “ Belgique 
. Wan Paul. — Observations sur la culture des Rosiers en pots. 
. Dr. R. A. Philippi. — Cataloga de las plantas cultivadas para el jardin 


botanico de Santiago . 


. Anales del Ministerio de Fomento de la Republica Mexicana 


8. Carl Salomon. — Die Farnkrauter fur Fels-Partien in Park-Anlagen 


OUR © 0 — 


und Gärten. 


. Ch. Joly. — Une visite à M. Ed. ee ec el à Jardin bois 


nique de Liége. 


. À. G. Van Eeckhaute. — Tournée d’un apprenti horticole . 
. MM. Ellwanger et Barry. — Catalogue descriptif des arbres Por 


ment, arbustes et plantes vivaces qu’ils cultivent pour la vente . 


. Dr. Robert Hogg. — The Gardeners Year-Book and Almanack 
. À. Herland. — Caractères microscopiques de quelques graines offci- 


nales. 


. Ch. De Bosschere. — De inderhloemisen 


Planches coloriées. 


. Cypripedium Argus (pl. IX) 
. Kerchovea floribunda (pl. VIII) 
. Masdevallia Chimaera (pl. XIII) 


— rosea (pl. III) 


. Phytarrhiza monadelpha (pl. VII). 


6-7. Quesnelia rufa (pl. IV-V). 


8. 
D 
10. Ra 
11-12-13. —  psittacina (pl. X-XI-XII) . 


— — (pl. VI). 
Stromanthe Lubbersiana (PI. I) 
Vriesea incurvata (pl. Il) 


14-15-16. —  tessellata (pl. XIV-XV-XVI). 


1E 


Planches noires. 


Jardin d'hiver du palais de Laeken 


2. Quesnelia rufa. 


— 403 — 


Figures. 


Point de l'horizon où le soleil se lève et se couche : 
Jour le plus long (fig. 1) 
Jour le plus court (fig. 2) 
Angle d'altitude maxima du soleil : 
Jour le plus court (fig. 3) :. 
Jour le plus long (fig. 4) RTE : 
Diagramme indiquant la fraction de chaleur solaire née par transmis- 
sion à travers le verre (fig. 5) 
Serre adossée sans éclairage de face (fig. 6) 
Serre adossée à éclairage de face (fig. 1) 
Vaste serre adossée à toiture surbaissée (fig. 8) . 
Serre adossée étroite à toiture brisée (fig. 9) . 
Serre libre à éclairage latéral (fig. 10). 
Serre libre sans éclairage latéral (fig. 11). 
Serre libre, largement éclairée par les côtés (fig. 12) 
Vaste serre libre (fig. 13) 
Serre trois-quarts libre (fig. 14). De 
Serre trois-quarts libre de grandes dimensions (fig. 15) 
Plan d'ensemble d’une vaste combinaison de serres (tig. 16) . 
Serre exhaussée (fig. 17). 
Serre exhaussée et mi enterrée (fig. 18) 
Serre sur escalier (fig. 19) 
Serre non nivelée incorrecte (fig. 20; 
Serre non nivelée défectueuse (tig. 21). Ra 
Diagramme indiquant les diverses pentes d’une toiture (fig. 22) . 
Section de toiture avec châssis et chevrons (fig. 23). 
Section de toiture treillissée (fig. 24) 
Etagère en bois treillissée (fig. 25). 
Plan d’étagères pour serres libres étroites (fig. 26) . 
Plan d’étagères pour vastes serres libres (fig. 27). 
Plan d’étagères pour serres adossées (fig. 28) 
Plan d’étagères pour serres adossées courtes (fig. 29) 
Plan d’étagères pour serres à étalages (fig. 30) 
Sections d'étagères à gradins : 
Degrés étroits (fig. 31) . 
Degrés larges (fig. 32) a ta S 
Section verticale de serres libres et adossées, indiquant la circulation de 
L'EST ESR BEM) PRE 
Appareil à ouvrir séparément la lucarne de la toiture (fig. 35) 


— AOL — 


Levier servant à l’ouverture simultanée des lucarnes (fig. 36). 

Mur de façade voûté pour serre à raisins (fig. 37) 

Façade à piliers d’une serre à raisins (fig. 38) 

Section de bordures d’une serre à vignes (fig. 31) 

Section d’une serre à culture forcée (fig. 40). 

Serre à étalage adossée à un corps de bâtiment; modèle simple (fig. 41). 

Serre à étalage adossée à un corps de logis; modèle ornemental (fig. 42) 

Panneau de vitrage plombé, dessiné par W. Ramsay (fig. 43). 

Pavé mosaïque en marbre dessiné par MM. Burke et Cie (fig. 44). 

Plan ou disposition de générateur et de conduites d’eau chaude (fig. 45). 

Section d’un joint annulaire en caoutchouc (fig. 46) 

Section verticale d’un générateur de chaleur indiquant la surface de chauffe 
effective (fig. 47) : LME 

Plan du Jardin botanique de Copenhague jh 1) 2 EEE DITS 

Vue générale des grandes serres du Jardin botanique de Goontaete g. 9 

Vue d’Isola Bella . ETS 

Perron conduisant aux terrasses supérieures d’Isola Bella. 

Partie des terrasses supérieures d’Isola Bella. — Perspective de Stresa. 

Vue des terrasses d’Isole Bella. 

Villa Clara, près Baveno. UD a QE 2 AREA 

Feuille de Mimosa dans son état normal et après excitation, d’après 
Pfeffer (fig. 1). À 

Section d’un coussinet de feuille de Mimosa (fig. 2) 

Style, étamines et partie de la corolle du Goldfussia (fig. 3) . 

Fleur du Stylidium montrant la colonne dans sa position normale, avec les 
anthères et le stigmate, etc. (fig. 4) 

Un fleuron de Centaurée préparé pour projection sur écran (fig. 5) . 

Section transversale d’un des lobes foliaires du Dionaea, avec la base d’une 
papille excitable (fig. 6) . 2 43 

Feuille de Dionaea fixée de façon à empêcher son occlusion (d’après une 
photographie) (fig. 7) . 

Diagramme d'une section schématique à travers le limbe de la feuille du 
Divonaea(fis:8), "eue re TIENNE MENT DAS 

Diagramme du pendule rhéotome (fig. 9) . 

Copie d’une photographie reproduisant les variations successives de 
niveau de l’électromètre capillaire (fig. 10) 


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