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LA CELLULE
LA CELLULE
RECUEIL
DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE
PUBLIE PAR
J. D. OAlvNOY, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE.
Cj, CjiijOUiN, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET d'eMRRVOLOCIE, J. Ui^N Yo, PROFESSEUR d"aNATOMIE PATHOLOGIQUE,
A l' Université catholique de Louvain
AVEC LA COLLABORATION DE LEURS ÉLÈVES ET DES SAVANTS ÉTRANGERS
TOME XII
i-- FASCICULE.
I. Les glandes buccales des larves de trichoptères,
par Maurice HENSEVAL.
II. Les glandes à essence du Cossus ligniperda,
par Maurice HENSEVAL.
III. Les sécrétions gastriques. Contribution à l'étude de la physiologie normale
et pathologique de l'estomac, par le Dr A. VERHAEGEN.
IV. La glande impaire de l'Haementeria officinalis,
par H. BOLSIUS.
V. Contribution à l'étude de la moelle épiniêre chez les vertébrés,
par A. VAN GEHUCHTEN.
VI. Recherches sur l'essence du Cossus ligniperda,
par Maurice HENSEVAL.
SI
c
r*3:*l3C : 20 francs.
LIERRE ,: LOUVAIN
Typ de JOSEPH VAN IN & 0=, A. UYSTPRUYST, Libraire,
rue Droite, 48. rue de Namur, 11.
1897
1
^
LES GLANDES BUCCALES
DES
LARVES DE TRICHOPTÈRES
PAR
Maurice HENSEVAL
Docteur en Sciences, naturelles
ASSISTANT A l'InSTITUT ZOOLOGIQUE DE L UNIVERSITÉ DE LoUVAIN.
I
(Mémoire déposé le 15 juin 1895.J
\ ^ \ ^ "L
I
LES GLANDES BUCCALES
DES
LARVES DE TRICHOPTERES
Il serait à désirer que quelque savant entreprit une étude complète
des glandes variées que l'on trouve sur les divers segments du corps des
arthropodes, afin de nous renseigner sur la signification morphologique
qu'il convient d'attribuer à tous ces organes. Les unes sont peut-être des
productions nouvelles, non représentées dans la souche des arthropodes;
les autres sont des néphridies transformées : tels sont les organes que nous
avons appelés glandes de Gilson ; d'autres enfin sont des glandes coxales
modifiées : telles sont peut-être les glandes buccales proprement dites des
larves d'insectes.
Nous présentons dans les pages qui suivent quelques faits et quelques
remarques qui pourront être utiles à celui qui prendra sur lui de faire
à ce point de vue la révision des trachéates. Elles contiennent une courte
description de deux organes assez peu connus, mais intéressants au point
de vue comparatif : les glandes mandibulaires et maxillaires des larves de
trichoptères.
Ces dernières ont été découvertes par Patten (i). Il les signale dans
son travail sur le développement du Neophalax conciuuus; mais il les con-
sidère à tort comme mandibulaires.
Les premières ont été signalées par Lucas (2), avec les secondes qui
existent aussi, chez VAnaboliafurcata.
Ce dernier auteur donne une description de leur structure.
Nous les avons recherchées dans six espèces et nous sommes en mesure
de compléter quelque peu les données fournies par ces deux savants.
(i) Patten ; The development of Phryganids ; Quart. Journal of Micr. Se , vol. XXIV, 1SS4.
(2) Lucas, R. ; Bciirâge ^ur Kenntniss der A/itndwcrk-eugc der Trichoptera ; .\rch. f. Naiurg., 5g.
8 Maurice HENSEVAL
Nous en décrirons la structure intime à l'aide de quelques figures, —
Lucas n'en donne qu'une seule sous un faible grossissement, — et nous
indiquerons leur disposition dans des espèces où elles n'ont pas été étudiées
jusqu'ici.
Nous montrerons aussi que les diverses espèces de glandes buccales
ne sont pas toutes représentées dans tous les animaux de ce groupe.
La préparation des glandes buccales offre de sérieuses difficultés, cau-
sées surtout par l'épaisseur et la dureté des parties cuticulaires que contient
la région céphalique. Seule la méthode de l'enrobage, combinée au collodion
et à la paraffine, nous a permis d'obtenir des coupes de la portion qui loge
les pièces masticatrices.
Anabolia nevvosa.
Situation et disposition des glandes.
Il existe ici deux paires de glandes : des glandes mandibulaires et des
glandes maxillaires.
La première paire, — glandes mandibulaires, — s'ouvre à l'angle externe
de la mandibule dans un sillon qui en borde la base. Comme la mandibule
est un organe triangulaire à base très large, cette glande se trouve assez
éloignée de la glande maxillaire et du tube digestif. Elle est logée dans une
cavité assez vaste qui occupe les parties latérales de la tète, fig. l, Gl.Md.
La deuxième paire, — glandes maxillaires, — s'ouvre à l'angle externe
de la mâchoire, dans le sillon qui sépare cette pièce de la mandibule,
FIG. 1 et FIG. 2, Gl. Mx. Notez que dans cette figure la plus grande partie
de la mâchoire a été enlevée. Ce qui reste entre les deux orifices appartient
presque entièrement au labium.
Les glandes maxillaires sont situées sous l'œsophage. Elles sont très
voisines l'une de l'autre et se touchent même, d'habitude, sur la ligne
médiane.
Nous pensons avec Lucas que c'est à cette glande que Patten a eu
affaire chez le Neophalax. Il la considère, il est vrai, comme une glande
mandibulaire, ainsi qu'il ressort de son texte : « The salivary glands are
" formed by invagination of the ectoderm on the inner sides of the mandi-
« blés... " Mais la mâchoire étant très voisine et située en dedans des man-
dibules, on conçoit aisément qu'il l'ait attribuée à ces dernières, ignorant
qu'il peut exister chez d'autres trichoptères une véritable glande mandibu-
laire s'ouvrant à l'angle externe de ces organes.
LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTERES 9
Structure.
Elle est identique, ou à peu près, dans les deux paires de glandes. Ce
sont des groupes de cellules glandulaires à canalicule interne, ou glandes
unicellulaires, c'est-à-dire qu'elles appartiennent à un type qui n'est pas rare
chez les insectes (t).
Nos FiG. 1 et 2 montrent un certain nombre de cellules intéressées
dans une section microtomique, et la fig. 2, qui représente une coupe hori-
zontale, fait voir en outre comment les canalicules s'unissent en un canal
commun.
Le conduit commun de la glande maxillaire est assez allongé. Celui
de la glande mandibulaire est au contraire très court et la grappe de cellules
touche presque la cuticule du sillon périmandibulaire.
Les cellules glandulaires sont très remarquables. Elles sont piriformes,
plus ou moins allongées, fig. 27, à section transversale régulièrement circu-
laire ou plus ou moins déformée par la compression des éléments voisins.
Leur noyau est très volumineux et très riche en nucléine.
Le trait le plus intéressant de leur structure consiste dans ce que l'on
pourrait appeler Vappareil excréteur de ces cellules. C'est un canal très
mince qui s'avance dans le cytoplasme jusque près de l'extrémité postérieure
renflée de la cellule, fig. 4. Il paraît élastique comme un ressort. Sa paroi
est chitineuse, réfringente. Sa lumière est extrêmement ténue. Signalons
une particularité remarquable qui a échappé à Lucas : le canal est contenu
lui-même dans une gaîne plus dense, plus réfringente que le protoplasme
ambiant, et formée de bâtonnets disposés radialement. Cela se constate sur
les coupes transversales et longitudinales, fig. 3 et 4. Cette couche est plus
épaisse et plus nettement striée dans la glande mandibulaire que dans la
glande maxillaire. Quelque soin que nous ayons mis à la fixation et à l'en-
robage des objets, nous n'avons jamais pu éviter la production d'un espace
de rétraction autour du canal central. Mais cette cavité ne se forme pas
toujours de la même manière. Parfois, elle existe entre le canalicule chiti-
neux et la couche striée. C'est le cas ordinaire de la glande interne. D'autres
fois, on ne trouve d'espace qu'entre la zone striée encore adhérente au cana-
licule et le c37toplasme.
Mais très souvent aussi, dans la glande mandibulaire, il existe un
espace vide à la fois en dehors et en dedans de la couche striée, fig. 3.
(i) Voyez à ce sujet : G. Gilson, Les glandes ocioriferes du Blaps mortisaga et de queLjucs autres
espèces; La Cellule, t. V, fasc. i, iSSg.
lO Maurice HENSEVAL
On peut faire un rapprochement entre cette couche striée et la zone
sous-cuticulaire que nous avons décrite dans les glandes de Gilson de divers
trichoptères.
On ne connaît rien de jiositif au sujet de la formation du tube interne.
Mais il est permis de le considérer comme un prolongement, une invagina-
tion très étroite de la cuticule dermique s'enfonçant dans la cellule. Dans
ce cas, la couche striée mériterait ici comme là le nom de couche sous-
cuticulaire. Si la signification du canal est autre, si sa genèse démontrait que
c'est réellement une production intra-cytoplasmique, l'analogie du moins,
si non l'homologie, de ces deux couches et leur identité physiologique
resteraient évidentes.
Il est assez étonnant que Lucas n'ait ni signalé ni figuré la gaîne du
canal et cela d'autant plus que Patten la figure assez visiblement et en parle
comme d'une .^ zone of radiating filaments « ; Lucas n'a pas eu recours à
des grossissements assez forts pour bien voir les détails de la structure de
ces curieuses cellules.
Remarquons encore que Patten nous étonne à son tour en disant que
dans le protoplasme de la glande il y a plusieurs noyaux : ^ a finely granu-
lar substance in which \ve may observe scattered nuclei. -^
Liiiiiiophi/iis flaviconiis.
Nous n'avons pas trouvé ici la glande mandibulaire.
La glande maxillaire est semblable à celle de Y Anabolia nervosa; c'est
elle qui est représentée dans la fig. 2.
Limnophilits rliombiciis.
Liniiiophilus exlricatus.
Les deux glandes buccales maxillaires y existent; l'une de ces espèces
possède à la fois une glande mandibulaire et une glande maxillaire, tandis
que l'autre n'a qu'une glande maxillaire.
Malheureusement, une confusion s'est produite dans nos matériaux et
nous ne pouvons pas dire laquelle de ces deux espèces possède les deux
paires. Nous avons eu l'occasion de constater à ce propos qu'il n'est guère
aisé de distinguer les espèces d'après les caractères extérieurs de la larve
et de son tube. Ceci est un point sur lequel nous avons l'intention de revenir
dans une communication spéciale.
Mais quoi qu'il en soit, il est assez intéressant de noter l'existence de
ces diff"érences entre deux espèces d'un même genre.
LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTERES 1 1
Phryganides.
Voici un autre fait qui n'est pas moins digne de remarque : les glandes
buccales font complètement défaut dans la Phryganea grandis et l'autre
phryganide voisin dont nous avons parlé à propos des glandes de Gilson.
Le produit de sécrétion.
C'est un corps huileux dont il est très difficile de se procurer une gout-
telette. Il paraît identique au produit des glandes de Gilson.
REMARQUES.
I. Présence ou absence des glandes buccales dans le groupe
des trichoptères
Patten semble admettre qu'il y a partout, dans le groupe des trichop-
tères, une seule paire de glandes buccales : les glandes maxillaires, qu'il
appelle erronément glandes mandibulaires.
Lucas, au contraire, d'après ses observations sur V Anabolia furcata,
sans le déclarer ex professa, admet qu'il y en a deux paires en général, et
ne prévoit pas les cas où l'une d'elles ferait défaut. Or, nous avons vu que
non seulement une paire peut manquer, mais que certains trichoptères sont
complètement privés de glandes buccales. Les glandes mandibulaires man-
quent chez certaines espèces du genre Lininophilus {L. flavicornis) et deux
phryganides sont totalement dépourvus à la fois de glandes mandibulaires
et de glandes maxillaires.
II. Leur signification morphologique.
Ces variations semblent indiquer que les glandes buccales larvaires
proprement dites, qui n'existent cjue chez peu d'autres insectes, sont des
organes en voie de disparition. Elles représentent peut-être des productions
qui sont plus répandues et plus développées chez les formes ancestrales des
hexapodes, et leur conservation, comme celle des glandes de Gilson ou
néphridies, est un caractère primitif, en rapport peut-être avec les mœurs
aquatiques et tubicoles. Leur situation à la base des mandibules et des
mâchoires ne laisse guère de doute au sujet de leur valeur morphologique :
ce sont des glandes coxales, homologues à celles du Peripatus et aux glan-
des parapodales des annélides.
12
Maurice HENSEVAL
III. Relation entre les glandes buccales et les glandes de Gilson
chei les tricjioptères.
Voici résumées en une tableau comparatif les données que nous avons
recueillies sur ce point :
Glandes de Gilson.
Glandes buccales.
Phryganea grandis.
Phyyganide non déterminé.
Trois glandes, très volumi-
neuses, multitububires.
Manquent totalement.
Anaholia nervosa.
Limnophilm {rhomhictts ou
extricalus).
Une seule glande, très peu
volumineuse unitubulaire.
Deux paires de glandes bien
développées (mandibulaire et
maxillaire).
Limnophiltis flavicornis.
Limnophilits [extricatus ou
rhomhicus).
Une seule glande, très peu
volumineuse unitubulaire.
Une seule paire de glandes
bien développées (maxillaire).
On le voit, la première partie du tableau indique un rapport inverse
entre le développement des glandes de Gilson et celui des glandes buccales.
On pourrait en conclure que ces glandes se suppléent et par suite que
l'usage de leur produit est le même. Mais la dernière partie montre que ce
rapport inverse, si marqué dans les premières espèces, n'est pas absolu.
CONCLUSION.
En résumé, les larves des trichoptères peuvent présenter à la base de
leurs pièces masticatrices une ou deux paires de glandes à canal intracellu-
laire. Elles font défaut chez les phryganides que nous avons examinés et
qui précisément ont des glandes de Gilson très développées. Elles repré-
sentent vraisemblablement les glandes coxales des métamères antérieurs.
Bibliographie
Patten : The development of Phiyganids ; Quart. Journ. of Micr. Se,
vol. XXIV, 1884.
Lucas, R. : Beitiâge zur Kenntniss der Mund\\crkzeuge der Trichoptera ;
Arch. f. Naturg , 5g.
G. Gilson : Les glandes odorifères du Blaps mortisaga et de quelques autres
espèces; La Cellule, t. V, fasc. i, 1889.
M. Henseval : Étude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques
des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, fasc. 2, 1896.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
FIG. 1. Coupe transversale de la tête de VAnabolia nervosa. G. ^ A X 4-
On y voit la glande mandibulaire, Gl. Md , sur les côtés et la glande maxillaire,
Gl. Alx., au milieu, en avant du tube digestif.
md. est la coupe des mandibules à leur base.
FIG. 2. Coupe oblique presque horizontale de la tête du Limnophilus Jlavicornis
passant par la glande maxillaire et le canal excréteur. G. = A X 4-
md., Mandibules; ce., canal excréteur; Gl. l^x.. Glande maxillaire; ap., Apodême
avec les muscles mandibulaires.
FIG. 3. Coupe transversale d'un lobe de la glande mandibulaire de VAnabolia
nervosa. G. = 1/12 X 2.
CSC., Couche sous-cuticulaire détachée du reste du protoplasme; entre les deux,
il y a un espace de rétraction, e.
La paroi du canal, ci , est très épaisse et la. lumière est très petite.
FIG. 4. Coupe transversale d'un lobe de la glande maxillaire. G. = 1/12 X 2
La couche sous-cuticulaire détachée du canal est restée adhérente au protoplasme.
e., espace de rétraction.
Le protoplasme est plus granuleux que dans la glande mandibulaire.
FIG. 5. Coupe longitudinale d'un lobe de la glande mandibulaire. La couche
sous-cuticulaire est restée adhérente au protoplasme. G. = 1/12 X 2.
Ql.mx
md
Fi^S
y^
/
Gl.md
Figl
Flg.5
Maurice Henseva] ad naC.delJ:
J Nei rynch. sculp
LES GLANDES A ESSENCE
DU
COSSUS LIGNIPERDA
PAR
Maurice HENSEVAL
Docteur en Sciences naturelles
ASSISTANT A l'InSTITUT ZOOLOGIQUE DE l'UnIVERSITÉ DE LoUVAIN.
(Mémoire déposé le 15 juin 1895J
LES GLANDES A ESSENCE
DU
COSSUS LIGNIPERDA
Il existe chez les larves des lépidoptères une paire de glandes filières
s' ouvrant sur le labium et semblables à celles du Bombyx mori, qui sont
connues de tous. Mais la plupart des chenilles possèdent en outre une autre
paire d'organes analogues, filiformes et qui extérieurement ressemblent aux
premières. Elles attirent beaucoup moins l'attention, parce qu'elles sont en
général moins volumineuses. On les trouve cependant très développées chez
certaines espèces. Elles s'ouvrent à l'angle interne de la mandibule; ce sont
donc des glandes buccales mandibulaires. Leur produit n'est pas de la soie,
mais un corps huileux. Cet appareil est extraordinairement puissant chez
le Cossus ligniperda.
Il n'a pas échappé à Lyonnet. Cet habile observateur en donne un bon
dessin dans son célèbre " Traité de la chenille qui ronge le saule ^. Il ap-
pelle les deux glandes «vaisseaux dissolvants «, parce qu'il suppose que leur
produit exerce une action corrosive sur le bois et sert à la chenille pour
attaquer cette substance à l'aide de ses mandibules.
H. Meckel(i) en donne une description plus histologique que Lyonnet,
mais, comme sa description n'est accompagnée d'aucun dessin, elle n'ajoute^
pas grand'chose à nos connaissances. Il ne cite pas Lyonnet.
Nous présentons au lecteur une courte description de ces glandes à
essence du Cossus. Ce sont des organes très intéressants par eux-mêmes et
certains rapprochements que l'on peut établir entre eux et les glandes de
GiLSON (2) des trichoptères ajoutent encore de l'intérêt à leur étude. Ces
rapprochements portent à la fois sur leur structure et sur la nature de leur
produit.
(i) H. Meckel : Archives de Mûller, 1S46.
(2J Voir GiLsON : On segmentally liisposed thoracic glands in t/ie larv^v 0/ irichoptcra; Pro-
ceedings Linnean Society, feb. iSg6, et M. Henseval ; Etude comparée des glandes de Gihoii, organes
métamériqucs des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, 1896.
20 Maurice HENSEVAL
APERÇU ANATOMIQUE.
L'appareil est représenté dans son entier dans la fig. 1. Sa situation
dans la larve est aisée à indiquer : les deux portions renflées gisent à droite
et à gauche de la chaîne nerveuse sur les côtés du tube digestif. Les fila-
ments ondulés qui s'y fixent sont pelotonnés contre la face supérieure de la
portion renflée. Ce peloton se divise plus ou moins nettement en deux
paquets, dont l'un remonte jusque près de la tête.
Constitution. Il présente trois parties bien distinctes :
1° Une portion sécrétante, tubulaire, fig. 1, 5. Lyonnet donne peu
de détails à son sujet. Il dit seulement qu'«elle se fourche quelquefois «.
En fait, elle comprend d'abord un long tube sans bifurcation : c'est la partie
qui se pelotonne près de l'extrémité inférieure de la partie renflée; puis, elle
se bifurque à deux reprises, l'une des deux branches de la deuxième bifur-
cation demeurant très courte.
Toute la portion qui porte ces branches de bifurcation forme le pe-
loton, qui git sous la partie antérieure du cylindre renflé.
2° Un réservoir. C'est la portion renflée cylindrique, un peu compri-
mée au milieu, qui est indiquée R dans la figure. Le tube glandulaire s'ouvre
au fond de ce large réservoir.
Celui-ci représente tout simplement un tronçon énormément dilaté du
tube glandulaire.
3° Un conduit terminal ou canal niandibulaire. On le voit en Ct.
Il aboutit à la masse musculaire motrice de la mandibule et y pénètre. Am
milieu de cette masse, on le voit s'engager à l'intérieur d'une tige chitineuse,
qui se rattache en avant à la cuticule mandibulaire. Cette tige, ap, n'est
autre chose' que le tendon ou l'apodème, le bras de levier sur lequel s'insè-
rent les muscles mandibulaires.
Cet apodème contient un pertuis, dans lequel passe le liquide apporté
par le canal.
Structure des trois parties de l'appareil.
1° Portion sécrétante.
Sa structure ressemble beaucoup à celle de la glande de Gilson des
trichoptères.
Les FIG. 2 et 3 en donnent une idée suffisante.
LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 21
La FiG. 2 est une section transversale. On y notera la structure très
fibrillaire du protoplasme des cellules épithéliales.
Les trabécules offrent une disposition très régulière. Elles s'irradient à
partir du canal central. Certaines d'entre elles sont très puissantes. Aussi
n'est-il que rarement possible de suivre la limite des diverses cellules com-
prises dans une section transversale, parce que en section les membranes
cellulaires présentent le même aspect qu'une de ces travées protoplasmi-
ques. De face, c'est-à-dire vues de l'extérieur, les cellules sont polygonales,
mais encore difficiles à délimiter.
L'axe du tube contient une lumière régulière et tapissée d'une épaisse
cuticule.
Les trabécules ou fibrilles protoplasmatiques s'}' attachent en foule ;
aussi la face externe du tube n'est-elle pas lisse, mais comme villeuse; c'est
ce que l'on, remarque surtout aux endroits où une déchirure s'est produite
dans les coupes entre le tube et l'épithélium.
La cuticule elle-même présente une structure interne. Elle est visible-
ment formée de couches concentriques. Nous nous sommes attaché à y
découvrir des stries radiales en continuité avec les fibrilles et qui représen-
teraient dans cette membrane le système de canaux poreux de Leydig, aux-
quels on se plaît à faire jouer un grand rôle dans la sécrétion (i). Mais nos
efforts ont été vains. Il est impossible de découvrir dans cette membrane
extrêmement dense et compacte la moindre trace de striation radiale sur
les objets simplement fixés et débités en coupes.
La FIG. 3 est une coupe longitudinale. On peut y faire les mêmes
remarques que sur les coupes transversales. Notons ici que le calibre
du canal est régulier. Il ne présente pas ces varicosités que nous avons si-
gnalées dans les glandes de Gilson des trichoptères.
Les noyaux dans cette région de l'appareil ont la forme de barres trans-
versales, tantôt droites, tantôt irrégulières, parfois portant de petits bour-
geons latéraux. Ces caractères ne se distinguent que sur des coupes tangen-
tielles ou sur les organes entiers examinés à plat, fig. 3.
Notons que les glandes à soie de beaucoup de lépidoptères et de tri-
choptères présentent souvent des noyaux d'aspect identique en certains
points de leur longueur.
Une simple propria très mince enserre étroitement le tube épithélial ;
on en distingue, sur les coupes, les noyaux très aplatis, fig. 2.
(i) Leydig : Traité d'histologie, 1S57.
22 Maurice HENSEVAL
2° Réservoir.
La structure de sa paroi est analogue à celle de la portion sécrétoire.
C'est encore un tube épithélial enfermant un tube cuticulaire, fig. 5.
Seulement, le calibre de ce tube est devenu énorme.
En outre, la couche épithéliale a changé d'aspect. Les cellules qui la
constituent sont des lames polygonales aplaties, très difficiles à délimiter,
même de face. Le protoplasme n'y est plus régulièrement strié. Il est sur-
tout granuleux ; on n'y voit presque pas de trabécules réticulaires chez les
très jeunes individus. Chez les larves plus âgées, les fibrilles reparaissent,
mais elles n'y présentent pas la disposition radiée ; elles courent oblique-
ment dans le protoplasme en faisceaux séparés.
Le cytoplasme possède une grande affinité pour les matières colorantes,
même pour celles qui sont le plus électives pour l'élément nucléinien du
noyau, tel que le vert de méthyle.
La cuticule est ici beaucoup plus épaisse que dans les tubes. C'est une
forte cuirasse à couches concentriques très nettes.
Les noyaux prennent des caractères encore plus semblables à ceux des
glandes à soie ordinaire. Ils sont ramifiés surtout chez les jeunes larves.
Mais avec l'âge, ils se fragmentent en nombreux tronçons allongés ou encore
un peu ramifiés, fig. 6. Cette fragmentation se produit aussi, comme on
le sait, dans les glandes filières des chenilles âgées (i).
Ces noyaux ont assez peu d'affinité pour les matières colorantes; aussi
est-il difficile de bien les mettre en évidence au sein du protoplasme très
chromophile. Une propria existe autour de ce réservoir.
3° Canal mandibulaire.
Sa coupe transversale, reproduite fig. 4, montre qu'ici encore la struc-
ture de l'appareil varie peu.
C'est un tube épithélial contenant un tube cuticulaire.
La structure radiée reparaît ici dans le cytoplasme. De plus, au contact
de la cuticule, l'ensemble des trabécules radiées, en s'attachant au tube chi-
tineux, forme une couche sous-cuticulaire très finement striée.
La cuticule est très épaisse, un peu plus épaisse que dans le réservoir.
Les couches concentriques y sont encore très visibles. De plus, nous y avons
(1) G. GiLSON ; La soie et les appareils séricigenes I Lépidoptères; La Cellule, t. VI, f. i, 1890.
LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 23
aperçu en certains points une structure radiale coexistant avec ces couches,
de sorte que sa substance présente en section l'aspect régulièrement carrelé
si remarquable dans certaines cuticules d'arthropodes. Il est assez étrange
de voir apparaître les stries radiales dans ce tronçon qui n'est plus sécré-
toire, alors qu'elles manquent dans la partie postérieure, sécrétante. Ce fait
montre bien que les trois systèmes de stries perpendiculaires constituent la
disposition fondamentale, la structure normale des cuticules. Les trabécules
de la trame peuvent être cachées dans les cuticules compactes; elles peuvent
s'isoler, se briser, se résorber même dans certaines cuticules à texture dis-
sociée comme les plateaux ; l'un des systèmes de stries ou trabécules peut
se développer et devenir apparent, alors que les autres restent faibles et
indiscernables; mais toujours et partout, il y a une trame et, si altérée
qu'elle soit, elle peut reparaître avec ses caractères réguliers, parce que
partout sa structure est en relation intime avec la structure fondamentale
du protoplasme.
Les noyaux présentent ici à peu près la même forme que dans le
réservoir.
La propria existe autour du conduit terminal.
La portion tout à fait terminale du conduit pénètre, avons-nous dit,
dans l'apodème de la mandibule. Celui-ci est une forte tige chitineuse don-
nant de toutes parts insertion à des muscles et creusée d'un mince canal.
Cet apodème est en continuité avec la cuticule mandibulaire et ne semble
pas être autre chose que la paroi chitineuse du tube glandulaire lui-même,
fortement épaissie. Entre les insertions musculaires, on y rencontre en effet
çà et là des noyaux et un peu de protoplasme, qui représentent des restes
de la matrice cuticulaire.
REMARQUE.
De nombreuses trachées se distribuent à tout l'appareil, mais elles sont
surtout abondantes autour du réservoir, où aboutissent d'assez gros troncs ;
elles pénètrent dans la paroi même de ce dernier et l'on y suit parfois des
troncs étonnamment gros qui traversent le protoplasme cellulaire.
De minces filets nerveux se terminent sur la partie glandulaire; quant
aux muscles, ils font entièrement défaut. Il est assez remarquable que le
réservoir lui-même en soit totalement dépourvu.
Ce caractère constitue un nouveau point de ressemblance avec les
glandes à soie, qui paraissent également privées de toute contractilité.
24 Maurice HENSEVAL
Signification des glandes mandibitlaircs.
Ces organes correspondent très probablement aux glandes coxales du
Peripatits, comme les glandes maxillaires et mandibulaires des trichoptères.
C'est la signification que, dans l'état actuel de nos connaissances, il faut
attribuer auxorganesglandulaires, qui sont en connexion avec les appendices
réguliers des métamères.
LE PRODUIT DE SÉCRÉTION.
Le contenu de la portion glandulaire est une émulsion; il est formé
d'un liquide aqueux peu abondant, qui charrie des globules d'une substance
liquide non miscible à lui et de grandeur variable. Dans la portion dilatée
du réservoir, ces globules confluent. Ce n'est plus une émulsion; le liquide
aqueux s'y retrouve encore, quoiqu'en très petite quantité. La substance
émulsionnée est évidemment le produit spécial de la sécrétion.
C'est un corps huileux d'une odeur particulière, désagréable et extrê-
mement tenace. On en trouve, accumulée dans le réservoir, une qijantité
vraiment énorme; dans les grands individus, elle peut atteindre le poids de
4 décigrammes et un volume d'environ un demi-centimètre cube.
L'aspect de la substance recueillie et clarifiée par dépôt est celui d'une
huile grasse, très blanche, d'une réfringence spéciale. Meckel nous dit que
c'est une huile éthérée (âtherisches Oel) et qu'elle distille facilement. Il en
signale quelques caractères de solubilité qui demandent vérification. En la
soumettant à des essais d'analyse, nous avons bientôt acquis la conviction
que ce n'est pas une graisse; c'est un corps d'une nature toute différente et
d'une espèce qu'on rencontre bien plus rarement chez les animaux.
Nous avons entrepris l'étude chimique de l'essence de Cossus, mais
nos recherches ne sont pas terminées. Leurs résultats feront l'objet d'une
prochaine publication. Bornons-nous à dire que cette essence ne contient
ni oxygène, ni azote, mais seulement du carbone, de l'hydrogène et du
soufre : C,H,S.
Utilité' de l'essence de Cossus.
Nous nous sommes demandé, — comme quiconque a eu l'occasion de
voir le curieux appareil glandulaire des larves de Cossus ligniperda, — à
quoi peut bien servir ce liquide huileux, cette huile essentielle si remar-
quable.
LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 25
Lyonnet pense que ce liquide facilite l'attaque du bois par les mandi-
bules. Mais c'est là une pui'e hypothèse de sa part; ce qui n'empêche qu'on
se l'est passée de père en fils depuis le siècle dernier, sans trop lui attribuer
de crédit il est vrai, mais sans rechercher si elle est fondée.
Pour notre part, nous conservons depuis neuf mois dans l'essence de
Cossus de minces lamelles de bois qui ne paraissent nullement attaquées ni
ramollies. Si cette essence facilite l'action des mandibules sur le bois, ce
n'est pas grâce à une action dissolvante. Peut-être y a-t-il là un phénomène
semblable à cette action inexpliquée de l'essence de thérébenthine et du
pétrole, qui facilitent étonnamment l'attaque du verre par l'acier.
On peut faire d'autres hypothèses au sujet de l'utilité de cette huile ;
les hypothèses conduisent parfois à des recherches utiles. Voici l'une de
celles que nous avons faites.
Les larves du Cossus vivent dans de longues galeries humides qu'elles
se creusent surtout entre le bois et l'écorce, entamant le cambium, c'est-à-
dire les parties les plus riches en matières albuminoïdes et hydrocarbonées.
Dans ces galeries, on trouve toujours une certaine quantité de sciure
de bois et d'excréments, c'est-à-dire un milieu favorable au développement
des organismes inférieurs.
Or, les Cossus gardés en captivité sont très sujets à une infection cryp-
togamique qui les font périr.
Nous nous sommes demandé si l'essence n'avait pas des propriétés anti-
septiques et par suite n'agissait pas comme agent protecteur, tant sur le
corps de la larve qui en est enduit extérieurement que sur le contenu des
galeries.
Quelques cultures faites avec divers microbes nous ont donné des résul--
tats négatifs. Leur développement n'est pas empêché par l'essence de
Cossus.
Les mêmes essais faits avec deux champignons : un Pénicillium et un
Aspergillus, nous donnèrent également des cultures prospères.
Mais les cultures à'Oospora cinamomea en plein développement sur
gélatine, moculées à des tubes du même milieu nutritif additionnés d'une
trace d'essence, se développent très peu ou pas du tout, tandis que les
témoins mis à part se développent très bien. Ici, l'action est manifeste. Or,
VOospora cinamomea est un champignon qui attaque les insectes.
Il y a donc là une indication, un peu vague il est vrai, de l'usage de
lessence de Cossus.
26 Maurice HENSEVAL
L'odeur désagréable de l'essence protège peut-être aussi la larve contre
certains ennemis appartenant au règne animal. En fait, les Cossus ne sont
jamais infestés, pensons-nous, par les ichneumonides ni les muscides à lar-
ves parasites. Du moins, nous n'en avons jamais rencontré qui le fussent
parmi plusieurs centaines d'individus de provenance diverse que nous avons
disséqués. Ces insectes savent pourtant chercher leurs victimes dans des
cachettes même plus retirées que les galeries du Cossus. L'odeur, dont ces
galeries sont imprégnées, éloigne peut-être ces ennemis.
Nous avons recherché si ce corps, inconnu jusqu'à présent, exerce une
action quelconque sur l'organisme animal.
Des quelques expériences que nous avons faites jusqu'ici, il ressort qu'il
n'est pas toxique pour le cobaye à la dose de cinq centigrammes en injection
hypodermique, ni pour la grenouille à la dose de trois centigrammes. Ce
qui suffit à établir qu'elle n'est pas douée d'une action physiologique très
énergique. Ces animaux n'ont été que légèrement et temporairement incom-
modés par les injections.
CONCLUSION.
En résumé, les glandes mandibulaires larvaires sont énormément dé-
veloppées chez le Cossus. La partie sécrétante est tapissée d'une cuticule
comme les glandes de Gilson des trichoptères. Comme ces dernières, elles
sécrètent un corps d'apparence huileuse, qui s'accumule dans un volumineux
réservoir. Ce produit est composé de carbone, d'hydrogène et de soufre. Il
n'attaque pas le bois; il n'est pas toxique; mais il sert peut-être à protéger les
larves contre certains cryptogames et contre les insectes à larves parasites.
BIBLIOGRAPHIE
Lyonnet : Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule. La Haye,
1762.
H. Meckel : Mikrographie einiger Drùsenapparate der niederen Thiere ; MûUer's Ar-
chiv, 1846.
Gilson : On segmentally disposed thoracic glands in the larvaî of trichoptera ;
Proceedings of the Linnean Society, 1896.
Gilson ; La soie et les appareils séricigènes. \. Lépidoptères; La Cellule,
t. VL fasc. I, 1890.
Henseval : Etude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des larves
d'insectes; La Cellule, t. XI, f. 2, 1896.
Leydig : Traité d'histologie, 1857.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
FIG. 1. Dessin de l'appareil glandulaire d'une larve de Cossus ligniperda d'après
une dissection.
md., mandibules; ap., apodème sur lequel s'insèrent les muscles mandibulaires ;
Ct , canal mandibulaire ; R., réservoir; S., tube sécrétoire.
En y et f-, on voit la première et la deuxième bifurcation du tube sécrétoire.
FIG. 2. Coupe transversale du tube sécrétoire. Gr. = i/i2 X 2
c i., canal interne avec sa forte cuticule.
Le protoplasme est nettement radié transversalement.
FIG. 3. Coupe longitudinale du tube sécrétoire. Gr. = 1^12 X 2.
Les noyaux sont un peu rétractés. On y voit les trabécules s'épaissir avant de
s'insérer sur la cuticule.
FIG. 4. Coupe transversale du canal mandibulaire. Gr. = A X 4-
Il y a de nombreux noyaux. La cuticule interne est un peu striée à certains endroits.
On }• voit un commencement de couche sous-cuticulaire.
FIG. 5. Partie d'une coupe transversale du réservoir. Gr. = i'i2 X 2.
Tr., trachée,
FIG. 6. Réservoir étalé à plat. Gr. = D X 2.
On y voit les noyaux ramifiés et les trabécules du protoplasme qui sont très fortes.
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Maurice Henseval.ad nat.delin-
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LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES
CONTRIBUTION
A L ETUDE DE LA
PHYSIOLOGIE NORMALE et PATHOLOGIQUE DE L'ESTOMAC
PAR
le D- A. VERHAEGEN.
(Mémoire déposé le i^"" juillet 1896O
Travail du cabinet de chimie de la clinique interne de Louvain.
t
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES
CONTRIBUTION
A l'Étude de la
PHYSIOLOGIE NORMALE et PATHOLOGIQUE DE L'ESTOMAC
INTRODUCTION
Les maladies de l'estomac ont été l'objet de nombreuses études; nos
connaissances à leur sujet sont pourtant encore fort incomplètes. Il existe
deux types principaux d'affections, contre lesquelles les meilleurs spécialistes
s'avouent impuissants : ce sont les fortes hyperchlorhydries et les dilata-
tions avec rétention et fermentations secondaires.
Les liypevcblorhydriques se neutralisent par les alcalins, et les dilatés
sont soulagés par le lavage; mais l'effet de cette intervention est transitoire
et très peu curative.
Ces malades sont cependant susceptibles de guérison. U hyperchlorhy-
drique, après des mois de souffrance, revient parfois à un état de bien-être
inespéré et le dilaté prouve par Vevacuation régulière de son estomac que
ce n'était ni une cicatrice, ni un cancer, qui barrait la route de l'intestin.
Pour seconder cette lente guérison, nous disposons de peu de res-
sources : administrer les calmants et éviter les causes perturbatrices, telles
que les bières, les aliments irritants, épicés ou indigestes. Contre les crises
de douleur, mais non comme médication fondamentale, on donne des
alcalins ; un grand nombre de médecins recourent aux opiacés et au lavage
de l'estomac.
V'oilà la situation médicale ; elle n'est pas brillante.
Il est à espérer que l'étude comparative des fonctions sccrétoire et
motrice chez ces malades et chez les individus normaux jettera quelque
lumière sur ces affections. 7\vant tout, il importe de déterminer jusqu'à quel
34 A. VERHAEGEN
point ces malades disposent encore de leurs forces physiologiques, et de
rechercher quels sont les' facteurs qui leur font défaut et quels sont les
éléments qui jouent un rôle perturbateur.
Il paraîtra peut-être étrange de réunir deux questions en apparence
étrangères l'une à l'autre : Y hyperchlorhydrie et Y évacuation des aliments.
La connaissance de celle-ci dérive naturellement de l'étude de celle-là. Les
résultats de nos recherches le démontreront pleinement.
Nous nous sommes spécialement occupé de la sécrétion, parce qu'elle
constitue la fonction de l'estomac la plus tangible, celle qui se prête le mieux
à l'expérimentation. — Des indications variées concernant Yéi'aciiation se
trouvent dispersées dans les différentes parties du travail. Nous les réunis-
sons en un chapitre spécial à la fin de ce mémoire.
Les données classiques que l'on possède sur la sécrétion du suc gastri-
que permettent de proposer plusieurs hypothèses pour expliquer Yhypcr-
chlorhydrie.
1° On peut supposer que Yhyperchlorin-drique tend vers une acidité
constante, comme le fébricitant tend vers une température constante,
anormale, trop élevée.
Si cette hypothèse est vraie, l'administration des alcalins neutralisera
momentanément le suc gastrique, mais les forces naturelles de la muqueuse
tendront à ramener rapidement la normale superacide. — L'expérience
démontre en effet que l'action des alcalins est très transitoire.
2° Dans une seconde hypothèse, on pourrait admettre que tous
les estomacs sécrètent aveuglément de l'HCl, mais en quantité variable
d'individu à individu, pour un même stimulant alimentaire. U hyper-
chlorhydrique dépasse rapidement les besoins de la digestion chimique et
arrive à des accumulations irritantes pour la muqueuse, sans taux fixe. —
En effet, l'ingestion d'une nouvelle dose alimentaire (lait) calme les dou-
leurs. C'est dans cette supposition qu'on a essayé la suralimentation : on
aboutit malheureusement rapidement à de l'indigestion.
3° Enfin, on peut se demander si l'estomac normal ne possède pas
un moyen de lutter contre les trop fortes acidités, mo3^en que Yhyper-
chlor hydrique a perdu.
Nous verrons en parcourant la littérature que nos connaissances à ce
sujet sont encore très élémentaires.
Toutes ces suppositions nous ont été suggérées par la lecture des
nombreux travaux publiés dans ces dernières années et sont restées sans
solution.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 35
HISTORIQUE ri).
Nous ne rappelons pas les travaux anciens qui ont jeté les bases de
nos connaissances au sujet du suc gastrique : présence de l'HCl, de la pep-
sine, action de ces substances sur les albumines, arrêt de l'action de la
ptj'aline par l'acidité, etc.
Tous les traités de physiologie et de pathologie gastrique rapportent
ce que nous devons à Réaumur, Spallanzani, Eberlé, Beaumont, etc.
L'introduction de la pompe stomacale (Kussmaul (2), et de la sonde
molle (Leube (3), Ewald) a ouvert une ère nouvelle à l'étude de la patho-
logie gastrique.
Les grands résultats qui ont été acquis dès le début de cette période
sont : l'existence de fermentations anormales produisant des acides orga-
niques chez les dilatés insuffisants, l'hyperchlorhydrie douloureuse, les
hyperchlorhydries périodiques de Reichmann, l'insuffisance de la digestion
par hypochlorhj'drie, la rapidité avec laquelle un estomac normal doit
digérer un repas donné (Leube, repas d'épreuve), l'absence habituelle d'HCl
dans le cancer et la forte diminution du pouvoir résorbant de l'estomac
dans cette affection.
Le besoin de méthode pour l'analyse quantitative de l'HCl, la nécessité
de se renseigner exactement sur le pouvoir absorbant et sur le mécanisme
des anomalies, ont provoque de nombreuses recherches et controverses.
Depuis une dizaine d'années, nous sommes ainsi entré dans une période
d'études plus exactes et, en continuant dans cette voie, on peut espérer
obtenir des notions plus claires sur chacun des facteurs de la digestion.
A. Fonction Sécrétoire.
I. L'estomac à jeun.
L'estomac à jeun est-il vide ou sécrète-t-il constamment du suc gastri-
que? Des opinions extrêmes ont été défendues au début. De nombreuses
statistiques réunies par Johnson (4), Behm, Rosin (5) et Schule (6) ont dé-
(1) L'historique a été fait soigneusement, surtout quant à la partie allemande, par Martius et
LCiTTKE (1S91I, et a été repris par beaucoup d'auteurs (Boas, Bodveret, Schule). Nous pouvons donc
nous dispenser de répéter en détail les indications anciennes.
(2) Kussmaul : Deutsch. Archiv f. klin. Med., iS6g.
(3) Die Magensonde. Erlangen, 187g. — ■ Deutsch. Archiv f. kl. Med., iS83.
(4) Johnson et Behm : Zeitschr. f. klin. Med., Ed. 22.
(3) RosiN : Deutsch. medic. Wochensch.
(6) SciiûLE : Berl. med. Wochensch., 1896.
36 A. VERHAEGEN
montré qu'à jeun un grand nombre de sujets réputés normaux ont l'estomac
vide et que d'autres présentent du suc en quantité variable.
La vacuité n'est donc pas la règle générale.
II. La digestion.
On a dès le début reconnu deux périodes dans la digestion d'un repas :
une première sans HCl libre et une seconde où cet acide existe.
Cahn et voN Mehring (i) et plus récemment SchUle (2) croyaient
qu'une demi-heure après un repas normal l'HCl libre devait apparaître.
Ce fait, vrai pour les sujets qu'ils ont examinés et avec les repas qu'ils don-
naient, a été controuvé par d'autres observateurs sur d'autres sujets et pour
d'autres repas [Penzoldt (3), Hayem et Winter (4)]. De plus, les différentes
méthodes anal3'tiques employées n'ont certes pas été sans influence sur les
conclusions.
Aujourd'hui, on admet que normalement la première période est beau-
coup plus longue dans les conditions ordinaires.
Ellenberger et Hofmeister(5) divisent, chez le cheval et le cochon,
la période digestive en trois stades :
1'' stade : amylolyse : présence d'acide lactique, pas d'HCl;
2^ stade : amylolyse et protéolyse : l'acide lactique diminue, l'HCl
apparaît ;
3'^ stade : protéolj^-se : pas d'acide lactique, présence d'HCl.
EwALD et Boas (6) ont trouvé qu'il y avait lieu d'appliquer la même
division à la digestion chez l'homme.
La présence constante d'acide lactique, la cause de sa production et
son rôle ont donné lieu à de nouvelles expériences contradictoires. Ce
point ne nous intéresse que secondairement. Aujourd'hui, il est acquis que
l'acide lactique se retrouve abondamment après certains repas, après l'inges-
tion de lait p. ex., et se présente en petite quantité dans d'autres conditions
[Penzoldt (7), Strauss (8)].
(il Deutsch. Arch. fur klin. Med., Dd, 39.
(2) Zeitschr. !. klin. Mcd., iSgS.
(3) Deutsch. Arch. f. klin. Med., iSgS.
(4I Nombreuses publications de ces auteurs.
(5) Ellenberger et Hofmeister : Forischriite der Medicin, i883.
(6) ViKCHOw's Archiv, Bd. 101.
(7) Penzoldt -. Loc. cit.
(8) Zi.itschr. f klin. Med., iSgS.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 37
Les méthodes de dosage quantitatif de cet acide ne sont guère pra-
tiques; la recherche qualitative par la réaction d'UpFELMANN elle-même est
sujette à un grand nombre de causes d'erreur. Penzoldt du reste conclut
que le rôle de l'acide lactique est très obscur et que sa recherche est de peu
de valeur en clinique.
Strauss, dans un travail plus récent, arrive aux mêmes conclusions.
Revenons à l'HCl.
A la question : tous les aliments provoquent-ils une sécrétion acide, il
semble incontestable, d'après la littérature, qu'il faut répondre par l'affir-
mative :
1° Le suc gastrique du chien, qui s'écoule d'une fistule, par action
réflexe, à la vue de la viande qu'on lui présente, est franchement acide (HCl).
'j.° EwALD et BoAs(i) ont recueilli le suc gastrique en ne donnant
que de la fécule. Le suc filtré était acide (HCl) et considéré par les auteurs
comme du suc typique.
3° L'injection d'eau distillée produit chez le chien, d'après Brandl(2),
une sécrétion d'HCl.
4° Les élèves de Penzoldt étaient déjà arrivés au même résultat en
expérimentant sur eux-mêmes avec de l'eau ordinaire.
Cependant Winter(3) constate le plus souvent l'absence d'HCl après
l'ingestion d'eau distillée; il considère l'eau distillée comme n'exerçant
aucune stimulation.
5° Contejean (4) ne trouve pas d'exception : tout stimulant chez le
chien et la grenouille donne un suc acide avec HCl (non libre d'après lui :
théorie de Richet) (5),
6° ScHuLE (6), dans un travail récent, reprend encore l'étude de cette
question et conclut que les hydrates de carbone (Kartoffelpuree et Mehlbrei)
provoquent aussi une sécrétion acide notable.
Nous verrons par nos expériences qu'il y a là des faits importants qui
ont échappé aux observateurs et nous verrons pourquoi Schule est arrivé
à d'autres résultats que nous.
(i) Traité de Boas.
(2) Zeitschr. fur Biologie, iSgi.
(3) Deulsch. med. Wochecschrift, 1S92, n» 21 et 22.
(4) Contribution à l'étude de la physiologie de l'estomac; Paris, 1S92.
(5) Richet et son école n'admettent pas que cet HCl qui s'évapore et bleuit le papier Congo soit
entièrement libre. La question est assez oiseuse.
(6) Zeitschr. f. klin. Med., iSgS, p. 461.
38 A. VERHAEGEN
Les élèves de Penzoloth) ont exécuté pendant les années 1886-1892
des expériences intéressantes. A la suite de repas variés tant au point de
vue de la quantité que de la qualité, ils se sondaient régulièrement tous les
quarts d'heure et déterminaient ainsi : i'^ le moment de l'apparition de
l'HCl libre; 2° le moment de sa disparition; 3° le moment de l'évacuation
complète de l'estomac.
Penzoldt résume ainsi, en 1S93, les conclusions de ces travaux :
L'apparition de l'HCl est fortement influencée par la quantité d'un même
alim-ent, surtout d'un aliment albumineux. Cette influence est plus puis-
sante qu'on ne le supposerait a priori, en ce sens qu'une quantité double
d'un même aliment retarde de plus du double l'apparition de l'HCl libre.
Penzoldt insiste sur ce fait qui offre un réel intérêt en présence des hypo-
thèses que nous nous sommes posées.
La nature des aliments exerce une influence moins évidente, très
variable, dont il est difficile de déterminer la valeur exacte en l'absence d'un
dosage quantitatif.
Citons aussi cette conclusion de Penzoldt :
Un aliment sera d'autant plus digeste pour l'estomac qu'il provoque
plus rapidement l'apparition de l'HCl libre, et à ce titre les féculents sont
plus digestes que les albumino'ides; la digestibilité pour l'estomac se mesure
à la rapidité avec laquelle celui-ci se décharge de tout le repas.
Le manque de dosage de l'HCl laisse de grandes lacunes à combler
dans tous ces travaux.
"WiNTER (2), en faisant connaître sa méthode pour le dosage de ce qu'il
appelle le chlore libre, le chlore combiné et le chlore fixe, a fait faire un
progrès considérable à l'étude chimique de la digestion stomacale. Nous
discuterons plus loin la valeur intrinsèque de cette méthode.
Les expériences qu'il a faites lui-même tendent surtout à déterminer la
cause intime de la genèse de l'HCl (3).
Hayem et WiNTER (4) ont publié des courbes de l'acidité d'estomacs
normaux, hyperchlorhydriques, cancéreux et ulcéreux. Mais comme les
auteurs poursuivent un tout autre but que nous, il nous est difficile de
lire dans leurs expériences ce qui peut servir à l'éclaircissement de la
question que nous nous sommes posée. Ils trouvent toutefois que l'acidité
(i) Loc. cit.
(a) Hayem et Winter : Du chimisme stomacal; Paris, 1891.
(3) Académie des sciences, iSga et iSgS. Deuts. med. \\'och , 1892, 21 et 22.
(4I Revue des sciences médicales, 1893.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 39
absolue (i) atteint un maximum à un moment variable de la digestion et
diminue ultérieurement.
Nous ne pouvons pas suivre Winter (2) dans les calculs par lesquels il
prétend établir des constantes à différentes périodes de la digestion.
Hayem (3) a le mérite d'avoir fait de multiples autopsies et des coupes
microscopiques de muqueuses pathologiques. Il a prouvé ainsi que des hyper-
trophies et des atrophies glandulaires sont souvent la base de modifications
sécrétoires. Il en résulte ce fait que l'hyperchlorhydrie n'est plus seulement
un trouble fonctionnel, mais l'expression d'une altération anatomique.
Si ces faits se montrent constants, ils sont décourageants pour le thé-
rapeute. Hâtons-nous de le dire : comme nous le verrons par nos propres
observations, cette hypertrophie glandulaire ne constitue pas en soi un état
toujours pathologique. Nous avons observé' des hypevclilorliydriques vio-
lents qui jouissaient d'une digestion à toute épreuve. Nous y reviendrons
dans nos conclusions.
ScHiiLE (4) a publié de nombreuses courbes, soigneusement analysées
quant à l'acidité absolue et aux différentes formes de chlore (méthode de
Mintz). L'auteur admet aussi une période maximale de l'acidité; les repas
qu'il fait faire sont généralement assez abondants. A un moment donné,
l'acidité absolue baisse, mais ne tombe jamais à zéro. Quant à l'HCl libre,
il ne disparaît pas, comme dans les expériences de Penzoldt, un quart
d'heure avant la fin de la digestion. L'auteur ne donne pas d'interprétation
de ces phénomènes.
B. Évacuation.
Des faits en apparence contradictoires ont été constatés par les meil-
leurs observateurs. Hammarsten résume assez bien la question dans son
Traité de chimie physiologique, p. 246 et 247 de la 3*^ édition allemande.
Certains auteurs, Ewald et Boas (5), ont constaté une évacuation pro-
gressive; d'autres, Rossbach (6) et Openheimer (7), ont observé une éva-
cuation abondante seulement après une longue période de repos relatif.
On a cherché les causes déterminantes de cette évacuation.
(il Nous expliquerons à propos des méthodes ce que nous entendons par là.
(2) Acad. des sciences, 1S92, 26 décembre; 1S93, 3 juillet. Deutsch. med. Wochenscli., 1892, N. 21 et 22.
(3) Gazette hebdomadaire, i3 août 1S92.
(4) Zeitschr. f. klin. Med., iSgS, p. 461.
(5 Traité de Boas.
(6) Deuts. Arch. f. klin. Med., Bd. 46.
(7j Deutsch. medic. Wochenschrift, xSSg.
40 A. VERHAEGEN
L'HCl libre jouerait un rôle prépondérant d'après Ewald ; Penzoldt (i),
dans des expériences plus récentes, trouve un rapport entre l'apparition
précoce de l'HCl libre et la facilité de l'évacuation.
D'autres auteurs, Rossbach (2), ont cherché la cause de l'évacuation
dans l'intensité des contractions musculaires. Rossbach a constaté que l'irri-
tabilité de la région pylorique de l'estomac est plus grande à la fin de la
digestion que dans la première période.
D'autre part, Eichhorn(3), à l'aide de son appareil électrique, constate
peu de mouvements de l'estomac au début de la digestion et beaucoup plus
pendant la seconde période.
D'après Rossbach, le pylore resterait spasmodiquement fermé jusqu'à
la fin de là digestion.
Les tableaux de Penzoldt montrent une progression si régulière entre
la quantité des aliments ingérés et la durée de la digestion, qu'il est difficile
de considérer l'opinion de Rossbach comme étant la règle chez l'homme.
D'autre part, l'eau distillée, l'eau alcaline, les liquides en général pas-
sent rapidement dans l'intestin.
A. Mathieu (4), par une méthode difficilement contrôlable, arrive à
conclure que le maximum de sécrétion se produit au début du repas
d'épreuve, et qu'après une demi-heure une évacuation continue commence :
il donne un repas d'épreuve très liquide et varie peu ses expériences.
L'ensemble des observations faites sur les causes possibles, inhérentes
à l'estomac lui-même, n'ont fourni que peu de notions pour éclaircir le
fonctionnement du pylore.
Dans ces dernières années, Gley et Rondeau (5), Hirsch (6), von
Mehring (7) et Brandl (8) ont pratiqué presque simultanément des fistules
duodénales. Ils ont tous constaté l'évacuation rapide des liquides; en outre,
ils ont observé ce fait intéressant que loin d'absorber de l'eau, l'estomac
augmente plutôt la quantité de liquide ingérée, surtout en présence d'une
solution d'alcool, de sucre ou de peptone.
(1) Loc. cit.
(2I Loc. cit.
(3) EicHHORN : Zeitschr. f. klin. Med , Bd. 27.
(4) A. Mathieu : Soc. de biol., 1896, janvier et février.
(5) Société de biologie, i3 mai 1S93.
(6) Centralblatt f. Ivlin, Med., 1893.
(7) Fortschritte der Medicin, i8g3.
(8) Zeitschr. fur Biologie, 1893.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 41
VON Mehring(i) a en outre fait une expérience qui présente une im-
portance capitale. L'expérimentateur s'arrange de manière à recueillir le
liquide venant de l'estomac, à le mesurer, puis à le renvoyer, s'il veut, dans
l'intestin pour suivre son cours normal.
Dès qu'il charge ainsi l'intestin, l'estomac cesse ou du moins ralentit
son évacuation. Il existe donc un réflexe de l'intestin sur le pylore, capable
d'en commander la fermeture.
D'autres auteurs, entr'autres Hirsch (j), après avoir varié leurs expé-
riences de toutes façons, arrivent à la conclusion qu'il faudrait bien chercher
de l'autre côté du pylore la cause de son ouverture et de son occlusion.
Ces faits, dont nous trouvons peu d'écho, nous paraissent cependant
devoir vivement intéresser le clinicien. Nos propres observations apporte-
ront une nouvelle contribution à cette manière de voir.
Le lecteur comprendra que nous ne tenons aucun compte des opinions
si variées qui se trouvent répandues dans la plupart des traités de patholo-
gie gastro-intestinale ou dans les journaux médicaux actuellement si nom-
breux. La besogne serait ingrate; elle ne pourrait qu'augmenter la con-
fusion des idées. 11 serait même injuste de notre part d'acter les erreurs
échappées à la plume des auteurs des grands traités.
MÉTHODES.
C'est par la sonde que nous avons pris nos échantillons de suc gastri-
que. Les sujets qui nous ont servi étaient des malades en traitement et
des sujets sains de bonne volonté. Nous cro3^ons, comme Penzoldt, qu'il
importe avant tout d'étudier le fonctionnement de l'estomac sain. De plus,
il n'est pas permis d'abuser des malades comme on abuse de soi-même ou
de sujets bienveillants habitués à la sonde.
Le sondage, grâce à l'habitude, devient une chose facile et n'a aucune
influence sur la sécrétion gastrique, comme le lecteur s'en convaincra par la
régularité et la comparabilité, si je puis m'exprimer ainsi, des différentes
expériences instituées dans des conditions semblables, sur le même sujet.
Nous examinons le suc filtré.
Pour l'examen chimique, nous faisons toujours le dosage de Y acidité
absolue par la solution décinormale (c'est-à-dire au dixième de la normale)
de soude, avec la phénolphthaléine comme indicateur.
(i) Loc. citât.
(2) Loc. citât.
42 A. VERHAEGEN
L'acidité absolue est exprimée en HCl, c'est-à-dire que le chiffre que
nous donnons représente la quantité pour mille d'HCl qui se trouverait dans
le suc gastrique, si cette acidité était due uniquement à cet acide.
En réalité, cette acidité absolue représente le nombre de molécules
acides de nature quelconque, que la soude diluée neutralise extemporané-
ment. Elle comprend :
1° IHCl libre;
2" les acides organiques libres (lactique, acétique, butyrique, etc.);
3° les acides forts (HCl) liés faiblement à des bases faibles : albumine,
créatine, créatinine, etc.
Nous nous sommes dit au début de nos recherches que, si la muqueuse
gastrique possède une puissance réflexe pour équilibrer l'acidité du suc, il
sera de la plus haute importance de pouvoir estimer l'acidité globale de ce
suc, telle que les fibres sensibles de la muqueuse doivent l'apprécier. Pour
beaucoup de raisons, la meilleure mesure de cette acidité ne peut être, dans
nos connaissances actuelles, que l'acidité absolue, titrée à la soude.
Nos courbes sont toujours exécutées après les sondages successifs d'une
même digestion, de sorte que les erreurs, si erreurs il y a, sont réduites à
leur minimum.
Au reste, aucune de nos conclusions n'est basée uniquement sur les
oscillations de l'acidité absolue. Celle-ci n'en reste pas moins, comme
Hayem et WiNTER l'ont cru, un guide important pour l'expérimentateur.
Pour le dosage de l'HCl libre, nous avions le choix des multiples
méthodes usitées jusqu'à présent, mais pour nous il n'en est aucune qui
soit aussi avantageuse que celle de Winter et Hayem (t). C'est la seule
qui permet de doser commodément le chlore sous ses ti'ois formes :
a) Cl uni au métaux (NaCl, KCl, Cad,, etc.) : c'est le chlore fixe = F.
b) Cl uni à des substances organiques (albumine, bases organiques,
chlorure d'ammonium) : c'est le chlore combiné = C.
c) CI uni à H : c'est l'acide chlorhydrique libre = H.
La valeur de la méthode pour la détermination exacte de H a été
vivement discutée. Winter a résumé comme il suit les conclusions de ce
débat (2).
1° Cette méthode est très approximative et aucune autre n'est exacte.
(i) Du (/limisme stomacal; Paris, iSgi.
(2) Deutsch, med. Wochenschr., 1892, n" 21 et 22.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 43
2° Il y a des causes d'erreur en sens divers, toutes agissant très fai-
blement dans l'estomac et qui deviennent de nulle importance, si on ne
compare que les sondages de la même digestion.
Qu'on nous permette de faire ici quelques remarques personnelles. On
sait que la méthode de Winter se base sur ce fait que l'HCl libre est chassé
par l'évaporation prolongée à sec au bain-marie. Nous avons toujours eu
soin de prolonger cette évaporation pendant 6 heures au moins, de la faire
en même temps pour les différents échantillons d'une expérience et de re-
dissoudre le résidu à l'eau distillée une fois au moins dans le cours de
l'évaporation.
Nous avions craint que cette évaporation ne fût incomplète dans cer-
taines conditions défavorables, p. ex. la viscosité du liquide. Pour le vérifier,
nous avons fait une solution de glycose concentrée, lo o/o, additionnée
d'HCl, 0,4 0/0. Nous l'avons traitée comme le suc gastrique : il n'y avait
plus de chlore dans la masse, sinon des traces non titrables. La viscosité
du liquide a donc peu d'influence.
KossLER objecte que les phosphates de soude monométalliques,
NaHjPO^, évaporés en présence de CaCl„ mettent en liberté de l'HCl, qui
se dégage. L'auteur, d'après nous, oublie que dans ces conditions -il doit
se former de l'HCl libre avant toute évaporation, grâce au coefficient de ■
décomposition.
Il y a d'autres causes d'erreur qui résident en partie dans la présence
de la créatine et d'autres composés analogues. Le chlorhydrate de créatine
ne bleuit pas le papier Congo; il représente du chlore combiné sous forme
de sel. Si on soumet ce corps à l'évaporation, cet HCl se dégage et il ne
reste que de la créatine. Cet HCl serait compté comme libre dans la mé-
thode de Winter.
L'erreur est réelle, mais, pour l'organisme, de l'HCl aussi facilement
détachable équivaut à de l'HCl libre.
En somme, la méthode de Winter rencontre le meilleur crédit dans
les laboratoires des chimistes proprement dits en Allemagne. Il n'est guère
possible d'en espérer une plus exacte.
Les évaporations faites comme Winter l'indique, il ne reste plus qu'à
doser le chlore dans le résidu incinéré. Ce dosage peut se faire très exacte-
ment, soit par la pesée, soit par le titrage au moyen du sulfocyanure de
potassium, KCNS, et des sels ferriques comme indicateurs.
Winter avait lui-même employé d'abord la méthode plus expéditive
44 A. VERHAEGEN '
au bichromate de potassium (procédé de Mohr;. On s'étonne de voir les
auteurs reprocher à la méthode de Winter des erreurs inhérentes à ce
mode de titrage du chlore. . Les procédés de titrage du chlore ne sont pas
nés d'hier et ne constituent qu'une partie accessoire de la méthode. Aussi
nous avons eu soin de nous en tenir exclusivement au titrage absolument
rigoureux par le sulfocyanure,
Nous avons vérifié avec quel minimum de suc on peut expérimenter
et nous avons trouvé qu'avec cinq centimètres cubes notre première déci-
male pour mille était juste, la seconde n'était pas constante. Il peut y avoir
une erreur de 0.06 0/00.
Nous avons fait des essais avec la méthode rivale de Môrner-Sjôckvist
en pesant le sulfate de baryum. Elle n'est pas plus expéditive, certainement
pas plus exacte et donne des renseignements insuffisants.
La méthode de Mintz, qui titre à la phloroglucine-vanilline par neu-
tralisation progressive, nous a donné des résultats si capricieux que nous
n'avons pas osé nous y fier. Schule s'en sert exclusivement dans son récent
travail. Peut-être qu'avec de l'habitude on arrive à moins de variations.
Nous nous demandons toutefois si les auteurs, qui compareraient systéma-
tiquement les colorations obtenues avec des échantillons du même liquide,
ne rejetteraient pas comme nous cette application du Gunzburg.
Nous craignons en outre que la méthode ne donne souvent des chiffres
beaucoup trop élevés en présence du chlore combiné. Schule obtient des
acidités précoces qui étonnent.
L'expérience que BouvERET (i) objecte à Winter prouve ou bien que
Winter donne des chiffres trop faibles pour l'HCl libre, ou bien que Mintz
en donne de trop forts. Nous croyons plutôt à la seconde alternative.
Nous ne critiquons pas Schule de son choix. L'essentiel est de tou-
jours suivre exactement la même méthode pour obtenir des résultats
comparables. Mais nous tenons à dire que si la méthode de Winter est
plus laborieuse, elle nous paraît la plus sûre et avec le minimum de suc
gastrique elle donne le plus grand nombre de renseignements.
(1) BouvERET : Traité des maladies de l'estomac; Paris, 1893.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 45
EXPÉRIENCES PERSONNELLES.
Préliminaires.
Nous avons abordé notre sujet en étudiant, d'une part des sujets sains
et d'autre part des malades réputés hyperchlorhydriques.
Plusieurs raisons nous ont engagé à mettre les sujets normaux à
forte contribution. D'abord le chemin est entièrement à déblayer : nos
connaissances sur les facteurs intimes de la sécrétion gastrique normale
sont encore très élémentaires ; comment alors se retrouver dans les troubles
pathologiques?
Aussi, en s'adressant directement à des gastriques, on est bien vite
découragé. Les résultats isolés sont peu comparables; l'état subjectif des
malades se modifie rapidement sous l'influence du traitement, souvent
même sans cause saisissable; de plus, on ne peut les sonder aussi souvent
qu'on le voudrait.
Nous aurons l'occasion, à la fin de notre travail, de parler d'une série
d'observations recueillies chez des malades, observations qui s'éclairent par
les connaissances acquises dans l'étude des individus normaux.
"Voici quelle a été la méthode suivie :
Observer d'abord, sans intervenir, le fonctionnement de l'estomac sain;
suivre passivement les péripéties de son acidité. Puis, créer une difficulté,
p. ex. une superacidification ou une alcalinisation, une surcharge, etc.
Voir comment l'estomac triomphe de l'obstacle ou succombe à la surprise.
Si cette méthode réussit à mettre en évidence une puissance nouvelle de
l'estomac, nous pouvons examiner des malades pour constater s'ils ont con-
servé, perdu ou aiguisé peut-être telle ou telle arme contre le trouble funeste.
Le chemin est long, mais paraît sûr. Il y a longtemps que nous con-
naîtrions à fond les affections gastro-intestinales, s'il avait suffit d'aller droit
au but.
Dès le début de nos recherches, nous avons trouvé entre les personnes
absolument saines des différences beaucoup plus grandes encore que ne
l'avaient soupçonné Cahn, von Mehring, Penzoldt et Winter.
Nous nous sommes mis nous-méme à contribution; des amis se sont
mis à notre disposition avec une bienveillance pour laquelle nous les remer-
cions de tout cœur.
Parmi les quatre sujets qui se sondaient régulièrement et sans diffi-
culté, nous avons eu la chance de rencontrer :
1° un hyperchlorhydrique des mieux caractérisés;
46 A. VERHAEGEN
2° un hypochlorhydrique tout aussi manifeste;
3° deux sujets intermédiaires qui répondent au type d'acidité qu'on
considère comme normal. •
Nous les appellerons respectivement : le superacide, le subacide, le
moyen I et le moyen II (i).
Or, ceci est du plus haut intérêt : les trois premiers sujets n'ont jamais
présenté de trouble gastrique.
Le superacide semble avoir l'estomac le plus solide : jamais ni malaises,
ni crampes, ni indigestion; il peut se permettre des excès de travail et de
boisson qui dérangeraient bien des personnes. Nous n'avons relevé chez lui
qu'un appétit assez vif quatre ou cinq heures après son dîner, moment où
son estomac se vidait.
Le subacide, très étonné de son état, a déclaré aussi n'avoir jamais eu
à se plaindre de l'estomac à travers les circonstances les plus variées de
sa jeunesse.
Le moyen I a peut-être l'estomac un peu plus sensible. Il ne tolère
ni de grandes quantités de boisson, ni de grandes quantités d'aliments in-
digestes; mais il n'a guère plus d'une indigestion par an, vite vaincue par
quelques jours de régime.
Le moyen II nous a été présenté, il y a plus d'un an, comme gastrique
hyperchlorhydrique avec douleurs; il était déjà habitué à la sonde. C'est
un sujet vigoureux et depuis de longs mois il n'a plus eu que de temps à
autre de légers malaises.
Aucun des quatre n'a l'estomac dilaté.
Nous verrons par la comparaison des expériences faites sur eux que
nos dénominations sont parfaitement justifiées.
Nous ne mettons pas sur le même rang un cinquième sujet parfaite-
ment bien portant qui s'est sondé pendant quelques jours. Nous n'avons
de lui que quelques expériences qui révèlent un subacide bien tranché,
subacide II, ce qui fait sur cinq sujets sains, deux moyens, un superacide
et deux subacides.
Estomac à jeun. (2)
Le moyen I seul a constamment l'estomac vide en dehors de la
digestion.
(i) Los mots hyperacides, hypoacides sont hybrides et incorrects.
(2) Pour la clarté de Texposition, nous évitons d'encombrer le corps du mémoire par trop de chiffres
et d'expériences. Le Protocole, annexé au travail, en constitue pour ainsi dire une répétition en chiffres.
Nous avons tenu à rendre celte première partie aussi claire que possible.
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 47
Il en donne la preuve pérenaptoire par l'expérience suivante : il boit
cinquante centimètres cubes d'eau et les retire intégralement deux minutes
plus tard sans modification de la quantité ou de la transparence ; à peine
un crachat salivaire surnage.
Le superacide, le matin à jeun, n'avait jamais l'estomac entièrement
vide; le fait a été observé dans plus de cinquante sondages ; ce sujet rendait
de lo à 35 centimètres cubes d'un liquide toujours acide et bleuissant nette-
ment le papier Congo.
L'acidité absolue, recherchée dans plus de la moitié des cas, oscillait
de 0.75 à 3.3 pour mille. Les moyennes habituelles étaient de 1.46 à 2.4.
L'acide chlorhydrique, dans les six cas où on l'a dosé, variait de 0.2
à 2.1 0/00.
La couleur du suc était quelquefois incolore, le plus souvent verte ou
jaune, mais verdissant à l'air et donnant la réaction de Gméun (bile); il ne
présentait jamais de résidu alimentaire. (Voir les exemples au protocole,
Tableau L)
Cependant, on ne devrait pas en conclure que ce sujet ne vidait jamais
complètement son estomac. Immédiatement après la fin de la digestion
d'un diner ou d'un déjeuner, son estomac était vide, à quelques gouttes près;
celles-ci étaient toujours acides et réagissaient fortement au papier Congo.
Cet état ne persistait pas longtemps. Une heure plus tard, la sonde ramenait
déjà au moins cinq centimètres cubes de suc.
Ex. : 18 Mai 1895.
20 minutes après la fin de la digestion du déjeûner d'expérience, la
sonde ne ramène plus rien, mais bleuit intensément le papier Congo.
90 minutes plus tard, le sondage donne 12 ce. de liquide.
Acidité absolue : 1.02 0/00.
H Cl libre : 0.4 0/00.
Le subacide aussi n'avait jamais l'estomac vide le matin à jeun, mais
son suc était absolument neutre.
La quantité de suc était assez variable; sur une dizaine de sondages
effectués, nous avons trouvé deux fois environ 80 ce, une fois 35 ce, les
autres fois les quantités variaient de 20 à 25 ce. Le liquide incolore, mu-
queux, a donné deux fois la réaction de Gmélin. Il n'y avait jamais de
résidu alimentaire.
Avant le dîner et le souper, la sonde retire un liquide analogue, moins
abondant (15 à 20 ce).
Le moyen II fournit des résultats variables. D'une manière générale,
on doit le considérer comme ayant l'estomac vide à jeun.
48 A. VERHAEGEN
Sur quatre sondages pratiqués le matin, nous trouvons deux fois l'es-
tomac absolument vide, la sonde ne réagissant ni au Congo, ni au tourne-
sol; une fois, elle ramène,- avec effort, 5 ce. de suc neutre ; enfin la dernière
fois, elle a donné 8 ce. de suc acide réagissant au Congo. L'analyse de ce
dernier cas a donné :
Acidité absolue : 1.57.
HCl libre : 0.6.
Après le déjeuner, nous avons trouvé deux fois l'estomac vide, la sonde
ne réagissant pas au Congo.
Ces données si différentes d'un sujet à l'autre constituent un premier
indice de la variabilité de la sécrétion gastrique à l'état normal.
Première période de la digestion
Le fait signalé par Penzoldt qu'une quantité plus abondante d'un
même aliment retarde fort l'apparition de l'HCl libre tend à prouver que
l'estomac n'est pas à même de proportionner sa sécrétion à la quantité des
aliments reçus.
L'apparition plus ou moins précoce de l'HCl libre n'est cependant pas
une mesure rigoureuse de l'abondance de la sécrétion. Nos expériences
le démontreront.
Il était important pour nous de vérifier cette donnée des élèves de
Penzoldt, aujourd'hui que les méthodes de dosage quantitatif méritent
suffisamment la confiance.
Le dosage de l'acidité absolue est, croyons-nous, une mesure assez
exacte de l'importance de la sécrétion. En effet, l'acidité absolue du début
d'une digestion normale est causée :
1° par les acides organiques que l'HCl chasse équivalent pour
équivalent ;'
2° par l'HCl qui se lie aux albumines et qui se décèle presque inté-
gralement au titrage par la soude (1);
3° par l'HCl entièrement libre, s'il y en a.
Nos anal3^ses confirment la thèse de Penzoldt.
Remarques. 1° Pour éviter des erreurs faciles à saisir et obtenir
des résultats comparables, la nature des aliments doit être la même dans
les diverses expériences ; la quantité seule doit varier.
(I) Peu d'albumines acides, de syntonines et de peptones masquent le caractère acide des équivalents
acides auxquels elles sont unies. Voir HoppeSeiler, Handbuch fur chemische Physiologie et Hammar-
STEN, Lehrbuch der physiologischen Chemie.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 49
20 II faut comparer l'acidité absolue avant l'apparition de l'HCl libre,
parce qu'un autre facteur, la dilution, peut intervenir à ce moment.
Dans notre protocole, expériences n° 25 à 29, tracés 1, 2, 3, nous don-
nons les chiffres de cinq expériences très comparables du moyen I. Notre
conclusion est que : L'ascension de la courbe correspondant à l'acidité
absolue est plus lente à mesure qu'on augmente la quantité des aliments.
Exemples :
1° Quantité d'aliments habituelle : 120 gr. de pain -f 250 ce. de café
au lait (3/4 café, 1/4 lait).
Après I heure, ac. abs. = 1.2. Réaction au Congo, nulle.
Après 2,15 h., ac. abs. = 2.6. Réaction au Congo, faible.
2° La moitié de la précédente ration alimentaire (45 gr. de pain
+ 90 ce).
Après I heure, acidité absolue =1.9.
HCl libre = o.5.
3° Surcharge alimentaire (180 gr. -|- 300 ce).
x\pi"ès I heui^e, acidité absolue = 0.7.
Réaction nulle au Congo.
Après 2.30 h., acidité absolue = i.5.
Réaction nulle au Congo.
Les courbes du moyen II sont tout aussi caractéristiques. (Voir pro-
tocole, tableau II, n°^ 32, 33 et 34, tracés 4, 5 et 6).
Nous n'insistons pas davantage sur ce phénomène ; il paraît d'ailleurs
se vérifier par l'ascension si lente de l'acidité absolue des grands repas,
malgré la diversité des aliments. Même le superacide n'atteint qu'après des
heures et progressivement son acidité maximale. (Voir au protocole le ta-
bleau II, n°s 30 et 31.)
Comme Schule le remarque dans son récent travail, la première pé-
riode de la digestion stomacale devient suffisamment claire. Elle consiste
dans une acidification régulièrement progressive du contenu. Nous ne nous
y attarderons pas.
C'est au moment où elle atteint son maximum, qu'il convient de re-"
chercher comment l'estomac lutte contre les menaces de superacidité.
Hayem(i) représente la courbe de l'acidité absolue comme légèrement
descendante dans la deuxième période de la digestion.
(i) Revue des sciences médicales, iSgS.
50 A. VERHAEGEN
Penzoldt(i) a constamment observé la disparition de l'HCl libre un
quart d'heure avant la fin du repas.
ScHilLE (2) indique dans la plupart de ses tableaux une diminution de
l'acidité absolue survenant à la fin du repas, diminution qui ne va cependant
jamais jusqu'à zéro.
Cet abaissement de l'acidité absolue n'a pas fixé davantage l'attention
de ces observateurs; ils ne se demandent pas quelle pourrait en être la cause.
Ce sont là les seules indications que nous trouvons dans la littérature
au sujet d'un phénomène intéressant, que nous allons étudier plus en détail
dans le chapitre I.
CHAPITRE I.
La chute finale. Un de ses grands facteurs.
Dans les repas copieux habituels, les oscillations de l'acidité absolue
ne sont pas aussi faciles à interprêter qu'on le croirait d'abord. Après l'as-
cension graduelle de l'acidité, il arrive une période caractérisée par des
oscillations légères, ou par la persistance d'un degré d'acidité à peu près
constant; puis survient une chute rapide. (Voir au protocole les courbes
complètes du super acide et du moyen II, tableaux VIII et X, n°^ 78 à 87
et 95 à 98, tracé 13.)
Dans les repas légers, la courbe est fort simplifiée par l'absence de cette
période intermédiaire et c'est là que le mécanisme de la chute finale doit
être étudié.
Il importe avant tout de prouver clairement les points suivants :
1° La fin dune digestion normale est marquée par une chute rapide
de l acidité absolue.
2° Cette chute rapide n'est pas le résultat d'une neutralisation, mais
d'une dilution.
3° La production de l HCl libre n'est pas arrêtée pendant cette période,
mais la dilution la domine. Il en résulte que, malgré une augmentation
de l'HCl libre, il y a diminution de l'acidité absolue.
Première série de preuves. Elles sont fournies par les très nombreuses
courbes données par les deux moyens et le superacide. (Voir les tableaux
III, IV, V, VII, VIII, X, tracés 7, 8, 9, 10, 11 12 et 13.)
(i) Loc. cit.
(2) Loc. cit.
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 51
La faible acidité du subacide, l'absence complète d'HCl libre et com-
biné ne nous ont pas permis de mettre ce sujet à contribution.
Nous sommes parvenu, après quelques tâtonnements, à saisir exacte-
ment le moment de cette chute intéressante, tant pour les repas abondants
que pour les repas légers.
Voici quelques exemples tirés de notre protocole, n°^ 40, 42, 49 et 97.
Moyen I.
i) 180 gr. de pain + 300 ce. de café au lait.
Après 4 h., Acid. abs.=3.3; HCl=o.54; Comb.=2.33; Fixe=i.45.
Après 4 h. 30', Acid. abs.=2.4; HCl-=o.74; Comb.=i.6; Fixe=i.6,
2) 2 œufs durs + 500 ce. d'eau.
Après 2 h., Acid. abs. = 2.5; HCl = o.
Après 2 h. 30', Acid. abs. = 1.7; HCl = 0.44.
Superacide .
3) 150 gr. de pain -f 225 ce. de café au lait.
Après 2 h. 45', Acid. abs. =3, 5; HCl=i.2; Comb.=2.i; Fixe=i.2.
Après 3 h. 05', Acid. abs. =3. 2; HCl=i.9; Comb.=i.2; Fixe=i.2,
Après 3 h. 25', Acid. abs. =2. 3; HCl=i.3; Comb.=i; Fixe=i.7.
Moyen II.
4) 100 gr. de pain -f 100 ce. de café au lait.
Après 2 h., Ac. abs. = 2.55; HCl = 0.54.
Après 2 h. 20', Ac. abs. = 1.68; HCl = o.i.
Cette chute de l'acidité absolue peut à la rigueur s'expliquer par les
trois hypothèses suivantes : il y a eu
ou bien une neutralisation;
ou bien une résorption élective d'un produit acide ;
ou bien une dilution.
Une neutralisation doit fixer l'acide le plus fort, l'HCl libre, et pro-
duire une diminution de celui-ci et une augmentation proportionnelle du
combiné ou du fixe.
Dans quelques exemples, nous voyons ces modifications se produire
dans une certaine mesure, mais jamais suffisamment pour expliquer la
chute de l'acidité absolue.
Dans la plupart des cas, au contraire, nous constatons les phéno-
mènes inverses : l'HCl libre augmente, le combiné diminue, le fixe reste
52 A. VERHAEGEN
stationnaire ou monte légèrement (i). Il ne peut donc y avoir eu de
neutralisation.
Une résorption élective d'un produit acide devrait, pour influencer la
composition du suc, se faire sans entraîner toute l'eau dans laquelle il est
dissous. On peut faire cette supposition pour le Cl combiné.
Mais pour qu'elle soit admissible, il faudrait qu'elle représente au
moins la diminution de l'acidité absolue, plus une quantité correspondante
à l'augmentation de l'HCl libre. Par exemple dans la 2^ expérience citée à
la page précédente, il faudrait une résorption équivalente au moins à
0,8 + 0,44 de HCl.
Quelques exemples pourraient s'accommoder, à la rigueur, de cette
interprétation. Pour le plus grand nombre, elle ne tient pas debout. Nous
constatons des chutes très rapides de l'acidité absolue, sans diminution et
même avec augmentation du combiné (voir les exp. 46 et 48 du tableau YV).
Nous n'insistons pas plus longuement sur ce point, parce que les
preuves subséquentes font complète justice de cette supposition invrai-
semblable.
La dilution par une sécrétion neutre, probablement muqueuse, inter-
venant activement, nous permet seule d'interpréter les faits suivants :
1° l'abaissement de l'acidité absolue;
2° la diminution du combiné : cette diminution n'est pas dans un rap-
port constant avec la diminution de l'acidité absolue. Il existe en effet deux
causes modificatrices, une pour l'acidité absolue, qui est la production d'HCl
libre, une autre pour le combiné, qui est la formation de nouveau combiné;
3° les variations de l'HCl libre, qui le plus souvent augmente, d'autres
fois reste stationnaire ou bien diminue. L'HCl continue à être sécrété et,
comme il n'est plus que faiblement lié par les albumines, il reste libre et
tend à s'accumuler.
Cette accumulation est combattue par la dilution. Suivant que celle-ci
intervient avec plus ou moins d'énergie et que, d'autre part, l'HCl est
élaboré avec plus ou moins d'abondance, on aura une diminution ou plus
souvent une augmentation de cet acide.
Ainsi p. ex., dans l'expérience tableau IV, n" 49, l'acidité absolue
descend en un quart d'heure de 0,0 0/00; il y a une diminution apparente
de l'HCl libre de 0,5 0/00.
(i) Les chlorures font partie intégrante de toutes les sécrétions dans des proportions oscillant autour
de la concentration de la liqueur physiologique. 11 est probable que la sécrétion neutre diluante de
l'estomac n'y fait pas exception. De là, les allures variables du fixe.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 53
D'autre part, au cours de nos expériences, il nous est arrivé plusieurs
fois de croire, d'après les caractères physiques du suc ramené par la sonde,
que la dilution s'était produite. A l'analyse, nous ne trouvions guère de
modification notable de l'acidité absolue. Mais dans tous ces cas, nous
constations une forte augmentation de l'HCl libre.
C'est ainsi qu'on peut parler de dilution finale, quoique l'acidité absolue
reste stationnaire; elle est masquée alors par une forte production conco-
mittante d'HCl libre. Voir au protocole le tableau V, tracé il.
4° Elle nous explique les faits en apparence contradictoires observés
par Penzoldt et Schule. Le premier constate constamment une dispari-
tion de l'HCl libre, un quart d'heure avant la fin du repas. SchUle n'a
jamais constaté cette disparition.
Il est probable, il est certain même, que le pouvoir diluant de l'estomac,
tout comme la sécrétion acide, présente des différences individuelles. Sup-
posons un sujet avec faible sécrétion chlorhydrique et forte sécrétion
diluante. Il y aura à la fin du repas affaiblissement, finalement disparition
de la réaction au papier Congo.
C'est le cas pour notre moyen II. La sécrétion acide est assez peu
développée chez lui, ce qui est surtout manifeste quand on considère ensem-
ble l'HCl libre et le combiné. Son pouvoir diluant est très fort. Dans l'ex-
périence du tableau X, n° 98, l'acidité absolue descend en une demi-heure
de 4 0/00 à 2 0/00. Dans ces conditions, la sécrétion chlorhydrique a le
désavantage; l'HCl diminue et au sondage suivant il n'y a plus de réaction
au Congo.
Intensité.
Pour juger de l'intensité de la dilution, il ne suffit pas, nous l'avons déjà
dit, de tenir compte de l'abaissement de l'acidité absolue. Il y a un second
facteur important qui entre en jeu : la production permanente d'HCl, qui
tend constamment à élever l'acidité.
Étudions spécialement un de ces cas. (Protocole, tableau III, n° 42,
tracé 8).
Le moyen I prend deux œufs durs bien mâchés.
Après deux heures, l'acidité absolue est de 2.5 0/00; l'HCl libre existe,
mais à l'état de .trace non dosable quantitativement.
Une demi-heure plus tard, il s'est formé an moins 0.44 d'HCl libre.
De ce chef, l'acidité absolue aurait dû monter dans la même proportion.
Elle est au contraire tombée de 2.5 à 1.7 o/no.
54 A. VERHAEGEN
Tous calculs faits, la dilution a été assez forte pour produire une chute
réelle de l'acidité absolue de 3.1 environ à 1.7, c'est-à-dire qu'elle a presque
doublé le volume de la masse alimentaire (i).
L'intensité de la dilution est variable d'un sujet à l'autre, comme la
sécrétion acide elle-même : chez le siiperacide, elle semble la plus forte, ce
qui est à rapprocher d'autres faits que nous signalerons plus loin.
Durée.
La durée de la dilution varie aussi : en moyenne une demi-heure pour
les petits repas, une heure pour les repas copieux.
Le débutant qui cherche cette période est exposé à ne la saisir qu'in-
complètement, au moins dans les petits repas. Quelquefois, le premier son-
dage se fait trop tôt, lorsque l'acidité absolue n'a pas encore atteint son
point critique. Au second sondage, on ne trouve plus qu'un abaissement
minime de l'acidité absolue et au troisième l'estomac est vide. Dans ces
cas, l'analyse de l'HCl libre et du combiné montre qu'on a saisi le début
de la période finale.
L'expérience du tableau III, n° 3g, en offre un exemple. Entre les
deux premiers sondages, on ne constate pas de différence dans l'acidité
absolue. Pourtant la dilution a commencé, car nous trouvons, la seconde
fois, une augmentation de 0.3 d'HCl libre et une diminution de 0.4 de com-
biné. Si ces deux sondages avaient été pratiqués un quart d'heure plus tard,
nous aurions probablement trouvé ceci :
Après 2 h. 15', Acid. abs. = 2.8; HCl = 0 ou o.i ; Comb. = 2 ou 2.2 ;
Après 2 h. 45', Acid. abs. = 2.36; HCl = 0.57; Comb. = 13.8;
c'est-à-dire une chute finale typique.
La plupart des tableaux de Schule pourraient se ranger dans cette
catégorie. Son attention n'ayant pas été attirée de ce côté, il n'a pas serré le
phénomène de plus près.
Nous croyons que Schule trouvera les mêmes faits de dilution en
variant quelque peu ses sondages, car son Bauer ressemble, pour autant
qu'on peut en juger, à notre superacide et son Krause à notre moyen II.
Au moment où la dilution finale commence, il faudrait attendre plus de
quinze minutes pour mieux apprécier les différences.
(1) Nous ne pouvons pas nous étendre sur ce calcul purement théorique; il n'aurait de valeur
qu'en supposant la dilution toujours la même et le contenu stomacal invariable pendant toute sa durée,
ce qui n'est certainement pas.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 55
Un critique sévère pourrait trouver insuffisant l'argument fourni par
nos tableaux. Nous croyons qu'il ne peut refuser son assentiment aux
preuves expérimentales de la seconde série et aux constatations directes de
la troisième.
Deuxième série de preuves. Les expériences suivantes consistent à
provoquer des superacidifications artificielles de l'estomac.
Voici comment nous avons procédé. Au moment où l'acidité absolue
va atteindre son maximum, nous introduisons dans l'estomac une solution,
soit d'HCl, soit d'acide acétique, suffisamment concentrée pour augmenter
le taux de l'acidité. Or, nous constatons ce fait étonnant, qu'après quelques
minutes, au lieu de s'élever, l'acidité absolue a diminué.
L'expérience suivante a. été la première qui nous a éclairé au sujet
du mécanisme de la chute finale.
Le moyen I prend un déjeuner de i8o gr. de pain + 300 ce. de café
au lait.
Après 3 h. 3/4, Acidité abs. = 2.33; HCl = 0,4.
Il boit alors 50 ce. d'HCl à 2,8 0/00.
25 min. après, Ac. abs. = 1.7; HCl = 0.6.
Ces chiffres sont assez clairs. Remarquons que le moyen I reconnaît
exactement quand son estomac est vide et qu'il termine toujours ses diges-
tions en l'évacuant complètement : il s'agit donc bien de la dilution du
même repas.
Dans notre protocole, nous donnons d'autres exemples fournis par
le même sujet et par les trois autres; protocole tableau, VI : super-
acidifications.
Remarque. Qu'on nous permette ici une petite digression. Quand la
potion acide est prise trop tôt, pendant la période ascendante de la diges-
tion, avant que le maximum critique du repas ne fût atteint, cet acide
s'additionne simplement à la sécrétion physiologique. L'estomac en profite
pour augmentersoncapitalacide. Voirau protocole, tableau VI, les n^^ 64 et 69.
Pourtant l'inspection des courbes montre qu'il n'est pas nécessaire
d'attendre la fin de la première période; il suffit de dépasser artificiellement
le maximum critique, pour voir la réaction se produire. Celle-ci est d'autant
plus forte qu'on a augmenté davantage l'acidification.
Troisième série de preuves. Les caractères extérieurs du suc ramené
par la sonde, la consistance et la couleur, fournissent de nouvelles preuves
pour appuyer notre manière de voir.
56 A. VERHAEGEN
1° La consistance. Pendant toute la période d'augmentation acide,
le chyme reste épais. Avec la chute de l'acidité absolue coïncide une liqué-
faction des plus évidentes.. Par le repos, les parties solides se déposent et
une couche liquide, transparente, surnage. Celle-ci est d'autant plus abon-
dante que la dilution est plus forte, de sorte que, avec un peu d'habitude,
on arrive à apprécier, avant tout examen chimique, si la dilution s'est déjà
produite ou non.
2° La couleur du suc filtré. Les variations de la couleur sont très
apparentes, quand on prend des repas qui colorent le suc, tels que les dé-
jeuners au café.
Le suc est brun au début et reste tel en s'éclaircissant très légèrement
pendant toute la première période. Ensuite, il devient tout à coup jaune,
puis pâle, presque incolore. (Voir les explications qui accompagnent les
tableaux.)
Malgré les objections qu'on pourrait faire à ces phénomènes de liqué-
faction et de décoloration, ces faits sont si rapides et si frappants qu'on se
rend à l'évidence à l'inspection de deux échantillons retirés à propos.
Les deux moyens surtout montraient les modifications les plus tran-
chées dans les qualités physiques, entre les deux périodes.
Chez le superacide, le suc perdait déjà de sa consistance pendant la pre-
mière période et le liquide filtré s'éclaircissait légèrement (influence de
l'abondance de la sécrétion acide). Toutefois, à la seconde période, les mo-
difications se faisaient beaucoup plus rapidement.
REPAS COPIEUX.
La courbe des petits repas est très simple. Ainsi, p. ex., dans l'expé-
rience du superacide (protocole, tableau VIII, n^ l'a), qui prend i8o gr. de
pain -)- 225'cc. de café au lait, la durée de la digestion est de 3,35 heures;
la période d'ascension dure environ trois heures et est immédiatement suivie
de la période de chute : la courbe est angulaire.
Quand le repas est copieux, les phénomènes deviennent plus compli-
qués. Les faits que nous avons recueillis nous permettent d'entrevoir avec
beaucoup de probabilité les phénomènes qui se passent.
§ I. Expérience préliminaire.
Nous reproduisons d'abord une expérience qui nous a mis sur la
voie.
LES SECRETIONS GASTRIQUES
57
Le moyen I prend 120 gr. de pain + 100 ce. de café au lait. Après
2.i5 11., il se sonde et ramène un suc assez fluide. L'acidité absolue est de
2.63 0/00; la réaction au Congo est faible. La dilution va commencer.
Il prend alors un œuf dur finement mâché, pour que le mélange avec
le chyme s'opère facilement.
Nous nous attendions à voir l'acidité augmenter et la dilution s'arrêter.
Nous savons, en effet, que les œufs provoquent une forte sécrétion d'HCl.
Or, voici ce que nous trouvons.
45 min. après avoir pris son œuf, notre sujet se sonde et ramène un suc
épais, hlanc, sans pain. La réaction au Congo est nulle. Acidité absolue = 1.9.
Après So minutes, le sondage ramène un suc abondant qui donne une
réaction très nette au Congo. x\cidité absolue = 2.85.
L'estomac a donc achevé sa première digestion, puis la digestion de
l'œuf a évolué comme s'il n'avait pas été mélangé au premier repas.
§ IL Existence de dilutions successives.
Les expériences du super acide reproduites dans le tableau VII, la
courbe complète du tableau VIII, n^Sy, ainsi qu'une expérience du moyen II,
tableaux, no96, montrent parfaitement l'analogie qu'il y a entre deux repas
se superposant et un repas un peu trop abondant pour que la digestion
se fasse en une fois pour toute la masse.
Prenons deux exemples :
I. 100 gr. de pain + I25 ce. de café au lait. Protocole, n° 74, fig. 12.
Après 2 h.
2.i5h.
2.3o h.
Suc non filtré relativ. épais
Suc filtré brun
Suc non filtré dilué
Suc filtré jaune
Suc non filtré épais
Suc filtré brun
Suc non filtré liquide
Suc filtré jaune
AC. ABS.
TOTAL
3 55
3.56
3.28
3 6
3.8
432
2.9
3.94
1.5
1.74
1.38
COMB.
I
.15
0
.6
I
74
0
72
o85
1.26
I 2
1.32
2.55 h. i^ r.. . ■ 2.0 3. 04. 1.9
IL 2oogr.deviande-(-i3ogr. de pain + I verre d'eau. Protocole, n°75.
Après
î3 h.
»
3.3oh.
1)
3.5oh.
))
4.10 h.
»
4.3g h.
suc NON FILTRE SUC FILTRE
Liquide
Très liquide
Plus épais
Moins épais
Très liquide
Incolore
»
I)
1)
AC. ABS.
TOTAL
4.3
4.38
4.1
4.26
4.45
4.67
4.12
4.28
3.35
3.3
O.lb
0.76
0.57
1.25
0.8
COMB.
2 4
2.12
2.6
2
1.25
FIXE
I.S
1.38
2.5
I
1.25
58 A. VERHAEGEN
Chacun de ces tableaux peut être divisé en deux périodes. La dernière
montre une dilution évidente; il est inutile d'insister sur ce fait.
Analysons la premiière période. Nous y trouvons une diminulion de
l'acidité absolue, du total et du combiné, une aiiginentation de l'HCl libre,
une diminution de la consistance et un changement de couleur du suc. Ce
sont là les caractères essentiels de la dilution.
Ces modifications ne sont pas aussi prononcées que dans la dernière
période^ parce que la dilution s'efifectue en présence d'une masse beaucoup
plus considérable que la seconde fois. De plus, si dans ces cas, surtout dans
le premier, le premier sondage avait été pratiqué 5 ou lo minutes plus tôt,
l'effet aurait été, croyons-nous, plus marqué.
Notons surtout ce fait qu'après la première dilution, l'acidité absolue, le
total et le combiné augmentent et cela dans une proportion plus forte qu'au
début de la première période; et que la consistance et la couleur initiales
se reproduisent. Cela dénote évidemment que la dernière portion a con-
tinué à s'imprégner de suc acide et n'a point subi l'effet de la dilution.
Ces expériences sont tout à fait typiques. Dans d'autres, il y a un ou
deux facteurs qui manquent, p. ex. l'acidité absolue ou le combiné qui ne
diminue pas. La cause en est facile à saisir.
§ IIL Sondages doubles.
Nous croyons donc que la digestion d'un grand repas s'opère comme
il suit.
L'estomac distendu reste à peu près immobile. Les aliments s'im-
prègnent de suc gastrique; l'acidité s'élève graduellement, mais inégale-
ment dans les diverses portions du bol. Dans la portion pylorique, elle est
toujours plus élevée, ce qui peut s'expliquer par la forme seule de cette
région. (Voir dans le protocole certains exemples du tableau IX.)
A un moment àon\\é,\'à partie du bol voisine du pylore se liquéfie et s'éva-
cue dans l'intestin, tandis que le reste de la masse alimentaire ne subit guère
de modifications. Ce phénomène se répète peut-être plus souvent que nous
le supposons ; car, il ne devient bien apparent à l'exploration par la sonde
que lorsque la masse alimentaire est sensiblement réduite. Alors, la dilu-
tion contrebalance plus ou moins victorieusement la sécrétion acide.
Cette hypothèse de dilutions successives, partielles, localisées dans la
région pylorique de l'estomac, est corroborée par les deux faits suivants : les
sondages doubles et l'observation directe sur le chien.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 59
Sondages doubles. Ces sondages ont été pratiqués en même temps à
la région pylorique et au grand cul-desac. A cet effet, on pousse d"abord la
sonde à fond et on fait refluer le liquide par une contraction modérée et
graduée de la paroi abdominale. Puis, après avoir rapidement exprimé la
sonde, mais sans la nettoyer, on la réintroduit 15 à 20 centimètres moins
profondément. Une forte contraction de la paroi abdominale fait revenir le
chyme du grand cul-de-sac.
Nous donnons dans notre protocole plusieurs exemples de ces doubles
sondages, fournis tous par le superacide.
Reproduisons en deux. Protocole, tableau IX, n°^ 89 et 88.
1° I litre de lait, après 3 h. 1/2.
Au cardia (1) : caillots assez gros; Ac. abs. = 4.75; Tôt. = 4.7; HCl
libre = 0.5; Comb. = 3.4.
Au pylore (i) : caillots finementdissociés; Ac. abs. =4.38; Tôt. = 4.6;
HCl libre = i ; Comb. = 2.9.
2° 3 œufs en omelette -j- 60 gr. de pain.
Au cardia : Ac. abs. == 4.9; Tôt. = 5.4; HCl libre = 0.2.
Au pylore : Ac. abs. = 4.1; Tôt. = 4.8; HCl libre = 0.7.
Nous constatons donc au pylore, par rapport au cardia, une diminu-
tion de l'acidité absolue, du total et du combiné, avec augmentation de l'HCl
libre, c'est-à-dire que nous y trouvons, au mâiue moment, les modifications
du chlore et des caractères extérieurs^ que nous voyons se produire dans le
cours d'une dilution.
§ IV. Observation directe sur le chien.
Un chien, mis un jour à la diète, reçoit 200 gr. de viande et 200 gr. de
pain mélangés intimement. Cette quantité, très considérable pour cet ani-
mal, est avalée gloutonnement; 4 heures après, nous le sacrifions et nous
trouvons l'estomac fort distendu par une masse uniforme, épaisse, conser-
vant l'empreinte des doigts, sans HCl libre.
Seule, la région pylorique contient une faible portion assez liquide pour
couler.
Le duodénum et l'intestin contenaient déjà une légère traînée alimen-
taire, mêlée de bile; ce contenu intestinal était le plus liquide près de l'es-
tomac et s'épaississait de nouveau à mesure qu'on s'éloignait du pylore.
(i) Pylore et cardia : expressions abrégées pour désigner la partie pylorique et le grand cul de-sac
de l'estomac.
6o A. VERHAEGEN
Discussion. Notre manière de voir sur le mécanisme de la digestion
des repas abondants ne s'appuie pas seulement sur les analyses et les obser-
vations que nous venons de présenter, elle est d'accord avec les données
fournies par d'autres expérimentateurs. Ces données sont les suivantes.
1° Le fait trop peu connu peut-être que l'intestin grêle, même après
les repas les plus copieux, ne contient jamais qu'une fraction minime, 8 o/o
environ, de la masse alimentaire en digestion.
2" Les opinions sur le mode d'évacuation de l'estomac, telles que
Hammarsten(i) les résume, cessent de paraître contradictoires. Les auteurs,
qui ont expérimenté avec une fistule gastrique non pylorique (Richet), ne
constataient guère de modifications pendant les premières heures du repas.
Ceux qui examinaient une fistule duodénale, Kuhne, von Busch, remar-
quaient des évacuations fréquentes.
3° L'histologie du pylore et la nature de sa sécrétion. Heidenhain et
Klemensiewicz n'admettent pas de sécrétion acide au pylore. Contejean
et Fraenkel, il est vrai, y trouvent encore de l'HCl, mais ils ne l'ont pas
dosé. Les glandes présentent d'ailleurs un aspect spécial, qui les a fait
prendre un instant pour des glandes muqueuses.
La vérité est peut-être entre ces deux opinions : la sécrétion du pylore,
sans être entièrement dépourvue d'HCl, est peut-être surtout diluante.
4° Ellenberger et Hofmeister (2) ont prouvé que, chez le cochon,
les sécrétions des différentes parties de l'estomac sont nettement diffé-
rentes à un même moment de la digestion et dans les différentes parties de
l'estomac ; qu'il y a, comme ils disent, des digestions locales : telle partie
contient de l'HCl, telle autre de l'acide lactique, etc.
5° Enfin, VON Mehring(3) a trouvé que des solutions de peptone et de
sucre provoquent la sécrétion gastrique au point que la masse qui s'é-
coule par la. fistule duodénale est notablement plus considérable que celle
qui a été introduite. On peut se demander si cet expérimentateur n'a pas
surtout mis en activité le pouvoir diluant de l'estomac par l'action de ces
substances ; car, remarquons-le, il a expérimenté précisément avec les pro-
duits ultimes de la digestion. Nous ne pouvons cependant pas décider cette
question ; il aurait dû faire une analyse minutieuse de l'HCl libre et du com-
biné, pour constater s'il s'était produit un suc fortement acide ou non.
(i) Hammarsten : Lchrbuch der physiologischen Chemie.
{2) Fortschritte der Medicin, 1886.
(3) Idem, 1893.
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 6l
Conclusions du Chapitre I.
Résumons-nous brièvement.
Il existe dans l'estomac une puissance diluante qui joue un rôle im-
portant à la fin de la digestion. Elle diminue l'acidité et rend la masse ali-
mentaire qui va passer dans l'intestin beaucoup plus fluide.
Cette puissance diluante est considérable et, comme nous ne trouvons
pas de trace d'une neutralisation efficace, nous pouvons considérer la dilution
comme le mo3'en naturel dont la muqueuse gastrique dispose pour lutter
contre la superacidité.
Dans les états pathologiques, comme nous le verrons plus loin^ nous
pouvons utilement intervenir en imitant la nature. Chez les dilatés (insuf-
sance motrice de Boas), ce réflexe diluant est peut-être très actif.
Pendant la digestion des repas copieux, le jeu de dilution se fait et se
répète fréquemment au pylore. Le chyme qui se trouve à ce niveau, dès
qu'il est suffisamment préparé, subit la dilution, tandis que le reste de la
masse alimentaire ne subit guère l'influence de toutes ces péripéties.
En dehors de cette dilution, la portion pylorique se distingue encore par
le fait qu'à son niveau l'acidité monte plus rapidement que près du cardia.
CHAPITRE II.
Influence des différents aliments sur la sécrétion acide.
Nous avons voulu connaître l'influence de la nature des aliments sur la
sécrétion acide de l'estomac. Tout le monde admet que, dès que la muqueuse
gastrique est stimulée, elle produit de l'HCl en quantité variable.
Boas etEwALD(ij, ayant trouvé de l'HCl libre après un repas d'amidon
pur, n'ont pas poussé plus loin leurs recherches.
Nous avons vu que les sujets de Schule sécrétaient aussi de l'HCl
après l'ingestion de fécules.
Nous aurions commis les mêmes erreurs, si nous avions examiné le
superacide seul et même les moyens I et II, sans faire de dosage quantitatif
rigoureux.
Or/ sur cette question, nous avons eu la bonne fortune de découvrir
toute une physiologie intéressante de la sécrétion acide, comme les expé-
riences suivantes le montrent.
(i) Loco citato.
62 A. VERHAEGEN
i) Che{ le moyen I, l'ingestion même de grandes quantités de fécule
de pomme de terre ne proi'oque aucune sécrétion chlorhydrique ou des traces
seulement.
Nous avons regretté que la fécule de pomme de terre ne lève pas et
cuit en une masse dure, pierreuse. C'est certainement la fécule la moins
souillée d'albumine.
Premier exemple : loo gr. de fécule -(- 120 ce. d'eau distillée. (Proto-
cole, n° 108.)
Après 45', pas de réaction au Congo. Acid. abs. = 1.1.
y> 60', pas de réaction au Congo. Acid. abs. = o.95.
" 75', estomac vide.
Le subacide a fourni naturellement de semblables résultats.
Chez le moyen II, l'acidité est très faible.
Deuxième exemple : 100 gr. de fécule. (Protocole, n° i3i.)
Après 3o', Congo douteux. Acid. abs. = 0.68; HCl libre =0.
y> 60', Congo marqué, pas fort. Acid. abs. = 0.95 ; HCl libre = o,3.
» 90', Congo marqué, pas fort. Acid. abs. = 0.4; HCl libre = 0,4.
« 120', Congo nul. Acid. abs. = 0,47; HCl = ô.
2) Chei le superacide, cette même introduction provoque une sécrétion
relativement abondante d'UCl. Comme cet acide ne se fixe pas sur l'amidon,
l'analyse fournit un chiffre élevé tf HCl libre.
Exemple : 70 gr. de fécule -\- 200 ce. d'eau distillée. (Protocole,
n° non cité.)
Après 30', réaction du Congo franche. Acid. abs. = 2,7; HCl = 2.44,
„ 60', « » Acid. abs. = 2.5; HCl = 1.6.
« 90', » » Acid, abs. = 2.84; HCl = 2.2.
3) 5/ le superacide prend de la fécule additionnée d'une notable quan-
tité de sucre, il ne produit plus que des quantités négligeables rf'HCl, comme
le moyen avec de la fécule seule (1).
Exemple : 5o gr. de fécule -|-5o gr. de sucre lactose -(- i5o ce. d'eau.
Protocole, n° 150.
Après I h., réaction franche au Congo. Acid. abs. = i.3; HCl ^o.i.
Après 1,45 h., réaction franche. Acid. abs. = 1.75; HCl = o.3-
Ces trois faits, si rien ne les infirme, prouvent clairement cette thèse :
les hydrates de carbone ne provoquent pas normalement la sécrétion chlor-
(I) Cet "effet du sucre, comme nous le dirons plus loin, n'est pas permanent. A mesure que la
concentration diminue, par résorption et par dilution, l'HCl reparaic.
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 63
hydrique; les substances albuminoïdes sont les vrais stimulants de la sécré-
tion acide.
Remarque. Le rôle différent de la fécule et du sucre chez le super acide
s'explique bien. La fécule, insoluble, ne se laisse attaquer que très légère-
ment au passage de la bouche par la salive ; elle agit ainsi très faiblement
comme hydrate de carbone sur la muqueuse gastrique. Au contraire, le
sucre, soluble, résorbable, provoque énergiquement son réflexe inhibitif.
Nous pouvions donc, après ces expériences fondamentales, établir
plusieurs catégories de substances : a) celles qui provoquent la sécrétion
chlorhydrique; b) celles qui ne la provoquent pas; c) celles qui l'em-
pêchent de se produire.
Ici se révèlent les grandes différences individuelles de nos sujets : le
superacide répond par une sécrétion fortement acide au contact de toutes
les substances, à l'exception des inhibitives; le subacide est insensible à
toute stimulation de quelque nature qu'elle soit ; chez les moyens, nous
trouvons une action élective vis à-vis des différentes substances.
Nous allons passer rapidement en revue les expériences que nous avons
faites avec ces différentes catégories de substances. Le protocole justifiera
de nos dires.
Substances actives.
Chez le moyen I, le lait, les œufs, la viande, provoquent une forte sécré-
tion chlorhydrique. Les expériences relatées dans notre premier chapitre
en fournissent la preuve.
Les agents actifs sont-ils les albumines elles-mêmes, ou bien les prin-
cipes solubles sapides qui les accompagnent ?
Ces deux ordres de substances peuvent stimuler la sécrétion, comme
le montrent les observations suivantes.
La myosine fraîche (i), pure, sans sels, dépourvue de goût, coagulée
par la chaleur ou en suspension dans l'eau distillée, provoque encore la
sécrétion de l'HCl.
La caséine pure agit de la même façon.
Les peptones Cornelis (sans chlore), assez sapides (présence probable
d'extraits), excitent aussi une abondante sécrétion de HCl. Il en est de
même de l'extrait de viande Liebig.
(i) La caséine dégraissée et la créatine, dout nous allons parler, ont été achetées comme chimique-
ment pures aux producteurs allemands Baumann et Merck; nous avons préparé nous-même la myo-
sine par extraction soigneuse de la viande et la créatininc par hydratation de la créatine pure.
64 ' A. VERHAEGEN
Nous nous sommes demandé alors ce qui dans l'extrait de viande excite
la sécrétion acide.
Nous avons constaté que le sel marin, la créatine, la créatinine et le
chlorhydrate de créatinine sont inactifs (i).
Nous ignorons donc ce qui dans l'extrait de viande stimule la sécrétion
chlorhydrique. Ce sont peut-être les Phosphorfleischsàure de Siegfried, qui
sont identiques, d'après cet auteur, aux antipeptones de KiiHNE. On en
signale 6 o/o dans l'extrait de viande Liebig (Balke et Ide).
Substances inertes.
Nous avons déjà vu que la fécule employée seule n'exerce aucune
action; nous avons essayé une masse inerte additionnée à l'amidon, le talc
ou silicate de magnésie : la sécrétion d'HCl a été nulle.
Le moyen II réagit vis à-vis de la fécule comme le moyen I (2); il en
est de même du subacide.
Substances inhibitives.
Pour l'étude des substances inhibitives, nous avons expérimenté sur le
superacide, ainsi que sur les deux moyens.
Comme substances de cet ordre, nous n'avons trouvé que les sucres :
glycose, lactose, saccharose. La saccharine et la graisse se sont montrées
sans action.
Nous reproduisons ici une série d'expériences qui toutes démontrent
clairement l'influence inhibitive qu'exerce l'addition du sucre sur la sécré-
tion acide. Dans chaque série d'expériences, nous avons comparé l'action
des divers aliments ingérés seuls avec celle de ces mêmes aliments addi-
tionnés de sucre.
Super acide.
Toutes les expériences qui sont rapportées ci-après ont été faites après
évacuation préalable du contenu de l'estomac à jeun.
(1) Le chlorhydrate de créatinine à 2 "j^ est très sapide et rappelle le goût de l'extrait de viande.
Nous avons vérifié que l'addition d'HCl en petite quantité (0.18 °/ooo) se révèle déjà au papier Congo.
Malgré cela, le résultat que nous avons obtenu a été négatif.
(2) Une première fois cependant, il avait réagi. Nous avons trouvé au bout de 3o', i.yS "/oo d'acidité
absolue avec 11 d'HCl libre. Comme il a l'estomac le plus susceptible des quatre, il a peut-être des
périodes variables, hyperchlorhydrie périodique de Reichmann. D'autre part, la première fois que le
moyen I a surpris son estomac par un repas de fécule seule, il a présenté une réaction franche au
Congo, 0.6 "/ooi ce qui ne s'est plus reproduit ultérieurement.
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 65
1° a) Eau distillée : 250 ce.
Après 1/2 h. : réaction franche au Congo; Ac. abs. = 1.24; HCl = 0.9.
t>) Eau sucrée : 50 gr. lactose -|- 200 ce. d'eau.
Après 45' : réaction au Congo douteuse; Ac. abs. = 0.58.
Après I h. 30' : réaction douteuse; Ac. abs. = 0.75; HCl = o.
2° a) Fécule •■ 50 gr. fécule-j-i5occ. d'eau.
Après 20' : réaction franche; Acid. abs. = 1.8; HCl = 1.2.
Après 40' : Id. Acid. abs. = 2,3; HCl = 1.5.
Après 90' : Id. Acid. abs. = 3; HCl = 2.3.
/') Fécule et sucre : 50 gr. fécule, 52 gr. lactose, 150 gr. d'eau.
Après I h. : réaction au Congo marquée; Ac. abs. = 1.3; HCl = o.i.
Après 2 h. : réaction franche; Ac. abs. = 1.9; HCl = 0.3.
3° û) Peptones : 10 gr. de peptones Cornelis -j- 200 ee. d'eau.
Après 1/2 h. : réaction franche; Ac. abs. = 3.87; HCl = 3.
Après I h. : réaction franche; Ac. abs. = 3.42; HCl = 2.76.
Après I h. 1/2 : réaction franche; Ac. abs. = 2.7; HCl = 2.2.
b) Peptones avec sucre : 10 gr. peptones, 5o gr. lactose, 200 ce. d'eau.
Après 1/2 h. : réaction nulle au Congo; Ac. abs. = 2.84; HCl = o.
Après I h. : réaction franche; Ac. abs. = 3; HCl = 0.42.
Après I h. 1/2 : réaction franche; Ac. abs. = 3.1; HCl = 0.94.
Note : La forte acidité absolue ne doit pas étonner; c'est celle qui
résulte de l'action des peptones : 10 gr. dans 200 d'eau possèdent une aci-
dité de 2.55 0/00.
4° Lait avec sucre : iji litre de lait + 100 gr. de lactose.
Après I h.
Après 2 h.
Après 3 h.
réaction nulle; Ac. abs. = 1.16.
réaction douteuse; Ac. abs. = 1.97; HCl = o.
réaction faible; Ac. abs. = 3.65; HCl = o.
Moyen 1 1 .
1° a) Fécule : 100 gr. de fécule -f 200 ec. d'eau.
Après 1/2 h.
Après I h.
Après I h.i/'j
Congo très douteux; Ac. abs. = o.44-
Congo faible; Ac. abs. = 1.24; HCl = 0.12.
Congo plus franc; Ac. abs. = i.i ; HCl = 0.3-
66
A. VERHAEGEN
b) Fécule avec sucre : loo gr. fécule + 50 gr. lactose, 200 ce. eau.
Après 1/2 h. : pas de réaction au Congo; Ac. abs. = 0.22.
Après I h. : pas de réaction; Ac. abs. = 0.18.
Après I h. 1/2 : neutre au tournesol; Ac. abs. = o.
2° a) Peptones : 10 gr. de peptone + 200 ce. d'eau.
Après 1/2 h. : réaction très forte; Ac. abs. = 3.21 ; HCl = 1.32.
Après I h. : estomac vide; la sonde ne réagit pas au Congo.
b) Peptones avec sucre : 10 gr. peptone,. 40 gr. lactose, 200 ce. d'eau.
Après 20' : réaction au Congo nulle; Ac. abs. = 1.3S.
Après 40' : réaction marquée; Ac. abs. = 1.35; HCl = o.
Après 60' : réaction franche; Ac. abs. = 0.62; HCl = 0.3.
Moyen I.
a) Peptones : 5 gr. de peptone +250 ce. d'eau.
Après 35' : réaction franche; Ac. abs. = 2.06; HCl = 1,3.
b) Peptones avec sucre : 5 gr. peptone, 30 gr. lactose, 250 ce. d'eau.
Après 30' : réaction nulle; Ac. abs. = 1.46.
Après 55' : réaction douteuse; Ac. abs. = 1.09; HCl = o.
Après 85' : réaction douteuse; Ac. abs. = 0.94; HCl = o.
Résumons en un tableau l'action des différentes substances sur la sécré-
tion chlorhydrique chez nos quatre sujets.
Subacide .
Moyen I
Moyen II
Superacide
Substances albuminoïdes
(caséine, myosine, etc.)
Nulle
Forte
Forte
Forte
Albumines avec sucre
Nulle
Nulle
Très faible
Très faible
Sucre avec lait
Faible
Extrait de viande
Forte
Fécule
Nulle
Nulle
Très faible
Forte
Eau distillée
Nulle
Nulle
Nulle
Forte
Sucre
Nulle
Nulle
Nulle
Nulle
Fécule avec sucre
Nulle
Nulle
Nulle
Nulle
Sel marin
Nulle
Créatine
Nulle
Créatinine
Nulle
Talc
Nulle
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 6?
OBJECTIONS.
Nous devons répondre à quelques objections qui se présentent naturel-
lement à l'esprit.
1° Un aliment, chimiquement pur comme l'amidon, est fade et provo-
que un léger dégoût. Il est possible que le dégoût agisse d'une manière ré-
flexe inhibitive sur la sécrétion gastrique.
Réponse, a) La myosine et surtout la caséine chimiquement pures
sont tout au moins aussi insipides et désagréables que la fécule; b) le lait
sucré ne provoque aucun dégoût; c) enfin, l'addition de sucre, tout en
diminuant notablement la saveur désagréable, ne rétablit pas la sécrétion
acide, au contraire.
2° N'y a-t-il pas eu une dilution qui masque la sécrétion acide ?
Réponse. Dans les expériences faites avec l'amidon et le sucre, la
dilution pourrait réduire de moitié, des deux tiers, l'acide chlorhydrique
libre, mais non le faire disparaître, ces substances ne s'unissant pas à l'HCl.
Pour réduire l'HCl de 2 0/00 à i 0/00, il faudrait déjà une dilution qui
double la masse.
3= N'y a-t-il pas absence de sécrétions ?
Réponse. En présence des expériences de von Mehring sur la dilution
des solutions de peptone et de sucre, il paraît inadmissible d'attribuer le
manque d'HCl à un défaut de sécrétion. Il s'est produit du suc gastrique,
mais un suc neutre ou peu acide (i).
4° Uinsalivation n'intervient-elle pas? Nous savons qu'elle joue un
rôle favorable à la digestion.
Réponse. Nous nous sommes toujours placé dans les mêmes condi-
tions quant à l'insalivation des aliments. Les solutions de peptone et de
sucre, les suspensions de myosine, de caséine, de fécule, étaient uniformé-
ment liquides et traversaient rapidement la bouche.
(i) Notons l'expérience suivante (Protocole, n" 154) : iogr.de peptone pure sans chlore (0. 3 °/oo) 4*
5o gr. de lactose pure -|- 200 ce. d'eau distillée sont introduits dans l'estomac après évacu.ition préalable.
Après 20', le suc gastrique contient 2. 04 de chlore total; acidité absolue ^ 2.84, due aux peptones;
HCl = o. Pas de réaction au Congo. Une proportion aussi forte de chlore, sans être une preuve pé-
remptoire d'une sécrétion abondante, rend cependant celle-ci très probable. Il pourrait y avoir eu sim-
plement osmose, mais cela constituerait une rareté physiologique.
68 A. VERHAEGEN
DISCUSSION.
Boas et Ewald ont déterminé qualitativement l'acide chlorhydrique
après un repas de fécule, et cherchaient même ainsi à se procurer du suc
type. ScHiiLE a aussi constaté une forte réaction acide et des quantités no-
tables d'HCl : 2.5 et 1.5. Il faisait prendre de la purée de pomme de terre
et du Alehlbrei en quantité assez notable.
Nous croyons que Schule, comme Ewald et Boas, a eu affaire à
des sujets ressemblant à nos deux plus acides : le siiperacide et le moyen II.
Nous constatons dans ses chiffres le fait intéressant que son Bauer atteint
2.5, tandis que son Krause reste assez régulièrement en dessous de 1.5 0/00.
Si Schule avait expérimenté avec le sucre ou avait examiné d'autres
estomacs moins acides, il aurait certainement obtenu les mêmes résultats
que nous.
Conclusion du Chapitre II.
L'estomac ne répond pas de la même façon à toutes les stimulations
qu'il subit. La sécrétion s'adapte à la nature des aliments. Or, l'homme,
omnivore, présente à son estomac deux grandes classes d'aliments : les
albumines et les hydrates de carbone, aliments dont la digestion réclame
des conditions opposées. Il est donc probable qu'il existe deux sécrétions
différentes qui répondent à ces deux catégories de substances.
Nous pouvons et nous devons même admettre qu'il existe encore une
foule d'autres substances sapides, épices et condiments, capables de pro-
duire le même effet que l'albumine. C'est là une question intéressante
pour la diète, qui exige de nouvelles expériences.
Les deux grands faits que nous avons démontrés, la dilution finale et
l'absence d'HCl lors de l'ingestion des hydrates de carbone, se juxtaposent
et se confirment l'un l'autre. Ils prouvent tous les deux que l'estomac pos-
sède deux réflexes sécrétoires opposés qui agissent et se contrebalancent
constamment dans la digestion.
CHAPITRE III.
Evacuation de restomac.
Pour étudier cette question, il nous faut comparer des repas fort diffé-
rents chez nos divers sujets.
Chez le moyen 1, comme chez le moyen II et chez le subacide, l'élimi-
nation dans l'intestin de 100 gr. de fécule, avec 200 ce. d'eau comme vchi-
LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 69
cule, est achevée le matin à jeun en une heure ou i h. 30'; cette masse de-
venait pourtant bien peu acide.
L,e super acide, avec ses 2 0/00 d'acide chlorhydrique libre, exigeait plus
de temps, deux heures à deux heures et demie ; ce repas constituait pour
lui une véritable indigestion.
Les peptones et l'extrait de viande dissous dans un égal volume d'eau,
qui provoquent chez tous une forte acidité, n'en disparaissent pas moins
très vite, au bout d'une heure.
Les repas sont digérés en général en un laps de temps à peu près égal
pour tous. Remarquons simplement la rapidité avec laquelle le superacide
se débarrassait, en hiver surtout, de diners copieux.
Peut-on encore soutenir alors que l'acidité ou la neutralité du liquide
stomacal joue un rôle prépondérant dans l'évacuation pylorique?
D'autre part, si la fluidité du chyme constitue sûrement une condition
favorable au passage du pylore, elle n'est pas indispensable; car nous savons
que des morceaux de pomme de terre assez grands (plus d'un centimètre
de diamètre) passent dans l'intestin du chien.
Le cas de notre subacide sera, croyons-nous, le premier dans la litté-
rature qui démontre que l'estomac peut fonctionner très régulièrement
avec un minimum de suc acide. Qu'il fasse des repas de féculents ou
d'albuminoïdes, son estomac s'en débarrasse tout aussi bien que celui des
autres sujets.
C'est un jeune homme de vingt deux ans, parfaitement bien portant,
chez qui il n'est pas possible de soupçonner l'existence d'un cancer.
D'ailleurs, dans notre entourage, il n'est pas le seul de son espèce.
Nous avons eu l'occasion de sonder quelquefois un sujet {subacide II, voir
tableau XII), qui ne présentait jamais de trace d'HCl libre appréciable au
papier Congo, et des acidités absolues très comparables à celles de notre
subacide. C'était un grand mangeur, jouissant d'une bonne santé, ne
souffrant jamais de l'estomac. Nous n'avons pu poursuivre nos observa-
tions sur lui.
Quant à la rapidité d'évacuation des liquides, nous avons trouvé une
bien plus grande irrégularité que Penzoldt. Nous avons constaté qu'en
30 minutes, 200 ce. d'eau disparaissent souvent jusqu'à la dernière goutte,
quelle que fut la substance en solution. Le plus souvent cependant, nous
en retrouvions encore des portions après une heure.
Or, comme nous ne trouvons, pas plus que les autres observateurs,
dans l'estomac des causes capables de retenir les aliments, nous croyons au
70 A. VERHAEGEN
réflexe de von Mehring et admettons avec cet auteur (i), avec Hirsch (2)
et MoRiTz (3), que c'est l'intestin qui commande au pylore.
Nos expériences sur les sujets sains, si différents entre eux, ainsi que
l'observation des malades, nous paraissent confirmer cette hypothèse.
CHAPITRE IV.
Observations recueillies chez les malades.
§ I. Les Super acides.
Causes de la douleur.
11 est incontestable qu'il y a des hyperchlorhydriques. Mais ces ma-
lades ne ressentent pas nécessairement des douleurs ou des troubles quel-
conques dans leur digestion. Il faut, pour que la douleur se manifeste, que
la muqueuse soit enflammée ou ulcérée, pathologiquement sensible.
Ces prévisions ne sont pas seulement autorisées par l'étude de notre
super acide ; nous les avons trouvées réalisées d'une manière éclatante dans
les deux cas pathologiques que nous avons pu suivre.
Premier cas. Une première fois, nous sondons un sujet en pleine
digestion, à un moment où il ne se plaint d'aucun malaise, ni aigreur, ni
douleur. Il présentait une acidité de 3.8 0/00.
Trois jours plus tard, ce malade nous revient disant que la douleur
est devenue intolérable et demandant l'intervention de la sonde (4). Son
acidité, à ce moment, à notre grand étonnement, n'était que de 2.5 0/00.
Nous l'interrogeons soigneusement et il nous raconte que la veille et l'avant-
veille il avait commencé à mal digérer et à souffrir, tout en négligeant de se
mettre au régime.
Ultérieurement, nous avons encore trouvé chez lui plus d'une fois 4 0/00
d'acidité absolue en l'absence de toute douleur.
(i) Loc. cit.
(2) Loc. cit.
(3) Munchener med. Wochenschr., d'après le «Référât du Centralblatt fur innere Medicin. » i3 Juin
1896. Dans ce travail, MoRiTZ attribue à la portion pylorique seule une forte capacité motrice; il admet
des évacuations par petites portions.
Nous regrettons de n'avoir pu trouver en Belgique l'original des Miinch. med. Wochenschr. Nous igno-
rons les raisons qui ont amené Moritz à cette conclusion.
(4) Le sondage, disait-il, lui ferait beaucoup de bien.
LES SECRETIONS GASTRIQUES yi
Second cas. Une femme souffrant depuis de longues années se pré-
sente dans un état lamentable : douleurs atroces, brûlantes. Le sondage
révèle 4 0/00 d'acidité absolue.
Nous lui conseillons un régime et la prions de venir se mettre en ob-
servation quelques jours plus tard. Alors un repas assez simple lui est ad-
ministré : 6ogr. de pain+8oo ce. de lait.
Deux heures après : acidité absolue = 4,5 0/00.
Nous n'avions pas encore rencontré pareil chiffre, le superacide ne se
sondait pas encore. Aussi avons-nous demandé à la malade, si elle ne souf-
frait pas en ce moment. Sa réponse était absolument négative.
Pour ces deux cas, le doute n'est pas possible. C'est la sensibilité patho-
logique qui constitue l'élément principal de la douleur. Aussi la guérison
paraîtra acquise, dès que les symptômes inflammatoires auront disparu mal-
gré la persistance de la superacidité.
Remèdes transitoires à la douleur.
Il n'en reste pas moins indiqué de diminuer l'action irritante de l'aci-
dité au moment des crises douloureuses.
Nous disposons à cet effet de deux moyens : celui que la nature emploie :
la dilution, et celui que la chimie met à notre disposition : la neutralisation.
Le premier nous paraît plus avantageux, car il ne risque pas de dépas-
ser le but à atteindre. Nous avons en plusieurs circonstances donné et
conseillé un simple verre d'eau à prendre au moment des douleurs et le
soulagement a toujours été manifeste.
Exemple. Un laboureur robuste, ayant déjà eu antérieurement des
périodes avec tous les symptômes d'hyperchlorhydrie douloureuse, se pré-
sente à jeun disant qu'il est repris de son mal depuis peu de jours. Nous
l'envoyons faire un léger repas au pain et au lait, avec ordre de revenir dès
que la douleur se manifeste.
Une demi-heure après le repas, il revient ressentant déjà des douleurs.
Nous le sondons ; son suc réagit au Congo et possède une acidité absolue
de 2,2 0/00. Un simple verre d'eau calme ses douleurs à son grand étonne-
ment. Un verre d'eau de 250 ce. ajouté à sa masse alimentaire devait évi-
demment abaisser notablement cette faible acidité. Ce sujet a rapidement
guéri et nous l'avons perdu de vue.
Nous croyons que tous ces malades qui se plaignent dès le début de la
digestion, avant la première heure, n'ont pas à ce moment de réelle super-
acidité.
10
72
A. VERHAEGEN
On les trouve généralement sensibles à la palpation directe de l'esto-
mac, même en dehors des périodes de douleur spontanée. Aussi n'est-il pas
nécessaire d'intervenir immédiatement avec les grands moyens : les alcalins.
Une méthode que nous réprouvons absolument est celle qui consiste à
neutraliser les acides en introduisant une nouvelle quantité' d'aliments. C'est
charger outre mesure un estomac déjà malade et impuissant. La longue
digestion qui en résultera aggravera sa sensibilité et retardera la guérison.
Nous ne sommes pas davantage partisan de l'administration des solu-
tions sucrées pour empêcher la production d'acide chlorhydrique.
Voici à ce sujet l'expérience que nous avons acquise sur notre super-
acide sain.
1° Les féculents sans sucre, ne fixant pas l'HCl, donnent de très fortes
quantités d'HCl libre.
2° Les féculents additionnés de sucre provoquent une faible acidité
pendant la première heure. La proportion de sucre étant alors fortement
diminuée, l'acidité commence à augmenter et s'élève comme s'il s'agissait de
fécule seule, pendant la a^e et la 2>^*^ heure. (Voir au protocole l'expérience
n" 152, FiG. 15.)
3° Il présentait, comparé aux moyens, un très fort retard dans l'évacua-
tion de ces mélanges sucrés. (Voir au protocole l'expérience n" 151.)
Le sucre aurait donc une efficacité transitoire quant à l'acidité et une
nocivité manifeste quant à la décharge de l'estomac (i).
Voici à notre avis le traitement le plus raisonnable :
1° Comme pour tous les organes enflammés, la chaleur humide fré-
quemment renouvelée et largement appliquée, surtout la nuit et immédia-
tement après la digestion.
2° Repas légers, de préférence du lait; pas de féculents ni de graisses.
3° Au moment des douleurs, boire de l'eau et n'intervenir avec des
solutions très diluées de Na HCO3 que si la douleur ne cède pas.
4° Si la douleur se manifeste dès l'introduction des aliments, de légers
opiacés avant le repas. La muqueuse se montre en effet sensible à tout
contact.
(i) Au moment de clore le mémoire, nous trouvons dans le N° du i3 juin 1S96 du Ccntralblatt
fur inncre Mcdicin, que Strauss a publié, dans le Zcitschr. f. Min. Mcd., un iravail qui prouve aussi
que le sucre empêche la sécrétion chlorhydrique. Je n'ai pu encore consulter ce numéro du Zeitschrift.
D'après le Centralblatt, Strauss songe aussi à employer le sucre pour combattre Ihyperchlorhydrie.
Nos expériences malheureusement annihilent déjà l'espoir qu'il met dans cette tentative.
LES SECRETIONS GASTRIQUES , 73
5° Entre les digestions, donner à l'estomac des périodes de repos or-
données de la manière suivante : a) Le matin à jeun, un Carlsbad très dilué.
Celui-ci s'évacue probablement très vite dans l'intestin en neutralisant les
sécrétions acides qui pourraient être accumulées dans l'estomac. Intervalle
de trois quarts d'heure à une heure avant le déjeuner, b) Une demi-heure
ou trois quarts d'heure avant chacun des trois autres repas, boire soit
de l'eau, soit une tisane mucilagineuse.
La guérison définitive sera obtenue, dès que les symptômes d'hyper-
esthésie se seront calmés. Les malades resteront probablement hyperchlorhy-
driques, mais l'estomac sain ne souffre pas d'une acidité absolue de 5 0/00.
Dès lors, l'observation si décourageante de Hayem sur les différences
histologiques des glandes, différences dont on ne peut espérer de modifi-
cation par un régime, cette observation, disons-nous, perd beaucoup de sa
valeur clinique. Elle donne l'explication de notre thèse : il y a parmi les
sujets sai)is des variantes considérables quant au degré de la sécrétion acide.
§ IL Les insuffisants moteurs.
Notre attention a été spécialement attirée sur les symptômes intestinaux
tant chez les dilatés, clapotants, à fermentations anormales, que chez ceux-là
qui présentaient un simple retard dans l'évacuation gastrique. Ces derniers
surtout ne sont pas rares.
Deux constatations nous paraissent de la plus haute importance.
1° Ces sujets sont opiniâtrement constipés.
2° On trouve presque toujours chez eux des anses intestinales roulant
sous les doigts.
Or, dans les vivisections que nous avons faites de chiens en pleine di-
gestion, l'intestin était court, gros et sans aucune nodosité, c'est-à-dire que les
fibres longitudinales étaient fortement contractées et les fibres circulaires
en dilatation complète.
Quelques minutes après la mort du chien, grâce à l'asphyxie locale,
l'intestin entre en irritation et change complètement d'aspect. Il devient
noueux et s'allonge dans des proportions étonnantes (constrictions circu-
laire, dilatation longitudinale).
D'autre part, chez les personnes dont le tube digestif est sain, nous
n'avons jamais trouvé d'anses intestinales l'oulant sous le doigt, en dehors
de l'S iliaque souvent rempli de matières fécales.
Nous pouvons en conclure que l'intestin sain doit être mou et impal-
74 A. VERHAEGEN
pablc; s'il présente des constrictions circulaires et des anses palpables, c'est
qu'il est irrité; et alors il empêche l'ouverture du pylore et retarde l'évacua-
tion de l'estomac.
Quelle explication faut-il donner de cette fluidité étonnante du suc
gastrique des dilatés ? Nous sommes très porté à croire qu'elle n'est que le
résultat du réflexe diluant de l'estomac. Au lieu de s'évacuer, les aliments
acidifiés restent dans l'estomac et provoquent constamment la sécrétion dilu-
ante, comme le suc normal le fait transitoirement à la fin de la digestion.
D'après cela, il faut calmer l'intestin et recourir à cet effet aux moyens
suivants :
1° Régime lacté. Empiriquement, nous savons que le lait constitue
pour l'intestin l'aliment le moins irritant. Les féculents sont contr'indiqués,
car nous avons vu chez nos sujets même sains les grandes masses de fécule
provoquer de la diarrhée.
2° La chaleur humide, calmante, sur tout l'abdomen.
3° Des laxatifs quotidiens pour combattre la constipation.
4" Le lavage de l'estomac doit évidemment intervenir chez les dilatés
à fermentations anormales.
§ III. Super acidité chei F enfant.
Il est universellement admis que le lait est la nourriture naturelle de
l'enfant avant sa dentition. Un fait auquel nous ne connaissions aucune
explication nous a été rapporté par un confrère.
Son enfant, nourri au sein, ne tolérait plus le lait dès le troisième mois;
il pleurait et vomissait après chaque têtée. Ses vomissements étaient forte-
ment acides.
On adopta les féculents comme nourriture et tous les symptômes dis-
parurent rapidement.
Voilà un enfant qui ne supportait pas le lait et qui tolérait les féculents.
Une interprétation de ce fait nous semble possible aujourd'hui : cet enfant
souffrait de la forte acidité provoquée par le lait; les féculents ont diminué
la sécrétion chlorhydrique.
Si pareil cas ne reste pas isolé, il pourrait restreindre la thèse générale
qui impose exclusivement le lait pendant les premiers mois de la vie : les
superacides précoces feraient exception.
Nous n'attachons à ces idées d'autre importance que celle d'une ques-
tion à poser.
LES SECRETIONS GASTRIQUES 75
Dans ce mémoire, nous avons tâché d'étudier certains facteurs de la
digestion. Il en existe peut-être d'autres que nous n'entrevoyons pas encore
et qui concourent à la régularité de cette grande fonction.
Aussi, tout en croyant fermement aux faits établis par les chiffres, nous
admettons que les applications thérapeutiques se modifieront sous l'influ-
ence de découvertes ultérieures.
CONCLUSIONS GÉNÉRALES.
Dans la première partie de notre mémoire, nous avons prouvé l'exis-
tence d'une forte sécrétion diluante clans l'estomac: cette sécrétion inter-
vient normalement à chaque digestion ; elle prépare les aliments à passer
dans l'intestin en les diluant et en abaissant leur acidité. D'autre part,
elle permet à l'estomac de triompher des superacidifications. Cette sé-
crétion peut atteindre des proportions extraordinaires dans les rétentions
alimentaires.
Nous avons démontré en outre le mécanisme des digestions laborieuses
nécessitées par les repas trop copieux et l'existence au pylore de dilutions
partielles périodiques.
Dans la seconde partie de notre mémoire, nous avons montré la réac-
tion élective de la muqueuse gastrique à l'introduction d'aliments et de
condiments de nature différente.
De l'ensemble de notre exposé, il ressort que l'hyperchlorhydrie et
l'hypochlorhydrie ne sont pas des phénomènes pathologiques.
Enfin, nous avons montré que l'attention du médecin doit se porter
sur l'intestin, dès que les digestions traînent en longueur.
f
ROTOCOLE
PRELIMINAIRES.
Pour la facilité du lecteur, nous avons mis nos expériences en tableaux.
En général, la première colonne indique le moment du sondage, en comp-
tant à partir du commencement du repas.
Dans la seconde, nous signalons, s'il y a lieu, les caractères extérieurs
du suc ramené par la sonde, soit avant, soit après la filtration (surtout la
consistance et la couleur),
La troisième indique la réaction au papier Congo, avant la filtration.
La quatrième est réservée à l'acidité absolue = Ac. abs.
Les autres concernent le dosage du chlore sous ses différentes formes :
Chlore total; HCl libre; Cl combiné et Cl fixe.
Remarques. i° Pour faire un dosage complet, il faut opérer sur
15 ce. de suc filtré, les 5 ce. qu'on emploie pour titrer l'acidité absolue
pouvant servir à calculer le total.
Quand nous disposions de moins de 15 ce, nous négligions le dosage
du chlore fixe et partant aussi la quantité du combiné. Dans quelques ex-
périences cependant, nous avons fait des dosages avec 4 et 3 ce. Dans ces
cas, ces quantités sont indiquées entre parenthèses.
2° Dans la planche qui suit le protocole, nous avons reproduit des
graphiques aussi simples que possible. Dans la plupart, nous n'avons inscrit
que l'Ac. abs., le comb. et l'HCl libre; ce sont là les données essentielles.
Ceux que la chose intéresse pourront les compléter facilement, pour ce qui
regarde le total et le fixe, en se servant des tableaux qui donnent tous les
chiffres.
30 II ne faut pas s'étonner de ce que nous ayons surtout mis à contri-
bution le - siiperacide - pour l'étude des repas copieux. Pour les sujets à
faible sécrétion chlorhydrique, le sondage, pendant des repas à la viande,
est très laborieux. La sonde s'obstrue de suite et il faut la réintroduire deux
on trois fois de suite pour obtenir une quantité suffisante de suc gastrique.
78
A. VERHAEGEN
Le « siiperacidc " a été pour nous un sujet d'un intérêt exceptionnel.
A une longue habitude de la sonde, il joint cette particularité, facile à com-
prendre, que son chyme a une consistance minimale; cela lui permet de
ramener toujours sans efforts une quantité de suc gastrique peu considérable
en comparaison de la masse en digestion, mais suffisante pour l'analyse.
Ajoutons que, grâce à sa forte acidité, les oscillations de l'acidité absolue
et du chlore sous ses diverses formes sont très manifestes chez lui et fa-
cilitent l'étude des phénomènes.
4° Nous ferons remarquer encore qu'en été les dîners duraient plus
longtemps qu'en hiver et que, à quantité égale, la viande de porc se digérait
moins vite que celle de bœuf.
5° L'acidité absolue est représentée par les chiffres de son équivalence
en H Cl.
De l'acide acétique a été ingéré dans certaines expériences; pour la
clarté, nous donnons, outre le pour-cent réel d'acide acétique, le pour-cent
équivalent en H Cl.
Enfin, pour les quantités de chlore combiné, fixe ou total, tous les
chiffres ont subi la petite correction de 36,5/35,5. Ainsi, l'équivalence des
chiffres est complète. Par exemple, 1 de HCl correspondra à 1 d"acidité
absolue, et ne donnera lieu qu'à 1 de chlore combiné, ou de chlore fixe.
TABLEAU L
Estomacs à jeun.
A . Moyen I.
Estomac toujours vide.
B. Moyen IL
1. 3 mars. A jeun : estomac vide et neutre au tournesol (la sonde).
2. 6 mars. A jeun : estomac vide et neutre au tournesol (la sonde).
3. 5 mai. A jeun : 5 ce. de liquide incolore. Neutre au papier de tournesol.
4. 8 juin. A jeun : 8 ce. de liquide blanc muqueux. Ac. abs.^1.57; HCl libre=o.6.
5. \5 mars. Après déjeûner. Estomac absolument vide.
6. 23 mars. Après déjeûner. Estomac vide.
C. Superacide.
7. A jeun. 29 février, Liq. jaune, 35 ce, ac. abs.=2.33; HCl^i.56.
8. I mars. Liq. vert, 3o ce, ac. abs.=i.83; HCl=i.24.
9. 3 mars. Liq. jaune, 20 ce, ac. abs.=2.25; HCl=i.44.
10. 19 mai. Liq. vert, 20 ce, ac. abs.=2.62; HC1^2; comb.=o.72.
11. 20 mai. Liq. vert, 20 ce, ac. abs.=2.62; HCl=3.i: comb.=o.48.
LES SECRETIONS GASTRIQUES
79
12 Après déjeuner (c'est-à-dire : après la fin de la digestion gastrique du dit repas) _
3 mai (temps indéterm.). Liq. incol., 5 ce, réac. franche au Congo.
13. 14 mai (i 1/2 h. après). Liq. incol., 12 ce, ac abs.^1.02 ; HCl^o.4.
14. 8 juin (20' après). Est. vide. La sonde bleuit intensém. le Congo.
15. Apih dhiev. 16 mai (i h. après). Incol. Quantité? Ac. abs. =1.16; HCl=o. 54.
16. 28 février (1/2 h. après). Vide. La sonde réagit au papier Congo.
D. Subacide.
4 mai. 80 ce. Liq incol., légèrem. muqueux. Neutre au tournesol.
7 mai. 20 ce. Neutre, jaunâtre.
12 mai. 35 ce. Idem, blanc.
8 juin. 40 ce. Idem, jaunâtre.
17. A jeun.
18.
19.
20.
21. Apres déjeuner. 6 mai. 20 ce. Liq. blanc, neutre.
22. 7 juin. 40 ce. Liq. blanc, neutre.
23. Après dîner. i juin. 10 ce. Liq. blanc, neutre.
24. iSjuin. 2 ce. Neutre.
TABLEAU II.
Première période de la digestion. Influence de la quantité.
A . Moyen I.
de café au lait (3/4 café, 1/4 lait).
25. 45 gr. de pain -|- 100 ce.
Après I heure : ac. abs.
26. 90 gr. de pain -}- i5o ce.
Après I h. 3o' : ac. abs
27. 120 gr. de pain -(- 25o ce
Après I heure : ac. abs.
Après 2 h. i5' : ac. abs.
28. i5o gr. de pain -|- 25o ce
Après I heure : ac. abs.
Après 2 h. 1/2 : ac. abs. ^
29. 180 gr. de pain -(- 325 ce.
Après I heure : ac. abs. =
Après 2 h. 1/2 : ac, abs. =
=^ 1.9; HCl libre ^ o.5.
de café au lait.
= 2.2; HCl libre pas dosable.
. de café au lait.
= 1.1. Réaction nulle au Congo.
= 2.6. Réaction faible au Congo.
. de café au lait.
= 07. Cbngo nul.
^ 1.8. Réaction faible.
de café au lait;
= 0.7. Congo nul.
= 1.5. Congo nul.
30. 5oo ce. de lait bouilli.
Après I heure : ae. abs.
Après 2 heures ; ac. abs.
B. Superacide.
-- 2.84. Réaction au Congo faible.
= 3.5; HCl libre = 0.7.
V. fig. 1.
V. Ei
V. fig. 3.
U
8o
A. VERHAEGEN
31. I litre de lait bouilli.
Après I 11 : ac. abs.^1,46. Réaction au Congo nulle.
Après 2 h. : ac. abs.^2.84. Réaction au Congo nulle.
Après 3 h. : ac. abs. = 3.7. Réact.assezmarq. au Congo, Ledosage donne HCl lib.=o.
C. Moyen II.
32 5o gr. de pain -|- go ce. de café noir.
Après I heure : ac. abs.=3.i. Forte réaction au Congo. HCl=i.i4. V. fig. 4.
33. 100 gr. de pain -|- 120 ce. de café noir.
Après I heure : ac. abs.=i.g7; HCl^o.14.
Après 2 heures : ac. abs.=2.55; HCl=o.6. V. fig, 5.
34. i5o gr. de pain -(- 200 ce. de café.
Après I heuie : ac. abs.^i.3. Congo nul.
Après 2 heures : ac. abs.=2. Réaction au papier Congo. HCl=o.o6. V. fig. 6.
TABLEAU m.
Dilution finale che:[ le « Moyen I ».
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C
A. abs.
Total
HCl 1.
Comb.
Fixe
35.
1 20 gr. de pain -j-
2 h. I5'
Franche
2.8
4.02
0.8
1.26
1.98
25o ce. café au lait
2 h. 35'
n
2.7
4.38
0.96
0.66
2.76
3 h. 10'
1)
2.04
5 04
1.08
0.6
3.36
36.
120 gr. de pain -|-
2 h.
Assez épais
Douteuse
2.48
25o ce. café au lait
2 h. 40'
3 h.
Assez épais
Beaucoup plus liq.
Franche
»
3.06
2.26
37.
120 gr. de pain -|-
2 h.
»
2.56
3.78
0.2
120 ce. café au lait
2 h. 5o'
Forte dilut. à la vue
1)
1.74
4.02
0.36
38.
120 gr. de pain-j-
2 h. 3o'
»
2.7
4.26
0.6
175 ce. café au lait
2 h. 5o'
»
2.45
4.32
0.54
3 h. 10'
»
1.72
4.3
0.4
39.
120 gr. de pain-|-
2 h.
Épais
Nulle
2.62
3.96
0
2
2
25o ce café au lait
2h. 3o'
Assez liq.
Franche
2.62
4.02
0.3
1.6
2.1
2 h. 45'
Liquide
»
2 36
4.35
0 57
1.38
2.4
40.
180 gr. de pain -|-
4 h.
Épais
»
3 3
4.32
0.54
2.33
1.45
35o ce. café au lait
4 h. 3o'
Plus dilué
»
2.4
3.94
0.74
1.6
1.6
V. fig. 7.
41.
180 gr. de pain -f-
35o ce. café au lait
3 h. 45'
4 h. 10'
»
2.84
2.04
LES SECRETIONS GASTRIQUES
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au CJ A. abs.
Total
81
HCI. I.
42.
7 juin 1895, 2 œufs
I h.
Épais
Nulle
1.3
durs -(- 5oo ce. eau
2 h.
Moins épais
Franche
2.5
3.82
(2 1/2 ce )
0
V. fig. 8.
2 h. 3o'
Très liquide
Très fr.
1-7
4.14
0.44
43.
1 70 gr. viande -j-
3 h. 3o'
Très épais
Existe
4-7
4.8
(3 ce.)
0
du pain
4 h o5'
Suc filtré jaune
Franche 3.87
4.6
(3 ce.)
0.3
4 h. 40'
Suc filtré incolore
id.
2.7
4.2
1.08
TABLEAU IV.
Dilution finale chei le « Superacide d.
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C.
A. abs.
Total
HCI. 1.
Comb.
Fixe
44. 90 gr. de pain -|-
2 h. 3o'
Franche
3.4
120 ce café au lait
2 h. 45'
3 h.
id.
id.
3.,4
2.7
45. 140 gr. de pain -j-
2 h. 3o'
id.
3.75
200 ce. café au lait
2 h. 45'
3 h.
3 h. i3'
id.
id.
id.
3.7
3.1
2.6
46. 90 gr. de pain -|-
2 h.
Suc filtré brun
id.
3.5
4.3
1-7
I 22
1.38
i5o ce. café au lait
2 h. 20'
Sue filtré jaune
id.
3.1
4.3
1.9
I.I4
1.26
2 h. 35'
Suc filtré pâle
id.
2.6
4.1
1.5
i.i5
1.45
47. 100 gr. de pain -)-
2 h.
Suc brun
id.
4.. 5
4.6
2.18
I 20 ce. café au lait
2 h. i5'
Jaune pâle
id.
3.28
4
1-7
2 h. 3o'
Pâle
id.
2.92
4.2
2.3
48. 100 gr. de pain -\-
2 h. 3o'
id.
3.72
4.8
1.6
1.5
1-7
125 ce. café au lait
2 h. 55'
id.
3
4.56
0.9
[.66
2
' 49. 1 5o gr. de pain -(-
2 h. 45'
Sue filtré jaune
id.
3.5
4.5
1.2
2.1
1.2
22 5 ce café au lait
3 h. o5'
Pâle
id.
3.2
4.3
1.9
1.2
1.2
3 h. 25'
Pâle
id.
2.3
4
1.3
I
1-7
50. iSo gr. de pain -\-
3 h. 10'
Sue filtré jaune
id.
3.8
4.4
2
1.14
1.26
200 ce. café noir
3 h. 25'
Pâle
id.
2.9
4
1.5
1.12
1.38
3 h. 40'
Pâle
id.
2.2
Ana
lyse i
lerdue
51. 180 gr. de pain -(-
3 h. o5'
Suc filtré jaune
id.
3.7
4.5
a
1.12
1.38
225 ce. de café
3 h. 20'
Pâle
id.
2.7
4.14
1.24
1.34
1.2
3 h. 35'
Pâle
id.
2.3
3.8
0.5
1.2
2
52. (*) 180 gr. viande -|-
3 h. 20'
Epais
id.
5
i20gr. dep.-f-2p.
3 h. 45'
Plus liquide
id.
4. 16
de terre -|-i ver. d'eau
4 h. o5'
Liquide
id.
3.28
(*) Nos dîners se composent : 1° un peu de potage liquide, 2" une tranche de roastbeef de \2$ gr.
environ, une côtelette de porc ou bien de la viande hachée (une ou deux boulettes), 100 à i3o gr. de pain,
deux ou trois pommes de terre, un verre d'eau.
82
A. VERHAEGEN
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C.
A. abs.
Total
HCI 1. Cotnb.
Fixe
53.
175 gr. de viande
3 h. 45'.
Épais; suc filtré jaune
Franche
5
4.86
0.7
2 .76
1.38
-f- 100 gr. de pain
4 h. 10'
PI dilué; suc filtré pâle
id.
5
4.92
1.14
2.64
I.14
4 h. 25'
Plus paie encore
id.
4
4.5
I 2
2 04
1.26
L'estomac n'était pas vide
54.
180 gr. de viande
3 h. 20'
Assez épais
Franche
5
4.62
0 54
3
I.I
-\- 120 gr. de pain
3 h. 35'
Plus liquide
id.
4-74
4-74
I.I4
2.66
0.94
Voir fig. 9.
3 h. 55'
Liquide
id.
4.34
4.5
1.8
1.74
0.96
4 h. i5'
Très liquide
id.
3.57
4.26
r.74
1.32
1.2
4 h. 35'
Fin du repas
id.
2.7
4.06
0.85
I 4
1.8
55.
5 œufs en omelette
3 h. 35'
id.
4. 16
5.2
0.5
2.5
2.22
3 h. 55'
id.
3 2
4.1
0 86
1-9
1.32
56.
3 œufs en omelette
2 h. 45'
id.
4.08
4.8
0.84
2.52
1.44
-j- un gâteau
3 h o5'
id.
4.08
4-74
1-7
2
I.I
Voir fig. 10.
3 h. 25'
id.
3.65
4.38
1.92
1.32
I.I4
3 h. 45'
id.
3.o5
4.2
2.04
0.84
1.3
Voir aussi toutes les chutes finales des tableaux VII et VIII.
Pour le " Mojen II „, voir le tableau X.
TABLEAU V.
Dilution sans chute notable de l'acidité.
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C.
A. abs.
Total
HCI 1.
Comb.
Fixe
57.
i5o gr. de pain -(-
3 h.
Franche
3.7
4.8
I
2.1
1-7
225 ce. café
3 h. 20
id.
3.4
4-7
I 94
1.38
1.02
3 h. 35'
id.
3.2
4.4
■•94
1.02
'■44
58.
200 gr. de pain -\-
3 h. 20'
Assez épais
id.
3.57
4 56
0 66
2.4
1.5
125 ce. café
3 h. 40'
Pins liquide
id.
3.8
4.68
2.08
1.5
I.I
4h. .
Liquide
id.
3.1
4.2
1.85
1.14
1.2
REMARQUE. La dilution existe au second sondage, malgré une élévation
de l'acidité absolue.
59.
60.
160 gr. de viande
-\- 120 gr de pain
Voir fig. 1 1
180 gr. de viande
-f- iio gr de pain
3 h 20'
3 h. 40'
4 h. o5
3 h. 55
4 h. 10'
Épais
Plus liquide
Liquide
Faible
4.45
48
0.06
2.46
Franche
4.5
4.9
0.84
2.46
Energ.
4.4
4.64
1.88
1.76
Franche
4.4
4-7
0.85
2.5
id.
4
4.32
I 5
1.72
2.28
1.6
I
1.35
I.I
Dans les deux derniers cas, un sondage ultérieur aurait montré un
abaissement de l'acidité absolue, comme dans l'expérience qui précède.
Tous les exemples de ce tableau sont empruntés au siiperacicie.
LES SECRETIONS GASTRIQUES
83
TABLEAU VI.
Superacidifications.
A . Moyen I.
61. 180 gr. de pain -)- 275 ce. de café au lait.
Après 3 h. 45', Ac. abs. = 2.33. Réaction nette au Congo. HCl = 04.
Bu alors 5o ce. d'HCl à 2.8 o'oo.
25' après, suc liquide. Ac. abs. = 1.7 ; HCl = 0.6.
62. 120 gr. -|- 175 ce. de café au lait.
Après 12 h. i5', réaction franche au Congo. Ac. abs. = 2 81.
Bu immédiatement après 5o ce. d'acide acétique décinormal.
A 2 h 3o', bu encore 5o ce. de cet acide acétique.
A 2 h. 55', sondage très liquide. Réaction très faible. Ac. abs. = 2.56.
63. 180 gr. de pain -|- 25o ce. de café au lait.
I h. 45', Congo nul. Ac. abs. = 2.1g.
Bu alors 5o ce. d'HCl à 3.4 0/00.
Sondé à 2 h., réaction légère au Congo. Ac abs ^ 2 56,
Bu immédiatement après 5o ce. d'HCl à 3.4 0/00.
Sondé à 2 h. 40', Ac. abs. ^ 1.7.
64. Pas de réaction diluante.
i5o gr. de pain -|- i tasse de café au lait (25o ce ).
I h. 45', Congo nul. Ac. abs. ^ 2 0,00.
Bu 60 ce, d'HCl à 2.5 0/00.
A 2 h. i5', réaction franche au Congo. Ac. abs. = 2.6; HCl libre =0.2 0/00,
B, Super acide.
Nature du repas
Temps
Réaction au Congo
Ac. abs.
65. 210 gr. de pain -(- 225 ce. café au lait 1 2 heures | Franche
Bu 100 ce. d'acide acétique à 1.2 0/0 =^ en HCl, 7 3 0/00.
3.5
66. 180 gr. de pain -|- 225 ce. café au lait
Bu 100 ce. d'acide acétique à 1.
2 h.
10'
Franche
4
2 h.
40'
id.
3.5
3 h.
id.
2.92
3 h.
20'
id.
3.4
3 h.
40'
id.
3.5
4 h.
id
2.74
I h.
3o'
id.
2.9
0/0 =
= en
HCl
, 7-3
0/00.
I h.
45'
Franche
4.1
2 h.
i5'
id.
3.3
2 h.
45'
id.
3.28
3 h.
i5'
id
3.66
4 h.
Estomac
vide.
84
A. VERHAEGEN
Nature du repas
Temps
Caractères
Réact. au C. Ac. abs. HCI. libre
67. 200 gr. de pain -(- | i h. 3g' j JFranchel 3 î
225 ce. café au lait Bu i5o ce. d'acide acétique à i 0/0 = en HCI 5 i 0/00.
68
69.
70.
I h.
5o'
2 h.
10'
2 h.
3o'
2 h.
5o'
3 h.
o5'
2 h.
45'
Franche
4.2
id.
3.5
id.
2.66
id.
3
id.
2 8
id.
337
Suc brun clair id. 3 37 i-35
225 ce. café au lait Bu 80 ce. d'acide acétique à 1.2 0/0 = en HCI 7.3 0/00.
3 h.
3 h. 20'
3 h. 40'
4 h. 10'
4 h. 25'
Pas de réaction diluante.
180 gr de pain -|- | i h. 10'
Suc jaune
Incolore très peu d'alim.
Masse alim. filtrée : jaune pâle
Idem
Idem. Fin
Franche
4.45
id.
2.5
id.
2.84
id.
3.2
id.
2.6
Faible
2.3
1.08
1.08
0.8
r.64
Pas dosé
200 ce. café au lait Bu 100 ce. d'acide acétique à 0.82 0/0 = en HCI 5 0/00.
I h.
i5'
I h.
35'
ih.
55'
2 h.
10'
Franche
3.5
id.
3.5
id.
3 5
id.
34
C. Moyen II.
i5o gr de pain -|- ■ 2 h. |
200 ce. café Bu 100 ce. d'acide acétique (i 6 6 0/00
Suc brun clair
Suc jaune
Suc pâle
D. Subacide.
2 h.
10'
2 h.
3o'
3 h.
en HCI 4 o'oo.
3.o5
2 6
2 I
71. j 5o gr. de pain -j- | 2 h.
I tasse de cacao
I I Nulle 1 0.56 I
Bu 100 ce. d'acide acétique à 4.8 o^'oo ^ en HCI 2.9 0/00.
72 i5o gr. viande -j-
100 gr de pain
2 h.
o5'
2 h.
25'
2 h.
40'
2 h
Nulle
1.24
id.
0.88
id.
0.65
id.
1.46
Bu 100 ce. d'acide acétique à 6 0/00
2 h. o5'
2 h. 35'
en HCI 3.65 0/00.
Nulle I 2.5
id. 1.25
LES SECRETIONS GASTRIQUES
85
TABLEAU VIL
Existence de dilutions successives.
Expérience préliminaire du Moyen I.
73, 120 gr. de pain -|- i/3 tasse café au lait.
2 h, i5'. Suc assez liquide. Congo réagit faiblement. Acid. abs. == 2.63. Il prend
alors un œuf dur finement mâché.
3 h. 10'. Suc épais, blanc, sans pain. Pas de réaction au Congo. Acid. abs. =^ i.g.
3 h. 45'. Sondage facile, liquide. Congo très net. Acid. abs. = 2.85.
4 h. 10'. Estomac vide. Ramené 4 ce. Réaction légère au Congo.
Siiperacide.
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. auC. Ac.abs. Total HCI I. Comb.
I I l
Fixe
74. loogr. depain-|- 2 h
125 ce. café au lait
V. fig. 12
76.
75. 200 gr. viande-j-
i3o gr. pain.
2 h. i5
2 h. 3o'
2 h. 55'
3 h.
3 h. 3o'
3 h. 5o'
4 h. 10'
4 h. 3o'
2 h.
2 h. i5'
2 h. 3o'
2 h. 45'
Pas achevé
77. 175 gr. viande-(- 3 h. I
i3o gr. pain. 3 h. 20'i
3 h. 40''
4 h.
4 h. 20'
4 h. 40'
Voir aussi tableau VIII, n°
i20gr. depain-f-
200 ce. café au lait
A ssez liquide
Filtré : brtm
Très liquide
Filtré : suc jaune
Plus épais
Filtré : suc brun
Très liquide
Filtré : pâle
Liquide
Très liquide
Plus épais
Assez épais
Liquide
Franche
3.55
3.66
1.5
i.i5
»
3.28
3.6
'•74
0.6
»
3.8
4.32
1.38
1.74
»
2.9
3.94
1.9
0.72
»
4.3
4 38
0.18
2.4
1)
4.1
4.26
0.76
2.12
»
4.45
4.67
0.57
2.6
1)
4 12
4.25
1.25
2
»
3 35
3.3
0.8
1.25
»
3.6
4.54
2
»
2.9
4 -
' 7
»
3.6
4.64
2.4
))
3.6
4.38
2
par suite de circonstance imprévue.
Épais
Liquide
0.85
1.26
1.2
1.32
18
I 38
I 5
I
1.25
Marquée
pas énergiq.
Franche
4-1
3.87
4.5
4.5
0.2
0.5
))
4.6
4.9
0.4
))
4.53
4.9
0.8
»
4.45
4.9
1.12
))
3.87
4.5
0.8
Plus épais
Liquide
S7, cas typiq.; tableau IX, n'^ 38; tableau X, n° 96,
86
A. VERHAEGEN
TABLEAU VIII.
Courbes complètes du « Superacide n.
Nature du repas
Te m
1
ps ;
1
Caractères extérieurs
Réact.auC. Ac. abs.
Total
HCI 1.
Comb.
Fixe
78
iSogr. depain-|-
45'
Suc brun
Marquée
2.1
225cc.caféaulait
1 h.
2 h.
2 h.
3 h.
3 h.
i5'
45'
i5'
35'
Brun
Brun
Brun
Jaune
Pâle
Franche
»
»
»
2.5
2 g
3 35
3.72
2.9
79.
Un demi-litre de
3o'
Sans caillot
Nulle
1.53
3 12
0
1.02
2.1
lait bouilli.
I h.
Qq. petits caillots
Faible
2.84
3.72
0
2. 28
1.44
1 h.
3o'
Le caill. se dissocie
Franche
3.1
3.84
0.3
2.1
1.44
2 h.
»
3.5
4.02
0.7
234
o.g6
2 h.
3o'
1)
3.87
4.62
I
2.5
1.08
2 h.
45'
))
3.1
4.2
I.I4
1.68
1.38
80.
Un demi-litre de
3o'
Nulle
'75
2.64
0
0.84
1.8
lait bouilli.
I h.
Faible
2.48
2-94
0
1.32
I 62
I h.
3o'
Forte
3.3g
4.26
1.2
1.8
1.26
2 h.
»
3.8
4.44
2.34
0.96
1.14
2 h.
3o'
1)
3.2
4.32
2.1
o.gô
1.26
2 h.
45'
Estomac vide. Ran
lené 8 ce.
Acid. abs.=
2.85.
Réact.
au C.
81.
lyogr. de viande
-J-ioogr. de pain
I h.
1 h.
2 h.
3 h.
3 h.
3 h.
i5'
5o'
3o'
3o'
5o'
Nulle
»
Faible
Franche
»
1)
I g6
2.5
3.5
3 g4
4-7
3.7
4 h
lo'
Ramené i5 ce. de
suc. Réa
:tion fi
'anche. Ana!
yse pe
rdue.
82
I go gr. de viande
-|- 100 gr.de pain
I h.
3 h.
3 h.
3 h.
3o'
lo'
3o'
5o'
Faible
Franche
»
»
2,84
4.55
4.1
3.35
83.
I 5ogr. de viande
-)-i20gr. de pain
I h.
1 h.
2 h
3 h.
3 h.
3 h.
4 h-
4 h.
i5'
45'
i5'
20'
40'
20'
Très f.
Plus franche
pas lînergiq.
»
Franche
»
»
»
Est. vide
2.62
3.2g
4.4
4-9
4.12
3.87
2.45
LES SECRETIONS GASTRIQUES
87
Courbes complètes avec plateau en oscillations.
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs !Réact. au C. Ac. abs.
Total HCI
Comb.
Fixe
84. i8ogr. deviande'3 h. 3o'
-(-i3ogr. de pain
85. 2 10 gr.de viande
-(-i3ogr. depain
3 h. 5o'
4 h. lo'
4 h. 3o'
4 il. 5o'
5 11. lo'
5 11. 3o'
3 11.
3 11. 3o'
4 il.
4 11. 3o'
5 h.
5 h. 3o'
86.
25ogr. de viande
'2 h.
1
3o'
-f-i5ogr. depain
|3 h.
-\-6 p. de terre
3 11.
4 h.
3o'
4 h.
3o'
4 h.
5o'
5 h.
lo'
5 h.
3o'
5 h.
5o'
87.
i8ogr.de viande
I h.
-(-i3ogr. depain
I h.
3o'
V. fig. 13.
2 h.
2 h.
3o'
3 h.
3 h.
3o'
4 h.
4 h.
3o'
\
4 h.
5o'|
Franche
3.7
»
4-4
»
4.6
))
4-7
))
4.3
1)
3.94
)>
3.o3
Faible
3.72
Franclie
4.38
I)
4.6
»
4.3
»
3.42
»
2.77
Nulle
1.75
»
2.4
Faible
Marq.
»
Énerg.
Franche
pas excès.
Nulle
Faible
Franche
pas energiq
3.07
3.l3
3.8
4.2
4.53
3.87
2.7
2.3
3.2
3.65
4.3
Franche! 4
» 4.6
»
Est. vide
3.65
1.68
4.02
4.05
4.8
4-94
4.8
4.8
4.1
4.2
4-44
4.86
4.98
4.56
4.26
3.18
3.3
3.84
4.2
3.96
4.6
4.2
3.36
G
0.3
0.9
I
1.2
2 46
1.85
0.06
0.3
0.42
0.54
1.32
0.36
012
0.18
0.48
0.8
0.9
0.6
1.2
1.92
2.46
2.8
2.28
2.84
2.2
1.08
1.98
1.38
1.26
1.2
1.2
0.96
i.i
1.68
Voir aussi tableau suivant n° 88 et 89.
12
88
A. VERHAEGEN
TABLEAU IX.
Sondasses doubles.
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C.
Ac. abs.
Total
HCI 1.
Comb.
Fixe
88.
3 œufs en oniel
I
h.
45'
Franche
4
5.34
0.22
-|-6ogr. de pain
2
h.
o5'
»
4.12
5.38
0.18
V. fig. 14.
2
h.
25'
»
5.1
5.46
0.7
0
h.
45'
Au pylore
Au cardia
H
»
4.1
4-9
4.8
5.4
0.7
0.2
3
h.
o5'
))
3,8
4.86
1.6
3
h.
20'
»
4 23
5.04
1-7
3
h.
35'
))
3
4.02
0.9
89.
Un litre de lait
3o'
Nulle
1.46
1.8
0
1.8
bouilli.
I
h.
»
1.24
2.28
0.24
2.04
I
h.
3o'
1)
1.83
2.88
1.2
1.68
2
h.
))
2.84
3.36
2.16
1.2
2
h.
3o'
Faible
3.42
3.66
2.4
1.26
3
h.
B.marq,
3.69
4.1
0
2.9
1.2
3
h.
3o'
A u cardia : suc épais,
caillots plus gros eu
suspension
A u pylore ■• caillots
4.75
47
0 5
34
0.8
4
h.
finement dissociés
mélange uniforme
Franche
4.38
3.79
4.6
4.6
I
2.3
2.9
1.34
0.8
0 96
90.
4 1/2 œufs en ome-
lette -\- 100 gr.
I
2
h.
h.
Nulle
Franche
1.97
2 84
de pain.
3
h.
Au cardia : suc pi. cp.
A u pylore : plus dilué
1)
2.73
3.5
3
h.
3o'
Au cardia : suc pi. ép.
Au pylore : pi. liquide
3.6
2.92
4
h.
Estomac quasi vide
1)
2.2
91.
Un litre de lait
I
h.
Nulle
bouilli.
2
h.
A u cardia
Au pylore
Faible
4.45
4.23
2
h.
3o'
Au cardia
Au pylore
Franche
»
4.38
3.72
3
h.
A u cardia
Au pylore
1)
4.23
3.94
Doubles sondages où l'acidité est plus élevée au pylore qu'au cardia {')
92. Exemple du n° 90.
I
93. 3oo gr.de pain-|-
3oQCc. café au lait
94. loogr. depain-j-
200 ce. café au lait
4 h.
2 h.
Au cardia
Au pylore
Au cardia ; pâle
Au pylore : jaune
2.84
3.28
343
2.28
3.72
2.52
(i) Ces cas nous portent à croire que la dilution n'est pas un phénomène continu, comme on
pourrait le croire d'après les exemples préccdents, mais un phénomène intertriiiteni.
I
LES SECRETIONS GASTRIQUES
89
TABLEAU X.
Dilutions et courbes complètes du « Moyen 11 ».
Nature du repas
Temps
Caractères extérieurs
Réact. au C. Ac. abs.
Total HCI 1. Comb.
Fixe
95.
i5ogr. depain-f-
!3 h.
Brun
Franche
2.2
3.06
0.12
0.78
2.16
200 ce. de café
3 h. 20'
Jaune
1)
2
3.48
0.42
1.2
1.85
3 h. 40'
Jaune
»
1.68
2.94
0.24
1.08
1.62
96.
i5ogr. depain-|-
I h.
Brun
Nulle
1.46
0.24
1.98
200 ce. de café
2 h.
Brun
A. faible
2.19
0.12
1.62
1.55
2 h. 3o'
Bvun
Franche
2.56
0.52
I 48
1-7
3 h.
Jaune
»
'•97
0.3
1.36
1-7
3 h. 3o'
Pâk
))
1.5
0.4
1.02
1.8
4 1^.
Jaune,
)}
2.26
0.66
0.86
1.96
4 h. 3o'
Estomac vide
97.
ioogr.depain-(-
I h.
Brun
1)
1.97
0.12
100 ce. café au lait
2 h.
Brun
»
2.55
0,54
2 h. 20
Pâle
»
1.68
O.I
98.
200gr. depain-|-
i5ogr.de viande
1 h.
2 h.
3 h.
3 h. 3o'
4 h.
4 h. 3o'
5 h.
Très épais. Filtré :
jaune foncé
»
«
Mieux m(:langé, jaune
(on ce
Très bien mélangé
jaune foncé
Très liq. Incolore
Très liq. Incolore
Nulle
»
Douteux
Franche
pas forte
»
Nulle
2.04
1.9
2.41
39
4.1
2
0.91
TABLEAU XL
Repas du v. Subacide «.
Nature de repas
Temps
Réaction au Congo
Acid. abs.
Combiné
Fixe
99.
140 gr. de pain -j- i
tasse
I h.
A hsolumcnt nulle
o.g5
de cacao
2 h.
2 h. 3o'
»
»
1.17
0.88
0
3.5
3 h.
»
0.87
0
2.9
3 h. 3o'
»
0.8
4 h.
Fin. »
0.14
12.
90
A. VERHAEGEN
Nature du repas
Temps
Réaction au Congo Acid. abs. Combiné Fixe
100. 140 gr. de pain -j- i tasse
de cacao
101. Un demi-litre de lait
102. 180 gr. de viande + du
pain et des légumes
103. 180 gr. de viande -|- du
pain
I h.
2 h.
2 h.
3o'
3 h.
3 h.
3o'
4 h-
T h.
2 h.
2 h.
3o'
3 h.
3 h.
3o'
I h.
2 h.
3 h.
4 h.
5 h.
6 h.
3 h.
4 h.
5 h.
Absolument nulle
1.3
))
1.02
))
1.09
0
2.1
))
0.94
»
0.65
Estomac vide »
0.07
Absolument nulle
0.73
n
i.3i
0
2.9
»
1.09
i>
1.09
»
0 87
»
1.46
»
1-4
»
1.45
»
1.64
»
1.96
»
1.32
»
1.17
»
1.24
0
4.36
»
1.38
TABLEAU XII
Subacide II.
Nature du repas
Temps
Réaction au Congo
Acid. abs.
104.
140
gr.
de
pain -j- 22 5 ce. café au lait
2 h. 45'
Nulle
0.6
105
140
gr-
de
pain -\- 225 ce. café au lait
3 h.
»
0.9
106
140
gr-
de
pain -}- 120 ce. café au lait
2 h. 3o'
1)
l.i
107.
140
gr.
de
pain -|- 225 ce. café au lait
2 h. i5'
»
0.7
LES SECRETIONS GASTRIQUES
91
108.
109.
110.
111.
Influence de la nature des aliments sur la sécrétion acide.
M ojy en I .
Fécule.
100 gr. de
fécule -(- 120 gr. d'eau.
Après 45'
Pas de réaction au Congo
Acid. abs.
^ i.i.
» 60'
1)
»
= o.gS
» 75'
Vide
100 gr. de fécule -|- 25o ce. d'eau.
Après 60'. Réaction au Congo douteuse. Acid. abs. = 0.88.
100 gr. de fécule -|- 200 ce. d'eau.
Après 5d . Réaction nulle au Congo. Acid. abs. = o.5.
Talc.
10 gr. de fécule -(- 10 gr. de talc -)- 200 ce. d'eau.
Après I h. i5'
» 2 h.
» 2 h. i5'
Réaction nulle au Congo
Réaction nulle
Vide
Acid. abs. ^ o.5
Albumines.
112. Myosine pure coagulée à la chaleur (valeur d'un blanc d'œuf).
Après 25'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2 i5.
113. Myosine pure (faible quantité) suspendue dans 400 gr. d'eau.
Après 3o'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 1.17.
114. 10 gr. de caséine pure dans 200 ce. d'eau.
115.
117.
118.
Après 20' I Réaction franche au Congo
1) 3o' »
Acid. abs.^2.o8|HCl^=i.26
Acid. abs.^i.97|HCl=i.02
Comb. = 1.83
5 gr. de peptones -j- 2 5o ce. d'eau. (Acidité du mélange ^1.02 0/0.)
Après 35'. Acid. abs. = 2.06. HCl=i.3.
116. 100 gr. de fécule -(- 5 gr. de peptones -(- 200 ce. d'eau.
Après I h.
» I h. i5'
» I h. 3o'
Réaction franche au Conc
Réaction franche
Ae. abs. = 2.4
Ac. abs. = 2.1
Ac abs. ^1.9
HC1= 1.4
HCl pas dosé
HCl = 0.9
100 gr. de fécule -|- i gr. de peptones -|- 200 ce. d'eau.
Après I h. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2.2. HCl = 1.4
100 gr. de fécule -j- 5 gr. de peptones -\- 200 ce. d'eau.
Après ) h. Réaction franche. Acid. abs. = i.53. HCl = 0.6.
92
A. VERHAEGEN
Extrait de viande.
119. 5 gr. extrait de viande -(- 200 ce. d'eau. Neutralisé exactement.
Après 40'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = i.g.
120. 100 gr. de fécule -(- 10 gr. extrait Liebig -(- 200 aq.
I h. 10'. Estomac à peu près vide. Réaction franche. Acid. abs. = 2.2.
121. 100 gr. de fécule -j- 5 gr. extrait de viande -|- 200 ce. d'eau.
Après 40'. Acid. abs. ^ 2.92. HCl = 1.46.
122. 5 gr. extrait de viande neutralisé, légèrement alcalin, -j- 200 ce. d'eau.
Après 40'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2.04. HCl == 1.14.
123. 200 ce. d'eau -|- Iss sels de 10 gr. d'extrait de viande (incinération simple).
Il y avait 4 gr. de cendres, dont une partie (0.6 gr.) noire non dissoute :
goût franchement mauvais rappelant partiellement les sulfates et encore un peu
l'extrait de viande.
Après 3o'. Extrait environ 55 ce. de suc malgré une soif vive. Réaction nulle
au Congo. Acid. abs. ^ 0.35.
124. 5o gr. de fécule -|- une demi-cuillerée à soupe de NaCl -j- 200 aq.
Après 3o'. Réaction douteuse au Congo. Acid. abs. = 1.02.
125.
126.
2 gr. de créatine -f- 200 gr. d'eau distillée.
Après 35'. Réaction absolument nulle au Congo. Acid. abs.
2 gr. de créatinine -(- 200 gr. d'eau.
Après 40'. Réaction absolument nulle. Acid. abs. ^ 0.6.
Sucre.
0.36.
127. 5o gr. de fécule -(- 25 gr. de saccharose.
Après
25'
1)
5o'
»
.75'
5 gr. d
e pe
Après
3o'
»
55'
»
85'
Réaction nulle au Congo. Tournesol faible
Réaction nulle au Congo. Tournesol franc
A peu près vide. Réaction nulle au Congo
Acid. abs. = 0.18
Acid. abs. = 0.44
Acid. abs. = 0.61
128. 5 gr. de peptones -|- 3o gr. de lactose -f- 25o ce. d'eau. (Acidité du mélange = 0.94).
Réaction nulle au Congo
Réaction au Congo très douteuse
Réaction douteuse
S ti b a c ! d e .
Voir le tableau XI.
Acid. abs. = 1.46
Acid. abs. = 1.09
Acid. abs. = 0.94
129.
1 00 gr
. de
fécule -|- 200 aq.
Après
60'
Réacti
»
90'
»
120'
Réaction nulle au Congo
Estomac vide
Acid. abs. = 0.36
Acid. abs. = o.5i
LES SECRETIONS GASTRIQUES
93
130. 10 gr. de peptones -|- 200 ce. d'eau. (Acidité du mélange = 2.8.
Après 3o'
)) 60'
» go'
Réaction nulle au Congo
Estomac vide
Acid. abs.
Acid. abs.
i.i
0.58
Moyen II.
Fécule.
131. 100 gr. de fécule -j- 200 ce. d'eau.
132.
Après 3o'
» I h.
» I h 3o'
» 2 h.
Réaction faible au Congo
Réaction plus forte
Réaction franche, pas vive
Fin. Pas de réaction au Congo Acid, abs. ^0.47
Acid. abs.
= 0.68
HCl = o
Acid. abs.
= 0.95
HCl = 0.3
Acid. abs.
= 1.24
HCl = 0.4
100 gr. de fécule -f- 200 ce. d'eau.
Après 3o' Réaction au Congo très douteuse
)) I h. La réaction existe, mais pas forte
I) I h. 3o' Réaction au Congo plus franche
» 2 h. Estomac vide
Acid. abs. = 0.44
HCl = 0.12
Acid. abs. = 1.24
HCl = 0.32
Acid. abs. = 1.1
Albumine.
133. 5 gr. de peptones -j- 200 ce. d'eau.
Après 20'
)) 40'
>) 60'
Réaction nulle au Congo
Réaction très vive au Congo
Estomac vide
Ac. abs. =2. il
Ac. abs.=3.2'HCl=i.J
C.=
Ac. abs. ^3. 2
134. 10 gr. de peptones -j- 200 ce. d'eau.
Après 3o' Réaction très énergique au Congo
» 60' Estomac vide. La sonde ne réagit
pas au papier Congo
Sucre.
135. 100 gr. de fécule -|- 5o gr. de lactose -j- 200 ce. d'eau.
HCl=i.32
= 1.1
= 1
=1.7
Après 3o'
» 60'
90
Réaction nulle au Congo. Tournesol légèrement acide
Réaction nulle au Congo. Tournesol neutre
136. 10 gr. de peptones -(- 40 gr. de lactose -|- 200 ce. d'eau.
Après 20'
» 40'
» 60'
Réaction nulle au Congo
Réaction marquée
Réaction franche
Ac. abs. ^1.38
Ac. abs. =1.35
Ac. abs. =^0.62
Ac. abs. =0.22
Ac. abs. =0.18
Ac. abs.=o
HCl=o
HCl=o.3
94
A. VERHAEGEN
139.
140.
141
Superacide.
Fécule.
137. 5o gr. de fécule -(- 2cfo ce. d'eau.
Apr. 5o'
» I h. 20'
I) I h, 35'
» 2 h.
Remarque
Réaction franche au Congo
Ac. abs. = 3.2
Ac. abs. = 3
Ac. abs. = 2.3
Ac. abs. = 2.5
HC1=2.4
HC1=2
HC1=2
HCl=i.4
Dans tous les sondages, la sonde ramène de la fécule en plus ou
C. =o.6
C. =0.6
C. = 0.2
C. =o.8
moins grande quantité.
138. 5o gr. de fécule ~\- loo ce. d'eau.
Apr. 45'
Réaction franche au Congo
Ac. abs. = 3.3
HCl=2.i5
» I h.
Réaction franche
Ac. abs. = 3
HCl=i.6
» I h, i5
»
Ac. abs. =2.2
HCl=i.5
1) I h. 3o'
»
Ac. abs. = 2.4
HCl=i.2
» I h. 45'
»
Ac. abs. =: 2.3
» 2 11.
»
Ac. abs. = 2.4
HCl=i.35
» 2 h. l5'
n
Ac. abs. = 2.4
5o gr. de fécule -|- i5o ce. deau.
Après 2o'
Réaction franche au Congo
Ac. abs. = 1.8
HCl=i.3
C.
=- 0..34
» 40'
»
Ac. abs. = 2.3
HCl=i.5
C.
= 0.7
» 60'
»
Ac. abs. = 3.
HC1=2 3
C.
= 0.6
» 80'
1)
Ac. abs. =3.
HC1=2.2
C.
= 0.7
\
Remarque. Ce repas n'était pas achevé. Il est très difficile de dire pour
le superacide, quand son estomac est vide, parce que la fécule reste toujours
en certaine quantité. Il lui est arrivé de ramener quelques grains de fécule
douze heures après, lorsque déjà il avait pris deux autres repas.
70 gr. de fécule -|- 200 ce. d'eau
Apr. 45'
» I h. i5'
1) I h. 45'
» 2 h. o5'
» 2 h. 35'
100 gr. de fécule.
Vidé l'estomac après
Réaction franche
au
Congo
Ac. abs
= 2.77
»
Ac. abs.
= 3.2
HC1=2.58
1)
Ac. abs.
= 2.92
HCl=2.i6
»
Ac. abs.
= 2.6
îéact. fr. Couleur
jaune
: bile
Ac. abs.
= 2.6
I h. Ramené 35 ce. de liq. avec dépôt. Ac. abs.=
Albumines.
142. 8 gr. de caséine -|- 25o d'eau.
Après 3o'
» 60'
» 90'
Réaction très vive au Congo
Réaction très vive
Estomac vide
Ac. abs. = 4
Ac. abs. = 3.72
HCl=o.84
HC1=2.64
LES SECRETIONS GASTRIQUES
95
143. 12 gr. de caséine -(- 200 ce. d'eau.
Réaction franche
146.
148.
Après
i5'
»
3o'
»
45'
1)
60'
»
80'
»
100'
Fin.
Ac. abs.
Ac. abs.
Ac. abs. ■■
Ac. abs.
Ac. abs.
Ac. abs.
0.95
2.55
3.72
2.7
^ 2.62
: 2 62
HCl=o.36
HCl=i
HCI=2.04
HCl=i.75
HC1=
HCl=i.32
C.
C.
0.43
: I
I 4
144. 10 gr. de peptones -(- 200 ce. d'eau (acidité du mélange = 2.
Après 20'
I) 40'
» 60'
)) 80'
Réaction franche
»
n
Est. vide. »
145. 200 ce. d'eau -(- 10 gr. de peptones.
Après
3o'
» I h
» I h.
3o'
» 2 h.
Réaction franche au Congo
»
I)
Fin. I)
Ac. abs. = 3.5
Ac. abs. = 3.5
Ac. abs. =, 3
Ac. abs. = 2.84
Ac. abs. = 3.87
Ac. abs. == 3.42
Ac. abs. = 2.7
Ac. abs. = 2.47
HCl=i.62
HC1=2.4
HC1=2.46
HCl=i 86
HC1=3
HC1=2.76
HC1=2.2
HC1==2.4
C.
C.
C.
C.
^ 2
I
0,85
: 1.68
Eau distillée,
25o ce. d'eau distillée.
Après 3o'| Réaction franche
» I h. I Retiré 60 ce. Réact. franche
Sucre.
147. 5o gr. de lactose -j- 200 ce d'eau.
Ac. abs.
Ac. abs.
1.24 HCl=o g
1
I.97J Pas dosé
Après
20'
45'
I h. 10'
00
I h.
1 h. 5o'
Réaction douteuse | Ac. abs. = o 355
I ce. de suc renferme 0.16 gr. de sucre.
Réaction douteuse | Ac. abs. =^ 0.58
I ce. de suc renferme o 14 gr. de sucre.
Réaction douteuse | Ac. abs. = 0.9g
I ce. de suc renferme 0.064 gr. de sucre.
Réaction douteuse | Ac. abs. = 0.73
I ce. de suc renferme o.oSg gr. de sucre.
Réaction douteuse | Ac. abs. ^ 0.88
I ce. de suc renferme 0.004 S^- '^^ sucre.
HCl pas dosable
20 gr. de sucre -|- 200 ce. d'eau.
Après 3o' Réaction assez nette | Ac. abs. =0.58
I ce. de suc renferme o.o56 gr. de sucre.
I h. Réaction nulle | Ac. abs = 0.44
I ce. de suc renferme 0.041 gr. de sucre.
Réact. nulle ou tr. faible | Ac. abs. = 0.95
I ce. de suc renferme 0.021 gr. de sucre.
HCl pas dosable
96
A. VERHAEGEN
149. 40 gr. de fécule -\~ 40 gr. de saccharose -\- 200 ce. d'eau.
151.
154.
155.
156.
Après
3o'
»
60'
))
80'
5o gr
de
Apr. I
h.
» I
h. 45
» 2
h. i5
Réaction nette au Congo
Réaction nette
»
Ac. abs. = o 99
Ac. abs. = 0.95
Ac. abs. = I 46
150. 5o gr. de fécule -)- 5 o gr. de lactose -|- 1 5o ce. d'eau.
Réaction franche
Estomac vide. Réact. franche
Ac. abs. = 1.3
Ac. abs. = 1.75
Ac. abs. = 1.9
HC1 = o
HC1 = 6.3
HCl = 0.6
HCl = o.i
HCl perdu
HCl = 0.3
70 gr. de fécule -)- 40 gr. de lactose -j- 2 5o ce. d'eau distillée
Apr. I h. Réaction faible 1 Ac. abs. ^0.87
I ce. de suc renferme 0.06 gr. de sucre.
Réaction énergique j Ac. abs. = 1.7
I ce. de suc renferme o oi3 gr. de sucre.
Estomac vide
I h. 3o'
2 h. 10'
HCl pas dosable
HCl = 0.64
152. 5o gr. de fécule -|- 5o gr. de saccharose -j- 200 gr. d'eau. V. fig. 15.
pr-
5o'
» I h.
25'
» 2 h.
» 2 h.
i5'
Réaction franche
Ac. abs. = I 6
Ac. abs. ^ 1.7
Ac. abs. = 2.84
Ac. abs. = 3.4
HCl = 0.14
HC1 = o.i5
HCl = 2
HCl == 2.8
153. 10 gr. de peptones -f- 5o gr. de lactose -(- 200 ce. d'eau (acidité du mélange = 2.8).
Après
3o'
»
60'
))
go'
10 gr
de
Apr.
20
»
40
1) I
h. 10
» I
h. 3o
» I
h. 5o
Réaction nulle
Réaction franche
Ac. abs. = 2.84
Ac. abs. = 3
Ac. abs. = 3.1
HCl =0
HCl = 0.43
HCl = 0.94
de peptones -\- 5o gr. de lactose -j- 200 ce. d'eau distillée.
Réaction nulle au Congo
Réaction douteuse
Réaction franche
Fin.
Ac. abs. = 2.84
Ac. abs. ^ 3.32
Ac. abs. = 3.57
Ac. abs. = 3.07
Ac. abs. = 2.41
HCl = o
HCl = o
HCl = 1.7
HC1 = 1.3
HCl = 0.18
Remarque. Au troisième sondage, où nous voyons apparaître brusquement
l'HCl, un centimètre cube de suc renferme encore 0.017 gr. de sucre.
Voir le lait seul au premier chapitre du tableau VIII.
5oo ce. de lait bouilli -(- 100 gr. de lactose.
Apr. 3o' Réaction nulle au Congo i Ac. abs, = o 96
)) I h. Réaction nulle ; Ac. abs. = i.i5
Un ce. de suc renferme 0.17 gr. de sucre.
» I h. 3o' Réaction nulle | Ac. abs. = 1.24
Un ce. de suc renferme o. 122 gr. de sucre.
LES SECRETIONS GASTRIQUES
97
Apr. 2 h.
t> 2 h. 3o'
» 3 h.
Réaction douteuse [ Ac. abs. = 1.97
Un ce. de suc renferme 0.079 §'■ '^^ sucre.
Réaction fr., mais pas énerg. | Ac. abs. = 2.92
Un ce. de suc renferme 0.047 S^- ^^ sucre.
Réaction peu énergique ) Ae. abs. = 3.65
Remarque. Le repas n'était pas achevé.
HCl = 0.2
HCl = 0.1
157.
158.
159.
160
Saccharine.
100 gr. de fécule -(- o. 5o gr. de saccharine -|- 200 ce. d'eau.
Après 3o' I Réaction vive au Congo
)) 60' Réaction vive
Ac. abs. = 1.5
Ac. abs. = 2.62
HCl = I
HC1= 2
70 gr. de fécule -|- 200 ce. de solution saturée de saccharine.
Bu après un quart d'heure 5o ce. de la même solution.
Après 3o'
>) 60'
Réaction franche
Ac. abs. = 1.24
Ac. abs. ^2.5
HCl = 07
HCl = 1.5
Graisses.
20
gi'
de
Apr
3o
»
I
h.
))
I
h.
3o'
1)
2
h.
)>
2
h.
3o'
i5 gr.
d
e g
Apr
3o'
»
I
h.
))
I
h.
3o'
))
2
h.
1)
2
h.
3o'
beurre fondu -(- 20
crr.
Réaction franche
»
»
1)
de fécule -)- eau (quantité indéterminée).
Ac. abs. = 2.2
Ae. abs. = 1.46
Ac. abs. = 1.6
Ac. abs. ;= 2.48
Vidé l'estomac. Ramené 5o ce. avec une notable quantité de beurre.
r. de graisse (beurre fondu) -|- i5 gr. de fécule -(- eau (quantité indéterminée).
Réaction franche
»
»
))
n
Ac. abs. = 2.04
Ac. abs. = 2.62
Ac. abs. = 2.62
Ac. abs. = 2.4
Ac. abs. = 2.23
HCl = 0.9
HCl = 2.24
HCl perdu
HC1= 1.86
HC1= 1.62
Remarque. Toutes ces expériences du Superacide ont été faites le matin
à jeun après évacuation préalable de l'estomac.
98 A. VERHAEGEN
EXPLICATION DES TRACÉS.
Les chiffres entre parenthèses, à côté du numcro du tracé, renseignent l'expérience du
protocole mise en graphique.
1 à 6. Influence de la quantité des aliments sur l'ascension de l'acidité absolue :
I à 3 chez le Moyen /; 4 à 6 chez le Moyen II.
7 à 11. Types de dilutions finales : 7 et 8 du Moyen /; 9 à 11 du Superacide;
I I est un type où l'acidité absolue reste constante grâce à une énorme
sécrétion de H Cl.
12 à 14. Dilutions successives vers la fin de la digestion chez le Superacide.
15. Influence passagère du sucre chez le Superacide.
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I
• 5 »
V'.- ^ f4, ^
-i .
LA GLANDE IMPAIRE
DE
l'H/EMENTERIA OFFICINALIS
PAR
H. BOLSIUS,
OUDENBOSCH (HoLLANDe).
{Mémoire déposé le 31 juillet 1896.)
13
LA GLANDE IMPAIRE DE L'H^MENTERIA OFFICIMLIS
I.
Parmi les nombreuses espèces d'hirudinées exotiques que nous devons
à la bienveillance du D^ Raph. Blanchard, de l'Académie de Médecine de
Paris, se trouvent quelques exemplaires de VHœinenteria offîcinalis.
D'après les renseignements que nous donne notre savant ami, le nom
spécifique de offlcinalis lui vient de ce qu'au Mexique, sa patrie, elle sert
aux mêmes usages médicaux que VHirudo officinalis de nos pays. Ce détail
est assez remarquable, car VHœmenteria officinalis est un rhynchobdellide
et ne possède ni dents ni mâchoires. Le mécanisme qui lui permet d'en-
tamer la peau de l'homme est encore inconnu.
Nous avons découvert dans cette espèce une particularité anatomique,
dont nous ne trouvons aucune indication dans les auteurs et qui nous parait
assez intéressante pour être signalée : c'est une glande impaire située au-
dessus de la trompe.
La FiG. 1, qui est un schéma construit d'après trois ou quatre sections
microtomiques successives, nous servira à la décrire succinctement.
Tv est la trompe exsertile, rétractée ici. Au-dessus de cette trompe
s'étend la glande impaire, Gli.
La formation entière est divisée en trois portions bien caractérisées.
1. La portion postérieure, fig. l, Gli, A, est mince et pelotonnée.
Ce pelotonnement peut être dû en partie à la contraction produite par la
fixation.
2. La portion moyenne, ibid, B, est très large, droite et assez courte.
3. La portion antérieure, ibid, C, n'est pas glandulaire; elle consti-
tue simplement un canal évecteur du produit de la glande.
Quelques détails de la disposition et de la structure de cet organe n:ié-
ritent d'être relevés.
102 H. BOLSIUS
Notons d'abord qu'il constitue une glande impaire. On le constate sur
une section transversale de l'animal, fig. 2, Gli. Or, parmi toutes les hiru-
dinées indigènes et exotiques examinées par nous, nous n'avons rencontré
nulle part une formation pareille ou analogue. De même, pour autant que
nous sachions, nul auteur antérieur n'a indiqué la glande dont nous parlons.
La lumière de cette glande parait être intracellulaire et l'organe formé
d'une série de cellules perforées en forme de manchon, placées bout à bout.
Enfin un autre détail, très extraordinaire, est présenté par la confor-
mation du canal évecteur de la glande, fig. l, C. Ainsi que cela se voit dans
cette figure, le canal se bifurque derrière la masse nerveuse cérébroïde, Coe :
une branche passe au-dessus du collier, l'autre au-dessous.
Ces deux branches se rejoignent ensuite au-devant du collier et refor-
ment de nouveau un canal unique, qui débouche dans une gouttière ap-
partenant à la gaine de la trompe, près de l'extrémité antérieure de la
lèvre supérieure.
Tel est l'organe que nous proposons d'appeler simplement glande
impaire. Le lecteur trouvera dans les pages qui suivent une description
plus détaillée et dans nos dessins la reproduction des aspects que nous
avons eus sous les yeux. Ces dessins serviront surtout de pièces de con-
viction à l'appui de notre interprétation de la structure générale de la
glande impaire,
IL
1° Détails de la portion moyenne, Jîg. l, B.
La portion élargie de la glande ou portion moyenne, fig. 1, B, va nous
occuper d'abord.
On peut la considérer comme une sorte de réservoir du produit sécrété
par la portion pelotonnée, ibid, A . Mais les cellules des deux portions ont
le même aspect, la même structure, et à l'état de conservation où elles
nous sont parvenues, elles se comportent de même vis à-vis des matières
colorantes. La portion B, sous ces rapports, est aussi glandulaire que la
portion A, dont il sera question plus loin.
A. Détails histologiques.
La fig. 3 est une section transversale de la portion moyenne, grossie
environ 330 fois. Le canal C, ou lumière de la' glande, est ménagé non pas
LA GLANDE IMPAIRE DE L H^MENTERIA OFFICINALIS 103
entre plusieurs cellules de manière à constituer un canal méatique, ni
à Vextérieiir d'une cellule unique repliée et resoudée à elle-même; il
est creusé à l'intérieur d'une cellule, dans le protoplasme même, pr, de
façon à former un vrai canal intracellulaire, comme celui des organes
segmentaires.
La cellule en manchon qui contient ce canal est revêtue extérieurement
d'une propria conjonctive, te, assez mince dans toute la portion moyenne
de l'organe (voyez aussi les fig. 6 et 7, ppr).
B. DÉTAILS CYTOLOGIQUES.
Le noyau, n, fig. 3.
Les matériaux dont nous avons disposé n'ayant pas été fixés d'une
manière appropriée à une conservation parfaite, nous ne saurions décrire
avec précision tous les détails nucléaires.
Le caryoplasme est peu dense et possède un réticulum lâche et à grandes
mailles ; à l'entrecroisement des trabécules se voient des granules fortement
teintés par le carmin. En somme, les noyaux de la glande ne présentent
rien de spécial. Le seul point à remarquer est la dimension colossale qu'ils
peuvent atteindre, fig. 3, n.
Le protoplasme, pr, fig. 3 à 8.
Le cytoplasme en section transversale présente une striation extrême-
ment nette et remarquable. Cette striation est visiblement parallèle à la
surface de la cellule. Les innombrables trabécules sont cependant plus ser-
rées vers la surfajce extérieure; aux deux pôles du noyau apparaissent des
territoires à granulations très fines, où les trabécules ne sont pas visibles.
Ces mêmes granulations se retrouvent aussi disséminées entre les trabécules
de la partie striée du protoplasme.
A quelque^ endroits, fig. 5 et 6, la striation est plus ondulée et tour-
mentée dans diverses directions.
Une section longitudinale de la paroi de la portion moyenne nous
révèle une seconde striation du protoplasme, telle qu'on la voit dans la
FIG. 4; elle est radiale, c'est-à-dire normale à l'axe même de tout l'organe.
Ce détail est encore plus visible sur les sections tangentielles, fig. 8.
Les meilleurs et les plus puissants objectifs de Zeiss ne révèlent pas
la moindre interruption dans la striation sur tout le circuit du protoplasme.
104 H. BOLSIUS
Ils ne décèlent pas la moindre trace de soudure, fig. 3, 5, 6. Force nous
est donc de conclure que la lumière du canal est intracellulaire, comme
nous l'avons dit plus hau-t.
Les membranes, fig. 3 et 6.
La membrane externe, me, ne présente rien de particulier ; elle est
très nette sur les coupes transversales, mais d'une finesse extrême.
La membrane interne, mi, est beaucoup plus épaisse et présente un
double contour. Sous l'action du carmin, elle se teinte en rouge.
Par endroits, dans nos matériaux, elle s'est détachée du protoplasme,
ce qui la rend encore plus visible, fig. 9, mi.
On peut se demander si les cellules contiguës du manchon glandulaire
sont fusionnées? Tant que nous nous sommes servi d'autres objectifs que
l'apochromatique à immersion homogène 2.0/1.30 de Zeiss, la chose est
restée douteuse. Avec ce dernier seulement, nous avons pu constater la pré-
sence d'une ligne transversale continue, d'une membrane, que nous avons
taché de reproduire dans notre fig. 4, sans toutefois atteindre à la finesse
extrême de la disposition que nous avons observée, fig. 4, ml.
2° Détails de la portion pelotonnée, fig. 1, A.
A. Détails histologiques.
La fig. 5, A et B, représente la transition de la portion moyenne à
la portion pelotonnée.
Le dessin de ^ et de iî reproduit la même préparation avec une mise
au point différente; par là, nous voyons avec évidence que les deux lumières
de la FIG. 5, C et C^, appartiennent réellement à un canal continu, la lu-
mière de la FIG. 4, B, les reliant.
La FIG. 6, prise un peu plus loin dans la série des coupes, montre
que la paroi du canal dans la portion postérieure est constituée par une
zone de protoplasme plus étroite, c'est-à-dire par une cellule d'un diamètre
plus petit.
Descendant encore dans la même série, nous rencontrons la fig. 7,
où la portion moyenne, la pièce de transition et la portion franchement
pelotonnée se trouvent sectionnées en même temps. Les fig. 5, 6 et 7,
montrent aussi comment toutes les parties de l'organe à ce niveau sont re-
vêtues d'vinQ propria conjonctive commune, ppr.
LA GLANDE IMPAIRE DE l'h^MENTERIA OFFICINALIS IO5
Lorsque cette couche conjonctive est vue aplat, comme dans la fig. 4,^,
où une anse est coupée tangentiellement, les cellules forment un carrelage
assez régulier.
B. Détails cytologiques.
Le noyau, ii, fig. 5 et 6.
Dans la partie qui constitue la transition entre la portion moyenne et
la portion pelotonnée, on remarquera, fig. 5, A et B, et 6, que les noyaux, //,
sont beaucoup plus petits que dans la portion moyenne, fig. 3, //.
La portion pelotonnée, avec son protoplasme encore plus étroit, pré-
sente aussi des noyaux plus petits que ceux de la pièce de transition,
comme on le constate par le noyau, ;?, de la fig. 6.
Le protoplasme, pr.
La structure striée de la portion moyenne se remarque avec la plus
grande netteté dans toute la portion pelotonnée, comme l'attestent les
fig. 0 et 7, pr.
La membrane.
A la surface extérieure des cellules, la membrane conserve partout sa
netteté et sa finesse.
Autour de la lumière du canal, il nous semble qu'elle s'amincit dans
la portion pelotonnée, fig. 7, Pp; elle ne se présente plus avec un contour
franchement double, quoique toujours apparent, comme on le voit dans
les fig. 6 et 7.
3° Détails du canal électeur, fig. 1, C.
La partie la plus intéressante de l'appareil glandulaire est sans con-
tredit sa portion antérieure, que nous pourrons appeler le canal épecteur.
Bien que nos matériaux, ainsi que nous l'avons dit, soient imparfaits
pour certains détails, leur état de conservation est cependant très suffisant
pour l'examen du conduit dans tous les individus que nous avons pu
soumettre à l'étude.
Tandis que la portion glandulaire est d'une structure assez simple et
d'un volume énorme, le canal évecteur au contraire est de très faibles dimen-
sions et présente une disposition si étrange qu'il nous a fallu la contrôler
sur plusieurs individus, et sectionner ceux-ci dans différentes directions. Ce
n'est qu'après de longues et patientes observations, après des comparaisons
Io6 H BOLSIUS
minutieuses de toutes nos sections microtomiques, que nous nous sommes
persuadé de la réalité de ce que nous avançons.
Que le lecteur nous permette à cette occasion d'insister un moment sur
notre technique et sur la méthode que nous suivons dans ce genre de re-
cherches. Nous tenons à le faire surtout à cause des reproches continuels
qui nous ont été adressés de différents côtés à propos de nos recherches
sur d'autres productions canaliculées (les organes segmentaires).
Nous enrobons un animal, ici VHœmenteria officinalis, en entier, après
l'avoir coloré en bloc. De cette façon, nous avons la certitude de n'avoir
rien dérangé dans les rapports de situation respective des divers organes.
Il peut bien se produire une certaine coutraclion, mais pas de déchirures,
pas de transpositions.
Nous débitons l'animal, depuis l'extrémité antérieure de la lèvre supé-
rieure, en coupes sériées de I0|ji d'épaisseur, dirigées bien normalement à
l'axe du corps.
Du canal évecteur, qui dans un petit exemplaire ne mesurait pas plus
de deux millimètres, nous avons obtenu le chiffre assez respectable de deux
cents sections successives, montrant le canal à sa place naturelle.
Nous savons que dans ces séries ininterrompues nous possédons le
canal entier, et que nous pouvons en étudier le parcours complet tout aussi
bien, si pas mieux, que par des dissociations qui endommagent souvent les
objets fragiles.
Cette méthode est plus laborieuse, mais plus sure que les tentatives
aveugles de dissection. Ceci néanmoins n'implique pas que nous jugions
notre technique infaillible, et que nous niions les précieux résultats des dis-
sections. Aussi là où la chose est possible, nous avons toujours contrôlé les
données de l'une des méthodes par celles de l'autre.
A Détails anatomiques.
L'examen de ces séries de coupes nous a donc révélé l'existence d'une
bifurcation du canal évecteur, située en arrière des ganglions cérébroïdes.
Les deux branches ainsi formées passent l'une au-dessus et l'autre en dessous
de ces ganglions et se rejoignent au-devant d'eux.
Examinons celles de nos figures qui démontrent ces dispositions.
La FiG. 8 passe à la limite de la portion moj^enne et du canal évecteur;
les deux parties y sont intéressées et se touchent en L. Les sections trans-
versales, reproduites dans les fig. 9, 10 et il, montrent encore plus claire-
LA GLANDE IMPAIRE DE L H.EMENTERIA OFFICINALIS 10?
ment le passage. La lumière de la fig. 9 est encore franchement dans la
portion moyenne; celle de la fig. 10 est sur la limite des deux parties; celle
de la FIG. 11 est la lumière du canal évecteur.
Ce même canal évecteur va garder pendant un long trajet l'aspect et la
structure que nous lui trouvons dans la fig. 11.
Arrivé à quelque distance du collier, le canal, simple jusque là, s'aplatit
et s'élargit, comme le montre la fig. 13, A. Au-delà de cet endroit, dans la
FIG. 13, B, le canal s'est dédoublé en CE et CE'. Avançant encore dans la
série, nous voyons les deux branches s'écarter davantage, comme le montre
la FIG. 13, C.
Cet écartement s'accentue de plus en plus, jusqu'à ce que la branche
supérieure, CEs de la fig. 14, ait gagné le dessus du collier, Cœ, et la branche
inférieure, CEi, le dessous.
A partir de l'endroit marqué dans la fig. 14, si nous continuons à suivre
les deux branches à travers la série des coupes, les phénomènes se répètent
en sens inverse. Les deux branches se rapprochent de plus en plus et, à une
petite distance en avant du collier, elles se rejoignent pour ne constituer
dorénavant qu'un seul canal.
Ce canal longe la voûte de la gaine de la trompe jusque tout près du
bord antérieur de la lèvre supérieure. La fig. 15 nous le montre à cet en-
droit en CE.
Puis en se recourbant, le canal se déverse dans une gouttière, qui n'est
qu'un pli de la muqueuse en relation avec les plis de la gaîne de la trompe,
fig. 1.
b. détails histologiques.
'L.a. propria qui revêt la portion moyenne de l'organe, fig. l, B, et qui
est représentée dans les sections des fig. 3 à 10, se continue le long du ca-
nal évecteur. On s'en convaincra facilement par l'examen des fig. 8, 10 et il.
Dans la fig. 10, le tissu conjonctif, te, s'étend beaucoup en largeur. Ceci
est dû, non pas à l'épaisseur de la couche conjonctive en cet endroit, mais à
ce que cette couche est projetée sur la surface courbe de la cellule termi-
nale de la portion B, fig l. Un coup d'œil sur la fig. 8 à l'endroit marqué L
le prouve.
Depuis son origine à l'extrémité de la portion moyenne jusque près de
la bifurcation, le canal évecteur, — du moins dans les matériaux fixés, —
est tortueux, comme le prouvent les tronçons sectionnés du même coup
dans une coupe transversale, tels que les présente la fig. 12, CE.
14
I08 H. BOLSIUS
'La paroi propre du canal est constituée par un tissu épithélial, dont la
FiG. 16 donne une idée exacte. Les cellules épithéliales sont fortement
aplaties et allongées outre mesure. Seulement près des noyaux, Ji.ep, peu
nombreux, le corps de la cellule s'épaissit et fait saillie tant du côté de la
lumière du canal que du côté de la propria.
C. Détails cytologiques.
Les cellules qui forment la paroi du canal évectei.r ne présentent du
protoplasme ordinaire qu'autour du noyau, fig. 15, n.cp. Ce protoplasme
possède un aspect finement granulé ; parfois vers la partie amincie, il
montre une structure fibrillaire qui se perd à quelque distance, ne laissant
voir ensuite que le double contour de la cellule aplatie et étirée.
En coupe transversale, comme cela se voit dans la fig. 13, A, B et C,
cette paroi possède une disposition ondulée, due à la contraction de la
propria produite par la fixation.
4° Le contenu de la cavité de la glande et du canal électeur.
Dans la fig. 16, nous représentons le contenu du canal évecteur, qui
s'observe par ci par là. C'est un coagulum, ca. Il paraît constituer la ma-
tière sécrétée par la glande et coagulée par la fixation. On voit de temps en
temps des globules mêlés à la substance coagulée granuleuse, gl, fig. 16.
Des granulations semblables mais peu abondantes, se présentent éga-
lement à l'intérieur de la portion moyenne, fig. l, B, de la glande impaire.
Dans la fig. 3, le coagulum se trouve appliqué contre la membrane interne,
mi, du canal C. Là aussi, on rencontre quelques globules.
Ces globules, à en juger par leurs dimensions, par l'aspect de leur
noyau et de leur protoplasme, par l'action des matières colorantes, parais-
sent être des corpuscules cœlomiques, c'est-à-dire des cellules analogues aux
cellules du sang.
S'il en est ainsi, on doit se demander comment ces cellules entrent
dans cette cavité, qui ne présente d'autre orifice que celui du canal évecteur?
Si ce sont vraiment des cellules du liquide cœlomique, comment pénètrent-
elles là ?
M. le professeur Gilson, consulté par nous sur ce point, nous a répondu
qu'il n'est pas rare de trouver du sang à l'intérieur des organes creux dans
des animaux fixés entiers à l'aide de solutions peu énergiques qui provoquent
de violentes contractions de tout l'organisme et des ruptures de tissu.
LA GLANDE IMPAIRE DE L H.EMENTERIA OFFICINALIS I09
^ Si nous n'avons pas constaté de pareilles ruptures, il n'en est pas moins
certain que les matériaux que nous avons reçus n'avaient pas été traités
par des fixateurs énergiques. Il est donc possible que l'apparition de ces
globules soit due à l'influence d'un procédé défectueux de fixation.
5° Remarques.
Le trait le plus digne d'attention dans la structure des cellules de la
glande impaire est la netteté et la richesse du système circulaire de la trame
cytoplasmatique. Sous ce rapport, l'objet est très remarquable. Communé-
' ment en effet, les trabécules radiées prédominent dans l'édifice réticulé de
cette trame sur celles des deux autres systèmes, surtout sur les trabécules
circulaires. Sans doute, celles-ci se développent et se fortifient très souvent
dans les couches périphériques différeutiécs, c'est-à-dire dans la texture de
la membrane cellulaire, soit cuticulaire, soit individuelle. Mais il est fort
rare de les trouver régularisées et fortifiées, de façon à constituer des fils
circulaires au sein même de la masse cytoplasmatique.
Nous n'ignorons pas qu'il existe des cellules, entre autres des œufs et des
cellules nerveuses, dans lesquelles un certain nombre de couches, réticulées
elles-mêmes, s'emboîtent les unes dans les autres autour du noyau. Mais
dans notre objet, il semble que dans toutes les couches du réticulum général
c'est l'élément circulaire qui est toujours prépondérant. L'élément radial y
est assez fort aussi, quoique moins apparent, mais les trabécules à direction
longitudinale y sont à peine distinctes.
Cette disposition si marquée ici fournit un nouvel appui aux idées
de Carnoy sur la structure intime du protoplasme et de la membrane.
Chacun des trois systèmes de trabécules peut devenir, dans une cellule
donnée, prépondérant sur les deux autres, et leur existence normale est
mise en lumière par ces cas particuliers.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
N. B 1° Nos dessins ont été exécutés avec les oculaires et les objectifs de Zeiss
2» Les «"S inscrits entre ( ) en tête des légendes indiquent le chiffre que portent
dans notre collection les slides d'où les figures sont tirées
ABRÉVIATIONS COMMUNES.
C : Canal de la glande impaire.
CE : Canal évecteur [CEs = supérieur, CEi = inférieur).
Cœ : Collier œsophagien,
CG : Chaîne ganglionnaire.
cm : Cellules musculaires.
Gg : Ganglion.
Gli : Glande impaire.
m : Membrane {mi = interne, vie = externe).
n : Noyau (n.tc = du tissu conjonctif, n.ep = de l'épithélium).
pig : Pigment.
pr : Protoplasme.
ppr : Tunica propria.
te : Tissu conjonctif.
Tr : Trompe.
FIG 1 (no lyiS Coupe schématique de la partie antérieure de VHœmenteria
officinalis — Gross + 20.
A, B, C : Les trois portions distinctes de l'organe glandulaire.
FIG. 2 (n° 390). Coupe transversale de la cavité du corps logeant la glande im-
paire, la trompe et la chaîne ganglionnaire. Gross. A X, 2 ord = + 5o.
FIG. 3 (n» 328). Coupe transversale de la portion B de la fig. 1. — • Gross.
apochr. à sec S.o/o.gS X 4 comp. = + 33o.
FIG. 4 (no 171). Coupe longitudinale de la paroi de B (fig. 1) au niveau de deux
cellules contiguës. — Gross. apochr. imm. hom. 2.0/1 3o X 4 comp = + 5oo.
ml : Membrane limitant les cellules contiguës.
FIG. 5 (n° 391). A : Section de l'anse réunissant les portions B et A , fig. 1.
B : La même section vue à un niveau plus élevé de i5;x. — Gross H imm. à
l'eau X 4 comp. = + 420.
FIG 6 (n° 391). Section prise plus loin dans la même série. — Même gross.
15
112 H. BOLSIUS
FIG. 7 (n° 3gi). Section prise encore plus loin. — Gross. DD X i ord. =+i6o.
FIG. 8 (no 172). Section; en partie tangentielle, du passage de B à. C, fig. 1. —
Gross. comme le précédent.
L : Limite de la portion glandulaire.
FIG. 9, 10, 11 (n° 391'"^). Trois sections successives transversales, au niveau du
passage de B à C, fig. 1. — Gross. apochr. S.o/o.gS X 4 comp. = + 33o.
FIG. 12 (n° 3gi'''=). Section de plusieurs anses du canal évecteur. — Gross. DD
X 2 ord. = + 240.
FIG. 13, A, B, C (n° 3gi'^'''). Trois sections montrant la bifurcation du canal
évecteur. — Gross. H imm. à l'eau X 4 comp. = + 420
FIG. 14 (n» 3gi'''=). Section montrant les deux branches au niveau du plus grand
écart. — Gross. DD X 2 ord. = + 240.
FIG. 15 (n" 3gi'''^). Section près de l'extrémité antérieure du canal évecteur. —
Même gross.
FIG. 16 {n° 172). Section longitudinale du canal évecteur. — Gross. apochr.
imm. hom. X 4 comp. = + 5oo.
n.ep : Noyau de l'épithélium de la paroi du canal.
co : Matière coagulée.
gl : Globules (cellules) mêlés au coagulum.
rf.BcJiiob- S.J. aJ. iicà.ri
F. GieU.-Gr Louv.
CONTRIBUTION
A L ETUDE DE LA
MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS
f (TROPIDONOTUS NATRIX)
PAR
A. VAN GEHUCHTEN
PROFESSEUR d'aNATOMIE A l'UnIVERSITÉ DE LOUVAIN.
(Mémoire déposé le lo novembre 1896.)
16
CONTRIBUTIOr
A L ETUDE DE LA
MOELLE ÉPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS
L'organisation interne de la moelle épinière des vertébrés supérieurs
est trop complexe, pour que nous puissions espérer pouvoir en acquérir une
connaissance exacte et complète par des recherches exclusivement faites sur
la moelle des mammifères, même en appelant à notre secours les méthodes
d'investigation les plus récentes et les plus parfaites, telles que la coloration
de la myéline des fibres nerveuses par le procédé de Weigert, la méthode
embryologique de Flechsig et surtout la méthode de l'imprégnation des
éléments nerveux par le chromate d'argent découverte par Golgi. C'est là
un point sur lequel tous les anatomistes sont d'accord. Il est donc de toute
nécessité d'étudier, avec les méthodes nouvelles, la moelle épinière à orga-
nisation interne plus simple, plus élémentaire, des vertébrés inférieurs,
afin de parvenir à retrouver, par une étude comparée minutieuse, étendue
à plusieurs représentants des cinq classes des vertébrés, le plan primitif
commun à tous, les dispositions fondamentales qui forment la, base de l'or-
ganisation interne de toute moelle épinière. Par là, nous apprendrons à
connaître en même temps les dispositions spéciales, en quelque sorte secon-
daires ou acquises, qui se surajoutent aux dispositions fondamentales au fur
et à mesure que l'on monte dans la série des vertébrés, dispositions secon-
daires qui caractérisent la moelle épinière des représentants de chaque classe.
L'étude comparée de la moelle épinière des vertébrés fournira la solu-
tion de bien de questions litigieuses, difficilement solubles par l'étude ex-
clusive de la moelle des mammifères. Les anatomistes qui s'occupent spé-
cialement d'études neurologiques ont saisi, de tout temps, l'importance de
116 A. VAN GEHUCHTEN
ces recherches cl'anatomie comparée. Nous n'en citons comme preuve que
les belles recherches de Edinger (i), exécutées avec la méthode deWEiGERT,
sur le cerveau antérieur et le cerveau intermédiaire, ainsi que les multiples
travaux publiés, dans ces six dernières années, par tous ceux qui ont ap-
pliqué la méthode de Golgi à l'étude de la moelle épinière des mammifères
(GoLGi, Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten, v. Lenhossek, Retzius), des
batraciens (P. Ramon, Sala, Sclavunos) et des poissons (v. Lenhossek,
Retzius, Martin, Haller, Van Gehuchten). La classe des reptiles paraît
avoir été jusqu'ici quelque peu négligée. Il n'existe, à notre connaissance,
qu'un petit travail de Cajal (2) sur la moelle épinière de Lacerta agilis et
des observations très incomplètes de Retzius (3) sur la moelle de très jeunes
embryons de Tropidonotus natrix.
Le présent travail a pour but de combler cette lacune. Ayant eu à notre
disposition pendant les mois de juin et de juillet de l'année dernière un
grand nombre d'œufs de Tropidonotus renfermant des embryons de 8 à 10
cm. de longueur, nous avons cru l'occasion favorable pour faire quelques
recherches plus étendues que celles de Retzius sur la structure interne de
la moelle épinière chez ce représentant des ophidiens, afin d'apporter une
pierre pour l'édifice commun : l'anatomie comparée de la moelle épinière
dans toute la série des vertébrés.
HISTORIQUE.
La moelle épinière de Tropidonotus natrix n'a guère été, jusqu'à pré-
sent, l'objet de recherches spéciales. Nous n'avons trouvé, dans la littéra-
ture, en dehors des recherches toutes récentes de Retzius, qu'un travail de
LuDERiTZ (4) et un travail de Schaffer (5), dans lesquels il est question de
la moelle épinière de la couleuvre.
(i) Edinger : Untersuchuiigen ûber die vergleichende Anatoinie des Gehiriis. I. Das Vordciiiini;
Frankfurt, i8SS. — II. Das Zwischenhirn; Frankfurt, 1890.
(2) Ramon y Cajal : La mediila espinal de los reptiles; Pequenas contributiones al conocimiento
del sistema nervioso. Barcelone, 1S91, pp. 43-5o.
(3) Retzius : Die cmbryonale Entwickliing der Rûckenmarkselemcnte bei den Ophidiern ; Biolo-
gische Unters., Bd. VI, 1894, pp. 41-45.
{4) LuDERiTZ : Ueber das Rùckenmarkssegment. Ein Bcitrag yur MorpJiologie iind Histologie
des Riickenmarks ; Archiv fur Anat. und Phys., 1881, pp. 423-495.
(5) Schaffer : Vurgleichend- anatomische Untersucintngen ii'jcr Riickeiimarks/asenoig; Archiv fur
mikr. Anat., 1891, pp. 157-176.
ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 117
LuDERiTZ part de l'idée que la moelle épinière des vertébrés représente
« eine Kette an einander gereiheter Segmente von denen jedes einzelne
" mit einem Paar vorderer und hinterer Nervenwurzeln versehen ist, » et il
a voulu établir le bien-fondé de cette idée par des recherches comparées sur
la moelle épinière de la couleuvre, du lapin et de l'homme. En traitant
de la moelle de Tropidonotns, il décrit assez longuement la répartition de
la substance grise et de la substance blanche telle qu'elle apparaît sur des
coupes transversales. Dans la substance grise, il distingue une substance
fondamentale « undeutlich granulirt r, sans différentiation spéciale, et des
cellules éparpillées dans cette substance fondamentale, qu'il range en trois
groupes :
1° de grandes cellules nerveuses situées principalement dans la partie
la plus centrale des cornes antérieui-es, où elles forment le groupe latéral
'- oder die Gruppe des Unterhorns (Stieda) «;
2° de petites cellules nerveuses distribuées irrégulièrement dans toute
l'étendue de la substance grise, mais principalement dans la partie dorsale
de la corne antérieure et dans la partie centrale de la substance grise, où
elles forment le « central Gruppe » de Stieda;
3° de nombreux éléments conjonctifs, qu'il désigne sous le nom de
grains, éparpillés dans toutes les régions de la substance grise.
Luderitz signale encore, dans la substance grise, les fibres de la com-
missure antérieure ou inférieure et celles de la commissure postérieure ou
supérieure. Ces recherches de Luderitz ont été exécutées avec les méthodes
anciennes : durcissement dans le bichromate de potassium et coloration par
le picro-carmin; elles ne peuvent donc nous renseigner que sur la topogra-
phie générale de la substance blanche et de la substance grise, sans fournir
aucune indication précise concernant les connexions qui pourraient exister
entre les cellules, nerveuses de la substance grise et les fibres nerveuses de
la substance blanche ou des nerfs périphériques.
Schaffer, travaillant dans le laboratoire de l'Institut de Senckenberg
à Francfort, a fait avec la méthode de Weigert des recherches spéciales sur
la moelle épinière d'un certain nombre de vertébrés, dans le but, dit-il (i),
" das Riickenmark einiger niederer 'Vertebraten zu bearbeiten, das Schéma
derselben herauszufinden und somit den Bau des Saugethiermarks leichter
und zwanglos zu interpretiren. « Il a étudié à cet effet principalement la
moelle épinière à' Anguisfragilis et de Tropidonotus natrix pour la compa-
(i) Schaffer : Loc. cit., pp. iSy-iSS.
il8 A. VAN GEHUCHTEN
rer ensuite à celle du lapin, de la chauve-souris et du chat. Nous reviendrons
plus loin sur ces recherches de Schaffer et sur les conclusions qu'il en a
tirées. Dès à présent cependant, nous croyons devoir faire remarquer que
les figures 6, 7 et 8 du travail de Schaffer, surtout la figure 6, que cet
auteur décrit comme représentant des coupes transversales de la moelle
épinière de Tropidonotiis natrix, coupes sur lesquelles reposent toutes ses
descriptions et toutes ses conclusions, ne nous semblent pas du tout appar-
tenir à la moelle de Tropidonotus. Malheureusement, nous n'avons pas pu
exécuter, pour acquérir une certitude absolue à ce sujet, de coupes trans-
versales dans la moelle de couleuvre adulte, les quelques exemplaires que
nous avions mis en réserve pour étudier la moelle épinière avec la méthode
de Weigert pendant le semestre d'hiver n'ayant pu être conservés en vie.
Mais ce qui nous porte à croire que nous avons raison, quand nous disons
que les figures précitées du travail de Schaffer ne se rapportent pas à la
moelle épinière de Tropidonotus, c'est que ces figures diffèrent totalement
de la coupe de la moelle de Tropidonotus reproduite par Luderitz ; elles
s'en distinguent en effet par l'absence du ligament latéral, dont la coupe
transversale, de forme biconvexe, produit une empreinte caractéristique
sur la face antéro-latérale de la moelle. La structure interne de la moelle
embryonnaire de Tropidonotus, telle qu'elle ressortira du présent travail,
est d'ailleurs complètement différente de la structure que nous montrent
les figures 6, 7 et 8 du mémoire de Schaffer.
Les recherches de Cajal sur la moelle épinière de Lacerta et celles de
Retzius sur la moelle embryonnaire de Tropidonotus se prêtent difficilement
à une analyse. Nous en parlerons dans le courant de ce travail.
RECHERCHES PERSONNELLES.
Pour mettre un peu d'ordre dans notre description, nous traiterons
successivement :
1° Des cellules d'origine des fibres de la racine antérieure ou cellules
radiculaires antérieures.
2° Des ganglions spinaux et de l'entrée dans la moelle des fibres ra-
diculaires postérieures.
30 De la structure de la substance grise.
40 De la structure de la substance blanche.
5° De la neuroglie.
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 119
Cellules radiculaires antérieures.
Les fibres de la racine antérieure de chaque nerf périphérique ont leur
cellule d'origine dans la substance grise de la corne antérieure de la moelle
épinière ; c'est là un fait établi d'une façon définitive pour la moelle épinière
de tous les vertébrés qui ont été étudiés, dans ces derniers temps, au moyen
de la méthode au chromate d'argent.
Nos recherches sur la moelle épinière de Tropidonotus ne font que
confirmer ce fait fondamental. Nous avons obtenu dans nos coupes, impré-
gnées par le chromate d'argent, un grand nombre de cellules radiculaires.
Elles étaient identiques à celles qui ont été reproduites par Retzius dans
les figures i et 2 de la planche XXII de son travail. Nous avons représenté
trois de ces cellules dans notre fig. 1 ; elles sont situées généralement à la
périphérie de la substance grise de la corne antérieure, allongées dans le
sens antéro-postérieur, légèrement incurvées sur elles-mêmes de façon à
suivre en quelque sorte, par leurs gros troncs protoplasmatiques antérieur
et postérieur, la limite exacte de la substance grise et de la substance blan-
che. De ces gros troncs protoplasmatiques à direction antéro-postérieure
partent un grand nombre de branches protoplasmatiques plus grêles, qui
pénètrent et se terminent entre les fibres de la substance blanche du cordon
antéro-latéral, sans atteindre cependant la couche la plus superficielle de la
substance blanche. Le prolongement cylindraxile est généralement très grêle.
Il naît soit directement du corps cellulaire, soit d'un tronc protoplasma-
tique à une distance variable de la cellule d'origine, et traverse, suivant un
trajet ondulé, la substance blanche du cordon antéro-latéral, pour sortir
de la moelle, longer la partie interne du ganglion spinal con-espondant et
se poursuivre, quelquefois à une distance très grande de la moelle, jusque
dans les muscles où il se termine.
Dans aucune de nos coupes, nous n'avons vu le prolongement cylin-
draxile des cellules radiculaires émettre des collatérales motrices avant sa
sortie de la moelle.
Les cellules radiculaires de la moelle embryonnaire de Tropidonotus
présentent des différences assez considérables d'avec les cellules radiculaires
de la moelle de Laceria agilis, telles qu'elles ont été décrites par Ramon y
Cajal. Ce qui distingue* les cellules motrices de Tropidonotus, c'est l'absence
de prolongements protoplasmatiques passant par la commissure antérieure,
120 A. VAN GEHUCHTEN
prolongements qui sont si nombreux et si développés dans la moelle de La-
certa; ensuite, dans la moelle de Tropidonotiis, les prolongements protoplas-
matiques périphériques se terminent entre les fibres de la substance blanche,
sans s'étendre jusque dans la couche périphérique de la moelle et sans y
produire, par leurs ramifications entrelacées, le plexus protoplasmatique
périmédullaire découvert par Cajal dans la moelle de Lacerta et retrouvé
par Cl. Sala (i) dans la moelle épinière de Bufo.
Ganglions spinaux.
Les cellules des ganglions spinaux de Jropidonotus natrix se compor-
tent comme les cellules des ganglions spinaux de tous les vertébrés. Bipo-
laires pendant les premiers temps du développement embryologique, ces cel-
lules se transforment insensiblement en cellules unipolaires. Ce fait ressort
clairement de l'examen de notre fig. 1, dans laquelle les cellules du ganglion
spinal à droite, presque toutes bipolaires, proviennent d'un embryon de 8 cen-
timètres de longueur; tandis que les cellules du ganglion spinal à gauche,
gemmipolaires ou unipolaires, proviennent d'un embryon de 1 1 centimètres
de longueur. De l'examen de cette figure ressort encore, en toute évidence,
ce fait établi par von Lenhossek, Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten,
Retzius et bien d'autres, mais mis en doute tout récemment par Benda (2),
que le prolongement central est généralement un peu plus grêle que le pro-
longement périphérique.
Les auteurs qui ont fait, dans ces derniers temps, des recherches spé-
ciales sur les cellules des ganglions spinaux attribuent généralement à Axel
Key et Retzius (3) le fait d'avoir découvert, dans les ganglions spinaux du
Petroiny\on, qu'un des prolongements de ces cellules bipolaires est généra-
lement plus grêle que l'autre, et ils reconnaissent à von Lenhossek (4)- le
mérite d'avoir établi, par ses recherches sur les ganglions spinaux de la gre-
nouille, que le prolongement le plus grêle est toujours le prolongement
(i) Cl, Sala : Estructura de la mcdula espinal de los balracios ; Barcelone, 1892.
(2) Voir le compte-rendu de la société de physiologie de Berlin, dans a Neurologisches Ceniral-
blatt «, 1895, pp. i33-i34.
(3) Axel Key et Retzius : Studien in der Anaiomie des Nervensy$tcms nnd des Dindegewebes ;
Stockholm, iSyû.
(4) VON Lenhossek : i'ntersuc/uingen ùber die Spinalganglien des Frosc/ies; Arcbiv fur mikros.
Anatomie, Ed. 26, pp. 370-453, 1886.
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 12 1
central. Ces données ne sont pourtant pas exactes. L'inégalité d'épaisseur
entre les deux fibres avait déjà été signalée par R. Wagner en 1854 et par
ScHRAMM en 1S64, ainsi que cela ressort des annotations bibliographiques
que nous trouvons dans un travail de Freud (i).
« Er fand «, dit Freud (2) en parlant de Wagner, « ubereinstimmend
- mit Remak im Ganglion Gasseri und in den Spinalganglien, niemals mul-
« tipolare Ganglienzellen, wohl aber nicht selten einzelne, wo der eine Pol
« in einen kurzen einfachen Fortsatz auslief, der sich bald in zwei Aeste,
« einen dunneren und einen dickeren theilte ». « Mit wenigen Ausnahmen »,
dit ScHRAMM (3), « theilten sich aile Fortsatze nach kurzerem oder langerem
« Verlauf. Der eine Ast tibertraf bisweilen den anderen um dâs Doppelte
« an Breite ». Pour ce qui concerne plus spécialement les cellules des gan-
glions spinaux du Petromyion, Stannius (4) avait déjà signalé, en 1849,
que ces cellules étaient bipolaires et que leur prolongement central était
plus grêle que le prolongement périphérique. Le même fait fut signalé par
Langerhans en 1873 (5) : « In allen Fâllen », dit-il en parlant des cellules
bipolaires, " zeigen beide Fortsatze einen vollkommen durchgreifenden
« Unterschied : der eine (Taf. IX, fig. 4, a) ist schmal, w^enig gekôrnt und
« scheint sich nur, so zu sagen, an dem Leib der Zelle zu inseriren ; der
« andere aber (fig. 4,Z') ist bedeutend breiter, starker gekôrnt, er erscheint
« als directe Fortsetzung des Zellleibes.... Von den Fortsâtzen nun ist der
« schmale derjenige welcher vom Centralnervensystem kommt. Der breite
" ist nach der Peripherie zugeriçhtet... Dies Verhaltniss gilt fur sammtliche
« an Hirn- und Riickenmarksnerven liegende Ganglienzellen. »
Le fait de l'inégalité d'épaisseur des deux prolongements qui dépendent
des cellules des ganglions spinaux ne repose donc pas exclusivement sur les
observations faites, dans ces dernières années, au moyen de la méthode de
GoLGi. Celles-ci n'ont fait que confirmer des observations plus anciennes de
Wagner, Remak, Schramm, Stannius, Langerhans, Axel Key, Retzius
et VON Lenhossek, en même temps qu'elles ont prouvé que cette inégalité
d'épaisseur, signalée chez l'un ou l'autre mammifère, chez le Petromyion et
(1) Freud : Ueber Spinalganglien und Rùckcnmark des Petromyion; Sitzungsbericht. de Vienne,
III. Abth., 1S7S, pp. 81-167.
(î) Loc. cit., p 93.
(3) Cité d'après Freud.
(4) Stannius : Das periphere Nervensystcm der Fisehe , 1849, p. 146.
(5) Langerhans 1 Untersuchungen ùber Petromy:^on Planeri ; 1873.
17
122 A. VAN GEHUCHTEN
chez la grenouille, se retrouvait, d'une façon presque constante, dans les
ganglions spinaux et dans les ganglions cérébraux de tous les vertébrés.
Toutes les cellules nerveuses qui entrent dans la constitution des gan-
glions spinaux de Tvopidonotiis n'ont pas la forme régulièrement bipolaire
ou unipolaire que nous leur avons donnée dans les ganglions de la fig. 1.
Quand on examine un grand nombre de préparations, on rencontre, de
temps en temps, dans l'un ou l'autre ganglion spinal, une ou plusieurs cel-
lules d'un aspect tout à fait spécial : au lieu d'avoir un corps cellulaire à
contours réguliers, pourvu d'un ou de deux prolongements suivant que ce
çont des cellules uni- ou bipolaires, les cellules sur lesquelles nous voulons
appeler l'attention présentent un corps à contours irréguliers, d'où naissent
3, 4 ou 5 prolongements. Parmi ces prolongements, on en distingue toujours
deux d'une longueur considérable, dont l'un, généralement plus grêle, pénètre
dans la racine postérieure et représente, sans conteste, le prolongement
central de la cellule ganglionnaire, tandis que l'autre, généralement plus
épais, peut être poursuivi plus ou moins loin dans le nerf périphérique :
c'est le prolongement périphérique qui caractérise toute cellule d'un ganglion
spinal. Tous les autres prolongements, courts, épais et peu ramifiés, se ter-
minent librement dans le voisinage plus ou moins immédiat de la cellule
d'origine.
Nous avons reproduit dans la fig. 2 quelques types de cellules
multipolaires que nous avons observés dans les ganglions spinaux d'em-
bryons de Tropidonotus de lo centimètres de longueur. Quelle est la signi-
fication de ces cellules multipolaires ?
L'existence de cellules multipolaires dans les ganglions spinaux a été
signalée pour la première fois par Disse (i) au congrès des anatomistes
allemande tenu à Gottingen en 1893. Ce savant, en étudiant les ganglions
spinaux des larves de grenouille avec la méthode au chromate d'argent, a
observé, à côté des cellules typiques bipolaires et unipolaires, de véritables
cellules multipolaires pourvues de 4, 5 et même 6 prolongements. Il consi-
dère les prolongements surnuméraires aux deux prolongements typiques
comme des dendrites. Dans la discussion qui a suivi cette communication
importante de Disse, von Lenhossek (2) s'est élevé contre cette manière de
voir de Disse; pour lui, tous les prolongements de ces cellules multipolaires
(1) Disse : Ucbcr die Spinalgunglien der Amphibien ; Vcrhand. deranatom. Gcsell,, iSgj, pp. 201 à2o3.
(2) Verhandl. der anatom. Gesellschaft, 1893, p. 204,
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS 123
devraient être considérés comme des prolongements cylindraxiles. " Im-
." merhin schienen ihm aile Fortsatze den Charakter von Nervenfortsâtzen
« zur Schau zu tragen, und er mochte sich entschieden gegen die Auffassung
" der ûberzahligen Auslâufer als Dendriten aussprechen. Die richtige Er-
« klarung, fur den Befund des Herrn Disse scheint ihm die zu sein, dass
" bei Froschlarven, vielleicht wegen der Grosse und gedrângten Lagerung
« der Elemente an manchen Spinalganglienzellen die ersten Teilungen der
« beiden Achsencylinder auf die Zelle selbst gertickt sind, wodurch eine
« vorubergehende Vermehrung der Auslâuferzahl veranlasst wird. »
L'année suivante, v. Lenhossek(i) observa lui-même, dans les ganglions
spinaux d'embryons de poulet au 15*^ jour d'incubation, des cellules multi-
polaires identiques à celles décrites par Disse dans les larves de grenouille.
Il est revenu alors sur l'opinion qu'il avait émise au congrès de Gôttingen
et il s'est rangé à la manière de voir de Disse, d'après laquelle les prolon-
gements surnuméraires doivent être considérés comme des prolongements
protoplasmatiques. v. Lenhossek semble attacher une certaine importance
à ce fait que, dans ses préparations, les cellules multipolaires occupaient tou-
jours la partie proximale du ganglion. '^ Auffallend muss es sein ", dit-il (2),
- dass dièse multipolaren Zellen nicht gleichmiissig verteilt liegen, sondern
" hauptsachlich dem proximalsten Telle des Ganglion angehôren, gleich
" der Stelle, wo sich die sensible Wurzel in das Ganglion einsenkt. Nur
« sehr selten traf ich sie in einem tieferen Niveau, aber auch nicht liber
^ die Mitte des Ganglions hinaus und dabei stets in ganz oberflachlichen
« Lagerung an r,. Nos observations ne concordent pas sur ce point avec
celles de v. Lenhossek; nous avons rencontré ces cellules multipolaires à
tous les endroits du ganglion spinal.
Tout récemment encore, Ketzius (3) a décrit des cellules multipolaires
dans le ganglion spiral acoustique déjeunes embryons de souris. Il considère
ces cellules multipolaires comme des cellules bipolaires en voie de dévelop-
pement.
Cette interprétation de Retzius nous semble difficilement applicable
aux cellules multipolaires des ganglions spinaux de Tropidonotus ; ici, en
(1) VON Lenhossek ; Zur Kcnntniss der Spinalgatiglicn \ Beitràge zur Histologie des Nervensys-
ters und der Sinnesorgane, Wiesbaden, 1894, pp. 129-143.
(2) Loc. cit., p. i3o.
(3) Retzius : Zur Entwicklung der Zellen des Ganglion spirale acustici und pir Endigungsweise
des Gehornerven bei den Sdngethieren; Biolog. Untersuchungen, Bd. VI, 1894, pp. 52-57.
124 A. VAN GEHUCHTEN
effet, les deux prolongements caractéristiques de toute cellule d'un ganglion
spinal existent avec leur développement normal, ce qui n'est pas le cas pour
les cellules multipolaires du ganglion spiral acoustique, observées par
Retzius.
Les prolongements surnuméraires sont pour nous des prolongements
protoplasmatiques ; nous partageons en cela l'opinion de Disse et de von
Lenhossek.
Ces prolongements protoplasmatiques ont-ils une signification spéciale?
Nous ne le croyons pas; car s'il en était autrement, pourquoi n'existeraient-
ils que sur quelques-unes seulement des nombreuses cellules nerveuses qui
constituent un ganglion spinal. Ces prolongements surnuméraires semblent
même n'avoir qu'une existence temporaire, n'exister que momentanément
pendant le développement embryologique; jusqu'ici, en effet, on ne les a
observés que sur des cellules provenant déjeunes larves de grenouille (Disse),
d'embryons de poulet (von Lenhossek), de jeunes embryons de souris
(Retzius) et des embryons de Tropidonotus. Les ganglions spinaux des ver-
tébrés adultes ont cependant été l'objet de nombreuses recherches, même
dans ces derniers temps, et personne pourtant n'a signalé dans ces ganglions
l'existence de cellules multipolaires.
On peut se demander si ces cellules multipolaires des ganglions spinaux
ne représentent pas, en quelque sorte, une ébauche rudimentaire de la trans-
formation que subissent, dans le cours du développement, les cellules ner-
veuses de l'axe cérébro-spinal. Nous savons, en effet, par les recherches
embryologiques de His (i), Balfour (2), Beard (3) et von Lenhossek (4),
que les ganglions spinaux appartiennent, de par leur origine, au système
nerveux central. Les cellules des ganglions spinaux et les cellules nerveuses
de la moelle ont la même origine ectodermique ; elles proviennent des élé-
ments constitutifs de la gouttière médullaire primitive; mais, tandis que les
cellules du névraxe conservent leur emplacement primitif, les cellules consti-
tutives des ganglions spinaux quittent le névraxe au moment de la fermeture
(i) His : Uiiterstichii'Jgen ûber die erste Anlage des Wirbelticrlcibes. Leipzig, i868. — Ueber
die Anfânge des peripherischen Nervensystems; Archiv f. Anat. und Phys., Anat. Abtheilung, 1879.
(2) Balfour : On tlie development of spinal Ncrves in elasmobranch fishcs ; Philosophical Trans-
actions, 1876, p. 175.
(3) Beard : The development of the peripheral nervous System of vertébrales; Quaterly Journ.
of microsc. Science, i88g.
(4) VON Lenhossek : Die Enlivickelung der Ganglienanlagen bel dem menschlichen Embrvo;
Archiv fur Anat. und Phys., Anat. Abth., 1891.
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 125
du canal médullaire, pour aller constituer les masses ganglionnaires d'où
sortif-ont plus tard les ganglions spinaux et même, d'après His, toutes les
cellules constitutives des ganglions sympathiques. A ce moment du dévelop-
pement embryologique, toutes les cellules nerveuses ont la même forme :
ce sont toutes des cellules sphériques, des cellules germiuatives (His), se
transformant insensiblement en neuroblastes ou en ganglioblastes. Mais,
tandis que les neuroblastes de la moelle et les ganglioblastes des gan-
glions sympathiques se transformeront en cellules multipolaires, les gan-
glioblastes des ganglions spinaux se transformeront en cellules opposito-
bipolaires. Les cellules des ganglions spinaux présentent donc une évolution
tout à fait particulière. Nous ignorons les motifs de cette différentiation
spéciale. Mais il ne peut paraître étrange que, parmi ces nombreuses cel-
lules nerveuses se transformant en cellules bipolaires, l'une ou l'autre com-
mence par suivre, pendant quelque temps, l'évolution que subissent en
définitive toutes les cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal et toutes celles
du système nerveux sympathique. Cette évolution d'une cellule des ganglions
spinaux vers une cellule multipolaire n'est jamais franche; ce n'est généra-
lement qu'une légère ébauche, qui ne persiste même pas d'une façon défini-
tive, puisque, dans le développement ultérieur, la cellule semble vouloir
réparer son erreur en devenant cellule bipolaire comme les autres.
C'est là, croyons-nous, la véritable explication de ces cellules multipo-
laires pourvues de prolongements protoplasmatiques courts, épais et peu
ramifiés, dont l'existence, dans les ganglions cérébro-spinaux, a été signalée
tout récemment par Disse, von Lenhossek et Retzius et dont nous avons
retrouvé quelques exemplaires dans les ganglions spinaux de Tvopidonotus.
L'existence de ces cellules multipolaires dans les ganglions spinaux, de
même que les caractères particuliers de leurs prolongements protoplas-
matiques, ne parait cependant pas avoir échappé à l'attention d'auteurs
plus anciens. Dans son travail sur les ganglions spinaux du Petromyion,
Freud (i) relève le fait que certains auteurs ont signalé l'existence de
cellules multipolaires dans les ganglions cérébro-spinaux et il conclut :
« "V\'^enn hier von multipolaren Zellen die Rede war, so ist es vielleicht nicht
- Uberfltissig aufmerksam zu machen, dass es sich um verhaltnissmassig
" fortsatzarme Elemente handelt, deren Auslaufer keine oder sehr geringe
^ Neigung zur Verastelung zeigen. Eine solche Zelle hat z. B. Leydig (2)
(i) Freud : Loc. cit., p. 90.
(2) Levdig : Zur Anatomie iind Histologie der Chimœra monstrosa; Mùller's Archiv, i85i,
p. 244, Taf. X, fig. 4.
126 A. VAN GEHUCHTEN
t
^ unter den bipolaren Elementen im Gajiglion trigemini von Chimœra ge-
" funden, eine andere Stannius(i) abgebildet. Mit den multipolaren Zellen
« des Centralorgans, deren Schéma Deiters fixirt hat, scheinen sie wenig
« gemein zu haben ^.
En dehors de ces cellules multipolaires, qui ne se distinguent des cel-
lules bipolaires ou unipolaires typiques que par quelques courts prolonge-
ments protoplasmatiques surnuméraires, nous avons rencontré quelquefois,
dans les ganglions spinaux de Tropidonolus, d'autres cellules nerveuses dé-
pourvues de prolongements protoplasmatiques comme les cellules typiques
ordinaires, mais pourvues de trois prolongements nerveux, dont l'un pénètre
dans la racine postérieure et représente le prolongement central, tandis que
les deux autres deviennent les cylindre-axes de fibres nerveuses périphéri-
ques. La FiG. 3, reproduit une de ces cellules de forme bipolaire, b : le corps
cellulaire a des contours quelque peu irréguliers, le prolongement périphé-
rique commence par un gros tronc protoplasmatique qui se rétrécit brusque-
ment en un prolongement plus grêle que l'on peut poursuivre assez loin
dans le nerf périphérique dépendant de l'extrémité distale du ganglion. Le
prolongement central est également épais; après un court trajet, il se bi-
furque en donnant naissance à un prolongement interne, mince et grêle, qui
pénètre dans la racine postérieure, et à un prolongement externe, plus épais,
qui se recourbe horizontalement en dehors et pénètre dans le nerf périphéri-
que né de la face latérale du ganglion.
La cellule c de la fig. 4 est, en apparence du moins, une cellule uni-
polaire typique : d'un corps cellulaire à contours régulièrement arrondis part
un prolongement unique. Celui-ci, à une petite distance de la cellule d'origine,
émet une branche grêle pouvant être poursuivie jusque dans le nerf périphé-
rique; puis, un peu plus loin, il se bifurque encore en un prolongement
interne pénétrant dans la racine postérieure et un prolongement externe
destiné au nerf périphérique.
La cellule reproduite dans la fig. 5 est plus complexe encore; elle est
pourvue d'un petit prolongement protoplasmatique se bifurquant et se ter-
minant dans le ganglion lui-même et de trois prolongements nerveux, dont
l'un se dirige vers la racine postérieure, tandis que les deux autres pénètrent
dans les nerfs périphériques.
Chacune de ces trois cellules donne donc naissance à trois prolonge-
ments devenant cylindre-axes de fibres nerveuses : un prolongement central
i
(i) Stannius : Das pcripliere Nervensystem der Fische; 184g, Taf. IV, fig. 11.
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 12?
et deux prolongements périphériques. C'est à ces cellules que pourrait s'ap-
pliquer l'interprétation proposée par v. Lenhossek au congrès de Gôttin-
gen pour les cellules multipolaires décrites par Disse chez la grenouille :
les deux prolongements périphériques peuvent être considérés comme
représentant, à eux deux, le prolongement périphérique typique de toute
cellule des ganglions spinaux, prolongement périphérique dont la bifurcation
ou la division, au lieu de se faire dans les organes périphériques, s'est faite
au niveau même de la cellule d'origine.
Retzius, dans ses recherches sur la moelle épinière de Tropidonotiis,
semble avoir eu sous les yeux des cellules analogues. Il ne les reproduit pas
dans ses figures. Il ignore la signification qu'il doit donner à ces cellules
spéciales et se demande s'il ne convient pas de les rattacher au système
nerveux sympathique : " In Betreff der Spinalganglien «, dit-il (i), ^ sei
" noch zu erwâhnen, dass ich in dem peripherischen Theile derselben mehr-
« maïs grosse multipolare Zellen antraf, die nichts anders sein konnten, als
« eine Art Ganglienzellen... Wie ich dièse mit mehreren starken Fortsâtzen
" versehenen Zellen sonst deuten soll, weiss ich nicht. Môglicherweise
« kônnen sie zum sympathischen System gehôren. "
Ces quelques observations sur les ganglions spinaux de Tropidonotiis,
jointes aux observations de Disse sur les ganglions des larves de grenouille
et à celles de v. Lenhossek sur ceux d'embryons de poulet, prouvent que
la façon dont on considère généralement les cellules constitutives des gan-
glions spinaux doit être légèrement modifiée. Ces ganglions ne sont pas
toujours exclusivement formés de cellules bipolaires ou unipolaires avec les
formes intermédiaires; à côté de ces cellules typiques, on peut y rencon-
trer de véritables cellules multipolaires, dont les unes présentent les deux
prolongements typiques, central et périphérique, avec quelques prolonge-
ments protoplasmatiques surnuméraires, tandis que les autres sont pourvues
de trois prolongements nerveux, dont un central et deux périphériques.
Racines postérieures.
Nous savons, depuis les recherches de Nansen sur la moelle épinière
de Myxine et celles plus étendues et plus importantes de Cajal sur la
moelle embryonnaire de poulet, que les fibres des racines postérieures, dès
(i) Retzius : Loc. cit., p. 44,
128 A. VAN GEHUCHTEN
leur arrivée dans la substance blanche de la moelle, se bifurquent de façon
à ce que chacune d'elles donne naissance à une branche ascendante et à une
branche descendante, qui vont devenir des fibres constitutives des cordons
postérieurs. Cette bifurcation a été retrouvée, d'une manière constante, chez
les mammifères (Kôlliker, Cajal, Van Gehuchten, v. Lenhossek), les
oiseaux, (Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten, v. Lenhossek, Retzius), les
batraciens, (Schulze, P. Ramon, Cl. Sala, Sclavunos), les poissons, (Ret-
zius, Martin, Van Gehuchten) et également chez les reptiles par Cajal et
Retzius. Les observations que nous avons faites sur la moelle de Tropido-
notus confirment encore une fois ce fait d'une importance capitale. Nos
FiG. 6 et 7 reproduisent deux coupes longitudinales de la moelle passant
par l'entrée des racines postérieures et montrant, en toute évidence, la bi-
furcation typique et régulière de toutes les fibres des racines postérieures
dès leur entrée dans la substance blanche de la moelle.
Cl. Sala (i) chez les batraciens et v. Lenhossek (2) chez l'homme ont
cru voir une différence d'épaisseur entre les deux branches de bifurcation de
ces fibres radiculaires, en ce sens que la branche descendante serait plus
grêle que la branche ascendante. Cette différence n'a pu être retrouvée par
v. Kôlliker (3) chez les mammifères; dans un travail tout récent sur la
moelle épinière de la truite (4), nous avons trouvé que les deux branches de
bifurcation avaient généralement la même épaisseur; quelquefois cependant,
la branche ascendante était manifestement plus épaisse que la branche des-
cendante. La même disposition nous paraît exister dans la moelle de Tro-
pidonotiis : les deux branches de bifurcation ont généralement la même
épaisseur, ainsi que cela ressort de l'examen des fig. 6 et 7; quelquefois ce-
pendant, la branche descendante est plus grêle.
Les fibres constitutives de chaque racine postérieure, à leur entrée
dans la substance blanche de la moelle, se divisent en deux groupes : un
groupe interne et un groupe externe. Dans la moelle épinière des mammi-
fères, les fibres du groupe externe, plus grêles que les fibres du groupe in-
terne, pénètrent et se bifurquent dans la partie la plus -externe du cordon
postérieur, celle qui recouvre en arrière la substance gélatineuse de Rolando
en reliant l'une à l'autre la substance blanche du cordon postérieur et la
(i) Cl. Sala : Loc. cit.
(2) VON Lenhossek : Der feinere Bail des Nerveiisysteins ; iSgS, p. 228.
(3) Kôlliker : Handbuch der Gewcbelehre \ Bd. II, 1893, p. 76.
(4) Van Gehuchten : La moelle épinière de la truite; La Cellule, t. XI, 1» fasc, iSgS, p. 143.
ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 129
substance blanche du cordon latéral. Cette zone spéciale de la substance
blanche, formée par les branches de bifurcation des fibres du groupe ex-
terne, porte encore le nom de Zone marginale de Lissauer; Waldeyer
l'a appelée « Markbrucke ", et Flechsig - latérale hintere Wur^elione ".
" Les fibres longitudinales nées de ce faisceau externe ?', dit Cajal (i),
« fournissent des collatérales courtes, qui ont seulerrient pour territoire de
« destination la moitié externe de la substance de Rolando et peut-être
r> aussi le centre de la corne postérieure. Jamais ce faisceau n'émet de col-
^ latérales réflexo-motrices, ni de collatérales commissurales, ni de colla-
- térales pour la substance grise centrale ou la colonne de Clarke ^.
Les fibres du groupe interne, plus épaisses et beaucoup plus nombreu-
ses que celles du groupe externe, pénètrent plus ou moins loin dans la sub-
stance blanche du cordon de Burdach, en contournant la partie interne de
la substance gélatineuse de Rolando. Arrivées près de la face interne de la
corne postérieure, ces fibres se bifurquent en branches ascendantes et en
branches descendantes. Les fibres longitudinales, issues de ces bifurcations,
fournissent de nombreuses collatérales qui envahissent toutes les régions de
la substance gtise : collatérales pour la commissure postérieure allant se
ramifier dans la corne postérieure du côté opposé; collatérales courtes pour
la substance gélatineuse de Rolando et pour la corne postérieure du même
côté; collatérales moyennes pour les régions centrales de la substance grise;
collatérales longues se ramifiant entre les cellules de la corne antérieure
et qui, à cause de leur haute importance physiologique, ont été appelées
collatérales réflexes par Kôlliker, collatérales sensitivo-motrices ou réflexo-
motrices par Cajal.
Comment se comportent les fibres des racines postérieures dans la
moelle épinièi-e de Tropidonotiis? Retzius ne nous fournit aucune indica-
tion à ce sujet. D'après nos observations personnelles, les fibres de chaque
racine obéissent à la loi commune; dès leur entrée dans la moelle, elles
se divisent en un faisceau externe de fibres grêles et un faisceau interne
beaucoup plus volumineux formé de fibres épaisses. Mais là s'arrête toute
l'analogie entre les fibres radiculaires postérieures de la moelle des mammi-
fères et celles de la moelle de Tropidonotus.
Les fibres du faisceau externe, en pénétrant dans la moelle, contour-
nent la partie la plus postérieure du cordon latéral, puis s'infléchissent en
(I) Cajal : L'anatomie fine de la moelle éyinière; Atlas der patholog. Histologie des Nevvensys-
tems von Baees, IV. Lief., Berlin, iSgS, p. 12.
13
I30 A. VAN GEHUCHTEN
avant et, arrivées sur la face interne du. cordon latéral, elles se bifurquent
en branches ascendante et descendante. Dans la moelle épinière de Tropi-
donoiiis, nous trouvons donc cette disposition tout à fait remarquable,
qu'une partie des fibres radiculaires postérieures n'entrent pas dans le cor-
don postérieur, mais bien dans le cordon latéral, et y deviennent fibres con-
stitutives de la partie interne de ce cordon, fig. 1. Une autre particularité
importante de la moelle de Tropidonotus, c'est que les fibres de ce faisceau
externe, devenues fibres longitudinales du cordon latéral, émettent, pen-
dant leur trajet ascendant et descendant dans la moelle, des collatérales
courtes se ramifiant dans les parties voisines de la substance grise et des
collatérales longues qui se dirigent en avant, en suivant la limite de la
substance blanche et de la substance grise, pour venir s'épanouir et se
terminer dans la zone la plus périphérique de la corne antérieure entre les
cellules radiculaires motrices. Les collatérales réflexo-motrices de Cajal
proviennent donc, dans la moelle de Tropidonotus, des fibres radiculaires
du faisceau externe, contrairement à ce qui existe dans la moelle épinière
des oiseaux et des mammifères. Ces collatérales réflexo-motrices man-
quent totalement aux fibres du faisceau interne, ainsi que nous le verrons
bientôt.
Cette disposition particulière des fibres du faisceau externe ne semble
pas appartenir en propre à la moelle épinière de Tropidonotus. Dans un
travail déjà ancien, publié en 1864, sur la moelle épinière de Vipera beriis,
Grimm(i) signale également le fait que les fibres radiculaires du faisceau
externe pénètrent jusque dans la partie interne du cordon latéral qu'il
désigne sous le nom de Substantia spongiosa; et, chose remarquable, il
décrit également l'existence de fibres à direction antéro-postérieure situées
sur la face latérale de la corne antérieure, à la limite de la substance blanche
et de la substance grise : " Bemerkenswerth sind noch ^, dit-il (2), « die an
« der unteren Hâlfte der grauen Massen lângs der ausseren Peripherie hin-
« ziehenden Fasern, welche sich theils nach aussen in die weisse Substanz
« wenden, wo sie oft bis zu der ausseren Peripherie zu verfolgen sind,
" ôfters aber fruher verschwinden, theils bis in die Substantia spongiosa
« verlaufen und wahrscheinlich mit den Fasern der dritten Portion der
« oberen Wurzel zusammen y. Il est évident pour nous, en présence des
(i) Grimm : Ein Beitrag ^ur Ketiiitniss vom Dau des Rûckenmarkes voit Vipera berus Lin.
Archiv f. Anat, uud Phys., 1S64, pp. 5o2-5ii.
(2) Grimm : Lo:. cit., p. 5io.
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 131
observations que nous avons faites sur la moelle de Tropidonotiis, que
Grimm a eu sous les yeux les prolongements protoplasmatiques appartenant
aux cellules radiculaires, dont les branches s'épanouissent entre les fibres
de la substance blanche, et les collatérales réflexo-motrices qui dépendent
des fibres radiculaires du groupe externe, prolongements protoplasmati-
ques et collatérales réflexes qui s'entrelacent sur la face latérale de la sub-
stance grise dans la moelle de Tropidonotiis.
La racine postérieure, après avoir abandonné les fibres du faisceau ra-
diculaire externe, continue quelque peu son trajet sur la face externe de la
moelle; puis ses fibres constitutives, formant le faisceau radiculaire interne,
s'infléchissent en dedans pour pénétrer dans la moelle. La longueur du
trajet intra-médullaire de ces fibres n'est pas la même pour toutes (fig. !)•
Les fibres les plus voisines du faisceau externe, c'est-à-dire les fibres radicu-
laires moyennes, se bifurquent en branches ascendante et descendante dès
leur entrée dans la moelle, dans la mince zone de substance blanche qui
recouvre la corne postérieure et qui correspond, au moins topographique-
ment, à la lone marginale de Lissauer des vertébrés supérieurs. Les fibres
radiculaires internes pénètrent plus avant dans la moelle en contournant la
corne postérieure; leur bifurcation se fait dans presque toute l'étendue du
cordon postérieur jusqu'à une petite distance du septum médian dorsal.
De par l'endroit où les fibres du faisceau interne se bifurquent, on
peut donc distinguer dans ce faisceau une portion médiane et une portion
latérale.
De ce mode de pénétration dans la moelle des fibres radiculaires posté-
rieures, il résulte que la ^one d'irradiation de ces fibres s'étend depuis la
partie postérieure du cordon latéral jusqu'à la partie interne du cordon
postérieur en contournant la face convexe de la corne postérieure. Cette
large zone d'irradiation, nettement visible sur des coupes transversales,
FIG. 1, se voit très bien également sur des coupes longitudinales, ainsi que
le prouve l'examen de notre fig. 6.
Cette subdivision du faisceau radiculaire interne en une portion mé-
diane et une portion latérale se justifie encore à un autre point de vue. Les
branches de bifurcation, qui proviennent des fibres radiculaires du faisceau
interne, donnent naissance à un grand nombre de collatérales se ramifiant
et se terminant dans la substance grise. Nous avons vu plus haut que, chez
les oiseaux et les mammifères, ces collatérales se divisent en trois groupes ;
collatérales courtes, collatérales moyennes et collatérales longues ou réflexe-
13-
A. VAN GEHUCHTEN
motrices. Dans la moelle de Tropidonotiis, la disposition n'est pas la même :
toutes les collatérales s'épanouissent dans la substance grise de la corne posté-
rieure; elles appartiennent donc toutes au groupe des collatérales courtes.
Dans la moelle des oiseaux et des mammifères, les collatérales du
faisceau interne se divisent encore en collatérales directes et en collatérales
croisées. Les collatérales directes naissent plutôt des fibres de la portion
latérale, tandis que les collatérales croisées semblent provenir de préférence
des fibres de la portion médiane.
Dans la moelle de Tropidonotus, on ne trouve pas la même structure :
ici, les collatérales croisées proviennent presque exclusivement des fibres
de la portion latérale; tandis que les collatérales directes naissent des fibres
de la portion médiane. Les premières se dirigent d'abord directement en
avant; puis après un court trajet, elles se recourbent horizontalement en
dedans, passent le septum médian dorsal, où elles s'entrecroisent avec celles
du côté opposé, et s'épanouissent dans la substance grise de la corne posté-
rieure du côté opposé. Cette commissure postérieure, formée exclusivement
de collatérales sensitives, constitue en quelque sorte une limite transversale
que dépassent rarement les collatérales directes nées des fibres de la portion
médiane, fig. 1.
Par cette subdivision du faisceau radiculaire interne en une portion
médiane et une portion latérale, chaque racine postérieure se trouve donc
divisée en trois portions : une portion interne, une portion moyenne et une
portion externe. Les fibres de la portion interne de chaque racine, une fois
arrivées dans la moelle, constituent le faisceau radiculaire externe pénétrant
dans la partie postérieure du cordon latéral. Les fibres de la portion moyenne
de chaque racine pénètrent dans la mince zone de substance blanche qui
recouvre la corne postérieure, tandis que les fibres de la portion externe de
chaque racine pénètrent dans la substance blanche du cordon postérieur.
Ces fibres radiculaires moyennes et externes, arrivées dans la moelle, consti-
tuent le faisceau radiculaire interne.
. Cette même subdivision des fibres de la racine postérieure en trois por-
tions est admise par Grimm pour la moelle épinière de Vipera beriis. Pour
lui aussi, les fibres de la commissure postérieure sont en connexion avec les
fibres radiculaires moyennes : - die zweite « , dit-il en parlant des trois
portions dans lesquelles se divise la racine postérieure à la périphérie de la
substance blanche de la moelle (i), - die zweite erreicht das iiusserste Ende
(i) Grimm : Loc. cit., p. 5og.
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 133
" des oberen Hornes und geht, fast ohne eine Faser zu entsenden, in Form
« eines Bandes schrâg nach unten zur Mittellinie und bildet durch Vereini-
« gung mit einem analogen Biindel der anderen Seite die Commissura
« superior. -
Entre les observations de Grimm sur la moelle de Vipera et nos obser-
vations sur la moelle de Tropidoiwtiis, il y a cette différence fondamentale,
que pour Grimm les fibres de la commissure postérieure sont la continua-
tion directe des fibres radiculaires moyennes, tandis que pour nous cette
commissure postérieure est exclusivement formée par des collatérales nées
de ces mêmes fibres radiculaires.
La distribution des fibres radiculaires postérieures dans la moelle épi-
nière de Lacerta agilis semble être, d'après les observations de Cajal, toute
différente de celle que nous venons de décrire pour la moelle de Tropido-
notiis. ^ Pour les racines postérieures, y dit-il (i), « se vérifie aussi le plan
u général. Chaque fibre se bifurque, dans la substance blanche, en une bran-
« che ascendante et une branche descendante et de ces branches naissent
" les collatérales qui se terminent dans la substance grise, soit de la corne
« antérieure, soit de la corne postérieure ". Dans la figure ii de son travail,
Cajal reproduit, dans chaque moitié de la moelle, deux ou trois fibres
radiculaires postérieures qui pénètrent dans la moelle, contournent la corne
postérieure et se bifurquent dans la partie externe du cordon postérieur.
Ces fibres radiculaires émettent des collatérales courtes qui se terminent
dans la substance grise de la corne postérieure.
Il est à remarquer que ces observations de Cajal sont très incomplètes
et demandent à être vérifiées et com.plétées, d'autant plus que, ni dans le
texte ni dans les figures, on ne trouve signalées les collatérales réflexo-mo-
trices.
Schaffer distingue également trois portions aux racines postérieures de
la moelle de Tropidonotus, mais la façon dont les fibres constitutives de ces
trois portions se comportent dans la moelle est toute différente de la descrip-
tion que nous avons donnée plus haut. Les fibres de la portion médiale (2),
dit-il, - schmiegen sich dem inneren Rand des Hinterhorns an und wenden
(i) Cajal : Loc. cit., p. 45. « El comportamiento de las raices posteriores se verifica tambien
segun el plan gênerai. Cada fibra se bi'urca en la substancia blanca en rama ascendente y descen-
dante, y de estas ramas brotan colatcrales terminadas en la substancia gris, y a del asta anterior y
a de la poster! or. »
(2) Schaffer : Loc. cit., p. 164.
134 A. VAN GEHUCHTEN
« sich einestheils in élégant geschwungenen Bôgen, dessen Concavitât dein
« Centralkanal zugekehrt ist, in das Vorderhorn, zu dessen vorderer Zell-
« gruppe ; hier lôsen sich die bis dorthin zumeist compacten Bundel in
« zahireiche Fasern auf; anderntheils, und dies gilt fur die medialsten
« Fasern, umkreisen sie den Centralkanal, um sich in die Vordercom-
« missur einzusenken. Somit hat die mediale Portion der Hinterwurzeln
« einen zweifachen Verlauf; die mehr ausseren Fasern derselben bilden die
« sog. Antero-posteriores , d. h. die direct in das Vorderhorn einstrahlenden
« Hinterwurzeln; die mehr inneren Fasern der medialen Portion hingegen
« wenden sich mit einen auswarts convexen Bogen, dem Centralkanal
it umkreisend, zu-r Vordercommissur, um in den contralateralen Vorder-
« strang sich einzusenken. •' D'après cette description de Schaffer, les
fibres radiculaires postérieures pénétreraient directement, comme telles,
dans la substance grise de la moelle. Nous savons, par les recherches con-
cordantes de ces dernières années, que ce ne sont pas les fibres radiculaires,
mais bien les collatérales qui en naissent, qui pénètrent dans la substance
grise. Ces collatérales elles-mêmes se diviseraient alors, d'après Schaffer,
en deux groupes : les unes s'étendent jusque dans la corne antérieure
et représenteraient les collatérales réflexo-motrices des oiseaux et des
mammifères. Or, nous avons vu plus haut que, dans la moelle de Tropi-
donotiis, ces collatérales réflexo-motrices proviennent des fibres du faisceau
externe.
Les autres collatérales des fibres de la portion médiale pénètrent dans
la commissure antérieure pour se rendre dans la cordon antéro-latéral du
côté opposé. Nous verrons, en étudiant la substance grise de la moelle, que
ces fibres commissurales décrites par Schaffer ne dépendent pas des fibres
radiculaires postérieures, mais qu'elles représentent les prolongements cy-
lindraxiles de cellules nerveuses situées dans la corne postérieure.
Les fibres de la portion moyenne se rendraient, d'après Schaffer, de
la partie externe des cordons postérieurs, à travers la substance gélatineuse
de Rolando, en partie dans le cordon latéral et en partie dans le groupe
latéral de la corne antérieure. Or, nous avons vu sur nos coupes que toutes
les collatérales qui proviennent des fibres du faisceau radiculaire interne,
aussi bien de sa portion médiale que de sa portion latérale, sont des col-
latérales courtes se terminant exclusivement dans la substance grise de la
corne postérieure. D'où viennent ces différences profondes entre les obser-
vations de Schaffer et les nôtres?
S
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 135
Les descriptions données par Schaffer concordent avec les figures sur
lesquelles il se base et surtout avec sa fig. 6, mais ses figures ne nous parais-
sent pas reproduire des coupes de moelle de Tropidonotus. Pour la fig. 6,
la chose nous parait incontestable : nous n'avons en effet jamais trouvé
les cordons postérieurs aussi développés que les représente Schaffer ; et
de plus, les collatérales longues provenant des fibres externes du cordon
postérieur n'existent pas dans la moelle de la couleuvre. Nous croyons
ne pas nous tromper en déclarant que la fig. 6 de Schaffer, loin de re-
produire une coupe transversale de la moelle de Tropidonotus, doit plutôt
appartenir à la moelle épinière d'un mammifère. Quant à la fig. 7 et sur-
tout à la FIG. S du travail de Schaffer, nous serons moins afïirmatif : ces
coupes pourraient bien provenir de la moelle de Tropidonotus, mais ni l'une
ni l'autre de ces deux figures peuvent servir de base à la description faite
par Schaffer ; dans ces figures, en effet, les collatérales longues, si abon-
dantes dans la fig. 6, ont complètement disparu et on y voit même une
ébauche de la commissure postérieure sensitive que nous avons observée
dans nos préparations.
Structure de la substance grise.
La substance grise de la moelle est formée principalement par des cel-
lules nerveuses et par un entrelacement inextricable de fines fibrilles ner-
veuses. Nous étudierons successivement ces deux éléments constitutifs de
toute substance grise centrale.
A. Les cellules nerveuses.
Les cellules nerveuses de la substance grise de la moelle épinière de
Tropidonotus appartiennent toutes au groupe des cellules nerveuses à cylin-
dre-axe long. Dans aucune des nombreuses préparations que nous avons
étudiées, nous n'avons rencontré des cellules nerveuses à cylindre-axe court
ou cellules de Golgi, dont l'existence a été signalée par presque tous les
auteurs dans la substance grise de la corne postérieure chez les oiseaux et
les mammifères.
Les cellules nerveuses à cylindre-axe long comprennent les cellules
radiculaires et les cellules des cordons.
Les cellules radiculaires antérieures occupent exclusivement la région
antéro-latérale de la corne antérieure, fig. 1. Nous les avons décrites plus
136 A. VAN GEHUCHTEN
haut avec les fibres de )a racine antérieure. Dans aucune de nos préparations,
nous n'avons observé les cellules radiculaires postérieures décrites par von
Lenhossek, Cajal, Van Gehuchten, Retzius et Martin dans la moelle
embryonnaire du poulet. Retzius, dans ses recherches sur la moelle de
Jropidonotus, est arrivé au même résultat négatif.
Les cellules des cordons se divisent encore en deux groupes : les cel-
lules des cordons proprement dits ou cellules des cordons tautomères, dont
le prolongement cylindraxile se rend dans la substance blanche de la moitié
correspondante de la moelle, et les cellules commissurales ou cellules des cor-
dons hétéronières, dont le prolongement cylindraxile passe par la commis-
sure antérieure de la moelle pour se rendre dans le cordon antéro-latéral du
côté opposé.
Cellules commissurales.
De toutes les cellules constitutives de la moelle, les cellules commis-
surales sont certainement celles qui s'imprègnent le plus facilement par le
chromate d'argent. On en trouve de nombreux exemplaires dans presque
toutes les coupes que l'on examine. Ce fait a frappé également Retzius :
~ Die Zellen j?, dit-il (i), « welche sich in den Tropidonotus Embryonen am
'• reichlichstenundschônsten farben liessen, waren die Commissurenzellen».
Aussi dans les fig. i , 2 et 3 de la pl. XXI et dans les mêmes figures de la
PL. XXII reproduit-il un grand nombre de cellules commissurales. Mais les
cellules commissurales reproduites par Retzius dans les figures de sa pl. XXI
proviennent d'embryons de 4 centim. de longueur : ces cellules sont encore
en pleine évolution, car presque tous les prolongements cylindraxiles se ter-
minent, dans la commissure antérieure, par des cônes de croissance. Les
cellules commissurales reproduites dans les figures de sa pl. XXII provien-
nent d'embryons plus âgés mesurant 8 cent, de longueur : un grand nombre
de ces cellules ressemblent en tous points à celles que nous avons obtenues
dans nos coupes. Les embryons que nous avons examinés sont cependant
plus âgés que ceux que Retzius a eus à sa disposition : ils mesuraient de
8 à 10, II et même 12 cent, de longueur; aussi la lumière du canal central
était-elle, dans nos coupes, considérablement plus petite que Retzius ne
l'a reproduite dans ses figures. Nos observations serviront donc en partie
à confirmer et en partie à compléter les observations si importantes du
savant suédois.
(i) Retzius : Loc. cit., p. 43.
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 137
Les cellules commissurales existent dans toutes les régions de la sub.
stance grise. Retzius semble ne les avoir obtenues imprégnées par le chro-
mate d'argent que dans la corne postérieui-e et dans la zone moyenne de la
substance grise. Nous les avons rencontrées également en nombre considé-
rable dans toute l'étendue de la corne antérieure.
Le volume de ces cellules commissurales est excessivement variable.
A côté de cellules volumineuses, presque géantes, pourvues d'un nombre
considérable de prolongements protoplasmatiques envahissant quelquefois,
par leurs ramifications, toute l'étendue de la substance blanche d'une moitié
de la moelle depuis la partie la plus reculée du cordon postérieur jusqu'à la
surface du cordon antérieur, fig. 8 et 9, on trouve des cellules nerveuses
excessivement petites, pourvues d'un petit nombre de prolongements proto-
plasmatiques s'épanouissant dans la substance blanche voisine, fig. 10, il
et 12; entre ces deux formes extrêmes, on rencontre alors toutes les formes
intermédiaires.
Les cellules volumineuses sont nécessairement peu nombreuses; on n'en
rencontre généralement qu'une seule dans une coupe. Elles peuvent occuper
toutes les régions de la substance grise : les cornes postérieures aussi bien
que les cornes antérieures, ainsi que les régions intermédiaires. Pour ne
pas multiplier outre mesure le nombre de nos dessins, nous avons reproduit
dans les fig. 8 et 9 un certain nombre de ces cellules volumineuses em-
pruntées à des coupes différentes de la moelle. L'examen de ces figures
pourra mieux que toute description donner une idée de la richesse de ces
cellules en prolongements protoplasmatiques et des régions étendues de la
moelle qu'elles envahissent par leurs ramifications protoplasmatiques.
Le prolongement cylindraxile de ces cellules volumineuses est généra-
lement très épais. Il naît quelquefois directement du corps cellulaire, fig. 8
et 9, a; le plus souvent, il provient d'un gros tronc protoplasmatique à une
distance plus ou moins éloignée de la cellule d'origine, fig. 8 et 9, b. Il se
dirige alors vers la commissure antérieure, en longeant quelquefois la limite
de la substance grise et de la substance blanche de la moelle, traverse cette
commissure pour s'incliner entre les fibres les plus internes du cordon an-
térieur de la moelle du côté opposé.
Les petites cellules commissurales occupent également toutes les ré-
gions de la substance grise de la moelle. Nous avons reproduit dans les
fig. 10, 11 et 12 un certain nombre de ces cellules commissurales situées
dans la corne postérieure, fig. lO, la région moyenne de la substance grise,
19
138 A. VAN GEHUCHTEN
FiG. 11, et la corne antéi-ieure, fig. 13. Pour rendre toutes ces cellules
comparables entre elles, nous les avons dessinées toutes à la chambre
claire au même grossissement (Zeiss D, 2), aussi bien les cellules des
FIG. 8 et 9 que celles des fig. 10, il et 12.
Le prolongement cylindraxile de chacune de ces petites cellules com-
missurales, considérablement plus grêle que celui des cellules volumineuses,
pénètre dans la commissure antérieure qu'il traverse, pour se recourber soit
entre les fibres constitutives du cordon antérieur, soit entre celles du cordon
latéral.
Il nous serait difficile de décrire les multiples aspects sous lesquels peu-
vent se présenter ces cellules commissurales; un coup d'œil jeté sur les
FIG. 10, 11, 12, 15 et 16 en dira plus long que la meilleure des descriptions.
Nous voulons cependant attirer l'attention sur la cellule a de la fig.11,
qui occupe la partie la plus dorsale de la corne postérieure dans le voisinage
immédiat du septum médian; sur la cellule b' de la même figure, dont le
corps cellulaire se trouve presque caché entre les fibres de la substance
blanche du cordon latéral ; sur la cellule b de la fig. 9 et la cellule c de
la FIG. 15, dont le corps cellulaire forme presque partie constitutive de la
commissure antérieure et dont un des prolongements protoplasmatiques
passe par la commissure antérieure pour se terminer entre les fibres du cor-
don antérieur du côté opposé.
Les cellules reproduites dans les trois fig. 10, 11 et 12 ont été prises
dans de nombreuses coupes de la moelle. Nous ne les avons réunies dans
ces trois figures que pour mieux faire ressortir que les cellules commissurales
peuvent occuper et occupent en réalité toutes les régions de la substance
grise.
Une question importante à résoudre est celle de savoir comment se
comportent les prolongements cylindraxiles de ces cellules commissurales à
leur arrivée dans la substance blanche du cordon antéro-latéral. Des coupes
longitudinales et frontales passant par la commissure blanche antérieure,
FIG. 13 et 14, montrent, en toute évidence, qu'arrivés dans la partie interne
du cordon antérieur, ces prolongements cylindraxiles se bifurquent généra-
lement en deux branches d'égale épaisseur, dont l'une devient une fibre as-
cendante et l'autre une fibre descendante de la moelle. Quelquefois cepen-
dant, le prolongement cylindraxile se recourbe simplement, sans se diviser,
soit en bas, fig. 14, b, soit en haut. Cette disposition a été observée égale-
ment par Retzius. Mais un détail important qui n'a pas été signalé par
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS 139
Retzius et que nos coupes montrent avec une netteté remarquable, c'est
qu'en se recourbant, en haut ou en bas, les branches de bifurcation s'inclinent
également en dehors, de telle sorte qu'elles quittent bientôt la partie interne
du cordon antérieur pour devenir libres longitudinales, soit dans la partie
externe de ce cordon, soit dans la partie ventrale du cordon latéral, fig. 13.
Cellules des cordons.
Les cellules des cordons de la moelle épinière de Tropidonotus sem-
blent avoir résisté, dans les préparations de Retzius, à l'imprégnation par le
chromate d'argent ^ Was sodann die Strangiellen betrifft, so habe ich sic
« viel seltener als die Commissurenzellen gefârbt gefunden.... Nach Allem
« was ich gesehen habe, verhalten sie sich auch bei den Ophidiern wie bei
« anderen Wirbelthieren. Die Axencylinderfortsâtze laufen in die Strânge
" derselben Halfte des Riickenmarks hinein und biegen sich um (i) ■'.
Nous avons obtenu ces cellules, colorées en noir, dans presque toutes nos
préparations. Aussi insisterons-nous quelque peu sur elles.
Les cellules des cordons peuvent être divisées en deux groupes suivant
qu'elles envoient leurs prolongements cylindraxiles dans la substance blanche
du cordon antéro-latéral ou dans celle du cordon postérieur.
Cellules du cordon antéro-lateral. Ces cellules des cordons, dont les
prolongements cylindraxiles vont devenir des fibres constitutives du cordon
antéro-latéral, présentent un volume excessivement variable; les unes sont
volumineuses et envahissent parleurs prolongements protoplasmatiques des
régions étendues de la substance de la moelle; les autres présentent un corps
cellulaire excessivement petit, d'où naissent quelques prolongements proto-
plasmatiques courts et peu ramifiés. Entre ces deux extrêmes, on trouve
toutes les formes intermédiaires.
Nous avons réuni dans la fig. 15 quelques-unes de ces cellules volumi-
neuses que nous avons rencontrées dans des coupes différentes. Cette figure
prouve que ces cellules volumineuses peuvent occuper toutes les régions de
la substance grise de la moelle. Leurs prolongements cylindraxiles, épais
comme ceux qui dépendent des cellules commissurales volumineuses, s'in-
fléchissent vers la substance blanche du cordon antéro-latéral. La cellule la
plus volumineuse que nous avons rencontrée dans nos préparations est celle
que nous avons reproduite dans la fig. 16, a.
(i) Retzius : Loc. cit., p. 44.
140 A. VAN GEHUCHTEN
Ce qui la caractérise, c'est le volume énorme du corps cellulaire, l'épais-
seur considérable des prolongements protoplasmatiques qui en naissent et
dont plusieurs n'ont pu être poursuivis dans tout leur trajet, parce qu'ils se
recourbaient dans la coupe pour s'épanouir dans la moelle suivant son axe
longitudinal; enfin la distribution particulière des prolongements protoplas-
matiques antérieurs qui traversent la commissure antérieure et peuvent être
poursuivis jusqu'à la périphérie de la moelle entre les fibres constitutives
du cordon antéro-latéral.
Les petites cellules des cordons, dont les prolongements cylindraxiles
se rendent dans le cordon antéro-latéral, occupent également les diverses
régions de la substance grise. Dans la fig. 17, nous avons reproduit un
certain nombre de ces cellules ayant leur siège dans la corne postérieure,
tandis que dans la fig. 18 nous avons réuni quelques types de cellules des
cordons des régions moyennes et antérieures de la substance grise.
Arrivés dans la substance blanche du cordon antéro-latéral, les prolon-
gements cylindraxiles de ces cellules nerveuses se bifurquent le plus souvent
en une branche ascendante et une branche descendante ; quelquefois cepen-
dant ils se recourbent simplement soit en haut, soit en bas, pour devenir une
fibre constitutive de ce cordon, fig. 19 et 20.
Cellules du cordon postérieur. Les cellules des cordons dont les pro-
longements cylindraxiles se rendent dans la substance blanche du cordon
postérieur sont excessivement nombreuses dans la moelle épinière de
Tropidonotus. Retzius en reproduit quelques-unes dans les figures 2 et 3,
PI. XXI, et les figures i et 2, PI. XXII. Elles sont cependant beaucoup
plus nombreuses que semblent le faire croire ces figures de Retzius. Dans
un grand nombre de nos préparations, nous n'avons observé, imprégnée en
noir, qu'une seule cellule des cordons postérieurs comme le montrent les
figures du travail de Retzius; mais dans un certain nombre de coupes où
l'imprégnation était plus complète, nous avons observé, dans une même
corne postérieure, jusque cinq cellules nerveuses envoyant leurs prolonge-
ments cylindraxiles dans la substance blanche du cordon postérieur. Nous
avons reproduit dans la fig. 21 toutes les cellules du cordon postérieur que
nous avons obtenues imprégnées dans une même coupe de la moelle. Les
prolongements cylindraxiles de toutes ces cellules nerveuses se rendent,
après un trajet plus ou moins complexe, jusque dans la région moyenne du
cordon postérieur.
ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES I4I
La FiG. 22 reproduit également les cellules du cordon postérieur d'une
seule coupe de la moelle; mais ici les prolongements cylindraxiles se rendent
tous dans un faisceau de fibres nerveuses occupant la partie la plus latérale
du cordon postérieur, dans l'angle de bifurcation de la racine postérieure en
faisceau radiculaire externe et faisceau radiculaire interne. A la périphérie
de cette corne postérieure, on tro.uve une cellule allongée à grand axe paral-
lèle à la surface de la moelle, analogue aux cellules nerveuses que Cajal a
décrites dans la substance gélatineuse de Rolando chez les oiseaux et les
mammifères sous le nom de cellules marginales.
Les cellules des cordons postérieurs occupent exclusivement la sub-
stance grise de la corne postérieure. Ce sont des cellules à corps petit,
pourvu d'un petit nombre de prolongements protoplasmatiques et dont les
prolongements cylindraxiles minces et délicats se rendent après un trajet
plus ou moins flexueux dans toutes les régions du cordon postérieur. A cause
de l'importance spéciale de ces cellules nerveuses, nous en avons représenté
encore un certain nombre dans les fig. 12, 23 et 24.
Arrivés dans le cordon postérieur, ces prolongements cylindraxiles
peuvent se comporter de deux façons différentes : ou bien ils se bifurquent
en une branche ascendante et une branche descendante, comme le prouvent
quelques-unes des cellules des fig. 12, 21 et 22, ou bien ils se recourbent
simplement dans la substance blanche.
Ces observations sur les cellules des cordons postérieurs ont leur im-
portance; elles prouvent que, chez la couleuvre au moins, une assez bonne
partie des fibres des cordons postérieurs ne représentent pas les branches
de bifurcation des fibres radiculaires postérieures. D'après les recherches de
Cajal, ces cellules semblent être également assez fréquentes dans la moelle
embryonnaire du poulet. Par contre, dans la moelle des mammifères, leur
nombre est beaucoup plus réduit : - Von allen Strangzellen des Riicken-
" markes, dit von Lenhossek (i), sind weitaus am sparlichsten die Zellen
" die ihren Nei-venfortsatz zu einem Bestandtheil der Hinterstrange wer-
« den lassen r,. La conclusion, dit-il plus loin (2), que l'on peut tirer de ces
observations est : « dass an der Bildung der Hinterstrange ausser den Hin-
« terwurzelfasern unzweifelhaft auch einige Nervenzellen der Hinterhôrner
" durch ihren Achsencylinderfortsatz beteiligt sind, dass aber ihr Anteil
« daran bei ihrer beschrânkten Zahl gewiss nur sehr gering sein kann ».
Ci) von Lenhossek : Der feinere Bau des Nerversystems im Lichte neuester Forschungen ;
Aufl., 1S95, p. 354.
(2) Ibid., p. 355.
142 A. VAN GEHUCHTEN
Parmi les nombreuses cellules commissurales de la moelle que nous
avons observées dans nos coupes, nous en avons rencontré quelques-unes
dont le prolongement cylindraxile se bifurque dans la substance grise elle-
même pour donner naissance à deux branches, dont l'une se rend dans le
cordon latéral du même côté de la moelle, tandis que l'autre passe par
la commissure antérieure pour se rendre dans le cordon antéro-latéral du
côté opposé. Ces cellules, dont quelques-unes ont été reproduites dans les
FiG. 10, a, et 16 c, appartiennent au groupe des « bilateralen Kommissu-
renzellen ^ de von Lenhossek, nos cellules hecatéromères.
Nos observations sur la moelle épinière de Tropidonoliis prouvent donc
que toutes les fibres constitutives de la commissure antérieure représentent
des prolongements cylindraxiles de cellules commissurales situées dans
toutes les régions de la substance grise et notamment dans la partie la plus
dorsale des cornes postérieures. Ces faits sont en opposition avec les obser-
vations que ScHAFFER a faites sur la moelle de Tropidonotus en se servant
de la coloration à l'hématoxyline d'après la méthode de Weigert.
D'après Schaffer, les fibres de la commissure antérieure proviennent
en partie de la portion médiale des racines postérieures et du cordon
latéral, en partie aussi de la corne et de la racine antérieure. " Die Fasern
" der Vordercommissur, » dit-il, « stammen zum Theil aus der medialen
« Portion der Hinterwurzeln. Ein betrachtlicher Antheil jedoch wird aus
« Seitenstrangfasern gebildet.... Ein fernerer Antheil der Vordercommis-
^ surfasern stammt aus dem Vorderhorne resp. Vorderwurzeln. ^
Les fibres commissurales décrites par Schaffer et reproduites par lui
dans les fig. 7 et 8 de son travail existent réellement dans la moelle de
Tropidonotus; mais comme la méthode de Weigert ne colore que la gaine
de myéline des fibres nerveuses, sans fournir le moindre renseignement sur
les connexions qui existent entre les fibres nerveuses et les cellules nerveuses,
Schaffer n'a pu se rendre un compte exact de l'origine des fibres qu'il a
eues sous les yeux. Ce qui le prouve, c'est que les fibres commissurales,
que dans le texte de son travail il déclare être en continuation directe avec
les fibres radiculaires postérieures (2), ne sont, dans les figures qui accom-
pagnent son travail et sur lesquelles il se base (fig. 7 et 8 de la pl. IX
(i) Schaffer : Loc. cit., pp. iC5 et i66.
(2) « Es sei mir gestattet » dit-il p. 167, « an diesem Orte hervorzuheben, dass die folgenden Faser-
« zûge : directe HinterwurzeUaser durch das Vordercommissur zum gekreuzten VorJerstrangc..., fur die
« Ringelnalter sicher constatirte Thatsachen reprasentiren ».
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 148
et figure schématique intercalée dans le texte), que des fibres qui com-
mencent dans les cornes postérieures, sans que l'on puisse voir la moindre
continuité entre elles et les fibres radiculaires postérieures. La méthode
de GoLGi, ayant sur la méthode de Weigert l'immense avantage d'im-
prégner à la fois et les cellules nerveuses et les fibres nerveuses, nous
montre que les fibres commissurales des cornes postérieures existent en
réalité, mais qu'elles proviennent de cellules nerveuses situées dans ces
régions grises dorsales.
La même interprétation s'applique aux fibres commissurales provenant,
d'après Schaffer, de la corne antérieure.
Quant aux fibres commissui-ales que Schaffer représente dans la figure
schématique de la moelle d'Anffiiis fragilis comme provenant des fibres
longitudinales du cordon latéral, elles ne représentent, à nos yeux, que
des fibres commissurales provenant de cellules nerveuses situées dans la
substance grise de la moitié opposée de la moelle et qui, après avoir tra-
versé la commissure, se rendent jusque dans le cordon latéral, c'est-à-dire
des fibres en tous points identiques à celle que nous avons reproduite dans
notre fig. il, b.
En dehors de ces cellules nerveuses, cellules commissurales ou cellules
des cordons, envahissant par leurs ramifications protoplasmatiques les
régions grise et blanche d'une moitié de la moelle, nous avons observé
fréquemment, dans nos coupes, des cellules volumineuses occupant une
partie de la région grise médiane située en arrière de la coupe du canal
central, fig. 25, région assez nettement limitée en arrière par le faisceau
dorsal de la commissure postérieure formé exclusivement par les collaté-
rales des fibres radiculaires moyennes, en avant par le faisceau ventral,
beaucoup plus épais, de cette même commissure constitué par les collaté-
rales des fibres du cordon antéro-latéral.
Ces cellules sont remarquables par leur position médiane en arrière de
la coupe du canal central, par leur corps cellulaire volumineux et par leurs
nombreux prolongements protoplasmatiques longs et épais qui traversent,
des deux côtés, la substance grise de la rnoelle, pour aller s'épanouir en par-
tie entre les ramifications terminales des nombreuses collatérales nées des
fibres des cordons postérieurs, en partie dans les régions moyennes de la
substance grise et entre les fibres constitutives de la moitié dorsale du cor-
don latéral des deux côtés de la moelle. Nos fig. 18, a, 23, a, 24, a, et 25, a,
reproduisent quelques-unes de ces cellules spéciales; elles peuvent donner
144 A. VAN GEHUCHTEN
une idée de leur richesse en prolongements protoplasmatiques et des régions
étendues de la moelle qu'elles envahissent par leurs ramifications.
Ces cellules dorsale^ médianes, comme nous les appellerions volontiers,
ont été observées également par Retzius : « Einzelne Zellen, dit-il (i),
" welche im hinteren Umfang in der Nâhe der Mittellinie resp. der Ka-
" nalspalte, liegen, entwickeln sich zu machtigen Zellenkôrpern, zu einer
« Art « Riesenzellen ^^ deren lange, weit ausgebreitete Dendriten grosse
« Partien des Riickenmarksquerschnittes durchspinnen und nicht nur in
« einer Halfte derselben bleiben, sondern auch oft weit in die andere hin-
« iiberlaufen «. Retzius range ces cellules dans le groupe des cellules com-
missurales. Nos observations prouvent que si quelques-unes de ces cellules
envoient, en réalité, leur prolongement cylindraxile à travers la commis-
sure antérieure jusque dans le cordon antérieur du côté opposé de la moelle,
FiG. 23 et 24, il en est d'autres dont le prolongement cylindraxile se rend
dans la partie dorsale du cordon latéral pour y devenir une fibre constitu-
tive de ce cordon, fig. 18 et 25.
B. Les fibrilles nerveuses.
Le second élément constitutif principal de la substance grise de la
moelle est représenté par de fines fibrilles nerveuses, qui ne sont rien autre
que les nombreuses branches collatérales et terminales nées des fibres longi-
tudinales des diff"érents cordons de la moelle envahissant par leurs divisions
et leurs subdivisions toutes les régions de la substance grise de la moelle.
Ces collatérales ne paraissent pas avoir été imprégnées par le chromate
d'argent dans les préparations que Retzius a faites de la moelle épinière de
Tropidonotus. Il ne les signale pas dans le texte de son travail et ne les
reproduit dans aucune de ses figures.
Sur des coupes provenant de la moelle dun embryon de ii à 12 cen-
timètres de longueur, on voit ces collatérales, presque complètement déve-
loppées, former dans presque toute l'étendue de la substance grise un plexus
inextricable. Une seule région de la substance grise de la moelle se montre
plus pauvre en ramifications cylindraxiles : c'est la l'égion médiane comprise
entre le faisceau dorsal et le faisceau ventral de la commissure postérieure
et caractérisée par la présence de ces cellules volumineuses que nous avons
décrites sous le nom de cellules dorsales médianes.
(i) Retzius : Loc. cit., p. 44.
ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 145
Nous avons essayé de reproduii-e dans la fig. 25 l'aspect d'une coupe
transversale montrant les collatérales des différents cordons. Nous devons
avouer cependant que, dans nos préparations, l'entrelacement des fibrilles
nerveuses de la substance grise était beaucoup plus compact que nous
n'avons pu le rendre dans notre dessin.
Les collatérales nées des fibres des cordons postérieurs sont toutes des
collatérales courtes; elles se ramifient et se terminent dans la substance
grise de la partie tout à fait dorsale des cornes postérieures. Les collaté-
rales qui proviennent des fibres les plus externes se dirigent en dedans
pour constituer, avec les collatérales des mêmes fibres du côté opposé, le
faisceau dorsal de la commissure postérieure. Toutes les autres collatérales
présentent cette caractéristique que leurs ramifications terminales ne dé-
passent que rarement les fibres de ce faisceau dorsal; mais, tandis que les
collatérales des fibres moyennes s'épanouissent dans cette substance grise
suivant un plan transversal, on voit les collatérales qui proviennent d'un petit
faisceau de fibres nerveuses situé de chaque côté du septum médian se diri-
ger directement en avant pour s'arrêter plus ou moins brusquement dans
le voisinage de la commissure. Des coupes longitudinales et antéro-posté-
rieures passant par cette partie interne des cordons postérieurs montrent
que ces collatérales s'épanouissent dans la substance grise suivant un plan
vertical. Arrivée dans le voisinage de la commissure postérieure, chacune
de ces coUatéi^ales se bifurque en une petite branche ascendante et une
petite branche descendante, dont les ramifications terminales vont s'entrela-
cer avec les ramifications analogues venues des collatérales voisines. Nous
avons reproduit dans la fig. 26 une seule fibre de cette partie interne du
cordon postérieur pour bien montrer l'épanouissement vertical des colla-
térales qui en proviennent. Les fig. 27 et 28 prouvent que ce n'est pas là
une disposition particulière aux collatérales de l'une ou de l'autre des fibres
de ce faisceau interne, mais bien une disposition commune à toutes. On
dirait, à voir ces coupes transversales et longitudinales, que, dans le cours
de leur développement, ces collatérales, arrivées dans le voisinage de la
commissure postérieure, ont été arrêtées par les fibres de cette commissure
dans leur marche en avant et que, changeant de direction, elles se sont
épanouies dans le sens vertical. Ce qui apporte un appui à cette manière
de voir, c'est que, sur les coupes d'embryons plus jeunes, on voit les collaté-
rales destinées à la commissure postérieure atteindre déjà la ligne médiane,
alors que les collatérales internes encore peu développées se terminent par
ïo
146 A. VAN GEHUCHTEN
un petit cône de croissance dans le voisinage plus ou moins immédiat des
cordons postérieurs.
Les collatérales nées des fibres qui constituent la mince zone de sub-
stance blanche recouvrant la corne postérieure se ramifient et se terminent
dans la substance grise voisine.
Les collatéi^ales des fibres du faisceau radiculaire externe se ramifient
en partie dans les régions moyennes de la substance grise; les autres,
les plus nombreuses et les plus importantes, s'inclinent en avant en for-
mant un petit faisceau de fibrilles nerveuses à direction antéro-postérieure
à la limite de la substance blanche du cordon latéral et de la substance
grise voisine et vont s'épanouir entre les cellules radiculaires de la corne
antérieure.
Les fibres du cordon latéral envoient de nombreuses collatérales dans
les régions moyennes et antérieures de la substance grise : les unes,
courtes, se ramifient et se terminent dans la substance grise de la moitié
correspondante de la moelle ; les autres beaucoup plus longues traversent le
septum médian en arrière du canal central et forment l'élément constitutif
principal du faisceau ventral de la commissure postérieure.
Les collatérales qui proviennent des fibres du cordon antérieur se
comportent comme les collatérales du cordon latéral : les unes, directes, se
terminent dans la substance grise de la moitié correspondante de la moelle;
les autres, croisées, vont se terminer dans la substance grise du côté opposé;
parmi ces collatérales croisées, les unes passent incontestablement par la
commissure postérieure, les autres, plus nombreuses, traversent la com-
missure ventrale, fig. 29.
A leur entrée dans la substance grise, ces collatérales nées des fibres
des différents cordons présentent d'abord toutes un trajet rectiligne, sans
divisions ni branches collatérales.
C'est seulement quand ces collatérales ont pénétré jusque dans les
régions centrales de la substance grise qu'elles se divisent et se subdivisent
d'une façon plus ou moins complexe. C'est là le motif pour lequel la sub-
stance grise de la moelle, sur des coupes où l'imprégnation par le chromate
d'argent a bien mis en évidence les collatérales des fibres nerveuses, pré-
sente un aspect différent dans la zone périphérique et dans ses régions
centrales. Dans la zone périphérique prédominent les fibrilles rectilignes
rayonnant de tous les points de la substance blanche dans la substance
grise, FIG. 30; entre ces fibrilles rectilignes, on rencontre cependant les ra-
' ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES I47
mifications terminales de collatérales venues, soit des fibres du côté opposé
de la moelle, soit des fibres des régions blanches voisines. Dans les régions
centrales de la substance grise, on ne trouve plus que le plexus nerveux
formé par l'entrelacement inextricable des ramifications terminales de
toutes les collatérales, fig. 25.
Un point intéressant à étudier, c'est le mode de développement de ces
collatérales. Nous avons reproduit dans notre fig. 31 la coupe transversale
de la partie inférieure de la moelle d'un embryon de Tropidonotus de
8 cent, de longueur montrant les collatérales des différents cordons de la
moelle dans leur premier stade de développement. Chacune des collatérales
du cordon antéro-latéral se présente comme une simple fibrille à trajet
légèrement ondulé, pénétrant plus ou moins loin dans la substance grise
et se terminant, au grossissement employé, par un petit épaississement
triangulaire ou fusiforme. Ce bout libre épaissi caractérise l'extrémité
libre du plus grand nombre des collatérales imprégnées; on le retrouve
à l'extrémité libre de presque toute collatérale en voie de développe-
ment. Il représente pour la collatérale, en petit, le cône de croissance du
prolongement cylindraxile découvert par Cajal dans la moelle embryon-
naire du poulet et retrouvé depuis par d'autres auteurs. Retzius l'a observé
également sur les prolongements cylindraxiles de toutes les cellules ner-
veuses dans la moelle d'embryons de Tropidonotus de 4 cent, de longueur.
Examinés à un grossissement plus considérable (Zeiss, D, 4), ces cônes
de croissance présentent généralement deux ou trois petites branches
épineuses.
Les collatérales des cordons postérieurs se terminent également par
un petit épaississement triangulaire ; celles des fibres internes du cordon
suivent un trajet antéro-postérieur, comme dans des moelles plus dévelop-
pées, tandis que les collatérales des fibres externes prennent une direction
transversale, première ébauche du faisceau dorsal de la commissure
postérieure.
A ce moment du développement embryologique, le canal central de la
moelle épinicre occupe encore la plus grande partie du diamètre antéro-
postérieur de la moelle.
Si on compare notre fig. 31 à la coupe de la moelle d'un embryon de
Tropidonotus de i'j cent, de longueur, fig. 2."î, on voit que, dans le cours
du développement, la lumière du canal central se rétrécit par suite de
l'oblitération de sa partie dorsale. C'est à travers cette partie oblitérée du
148 A. VAN GEHUCHTEN
canal que passent les collatérales du cordon antéro-latéral pour aller con-
stituer le faisceau ventral de la commissure postérieure.
Comment se produisent et l'oblitération de la partie dorsale du canal
central et la pénétration des collatérales du cordon antéro-latéral à travers
cette partie oblitérée?
Le canal central de la moelle épinière de Tropidonotus, comme celui
de la moelle de tout vertébré, est tapissé par une rangée de cellules épithé-
liales qui représentent les corps des cellules épendymaires. Ces cellules
épendymaires présentent, sur des coupes de la partie inférieure d'un em-
bryon de 6 cent, de longueur, la disposition typique et régulière que
Retzius a décrite et figurée pour la moelle d'embryons de 4 centim. de lon-
gueur. Les corps des cellules épendymaires juxtaposés, fig. 32, limitent la
lumière du canal central; ils sont pourvus d'un prolongement périphé-
rique, recouvert de quelques petites branches épineuses et s' étendant jus-
qu'à la surface libre de la moelle, où il se termine par un petit épaississe-
ment conique. Les cellules épendymaires antérieures, beaucoup plus courtes
également, présentent une disposition différente suivant qu'on les examine
sur la ligne médiane ou quelque peu en dehors de cette ligne : les cellules
médianes présentent un trajet rectiligne, tandis que les cellules latérales
s'incurvent légèrement en avant et en dehors.
Si on examine maintenant la disposition des cellules épendymaires sur
une coupe de moelle d'un embryon de i 1 à 12 centim. de longueur, moelle
sur laquelle la lumière du canal central est considérablement réduite, on
voit que les cellules épendymaires de la face antérieure et des faces laté-
rales du canal central ont conservé leur disposition primitive, fig. 33 et 34,
quoique sur toute la longueur de la partie oblitérée de ce canal ces cellules
ne soient plus en rapport avec la cavité centrale. La seule modification
intervenue est que les cellules épendymaires postérieures, médianes et
latérales, se sont allongées; leur prolongement interne est devenu beau-
coup plus long, de telle sorte qu'il est resté, au moins pour les cellules
médianes et les cellules immédiatement voisines, en connexion avec la
lumière du canal, fig. 33 et 35. On dirait qu'au fur et à mesure que le
canal s'oblitère d'arrière en avant, ces cellules s'allongent pour venir occuper
la place qui résulte de cette oblitération.
Ces faits montrent que, dans l'oblitération de la partie dorsale du canal
central, les cellules épendymaires latérales ne jouent aucun rôle actif :
elles conservent leur disposition première; les seuls éléments qui se modi-
fient sont les cellules épendymaires postérieures; celles-ci tendent à conser-
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 149
ver leur connexion primitive avec la paroi du canal central et s'allongent
au fur et à mesure que ce canal rétrécit son diamètre antéro-postérieur.
Le pourquoi de cette oblitération progressive du canal central et de
cet accroissement correspondant du prolongement interne des cellules
épendymaires postérieures nous échappe complètement.
Ce sont les cellules épendymaires postérieures médianes, étendues
entre le canal central et la face postérieure de la moelle, qui forment les
éléments constitutifs du septiim médian dorsal.
Pendant que ces modifications surviennent dans le diamètre antéro-
postérieur du canal central et dans la disposition des cellules épendy-
maires, les collatérales des différents cordons ont continué à pénétrer plus
avant dans la substance grise de la moelle : les bouts libres ou cônes de
croissance des collatérales du cordon antéro-latéral, poussés ou attirés par
une force énigmatique vers la partie médiane de la moelle, s'insinuent
entre les éléments constitutifs de la substance grise. Cette poussée ou cette
attraction est tellement forte, semble tellement irrésistible et à ce point
aveugle, qu'un grand nombre de ces collatérales se dirigent même vers la
partie persistante du canal central, de telle sorte que, sur presque toutes les
coupes que l'on examine, on trouve des collatérales engagées par leur cône
de croissance entre les corps des cellules épendymaires, aussi bien des
faces latérales que de la face antérieure du canal central. Arrivées là cepen-
dant, elles semblent rencontrer un obstacle à leur marche en dedans; elles
se recourbent alors quelquefois en avant vers la commissure antérieure, le
plus souvent en arrière en longeant la face latérale du canal central dans
un trajet plus ou moins flexueux; puis, au niveau de la partie oblitérée du
canal, elles s'infléchissent en dedans pour pénétrer dans la substance grise
du côté opposé de la moelle. Il est évident que, pendant cette progression
de toutes ces collatérales vers la partie médiane, un grand nombre s'ar-
rêtent et se terminent dans la substance grise de la moitié correspondante
de la moelle.
Les détails de ce développement progressif des collatérales ressortent
nettement des fig. 36 à 42, qui toutes ont été dessinées soigneusement à
la chambre claire. Pour ne pas donner à ces figures de trop grandes pro-
portions, nous n'avons dessiné que la coupe du canal central et l'extrémité
libre des collatérales du cordon antéro-latéral qui, arrivées dans le voisinage
du canal central, tendent à passer la ligne médiane.
Dans les fig. 33 à 40, le canal central n'était oblitéré que dans une
150 A VAN GEHUCHTEN
partie de son étendue; un grand nombre de collatérales ont pénétré par
leurs cônes de croissance jusque entre les corps des cellules épendymaires,
quelques-unes se sont recourbées en arrière en prenant une direction antéro-
postérieure. En arrière de la coupe du canal central, les collatérales com-
mencent à passer la ligne médiane et, une fois au-delà, elles poussent de
petites branches collatérales. Dans les fig. 40 à 42, le canal central est
oblitéré davantage, les cônes de croissance s'étendent déjà plus loin dans la
substance grise du côté opposé et le nombre des collatérales qui ont passé
la ligne médiane s'est accru. En contournant l'extrémité postérieure du
canal central, un grand nombre de ces collatérales décrivent une courbe à
concavité antérieure nettement prononcée.
Au fur et à mesure que la lumière du canal se l'étrécit, le nombre des
collatérales qui passent la ligne médiane augmente ; en même temps qu'elles
s'allongent, ces collatérales commencent par émettre de petites branches
latérales, par présenter des divisions et des subdivisions. Les cônes de
croissance s'affaiblissent et tendent à disparaître. Cependant cette dispari-
tion du cône de croissance ne survient pas en même temps pour toutes les
collatérales; même sur des coupes d'embryons de 12 centim. de longueur,
où les collatérales envahissent par leurs ramifications toutes les régions de
la substance grise et où le faisceau ventral de la commissure postérieure
semble avoir atteint son développement complet, on trouve encore, par ci
par là, surtout dans le voisinage du canal central, les cônes de croissance
de quelques collatérales en voie de développement, fig. 25.
Cette étude du mode de développement des collatérales nées des fibres
de la substance blanche de la moelle nous semble intéressante à un autre
point de vue; elle peut aider à élucider la question de l'existence ou de la
non-existence d'anastomoses entre les ramifications cylindraxiles dans la
substance grise du système nerveux central. Il est évident que sur une
coupe de la moelle, où toutes les collatérales sont complètement développées
et où toutes sont imprégnées par le chromate d'argent, comme c'était le cas
pour la coupe reproduite dans notre fig. 25, l'examen le plus soigneux et
le plus attentif ne parviendra pas à résoudre la cjuestion ; ces collatérales
entrelacées dans tous les sens par leurs branches de division et de subdivi-
sion induisent trop facilement en erreur.
L'examen de moelles plus jeunes, dans lesquelles les collatérales ne
sont pas encore complètement développées, tranche nettement et indiscuta-
blement la question en faveur de la non-existence des anastomoses, puisque
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES Ifjl
sur les coupes faites dans ces moelles on voit à l'évidence chacune des col-
latérales se terminer par un cône de croissance. Il ne peut venir à l'esprit
de personne d'admettre, par exemple, l'existence d'anastomoses entre les
fibrilles nerveuses de la substance grise dans la coupe que reproduit notre
FiG. 31. Dans les premiers temps du développement embrj'ologique, les
ramifications cylindraxiles des cellules nerveuses restent donc indépen-
dantes les unes des autres.
Mais les anastomoses ne pourraient-elles pas survenir plus tard, ne
pourraient-elles pas constituer, en somme, le terme final du développement
des collatérales et ne pourrait-on pas admettre que cette force énigmatique
qui pousse ou qui attire les collatérales des cordons antéro-latéraux vers
les régions médianes de la substance grise est uniquement l'attraction que
ces collatérales exercent les unes sur les autres, attraction qui ne s'épuise
que par la fusion de leurs ramifications terminales? Mais s'il en était ainsi,
pourquoi les collatérales des cordons postérieurs n'obéissent-elles pas à
l'attraction des collatérales voisines et pourquoi s'arrétent-elles dans la
substance grise de la partie dorsale des cornes postérieures? D'ailleurs, ce
qui prouve mieux que tous les raisonnements que l'hypothèse que nous
venons d'émettre n'est pas l'expression de la réalité, c'est que si on suit,
sur des moelles d'embryons de plus en plus âgés, le développement pro-
gressif des collatérales, on voit les cônes de croissance disparaître au fur et
à mesure que les collatérales progressent, qu'elles se divisent et se subdi-
visent, sans pourtant observer la fusion de leurs ramifications terminales.
De plus, si on étudie des coupes provenant de la moelle d'embryons où les
collatérales ont atteint leur développement complet, dans lesquelles le
chromate d'argent n'a imprégné qu'un petit nombre de ces collatérales,
FIG. 43, on pourra poursuivre ces quelques collatérales dans toute leur
étendue et on verra toujours toutes leurs branches de division et de sub-
division se terminer par des bouts libres.
De tous ces faits et de toutes ces considérations, nous croyons pouvoir
conclure qu'avec les méthodes d'investigation dont nous disposons actuel-
lement les ramifications cylindraxiles des cellules nerveuses se terminent
librement. Ce fait de l'indépendance des éléments nerveux est d'ailleurs
admis actuellement par le plus grand nombre des neuro-histologistes.
Quelques voix discordantes se sont élevées cependant pour combattre ce
qu'elles appellent - la théorie de l'indépendance des éléments nerveux. "
Il n'entre pas dans le cadre de ce travail de relever les objections qui ont
l52 A. VAN GEHUCHTEN
été émises ni d'en discuter la valeur; mais, parmi les travaux les plus
récents publiés dans le but de prouver l'existence véritable d'anastomoses
entre fibres nerveuses distinctes, il en est un (i), publié en Belgique, dans
lequel les auteurs plaident vigoureusement en faveur de l'existence d'anas-
tomoses, non pas dans le sj'stème nerveux central, qui n'a pas fait l'objet
de leurs recherches, mais dans le système nerveux périphérique. Nous
avons attentivement lu et relu ce travail, nous avons examiné soigneuse-
ment les nombreux photogrammes qui l'accompagnent et nous sommes
arrivé à la conviction que les conclusions de ce travail, en ce qui concerne
les anastomoses, ne sont pas d'accord avec les faits sur lesquels elles se
basent et que l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses distinctes ne
se trouve nullement prouvée dans ce travail. Nous allons tâcher, en nous
tenant scrupuleusement au texte (2) des auteurs, de faire pénétrer la même
conviction dans l'esprit de nos lecteurs.
Heymans et Demoor ont étudié, au moyen de la méthode de Golgi,
linnervation du cœur chez un certain nombre de vertébrés. Leurs recher-
ches principales semblent cependant avoir été faites chez la grenouille et la
souris. En étudiant l'innervation du cœur de la grenouille, les auteurs se
demandent s'il existe des anastomoses entre des fibres différentes, et voici
textuellement comment ils s'expriment (3) :
« Faisons d'abord observer qu'une fibre nerveuse apparemment formée
« par un seul cylindre-axe primitif s'étend dans la substance musculaire à
" des distances considérables, côtoyant différentes trabécules auxquelles
" elle donne des ramifications latérales, s'infléchissant dans les directions
« les plus variées et donnant au niveau d'autres trabécules des branches
« latérales aussi volumineuses que celle qui parait continuer la fibre. Les
« branches latérales qui partent de cette fibre au niveau de ces différents
(i) Heymans et Demoos : Étude de i' innervaiion du ccvur des vertébrés à l'aide de la méthode
de Golgi; Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par TAcadémie royale de médecine de Bel-
gique, T. XIII, ÎS94.
(2) Nous tenons à faire remarquer que toutes nos citations du travail de Heymans et De.moor ont
été empruniées au texte publié dans les Mémoires couronnés et autres Mémoires de l'Académie royale
de Médecine de Belgique. Cette remarque a son importance. Le travail sur l'innervation du cœur a
été publié également dans les Aechives de Biologie (t. XIII. fasc. IV, pp. 619-676), sous le même
titre Étude de l'innervation du cœur des vertébrés à l'aide de la méthode de Golgi, mais le texte
primitif a subi certaines modifications. Cela soit dit pour que les lecteurs, qui n'ont à leur disposi-
tion que les Archives de Biologie, ne puissent nous accuser, à tort, de ne pas avoir copiés crupuleu-
sement, comme nous le déclarons, le texte des auteurs.
(3) Loc. cit., pp. 25 et 26,
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS l53
« faisceaux musculaires sont-elles réellement des ramifications ou ne sont-
~ elles pas plutôt? des branches anastomosées avec d'autres fibres nerveuses
" primitives? Pour notre part, nous admettons cette dernière hypothèse (i)
" pour les raisons indiquées (2), et aussi parce que nous avons vu la même
« disposition anatomique là où les faisceaux de fibres pénétrant dans la
" paroi ventriculaire commencent à se ramifier. Bref, nous admettons sans
" pouvoir toutefois le démontrer d'une manière péremptoire, que les rami-
« fications de fibres nerveuses primitives différentes s'anastomosent entre
« elles. Nous nous rangeons donc entièrement à l'opinion exprimée par
" Merkel au Congrès des anatomistes de Gôttingen : Zahlreiche Untersu-
ii chungcn liber periphere Nervenendigungen haben sicher erwiesen dass an
« den Endstellen Netze vorkommen welche von mehrere Nervenfasern ver-
" sorgt werden. «
De ce texte, que nous avons tenu à reproduire en entier, il ressort en
toute évidence que si Heymans et Demoor admettent, dans le cœur de la
grenouille, l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses distinctes, ils ne
s'appuient pas sur des anastomoses réellement inies par eux au microscope,
mais uniquement sur ce fait, que nous croyons bien observé, qu'un cylindre-
axe primitif émet des branches latérales aussi volumineuses que celle qui
parait continuer la fibre. Ces branches latérales sont considérées par eux
comme des branches anastomotiques, sans qu'ils se soient donné la peine de
les poursuivre pourvoir, si, en réalité, elles proviennent d'autres fibres ner-
veuses ou bien si, dans leur trajet ultérieur, elles ne se résolvent pas elles-
mêmes en branches de division et de subdivision plus grêles. Ces branches
latérales ne sont donc pas des ramifications, uniquement parce qu'elles sont
aussi grosses que la fibre dont elles émanent. Mais si cette raison avait la
moindre valeur, nous pourrions la retourner contre Heymans et Demoor et
dire : ces branches latérales ne sont pas des branches anastomotiques, parce
que la fibre à laquelle elles se réunissent n'augmente pas en épaisseur à son
point de réunion ou de fusion avec chacune d'elles. Heymans et Demoor
croient donc que le cylindre-axe d'une fibre nerveuse doit diminuer de vo-
lume après l'émission de chacune de ses collatérales. Mais tous ceux qui ont
appliqué la méthode de Golgi à l'étude du système nerveux central savent,
par expérience, que cela n'est pas. Que l'on examine, par exemple, une coupe
(i) Dans le texte des Archives de Biologie, le mot hypothèse a été remplacé par manière de i-oir.
(i!) Ces raisons indiquées, nous les avons cherchées en vain dans le texte du travail.
SI
154 A. VAN GEHUCHTEN
longitudinale de la moelle de n'importe quel vertébré montrant imprégnées
les fibres de la substance blanche avec les collatérales qui en naissent, on
verra manifestement qu'e le cylindre-axe d'une fibre nerveuse peut émettre
de nombreuses collatérales sans pour cela diminuer d'épaisseur (voir nos
FiG. 5, 26, 27 et 28). Bien plus, Sala (i) dans la moelle des batraciens,
VON Lenhossek(2) chez l'homme et nous-même(3) chez la truite, nous avons
montré que le prolongement c)'lindraxile d'une cellule nerveuse peut aug-
menter d'épaisseur au fur et à mesure qu'il s'éloigne de sa cellule d'origine
et cela malgré les collatérales qui en naissent. Le même fait s'observe pour
le cylindre-axe des fibres nerveuses périphériques. Dans nos recherches
sur les terminaisons nerveuses libres intra-épidermiques, nous (4) avons
figuré des cylindre-axes périphériques qui s'épaississent pendant leur trajet
entre les cellules épidermiques. Le fait donc qu'une fibre nerveuse émet
" des branches latérales aussi volumineuses que celle qui paraît continuer la
fibre y> ne prouve rien, ni pour ni contre l'existence d'anastomoses; et c'est
cependant, nous tenons à le répéter, appuyés sur ce seul fait que Heymans
et Demogr admettent les anastomoses dans le cœur de la grenouille.
Il est même curieux de suivre, par le texte même du travail, la modifi-
cation qui s'est faite insensiblement dans l'esprit des auteurs et qui fait que,
presque à leur insu, ils transforment une hypothèse en un fait indiscutable :
« Pour notre part, disent-ils tout d'abord (5), nous admettons cette dernière
1^ hypothèse... " (c'est-à-dire l'existence d'anastomoses}. Quelques lignes plus
loin, l'idée d'hypothèse s'efface dans leur esprit; ils parlent d'un fait qu'ils
ne savent cependant prouver d'une manière péremptoire « Nous admettons,
« sans poiwoir toutefois le prouver d'une manière péremptoire, que les rami-
« fications des fibres nerveuses primitives différentes s'anastomosent entre
« elles. ^ Et immédiatement après, cette dernière restriction, ce manque de
preuve s'évanouit et ils concluent : " Nous nous rangeons donc entièrement r,
c'est-à-dire sans aucune restriction, « à l'opinion exprimée par Merkel r,
opinion qui admet comme « sicher erwiesen " l'existence d'un réseau dans
les terminaisons nerveuses périphériques.
(ij Sala ; Estructura de la medida cspinal de los bairacios; Barcelone, 1892.
(2) VON Lenhossek : Der feincre Bau des Nervensystem...., iSgS, p. 33o.
(3) Van Gehuchten : La moelle épiniere de la truite, La Cellule, t. XI, i« fasc , iSgS. p. i3o.
(4J Van Gehuchten : Les terminaisons nerveuses intra-épidermiques che^ quelques mammifères ;
La Cellule, t. IX, 2' fasc , 1893, fig. 11, 14 et i5.
(5) Lo;. cit., pp. 26 et 27.
ETUDE DE LA JIOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 155
Ce même manque de logique se retrouve un peu plus loin : « Nous
« nous plaçons, disent-ils (i), sur le terrain de l'observation; plus la réduc-
^ tion est complète, plus les anastomoses " apparentes ou réelles r, se mul-
« tiplient; y — jusqu'ici la proposition est conforme aux faits observés —
« et là où l'imprégnation est générale, Tanastomose constitue la règle. -^ Ici
ils ne disent plus si ce qui est la règle est l'anastomose apparente ou bien
l'anastomose réelle.
De ces citations, nous pouvons conclure en toute rigueur que, dans le
cœur de la grenouille, les auteurs n'ont i>ii aucune anastomose véritable.
Ont-ils obtenu de meilleurs résultats dans le cœur de la souris? Voici
comment ils s'expriment, à la page 33 de leur travail, en parlant des fila-
ments nerveux du myocarde : - Ces filaments nerveux donnent, sur tout
- leur parcours, des branches latérales qui se ramifient à leur tour et dont
« la plupart vont s'anastomoser avec d'autres branches nerveuses. Comme
« les photogrammes sont très démonstratifs, nous n'insistons pas sur la des-
« cription du trajet des éléments nerveux.... -i Et plus loin, pp. 33 et 34 :
« Les ramifications de fibres forment autour et dans les trabécules muscu-
« laires un plexus très riche, dont les branches s'anastomosent en de très
" nombreux endroits. On remarque ici (phot. 22 à 26) fréquemment des
" anastomoses entre les grosses fibres, anastomoses ailleurs si difficiles à
" constater, parce qu'elles échappent à l'observation par suite de la lon-
" gueur du trajet des fibres ou de leur passage dans un plan plus profond.
" On observe donc réellement, comme les photogrammes l'indiquent, un
« riche réseau de fibres enlaçant les trabécules musculaires et pénétrant
" entre les éléments qui les constituent. L'examen de ces photogrammes
" et celui des coupes encore davantage entraînent la conviction qu'il existe
'• des anastomoses entre les diverses ramifications. Un pareil réseau s'ob-
« serve dans au moins la moitié de l'étendue de chacune des coupes faites à
^ travers le cœur de souris. Partout la même continuité, partout les mêmes
" anastomoses entre les ramifications d'une même fibre et celles des fibres
« différentes nous parait indiscutable (2). On peut faire des objections à
- telle ou telle anastomose en particulier, mais le nombre de ces anasto-
" moses est tellement considérable qu'il a suffi à des amis histologistes de
^ jeter un coup d'œil sur nos préparations pour être convaincus de leur
" existence (2) ».
(i) Loc. cit., pp. 25 et 27.
(2) Le texte a été modifié dans les Archives de Biologie.
156 A. VAN GEHUCHTEN
De ce texte, il semble donc ressortir que, dans le cœur de la souris,
les anastomoses entre fibres nerveuses abondent; elles seraient même telle-
ment évidentes que les auteurs, renonçant à toute description, se contentent
de renvoyer aux photogrammes 22 à 26 qui sont, disent-ils, à ce point de vue
tout à fait démonstratifs. Nous avons donc examiné ces photogrammes et
nous sommes d'avis que l'on ne peut pas leur demander une preuve qu'ils
sont incapables de fournir. A l'exception du photogramme 26 qui a été exé-
cuté à un grossissement de 720 D, tous les autres photogrammes ont été
faits à des grossissements trop faibles. Pour le photogramme 22, le grossisse-
ment emplo3^é n'est que de 90 D; pour les photogrammes 23 et 24, il atteint
180 D et pour le photogramme 25, il est de 360 D. Nous estimons que, même
à un grossissement de 360 D, il doit être très difficile, si pas impossible, de
constater si, en un point donné, il y a entre deux fibres nerveuses anastomose
réelle ou simplement superposition ou entrecroisement. La même difficulté
persiste quelquefois à des grossissements plus forts, et dans bien des cas,
pour trancher la question, nous avons été obligé d'étaler la coupe sur un
verre couvre-objets, afin de pouvoir l'examiner par les deux faces. Heymans
et Demoor en conviennent d'ailleurs eux-mêmes. A la page 25 de leur tra-
vail, nous lisons en effet : " Si nous examinons nos nombreuses préparations
« à des grossissements divers, depuis les grossissements moyens jusqu'aux
« plus forts (Zeiss, obj. apoch. 2 mill., oc. 12), il est d'abord hors de doute
« qu'on distingue un certain nombre de plans successifs contenant des fibres
« ou des fibrilles nerveuses distinctes qui ne s'anastomosent pas au niveau
« où on l'aurait cru à des grossissements plus faibles ». Ainsi donc de l'aveu
même des auteurs', des anastomoses qui paraissaient réelles aux grossisse-
ments ordinaires n'étaient que des entrecroisements ou superpositions de
fibrilles nerveuses à des grossissements plus forts. Pour établir ce dernier
fait, ils ont dû recourir à l'objectif apochromatique de 2 millim. de Zeiss
avec l'ocul 12. La question n'est donc pas si facile à trancher que Heymans
et Demoor semblent le croire ; aussi ne comprenons-nous pas comment ils
aient pu écrire : « mais le nombre des anastomoses est tellement considé-
'. rable qu'il a suffi à des amis histologistes de jeter un coup d'œil sur nos
" préparations pour être convaincus de leur existence. "
Il ne reste donc plus à l'appui de leur thèse que le photogramme 26
exécuté à un grossissement de 720 D. Les auteurs n'expliquent pas ce pho-
togramme dans le texte de leur mémoire, mais dans le texte explicatif des
photogrammes publié à la fin du travail, ils disent, p. 52 : "La netteté de
ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 157
« ce réseau à ce grossissement démontre que les fibres qui le constituent se
« trouvent dans un même plan. ^ Nous ne partageons pas cette manière de
voir : le protogramme 26 montre une légère différence de teinte entre les
fibres nerveuses qui y sont reproduites, preuve manifeste à nos yeux que
ces fibres se trouvent dans deux plans différents. Nous sommes convaincu
que si les auteurs avaient étalé cette coupe sur un verre couvre-objets et
s'ils l'avaient examinée par les deux faces avec un grossissement convenable,
ils n'auraient vu que des fibrilles entrecroisées.
La preuve de l'existence d'anastomoses entre les fibres nerveuses du
myocarde de la souris n'est donc pas fournie par les recherches de Heymans
et Demoor. Ici aussi, on observe dans leurs conclusions le même manque
de logique, signalé plus haut à propos de leurs recherches sur le cœur de la
grenouille. Le fait observé est celui-ci : ^ ces filaments nerveux donnent,
" sur tout leur parcours, des branches latérales qui se ramifient à leur tour
« et dont la plupart (nous soulignons) vont s'anastomoser avec d'autres
« branches nerveuses; " et quelques lignes plus loin, dans leur conclusion,
cette légère restriction disparaît et ils disent : « Partout la même conti-
« nuité, partout les mêmes anastomoses entre les ramifications d'une même
« fibre et celles des fibres différentes nous paraît indiscutable. «
Cette preuve de l'existence d'anastomoses ne se trouve d'ailleurs dans
aucun des nombreux photogrammes qui accompagnent leur travail. Il est
évident que nous laissons hors de cause les photogrammes 13, 37, 38, 44,
33, 34, 45 et 46 qui n'ont pas été exécutés d'après les préparations micros-
copiques, mais qui ne sont que la reproduction de dessins. De l'avis de
Heymans et Demoor, le dessin ne mérite guère de confiance; leur travail
porte, en effet, comme devise : " Le dessin d'après nature n'est qu'un
" schéma — ^ ; et à la p. 14, nous lisons : « quel que soit le talent du
" dessinateur, un dessin d'après nature ne peut jamais prétendre qu'à une
" ressemblance plus ou moins parfaite : il n'est que l'expression plus ou
" moins exacte de la manière dont l'observateur interprète la préparation
« qu'il a sous les yeux. "
Il est superflu, croyons-nous, de faire ressortir que, si nous avons analysé
attentivement le mémoire de Heymans et Demoor, c'est uniquement pour
montrer que la preuve de l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses
périphériques n'a pas, quoiqu'ils en disent, été fournie par ces auteurs.
Nous n'avons, à l'égard de l'existence ou de la non-existence d'anastomoses,
aucune idée préconçue. Si nous sommes partisan convaincu de l'indépen-
158 A VAN GEHUCHTEN
dance des neurones, c'est uniquement parce que, dans toutes nos recherches,
nous avons vu les prolongements protoplasmatiques et cylindraxiles des cel-
lules nerveuses se terminer librement. Si cependant la preuve de l'existence
d'anastomoses devait être fournie sans conteste, nous serions le premier à
accueillir ce fait et à le défendre avec la même ardeur, avec laquelle nous
soutenons pour le moment l'opinion contraire (i).
Structure de la substance blanche.
La substance blanche des différents cordons de la moelle est formée
presque exclusivement, au moins chez des embrj^ons de loà 12 centimètres
de longueur, de fibres nerveuses longitudinales entremêlées avec les prolon-
gements protoplasmatiques périphériques provenant de cellules nerveuses
de la substance grise et avec les prolongements périphériques provenant des
cellules épendymaires.
Toutes les fibres nerveuses des différents cordons, en montant et en
descendant dans la moelle, émettent de nombreuses collatérales qui pénè-
trent dans la substance grise.
Les fibres des cordons postérieurs représentent en majeure partie les
branches de bifurcation ascendantes et descendantes des fibres radiculaires
postérieures. Un certain nombre cependant de ces fibres ne sont que les
prolongements cylindraxiles de cellules nerveuses situées dans les cornes
postérieures.
(i) L'existence d'anastomoses entre les fibres nerveuses du myocarde a été admise, comme un
fait établi, par Heymans dans un récent travail de vulgarisation ;i . Nous nous serions abstenu de
le citer, si notre savant collègue de l'Université de Gand n'avait cru bon de parler dans ce travail,
avec un mélange mal dissimulé d'ironie et de dédain, des « histologistes de la fin du XIX" siècle »,
« des observateurs du microscope », qui soutie:inent que les neurones sont indépendants les uns des
autres. Pour ne pas prolonger outre mesure la discussion, nous nous contentons de soumettre à la
méditation du lecteur la phrase suivante du travail précité : c< Cette influence qu'exercent les uns sur
CI les autre-; les différents centres ou les différents neurones s'opère, d'après nombre d'histologistes de la
Cl fin du XIX» siècle, à dislance, à travers une substance prétendument non nerveuse. L'inéluctable
Cl logique de notre organisation cérébrale (!) a amené les physiciens à créer l'hypothèse de l'élher pour
CI expliquer les actions à distance, à travers l'espace interplanétaire ou iutermoléculaire; par contre, les
c< observateurs du microscope n'éprouvent pas le besoin de la continuité d'un substratum à la conduc-
(c tion de l'excitation nerveuse, celle-ci sautant d'un neurone à l'autre, comme font les enfants dans les
Cl prés, d'un bord du ruisseau à Vautre. >> (Note ajoutée pendant la correction des épreuves.)
(i) Heymans : Le cœur; Revue des questions scientifiques, deuxième sc;rie, t. X, oct. i8q6, pp. 5.(9 et 562.
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS I59
Les fibres du cordon antéro-latéral représentent en bonne partie les
prolongements cjdindraxiles des cellules des cordons, aussi bien de la sub-
stance grise de la moitié correspondante que de celle de la moitié opposée
de la moelle. Un grand nombi^e des fibres du cordon antéro-latéral doivent
cependant être des fibres descendantes, ayant leurs cellules d'origine dans
les parties supérieures du névraxe.
Neuroglie.
Dans la moelle épinière d'embryons de 8 à lo centim. de longueur,
toute la neuroglie est constituée exclusivement par les cellules épendymai-
res, FiG. 33, dont les unes sont en rapport intime, par leur extrémité inter-
ne, avec la lumière du canal central, tandis que les autres, celles qui sont
situées de chaque côté du septum médian dorsal, ont perdu toute connexion
avec ce canal à la suite de l'oblitération de sa partie postérieure. Entre ces
cellules épendymaires t3'piques, on rencontre cependant déjà, par ci par là,
une cellule pourvue d'un prolongement périphérique en tous points sembla-
ble aux prolongements périphériques des cellules épendymaires voisines,
mais dont le corps cellulaire est situé à une distance variable de la coupe
du canal central. Ces éléments représentent sans aucun doute des cellules
épendymaires en voie de transformation en cellules de neuroglie. Les
embryons que nous avons eus à notre disposition étaient trop jeunes pour
nous permettre de suivre toutes les phases de cette transformation.
APPENDICE.
Les observations consignées dans le présent travail ont été faites pen-
dant les mois de juin et juillet 1895. Le travail lui-même, rédigé pendant le
mois de décembre 1895, a été déposé dans la forme ci-dessus, à l'x^cadémie
royale de médecine de Belgique le 14 janvier 1896, portant comme devise :
" C'est surtout pour l'anatomie des centres nerveux qu'il est vrai de dire que
l'anatomie comparée doit éclairer l'anatomie humaine. » Sa publication a
été retardée par des circonstances indépendantes de notre volonté.
Dans le courant de cette année, il a paru deux publications sur les
cellules constitutives des ganglions spinaux.
l6o A. VAN GEHUCHTEN
Spirlas (i) a observé des cellules multipolaires dans les ganglions spi-
naux d'un embryon de vache de 9 centimètres de longueur. Il considère les
prolongements surnuméraires comme des dendrites et ne se prononce passur
le rôle physiologique qu'il faudrait leur attribuer. Il signale aussi l'existence
de cellules nerveuses donnant naissance à trois prolongements cylindraxiles ;
mais, contrairement à ce que nous avons observé chez la couleuvre, deux de
ces prolongements seraient destinés à la racine postérieure et un seul se
rendrait dans le nerf périphérique.
DoGiEL (2) a étudié au moyen de la coloration au bleu de méthylène
les cellules des ganglions spinaux de quelques mammifères adultes. Il décrit,
dans ces ganglions, l'existence de deux types cellulaires nettement distincts
par la façon dont se comporte leur prolongement cylindraxile : des cellules
à cylindre-axe long ou cellules du premier type et des cellules à cylindre-axe
court ou cellules du second type.
Les cellules à cylindre-axe long sont les cellules typiques ordinaires des
ganglions spinaux. Chez l'adulte, elles sont généralement unipolaires. Dogiel
signale cependant l'existence de quelques rares cellules bipolaires et même
de cellules multipolaires.
Nous empruntons au travail de Dogiel une observation de Cajal, qui
nous avait échappé. Le' savant espagnol a observé, après Disse, l'existence
de prolongements surnuméraires courts aux cellules bipolaires des ganglions
spinaux d'embryons de poulet(3). Lors de la transformation des cellules bi-
polaires en cellules unipolaires, ces prolongements disparaissent et le corps
cellulaire devient sphéro'idal ou légèrement polyédrique. Il est probable,
dit-il, que les expansions que Schaffer (c'est Disse, sans aucun doute, que
Cajal veut dire) a décrites récemment aux cellules des ganglions spinaux
des batraciens sont de la même nature, c'est-à dire des prolongements
courts, rudimentaires, destinés à disparaître chez l'adulte. Nous avons émis,
dans le courant de notre travail, une opinion semblable. Le fait de l'existence
de cellules multipolaires dans les ganglions spinaux de mammifères adultes,
constaté par Dogiel, prouve que cette manière de voir n'est pas tout à fait
conforme à la réalité. La persistance de ces prolongements surnuméraires
(i) Spirlas : Zur Kenntniss der Spinalgangtien der Sâugetiere; Anatom. Anzeiger. Bd XI,
1896, pp. 629—634.
(2) Dogiel : Der Bail der Spinalganglien bei dcii Sâugctieren; Anatom. Anzeiger, Bd. XII,
1896, pp. 140—152.
(3) Cajal ; Los ganglios y plexos iterviosos del intestino de los mjinifcros y pequenas adicio-
lies a nuestros trabajos sobre la medtila y gran simpatico général; Madrid, 23 nov., 1893, p. 44.
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS l6l
chez l'adulte ne modifie, cependant, en rien l'explication que nous avons
cru pouvoir en donner.
DoGiEL a vu également le prolongement central d'une cellule unipo-
laire se bifurquer dans le voisinage de la cellule d'origine, de sorte qu'il
existe, dans les ganglions spinaux, des cellules nerveuses donnant naissance
à trois prolongements, qui vont devenir cylindre-axes de fibres nerveuses.
Enfin, détail intéressant à signaler, le prolongement unique de la cel-
lule unipolaire, avant de se bifurquer, émettrait une, deux ou trois collaté-
rales, déjà signalées par Spirlas, se terminant dans le ganglion lui-même.
A côté de ces cellules ganglionnaires typiques, Dogiel signale l'exis-
tence d'un second type cellulaire jusqu'ici inconnu de tous ceux qui ont fait
des recherches sur les cellules des ganglions spinaux. Il a pour caractéristique
que le prolongement unique de la cellule nerveuse ne quitte pas le ganglion,
mais se bifurque un grand nombre de fois dans l'intérieur du ganglion lui-
même, pour donner naissance à un grand nombre de branches, qui vont se
terminer par des [ramifications péricapsulaires et péricellulaires autour des
éléments du premier type.
Ces cellules du second type seraient elles-mêmes en connexion avec les
ramifications terminales des quelques fibres sympathiques qui pénètrent
dans chaque ganglion spinal, de telle sorte que ces cellules du second type
serviraient à transmettre à toutes les cellules du premier type tous les
ébranlements nerveux amenés par les fibres sympathiques.
Nous devons déclarer que, dans nos nombreuses recherches, nous
n'avons jamais obtenu imprégnées par le chromate d'argent ces cellules
spéciales signalées par Dogiel.
EXPLICATION DES FIGURES
FIG. 1. Coupe transversale de la moelle d'un embryon de lo centim. de lon-
gueur. Les cellules du ganglion spinal droit, presque toutes bipolaires, proviennent
d'un embrj'on de 8 centim. de longueur, tandis que les quelques cellules unipolaires
du ganglion spinal gauche proviennent d'un embryon de ii centim. de longueur.
FIG. 2. Cellules multipolaires des ganglions spinaux d'un embryon de lo cen-
tim. de longueur : rp, racine postérieure.
FIG. 3. Ganglion spinal d'un embryon de lo centim. : a, cellule bipolaire ty-
pique ; b, cellule bipolaire, dont le prolongement interne se bifurque en une branche
destinée à la moelle et une autre pénétrant dans un nerf périphérique ; rp, racine
postérieure.
FIG. 4. Ganglion spinal d'un embryon de lo centim. : a, cellule bipolaire ty-
pique; b, cellule multipolaire pourvue d'un prolongement protoplasmatique épais et
non ramifié; c, cellule unipolaire, dont le prolongement unique donne naissance à un
prolongement central et deux prolongements périphériques.
FIG. 5. Cellule multipolaire d'un ganglion spinal d'un embryon de ii centim.
FIG. 6 et 7. Entrée des fibres des racines postérieures dans la moelle.
FIG. 8 et 9. Différents t5'pes de cellules géantes des cordons hétéromères :
a, cellules dont le prolongement cylindraxile naît du corps cellulaire ; b, cellule dont
le prolongement cylindraxile naît d'un gros tronc protoplasmatique ; c, petite cellule
commissurale située dans la commissure antérieure.
FIG. 10. Différents types de cellules des cordons hétéromères de la corne posté-
rieure : a, cellule dont l'axone se bifurque dans la substance grise : l'une des branches
se rend dans le cordon latéral du même côté, l'autre passe par la commissure antérieure.
FIG. 11. Différents tj-pes de cellules des cordons hétéromères des régions
moyennes de la substance grise : a, cellule située dans la partie la plus dorsale de
la corne postérieure ; b, cellule dont l'axone se rend dans la partie postérieure du
cordon latéral.
FIG. 12. a, petites cellules des cordons hétéromères de la corne antérieure ;
b, cellule analogue, dont le prolongement cylindraxile émet une collatérale dans la
substance grise du côté opposé ; c, cellules tautomères des cordons postérieurs.
FIG. 13. Coupe longitudinale frontale passant par la commissure antérieure et
montrant la bifurcation des axones des cellules commissurales dés leur entrée dans
le cordon antérieur.
l64 A. VAN GEHUCHTEN
FIG. 14. Coupe longitudinale, quelque peu oblique en arrière et en dehqrs,
passant par la commissure antérieure : a, cellules des cordons hétéromères, dont
l'axone se bifurque dans le' cordon antérieur ; b, axone d'une cellule hétéromère se
recourbant simplement en bas.
FIG. 15. Différents types de cellules géantes des cordons tautomères, dont
l'axone se rend dans le cordon antéro-latéral : a, cellule hétéromère, dont le corps
occupe la commissure antérieure.
FIG. 16. a, cellule tautomère, dont les prolongements protoplasmatiques traver-
sent la commissure antérieure; b, cellules hétéromères de la corae antérieure; c, cel-
lule hécatéromère.
FIG. 17. Différents types de cellules du cordon antéro-latéral siégeant dans les
cornes postérieures.
FIG. 18. Cellules du cordon antéro-latéral siégeant dans les cornes antérieures
et dans les régions moyennes de la substance grise : a, cellule dorsale médiane
envoyant son axone dans la partie postérieure du cordon latéral.
FIG. 19. Coupe longitudinale sagittale : a, cellules des cordons, dont l'axone
se bifurque dans la partie antérieure du cordon antéro-latéral ; b, cellules des cor-
dons, dont l'axone se recourbe en haut; c, axone se recourbant en bas; d, axone
d'une cellule des cordons postérieurs.
FIG. 20. Coupe longitudinale sagittale : a, fibre radiculaire postérieure du
faisceau radiculaire interne ; a! , fibre radiculaire postérieure du faisceau radiculaire
externe se bifurquant dans le cordon latéral ; b, prolongement cylindraxile d'une cel-
lule de la corne postérieure se bifurquant dans le cordon latéral ; cl, cordon laté-
ral ; cp, cordon postérieur.
FIG. 21. Cellules tautomères des cordons postérieurs provenant d'une même
coupe : cl, cordon latéral.
FIG. 22 Cellules tautomères du cordon postérieur obtenues imprégnées dans
une même coupe : cl, cordon latéral ; frp, fibres radiculaires postérieures.
FIG. 23. a, cellule dorsale médiane, dont l'axone passe p)ar la commissure an-
térieure : b, cellules tautomères des cordons postérieurs; b' , cellule dont l'axone envoie
une collatérale dans la corne postérieure.
FIG. 24. a, cellule dorsale médiane, dont l'axone passe par la commissure an-
térieure; b, cellules tautomères des cordons postérieurs; b' , cellule marginale de Cajal.
FIG. 25. Coupe transversale de la moelle avec les collatérales : a, cellule dor-
sale médiane occupant la partie de la substance grise comprise entre le faisceau
ventral et le faisceau dorsal de la commissure postérieure.
FIG. 26. Une fibre longitudinale de la partie interne du cordon postérieur.
FIG. 27 et 28. Fibres de la partie interne des cordons postérieurs avec les
collatérales qui en naissent.
I
ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 1 65
FIG. 29. Collatérales des fibres du cordon antérieur passant par la commis-
sure ventrale.
FIG. 30. Les collatérales du cordon antéro-latéral n'émettent pas de branches
dans la première partie de leur trajet.
FIG. 31. Coupe transversale de la partie inférieure de la moelle d'un embryon
de 8 centim. montrant les cônes de croissance des collatérales.
FIG. 32. Cellules épendymaires dans la partie inférieure de la moelle d'un
embryon de 6 centim. de longueur.
FIG. 33. Quelques cellules épendymaires de la moelle d'un embryon de 10 centim
FIG. 34. Cellules épendymaires postérieures médianes et latérales dans la moelle
d'un embryon de 10 centim.
FIG. 35. Quelques cellules épendymaires postérieures latérales.
FIG. 36 à 42. Coupes de la moelle à différents stades du développement
montrant le passage des collatérales derrière la lumière du canal central.
FIG. 43. Quelques collatérales de la moelle d'un embryon de 10 centim.
23
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I
RECHERCHES SUR L'ESSENCE
DU
COSSUS LIGNIPERDA
PAR
Maurice HEN^EVAL
Docteur en sciences naturelles,
ASSISTANT A l'iNSTITUT ZOOLOGIQUE DE l'uNIVERSITÉ DE LoUVAIN.
(Mémoire déposé le lo janvier 1897 J
24
RECHERCHES SUR L'ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA
APERÇU HISTORIQUE.
Différents auteurs se sont occupés de l'huile de Cossus.
Lyonnet paraît avoir, le premier, porté son attention sur ce produit.
Il suppose que cette sécrétion exerce une action corrosive sur le bois et sert
à la chenille pour attaquer ce tissu à l'aide de ses mandibules.
Meckel nous dit que c'est une huile éthérée (âtherisches Oel) et qu'elle
distille facilement. Il en signale les propriétés de solubilité dans l'eau,
l'alcool et l'éther, dans l'acide nitrique à chaud, dans l'acide sulfurique à
chaud, qui la colorerait en violet, et dans les alcalis ; elle serait au con-
traire insoluble dans l'acide chlorhydrique.
Plateau a étudié le produit de sécrétion des glandes à essence de la
chenille du Cossus ligniperda dans son grand travail sur les phénomènes de
la digestion chez les insectes.
Le liquide coloré que dégorge l'animal, quand on le saisit ou qu'on
l'irrite, n'est pas le produit des organes sécréteurs; ce n'est autre chose que
le contenu de l'œsophage. Au point de vue de ses propriétés physiques, le
produit de sécrétion est un liquide jaunâtre ou incolore, d'une odeur forte,
pénétrante, désagréable. Le microscope n'y révèle pas d'éléments spéciaux
figurés; sa densité est inférieure à celle de l'eau, sur laquelle il flotte. Il se
comporte comme une huile, tachant le papier qu'il rend transparent.
Au point de vue chimique, les premiers essais semblent indiquer une
huile grasse; en effet, le liquide ne se dissout pas dans l'eau ou fort peu; il
est soluble dans l'alcool et l'éther.
Quelques gouttes abandonnées à l'air pendant 12 heures ne changent
aucunement d'aspect; l'ammoniaque le coagule subitement, au lieu de le
170 Maurice HENSEVAL
dissoudre, ce qui indique au moins la présence de substances en solution. La
teinture alcoolique d'iode détermine une coloration brunequi vireau verdâtre.
L'action prolongée du liquide sur l'empois d'amidon n'amène aucune
formation de sucre. La salive est neutre.
Le liquide sécrété diffère donc beaucoup de la salive ordinaire des
insectes.
On trouve les mêmes notions éparpillées dans de nombreux livres,
souvent très généraux, — Brehm, Rolleston, — où il est question de
la chenille du Cossus, très connue des naturalistes.
OBSERVATIONS PERSONNELLES.
Comme le dit le professeur Plateau, le produit de sécrétion des glan-
des maxillaires de la larve de Cossus paraît, à première vue, être une huile
grasse. En la soumettant à l'analyse, nous avons bientôt acquis la con-
viction qu'il s'agissait d'un corps tout différent, bien plus rare dans la
physiologie animale.
Nous nous sommes occupé, dans ces recherches, du produit tel qu'il
se trouve dans le réservoir de la glande. Nous recueillions de préférence
les grands individus qui possèdent le plus de substance; nous disséquions
soigneusement l'appareil glandulaire et, après avoir bien nettoyé la surface
externe du réservoir pour écarter le sang et les substances qui pourraient
souiller le produit, nous l'incisions et recueillions les gouttes qui s'en
échappent dans de petits tubes en verre que nous scellions à la lampe pour
que la substance ne s'altère pas avant son utilisation.
Ces recherches ont été faites au laboratoire de chimie biologique sous
la direction de M. le professeur Ide, auquel nous présentons nos vifs
remerciements.
PROPRIÉTÉS PHYSIQUES.
Solubilité. Elle est insoluble dans l'eau.
Elle est très soluble dans l'éther, l'alcool absolu, le chloroforme et la
benzine.
Densité. La densité est d'environ 0,85.
La détermination approximative de cette densité a été faite de la
manière suivante :
On pèse une quantité indéterminée avec le vase qui la contient. On
lui soutire alors 0,46 centimètre cube au moyen d'une pipette graduée
RECHERCHES SUR L'ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA l?!
donnant exactement les cinquantièmes de centimètre cube. On repèse la
masse indéterminée restante avec le vase. La différence des deux pesées
constitue le poids de la portion enlevée.
Or, 0,4-6 ce. pesait 0,3928 gr.
Volatilité et point d'ébullition. La solution alcoolique, comme la
suspension dans l'eau, soumise à la distillation, laissait passer la substance
dans la première partie de l'opération (i).
La détermination du point d'ébullition nous a opposé beaucoup plus
de difficultés.
Cette détermination a été tentée d'abord au bain d'huile d'après la
méthode ordinaire.
Une petite gouttelette de la substance, contenue dans un fin tube fermé
à l'une de ses extrémités, était chauffée graduellement au bain d'huile,
afin de saisir le moment où tout l'air s'échapperait d'un tube capillaire noué
et renversé dans la substance.
Mais le point d'ébullition de la substance étant supérieur à celui du
bain, nous n'avons pas obtenu de résultats.
Alors, nous avons essayé la distillation directe sous une pression forte-
ment négative.
Le vide se faisait par une forte pompe aspirante à eau, qui maintenait
durant toute l'expérience la colonne de mercure de notre manomètre à envi-
ron 0,74 centim. Il régnait ainsi dans l'appareil une tension d'environ deux
centim., dont le principal facteur était probablement la vapeur d'eau.
La petite cornue plongeait entièrement dans un bain d'acide sulfurique
concentré. Un thermomètre plongeait au même niveau dans le bain que
nous agitions fréquemment à l'aide d'une baguette de verre.
Dans les premiers essais, nous amenions de l'air par un tube capillaire
au fond de la substance, dans le but de faciliter l'ébullition et d'éviter son
surchauffement. Malheureusement, la substance se mit à mousser dans ces
circonstances, au point de compromettre entièrement l'opération. Les résul-
tats qui suivent ont donc été obtenus pour la substance en contact simple
avec les parois du verre, sans intervention d'aucun adjuvant.
Dans deux expériences préliminaires, nous avons chauffé jusque
vers 200°; chaque fois, nous avons chassé toute la substance dans un petit
(i) Elle ressemble à ce point de vue à la plupart des essences végétales : les essences de menthe,
de mélisse, d'anis, etc.
172 Maurice HENSEVAL
réfrigérant, où elle se condensait. Chaque fois, il restait un petit résidu
brun : ce résidu était solide à froid et ne dégageait plus l'odeur de l'essence
de Cossus fraîche. Déjà à 150°, nous avions remarqué que la substance
brunissait dans la cornue.
Le distillât est clair, limpide, moins jaunâtre que la substance primi-
tive et en possède l'odeur caractéristique.
Dans une troisième distillation, étant déjà un peu orienté sur ce qui
se passait, nous avons observé ce qui suit :
A 120" et sous une pression négative de 74 centim., la pression baro-
métrique étant de 76 centim., il ne passa rien. Nous avons maintenu cette
température pendant 3/4 d'heure.
A 150° et sous la même pression négative, aucun nouveau phénomène
ne se produit après 20 minutes.
A 160° et sous la même basse pression, la plus grande partie de la
substance passe franchement, absolument claire et limpide.
Il reste au fond de la cornue un petit résidu brun, solide, ressemblant
tout à fait au résidu des expériences précédentes. .>
Il y a donc probablement là un mélange de deux substances que des
distillations fractionnées successives permettront de séparer et de purifier.
Chauffée directement à la flamme dans une capsule de platine, l'es-
sence de Cossus disparait intégralement, avant le rouge sombre, en brûlant
avec une flamme très carbonée.
Remarque. Les analyses qui suivent ne portent pas sur l'une ou
l'autre de ces substances, mais sur l'ensemble.
Le lecteur verra, par ce qui suit, que ran,alyse du mélange nous a
donné de très précieux renseignements. Nous avons dû d'ailleurs exécuter
toutes ces recherches avec environ 2 centimètres cubes de substance et en
n'employant que de petites portions à la fois.
PROPRIÉTÉS CHIMIQUES.
Réaction. L'essence de Cossus possède une réaction acide à frais (i).
Elle ne se saponifie pas. Elle n'est donc constituée, ni en tout ni en
partie, par des graisses.
Il) Plateau l'a observée neutre. Nous ne savons à quoi peut tenir cette divergence.
RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 173
Une lessive alcoolique de KOH additionnée de la matière est soumise
à l'ébullition pendant deux heures au bain-marie, sous un simple réfrigé-
rant ascendant.
Après ce traitement, la moindre gouttelette de la solution alcoolique
donne encore dans l'eau une forte émulsion : des savons n'en donneraient pas.
Mais il fallait exclure une saponification partielle et constater à cet
effet l'absence de traces même d'acides gras.
Dans ce but, une solution alcoolique de trois gouttes de substance,
bouillie avec KOH pendant plusieurs heures, fut fortement étendue d'eau.
Soumise à la distillation, elle laissa passer l'essence reconnaissable à son
odeur et s'éclaircit en même temps, tout comme le ferait une autre émulsion
qui n'aurait pas subi le contact de KOH.
Cette solution éclaircie présente encore une légère odeur de la sub-
stance ; l'acidification la trouble légèrement, mais ce trouble n'est pas con-
stitué par des acides gras. En effet, même après une heure de chauffage au
bain-marie, il n'apparaît pas trace de voile, ni à la surface, ni au bord du
verre. Ce trouble a plutôt une tendance à se déposer.
1° L'essence de Cossus ne contient pas daiote.
Deux gouttes de la substance, mises à digérer à froid avec H^SO^ an-
glais, brunissent, puis noircissent en 48 heures. La substance ainsi suffisam-
ment attaquée est traitée par la méthode de Kjeldahl et ne donne pas
trace de NH,.
Cette recherche a été répétée avec une seconde quantité plus considé-
rable de substance et a donné le même résultat.
2° Elle ne contient pas de phosphore.
La substance, mise en contact à froid avec des lamelles de K pur,
laisse dégager de petites quantités de gaz sans s'échauffer notablement
et change d'aspect physique : il se produit une masse ressemblant à de
l'axonge. Le tout est mis au contact d'une quantité abondante d'eau.
Le filtrat est mis dans une capsule d'argent, évaporé, additionné de
KOH et de KNO3, mis en fusion, redissous, fortement acidifié à l'acide
nitrique et additionné de molybdate de NH..
Ni immédiatement, ni au bain-marie, il ne se produit de précipité le
premier jour; un léger dépôt, formé le lendemain, est jeté sur le filtre, lavé
à l'acide nitrique et redissous dans NH,.
174
Maurice HENSEVAL
Cette solution ne donne pas trace de phosphate ammoniaco-magnésien.
Cette recherche a été répétée avecle même résultat sur 0,3850 de sub-
stance, traitée de la même manière, sauf que le K a été fondu en présence
de la substance pendant quelques instants.
3° Celte substance contient du soufre.
Ce fait, de haute importance, a été établi par plusieurs méthodes :
a) En attaquant, comme plus haut, la substance par du K pur, puis
en l'oxydant par le mélange de KNO3 et de KO H ;
b) En attaquant la substance par le K pur et en l'oxydant par l'eau
de Br;
c) En soumettant la solution alcoolique de l'essence à l'ébullition
prolongée avec la KO H pendant de longues heures (voir plus loin).
La solution alcoolique, diluée dans l'eau additionnée d'éther, est dé-
cantée; la portion aqueuse évaporée est traitée par le mélange de KNO3
et de KOH.
d) La substance additionnée d'acide nitrique fumant dans un tube
scellé, chauffée pendant une heure entre 120° et 140°, est redissoute dans
l'eau.
Toutes ces solutions ont donné en présence d'HCl libre et de beau-
coup d'eau un fort précipité avec le BaCh. La présence du soufre ne sau-
rait donc être douteuse.
4° Dosage du soufre.
a) 0,2476 de la substance sont mis à froid, pendant 48 heures, en
présence d'abondantes pellicules de K pur. Le léger échauffement est
combattu par l'immersion dans l'eau froide. La substance est devenue
assez régulièrement solide. Le tout est dissous dans l'eau. Une résine so-
lide surnage; nous filtrons, lavons complètement cette substance, mais en
négligeant de la redissoudre (petite perte possible par rétention).
Le filtrat, traité comme pour l'analyse qualitative, donne après inciné-
ration 0,1776 de BaSO^, ce qui équivaut à 0,0244 de soufre, soit très ap-
proximativement 10 0/0.
b) 0,0443 de substance chauffés en tube scellé avec 3 grammes d'HNO,
fumant, pendant 2 heures à 140°, sont extraits sans perte de substance et
sans accidents et dissous dans l'eau.
RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 175
Évaporé pour chasser l'HNÛ., redilué, acidifié à l'HCl, le précipité
de BaSO^, très soigneusement lavé, est incinéré et pesé.
Nous trouvons 0,0167 de BaSO<, ce qui correspond à 5,2 0/0 de
soufre.
Mais comme nous ignorons si tout le S a été oxydé par cette méthode,
que d'autre part la substance est suffisamment attaquée pour entrer en
solution aqueuse, nous reprenons le filtrat de BaSO^, nous le concentrons
dans une capsule d'argent, nous l'évaporons à sec et traitons le résidu par
le KNO. et la KOH. La nouvelle solution est acidifiée comme d'habitude.
Malheureusement, un accident est survenu dans le courant de nos
opérations et nous n'avons pu évaluer le S qui restait.
Nous sommes donc obligé de nous en tenir aux 10,0/0 trouvés par
la première recherche.
5° Outre le soufre, cette substance ne contient que du carbone et de
rhydrogène.
Il nous restait, en ce moment, un peu plus de 3 décigrammes de sub-
stance pour faire l'analyse élémentaire.
a) Une première analyse élémentaire, dans le courant d'O sec, avec le
CuO comme oxydant et le chromate de Pb pour arrêter le soufre, a été faite
sur 0,1601 de substance.
La combustion, menée très prudemment dès le début, paraissait se
faire très lentement. Déjà, tout le tube à combustion était chauffé, depuis
quelques minutes, sur toute sa longueur, quand brusquement le dégage-
ment de CO5 s'est produit tumultueusement. Un déficit de C par oxyda-
tion incomplète est donc à craindre dans les résultats.
Cette analyse préliminaire nous a donné :
Poids de la substance employée . 0,1601
CO, 0,4210
H,0 0,1579
Ce qui correspond à
C 72,01 0/0
H 10,95 0/0
b) Une deuxième analyse porta sur 0,1511 de substance. Elle fut
menée avec plus de prudence, de sorte que, le moment de la combustion
rapide arrivé, le dégagement de CO^,, pour être encore rapide, ne devint
cependant pas inquiétant.
176 Maurice HENSEVAL
Cette fois-ci, nous obtenons une proportion de C un peu plus forte,
mais la même proportion de H.
Poids de la substance employée . o,i5ii
CO, 0,4300
H,0 0,1497
Ce qui correspond à
C ...... . 77,61 0/0
H ...... . 11,01 0/0
Conclusion. Le chiffre n 0/0 peut être considéré comme exact
pour l'H.
Pour le C, nous sommes très autorisé provisoirement à considérer le
chiffre de 77,61 0/0 comme très rapproché de la réalité.
Le soufre nous ayant donné 10 0/0, — que nous pouvons considérer
comme un chiffre très approximatif, — il en résulte que la substance ne
contient pas d'O.
En effet, si nous additionnons nos chiffres, nous obtenons :
C 77,61 0/0
H 11,01
S ...... . 10,00
98,62 0/0
Ce résultat très satisfaisant nous autorise à dire d'abord que l'essence
de Cossus n'est pas un mélange de produits fort hétérogènes, étant donné
qu'il n'y a pas trace de substance azotée et que les substances oxygénées
n'y sont certainement qu'à l'état d'impuretés.
Il ne serait pas étonnant que la réaction acide soit due à une im-
pureté. Notons en effet que la glande de certaines chenilles, — Bauchdvusen
deScHâFFER, — produit d'après Poulton de l'acide formique. Or, cetteglande
est, pensons-nous, morphologiquement homologue de la glande maxillaire
de la larve de Cossus. En outre, elle a la même structure et elle est égale-
ment tapissée par une cuticule interne. Il ne serait donc pas impossible que
la glande du Cossus produise aussi une petite quantité d'acide formique,
suffisante pour donner la réaction acide au tournesol.
Nous pouvons donc penser que ce pourrait être un mélange d'hydro-
carbures soufrés ou d'hydrocarbures soufrés et non soufrés.
Enfin, si c'était une substance chimique unique, sa formule minima
approximative serait C.^HjjS. Tout fait entrevoir qu'avec des quantités
un peu plus notables de cette substance on pourra en détermine;" la con-
stitution chimique.
RECHERCHES SUR l'eSSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 177
NATURE CHIMIQUE.
Voici les premières données que nous avons obtenues, à ce point de
vue ; l'étude complète exigera de plus grandes quantités de substance et
de plus longues recherches.
1° L'essence de Cossus contient un noyau aromatique.
Cette conclusion découle de la manière dont la substance lie le brome.
On peut présenter le brome sous différentes formes :
a) En solution éthérée sur la solution éthérée de la substance ;
b) Comme eau de Br sur la solution éthérée de la substance;
c) Ou comme brome en nature sur la substance en nature.
Cette dernière méthode qui serait la plus directe réussit mal à cause
de la consistance butyreuse des liquides. La meilleure, la plus commode,
est la seconde : la solution éthérée de la substance secouée avec l'eau de
brome. Le brome se lie en très grande quantité. Nous nous sommes assuré
que ce n'est pas l'éther, mais bien la substance qui prenait cette grande
quantité de Br (i).
La substance est donc saturée de brome par la seconde méthode, à
la lumière du jour et à la température ordinaire. Ensuite, on évapore l'éther
et l'excès de Br contenu dans l'eau; la substance bromée ne surnage plus à
l'eau, mais tombe au fond, où elle forme une grosse gouttelette. Le pro-
duit de bromurisation est donc un peu plus dense que l'eau.
Ce brome est-il entré dans un noyau aromatique ou dans des chaînons
gras? On sait qu'en général des solutions concentrées de KOH arrachent
tout le brome des chaînons gras, tandis que le brome introduit dans les
chaînons aromatiques ne se laisse pas influencer.
Nous avons donc soumis la substance en solution alcoolique à l'action
de la KOH à froid pendant une heure, et à chaud pendant 1/2 heure;
il ne nous restait plus qu'à séparer les bromures de l'essence, ce qui s'obtint
comme il suit : chasser l'alcool, reprendre le résidu' par l'éther, secouer la
solution éthérée avec de l'eau dans l'entonnoir à décantation ; on obtient
ainsi une solution aqueuse contenant l'excès de KOH et les bromures de K
qui se sont formés et une solution éthérée contenant le dérivé encore bro-
mure ou non de l'huile essentielle.
(i) L'éther décolore peu à peu le brome, mais en petite quantité.
178 Maurice HENSEVAL
Après plusieurs lavages et décantations successifs, on peut considérer
chacune de ces solutions comme pures. Il est alors facile de constater par
le AgNO-, plus HNO3 pour acidifier, qu'une assez grande quantité de Br a
été arrachée par la KO H.
D'autre part, la substance dissoute dans l'éther retient encore beaucoup
de brome.
Pour le déceler, il faut évaporer l'éther, reprendre le résidu, détruire
la molécule par le mélange de KNO5 et de KO H, et voir si dans les pro-
duits de décomposition il y a du brome.
La réaction fut franchement positive.
Nous avons répété plusieurs fois cette opération avec le même résultat.
2° Le S est intimement incorporé dans la molécule.
Sept heures d'ébullition de la substance avec une solution alcoolique
de KO H et 48 heures de digestion à froid n'en détachent que la plus petite
partie.
Après une longue action de la KOH en solution alcoolique, il s'est
fait un dédoublement partiel : le soufre a quitté la molécule et un
produit à odeur empyreumatique distille isolément avec les premières
gouttes d'alcool.
Il est inutile d'ajouter, après ce que nous savons par l'analyse élémen-
taire, que ce soufre n'y est certainement pas contenu sous la forme oxydée
à saturation.
Une série de recherches nous en avaient convaincu avant les résultats
de l'analyse élémentaire.
Nous savions déjà qu'il n'y avait là ni un sulfate, ni un sulfhydrate
combiné, ni un sulfure.
ORIGINE PHYSIOLOGIQUE.
Ce qui prête surtout à cette question im certain intérêt, c'est cette
idée répandue, mais préconçue et erronée suivant certains physiologistes,
que la cellule animale fonctionne autrement que la cellule végétale, est
sous la dépendance de celle-ci, qui lui sert ce dont elle a besoin, et ne vit
qu'en défaisant ce que la première a fait.
Quoi qu'il en soit de cette question de biologie générale, dans le cas
présent, on peut à ce point de vue se poser deux questions : , ,
RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 179
1° Les larves trouvent-elles dans leur alimentation soit l'huile essen-
tielle elle-même, soit plutôt des corps voisins qui lui serviraient à fabriquer
cette huile?
Dans ce cas, les glandes ne feraient que collecter ces produits en les
modifiant peut-être, pour les excréter ensuite.
La larve de Cossus vit sous l'écorce de divers arbres : pommier peu-
plier, orme, etc.
Elle s'y nourrit de la partie la plus riche en substances nutritives.
Aucun corps, analogue à l'essence de Cossus, n'a été signalé dans ces écorces.
En nourrissant les larves avec des corps d'une composition chimique
bien connue, tels que les pommes qui leur conviennent parfaitement, on
pourrait résoudre aisément cette question.
2° Si les larves n'empruntent pas à l'extérieur l'essence ou sa matière
première, est-ce bien la glande toute seule qui la fabrique?
Nous avons fait à ce sujet la recherche suivante :
Trois gros animaux ont été dépouillés de leur glande; les parties pos-
térieures du corps, ligaturées du côté blessé, sont lavées dans l'éther, de ma-
nière à enlever les traces d'essence qui pourraient adhérer à leur surface.
Après cette opération préalable, ces fragments sont broyés et séjour-
nent dans l'éther pendant trois jours. L'éther décanté, filtré, évaporé, aban-
donne un résidu assez notable, dont la proportion ne nous surprend pas,
vu les grandes quantités de graisse que ces animaux possèdent.
Ce résidu n'a pas V odeur, ni une odeur analogue à celle si perceptible
de la substance sécrétée.
Mais cependant en le traitant par l'eau de Br, nous constatons que ce
résidu éthéré contient un corps absorbant une grande quantité de Br. Nous
avons voulu nous assurer qu'il se forme un produit brome aromatique,
A cet effet, nous traitons la solution alcoolique du nouveau produit par la
KOH à froid en grand excès, nous diluons dans l'eau, nous ajoutons une
quantité notable d'éther et nous décantons.
Le Br, qui aura formé de l'HBr par substitution, sera entraîné par la
KOH à l'état de bromure dans la partie aqueuse, tandis que le Br absorbé
par le pouvoir additionnel d'une molécule aromatique reste dans l'éther.
Le AgNOj révêle de part et d'autre la présence d'une quantité notable
de Br.
Nous croyons donc que la glande n'effectue pas seule tout le travail
de fabrication de l'essence. Elle peut trouver dans l'organisme des corps.
l8o Maurice HENSEVAL
non pas identiques, mais ayant certaines propriétés analogues et s'en servir
pour faire l'essence.
Nous tenons à rapporter, sans préjuger de rien, un fait qui nous a
vivement intéressé; récemment, en traitant à chaud un produit de bromu-
risation, nous fûmes frappé par l'odeur de ce qui s'échappait du vase. Cette
odeur nous parut une odeur connue et après un moment de réflexion, sans
songer au lieu d'origine de l'animal, nous avons cru sentir l'odeur de pom-
mes. Nous n'avons fait ce rapprochement qu'ultérieurement : plusieurs de
nos animaux avaient été pris sur des pommiers et le produit qui donne
l'arôme aux pommes est aussi un produit complexe de nature essentielle.
Il ne serait donc pas étonnant que nous trouvions une relation entre ces
deux essences.
Nous rechercherons prochainement si le corps dont nous venons de
parler ne se produit pas surtout dans le tissu adipeux si abondant dans
la larve, tissu qui paraît être un véritable magasin de produits variés.
Que l'essence soit élaborée exclusivement dans la glande, ou que
le tissu adipeux prenne part à ce travail, la production d'un corps de ce
genre par des cellules animales, normalement et en grande quantité, est un
fait remarquable et nous ne pensons pas que l'on ait signalé rien de sem-
blable dans la physiologie animale.
Mais, répétons-le, si ce fait est intéressant, il ne nous cause pas une
surprise exagérée, parce que nous ne sommes pas de ceux qui pensent en-
core que la cellule végétale est un être à part, capable de faire des choses
qui sont interdites à la cellule animale.
Nous admettons à priori que, s'il existe des différences entre l'activité
chimique de certaines cellules végétales et celle de certaines cellules ani-
males, ces dernières peuvent pourtant tout ce que peuvent les premières,
sans pour cela le faire régulièrement.
Et si certaines cellules végétales peuvent fabriquer de toutes pièces des
produits tels que les huiles essentielles sulfurées ou non, il n'y a rien
d'étonnant à ce que des cellules animales spéciales le fassent également.
RÉSUMÉ.
Propriétés physiques. L'huile de Cossus est un liquide jaunâtre ou
incolore, d'une odeur particulière très pénétrante.
Elle est insoluble dans l'eau; solublc dans l'éther, l'alcool absolu, le
chloroforme et la benzine.
RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA l8l
Sa densité est d'environ 0,85 à la température ordinaire.
Sous la pression atmosphérique ordinaire, son point d'ébullition est
supérieur à celui de l'huile (200°).
Par la distillation directe, on parvient à séparer deux parties : l'une
passe à la température de 160°, sous une tension de deux centim. ; l'autre,
moins volatile, reste dans la cornue.
Chauffée directement dans une capsule de platine, elle ne laisse pas
de résidu.
Propriétés chimiques. 1° L'huile de Cossus possède une réaction
acide à frais.
2° Elle est formée essentiellement par trois éléments : le carbone,
l'hydrogène et le soufre : l'analyse centésimale révèle qu'ils y sont conte-
nus dans les proportions suivantes :
C 77,61 0/0
H 11,01 0/0
S ...... 10,00 0/0
L'huile de Cossus est donc ce qu'on est convenu d'appeler une huile
essentielle, soit une huile essentielle pure, dont la formule minima serait
CojHjjS; soit une huile essentielle résultant d'un mélange d'hydrocarbures
soufrés ou, ce qui est plus probable, d'hydrocarbures soufrés et d'hydrocar-
bures non soufrés.
3° Quant à sa nature chimique, nous pouvons dire :
Cl) qu'elle contient un noyau aromatique ;
b) que le soufre est intimement incorporé dans la molécule et qu'il
n'y est pas contenu sous la forme de sulfate, de sulfhydrate ou de sulfure.
4° Il est probable que la glande ne fabrique pas son huile de toute
pièce, mais qu'elle emprunte à l'organisme des corps chimiques voisins
qu'elle utilise en les transformant. Peut-être que les arbres dans lesquels
vivent les larves fournissent déjà une molécule similaire.
BIBLIOGRAPHIE
p. Lyonnet : Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule ; La
Haj^e, 1762.
H. Meckel : Mikrographie einiger Drûsenapparate der niederen Thiere; Muller's
Archiv, 1846.
Rolleston : Forms of animal life ; Oxford, 1870.
F. Plateau : Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les insectes ;
Mémoires de l'Académie royale de Belgique, in-40, t. XLI, 1875.
M. Henseval : Etude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des
larves d'insectes; La Cellule, t. XI, fasc. 2, 1896.
Id. : Les glandes buccales des larves de trichoptères ; La Cellule, t. XII,
fasc. I, 1897.
Id. : Les glandes à essence du Cossus ligniperda ; La Cellule, t. XII,
fasc. I, 1897.
26
I
LA CELLULE
LA CELLULE
RECUEIL
DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE
PUBLIE PAR
J. i3. UAlvNOl, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE,
G. GILSON, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET d'eMBRVOLOGIE, J. L)il<NYo, PROFESSEUR d'ANATOMIE PATHOLOGIQUE,
A l' Université catholique de Louvain
AVEC LA COLLABORATION DE LEURS ÉLÈVES ET DES SAVANTS ÉTRANGERS
TOME XII
■ FASCICULE.
I. La vésicule germinative et les globules polaires chez les Batraciens,
par J. B. CARNOY et H. LEBRUN.
IL Le développement séminal dans le genre Veronica,
par Alph. MEUNIER.
III. Bichromate und Zellkern, von Eugen BURCHARDT.
IV. Les valves septales de l'Owenia,
par Gustave GILSON.
LIERRE M PARIS
Typ. de .lOSEPH VAN IN & O", G CARRÉ & C. NAUD, Éditeurs,
rue Droite, 4.S. rue Racine. 3. .
1897
• V
LA CYTODIERESE DE L'ŒUF
La vésicule germinative et les globules polaires
CHEZ LES
BATRACIENS
PAR
J. B. CARNOY et H. LEBRUN
{Mémoire déposé le \ février 1897.)
27
LA VÉSICULE GERMINATIVE
CHEZ LES
:^j^nrF6.Js^ci:Eii\r^
INTRODUCTION.
t5 I.
Le noyau et la vésicule germinative.
Nos idées sur la constitution organique et chimique du noyau sont
connues depuis la publication de la Biologie et de la Cytodieràse. Nous
tenons à les répéter, et à dire au lecteur pourquoi nous les maintenons et
pourquoi nous restons fidèles à notre terminologie.
1° Le noyau.
Le noyau est un corps siii geiieris, une manière de cellule logeant un
filament nucléinien, jouissant d'une certaine autonomie, mais ne pouvant
vivre qu'au sein du cytoplasme. Il est doué d'une structure particulière; on
peut, en effet, y distinguer trois parties, également organisées : une mem-
brane, une portion plasmatique et un élément nucléinien (i).
La ineinbraue possède la même constitution organique et chimique
que la membrane azotée des cellules, ou membrane de Mohl; elle est réti-
culée et close ou imperforée (2), et les trabécules de ce réticulum sont for-
(1) La Biologie ceUulaire, 'L\ei:ie-'Louy3.\n, 1S84, pp. 202 et 21 1 . — La Cytodiércse clic^ les arthro-
Vpodes; La Cellule, I, 2, i885, p. 197.
(2) La Biologie, p. 254. — La Ci-todiércse, p. 206.
192 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
mées de plastine, aussi résistante aux réactifs que celle de la membrane
cellulaire. Il est probable que la substance enchylémateuse qui se solidifie
dans les mailles pour les' fermer est d'une autre nature que les trabécules.
La portion plasmatiqite, sève nucléaire, Kernsaft des auteurs, est
aussi organisée. Nous y avons en effet découvert un réseau plastinien, très
délicat, dont l'enchylème qui remplit ses mailles renferme, entre autres
substances, un albuminoïde digestible de la classe des globulines.
Enfin, l'é/éiuc'iil iiuc/éinicn est aussi structuré. Il est formé d'un étui,
ou d'un substratum de nature plastinienne, dans lequel est enchâssée la
nucléine, sous la forme de granules, de sphérules, de disques, ou à l'état
amorphe, en apparence du moins. L'existence de cet étui se constate aussi
bien pendant la cinèse qu'à l'état quiescent (i). Entre les corps nucléiniens
du boyau, lorsque celui-ci est assez épais, on distingue une substance hya-
line, qui n'est pas de la plastine, mais qui est digestible et fait vraisembla-
blement partie des globulines.
Ces données ne sont que la conclusion de recherches microchimicjues
nombreuses et méthodiques, poursuivies pendant plusieurs années, à l'aide :
û) du vert de méthyle, le seul colorant dont l'électivité pour la nucléine a
été contrôlée par des expériences chimiques précises; b) les dissolvants de la
nucléine : bases alcalines, diluées à divers degrés, carbonate potassique,
phosphate potassique ou sodique, etc., acides concentrés, principalement
l'acide chlorhydrique ; c) les digestifs des albumino'ides : HCl à i à 3 0/0 ;
NaCl au io<^ et surtout le liquide digestif artificiel. Tous ces dissolvants
laissent les plastines intactes, quand on opère avec précaution.
2° Les nucléoles et les taches de Wagner.
Grâce aux mêmes méthodes, nous sommes parvenus, croyons-nous, à
débrouiller l'histoire jusque-là inextricable des nucléoles (2). Nous avons
démontré avec certitude l'existence de deux catégories de nucléoles : les
plasinatiqucs et les nucléiniens, — nous avons mentionné également des
nucléoles mixtes, qui sont rares. — Les nucléoles plasmatiques renferment
au moins deux substances : une plastine et une globuline digestible. Les
nucléiniens ont la même constitution que l'élément filo'ïde normal d'où ils
dérivent. Il importait grandement de ne pas confondre plus longtemps ces
deux catégories de corps.
(1) La vésicule germinative de l'Ascaris incgaloccphala ; La Cellule, t. II, i, iSSô, fig. 3i, 35.
42 et gg.
(2) La Biologie, p. 248. — La Cylodicrcsc, p. 207.
t
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 193
C'est aussi à l'aide de ces méthodes que nous avons abordé l'étude de
la vésicule gerininative, dont la constitution est si intimement liée à celle
des nucléoles. Les principaux résultats de cette première tentative scienti-
fique ont été nettement formulés dans la Biologie {i). Nous l'avons posé
en principe : lorsque leur formation est achevée, les taches germinatives, ou
taches de Wagner, ou nucléoles des œufs (en partie) (2), représentent la tota-
lité de l'élément filamenteux d'un noyau ordinaire; elles sont donc de nature
nucléinienne. Le restant de la vésicule constitue sa partie plasmatique,
son caryoplasme, qui est réticulé et vierge de tout élément nucléinien;
aussi longtemps du moins que les nucléoles ne se mettent pas en mouve-
ment pour reproduire l'élément filoïde.
Cette question de la nature des nucléoles des œufs avait à nos yeux
une importance exceptionnelle. C'est pourquoi nous avons cherché à cor-
roborer les données de la microchimie par l'étude de la constitution orga-
nique, de la genèse et de la destination des nucléoles nucléiniens. Or :
a) Dans bien des cas - aujourd'hui nous pourrions peut-être dire dans
tous, — on constate dans ces corps la présence d'un véritable- appareil filamen-
teux, tortillé sur lui-même, comme dans un noyau ordinaire, et présentant
les mêmes propriétés que dans ces derniers. C'est ce que l'on voit surtout
dans les nucléoles-noyaux, c'est-à-diredans les nucléoles nucléiniens uniques,
qui ont absorbé tout l'élément filamenteux primitif. Ces nucléoles sont fré-
quents dans les cellules ordinaires, les protistes et les œufs.
b) Quant à leur genèse, nous avons montré qu'ils s'élaborent aux dépens
du boyau. Tantôt celui-ci se scinde de bonne heure en sphérules indépen-
dantes, comme dans les œufs des poissons, des batraciens, etc. (3) ; tantôt il
se ramasse au centre du noyau en une sphérule unique qui s'entoure d'une
membranule et devient ainsi un nucléole-noyau : tels, les œufs des béroés, des
cymbulies et, en général, tous les œufs qui n'ont qu'une tache de Wagner.
Enfin, parfois ce nucléole unique est originel. Les éléments nucléiniens de
la couronne polaire restent aglomérés sur place, pendantquela nouvelle mem-
brane nucléaire se forme plus loin, laissant une bande de caryoplasme plus
ou moins large entre elle et le nucléole central, qui prend lui-même une
membranule. La reformation du noyau des lithobies est particulièrement
instructive à cet égard (4).
(1) La Biologie, p. 222 à 224.
(2) Nous disons « en partie ■•, car on peut rencontrer aussi des nucléolei plasmatiques dans les
œufs, quoique assez rarement, à ce qu'il nuus paraît.
(3) La liioiogie, p. 220.
(.|) La Cytodiércse, etc , p. 3oi.
194 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
c) Enfin, le sort que subissent les nucléoles dont nous parlons
indique clairement leur nature. Remarquons d'abord que les nucléoles-
noyaux fournissent à eux- seuls tous les bâtonnets de la figure cinétique. Ce
fait est certain pour les lithobies, les spirog}Tes (i) et une foule d'œufs. Il
est aussi certain pour les nématodes qui présentent deux taches de Wagner,
D'autres fois, les nucléoles nucléiniens, surtout quand ils sont nombreux,
se transforment en boyau normal, lequel pourra donner naissance à des nu-
cléoles nouveaux, ou se scinder en bâtonnets au début de la cinèse. Nous
avons déjà signalé ces faits, qui ont sans doute passé inaperçus, dans la
Biologie (2), à propos des œufs de carabe et, plus tard (3), à propos de ceux
des nématodes. Nous en donnerons bientôt une confirmation éclatante, qui
ne pourra plus laisser le moindre doute à cet égard.
3° Remarques au sujet des observations ultérieures.
Tels sont les faits que nous avons constatés dans le cours de nos re-
cherches sur le noyau et le nucléole. Ils ont été consignés dans la Biologie,
éditée en 1884, et dans la Cytodiérèse des animaux, dont la publication dans
la revue '• La Cellule v a commencé en i885.
Qu'on nous permette de le dire, malgré le nombre immense de travaux
qui ont été publiés depuis ces dates déjà éloignées, nous ne trouvons rien à
retrancher de cet exposé, ni rien d'important à y ajouter. Cette double affir-
mation peut paraître prétentieuse ; elle ne l'est cependant ni dans notre
esprit, ni sous notre plume; elle est l'expression d'une conviction mûrie.
I.
Et d'abord, nous maintenons nos idées concernant la constitution chi-
mique et organique du noyau et des nucléoles, ainsi que notre terminologie.
I. A propos de la constitution chimique du noyau et des nucléoles,
nous continuons à parler de globuliiie, de plastine et de nucléine. Nous ne
pouvons, en effet, partager l'empressement de nos collègues à accepter les
termes et les idées mises en circulation par Schv^'arz (4). D'autres que nous
(Il Nous parlerons plus loin de l'opinion de Zacharias.
(2) La Biologie, p. 224.
(3) La cytndicrese de l'œuf chc^ quelques nématodes: La Cellule, t, III, i, 1S86, p. 52.
'4) ScHWARZ : Die mcrphologisclie uitd chcmische Zuaanvneuset^ung des Protnplasmas ; Beitr. zur
Biologie dcr Pflanzen, V, 1, 1S87.
LA VESICULE DES BATRACIENS 1 95
ont déjà jugé sévèrement le travail de ce savant (i), et avec raison, selon
nous. On ne peut accorder qu'une médiocre attention aux recherches d'un
auteur qui emploie, entre autres réactifs, le sulfate de cuivre comme dissol-
vant de la nucléine, alors qu'il momifie cette substance, et qui arrive d'ail-
leurs à cette conclusion qu'il n'y a pas d'albuminoïdes véritables dans la
cellule, tandis que tous les chimistes les plus distingués, tels que Hoppe-
Seyler, Halliburton, Hammarsten, Chittenden, Kossel, etc., admettent
tous l'existence de globulines dans le caiyoplasme, aussi bien que dans le
cytoplasme. Schwarz n'est d'ailleurs pas autorisé, par ses recherches, à
imposer des noms nouveaux aux prétendus éléments qu'il signale dans le
noyau. Les propriétés de la liniiic, cest-à-dire du substratum filamenteux
de la nucléine, sont absolument celles de la cytoplastine de Reinke.
Cette assimilation s'impose à tous ceux qui ont fait des expériences micro-
chimiques (2). En donnant à la matière des nucléoles plasmatiques le
nom d'une substance chimique, la pyrénine, Schwarz semble ignorer et
ignore en effet, que ces corps renferment non pas une, mais au moins deux
substances chimiques bien différentes : une globuline et une plastine, sans
compter une nucléo-albumine qui pourrait bien s'y trouver. Il faut dire la
même chose de sa parali/uiie, désignant la sève nucléaire, qu'il considère
à tort comme amorphe. Car, le caryoplasme renferme aussi, à côté d'une
globuline, une substance réfractaire, c'est-à-dire une plastine et peut-être,
d'après Halliburton (3), une nucléo-albumine. Enfin, il n'est pas plus heu-
reux avec son aniphipyréniiie, qu'il applique à la membrane nucléaire. S'il
est une substance identique à la cytoplastine, c'est bien celle-là ; car elle est
aussi réfractaire aux réactifs que la membrane cellulaire de Mohl, si pas
davantage. Ensuite, nous avons dit déjà que la substance qui remplit les
mailles du réticulum n'est pas la même que celle des trabécules. Encore
une fois un nom nouveau donné à un mélange d'espèces chimiques. Est-il
étonnant que ScHVi^ARZ ait trouvé dans tous ces mélanges des propriétés un
peu différentes de celles de la plastine de Reinke?
(1) Detmer, Zacharias, Crato, Zimmerma\n, Halliburton, etc.
Detmer, peu de temps après rapparition du travail de Schwarz, n'avait pas craint d'affirmer qu'au
point de vue chimique ce travail était dénué de touie valeur {Manuel technique de physiologie végé-
tale-, Paris, 1895, p. 190).
(2) Heine : Die Mikrochemie der Mitose, :(ugleich eine Krii.ik mikrochetnischer Methoden ; Zeitschr.
f. physiol. Chemie, X\'l, 1S96, p. 494.
(3; Voii' plus loin.
196 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
Les méprises de cet auteur ont d'ailleurs été relevées par les chimistes
de profession. Nous trouvons dans Chittenden (i) et Halliburton (2) les
assertions suivantes : '^ Il y a des globulines dans le caryoplasme et dans le
cytoplasme; ces globulines sont les mêmes. — La plastine se trouve répar-
tie dans le caryoplasme aussi bien que dans le C3'toplasme. — La paralinine
de ScHWARZ est surtout de la globuline; sa pyrénine est principalement
formée de plastine. — Le seul corps caractéristique du noyau est la nu-
cléine; il n'existe pas d'autre différence constante entre le cytoplasme et le
noj'au. — Chittenden émet la conclusion suivante : En général, on peut
dire ceci : La soi-disant Kernsaft est formée essentiellement par une glo-
buline, la même qu'on rencontre dans le cytoplasme ; le restant du noyau
est constitué par de la nucléine et de la. plastine! » C'est exactement, comme
on le voit, ce que nous soutenons avec E. Zacharias depuis plus de 12 ans!
Nous sommes en bonne compagnie. On trouvera peut-être que nous n'avons
pas eu tort de résister à l'engouement général et de protester contre l'em-
ploi d'une terminologie aussi erronée qu'inutile; nous continuerons donc,
comme par le passé, à parler de globuline, de nucléine et de plastine.
Le mémoire de Schwarz a eu une influence néfaste, en introduisant
l'erreur et la confusion dans la science pendant de longues années. On ne
peut que regretter l'absence de connaissances chimiques nécessaires chez
la plupart des histologistes, et surtout des zoologistes. Car, on ne peut
guère expliquer autrement l'empressement qu'ils apportent, pour la plu-
part, à adopter une foule de termes nouveaux, sans les soumettre à aucun
contrôle et sans tenir compte de l'opinion des chimistes.
Pénétrons un peu plus avant dans le cœur de la question, et voyons
ce que l'on sait des plastines ; nous devrons d'ailleurs recourir plus tard aux
considérations qui vont suivre.
Les plastines font partie du groupe général des nucléines, en prenant
ce mot dans son acception la plus large.
Tous les composés nucléiniens se rattachent aux acides organiques
phosphores : les acides nucléiniques. D'après Kossel(3), il y a deux acides
(i) Chittenden : Neuere physiologisch-chemische Untersuchitngen iibcr die Zelle; Biol Centralbl.,
XIV, 9-10, 1894, p. 320 et 375.
(2) Halliburton ; On the chemkal physiolog)' of the animal ce!!; Brit. med. Journ., iSgS.
(3) KossEL : Ueber die chemische Zusammenset^ung der Zelle; Verhandl. d. physiol. Ges., Ber-
lin, XVI, 5-6, 1S91.
Malfatti — et HAiLiBunTON semble partager son opinion — n'admet qu'un acide, l'acide nucléi-
nique; mais Kossel, qui fait aulorilé en cette mafère, maintient son opinion.
LA VESICULE DES BATRACIENS 197
OU plutôt deux groupes d'acides nucléiniques : l'acide nucléitiique propre-
ment dit et l'acide paranucleinique. Le premier se distingue du second en
ce que, soumis à l'hydrolyse, il donne immédiatement des bases : adénine,
guanine, hypoxanthine ou xanthine ; tandis que le second n'en donne pas.
Après qu© ces bases se sont détachées, il reste un acide nouveau, contenant
tout le phosphore du premier : ainsi, par exemple, l'acide nucléinique des
leucocytes du thymus donne naissance à l'acide thyminique, analogue si
pas identique à l'acide paranucleinique.
v L'acide nucléinique se trouve localisé dans l'élément nucléinien du
noyau. Il s'y rencontre sous divers états : a) à l'état d'acide libre ou combi-
né avec une base, telle que la protamine : par exemple, dans la tète de divers
spermatozo'ides ; c'est cette nucléine que Miescher a retirée du sperme des
poissons ; b) à l'état de combinaison avec une albumine, comme dans la plu-
part des noyaux; c'est la nucléine ordinaire des auteurs. Enfin, c) cette nu-
cléine peut se combiner avec un albumino'ide particulier, Thistone, pour for-
mer une nucléo-histone, dont nous parlerons plus loin. Tous ces corps sont
propres au noyau ; on peut les désigner sous le nom collectif de nucléines
proprement dites. Ils se distinguent des suivants par leur haute teneur en
acide nucléinique, ou, ce qui revient au même, par leur pauvreté en albu-
mine; c'est pourquoi ils se colorent aisément par le vert de méthyle. Nous
connaissons les autres propriétés de ces corps. Ajoutons seulement que les
nucléo-histones, ou d'autres corps semblables, soumis à la digestion sont
réduits d'une portion notable, car l'albumine unie à la nucléine est enlevée.
Il faut tenir compte de ce fait, lorsqu'on soumet l'élément nucléinien à l'ac-
tion du liquide digestif,
2° Uadde paranucleinique et ses analogues se combinent aussi avec
l'albumine en donnant des paranucléines. Celles-ci peuvent s'unir encore
avec une globuline, un albuminate, etc., pour produire ces protéides dési-
gnés généralement sous le nom de nucléo-albumines : tels que la vitelline,
l'ichtuline, la caséine, etc., et que l'on devrait appeler paranucléo-albumines,
si l'on admet la distinction de Kossel. Ces substances paraissent être pau-
vres en acide phosphore et riches en albumine. On les rencontre dans les
enclaves du cytoplasme, par exemple dans les plaques vitellines des œufs,
dans le lait, dans les grains d'aleurone des végétaux. Il y a aussi une
vitelline qui entre avec les globulines comme partie constituante dans l'en-
chylème du cytoplasme, et peut-être" aussi du caryoplasme. Ces composés
se digèrent en grande partie en laissant un résidu de paranucléine, et ils
S8
198 J B. CARNOY et H. LEBRUN
sont beaucoup moins résistants vis-à-vis des bases et des acides forts que
les composés du groupe suivant.
3° La troisième classe est celle des plastines.
Au point de vue chimique ces corps sont presque inconnus. Malfatti(i)
a essayé de produire artificiellement des plastines par précipitation frac-
tionnée à l'aide de doses toujours croissantes d'acide acétique, au sein d'une
solution de nucléine dans la potasse à 3 0/0. Il a obtenu ainsi, en effet, une
série de composés à teneur très variable en acide phosphore; moins il y
aurait d'acide phosphore, plus elles seraient réfractaires et se rapproche-
raient des plastines par leurs propriétés. Mais ces analogies suffisent-elles
pour conclure à l'identité de ces corps avec les plastines naturelles? Evi-
demment non. Car l'acide paranucléinique formerait la même série de com-
posés que l'acide nucléinique; il pourrait donc, aussi bien que ce dernier,
entrer dans la constitution des plastines de la cellule. En réalité, nous ne
connaissons rien des plastines naturelles, sinon que les alcalis finissent par
en extraire une substance phosphorée, — est-ce un acide nucléinique? et
lequel? — à côté des dérivés d'une substance albuminoïde (2). Il est bien
regrettable que l'étude des substances qui constituent la trame vivante de
la cellule ne soit pas plus avancée; il y a là une lacune essentielle qu'un
chimiste comme Kossel devrait combler au plus tôt. En attendant, on voit
combien il serait puéril de vouloir, ainsi que l'a fait Schwarz, donner des
noms chimiques aux diverses variétés de plastines qu'on suppose exister
dans le protoplasme ou le noyau, alors qu'on ne sait même pas ce que c'est
qu'une plastine !
II. C'est à dessein que nous avons toujours évité l'emploi des mots
parachromatine et paranucléine. Le premier a été employé parSTRASBURGER
à propos des nucléoles; le second a été appliqué aux mêmes corps par
O. Hertwig et plusieurs écrivains. O. Hertwig le fait synonyme de pyré-
nine (3). Ces termes sont, en effet, très impropres. D'abord ils laissent sup-
poser que le nucléole est formé d'une substance unique; ce qui est faux.
Ensuite le terme paranucléine, depuis les travaux de Kossel, a reçu une
signification chimique précise, ainsi que nous venons de le voir. Il convient
(i) Malfatti : Bcitrâge ^ur Kenntniss der Nucléine; Zeitschr. f. physiol. Chemie, XVI, 1892.
h) Zacharias : Beitrâge ^ur Keniiiiiiss des Zellkerns iind der Sexual^ellen; Bol. Zeit.. 1887,
p. 281. — Voir aussi : Ueber das 'Verhaltcii des Zellkerns in wachsenden Zellen; Flora, iSgS, Er-
gânzuDgsbd., Si. Bd., Heft 2.
(3) O. Hertwig : La Cellule, etc., p. 39 de l'édition française.
\
LA VESICULE DES BATRACIENS 1 99
de lui réserver cette signification. On ne pourrait l'employer, à propos de
nucléole, que pour désigner un de ses éléments, la plastine, s'il était prouvé
que cette plastine est un composé de l'acide paranucléinique. Or, cette
preuve est loin d'être fournie. Ces mots doivent donc être bannis du langage
scientifique, au même titre que le terme pyrénine.
III. Quant à la distinction que nous avons établie entre les nucléoles
plasmatiques et nucléiniens, beaucoup de nos collègues l'admettent aujour-
d'hui explicitement ou implicitement. La plupart cependant parlent des
nucléoles à la légère, sans avoir fait la moindre expérience de microchimie
pour contrôler l'action des colorants, sans même avoir employé le vert de
méthyle pour en déceler la nature. Nous avons dit ailleurs ce qu'il faut
penser de ces travaux, malheureusement toujours trop nombreux; le plus
souvent ils sont à refaire (i). Les récents mémoires de Riickert (2), de
BoRN (3) et d'autres qui les ont suivis en fournissent la preuve évidente; on
le verra plus loin. Les savants que nous venons de citer se sont-ils laissé
influencer par l'opinion de E. Zacharias? Peut-être. Mais il eut été prudent
cependant de s'en assurer, en répétant nos expériences sur les nucléoles des
poissons et des batraciens, surtout après ce que venait d'écrire O. Hert-
wiG (4), en empruntant les idées de la Biologie : " Par leurs propriétés chi-
« iniques ces taches germinatives diffèrent des nucléoles vrais Si l'on
« veut conserver le nom général de nucléoles, en raison de la simple iden-
« tité de leur forme, à tous les corps sphériques du noyau, on devrait du
« moins dans chaque cas fournir des renseignements sur leur nature chi-
» mique. Il faudrait, comme je l'ai dit, que dans les études du noyau on
" insistât plus sur la composition chimique des diverses parties constitu-
« tives que sur leur forme »
(1) La vésicule germinative de l'Ascaris megalocephala, p. 4. — Il nous répugne de nous copier
sans cesse; notre pensée, concernant remploi de réactifs colorants de toute espèce, sans aucun con-
trôle, y est exprimée nettement Quant au vert de méthyle, personne n'a jamais contesté nos expé-
riences de contrôle. Jusqu'ici, c'est le seul réactif dont l'élcctivité pour la nuclcine ait été éprouvée
par des réactions tnicrochimiques nombreuses et précises. Kossel et ses élèves, Lilienfeld et Posner,
ont constaté in vitro l'afEnité spéciale de ce réactif pour l'acide nucléiniqne. Halliburton, en par-
lant de Taffinité de cet acide pour les matières basiques, ne cite que le vert de méthyle.
(2) RùcKERT : Zur Entwickelungsgescliichte des Ovarialcies bci Selachiern; Anat. Anz., VII,
1892, p. 107.
(3) BoRN : Die Reifung des Amphihieneies und Befruchtung unreifer Eier bei Triton txniatus;
Anat. Anz., VII, 1892, p. 772 et 8o3. — Die Struktur des Kernblâschens im Ovarialei von Triton
tœniatus; Arch. f. mikr. Anat., t. 43, 1S94, p. 1.
(4) O. Hertwig : La Cellule, etc., p. 4g.
200 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
Et en effet, le rôle qu'un corps est appelé à jouer dans la vie cellulaire
dépend avant tout de sa nature chimique; cela est vrai spécialement pour
les nucléoles nucléiniens.
E. Zacharias, nous venons de le dire, n'a pas accepté nos conclu-
sions; pour lui, il n'y a que des nucléoles plasmatiques; les taches de
Wagner, par exemple celles de la Rana et de ÏUiiio, sur lesquelles il a
expérimenté, ne font pas exception (i).
Notre savant collègue nous permettra de partager moins que jamais sa
manière de voir, qui s'appuie sur des observations incomplètes ou mal
dirigées.
D'abord il a eu le tort, selon nous, de faire ses expériences presque
exclusivement sur des matériaux traités d'abord par l'alcool, ou même con-
servés depuis très longtemps dans ce liquide. Nous avons prouvé que, dans
ces conditions, les digestifs et les dissolvants de la nucléine n'opéraient plus
normalement, ou même étaient sans action aucune (2). Zacharias avoue lui-
même que le liquide digestif enlève plus aux nucléoles frais de VUnio qu'à
ceux qui ont été durcis.
On dirait aussi que notre collègue craint le verdict du vert de méthyle.
Ainsi, dans les expériences qu'il a faites sur les Spirogyra, à frais cette fois,
pour répondre à une objection de Meunier (3), il a recours au carmin acé-
tique et à un mélange de vert d'iode et de fuchsine diamant, réactifs d'une
électivité très douteuse et dont l'action aurait dû être sévèrement con-
trôlée (4). Une goutte de vert de méthyle, employé par Meunier, eût bien
mieux valu. Elle lui eût montré immédiatement, même sur des matériaux
conservés dans l'alcool, que l'élément nucléinien était exclusivement confiné
dans le nucléole des spirogyres.
Enfin, E. Zacharias, dans ses expériences sur les nucléoles, est loin
d'épuiser la liste des réactifs ou dissolvants qu'il faudrait employer pour
arriver à une conclusion certaine. Ainsi, sur les spirogyres il n'avait
employé que le liquide digestif artificiel qui, à lui seul, ne prouve rien;
(.) O. Hertwig, L. c , p. 49, cite, parmi ceux qui ont établi une distinction entre les nucléoles,
Flemming, Carnoy, Zacharias. — Flemming n'a jamais fait d'expériences microchimiques, sans lesquelles
il est impossible d'affirmer cette distinction; quant à Zacharias, il l'a toujours combattue, et il la combat
encore dans une récente publication. Ces méprises ne sont pas les seules qu'on remarque dans cet ouvrage
d'HERTWiG, écrit cursivement; il y a aussi beaucoup d'inexactitudes et même d'erreurs dans la partie
consacrée au noyau.
(2) La 'Biologie, p. 210.
(3) Meunier : Le nucléole des Spirogyra; La Cellule, t. III, 2-3, 1887.
(4) Zacharias : Erwiederung ; Bot. Zeit., t. 46, n»» 5-6, 188S.
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 201
il eût fallu employer aussi les dissolvants de la nucléine. De même
sur les œufs de Rana, il n'emploie non plus que cette liqueur. Et, parce
que les nucléoles se dissolvent alors en bonne partie, il conclut qu'ils
sont plasmatiques. Mais si, au lieu de ce liquide, il avait employé un dis-
solvant de la nucléine, il aurait constaté également que les nucléoles dispa-
raissaient comme par enchantement, et, de ce chef, il eût dû tirer une con-
clusion diamétralement opposée à la première, à savoir que les nucléoles
étaient nucléiniens. On ne peut jamais rien conclure d'observations aussi
incomplètes.
Quant à notre argument tiré de la provenance des nucléoles aux dépens
du bo3'au nucléinien, notre contradicteur se borne à dire que cette prove-
nance n'est pas prouvée. Ce n'est pas très scientifique. Pour être autorisé à
parler de la sorte, il eût dû reprendre nos observations sur les œufs de pois-
sons, de carabe, de cymbulie, sur les cellules testiculaires de lithobie, etc.,
et montrer que nous nous étions trompés, ou que notre conclusion n'était
pas légitime. Notre collègue use à peu près du même procédé d'argumen-
tation, pour écarter le rôle que nous avons fait jouer aux nucléoles-noyaux,
en particulier à celui des Spirogyra, dans la division. Il n'est pas impossible,
dit-il, que ce nucléole disparaisse durant la cinèse et que les éléments nu-
cléiniens du caryoplasme environnant viennent justement se mettre à sa
place! Ici encore, il eût fallu des observations précises pour pouvoir mettre
en doute les faits décrits avec tant de soin par Meunier et, plus tard, par
MoLL (i). En attendant ces observations, nous continuerons à affirmer que
le nucléole, loin de s'évanouir, fournit tous les bâtonnets de la couronne,
et que le caryoplasme n'en peut donner, par la raison toute simple qu'il est
absolument dépourvu de tout élément nucléinien; celui-ci n'existe que dans
le nucléole.
On le voit, les arguments de Zacharias ne peuvent tenir debout. Il
semble en être convaincu lui-même. Car, à un autre endroit, où il parle des
taches de Wagner des Ascaris, en présence de l'unanimité des auteurs à
considérer ces taches comme les porteurs exclusifs de l'élément nucléinien,
il est obligé de déclarer qu'elles ne sont pas de vrais nucléoles, c'est-à-dire
des nucléoles plasmatiques. Et alors? il y a donc des nucléoles
nucléiniens!
(i) MoLL : Observations on karyokynesis in spirogyra; Vcrhandl- d. kon. Akad. van Wetensch.,
Amsterdam, 3' sectie, deel i, n° 9, iSgS.
202 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
IV. Nous avons dit que le no3'au est autonome, mais que son auto-
nomie n'est pas absolue, car il ne peut vivre qu'associé au protoplasme, de
même que celui-ci, de son côté, a besoin du noyau pour vivre. Toutes les
expériences de mérotomie exécutées depuis Nussbaum(i), par Gruber(2),
Balbiani (3), Verworn (4), Hofer (5), etc., ont suffisamment mis ce fait
hors de toute contestation.
L'indépendance relative du noyau se manifeste surtout pendant la
cinèse. Les expériences de Demogr (6), répétées depuis par Loeb et Har-
DESTY (7), ont prouvé que le noyau peut parcourir toutes les phases de la
division, au milieu d'un protoplasme rendu immobile par l'anesthésie, ou
par un séjour dans une atmosphère inerte, dépourvue d'oxygène. En outre,
en maintenant des œufs d'oursins dans de l'eau de mer additionnée de 2 %
de chlorure de sodium, Loeb a constaté que le protoplasme est incapable
de se diviser, tandis que le noyau se divise normalement plusieurs fois, il
a pu compter jusqu'à 30 noyaux et plus dans un œuf; il s'est d'ailleurs
assuré qu'il n'y avait pas eu de polyspermie.
Dans ces conditions, c'est le noyau qui forme le fuseau à l'aide de
son caryoplasme.
L'origine du fuseau dans les cinèses ordinaires a été sujette à beaucoup
de contestations. Les uns le font dériver du cytoplasme, les autres des sphè-
res attractives, d'autres enfin du noyau, ou du noyau et du cytoplasme à la
fois. La première opinion perd du terrain de jour en jour : Strasburger(8),
(1) NussBAUM : Ueber die Teilbarkeit der lebendigen Materie. 1. MHthcilung. Die spontané und
kùnstliche Theilung der Infusoricn; Arch. f. mikr. Anat., XXVI, iSSo.
(z) Grùber : Beitrâge ^«r Kenntniss der Physiologie und Biologie der Proto^oen; Ber. d. na
turf Ges., Freiburg i. Br., I, 1882.
(3) Balbiani : Recherches expérimentales sur la mérotomie des in/usoires ciliés. Contribution à
l'étude du rôle physiologique du noyau cellulaire; Rec. zool. suisse, V, 18SS. — Nouvelles recherches
expérimentales sur la mérotomie des in/usoires ciliés; Ami. de micrographie, IV, 1892.
(4) \'erworn : Biologischc Protisten-Studien; Zeitschr. f. wiss. Zool., XLVI. 18S8, et L, 1890.
— Psycho-physiologische Protisten-Studien. Experimentelle Untcrsuchungen ; 1889. — Die physiolo-
gische Bedeutung des Zellkerns; Arch. f. d. ges. Phjsiol. d. Menschen u. d. Thiere, Bd. LI, 1S91.
(5) Hofer : Experimentelle Untcrsuchungen iiber den Ein/luss des Kcrns auf dus Protoplasma;
lenaische Zeitschr. f. Naturwiss., XXIV, iSgo.
(6) Demoor : Contribution à l'étude de ta physiologie de la cellule; Arch. de Biologie, XIII,
1894.
(7) Loeb et Hardest; : Ueber die Localisation der Athmung in der Zelle; Pflûger's Arch , Bd. 61,
1895. p. 583. — Loeb : Experimcnts on clcavage; Journal of morphology, VII, n» 2. — Loeb :
Ueber Kerniheilung ohnc Zelltheilung ; Arch. f. EDlwickclungsmcchanik der Organismen, II, 2, 1895,
p. 298.
(8) Strasburger : Z'.i dcm jetpgen Standc der Kern- und Zelltheilungsfragen; ^Anat. Anz.,
VIU, 1S93. .
LA VESICULE DES BATRACIENS 203
qui s'en était fait le défenseur attiti^é, vient de renier ses convictions ancien-
nes en acceptant, au moins en partie, l'origine nucléairedu fuseau. Quant aux
sphères attractives — van Beneden fi), Boveri (2), — elles ne peuvent en-
voyer à l'intérieur du noyau les filaments fusoriaux, attendu que la zone
médullaire et corticale d'où ils auraient dû émaner n'existe pas. On doit
donc admettre aujourd'hui, et on l'admet de plus en plus, que l'autonomie
du noyau se révèle durant la cinèse par la formation du fuseau; celui-
ci, nous l'avons toujours invariablement soutenu, est l'œuvre propre du
noyau.
V. Beaucoup d'auteurs continuent à parler de sèi>e nucléaire amorphe,
ou Kernsaft. Cependant plusieurs savants ont rompu récemment avec la
tradition en admettant l'existence de notre réseau, ou du moins d'un appa-
reil filamenteux dans cette partie du noyau. Tels : Bolles-Lee(3), Schnei-
der(4), Reinke(5), Wilson(6), Heidenhain(7) et d'autres encore. Qu'on
nous permette seulement une observation à ce sujet. Deux de ces auteurs
ont trouvé moyen, à cette occasion, de céder à la manie du jour, en créant
des mots nouveaux pour désigner des choses connues. La lanthanine de
Heidenhain et Vœdématine de Reinke ne sont en effet que l'enchylème
globulinifère du réseau plastinien. Ils sont aussi inutiles et aussi mal ap-
pliqués que la métaxine de Schwarz, qui ne désigne non plus que l'enchy-
lème du réseau des corps chlorophylliens.
VI. Jusqu'ici, à propos de caryoplasme et de cytoplasme, nous avons
toujours parlé de réseau plastinien; nous pensons, en effet, que telle est la
structure fondamentale de l'élément organique.
Certains auteurs admettent encore la structure ^/z/a/re; d'après eux, les
filaments qui courent dans la masse plasmique seraient libres et indépen-
(i) VAN Beneden et Neyt : Nouvelles recherches sur la fécondation et la division mitosique de
l'ascaride mégalocéphale; Bull. Acad. des Se. Belgique, 1SS7, 3" série, t. XIV.
(2) Boveri : ZellenSludien, I. und II. Jena, 1887-1888.
(3) BoLLES Lee : Sur le Nebcnkern et sur la formation du fuseau dans les spermatocytes des
Hélix; La Cellule, t. XI, 2, 1896.
(4) Schneider : Zetlstrukturen; Zoolog. Anz., 1891, n" 335; et Untersuchungen ùber die Zellen;
Arb. a. d. zool. Inst., Wien, IX, 2, iSgi.
(3) Reinke : Zcllstudien; Arch. f. mikr. Anat., t. 43, 1S94, p. 377; et Zellstudien, 2. Theil ;
Ibid., t. 44, 1895, p. 25g.
(6) WiLSON et Mathews : Maturation, fertilisation and polarity in thc echinoderm egg. New
liglit on thc ■ quadrille of centres « ; Journ. of morphology, X, 1895, p. 3i6. — Wilson : Archoplasm,
centrosome and chromatin in the sea urchin egg; Ibid., XI, 1S95, p. 443.
(7) Heidenhain ; Uehcr Kern imd Protoplasma; Leipzig, 1892.
204 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
dants, non reliés par des trabécules transversales. Cette manière de voir
perd du terrain de jour en jour, et les efforts qu'a faits récemment Heiden-
hain(i) pour la remettre en faveur ne paraissent pas devoir être couronnés
de succès.
Reste, en présence de la théorie réticulaire, la théorie alvéolaire de
BiiTSCHLi (2). On le sait, les partisans de cette opinion considèrent le
protoplasme et le noyau comme étant formés de vacuoles ou d'alvéoles
contiguës, mais séparées par une mince enveloppe amorphe, une manière
d'écume à bulles plus ou moins régulières. De fait, cette prétendue structure
se voit à frais ou après fixation sur certains objets. Mais elle n'est pas géné-
rale et elle n'est jamais originelle.
Elle est due à une modification introduite par les circonstances, et 5»/7o/;/
par les réactifs, dans la structure primitive. D'après nos observations, dans
la plupart des exemples cités par Butschli dans ses diverses publications
et par ses partisans, il s'agit, quoi qu'ils en disent, de véritables vacuoles,
c'est-à-dire d'enclaves aqueuses, si petites soient-elles. Or, les enclaves sont
toujours accidentelles. En grandissant, elles repoussent les mailles du réseau
en les accumulant à leur périphérie, tantôt sous la forme d'une membranule
réticulée, mais tantôt aussi sous la forme de simples cordons. Dans le
premier cas, on peut parler d'alvéoles, mais il n'en est plus de même dans
le second. Car, alors les vacuoles sont entourées de cordons minces et
largement séparés les uns des autres; toutes les vacuoles communiquent
largement et librement entre les petits cordons; on ne peut donc plus
parler de structure alvéolaire, puisqu'il n'y a pas de cloison séparatrice.
Ce cas est beaucoup plus fréquent que le premier. L'existence de ces
.cordons se constate aisément avec un bon objectif; en maniant doucement
la vis micrométrique, ils apparaissent et disparaissent tout d'un coup,
tandis que les membranules persistent. Dans tous les cas, une digestion
attentive et ménagée dégage soit les trabécules repoussées des cloisons vacuo-
laires, soit les trabécules libres du réseau ; ces cloisons ne sont pas amor-
phes, elles conservent des traces non équivoques de leur structure primitive.
Comme toutes les enclaves, ces vacuoles sont transitoires. Après leur dis-
(i) Heidenhain : Neiie Untersuchungen iiber die Centratkorpcr und ihre Be:^ie/iungcn :;um Kern
und Zcllprotoplasma; Arch. f. mikr. Anat , t. 43, 1S94, p. 423; et Cytomechanische Studicn; Arch.
f. Entwickelungsmech., I, 4, iSgS, p. 473.
(2) Butschli : Wcitere Mittheilungen ûber die Structur des Protoplasmas ; Verhaudl. d. naturf.
meJ. Vereins, Heidelberg, N. F., IV. Ed., 4. Hft., 1890; Untersuchungen ûber inikroskopische Schàume
und das Protoplasma; Leipzig, 1892, etc.
LA VESICULE DES BATRACIENS 205
parition, les trabécules se distendent et reprennent leur position régulière
originelle. Ce n'est pas le lieu d'entrer dans de plus amples développements
à ce sujet et de reproduire ici toutes les critiques, la plupart fondées, qui
ont été formulées contre la théorie de Butschli; qu'il nous suffise d'avoir
constaté que la structure vacuolaire ou alvéolaire n'est jamais primitive,
qu'elle n'est qu'accidentelle et modificatrice de la vraie structure réticulaire.
Quant à la théovie granulaire de Altmann (i), elle ne peut être mise
en opposition ni en parallèle avec la théorie réticulaire. Elle va plus loin et
veut pénétrer plus avant dans l'intimité de la structure organique. Elle
admet que la matière organisée est, en dernière analyse, formée de granules
d'une petitesse extrême, pouvant se multiplier par division et se disposer
de diverses façons pour constituer la trame de la matière vivante. Si cette
théorie était prouvée, elle constituerait le complément heureux de la struc-
ture réticulaire : les trabécules du réseau seraient formées par la juxtaposi-
tion linéaire et parallèle de granules élémentaires. Entendues en ce sens, les
vues de Altmann pourraient être prises en considération ; il resterait seu-
lement à les contrôler par des observations minutieuses. Or, cela n'est pas
fait, loin de là. Malheureusement Altmann et ses partisans n'ont pas ainsi
compris la question. Ils font confusion entre les granules de toute sorte et
des plus accidentels de l'enchylème, voire même les enclaves véritables,
et les granules de la partie organisée, c'est-à-dire du réseau, les seuls
qu'il faudrait considérer comme les éléments essentiels de la cellule. Cette
confusion est regrettable, car elle jette le discrédit sur une théorie qui,
appliquée au réseau et à l'élément nucléinien, aurait pu être soumise à un
examen sérieux.
Nous avons très souvent constaté, surtout après digestion, que les tra-
bécules étaient noueuses et se désagrégeaient en granules d'égal volume.
Nous verrons bientôt que l'élément nucléinien de la vésicule des batraciens
se résout également en une infinité de granules de même dimension. Voilà
les choses qu'il faudra étudier de plus près. L'enchylème doit être laissé
de côté dans cette question, car il n'est pas organisé. C'est un liquide tenant
en dissolution ou en suspension les composés organiques et inorganiques
les plus divers, entre lesquels se passent continuellement les réactions chi-
miques les plus complexes; c'est le laboratoire de la cellule et du noyau.
Les granules qu'on y trouve y sont accidentels et transitoires, leur position
et leurs relations n'ont rien de fixe, de stable; ils ne peuvent donc con-
stituer un élément organisé.
(i) Altmann : Die' Elemcntivorganismcn und ihre Be^ichiingen ^ii dcn Zcllcii; Leipzig, 1S90.
206 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
IL
Nous avons dit, en second lieu, que nous n'avions rien de bien important
à ajouter à notre résumé de 1884 sur la constitution essentielle du noyau.
Nous devons aussi quelques mots d'explication à ce sujet.
I. Il 5' aurait peut-être lieu de parler ici de Vliistone. Ce corps, décou-
vert en 18S4 par Kossel (1) dans les globules rouges de l'oie, a été récem-
ment retrouvé par lui et ses élèves (2) dans les leucocytes du thymus, où
il existe en combinaison avec la nucléine sous la forme de nuclêo-histone.
Kossel (3) vient de signaler la présence de l'histone dans les cellules sper-
matiques de l'esturgeon et du saumon. Cette nouvelle substance est un com-
posé d'albumose, sorte de peptone, avec une base, la protamine. A la matu-
rité, l'albumose disparaît dans les cellules spermatiques et la protamine est
mise en liberté. Celle-ci peut alors se combiner avec l'acide nucléinique,
pour former la nucléine que Miescher a extraite de la tète des spermato-
zoïdes. L'avenir dira si l'on doit étendre cette découverte à la généralité
des noyaux; il y aurait alors un nouvel élément à signaler. Remarquons ce-
pendant que cette albumose dérive vraisemblablement des globulines du
caryoplasme, à la façon des peptones de digestion ; il ne faudrait donc y voir
qu'un produit secondaire, et non originel.
IL Nous avons vu plus haut, qu'il y avait dans l'enchylème cytoplas-
matique une nucléo-albumine, une vitelline, à côté des globulines. D'après
Halliburton (4), il en serait de même dans l'enchylème du noyau. Mais,
comme ce chimiste ne parle pas du réseau caryoplasmatique, il est possible
que la nucléo-albumine qu'il signale ne soit autre que la plastine de ce
réseau. La présence d'une vitelline dans l'enchylème nucléaire n'aurait
rien d'étonnant, du reste. Car, si nos vues sur la reconstitution du noyau,
à l'aide des couronnes polaires, sont justes, il doit en être ainsi ; c'est en
effet dans le cytoplasme que la nouvelle membrane découpe le plasma du
noyau en formation ; originellement, celui-ci doit donc avoir la même con-
stitution que le premier.
(1) Kossel : Ueber einen peptonartigcn Bestamitheil des ZeUkcnies \ Zeilschr. f. pliysiol. Chemie,
VIII, 1SS4, p. Su.
(2) t.iLiENFELD : Zur Chemie dcr Leucocyten ; Zeitschr. fur physiol. Chemie, XVIII, 1894. —
Kossel et Neumann : Veber Nuclcinsàttre und Thyminsàure ; Ibid., XXII, 1S96.
(3) Kossel : Ueber die basischen Stoffe des Zellkenies ; Sitzb. d. Prcuss. Akad. d. Wiss., XVIII, 1896.
(4I Halliburton : On ihe chemical physwlogy 0/ thc animal cell ; Brit. med. Journ., 1S93.
LA VESICULE DES BATRACIENS 207
III. On a fait récemment beaucoup de bruit autour de la découverte
d'un nouvel élément cellulaire :nousvoulons parler des ''Sphères attractives,,.
Cette découverte nous a toujours laissés froids et incrédules ; voici pourquoi.
Lorsque nous terminions un travail sur la segmentation des œufs des nema-
todes (1), GiLSON vint nous montrer des préparations d'œufs en segmentation
de l'Ascaris megalocephala, portant au sein des asters des corps sphériques,
d'apparence particulière, que nous ne pûmes rattacher sûrement aux asters
et au cytoplasme. Il est vrai que les préparations étaient assez rétractées et
mal conservées. Plus tard, dans le but de retrouver ces figures, Gilson
nous fit de nouvelles préparations avec tous les soins désirables. Les images
avaient un tout autre aspect. Nous nous trouvions en présence de magni-
fiques asters, montrant au centre un enchylème modifié, s' étendant entre
les rayons sur une certaine zone, comme cela se voit sur la plupart des
figures de division. C'étaient donc des asters ordinaires.
Aussi, grand fut notre étonnement à l'apparition des mémoires de
Ed. van Beneden et Neyt (2), et de Boveri (3). Le premier de ces
auteurs a vu dans ces corps sphériques, dont nous venons de parler, des
corps autonomes et indépendants. Il les a appelés sphères attractives,
en les considérant comme un nouvel élément constitutif et permanent de
la cellule. D'après nos observations, ces sphères n'avaient aucun de ces ca-
ractères. Elles n'étaient que du cytoplasme ordinaire, modifié pour former
la portion centrale des asters. Cette portion est toujours dès le début en
continuation de réseau avec le cytoplasme et, lorsque les asters sont déve-
loppés, on suit leurs filaments depuis la périphérie jusqu'au centre de figure.
Boveri trouve dans l'œuf une masse particulière qu'il appelle archo-
plasme, et à laquelle il fait jouer le même rôle dans la division, que
E. VAN Beneden à ses sphères attractives. Nous connaissions aussi ce corps
et nous en avions reconnu la nature depuis longtemps, nous l'avions même
figuré (4). Il n'est pas non plus un élément nouveau et permanent de la
cellule. Car, il disparaîtra bientôt en se fusionnant totalement avec le
cytoplasme. L'archoplasme ne contribue donc en rien à la segmentation ;
(i. Publié le i5 décembre iSS6, dans le t. III de La Cellule.
(2I E. VAN Beneden & Neyt : Nouvelles recherches sur la fécondation et la division milosique
chc:; l'ascaride mégalocéphale ; Bull, de l'Acad. royalt: de Belgique, o« série, t. 14, 1SS7.
(3) Boveri : Zellen-Studicn, Heft 2. Die Befruchtung und Teilung des Ei^s von Ascaris me-
galocephala; Jena, 18SS.
(4) J. B. Carnoy : La Cytodiérese de l'œuf. La vésicule germinative et les globules polaires che:;
quelques Nématodes ; La Cellule, t. III, i, iSSO, PI. VII, fig. 2o3, 204, 2o5 et 2i5.
2o8 J B. CARNOY et H. LEBRUN
il ne se divise, ni ne peut se diviser pour donner naissance aux sphères
que l'on trouvera aux pôles de la première figure. Tout ce que Boveri,
et tous les auteurs après lui, ont écrit sur l'archoplasme et le rôle qu'il
aurait eu à jouer dans la division, doit donc être considéré comme non
avenu et tomber dans l'oubli.
C'est pourquoi nous avons toujours combattu l'existence de cet élément
nouveau dans nos leçons publiques, et devant les élèves qui viennent tra-
vailler dans nos laboratoires. Nous nous en sommes toujours tenus stricte-
ment, dans notre enseignement, à la conclusion de la Cytodiérèse : Les
figures cinétiques sont l'œuvre commune du noyau et du cytoplasme; le
noyau livre le fuseau et ses bâtonnets, le cytoplasme, les asters; les cor-
puscules polaires, dont l'origine est douteuse, existent souvent, mais,
peuvent manquer en tant que corps figurés.
L'erreur profonde de E. van Beneden et de Boveri était assurément
fort regrettable. Mais il faut regretter plus encore, au nom de la science, la
levée de bouclier de Flemming pour couvrir le nouveau-né. L'enthou-
siasme qu'un savant si haut placé mit à célébrer „la plus grande découverte
depuis celle du noyau", entraîna tous les cytologistes, jeunes et vieux. Au
lieu d'examiner et de contrôler sévèrement, la chose en valait la peine, on
s'emballa. Il fallut trouver des sphères attractives partout, dans les cellules
au repos, comme dans les cellules en division. Et l'on vit surgir une montagne
de travaux, plus singuliers et plus incohérents les uns que les autres : une
immense tour de Babel! Que de méprises, que de confusions, que de con-
tradictions, que d'erreurs! On chercherait en vain un pareil exemple de
débordement dans l'histoire de la cytologie. Cela seul aurait suffi à prouver
que l'on faisait fausse route, qu'on s'était lancé à la poursuite d'une chi-
mère. On a pris, en effet, pour des sphères attractives les corps les plus
disparates : Nebenkern, Dotterkern, débris de fuseau, enclaves, portions
radiées du cytoplasme, granules et amas de granules, entourés ou non
d'une zone claire, et, en général, tous les éléments de nature inconnue ou
énigmatique, tels que ceux que nous avons jadis figurés chez les crustacés (i).
Et l'on a fait jouer à tous ces corps, si différents de nature, le même rôle
actif et essentiel dans la division. On a parlé aussi de leur rôle phylogéné-
tique — naturellement — en les comparant au macronucleus et au micro-
nucleus des infusoires !
C'était de l'affolement!
(i) Là Cytodiérèse, etc., fig. 246. /, h, 247, 2.18, 25o à 252.
LA VESICULE DES BATRACIENS 209
La réaction ne pouvait manquer de se produire.
On examina. Plusieurs savants découvrirent sans tarder que la zone
corticale appartenait bien à l'aster ou au cytoplasme. Entre temps, Bolles
Lee (i) vient administrer un bon coup de balai dans le fatras accumulé
surtout par les élèves de Flemming et leurs imitateurs. Loin de servir à la
division, bon nombre de leurs sphères attractives, Nebenkern et autres, sont
des corps en voie de régression, voués à une désagrégation et à une résorp-
tion certaine. Déjà, on avait reconnu que des corps analogues étaient pro-
menés passivement dans le cytoplasme pendant la division, sans y prendre
part et sans subir la moindre m.odification (2).
Restait le corpuscule central et sa zone médullaire. On en fit un centra-
sotne. Union adultérine entre le c3'toplasme et un corps étranger, qui
devait aboutir au divorce. Voici, en effet, qu'on trouve des corpuscules
nus, c'est-à-dire sans zone hyaline (3). Celle-ci ne fait donc pas partie inté-
grante du centrosome, et n'est pas indispensable.
On s'en prit bientôt au corpuscule lui-même; plusieurs observateurs
le cherchèrent en vain dans divers objets. Bolles Lee insiste particuliè-
rement sur ce point : malgré les recherches les plus précises et les plus pa-
tientes, opérées à l'aide d'une technique irréprochable, il n'a pu rencontrer
de corpuscule dans les figures des spermatocytes des Hélix.
Il serait inutile d'insister davantage.
En présence de ces faits, on se demande involontairement : que reste-
t-il de cet élément nouveau, essentiel et permanent de la cellule?
1° Une chose est dès aujourd'hui certaine.
L'archoplasme de Boveri est un corps destiné à disparaître dans le
cytoplasme.
La sphère attractive de E. van Beneden, la sphère directrice de Gui-
GNARD, le périplaste de Vejdovsky, l'ancien kinoplasme de Strasburger,
n'existent pas comme tels. Ce sont des parties intégrantes du cytoplasme
qui se modifient transitoirement en vue de la division, de la formation des
asters. Ces modifications débutent en un point, et portent à la fois sur le
réseau et l'enchylème Elles sont plus ou moins profondes et étendues :
(0 A. Bolles Lee : La régression du fuseau caryocinétique. Le corps problématique de Plat.ner
et le ligament intercellulaire de Zi.mmermann dans les spermatocytes des Hélix; La Cellule, t. XI,
I, 1895.
(2) La Cytodiérese, p. 3ii.
(3) Il y a longtemps que ces deux variétés de corpuscules ont été signalées : La Cytodiérese, p. 34g.
2 10 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
c'est là ce qui explique toutes les variations qu'on remarque dans les asters,
particulièrement à leur centre.
Or, après la cinèse, -ces modifications s" effacent plus ou moins rapide-
ment et le cytoplasme reprend son aspect ordinaire. Parfois le centre de
l'aster persiste plus longtemps, près du noyau; on n'a pas manqué non plus
de prendre cela pour une sphère attractive. On l'aurait même vu se diviser
pour donner les deux nouvelles sphères de la segmentation suivante. N'est-ce
pas de la haute fantaisie?
Qu'on cesse donc une bonne fois de nous parler encore de sphère
attractive, d'archoplasme, de zone corticale, de zone médullaire, etc. ; ces
mythes doivent être relégués dans le domaine de la légende!
2° Reste le corpuscule central. Il y a plusieurs observations à faire à
son sujet.
a) Le corpuscule central n'est pas nouveau non plus; c'est \ antique
corpuscule polaire, il en a tous les caractères et remplit le même rôle. S'il
en est ainsi, il est évident que le mot centrosome, qu'on lui applique aujour-
d'hui, doit être rejeté. Ce terme consacre une méprise et a reçu d'ailleurs
les significations les plus diverses; tandis que le mot corpuscule polaire a
toujours eu un sens précis, et a pour lui le mérite de la priorité.
b) Le corpuscule polaire est un corps autonome, sui generis, sans con-
nexion organique avec le cytoplasme et d'une tout autre nature. La sphère
attractive existerait, qu'il faudrait l'en distraire. Il est dans le protoplasme
comme un corps étranger, morphologiquement parlant. Il est donc indé-
pendant.
C'est le seul élément dont on puisse se demander s'il est un corps
constant et permanent de la cellule.
Les partisans de la permanence du corpuscule polaire admettent assez
généralement aujourd'hui que le premier corpuscule provient du Mittel-
stiick ou, d'une manière plus générale, du corps du spermatozo'ide. Il se
porterait vers les noyaux de conjugaison et se diviserait pour fournir les
deux corpuscules de la première segmentation. Après la cinèse, ceux-ci se
diviseraient à leur tour, chacun de leur côté, en vue de la seconde cinèse,
et ainsi de suite indéfiniment. Il se maintiendrait donc dans les 'cellules
pendant leur repos entre les cinèses, et dans les cellules adultes qui n'en-
trent plus en division. C'est pour appuyer cette manière de voir que
l'on a recherché ces corps avec tant de zèle dans les cellules quiescentes les
plus diverses, et d'aucuns ont cru les y avoir trouvés. C'est simple; mais
est-ce bien conforme à la réalité? On nous permettra d'en douter.
LA VESICULE DES BATRACIENS 211
Car les nombreuses observations que nous avons faites relativement
au corpuscule polaire, qui était déjà étudié spécialement à Louvain en 1S85,
nous autorisent à rejeter la théorie que nous venons d'exposer. Elle ne
repose pas sur les faits ; elle a été édifiée sur certaines apparences de pré-
parations, mal faites ou mal interprétées sous l'empire d'idées préconçues.
Mais nous devons clore ce chapitre déjà trop long.
Nous avons donc eu de bonnes raisons pour ne pas admettre l'existence
de ce prétendu élément nouveau, essentiel et permanent de la cellule. Les
travaux de van Beneden et de Boveri sont aussi de ces travaux couverts
de fleurs, mais malheureux et contagieux, qui font rétrograder la science au
lieu de la servir. Après un long et pénible détour de dix années, la cytologie
se retrouve tout ensanglantée au point où elle était en i885.
C'est triste !....
Matériaux et Méthodes pour l'étude de la vésicule germinative des batraciens.
Notre étude a commencé en 1887. Elle a été longue et très laborieuse;
nous nous sommes souvent comparés à deux galériens condamnés à dix ans
de travaux forcés.
Il a fallu d'abord plus d'une année pourpouvoirs'orienter.chez les diverses
espèces, dans le dédale inextricable des innombrables figures, toujours si
étranges et si variées, que leur vésicule présente dans les multiples étapes de
son développement. Ensuite, il a fallu exécuter, examiner, comparer des cen-
taines de mille coupes, prises dans un très grand nombre d'individus, à toutes
les époques de l'année, à tous les âges de l'œuf! Et puis, que de mesures,
que de croquis, que de dessins !
C'est un travail qu'un seul homme ne pourrait entreprendre (1).
Cependant la lumière se fit peu à peu, grâce surtout : a) à l'étude com-
parée des étapes correspondantes dans les diverses espèces : ce qui demeu-
rait indéchiffrable dans l'une, prenait les caractères de l'évidence dans telle
ou telle autre, et, b) à la facilité avec laquelle on peut constater la réso-
lution des nucléoles de la salamandre à certaines étapes Aujourd'hui, nous
(i) Sans l'habileté technique, le courage et la patience inlassables, le talent d'observation de mon
assistant, je n'aurais jamais pu mener ce travail à bonne fin. Le lecteur bienveillant qui lui trouve-
rait quelque mérite, voudra bien en attribuer une large p.irt à M. Lebrun.
J. B. Carnoy.
212 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
pourrions presque dire, au premier coup d'œil, à quel animal et à quelle
époque précise du développement de l'œuf, se rapporte telle préparation
déterminée.
Nous avons parcouru tout le groupe des batraciens : les Urodclcs et
les Anoures.
Matériaux.
Il est de la plus haute importance, pour faire une étude fructueuse de la
vésicule germinative des batraciens, de n'employer que des animaux vivant
en liberté dans leur milieu naturel. En effet, dans les individus maintenus
en captivité, la vésicule présente fi-cquemment des phénomènes patholo-
giques. L'élément nucléinien, surtout, subit des altérations, des désagréga-
tions qui ne sont pas sans rappeler certaines figures naturelles, provenant
de la résolution normale des nucléoles : résolution dont il sera si souvent
question dans ce mémoire. Aussi, pour éviter toute erreur et toute confu-
sion, nous sommes-nous astreints à n'employer que des ovaires extraits d'in-
dividus saisis en liberté, ou expédiés des Ardennes belges à Louvain, immé-
diatement après leur capture. Nous avons d'ailleurs tenu compte des phé-
nomènes d'ovolyse qui se manifestent çà et là, même dans de pareils
matériaux. Pour nos dessins et nos descriptions, nous n'avons utilisé que
les œufs tout à fait normaux; tous les œufs douteux ou louches, qu'un œil
exercé reconnaît assez aisément, ont été soigneusement écartés.
Méthodes de préparation.
Il ne suffit pas d'avoir en sa possession des matériaux de choix, il faut
encore qu'ils soient convenablement traités. Voici comment nous avons
procédé à leur préparation.
Nous avons examiné les œufs à frais, et après l'action des fixateurs,
gazeux et autres.
a) Pour étudier les noyaux frais, on crève les œufs sur porte-objets avec
une aiguille, ou un fin scalpel dans une goutte d'eau ou de sérum; on ap-
plique alors délicatement un couvre-objets assez grand sur le contenu
épanché. En écrasant lentement, on voit bientôt apparaître le noyau dans
la masse jaunâtre. Sous un faible grossissement, on reconnaît aussitôt les
nucléoles au milieu des enclaves vitellines, qui pourraient rester adhérentes
à la membrane du noyau.
Si alors on soulève le couvre-objets, avec précaution, le noyau aplati
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 2 13
reste très souvent attaché au verre; on enlève tout ce qui l'entoure avec un
buvard et, après une légère dessiccation, on peut fixer ce noyau, au moyen
des fixateurs gazeux : acide osmique en vapeur, alcool sulfureux, etc., pour
le colorer ensuite au vert de méthyle, ou le soumettre à des réactions mi-
crochimiques.
b) Fixation. Le plus souvent nous avons fixé les ovaires in toto, en
les plongeant dans les solutions fixatrices, après avoir au préalable fait au
moyen de ciseaux quelques ouvertures, afin d'obtenir une pénétration ra-
pide. Après de nombreux essais avec les liquides chromiques, — liqueur de
Flemming, de Hermann, acide chromique (Schultze (i), Born (2), Jor-
dan (3) ), bichromate, liqueur de Perenyi, etc., nous avons complètement
renoncé à leur emploi : leur faible pouvoir de pénétration, la longueur des
manipulations, la difficulté du lavage, mais surtout leur tendance à dégrader
les pièces et à y introduire des vacuoles, nous les ont fait rejeter d'une ma-
nière absolue. La solution au sublimé de Gilson nous a donné des résultats
incomparablement supérieurs : son action est plus rapide, elle est d'une ma-
nipulation plus facile et permet l'emploi des colorations les plus variées; en
outre, elle conserve beaucoup mieux les objets dans leur état naturel. Le
sublimé neutre saturé, ou même acidulé (Rossi (4), Grônroos (5) ), lui est
de loin inférieur.
Les ovaires jeunes y étaient laissés 15 minutes environ; les plus âgés,
de 3/4 d'heure à 1 heure, puis lavés pendant une heure et passés dans les
alcools jusqu'à l'alcool à 80°.
Tous les auteurs qui ont étudié l'ovaire des batraciens sont unanimes
à reconnaître que la plus grande difficulté à surmonter est d'obtenir un
enrobage convenable. Les œufs se durcissant très fort sous l'influence
de la chaleur, ou par une déshydratation trop prolongée, les coupes en
séries sont presque impossibles ; en eff'et, après une demi-heure de séjour
dans la paraffine fondue à 52°, l'œuf est cassant et s'effrite sous le rasoir,
comme de la craie. Dans l'espoir d'obtenir une imprégnation suffisante, on
(i) Oscar Schultze : Untersuchiingen ùber die Reifiing u<id Bcfruchtung des Amphibicncies;
Zeilschrift f. wiss. Zool., XLV, 1SS7.
(2) Born : "D/e Struktur des Keimblàschens im Ovarialci von Triton hviiiatus ; Archiv fur mi-
kroskop. Analom., Bd. 4?, 1894.
(3) Jordan ; The developement of the newt ; Journal of morphology, vol. VIII, n° 2, 1S93.
(4) Rossi : Contriluto alla studio, etc., délie nova deg. anfibi; Publicazioni del r. istituto di
studi superiori pratici in FireDze, iSgS.
(5) Grônroos : Zur Enitvickelungsgeschichte des Erdsalamandcrs; Anafom. Hefte, Bd 6, Heft III,
1896.
30
214 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
les a laissés jusque 24 heures dans le bain! C'est là une profonde erreur.
Car peu d'objets sont aussi faciles à imprégner; on doit seulement prendre
la précaution d'éviter une déshydratation trop complète par l'alcool absolu,
et un séjour trop prolongé à la chaleur.
Voici comment nous procédons. Les œufs, pris dans l'alcool à 80°, sont
portés dans l'alcool à 95° pendant 1/4 d'heure, puis pendant 5 minutes dans
l'alcool absolu, pour les gros œufs de la salamandre; pour les plus petits
œufs, l'alcool fort, à 95°-96°, est suffisant, pourvu qu'il puisse se mélanger sans
trouble avec le chloroforme. De là, on transporte les objets dans un mélange
de chloroforme et d'alcool absolu, à parties égales. Dans ce liquide, ils sur-
nagent quelque temps, mais ils ne tardent pas à descendre lentement au fond
du récipient, au fur et à mesure que l'imprégnation s'achève. Lorsque la
déshydration n'est pas suffisante, un trouble se produit instantanément dans
le liquide, dès qu'on ajoute le chloroforme. On prolonge alors de quelques
instants le séjour dans l'alcool fort. Toutefois, ce léger inconvénient ne sur-
vient jamais si l'on emploie une quantité de liquide suffisante. Une demi-
minute après que les œufs sont arrivés au font du récipient, on remplace le
mélange par le chloroforme pur, où ils surnagent; on les y laisse de 3 à 15
minutes, suivant leur volume. Après ce temps, on ajoute des morceaux de
paraffine solide au chloroforme, de façon à doubler à peu près la masse
totale, et l'on porte le flacon bouché à une température de 35 à 36 degrés,
jusqu'à ce que tous les fragments de paraffine soient complètement dissous.
Après 2 1/3 à 3 heures, on les place dans la paraffine pure, fondue à 52°
pendant 2 1/2 à 5 minutes maximum. Ce temps si court suffit amplement
pour que les plus gros œufs soient pénétrés ; leur enrobage est parfait, et on
peut les débiter en séries avec la plus grande facilité. Pour aller plus vite
et pour économiser la place sur le porte-objets, on peut couper en deux les
gros œufs de salamandre à l'équateur, le noyau se trouve toujours au pôle
animal, très reconnaissable par sa teinte blanche mate.
Traités de cette manière, les œufs ne subissent de rétraction dans
aucun de leurs éléments; le noyau reste partout en contact avec le proto-
plasme, la membrane nucléaire forme une circonférence presque parfaite.
Ces méthodes ont été appliquées, avec la même facilité et le même
succès, à tous les batraciens que nous avons étudiés : Salamandra, Pleu-
rodeles, Triton, Rana, Bufo, Siredon, Alytes, Bombinator, et légèrement
modifiées suivant le volume des œufs.
Il n'est nullement étonnant de constater des déformations de toute
LA VESICULE DES BATRACIENS 2 15
sorte sur des noyaux qui ont séjourné des journées entières dans l'alcool
absolu ou dans la paraffine à 56°, quand on songe à la délicatesse de leur
structure. Les aires hyalines entre le cytoplasme et le noyau, décrites
comme normales par certains auteurs, sont uniquement dues au retrait
exagéré du noyau sous ces influences néfastes. Il en est de même des ondu-
lations et des protubérances de la membrane nucléaire, reproduites dans les
figures de la plupart de ceux qui se sont occupés des batraciens, et que
ScHULTZE considère aussi comme naturelles.
c) Coloration. Les noyaux frais ainsi que tous les objets fixés par
l'acide osmique ou l'alcool sulfureux, ont été colorés par le vert de méthyle,
acidulé d'acide acétique. Traités de cette manière, les nucléoles prennent ce
colorant d'une manière faible, il est vrai, mais très évidente pourtant.
Nous avons surtout employé d'une manière habituelle l'hématoxyline
alunée de Delafield, que nous préparons comme il suit. Nous saturons
à chaud loo grammes d'eau distillée avec de l'alun ammoniacal; à cette
solution, nous ajoutons 1 gramme d'hématoxyline cristallisée, dissoute dans
un peu d'alcool fort. Après 3 ou 4 jours d'exposition à la lumière dans
un flacon bouché, nous ajoutons 25 ce. de glycérine et 25 ce. d'alcool mé-
thylique. Après filtration, la solution reste exposée à l'air dans un cristalli-
soir jusqu'à évaporation de la -moitié du volume primitif. La solution, ainsi
concentrée, jouit d'un pouvoir de coloration très intense.
Nous colorons presque toujours après coupe. Une goutte du colorant
est déposée sur le slide pendant 1/2 à 2 minutes, minimum, et les prépara-
tions sont rapidement montées dans la colophane, en passant par les al-
cools et l'essence verte de Cajeput. Ainsi colorés, les nucléoles sont rouges,
le caryoplasme est plutôt bleu-clair- sur les préparations fraîches.
Si l'on prolonge la durée, on obtient toutes les nuances intermédiaires,
du rouge au noir. On peut alors décolorer par l'alcool acidulé d'acide chlor-
hydrique, mais les teintes qu'on obtient ainsi sont d'un rouge trop uniforme,
et peu favorables à l'étude; nous les ramenons toujours à la teinte bleue
par l'alcool contenant quelques gouttes d'ammoniaque. Un excellent moyen
de décolorer les préparations surcolorées est de les laisser quelque temps
dans l'eau iodée; la teinte ne change pas, et l'action est plus élective; elle
décolore d'abord le réticulum plastinien.
On peut aussi colorer les coupes par des solutions très diluées : 2 à
3 gouttes de la solution forte dans 50 ce. d'eau; on laisse agir pendant
24 heures. On obtient ainsi des colorations très électives. Nous avons sur-
216 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
tout employé les solutions diluées pour les colorations in toto. En ajoutant
2 ou 3 gouttes de bleu carmin, on obtient une coloration double très belle :
le réticulum plastinien prend alors une teinte verdâtrc, sur laquelle le bleu
foncé de l'hématoxyline tranche vivement.
Nous avons aussi associé l'hématoxyline avec la safranine, le rouge
Congo, le rouge Bordeaux, la Fuchsine. Ces doubles colorations sont ex-
cellentes. Le rouge Congo, peu apprécié pourtant par Bulles Lee, nous
paraît spécialement recommandable; on doit seulement traiter les coupes
d'abord par l'hématoxyline, ensuite par le rouge Congo. Celui-ci déplace le
premier colorant sur tout ce qui n'est pas élément nucléinien. Les prépara-
tions se conservent très bien ; nous en possédons depuis trois ans qui n'ont
pas subi la moindre altération. Nous employons une solution de 1/2 gr.
pour cent d'eau distillée.
La triple coloration de Biondi ne nous a donné aucun bon résultat ;
le vert de méthyle ne prend pas sur les nucléoles après un enrobage dans
la paraffine.
La triple coloration de Flemming est beaucoup meilleure, seulement,
au lieu d'employer, comme cet auteur le recommande, une solution d'orange
concentrée, il faut au contraire user d'une solution très diluée.
Nous avons aussi essayé, sans y trouver avantage, l'hématoxyline au
fer de Heidenhain. Ce réactif colore très bien en noir les nucléoles et leurs
figures de résolution. Mais il teint également en noir les enclaves vitellines;
ce qui peut présenter des inconvénients. Car, dans les gros œufs, où les en-
claves volumineuses sont blotties contre la membrane nucléaire, il devient
parfois difficile de les distinguer des nucléoles qui sont aussi appliqués
contre cette membrane. L'hématoxyline de Delafield donne au contraire
des teintes très différentes à ces deux éléments.
Première Fartie.
LES URODÈLES
LES URODÈLES.
LA SALAMANDRE (Salamandra maculosa Laiir.).
Il convient de commencer létude des urodèles par la salamandre : à
tout seigneur, honneur.
En fouillant la Bibliographie, nous n'avons rencontré aucun travail
qui traitât spécialement des œufs de cet animal privilégié. Dans un
mémoire sur la genèse des œufs, M. Nussbaum(i) repi-ésente, dans sa
fig. 26, deux jeunes œufs de salamandre, dans lesquels le filament nucléi-
nien est grossièrement indiqué, à côté des nucléoles. Nous avons trouvé
quelques figures de la vésicule dans un travail de Valaoritis (2), figures
fort insignifiantes et qui ne méritent pas d'être mentionnées. Flemming (3)
se contente de dire qu'il a trouvé dans les œufs de salamandre des figures
semblables à celle- qu'il donne du Siredon. Nous parlerons plus tard de
cette figure. Récemment, Grônroos (4) a consacré quelques lignes au
noyau voisin de la maturité; elles ne sont pas non plus de nature à nous
éclairer (5). N'est-il pas étonnant qu'on ait délaissé à ce point les ovocytes
chez l'animal de prédilection des cytologistes, alors qu'on a fouillé la plu-
part de ses cellules, principalement les cellules testiculaires, avec un véri-
table acharnement? Aurait-on été rebuté par la complication et l'étrangeté
des figures que présente sa vésicule germinative? Peut-être En tout cas,
il y a là une lacune importante que nous allons essayer de combler.
Aperçu général.
Dans notre pays, la fécondation a lieu chez les salamandres vers le
premier juillet. Ces animaux sont vivipares, la fécondation est donc interne.
Les larves sont pondues dans l'eau au printemps, après l'hibernation.
(i) NussBAUM : Zur Differen^irimg d. Geschl. Un Thierreich; Arch. f. mik. Aaat., t. i8, p. i. iSSo.
{2) Valaoritis : Die Genesis des lliier-Eies ; Leipzig, 1SS2.
(3) .G. Flemming : Zellsiibstan:;, Kern- iind Zelltheilwig; Leipzig, 18S2.
(4) Grônroos : Zur Entwkkelungsgeschichte des Erdsalamanders (Salamandra maculosa Laur.) ;
Anat. Hefte, 1. Abth., 6. Ed., iSgS, p. i53.
(5) n est probable que des figures, éparpillées çà et là, nous onl échappé; la chose iie nous pa-
raît pas, du reste, avoir d'importance.
220 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
Leurs métamorphoses achevées, elles sortent de l'eau pour mener la vie
terrestre, vers le mois de septembre. Les pvocytes commencent à se diffé-
rentier, mais, au bord "de l'hiver, ils sont encore très petits. A la fin du
mois de mai suivant, ils ont 200 ix à 230 |j., et leur noyau, 110 |j. à 120 p-; au
mois d'octobre, leur diamètre est de 300 jj. environ, et celui de leur noyau
de 140 îi. Au mois de mai qui suit, les œufs possèdent de 5oo |j- à 600 i'-. Un
an après, à la même date, ils ont environ 1 400 n, c'est-à-dire un peu moins
de la moitié de leur volume. C'est seulement à la fin de juin de l'année
suivante qu'ils sont aptes à être fécondés ; ils mesurent alors approximati-
vement, de 3500 ij. à 3700 |A, c'est-à-dire environ 3 1/2 mm. (1). Le dévelop-
pement des œufs dure donc plus de trois ans, et, si l'on suppute leur âge
à partir de la segmentation, les jeunes femelles, prêtes à être fécondées,
comptent cinq années révolues.
Sur l'ovaire des adultes, extraits au mois de juin, on peut voir aisément
ces diverses sortes d'œufs : de très gros, jaunes, qui vont être mûrs; des
moyens, également jaunes, qui ont encore une année à croître; des petits,
blanchâtres qui, seront à point dans deux ans; enfin, au microscope, on dé-
couvre une quatrième génération d'œufs très jeunes. Il suit de là, que sur
les coupes d'ovaires d'individus adultes, on trouve des œufs à tous les stades;
tandis que sur celles d'individus jeunes on en rencontre de deux, ou de trois
générations, suivant leur âge.
Pour étudier les changements qui se produisent dans la vésicule ger-
minative pendant un laps de temps si considérable, nous avons eu recours
à des animaux jeunes et adultes. Dans les premiers, l'observation est plus
facile, et les œufs conservent mieux leur forme naturelle. Car, chez les seconds
les œufs volumineux exercent une pression considérable sur les plus jeunes;
ceux-ci sont déformés, comme écrasés et ratatinés. La vésicule subit des
déformations correspondantes qui, parfois, peuvent masquer les phénomènes
qui s'y passent, ou rendre leur interprétation plus difficile.
Nous avons dit que les jeunes ovocytes sont très peu développés à la
fin de l'année où commence la vie terrestre; ils n'ont en effet qu'un mois
ou deux pour se dififérentier avant l'hibernation. Pour plus de facilité, nous
ferons abstraction de ce premier moment dans la description qui va suivre,
afin de pouvoir parler indifféremment de trois périodes, ou de trois années
dans l'histoire du développement de la vésicule. En prenant comme point
(i) Ces chiffres ne peuvent être qu'approximatifs, et de loin encore. Ils varient d'un individu l\
tre, et d'un œuf à l'autre, chez le même individu. L
le et la 2" année sont beaucoup plus variables encore.
.'autre, et d'un œuf à l'autre, chez le même individu. Les chiffres que nous avons donnés pour la
LA VESICULE DES BATRACIENS 22 1
de départ le mois de mars-avril, après le sommeil hibernal, la première
période, qui se terminera au mois de mai-juin suivant, comprendra 13 à 14
mois, c'est-à-dire moralement une année; les œufs ont alors 600 \>- à 700 y-.
La deuxième période coïncide avec la seconde année; à son issue les œufs
mesurent environ 1400 jj-. Enfin la troisième période s'étend jxxsqu.' en ]mn
suivant, c'est-à-dire qu'elle comprend aussi une année ; alors les œufs sont
mûrs et possèdent 3600 jj-, en moyenne.
Nous avons établi ces trois divisions dans le développement de l'œuf,
en nous basant sur les caractères particuliers de la résolution des nucléoles,
c'est-à-dire sur le genre de figures qui en résulte. Nous croyons inutile de
faire remarquer que ces chiffres n'ont qu'une valeur relative, mais suffi-
sante cependant pour fixer l'attention du lecteur. En réalité, ces périodes
sont loin d'avoir partout la même durée. Car les figures d'une période
peuvent se continuer plus ou moins longtemps suivant les individus, suivant
les circonstances de nutrition, de milieu, etc. Il arrive même que, chez
certains animaux, les figures d'une période sont supprimées. Ce serait une
grave erreur de croire que la succession de nombreux phénomènes que nous
allons décrire soit, de fait, soumise à des lois mathématiquement rigou-
reuses.
Nous allons commencer par l'étude des métamorphoses de l'élément
nucléinien, pendant ces trois périodes.
CHAPITRE I.
Métamorphoses de l'élément nucléinien (PI. I à III).
§ 1 . Première période (Pl. I).
Les phénomènes qui se passent dans l'élément nucléinien, durant la
première période, sont précisément les plus difficiles à saisir. Cet élément
s'y présente, en effet, sous les aspects les plus divers et les plus étranges,
et, à première vue, il semble bien difficile de rattacher les figures entre elles,
et de les sérier. Cette partie de notre travail nous a demandé beaucoup de
temps; il a fallu étudier minutieusement et comparer des milliers de coupes,
prises sur des individus jeunes et adultes, avant de nous orienter dans ce
labyrinthe. Nous croyons, grâce à l'étude comparative que nous avons faite
31
222 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
de cette période dans les divers groupes de batraciens, être arrivés à des
résultats satisfaisants.
La Pl. I est consaorée à cette première période.
Celle-ci peut se diviser en deux temps : i° Disparition de l'élément
nucléinien primitif; 2° Résolutions diverses des nucléoles.
1° Disparition du filament nitcleiuien primitif.
Les FiG. 1, 6, 15. 18 et 22 représentent des œufs très jeunes qui vien-
nent d'entrer en développement. Les plus petits mesurent 28 i-^ à 30 ;•'■, et
leur noyau 1 8 \>- environ, moyenne des deux diamètres.
Le noyau des jeunes œufs est variable d'aspect, mais on peut constater
aisément que sa structure première est typique. C'est-à-dire qu'on y dé-
couvre un élément nucléinien filamenteux, qui paraît dans bien des cas con-
tinu; on n'y voit guère d'extrémités libres, aussi longtemps du moins qu'on
ne rencontre pas de nucléoles, fig. 1, 12 et 18. Ces trois figures repré-
sentent des noyaux vus par leur surface extérieure. De pareils noyaux ne
sont pas précisément très communs, surtout chez certains individus. Car
la formation des nucléoles commence souvent de très bonne heure et, alors,
la continuité du filament est brisée, ainsi que nous allons le voir.
Nous n'avons, disons-le en passant, jamais rencontré de nucléoles
plasmatiques bien nets dans ces œufs. Après l'enlèvement de la nucléine,
il ne reste aucun corps figuré dans le noyau; on y voit seulement parfois
des amas granuleux et irréguliers de caryoplasme, qui ne rappellent en rien
les vrais nucléoles, toujours si bien définis.
Les premiers nucléoles que l'on aperçoit dans le noyau tirent leur ori-
gine du filament nucléinien. Celui-ci se scinde, ou se disloque, çà et là, en
tronçons, irréguliers d'abord, mais qui prennent bientôt la forme sphérique,
FIG. 2, 15 et 22. Dans la fig. 2, on voit trois nucléoles situés sur le trajet du
boyau et dont un est encore en continuité avec lui. Dans la fig. 15, l'élément
nucléinien s'est disloqué, et les fragments irréguliers et plus ou moins longs
qui en résultent s'ordonnent en sphérules nombreuses. Ici, la dislocation est
totale; enc, il n'y a plus trace du filament nucléinien normal, ce dernier n'est
plus représenté que par les nucléoles. C'est là un fait très important, que
nous avons eu soin de vérifier avec beaucoup de soin. Chez la salamandre,
ce fait est assez rare dans les œufs aussi jeunes que ceux de la fig. 15. Ha-
bituellement, il se forme un certain nombre de nucléoles, et le restant du
filament primitif persiste, comme dans la fig. 2 et 22. Dans cette dernière,
LA VESICULE DES BATRACIENS 2 23
on voit quatre nucléoles entourés d'une auréole claire d'enchylème caryo-
plasmatique. Ils résultent de la coalescence des portions du filament qui se
trouvaient à cet endroit. Bien souvent, en effet, on constate que tous les
filaments qui bordent l'auréole sont coupés nets, comme dans la fig. 31 a,
Pl. V, qui est tout à fait démonstrative. Nous appellerons nucléoles pri-
mitifs, les nucléoles ainsi formés aux dépens d'une portion ou de la totalité
de l'élément nucléinien primitif.
Lenombre de ces nucléoles est très variable; la portion restante du
filament varie en raison inverse du nombre ou de la grandeur de ces
corps.
Les phénomènes dont le boyau restant est le siège pendant cette période
sont surtout remarquables. Car, il ne se maintient pas; bientôt, tout en
augmentant de volume, il va se désagréger en une infinité de granules
minuscules, et disparaître pour toujours.
Le mode suivant lequel se fait cette résolution est assez variable dans
ses détails. Étudions d'abord le mode le plus général et, par conséquent,
principal : nous voulons dire la résolution en magma.
a) Résolution en magma.
Elle consiste dans la dissociation graduelle de l'élément nucléinien en
une sorte de magma informe, fig. 6 et 7 et fig. 19 et 20, Pl. I; fig. 26
et 27, Pl. V; fig. 14 et 15, Pl. VL Nous avons marqué, dans ces figures
de la salamandre, du pleurodèle et des tritons, la formation et quelques-
uns des innombrables aspects que ce magma présente chez les divers
groupes de batraciens, pour ne pas multiplier inutilement les dessins
dans chacun d'eux. Car toutes ces figures, et une multitude d'autres, plus
étranges les unes que les autres, se retrouvent partout, mais surtout chez la
salamandre.
Le boyau nucléinien, d'abord normal, se gonfle, prend des contours'
fort irréguliers et un aspect très granuleux, fig. 6. A mesure que le noyau
grandit, il continue à s'élargir de plus en plus: le nombre de ses granules
devient immense, et bientôt ses anses finissent par se rejoindre et se fusion-
ner en amas irréguliers de toute forme et plus ou moins reliés entre eux,
fig. 7, et fig. 26, 27 de la Pl. V. Souvent, chez la salamandre surtout, la
fusion devient complète, on n'a plus alors devant, soi qu'un magma unique
formé d'une infinité de granules distribués dans sa masse assez irrégulière-
ment, mais parfois aussi dune manière homogène, fig. 29, Pl. V, fig. 14,
Pl. VI. La forme de ces magmas est très variable : ici, ils sont sphériques;
31.
224 J ^- CARNOY et H. LEBRUN
là, ils sont en fera cheval; ailleurs, ils présentent des anfractuosités ou des
lobes, etc., etc.
Sur les coupes, on voit souvent à leur intérieur des solutions de conti-
nuité, des espèces de vacuoles plus ou moins volumineuses, fig.29, Pl. V.
En un mot, rien n'est plus polymorphe, ni plus bizarre ; il n'y a pas deux
noyaux ni deux coupes semblables, et ce serait perdre son temps que d'en
faire une description plus minutieuse.
Au commencement de cette résolution, les gros cordons, et ensuite la
masse granuleuse qui en résulte, occupent tout l'intérieur du noyau ; les
nucléoles primitifs y sont plongés irrégulièrement. Mais à mesure que le
noyau grandit, il se produit autour du magma une zone hyaline qui n'est
autre que du caryoplasme réticulé, comme dans la fig. 8, par exemple. Cela
vient de ce que l'amas granuleux ne s'étend pas proportionnellement au dé-
veloppement du noyau ; il reste confiné vers le centre, sans doute parce que
toutes ses parties tiennent ensemble. Il n'en est pas ainsi dans les fig. 19 et
20, tirées d'une autre salamandre jeune. Ici, le magma remplit tout le noyau.
On remarquera, en outre, que l'aspect de ces figures diffère des précédentes.
Les granules des cordons primitifs se sont isolés de bonne heure pour se
répandre librement dans tout le caryoplasme. Cette différence est d'ailleurs
d'importance secondaire. Dans les fig. 1 à 5, au contraire, les cordons pri-
mitifs se maintiennent plus longtemps sans se fusionner et sans donner
naissance à un magma continu ; on peut encore les suivre dans la fig. 4.
Ils se disloquent plutôt et tombent en tronçons séparés, dont les granules
•se détachent peu à peu. L'émiettement se poursuit et le noyau prend tôt ou
tard l'aspect de la fig. 5, dans laquelle, à côté des derniers débris de dislo-
cation, on constate la présence d'une très grande quantité de granules isolés.
b) Resolution par irradiation.
A côté de ce premier mode de résolution il en est un second que l'on
pourrait appeler résolution par irradiation.
Ce mode se rencontre rarement chez la salamandre. Nous en donnons
deux exemples, pris sur deux individus jeunes, représentés d'une part par
les FIG. 12, 13 et 14, d'autre part par les fig. 22 à 25.
Les fig. 12 et 22 reproduisent deux noyaux très jeunes, où le boyau nu-
cléinien est particulièrement net et à contours réguliers. A mesure de l'agran-
dissement du noyau, les anses s'éloignent l'une de l'autre, en perdant leur
régularité et en devenant granuleuses. En même temps, le caryoplasme s'ir-
radie tout autour, à la façon des rayons d'un aster, fig. 13, 14 et 23. Nous
LA VESICULE DES BATRACIENS 2 25
rencontrerons bien des fois dans le cours de ce travail de pareilles irradia-
tions; nous aurons donc l'occasion d'y revenir. Qu'il nous suffise pour le mo-
ment de constater le fait. Or les granules des cordons se détachent alors un
à un et cheminent à la file sur les rayons plastiniens, pour se répandre dans
tout le noyau et se porter finalement à la périphérie. Pendant ce travail, ils
se disloquent plus ou moins, mais ils se maintiennent toujours en tronçons
très longs et sinueux. Cependant les anses s'épuisent peu à peu et finissent
par disparaître. On voit, sur la fig. 24, les derniers restes de ces anses de-
venus très pauvres en granules, et en voie de s'effacer complètement. Dans
toutes les coupes du noyau de la fig. 25, il n'y en avait plus aucune trace;
tout y était résolu en granules minuscules.
Telles sont les différentes modalités de la résolution granuleuse de l'élé-
ment nucléinien primitif, chez la salamandre. La résolution en magma est
de loin la plus fréquente; elle ne fait défaut chez aucun individu jeune ou
vieux. L'autre mode est plus particulier et ne se rencontre que çà et là,
sur un petit nombre d'œufs, à côté du mode principal. Nous avons cepen-
dant rencontré un jeune individu, où presque tous les noyaux présentaient
la résolution par irradiation dans toute sa pureté; c'est de lui que nous
avons tiré les fig. 22 à 25.
Il est très difficile de déterminer la durée de cette résolution primi-
tive. Car, le plus souvent, ainsi que nous le dirons bientôt, les premiers
nucléoles formés entrent eux-mêmes en résolution et donnent de nou-
velles figures, avant que la première ne soit entièrement terminée. Ainsi,
dans les fig. 5, 20 et 24, où la première résolution est très avancée, il est
vrai, mais non terminée cependant, les gros nucléoles vacuoleux qu'on
y voit sont mûrs ; il y en a même un dans la fig. 24 qui est en voie de déve-
lopper ses filaments. Or, ces éléments se mêlent aux anciens et il devient
difficile de déterminer quand ceux-ci ont disparu.
Le no3^au de la fig. 5 mesurait 72 \>^ sur 64 ■,., celui de la fig. 20, 88 jj. sur
56 1^- et celui de la fig. 24, 70 i^- sur 63 !^ Ces chiffres sont assez concordants
et, si on les rapproche de ceux de la fig. 25 : 68 i^ sur 64 1^, où la résolution est
achevée, mais où les nucléoles ne sont pas encore mûrs, on est assez au-
torisé à admettre que la résolution du filament primitif est terminée lorsque
le noyau mesure environ 68 i^ à 70 <>■ de diamètre moyen. Ce n'est là évi-
demment qu'un chiffre approximatif. Le diamètre moyen des œufs de ces
figures oscillait entre 114 \>- et 138 i^-.
Voilà donc le boyau primitif disparu, désagrégé en une infinité de gra-
226 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
nules répandus partout, mais surtout accumulés à la périphérie du noyau.
Que deviennent ces granules? Ils se dissolvent en grande partie et leurs
produits passent par osmose dans le cytoplasme. Mais il en est toujours de
privilégiés, en tout semblables aux autres, d'ailleurs, qui restent dans le
noyau. Ils se groupent contre la membrane nucléaire en nombre variable
pour former des nucléoles nouveaux, c'est-à-dire de seconde génération, et que
nous appellerons nucléoles secondaires. On a dessiné quelques-uns de ces
groupes de granules dans la fig. 24. Tous les petits nucléoles, collés contre
la membrane, dans les fig. 3, 4, 5, 14, 19, 20 ont cette origine secondaire.
Nous reviendrons plus tard sur ces faits, qui sont absolument certains.
Les granules ne servent donc jamais à reconstituer l'élément nucléinien
en filament ordinaire, qui serait comme la continuation de l'ancien. Celui-ci,
comme tel, a disparu pour toujours. Après avoir perdu une grande quantité
de sa substance, il n'est plus représenté que par les nucléoles primaires et
secondaires. Etant supposé que les premiers ne soient joas encore entrés en
mouvement, lorsque tous les granules superflus sont dissous, le noyau ne
renferme plus que des nucléoles et un caryoplasme hyalin typique. La
FIG. 25 approche de ce terme, mais on y voit encore des granules, qui ne
tarderont pas à s'effacer. On a représenté dans la fig. 4, Pl. IV et fig. 5
et 7, Pl. VI, des noyaux où ce degré de dissolution est atteint; e^i dehors
des nucléoles, on n^y voit plus trace d'élément nucléinien d'aucune sorte. Il
est plus difficile de rencontrer des figures semblables chez la salamandre,
parce que les gros nucléoles se résolvent trop tôt, fig. 24.
2° Dissolutions et figures nucléolaires, pendant la première période.
A partir de ce moment, l'histoire de la vésicule germinative n'est plus
que l'histoire de la résolution et de la réformation successive et indéfini-
ment répétée des nucléoles.
Nous avons laissé l'œuf au moment où les premiers nucléoles vont
entrer en mouvement, à la fin de la résolution en granules du filament
primitif. Or, ces nucléoles vont subir le même sort que ce dernier. Après
avoir donné, ce que nous appellerons pour abréger, des figures, ils se dés-
agrégeront en granules.
Pour se résoudre, les nucléoles abandonnent la périphérie et se portent
vers l'intérieur du noyau ; on peut dire que c'est général : toutes nos figures
en font foi. Avant la période de maturité, ils ont le plus souvent un aspect
homogène; ils sont uniformément colorés i:>ar l'hématoxyline. En approchant
LA VESICULE DES BATRACIENS 227
du moment où ils vont donner leur figure, ils augmentent beaucoup de vo-
lume. En même temps, ils se creusent de vacuoles, fig. 16, et on y aperçoit
des filaments tortillés ou formant rés<»au, fig. 5, 20, et 24. — Les vacuoles
sont naturelles, car on les aperçoit aisément sur le vivant. — Enfin, ils de-
viennent déhiscents, c'est-à-dire qu'ils se répandent dans le caryoplasmc sous
les formes les plus variées, et dont l'étude est aussi neuve qu'intéressante.
Ces figures varient notablement pendant la première période avec les
individus que l'on examine, contrairement à ce qui aura lieu dans les pé-
riodes suivantes.
a) Résolution en magma secondaire.
Considérons un premier individu jeune, celui dont les fig. 1 à 16 ont
été tirées, et dont les fig. 6 et 7 ont été analysées à propos du magma pri-
maire. La FIG. 8 représente aussi un magma semblable, mais qui dérive de
la résolution des nucléoles, c'est-à-dire qui est secondaire. Voici comment les
choses se passent.
Dans la fig. 15, Pl.'VI, on voit quatre gros nucléoles à peu près mûrs.
Or, ces nucléoles ne tarderont pas à se résoudre sur place en amas ou traî-
nées granuleuses informes, qui continueront le magma primitif. Si l'on n'avait
pas assisté à cette déhiscence toute particulière des nucléoles, on croirait, ce
que nous avons cru nous-mêmes assez longtemps, que l'on a toujours affaire
au magma primaire. De fait, cependant, celui-ci a disparu ; c'est un nouveau
qu'on a sous les yeux. Celui-ci peut persister assez longtemps, enti-etenu qu'il
est par de nouvelles déhiscences successives.
C'est à dessein que nous avons reproduit la fig. 8. Nous croyons qu'elle
représente la fin du magma secondaire. On peut voir au nombre incalculable
de granules nucléiniens qui émigrent à la périphérie pour s'y dissoudre,
combien la résolution du magma est active. Il ne peut tarder à disparaître,
du moment qu'il n'est plus alimenté par les nucléoles. Or, nous savons par
nos observations répétées que les deux gros nucléoles pâles, qui sont dans
le caryoplasme au sommet de la figure, vont inaugurer un nouveau genre de
résolution, dont nous allons parler.
Le noyau de la fig. 8 mesurait io8 <j. sur 1 1 2 ;j. ; le magma secondaire a
donc persisté assez longtemps. En effet, nous avons vu plus haut que le volume
du noyau, à la fin de la résolution primitive, était de 68 n à 70 i'- seulement.
b) Résolution en boudins.
Les FIG. 9 et 10 du même individu marquent un nouveau procédé
de résolution, que nous appellerons résolution en boudins, et qui fait suite
228 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
au magma secondaire. Les nucléoles qui doivent donner naissance à cette
forme singulière ont des caractères particuliers. Ils paraissent formés d'un
réseau d'une finesse extrême et à très petites mailles régulières. Cet aspect
est dû sans doute à la présence d'un filament tortillé. En outre, ils devien-
nent volumineux. Avant leur maturité, ils ne prennent que très légèrement
les matières colorantes; à la maturité, au contraire, ils se colorent très inten-
sément par l'hématoxyline.
Sur la gauche de la fig. 9, dans laquelle les granules du magma ont
totalement disparu, on voit un très gros nucléole mùr et qui commence à
émettre son bourgeon. Ces corps produisent, en effet, de gros bras qui se
bifurquent souvent, se répandent bien loin et vont se fusionner avec ceux qui
pourraient déjà exister dans le noyau. Ainsi naissent ces boudins irréguliers
et grossièrement réticulés de la fig. 9. Leur constitution est la même que
celle des nucléoles dont ils dérivent. Ils sont formés de minces filaments,
apparemment anastomosés en réseau, et qui sont plongés dans une masse
plastique, en partie de nature plastinienne. Les dissolvants de la nucléine font
disparaître les filaments et laissent en place un stroma assez puissant. Ces fila-
ments paraissent d'abord homogènes, mais en réalité ils sont formés de gra-
nules alignés ou juxtaposés, qui se porteront bientôt à la périphérie, comme
dans la fig. 8, pour s'y dissoudre. De nouveaux nucléoles — (les pâles dans
les FIG. 9 et 10) — s'avancent constamment dans le caryoplasme, où ils gros-
sissent très vite, pour achever leur maturation. Les parties qui se détruisent
sont donc constamment régénérées, et la figure peut conserver ainsi ses carac-
tères pendant quelque temps. Seulement, à mesure que le noyau grandit
et que la place se fait, les boudins s'étalent davantage et donnent naissance
à des portions plus déliées, comme on peut le constater sur la fig. 10. C'est
ainsi qu'ils sont remplacés, à la fin, par le réseau de la fig. il, pour ne plus
reparaître dans la suite. Ce réseau lui-même finit par se désagréger en gra-
nules minuscules.
Le noyau de la fig. 9 mesurait 112 ;j. sur 138 i->-; celui de la fig. 10, 200 [j.
sur 190 [J- et celui de la fig. il, 200 ,j. sur 278 |j.. La forme anormale de ce
dernier vient de la pression exercée sur lui par un œuf voisin.
La résolution en boudins s'est donc maintenue assez longtemps.
L'œuf, dont le noyau est reproduit parla fig. 11, était le plus volumineux
de l'ovaire, chez cet individu jeune, sacrifié en mai, et dont les ovocytes de
la première génération avaient par conséquent un peu plus d'une année.
Cet œuf mesurait 504 i>- sur 672 1^, et son noyau 278 i'- sur 200 i^.
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 2 29
Faisons remarquer dès maintenant que la fig. 11 indique la transition
aux FIG. 30 et 31, qui représentent un nouveau mode de résolution dont il
sera question plus loin, à la deuxième f)ériode.
c] Résohilion serpentine.
L'individu dont nous venons d'analyser les figures est un des plus com-
pliqués que nous avons rencontrés. lien est d'autres dont les allures sont plus
simples : la résolution en magma secondaire est sautée. En même temps les
figures en boudins sont remplacées par d'autres, qui sont toutes différentes.
Tel était le cas pour l'animal qui a fourni les fig. 26 et 27. C'était un indi-
vidu jeune, comme le précédent, et sacrifié comme lui en mai. Seulement
les œufs étaient moins développés; le plus volumineux, celui de la fig. 27,
ne mesurait que 380 ij. sur 304 p- et son noyau 168 p. sur 164 h-; il était donc
plus petit que celui de la fig. 11.
'Voici ce que nous avons observé chez cet individu.
Le filament nucléinien, particulièrement remarquable par sa régularité
et la netteté de ses contours, se gonfle très vite et se résout en granules qui
se répandent d'une manière uniforme dans tout le noyau ; on n'y perçoit plus
trace de cordon. Ce magma primaire persiste pendant quelque temps. Mais
bientôt, avant même qu'il ait disparu, les nucléoles primaires débitent
un appareil filamenteux, irrégulier, comme celui de la fig. 24. On trouve
déjà des figures semblables dans les noyaux qui n'ont que 50 ,j:. Peu à peu
le magma se dissout et tous les noyaux prennent l'aspect des fig. 26 et 27.
Les nucléoles ici deviennent énormes, et, au moment de la déhiscence, ils
projettent dans le caryoplasme des traînées nombreuses et des masses fila-
menteuses des plus irrégulières. Ces masses ne tardent pas à s'épandre à
leur tour, en dégageant des ramifications assez robustes d'abord, mais deve-
nant ensuite d'une ténuité excessive et envahissant tout le noyau. Chose
remarquable, ces ramuscules courent tous sur les trabécules du réseau
caryoplasmique, en y décrivant des sinuosités capricieuses pour passer de
l'une à l'autre. Ces détails se voient aisément sur les deux figures précitées,
où le sommet du noyau n'est pas encore envahi. On pourrait appeler ce
mode particulier, résolution serpentine.
Comme dans les figures en boudins, les filaments, d'abord homogènes,
deviennent bientôt moniliformes et tombent en granules d'une grande pe-
titesse. Nous verrons que ce mode de résolution en serpenteaux est très
répandue à cette première période. En terminant, nous ferons remarquer
S2
■23o ]■ B. CARNOY et H. LEBRUN
que, dans les œufs plus âgés, les fig, 28 et 29 font suite aux précédentes,
et sont remplacées ensuite par les fig. 30 et 31.
d) Résolution filamenteuse en groupes étoiles.
Chez un troisième individu, très jeune, sacrifié aussi en mai, on trouvait
généralement les fig. 18 à 21. Les noyaux jeunes, de i8 \i- à 20 p., fig. 18,
possèdent un filament en apparence continu, assez pâle et granuleux. Il ne
tarde pas à se désagréger en granules d'une grande petitesse, qui se répan-
dent partout pour produire le magma primaire de la fig. 19; le noyau de
cette figure mesure 48 \i. sur 52 i-^. Le magma est peu colorable, et il conserve
son aspect jusqu'au stade de la fig. 20 : 56 [x sur 88 a. Dans cette dernière
figure, on remarquera que les nucléoles ont beaucoup grossi depuis le stade
précédent, et qu'ils ont tous les caractères de la maturité; en effet, ils se co-
lorent très fortement par l'hématoxyline.
Les nucléoles secondaires se résolvent en une masse très dense de fila-
ments d'apparence particulière. Les granules nucléiniens y sont disposés
distinctement en petits groupes plus ou moins étoiles. Ces groupes, d'abord
jetés pèle-méle, apparaissent plus tard, à mesure que le no3'au grandit,
comme disposés en séries, comme étages sur les filaments, fig. 21,
Nous avons constaté sûrement la résolution granuleuse des nucléoles
primaires, mais nous n'avons pu voir s'ils émettaient réellement des filaments.
On peut admettre qu'il en est ainsi, en considérant ce qui se passe dans les
œufs plus âgés, comme celui de la fig. 21. Sur cette figure, l'appareil fila-
menteux est évident dans le nucléole en plein épanouissement du milieu
de la figure, et dans les bras qui s'en dégagent. D'après cela, nous croyons
que les premiers nucléoles de la fig. 20 donnent aussi de pareils filaments,
mais qui demeureiit cachés au milieu des granules du magma primitif.
Il n'y aurait donc pas de magma secondaire. Ce qui est certain, c'est que
la forme en boudins fait totalement défaut ici, aussi bien que chez le second
individu; la forme filamenteuse étoilée la remplace. Quant au nucléole de
gauche de la fig. 21, il entre seulement en mouvement; la partie représen-
tée en noir est encore à l'état de repos, l'autre s'avance pour le résoudre.
Remarquons en passant la grande quantité de granules nucléiniens,
provenant des résolutions précédentes, qui se rendent vers la périphérie du
caryoplasme.
La FIG. 21 a été prise sur l'œuf le plus volumineux de l'ovaire; il mesu-
rait seulement 228 [j. sur 260 ,a, et son noyau 112 ,;,. Les œufs étaient donc
encore beaucoup moins avancés dans ce troisième individu, le plus petit,
LA VESICULE DES BATRACIENS 231
du reste, que nous ayons trouvé en mai, parmi ceux qui étaient sortis de
l'eau l'année précédente. *
Chez cet individu, à côté des noyaux à magma primaire, nous avons
rencontré aussi des noyaux qui présentaient la résolution irradiante comme
dans les fig. 12 à 15. Les figures de cette sorte étaient aussi rares ici
que chez le premier individu; c'est toujours la résolution en magma qui
constitue la règle générale à l'époque primitive,
Les formes filamenteuses à groupes étoiles que nous venons d'étudier
ne sont pas communes; nous ne les avons rencontrées que chez deux indi-
vidus jeunes.
Les figures qui font suite à la fig. 21 nous sont donc inconnues. Mais, les
nombreuses observations que nous avons faites sur ces animaux nous auto-
risent à affirmer que ce mode est le pendant de la résolution en boudins et
de la résolution serpentine. Il se continuera donc pendant quelque temps
encore pour aboutir aussi aux fig. 30 et 31. Cela n'est pas douteux pour
nous.
e) Résolution en goupillons.
Nous aurons à mentionner plus loin, en parlant des individus adultes,
un quatrième genre de résolution, dans lequel les premiers nucléoles donnent
naissance à des goupillons, fig. 17. Malheureusement, nous n'avons jamais
rencontré de figures semblables dans les jeunes individus que nous avons
eus sous la main. Ce cas nous paraît exceptionnel.
En résumé, à la suite de la résolution du filament primitif, plusieurs
formes se présentent pendant les resolutions nucléolaires.
1° Parfois magma secondaire, qui est bientôt remplacé par une des
formes suivantes.
2° Toujours une des formes qui suivent :
a) Forme en boudins.
b) Résolution serpentine, de loin la plus fréquente.
c) Filaments à groupes étoiles.
d) Goupillons, très rarement.
Ici se pose une question.
Nous venons de voir que tous les individus que nous avons étudiés
présentaient le même genre de figures dans tous leurs œufs, à partir de
la forme magma. Les uns les ont en boudins, les autres en serpenteaux,
ou en groupes étoiles. On pourrait nous demander s'il en est toujours
232 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
ainsi, si, par exemple, à la suite d'une résolution en boudins dans les
œufs encore jeunes, on ne peut pas rencontrer la résolution serpentine
dans les œufs plus gros' : en un mot, si les différents modes de résolu-
tion ne peuvent pas alterner chez le même animal.
Nous ne pouvons faire de réponse catégorique à cette question. Nous
devons cependant affirmer que tous les individus que nous avons sacrifiés,
soit en mai, soit en juillet, soit en octobre et novembre, présentaient des
images semblables, sauf ini seul, dans lequel les œufs jeunes portaient
des boudins bien caractérisés, tandis que les plus âgés avaient des serpen-
teaux. Il est bien possible que les circonstances internes ou externes
puissent faire varier le mode de résolution; nous avons même des raisons de
penser qu'il en est ainsi chez d'autres batraciens. Mais ce que nous avons
vu sur la salamandre ne permet pas de l'affirmer. Quoi qu'il en soit, les cir-
constances ni les saisons ne peuvent avoir beaucoup d'action sur les figures
de la seconde et de la troisième période, dont nous allons parler. Car, à
part quelques détails insignifiants, les images sont les mêmes chez tous les
individus, tués à n'importe quelle époque de l'année.
Remarque.
Un mot, pour finir, sur les fig. 15 et 16.
La FIG. 15, nous le savons, marque la transformation totale de l'élé-
ment filo'ïde primitif en nucléoles primaires. On ne rencontre pas commu-
nément de pareils noyaux chez la salamandre; cependant on en trouve,
çà et là, quelques-uns chez la plupart des individus. Quel est le sort de
ces nucléoles?
Nous croyons, sans en avoir la certitude, qu'ils sont destinés à se
résoudre en magma, comme l'aurait fait le filament d'où ils dérivent, par
ce motif,- uniquement, que l'on ne trouve pas d'autres images sur les
noyaux qui suivent en âge, les boudins et les serpenteaux n'apparaissant
que beaucoup plus tard.
Quant à la fig. 16, elle était seule de son esjîèce, au milieu des autres,
chez l'individu qui a fourni les fig. 1 à 16.
Les granules qui existent encore au sein de ce noyau prouvent suffi-
samment qu'il est à la fin d'une résolution. Or, étant donné son volume :
132 p- sur 104 i-i, et le volume de l'œuf : 2401-^ sur 2081-^, on peut penser
qu'il porte les derniers vestiges de la résolution du magma secondaire.
Les chiffres donnés plus haut, à propos de la fig. 8, autoriseraient cette
conclusion. D'un autre côté, l'aspect des nucléoles mûrs ne rappelle nulle-
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 233
ment le faciès habituel de ceux qui pi^oduisent soit les boudins, soit les
serpenteaux. Mais il rappelle tout à fait celui des nucléoles qui se débitent
prématurément en plumeaux, comme dans la fig. 17(0. En outre, les
nucléoles sont déjà accumulés à un pôle, comme ils le sont également dans
cette figure. Pour ce double motif, nous croyons que ce noyau sporadique
aurait donné des goupillons, au lieu de subir la résolution serpentine.
Il y aurait là un de ces cas exceptionnels qu'on rencontre si fréquemment
en biologie.
§ 2. Deuxième période (Pl. II).
Il y a peu de chose à dire sur ce qui se passe dans la vésicule germina-
tive pendant la seconde période du développement de l'ovocyte, c'est-à-dire
jusqu'au mois de mai-juin suivant.
Les figures fournies par les nucléoles qui se succèdent sont, en effet,
peu variées, quoique assez compliquées.
Les résolutions de )a première période se continuent si les œufs n'ont
pas atteint leur volume ordinaire, c'est-à-dire 550 \>. à 600 p., comme dans la
FIG. 11 et la FIG. 28, qu'on peut considérer comme représentant l'état du
noyau à la fin de la première année, sauf, bien entendu, de nombreuses
exceptions.
1° Examinons d'abord quelques animaux jeunes.
a) Chez un individu, sacrifié en mai, présentant les figures en boudins,
succédant au magma secondaire, comme dans les fig. 9, 10 et il, nous avons
rencontré dans les œufs immédiatement plus âgés les fig. 30 et 31. Ces
figures inaugurent un nouveau mode de résolution, que nous appellerons
résolution hétérogène. Elles servent de transition aux fig. 32 à 35, qui se
vo3'aient sur les œufs plus gros, et qui sont le type de ce mode de résolution.
L'œuf le plus volumineux mesurait 1 180 \>., et son noyau, 250 \>.. Les enclaves
sont aux deux tiers du chemin entre la membrane de l'œuf et le noyau.
b) Ensuite, dans un second animal, jeune aussi, sacrifié en mai et qui
portait les figures de la résolution serpentine, comme dans les fig. 25 à 28,
la fig. 29 était fréquente. Cette figure est très intéressante, parce qu'elle
marque la fin d'une résolution et le début d'une nouvelle. Ce stade conduit
directement à la fig. 32, qu'on voyait sur les plus gros œufs, mesurant
(1) Nous parlerons plus loin, p. 234, d, de l'individu exceptionnel qui a fourni cette figure.
234 J B. CARNOY et H. LEBRUN
1400 ,j. et leur noyau 300 i---. La fig. 29 indique donc le passage à la résolu-
tion hétérogène; elle correspond aux fig. 30 et 31 qui sont plus communes.
c) Enfin, sur un troisième individu du même âge, aussi à résolution
serpentine, mais tué à la fin de juin, c'est-à-dire un mois et demi plus tard,
on constatait, à côté des fig. 26 à 28, la présence des fig. 30, 31 et 33.
En outre, dans les œufs les plus volumineux, qui avaient en moyenne 1390 i^
et leur noyau 310 .j., on trouvait de magnifiques figures, identiques à celles
des fig. 36 et 37. Ces deux dernières figures inaugurent le dernier mode de
résolution, celui en pattes d'oie ou d'anémone, qui se continuera, avec des
variantes sans doute, pendant toute l'année suivante. Elles forment donc
la limite entre la seconde et la troisième période.
2° Jetons aussi un regard sur les individus adultes.
Chez les individus adultes on trouve exactement les mêmes figures que
dans les précédents. On rencontre, en effet, chei tous, la fig. 29 ou les
FIG. 30 et 31, comme faisant suite aux résolutions de la première période.
Nous n'avons trouvé qu'un cas exceptionnel, qui mérite d'être mentionné.
Ce cas se rapporte aux fig. 17 et 38.
d) Ces figures proviennent de deux individus adultes qui avaient été
capturés en même temps, à Bonn, au mois de mai 1892, par H. Lebrun.
Ce qui les caractérisait, c'était l'uniformité de leurs résolutions nucléolaires
pendant la 1'= et la 2^ période. Comme toujours, le filament primitif se trans-
forme en magma, d'ailleurs assez peu fourni. Les premiers nucléoles mûrs
qui sont identiques d'aspect à ceux de la fig. 16, se développent en traînées
plumeuses, que l'on peut distinguer nettement au milieu des restes du
magma, avec un bon objectif. On arrive ainsi aussitôt à la fig. 17, dont le
noyau mesure 140 tj. sur 4S y.. On voit, au bas de cette figure, plusieurs nu-
cléoles en mouvement, dont les cordons se répandent dans le caryoplasme,
en produisant finalement des figures en goupillon bien caractérisées. Ces
cordons sont bosselés; ils se scindent bientôt en petits blocs qui s'éloignent
de plus en plus l'un de l'autre, à mesure de l'allongement, puis se débitent
en granules. Entretemps, le caryoplasme s'est fortement irradié et l'on voit
tous les granules marcher à la file sur les rayons, pour se répandre au sein
du noyau, comme l'indique le milieu de la figure.
A mesure que les nucléoles mûrs de diverses générations avancent
dans le caryoplasme, pour s'y résoudre, il s'en forme constamment de nou-
veaux à la périphérie, nous le savons déjà. Or, tous ces nucléoles donnent
les mêmes figures pendant très longtemps. Témoin la fig. 38, qui marque
LA VESICULE DES BATRACIENS
une étape beaucoup plus avancée. L'œuf a 692 ,ji sur 248 y-, et le noyau
240 a sur 96 ,,.. On voit particulièrement bien ici les blocs irréguliers et vo-
lumineux, dans lesquels se partagent les cordons, encore plus irréguliers,
issus des nucléoles : du nucléole central, par exemple, qui est en plein
débit. Nous remarquerons aussi sur cette figure que, parmi les granules qui
courent sur les fils du caryoplasme, il y en a de volumineux, non encore
résolus dans leurs granules élémentaires, qui se détachent comme tels et
s'accumulent sur une zone en dedans des nucléoles périphériques. Nous
reviendrons sur ce point, qu'il suffit de signaler ici. Lorsque les œufs arrivent
au volume de 6S0 ,j. sur 664 ,x,' et le noyau à celui de 204 |j. sur 224 ,/, la réso-
lution des nucléoles prend un autre caractère; elle se fait en patte d'oie, ou
patte d'anémone, comme dans les fig. 36 et 37. L'œuf arrive donc à la troi-
sième période avec un seul genre de résolution : la résolution en goupillons;
toutes les figures en boudins ou en serpenteaux, ainsi que toutes les figures
hétérogènes sont supprimées. Les pattes font leur apparition beaucoup plus
tôt que partout ailleurs; elles commencent dès le début de la seconde
période.
Ce cas est assurément fort intéressant, mais, d'après nos recherches, il
est exceptionnel chez la salamandre.
Figures de la seconde période.
Ce qui caractérise avant tout la seconde période, ce sont les figures
hétérogènes et celles qui y conduisent en servant de transition.
Décrivons brièvement ces figures.
Dans la fig. 29, la résolution serpentine va se terminer, bien que le
noyau soit encore rempli de filaments spirillaires. On voit, en effet, au
milieu des serpenteaux, quatre ou cinq nucléoles qui se résolvent tout autre-
ment. Ils se débitent en un ou plusieurs longs filaments, assez réguliers de
forme, pelotonnés et enchevêtrés : comme on le voit au bas de la figure,
où un nucléole est déjà bien développé.
On remarquera, en outre, que la figure renferme plusieurs asters; ce
qui indique que des filaments plumeux, comme ceux des figures suivantes,
ont été coupés par le rasoir. La fig. 30 a pour but de montrer ces goupil-
lons. On y voit leur origine et leur développement. L'immense nucléole —
il tenait sur six coupes — qui s'y trouve, donne naissance à un grand
nombre de filaments irréguliers et grossiers, mais qui s'uniformisent en se
développant. A droite, on voit de ces filaments qui se transforment en plu-
236 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
meaux; à gauche, ceux-ci sont dans tout leur épanouissement. A mesure
qu'ils s'allongent, ils se scindent en blocs plus ou moins rectangulaires, qui
s'éloignent l'un de l'autre. En même temps le caryoplasme s'irradie en
aster sur tout leur trajet. Les blocs nucléiniens sont destinés à se désagréger.
Ils se débitent en granules, qui se répandent dans le noyau en suivant les
rayons du goupillon, ainsi qu'on peut le voir sur les deux figures suivantes,
où les plumeaux sont plus âgés. Cette fig. 30 fait certainement suite à la
forme spirillaire, car il n'est pas rare d'y voir encore un grand nombre de
filaments tortueux; telle est même la règle générale. Il n'est pas douteux
pour nous que les granules nombreux, qui sont répandus dans tout le caryo-
plasme de cette figure, ne proviennent de la résolution' des spirilles en gra-
nules, comme cela a toujours lieu à la fin d'une résolution. L'œuf de la
FIG. 30 mesurait environ 590 ij., et son noyau 200 i^-.
La FIG. 31 indique un stade plus avancé. On y remarque encore des nu-
cléoles qui se résolvent en plumeaux; mais on en voit aussi qui se résolvent
en filaments tortueux et irréguliers, comme dans la fig. 29, et comme ceux
qui existent encore dans la fig. 32, qui est plus âgée. L'apparition de sem-
blables filaments indique toujours que l'on est au seuil de la résolution hété-
rogène. Remarquons, en outre, que les trois grands plumeaux de la fig. 31
portent çà et là, mais surtout à leurs extrémités, des filaments ondulés
assez longs et très délicats. Ces filaments sont dus à ce que certains blocs,
au lieu de. se résoudre directement en granules, se transforment préalable-
ment en fils déliés. Or, ces sortes d'images indiquent également le stade
hétérogène, fig. 32 et 33.
L'œuf de la fig. 31 mesure environ 730 ,j. et son noyau 230 ij..
Les FIG. 32, 33, 34 et 35, tirées de quatre individus différents, ne peu-
vent que nous donner une très faible idée des figures si variées et si capri-
cieuses de cette période. Nous avons surtout eu en vue de montrer la résolu-
tion des nucléoles. Or, à ce stade ceux-ci perdent beaucoup de leur volume;
ils sont relativement petits et cachés dans le caryoplasme très granuleux.
Il faut donc une certaine attention pour les voir, et surtout pour constater
avec certitude que toutes les figures que l'on remarque en proviennent.
Dans la fig. 32, on aperçoit plusieurs nucléoles mûrs qui s'avancent
de la périphérie vers l'intérieur du noyau. Ils sont creusés de vacuoles très
petites, et il est aisé de s'assurer qu'ils sont filamenteux. Dans la fig. 33,
en haut et à droite, on en voit plusieurs au début de la déhiscence. Or, il
n'y en a pas deux qui se résolvent de la même façon. L'un émet de nom-
LA VESICULE DES BATRACIENS 237
breux bourgeons, l'autre un chapelet de sphérules, un troisième des fila-
ments tortueux, un quatrième un filament spirale d'une grande régularité,
enfin un dernier, après avoir produit des sphérules, émet des filaments
d'une grande minceur.
Dans la fig. 34, les nucléoles plus réguliers dévident leur filament
par une ou par deux extrémités. Ce filament porte des épaississements ou de
petites protubérances sphériques comme on le voit au milieu de la figure;
ou bien il envoie de très minces pédicelles terminés par une boule. A la
fin, ces filaments sont résorbés, et les sphérules persistent seules dans le
caryoplasme; le sommet de la figure indique ce détail.
Enfin, dans la fig. 35, les nucléoles, d'une irrégularité remarquable, se
débitent aussi en un filament continu, qui finit par devenir un peloton régu-
lier. Tous les stades de cette transformation sont indiqués dans la figure.
Les divers pelotons de la fig. 32 se sont formés de cette manière; un peu
à gauche du centre, on aperçoit quatre ou cinq nucléoles qui commencent
à s'étendre.
Mais il y a d'autres images encore dans les fig. 32 et 33.
En haut, à gauche et à droite de la fig. 32, à gauche, en bas et en haut de
la fig. 33, on voit des figures allongées, portant latéralement et au sommet de
longs filaments tortueux et déliés. Nous avons déjà parlé de ces images à pro-
pos des trois plumeaux de la fig. 31. Supposons que ceux-ci portent sur toute
leur étendue des filaments analogues à ceux qu'on voit à leur sommet, nous
aurons les images des fig. 32 et 33, dont nous parlons. Les blocs, issus du
filament nucléolaire, au lieu de s'émietter sur place, s'allongent en filaments;
cela ressort à toute évidence des fig. 32 et 33.
Nous connaissons l'origine et la constitution des goupillons de ces figures.
Seulement le lecteur nous permettra d'appeler son attention sur le plumeau
situé un peu à droite du centre de la fig. 33. A sa base, il remarquera une
sorte de patte d'anémone, analogue à celle des fig. 36 et 37. C'est en effet
à cette époque que ce mode particulier apparaît, et il n'est pas rare, à la fin
de la résolution, hétérogène, d'en rencontrer au milieu des autres figures.
Nous voici donc arrivés à la fin de ce que nous avons appelé la seconde
année du développement de l'ovocyte. Mais, en réalité, cette période peut
durer plus ou moins longtemps. Quelques mots à ce sujet.
Les FIG. 31 et 32 appartiennent au même individu. Nous avons dit
plus haut que la fig. 31, dont l'œuf mesurait 730 .j., porte déjà des indices
certains de la résolution hétérogène. Sur des œufs plus âgés, de 936 (.>., cette
33
238 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
résolution battait son plein. Or Fœuf de la fig. 32 avait 1900 ij-. Chez cet
individu la résolution hérétogène a commencé tôt, et s'est prolongée très tard.
C'est, du reste, le plus gros œuf dans lequel nous ayons rencontré encore
ce mode de résolution. L'œuf de la fig. 29 mesurait 740 ;j. sur 584 a, l'œuf le
plus âgé des figures hétérogènes, analogues à celle de la fig. 33, mesurait
1774 ;j. et son noyau 396 |j.. L'œuf de la fig. 33 avait 1550 v-; celui de la
FIG. 34, 1700 ;j., et celui de la fig. 35, seulement 1080 .j.. Nous avons trouvé
pourd'autresœufs, IlOo;^ 1250U., 1400 ;;.. Nous n'avons jamais noté de chiffre
aussi bas ni aussi élevé à la fois que pour l'individu des fig. 31 et 32. D'un
autre côté, les figures en pattes d'anémone, caractéristiques de la dernière
période, et qui toujours mettent fin à la période précédente, peuvent appa-
raître déjà dans des œufs de 1370 .j.. Celui d'où a été prise la fig. 36 mesu-
rait 1390 |j. seulement. De ce double chef, la durée de la période secondaire
peut donc être très variable.
Nous n'avons rencontré qu'un seul individu où elle fût supprimée; nous
en avons parlé plus haut, p. 234, d.
Toutes les figures hétérogènes, comme celles qui ont précédé, subis-
sent la désagrégation granuleuse. Mais les granules qui en résultent sont de
dimension très différente. En général les goupillons se résolvent en gra-
nules minuscules, qui cheminent sur les rayons. Cependant, à cette pé-
riode, une partie des blocs centraux persiste et se transforme en sphérules,
FIG. 33, en haut à droite. Dans les figures particulières, allongées et
portant latéralement et au sommet de longs et minces filaments tortueux,
ceux-ci se transforment en chapelets, de granules très ténus, tandis que la
partie centrale d'où ils partent se transforme en sphérule, fig. 32 et 33.
Nous avons déjà dit que les filaments moniliformes et bourgeonnants de la
fig. 34 laissaient après eux des amas linéaires de sphérules assez volumi-
neuses. Enfin les filaments uniformes et pelotonnés des fig. 31 et 35, à
droite; de la fig. 32, au centre; et de la fig. 33, à gauche, se débitent éga-
lement en chapelets dont les grains sont plus ou moins volumineux, suivant
le diamètre des filaments, et qui finissent par se séparer les uns des autres
et se répandre dans le noyau. Or, tous ces éléments cheminent de concert
vers la périphérie, en formant une zone concentrique assez large, fig. 35, qui
s'écarte de plus en plus du centre, en même temps que les sphérules aug-
mentent de volume, fig. 33 et 32. Alors, un certain nombre de ces sphérules
se portent contre la membrane, fig. 32, en haut, fig. 33, en bas, pour for-
mer une nouvelle génération de nucléoles, tandis que tout le reste se dissout
et disparaît.
I
LA VESICULE DES BATRACIENS 239
§ 3. Troisième période (Pl. III).
Nous voici arrivés à la dernière année, ou plutôt à la dernière période.
Les résolutions nucléolaires et les figures qui en résultent sont beau-
coup plus simples et plus uniformes; elles sont aussi plus générales, car
elles sont communes à tous les individus; les variations qu'on y remarque
sont d'ordre tout à fait secondaire.
Nous avons appelé ce mode, résolution en pattes d'oie, ou en pattes,
tout simplement. Au début, et pendant un certain temps, ces pattes sont
grandes, très développées. Plus tard, elles s'atténuent, se réduisent, pour
disparaître dans beaucoup d'œufs arrivés à maturité.
Figures de la troisième période.
Donnons quelques mots d'explication sur les figures de ce mode.
Les débuts du phénomène sont clairement indiqués sur la fig. 37.
Le nucléole central émet ses premières protubérances. Les deux nucléoles
d'en bas sont plus avancés; leur corps à presque disparu pour faire place
à un grand nombre de pattes de toute sorte, toujours très irrégulières et
tellement variées que pas deux ne se ressemblent. Sur le nucléole de gauche,
l'une d'elle se détend pour donner un de ces plumeaux qu'on remarque sur
les deux fig. 36 et 37. Ces transformations sont des plus faciles à observer
sur de bonnes coupes.
Les plumeaux, ou goupillons, de la fig. 36 sont analogues à ceux que
nous avons décrits déjà. L'irradiation caryoplasmatique y est très étendue;
en coupe transversale — au bas de la figure — elle donne lieu à un aster
des mieux caractérisés, dont les rayons se continuent toujours avec les tra-
bécules ordinaires; la coupe du cordon nucléinien y simule un corpuscule po-
laire. Les granules qui cheminent sur les rayons sont de grosseur inégale.
Chemin faisant, les uns se débitent en granules d'une finesse excessive, les
autres se maintiennent sous la forme de nucléoles minuscules dans le caryo-
plasme. La figure montre ces deux sortes de granules; les gros sont bien
visibles au pourtour, principalement à gauche de la figure.
Dans la fig. 37, l'image est un peu différente. Les massifs, échelonnés
sur l'axe du plumeau, sont plus volumineux et très irréguliers de forme; en
outre, plusieurs d'entre eux émettent des filaments secondaires, soit granu-
leux, soit terminés par une boule. L'irradiation est beaucoup plus faible.
Aussi les massifs se résolvent-ils sur place en granules à peine visibles qui
240 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
cheminent sur les trabécules ordinaires du réseau; ils pâlissent peu à peu,
ainsi que l'indique la figure, et finissent par s'évanouir avec le goupillon
lui-même.
Une autre modification plus importante se présente dans les œufs un
peu plus âgés : œufs de 1920 à 2360 \j.; noyau de 360 à 430 ;j.. Nous avons dit
que, dans la figure précédente, certains massifs du filament axial émettaient
çà et là des filaments secondaires. Ici, ce cas est général, fig. 40, 41 et 42.
Les nucléoles forment encore des pattes d'oie, fig. 41 et 42 ; mais, en
même temps qu'ils émettent de gros bourgeons, on voit déjà en sortir des
anses filamenteuses bouclées. Bientôt les bourgeons et le corps lui-même
du nucléole, se fragmentent en tronçons assez volumineux, sphériques ou, le
plus souvent, très irréguliers, qui s'étendent dans une ou plusieurs directions,
en s'isolant les uns des autres. Or, chacun de ses massifs se transforme alors
en filaments. Il s'en dégage de tous côtés des anses bouclées, entre-mêlées
de filaments simples, fig. 42, en haut, fig. 41, au milieu. En même temps
que le déroulement se fait, la figure s'étend de plus en plus en longueur
par l'écartement, et aussi par la fragmentation successive des massifs primi-
tifs. Il en résulte de longs goupillons à rayons latéraux ansiformes d'une
délicatesse étonnante; on ne se lasserait pas de les admirer. La fig. 40 n'en
est qu'une caricature grossière. Au début les filaments sont assez homogènes;
ils ne tardent pas, cependant, à prendre l'aspect granuleux moniliforme de la
fig. 40. Les granules y sont égaux et serrés les uns contre les autres. Ils
grossissent peu à peu.
Comme toutes les autres, ces belles figures sont vouées à la destruc-
tion. Les filaments tombent en morceaux; les granules s'en isolent; en un
mot, le goupillon disparaît pour faire place à un immense amas de sphé-
rules minuscules. Ces phénomènes sont évidents sur les fig. 43 et 44; dans
cette dernière, la résolution touche à sa fin; il ne reste plus que des débris
de filaments, et les sphérules sont plus volumineuses. A la fin d'une désagré-
gation semblable, la partie du noyau où les figures sont réunies, se gorge
de sphérules et de granules de grandeur et d'aspect divers. Celles que
nous avons marquées en noir vont devenir des nucléoles; elles sont en
marche pour venir rejoindre les anciens nucléoles à la périphérie. Les
autres sont vides, ou le seront bientôt. La nucléine s'y dissout, en effet, et
il en reste une coque ou membrane très mince, paraissant formée de grains
juxtaposés d'une petitesse extrême; — ils sont beaucoup trop marqués par
la gravure. — Ces coques sont brillantes et ne prennent pas du tout les colo-
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 24 1
rants; elles paraissent de nature plastinienne. Elles sont de dimensions
aussi variables que les sphérules d'où elles dérivent; il y en a qui sont à
peine visibles, d'autres sont aussi volumineuses que les nucléoles nouveaux;
on dirait qu'un dissolvant a passé d'un coup sur elles.
La période de ces figures brillantes n'est pas très longue. Elles dimi-
nuent d'ampleur, les boucles disparaissent et sont remplacées par des fila-
ments simples et beaucoup plus courts, fig. 42, goupillon de gauche. Dès
lors, elles ne changent plus guère d'aspect jusqu'à la maturité de l'œuf; elles
ne font que se réduire de plus en plus.
Ce sont ces figures qu'il nous reste à décrire.
Les FIG. 45 et 47 proviennent d'individus sacrifiés en mai, un bon mois
avant la ponte. Dans la fig. 45, les goupillons sont identiques à celui de la
FIG. 42, dont nous venons de parler. Les pattes sont remplacées par de gros-
ses sphérules provenant de la résolution du nucléole, et qui donnent ensuite
naissance à des plumeaux. Ceux-ci ont les rayons formés par des expansions
nucléiniennes de diverse forme. Les unes sont très ténues et terminées par
une ou plusieurs sphérules; les autres sont moniliformes. On rencontre
encore assez souvent quelques boucles sur les figures de ce genre. Peu à peu
les granules se détachent et se répandent en très grand nombre sur les tra-
bécules caryoplasmatiques, ainsi que l'indique la figure.
Il y a encore des pattes sur la fig. 47, mais elles sont courtes, massives
et très irrégulières. En se développant, elles se débitent en une longue série
de masses informes, anguleuses, de tout volume, plus ou moins espacées les
unes des autres. Quelques-unes de ces masses émettent des ramifications
secondaires ayant les mêmes caractères; d'autres produisent des minces fi-
laments ondulés, et même des boucles. Dans les pattes, et aussi dans les
blocs, mais surtout dans les pattes jeunes, on aperçoit un grand nombre de
sphérules très colorées, au milieu d'un substratum qui l'est moins. Ces sphé-
rules sont reliées entre elles dans les pattes, et ce sont elles qui, lors du
débourrement, donnent les masses échelonnées sur les filaments. Elles ne
sont que des portions de l'élément nucléinien du nucléole; ce sont encore
des corps complexes qui, grâce au gonflement qu'ils subissent, laissent voir
leurs éléments.
Peu à peu, les masses échelonnées sur les cordons déroulés pâlissent et
disparaissent, laissant en place leurs granules et sphérules de toute dimen-
sion. Ceux-ci se répandent alors partout, comme l'indique la figure.
Les fig. 46, 48 et 50 ont été prises sur des individus différents, comme
242 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
exemples de ce qui se passe dans la vésicule des œufs presque mûrs, depuis
le 20 mai jusqu'au 20 juin.
Les FiG. 46 et 48 .ont à peu près le même mode de résolution.
Elles sont très instructives. D'abord, on voit à toute évidence le filament
nucléinien à l'intérieur des nucléoles quiescents, fig. 48; ces nucléoles si-
mulent de vrais noyaux et ils en ont tous les caractères : membrane, caryo-
plasme, élément nucléinien. Ensuite, sur les nucléoles en activité, on con-
state, on ne peut plus clairement, la continuation des filaments sortis avec le
filament intérieur. Le moindre doute ne peut subsister sur ces deux points;
c'est par dizaine de fois que nous avons rencontré des figures aussi démon-
stratives que celles-ci, à cette période. Dans les nucléoles au repos, on peut
voir que le filament est bosselé, comme formé de petites masses accolées.
Or, lorsque leur contenu se déroule dans le carj'oplasme, ces petites masses
se séparent et s'espacent régulièrement, comme on le voit sur les figures.
Mais bientôt elles se résolvent entièrement en granules minuscules, placés
généralement à la périphérie de l'amas. Ces figures sont admirables de
délicatesse.
On peut remarquer, sur la fig. 46, quelques boules soit sur le trajet,
soit au sommet des cordons sortis, ou bien de volumineux appendices
latéraux — nucléole au sommet de la figure. — Ces différents corps sont
dus à ce que des boucles ou des amas d'anses du filament quiescent ne se
déroulent pas à leur sortie, mais restent comme agglutinés. En effet, ils se
déroulent bientôt en filaments analogues à ceux qui les ont précédés.
Jetons maintenant un regard sur les fig. 50 et 51. La première
représente la section d'un noyau complet, au grossissement de DDX2.
A la périphérie, on aperçoit un très grand nombre de petits nucléoles
se résolvant en sphérules, le plus souvent disposées en grappe. On a des-
siné une de ces grappes à-un plus fort grossissement au bas de la fig. 51. A
l'intérieur du noyau se trouvent des nucléoles beaucoup plus gros, aussi en
voie de résolution, mais donnant de tout autres figures. La fig. 51 en re-
présente plusieurs à un plus fort grossissement : Apoc. 1,30 X 4. Au début
de leur débourrement, ils se bossèlent ou bourgeonnent en prenant des formes
capricieuses. Les anses que l'on aperçoit alors ne sont pas simples, elles
sont formées de plusieurs filaments très minces fortement accolés. En effet,
on les voit donner naissance à des filaments d'une excessive ténuité et sin-
gulièrement conformés, ainsi que la figure l'indique. Les petits nodules de
nucléine qui les composent ici se débitent en granules, là donnent naissance
à des filaments minuscules, souvent étoiles. Sur leur trajet, ou à leur extré-
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 243
mité, on remarque de gros amas ou des sphérules qui donnent aussi naissance
à des ramifications secondaires. A la fin, tout se transforme en granules qui
s'éparpillent de tous côtés. Dans le caryoplasme de la fig. 50, on voit de
nombreux petits nucléoles de récente formation, dont plusieurs ont déjà pro-
gressé jusqu'à la membrane.
Le lecteur aura été frappé à l'aspect de la fig. 50 par la présence de
nombreux groupes binaires de filaments croisés, et il aura peut-être songé
à une division longitudinale d'un cordon primitif unique. Et, en effet, si
l'on ne soupçonnait pas qu'ils peuvent provenir des nucléoles, on admettrait
aisément qu'ils sont simplement accolés ou juxtaposés aux masses noires
terminales, et qu'ils sont le résultat d'une division. Il faut bien dire ici que
les apparences sont trompeuses. Car, il est tout à fait ceiiain que ce sont
des figures de résolution nucléolaire. En outre, les deux filaments qui se
croisent n'appartiennent pas toujours à un même nucléole, mais à deux
nucléoles différents. Ces figures ne tardent pas, du reste, à disparaître pour
toujours. Les fines granulations dont le car'yoplasme est gorgé, sont le pro-
duit de leur résolution.
L'œuf de la fig. 46, du 3i mai, mesurait 3520 ;j., et son no3'au
380 ix sur 448 <'.. L'œuf de la fig. 47, du 3t mai, mesurait 8240 .j. en
moyenne, et son noyau 340 ,j. sur 520 [ji. Celui de la fig. 48, du i juin, me-
surait 3600 ,ji, le noyau 440 .;. sur 560 i^.. Pour la fig. 49, du 5 juin, nous
avons compté pour l'œuf : 3380 u, et pour le noyau : 340 sur 410 n. Enfin,
l'œuf de la fig. 50, du 10 juin, nous a donné les chiffres suivants : œuf,
3650 a; noyau, 489 jj- sur 620 |j-.
Ces nombres sont assez variables, comme on le voit. En cela, rien de
surprenant. Car les œufs à une période donnée ne sont pas tous également
avancés et, en outre, ils n'ont pas tous le même volume au moment de la
fécondation.
Avant de passer aux figures suivantes, nous croyons utile de dire un
mot sur le nombre des nucléoles renfermés dans le noyau des œufs précé-
dents. Ce nombre est aussi variable. Nous en avons compté 515, tous
volumineux, comme ceux que nous reproduisons, dans le noyau de la
fig. 47; il y en avait 27 en résolution. Celle-ci avait déjà commencé depuis
I quelque temps; car le caryoplasme renfermait un certain nombre de gra-
nules, comme 1 indique du reste le dessin. Dans les fig. 46 et 48, elle
était au contraire à son début. On ne voyait, en effet, dans le caryo-
plasme ni granules colorables, ni figures en désagrégation. Des 350 gros
nucléoles du noyau de la fig. 46, huit seulement émettaient leurs fila-
244 J ^- CARNOY et H. LEBRUN
ments. Le noyau de la fig. 48 renfermait 252 nucléoles, dont 10 en
résolution. Nous ferons remarquer en passant que l'examen le plus mi-
nutieux de toutes les coupes ne nous a fait découvrir la moindre trace
d'élément nucldinieii, en dehors des nucléoles et de leurs filaments. Dans
le noyau de la fig. 49, il y avait 976 nucléoles, dont 20 en résolution
semblable; les gros blocs parallèles, dont le plus grand diamètre était per-
pendiculaire à la direction de la figure, se débitait sur place en sphérules
de divers volumes, et qui cheminaient ensuite dans le caryoplasme. Celui-ci,
dans sa moitié inférieure renfermant les nucléoles, avait l'aspect de notre
dessin, tandis que sa moitié supérieure était dépourvue de tout granule ; il
n"y avait donc pas très longtemps que la résolution était en vigueur. Nous
avons dit que le noyau de la fig. 50 portait deux sortes de nucléoles. Les
périphériques, petits, à résolution en grappe de sphérules, y sont au nombre
de plus de 600. On compte aussi près de 600 nucléoles volumineux cen-
traux, dont 26 en résolution et portant les filaments croisés, dont nous
avons parlé.
Il nous reste à décrire l'état du noyau dans les œufs d'un individu sa-
crifié le 25 juin, c'est-à-dire quatre ou cinq jours avant la formation des
globules polaires.
Nous avons dit en commençant que, dans les œufs jeunes, le noyau est
excentrique, qu'il est toujours plus rapproché d'un des pôles de l'œuf Le
noyau se maintient dans cette position durant tout le développement, sans
se rapprocher beaucoup de la membrane; on trouve toujours entre lui et
cette dernière une couche sensible de protoplasme, chargé plus tard d'en-
claves. Mais au moment de la maturité cette couche diminue peu à peu
d'épaisseur; le noyau se met donc en mouvement pour venir enfin se coller
contre la membrane de l'œuf Pendant cette ascension graduelle l'état du
noyau ne change guère. Nous avons trouvé sur tous des images identiques
à celles que nous avons décrites tout à l'heure en parlant des fig. 46, 48,
49 et 50. Mais, vers le 25 juin, la résolution des nucléoles semble prendre
un autre caractère. Nous avons été assez heureux pour rencontrer un indi-
vidu où cette résolution était à son premier début. Elle présente des phéno-
mènes très intéressants.
Pendant toute la troisième période, les nucléoles sont localisés au pôle
inférieur du noyau, comme dans la fig. 39. Le pôle supérieur de ce noyau,
c'est-à-dire le pôle qui est le plus rapproché de la membrane de l'œuf, est
situé au bas de la figure. On voit que la grande majorité des nucléoles est
LA VESICULE DES BATRACIENS 245
ramassée au pôle opposé, situé vers l'intérieur de l'œuf. Ce phénomène est
général. Il faut dire cependant que l'on trouve presque toujours quelques
nucléoles placés un peu partout contre la membrane du noyau, ainsi qu'on
le remarque sur la fig. 39. Quand les nucléoles vont entrer en résolution,
ils se détachent un à un, ou en petit nombre à la fois de l'amas polaire et
s'avancent un peu dans le caryoplasme; c'est là qu'ils produisent leurs
figures. Celles-ci sont donc aussi situées près du pôle inférieur. La fig. 39
rend bien l'aspect du noyau à ce moment. C'est ce pôle inférieur qui est
reproduit dans la plupart des dessins de la Pl. III, fig. 40, 44, 45 à 49.
Les figures formées par le premier groupe de nucléoles s'évanouissent rapi-
dement, et sont remplacées par d'autres nucléoles qui s'avancent à leur tour;
et ainsi de suite jusqu'à épuisement complet de l'amas polaire. La résolu-
tion est donc progressive et dure plus ou moins longtemps, suivant l'état de
maturité des nucléoles. Entretemps, de nouveaux nucléoles se reforment
constamment près des anciens et il arrive fréquemment que les premiers
formés entrent en résolution avant que ceux de la génération antérieure ne
soient épuisés, ce qui fait que le noyau est rarement sans figures. Cepen-
dant, lorsqu'on arrive juste au moment où une résolution commence, il n'est
pas rare de rencontrer, à la troisième période, des noyaux qui en sont dé-
pourvus et qui ne présentent plus la moindre trace de la résolution anté-
rieure. Nous avons appelé plus haut l'attention du lecteur sur le noyau des
fig. 46 et 48 qui se présentait précisément avec ces caractères. C'était aussi
le cas pour les œufs mûrs de l'individu du 25 juin. Il nous a été impossible,
en parcourant toutes les coupes, de retrouver le moindre indice d'un élé-
ment nucléinien quelconque en dehors des nucléoles. C'est là un premier
fait d'une très grande importance.
On remarquera ensuite sur la fig. 52 que le noyau, contigu à la mem-
brane, est situé au fond d'une fossette. Celle-ci est produite par l'inflexion vers
l'intérieur de l'épithélium qui entoure l'œuf; elle est assez profonde et assez
large. On la voit facilement à l'œil nu, d'autant plus que l'œuf est marqué
en cet endroit d''une tache claire. Cette tache est due au noyau sous-jacent.
Les enclaves qui le masquaient jusque-là ayant été rejetées latéralement,
son caryoplasme blanc et brillant apparaît nettement à travers l'épithélium
de la fossette. Les œufs mûrs avaient tous ces caractères.
On peut voir sur la même fig. 52 que le caryoplasme est ridé ou plissé;
ces plis sont indiqués par les lignes plus sombres et disposées concentri-
quement à la concavité du noyau. On dirait que celui-ci subit une pression
qui tend à diminuer son volume radial ; ce qui produit des plissements dans
3i
246 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
sa masse. On peut admettre que cette pression est double. D'un côté le
no3'au monte vers le pôle, ainsi que nous l'avons dit précédemment, sous
l'influence, sans doute,- de la pression prédominante que le protoplasme et
ses enclaves toujours grandissantes exercent sur son pôle inférieur ; d'un
autre côté, l'inflexion de la membrane folliculaire, tout en écartant les en-
claves, doit exercer sur lui une pression assez considérable et en sens inverse.
Il en résulte que le noyau doit s'aplatir et s'étendre latéralement.
Pendant que ces phénomènes se passent, les nucléoles changent de
position. Ils sont rejetés latéralement, et montent vers le pôle supérieur en
suivant la membrane nucléaire.
Quant aux nucléoles ils sont sur le point d'émettre leurs filaments;
deux seulement commencent leur résolution. On a reproduit fidèlement
dans la fig.53, à un plus fort grossissement, la coupe qui renfermait ces deux
nucléoles. Parmi les autres, quelques-uns sont gonflés et vacuoleux : ils
entrent en mouvement; le plus grand nombre est encore à l'état de repos.
Ils étaient seulement au nombre de loo environ. L'œuf mesurait 3750 \i.,
son noyau 430 a.
Les figures suivantes, fig. 54 et 55, proviennent d'un autre œuf du
même animal. Les phénomènes sont un peu plus avancés. Quatorze
nucléoles déroulent leur contenu sous la forme d'un peloton tortillé d'un
aspect particulier, fig. 55. Les anses sont assez régulières, homogènes et
à contours bien dessinés. Les autres nucléoles sont dans le même état que
ceux de la fig. 52, seulement il y en a davantage qui sont vacuoleux. Ils
étaient beaucoup plus nombreux que dans l'œuf précédent ; on pouvait en
compter plus de 600. On a reproduit dans la fig. 55 une coupe pratiquée
suivant la direction xx de la fig. 54; seulement, on y a dessiné tous les nu-
cléoles en résolution qui étaient éparpillés sur les autres coupes. Pour le
reste, le noyau était identique au précédent, comme on peut le voir sur la
fig. 54; son caryoplasme est aussi libre de tout granule, il est ratatiné et
porte de nombreux plissements.
En terminant, nous insisterons sur ce fait que presque tous les œufs
mûrs de cet animal, une quinzaine au moins, étaient dans le même état que
ceux que nous venons de décrire. Dans aucun, malgré les recherches les plus
minutieuses, non seulement nous n'avons point rencontré de filaments, de
tronçons ou de bâtonnets nucléiniens dans tout le noyau, mais pas même
de granules colorables. Les globules polaires qui vont se former devront
donc nécessairement emprunter leurs bâtonnets aux nucléoles, ou aux fila-
ments qui en dérivent.
LA VESICULE DES BATRACIENS 247
RÉSUMÉ.
On peut synthétiser les faits que nous venons de décrire, en choisissant
quatre types, caractérisés par leurs résolutions pendant la période primaire,
les figures étant les mêmes aux deux autres périodes :
1° Type à résolution serpentine.
a) Filament nucléinien primitif; formation de nucléoles primaires,
FiG. 1 et 22.
b) Sa résolution habituelle en magma primaire, fig. 6 et 7.
c) Magma secondaire, qui peut faire défaut, fig. 8.
d) Résolution serpentine qui se continue jusqu'à la fin de la première
période, fig. 26 à 28.
e) Commencement à la 2'=période soit par fig. 29, soit par fig, 30 et 31.
/) Figures hétérogènes des fig. 32, 33 ou 35.
g) Figures en pattes qui inaugurent la troisième période, fig. 36 et 37.
h) Grandes figures à boucles, fig. 40 et 41.
/) Suivies des fig. 45 à 50 jusqu'à la maturité.
2° Type à résolution en boudins.
a), b), c), les mêmes que dans le type précédent.
d) Résolution en boudins, remplaçant les serpenteaux, fig. 9, 10 et il.
e) La deuxième période indiquée par les fig. 30 et 31.
/), g), h\ i), identiques au précédent.
3° Type à résolution filamenteuse étoilée.
Il coïncide avec les précédents, sauf que, en d, les serpenteaux et les
boudins sont remplacés par des filaments à étoiles étagées.
4° Type à résolution en plumeaux.
a) et b) comme dans les deux premiers types.
c) Résolution en goupillons, fig. 17, 18, qui se continue, avec certaines
modifications de détail, jusqu'aux figures en pattes, fig. 36.
Ici, d, e,f, sont donc supprimés.
Le premier type est le plus commun : sur lo individus, il y en a au
moins 6 qui le présentent.
Le second type se rencontre aussi assez souvent, sur des individus adul-
tes comme sur des individus jeunes, mais beaucoup moins fréquemment.
Le troisième type est rare; nous ne l'avons remarqué que sur deux indi-
vidus jeunes.
Le quatrième est aussi très rare; nous n'avons vu les fig. 17 et 38
pendant la première période que sur deux salamandres adultes.
248 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
CHAPITRE II.
Le Caryoplasme et le Cytoplasme.
§ I. Le Caryoplasme.
Cette partie de la vésicule germinative ne présente rien de spécial; elle
est formée d'un réseau et d'un enchylème chargé d'albumine.
Le réseau est déjà visible sur les plus jeunes noyaux, entre les anses
nucléiniennes, sous la forme de trabécules brillantes et très déliées. Mais
c'est surtout dans les noyaux où le filament se transforme de bonne heure
en nucléoles primaires qu'il apparaît dans son ensemble et avec une net-
teté remarquable, comme dans les trois noyaux de la fig. 15. Il se marque
davantage pendant le développement : ses mailles s'élargissent et se multi-
plient; les trabécules s'épaississent et acquièrent de la consistance, fig. 2,
3, 9, etc.
L'enchylème est généralement hyalin, légèrement granuleux. Cepen-
dant l'aspect qu'il présente varie beaucoup suivant l'âge et les circonstances.
Tantôt il est tout à fait hyalin ; tantôt, au contraire, il est chargé de gra-
nules, tellement qu'il est difficile de distinguer nettement son réseau. Mais
ce sont là des modifications communes à tous les noyaux. A la fin de la
troisième période, on peut y voir des plissements, ainsi que nous l'avons
mentionné plus haut, à propos des fig. 52 et suivantes.
Sur des préparations fixées à l'aide de bons réactifs, c'est-à-dire n'intro-
duisant pas l'eau dans les cellules, on ne perçoit dans le caryoplasme jeune
aucune trace d'alvéoles ni de vacuoles; on ne pourrait prendre pour telles
que les mailles hyalines du réseau. Ce serait verser dans une confusion et
une erreur profonde, car toutes ces mailles communiquent entre elles et ne
sont jamais séparées par des parois. Cependant, à partir du moment où les
vacuoles font irruption dans le cytoplasme, ainsi que nous allons le voir,
le caryoplasme peut aussi devenir vacuoleux. Mais cet état n'est pas perma-
nent; les vacuoles ne sont que transitoires et le réseau reprend son aspect
primitif.
Il n'est pas inutile de faire remarquer aussi que ces vacuoles ne sont
pas limitées par des membranules; elles donnent seulement naissance en se
développant à des cordons plasmatiques, séparés les uns des autres, de telle
façon qu'elles communiquent toutes entre elles. Il y a loin de là à la structure
alvéolaire véritable.
LA VESICULE DES BATRACIENS 249
Le caryoplasme a été dessiné à tous les âges; nous renvoyons le lec-
teur à nos figures. Il est peu d'objets aussi favorables à son étude que les
œufs de batraciens, spécialement ceux de la salamandre.
Nous avons déjà mentionné un détail intéressant qui se représente
souvent au cours du développement. A certains moments, le réseau subit
des modifications dans l'ordonnance de ses trabécules.
Celles ci s'irradient à partir d'un centre ou d'un cordon. C'est-à-dire que
les trabécules qui se suivent sur une certaine étendue dans le sens du rayon,
ou perpendiculairement au cordon, se rectifient pour former un filament plus
ou moins long, rattaché à son extrémité au réseau ordinaire, tandis que les
trabécules transversales disparaissent. Ainsi se forme un aster ou, quand il
s'agit d'un cordon, une sorte de goupillon. Celui-ci, vu en section longitudi-
nale optique, présente naturellement la forme d'un plumeau, et, en section
transversale, celle d'un aster, fig. 13, 14, 23, 17. En parcourant les planches
de ce travail, le lecteur constatera combien ces sortes de figures sont fré-
quentes, chez les batraciens, pendant toute la durée du développement de la
vésicule germinative. Retenons qu'elles sont une dépendance du caryo-
plasme.
§ 2. Le cytoplasme et ses enclaves.
Les FIG. 1, 6, 15, 18 et 22 représentent des œufs très jeunes, au début
de leur développement.
Ces œufs possèdent une membrane bien évidente, quoique très mince.
On la voit surtout nettement aux endroits où le protoplasme s'est contracté
accidentellement sous l'influence des réactifs; mais aussi, avec de bons ob-
jectifs apochromatiques, sur les œufs parfaitement conservés, et même sur
les œufs vivants, lorsqu'on les examine en coupe optique équatoriale.
Leur protoplasme est d'une délicatesse extrême et d'une grande beauté.
Sur les matériaux irréprochables de fixation, ils présentent un aspect homo-
gène, très finement et très régulièrement granuleux; on ne peut y découvrir
la moindre trace de structure alvéolaire, pas plus que sur les œufs vivants.
Mais entre les granules de l'enchylème on aperçoit un réseau trabéculaire,
très régulier et d'une grande finesse. Nous avons fait de notre mieux pour
le reproduire dans les figures précitées; dans les fig. 18 et 22, on a atténué
les granules, pour mieux faire ressortir le réseau plastinien. Les vacuoles
ne se voient que sous l'influence des réactifs qui altèrent l'homogénéité du
250 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
protoplasme des œufs vivants (i). Le protoplasme a donc une structure réti-
culée tout à fait typique.
Le réseau se maintient avec tous ses caractères pendant la première
partie du développement de l'ovocyte. La disposition concentrique des
mailles, qui s'indiquait déjà dans le jeune âge, fig. î8, s'accentue davantage,
surtout près du noyau. Nous avons souvent constaté un fait intéressant sur
des œufs où le noyau s'était contracté sous l'influence de la chaleur, pendant
l'enrobage. La membrane nucléaire, en se retirant, déchire souvent d'une
manière très irrégulière la couche de protoplasme qui lui est contiguë. Or,
on peut voir alors, avec la plus grande netteté : ici un foule de trabécules
brisées, là les mailles conservées et intactes du réseau. Ces détails sont
évidents. La structure réticulée persiste donc très longtemps, sans qu'on
puisse y découvrir la moindre vacuole ; pourvu que les préparations soient
irréprochables.
Cependant, à un certain moment, celles-ci apparaissent pour se main-
tenir jusqu'à la fin du développement; ce moment est celui de l'élaboration
des enclaves.
Ceci nous conduit à dire un mot, en passant, de la formation de ces
corps.
Enclaves.
Les enclaves apparaissent pendant la première période, lorsque les œufs
mesurent environ 300 .j., et leur noyau 120 .a. Ce sont là des chiffres moyens
et approximatifs. Elles naissent dans le cytoplasme, généralement à une petite
distance de la membrane, parfois plus loin vers l'intérieur. Le premier
indice de leur formation se révèle par l'aspect plus hyalin de certaines
plages très limitées, fig. 57 (2). D'abord en petit nombre, une à trois, elles
apparaissent plus nombreuses à gauche et à droite des initiales, en formant
un arc concentrique à la membrane. Il est assez difficile de lire dans ces
plages. Les trabécules semblent plus épaisses et l'enchylème plus homo-
gène et beaucoup plus dense; on dirait que chaque maille est remplie d'une
masse d'albumine solide. Cet aspect ne persiste pas longtemps. Car, bientôt
(1) Voir plus haut : Méthodes de fixation.
(2) IWAKAVVA : The gencsis of thc egg in Triton; Qiiat. Journal, v. XXII. iiew seiies, 1SS2, a
vu ces plages formatrices chez le Triton. Il se content; de dire que les plaques naissent près de la
périphérie par paquets opaques de granules, qui restent longtemps nettement limités.
Nous croyons inutile de parler de l'opinion erronée de Will, de Leydig, etc. — cités plus haut —
qui voudraient faire dériver les granules vitellins du Dotterkern ou des corps figurés, nucléoles ou autres,
qui sortiraient du noyiiu.
LA VESICULE DES BATRACIENS
251
les mailles s'éclaircissent par un apport d'eau ; en même temps les trabécules
se couvrent de granules d'une petitesse extrême et se colorant fortement
par l'hématoxyline ; c'est pourquoi, à ce moment, les petits territoires ainsi
formés se distinguent aisément au sein du cytoplasme incolore.
Ces granules sont la première ébauche des plaques vitellines.
On doit admettre qu'il se forme d'abord des globulines dans l'enchy-
lème des plages formatrices.
Or, les albumines ont un pouvoir osmotique considérable ; c'est prin-
cipalement à cette propriété qu'il faut attribuer la première apparition des
vacuoles dans renchylème,commele fait justement remarquer M. Ts\vett(i),
à propos des vacuoles qui naissent dans les mailles du réseau des corps
chlorophylliens. Cet afflux d'eau paraît nécessaire à la formation des en-
claves vitellines. Car, chez les végétaux, on constate également cette réplé-
tion aqueuse dans les cellules de l'endosperme au moment où doivent s'éla-
borer les grains d'aleurone et les cristallo'ïdes qui s'y déposent. En s'accu-
mulant dans les mailles des foyers, l'eau repousse l'enchylème et ses jeunes
enclaves granuleuses contre les trabécules; c'est pour cette raison que les
granules vitellins sont toujours collés sur les filaments du réseau, fig.58.
A la base des plages formatrices, les vacuoles primitives augmentent
rapidement de volume et peuvent devenir énormes. Elles repoussent ainsi
leréseau lui-même devant elles en produisant des cordons puissants, qui leur
sont interposés. Ces cordons sont farcis de granules vitellins, déjà plus vo-
lumineux et plus apparents, fig. 59.
Généralement, les foyers du début s'étendent latéralement par enva-
hissement et finissent par se fusionner. Il en résulte une bande continue
située d'un côté de l'œuf, qui progresse constamment par ses extrémités et
finit par envahir tout le pourtour de l'œuf.
A la base de cette zone, se trouvent les grandes vacuoles disposées en
cercle continu; au-dessus, une bande de vacuoles plus petites, dont les cor-
dons portent une telle quantité de granules qu'on ne peut plus y voir, à moins
que sur des coupes d'une extrême minceur : à peu près comme au sommet de
la FIG. 60 et 61.
Entretemps, les enclaves augmentent de volume.
Les grandes vacuoles se coupent ensuite en vacuoles plus petites par
des cordons qui se détachent des cordons primitifs. En outre, il s'en forme
de nouvelles à la base, qui subissent le même sort, fig. 60. On voit aussi
(1) M. TswETT : Etudes de physiologie cellulaire, etc.; Dissert., Genève, 1S96.
252 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
sur cette figure que l'eau pénètre dans le cytoplasme, demeuré vierge jusque
là, en dessous de la zone précédente et le rend spongieux. Les grandes
vacuoles disparaissent alors pour toujours et l'œuf prend l'aspect de la
FIG. 61.
Pendant que ces phénomènes se passent, les enclaves, toujours confi-
nées dans les cordons, s'avancent progressivement sur ceux-ci et pénètrent
bientôt dans le cytoplasme sous-jacent; elles se déposent alors, souvent au
nombre de plusieurs, dans chacune des vacuoles.
Ainsi, peu à peu toute la zone extérieure du protoplasme est vacuo-
lisée; sa structure première est modifiée, il est réduit à un grand nombre
de cordons, dans le sens botanique du mot. Seule, la bande interne qui
longe le noyau sur une étendue variable, a conservé ses caractères originels,
comme on le voit au bas de la fig. 61.
Lorsque les plages de formation sont assez distantes l'une de l'autre,
elles peuvent rester indépendantes beaucoup plus longtemps. On voit alors
des zones de corps isolés, semblables à ceux des fig. 58 et 59. A la fin ce-
pendant ils arrivent à se toucher et se fusionner en couche continue.
Lorsque les œufs ont 6oo ,j. de diamètre, et leur noyau, 200 ij., les
enclaves ont envahi environ le tiers ou une petite moitié du cytoplasme.
Il nous reste à décrire un phénomène dont nous ne pouvons garantir
la généralité, mais qui néanmoins se constate fréquemment. On a fait remar-
quer plus haut, à propos de la fig. 61, que la vacuolisation avait respecté
une large zone autour du noj'au. Or, il apparaît souvent à cette étape de
nouveaux foyers d'enclaves près de la membrane nucléaire, ainsi qu'on l'a
noté sur la fig. 62. Les nouvelles plaques qui s'y forment augmentent rapi-
dement de volume, en même temps que la vacuolisation se complète. Elles
émigrent en traversant la partie restée libre du cytoplasme, vers les an-
ciennes, déjà volumineuses. La fig. 62 (1) a pour but de montrer ces détails
sur un œuf de l'âge des fig. 30 et 31. En bas, le noyau avec ses plumeaux;
au milieu, la zone du cytoplasme où se forment les nouvelles enclaves; en
haut, le bord interne de la zone des enclaves anciennes ; les nouvelles
viennent s'y ajouter et s'y intercaler. C'est ainsi que se complète la forma-
tion des réserves.
Nous croyons qu'il ne se forme pas d'enclaves en dehors des foyers
prédestinés; elles se répandent de là dans toute la masse cellulaire. Car, c'est
seulement dans les œufs déjà âgés de 1300 ;j. à 1400 ,x et dont le noyau me-
(i) Les plages formatrices ont éié très mal reproduites par le graveur.
LA VESICULE DES BATRACIENS 253
sure 300 jjL environ, que ces corps ont envahi tout le cytoplasme jusqu'au
noyau. Or, il y a déjà longtemps alors .qu'il ne s'en forme plus de nouvelles,
elles sont déjà toutes très grosses et à peu près d'égal volume.
Quant à leur forme, il est bien vrai que les corps vitellins ne sont pas
des plaques, en prenant ce mot dans le sens de lamelles. Si l'on acceptait
ce sens, Schultze (i), Fick (2), etc., auraient raison de le rejeter. Mais on
veut indiquer par là qu'ils ne sont pas des corps amorphes : sphériques,
ovoïdes ou elliptiques, ainsi que semblent Tadmettre ces auteurs; mais qu'ils
sont cristallins, c'est-à-dire terminés par des facettes et des angles. Ce sont,
en effet, de vrais cristalloïdes, comme ceux des grains d'aleurone du ricin,
de la noix de Para, et d'un très grand nombre de végétaux. Les facettes se
voient aisément à frais et après fixation, chez tous les batraciens. Lorsqu'on
les examine en lumière polarisée, ils restent obscurs, mais ils sont entourés
d'un mince liséré très brillant, comme s'ils étaient doués d'une membranule
biréfringente. Ils nous paraissent appartenir au système cubique, comme les
cristalloïdes du ricin. Sur les corps vitellins volumineux de la salamandre
on distingue aisément des faces quadratiques bien caractérisées (3).
Les vacuoles, à une certaine période, sont répandues partout. A
partir de ce moment, le cytoplasme conservera cet aspect structural parti-
culier. Inutile de dire qu'il est dû à un phénomène secondaire. Ensuite, on
aurait tort de penser, avec plusieurs auteurs, que le cytoplasme présente
alors la structure alvéolaire de Butschli. Car il n'en est rien. Les vacuoles
ne sont pas séparées par des cloisons continues, comme les alvéoles d'un
gâteau d'abeille. Elles sont séparées par des cordons plasmatiques très li-
mités, très étroits, qui sont loin de s'étendre sur tout le pourtour d'une
vacuole et de former un mur entre elles. Les vacuoles communiquent toutes
ensemble, largement, entre les cordons; de manière que les enclaves peuvent
passer sans peine de l'une à l'autre sans rien briser. Le C3'toplasme ressemble
à une éponge dont toutes les cavités communiqueraient entre elles, sa
masse n'étant traversée que par des travées isolées et de mince épaisseur.
Il y a loin de cette structure vacuolaire à la structure alvéolaire de Butschli;
à aucune époque, celle-ci n'existe normalement dans les œufs de batraciens.
(1) Schultze : L. c.
(2) R. Fick : Ueber die Reifuiig u. Befrucht. d. Axolotleics; Leipzig, 1S93.
(3) La forme cristalline est moins accusée sur les plaques vitellines que sur les cristalloïdes vé-
gétaux; cela tient vraisemblablement à ce que la vilelliue y est mélangée, ou associée en combinaison
lâche, avec une portion notable de lécithine.
35
254 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
Ajoutons que les travées ou cordons ne sont pas des masses amorphes;
elles sont formées d'un très grand nombre de mailles plus ou moins défor-
mées, mais évidentes. Leur ensemble représente tout le protoplasme réticulé
primitif.
Lorsque les enclaves cernent le noyau, l'œuf doit encore acquérir plus
de la moitié de son volume. Il se forme de nouvelles vacuoles dans les
cordons préexistants ; ceux-ci sont ainsi divisés en plusieurs bras qui restent
unis ensemble. Les enclaves aqueuses se multiplient donc de plus en plus
et, à la maturité, on ne trouve plus généralement qu'une seule plaque
vitelline dans chacune d'elles.
Ajoutons encore quelques mots sur les phénomènes chimiques qui in-
terviennent dans la formation de ces corps.
Nous considérons les plaques vitellines comme étant des produits de
l'activité du noyau et du cytoplasme : celui-ci fournirait les globulines, le
noyau, l'acide paranucléinique. Les vitellines sont, en effet, des paranucléo-
albumines, c'est-à-dire des combinaisons de paranucléine avec une albumine,
qui est ici une globuline. D'où vient l'acide paranucléinique?
Nous avons vu que les granules nucléiniens issus des figures nucléolaires
se dissolvaient en grande partie à chaque résolution, une petite portion seule-
ment étant réservée pour l'élaboration des nucléoles nouveaux. Or, nous con-
naissons les produits de l'hydrolyse de la nucléine et des nucléo-albumines
du noyau; les albumines se détachent et l'acide nucléinique est mis en liber-
té. Celui-ci, en perdant ses bases, se transforme en acide paranucléinique. Or,
l'acide du noyau soit avant, soit après s'être débarrassé des bases xanthini-
ques, passe par osmose à travers la membrane nucléaire et diffuse dans
le cytoplasme. Dans les plages formatrices, il rencontre les globulines de
réserve imbibées d'eau, et se combine avec elles pour former la paranu-
cléine d'abord, la vitelline ensuite. Telle est, à notre avis, l'origine de ces
granules colorés qui apparaissent dans les premiers foyers de formation des
enclaves, et dans ceux qui naîtront par la suite. Ils grossissent ensuite, à
la façon d'un cristal dans un bain nourricier, à mesure que de nouvelles
quantités d'acide paranucléinique arrivent du noyau et que de nouvelles
globulines s'élaborent.
Au début du développement de l'œuf, il ne se forme pas de plaques
vitellines, pour plusieurs raisons : l'élément nucléinien qui entre en réso-
lution est relativement peu fourni; la formation de nombreux nucléoles
nouveaux à l'aide des granules en consomme une partie assez notable; enfin,
LA VESICULE DES BATRACIENS 255
l'acide paranucléinique qui s'échappe du noyau est consacré à la nutrition
et au développement, considérable à cette époque, du réseau plastinien ;
les plastines sont en effet probablement des composés de cet acide avec un
albuminoïde. Il faut que l'élément nucléinien, représenté par les nucléoles,
se soit beaucoup multiplié, accru, pour qu'une portion de Facide paranu-
cléinique puisse être consacré à la formation de la vitelline. Il en est de
même pour les globulines du cytoplasme qui doivent y participer. La cel-
lule se nourrit d'abord; c'est seulement lorsque l'élaboration dépasse ses
besoins, qu'elle accumule des substances de réserve.
Le lecteur remarquera que nous faisons seulement intervenir l'osmose
dans le phénomène que nous décrivons. En effet, selon nous, la membrane
nucléaire est imperforée; ensuite, on voit les granules et les sphérules de
résolution se dissoudre à l'intérieur du noyau ; ils ne passent donc pas
comme tels à travers sa membrane. C'est là un fait qu'il faut accepter.
D'ailleurs nous devons affirmer que, durant les années que nous avons
consacrées à l'étude des batraciens, nous n'avons jamais rien vu, sur des
préparations irréprochables, qui pût faire soupçonner la sortie du noyau
d'un corps figuré quelconque, sphérule ou nucléole (i). Nous sommes con-
vaincus que les auteurs qui ont parlé de ces sortes d'expulsions, comme
WiLL, Leydig, etc., ont eu devant eux des œufs malades ou des objets mal
conservés, endommagés par les réactifs, ou qu'ils se sont trompés sur la
nature des corps, prétendument d'origine nucléaire, qu'ils ont remarqués
dans le cytoplasme.
(i) Sur les œufs d'animaux tenus en captivité, nous avons constaté fréquemment — rarement sur
ceux d'animaux vivant en liberté — la présence de corps intravitellins, décrits par les auteurs (Will,
Leydig, Creti, etc.l ; ainsi que la pullulation et la pénétration des cellules folliculaires dans le cyto-
plasme (RûGE, MiNGAZZiNi); l'immigration des globules blancs dans le vitellus (RticE); les bourgeonne-
ments plus ou moins accentués de la vésicule germinative (Will, Creti, etc.); en un mot, des dégra-
dations de tonte sorte dans l'œuf et ton noyau. Ce sont là autant de phénomènes morbides ou de
dégénérescence, ainsi que l'ont fort bien noté Creti, Mingazzini et Rûge. Sur les œufs normaux de
batraciens, on ne voit rien de semblable; on n'y rencontre jamais, en particulier, de corps intravi-
tellins, dérivant soit du protoplasme, soit du noyau. Dans sa fig. loo, Leydig représente de ces corps
dans un œuf de salamandre ; ils proviendraient du noyau. Cet œuf, tel qu'il est dessiné, est cerlai-
nement anormal ou dégradé par les manipulations.
Will : Ueber die Entstehung d. Dotiers, etc. bei den Ampliibicn, etc.; Zoolog. Anz., VII, iSS-|,
p. 272.
Leydig : Bcitrâge ^. Kcniitiiiss d. thier. Eies, etc ; Spengel's zool. Jahrb., III, 1S8S.
G. RiiGE : Vorgâiige am Eifollikel d. Wirbeltinere; Morph. Jahrb , t. i5, 1S89, p. 491.
C. Creti : Sulla degencratione Jîsiologica prim. d. vitello d. ova, etc.; Richerche etc.; publicafe
dal prof. ToDARO, iSgS, p. 173,
P. Mingazzini : Corpi liitei veri e falsi, etc.; Ibidem, iSgS, p. io5.
256 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
Les phénomènes d'hydrolyse, tels que ceux que nous venons de décrire,
à propos des nucléo-albumines du noyau, constituent une loi biologique gé-
nérale. Ils interviennent toujours lorsqu'un échange de corps solides ou
non diosmosables doit se faire entre cellules, car cet échange ne peut avoir
lieu que par osmose. Témoin la dissolution des corpuscules graisseux, des
grains de fécule, des grains d'aleurone, etc. Cette loi subsiste pour les
échanges à effectuer entre le noyau et le cytoplasme; il ne pourrait en être
autrement.
i
II.
LE PLEURODELE (Pleurodeles Waltlii Mich.).
Le R. P. Pantel a bien voulu nous envoyer de Madrid les animaux
qui ont servi à nos recherches; nous lui sommes très reconnaissants pour
son extrême obligeance.
Malheureusement, nous n'avons pu disposer que d'un petit nombre de
femelles, jeunes et adultes, une quinzaine environ. Ce n'est pas assez pour
sérier toutes les figures avec assurance. La description qui va suivre ne
s'applique qu'aux objets soumis à notre examen; on trouvera, peut-être, bien
des variations nouvelles sur d'autres individus. Cependant, les faits que nous
avons pu recueillir suffisent amplement à remplir notre but principal, à
savoir : prouver que l'élément nucléinien primitif disparait et que toutes les
figures qui suivent ne sont pas reliées entre elles, qu'il s'en produit de nou-
velles à chaque génération nucléolaire pour remplacer les anciennes qui se
sont évanouies ; en un mot, que les phénomènes essentiels qui se passent
dans la vésicule sont identiques à ceux que nous avons décrits chez la
salamandre.
Nous n'avons trouvé, dans la Bibliographie, aucune indication sur les
œufs du pleurodèle.
Le cytoplasme et le caryoplasme.
Les œufs du pleurodèle sont beaucoup moins volumineux que ceux de
la salamandre; à la maturité ils mesurent de 1400 à 1500 \>-, c'est-à-dire
qu'ils n'ont pas la moitié de leur volume.
Ce serait nous répéter que de décrire à nouveau le cytoplasme et le
caryoplasme de ces œufs. On peut voir sur les fig. 1, 2. 24, 25 et 31 de
la Pl. IV, le protoplasme des jeunes œufs avec son réseau délicat et son
enchylème presque homogène, tant les granules y sont petits et disposés
régulièrement. On n'y voit aucune trace de vacuoles ou d'alvéoles. Dans les
œufs plus âgés, le réseau est plus difficile à apercevoir, parce que l'enchy-
lème est extrêmement chargé de granules ; on le voit toujours nettement
près du noyau, surtout lorsque celui-ci est rétracté.
258 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
A un moment donné, les enclaves apparaissent de la même façon que
chez la salamandre; seulement il nous a paru que les foyers, aussi disposés
en cercle, naissaient indifféremment, tantôt près de la membrane, tantôt
au milieu du cytoplasme, voire même près du noyau. Ce sont là des
différences de peu de valeur. Le cytoplasme se vacuolise aussi à cette
occasion, mais nous n'avons pas remarqué ces grandes vacuoles qui appa-
raissent à la base des plages formatrices chez la salamandre; elles restent
beaucoup plus petites. Elles n'en font pas moins leur œuvre. Le cytoplasme
devient spongieux, et les plaques vitellines vont se loger dans les en-
claves aqueuses pour achever leur développement. Il y a déjà des foyers
bien formés dans les œufs de 200 i^. à 250 i>-, dont le noyau mesure 120 [j. à
Les enclaves cernent le noyau lorsque les œufs ont environ 700 i-"- et
le noyau 275 \>-.
Quant au caryoplasme, il est représenté dans la plupart de nos figures.
Il est la copie de celui que nous avons décrit chez la salamandre; seule-
ment les granules de l'cnchylème sont généralement plus abondants. On y
voit assez souvent des vacuoles régulières, simulant une structure alvéolaire,
surtout à la période moyenne du développement. Elles ne sont pas plus
que celles du cytoplasme limitées par des cloisons, elles ne sont séparées
que par des cordons très minces et communiquent toutes entre elles; ce
point a été suffisamment élucidé plus haut, p. 252.
L'élément nucléinien (Pl. IV et V).
Les nombreuses métamorphoses que cet élément subit sont très ana-
logues à celles que nous avons décrites chez la salamandre. On peut affir-
mer, d'une manière générale, qu'on y trouve les mêmes figures : des magmas,
des boudins, des goupillons, des pattes d'oies, etc., etc. Les modes de
résolution sont aussi les mêmes, cependant nous n'y avons pas constaté la
résolution serpentine, qui est si commune pendant la première période chez
la salamandre. A côté de cette première différence, on peut en signaler
d'autres. Pendant les deux premières périodes, les nucléoles restent beau-
coup plus petits chez le pleurodèle. On n'y rencontre pas ces nucléoles
gigantesques de nos Pl. I et II, dont il est si facile de suivre les évolutions
et les figures. Aussi, faut-il apporter beaucoup plus d'attention pour saisir
ces phénomènes ; ils pourraient aisément passer inaperçus pour un œil in-
attentif. En général aussi, les figures ont un autre aspect. Elles sont moins
LA VESICULE DES BATRACIENS
259
délicates et régulières, moins amples; elles sont plus noueuses, granuleuses,
plus tortillées ou en zig-zag, plus maigres; enfin, moins variées. Les asters
qui les accompagnent sont aussi moins étendus.
A la première période, la résolution qui prédomine chez la salamandre,
c'est la résolution en magma; la résolution irradiante de l'élément nucléinien
primitif y est exceptionnelle, et, lorsqu'elle existe, elle est suivie d'autres fi-
gures, en particulier de serpenteaux. Ainsi que nous l'avons dit, nous n'avons
rencontré qu'un seul individu où, à la suite de la résolution primaire, on
trouvât immédiatement des goupillons. Or, chez le pleurodèle, à en juger
par nos animaux, les choses se passent autrement. Ce qui était l'exception
chez la salamandre y devient la règle. Nous n'avons trouvé la résolution en
magma que chez un seul de nos individus ; tous les autres ont montré la
résolution irradiante, à laquelle succédaient immédiatement les figures en
goupillons.
Commençons notre exposé par la description de ce mode le plus com-
mun.
I. Premier type.
Il est représenté par les figures de la Pl. IV et les trois premières de
la Pl. y, c'est-à-dire par les fig. 1 à 23.
Les plus jeunes individus portaient les fig. 1 à 8. Un animal plus
âgé, les FIG. 1 à 12.
Enfin, chez deux adultes, toutes les figures, depuis la fig. 1 jusqu'à la
FIG. 23, étaient représentées.
La sériation de ces figures nous paraît ainsi suffisamment établie.
Il nous suffira de les décrire brièvement.
1° Première période.
Les plus jeunes œufs mesurent 26 \>. à 28 i-»-, et leur noyau 14 i^ à 18 p-.
Celui-ci, chez tous les individus, se présente sous deux aspects. Le pre-
mier, qui est de loin le plus commun, est indiqué par la fig. 1, a. L'élément
nucléinien, en boyau continu, est étalé dans toute la cavité nucléaire. Les
noyaux de cette sorte sont toujours très beaux; nulle part on ne peut mieux
constater la continuité du filament, en faisant manœuvrer la vis micromé-
trique. Ce filament est tout à fait granuleux, même dans les plus jeunes œufs.
L'autre aspect est indiqué par la fig. 2, a. L'élément nucléinien s'est
ramassé au centre en serrant ses anses ; on voit alors à la périphérie une
partie de caryoplasme libre : soit ordinaire; soit, comme dans la figure, étiré
260 J B. CARNOY et H. LEBRUN
sous la forme de cordons délicats, rattachés à la membrane. De semblables
noyaux avec du caryoplasme typique sont représentés dans les fig. 24 et 25.
Ces noyaux particuliers sont assez communs. Ils ne sont certainement pas
le résultat de l'action contractante des réactifs; ils sont normaux.
a) Résolulion du filament primitif.
Ces deux sortes de noyaux, fig. 1 et 2, a, se comportent de la même
manière dans la suite du développement. A. mesure de leur agrandissement,
les anses nucléiniennes s'écartent en augmentant de diamètre et devenant
de plus en plus granuleuses. Déjà, à cette époque, la résolution irradiante
se fait ; le caryoplasme se charge de granules qui se rendent à la périphérie
pour élaborer les premiers nucléoles secondaires, fig. 2, b. Dans la fig. 3
les phénomènes de désagrégation sont plus avancés. Les anses se sont lar-
gement étendues et deviennent de plus en plus pauvres en granules, qui s'en
détachent constamment. Il se forme de nouveaux nucléoles, les plus âgés
grossissent.
Enfin la désagrégation est complète. Alors, pourvu que les premiers
nucléoles formés ne soient pas déjà en résolution, on ne trouve plus dans
le noyau aucune trace d'élément nucléinien quelconque, fig. 4. Cette figure
ne présente plus même de granules dans son caryoplasme. De pareilles
images ne sont pas précisément communes. Ce qui est moins rare, ce
sont les noyaux dans lesquels l'élément filamenteux n'existe certainement
plus, mais qui renferment encore beaucoup des granulations nucléiniennes.
Du reste, nous savons que ces granules sont voués à la dissolution, ou bien
seront consacrés à la formation de nucléoles. L'élément primitif a donc dis-
paru comme tel. Nous avons rencontré la fig. 4 sur deux œufs d'un individu,
et sur trois d'un autre. Ces œufs mesuraient, les uns 148 p., les autres 160 p.
et les noyaux 88 ,j. et 90 p..
A ce propos, nous nous permettons une remarque. L'œuf de la fig. 3,
où la résolution est déjà très avancée, mesurait seulement 84 .j. et son noyau
48 |j.. Il a fallu un temps considérable pour amener cet œuf aux dimensions
de la FIG. 4. Que s'est-il passé durant cet accroissement? Personne ne peut
le savoir. On peut admettre très bien qu'une où plusieurs résolutions nu-
cléolaires se sont déjà effectuées, et que l'œuf de la fig. 4 a été saisi à la fin
d'une de ces résolutions. C'est pourquoi on ne pourrait affirmer catégorique-
ment que l'élément primitif a disparu seulement dans les œufs de 148 jj. ou
de 160 |j.. Ce que nous voulons établir, c'est qu'à ce moment il n'existe
certainement plus.
I
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 201
11) Résolutions et figures nucléolaires.
Les résolutions nucléolaires ont toutes les mêmes caractères jusqu'au
stade des fig. 9 et 10, c'est-à-dire jusqu'au moment où l'œuf atteint 400 .x
de diamètre et son noyau 200 p.. Ces chiffres, nous le répétons, ne s'appli-
quent qu'aux animaux que nous avons étudiés.
Ces caractères sont indiqués dans les fig. 7 et 8. On verra, à gauche et
en haut de la fig. 7, un massif de nucléoles en voie de résolution. Ainsi que
nous l'avons dit, ces corps sont denses et petits ; ils grossissent très peu
avant de se débourrer. Ils émettent un corps filamenteux, irrégulier, bos-
selé, formé de petits tronçons ou d'amas nucléiniens granuleux. Le caryo-
plasme s'irradie à mesure que ce corps s'allonge, mais irrégulièrement aussi,
les rayons sont de toute longueur et souvent en zig-zag. Il en résulte un
plumeau grossier et contourné.
Les plumeaux ou goupillons sont mieux accentués dans la fig. 8, à
gauche, où l'on a figuré quatre nucléoles résolus, pris sur deux coupes du
même œuf. Ils sont t3^piques pour la période qui nous occupe; seulement
nous ferons remarquer qu'on en trouve de plus gros dans beaucoup d'œufs.
Le nucléole d'en haut qui a conservé sa forme est resté dans l'auréole
radiée qui entoure souvent les nucléoles au repos, — comme dans la fig. 9,
par exemple. — Celui qui suit est tout à fait déroulé, mais l'extrémité du
cordon est encore dans l'auréole. On trouve fréquemment de pareilles
images. L'origine nucléolaire des deux plumeaux inférieurs est aussi
évidente.
Ces sortes de figures font déjà suite à la fig. 4. La fig. 5 représente
un noyau à la fin d'une de leur résolution. On a placé tous les débris de
plumeaux qui se trouvaient encore dans les diverses coupes; il n'en reste
que peu de chose et le caryoplasme est déjà bien nettoyé. La résolution
est plus avancée encore dans la fig. 6; ici, toute trace de figure a disparu ;
c'est à peine si l'on voit encore quelques vestiges des dernières granulations.
II en était ainsi dans toutes les coupes. Voici donc encore un noyau où
l'élément filamenteux fait totalement défaut. Il mesurait 106 jx, et son
œuf 200 [j..
Cet œuf, provenant du même animal que celui des fig. 4 et 5, on pour-
rait se demander s'il ne serait pas possible de calculer la durée d'une généra-
tion de nucléoles. On pourrait admettre que leur résolution y marche assez
rapidement, car le noyau de la fig. 6 n'est pas beaucoup plus volumineux
que celui des fig. 4 et 5 (1). Mais ces considérations ne peuvent aboutir à
Voir les chiffres à l'explication des planches.
30
26-2 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
rien de sérieux, parce qu'on ne peut savoir ce qui s'est passé dans ce noyau,
on ne peut savoir surtout s'il se trouvait dans l'état de celui de la fig. 4,
lorsqu'il avait son volume et son âge.
2" Deuxième période.
C'est avec ces sortes de goupillons que l'œuf arrive au volume des
FIG. 9 et 10.
Nous les considérons comme caractéristiques de la période secondaire;
car la résolution y est hétérogène, comme chez la salamandre. La fig. 9
p«°ut se rapprocher de la fig. 30 ou 31 de la Pl. II. Les plumeaux y sont
identiciues. Des deux cotés les nucléoles envoient des cordons qui sont
formés de blocs étages et espacés, produisant de larges irradiations dans le
caryoplasme. La seule différence qu'on y remarque provient du volume des
nucléoles. Ceux de la salamandre, très volumineux, produisent un grand
nombre de cordons, ceux du pleurodèle, un seul. On voit dans la fig. 9,
à gauche et en bas, deux nucléoles qui se mettent en mouvement. Ils se
débitent en tranches parallèles à peu près d'égale épaisseur, ce qui leur im-
prime un caractère tout particulier. Le nucléole s'allonge alors par un pôle
en écartant ses tranches, qui se scindent elles-mêmes en petites masses sépa-
rées, comme cela se voit, à droite, sur le nucléole à moitié débité. Une fois
que la figure est déroulée, les corps centraux se désagrègent et leurs granules
se répandent de tous côtés sur les rayons et dans le caryoplasme.
A cette période, les nucléoles deviennent plus volumineux et donnent
naissance aux images de la fig. 10. A côté de ceux qui ne donnent qu'un
filament, on en voit qui en donnent plusieurs, comme chez la salamandre.
Chacun d'eux donne naissance à un goupillon. Mais ce n'est pas tout. On voit
en même temps dans ces noyaux de tout autres figures. Il faut d'abord ajouter
ici celles de la fig. 40, Pl. V, qui sont entremêlées aux premières. Les nu-
cléoles de cette figure donnent naissance à des pelotons qui restent tels, en
bas, ou qui s'allongent dans une direction en formant des boucles à l'aide de
leurs anses nombreuses, en haut de la figure. Toutes les boucles ici se
tiennent et appartiennent au même filament ; la constitution de ces figures,
malgré leur ressemblance, est donc toute différente de celle que nous avons
attribuée à la fig. 40 de la salamandre, qui n'appartient pas, du reste, à
cette période. Enfin, çà et là, dans presque tous les noyaux, on peut
remarquer ces singuliers goupillons formés de longs et minces filaments
qui ont été mentionnés à propos de la fig. 32, Pl. II, en haut, à gauche
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 203
et à droite (i). En résumé, à part leur volume, toutes ces figures mélan-
gées reproduisent la résolution hétérogène de la salamandre, avec tous ses
caractères.
Dans les œufs de même volume, on rencontre parfois la fig. Il, ou une
figure analogue, que nous ne faisons que mentionner en passant. La plupart
des nucléoles restent à leur place et envoient à l'intérieur du noyau des fila-
ments noueux, dont beaucoup se résolvent en sphérules moniliformes, tandis
que les autres se transforment en plumeaux. Nous n'avons rencontre de fi-
gures semblables qu'à cette période.
Celle ci se clôture sans tarder par la fig. 12, qui a été prise à un
faible grossissement : DX2. Ce noyau ne renfermait plus que des goupillons
réguliers et on y observait des pattes d'oie. Elle forme donc la transition
à la troisième période. Le lecteur voudra bien remarquer la disposition des
nucléoles. Ils sont situés surtout d'un côté, et ils s'avancent jusqu'à une cer-
taine distance pour se résoudre. Cette disposition rappelle celle que nous
avons mentionnée chez la salamandre, et elle se maintiendi'a en général
jusqu'à la maturité, Pl. V, fig. 23. L'œuf de la fig. 12 avait en mo3'enne
6oo |j. et son noyau 275 \>-.
Avant d'aborder la troisième période, nous devons dire un mot de l'in-
dividu adulte qui a fourni la fig. 18 et les suivantes.
Chez ce ple.urodèle, les figures de la seconde période n'existaient pas.
A partir de la dissolution irradiante du filament primitif, tous les œufs
jusqu'à celui de la fig. 18, montraient des résolutions analogues à celles de
cette figure ou des fig. 7 et 8. Les œufs, qui par leur volume appartenaient
à la période secondaire, ne faisaient pas exception. Tel était celui d'où a été
tirée la fig. 18. Les goupillons y sont plus irréguliers encore que ceux de la
fig. 8, mais ils sont de même genre. Ils sont formés de grosses masses gra-
nuleuses, plus irrégulières les unes que les autres, et envoyant çà et là des
prolongements nucléiniens filamenteux et étoiles. Au bas de la figure, on
remarquera cinq nucléoles qui commencent leur résolution. La plupart
émettent une bande enroulée en spirale, dans laquelle on aperçoit de minces
filaments granuleux. En se débandant, elle se scindera en gros tronçons,
qui, à leur tour, dérouleront leur appareil filoïde, qui est visible sur les gou-
pillons. D'autres se résolvent en filaments ténus qui se tiennent et donnent
des masses mamelonnées des plus capricieuses, ou des formes en éventail.
(i) Nous avons jugé inutile de reproduire ces sortes de figures chez le pleurodèk', parce qu'elles
sont la copie fidèle de celles de la fig. 33.
264 J- ^- CARNOY et H. LEBRUN
L'œuf mesurait 680 \>-, son noyau 2 85 i>:
Les œufs un peu plus âgés ne présentaient plus aucune de ces images
étranges, mais bien les pattes et les plumeaux de la fig. 19,
En traitant delà salamandre, nous avons signalé aussi un individu excep-
tionnel, dans lequel les figures de la période secondaire étaient supprimées.
3° Troisième période.
Comme chez la salamandre, les figures en patles sont communes à tous
les individus ; nous la décrivons donc une fois pour toutes, brièvement,
d'ailleurs, ces figures ayant déjà été esquissées dans leurs traits essentiels.
Les FIG. 13 à 17 ont été prises sur les œufs d'un même individu, à divers
degrés de leur développement jusqu'à la maturité. On voit que ces figures
se ressemblent; les pattes sont peu développées et les plumeaux qu'elles
donnent peu étendus; elles se réduisent à mesure qu'avance la maturité.
Dans les fig. 13 et 14, les pattes sont en grappe de sphérules; à gauche
de la FIG. 14, un nucléole qui n'a pas encore développé son plumeau. La
FIG. 15 marque les diverses étapes de la résolution des nucléoles, entourés
tous de leur zone hyaline. En a, le nucléole entre en activité ; en b, il forme
sa patte en grappe; en c, il développe son goupillon, qui est particulière-
ment fourni. Dans la fig. 16, le déroulement du cordon se fait directement,
sans l'intermédiaire des pattes; en b, on remarquera le cordon tortillé à
l'intérieur du nucléole. Le nucléole c de la fig. 17 montre un nucléole
boursoufifîé spongieux identique à ceux de la fig. 51 de la salamandre; les
filaments qui s'en échappent se croisent également. Il en est de même en b :
les filaments plumeux des deux nucléoles en grappe se croisent aussi dou-
blement. En a, on a indiqué la résolution particulière d'un nucléole, lais-
sant échapper des gerbes de filaments ténus. On rencontre souvent de ces
résolutions particulières et extravagantes.
Chez l'individu qui a fourni ces figures, la résolution en pattes a com-
mencé très tôt; le noyau de la fig. 13 n'avait que 240 ij-, et l'œuf 600 i*-.
Les œufs très avancés en m.aturité de la fig. 17 mesuraient 1 240 |j. et 1 2S0 |j-,
leurs noyaux 410 |ji et 420 i^..
Jetons maintenant un coup d'œil sur les fig. 19 à 23, tirées de l'indi-
vidu ayant fourni la fig. 18. L'œuf d'où a été prise la plus jeune figure en
patte que nous ayons pu trouver était relativement volumineux. Nous lui
avons trouvé 780 \>- de diamètre, et à son noyau .300 l-^. Ce mode de résolution
a donc commencé plus tard que dans l'animal précédent.
I
I
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 205
Dans la fig. 19 : a, b, c, d indiquent le début de la formation des
pattes moniliformes aux dépens des nucléoles ; en e et/, elles ont déployé
leurs plumeaux; les deux goupillons de droite ont déjà perdu beaucoup de
leurs granulations.
La FIG. 20 représente les mêmes phénomènes dans un œuf plus avancé.
En a, le nucléole s'est ouvert pour laisser sortir les doigts de sa patte;
on voit que ceux-ci se continuent avec le filament intérieur. En b, il s'est
détaché des protubérances moniliformes un ou plusieurs goupillons très
irréguliers, qui envoient çà et là des ramificatioits nucléiniennes secondaires
dans le caryoplasme.
La FIG. 21, Pl. V, montre de très jolies figures minuscules, extraites
de trois œufs âgés. En a et b, la formation de la grappe à l'aide d'un nu-
cléole. Les nucléoles àe c et d sont comme couronnés d'une plantule en
miniature; on dirait de petites floridées d'une délicatesse extrême. LaFiG 22
prise à un plus fort grossissement — apochr. 2,0 x 8 — a pour but de
montrer les détails d'une de ces résolutions. En a, le nucléole gonflé et
d'aspect vacuoleux s'apprête à projeter son contenu. En b, sa membrane a
cédé, et l'appareil filamenteux, très visible, commence à s'étaler en dehors.
La figure c montre la même chose. On voit le caryoplasme s'en échapper
sous la forme d'un gros cordon hyalin, qui emporte avec lui des blocs déta-
chés du boyau nucléinien, et qui s'allongera aussi longtemps que le nucléole
ne sera pas épuisé. On a dessiné, en d, une portion d'un des cordons voisins
bien développé, pour montrer la désagrégation des blocs primitifs étages, en
granules et sphérules innombrables qui se répandent à la file sur tout le
réseau caryoplasmique. Toutes ces figures sont réellement admirables.
L'œuf de la fig. 22 était presque mùr, il avait à peu près 1400 ;j., son
noyau 395 1^.
On a dessiné dans la fig. 23, à un faible grossissement, DX^, le noyau
d'un œuf voisin, également mùr, mais où une résolution ne faisait que com-
mencer. En effet, son caryoplasme était entièrement libre de granulations,
il contenait se;ulement quelques pattes avec leurs plumeaux, semblables aux ■
trois qui sont dans le dessin. Enfin, cette figure a pour but aussi de faire
voir la disposition latérale des nucléoles, et la manière dont ils s'avancent
pour se résoudre.
L'œuf mesurait 1360 \>-, et son noyau 404 |j:.
266 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
IL Second type.
Le deuxième mode est caractérisé par la résolution en viagina. C'est à
ce mode que sont consacrées les fig. 24 à 30.
L'animal, l'unique que nous ayons rencontré avec ces figures, était très
jeune; ses plus gros œufs mesuraient seulement 172 ij- et leurs noyaux, 80 |j-.
Il nous a paru très intéressant, par ce fait surtout que nous n'avons pu dé-
couvrir dans les œufs les plus petits, la moindre trace d'un élément nu-
cléinien filamenteux normal. Déjà les œufs, dont le noyau ne mesure que
13 !'■ ou 14 [,., sont dans l'état de ceux de la fig. 24, b, c, ci.
Les masses nucléolaires centrales de ces noyaux ont les formes les plus
diverses. Les unes sont sphériques, a, et souvent alors déchiquetées sur
les bords; les autres sont en fer à cheval, t>, c, e; ou en anneau, d. Elles
paraissent homogènes ; mais avec un bon objectif on constate aisément
qu'elles sont formées d'anses filamenteuses très serrées, entre lesquelles
peut passer la lumière. Le boyau primitif a donc dû se ramasser de bonne
heure au centre du noyau, en manière de nucléole. Pendant la rétraction
du filament primitif, il s'en détache assez souvent des tronçons donnant
naissance à de petits nucléoles qui entourent la masse centrale, c, e.
Or, toutes ces figures doivent donner des magmas; en effet, il n'y avait
pas un seul œuf dans tout l'animal qui en fût dépourvu. Cette transforma-
tion est très aisée à suivre sur les jeunes œufs. Les anses de la fig. 24, a,
grossissent et s'étendent pour donner la fig. 25, — cette figure est empâtée,
on y distingue difficilement les blancs qui séparent les cordons — qui passe
insensiblement aux fig. 26 et 27, dans lesquelles on reconnaît le magma
typique. Les figures en fer à cheval subissent le même sort et aboutissent
à la FIG. 29.
On ne peut conserver ici le moindre doute sur cette transformation,
et, par conséquent, sur la genèse des magmas à l'aide de l'élément nucléi-
nien primitif, en passant par l'intermédiaire de la fig. 24.
Aussitôt que la résolution commence, on voit apparaître les premiers
nucléoles secondaires à la périphérie du noyau, fig. 26, 27, 29. Le noyau
de cette dernière figure, la plus avancée de toutes, n'avait que 50 \i-.
Nous ne pourrions dire quand ce premier magma disparait. En effet,
les nucléoles ne tardent pas à mûrir, et ils se résolvent aussi en magma se-
condaire qui alimente le premier. Ils grossissent beaucoup et sont très
denses, fig. 15 de la Pl. "VI ; à la fin, ils deviennent granuleux et donnent
naissance à des amas ou des traînées comme celles de la fig. 28. C'est sur-
I
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 20?
tout chez ce pleurodèle, que nous avons pu saisir avec certitude la formation
du magma secondaire, grâce à la résolution si évidente des nucléoles ; nous
regrettons de ne pas en avoir figuré un exemple.
Les œufs les plus âgés, fig. 30, étaient encore à l'état de magma
secondaire.
On peut juger du degré d'activité de la résolution par le nombre im-
mense de granules qui s'accumulent à la périphérie, dans les fig. 28 et 30.
Contre la membrane nucléaire, on distingue au moins trois générations de
nucléoles secondaires.
III. Troisième type.
Il nous reste à décrire un troisième type, représenté aussi par un seul
individu, dont les plus gros œufs offraient la résolution hétérogène de la
seconde période. Les fig. 31 à 44 ont trait à ce troisième mode.
1° Première période.
Les œufs très jeunes s'y présentent sous deux aspects, en ce qui con-
cerne leur noyau. Dans la plupart, l'élément nucléinien filamenteux y existe
sous la forme typique, fig. 31, a; chez les autres il s'est ramassé en grosse
sphérule centrale, fig. 41. Parlons d'abord des premiers.
1° Le filament primitif, quoique très régulier et à contours bien nets,
commence à se scinder de bonne heure pour former des nucléoles. On en
voit deux volumineux dans le noyau supérieur de la fig. 31 ; ce noyau ne
mesurait cependant que i6 |j.. Il y en a quatre dans le noyau inférieur, me-
surant 2o jx. Nous avons déjà expliqué leur genèse, p. 222.
Rapprochons de ces deux noyaux, les figures b, c, e, fig. 31, qui sont
très fréquentes et qui se présentent toujours avec les mêmes caractères. On
peut les interpréter de la manière suivante. Nous regardons le nucléole infé-
rieur de b et c, et les deux nucléoles latéraux de e, comme étant les nucléoles
primitifs de û, le restant du filament de a s'étant débité en tronçons dans
b, c, e, pour former de nouveaux nucléoles. La fig. b est particulièrement
intéressante; le reste du filament primitif s'est scindé en sept pelotons, dont
trois s'organisent déjà en nucléole, en condensant leurs anses. En d et /,
nous n'avons pas trouvé de gros nucléoles primitifs ; la scission en nucléoles
nombreux et de volume variable n'y est pas moins évidente. Un fait incon-
testable, c'est que l'élément nucléinien, dans la grande majorité des jeunes
œufs de cet individu, se transforme directement et totalement en nucléoles,
268 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
sans se résoudre d'abord en granules. Nous avons mentionné un cas sem
blable chez la salamandre, Pl. I, fig. 15, mais il y était exceptionnel.
Nous avons étudié avec soin le sort de ces nucléoles. Ils se résolvent de
bonne heure, nous avons "constaté le fait sur des noyaux qui mesuraient à
peine 30 jj.. Déjà dans la fig. 31, c, on peut remarquer que le gros nucléole
est à point; et il n'est pas impossible que les traînées que l'on voit en f,
ne soient déjà le produit des nucléoles qui y sont attachés.
Quoi qu'il en soit, sur des noyaux un peu plus âgés, on rencontre aisé-
ment des nucléoles en mouvement. Leur résolution a lieu en minces plu-
meaux filamenteux, d'un aspect particulier qui rappelle tout à fait la résolu-
tion étoilée de la fig. 21 de la salamandre. Ces caractères sont marqués dans
les fig. 32, 34, et dans les fig. 42 et 43 dont il sera question plus loin.
On voit, sur la fig. 32, quatre ou cinq nucléoles émettant leur contenu;
ici, ce sont des filaments simples, là, des filaments doubles ou géminés, et
parfois croisés. Ces derniers ne sont pas très rares à cette période; sans
connaître leur origine, on pourrait y voir une division longitudinale. Toutes
ces productions portent ctagées de petites masses nucléiniennes, qui se
désagrègent en étoiles. La fig. 34 présente les mêmes phénomènes; on y
voit un, deux ou trois plumeaux délicats, simples ou ramifiés, attachés en-
core à leur nucléole d'origine. Le caryoplasme s'y est irradié davantage
que dans la figure précédente.
Les résolutions continuent de la sorte, avec beaucoup de variantes,
jusqu'à l'âge de la fig. 36, dont le noyau mesure 130 |jl.
On rencontre de temps en temps des images analogues à celle de la
FIG. 33. Les nucléoles s'y résolvent en anneau moniliforme, ouvert ou fermé,
en même temps que d'autres envoient des séries linéaires de sphérules.
Toute ces productions tombent finalement en granules.
Sur les noyaux plus âgés, à partir de 100 |^ environ, on trouve fréquem-
ment la FIG. 35. La plupart des nucléoles se résolvent en bras étoiles ter-
minés par des sphérules, ou en courts filaments en chapelet. D'autres émet-
tent des filaments plus allongés, également bosselés qui se transforment
souvent en plumeaux étoiles.
On arrive ainsi insensiblement et par degrés à la fig. 36 et aux suivantes,
FIG. 37 et 38. Elles sont caractérisées par ce que les nucléoles émettent
des boules sessiles, ou portées par un mince pédicelle, placées les unes à la
suite des autres ou en étoile. Dans les fig. 38, les nucléoles ressemblent
à des basides de champignon portant leurs spores. Ces groupes restent tels,
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 269
OU produisent un plumeau à leur extrémité, fig. 39. Lorsqu'ils sont dépour-
vus de goupillon, chaque boule émet des sphérules de plus en plus petites
et finit par s'épuiser.
Dans la fig. 36, comme dans les figures précédentes, les résolutions se
font un peu partout, mais surtout près de la périphérie. A l'âge de la fig. 37,
les nucléoles s'avancent vers le centre et s'y accumulent en masse pour se
résoudre, fig. 38. Nous n'avons remarqué ce phénomène qui rappelle ce
qui se passe normalement chez d'autres batraciens, le triton, par exemple,
que sur cet individu et à cette période. La fig. 39 représente également le
groupe central d'un œuf plus âgé.
Dans la fig. 37, qui indique le commencement d'une résolution, il
restait encore quelques débris de goupillons, analogues à ceux de la fig. 36.
Mais dans les œufs plus âgés, dans lesquels la résolution se faisait en boules,
sans plumeaux, il était impossible d'en découvrir : rien que des nucléoles
et leurs sphérules de résolution. C'était le cas pour la fig. 38.
On remarque dans le caryopiasme des fig. 36, 37 et 38 un très grand
nombre de granules nucléiniens d'une extrême petitesse. C'est qu'en effet
les sphérules provenant des boules se scindent en corps de plus en plus
petits et, finalement, en granulations minuscules, fig. 38.
L'œuf de cette figure mesurait 520 ,,. en moyenne, et son noyau, 200 ix.
2° Seconde période.
La FIG. 39 inaugure la seconde période. Elle représente la fin d'une
résolution bourgeonnante et le commencement d'un mode tout différent. Les
nucléoles de droite, à boules stipitées, sont les derniers de-la résolution qui
s'achève. Les petites sphérules disséminées et les granules, en nombre incal-
culable, en proviennent également, sans aucun doute. Les gros nucléoles
vacuoleux et ceux qui émettent leur figure sont d'une génération nouvelle;
ils arrivent au centre pour entrer en résolution à leur tour. Celle-ci présente
des caractères particuliers. Les nucléoles se gonflent et tout leur contenu
filamenteux se ramasse sur la zone équatoriale en laissant à nu le plasma
hyalin central. Ce phénomène sera mieux élucidé plus tard. Il en résulte
un anneau qui se détend et finit par se briser. Aîûts il s'allonge par une de
ses extrémités en un long plumeau. Tous ces détails sont clairement indi-
qués sur la figure. On voudra bien remarquer que les nucléoles se résolvent
de la même façon dans la fig. 40, seulement l'anneau s'y brise plus tôt.
Cette ressemblance nous permet d'admettre que la fig. 39 inaugure la
seconde période.
37
270 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
Nous avons déjà parlé de la fig. 40. Nous n'y avons mis qu'un genre
de figui'c. Mais le noyau en montrait bien d'autres, toutes celles qui ont
été indiquées plus haut, p. 262, à propos de la fig. 10, et qui se rencon-
trent toujours dans la résolution hétérogène.
Les œufs de la fig. 39 et 40 avaient sensiblement le même volume; ils
mesuraient en diamètre 665 |j-, et leur noyau 254 ,a. Ces chiffres sont plus
élevés que ceux qui ont été donnés pour la période secondaire dans le
premier type.
30 Figures particulières.
Nous avons dit que, dans certains noyaux de l'individu que nous
étudions, l'élément nucléinien se ramassait au centre, en manière de nu-
cléole, FIG. 4J. Cette particularité se présentait surtout à un endroit de
l'ovaire, où l'on rencontrait en même temps les figures qui suivent, fig. 42,
43 et 44.
Nous avons déjà analysé des figures semblables. En a, fig. 41, le
peloton est encore visible dans la masse centrale. Lors de la rétraction, il
s'en est sans doute détaché des fragments qui ont fourni les petits nucléoles
périphériques. En b, le filament primitif est tellement condensé que la
niasse qu'il forme paraît absolument homogène.
Nous n'avons rencontré qu'une seule fois la fig. 42. Il semble bien
naturel d'admettre que l'on a sous les yeux un nucléole central, en tout
semblable à celui de a de la figure précédente, qui entre directement en
résolution en projetant, par une ouverture, un certain nombre de filaments
à groupes étoiles. Ceux-ci proviendraient du filament primitif, qu'on voit
encore à l'intérieur. Tout se passerait donc comme dans un nucléole ordi-
naire des fig. 32 et 34.
Nous croyons que la fig. 43 doit s'expliquer de la même manière. Seule-
ment, ici le gros nucléole central subirait la résolution en magma; comme il
le fait, nous l'avons vu, dans les fig. 25 et suivantes. Nous avons compté
une dizaine de noyaux semblables.
Les petits nucléoles périphériques entrent, au contraire, en résolution
filamenteuse étoilée ; ils se conduisent donc comme les mêmes corps
des FIG. 32 et 34.
Ce novau avait 60 ij.; le précédent, 48 p..
Enfin, la fig. 44 représente évidemment une résolution en boudins,
comme dans la salamandre. Nous n'avons trouvé ces figures que dans un
I
I
I
LA VESICULE DES BATRACIENS 27 1
seul œuf, dont nous reproduisons une coupe. Ces boudins ont absolument
la même constitution que dans la fig. 9, Pl. I ; nous y renvoyons le
lecteur. Cette figure est certainement due à la résolution des nucléoles
secondaires; elle fait suite, sans doute, comme chez la salamandre, au
magma de la fig. 43, car l'œuf était plus âgé que celui de cette dernière
figure; son noyau mesurait loo i^. Il a été intéressant pour nous de constater
que ce genre de résolution, que nous n'avions point vu sur les individus mis
à notre disposition, peut exister chez le pleurodèle. Nous ne doutons pas
qu'on le retrouve normalement sur d'autres sujets, pendant la première
période.
Résimie.
En résumé, les trois types que nous avons distingués sont caractérisés
uniquement par les figures nucléolaires de la première période :
Dans le premier type, les nucléoles, à partir de la résolution irradiante
du filament primitif, donnent toujours des goupillons jusqu'à la seconde
période.
Au contraire, dans le second, la résolution primitive se fait en magma,
et les nucléoles, pendant assez longtemps, produisent également un magma
secondaire. Il est regrettable que nous n'ayons pas trouvé d'œufs plus âgés
chez cet individu; il eût été intéressant de constater s'ils présentaient les
figures en boudins, comme chez la salamandre après le magma secondaire.
Le troisième type présente deux caractères particuliers.
D'abord, dans la plupart des noyaux, le filament originel se scinde
totalement en nucléoles; il disparaît donc très tôt, sans subir de résolution.
Ensuite, les nucléoles primaires et secondaires donnent des figures très
variées: ici, des goupillons; là, des anneaux; ailleurs, des groupes radiés de
sphérules ; enfin, d'autres subissent la résolution bourgeonnante pendant
un temps assez considérable. Remarquons d'ailleurs que les résolutions
particulières des fig. 41 à 44 appartenaient également à cet individu. On
pourrait presque dire que chaque génération de nucléoles a ses allures
spéciales, tellement qu'il serait impossible de caractériser ce type par un
genre déterminé de résolution. Cependant, lorsqu'on examine de près les
diverses figures, on constate que les nucléoles ont une tendance marquée à
se résoudre en sphérules, simples ou stipitées, plutôt qu'en cordons ou en
plumeaux. Le filament primitif s'était déjà comporté de même; il s'est, en
effet, désagrégé en un grand nombre de sphérules nucléolaires.
Aperçu général sur les Nucléoles.
I. Constitution chimique des nucléoles.
Il est à peine besoin de parler encore de la nature chimique de ces
corps ; nous ne pourrions que rappeler les expériences microchimiques dont
les résultats ont été consignés dans la „ Biologie " ^i), et dont nous avons
déjà parlé antérieurement, p. 200.
a) Ils disparaissent dans tous les dissolvants ordinaires de la nucléine.
Après l'action de ces réactifs, on constate un résidu réfractaire, qui est plus
ou moins marqué suivant l'âge des nucléoles. Il augmente à mesure qu'ils
approchent de leur résolution, comme on peut le constater en opérant sur
les corps volumineux qui ont été décrits dans ce travail. Lorsqu'ils sont
jeunes, il arrive souvent qu'on ne trouve aucun résidu ; sans doute parce
que le gonflement, produit par le dissolvant, disloque l'élément plastinien
si délicat, et que les débris en sont emportés par le liquide.
Le chlorure de sodium à 10 0/0 les gonfle, mais ne les dissout nullement.
L'ammoniaque a une action particulière; elle ne parvient pas à les dis-
soudre. Peut-être faudrait-il admettre que la nucléine se trouve dans les
nucléoles à l'état de nucléo-histone, ou du moins qu'ils renferment de
l'histone, ou un corps analogue en quantité notable ; on sait en effet que
cette substance est précipitée par l'ammoniaque.
Le liquide digestif artificiel enlève une portion notable de la masse
nucléolaire, mais il laisse intacte une portion, notable aussi, qui est blanche,
brillante et a tout à fait l'aspect de la nucléine. En effet, une goutte de
potasse ou de soude très diluée l'enlève instantanément; il en est de même
de l'acide chlorhydrique concentré. Si Zacharias avait employé un de ces
dissolvants, il eût vu disparaître aussi le résidu de ses digestions sur les
nucléoles de grenouille (2). Il faut se garder, dans les expériences avec le
(1) La Biologie, p. 222-224.
(2) Voir plus haut, p. 201, 197.
274 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
liquide digestif, de faire durer trop longtemps son action, et d'élever la
température. Car il peut alors attaquer la nucléine elle-même et en faire
disparaître une partie notable. Milroy vient d'insister à nouveau sur ce
point (i). L'action du liquide digestif sur les nucléoles prouve qu'ils ren-
ferment une nucléo-albumine, dont l'albumine se digère, p. 197.
Les figures formées par les nucléoles en résolution disparaissent éga-
lement par l'action des dissolvants de la nucléine. Il faut dire la même
chose des granules et sphérules éparpillés dans le caryoplasme, après chaque
résolution.
Inutile d'ajouter que ces réactions doivent être opérées à frais, ou sur
des objets fixés sur l'heure, enrobés et coupés immédiatement. Plus tard ils
deviennent plus ou moins réfractaires ; ils le deviennent tout à fait quand
ils ont été conservés pendant un certain temps dans l'alcool. Ces faits sont
connus depuis longtemps (2).
b) Ensuite, le vert de méthyle colore ces corps; assez faiblement, il
est vrai, mais d'une manière très appréciable pourtant. Lorsqu'on applique
ce réactif sur des œufs entiers, on n'obtient le plus souvent qu'un résul-
tat peu sensible ; en effet, le liquide pénètre difficilement jusqu'au noyau.
On est plus heureux avec des noyaux isolés, dégagés du cytoplasme, surtout
lorsqu'on les écrase doucement pour en faire sortir les nucléoles intacts;
ceux-ci prennent alors une teinte verte très nette. Ce sont d'ailleurs les
seuls éléments du noyau qui prennent le vert de méthyle, lorsque leur for-
mation est achevée; nous l'avons constaté à maintes reprises.
Nous avons dit plus haut, en parlant des méthodes employées, que le
vert de méthyle colorait aussi les nucléoles sur les objets fixés et traités
d'une certaine façon (3).
c) Les travaux récents de Macallum(4) et de Gilson(5) ont démontré
la présence du fer dans l'élément nucléinien.
En outre, Gilson a montré qu'à l'état naturel, il est loin d'être saturé
(1) Milroy ; Ueber die Eiwcis Vcrb. d. Nucleiiisdure, etc.; Zeits. f phys. Chem., XXII, 1896,
p. C07.
(2) La Biologie; p. 210.
(3) Voir plus haut, p. 2i5.
(4) MacaLlum : On tlie démonstration uf thc présence of iron in chromatin by micro-chemicat
methods; Proc. Roy. Soc, vol. I, 1891, p. 277. — On the distribution of assimilated iron com-
pounds, otilcr tkan hœmoglobin and hœmatins in animal and végétal cells; Quater. Journ. of Mie.
Se, vol. 38, part. 2, new ser.
(5) Gilson : On the affinity of nuclzin fur iron and ollier substances; Rep. Brilish Association
for the advaacement of science, 1892, p. 77S.
LA VESICULE DES BATRACIENS 275
de fer. On peut lui en faire absorber une grande quantité et l'en charger
jusqu'à permettre d'obtenir, à l'aide des réactifs de ce métal, une coloration
aussi élective qu'avec les meilleurs colorants nucléaires. Il a remarqué éga-
lement que l'élément nucléinien possède une affinité semblable pour un
grand nombre d'autres métaux.
Nous avons fait ces réactions sur les nucléoles des batraciens, en suivant
les indications de notre collègue. Voici les résultats concluants auxquels
nous sommes arrivés. Les réactions se font sur porte-objets.
1° Pour déceler le fer dans les nucléoles, les coupes séjournent à
froid pendant trois jours dans la solution suivante :
Ferri cyanure au lo^^ . . . . i vol.
Acide acétique à 1,063 ... 1 vol.
Eau distillée ..... i vol.
Après un lavage de cinq minutes, les nucléoles se détachent en bleu
foncé sur le caryoplasme très légèrement teinté de la même nuance; après
une heure de lavage, les nucléoles seuls conservent une belle teinte bleue.
2° Pour démontrer leur affinité pour le fer et d'autres métaux, nous fai-
sons séjourner l'objet pendant 16 heures, à froid, dans la solution suivante :
Citrate de fer, à 15 0/0 . . . 5o ce.
Alcool sulfureux et acétone . . 25 ce.
Après un lavage de 1/4 d'heure, on porte la préparation à la couveuse, à
50°, dans du sulfhydrate d'ammoniaque, pendant 2 heures; tous les nucléoles
sont alors colorés en noir.
Si l'on veut obtenir une belle coloration bleue, rappelant celle du vert
de méthyle, il suffit de placer ensuite la préparation pendant 1 minute dans
une solution de ferric3^anure de K acidulée.
3° La solution mixte suivante nous a donné, comme à Gilson, une
réaction plus tranchée :
Stlfate ferreux ....
5ogr
Chlorure de nickel .
50 gr
Chlorure de zinc
25 ce
Acide sulfurique concentré
lo ce
Eau.
400 gr
On ajoute quelques cristaux de sulfite de soude.
276 ' J B. CARNOY et H. LEBRUN
Après traitement à froid, pendant 16 heures, on place la préparation
dans le sulfhydrate d'ammoniaque pendant 2 heures à froid, et 2 heures à
50°. On lave 1/4 d'heure, puis on la plonge dans le ferricyanure pendant le
même temps. On obtient ainsi une réaction très nette : les nucléoles seuls
sont d'un bleu intense, le caryoplasme est incolore.
Nous pourrions ajouter d'autres réactions. Celles-ci suffisent pour pou-
voir affirmer que les nucléoles des batraciens se sont en tout comportés
comme l'élément nucléinien typique des cellules épithéliales de l'intestin,
du foie, des testicules, etc., étudiées par les auteurs précités.
II. Constitution organique des nucléoles.
Les nucléoles sont des noyaux en miniature.
Certes, il est impossible assez souvent de rien voir dans un nucléole au
repos, surtout lorsqu'il est jeune; il paraît homogène. Ce n'est là qu'une
apparence. Car, en réalité, il n'est jamais homogène; il renferme toujours
un appareil nucléinien filamenteux, plongé dans un plasma et logé dans
une coque mince.
Que de fois n'avons-nous pas décrit le débourrement du filament?
Lorsque le rasoir vient à couper un nucléole, fig. 42, en bas, on y
distingue parfaitement tous les éléments d'un noyau : membrane, caryo-
plasme réticulé, filament nucléinien. Nous avons vu maintes fois de pareil-
les sections chez la salamandre et le pleurodèle.
Il n'est pas rare, surtout à la troisième période, qu'on distingue ces
mêmes éléments dans les nucléoles au repos, fig. 48.
Ensuite, au début de la résolution, on constate la même structure dans
tous les nucléoles : nos figures le démontrent suffisamment. Qu'on se rap-
pelle, par exemple, les figures en boudins, où les filaments nucléiniens
sont plongés dans un magma plastino-albuminoïde, analogue au caryo-
plasme, FIG. 9, etc. Pendant la dernière période, il arrive fréquemment que
le cordon emporte avec lui la partie plasmatique, et laisse en place la coque
vide du nucléole, fig. 48. Dans la fig. 22, c, Pl. V, on voit parfaitement
la portion plasmatique sortir de la membrane brisée en emportant les blocs
de nucléine.
Il y a beaucoup de noyaux dont la constitution n'est pas aussi évidente
que celle des nucléoles des batraciens.
LA VESICULE DES BATRACIENS
III. Genèse des nucléoles.
■Il
Nous avons distingué plusieurs sortes de nucléoles, d'après leur mode
de formation :
à) Les nucléoles primaires qui s'élaborent aux dépens du filament
nucléinien primitif; ils sont donc organisés dès l'origine, comme ce dernier.
b) Les premiers nucléoles secondaires qui sont dus à des associations
de granules provenant de la désagrégation de l'élément nucléinien.
Ces associations naissent contre la membrane nucléaire. Un certain
nombre, parfois considérable, de granules viennent se placer chacun au
point de jonction des trabécules du réseau caryoplasmatique, sur une aire
d'étendue variable. Cet ensemble se limite et se sépare du caryoplasme par
une membrane, et le nucléole est achevé. Les corps de cette catégorie sont
donc aussi organisés dès leur naissance; ils sont constitués par de petites
masses nucléiniennes reliées entre elles par des travées plastiniennes. Il
n'est donc pas étonnant qu'ils puissent contenir un filament, qui deviendra
surtout visible à leur maturité.
La FiG. 24 indique le début de la formation de ces groupes; ce n'est
qu'après avoir parlé des tritons que nous pourrons donner plus de détails
à ce sujet, en expliquant les figures de la Pl. XII, qui s'y rapportent.
Nous ne pourrions fixer d'une manière précise quand ce mode de for-
mation des nucléoles prend fin. Il s'en fait certainement plusieurs généra-
tions successives; car on rencontre encore ce mode sur des œufs qui ont
près de 400 \>- et leur no3'au 160 \>-. Mais il est difficile de distinguer les
groupes de granules prédestinés, sur des œufs volumineux. En effet, on ne
peut constater leur présence avec certitude que sur des coupes renfermant
la calotte d'un noyau, afin qu'ils soient vus de face. Or, très souvent de pa-
reilles coupes sont recouvertes d'une couche de protoplasme granuleux qui
masque le noyau. Ensuite, dans les gros noyaux, les granules de résolution
sont si nombreux à certains moments que toute leur paroi en est recouverte.
Il y a cependant lieu d'admettre que ce mode se poursuit durant toute la
première période, car la résolution y est toujours granuleuse.
Nous ferions volontiers un rapprochement entre ces phénomènes et la
reconstitution d'un noyau, après la cinèse. Car, ils nous semblent apporter
un nouvel appui à la thèse qui a été soutenue dans la Cytodiérèse(\).
Nous voyons ici des amas de granules de nature nucléinienne enrober à
(1) La Cyiodiércse, p. 35o.
33
278 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
l'aide d'une membranule une certaine portion de caryoplasme, comme le
font, dans le cytoplasme, les bâtonnets des couronnes polaires ; c'est donc
bien sous l'influence de ces derniers que le noyau se bâtit une nouvelle
demeure.
c) Quoi qu'il en soit, il se forme bientôt de nombreux nucléoles nou-
veaux, que l'on pourrait appeler tertiaires, par un procédé un peu différent.
Leurs premiers éléments constitutifs naissent également à l'intérieur
du noyau, loin de la membrane et au milieu des figures de résolution dont
ils proviennent. Mais ce ne sont plus des granules. Ce sont des parties
de la figure qui, au lieu de se résoudre en granulations élémentaires, s'en dé-
tachent sous la forme de sphérules de diverse dimension. On peut distinguer
de ces corps sur presque toutes les figures en résolution que nous avons re-
produites, à partir de la seconde période. Tantôt, ce sont des filaments pelo-
tonnés qui se scindent en articles : par exemple, dans les fig. 31 et 35, à
droite. Les filaments ou les boucles des goupillons subissent souvent le
même sort, fig. 43 et 44, 47 et 49. Tantôt, ce sont les blocs centraux des
plumeaux, fig. 33, à droite et au centre; ou bien, les masses de moindre
volume situées sur les rayons, fig. 32, 33, 36, 38, qui s'arrondissent et
persistent, au lieu de se désagréger. Parfois aussi, ce sont les sphérules qui
sont portées par les filaments de résolution, fig. 34 et 50, ou par les pattes,
fig. 36, 37, etc.
Tous ces corps cheminent de concert en formant une zone concen-
trique, fig. 32, 33, 35, 38, durant la seconde période; ou un arc de cercle
seulement, quand les nucléoles se ramassent tous à un endroit déterminé,
comme cela a lieu pendant la dernière étape.
Chemin faisant, il y en a beaucoup qui se dissolvent, avant d'arriver à
la membrane; nous avons insisté sur ce point en expliquant la fig. 44. Un
petit nombre seulement persiste pour former une génération nouvelle, sans
que nous puissions dire ce qui distingue ces prédestinés des autres; car en
apparence ils sont tous identiques. On pourrait admettre que les sphérules
qui se résorbent sont celles où les granules étaient déjà désunis, désagrégés
dans la figure; tandis que dans celles qui persistent, ils seraient encore reliés
ensemble, comme dans le cordon sortant du nucléole lui-même. Ils forme-
raient donc encore un tout organique, capable de se nourrir et de donner un
nouveau nucléole organisé, dans lequel on distinguera bientôt un cordon,
aussi bien que dans les nucléoles des générations précédentes : témoins
les FIG. 42, 46 et 48.
LA VESICULE DES BATRACIENS 2 79
Telle est, exquissée à grands traits, la genèse des sphérules prédestinées
à la reconstitution des nucléoles tertiaires. Or, cette reconstitution peut
se faire de deux manières.
1° Nous avons constaté souvent, pendant la résolution hétérogène,
que les sphérules s'associaient plusieurs ensemble pour former un nucléole,
absolument comme le font les granules pendant la première période, fig. 56,
On aperçoit sur cette figure des corps, variables de nombre et de volume,
réunis en amas distincts. Les globules de résolution, en arrivant près de la
membrane, se groupent sur une aire déterminée, se fusionnent plus ou
moins en formant des sphères plus volumineuses, irrégulières et bosselées.
■ Cet -ensemble ne tarde pas à se limiter par une membrane qui enrobe
une certaine portion de caryoplasme interposé. Au début, on aperçoit
encore les sphérules constitutives à l'intérieur du nucléole, mais celui-ci
présente bientôt une structure uniforme par la fusion de tous ses éléments
— à droite de la figure — , et rien alors ne peut plus faire soupçonner
sa singulière origine. Il faut donc arriver à point pour surprendre leur
genèse. C'est ce qui fait sans doute que l'on ne peut rien en apercevoir
sur beaucoup de noyaux. Cependant, nous l'avons surprise assez souvent
sur divers individus, pour croire à sa généralité pendant la seconde période
tout entière. La fig. 56 provient de l'œuf qui a fourni la fig. 33, qui en
marque la fin.
2° Loin de nous cependant la pensée de vouloir en faire un mode ex-
clusif. Car nous avons vu, pendant la seconde période, des images qui com-
mandent la réserve. Lorsque les sphérules arrivent en petit nombre contre
la membrane, qu'elles sont très isolées les unes des autres, elles peuvent
se transformer directement en nucléoles par simple accroissement.
Quoi qu'il en soit, il est certain que c'est exclusivement ce mode qui
fonctionne pendant la dernière période du développement de l'œuf, à partir
des figures en pattes. Jamais, en effet, nous n'avons rencontré alors d'image
analogue à celle de la fig. 56. Les jeunes nucléoles, si petits soient-ils,
restent toujours indépendants et se développent isolément.
Ainsi naissent chez la salamandre et le pleurodèle, toutes les généra-
tions successives des nucléoles secondaires et tertiaires à Vaide des produits
de la résolution antérieure. Ce n'est pas ce que pensait Schultze, dans son
travail sur les batraciens (i). "Il admettrait difficilement, dit-il, que les débris
des nucléoles puissent en reproduire une nouvelle génération; ils se dissol-
vent comme lors de la maturité de l'œuf. „ C'est là une erreur totale.
fi) G. Schultze : 1, c.
28o J. B. CARNOY et H. LEBRUN
IV. Nombre de générations nucléolaires.
A chaque résolution il se forme de nouveaux nucléoles. Cela est abso-
lument certain. D'un autre côté, il est impossible d'énumérer le nombre
de résolutions qui se succèdent, mais ce nombre est évidemment très
considérable. Chez la salamandre et le pleurodèle, les nucléoles donnent
leurs figures successivement, les uns après les autres. A l'inverse de ce qui
a lieu chez d'autres batraciens, où tous les nucléoles d'une génération vien-
nent se présenter en même temps au centre du noyau, ces corps s'avancent
un peu seulement dans le caryoplasme, au nombre de deux à trente, rare-
ment plus, pour s'y résoudre. Or, nous avons des raisons de penser que
leurs figures disparaissent très vite. Car, bien souvent, on trouve de grands
goupillons qui tombent en granules d'un bout à l'autre, comme en témoigne
la FiG. 43; l'endroit où ces figures se défont est littéralement bondé de gra-
nules. Ce qui ne serait pas, si la désagrégation était lente; en effet, ces
granules se portent sans tarder vers la membrane nucléaire. Malgré le grand
nombre des nucléoles, leur évolution en figures ne peut donc durer très long-
temps. Quand cette évolution est terminée, les nucléoles de la génération
suivante sont mûrs et entrent eux-mêmes en mouvement. Aussi, trouve-t-on
presque toujours, à toute époque, des figures dans les coupes d'un noyau.
Qui dira le nombre de générations qui se sont succédées pendant les trois
longues années que dure le développement de l'ovocyte, et la quantité de
nucléine que le noyau a dû élaborer pour alimenter des milliers de nucléoles
volumineux?
N. Nombre et position des nucléoles.
Le nombre des nucléoles est, en effet, considérable.
Les nucléoles primaires varient beaucoup sous ce rapport, suivant la
portion plus ou moins grande de l'élément nucléinien qui est consacrée à
leur formation. Il y en a de o à 30; habituellement, il y en a de 2 à 6.
Les premiers nucléoles secondaires sont beaucoup plus nombreux; dans
les œufs encore très jeunes, on en trouve parfois plus de 100. Leur nombre
augmente toujours de plus en plus et, à la fin de la première période, on en
compte facilement de 400 à 500, comme dans les noyaux des fig. 10, 29 et
30. Dans les figures hétérogènes, fig. 32 et 33, nous en avons trouvé de
1000 à 1 100. Enfin, pendant la 3*^ période il y en a généralement de 500 à
1000, et plus.
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 28 1
Ce nombre est d'ailleurs très variable d'un œuf à l'autre; qu'on se rap-
pelle les chiffres que nous avons inscrits plus haut, à propos des œufs mûrs.
Ensuite, plus la résolution d'une génération est avancée, moins il reste de
nucléoles à la périphérie. Remarquons, en outre, que les corps dont on fait
la numération ne sont pas tous nés de la même résolution; il y en a toujours
de deux générations différentes, parfois de trois : des gros, des moyens et des
petits qui viennent d'arriver ou qui sont en voie de se former. On peut con-
stater ce fait sur beaucoup de nos ligures.
Quant à leur position, nous n'en dirons qu'un mot. Pendant les deux
premières périodes, ils sont assez également distribués sur tout le pourtour
de la membrane. Il n'est pas rare cependant d'en voir plus au pôle inférieur.
Cette exception devient la règle pendant la troisième période, ainsi qu'on
peut le constater sur la fig. 39, Pl. II, et sur la fig. 23, Pl. V. Néanmoins,
on trouve presque toujours encore quelques nucléoles distribués contre la
membrane, même à l'autre pôle (i).
VI. Division et fusion des nucléoles.
Certains auteurs : Hertwig (2), Schultze (3), Iwakawa (4), etc., ont
avancé que les nucléoles des batraciens se multipliaient par étranglement.
AuERBACH (5j va jusqu'à soutenir qu ils dérivent tous d'un seul nucléole
primitif, par division et subdivision successives. Pas plus que Jordan (6)
chez le triton, nous n'avons vu rien de semblable chez la salamandre et le
pleurodèle; selon nous, ce mode de multiplication n'existe pas. Ses partisans
auront sans doute eu sous les yeux des images analogues à notre fig. 56,
qu'on pourrait interpréter dans leur sens, si on n'en connaissait la signifi-
cation. Quant à la singulière opinion d'AuERBACH, le lecteur sait ce qu'il
doit en penser.
Mais les nucléoles peuvent se fusionner et produire des masses vo-
lumineuses. Cette fusion n'a jamais lieu à la périphérie, pendant leur repos;
(i) RiiGE : L. c. dans sa fig g3 représente bien cette disposition polaire des nucléoles.
(2) O. Hertwig : Beitrâge ^ur Kcnnlniss dcr BilJiing, Bcfruchtung, etc.; Morphol. Jahrb.,
1877, t. III.
(3) Schultze : Loc. cit.
(4) Iwakawa : The Genesis of thc Egg in Triton; Quat. Journ. of micr. se, vol. XXIV, new
ser,, 1SS2, p. 260.
(5) AuERBACH : Zm- Kenntniss dcr thicrischen Zcllcn ; Sitzungsber. d. Akad. Berlin. iSgo, p. 741.
(6) Jordan : Loc. cit.
282 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
les nucléoles ne font alors que se reconstituer. Elle se constate seulement
entre nucléoles qui s'avancent dans le caryoplasme, pour achever leur ma-
turité et s'y résoudre. A ce moment, ils se fusionnent aisément s'ils viennent
à se rencontrer. On dirait même qu'ils ont une tendance à se rechercher;
nous avons vu plus d'une fois des traînées hyalines dans le caryoplasme
déchiré, de part et d'autre de deux gros nucléoles accolés : indices du chemin
assez long qu'ils avaient dû suivre pour arriver à se toucher. C'est à l'aide
de ce procédé, que paraissent se former ces immenses nucléoles, qui tiennent
sur trois à six coupes de dix microns : comme celui de la fig. 30, et ceux
des FIG. 26 à 28.
Cette attraction des masses nucléiniennes en activité nous a toujours
frappés ; elle rappelle à l'esprit ce qui se passe au sein de l'œuf entre les
noyaux de conjugaison.
VII. Nucléoles et caryoplasme.
Rappelons seulement deux faits.
Les nucléoles pendant leur élaboration enrobent une partie du caryo-
plasme, du moins à la première et à la seconde période; il n'y a plus lieu
d'insister sur ce premier point.
Le second concerne l'irradiation du caryoplasme sous l'influence des
nucléoles. Ce ne sont pas seulement les filaments émis par ces corps, lors
de leur résolution, qui la produisent en donnant naissance aux goupillons.
Les nucléoles eux-mêmes, en s'avançant dans le caryoplasme pour y achever
leur maturité, y déterminent la même modification, fig. 8, 29, 30 à 33 de
la salamandre, et fig. 9 et 10 du pleurodèle. On voit sur toutes ces figures
des nucléoles encore au repos, entourés d'une auréole extérieure, dont les
rayons s'étendent parfois très loin. Il faut bien admettre que c'est l'élément
nucléinien qui est la cause de ce phénomène. Comment agit-il? Peut-être à
l'aide de l'histone qui renferme une albumose. Celle-ci agissant à la façon
d'un ferment soluble (i) dissoudrait les granules de l'enchylème pour le
rendre hyalin et en même temps produirait une modification ou une exci-
tation dans le réseau, et par suite sa disposition en rayons. C'est là une
simple hypothèse. Quoi qu'il en soit, nous voyons dans cette action incon-
testable des nucléoles et de leurs figures sur le caryoplasme, la confirma-
tion d'une thèse soutenue dans la r, Cytodiérèse «, à savoir : que c'est sous
l'influence du noyau que se forment les asters de division (2).
(1) La Cytodiérèse, p. 365.
12 Ibidem.
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 283
VIII. Nucléoles et figures de résolution.
Les nucléoles ne se résorbent pas directement, en pâlissant d'abord
pour se dissoudre ensuite. Ils ne s'effritent pas non plus en morceaux ou en
granulations plus ou moins grossières, qui finissent d'ailleurs par se dissoudre
à leur tour. Telle est, cependant, l'opinion généralement admise par tous
ceux qui ont écrit sur les nucléoles des batraciens.
Ces corps ne pâlissent pas, ni ne tombent en morceaux. Au contraire,
à mesure qu'ils approchent de leur maturité, ils gagnent en densité et pren-
nent les matières colorantes avec beaucoup plus d'intensité. Ensuite, ils
lancent leur contenu dans le caryoplasme sous la forme d'une figure, souvent
très belle, et toujours très compliquée. Tout notre travail a eu pour but
de décrire ces figures, qui sont connues du lecteur.
Mais ces figures sont éphémères; ce sont des figures de résolution. En
effet, toutes leurs parties nucléiniennes se transforment finalement en une
infinité de granules ou de sphérules minuscules, qui émigrent aussitôt vers
la périphérie du noyau, pour s'y dissoudre ou reformer de nouveaux nu-
cléoles. Cette résolution granuleuse est certaine. On peut la constater aisé-
ment, et en suivre les étapes successives sur toutes nos figures, principa-
lement sur celles de la troisième année; on y voit les goupillons se dégarnir
complètement de leurs granules, tandis que leurs rayons font retour au
caryoplasme ordinaire.
Ainsi, aucune de ces figures n'a de lien organique avec les précédentes,
ni avec les suivantes. Toutes proviennent de générations nucléolaires diffé-
rentes; toutes s'évanouissent, aussitôt que nées. C'est donc bien inutilement
et en s'appuyant sur des observations erronées, que Born (i) et, après lui,
Jordan (2) se sont évertués à montrer que toutes ces figures sont la même
figure, qui se continuerait directement et sans discontinuité, à partir de l'élé-
ment nucléinien primitif, à travers tous les âges de l'œuf. Car, l'élément
primitif a disparu très tôt et totalement par résolution granuleuse. Il ne
peut donc réapparaître comme tel au sein du noyau, après s'être atténué et
dérobé pour un temps aux yeux de l'observateur (3); il ne reste de lui que
quelques granules privilégiés. Ceux-ci, par un procédé vraiment remar-
quable, reconstituent, réorganisent à l'aide du caryoplasme un autre élément
(1) Born : L. c.
(2) Jordan : L. c.
(3) Born : Loc. cit.
284 J- ^- CARNOY et H. LEBRUN
sous la forme de nucléoles qui, en s'étalant, feront reparaître une forme
filamenteuse nouvelle dans le noyau. Tout le reste, c'est-à-dire la majeure
partie de sa masse, est voué à une dissolution définitive et sert de nourri-
ture à l'œuf. Toutes les figures suivantes font de même; elles sont toutes
transitoires. C'est grâce à ce procédé merveilleux de reconstitution inces-
sante, que l'élément nucléinien peut parvenir sous les formes les plus diver-
ses, par étapes séparées, et malgré ses désagrégations et ses pertes répétées,
jusqu'aux cinèses polaires.
O. ScHULTZE (ij a versé dans une erreur semblable. D'après lui, à une
époque déjà avancée du développement de l'œuf, l'élément primitif tom-
berait en granules qui, séance tenante, s'ordonneraient en séries pour
reconstituer les filaments nucléiniens : définitifs, cette fois, et se maintenant
comme tels jusqu'à la maturité.
Nous savons qu'il n'en est pas ainsi. L'élément primordial disparaît
tôt; celui que ScHULTZE désigne sous ce nom provient des nucléoles qui
fonctionnent déjà depuis longtemps. Les granules ne s'ordonnent jamais
en filaments. Enfin, il y aura encore un grand nombre de générations nuclé-
olaires et filamenteuses qui naîtront et disparaîtront tour à tour, l'une après
l'autre, jusqu'à l'époque des globules polaires.
Nous allons retrouver dans un second groupe d'urodèles, les Tritons,
tous les phénomènes que nous venons d'analyser chez la salamandre et le
pleurodèle.
(l) o. ScHULTZE ; L. c.
EXPLICATION DES PLANCHES.
Les figures ont été généralement dessinées avec l'apochromatique i,3o ou 2,0, de
Zeiss, et l'oculaire compensateur 4. Seulement, les dimensions des plus grandes ont
été réduites de i/3 ou de 1/4 : ce qui ne peut présenter d'inconvénient, les mesures
de toutes nos figures étant données en microns. On a indiqué dans le texte celles
qui ont été reproduites à un autre grossissement, plus faible ou plus fort.
PLANCHE I [Salamandre).
Les figures i à 16 proviennent d'un jeune individu.
FIG. 1. Œuf jeune avec filament nucléinien primitif.
O : 28 [i; N : 18 [x.
FIG. 2. Commencement de la résolution de ce filament; formation des nucléoles
primaires à ses dépens.
O : 64 sur 56; N : 32 sur 36.
FIG. 3 et 4. La résolution s'achève en une sorte de magma. Formation des
premiers nucléoles secondaires contre la membrane nucléaire.
FIG. 4. O : 72 sur 78; N : 48 sur 36.
FIG. 5. Fin de la résolution. Les premiers nucléoles vont entrer eux-mêmes
en résolution.
O : 120 sur 108; N : 72 sur 64.
FIG. 6 et 7. Premières étapes de la résolution en magma typique. En 7, les
nucléoles secondaires apparaissent.
FIG. 6. O : 28 sur 32; N : 18 sur 20.
FIG. 7. N : 36 sur 40.
FIG. 8. Magma secondaire, dû à la résolution des nucléoles primaires et se-
condaires.
O : 268 sur 240; N : 108 sur 112.
FIG. 9. Résolution en boudins typiques.
O : 260 sur 298; N : 112 sur i38.
FIG. 10. Les boudins s'étendent dans le caryoplasme.
O : 5i8 sur 480; N : 190 sur 200.
FIG. H. Ils s'étendent de plus en plus. Fin de la résolution.
O : 504 sur 672; N : 278 sur 200.
39
286 J B. CARNOY et H. LEBRUN
FIG. 12, 13 et 14. Résolution irradiante du filament primitif; les nucléoles
primaires sont presque mûrs.
FIG. 12. N : 25 sur 22.
FIG. 13. O : 88 sur 84; N : 56 sur 54.
FIG. 14. O : 104 sur 96; N : 64 sur 62.
FIG. 15. Tout le filament primitif se transforme en nucléoles primaires nom-
breux.
a. O : 36 sur 24 ; N : 18.
FIG. 16. Figure particulière, isolée au milieu des autres. On n'y voit pas
d'élément nucléinien filamenteux. Nucléoles de divers âges; les plus gros vont émettre
leur figure.
O : 208 sur 240; N : i32 sur 104.
FIG. 17. Tirée d'un individu adulte, le même qui a fourni les fig. 38 à 44.
Résolution précoce en goupillon.
N : 140 sur 48.
FIG. 18 à 21. Provenant d'un individu jeune.
FIG. 18. Filament nucléinien primitif d'un œuf très jeune.
O : 3o; N : 19.
FIG. 19 et 20. Sa résolution en magma primaire. Dans la fig. 20, les nu-
cléoles primaires sont mûrs.
FIG. 19.' O : 100 sur 88; N : 52 sur 48.
FIG. 20. O : 148 sur i36; N : 56 sur 88.
FIG. 21. Résolution des nucléoles en appareil filamenteux à groupes étoiles.
O : 288 sur 260; N : 112.
FIG. 22 à 25. Prises d'un individu très jeune.
Résolution irradiante. Dans la fig. 25 le filament primitif a disparu. Dans la
FIG. 24, il en reste encore des débris; les premiers nucléoles se résolvent en filaments;
formation des nucléoles secondaires à l'aide de granules.
FIG. 22. O : 28 sur 32; N : 18 sur 20,
FIG. 23. O : 98 sur 92; N : 45 sur 48.
FIG. 24. O : i38; N : 70 sur 65.
FIG. 25. O : 120; N : 68 sur 64.
FIG. 26 à 29. Résolution serpentine.
Les FIG. 26 et 27 proviennent d'un jeune animal.
FIG. 26. Gros nucléole en résolution dans un caryoplasme dépourvu de tout
élément nucléinien.
O : 170; N : 90 sur 71.
FIG. 27. Elle marque tous les stades de la résolution des nucléoles en ser-
penteaux ; au sommet le caryoplasme n'est pas encore envahi.
O : 38o sur 304; N : 168 sur 164.
FIG. 28. Provenant d'un individu adulte.
Fait suite aux précédentes ; les serpenteaux sont plus épais et granuleux.
O : 520 sur 632; N : 220 sur 240. Gross. : D X 4-
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 287
FIG. 29. Provient aussi d'un individu adulte.
Fait suite aux précédentes. Les nucléoles commencent à se résoudre autrement.
Cette figure marque la fin de la première période.
O : 740 sur 584 ; N : 236 sur 2S0.
PLANCHE II.
FIG. 30. Immense nucléole, tenant sur six coupes, donnant naissance à un
grand nombre de goupillons. Début de la seconde période.
O : 584 sur 610; N : 180 sur 208.
FIG. 31. Résolution hétérogène; plusieurs sortes de figures.
O : 720 sur 740; N : 200 sur 262.
FIG. 32. Résolution hétérogène dans un œuf plus avancé en âge. Les nou-
veaux nucléoles marchent vers la périphérie sur une zone régulière.
O : 2040 sur 1720; N : 400 sur 528.
FIG. 33. Même résolution dans un œuf provenant d'un autre individu. Même
observation concernant les nucléoles nouveaux.
O : 1640 sur 1484; N : 440 sur 384.
FIG. 34. Même résolution, mais les filaments, issus des nucléoles, sont noueux
et se désagrègent en sphérules.
O : 1700; N : 240 sur 340.
FIG. 35. Même résolution. Grand nombre de nucléoles en voie d'émettre leurs
filaments minces et réguliers. Nombreux nucléoles nouveaux distribués zur une zone
circulaire. Provenant d'un autre individu adulte.
O : loSo; N : 328 sur 38o.
FIG. 38. Faisant suite à la fig. 17. Nucléoles se résolvant en plumeaux.
Œuf encore jeune.
O : 692 sur 248; N : 240 sur 96.
FIG. 36 et 37. Elles proviennent du même individu adulte. Résolution en
pattes d'oie, indiquant, la 3° période.
FIG. 36. O : 1390; N : 235 sur 36o. ~"
L'œuf de la fig. 37 est plus âgé.
O : 1468; N : 3io sur 352.
PLANCHE III.
FIG. 39 à 44. Proviennent du même individu que fig. 17 et 38.
FIG. 39. Faible grossissement, A X 4, pour montrer la disposition unilatérale
des nucléoles, et la plage de résolution occupée par les plumeaux.
FIG. 40. Grandes figures en goupillons bouclés. Elles proviennent de la ré-
solution des nucléoles, comme l'indiquent les deux figures suivantes.
39.
288 J. B. CARNOY et H. LEBRUN
FIG. 41 et 42. Divers nucléoles en voie de former leurs pattes et d'émettre
leur contenu sous la forme de blocs séparés, lesquels donnent ensuite naissance aux
filaments et aux boucles du goupillon.
Au bas de la fig. 42, 'deux nucléoles coupés; on y voit leur membrane,
leur car3'oplasme et leur élément nucléinien.
FIG. 43. Désagrégation sur place, en granules ou sphérules, des figures bouclées.
FIG. 44. La désagrégation est presque achevée. A côté des sphérules pleines,
futurs nucléoles, un nombre incalculable de sphérules dissoutes, vides.
FIG. 40. O : i8oo sur 2240; N : 844 sur 482.
FIG. 43. O : 2100 sur 236o ; N : 368 sur 400.
Les FIG. 45 à 50, provenant d'individus différents, indiquent la résolution des
nucléoles pendant la dernière étape, avant la maturité.
FIG. 45. Les nucléoles émettent des boules, qui produisent ensuite les plu
meaux grossiers, à rayons couverts de sphérules de toute dimension.
O : 3640 ; N : 892 sur 520.
FIG. 49. Même facture, mais à figures plus réduites.
O : 338o; N : 340 sur 410.
Dans ces deux figures, le caryoplasme est entièrement rempli de granules ou
sphérules de résolution.
FIG. 46. On voit, sur cette figure, les cordons à groupes étoiles encore ren-
fermés en partie à l'intérieur des nucléoles.
O : 3520; N : 38o sur 448.
FIG. 47. Elle marque le commencement d'une résolution. Nucléoles nombreux
dont quelques-uns seulement ont formé des pattes, et émis en même temps de
longues séries de blocs irréguliers et isolés. Le caryoplasme est presque dépourvu
de grsjiules de résolution.
O : 3240 ; N : 340 sur 520.
FIG. 48. A peu près la même que fig. 46. On remarquera l'élément nu-
cléinien tortillé à l'intérieur des nucléoles encore au repos.
O : 35oo; N : 440 sur 56o.
FIG. 50. Faible grossissement, D X 2, pour montrer l'ensemble de la vésicule.
Nombreux nucléoles périphériques, petits, en résolution sphérulaire. Les nucléoles
intérieurs, volumineux, émettant leur minces cordons étoiles, et souvent croisés deux
à deux.
FIG. 51. Mêmes nucléoles plus fortement grossis : i,3o X 4-
O : 355o; N : 620 sur 480.
FIG. 52. Noyau à maturité, provenant d'un individu sacrifié le 24 juin. Le
groupe des nucléoles s'est placé latéralement. Le caryoplasme est plissé ; on n'y voit
aucun granule d'une résolution antérieure. La membrane folliculaire s'est infléchie
pour former la fossette. — Grossissement : A X 4-
FIG. 53. Groupe de nucléoles plus fortement grossi : i,3o X 4- Deux seulement
commencent à dérouler leur filament.
LA VÉSICULE DES BATRACIENS 289
FIG. 54. Autre no3'au du même animal, dans le même état que le précédent,
c'est-à-dire au premier début d'une résolution. Aucun granule, aucun élément nucléinien
dans le caryoplasme.
FIG. 55. Coupe exécutée dans le noj'au précédent, suivant la ligne xx. On a
dessiné sur cette figure tous les nucléoles en résolution du no5'au, au nombre de 14.
O : 3750 ; N : 435, moyenne des deux diamètres.
FIG. 56. Formation de nucléoles nouveaux, pendant la seconde période, à l'aide
des sphérules de résolution qui viennent se grouper à la périphérie et s'entourer
d'une membranule.
FIG. 57 à 62. Formation des enclaves vitellines.
FIG. 57. Plages formatrices naissant dans le cytoplasme.
FIG. 58. Deux de ces plages plus avancées : elles se vacuoliscnt, les jeunes
enclaves se montrent sous la forme de petits granules sur les trabécules.
FIG. 59. Deux groupes encore plus âgés; les vacuoles ont grandi et sont
devenues plus nombreuses; les enclaves deviennent plus volumineuses et remplissent
les cordons.
FIG. 60. Portion de la bande circulaire formée par la fusion des plages va-
cuolisées. Les enclaves ont augmenté de volume ; elles se dirigent sur les cordons
vers l'intérieur du cytoplasme, qui se vacuolise à son tour pour recevoir les plaques
vitellines.
FIG. 61. Les grandes vacuoles sont coupées par des cordons et divisées en
vacuoles de plus en plus petites; la vacuolisalion du cytoplasme s'étend vers le noyau.
FIG. 62. ■ Nouvelles «plages formatrices près du noyau; les enclaves récentes qui
s'y forment se répandent dans le cytoplasme, en se dirigeant vers les anciennes,
déjà volumineuses.
PLANCHE IV et V (Pleuvodèle)
Premier type : FIG. 1 à 23.
Deuxième tj'pe : FIG. 24 à 30.
Troisième tj'pe : FIG. 31 à 44.
PLANCHE IV.
FIG. 1, a. Grossissement : i,3o X 6- Œuf très jeune; filament nucléinien nor-
mal, déjà granuleux.
O : 3o sur 20; N : i5.
FIG. 1, b. Noyau plus avancé; granules du filament plus évidents; nucléoles
primaires.
O : 52 sur 40 ; N : 2S sur 24.
FIG. 2, a. Œuf très jeune, avec élément nucléinien ramassé au centre du noyau.
O : 25 sur i5; N : i3.
290 J- B. CARNOY et H. LEBRUN
FIG. 2, b. Noyau plus âgé; le filament se résout en granules; nucléoles se-
condaires à la périphérie.
N : 3o sur 25.
FIG. 3. Noj-au plus avancé; la résolution granuleuse s'accentue; nucléoles pri-
maires et secondaires contre la membrane nucléaire.
O : 84 sur 76; N : 48 sur 44.
FIG. 4. La résolution irradiante est achevée; caryoplasme dépourvu de granules
et d'éléments nucléiniens.
O : 160 sur 148; N : 90 sur 88.
FIG. 5. Fin de la résolution en goupillons des nucléoles.
O : 172 sur 160; N : 100 sur 96.
FIG. 6. État du no3'au quand la résolution est complète; plus d'élément nu-
cléinien figuré ; quelques groupes de granules seulement dans le caryoplasme.
O : 200; N : 106, en moyenne.
FIG. 7. Goupillons émis par les nucléoles au milieu d'une résolution.
O : 208 sur 180; N : 118.
FIG. 8. Même phénomène dans un œuf plus âgé.
O : 280 sur 248; N : 112 sur 128.
FIG. 9. Période secondaire. Résolution des nucléoles en plaques parallèles,
donnant ensuite naissance à des plumeaux.
O : 260 sur 26S; N : 144 sur 140.
FIG. 10. Grossissement : D X 4- Nucléoles émettant un ou plusieurs filaments,
à masses nucléiniennes serrées, se transformant ensuite en longs goupillons.
O : 392 sur 460; N : 200 sur 220.
FIG. 11. Résolution exceptionnelle des nucléoles.
O : 404 sur 416; N : 224 sur 172.
FIG. 12. Longs goupillons, comme dans la fig. 10. Faible grossissement :
D X 2. Disposition unilatérale des nucléoles; ils s'avancent à l'intérieur du noyau
pour s'y résoudre.
O : 600; N : 275, en moyenne.
FIG. 18. Résolution particulière des nucléoles chez un individu adulte (voir texte).
O : 680; N : 285.
FIG. 13 à 17; FIG. 19 à 22. Résolution en pattes, pendant la troisième pé-
riode. Œufs de divers volume, depuis 700 [j. jusqu'à 1400 \>., leur noyau mesurant
de 260 [A à 480 |j..
La résolution des nucléoles en figures variées est suffisamment indiquée dans
tous ces dessins.
PLANCHE V.
FIG. 21 et 22. Nous venons d'en parler.
FIG. 23. Vue générale du noyau dans un œuf très voisin de sa maturité. Dis-
position latérale des nucléoles. Figures en goupillon. Le caryoplasme est vierge de
granules et d'élément nucléinien, en dehors des nucléoles et de leurs figures.
O : i36o; N : 372 sur 436.
LA VESICULE DES BATRACIENS 29!
FIG. 24 à 30. Résolution en magma.
FIG. 24. Jeunes œufs et jeunes noyaux. Dans ceux-ci, l'élément nucléinien s'est
ramassé, au centre du caryoplasme hyalin, sous diverses formes ; il est très dense.
O : 28; N : 14 à 16.
FIG. 25. Les anses nucléiniennes commencent à s'écarter, après s'être gonflées.
O : 42; N : 22.
FIG. 26 et 27. Elles sont séparées d'avantage et s'épandent en magma. Dans
la FIG. 27, on voit de jeunes nucléoles secondaires à la périphérie.
FIG. 26. O : 72 sur 60; N : 38 sur 42.
FIG. 29. Magma en fer à cheval avec vacuoles; nouveaux nucléoles contre la
membrane.
O : 92 sur 1 1 2 ; N : 5o en moyenne.
FIG. 28 et 30. Magmas secondaires en désagrégation, comme l'indique le nom-
bre immense des granules répandus dans le caryoplasme.
FIG. 28. O : 148; N : 80.
FIG. 30. O : 172; N : 88.
FIG. 31. Jeunes œufs et jeunes noyaux d'un autre individu. En a, formation
des nucléoles à l'aide de portions du bo3'au primitif; on voit les bouts coupés des
anses de ce filament. En b, c, d, e et f, formation de nombreux nucléoles; le fila-
ment primitif disparait. En c, le premier nucléole formé est déjà presque mùr.
a, O : 52 sur 36; N ; 18.
FIG. 33. Résolution particulière des nucléoles en anneaux moniliformes.
O : 100 sur 72; N : 56 sur 48.
FIG. 32. Résolution normale des nucléoles en filaments, souvent géminés, à
groupes étoiles.
N : 68 sur 65.
FIG. 34. Même genre de résolution dans un noyau un peu plus âgé; on voit
le filament à l'intérieur des nucléoles.
N : 88 sur 72.
FIG. 35. Résolution un peu spéciale en rameaux étoiles et portant des sphérules.
O : 172 sur 260; N ; 116 sur 82.
FIG. 36. Les nucléoles donnent naissance à de grosses boules terminées par
des goupillons.
N : 128.
FIG. 37. Faible grossissement : D X 2. Les nucléoles s'apprêtent à se résoudre
en boules, sans plumeaux.
N : 145.
FIG. 38. Les nucléoles se portent au centre pour se résoudre en sphérules par
une sorte de gemmation.
O : 520; N : igo, en moyenne.
FIG. 39. Commencement de la période secondaire; nucléoles en anneaux, don-
nant ensuite de longs filaments radiés.
O : 720 sur 610; N : 260 sur 248.
292 J B. CARNOY et H. LEBRUN
FIG. 40. Certains nucléoles se résolvent en pelotons; d'autres en longs fila-
ments qui se tortillent en anses bouclées
N : 270 sur 260.
FIG. 41 à 44. Figures particulières provenant du même animal.
FIG. 41. Deux jeunes noyaux, dont l'élément nucléinien s'est condensé au centre
du caryoplasme en une sorte de nucléole-noyau. En a, quatre petits nucléoles dé-
tachés du filament primitif.
a, O : 48 sur 40; N : 25 sur 22.
FIG. 42. Le gros nucléole central en résolution filamenteuse à groupes étoiles.
N : 48.
FIG. 43. Les petits nucléoles se résolvent comme dans la figure précédente,
tandis que la masse centrale donne naissance à un magma.
N : 60.
FIG. 44 Figure sporadique en boudin.
O : 184 sur 180; N : 100 sur 88.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION.
§ 1. Le noyau et la vésicule genninative
1° Le noyau ......
2° Le nucléole et les taches de Wagne.i
30 Remarques au sujet des observations ultérieures
Constitution chimique du noyau et des nucléoles; critique de l'opinion de Schwar,
Nucléines et plastines ....
Parachromatine et paranucléine
Nucléoles plasmaliques et nucléinicns ; critique de l'opinion de Zacharias
Autonomie du noyau ....
Structure réticulaire du noyau et du cytoplasme
Structure filaire .....
Structure alvéolaire ; critique de la théorie de Bûtschu
Structure granulaire; théorie d'ALTMANN
L'histone du noyau ....
Nucléo-albumine du noyau ....
Archoplasme et sphères attractives; critique des travaux de E. Van Beneden et Bov
Corpuscule polaire et centrosome .
§ 2. Matériaux et méthodes pour l'étude de la vésicule genninative des batraciens.
Matériaux .....
Méthodes de préparation . . , .
Fixation. .....
Coloration .....
191
191
192
194
195
195
19S
199
202
2o3
2o3
304
205
206
206
207
210
211
212
212
2l3
2l5
Première Partie.
I.BS UROD ELES.
La Salamandre.
Ape'rçu général ....
Les trois périodes du développement de l'ovocyte
219
221
Chapitre I.
Métamorphoses de l'élément nucléinien.
§ I. Première période.
1° Disparition du filament nucléinien primitif
a) Résolution en magma .
b) Résolution irradiante .
222
223
294
J. B. CARNOY et H. LEBRUN
2° Dissoluiions et figures nucléolaires pendaiit la première période
a) Résolution en magma secondaire
b) Résolution en boudins. ,
c) Résolution serpentine. .
d) Résolution étoilée
e) Résolution en goupillons
Remarques .
§ 2. Deuxième période.
Aperçu général ....
Résolution hétérogène; figures de la 2" période
§ 3. Troisième période.
Figures en pattes d'oie
Goupillons bouclés
Figures réduites .
Figures en peloton à la maturité
Résumé
227
227
227
229
23o
23 1
332
233
235
239
240
241
244
247
Chapitre II.
Le Caryoplasme et le Cytoplasme.
§ 1 . Le Caryoptasme.
Sa structure réticulée
Son irradiation dans les figures
§ 2. Le Cytoplasme et ses enclaves.
Structure réticulée des jeunes œufs.
Introduction des vacuoles .
Premièris plages formatrices des enclaves
Apparition des plaques vitellines
Migrations des enclaves dans le cytoplasme .
Plages . formatrices supplémentaires .
Structure vacuolaire définitive des œufs
Phénomènes chimiques de la formation des corps vitellins
Corps intravitellins ....
248
249
249
25o
25o
25 1
2S2
252
253
254
255
II.
II
Le Pleui-otièle.
Le Cytoplasme et le Caryoplasme
L'élément nuctéinien ....
Premier type.
1° Première période ....
a) Résolution irradiante du filament primitif
b) Figures nucléolaires en goupillon .
2° Deuxième période ....
Résolution hétérogène
30 Troisième période . . , .
Résolution en pattes
Second type.
Résolution en magma de la première période
257
258
259
260
261
262
262
264
264
266
LA VESICULE DES BATRACIENS
295
III. Troisième type.
lo Première période ....
Résolution totale du filament primitif en nucléoles
Figures nucléolaires variées
z° Seconde période; figures hétérogènes .
Figures particulières
Résumé ....
267
267
268
269
270
271
Aperçu général sur les nucléoles.
I. Constitution chimique des nucléoles
II. Leur constitution organique .
III. Genèse des nucléoles :
a) Primaires
b) Secondaires : première période .
c) Tertiaires : seconde et troisième période
IV. Nombre des générations nucléolaires .
V. Nombre et position des nucléoles
VL Division et fusion des nucléoles
VII. Nucléoles et caryoplasme
VIII. Nucléoles et figures de résolution
Explication des planches
273
276
277
277
278
280
280
281
282
283
285
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Planche I.
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LE DÉVELOPPEMENT SÉMINAL
N.
DANS LE GENRE
VERONICA
PAR
Alph. MEUNIER
Professeur a l'université de Louvain.
(Mémoire déposé le lo mars 1897.)
40
LE DÉVELOPPEMENT SEMINAL
DANS LE GENRE
"V :E3 I=Ê O TV T C J^
INTRODUCTION.
En reprenant l'étude du développement séminal dans le genre Veronica,
auquel nombre de botanistes déjà ont touché, à l'un ou l'autre point de vue,
nous nous proposons de rectifier de nombreuses erreurs d'interprétation
qui nous semblent encore régner sur ce sujet.
Amené par là à refaire l'histoire complète de ces graines intéressantes,
nous aurons l'occasion d'élucider les points suivants :
1° La genèse et la structure de l'ovule.
2° Le développement du sac embryonnaire.
3° La fécondation.
4" La genèse et le développement de l'endosperme.
5° L'évolution et la structure des annexes de l'endosperme.
6" Le développement de l'embryon.
7° L'origine et la structure du spermoderme.
Tout en présentant de notables différences dans le nombre, la grosseur,
la structure et la forme définitive de leurs graines, les diverses espèces de
N, Veronica suivent dans leur développement séminal un plan commun. C'est
ce plan surtout qu'il importe de reconnaître, avant d'accorder son attention
aux variantes qui donnent à chacune son cachet spécial.
Nous nous proposons de le mettre en lumière en nous adressant surtout
aux espèces hederaefolia, agrcstis, persica, triphyllos et arveiisis, qui nous
ont semblé synthétiser tout l'intérêt qui s'attache à leurs nombreuses con-
génères.
300 Alph. MEUNIER
I. Développement de l'ovule jusqu'au moment de la fécondation.
L'ovule très jeune, réduit encore à un petit mamelon cellulaire, pré-
sente un nucclle proéminent composé d'une cellule centrale entourée d'une
seule cissise cellulaire, nu, fig. l, Pl. I {l'eronica triphyllos).
Le tégument ovulaire unique, tg, fig. 2 {Ver. triphyllos), prompt à se
développer, se montre d'abord sous la forme d'un petit bourrelet formé de
trois assises cellulaires : deux épidermiques : l'une interne, /, l'autre ex-
terne, c; et une intermédiaire, p.
Ce bourrelet gagne rapidement le sommet du nucelle et le dépasse en
enveloppant cet organe, fig. 3 {Ver. hederaefolia), même légende.
Pendant que le tégument continue son accroissement rapide, l'assise
intermédiaire, /i, du tégument se dédouble d'une façon irrégulière, pjn, fig. 4
{Ver. hederaefolia) et fig. 5 {Ver. agrestis) et donne naissance plus tard à
une couche parenchymateuse produite par divisions obliques, ici et là,
dans les deux assises préalablement obtenues. Cette couche parenchyma-
teuse n'est jamais bien épaisse et ne dépasse guère trois ou quatre épaisseurs
de cellules, sur la face antérieure de l'ovule, comme on pourra s'en con-
vaincre par l'examen des figures ultérieures. Sur les côtés, elle devient un
peu plus épaisse.
Entretemps, l'ovule qui était semi-anatrope à son origine, s'incurve de
plus en plus sur son funicule concrescent, par suite de l'extension rapide
de la région dorsale, r, fig. 4 et 8 {Ver. hederaefolia) et fig. 5 et 6 {Ver.
agrestis). Cette région dorsale constituera une espèce de raphé , exempt
toutefois de tissus conducteurs nettement différenciés. Ce sont des cellules
étroites, plus ou moins allongées et à parois assez minces, qui jouent le rôle
de ceux-ci.
Tous les détails d'organisation relatés jusqu'ici sont rendus visibles,
, sous un autre aspect, dans la coupe transversale d'un ovule de Ver. persica,
fig. 7, pratiquée dans un ovule du même âge à peu près que celui de la
fig. 6 et suivant la ligne AB indiquée dans cette figure. On remarquera
dans cette coupe que, outre ses deux cpidermes interne et externe, le tégu-
ment comporte un nombre variable d'assises de cellules parenchymateuses
interposées, d'après l'endroit considéré. L'élargissement de l'ovule suivant
l'axe CD explique ces différences.
Dès lors déjà s'accuse dans le funicule, à la base de l'ovule, un étran-
glement h, qui marquera la position du hile, fig. 4, 6, 8 et suivantes.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 30 1
D'autre part l'ouverture micropylaire, m, d'abord béante, fig. 3, se ré-
trécit bien vite par l'allongement et le rapprochement des bords antérieurs
du tégument. Il en résulte pour les ovules l'aspect des fig. 4 {Ver. hederae-
folia) et FIG. 5 (FcT. agreslis), au moment où commence le développement
du sac embryonnaire.
Celui-ci tire son origine de la cellule sous-épidermique du sommet du
nucelle. Cette cellule prend de suite un développement marqué et son
no3'au, //5, subit immédiatement la première bipartition, n$j,. Une vacuole
r, FIG. 6 et 8, formée dans le milieu de la cellule sépare rapidement les deux
noyaux-filles et les refoule vers les deux pôles opposés du sac.
Sitôt que cette première bipartition du noyau s'est produite et pendant
même qu'elle s'opère, l'épiderme du nucelle devient plus réfringent dans sa
moitié supérieure; les noyaux y disparaissent, le protoplasme s'y transforme
en une matière d'apparence gommeuse, fig. 6 et 8. En effet, cet épiderme
gélifié se fond et est de suite incorporé dans le sac embryonnaire qui s'élar-
git ainsi dans sa partie micropylaire de tout l'espace occupé préalablement
par cette portion de l'épiderme nucellaire.
Plus bas l'épiderme nucellaire, en, ne se résorbe pas; mais, ses cellules
ne proliférant plus, il s'atrophie progressivement et finit par devenir peu
distinct, bien que ses membranes cellulaires soient conservées. Il n'y aura
plus lieu de s'en occuper ultérieurement.
Bientôt après, car le développement ovulaire marche avec une extrême
rapidité dans ces végétaux, une nouvelle bipartition s'opère dans les deux
noyaux du sac embryonnaire, iisj^, fig. 9 (Ter. bederaefolia) et fig. 10 (Ver.
agreslis). Pendant que cette division s'opère, on voit que l'épiderme interne,
i, du tégument devenu d'abord riche en fécule dans la région micropylaire,
commence à son tour à y devenir réfringent et à subir la gélification qui
s'est produite tout-à l'heure dans l'épiderme nucellaire, fig. 9 et 10.
Cette fusion de l'épiderme interne du tégument et son absorption con-
sécutive par le sac embiyonnaire dans la région micropylaire sont déjà com-
plètes généralement, quand se produit la troisième bipartition des noj'aux
du sac embryonnaire, fig. Il {]^er. Jwderaefolia) et fig. 12 [Ver. agrestis].
Par suite de la double gélification : i° de l'épiderme du nucelle et,
2° de l'épiderme interne du tégument dans la région micropylaire de l'ovule,
le sac embryonnaire qui s'en est assimilé les produits s'y trouve considéra-
blement élargi, alors qu'il reste sensiblement plus étroit dans la région
chalazienne, où ces phénomènes ne se sont pas produits. Là, au contraire,
302 Alph MEUNIER
l'épidermc interne, /, du tégument prend un développement radial assez
accusé et prolifère abondamment.
De là, la forme de cornue que prend le sac embryonnaire dans la plu-
part des espèces, fig. 12'.
Dans l'espèce hedei'aefolîa, fig. 11, l'élargissement hâtif de la partie
moyenne du sac, obtenu par refoulement, mais sans nouvelle digestion des
tissus limitrophes, donne à cet organe la forme d'un fuseau ou mieux d'une
massue, car la moitié micropylaire y est néanmoins notablement plus ren-
flée que l'autre.
Les trois cellules antipodes, an, se délimitent les premières et se trou-
vent naturellement superposées l'une à l'autre dans l'extrémité chalazienne
très étroite du sac embryonnaire, fig. il, 12, 13, 14 et autres.
Les deux synergides se dessinent autour des deux noyaux-filles issus
de la dernière bipartition de celui des noyaux du sac qui se trouve le plus
rapproché du micropyle. Elles sont placées symétriquement, à peu près,
par rapport au plan longitudinal antéro-postérieur, suivant lequel les di-
verses coupes de l'ovule sont figurées dans la Pl. I, sy, fig. 13 {l'er. agrestis),
fig. 14 (Ver. hederaefolia).
L'oosphère, os, fig. 13 et 14, formée en même temps avec le noyau
placé un peu plus bas, se trouve située entre les deux synergides et consé-
quemment dans le plan antéro-postérieur de l'ovule, comme le montrent suf-
fisamment les diverses figures de la planche I. Généralement elle est dirigée
vers la face antérieure ou ventrale de l'ovule, fig. 13, 14, 16, exceptionnelle-
ment vers la face postérieure ou dorsale, vers le raphé, fig. 15 et 25.
Cette cellule, bien que s'allongeant davantage vers le centre du sac
embryonnaire, s'insère cependant tout en haut sous le micropyle entre les
deux synergides. Son protoplasme est vacuoleux vers le haut, dense vers le
bas, autour du noyau. Sa membrane est extrêmement mince comme celle
des synergides et n'a, pour le moment, rien de cellulosique.
Quant aux deux noyaux qui doivent reconstituer le second noyau du
sac embryonnaire, point de départ de l'endospermc, ils s'accusent de suite
par leurs dimensions supérieures à celles des autres et se mettent rapidement
en contact, sans le fusionner toutefois de suite, fig. 13 et 14. Dans l'espèce
hederaefolia, fig. 14, ils se tiennent vers le milieu du sac embryonnaire
fusiforme. Dans les autres espèces, à sac embryonnaire généralement
en forme de cornue, on les voit d'abord dans la partie renflée, fig. 13
( / 'er. agrestis).
I
I
I
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 303
On remarquera que chacun des huit noyaux du sac n'a qu'un seul gros
nucléole central.
La fécule, /, qui apparaît sous la forme de petits grains dans le sac
embryonnaire dès le début de son développement s'y accumule de plus en
plus et devient l'un des plus grands obstacles à l'observation des phéno-
mènes qui s'y produisent. Cette fécule sera utilisée plus tard dans la for-
mation de l'endosperme et des bizarres productions qui accompagnent
celui-ci.
Lorsque les ovules présentent l'aspect des fig. 13 et 14, tout est prêt
pour la fécondation; car la cellule femelle, l'oosphère, est constituée et,
d'autre part, on aperçoit toujours l'extrémité d'un boyau pollinique, bp,
dans le voisinage immédiat de l'orifice micropylaire.
II. Fécondation et Phénomènes concomitants.
§ I . Fécoti dation.
Le boyau pollinique très réfringent et bizarrement contourné au voisi-
nage du micropyle, pénètre dans celui-ci, le parcourt rapidement et, arrivé
au fond, s'épate en se ramifiant généralement un peu sur le sommet des
synergides avec lesquelles il se trouve directement en contact, fig. 15 {J'er.
agrestis) et 16 {Ver. hederaefolia).
Presque en même temps, on remarque dans les synergides ou du moins
dans l'une d'elles des modifications très sensibles.
Le noyau y devient invisible; il semble se fondre avec tout le contenu
cellulaire en une substance homogène, réfringente, qui met la cellule en
évidence et accentue sa délimitation d'avec le protoplasme granuleux, va-
cuoleux et féculent du sac embiyonnaire.
La disparition du noyau primitif et l'homogénéité obtenue du proto-
plasme rendent plus facile, peut-être, l'observation dans l'une des synergides
d'un corps extrêmement petit, nm, fig. 17 {Ver. persica), qui y apparaît
bientôt et qui, d'après la technique que nous avons dû suivre pour l'aperce-
voir, ne se montre que sous la forme d'un très petit nucléole à peine accom-
gné de quelques infimes granulations. C'est le noyau mâle qui, après avoir
pénétré dans la synergide, sans doute par gélification des membranes en un
point de contact du boyau pollinique et de la synergide, y descend de plus
en plus, en laissant derrière lui comme un faible sillage du trajet effectué.
304 Alph, MEUNIER
Ce petit noyau, continuant sa descente, passe ensuite dans l'oosphère
en un point situé vers le bas de la synergide, où sa limite avec l'oosphère
devient à cet instant indistincte. Bientôt après, fig. 18 (Tét. persica), le noyau
mâle, uni, se voit accolé au noyau femelle de l'oosphère, nf, sans que celui-ci
ait subi aucun changement apparent.
Il faut avoir suivi le petit noyau mâle dans ses positions successives pour
pouvoir le reconnaître encore lors de son contact avec celui de l'oosphère;
si non, on serait exposé à le prendre pour une granulation du noyau femelle
un peu plus grosse que les autres ou pour un second nucléole beaucoup plus
petit que le premier. C'est le moment de rappeler, en effet, que le noyau de
l'oosphère, de même que les sept autres noyaux du sac embryonnaire, ne
présente jamais qu'un seul gros nucléole central.
L'espèce persica, dont le sac embryonnaire est moins gorgé de fécule,
nous a paru surtout favorable à l'étude, assez difficile du reste, de ces phéno-
mènes intimes.
Nous avons pu y faire et refaire maintes fois l'observation des faits dont
les deux fig. 17 et 18 montrent suffisamment l'allure générale. Ces figures
sont des réductions de dessins pris à la chambre claire avec objectif à im-
mersion homogène.
Ces faits se reproduisent du reste de façon identique dans l'espèce
agrestis, fig. 20 et 22, et dans l'espèce hederaefolia, fig. 19 et 21, où nous
avons pu aussi en faire l'observation. Dans les fig. 19 et 20, le noyau mâle,
nm, est encore dans la synergide; dans les fig. 21 et 22 ce même noyau
s'est mis en contact avec le noyau femelle, nf, dans l'oosphère.
Lorsque le contact est établi, l'oosphère s'allonge d'abord par son ex-
trémité libre en un petit tube vacuoleux, le noyau restant en place, fig. 18.
Plus tard le noyau descend dans cette partie plus étroite et se tient con-
stamment, sans se modifier, â une petite distance du sommet de l'oosphère,
pendant que celle-ci continue son allongement. Cet allongement dure assez
longtemps comme nous le verrons bientôt. Pendant qu'il se produit, le pro-
toplasme de l'oosphère émigré progressivement de la partie abandonnée par
le noyau pour suivre celui-ci et se concentrer autour de lui.
§ 2. Genèse de Vendosperme et de ses annexes.
Nous devons abandonner maintenant l'évolution de l'oosphère, pour
nous occuper des autres phénomènes qui se sont produits simultanément
dans le sac embryonnaire. \
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 305
Dès que le boyau pollinique est arrivé au contact des synergides et
avant même qu'on puisse constater le déversement de l'élément mâle, il se
produit un mouvement dans les deux noj-aux qui doivent constituer le se-
cond noyau du sac embryonnaire, noyaux d'abord accolés et logés dans la
partie dilatée du sac, comme le montrent les fig. 13 et 14. Ces noyaux
descendent dans la partie rétrécie du sac, laissant derrière eux une espèce
de faible sillage dans le protoplasme, indice de leur passage. En descendant
ils se fusionnent et en même temps leurs éléments chromatiques se mettent
en couronne équatoriale, ne, (noyau endospermique), fig. 16 {Ver. agrestis);
et bientôt après en couronnes polaires, fig. 15 {Ver. hederaefolia), parcou-
rant ainsi rapidement toutes les phases de la caryocinèse.
Les éléments chromatiques s'y trouvent nombreux; mais nous n'avons
pu les compter sûrement.
La figure caryocinétique a son axe parallèle au grand axe du sac em-
bryonnaire. Elle occupe presque toute la largeur du sac dans les espèces où
celui-ci est rétréci, fig. 16. Elle y est immédiatement entourée du proto-
plasme féculent qui en rend l'observation et l'étude difficiles. Dans l'espèce
hederaefolia, où la portion moyenne du sac est plus large, elle est plus à
l'aise et plus grande; les grains de fécule sont en outre refoulés de son
voisinage immédiat, fig. 15.
La plaque cellulaire, qui se dessine bientôt au centre du fuseau, fig. 15,
s'étend ensuite vers la périphérie et gagne enfin les parois du sac embryon-
naire, fig. 19 [Ver. hederaefolia] et fig. 20 [Ver. agrestis], qui se trouve ainsi
coupé en deux parties presque égales, possédant chacune un noyau-fille, nej^.
La plaque est à peine formée qu'elle se clive pour amener la séparation
des deux masses protoplasmatiques; mais il n'y apparaît pas de membrane
cellulosique.
De ces deux portions du sac embryonnaire, celle qui confine aux anti-
podes est définitivement exclue de toute participation à la formation de
l'endosperme.
Nous l'appellerons annexe chala^ienne de l'endosperme, en raison de
sa position vis-à-vis de la chalaze de l'ovule.
Son noyau, a, fig. 19 et 20, se divise immédiatement en deux, a,,
FIG. 21 []'er. hederaefolia) et 22 {Ver. agrestis), peut-être par étranglement;
car, malgré notre attention expresse nous n'avons jamais pu y apercevoir
ni figures de division, ni fuseau bien marqué, si ce n'est une traînée dans
le protoplasme, produite par l'écartement des deux noyaux issus de la
41
3o6 Alph. MEUNIER
bipartition. Ces deux noyaux ne subissent plus de division ultérieure. Ils
grandissent plus tard beaucoup, acquièrent des nucléoles souvent assez
nombreux, irréguliers de forme, et restent assez rapprochés l'un de l'autre
dans la masse protoplasmatique qui les entoure. Celle-ci prend elle-même
dans la suite un développement considérable, dont nous reprendrons l'évo-
lution plus loin.
Revenons à la portion du sac embryonnaire qui confine à l'oosphère.
Après un temps d'arrêt fort court, son noyau ue_^ se divise suivant le
plan antéro-postévieiir de l'oinile; c'est-à-dire que la plaque qui coupe le
fuseau est située dans le plan antéro-postérieur de l'ovule, fig. 21 {Fer. he-
deraefolia) et 22 (Ver. agi~estis). Pour l'apercevoir, il est donc nécessaire
d'examiner le sac embryonnaire, non pas de côté, comme dans les figures
précédentes, rmis par sa face antérieure, comme il est représenté dans les
FIG. 21, 22, 23 et 24.
De là une difficulté réelle d'observation; car en raison de leur forme,
les ovules se mettent naturellement dans les préparations sur le flanc, leur
position d'équilibre le plus stable, à cet âge.
La plaque cellulaire commencée dans le fuseau s'étend de proche en
proche, d'une part, jusqu'à la plaque transversale résultant de la première
division du sac et, d'autre part, jusqu'à la rencontre de l'extrémité de
l'oosphère qui, après s'être allongée à travers toute la partie dilatée du sac,
arrive déjà, à cet instant, à l'entrée de la partie rétrécie, fig. 22 {Ver. agrestis)
et FIG. 21 {hederaefolia).
La division du protoplasme ne dépasse pas cette limite; il en résulte
que celui-ci reste indivis dans la portion dilatée du sac.
Les deux noyaux, nej^, issus de la division dont il vient d'être question,
se remettent de suite simultanément en division et l'axe des fuseaux s'en re-
trouve de nouveau parallèle au grand axe du sac, fig. 23 {Ver. hederaefolia),
vue de face.
Après l'établissement des plaques cellulaires formées simultanément
au même niveau et en travers du sac, il résulte quatre noyaux, nej^, qui
représentent chacun un huitième du noyau endosperniique primitif , fig. 24
{Ver. agrestis).
Quelle sera la destinée de ces quatre noyaux ?
Les deux qui confinent à l'annexe chalazienne et qui occupent consé-
quemment le centre du sac embryonnaire constitueront seuls, avec le pro-
toplasme qui les entourent, les deux premières cellules de l'eudosperme.
I
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 307
Celles-ci ne représentent donc que les deux huitièmes ou un quart du
second noyau du sac embryonnaire.
Les deux autres noyaux, reconstitués aux dépens des deux couronnes
polaires qui regardent la partie dilatée du sac, fig. 24, sont tout simplement
refoulés dans le protoplasme indivis qui occupe cette région et qui consti-
tuera ce que nous appellerons Vannexe micropylaire de l'endospertne, à
cause de sa position vis-à-vis du micropyle.
Mais à peine ces deux noyaux, 2I?, fig. 24, se sont-ils reconstitués, ils
se divisent à nouveau, donnant ainsi naissance à quatre noyaux, 2^/^, fig. 25
(J'er. hederaefolia) et fig. 26 {Ver. agrestis), vues de côté, qui ne se diviseront
plus ultérieurement. Cette division pourrait bien se faire ici aussi par simple
étranglement et le processus doit en être très rapide, car il nous a été bien
difficile d'en saisir des étapes.
Ces quatre noyaux se trouvent d'abord là où ils ont pris naissance,
FIG. 26, dans la partie rétrécie du sac, qui entre temps s'est allongée
notablement.
Ils montent d'abord deux à deux de chaque côté de l'oosphère, os, qui,
ayant poursuivi son allongement, elle aussi, s'est déjà introduite profondé-
ment dans cette région, et bientôt ils débouchent dans la portion dilatée
où nous les retrouverons dans la suite notablement accrus, mais exempts
de toute division ultérieure.
III. Premières phases du développement de l'endosperme et de ses annexes.
§ I. Développement initial de rendosperme.
Pendant que se produisent les phénomènes qui viennent d'être relatés,
qu'advient-il des deux premières cellules de l'endosperme?
Ces deux cellules placées l'une à droite, l'autre à gauche du plan
antéro-postérieur du sac ou de l'ovule, ce qui revient au même, se divisent
à nouveau suivant un plan parallèle à l'axe longitudinal de ces organes,
mais perpendiculaire au plan antéro-postérieur, fig. 25 {1er. hederaefolia),
et fig. 26 (J'er. agrestis), vues de côté et ne montrant conséquemment le
phénomène de division que dans l'une des deux cellules primordiales.
Il en résulte quatre cellules (1) placées au même niveau dans le sac
embryonnaire qui commence à présenter, en cet endroit, une dilatation pro-
voquée par l'accroissement de ces cellules, fig. 26.
(i) Deux seulement de ces cellules peuvent être figurées de la façon dont elles sont présentées.
Celles-ci cachent les deux autres qui sont en dessous, c'est-à-dire de l'autre côté du sac embryonnaire.
3o8 Alph. MEUNIER
Cette dilatation est beaucoup moins sensible dans l'espèce hederaefolia,
FiG. 25, où elle n'est du reste pas commandée, puisque le sac embryonnaire
y est primitivement assez large à ce niveau.
La division qui survient ensuite, fig. 27 {Ver. persica), intéresse simul-
tanément les quatre premières cellules de l'endosperme et coupe celles-ci
transversalement, c'est-à-dire suivant un plan perpendiculaire au grand axe
du sac.
De là huit cellules comme dans la fig. 28 (Ver. agrestis) (i).
Cette division est suivie d'une autre dans le même sens, qui crée quatre
rangées de quatre cellules échelonnées les unes au-dessus des autres dans le
sens de la longueur du sac, fig. 30 (Ver. triphyllos), où la moitié, c'est-à-dire
huit seulement, de ces seize cellules sont visibles; et fig. 29 (Ver. hederaefo-
lia), où, grâce à la largeur du sac, douze de ces seize cellules peuvent être
vues, pourvu que l'on examine le sac embryonnaire un peu obliquement.
Notons en passant, qu'à ce moment, l'oosphère fécondée et encore
indivise, os, arrive au contact de l'endosperme naissant, fig. 28, 29 et 30.
Ces divisions sont suivies d'autres qui se font d'abord plus ou moins
régulièrement et alternativement suivant des directions perpendiculaires
l'une à l'autre.
Mais bientôt le cloisonnement cellulaire ne se fait plus avec la même
régularité. Le processus de division s'active intensément sur certains points
et se ralentit sur d'autres. De là l'excentricité qui se manifeste bientôt dans
la forme de l'endosperme. Nous en reprendrons plus tard le développement
ultérieur.
§ 2. Développement initial des annexes de l'endosperme .
Nous appelons annexes de l'endosperme les deux portions du sac em-
bryonnaire qui sont exclues de toute participation à la formation de l'endos-
perme : l'une, chalaiienne, ac, avec la moitié du noyau endospermique pri-
mitif l'autre, inicropylaire,ani, avec deux huitièmes ou un quart de ce noyau.
Ces annexes prennent plus ou moins tôt, suivant les espèces, un ac-
croissement considérable, dont le processus présente des variantes remar-
quables d'une espèce à l'autre.
Nous en rapporterons l'exposé à trois types qui nous ont semblé syn-
thétiser tous les autres.
(i) De ces huit cellules quatre seulement peuvent être figurées; les autres sont cachées par les
premières, daus la position qu'elles occupent.
LE DÉVELOPPEMENT SÉMINAL 309
ler Type. Veronica agrestis.
L'annexe chalazienne, ^c, est la première à se développer. A peine formée,
elle digère les antipodes et résorbe une partie des tissus chalaziens pour en
prendre la place, fig. 26. Bientôt après, dès que les huit premières cellules
de l'endosperme se sont formées, il se fait dans le sac embryonnaire, de part
et d'autre de ces cellules, un étranglement très accusé qui coupe en quelque
sorte cet organe en trois portions à peu près égales, fig. 28. Ces parties ne
communiquent plus dès lors entre elles que par deux étroits canaux autour
desquels les cellules épidermiques internes du tégument grandissent encore
en prenant un protoplasme plus aqueux, mais ne se divisent plus.
Autour de la dilatation centrale qui abrite l'endosperme naissant, cet
épidémie interne, i, conserve ses caractères de jeunesse et prolifère abondam-
ment par divisions radiales. Il en est de même, mais à ce niveau seulement
aussi, dans l'épiderme externe, e, et dans le parenchyme sous-jacent, pju.
Là, en effet, ces tissus doivent s'accroitre très vite pour marcher de pair, au
moins pendant un certain temps, avec l'extension rapide de l'endosperme.
Avant la formation de l'étranglement supérieur, les quatre noyaux, 2/7/.^,
de l'annexe micropylaire ont eu le temps de monter dans la dilatation qui
avoisine le micropyle, où on les voit tendre à se grouper près de la paroi
qui regarde le raphé. Le protoplasme qui les entoure devient très vacuoleux
et montre bientôt de gros cordons protoplasmatiques irradiant d'une ma-
nière irrégulière du groupe des noyaux vers les parois de la cavité qui les
héberge. Cette cavité a maintenant la forme d'une sphère un peu aplatie.
Plus tard cette cavité se modifiera profondément dans sa forme et ses di-
mensions. Il en sera de même de la cavité chalazienne; mais nous n'en re-
prendrons l'histoire que plus loin.
Notons encore que le rétrécissement progressif du canal supérieur
étreint bientôt l'oosphère allongée, os, qui le parcourt entièrement de ma-
nière à porter son extrémité dans la dilatation centrale. C'est dans cette
extrémité d'ailleurs que se sont portés noyau et protoplasme de l'œuf. Le
reste de l'oosphère n'est déjà plus qu'un boyau vide, fixé au sommet du sac
embryonnaire, un peu en avant de l'orifice micropylaire. Ce boyau servira
naturellement de cordon suspenseur de l'embryon qui ne doit commencer
à se former que plus tard.
A ce premier type se rattache étroitement l'espèce pcrsica. L'analogie
est si grande : même physionomie de l'ovule, mêmes détails de structure et
310 Alph. MEUNIER
de développement jusqu'à la maturité de la graine, qu'on pourrait se deman-
der si cette plante est bien spécifiquement distincte de Veronica agrestis.
2me TYPE. Veroiiicû hederaefoUa.
Pendant que s'opère la première division du n03'au endospermique,
FiG. 19, on voit déjà un commencement de gélification se produire sur un
petit espace, x, situé en arrière du sac embryonnaire, au niveau du noyau-
fille destiné à l'annexe chalazienne de l'endosperme. Cette gélification qui
intéresse non seulement l'épiderme du tégument mais aussi le pai'enchyme
plus profond, du côté du raphé, devient bientôt complète et le protoplasme
de l'annexe s'en incorpore les produits en en prenant la place. Il en résulte,
à ce niveau, une hernie, he, fig. 25, dans laquelle se hâtent d'entrer les deux
noyaux de l'annexe. Au fureta mesure que cette hernie s'accroît, par le même
processus de digestion, les antipodes sont elles-mêmes digérées, le proto-
plasme devient très aqueux et prend quelques grains de fécule, les deux
noyaux grandissent beaucoup et les nucléoles s'y multiplient, fig. 29.
Ici aussi l'épiderme interne, /, du tégument ovulaire ne conserve sa
vitalité et ne prolifère par divisions radiales qu'au niveau de l'endosperme
naissant.
Il en est de même de l'épiderme externe, e, à ce même niveau et sur
la face antérieure de l'ovule seulement. Sur la face postérieure, au contraire,
les tissus s'anémient déjà et seront bientôt frappés d'un arrêt complet de
développement.
On aura déjà remarqué, par l'examen de la fig. 29, qu'il ne s'y produit
pas les étranglements que nous avons constatés tout-à-l'heure dans l'espèce
agrestis, fig. 28, et qui caractérisent le premier type. L'endospernie nais-
sant conserve ici un large contact avec ses deux annexes.
Dans l'annexe micropylaire, am, les quatre noyaux se groupent aussi,
mais le protoplasme y devient moins vacuoleux que dans le premier type.
Plus tard seulement il gagnera en densité et prendra un développement
démesure.
L'examen de la fig. 29 suggérera les autres détails de structure que
nous nous croyons, pour cela, dispensé de décrire.
A notre connaissance, cette espèce est seule à présenter d'aussi grands
écarts d'organisation dans son ovule; cette singularité ne fait que s'accuser
davantage dans la suite du développement.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 311
3me TYPE. Vcrouica iriphyllos.
Ce troisième t3'pe, fig. 30, est intermédiaire entre les deux premiers
et donne une assez juste idée, sous des formes plus grandes, de ce que
présentent la plupart des autres espèces de ]'eronica, particulièrement ces
espèces si nombreuses dont les graines restent petites. Il n'y a pas identité,
loin de là; mais il suffit de constater l'analogie; car il serait oiseux de vou-
loir analyser toutes les infimes particularités qui donnent à celles-là leur
physionomie propre.
Dans Verouica tripliyllos, l'étranglement du sac ne se produit guère
qu'entre l'endosperme naissant et l'annexe micropylaire, aiii, et cet étran-
glement est lui-même beaucoup moins accusé que dans le premier type,
agrestis. Il ne devient jamais complet. Du côté de la chalaze l'étranglement
n'est qu'indiqué.
L'annexe chalazienne, ac, s'agrandit tout d'abord, comme dans le pre-
mier type, par digestion des antipodes, mais surtout par digestion et, en
partie aussi, par refoulement des tissus chalaziens.
Dans l'annexe micropylaire les quatre noyaux restent plus longtemps
séparés en deux couples. Le protoplasme y reste toujours très dense.
Les épidermes interne, /, et externe, e, du tégument n'accusent non
plus de vitalité marquée qu'aux endroits correspondants à ceux signalés
dans les deux autres types. L'ovule présente jusqu'ici moins de déformations
que dans ceux-là.
Ajoutons enfin que l'examen des figures n'aura pas manqué de faire
remarquer la persistance du boyau pollinique, bp, dans le pertuis micro-
pylaire. Dans l'espèce triphyllos surtout il conserve longtemps sa réfringence
première et continue à attirer l'attention de l'observateur bien après les
phénomènes de la fécondation.
IV. Période de grand développement de l'ovule se transformant en graine.
Dans cet exposé, nous nous en tiendrons encore aux espèces types
choisies antérieurement, pour en continuer l'histoire. Pour jalonner celle-ci,
en quelque sorte, nous avons figuré les objets aux diverses étapes de leur
développement qui nous ont paru les plus propres à fournir l'explication des
autres et à donner ainsi une idée juste du développement dans son ensemble.
C'est à ces figures que nous rattacherons plus spécialement les données
qui vont suivre, concernant tout à la fois l'endosperme, l'embryon, les an-
nexes de l'endosperme et le tégument séminal.
312 Alph, MEUNIER
On se gardera bien de considérer les objets figurés comme comparables
au point de vue des dimensions.
L'échelle des grandeurs a dû être réduite progressivement en raison
inverse de l'augmentation des dimensions réelles des objets.
Les ovules, qui étaient d'abord fort petits, ont pu être figurés dans la
Pl. I à une échelle assez grande, descendant de 435 diamètres, D X 4, Zeiss,
pour les étapes les plus jeunes, jusqu'à 230 diamètres, D X 2, Zeiss, pour
les plus avancées.
La plupart des objets figurés dans la Pl. II prenant brusquement des
dimensions beaucoup plus grandes, nous avons dû réduire encore.
Les grossissements employés sont du reste indiqués dans l'explication
des figures.
§ 1 . Veronica agrestis.
Fig. 35. Coupe longitudinale de l'ovule.
Embryon. Nous avons laissé l'oosphère encore indivise et arrivée au
contact des premières cellules endospermiques. Depuis, elle s'est allongée
davantage pour introduire son extrémité entre les cellules de l'endosperme
en voie de multiplication et bientôt son noyau a subi une première division
suivie de suite d'une segmentation transversale de la cellule, fig. 31, Pl. IL
Cette division est suivie d'autres également transversales et produites
toujours dans la cellule terminale, fig. 32.
Il en résulte une série linéaire de cellules superposées, le proenibryon,
pb, dont la terminale seule donnera naissance à l'embryon. Les autres, peu
nombreuses, constitueront le siispenseur, sb, de celui-ci et continueront à le
rattacher au sommet du sac embryonnaire par l'intermédiaire d'un tube
assez long et dépourvu de protoplasme ; mais dont la membrane est devenue
résistante. '
' Pour donner naissance à l'embryon, eb, la cellule terminale se divise
d'abord longitudinalement suivant un plan perpendiculaire au plan antéro-
postérieur de l'ovule et marque ainsi la position qu'occuperont plus tard les
deux cotylédons, fig. 33. Cette première division est suivie d'une autre
également longitudinale, mais suivant un plan perpendiculaire au premier,
ou, ce qui revient au même, suivant le plan antéro-postérieur de l'ovule.
Les quatre cellules ainsi obtenues sont ensuite divisées simultanément
suivant un plan transversal, fig. 34.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 313
De là huit cellules qui, subissant dans la suite des divisions alterna-
tivement tangentielles et radiales, produisent bientôt une masse cellulaire
sphérique, qui deviendra plus tard cordiforme, lorsque peindront les deux
cotylédons.
Quant à la forme définitive, les diverses figures en donneront une idée
plus juste que toute description.
Cette marche du développement étant sensiblement la même dans
toutes les espèces, nous nous dispenserons à l'avenir de rééditer ces détails.
Dans l'étape reproduite fig, 35, l'embryon est formé des huit pre-
mières cellules, dont quatre seulement sont visibles. Le haut du cordon
suspenseur a disparu dans l'étranglement, devenu complet, entre l'endos-
perme et son annexe micropylaire.
Eiidospenne. Ce qui frappe tout d'abord au début de cette période
du développement de l'ovule, c'est l'accroissement rapide de l'endosperme,
ed, contrastant avec l'arrêt presque complet d'accroissement de la partie
dorsale de l'ovule, dont les tissus s'anémient de plus en plus.
Toute l'activité vitale se localise sur la face ventrale de l'ovule. Dans
l'endosperme lui-même le cloisonnement cellulaire est beaucoup plus actif
de ce côté et l'organe tend conséquemment à prendre la forme d'un disque
très convexe, presque hémisphérique.
En effet l'accroissement se produit non seulement suivant la longueur,
mais aussi suivant la largeur, ce que la fig. 35 ne peut montrer.
Plus tard c'est sur le pourtour circulaire de ce disque, situé dans un
plan mené perpendiculairement à la figure et suivant la ligne A vers le
sommet micropylaire de l'endosperme, que le cloisonnement cellulaire s'ac-
centuera et la partie, y, voisine de l'annexe chalazienne se trouvant en
dehors de cette zone restera à peu près telle qu'on la voit maintenant, sous
la forme d'une petite protubérance pointue.
Tégument. Des deux épidermes du tégument, l'interne, /, reste en-
core bien distinct sur tout le pourtour de l'endosperme; mais ses cellules
ne se divisent déjà plus ; son rôle prendra fin bientôt. L'externe, e, au con-
traire, continue à se diviser activement mais seulement sur la face ventrale
de l'ovule, au niveau de l'endosperme.
D'autre part le parenchyme, pjii, interposé entre les deux épidermes
commence à se gélifier.
4S
314 Alph. MEUNIER
Annexes. Les étranglements produits aux deux extrémités de l'en-
dosperme sont devenus complets et dès. lors les annexes sont complètement
isolées de celui-là. L'annexe chalazienne, ac, en digérant les tissus du raphé,
de la façon signalée plus haut chez l'espèce hederaefolia, où ce fait se pro-
duit plus tôt, y a déjà développé une hernie, he, en forme de doigt de gant,
dans laquelle se sont engagés les deux noyaux, 2a. Ceux-ci ont grandi, mais
n'ont encore qu"un nucléole chacun.
Le protoplasme qui les entoure est devenu assez dense et il se crée une
membrane cellulosique très nette. Son développement n'ira guère plus loin.
L'annexe micropylaire, aiii, commence aussi à prendre de l'extension.
Elle commence à digérer les tissus qui avoisinent le pseudo-faisceau du
raphé, contre l'endroit où se sont groupés ses quatre noyaux, ^b, restés
aussi uninucléolaires. Le protoplasme tout en continuant à être très aqueux
s'organise en puissants cordons, qui ne tarderont pas à se transformer en
cellulose.
Fig. 36. Coupe longitudinale antéro-postérieure de la graine jeune.
U embryon a pris la forme d'un petit corps S2:)hérique, qui digère en
s'accroissant les cellules endospermiques qui l'entourent immédiatement.
Uendospenne affecte maintenant la forme d'une lentille plan-convexe.
Il poursuivra son développement sur tout son pourtour circulaire, suivant
les directions A et B sur la coupe, pour prendre plus tard la forme d'une
lentille concavoconvexe Le reste de l'ovule, arrêté déjà dans son dévelop-
pement, demeure en arrière sur l'endosperme et est rejeté de plus en plus
du côté dorsal.
Tégument. L'épiderme interne, /, du tégument a cessé de se dévelop-
per; le protoplasme s'y fond, ses membranes cellulaires s'affaissent. Il subira
la gélification qui a déjà atteint le parenchyme et servira comme celui-ci à
lubréfier le frottement produit par l'extension de l'endosperme à l'intérieur
de l'épiderme externe, e, contre lequel il viendra dans la suite s'appliquer
étroitement. De l'aspect présenté par l'épiderme externe, on peut inférer dès
maintenant qu'il se maintiendra. Une différentiation cellulaire s'y produit.
Le protoplasme se concentre du côté interne et les membranes cellulaires
s'isolent du côté externe, pour permettre à chaque cellule de s'y développer
en papille.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 315
Annexes. L'annexe chalazienne, ac, s'est encore un peu accrue en re-
montant vers le hile, mais n'a plus subi de transformations notables. Ses
deux noyaux, 2 a, se sont habituellement blottis de l'un ou de l'autre côté
sur la paroi. Le nucléole s'y est segmenté en plusieurs fragments.
L'annexe micropylaire, am, au contraire, a continué à digérer le tissu
parenchymateux qui entoure le pseudo-faisceau du raphé, mais sans toucher
à celui-ci. Après l'avoir contourné de part et d'autre en l'embrassant, les
deux hernies, he, sont devenues confluentes et ont poussé un prolongement
dans la direction de l'annexe chalazienne, sous l'épiderme dorsal du raphé.
Cet épidémie est ainsi presque seul à être préservé de la digestion qui tend
à faire disparaître tout le parenchyme sousjacent.
Les quatre noyaux, 4 b, se sont agrandis entretemps, leurs contours
sont devenus irréguliers, leur nucléole s'est fragmenté. Ils n'abandonneront
pas la place où on les trouve groupés actuellement.
Ajoutons enfin que la transformation en cellulose des cordons proto-
plasmatiqiies s'accuse de plus en plus dans les parties plus anciennes.
Fig 37. Coupe longitudinale de la graine à peu près mûre.
L'endosperme, ed, a pris la forme d'un bouclier elliptique concavo-
convexe, mais plus large et aussi plus incurvé en dedans du côté chalazien
ou inférieur.
Sa surface s'est ondulée, ses membranes cellulaires se sont fortement
épaissies, le protoplasme s'y montre riche en substances albuminoïdes et
huileuses, sans que ces réserves aient été précédées d'une formation provi-
soire de réserves féculentes.
Les lettres j' et i marquent, comme dans les figures précédentes, les
deux pôles opposés de l'endosperme naissant, ou, ce qui revient au même,
ses deux points de contact avec ses annexes au début de son développement.
'L'embryon, et, a à peu près sa forme définitive; il reste attaché à son
suspenseur. Ses deux cotylédons sont l'un antérieur, l'autre postérieur et
sont conséquemment traversés tous deux par le plan, de la coupe, qui est
toujours longitudinale antéro-postérieure. Il est logé dans une cavité fusi-
forme obtenue par digestion progressive du tissu endospermique circonvoi-
sin. Les cellules dissociées et gélifiées, g, y persistent néanmoins en partie
et lubréfient la surface externe de l'embryon tout en constituant sans doute
pour celui-ci un bain nutritif.
3i6 Alph. MEUNIER
Le tcgiimciit se trouve définitivement réduit à Vépidenne externe, e,
devenu papilleux. Lui seul constitue le spermoderme par suite de la résorp-
tion du tissu parenchyrnateux sous-jacent et de l'épiderme interne. Il ne se
cutinise pas et n'adhère que très faiblement à l'endosperme. La fig. 38 en
montre quelques cellules à une échelle plus grande. Comme tel il ne peut
jouer qu'un rôle très secondaire dans la protection de l'embryon. C'est bien
plutôt à l'endosperme corné que ce rôle est laissé.
Les deux annexes de l'endosperme ainsi que les parties non résorbées
du raphé se retrouvent finalement sur la face concave ou dorsale de sa
graine et sous des dimensions relativement assez petites.
L'annexe chalazienne, ac, a vu son protoplasme se résorber en partie
en même temps que ses deux noyaux se défiguraient et devenaient indis-
tincts. Les débris qui en restent sont souvent teintés de brun.
Par contre, l'annexe micropylaire, am, s'est encore considérablement
accrue. Après avoir digéré presque tout le parenchyme du raphé sous l'épi-
derme dorsal de l'ovule, elle a envoyé deux prolongements, lie" , qui ont de
nouveau entouré le pseudo-faisceau du raphé en revenant vers l'endosperme;
si bien que des bribes seulement du parenchyme ovulaire restent intactes.
Le protoplasme de l'annexe toujours très vacuoleux a vu entretemps
ses puissants cordons se transformer complètement en cellulose, donnant
lieu à une curieuse formation qui, avec un faciès spécial, est essentiellement
la même que celle que nous retrouverons avec des caractères plus accusés
encore dans l'espèce hederaefolia, où nous l'étudierons de plus près. Des
globules d'huile s'y rencontrent aussi finalement assez nombreux.
§ 2. Veronica hederaefolia.
Fig. 39. Coupe longitudinale de l'ovule en voie de croissance.
Endosperme. La prolifération cellulaire plus active sur le côté ventral
a amené l'endosperme, ed, à s'incurver tout en conservant une section trans-
versale circulaire. Il acquiert ainsi la forme d'un cylindre ou mieux d'un
tronc de cône recourbé sur lui-même dans le plan antéro-postérieur.
Ses extrémités, y et ;;•, conservent un large contact avec ses deux
annexes.
L'embryon, eb, après avoir franchi les diverses phases décrites plus
haut à propos de l'espèce agrestis, présente ici les premières divisions de la
cellule embryogène.
LE DÉVELOPPEMENT SÉMINAL 31?
Le tégument a déjà subi une modification tout autre que dans le type
précédent. Ici l'épiderme interne, /, reste vivace et continue à proliférer.
L'épiderme externe, e, au contraire, partage dès maintenant le sort du
parenchyme, pin, qui se gélifie et par suite se désagrège au moindre attou-
chement ou même au simple contact avec l'eau. Cette gélification est surtout
accusée au voisinage du micropyle. On peut affirmer que tout cela dispa-
raîtra rapidement, sauf du côté du raphé où ces tissus se maintiennent sans
toutefois s'accroître davantage.
Si l'on se rappelle que cette espèce ne présente que deux graines dans
chaque loge de l'ovaire, on sera sans doute d'avis que cette gélification ex-
terne vient fort à propos pour adoucir le frottement entre la face ventrale de
chaque graine et la paroi ovarique avec laquelle elle est en contact étroit
sur toute son étendue, pendant toute la durée du développement séminal.
Sans aucun doute, ces tissus gélifiés sont bien ce que Planchon (i) et,
après lui, Chatin (2), qui admet sa manière de voir, ont désigné sous le nom
de corps mousseux et dont ils rattachent l'origine, comme d'une production
nouvelle, à un développement tardif du funicule.
Est-il besoin de dire qu'il n'en est rien?
Il n'y a là production ni de vrai ni de faux arille, sous aucune forme
que ce soit. Le corps mousseux de ces auteurs n'est pas autre chose que la
partie externe gélifiée du tégument; c'est en vain conséquemment qu'on lui
chercherait une connexion quelconque avec le funicule.
Les erreurs d'interprétation sont du reste générales dans tout le mé-
moire de Chatin, qui a traité le sujet qui nous occupe. En outre, la plupart
des faits intéressants que présente le développement séminal dans le genre
Veronica lui ont totalement échappé.
La cause en est sans doute dans la défectuosité des moyens d'observa-
tion à cette époque. Pour cette raison nous ne voyons pas qu'elle pourrait
être l'utilité d'une critique de ce travail; aussi nous abstiendrons nous de la
faire.
Annexes. Quant aux annexes de l'endosperme, c'est dans ce type
qu'elles présentent le plus beau développement.
L'annexe chalazienne, ac, a déjà pris sa forme et aussi, à peu près, ses
(i) J. E. Planchon : Mémoire sur le développement et les caractères des vrais et des faux
arilles, etc.; Montpellier, 1844, Ann. Se. nat., 3"" série, 1S45.
(1) ]. Chatin : Études sur le développement de l'ovule et de la graine dans les scrophularinées ,
etc.; Ann. Se. natur., S^e série, t. XIX, 1874.
3i8 Alph MEUNIER
dimensions définitives. Elle montre actuellement un protoplasme abondant
et vacuoleux à la base. Ses deux noyaux, 2 a, sont devenus très gros et leurs
nucléoles se sont multipliés. Cette production atteindra bientôt son apogée
et s'atrophiera dans la suite.
L'annexe micropylaire, am, est entrée dans sa période de grand ac-
croissement qui doit lui donner des proportions énormes.
Poussant une hernie, lie, obliquement vers le hile, elle a déjà atteint
le niveau de celui-ci en refoulant les tissus gélifiés à l'extérieur et en digé-
rant ceux qu'elle a rencontrés sur son passage vers l'intérieur de l'ovule.
La hernie présente des contours tortueux et procède à son extrémité
à la façon d'un symplaste de myxomycète, en développant des espèces de
pseudopodes, qui, d'abord distincts, deviennent confluents dans la suite. Le
protoplasme dans les parties en croissance est extrêmement dense et riche
en fibrilles orientées suivant la direction de son développement.
Fig. 40. Coupe longitudinale de la graine jeune.
Endosperme. La portion moyenne de l'endosperme a bientôt perdu
sa forme primitive de cylindre recourbé en demi-cercle sur lui-même. Elle
a commencé à prendre de l'extension non seulement suivant les directions
longitudinales, A et D, indiquées dans la coupe, mais aussi dans les deux
directions latérales, à droite et à gauche de l'ovule, c'est-à-dire suivant
l'axe perpendiculaire au plan de la fig. 40.
De là, pour cette portion de l'endosperme, la forme rapidement acquise
d'une lentille convexo-concave sur la face concave de laquelle se retrouvent,
sous la forme de protubérances, les deux extrémités j' et ^ de l'endosperme
plus jeune.
Ces deux protubérances ont une section transversale circulaire. L'une, y,
chalazienne, par position, est beaucoup plus large et en contact sur toute
sa section avec l'annexe du même nom. Les divisions cellulaires s'y pro-
duisent surtout transversalement, ce qui lui permettra de s'allonger per-
pendiculairement à la surface concave de la portion lenticulaire de l'endo-
sperme. Les cellules formées s'y montrent plus lâchement unies, ce qui fait
prévoir qu'elles constitueront un organe distinct de t endosperme propre-
ment dit.
L'autre protubérance, ^, microp3daire celle-ci, par position aussi, pré-
sente de même un large contact avec l'annexe du même nom. Elle est toute-
fois beaucoup plus étroite que l'autre. Comme celle-ci, elle se différentiera
LE DÉVELOPPEMENT SÉMINAL 319
pour produire un organe distinct de l'endosperme que nous retrouverons
notablement développé dans la graine mûre.
U embrvon est déjà multicellulaire et sphérique. Nous pourrions nous
abstenir de dire qu'il se comporte vis-à-vis de l'endosperme ambiant comme
dans le type précédent, le processus de digestion de l'endosperme par cet
organe étant essentiellement le même dans toutes les espèces.
Tégument. Au point de vue du tégument, les choses sont à peu près
telles que nous les avons laissées dans l'étape précédente. L'épiderme ex-
terne, e, et le parenchyme, plu, s'écrasent de plus en plus, refoulés qu'ils
sont par l'endosperme.
L'épiderme interne, /, reste turgide, continue à proliférer et circonscrit
scrupuleusement l'endosperme avec ses dépendances immédiates, mais sans
s'aventurer plus loin. Il joue donc momentanément un rôle de protection
autour de l'endosperme jeune, où il attire l'attention par la densité de son
protoplasme.
Annexes. Comme nous l'avons annoncé, l'annexe chalazienne, ac, a
bientôt fini son développement. Elle commence déjà à s'atrophier, sans que
son protoplasme se transforme en rcticulum_ cellulosique. Elle se forme
néanmoins une membrane périphérique assez épaisse de cette nature, là où
elle n'est pas en contact avec la protubérance de l'endosperme, y.
Il n'en est point de même de l'annexe micropylaire, am. Celle-ci tout
en continuant à se développer par son extrémité maintenant libre, lie, puis-
qu'elle a dépassé les limites du hile, a en outre produit deux hernies laté-
rales, hé , qui se sont développées autour du pseudo-faisceau du raphé pour
le circonscrire et se répandre à leur tour au dehors, après avoir fait dispa-
raître les tissus voisins.
Naturellement une seule de ses hernies a pu être figurée; on doit se
représenter l'autre symétrique à celle-ci et située en dessous, de l'autre côté
du pseudo-faisceau qui aboutit au hile, h.
Le pi"otoplasme fibrillaire voit ses cordons plastiniens se transformer
progressivement en cellulose. Les quatre noyaux, 4/', ont grandi beaucoup et
les nucléoles y sont devenus nombreux. Ils restent groupés dans leur em-
placement primitif, c'est-à-dire dans le renflement micropylaire notablement
dilaté du sac embryonnaire.
320 Alph, MEUNIER
Fig. 41. Coupe longitudinale de la graine à peu près mûre.
Endosperme. La multiplication cellulaire, en s' exerçant spécialement
sur tout le pourtour du bord libre de la forme lenticulaire précédemment
acquise, n'a pas tardé à faire prendre à l'endosperme la forme d'une cuvette
elliptique, dont l'ouverture s'est ensuite rétrécie par l'incurvation du bord
libre, rencontré en A et en B par la section.
L'endosperme est devenu corné, par l'épaississement de ses membranes.
Quant au contenu cellulaire, il est remarquable c[n' après avoir été fort
riche en fécule pendant toute la période de croissance du tissu endosper-
mique, il devienne finalement exempt de toute réserve de cette nature.
On peut suivre aisément les progrès de la disparition de la fécule.
Commencée d'abord au niveau de l'embryon, dans les couches périphériques
de la portion la plus ancienne de l'endosperme, elle gagne de proche en
proche vers l'intérieur du tissu et finalement vers les bords de la cuvette,
partie la plus récemment formée de l'endosperme. A la fécule se substitue
un protoplasme dense et gorgé de réserves albuminoïdes et huileuses.
C'est là une particularité de plus à ajouter à toutes celles que présen-
tent, à d'autres points de vue, cette intéressante espèce et qui lui créent une
place à part, même dans le genre assez naturel auquel on la rattache.
Chose curieuse aussi, les deux protubérances endospermiques, y et i,
signalées antérieurement, ne présentent jamais de réserve féculente. Les
membranes cellulaires, d'autre part, y sont beaucoup plus minces, le pro-
toplasme plus vacuoleux, et, par là s'établit une distinction très nette entre
l'endosperme proprement dit et ses protubérances dorsales,
La protubérance chalazienne, j', la plus importante comme volume,
subit à la fin un commencement de gélification et de résorption au voisinage
de l'annexe chalazienne, ac.
La protubérance micropylaire, {, est restée étroite, cylindrique, mais
s'est allongée beaucoup comme il le fallait pour ne pas briser ses adhéren-
ces avec l'annexe micropylaire qui, fixée autour du pseudo-faisceau, pf, du
raphé, n'a pu se déplacer par suite de l'arrêt du développement de toute la
partie dorsale de l'ovule, c'est-à-dire du raphé, r.
On aura déjà remarqué que les deux protubérances, aussi bien que les
annexes et la portion dorsale de l'ovule se trouvent abritées dans la cavité de
la cuvette assez profonde formée par l'endosperme. La graine ne reste fixée
au placenta que par une faible adhérence au niveau du hile, h, qui est resté
presque aussi réduit que dans l'ovule lui-même.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 32 1'
U embryon, pour être plus volumineux que celui des autres espèces,
n'en diffère par aucun caractère essentiel. Il est logé dans une cavité fusi-
forme qu'il s'est façonnée par digestion partielle du tissu endospermique
circonvoisin. On constate sous ce rapport une similitude parfaite dans
toutes les espèces.
Tégument. Après avoir vu l'épiderme externe et le parenchyme du té-
gument se gélifier complètement si tôt, nous ne devons pas nous étonner de
ne plus retrouver de celui-ci, dans la graine, que l'épiderme interne, i. Mais
encore combien réduit ce dernier!
Il faut une attention spéciale pour le découvrir dans la graine mûre
sous la forme d'une très étroite assise de cellules vides et à parois minces
qui enveloppe Tendosperme propi'ement dit aussi bien que ces deux protu-
bérances dorsales.
Le spermoderme, /, fig. 42, qu'il constitue, ne saurait être plus réduit.
Aussi son rôle protecteur doit-il être nul. C'est que son développement a
pris fin avant celui de l'endosperme. Ses cellules ne proliférant plus se sont
bientôt vidées et se sont laissées distendre passivement par l'extension exa-
gérée de l'endosperme.
La protection de l'embryon est donc ici encore et surtout dévolue à
l'endosperme dont la surface externe se cutinise.
Annexes. Nous ne parlerons plus de l'annexe chalazienne, ac, dont
le contenu se dénature rapidement, mais qui conserve intacte sa membrane
cellulosique.
C'est l'annexe micropylaire, am, qui est seule intéressante. Ses dimen-
sions sont devenues considérables. On s'en rendra compte par l'examen de
la FIG. 41, si l'on veut bien se rappeler la grandeur de la graine qui n'a pas
moins de 4 à 5 millimètres dans sa plus grande longueur et qui, conséquem-
ment n'a été grossie qu'une trentaine de fois environ.
Un petit lambeau seulement a été figuré en coupe optique, fig. 43,
sous un grossissement qui n'est encore que de deux cents diamètres environ.
Les contours en sont tourmentés et mamelonnés. Dans les parties plus
anciennes une forte membrane cellulosique, me, la limite et toute l'étendue
en est occupée, après élimination des débris protoplasmatiques et des glo-
bules d'huile qui s'y trouvent normalement, par un magnifique réseau cel-
lulosique qui rappelle, bien qu'avec des caractères propres de détails, cer-
taines formations analogues présentées soit par certaines algues, comme les
43
322 Alph. MEUNIER
Caulerpa, soit, surtout, par l'épiderme spermodermique de certains groupes
de phanérogames que nous avons fait connaître antérieurement au point de
vue des téguments séminaux (i).
Ce réseau cellulosique', issu d'un réseau de cordons et de fibrilles pro-
toplasmatiques, se montre fort irrégulier. Au centre les mailles sont plus
grandes et les trabécules plus puissantes. Vers la périphérie les mailles se
réduisent de plus en plus et les trabécules sont d'une finesse extrême. Il en
est de même dans les parties où cette formation est encore en voie de crois-
sance, comme en x par exemple.
Là, cela va sans dire, la membrane limite est aussi d'une grande
ténuité. Inutile d'ajouter que ce feutrage cellulosique prend, sous l'action du
chloro-iodure de zinc, une belle coloration bleue, quand il a été débarrassé
au préalable, par des réactifs appropriés, de toutes les substances que l'em-
barassent. Quelle pourrait bien être la raison d'une pareille formation?
§ 3. Veronica triphyllos.
Fig. 44. Coupe longitudinale de la graine jeune.
Uendospcrme d'abord en forme de fuseau tronqué à ses deux extré-
mités, comme dans la fig. 30, Pl. I, n'a pas tardé à prendre la forme d'un
bouclier elliptique, avec accroissement plus rapide du côté de la chalaze,
suivant la direction indiquée par la flèche A, sur la coupe reproduite,
FIG. 44, Pl. II.
Le sommet micropylaire de l'endosperme en contact avec l'annexe du
même nom, en i, sur la coupe, reste terminal comme dans le premier type.
Le sommet chalazien en contact avec l'annexe chalazienne s'est renflé
et forme au contraire, sur la face dorsale de l'endosperme, une protubérance
hémisphérique, en y, dont les cellules sont à contour arrondi et consé-
quemment lâchement unies. On peut par là prévoir que cette production
ne sera que temporaire.
Au niveau de l'embryon, l'endosperme commence à manifester un ren-
flement en avant et en arrière.
Nous verrons tout à l'heure ce que ce renflement devient dans la
graine mûre.
(i) A. Meunier : Les téguments séminaux des cyclospermées ; La Cellule, t. VI. 2, 1890.
Les téguments séminaux des papavéracées ; La Cellule, t. VII, 2, 1891.
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 323
Uembryon commence à produire ses cotylédons. Il digère activement
les parties circonvoisines de l'endosperme pour s'y créer une logette où il
puisse s'étendre à l'aise.
Tégument. L'épiderme interne, /, se maintient sur toute la surface
de l'endosperme, y compris sa protubérance chalazienne, y. L'épiderme
externe, e, non seulement se maintient sur toute l'étendue de la jeune
graine, mais il s'y différentie et montre par le fait même qu'il restera en
place, jusqu'à la maturation de la graine.
La différentiation consiste en un épaississement notable de la paroi ex-
terne des cellules, qui deviendra plus tard gommeuse.
Quant au parenchyme, pjii, il est en voie de gélification et se gonfle
notablement dans l'eau. C'est ici à ce tissu seulement que sera dévolu le
rôle de lubréfier le mouvement d'extension, à l'intérieur de l'épiderme ex-
terne du tégument. Lorsque son rôle sera fini, on ne retrouvera plus rien de
ce parenchyme gélifié et les deux épidermes viendront en contact.
Annexes. Étant donnés, d'une part, l'arrêt précoce de développement
dans la partie dorsale de l'ovule et, d'autre part, l'allongement longitudinal
rapide de l'endosperme, l'annexe micropylaire, am, qui s'est incomplètement
étranglée et qui s'est allongée beaucoup pendant les phases antérieures, se
trouve déjà incurvée et réfléchie vers le raphé, en même temps que toutes
les parties ovulaires qui l'avoisinent.
De plus, l'annexe, sortant de ses limites, a digéré comme dans les
autres types le parenchyme voisin du pseudo-raphé et a entouré celui-ci
d'une gaine mamelonnée d'un protoplasme dense et fibrillaire.
A part sa densité protoplasmique, cette formation a beaucoup d'analo-
gie avec celle du type J'eronica agrestis.
Les quatre noyaux de l'annexe se retrouvent groupés dans la dilatation
primitive du sac embryonnaire, en dessous du micropyle, m.
L'annexe chalazienne, ac, après avoir digéré une partie des tissus
chalaziens, a aussi poussé une hernie en remontant vers le hile. Son proto-
plasme est dense. Elle reste en relation directe par une petite surface avec
la protubérance endospermique, y, dont nous avons parlé antérieurement.
Bien que cette espèce participe aux caractères des deux types anté-
rieurs, on reconnaîtra cependant qu'elle a une physionomie propre et mérite
d'être considérée comme un type distinct.
43
324 Alph. MEUNIER
Fig. 45. Coupe longitudinale et fig. 46, coupe transversale de la graine
à peu près mûre.
Uendosperme, ed, s'est surtout développé vers le bas, c'est-à-dire,
suivant la flèche A, dans la figure précédente. A l'extrémité opposée, ^,
peu de modifications sont survenues. Par contre, le renflement qui se dessi-
nait déjà dans l'étape précédente, au niveau de l'embryon, a maintenant
pris la. îoïme d'une double créie, qq, développée longitudinalement sur les
deux faces antérieure et postérieure de l'endosperme, sur toute la longueur
de la logette qui héberge l'embryon. Pour apprécier la largeur de ces crêtes,
qq, il faut s'en rapporter à la coupe transversale de la graine, fig. 46, coupe
pratiquée suivant le trait transversal dans la fig. 45, On voit là que ces
crêtes ont peu de largeur.
Entretemps, la protubérance chalazienne, r, s'est complètement dé-
truite par résorption des cellules qui la constituaient.
Il en est résulté un accroissement d'autant de l'annexe chalazienne, ac,
dont la surface de contact avec l'endosperme se trouve ainsi agrandie.
Les réserves de l'endosperme sont les mêmes, quant à leur formation
et quant à leur nature, que dans le premier type.
Uembryon, eb, n'offre rien de particulier.
Tégument. La gélification n'ayant atteint que le parenchyme du té-
gument, les deux épidémies se retrouvent l'un et l'autre dans la structure du
spermoderme. Celui-ci, tg, fig. 47, comporte conséquemment deux assises
cellulaires : une interne, /, très écrasée, l'épiderme interne; l'autre, assez
large, l'épiderme externe, e, formée de cellules polyédriques, à membrane
externe épaisse et gommeuse.
Annexes. L'annexe chalazienne, ac, s'est presque complètement vidée,
mais la membrane cellulosique qu'elle s'est formée persiste toujours.
L'annexe micropylaire, am, n'a plus guère fait que transformer en
cellulose les fibrilles plastiniennes primitives. L'une et l'autre restent fina-
lement appliquées contre la partie concave de l'endosperme, où on les re-
trouves entourées de la partie dorsale de l'ovule, dont les tissus se sont
conservés, mais ont été défigurés par l'écrasement. La fig. 46 permet de se
rendre compte de la manière dont l'annexe micropylaire entoure le pseudo-
faisceau, pf, du raphé, r. Toutes les autres désignations y sont conformes à
celles de la fig. 45.
I
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 325
§ 4. Veronica arvensis.
Nous aurions pu nous arrêter ici ; mais il nous a semblé qu'il ne serait
pas inutile de jeter un coup d'œil sur le développement de l'espèce arpetisis,
que nous proposons plus spécialement comme type pour les nombreuses
espèces à graines plus petites.
Les quelques détails que nous ajouterons serviront ne fût-ce qu'à dé-
montrer que malgré les variantes d'organisation que présentent les graines
de véroniques, les trois types étudiés antérieurement nous ont permis d'en
tracer le plan général et d'en relever en même temps les traits différentiels
les plus importants.
Fig. 48 Coupe longitudinale de l'ovule en voie de croissance.
Ueudosperme naissant, ed, reste en contact avec ses deux annexes,
ac et am. L'annexe chalazienne, ac, est d'abord très large relativement et
à protoplasme vacuoleux. L'annexe micropylaire, am, est étroite, allongée
et à protoplasme dense.
Tégument. L'épiderme interne, /, du tégument est encore vivace
autour de l'endosperme. L'épiderme externe, e, prolifère et ses cellules
prennent un développement radial beaucoup plus accusé que dans les types
précédents. Le parenchyme, pjn, interposé commence à se gélifier.
'Le proembrj'on, pb, est déjà formé.
Fig. 49. Coupe longitudinale de la graine jeune.
Uendosperme, ed, se développe en lentille biconvexe, surtout par le
bas où l'accroissement suivra la direction indiquée par la flèche A. Le pôle
inférieur, y, reste largement en contact avec l'annexe chalazienne; il ne s'y
forme pas de tissu spécial. Le pôle opposé, i, reste terminal comme dans
les types agrestis et triphyllos.
IS embry on, eb, est devenu sphériqueà l'extrémité de son suspenseur, 5/'.
Annexes. L'annexe chalazienne, ac, a déjà atteint son plein dévelop-
pement ; ses deux noyaux, 2 a, sont réunis dans la hernie. L'annexe micro-
pylaire, am, s'est allongée par digestion des cellules voisines jusque contre
le pseudo-faisceau du raphé et s'y est renflée, mais sans entourer ce dernier,
comme dans les types antérieurement étudiés.
326 Alph. MEUNIER
Tégument. L'épiderme externe, e, du tégument reste seul turgide.
Son développement radial s'est encore accusé; il se différentie. Tout le reste
du tégument, parenchyme et épiderme interne, /, subit la gélification.
Fig. 50. Coupe longitudinale et fig. 51, coupe transversale de la graine mûre.
La combinaison de ces deux figures rend évidente la forme lenticulaire
plan-convexe de l'endosperme. Sur le dos de la graine, au niveau de l'annexe
chalazienne disparue par écrasement, règne un petit plateau peu élevé, y.
L'annexe micropylaire, atii, qui s'est conservée, grâce à sa trame cel-
lulosique, se retrouve étroitement appliquée contre la partie dorsale de
l'endosperme, à partir du sommet micropylaire, i, de cet organe. Elle y est
entourée des tissus conservés du raphé.
Quant au tégument, il est réduit à l'épiderme externe, e. Par suite du
refoulement dû à l'extension de l'endosperme, cet épiderme s'est lui-même
écrasé, les parois latérales des cellules ont fléchi et la paroi externe, préala-
blement épaissie, reste seule bien visible sous l'aspect d'une cuticule plus
ou moins gommeuse qui entoure toute la graine.
I
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE I.
FIG. 1. Gross. 450. Veronica triphyllos. Coupe longitudinale de l'ovule très
jeune ; nu, nucelle.
FIG. 2 Idem. Coupe longitudinale de l'ovule au moment de l'apparition du
tégument, tg; nu, nucelle.
FIG. 3. Gross. 450. Veronica hederaefolia. Coupe longitudinale de l'ovule pen-
dant le développement du tégument, tg ; e, épiderme externe; /, épiderme interne; p,
assise unique intermédiaire; m, micropyle; en, épiderme du nucelle; ns, noyau du
sac embryonnaire.
FIG. 4. Idem. Coupe longitudinale de l'ovule au moment du rétrécissement de
l'orifice micropylaire, m; pin, couche parenchymateuse du tégument obtenue par cloi-
sonnements irrèguliers dans l'assise, p, de la figure précédente; r, raphé en voie de
formation; h, étranglement du hile. Les autres désignations comme plus haut.
FIG. 5. Gross. 450. Veronica agrestis. Coupe longitudinale de l'ovule à une
étape comparable à celle de la figure précédente. Mêmes désignations.
FIG. 6. Idem. Coupe longitudinale de l'ovule au moment de la première seg-
mentation du noyau du sac, ns'2. L'épiderme nucellaire, en, s'apprête à subir la
gélifica'àon dans la région micropylaire; h, hile; r, raphé.
FIG. 7. Gross. 450. Veronica persica. Coupe transversale d'un ovule à peu
près du même âge que celui de la figure précédente et pratiquée suivant le trait
A B dans cette figure : nu, nucelle; e, épiderme externe du tégument; i, épiderme
interne; pjn, couche parenchymateuse plus épaisse sur les flancs de l'ovule à cause
de l'élargissement de celui-ci suivant les directions C D; r, raphé.
FIG. 8. Gross. 320. Veronica hederaefolia. Coupe longitudinale d'un ovule à
une étape comparable à celle de la fig. 6; «5/2, deux noyaux issus de la première
division dans le sac embryonnaire; v, vacuole entre les deux noyaux; en, gélification
de l'épiderme nucellaire dans la région micropylaire.
FIG. 9. Idem. Seconde division du noyau du sac embryonnaire «5/4; f, fécule;
V, vacuole; en, épiderme nucellaire conservé dans la moitié inférieure seulement; /,
épiderme interne du tégument, qui s'apprête à subir la gélification au voisinage du
micropyle.
FIG. 10. Veronica agrestis. Étape semblable à celle de la fig. 9; mêmes détails.
328 Alph. MEUNIER
FIG. H. Veronica hederaefolia. Troisième bipartition du noyau du sac em-
bryonnaire, ?Z5/S. La gélification de l'épiderme interne du tégument et son absorption
dans la portion niicropylaire y ont permis la dilatation du sac. Mêmes désignations
que plus haut.
FIG. 12. Veronica agrestis. Étape du développement du sac embryonnaire,
comparable à celle de la fig. 11.
FIG. 13. Gross. 3oo. Veronica hederaefolia. Coupe longitudinale de l'ovule
peu de temps avant la fécondation; os, oosphère; sy, synergides; an, antipodes;
ed, les deux noj'aux accolés qui doivent constituer le second noyau du sac em-
bryonnaire; f, fécule; V, vacuoles; m, micropyle ; bp, boyau poUinique.
FIG. 14. Gross, 400. Veronica agrestis. Coupe longitudinale d'un ovule du
même âge que celui de la figure précédente. Mêmes désignations.
FIG. 15. Gross. 3oo. Veronica hederaefolia. Coupe longitudinale de l'ovule
au moment de la fécondation. L'oosphère, 05, est ici exceptionnellement en arrière.
La première division s'opère dans le noyau; lie, noyau endospermique ; an, antipodes;
sy, synergides; bp, boyau pollinique.
FIG. 16. Gross. 400. Veronica agrestis. Même étape que dans la figure pré-
cédente; mêmes désignations aussi.
FIG. 17. Gross. 450. Veronica persica. Coupe longitudinale de la portion
micropylaire dilatée du sac embryonnaire; os, oosphère; nf, noyau femelle; sy,
synergide; nm, noyau mâle; bp, boyau pollinique.
FIG. 18. Idem. Phase immédiatement subséquente de la fécondation. Le noyau
mâle, nm, s'est accolé au noyau femelle, nf, dans l'oosphère, os, qui s'allonge déjà
quelque peu.
FIG. 19. Veronica hederaefolia. Vue latérale du sac embryonnaire entouré
comme dans les figures qui vont suivre de la partie interne seulement du tégument.
Une plaque cellulaire divise le sac embryonnaire en deux après la première bipar-
tition du noyau endospermique ne/2; nm, noyau mâle encore dans la synergide, sy,
nf, noyau femelle dans l'oosphère; an, antipodes; a, noyau primitif de la portion
chalazienne du sac ; en x, gélification de l'épiderme interne, /', du tégument et des
tissus plus profonds vers le raphé.
FIG. 20. Veronica agrestis. Vue latérale aussi du sac embryonnaire. Étape
comparable à celle de la figure antérieure ; m.êmes désignations pour les éléments
analogues.
FIG. 21. Veronica hederaefolia. Vue de face, antérieure, du sac embr3^onnaire,
au moment de la deuxième segmentation du noyau endospermique, Me/4.
Le noyau mâle, nm, est arrivé au contact du noyau femelle, nf, dans l'oosphère,
os; aJ2, division du noyau de l'annexe chalazienne..
FIG. 22. Veronica agrestis. Vue de face, antérieure du sac embryonnaire. Étape
analogue à celle de la figure précédente. Mêmes désignations.
Dans ces deux figures, de même que dans les deux suivantes, les antipodes n'ont
pas été figurées, parce que, en raison de l'incurvation du sac dans sa partie chala-
zienne, ces cellules ne se trouvent pas dans le même plan que les autres éléments.
j
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 329
FIG. 23. Veronica hederaefoUa. Vue de face, antérieure, du sac embryonnaire
pendant la troisième division du noyau endospermique, «e/S.
FIG. 24. Veronica agrestis. Vue de face aussi. Etape analogue, mais un peu
plus avancée. Les plaques cellulaires transversales apparaissent dans les fuseaux des
deux noyaux.
FIG. 25. Veronica hederaefoUa Vue de côté du sac embryonnaire au moment
de la première division des deux premiers no3faux de l'endosperme, éd. L'un de ces
deux noyaux seulement a pu être figuré ; les deux noyaux-filles se reconstituent et
sont encore réunis par le fuseau. Les deux noyaux, 2 b, de l'annexe micropylaire,
am, se sont aussi divisés, 2^/2. L'annexe chalazienne, ac, commence à développer
sa hernie, he.
FIG. 26. Veronica agrestis. Vue de côté du sac embryonnaire arrivé à la
même phase que dans la figure précédente. Les étranglements commencent à se pro-
duire aux deux côtés des quatre premières cellules de l'endosperme, éd. Mêmes dé-
signations que plus haut, pour les divers éléments.
FIG. 27. Veronica persica. Coupe longitudinale antéro-postérieure de la partie
centrale seulement du sac embryonnaire, ed, premier cloisonnement transversal des
quatre premières cellules de l'endosperme ; os, oosphère.
FIG. 28. Gross. 23o. Veronica agrestis. Coupe longitudinale antéro-postérieure
de l'ovule entier, au moment où l'endosperme, ed, est formé de ses huit premières
cellules, dont quatre seulement sont visibles.
Les étranglements sont devenus presque complets aux deux extrémités de l'en-
dosperme. Les quatre noyaux, 4 b, de l'annexe micropylaire, am, se sont gro'upés
dans la partie supérieure dilatée. Les autres désignations sont conformes aux précé-
dentes.
FIG. 29. Gross. 175. Veronica hederaefoUa. Coupe longitudinale antéro-postérioure
de l'ovule, au moment où l'endosperme, ed, est formé des seize premières cellules.
La hernie, he, de l'annexe chalazienne, ac, s'est déjà notablement accrue. Les autres
éléments ont déjà été désignés antérieurement.
FIG. 30. Gross. 23o. Veronica triphyllos. Étape du même âge que celle de
la figure précédente. Même légende explicative.
PLANCHE II.
FIG. 31. Première division du noyau de l'oosphère.
FIG. 32. Divisions subséquentes amenant la formation du proembryon, pb.
FIG. 33. Premières divisions longitudinales de la cellule embr3'ogène; eb, em-
bryon; sb, suspenseur de l'embryon.
FIG. 34. Premières divisions transversales dans l'embryon, qui donnent à celui-ci
ses huit premières cellules.
FIG. 35. Gross. i3o. Veronica agrestis. Coupe longitudinale d'un ovule plus
avancé; ed, endosperme ; ;j, son sommet micropylaire; y, son sommet chalazien;
330 Alph, MEUNIER
eb, embryon; sb, suspenseur de l'embrj'on; /, épiderme interne du tégument; e, épi-
derme externe; pjn, parenchyme; ac, annexe chalazienne; he, sa hernie; z a, ses
deux noyaux; am, annexe micropylaire ; 4^, ses quatre noyaux; he, sa hernie au
début; et, étranglement du sac embryonnaire; m, micropyle; h, hile; fu, funicule;
pf, pseudo-faisceau du raphé.
FIG. 36. Idem. Coupe longitudinale de la graine très jeune. Même légende
explicative que pour la figure précédente, he', développement ultérieur de la hernie
de l'annexe micropylaire.
FIG. 37. Gross. 60. Idem. Coupe longitudinale de la graine à peu près mûre;
he", dernière expansion de l'annexe micropylaire; e, spermoderme réduit à l'épiderme
externe du tégument ovulaire; g, cellules gélifiées de l'endosperme autour de l'em-
bryon. Les autres désignations sont conformes à celles des figures précédentes.
FIG. 38. Gross. 25o. Quelques cellules en papilles, p, du spermoderme, e,
appliquées directement sur l'endosperme, éd.
FIG. 39. Gross. 120. Veronica hederaefolia. Coupe longitudinale de l'ovule en
voie de croissance; ed, endosperme; \ et y, ses deux extrémités en contact avec les
annexes chalaziennes, ac, et microp3daire, am ; eb, embryon; sb, son suspenseur;
i, épiderme interne du tégument; e, son épiderme externe; pjn, parenchyme en voie
de gélification; he, premier développement de l'annexe micropylaire, am; pf, pseudo-
faisceau du raphé; h, hile.
FIG. 40. Idem. Etape ultérieure du même objet montrant l'incurvation de tous
les éléments vers le raphé, r. La gélification du parenchyme tégumentaire, pjn, s'est
accusée davantage; he' , ramifications de l'annexe micropylaire, am, autour du pseudo-
faisceau du raphé; h, hile.
Pour le reste, même légende que pour les autres figures similaires.
FIG. 41. Gross. 3o. Idem. Coupe longitudinale antéro-postérieure de la graine
à peu près mûre, ed, endosperme ; y, protubérance chalazienne ; ;^, protubérance
micropylaire; ac, annexe chalazienne; am, annexe micropylaire; pf, pseudo faisceau;
r, raphé; h, hile; eb, embryon; sb, son suspenseur; g, cellules gélifiées de l'endo-
sperme autour de l'embryon; i, spermoderme réduit à l'épiderme interne du tégu-
ment ovulaire.
FIG. 42. Gross. 200. Idem. Portion plus agrandie du spermoderme, i, sur
l'endosperme, ed; c, cuticule.
FIG. 43. Gross. 23o. Idem. Portion plus grossie du réseau cellulosique de
l'annexe micropylaire. me. membrane; x, partie plus jeune.
FIG. 44. Gross. 65. Veronica triphyllos. Etape de la graine en voie de crois-
sance. Coupe longitudinale, y, protubérance hémisphérique de l'endosperme, en rap-
port avec l'annexe chalazienne, ac; am, annexe micropylaire déjà développée autour
du pseudo-faisceau, pf, du raphé ; h, hile; e et i, les deux épidermes externe et interne
du tégument; pjn, parenchyme en train de se gélifier.
FIG. 45. Gross. 60. Idem. Coupe longitudinale de la graine à peu près mûre.
ed, endosperme; j^ et ;;■, ses deux extrémités au début de sa formation; la protu-
LE DEVELOPPEMENT SEMINAL 331
bérance hémisphérique, qui s'était produite en y, s'est résorbée; qq, les deux crêtes
longitudinales développées au niveau de l'embryon, eb; ac, annexe chalazienne; am,
annexe micropylaire ; ^, pseudo-faisceau du raphé ; h, hile; m, micropyle; i, épidémie
interne; e, épiderme externe du tégument.
FIG. 46. Idem. Coupe transversale dans l'objet de la fig. précédente au niveau
du trait passant par l'embryon et par l'annexe micropylaire dans le raphé. Les
mêmes lettres désignent les mêmes éléments
FIG. 47. Gross. 25o. Idem. Portion plus grossie du spermoderme ou tégument
séminal, tg; i, épiderme interne ; e, épiderme externe du tégument ovulaire ; ed,
endosperme.
FIG. 48. Gross. no. Veronica arvensis Coupe longitudinale de l'ovule, au
moment de la formation du proembrj'on, pb ; ed, endosperme en voie de croissance;
ac, annexe chalazienne; ia, les deux noyaux; am, annexe micropylaire; i, épiderme
interne du tégument; e, épiderme externe; pjn, parenchyme; h, hile; m, micropyle;
pf, pseudo-faisceau du raphé.
FIG. 49. Idem Étape plus avancée. Mêmes désignations; fu, funicule.
FIG. 50. Gross. 6o. Idem. Coupe longitudinale de la graine mûre. Le sper-
moderme est réduit à l'épiderme externe, e, du tégument ovulaire. Autres désignations
comme plus haut.
FIG. 51. Idem. Coupe transversale de la graine; ceb, cotj'lédons de l'embryon.
I
I
TABLE DES MATIÈRES
Introduction .......
I. Développement de l'ovule jusqu'au moment de la fécondation
II. Fécondation et phénomènes concomitants
§ 1. Fécondation ......
§ 2. Genèse de l'endospennc et de ses annexes
III. Premières phases du développement de l'endosperme et de ses annexes
§ 1 . Développement initial de l'endosperme
§ 2. Développement initial des annexes de l'endosperme.
ler TYPE. Veronica agrestis
jme TYPE. Veronica hederaefolia.
3me TYPE. Veronica Iriphyllos
W . Période de grand développement de l'ovule se tr
§ I. Veronica agrestis
S 2. Veronica hederaefolia
l 'eronica triphyllos
8 -•
3.
§ 4. Veronica arvensis.
Explication des figures
ansformant en graine.
299
3oo
3o3
3o3
304
307
307
3o8
309
3io
3ii
3ii
3l2
3i6
322
325
327
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Bichromate iiiid Zellkern
VON
Eugen BURCHARDT
ARZT IN STRASSBURG I./eLS.
{Mémoire déposé le 4 mars 1897.)
44
BICHROMATE UND ZELLKERN
I, Geschichtliclies.
Ueberblickt nian die Erfolge, welche die doppeltchromsauien Salze bis
heute in der Histologie gezeitigt haben, so drangt sich unabweislich der
Schluss auf, dass sie ebenso werthvoll gewesen sind fiir unsre Kenntniss
vom Bau des Zellleibes wie werthlos fur die Erforschung der Structur des
Zellkerns. Wenn dieser Satz ausnalimslos fiir aile die Salze gilt, welche
entweder im taglichen Gebrauche stehen,\vie Kalium und Ammonium, odcr
nur gelegentlich versucht wurden.wieNatriurn und Lithium bichromicumf i),
so muss doch anerkannt werden, dass sich nach beiden Seiten, fiir Zcllleib
wie fiir Zellkern, auch, allerdings nur wenige, Ausnahmen gefunden haben.
So ist bei der Untersuchung der feineren Structur der Nervenzellen
nach iibereinstimmendem Urtheil aller Untersucher vom Gebrauch des
Kalium und Ammonium bichromicum abzusehen. Doch scheint dies im
Besonderen fiir die Ganglienzellen der Wirbelthiere Geltung zu haben,
nicht dagegen der Wirbellosen, bei denen das Ammonium- nicht Kalium-
bichromicum allerdings in sehr starken Verdiinnungen (0,05 — ci, 1 "/o), in
Lôsungen also die eher macerirend als hârtend wirken, in den Hânden von
H. ScHULTZE (2) geradezu Vorziigliches geleistet hat.
In Bezug auf den Kern sind die Angaben der Autoren so ziemlich
iibereinstimmende, vorausgesetzt allerdings, dass man sich dariiber einigt,
was man unter Erhaltung der Kernstructur zu verstehen habe. Hier kommt
einmal in Betracht der feinere Bau des ruhenden Kerns, von dem Altmann (3)
(i) Das letztere wurde an Stelle des Kal. bichromicum fur die Golgi'sche Impragnation em-
pfohlen von O.S. Strong : N. Y. Acad. of Se, Vol. XIII, cit. in Anatom. Anzeiger, iSgS, Bd. lo,
S. 494.
(2) H. ScHuLTZE : Die fibrilldre Structur der Ncrvenelemcnte bei M'irbelloscn ; Arch. f. mikrosk.
Anat., iSyg, Bd. 16, S. 57.
(3) R. Altmann ; Ueber Kernstructur und Net^structur ; Arcli. f. Anat., 1S93, S. 223.
338 Eugen BURCHARDT
direct sagt » dass fast aile jene fixirenden Mittel, welche am Zellkôrper
und an dem sich theilenden Kerne so vortreffliche Resultate geben, gegen-
tiber dem ruhenden Zellkern machtlos sind, und hier Zerstorung nicht Con-
servirung bewirken. "
NochheutestelltderBau des ruhenden Kerns das schwierigere Problem
dar, ja vielleicht das schvvierigst zu bearbeitende und demzufolge noch
dunkelste Kapitel der histologischen Forschung iiberhaupt, dem gegeniiber
die Beschâftigung mit dem sich theilenden, besonders dem mitotisch sich
theilenden Kerne, Dank den Arbeiten der Forscher, die zu bekannt sind,
als dass ich sie zu nennen brauchte, geradezu als cin Leichtes erscheinen
muss. Um das Letztere aber, den Kern in Mitose, wird es sich im Folgen-
den hauptsachlich handeln, obschon ja soviel festzustehen scheint, dass
nach beiden Beziehungen hin von den gebrâuchlichen doppeltchromsauren
Saizen nicht viel mehr zu erwarten ist als Nachtheil.
Da es sich hier um ziemlich bekannte Dinge handelt, kann ich die
Ausnahmen vorwegnehmen, wobei wohl am Besten zwischen der Wirkung
der reinen Bichromatlôsungen und der der Muller'schen Fltissigkeit zu
unterscheiden sein wird.
In Bezug auf die erstgenannten findet sich bei Mayzel (i) die intéres-
sante Angabe, dass « das Kali bichromicum, welches sich als unzweckmassig
zur Untersuchung der Kerntheilung in Geweben der erwachsenen Thiere
erwies, sich geeignet zeigte fiir embryonale Zellen des Fluhnchens ".
Auch Flemming, mit dessen Untersuchungen wir uns im Folgenden
noch eingehender zu beschâftigen haben werden, giebt einige hierher gehô-
rige Angaben. Einmal (2) : « Durch sehr verdiinnte Lôsung — 0,1 % —
des Kalibichromats kann man allerdings die Theilungsbilder oft schôn con-
serviren, doch viel weniger sicher als durch Picrin- und Chromsâure «.
Ferner (3) ^ ich habe zwar bei fortgesetzten Versuchen mit chromsaurem
Kali gefunden, dass man wohl hin und wieder, unter ganz uncontrollirbaren
Bedingungen, sehr massige Erhaltung von Kerntheilungsfiguren damit er-
zielenkann; immer sind sie auch dann so undeutlich und verzerrt, dass
man schon auf ihren Befund vorbereitet sein und die unveranderten Formen
durch andre Reagentien gut kennen muss, um jene zu diagnosticiren «.
(i) Mayzel in Jahresber. ûber Anat. u. Pliysiol. von Hofmann u. Schwalbe, Bd. 7, S. 27.
(2) W. FiEMMiNG : Ueber das Vcrhalten des Kcnis bei der Zcllthcilung u. ûber die Bedeutung
mehrkerniger Zellen; Virch. Arch., iSyg, Bd. 77, S. i.
(3) W. Flemming : Ueber Epit/ielregeneration u. sogenannte freie Kernbildung; Arch. l. mikrosk.
Anat., iSSo, Bd. 18, S. 347.
BICHROMATE UND ZELLKERN 339
Weiter (i) bemerkt er, dass die Kerne der Saugethierovarialeier durch
Kali bichromicum r nicht so wie gewôhnlich geschadigt^ werden. In Betrefif
dieser so wichtigen Abweichung erscheint es geboten, auch den ausfuhrliche-
ren Passus aus Flemming's (2) grôsserem Werke ûber die Zelle hier anzu-
filhren. Es heisst dort ; « Das chromsaure (3) Kali ist fiir das Ei, besonders
fur das Saugethierei, ein weit gunstigeres Fixirungsmittel, wie fur manche
andere Objecte, wozu namentlich Kerne der meisten Zellenarten gehôren...
Dies bezieht sich auch auf den Kern des Eies, dessen Innenstructur durcli
Kali bichromicum nicht in so eingreifenderWeise verândert wird, wie andere
Kernarten, indem die sonst gewôhnliche Bildung sehr scharf gezeichneter,
halb kunstlicher Netze im Kern hier grôsstentheils ausbleibt... Also gerade
das Reagens, das in den Kernen der meisten Zellenarten unnatiirliche Ver-
zerrungen herstellt, Kalibichromat, erhâlt den Kernbau bei diesen Eizellen
gut -; ein Verhalten, welches Flemming auf, allerdings unbekannte, che-
mische Eigenthtimlichkeiten der Kern- und Zellsubstanz in der Eizelle
zuriickfiihren môchte.
Carnoy (4), der, wie ich spater noch anfiihren werde, Kal. bichromie.
zurDarstellungderKernstructur vollig verwirft, giebtdoch in Figur 62 einen
uberraschend gut erhaltenen Kern einer Vorticelle : " noyau rubané, avec
filament de nucléine pelotonné et enchevêtré, mais dont certaines anses sont
visibles ^ und zum Beweis der Anwendung dièses Salzes : « le protoplasme,
contracté en cet endroit par le bichromate de potassium, s'est séparé de la
membrane ou cuticule i-.
Ueber den Werth der Miiller'schen Fltissigkeit fur den Kern sind die
Angaben merkwiirdiger Weise nicht nur unsichere sondern zum Theil
einander geradezu widersprechende.
Einige — v. Kahlden, FRiEDLaNDER-EsERTH — wollen dièse Mischung
zur Darstellung der Kerntheilungsfiguren nicht unbedingt verwerfen, beur-
theilen ihre Wirkung sogar noch glinstiger als Henle (5) es in seiner be-
kannten Abhandlung that, in der er Flemming gegeniiber sich ruhmte,
diesem « ausgezeichneten und bequemen und darum mit Recht beliebten
(i) W. Flemming : Veber die M'irk-iing von Cliromosmiumessigsiiure auf den Kern; Arch. f.
mikrosk. Anat., iSgS, Bd. 45, S. 162 (S. i63, Anm. 4).
(2) W. Flemming : Zelhubstjn^, Kern und Zelltheilung ; Leipzig, 1SS2, S. 34.
(3) Steht, wie in àlteren Arbeiteu nicht sellen, fur « doppeltchromsaure Kali ».
(4) Carnoy : La biologie cellulaire; Lierre, 1884.
(5; J. Henle : Zur Entivicklung der Krj-stalllinse uini ^ur Thcilung des Zellkerns ; Arch. f.
mikrosk. Anat., 1882, Bd. 20, ë. 413.
340 Eugen BURCHARDT
Conservirungsmittel seine Stelle gewahrtzu haben «. Denn dieser beriihmte
Forscher giebt immerhin Flemming» in so fern Redit, als die Fadenfiguren,
die Faserkôrbe u. s. f. an Praeparaten aus chromsaurer Kali Lôsung oder
Mliller'scher Flussigkeit 'ganz unkenntlich « seien, eine Verânderung, die
er ausdrilcklich nicht auf Schrumpfung sondern auf Quellung der chroma-
tischen Fâden zurlickfuhrt. nAber«, so fahrt er fort, "die Verânderung, die
sie erfahren ist so bestândig und regelmassig, und die Bilder, die man an
Stelle der Fadenfiguren zu sehen bekommt, sind so auffallend und charac-
teristisch, dass mit ibi'er Hiilfe die Thatsache der Kerntheilung ebenso
sicher und mitunter sogar leichter, als mittelst der eigentlichen karyokine-
tischen P'iguren bestimmt werden kann. "
Beltzow (i) zeichnete aus Miiller-Praeparaten Mitosen von auffallen-
der Klarheit.
Carnoy (2) hingegen, den ich schon oben anzufiihren batte, verwirft
die MuUer'sche Flussigkeit vollkommen, scheint sie in ihrer Wirkung auf
den Kern sogar noch unter die reinen Losungen der doppeltchromsauren
Salze zu stellen, wenn er sagt (S. io6) : » Les réactifs bichromiques, la li-
queur de Miiller surtout, ne peuvent jamais servir pour l'étude du noyau
cellulaire. "
ScHiEFFERDECKER (3) spricht sich - allerdiugs ganz im Allgemeinen —
auffallend zuriickhaltend aus, indem er meint y^ es ist nicht leicht zu sagen,
ob der geringe Zusatz von schw^efelsaurem Natron wirklich von berner kba-
rem Einfluss ist, von manchen Seiten wird ein solcher direct gelâugnet,
von Andren behauptet, jedenfalls ist die Formel als bewahrt «.
Aehnlich urtheilen Bolles Lee und Henneguy (4) : « Nous avouons
que nous ne nous rendons pas bien compte du rôle que peut jouer le sel de
soude dans ce mélange (à moins qu'il ne serve à y provoquer la formation
d'un peu d'acide chromique libre?) et que nous n'avons pas pu nous aperce-
voir que ce mélange donnât des résultats sensiblement différents de ceux du
bichromate pur. «
(1) A. Beltzow ; Untersuchiingen liber die Entnncklung und Rcgencration der Sehncn; Arcli.
f. mikrosk. Anat., i883, Bd. 22.
(2) Carnoy : La biologie cellulaire; Lierre, 1SS4.
(3) Berens, Kossel und Schiefferdecker : T)as Mikroskop; 1889, S. i52.
(4) Bolles Lee et Henneguy ; Traité des méthodes techniques de ianatomie microscop'que ;
2' édit., 189(3, S. 44.
4
BICHROMATE UND ZELLKERN 34 1
Hingegen bediente sich Sack(i) bei seinen Untersuchungen des Kerns
der Fettzellen, also des ruhenden Kerns, dieser Mischung mit hervorragen-
dem Erfolg und sagt : ^^ Bei solchen in Muller'scher Flussigkeit gehârteten
Praeparaten ist die Zeichnung des Kerngerlistes ausserordentlich scharf
und zugleich durchsichtig. Da scheinen auch die Kernkôrperchen besser in-
dividualisirt zu sein; betont auch, dass sich neben diesen noch kleinere
Haufen Chromatinsubstanz im Kern antrefïen, dass letztere also jedenfalls
nicht diffus verquollen ist, und lobt « die grosse Zartheit und Scharfe der
Farbung. ^
Flemming (2) dagegen sagt : « Die als Muller'sche Augenfliissigkeit be-
Icannte Mischung fand ich stets in ihrer Wirkung auf die feinere Structur
von Zelle und Kern so libereinstimmend mit 1-3 0/0 Lôsung von reinem
Kal. bichrom., dass ich nur noch die letztere angewendet habe. «
Welches ist nun nach den bis jetzt vorliegenden Erfahrungen die allge-
meine Wirkung des Kalium bichromicum auf den Kern, und wie kommt
sie zu Stande d. h. wie verhalten sich im Besondern die Substanzen des
Zellkerns, von denen wir ja schon eine ganze Anzahl zu unterscheiden ge-
lernt haben, unter der Einwirkung dièses Salzes?
Wir wollen uns hier zuerst an Flemming's Arbeiten halten, und môge
auf seine Untersuchungen (3) tiber den Einfluss dièses Salzes auf den ru-
henden Kern, das erst vôllige Verschwinden des Netzwerkes, dann nach
langerer Einwirkung Wiederauftreten sehr viel feinerer geknickter Bâlkchen
" unnattirliche Zerrbilderder wahren Structur- {Zellsiibstani, u.s. w., S. 108)
nur der Vollstandigkeit wegen hingewiesen werden (4), um genauer seine
Schilderung der Veranderungen des mitotischen Kernes zu geben.
(I) Arn. Sack : Ueber vacnolisirte Kenie der Fettzellen ii. s. iv.; Arch, l. mikrosk. Aiiat., iSgS,
Bd. 46, S. 431.
[2] W. Flemming ; Zellsubstan^, Kern und Zelltheilung; Leipzig, 1S82 (S. 107, Anm ).
(31 W. Flemming ■■ Ztir Kenntniss der Geiùste im Zellkern und ihre Veranderungen durch
chromsaure Sal^e; Centralbl. f. d. medicin. Wissenschaften, 1S79, Bd. 17, S. 401.
(4) Anm. In einer im gleichen Jahr erschienenen, sehr ausfûhrlichen Arbeit (Beitràge ^ur Kenntniss
der Zelle und ihrer Lebenserseheinungen ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1S79, Bd. 16, S. 3o2) werden die
am ruhenden Kern unter Einwirkung von Kal. bichrom. eintretenden Veranderungen noch eingehender
geschildert, und weicht die Beschreibung hier in so fern ab, als dabei der Kerninhalt nicht erst
homogen werJen, vielmehr das scharfo und feine Netzwerk direct aus dem schwer sichtbaren Faden-
werk des frischen Kerns hervorgehen soU. Andererseits stellt er es aber ausser allem Zweifel, dass
das Bild des lebenden Kerns dadurch niclit getreu wiedergegeben wird. Aehnliche, nur wenig abwei-
chende, Beobachfungen machte E. Klein : Observations on structure 0/ Cclls and ]\'uclei ; Quart.
Journ. of Microscop. Science, 1879, vol. XIX, p, 157.
342 Eugen BURCHARDT
Dièse bestehen nach ihm (i) r, zuweilen in einer diffusen Zusammen-
quellung der fârbbaren Fadenfigur (Chromatin) mit der nicht farbbareii
(Achromatin), mit gleichzeitiger Verwischung der Grenze gegen das Zell-
plasma; dièse Masse fârbt sich dann bei Tinction wie ein Kern, aber oft
blasser «. Eine Beschreibung, der, wie wir salien, sich Henle (1882) an-
schloss.
Des Weiteren sagt Flemming(2) in seinem grosseren Werke iiber die
Zelle ausftihrlicher : « Der Einfluss der Chromsalze (3) auf die Theilungs-
figuren der Kerne ist ebenfalls ein stark verandernder. Und dies ist ver-
standlich, weil die Substanz, welche in den Gerlistbalkchen des ruhenden
Kerns die Hauptmasse bildet und bei der Chromsalzwirkung nacli meiner
obigen Deutung der Quellung und Wiedergerinnung unterliegt, dieselbe
ist, welclie ganz oder fast ganz die chromatische Kernfigur constituirt. Die
letztere wird unter dem Einfluss dieser Reagentien bald ganz gelôst und
verquillt in eine anscheinend homogène Masse, bald lassen sich noch An-
deutungen von dem Fadenbau der Figur darin unterscheiden, bald mehr
bald weniger deutlich, immer aber verzerrt und verwischt. ^
Schon in der citirten Arbeit aus dem Jahre 1879 (4J wird gesagt, dass
" die in Theilung befindlichen Kerne ganz unfraglich durch die Chrom-
salze sehr eingreifend verândert werden « und in der Anmerkung : « Gerade,
die Kerne, welche in Theilung sind, zeigen an Chromkalipraeparaten ge-
wôhnlich eine Lôsung und Durchbrechung ihres Inhaltes, meist der Art,
dass in der Mitte der Kernfigur eine grosse Vacuole entsteht und dieselbe
meist in zwei Portionen auseinanderdrangt, wobei noch Strange zwischen
diesen beiden Balken ausgespannt bleiben kônnen. An andern findet man
mehr oder weniger von dem Bau der Theilungsfiguren conservirt; aber die
Chromsalze sind fiir Amphibiengewebe jedenfalls durchaus ungeeignet zur
Untersuchung der Theilungsphânomene. «
Die Surnme seiner Erfahrungen giebt Flemming (5) in seiner » War-
nungstafel « : " Wer mit Kali bichromicum oder anderen Chromsal^en
Kerntheihingen suchen oder ausschliessen xpill, begiebt sich auf einen hoff-
nungslosen Irrweg. «
(1) W. Flemming : Ueber Epithelregeneraiion und sogcnannte frète Kcnibildiiitg; Arch. f. mi-
krosk. Anat., 1880, Bd. 18, S. 347.
(2) W. Flemming : Zellsubstan^, Kern und Zelltlicilnng \ iS8^, S. 109.
(3) Gemeint auch : Doppeltchromsaure Salze.
(41 Arch. f. mikrosk. Anat., 1S79, Bd. 16, S. 3o3.
(5) W. Flemming : Ueber Epithelregeneraiion und sogcnannte frcie Kernbildung; Arch. f. mi-
krosk. Anat., 1880, Bd. 18, S. 352.
I
BICHROMATE UND ZELLJvERN 343
Carnoy (i) praecisiit die Wirkung der Bichromate auf den Kern fol-
gendermassen : « On comprend maintenant pourquoi nous avons tant in-
sisté dans la technique sur la nécessité d'éviter l'emploi des sels alcalins,
des bichromates et de la liqueur de Muller, dans les opérations de durcis-
sement... si ces réactifs ne dissolvent pas la nucléine ils la gonflent et la
modifient profondément dans son aspect et dans son état normal. «
Um noch andre Autoren in' s Feld zu fiihren, will ich Pfitzner (2) ci-
tiren, dessen Antheil an der Erforschung der karyokinetischen Kerntheilung
wie der feineren Structur des chromatischen Fadens wohl bekannt ist, der
kurz und btindig sagt : r> Die chromsauren Salze, besonders doppeltchrom-
saures Kali, sind flir die Untersuchung der Zellkerne gânzlich umbrauch-
bar. «
Desgleichen glaubte Barfurth (3), obschon die doppeltchromsauren
Salze fiir seine Untersuchungen im Uebrigen nur indicirt waren, von ihrer
Anwendung dennoch absehen zu miissen r, da sie, wie Flemming nachge-
wiesen, die Mitosen nicht conserviren. -
Lowit(4.) beschreibt die Wirkung des Kal. bichromie, wie folgt : •' Die
Kerne sind in eine homogène Blase verwandelt und lassen auch nach der
Filrbung keine chromatischen Klumpen mehr hervortreten. «
Aus den sehr eingehenden chemisch-mikroskopischen Untersuchungen
von Schwarz(5) muss ich mir erlauben folgenden langeren hierhergehôrigen
Abschnitt anzufuhren : ^ In concentrirter Losung von doppeltchromsauren
Kali ist das Chromatin und die Kernmembran unlôslich. Die Fibrillen und
Grundsubstanz quellen gleichmassig « und « im Kern quellen Linin und
Paralinin stark auf, wâhrend das Chromatin und das Amphipyrenin der
Membran voUstândig unlôslich bleiben. Die Membran wird namentlich
sehr deutlich, da der Kerninhalt entweder das Aussehen einer Flussigkeit
annimmt oder ganz fein punctirt durchsichtig wird... Die Kernkorperchen
sind nur unvollkommen lôslich, sie zerfallen meist in einzelne Stucke oder
verandern doch wenigstens ihre Gestalt. « In einer Tabelle (S. 184) fasst er
dies sehr ubersichtlich folgendermassen zusammen : Chromatin-unloslich ;
(i) Carnoy : La biologie cellulaire; S. 210.
(2) W. Pfitzner : Die Epidermis der Amphibien ; Morphol. Jalirbuch, 1880, S. 469 (S. 4S1I.
(3) D. Barfurth : Zur Régénération der Gcivebe; Arch. f. mikrosk An.t, 1891, Bd. 37, S 406.
(4) M. LôwiT : Ueber Neubildiing und Beschaffenhcit der wcissen Bliitkorperchen. Ein Beitrag
:{ur Zelllehre; Ziegler's Beitràge z. path. Anat. u. z. allg. Path., 1S91, Bd. 10 iS. 214).
(5) Frank Schwarz : Die morphologische und chemische Zusamme.'.set^ung des Proioplasmas ;
Beitràge zur Biologie der Pflanzen von Colin, i?92, Bd. 5 (S. 117).
45
344 Eugen BURCHARDT
Linin (Geriistsubstanz) — stark quellend; Paralinin (Zwischensubstanz) - —
stark quellend; Pyreniii (Nucleolen) — particll loslich ; Amphipyrenin
(Kernmembran) — unlôslich.
Der Vollstandigkeit-wegen môge auch Rawitz (i) angefuhrt werden,
welcher dem Kal. bichromie, eine ^ kernfeindliche Tendenz ^ zuschreibt.
Endlich blieben noch die Untersuchungen von Auerbach (2), die allen
schon angeftihrten zwar zeitlich vorangingen, die ich aber absichtlich an
letzter Stelle bringe, weil sie besonders gut im Stande sind, uns die Schwie-
rigkeiten unseres Gegenstandes zum Bewusstsein zu bringen, wie sie auch,
zum Theil wenigstens, die Erklarung daftir zu geben vermôgen, dass sich
in der Beantwortung dieser scheinbar so einfachen Frage doch gewisse
Abweichungen ergeben konnten. Auerbach beobachtete dasVerhalten freier
Kerne in aufsteigenden Concentrationen von doppeltchromsaurem Kalium
und fand dabei je nach dem Gehalt einen hochst merkwtirdigen Wechsel
von Quellung und Erhârtung, der sich aber nur verstehen lâsst, wenn man
folgende von ihm aufgestellte Tabelle (S. 39) vor Augen hat :
DOPPELT-CHROMSAURES KALI.
PROCENTE.
10.0000
1.5000
' Schrumpfung i 1 .2000
obère Erhârtungsregion.
2.0000 ; , . . r\ ^^
\ obère Région mnerer Quellung.
j untere Erhârtungsregion.
Quellung der \ der Kerne ( 0.0300 \ untere Région innerer Quellung.
Nucleoli j 0.0060
0.0000
Ueber-x\ufquellung.
BezLig nchmend hierauf legt er die Wirkung der gebrauchlichen star-
keren Lôsungen wie folgt aus (S. 37) : « Man sieht, dass wenn nicht die
kurze Untérbrechung von 1,5 — 2 o/u ware, nur eine einzige, den concen-
trirten Lôsungen angehôrige Erhârtungsregion vorhanden ware... Dazu
kommt, dass in doppelt-chromsauren Kali die beiden zuletzt genannten
Regionen nicht rein sich darstellen. Die geringe Hôhe derselben in Verbin-
dung mit der verschiedenen Widerstandsfâhigkeit der Kerne bringt es mit
sich, dass immer eine Anzahl der Kerne in abweichenden Zustiinden sich
(i) Rawitz : Ccntiosoma und AtliacUonssj.'/idrcn u. s. tv.; Arr.li. f. mikrosk. Anat., iSgS, Bd. 44,
S. 555 iS. 57S).
(2) L. Auerbach : Organolosische Stu.iien; Breslau, 1S74, S. 3/ u. ff.
I
BICHROMATE UND ZELLKERN 345
befindet, welche entweder schon der nachst oberen oder der niichst unteren
Région entsprechen. -^ Besonders interessirt uns ferner, wenn er weiterhin
sagt (S. 65) : " In concentrirten Lôsungen von mehr als i o/o Gehalt stim-
men die intracellularen Veranderungen der Kerne ganz mit denen isolirter
iiberein. ^
II. Eigene Untersuchungen.
Nachdem ich somit im Vorhergehenden ein môglichst getreues Bild
der Veranderungen gcgeben habe, welche nach den bis jetzt vorliegenden
Erfalirungen der Zellkern unter der Einwirkung der Bichromate erleidet,
will ich nun auf meine eigenen Untersuchungen eingehen. Hierbei wird es
aber nicht so sehr meine Aufgabe sein die, wie wir gesehen haben, schon
so oft und so grtindlich bearbeiteten gebrauchlichen doppeltchromsauren
Salze eineni womôglich noch grlindlicheren Studium zu unterwerfen — denn
das halte ich inderThat fiir unmôglich ~ als vielmehrdem zweiten in Flem-
ming's - Warnungstafel - enthaltenen Theil, der sich auf die ungenannten
^ anderen Chromsalze „ bezieht, cine priicize Beantwortung zu Theil wer-
den zu lassen.
Den Anlass, auch dicsen Punct in's Auge zu fasscn, erhielt ich gelegent-
lich anderweitiger, ziemlich ausgcdehnter Untersuchungen mit allen mir
zuganglichen einfach- und doppeltchromsauren Salzen, in ihrem Verhalten
zu den verschiedensten Geweben und Zellproducten, normalen wie patholo-
gischen, wie auch auf Bactérien, soweit sic sich im Gewebe finden. Hierbei
zeigte sich als ein fur mich, der ich bei meinen Arbeiten ailes andere als be-
giinstigt wurde, uniiberwindliches Hinderniss das immerhin erwâhnens-
werthe Factum, dass ein Theil der chemischen Verbindungen unterhalb
eines gewissen Temperaturgrades iiberhaupt nicht mehr auftrat, so dass
ich dièse umfassenderen Untersuchungen zwei Winter hindurch unter-
brechen und endlich ganz aufgeben musste. Nur dem Umstande, dass die
im Folgenden zu beschreibenden Verbindungen zwischen Bichromaten und
Zellkern dieser Beschrânkung nicht unterworfen sind, verdanke ich es, dièse
Untersuchungen weiter verfolgen und, trotz einigen Mangels an Material,
zu einem relativen Abschluss bringen zu konnen.
Als Material fiir meine Untersuchungen dienten mir im Winter Mâuse
und Fische, in der warmeren Jahreszeit Frosche und Kruten. Letztere sind
346 Eugen BURCHARDT
bei der relativcn Grosse ihrer Kerntheilungen hierzu recht geeignet (i),
wlihrend Fische, wenigstens aile von mir benutzten, wegen der Kleinheit
ihrer Mitosen schon so liohe Anforderungcn an den Beobachter stellen, dass
ich von ihrer Benutzung nur abrathen kann. Die Kerne der Maus stehen
in Bezug auf Grosse und Deutlichkeit — und ich mochte bemerken, dass
beides nicht iinmer Hand in Hand geht — so ziemlich in der Mitte ; aber
auch bei ihnen ist die Auflôsung der Theilungsfiguren schon ailes andere
als leicht, wenn man nicht bestândig mit Immersionen arbeiten will (2).
Bei allen genannten Thieren ist der ganze Verdauungskanal eine, wenn
auch ungleich reichc, Fundstiitte fur Zelltheilungen.
Mitosen i m Darm wurdcn bekanntlich zuerst 1882 von Pfitzner (3)
gesehen, ihr regelmassiges Vorkommen im ganzen Intestinaltract dann von
BizzozERO (4) und seinen Schlilern auf das Eingehendste bei verschieden
Wirbelthieren verfolgt, so bei Hund, Kaninchen, Meerschweinchen und
Maus. Ihre genauere Vertheilung und ihre Bedeutung fiir den Ersatz des
Deckepithels zeigte Bizzozero gleichfalls (5).
AehnlicheBefundemachteCLOETTA(6) beiVôgeln(Taube, Huhn, INIeise,
Amsel, Sperling).
Von MoRPURGO f7) wurde im Besondern der Einfluss des Hungerns
auf die Zahl der Zelltheilungen untersucht, und sagt hieriiber Bizzozero (8)
in einem zusammenfassenden Vortrag folgendes : " Dans les organes où,
normalement, il existe déjà un processus de néoformation cellulaire par
karyokinèse, ce processus persiste aussi dans les périodes les plus graves de
l'inanition aiguë de l'organisme, et il persiste aussi bien dans les organes
adultes que dans ceux qui se trouvent en voie d'accroissement. L'unique
(i) In diesem Puncte mochie ich die Krôie dem Frosche noch vorziehen.
{2) Ich bedienle mich {;ewôhnlich der Objective 7 uud 9 von Hartnatk, und nur zur Conirolle
des 2 mm. Apochrorr.ntes.
(3) Pfitz.ner : Dcobachtungen iibcr iveileres Vorkommcn der Kan-okincse; Arch. f. mikcosk.
Anat., 1882,. Ed. 20, S. 142.
(.() Bizzozero e Vassale : Siilla produ^ione e siilla regencra^ionc Jisiologica degli clcmcnti
glandolari; Arcbivio per le scienze meJiche, 1S87, vol. XI, p. igS.
(5) Bizzozero ; Uebcr die schianc/i/ormigen Drû^eii des Magen, Darmkanals und die Be^ieliungen
ilires Epitliels jh dcin Obcrflàclienepitlic! der Schlciinliaul ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1892, Bd. 40,
S. 325.
(6) M. Cloetta ; Bcitrag ^ur >ni/;rosl,opischcn Anatomie des Vogeldarms ; Arch. f. mikrosk.
Anal., 1S93, Bd. .ji, S. SS.
(7) B. MOBi'URGO : Siil processo Jisiologieo di neofurma^ione cellulare durante la inani^ione
aciita dcU'organismo; Archivio per le scienze meJiche, 18S8, vol. XII, p. SgS.
(S) Bizzozero ; Accroissement et régénération dans l'organisme- Archives italiennes de Biologie,
1894, Tome 21, p. 1 10.
BICHROMATE UND ZELLKERN 347
différence qu'on remarque, à cet égard, entre les organes affamés et les or-
ganes bien nourris, c'est que, dans les premiers, le nombre des mitoses est
moindre et, par conséquent, la prolifération cellulaire moins active. ^
Schon Flemming (i) librigens war es aufgefallen, dass wahrend bei gut
geftitterten Amphibienlarven die Gewebe voiler Theilungsfiguren steckten,
sie bei hungernden fehlten. Abnahme derselben beim Hungern sah auch
Peremeschko (2) in den Hautepithelien bei Triton cristatiis, ebenso in den
rothen Blutkorperchen desselben Thieres Bizzozero und Torre (3).
Diesen Punct wollte ich deshalb nicht unerwahnt lassen, weil auch ich
an Amphibien, die ich selbst gefangen und langere Zeit ohne Nahrung ge-
lassen hatte, eine merkliche, flir meine Untersuchungen naturlich nur nach-
theilige, Abnahme der Zelltheilungen im Verdauungskanal zu constatiren
hatte.
Der Umstand, dass dièses Organ in Folge sciner Umhtillung durch
eine zusammenhângende Schicht glatter Muskeln von fixirenden Fltissig-
keiten cher schwer durchdrungen wird — und dies ist selbst bei den kleinen
von mir gebrauchten Thieren schon recht merklich — konnte ftir dièse Art
von Untersuchungen nur als ein Vortheil angesehn werden. Und in der
That habe ich mich davon iiberzeugen konnen, dass ein anderes Organ, das
gleichfalls reich an Mitosen ist, namlich der Hoden (Maus), gerade wegen
der ungevvôhnlichen Leichtigkeit, mit welcher bei ihm auch sonst ungenii-
gende Fixirungsmittcl die Kerntheilungsfiguren gut fixiren, ganz ungeeignet
ist, um fur derartige Untersuchungen als A'ersuchsobject zu dienen. Dies
ist um so mehr der Fall, als der Hoden auch in anderer Beziehung eine
hochst bedeutungsvoUe Ausnahme abgiebt, ein Punct, auf den ich spâter in
Bestatigung schon altérer Beobachtungen von Flemming ausftihrlich einzu-
gehen haben werde.
Die doppeltchromsauren Salze, welche in den Kreis dieser Untersu-
(i) W. Flemming : Uebcr das Verhalten des Kerns bei der ZelUheiliiug und ùber die Bedeiitung
mekrkeniiger Zellcn; Virch. Arch , 1879, Bd. 77, S. 1
(2) Peremeschko : Ueber Theilung der thierischen Zellen; Arch. f. niikrosk. Anat., 1S79, Bd. i5,
S. 437.
(3) Bizzozero e Torre : Sulla prodii^ione dei globuli rossi iiellc varie classi dei vertebrati;
Archivio per le scienze mediche, 1S84, vol. VII, p. 3fii.
Anm. Eine wertvolle Zusammenstellung der Arbeiten italienischer Forscher ùber Zelltheilung unter
abnoimen Bedingungen gieht Bizzozero : Ueber die Régénération der Elemente der Gewebe unter pa-
tliologischen Bedingungen; Centralbl. f. d. medicin. Wissenschaften, 1SS6, S. 81.
348 Eugen BURCHARDT |
chungen gezogen werden konnten, waren das Ammonium (ij ', Kalium ',
Natrium -, Caesium % Rubidium ', Lithium \ Magnésium ', Barium -,
Strontium ', Calcium ', Aluminium ^, Zincum ' und Cuprum ' bichromicum.
(Argent, bichrom. ist nur în Spuren, Hj^drargyr. biclirom. in Wasser gar
nicht lôslich.)
Ohne Zweifel wâre es erwUnscht gewesen aile dièse Salze in gleicher
Reinheit, als purissima, anwenden zu kônnen, und fur die Entscheidung
einiger Nebenfragen wird dies allerdings nôtig sein. Jedoch ist dieser Man-
gel fur das Endurtheil iiber den eigentlich characteristischen Unterschied
dieser Salze in ihrem Verhalten zum Kern ohne grosse Bedeutung.
Dass ich mich bei der Herstellung aller hier in Betracht kommenden
Losungen und Mischungen der grôssten Accuratesse befleissigt habe, moge
deshalb besonders erwâhnt sein, weil ich meinen Nachuntersuchern dieselbe
Sorgfalt an's Herz zu legen aile Ursache habe. Einige dieser Salze, und
zwar gerade die interessantesten unter ihnen, sind in der That ailes andre
als indifférente Kôrper, und vermogen schon geringe Abweichungen von
den angegebenen Mischungsverhaltnissen recht abweichende Resultate zu
geben !
Zur Priifung dieser Salze wurden in erster Linie gleich starke und in
der ganzen Reihe an Gehalt zunehmende Losungen hergestellt, in welche
kleine Stiickchen frisch ausgeschnittenen Darmes — daneben auch andre
Organe wie Leber, Niere, Riickenmark u. s. w. — eingelegt wurden. Nach
24 stiindigem Harten wurden die Stiickchen fur einen Tag in haufig ge-
wechseltem Wasser ausgewaschen und in Alcohol nachgehartet. Mikrotom-
schnitte von iojj. Dicke, bei Maus und Fisch auch diinncr, wurden den
verschiedensten Farbungen unterworfen und meist in Nelkenoel unter-
sucht. Je nachdem die Eigenart der Wirkungsweise der einzelnen Salze
dazu aufforderte, wurde weiter die Dauer des Aufenthalts in den Losungen
wie die des Auswaschens variirt.
Da bei diesem, wie ersichtlich, sehr einfachen Verfahren wenigstens
eine Reihe zu gleicher Zeit oder, wenn zeitlich getrennt, doch bei ziemlich
derselben umgebenden Temperatur zur Ausfuhrung kam, konnte der Man-
geleines gleichen und bestandigen Warmegrades kaum in Betracht kommen,
ri) AUe Salze stammten ans dem Laboratorium von E. Merck in Darmstadt. FQr die Darstel-
lung des Magnésium (aucli als purissimum) und des Strontium bichrom., die im Handcl niclit vor-
handen waren, bin ich Htrrn Merck zu dem grôsslen Danke verpflichtet.
1 = Purissimum; 2 ^ purum ; 3 = Reinlieit nicht angegeben, jedenfalls geringer als purum.
BICHROMATE UND ZELLKERN 349
und dies um so weniger, als ich mich tiberzeugen konnte, dass bei willkiir-
lich variirten Temperaturen der Losungen Differenzen im Bilde der Kerne
nicht zu erkennen waren. Dagegen wUrde bei vergleichenden Untersuchun-
gen liber die Veranderungen an den Zellleibern wohl auch auf diesen Punct
wie auch auf vollkommene Reinheit aller Salze zu achten sein.
Ein weiterer Einwurf, der nicht ohne Weiteres unberucksichtigt bleiben
durfte, war der, ob nicht bei der Einwirkung aller dieser wassrigen Losun-
gen irgcnd welche der am Kern zu beobachtenden Veranderungen, zum
Theil wenigstens, auf die Wirkung des Wassers zuruckgefiihrt werden
musste. Wenn iiberhaupt, so musste sich dieser Umstand an den schwachen
Concentrationen besonders geltend machen.
Beobachtungen liber die Veranderungen des Zellkerns und seiner Be-
standtheile unter Einwirkung von Wasser finden sich bei Auerbach (i),
Flemming '2), Zacharias (3), KossEL (4), Carnoy (5), LowiT (6) und bei
Sci-IWARZ (7).
Bei dem ausserordentlichen Differiren dieser Beobachtungen, was nicht
zum kleinsten Theil in der Verschiedenheit der untersuchten Gewebe
(Pflanzenzellen, Thierzellen) seine Erklarung finden mag, glaube ich es mir
ersparen zu kônnen, auf die Resultate dieser Forscher einzugehen, und
dies um so mehr als sich bei meinen darauf gerichteten Versachen heraus-
stellte dass die Zellkerne, bei einem mit meinen librigen Versuchen liber-
einstimmenden Verfahren, dasselbe Bild darboten, wie Kerne von Stiick-
chen, die dieselbe Zeit an der Luft gelegen und dann in Alcohol eingelegt
waren. Der einzige Unterschied bestand vielléicht darin, dass die Kerne an
den dem Wasser direct zugânglichen Stellen noch etwas mehr eckig, wie
geschrumpft, aussahen. Dièses négative Ergebniss ist wohl darauf zuriick-
zufuhren, dass einmal reines Wasser in einigermassen festes Gewebe nur
schr schwer eindringt — ein Umstand der schon in der gut erhaltenen Con-
(1) Auerbach : Organologisc/ie Sludien, 1874.
(2) Flemming : Studien ûber die Entwicklungsgeschichle der Najaden; Sitzungsber. d. Wicn.
Acad. d. Wissensch., 1875, S. Si, S. 145; u. Zdlsiibstan:^, Kern und Zellthcihing, 1SS2, S. 100.
(3) E. Zacharias : Botan, Zeit., 1881. S. 169, und i8S5, S. 262.
(4I A. KossEL : Ueher ei:en pepton artigen BestandHieil des Zellkerns; Zeitsclir. f. phys. Chcmie
i883, Bd. 8.
(5) Carnoy ; Biologie cellulaire, 1884, S. 20S.
(6) M. LôwiT : Ueber Xeubilduitg und Bescluiffenheit der weissoi Blulkorperclwn ; Ziegler's
Beitràge z. path. Anal., 1891, Bd. 10.
(yi Fi ANK Schwarz : Die morphologisclie und cheniis^he Zasamincnset^uiig des Protoplasmn;
Beiirage z. Biologie d. Pfl.inztn von Colin, 1892, Bd. 5, S. 87-99.
350 Eugen BURCHARDT
sistenz des Stiickes zum Ausdruck kommt — und dass zweitens der Zell-
korper ein weiteres Hinderniss fur das Eindringen des Wassers abgiebt.
Schon alte Beobachtungen (Dujardin) haben ja erwiesen, dass frisches
Protoplasma fur Wasser iiur schwer durchgangig ist.
Ein weiterer Beweis fiir die Indifferenz des reinen Wassers wird sich
ferner im Verlaufe dieser Untersuchungen daraus entnehmcn lassen, dass
nicht nur schon sehr geringeMengenvonSauren und Salzen in den Mischun-
gen einen deutlichen Einfluss ausliben, sondern dass auch geringe Variatio-
nen in diesen an sich so niedrigen Concentrationen das Résultat in Bezug
auf Erhaltung der Kernstructur merklich zu beeinflussen vermogen.
Ich glaube mich demnach zu dem Schlusse berechtigt, dass die Veriln-
derungen, welche am Kern nach Einvvirkung wassriger Losungen der Bi-
chromate anzutreffen sind, in der That der Wirkung der letzteren zuge-
schrieben werden miissen.
Meine Untersuchungen haben nun ergeben, dass nicht aile doppelt-
chromsauren Salze den Kern in gleicher Weise verandern, sondern dass sie
sich in dieser Beziehung in zwei Reihen trennen.
Die eiue Reihe uinfasst die Sal^e, ivelche die Kenislriiciiir {erstôrcn,
die andere diejenigen, ipelche sie erhalten.
Zu den ersteren, den kcrn:{erstorenden, gehoren Kaliiiin, Caesium,
Rubidium, Nairium, Lithium — also aile Sal{e der Alkalimetalle —, ferner
Ammonium, Magnésium, Stronlium und Zincum bichvomicum.
Wahrend meinen Beobachtungen nach unter allen diesen Salzen kaum
zwei sein werden, die sich zum Zellleib ganz gleich verhalten, ein Umstand,
der sich schon in dem oft sehr verschiedenen Hârtungsgrade der Gewebe bei
im Uebrigen selbstverstândlich gleicher Behandlung ausdriickt, der aber nur
unter Beobachtung der schon vorher erwahnten Cautelen vôllig gleicher
Reinheit und Temperatur in exacter Weise zu erledigen sein wird, ist der
Einfluss aller dieser Kôrper auf den Zellkern ein derart ahnlicher, dass es
geniigt, einen einzigen davon zur naheren Besprechung herauszanehmen.
Hierzu môge das Kalium bichromicum als das bei Weitem am haufig-
sten benutzte dienen. Was ich am Kern nach Einwrrkung dièses Salzes
gesehen habe, kônnte ich nicht besser und kiirzer als mit den Worten
Lowit's geben : « die Kerne sind zu einer homogenen Blase verwandelt und
lassen auch nach der Farbung keine chromatischen Klumpen mehr hervor-
treten. -^ Von diesem Bilde zeigte sich nur hier und da in so fern eine Ab-
weichung, als in einigcn wenigen Kernen doch noch ein bis zwei mcist
BICHROMATE UND ZELLKERN 351
ungleich grosse KlUmpchen zu sehenwaren, diesich aber an dem im ubrigen,
mit Haematoxjdin, ganz gleichmassig gefârbten Kerninhalt nicht durch
starkere Farbung auszeichneten. Ob dies Nucleolen sind oder Chromatiu-
klumpchen, vermagich nicht zu entscheiden; nach ScHWARz(i)ist Chromatin
in Kal. bichrom.-Losung vollig unloslich, aber die Substanz der Nucleo-
len (Pyrenin) auch nur zum Theil loslich. Es ist mir ferner aufgefallen, dass
bei langerem Verweilen des Gewebes in der Kal. bichrom.-Losung die
Kernfarbung mit Haematoxylin eher noch schlechter ausfiel.
In diesem Puncte tritt uns einer der Unterschiede in dem Verhalten
der Kerne nach Hârtung in reiner Lôsung von Kal. bichrom. und nach Be-
handlung mit IMliLLER'scher Flussigkeit entgegen, bei der bekanntlich die
Farbbarkeit des Kerns mit der Dauer der Hiirtung eine bessere wird. Dieser
Unterschied ist aber, wie ich besonders Flemming gegenliber hervorheben
mochte, nicht der einzige und auch nicht der wichtigste. Gegentiber der
vollig diffusen Auflosung des Chromatins in dem Kal. bichromicum-Kern,
zeigt der mit MiiLLER'scher Flussigkeit behandeltedas Chromatin in ungleich
grosse Kltimpchen vertheilt. Doch findet sich dies mehr ausgesprochen an
dem ruhenden als an dem mitotischen Kern. An letzterem erscheint das
Chromatin wenn auch nicht diffus doch derart verquollen, dass man hier
und da Mitosen zwar noch errathen, aber jedenfalls nicht mit Sicherheit
erkennen kann. Demnach lasst sich nicht sagen, dass Kal. bichrom. und
MtiLLER'sche Fliissigkeit gleich wirken, eher noch dass durch den Zusatz von
Natrium sulfuricum die Wirkung des Kal. bichrom. auf den Kern abge-
schwacht wird (2). Dieser Vorgang muss um so râthselhafter erscheinen, als
auch schwefelsaures Natron ftir sich allein am Kern jede Structur zum Ver-
schwinden bringt. Ailes was bis jetzt von der Wirkung des Kal. bichrom.
gesagt worden,, gilt nun, wie schon bemerkt, auch filr die anderen oben
aufgezahlten kernzerstôrenden Salze.
Es lasst sich aber doch zeigen, dass, obschon dièse Wirkung qualitativ
eine durchaus analoge ist, sie dennoch in den einzelnen Salzen dem Grad
nach verschieden sein muss. Um sich hiervon zu ûberzeugen, muss man
(i) Frank Schwarz : Die morphologiscJie iind chcmische Ziisainmenset^ung des Protoplasmas;
Beitr. z, Biologie d. Pflanzea von Cohn, 1S92, Bd. 5 (Tabelle S. 184).
(2) Amn. Dièse Abschwachung fûhrt gerade. bei làngerer Einwiikung, zu einer grùndlicheren Vcr-
bindung mit gewissen Gcwebsbestandiheilen, z. B. mit den Myelinscheiden. Noch richliger wiirde es
vielleicht sein, die MÛLLERSche Lôsung anzusehen als eine Flussigkeit von ganz besonderen Eigenschaf-
ten, die sich bis jetzt nur empirisch feststellen, nicht erklaren lassen. Bei Anwendung von Magnésium
sulfuricum an Stelle des Natr. suif, wird der Kern so homogen wie nach Einvvirkung der reinen Lô,ung
von Kal. bichrom.; er fàrbt sich aber leicht und slark mit Haemat-ixylin.
46
352 Eugen BURCHARDT
den wassrigen Lôsungen dieser Salze Essigsiiure zusetzen. Von der kernfi-
xirenden Eigenschaft dieser Silure ist zum Studium der karyokinetischen
Theilung schon friih Gebrauch gemacht worden. Da auch bei meinen Un-
tersuchungen die Essigsâure eine nicht unbedeutende Rolle spielt, konnte
ich nicht umhin, auch mit ihr entsprechende Versuche anzustellen, indem
ich kleine Stiicke Darm in 2 — 5 0/0 Essigsâure auf 24 Stunden (auch we-
niger) einlegte, auswusch und in Alcohol nachhartete. Hierbei fand ich zu
meiner Ueberraschung, dass dieselben Farbstoffe, welche gleichzeitig mit
Essigsâure angewandt, das Chromatin gut und distinct farben, wie Methyl-
griin (Strasburger, Carnoy) und Bismarkbraun (Mayzel), bei der von mir
gewahlten Anordnung so gut wie keine Affinitat ftlr dièse Kernsubstanz
zeigen, Dasselbe gilt fiir Haematoxylin, wiihrend andre basische Anilinfar-
ben das ganze Gewebe diffus farben. Nur Carmin erwies sich hier als
brauchbar, doch iiberzeugt man sich an diesen Praeparaten schon ohne
jede Farbung bei der einfachen Betrachtung in Nelkenoel, dass die Mitosen
in ihrem chromatischen wie achromatischen Theil vollkommen erhalten
sind.
Setzt man nun wassrigen (z. B. 5 0/0) Lôsungen von Ammonium,
Kalium, Strontium, Zincum bichromicum 5 0/0 Essigsâure zu, so unterliegt
die Mitose zwei antagonistisch wirkcnden Kriiften, der zerstôrenden der
Bichromate, der erhaltenden der Essigsâure. Wenn wir nun sehen, dass die
Mitosen nach Behandlung mit diesen Lôsungen ungleich gut erhalten sind,
und zwar am besten in der Zink- am schlechtesten in der Ammonium-Lô-
sung, so sind wir berechtigt dem Zinc, bichrom. weniger kernzerstôrende
Eigenschaft zuzuschreiben als dem Strontium, Kalium und besonders dem
Ammonium bichrom.
Die Wirkung- dieser Salie auf den Kern ist also eine gleichartige, aber
nicht eine gleichstarke.
Noch auf einen Punct mochte ich hinweisen, der vielleicht fur das Ver-
stândniss der Wirkung dieser Salze nicht ohne Bedeutung sein wird, dass
sich namlich die Wirkung dieser Bichromate in allen Concentrationen, star-
ken (2-5 0/0) wie schwachen (i : 1000), in gleicher Weise iiussert. Die Angabe
Flemming's (s. oben), dass man durch sehr verdunnte Lôsungen von Kal.
bichrom. (0,1 0/0) die Theilungsbilderoft sehr schôn conserviren kann, habe
ich. an den von mir untersuchten Objecten wenigstens, nie bestatigen kônnen.
Wenn ich jetzt zur Besprechung der Salze ubergehe, welche die Kern-
structur erhalten, betrete ich ein Gebiet, das, so viel ich weiss, der Beo-
bachtung bis jetzt entgangen ist.
BICHROMATE UND ZELLKERN 353
Abgesehn von der Neuheit verdienten dièse Salze, besonders auch von
Seiten der physiologischen Chemiker, eingehende Beriicksichtigung, weil,
soweit ich als Nicht-Chemiker dièse Verhâltnisse zu durchschauen vcrmag,
erst ihre Kenntniss eine richtige Auffassung von der Wirkung der Bichro-
mate auf den Zellkern iiberhaupt ermôglichen wird.
roti allen von inir itntersuchten Salien gehoren in dièse Reiiie das
Calcium^ Bariiim iiiid Ciiprmu bichroniicinn.
Operirt man mit rein wassrigen Losungen diescr drei Salze, so iiber-
rasclit als erstes eine Besonderheit, nâmlich das aussersrewohnlich p-eringe
Eindringungsvermôgen und,\vas damit zusammenhangt, die abnorme Harte
der damit behandelten Organstlickchen.
An Stlicken, welche in 1/2 0/0 Losungen von Calcium, Barium oder
Cuprum bichromicum 24 Stunden gehartet, ausgewaschen und in Alcohol
nachgehârtet sind, finden wir die Mitosen conservirt. Aile Stadien der
Kerntheilung sind an derartigen Praeparaten zu erkennen, nicht zu sehen
ist die achromatische Figur. Die ruhenden Kerne zeigen ihr Chromatin nicht
diffus, sondern unregelmâssig in Kliimpchen vertheilt ; der Zellleib ist schr
hell, fast ohne Structur, offenbar schlecht erhalten. Dièse Schnitte farben
sich kaum mit Anilinfarben und auch nur sehr schwach in Haematoxylin.
Es bedarf dcshalb schon scharfer Betrachtung am die schwach gefarbten
Chromosomen zu erkennen.
Leichter gelingt dies bei Anwendung starkerer Losungen dieser Salze
z. B. I 0/0. Hier ist die chromatische Figur nach Farbung in Haematoxylin
leicht zu erkennen, die achromatische Figur unsichtbar, der Zellleib zwar
geschrumpft aber mit Kôrnchen und Fâden gefuUt, also schon besser con-
servirt.
Schon dièse 1 0/0 LiJsungen dringen aber so schwer ein, dass, ganz abge-
sehn von der Schrumpfung, dieser Umstand allein die practische Verwer-
thung dieser Bichromate in reinen wassrigen Losungen ausschliesst. Sie
beweisen uns aber — und darauf kommt es hier in erster Linie an — dass
wir in diesen drei Salien Kôrper l'or uns liaben, die, ini Gegensaii ^ii der
grossen Zabi der kernierstôreriden Bichromate, die Structur des Zellkern s
erhalten. Was sie erhalten, ist aber, im Allgemeinen, der chromatische
Theil des Kerns, nicht der achromatische.
\^on diesen drei Salzen gehoren zwei, das Calcium und Barium, der-
selben chemischen Gruppe an, der der alkalischen Erden. Im Besitze der
Kenntniss von dem eigenthUmlichen Verhalten dieser beiden Erdalkalien,
354 Eugen BURCHARDT
musste dieselbe Frage natlirlich fiir das dritte Salz dieser Gruppe, das
Strontium, sich aufwerfen.
Solange mir dièses letztere nun nicht zugangig war, glaubte ich anneh-
men zu diirfen, dass ihm wahrscheinlich dieselbe VVirkung auf den Kern
zukommen wiirde wie dem Calcium und Barium bichromicum. Dafursprach
nicht so sehr ihre chemische Zugehorigkeit — obschon wir ja sclion fiir eine
ganze Gruppe, die der Alkalien, voile Uebereinstimmung im Verhalten zum
Zellkern zu constatiren hatten — als vielmehr eine schon altère und gesi-
cherte Erfahrung auf chemisch-physiologischem Gebiete.
Als Green (i) 1887 seinen interessanten Fund mittheilte, dass schwe-
felsaures Calcium das Blut zum Gerinnen bringe, glaubte er zu gleicher
Zeit dièse VVirkung dem Barium und Strontium absprechen zu miissen.
Dagegen konnten Ringer und Sainsbury (2) drei Jahre spater feststel-
len, dass Strontium und Barium dieselbe Wirkung auf Blut haben wie
Calcium, wenn auch in geringerem Grade. Der entgegengesetzte Befund von
Horne(3), welchen nach seinen Experimenten diesen Kôrpern einen die
Blutgerinnung verhindernden Einfluss zuschreiben zu miissen glaubte,
konnte nicht gegen meine Annahme sprechen, da ja auch dieser Forscher
allen drei Erdalkalien eine gleiche Wirkung zuschrieb, in der Weise, dass
Barium am stârksten, schwacher das Strontium, am schwâchsten die Cal-
ciumverbindungen wirken sollten.
Nur dem ausserordentlichen Entgegenkommen des Herrn E. Merck
verdanke ich es nun, mich hier vor einem Fehlschluss bewahrt zu haben,
denn : Strontium bichromicum erhdlt nicht, trie Calcium und Barium, son-
der n es lerstôrt den Kern.
Dièses abweichende und so intéressante Verhalten des Strontiumsalzes
ist um so bemerkenswerther, als es eine andre redit auffallende Eigenschaft
mit den beiden andren Erdalkalien gemein hat. Aile drei Salze sind nam-
lich hygroskopisch, am wenigsten das Strontium, schon mehr das Barium-
salz, mit dem sich aber noch bequem operiren lasst, das Calcium bichro-
micum jedoch in so hohem Grade, dass man sich beim Abwâgen desselben
(il J. R. Green : On certain points conncctcd n'ith Ihe coagulation of th(^ blond; Journ. ofPhysiol.,
1887, vol. 8, p. 354.
(2) Rincer and Sainsiîurv : Tlie influence of certain salts upon tlie act of clotting; Journ. of
Physiol., 1890, vol. XI, p. 36o.
(3) R. M. HoRNK : The action of Calcium. Slroutium and Barium salis in yrevcnting coagulation
of Dlood; .lourn. of Physiol , I5i|'j, vol. XI.\, p 356. ■
BICHROMATE UND ZELLKERN 355
beeilen muss (i). x\uffallend ist nun, dass auch das dritte fixirende Salz, das
Cuprum bichrom. in hohem Grade hygroskopisch, fast zerfliesslich ist (2).
Dass dièse Eigenschaft, mehr weniger stark Wasser anzuziehen, einen
Einfluss auf die Hartung liaben mag, lâsst sich wohl annehmen, dass auch
auf den Vorgang der Fixirung, erscheint wenig wahrscheinlich.
Bei der Beschaftigung mit diesen Bichromaten erliebt sich eine Reihe
von Fragen, die sich, wie mir scheint, zum grôssten Theil nur auf rein
cheinischen Wege, sei es in vitro oder durch ein mikroskopisch-chemisches
V^erfahren analog dem von Fischer (3) angevi^andten, beantworten lassen
werden. Jedoch ist est moglich, einige derselben auf rein histologischem
Wege zu lôsen. Da dièse fast durchweg mit der practischen Vervverthung
der kernfixirenden Bichromate einigen Zusammenhang haben, ziehe ich es,
um Wiederholungen zu vermeiden, vor direct auf letzteren Punct einzu-
gehen. Bei Nachuntersuchung meiner Angaben wird man sich tiberzeugen,
dass, so einfach die Sache bis hierhcr lag, mit diesem Schritte die eigent-
lichen Schwierigkeiten beginnen.
Da, w-'ie erwahnt, schon die i 0/0 rein wassrigen Losungen dieser
Salze zu schwer eindringen, kann es sich offenbar nur darum handeln,
Kôrper zuzusetzen, welche den so entstandenen Mischungen einen genii-
genden Grad von Penetrans zu verleihen vermogen ohne das specitische
Vermôgen dieser Bichromate aufzuheben. Dièse x\ufgabe erscheint, auf
den ersten Blick, ziemlich leicht, da wir ja derartige Substanzen schon
seit langem kennen und taglich anwenden, wie z. B. Essigsâure und
Ameisensaure.
Von der letzteren muss ich nun sagen, dass sie mir in keiner Combina-
tion ein auch nur einigermassen brauchbares Résultat geliefert hat.
Aber auch die Essigsâure hat, flir sich allein zugesetzt, in keiner Con-
centration Befriedigendes geleistet, was im Hinblick auf ihre hervorragende
kernfixirende Eigenschaft einigermassen iiberraschen muss. Bei diesen
Versuchen ergeben sich aber zwei Puncte von Wichtigkeit. Erstens zeigt
(1) Cale, bichrom. ist auch in hohem Procentsatz in Wasser lôslich; durch weniges Umschûtteln
lâsst sich eine 5o "/o Lôsung herstellen. Ks wijrde sich viclleicht empfehlen dièses Salz in 40 "/o Lôsung
(40 -|- 60 aqua) direct aus dem Laboratorium zu beziehen.
(2) Von den kernzer;fôrenden Salzen ist ferner auch das Magnes, bichr. etwa^ hygroskopisch.
{}} At.FR. Fischer : New, Beitrâge ^iir Kiitik der Fi.virungsmi't/ioden ; Anatom. Anzeiger, iSgS,
BJ. 10, S. 76g (d. h. Versuche mit in bc-stimm'er Weise herg.;s'elUen Mischungen g'.:kann'.er Zell-und
Kernsloffe).
356 Eugen BURCHARDT
sich namlich, dass der Gehalt an Bichromat nicht unbetrachtlich zunehmen
muss, um mit den essigsauren Losungen iiberhaupt eine einigermassen
geniigende Conservirung der Kerne zu erhalten, und zweitens, dass der
Gehalt an Bichromat fur die drei Salze nicht derselbe sein darf. Nehmen
wir fur Calcium bichrom. die Formel : Cale, bichrom. (4 0/0) 60 cm. -\- Aqu.
dest. 35 ccm. -f Acid. acet. glac. 5 ccm., so ergiebt sich fiir Barium bi-
chrom. dieselbe Formel, fiir das Cupfersalz aber : Cuprum bichrom. (6 0/0)
u. s. w.
Hieraus geht hervor, dass in Verbindung mit Essigsaure anstatt der
1 0/0 Losungen beim Calcium und Barium solche von ungefilhr 2 1/2, beim
Cuprum bichrom. eine solche von cr. 3 i/i maliger Starke erforderlich ist.
Es ist mir nicht gelungen festzustellen, ob Calcium oder Barium starker
wirkt, obschon es fiir mich keinem Zweifel unterliegt, dass eine leichte Dif-
ferenz zwischen beiden vorhanden ist. Die darauf gerichteten Untersuchun-
gen haben zu widersprechenden Resultaten gefiihrt und wird dièses Verhalt-
niss wahrscheinlich erst festzustellen sein, wcnn auch das Bariumsalz als
purissimum vorliegen wird.
J'om Cuprum bichroinicuin dagegen ist es po/lkouitneu siclier, dass ilim
eine bedeutend schn'àchere kernjîxireiide Wirkung -ukoiiimt als den beiden
andeven Sa /{en.
Des Weiteren macht sich bei den rein essigsauren Losungen dieser
Bichromate die Eigenschaft der Essigsaure, die Structur des Zellkôrpers zu
vernichten, in so hohem Masse geltend, dass auch schon aus diesem Grunde
von dieser Verbindung abzusehen sein wurde.
Schon an friiherer Stelle habe ich darauf aufmerksam gemacht, dass
sich in Praeparaten aus rein wassrigen Losungen nicht nur die Structur
des Zellkerns sondern auch die des Zellleibes erhalten zeigt. Hieraus gehl
hervor, dass es nicht angeht, die beiden Reihen der Bichromate nach iher
allgemeinen Wirkung einander gegeuuberiustellen a/s den Zellleib conser-
virende Bichromate auf der einen und rein kernfixirende Bichromate auf
der anderen Scite.
Wenn wir nun schen, dass die giinstige Wirkung des Calcium, Barium,
Cuprum bichrom. auf den Zellleib durch Essigsaure aufgehoben wird, so
giebt uns dies einen Fingerzeig nach vvelcher Richtung wir zu experimen-
tiren haben, besonders wenn wir eine zweite Erscheinung mitberlicksichti-
gen, welche sich dem Beobachter in den rein essigsauren Bichromatlosun-
gen darbietet. Es zeigen sich hier namlich nicht selten ziemlich gut erhaltene
BICHROMATE UND ZELLKERN 357
Mitosen in der Nahe der Oberfliichen, aiso dort wo die Lusungen am ersten
zur Wirkung kommen konnten, wahrend die tiefer gelegenen Kerntheilun-
gea schlecht fixirt sind. Was nothig ist, ist also der Zusatz von Korpern,
welche die Einwirkung der essigsauren Losungen zu egalisiren vermôgen
und zugleich dem nachtheiligen Einfluss der Essigsaure auf das Kytoplasma
entgegenwirken.
Es ist mir nun gelungen eine ganze Reilie derartig wirkender Korper(i)
zu finden und fur ihre Combinationen sicliere P'ormeln aufzustellen.
Hier Icommen vor allen in Betracht die kernzerstôrenden Bichromate
(Kal., Ammon., u. s. w.). Verbindet man gleiche Theile eines fixirenden
und eines nichtfixirenden Bichromates, z. B. Calcium bichrom. 4 0/0 -f-
Kalium bichrom. 4 0/0 part, aeq., so dringt zwar dièse Mischung verhalt-
nissmâssig leicht ein, aber die Kerne sind zerstort. Vergleichende Unter-
suchungen haben nun gezeigt, dass, um die Kernstructur zu erhalten, eine
derartige Mischung einen hoheren und zwar einen bestimmten Gehalt an
Calcium besitzen muss, wahrend es auf einen bestimmten Procentsatz an
Kalium weniger ankommt. Bei Cale, bichr. (4 0/0) 60 part. -|- Kal. bichr.
(4 0/0 oder 5 0/0) 3o part, sind die Mitosen conservirt, aber ungentigend.
Ueberhaupt ist mir durch die alleinige Combination beidej Arten von Bi-
chromaten eine vollkommene Fixirung der Kerntheilungen nie gelungen.
Dies wird erst erreicht durch den Zusatz von Essigsaure, am besten nach
folgenden Formeln :
I. a) Calcium bichrom. 4 n/o — 60 vol.
Kalium bichrom. 5 0/0 — 30 vol.
Acid. acet. glac. 5 vol.
b) Barium bichrom. 4 0/0
wie a).
c) Cuprum bichrom. 6 0/0 - - 60 vol.
Kalium bichrom. 5 0/0 — 30 vol.
Acid. acet. glac. 5 vol.
Von diesen drei Mischungen glaube ich I-b) (essigsaure Barium-Kalium-
Losung) am meisten empfehlen zu konnen. Bei a) und c) — nicht bei b)! --
lasst sich fur Kalium das Ammoniumsalz einsetzen, jedoch ist das Résultat
schon etwas verschieden.
(i) Anm. Ich bi;i wcit cntcrnt zu glauben, dass d;e von mir angewandtcn dieeinzigen brauchbare-. seien.
358 Eugen BURCHARDT
Es ist sogar wichtig sich zu uberzeugen, dass nicht jedes der kernzer-
storenden Bichromate in demselben Verhaltniss eintreten kann, wie ich
dies fiir Strontium und Zincum bichrom. des Genaueren verfolgt habe.
Nicht wenig intéressant ist es, wenn wir sehen, dass ein gewisser Zu-
satz von kernzerstorendem Bichromat zu den essigsaureu Losungen der
kernfixirenden Bichromate die Kerntheilungen um Vieles besser conservirt
als letztere allein. Dass auch die Structur des Zellkôrpers durch obige Mi-
schungen ziemlich gut dargestellt wird, ist nach ihrer Zusammensetzung
verstandlich (i).
Ans dem bisher Gesagten ergiebt sich eine grosse Uebereinstimmung
dieser drei Salze mit der Chromsaure, selbstverstândlich mit den stârkeren
Concentrationen derselben. In beiden Fallen finden wir Conservirung der
Kerntheilungen, jedoch mit dem Unterschiede, dass in Chromsâurepraepa-
raten ausser der chromatisclien auch die achromatische Figur — wenn auch
nicht immer gut — erhalten ist, in den Praeparaten aus den Bichromatlo-
sungen dagegen nur die chromatische, nicht die achromatische Figur. Die
wenigen Ausnahmen von letzterem Befunde, auf die spâter einzugehen sein
wird, kônnen an dieser fiir die ungeheure Mehrzahl der thierischen Zellen
giiltige Auffassung nichts andern. Das Verhaltniss nun, in dem die Chrom-
saure in den von mir angefiihrten und noch anzuftihrenden Mischungen an
Stelle der Bichromate einzutreten hat, ist ein recht constantes. Eine i o/o
Chromsâurelôsung ersetzt eine 4 0/0 Calcium- oder Barium- und eine
6 0/0 Cuprumlôsung. Die Wirkung der Chromsaure als Chromatin-
fixirendes — nicht als Nuclein-fallendes(2) — Mittel zu loogesetzt, wurden
sich also dièse Kôrper zu einander ungefahr verhalten wie folgt :
Chromsaure : Calcium (Bariumj bichr. : Cuprum bichr. = 100 : 25 : 17.
(1) Aiim. Dies habe ich besonders an der Niere der Maus und des Frosches verfolgt, wobei ich
entgegen Sauer {Ncue Untersuchungen iiber das Nierenepithel und sein Verhalten bei der Harnab-
sonderung; Arch. f. mikrosk. Anat., iSgS, Bd. 46, S 109) bei ersterem Thiere bessere Conserfirung
sah als bcim Frosch. Auch vermochte ich so, allerdings bei vcrmindertem Gehalt an Essigsâure, die
fibrillilre Structur der Ganglienzelle darzustellen und auch zu fàrben.
(2) .4)!)». Obschon selbstverstândlich die Fixirung der chromatischen Structur in der Hauptsache
auf Fàllung des Nucleins beruhen muss, ist dies an Zellen, selbst an freien Kernen nicht zu bestimmen.
Mit dem Chromatin kann sich der Histologe beschàfiigen, mit dem Nuclein nur der Chemiker. Auf
dièse Unterscheidung hat schon Joh. Frenzel hingewiesen (Arch. f. mikrosk. Anat., 1886, Bd. 27, S. 3).
Dafur spricht auch die Anschauung Kossel's und seines Schùlers Heine {Die Mikrochcmie der Mitose
u. s. w.; Zeitschr. f. physiol. Chemie, 1896; Bd. 21, S. 494; u. Kossel : Ueber Niicleine; XIV. Congr.
f. innere Medizin, 1896, S. i83;. S. auch Bolles Lee et Henneguyj Traité des méthodes techniques
de l'anatoinie microscopique, 1896, S. 35/.
BICHROMATE UND ZELLKERN 359
Das besondre Verhalten dieser drei Bichromate kônnte die Vermu-
thung aufkommen lassen, dass ihre kernfixirende Eigenschaft vielleicht gar
nicht den Salzen als solche zukomme,sondern dass sie,als wenig stabile Kôr-
per, schon in ihren wassrigen Lôsungen Chromsaure abscheiden liessen,
womit ihre Wirkung auf nichts anderes als auf die bekannte Eigenschaft
dieser Saure zuriickgefiihrt werden milsste. Dieser Gedanke liegt um so
nalier, wenn man sieht, dass ans der Lôsung des Barium-, nicht dagegen
des Calcium- und Cuprum bichrom., unmittelbar nach der Auflosung ein
Niederschlag ausfallt(i). Da derselbe jedoch, sogleich nach der Bereitung
der Lôsung abfiitrirt, sich nicht wieder bildet, so kann es sich offenbar
nicht um eine fortlaufende Zersetzung und wohl liberhaupt nicht um Zerset-
zung handeln.
Dies lasst sich aber auch in vollkoramen iiberzeugender Weise auf rein
histologischem Wege zeigen.
Ebenso nâmlich wie es moglich war den wassrigen Lôsungen der kern-
fixirenden Salze durch Zusatz von kernzerstôrenden Bichromaten die Eigen-
schaft des gleichmâssigen Eindringens zu verleihen, gelingt dies auch durch
Zusatz von Chromsaure. Der Gehalt an Chromsaure muss in diesem Falle
ein so geringer sein, dass letztere, fur sich allein angewandt, nicht hârtend
sondern aufweichend, macerirend wirken wiirde, ungefahr i : 4000. Wenn
wir somit finden, dass ein Zusatz von Chromsaure, so gering er auch sein
mag, die wassrigen Lôsungen dieser Bichromate nicht schwerer, sondern
leichter eindringen macht, so ist damit zweifellos widerlegt, dass ihre fixi-
rende Wirkung auf freier Chromsaure beruhen kônne (2). Dièse Sal^e jpir-
ken also als solche.
Auch die Bichromat-Chromsaure-Mischung wird erst brauchbar durch
Zusatz von Essigsâure. Der Chromsaure âhnlich wirkt, in derselben nie-
drigen Concentration, Picrinsâure und Platinchlorid. Da dièses letztere die
besten Bilder giebt, wird es geniigen, die Zusammensetzung fur seine Mi-
schungen zu geben. Dièse sind :
(1) Anm. Dassclbe findet statt in der Zinklôsung. Ich muss aber daran erinnern, dass beide Salze ■
nicht ganz rein waren, das Bar. bichr. » purum ••, das Zinc, bichr. noch weniger rein. Beide Lôsungen
mussen, um von Niedersclilàgen freie Praeparate zu erlialten, iillrirt werden.
(2) Anm. Die intéressante und schwierige Frage, wie dièse Wirliung zu Stande lîommt, ob viel-
leicht doch bei der Veibindung mit den Substanzen des Kerns eine Zerlegung statthat, sei den Chemi-
kern empfohlcn.
47
36û Eugen BURCHARDT
II.
a) Cale, bichrom.
4 o/o -
- 60 vol
Platinchlorid i
: 1500 -
- 40 «
Eisessig
-
-5 »
b) Bar. bichrom.
4 0/0
wie a)
c) Cuprum bichr. 6 0/0 — 60 vol.
sonst wie aj.
Fiir dièse drei Kôrper gilt, das schon geringe Zunahme der Concentra-
tion das Résultat verschlechtert.
Auch bei Anvvendung dieser Mischungen ist, wie nach Behandlung mit
den unter I aufgefiihrten, die achromatische Figur nicht erhalten. Gerade
Platinchlorid ist nun aber, wie wir seit Hermann wissen, ein ausgezeich-
netes Mittel um sie zur Darstellung zu bringen. Es blieb deshalb zu unter-
suchen, ob nicht durch starkere Concentrationen der zerstôrende Einfluss
des Calcium, Barium und Cuprum bichromie, aufgehoben werden kônnte.
Derartige Mischungen habe ich noch zwei mit aufsteigendem Gehalt an
Platinchlorid gefunden, die aber beide, trotz ihrer sonstigen Brauchbarkeit,
diesen Theil der Kerntheilungsfigur auch nicht conserviren. Die Formeln
derselben sind :
III. Cale. (1) bichrom. 2 0/0 — 60 vol.
Platinchlorid i : 300 — 30 vol.
Eisessig 5 vol.
IV. Cale, bichrom. 1 0/0 — 60 vol.
Platinchlorid 1 0/0 — 30 vol.
Eisessig — 5 vol,
Da in diesen Mischungen, besonders aber der letzten, der Gehalt an
Platinchlorid ein nach sonstigen Erfahrungen fur die Darstellung der achro-
matischen Figur durchaus gentigender sein mlisste, da ausserdem einem
anderen darin enthaltenen Agens, der Essigsâure, dieselbe Wirkung zu-
kommt, lasst sich schliessen, dass dièse drei Bichromate schon einen stark
{ersturenden Einfluss au/ die achromatische Figur ausûben. Dafur spricht
(1) Fur die andren Salze wegen Mangels an Material nicht versucht.
BICHROMATE UND ZELLKERN 36 I
auch, dass ein hôherer Gehalt an Essigsaure, der nach Flemming (i) in
dem Osmiumgemisch dièses Autors aine grossere Deutlichkeit der achro-
matischen Fadenfigur bewirken soll, dies in meinen Mischungen auch nicht
vermag, selbst nicht bei 15 0/0 Essigsaure (2).
Ein Vergleich der Platinchlorid enthaltenden Mischungen zeigt das
intéressante Verhâltniss, dass mit Zunahme an Platinchlorid der Gehalt an
Bichromat abnehmen muss. Es wiire angezeigt, diesen Punct weiter zu
verfolgen, und zu bestimmen bei welchen Mengen beider Salze die achro-
matische Kernfigur — wenn iiberhaupt — zur Darstellung gebracht wird.
Es wUrde also zuerst die entsprechende Mischung fur 1/2 0/0 Cale, bichrom.
festzustellen sein, was mir leider ans Mangel an Thieren nicht mehr môg-
lich war.
Ein weiterer Kôrper, der in Verbindung mit essigsauren BichromatliJ-
sungen brauchbare Mischungen giebt, ist Sublimât. Die besten Bilder
erhielt ich mit folgender Mischung :
V. Cale, bichrom. 2 0/0 — 60 vol.
Sublimât 1 o/o — 30 vol.
Eisessig 5 vol.
In dieser Verbindung zeigt sich eine deutliche Differenz zwischen dem
Calcium- und dem Bariumsalz. Die fiir letztere giiltige Formel konnte ich
jedoch aus Mangel an Material nicht mehr aufstellen; ebensowenig die fiir
Cupr. bichrom.
Verbindungen von Bichromat und Sublimât wurden angegeben von
Foa(3) (1891) und Zenkek(4) (1894J. In beiden Losungen spielt das Kal. bi-
chrom. -in Formder MiiLLER'schen Fllissigkeit — die Rolle des diluirenden
Agens, wâhrend in meiner essigsauren Calcium-Sublimat-Lôsung gerade
umgekehrt dem Sublimât dièse Aufgabe zufallt. Meine unter I angegebenen
Mischungen hingegen zeigen in so fern eine gewisse Uebereinstimmung mit
(1) W. Flemming : Ueber die Theilung und Kernformen bei Leucocyten ; Arch. f. mikrosk. Anat.,
1891, Bd. 37, S. 249.
(2) Anm. Es wàre angezeigt, deranige Mischur'gen mit Cuprum sulfur. zu suchcn, das nach Frank
ScHWARZ (libr. cit., S. 122), die achromatiscVie Figur in hervorragender Weise darstellen soll, allerdings
bei AuflOsung der chromatischen.
(3i P. FoA : Neuere Uniersuchungen ûber die Bildung der Eletnente des Blutes; Internat. Beitr. z.
wissensch. Medicin. Festschr. f. Virchow. Berlin, i8gi, S. 49(1.
(4) KoNR. Zenker : Chromkali-Sublimat-Eisessig als Fixirungsmittel ; Mûnch. med. Wochenschr.,
1894, S. 532.
362 Eugen BURCHARDT
der Foa's und Zenker's, als in ihnen allen dem kernzerstôrenden Kal. bi-
chromie, eine analoge Wirkung zukommt (i).
Wie ich bei Besprechungder diluirenden Eigenschaft des Kal. bichrom.
und der Chromsâure hervorgehoben habe, ist fiir die damit bereiteten Mi-
schungen Essigsâure unentbehrlich. Da dieser Sâure aber ein hôchst nach-
theiliger Einfluss auf die Zellstructur zukommt und ein solcher wohl auch
in den Essigsâure enthaltenden Mischungen als vorhanden anzunehmen ist,
habe ich, wie schon frtihere Autoren, gesucht, ohne dièse Sâure auszukom-
men. Es hat sich denn auch gezeigt, dass einige der aufgefiihrten Mischungen
auch ohne Essigsâure brauchbar sind, allerdings unter der Bedingung, dass
die Stiickchen sehr klein genommen werden. Es sind dies die Lôsungen mit
Platinchlorid (Il und III) (2) und die Sublimatmischung (Cale, bichrom. 20/0
— 60 vol. + Sublimât 1 0/0 — 30 vol.).
Die Resultate dieser Essigsâure freien Mischungen haben aber in so
fern meinen Erwartungen nicht entsprochen, als gerade die Structur des
Zellleibes durchaus nicht besser erhalten war, wâhrend sie am Kern aller-
dings ein etwas abweichendes Bild verursachten, das wohl verlohnt, dièse
Versuche nachzumachen. In derartigen Praeparaten, besonders bei denen
aus der Calcium-Sublimatlôsung, zeigen sich nâmlich die Chromosomen
auffallend dlinner als nach Fixirung in den Essigsâure haltigen Mischun-
gen (3). Damit hângt offenbar auch zusammen, dass nur nach Behandlung
mit dieser Calcium-Sublimat-Lôsung die Kerne der Erythrocyten des
Frosches ein deutliches Chromatinnetz erkennen lassen.
Ferner zeigen die Chromosomen nach dieser Fixirung merkwiirdig
verzerrte Formen, die ganz an die Abbildungen Strasburger's erinnern.
Das Ungewohnliche ist nun aber, dass sie von diesem Forscher gerade nach
Fixirung mit Essigsâure (1 0/0) — genauer Essigsâure-Methylgriin (4) —
gesehn wurden. Dagegen wiirde mein Befund mit einer schon âlteren An-
gabe von Peremeschko (5) gut tibereinstimmen. Bei vergleichenden Unter-
suchungen mit Fixirung durch Essigsâure und Chromsâure fand dieser
Autor, dass erstere Sâure (1/3 — 1 c/o) die Fâden ziemlich dick, glânzend,
(1) Anm. Hierher wâre auch die Modification der FLEMMiNo'schen Mischung von Merkei. za recli-
nen. (Anatom. Hefte, 1891.1 (Ersatz der Chromsâure durch 5 "/o Kal. bichrom. -Lùsung.)
(2) Formel IV konnte darauf hin nicht mehr untersucht werden.
(3) In diesen allen variirt iibrigens die Dickc sehr.
(4) Nach Cabnoy wirkt Methylgrûn fur sich allein schon fixirend.
(5) Peremeschko : Ueber die Theilwig der rothen Blutkorperchen bei Amphibien; Ccntralbl. f. d.
mcJicin. Wissenschaft, 1879, Bd, 17, S. 6"]'^.
BICHROMATE UND ZELLKERN 303
;?/c/2/ stark gebogen und gewunden darstellte, wahrend Chromsâure feine,
minder glânzende, lângere und stark gebogene Chromosomen lieferte. Zu
demselben Résultat kam Flemming (i) : r, Bei Behandlung mit Her-
MANN'sche Lôsung (die stark essigsaurehaltig ist) sowie Chromessigsaure
und Methylgrtin-essigsâure findet man dagegen (d. i. im Gegensatz zur
Chromsâure. E. B.) die chromatischen Faden uberhaupt sehr dick, und die
Spaltung in den Knâuelformen, auch dem spâteren, selten erkennbar. «
Um die Beschreibung der fixirenden Bichromate abzuschliessen moge
ervvâhnt sein, dass sie auch in sehr schwachen wassrigen Lôsungen (i : looo)
am Kern ein anderes Bild hervorrufen, als z. B. Kalium bichromicum. Bei
letzterem ist der Kern homogen, bei ersteren dagegen ist das Chromatin in
der Mehrzahl der Zellen unregelmâssig klumpig. In den schwachen Chrom-
sâurelôsungen (i : 1500 und darunter) wird es gleichmassig feingranulirt.
Bei allen drei Arten von Kôrpern also ein verschiedenes Bild !
Im Anschluss mogen einige Winke liber die beste Art der Farbung
ihren Platz finden. Hier ware vor AUem zu constatiren, dass in dieser Be-
ziehung zwischen den kernzerstôrenden und den kernfixirenden Bichroma-
ten in so fern ein Unterschied besteht, als die mit ersteren behandelten
Praeparate sich verhâltnissmassig leicht mit Haematoxylin farben, wârend
die letzteren die Kerne fiir diesen Farbstoff ungeeignet machen. Wenn ich
Eingangs, in scheinbarem Widerspruch hiermit, die Haematoxylinfarbung
gerade nach der Behandlung mit 1 0/0 Calcium-Losung empfahl, so beruht
dies nur darauf, dass dièse Praeparate mit einer zu schwachen Concentra-
tion dièses Salzes behandelt, also im Grunde ungeniigend hxirt und, wie
derartige Praeparate immer, nur schwach und unrein fârbbar sind. In der
That ergiebt auch Haematoxylin hier — wenn auch noch am brauchbarsten
— keine blaue sondern eine braune und ailes andere als starke Farbung.
Vergleicht man dagegen genligend starke Lôsungen, die in diesem Falle
dann auch bei den kernzerstôrenden Salzen einen Zusatz von Essigsaure
erhalten miissen, so ist dieser Unterschied in der Fârbbarkeit zwischen den
beiden Reihen der Bichromate durchaus markirt. Bei den fixirenden Sal-
zen geben dann nur die Anilinfarben brauchbare Tinctionen,die umgekehrt
fiir die kernzerstôrenden Salze ohne Werth sind. Es giebt aber ein kernzer-
stôrendes Bichromat, das in Bezug auf sein tinctorielles Verhalten in der
(1) W. Flemming : Ncue Beitràge ^iir Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., iSgi, Bd. Sy,
S. 685. (S. 745.)
364 Eugen BURCHARDT
Mitte steht, d. h. keine gute Farbung mit Haematoxylin und ziemlich gute
Tinctionen mit Anilinfarben giebt, das ist das Zincum bichromicum.
Nicht aile basischen Anilinfarben sind nach Fixirung in den aufge-
zahlten Bichromatmischûngen verwendbar. Ganz unbrauchbar ist Methyl-
griinunddemnachauch die EnRLicH-BiONDi'sche Dreifarblôsung. Methylen-
blau fârbt nur schwach,schon starker Toluidinblau, welches sich bei einigen
dieser Mischungen in 3 0/0 Ammon.-carbon.-Losung gelôst empfiehlt. Die
iibrigen basischen Farben sind in gesattigter wassriger Losung verwendbar,
weniger Saffranin, welches langeres Farben erfordert, als besonders Fuch-
sin und Methylviolett. Im Allgemeinen geniigt 5 Minuten Einlegen, nur bei
der Calcium-Sublimat-Losung ist die Dauer auf 20-30 Minuten zu verlan-
gern. Wie auch gefârbt sein mag, stets ist stark mit Alcohol auszuziehen.
Die VAN GiESON'sche Farbung — ohne Vorfarbung mit Haematoxylin
— ist auch hier, wie ich mich unter Andcrem auch an Geschwtilsten uber-
zeugt habe, von hohem Werth fiir den Nachweis des Bindegewebes. Zu
ihrem Gelingen bedarf es in unserem Fali jedoch zweier Momente, einmal
einer bestimmten Zusammensetzung und zweitens der Verwendung des
S.-Rubins an Stelle des S.-Fuchsins. Wie ich Weigert(i) gegeniiber be-
haupten muss, ist es ein zweifelloses Verdienst Kultschitzky's (2) die Auf-
merksamkeit auf d?s S.-Rubin gelenkt zu haben, dcnn es kommt diesem,
besonders fiir Bindegewebe, ein mehr électives Fârbungsvermôgen zu als
dem zwar starker aber auch mehr diffus farbenden S. Fuchsin. Auch kann
ich bestâtigen — ich hatte dies librigens schon vor Kenntniss der erst-
genannten Arbeit Kultschitzky's selbst gefunden — dass zu einer guten
Differenzirung das directe Uebertragen der Schnitte aus der S.-Rubin-
Picrin-Lôsung in Alcohol erforderlich ist. Zuverlassige Bilder giebt folgende
Mischung : Picrinsaure (1 : 300) 9 Theile_(- S.-Rubin (conc. wassr. Los.)
I Theil. Um zugleich die Kerne zu farben — was ich aber im Allgemeinen
nicht empfehle — dient die Vorfarbung mit Methylviolett. Nach Fuchsin-
kernfârbung lâsst sich Poirier's Blau oder S.-Violett in Picrinsaure gelôst
anwenden.
Die VAN GiESON'sche Gegenfarbung ist nun fiir die hier behandelten Bi-
chromate von weiterer, mehr theoretischer Bedeutung in so fern, als man
sich unschwer tiberzeugen kann, dass sie an mit Calcium bichromie, behan-
I
(1) Anatom. Heftc, i8q3, S. lo.
(2) N. KuLTSCHiTZKY : Eùie neuc Fdrbung der Neuroglia; Anatom. Anzeiger, iSgS, S. 357, und :
Zur Frage ûber dcii Bail der Mil:;; Arch. f. mikrosk Anat., iSgS, Bd. 46, S. 673 (Bindegewebsfârbung).
BICHROMATE UND ZELLKERN 365
delten Praeparaten ein viel schlechteres, direct gesagt ungeniigendes, Bild
giebt, als an Praeparaten, die durch Barium- oder Cuprum-Lôsung gegan-
gen sind. Da in diesem Puncte die beiden letzt genannten Salze mit den
kernzerstôrenden Bichromaten (z. B. Kalium, Ammonium, Magnésium,
Strontium, Zincum) iibereinstimmen, so ist es klar, dass dem Calcium bi-
chroinicuin eine gani besondere Wirkuug aiif Bindegeivebe {iikomiuen
nniss, die nilher zu praecisiren mir allerdings nicht môglich ist. Ich habe
nun weiter gefunden, dass die schwaclie und mehr diffuse Bmdegewebsfar-
bung in Calciumpraeparaten verbessert wird durch die Verbindung mit
Platinchlorid. Dièses Salz besitzt, selbst in den schwâchsten Concentra-
tionen, die Eigenschaft, auch die feinsten Fasern distinct hervortreten und
besser fârbbar zu machen. Aber selbst dann macht sich beim Calcium bi-
chromie, gegeniiberdem Barium und Cuprum noch der Uebelstand geltend,
dass auch die Zellgrenzen, sei es in Folge von Fârbung der Membran oder
der Kittsubstanz, gefârbt hervortreten. VVenn es sich deshalb um den Nach-
weis feinster Bindegewebsfasern handelt, wie z. B. des feinen Netzes
zwischen den glatten Muskelzellen, auf welches vor nicht langer Zeit Rib-
BERT (1) hingewiesen hat, vermag nur Barium oder Cuprum bichromicum,
vorzugsweise in Verbindung mit Platinchlorid (Formel II b und c) zweifel-
lose Bilder zu geben.
Sublimât haltige Mischungen schliessen die van GiESON'sche Fârbung
aus.
Beabsichtigt man neben den Kernen auch den Zellleib zu farben, so
gelingt dies durch Nachbehandlung mit Verbindungen von Picrin- und
Chromsâure wobei, je nach dem Gehalt an Chromsaure das Protoplasma
entweder Chrom- oder Anilinfarbe annimmt. Solche Mischungen sind :
Picrinsâure i o/o — i Theil und Picrinsaure i o/o — i Theil.
Chromsaure i o/o — 2 Theile Chromsaure 2 0/0 — 2 Theile.
Die letztere nur bei sehr feinen Schnitten. Nach starkeni Fârben in
Fuchsin oder, noch besser, Methylviolett kommen die Schnitte auf einige
Minuten in die Picrin-Chromsiiure-Lôsung um direct in Alcohol (2) iiber-
tragen zu vverden.
Um diesen Abschnitt abzuschliessen die Angabe, dass ungefahr das
40 fâche Volum des Stiickes erforderlich ist und dass die Stuckchen etwas
(1) RiBBERT : Uber die Aiiivendung der von Mallory fur das Centralnervensystem empfohlenen
Farblosung auf andere Gexvebe; Centralbl. f. allgem. Pathol. und f. paihol. Anat., 1S96, Bd. 7, S. 427,
(2) Vielleicht besser Picrinsâure-AIcohol.
366 Eugen BURCHARDT
grôsser sein diirfen als bei den meisten Fixirungsmitteln, Sublimatmischun-
gen und besonders die ZENKER'sche Lôsung ausgenommen.
Bei Beschreibung der Kernbilder aus Calcium-, Barium- und Cuprum-
praeparaten habe ich wiederholt darauf hingewiesen, dass sich an derartig
fixirten Mitosen nur die chromatische Figur erhalten zeigt, wahrend der
achromatische Theil der Mitose nicht zu sehen ist. Es musste sogar con-
statirt werden, dass diesen Saizen ein hochgradig zerstorender Einfluss auf
diesen Theil der Kerntheilungsfigur zukommt. Wie wir nun aus. den in der
Einleitung mitgetheilten Beobachtungen wissen, dass es Zellen giebt, deren
Kern dem deletaren Einfluss der nach ihrer allgemeinen Wirkung wohl mit
Recht -5 kernzerstôrende « genannten Bichromate nicht erliegen (Embryonal-
zellen-MAYZEL; Eizellen-FLEMMiNG), so finden sich auch Zellen, die unter
dem Einfluss der kernerhaltenden Bichromate ein von der grossen Masse
der Zellen abweichendes Bild zeigen. Auch hier ist es ein Mehr an Conser-
virung,in so fern ausser der chromatischen auch die achromatische Theilungs-
figur erhalten ist. Am Ausgesprochendsten ist dies der Fall im Hoden und
in Pflanzenzellen.
Von letzteren habe ich nur die Bluthen der Haselnuss daraufhin un-
tersucht und bemerke dièses Verhâltniss auch nur, weil es in einem gewis-
sen Zusammenhang stehen mag mit einer alten, auch von Flemming (i)
bestatigten Erfahrung, dass bei Pflanzen die achromatischen Fâden beson-
ders deutlich sind. Ob das von mir beobachtete Verhalten gegeniiber diesen
Bichromaten zu verallgemeinern sein wird, dies zu untersuchen muss ich
den Botanikern iiberlassen.
Von grôsserem Interesse fiir uns ist das abweichende Bild in den Zellker-
nen des Hodens. Dass sich die Geschlechtszellen iiberhaupt Reagentien gegen-
iiber anders verhalten als die meisten librigen Gewebszellen ist von Flem-
ming(2) besonders hervorgehoben worden, und — was damit offenbar im
(i) \V. Flemming : Beitràge :;ur Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserscheinungen ; Arch. f.
mikrosk. Anat., 1880, Bd. 18, S. i5i.
(2) W. Flemming : Seue Beitràge ^»c Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., 1891, Bd. Sy,
S. 685 (S. 688, Anm.).
Anm. Nicht immer braucht das abweichende Verhalten der genannten Zellen gegeniiber Reagentien
zu einer bcsseren Conservirung der Kernthcilungsfiguren zu fûhren. Fur die HoJcnzellen des Solaman-
ders giebt Flemming (Neue Beitràge !;ur Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., 1887, Bd. ag,
S. 389 (S. 3991, sogar direct das Gegentheil an, auch fur sein Osmiumgemisch.
BICHROMATE UND ZELLKERN 367
Zusammenhang steht — auch ihren directen Abkommlingen, den Furchungs-
zellen, scheint dièse Eigenschaft noch zuzukommen. In Bezug auf die
letzteren darf ich wohl auf die Beobachtung von Mayzel verweisen, dass
in den Embryonalzellen des Hiihnchens die Kerntheilungen selbst durch
Kalium bichromicum niclit zerstôrt werden, waiirend ich fur dasselbe Salz
Flemming's Beobachtung am Eikern anfuhren konnte. Was hier aber vor
Allem betont zu werden verdient, ist die weitere Mittheilung desselben
Autorsfi), dass an diesen drei Zellenarten-, Hoden-, Ei-undFurchungszellen
• — auch die achromatische Figur besonders leicht und deutlich darzustelien
ist. Fur die Hodenzellen findet dièse Angabe also eine weitere Bestâtigung
bei der Behandlung derselben mit den kernfixirenden Bichromaten. Ei- (2)
und Furchungszellen daraufhin zu untersuchen war mir nicht moglich.
Einen fur die Deutung der Bichromatwirkung nicht unwichtigen Punct
habe ich leider bei Zeiten zu untersuchen vergessen, namlich ob die Hoden-
zellen nach Hârtung in Kalium bichromicum uberhaupt die Mitosen erhal-
ten zeigen und, wenn dies der Fall ist, ob auch die achromatischen Faden
sichtbar sind. Das erstere glaube ich bei dem sonstigen gleichartigen Ver-
halten der Geschlechtszellen Reagentien gegenuber annehmen zu diirfen.
Doch bliebe dièse Untersuchung — was den zweiten Punct betrifft auch fur
Ei- und Furchungszellen — noch auszuftihren.
Immerhin scheinen mir schon die bis jetzt vorliegenden Erfahrungen
von den allgemeinen Wirkungen aller doppelt chromsauren Salze, zusam-
mengehalten mit den im Vorhergehenden aufgezâhlten Abweichungen, es
zu gestatten uns vorzustellen, wie die Kernbilder, in ihrem Wechsel von
vôlliger Zerstorung bis zu voUkommener Erhaltung, zu Stande kommen
môgeii.
Fiir dasselbe Salz kônnen Verschiedenheiten in der Darstellung der
Kerne selbstverstandlich nur auf Verschiedenheiten in der chemischen Zu-
sammensetzung der Kerne selbst zuriickgefuhrt werden. Wenn daher Kalium
bichromicum die chromatische Structur aller {?) anderen Kerne zerstôrt,
nicht aber die der Geschlechts- und Furchungszellen, so muss, wie dies
auch schon Flemming fur die Eizelle angenommen hat, der Grund hier-
fur in chemischen Eigenheiten dieser Zellen liegen.
(i) W. Flemming : Beitrâge ;f»r Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserschcinungen ; Arch. f.
mikrosk. Anat., 1880, Bd. 18, (S. 172 u. 184).
(2) Anm. Bei Untersuchung der Eierstockseier von Fischen fand ich vereinzelt Mitosen, und zwar
ausnehmend grosse in Follikelzellen. Sie zeigten nichts von achromatischer Figur, ganz ebenso wie andre
nicht der Fortpflanzung dienende Zellen.
48
368 Eugen BURCHARDT
In erster Linie wiirde hier das Chromatin selbst in Frage kommen,
indem wir von ihm annehmen konnten, dass es in der einen Art von Kernen
mit Kalium bichromicum eine stark quellende Verbindung eingeht, in an-
deren Kernen — • der Minderheit — dagegen eine nichtquellende. Ftir eine
Quellung des Chromatins spricht nun aber, abgesehn von deni Aussehn
des Kerns in toto, das aber dafiir nicht als beweisend angesehn werden
kann, sehr wenig. Aus den Angaben Auerbach's, welchcr bei denselben
Concentrationen von 1,2 — 2 0/0 Erhartung und Quellung des Kerns cons-
tatirte, lâsst sich nichts Bestimmtes entnehmen. Entscheidender sind die
Untersuchungen von Schwarz, nach denen das Chromatin bei Einwirkung
von concentrirter Lôsung von Kalium bichromicum vôllig unlôslich und
dem Aussehn nach unverandert bleibt, wahrend die Kernstoffe, welche
friiher unter der Bezeichnung « Kernsaft » zusammengefasst wurden, das
Linin und Paralinin, also die Geriist- und Zwischensubstanz, stark quellen
sollen. Aber auch fiir das Linin halte ich den Beweis, dass es selbststandig
aufquillt und nicht vielmehr durch energische Umsetzungen in deni flussi-
gen Theile des « Kernsaftes « gewaltsam auseinander gerissen wird, fiir
durchaus nicht erbracht. Die angefiihrten Beobachtungen und Bilder von
Flemming und Klein sprechen direct dagegen. Meiner Meinung nach ist
die mikroskopische Beobachtung iiberhaupt nicht im Stande in einem so
complicirt gebauten Kôrper, wie es der Zellkern mit seinem Neben- und
Durcheinander von chemisch zusammengesetzten, geformten und unge-
formten Stoffen ist, eine so feine Diagnose zu stellen. Nur die grôbsten
Erscheinungen, wie Schwund und Nichtschwund leicht kenntlicher geform-
ter Theile, Zu- oder Abnahme derselben, dièse auch nur in ihren ausge-
sprochendsten Graden, sind unter dem Mikroskop mit Sicherheit zu bestim-
men. Dickerwerden irgend eines der geformten Bestandtheile spricht noch
lange nicht fur Quellung desselben, weil sonstige durch das Reagens
hervorgerufene Niederschlage, sei es von Eiweifs oder Salzen, sich auch
auf die geformten Theile ablagern.
Derartige Niederschlâge(i) sind durchaus nicht immergranular, konnen
vielmehr selbst bei sehr starken Vergrôsserungen voUig homogen aussehen,
(1) Anm. Auf Niederschlage aus dem Kernsaft (Kerngrundsubslanz) greift auch Flemming {Ueber die
W'irkung von Chroinosmiumessigsàiire auf den Kern; Arch. £. mikrosk. Anat,, i8g5, BJ. 43, S. 162),
zurûck zur Erkiàrung des verschieJeneii Ausschens der peripheiischen und centralen Kerne in mit seiner
Mischung fixirteii Praeparaten, gegenûber Rawitz {Centrosoma und Attractionssphâre in den ruhenden
Zellen des Salamanderhodens; dasselbe Archiv, i8o5, Bd. 44, S. 555), welcher der Osmiumsàure eine
a kernfeindliche Tendenz » zuschreibt àhnlich der des Kalium bichrom. Ucbrigens hatte auch Flemming
frûher (Beitràgc yur Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserscbeinungen; Arch, f. mikrosk. Anat., 1879,
\
BICHROMATE UND ZELLKERN 369
wie ich dies an ausgefâlltem Haemoglobin in den rothen Blutkorperchen
von Fischen nach Behandlung mit doppeltchromsauren Salzen wiederholt
selbst beobachten konnte. So ist auch die verschiedene Dicke der Chromo-
somenbei Einwirkung verschiedener Reagentien wie Chrom- und Essigsaure
oder bei Anwendung der in dieser Arbeit angegebenen Mischungen, flir
mich wenjgstens und bis zum Beweis des Gegentheils, auf nichts anderes
zurtickzufiihren aïs auf derartige Niederschlâge. Specifische Farbstoffe,
welche hier die Entscheidung bringen kônnten, besitzen wir nicht. Was wir
besitzen, sind mehr weniger sichere Fdrbitngsverfahreu, bei denen das
Object, von deni Augenblicke wo wir es lebend in Behandlung nehmen bis
zu dem Puncte wo wir es unter dem Mikroskop betrachten, einem bestimm-
ten und in allen seinen Stadien praecis ausgefilhrten Vorgang unterworfen
ist. Scheinbar unbedeutende Abweichungen kônnen, ohne dass wir daflir
eine Erklârung wiissten, zu ganz entgegengesetzten Resultaten fiihren, wie
ich dies fiir das Methylgriin fand, welches mit Essigsaure zugleich auf den
lebenden Kern einwirkend, sich mit Chromatin in fast specifischer Weise
verbindet (Carnoy), dagegen secundar nach vorhergegangener Fixirung durch
Essigsaure angewendet, sogut wie keine Affinitât zum Chromatin besitzt,
und dies in rein wassriger wie in essigsaurer Lôsung. Dasselbe ergab sich
fur Bismarkbraun. In ahniicher Weise erhalten wir nach Fixirung in reiner
SublimatlôsungmitMethylgrlineine sichere Chromatinfarbung, keine solche
dagegen nach Anwendung von essigsaurer Sublimatlosung. Farbungen
konnen demnach nur unter ganz bestimmten Bedingungen zum Beweis
herangezogen werden, wahrend unter veranderten Bedingungen ihr positiver
oder negativer Ausfall uns nichts zu sagen vermag.
Nur von der rein chemischen Méthode wird in diesen|Fragen Aufschiuss
zu erwarten sein. Die Schwierigkeiten jedoch, die sich ihr bei Bearbeitung
der Zelle und noch mehr des Kerns entgegenstellen, sind ofifenbar so grosse,
dass wir fur die mcisten dieser Fragen wohl noch lange auf Antwort zu
warten haben werden. Leider scheinen derartige Untersuchungen mit den
Bichromaten von Seiten der Chemiker, deren Autoritat in den vorliegenden
Untersuchungen den Ausschlag geben kônnten, bis jetzt nicht angestellt
worden zu sein, wenigstens muss ich gestehen in der einschlagigen Littera-
tur vergebens danach gesucht zu haben. Nur eine Angabe Lilienfeld's (i)
Bd. 16, S. 3o2 (S. 3i5 u. 328)) darauf hingewicsen, dass der Osmiumsâurc in aasgesprochcn;n Masse
die Eigenschalt zuliommt die ruhenden Epiihtl- und Bindesubs.auzkerne quellen zu machen.
(i) Léon Lilienfeld : Haematohgische Vntersitchtatgen ; Arch. f. Physiol., 1892, S. ii5.
370 Eugen BURCHARDT
konnte hier herangezogen werden und wiirde allerdings, sollte sie sich be-
statigen, von grosser Bedeutung sein. Dieser Forscher suchte naclizuweisen,
dass die Blutplâttchen aus Nuclein bestehen und ihren Ursprung ans den
Kernen der Leucocyten herleiten. Beim Auffangen eines Bluttropfens in
Kalium bichromicum sollen dièse ^ Nucleinplattchen « nun sehr stark
lichtbrecliend und deutlich werden, eine Beobachtung, die jedenfalls auf
das Gegentheil von Quellung des Nucleins und also wohl auch des Chroma-
tins hindeuten wiirde. Derartige Versuche in vitro mit kâuflichem Nuclein
selbst anzustellen habe ich lieber unterlassen, da die Reinheit des Kôrpers
erste Bedingung ist, und ich mich davon nicht hatte uberzeugen kônnen.
Immerhin halte ich es schon nach den vorliegenden Angaben fiir rich-
tiger die diffuse Vertheilung des Chromatins nach Einwirkung von Kalium
bichromicum und der analogen Bichromate nicht auf primâre Verquellung
als vielmehr auf eine gewaltsame Zersprengung in Folge stiirmischer Quel-
lung des ungeformten Kernsaftes zuriickzuflihren.
Dièse secundare und rein passive Zerstôrung derchromatischen Structur
wird um so verstândlicher, wenn wir annehmen, dass Kalium bichromicum
und die ihm gleichwirkenden Salze sich mit dem Chromatin ebenso langsam
und ebenso wenig fest (i) verbinden wie mit Eiweisstoffen liberhaupt, dass
demgemâss dem Chromatin, besonders im Beginn der Bichromatvvirkung,
nur eine sehr geringe Widerstandsfahigkeit zukommen wiirde.
Von derselben Voraussetzung ausgehend môchte ich die Erhaltung der
chromatischen Structur in einigen Kernen — denen der Geschlechts- und
Furchungszellen — nicht auf besondere chemische Beschaffenheit ihres
Chromatins, sondern auf abweichenden Chemismus des ungeformten Kern-
saftes zuriickfiihren. Allerdings findet sich gerade fiir die Spermatozoen bei
'LiLiENF-ELB {Haematolog-ische Untersuchiingen, S. i32) die Angabe, dass in
ihnen dass Nuclein in schwerloslicher Form vorkomme, und wurde es danach
ganz annehmbar erscheinen, auch dem Chromatin der Hodenzellen die
gleiche Eigenschaft zuzulegen. In Wirklichkeit aber ist dièses « schwerlôs-
liche Nuclein ^ bis jetzt nur in den Spermatozen des Lachses (Miescher)
gefunden worden, in denen es nach Altmann in F^orm der freien Nuclein-
saure enthalten ist. Diesen Befund fiir die Spermatozoen anderer oder gar
aller Thiere zu verallgemeinern ist durchaus nicht gestattet, da Kossel(2)
(i) Anm. Dièse Veibindungen werden von fast allen Autoren, die sich darûbei- ausgesprochen
haben, als wenig feste betrachtet, selbst schon gegenûber Wdsser. Das letztere muss ich aber, gestûtzt
auf anderweitige Untersuchungen mit diesen Salzen, besirciten.
(2) A. KossEL : Ueber Nucleine; Verhandl. d. 14. Congr. f. innere Medicin, 1896, S. i83.
BICHROMATE UND ZELLKERN " 371
ausdriicklich hervorhebt, dass freie Nucleinsâure am genannten Orte ausser
beim Lachs bei keinem anderen Thiere, selbst nicht bei anderen Fischen,
angetroffen wurde.
Besonderheiten des Chromatins (Nucleins) der Ei-(i) oder Furchungs-
zellen sind meines Wissens bis jetzt nicht gefunden worden.
Einfachei^ liegt die Sache bei den kernfixirenden Bichromaten, dem
Calcium, Barium und Cuprum bichromicum. Dièse fixiren die chromatische
Structur aller Zellkerne. Sie gehen also mit dem Chromatin (Nuclein) eine
schnell eintretende und wahrscheinlicli feste Verbindung ein, in derselben
Weise wie sie iiberhaupt Eiweissstoffe (2) aus wassrigen Losungen augen-
blicldich auszufallen vermogen. Sie sind jedoch weit entfernt vollkommene
Fixirungsmittel zu sein, stehen vielmehr, sowohl in Bezug auf Conservirung
des ZelIIeibes wie des Zellkerns, hinter anderen, wie z. B. dem Sublimât,
weit zuriick. Trotzdem mochte ich einige der angegebenen Mischuugen,
besonders im Hinblick auf ihre Billigkeit, das Fehlen von Niederschlagen,
die leichte Chromatin- und scharfe Bindegewebesfârbung, fiir durchaus
brauchbar und, was die Erhaltung der Zellstructur betrifft, den einfachen
Chromsauremischungen fur durchaus uberlegen erachten.
Was dièse drei Saize im Kern fiir gewôhnlich nicht darstellen, ist die
achromatische Figur. Auch hier tritt uns die Frage entgegen, ob dieser
Mangel in der Fixirung auf directe Zerstorung der achromatischen Fâden
in Folge von Quellung des Achromatin (3) zuruckzufuhren ist oder ob auch
hier, wie bei den kernzerstôrenden Bichromaten, secundâre Zerstorung in
Folge von Quellung einer Substanz des flussigen Kernsaftes anzunehmen
ist. Fiir letztere Annahme scheinen mir nun Bilder zu sprechen, die mir
nicht so selten in den Zellen der Darmdriisen aufgestossen sind, aber wie
ich ausdriicklich bemerken muss, nur bei der Maus, nie bei Frosch und
Krote. Da finden sich nâmlich zwischen den auseinander gewichenen Toch-
tersternen ganz deutlich ein auch zwei achromatische Fâden ausgespannt
(i) .4»»!. Das \'itellin, frûher a!s Nuclei;.-. jetzt als Paranucl-'inverbhidung angesehn, ist keine Sub-
stanz des Kerns sondern des ZelUeibes!
(2I Anm. Ob auch durch dièse Salze nicht l'àllbare Eiweissstoffe existiren, was wahrscheinlich,
bleibt zu untersuchen.
(3) Anm. Die Subslânz der achromatischen Fàden, die nach den Erfahrungen der letzten Jahre
in ihrem mittleren die Chromosomen verbindendea Theile (\'erbindung5faden) aus dem achromatischen
Netze des ruhenden Kernes hervorgehen soUen. ist verschieJenilich benannt worden, so « Parachromatin »
von Pfitzner, « Paranuclein » von Fhenkel. (Congrès international de Rome, iSg.S, Arch. ital. de Biologie,
i8g5, Bd. 22, VllI.) Die letztere Bezeichnung ist ganz ungeeignet, da wir unter ihr seit Jahren etwas
ganz anderes verstehen, nâmlich eincn Bestandhcil des Vitellin.
37 2 Eugen BURCHARDT
odei^, dies allerdings recht selten, ein breites homogènes Band, in dem sich
zwar kaum etwas von Streifung erkennen lasst, welches aber auf nichts
anderes als auf die achromatischen Verbindungsfaden zuruckgefuhrt werden
kann. Soll man nun annehmen, dass in diesen Kernen das Achromatin eine
besondere chemische Zusammensetzung besitze oder dass gar nur einem
oder zweien von den vielen achromatischen Fâden dièse Besonderheit zu-
komme? Eine derartige Annahme scheint mir ganz unhaltbar, wahrend dièse
abweichenden Bilder mit der Voraussetzung einer von aussen kommenden
zerstorenden Gewalt recht gut vereinbar sind. Wenn sich ferner in den
Zellen des Hodens — nicht denen des Nebenhodens -- die achromatische
Figur regelmâssig erhalten findet, so môchte ich auch dies nicht auf abwei-
chende Constitution des Achromatins aïs vielmehr auf abweichenden Che-
mismus ihres fliissigen Kernsaftes zuriickfiihren. Fiir die erste Annahme
haben wir ja ~ wenn man nicht das abweichende Bild selbst dafiir anfiihren
wollte — keinerlei Unterlage, wahrend wir aus den jetzt schon gar nicht
so spârlichen Beobachtungen liber Theilnahme des Kerns an der Sécrétion,
z. B. in Form von aus dem Kernsaft in den Zellleib tibertretenden Granula,
auf Differenzen in der chemischen Zusammensetzung des Kernsaftes in ver-
schiedenen Zellarten, wie auch der Kerne derselben Zellart in verschiedenen
Zustanden derselben, zu schliessen unbedingt berechtigt sind.
m . Sch lussfolger nugen .
Ich glaube dernnach bei allen Bichromaten den Icernzerstôrenden wie
den kernfixirenden, zwei Eigenschaften annehmen zu konnen, welche, an
verschiedene Kernsubstanzen, die geformten einerseits die ungeformten an-
dererseits angreifend, einander in Bezug auf das endgtiltige mikroskopische
Bild antagonistisch sind. Je nach dem Ueberwiegen der einen oder der
anderen dieser Eigenschaften und, nicht zum Mindesten, je nach der Con-
stitution des fliissigen Kernsaftes wird entweder vôllige Zerstorung, oder
vôUige Erhaltung oder aber irgend ein Mittel zwischen Beiden resultiren
mûssen.
In dieser Weise wird es auch verstandlich, weshalb schon friihere
Untersucher wie z. B. Flemming ^^ unter ganz uncontrollirbaren Bedin-
gungen « mit dem Kalium bichromicum manchmal sei es n sehr massige
Erhaltung - der Kernfiguren oder selbst r schône Conservirung ^ dersel-
ben erhalten konntcn und nach Auerbach, der ja auch schon die verschie-
I
BICHROMATE UND ZELLKERN 373
dene Widerstandsfahigkeit der Kerne in Rechnung gesetzt hatte, ^ immer
eine Anzahl der Kerne in abweichenden Zustânden sich befindet ".
Erinnern wir uns jetzt des fruher erwahnten abweichenden tincto-
riellen Verhaltens des Zincum bichromicum, beriicksichtigen wir ferner
den Umstand, dass dièses Icernzerstôrende Salz in Verbindung mit Essig-
saUre von allen Salzen derselben Reihe die beste, und zwar eine fast
brauchbare Conservation der Mitose ergiebt, dass es sicli weiter, wie ich
jetzt hinzusetzen muss, von ihnen allen durch sein ausserordentlich geringes
Eindringungsvermôgen — dies selbst in verhaltnissmâssig schwacher Con-
centration von z. B. I o/o — auszeichnet, dass es endlich, als Diluens wie
Kal. bichrom. in Formel I gebraucht, nur in viel schwacherer Concentra-
tion zulâssig ist, so werden wir nicht zôgern, diesein Ziiiksûl{ seine Stelle
aufder Grenue ppischen beiden Arien von Bichromaten an{uweisen.
Demnach wurde es nicht richtig sein die Bichromate als zwei, ihren
chemischen Afhnitaten zum Zellkern nach, vôllig différente Reihen von
Salzen aufzufassen, vielmehr w^erden wir in ihnen, trotz der Verschieden-
heit der von ihnen hervorgerufenen Bilder, eine ein\ige Reihe von Kôr-
pern zu sehen haben, die sich je nach dem Verhaltniss der beiden ihnen
allen zukommenden antagonistischen Eigenschaften gruppiren lassen.
Wenn mir auch bis jetzt, in Folge der grossen Schwierigkeiten derar-
tiger Untersuchungen und, nicht zum Mindesten, der ungleichen Reinheit
der mir zuganglichen Praeparate, die genaue Einordnung dieser Kôrper
nicht raôglich ist, so môchte ich doch glauben, dass dièse Reihe wahrschein-
lich mit dem Natriumsalz beginnen, iiber Ammonium, Kalium u. s. w.
durch das Zinksalz zum Cuprum, Calcium und Barium (Barium und Cal-
cium) ubergehen wird.
Strassbwg i. Els., i. Màr:{ 189";
X^ ES
VALVES SEPTALES
DE
L' 0 W E N I A
PAR
Gustave GILSON
PROFESSEUR A l'UnIVERSITÉ DE LoUVAIN
(Mémoire déposé le 30 77iars 1897.)
40
I
I
LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA
VON Drasche, dans sa monographie de ÏOiPeuia(i), décrit la disposi-
tion des diverses cavités somatiques de ce ver et indique exactement leur
nombre, qui ne correspond pas à celui des métamères. Il ne s'attache pas,
toutefois, à faire l'étude de la structure des septa qui ferment ces comparti-
ments et il les considère évidemment comme de simples cloisons conjoncti-
vo-musculaires sans intérêt particulier. Quant aux rapports de ces cavités
avec l'extérieur, il déclare ne pas les connaître et n'avoir découvert chez
VOjpenia ni néphridies ni autres voies éliminatrices quelconques pour les
produits génitaux qui s'y forment : r Die Geschlechtsproducte sind an den
-^ hinteren zwei Dritteln des Abdomen angehâuft und sieht man sie in der
V ganzen Leiberhôhle bis in die Kiemen flottiren. Wie gelangen sie nach
n aussen? Sind Segmentalorgane vorhanden? Fragen die ihrer Lôsung
» noch harren. -
Aux quelques indications fournies par von Drasche sur la situation
des septa et aux questions qu'il pose lui-même s'arrêtent donc les données
publiées sur deux points dont nous avons entrepris l'étude : les rapports
des divers compartiments cœlomiques entre eux et leurs relations avec
l'exie'rieur.
Voici d'après nos recherches et sous une forme succincte les traits les
plus saillants de la disposition des compartiments cœlomiques, de leurs
cloisons séparatrices et des pertuis qui les mettent en rapport avec le milieu
extérieur.
I. Les compartiments périviscéraux sont moins nombreux que les
métamères. Le premier métamère qui porte l'orifice buccal et la couronne
de prolongements branchiaux possède son compartiment cœlomique dis-
(i) VON Drasche : Beitrâge ^Kr feincroi Anatomie dev Polychaeten ; Zweites Heft : Anatomie
von Owenia fusi/onnis, Wien, iS85.
378 G. GILSON
tinct, séparé du deuxième par un septum. Puis viennent deux métamères
très courts, dont les cavités non séparées par un septum forment un com-
partiment unique, fermé en arrière par le deuxième septum. C'est la
deuxième chambre cœloniique.
Les trois segments suivants, IV, V et VI, manquent également de
septum et leurs cavités confondues forment la troisième chambre très vaste.
Au-delà du sixième métamère, tous les segments sont séparés par un sep-
tum. En outre, le neuvième métamère contient un septum supplémentaire.
Le compartiment céphalique forme une seule cavité impaire, mais
imparfaitement divisée par une cloison horizontale que nous décrirons.
Tous les autres compartiments sont divisés en deux chambres longitudi-
nales séparées l'une de l'autre par un mésentère supérieur, par l'intestin et
par un mésentère inférieur, disposition qui rappelle les annélides inférieurs:
Polygovdiiis, etc.
II. Aucun des septa ne constitue une cloison parfaite et toujours
étanche. Les uns présentent en certains points de leur pourtour des dé-
fauts d'attache à la paroi, des fentes, établissant ou pouvant établir dans
certaines conditions une communication entre les deux métamères voisins.
Les autres présentent de véritables perforations.
Certaines d'entre ces perforations sont munies d'un appareil muscu-
laire puissant et complexe, fonctionnant comme un sphincter.
On trouvera plus loin une description de ces curieux organes repré-
sentés en sph dans les fig. 2, 3, 4, 5.
Plusieurs septa ont à la fois des fentes marginales et des perforations
à sphincter.
On voit donc que nous ne pouvons nous rallier à l'avis de von Drasche,
quand il affirme que les septa en général ne sont perforés que par l'intestin
et les vaisseaux sanguins : " nur von Darm und Blutgefdssen durchbohrt. „
III. La cavité cœlomique de certains métamères est en communica-
tion avec l'extérieur.
d) Le sixième métamère présente chez les femelles, de chaque côté,
un entonnoir cilié appliqué contre le troisième septum. Cet entonnoir est
muni d'un court canal qui perfore la paroi du corps et se jette dans un
tube sinueux purement épithélial logé dans la cavité épidermique et situé
par conséquent en dehors de la membrane basale, fig. 9 et 12. Celui-ci
s'avance jusqu'au cinquième métamère et débouche à l'extérieur par un pore
très étroit plus ou moins allongé en fente.
LES VALVES SEPTALES DE L OWENLA 379
Chez le mâle, il y a d'abord deux entonnoirs semblables à ceux de la
femelle. Mais on trouve en outre un peu au-devant des premiers une
seconde paire qui n'a aucun rapport avec le septum et dont le limbe s'étale
sur la paroi musculaire du corps. Ils s'ouvrent comme les premiers dans le
canal épithélial. Chaque canal épithélial porte donc deux entonnoirs, un
terminal et un latéral, fig. 25.
Dans les deux sexes, entonnoirs et canaux épithéliaux occupent la face
dorsale du sixième métamère. Ces organes constituent les voies élimina-
trices des produits génitaux. Voilà qui répond à la question posée par von
Drasche.
b) Au niveau des septa Y et VII, il existe, fig. 20, 21 et23, deux invagi-
nations de l'épiderme s'avançant dans l'épaisseur du septum et se terminant
au sphincter lui-même, tout contre un diverticule du canal septal. Il n'est
pas impossible que ces tubes servent à introduire de l'eau dans la cavité
périviscérale. Toutefois, n'étant pas parvenu jusqu'ici à démontrer la com-
munication de leur lumière avec cette cavité, nous laissons sur ce point
planer quelque doute.
Des productions semblables, mais beaucoup moins développées, se re-
marquent au niveau de la plupart des autres septa, sauf les derniers.
Mais à partir du septum A'III, elles sont certainement dépourvues de
toute communication avec la cavité du corps. Leur signification, toutefois,
est la même et sera discutée plus loin.
IV. Les entonnoirs génitaux représentent vraisemblablement des né-
phridies modifiées. Les tubes épithéliaux ont peut-être la même significa-
tion. On peut aussi se demander si les canaux septaux et leurs sphincters
ne représentent pas les restes transformés des néphrostomes de néphridies
disparues.
La portion glandulaire, à fonction urinaire, des néphridies typiques-
fait complètement défaut chez VOivenia. L'évacuation urique doit se faire
par une autre voie.
V. A l'appui de ces diverses propositions nous apportons une descrip-
tion détaillée de la structure des divers métamères et spécialement des or-
ganes septaux et des voies génitales. Cette description ne sera guère que
l'explication d'une série de dessins destinés à donner au lecteur une idée
plus nette des dispositions dont nous venons de parler. Nous y ajouterons
quelques remarques ou aperçus comparatifs.
38o G. GILSON
L'étude de toutes ces dispositions est entourée de difficultés. Aussi
n'est-il pas surprenant que certains organes aient entièrement échappé à
VON Drasche. Ajoutons que si les observations de notre savant devancier
ont laissé à glaner après "lui, les nôtres n'ont pas la prétention de clore
l'étude de ces questions. Nous décrivons chez VOivenia des dispositions
intéressantes qui, à notre connaissance, n'ont été signalées chez aucun anné-
lide et qui font de ce genre une forme remarquable parmi les tubicoles.
Mais l'attention des chercheurs étant éveillée, il est à penser que les données
fournies par nous seront bientôt complétées, et nous avons des raisons de
prévoir que l'on ne tardera pas à découvrir dans d'autres genres des dispo-
sitions analogues à celles dont on va lire la description et qui paraissent
admirablement adaptées à la vie tubicole.
Disposition et rapports des divers métamères entre eux et avec l'extérieur,
Premier métamère.
C'est le segment qui porte l'orifice buccal et la couronne d'appendices
branchiaux. On pourrait l'appeler la tête.
Les tentacules branchiaux possèdent des vaisseaux sanguins et une ca-
vité propre qui est en libre communication, à la base, avec la cavité du
segment céphalique. Ils reçoivent donc, outre le sang, le liquide cœlomique.
Sous la bouche, on trouve un organe très remarquable, découvert par
VON Drasche : l'organe labial, fig. 2, o. l.
C'est un bourgeon épithélial bilobé en avant. Ses deux lobes sont for-
més de cellules épithéliales cylindriques très hautes et très claires. Des
muscles variés s'y attachent; ils servent, les uns à le faire saillir, les autres
à le rétracter. Nous n'avons pas à décrire ici cet organe, ni à rechercher sa
signification morphologique. Disons seulement qu'on ne peut lui donner le
nom de prostoniiiDii, puisque ce terme indique un organe situé au-devant de
l'orifice buccal. Nous le désignerons sous le nom de metastoiniitiu, pour la
facilité du langage. Nous devions signaler son existence afin de pouvoir
indiquer une disposition particulière de la cavité du premier métamère (i).
Cette cavité est divisée en deux compartiments : l'un dorsal, l'autre ven-
tral, par une cloison incomplète, horizontale Cette cloison comprend deux
lames conjonctivo-musculaires s'insérant, d'une part, sur les parties laté-
rales de Torgane labial qui fait saillie à l'intérieur, et de l'autre sur la paroi
du corps. En avant, elles se rattachent à la face antérieure du corps, et en
arrière elles se soudent au premier septum.
(i) Nous pensons que le Metastomium est un organe destiné à la préhension des particules so-
lides dont l'animal recouvre son tube. C'est aussi l'opinion de notre ami IM. A Watson de Slieffield,
dont on connaît les belles observations sur la confection du tube des annélides (i). Nous avons prié
ce savant de vérifier le fait sur des individus trouvés à Llanfairfechan, Galle du Nord, qu'il possède
en aquarium. Bien que cette observation soit entourée de difficultés, nous pensons qu'elle mènera à
la confirmation de celte hypothèse.
(i) A. T. Watson : The tube-building habits of « Terebella littoralis » ; Journ. of the R. Mie.
Soc, iSgo,
Ibidem : Observations on the tube-forming habits of « Panthalis Oerstedi » ; Port Erin Biologi-
cal Siaiion, iSgS.
382 G- GILSON
Cette cloison horizontale dont le métastomium fait partie, du moins
quand il est rétracté et saillant à l'intérieur, est incomplète : derrière cet
organe, il existe une large communication entre la chambre dorsale et la
chambre ventrale. Il va sans dire que la protraction et la rétraction du mé-
tastomium font varier dans une large mesure l'étendue de la cloison hori-
zontale : pendant la protraction, la saillie interne disparait presque complè-
tement ; les membranes latérales sont alors tendues et ont la forme de lames
étroites; l'orifice qui les sépare derrière l'organe est très large. Le contraire
a lieu pendant la rétraction.
Premier septiim.
Le premier septum, qui sépare la première cavité segmentaire du com-
partiment cœlomique suivant, est une membrane assez mince, à trame
conjonctive et parcourue de fibres musculaires de direction variée. Nous
n'y découvrons pas de perforation. Il est cependant certain que la première
cavité métamérique communique avec la seconde. En effet, Claparède (i)
avait déjà remarqué que les œufs se rencontrent parfois dans la cavité cé-
phalique et jusque dans les appendices branchiaux eux-mêmes. Nous
avons pu vérifier l'exactitude de cette assertion. Or, le segment céphalique
ne contient pas de gonades; celles-ci s'arrêtent au cinquième segment. Il
faut donc que les deux premiers septa présentent des solutions de continuité
quelconques capables de livrer passage aux produits génitaux. Ces passages
existent, mais il n'est pas toujours aisé de les voir. Ce sont des défauts d'at-
tache du système à la paroi du corps, qui se rencontrent sur la face latérale,
mais très dorsalement. On les voit en pas dans la fig. 2, au voisinage des
vaisseaux qui passent dans la tête. Il n'ont pas une forme bien régulière,
et ne sont pas toujours des trous complètement libres; des fibres muscu-
laires les obstruent d'ordinaire en partie et les œufs qui sont assez gros
doivent pour y passer déranger quelque peu ces fibres ou bien se déformer
eux-mêmes.
Il est évident pour nous que ces passages, comme ceux que nous allons
décrire dans le deuxième septum, sont destinés spécialement au transport du
liquide cœlomique et non pas à celui des éléments génitaux. Ceux-ci n'ont,
en effet, rien à faire dans les segments antérieurs au deuxième septum.
Leur présence dans ces segments, quoique fréquente, est accidentelle. Il
semble même qu'une fois engagés dans la tète les œufs ont quelque peine à
(i) Claparède : Les aiinélidcs chéloyodes du golfe de Naples; Mém. de la soc. di; physique et
d'hist. nat. de Genève, XX, 1870.
LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 383
s'en échapper. En effet, nous avons noté à deux reprises la présence de
nombreux'œufs dans la cavité céphalique et les branchies d'individus qui
avaient pondu. Il ne restait plus aucun œuf mùr dans les segments pos-
térieurs. Ceux qui étaient logés dans la tête paraissaient en voie d'altéra-
tion : presque tous avaient pris des formes irrégulières, amiboïdes, avec des
pseudopodes parfois très longs, fig. 3.
Deuxième et troisième métamères.
Comme nous l'avons dit plus haut, ces deux métamères sont très courts
et leurs cavités sont confondues en une seule par suite de l'absence com-
plète de cloison septale entre eux. La segmentation de ce tronçon du corps
n'est indiquée que par des détails extérieurs, les faisceaux de soies, un
tore uncinigère, et par certains organes internes. Les glandes filières, dont
nous avons décrit deux paires, s'ouvrent à côté de ces mêmes faisceaux(i).
Deuxième septum.
Le deuxième septum séparant le tronçon formé par la fusion du deux-
ième et du troisième métamère d'avec le quatrième présente des parti-
cularités qui vont nous arrêter quelque peu. Sa structure est complexe et
son étude nous a opposé d'assez grandes difficultés. Les fig. 4 à 7 servi-
ront à en expliquer le détail.
Notons tout d'abord que l'intestin subit à la limite du quatrième et du
cinquième métamère une brusque réduction de calibre. Il existe à ce niveau
un tronçon intestinal étroit et rectiligne s'ouvrant en avant et en arrière
dans des portions à large calibre fortement plissées, fig. 2.
Ce tronçon mince appartient encore au troisième métamère : le septum
s'insère sur le pourtour de son extrémité postérieure. Il est logé dans le réces-
sus septal r qui est un enfoncement très caractérisé de ce septum, fig. 6, r. ~
La même figure fait voir qu'il est muni d'une puissante tunique mus-
culaire, véritable anneau constricteur qui, sur les objets fixés, se montre
toujours violemment contracté, à tel point que parfois la lumière du canal
est entièrement oblitérée.
Passons maintenant à l'étude d'organes spéciaux voisins du tronçon
mince de l'intestin, mais appartenant au septum lui-même.
(i) G. GiLSON : Les glandes filières de l'Owenia fusi/onnis ; La Cellule, t. X, fasc. 2, iSgS.
50
384 G. GILSON
Le deuxième septum est l'un de ceux qui sont perforés. Il présente
deux canaux septaux munis de sphincters et un muscle spécial : le croissant
dorsal.
Croissant dorsal.
Nous donnons ce nom à un faisceau de fibres contenu dans la partie
du septum qui est déprimée vers l'arrière. Il forme la partie supérieure et
les parties latérales de cette dépression, dans la cavité de laquelle on trouve
le tronçon musculaire de l'intestin. On le trouve en c, d, dans les fig. 2, 4,
5 et 6, qui donnent, en le montrant sectionné dans des sens divers, une
bonne idée de sa disposition.
La direction générale de ses fibres est circulaire et entourante par
rapport au tube digestif, auquel elles forment comme un second manteau
recouvrant au-dessus et sur les côtés l'anneau constricteur, au, c.
En bas, ces fibres se rattachent à deux masses musculaires, sph, dont
nous allons parler et par leur union avec celles-ci se trouve formé un anneau
musculaire complet appartenant au septum, distant de l'intestin mais l'en-
tourant entièrement, fig. 4, 5 et 6.
Canal sepial et sphincter.
Les perforations du deuxième septum ont la forme de deux canalicules
longs, grêles et sinueux, percés dans une énorme masse musculaire ovoïde,
située dans le septum, à droite et à gauche, un peu plus bas que l'intestin.
Ces masses musculaires sont des appareils sphinctériens complexes.
Notons d'abord exactement leur situation : elles sont comprises dans
la paroi inférieure et un peu latérale de la dépression du septum qui loge
le tronçon mince de l'intestin au même niveau que le croissant dorsal dont
elles reçoivent les branches, fig. 5, c, d, sp/i.
Ces organes comprennent divers faisceaux de fibres que l'on distingue
dans les fig. 4 à 7, mais dont nous n'avons pu déterminer exactement la
direction, parce qu'on les trouve, dans les coupes, disposés de différentes
façons suivant le degré de contraction dans lequel ils ont été fixés et suivant
la position qu'affectaient le septum et les masses sphinctériennes au moment
de la section. Notons seulement que sur une coupe quelconque on trouve
généralement des fibres coupées en long et d'autres en travers. Si la coupe
est transversale, on en voit toujours un grand nombre coupées en long et
s'attachant d'une part au croissant dorsal, de l'autre à la forte membrane
basale de l'épidermc au voisinage du cordon nerveux, fig. 4 et 5.
1
I
LES VALVES SEPTALES DE l'OWENIA 385
Le canal septal, ainsi que nous l'avons dit, suit un trajet sinueux dans
l'épaisseur de la masse sphinctérienne. Sa lumière est toujours très étroite,
souvent entièrement oblitérée par la contraction violente de l'organe. Aussi
est-il extrêmement difficile d'en suivre le trajet sinueux et d'en découvrir les
orifices. Une autre cause ajoute encore à la difficulté de cette recherche :
c'est la minceur de sa paroi propre. Elle n'est guère indiquée dans les
coupes que par une ligne de très petits no)'aux entourés d'un peu de proto-
plasme. On ne parvient pas à y discerner de limites cellulaires.
Aussi n'est-ce pas sans peine que nous sommes arrivé à en déter-
miner les deux extrémités. Son orifice antérieur est situé dans le réces-
sus de la cavité du quatrième métamère qui se trouve compris dans la
dépression cylindrique du septum, fig. 5 et 7, o c s (7. Il y occupe une
position un peu latérale et externe. L'orifice postérieur s'ouvre dans le
cinquième métamère vers le bas, non loin du mésentère inférieur, fig. 6,
o c sp.
Il est évident que les masses sphinctériennes et le croissant dorsal ne
sont pas des organes entièrement indépendants l'un de l'autre. Leur con-
traction simultanée rétrécit l'anneau qu'ils constituent ensemble. Elle doit
avoir pour résultat de comprimer l'intestin et de renforcer l'action constric-
trice du manchon musculaire, vie, propre à ce dernier. Mais il est très vrai-
semblable aussi que le croissant dorsal fournit à certaines fibres sphincté-
riennes un point d'appui. Manquant de données précises sur la direction
réelle et les insertions de divers faisceaux qui constituent les sphincters,
nous ne pouvons faire la part exacte de leur action dans le mécanisme de
l'appareil.
Notons seulement que s'il est certain que les fibres à direction oblique
s'attachant d'une part au croissant dorsal etdel'autreà la basale épidermique
ont pour effet de comprimer le canal septal, il doit y en avoir, dans le reste
du faisceau, certaines dont la contraction produit au contraire la dilatation~
de ce même canal. En effet, si ténu qu'il se montre d'ordinaire dans les sec-
tions, le canal septal est susceptible d'être dilaté notablement. Il est certain
que, du moins chez les femelles, son diamètre peut devenir au moins égal
à celui des œufs qui sont assez volumineux, fig. 3. Cela n'est pas douteux,
puisqu'ils constituent la seule voie par laquelle ceux-ci peuvent passer du
cinquième métamère dans le tronçon antérieur au deuxième septum, où on
les trouve souvent accumulés en grand nombre. Ajoutons que nous avons
constaté directement cette dilatation. Nous possédons en effet deux séries
386 G. GILSON
de coupes dans lesquelles l'extrémité postérieure d'une des glandes filières
du cinquième métamère, refoulée vers le haut par une cause qui nous
échappe, s'était engagée dans le canal septal dilaté et faisait longuement
saillie dans le compartiment cœlomique antérieur. Le sphincter dans ces
objets avait été saisi par le réactif en état de dilatation et fixé sans avoir le
temps de se contracter complètement. La glande y était à peine comprimée.
Il est donc certain que le grêle et sinueux canal que l'on trouve dans la
masse sphinctérienne contractée peut se transformer par le jeu de certains
faisceaux en un simple anneau court et large.
Signalons encore dans les fig. 5 et 7 l'existence d'un petit faisceau ^/n
de fibres musculaires, appartenant au mésentère inférieur et reliant l'intes-
tin à la paroi inférieure du corps. Il a évidemment un rôle dans le jeu com-
plexe de l'appareil septal.
Paroi musculaire des métamères.
Elle comprend dans les quatre premiers segments les deux éléments
habituels de la paroi du corps des annélides : des fibres longitudinales et
des fibres circulaires situées en dehors des premières. On les voit en f m c
et / m l dans la fig. 24. Les éléments circulaires se continuent en couche
interrompue dans les branchies elles-mêmes. Dans tout le reste du corps,
c'est-à-dire en arrière du quatrième métamère rudimentaire qui fait suite au
deuxième septum, les fibres longitudinales seules existent. Nous n'y pouvons
découvrir la moindre trace de fibres circulaires, von Drasche, au contraire,
admet qu'il existe une musculature circulaire sur toute la longueur du
corps, mais déclare que dans » l'abdomen '^, c'est-à-dire la portion qui
fait suite au deuxième septum, elle est extrêmement mince et difficile à
distinguer : » Die Ringmuskulatur ist im Thorax recht kràftig ausgebildet,
» wird jedoch im Abdomen so schwach, dass sie nur mit starkeren Vergrôs-
« serungen, als eine unterhalb des Hypoderms liegende doppelt contourirte
» Linie zu erkennen ist. «
Il est très probable que ce que l'auteur prend pour une couche muscu-
laire circulaire n'est autre chose que la membrane basale épidermique qui
est très forte sur toute la surface du ver. On voit aisément une infinité de
fibres longitudinales en contact immédiat avec cette basale, mais en dehors
de la région antérieure, on ne trouve jamais la moindre trace de fibres cir-
culaires. Celles-ci font donc complètement défaut en arrière du quatrième
métamère. Nous insistons sur ce fait remarquable et nous indiquerons dans
LES VALVES SEPTALES DE l'0WENL\ 387
nos remarques et conclusions la corrélation qui existe entre l'absence d'élé-
ments circulaires et la présence des curieuses productions que nous décrirons
sous le nom d'organes septaux.
La structure des fibres musculaires de VOivenia et celle du revêtement
cœlomique font l'objet d'une note spéciale que nous livrons à l'impi-ession en
même temps que ces pages.
Quatrième, cinquième et sixième métamères.
En arrière du tronçon formé parles métamères II et III, à cavité con-
fondue, on trouve encore un compartiment cœlomique résultant de la fu-
sion de plusieurs chambres métamériques. Il n'existe pas de septum entre
les segments W et V, ni entre ce dernier et le Yl". Ici encore la segmenta-
tion est accusée par les faisceaux de soies et les glandes filières, et, en
outre, par deux tores uncinigères, fig. 1, // et ts.
L'accord ne règne pas entre les auteurs au sujet du nombre de méta-
mères qu'il faut compter dans la région antérieure du corps de YOivenia.
Deux d'entre les premiers naturalistes qui se soient occupés de notre anné-
lide, Grube (i) et Claparède (2), n'admettaient que deux segments dans
le tronçon postcéphalique qu'ils appellent '-le thoraX". Kôlliker(3), qui en
avait décrit trois, fut critiqué sur ce point par Claparède. von Drassche (4)
soutint plus tard, comme Kôlliker, qu'il en faut compter trois. Ces diver-
gences s'expliquent par la petitesse du troisième faisceau de soies qui avait
échappé aux deux premiers observateurs. Enfin, en iSgS, nous mimes abso-
lument hors de doute l'existence d'un métamère occupant le numéro \W dans
la série, en montrant qu'il existe au-devant du premier tore uncinigère, non
seulement un troisième faisceau de soies très petit, mais encore une troi-
sième paire de glandes filières, — organes indubitablement métamériques.
Ces glandes, comme les faisceaux de soies qu'elles accompagnent, sont de
dimensions extrêmement faibles' et présentent des signes non équivoques
d'atrophie. Leur canal excréteur n'arrive plus jamais à percer la membrane
basale; aussi ont-elles perdu toute fonction et toute utilité pour l'animal.
(i) Grube : Besdireibung neiier oJer wenigcr bekanntcr .Annelideu; Arch. f. Nalurgeschichte,
12. Jahrg , 1S46.
(2) Claparède : Les annélides chctopodes du Golfe de Naplcs; Mémoires de la Soc. de Phys.
et d'Hist. nat. de Geiève, t. XX, 1S70.
(3) Kôlliker : Kur-e Bericht einer im Herbst 1864 an der Westkûste von Scliottland ange-
steilten vergleichend-analomischen Untersuchung ; Separat-Abdruck aus der naturwissensch. Zeitschrift,
B. V, Wurzburg, 1S64, Z. 11.
(4) VON Drasche : Loc. cit.
388 G. GILSON
Nous trouvons en elles un cas très remarquable et absolument indiscutable
d'organes en voie de régression, un exemple frappant à ajouter à la série
déjà si longue de productions méritant le nom de restes anceslraiix et qui
sont d'un si haut intérêt aTu point de vue transformiste (i).
L'existence de quatre métamères au-devant du premier tore uncinigère
est donc certaine. Mais si Kôlliker et von Drasche ont bien résolu la
question du nombre des segments, ils n'ont pas indiqué exactement la situa-
tion du deuxième septum et se trompent quant à la région à laquelle il
convient d'attribuer le quatrième métamère. von Drasche dit ceci du
premier septum : ^ Es grenzt das Kopf-Mundsegment von den drei ver-
- schmolzenen Thoraxsegmenten ab. r^ Il assigne donc au tronçon post-
céphalique, qu'il appelle thorax, trois segments fusionnés, c'est-à-dire qu'il
place au-devant du deuxième septum le quatrième métamère dont, avec
KoLLiKER, il soutient l'existence. Or, en cela il est dans l'erreur : le deu-
xième septum, s 2, s'insère à la paroi du corps au-devant de l'embouchure
de la glande rudimentaire, ^j, et de son faisceau de soies, /j, fig. 2. Le
métamère IV, quoique situé au-devant du premier tore, /, se trouve en
arrière du deuxième septum, s 2, et n'appartient pas au soi-disant thorax.
Il n'est pas fusionné avec les deux segments post-oraux communicants,
puisqu'un septum l'en sépare, mais bien avec le tronçon suivant formé par
les métamères V et VI, puisque sa cavité se confond avec la chambre com-
mune de ce tronçon.
Disons que nous sommes tombé nous-méme dans cette erreur, lors de
nos recherches sur les glandes filières, un peu paixe que nous étions porté
à considérer comme juste l'opinion de von Drasche, qui était dans le vrai,
contre ses devanciers, au sujet du nombre des segments, mais aussi à cause
d'une disposition particulière du septum qui est de nature à induire en
erreur, si l'on se borne à l'étude de coupes sagittales ou transversales. La
FIG. 2, qui est une coupe horizontale, montre en effet que cette membrane
dans sa partie moyenne, en dehors du récessus qui loge le croissant dorsal et
les canaux septaux, occupe le même niveau que le premier tore uncinigère.
Cette partie est maintenue à ce niveau par la résistance de l'intestin, lié
lui-même à la paroi par deux lames mésentériques longitudinales. Mais sa
partie externe ou marginale, à droite et à gauche, se relève brusquement et
va s'attacher à la paroi au-devant du troisième faisceau de soies et de sa
glande atrophiée, et non pas derrière.
(1) G. GiLSoN : Les glandes JUières de » l'On'enia fusiformis » ; La Cellule, t. X, fasc. 2, 1893.
LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 389
Ainsi donc, limitée en avant par le deuxième septum que nous venons
de décrire, la cavité du quatrième segment communique pleinement en
arrière avec celle du cinquième.
Il n'existe pas non plus de septum entre le cinquième et le sixième
septum. Cependant leur limite est très nettement indiquée. A l'extérieur,
elle est marcjuée par un tore uncinigère et par une paire de faisceaux de
soies. Intérieurement, l'autonomie de ces métamères est indiquée ici encore
par la présence d'une paire de glandes filières dans chacun d'eux et par un
sillon dans la tunique musculaire. Quant au tube digestif, il ne présente à
la limite des deux segments aucune modification.
On trouve donc en arrière du deuxième compartiment cœlomique, formé
par les métamères II et III confondus, un troisième compartiment formé
par les cavités réunies du quatrième, du cinquième et du sixième segments.
Ce compartiment triple est en communication directe avec tout ce qui l'en-
toure : il communique avec le compartiment qui le précède, avec celui qui
le suit, et avec l'extérieur.
Il s'ouvre dans le compartiment antérieur par les deux canaux septaux
gardés par les puissants sphincters que nous venons de décrire dans le deu-
xième septum.
En arrière, il communique avec le septième métamère, non par des
canaux septaux, mais par de simples fentes.
Enfin, il est mis en rapport direct avec l'extérieur par des voies spé-
ciales qui servent à l'élimination des produits génitaux.
Nous allons décrire brièvement ces deux derniers rapports.
Troisième septum.
Comme nous venons de l'indiquer, c'est une cloison dépourvue de per-
foration et, par suite, de sphincters septaux.
Le croissant dorsal y existe cependant, sous une forme un peu modi-
fiée. Il comprend deux faisceaux musculaires courant du mésentère dorsal
au mésentère ventral sur les côtés du tube digestif. La fig. 11 le montre en
cd dans une section horizontale. On peut remarquer en même temps dans
cette figure que l'intestin se rétrécit en traversant le septum, mais sans ac-
quérir un muscle constricteur spécial, comme il le fait au niveau du deu-
xième septum.
Les voies de communication entre les deux segments voisins sont ici,
comme au niveau du premier septum, des défauts d'attache de la cloison à
la paroi du corps; mais elles sont mieux définies que ces dernières. Ce sont
3go G- GILSON
deux fentes bien nettes situées sur la face dorsale à peu de distance de la
ligne médiane. On les distingue le mieux sur des coupes sagittales, comme
celle qui est reproduite, fig. 10. On voit dans ce dessin le bord supérieur
du septum légèrement épaissi s'engager dans une gouttière nette et régu-
lière entaillée dans la couche musculaire de la paroi du corps. Un passage,
pas., existe entre ce bord libre et le fond de la gouttière. Dans l'objet auquel
se rapporte la fig. 10, la même disposition se constatait sur six coupes assez
épaisses; la fente s'y étendait depuis le voisinage du mésentère dorsal jus-
qu'au voisinage de l'entonnoir génital.
Ce passage en fente peut être oblitéré par la contraction des fibres mus-
culaires qui courent dans le septum lui-même et qui forment à son bord libre
un léger bourrelet. Nous avons pu constater que la fente dorsale est courbe
et que les fibres marginales doivent, en se tendant, en redresser le bord
septal libre et l'appliquer contre la paroi du corps au fond de la gouttière.
Il parait évident que si en même temps la couche musculaire de cette
paroi se contracte, gagnant ainsi en épaisseur aux deux lèvres de la gout-
tière, celle-ci doit s'accentuer davantage et gagner en profondeur, tout en se
fermant et pinçant le bord septal qui y est engagé. Notons que cette gout-
tière n'est pas toujours aussi caractérisée que dans notre dessin, mais elle
peut aussi l'être davantage.
Il n'est pas douteux que les fentes dorsales doivent à certains moments
s'ouvrir pour laisser passer non seulement le liquide cœlomique, mais encore
les éléments génitaux qui y flottent vers le moment de la reproduction, au
commencement de l'été. Mais il est très vraisemblable aussi qu'à d'autres
moments elles se ferment réellement, par le mécanisme que nous venons
d'indiquer, interceptant alors toute communication entre le sixième et le
septième métamère.
Signalons ici une particularité du mode d'attache du septum à la paroi.
Le bord de. cette membrane s'enfonce plus ou moins dans l'épaisseur de la
couche des muscles pariétaux, sans s'unir à la basale épidermique, ainsi
qu'on le remarque dans la fig. 10, du côté du tore uncinigère. Mais en
deux points situés sur les côtés du corps, elle s'avance au contraire jusqu'à
la basale et s'}' unit par quelques fibres. De plus, en ce point on remarque
une saillie conique de l'épithélium analogue à celle que nous indiquons en
/ é, dans la fig. 22, où le sixième septum présente la même particularité.
Nous reviendrons sur ce détail qui peut avoir une certaine importance au
point de vue de la signification des productions que nous décrirons sous le
nom de tubes épidermiques.
LES VALVES SEPTALES DE LOWENIA 391
Canaux génitaux.
C'est le sixième inétamère qui, dans les deuxsexes, porte les voies élimi-
natrices des cellules génitales, voies que vonDrasche avait en vain recher-
chées. Elles sont fort peu compliquées, mais leur disposition est intéressante.
Ces organes établissent une communication directe entre le cœlome et
l'extérieur, c'est-à-dire que leur disposition est celle des organes néphridiens
typiques. Ainsi que nous l'avons dit, ils comprennent chez la femelle une
paire d'entonnoirs ciliés et un canal longitudinal et chez le mâle deux paires
d'entonnoirs semblables s'ouvrant chacun dans un même canal longitudinal
identique à celui de la femelle. Les uns comme les autres sont des organes
dorsaux. On le constate dans la fig. 12, section transversale, où se voient à
la fois les entonnoirs, inf, coupés en long et les canaux longitudinaux, ce,
coupés en travers.
Infiindibiilum.
Ils apparaissent dans les fig. 9, 12, 13 et 17 sous la forme de cônes
très évasés s'étalant sur la face interne de la couche musculaire pariétale.
Ces cônes ne sont pas réguliers, ainsi que pourrait le faire croire l'examen
des sections représentées. En étudiant des coupes qui ne font qu'effleurer
ces organes ou bien des sections un peu épaisses, on reconnaît l'existence
de quatre côtes inégales saillantes à leur face interne. La paroi de ces en-
tonnoirs est formée de très petites cellules ciliées à noyaux relativement
gros ; elles sont si serrées les unes contre les autres qu'on a de la peine à en
saisir les limites. Les cils sont toujours difficiles à voir, soit parce qu'ils
sont rabattus contre les cellules, soit parce qu'ils sont emprisonnés dans un
coagulum qui souvent encombre une partie de la cavité cœlomique.
Un court canal part du fond de la dépression ciliée et marche directe-
ment vers l'extérieur, à travers la couche musculaire. Il perce l'épaisse
membrane basale et se continue avec le conduit épithélial qui est situé à
l'extérieur. Ce canal infundibulaire est droit et de calibre à peu près égal.
Il est revêtu extérieurement par une membrane hyaline qui est une dépen-
dance de la basale de l'épiderme, avec laquelle elle se fusionne sur tout le
pourtour du petit pore qui y est percé. Cette membrane se poursuit sous
l'entonnoir lui-même en s'amincissant beaucoup. Elle s'étend même au-delà
des bords du cône cilié et se recourbe alors vers l'extérieur. On en trouve
des prolongements qui, marchant à travers la masse musculaire, finissent
par rejoindre la basale épidermique et se confondre encore avec elle.
51
392 G. GILSON
La forme et la structure des entonnoirs varie fort peu selon le sexe.
La paire unique de la femelle présente un canal droit, un peu moins long
peut-être que celui des deux paires du mâle, mais la différence est très
faible. Cette paire occupe-la même position que la première paire du mâle :
toutes deux sont adossées au troisième septum et légèrement couchées vers
le bas. Leur canal perce un peu obliquement la membrane basale.
La deuxième paire du mâle est située plus haut, c'est-à-dire en plein
dans le sixième segment et non pas à sa limite. Il est d'ordinaire un peu
moins béant ; son canal marche droit vers l'extérieur ; il perce directement
la lame basale, rencontre sous elle le conduit épidermiquc, c. e., et y dé-
bouche sans autre particularité. Cet entonnoir vu sur une coupe longitu-
dinale du ver paraît plus resserré que celui de la première paire; dans les
coupes transversales, il a le même aspect.
On ne remarque aucun appareil musculaire particulier qui puisse être
considéré comme constricteur ou dilatateur des entonnoirs génitaux. Il est
possible qu'ils ne sont perméables que lorsque la paroi musculaire du corps
est en relâchement. Cependant le revêtement que leur fait la substance
résistante et élastique de la membrane basale en protège peut-être le con-
duit contre toute compression.
Canal génital.
C'est une production fort remarquable. On le distingue aisément en
examinant la face dorsale du sixième segment. Il apparaît alors sous la
form.e d'une ligne opaque tantôt blanche, tantôt noirâtre, courant sur pres-
que toute la longueur de ce segment. Quand elle est noirâtre, on l'aperçoit
même à Toeil nu. von DRAsqHE connaissait cette ligne. Il l'a même repré-
sentée dans la fig. i de son travail. Mais il n'a pas soupçonné qu'elle con-
stitue précisément cette voie éliminatrice des produits génitaux qu'il avoue
si sincèrement ne point connaître. Le trajet du canal génital est extrême-
ment sinueux. Il décrit des zigzags à angle aigu d'un aspect très étrange,
FIG. 1, ce.
Si on le distingue extérieurement, c'est grâce à sa situation extrêmement
superficielle : ainsi que nous l'avons dit plus haut, il est situé en dehors de
la membrane basale, dans la couche épithéliale elle-même.
On le voit en c, e, dans les fig. 9 et 12. Les fig. 13 14 et 15 montrent
sous un grossissement assez fort la disposition des cellules de sa paroi. Il y
est évident que ce canal dérive de l'épiderme par la fermeture d'une gouttière.
LES VALVES SEPTALES DE L'0WENL\ 393
Le sillon superficiel qui persiste le plus souvent au-dessus de lui, fig. 14 et
15, apparaît comme le reste d'une gouttière embryonnaire, dont le fond seul
devient un canal. A son extrémité supérieure, il s'ouvre tout simplement en
repassant à l'état de gouttière béante, ainsi qu'il est représenté dans la
FIG. 16. Il arrive qu'on le trouve ainsi ouvert sur une assez grande longueur.
C'est une imperfection, un état d'inachèvement, rappelant chez l'adulte le
mode de formation de l'organe chez l'embryon.
Il existe, en dehors du conduit génital, une gouttière dans laquelle s'ou-
vrent les glandes filières, qui y déversent un produit analogue à la soie des
insectes, fig. 12, gt. s. Nous pouvons l'appeler gouttière de la soie. Or, ce
sillon en certains points devient très profond et se ferme même complète-
ment par application de ses bords, sans que pourtant la soudure s'y établisse,
fig. 12. D'autre part, nous venons de dire que le conduit génital à son ex-
trémité supérieure passe souvent à l'état de simple gouttière. Dans ce cas, il
ressemble étonnamment au sillon de la soie et l'on ne peut alors s'empêcher
de le considérer comme dérivant lui-même d'un simple sillon semblable, qui
autrefois était ouvert même chez l'adulte, et de regarder en même temps la
gouttière de la soie comme un organe en voie de formation et bien près de
donner naissance lui aussi à un canal semblable au canal génital. Cette
gouttière paraît être là pour nous mettre sous les yeux le processus de la
formation du conduit génital.
&"■
Septième metamère.
Ce segment communique en avant avec le sixième par les fentes dor-
sales du troisième septum que nous venons de décrire.
Il est fermé en arrière par le quatrième septum, muni de deux canaux
ou pores septaux, à sphincter peu puissant. Enfin, il est sans communica-
tion avec l'extérieur.
Quatrième septum.
Sa structure présente peu de complication. On y distingue deux perfo-
rations. Elles sont analogues à celles du deuxième septum; mais leur arma-
ture musculaire est infiniment moins puissante. Elle apparaît en coupe
comme un très léger épaississement du bord de la perforation, fig. 18,
s^ et es. A plusieurs reprises, nous avons trouvé dans nos coupes cette per-
foration septale fortement dilatée et traversée par l'extrémité libre de la
394 G, GILSON
glande filière du huitième métamère, fig. 18, gl, à gauche. Celle-ci semblait
s'y être engagée sous l'action d'un violent courant venant de l'arrière, qui
l'aurait renversée en avant et entraînée de force dans le compartiment an-
térieur. Il est probable que ce phénomène, ici comme au niveau du deu-
xième septum où nous l'avons signalé plus haut, se produit lors de la fixa-
tion, quand l'action du réactif provoque dans la paroi et dans toutes les
parties musculaires du corps des contractions spasmodiques intenses. A
l'état de constriction modérée, la perforation septale, vue de face, présente
l'aspect d'une boutonnière allongée, oblique.
Fentes dorsales.
Outre ces perforations, nous avons noté, entre les métamères 'VII et
'VIII, deux autres passages : deux fentes dorsales, analogues à celles du
troisième septum. Nous ne les avons pas représentées. Leur présence n'est
pas constante : nous n'en avons pas trouvé trace dans deux individus sur
quatre que nous avons examinés à ce point de vue.
Huitième métamère.
La cavité est en rapport en avant, comme nous venons de le dire, avec
celle du septième, par les deux pores peu musclés du quatrième septum, et,
parfois, par deux fentes dorsales. En arrière, il communique avec le neu-
vième par deux canaux septaux percés dans le cinquième septum et munis
au contraire d'un appareil musculaire très puissant. En outre, il est possible
qu'il soit en communication avec l'extérieur par deux invaginations épider-
miques aboutissant à cet appareil musculaire, ainsi que nous allons le voir.
Cinquième septum.
Il contient deux organes septaux analogues à ceux du deuxième sep-
tum, c'est-à-dire deux canalicules creusés dans une masse musculaire glo-
buleuse. Les FIG. 19, 20 et 21 donnent une idée de leur structure et de leur
situation. On y remarque d'abord des fibres obliques ou à direction plus ou
moins circulaire, coupées en divers sens. Elles constituent la grande masse
de l'organe et trouvent leurs homologues dans les fibres semblables des or-
ganes du deuxième septum.
Mais il y existe un autre organe musculaire qui manque au deuxième
septum, un faisceau spécial très long qui traverse l'organe et vient fixer
LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 395
l'une et l'autre de ses extrémités à la paroi musculaire du corps, fig. 19
et 23.
Il n'est point aisé de déterminer l'effet que doit produire la contraction
de chacun des divers faisceaux de fibres qui constituent l'organe septal; mais
il parait certain que ce dernier faisceau a pour effet de dilater la lumière
du canal septal. Celui-ci court en effet parallèlement au trajet de ce faisceau
et en dedans de lui, c'est-à-dire plus près de l'axe du corps de l'animal.
Du moins ce faisceau doit avoir cette action, quand sa contraction coïncide
avec le relâchement des fibres circulaires ou obliques qui contournent le
canal septal et sont constrictives de ce canal. Nous pouvons donc l'appeler
muscle dilatateur, m d.
Ce septum contient encore un croissant musculaire dorsal analogue à
celui du deuxième. Le tube digestif en le traversant prend aussi un calibre
plus faible et s'entoure d'un puissant anneau musculaire.
Canal septal.
On le voit dans la fig. 19 en c,s. Il est plus direct que celui du deuxième
septum. Notez en c une petite cavité remplie d'un coagulum granuleux.
Elle est située sous le muscle dilatateur, mais communique avec le canal
septal.
Tubes épidermiques.
Nous donnons ce nom à deux tubes qui relient les organes septaux à
la surface du corps. Les fig. 20 et 21 les montrent en /, é. Ils apparaissent
nettement comme des invaginations de l'épiderme; leurs cellules présentent
les caractères des éléments de ce feuillet, avec lequel elles se continuent du
reste sur le pourtour de l'orifice externe.
Ces tubes sont situés dans l'intérieur même de la membrane hyaline
du septum, qui s'ouvre pour les recevoir en deux feuillets continus sur les
côtés avec la basale épidermique.
Des fibres musculaires appartenant au faisceau sphinctérien s'insèrent
sur eux près de leur extrémité. Les fig. 19, 20 et 21 représentent trois
coupes parallèles et successives intéressant le même organe. La première,
fig. 19, ne comprend que l'organe septal et son muscle dilatateur ; le tube
épidermique n'y est pas intéressé dans la section. Dans la seconde, fig. 20,
le tube épidermique est effleuré; l'organe septal n'est plus coupé dans son
plein, mais seulement dans sa portion inférieure près du point où certaines
de ses fibres s'attachent à ce tube. Enfin dans la troisième, fig. 21, le tube
396 G. GILSON
épidermique est coupé dans toute sa longueur, encore un peu obliquement
cependant, tandis que l'organe septal n'est plus visible. Le septum seul est
figuré, s'attachant à un point assez voisin de l'extrémité de ce tube, mais
ce point n'est pas exactement le bout. L'extrémité, en effet, s'incurve un
peu en haut vers l'organe septal et reçoit directement les fibres du faisceau
sphinctérien que l'on voit en coupe oblique en sph dans la fig. 20. Quelques
fibres sont pourtant encore visibles dans l'épaisseur du septum en /, m,
FIG. 21 . La direction oblique des tubes épidermiques explique la disposition
des organes dans ces trois coupes. La fig. 23, qui a trait au septum sui-
vant, montre mieux, grâce à l'obliquité de la coupe elle-même, le mode
d'attache du faisceau musculaire au tube épithélial.
Nous avons vainement cherché à constater l'existence, au sommet du
tube épidermique, d'une perforation qui établirait une communication entre
le cœlome et l'extérieur. Ce sommet s'ouvre, il est vrai, jusque tout près de
la cavité c, mais nous n'avons pu découvrir une continuité réelle de cette
dernière avec la lumière du tube épidermique.
Nous le regrettons, car la question présente un grand intérêt : si cette
communication était constatée, il faudrait regarder ces tubes, avec l'appareil
musculaire qui s'y fixe, comme des sortes de robinets, permettant d'intro-
duire dans la cavité périviscérale une certaine quantité d'eau ou bien d'éva-
cuer, au contraire, une certaine quantité de liquide cœlomique.
Nous avons fait quelques recherches en vue de décider la question
expérimentalement.
Trois Ojpenia furent placés dans un vase contenant de l'eau de mer
additionnée de 2 o/oo de ferrocyanure de potassium. Ils s'y maintinrent en
vie sans paraître incommodés. Après huit jours de séjour, ils furent placés
dans l'eau de mer pure pendant quelques minutes et soigneusement lavés,
puis fixés par une solution de sublimé et de perchlorure de fer qui donnait
un précipité bleu dans l'eau de mer du vase où les vers avaient vécu. Le
liquide cœlomique ne présenta pas de coloration bleue. Mais sur des coupes
pratiquées à la paraffine, la masse musculaire de l'organe septal présentait
chez l'un des trois individus une teinte bleu pâle. Ce fait semble indiquer
qu'une certaine quantité d'eau avait été introduite dans l'intérieur du corps
par le tube épithélial. Nous avons été empêché par le manque de matériaux
de pousser plus loin ces recherches, aussi nous voyons-nous forcé, pour le
moment, de laisser planer quelque doute au sujet de la fonction des tubes
épithéliaux et de remettre à plus tard la solution de la question de savoir
LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 397
s'ils ne sont que des prolongements imperforés, sortes d'apoph3'-ses épithé-
liales donnant insertion au muscle de l'organe septal ou bien des canalicules
munis à leur sommet d'un pore très ténu s' ouvrant dans le canal septal,
c'est-à-dire en définitive dans le cœlome comme les pores dorsaux des oli-
gochètes. Nous inclinons toutefois vers la dernière hypothèse.
Neuvième métamère.
Fermé en avant par le cinquième septum avec ses organes septaux et
ses tubes épidermiques, il est divisé en deux compartiments successifs par
un septum supplémentaire situé à peu de distance du premier. En arrière
il est fermé par le septième septum, muni d'organes semblables à ceux du
cinquième.
Sixième septum.
La FiG. 19 montre que ce septum, très mince, s'insère à la tunique
musculaire pariétale. Il pénètre dans un sillon qui s'enfonce plus ou moins
profondément dans cette tunique et s'y termine tantôt en s'efïilochant, tan-
tôt par un bourrelet légèrement épaissi et très net. Ce sillon, en deux en-
droits situés à droite et à gauche de la ligne médiane dorsale, devient très
peu profond et disparaît même. En ces points, le bord légèrement bourrelé
du septum est libre de toute adhérence et il existe sous lui deux fentes par
lesquelles les deux compartiments du neuvième métamère communiquent
entre eux. La fig. 22 indique une autre particularité de l'insertion de ce
septum. En deux points situés sur les faces latérales, mais un peu dorsale-
ment, on voit quelques fibres rectilignes relier, en passant à travers les
muscles pariétaux, le bord du septum à une protubérance conique de l'épi-
derme. Ce sont les seuls endroits où il existe une connection directe entre
le septum et la membrane basale de l'épiderme. Ces protubérances sont
identiques à celles que nous avons signalées à propos du troisième septum.
Notons que le sixième septum ne contient pas de croissant dorsal et
que l'intestin en le traversant ne présente ni amincissement ni anneau
sphinctérien.
Nous nous sommes demandé quelle peut être la signification de ce si-
xième septum. A-til la même valeur que les autres, et dans ce cas le com-
partiment dont il forme la paroi postérieure a-t-il la valeur d'un métamère?
Nous ne le pensons pas. La surface de ce segment ne porte ni tore uncini-
398
G. GILSON
gère, ni faisceau de soie, ni aucun détail métamérique. L'insertion peu pro-
fonde du septum à la paroi du corps, l'absence de croissant musculaire dans
son épaisseur, et de toute modification du tube digestif au point de passage
indiquent une valeur différente. C'est un septum supplémentaire et l'on
peut concevoir sa présence comme le résultat d'un défaut de rencontre
entre les deux sacs métamériques qui par l'application de leurs parois op-
posées forment les septa ordinaires. Il aurait alors la valeur d'un demi-
septum et le cinquième septum, ne représentant de son côté que l'autre
moitié, c'est-à-dire la paroi postérieure du sac métamérique antérieur, au-
rait la même signification de demi-septum.
Septième septum.
Il présente la même disposition que le cinquième, c'est-à-dire qu'il con-
tient deux organes septaux, munis d'un long faisceau musculaire dilatateur
et d'un tube épithélial. Il possède aussi un croissant dorsal, et le tube
digestif en le traversant prend la forme d'un tronçon rectiligne muni d'une
gaine musculaire épaisse. Nous n'en avons représenté qu'une seule section
presque horizontale mais légèrement oblique, fig. 23. Cette section entame
à la fois le tube épidermique et l'organe septal de façon à montrer l'insertion
des fibres musculaires du sphincter, spli, sur l'invagination épithéliale.
Dixième métamère et suivants.
On compte généralement vingt-cinq métamères chez VOwenia, bien que
l'on observe sous ce rapport quelques variations individuelles. Ils deviennent
très courts au voisinage de l'extrémité. Les derniers surtout sont très réduits
et les septa y sont très rapprochés. Toutes ces cloisons possèdent des per-
foration munies d'un sphincter plus ou moins puissant et en deux points
de leur pourtour on trouve presque toujours des saillies épidermiques ana-
logues et homologues aux tubes épithéliaux que nous venons de signaler.
Toutes sont donc perméables. On peut trouver des œufs ou des spermato-
zoïdes jusque dans le dernier compartiment. Mais tous ces compartiments
grâce aux appareils sphinctériens, peuvent être isolés les uns des autres.
L'intestin, à partir du douzième métamère, ne présente plus ni tron-
çon rectiligne à son passage à travers le septum, ni anneau musculaire
propre, ni croissant dorsal. Au lieu d'un rétrécissement, il présente au con-
traire au niveau du septum une dilatation lenticulaire, fig. S5.
I
LES VALVES SEPTALES DE LOVVENIA 399
Ajoutons que les appareils obturateurs des perforations septales devien-
nent de plus en plus faibles ; à partir du onzième métamère, ils se réduisent
à peu près à ce qu'ils sont dans le quatrième septum.
La présence de gros œufs dans les derniers métamères indique que les
organes septaux, même dans les dernières cloisons, peuvent s'ouvrir assez
largement. La destination de ces anneaux septaux postérieurs n'est cepen-
dant nullement de permettre le passage des éléments génitaux. Les gonades
s'arrêtent en général au quinzième métamère. Leurs produits doivent évi-
demment traverser les septa antérieurs pour arriver au sixième métamère
et sortir par les entonnoirs et le canal épithélial. Mais ils n'ont rien à faire
en arrière. Ici comme dans la tète et les branchies, les éléments qu'on y
trouve y sont plutôt égarés et il semble qu'une fois engagés dans la cavité
de ces métamères rudimentaires ils ont quelque peine à s'en dégager, car
ici aussi nous les avons trouvés alors que la ponte était achevée. Les segments
à gonades étaient vides et les quelques œufs qui restaient en arrière du
quinzième métamère montraient des indices de dégénérescence.
REMARQUES ET CONCLUSIONS.
On sait que les septa ou dissépiments qui séparent des métamères ad-
jacents sont très souvent, chez les annélides, des cloisons incomplètes, lais-
sant le liquide cœlomique passer d'un compartiment à l'autre avec plus ou
moins de facilité.
Mais nous n'avons trouvé dans la littérature aucune mention de perfo-
rations septales régulières, munies d'appareils d'occlusion.
Nous pensons donc que les organes, dont nous venons de faire la des-
cription, sont des productions d'un genre nouveau, et dignes de fixer l'atten-
tion des zoologistes.
Il nous reste à présenter au lecteur quelques remarques sur leur fonc-
tion physiologique et leur signification morphologique.
1° Usage des organes septaux.
A. Leur principal usage est évidemment de régler le passage du li-
quide cœlomique d'un segment à l'autre.
Outre son rôle nutritif et respiratoire, ce liquide joue encore un rôle
mécanique. La contraction de la paroi musculaire d'un certain nombre de
métamères le refoule dans les régions voisines relâchées, dont il tend alors
à dilater la cavité pour lui donner une forme sphéro'idale.
52
400 G- GILSON
Si la tunique musculaire longitudinale de ces régions reste relâchée,
les métamères s'allongent sous la simple action de la pression exercée par
le liquide cœlomique; ils ont aussi une tendance à se dilater, puisqu'ils
tendent vers la forme spKéroïdale.
Si la contraction des fibres circulaires survient, elle s'oppose à cette
dilatation et tend à accentuer encore le phénomène de l'allongement.
Si, au contraire, les fibres circulaires restant relâchées, les longitudi-
nales se contractent, les métamères auront une tendance à gagner en
diamètre.
La déformation du corps est donc sous la dépendance de ces trois fac-
teurs : la pression du liquide cœlomique, l'action des fibres circulaires, et
l'action des fibres longitudinales.
Ces trois facteurs interviennent déjà dans les phénomènes de déforma-
tion que peut présenter un seul métamère isolé. Mais le rôle mécanique du
liquide prend plus d'importance et devient plus évident, lorsque plusieurs
métamères sont en communication grâce à l'absence ou à la perméabilité
des septa.
Or, la déformation des diverses régions des corps constitue le seul
mode de locomotion dont jouisse la généralité des tubicoles. Ces vers ne se
meuvent dans leur tube ou leur galerie qu'en allongeant une partie de leur
corps, raccourcissant le reste de leur organisme, fixant cette dernière partie,
puis allongeant de nouveau la première, et ainsi de suite. Et le meilleur
moyen qu'ils aient de fixer la portion de leur corps qui sert momentané-
ment de point d'appui à celle qui est en mouvement, c'est de dilater cette
portion suffisamment pour la faire adhérer sur tout son pourtour à la paroi
du tube ou de la galerie.
Rappelons-nous, donc, la constitution de la paroi du corps et des septa
dans notre annélide.
Tout d'abord la paroi des métamères est dépourvue de fibres circu-
laires, sauf tout en avant, où on en trouve au niveau des métamères i, 2, 3
et du métamère atrophié 4.
Les fibres longitudinales, au contraire, y forment partout une couche
extrêmement puissante.
Tous les septa, sauf le premier, le troisième et le sixième (qui est un
septum supplémentaire), présentent des perforations munies de puissants
anneaux musculaires.
Les trois septa qui en sont dépourvus portent des fentes marginales,
LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA 40 1
défauts d'attache à la paroi du corps. Le bord septal de ces fentes s'engage
dans un sillon transverse de la tunique musculaire. Il est courbé et muni de
fibres musculaires, dont la contraction doit avoir pour effet de le ramener à
la direction rectiligne et d'obturer la fente elle-même.
Enfin, le plus grand nombre des septa s'unissent avec des invaginations
cylindriques ou coniques de l'épiderme, et il est possible que les plus déve-
loppées d'entre celles-ci s'ouvrent dans un recessus du canal septal.
La présence des remarquables organes septaux des fentes dorsales, et
peut-être des tubes épidermiques, paraît être en rapport avec l'absence des
fibres circulaires dans la paroi du corps.
En effet, la contraction des fibres circulaires produit une élongation
active des métamères d'un annélide.
Faisons abstraction pour un instant de l'action du liquide cœlomique.
Dans ce cas, l'élongation du corps d'un ver dépourvu de fibres circulaires
résultera uniquement du retour des fibres longitudinales préalablement con-
tractées à leur longueur naturelle. Le phénomène n'aura rien d'actif et pré-
sentera la faiblesse et la lenteur caractéristiques de l'extension musculaire.
Mais VOwenia privé de fibres circulaires dispose d'un mécanisme de
transmission qui lui permet de transporter en un point quelconque de son
organisme la force développée en un autre par la contraction des fibres lon-
gitudinales. Il peut à son gré faire passer le liquide cœlomique d'une région
quelconque de son corps qu'il contracte, dans un compartiment quelconque
antérieur ou postérieur à cette région et qu'il maintient en état de relâche-
ment. Là il peut l'arrêter en fermant les valves du septum qui ferme ce
compartiment.
Si alors les fibres longitudinales demeurent relâchées, le compartiment
s'allongera sous l'action du liquide comprimé. Cet allongement sera donc le
résultat non seulement de l'élongation de fibres musculaires de la région
par simple retour de ces éléments à leur longueur d'extension, mais encore
de la constriction active des fibres longitudinales d'une région éloignée. La
force est transmise par voie hydraulique. Malgré l'absence de fibres circu-
laires, l'élongation sera donc aussi un phénomène d'un caractère actif et ra-
pide comme la contraction d'un muscle.
Nous venons de dire que la pression exercée par le liquide cœlomique
tend en réalité à donner au compartiment fermé une forme sphéro'idale.
Cependant il n'est pas douteux que l'allongement doit l'emporter sur l'aug-
mentation en diamètre, car c'est dans ce sens que la force rencontre la
moindre résistance, aussi longtemps que les muscles demeurent en relâche-
402 G GILSON
ment. En effet, la solide membrane basale de l'épiderme oppose un obstacle
puissant à la dilatation du tronçon dans tous les sens, au-delà d'une certaine
limite. Mais cette limite est très vite atteinte dans le sens transversal ou
diamétral, tandis que dans le sens longitudinal elle est reculée grâce au
plissement annulaire que les fibres longitudinales y créent normalement.
Ces plis ne sont effacés que lorsque l'élongation est aussi complète que
possible.
Si l'animal veut ensuite raccourcir le tronçon qu'il vient d'allonger, il
peut y arriver par deux moyens : en relâchant la paroi musculaire de la
région éloignée qui a fourni la force motrice, ou bien, si la pression est plus
faible au-delà qu'en deçà du septum dont il tient les valves fermées, en ou-
vrant simplement ces valves. Les fibres longitudinales du tronçon allongées
au-delà de leur dimension normale reviendront sur elles-mêmes en vertu de
leur élasticité et le liquide cœlomique quittera le compartiment qui se rac-
courcira.
Mais si le ver veut rendre ce mouvement de rétraction plus rapide et
plus accentué, il contractera les fibres longitudinales du tronçon considéré,
en ayant bien soin d'ouvrir les valves d'au moins l'un des septa qui le
ferment.
Le tronçon se raccourcira alors davantage, car le raccourcissement des
fibres dépassera la limite minimum de l'état de repos. Sans doute, les
fibres, comme tout muscle, en se contractant s'élargissent, mais il n'en résulte
pas nécessairement que le tronçon qu'elles entourent va gagner en diamètre
et dépasser en ce sens sa dimension normale à l'état de repos. En effet,
l'élargissement de l'ensemble de la paroi musculaire se fera d'abord du côté
de la moindre résistance, c'est-à-dire dans l'hypothèse, du côté intérieur,
car du côté extérieur la basale offre encore une résistance très grande. La
cavité cœlomique se rétrécira, mais le diamètae extérieur n'augmentera pas
nécessairement.
Si au contraire, l'animal ferme les septa qui limitent le tronçon et con-
tracte ses fibres longitudinales, le liquide cœlomique leur offrira un obstacle
invincible. La pression s'y élèvera, le compartiment tendra à prendre la
forme sphéro'idale et gagnera en diamètre, forçant alors la résistance de la
basale. En outre, l'épaississement de la paroi en contraction ne pourra plus
se faire seulement du côté de la cavité cœlomique, puisque celle-ci est
remplie d'un liquide comprimé, deuxième cause de dilatation circulaire.
Mais n'oublions pas que YOivenia habite un tube étroit. Tout segment
LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 403
qui gagne en diamètre se trouve bientôt accolé à ce tube par toute sa sur-
face et si la cause dilatante continue à agir, il se trouve violemment serré
contre cette paroi et y deviendra solidement adhérent. Dès lors, cette partie
du corps sera fixée et pourra servir du point d'appui aux portions situées en
avant ou en arrière.
Un regard sur la fig. 25 qui est demi-schématique permettra au lec-
teur de se faire une idée plus complète encore des principaux avantages que
fournit à l'animal l'existence de septa étanches munis de valves soumises à
l'action nerveuse.
La présence de fibres circulaires dans la portion antérieure au deuxième
septum est en rapport avec la présence d'organes éminemment extensibles
et rétractiles : les tentacules branchiaux.
Ces tentacules peuvent être étendus et rétractés par la simple action
du liquide cœiomique.
Supposons que le troisième compartiment du corps, formé par les mé-
tamères 4, 5 et 6, ainsi que le quatrième, (septième métamère,)qui commu-
nique avec lui par des fentes, et le cinquième, (huitième métamère,) dont nous
supposons les valves ouvertes, contiennent du liquide cœiomique comprimé
par l'élasticité des parois et même par la contraction des muscles pariétaux,
les valves du septum 5 étant fermées. C'est la condition qui est réalisée dans
la FIG. 25. Si alors l'animal ouvre les valves du septum 2, le liquide com-
primé venant d'arrière s'y précipitera et allongera toute la partie antérieure
du corps, puisque "le septum 1 est perméable. Les tentacules branchiaux
eux-mêmes peuvent s'allonger, si leurs muscles propres le permettent et si
la pression est suffisante. Mais cette partie antérieure munie d'organes
délicats est la seule qui fasse saillie hors du tube à certains moments (sauf
pendant la ponte). Il est donc à désirer, semble-t-il, qu'elle jouisse d'une
certaine indépendance. Cette indépendance lui est donnée par sa tunique
contractile circulaire. La contraction de cette tunique, quand les valves du
septum restent fermées, ont pour effet d'augmenter l'allongement du tronçon,
d'y élever la pression et de provoquer l'élongation des tentacules. Si une
alerte survient, le ver se hâtera de relâcher ses fibres circulaires et de con-
tracter ses fibres longitudinales. Toutefois, si la commotion est forte, le péril
imminent, l'animal ouvre aussi les valves du septum 5 et changera les con-
ditions de pression des segments postérieurs au septum 2. Il rétractera
plus profondément dans son tube toute la moitié antérieure de son corps.
Mais hormis ce cas de retraite profonde, il paraît que l'expansion des
tentacules branchiaux et de la région antérieure, appelée tète par von
404 G. GILSON
Drasche et Claparède est sous la dépendance spéciale des fibres circu-
laires que seule cette région possède.
Ces diverses remarques suffisent à notre thèse : la présence des per-
forations munies de sphincters ou valves septales est en rapport avec l'ab-
sence de fibres circulaires. Elles permettent au ver d'allonger activement
les divers tronçons de son corps, d'en dilater activement aussi diverses por-
tions qu'il peut isoler en fermant ces valves, et enfin de raccourcir active-
ment encore certains tronçons sans leur faire subir une dilatation qui dé-
passe le diamètre normal de quiescence, quand il prend soin d'ouvrir large-
ment au préalable les valves qui laissent le liquide cœlomique s'échapper
vers d'autres portions du corps.
Grâce aux organes septaux, l'animal exerce donc un contrôle parfait sur
tous les tronçons de son organisme tubulaire et en commande à son gré et
avec une grande précision la dilatation ou l'élongation.
Ces faits ainsi interprétés rendent compte de la difficulté extraordinaire
que l'on éprouve à extraire un Ojvenia de son tube. L'animal se laisse
plutôt briser en tronçons que de céder aux tractions, quelque adresse et
quelque patience qu'on mette en œuvre.
Et, fait très remarquable et qui donne une éclatante confirmation à
notre interprétation, les deux tronçons que l'on obtient en cassant le ver
par traction demeurent aussi opiniâtrement adhérents au tube que le fait
l'organisme entier lorsqu'il est intact. Les sphincters restent fermés et les
parois irritées demeurent en contraction spasmodique.
B. Outre cet usage hydrodynamique, les perforations septales ont
évidemment encore pour usage de laisser passer les produits génitaux, œufs
et spermatozoïdes. En effet, les gonades situées le long du mésentère
ventral ne s'avancent pas, vers la tête, au-delà du cinquième métamère. Le
quatrième, rudimentaire, en est dépourvu. Or, nous avons dit qu'on peut
trouver des œufs et des spermatozoïdes jusque dans les branchies. Les orga-
nes septaux, si ténu que soit leur canal, peuvent se dilater suffisamment pour
laisser passer ces corps. En arrière, elles vont très loin et dépassent parfois le
quinzième segment. Or, pour sortir du corps, les œufs et les spermatozoïdes
n'ont d'autre voie à suivre que les entonnoirs génitaux et le canal épider-
mique du sixième métamère et, pour y arriver, ils doivent traverser toute
une série de septa. En outre, la présence très fréquente de produits géni-
taux jusque dans les derniers métamères postérieurs montrent que ces élé-
ments traversent les organes septaux avec la plus grande facilité.
LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 405
On doit admettre aussi que, lors de l'émission des produits génitaux,
les organes septaux doivent jouer un rôle important dans le mécanisme de
balayage qui entre en jeu et qui fait marcher le contenu des compartiments
cœlomiques i à 6 vers l'arrière, vers les entonnoirs, et celui de tous les com-
partiments postérieurs vers l'avant, pour l'expulser par les mêmes parties.
Il est clair que la pression intracœlomique seule peut forcer les œufs à
traverser le long, étroit et sinueux canal épidermique et, comme régulateurs
de cette pression, les organes septaux jouent probablement un rôle dans cette
opération.
2° Usage des tubes épilhéliaux.
Nous avons dit que nous n'avons pu démontrer péremptoirement la
perforation de ces invaginations de l'épiderme, qui aboutissent aux valves
septales de quelques septa, 5j, 5(5 et aussi 57, où ils présentent un dévelop-
pement variable. Toutefois, nous sommes très porté à croire que leur lu-
mière communique avec la petite cavité diverticulaire du canal septal,
FiG. 19 et 23, c. S'il en est ainsi, leur rôle est évident : ils servent à intro-
duire une certaine quantité d'eau de mer dans le cœlome, lorsque la chose
devient nécessaire pour les besoins du mécanisme hydraulique. Il n'est pas
impossible, en effet, que les entonnoirs et le canal épidermique ne laissent
échapper continuellement une certaine quantité de liquide cœlomique, et
ces pertes doivent être réparées.
Il est vrai que le tube digestif suffit peut-être ici comme chez tant
d'autres animaux à maintenir dans le cœlome la quantité d'eau qui est né-
cessaire. Mais outre l'indication fournie par la perforation de ces tubes, si
son existence était démontrée avec rigueur, il faut tenir compte de ce fait
que lors de l'expulsion des produits génitaux une grande quantité de liquide
est rapidement éliminée, et c'est peut-être alors que certains faisceaux cie
l'organe septal dilatent le canalicule et permettent à l'eau extérieure d'entrer
rapidement.
Tel est peut-être l'usage des perforations de la paroi ou pores cutanés
qu'on a décrit chez divers annélides.
3° Usage du canal épidermique.
La raison d'être de ce canal est facile à saisir.
UOiPenia ne sort jamais de son tube. Il n'en fait jamais saillir que la
partie antérieure au deuxième septum, quand il étend ses tentacules respi-
4o6 G. GILSON
ratoires, et il est toujours prête à rétracter brusquement cette partie à la
moindre alerte. La dénudation d'une partie de son corps l'expose en effet
à de multiples dangers. Rentré dans sa solide gaine pierreuse, il est au
contraire à l'abri des attaques de la plupart de ses ennemis (i). Or, pour
expulser les œufs ou les spermatozoïdes, il est obligé de faire saillir son
corps jusqu'à ce que l'orifice génital soit visible au-delà de l'extrémité de
son tube protecteur. Si les tubes épidermiques n'existaient pas, il devrait
dénuder ses six premiers segments, puiscjue les entonnoirs perforent la
paroi musculaire et la basale épidermique tout au bas du sixième métamère.
Mais grâce à ce long tube superficiel, il gagne la longueur du sixième
segment, c'est-à-dire du plus long segment du corps, puisque l'orifice du
canal est situé tout près de l'extrémité supérieure de ce segment.
4° Signification morphologique des organes septaiix..
L'absence totale de néphridies proprement dites est l'un des traits les
plus saillants de l'anatomie de YOivenia. Aussi est-on porté à se demander
ce que sont devenus ces organes si caractéristiques, et à en rechercher des
traces dans l'organisation si remarquable de ce ver.
Au sujet des entonnoirs génitaux, on peut ici, comnie dans bien d'autres
vers, émettre l'hypothèse qu'ils ont la valeur de néphridies modifiées, ayant
perdu la fonction sécrétoire et adaptée à la fonction génitale.
Mais il y a d'autres productions qui pourraient bien représenter aussi
des restes de néphridies.
Tout d'abord, on peut se demander si les perforations septales avec
leur sphincter n'occupent pas la place des néphrostomes qui, dans les cas
les plus typiques, sont des perforations des septa traversées par l'extrémité
du tube néphridien. Leur répétition à droite et à gauche plaide en faveur
de cette manière de voir.
En outre, les tubes épithéliaux qui marchent vers les sphincters sep-
taux pourraient bien représenter la petite portion basale, épiblastique, des
néphridies. La même signification peut être attribuée aux boutons épithé-
liaux coniques plus petits dont on trouve aussi une paire dans la plupart des
dissépiments. Dans cette hypothèse, la portion moyenne, sécrétante, des
néphridies aurait complètement disparu, mais il y aurait des traces de leurs
deux extrémités : le sphincter septal serait un reste de l'extrémité néphros-
(i) G, GiLSON ; Les glandes fiU'ures de l Otvenia fiisiformis; La Celluli;, t. X, fasc. 2, 1893.
LES VALVES SEPTALES DE LOWENIA 4O7
tomale, le tube ou le cône épidermique en i-eprésenterait la portion termi-
nale avec l'orifice cutané de l'organe.
Les uns et les autres de ces organes-restes se sont adaptés à d'autres
fonctions. Les premiers sont des valves commandant le passage du liquide
cœlomique d'un compartiment dans un autre; et parmi les seconds, les uns,
plus développés que les autres, sont peut-être munis d'une perforation api-
cale et servent alors à l'introduction de l'eau dans le cœlome; les autres,
plus petits et certainement imperforés, ne sont que des restes, attestant
l'existence des néphridies disparues.
4° Signification du canal épithélial du sixième métamère.
Nous avons déjà attiré l'attention du lecteur sur la structure remar-
quable de ce canal qui semble être encore en voie de formation. Il dérive
d'une gouttière qui se ferme, et son inachèvement, la non fermeture fré-
quente de cette gouttière au voisinage de l'extrémité antérieure semble
démontrer qu'il est encore en voie d'allongement. Avec le temps, il arrivera
peut-être jusqu'à la limite de la portion antérieure, que les besoins de la
respiration et de la nutrition obligent l'animal à dénuder souvent.
Sa signification est donc celle d'une production nouvelle, c'est un or-
gane en voie de développement, dont la formation paraît provoquée par les
conditions de vie de l'animal dans un tube qui l'enserre étroitement.
Sa position superficielle si remarquable est probablement destinée à
se modifier. Il deviendra profond, compris sous la basale d'abord, puis sous
la musculaire elle-même, pour occuper ainsi à la fin la position normale des
canaux chez les annélides les plus différentiés.
Nous ne trouvons signalées dans la littérature que deux productions
analogues. Ce sont le canal déférent du Libyodriliis, décrit par Beddard^i)
et celui du Sparganophiliis signalé par Benham(2). Mais le cas de l'Owenia
est infiniment plus remarquable, parce qu'on y surprend le tube encore im-
parfaitement constitué aux dépens d'une gouttière, et parce qu'on y découvre
avec tant d'évidence, ainsi que nous l'avons indiqué, la raison pour laquelle
le canal se forme, les services qu'il rend à l'animal tubicole.
On voit que VOwenia est un ver extrêmement remarquable à bien des
(i) F. E. Beddard : On the structure 0/ an earthworm allied to Nemcrtodriliis ; Quart. Journ.
Mie. Se, vol. XXXII, part 4.
(2) W. B. Benham : A new engUsh gcnus of aquatie Oligochaeta (Syarganopliilus) bclunging
io the family RhinodnlidM : Quart. Journ. M;c. Se ., vol. XXXIV, part 2.
B.'î
408 G. GILSON
points de vue. Il doit être rangé parmi les formes qui paraissent traverser
de nos jours une période de modifications actives, comme si leur adaptation
aux conditions actuelles de leur existence était encore récente. Il présente
des organes en voie de régression et d'autres en voie de développement.
Parmi les premiers, citons les glandes filières atrophiées du quatrième
métarnère, que nous avons découvertes et décrites dans un autre travail(i);
puis le quatrième segment lui-même qui est extrêmement réduit, enfin les
néphridies qui ne sont plus représentées que par les entonnoirs génitaux,
et peut-être par les organes septaux et les paires de tubes épithéliaux des
sixième, septième et huitième septa, réduits à de simples tubercules dans
les autres cloisons.
La fonction sécrétoire de la néphridie a donc totalement disparu. Nous
dirons dans un autre mémoire ce qui la remplace vraisemblablement.
L'état inférieur, régressif, de ses centres nerveux compris tout entiers
dans l'épiderme, en dehors de la membrane basale, constitue encore un trait
remarquable de sa structure.
Enfin, comme organe en voie de formation, nous avons signalé le canal
génital sous épidermique.
UOxvenia est donc un animal d'un grand intérêt au point de vue de
l'anatomie et de la physiologie des annélides et plus particulièrement encore
au point de vue transformiste.
(1) G. GiLsoN : Loc. cit.
BIBLIOGRAPHIE
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Anatomie von Oivenia fusiformis. Wien, Gerold Sohn, i885.
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la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Genève, t. XX, 1870.
1) Recherches sur les annélides sédentaires; ibid., t. XXII, 1873.
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Royal Microsc. Society, iSgo.
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fasc. 2, 1893.
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Kulliker : Kurze Bericht einer im Herbst 1864 an der Westkùste von
Schottland angestellte vergleichend-anatomische Untersuchung ;
Séparât Abdruck aus der naturwissensch. Zeitschrift, B. V. Wiirz-
burg, 1864.
F. E. Beddard : On the structure of an Earthworm allied to Nemertodrilus;
Quait. Journ. Micr. Se, vol. XXXll, part 4.
ir. n. Bcnham : A new English genus of Aquatic Oligochasta (Sparganophiliis)
belonging to the family Rhinodrilidœ ; Quart. Journ, Mie. Se,
vol. XXXIV, part 2.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I.
FIG. 1. Partie antérieure de YOiuenia fiisiformis et de sa gaine. Croquis à
main libre. Vue dorsale. Le premier métamère, m i , ou segment céphalique, porte
des tentacules branchiaux, br. Il est séparé du deuxième par un dissépiment.
Les trois métamères suivants, dont le dernier est très court et ne porte qu'un
faisceau de soies rudimentaire, constituent ce que Claparède appelait le thorax.
Ces trois segments ne sont pas divisés par des septa.
Le quatrième métamère, m 4, est séparé du troisième par un septum. Il porte
en avant deux faisceaux de soies et un tore uncinigère, ti.
Le cinquième communique pleinement avec le quatrième; pas de septum. Il
porte en avant deux faisceaux de soies et un tore uncinigère, t::. On remarque sur
ce segment deux lignes opaques, fortement ondulées en zig-zag à angles aigus, gd.
Ce sont les deux tubes génitaux, canaux épithéliaux situés en dehors de la membrane
basale. Leur orifice est situé tout en avant, en og.
L'animal s'expose le moins possible hors de son tube. Il est probable qu'il ne
s'en dégage jamais plus qu'il n'est indiqué dans ce dessin, c'est-à-dire jamais au-
delà de la partie antérieure du premier métamère et cela seulement lors de l'ex-
pulsion des produits génitaux.
Tu, tube formé du produit des glandes filières et de corps étrangers, grains
de sable, fragments de coquilles. Ceux-ci ont été en partie enlevés. En certains
points, l'on constate encore, cependant, la disposition imbriquée que le ver leur donne.
La portion antérieure de ce tube, dépourvue de corps étrangers, enserre étroi-
tement le corps.
Le septième métamère, m 7, porte deux faisceaux de soies et un tore; il est
séparé du sixième par un septum.
Outre un sillon médian, sd, la face dorsale porte deux sillons latéraux. L'un
externe (gt. c.) est la gouttière de la soie; il reçoit les embouchures des glandes
filières et en conduit le produit vers la partie antérieure, où il est utilisé pour la
construction de la gaine protectrice, tube de consistance cartilagineuse, et où il est
employé aussi comme ciment pour l'agglutination des corps étrangers dont l'animal
revêt son étui.
FIG. 2. Gr. : Obj. A, lentille inférieure dévissée. Oc. 2.
Section longitudinale horizontale de la partie antérieure du ver.
Le premier segment céphalique, m /, est séparé du second par un septum.
Celui-ci ne possède pas d'organes septaux. 11 présente sur les côtés, mais plutôt
412 G. GILSON
dorsalement, deux fentes, pas, défauts d'attache à la paroi, qui établissent un pas-
sage entre les métamères w / et m s. ol est l'organe labial sectionné en travers.
Rappelons qu'il sert à la construction du tube.
Le deuxième septum, 5 -% ' qui sépare les métamères 1114 et m 5, possède des
organes septaux non visibles dans cette section qui est trop dorsale. Le croissant
dorsal et l'anneau constricteur de l'intestin y sont au contraire intéressés et visibles
en cd et me.
FIG. 3. Gr. : Obj. A, Oc. 4.
Œufs qui s'étaient engagés dans le segment céphalique et jusque dans les bran-
chies. Ce segment seul contenait des œufs mûrs dans cet individu qui avait pondu.
Cette circonstance et la forme irrégulière des œufs, indice de dégénérescence, montrent
que la pénétration de ces éléments dans la partie antérieure du corps est accidentelle.
FIG. 4. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Section transversale à l'union du quatrième et du cinquième métamére. Le deu-
xième septum, s 2, est entamé. Les sphincters septaux, sph, montrent l'un et l'autre
la section du canal septal, es, au sein de leur masse formée de fibres diversement
orientées. Notez que les fibres à direction verticale, — les plus nombreuses, —
prennent insertion sur la membrane basale mince, mais très solide, de l'épiderme.
Le muscle constricteur de l'intestin, me, et le croissant dorsal, cd, y sont éga-
lement intéressés, le dernier assez faiblement.
Attirons l'attention du lecteur sur un point qui sera étudié dans un autre mé-
moire : la disposition remarquable du cordon nerveux abdominal, fig. 2, 4, 5 et 6.
Ce cordon qui présente une structure extrêmement inférieure est impair, non divisé
en ganglions et situé en dehors de la membrane basale. Il est compris dans l'épais-
seur de l'épiderme et en parait encore imparfaitement séparé. Le collier périœso-
phagien, ep, visible dans la fig. 2 présente la même disposition.
FIG. 5. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Section passant immédiatement en arrière de la précédente.
Le sphincter septal du côté droit montre en ocs l'orifice antérieur du canal
septal. Ce canal s'ouvre donc en avant dans un espace, r, simple récessus du qua-
trième métamére, compris dans la profonde dépression du septum qui loge le tron-
çon musculaire de l'intestin. Le croissant dorsal, ed, y est sectionné dans son plein.
Sous le tube digestif, on voit en mi le mésentère inférieur, et sur ses faces latérales
on découvre des fibres musculaires verticales, fm, qui doivent avoir pour effet d'abais-
ser l'intestin en le rapprochant du cordon nerveux.
FIG. 6. Gr. : Obj. AA, Oc. 4.
Section longitudinale verticale effleurant le tronçon mince de l'intestin, dont elle
entame le muscle constricteur.
Elle montre nettement la disposition du septvnn lui-même. Cette membrane est
profondément déprimée vers l'arrièic. Sa dépression, ouverte en avant, loge le tron-
LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 413
con musculaire de l'intestin. Elle est limitée en haut par le muscle croissant dorsal,
cd. En bas, sa paroi est conjonctive, sauf en deux points où elle comprend les
deux sphincters septaux.
En ocs, on aperçoit l'orifice postérieur du canal septal, s'ouvrant dans la cavité
du cinquième métamère.
FIG. 7. Gr. : Obj. AA, Oc. 4.
Coupe horizontale entamant les métamères 4 et 5, et passant beaucoup plus
bas que celle dont la fig. 2 est la reproduction. Le croissant dorsal n'y est pas
intéressé, tandis que les sphincters, organes plus ventraux, le sont. Le sphincter
gauche, côté inférieur de la figure, montre en ocsp l'orifice postérieur du canal
septal, s'ouvrant dans la cavité du métamère V; et en ocsa, un court tronçon et
l'orifice antérieur du même canal, s'ouvrant dans un espace r qui appartient au
récessus septal r des fig. 4, 5 et 6.
En mi et fm, on retrouve le mésentère inférieur et les fibres musculaires ver-
ticales coupées en long dans la fig. 5.
La comparaison des fig. 4, 5, 6 et 7 donne une idée nette de la disposition
des organes septaux et du trajet sinueux du canal septal au travers de la masse
sphinctérienne.
PLANCHE II.
FIG. 8. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Portion gauche d'une coupe horizontale entamant les métamères III, IV et V.
Elle montre que le quatrième métamère atrophié existe, puisqu'il y a en/J un fais-
ceau de soies, et en g 3 une glande filière rudimentaire, qui lui appartiennent. Elle
indique aussi que le deuxième septum, s 2, s'insère à la paroi du corps au-devant
de lui. Ce dernier fait prouve que le quatrième métamère appartient au troisième
compartiment cœlomique et non pas au deuxième.
ts et g ^ sont respectivement le tore uncinigère et la glande filière du cinquiènie
métamère.
FIG. 9. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Coupe sagittale latérale entamant le sixième et le septième segment. Elle montre
les deux entonnoirs génitaux du mâle, in/, s'ouvrant dans le canal épidermique, ce.
Le premier entonnoir est couché contre le septum s J.
FIG. 10. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Coupe sagittale latérale, plus voisine de la ligne médiane que la précédente.
Elle fait voir en pas le passage en fente qui établit sous le troisième septum une
communication entre les métamères VI et VII. C'est un simple défaut d'attache du
bord de ce septum. Ce bord contient un faisceau de fibres musculaires qui ne sont
pas indiquées dans la figure.
414 G- GILSON
FIG. 11. Gr. : Obj. A, Oc. 4
Coupe horizontale comprenant les portions adjacentes des métamères VI et VII.
V, vaisseau sanguin.
z, intestin. Les lignes indicatrices de ces deux lettres sont mal terminées, La
substance granuleuse est le sang contenu dans le vaisseau L'intestin, quoique in-
diqué, V, se reconnaît à son épithélium prismatique. Au niveau du septum s ->, on
le voit s'amincir et prendre la forme d'un tube rectiligne. En s'insérant sur ce tube,
le septum acquiert un anneau musculaire ; c'est le croissant dorsal.
FIG 12. Gr. : Obj. D, Oc. i.
Coupe transversale d'un Owenia mâle. Elle intéresse la deuxième paire d'enton
noirs, inf.
ce, canal épidermique.
gts, gouttière de la soie.
gom, gonade mâle.
FIG. 13. Gr. : Obj. D, Oc. 3.
Portion d'une coupe transversale entamant un des entonnoirs de la deuxième
paire du mâle.
sp, spermatozoïdes pénétrant déjà dans l'organe.
mb, membrane basale épidermique.
On voit le pédoncule de l'entonnoir s'ouviir dans le canal épidermique. Notez
la disposition des cellules qui constituent ce dernier. Sa paroi du côté extérieur
n'est formée que par la juxtaposition de ces cellules. Toutes appartiennent encore
à la couche épithéliale; aucune n'appartient en propre au tube. Il y est manifeste
que ce dernier dérive d'une gouttière de cet épithélium et n'en est encore que très
imparfaitement séparé.
FIG. 14, 15 et 16. Gr. : Obj. 1,12, Oc. 2.
Trois aspects de la section du tube épidermique génital. La fig. 16 est une
coupe passant par l'orifice de ce canal qui dans cet individu avait la forme d'une
fente assez allongée. Le tube y repasse à l'état de gouttière.
FIG. 17. Gr. : Obj. D, Oc. 2.
Portion d'une coupe transversale entamant un des deux entonnoirs de la fe-
melle. Le pédoncule de l'organe est un peu plus court que celui du mâle.
ce, canal épidermique.
FIG. 18. Gr. : Obj. A, Oc. 2.
Coupe horizontale intéressant les métamères VII et VIII. Le septum y est per-
foré à droite et à gauche par un court canal ou pore septal, es. A gauche, on
trouve une des glandes filières, gl, du huitième métamère engagée dans ce pore.
Les bords du canal septal sont munis d'un anneau musculaire assez faible qui s'y
montre en section sous la forme d'un léger épaississement.
LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA 415
PLANCHE III.
FIG. 19. Gr. : Obj. AA, Oc. 2.
Section sagittale latérale à la cavité des métamères VIII et IX Elle est des-
tinée à montrer la position et la structure de l'organe septal
s S, cinquième septum.
s é, sixième septum, supplémentaire, imperforé, mais muni de deux fentes dor-
sales non visibles dans cette coupe.
es, canal septal.
c, petite cavité communiquant avec le canal septal, dont elle n'est qu'un diver-
ticule. Elle est remplie d'une substance granuleuse.
spli, fibres musculaires diversement orientées formant le sphincter septal. On
retrouve la section de quelques-unes de ces fibres à gauche, de l'autre côté du ca-
nal septal.
md, muscle dilatateur du canal septal parcourant ce dernier dans toute sa lon-
gueur
FIG. 20. Gr. : Obj. AA, Oc. 4.
Section parallèle à la précédente.
sph ,_ portion du sphincter septal, à laquelle se rattachait immédiatement la por-
tion gauche de l'organe septal de la fig. 19.
té, tube épithélial traversant la couche musculaire. Il n'est encore qu'effleuré
un peu obliquement par la section.
FIG. 21. Section suivante. Le tube épithélial est entamé presque suivant son
axe. Le sphincter n'est presque plus intéressé dans la coupe. On n'en voit plus
que quelques traces en fm.
FIG. 22. Gr. : Obj. AA, Oc. 4.
Portion d'une coupe horizontale un peu oblique du neuvième métamère, au ni-
veau de l'insertion du septum 5 ô, accessoire, à la paroi du corps.
té, tube épithélial rudimentaire, peut-être homologue aux tubes épithéliaux des
organes septaux bien développés des septa 5, 7 et 8.
Le septum 6 se termine comme ailleurs par un petit bourrelet perdu au milieu
de la masse musculaire. Mais de ce bourrelet partent quelques fibres se reliant au
petit bouton épithélial. Ces fibres ne se trouvent que dans deux coupes adjacentes.
FIG. 23. Gr. : Obj. AA, Oc. 4.
Coupe horizontale à l'union des métamères VII et X. Elle intéresse l'organe
septal, analogue à celui du cinquième septum. Cet organe y est coupé de façon à
indiquer, mieux que les fig. 20 et 21, l'insertion des fibres sphinctériennes, spfi, sur
le tube épidermique, té, au voisinage de son extrémité.
54
4i6 G. GILSON
md, muscle dilatateur.
c, cavité diverticulaire du canal septal.
s ;:■, septième septum. ;,
FIG. 24. Gr. : Obj. AA, Oc. 2.
Section horizontale intéressant les trois premiers métamères, m /, m :, m 3.
SI, premier septum.
fmc, fibres musculaires circulaires qui n'existent que dans ces trois métamères. .<
fml, fibres musculaires longitudinales. |
FIG. 25. Figure semi-schématique.
F, individu femelle, vu en coupe horizontale sur toute sa longueur.
/ à 25, série de métamères.
1 1, 1 2, 1 3, etc., tores uncinigères.
Il est supposé que les métamères postérieurs au cinquième septum s'étant con-
tractés ont envoyé le liquide cœlomique en avant de ce septum. Ce liquide a tra-
versé les pores septaux du quatrième septum, s 4, et les fentes dorsales du septum
à entonnoirs, s 3. Il a pu arriver ainsi jusqu'au quatrième métamère, atrophié. Mais
là, il s'est trouvé arrêté par le septum 2, dont les valves septales étaient fermées.
Aussi les trois segments antérieurs et les tentacules branchiaux sont-ils restés ré-
tractés. Au contraire, tous les métamères compris entre le septum 2 et le septum 5
se sont trouvés distendus par ce liquide. En outre, le cinquième septum s'est fermé
et a emprisonné le liquide dans ces segments; aussi la dilatation manifeste de toute
la région comprise entre 52 et s 3 peut-elle être due en outre à la contraction des
fibres longitudinales. Cette région dilatée adhère au tube protecteur de l'animal. Comme
le liquide cœlomique y est sous pression, le ver n'a qu'à ouvrir les valves de son
deuxième septum pour que la partie antérieure de son corps subisse une dilatation
plus ou moins caractérisée sous l'action du liquide cœlomique qui pourra y pénétrer.
M, canal épidermique du mâle, portant deux entonnoirs.
Planclu- I.
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Planche II.
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TABLE DES MATIÈRES DU TOME XII
I. Les glandes buccales des larves de trichoptères, par Mauvice Henseval 5
II. Les glandes à essence du Cossus ligniperda, par Maurice Henseval 17
III. Les sécrétions gastriques. Contribution à l'étude de la physiologie nor-
male et pathologique de l'estomac, par le D'' A. Verhaegen . 3i
IV. La glande impaire de l'Hajmenteria officinalis, par H. Bolsius . 99
V. Contribution à l'étude de la moelle épinière chez les vertébrés, par
A. van Gehuchten . . . . . . . ii3
VI. Recherches sur l'essence du Cossus ligniperda, par Maurice Henseval. 167
VII. La vésicule germinative et les globules polaires chez les batraciens,
par J. B. Carnoy et H. Lebrun ..... 189
VIII. Le développement séminal dans le genre Veronica, par Alph. Meunier. 297
IX. Bichromate und Zellkern, von Eugen Burchardt . . ' . 335
X. Les valves septales de l'Owenia, par Gustave Gilson. . . 375
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